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L'HÉRITAGE DE DRUMONT DANS LES ANNÉES 1930

Grégoire Kauffmann

Les Belles lettres | « Archives Juives »

2010/1 Vol. 43 | pages 12 à 22


ISSN 0003-9837
ISBN 9782251694306
Article disponible en ligne à l'adresse :
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L’héritage de Drumont
dans les années 1930
Grégoire Kauffmann

Édition de La Libre Parole


d’Henry Coston, 16 juin 1938.
Mémorial de la Shoah-CDJC/fonds LICA
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Mort dans la solitude et à demi aveugle en 1917, en pleine Union
sacrée et alors que Maurice Barrès, dans Les Diverses Familles spirituel-
les de la France, célèbre les Juifs tombés au champ d’honneur, Édouard
Drumont était depuis longtemps « rentré dans la pénombre, par la porte
du pessimisme intérieur, qui conduit au délaissement et à l’oubli1  ».
Les retombées de l’affaire Dreyfus, à l’orée du siècle, avaient isolé le
vieux journaliste et démontré son incapacité à peser sur le jeu politique.
«  Personnage déjà historique  », «  écrivain d’une époque antérieure  »,
pouvait écrire le chroniqueur Jules Bertaut au sujet de Drumont dix
ans avant sa mort2. Ses best-sellers des années 1880, La France juive, La
Fin d’un monde, La Dernière Bataille, les furieuses campagnes menées
par son journal, La Libre Parole, qui fit vaciller la République sur ses
bases au temps du scandale de Panama, les duels, les procès, les polé-
miques à faire trembler le boulevard, tout cela semblait appartenir à un
monde disparu. Ils sont moins d’une centaine à assister à ses obsèques le
6 février 1917. Fidèle entre les fidèles, Albert Monniot, entré à La Libre
Parole au début de l’affaire Dreyfus, note en revenant de la cérémonie :

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«  J’avais un crève-cœur en considérant le cortège, certes émouvant et
recueilli, mais insuffisamment nombreux à mon gré. Où étaient-elles
donc les foules enthousiastes et reconnaissantes ? Mais on ne doit rien
aux morts, n’est-ce pas ? Quelle triste humanité3 ! »
Vingt ans plus tard, à l’initiative d’Arthur Bodard, ancien de la Ligue
antisémitique4, un modeste buste en bronze est inauguré sur la tombe
de Drumont au cimetière du Père-Lachaise. Conseiller municipal du
quartier des Ternes et fondateur du Rassemblement antijuif de France,
Louis Darquier de Pellepoix annonce son intention de demander aux
édiles parisiens l’apposition du nom d’Édouard Drumont à une voie
de la capitale5. Également présent lors de la cérémonie, Roger Gaudy
célèbre dans L’Action française le « temps où fut lancé le cri que répè-
tent aujourd’hui les foules tyrannisées : “La France aux Français”6 ! »
Tirée de l’oubli au début des années 1930, à mesure que se réactive, dans
l’opinion, le sentiment d’hostilité aux Juifs, la figure de Drumont est
remise à l’honneur par les différentes tendances de l’antisémitisme mili-
tant. Cette réappropriation symbolique ne laisse pas de surprendre : de
son vivant, l’auteur de La France juive n’avait-il pas démontré son inca-
pacité à définir un programme d’action cohérent, son manque de clair-
voyance politique, son impuissance ? Mais le retour à Drumont masque
des motivations souvent contradictoires qui, si elles nous renseignent
sur les tensions et les paradoxes propres aux milieux antisémites des
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années 1930, dévoilent aussi leur grande misère doctrinale. La relation
à l’Allemagne agit également comme un révélateur. Face à l’essor et
aux réussites de l’antisémitisme nazi, la pieuse invocation d’Édouard
Drumont s’impose comme un exercice obligé, qu’il s’agisse d’affirmer
la compatibilité de doctrines de La France juive avec la Weltanschauung
hitlérienne, ou au contraire de la réfuter. Deux grandes tendances peu-
vent être distinguées : celle des drumontistes «  orthodoxes  », très tôt
séduits par l’Allemagne nazie, et celle de l’Action française, qui revendi-
que l’héritage de Drumont sous bénéfice d’inventaire.

