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Collection de la Maison de

l'Orient méditerranéen ancien.


Série littéraire et philosophique

Le prince idéal de la Cyropédie ou l’histoire est un roman


Françoise Létoublon

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Létoublon Françoise. Le prince idéal de la Cyropédie ou l’histoire est un roman. In: Passions, vertus et vices dans
l'ancien roman. Actes du colloque de Tours, 19-21 octobre 2006, organisé par l’université François-Rabelais de Tours et
l’UMR 5189, Histoire et Sources des Mondes Antiques. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux,
2009. pp. 39-49. (Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen ancien. Série littéraire et philosophique, 42);

http://www.persee.fr/doc/mom_0151-7015_2009_act_42_1_2613

Document généré le 19/01/2018


Résumé
La Cyropédie de Xénophon est une sorte de « miroir des Princes » et un roman d’éducation pour
les élites et pour tous les gens cultivés qui pouvaient y trouver un modèle. Cyrus et la Perse ont
effectivement servi de modèle dans l’Antiquité et encore dans l’Europe des XVIIe et XVIIIe s.
(dans les romans des Scudéry puis dans Les Voyages de Cyrus de Ramsay). Le lexique
axiologique de la Cyropédie et l’étude des discours de Cyrus en particulier montrent comment le
modèle idéal de Xénophon a servi de matrice pour le genre du roman grec, en particulier avec
l’expression Eros sophistes et l’analyse des principales vertus de Cyrus mises en évidence dans
les épisodes avec Panthée et Abradatas.

Abstract
The Cyropaedia of Xenophon is a kind of “mirror” for princes and an educational novel for the
elites and for all cultivated people who might find a model in it. Cyrus and Persia actually served
as models in antiquity and continued to do so in 17th and 18th century Europe (in the novels by
the Scudérys and in Ramsay’s Voyages de Cyrus). The axiological vocabulary used in the
Cyropaedia and the study of Cyrus’ speeches in particular show how the ideal model of Xenophon
became a kind of mould for the Greek novel, particularly with the expression Eros sophistes and
the analysis of the principal qualities of Cyrus presented in the episodes with Panthea and
Abradates.
Le prince idéal de la Cyropédie
ou l’Histoire est un roman

Françoise Létoublon 1
résumé

La Cyropédie de Xénophon est une sorte de « miroir des Princes » et un roman


d’édu­­cation pour les élites et pour tous les gens cultivés qui pouvaient y trouver
un modèle. Cyrus et la Perse ont effectivement servi de modèle dans l’Antiquité
et encore dans l’Europe des xviie et xviiie s. (dans les romans des Scudéry puis
dans Les Voyages de Cyrus de Ramsay). Le lexique axiologique de la Cyropédie
et l’étude des discours de Cyrus en particulier montrent comment le modèle idéal
de Xénophon a servi de matrice pour le genre du roman grec, en particulier avec
l’ex­pression Eros sophistes et l’analyse des principales vertus de Cyrus mises en
évi­dence dans les épisodes avec Panthée et Abradatas.

abstract

The Cyropaedia of Xenophon is a kind of « mirror » for princes and an edu­ca­


tio­nal novel for the elites and for all cultivated people who might find a model in
it. Cyrus and Persia actually served as models in antiquity and continued to do so
in 17th and 18th century Europe (in the novels by the Scudérys and in Ramsay’s
Voyages de Cyrus). The axiological vocabulary used in the Cyropaedia and the
study of Cyrus’ speeches in particular show how the ideal model of Xenophon
became a kind of mould for the Greek novel, particularly with the expression Eros
sophistes and the ana­lysis of the principal qualities of Cyrus presented in the epi­
sodes with Panthea and Abradates.

La présente recherche sur la Cyropédie a commencé en fait par l’étude de sa récep­


tion moderne : ce texte a en effet connu une célébrité extraordinaire aux xviie-xviiie s.
avec des romans comme Artamène ou le Grand Cyrus de Madeleine de  Scudéry,
un des succès du Grand Siècle, des pièces de théâtre comme la Panthée de Tristan
l’Hermite, des peintures comme celles de La Hyre 2, des gravures illustrant diverses

1. Université Stendhal, Grenoble.


2. Conservées dans des musées divers et, pour les œuvres de La Hyre, montrées dans une rétro­spec­
tive à Grenoble, voir le catalogue de l’exposition, Rosenberg & Thuillier 1988, et notamment

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édi­tions de ces textes, telles celles de Daret d’après La Hyre en frontispice de la


