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Thème I 

: Caractéristique générale du XIXe siècle littéraire


Introduction.
Le XIXe siècle est une époque d’une grande diversité. Voilà pourquoi on ne lui trouve pas
d’ “appellation contrôlée” comme “la Renaissance”, “le siècle classique” ou “le siècle des
Lumières”.
Bouleversements politiques et sociaux
 · L'instabilité politique, c'est une caractéristique essentielle du XIXe siècle - 7 régimes, tour à
tour autoritaires et libéraux, se succèdent entre 1800 et 1900 :
1799 : le Consulat
1804 : l’Empire
1814 : la Restauration (1815: Waterloo)
1830 : la Monarchie de Juillet (Louis-Philippe)
1848 : la 2e République
1852 : le Second Empire (Napoléon III)
1870 : la 3e République (1870-1871: guerre franco-allemande ; 1871: la Commune)
Les écrivains entrent concrètement dans la vie politique, quelle que soit leur personnalité
littéraire. Héritiers du Siècle des Lumières et de la Révolution française, les intellectuels
expriment une confiance accrue dans le progrès et fondent théories et systèmes pour façonner
une société meilleure. La parution, en 1847, du Manifeste du Parti Communiste de Marx offre
une explication scientifique des processus historiques : le monde découvre un acteur essentiel de
l'histoire, le prolétariat.
·Les transformations économiques. Le prodigieux développement économique du XIX siècle
transforme la société. Les grandes usines remplacent progressivement les ateliers et les
fabriques. Banquiers et financiers se taillent des empires sur fond de misère ouvrière, les villes
deviennent des centres industriels et commerciaux florissants où vivent, sans se côtoyer, une
bourgeoisie aisée et une population laborieuse sans cesse augmentée par l'exode des campagnes.
·Espoirs et angoisses. Ainsi rassemble, le peuple prend conscience de sa force, s'organise et
s'engage dans la lutte revendicative. Menacée, la bourgeoisie réprime les émeutes. La Révolution
de 1848 exprime, l'espoir d'un monde nouveau : la brutalité de la répression fait définitivement
voler en éclats l'utopie d'une société unie et sereine.
Le progrès scientifique :
La piqûre de Louis PASTEUR (1822-1895). Les travaux de Pierre et Marie CURIE sur le
radium. L’évolutionnisme de Charles DARWIN.
Le prestige de la science rayonne aussi sur la littérature, où il influence de façon décisive
l’école naturaliste.
L’industrialisation :
La découverte de la machine à vapeur (trains, bateaux, usines, …) rend possible une
industrialisation rapide. La concentration de celle-ci donne naissance à un prolétariat urbain. La
bourgeoisie riche devient à partir de Louis-Philippe la classe dirigeante du pays.
Aussi dans les romans réalistes et naturalistes l’argent devient-il un thème littéraire de première
importance (BALZAC, ZOLA, MAUPASSANT, …)
 L’affirmation péremptoire du «je» :
 - L'aventure individuelle. Dans ce tourbillon historique, l'individu existe-t-il encore? A cette
question tente de répondre une génération d'écrivains pénétrés du malaise général et tourmentés
par un sentiment d'impuissance. Le repli sur soi, l'émotion intimiste et le rêve d'un ailleurs idéal
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constituent un refuge tentant. Le Romantisme est d'abord cette réaction narcissique de survie
individuelle. Des écrivains tels que Chateaubriand ou Lamartine renouent avec les thèmes du
temps qui toit, de la nature complice ou indifférente, de l'amour impossible ou malheureux. Face
au monde qui change, ils recherchent l'éternité.
 - La renaissance poétique. Délaissée par les écrivains du XVIIIe siècle, la poésie renaît. Plus
propice à la confidence et au rêve, elle est l'instrument privilégié des consciences éprises
d'absolu, en proie à la mélancolie. Considéré comme la seule valeur fiable, le sentiment
s'exprime dans un cri du cœur : lyrisme, exotisme, mysticisme prennent leur revanche sur la
raison et la volonté. 
- Les charmes du Mal du Siècle. Même le roman n'échappe pas immédiatement à cette
atmosphère. Si le héros romantique plonge dans la vie réelle, c'est pour y trouver son identité. La
quête est alors d'autant plus douloureuse que tout repère a disparu. Aux questions urgentes
posées par la vie quotidienne, répond alors l'appel de l'infini.