De Drumont à Hitler « Le monde entier baigne, sans s’en


douter, dans l’antisémitisme qui stagne, en apparence amorphe, comme
sans force mais qui monte insensiblement, telle une crue que rien n’ar-
rêtera. Les imbéciles ne voient pas cela. Ils disent : “Tant que Drumont
sera mort, l’antisémitisme aura été un accident sans lendemain.” » Datées
de 1919, ces lignes de Jean Drault illustrent les attentes des survivants
des «  temps héroïques  », pour reprendre une expression utilisée par le
même auteur à propos des grandes campagnes antijuives des années 1880-

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18907. Entré à la rédaction de La Libre Parole dès sa fondation en 1892,
spécialiste de l’Algérie où il prépara la candidature triomphale du père
de La France juive en 1898, Drault est l’un des principaux artisans, dans
les années 1930, du « phénomène Drumont », œuvrant sans relâche à la
réhabilitation de son mentor. Il reçoit le renfort des « chevaux de retour »
toujours actifs à cette époque, nés comme lui dans les années 1860 : Albert
Monniot, ancien secrétaire de rédaction à La Libre Parole et auteur du
Crime rituel chez les Juifs (1914) ; Lucien Pemjean, passé par l’anarchisme
avant de devenir antisémite et de fonder Le Grand Occident en 1934 ;
Urbain Gohier, qui fut dreyfusard avant d’être drumontiste et se vit ouvrir
les colonnes de La Libre Parole à la fin des années 1900.
Remis en selle par le réveil de l’antisémitisme au tournant des années
1930, ces « fossiles » – comme ils se surnomment ironiquement entre
eux8 – sont épaulés par des activistes qui ont l’âge d’être leurs petits-
enfants. Tous les quatre collaborent ainsi à la La Libre Parole ressusci-
tée par le jeune Henry Coston en octobre 19309. Né en 1910, Coston
aurait découvert l’antisémitisme à l’adolescence en lisant La Fin d’un
monde de Drumont, auquel il vouera un culte quasi fétichiste jusqu’à
sa mort en 2001. De périodicité très variable, d’abord mensuelle puis
hebdomadaire à partir d’octobre 1936, sa Libre Parole sera interdite en
avril 1939. Pour les drumontistes de ces années, le véritable brassage
des générations s’effectue à la rédaction de ce journal, qui accueille éga-
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lement les signatures de Jacques Ploncard d’Assac, René-Louis Jolivet
ou Henri-Robert Petit. La feuille se distingue par une extrême trivialité
de langage, affirmant par exemple, en avril 1935, vouloir « épurer Paris
de la youpinaille et des bandes métèques qui l’infestent ». Le 17 janvier
1937, La Libre Parole arbore en première page un portrait de Drumont
avec le sous-titre : « Notre maître ». Le Parti français national commu-
niste, groupuscule dirigé par Coston et Pierre Clémenti, participe aux
activités du Cercle Drumont, dont l’existence est attestée en 1935 mais
au sujet duquel les informations ne sont pas légion – ce petit cénacle
semble également avoir été en liaison avec Darquier de Pellepoix10.
Parmi les plus actifs artisans du « phénomène Drumont » figure égale-
ment Jean Boissel, ancien architecte, grand mutilé de la Première Guerre,
personnage instable et mégalomane, féru de spiritisme et fasciné par Adolf
Hitler. Animateur du Front franc, groupuscule fondé en 1936 et attirant
dans ses rangs quelques déçus de la Solidarité française, Boissel dirige Le
Réveil du peuple, bimensuel auquel collaborent Jean Drault et Urbain
Gohier. En juillet 1937, il tente de réunir plusieurs figures de l’antisémi-
tisme sous la bannière d’une Ligue antijuive universelle, placée sous la