Panthée de Tristan en 1639. C’est donc l’orientalisme pictural du xviie s. qui a sus­
cité mon intérêt pour le texte de Xénophon.
La Cyropédie est un « Bildungsroman », un récit de formation, peut-être le premier
d’une longue tradition, parmi laquelle figurent les romans grecs connus sous les noms
de Chariton, Longus, Xénophon d’Éphèse, Achille Tatios et Héliodore 3, comme les
emprunts des noms propres le montrent éloquemment : le nom (pseudonyme pro­ba­
ble­ment) de Xénophon d’Éphèse est modelé sur celui de l’auteur de la Cyropédie,
mais aussi de nombreux personnages, comme Panthée chez Achille Tatios, Stateira
chez Chariton, etc. 4. On mentionnera aussi certaines influences thématiques : le
voyage de Chariclée jusqu’à Babylone, les déboires de Chariclée et Théagène avec le
pou­voir perse en Égypte, Arsacé et consorts, doivent probablement aussi beaucoup à
l’œuvre de Xénophon.
Ce rôle de « miroir des Princes » et de roman d’éducation à l’usage des élites,
secon­dai­rement à celui de tout le public cultivé capable de s’identifier plus ou moins
aux héros, se manifeste encore au xviiie s. par Les Voyages de Cyrus de Ramsay, exilé
écos­sais en France où il jouait le rôle de précepteur de jeunes gens de l’aristocratie 5.
Les intentions de Xénophon sont assez claires : à travers l’histoire édifiante et idéa­
li­sée de Cyrus le Grand, montrer un modèle de développement harmonieux de la per­
son­nalité et de la bonne conduite dans un état lui-même idéalisé – pour peu que l’on
approuve l’état de guerre et de conquête permanent comme un modèle politique 6. Il
est clair que l’adéquation entre le Cyrus et la Perse idéale de Xénophon et l’État de
Louis XIV et de ses successeurs convenait aux Scudéry, La Hyre, Tristan et encore
Ramsay : ce n’est plus le cas aujourd’hui et cela a dû contribuer à la désaffection du
public moderne pour la Cyropédie 7.

« Suite de l’his­toire de Panthée », p. 172-176, avec deux tableaux en particulier : Panthée est
con­duite devant Cyrus, actuellement au musée du château de la Louvière de Montluçon – qui
ren­voie à la Panthée de Hardy plutôt qu’à Xénophon –, et Cyrus confie Panthée à Araspe de
Chicago, The Art Institute. Voir aussi Rosenberg & Pope Hennessy 1982, p. 144-149, où le
tableau de Chicago (ensemble en pleine page p. 149, détail du personnage enturbanné en cou­
ver­ture et p. 144) est légendé : Cyrus annonce à Araspe que Panthée a obtenu sa grâce, impli­
quant une inter­prétation diffé­rente des rôles de Cyrus et Araspe. Voir encore Rosenberg 2006.
3. Voir Létoublon 1993, p. 114-117, ainsi que sur le rôle d’un ami, mentor et initiateur, p. 93‑103,
et désormais Lalanne 2006 (où, indépendamment de la thèse soutenue, le rôle de la Cyropédie
ne me semble pas avoir reçu suffisamment d’attention).
4. Hägg 1983, p. 113.
5. Le texte fut publié en 1727. Le chevalier Ramsay était disciple de Fénelon depuis 1709 environ,
il passa du quiétisme à la franc-maçonnerie. Sur le Cyrus de Ramsay et ses rapports avec les
romans du xviie s. et avec Xénophon, voir Létoublon 1995.
6. Sur le mode narratif de Xénophon, voir désormais Gray 2004, avec un chapitre sur l’historien
et un autre sur le biographe, la Cyropédie étant traitée comme relevant du genre biographique.
7. Le texte de Xénophon sera cité d’après l’éd. de E.C. Marchant (Xenophontis Opera omnia. IV,
Institutio Cyri, Scriptorum classicorum. Bibliotheca oxoniensis, Oxford, 1970) adoptée par le

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Le lexique axiologique et le thauma de Xénophon

L’introduction de la Cyropédie montre d’emblée le dessein explicite de Xénophon :


I, 1, 6 : Ἡμεῖς μὲν δὴ ὡς ἄξιον ὄντα θαυμάζεσθαι τοῦτον τὸν ἄνδρα
ἐσκεψάμεθα τίς ποτ᾿ ὢν γενεὰν καὶ ποίαν τινὰ φύσιν ἔχων καὶ ποίᾳ τινὶ
παιδευθεὶς παιδείᾳ τοσοῦτον διήνεγκεν εἰς τὸ ἄρχειν ἀνθρώπων.
Pour nous, jugeant cet homme digne d’être admiré, nous avons cherché quel
lignage, quel caractère, quelle éducation ont pu le rendre si éminent dans l’art de
com­mander aux hommes.

