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RABHI

MALIK

Sermon aux princes (1524) de Thomas Müntzer

Thomas Müntzer né en 1489-1490 à Stolberg dans l’actuel Rhénanie-du-Nord-Westphalie en


Allemagne tout près de la ville actuelle d’Aix-la-Chapelle et à quelques enclavures de la
frontière actuelle entre la France et l’Allemagne,

Il mourut le 27 mai 1525 à Mühlhausen en Thuringe et il entrera dans l’Histoire comme un


homme résolut à changer radicalement les mentalités de son époque.

Il perdit ses deux parents très tôt pour des raisons incertaines mais il semble que son père perdit
la vie en raison d’une exécution arbitraire ordonné par un comte et en ce qui concerne sa mère,
elle aurait été exécutée possiblement en raison de son indigence.

La perte de ses deux parents fut l’élément fondateur des idées développés par Thomas Müntzer
autour de la protection des « paysans ». Il réussit alors à étudier la théologie à l’université de
Leipzig puis il devint un fidèle de Luther en 1519 qu’il nomma pasteur à Zwickau en Saxe.

Il développa alors son courant de pensé résolument en faveur de la masse des analphabètes
notamment en se ralliant à Luther en 1519, le moment ou Luther ne fut pas en odeur de sainteté
c’est le cas de le dire vis-à-vis des autorités ecclésiastiques.

Il rédigea alors en 1521 le Manifeste de Prague, un appel à la révolte clair et sans équivoque
contre l’Eglise de Rome qui la désigne par le sobriquet de : « La putain de Babylone » , il entra
donc un peu plus en dissidence.
Puis il se détourna de Luther en 1523 en raison de ses accointances nombreuses avec les autorités
civiles et surtout les princes et c’est dans ce cadre qu’il rédigea un an plus tard en 1524 son
« Sermons aux Princes », sermon qu’il prononça devant la cour du duc de Saxe où il attaqua
violement l’autorité de l’Eglise et de l’Empire.

Ce sermon doit être aussi recontextualiser dans le cadre de « La guerre des Paysans allemands ».
Ce conflit éclata en 1524 dans le cadre du mécontentement envers l’Eglise, l’étincelle fut le refus
de payer la corvée à un seigneur du pays de Bade.

Thomas Müntzer fut alors considéré comme le théoricien et le guide de cette révolte en raison de
sa critique virulente envers la vénération des saints concomitant avec l’incendie d’une chapelle
en raison de sa statue de la Vierge Marie.

La rébellion fut réprimée dans le sang sans aucune amélioration de la condition paysanne malgré
des petites nuances ici et la en revanche le nom de Thomas Müntzer resta dans l’histoire comme
un révolutionnaire allemand.

Son nom, son histoire et ses qualités furent reprise notamment par Engels au XIXe siècle après la
répression sanglante à la suite du printemps des peuples de 1848. Son nom reviendra de nouveau
après l’échec spartakiste à la fin de la Première Guerre mondiale.
On lui a prêté des tendances socialistes voir communiste pour justifier dans le temps ces
idéologies mais il n’était en réalité rien de tout ça, il est devenu une légende de l’histoire
allemande et à travers ce commentaire, le but sera de décrypter l’idéologie de Thomas Muntzer à
travers son « Sermon aux Princes » et de démêler l’histoire de la légende.

1) Révolutionnaire religieux

Thomas Müntzer lors de son sermon utilisa systématiquement des citations bibliques pour
justifier son comportement et ses réflexions durant ces années troublées. Il faut préciser que
Thomas Müntzer n’utilise pas simplement des citations bibliques pour justifier son propos.

Lorsque l’on regarde avec attention les occurrences et les innombrables citations bibliques dans
son sermon, citons pour l’exemple une de ces premières citations ligne 16 : « Et saint Paul
enseigne comment l’on doit s’exercer à chanter les louanges de Dieu » Ephésiens 5 : 11.