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présidence de la veuve d’Édouard Drumont et animée par Jean Drault,
Lucien Pemjean, Jacques Ditte et lui-même. L’initiative tourne court.
Dans Le Grand Occident du 15 septembre 1937, Jean Boissel et Lucien
Pemjean publient une déclaration commune annonçant que « l’union des
éléments antijudéo-maçonniques n’a pas encore sonné. Trop de tendan-
ces et de méthodes particulières et surtout trop de frictions personnelles
s’opposent encore au grand rapprochement nécessaire. »
Malgré ces querelles de personnes, qui se confondent avec l’histoire
du mouvement antisémite depuis la fin du XIXe siècle, Drault, Gohier,
Monniot, Ploncard, La Libre Parole de Coston, Le Réveil du peuple
de Boissel et Le Grand Occident de Pemjean fixent une tendance bien
identifiable de l’héritage drumontiste : tous ces hommes, toutes ces
publications partagent une commune admiration pour l’Allemagne hit-
lérienne, dont ils reçoivent subsides et encouragements. Le nazisme,
affirme Coston dans La Libre Parole en février 1934, «  est l’une des
idées les plus florissantes qui soient de nos jours ». Comme lui, Drault,
Gohier, Pemjean, Boissel sont en relation étroite avec le Weltdienst, cen-
tre de propagande nazi basé à Erfurt. En mars 1934, accompagné de
Jacques Ploncard, Coston se rend en Allemagne où il est reçu par Julius
Streicher, gauleiter de Franconie et directeur du journal Der Stürmer11.
Boissel effectue pour sa part plusieurs voyages outre-Rhin, rencon-
trant notamment Himmler, Rosenberg et sans doute Hitler au mois de
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septembre 193512. Quant à Pemjean, il dirige avec Paul Ferdonnet une
officine destinée à répartir des fonds dans les milieux du journalisme,
l’agence Prima, considérée par les services de police «  comme étant
exclusivement un instrument de propagande hitlérienne en France13 ».
Pour Jean Drault, Hitler a endossé la cuirasse du « vengeur » annoncé par
Drumont en exergue de La France juive. « Peut-être […] mon vieux maître
avait-il cru possible, sinon probable, qu’un Hitler puisse surgir quelque
jour, quand il répétait si volontiers cette phrase […] : “Les Juifs me regret-
teront” », écrit le vieux journaliste dans son livre de souvenirs, publié en
193514. Néanmoins, précisera-t-il trois ans plus tard dans La Libre Parole
de Coston, « Hitler est venu bien après Drumont. […] Antisémitisme ne
saurait donc être synonyme d’hitlérien15  ». Boissel estime pour sa part
qu’Adolf Hitler, pour avoir « donné congé à la peste juive », est « le seul
homme vraiment grand que le monde d’après-guerre ait vu à l’œuvre16 ».
À l’heure où Le Droit de vivre, l’organe de la Ligue internationale
contre l’antisémitisme (LICA), prend pour cible Coston et ses alliés, et
fulmine contre les « hitlériens » français, la référence à Drumont vise à
réfuter l’accusation de germanophilie, martelée par les adversaires de

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l’antisémitisme. Au prix de contradictions insurmontables, l’invocation
du symbole de l’antisémitisme français vise à justifier, par l’argument
patriotique, le ralliement à la doctrine nazie, Drumont étant considéré
comme le «  précurseur  » d’Hitler. Est-il besoin de rappeler que cette
relecture de l’histoire ne repose sur rien ? Drumont eut en effet des
devanciers beaucoup plus « efficaces » que lui dans l’ère germanique :
Wilhelm Marr, Adolf Stoecker, Heinrich von Treitschke, parmi bien
d’autres. D’autre part, ni Hitler ni les autres théoriciens du nazisme ne
semblent jamais s’être intéressés aux écrits du père de La France juive.
Par ailleurs, les drumontistes séduits par l’Allemagne occultent les
divergences, pourtant tenaces, entre la doctrine de leur modèle français et
le racisme nazi. Il n’est que de parcourir pour s’en convaincre Le Mythe
du XXe siècle d’Alfred Rosenberg, animé d’un antichristianisme viscé-
ral. Or, bien qu’étranger à l’esprit des Béatitudes, c’est bien au nom du
catholicisme qu’Édouard Drumont se fit le « prophète » autoproclamé
de l’antisémitisme à la française. Par ailleurs, l’auteur de La Fin d’un
monde ne fut jamais à l’aise avec la notion de race, qu’il identifie tour à
tour, dans ses écrits, au concept de langage, d’ethnie et de religion – ainsi
lui arrive-t-il fréquemment d’employer le terme de « race chrétienne ».
Autant d’approximations incompatibles avec la vision d’une Europe ger-
manique dominée par la « race des seigneurs », l’ambition de définir le
Juif par la science ou le recours à l’eugénisme comme méthode de « sélec-
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tion raciale ». Les disciples de Drumont, notera Jean Bazin en 1942, sont
« trop particularistes, porteurs d’œillères ne cheminant qu’entre les fron-
tières françaises, et plus antisémites qu’aryanisants17. » Ils éludent en tout
cas les contradictions susceptibles d’obstruer le chemin qui, selon eux,
mène logiquement de Drumont à Hitler, et tentent, sans grand succès, de
définir un racisme français plus ou moins compatible avec les principes
nazis. L’éphémère groupuscule créé en juillet 1933 par Henry Coston, les
Francistes, déclare ainsi lutter « pour la protection de la Race et la défense
de la civilisation Aryo-Chrétienne par une entente internationale avec
tous les mouvements étrangers de même tendance18 ». Jean Boissel, pour
sa part, annonce en 1936 que son mouvement, le Front franc, « est raciste.
Il veut que les enfants voient couler dans leurs veines du sang “franc”, non
du jus de métèque ou du suint de youpin19 ».
Les dissemblances entre la vision du monde hitlérienne et les théories
drumontistes ne doivent évidemment pas conduire à relativiser les nom-
breux éléments communs aux deux écoles : interprétation conspiration-
niste de l’histoire, thème de la « judéo-maçonnerie », accusation de crime
rituel, assimilation de la «  puissance juive  » à la finance internationale,