L’admiration, le θαῦμα, suscitée par la supériorité de Cyrus, telle est bien la basse
obs­ti­née qui rythme constamment le texte, avec la récurrence des termes axiologiques
καλός, ἀγαθός, σώφρων et leurs degrés de comparaison. La succession des super­
la­tifs dans le paragraphe sur sa généalogie, I, 2, 1, avec d’abord la qualité esthétique
de son apparence, puis l’anaphore ternaire pour ses qualités morales, montre bien le
ton géné­ral de l’ouvrage :
Φῦναι δὲ ὁ Κῦρος λέγεται καὶ ᾄδεται ἔτι καὶ νῦν ὑπὸ τῶν βαρβάρων
εἶδος μὲν κάλλιστος, ψυχὴν δὲ φιλανθρωπότατος καὶ φιλομαθέστατος
καὶ φιλοτιμότατος, ὥστε πάντα μὲν πόνον ἀνατλῆναι, πάντα δὲ κίνδυνον
ὑπομεῖναι τοῦ ἐπαινεῖσθαι ἕνεκα.
Cyrus, d’après les récits et les chants qu’on entend encore aujourd’hui chez les
Barbares, avait reçu de la nature une figure d’une très grande beauté, une âme très
géné­reuse, passionnée pour l’étude et pour la gloire au point d’endurer toutes les
fatigues, d’affronter tous les périls pour mériter des louanges.

Il s’agit bien pour Xénophon d’un éloge de Cyrus, et d’un éloge du mode d’édu­ca­
tion des Perses en ce temps :
I, 2, 3 : Οἱ δὲ Περσικοὶ νόμοι προλαβόντες ἐπιμέλονται ὅπως τὴν ἀρχὴν μὴ
τοιοῦτοι ἔσονται οἱ πολῖται οἷοι πονηροῦ τινος ἢ αἰσχροῦ ἔργου ἐφίεσθαι.
Les lois des Perses font en sorte que les citoyens soient dès l’abord incapables d’un
acte malhonnête ou honteux.

Comme le titre traditionnel de Cyropaideia le laisse attendre, tout le livre I est con­
sa­cré à l’éducation de Cyrus 8, dans laquelle son père Cambyse joue un rôle essentiel
– il est sans doute idéalisé tout autant que Cyrus lui-même. Xénophon lui attribue
en effet toutes les vertus qu’il prête aux Perses en général, et toujours portées à leur
degré suprême. Selon Xénophon, l’éducation perse enseigne aux jeunes gens dès
le plus jeune âge la justice (I, 2, 6-7 : δικαιοσύνη), la modération (σωφροσύνη,

TLG, avec la trad. de M. Bizos ou d’E. Delebecque pour l’éd. des Belles Lettres (Bizos : t. I,
liv. I-II, 1970 et t. II, liv. III-V, 1973 ; Delebecque : t. III, liv. VI-VIII, 1978).
8. Sur l’éducation de Cyrus, voir surtout Tatum 1989, p. 68-71, Wilms 1995, p. 100-108,
Tuplin 1996, et Too 1998.