Donc lorsque nous observons toutes les occurrences envers le texte biblique, en réalité Thomas
Müntzer ne fait pas que justifier son propos par des citations bibliques, toute sa réflexion est
basée exclusivement sur des citations bibliques.
Il n’émet pas la moindre réflexion sans que celle-ci soit reliée d’une manière ou d’une autre à un
texte biblique. Bien sur il interprète à sa guise les propos contenus dans la Bible pour servir ses
propres desseins.

En revanche il ne faut pas y voir forcément une utilisation du religieux pour servir sa propre
idéologie. Il est beaucoup plus probable qu’il soit sincère dans sa réflexion et qu’il pense en toute
honnêteté interpréter la Bible de la meilleure manière qu’il soit.

Comme nous l’avons dit plus haut à la première lecture de son sermon, des citations bibliques
pullulent tout au long de celui-ci et il est intéressant de voir quelles sont les idées principales qui
ressortent de ces citations.

La première idée est la possibilité pour la communauté chrétienne de s’égarer du droit chemin.
Pour développer cette idée il se réfère à de nombreux exemples dont nous allons donner
l’exemple de la ligne 16 jusqu’à la ligne 21: «  Car de même qu’à l’époque des chers prophètes
Isaie ,Jérémie, Ezéchiel et autres, toute la communauté des Elus de Dieu était si totalement
tombée dans l’idolâtrie que Dieu Lui-même ne pouvait la secourir, mais dut au contraire la lisse
emmener prisonnière et tourmenter sous le joug des païens jusqu’à ce qu’elle confessât de n
nouveau Son saint nom, ainsi qu’il est écrit » Isaie 29 : 17-24

Les citations promouvant cette idée de ne plus suivre le chemin voulut par Dieu sont nombreuses
et nous montre que la communauté chrétienne peu importe les époques n’est pas infaillible loin
de là.

De plus ni les prophètes ni même dieu lui-même ne furent capable de remettre sur le droit
chemin la communauté chrétienne à part en engendrant un chaos. Ici c’est une référence à peine
voilée à « La guerre des Paysans allemands » car nous avons rappelé un peu plus haut que ce
sermon fut lut durant ce conflit.
Il faut aussi rappeler l’importance de ce conflit qui se propagea un peu partout dans le Saint-
Empire romain germanique dans les régions de Souabe, en Franconie, en Alsace, dans les Alpes
autrichiennes avec la prise de villes par les paysans comme Ulm ou Erfurt.

C’est une révolte qui a couté la vie à un peu plus de 130 000 paysans ce qui est énorme pour
l’époque. Donc lorsque Thomas Muntzer évoque les chaos bibliques duquel sortie une
communauté chrétienne régénérée et purgée de ses fauteurs de trouble.

Il tente de jouer ce rôle pour purger la communauté chrétienne de l’intérieur en s’attaquant à


leurs dirigeants pour que des réformes puissent être mise en place. Il pense que cette révolte
paysanne est saine car elle met en lumière la décadence et l’égarement des autorités

Ainsi Thomas Müntzer justifie son opposition frontale à la Sainte-Eglise par sa volonté de
remettre la communauté chrétienne sur le droit chemin. Il revêt donc l’habit du protecteur
chrétien de la Sainte-Eglise contre les égarés.

2) Le mépris des puissants

Puis Thomas Muntzer s’attaque à l’argument phare des dirigeants, la supériorité morale des
dirigeants sur la populace et il balai cet argument d’un revers de main via plusieurs citations
bibliques dont celle-ci : « … au temps d’Octave, alors que le monde entier était en agitation et
recensé. Un esprit débile, un misérable sac de boue voulait alors posséder le monde entier, qui ne
lui servait qu’à accroitre sa splendeur et sa superbe. Oui, il s’imaginait que lui seul était grand.
Oh, comme la pierre angulaire Jésus-Christ était petite alors, aux yeux des hommes. On le mit à
l’écart dans une étable comme un rebut de l’humanité » Psaume 22 : 7.