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mythe de la « guerre juive », hantise de la décadence, etc. Les stéréotypes
antijuifs, d’un pays à l’autre, se télescopent et se recyclent en s’adaptant
à la conjoncture, comme en témoigne de manière exemplaire le succès
rencontré par les Protocoles des Sages de Sion, qui font également le trait
d’union entre l’antisémitisme de Drumont et celui d’Hitler. L’histoire
du célèbre faux met en exergue l’influence indirecte du premier sur le
second. Censé dévoiler le plan de domination universelle d’une poignée
de « Sages » juifs réunis secrètement, ce document a été forgé à Paris par un
agent de la police politique du tsar Nicolas II. L’auteur de la falsification,
Mathieu Golovinski, a effectué sa besogne en 1900 ou 1901. Son texte est
un grossier démarquage d’un pamphlet publié en 1864 par l’avocat anti-
bonapartiste Maurice Joly, intitulé Dialogue aux enfers entre Machiavel
et Montesquieu. Polygraphe infiltré dans les milieux du journalisme pari-
sien, Golovinski a recomposé certains passages du Dialogue sur la base
d’arguments puisés dans la littérature antijuive d’inspiration drumontiste.
Certains thèmes des Protocoles proviennent en droite ligne des colonnes
de La Libre Parole20. En outre, Golovinski, proche des activistes antijuifs
parisiens, a fort bien pu nouer des relations dans l’entourage de Drumont,
qui avait des contacts avec les antisémites russes. Révélé au grand public
par le Times de Londres en mai 1920 – le même journal démontrera l’an-
née suivante qu’il s’agit d’un faux – le document est aussitôt publié en
français par la revue d’Urbain Gohier, La Vieille France. Drumont, écrira
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Jean Drault, se serait montré vivement intéressé par une telle «  décou-
verte21 ». Et pour cause : le faussaire était un de ses lecteurs. Les Protocoles
des Sages de Sion feront le tour du monde, inspireront Hitler – il s’y réfère
dans Mein Kampf – et seront exploités à grande échelle par les services de
propagande du IIIe Reich. Au cours des années 1930, Coston fera paraître
plusieurs « éditions populaires » du faux antisémite.

L’Action française et la mémoire de Drumont Le


tournant des années 1930 fait saillir les divergences entre maurrassiens
et drumontistes séduits par le nazisme – même si des passerelles existe-
ront toujours entre ces deux tendances. Comme dans les années 1900,
Drumont reste une référence pour l’Action française, mais l’antisémitisme
de Maurras s’est largement autonomisé. En 1913, l’auteur d’Enquête sur
la monarchie avait forgé le concept d’« antisémitisme d’État » : les Juifs
français devaient être dénaturalisés, sans exception, et il serait mis fin à
leur influence dans l’État22. Promise à une longue postérité, la formule
fournissait un habit neuf à une idée qui ne l’était pas : son auteur disait
exactement la même chose dix ans auparavant, et d’autres l’avaient répétée