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σωφρόνως), l’obéis­sance (I, 2, 8 : πείθεσθαι τοῖς ἄρχουσι), la sobriété (I, 2, 8 :
ἐγκράτειαν γαστρὸς καὶ ποτοῦ). Avec ces apprentissages vertueux, Xénophon
range les vertus mili­taires : tir à l’arc et lancer du javelot, ainsi que la chasse, com­
prise comme un entraî­ne­ment à la guerre (I, 2, 10 : ὅτι ἀληθεστάτη αὐτοῖς
δοκεῖ εἶναι αὕτη ἡ μελέτη τῶν πρὸς τὸν πόλεμον). Les jeunes Perses sont
con­tinuellement en com­pé­ti­tion entre eux (I, 2, 12 : διαγωνιζόμενοι ταῦτα πρὸς
ἀλλήλους διατελοῦσιν). Aucune pré­ci­sion n’est donnée à ce stade sur Cambyse
lui-même mais, plus loin, Cyrus enfant est amené à répondre aux questions que lui
posent sur son père sa mère, puis son grand-père Astyage, comparant alors Cambyse
à Astyage (I, 3, 2 sur la beauté ; I, 3, 4 sur l’abondance de nourriture ; I, 3, 11 sur les
bois­sons alcoo­lisées et l’ivresse). C’est plus tard, à son retour en Perse après l’ado­les­
cence en Médie, que Cyrus reçoit à proprement parler les leçons de son père : I, 6, 2
sur les devoirs de chef d’armée envers les dieux, avec de nets échos socratiques,
I, 6, 6 : « Je sais que tu ajoutais ceci, qu’il y a de l’impiété quand on n’a pas appris
à monter à che­val, à deman­der aux dieux de vaincre dans un combat de cavalerie,
quand on ne sait pas tirer de l’arc, de l’em­por­ter sur ceux qui le savent, quand on
ignore le métier de pilote, de souhaiter sau­ver des navires en prenant le gouvernail,
quand on n’a pas semé de blé, d’avoir une belle récolte, quand on ne fait rien pour se
pro­téger à la guerre, d’être sain et sauf 9 ». Leçon de tactique, mais aussi d’entretien
de la vigueur et de la santé de son armée (I, 6, 12‑18) et de l’obéissance des soldats
(I, 6, 20-23) par une habileté réelle, non pas seulement appa­rente (I, 6, 22 : encore des
échos socratiques), en se faisant aimer d’eux (ὑπὸ τῶν φίλων στέργεσθαι) par des
bien­faits. Utiliser la ruse, « tendre des pièges, dissimuler ses pen­sées… » est, selon le
modèle paternel, un moyen de se mon­trer le plus juste et le plus respectueux des lois
(I, 6, 27) 10. Au cours des livres sui­vants, dans les guerres qu’il mène constamment
contre les Assyriens ou d’autres, Cyrus montrera à maintes reprises comment il
applique les leçons de son père.
Sa mère, Mandane, n’a pas un rôle éducatif aussi net que Cambyse mais, en plu­
sieurs occa­sions, elle donne à Cyrus la possibilité de faire des choix, donc de mani­
fes­ter cette liberté dont Xénophon a affirmé – contre l’opinion commune chez les
Grecs – qu’elle était le premier principe de la société perse, avec la « Place de la
liberté » partagée entre les classes d’âge, face au palais royal et aux bâtiments des
magis­trats (I, 2, 3) : sur la demande d’Astyage, Mandane accompagne Cyrus auprès
de son grand-père et, devant son admiration pour les parures du roi mède, elle l’amène
à porter un jugement comparant Cambyse et Astyage, provisoirement au profit du

9. On note au passage le formalisme du ton socratique et l’absence de profondeur philosophique ;


Xénophon veut-il montrer que Cyrus a retenu de son père une morale pratique au ton socratique,
qu’il schématise comme c’est normal à son âge ? Ou est-ce lui, l’auteur, qui, par la voix de
Cambyse, a retenu un Socrate banalisé – comme il l’est d’ailleurs dans ses œuvres socratiques ?
Sur le socratisme de la Cyropédie, voir principalement, dans Gera 1993, tout le chapitre inti­tulé
« Socrates in Persia ».
10. Sur la relation entre Cyrus et son père, voir Gera 1993, « A Father guides his Son », p. 50‑72.

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Mède. Surtout, quand Mandane quitte la cour d’Astyage et que son père lui demande
de laisser Cyrus auprès de lui, elle répond qu’elle ne saurait le faire contre son gré
(I, 3, 13 : ἄκοντα) et elle lui pose la question (I, 3, 15 : πότερον βούλοιτο μένειν
ἢ ἀπιέναι) ; lorsque Cyrus fait le choix de rester, elle lui en demande la raison, et
comme il répond qu’il est habile au javelot et à l’arc mais qu’avec les chevaux mèdes
il compte apprendre à devenir bon cavalier, elle lui demande encore comment il
appren­­dra la justice (I, 3, 16). En bon élève de l’éducation perse, Cyrus n’a pas de
peine à montrer à sa mère qu’il a déjà appris la justice et qu’il la pratique (I, 3, 17‑18).
Dans ce passage, Mandane, née d’Astyage et épouse de Cambyse, manifeste clai­re­
ment qu’elle met la liberté et la jus­tice perses au-dessus du pouvoir absolu qu’elle a
connu auparavant chez les Mèdes. Elle a donc l’air inquiète sur la capacité de Cyrus à
con­server ses bonnes dispositions dans l’environnement de luxe et de facilité où il va
se trouver chez Astyage. Cyrus la rassure (θάρρει) ironiquement.
D’Astyage et des Mèdes en général 11, Cyrus apprend à manifester au mieux ses
qua­li­tés personnelles (I, 4, 4), il se perfectionne à la chasse et comme prévu en équi­ta­
tion, l’ex­ploit consistant à chasser en dehors du parc royal et à rapporter beau­coup de
gibier sauvage (I, 4, 7-15). Une première attaque du fils du roi des Assyriens (I, 4, 16)
donne à Cyrus l’occasion de revêtir une armure pour la première fois. Dans cette
cir­constance, c’est lui qui inspire – paradoxalement – la tactique (I, 4, 19-20), mais
il prend un risque inutile. C’est alors que Cambyse intervient pour rappeler Cyrus
auprès de lui (I, 4, 25), nouvelle occasion pour Cyrus de manifester son indépendance
et sa générosité naturelles.
À partir du livre II, la Cyropédie n’est plus le roman d’éducation de Cyrus, mais
plu­tôt celui de Cyrus éducateur : avec ses armées et son entourage, certes, il applique
les leçons de Cambyse. Mais surtout, il manifeste ses qualités propres de chef 12 et ses
qua­lités humaines en se gagnant de nombreux ennemis par une « dialectique impé­ria­
liste » pour reprendre la formule de J. Tatum 13 : le roi d’Arménie (II, 3,1), Gobryas,
un noble Assyrien transfuge dont le jeune roi d’Assyrie a tué le fils par jalou­sie,
Gadatas, autre Assyrien victime du même jeune roi – décidément l’opposé et le faire-
valoir de Cyrus – qui l’a fait castrer, et Abradatas de Suze, autre aristocrate gagné
à la cause de Cyrus par les symbola et le message que lui fait parvenir son épouse
Panthée, et gagné à cette cause au point de mourir héroïquement au combat 14.