 Le triomphe du réalisme 
·L'aventure collective. Pour échapper à cette angoisse, d'autres écrivains prennent le monde à
bras le corps. Ils se proposent de rendre compte de la réalité sociale dans des oeuvres amples,
hautes en couleurs, tout d'abord images de la réalité puis véritables radiographies d'une société
en crise.
 · L'âge d'or du roman. Aux émois de la poésie romantique succède, après 1848, la toute-
puissance du roman réaliste. Libéraux ou socialistes, les romanciers du XIXe siècle se sentent
investis d'une mission : porter à la connaissance de tous le sort du plus grand nombre. La
personnalité et l’œuvre de Victor Hugo sont exemplaires à ce titre.
L'essor des sciences basées sur l'observation conduit les romans - du Réalisme vers le
Naturalisme tandis que se développent de nouvelles formes poétiques qui allient le goût de la
vérité, l'expérience personnelle et le travail de la langue.
La France dans le monde :
Pendant le 19e siècle, la France reste aux yeux d’une grande partie de l’Europe la patrie de
la liberté, le pays de la Révolution.
Surtout dès 1870, la France fait la connaissance des cultures germaniques (musique de
WAGNER, théâtre d’IBSEN) et du roman russe. D’autre part PASTEUR  devient célèbre dans le
monde entier, et ZOLA exporte ses idées sur le naturalisme.
Il y a une expansion du domaine colonial, ce qui provoque un certain exotisme dans la
littérature.
Périodisation :
L'histoire de la littérature française au XIXe siècle peut se diviser en trois périodes aux
limites indécises. 
La première, qui occupe une grande partie de la première moitié du siècle, est la période
romantique, dont on peut trouver les racines chez Rousseau. Les initiateurs du
romantisme, Chateaubriand et Mme de Staël ont été aussi les précurseurs de la renaissance qui
suivit la stagnation momentanée produite par la période révolutionnaire; ce réveil littéraire a été
dû aussi à l'influence des chefs-d'oeuvre des littératures anglaise et allemande. Chateaubriand qui
a défendu le christianisme et le Moyen âge, a intronisé le "moi" dans la littérature, a renouvelé
l'imagination française. Quant à Mme de Staël, qui a initiée ses contemporains à des beautés
jusque-là méconnues, elle a fait prévaloir l'inspiration sur la discipline et a exalté la vie
sentimentale. 
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La seconde période a été qualifiée de réaliste puis de naturaliste. Le romantisme ayant été
dévoré par ses ardeurs, une réaction s’est fait dans le tempérament moral du siècle, qui a répudié
le lyrisme, la fantaisie, et a voulu réduire l'art à ne plus être qu'une anatomie du réel. Cela a duré
une trentaine d'années. 
Puis, dans le dernier quart du XIXe siècle, de nouvelles tendances se sont fait jour, d'où ont
procédé tout d'abord une renaissance du roman psychologique et surtout de nouvelles
conceptions de la poésie. Cette troisième, que l'on pourrait prolonger jusqu'au seuil de
la Première Guerre mondiale, est en fait difficile de la définir par un mot unique, et, si ce qu'on
appelle le symbolisme en caractérise certaines tendances, elle a pour trait essentiel la libre
diversité de l'art.
1. Le romantisme (± 1800-1850).
 Le mouvement débute en Allemagne (GOETHE) et en Grande-Bretagne (Walter
SCOTT) vers 1750. Il mettra un demi-siècle à gagner la France.
 Finie l’ère de la raison: la sensibilité et l’individualisme règnent: on parle beaucoup du
moi qui souffre (le “mal du siècle”, le “Spleen”, la “Weltschmerz” = mélancolie sans objet
précis).
 La forme devient de plus en plus libre, on crée la prose poétique.
 On privilégie certains thèmes: on redécouvre le passé national (le moyen âge chrétien); la
nature reflète la psychologie des personnages (= “nature subjective” / p.ex. des ruines, paysages
montagneux, éclairés par la lune, des précipices, des cascades,  etc.)
 Le romantisme a le goût du rêve, du mystère, du fantastique, du métaphysique, de
l’imagination.