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avant lui. Par ce type d’énoncé, l’éditorialiste de L’Action française parais-
sait néanmoins innover, reléguant un peu plus Drumont dans les limbes
du passé. Après la Grande Guerre, Maurras invente la catégorie des Juifs
« bien nés ». Désormais, l’antisémitisme d’État épargne une minorité de
Juifs « méritants » sur le plan « national ». Drumont y retrouverait diffici-
lement ses petits, mais le distinguo maurrassien, d’ordre purement théo-
rique, se trouve aboli dans la pratique d’un journalisme de combat tourné
contre l’« ennemi intérieur », « bien né » ou pas.
L’Action française, qui avait observé une relative modération à l’égard
des Juifs au cours des années 1920, retrouve ses accents d’avant-guerre à
mesure que s’envenime la situation intérieure et internationale. L’injure
antisémite y devient quasi systématique. Néanmoins, tandis que Le Réveil
du peuple de Boissel ou La Libre Parole de Coston saupoudrent leur pro-
pagande d’éléments empruntés à la « science raciale » allemande, Maurras
refuse cet apport étranger au nom de sa vieille germanophobie et de sa fidé-
lité au concept d’« antisémitisme d’État ». Dès 1930, il oppose « les deux
antisémitismes  », le sien, hérité de Drumont, et celui incarné par Adolf
Hitler : « les antisémites français peuvent considérer d’un œil tranquille » les
manifestations nazies ; « elles ne jettent point d’écume sur [leurs] idées23 ».
Maurras, comme le souligne Bruno Goyet, n’aura de cesse de « répéter ses
distinctions entre antisémitisme de peau, folie biologique germanique, et
antisémitisme d’État, rationnel et typiquement français24 ».
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À force de marteler l’idée selon laquelle les Juifs sont, par nature, des
étrangers et des ennemis potentiels, Maurras prédispose néanmoins cer-
tains de ses disciples à céder aux sirènes de l’« antisémitisme de peau »
que lui-même assimile à une doctrine « barbare ». Ainsi Robert Brasillach
et Lucien Rebatet, formés à l’école de l’Action française, finiront-ils par
poser la «  question juive  » en termes biologiques et par embrasser la
cause hitlérienne. Prétendant eux aussi démontrer la compatibilité de
l’antisémitisme drumontiste avec la doctrine nazie – en 1938, Brasillach
affirmera distinguer dans l’œuvre de Drumont des « lueurs pré-fascis-
tes25 » –, ils feront grief à Maurras de vouloir interdire cette jonction.
Le parcours de Rebatet, en particulier, « apparaît comme le syndrome le
plus lisible de ce basculement idéologique qui est à l’œuvre au sein d’une
large frange du nationalisme extrême à la fin des années 1930 : la germa-
nophobie ontologique de cette famille politique tend à s’amoindrir sous
l’effet d’une légitimation progressive du rôle historique de l’hitlérisme
dans la défense de l’Europe contre les Juifs26 ».
L’Action française prétend malgré tout demeurer fidèle à la mémoire
de Drumont, comme le démontre, entre autres exemples, l’hommage