11. Tatum 1989 consacre un chapitre au modèle d’Astyage (« The Grandson of Astyages »),
p. 97‑111.
12. Voir surtout dans Wilms 1995 l’appendice sur Cyrus comme maître dans l’art de commander
(τέχνη τοῦ ἀνθρώπων ἄρχειν), p. 183-207.
13. Tatum 1989, p. 134-159, à propos de Tigrane et des sophistes d’Arménie.
14. Presque tous les ouvrages sur la Cyropédie attachent à juste titre de l’importance à l’histoire de
Panthée et d’Abradatas, qui commence pour Cyrus par la description de la belle captive que lui
fait son lieutenant Araspas : voir en particulier Romilly 1988, Tatum 1989, passim ; Gera 1995,
p. 221-245 ; Mueller-Goldingen 1995, p. 204-221.

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Eros sophistes 15

Les discours de Cyrus, très nombreux, constituent autant de leçons de tactique, de


morale, de politique, etc. Nous retiendrons surtout sa maîtrise de soi, sa σωφροσύνη,
vertu répu­tée si typiquement grecque d’ordinaire 16 et tellement opposée à l’ὕβρις
dont les auteurs grecs taxent en général les Perses. Xénophon semble donc utiliser
le lieu commun grec du barbare perse pour l’inverser et faire de la Perse de Cyrus
le Grand un modèle idéal 17. Celui-ci montre cette modération en maintes occasions
dans la victoire militaire : III, 2, 17‑23, com­ment il assure la paix entre Arméniens
et Chaldéens ; IV, 2, 25, pourquoi il faut évi­ter le pillage après une victoire ; IV, 2,
38-45, de quelle modération il faut faire preuve dans le partage du butin. Il épargne
Crésus et sa famille ainsi que la ville de Sardes. Mais sa maîtrise de soi la plus
grande, la plus admirable et admirée de Xénophon, Cyrus la manifeste face au danger
de la passion amoureuse 18, et c’est en cela qu’il constitue sans doute le meilleur
modèle romanesque : quand son lieutenant Araspas, l’ami de sa jeunesse médique, lui
rapporte la présence parmi les captives d’une très belle princesse assyrienne, il sus­
cite une longue discussion sur les dangers de l’amour 19 :
V, 1, 8 : ... εἰ νυνὶ σοῦ ἀκούσας ὅτι καλή ἐστι πεισθήσομαι ἐλθεῖν
θεασόμενος, οὐδὲ πάνυ μοι σχολῆς οὔσης, δέδοικα μὴ πολὺ θᾶττον
ἐκείνη αὖθις ἀναπείσῃ καὶ πάλιν ἐλθεῖν θεασόμενον· ἐκ δὲ τούτου ἴσως
ἂν ἀμελήσας ὧν με δεῖ πράττειν καθῄμην ἐκείνην θεώμενος.
… si après ce que je viens de t’entendre dire de sa beauté, je me laisse persuader
d’al­ler la voir, n’ayant pas beaucoup de temps à moi, je crains qu’elle ne me per­
suade à mon tour encore plus vite de retourner la voir, au risque, après cela, de
négli­ger les affaires dont j’ai le soin, pour rester là assis à la contempler.

