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Dictionnaire d'histoire et de

géographie ecclésiastiques.
Tome premier. fasc. 1-6,
Aachs-Albus / sous la dir. de
Mgr [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques. Tome
premier. fasc. 1-6, Aachs-Albus / sous la dir. de Mgr Alfred
Baudrillart,...Albert Vogt... et Urbain Rouziès.... 1912.

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FRESSE 1976
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE ET DE GÉOGRAPHIE

KECTEL'ltDEl'i.VSÏITITCAT11ULI(.)UK Is
DEPA11

M. Albert VOGT
DOCTEUR ÈSLETTRES

i:t
M. Urbain ROUZIÈS
AVEC LE CONCOURS D'UN GRAND NOMBRE DE COLLABORATEURS

FASCICULE I. AACHS
— ACHOT

PARIS
LETOUZEY ET ANÉ, ÉDITEURS
76 BIS, RUE DES SAINTS-PÈRES (VIIe)

1909
TOUSDROITS RÉSERVÉS
LISTE DES COLLABORATEURS
DU PREMIER FASCICULE

MM. MM.

ALBE, curé de Notre-Dame de Cahors. CrjDf, professeur à l'Université de Rome.


ANDRÈS (le R. P. dom), bénédictin de l'abbaye de Silos HORN, àParis.
(Espagne). IEIII.(le P.),à
R. Aoste (Italie).
ANTOINE de Sérent (le R. P.), franciscain, à Saint- INGOLU, à Colmar (Alsace).
Brieuc. JUGIE (lé R. P.), des Augustins de l'Assomption, à
ARCARI, professeur à l'Université de Fribourg (Suisse) Constantinople.
AUDOLLENT,professeur à l'Université de Clermont. KIKSCH (Mgr.), professeur à l'Université de Fribourg
BARGE (le R. P.), des Frères Prêcheurs, au Saulchoir (Suisse).
(Belgique). LÀBOURT, premier aumôniprdu Collège Stanislas,Paris.
BERLIÈRE (le R. P. dom), bénédictin de l'abbaye de LA BRIÈRE (le R. P. de) de Compagnie de Jésus, à
Maredsous(Belgique). Ore-Place (Angleterre).
BESSON, professeur à l'Université de Fribourg (Suisse). LA SKRVIÈIIK (le R. P. de), de la Compagnie de Jésus, à
BIHL (le R. P. ), franciscain à Quaracchi (Italie). Ore-Place.
BIRON (le R. P. dom), bénédictin à Farnborough LEUtEr. archiviste honoraire d'Abbeville.
(Angleterre). MAC CAFKUEV, directeur au Séminaire de Maynooth
BLANCHARD (le R. P. dom), bénédictin de l'abbaye de (Irlande).
Solesmes, à Qarr abbey (Ile de Wight). Me DONALD (le R. P. dom), bénédictin, prieur de
Bois, à Saint-Pétersbourg (Russie). l'abbaye de Fort-Augustus (Ecosse).
BOUDINHON, professeur à l'Institut catholique de Paris. MARIN, professeurau Collège de la Malgrange, Nancy.
BROGLIE (Prince Emmanuel de), à Paris. MARTIN, directeur de la Semaine religieuse, Nancy.
CALENDINI, directeur des Annales Fléchoises à Saint- \IOI.I.AT, vicaire à N.-D. de l'Assomption,à Paris.
Mars-d'Outillé (Sarthe). MONSABERT (le H. P. dom de), bénédictin de l'abbaye
CAUCHIE, professeur à l'Universitéde Louvain. de Ligugé, à Chevetogne (Belgique).
CHARON (le R P.), des Augustins de l'Assomption, à NAU, professeur à l'Institutcatholique de Paris.
Rome. PALMIERI, augustin, à Cracovie.
CHARPENTIER, secrétaire général de l'évèché deCarcas- ~PERROIT aumônier du lycée de Lons-le-Saunier.
sonne. PETIT (leIR. P.), supérieur des Auguslins de l'Assomption,
CHARTRAIRE, chanchelier de l'archevéché de Sens. à Constantinople.
CHEVALIER (Ulysse à Romans. PÉTRIDÈS (le R. P.), augustin,à Constantinople.
,
CLERVAL, professeur à l'Institut catholique de Paris. PONTVIANNE, chanoine au Puy.
CORBIERRE, à Paris. REGNIER, sous-bibliothécaire de l'Institut, Paris.
COULON (le R. P.), des Frères Prêcheurs, à Rome. RICHARD,chapelain de Saint-Louis des Français, Rome.
DELAVILLE LE ROULX, à Paris. RIVIÈRE (le H. P.),de la Compagnie de Jésus à Toulouse.
DUINE, aumônier du lycée de Rennes. ROQUEFEUIL (leR. P. de), dela Compagnie de Jésus, à
DUPONT, à Saint-Malo. Ore Place Hastinsg (Angleterre).
ERMONI, ancien professeur au scolasticatdes Lazaristes, ROUSSEL, professeur à l'Université de Frihourg (Suisse)
à Paris. SALAVILLE (le R. P.), augustin de l'Assomption, à Cons-
FOURNIER, professeur au collège de Juilly, tantinople.
FRAIKIN, ancien chapelain de Saint-Louis des Fran- SERRANO (le R. P. dom), bénédictin de l'abbayedeSilos
çais, à Rome. (Espagne).
FROIDEVAUX, professeur à l'Institut catholique de Paris. TAYLOR, à Copenhague (Danemark).
GARIN, vicaire à Saint-Ambroise, à Paris. TEIL (Mgr. de), à Paris.
GASS, directeur au grand séminaire de Strasbourg. TOURNEBIZE (le R. P.), de la Compagnie de Jésus, pro-
GOMÈS L. Seraph. (le R. P.), dela Compagnie de Jésus, fesseur à l'Université de Beyrouth.
à Lisbonne. TOURNIER (le R. P.), de la Compagnie de Jésus, au
GOMÈS,Misael, du Collège Pio Latino-Américain, Rome. séminaire Pio Latino-Américain, Rome.
GOUGAUD (le R. P. dom), bénédictin de l'abbaye de UZUREAU, directeur de L'Anjouhistorique, à Angers.
Farnborough. VACANDAHD, premier aumônier du lycée Corneille, a
GOYAU à Paris. Rouen
GROETEKEN (le R. P.), franciscain à Wiedenbrück VAILHÈ (le R. P.), augustin de l'Assomption, à Constan-
(Westphalie). tinople.
GUÉRARD, à Lourdes. WAGNER, curé de Pfastatt (Alsace).
DICTIOiN'iNAIUK

D'HISTOIRE ETnEnlf)(IL\PIIIE
KCULKSIASITOUKS
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T(~t: n!!:\m;!:
AACHS --
ALBUS
DICTIONNAIRE

PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE

Mgr Alfred BAUDRILLART


RECTEUR DE L'INSTITUT- CATIIOLIQUE DE PARIS

M. Albert VOGT
DOCTEUR ÈS LETTRES
PROFESSEUR A L'UNIVESITÉ DE FRIBOURG

ET

M. Urbain ROUZIÈS

AVEC LECONCOURS D'UN (;Il.-L\'D NOMBRE DECOLLABORATEURS

TOME PREMIER
AACHS - ALBUS

PARIS
LETOUZEY ET ANÉ, ÉDITEURS
L. LETOUZEY, Succr
76BIS, RUE DES SAINT-PÈRES, VIIe
-4
191.
TOUS DROITS RÉSERVÉS
I/</,':
l'un.-ii-, dll' Ijunn1 IJ.
i is. i;iiiI.A hIIh,
1.1« Aiimipu M

1c' 11. l'.lM».


Il y a bien des années que MM. Letouzey et Ané nous proposèrent pour la
première fois d'aborder la grande œuvre d'un Dictionnaire d'Histoire et de Géographie
ecclésiastiques, complément nécessaire de l'encyclopédie des sciences ecclésiastiques qui
demeurera l'honneur de leur maison. Nous avons longtemps reculé devant la difficulté
d'une aussi lourde entreprise. Il n'en va pas en effet d'un tel recueil comme des
dictionnaires de la Bible, de théologie catholique, d'archéologie chrétienne, de droit
canonique, ou encore d'un dictionnaire d'apologétique. Dans ces dictionnaires, si
étendus qu'on les suppose, le nombre des articles est restreint, le champ d'action n'est
universel que par la portée des problèmes, non par la multiplicité presque infinie des
acteurs et des lieux. C'est par milliers que se comptent au contraire les articles d'un
dictionnaire d'histoire et de géographie; quelle correspondance en perspective pour
ceux qui dirigent! Où et comment trouver, pour tout et partout, des collaborateurs
compétents? Comment se charger soi-même de tout revoir sans courir le risque de
laisser passer quelque erreur? A quelles lenteurs aussi ne s'exposait-on pas, du moment
qu'il fallait avoir affaire à tant de personnes disséminées dans le monde entier, et que
le retard d'une seule suffisait ,à arrêter la publication de tout un fascicule?
Nous nous sommes décidés pourtant. Liés par une étroite confraternité, les trois
directeurs se sont sentis de force a donner à toute l'œuvre une impulsion unique, une
direction homogène. Deux d'entre eux avaient enseigné ou enseignent l'histoire à
l'Université catholique de Paris et a celle de Fribourg; le troisième possédait une
érudition sûre et très étendue, avec une grande puissance de travail; il est devenu, au
point de vue de la confection de chaque fascicule, la cheville ouvrière de l'entreprise (1).
S'il y a eu au début quelques tâtonnements, si la publication n'a pas marché aussi
vite qu'on l'eût souhaité, tout homme du métier le comprendra sans peine, en pensant
à ce qu'a dû être l'établissement de la nomenclature et de la liste des collaborateurs.
Nous avons mieux aimé commencer tout de suite, dussions-nous d'abord n'avancer
que lentement, plutôt que d'attendre encore un an ou deux sans rien faire paraître.
Désormais l'œuvre est bien en train et nous espérons que rien ne troublera le cours
régulier de la publication.
Nous aurions pu aussi, comme on le fait parfois dans des entreprises de ce genre,
nous adresser à des factotums de la science et, de ce chef, assurer l'exécution
(1) Nous devons aussi un remerciement particulier à M. l'abbé Pierre Richard, docteur ès lettres,
qui nous a beaucoup aidés.
rapide du dictionnaire. Notre prétention étant de livrer au public une œuvre originale
et scientifique, nous avons fait appel pour chaque article, ou pour chaque catégorie
d'articles similaires, aux hommes les plus compétents, savants déjà illustres, érudits
locaux, jeunes historiens formés aux meilleures écoles. Les ordres religieux, les Uni-
versités catholiques, plusieurs des maitres les plus en vue des Facultés de l'État nous
ont beaucoup donné; nous les remercions de leur précieuse collaboration.
Les lecteurs qui parcourront ce premier volume pourront se rendre compte de la
multitude de renseignements, puisés aux meilleures sources, qu'il fournit sur toutes les
époques de l'histoire de l'Église, dans tous les pays du monde.
Nous avons visé à être complets; d'aucuns jugeront peut-être que nous le sommes
trop; nous préférons cet excès au défaut contraire. Tel personnage qui parait à beaucoup
insignifiant intéressera cependant un certain nombre de chercheurs et aura fourni
matière à une notice vraiment neuve qui ne se trouvera nulle part ailleurs.
Il nous fallait cependant éviter un écueil; celui de faire double emploi avec les
autres dictionnaires de la collection, ou d'empiéter sur leur domaine. Commencés avant
le nôtre, n'avaient-ils pas par avance envahi notre terrain? Et pouvions-nous pour cela
omettre tel ou tel nom d'importance? Évidemment non. Nous nous sommes placés à
un autre point de vue. Lorsque, par exemple, un même personnage figure dans notre
dictionnaire et dans le dictionnaire de théologie, nous nous bornons à présenter
l'histoire de sa vie, la liste de ses ouvrages, mais nous n'entrons pas dans l'exposition
minutieuse de ses idées et de son système, ou des controverses auxquelles ce système a
donné lieu.
S'il s'agit des hérétiques, nous parlons de ceux qui ont joué un grand rôle dans
l'histoire et qui ont agi sur les destinées de l'Église catholique; mais nous omettons
ceux dont la biographie n'a d'intérêt que pour la secte à laquelle ils appartiennent.
En donnant place à des personnages honorés comme saints dans l'Église russe, ou
dans d'autres Églises séparées, nous ne les avons considérés que comme personnages
historiques. Nous avons suivi en cela l'exemple des Bollandistes qui ont admis dans
lesActa sanctorum des calendriers et des notices de saints hétérodoxes, et nous faisons
nôtres leurs déclarationset leurs réserves à ce sujet, en particulier celles du P. Martinov
en tête de son Annus ecclesiaslicus græco-slavicus. De même nous déclarons que, si le
nom de saint ou de bienheureux est donné à quelque personnage non reconnu comme
tel par l'Église, nous ne voulons en rien enfreindre les prescriptions canoniques en la
matière, notamment la Constitution d'Urbain VIII.
Soucieux de faire œuvre scientifique, nous ne le sommes pas moins de faire œuvre
catholique; tous les articles ont été soigneusement revus au point de vue doctrinal.
Dans les limites de l'orthodoxie, les auteurs ont d'ailleurs joui de la liberté d'appré-
ciation la plus étendue.
Quelques indications d'ordre technique ne seront pas inutiles. Quiconque s'est
occupé de lexicographie sait à quels obstacles on se heurte quand il s'agit d'établir des
listes, surtout pour les personnages du moyen âge. A partir du XIIIe siècle, on a préféré le
cognomen au nomen, tout en s'efforçant de garder pour chaque personnage l'appellation
la plus usuelle. On ne s'est point astreint à relever toutes les variantes de
noms, si
nombreuses dans les textes du moyen âge, mais
on a fait tous les renvois que l'on a
jugés nécessaires. Pour les personnages portant le même
nom, on a placé en premier
lieu ceux qu'on a désignés uniquement par leur nom, en suivant l'ordre chronologique.
Viennent ensuite ceux aux noms desquels s'ajoute ordinairement un qualificatif, classés
d'après l'ordre alphabétique de ces qualificatifs.Lessouverains pontifes ont été mis en
tête de cette catégorie. Enfin les personnages modernes de même nom ont été classés
d'après leurs prénoms. Lorsque des noms de lieux et des noms de personnes étaient
les mêmes, on a fait passer d'abord les noms de lieux.
Quant à la partie géographique, elle a été traitée avec le plus grand soin; les cir-
conscriptions ecclésiastiques, aux diverses époques de l'histoire, ont été déterminées
aussi exactement que possible, ce qui, nul ne l'ignore, n'est pas un mince problème.
De bonnes cartes ont été jointes au texte.
Dès ce premier volume, on remarquera un certain nombre d'articles généraux qui
supposent des vues synthétiques, ceux, par exemple, qui présentent à grands traits
l'histoire religieuse de tout un pays depuis l'établissement du christianisme, ou encore
ceux qui retracent la monographie d'une institution. Nous n'avons admis ni phraséo-
logie, ni déclamation, ni thèse philosophique contestable ou tapageuse, mais nous
n'avons nullement reculé devant les idées générales.
Quelque conscience que nous ayons apportée à la composition et à la revision des
articles de ce dictionnaire, nous ne nous faisonspasl'illusion d'avoir atteint la
perfection, ni d'avoir évité les inégalités. Nous serons reconnaissants a tous ceux qui
nous proposeront quelque amélioration ou quelque correction fondée.
D'ores et déjà nous exprimons notre gratitude aux critiques qui ont rendu compte
des cinq premiers fascicules parus. Ils ont été d'une rare bienveillanre. A part quelques
observations de détail, ils ont rendu hommage à la valeur du l'œuvre accomplie. Si l'on
rapprochait tous les articles « spécialement » loués par les diverspériodiques français,
allemands ou anglais, on obtiendrait à peu de chose près la liste des articles de quelque
importance contenus dans ces fascicu l es. C'est pour nous le meilleur des encoura-
gements.
Nous croyons faire une œuvre vraimentutile et vraiment nouvelle, qui servira
les deux grandes causes auxquelles nous avons donné notre vie, celle de l'Église et
celle de la science. Puissent nos chers confrères du clergé, puisse le grand public
désireux de s'instruire, nous rendre le même témoignage que le monde savant! Nous
ne négligerons rien pour donner à tous pleine et prompte satisfaction.

ALFRED BAUDRILLART.
DICTIONNAIRE

AACH. Voir ACH. cruauté par Axel Goye, gouverneur cl'AniboFg. —


3. L'hôpital du Saint-Esprit, qui est le plus ancien de
1. AACHS ou ACS (MICHEL), théologien hongrois, cet ordre en Danemark, fut fondé en 1431. LeroiHans
protestant, né en 1631, mort en 1708. On a de lui: (1481-1513) lui donna la léproserie de Saint-Georges
1.Fontes calvinismi obstructi sive principale falsum hors de la ville. L'hôpital fut enlevé aux frères, sans
religionis calvinisticæ, Tubingue, 1669; — 2. Chaînes procédure quelconque,par Axel Goye qui en chassa les
d'or (en hongrois), recueil de prières, Locse, 1696 malades ou les transféra au couvent des franciscains;
(plusieurs éditions); — 3. Chorus cœleslis concinens; il fut rendu aux catholiques en 1533, mais pillé par
(en hongrois), recueil de chants sacrés traduits de Jean Hantzau en 1534. Enfin, en 1536, l'édifice fut
mortis (en hongrois), Strasbourg, 1702. -
l'allemand ou originaux, Locse, 1673, -1. Carras felix transformé en hôpital ordinaire qui existe encore.
VoirJ. P. Stenholin, Aalborg Klosterhistorie,1repart.,
A. PALMIERI. Aalburg, 1904; J. Lindbœk et G. Stemann,De danske
2. AACHS ou ACS (MICHEL), fils du précédent,
:
mort en 1711. On a de lui 1. De catechumenis : disser-
tatio historico-theoloqica, Argentorati, 1760; — 2. Fi-
Helligaandsklostre, Copenhague, 1906.
Co::-.oFHÉmEs. — Il y avait à Aalborg avant la Ré-
forme la confrérie du Corpus Christi, fondée en 1431.
delium fiducia in Deum (en hongrois), 1708; — 3.Ma- et celles de Saint-Laurent, de Sainte-Catherine et de
gyar Theologia, Bartfa, 1709; — 4. NOVU/Il Pcnlccoslalc Sainte-Anne. Pour la première, voir Danske Magazin,
per quod Ecclesia Dei Spiritus Sancti dona ordinarie IIIe série, t. i, Copenhague, 1842, p. 89-125.
effunduntur, Bartfa, 1709. Aalborg possède actuellement un couvent de camil-
Szinnyei, Magyar trôk életc és munkai, Budapest, 1890, liens avec église et clinique. Il y a aussi une maison
-
t.1, p. 2-3. Czvittingcr,Specimen Hungariæ literatæ Franc-
fort, 1700, p. 13-14.—Szabo, Regi magyyar kontjultir, Buda-
des sœurs de Saint-Joseph de Cliambéry avec école et
clinique. A. TAYLOR.
pest, 1879, t. I, n. 1489, 1630, 1662; t. III, n. 2496.
A. PALMIERI. AARHUS, Jutland, deuxième ville du Danemark,
AAGESEN. Voir SUÉNON. ancien évêché. En 948, l'archevêque Adaldag de Ham-
bourg consacra, avec l'autorisation du pape Agapet II,
AALBORG, Jutland, ville du Danemark,qui compte des évêques pour Slesvig, Ribe et Aarhus. A la mort
31173 habitants, dont 155 catholiques (1901). Avant de son premier évêque, Reginbrand, en 988, le diocèse
la Réforme, Aalborg faisait partie du diocèse de Vi- d'Aarhus fut uni à celui de Ribe, et ce ne fut qu'en
borg. En 1554, elle devint le siège des évêques luthé- 1050 qu'il fut reconstitué. En 1065 ses limites furent
riens d'Aalborg qui prétendent être les successeurs des définitivement fixées lors de la fondation des diocèses
évêques catholiques de Borglum. Voir BORGLUM. de Viborg et de Borglum.
Il est probable qu'Aalborg fut évangélisé par les Le diocèse d'Aarhus (suffragant de Hambourg, 948-
Anglais. L'église principale est dédiée à l'abbé anglo- 1104, puis de Lund, 1104-1536) était borné au nord
saxon saint Botulphe. Jadis elle servait de succursale
à l'église paroissiale de Saint-Pierre détruite à l'époque
de la Réforme.
COUVENTS.
- Le Kirke-Lexicoiifoi, Norden affirme
que des chanoines de Saint-Augustin desservaient
LISTE DES ÉVÊQUES :
par le diocèse de Viborg, à l'est par le Cattegat, au
sud et à l'ouest par le diocèse de Ribe.
1. Reginbrand, 948-988. —
2. Christiern, 1060-1075. — 3. Ulfketel, 1102-1134.—
t
4. Illuge. — 5. Eskil, -;- 1166. — 6. Svend Ier, 1191.
l'église de Notre-Dame dans la première moitié du
moyen âge. Plus tard nous trouvons trois couvents à — 7. Peder Ier Vognsen, † 1215. — 8. Ebbe, démis-
sionnaire, 1224. — 9. Peder II Elafsen, † 1246. —
1.
Aalborg; — Les bénédictines à l'église Notre-Dame.
Ce couvent fut fondé en 1116. Il dépendait du chapitre
de Viborg. Il fut supprimé lors de la Réforme. 2. Le
10. Peder III Ughœtsen, f 1260.
t - 11. Tyge Ier,
1272 (l'abbé Arnefast, élu par quelques chanoines,
couvent des franciscains, fondé avant 1268. Les— ne prit pas possession du siège). — 12. Peder IV,
reli- mort après 1274. — 13. Tyge II, f 1288. — 14. Jol-
gieux en furent expulsés en 1530 avec beaucoup de han Ier Askersen, † 1306. — 15. Esger Ier Juul,
transféré en 1310 à l'archevêché deLund. — 16. Es- trente livres. fut le premier traité de médecine que
Ce
ger II Bonde, † 1325. — 17. Svend II, mort après possédèrent les Arabes en unelangue orientale.Vers
1352.—18. Poul, mort après 1366. — 19. Peder V l'an 683, cet ouvrage fut traduit en arabe par un juif
Lodehat, transféré en 1395 à Roskilde. — 20. Bo de Bassora, nommé Maderjawachus, qui se proposa
Porse, † 1424.—21. Ulrik Stygge, † 1449. — 22. Jo- de le mettre à la portée de tout le monde. Les Pan-
han II (Jens IversenLange), † 1482. — 23. Eiler dectes ne nous sont pas parvenues dans leur intégrité;
t
Stygge, 1501. — 24. Niels Klausen, se démit en
1520. — 25. Ove Bilde, dernier évêque catholique,
mais Rhazes nous en a conservé des fragments, qu'on
trouve dans l'Histoire de la médecine de Sprengel.
emprisonné en 1536. Cf. Kirke-lexicon for Norden, au Aaron est le premier auteur qui parle de la petite
mot Aarhus. vérole.
Frode, roi du Jutland, qui avait été baptisé en An-
gleterre, bâtit à Aarhus une église dédiée à la Sainte- 3.AARON, 33e évêque d'AuxerreV.(800-813).
ERMONI.
Aaron
-
Trinité comme la cathédrale de Winchester. Au XIe siè- succéda sur le siège d'Auxerre à Maurin, mort le
cle, l'église de la Trinité fut remplacée par une autre 6 août 799 ou 800. L'histoire est muette sur
son passé;
dédiée à saint Nicolas de Myre et destinée à renfermer de son épiscopat,qui dura 13 années, elle a noté seule-
les reliques de ce saint, apportées par le roi Eric III ment deux détails. Il fit partie de la suite de Charle-
Eiegod (1097-1106). L'église de Saint-Olaf, mainte- magne dans son voyage à Rome en 800, et profita de
nant détruite, fut construite à la même époque. cette occasion pour obtenir du prince la restitution de
C'est dans son cimetière qui existe encore, que fut en- l'abbaye de Saint-Marien à l'église d'Auxerre. Il
terré, en 1180, le bienheureux Niels ou Nicolas, fils donna à sa cathédrale un magnifique ciborium d'or et
illégitime du roi Canut Magnussen. Les offrandes qui d'argent pour abriter le maître autel.
affluèrent sur son tombeau permirent de bâtir la ca- Il mourut le 13 février et fut inhumé auprès de son
thédrale qui, commencée en 1201, devint la plus grande prédécesseur dans l'église de Saint-Gervais.
église du Danemark. Gesta pontif. Autissiod, dans Biblioth. histor. de l'Yonne,
Le dernier évêque d'Aarhus, Ove Bilde et le célèbre t. I, p. 352. — Lebeuf, Mémoires concernant l'histoire
Paul Elie, prieur des carmes d'Elsinore (Helsingor), craumm, Paris, 1743, t. I, p. 172.
résistèrent en vain au progrès de la Réforme à Aarhus. E. CHARTRAIRE.
Au moment de sa suppression, le diocèse comprenait 4. AARON, moine d'origine écossaise, retiré au mo-
environ 360 paroisses. Le chapitre de la cathédrale nastère de Saint-Martin de Cologne dont il fut abbé
était composé de trente-quatre chanoines résidents. de 1042 à 1052, date de sa mort, ainsi que de celui
Les bénédictins avaient des couvents à Esbenbeek, de Saint-Pantaléon de Cologne. Le pape Léon.IX lui-
à Vœr, à Alling, à Veierlov;les chanoines réguliers
de Saint-Augustin à Tvilum, les cisterciens à Om.
Cette dernière abbaye ne fut dissoute qu'en 1560. Il
y avait une chartreuse à Aarhus, des maisons de
:
envoya les répons de l'office de saint Grégoire qu'il
venait de composer (Trithème Chronique d'Hirsauge,
t. I, p. 196), d'où l'on a conclu à tort qu'Aaron avait
le premier introduit le chant grégorien à Cologne.
dominicainsà Aarhus, Horsens et Randers, de francis- La bibliothèque de Saint-Martin a possédé en
cains à Horsens et Randers. Horsens avait encore des
frères de Saint-Jean qui se maintinrent jusqu'en 1568.
En 1412, fut fondé à Manager un couvent de frères
et de sœurs de l'ordre de Sainte-Brigitte, qui devint
:
manuscrit, jusqu'à sa dispersion, six petits traités
inscrits sous le nom d'Aaron De utilitate cantus 00-
calis, De modo psallendi, De attentione ln divino officio
et aliis orationibus adhibenda, Qualiter quis ad oratio-
l'un des plus riches du royaume. nem debeat se præparare, De orationis instantia et De
Les couvents danois qui survécurent à la Réforme ejus exaudibililate.
furent donnés en fief par le roi à des particuliers qui Hartzeim, Bibliothecacoloniensis, 1747, t. I, p. 7. — Eit-
étaient chargés de l'entretien des religieux. A ces der- ner, Quellenlexicon der Musiker, 1900-1904, t. I, p. 21.
niers on défendait de prendre des novices. Le couvent
de Mariager exista dans ces conditions jusqu'à la mort
P.BLANCHARD.
5. AARON ABIOB (probablement ABI AYYUB,
de sa dernière sœur, Marguerite Juul, en 1584. Les cf. Steinschneider dans Jew. Quart. Rev., t. x, p. 130),
frères avaient été chassés depuis longtemps, et les
sœurs étaient forcées d'entretenir un aumônier pro-
auteur de Schemen ha-Mor, «l'huile de myrrhe com- »,
mentaire sur le livre d'Esther. Il florissait à Salo-
testant qui n'eut sans doute pas plus de succès auprès nique vers 1540, où son ouvrage fut édité pour la pre-
d'elles que n'en avaient ses confrères au couvent bri- mière fois en 1601.
gittin de Maribo, disparu seulement en 1620. Voir F. NAU.
ODENSE. Cf.Kirkehistoricke samlinger, Copenhague, 6. AARON BEN-CHAIM (AARON BEN ABRAHAM
t. v, p. 673-687; Daugaard, De danske klostre, ib., 1830, BEN SAMUEL IBN HAYYIM), commentateur marocain
p. 386-425. de la Bible et du Talmud, était célèbre à Fez au com-
Actuellement Aarhus compte 340 catholiques sur mencement du XVIIe siècle et mourut à Jérusalem en
51000 habitants. Les jésuites y possèdent une église 1632. Il était membre du Beit-Din (cour de justice)
et une école de garçons; les sœurs de Saint-Josephde de Fez et se rendit à Venise vers 1608 pour faire im-
Chambéry y desservent un hôpital et y dirigent une primer ses volumineux manuscrits qui ont tous trait
école de filles. Elles ont aussi un hôpital et une école à la Bible. Cf. Dictionnaire de la Bible de F. Vigou-
à Horsens (380 catholiques sur 22000 habitants) et à
Randers (230 catholiques sur 20000 habitants). Ces roux, t. I, col. 10.
F. NAU.
deux dernières villes ont chacune une église desservie 7. AARON DE BISTRA, évêque catholique rou-
.:.
par un prêtre catholique. main de Transylvanie, dont le siège s'appelle Blaj
'- 1904.
J. Hoffmeyer, Blade al Aarhus Bys Historie, Copenhague, en roumain, Balazs falva en hongrois,Blasendorf en
allemand, mais le titre épiscopal est celui de Fogaras,
A. TAYLOR. où l'évêché a.été fondé en 1721, pour être transféré
1. AARON, martyr en Angleterre. Voir saint JULES. à Blaj en 1733. Fils du prêtre de Bistra, Théodore
Aaron, Pierre Aaron naquit dans cette localité en
2. AARON ou AHRON, prêtre et médecin 1709; à son nom de baptême il ajouta celui de Paul
v
d'Alexandrie, vivait sous le règne d'Héraclius, au com- quand il prit l'habit monastique. Ses études élémen-
mencement du VIIe siècle, vers l'an 622. Sous le titre
de Pandectes, il écrivit, en syriaque, un ouvrage en :
taires achevées à Rosia, il fut envoyé à Rome en 1734
par l'évêque Klein c'est là qu'il reçut le sacerdoce,
le 30 juillet 1742, au collège grec de Saint-Athanase, A. Bunea, Episcopii Petru Paul Aronsi Dionisiit-Nova-
des mains de l'archevêque Denys Modin. De retour covid, in-8°, Blaj, 1902. — Semastismulveneraiuluï cler al
dans sa patrie, l'année suivante, il fut attaché à la archidiecesei metropolitane greco-catolice Române de Alba-
Iulia si Fâgâras pre anul Domnulul, 1900, Blaj, p. 26-31,
personne de l'évêque Klein, et, en 1745, à la mort de avec un portrait du prélat. — Bianu-Hodos, Bibliografia
Nicolas Pop de Bia, il devint vicaire général, dignité Româneasca veche, Bucarest, 1906, t. II, fasc. 2, passim.
que lui reconnut Marie-Thérèse par un décret du 31 — Quelques documents utiles dans N. Nilles, Symboles
août 1745. Deux ans plus tard, Klein ayant dû rési- ad illustrandam historiam Ecclesiae orientalis in terris Co-
gner son siège, Aaron gouverna le diocèse comme ronœ S. Stephani, Innsbruck, 1885, passim.
vicaire apostolique d'abord, puis, à partir de 1752, L. PETIT.
comme évêque titulaire. Nommé par Marie-Thérèse 8. AARON DE BRETAGNE (Saint). L'île sur
le 28 février, il avait été confirmé par une bulle papale laquelle est bâtie aujourd'hui la ville de Saint-Malo,
le 6 juillet suivant. La consécration épiscopale eut
le
lieu le 1er septembre 1752 à Pocs, par ministère de
l'évêque ruthène Manuel Olsavsky. Intronisé àBlaj,
Malo contient un chapitre intitulé :
s'appelait anciennement l'île Aaron. La vie de saint
« De l'ermite
Aaron. » Le texte nous apprend que ce personnage
le 12 novembre 1752, Aaron profita de la présence de était un serviteur de Dieu; et c'est tout1 Les détails
tout son clergé pour tenir un synode où l'on adopta que l'on pourrait ajouter proviendraient de légendes
de sages mesures, telles que la constitution du cha- trop tardives. — Le missel de Saint-Malo du xv,
pitre, la nomination d'un vicaire général et de trois siècle célèbre saint Aaron le 22 juin. Le propre de
assesseurs consistoriaux, d'un notaire pour le clergé Saint-Malo de 1615 consacre trois leçons à ce bien-
et d'un inspecteur de la cathédrale; on y décida aussi heureux et assure que la cathédrale possède son chef
que le mariage ne serait désormais tenu pour valide et l'un de ses bras.
que s'il était contracté devant le curé du lieu et plu- 1.
Vila sancli Machuti, I, C. LIII, publiée par dom Plaine,
sieurs témoins. En 1754, Aaron fit ouvrir à Blaj,
:
au monastère de la Sainte-Trinité, une école dont la
direction fut confiée aux basiliens elle compta bien-
tôt 300 élèves, et eut une influence des plus heureuses
en 1884, dans les Mémoires de la soc. archéol. de Renltes.
t. xvi, 2e part., p. 202. — Lobineau, Les vies des saints de
Bretagne, 1725, p. 120. — F. Duine, Bréviaires et missels de
Bretagne, 1906, p. 71, 73,79.
sur la nation roumaine unie. Non moins fécond en F. DUINE.
résultats, le séminaire théologique de l'Annonciation, 9. AARON DE SAROUG, le Syrien, fondateur de
inauguré par Aaron dans une aile du palais épiscopal, deux célèbres monastèresjacobites près de Mélitène, né
devait fournir, à l'église unie. de Transylvanie, des en 219, mort en 337, Sa biographie ne comprend guère
hommes aussi remarquables par leur science que par que le récit de sa vocation religieuse et des prodiges
leurs vertus. La création d'une imprimerie au palais qu'il a accomplis durant deux voyages, l'un aux Saints-
épiscopal fut comme le couronnement de ces œuvres Lieux et l'autre à Constantinople pour guérir la fille
dont l'avenir fut assuré par de riches dotations four- de Constantin. Il est vénéré, chez les jacobites, comme
nies par Marie-Thérèse, par le clergé et surtout par ascète et figure, au moins au 28 mai, jour de sa mort,
l'évêque lui-même qui leur laissa en mourant toute dans leurs calendriers. Cf. Analecla Bollandiana,
sa fortune. Si le prélat compta beaucoup d'admira- t. XXVII, p. 184, llilj, note Nous éditons sa biogra-
teurs et de partisans dévoués, il eut aussi ses enne- phie dans Palrol.urienlnlis, t. vu. Le .synchronisme
mis, les jaloux d'abord qui l'accusaient, à tort assu- quilatermine est inexact, elle a toute chance d'avoir
rément, d'avoir ruiné le crédit et la popularité de été imaginée du VIIe au IX" siécle pour donner un
Klein; puis les schismatiques serbes de Carlowitz, illustre éponvme aux deux monastères de ce nom.
dont les prétentions sur la petite colonie catholique F. NAU.
de Transylvanie provoquèrent une telle agitation 10. AARON (ALEXIS ZACIIAHIÊVITCIINARTZISSOV),
dans le pays qu'il fallut, pour ramener la paix, l'in- écrivain russe, né à Colomen en 1781, élève de l'Acadé-
tervention armée du général Bucov. Au cours d'une mie gréco-latine-slavede Moscou et évêque d'Arkhan-
tournée pastorale destinée à raffermir l'union, Aaron gelsk en 1826. Pour avoir béni la première pierre d'une
tomba malade à Kapnik-Banya, le 27 janvier 1764, église anglicane dans sa ville épiscopale, il fut obligé
et son état devint si grave qu'on dut le transporter à de démissionner en 1830. Il se retira alors dans le
la résidence des jésuites de Baia-Mare, où il mourut monastère de Notre-Dame de Don (Moscou), où il
en odeur de sainteté, le 9 mars suivant. Ramené à mourut le 15 janvier 1841 (1842 d'après Philarète et
Blaj, il fut inhumé au caveau de l'évêché, le 18 mars, Venghérov). On lui doit la version russe de plusieurs
et des miracles attestés par plusieurs contemporains ouvrages théologiques et ascétiques de Jean Titius,
s'opérèrent au tombeau du vaillant apôtre de l'union. Jean Daoubler, Gottfried Beck, Richard Baxter, etc.
:
Aussi savant que vertueux, Aaron écrivit plusieurs
ouvrages que voici par ordre de date 1° Floarca
adevârului ou Petite Fleur de vérité, Blas, 1750; —
Un en trouve la liste complète dans Venghérov.
Philarète, Obzor russkoi dukhovnoi literalury, Saint-Pé-
tersbourg, 1884, p. 457-458. — Russkii biogiaphiteheskii
2° Strastnic, ibid., 1753; — 3° Invàtàiurâ cre:jtineasc¿;' Slouar, Saint-Pétersbourg, 1896, t. i, p. 2. — Venghérov,
ou Instruction chrétienne, ibid., 1754; 2°édit., 1756; Russkiia Knighi, Saint-Pétersbourg, 1897, t. i, p. 6.
— 4° Liturghii ou Missel, ibid., 1756; — 5° Doctrina A. PALMIERI.
chrisliana. cum adjecto de sacra unione colloquio, 11. AARON (PIETRO), moine musicien de l'ordre
ibid., 1757; — 6° Molitvenic ou Eucologe, ibid., 1757; des porte-croix (Crosachieri), né à Florence vers 1490.

1759; -
— 7° Pâstoriceasca dalorie ou Devoir pastoral, ibid.,
8°Pâstoriceascaposlanie sau Dogmatica în-
vaJalurii, ibid., 1760; — 9° Ocloih ou Ocloechos, ibid.,
En 1523, il fut pourvu d'un canonicat à Rimini; en
1525, il entra dans l'ordre des Crosachieri. On ignore
la date précise de sa mort. Son dernier ouvrage est de
1760; — 10° Adevârata mângaere ou Lettre de conso- 1545. Aaron compte parmi les grands théoriciens con-
lation, publiée également en latin sous le titre de trapointistes de son temps. Sans être très person-
Epistola consolatoria, ibid., 1761; — 11° Soborul de la nelles, ses œuvres gardent néanmoins pour l'historien
Florenta ou Concile de Florence, ibid., 1762; ouvrage de la musique un grand intérêt. Il se borne, en général,
traduit également aussitôt en latin sous le titre de à exposer avec beaucoup d'ordre et de clarté la doc-
Exordium synodi Florentinae;— 12" Joannis Damas-
ceni opera philosophica et theologicu, ibid., 1762, repro- :
trine de J. Tinctoris (1434 ?-1520). Se3 principaux
ouvrages sont Libri 1res de inslitutione harmonica,
duction des éditions de Paris et de Venise. Nous ne
parlons pas des livres purement scolaires. ;
Bologne, 1516, in-8°, traduit en latin par J. A. Fla-
minio, ami d'Aaron Pietro — Thoscanello della musica,
, ses ouvrages,
:
Venise,1523, in-fol., le meilleurincontestablement de
- plusieurs fois édité 1529, 1531, 1539,
1557 1562; Trattato della natura et cognitione di tutti
in-foi.
traduisit des livres qui n'étaient pas encore passés
en syriaque. Ebedjésus lui attribue des explications,
des lettres et un commentaire de la logique d'Aris-
tote. Le roi l'envoya en mission auprès de l'empereur
gIi tuoni di'canto fermo e figurato, Venise, 1525, Maurice. Il servit l'Église au temps des patriarches
in di alcune opiniom antiche e
— Lucidario musica
moderne, Venise, 1545, in-4o; -
dubbi e sentenze intemo al canto fermo e
dimolti
figurato,
Compendiolo Milan, nestoriens Sabriso et Grégoire (596-609).
Assémani, Bibl. or., t. Ill, 1" partie, p. 154. — Revue
1545, in-4°. t. XI, p. 9-10, 416.
de l'Orient chrétien, 1906, 1
F. NAU,
Fétis, Biographie universelle des musiciens, 2°éd., Paris, ABA, synode d'Angleterre. Voir HABA.
1860 t. I, p. 1-3. — R. Eitner, Biograph. bibliograph.

t.i, p. 22. G. Baïni, Vita di Palestrina, Rome, 1828.



-
Quellenlexicon d. Musiker u. Musikgelehrlen,Leipzig, 1900,
1. ABAD (ANTONIO), dominicain espagnol, né à
Cordona, en Catalogne. Il fut nommé professeur au
Grove, Diction. of music and musicians, Londres, 1879,
t. *'l, P°
*" p. 1. couvent de Barcelone, le 10 octobre 1678 et au mois
M. BARGE. d'août 1700, régent des études à la Minerve à Rome.
1. ABA (SAMUEL), roide Hongrie, appartenait à la Il exerça cette charge jusqu'en 1705, date de son re-
de la
tribu d'Ed et d'Edômér qui, lors de l'occupationMàtra, tour en Espagne. Il mourut le 18 juin 1712. On a de
Hongrie, se fixa dans la région des monts de la attri- lui seulement quelques discours en espagnol, entre
Hern'id, où Arpàd lui avait autres, l'Oraison funèbre de l'empereur Joseph Jer,
- dans la vallée de laIl épousa Sarolta, jeune sœur du roi
bué des domaines. prononcée dans la cathédrale de Barcelone, le 11 juil-
Étienne, et rivalisa de zèle avec son beau-frère pour let 1711, et, en manuscrits, Theologia moralis, 6 vol.;
appeler dans ses domaines des religieux et faire cons- Philosophia, 1 vol., et des sermons.
truire des églises. Courageux et d'un caractère décidé, Martinez-Vigil, La Orden de Predigadores, etc., 1884,
il n'ambitionnaitpas le pouvoir suprême, mais lorsque p. 407. — Villanueva, Bibltothecse Script. ord. Præd., etc.
le mécontentement des grands contraignit Pierre, suc- continualio, p. 5. — Arch. Ord., Regest. Magistri gener.
l'élec-
cesseur de saint Étienne, à se retirer, il accepta Cloche, Hisp. et Ind., t. I, p. 706-713. -
tion qui, en 1041, le fit roi de Hongrie. R. COULON.
Pierre ayant cherché un refuge auprès de l'empereur 2. ABAD (DIEGO JOPSÉ), jésuite mexicain, né à Xi-
Henri III, les Allemands qu'il avait favorisés lorsqu'il quilpan le 1er juin 1727 et admis à la vie religieuse le
était roi, le soutinrent. Aba, prévoyant leur attaque, 24 juillet 1741, enseigna avec succès les belles-lettres,
envahit le territoire de l'Empire, mais il fut vaincu, la philosophie et la théologie. Déporté en Italie, en
de ce côté, par le margrave Adalbert d'Autriche. Il 1767, par suite de l'édit de Charles III d'Espagne, il
s'avança alors vers Tulu et revint chargé de butin, s'occupa à divers travaux littéraires, entre autres à
tandis que ses troupes ravageaient la Carinthie. L'em- son poème latin sur les attributs divine et les gloires
pereur saccagea Hainbourg, prit Pozsony et s'avança
jusqu'à la Rbcza. Pour conclure la paix, Samuel Aba
offrit la restitution des prisonniers, une somme im-
teur, par l'oratorien J.-B. Gamarra y Davalos Musa
Americana, seu de Deo carmina, in-8°, Cadix, 1769;
:
de l'Incarnation, publié d'abord, sans le nom de l'au- -

portante et la cession du territoire sur la rive gauche puis par l'auteur lui-même, sous le pseudonyme de «
de la Leitha. Les seigneurs qui s'étaient révoltés Jacobl Josephi Labbe Selenopolitani 1 : De Deo (et :
contre le roi Pierre, à cause dès faveurs qu'il accordait De Deo homine)Heroica, in-8°, Venise, 1773; Ferrare,
aux Allemands, s'indignèrent des concessions faites 1775; enfin, sous son vrai nom et avec une notice bio-
Gérard,
par Aba; le roi en fit exécuter cinquante.d'Émeric, graphique, dans les éditions posthumes données par
évêque de Csanad, qui avait été précepteur le P. Manuel Fabri : 2 in-8°, Césène, 1780, etc. Ce
fils de saint Étienne, reprocha au roi sa conduite et le poème valut à l'ex-jésuite mexicain d'être reçu, sous
menaça des foudres de l'Église. Pour affermir le pou- le nom symbolique d'«Agiologo » parmi les membres
voir royal, Aba devint autoritaire et mécontenta un de l'Académie degli Agiati, de Rovereto, et a été in-
grand nombre de seigneurs qui se rendirent auprès tégralement traduit en vers espagnols par le P. Fr.-X.
d'Henri III. L'empereur entreprit une nouvelle cam- Lozano, 2 in-8°, Barcelone, 1788. Sous le même pseu-
pagne; une bataille eut lieu à Ménfo, le 5 juillet 1044, donyme de a Jacobi Josephi Labbe Selenopolitani *
et les Magyars furent vaincus. La reine et ses enfants qui a dérouté plusieurs bibliographes,(y compris l'au-
tombèrent au pouvoir de l'empereur, tandis qu'Aba, teur des Supercheries littéraires, t. III, col. 1205-1206d),
accompagné de quelques fidèles, parvenait à s'échap- Abad publia la Dissertatio ludicro-seria num possit
per. Diverses versions coururent sur sa mort. D'après aliquis extra Italiam natus bene latine scribere, in-80,,
la plus vraisemblable il fut surpris près de Füzes- Padoue, 1778. Il y répond, d'une façon spirituelle et
Abony par des ennemis et mis à mort. Son corps fut péremptoire, à une boutade du P. Gio.-Battista Ro-
déposé dans une petite église d'où on l'exhuma quel- berti, qui avait revendiqué pour les seuls Italiens le
;
ques années plus tard, on le trouva intact, dit la tradi-
tion populaire, et les blessures cicatrisées il fut trans-
porté dans le monastère de Saar, au pied des monts
privilège de la bonne latinité. Le P. Abad mourut à
Bologne le 30 septembre 1779. -
Caballero, Biblioth. script. S. L Supplementa, Rome, 1814-
de la Màtra. Le peuple lui avait donné le surnom de :
Apa, père. -
1816, t. i, p. 76; t. n, p. 3. Beristain,Bibliolecabis-*
p. 1-3.
Henri III, vainqueur, conduisit Pierre à Székes- pano-americana setenlrional, Amecameca, 1883, t. I,col.
BibL S. I., Bruxelles, 1890, t. i, 2-5;
fejérvàr où il le fit de nouveau couronner, et le roi le — Sommervogel,
1898. t. n, coL 1561-1562.— Uriarte, Anônimos y seudôm-

,
reconnut comme suzerain. mos S. I., Madrid, 1904-1906, n.
210,566,990,1320,1746,
Charles Szabé, Péter és Aba, 1872. — A. Marki, Aba 3527-3528, 4121-4122, 4261.

-
Samuel, 1882. — Schwarz, Samuel rex Ungariae, s. d.
C. Mlhâlyt, Aba Samu tôrténete, 1884. K. Kandra, Aba - Y
E.-M. RIVIÈRE.
3. ABAD HUERTA (DOMENICO), d'après Gams
Sériés episcoporum,'p. 79, prit possession du siège de
Samu Kirâly, 1891.
-, - E. Hom.
2. ABA DE CASCAR, savant nestorien de la fin
duvi* siècle. Il vécut à la cour de Chosroès II (590-
Téruel, le 6 août 1644, et mourut le 8 février 1647.
U. ROUZIÈS.
4. ABAD Y LASIERRA (AGUSTIN-IGNACIO),évê-
627). Instruit dans la philosophie, l'astronomie et la que de Barbastro (1790-1813). Il naquit à étudié Esta-
,, médecine, il savait le persan, le grec et l'hébreu et dilla (Aragon), le 15 avril 1745; après avoir
la philosophie à l'université de Saragosse, il prit Au début de sa carrière littéraire, il publia l'ouvrage
l'habit bénédictin à Sainte-Marie de Najera (Lo- suivant qu'il avait rencontré à San Juan de la Pena
grono), d'où il alla à l'université bénédictine de Noticia de la vida interior y elogio de las viriudes del
Irache faire ses études de théologie. Prédicateur screnisimo senor don Juan de Austria hijo del calj-
remarquable, il accompagna à Porto-Rico, comme lico rey don Felipe IV, que dexo escrita el ilustrisimo
confesseur et secrétaire, son frère en religion Manuel senor don Miguel Lorenzo de Frias, obispo de Jaca,
Jimenez Perez, évêque de cette île, et y passa onze
années pendant lesquelles il recueillit de nombreux
documents sur l'histoire et la géographie de Porto-
Pamplona, 1767. Après sa mort, plusieurs de ses
manuscrits ont été imprimés; voir spécialement
Breve notteia del eslado natural, civil,militar y politico
:
Rico, ce qui lui permit d'écrire plus tard, sur l'ordre que hoy tienen las islas de Iviza y Formentera con sus
du grand ministre Floridablanca, un ouvrage intitulé
Historia geografica, civil y politica de la isla de San
: adyacentes en 1786. Bolelin de la real Academia de
la Historia, t. LI.
Juan de Puerto Rico (Madrid, 1788), publié par Va- Latassa y Ortin, Biblioteca nueva de escrilores arago-
lladares.
A son retour en Espagne, il fut nommé abbé mitré -
nenses, t. VI, p. 304. FIics y Rubert, Origen, anliguedad
-
y progresos de los Positos, Cervera,1787. Espai-ta sagrada,
de Saint-Pierre de Besalu, procureur général à Ma- t. XLVII. — Memorias de la real Academia de la Historia,
drid de la congrégation bénédictine de Catalogne et t. v. — Mcnendez y Pelayo, Historia de los heterodoxos
ensuite évêque de Barbastro (21 juillet 1790). Il donna espanoles, t. III, p. 201-204.
une nouvelle organisation paroissiale au diocèse, et L. SERRANO.
ouvrit au public une grande bibliothèque dans son G. ABAD Y LLANA (MANUEL DE), était abbé de
palais épiscopal. Il eut quelques démêlés avec lecha- l'ordre des prémontrés et membre de l'université de
pitre de sa cathédrale. Ennemi ardent de Napoléon Salamanque, quand il fut nommé, le 22 novembre
et de son gouvernement en Espagne, il mena une vie 1762, àl'évêché de Cordova (ancien nom ecclésiastique
errante, de 1808 à 1813, dans les Baléares, à Reus, deTucuman, République argentine). Il gouverna cette
Tarragone, Valence et Alicante, pendant que les Fran- le
Eglise jusqu'en 1771 (17juin) etil enfut 21e évêque,
çais confisquaient tous ses biens. En récompense de et non le 17e, ainsi que l'indique la liste fautive donnée
son patriotisme, la régence d'Espagne le présenta en par Gams. De Cordova, il fut transféré au siège épis-
1813 pour l'archevêché de Valence; mais il mourut copal d'Arequipa, au Pérou. Comme suffragant de
cette même année (24 octobre) avant de prendre pos- Lima, il prit part, non personnellement, ce qui peut
session de son nouveau diocèse. Son ouvrage sur Porto- être une excuse pour sa mémoire, mais par manda-
Rico reste un des plus importants pour l'histoire de taire, au VIe concile provincial (1772). Sous la pression
cette île; Acosta y Calvo en a fait une nouvelle des représentants du roi d'Espagne et en haine de la
édition avec notes et continuation jusqu'à nos jours Compagnie de Jésus, sur le point d'être supprimée,
Puerto-Rico, 186G). cette assemblée imposa dans toute la province les doc-
trines issues du jansénisme.D'après une date rectifiée
Espana sagrada, t. XLVIII, p. 92. — Plaine, Séries chro- par Gams,l'évêque d'Arequipa aurait résigné son siège
nologica scriplorum O. S. Benedicti hispanorum qui nb
-
anno 1750 usque ad noslros diesclaruerunt, Brünu, l>SS-(.
Biblioleca colombina, cnumeraciun de libros y documentas
en 1780. Il mourut l'année suivante.
Ilernaes, Colccciùn de bulus, Bruxelles, 1879, t.II, p. 326.
18.
concernienles ú. Cristobal Colon y sus viajes, Madrid,
— Garcia y Sans, Apuntes de la hisloria ecclesiastical del
L. SERRANO. Peru, Lima, 1876, t. il, p. 226. — Alcedo, Diccionario de
5. ABAD Y LASIERRA (MANUEL), frère du pré- las Indias occidentales, Madrid, 1786-1789, t. I, p. 764.
cédent, né à Estadilla, le 24 décembre 1729. Il fit ses F. TOURNIER.
premières études à l'université de Huesca et obtint 7. ABAD Y QUEIPO (MANUELJOSÉ), naquit à San-
un bénéfice dans l'église cathédrale de cette ville. ta-Maria de Villarpedre (Asturics), le 26 août 1751, et
Ayant pris l'habit bénédictin dans l'abbaye Saint- fit ses études ecclésiastiques à l'université d'Oviedo.
Juan de la Pena, située dans le même diocèse, il Très instruit et d'une grande activité, il devint cha-
put s'y appliquer à ses études favorites de paléo- noine et vicaire capitulaire de Valladolid de Mechoa-
graphie et d'histoire. En 1771, par ordre du roi can (Mexique), et fut élu évêque de ce diocèse par la
Charles III, il entreprit un voyage pour examiner les junte centrale du Mexique et confirmé par la régence
archives et bibliothèques de la congrégation bénédic- d'Espagne. Vers 1811, il revint à Madrid par ordre de
tine appelée tarraconaise. En 1773, par une autre or- l'Inquisition qui le cita à son tribunal; mais sa cause
donnance du même souverain, il fut envoyé pour ac- fut retirée sur la demande du roi Ferdinand VII qui
complir le même travail dans les archives du royaume avait été très satisfait du rapport de ce prélat sur les
d'Aragon. Devenu ensuite abbé mitré du prieuré de affaires du Mexique dans sa Representacion de los in-
Meya, en Catalogne, évêque d'Ibiza en 1783, et d'As- tereses de Espwana en Mexico. Abad, resté en Espagne,
torga en 1785, il renonça à son siège en 179 et fut se fit le partisan et le propagateur de la constitution
fait chanoine deTolède, archevêque in purtibus de Se- de 1812; en 1817, il devint grand ministre de la Jus-
limbria, et en même temps recteur de l'établissement tice et des Cultes; en1820, la révolution, provoquée
d'enseignement créé à San-Isidro de Madrid, après la par Riego et franchement ennemie de la foi, le nomma
suppression des jésuites. membre de la junte provisoire imposée au roi, et c'est
Le prélat fut ensuite inquisiteur général d'Espagne, d'après sa décision que Ferdinand VII ordonna la sup-
mais, en 1794, il renonça à cette dignité pour la laisser pression de l'Inquisition, laquelle disparut définitive-
au cardinal de Lorenzana, et se retira d'abord au mo- ment à partir de ce moment (8 et 9 mars 1820). Abad
nastère de Sopetran, et ensuite dans son pays. Il mou- fut nommé évêque de Tortosa, mais le gouvernement
rut à Saragosse le 12 janvier 1806. Il laissa de nom- révolutionnaire étant tombé en 1823, il fut destitué de
breux travaux sur des points de paléographie et ses dignités et depuis lors il mena une vie obscure. Il
d'histoire ecclésiastique qui se trouvent la plupart à publia ses Pastorales, carias y reposiciones à Mexico
l'Académie royale d'histoire de Madrid. Son étude (1813) et à Madrid (1820).
favorite fut l'histoire et les antiquités ecclésiastiques.
Quant à ses idées, il se montra entaché de jansénisme Lafuente, Historia général de Espana, Madrid, 1865,
et par-dessus tout royaliste, comme la majeure partie t. XXVII, p. 82. —Asturias, su hisloria II monumentos. Gi-
jon, 1900, t. Ill, p. 95. — F. Xavier G. Rodrigo, Historia
des prélats courtisans de Charles III et de Charles IV verdadera de la Inquisiciôn, Madrid, 1877, t. Ill, p. 492.
et des régents et chanoines de San Isidro de Madrid. L. SERRANO.
ABADESAS (MONASTÈRE DE SAINT-JEAN DE — Berenger Arnau (1254-1259). — Dalmacio de Mi-
LAS). Ancienne abbaye située dans le village de ce niana (1263-1273).—Bércnguer de Blanes (1280-1295)
nom,province de Gerona, diocèse de Vich. Dans les Guillermo (1296-1309).—Raimundode Cornella(1315-
premiers temps de son existence, on l'appelait Ripoll, 1319). — Raimundo (1322-1346). — Francisco Roig
parce qu'elle était située dans la vallée de ce nom. Elle (1348-1355). — Raimundo de Vallanya (1355-1393).
fut fondée en 887 par Wilfrid le Velu, comte de Bar- —Arnaldo (1393-1427).—Pedro de Moncorpo (1427-
celone, qui conquit sur les Arabes l'ancien comté de 1447). — Pedro Calbo (1448-1454).
— Bernardo
Ausona ou de Vich et fut ainsi le véritable fondateur Guillem de Zamasso (1454-1456). — Miguel Isalguer
de ce qu'on appela plus tard principauté de Catalogne. (1456-1484), — le cardinal Juan d'Aragon (1485-
Son dessein était de consacrer à Dieu dans cette 1486). — le cardinal Juan-Miguel (1488-1499). —Juan
maison sa fille Ema ou Emona, en actions de grâce de Peralta, évêque de Vich (1503-1505). — Alphonse
des victoires remportées sur les ennemis de la foi. Peu d'Aragon, archevêque de Zaragoza (1513-1516).—
de temps après sa fondation, le monastère de Saint- Bernardo Juan de San Clemente (1524-1526). Henri de
Jean était double, sous la règle de saint Benoît. A Cardona (1527-1530). — Miguel Agullana (1530-1581).
côté des religieuses, on avait établi une communauté Villanueva, Viaje literario à las Iglesias de Espana,
de moines sous leur dépendance. Ils étaient chargés Valence, 1821, t. VIII, p. 61-92. — Florez, España sagrada,
de l'administation de leurs biens et de la célébration t. XXVIII. — Marca, Marca Hispanica, sive limes hispa-
des fonctions ecclésiastiques, selon l'usage de cette nica, hoc est, descriplio Calaloniae, Ruscionis, ab anno 817
époque, spécialement en Espagne où saint Fructueux ad aimum it'.jH, Paris, 1688.
de Braga avait autorisé par ses écrits ce genre de L. SERRANO.
ABADQAWAN ou AKAZQAWAN, ancien évê-
fondations. En 1017, Benoît VIII chargea l'évêque de ché du Khorassan en Perse qui dépendait du patriar-
Vich, Borrel Ier, et Oliva, abbé du monastère béné-
dictin de Sainte-Marie de Ripoll, de chasser du mo-
nastère de Saint-Jean les religieuses dont la vie lais-
sait beaucoup à désirer au point de vue de la régu-
che jacobite d'Antioche et dont on ignore la position
exacte. On connaît cinq de ses évêques jacobites Sé-
vère, sacré par le patriarche Jean III, 846-873; Jean,
:
larité. Le pape ordonnait de les remplacer par des sacré par le patriarche Ignace, 878-883; Jacques et
Athanase, sacrés par le patriarche Denys, 897-909;
clercs réguliers sous la règle de saint Augustin, ce Job, sacré par le patriarche Basile, 923-935. Revue de
qui fut réalisé. Pour mieux assurer les bons effets de
cette réforme, Bernard Zallafcrro, comte de Besalu, l'orient chrétien, t.
t. XIX, p. 499; t. XX, t.XXII,
p. 501;
voulut établir un évêché dans le monastère de Saint- p. 503; XXIV, p. 505.
Jean, nommant pour évêque le premier abbé Wilfrid. S. VAILHÉ.
Ce siège épiscopal exista durant quelques aimées, ayant
1. ABAFOUR (MATLIURIN), né àContigné (Maine-
et-Loire), le 9 décembre 1756, était vicaire à Jallais
pour résidence officielle une des églises de Desalu. pendant la Révolution. Il fut arrêté le 3U septembre
Quand il futsupprimé, Wilfrid continua d'être abbé de
Saint-Jean, et en même temps évêque de Carcas- 1798 et conduit à Angers. C'est à propos de cette ar-
restation que l'administrationcentrale du département
sonne, et il garda ces deux dignités jusqu'à sa mort.
Vers 1090, le comte de Besalu, Bernard Guiliem,
chassa de Saint-Jean les clercs réguliers et le céda
à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. L'abbé de
de Maine-et-Loire écrivait, le 7 octobre, ces paroles
remarquables au ministre de la Police générale « Un
ne parviendra pas à pousser ce pays à la révolte si
:
ce monastère, Richard, légat apostolique très connu on observe à l'égard des habitants les conditions
de la pacifiction, c'est-à-dire si on n'y inquiète pas
en Espagne, avait déjà reçu d'Alphonse VI de Cas- les prêtres. Un s'est battu pour les conserver; on le
tille, entre autres possessions, le monastère forteresse
de Saint-Servan de Tolède. L'abbé de Saint-Victor ferait encore, si on croyait que l'intention fût de les
plaça de nouveau à Saint-Jean des moniales bé- déporter. Gardons-nous d'employer des mesures qui
nédictines vers 1099; mais à la mort du comte de nous ramèneraient ces temps calamiteux. » Cette
Besalu, en 1111, ses anciens possesseurs réclamèrent lettre inédite et inconnue montre bien le caractère
devant un concile réuni à Toulouse, et le légat avant tout religieux de la guerre de Vendée et de la
Chouannerie. Revenu de l'île de Ré, M. Abafour fut
de Pascal II, qui le présidait, ordonna que le mo-
nastère fût occupé par les chanoines réguliers dits nommécuré de Mûrs, où il mourut le
12 décembre 1823.
de Saint-Ruf. En 1144, ceux-ci commencèrent à Archives de Maine-et-Loire, L. 1X3.
construire l'église qui existe encore et qui fut consa- F. UZUREAU.
crée en 1150, et ils augmentèrent considérablement 2. ABAFOUR (RL.NI1-LOUIS), curé de Saint-
leurs possessions. Mais la prospérité et la discipline Quentin-en-Craonnuis et doyen de Craon, au diocèse
régulière diminuèrent lorsque, en 1185, le monastère d'Angers, refusa le serment à la constitution civile du
commença à être conféré à des abbés commenda- clergé. Obligé de quitter sa paroisse à l'arrivée de l'in-
taires. Le premier fut le cardinal Jean d'Aragon, trus, il se rendit à Angers (mars ,1792), fut interné le
et leur série continua jusqu'en 1592. A cette date 17 juin et partit pour la déportationle 12 septembre.
Clément VIII ordonna la suppression de tous les A son retour d'Espagne, en 1800, il reprit ses fonctions
chapitres de chanoines réguliers dans la Catalogne et le et mourut dans sa cure en 1825.
Roussillon. Le monastère fut alors converti église Anjou historique, t. v, p. 474.— Le Coq, Documents authen
collégiale, sous la présidence d'un archiprêtreenet tiques pour servir à l'histoire de la constitution civile du clergé
une
grande partie de ses biens et de ses paroisses furent dans le département de la Mayenne, district de Craon, p. 57.
démembrés pour doter les dignités dans les cathé- F. UZUREAU.
ABAGLIATI ou ABALIATI do-
drales de Vich et de Barcelone. La collégiale fut
elle-même supprimée par le concordat de 1851 elle
sert présentement d'église paroissiale.
; (BARTOLOMEO),
minicain du xivc siècle. Originaire de Sienne, il faisait
sans doute partie de la congrégation des perégrinants.
Évêque de Tauris, en Perse, crée par Jean XXII, le
LISTE DES ABBÉS (d'après Villanueva) Bérengcr
Arnal (1114-1128). — Pedro (1131-1139). : Ponce 1er mai 1318. C'est à tort que Cavalieri place ce per-