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appuyé que lui rend Maurras en juin 1937 : « La meilleure façon de résu-
mer ce que nous devons au maître de la “France juive” est encore de
dire qu’il nous a enseigné à faire une distinction entre le fait physique et
historique de notre nationalité ou naissance française, et les formalités
par lesquelles peut être acquise cette nationalité : la “naturalisation” est
une fiction, juridique ou autre, par laquelle on acquiert une nationalité
que l’on n’a pas naturellement27. »
Au sein même de l’Action française, la mémoire de Drumont se prête
à des usages révélateurs des dilemmes éprouvés par certains disciples
de Maurras, comme le montre La Grande Peur des bien-pensants de
Bernanos. Publié en 1931, cet essai difficile à classer – mi pamphlet, mi
biographie – annonce en effet à bien des égards le divorce entre son auteur
et celui de Kiel et Tanger28, qui surviendra l’année suivante. Bernanos
avait un moment envisagé de dédier La Grande Peur à Maurras. « Mais
j’ai un scrupule, et même plusieurs  », confiait-il dans une correspon-
dance privée peu avant la publication du livre29 – lequel fut finalement
dédié à son ami de collège Maxence de Colleville, comme lui ancien
ligueur d’Action française.
Hymne à la mémoire de Drumont, La Grande Peur contient des
mots élogieux pour le théoricien royaliste30, mais l’on sent poindre, au
fil des pages, les tiraillements d’un Bernanos partagé entre sa fidélité aux
enseignements de Maurras et la recherche d’une autre voie, révélée à
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l’auteur par la lecture de Drumont qu’il réinvente pour en faire, au final,
un anti-Maurras. Quand le maître à penser de l’Action française valorise
la méthode positiviste, le langage catégorique, la sèche intellectualité,
Bernanos accorde Drumont à sa propre sensibilité, celle d’un imaginatif
préférant les intuitions à la logique, les évocations au culte du ration-
nel, les vérités révélées aux vérités empiriques. Dans La Grande Peur,
il oppose d’ailleurs sans ambiguïté la démarche de Maurras, « démar-
che égale d’une intelligence toujours maîtresse de soi, même dans le
mépris », à la « nature d’une exceptionnelle puissance31 » de Drumont,
peu soucieuse de méthode mais belle parce qu’éruptive.
Il est étonnant de constater que ce livre à la gloire du symbole de
l’antisémitisme français contient peu d’attaques délibérément haineuses
contre les Juifs. Certes, Bernanos qualifie La France juive de « livre magi-
que32 » et l’antisémitisme de « grande pensée politique33 ». Il dénonce
les Juifs « maîtres de l’or » et pourfend l’« ironie juive, sa mélancolie à la
fois puérile et désespérée, orientale, ce goût des confiseries barbares, le
cynisme déchirant, prophétique d’une race surmenée, son sens effrayant
de la mort34 ». Pourtant, si l’on se réfère aux livres de Drumont, dont il

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s’est imprégné pour écrire La Grand Peur, force est de constater qu’il y a
loin de cette hostilité diffuse à la haine obsessionnelle exprimée dans La
France juive ou La Fin d’un monde. Bernanos retient beaucoup moins
l’agressivité de Drumont à l’égard des Juifs que le réquisitoire de ce der-
nier contre les puissances d’argent, la «  démission  » de l’élite conser-
vatrice fin-de-siècle et le triomphe du laïcisme républicain. Il refuse de
voir chez son héros la part de mauvaise foi, de calcul et d’opportunisme.
Revenant sur l’annonce de l’arrestation d’Alfred Dreyfus à l’automne
1894, il écrit par exemple que « La Libre Parole relata simplement les
faits, sans nul commentaire injurieux35  »… Qui Bernanos espère-t-il
convaincre à part lui-même ?
L’auteur de La Grande Peur ne reniera jamais son admiration pour
Drumont. Selon lui, son héritage s’oppose radicalement au racisme hit-
lérien. Il écrira en 1938 : « Aucun de ceux qui m’ont fait l’honneur de me
lire ne peut me croire associé à la hideuse propagande antisémite qui se
déchaîne aujourd’hui dans la presse nationale, sur l’ordre de l’étranger.
[…] S’il plaît à M. Hitler de déshonorer en ce moment la cause que mon
vieux maître a servie, qu’importe ? Le nationalisme ne dégrade-t-il pas
l’idée de Patrie, le militarisme, la tradition militaire ? Le général Franco
et leurs Excellences le nom de croisade36 ? »

Les années 1930 annoncent le « phénomène Drumont » des années


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noires. Soutenues par les autorités d’Occupation, les drumontistes
«  orthodoxes  », Drault, Coston, Gohier, Pemjean, Boissel, Ploncard,
se placent aux avant-postes de la vaste campagne visant à réhabiliter
l’auteur de La France juive : pressions exercées – en vain – sur le gou-
vernement de Vichy pour faire entrer Drumont au Panthéon et attri-
buer son nom à une rue de Paris ; « journée Drumont » organisée le 24
septembre 1941, à grand renfort de propagande, par l’Institut d’étude
des questions juives ; réédition de La France juive ; attribution du « prix
Drumont » ; célébration en grande pompe du centenaire de sa naissance,
au cimetière du Père-Lachaise, le 4 mai 1944. Je suis partout commente au
lendemain du centenaire : « Le plus émouvant, c’était la présence, autour
de cette simple tombe, de vieux Parisiens, d’anonymes travailleurs, qui
spontanément, étaient venus témoigner leur affection à Drumont ». En
réalité, le nombre de ces manifestants «  spontanés  » semble avoir été
des plus réduits… Face à l’appropriation de l’héritage drumontiste par
les « ultras » de la collaboration, prompts à dénoncer la « mollesse » du
régime de Vichy en matière de lutte antijuive, L’Action française, reti-
rée en zone sud, évite alors d’invoquer avec trop d’insistance le même