Thomas Müntzer continua sa litanie de citations toujours autour du thème du puissant


représentant le mal et du dominé représentant le bien. L’analyse qui peut être fait de cette partie
de sermon est basé sur la vision de la guerre des paysans allemands par les dirigeants auquel il
s’adresse.

Rappelons que Thomas Müntzer s’adresse aux ducs et gouverneurs de Saxe tout en omettant pas
l’intitulé : « Sermons aux princes ». Il s’adresse donc directement aux princes et donc il
argumente aussi en fonction de son auditoire.

Et c’est à la lumière de ces informations qu’il est nécessaire d’analyser l’argumentaire qui vient.
Nous pouvons penser que le but de Thomas Müntzer par l’insistance durant de nombreux
paragraphes sur les faits relatant l’injustice des puissants avec comme point d’orgue l’histoire du
christ persécuté par les romains ont pour objectif de mettre en garde les puissants auxquels il
s’adresse.

La réaction d’un puissant de l’époque face aux rébellions paysannes est la mise au pas de celles-
ci pour maintenir la société féodale défendue ardemment par la Saint-Eglise et selon la vision du
dit puissant il est donc dans son bon de droit de réprimer violement les insurrections.
Thomas Müntzer utilise la Bible pour rappeler aux puissants que ce soit la Saint-Eglise ou bien
les tenants du pouvoir temporel que la Bible elle-même rappelle que les puissants purent se
perdre et devenir du nombre des égarés, ainsi son but avoué est de convaincre son auditoire
d’entendre les revendications des paysans allemands révoltés.

L’exemple ici cité est une analogie et sonne comme un avertissement de Thomas Müntzer envers
les dirigeants et somme ceux-ci d’écouter les revendications des paysans faisant ainsi le lien
entre les puissants romains et le Christ.

1) L’appel à l’unité de Müntzer


A) Première étape : l’écoute et la compréhension

Le début de son sermon mit en exergue les critiques de Thomas Müntzer envers le comportement
du pouvoir temporel et spirituel puis Munter poursuivit en prônant une union sacrée de la
chrétienté pour lutter contre les vicissitudes de ce monde.

Il dit à la fin du paragraphe 9 et au début du paragraphe 10 : « C’est en cela que réside la plus
claire connaissance de Dieu, Sagesse 9 : 10, laquelle procède uniquement de la pure et sincère
crainte de Dieu. C’est elle seule qui, d’une main puissante, doit nous armer pour exercer la
vengeance contre les ennemis de Dieu avec le zèle le plus ardent pour Sa cause, ainsi qu’il est
écrit » Sagesse 5 : 12, Jean 2 : 17, Psaume 69 : 9.

Il tenta ainsi de rallier à sa cause les princes en montrant l’importance de l’union dans la
chrétienté pour combattre les forces du mal. Müntzer sut parfaitement les troubles qui se
déroulèrent au même moment au sein du Saint-Empire Romain Germanique.
Il chercha la clémence des princes envers les révoltés allemands et tenta de devenir le porte-
parole de ceux-ci. Autre aspect intéressant de ce discours il voulut convaincre les princes que la
non-répression de ce mouvement ne serait point un aveu de faiblesse.

Au contraire la non-répression serait un acte prouvant la crainte de ceux-ci envers Dieu car ils
suivraient les canons religieux en écoutant les remontrances des paysans et s’unir avec ce
mouvement ne serait pas un acte de faiblesse mais un acte de dévotion envers Dieu et le juste
comportement des gouvernants de la communauté chrétienne.

Concentrons nous sur la sémantique utilisée par Thomas Müntzer car il utilise le terme de
« paysan » terme très intéressant car l’habitude était plutôt de parler du pauvre (pas forcément au
sens financier mais aussi au niveau de la culture) ou du peuple( qui regroupe un grand nombre de
catégories sociales) mais ici il parle spécifiquement des paysans et nous verrons un peu plus tard
qu’il insiste lourdement sur l’aspect social indispensable selon lui pour éveiller les consciences .
Ces éléments pouvant être interpréter comme les balbutiements d’une conscience de classe bien
que le concept n’apparaisse que plus tard.