En V, 1, 9-18, Araspas, tel un Chairéas ou un Habrocomès de nos romans, rit de


l’amour et lui lance pour ainsi dire un défi, affirmant qu’un homme est maître de sa
volonté (V, 1, 11) :

15. En général, sur la question de l’amour, il faut reconnaître l’importance de quelques ouvrages qui
ne mentionnent même pas Xénophon ni la Cyropédie, mais qui donnent un cadre d’ensemble
indis­pensable, montrant comment la Grèce ancienne « construisit » l’expérience érotique,
selon les termes du sous-titre de l’ouvrage collectif publié par D.M. Halperin, J.J. Winkler et
F.I. Zeitlin (avec en anglais l’article de J.-P. Vernant 1989) : dans l’ordre de publication initiale
Vernant (dont le texte publié en 1989 fit l’objet d’une conférence à Princeton en 1986, comme
une note le précise), Halperin, Winkler & Zeitlin et Winkler, dont on a plaisir à saluer la publi­
ca­tion en français, quinze ans après la publication initiale.
16. Sur l’histoire de la notion de sophrosynè et de son utilisation politique, voir Rademaker 2005
(qui n’a pas mobilisé particulièrement Xénophon).
17. On renverra sur ce point à Hirsch 1985 (sur la Cyropédie, voir chap. iv, p. 61-100).
18. Sur Cyrus et l’amour, voir le chap. viii de Tatum 1989, p. 163-188, ainsi que Hindley 2004.
19. Sur ce dialogue, voir Mueller-Goldingen 1995, p. 188-194.

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le prince idéal de la cyropédie 45

Τὸ δ᾿ ἐρᾶν ἐθελούσιόν ἐστιν· ἕκαστος γοῦν τῶν καθ᾿ ἑαυτὸν ἐρᾷ, ὥσπερ
ἱματίων καὶ ὑποδημάτων.
L’amour, au contraire, dépend de la volonté ; en tout cas, chacun aime ce qui lui
con­vient, comme on aime des vêtements et des chaussures.

– ce que Cyrus dénie sagement au nom de l’expérience commune :


V, 1, 12 : Πῶς οὖν, ἔφη ὁ Κῦρος, εἰ ἐθελούσιόν ἐστι τὸ ἐρασθῆναι, οὐ
καὶ παύσασθαι ἔστιν ὅταν τις βούληται ; ἀλλ᾿ ἐγώ, ἔφη, ἑώρακα καὶ
κλαίοντας ὑπὸ λύπης δι᾿ ἔρωτα, καὶ δουλεύοντάς γε τοῖς ἐρωμένοις καὶ
μάλα κακὸν νομίζοντας πρὶν ἐρᾶν τὸ δουλεύειν, καὶ διδόντας γε πολλὰ
ὧν οὐ βέλτιον αὐτοῖς στέρεσθαι, καὶ εὐχομένους ὥσπερ καὶ ἄλλης τινὸς
νόσου ἀπαλλαγῆναι, καὶ οὐ δυναμένους μέντοι ἀπαλλάττεσθαι, ἀλλὰ
δεδεμένους ἰσχυροτέρᾳ τινὶ ἀνάγκῃ ἢ εἰ ἐν σιδήρῳ ἐδέδεντο. παρέχουσι
γοῦν ἑαυτοὺς τοῖς ἐρωμένοις πολλὰ καὶ εἰκῇ ὑπηρετοῦντας· καὶ μέντοι
οὐδ᾿ ἀποδιδράσκειν ἐπιχειροῦσι, τοιαῦτα κακὰ ἔχοντες, ἀλλὰ καὶ
φυλάττουσι τοὺς ἐρωμένους μή ποι ἀποδρῶσι.
Comment alors, dit Cyrus, si l’amour est volontaire, n’est-on pas maître aussi de
ces­ser d’aimer quand on le veut ? J’ai vu, moi aussi, des gens pleurer du chagrin que
leur causait l’amour, devenir les esclaves de l’être aimé, alors que, avant d’aimer,
ils regardaient l’esclavage comme un grand malheur, donner beaucoup de choses
dont il valait mieux pour eux ne pas se priver, et souhaiter d’être délivrés de leur
amour comme d’une maladie, sans pouvoir en être guéris, enchaînés qu’ils étaient
par une puissance plus forte que les fers. Aussi se livrent-ils aux mille caprices de
ceux qu’ils aiment. Cependant, ils n’essaient même pas de s’enfuir malgré de telles
misères et même ils veillent à ce que la personne aimée ne prenne pas la fuite.