20 – Do s s i e r : A n n é e s Tr e n t e . L’ E m p r i s e s oc i al e de l ’ ant i s ém i t i s m e

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patronage idéologique. Quant à Georges Bernanos, il dénonce depuis
son exil brésilien les assassins de Georges Mandel, et affirme que « le
racisme allemand […] n’a jamais été, pour un Français, qu’une idéologie
dégoûtante37 »… tout en prétendant, malgré tout, rester fidèle à l’héri-
tage de Drumont – quitte à s’enfermer dans une position intenable.

NOTES

1. Léon Daudet, Les Œuvres dans les hommes, Paris, Nouvelle Librairie Nationale,
1922, p. 91.
2. Jules Bertaut, Chroniqueurs et polémistes, Paris, Librairie E. Sansot et Cie édi-
teurs, 1906, p. 194.
3. Albert Monniot, « Derrière un cercueil », La Libre Parole, 7 février 1917.
4. La Ligue nationale antisémitique de France (LNAF) avait été fondée par Édouard
Drumont et Jacques de Biez en 1889.
5. L’idée est reprise quelques semaines plus tard par Le Réveil du peuple de Jean
Boissel, qui réclame que « dans toutes les villes de France, le nom d’Avenue, de
Boulevard ou de Rue consacré au Juif et Maçon Gamberlé dit Gambetta soit
“débaptisé” ou plutôt “sécateurisé” et devienne une voie Édouard Drumont.  »
(Le Réveil du peuple, 15 juillet 1937). Sur la proposition d’une «  rue Édouard
Drumont  », portée par Darquier devant le Conseil municipal, voir le Bulletin
municipal officiel de la ville de Paris, 25 décembre 1937 et 23 juillet 1938.
6. Roger Gaudy, « La tombe de Drumont », L’Action française, 10 juin 1937. Voir
aussi L’Antijuif, 19 juin 1937.
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7. Jean Drault, La Vieille France, 26 novembre 1919.
8. Jean Drault, Histoire de l’antisémitisme, Paris, Aux armes de France (1re éd.
Calmann-Lévy aryanisées, 1942), 1944, p. 190.
9. De périodicité variable, La Libre Parole d’Henry Coston paraît tantôt sous
forme de journal grand format, tantôt sous forme de revue. Jacques Ploncard, dit
Ploncard d’Assac, avait ressuscité une première fois le titre en 1928-1929.
10. Centre des Archives contemporaines (Fontainebleau), 20010216 art. 162, dossier
5667, 17 juin 1935 ; 20010216 art. 156, dossier 5398, 19 avril 1939.
11. Cf. Michaël Lenoire, «  Henry Coston (Henri Coston, dit) et Jacques Ploncard
d’Assac (Jacques Ploncard, dit) », in Pierre-André Taguieff (dir.), L’Antisémitisme
de plume, 1940-1944. Études et documents, Paris, Berg international, coll. « Pensée
politique et sciences sociales », 1999, pp. 373-374.
12. Cf. Grégoire Kauffmann, « Jean Boissel » in P.-A. Taguieff (dir.), op. cit., p. 343.
13. Cité par Paul J. Kingston, Anti-semitism in France during the 1930’s. Organisations,
Personalities and Propaganda, University of Hull Press, 1983.
14. Jean Drault, Drumont, la « France juive » et la « Libre parole », Paris, Déterna (1re
éd. Paris, Société française d’éditions littéraires et techniques, 1935), 1998, p. 227.
15. Jean Drault, La Libre Parole, 15 mai 1938.
16. Jean Boissel, Le Juif, poison mortel, Paris, R.I.F., 1935, p. 38.
17. Jean Bazin, Vichy-les-Bains, Rio de Janeiro, Chanterlec, 1942, p. 49.
18. Que veulent les Francistes ?, cité par Michaël Lenoire, op. cit., p. 373.