de Mulnells (1144-1165), élu évêque de Tortose, sonnage au xvic siècle.
mort en 1193. — Pedro Guillem (1194-1197). Rai- et Echard,Scriploresordinispræd., t.I, p.XXVII.—Brémond,
mundo (1198), — Pedro de Soler (1204-1217). —
Arnaldo de Curzabell (1217-1225).—Arnaldo(1229). - Bullar. ord., t. II, p. 137-208; t. VII, p. 528. — Jean Caccia,
Chronique du couvent d'Orvieto, ed. Vicl-Girardin, 1907,
-
-
Kaimundo de Bisbal (1230-1248). Guillermo (1248) p. 54. Fr.Baliiie, Jourdain Cathala de Séverac, 1886, p.10.
R. COULON.
ABAILARD. Voir ABÉLARD. ABARBANEL (ISAAC), homme d'État et commen-
tateur de la Bible, né à Lisbonne en 1437, mort à
ABALDUS. Voir ALBAUD. Venise en 1508, fut enterré à Padoue. Il s'adonna à
l'étude de la philosophie religieuse des Juifs et
ABANCOURT(ABBONCOURT) (MARC D'). Na- entra comme trésorier au service d'Alphonse V, roi
tif de Metz, profès à l'abbaye de Saint-Vanne de de Portugal. Après la mort d'Alphonse, sous le
Verdun, le 1er mars 1613, décédé à l'abbaye de Beau- règne de Jean II, il fut accusé d'être de connivence
lieu, le 13 novembre 1636, Matriculi religiosorum cong. avec le duc de Bragance et dut s'enfuir en aban-
SS. Vitoni et Hydulphi, Nancy, 1782, p. 5; Calmet et donnant sa famille et tous ses biens qui furent con-
les autres disent qu'il mourut en 1651, mais on a dû fisqués (1483). Il fut accueilli en Castille par Ferdinand
sauter une ligne dans le matricule. Il écrivit divers le Catholique et commença à commenter la Bible.
mémoires sur la durée de la supériorité dans la con- « J'ai composé tous les commentaires et les livres,
grégation de Saint-Vanne. disait-il lui-même, après avoir quitté le sol natal.
CaImet, Bibl. lorr.,p.2-3.—Ziegelbauer, Hisl. litl. ord. Auparavant j'étais occupé à la cour du roi, et je
S. Ben., t.in, p. 667. — François, Bibl. gén.des
-
écriv. de n'avais pas le temps de méditer, ni la facilité d'écrire;
rordre de S. Benoît, t. I, p. 223. je passais mes jours dans la vanité et mes années
U. BERLIÈRE. dans les soucis pour acquérir des richesses et des hon-
ABAQUE, martyr. Voir MARIS DE ROME. neurs; et,après tout cela, j'ai perdu malheureusement
tous ces biens. Mais plus tard, lorsque j'errais dans
ABARADIRENSGS (Ecclesia). Cette chrétienté l'exil et que je manquais d'argent, j'ai commencé à
d'Afrique, située en Byzacène, n'a pas encore été iden- scruter les Livres saints. » Il écrivit en Espagne un com-
tifiée. L'évêque Praefectianus la représentait à Car- mentaire sur les grands prophètes. En 1492, Ferdi-
thage, à l'assemblée de 484. (Nolitia provinciarum el
civitatum Africae, Byzac., 23 éd. Halm, p. 67) P. L.,
t. LVIII, col. 272, 317.
; nand ayant reconquis tout le royaume de Grenade,
fit vœu en retour de convertir les Juifs ou de les
expulser de son royaume. Abarbanel se retira à Naples
Morcelli, Africa christiana, Brescia, 1816-1817, t. I, p. 58. avec sa famille et entra au service du roi Ferdinand.
t.II, Il suivit Alphonse, fils de Ferdinand, en Sicile,
p. 647. -
— Notilia dignitalum (éd. Bucking), 1839-1853,
Gams, Series episcoporum, Ratisbonne,
p. 463.—Ch.Tissot, Géographie comparée de lu province
Annot.,
1873, lorsque l'invasion de Charles VIII (1495) vint le
chasser de Naples. Après la mort d'Alphonse, don
romaine d'Afrique,Paris, 1884-1888, t. II, p. 781. —De Mas- Isaac passa à Corfou, puis à Monopolis (1496), enfin
-
Latrie, dans Bulletin de correspondance africaine, 1886, p. 82;
Trésor de chronologie, 1889, col. 1865. Joh. Schmidt, Aba-
radira, dans Pauly-Wissowa, Real-Encyclopüdie, t. I, p. 15.
à Venise (15U3) où il s'entremit pour négocier un
traité de commerce entre la république de Venise et
le Portugal.
Aug. AUDOLLENT.
ABARANER ou APARANER (THOMAS D' J, Il nous reste à ajouter quelquesmots sur Abarbanel,
dominicain, XVe siècle, archevêque de Soltanieh, suc- philosophe et apologiste, car son importance comme
cesseur de Jean, dominicain aussi. Une bulle de Mar- commentateur a été mise suffisamment en relief dans
tin V, 19 décembre 1425, est adressée à Thomas le Dictionnaire de la Bible. Sa philosophie, basée sur
d'Abaraner. 1. la Bible et les traditions juives, reposait sur la révé-
lation de Dieu dans l'histoire et tout particulièrement
Brémond, Bullar. ord., t. II, p. 660, 700. — Lequien,
Oriens christianus, t. m, col. 1368. dans l'histoire du peuple choisi; il doit donc plutôt
R. COULON. être rangé parmi les adversaires de Maimonide qu'il
ABARBANEL ou ABRAVANEL. Une des plus n'a pas hésité à attaquer sur plusieurs points, en parti-
anciennes familles juives d'Espagne qui prétendait culier lorsque Maimonide écrivait que les visions pro-
descendre du roi David. phétiques étaient des créations de l'imagination. De
Samuel demeura à Valence et son fils Judah, sinon même lorsque Maimonide ramenait les articles de foi
lui-même, quitta l'Espagne pour le Portugal. Isaac, à treize principaux qui servaient de fondement aux
fils de Judah, est le plus célèbre de la famille; il naquit autres et suffisaient pour l'instruction des enfants et
à Lisbonne en 1437 et retourna en Castille où il vécut du peuple, Abarbanel écrivait que la religion juive
jusqu'à la grande expulsion des juifs d'Espagne en n'a rien de commun avec la science humaine, que tous
1492. Il alla en Italie où ses trois fils se fixèrent. les enseignements du Pentateuque sont des révéla-
tions de Dieu et qu'ils ont donc tous la même valeur
Leurs descendants émigrèrent en Hollande, en Angle-
terre, en Turquie. sans que l'on puisse donner l'un ou l'autre comme un
principe ou comme un corollaire d'un principe. Cette
foi le soutint dans ses exils successifs. Il exposa dans

; :
plusieurs ouvrages sa confiance dans la venue du
Messie et de l'âge messianique, dans l'un Ma'yene
ha-Yeschou ah ou «les sources du salut» il commente
le livre de Daniel, aussi bien contre les rationalistes
juifs que contre les chrétiens; à l'encontre de la tradi-
tion juive, il place Daniel au nombre des prophètes,
parce qu'il lui fournit les bases de sa théorie messia-
nique. Dans deux autres ouvrages il compilait et
commentait tous les passages de la Bible, du Talmud
et de la Midrasch, relatifs au Messie. Nul doute que ces
commentaires optimistes, qui concluaient à la venue
future du Messie, n'aient aidé ses coreligionnaires dans
leurs épreuves; ils furent souvent réédités et beau-
coup lus.
Parmi ses descendants, signalons:Jonah(fils de Jo-
seph), poète, mort à Amsterdam le 11 août 1667, et
l'autre Jonah (fils de Manasseh), membre de l'acadé-
mie talmudique 'Ez-Hayyim à Amsterdam, mort en
1710; Samuel (fils d'Isaac), né à Lisbonne en 1473.
Celui-cifit ses études talmudiques à Salonique, vécut à tolique, malgré la loi du 26 août 1792 qui condamnait
Naples et fut employé comme financier par le vice- les réfractaires à la déportation. Il parvint, en se ca-

:
roi don Pedro de Tolède, il fut surnommé trismégiste
(trois fois grand par sa science, par ses ancêtres, par
la mé-
ses richesses); Judah Léon, fils d'Isaac,exerçaDialogi
chant, à se soustraire quelque temps auxrecherches des
révolutionnaires dont Jean-Bon Saint-André, ancien
pasteur calviniste, envoyé en mission à Brest, activait
le zèle dans cette partie de la Bretagne. Tombé aux
decine à Gênes et publia en 1535, à Rome, des
d'amore sous le nom de Léon l'hébreu (Léo Hebræus). mains des patriotes, M. Abasque fut traduit devant le
Cet ouvrage, d'ailleurs de peu de valeur, fut traduit tribunal révolutionnaire de Brest qui le condamna à
en espagnol et en français. mort le 14 avril 1794 (25 germinal an II). Il fut exécuté
le même jour.
Dissertatio historico-philologicadeorigine, vila alque scrip- A. ROUSSEL.
tisDon Isaaci Abrabanielis. præside M. IoanneHenrico ABATI (ALESSANDRO),né à Rome le 18 juillet 1681,
Maio, auclor responsurus Christianus Friedericus Bischoff,
Altdorf, 1708. mort à Viterbe en 1748. D'abord secrétaire de la
F. NAU. congrégation du Concile et évêque in partibus de Phi-
1. ABARCA(PEDRO DE), jésuite espagnol, théologien ladelphie, il fut promu le 12 (et non le 21 comme le
et polygraphe, né à Jaca (Aragon), le 16 juillet 1619, dit Gams) mai 1731 évêque de Toscanella et Vi-
mort à Salamanque, le 23 août 1697, et non à Palencia terbe. Il restaura la discipline, rétablit la paix dans
le 1er octobre 1693, comme on le répète généralement le clergé et réunit le synode diocésain. Sous son épis-
en le confondant avec un de ses homonymes.Admis copat, le 30 août 1746, furent retrouvés, dans l'église
dans la Compagnie de Jésus le 9 janvier 1641, il collégiale de Sant'Angelo in Spata, les corps de saint
consacra la majeure partie de sa vie à l'enseignement Savin évêque et des saints martyrs Eugène, Pierre
:
de la théologie. Il est surtout connu par son ouvrage,
rare et encore estimé Los reyes de Aragon en anales
historicos, 1re part., Madrid, 1682; 2e part., Sala-
d'Alexandrie, Victor, Boniface et Corona, qui y
avaient été placés en 1145 par Eugène III, lors de la
dédicace de cette église, et avaient été ensuite cachés
manca, 1684, in-fol. sous deux colonnes. Abati en fit la reconnaissance
Sommervogcl, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, officielle et les porta en procession dans la ville, où
Bruxelles, 1890 sq., t. r, col. 3-8; t. VIII, col. 1363.
J.-Eug. de Uriarte, Catalogo razonado de obras aiii-nimas y
- l'on imprima, en cette circonstance, un Ragguaglio
della prodigiosa invenzione de' corpi e reliquie di sei
seudanimas de autores de la Compacta de Jésus, Madrid, Santi, seguila nell' insigne collegiata di San!' Angelo
1904-1905, n. 161,2119, 4206.
E.-M. RIVIÈRE. c
in Viterbo ne' di 30 31 di Agoslo 1746. On a de lui
2. ABARCA Y BLANQUE (JOACHIM), né à Sentimentisucri e morali, in-12, Rome, 1728;—Ome-
Huesca, où il fit ses premières études. Après avoir lie ed allri discorsi morali, in-8°, Rome, 1742; — Con-
suivi les cours de jurisprudence à l'université de Sa- stitutiones editæ in prima diocesana synodo habita in
ragosse, il brilla au barreau de cette même ville. ecclesia cathedrali Vilerbiense, in-8°, Rome, 1743.
Entré dans l'état ecclésiastique, il devint officiai du Cappelletti, Le Chiese d'Italia, Venise, 1844-1862, t. VI,
diocèse de Huesca, mais son patriotisme le fit em- p. 166-167. — Mongitore, Bibliotheca Sicula, Palerme,
prisonner par les Français en 1808. Les révolution- 1707-1714, t. II, p. 237.— Magnabibliothecaecclesiastica,
naires de 1822 le bannirent d'Espagne; quand l'ordre Cologne, 1734, t. I, p. 8. — Mazzuchelli, Gli scrittori d'lia-
fut rétabli par l'armée française, Ferdinand VII le lia, Brescia, 1753-1763,1.1, p. 11.—- Feliciano Bussi, Istoria
della cillà di Viterbo, in-tol., Rome, 1742, p. 382-383. —
rappela de l'exil, et lui accurda en récompense le Bibliografia romana, in-4°, Rome, 1880 (publication du mi-
siège épiscopal de Léon, dont il prit possession le 3 avril nistère de l'Agriculture, Industrie et Commerce d'Italie),
1825. Le roi l'avait en grande amitié et en fit sun con- p.l.
seiller pendant six années, ce qui l'empêchait de ré- J. FRAIKIN.
sider dans son diocèse. Abarca quitta la cour en 1831, en ABAUD. Voir ALBAUD.
mauvaise intelligence avec le gouvernement patronné
par la reine Christine et franchement progressiste et ABAUZIT (FIRMIN), érudit et théologien protes-
libéral. Défenseur ardent du système de gouvernement tant, né à Uzès en 1679; mort à Genève en 1767. Ce
absolutiste, il quitta son diocèse, quand se déclara, personnage devint universellement célèbre, en son
en 1835, la guerre civile, et, d'un hameau isolé et temps, grâce à une circonstance qui, de nos jours, lui
voisin de la frontière de Portugal, il écrivit à ses dio- aurait attiré plutôt quelque ridicule; Abauzit fut
césains une lettre pastorale, pour les exhorter à se l'objet d'une longue note déclamatoire de Jean-Jac-
révolter contre le gouvernement d'Isabelle et à sou- ques Rousseau, dans la Nouvelle Héloïse (part. V,
tenir le parti de D. Carlos. Il se joignit à celui-ci en lettre 1) : « Nun, ce siècle de la philosophie ne passera
Portugal et de là l'accompagna jusqu'en Angleterre; point sans avoir produit un vrai philosophe. Savant
il entra en Espagne avec lui, et l'aida à organiser les et modeste Abauzit, que votre sublime simplicité par-
armées et se chargea de la correspondance diploma- donne à mon cœur. C'est Genève que je veux illus-
tique avec les cours d'Europe. Abarca y Blanque fut
l'âme ecclésiastique de l'armée carliste et le plus fidèle
tenant des idées de D. Carlos. Par décret pontifical
:
trer de votre séjour. Vénérable et vertueux vieil-
lard. Vous avez vécu comme Socrate mais il mou-
rut par la main de ses concitoyens, et vous êtes chéri
du 20 août 1836, Grégoire XVI le nomma chef ecclé- des vôtres. » Déclamation mise à part, Abauzit garda
siastique et délégué apostolique des villes et provinces la réputation d'homme studieux et désintéressé, au-
soumises au prétendant ou qui s'y soumettraient, près de ceux-là même qui blâmèrent, à juste titre, ses
charge qu'il exerça jusqu'en l'année 1839, où se ter- hardiesses doctrinales.
mina la guerre par la convention de Vergara. Le pré- Firmin Abauzit n'avait que deux ans, lorsqu'il per-
lat, fidèle à son chef, le suivit en exil et mourut à dit son père, Jean Abauzit. Son éducation fut dirigée
Lanzo (Sardaigne), le 21 juin 1844. par sa mère, Anne Deville. En vertu de l'édit du
Juan Posadilla, Episcopologio Legionense, Léon, 1899, 12 juillet 1685, et, trois mois plus tard, en vertu de
t. ii. — Antonio Pirala, Historia de la guerra civil, Ma- l'édit de révocation (art. 8), l'enfant dut être placé au
drid, 1868, t.1. collège épiscopal d'Uzès, pour y être élevé dans le ca-
L. SERRAO. tholicisme. Mais, dès 1689, Firmin et son jeune frère
ABASQUE (JEAN), né à Plourin (Finistère), en Bonaventure étaient auprès de leur grand-père pater-
1732, exerça le saint ministère dans sa paroisse natale, nel, à Genève, où leur mère les avait fait secrètement
refusa le serment schismatique et continua sa vie apos- parvenir. Anne Deville, pour cette infraction à la loi,
subit un emprisonnement au château de Soinmières; mesure où elle est connaissable a l'homme. Un mys-
après quoi, elle put, à son tour, et à ses risques, gagner tère inaccessible et incompréhensible(Abauzit confond
Genève. C'est là que devait s'achever l'éducation, puis cette double notion avec celle d'inintelligible) répugne-
s'accomplir toute la carrière de Firmin Abauzit. En rait à la sagesse de Dieu et à l'idée même de révélation.
1698, celui-ci visita la Hollande, où il connut Bayle, Œuvres diverses, t. r, p. 36-52. D'ailleurs, si l'on a
Jurieu, Samuel et Jacques Basnage; puis l'Angleterre, trouvé des mystèresincompréhensiblesdans le christia-
où il fréquenta le vieux Saint-Evremond, ainsi que l'in- nisme, c'est que l'ignorance des siècles ou l'orgueil des
génieur Jean Perry et surtout Newton. Abauzit alla Écoles ont été les y introduire gratuitement. La Trinité,
bientôt retrouver sa mère, à Genève, malgré les offres l'Incarnation, le péché originel, l'Eucharistie, d'après
honorables par lesquelles Guillaume d'Orange tenta l'Écriture sainte rationnellement comprise, deviennent
de le garder à Londres. A partir de 1715, il collabora des choses parfaitementnaturelles, facilement pénétra-
au travail de la Traduction française du Nouveau Tes- bles, et à la mesure même de l'homme. C'est leur seule
tament, publiée par les Genevois en 1726. L'année sui- réalité, leur seule existence, qui est l'élément spécial
»
vante, 1727, Abauzit devenait « bourgeois de Genève apporté dans nos connaissances par la révélation.
et troisième bibliothécaire officiel de la ville. C'est à la Abauzit s'applique, non sans dextérité, à justifier ce
même date qu'il perdit sa mère. Son existence con- point de vue dans une série de dissertations exégéti-
tinua d'être singulièrement uniforme. Ayant refusé ques. Les textes, par exemple, de saint Paul et saint
toute chaire d'enseignement,Abauzit vécut sédentaire, Jean, relatifs à la transcendance divine de Jésus-Christ,
au milieu de ses livres, continuellement occupé de re- n'ont aucune signification mystérieuse. Jésus est un
cherches savantes, et entretenant une correspondance homme, qui a reçu du Père une mission exceptionnelle
volumineuse. On vantait l'égalité de son caractère et pour le salut du monde, et qui, en récompense de son
le charme de son amitié. Il atteignit sa quatre-vingt- abnégation, a été exalté par Dieu jusqu'à une dignité
huitième année; il resta laborieux jusqu'au bout. hors pair. On peut donc dire que Dieu même, en Jésus-
Abauzit mérite une place dans l'histoire des idées Christ, a « parlé » aux hommes, et que Jésus a vrai-
»
religieuses au xvinc siècle. Non pas, d'ailleurs, que les ment « incarné la sagesse de Dieu. Œuvres diverses,
problèmes doctrinaux aient été son occupation unique t. i, p. 70-142, 151-172. — Même point de vue soci-
choses:
et exclusive, car il écrivit également sur bien d'autres nien dans l'exégèse des textes relatifs à l'Esprit-Saint,
mathématiques, physique, astronomie, géo- lequel ne serait autre chose que la vertu divine, exer-
genevoise :
graphie, orientalisme, archéologie romaine, histoire cée en ce monde pour notre salut. Ibid., p. 143-150.
à cette époque, l'omniscience ne passait pas
encore pour impossible. Mais c'est dans le domaine de
Abauzit est donc l'un des ancêtres de la critique li-
bérale contemporaine et de la théologie moderniste.
la théologie et de l'exégèse qu'Abauzit exerça vérita- Mais, beaucoup moins radical cependant, il a respecté
blement une influence appréciable. la notion objectiviste de révélation, en même temps
La plus connue et la plus vantée de ses études bi- que la transcendance et la cognoscibilité certaine de
bliques fut le Discours historique sur l'Apocalypse, Dieu. C'est le contenu seulement de la révélation ob-
dans Œuvres diverses, Londres, 1770, t. i, p. 247-326, jective qu'il a déformé, naturalisé, rationalisé. En
les objections de son traducteur anglais, le Dr Twells,
i
travail qu'Abauzitregretta plus tard, quand il connut effet, Abauzit éinhrprèlait le dogme en fonction du
système philosophique dominant à sun époque : sys-
Dans cette dissertation, assez adroitement conduite, tème objcctivisle, intellectualisle, déiste. Son but
mais d'une ironie parfois amère, Abauzit révoquait en était donc de prouver aux hommes du xvinu siècle que
«
doute l'origine apostolique et la canonicité même de le christianisme étaitune religion raisonnable JI, sans
l'Apocalypse. Il eut pour récompense d'être pillé par mystères, et vraiment digne de fraterniser avec la
Voltaire,Dictionnairephilosophique,7e édit., in-8°, Lon- « philosophie n, —Bref. Abauzit méritait d'avoir Jean-
dres, 1770, p. 38-41. Ensuite, il fut contredit parBer- Jacques Housseau pour introducteur dans la renom-
gier, Traité historique et dogmatique de la vraie religion, mée, car il a dû contribuer quelque peu lui-même à la
in-12, Paris, 1784, t. vin, p. 151-188. — Avec le pré- formation théologique du Vicaire savoyard.
cédent Discours historique ne doit pas être confondu Œuures de jeu M.Abauzit, 2 vol. in-8°, Genève, 1770,
un écrit ultérieur d'.Abauzit : Essai sur l'Apoculypsc, (avec nutice biographique par M. de Végobre). Œuvres
dans Œuvres diverses, t. i, p. 327-342, où la prophétie diverses de M. Abauzit (édilion Moultou), in-8°,—Londres,
dePathmos est appliquée à la prise de Jérusalem par 1770, t. I (écrits exégétiques et théologiques; avec no-
:
Titus. L'interprétation d'Abauzit n'a pas trouvé, sur tice biographique par M. B[éiangcr]); Amsterdam, 1773,
ce point, beaucoup d'écho du moins le système a-t-il
le mérite de tenir compte des mœurs littéraires de
t. II (Lravaux d'érudition profane). — Senebier, Histoire
lilléraire de Genève, in-8°, Genève, 1786, t. ni (notice bio-
l'apocalyptique juive, et de ne pas chercher, dans
l'Apocalypse, des applications insultantes à la Rome Nouvelle
des papes. La chose est remarquable chez un critique 38.
graphique
universelle, in-8°, Paris, 1811, t. i, p. 27-39. -
sur Abauzit, p. 63-83). — Michaud, Biographie
Hoefer,
biographie générale, in-8°,Paris, 1855, t. I, col. 37-
protestant de cette époque. — Une méthode iden- in-8°, — Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses,
Paris, 1877, t. i, p. 45. — Haag (réédition Bordier),

:
tique conduisit l'exégètc à retrouver, dans le chapi- La France protestante, in-8°, Paris, 1877, t. i, col. 1-8. —
tre XI de Daniel, toute l'histoire juive, au siècle d'An- (Alphonse Gibert,) Abauzit et sa théologie, Strasbourg, 1865,
tiochus Épiphane et des Asmonéens c'était présenter in-8° de 32 p.
déjà une solution devenue, à tort ou à raison, très cou-
rante parmi les critiques de nos jours. Œuvres di-
Y. DE LA BRIÈRE.
ABAYAM (JOSÉ PEREIRA), prêtre et historien es-
verses, t. I, p. 216-246, 343-350.
pagnol qui vécut au milieu du XVIIIe siècle. Il a écrit
Mais ce qui motiva le grand succès d'Abauzit chez la Cronica del rey Pedro I, llamado el justiciero, Lis-
les protestants de nuance avancée, non seulement dans bonne, 1760.
les pays de langue française, mais aussi en Angleterre Enciclopedia universal, Barcelone, 1908, t. i, p. 208.
et en Amérique (cf. les extraits publiés par W. Whis- A. ANDRÉS.
ton, 1742; E. Harwood, 1774; J. Sparks, 1823), ce fut 1. ABBADIE (ANTOINE-THOMPSON D'), voyageur
la conception même qu'il se fit de la révélation chré- français, né à Dublin en 1810, et mort à Paris en 1897.
tienne. Pour lui, toute doctrine révélée de Dieu, dans Son père était un Basquefrançais émigré et sa mère une
la mesure même où elle est révélée, se trouve nécessai- Irlandaise. Après avoir rempli au Brésil une mission
rement accessible et compréhensible à notre raison : scientifique que lui avait confiée l'Académie des scien-
comme l'est toute autre vérité intellectuelle dans la ces de Paris, Antoine d'Abbadie partit, avec son frère
Arnauld, pour - explorer l'Éthiopie, et aussi, selon dérlc-Guillaume,favorisait cette émigration, dont s'ac-
ses propres expressions, pour « travailler à rétablir. commodaient ses plans. Son envoyé à Versailles, Sch-
la foi des chrétiens du Tigré et de l'Amhara que le werin donnait par son ordre secours et protection aux
temps avait altérée. » Il y séjourna de 1837 à1848, huguenots qui voulaient passer en Prusse. Seulement,
se livrant à de savantes études d'astronomie, de ces réfugiés ne trouvaient pas à Berlin tous les secours
géodésie, de physique, de géographie, d'histoire, de religieux qu'ils souhaitaient. A une datevoisine de
numismatique, d'ethnographie et de linguistique, et 1680, un émigré,Louis de Beauveau,comted'Espenses,
se' rendant compte en même temps avec un soin premier écuyer de l'Électeur,reçut mission de conduire
minutieux del'état religieux des peuples qu'il visi- à Berlin un ministre français. Il choisit Abbadie.
tait. C'estsur sa demande que la Congr. de la Pro- Arrivé en Prusse,Abbadie trouva une colonie fran-
pagande décida en 1839 la fondation d'une mission çaise assez peu nombreuse, cent familles, dit Weiss,
chargée d'évangéliser « l'Éthiopie et les pays limi- Hist. des réfugiésprotest., t.1, p. 126. Un appartementdu
trophes; » c'est sur son rapport qu'elle se décida, comte d'Espenses tenait lieu d'église. Le nouveau venu -
en 1846, à créer dans ce vaste champ d'apostolat, prit surtout soin desBéarnais, tandis qu'Ancillon
:
à côté de la mission d'Abyssinie, la mission des
Galla. V. ABYSSINIE missions au xix" siècle.
Toujours Ant. d'Abbadie se fit remarquer par la
fermeté de sa foi et l'intégrité de ses mœurs, si bien
:
s'occupait des Messins. En 1682, il créa un consistoire
complet. En 1684, parut le livre célèbre auquel Abba-
die travaillait depuis longtemps De la vérité de la
religion chrétienne. La colonie française de Berlin
qu'en Éthiopie il était pris pour un vrai moine sous un s'augmenta considérablement après la révocation de
habit laïque; aussi des missions très délicates, tou- l'édit de Nantes et l'invitation d'hospitalité adressée
jours refusées aux étrangers, lui furent-elles confiées aux protestants par l'édit de Potsdam. Weiss, op. cit., ,
par les chefs du pays. En 1882, malgré son âge t. I, p. 127; t. II, p. 405. L'Électeur donna aux réfu-
avancé, il alla observer à Saint-Domingue le passage giés la chapelle de son propre palais et il fut de mode
de Vénus sur le soleil. Sa grande ambition avait tou- dans la noblesse prussienne d'assister au service fnm..
jours été de devenir membre de l'Institut. C'est en çais. Abbadie fut chargé, en 1687, de complimenter
1867 que l'Académie des sciences lui ouvrit ses portes, Schomberg chassé de Portugal. fi s'était aussi em-
et, en 1892, elle l'élut président. A sa mort, il fit don ployé à trouver en Prusse un poste pour Bayle exilé.
à cette illustre société de son bel observatoire d'Ab- On nous a conservé quelques vers écrits à cette épo-
badia, avec le château, ses dépendances territoriales
et ses revenus pour y continuer, autant que possible
sous la direction de religieux, son œuvre scientifique.
quesurleBeatiquipersecutionempatiuntur.
La vie du pasteur français se partage entre l'étude
et le ministère; il est panégyriste de la famille électo-
;
Ce n'est pas ici le lieu d'apprécier l'œuvre scienti- raie. Prédicateur, même dans sesdiscours d'apparat, *
(
fique très considérable d'Ant. d'Abbadie Géodésie
de l'Éthiopie, en collaboration avec R. Radau, in-4°,
il est animé d'un incontestable esprit apostolique.-
Voir l'Oraison funèbre de la princesse électorale de Bran-
Paris, Gauthier-Villars, 1873; Géographie de l'Éthio- debourg. Le sermon lui fournit aussi quelques digres- —•
pie, in-8, Paris, G. Mesnil, 1890, t. i; Catalogue rai- sions polémiques. Il en profitera pour attaquer la < i
doctrine de l'incertitude du salut, les indulgences,ces
sonné de manuscrits éthiopiens appartenant à Ant.
d'Abbadie (in-4°, Paris, Impr. impériale, 1859). Du huiles, ces eauxlustrales, cescrucifix, ces habits mys-
moins convient-il de rappeler que ses travaux linguis- térieux, la prière pour les morts, le purgatoire, con-
tiques ont été très utiles aux missionnaires (Diction- traire à la lumière naturelle, à l'analogie de la foy. »
naire de la langue Amarrinna, in-8°, Paris, 1881), Oraison funèbre de la princesse électorale de Brande-
qu'il a soigneusement étudié les Falacha ou Juifs bourg, p. 17,19. Ajoutons d'ailleurs que chez Abbadie
de l'Éthiopie(Bull. Soc. géog., Paris, 1845, IIIe série, la controverse parait ordinairement courtoise; en de-
t. IV, p. 43-57, 65-74), qu'il n'a cessé de mettre en hors des accusations colportées de confiance contre
pleine lumière les travaux des missionnaires qui évan- l'Église romaine, de quelques traits, assez graves
gélisaient l'Abyssinie et qu'il a assuré dans différents du reste, contre les jésuites, il ne montre pas, semble-
recueils, en particulier dans le Bulletin de la Société t-il, le fanatisme sectaire et grossier auquel étaient
de géographie, la publication de l'œuvre scientifique
des PP. Léon des Avanchers, Taurin, etc. :
habitués quelques polémistes protestants. Notons
aussi que son érudition est assez étendue il connaît
;
H. Dehérain, Antoine d'Abbadie, explorateur de l'Éthio- les controversistes catholiques Bellarmin, Arnaud, Ni- -,
pie (Études sur l'Afrique, p. 107-119, avec bibliographie). cole, Bossuet mais c'est comme philosophe et comme -
— G. Darboux, Notice historique sur Antoine d'Abbadie, penseur, plutôt que comme savant, qu'Abbadie est
in-4° de 42 p., grav., Paris, 1907. resté célèbre. Cf. Diet. de théol. cath., t.1, col. 7.
Fr. IEHL, Après la mort de l'Électeur (9 mars 1688) et après le
2. ABBADIE(JACQUES). — I. VIE. — Jacques Ab- couronnement de son héritier, Abbadie quitte la Prusse
badie (ou Abadie), célèbre théologien protestant, na- pour suivre en Angleterre son protecteur Schomberg,

:
quit à Nay (Basses-Pyrénées), probablement en 1654. Il l'accompagna aussi en Irlande. Au camp il travaille
S'il faut en croire quelques biographes, il descendait à son ouvrage L'art de se connaître soi-même. On
d'une illustre famille. Ce qui n'est pas douteux, c'est la connaît les événements qui amenèrent la bataille de
pauvreté de ses parents. Jean de la Placette, auteur de laBoyne (juillet 1690), Schomberg y fut tué; Abbadie
nombreux traités dogmatiqueset moraux, pasteur de revint en Angleterre.
,
Nay depuis 1664, commença son instruction. Secouru
Églises
Il reçut à Londres la charge de l'église de « Savoye »-
par les chefs des du Béarn,Abbadie poursuivit fondée en 1641 par Benjamin de Rohan. Malheureuse-
ses études à Puylaurens, à Saumur, à Paris et enfin ment le climat de Londres lui convenait peu; il con-
à Sedan. Il reçut le doctorat dans cette dernière naissait mal l'anglais. Du côté de la cour s'annonçait
ville. pourtant à son égard une certaine faveur. C'est qu'en
Il n'exerça jamais le ministère en France. Nous le 1693 avait paru sa Défense de la nation britannique, ré-
>.
trouvons à Paris fréquentantles orateurs de son Église, plique d'une ironie parfois cinglante à un Avis impor-
les ministres Claude et Allix. Il s'intéresse dès lors aux tant aux réfugiés sur leur prochain retour üt France,
polémiques qu'avait suscitées la conversion de Tu- par M. C. L. A. A. P. D. P. (Bayle),publié Amster-
renne. Cependant la politique religieuse de Louis XIV dam en 1690 et à Paris en 1692, avec permission du
à
contraignait, avant 1685, nombre de protestants à roi. L'auteur de l'Avis priait les exilés, s'ils devaient
quitter le royaume. L'Électeur de Brandebourg, Fré- revenir eu France, « de se purger d'un certain esprit de
satire et de républicanisme. » Abbadie réfute l'alléga- cation (par Lacoste); — 10° Défense de la nation bri-
tion, il étudie la transmission et les limites du pouvoir tannique ou les droits de Dieu, de la nature et de la
royal (lettre III), les principes qui règlent les change-
ments de dynasties (lettre IV) et enfin le cas spécial
société clairement établis au sujet de la révolution d'An-
gleterre, in-8°, Londres, 1692; La Haye, 1693, p. v-519
Marie reyne d'Angleterre, d'É-
;
de l'Angleterre sous Jacques II (lettre v). — 11°Panégyrique de
Guillaume III songea donc à mettre Abbadie à la cosse, de France et d'Irlande, in-12, Genève, 1695,.
tête du chapitre de Saint-Patrick de Dublin: mais le p. 46; —12° Histoire de la dernière conspirationd'An-
ministre, ignorant l'anglais, fut écarté. En attendant gleterre avec le détail des diverses entreprises contre le
mieux, on l'installa le 13 mai 1699 au doyenné de Kil- roy et la nation qui ont précédé ce dernier attentat, in-8°,
laloe, bénéfice d'assez pauvres revenus, si pauvres que Londres, 1696, IV-191 p.; les documents en furent
le titulaire n'y trouvait pas le moyen de se payer un fournis sur ordre du roi, par lord Portland;— 13° Vé-
secrétaire. rité de la religion chrétienne réformée, in-8°, Rotterdam,.
Abbadie résida surtout à Dublin ou à Portarling- ; ;
1717,412 p. exemplaires s.l. n. d. — 14° Le triomphe
ton, présidant parfois au mariage de réfugiés fran- de laprovidenceet de la religionoul'ouverture dessept
çais, écrivant son Traité de la vérité de la religion réfor- sceaux par le Fils de Dieu, où l'on trouvera la première
mée que l'évêque de Dromore, Lambert, traduisit en partie de l'Apocalypse clairement expliquée, 4 in-12,
anglais pour aider à la conversion des catholiques. Le Amsterdam, 1723;—15° M. L. (Lacoste), théo-
livre vise «les superstitieux qui, par leurs additions logal et vicaire général de Dijon a republié : 1° Le
à la vraie religion en corrompent la pureté, » il traité de la vérité de la religion chrétienne; — 20 Le
traitéde ladivinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ;—
traite « de la Transsubstantiationet de ses suites. de
l'autorité du Siège romain. du purgatoire. du culte 3° L'art de se connaître soi-même, 4 in-12, Dijon, 1826.
religieux des créatures divisé en ses cinq branches, Hoefer, Biographie générale, t. i, col. 38. — Nicéron,.
l'invocation des saints, le service religieux des anges, Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres,
le culte des images, l'adoration de la croix et la véné- t. XXXIII, p. 381. — Quérard, France littéraire, t. I, p. 2-
ration des reliques. » — Moreri, Le grand dictionnaire historique, 1re éd., 1759,
Cependant la situation précaire d'Abbadie à Kil- t. i, p. 14. — Haag, La France protestante, 1846, t. I,
laloe menaçait fort de s'éterniser. En 1726, il fit écrire p. 7; 1888, p. 10. — Lichtenberger, Encyclopédie des
sciences religieuses, t. I, p. 5. — Notice biographiqueen
par le primat Boulter d'Armagh à lord Carteret pour tête des sermons, panégyriques d'Abbadie, Amsterdam,
lui rappeler d'anciennes promesses. Cf. Agnew, édit. 1760. — Dictionnaire de théologie catholique, art. Abbadie,
1871, p. 101. La lettre n'eut aucun résultat. Le 6 sep- t. I, col. 7-9; on y verra que si quelques-uns des traités
tembre 1726, Abbadie s'impatientant obtint de Boul- de J. Abbadie peuvent être utilisés par des catholiques,
ter une recommandation, pour Gibson, évêque de ces traités eux-mêmes restent bien protestants. — Dic-
Londres, et partit pour solliciter lui-même la fortune tionary of national biography, 1885, t. I, p. 1. Agnew,
dans la capitale. Il s'installa à Marylebone et se French protestant exiles, 1871, 1874 ou 1886. — — Illaire,
mit, en attendant, à revoir ses œuvres pour en pré- Etude sur Jacques Abbadie considéré comme prédicateur
(thèse), Strasbourg, 1858. — Weiss, Histoire des réfugiés
parer l'édition définitive. La mort arrêta ses projets, protestants de France, Paris, 1853, t. I, p. 123. — G. de
le 15 septembre 1727. Felice, Histoire des protestants de France, in-8°, Toulouse,
II. ŒUVRES. — 1° Sermons sur divers textes de 1895, p. 502. — Graesse, Trésor des livres rares et précieux,
l'Ecriture, in-8°, Leyde, 1680; — 2° Sermon sur ces t. i, p. 2.
paroles de l'Apocalypse. c. iv, v. 13 : Bienheureux sont A. NOYON.

:
les morts qui meurent au Seigneur; Oui, pour certains,
dit l'Esprit car dès maintenant ils se reposent de leurs
travaux et leurs œuvres les suivent, prononcé à l'occa-
3. ABBADIE (JEAN-PIERRE D'), évêque de Lescar
(1599-1609),dirigea avec l'évêque d'Oloron, Arnaud de
Maytie, la restauration du culte catholique en Béarn,
sion de la mort de Son Altesse Sérénissime Madame la après la conversion d'Henri IV. Il appartenait à une
Princesse électorale de Brandebourg, Cologne, 1683, famille noble de Béarn, alliée à la famille du célèbre
p. III-28. Le sermon est dédié à Son Altesse Louise- Pierre de Marca, et qui joignait, elle aussi, des fonc-
Dorothée-Sophie,princesse de Brandebourg;—3°Pa- tions administratives et judiciaires à des possessions-
négyrique de Monseigneur l'Électeur de Brandebourg, territoriales assez importantes. Son père, Bertrand
in-4°, Rotterdam, 1674, p. 40; traduit en italien par d'Abbadie, était abbé laïque de Maslacq (canton de
in-18, Rotterdam, 1674, sans nom d'auteur ;
Leti;— 40 Traité de la vérité de la religion chrétienne,
1688,
édit. remaniée. Mme de Sévigné appelle le Traité de la
Lagor, Basses-Pyrènées), conseiller et maître des re-
quêtes du roi de Navarre, bourgeois de Pau et membre
du conseil souverain de Béarn. Jean-Pierre d'Abba-
vérité le plusdivin des livres et Bussy-Rabutinne veut die, le futur évêque, naquit vers 1537 et entra assez
plus lire que cela; quant à Montausier, il est chagrin tard, comme Marca, dans l'état ecclésiastique. Il ne
que l'auteur d'un pareil Traité soit à Berlin. Pour les joua pas un rôle de premier plan à l'époque des per-
traductions cf. Haag, op. cit.; — 5° Réflexions sur la sécutions dirigées contre le catholicisme en Béarn par
présence réelle du corps de Jésus-Christ dans l'Eucha- Jeanne d'Albret, de 1563 à 1572, persécutions dont on
ristie, in-12, 160 pages, La Haye, 1684; Rotterdam, trouvera le détail dans les ouvrages de M. Dubarat.
Hamersley sous ce titre fanatique :
1713; réédit., Toulouse, 1835; traduit en anglais par
The chemical
change in the Eucharist, Londres, 1867. L'édit. de
1713 est préférable. Cf. Quérard, France littéraire,
Une de ses sœurs épousa un protestant et embrassa
la religion réformée. Après la mort de Jeanne d'Albret,
Abbadiefutattaché, comme maître des requêtes, au ser-
à
vice d'Henri IV qui, la date du 5 juin 1601, se loua des
t. I, p. 2; — 6° Les caractères du chrestien et du chris- bons offices à lui rendus par Jean-Pierre d'Abbadie
tianisme,marquésdans trois sermons avec des réflexions « depuis vingt-huit ans. » Il épousa, en 1581, Bernarde
sur les afflictions de l'Église, preschez par Mr Abbadie, de Luger, dame de Saint-Castin près Morlaas, eut en-
in-12, 298 pages, La Haye, 1695; — 7° Sermon pro- trée, comme seigneur de Saint-Castin, aux États de
noncé à l'occasion du couronnement de l'Électeur de Béarn, et figure depuis lors très souvent dans les actes
Brandebourg, le 13 de juin 1688, in-12;— 8° Traité de publics sous le nom de Saint-Castin. Il eut plusieurs
la divinité de N.-S. J.-C., in-12. Rotterdam, 1689; enfants de son mariage, et l'un d'eux fit souche d'une
— 9° L'art de se connaître soy-même ou la recherche famille qui s'est perpétuée, sous le nom d'Abbadie de
des sources de la morale, in-8°, Rotterdam, 1682; Saint-Castin, jusqu'au XVIIIe siècle. Après l'abjuration
in-12, Lyon, 1701; trad. anglaise abrégée au vu et d'Henri IV (1593), il apparaît comme l'un des chefs des
au su de l'auteur, 1694, nouvelle édition avec expli- catholiques béarnais. Leur condition était encore très
:
dure les ordonnances de Jeanne d'Albret étaient tou-
jours en vigueur, l'exercice du culte public était frappé
près d'Henri IV une campagne de requêtes pour obte-
nir d'abord l'application exacte de l'édit de Fontaine-
de peines fort graves, les catholiques étaient exclus bleau, malgré les résistances des calvinistes de Béarn,
de toutes les charges, les biens ecclésiastiques demeu- et lui arracher en même temps, s'il était possible, des
raient sous le séquestre et une partie avait été vendue, concessions plus larges. D'autre part, ils agirent di-
Dans les deux diocèses béarnais de Lescar et d'Oloron, rectement, par la prédication, sur leurs diocésains et
mais surtout dans le diocèse de Lescar, la noblesse et compatriotes, pour les ramener à la foi de leurs pères.
la bourgeoisie s'étaient laissé imposer le protestan- Henri IV leur était au fond favorable, mais ne voulait
tisme en grande majorité, avaient acquis des biens pas entrer en lutte ouverte, sur la question religieuse,
ecclésiastiques et ne désiraient guère revenir à l'an- avec les États, avec les seigneurs béarnais acquéreurs
cienne religion; le peuple avait subi moins générale- de biens d'Église et avec ses représentants en Béarn,
ment et presque toujours avec regret, le changement parmi lesquels était le lieutenant général La Force,
de culte. Dans cet état de choses, les catholiques ré- calviniste zélé. Le 15 septembre 1599, un mois après
duits officiellement à une minorité impuissante, avoir célébré, comme évêque, à Coarraze de Béarn, la
n'avaient rien à espérer des pouvoirs publics repré- première messe qui eût été dite légalement en Béarn
sentés en Béarn par les États, le Conseil souverain et depuis plusieurs années, Jean-Pierre d'Abbadie était
le lieutenant général, pouvoirs accaparés par les calvi- déjà rendu à la cour. Les États de Béarn qui peut-être
nistes. C'est ce que comprit très bien Jean-Pierre d'Ab- ne voulaient pas le connaître en qualité d'évêque,
badie. Aussi, le 20 et le 25 août 1594, ne montra-t-il continuaient à le désigner sous le nom de seigneur de
aucun penchant à appuyer les réclamations que quel- Saint-Castin. Il est à croire qu'Henri IV ne lui ménagea
ques-uns de ses coreligionnaires présentèrent aux pas les conseils de modération dont il était prodigue.
États. Mais, au mois de décembre 1594, il se laissa dé- Au mois d'octobre 1600, nous retrouvons à Chambéry
signer par un groupe de catholiques pour aller deman- les deux évêques béarnais, osant demander à Henri IV
der au roi le rétablissement de la religion catholique la main-levée de tous les biens ecclésiastiques confis-
en Béarn. Cette députation. si elle eut lieu, n'eut au- qués par sa mère. Sur le refus du roi, ils le suivirent à
cun résultat. L'édit de Nantes (avril 1598) n'était pas Lyon et lui demandèrent de protéger du moins leur ju-
applicable au Béarn et ne changea donc rien à la situa- ridiction spirituelle contre les empiètements du conseil
tion des catholiques béarnais. Cependant les États de souverain de Béarn. Le roi leur donna gain de cause
Béarn commencèrent, vers cette époque, à montrer et les admit même dans son conseil privé de Navarre
des dispositions plus bienveillantes, et, le 24 mai 1598, (5 juin 1601). Le rachat des biens ecclésiastiques au-
Abbadie fut désigné par eux, comme catholique, pour torisé par l'édit de Fontainebleau souleva des difficul-
faire partie d'une députation envoyée au roi sur di- tés nouvelles que le roi dut également trancher. En
verses affaires courantes. Henri IV ayant refusé de la 1605, appuyés par l'assemblée générale du clergé de
recevoir, Abbadie fut chargé par les États de rédiger France, les évêques obtiennent que les seigneurs calvi-
une lettre d'excuses, et, devant aller à Paris pour d'au- nistes qui exerçaient le droit de patronat sur des
tres affaires, il eut mission de la présenter. Il était cures vacantes seraient tenus de présenter des titu-
encore à Paris au mois de septembre 1599. Mais, dans laires catholiques pour les remplir. En même temps
:
le courant de 1599, eurent lieu deux événements im-
portants pour le Béarn la restauration, quoique in-
complète, du culte catholique en Béarn et l'élévation
l'exercice du culte était étendu à divers villes ou bourgs
importants du Béarn. Les résistances locales que ren-
contra cet édit amenèrent une troisième fois les évê-
de Jean-Pierre d'Abbadie à l'épiscopat. Henri IV, ques à la cour. Mais leur obstination à réclamer
pour obtenir l'absolution du pape, lui avait promis les biens confisqués finit par importuner le roi qui,
cette restauration et il avait d'ailleurs à se faire par- dans une lettre du 7 juillet 1605, se plaignit de leurs
donner par le Saint-Siège les privilèges accordés par instances quotidiennes. Ils étaient encore à la cour en
l'édit de Nantes aux protestants. Aussi, le 15 avril 1607, en apparence toujours rebutés par le roi, mais
1599, parut l'édit de Fontainebleau, à l'élaboration gagnant peu à peu du terrain. En 1608, le roi, pour
duquel Jean-Pierre d'Abbadie, présent à la cour quel- préparer les esprits, accorda aux évêques étrangers
que temps avant cette époque, avait probablement au Béarn main-levée pour les biens qu'ils possédaient
été appelé à collaborer. Cet édit donnait aux catho- dans le pays. Les deux évêques béarnais n'en furent
liques la liberté du culte dans douze paroisses et une que plus ardents à réclamer leurs propres biens, ce qui
pension aux évêques de Lescar et d'Oloron. Les catho- porta à son comble la mauvaise humeur d'Henri IV.
liques étaient déclarés accessibles aux fonctions pu- Il finit par leur dire cavalièrement « qu'ils seraient
bliques. Mais l'ensemble des biens ecclésiastiques mieux à demeurer prêcher dans leurs églises, que de
n'étaient pas rendus, et la cathédrale de Lescar, tourmenter les peuples de leurs diocèses et de s'en
comme la plupart des églises de Béarn, restait aux venir toujours de Béarn à la cour lui rompre la tête. »
mains des calvinistes. Cependant Henri IV désirait Il est certain que, d'après un document des archives
sincèrement le retour de ses compatriotes à la foi qu'il des Basses-Pyrénées,l'évêque de Lescar allait jusqu'à
avait embrassée lui-même et il désigna deux évêques faire mettre en prison les curés qui refusaient de lui
pleins de zèle pour occuper les sièges de Lescar et d'O- donner des subsides pour faire face aux frais de ses
loron. Celui de Lescar était vacant par la démissiondu voyages à la cour. Les rebuffades du roi ne découra-
dernier titulaire qui s'appelaitJean, d'aprèsl'Acte con- geaient pas l'évêque de Lescar qui connaissait bien
sistorial relatif à la préconisation de son successeur, son maître. Les Assemblées du clergé, non seulement
acte retrouvé au Vatican par M. l'abbé Vidal. Ce suc- aupuyèrent auprès du roi les requêtes des deux évê-
cesseur fut précisément Jean-Pierre d'Abbadie que sa ques, mais leur accordèrent des subsides. L'Assem-
carrière ne paraissait pas désigner pour les fonctions bléc de 1608, réunie à Paris, secourut spécialement,
épiscopales. Il en fut de même pour Marca, quelques au mois de mai, sur la proposition du cardinal de
;
années plus tard. Abbadie devait être depuis peu de
temps dans les ordres car en 1596 il était encore laïque.
Il fut préconisé le 4 juin 1599 en cour de Rome, sur
Sourdis, l'évêque de Lescar, « à raison de la maladie
et extrême nécessité à laquelle il était détenu en
cette ville. » A la fin de 1608, on le retrouve à Paris,
la présentation du cardinal de Joyeuse. poursuivant la restitution de sa cathédrale occupée
L'activité de Jean-Pierre d'Abbadie, évêque de Les- par les calvinistes depuis 1563. Le 5 mars 1609, le roi
car, et d'Arnaud de Maytie, évêque d'Oloron, se porta exauçait ses désirs. Mais la mort ne permit pas à
dans deux directions : avant tout ils entreprirent au- l'évêque de prendre lui-même possession de sa cathé-
drale et d'y installer son chapitre à qui, dès 1603, il Lescar, Jean-Pierre d'Abbadie de Saint-Castin. Il na-
s'était occupé de rendre une situation plus stable. quit vers 1646, et il occupait, au moment de son éléva-
Ses instances à la cour avaient évidemment pris le tion à l'épiscopat, la cure de Maslacq (Basses-Pyré-
meilleur de l'activité de Jean-Pierre d'Abbadie qui nées, canton de Lagor), archiprêtré du diocèse de
resta sans doute dans les fonctions épiscopales l'hom- Lescar et seigneurie qui appartenait à sa famille depuis
me de loi et l'homme de gouvernement qu'on avait le XVIC siècle tout au moins. D'après M. l'abbé Degert,
connu avant son entrée dans les ordres. Il était, au dont on ne peut ici que résumer les travaux, Bernard
témoignage de son contemporain Papirius Masson, d'Abbadie se signala par son zèle à convertir les pro-
rapporté dans la Gallia christiana, diligens memora- testants de sa paroisse. Ses succès qu'il obtint, dit-on,
bilium patriæ suæ observator; ce qui veut peut-être par la douceur, attirèrent sur lui l'attention du trop
dire que, comme Marca, il s'intéressait à l'histoire de célèbre intendant Foucault. Celui-ci le recommanda
son Béarn. Il exerça, par la prédication, une action à la faveur royale et Bernard d'Abbadie fut nommé,
personnelle dont un auteur contemporain, le chanoine le 15 août 1690, évêque de Dax. Mais, d'après une
Bordenave, nous a transmis le souvenir. Il essaya d'in- lettre d'Innocent XII, conservée aux archives du Vati-
troduire ou permit qu'on introduisît les jésuites en can et communiquée par M. Vidal, il dut attendre sa
Béarn. Mais ce furent surtout les barnabites qui ra- préconisation jusqu'au 5 mai 1692, parce qu'on était
menèrent les populations béarnaises à la foi de leurs alors en pleine querelle de la Régale, et que le Saint-
pères. A leur tête se trouvait le P. Colom, protestant Siège refusait de reconnaître les nominations d'évê-
converti et ami personnel de Jean Pierre d'Abbadie ques faites par Louis XIV. Pendant cet intervalle,
qui, après avoir fait quelque opposition à sa vocation Bernard d'Abbadie ne se fit pas scrupule, à l'exemple
religieuse, obtint de ses supérieurs, grâce à Henri IV, des autres évêques nommés par le roi, et en dépit du
que la mission de Béarn lui fût confiée en 1608. Le droit canonique, d'accepter du chapitre de Dax des
succès fut grand et rapide, quoique contrarié par les lettres de vicaire capitulaire qui lui permirent de s'in-
protestants qui, vers cette époque, au dire de l'histo- gérer dans l'administration du diocèse. Consacré à
rien Poeydavant, troublèrent à Lescar la procession Paris, le 26 octobre 1692, « il résida fidèlement dans
du Saint-Sacrement, présidée par l'évêque. Celui-ci se son diocèse qui n'avait que trop souffert de l'absence
retira à Pau, où il conféra la tonsure à Pierre de Marca ou de l'impuissance de ses prédécesseurs. » Ce diocèse,
en septembre 1608. Mais bientôt après il repartit pour depuis le commencement du XVIIe siècle, avait pris
Paris. Il y tomba malade, au cours de ses instances part cependant au mouvement général de réforme qui
au sujet de la restitution de sa cathédrale. Il rentra a marqué cette époque, et il avait eu plusieurs bons
en Béarn très gravement malade, fit testament le évêques. Bernard d'Abbadie mérite d'être compté
18 avril 1609, et, d'après un acte cité par M. de Du- parmi eux, sauf en ce qui regarde son attitude dans les
fau, il était déjà mort à la date du 8 mai. Le P. Colom affaires du jansénisme. L'administration intérieure de
atteste, dans son Mémoire sur la mission de Béarn, qu'il son diocèse comprit quatre objets principaux. Il dut
l'assista à ses derniers moments. Il fut enterré dans d'abord s'occuper de pourvoir enlin son diocèse d'un
l'église de Saint-Castin, d'après son testament. séminaire qui fut fixé à Saint-Vincent de Dax et ter-
Les armoiries de la famille Abbadie de Saint-Castin miné en 1706. En secondlieu, il établit les lazaristes
étaient, d'après Chérin, d'or au pin de sinople, sou- à Buglose près Dax, lieu de pèlerinage fréquenté de-
tenu sur un croissant d'argent, et accompagné de deux puis le commencement du xvne siècle, et voisin du
autres croissants, aussi d'argent, surmontés d'un oiseau lieu de naissance de saint Vincent de Paul. L'intention
de même, au chef d'azur chargé detrois étoiles d'argent. de l'évêque était (ce qui est à remarquer) d'avoir un
Mais il se peut aussi que les armes de Jean-Pierre établissement « où les vicaires et autres qui ont nou-
d'Abbadie de Saint-Castin aient été les mêmes que vellement reçu la prêtrise puissent être exercés et for-
celles des Abbadie d'Arboucave; les deux familles des- més à toutes les fonctions de leur état, » soit, comme
cendaient de la même souche. Voir la notice suivante. nous dirions aujourd'hui, une sorte d'école d'applica-
Dubarat, Le bréviaire de Lescar de 1ÔH, Pau, 1891 tion à l'usage des prêtres qui auraient déjà reçu ail-
1894, Introduction, p. XIV, XXI-CCLXXIII