Nous reviendrons sur ce passage pour la floraison d’images de l’amour que


Xénophon prête à son héros. Sur le coup, ironiquement, tout comme les héros des
romans grecs qui ont juré de ne pas se laisser prendre aux pièges d’Éros, au para­
graphe sui­vant (V, 1, 18), Araspas est pris à ce piège dont Cyrus mettait en évidence
les dan­gers : ἡλίσκετο ἔρωτι.
Un peu plus loin, Cyrus est reçu chez son allié Gobryas qui lui offre sa fille : là
encore, Cyrus se montre sage, refuse courtoisement, et sa modération, sa μετριότης,
fait l’admiration de l’Assyrien (V, 2, 17).
Les discours de Cyrus à la mort d’Abradatas ou de Panthée sont tout aussi édi­fiants
et sublimes, mais remarquons surtout l’échange avec Araspas quand il apprend que
celui-ci est tombé amoureux, VI, 1, 41. Cyrus lui demande s’il pourra renoncer à
Panthée, et Araspas a cette superbe réplique :
Δύο γάρ, ἔφη, ὦ Κῦρε, σαφῶς ἔχω ψυχάς· νῦν τοῦτο πεφιλοσόφηκα μετὰ
τοῦ ἀδίκου σοφιστοῦ τοῦ Ἔρωτος. Οὐ γὰρ δὴ μία γε οὖσα ἅμα ἀγαθή τέ
ἐστι καὶ κακή, οὐδ᾿ ἅμα καλῶν τε καὶ αἰσχρῶν ἔργων ἐρᾷ καὶ ταὐτὰ ἅμα
βούλεταί τε καὶ οὐ βούλεται πράττειν, ἀλλὰ δῆλον ὅτι δύο ἐστὸν ψυχά,
καὶ ὅταν μὲν ἡ ἀγαθὴ κρατῇ, τὰ καλὰ πράττεται, ὅταν δὲ ἡ πονηρά, τὰ
αἰσχρὰ ἐπιχειρεῖται. Νῦν δὲ ὡς σὲ σύμμαχον ἔλαβε, κρατεῖ ἡ ἀγαθὴ καὶ
πάνυ πολύ.

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Oui, Cyrus, car je possède certainement deux âmes ; je tiens cette doctrine main­
te­nant d’avoir philosophé avec ce coquin de sophiste qu’est Éros. Il faut bien que
l’âme ne soit pas une pour être à la fois bonne et mauvaise, pour aimer à la fois
une conduite généreuse et coupable, pour à la fois vouloir et ne pas vouloir les
mêmes actes ; non, il est clair qu’il y a deux âmes, que, quand la bonne l’emporte,
elle accomplit le beau, mais que, quand c’est la méchante, elle entreprend le laid.
Mais à cette heure, comme elle t’a pris pour allié, c’est la bonne qui l’emporte, et
de beaucoup.

L’éditeur des Belles Lettres note à juste titre la relation avec Mémorables I, 2, 23,
et avec le Banquet 293d, et, pour la théorie des deux âmes, avec Phèdre 237d,
République 439d et Lois 896d. La profondeur de la réflexion est donc bien supérieure
à celle des passages dont nous avons précédemment relevé à la fois le caractère socra­
tique et la banalité. Mais le plus intéressant réside pour nous dans l’évolution du per­
son­nage d’Araspas : de l’orgueilleux et inconscient défi à Éros, il semble être passé à
une juste et lucide conscience de la complexité des sentiments. Et surtout, Xénophon
met dans sa bouche une trouvaille stylistique vouée à un grand avenir, la qualification
de l’Amour comme sophiste, comme l’adversaire de Socrate, qualification à laquelle
cer­tains des romans grecs semblent faire allusion, et dont G. Anderson a fait bril­lam­
ment le titre d’un de ses ouvrages 20.
Dans le livre VIII, l’évocation de sa vieillesse à Babylone avec une habile mise en
scène de soi, son rêve prémonitoire et sa préparation très socratique à la mort montrent
que Cyrus n’a jamais selon Xénophon cédé aux prestiges et séductions du pouvoir
absolu : tout ce qu’il fait semble prémédité et répondre à une exigeante conscience
poli­tique et morale 21. De même pour son discours à ses deux fils, prévoyant une suc­
ces­sion paisible et prospère. Pourtant, après la mort de Cyrus, Xénophon continue
son récit et montre la décadence de l’empire, causée par la mésentente de ces fils
indignes du Grand Roi, suggérant que la sagesse d’un homme bien éduqué et né dans
un contexte favorable mène à un quasi idéal, mais que la nature humaine se trouve
rare­ment portée à ce haut degré de perfection. L’analyse de V. Azoulay montre que
cette fin désabusée de la Cyropédie s’accorde avec le reste de son œuvre 22.