2. Le réalisme, le naturalisme et le Parnasse (± 1850-1880).
Réalisme:
On ne parle plus de sentiments, mais de comportement. On décrit la nature extérieure, de
manière objective, en respectant les faits matériels. On étudie l’homme dans son milieu. Le
roman est le lieu où se réalise la confrontation d’un être, venu souvent du plus bas de l’échelle
sociale, avec la société. Balzac construit toute une architecture de scènes et de tableaux.
Stendhal s’intéresse plus à la psychologie; il est à mi-chemin entre le romantisme et le
réalisme. Les personnages de Flaubert sont passifs, plutôt voués à l’échec, leur existence est
“presque rien”.
Naturalisme:
L’industrialisation donne naissance à un prolétariat. Les théories philosophiques,
sociologiques, psychologiques et biologiques influencent la littérature (le positivisme
d’Auguste COMTE, les découvertes de Charles DARWIN). Le roman expérimental est un
laboratoire où les personnages suivent les déterminations du milieu social et de la situation
historique, de la biologie (hérédité), de la psychologie. Le réalisme plus poussé devient le
naturalisme: une description détaillée de la vie sociale, qui intègre les découvertes scientifiques
et qui ose insister sur les aspects négatifs, voire sordides (tristesse, misère sociale, sexualité
déréglée, …). Zola est le maître du roman naturaliste, Maupassant celui de la nouvelle.
Parnasse:
Une “école poétique réaliste”, qui vise la beauté formelle, sans leçon morale, “l’Art pour
l’Art”; il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien.
3. Le symbolisme (1880-1900):
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 On va se lasser de la réalité (Réalisme) et de la froide beauté formelle (Parnasse).
 La poésie, extrêmement subjective et personnelle, n’exprime pas clairement les états
d’âme du poète, mais les suggère par des symboles vagues.
 Le “symbole” est une figure, une image, des sons qui traduisent des correspondances
mystérieuses entre l’état d’âme du poète et le monde sensible. Le symbole peut être interprété
de plusieurs façons. C’est encore Baudelaire qui établit le premier des correspondances entre le
monde des sensations et l’univers suprasensible. Ses vers sont selon Paul Valéry “une
combinaison de chair et d’esprit”.
 Le symbolisme est idéaliste (cf. la poésie mystique du moyen âge, cf. le Romantisme):
les écrivains veulent accéder, au-delà du réel, au monde de l’idée. Les symbolistes cherchent,
comme les mystiques, une communion totale avec l’Être. Dans le subconscient et le rêve ils
éprouvent le mystère universel. Il s’agit d’une poésie ultra-subjective et personnelle.
 La forme est totalement libre. La poésie est “de la musique avant toute chose”.
(Verlaine). Le langage peut être hermétique, toucher parfois l’artificiel.
Extension massive de l'instruction
Le XIXe siècle est le temps de l'alphabétisation généralisée des Français (création des
lycées par l'Empire, réglementations scolaires de 1833 et 1849, loi Jules Ferry de 1883 qui
institue l'École primaire, laïque, gratuite et obligatoire).
L'éducation dispensée dans les lycées privilégie l'enseignement littéraire; mais le XIXe voit
une expansion générale de la notion même de sciences. Toutes les disciplines progressent et
chaque branche du savoir tend à se constituer en une science autonome. Une connaissance de
type encyclopédique n'est plus possible pour un individu. Le développement des sciences exactes
influe sur la pensée philosophique, où les systèmes matérialistes et scientifiques se renforcent.
Nouveau public, nouveaux moyens de diffusion, nouveau statut pour
l'écrivain
On commence à faire sortir des romans de grande série, et par la presse qui devient un
moyen culturel incomparable. Son emprise sur le public peut se voir, par exemple, au fait que les
penseurs ou hommes politiques issus du journalisme sont de plus en plus nombreux au cours du
siècle.
C'est par le journal que des romanciers aussi variés et aussi prestigieux que Balzac, Dumas,
ou Flaubert diffusent nombre de leurs œuvres.
Les écrivains ont obtenu la reconnaissance des droits d'auteur et la possibilité de vivre de
leur plume, les écrivains ne sont plus contraints de confondre leur pensée et les aspirations de la
classe dominante.
L'école d'ailleurs contribue à forger dans les mentalités l'image de l'"écrivain grand
homme".

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