;
;
p. XXXII sq.; Histoire de Béarn, nouvelle édition, Pau,
Le protestan-
lisme en Béarn et au pays basque, Pau, 1895, p. 295, 296,
344,347,369 sq. Documentset bibliographiesur la Réforme en
leurs, dans les universités par exemple, une formation
théorique. 11 s'agissait aussi de faciliter aux prêtres et
aux laïques les exercices de la retraite spirituelle et
enfin de desservir le pèlerinage de N.-D. de Buglose,
et
Béarn (Etudes historiques relig. du diocèse de Bayonne, an- pèlerinage qui prit, dès lors, un grand développement.
née 1903, p. 511 sq.); Les barnabites en Béarn (ibid., p. 483).
Cet établissement reçut, en 1706, l'approbation royale.
— A. de Dufau de Maluquer, La maison d'Abbadie de Mas- Les Filles de la Charité furent également appelées à
lacq (Mémoires de la société royale du Canada, Il" série, 1895-
1896); Testament de Jean-Pierre d'Abbadie de Saint-Caslin, desservir l'hospice du Saint-Esprit de Dax. Bernard
évêque de Lescar (Eludes historiques et religieuses du diocèse d'Abbadie s'occupa également de la reconstruction de
de Bayonne, année 1897, p. 325). — Puyol, Louis XIII etle la cathédrale qui s'était effondrée en 1644 et, en 1719,
Béarn, ou rétablissement du catholicisme en Béarn, c. n, il put assister à son achèvement. En somme « pieux,
Paris, 1872.—Poeydavant, Histoire des troubles survenus en simple, bon, et très accessible à ses prêtres, » il laissa
Béarn dans le xIi" siècle el lamoitié du xnle siècle, Pau, 1819-
-
1821, t. II et III. Bordenave, De l'état des églises cathé-
drales et collégiales, Paris, 1643, p. 840. — Mémoires IUl-
le souvenir d'un bon administrateur.
Un acte de son autorité épiscopale amena le gouver-
thentiques de Jacques Nompar de Caumont, duc de La Force, nement royal à fixer un point de droit qui n'était pas
recueillis. par le marquis de La Grange, Paris, 1843, t. i, sans importance. En 1696, l'évêque destitua « M. de
p.134, 173,187,210 sq. — Recueil des lettres missivesde Pons », son official, pour des raisons à lui connues.
Henri IV, édité par M. Berger de Xivrey (1850), t. v (1599- L'official attaqua l'évêque, non pas en cour de Rome,
1602). — Louis Serbat, Les Assemblées du clergé de France,
Paris, 1906, p. 325-326. —- Procès-verbaux des Assemblées comme on pourrait avoir l'idée de le faire aujourd'hui,
générales du clergé, 1767, t. i, p. 681,756,811.— Inventaire mais devant le parlement de Bordeaux, pour avoir
des Archives des Basses-Pyrénées, C. 703 et 704; G. ALY).— usé, dans l'ordonnance de révocation, de formes in-
Archives du Vatican, Acta consistorialia, 1592-1605, f. 234. famantes. Le parlement donna raison à l'official. Le
L. GUÉRAnD. conseil du roi évoqua l'affaire, sur la demande de l'évê-
4. ABBADIED'ARBOUCAVE (BERNARD), évêque que. Enfin, en 1700, une déclaration royale, provoquée
de Dax (1690-1732), appartenait à la vieille famille par l'Assemblée du clergé, maintint les évêques dans
béarnaise de ce nom dont un rameau avait déjà le droit de révoquer ad nutum leurs officiaux, tout en
donné, au commencement du XVIIe siècle, l'évêque de leur conseillant d'éviter les formes infamantes. Cette
déclaration fit autorité en matière de jurisprudence par l'histoire quelque peu légendaire du monastère
ecclésiastique. d'Abington, situé dans le Berkshire,non loin d'Oxford,
Malheureusement Bernard d'Abbadie ne sut pas où il aurait vécu vers le milieu du ve siècle. On est allé
contenir son activité dans les limites qui convenaient jusqu'à mettre son existence en doute ou à l'identi-
à ses aptitudes administratives. Son attitude dans la fier avec Abbain de Magh-Arnuidhe.
question du quiétisme fut irréprochable, parce qu'il Acta sanctorum, octob. t. XII, 1867, col. 274-276.
s'en tint simplement à l'obéissance due au Saint-Siège, R. BIRON.
obéissance manifestée par les évêques de la province 2. ABBAIN (Saints), abbésirlandais desVeetVIesiè-
d'Auch dans une assemblée qui se tint à Mazères en cles. Les biographes irlandais ont confondu en un seul
1699. Mais, dans les querelles du jansénisme, il voulut deux moines de ce nom sans remarquer qu'ils lui don-
à un moment donné, énoncer des opinions soi-disant naient une existence de plus de 300 ans. Le bollandiste
personnelles, ou plutôt il subit aveuglément l'in- Victor de Buck a le premier, en 1867, su les distinguer.
fluence de l'archevêque de Paris, le cardinal de Noail- Le plus ancien, Abbain de Kill-Abbain, dans l'Ui-
les, ce qui l'engagea dans un dédale d'erreurs et de Muireadhaigh, comté de Meath, s'appelait originaire-
contradictions. Il montra d'abord une orthodoxie ri- ment Blath. Il était fils de Caoinech Abbadh, sœur de
goureuse, et, malgré le voisinage de Bayonne où Jan- saint Ibar, contemporain de saint Patrice, et apparte-
sénius et Saint-Cyran avaient élaboré leur doctrine, le nait donc au ve siècle. Les calendriers le mentionnent
jansénisme, au cours du XVIIe siècle, eut peu d'adhé- au 16 mars, mais l'on ne sait rien de bien certain à son
rents dans le diocèse de Dax. Quand la lutte recom- sujet. Le second, Abbain de Magh-Arnuidhe,comté de
mença, au début du XVIIIe siècle, autourd'Abbadie des Ré- Wexford, fils de Mella, sœur de saint Coemgen, vivait
flexions morales du P. Quesnel, Bernard à la fin du VIe siècle et est mort, croit-on, en 620. Sa
accepta avec l'Assemblée du clergé de France de 1705 fête est au 27 octobre.
les condamnationsportées par Clément XI dans la bulle Deux vies latines et deux vies irlandaises ont été
VineamDomini Subuolh. De même, en 1714, il accepta conservées, mais toutes ont eu pour base une vie ori-
la constitution Unigenitus et l'instruction pastorale ginale, qui entremêle les gestes des deux saints et dont
élaborée, à cette occasion, par l'Assemblée du clergé. l'auteur se donne pour l'arrière-petit-fils d'un caté-
Mais trois ans après, il se fit dans son attitude un revi- chumène de son héros. Les Abbain auraient fondé une
rement complet. La mort de Louis XIV était survenue vingtaine de monastères, presque tous dans le sud de
dans l'intervalle, et l'évêque avait pu constater que les l'Irlande.
jansénistes avaient repris un certain crédit dans les Actasanct., octob. t. XII, 1867, col. 270-274. —Smith, Dic-
conseils du gouvernement. Toujours est-il qu'on le tionary of Christian biography, 1877, t. I, p. 1. — Colgan,
voit, à la date du 17 juillet 1717, interjeter bruyam- Acta sanct. Hibern., 1645, t. i, p. 624-627. — The catholic
ment un appel de la bulle Unigenitus « au pape mieux encyclopedia,New-York, 1907, t. i, p. 6. L'article est de
informé et au futur concile. » Son chapitre l'avait déjà Grattan Flood,l'auteur de Irish Saints; il confond encore
devancé dans cette voie. Mais l'évêque d'Aire réfuta plusieurs saints du même nom.
vivement son collègue qui ne paraît pas avoir été suivi R. BIRON.
par l'ensemble de son clergé. L'évêque de Dax s'en- ABBARANER (NICOLAS D'), dominicain, mort en
têta, avec l'évêque de Bayonne, dans son opposition 1598 ou 1601. Arménien d'origine, élu archevêque de
au Saint-Siège, et, pendant douze ans, il ne négligea Nassivan, en Arménie, il fut confirmé par Pie IV, le
rien pour faire prévaloir son opinion. Enlin, en 1729, 25 octobre 1560. Il revint à Rome sous les pontificats
le cardinal de Noailles accepta la bulle Unigenitus. de Pie V, en 1568, puis de Grégoire XIII et de Sixte V.
L'évêque de Dax ne tarda pas à le suivre dans sa volte- Il eut beaucoup à souffrir de la part des Turcs.
face, et, par un mandement du 26 mars 1726, il adhéra, Fontana, Thealrum domin., part. I, c. IV, tit. IX, p. 57.
lui aussi, à la bulle, nun sans soulever de violentes co- — Cavalieri, Galleriade' sommi ponlefici, etc., t. I, p. 508-
lères dans le camp janséniste. Mais il put s'apercevoir 509. — Brémond, Bullar. ord., t. v, p. 103.

:
alors des progrès que la secte avait faits dans son dio-
cèse par sa propre faute un groupe de chanoines et de
prêtres lui résista avec obstination, et le gouverne-
R. COULON.
1. ABBAS, appelé Antiquus pour le distinguer de
Nicolas de Tudeschis, Abbas Panormitanus; cano-
ment royal dut intervenir pour réduire les opposants. niste qui, après avoir étudié à Bologne, y enseigna
Deux chanoines du Saint-Esprit de Bayonne, collé- dans la seconde moitié du XIIIe siècle. On a des rai-
giale qui appartenait au diocèse de Dax, furent inter- sons de le supposer Français d'origine, mais on ignore
nés en divers endroits. C'est au milieu de ces difficultés tout de lui, même son nom. Les canonistes de la fin
que mourut à Dax Bernard d'Abbadie, le 14 décem-
bre 1732, âgé d'environ quatre-vingt-six ans, et ayant
gouverné son diocèse pendant quarante-deuxans. manuscrits :
du XIIIC et du XIVe siècle le citent souvent. Ses tra-
vaux, qui datent des environs de 1270, sont demeurés
Leclura ad decretales Gregorii IX; Le-

:
Ses armoiries furent enregistrées en 1702 par d'Ho-
zier dans l'Armorial de Guyenne. Elles portent d'or,
à un pin de sinople et un lévrier de gueules passant de-
clura in conslitutiones Innocentii IV; Distinctiones.
V. Schulte, Geschichle der Quellen des canonischenRechls,
Stuttgart, 1877, t. II, p. 130. — Hist. litt. de laFrance, 1847,
vant le pied de l'arbre, et au chef d'azur chargé d'un t. XXI, p. 237.
croissant d'argent accosté de deux étoiles d'or. A. BOUDINHON.
A. Degert, Histoire des évêques de Dax, Paris, 1003, 2. ABBAS PANORMITANUS. Voir TEDESCHI
p. 358 sq. — Paul Labrouche, Armorial général de 1696, gé- NICOLAS.
néralité de Guyenne, dans la Revue de Béarn, Navarre et
Landes, 1894, t. II, p. 94. — Dufau de Maluqucr, La 3. ABBAS URSPERGENSIS. Voir CONRAD DE
maison d'Abbadie de Maslacq, dans les Mémoires de la So- LICHTENAU.
ciété royale du Canada, IIe série, 1895-1896. — P. Coste,
Les prêtres de la Mission à Buglose, dans la Revue de
Gascogne, février 1909, p. 60. — Recueil des actes, titres et ABBATE (STEFANO), né à Palerme le 1er juil-
mémoires concernant les affaires du clergé de France, 1769, let 1661, mort après 1734. D'abord bénéficier de la
t a'
vil, p. 325-326. —Archives du Vatican,Letlere Principi: cathédrale de sa ville natale, il fut ensuite vicaire gé-
Innocent XII, t. I (t. LXXX de la collection), fol. 122 v°.
L. GUÉRARD.
1. ABBAIN (Saint), ermite ou abbé anglais dont on
ignore au juste les faits et gestes. On ne le connaît que
:
néral de Catane. Il a laissé les ouvrages suivants, édités
tous les quatre à Catane Theologus principis, seu Poli-
tico-moralis principum, ducum, comilum, marchionum,
in-fol., 1700;— Pax attritionistarum et contritionista-
rum, seu ad eosdem epistolapro concordia, 1703;— Gla- Il ne nous apprend rien de positif sur son auteur
dius utraque parte aculus, où il démontre la fidélité des On peut seulement conjecturer, d'après la doctrine

-
Siciliens envers leurs princes et leur respect envers le
Saint-Siège; L'anno sacro ripartito in dodici esercizi
spirituali per ogni primo mercoledi di ciascun mese ad
théologique et philosophique qu'il renferme, qu'Ab-
baud vivait vers le milieu du XIIe siècle.
Il écrit pour défendre sa foi dans un temps et dans
onore della gloriosa vergine e martire S. Agata, 1799. un milieu où l'on croyait ardemment, non seulement
Hurter, Nomenclatorliterarius theologiæ catholicæ,3e édit., que le corps de Jésus-Christ était réellement présent
Innsbruck, 1892-1893, t. II, p. 930. dans l'eucharistie, mais encore qu'il y était réellement
J. FRAIKIN. divisé, si réellement que la fraction tombait tout à la
1. ABBATI (FRANÇOIS DEGLI), franciscain,théolo- fois sur le corps lui-même et sur les espèces ou appa-
gien d'Asti, fameux prédicateur de la première moitié rences. Il ne se réfère à aucun des théologiens précé-
du XIVe siècle. Il a aussi été appelé de Abbate, ou dents, mais évidemment il en dépend et le courant
Abatis et faussement François Alvatus. Il composa d'idées qu'il exprime provient de la discussion sur
une Postilla super omnia Evangelia dominicalia, et l'eucharistie soulevée par Bérenger, reprise par Guit-
Sermones de sanclis, Sermones quadragesimales. mond et, d'une autre manière, par Abélard.
V. Sbaralea, Supplementum ad scriptores ord. Minorum, Bérenger avait dû condamner comme hérétique,
Romæ, 1806, p. 240; 2e édit., Romæ, 1908, t. I, p. 254 sq., au concile de Rome de 1059, l'une de ses propositions
cf. p.105. affirmant que le corps de Jésus-Christ ne peut sen-
M. BIHL. sualiter,non solum sacramento, sed in veritate manibus
2. ABBATI (FRANÇOIS-MARIE), né à Pesaro, le sacerdotum, traclari et frangi. Le mot sensualiter lui
13 janvier 1660, fut auditeur de la nonciature de Por- avait été imposé opposition à son expression intel-
tugal et de celle de Vienne, et, en 1702, nommé recteur leclualiter et pourpar lui enlever tout moyen d'affirmer,
du Comtat-Venaissinpar le pape Clément XI, dont il au lieu d'une présence réelle du corps de Jésus-Christ,
était le parent. Promu, le 8 juin 1707, à l'évêché de une simple présence par la foi, conceptuelle, et en
Rieti (Gams, Series episcoporum, p. 721), il fut trans- symbole. Il devait reconnaître que ce corps est si réel-
féré à Carpentras le 21 juillet 1710, et fit son entrée lement présent qu'il y est, sensualiter et in veritate (ces
dans la ville épiscopale le 4 juin 1711. Il établit dans deux mots s'expliquentl'un l'autre), c'est-à-dire vrai-
son diocèse les conférences ecclésiastiques (1713), et ment, touché par la main des prêtres et brisé. Restait
se montra très dévoué aux intérêts religieux et maté- le mode de cette fraction, de cette tractation réelle du
riels de ses fidèles, en particulier pendant la peste de corps de Jésus-Christ. — Guitmond, dans le début de
1720. Il fit préparer un tombeau pour lui et ses succes- la controverse, avait admis que l'on n'était pas obligé
seurs dans la crypte de sa cathédrale; mais il fut le de croire à la division réelle du corps de Jésus-Christ;
seul à l'occuper. Il mourut le 22 avril 1735. La biblio- qu'elle pouvait être seulement figurée dans la division
thèque de Carpentras possède la correspondance de de l'hostie.
ce prélat; on y voit qu'il était en relations avec plu- s'opérait réellement, — Abélard dit vraisemblablement qu'elle

:
sieurs personnages des plus connus de son époque. lui-même, mais sur les
On lui attribue l'opuscule suivant Réponse d'un
canoniste français à la question qu'un canoniste ultra-
non sur le corps de Jésus-Christ
espèces qui subsistaient après
la transsubstantiation. Cette distinction ne plut pas à
adversaires ni aux théologiens réalistes : Gauthier
montain lui propose au sujet de la quarte canonique des ses de Saint-Victor l'accusa à tort de ressusciter l'hérésie
évêques, in-8° de 40 pages, à propos de deux procès de Bérenger, voulant, lui, qu'une fraction réelle s'opérât
qu'il avait perdus contre deux prieurs de son diocèse tout à la fois et sur le corps du Christ et sur les espèces
qui réclamaient sa contribution aux charges affectées du pain. C'est cette dernière opinion que soutinrent,
à leurs prieurés en retour d'une portion de la dîme
dont ils lui étaient redevables. par réaction contre Abélard et Bérenger, les docteurs
qui se vantaient d'être orthodoxes et fidèlement atta-
Gallia christiana, 1715, t.1, col. 828. —Barjavel, Diction- chés au sens strict des propositions de foi. C'est cette
nairehistorique du département de Vaucluse, Carpentras, 1841, opinion
t. 1, p. 9.
U. ROUZIÈS. :
que notre Abbaud réclame comme la sienne,
et qu'il prouve par les paroles de Jésus-Christ bene-
ABBATIS(SÉBASTIEN), dominicain du XVe siècle.
Le 29 avril 1431, il est institué par Eugène IV, son corpus meum, par les paroles de saint Paul panis quem
chapelain et pénitencier de Saint-Pierre de Rome. frangimus, nonne communicatio corporis Christi est, et
:
dixil, fregit, deditque discipulis suis dicens : hoc est

Le 28 février 1433, il est institué inquisiteur au dio- même par le témoignage des sens, c'est-à-dire des yeux
cèse de Rouen. Enfin par une bulle du même Eu- « J'avais pensé, dit-il, répondre quelque chose à ceux
:
gène IV, en date du 6 mars 1433, il est fait évêque qui disent que le corps lui-même n'est pas brisé, mais
in partibus de Gatelli, dépendant du patriarchat de quetout sepasse dans sa blancheur et sa rondeur, ipsum
Constantinople. corpus non frangi sed in albedineejus ac rotundilate
aliquid factitari. » Cela semble viser Abélard. Mais,
Diago, Historia de la provincia de Aragon, de la orden de
predicadores, etc., 1599,1. II, c. LXXIII, p. 219. Il fait à tort ajoute-t-il, je laisse cette opinion aux dialecticiens ou
de Sébastien un évêque de Valence. — Cavalieri, Galleria même aux enfants, car tout le monde voit bien que la
de' sommi pontefici, etc., 1696, t. I, p. 247, n. 107, même blancheur et la rondeur ne peuvent se séparer du corps
erreur. — Brémond, Bullar. ord., t. III, p. 6, 21, 214.
R. COULON. :
qui est blanc et rond, et que si celui-ci n'est pas brisé,
elles ne peuvent l'être à part quivis facile videat albe-

:
ABBAUD, abbé du XIIe siècle. Tout ce que l'on dinem seu rotunditatem ab ipso corpore, quod vel album
connaît de lui, c'est le très court traité De fractione vel rotundum est, separari non posse, ita ut ab ipso non
corporis Christi, qui se trouve sous son nom parmi les fracto hæc per se singulariter non frangantur. Il va
Sermones ac flores scripturarum de maître Chrétien, donc jusqu'à faire reposer les accidents sur le corps
abbé de Bonneval (et non de Saint-Pierre de Char- de Jésus-Christ lui-même.
tres, comme l'a conjecturé Mabillon) après le fameux Il explique ingénieusement comment le corps de
Arnaud, vers 1180. Ce traité, qui se lit dans le ma- Jésus-Christ peut être à la fois intègre dans le ciel, et
nuscrit du fonds latin de Saint-Germain de la Biblio- brisé sur la terre (bien qu'il soit toujours entier dans
thèque nationale, n. 12413, fol. 235 V-238 v°, XIIIe siè- chaque division), par ce fait que, de même que tous
cle, a été édité par Mabillon, Vetera analecta, 1673, les temps sont pour Dieu un seul instant, de même
t. III, p. 45, et reproduit d'après lui avec une notice toutes les distances ne sont qu'un lieu pour lui. Cette
dans laP.L., t. CLXVI, col. 1341-1348. doctrine et tout l'ensemble de ce morceau accusent
une époque où les controverses doctrinales, issues de gnait le catéchisme de Montpellier c'est dire que le
Bérenger et du nominalisme, se sont apaisées dans le jansénisme y régna, du moins quelque temps, ce qui
sens de l'orthodoxie la plus réaliste et la moins rai- lui fit grand tort à la cour et à l'archevêché.
sonneuse, c'est-à-dire le milieu du XIIe siècle, après Un bon plan de l'Abbaye aux Bois nous a été con-
la mort d'Abélard.
Dom Gabriel Teillard, bénédictin de Chezal-Bcnoît,
qui, en 1655, dans une lettre à dom Claude Martin,
servé par l'architecte Robert de Cotte, chargé par
Louis XIV de remettre les bâtiments en état :
cument se trouve à la Bibliothèque nationale, dépar- ce do-
annonçait le projet de publier avec les Sermones, les tement des estampes, dans la Topographie de la France
Flores scripturarum de l'abbé Chrétien parmi lesquelles Seine, Paris, VII, arrondissement, 25e quartier, 2e
le traité d'Abbaud De fractione corporis Christi est in- lume, Vo 274. En rebâtissant la chapelle, vo-
séré, disait qu'à son avis bien des passages de ces
Flores étaient empruntés mot à mot à saint Bernard.
dans la première pierre cette épitaphe : on déposa

Abbaud devait être aussi un contemporain de ce saint. Par la grâce de Dieu


très haute, très puissante et très illustre
Mais on ne sait de quel monastère il était abbé. princesse
Ceillicr, Hist. gén. des auteurs sacrés, Paris, 1863, t. XIV, Élizabeth-Charlotte Palatine
p. 345. — Hist. litt. de la France, Paris, 1830, t. XII, p. 444. du Rhin
— Dict. de théologie catholique, t.I, col. 9.
duchesse d'Orléans
A. CLERVAL. a posé cette premièrepierre
ABBAYE AUX BOIS ou Franche Abbaye au l'an de grâce 1718
Bois, Bois aux Nonnains, Notre-Dame-aux-Bois,Abba- le 8 de juin.
lia de Bosco seu Libera Abbatia in Bosco, de l'ordre de On y avait joint une médaille d'or portant, au droit,
Citeaux, fut fondée par Jean de Nesle, châtelain de l'effigie de la princesse gravée en bas-relief, au revers,
Bruges et Eustache de Saint-Paul, son épouse, l'an la même, assise sur deux lions et tenant dans ses
1202, 20 avril, au lieu appelé Le Batiz, ancien diocèse mains le dessin de l'église; en légende Diis genita et
de Noyon, arrondissement de Compiègne, canton de genitrix Deum.
Guiscard, commune d'Ognolles. En 1650, les cister- Dans l'ancienne chapelle, Bossuet, encore abbé,
ciennes se retirèrent à Compiègne, rue du Paon avait donné un sermon lors de la translation du corps
pendant trois ou quatre ans, à cause des guerres. de sainte Victoire de Saint-Sulpice à l'abbaye.
Grâce à la bienveillance d'Anne d'Autriche, elles Pendant la Révolution le monastère ne servit pas de
vinrent se fixer à Paris, le 18 mars 1654, ayant acheté maison d'arrêt ni de prison, comme on l'a dit.
au faubourg Saint-Germain, pour 12600 livres, la De 1802 à 1856, l'église devint la première succur-
maison dite « des dix vertus », decem virtutes, que les sale de Saint-Thomas-d'Aquin. En 1856, on supprima
Annonciades étaient obligées de vendre pour payer ce titre et les 5000 à 6000 paroissiensqu'elle comptait
leurs créanciers. Le parlement ratilia cette vente en furent répartis entre Saint-Sulpice, Saint-Thomas
1655. En 1658, Louis XIV leur accorda l'exemption d'Aquin et la nouvelle paroisse de Notre-Dame-des-
de toutes charges, de tous druits d'aydes et de franc- Champs.
salé. En 1659, un incendie détruisit leur premier mo-
nastère de Compiègne et les contraignit de s'installer
définitivement à Paris. En 1667, du consentement du
Après la suppression des ordres religieux, l'abbaye
devint domainenational et fut vendue successivement
1° à la Caisse des rentiers; 2° à Jean-François-Hubert
:
pape, du roi, de l'abbé de Clairvaux, des héritiers de Dangest et Élizabeth Duval; 3° à l'abbé Fiacre Degoy
la première fondation et même de Saint-Germain-des et Mme Vie Bcrgeron; 4° à Charles de l'Espine; 5° à la
Prés, tous les privilèges de l'ancienne abbaye aux congrégation de Notre-Dame pour la somme de
Bois furent reportés sur la nouvelle qui en prit aussi le 330 000 francs, plus les frais.
nom. L'abbaye de Saint-Germain-des-Prés cependant Après la fermeture de leur pensionnat en 1906, les
voulut leur faire sentir son autorité et, malgré les pro- dames chanoinesses de Saint-Augustin se virent expro-
testations de l'abbesse, les religieuses durent s'y sou- priées pour permettre à Paris de s'embellir, mais, au
mettre. nom de la loi contre les congrégations enseignantes,
Le couvent de l'Abbaye aux Bois était un des plus elles furent privées du dédommagement légitime, c'est-
aristocratiques de Paris, ce qui ne l'empêcha pas de à-dire du prix.de vente qui s'éleva à 1 680050 francs,
recourir aux loteries et autres procédés de ce genre offert par M. Hainclielain. Deux maisons de rapport
pour payer lui aussi ses créanciers. coupées par la rue Récamier occupent maintenant
Tout en suivant la règle de saint Benoît, l'Abbaye l'ancienne Abbaye aux Bois.
aux Bois instruisait les demoiselles qui appartenaient Il reste seulement aux religieuses une aile du bâti-
aux plus grandes familles. Quelques-unes y trouvaient ment avec une cour que le gouvernement doit prendre,
la vocation et devinrent abbesses de bénédictines après la mort des vingt-cinq plus vieilles religieuses.
de cisterciennes. Je renvoie à la notice de M. Lucien ou
On peut donc dire que la Franche Abbaye royale de
Lambeau (citée ci-dessous) pour juger de l'éducation Notre-Dame-des-Bois a vécu. Toutefois elle vivra
qu'on y donnait. On voit avec plaisir qu'on leur appre-
nait« à mettre la main à la pâte » dans l'une des neuf encore dans le souvenir de ceux qui cultivent les lettres
et les arts, grâce au séjour qu'y fit Mme Récamier.C'est
obédiences où elles étaient placées et cela tout en pre-
nant des leçons avec Dauberval, premier danseur de
» »,
là, en effet, que « Juliette ou « Louise comme l'appe-
laient ses habitués, avait fixé sa demeure à la suite de
l'Opéra et Philippe, maître de ballet. visites faites à la baronne de Bourgoing. Pour oublier
On y vit Mlle de Bourbonne à peine âgée de 12 les tristes jours de son mariage et les épreuves de la for-
faire sa première communion et se marier huit jours ans
«
tune, cet asile solitaire » de 40 francs convenait bien.
après avec M. d'Avaux. Ce cas se renouvela maintes
fois malgré les règles sages imposées par les abbés de «
Ce pauvre troisième étage devint, depuis 1819, le salon
Clairvaux et de Saint-Germain-des-Prés. Mais le bleu » de l'époque. Chateaubriand y a présidé avec
vent était sous la protection directe de la famille d'Or-
cou- Mm0 Récamier les plus spirituelles réunions, en-
tourés de Ballanche, Ampère, de Salvandy, de Kéra-
léans 1
Les prix de la pension variaient, ils allaient jusqu'à Lry, Pasquier, Villemain, Augustin Thierry, Saint-Au-
30000 livres par an, la pension ordinaire était de laire, Cousin, Merimée, Guizot, Sainte-Beuve, Charles
500 livres et une autre extraordinaire de 600 livres. Lenormant, Béranger, Lamartine, Musset, enfin pour
Il y eut jusqu'à 160 pensionnaires. Dire qu'on ensei- tous les désigner, entourés des « Académiciens de l'Ab-
y baye aux Bois ».


C'est à Mme de Chabrillan que revient l'idée de louer (on lit de la Marca dans la Gallia), qui donna en 1259
à des dames une partie des bâtiments inutiles au cou- le repaire de la Mothe, plus tard appelé de la Mothe-
vent. Labat (ou de l'abbé), en la paroisse de Dégagnac,
LISTE DES ABBESSES. — Agnès Ire. — 1243, Alix de repaire sur lequel le roi de France prétendait la jus-
Grand-Pré. tice haute et basse; par Hugues-Archambaud (de
— 1343, Blanche de Varenne. — 1377,
Agnès II. —1480, Nicole Rufine.—1507, Nicaise de la Périgord?) qui donna en 1260 le fief de Moyssen (ou
Barré. — 1516, Pétronille de la Ruelle. — 1555, Ma- des Moyssés) en la paroisse de Peyrignac; par d'autres
rie Ire de Sainte-Maure.—1566,GabrielledeBayencourt. encore qui donnèrent Marot près de Lamothe et des
—1590, Florentine de Bellay. —1595, Anne de Bayen- biens tout près de Saint-Cirq-la-Popie en Quercy ou
court.—1601, Jeanne de Rueil dite Demaret.— 1605, de Saint-Antonin et de Laguépie en Rouergue.
Magdeleine de Lannoy. — 1612, Caroline de Lannoy. Ces derniers biens, dont il est question dans la
— 1623, Marie II de Lannoy. — 1684, Thérèse d'Al- correspondance d'Alphonse de Poitiers, furent alié-
bert de Chaulnes de Pequigny.—1687, Marguerite de
Mouchy de Montcavrel.—1715, Marie-Anne de Harlay
nés ou échangés pour d'autres, étant trop éloignés
il n'en est plus question.
:
de Champvallon. — 1722, Marie-Angèle-Gabrielle de Malgré ces donations et les acquisitions diverses
Scaglia-Verrue. —1748, Susanne de Mornay Montche- faites plus tard, l'Abbaye Nouvelle ne fut jamais
de
vreuil.—1761, Marie-Gabrielle-Élisabeth Richelieu. que xie médiocre importance; beaucoup de prieurés
Marie-Magdeleine-Émilie-Victoire de Cha- sont plus cotés dans les comptes de décimes, même
— 1770,
brillan et non Mme de Mézières de Béthisy, en fut la avant la terrible guerre de Cent ans qui devait la
dernière abbesse. ruiner comme les autres églises de ce diocèse si ra-
Louise-Adélaïde d'Orléans, Mme de la Trémoille, vagé. Un pouillé de 1326 indique l'Abbaye Nouvelle
Mmede La Rochefoucauld auraient occupé aussi le siège pour 10 livres seulement, alors que le chapitre du
abbatial. Vigan, tout voisin, est taxé 37 1. 10 s., et le prieur de
Gourdon 20 livres. Les mêmes bénéfices en 1516 sont
Archives nationales, H. 3836-3844, L. 771, 1011-1012; respectivement taxés 12,30 et 241. En 1753, l'abbé
LL.1594; S. 4407-4417 et l'inventaire sommaire des Ar- déclarait un revenu de 800 livres pour sa mense, et
chives nationales, 517. — Lucien Lambeau, L'abbaye aux
Bois, Paris, 1638-1906, Commission du Vieux Paris, 9 dé- 600 pour celle des religieux (réduits à un seul, le
cembre 1905. — M. de Stolz, Notice sur le premier monas- prieur claustral non résidant); la taxe était réglée à
tère de la congrégation Notre-Dame, Paris, 1877, in-12. raison de 1000 et de 900 l. A la Révolution, les
A.-J.CORBIERRE. biens situés dans la commune de Léobard étaient
ABBAYE BLANCHE. Voir MORTAIN.

ABBAYE NOUVELLE (L'), de l'ordre de Cîteaux,


estimés 31900 livres.
LISTE DES ABB]S. - 1. Odo deVentadour, d'après
l'ancienne Gallia; rejeté par dom Boyer parce
diocèse de Cahors, appelée aussi La Nouvelle, Noire- qu'il n'a pas trouvé son nom dans des archives que
Dame de Gourdon ou du Gourdonnais, Sainte-Marie de nous savons fort incomplètes.— 2. Durand. Il fit de
Gourdon (aujourd'hui village de l'Abbaye, paroisse nombreuses acquisitions, en 1260 et 1262, d'Hugues de
de Saint-Antoine, commune de Léobard, canton de Cazeton, de Bernard de la Capelle et d'Amalvin de
Salviac, arrondissement de Gourdon). L'ancienne Félenor, chevalier. Ilfit confirmerle tout par Alphonse
paroisse avait pour patrons titulaires les saints Gervais de Poitiers (1267) et renouveler par Grégoire X des
et Protais; la communauté relevait au civil du séné- induits et privilèges accordés précédemment (juillet
chal de Gourdon pour la justice, de l'élection de 1273, bulle insérée dans la Gallia, t. I, col. 188). —
Cahors pour les finances; la paroisse et l'abbaye 3. Pierre de la Ticyre, qui se démit de sa charge et
étaient comprises dans l'archiprêtré de Gourdon ou mourut en 1313 au monastère de Grand-Selve. —
de Payrac. 4. Bon, vers 1320. Est-ce lui qui est, en 1333, exécuteur
L'Abbaye Nouvelle était fille du monastère cis- d'une bulle pour un moine de Souillac, Gme Laygue?
tercien d'Obazine, en Limousin, lequel avait déjà — 5. Durand II, 1337-1339. — 6. N. La Costc, vers
de nombreuses possessions autour de Rocamadour 1345. — 7. Durand III, vers 1351. — 8. Étienne.
et sous sa dépendanceune autre abbaye dans l'archi- avant 1392, connu par la bulle de nomination du
prêtré de Gourdon. C'était Lagarde-Dieu (aujour- suivant. — 9. Géraud Porquier, moine de Saint-Mar-
d'hui département de Tarn-et-Garonne), fondée vers cel, autre abbaye du diocèse de Cahors, remplace
1150 par des religieux, d'abord établis à Saint-Mar- Étienne décédé. Une bulle de Clément VII (16 dé-
tin-le-Désarnat, non loin de Salviac et de Gourdon, cembre 1392) charge l'évêque de Cahors de lui faire
sur des terres sans doute données par la même subir un examen préalable avant de lui donner la
famille que celles qui servirent à la fondation de la bénédiction abbatiale. Reg. Val. 308, f. 137. Son
Nouvelle. nom revient plusieurs fois, ce qui prouve son impor-
La Gallia (t. i, col. 187) nous a conservé le texte tance personnelle, dans le récit des guerres civiles
de la charte par laquelle Guillaume de Gourdon, sei- qui désolent le pays, comme celui d'un pacificateur
gneur de Salviac, donnait à l'abbé et au couvent écouté. Son abbaye fut ravagée par les sociales. La
d'Obazine divers mas, terres et possessions situés chose est dite très expressément par ceux qui dépo-
aux environs de Salviac. On reconnaît aujourd'hui sèrent dans l'enquête faite au sujet de la misère du
les noms d'Albecassagne, d'Aurimont, de la Genibre,
de Pech Foulques, en la commune de Salviac, des
Prévayries et de Malbouyé (Malesmoliers), et peut-
être de Font Meyranes, en la commune de Léobard.
France, appendices:
diocèse de Cahors. Denifle, Désolalion des Églises de
t.II, Inform. calurc., testes 6, 7, 8,
9. Nous ne connaissons pas d'intermédiaires entre
lui et le suivant. — 10. Bernard de Maranzac, d'une
Le Pech Gisbert, qui domine légèrement la vallée famille de marchands de Salviac anoblie plus tard,
du Céou, affluent de gauche de la Dordogne, fut choisi restaure l'abbaye ruinée et renouvelle en 1451, 1456,
pour l'emplacement des nouvelles constructions. 1460, les baux pour les fiefs longtemps abandonnés.
L'acte de donation fut passé à Obazine le 7 mars 1242
(n. style) et fut confirmé par le fondateur le 10 mars — 11. Jean de la Grange, qui lui succède, commence
1244 (n. style). Le donateur conservait le droit de jus- une série de six abbés du nom de Jean dont la Gallia
n'a connu que la moitié. Il résignait bientôt d'ailleurs,
tice.
— 12. Jean Loubaudi, moine de Bonaigues (Limoges),
:
D'autres donations furent faites peu de temps
après par dame Sérène, femme de Pierre de la Roque
était désigné en 1477 par Sixte IV pour le remplacer.
Bulle adressée le 5 oct. à l'abbé de Maymac (Limoges)
asujet de744,
l'enquête et de la bénédiction. Arch. Vat. l'archiprêtré de Gourdon. — 21. Déodat de Capelle,
appelé aussi Odet de la Capelle,
reg. Later. 121. Il fait quelque arrentement en
f. t religieux du couvent où son frère autre neveu, déjà
1479,—13. Jean de Ventadour, abbé d'Obazine depuis présidait, le rem-
1476, fut aussi abbé de la Nouvelle, au moins dès plaça en 1575. Il était encore abbé en 1578. — 22.
1494. Le 23 juin de cette année, il payait le commun Martin Métail, ou Métal, fils d'une autre sœur de
service (15 ducats d'or et 68 bolonais). Il semble avoir Déodat Sarred, succéda, nous ne savons à quelle date,
-s
été le premier abbé commendataire. En 1502, il se à ses cousins dans l'Abbaye Nouvelle, devenue un fief
plaignait que le visiteur de Cîteaux, Jean, abbé de de famille. Il était en 1573 prieur de Sainte-Alauzie
La Faise (Bordeaux), voulût l'obliger à mettre dans (Cahors), en remplacement d'un clerc du diocèse de
lieux Paris, Charles Brissonet;en 1597, il a le titre de secré-
son abbaye six religieux de plus et à restaurer les obli- taire du Trésor royal. On le trouve encore en 1616 et
claustraux. Il obtenait d'être déchargé de cette
gation, vu l'exiguïté des revenus de l'abbaye. Vat. 1624. — 23. Charles de Vie fut nommé par bulles
famille du 6 mars 1624. C'était un petit-neveu de Déodat
reg. Later. 1100, f. 6v. —14. Jean de Plas, de lafamilier Sarred; son père était le chancelier Merry de Vie,
de Plas de Curemonte et de Salgues, était le
et le commensal du cardinal Julien de Médicis. Quand
il reçut l'Abbaye Nouvelle (15 septembre 1518), à la
mort de Jean de Ventadour, il possédait la cure de
seigneur d'Ermenonville; l'archevêque d'Auch, Domi-
nique de Vie, était son frère. Lui-même fut en même
temps abbé de Froidmont (Beauvais). Il ne mourut
,
que le 20 septembre 1650, mais il avait depuis long-
Meyssac (Limoges). Il résignait le 5 juillet 1519, sous
la réserve d'une petite pension.Reg. Vat. 1129, f. 257,
1157, f. 73. Bientôt son protecteur, devenu le pape
temps résigné l'Abbaye Nouvelle. - 24. Jean-César
de Gaulejac le remplaça en 1643. Il était fils du vi-
Clément VII, le nommait (1524) à l'évêché de Péri- comte de Puycalvel, seigneur de Besse et déjà prieur ;
gueux. — 15 et 15 bis. Les archives du Vatican nous de Francoulès, ce qui fait comprendre pourquoi la
montrent le monastère disputé entre Jean Vilaris Gallia l'appelle N. de Francoulis, de la maison de
que la Gallia appelle Vialard, et Jean Vernojoul. Besse. Il fut aussi archiprêtre de Thégra. Il testa en
Une bulle du 25 août 1529 permet au premier d'avoir 1644 en faveur de son frère aîné; en 1645 il passait
d'autres bénéfices pour faire face aux dépenses du des actes pour des terres de Puycalvel. — 25. Hugues
procès. Vat.Reg. Later. 1511, f. 239. Cette bulle de Lostanges de Saint-Alvère lui succéda vers 1650. ",
nous apprend qu'il était moine de la Garde-Dieu. Il était fils de Jean-Louis de Lostanges et d'Elisabeth
Une autre bulle du 5 novembre de la même année de Crussol d'Uzès. Toutes les généalogies ledisent.
nous fait connaître la résignation opérée par le se- fils posthume de son père mort en 1617, elles ne pré-
cond, sous la réserve d'une petite pension, et la col- cisent pas la durée de son abbatiat. — 26. Mathieu
lation de l'abbaye à un nouveau personnage. — 16. des Pruets, chanoine de Saintes, docteur en théologie
François de Lévis-Ventadour, fils de Louis de Lévis et protonotaire apostolique, le remplaça à une date
et de Blanche de Ventadour, était déjà, à cette date encore indécise. — 27. Il permutait en 1660 avec
de 1529, abbé d'Obazine, chanoine et archidiacre de Charles de Cairol, conseiller et aumônier du roi, né
Viviers, chanoine du Puy, prieur de Saint-Michel à Limoux, mort à Prouille. — 28. André de Camy,
de Charaix (Viviers), de Saint-Ange de Saint-Angel qu'on appelait l'abbé d'Aymare, était fils de Jean-
(Limoges), enfin évêque de Tulle. Reg. Vat. 1341, Pierre de C., seigneur d'Aymare, près du Vigan, et de
f. 25. La multiplicité de ses bénéfices a fait commettre Marguerite de Jaubert de Rassiols. Nommé en 1680,
des erreurs à ceux qui ont écrit sur cet évêque. — il était encore abbé en 1713. — 29. Il est question,
17. Charles de Lévis, son frère, lui succédait en per- vers cette date, d'un abbé Blouin, dans un -nuSmob:er'
mutant avec lui son abbaye de Valette (Tulle). Celui-ci concernant Moissac, dans les archives de cette abbaye,
conservait en même temps que la Nouvelle le prieuré Arch. de T.-et-G., G. 579. — 30. N. d'Hernaut,
de Saint-Priest (Limoges), O. S. B., 3 mars 1531.Reg. abbé nommé le 6 novembre 1717, encore en 1721. — -
Vat. 1351, ff. 34,192.—18. Jean-Jacques Cipelli, clerc 31. N. Baillot, curé de Saint-Michel de Limoges,
du diocèse de Crémone, lui succédait à sa mort abbé avant 1726, mort en 1739. — 31. Jean Duval
Bulle du 17 nov. 1536. Reg. Vat. 4501, f. 279. Cet de Varaire de Montmillan, d'une famille de Montau-
abbé commandataire italien ne parut probablement ban, qui possédaitla seigneuriede Varaire(Lot),autre-
jamais à l'abbaye. Cependant il y a dans le pays une fois des Cardaillac, garde l'abbaye de 1739 à 1782.
famille Cipel. —19. Déodat Sarred, clerc du diocèse Vers la fin de sa vie on voulut l'obliger à réparer le
de Cahors, remplaça Cipelli décédé, le 1er octobre couvent où ne résidait plus aucun religieux. L'en-
1542. Reg. Vat. 1585, f. 252'. Il était originaire de quête faite à ce sujet nous apprend que la principale
Montfaucon, à la source du Céou et possédait dans le partie de l'église était encore en bon état et servait
chapitre du Vigan, près Gourdon, la charge de maître pour la paroisse à la place de l'ancienne église parois-
de l'œuvre. En 1555 il était aumônier du Dauphin et siale qui n'était qu'une crypte obscure et malsaine;,
le reste des anciens bâtiments claustraux était en
joignait à ses deux bénéfices un canonicat dans l'église
Saint-Honoré de Paris et la cure de Sarrazac, avec
son annexe l'hôpital Saint-Jean, au diocèse de Ca-
hors, mais bientôt il résignait son bénéfice du Vigan.
Reg. Vat. 1808, f. 1, 1827, f. 41. En 1571, il résignait
décombres :
ruines et des arbres fruitiers poussaient parmi les
deux chambres encore à peu près logea-
bles servaient de presbytère. — 32. Le 23 février 1783,
Antoine Colas, vicaire général d'Auch, recevait son
l'abbaye en faveur du suivant. J. de Malleville, en brevet de nomination à l'Abbaye Nouvelle, vacante
ses Esbats sur le pais de Quercy, Cahors, 1900, p. 453, par le décès de M. Duval, mort avant décembre 1782.
dit qu'il mourut évêque d'Angers. Or, il n'est pas sur Les documents relatifs à la vente des biens de l'ab-
les listes épiscopales d'Angers; il n'y a pas d'inter- baye (1790-1791) le disent chanoine de la Sainte-
médiaire possible entre Gabriel Bouvery, mort en Chapelle du roi à Dijon et habitant Dijon.
février 1572, et Guillaume Rouzé, qui fut sacré la L'abbé commendataire ne résidant pas était rem-
mime année. On sait seulement par la correspondance placé par un prieur claustral. Ce fut pendant plus
de Jean d'Hébrard de Saint-Sulpice, publiée par M. d'un siècle le seul religieux de l'Abbaye Nouvelle et
Ed. Cabié, que Sarred était en 1570 à Angers, d'où longtemps avant la Révolution cet unique reli-

,
,
il écrivait en faveur d'un sien neveu. — 20. François
-¡ deCapelle, fils d'une sœur de Déodat, fut abbé en
1571, Présenté par le roi il fut institué par bulles du
17mai (Reg. Vat. 1993, f. 1); il était né à Payrac en
prieurs:
gieux ne résidait pas. Nous avons quelques noms de
en 1648, Me Martin Durand; en 1691, dom
B.deSalengarde qui fut en même temps, en 1693, prieur
claustral d'Obazine; il semble avoir remplacé dom
Hélie Moret; dom Crozal qui fut enterré à Gourdon n'en soient plus admises, De vila et scriplis S. Jacobi
en 1728; dom Guigne qui se retira en 1754; dom Jo- Sarugensis, dont la défense publique,jointe à la soute-
seph-B. du Val de Tourris, religieux de La Garde- nance de 72 thèses, lui valut le titre de docteur en théo-
Dieu, qui fit, en 1785, abandon au curé de tous ses logie. Il se rendit alors à Londres, où il copia, au Bri-
droits sur les biens de la mense des religieux (actes tish Museum, le texte syriaque de la Chronique ecclé-
des 16 et 18 octobre). A cette date le curé était, depuis siastique de Bar-Hébræus: ce fut la matière de trois
le 6 février 1783, Me Pierre Lavaysse-Ginibert, ancien volumes publiés de 1872 à 1877 en collaboration avec
prébendé du Vigan, qui prêtera le serment constitu- Mgr Lamy. Dans la suite, il édita dans le même domaine
tionnel et restera dans sa paroisse jusqu'au Con- les Acta sancle Maris en 1885 et les Acta Mar Karda-
cordat. ghi, en 1890, ainsi que divers articles d'orientalisme et
de nombreux discours. A son retour d'Angleterre, Ab-
Je ne peux donner ici toutes les références des documents beloos professa au séminaire de Malines, où il illustra
que j'ai utilisés. De première main, les Archives du Vati- la chaire d'Écriture sainte par la solidité et la sponta-
can (reg. du Vat. ou du Latran), les Archives nationales
Q2,92), les Archives du Lot (C. 1338, F. 423, âGS), Biblio- néité de son enseignement. En 1876, l'état précaire de
thèque nationale, fonds Lespine, 173. — Fonds de notaires sa santé le força à quitter ces fonctions; curé de Duffel
:
(notes fournies par M. l'abbé Foissac). — Ouvrages con-
sultés
Temps, Clergé de France, t. I, p. 244. -
Gallia nova, t. I, col. 187; t. II, col. 637. — Du
G. Lacoste, Hist.
de 1876 à 1883 et vicaire général de Malines de 1883
à 1886, il fit preuve de grandes qualités administra-
tives autant que de piété et de zèle sacerdotal. Aussi,
générale de laprovince de Quercy, 1833-1886, t. II, p. 253;
t.III, p. 343, 353, 372. — Boyer d'Agen, Les parias de ce savant, rompu aux affaires ecclésiastiques, fut-il
France, in-8°, Paris (1904) (il y a deux dessins relatifs à choisi par l'épiscopat belge pour remplir les fonctions
l'abbaye, p. 556-557). — A. Molinier, Correspondance d'Al- si importantes de recteur magnifique de l'université
fonse de Poitiers, n. 142, 465, 466, 498. — Poulbrières, de Louvain, immédiatement après la mort de M"' Pie-
Dict. des paroisses du diocèse de Tulle, t, I, p. 67-72; t. n, raerts (février 1886). Dès lors jusqu'à sa retraite, en
t. XXX, p. 301 sq., etc.
;
p. 404. — Bullet. de la Soc. arch. de Brive, t. XI, p. 109 sq. 1898, son incessante préoccupation fut d'agrandir les
installations et de stimuler l'esprit scientifique des
E. ALBE. maîtres et des élèves, les premiers au nombre d'une
ABBAYETTE (PRIEURÉ SAINT-MICHEL DE L'). centaine et les seconds au nombre d'environ 2000.
Ce prieuré, attaché à la charge d'aumônier de l'ab- l'
Avec quel succès, Mu Cartuyvels l'a dit éloquem-
baye du Mont-Saint-Michel dont il était la propriété, ment au jour dela manifestation académique organisée,
se trouvait à 3 kilomètres de la Dorée, dans le dépar- en 1895, en l'honneur de Mgr Abbeloos : « Quelle Fa-
tement actuel de la Mayenne, sur l'un des chemins
du mont, la voie de Saint-Michel.Abbé Angot, Dict. de
la Mayenne. Il fut fondé, en octobre 997 (charte orig.
aux archives de la Manche; Bertrand de Broussillon,
marquables!
culté, s'écriait-il, n'a pas reçu des accroissements re-
Quelle année n'a pas signalé son cours
par quelque innovation heureuse dont souvent les
Cartul. de l'Abbayelte), par Yves, seigneur de Villa- universités officielles ont sanctionné l'utilité en se
renton et neveu de Sigefroy, évêque du Mans; Yves hâtant de l'introduire chez elles? La critique des livres
sacrés; la brillante école de nos orientalistes et de nos
ne faisait du reste que restituer aux bénédictins un sanscritistes; le cours pratique de notariat; l'école des
terrain qui leur avait été enlevé lors des invasions nor- hautes études sociales; la grande école de Saint-Tho-
mandes, avant lesquelles Villarenton devait être déjà
le siège d'un établissement monastique. Le prieuré mas, élevée au rang de séminaire par la faveur d'un
fondé par Yves s'appela d'abord la petite abbaye de pape ami des lettres; l'organisation de cinq doctorats
Villarenton, abbatiola de Villarenlon, puis simplement en philosophie et lettres; l'étude approfondie des litté-
abbatiola ou l'abbayette. Il y fut fait différentes fonda- ratures et des langues romanes et germaniques; l'im-
tions que les bénédictinsacquittèrent jusqu'à la fin du portant et glorieux collège où l'on scrute les mystères
de la vie; l'établissement prophylactique du sérum:
XVe siècle, époque à laquelle le prieuré tomba en com-
mende, et où le service fut fait par un chapelain. En les policliniques; les doctorats en médecine remaniés
1791, le prieuré fut vendu et sa chapelle, en partie dé- d'après les dernières exigences du savoir; la pharmacie
truite; il n'en reste aujourd'hui que le chevet où les étendue à des applications nouvelles; l'école d'agri-
paroissiens de la Dorée viennent encore aux Roga- culture augmentée de l'école de zymotechnie; l'école
tions. On y garde également trois statues que la dévo- des mines installée enfin dans des locaux dignes de son
tion populaire a doté des noms grotesques de saint Va, importance actuelle; la zoologie pourvue d'un outillage
saint Vient, saint Tire-à-lui (abbé Angot). perfectionné; les cabinets enrichis; les instruments
centuplés; des laboratoires créés; les jeunes gens épris
Cartulaire de Saint-Michel de l'Abbayette, prieuré de de recherches personnelles, encouragés, groupés en
l'abbaye du Mont-Saint-Michel(997-1421), publié par Ber- sociétés, pourvus du matériel nécessaire, poussés dans
trand de Broussillon, complété avec des dessins et une
table par Paul de Parcy, in-8°, Paris, 1894.
Dictionnaire du Maine, 1777, t. i, p. 265. -- Le Paige,
A. Angot,
Dict: hist. topogr. et biogr. de la Mayenne, 1900, t. I, p. 4-6.
leurs travaux vers les brillants succès obtenus dans
toutes ces études nouvelles; vingt autres choses que
j'omets dans cette nomenclature, constituent à votre
— Pointeau, Un ancien prieuré du Bas-Maine, .dans la rectorat un apanage vraiment magnifique et glorieux,
Revue historique de l'Ouest, 1885-1886. car partout j'y rencontre l'ardente initiative d'un
Paul CALENDINI. Rector magnificus. » Et cependant, Abbeloos n'avait
ABBELOOS (JEAN-BAPTISTE), né à Goyck, dans le qu'une faible santé; mais, s'il était de constitution
Brabant, le 15 janvier 1836, mort à Louvain, le 25 fé- frêle, son énergie morale l'a constamment soutenu
vrier 1906. Au cours de ses études, il remporta toujours parmi des labeurs aussi ardus qu'incessants; d'appa-
les premiers prix au concours des écoles primaires, rence délicate, petit, quelque peu voûté, il révélait la
dans les humanités et en philosophie au petit sémi- virilité de son âme par les traits caractéristiques de
naire de Malines. Il étudia la théologie d'abord au sé- sa mince figure et par la flamme vivace de son regard.
minairede Malines pendant trois ou quatre ans et puis, Au reste, esprit ouvert et primesautier, il avait une
de 1860 à 1867, à l'université de Louvain; dans l'inter- remarquable puissance d'assimilation, et son zèle était
valle, après avoir brillamment conquis les grades de soutenu par la générosité de son caractère et par la foi
bachelier et de licencié en théologie, il se rendit à Rome profonde de son cœur sacerdotal. Certes, il y eut
pour s'y livrer à la recherche des sources syriaques; parfois des heurts et, soit par son attitude dans l'or-
revenu à Louvain, il publia, en 1867, une dissertation, ganisation de l'Institut Léon XIII, soit par ses mani-
encore estimée aujourd'hui, bien que les conclusions festations intempestives de démocratie et de flamin-
gantisme, Mgr Abbeloos ne fut pas toujours également Capet et l'enceinte agrandie; en 990, on creusa des
loué par ses inférieurs et par ses supérieurs; mais tous fossés et l'on construisit des murs; l'auteur de la dy-
estimaient profondément sa science et tous savaient nastie capétienne y établit son gendre,Hugues de Mon-