L’ h é r i t age de D r u m ont dans l es années 1930 – 21

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19. Jean Boissel, Le Réveil du peuple, 1er septembre 1936.
20. Cf. Norman Cohn, Histoire d’un mythe. La « conspiration » juive et les Protocoles
des Sages de Sion, Paris, Gallimard, 1967, pp. 105-106 ; Renée Neher-Bernheim, « Le
best-seller actuel de la littérature antisémite : les Protocoles des Sages de Sion », Pardès,
8, 1988. Voir également la réédition revue et abrégée de P.-A. Taguieff, Les Protocoles
des Sages de Sion, Paris, Berg international, 2004. Coïncidence qui n’en est peut-être
pas une : les Protocoles ont été confectionnés par Golovinski à l’époque de la publi-
cation du livre de Raphaël Viau, Le Manuscrit de Moïse-Isidore-Abraham-Lévy
(Paris, Librairie antisémite, [mai] 1900). Journaliste à La Libre Parole, Viau pré-
tendait avoir trouvé ce « rouleau de papier d’une cinquantaine de feuillets » sur un
trottoir de la rue des Rosiers, avec cette dédicace en première page signée « Moïse-
Isidore-Abraham-Lévy » : « Pour mon fils, quand il aura dix ans ». Le texte se pré-
sente comme une série de fables et d’histoires visant à inculquer à son destinataire
« le mépris des sales goyms de France » (Jean Froissard [pseud.], « Le manuscsrit
de Moïse-Isidore-Abraham-Lévy », La Libre Parole, 17 mai 1900). Agrémenté de
caricatures également dues à Viau, l’ouvrage s’inscrit dans la veine de l’antisémitisme
à prétention « comique », mais le procédé (au même titre que le prétendu « Discours
du rabbin », tiré du roman Biarritz de Sir John Retcliff, publié en 1868 et présenté
plus tard par les antisémites comme un document «  authentique  ») a pu inspirer
Golovinski, qui se tenait alors informé de la production éditoriale antijuive.
21. J. Drault, Histoire de l’antisémitisme, op. cit., p. 128.
22. Charles Maurras, « Antisémitisme d’État », L’Action française, 15 février 1913. Voir
à ce sujet Laurent Joly, « Les débuts de l’Action française (1899-1914) ou l’élabora-
tion d’un nationalisme antisémite », Revue historique, n° 639, 2006, p. 700 sq.
23. Charles Maurras, « La Politique. IV. Les deux antisémitismes », L’Action française,
27 octobre 1930.
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24. Bruno Goyet, Charles Maurras, Paris, Presses de Sciences po, coll. « Références
Facettes », 2000, p. 252.
25. Robert Brasillach, Je suis partout, 8 juillet 1938.
26. Robert Belot, « Lucien Rebatet, ou l’antisémitisme comme événement littéraire »,
in Pierre-André Taguieff (dir.), L’Antisémitisme de plume…, op. cit., p. 212.
27. Charles Maurras, L’Action française, 9 juin 1937.
28. L’un des ouvrages les plus connus de Charles Maurras qui y fait le procès de dix
années de politique étrangère républicaine (1895-1905). Il a été publié en 1910
(N.D.L.R.)
29. Lettre de Georges Bernanos à Robert Vallery-Radot, 20-25 décembre 1930, cité in
Georges Bernanos, Essais et écrits de combat, t. I, Paris, Gallimard, Bibliothèque
de la Pléiade, 1971, p. 1385, n. 1.
30. Georges Bernanos, La Grande Peur des bien-pensants (1re éd. Paris, Grasset, 1931),
Essais et écrits de combat, op. cit., pp. 95-96.
31. Ibid., p. 96.
32. Ibid., p. 163.
33. Ibid., p. 144.
34. Ibid., p. 201
35. Ibid., p. 246.
36. Georges Bernanos, Essais et écrits de combat, op. cit., p. 1380.
37. Cité par Serge Albouy, Bernanos et la politique, Paris, Privat, 1980, p. 128.

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