Le deuxième aspect est l’écoute des princes envers la population qui permet selon Müntzer à « la
révélation continue » un courant jugeant que la révélation ne fut point terminée avec la mort du
Christ au contraire Dieu continua la révélation tout au long de la vie de la communauté
chrétienne pour continuer de la guider.

Pour argumenter son propos il cita l’exemple de Daniel qui interpréta le rêve de Nabuchodonosor
c’est donc la preuve éclatante que Dieu intervient directement dans la vie des hommes pour
transmettre sa révélation.

Thomas Muntzer pensa donc que cette révolte fut un avertissement envoyé par Dieu car les
autorités religieuses et temporelles s’égarèrent du droit chemin et c’est dans ce cadre qu’il tente
de sauver les paysans via ce sermon.
B) L’affliction des paysans

Il critique la rudesse de la vie et la pauvreté des paysans qui selon lui ne permet pas aux paysans
de devenir de bons chrétiens car ils n’ont pas le temps de lire et n’apprennent d’ailleurs même
pas et n’ont pas le temps de se former correctement au catholicisme pour devenir des élus de
Dieu.

Müntzer fait donc des lois sociales des préalables indispensables au bon fonctionnement de la
chrétienté car elles permettraient de libérer du temps libre pour les paysans qu’ils utiliseraient
pour devenir de bons chrétiens et peut-être des élus de Dieu tout ceci ayant pour but de préparer
une apocalypse selon lui imminente et ainsi sauver un maximum de chrétiens.

Ce sont ces idées qui ont permis à des hommes comme Engels d’en faire un héros d’un
« communisme primitif » ou encore son utilisation par le parti communiste d’Allemagne de l’Est
en 1973 lorsqu’il édifia un musée avec une toile où lui et ses 5000 paysans furent massacré.

En revanche bien que les lois sociales fussent un lien évident entre ces personnes il est très claire
que l’idéologie qui l’entoure fut complètement différent et la poursuite de son discours va nous
montrer en quoi.

Il continua en pointant du doigt l’un des responsables de cette déviance de la communauté


chrétienne que sont les moines
2) L’attaque envers les « sachants » de l’époque
A) La confiscation de la réflexion religieuse .

Thomas Müntzer dit au paragraphe 16 ligne 4 : « Mais ces doctes n’en prétendent pas moins
interpréter les mystères de Dieu. Oh ! Le monde d’aujourd’hui en a beaucoup trop, de ces
coquins qui ont le front de faire cela ouvertement. De ceux-là, Isaie dit, chapitre 58 : 2 : « Ils
veulent connaitre mes voies comme une nation qui aurait pratiqué ma justice » Ces docteurs en
Ecriture sont les devins qui nient ouvertement la révélation de Dieu et qui se mêlent de l’ouvrage
de l’Esprit-Saint en prétendant enseigner le monde entier. »

Il continua en les nommant clairement au paragraphe 16 à la ligne 16 : « … sur les maudits
songes empoisonnés des moines, détestable imposture par laquelle le Diable a mis en œuvre
toutes ses volontés et dupé beaucoup de pieux Elus … »

Thomas Müntzer reprocha donc aux moines d’interpréter la loi divine faisant un lien avec la
mise en garde dans la Bible de ce genre de pratique qui amène ceux-ci à rendre la justice à la
place de Dieu et à fortiori à se prendre pour Dieu.

On peut ajouter que les doctes, moines et théologiens ont commis un péché extrêmement grave
celui d’avoir littéralement « confisqué l’écriture » car ils ne permirent pas à d’autres de réfléchir
et où d’interpréter l’Ecriture.
Cela rejoint la critique ci-dessus de se prendre pour les guides de l’humanité mais en faisant cela
ils se sont fourvoyés car l’Ecriture est pour tous les chrétiens. Il ajoute qu’ils ont induit en erreur
les chrétiens car ils refusèrent d’accepter la révélation continue de Dieu et s’en tinrent
simplement à la Bible.