:
que son ambition était celle exprimée par sa devise de
prélat Soli Deo. Retiré de la direction de l'université
en 1898, décédé en 1906, Abbeloos occupe une place
treuil, en qualité de gouverneur militaire avec le titre
d'avoué, parce qu'il devait protéger les terres du mo-
nastère de Saint-Riquier. Dans la suite, les avoués pri-
honorable dans les souvenirs de l'Église, de la Bel- rent le titre héréditaire de comtes de Ponthieu et fi-
gique et de la science. rent d'Abbeville leur capitale et leur résidence.
On ignore quelle était alors l'importance de cette
On peut consulter les Annuaires de l'université catho-
lique de 1886 à 1907, spécialement ceux de 1896 et de 1907, ville, dont l'accroissement avait été rapide.
ainsi que la Bibliographie de l'universtié catholique de Un fait mémorable s'y passa à la fin du XIe siècle.
Louvain, p. 33, Louvain, 1900. A la suite des prédications de Pierre l'Ermite, le comte
A. CAUCHIE. de Ponthieu convoqua à Abbeville les seigneurs fla-
ABBÉ-DANS-L'EAU (LA CÉRÉMONIE DE L'), mands, boulonnais, normands et picards. Le duc de
se faisait à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) le jour Normandie, le comte de Flandre, Godefroy de Bouil-
de la Trinité. Les moines bénédictins ayant autrefois lon, comte de Boulogne, et d'autres seigneurs répon-
fait rompre les chaussées des étangs du seigneur et dirent à l'appel de Guy de Ponthieu; ils se réunirent
laissé couler les eaux qui faisaient moudre des mou- dans le château où s'éleva plus tard le prieuré de
lins, le seigneur fit condamner les religieux à fournir Saint-Pierre pour régler le départ de l'armée qu'ils
tous les ans un vigneron, représentant l'abbé, qu'on avaient rassemblée dans ce but; Godefroy de Bouillon,
mettait sur un âne, le visage tourné du côté de la qui était venu à la tête de 1200 Boulonnais et d'un
queue; et, en cet équipage, on le conduisait sur le bord plus grand nombre d'Artésiens, passa à Abbeville la
d'un étang dans lequel on le jetait en chemise. Cela revue des troupes dont il allait être le chef, le 15 août
s'appelait la cérémonie de l'A bbé-dans-l'eau. Elle fut 1096. Le comte de Ponthieu, qui n'avait pu prendre
abolie par contrat devant notaire le 3 novembre 1767. part à la croisade à cause de ses infirmités, fit élever,
Revue de l'Anjou, année 1854, p. 81-87. — Bodin, Re- dit-on, sur l'emplacement occupé par les troupes de
cherches sur Saumur, 1812, t. I, p. 262.
F. UZUREAU.
Godefroy de Bouillon une église destinée à perpétuer
le souvenir de la première expédition en Terre-Sainte
ABBES (GUILLAUME D'), né à Bédarieux, bachelier c'était l'église du Saint-Sépulcre, qui, paraît-il, était
:
en Sorbonne et chanoine de Saint-Sébastien de Nar- construite en bois et en placage, et a été remplacée par
bonne, publia, en 1648, dans celte ville : Le parfait une autre construction vers le milieu du XVe siècle.
orateur, in-8°, qu'il dédia à Claude de Rebé, évêque de La population d'Abbeville s'élevait à 40000 âmes
Narbonne, dont il devait prononcer l'oraison funèbre aux XVe, XVIe et XVIIe siècles. Sous l'ancien régime,
en 1659. Cet ouvrage, devenu rare, donne les règles de cette ville était dotée de quatorze églises et de quinze
l'art oratoire en général et l'auteur y fait preuve de couvents. Les églises qu'a fait disparaître la Révo-
:
goût dans le choix des exemples qu'il emprunte pres- lution étaient 1° Notre-Dame du Châtel, qui paraît
que tous à la littérature chrétienne ancienne. Par con- avoir été bâtie sur l'emplacement d'un ancien temple
tre, dans la dédicace, il se sert d'un style tout à fait païen; reconstruiteen 1574, elle fut démolie à la fin du
hyperbolique. XVIIIe siècle; 2° l'église Saint-André, dont la fondation
U. ROUZIÈS. remontait à une époque assez éloignée, fut rebâtie en
1. ABBEVILLE, ancienne capitale du Ponthieu, 1516 et de grands travaux y furent exécutés en 1736;
aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement du départe- vendue en 1791, elle fut démolie vingt ans plus tard;
ment de la Somme, est une ville de 2u 704 habitants. 3° l'église Sainte-Catherine, édifiée à l'époque des Croi-
La date de sa fondation est très controversée; quel- sades, se composait de trois nefs, et son clocher était
ques auteurs pensent qu'elle aurait été établie par l'un des plus élevés de la ville; vendue en 1791, elle
des Gaulois, que l'approche des Romains aurait fait était démolie deux ans plus tard; 40 l'église Saint-
fuir; ces derniers s'y seraient ensuite lixés, mais les Eloy, bâtie à une époque inconnue, fut démolie en
habitations élevées par ceux-ci auraient été détruites 1792; 5° l'église Saint-Georges existait déjà au XIe siè-
à leur tour à l'époque de l'invasion des Barbares. cle; l'évêque d'Amiens accorda en 1367 l'autorisation
D'après l'opinion la plus généralement admise, de la démolir, attendu qu'elle était devenue trop pe-
Abbeville ne s'est formée qu'au IXC siècle autour d'un tite pour contenir le nombre sans cesse croissant des.
château appartenant à l'abbé de Saint-Riquier. Mais, paroissiens; on construisit alors un édifice de plus
pour être plus exact, il faut dire que c'est en 831 que grandes dimensions, remarquable par son architecture
cette localité se trouve mentionnée pour la première et par les riches décorations dont il était orné; sa dé-
fois dans un dénombrement des biens de l'abbaye de dicace eut lieu en 1380. Le clocher, qui renfermait
Centule, fondée par saint Riquier; ce dénombrement vingt-quatre cloches, fut brûlé le 10 mai 1691 par des
;
fut fourni par l'un des religieux, Héric, en conformité artifices lancés la veille à l'occasion de réjouissances
des ordres donnés par Louis le Débonnaire. Abbeville, qui eurent lieu pour célébrer la prise de Mons vendue
qui est désignée dans ce document par Abbatis Villa, à la Révolution, cette église fut démolie en 1793;
y figure parmi les treize bourgs que possédait l'abbaye 6° l'église Saint-Jean-des-Prés existait en 1223; on la
de Centule, appelée depuis Saint-Riquier, à 8 kilomè- reconstruisitdans le cours du XIVe siècle et elle fut dé-
tres d'Abbeville. molie en 1793; 7° l'église Saint-Vulfran-en-Chaussée
Plusieurs auteurs ont prétendu qu'Abbeville n'a possédait un portail remarquable et une chapelle célè-
jamais appartenu aux religieux de Saint-Riquier; bre de saint Fiacre construite en 1523; elle fut vendue
«
mais, suivant un historien moderne, Abbeville était en 1791 et démolie; avec les pierres, on construisit
un de ces domaines que les rois francs donnaient en plusieurs maisons particulières.
précaire au clergé, et qu'ils ne se faisaient aucun scru- Parmi les sept églises qui sont restées debout après
pule de confisquer pour les transférer aux leudes la tourmente révolutionnaire, il convient de mention-
quand ils avaient besoin de leurs services. » Ch. Lou- ner : 1° l'église Saint-Vulfran, érigée au XIe-
andre, La France du Nord, dans la Revue des Deux siècle sur l'emplacement d'une église dédiée à saint
Mondes, 1873. Firmin; cette substitution eut lieu après le transfert
Les fortifications entreprises sous Charlemagne fu- du corps de saint Vulfran à Abbeville, en 1053., par
rent refaites et complétées sous le règne de Hugues Guillaume Talvas, comte de Ponthien; cette église'
exista jusqu'en 1346, époque où elle fut rempla-
cée., croit-on, par une autre qui ne resta debout elle-
même que jusqu'à la fin du siècle suivant; à cette
en 1100 par Guy de Ponthieu sur l'emplacement d'un
ancien château donné par le roi au comte de Ponthieu
l'église et le couvent, tombant en ruines, furent re-
;
époque, le chapitre de la collégiale de Saint-Vulfran construits en 1770; avant la mise en commende dans
résolut de faire élever un édifice de proportions beau- les premières années du XVIIe siècle, la communauté

;
coup plus vastes; la première pierre en fut posée le
7 juin 1488 par le maïeur ou maire d'Abbeville les tra-
vaux furent interrompus en 1539; il n'y avait alors de
était de 24 religieux; elle ne fut plus ensuite que de
8 religieux; en 1730, les revenus de lamense du prieur
;
étaient de 10000 livres ceux de la mense conventuelle,
de5000livres.Vendu en1791,le prieuré deSaint-Pierre
terminé que la nef et ses deux bas-côtés; le chœur n'a
été bâti qu'en 1663. La façade principale de cet édifice, devint la propriété de plusieurs particuliers; les re-
d'un aspect majestueux et d'une belle exécution, est ligieuses ursulines acquirent la maison conventuelle et
flanquée de deux grosses tours, hautes de 53 mètres, l'église et y établirent une maison d'éducation, qui
fonctionna jusqu'aux lois contre les congrégations en-
reliées entre elles par le frontispice de la nef. A la partie
inférieure s'ouvrent trois portiques sous de profondes
voussures ogivales ornées de nombreuses statues re-
présentant, la plupart, les patrons des corporations
;
seignantes; 2° les cordeliers s'établirent,en 1237, en fa ce
de l'Hôtel-Dieu en 1293, ils habitèrent l'hôpital de la
Madeleine; leurs revenus en 1728 étaient de 1500 li-
industrielles de la ville. Le porche du milieu est dû à vres; la communauté était alors composée de 25 reli-
la munificence de Louis XII; celui de gauche, à celle gieux; leur église fut démolie en 1805; 3° les minimes
du cardinal d'Amboise, et celui de droite a été con- construisirent leur couvent en 1500; leurs revenus
struit aux frais de la ville. La première église, dédiée à étaient de 2 400 livres en 1728 et la communauté se
saint Vulfran au XIe siècle, était desservie par douze composait alors de 10 religieux; l'église et une partie
chapelains; un chapitre y fut institué,en 1121,par le des cloîtres ont été démolis de 1793 à 1795; 4° les ca-
comte de Ponthieu, qui créa vingt prébendes pour au- pucins arrivèrent à Abbeville en 1600; en 1606, ils
tant de chanoines; en 1138, il l'augmenta de six nou- firent élever en leur couvent une église qui fut démolie
velles prébendes; il s'en réserva la collation pour lui et de 1793 à 1795; ce qui resta des bâtiments devint la
ses successeurs. En 1736, le chapitre était composé de propriété des religieuses carmélites, qui les occupent
encore aujourd'hui; 5° les carmes, établis en 1640, rue
21 chanoines capitulants; les revenus étaient de près
de 20 000 livres. La Révolution dispersa les chanoines
2° l'église Saint-Gilles, dont la fondation est de date
; de la Tannerie, achetèrent ensuite un immeuble place
Saint-Pierre et y construisirent, en 1641, une église qui
incertaine, existait néanmoins en 1205; l'édifice pri- fut démolie en 1811; sur son emplacement s'élève au-
mitif fut remplacé en 1485 par celui qui subsiste en- jourd'hui une maison de commerce; 6° les jacobins ou
core; la tour, de même époque, est surmontée d'un frères prêcheurs s'établirent à Abbeville en 1652; en
clocher datant de 1720, dans lequel dix cloches étaient 1664, ils firent construire un couvent et une église
autrefois suspendues. La façade se compose de trois qu'ils occupèrent jusqu'en 1790; peu de temps après,
porches inégaux ornés de diverses statues; la voussure
du porche central contient huit groupes dont les su-
jets sont tirés de la vie du patron; 3° l'église du Saint-
;
le tout était vendu et démoli; en 1728, leurs revenus
étaient de 900 livres la communauté comprenait 9 re-
ligieux, et l'un d'eux exerçait les fonctions de profes-
Sépulcre, dont la fondation remonterait à la première seur de philosophie pour la jeunesse de la ville et de la
croisade,aurait été élevée, si l'on en croit la tradition, campagne; 7° les chartreux s'installèrent en 1301 au
sur l'emplacement qu'ont occupé les troupes réunies faubourg de Thuison dans la maison des Templiers que
sous le commandement de Godefroy de Bouillon; con- Guillaume de Mâcon, évêque d'Amiens, avait achetée
struite en bois et en placage, elle fut remplacée par au grand maître; les templiers l'occupaient depuis
une autre construction vers le milieu du XVe siècle; des 1189 ainsi que deux établissements dans la ville; la
travaux importants, exécutés en 1863 et 1864, n'ont maison conventuelle, édifiée sur dix journaux, tom-
plus laissé debout que la tour du clocher, les premiers bait de vétusté en 1728; les religieux, alors au nombre
piliers de la nef et une partie des deux bas-côtés; dans de 15, jouissaient d'un revenu de 10 000 livres; à la
un de ceux-ci, on remarque la chapelle du Sépulcre et Révolution, la municipalité acheta la maison des
son tombeau datant du xve siècle; un Christ en bois chartreux, qu'elle fit démolir en 1796.
est couché sur une étoffe de damas rouge, que garde COUVENTS DE FEMMES. — 1° L'abbaye de HTillall-
un guerrier romain (et non pas Jeanne d'Arc); 4° l'é- court, ordre de Sainlt-Bernard, quitta les environs
glise Saint-Jacques, qui existait en 1136, fut rempla- d'Auxi-le-Château,à cause des guerres, pour venir s'éta-
cée en 1482 par une autre église qui se composait de blir à Abbeville; en 1730, ses revenus étaient de
troisnefs en bois; elle fut démolie au XIXe siècle et une 5 800 livres pour 44 religieuses; le couvent fut vendu
autre église était commencée en 1868; 5° l'église Saint- en plusieurs lots à la Révolution; 2° sœurs grises ou
Paul est de fondation très ancienne; le chœur fut re- sœurettes, ordre de Saint-François; elles succédèrent
bâti en 1528 et la nef en 1556; vendue à plusieurs par- en 1456 aux religieuses de Sainte-Gertrude, dites bé-
ticuliers pendant la Révolution, elle a été rouverte au guines; en 1728, elles jouissaient d'un revenu de
culte au commencement du XIXC siècle; 6° l'église 2 500 livres pour 39 religieuses; leur maison tombait
Saint-Jean-de-Rouvroy, située dans le faubourg de ce en ruines quand survint la Révolution; 3° sœurs
nom, est de construction toute récente (1900); celle blanches, ordre de Saint-Dominique; ayant été chas-
qu'elle a remplacée avait été bâtie en 1528, et celle-ci sées de Thérouanne,parCharles-Quint, elles se réfu-
avait été élevée sur l'emplacement de l'église primitive, gièrent à Abbeville en 1553; elles y firent bâtir un mo-
érigée dans les premières années du xine siècle; nastère en 1597 et une église en 1603; après la Révolu-
7° l'église de Notre-Dame-de-la-Chapelle,au faubourg tion, une auberge fut construite sur l'emplacement de
de Thuison, à l'entrée du cimetière, a été élevée sur leur maison; 4° minimesses; leur couvent fut fondé
l'emplacement d'un temple païen; ce n'était d'abord par une abbevilloise, Gabriclle Foucquart, vers 1621;
qu'une simple chapelle, mais la population augmen- il comptait 31 religieuses en 1728, et leurs revenus
tant, on construisit une église formée de trois nefs et étaient alors de 3 300 livres; vendu et démoli à la Ré-
contenant neuf autels vers le XVe siècle; à la Révolu- volution, il n'est plus rien resté de leur couvent ni de
tion, elle fut démolie en partie; l'église actuelle a été leur église bâtie vers 1699; 5° ursulines; elles arrivè-
reconstruite en 1804. rent en 1613, et, en 1642, elles firent construire une
COUVENTS D'HOMMES.
— 1° Le prieuré de SaÍnt- maison et une église; elles étaient alors au nombre
Pierre, de l'ordre des bénédictins de Cluny, fut fondé de 60; en 1727, il ne s'en trouvait plus que 46; leurs re-
venus à cette dernière date étaient de 5 200 livres ; orde, du Rosaire, du Scapulaire de Notre-Dame, etc.
elles ont presque toutes disparu en même temps que;
6° carmélites; elles arrivèrent à Abbeville en 1636, au
nombre de 10; en 1728, elles étaient 18 et jouissaient
d'un revenu de 1800 livres; elles se retirèrent en 1792,
et leur habitation servit de maison d'arrêt pendant la
;
ont survécu au naufrage de ce nombre sont la con-
grégation des Sœurs de Notre-Dame de Consolation,
:
les églises où elles avaient leur siège; plusieurs autres

Terreur; 7° la Visitation de Sainte-Marie, couvent fondée en 1643 dans l'église Saint-Jacques, dans le but
fondé en 1650; il comptait 30 religieuses en 1730, et les d'assurer aux malades pauvres les secours de la reli-
revenus étaient de 1200 livres;l'église, bâtie en 1712, gion; en 1751, elle jouissait de 2 000 livres de rentes;
a été démolie en 1793,en même temps que le couvent; cette institution, modifiée au XIXe siècle, continue de
8° le Paraclet; cette abbaye, de l'ordre de Cîteaux, fut fonctionner sur de nouvelles bases et a surtout pour
d'abord établie, en 1178. au village d'Epagne, près objet le soulagement des femmes en couches et des
d'Abbeville, et transférée dans cette dernière en 1642; pauvres; la confrérie de la Charité, de fondation beau-
en 1730, il s'y trouvait 32 religieuses; ses revenus coup plus ancienne, rend aux indigents décédés les
étaient alors de 5 600 livres; vendus à la Révolution, derniers devoirs.
le couvent et l'église furent incendiés en 1792. Nicolas Sanson, Britannia ou Recherches sur l'antiquité
ÉTABLISSEMENTS DE BIENFAISANCE. — UHôtel-
d'Abbeville, in-8°, 1636. — Le P. Ignace, Histoire ecclé-
Dieu, fondé en 1158 par Jean, comte de Ponthieu, siastique d'Abbeville, in-4°, 1646. — Devérité, Histoire du
compte 315 lits pour les malades; un aumônier y est comté de Ponthieu et de la ville d'Abbeville, 2 vol. in-12,
attaché et le service des salles y est fait par des reli- 1767. — Louandre, Histoire d'Abbeville, 2 vol. in-8°,
gieuses de l'ordre de Saint-Augustin; l'Hospice 1844-1845. — E. Prarond, Topographie d'Abbeville, 3 vol.
général, vaste et beau bâtiment construit dans ces der- in-8°, 1871-1884. — Alcius Lcdieu, Petite histoire d'Ab-
nières années, a été fondé en 1727 et contient 209 lits beville, in-8°, s. d. (1907).
A. LEDIEU.
pour les vieillards et les enfants trouvés; un aumô- 2. ABBEVILLE (TEMPLIERS
nier y est attaché, et le service des asiles est fait par ET HOSPITALIERS).
Les Templiers possédaient à Abbeville deux maisons
desreligieuses de l'ordre de Saint-Vincent-de-Paul. Ces
deux établissements ont été réunis et leur revenu est qui constituaient le membre d'Abbeville, relevant de
de 185 000 francs. la commanderie de Beauvoir-lez-Abbeville (à 4 kil.
Avant la Révolution, il y avait à Abbeville : l'hôpi- au n. d'Abbeville). Cette commanderie, d'abord tem-
tal de la Madeleine, pour les femmes repenties; il fut plière,devint hospitalière après l'abolition du Temple.
supprimé en 1610; l'hôpital Saint-Julien-le-Pauvre, Elle dépendait du grand-prieuré de France. Ses ar-
fondé en 1217 pour les pauvres passants mendiants; chives sont conservées à Paris, aux Archives natio-
supprimé vers 1533; l'hôpital du Saint-Esprit, fondé en nales (série S. ). La commanderie des Hospitaliers de
1231; l'hôpital de Saint-Jean-l'Évangéliste;l'hôpital de Fieffes (Somme, cant. Domart) possédait également
Notre-Dame de Boulogne, fondé dans les premières an- une maison à Abbeville.
nées du XIVe siècle pour les étrangers malades ou né- Delaville Le Roulx, Carlulaire général des Hospitaliers,
cessiteux qui se rendaient en pèlerinage à Notre-Dame Paris, 1894-1906,t.I, p. LXXII. — E. Mannier, Les comman-
de Boulogne-sur-Mer;l'hôpital Saint-Jacques, établi deries du grand-prieuré de France, Paris, 1872, p. 625-628.
vers 1340 pour les pauvres étrangers qui se rendaient J. DELAVILLELE ROULX.
en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle;l'hôpi- ABBEYLARAGH ou LERRAH, monastère situé
talSaint-Joseph pour les pauvres orphelins; il fut sup- près de Granard, au comté de Longford, Irlande,
primé en 1790 et ses biens ont été réunis à ceux de passe pour avoir été fondé par saint Patrice, pour un
l'hospice général; Yhôpital des Commandeurs; Yhôpihd de ses disciples, Guasacht, fils de Milcho. Archdall,
de Saint-Nicolas, fondé en 1483; l'hôpital de Notre- Monast.Hibern. Il est très peu fait mention de cette
Dame des Cordonniers, fondé en 1404; Yhôpital Saint- antique fondation dans les annales irlandaises; mais,,
;;
Laurent, fondé en 1480 l'hôpital Jean-le-Scellier;
l'hôpital Saint-Étienne, etc. les revenus peu élevés
en 1205, lord Iuite fonda, au même endroit, une mai-
son de cisterciens, et fit venir les moines de Sainte-
de ces divers établissements furent successivement Marie de Dublin. Le monastère fut dépouillé par
abandonnés aux couvents de la ville. Édouard Bruce, en 1315. Le dernier abbé d'Abbeyla-
ÉTABLISSEMENTSD'ENSEIGNEMENT. Le collège, ragh, Richard Fcrral, fut nommé évêque d'Ardagh,.

fondé au XIVC siècle, était dirigé par un prêtre sécu- en 1541, par Henri VIII, et consacré par l'autorité de
lier; les professeurs devaient aussi avoir reçu les or- Cromer, archevêque d'Armagh; mais la nomination
dres; il en fut ainsi jusqu'en 1791, date de sa ferme- fut ignorée de Rome. Le monastère fut supprimé par
ture; la première l'école des frères de la doctrine chré- ordre d'Henri VIII.
tienne fut ouverte en 1710;l'école Saint-Stani::;/us Walsh, Ecclesiasticalhistory of Ireland, New-York, 1853.
d'enseignement secondaire fut fondée en 1869 dans — Farrell, Notes on the hist. of Co. Longford. 1886.
l'ancien couvent des ursulincs; le supérieur et les pro- J. MAC CAFFREY.
fesseurs étaient des prêtres séculiers; elle est fermée ABBEYOWNEY, voir ABBINGTON.
depuis la loi de séparation. En dernier lieu, les reli-
gieuses ursulines, de Saint-Joseph, de la Providence ABBIATI ou ABBIATE (FRANCESCO-MARIA),né à
-et les augustines dirigeaient des pensionnats, des Milan. Chanoine régulier de Saint-Jean-de-Latran, il
écoles libres gratuites et des salles d'asile. fut professeur de philosophie, de théologie et de droit
Pour être complet, signalons que les cudistes avaient canon à l'université de Padoue et prêcha dans les
une résidence à Abbeville d'ou les a expulsés la loi principales villes d'Italie. Il fut ensuite abbé de Santa
contre les congrégations; nous avons mentionné plus Maria Alba à Casorate près de Milan et de San Carlo
haut les ursulines et les carmélites. Enfin les sœurs à Monate près du lac de Larino. Nommé évêque de
de Bon-Secours, gardes-malades, ont une maison à Bobbio (Piémont), le 2 ou 3 décembre 1618, il fit cons-
Abbeville; les augustines, ne pouvant plus se livrer à truire, en dehors de l'enceinte de la ville, l'église de
l'enseignement, dirigent une maison de retraite Santa Maria dell' Aiuto (auxiliatrice), restaura le
pour
les dames âgées; il en est de même pour les religieuses palais épiscopal et visita, sur la demande du cardinal
de Saint-Joseph, qui tiennent un orphelinat. Frédéric Borromée, les églises les plus éloignées du dio-
CONFRÉRIES.
— Avant la Révolution, de nom- cèse de Milan.
breuses confréries fonctionnaient dans les églises d'Ab-
beville : confrérie du Saint-Sacrement, de la Miséri- Ughelli, Italiasacra, édit. Nie. Coleti,Venise, 1717-1722,
t. IV, col. 949-950. — Argellati, Bibliolheca scriptorum
-
MedioZanensium, Milan, 1745, t. I, col. 641. Mazzuchelli,
Gli scrittori d'Italia, t. i, p. 641. — Cappelletti, Le Chiese
Histoire des dominicains de la province de France, in-4°,
Rouen (1898), t. i, p. 632 sq., et P. Mortier, Histoire des
t.
d'Italia, m,p.659-660.
J. FRAIKIN.
maîtres généraux de l'ordre des frères prêcheurs, Paris, 1909,
t. IV, p. 563-564.
ABBIETTA (L'), en latin Labietta, monastère de R. COULON.
sœurs dominicaines à Lille. En même temps qu'un ABBINGTON ou ABBEYOWNEY, monastère
des plus anciens, c'est un des monastères les plus cé- cistercien situé dans le comté de Limerick, Irlande,
lèbres de la Flandre. C'est sur la paroisse Saint-André fut fondé par Théobald Fitz-Walter, vers 1206. On fit
et proche du béguinage que cette maison fut fondée venir les moines pour la nouvelle fondation de Savi-
en 1274, grâce à l'appui et aux libéralités de la com- gnac, France. Archdall, Monast.Hibern., p. 411. L'ab-
tesse Marguerite de Flandre. Elle obtint directement baye fut richement dotée, mais eut beaucoup de
du pape Grégoire X l'envoi d'une religieuse du monas- dommages à souffrir, pendant les fréquentes guerres
tère déjà célèbre de Marienthal, au diocèse de Trêves, d'Irlande. Elle fut brûlée en 1342 (Annal. Nenaght),
pour former les nouvelles moniales au genre de vie et rebâtie par O. Carrol en 1350 et en 1467, elle fut em-
à tous les usages dominicains. On fit choix de Guyonne portée d'assaut par les troupes de lord Inchiquin. Ce
d'Anthoing, qui fut la première prieure de l'Abbiette, fut dans ce monastère que Mlick Bourke de Clanri-
et de quelques autres religieuses de Marienthal. Par carde (1537) et M. William firentleur soumission au
une bulle du 12 avril 1275, Grégoire X plaça le nou- lord commissaire Grey et, en 1540, ce même commis-
veau monastère sous la juridiction du provincial de saire fut accusé d'avoir accepté un présent de l'abbé
France, conformémentd'ailleurs à ce qui avait été ré- pour empêcher la suppression du monastère. L'abbaye
glé par le pape Clément IV et son légat Hugues de fut donnée à Pierre Walsh par la reine Élisabeth en
Saint-Cher pour toutes les maisons de Flandre. L'église 1564. Les bâtiments eux-mêmes furent rasés et les
fut consacrée en 1279 et, la même année, la comtesse pierres employées à bâtir Abingdon House.
Marguerite de Flandre délivra au monastère sa charte Westropp, Churches of Limerick, 1905.
de fondation. Peu à peu l'Abbiette s'enrichit des plus J. MAC CAFFREY.
riches privilèges tant de la part des papes (Hono- ABBINGWEER (Allemagne, Hanovre, bailliage
rius IV, 1285; Jules II, 1512; Clément VII, 1524), que Emden). Il y avait à Abbingweer une maison mixte
de la part des comtes de Flandre et des rois de France. d'Hospitaliers et de sœurs hospitalières, dont l'exis-
Presque au lendemain de sa fondation, le monastère, tence est constatée en 1402.
ayant reçu du pape le droit de posséder, s'enrichit de Delaville Le Roulx, Cartulaire général des Hospitaliers,
la succession de Béatrice de Neuvirelle, mère du prieur
t. I, p. ccxxx.
de Lille, Michel de Neuvirelle; de plus la comtesse J. DELAVILLE LE ROULX.
Marguerite lui donna le fief de la Eté Le pri-eur du ABBIOSI (OTTAVIO). Né à Ravenne, il fut, tout
couvent des prêcheurs de Lille était délégué pour jeune, chargé par ses concitoyens de prononcer le
exercer à l'égard du monastère la juridiction et le mi- discours en l'honneur du cardinal Giulio Feltris della
nistère de droit réservés au provincial de France. La Roverc au moment de l'entrée de celui-ci dans cette
première prieure de l'Abbiette, Guyonne d'Anthoing, ville, en 1566(ce discours a été édité à Padoue, 1566).
mourut en 1290. En 1302, l'Abbiette envoya comme Entré ensuite dans les ordres et d'abord abbé com-
prieure à Marienthal une de ses plus illustres reli- mendataire de l'abbaye du San Salvatore délla
gieuses, Marguerite de Luxembourg, la propre sœur Selvamonda, au diocèse d'Arezzo, il fut, en 1585,
de Henri de Luxembourg, élu empereur en 1309. C'est nommé coadjuteur de l'évêque de Pistoia, Lat-
en reconnaissance de cet événement que sa mère fonda tanzo Lattanzi, avec le titre épiscopal d'Alme-
près de Valenciennes un autre monastère de domini- ria (Espagne). De graves dissentiments éclatèrent
caines, à Beaumont. L'Abbiette étant situé hors des bientôt entre Lattanzi et Abbiosi. Une première ré-
remparts eut toujours beaucoup à souffrir des guerres. conciliation eut lieu, le 11 novembre 1586, par l'inter-
Peu à peu aussi le relâchement s'y était introduit, si vention du nonce à Florence, mais les difficultés re-
bien que sur le déclin du XVe siècle une réfor me éner- commencèrentbientôt, et ils se rendirent tous les deux
gique s'imposait. Vers la même époque, au contraire, à Rome, où Sixte-Quint détermina leurs attributions
la congrégation dominicaine de Hollande dont dépen-
daient les couvents de Douai et de Lille, se trouvait et chargea deux cardinaux de décider les points con-
troversés. Malheureusement, grâce à l'influence de
en pleine activité de réforme. C'est alors que par Bianca Capello, femme du grand duc de Toscane,
lettres patentes du 30 avril 1482, le maître général
;
Salvo Casseta confia aux prieurs de ces deux cou-
vents la réforme du monastère de l'Abbiette en même
temps on demandait au clergé, voire même aux ma-
Abbiosi obtint un brefpapal qui l'autorisait à gouver-
ner le diocèse, ctiam prœsente et contradicente episcopo
Lactantio, sous prétexte que ce dernier était tombé en
enfance. Lattanzi en mourut de chagrin, le 11 décem-
gistrats de la ville, de leur prêter main forte, le cas bre 1587. Abbiosi lui succéda, mais, accusé en cour de
échéant. Mais le vicaire du monastère, Frère Jean Rome, il partit, le 26 septembre 1588, pour la Ville
Warün, bien que du couvent de Lille, se déclara fran- éternelle, afin de se justifier. 11 se décida enfin à se
chement contre les projets de réforme de l'Abbiette. démettre de son siège, le 29 avril 1599, en faveur de
S'étant rendu au couvent pour protester, le prieur le Fulvio Passcrini, de Cortona, alors évêque d'Avellino,
fit mettre en prison. On fut obligé de le relâcher bien-
tôt grâce à l'intervention de l'un des premiers magis- tout en se réservant une pension considérable sur la
trats de la ville, ami du monastère de l'Abbiette. De là mense épiscopale de Pistoia.AldeManuce IIluiacepen-
dant adressé une lettre (la 123e), où il loue sa gran-
une série de procès qui durèrent plusieurs années, au deur d'âme, son affabilité, sa charité, et Ginanni fait
grand détriment de tout le monde; mais le monastère également de lui le plus grand éloge. Il fut du moins
ne fut pas réformé. * bibliophile et poète distingué. Quelques-uns de ses
Les Archives du dép. du Nord contiennent une grande sonnets sont imprimés dans Ginanni, Rime scelle de'
tie des privilèges et cartulaires de l'Abbiette, série H, par-
171 poeti ravennati, in-8°, Ravenne, 1739 (où il y a aussi
registres, 15 cartons et 17 liasses. Cf. aussi Bibl. de Lille,
;n.
mss. n.678, fol. 146,147v° 625,p.251,254,270.—Archives
de l'Ordre à Rome, De monasterio Insulensi vulgo Labbiella;
p. 475, des détails biographiques sur sa personne)
et dans Atanagi, Rime di diversi nobili poeli loscani,
in-8°, Venise, 1565, p. 235. Il mourut à Bagnaca-
;
Ibid., Acta Convocationumpongregationis Hollandiae, p. 126,
127. Lib. G. Ms. Arch. Ord. Ibid., Reg. Salvi Casselae. Ces

sources variées ont étéen partie utilisées par P. Chapotin,
vallo (province de Ferrare), le 11 mars 1614, et non
pas en 1604 comme le prétend Rosati.
Hier. Rubeus (Girolamo Rossi), Hisforiarum Ravenna- -
Bonn, 1839-1853, t.II, annot,p.616, 639. Gains,Serieç
tum libri decem, in-4°, Venise, 1572. — M. Salvi, Delle his-
torié di Pistoia e fazioni d'Italia, Rome, Pistoia et Venise,
1656-1662. — Pasolini, Uomini illustri di Ravenna, in-4°,
episcoporum, Ratisbonne, 1873, p. 463.
Bulletin des antiquités africaines, 1882-1883, -
— Poinssot, dans
p. 322. Ch.
Tissot, Géographie compai-ée de la province romaine d'Afri-

,
Bologne, 1703, 1. II, p. 36. — Ughelli, Italia sacra, t. III,
col. 313. — Mazzuchelli, Gli scrittori d'Italia, t. I p. 20.
-Castadoni et Mittarelli, Annales eamaldulensium Venise,
1755-1773, t. vin, p. 172. — Fioravanti, Memorie storiche
della città di Pistoia, in-4°, Lucques, 1758, p.442-445. —
que, Paris, 1884-1888, t.II, p. 593, 771, Atlas, pl. XVII.
De Mas-Latrie, dans Bulletin de correspondance africaine,
1886, p. 85; Trésor de chronologie, 1889, col. 1867 sq. -

Toulotte (Mgr.), Géographie de l'Afrique chrétienne, Rennes-


Paris, 1892-1894, Proconsulaire, p. 101-107.
Rosati, Memorie per servira alla sloria de' vescovi di Pistoia,
in-4°, Pistoia, 1766, p. 186. — Ginanni, Memorie storlCO-
- -
— Atlas ar-
chéologique de laTunisie, feuille de Zaghouane, no 6. Tou-
tain, Les cités romaines de la Tunisie, 1896, p. 381-401.
-—Cappelletti,LeChiesed'Italia, t.
critiche degli scriltori l'avennati Faenza, 1769, t. I, p. 6-9.
XVII, p. 130-133.
J. FRAIKIN
-
Joh. Schmidt, Abbir, dans Pauly-Wissowa, Real-Enegelo-
püdie, t. I p. 21. Merlin, Rapport sur les inscriptions
latines de la Tunisie, Nouvelles archives des missions,

nent plusieurs évêchés de ce nom :1°


ABBIR. Les listes épiscopales d'Afrique mention-
Successus ab
ABBIR GERMANICIANAse rendit au concile tenu à Car-
1907, t. XIV, p. 168.
Aug. AUDOLLENT.
1. ABBON (on écrit aussi ALBON), religieux
thage, le 1er septembre 256.Senlentiæ cpiscoporum scolastique et maître des novices de l'abbaye de
de hsereiicis baptizandis, Cypriani opéra, éd. Hartel, Tholey, au diocèse de Trêves, fut désigné, malgré son
Vienne, 1868, p. 443, et P. L., t. III, col. 1061; 2° à la grand âge, par la vénération de Bertalame, son
conférence de 411, entre les catholiques et les dona- élève, 18e évêque de Verdun (710-715), aux suffrages
tistes, prirent part, du côté catholique, Felix episcopus du clergé, pour lui succéder sur ce siège épiscopal qui
AUBIRITAXURUMMA.IOHUM et Annibonius episcopus était alors comme un fief de l'abbaye de Tholev.
ABBIRFI'AXUS. Gesla collalionis hubitee inter episcopos Durant son épiscopat, qui dura un an et demi à
catholicosetdonatistas, I, c. CXXXI II, CCXV,Mansi,Sacr.
concil. noua et ampliss. collect., t. IV, col. 109 et 266,
peine, son diocèse, comme toute la région du nord-
est, eut à souffrir de la guerre qui s'alluma entre Aus-
165 et 265; 3° au XVIe concile de Carthage, en 419, triens et Neustriens, à la mort de Pépin d'Héristal.
était présent Candidus A.IIIIIIll"l'.I.\TS AUAS GhïlJ/ASl- Roussel, Histoire de Verdun, 2e édit., 1863, t. i, p. 164.
CLA.YORUM Mansi, op. cit., t. IV, col. 438, cf. 508. Le E. MARTIN.
même est appelé d'abord, ibid., col. 436, Candidus 2. ABBON (Saint) (Meurisse écrit Albon), succéda
AIIBIRITANUS ou ABUIRIIAXIet il figure parmi les à saint Clou, et fut le 33e évêque de Metz. Il mourut
représentants de la Proconsulaire; ailleurs, ibid., vers l'an 700, après un épiscopat de dix ans.
col. 510, simplement Candidus G/,I/.II.I.YlC.£; enfin, à
la première session du même concile, Candidus episco- Acta sanctorum, aprilis t. II, p. 388. — Meurisse, Hisl.
des évêques de Metz, 1634, in-foL, p. 139.
pus AMTIXEXSIS GERMAXICIAXORTM Ecclesiœ, ibid., E. MARTIN..
col. 433,par confusion sans doute avec l'évêque d'Abi- 3. ABBON, évêque d'Auxerre. D'abord moine, puis
tina (voir ce mot), mais la leçon plus correcte Aiiuiiii- abbé du monastère bénédictin de Saint-Germain à
TEXÏIS existe également, ibid.; 40 en 484, Felix AUM- Auxerre, il succéda, comme évêque de cette vilie, à son
RITAXI'S cpiscopus fut envoyé en exil,
;
après avoir
assisté à l'assemblée convoquée par Hunéric il y est
rangé parmi les évêques de la Proconsulaire, sous la
forme Felix ABAUITAXIS, Victor de Vita, De perse-
frère Héribald, en 857. Il assista au concile de Metz,
le 28 mai 859, et à celui de Savonnières, le 14 juin de la
même année. Sa mort survint peu après, puisque, au bas
des actes du synode de Thusey, tenu le 22 octobre 860,
cutione vandalica, II, 26, ed. Ilalm, et Notitia pro-
vinciarum et civitatum Ajriciv, Procuns. 2, ibid., p. 63 nous trouvons déjà la signature de son successeur
Christian.
et P. L., t. LVIII, col. 209, 269; 5° en 646, les évêques
de cette même province adressent une lettre collec- Gallia christiana, t. XII, 1770, p. 276. — Mabillon, Acta
tive au patriarche Paul de Constantinople, l'un sanctorum ordinis S. Benedicti, sæc. IV, 1680, p. 575. — Du-
des signataires est Adeodatus graatia Dei episcopus chesne, Fastes épiscopaux, 1907, t. II, p. 446.
M. BESSOX.
sanctæ Ecclesiæ ABBIRITANE Mansi op. cil.,
col. 940.
t.
x, 4. ABBON, évêque de Maguelonne. Nous ne con-
Ces diverses dénominations, naissons ce personnage que par sa signature apposée-
comme l'a conjecturé au privilège de Tournus (875), et par sa présence aux
Wilmanns, Corp. inser. lat., t. VIII, p. 102, ne désignent
doute conciles de Troyes (878) et du Port (897).
sans que deux localités de la Proconsulaire,
Abbir Majus et Abbir Ilirziis. A cette seconde ville, Duchesne, Fastes épiscopaux, 1900, t. I, p. 319.
non encore identifiée, qui s'appelait aussi Abbir Gc/- M. BESSON.
maniciana ou Germanicianorum, ou simplement Abbir, 5. ABBON, évêque de Maurienne. Les dates de
appartiendraient tous les évêques ci-dessus mention- l'élection et de la mort de cet évêque ne peuvent être
nés, sauf Félix de la conférence de 411; connues qu'indirectement,et d'une façon approxima-
ce dernier
dirigeait l'Église d'Abbir Majus. Il faudrait considérer tive : son prédécesseur Joseph est encore vivant en
comme l'un de ses successeurs sur ce siège Cyprianus 853, et son successeur Adalbert assiste en 876 au
Cellensis, qui se rendit à l'assemblée de 484, Notit. concile de Ponthion.Abbonapparaît dans les docu-
prov. etcivil. Afr., Procons. 45, éd. Halm, p. 64; P. L., ments de 858 à 860. On le trouve entre autres aux
t. LVIII, col. 269, car lc nom complet dela cité était synodes de Savonnières (859) et de Thusey (860).
Mumcipium Julium Philippianum Abbir Cellense Gallia christiana, t. IV, 1876, Instr. p. 51-55. — Du-
Corp. inscr. lat., t. VIII, n. 814=12344, cf. 893. chesne, Fastes épiscopaux, 1900, t. I, p. 241. — Savio, Gli
On disait aussi plus brièvement Abbir Cella, n. antichi vescovi d'Italia. Il Piemonte, p. 229.
faut pas confondre avec Cellæ[voir mot] qu'il ne M. BESSON.
de Mau-
rétanie, dont un évêque paraît aussi àcela conférence 6. ABBON, évêque de Nevers. Les documents où
411. Les ruines d'Abbir Cella subsistent à Henchir de son nom figure sont datés de 866 à 881. Au témoignage
à
Naam, unequarantaine de kilomètres
au
en
sud-sud- de Gislebert, il fut envoyé par Ansegise, évêque de
ouest de Tunis. Sens, à l'abbé de Saint-Germain d'Auxerre, pour de-
Corpuss
102, 1270.-
inscriptionum lalinarum, Berlin, 1881,
n-
MI A/"Ca christiana, Brescia,t. 1816-
VIII,
mander des reliques de saint Romain.
Gallia christiana, t. XII, 1770, p. 631. —Duchesne,Fastes
p.
1817, t. I, p. 60-62.
-Notitia dignilatum (éd. Böcking),
épiscopaux, 1907, t. II p. 481.
M. BESSON.
7. ABBON, abbé de Novalaise.Le monastère de ordination sacerdotale, il fut élu abbé en 988.
Novalaise, érigé en 726, à quelques heures de l'hospice L'école du monastère ne cessa d'être très floris-
du Mont-Cenis, au nord de la ville de Suse, eut, comme sante; il est intéressant d'y noter l'enseignement de
premier abbé, Godon, auquel succéda Abbon. Ce der-
nier,qu'il faut distinguer avec soin de son homonyme, t.
la tachygraphie. W. Schmitz, dans Neues Archiv. der
Gesellschaft fürälteredeutsche Geschichtskunde,
p.260-262.
XXIII,
fondateur de l'abbaye (voir l'article suivant), est
nommé à deux reprises dans le Chronicon Novaliciense. Abbon prit une part active à la politique religieuse
Il figure également dans le testament du fondateur, de son temps. Défenseur de la suprématie papale,
daté du 5 mai 739 : ubi a presens venerabilis vir Abbo il combattit contre le roi Hugues Capet et les évêques
presse videtur. du royaume la déposition de l'archevêque Arnoul de
Reims. Il maintint avec vigueur l'indépendance de
C. Cipolla, Monumenta novaliciensa vetustiora, t. i,
p. 435; t. II, p. 223-224. Fait partie de la collection : Fonti son monastère contre les prétentions de l'évêque d'Or-
perlastoriad'Italia, pubblicatedall' Istitutostorico italiano. léans. Envoyé à Rome avant avril 996, par Hugues
L'ouvrage de M. Cipolla, paru en 1898 et 1901, est le livre Capet, il le fut encore, en automne 997, pour conjurer
classique sur tout ce qui concerne les origines de Nova- l'interdit dont le pape menaçait le royaume, si le roi
laise. Robert ne répudiait pas sa parente Berthe. Ab-
M. BESSON. bon amena le roi à se soumettre. Dans l'œuvre de
8. ABBON, fondateur de Novalaise. L'abbaye de la réforme des monastères, l'abbé de Fleury
Novalaise, dont les ruines se trouvent aujourd'hui sur partagea les idées clunisiennes et continua de
:
terre italienne, faisait jadis partie du royaume franc.
Elle fut fondée par un Franc Abbon, fils de Félix.
L'original même de l'acte de fondation se trouve aux
faire de son monastère un foyer de vie religieuse.
Dans une visite faite au monastère de La Réole
pour y rétablir l'observance, Abbon fut blessé au
:
Archives de l'État, à Turin, portant la date du 30 jan-
vier 726. On y lit entre autres Ego in Dei nomine Abbo
filius Felici quondam. una cum consensum poniefecum
cours d'une émeute qui éclata entre Français et Gas-
cons et mourut des suites de sa blessure, le 13 no-
vembre 1004. Dès 1031 il semble avoir été honoré
vel clerum nosirorum Mauriennate et Segucine civitate d'un culte public.
inquibus nos Deus rectorem esse instituit, monastheriolo Abbon fut un polygraphe remarquable; malheu-
virorum in loco nunccopante Novelicis in ipso pago Se- reusemenent il manque encore une édition complète
gueinu. visi somus edefecaasse Le ms. 13879, fonds la- et critique de ses œuvres. Une première partie fut
tin de la Bibliothèque nationale de Paris, contient une éditée en 1687 dans les œuvres posthumes de Pierre
copie — la meilleure — du testament d'Abbon fait en Pithou; Migne en a donné un recueil plus complet,
faveur de Novalaise, le 5 mai 739. P. L., t. CXXXIX, col. 375-584. Sur les manuscrits
Cipolla, Monumenta novaliciensia velustiora, t. I, p. 3-38. de ses œuvres au moyen âge on peut consulter les
M. DESSON. notes, incomplètes d'ailleurs, de Manitius, Neues Ar-
9. ABBON, évêque de Soissons de 909 à 937. Il chiv, t. XXXII, p. 687, et pour la critique de ses tra-
assista au concile de Troly, tenu aux environs de Sois- vaux astronomiques les Gcrberti opera mathemattica
sons, le 26 juin 909 et dont les actes nous révèlent l'état édités par Bubnov et le Verzeichinniss der lrrlein. IIss. de
lamentable de l'Église dans cette contrée. Mansi, Am- la bibliothèque de Berlin par Val. Rose, t. i, p. 308-315.
plissima collectio concil., t. xviii, col. 263-308. Nous On a de lui: 1°un recueil de lettres; P. L.,loc. cil.,
;
le voyons encore au synode de Reims en 923. Ibid., col. 419-462 en signale 16 on peut y ajouter une lettre
col. 344. En 925, le roi Raoul l'envoya à Rome pour écrite en 1003 aux moines Gotifrède et Unbert de
faire approuver par le pape Jean X, l'élection de Hu- Ferrière sur la nature du grand cycle, conservée dans
gues de Vermandois comme archevêque de Reims, le Cod. Vat. Reg. lî>73 (v. Arevalo, Isidoriana, t. i,
quoique ce ne fùt qu'un enfant d'à peine cinq ans. Le p.333; P. L., t. LXXXI, col. 848), suivant Traube (Neues
pape consentit à cette demande et chargea Abbon Archiv, t. XVIII, p. 88), ou plutôt deux lettres Epi-
d'exercer les fonctions épiscopales dans le diocèse de stoæ ad Geraldum et Vilalem de natura magni cycli et
:
Reims. Cf. Flodoard, Hist.Ecelesæ Remensis, 1. IV, de anno dominicœ incarnationis (Mss. : Paris, Baluze,
c. xx, P. L., t. cxxxv, col. 295; Annales, id., col. 451.
Gallia christiana t. ix, p. 52, 345. — Du Boulay, Historia
; ;
P2U, f. 173, 177 Montpellier, 48 Chartres, 7;î; Ber-
),
lin,lat. 138 dont la première a été publiée par Varin.
I,
Universitatis Parisiensis, 1661,t. p. 544.
U. ROUZIÈS.
Lettre sur les cycles dionysiaques (Bull.. du Com. des
monuments écrits, 1849, t. i, p. 117-127, cf. Rose,
10. ABBON DE FLEURY. Né dans le pays d'Or- op. cit., t. I, p. 31-1); — 2° Commentarius in calculum
léans, vers 945-950, et offert dès son enfance dans l'ab- Viclorii ou Tractutus de numéro, mensura et pondéré
baye de Saint-Benoit-sur-Loire (Fleury), Abbon y (Mss. : Berlin, Bamberg, Bruxelles, Vatican, Vienne),
reçut sa première éducation littéraire et scientifique prologue donné par Martène, Thesaur.,t.1, col. 118-119,
et fut, jeune encore, chargé d'enseigner à l'école du et P. L., t. CXXXIX, col. 569-572; fragments publiés
monastère. Afin de se perfectionner dans les sciences, par Christ, Ueber das Argumentum calculandi des
, il fut envoyé
aux écoles de Paris et de Reims, où il Viclorius und dessen Commentar dans Abhandl. der
développa ses connaissances astronomiques, puis à k. bair. Akad. der Wiss., Munich, 1863, p. 100-152;
Orléans, où il apprit à fond la musique. De retour à Friedlein, Das Rechnen mit Columnen vor dem x.
Fleury, il reprit son enseignement, composa son com- Jahrh., dans Zeitschrift f. Jllath., t. IX, p. 314-320;
mentaire sur le calcul de Victorius et combattit ceux Chasles, Recherches des traces anciennes du système
qui prétendaient annoncer la fin du monde pour l'an de l'A bacus, dans les Compt. rend. de l'Acad. des sciences,
mille. Apologel., P. L., t. CXXXIX col. 471; D. Plaine, t. LXIV, p. 1059-1067; Bubnov, Gerberti opera ma-
dans laRevue des quest. histor t. XIII (1873), p.153- them., p. 197-203; — 3° Quæstiones grammaticales,
154. Après la mort de l'abbé Amalbert (982), Ab- composé en Angleterre après l'ouvrage précédent, à
bon fut appelé par saint Oswald, archevêque d'York, identifier peut-être avec le de regulis ou les Dicta indi-
la
à prendre direction de l'école abbatiale de Ramsay. qués par les mss. (NeuesArchiv., t. XXXII, p. 687), a
C'est de là, au témoignage de D. Chazal, qu'il aurait été signalé par Mabillon, Annales, t. IV, col. 687-688,
envoyé le sacramentaire de Winchcombe conservé et publié par Maï, Classici veleres, Rome, 1833, t. v,
à Orléans. Calai, gén. mss. des bibl. publ. de France. p. 329-349; P. L., t. CXXXIX, col. 521-534;- 4° Passio
Dép., t. XII, p. 51. Cf. Delisle, Mémoire sur d'anc. S.Edmundi regis (Surius, Vitae, 1581, t. vi, p. 506-
sacramentaires, p. 211-218. Rentré à Fleury après son 513; P. L., t. CXXXIX, col. 507-520; voir Bibl. hagiogr.
lai., n. 2392); — 5° Apologeticus, ou justification de Cf. Mabillon, Annales ordinis sancti Benedicti,
sa conduite dans la lutte contre les vices du clergé 1.XLII,n.47.
et défense de l'ordre monastique (P.composéL., t. CXXXIX, Abbon est l'auteur d'un poème latin en trois chants,
col.461-472);—6° Collect. canonum, entre 988 De bellis Parisiacœ urbis, racontant le siège de Paris
et 996, où il traite du rôle de la royauté, de l'épiscopat, par les Normands (885-887), composé vers l'an 897 et
du bien des églises et des relations entre le mona- envoyé au moine Goslin. Le troisième livre, ajouté par
chisme et l'épiscopat (Mabillon, Vetera analccta, 'auteur, en l'honneur de la sainte Trinité, renferme
2e éd. 1723, p. 133-148; P. L., t. CXXXIX, col. 473- des conseils aux clercs, en une langue très obscure.
508; voir Tardif, Hist. des sources du droit canon, Le poème d'Abbon fut édité, pour la première fois,
Paris, 1887, p. 164; Sackur, dans Neucs Archiv, par Pithou en 1588 (Historia Francorum ab a. 900 ad a.
t. XIV, p. 370-372 et Die Cluniacenser, t. i, p. 288-291 ; 1285 scriptores veteres, p. 530-572), reproduit plusieurs

-
A. Luchaire, Hist. des instit. monarch. de la France,
t. 1, p. 42-44); 7° Excerptum de gcstis Romanorum
pontificum (sur mss. voir Montfaucon, Bibli. bibl.,
fois depuis, en particulier par dom Bouquet, Recueil
des historiens de France, t. VIII, p. 2-26, dom Toussaint-
Duplessis, Nouvelles annales de Paris (1753), p. 217-
t. i, p. 72, 678; Archiv. f. a. d. G., t. VII, p. 136,376- 351. Tous ces éditeurs ont négligé le troisième livre

par Jean Busée à Maycnce,1602 ;P.