La Cyropédie, plusieurs siècles avant l’éclosion du genre romanesque, en jette


les bases jusque dans la coïncidence entre tyran et amoureux montrée ici-même
par J.‑P. Guez : par opposition à son ennemi le roi des Assyriens ou même à son
grand‑père Astyage, Cyrus est un bon prince et un bon roi, non un tyran, et ne se

20. Anderson 1982.


21. Sur la mort de Cyrus, voir Tatum 1989, p. 217-234, Gera 1993, p. 115-131, « The Death of
a Hero », Azoulay 1999 et 2004a ; sur Cyrus et l’idéal politique, Mueller-Goldingen 1995,
p. 195‑200, et Nadon 2001.
22. En particulier avec Agésilas, comme A. Billault l’a fait remarquer oralement lors du col­loque,
voir aussi sur ce point Hirsch 1985, p. 39-46.

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laisse jamais asservir par l’amour : c’est peut-être surtout pour cette raison qu’il par­
vient à main­tenir ce haut degré d’excellence.
Mais la grande qualité de la Cyropédie réside surtout dans son style, clair et assez
facile, un peu sentencieux et très « pédagogique », ce qui explique que ce roman avant
le roman ait rencontré un succès mérité pendant des générations. Outre la trou­vaille
d’Éros sophiste notée ci-dessus, dans la réplique d’Araspas à Cyrus, on a pu remar­
quer que les discours de Cyrus qui précèdent au livre V, 1, 8-12 (cf. supra p. 44‑45)
con­tiennent à peu près toutes les images de l’amour dont la poé­sie hellénistique,
puis les romans grecs, feront des topoi : l’amour rend esclave (δουλεύοντας  ...
δουλεύειν), il prend les hommes comme une maladie (ὥσπερ καὶ ἄλλης τινὸς
νόσου ἀπαλλαγῆναι) impossible à guérir, il enferme dans des liens de fer
(δεδεμένους ἰσχυροτέρᾳ τινὶ ἀνάγκῃ ἢ εἰ ἐν σιδήρῳ ἐδέδεντο), au point que
ses prisonniers ne semblent même plus éprouver le besoin de fuir (καὶ μέντοι οὐδ᾿
ἀποδιδράσκειν ἐπιχειροῦσι, τοιαῦτα κακὰ ἔχοντες, ἀλλὰ καὶ φυλάττουσι
τοὺς ἐρωμένους μή ποι ἀποδρῶσι) 23 : presque tous les thèmes topiques du roman
grec et leurs modes d’expression se trouvent déjà présents dans ces discours, que les
auteurs de romans devaient connaître aussi bien que les dialogues socra­tiques et la
lit­té­rature poé­tique grecque, et dont ils ont dû se souvenir.
La réussite de la Cyropédie comme source de nos romans se trouve aussi, me
semble-t-il, dans la composition de ce que l’on peut appeler le « Roman de Panthée
et Abradatas 24 » qui est en effet entrelacé étroitement avec l’histoire de Cyrus, mais
aussi soigneusement dispersé, ou plutôt réparti, dans trois livres de la Cyropédie : il
com­mence au livre V avec la relation d’Araspas à Cyrus sur la beauté de la belle pri­
son­nière, continue avec la fière affirmation d’Araspas sur sa capacité de résistance, la
réponse de Cyrus sur les dangers de la beauté et de l’amour, et le résultat déjà constaté
ci-dessus : Araspas pris par l’amour ; le livre VI amène la brève réunion d’Abradatas
de Suze et de son admirable épouse, le livre VII la mort héroïque d’Abradatas, et,
après l’épisode de Crésus, le sublime suicide de Panthée sur le cadavre de son mari,
celui de ses trois eunuques, et la noble attitude de Cyrus, les funérailles et le tombeau-
mémo­rial qu’il ordonne. Par cet art de l’entrelacement, Xénophon montre sa maîtrise
du récit, préfigurant celle d’Héliodore 25, à qui il pourrait avoir servi de modèle.

23. Sur les métaphores de l’amour chez les poètes, voir Carson 1986, Calame 1996 ; dans les
romans, Létoublon 1993, p. 213-222.
24. Voir Stadter 1991, Tatum 1994a, p. 19-21, Gera 1995, chap. iv, « Romance ; Revenge, and
Pathos. The Novellas of the Cyropaedia », Mueller-Goldingen 1995, p. 204-221 ; Stramaglia
2000, p. 209-241 (analyse, texte grec, trad. en italien, bibliogr. et notes).
25. Sur l’entrelacement des histoires dans les romans grecs, en particulier Héliodore, et sur les
méta­­phores réflexives qui l’évoquent, voir Létoublon 1994.

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