Vint alors un important leitmotiv de Munster critiquant les doctes à citer à foison des versets
bibliques complètement sorties de leurs contextes et ainsi de tromper l’auditoire sur le sens
profond et véridique de ceux-ci.

Munster alla encore plus loin en expliquant les raisons profondes de ce manque de discernement
de cette caste. Il pointa du doigt le manque criant d’ascèse en raison des privilèges qu’ils
obtinrent et des différents banquets et beuveries auxquels ils participèrent.

B) L’ascèse et la révélation.

Ils n’eurent donc aucune idée de la difficulté de la vie et de sa réalité et Müntzer fit un lien
intéressant avec la deuxième génération de chrétien qui supprimèrent un certain nombre de règle
pour leur profit personnel comme l’élection des responsables spirituels ou le détournement des
conciles qui selon lui se focalisèrent sur des futilités.

La critique de Müntzer atteignit son point culminant par sa vision eschatologique de l’époque
avec comme symbole de celle-ci le règne de l’Antéchrist sur la Terre et il associe l’Antéchrist
l’ennemi ultime de la chrétienté avec l’Eglise romaine actuelle symbole de la perversion morale
selon lui.
Il pense donc que l’Antéchrist tire les ficelles parmi les tenants de l’Eglise romaine du XVIe
siècle, cette attaque envers l’Eglise romaine fut extrêmement virulente et offensante envers elle
et c’est dans ce cadre qu’il faut voir la répression violente envers ce mouvement.

Après une critique acerbe envers l’autorité spirituelle que fut l’Eglise, il mit au point un certain
nombre de règle permettant à n’importe quel chrétien d’être parmi les Elus. Müntzer explique la
première étape en direction de cette voie dans le paragraphe 19 ligne 11 : « … De même, pour
que Dieu se révèle à lui, il faut que l’homme se séparer de tout divertissement et nourrisse en son
âme une aspiration austère à la vérité, 2 Corinthiens 6 : 17. Et il doit, par l’exercice de cette
vérité, distinguer les vision authentiques des fausses. C’est pourquoi le cher Daniel dit au
chapitre 10 : « Il faut avoir un sens juste des visions afin qu’elles ne soient pas toutes à rejeter,
etc.. »

Il établit donc un certain nombre de critères pour recevoir les révélations divines, le premier
élément est la non-existence d’aspects humains ou matériels, le songe doit être simple,
symbolique et il introduisit une notion intéressant car façonnant une certaine organisation
« politique » .

Toujours en se reposant sur l’exemple de Daniel ci-dessus il découpe la révélation divine en


deux entités : une révélation passant par les hommes qui n’eurent pas suivi l’ascèse qui est partiel
et une autre révélation passant par les songes des prophètes et des élus qui est complète.

Munter en conclut donc la nécessité pour un prince d’avoir un prophète, un élu, un nouveau
Daniel pour que le prince puisse avoir accès au savoir absolu et au rôle qu’ils ont à jouer .

Ainsi Müntzer en mettant autant en valeur l’état spirituel d’élu il réussit judicieusement à
justifier son rôle au coté du Prince bien qu’il ne faille pas l’interpréter comme une manipulation
ayant pour objectif d’avoir une place privilégiée mais il est plus probable qu’il croit
profondément à sa propre importance.
Une interprétation de ce fait basé uniquement sur l’intéressement de Müntzer serait niée
l’importance fondamentale et la ferveur religieuse de l’époque et ses actes jusqu’au-boutiste
furent des preuves éclatantes.

Thomas Muntzer prône un esprit aiguisé, débarrassé des futilités et des passions de ce monde
pour se concentrer sur l’essentiel c’est-à-dire la purification religieuse avec la multiplication des
actes de foi.

Il demande à ses partisans d’étudier intensément la Bible en opposition à la Saint-Eglise qui


voudrait garder le contrôle de cette étude mais sa démarche va bien au-delà de l’intellectuel car il
exige un comportement pieux de ses fidèles.