377; Duchesne, Liber pontificalis, t. 1, p. CCIV; édité
L., t. CXXXIX,
col. 535-570); — 8° Liber de computo (mss., voir Mont-
qu'on trouvera dans Pertz, Monumenta Germaniae
historica, Scriptores, t. II, p. 776-805 et dans P. L.,
t. CXXXII, col. 721-761. Guizot a donné la traduction

204);—100Dccursuseptein
;planetarum p.
faucon, op. cit., t. i, col. 87; Archiv, t. XII, p. 322;
Rose, op. cit., t.1, p. 311) —9°Abacus(Bubnov, 203-
(mss., Londres,
des deux premiers livres au t. VI de sa Collection de
mémoires relatifs à l'histoire de France. Cf. aussi Le
siège de Paris par les Normands en 885 et 880,
:
Cotton, xif, 'il); — 11° Ephemerides xu signorum (mss. poème d'Abbon avec la traduction en regard, accom-
Cotton, XII, 2;TrinityCollège Cambridge; v. James. pagnée de notes explicatives et historiques, par N. R.
Catal. mss., t. 11, p. 363-364); — 12° Excerpta Abbonis Taranne, in-8°, Paris, 1834.
exIgino de figuratione signorum (ms. ib., p. 364); — Le style d'Abbon est barbare, obscur et préten-
13° De circulis S. Cyrilli, et Dionysii Romani ac Bedæ
(P. L., t.xc, col. 823-826; t. CXXXIX, col. 573-578) —
14° Poésies. Plusieurs mss. du moyen âge mentionnent
; tieux, mais les détails historiques qu'il nous donne et
sa qualité de témoin oculaire (cf. 1. I, 25, 26, 593-
597; II, 300, 302), font de son poème un document
des versus Abbonis, metrunotabilia (v.Archiv, t. VII, fort intéressant. On y voit son amour pour la ville de
p. 76; t. XII, p. 326; Neues Archiv, t. XXXII, p. 687). Paris, pour le patron de son abbaye, saint Germain,
Deux pièces ont été imprimées (P. L., t. CXXXIX, dont il raconte les traits de protection à l'égard de
col. 519-520, 534); — 15° Un ouvrage sur les syllo- la ville assiégée et son admiration pour la vaillance

:
gismes, signalé par Aimoin (Vita, c. III).
Ouvrages douteux Regulæ de minuliis (ms. Vienne,
"226!>, édité par Bubnov, Gerberti opéra lIIath., p. 225-
du comte Eudes, de l'évêque de Paris, Goslin et du
neveu de ce dernier, le courageux Eble.
Nous avons encore d'Abbon cinq sermons donnés
244).
Ouvrages faussement attribues : 1° Translatio S.
Benedicti (Montfaucon, op. cit., t. 1, col. 72; Archiv,
par d'Achery, Spicilegium, t. IX, p. 79, et dans P.L.,
t. CXXXII, col. 761-778. Il les composa à la demande de
Frotaire, évêque de Poitiers et de Fulrad, évêque de
t. XII, p. 281), sans doute d'après une indication Paris. Les quatre premiers sont pour le jeudi-saint et
d'une lettre à Grégoire V (P. L., t. LXXXIX, col. 422- nous rappellent quelques détails intéressants des cé-
423); — 2° Differentia calculi et speræ ou De ratione rémonies liturgiques qu'on faisait ce jour-là à cette
spersç (mss. à Trinity College, Cambridge et Dur- époque. Le cinquième sermon a pour objet l'établisse-
ham),qui n'est autre que l'Epistola ad Situestrum II ment et le développement de la religion chrétienne.
d'Adelbold d'Utrecht, éditée par Bubnov, p. 300-3U9; Abbon se plaint des pillages des seigneurs et des
- 3° Vita S. Martini (Ilist. litt. de la France, t. VII,
p. 181).
grands, qui ruinent l'Église fondée par les travaux et
le martyre des Apôtres et enrichie ensuite des lar-
gesses et des fondations des princes chrétiens.
Aimoin, Vita Abbonis (Mabillon, Acta sanct. O. S. B.,
sæc. VI, part. 1, p. 37-58; 1'. L., t. LXXXIX, col. 375-414.) Histoire littéraire de la France, t. VI, p. 189-194; t.x,p.LV.
— Encyclica de cœde Abbonis (Baluze, Miscellanea, Paris, — Ceillicr, Hist. des auteurs sacrés et ecclésiastiques,
1862,
1678, t. i, p. 411; P. L., t. cxxxix, 417-418; Delisle, Rou- t. XII, p. 789-792. — J. Petitjean, Abbon l'humble, son poème
leaux des morts, p. 35-3G). — Ceillier, Hist. gén. des auteurs Paris Normands, 885-886, dans Annales
sacrés, 2e édit., t. XIII,p. 23-35. — Hist. lill. de la France, sur le siège de par les
de la Faculté des lettres de Caen, 1888, p. 61-74. — A. Molinier,
t. VII, p. 159-182. — E. Rocher, Histoire de l'abbaye de Saint- Les sources de l'histoire de France, Paris, 1901, t. I, p. 255.
Benoit-sur-Loire, Orléans, 1869, p. 137-179. — E. Pardiac, U. ROUZIÈS.
Ilist. de saint Abbon, Paris, 1872, in-8°. — Cuissard, L'école ABBONCOURT. Voir ABANCOURT, col. 13.
de Fleury-sur-Loire à la fin du xe siècle,dans les Mém. Soc.
archéol. de l'Orléanais, t. XIV, 1875, p. 555-717. — Ebert,
Gesch. der Liler. des M. A. 1887, L III, p. 392-399.— 1. ABBOT (GEORGE), archevêque de Canterbury,
Ch. Pfister, Etudes sur le règne de Robert le Pieux, Paris, frère cadet de Robert. Il naquit à Guildford le 29
-
1885, p. 8-13. L.Conrat, Gesch. der Quellen und Liler. octobre 1562. Quelque temps avant sa naissance, on
der rom. Rechls, 1889, t. I, p. 259-261. — E. Sackur, Die
Cluniacenser, 1892, t. i, p. 270-299. — A. Molinier, Sources
avait fait courir le bruit que sa mère avait vu en
de l'hist. de France, 1902, t. II, p. 6-7. — U. Chevalier, Ré- songe les brillantes destinées de son fils. Il fait ses pre-
pertoire bio-bibliogr., 1903, t. I, col. 6. — F. Lot, Études mières études à Guildford, il les continue en 1578 à
sur le règne de Hugues Capet et la fin du .o siècle, Paris, Balliol College, à Oxford, où il prend ses grades, et de-
1903, p. 266-279. — M. Cantor, Vorlesungen über Geschichle vient chapelain du chancelierlord Buckhurst qui par-
der Mathematik, tage ses idées puritaines. Docteur en théologie en 1597,
:
3e éd., Leipzig, 1907, t. I, p. 845-847.
U. BERLIÈRE. il fait à l'université des lectures qu'il publie l'année
11.ABBON DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. suivante Questiones sex totidem prœlectionibus in
Nous avons très peu de renseignements sur ce per- schola theologica Oxonia pro forma habitis discussœ et
sonnage qu'on avait parfois confondu avec le précé- disceptatœ anno 1597, in quibus a Sacra Scriptura et
dent. Patribus, quid statuendum sit, definitur. Dans cet
Il s'appelle lui-même Cernuus, qu'on a traduit par ouvrage, réimprimé à Francfort, en 1616, il expose
»
le « courbe ou l' « humble ». Il mourut au monastère
de Saint-Germain-des-Prés, le 9 mars, après 921.
ses théories sur le rôle de l'évêque dans le gouverne-
ment de l'Église : ce n'est qu'un intendant, sans être
un ministre d'un ordre supérieur aux autres. Élevé Abbot prononce à Westminster l'oraison funèbre du
dans les idées puritaines, alors très en honneur à comte de Dorset; mais il trouve bientôt un autre pro-
Oxford, Abbot s'efforcera de les faire prévaloir dans tecteur influent dans le comte de Dunbar, dont il ac-
tous ses écrits. Mais par faiblesse de caractère, et désir cepte d'être le chapelain. Ce grand seigneur voulait
d'être bien en cour, il adoptera souvent les décisions depuis longtemps rétablir l'épiscopat en Écosse, il
royales contraires à sa foi. Il professe, en effet, que l'on
doit obéissance à la couronne et aux autorités consti-
tuées même en matières religieuses. Nommé master
:
avait obtenu du Parlement un acte pour la création
des nouveaux évêques restait à définir leur rôle dans
l'église presbytérienne du pays. En juillet 1608, la

compose, à l'usage de ses élèves, une géographie A


brief description of the whole world, in-8°, Londres,
:
de University College, où, disait-on, « se donnait une
instruction tout juste suffisante pour la province, » il

1634, dans laquelle il décrit même les contrées du Nou-


réunion de Linlithgow s'occupa des réformes épisco-
paliennes, le chapelain du comte de Dunbar désigné
pour s'y rendre, parle en faveur de l'épiscopat. Ille
fait au contentement de tous et du roi surtout, qui
attachait à cette question une grande importance. Le
veau Monde. En 1599, il est élu doyen de Winchester. thème de son discours est qu'entre les Églises d'An-
Et pour la première fois, en 1600, l'université fait à gleterre et d'Écosse, il n'y a pas de différences essen-
tielles, mais seulement accidentelles, en ce qui regarde
:
G. Abbot l'honneur de le choisir pour vice-chancelier.
Il en écrit toute sa reconnaissance à lord Buckhurst,
devenu grand-trésorier l'année précédente et lui offre
la dédicace de son livre Exposition of the prophel Jonah,
le gouvernement des églises et les cérémonies reli-
gieuses. A ce premier service rendu à son souverain,
Abbot en joignit un autre qui eut, peut-être, plus d'in-
in-4°, Londres, 1600. C'est la publication de ses ser- fluence sur sa carrière. En passant à Édimbourg, il sut
mons de Saint-Mary d'Oxford. A cause des nombreuses renouer les bonnes relations entre le roi et l'Écosse en
digressions de l'auteur, et en particulier de ses vues mettant fin aux suites du complot de Gowrie (1600),
sur le protestantismeen France, ce livre fut très popu- après lequel l'Église écossaise avait refusé de dire les
laire. Vice-chancelier, il s'efforce de maintenir parmi prières d'actions de grâces prescrites pour la conser-
la gent écolière une stricte discipline, ce qui ne l'em- vation de Jacques Ier. Aussi,le 27 mai 1609, le roi le
pêche pas de contracter avec ses élèves des amitiés qui récompensa par l'évêché de Coventry et de Lichfield.
dureront autant que la vie; et il poursuit tout ce qui Le nouvel évêque n'a pas le temps de visiter son dio-
»
pourrait rappeler même de loin « l'idolâtrie de Rome. cèse, car en 1610 il est transféré au siège de Londres.
Mêlé à toutes les controverses de son temps, il est En octobre, il consacre les trois premiers évêques écos-
choisi comme médiateur entre Bancroft et les puri- sais de Glasgow, Brcchim et Galloway.
tains révoltés contre leur archevêque, à propos du ré- Le 20 novembre 1610, meurt Bancroft, et à la stu-
tablissement du crucifix de Cheapside qui était tombé. péfaction générale Abbot est choisi pour le remplacer
En 1602, Laud prend l'offensive à Oxford et déclare sur le siège archiépiscopal de Canterbury. On le savait
dans un sermon que « la visibilité de l'Église du Christ de la« Basse Église », puritain, cherchant à répandre
s'est perpétuée dans l'Église de Rome jusqu'à la ré- les doctrines de cette secte. Avec d'autres pasteurs
forme. » Abbot résume alors ses propres doctrines et, d'Oxford, il « ne croyait pas mauvais de prétendre aux
contre son adversaire, s'efforce de démontrer dans son plus hautes charges de l'Église, et une fois évêque, il
Treatise of perpetual visibiliiy and successionof the truc ne méprisa pas les avantages de sa situation. ) « Un ne
Church in all ages,que tous les hérésiarques, qu'il ap- peut guère imaginer un caractère aussi prosaïque que
pelle « lesgrands hommes du monde chrétien, » Wicleff, le sien, dit Hook, la faiblesse de volonté fut toujours
Huss, Luther, se sont transmis de l'un à l'autre la lu- son grand défaut » et il fut toujours prêt à défendre
mière de leurs doctrines. Ce livre fut publié à Londres, l'autorité du souverain en matière religieuse et à lui
in-4°, en 1624, par un de ses admirateurs anonymes. donner raison. Le clergé se délie de l'archevêque parce
William Laud en profitera alors pour ruiner la répu- qu'il n'a jamais exercé le ministère. Les puritains eux-
tation de l'archevêque de Canterburydans l'esprit du mêmes sont inquiets, se demandant s'il les soutiendra
roi et de Buckingham. En 1604, Abbot fait partie de à la cour comme il l'a fait jusqu'alors. Les catholiques
la commission chargée de réviser la nouvelle traduc- enfin craignent avec raison une recrudescence de la
tion de la Bible. Ces travaux ne l'empêchent pas de persécution. LeP, Ed. Collin, jésuite, écrivait le 28 mai
faire face à un nouvel ennemi. Richard Bristow avait 1611:«A Bancroft, le pseudo-archevêque de Canter-
joui d'une grande vogue près des catholiques par ses bury, succède George Abbot, homme brutal et cruel,
Motives inducing to the catholic faith; le jésuite anglais ennemi juré du nom catholique. > Officiellement nom-
Thomas Hill publie à son tour, à Anvers, A quartron of mé le 4 mars 1611, il prête serment en juin au conseil
reasons, où il expose les motifs de sa conversion à la fin privé. Bien reçu à la cour par le roi et par la reine, qui
du règne d'Élisabeth. Contre eux, le doyen de Win-
:
chester écrit The reasons which Dr. Hill hath brought
for the upholdiny of Papistry, unmasked and shewed
tient secrète sa conversion au catholicisme,il y compte
de nombreux amis mais aussi des adversaires résolus.
Puritain à vues étroites, et détestant Rome, il pour-
to be very weak.in-4°, Oxford, 1604. Pour l'auteur, suit le calvinisme, l'arianisme et l'arminianisme, et
les raisons de Hill et de Bristow sont faibles, sans va- cela jusque dans les Provinces-Unies, les accusant de
leur. Il couvre de fleurs le règne d'Élisabeth et attaque tendance vers le papisme. Ses plus grandes rigueurs
les écrits du cardinal Allen. Non, la vraie foi du Christ sont pour les catholiques, prêtres ou grands seigneurs,
n'est pas là où est la papauté; non « l'Angleterre n'est qu'il interroge à son tribunal, met en prison, applique
pas un cloaque d'impiété, » comme a osé l'écrirc Hill. à la torture et envoie à la mort. Sa politique étrangère
Vice-chancelier pour la troisième fois en 1605, il croit n'aura d'autre but que d'écraser la catholique Espagne
de son devoir de poursuivre Laud dont il accuse ouver- et de ménager la France à cause des influences protes-
tement les tendances vers la papauté si bien que tantes qui régnent dans ce pays. De tout son pouvoir,
« c'est participer à l'hérésie, dit-il, que d'être en la le primat s'oppose aux mariages d'Élisabeth avec le
compagnie de Laud; c'est être suspect d'hérésie que de prince de Savoie et du prince de Galles avec une prin-
le saluer dans les rues. » L'approbation qu'il donne du cesse espagnole. Les conditions posées par l'Espagne
livre d'Overall, sur le gouvernement de l'Église catho- empêchèrent, à la grande joie d'Abbot, ce dernier pro-
lique de Dieu et les royaumes du monde entier, est jet d'aboutir. Bientôt après, le prince Henri emportait
:
blâmée par Jacques Ier le roi trouve l'ouvrage dange-
reux comme pouvant favoriser toute entreprise heu-
dans la tombe toutes les espérances des puritains qui
l'avaient gagné à leurs doctrines. C'est l'archevêque
reuse de quiconque voudrait usurper le trône. En 1608, qui fait conclure le mariage d'Élisabeth avec l'Élec-
r
teur palatin Frédéric, qui préside à leurs fiançailles, France l'atterra. En 1624, il reçoit Mansfeld à Lon-
te 27 décembre 1612, et les marie le 2 février suivant. dres, se venge de Laud en lui refusant l'entrée àla
Mais il veut humilier l'Espagne et soulève un incident cour de la High Commission et en poursuivant le livre
diplomatique. Sous le prétexte faux que dona Luisa
de Carvajal fait de sa maison un couvent de religieuses, nes de Genève :
de son disciple, Richard Montaigue, contre les doctri-
A gag for thenew Gospel. L'auteur s
'-

il envoie soixante hommes armés faire le siège de la


demeure de cette grande bienfaitrice des catholiques
anglais pour se saisir d'elle et la conduire en prison. Il
:
en appelle au roi qui donne tort au primat.
En 1615, Jacques 1er meurt le nouveau roi, ami de
Laud et protecteur de Buckingham, nefavorise pas
..,--:,

fallut l'intervention de l'ambassadeuret de Jacques Ier Abbot. Celui-ci aurait voulu condamner le
Cæsarem
pour la rendre à la liberté. En 1613, arrivait en Angle- appello de Montaigue, Charles s'y oppose. Avant de

:
terre l'archevêque apostat de Spolète, Antoine de Do-
minis le primat le reçoit à Lambeth,lui offre une pen-
sion, lui obtient le doyenné de Windsor.
partir pour La Rochelle, et pour empêcher qu'Abbot
n'eût quelque influence dans les conseils pendant son
absence, Buckingham obtint du roi un ordre d'exil f
Abbot, tout disposé qu'il était à contenter la volonté pour l'archevêque. Bien plus, la commission nommée
royale, ne put s'empêcher d'entrer en conflitavec le roi par Charles Ier lui eiileva toute juridiction et s'attri-
lors du procès en divorce de la comtesse d'Essex. Mal- bua tous les pouvoirs du primat. Cette disgrâce ne
gré les sentiments bien connus du roi en faveur du dura guère, puisque en 1628, il consacra Montaigue,
divorce, et peut-être aussi parce que cette femme est
la nièce d'un de ses ennemis au conseil privé, Abbot
évêque de Chichèster. Mais dès lors, Abbot est délaissé,
et
il s'occupe encore de la discipline religieuse, du bon "-
,
se prononce pour la validité du mariage. Mais bon ordre du collège de AU Souls, à Oxford, où il n'a plus "r
courtisan, et pour rétablir l'accord entre le souverain d'influence, depuis le jour déjà lointain (1616),où il ;
et lui, il assistera au second mariage de la comtesse n'a pu empêcher le bourreau de brûler le livre du
d'Essex avec Somerset. En 1617, il est question d'un Dr Mocket, Politia Ecclesiæ anglicanæ.AussiAbbot
nouveau mariage espagnol pour le prince Charles; finit sa vie dans la tristesse, il habiteCroydon, et
mais les maladresses de Buckingham, le nouveau fa- c'est là qu'il s'éteindra le 4août 1633.Ses restes, selon '.;
vori de Jacques Ier, suffisent pour le faire échouer. sa volonté, reposent dans l'église de Guildford.George ,,-;
Cependant l'archevêque, pour éviter une telle alliance, Abbot fut diversement jugé par ses contemporains.
allait peut-être lancer son pays dansles aventures Esprit étroit et implacable, il fut impopulaire.Dans
d'une guerre étrangère. Il s'entend avec le secrétaire ses luttes pour la religion il creusa plus profond l'a-
d'État, Windwood, qui donne l'ordre à sir William bîmequi sépare l'Église d'Angleterre de l'Église de
Raleigh d'attaquer l'Espagne dans l'Amérique du Sud. Rome. S'il a un rôle important dans l'histoire deson
-,
Malgré les promesses faites à Jacques, Raleigh exécute pays, on ne peut oublier que son caractère d'évêqtte
l'ordre reçu. Poursuivi pour ce fait, il est condamné à
la peine capitale en 1618, et parmi ses juges il faut
compter Abbot. Celui-ci, humilié de l'insuccès de sa
est bien amoindri par suite de sa servilité au pouvoir.
En plus des ouvrages mentionnés, Abbotpublia
at
sermonpreached Westminster, may. 26, iôOfi, (h$—
;
at 4v
faneralof Thomas, earlof Dorset; in-4°, Londres,1608;
politique et de la mort de l'amiral, dont il est un peu
cause, s'en console en pensant à la fin si chrétienne de
son ami. En 1618, le primat refuse de faire lire en
-Translation
A prelace to the examination of George Sprot, 1608 ;
;
of apart of theNew Testament, withthe ,
tou-
,
chaire la Il Déclaration des Sports » qui permet au peu- text of the Oxford divines, 1611 — Some mémorials ';
ple de se livrer à ses amusements habituels, le diman- ching the nullity between the earl ofEssex andhis laSff,
che, non pas parce qu'elle est dirigée contre les puri- 1613,avec des remarques sur la cause, et un discours
!
tains, mais parce que c'est périlleux pour la foi Cette
même année il perd son frère, l'évêque de Salisbury;
où il donne son avis;— A short apologg forarchbishop,
Abbot touching,the death of Peter Hawkins,datte ..:oct
et la reine Anne meurt catholique, bien qu'assistée par 1621; — Anarrative contening the truecause ofhisse-
cet archevêque protestant qui n'a pu obtenir d'elle que
l'affirmation de sa croyance dans le Christ. ; -'
questrationand disgrace at Court, 1627; Htstoryof
the massacre in the Valteline, 1631 — His judgement
En 1619, il publie à Londres le manuscrit de Paolo at bowing at the name of Jesus, in-8°, Hambourg, 1632.
Sarpi, sur le concile de Trente, que lui a remis Ant. de Abbot a laissé encore des instructions à son diocèse,
Dominis, et fait publier, en le falsifiant, une partie de des discours au Parlement, de nombreuses lettres et
l'ouvrage de Casaubon sur Baronius. Abbot voudrait des compositions de circonstance.
que le roi se posât en champion du protestantisme en Lewis Atterbury, Some letters relating to the Council
Allemagne en soutenant l'Électeur Frédéric qui vient- of Trent, in-4°, Londres, 1705. —John Aubrey, Missel-
de prendre la couronne de Bohême, 1619. Mais Jac-
ques 1er refuse, et l'archevêque découragé se retire à
Guildford, où il fonde un hôpital. Il est désormais sans -
laniesupon varions subjects, 4e édit., in-8°, Londres, 1856.
Pierre Bayle, Diction. historique et critique, 11e édit.
Paris, 1820. — Bellescheim, History of the catholic Church
influence dans les conseils du roi, où Buckingham rè- of Scotland, in-8°, 1887-1890. — Cabala, Mysteries of State, in
gne en maître. En 1621, il chassait chez lord Zouch, letters of the great ministers of king James and kingCharles,
quand il lui arriva, par mégarde, de tuer un des gar- in-4°, Londres, 1654. — David Galderwood, The history of
the Kirck of Scotland, édit. de T. Thomson, 8 vol. in-8°,
diens du parc. L'affaire n'aurait pas eu de suites, si des 1842-1849. — Clarendon, State Papers, in-8°, 1869. — Col-
quatre évêques qu'il devait consacrer, l'un d'eux, Wil- lection Stale Papers.—Dictionary of national biography,
liams, auquel se joignit Laud, n'avait refusé de se faire
imposer les mains par celui qui, en vertu des canons,
-
Londres,1908. Dictionnaire de théologie de Vacant,in-4°,
1903, t. I. — Domestic State Papers, 1600-1603.— Eger-
était devenu irrégulier, et qui était déclaré, par la loi, ton, Papers, éd. Camden Society. — Featley, The lûtes of
incapable de toute juridiction. Le roi nomma une com- Jewel, Reynoldrand Abbot, in-4°, 1651, — ït. Foley, S. J.,
mission, qui rétablit bientôt, malgré la Sorbonne
con-
sultée, l'archevêque dans ses droits, mais il dut faire
des excuses. Les nouveaux évêques, dont Williams et
-
Records
1882.
of the English province, 8 vol. in-8°, Londres, 1877-
W. H. Frere, A history of the English Church (<5M-
1635), in-8°, Londres, 1904. — Th. Fuller, Church history
of Britain,- in-fol., Londres, 1655, et Abel redivivus or the
Laud, qui avaient fait partie de la commission, furent dead yet speaking, in-4°, Londres, 1651. — Georgina Fuller-
consacrés par l'évêque de Londres. Malgré son anti- ton, LifeofLuisa de Carvajal, in-12, Londres, 1889. —
pathie pour le mariage espagnol du prince S. R. Gardiner, History of England (1603-1642),10 voL in-
mais pour complaire au roi, et par son ordre,Charles,
Abbot
signa le contrat. Il triomphait déjà quand le prince
12, Londres, 1895. — Godfrey Goodman, The court of king
James the first, éd. Brewer, 2 vol. in-8°, Londres, 1839.
Grande encyclopédie, Paris. — Hacket, Life of John Wil-
-
quitta l'Espagne; mais le mariage avecHenriette de liams, arch. of York, in-89, Londres, 1715. - S. Heylin.
Cyprianus anglicus, or the history of the life and death of Wil. Édouard, et souffert pour leur foi sous la reine Marie,
Laud, arch. of Canterbury, in-fol., Londres, 1668, et Ae- il fit ses études dans sa ville natale et à Balliol collège,
rius redivivus or the history of the presbyterians (1536-1647), à Oxford. Il devint bientôt un des premiers polé-
Oxford, 1670. — W. F. Hook, An ecclesiastical biogra- mistes de son pays. En 1594, il publie The Mirror of
phy, 8 vol. in-12, Londres, 1845-1852, et Lives of the popish subtilities, in-4°, Londres, où il essaie de réfuter
archbishops of Canterbury, 12 vol. in-8°, Londres, 1860- les arguments de Saunders et de Bellarmin contre la
1876. — Kippis, Biographia Britannica, Londres, 1778.
Laud, Works, 7 vol. in-8°, Oxford, 1847-1860. — théorie protestante des sacrements. Docteur en théo-
— W. logie en 1597, il se livre avec succès à la prédication et
J. Lingard, History of England, Paris, 1846. — J. Mamin-
gham, Diary, éd. Bruce, in-4°, 1868. — Ch. Martin, Cata- devient recteur de AU Saints à Worcester. Nommé un
logue of the archives of All Souls College, in-8°, Londres,
- -A.
1877. — Neal, History of the puritans, 2 vol. in-8°, New-
York, 1848. J. Nichols, The Progresses, 4 vol. in-4°, Lon-
dres, 1788-1821. Onslow, The life of Abbot, Londres,
1820. — M. Pattison, Isaac Casaubon, in-8°,Londres, 2° éd.,
Bellarmin :
des chapelains ordinaires de la chapelle royale en 1603,
il publie l'année suivante une nouvelle réfutation de
Antichristi demonstratio, contra fabulas
pontificias et ineptiam Bellarmini, in-4°, Londres, 1604.
Ce livre plut tellement à Jacques 1er, qu'il le fit insérer
Fœdera, in-fol., Londres, 1816. -
1892. — Realencyklopädiafür prot. Theol. — Th. Rymer.
Rolls of Parliament. —
H. Savage, Balliofergus, or commentary upon foundation,
dans la seconde édition de son Commentaire sur l'Apo-
calypse. La réputation de Robert, comme « profond
J. Spedding, Life of Bacon, 2 vol. in-8°, Boston, 1878.
J. Strype, Annals of the Reformation, 4 vol. in-8°, Oxford,
-
founders and affairs of Balliol College, in-4°, Oxford, 1668.— théologien », s'établit definitimevent par son ouvrage
en trois parties, publié de 1606 à 1609 : Defence of the
reformed catholics of Mr Williams Perkins, 3 vol. in-4°,
1824. — Windwood, Memorials. — Ant. Wood, Athenœ Londres, 1606-1609. Il est dédié au prince Henri et
Oxonienses, in-8°, Londres, 1848.
L. DE ROQUEFEUIL. dirigé contre le P. Bishop, jésuite. C'est, disait-on, à
2. ABBOT (GEORGE). C'est à tort qu'on le dit Rome, la meilleure exposition de la foi hérétique. Ab-
pasteur et neveu de l'archevêque de Canterbury, du bot y découvre ses sympathies pour les puritains, et
même nom. Né en 1604 de sir Thomas Abbot, cheva- veut montrer que la tradition de l'Église primitive, en
lier, et descendant des Pickering par sa mère, il épou- passant par les albigeois, les huguenots, les calvi-
sa la fille du colonel Purefoy de Caldecote qui joua nistes, est en contradiction d'un côté avec le concile
de Trente, et d'un autre avec le parti arminien, alors
un certain rôle dans la guerre civile. De bonne heure, très en faveur en Angleterre. Grâce à Bancroft, il est
il étudia l'hébreu et les Pères. Laïque et théologien
original, il a sa place marquée dans la littérature de nommé en 1609 master à Oxford. L'année suivante, il

:
cette époque. Il est moins prolixe que ses contempo-
rains. Il publie The whole book of Job paraphrased,
in-4°, Londres, 1640. Par son Vindiciœ Sabbathi paru
est fellow du nouveau collège que vient de fonder le roi
à Chelsea, pour être une forte école de théologie et un
boulevard contre la papauté. En 1612, il est profes-
l'année suivante, in-4°, Londres, il eut, paraît-il, une seur royal de théologie à Oxford, et succède à Holland.
grande influence dans la controverse soulevée depuis Peu sympathique déjà aux idées calvinistes, Abbot
longtemps par les puritains au sujet du sabbat. Dési- leur devient complètement hostile quand le vice-chan-
rant trouver dans la Bible la sanction de tout ce qu'ils celier 1 lowson fut suspendu de ses fonctions pour avoir
approuvaient, ils transportaient au dimanche chré- critiqué en chaire la bible de Genève. En 1613, il prend
tien les observances juives pour le sabbat; mais ils ne une part importante dans la dispute que soulève le rôle
purent réussir. Abbot mourut le 2 février 1648, lais- du P. Garnett dans la conspiration des poudres. Le
sant un livre posthume, Briel notes upon the wholc book jésuite Eudœmon Johannes avait produit uneapologie
of Psalms, qui parut en 1651. prouvant l'innocence du l'ère, Abbot fut chargé d'y
répondre, et il publia, cette année même, une Anti-
J. E. Abbot, esq. F. S. A. of Darlington, Ms. Collections logia : udversus Apologium Andreæ Eudœmon Johan-
for the history of theAbbols. — Rob. Cox, Littérature of the
Sabbalh question, 2 vol. in-8°, Londres, 1865; Sabbatlz laws nis jesuitæ, pro Henrico Garnetto jesuita proditore,
and Sabbath duties, in-8°, Édimbourg, 1853. — Dictionary in-4°, Londres, 1613. Il puisa à pleines mains dans les
of national biography, Londres, 1908. - Wil.Dugdale, The
antiquities of Warwickshire, 2 vol. in-fol., Londres, 1730. —
documents officiels, mis à sa disposition par le gou-
vernement. Pour les protestants de l'époque, c'est le
W. H. Frere, A history of the Engtish Church in the reigns of dernier mot, l'ouvrage le plus remarquable sur la ma-
Elizabeth and James I (1558-1625), in-12, Londres, 1904.
-
— S. R. Gardiner, History of England (lHUS-iMH), 10 vol.
in-12,1895. Kippis, Biographia britannica, Londres, 1778.
— Ant. Wood, Athenœ Oxonienses, in-8°, Londres, 1848.
tière. Il conclut à la culpabilité de Garnett. Pour y
arriver, non content d'insulter de la façon la plus gros-
sière l'ancien supérieur des jésuites anglais, il ne craint
L. DE ROQUEFEUIL. pas de falsifier les signatures des lettres qu'il apporte
3. ABBOT (HENRY), catholique anglais, mis à mort (elles sont encore au State Papers office), Foley, Records
à York, le 4 juillet 1597, sous la reine Élisabeth. t. IV, p. 92; Lingard, Hist. of England, 1840, t. VI,
Quelques-uns de ses coreligionnaires, emprisonnés p. 443. Du reste, il fut toujours un des plus ardents
pour leur foi, lui avaient adressé un protestant qui, persécuteurs des prêtres catholiques. Ce service, rendu
dans la prison, leur avait manifesté le désir de se con- à la cause protestante, ne devait pas rester sans ré-
vertir. Abbot le reçut charitablement et s'employa compense. Le roi, malgré bien des difficultés, le nomma
inutilement à lui trouver un prêtre. A quelque temps en 1615, à l'évêché de Salisbury. Il fut consacré par
de là, le faux néophyte accusa Abbot d'avoir voulu le son frère, l'archevêque de Canterbury. Il vit dès lors
rendre catholique. Traduit devant les tribunaux, dans son diocèse, restaurant la cathédrale, exerçant
celui-ci avoua qu'il avait exposé la foi catholique à une très large hospitalité dans son palais, et n'oubliant
son dénonciateur et l'avait exhorté à un sincère amen- pas qu'il se doit à son troupeau; aussi mettra-t-il tous
dement de sa vie. Cela suffit à le faire déclarer cou- ses soins à l'instruire et à améliorer sa condition so-
pable et condamner à mort. ciale. Il meurt le 2 mars 1617, laissant la réputation
Challoner, Memoirs of missionary Priests. and of other

-
catholics of both sexes, that have suffered death in England
on religious accounls, Londres, 1741, t. i, p. 353. P.Ryan,
:
d'un homme de grand savoir et de conversation agréa-
ble. Fuller le comparant à son frère écrit George était
prédicateur plus spécieux, Robert plus grand scholar;
dans The catholic encyclopedia, t. i, p. 21. George était homme d'État plus capable, Robert théo-
L. DE ROQUEFEUIL. logien plus profond. Il se maria deux fois. Son second
4. ABBOT (ROBERT), évêque de Salisbury. Né à mariage avec la veuve de Cheynell, mère du théolo-
Guildford, en 1560, de parents, puritains convaincus, gien puritain Francis Cheynell, ne fut pas bien vu de
qui avaient embrassé « la vérité de l'Évangile » sous son frère l'archevêque, pour qui c'était une infraction
(vers 1056), Abbotsbury était compris dans des li-
au commandement de l'Apôtre qui veut que l'évêque mites du diocèse de Sherborne, fondé en 705, par le
ne soit le mari que d'une seule femme. Il laissa en mou- roi Ina pour saint Aldhelm. Plus tard, en 1075,
rant un Commentaire en latin sur l'Epître aux Ro-
mains (4 fol. manuscrits) que son petit-fils offrira à la l'évêque Hermann transporta son siège de Sherborne à
Bodléienne. Écrivain fécond, il se mêla aux contro- Old Sarum ou Salisbury, diocèse auquel l'abbaye ap-
verses théologiques qui agitaient son temps. partint jusqu'au moment de sa suppression sous
Outre les ouvrages déjà mentionnés, il écrivit de Henri VIII. Pendant les années suivantes, les donations
:
nombreux sermons sur saint Mathieu, l'Ancien Testa-
ment, et un ouvrage manuscrit In vindication of the
Bible ofGeneva from Judaism and Arianism, il écrivit :
continuèrent d'affluer à l'abbaye et, en 1087, on trouve
à à
les moines possesseurs de terres Elton, Sevenstone,
à Wideton, à Burton, et ailleurs. Ces possessions sem-
blent avoir excité la cupidité de la femme d'un
The exaltation of the Kingdom and Priesthood of
Christ, sermon sur le psaume x, in-4 °, Londres, 1601; gentilhomme, qui essaya de s'emparer d'une partie,
prêché à Sainte-Marie d'Ox- mais se vit obligée par le roi de la rendre à ses proprié-
— The old way, sermon taires légitimes. Sous Édouard III, on offrit à Abbots-
ford, in-4°, Londres, 1610;— The truc ancient Roman ca-
tholic, in-4°, Londres, 1611; qui est une apologie à la bury de très vastes garennes, ce qui n'était pas un don
réponse qu'avait faite Bishop de sa Delence of the re- de mince valeur, en ces temps où les maisons religieuses
;
formed catholics —De gralia et perseverantiasanctorum,
lectures faites à l'Académie d'Oxford, in-4°, Londres,
avaient à pratiquer une hospitalité presque illimitée.
Les pâturages de cette contrée comptant parmi les
1618; — In Ricardi Thomsoniangli-belgici diatribam, plus beaux de l'Angleterre, comme quelques autres
de amissione et intercessione justificalionis et gratiæ, abbayes du Dorsetshire, Abbotsbury était renommé
animadversio brevis, in-4°, Londres, 1618. — De su- pour son bétail. Le jardin, d'environ 14 acres de sur-
prema potestate regia, contre Bcllarmin et Suarez, face, est célèbre, aujourd'hui encore, par son luxuriant
in-4°, Londres, 1619. développement de végétation tropicale et l'étang aux
cygnes a contenu, à un certain moment,dit-on, jusqu'à
P. Baylc, Dictionnaire historique et critique, 11e édit., Pa- 8 000 de ces oiseaux.
ris, 1820. — Criminal Trials. — Dictionary of national bio- Bien que lamentablement affaiblie par la peste
graphy, Londres, 1908. — Featly, The lives of Jewell, Rey- noire, cette fondation avait retrouvé un état assez
nolds, Abbot, and diverse others (cf. Abel redivivus), in-4°, florissant à l'époque de sa dissolution. Henri VII lui
J.
province, Londres, 1878, t. IV.
of Britain from the birth of
-
Londres, 1651. — H. Foley, S. Records of the English
J. C.
Th. Fuller, Church history
until the year itjhH, édit.
fit de nombreuses donations, dont les chartes existent
encore. La dernière fondation importante faite à l'ab-
Brewer, Oxford, 1845. — Th. Fuller, Abel redivivus or the baye fut celle d'une chapelle, en 1505,par un contrat
dead yet speaking, nouv. édit. par Nichols, 2 vol. in-8°, Lon- trilatéral entre Jean, abbé d'Abbotsbury, Guillaume,
dres, 1867. — S. R. Gardiner, History of England (1603- abbé du monastère voisin de Milton et le chevalier
i()'UT), 10 vol. in-12, Londres, 1895. — Grande encyclopédie, Thomas Strangeways. D'après cet arrangement, Tho-
Paris. — P. Heylin, Aerius redivius, or the history of the pres-
byterians (LôM-iG-'û), Oxford, 1670. — P. Heylin, Cypria- mas Strangeways passait au monastère une cure et di-
vers revenus en retour d'un certain nombre de messes.
nus anglicus, or the history of life and death of Will. Laud,
in-fol., Londres, 1668. — Kippis, Biographia Britannica,
Londres, 1778. — J. Lingard, History of England, 1840.
« »
En 1536, la Cour d'Accroissement (Court of Aug-
mentation), fut érigée par Henri VIII pour s'oc-
— L. Moreri, Grand dictionnaire, 18° édit., 1740. — Ant. cuper des revenus des maisons religieuses sur les-
Wood, Athenæ oxonienses, in-8°, Londres, 1848. quelles un acte du Parlement de la même année lui
L. DE ROQUEFEUIL. avait donné pouvoir. Dans les procès-verbaux de cette
ABBOTSBURY. L'abbaye d'Abbotsbury est si- cour, on trouve beaucoup de renseignements sur la
tuée non loin de la côte du comté de Dorset, Angle- dissolution des différentes maisons. L'œuvre effective
terre, à 132 kilomètres S. O. de Londres, et à 8 kil. de spoliation commença aussi la même année par la
S. O. de Dorchester. Selon la légende primitive, l'endroit destruction des maisons dont le revenu annuel était
doit son nom à saint Pierre qui, pour récompenser la inférieur à 5000 francs. Celui d'Abbotsbury s'élevait
dévotion d'un prêtre, du nom de Bertolph, qui avait s
alors à £ 475 — 7 — 8 1/2 d. (11965 fr. 60), aussi
bâti une église en son honneur, aurait consacré lui- échappa-t-il momentanément à la dissolution.
même l'édifice, et appelé le lieu Abbotsbury, laissant Mais les dépouilles des plus pauvres monastères ne
en même temps au prêtre une charte écrite de sa propre firent qu'aiguiser l'appétit d'Henri, et au bout d'un ou
main et attestant la consécration. de deux ans, il attaqua les plus riches. En mars 1539,
Le premier renseignement authentique que nous l'inquisiteur Thomas Legh visita l'abbaye. On trouva
ayons au sujet d'Abbotsbury est la fondation,en 1026, tout en ordre parfait et l'abbé et les moines d'une
d'une maison religieuse dédiée à saint Pierre par Thola vie exemplaire; mais cela ne devait pas sauver la
et son époux Oreic, ou Orking, intendant du roi Canut. maison. Le 12 mars 1539, l'abbé Rodden, le prieur
Il paraît que la maison commença par appartenir à Thomas Bradford et huit moines rendirent la place à
des chanoines séculiers. Mais, quelques années après sa William Petre. Legh nomma un prieur de paille, qui
fondation, probablement du vivant d'Oreic lui-même, s'appelait Vincent; et l'abbé et ses moines furent
certainement avant la mort de sa femme, elle fut trans- expulsés avec une pension. Les terrains et les bâti-
férée aux bénédictins, dont on fit venir une colonie de ments, ainsi que l'étang aux cygnes, passèrent plus
la fameuse abbaye de Cerne. tard aux mains de sir Giles Strangeways, de la même
Vers 1044, Thola qui avait acheté Piddle, aussi famille que le dernier bienfaiteur de l'endroit.
appelé à cause d'elle Tolpiddle, en fit don, en même Le sceau de l'abbaye représente une église en forme
temps que des terres d'Abbotsbury, de Portesham, de croix, d'un dessin très simple. Il servit, pour la der-
d'Helston et d'Anstie, à la colonie de moines nouvel- nière fois, à sceller l'acte de capitulation. Il existe
lement établie. Dès lors, l'abbaye se mit à croître rapi- toujours, attaché à cet acte, bien que considérable-
dement en étendue et en importance. Sous le règne ment mutilé, dans les Bureaux, dits d'Accroissement
d'Édouard le Confesseur, on accorda aux moines le (Augmentation Office). Par malheur, le seul registre
rivage qui bordait leurs terres, avec toutes les connu fut perdu avec le reste de la bibliothèque du
épaves. Une deuxième charte du même roi conféra monastère quand la maison d'habitation des Stran-
beaucoup d'autres droits et privilèges au monastère geways fut détruite par un incendie durant les guerres
et le plaça sous la spéciale protection de l'évêque civiles de Charles Ier.
Hermann, l'ordinaire du diocèse. A cette époque LISTE DES ABBÉS. — Cette liste incomplète a été
-
dressée par Dugdale à l'aide de divers documents
Geoffroy, sous Henri Ier (1100-1135). Abbaye va-
: avec le prêtre coupable, plusieurs membres du clergé
et deux laïcs. Il fut condamné, après enquête, à re-
cante, en 1175, sous Henri II (1154-1189) et de bâtir le pyrée. Mais il refusa de faire cette concession
- nouveau, en 1213, sous Jean sans Terre (1199-1216). aux adorateurs du feu. Iazdgerd le fit exécuter.
ou Bredon, élu, 1244. — Jean L'Église grecque célèbre sa fête le 31 mars avec celle
— Roger Bredeton des autres martyrs de la même persécution.
de Helton ou Hilton, 1256. — Philippe de Shireburn,
1283. — Guillaume de Kingeston, 1294. Cette élec-
Actes syriaques (incomplets) dans Bedjan, Acta mar-
tion fut annulée, grâce à l'intervention de l'évêque tyrum et sanct., 1895, t. IV, p. 250-253.—Hoffmann, Aus-
de Salisbury, et la même année, fut élu Benoît, de züge aus syrisclien Aklen pers. Miirlyrer, p. 34, 35. — No-
Londres. — Raoul de Shireburn, 1319. — Pierre de tice de Thédoret, Hist. eccl., 1.V, c. XXXVIII, P. G., t. LXXXII,
Shireburn, 1320. — Guillaume le Fauconnier ou de
Fauconnier, 1323. — Gauthier de Saunford ou Sam-
col. 1272. -Tillemont,
J. Labourt,
hisl.
Mémoires
Lechristianisme dans
t. XII, p. 356 sq.
eccl.,
l'emptre perse, 1904,

ford, 1343. — Gauthier de Stoke ou Stokes, 1348, p.105sq.
remplacé par Henri Tolre, 1354. — Guillaume de J. LABOURT.

-
Cerne, 1376. — Robert Bylsay, 1401. — Richard de
Percy, 1426, démissionne en 1442. Édouard Walton,
1442.— Guillaume Woller, Weller ou Wuller, 1452.—
2. ABDAS (Saint), juillet. Ce martyr est men-
8
tionné dans les ménées publiées par Chifllet, au 8 juil-
let. D'après le distique qui lui est consacré, il aurait
Hugues Dorchestyr, 1468.-Jean Abbotsbury, 1496. péri par l'épée. Avec lui est signalé, dans un ms. de
1505.- Roger Rodden Turin, un certain Sabas, martyr. Les deux sont égale-
— Jean Portham ou Peasing, ment inconnus. Leur nom invite à chercher leur lieu
ou Corton, 1534, rend l'abbaye, le 12 mars 1539, à
William Petre et à Jean Smyth. d'origine en Palestine, en Syrie ou en Mésopotamie,
L'extrait suivant du livre des pensions qui se trouve dans un pays de langue syriaque Acta sanct., julii
aux Bureaux, dits d'Accroissement, contient la der- t. ii, p. 578.
nière et funèbre annonce de la suppression de l'abbaye. J. LABOURT.
« Pensions assignées par les commissaires de sa Ma-
ABDASA, évêché chaldéen de la Mésopotamie,
jesté le roi à l'ex-abbé et au couvent d'Abbotsbury qui, d'après Le Quien, Oriens chrislianus, t. n, col.
au comté de Dorset, le 12 mars de la trentième année 1179, citant Assémani, serait le 12e siège suffragant
de notre souverain et seigneur le roi Henri VIII soit, de la province patriarcale. Il ajoute, du reste, qu'au-
pour eux et pour chacun d'eux, à toucher un quart à cun évêque n'est connu. De fait, cet évêché ne ligure
l'Annonciation de Notre-Dame, qui échoit prochaine- pas dans le Synodicon orientale, publié par M. Chabot,
ment et à la prochaine fête de saint Michel archange, non plus que dans la longue énumération des diocèses
:
et, après, une moitié et ainsi de suite de semestre en
:
semestre, leur vie durant, c'est-à-dire d'abord à
Roger Rodden, abbé £ 30, Thomas Bradford, prieur,
soumis, en 1562, "lU patriarche chaldéen Abd-Iésus.
Baronius, Annales, 1562, t. xxxiv, p. 211. N'aurions-
nous pas là une cacographie et Abdasa ne serait-il
£ 9; Thomas Tolpiddle, £ 7; William Grey, £ 6; John pas Hazza, évêché chaldéen réuni de bonne heure à
;
£
Brandfort, £ 6; John Wynsant, 6; Henry LYllle, £ 5,
6 s. 8 d;William Bonor, £ 5 William Styby, £ 5 Tho- ;
Arbelles ou Irbil?

mas Holnest, £ 2. En tout £ 131, 6 s. 8 d. William


Petre, John Smyth. e
ABDELMELIAS-ELMECHI NI,S. VAILHÉ.
moine copte,
prêtre du monastère de Saint-Macaire dans le désert
De nos jours, on peut encore voir des traces du jar- de Nitrie, tout près de la grande pyramide, non loin
din et des viviers; l'étang aux cygnes est encore con- de la ville actuelle de Gizeh. Il n'a pas laissé beau-
servé en partie par le comte IIchester; et
c'est là tout coup d'écrits. Il publia simplement une députation de
ce qui reste de l'établissement, jadis fameux, d'Ab- Gabriel,patriarched'Alexandrie, au papeClémentVIII,
botsbury. et une profession de foi qui fut donnée à Rome le
-
Tanner, Nolitia monastica, 1787. Dugdale, Monasticon
14 janvier 1595.
anglicanum, 1821, t. III, p. 52-61.- Coker, Survey of the
county of Dorset, p. 30. — Hutchins, History of the county of 1. ABDERA. Voir POLYSTILUM.
V. ERMONI.

Dorsel, t. I, passim. — C. W. Mayo, Biblioth. Dorsetiensis,


au mot Dorsetshire. 2. ABDERA (Adra), ville de l'ancienne Bétique, si-
J. Mc DONALD. tuée sur la côte de la Méditerranée,correspondant à la
ABDALLAH IBN EL FADL, écrivain melkite du ville actuelle d'Adra. Quelques historiens espagnols,
XIe siècle. Voir IBN EL FADL. Flores en particulier, assurent qu'Abdera fut un siège
épiscopal. Cette opinion ne parait guère fondée et ie
ABDALONG (saint), inséré dans le catalogue des seul évêque, nommé Pierre, que Flores croit avoir été
évêques de Marseille comme ayant occupé ce siège à Abdera, semble plutôt avoir été évêque d'Elvire.
au VIlle siècle (716-737?). Son existence n'a d'autre España sagrada, t. x, p. 1-14.
base que l'affirmation de Molanus, qui dit avoir
L. SERRANO.
vu ce nom dans les additions au martyrologe d'Usuard, ABDERITANA et ABDIRITANA (Ecclesia). Voir
et celle d'A. du Saussay, qui en fait un éloge des plus ABZIRITANA (Ecclesia).
précis dans son Martyrologium Gallicanum, comme
s'il avait eu en main des documents antiques, qui
n'existent sûrement pas. Ce saint figure au 1er mars ABDIA. Nom de martyr que De Rossi a cru lire sur
dans les prætermissi des Bollandistes (p. 43 b), mais une inscription découverte en Afrique, à IIenchir
il n'a jamais été l'objet d'aucun culte à Marseille. Djezza, l'antique Aubuzza, en Proconsulaire, à 25 kilo-
Albanès, Armorial et sigillographie des évêques de mètres au sud-sud-est du Kef (Tunisie). Corp. inscr.
Marseille, 1884, p. 22; Gallia christiana novissima, loi., t. vin, n. 16396. D'après les caractères du texte et
1899, t. II, col. 33. de l'écriture, il rapporterait volontiers la mort de ce
U. CHEVALIER. personnage et de ses compagnons à la persécution des
1. ABDAS (Saint). Sous le règne de Iazdgerd Ier, Vandales (ve siècle). Ce ne sont là que des hypothèses
roi de Perse, un prêtre nommé Hasu détruisit un pyrée au sujet desquelles Joh. Schmidt a exprimé des ré-
contigu à l'église de Hormizdardasir, ville du Houzis- serves fondées. Ibid..
tan, province située sur les bords du golfe Persique.
L'évêque de la ville, Abda fut amené à la cour (420) Corpus iriscriptionum latinarum, t. VIII, p. 1563-1565.
Ch. Tissot, Géographie comparée de la province romaine
-
-
d'Afrique, Paris, 1884-1888, t. n, p. 600,819. 1905,
Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne, Paris,
Monceaux,
t.
III: très précise qu'il en donne lui-même, son Église comp-
tait alors 38 diocèses, dont 14 métropoles et 24 évê-
chés, répartis dans l'empire turc, l'empire persan et
p. 530. Aug. AUDOLLENT. dans les Indes portugaises. Il eut même, à ce dernier
ABDIAS, premier évêque de Babylone. D'après sujet, des ennuis considérables que lui causèrent les
la compilation latine d'Actes des apôtres apocryphes autorités de Goa. Le premier évêque, Joseph, qu'il
connue sous le nom de Pseudo-Abdias, l'auteur de ces envoya au Malabar, fut saisi par le vice-roi, envoyé
saint Simon et saint Jude,
vies, ou au moins de celles de à Lisbonne et emprisonné. Un second évêque, Abra-
serait Abdias, consacré évêque de Babylone par ces ham, était à peine installé que Joseph revenait et lui
deux apôtres. Les légendes syriennes et arabes ne men- disputait le siège métropolitain. De là des disputes
tionnent aucun Abdias parmi les premiers évêques de et des troubles parmi la population, qui motivèrent
la Chaldée. La compilation latine ne remonte pas au le retour d'Abraham auprès de son patriarche, puis
delà de la seconde moitié du vie siècle. Il n'y a donc
son voyage à Rome, où Pie IV le reçut avec beaucoup
à tenir aucun compte de ce personnage, comme re- le de bienveillance, février 1565. Quant au patriarche, il
connaissait déjà Tillemont, Mémoires, t. I, p. 400, 592 paraît être mort, en 1566, au monastère Saint-Joseph
et 596. Édition de Fabricius : Codex apocryphus, près de Seert, en Mésopotamie. Très versé dans les
Hambourg, 1719, t. II, de Lipsius-Bonnet : Acta apo- langues arabe, syriaque et persane, ce patriarche
stolorum apocrypha, Leipzig, 1891. avait une bonne instruction théologique. Il composa

-
Hennecke, Neutestametliche Apokryphen et Handbuch
zudenncutesl. Apokr.,Tübingen, 1904. Hofmann, art.
kryphen des N. T., dans Herzog, Realencyklopaedie, t. m.—
Apo-
en vers syriaques la vie de son prédécesseur, Simon
Soulaca; une copie de cet ouvrage a été communi-
quée par M. Giamil à M. l'abbé Chabot, voir Bessa-
Batiffol,art.Abdias, evêque de Babylone,dans Vacant, Dic- rione, t. IV (1898), p. 394 en note; je ne crois pas qu'elle
tionnairede théologie catholique,t.1, col.23, etAbdias, 5, dans ait encore vu le jour. On possède aussi de lui une
Vigouroux,DictionnairedelaBible, t. i, col. 24. hymne syriaque en l'honneur du pape Paul IV; voir
J. LA.BOURT.
ABDIÈSE. 1. Ce nom qui en syriaque Abdiso'), J. ( Guriel, Elementa linguæ chaldaicæ, quibus accedit
series patriarcharum chaldæorum, Rome, 1860, p. 226-
signifie« serviteur de Jésus », est très commun dans les 235, et Giamil dans Bessarione, t. v (1899), p. 514-
chrétientés syriennes. Parmi les saints personnages qui 517.
l'ont porté, quelques-uns seulement sont honorés
J. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. I, col. 536; t. II,
sécutiondeSapor II,auivesiècle. ChorévêquedeKasch-
-
dans l'Orient grec. L'un d'eux est un martyr de la per- col. 457; t. III, col. 621. Al. Assémani,De catholicis seu
patriarchis chaldæorum et nestorianorum, p. 221. — Ray-
kar en Babylonie, il fut dénoncé comme espion de Cé- naldi Baronius, Annales, anno 1562, t. xxxv, p. 210. —
sar, arrêté par ordre d'Ardaschir,satrape d'Adiabène, G. Ebedjésu Khayyath, Syri orientales seu chaldæi ne-
et conduit avec son prêtre Abdalaha, l'évêque de la storiani et R. R. pontificum orientales, Rome,
ville de Kaschkar, 'Abda, vingt-huit laïcs et sept reli- — Le Quien, Oriens christianus, t. II,col. 1159.apostolicam -
1870, p. 124.
Et sur-

:
gieuses à Beit Lapai, capitale du Houzistan. Deux
chrétiens de l'endroit Barhadbesabba et Samuel fu- et
rent condamnés avec eux. Ils furent exécutés le 15 de docum. VII XVII.
tout S. Giamil, Genuinæ relationes inter Sedem
Assyriorum seu Chaldæorum Ecclesiam, Rome, 1902,
à
S. VAILHÉ.
la lune de mai. Le synaxaire de Sirmond en fait men- ABDINGHOF. Le monastère bénédictin d'Ab-
tion le 16 mai, dans l'ordre suivant: 'A6S5. /.ai j.
'A6ctr)ao
dinghof, à Paderborn, dédié aux saints Pierre et Paul,
Textes syriaques de la passion, dans Assemani, Acla fut fondé en 1015 par saint Meinwerk, évêque de
martyrum orientalium, 1748, p. 144-180, et Bedjan, Acta cette ville, qui y appela une colonie de moines de
martyrum et sanct., 1895, p. 325-347. Cf. J. Labourt, Le Cluny et consacra l'église abbatiale le 3 novembre
christianisme dans l'empire perse, 1904, p. 80. 1031. Le monastère se distingua aux XIe et XIIe siècles
par la culture des arts et des sciences. Il s'y trouvait
2. Le nom d'Abddiso' a été également porté par plu-
(
sieurs moines, par exemple, par un des compagnons de une école VitaMeinwerci, dansMon. Germ. hist., Script.,
les « Car-
martyre du chorévêque de Kaschkar. Nous ne savons t. XI, p. 140), d'où sortirent probablement
pourquoi il est devenu légendaire à une époque assez mina Abdinhofensia », à la fin du XIe siècle. Neues
tardive, et passe pour avoir été le maître du catholicos Archiv. f. a. d. G., t. i, p. 180-185. C'est au Germ XIIe siècle

Ah (410) (et le fondateur de l'école théologique de qu'on y écrivit la Vila Meinwcrci, Mon. hist.,
Séleucie). Script., t. XI, p. 104-161 (Pottliast, Bibl. hist. medii
ævi, p. 1478-1479), et les Annales Patherbrunnenses-
Les Actes apocryphes de ce saint et de son disciple Mar Voir P. Scheffer-Boichorst, Eine verlorene Quellenschrifl
Qardagh ont été publiés par Feige, Geschichte des Mar
Abdischo und seines Jüngers Mar Qardagh, Kiel, 1890. — der XII. Jahr., Innsbruck, 1870; Potthast, Bibl.
Bedjan, Acta mari. et sanct., t. II, p. 442 sq. — Cf. J. La- hist., p. 83. En 1100 Abdinghof envoya une colonie à
bourt, Le christianisme dans l'empire perse, 1904, p. 99. Flechtorp, et, dans la première moitié du XIIe siècle,
J. LABOURT. son abbé eut sous sa juridiction les moniales bénédic-
ABD-DESUS ou Ebcd-Iesus IV, patriarche tines établies à Iburg (1128) et Willebadessen (1149). à
chaldéen uni de Mossoul (= MliÚtl), 1556-1566. D'abord Au XIIIe siècle, les liens de la vie commune se relâ-
moine antonin, Abd-Iesus se prononça pour le pa- chèrent et les signes de décadence se multiplièrent.
triarche Simon Soulaca, qui alla faire sa profession L'introduction des statuts de Fulda par l'abbé Her-
de foi catholique à Rome et recevoir la consécration, man II, en 1290, l'établissement des chapitres pro-
avec le pallium, des mains de Jules III. Au retour du vinciaux, la visite faite en 1418 par les commissaires-
patriarche, vers l'année 1553, il était nommé métro- envoyés de Cluny (Duckett, Visitations and chapters
polite de Gozarta ou Gézireh, une île du Tigre, et général of Cluni. Province of Germany, Londres, 1893,
quand Soulaca, en 1555 ou 1556, fut martyrisé par p. 152-164), n'apportèrent pas de remède sérieux et
les Kurdes à la demande de son rival nestorien Si- durable à la situation. La peste de 1476 nettoya le
mon VI Bar-Mama, Abd-Iesus fut élu patriarche par terrain, et l'abbé Henri de Peine, un saint religieux,
les catholiques. Il se rendit à Rome un peu plus tard et, aussitôt après sa nomination, s'empressa d'unir
le 7 mars 1562, il prononçaune profession de foi catho- son monastère à la florissante congrégation de Burs-
lique, reçut le pallium et, en son nom et au nom de feld, J. Linneborn, Heinrich von Peine, Reformator
son Église, adhéra aux décisions prises et à prendre du des Klosters A. in Paderborn, 1477-1491, dans Zeil-
concile de Trente. D'après l'énumération détaillée et schrift f. westl. Gesch. und Altert., Munster, t. lix.
p. 169-213. L'abbaye redevint un centre de disci- Ratisbonne, 1859, p. 632. C'est le document historique
pline et un foyer de vie religieuse dont l'action se le plus ancien que nous ayons de ces deux saints. L'in-
fit sentir dans d'autres maisons. A la fin du XVIe dication du cimetière de Pontien, où ils reposaient,
siècle le monastère se trouvait de nouveau dans une correspond avec la notice des itinéraires aux tom-
triste situation à laquelle les événements politiques beaux des martyrs romains. De Rossi, Roma sotter-
ne furent pas étrangers, mais l'abbé Léonard Ruben ranea, t. i, p. 182. Leur lieu de sépulture primitif y a
(1598-1609), qui était passé de la Compagnie de Jésus été retrouvé par Bosio. Dict. d'archéol. chrét. et de litur-
à l'abbaye de Sant-Martin de Cologne, releva le mo- gie, t. i, col. 42-45. Les noms attestent l'origine orien-
nastère, qui exerça dès. lors une heureuse influence tale des deux martyrs; la tradition romaine est con-
sur les maisons religieuses de Saxe et de Westplialie, stante à ce sujet. Le tableau conservé sur la face de
-envoya des missionnaires en Hollande, Archief voor leur tombeau primitif leur donne le costume oriental;

:
de geschiedenis van het aartsbisdom Utrecht, t. 1, p. 421-
428, 432-433, et donna successivement trois abbés
comme évêques suffragants de Paderborn Pantaléon
Bruns, évêque de Thyatria (+ 1727), Winimar
cette peinture est du vie ou du VIle siècle. Wilpert,
Die Malercien der Katakomben Roms, pl. 258. Les
actes de ces martyrs les présentent comme rois de
Cordula en Perse, pris par Dèce et emmenés à Rome,
Knipschildt, év. de Mynda (+ 1732), et Meinwerk où ils sont égorgés dans l'amphithéâtre par des gladia-
Kaup, év. de Callinique (+ 1745). Evelt, Die Weih- teurs. Ensevelis d'abord par le diacre Quirinus dans
bischôfe von Paderborn, Paderborn, 1869, p. 130- sa maison, ils sont transportés sous Constantin le
158. Le 23 mars 1803, l'abbaye, qui comptait alors
vingt-neuf religieux, fut supprimée par le gouverne-
ment prussien et transformée en caserne. W. Richter,
t. vu, p. 137-138; Mombritius,Sanctuarium, t.
Grand au cimetière de Pontien. Acta sanctor., julii
i, fol. 6-
6 v°. Cf.Bibliotheca hagiographica latina, 1898-1899,
Preussen und die Paderborner Klôster und Stiften t. 1, p. 2. Ce récit est sans valeur historique quel-
1802-1806. Paderborn, 1905. conque; on ne saurait en retenir autre chose que l'in-
-
LISTEDES ABBÉS (d'après Greve). Sigehard,1015-
1036. —Wolfgang, 1036-1052. — Égilbert, 1052-1066.
dication de leur origine et du lieu de leur sépulture.
M. Allard pense qu'ils furent peut-être des princes ou
— Gumbert, 1066-1116. — Hamuko, 1116-1142. — des satrapes réfugiés à Rome ou amenés comme pri-
Conrad 1,1142-1173. — Henri 1,1173-1197.—Albert I, sonniers ou comme otages par Philippe, le prédéces-
1197-1240. — Jourdain I, 1240-1268. — Herman I, seur de Dèce. M. Dufourcq soupçonne qu'ils furent
1278-1291.
1304-1319.
--
1268-1273. — Thierry I, 1273-1278. — Herman II,
Albert II, 1291-1304. — Henri II,
Godescalc, 1319-1320. — Jean I, 1320-
plutôt des ouvriers orientaux, puisque leur tombeau
se trouve dans le voisinage du quartier des ouvriers oc-
cupés dans les grands entrepôts près du Tibre. Une
-
1326. Berthold, 1326-1340. — Gizon, 1340-1343. —
Jourdain II. — Bertrand de Yerksen, résigne 1350.
partie de leurs reliques fut, dit-on, transférée au mo-
nastère de Notre-Dame à Arles-sur-Tech (Pyrénées-
-
— Thierry II, 1351-1357. — Jean Wylner, 1357-1362.
Conrad II de Allenhusen, 1362-1405. —Henri III,
1405-1418. — Jean III de Brockhausen, 1418-1454.
Orientales); le diocèse de Perpignan les vénère comme
ses patrons. Au martyrologeromain, leur fête se trouve
indiquée à la date ancienne du 30 juillet.
— Henri IV de Wrede, 1454-1476. — Henri V de Mombritius, Sanctuarium, t. 1, p. G-6 v. — Acta san-
Peine, 1477-1491. — Jean IV de Soest, 1491-1536.
- Thierry III de Ruremonde, 1536-1541. —Arnold
ctor., julii t. VII, p. 130-138, 139-141 (Translatio ad mo-
nasterium Arulense). — Allard, Histoire des persécu-
de Venloo, 1541-1557. — Jean V de Venloo, 1557-1569.
— Bruno Fabritius, 1579-1582. — Josse Rose, 1582-
1598. — Léonard 1 Ruben, 1598-1609. — Albert III
tions, 2- éd., t. II, p. 312-314. — Dufourcq, Etude sur
les Gesta martyrum romains, Paris, 1900, p. 237-240.
Bartolini, Actes du martyre de sainte Agnès et des saints
-
Abdon et Sennen, trad. de l'italien, Paris, 1864.- Tolra de
Egginck, 1609-1621. — Guillaume Rivius, 1621- Bordas, Histoire du martyre des saints Abdon et Sennen,
1632. — Gabelus Schaffen, 1632-1650. — Léonard II in-12, Perpignan, 1869; 2e éd., Paris, 1880.
von der Becke, 1650-1664. — Henri VI Keller, 1664- J.-P. KIRSCH.
1674. — Émilien Staelschmidt, élu 1674 mais non 'ABDOU (AMBROISE-BASILE), évêque melkite.
confirmé par l'évêque, résigne 1677. — Paul Havcr, Prêtre du clergé patriarcal d'Antioche, il fut consacré
1677-1680. — Pantaléon 1 Munnig, 1680-1692. en 1860, à Damas, évêque de la résidence patriarcale
Grégoire —
Busch, 1692-1709. — Pantaléon II Bruns, de Jérusalem, selon un usage particulier aux Mel-
1709-1727. — Winimar Knipschildt, 1728-1732.
Meinwerk Kaup, 1732-1745. — André Boden, 1745- — kites, par le patriarche Clément Bahoûth, avec charge
d'administrer au nom du patriarche l'éparchie de
1758. — François Griese, 1758-1763. — Félix Tüll- Damas. En 1867, le patriarche Grégoire II Yoûssef
manh, .1763-1797. — Ignace Paland, 1797-1802. — le transféra sur le siège épiscopal de Zahlé, à la mort
Wolfgang II Heitland, 1802-1803, mort le 19 juin 1812. de l'évêque Basile Châhîât; mais, à la suite de dif-
J.-B. Greve, Geschichte der Benediktiner-AbteiAbding- ficultés avec ses diocésains, il dut se démettre et aller
hof in Paderborn, in-8°, Paderborn, 1894.—L.-W. Sloct, à Jérusalem, en 1875; il y resta jusqu'à sa mort,
De bezittingen van het bened.Klooster van SS. Pelrus en arrivée vers 1880, occupé de l'administrationdu petit
Paulus te Paderborn, geheeten Abdinghof, in Gelderland, vicariat patriarcal de Jérusalem pour les Melkites,
en y faisant rentrerJaffa, ne comptait pas
hoofdzakelifk in Patlen dans Akad. van Wetensehappen, lequel,
Amsterdam, Verslagen en Mededeel, série III, t. x, p. 206-
264. — Kl. Lûffier, Auszüge aus dem Totenbuche 11er plus de 500 fidèles. Il fut enseveli dans l'église de
Bened. Kl. Abdinghof in Paderborn dans Zeitschrift l'Annonciation, attenante au patriarcat melkite,
vat. Gesch. und Altert., Paderborn, 1905, t. LXIII, p. 82-
109.
U. BERLIÈKE.
:
et dans la sacristie de laquelle on voit encore son por-
trait à l'huile. Il a laissé deux petits ouvrages 1° Al
qâ'ed al amîn (Le guide fidèle), recueil de mandements
ABDIRA. Voir ABZIRA. du patriarche Maxime III Mazloûm sur les points
ABDON et SENNEN (Saints), martyrs à Rome, :
controversés avec les Grecs séparés. Ce livre a eu
deux éditions la première in-8°, Beyrouth, 1863,
probablement dans la persécution de Dèce (vers 250- 162 p.; et la seconde in-18, Beyrouth, 1884, 167 p.;
251). Leur culte public et solennel dans l'Église ro-
-2° Al kanz ar-riâdat (Le trésor de la retraite),
maine est attesté par le chronographe de 354, où leurs petit manuel de retraite spirituelle selon la méthode
:
noms figurent dans la Depositio martyrum, au 30 juil- de saint Ignace, imprimé plusieurs fois à Beyrouth.
let ni kal. Augusti, Abdon et Sennen in Pontiani,
quod est ad Ursum pileatum, Ruinart, Acta sincera,
Msr Grégoire 'Atâ et Châker Batloûnî, Abrégé de l'his-
toire de la nation des Roméo-melkites catholiques (en arabe.
Beyrouth, 1884, p. 114. — C. Charon, La fin du patriarcal tion civile du clerge, il prêta publiquement serment a
de Maximos III Mazloûm, dans les Echos d'Orient, t. x, la messe paroissiale le 3 janvier 1791; mais il se hâta
(1907), p. 333. de le rétracter solennellement le 7 février suivant. Il
C. CHARON. fut dès lors en butte aux tracasseries incessantes de
ABDUL MASICH (Saint), martyr en 390. C'est un Glaizon, maire de la commune, qui réussit à le faire
enfant juif, dont le père Lévi comptait parmi les plus consigner à Montmoulard, son village natal, avec dé-
riches habitants de Singara en Mésopotamie. Le plus fense de dire la messe et d'administrer les sacrements.
jeune fils de ce juif, Ascher ben Lévi, allait garder les A partir de mars 1793, Abeillon fut obligé de se ca-
troupeaux avec ses jeunes camarades, mages et chré- cher. Dénoncé par un traître, Antoine Dardon, il fut
tiens, quand, à l'âge de onze ans, il fut converti et bap- arrêté, dans sa maison paternelle, par la garde natio-
tisé à la campagne par ces derniers, qui lui donnèrent nale de Pradelles. Après avoir subi un court interroga-
le nom d'Abdul Masich, serviteur du Christ. Il reçut toire, dans cette ville, le 23 prairial, an II, il fut dirigé
ensuite la confirmation, un ou deux mois après son sur le Puy, le 27 (15 juin 1794) et écroué le même jour.
baptême, d'un chorévêque qui visitait le pays. Le père Le lendemain, il comparut devant le tribunal criminel
d'Ascher, informé de sa conversion, entra dans une si qui lui fit subir un nouvel interrogatoire. Par juge-
violente colère qu'il le poursuivit et le tua au lieu ment rendu le jour suivant, 29 prairial an II (17 juin
même de son baptême, le 27 du mois de Thamouz, 1794), il fut condamné à la peine de mort pour ne pas
l'année 701 des Grecs qui correspond à l'année 390 de s'être rendu de lui-même, comme sexagénaire, dans
notre ère. Le tombeau du jeune martyr fut témoin de une maison de réclusion; il fut exécuté aussitôt.
nombreux prodiges; sa famille se convertit et un sanc- En sortant de prison, Abeillon se mit à réciter le
tuaire s'éleva au-dessus de sa tombe. Miserere et entonna le Te Deum en gravissant les de-
Le texte de cette vie, écrite en syriaque, a été pu- grés de l'échafaud.
blié par le P. Corluy dans les Anulecta bollandiana, R. PONTVIANNE.
t. v, 1886, p. 5-52, et le P. Bcdjan, Acta martyrum et ABEKEN (HENRI), né à Osnabrück le 19 août 1809,
sanctonzm, 1891, t. 1, p. 173-201, d'après le ms. syr., mort le 8 août 1872. Neveu de ce Bernard Rodolphe
addit. 12174 de Londres, transcrit en l'année 1197; Abeken qui avait édité les œuvres de Justus Mœser,
d'autres manuscrits syriaques contiennent des frag- Henri Abeken est le type de ces personnages, assez
ments de biographie qui diffèrent parfois beaucoup de fréquents dans la Prusse du XIXe siècle, qui furent à
celle-ci. Quant à l'authenticité du récit, nous n'en la fois théologiens et diplomates, serviteurs du Dieu de
avons pour garant que l'auteur anonyme, qui dépasse,
quoi qu'en dise le P. Corluy,les bornes de la crédibilité.
Il pourrait bien se faire que nous fussions en présence
d'un petit roman, écrit pour recommander un sanc-
:
la Réforme et serviteurs du Hohenzollern. Sa culture
fut très étendue à l'université de Berlin, de 1827 à
1831, il étudia philosophie, philologie, théologie, et les
dix-huit thèses qu'il soutint, en 1831, devant un jury
tuaire de Singara. Le P. Corluy se demande, op. cit., présidé par Neander (voir ce mot) pour obtenir le doc-
p. 8, si l'enfant était catholique, ou bien nestorien ou torat de théologie, touchaient à des matières connexes
monophysite. Curieuse distraction, car en l'année 390 entre la foi et la science. Parti pour Rome à la fin de
ni Ncstorius, ni les monophysites ne faisaient encore 1831, Abeken y devint le familier du chargé d'affaires
parler d'eux. de Prusse auprès du Saint-Siège, le baron de Bunsen
S. VAILHÉ. (voir ce mot) : et Bunsen, plus théologien encore que
ABÉCÉDAIRES. Voir ANABAPTISTES. diplomate, se servit de l'aide d'Abeken pour ses tra-
vaux liturgiques et pour la préparation du livre de
ABEDOC. Voir AnBEDoc. chants et de prières qu'il publia en 1833. La consé-
quence de cette collaboration fut la nomination d'A-
ABEELE (CHARLES VAN DEN), jésuite belge, auteur beken, en 1834, aux fonctions de prédicateur à la cha-
de nombreux opuscules de piété écrits presque tous pelle de la légation de Prusse à Rome, le premier point
en flamand. Né à Bourbourg (Nord),-le 3 mai 1691 et de la ville éternelle où fut prêchée et solennellement
admis au noviciat de Malines le 25 septembre 1709, il «
pratiquée la foi« évangélique (Voir le mot Niebuhr.)
professa la philosophie et la théologie, gouverna plu- Il occupa ces fonctions jusqu'en 1838, date du départ
sieurs maisons de la province flandro-belge et la pro- de Bunsen. Ainsi le nom d'Abeken demeure lié aux
vince elle-même, et mourut à Gand, le 24 avril 1776. débuts du protestantisme dans la capitale du catholi-
Dans son ouvrage pseudonyme Specimina charitatis cisme; et ce premier rôle le prédestinait à une besogne
et doctrinae, quae continenlur in quatuor libellis contra nouvelle dans la capitale de l'anglicanisme. En 1841,
presbyteros regulares in Belgio sparsis, exhibita à Gode- il fut envoyé à Londres pour y réaliser le rêve de Fré-
frido Veramantio, in-8°, Cologne, 1738, il soutint, à Jérusalem un
déric Guillaume IV, qui voulait ériger à l'Eglise
propos d'une controverse alors assez vive en Belgique,
que les fidèles ne sont pas obligés d'entendre la parole
de Dieu dans leurs églises paroissiales. Quelques-uns les
:
évêché commun à l'Église anglaise et à
gélique prussienne la création de cet évêché publiée
efforts d'Abeken; et, dans une brochure
évan-
couronna
a
de ses traités ascétiques, restés inédits, ont été publiés la fois en français et en allemand, il polémiqua contre
de nos jours par le P. Paul Bruin. de Prusse. Un
Pusey, qui critiquait le projet du roi Ethiopie, dans
Sommervogel, Bibliothèque Comp. J.,Bruxelles,1890, t. 1, voyage scientifique en Égypte etLepsius
en
(1842-1845),
col. 8-13 et append., 1898, t. VIII, col. 1563. lequel il accompagna le professeur
E.-M. RIVIÈRE. apparaît comme la transition entre cette première
ABEILLON (JEAN-BAPTISTE),né le 15 octobre 1720,
à Montmoulard, paroisse de Coucouron (Ardèche), fit
partie de la vie d'Abeken, durant laquelle il travailla
et la
à la protestantisation de Rome et de Jérusalem,diplo-
ses études au collège de Viviers, entra au séminaire de seconde période, durant laquelle il fut surtout
cette ville en 1739 et fut ordonné prêtre le 29 décem- dans les bureaux du
mate De 1847 à 1872, Abeken,étrangères,
bre 1744. D'abord vicaire de Saint-Arcons de Barges, ministère prussien des affaires fut le colla-
puis de Pradelles, il fut nommé, le 1er janvier 1766, vi- borateur estimé des ministres successifs, et spéciale-
caire perpétuel d'Arlempdes (Haute-Loire),dont il de- ment de Bismarck, qu'il suivit dans les campagnes
vint prieur-curé en décembre 1775. Il résigna ce béné- de Bohême et de France. Mais ces occupations absor- actif
fice le 12 mai 1782, en faveur de son frère Pierre, son bantes ne détournèrent jamais Abeken du goût
vicaire, avec qui il continua d'habiter. Il se distingua des choses théologiques : en 1851, il lança un écrit de
toujours par sa piété et sa charité. Lors de la constitu- polémique contre la romancière Ida von Hahn-Hahn,
:
qui, convertie au catholicisme par Kctteler, venait
d'écrire son livre Babylone et Jérusalem; il donna,
dans les œuvres protestantes de Berlin, des conférences
son territoire des documents comme le Livre rouge ou
des périodiques comme les Feuilles historico-politi-
ques, qui dénonçaient à l'opinion de l'Europe les pro-
d'histoire religieuse qui furent ensuite publiées; enfin, cédés du gouvernement prussien; c'était que la Ba-
à l'encontre du Bonifacius Verein qui pourvoyait aux
besoins des paroisses catholiques disséminées en terres
protestantes, Abeken témoigna une sollicitude très
vière devenait le centre d'une sorte de « propagation
de la foi» (LudwigVerein) pour les missions catholiques
et c'était enfin que la Table-Ronde,autour de laquelle
;
pressante pour les protestants allemands éparpillés en l'illustre Goerres réunissait l'élite catholique, exerçait,
pays catholiques, en Allemagne ou hors d'Allemagne. sous le gouvernement d'Abel, une influence presque
Hedwig Abeken, Heinrich Abeken.Ein schlichtes Leben directrice sur l'esprit public bavarois. Des incidents
in bewegter Zeit, in-8°, Berlin, 1898 : précieux recueil de pénibles faillirent à plusieurs reprises entraver l'œu-
documents tirés des papiers et de la correspondance d'Abe-
ken; 3e éd., 1904.
G. GOYAU.
:
vre de pacification religieuse à laquelle travaillait
Abel d'abord, en 1841, le blâme infligé par Pie IX à
trois évêques de Bavière, qui, dans l'organisation des
'1. ABEL (Saint). Scot d'origine (Folcuin, Gesta abb. cérémonies funèbres pour la reine Caroline de Bavière,
Lobb, dans Monum. German. hist.SS., t. IV, p. 58, com- morte protestante, avaient, par complaisance pour la
pagnon d'apostolat de saint Boniface, et établi par cour, outrepassé les tolérances de la liturgie; puis
lui archevêque de Reims, reconnu comme tel au concile l'excitation durable que provoqua, parmi les protes-
de Soissons (Mansi, Concil. ampl. coll., t. XII, col. 384), tants, la circulaire du 14 août 1838, ordonnant à tous
confirmé par saint Zacharie (Flodoard, 11, 16, dans les soldats de s'agenouiller devant le saint-sacrement,
Monum. Germcin. hist. Script., t. XII, p. 462; Epist., 1, excitation qui aboutit, en 1845, au retrait de la circu-
313, 315; Jaffé-Lowenfeld, n. 2270-2271), Abel fut laire. Mais l'assaut le plus grave que subit le ministère
bientôt obligé de quitter son diocèse et se retira à Abel lui fut livré au sujet de la question des couvents,
l'abbaye de Lobbes, où il fut « coabbé ou successeur» d'abord par le prince de Wrede à la fin de 1845, puis
de saint Ermin Folcuin, loc. cit. On ignore l'époque par le prince d'Oettingen-Wallerstein en janvier 1846:
de sa mort, qu'on place généralement le 5 août, vers les décisions défavorables aux couvents, que prit
l'an 750. alors la Chambre bavaroise, ne furent pas ratifiées
Mabillon, Acta sanct. ord. S.Ben., ssec. III, part. I, (1672), par le roi. Mais la création par Louis Ier, le 15 dé-
--
p. 568-572. Pinius, dans Acta sanctor., aug. t. II, (1735),
p. 111-117. Ghesquière, Acta sanct. Belgii, 1794, t. VI,
cembre 1846, d'un ministère spécial pour les cultes et
l'instruction, marqua les débuts de la disgrâce d'Abel,
p. 353-364. — X. de Ram, Biographie nation. (de Belgique), et cette disgrâce fut complète lorsque, deux mois
1866,1.1, col. 1-4. — Cerf, Vies des saints du dioc. de Reims, après, Abel eut refusé l'indigénat bavarois à la célè-
Reims, 1898, t. II, p. 429-433. bre favorite Lola Montez et lorsque, dans un mémo-
U. BERLIÈUE.
2. ABEL DE SAINT-BRIEUC, dominicain, narque amoureux. Lola triompha d'Abel le 17 fé-
xf9 siècle. Il appartenait au couvent de Rennes. vrier 1847, il fut congédié, et tout de suite se produi-
Après avoir pris ses grades théologiques en Sorbonne, sit, dans les conseils du gouvernement, une réaction
:
randum, il eut essayé d'amener à résipiscence le mo-

il fut nommé évêque titulaire d'un siège dépendant anti-catholique. Élu membre de la Chambre bavaroise
de Bostra, en Idumée. Le 25 juillet 1489, il consacra en 1848, Abel eut à subir d'assez violentes attaques,
l'église des dominicains de Laval. suscitées par le souvenir de sa politique religieuse. Un
Echard, Scriptores ordinis præd., t. 1, p. XXII, 210. — instant ministre à Turin, au début du règne de Maxi-
Bullar. ord., t. III, p. 650-651. milien II, il fut mis à la retraite en mars 1850, et put
R. COULON. assister, dans sa vieillesse, au triomphant épanouisse-
3. ABEL (CHARLES), homme d'État bavarois, né à ment des influences prussiennes et protestantes sous
Wetzlar le 17 septembre 1788, mort le 3 septembre les auspices du roi Maximilien.
1859. Après avoir étudié à l'université de Giessen, il
entra au service de la Bavière en 1810, comme fonc- Kirche in Slaal und Bayern unter dem Minister Abel und
tionnaire. Ilsuivitlalongue filière des fonctionsbureau- seinen Nachfolgern (écrit anonyme de Strodl), Schaffouse,
1819. — Brück, Geschichte der kalholischen Kirche in
cratiques, et fit un instant partie (1832-1834),du conseil Deutschland im XIX Jahrliundert (Mayence, 1899), t. II. —
de régence qui accompagnaen Grèce le jeune roi Othon, Goyau, L'Allemagne religieuse, le catholicisme, 1800-1870,
fils de Louis Ier. Lorsque Louis 1er eut congédié le mi- Paris 1905, t. II.
nistère Wallerstein, Abel, élevé, le 1er novembre 1837, G. GOYAU.
aux fonctions de conseiller d'État en service ordinaire, 4. ABEL (LÉONARD), évêque titulaire de Sidon, fut
fut provisoirement chargé de la gérance du ministère envoyé en 1583, par le pape Grégoire XIII, au-
de l'intérieur; puis ce provisoire devint définitif, et le près de diverses communions chrétiennes de l'Orient,
ministère Abel devait durer près de dix ans. C'est par avec la mission de rétablir les unions qui avaient été
la bureaucratie qu'Abel était parvenu au pouvoir; et conclues avec elles en 1439 et en 1441, à la suite du
ce fut l'originalité de ce ministre, d'inaugurer une poli- concile de Florence.
tique religieuse qui commença d'affranchir l'Église Le prélat partit de Rome, le 12 mars 1583, avec deux
bavaroise de la tyrannie bureaucratique. Les entraves pères jésuites comme compagnons de voyage. Sa mis-
dont les missions étaient l'objet disparurent; la cor- sion dura quatre ans et, au retour, il adressa au pape
respondance entre les évêques et le Saint-Siège fut Sixte-Quint, une relation en italien qui fut insérée au
rendue libre (1841); l' « édit de religion », série d'arti- t. v. p. 150, des Miscellanea de Baluze, donnée par
cles organiques que l'État avait ajoutés au concordat Mansi à Lucques en 1764. On y trouve des détails in-
de 1817, fut interprété dans un esprit moins éloigné téressants sur la situation religieuse des jacobites, des
de l'esprit même de ce concordat. Ce n'était pas en un chaldéens, des arméniens et des grecs de Syrie à la
jour que le réseau de prescriptions bureaucratiques fin du XVIe siècle. Le carme Thomas de Jésus avait
par lesquelles était enchaînée l'Église bavaroise pou- connu cette relation et même, semble-t-il, son auteur
vait être distendu; mais ce qu'il y avait d'essentiel, qu'il dit non moins remarquable par sa piété que par
me III, persécutrice des catholiques, la Bavière, dès
le début du gouvernement d'Abel, joua le rôle de puis-
:
c'était qu'en face de la Prusse de Frédéric-Guillau- sa science. Il la cite à plusieurs reprises dans son ou-
vrage Thésaurus sapientiae divinae ingentium omnium
salute procuranda, in-4°, Anvers, 1613. Cf. Theologiæ
sanceprotectrice du catholicisme,laissant publier sur cursus completus, édit.Migne, t.v, col. 397-510, où est
:
reproduit un chapitre de cet ouvrage sous le titre
suivant De unione schismaticorum cum Ecelesia ca- :
entre eux, ont cependant un élément qui leur est com-
mun à tous et qui caractérise l'espèce cet élément
tholicaprocuranda. Enfin, en 1866, M. Adolphe d'Avril
:
a publié la traduction de la relation d'Abel Léonard,
sous ce titre Une mission religieuse en Orient au
:
s'appelle l'universel. L'universel est donc une unité
relative à plusieurs autres unum versus alia. L'uni-
versel peut s'envisager, soit dans l'ordre grammatical,
XVIie siècle, Relation adressée à Sixte-Quint par l'évêque soit dans l'ordre logique, soit dans l'ordre ontologique,
de Sidon, in-8° de 47 pages. in prædicando, in intelligendo, in essendo. L'universel
U. ROUZIÈS. grammatical, c'est une unité propre à être attribuée
ABELA (GIOVANNI FRANCESCO). Ne à Malte, en verbalement à plusieurs choses d'une manière uni-
1582, d'une famille noble, originaire de Syracuse, il voque et divisible, unum aptum prœdicari de multis
entra dans l'ordre de Malte, où il devint vice-chance- univoce et divisim. L'universel logique, c'est une unité
lier, puis commandeur. Il parcourut une grande partie
de l'Europe et connut un grand nombre de person-
nages importants, entre autres Peiresc. Il a laissé un
:
propre à être conçue de plusieurs choses d'une manière
univoque et divisible unum aptum concipi de multis
univoce et divisim. L'universel ontologique, c'est une

:
ouvrage rare et précieux par son érudition bien qu'il
ait admis quelques traditions fabuleuses Malta illus-
trata, ovvero délla deserizione di Malta isola del marc
unité propre à être essentiellement présente dans plu-
sieurs choses d'une manière univoque et divisible
unum aptum esse in multis univoce et divisim. Or l'uni-
:
Siciliano, con le suc antichitù, ed altre notizielib. V, versel n'est-il ontologique, c'est-à dire réel, qu'en tant
m-fol., Malte, 1647. Une traduction latine en a été qu'il est grammatical ou en tant qu'il est logique, ou
publiée en 1660 par Niderstet, sous le titre de Melita bien l'est-il encore au delà de l'ordre grammatical et
velus et nova, et une autre, en 1725, in-fol., par Sei- de l'ordre logique? En d'autres termes, l'universel
ner, laquelle a été insérée plus tard dans le t. xv du n'est-il réellement qu'un mot? S'il est plus qu'un mot,
Thesaurus antiquitatum Italiae et Sicilicte de Grævius n'est-il réellement qu'un concept? S'il est plus qu'un
(Graf). Une nouvelle édition de l'ouvrage original a été mot et qu'un concept qu'est-il, et quelle est la mesure
publiée par le comLe Giovanni Antonio Ciàntar en de sa réalité objective? » Tel est le fameux problème
2vol.in-8°, Malte, 1772-178U. On trouve dans cette des universaux, Michaud, Guillaume de Champeaux
œuvre de nombreux détails autobiographiques sur et les écoles de Paris au SlIC siècle, in-12, Paris, 1867,
l'auteur. Il mourut le 5 mai 1655. p.120.
A ces trois questions deux réponses avaient été don-
Mazzuchelli, Gli scrillori d'Italia, t. 1, p. 21-22. — Mis de nées avant Abélard. Le nominalisme, représenté par
Villarosa, Notizie di alcuni cavalieri del sacro ordine Gero-
solimitano,in-S-,,Naples,1841,p.11-13. -F. deHellwald,
Bibliographie méthodique de l'ordresouverain de Saint-Jean
Roscelin, prétendait que l'individuel seul existe, que
l'universel n'est qu'un mot, flatus vocis, qui ne répond
de Jérusalem, Rome, 1885, p. 279 à rien de réel; le réalisme, au contraire, estimait que
J. FRAIKIN. l'universel est une réalité objective. Or, après avoir
ABELA. Voir ABILA. combattu le nominalisme de Roscelin: fuitautem, me-
mini, magistri nostri Roscelini tam insana sentenlia,
1. ABÉLARD (PIERRE). — I. SA JEUNESSE ET SES Ouvrages inédits d'Abélard, Dialectica, p. 471, Abélard
PREMIERS SUCCÈS DANS L'ÉCOLE. -
Abélard naquit en
Bretagne, dans la seigneurie du Palet ou Pallet (Pala-
s'attaqua avec confiance et quelque violence au réa-
lisme de Guillaume de Champeaux. Celui-ci, d'ail-
tium), à 18 ou 19 kilomètres au sud-est de Nantes, en leurs, prêtait le flanc à la critique par les exagérations
1079. Son père se nommait Bérenger, sa mère Lucie. de son système. Sous le feu des observations d'Abé-
Lui-même reçut au baptême le nom de Pierre. Le lard, il fut contraint de le ramener à de plus justes
surnom d'Abélard, sous lequel il passa à la postérité, proportions.Historia calamit., P. L., t. CLXXVIII,
Cousin, Ouvrages inédits, Paris, 1836,Dialectica, p. 212, col. 116-122. Cf. Michaud, op. cit.,1.1, c.v,tout entier.
480, paraît dû à une plaisanterie de Thierry de On s'est demandé si Abélard, dans l'enivrement de
Chartres, qui lui enseigna les mathématiques.Cf. Cler- son triomphe, n'avait pas formé lui-même un système
val, Les Écoles de Chartres au moyen âge, 1895, p. 192. des universaux qui tînt le milieu entre le nominalisme
Il aurait pu embrasser, comme son père, la carrière de Roscelin et le réalisme de Guillaume, et auquel on
des armes. Mais « à la cour de Mars il préféra le sein a donné le nom de conceptualisme. Les critiques mo-
»
de Minerve, ainsi qu'il s'exprime lui-même dans His- l' dernes ont été sévères pour cette conception hybride.
toria calamitatum ou Epistola I, P. L., t. CLXXVIII, Cousin, Philosophie scolastique,4e éd., 1840,p.275 sq.,
:
col. 115. Il eut pour maîtres en philosophie les chefs
des deux écoles rivales Roscelin d'abord, Dialcctica,
loc. cit., p. 471, le fougueux nominalistequi, après sa
et Rémusat, Abélard, t. 1, 2e partie, ont fait voir
qu'elle n'était qu'une forme nouvelle du nominalisme
qu'Abélard avait lui-même si justement frappé. Mais
condamnation à Soissons, en 1092, et un court exil en d'autres auteurs ont ramené le conceptualisme d'Abé-
Angleterre, avait repris ses leçons dans la collégiale de lard à un réalisme modéré et ont fait du novateur un
Sainte-Marie de Loches; puis, vers 1100, à Paris, précurseur de saint Thomas d'Aquin, qui paraît avoir
Guillaume de Champeaux, chef des réalistes, alors
dans tout l'éclat de sa gloire, Hist. calamit., loc. cit.,
col. 116.
:
tranché la question des universaux par cette heureuse
formule universale est in intellectu cum fundamento
in se. Cf. Matthias Sierp, Leben des heiligen Bernard
Le rôle de disciple ne pouvait convenir longtemps à von Clairvaux, trad. allemande de la Vie de saint Ber-
l'esprit aventureux d'Abélard. Il s'essaya à la maîtrise nard, de l'abbé Vacandard, Mainz, 1898, t. II, p. 118.
par la discussion publique et par une controverse en Abélard a raconté par le menu sa longue polémique
règle avec son maître, Guillaume de Champeaux. La contre Guillaume de Champeaux. Hist. calamit., loc.
principale question qui préoccupait alors les esprits est cit., col. 116-122. Des incidents de toute sorte en mar-
connue dans l'histoire sous le nom de question des uni- quent les diverses phases. Après avoir fondé une
versaux. Porphyre l'avait posée dans son Isagoguc et école à Melun, résidenceroyale (1102), le novateur la
s'était déclaré impuissant à la résoudre. Voir le texte
de Porphyre dans l'Introduction aux ouvrages inédits
d'Abélard, par Cousin, p. LXI, et
la traduction latine
il
transporta à Corbeil,puis à Paris, et finit par s'établir
sur la montagne Sainte-Geneviève,^d'où pouvait
harceler, à son aise, l'école officielle de Notre-Dame.
de Boèce, Ibid., p. LX.cc Si nous considérons les indivi- Lorsque Guillaume de Champeaux fut élevé à l'épis-
dus qui forment ensemble une espèce quelconque, copat et eut quitté Paris pour Châlons, le « peripatéti-
nous remarquons que ces individus, tout en différant cien de Palet», Pcripatclicus Palatinus, comme l'appelle
:
Jean de Salisbury, Metalogicus, 1. II, c. XVII, P. L., châtiment de son orgueil. Il s'abandonna aux plaisirs
t. cic, col. 874, ne trouva plus dans son entourage des sens. Son témoignage à cet égard est tout à fait
d'adversaires dignes de lui. Il n'est pas invraisemblable convaincant cum jam me solum in mundo superesse
qu'au cours de ses controverses il ait éprouvé parfois philosophum œstimarem nec ullam ulterius inquietatio-
de cruels échecs, comme le prétend l'auteur de la Vila nem formidarem, frena libidini cœpi laxare, qui antea
S. Goswini, dans Recueil des Hist. des Gaules, t. XIV, vixeram continentissime. Historia calamitatum, ibid.,
p. 442. Mais ce sont là de ces incidents qui ne comptent col. 126; Cf. Foulques de Deuil, Ep. ad Abselardum,
guère dans la suite à peu près ininterrompue de ses Ibid., col. 371-375. Une circonstance singulière déter-
triomphes. mina sa chute. Sa réputation de science et de vertu
Sans rival à Paris, Abélard alla chercher à Laon, avait amené un chanoine de Paris, nommé Fulbert, à
sous couleur d'étudier la théologie, un nouveau maître lui confier l'instruction d'une nièce de dix-sept ans.
avec qui se mesurer. Un disciple de saint Anselme, Elle se nommait Héloïse. D'une intelligence très ou-
nommé lui-même Anselme, y professait la théologie. verte, d'une imagination extrêmement vive, d'un
Son enseignement était fort simple. C'était un com- cœur ardent, elle devint vite l'élève préférée du maître.
mentaire suivi et presque interlinéaire du texte de Héloïse ne resta pas insensible à tant de condescen-
l'Écriture.La science du professeur valait sa méthode. dance. Deux talents contribuèrent entre tous à l'at-
Si l'on en croit Abélard, « qui l'abordait incertain sur tacher à Abélard; la verve du poète et la grâce du
un point douteux le quittait plus incertain encore. chanteur. Histor. calamit., Ibid., col. 127-128. Mais
Admirable pour de vulgaires auditeurs, il était nul en
présence d'un adversaire. Il avait une merveilleuse
abondance de langage, mais sous ses belles paroles le
unique :
bientôt gloire, génie, tout s'effaça devant un charme
« Dieu m'en est témoin, déclara-t-elle plus
tard, en toi je n'ai jamais cherché, jamais aimé que
sens était pauvre et dépourvu de raison. Quand il allu- toi. » Ep., II, P. L., t. CLXXVIII, col. 184.
mait son feu, il faisait de la fumée, mais point de lu- Bientôt Héloïse s'aperçut qu'elle était mère. Ful-
mière. »Historia calamit., loc. cit., col. 123. bert, trahi, pouvait se livrer à tous les excès dela colère
On devine qu'Abélard n'ait guère apprécié le nou- et du ressentiment. Abélard enleva la jeune fille et la
veau maître qu'il s'était donné. Un jour, devisant avec fit passer, sous un costume de religieuse, en Bretagne
les autres disciples d'Anselme, il critiqua vivement le où elle donna naissance à un fils qui reçut le nom bi-
professeur et se fit fort d'expliquer, aussi bien que lui, zarre d'Astralabe. Historia calamit., loc. cit., col. 129.
n'importe quel passage de la Bible sans le secours d'au- La fuite d'Héloïse jeta Fulbert dans l'exaspération.
cun commentateur. On accepta le défi. cc Ils s'accor- Abélard essaya de le calmer en lui promettant de ré-
dèrent tous, dit-il, à choisir l'obscure prophétie d'Ézé- parer sa faute par un mariage, à condition toutefois
chiel. Prenant donc le livre, je les invitai aussitôt à que ce mariage demeurât secret. Fulbert accepta, mais
venir entendre dès le lendemain mon commentaire. n Héloïse mit tout en œuvre pour dissuader son ami d'un
Le succès de cette audacieuse tentative fut énorme. tel dessein. Comme si ce n'était pas assez de le détour-
Ibid., col. 124-125. ner du mariage, elle voulut l'en dégoûter. L'étude et
Mais le premier fruit qu'Abélard en recueillit fut l'enseignement de la philosophie ne sont-ils pas, disait-
la jalousie de ses condisciples, de ceux au moins qui elle, incompatibles avec les soucis du ménage? Peut-on
formaient comme la cour du vénérable Anselme. A concevoir le maître des écoles de Paris condamné à
leur instigation, le titulaire de l'école lui interdit de subir le chant monotone d'une nourrice, les vagisse-
continuer son commentaire, à cause de son inexpé- ments d'un nouveau-né, le va-et-vient du service, la
rience dans les matières théologiques. Abélard estime
que cette raison était un prétexte inventé par l'envie
qui animaitAnselme et ses élèves, notammentLotulphe
Le nom dont on l'appellera :
malpropreté de l'enfance? Quant à elle, peu importe
amante, maîtresse, tout
plutôt qu'épouse. Il suffit que son amour n'entrave
et Albéric de Reims. Historia calamit., loc. cit., col. 125. pas la mission et la destinée d'Abélard, Ilistoria cala-
Cependantil est incontestable que le professeur n'agis- mit., loc. cit., col. 129-132; Ep. II, ibid., col. 184-185.
sait ici qu'en vertu de son droit de maîtrise et qu'il Le mariage se fit néanmoins,à Paris. Mais il ne de-
n'avait que ce moyen de dégager sa réponsabilité, en meura pas secret. Fulbert avait trop d'intérêt à le di-
prévision des témérités probables, sinon inévitables, vulguer pour garder le silence. Fidèle au pacte con-
du philosophe, improvisé théologien et exégète. senti par son oncle, Héloïse n'hésita pas à lui opposer
Irrité d'une mesure qu'il considérait comme un acte d'audacieux démentis. Elle s'attira de la sorte des
de malveillance, Abélard retourna à Paris, où il con- mauvais traitements qui émurent Abélard. Pour sous-
tinua et acheva ses commentaires sur Ézéchiel. Ayant traire son épouse à ces outrages immérités, il prit le
pris possession de la chaire principale qui pouvait être parti de l'enlever et de la séquestrer à Argenteuil,dans
l'objet de son ambition, il donna carrière à son génie un couvent de nonnes où elle avait déjà passé une par-
et fit montre d'une érudition merveilleuse. Bientôt tie de son enfance. Fulbert, qu'une telle mesure irrita
son nom retentit d'un bout de l'Europe civilisée à au plus haut point, chercha dans la vengeanceun sou-
l'autre. Des contrées les plus éloignées, de la Norman- lagement à sa colère. Des parents et des amis trop
die, de la Bretagne, de l'Angleterre, cc du pays des complaisants consentirent à se faire les instruments
Suèves et des Teutons, » on accourait pour l'entendre. de ses coupables desseins; une nuit ils pénétrèrent,
Rome même lui envoyait des disciples. On compta grâce à la complicité d'un serviteur, dans la chambre
autour de sa chaire jusqu'à cinq mille étudiants, du d'Abélard, pendant qu'il dormait, et le mutilèrent
rang desquels sortirent plus tard dix-neuf cardinaux, odieusement.Historia calamit., loc. cit., col. 134.
plus de cinquante évêques ou archevêques,et un pape, Le matin venu, « la ville entière, dit Abélard, était
Célestin II, sans parler du célèbre tribun Arnaud de
Brescia. Et comme l'enseignement n'était pas gratuit,
»
rassemblée autour de ma maison. Foulques de Deuil,
Epist. ad Abælard., loc. cit., col. 374. C'étaient des
la richesse du professeur égala sa renomméeet le profit pleurs, des gémissements, des cris de colère. Pour
alla de pair avec la gloire. Hist. calamitatum, loc. cit., échapper à la honte et à la compassion dont il était
col. 126; Foulques de Deuil, Ep. ad Abælardum, P. L., l'objet, le professeur déchu résolut de se retirer dans
t. CLXXVIII, col. 371-374. un cloître. Mais auparavant, il fit prendre le voile à
IILA CRISE DES SENS. PREMIERS RAPPORTS AVEC Héloïse dans le couvent d'Argenteuil. Il revêtit ensuite
HÉLOÏSE. — Il ne restait plus à Abélard qu'à jouir de lui-même l'habit de religieux à Saint-Denis. Histor.
son triomphe. Mais sa vie fut alors traversée par une calamit., loc. cit., col. 135-138.
crise terrible que lui-même a considérée comme un III. SON PREMIER ESSAI DE THÉOLOGIE ET SA CON-
DAMNATION AU CONCILE DE SOISSONS (1121). — A cution sinon par les hérésies formelles que contenait
peine guéri de sa blessure, on vint le solliciter de re- l'Opus clarum de unitate et trinilate divina. On le jugea
prendre ses leçons. L'abbé y consentit et accorda à condamnable et, le dernier jour du concile, Abélard fut
Abélard l'autorisation de se retirer dans un prieuré mandé pour s'entendre condamner. « Je m'y rendis
voisin, où il aurait toute la liberté désirable pour se sans retard, écrit-il tristement, et là, sans discussion,
livrer à l'étude et accueillir la foule de ses disciples. sans examen, on me força à jeter de ma propre main
Le souvenir d'Origène se présenta alors à son esprit. mon livre au feu. » On lui fit lire ensuite, par manière
Faire de la philosophie une amorce pour l'étude de la de pénitence et de profession de foi, le symbole de
théologie et introduire définitivement dans la science saint Athanase et on lui assigna comme lieu de retraite
sacrée la méthode dialectique, c'était un rôle bien le cloître de Saint-Médard.Hist. calamit., loc.cit.,
capable de tenter son génie. Il nous expose lui-même col. 145-151.

:
le but de son entreprise avec le ton d'assurance qui lui
est familier « Il arriva, dit-il, que je m'appliquai
d'abord à discuter le principe fondamental de notre
Nous ne voudrions pas assurer qu'une justice éclai-
rée présida à toutes les opérations du concile de Sois-
sons. Le légat lui-même attribua la condamnation
foi par les principes de la raison humaine et que je »
d'Abélard à «l'envie des Français. Mais si la passion
composai sur l'unité et la trinité en Dieu un traité a pu précipiter la sentence de ses juges, il faut bien
à l'usage de mes disciples qui demandaient sur ce admettre, avec Rémusat,que la logique ne condamne
sujet des raisonnements humains et philosophiques pas leur jugement. Abélard a essayé de justifier sa
et auxquels il fallait des démonstrations plutôt que théorie sur les degrés qu'il introduisait dans la Tri-
des affirmations. Ils disaient qu'il était inutile de par- nité par l'attribution inégale de la puissance aux trois
ler pour n'être pas compris, qu'on ne peut croire que personnes divines. Ses efforts ne pouvaient aboutir.
ce que l'on comprend, nec credi posse aliquid nisi pri- Le seul moyen qu'il avait de rentrer dans l'orthodoxie
mitus intellectum, qu'il est ridicule de voir un homme était de retirer son explication du mystère. Mais un
prêcher aux autres ce que lui ni ceux qui l'écoutent pareil sacrifice était évidemment au-dessus de ses
ne peuvent comprendre, que le Seigneur lui-même forces.
condamne les aveugles conducteurs d'aveugles. On vit IV. LE FONDATEUR DU PARACLET ET L'ABBÉ DE
ce traité, on le lut, et généralement on en fut content, SAINT-GILDAS. — Son internement à Saint-Médard
parce qu'il semblait répondre à toutes les données du ne dura que peu de jours. Le légat Conan le fit ren-
problème; plus les questions étaient difficiles, plus on voyer à Saint-Denis. Quelques mois s'étaient à peine
en reconnaissait la gravité, plus on en admira la solu- écoulés qu'il s'attira de nouveau l'animadversion
tion. » Ibid., col. 138-143. de ses frères. Ceux-ci étaient persuadés que le fonda-
Des voix discordantes se mêlèrent bientôt à ce con- teur du siège de Paris était Denys l'Aréopagite, pré-
cert de louanges. On lui reprocha de se livrer à l'en- cédemment évêque d'Athènes. Or, en lisant un ou-
seignement sacré sans l'attache d'un maître en théo- vrage de Bède, Abélard découvrit que l'Aréopagite
logie, et, en cherchant bien,ses adversaires ne manquè- avait été évêque non d'Athènes, mais de Corinthe.
rent pas de relever dans son ouvrage des propositions
risquées et malsonnantes, pour ne pas dire hérétiques.
Ils attaquèrent vivement sa doctrine et sa méthode et
:
Cette trouvaille n'était pas pour déplaire à son esprit
critique il s'empressa de la communiquer à son en-
tourage. On lui en fit un crime. Il eut beau se couvrir
enveloppèrent l'une et l'autre dans une même répro- de l'autorité de Bède, « dont les écrits sont suivis par
bation. toute l'Église latine, » les religieux, transportés d'in-
Ceux qui menaient une telle campagne de dénigre- dignation,s'écrièrent que « Bède était un imposteur,
ment n'étaient autres que Roscelin, son ancien maître, qu'ils tenaient pour plus digne de foi le témoignage
et deux professeurs des écoles de Reims (qu'il avait d'Hilduin leur abbé, qui avait longtemps parcouru
jadis connus à Laon), Albéric et Lotulphe. Il en résulta la Grèce pour vérifier le fait et qui, après en avoir
d'abord une polémique d'une violence extrême entre reconnu l'exactitude, avait péremptoirement levé
Abélard et Roscelin. Cf. Ep., XIV, xv, dans P. L., tous les doutes dans son histoire de Denys l'Aréopa-
t. CLXXVIII, col. 35G-371. Albéric et Lotulphe s'y pri- gite. » On devine qu'une pareille argumentation ne
rent autrement; ils déterminèrent Raoul, leur arche- changea pas la conviction d'Abélard. On le menaça
vêque, à mander Conan d'Urrach qui remplissait alors de l'envoyer au roi, pour qu'il le punît comme un
en France les fonctions de légat, pour présider un con- homme qui avait attenté à la gloire du royaume et
cile dans la ville de Soissons et y faire comparaître « porté la main sur la couronne. » Saisi d'effroi et
Abélard. Hist. calamit., loc. cil., col. 144-149. « profondément désespéré, comme si l'univers entier
Celui-ci, qui croyait avoir simplement à répondre eût conspiré contre lui, » Abélard s'enfuit et se réfu-
de sa doctrine dans un débat public, n'était pas homme gia dans les terres du comte Thibaut de Champagne,
à reculer devant l'épreuve. Il se rendit avec confiance à Saint-Ayoul, où il avait déjà séjourné. Hist. cala-
à Soissons (1121). Mais il ne trouva pas au concile mit., loc. cil., col. 153-156.
l'accueil et l'impartialité sur lesquels il avait compté. L'abbé de Saint-Denis, cependant, n'entendait pas
Au lieu d'une discussion il subit un jugement. Le légat qu'un personnage aussi considérable lui échappât et
auquel il remit, dès l'abord, son ouvrage incriminé, passât dans un autre monastère. Aprèsdes pourparlers
le petit traité De unitate et trinilate divina, qui vient où intervint l'autorité royale elle-même, on accorda
d'être récemment publié par Stolze, Abaelard's H2*i au fugitif la permission de se fixer dans une retraite
zu Soissons verurtheilter Tractatus de unitate et Trinilate de son choix, à la condition qu'il ne se mettrait sous la
divina, Fribourg-en-Brisgau, 1891, crut devoir s'en dépendance d'aucune abbaye. Il se retira alors sur le
à
rapporter l'archevêque et à ses conseillers pour l'exa- territoire de Troyes, en un lieu désert, où il construisit,
:
men du livre. Ainsi s'accomplit, dit Abélard, la parole
des saintes Lettres « Et nos ennemis seront nos ju-
ges. » La bonne foi de l'accusé était incontestable, et
avec le consentementde l'évêque du diocèse, une sorte
d'oratoire de roseaux et de chaume, qu'il plaça sous
le vocable de la sainte Trinité. Ibid., col. 156-159.
la loyauté de son attitude lui concilia la faveur du pu- Sa retraite ne fut pas plutôt connue que les dis-
blic en même temps que celle du légat. Mais tout cela ciples y affluèrent de toutes parts. Ces démarches
ne diminuait en aucune façon le caractère dangereux flattaient trop son amour-propre de professeur pour
de ses théories. En vain Geoffroy, évêque de Chartres, qu'il ne reprît pas avec joie son enseignement inter-
en prit-il la défense. La jalouse orthodoxie d'Albéric rompu. Il put croire un moment les beaux jours de sa
et de Lotulphe fut servie par les imprudences de lo- carrière littéraire revenus. Il groupa autour de sa
chaire de gazon jusqu'à trois mille auditeurs. Mais le par le pape Innocent II, le 28 novembre 1131. Hist.
bonheur et la paix n'étaient pas dans sa destinée. calamitatum, loc. cit., col. 168-170; Jaffé, Regesta ro-
Son oratoire étant devenu insuffisant pour contenir n.
manorum ponlificum, 7513, P. L., t. CLXXIX, col. 114.
la multitude de ses élèves, il fut contraint de l'agran- Héloïse avait gagné du premier coup l'estime uni-
dir. Ce changement dans la construction en amena verselle. « Les évêques, nous dit Abélard, la ché-
un autre dans la dédicace. En mémoire des consola- rissaient comme leur fille, les abbés comme leur sœur,
tions spirituelles qu'il avait reçues en ces lieux, il les laïques comme leur mère; tous également admi-
raient sa piété, sa sagesse et son incomparable man-
Ibid., col. 159-162.
Ce titre était une nouveauté :
donna à sa petite chapelle le nom de « Paraclet ».
la malveillance le
jugea criminel et attentatoire à la majesté divine.
Obligé de se débattre ainsi à tout propos, Abélard
suétude. Moins elle se laissait voir, plus elle se livrait,
chambre close, à ses méditations et à ses prières, et
plus on sollicitait avec ardeur sa présence et les di-
rections de ses entretiens spirituels. » Hist. calamil.,
tomba dans une sombre mélancolie. Son imagination loc. cit., col. 172-173.
ne lui montra bientôt plus dans son voisinage que des Cependant tout ce calme apparent et cette tenue
hostilités. Saint Bernard, qui venait de fonder Clair- si correcte cachaient les tourments d'une âme rava-
vaux, et saint Norbert, qui avait ressuscité à Pré- gée par la passion. Héloïse ne remplissait que machi-
:
montré la vie des chanoines réguliers, laissèrent-ils nalement son office d'abbesse. Sa pensée, son cœur,
tomber contre lui quelques paroles de critique ou de son âme, étaient ailleurs « Ce n'est pas la vocation,
suspicion? Toujours est-il qu'il désigne ces « nou- c'est ta volonté, oui, ta volonté seule, écrit-elle à
veaux apôtres, en.qui le monde avait une foi entière, » Abélard, qui a précipité ma jeunesse dans les austé-
comme des ennemis acharnés à sa perte. Il lui semble rités delà vie monastique. » Ep., II, P. L., t. CLXXVIII,
que tout conspire contre sa gloire et sa sécurité. col. 186. Elle ne peut songer à cette immolation sans
CI Dieu m'est témoin, écrit-il, que je n'apprenais ja- en frémir encore. Si Abélard a quelque pitié d'elle,
mais la convocation d'une assemblée d'ecclésiastiques qu'il consente au moins à la diriger par lettres, elle
sans penser qu'elle avait ma condamnation pour et sa communauté.
objet. Tout tremblant dans la crainte d'un coup de Abélard accepte. Il lui répond et réclame le secours
foudre, je m'attendais à être, d'un moment à l'autre, de ses prières. « Souviens-toi dans tes oraisons de
traîné comme un hérétique ou un profane dans les celui qui est à toi tout spécialement, ejusqui spe-
conciles ou les synagogues. Souvent, Dieu le sait, je cialiter est tuus, et aie d'autant plus de confiance
tombais dans un tel désespoir que je songeais à sortir dans ta prière qu'ainsi que tu le reconnais toi-même,
des pays chrétiens pour passer chez les infidèles et elle n'a rien que de légitime et qui ne puisse être
acheter au prix d'un tribut quelconque le droit de agréable à Celui qu'il faut implorer.»Ep., III, P. L.,
vivre chrétiennement parmi les ennemis du Christ. » t. CLXXVIII, col. 190. En même temps, il l'encourage
Ibid., col. 162-164.
C'est au milieu de ces douloureuses circonstances
et s'efforce de la relever à ses propres yeux. Il ajoute
« S'il arrive que 13 Seigneur me livre aux mains de
:
qu'il fut élu abbé de Saint-Gildas de Rhuys, au dio- mes ennemis (il s'agit des moines de Saint-Gildas), et
cèse de Vannes, en Bretagne; et c'est en quelque sorte que ceux-ci me donnent la mort, je désire que mon
par désespoir qu'il accepta les fonctions qu'on lui corps soit rapporté au Paraclet, pour être enterré
offrait. Il allait fatalement au-devant de nouvelles par vos soins. » Ibid., col. 192.
calamités. « Une terre barbare, une langue inconnue, Héloïse tressaille à la pensée d'un tel malheur,
une population brutale et sauvage, des moines désha- Ep., IV, ibid., col. 193. Elle s'engage à prier pour Abé-
bitués de la règle et résolus de ne pas s'y plier, » tels lard, mais elle se révolte contre Dieu au souvenir des
sont les traits sous lesquels il peint Saint-Gildas. Il calamités qui les ont accablés l'un et l'autre depuis
en fallait moins pour lui rendre son abbaye odieuse. leur mariage. Ibid., col. 194. Elle ne veut point que
Les réformes qu'il entreprit sans succès achevèrent l'on croie à sa piété, à sa vertu, quand le jour, la nuit,
de l'en dégoûter. S'il est vrai que ses moines récal- au milieu de ses prières, pendant le sacrifice de la
citrants aient eu l'audace d'attenter à ses jours, on messe, jusqu'au pied de l'autel, elle sent les aiguillons
comprend qu'il ait fini par déserter son poste, pour de la passion qui la harcèle. Ibid., col. 196-197.
lequel il n'était d'ailleurs nullement préparé. Ibid., Abélard essaie de la calmer et lui fait voir que les
col. 164-167. calamités dont ils ont tous deux été victimes ne sont
V. SA CORRESPONDANCE AVEC HÉLOÏSE, DEVENUE que le juste châtiment de leur faute. Cette faute, il en
AÉBESSE DU PARACLET. — Il adressa alors à un ami, revendique la responsabilité.Ep., v, ibid., col. 199 sq.,
réel ou fictif, le récit de sa vie et de ses malheurs. 210 sq. Il amène ensuite Héloïse doucement au pied
C'est l'Hisloria calamitatum, œuvre d'assez longue de la croix, et l'exhorte à l'amour qui ne trompe pas
haleine, qui nous a fourni les principaux éléments et qui ne finit pas. Sa parole devient touchante, pres-
de la biographie que nous traçons. Héloïse en eut con- que sublime. Ibid., col. 209. Si dans celle qu'il a aimée
naissance. La lettre qu'elle écrivit en réponse, et il ne veut plus voir que l'épouse de Jésus-Christ,il ne
comme pour essayer de consoler l'abbé de Saint-Gil- répudie pas pour cela le lien qui a uni leurs destinées.
das, Ep., II, P. L., t. CLXXVIII, col. 182-188, forme Ils sont inséparables. C'est avec elle et par elle qu'il
le point de départ d'une correspondance qui rappro- veut mériter le bonheur des élus. Il lui envoie la for-
cha de nouveau les deux époux. Sur l'authenticité mule même de la prière que, tous les jours, elle doit
de ces lettres, cf. Hauréau, Notices et extraits des ma- adresser à Dieu pour leur commune expiation. Et
nuscrits de la Bibliothèque nationale, t. XXXIV (1895), cette prière est une des pages les plus pieuses qu'il
2e partie, p. 156. - ait écrites. Ibid., col. 212.
Héloïse avait été, à cette date, obligée de quitter Héloïse était vaincue. Elle consentit à ne plus par-
le prieuré d'Argenteuil, dont elle était devenue la ler du passé. Elle ne veut point qu'on puisse l'accuser
supérieure. Abélard l'installa (1129) avec ses reli- de désobéissance. Abélard est son « maître », elle sera
gieuses près de l'oratoire du Paraclet, qui, en « sa servante ». Les grondements de la passion se
même temps que de cruels déboires, lui rappelait feront sans doute encore entendre de temps à autre au
des heures de consolation et de bonheur. Après quel- fond de son cœur. Mais elle aura le courage de les
ques mois de détresse comme en subissent la plupart faire taire. Elle est désormais tout entière aux con-
des fondations, le Paraclet fut comblé de biens de seils de perfection que lui donne Abélard. Elle lui
toutes sortes, et Abélard eut la joie de le voir approuvé demande, tant en son propre nom qu'en celui de ses
compagnes, l'histoire des origines des ordres de reli- diteurs, Jean de Salisbury, Metalogicus, l. II, c. x;
gieuses et une règle du Paraclet. Non pas qu'elle n'ait 1. I, c. v, P. L., t. CIC, col. 832, 867, que son ensei-
en matière de discipline monastique des idées bien gnement obtint de nouveau la vogue qu'il avaiteue.
arrêtées, Héloïse connaît le fort et le faible de la vo- autrefois. Il avait alors cinquante-sept ans.
lonté humaine et particulièrement de la nature fémi-
nine. Les vœux essentiels de pauvreté, d'obéis-
sance et de chasteté, et avant tout l'accomplissement
:
La dialectique proprement dite, la philosophie pure
n'occupait guère plus son esprit un autre objet avait
ses préférences. La condamnation qui avait frappé
des préceptes de l'Évangile, telles sont les bases du son traité De unitate et irinitate divina, en 1121,
règlement qu'elle propose. Ep., VI, P. L., t. CLXXVIII, n'avait pas arrêté ses méditations théologiques ni
:
col. 213. Elle le résume, avec une précision heureuse,
en ces termes « Quiconque ajoutera la continence
aux vertus de l'Évangile réalisera la perfection monas-
modifié ses idées. Il les développa dans la Theologia
christiana, qui n'est en somme qu'une seconde édition,
augmentée mais non amendée, de son premier ou-
tique. Plût à Dieu que notre profession nous élevât vrage, dont elle reproduit le plan, les nombreuses
jusqu'à atteindre la hauteur de l'Évangile, sans pré- objections et le texte intégral, sauf de très courts
tendre la dépasser. N'ayons pas l'ambition d'être fragments jugés inutiles ou peu clairs. C'estune pro-
plus que chrétiennes. » Ibid., col. 216-217. testation indirecte contre l'œuvre du concile. Dans
Abélard partageait ces sentiments. Après avoir le portrait si peu flatteur d'Albéric de Reims, Theo-
esquissé une histoire, d'ailleurs peu exacte, des pre- logia christiana, l. IV, P. L., t. CLXXVIII, col. 1285: est
mières congrégations de femmes, il recommande la et alius in Francia., il y a une allusion à la scène
continence, la pauvreté et le silence comme trois points de Soissons racontée dans l'Historia calamitatum.
fondamentaux de la vie de communauté. Ces obli- Ibid., col. 147. La Theologia paraît se terminer avec
gations sont communes aux hommes et aux femmes. le livre IV, comme l'indiquent le plan, l'expression
Pour l'un comme pour l'autre sexe, il ne veut que
l'utile et le possible; point de travaux trop pénibles; :
même de novissima questio, col. 1313, et surtout la
conclusion finale Hsec nos, ibid., col. 1314; le livreV