Cependant lorsque qu’il commença a prêché ces idées, des seigneurs allemands lui mirent des
bâtons dans les roues à ce titre l’exemple de Ernest de Mansfeld interdisant à ses sujets de se
rendre à Allstedt en est l’exemple le plus éloquent.

Vint alors de cet évènement la première évocation par Müntzer de la remise en cause du pouvoir
temporelle.
3) Le franchissement du Rubicon.
A) Les princes : réception de la révélation

Il commença en se basant sur ce verset de la bible Romain 13 : « Ce n’est pas pour une bonne
action que les princes sont à redouter et s’il en est autrement, le glaive leur sera enlevé et sera
donné au peuple en colère pour la ruine des méchants. »

Ici l’idée de souveraineté du peuple est évoquée ce qui est révolutionnaire pour l’époque et c’est
exactement pour ce genre d’idée que ce personnage eut traversé les âges devenant une référence
pour des révolutionnaires allemands ultérieurs.

Il enjoint aussi les seigneurs à s’ouvrir aux visions grâce au comportement que nous avons décrit
ci-dessus car cela les amènera à recevoir les ordres directement de la bouche de Dieu. Il dit au
paragraphe 26 ligne 1 : « Ah ! Chers seigneurs ! De quelle belle manière Dieu fracassera les
vieux vases avec une verge de fer, Psaume 2 : 9 ! C’est pourquoi, très chers souverains bien-
aimés, tirez vos jugements directement de la bouche de Dieu et ne vous laissez pas égarer par vos
prêtres adulateurs ni retenir par des mensonges sur la patience et la bonté de Dieu »

Thomas Müntzer tenta de flatter l’égo des seigneurs et des princes en affirmant la possibilité
pour ceux-ci de recevoir la révélation divine et donc l’inutilité de l’Eglise puis il mit en relation
le rôle joué par les prophètes d’autorité temporelle et spirituelle.

Müntzer essaya de démontrer aux Princes qu’ils n’ont nul besoin de la Saint-Eglise et qu’il suffit
de recevoir directement de Dieu les ordres, quelque part Munter prône un catholicisme et une
relation avec Dieu sans intermédiaire en l’occurrence l’Eglise.
B) La menace de la perte de leurs privilèges

Toutefois Müntzer utilisa des moyens de coercition pour forcer la main des Princes à suivre son
mouvement lorsqu’il rappela que « le glaive leur sera enlevé » paragraphe 36 ligne 3 ou encore
« tuer les souverains impies » paragraphe 37 ligne 12 , en faisant référence aux Princes, il appuie
donc l’idée que le pouvoir temporel qu’ils possèdent doit être utilisé exclusivement pour
défendre la chrétienté sous peine de le perdre irrémédiablement.

Pour résumer Müntzer fait appel à la stratégie de « la carotte et du bâton » la carotte étant le
pouvoir suprême sans partage avec l’Eglise et le bâton la possibilité de tout perdre s’ils ne
suivent pas ses préceptes.
CONCLUSION

Thomas Müntzer fut un homme qui lança un mouvement avec une certaine idée de la
souveraineté du peuple, avec une prépondérance des seigneurs et surtout la fin de l’Eglise tel
qu’il l’a connaissait et surtout la révélation en continue et pour tous. Le mouvement fut suivi par
de nombreux paysans mais fut réprimé dans le sang par différents princes en raison de son
idéologie révolutionnaire qui pouvait passer comme blasphématoire dans ces temps reculés.

Müntzer restera malgré toute la figure tutélaire allemande de la protection des « petites gens »
mais aussi d’un homme passionné prêt à tout même à mener des armées révoltés contre le
pouvoir en place.
BIBLIOGRAPHIE

Joel Lefebvre, « Thomas Müntzer (1490-1525) Écrits théologiques et politiques », 178 p., Éd.
Presses Universitaires de Lyon. 1982.

Beno Profetyk, Christocrate, la logique de l'anarchisme chrétien, 2016

Adrien Boniteau, « La Réforme radicale : Thomas Müntzer et la théologie de la révolution »,


revue PHILITT, 20 novembre 2017
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