;
de la modération en tout; l'âme toujours tournée vers
Dieu car Dieu regarde plutôt les cœurs que les œuvres.
A ces enseignements généraux, il ajoute des instruc-
n'est qu'une malencontreuse addition postérieure,
empruntée mot pour mot au livre III de l'introductio
ad theologiam.
tions spéciales sur le rôle qui convient à l'abbesse et L'Introductio est la plus importante des œuvres
aux diverses dignitaires ou officières du couvent. d'Abélard. Commencée à Saint-Denis, comme l'éta-
Ep., VII, VIII, P. L., t. CLXXVIII, col. 226-314. Il blit fort bien le P. Denifle, Abœlards Sentenzen und
conclut en recommandant l'étude des lettres et sur- die Bearbcilungen seiner Theologie dans Archiv für
tout l'étude de l'Écriture sainte, cette; source de la Literatur und Kirchengeschichte des Mittelallers, t. I
vraie spiritualité. Ep., IX, ibid., col. 326-336. (1885), p.589, 601, 611, elle fut continuée plus tard,
La règle du Paraclet attribuée à Héloïse, ibid., c'est-à-dire entre 1136 et 1140. C'est une vraie somme
col. 314-325, est tout imprégnée de cet esprit. Mais
souvent les obscurités des textes devaient arrêter
la méditation des jeunes moniales, si intelligentes
:
de théologie, ainsi que l'auteur lui-même l'indique
dans le Prologue Aliquam sacrse eruditionis sum-
mam quasi divinæ scripturæ introduciionem con-
fussent-elles. Héloïse confesse son embarras et celui de scripsimus, P. L., t. CLXXVIII, col. 979. On yaperçoit
ses compagnes. « Nous venons, écrit-elle alors, comme pour la première fois cette division de la théologie
des disciples à leur maître, comme des filles à leur père, en trois parties qui, bientôt suivie dans le Sic et Non,
sera célèbre dans l'école abélardienne : 1°De la foi
réponses:
te demander des éclaircissements. » Ainsi s'engage
entre elle et Abélard un échange de questions et de
questions simples, précises, parfois ardues;
réponses étendues, raisonnées, érudites, quelquefois
(et des mystères); 2° Des sacrements (et de l'Incar-
nation); 30 De la charité. Malheureusementil ne nous
reste de l'Introduction que la première partie. Et
plus subtiles que concluantes, mais pour lesquelles encore l'auteur y insère des chapitres entiers de la
l'abbéde Saint-Gildas ne ménage ni son savoir ni sa Theologia christiana, en même temps que par d'in-
bonne volonté.Heloisse Problemata cum Pctri Abœ- terminables digressions il détruit l'harmonie de son
lardi solutionibus, Ibid., col. 677-730. plan.
Ce rôle de directeur de conscience met Abélard Nous ne pouvons avoir une idée à peu près exacte
à l'aise vis-à-vis d'Héloïse. Touché de son entière sou- de l'oeuvre que par un résumé qui nous en est
mission, il n'a plus rien à lui refuser. Il compose des parvenu sous le nom d'Epitome, P. L., t. CLXXVIII,
hymnes à son intention; il lui envoie un recueil de col. 1685 sq., et qui, sans être d'Abélard, reproduit
sermons, ibid., col. 379 sq., il lui dédie son Hexame- fidèlement son système théologique, ses divisions et
ron. Ibid., col. 731 sq. Le ton de leur correspondance ses formules. Cf. Denifle, dans Archiv, etc., t. I,
est devenu sévère et dégagé de toute arrière-pensée p. 402-420, 592; Gietl, Die Sentenzen Rolands, 1891,
profane, Héloïse elle-même n'a plus de ces mots p. 22 sq. C'est un manuel de théologie abélardienne
qui trahissent la passion. Dilecte multis, sed dilectissime résumant toute l'Introductio ad theologiam, telle
nobis, c'est tout ce qu'elle trouve de plus fort pour qu'elle a été conçue et exécutée par Abélard. De là le
exprimer sa tendresse, Ep.Heloissse ad Petrum Abic- prix de cet abrégé qui supplée, dans une certaine me-
lardum, ibid., col. 677. Et Abélard la traite en sœur sure, les parties perdues de l'Introduction. On peut
spirituelle: «A sa sœur, jadis si chère dans le siècle, d'autant plus se fier à la fidélité de la reproduction
plus chère encore en Jésus-Christ. » Apologia seu fidei que douze chapitres (sur trente-sept) se retrouvent
confessio ad Heloissam, ibid., col. 375. L'heure était mot pour mot dans la partie conservée de l'Intro-
aux pensées graves et sereines. ductio ad theologiam.
VI. SES PRINCIPAUX OUVRAGES ET SA CONDAMNA- Pour varier ses travaux, Abélard composait quel-
TION AU CONCILE DE SENS (1140). — Mais pendant ques ouvrages d'exégèse, de morale ou d'apologé-
que s'établissait et se développait ce commerce pai- tique. Ainsi parurent les Commentariorum super
sible de lettres consacrées à la spiritualité, une tem- S. Pauli epistolam ad Romanos libri quinque, P. L.,.
pête nouvelle éclatait sur la tête d'Abélard. Il avait t. CLXXVlIII, col. 783 sq. Cet ouvrage mérite d'attirer
fini par abandonner à leur malheureux sort les moines d'autant plus l'attention qu'il contient la doctrine
de Saint-Gildas. En 1136, on le retrouve à Paris. Il du maître sur la prédestination, la rédemption, le
avait repris sur le mont Sainte-Geneviève ses fonc- péché originel
- et la grâce. Cf. Vigouroux, art. Abélard,
tions de professeur et nous savons par l'un de ses au- dans le Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 30. L&
Scito teipsum ou Ethica, P. L., t. CLXXVIII, col. 633
sq., forme, comme l'indique le titre même, un livre
et de frapper au besoin l'auteur de tant de maux
« car il vous craint, cet homme, et il vous redoute »,:
de morale. On ne s'étonnera pas qu'Abélard ait traité ajoute-t-il en finissant. Inter Bernard.Ep., CCCXXVI,
le sujet d'une façon rationnelle et lui ait donné un P.L., t. CLXXXII, col. 531.
caractère plus philosophique que religieux. Il a pro- On a conclu de cette dernière phrase que l'abbé

:
cédé de la même manière et exposé la même doctrine de Clairvaux était déjà, à cette date, un ennemi
dans le poème moral intitulé Carmen ad Astrala- déclaré d'Abélard; mais l'indice sur lequel on s'appuie
) bium filium, ibid., col. 1759,
que Hauréau a publié est insignifiant, car il regarde aussi bien Geoffroy de
intégralement (1040 vers, au lieu de 461 déjà connus), Lèves, ami sûr d'Abélard, que l'abbé de Clairvaux.
dans les Notices et Extraits des manuscrits de la Bi- Il est vrai que celui-ci avait dû être mis en garde
t.
bliothèquenationale, XXXIV (1893),2e partie, p. 153 sq. contre le novateur par Hugues de Saint-Victor.
Le Dialogus inter philosophum judæum et christia- Le traité De baptismo, Ep. ad Hugonem de Sancto-
num, édité par Rheinwald en 1831, est une apologie Viclore de Baptismo aliisque quæstionibus ab ipso
du christianisme qui, par son tour tout à fait philo- proposilis, P.L., t. CLXXXII, col. 1031 sq., qui semble
sophique, pour ne pas dire rationaliste, fait ressortir n'offrir qu'une simple réponse à certaines questions
posées par Hugues, est très vraisemblablement diri-
:
avec éclat l'esprit novateur et dangereux d'Abélard.
Il est un autre de ses ouvrages qui caractérise mieux gé contre Abélard. Deutsch, Peter Abcilard, p. 466-
que les précédents sa méthode c'est le Sic et Non, 472, nous paraît avoir assez bien établi ce point.
autrement dit le Pour et le Contre. Victor Cousin l'a On remarquera notamment les expressions dont
publié en partie (1835); la première édition complète se sert l'abbé de Clairvaux pour stigmatiser les er-
n'en a été donnée qu'en 1851, à Marbourg, par Henke reurs qu'il signale, c. II, 7; Ill, 11; IV, 16. Faut-il
et Lindenkohl. P.L., t. CLXXVIII, col. 1329 sq. C'est croire, comme on l'a dit, que saintBernard, perçant
un recueil de textes, en apparence ou en réalité con- le voile de l'anonymat dont son correspondant avait
tradictoires, tirés de l'Écriture et des Pères, sur cent enveloppé l'auteur des propositions incriminées, frap-
cinquante-huit questions importantes de la religion. pait d'autant plus fort qu'il savait que ses coups
Cela formait un arsenal où le génie combatif d'Abé- devaient atteindre l'illustre professeur de la mon-
lard trouvait facilement les armes dont il avait besoin tagne Sainte-Geneviève? Il est plus probable sique le
pour soutenir ses thèses. On aurait le tort d'en con- nom de celui qu'il avait si rudement traité vic-
clure, comme l'ont fait certains critiques, cf. Vigou- torieusement combattu ne lui fut révélé que plus
roux, LesLivres saints et la critique rationaliste, 3e éd., tard. 1
1890, t. I, p. 347, qu'Abélard se complaisait dans un En tout cas, Bernard ne paraît pas être devenu
doute ironique. L'affirmation dogmatique lui sou- hostile à Abélard avant l'époque où Guillaume de
riait plus que le scepticisme. Et il est très vraisem- Saint-Thierry lui révéla les erreurs contenuesdans
blable que les textes contraires ou contradictoires ne la Theologia christiana et l'Introductio ad theolo-
le gênaient pas plus qu'ils ne gênèrent plus tard giam. Le 20 janvier 1131, jour de la bénédiction du
saint Thomas. Son ingéniosité trouvait le moyen maître-autel de Morigny par le pape Innocent II,
d'atténuer ou même de résoudre les antinomies appa- marque la première rencontre authentique des deux
rentes ou réelles. Seulement, l'idée de grouper ainsi et abbés. Chronic. Mauriniac., dans les Hist. des Gaules,
d'opposer l'un à l'autre des textes sacrés, à une épo- t. XII, p. 80. C'est le temps 01'1Abélard fait confirmer par
que où l'on ne jurait que par l'autorité des textes, le souverain pontife les donations faites au Paraclet.
ne pouvait manquer d'inspirer l'effroi aux tenants Jaffe, Regesta, n. 7513. Il suffisait d'un mot de-l'abbé
de la tradition et de désigner le novateur à l'ani- de Clairvaux pour arrêter ce geste; il ne l'a pas pro-
madversion publique. noncé. Bernard interrompit même à quelque temps de
C'est ce qui arriva aux environs de 1140. Les pre- là ses travaux pour rendre à Héloïse et à ses reli-
mières attaques paraissent avoir été dirigées contre gieuses une visite longtemps attendue. Il fut reçu
lui par Gautier de Mortagne, professeur de théologie par elles « non point comme un homme, mais comme
sur la montagne Sainte-Geneviève et plus tard évêque un ange, » dit Abélard lui-même, et il les confirma
de Laon. D'Achery, Spicilegium, 1723, t. m, dans les devoirs de leur état par ses saintes exhor-
p. 524. Puis Guillaume de Saint-Thierry, moine de tations. Il leur fit seulement une observation au sujet
Signy au diocèse de Reims, sonna la charge. La lettre du mot supersubstantialem qu'elles avaient substitué
qu'il adressa en même temps à Bernard, abbé de dans le Pater noster au mot quotidianum usité dans
Clairvaux, et à Geoffroy de Lèves, évêque de Chartres, toute l'Église latine. Sur cette question, lire l'Épitre
disciple et ami d'Abélard, est un véritable réquisi- d'Abélard, éd. Cousin, t.1, col. 618-624, et la note de
toire. « Je tombai dernièrement, dit-il, sur un livre M. Fillion dans la Bible de Lethielleux, sur le passage
intitulé: Théologie de Pierre Abélard. Le titre m'in- de saint Matthieu, VI, 11. Cf. Vacandard, Abélard,
vita à le lire. C'étaient deux petits volumes qui conte- p. 74-78. Abélardrevendiqua la responsabilité de cette
:
naient à peu près la même chose; l'un était seule- correction, qui était son œuvre, et adressa à l'abbé
ment plus détaillé que l'autre (Guillaume eut évi- de Clairvaux un essai de justification «J'ai résolu,
en même temps que la Theologia; cf. Portalié, art.
Abélard, dans le Dictionnaire de théologie catholique,
:
demment sous les yeux l'Introductio ad theologiam dit-il, de vous offrir en ma faveur une excuse quel-
conque car je serais désolé de vous offenser le moins
du monde, vous moins que personne, comme il con-
t. I, col. 39). Ayant rencontré à la lecture plusieurs vient. » Ep. cit.
essertions étranges, je les ai notées, et j'y ai ajouté Bernard pouvait donc aborder Abélard avec quel-
:
mes remarques. Il y a encore, à ce que j'entends que confiance, lorsqu'il fut mis en demeure de le faire
dire, d'autres ouvrages du même auteur l'un inti- par Guillaume de Saint-Thierry. Il hésita cependant
tulé Sic et Non, un autre Scito teipsum, dont la doctrine à s'engager dans une controverse théologique pour
pourrait être, je le crains, aussi monstrueuse que le laquelle il ne se sentait pas suffisamment préparé.
nom; mais, dit-on, ils craignent la lumière, et on a Ep., CCCXXVII, P.L., t. CLXXXII,col. 533. Les fêtes de
beau les chercher, on ne les trouve pas. » Guillaume Pâques 1140 passées, il contrôla, livres en main, le
recueille et cite treize erreurs qu'il considère comme réquisitoire que lui avait adressé son ami et prit enfin
graves, et envoie le tout à ses correspondants, texte., le parti d'avertir charitablement Abélard des erreurs
notes, remarques et réfutation en forme. Il adjure qu'on lui reprochait. Plusieurs entrevues se succé-
Bernard et Geoffroy de prendre la défense de la foi dèrent à peu de jours d'intervalle. Dans la dernière
Abélard parut comprendre la justesse des observa- Cette détermination imprévue rendait la position
tions de l'abbé de Clairvaux et consentit à sacrifier, des évêques embarrassante. Le sous-diacre Hya-
pour le bien de la paix religieuse, ses théories plus ou cinthe, futur cardinal et pape, qui représentait d'une
moins aventureuses. On parla même de rétractation. façon indirecte au concile les cardinaux partisans
Il faut sans doute entendre par là certaines correc- d'Abélard, soutint qu'en faisant appel à une cour plus
tions ou retouches de ses ouvrages.Berncirdi vita, haute, celui-ci échappait à la juridiction des évêques.
1. III, c. v, P. L., t. CLXXXV, col. 310-312; Ep., Nul doute qu'il n'ait menacé les évêques et l'abbé de
CCCXXXVII. P. L., t. CLXXXII, col. 540. Sur cette ré- Clairvaux des foudres de la cour romaine. Mais Ber-
solution on se sépara. nard n'était pas homme à céder aux menaces. Par
Mais les disciples d'Abélard, entre autres Arnaud déférence pour le Saint-Siège et pour mettre le concile
de Brescia, se révoltèrent à l'idée que leur maître eût à l'abri du reproche d'incompétence, il abandonna le
pu faire des concessions en matière de doctrine. Ils docteur au pape, malgré l'irrégularité de son appel,
firent tant et si bien qu'ils le décidèrent à demander quamvis minus canonica videretur appellatio ista,
un débat public en présence des évêques qui devaient comme il est dit dans l'épitre CCCXXXVII, P. L., loc.
se réunir à Sens pour une exposition solennelle de cit., et engagea les Pères à juger la doctrine, séance
reliques après les fêtes de la Pentecôte. tenante. Le procès suivit son cours.
Le défi fut accepté. L'abbé de Clairvaux consentit La sentence pouvait dès lors être portée sans autre
à se faire l'organe de l'orthodoxie. Le 2 juin 1140 (sur examen que celui qui avait précédé la comparution
cette date, qu'il convient de maintenir contre Deutsch, d'Abélard. Cependant, pour ne pas précipiter leur
Die synode von Sens 1141 und die Verurtheilung décision, les évêques voulurent que les extraits frap-
Abälards, Berlin, 1880, et contre Denifle, dansArchiv, pés de suspicion fussent lus et relus en public. Puis,
t. I (1885), p. 418, voir Vacandard, dans la Revue des laissant de côté les propositions susceptibles d'une
questions historiques, juillet 1891, t. L, p. 235-245, et bonne interprétation, ils restreignirent leur censure
Wilhelm Meyer, Die Anklägesâtze des heilig.Bern- à quatorze articles, qu'ils déclarèrent pernicieux,
hard gegen Abælard, dans Nachrichten der Gesell- manifestement condamnables et qu'ils condamnèrent
schaft der Wissenschaften zu Göttingen, philologisch en effet, comme opposés à la foi et manifestement
historische Klasse, 1898, fasc. 4, p. 420), octave de la hérétiques, BernardiEp., CCCXXXVII,loc. cit., Bernardi
Pentecôte, préludant aux séances du synode, il monta Vita, 1. III, c. v,n. 14, P. L., t. CLXXXV, col. 311;
en chaire et recommanda Abélard aux prières de son propositions condamnées dans P. L., t. CLXXXII,
auditoire. « Conjurez Dieu, dit-il, qu'il le rende tel col. 1049-1054. Cf. Portalié, art. Abélard;dans le Dic-
que le soupçon ne puisse désormais l'entacher », tionnaire de théologie catholique, col. 43-45, Wilhelm
Berengarii Apologeticus, dans Cousin, t. II, p. 772. Le Meyer, Die Anklägesatze, loc. cit., p. 420 sq.
soir, les évêques tinrent une conférence privée dans Nous ne nous attarderons pas à discuter ni même
laquelle ils étudièrent, sous l'œil de Bernard, les ma- à signaler en détail les erreurs frappées par les Pères
tières de la discussion du lendemain. Le saint abbé du concile de Sens, notamment sur la grâce, sur le
produisit les ouvrages d'Abélard, en tira les propo- pouvoir des clés, sur le péché. Cf. Portalié, Abélard,
sitions les plus téméraires, dont il prouva l'hété- dans le Dictionnaire de théologie catholique, t.I, col. 44-
rodoxie, en les comparant avec l'enseignement de 48. Ce sont surtout, avec la Trinité et la Rédemption,
l'Écriture et des Pères, particulièrement avec la doc- la question de la foi et la méthode théologiqued'Abé-
trine de saint Augustin. On tomba aisément d'accord lard qui ont préoccupé ses censeurs. La définition
sur la nécessité d'une rétractation de l'auteur.
Cf Deutsch, DieSynode von Sens, p. 39-40; Vacan-
:
fameuse qu'il donne de la foi Est quippe fides existi-
matio rerum non apparentium,semble réduire celle-ci à
dard, Vie de saint Bernard, t. II, p. 146, note. une opinion, à une simple conjecture, Introductio, 1. I,
Ce travail préliminaire simplifiait les opérations t.
P. L., CLXXVIII,col. 981;1. III,col.1051,etsaintBer-
publiques du concile. La première séance s'ouvrit nard, Ep., cxc, P. L., t. CLXXXII, col. 1061, lui en
le lendemain dans l'église métropolitaine de Saint- fait un vif reproche.
Étienne. Le roi de France, Louis VII, y assista. La façon dont Abélard entendait les rapports de
Après la récitation des prières accoutumées, l'un des la raison et de la foi ouvrait la porte aux plus graves
évêques prit la parole et s'attacha à démontrer l'im- malentendus. Nul plus que lui ne s'est attaché à
portance de la vraie foi. Abélard fut ensuite introduit. démontrer l'impuissance de la raison humaine à
Il lui fut aisé de voir que le débat allait prendre un pénétrer l'infini. Et cependant nul n'a essayé avec
cours qu'il n'avait pas prévu. Il se trouvait subite- plus de confiance et de persévérance à mettre les
ment transformé en accusé. Lorsqu'il eut pris mystères du dogme catholique à portée de notre in-
:
place sur le siège qui lui était assigné, l'abbé de Clair- telligence. Son principe était qu'on ne peut croire
vaux, chargé du rôle de promoteur, se mit en devoir ce qu'on ne comprend pas Nec credi posse aliquid,
d'énoncer les dix-sept propositions, extraites, dès la nisi primitus intellectum. Historia calamilatum, P. L.,
veille, de la Theologia christiana, de l'Inlroduclio ad t., CLXXVIII, col. 142. Mais cette phrase prêtait à
theologiam, du Scito teipsum et d'un autre ouvrage l'équivoque. Il est évident qu'on ne peut ajouter foi
intitulé Liber Sententiarum (probablement l'Epi- à une doctrine, c'est-à-dire à une formule doctrinale
tome theologiœ christianæ, publiée par Rheinwald, qu'on ne comprend pas; on doit croire néanmoins des
cf. Vacandard, Vie de saint Bernard, t. II, p. 147, mystères qui dépassent notre intelligence. Abélard
:
note) et avertit l'auteur que le choixlui était offert, le reconnaît quand il dit quelque part, Introductio,
ou de renier les textes incriminés,ou de les corriger, 1. III, P.L., t. CLXXVIII, col. 1226 Credi salubriter
ou enfin de les justifier par des raisons théologiques. debet quod explicari non valet. Dans la Theologia
Mais à peine avait-il achevé ces mots, qu'Abélard christiana, il distingue parfaitement entre la raison
:
déclara devant ses juges étonnés qu'il en appelait au et la foi Nec pro fide reputandum quod de manifestis

:
pape. Personne ne crut d'abord qu'il prît sérieuse- recipimus, humana compulsi ratione, éd. Cousin, t. n,
ment un tel parti, mais on eut beau lui promettre une p. 462. Mais dans le passage parallèle de l'Introductio
pleine liberté de défense et une entière sécurité pour son langage est plus embarrassé il appelle foi, fides,
sa personne, il persista dans son appel et déclina obs- la connaissance purement rationnelle qu'il estimait
tinément la compétence d'un tribunal qu'il avait lui- tout à l'heure indigne de ce nom, nec pro fide repu-
même choisi. Bern. Ep., CCCXXVII, P. L., t. CLXXXII, tandum. Il ajoute, il est vrai, par manière de correction
col. 540-542. que cette foi initiale dépourvue de charité n'est pas
méritoire. Mais s'il se sauve ainsi de la contradiction, de Reims et des évêques de Soissons, de Châlons et
c'est pour tomber dans une erreur théologique. Un d'Arras, la troisième-en son nom propre et pour la
acte d'adhésion donnée à la vérité, même divinement justification de sa conduite personnelle.Epist.,
révélée, ne sera jamais un acte de foi, s'il n'est fondé CCCXXXVII (cf. cccxxx), CXCXI, P.L., t. CLXXXII,
que sur des motifs purement naturels, humana com- col. 540 sq. Indépendammentde cette triple relation
pulsi ratione. il composa à l'intention du pape, sous forme de
Ces incohérences dans la pensée et dans l'expres- lettre, un traité dans lequel il examine et discute
sion ont porté Rémusat, Abélard, t. II, p. 204-275, et les principales erreurs du professeur de la mon-
Reuter, Geschichte der religiosen Aufklcirung in Mit- tagne Sainte-Geneviève. cc' Cette composition, dit
telalter, Berlin, 1875, t. I, p. 227, à donner au texte que Rémusat, Abélard, t. i, p. 226, a étéjustement placée
nous discutons un sens rationaliste. Cette interpré- parmi les meilleures de son auteur. » Bernard y
tation est sûrement forcée. Voir une discussion de ce insiste sur l'abus de la méthode dialectique qui ca-
texte dans Vacandard, Vie de saint Bernard, t. II, ractérisait la théologie du novateur. La trinité et
p.137, note 2; cf. Abélard, p. 388 sq.; Deutsch, Peter la rédemption sont les seuls dogmes spéciaux
Abiilard, p. 117-120. Il n'y a rien là qui puisse servir dont il s'occupe avec quelque étendue. Il joint à sa
à préciser la méthode philosophico-théologiqued'A- lettre un recueil des erreurs d'Abélard, Ep., cxc, seu
bélard. Ce caractère ressort bien plutôt de l'idée Tractatus de erroribus Abælardi. P.L., t. CLXXXII,
qu'il se forme de la raison. La raison, créée spéciale- col. 1054-1070.
ment à l'image de Dieu, n'a pas d'inclination plus Les Pères du concile avaient dressé et envoyé à
vive que de connaître celui dont elle est l'image. De Rome un recueil du même genre. Ep., CCCXXXVII,
là son effort, toujours impuissant, pour pénétrer l'in- n. 4, P.L., loc. cit., col. 542. Cf. Portalié, article Abé-
fini, Theologia christiana, Cousin, t. II, p. 552; Intro- lard, dans le Dictionnaire de théologie catholique, t. I,
ductio,p. 115. Dieu, cependant, favorise ce mouvement col. 43-45.
en éclairant l'âme par une action intérieure et mysté- Malgré toutes ces précautions, l'abbé de Clairvaux
rieuse, sorte d'inspiration habituelle départie non n'était pas complètement rassuré sur l'issue du procès
sagesse, aux- dialecticiens :
pas à tous les hommes mais à ceux qui cultivent la
Perpauci sunt quibus
hujus scientise (Dialectices) secretum imo sapientiœ
engagé. Les cardinaux, ou du moins plusieurs d'entre
eux, lui inspiraient quelque défiance. Pour les gagner à
sa cause, il rédigea une série de lettres qu'il fit porter
thesaurum divina revelare gratia dignetur. Dialectica, à destination par un de ses amis, Nicolas de Mon-
Cousin, Ouvrages inédits d'Abélard, p. 436. Abélard tiéramey. Epist., CXCXII, CXCXIII, CCCXXXI-CCCXXXVI,
tend ici à confondre les inspirations naturelles du CCCXXXVIII, P.L., loc. cit., col. 358-359, 536-539,542.
génie avec les inspirations surnaturelles de la foi. Sur ces lettres, cf. Vacandard, Vie de saint Bernard,
La comparaison qu'il établit entre les prophètes de t. II, p. 156-159.
la Judée et les philosophes grecs, tels que Platon et Abélard, de son côté, n'était pas demeuré inactif.
Socrate, s'explique de la sorte aisément.C'est « par Au lendemain du concile, il avait composé une pro-
un effet d'une même inspiration divine, dit-il, que fession de foi dans laquelle, non content de défendre
la connaissance des mystères, en particulier du mys- pied à pied ses théories et ses erreurs, il accuse l'abbé
tère de la trinité, est commune aux païens et aux de Clairvaux d'ignorance, de falsification et de « fré-
juifs: »Introductio, 1. I, P. L., loc. cit., col. 998; Cousin, nésie ». Cf. Disputalio anonymi, dans Teissier, Biblio-
t. II,p. 31; Theologia christiana, 1. I, P. L., loc. cit., theca P. P. Cisterciensium, vol. II, t. IV, p. 238-239,
col. 1123-1165; De unitate et trinilate divina, p. 4; P. L., CLXXX, col. 283 sq.; Otto Frising, De gestis
Comment. inEp. adRomanos, col. 803; Cousin, 174. p. Friderici, 1. I, c. XLIX. Cf. Vacandard, Vie de saint
Aussi les dialecticiens, héritiers des philosophes, Bernard, t. II, p. 159-160. Mais ce premier mouve-
seront-ils admis à comprendre et à expliquer les ment de colère passé, il renonça à une polémique qui,
mystères, non pas avec une clarté parfaite, mais pour- aggravant ses torts, pouvait empirer sa situation.
tant d'une certaine façon rationnelle, quodammodo L'apologie qu'il adressa à Héloïse marque le change-
rationaliter. Cf. Vacandard, Abélard, p. 382-455. Ce ment qui s'opéra insensiblement dans son âme. « Hé-
fut cette prétention d'Abélard à l'intelligence par- loïse, ma sœur, toi jadis si chère dans le siècle, au-
ticulière, réservée du dogme, que l'abbé de Clairvaux jourd'hui plus chère encore en Jésus-Christ, la logique
combattit avec tant de vivacité. Tractatus deerroribus m'a rendu odieux au monde. On dit que je suis
Aboelardi,c. I, P.L., t.
CLXXXII,col.1055;Ep. CXCIII, éminent dans la logique, mais que j'ai failli grande-
ment dans la science de Paul.Nolo sic esse philosophus
CCCXXXVIII, etc., ibid., col. 359, 542.
En prenant congé de ses juges, Abélard avait sus- ut recalcilrem Paulo; non sic esse Aristoteles ut secludar a
pendu sur leur tête, par son appel au pape, une épée Christo, » etc. Ep., XVII, P.L., t. CLXXVIII, col. 375;
menaçante. Œuvres, éd. Cousin, t. I, p. 680.
à
Rome, à qui il était réservé de se prononcer sur
sa personne, ne pouvait échapper la nécessité d'exa-
miner en même temps sa doctrine, c'est-à-dire, par
VII. SA CONDAMNATION PAR LE PAPE INNOCENT II.
— Cependant Abélard avait pris le chemin de Rome.
Mais ce voyage, tardivement entrepris, ne devait pas
conséquent, de reviser les actes du concile de Sens. s'achever. A Cluny, où le pèlerin s'arrêta pour prendre
Et de cet examen allait sortir, soit la ratification, soit conseil de Pierre le Vénérable, il reçut la nouvelle de
peut-être l'annulation de la sentence portée par les sa condamnation. Les lettres de l'abbé de Clairvaux
évêques français. Bien que cette dernière alternative avaient produit leur effet. Il ne se trouva pas, que
fût extrêmement improbable, elle ne laissait pas que l'on sache, dans le Sacré Collège, un ami d'Abélard
d'inquiéter saint Bernard. Pour parer un tel coup, qui entreprit de défendre sa personne ou ses ouvrages.
il déploya une -prodigieuse activité, qui est attestée On le condamna sans l'entendre. Et cette mesure, qui
par une volumineuse correspondance. Il semble qu'il fut une dérogation fâcheuse aux procédés habituels
ait voulu prendre d'assaut la curie romaine et lui dic- de la cour romaine, est due, selon nous, à l'influence
ter ses volontés. de saint Bernard. Le pape n'a fait que céder à ses
C'est d'abord le pape Innocent II qu'il entreprend instances et à ses objurgations en traitant comme'
de gagner. Il luiadresse à lafoistrois lettres pressantes, un hérétique avéré et un rebelle opiniâtre le fugitif
rédigées, les deux premières de concert avec les Pères qui avait fait profession de se soumettre d'avance
du concile, l'une au nom de l'archevêque de Sens et à la justice et à la décision du souverain pontife.
de ses suffragants, l'autre au nom de l'archevêque Six semaines environ après le concile de Sens (16
juillet 1140), Innocent II adressait à ses vénérables explications fussent l'expression exacte du dogme.
frères Henri de Sens, Samson de Reims et à leurs suf- L'abbé de Clairvaux laissa courir une Apologie qui
fragants, ainsi qu'à son très cher fils en Jésus-Christ,
Bernard, abbé de Clairvaux, un rescrit daté du Latran,
qui contenait la sentence si instamment demandée.
:
paraissait, dans ses termes généraux, sincèrement
catholique tout le monde parut s'en contenter.

Après un assez long préambule, la lettre porte


« Ayant pris conseil de nos frères les évêques et les
cardinaux, nous condamnons, en vertu de l'autorité
: de séquestration:
Abélard jugea dès lors le moment venu de renoncer
aux agitations de la vie publique. On le menaçait
il demanda à Pierre le Vénérable
la faveur de terminer ses jours à Cluny. Pierre trans-
mit lui-même ce vœu au souverain pontife. P.L.,
des saints canons, les articles recueillis par vos soins
et tous les dogmes pervers de Pierre, ainsi que l'au- t. CLXXXIX, col. 305. On vit donc ce « moine sans
teur lui-même, et nous lui imposons à lui, comme héré- »
règle dont parle l'abbé de Clairvaux, prendre rang
tique, un perpétuel silence. Nous estimons, en outre, parmi les religieux d'une communauté régulière, dont
que tous les sectateurs et défenseurs de son erreur il fit l'édification par sa piété. Il n'y eut qu'une voix
devront être séparés de la communion des fidèles et pour lui rendre témoignage. Pierre le Vénérable le
enchaînés dans le lien de l'excommunication. » P. L., compare pour l'humilité à saint Germain, et à saint
t. CLXXXII, col. 359; Jaffé, Regestaromanorum ponti- Martin pour l'esprit de pauvreté. Cependant, après la
ficum, n. 8148, avec correction de la date de l'année prière, la science faisait toujours ses délices, sa lec-
fournie par Deutsch. Une seconde lettre, en date du ture était assidue. Tout ce qu'il avait d'intelligence,
même jour et portant la même suscription que la pré- d'activité, appartenait à la théologie, à la philosophie-
:
cédente, Jaffé, Regesta, n. 8149, P. L., t. CLXXXII,
col. 349, note, insistait de la façon suivante « Par les
présents écrits nous mandons àvotre Fraternitéde faire
et à l'érudition, qui étaient le constant objet de ses
méditations et de ses entretiens, antiqua sua revocans
studia. Petri Vencrab., Ep., IV, 21, P. L., t. CLXXXIX..
enfermer séparément, dans les maisons religieuses qui col. 350-352.
paraîtront les plus convenables, Pierre Abélard et Une maladie de peau, scabies, et d'autres infir-
Arnaud de Brescia (celui-ci avait été dénoncé à Rome mités vinrent malheureusement assaillir Abélard
en même temps que son ami par l'abbé de Clairvaux), dans sa retraite. Le séjour de Cluny lui devint funeste.
fabricateursde dogmes pervers et agresseurs de la foi Dans l'intérêt de sa santé, Pierre le Vénérable l'en-
catholique, et de faire brûler leurs livres partout où voya au prieuré de Saint-Marcel,près de Chalon, sur
:
on les trouvera. » A cette note était annexé l'ordre
ci-joint « Ne montrez ces écrits à personne jusqu'à
ce que la lettre même (sans doute le rescrit principal)
les bords riants de la Saône. Là encore il se livra pas-
sionnément à l'étude. Comme Grégoire le Grand il
priait ou lisait, ou écrivait, ou dictait. On a pu croire
ait été communiquée aux évêques dans le prochain même qu'il avait alors revu et corrigé plusieurs de
colloque de Paris. » Et, comme pour prêcher d'exemple, ses écrits, notamment sa Dialectica. Cf. Cousin, Frag-
Innocent II fit brûler publiquement les ouvrages ments de philosophie du moyen âge, 1856, p. 37 sq.
d'Abélard dans l'église Saint-Pierre, à Rome.Gaufridi Tout à coup la maladie qui devait l'emporter empira,
Ep. (id Albin, cardinal., P.L., t. CLXXXV,col. 595-596. Sentant que sa dernière heure était proche, il fit, dans
Cf. Bernardi vita, 1. 111, c. v, n. 14, col. 311. les dispositions les plus saintes, d'abord sa profession
Lorsque Abélard connut cette décision, il prit cou- de foi catholique, puis l'aveu de ses fautes; il reçut
rageusement le parti de la soumission. Pierre le Véné- le viatique, recommanda à Dieu son corps et son âme
rable lui ménagea une entrevue avec l'abbé de Clair- pour l'éternité et s'endormit doucement dans le
vaux et lui fit comprendre que, s'il avait énoncé quel- Seigneur, le 21 avril 1142. PetriVencrab.,Ep., IV, 21,
que proposition qui pût choquer les oreilles catho- loc. cit. Pour la date de la mort, cf. Vacandard, dans
liques, il fallait qu'il les rayât de ses livres sur l'avis laReuuedesquest. hist.,juillet 1891, p. 237-238. Il était
de personnes sages et fidèles. Ce fut l'abbé de Cîteaux âgé de soixante-trois ans.
qui s'entremit entre Bernard et Abélard. L'entrevue Son corps fut d'abord inhumé à Saint-Marcel, puis
fut ce qu'elle devait être, franche et pleine de cordia- transporté secrètement au Paraclet, Heloissæ Ep.,
lité. Les deux adversaires, après une lutte trop vive ad Petrum Venerab., dans Cousin, t. i, p. 715; Abso-
de part et d'autre, étaient heureux de se rapprocher. lutio Petri Abxlardi,ibid., p. 717, P. L., t. CLXXXIX,
Abélard, de retour à Cluny, raconta à Pierre le Véné- col. 427-428, où Héloïse lui rendit les derniers hon-
rable qu'ils avaient assoupi leurs anciennes querelles. neurs, en attendant qu'elle le rejoignît dans la tombe.
t.
Pétri Venerab., Ep., IV, 4, P. L., CLXXXIX, col. 305.
VIII. SA SOUMISSION ET SES DERNIÈRES ANNÉES. —
Nul n'ignore que, depuis la Révolution française, leurs
restes réunis reposent à Paris dans le cimetière du
Il se mit aussitôt en devoir de composer, comme il Père-Lachaise. On peut voir dans Rémusat, Abélard,
l'avait promis, une profession de foi, qu'il intitula t. I, p. 265-268 et surtout dans la Notice historique
Jérôme:
encore Apologie. « On connaît, dit-il, le mot de saint
qui a fait beaucoup de livres s'est donné
beaucoup de juges. De toutes les fautes que l'on
m'attribue, il n'en est pas une, Dieu m'en est témoin,
sur la sépulture d'Héloïse et d'Abélard, par Alexandre
Lenoir, Paris, 1815, le récit de leurs translations suc-
cessives.
IX. ABÉLARD POSTHUME. — Abélard disparu, que
dont je me sente coupable. Toutefois,s'il en était une, devinrent ses disciples et que restait-il de son œuvre?
je me garderais bien de la défendre opiniâtrément. Ses disciples les plus en vue se dispersèrent. Ar-
J'ai pu me tromper sur certains points, mais je n'ai naud de Brescia, après avoir professé quelque temps
rien avancé par malice et par orgueil. Je dois être encore sur la montagne Sainte-Geneviève, fut obligé
regardé comme un fils de l'Église. J'accepte tout ce de quitter la France et regagna bientôt l'Italie et
qu'elle enseigne, je réprouve tout ce qu'elle condamne. Rome. Cf. Vacandard, Vie de saint Bernard, t. n,
Je n'ai jamais rompu l'unité de la foi. » Là-dessus p. 235-258, 465-469; Vernet, art. Arnaud, dansleDic-
Abélard corrige dans le sens de l'orthodoxie la plu- tionnaire de théologie catholique, t. I, col. 1972-1975.
part des propositions que le concile de Sens avait Pierre Bérenger écrivit une Apologie de son maître, où
condamnées. Apologia, seu confessio fidei, Œuvres, édit. il maltraite violemment l'abbé de Clairvaux, quitte
Cousin, t. II, p. 719-723; P. L., t. CLXXVIII, col. 106. à rétracter plus tard ce que son ouvrage avait de ma-
Cette correction n'est peut-être pas aussi entière licieux. Berengarii scolasticiApologeticus, éd. Cousin,
qu'on eût pu le désirer, mais elle est telle qu'on pou- t. il, p. 771-785; P. L., t. CLXXVIII, col. 1857-1870.
vait l'attendre d'Abélard sincèrement converti. Avec Cf. Ep. ejusdem ad episcop. Mimatensem, ibid., col.
son tour d'esprit, il eût été bien étonnant que ses 1871. Cf. Vacandard, Vie de saint Bernard, t. n,
p. 166-169, 173-174, et art. Bérenger,dans leDiction- par là que, si les disciples d'Abélard ont été influen-
naire de théologie catholique, t. II, col. 720-722. Ce- cés par l'école de Saint-Victor, celle-ci, en retour,
pendant, en 1159, Jean de Salisbury affirme qu'Abé-
lard avait encore des partisans de sa philosophie
Multas reliquit et adhuc aliquos habet professionis
: subit également l'influence d'Abélard. Sur cette ac-
tion et réaction des deux écoles l'une sur l'autre,
voir Portalié, art. Abélard, dans le Dictionnaire
hujus sectatores et testes. Metologicus, 1. II, c. xvii, de théologie catholique, t. I, col. 51-55.
P. L., t. CXCIX, col. 874. Abélard ne fut donc pas seulement un professeur
Cette philosophie est difficile à caractériser, nous de premier ordre, il fut aussi un théologien éminent,
l'avons vu; ce qu'il y avait de solide dans le concep- sinon très sûr. Son Sic et Non, en montrant la nécessité
tualisme d'Abélard finit par se fondre dans le réa- d'employer la critique dans l'usage des textes bi-
lisme modéré de saint Thomas d'Aquin. bliques et patristiques, a fait époque et a préludé à
En théologie, l'action posthume de l'auteur de une réforme de l'enseignement. Abélard a contribué,
l'Introductio ad theologiam fut plus considérable. en outre, pour une large part, au développement de
Outre l'Epitome theologise qui fut probablement la méthode scolastique. Certes, il n'en fut pas le créa-
composé de son vivant par un de ses disciples, nous teur, comme le prétend M. Picavet, Abélard et Alexan-
connaissons, grâce aux recherches du P. Denifle, dre de Halès, créateurs de la méthode scolastique,
Abœlards Sentenzen und die Bearbeitung seiner theo- Paris, 1896, p. 1-14. Saint Anselme l'avait devancé.
logia, dans Archiv, loc. cit., t. I, p. 402 sq., 584 sq., Mais l'Introductio ad theologiam est bien la première
et de son collègue le P. Gietl, Die Sentenzen Rolands Somme connue, entreprise pour coordonner en un
nachmals Papstes Alexander III, in-8°, Fribourg-en- seul ouvrage tout l'enseignement de la foi. Le De
Brisgau, 1891, divers ouvrages qui attestent l'in- sacramentis de Hugues de Saint-Victor lui est pos-
fluence d'Abélard en Italie aussi bien qu'en France. térieur. Cf. Mignon, Les origines de la scolastique, 1895,
Ce sont, comme on les appelait, des Sommes de Sen- t. I, p. 106. C'est bien dans l'Introductio que se re-
tences. L'une est l'œuvre de Roland Bandinelli, qui marquent pour la première fois « les trois perfection-
professa avec tant d'éclat le droit canon et la théolo- nements essentiels de la théologie scolastique : la
:
gie à Bologne, avant de devenir pape sous le nom
d'Alexandre III Sententise Rodlandi Bononiensis
magistri aucioritatibus rationibus fortes (ms. III, 77,
synthèse de toute la théologie, l'introduction de pro-
cédés plus sévères de la dialectique et la fusion de
l'érudition patristique avec la spéculation ration-
de Nuremberg). La seconde est encore d'un écolâtre nelle. » Portalié, art. cit., col. 54. Ce sera la gloire
de Bologne, Ognibene, contemporain de Roland. Une d'Abélard d'avoir attaché son nom à un si important
troisième, découverte à Saint-Florian (Haute-Autri- ouvrage. Par là il a mérité d'être considéré, malgré
che), fut composée par un théologien qui professait ses erreurs, comme un illustre précurseur de Pierre
à Milan. Ces deux dernières sont inédites, mais De- Lombard et de saint Thomas d'Aquin.
nifle et Gietl en ont donné des extraits en éditant
les Sententiæ Rodlandi. Tous ces écrits « ont pour I. ŒUVUES d'ABÉLARD. — Cousin, PetriAbselardi opera
hactenus seorsim edila, 2 vol. in-4°, Paris, 1859.
caractère commun une dépendance évidente de — Du
même, Ouvrages inédits d'Abélard pour servir à l'histoire
l'Introductio ad theologiam. Tous lui empruntent le de
la philosophie scolastique en France, in-4°, Paris,1836. Ce
:
même Incipit, qu'on ne retrouve dans les manuscrits
d'aucune autre école Tria sunt in quibus humanæ
salutis summa consistit, fides scilicet, caritas et sacra-
volumerenferme de longs extraits des gloses sur Aristote,
Porphyre et Boèce, un fragment sur les Genres et les espèces,
qui est, d'après Cousin, «la pièce la plus intéressante du
mentum. Suivant cette division tout abélardienne, ils grand procès du nominalisme et du réalisme dans le siècle
ramènent la théologie à trois parties (les sacrements d'Abélard » et enfin la Dialeclica. P. L., t. CLXXVIII Petri
Abœlardi Opera omnia, in-8°, Paris, 1855. Stolzle, :Abae-
chez tous précédant la charité). Enfin Abélard est lards 1131 zu Soissons vcrurlheiller Tractatus de Unitale
pour eux le Magister Petrus (preuve que Pierre Lom- divina, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1891. — Hauréau,
bard n'était pas encore illustre), ou même, pour Ogni- Carmen ad Aslralabiiimfil ium, dans Notices et Extraits des
bene, le Magister tout court, dont on adopte les vues manuscrits de la Blibioihèque nationale, 1895, t. XXXIV,
et les formules. « Portalié, Abélard, dans le Diction- 2e partie, p. 153 sq.
naire de théologie catholique, t. I, col. 50. II, SOURCES CONTEMPORAINES.—Le Recueil deshistoriens
En France, Jean de Salisbury, Pierre Lombard, des Gaules a rapproché les fragments d'Othon deFreisingen,
Guillaume de Conches, et même, à certains égards, t. XIII, p. 654, de Jean de Salishury, t. XIV, p. 300, des Vies
de saint Goswin et de saint Bernard, t. XIV, p. 327, 370, 442,
les maîtres de l'école de Saint-Victor de Paris, sont qui concernent Abélard. — S. Bernardi Epistolæ, CLXXXVII-
témoins de l'autorité qu'Abélard exerçaencore après CXCIV, CCCXXX-CCCXXXVIII, P. L, t. CLXXXII, col. 349-361,
sa mort. Pierre Lombard feuilletait sans cesse l'Intro- 535-544; Capitula Hœresum Petri Abœlardi, ibid., col. 1049-
ductio ad theologiam. C'est Jean de Cornouailles, son 1054 (l'Épitre cxc est le Contra quædam capitula errorum
disciple, qui nous l'assure. Eulogium ad Alexandrum Abælardi ad Innocentium II papam, ibid., col. 1054-1072);
Petri venerabilis Epistolæ, 1. II, ep. IV, ad Innocentium II, —
III, P. L., t. CXCIX, col. 1052. Géroch de Reichersberg,
dans sa lettre à Adrien IV contre les adoptianistes, P. L., t. CLXXXIX,col. 305; 1. IV, ep. XXI, ibid., col. 347;
1. VI, ep. XXII, ibid., col. 428.
montre avec effroi les écoles de France et de tous les Ep. ad Gaufridum et Bernardum, — Guillaume de Saint-Thierry,
dans P. L., t. CLXXXII,
pays obscurcies par l'épaisse fumée que Pierre Abé-
lard avait laissée après lui. Bach,DieDogmengeschichte,
col. 531; Disputatioadversus Abwlardum,P. L., t. CLXXX,
col. 249-282; Disputatio catholicorum Patrum adversus dog-
t. II, p. 37. Et Guillaume de Saint-Thierrv voit re- mata Petri Abselardi, P. L., ibid., col. 283-328. — Pierre
vivre le professeur de la montagne Sainte-Geneviève Bérenger, Apologeticus, dans Cousin, t. n, p. 772; P. L.,
dans Guillaume de Conches. « Ils pensent demême, t. CLXXVIII, col. 1857-1870.
dit-il, ils parlent de même. Seulement, le premier dis- III. MONOGRAPHIESou ÉTUDES SPÉCIALES. Dom Ger-
simulait tandis que le second déclare brutalement vaise, La vie de P. Abélard et celle d'Héloise son—épouse, 2 vol.
in-12,Paris,1720.—Dom Ceillier,Histoire générale des auteurs
leur sentiment commun. » De erroribus Guillelmi de sacrés, 1758, t. XXII, p. 153-192. — Dom Clément,Hist. litt.
Conchis, P. L., t. CLXXX, col. 334. Enfin la célèbre
Summa sententiarum, que Du Boulay, Hist. Universit.
-
la France, 1763, t. XII, p. 86-152. Jos. Berington, The his-
de
tory of the lives of Abeilard and Heloïsa,in-4°, Londres, 1784.
Paris., t. II, p. 64, regardait comme la première Somme —Luigi Tosti, Storia d'Abelardoe de suoi tempi,in-8°,Naples,
et le modèle de toutes les autres, mais qui est posté- 1851. — Rémusat, Abélard, sa vie, sa philosophie et sa théo-
rieure aux Sommes que nous avons citées, s'inspire 2
logie, in-8°, Paris, 1855. — Gréard, Lettres complètes d'Abé-
lard et d'IIéloïse, in-12, Paris, Garnier, s. d..
en maints endroits des théories abélardiennes. Or, Abélard, sa lutte avec saint Bernard, sa doctrine,— Vacandard,
cet ouvrage est d'origine victorienne. Nous voyons méthode
in-12, Paris, 1881. Cf. Vie de saint Bernard, t. saII, p. 140-
176.—Deutsch,DiesynodevonSens1141 und die verurthei- tenir une lutte pénible contre les grégoriens (armé-
ung Abälards, in-8°, Berlin, 1880; Peler Abälard, Leipzig, niens non unis) de Zeïtoun. L'un de ses missionnaires
1883.—Goldhorn,Abeelardi Traclatus de unitate et de tri- dut être protégé par le représentant de la France
nitate divina und Theologia, in-8°, 1866. — J. Bach, Die contre leurs vexations. L'école des garçons et celle
Dogmengeschichie des Mittelallers von christologischen
des filles commencées le 15 avril 1860 s'élevaient
Standpunkte, in-8°, Vienne, 1875, t. II, p. 43-88. — Hefele,
; ;
Conciliengeschichte, 2eédit., § 610 et 616, t. v, p. 358,451
trad. franç. de Delarc, t. VII, p. 161-62 250-288. —
lentement sous la protection des soldats turcs. Faute
de ressources, la construction de l'église fut inter-
Vigouroux, Les Livres saints et la critique rationaliste,3e édit., rompue au bout de six mois (1862). A ce moment,
in-12, Paris, 1890, p. 337-354. De Régnon, Études de théo- il y eut un mouvement de conversion au catholi-

logie positive sur la Trinité, in-8°, Paris, 1892,t.n, p. 65-85.1- cisme parmi les grégoriens, mouvement émotivé sur-
Denifle, Abälards Sentenzen und die Bearbeitungen seiner tout par des causes d'ordre politique. Manquant de
Theologia,dans Archiv. für Lileratur und Kirchengeschichte
des Mitlelallers, 1885, t. i, p. 418 sq., 603. — Gietl, Die prêtres et voulant éprouver les grégoriens qui se
Sentenzen Rolands nachmals Papstes Alexander III, in-8°, tournaient vers lui, Abélian n'admit pas immédia-
-
Fribourg-en-Brisgau, 1891. Picavet, Abélard et Alexandre tement dans sa communion les habitants de Zeïtoun
de Halès, créateurs de la méthode scolastique, Paris, 1896. — et des villages voisins, Yenigé, Demrek. Mais, pendant
Wilhelm Meyer, Die Anklagcsulze des heil. Bernhard gegen cette accalmie, on reçut de France les
Abulard,dansNachrichien des Gesellschaftder Wissenschaften pour achever l'église et rebâtir l'école desressources filles in-
zu Gottingen, philologisch-hislorisclie Classe, 1898, fase. 4, cendiée en 1864, pendant que le vice-consul français
-
p. 420. — Portalié, art. Abélard, dans le Dictionnaire de théo-
logiecatholique, in-8°, Paris, 1903,1.1, col. 36-55. Kaiser,
-
PierreAbélardcritique,thèse, Fribourg, 1901. Th Heitz, La
Bourcier-Saint-Chaffray y demeurait. L'évêque envoya
ensuite un prêtre aux familles de Zeïtoun qui persis-
philosophie ci la foi dans l'œuvre d'Abélard, dans la Revue taient dans leur désir d'être catholiques et fonda
des sciences philosophiques et ihéologigues, octobre 1907, ainsi la mission de Zeïtoun (17 février 1866). Albistan,
p. 703-726. — U. Chevalier, Répertoire bio-bibliogr., 2e éd. Dchermendereci, Hadjin obtinrent, la même année,
1905, t. 1, col. 2-5. un prêtre catholique. Les catholiques de Marache don-
E. VACANDARD. naient à leurs frères l'exemple En 1873
2. ABÉLARD (PIERRE),né à Joué, le 9 août 1765, les Kupélianistes, autorisés de lale fidélité. pouvoir civil à
était vicaire à Bourgueil quand éclata la Révolution. s'emparer des églises catholiques, par
Déporté en Espagne, il fut à son retour vicaire à ne purent entrer
dans celle de Marache et s'éloignèrent- après des
Notre-Dame puis à Saint-Serge d'Angers et enlin tentatives qui avaient duré 23jours.
curé deMoranncs en 1808. Il mourut en fonctions le Les deux premiers successeurs de P. Abélian ont
22 avril 1852.
-
été Clément Mickeliam, 23 septembre 1877 †1890;
Avédis Turkian 1890-†29 août 1900. Le dernier
Anjou historique, t. v, p. 475. — Journal de Maine-et-
Loire, 24 avril 1852. évêque, Mgr Mouradian, démissionnaire, n'est pas
F. UZUREAU. encore remplacé. D'après les renseignements que
ABÉLÈNE,évêque de Genève. Le moine Jonas, bio- nous ont fournis M. le vice-consul français Deny et
graphe de saint Colomban, a conservé le souvenir plusieurs anciens élèves de l'université Saint-Joseph
d'Abélène. Voici ce qu'il en dit. Agrestius, adversaire de Beyrouth (sémin. oriental Saint-François-Xavier),
de la règle colombanienne, travaillait de tout son pou- le diocèse de Marache comptait, en 1908,5500 catho-
voir contre elle, et particulièrement contre Eustase, liques environ, dont 4 500 à Marache, 500 à Zeïtoun,
abbé de Luxeuil, son ancien maître et ami. Il avait un 200 à Albistan.
puissant soutien dans la personne d'Abélène, évêque F. TOURNEBIZE.
de Genève, annuente sibi AbelenoGenuensis urbis epis- ABÉLIENS, ABÉLOITES ou ABÉLONDENS.
copo qui consanguinitatis proximus erat. Celui-ci s'ef- Secte hérétique, qui fit son apparition dans un coin
força de gagner les prélats voisins à la cause d'Agres- du diocèse d'Hippone, en Afrique, vers 370. Il est dif-
tius, si bien que le roi Clotaire convoqua à Mâcon un ficile d'en fixer les origines. Elle semble cependant
concile où les évêques bourguignons durent décider le- avoir constitué une des nombreuses ramifications de
quel des deux avait raison, d'Eustase ou d'Agrestius. la Gnose et avoir subi l'influence du manichéisme -
Ce dernier eut la majorité contre lui et fut contraint africain. Quoi qu'en pense G. W. Walch, Ketzerge-
de faire amende honorable. L'assemblée de Mâcon eut schichte, t.1, p. 608, on ne peut révoquer en doute
lieu après 620, probablement en 626. Nous ne savons l'existence de cette secte. Tous les renseignements
rien d'autre sur Abélène. Son successeur Pappolus II historiques qui la concernent nous viennent de saint
n'apparaît qu'en 650. Augustin, Dehæresibus, LXXXVII, P.L., t. XLII, col. 47.
D'après certains auteurs, les adhérents de cette secte
Jonas, Vitæ Columbani, Vedaslis, etc., 1. II, c. IX; édit., tiraient leur nom du patriarche Abel, dont ils se
-
Krusch,Scriptores rerum germanicarum in usunt scholarum,
1905, p. 248. Duchesne, Fastes épiscopaux, t.1, p. 228.—
M. Besson, Les évêques de Genève, d'Abélénusà Bernard, dans
proposaient vraisemblablement d'imiter le genre
de vie. Ils n'avaient aucun commerce avec leurs
la Revue d'histoire ecclésiastiquesuisse, 1907, t. I, p. 241-242. femmes, quoiqu'il leur fût interdit de vivre dans le
M. BESSON. célibat. Dans le mariage, les époux observaient donc
ABÉLDAN (APÉLIAN) (PIERRE), premier évêque la continence; ils renonçaient ainsi à avoir une posté-
catholique arménien de Marache au XIXe siècle;consa- rité. Pour remédier à cet inconvénient, ils adoptaient
créen 1842, mort le 30 juillet 1875, àl'âge de 70 ans. un garçon et une fille, qu'ils constituaient leurs héri-
Quelques années avant le sacre de Mgr Abélian, le tiers. S'ils venaient à mourir, deux autres enfants
patriarche catholique arménien Grégoire XIV- prenaient leur place au foyer conjugal. L'important
Pierre VIII (1844-1866), résidant à Bzoummar, était de perpétuer dans la maison la présence de deux
avait, sur la demande d'une centaine de familles personnes de différent sexe. Si l'un des conjoints
converties, envoyé à Marache le prêtre séculier mourait, les deux enfants continuaient leurs services
Sabbaghian. Celui-ci secondé par le P. franciscain auprès du survivant. A la mort de ce dernier, restés
Gesualdo d'Alep et protégé par le consul italien seuls, ils adoptaient à leur tour, un garçon et une
d'Alep, comte Bentivoglio, groupa 400 familles en- fille. Les paysans, au milieu desquels vivaient les
viron, qui se réunissaient alors dans la maison des Abéliens, étaient bien aises de leur céder leurs enfants,
Terzian, au quartier de Divanli. Mgr Abélian, à son comme fils adoptifs, dans l'espoir d'en recueillir l'hé-
arrivée, fut aidé par trois prêtres de Bezoummar, qui ritage. La secte abélienne n'eut pas une brillante for-
avaient remplacé Sabbaghian. Il eut d'abord à sou- tune. Elle s'éteignit peu à peu. A l'époque de saint
Augustin, elle n'existait plus que dans un petit vil- la fausse indication de lieu « Luneberge »; il soutint
lage; comme ils étaient déjà très peu nombreux, ils de plus en chaire le bon droit de Catherine. En consé-
finirent tous par rentrer dans le giron de l'Église, de quence, il fut enfermé à la Tour Letters, t. v, n. 1242,
sorte qu'il ne resta plus aucune trace de leurs erreurs. 1256, 1325. Relâché à la fête de Noël, avec interdic-
Cf. aussi le Prædestinatus, 1. I, c. LXXXVII, P. L., tion de prêcher jusqu'à Pâques, il fit partie de la mai-
t. LIII, col. 617, qui reproduit la notice de saint Augus- son de la reine Catherine. En décembre 1533, après le
tin. mariage du roi avec Anne Boleyn, Henri VIII s'efforça
V. ERMONI. vainementd'obtenir de Catherine qu'elle quittât le
ABELIN (MATHIAS), abbé de Weltenbourg. Né à titre de reine pour prendre celui de princesse douai-
Augsbourg vers le dernier quart du XVIe siècle, Abe- rière de Galles; il ne put pas davantage obtenir de ses
lin entre à l'abbaye bénédictine de Weltenbourg serviteurs un serment où la qualité de reine serait re-
après avoir achevé ses études à Ingolstadt. On ignore fusée à leur maîtresse. Les deux chapelains Abell et
l'époque de son entrée au monastère. Élu abbé le Barker furent, pour avoir conseillé cette résistance,
27 mai 1626, il s'efforça de rétablir les finances de enfermés à la Tour. On les impliqua de plus, en 1534,
sa maison, mais les incursions des Suédois en avril dans l'affaire de la nonne de Kent, comme complices
et en novembre 1632 et les guerres des années sui- »
,: de ses trahisons par leur silence. Letters, t. vr, n. 19,
178,842,1468,1541,1571. On a une lettre touchante
vantes entravèrent ses efforts. C'était un prélat
d'ancien style, bon, généreux, dévoué, un peu fier, d'Abell à un de ses compagnons de captivité, le fran-
ce qu'il montra particulièrement dans les efforts ciscain Forest (Bourchier, Historia, p. 42 sq.) où il se
qu'il fit pour obtenir les pontificalia. C'était aussi un déclare heureux de souffrir pour la cause de Dieu, et
homme instruit; il composa en 1643 : Chronographica encourage son ami. Le 30 juillet 1540, Abell fut, pour
instructio de fundatione celeberrimi et antiquissimi trahison, refus du serment de suprématie royale, et
monasterii Weltenburgici O. S. B., in-4°. Straubing, défense obstinée de la validité du mariage du roi avec
1643, L'abbé Abelin mourut le 11 janvier 1659. Catherine, traîné sur la claie, et pendu, puis décapité
à Smithfield Letters, t. VI, n. 70; Statute 25 Hen-
P. Benedikt Niedermayer O. S. B., Matthias Abelin, der
erste inflirte Abt des Benediklinerklosters Weltenburg (Pro- ry VIII, c. XII. A la tour Beauchamp, dans l'enceinte'
de la Tour de Londres, subsiste encore un souvenir du
gramm des königl. Ludwigs-Gymnasiums zum Schluss des
Studienjahres, 1852-1853, 28 p. in-4°, Munich, 1853, martyr. Sur le mur est gravée une cloche, portant un
U. BERLIÈRE. A (A bell), et surmontée du nom Thomas. Trésal, Ori-
ABELL (THOMAS), théologien catholique, et mar- gines, p. 125, 211; Gairdner,English Church, p. 218 sq.
tyr († 1540), fit ses études à Oxford, où on le voit et art. cit.; Friedmann, Anne Boleyn, t. II, p. 70.
magister artium en 1516, et entra comme chapelain
SOURCES. — Letters and papers, foreign and domestic
Wood, Athenæ, t.
au service de la malheureuse Catherine d'Aragon.
i, p. 119. En 1529, la reine l'en-
voya en Espagne, auprès de Charles-Quint, pour une
Henry VIII, éd. Brewer, Gairdner, t. IV sq.
OUVRAGES. — Bourchier, Historia ecclesiastiea de mar-
tyrio fratrum ordinis minorum, Ingolstadt, 1583. —Brewer, -
délicate et périlleuse négociation. En plus de la bulle The reign of Henry VIII, Londres, 1884. — Friedmann,
de dispense qui avait autorisé le mariage de Catherine Anne Boleyn, Londres, 1884; trad. franç., Paris, 1903. —
d'Aragon avec son beau-frère Henri VIII, Jules II Gairdner, English Church in XI"J'" century, Londres, 1904,
avait donné, à la demande de Ferdinand d'Aragon, - ArticleAbell dans leDict. ofnationalBiographyi, Londres.
1908. t. I, p. 34 sq., — Gillow, Bibliogrnphical dictionary
un bref qui, réfutant par avance une des principales of the English catholics, Londres, t. I, p. 2. — Newcourt,.
objections d'Henri VIII contre la validité de cette Repertorium ecclesiasticuin parochiale Londillense, Londres,
-bulle, prévoyait l'hypothèse où Catherine aurait eu 1710. — Stewart, Thomas More, Londres, 1887.-Trésal,
des rapports conjugaux avec le prince Arthur son pre- Originesduschismeanglican, Paris, 1908.- Wood,Athense
mier mari, et concédaitla dispense pour ce cas spécial. Oxonienses, Londres, 1813.
Henri VIII, qui avait introduit sa demande en divorce J.DE LA SERVIÈnE.
devant la cour des légats siégeant à Londres, désirait 1. ABELLA (Fr. CRISTOBAL), augustin chaussé,
ardemment se procurer le texte original de ce bref, né à San Mateo (Valence), devint professeur dans le
conservé en Espagne. Il arracha à la malheureuse Ca- couvent de son ordre à Valence, docteur en théologie
therine une lettre dans laquelle elle demandait à l'em- dans cette université, et censeur de l'Inquisition. Il
pereur, son neveu, d'envoyer le document en Angleterre eut une part très importante dans le travail et les
« parce que, grâce à lui, elle pourrait se faire rendre décisions de ce tribunal. Il exerça la charge de prieur
justice. » Letters, t. IV, n. 5154. C'est cette lettre dans les couvents de Jativa et de Castellon de la
qu'Abell était chargé de porter. Le fidèle messager,
après avoir remis officiellement la lettre de sa maî-
tresse, écrivit secrètement à l'empereur « qu'il était
:
Plana, en 1657 et celle de provincial, et mourut en1680.
Parmi ses œuvres figurent 1° Sermon en las fiestas
de Valencia à la buena nueva de la canonizaciún del
envoyé par la reine pour prier Sa Majesté de l'assister glorioso padre y pastor santo Tomas de Villanueva,
le mieux possible; » elle demandait, en particulier, Valence, 1659; 2° Sententia recusationis, in Fr. An-
dream Aznar, s. 1. n. d.
ccque le bref ne fût pas envoyé en Angleterre, malgré
la demande officielle, cette demande lui ayant été im- Rodrigo, Historia général de los descalzos, p. 95. — Mo-
posée sous la foi du serment. » (Letters, t. IV, n. 5154. ral (Bonifacio), Escrilores agustinos espanoles, portugueses
Charles-Quint refusa en conséquence de se dessaisir y americanos, dans Ciudad de Dios, t. XXXIV. — Lopez
du documentpontifical. Trésal, Origines, p. 55; Gaird- Bardon (Piso), Monasiici augustiniani R. P.Fr. Nicolai
;
ner, English Church, p. 91 sq. Friedmann, Anne Bo-
leyn, t. I, p. 92; Brewer, The reign, t. II, p. 310 sq.
Crusenii continualio, Valladolid, 1903, t. II, p. 138.
L. SERRANO.
Rentré en Angleterre, Abell fut présenté, par sa maî- 2. ABELLA (PABLO GARCIA), archevêque de Va-
tresse reconnaissante, à la cure de Bradwell-by-ther lence, naquit à Madrid le 5 mars 1776 et fit ses premières
Sea, en Essex, et installé le 23 juin 1530. Newcourt, études d'humanités et de philosophie aux Reales Estu-
Repertorium, t. II, p. 84. A ce moment, Henri VIII dios de San Isidro de Madrid, célèbre collège dirigé par
sollicitait de toutes les universités des consultations les jésuites jusqu'à leur expulsion etrétablide nouveau
concluant que le pape même ne pouvait accorder de par Charles III. Il conquit le grade de docteur en théo-
dispense pour le mariage avec un beau-frère. Abell ri- logie au collège-université d'Almagro, alors dirigé par
posta courageusement à une de ces consultations par les dominicains, et entra, en 1803, dans la congrégation
un livre intitulé Invicia veritas, imprimé en 1532, avec de Saint-Philippe de Néri. Quelques années plus tard,
on l'amena prisonnier en France et il séjourna à Mon- Fructino (966-972); Citaio (972-975); Cipriano (975-
tauban et à Toulouse jusqu'à la fin de la guerre de l'In- 978); Fructuoso (978-984); Alvaro (984-994); Tehodo
dépendance. Le 16 mai 1827, Abella fut nommé auxi- (994-1001); Fernando (1001-1016); Velasco (1016-
liaire de l'archevêque de Tolède, avec le titre d'évêque 1033); Fernando (1035-?).
de Tiberiopolis, et resta dans cette fonction pendant Eloy Diaz Jimenez, Inmigraciôn mozarabe en el reino
cinq ans. Promu, le 15 avril 1832, à l'évêché de Cala- de Leon; el monasterio de Abellar, dans Boletin de la Aca-
horra, il défendit vigoureusement les droits de l'Église demia de la Historia, t. xx, p. 123. — Noticias bibliogra-
contre le gouvernement qui l'exila en l'envoyant à ficas y catalogo de los codices de la S. 1. de Leon, Léon,
Ségovie. et ensuite à Majorque. Rentré dans son dio- 1888, p. 43. — Escalona, Historia del real monasterio de
cèse, en 1811, il y resta jusqu'en 1847, année où le gou- Sahagun, Madrid, 1782, p. 392. — Risco, Espana sagrada,
vernement le désigna pour l'archevêché de Valence. t. XXXIV, p. 203.
Le 16 juillet 1848 il prit possession de son nouveau L. SERRANO.
diocèse et le gouverna jusqu'à sa mort, survenue le ABELLO (DOMINIQUE FERRER), dominicain, ori-
6 septembre 1860. ginaire des Pouilles et non pas Espagnol, comme on
l'a dit. Après avoir rempli les fonctions d'inquisiteur
Gams, Series episcoporum, Ratisbonne, 1873, p. 22, 88. dans son pays, il fut nommé évêque de Mazzara, en
— Fort (Charles-Raymond)et Lafuente (Vincent), Espana Sicile, puis archevêque de Palerme en 1331, enfin
sagrada, Madrid, 1879, t. LI, p. 293. — Revisla catolica, promu au siège de Barcelone, il gouverna cette église
Barcelone, 1860, t. XL, p. 301. jusqu'en 1344, date probable de sa mort. Bayerius dit
A. ANDRÉS.
ABELLANEDA, AVELLANCDDA ou AVE- avoir vu, à l'Escurial, un ms. d'Abello portant des
GLIANDA (FRANCISCO Dr), Portugais, archidiacre de constitutions édictées par lui dans un synode diocé-
Saint-Jacques-dc-Compostelle, fut nommé par Phi- sain tenu à Barcelone en 1339. Ce ms. était coté Lit. c.
PLUT. 11, n. 7, t. I, p. 26.
lippe II archevêque d'Accrcnza et Matera, le 30 jan-
vier 1591. Avant même de prendre possession, il obtint Mathieu Aymeric, Nomina et Acta episcoporum Barci-
le retrait de Matera de deux compagnies de soldats qui noncnsium, p. 370. — Fontana, Theatrum dominicanum
y tenaient garnison et ne faisaient pas le bonheur des p. I, cap. v, tit. 374. — Pirro, Sicilia sacra, t. III, p. 507.—
habitants. Aussi son entrée dans cette ville fut-elle un Brémond, Bullarium ordinis dom., t. II, p. 215. — Echard,
véritable triomphe, mais il mourut quelques mois
après, le 3 octobre 1591. p. XXIV. -
Scriplores ordinis praedicatorum, t. I, Index episcoporum,
Bayerius, Notas ad Biblioth. veter. Nicolai
Antonii, 1. IX, c. v, in fine. — Villanueva, Bibliothecee
-
Ughelli,Italia sacra, t. VII, col. 64: Cappelletti,LeChiese
d'Italia, t. XX, p. 441. — Volpe, Memorie storiche, profane e
scriptorum ordinis prædic. a Quelif-Echard. continuatio,
ms., p. 5-6.
R
reliogiosesulacitlàdiAlatera,gr.in-Sa, Naples, 1818, p. 294.
— C'e G. Gattini, Note sloriche sulla città di Matera, gr.
ABELLON (ANDRÉ), dominicain, naquit Saint- à
{,OTTT.ON-

Maximin vers 1375. Il reçut l'habit au couvent de sa


in-8°, Naples, 1882, p. 242-243 (qui reproduit un sonnet de
Stigliani en l'honneur d'Abellaneda, et, table I, n. 33, ses ville natale. En juin 1403, il est déjà bachelier en
armes). théologie puisqu'il est assigné par le chapitre de Pa-
FRAIKIN.J. lencia pour lire les Sentences au couvent d'Avignon.
ABELLAR (SAINT COSME ET SAINT DAMIEN DE). Le 21 septembre 1408, Abellon est maître en théo-
Abbaye bénédictine du diocèse et de la province de logie et appartient à l'obédience de Benoît XIII.
Léon en Espagne. Elle fut fondée en 904, sous les Vers la même date, il est vicaire du couvent de Saint-
auspices d'Alphonse III, roi de Léon (866-909), qui Maximin. De 1408 à 1419, il s'adonne surtout au mi-
recueillit dans ses États une multitude de clercs et nistère de la prédication. En 1415. il est appelé à
de moines mozarabes, fugitifs de Tolède, de Cordoue Aix pour relever les courages abattus par la peste.
et d'autres pays, à cause des persécutions d'Abder- Abellon est élu prieur du couvent de Saint-Maximin,
rahaman II, émir de Cordoue, et de ses successeurs. au mois d'octobre 1419. Il travailla efficacement à la
Ces moines fondèrent les plus célèbres abbayes réforme du couvent. Il lui assura d'abord des ressour-
bénédictines de Léon et de Castille, telles que Cardena, ces en se faisant délivrer une partie du legs fait par le
Sahagun, Exlonza, Samos, Saint-Michel de Esca- roi Louis II, dans son testament du 27 avril 1417. De
lada, Sainte-Marie de Piasca, Saint-Isidore de Due- son côté, la reine Yolande fait une fondation à la
nas et autres. Le premier abbé d'Abellar fut Cixila, Sainte-Baume, en dépendance du prieur de Saint-
homme de très grand prestige parmi les chrétiens, Maximin (19 décembre 1419). Une autre donation est
ami d'Alphonse III, de Garcia 1er (909-914) et d'Or- faite par Geoffroy de Boucicaut (16 avril 1420) tou-
dono II de Léon (914—924). Ordonné évêque, il jours en faveur de la Sainte-Baume. En 1422, Abel-
en remplit deux fois les fonctions, succédant dans lon est remplacé comme prieur par Gracias de Fal-
le siège de Léon à l'évêque saint Froilan, avec cibus (1422-25), mais il fut réélu pour la deuxième
lequel il avait été très lié de même qu'avec saint fois en 1425. Il travailla beaucoup à l'embellissement
Gennadius, évêque d'Astorga. Sous l'abbé Cixila et du couvent, put terminer le cloître, activer les tra-
ses successeurs, durant les xe et xic siècles, le monastère vaux de l'église, construire le chœur qui subsista
d'Abellar étendit ses domaines jusqu'au Duero et sur jusqu'au XVIIe siècle. En 1429, il achève son second
les deux rives du fleuve Esla, grâce à la protection priorat. En 1432, il est envoyé par Barthélemy
d'Alphonse V de Léon et de ses successeurs. Mais, au Texier, général de l'ordre, au couvent d'Arles, pour le
commencement du XIIC siècle, l'importance du mo- ramener à l'observance. Il revient à Saint-Maximin,
nastère avait déjà tellement diminué que l'évêque de le 27 décembre 1432. Il est à Aix en 1436, il est fait
Léon, D. Diego (1112-1130), dut l'incorporer à sa mense prieur le 27 juillet 1438 et demeure dans cette charge
épiscopale, le 29 juin 1120. Il enleva, pour la placer jusqu'en 1442. De 1444 à 1448, juin, il est à Marseille.
dans les archives de Léon, la bibliothèque que Cixila Élu de nouveau à Aix, comme prieur en 1448, il dé-
avait donnée à son abbaye en 927. Les principaux cline la charge, mais revient habiter ce couvent en
manuscrits de cette collection existent encore dans les 1449 comme simple religieux. C'est là qu'il mourut
archives de la cathédrale de Léon. A partir de cette le 15 mai 1450. Abellon a été mis au rang des bienheu-
époque, le monastère d'Abellar fut sécularisé et dispa- reux par Léon XIII, en 1902.
rut au bout de quelques années; aujourd'hui il n'en
; ;
reste plus le moindre vestige. Ses abbés connus sont
Cixila (904-940) Severo (940-959) Gudesteo (959-966)
:; Rostand, Monographie du couvent des dominicains de
Saint-Maximin, in-4°,1873, p. 174. — A. Pradel, Le bienheu-
reux André Abellon, sa vie et son culte, in-12, 1869, p. 25.
-tettiMarchese, Memorie dei piu insigni pittori, scultori archi-
domenicani, Bologne (4e
e
édit. 1878), t. p. 528-533.
I,
réforme du clergé français. Abelly doit donc être
compté parmi les prêtres qui, comme Vincent de Paul,
— Albanès, Le couvent royal de Saint-Maximin en Pro- Bérulle, Olier, Bourdoise, travaillèrent aurétablisse-
vence, Marseille, 1880, p. 141-155, 164-180. — (Anonyme) Le
bienheureux A. Abellon, XIIIe prieur du couvent royal de
-
Sainte-Marie-Madeleineà Saint-Maximin, Rome, 1900,
-
p. 229. Roux-Alphéran, Notice sur André Abellon, reli-
gieux dominicain, in-8°, Aix, 1845, 16 pages. Mémoire sur
le culte de F. André Abellon, religieux dominicain, mort à
:
ment de la discipline ecclésiastique, au début du
XVIIe siècle. Le plan de tous ces saints personnages
était le même fournir de bons prêtres toutes les
églises de France. C'est dans cette intention que saint
Vincent de Paul envoya Abelly à Bayonne comme vi-
-
Aixen1450, etc., Aix, 1870, p.56. Cormier, Le culte immé-
morial du bienheureux André Abellon (réponse lithographiée
caire général et official de l'évêque FrançoisFouquet.
Il y resta jusqu'en 1643, époque à laquelle François
au factum précédent), Rome, 1870. — Le bienheureux André Fouquet fut transféré de Bayonne à Agde (26 juin).
Abellon, prieur du couvent royal de Saint-Maximin (extrait
de l'Année dominicaine, t. IX, 15 mai), Lyon, 1891,29 pages. Abelly rentra alors à Paris et fut nommé curé d'une
R. COULON. toute petite paroisse de vingt-neuf maisons, dépen-
1. ABELLY(ANTOINE), dominicain. Parisien d'ori- dante de Saint-Laurent, Saint-Josse, située à l'angle
des rues Aubry-le-Boucher et Quinquampoix. Nous
gine, il fit profession au couvent de Saint-Jacques, à
Paris. Après avoir achevé ses études philosophiques et
théologiques aux écoles du couvent, il prit tous ses
grades en Sorbonne. Il figure parmi les licenciés de
:
avons là un nouvel exemple de la façon dont procé-
daient les pieux réformateurs du xvne siècle ils pla-
cent leurs disciples dans de pauvres paroisses souvent
l'année 1555. Il fut approuvé comme maître en théo- abandonnées pour servir d'exemple à leurs confrères.
logie au chapitre général tenu à Rome le 28 mai 1558. M. Olier était alors à Saint-Sulpice. Abelly, son con-
En 1561, il fut élu un des quatre régents [de l'école temporain, imita la conduite du jeune curé et son
Saint-Thomas et approuvé le 14 mai de la même premier soin fut de former autour de lui une petite
année au chapitre de la congrégation gallicane, tenu communauté ecclésiastique où l'on vivait d'une vie
à Troyes. Néanmoins le choix du chapitre ne fut pas quasi-religieuse. Abelly demeura à Saint-Josse dix-
agréé par le général de l'ordre, Vincent Justiniani, huit ans, s'adonnant à toutes les œuvres du ministère,
alors en lutte avec le couvent de Saint-Jacques, surtout à la direction des communautés religieuses.
qu'il voulait soumettre à sa juridiction immédiate. C'est là qu'il commença à écrire.
Au chapitre général d'Avignon (25 mai 1561), des Nous ne connaissons que peu de choses de la vie
mesures de rigueur furent prises contre Antoine d'Abelly durant cette époque. Comme saint Vincent
Abelly, qui se vit privé de sa charge de régent et rêlé- de Paul, il tourna de bonne heure le dos à Saint-
gué au couvent de Troyes. Pourtant cette disgrâce fut Cyran et, dès l'origine, attaqua le jansénisme
de courte durée, il revint à Paris et fut même élu vi- naissant. Lorsque, le 2 décembre 1651, parut la fa-
caire général de la congrégation gallicane pour trois meuse censure de l'archevêque de Paris, François de
ans en 1565. Il fut un des plus renommés prédicateurs Gondi, condamnant, à la demande de Mère Angélique
de son temps. Il devint le prédicateur et le confesseur Arnauld et sur les instances de Mmed'Aumont, le
livre du P. Brisacier : Le jansénisme confondu et or-
de la reine-mère, Catherine de Médicis, qui lui obtint
enbénéfice l'abbaye de Livry en Launois. Elle son- donnant la publication de la censure dans toutes les
geait à le faire élever à la dignité épiscopale quand elle paroisses du diocèse, le 7 janvier 1652, Abelly à Saint-
mourut le 5 janvier 1589. La date exacte de la mort Josse, avec MM. Olier à Saint-Sulpice,Amyot à Saint-
:
d'Abelly nous est inconnue. On a de lui 1° La ma-
nière de bien prier avec la vertu et efficace de l'oraison
Merry, Chapelas à Saint-Jacques de la Boucherie, re-
fusa d'obéir. Il fallut un ordre exprès de l'archevêque
prouvée par l'exemple des anciens, ensemble une brieve pour que les curés anti-jansénistes s'y décidassent le
interprétation de l'oraison dominicale, etc. Dediée au roi dimanche suivant 14. Herman raconte dans ses Mé-
tres chrestien Charles IX, in-8°, Paris, 1564, p. 64. — moires qu'Abelly, forcé d'obéir, accompagna la publi-
2° Sermons sur les Lamentations du saint prophète Hie- cation de la censure d'un commentaire destiné à en
remie faits en la presence de la reine mere du roi, etc. De- affaiblir la portée, prétendant que l'archevêque n'avait
diez à elle-même, in-8°, Paris, 1582, p. 414. — 3° Lettre pas voulu condamner les sentiments contenus dans le
de Frère Antoine Abelly à la reine Catherine de Médi- livre du P. Brisacier ni approuver la doctrine nouvelle.
cis, 1563. Le vrai paraît être que, de part et d'autre, on intrigua
Reichert, Acta capitulorum generalium, Rome, t. v (1901), si fort pour ou contre la censure que chacun put un
p. 20, XLI. — Echard, Scriptores ordinis prædicatorum, instant se croire autorisé à rester sur ses positions.
-
Paris, 1719-1721, t.II, p. 293. Arch. gén. de l'ordre, Reg.
Vincentii Justiniani, passim.
Une autre affaire célèbre fut confiée à Abelly pen-
dant qu'il était curé de Saint-Josse, en cette même
R. COULON. année 1652. Ce fut la visite canonique dont le chargea
2. ABELLY (Louis). — I. Vie. II.
Écrits. — Nous le prieur de Saint-Germain-des-Prés, dom Placide
sommes très imparfaitement renseignés sur la vie de Roussel, du couvent du Verbe Incarné, fondé par
Louis Abelly. Celle-ci n'a pas encore été l'objet d'une Jeanne Chézard de Matel. La fondatrice paraissait à
étude sérieuse malgré l'intérêt qui s'attache à la per- beaucoupentrès peu canoniqueposture, n'ayant jamais
sonne de cet évêque qui fut tout à la fois un réforma- pris elle-même l'habit de l'ordre qu'elle avait fondé.
teur, un théologien et un polémiste. Les cabales aidant, l'affaire fit du bruit et le prieur
Louis Abelly naquit soit dans le Vexin, soit à Paris de Saint-Germain confia à Abelly le soin de faire une
même, en 1603. Son père occupait une place dans un enquête. Nous ignorons comment se termina l'histoire.
bureau de l'administration des finances, ce qui fait Après deux visites, les religieuses récusèrent Abelly
supposer que la famille était de bonne bourgeoisie. De sous prétexte d'indiscrétion. Lui-même n'a pas laissé
sa jeunesse et de ses études nous ne savons rien. Ses à ce sujet de mémoire pouvant éclaircir l'histoire de
ouvrages nous apprennent, par la signature, qu'il était
docteur en théologie, probablement de Paris, sans que
la chose soit certaine. De bonne heure Abelly se plaça
brouillée. --
cette affaire qui paraît avoir été passablement em-
En 1657, sur les instances de saint Vincent de Paul,
sous la conduite de saint Vincent de Paul et partagea Abelly devint recteur de l'hôpital fondé par le saint à
ses premiers travaux apostoliques. Il est plus que pro- la Salpétrière. Il devait s'occuper de cet établissement
bable qu'il fut des premiers à venir aux fameuses réu- jusqu'en 1662. C'est alors qu'en avril de cette année
nions du mardi à Saint-Lazare, réunions qui commen- 1662, il fut désigné par le roi comme évêque de Rodez,
cèrent le 11 juin 1633 et préparèrent efficacement la en remplacement d'Hardouin de Péréfixe de Beau-
mont, nommé membre du conseil des affaires ecclé- plus d'un titre. Entrant en plein dans le courant
siastiques, proviseur de Sorbonne et bientôt archevê- qui entraînait certains théologiens vers la théo-
que de Paris. Hardouin de Péréfixe arriva à Paris le logie positive (Pctau publie son De theologicis dogma-
30 juin 1662. Néanmoins ce ne fut que le24 août 1664 tibus, en 1644 et 1650), Abelly s'étudie à fonder tout
qu'Abelly fut sacré par son prédécesseur, assisté des d'abord le culte de Marie sur l'antiquité chrétienne
évêques d'Albi et de Condom. Quelques semaines « afin que dans iceluy on puisse reconnoistre la solidité
plus tard, il allait rejoindre son poste et le 29 octobre des fondements de cette dévotion laquelle ayant pris
faisait son entrée à Rodez « assez splendidement, naissance avec la Religion chrestienne a heureusement
homme de 70 ans ou environ (état civil de la pa- continué en tous les siècles iusques à présent et durera
roisse de Sébazac). En fidèle disciple des saints réfor- autant que cette religion,c'est-à-dire iusques à la con-
mateurs ses amis, il amenait avec lui comme vicaire sommation des siècles. » Divisant donc son ouvrage en
général un fils de M. Olier, homme de grand mérite, deux parties, il apporte dans le premier tous les témoi-
Thomas Regnoust, originaire du diocèse de Sécz, doc- gnages qu'il peut découvrir concernant le culte de
teur de Sorbonne, fondateur du séminaire de Rodez. Marie, du il, au XVIIe siècle, puis, dans la seconde, il
Mais Abelly était trop vieux pour mener à bien l'œu- enseigne les moyens d'honorer et de servir Marie, les
vre qui lui était confiée. S'il avait 61 ans d'âge, la note vertus et prières que ce culte suggère, etc. L'ouvrage
ingénue de l'État civil de la paroisse de Sébazac nous fut tout d'abord bien accueilli et les éditions se
fait deviner qu'il paraissait en avoir beaucoup plus. succédèrent rapidement jusqu'en 1675. C'est alors,
Il ne fit donc que passer à Rodez. En 1666 il renonça à à l'apparition de cette dernière édition, que les
son évêché pour rentrer à Paris et y reprendre son mé- protestants s'avisèrent de se servir de ce livre de dé-
tier d'écrivain. Il se retira à Saint-Lazare où on lui votion comme d'une arme pour attaquer le livre de
donna un petit logement très pauvre. C'est là qu'il Bossuet sur l'Exposition de la doctrine de l'Église ca-
passa les dernières années de sa vie, partageant son tholique qui était paru en 1671 et avait opéré de multi-
temps entre le travail et la direction des religieuses, ples conversions. On reprochait à l'évêque de Meaux
»
notamment des Sœurs de la Croix dont il rédigea les d'avoir « minimisé la doctrine catholique. Le livre
premières règles. Une fois encore, à notre connaissance, d'Abelly, tout de piété et de tendre dévotion, leur pa-
il se jeta dans la lutte janséniste lorsqu'en 1668-1669, rut une arme excellente dont ils pouvaient user. Et ce-
après la paix de Clément IX, il se décida avec les évê- pendant, comme Bossuet, Abelly n'avait-il pas dit « Il
ques de Lombez et d'Évreux à écrire à l'évêque d'Hé- faut avec une prudence chrestienne rejeter tout ce que
:
liopolis, François Pallu, alors à Rome, pour mettre en l'ignorance ou l'erreur nous pourrait suggérer sur ce
garde le Pape contre les signatures des quatre oppo- sujet >>(IIe part., p. 7)? On ne voit donc pas très bien
sants et les intrigues qui se nouaient de tous côtés. Il comment les protestants, au dire de Bayle, purent
mourut plusieurs années après, le 4 octobre 1691. s'emparer de cet ouvrage pour l'opposer à celui de
:
II. ÉCRITS. — Les ouvrages d'Abelly peuvent tous Bossuet. Abelly, néanmoins, fut obligé de répondrepar
se ramener à trois chefs principaux les écrits théolo-
giques et ascétiques; les écrits polémiques; les écrits bas (ouvrages polémiques 6 et 7). -
les deux ouvrages polémiques que l'on trouvera plus
4° Sentiments et
historiques. A la première classe appartiennent — sauf maximes du bienheureux François de Sales, évêque de
un — les travaux les plus anciens et les plus souvent Genève, touchant la véritable piété et les moyens
de parvenir a la perfectionduchreslien, in-12, Paris,
réimprimés.
I. lienirs TJIÙULOCIQUES.- 1° Addressc pour uti-
lement procurer le salut des âmes, in-12. Paris, 1644, Ce
1653. — 5° Les vérités principales et plus impor-
tantes de la foy et de la justice chrestienne, in-8°, Paris,
livre fut réimprimé pour la dernière fois à Paris en 1655. — 6° Prciecipuorum consccralionis episcopalis ri-
1842 par l'abbé Dabert, chez P. J. Camus. L'ouvrage est tuum mysticus et moralis sensus., in-12, Paris, 1656.
précédé d'une assez pauvre notice biographique sur — 7° Sacerdos christianus seu ad vitam sacerdotalem
Abelly et d'un catalogue de ses ouvrages. — 2° lIJe- pie instituendcim mcinuductio, in-8°, Paris, 1656. Cet
dulla theologiæ ex Sacris Scripturis, conciliorum, ponti- ouvrage eut plusieurs éditions. Réimprimé à Rome dès
ficumque decrelis et sanctorum Patrum ac Doctorum pla- 1658, il le fut encore en 1838 à Besançon. Adapté par
:
citis expressa, in-12, Paris, 1650, 2 tomes. La fortune l'abbé Gobaille, en 1863, il parut encoreune fois à Paris
de ce manuel qui indigna Port-Royal et le grand Ar- sous le titre Le mois sucerdotal ou trente jours de mé-
nauld, fut considérable et les éditions multiples. En ditations sur les principales vertus de N.-S. Jésus-
1839, il était encore réédité à Ratisbonne. La cause de Christ considéré comme modèle. du prêtre. — 8° Mais
ce succès vint des circonstances et des luttes de l'épo- l'ouvrage qui paraît avoir eu le plus considérable et le
que. Abelly comme adversaire déclaré des jansénistes, plus long succès, futLa couronne de l'année chrestienne
eut auprès d'une partie du clergé une autorité considé- ou Méditations sur les principales et les plus impor-
rable. Sans doute Boileau put rire et l'appeler le «moel- tantes vérités de l'Évangile de J.-C. disposées pour tous
:
leux Abelly » et le futur cardinal Le Camus faire ce les jours de l'année. La première édition, qui parut à
mot d'esprit « La lune était en décours quand il fit Paris en 1657, 2 vol. in-12, fut constamment réim-
cela, » il n'en restait pas moins que le travail était sé- e
primée aux XVIIe, XVIIIe et XIX siècles. La dernière
rieux, qu'il défendait la pure doctrine du concile de édition nous paraît être celle de 1875, Paris, 2 vol. —
Trente, qu'il ne donnait pas de solutions désespérantes 9° La solitude religieuse ou Méditations propres pour
et que par là il se recommandait à tout ce qui n'était se disposer à recevoir le sainct habit et à faire les vœux
pas du parti de Port-Royal. C'est du moins ce que solennels de religion comme aussi pour les dix jours de
semble dire saint Alphonse de Liguori quand il appelle la retraite spirituelle, in-12, Paris, 1657. — 10° Flores
Abelly: Auctor gravis et probabilista classicus. Quoiqu'il epistolarum sancti Francisci Xaverii e S. J. Japoniae
en soit la théologie d'Abelly se répandit très vite. Dès aposioli cum selectis quibusdam Sacrae Scripturaesanc-
1685-1687 elle pénétrait officiellement au séminaire torumque Patrum sententiis, in-32, Paris, 1659, sans
d'Aix, remplaçant la Théologie morale dite de Greno- nom d'éditeur. C'est un petit opuscule de piété com-
ble composée par M. Genet et très louée par les jansé- posé d'extraits de lettres de saint François-Xavier;—
nistes. — 30 La tradition de l'Église touchant la dévo- 11° En 1660, Abelly redonne, traduites en français,
tion particulière des chrestiens envers la Très-Saincte un certain nombre de lettres de saint François-Xavier,
Vierge Marie, mère de Dieu. ensemble la pratique de in-8°, Paris, 1660. — 12° Episcopalis solliciludinis en-
celle dévotion, selon le véritable esprit du christianisme, chiridion, in-4°, Paris, 1668, réédité à Besançon en
in-8°, Paris, 1652. Cet ouvrage est intéressant à 1837. — 13° Du culte et de la vénération qui est due aux
neuf ordres des hiérarchies célestes, in-12, Paris, 1670. logie pour les Religieuses de Port Royal contre les injus-
— 14° Les principes de la morale chrétienne. avec un tices dont on a usé envers ce monastère. Les auteurs en
éclaircissement touchant les livres et les opinions des étaient Claude de Sainte-Marthe, P. Nicole et Antoine
casuistes, in-8°, Paris, 1670.- 15° Considérations sur
l'éternité, in-12, Paris, 1671. —16° Les fleurs de la soli-
Arnauld. Il parut en 1665. C'était une violente attaque
contre l'archevêque de Paris, M. Hardouin de Péré-
tude chrestienne ou Méditations sur divers sujets de fixe et une justification de la conduite des religieuses
piété propres pour les exercices spirituels des retraites, de Port-Royal. — 6° Éclaircissement des veritez ca-
in-12, Paris, 1673. — 17° Éclaircissement utile pour la tholiques touchant le Très-Saint Sacrement de l'Eucha-
paix des âmes. touchant la nécessité de la contrition ou ristie, pour servir d'antidote contre la pernicieuse doc-
la suffisance de l'attrition pour l'effet du sacrement de «
trine d'un livre intitulé Réponse aux deux traités de la
pénitence, in-12, Paris, 1675. — 18° Le visiteur spiri- perpétuité de la foy de l'Eglise catholique, touchant l'Eu-
tuel des religieuses, in-12, Paris, 1676. — 19° La con- charistie, in-12, Paris, 1667. La réponse était du mi-
duite de l'Église catholique touchant le culte du Très- nistre protestant Claude. — 7° Sentiments des saints
Saint Sacrement de l'Eucharistie. Recueil de plusieurs Pères et Docteurs de l'Église touchant les excellences et
éloges et titres d'honneur attribuez au Très-Saint Sacre-
ment dans les Saintes Écritures, in-12, Paris, 1678. —
20° Institution chrétienne où sont expliquées toutes les
:
prérogatives de la très sainte vierge Marie. pour ser-
vir de réponse à un libelle intitulé Avertissementssalu-
taires de la bienheureuse vierge Marie à ses dévots in-
choses nécessaires pour parvenir à la vie éternelle, in-24, discrets, in-12, Paris, 1674. — 8° Réponse de RI. de Rodez
Paris. Nous ne connaissons de ce livre que la 5e édition à la lettre qu'on lui a écrite sur le sujet du livre des
qui est de 1692, une année après la mort d'Abelly. Avertissements salutaires, etc., in-12, Paris, 1674.
Mais la première édition est de 1689. Tous ces L'avertissement en question parut en première édi-
écrits théologiques se font remarquer par deux qua- tion en 1674 à Lille et en 2e édition la même année à
lités qui sont très en honneur au XVIIe siècle: une con- Gand. L'auteur, un certain Windelfets, avait écrit en
naissance approfondie des Pères de l'Église; une mys- latin. L'avertissement fut traduit en français par le P.
tique très nette et très riche qui procède directement Gerberon. On sait qu'à son tour, Bourdaloue prêcha
de l'Oratoire. Cf. la dédicace de sa Théologie. contre cet ouvrage. — 9° Enfin, à une date incertaine,
N. ÉCRITS POLÉMIQUES.— Sauf de très rares excep- Abelly publia la Défense de l'honneur de la Très Sainte
tions, les écrits polémiques d'Abelly sont dirigés contre Mère de Dieu contre les ennemis de son Immaculée Con-
le jansénisme. Le premier en date est de 1654. Il fut ception, in-12, Paris. Nous ne connaissons de cet ou-
publié à l'occasion de la bulle d'Innocent X parue vrage que la 2e édition qui est de 1690.
l'année précédente. Il a pour titre : De l'obéissance
et soumission qui est due à N. S. V le Pape en ce qui
III. (¡¡T/IAGES uisTuiUQrics.-A cette classe appar-
tiennent les ouvrages suivants 1° Dénombrement des
regarde les choses de la foy, in-8°, Paris, 1654. Ce livre hérésies qui se sont élevées dans l'Église depuis le com-
fut republié en 1870 par l'abbé Chéruel chez Palmé, mencement de la publication de l'Évangile jusqu'au siè-
in-12,' Paris, s. d. — 2° Lettre d'un docteur catholique cle présent, in-4°, Paris, 1661. — 2° Traité des hérésies
à une dame de condition sur le sujet de celle qu'on a fait contenant les causes des hérésies, les mœurs des an-
courir sous le nom de M. Arnauld où est traitée la ques- ciens hérétiques, les antidotes et remèdes que l'Église
si
tion,savoir, l'on doit avoir suspecte la foi et la conduite a employés contre la contagion de l'hérésie, in-4°,
dudit sieur Arnauld et de messieurs ses adhérans, com- Paris, 1661. — 3° La vie du vénérable serviteur de
munément appelés jansénistes (4 avril 1655), in-4°. Dieu, Vincent de Paul, in-4 °, Paris, Lambert, 1664.
Paris, 1655, sans nom d'éditeur. Cette pièce est la ré- Cet ouvrage est avec la Jlalulla, l'œuvre la plus
ponse à une lettre d'Arnauld, à une personne de connue d'Abelly. Il a été maintes fois réimprimé
condition sur ce qui est arrivé depuis peu, dans une jusqu'en 1865, 2 vol. in-18. Cette vie mérite une
paroisse de Paris, à un seigneur de la Cour, lettre remarque particulière. Dès le XVII" siècle, on avait
adressée au duc de Luynes, an sujet du refus des douté qu'elle fût vraiment d'Abelly. En 187-1, l'abbé
sacrements, fait à Saint-Sulpice, au duc de Lian- Maynard, Vie de saint Vincent de Paul, Paris, 1874,
court, et qui, après la condamnation d'Innocent X, reprit la question et refusa à l'évêque de Rodez la
était une apologie de la doctrine janséniste. — paternité de cet ouvrage. Que faut-il penser de la
3° Défense de la hiérarchie de l'Église et de l'authorité chose? Il est probable, en effet, qu'Abelly ne fut pas, à
légitime de N. S. P. le Pape cl de nos seigneurs les proprement parler, l'auteur de la vie de saint Vincent
évêques contre la doctrine pernicieuse d'un libelle de Paul. Il se servit des mémoires du Frère Ducourneau
anonyme mis depuis quelque temps en lumière par et de la rédaction de Fournicr qu'il arrangea quelque
les ennemis de la paix et de la vérité, avec quelques peu et signa. C'est, du reste, ce qui explique l'étrange
réflexions sur la relation des délibérations de la dernière composition du livre, fait de trois parties se répétant
assemblée générale du Clergé de France touchant la cons- et morcelant les faits. Lui-même, au surplus, s'est
:
titution de N. S. P. le Pape Innocent X, in-4 °, Paris,
1659. Le libelle en question était intitulé Lettre à
expliqué à ce sujet et il est assez étonnant que per-
sonne n'ait songé à remarquer qu'Abelly l'avait avoué
iUor de Marca, archevêque de Tholose. Il défendait les
plus pures idées gallicanes et presbytériennes, refusait
au pape.toute autorité sur les évêques et ne reconnais-
:
dans la Vraye défense des sentiments du vénérable
serviteur de Dieu Vincent de Paul, quand il dit « Pour
me faciliter ce travail un des leurs mit en ordre tous
sait pour les choses de foi que l'autorité des conciles ces mémoires et les disposa de telle sorte qu'en vérité
généraux. — 4° La Justice et la piété du Roy dans le je puis dire n'avoir presque fait autre chose que trans-
procès que Sa Majesté a voulu tenir pour obliger à la crire ce qu'ils m'ont donné, parce qu'en beaucoup de
souscription de la formule dressée par l'Assemblée géné- lieux je ne pouvais m'exprimer plus nettement. »
rale du clergé et bannir par ce moyen de son royaume les C'est que cette vie de saint Vincent de Paul n'était
restes de la secte du jansénisme. Pour servir de response à pas sans difficultés et l'on conçoit bien qu'une con-
plusieurs libelles. Avec quelques remarques historiques grégation préférât faire signer un livre aussi compro-
sur la conduite tenue par le roy saint Louys pour l'extir- mettant par un ennemi des jansénistes plutôt que par
pation de l'hérésie des Albigeois, in-4°, Paris, 1662. — un membre de la congrégation. On y racontait les
5° Défense de l'honneur de la Sainte Mère de Dieu con- relations de saint Vincent avec Saint-Cyran de façon
tre un attentat de l'apologiste de Port-Royal, avec un toute nouvelle et la publication, comme l'avenir
:
projet d'examen de son apologie, in-12, Paris, 1666.
Cet ouvrage est une réponse au libelle intitulé Apo-
l'allait prouver, ne pouvait manquer d'attirer beau-
coup d'ennuis à l'auteur. On sait même que, par
égard pour l'Oratoire, Abelly supprima de la première ABENSA. ABENSESIS (Ecclesia). Voir AVENSA.
édition tout le chapitre xXXII qui racontait les rap-
ports de M. Vincent avec M. Olier. Quoi d'étonnant ABÉPAS ou ABIPPAS (saint), martyr, vénéré le
dès lors que la Mission ait demandé à Abelly de prendre 26 mars. Il fait partie d'un groupe de 22 ou 26 mar-
la Vie de saint Vincent sous son patronage? Et c'est tyrs, brûlés par un prince goth, du nom de Jungerich,
ce qu'il accepta sans difficulté. La Vie de saint Vincent dans une église de Gothie. Il est probable que ce mar-
fut traduite en italien dès 1677, Rome, in-4°. Deux tyre eut lieu le 26 mars 370, sous les règnes de Valen-
ans plus tard, Abelly, usant d'une méthode un peu tinien, Valens et Gratien, à Tomi, la moderne Cons-
semblable à celle qu'il avait employée pour la Vie de tantza. Abépas était un laïque et sa femme semble
saint Vincent, publia la Vie de saint Josse, prince de avoir souffert la mort en même temps que lui. Dans le
Bretagne, in-12, Paris, 1666, vie qui avait été donnée calendrier gothique, ces martyrs sont vénérés le 29 oc-
en 1658 par Méliand et dont le manuscrit est conservé tobre. Les livres liturgiques grecs racontent qu'une
à la Bibliothèque Mazarine. — 4° La Vie de saint Vin- femme de la haute société gothique réussit à dérober
cent de Paul amena, comme il fallait s'y attendre, leurs corps et à les transporter sur le territoire romain;
d'assez vives controverses. En 1668, l'abbé Martin de elle les laissa ensuite à sa fille qui les déposa dans une

:
Barcos, neveu de Saint-Cyran, réfuta les allégations
d'Abelly dans un libelle intitulé Défense de feu M. Vin-
église de Cyzique, sous le règne de Théodose le Grand.
Acla Sanctorum, mart. t. III, p. 627.
:
cent de Paul. C'est pour répondre à cet écrit qu'Abelly
à son tour écrivit La vrajie défense des sentimens du
vénérable serviteurdeDieuVincent de Paul. touchant
— Delehaye, Propy-
laeum ad Acta sanctorum novembris, 1902, col. 559.

Achelis, Der aelteste deutsche Kalender, dans la Zeitschrift
für die neutestamentliche Wissenschaft, 1900, t. I, p. 317-
quelques opinions de feu M. l'abbé de Saint-Cyran; 326..
:
contre les discours injurieux d'un libelle anonime
faussement intitulé « Défense de feu M. Vincent de
Paul, » in-4°, Paris, 1668. — 5° Enfin, à une
S. VAILHÉ.
1. ABERCIUS, évêque de Hiéropolis (non Hiérapo-
lis),dans la PhrygiaIIa(Salutaris),seconde moitié du
date indéterminée,Abelly publia une petite vie intitu- calendrier de l'Église grecque (Nilles,
IIe siècle. Le
lée : L'idée d'un véritable prestre de l'Église de Jésus- Kalendarium manuale utriusque Ecclesiae, Oeniponte,
Christ et d'un fidèle directeur des âmes, exprimée en la 1896, t. I, p. 305 : ToO àyLOV tac;OrrHÓÀOV Aëcpy.tVj,
Vie de M. Renard, prestre, directeur des religieuses È7ucr/ 'h:-a'ITÓhCùç), comme le Martyrologe romain
de Saint-Thomas, in-12, Paris. Ce M. Renard, né en moderne indiquent au 22 octobre la fête de saint
1604, mort en 1653, fut un ardent missionnaire qui Aberce, évêque de Hierapolis. Nous possédons une Vie
prêcha par toute la France et un des directeurs les légendaire de ce saint, en grec, publiée par Boissonade
plus éclairés de son époque. Il écrivit quelques petits et par les bollandistes (Boissonade, Anecdota graeca,
opuscules de piété, l'un entre autres contre le livre Paris, 1833, t. v, p. 462-488; Acta sanctor. Bolland.
de la Fréquente communion. octobr. t. IX, p. 485-519, reproduite dans P. G.,
t. cxv, col. 1211 sq.), après que Lipomannus et Surius
Nous avons deux notices sur Abelly, l'une en tête de la
réédition de l'Addresse pour utilement procurer le salut des en avaient déjà donné une traduction latine. D'après
âmes,de l'abbé Dabert, Paris, 1842; l'autre de Collet, dans
cette légende, Aberce exerçait ses fonctions sous
Marc-Aurèle et Lucius Verus. Baronius, d'après ses
:
sa Vie de saint Vincent-de-Paul, Nancy, 1748. On pourra
consulter en outre pour sa vie Arnauld, Œuvres com-
pli>tes, Lausanne, 1774-1781. 42 vol. — Bayle, Diction-
notes au Martyrologe romain, connaissait encore une
lettre de ce personnage à l'empereur Marc-Aurèle,
naire historique et critique, éd. des Maizeaux, Amster-
dam, 1734, t. I, p. 36-37. — Chantelauze, Saint Vincent
de Paul et les Gondi, in-8°, Paris, 1882, p. 226-229. — Clé-
;
quae apostolicum redolet spiritum, et qu'il tenait du
cardinal Sirlet il promet de l'insérer dans ses Annales
ccclesiastici, mais il ne put remplir cette promesse
mencet, Histoire générale de Port-Royal, Amsterdam,
1756, t. III, p. 176-185. — Faillon, Vie de M. Olier, Pa- parce qu'il avait égaré le document. Baronius, An-
ris, 1873, 3e éd. t. II, p. 34, 431, 479, 513, t. III, p. 579. nales, ad ann. 163, n. 15. La perte ne doit pas être très
grande, car la lettre, sans doute apocryphe, n'aurait
— Hermant, Mémoires, édit. Gazier, in-8°, Paris, 1905,
t. i, p. 502, 574-582. — Le Clerc, Essai historique sur pas eu une grande valeur. Lightfoot, Apostolic Fa-
l'influence de la Religion en France pendant le AI;/0 siècle, 2
thers, édit., part. II, vol. 1, 501. La Vie donne, à la fin,
Paris, 1824, 2 vol. — Maynard, Vie de saint Vincent de le texte de l'épitaphe que l'évêque lui-même avait com
l'aul, Paris, 1874, 4 vol.
neau, Paris, s. d., vol.
- Rapin, Mémoires, édit. Aubi-
Servières, Histoire de l'Église
posée pour son tombeau. On reconnaît, à la lecture du
3
du Rouergue, Rodez, 1875. -

Pour les écrits d'Abelly, Cata-
logue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale,
récit de la Vie, que celle-ci a été composée sur l'épi-
taphe. Ce texte épigraphique avait également trouvé
peu de crédit, jusqu'à ce que l'archéologue anglais
Paris, 1897,t.1, p. 53-58. — Niceron, Mémoires pour servir à
W. Ramsay eût découvert, en 1882, à Kélendres, près
p.
l'histoire des hommes illustres, Paris, 1740, t. XLI, 182-190.
A. VOGT. de Synnade, l'épitaphe d'un Alexandre, de l'année 216,
ABÉLOITES, ABÉLONIENS. Voir ABÉLIENS, laquelle contenait presque exactement les premiers et
col. 92. les derniers vers de l'inscription d'Abercius. Puis, en
1883, le même explorateur trouva à Hiéropolis, deux
ABENON (SAINT-BARTHÉLEMY D').Prieuré dépen- fragments de la stèle originale, qui contenaient une
dant de l'abbaye de l'Ile Dieu, au diocèse de Rouen, grande partie de l'épitaphe. Par sa grande importance
ordre de Prémontré. Philippe le Bel, par lettres pa- pour le symbolisme chrétien primitif et pour l'épigra-
tentes de 1302, concéda à cette abbaye le droit de pa- phie, chrétienne de l'antiquité, ce monument provo-
tronage de l'église d'Abenon, (Archiv. dép. d'Eure-et- qua toute une série de commentaires plus ou moins
Loir, 11, 354). Sans doute partageait-elle ce droit avec développés. Un groupe d'érudits allemands, Fickcr,
le seigneur d'Abenon, car M. de Caumont, qui visita Harnack et Dieterich,ont voulu faire admettre que le
'l'église d'Abenon avant sa démolition, dit que les texte est païen ou qu'il a été inspiré plutôt par un syn-
murs portaient encore les traces d'une litre funèbre crétisme païen; mais d'autres archéologues, tels que
auxarmes des d'Irlande, possesseurs du fief d'Abenon. De Rossi. Duchesne, Marucchi, Kaufmann, Wilpert,
Le prieur était en 1654 dom Charles Guérin et, en Schultze,Zahn,Cumontont prouvé jusqu'à l'évidence
1775, Charles Revel, arch. dép. d'Eure-et-Loir. le caractère purement chrétien du monument et, par
Abenon, commune supprimée à la Révolution, fait conséquent, la profession chrétienne de son auteur.
aujourd'hui partie delà Folletière-Abenon,cantond'Or- Pour les détails, nous renvoyons au Dictionnaire d'ar-
bec, anciennement de Lisieux. Paul CALENDINI. ;
chéologie chrétienne et de liturgie, t. i, col.66 sq. nous
nous contentons de donner ici la traduction du texte qu'il soit difficile de fixer d'une manière certaine ces
de ce célèbre monument, dont les fragments retrouvés treize ans de paix, on peut avec beaucoup de vrai-
sont conservés aujourd'hui au musée du Latran (non semblance les placer dans le règne de Commode (180-
du Vatican, comme on lit parfois) : « Citoyen d'une 192) et fixer la date de la composition du traité anti-
ville distinguée, j'ai fait ce monument de mon vivant, montaniste en 193. V. Duchesne, Histoire ancienne
afin d'y avoir un jour une place pour mon corps. Je de l'Église, Paris, 1906, t. 1, p. 283 sq. Ceci convien-
me nomme Abercius; je suis disciple d'un saint pas- drait avec l'époque à laquelle on assigne l'épitaphe
teur, qui fait paître ses troupeaux de brebis sur les d'Abercius. L'auteur du traité a vécu dans la région
montagnes et dans les plaines, qui a de grands yeux de Hiéropolis; il y était prêtre ou évêque et il nomme,
dont le regard atteint partout. C'est lui qui m'a en- dans le prologue de son écrit, Zotique, évêque de la
seigné les écritures sincères. C'est lui qui m'envoya à ville d'Otrous, située également dans la Phrygie Sa-
Rome contempler la majesté souveraine et voir une lutaire. Ces rapprochements donnent sans doute une
reine aux vêtements d'or et aux chaussures d'or. Je grande vraisemblance à l'identification d'Abercius
vis là un peuple qui porte un sceau brillant. J'ai vu d'Hiéropolis avec 1" A uÍPZ¡l)ç Mâp-/.£).>.oç d'Eusèbe.
aussi la plaine de Syrie et toutes les villes, Nisibe au La Vie d'Abercius et tous les textes hagiographi-
delà de l'Euphrate. Partout j'ai trouvé des confrères. ques qui en dépendent indiquent Hiérapolis, en Phry-
J'avais Paul. la foi me conduisait partout. Partout gie Pacatienne, comme siège du saint évêque. Un
elle m'a servi en nourriture un poisson de source très calendrier syriaque a même changé le nom de la ville
grand, très pur, pêché par une vierge sainte. Elle le en Mabug: c'est Hiérapolis dans la province d'Euphra-
donnait sans cesse à manger aux amis; elle possède un tesia. Nilles, Kalendarium 'manuale, t. 1, p. 305. Les
vin délicieux qu'elle donne avec le pain. J'ai fait écrire fragments conservés de l'inscription d'Abercius ne
ces choses, moi Abercius, à l'âge de soixante-douze contiennent pas la dernière ligne, où se trouve le nom
ans. Que le confrère qui les comprend prie pour Aber- de sa ville natale. Par contre l'épitaphe d'Alexandre
cius. On ne doit pas mettre un autre tombeau au- a conservé l'original de cette finale, et on y lit IliPO-
dessus du mien sous peine d'amende, deux mille piè- liOAKT; les manuscrits de la Vie elle-même donnent
ces d'or pour le fisc romain, mille pour ma chère pa- l'
dans nscription d'Abercius, la même forme du nom.
trie Hiéropolis. » Il n'y a donc pas de doute qu'il faut retenir cette le-

:
On remarque sans difficulté les nombreuses images çon, et identifier la ville natale, probablement en
tirées du symbolisme chrétien primitif le saint pas- même temps le siège épiscopal d'Abercius avec Hié-
teur est le Christ; le peuple qui porte un sceau bril- ropolis en Phrygie Salutaire.
lant indique la communauté des fidèles de Rome; le
poisson très grand et très pur est 1"IX0 l'S La bibliographie très riche est indiquée par dom Le-
mystique, clercq à l'art. Abercius du Dictionnaire d'archéol. chrét. et
le Christ dans le repas eucharistique. Voir encore l'in- de liturgie, t. 1, col. 85-87. Nous relevons les ouvrages et les
terprétation donnée par Mgr Batiffol dans le Diction- articles qui traitent plutôt le côté historique du sujet
naire de théologie catholique, t. 1, col. 60 sq.) Nous avons Tillemont, Mémoires pour servir à l'hist. ecclés., Paris, 1694,
:
dit que l'épitaphe d'Alexandre de l'année 216, trou- t. II. p. 299-300, 621-623. - Acta sanctor., octobr. t. IX,
vée dans la même région, contient plusieurs vers pres- p. 485, 519. — Synaxarium Ecclesiæ Constantinopol.
éd. Hipp. Delehaye, Propylæum ad Acta sanctor., nov.,
que identiques aux premiers et aux derniers vers de Bruxelles,
l'inscription d'Abercius. Or, la comparaison du for- d'Hiéropolis1902, Phrygie, p. 154-155. — Duchesne, Abercius évêque
dans la Revue des quest. histor.,
mulaire et de la paléographie des lettres des deux 1883, t. XXXIV,en 5-33. Lightfoot,
p. -- ApostolicFathers,2e éd.,
monuments prouve que l'inscription d'Abercius est part. II, vol. 1, 493-501. Ramsay, The cities and bishoprics
à
antérieure l'épigraphe d'Alexandre; on peut donc of Phrygia, London, 1898, t. II. — Bardenhewer, Geschichte
la placer vers la fin du ne siècle. Ceci s'accorde avec la deraltkirchlichen Literatur, Freiburg i. Br., t. 1, 1902, p. 524
Vie d'Abercius, qui place l'épiscopat de ce saint sous 525.
le règne de Marc-Aurèle et de Lucius Verus. L'épi- J.-P. KIRSCH.
taphe ne fait aucune allusion à une dignité hiérar- 2. ABERCIUS ID, évêque d'Hiéropolis (?). Le cé-
chique de son auteur. Il est certain que le rédacteur lèbre Abercius d'Hiéropolis aurait, si l'on en croit sa
de la Vie a brodé son récit sur le monument funéraire Vie, peu avant de mourir, choisi comme successeur un

;
qu'il a eu sous les yeux; il se peut très bien qu'il a prêtre de son église, nommé lui aussi Abercius. Act.
puisé sur place des renseignements aussi sur l'épisco- sanct., oct. t. IX, p. 513-514 malheureusement, on ne
pat d'Abercius. Tous les autres documents hagiogra- peut vérifier ce point.
phiques que nous possédons sur lui confirment sa Les synaxaircs grecs mentionnent trois martyrs
:
qualité d'évêque; mais ils dépendent tous de la Vie, du nom d'Abercius, sans aucune autre indication de
de sorte que leur témoignage remonte à celle-ci. temps ni de lieu 28 février; 26 mai; 5 décembre.
Cependant nous n'avons aucune raison décisive pour Enfin, au concile de Chalcédoine (451), nous trou-
rejeter entièrement ce renseignement. vons un Abercius, évêque d'Hiéropolis, Mansi,Concil.
Si donc Abercius d'Hiéropolis, qui a composé pour ampl. coll. t. VI, col. 576. Le manque de documents
son tombeau l'épitaphe célèbre, a vécu dans cette ne permet pas de décider si à ces cinq mentions cor-
ville, vers la seconde moitié du ne siècle, et surtout s'il respondent des personnages différents.
a exercé les fonctions d'évêque, rien n'empêche de
l'identifier avec Abercius Marcellus, à qui est adressé p. Acta sanct., febr. t. III, (1658), p. 720; maii t. VI (1668),
368. — H. Delehaye, Synaxarium Eccl. Constantinop.,
un traité antimontaniste datant de cette époque et Bruxelles, 1902, col. 282, 495, 712.
composé dans cette région. Déjà Le Quien avait sug- U. ROUZIÈS.
géré cette hypothèse, Oriens christianus, t. 1, col. 833- ABERCONWAY(Aberconweyum), abbaye cis-
834; Mur Duchesne la reprit et sut lui donner une tercienne, dans le diocèse de Bangor, et le comté de
t.
grandevraisemblance.Revue des quest. histor., XXXIV, Carnarvon (Galles, Angleterre), fut fondée le 24 juil-
1883, p. 5-33. Eusèbe, en effet, a conservé plusieurs let 1186 par Llewelyn ap Jorwertli, prince de la partie
extraits d'un traité antimontaniste, comprenant trois septentrionale du pays de Galles, qui la dota riche-
livres, et adressé à 'A"JÍpY..o.; Mpx£ÀÀo, personnage ment de terres et de privilèges. En 1210, l'abbaye
en vue et ami de l'auteur. Le livre fut écrit plus de acheta du terrain pour six cents marcs dans le Wor-
13 ans après la mort de la prophétesse montaniste cestershire. En 1283, Édouard Ier, roi d'Angleterre,
Maximille, et l'auteur dit que, dans cet intervalle, on voulant construire un château-fort à Conway, trans-
n'avait eu à déplorer ni guerre, ni persécution. Quoi- féra l'abbaye à Maenan (Denbighshire), à 12 kilomètres
de Conway. En même temps, il augmenta les revenus dans les Stimmcn aus Maria-Laach, 1888, t. XXXVI,
et les privilèges d'Aberconway qui garda son ancien p. 492.
nom jusqu'à la suppression des monastères. Jouvancy, Hist.S. J., Rome, 1710, part. V, l. XIII,
Ces changements furent sanctionnés par le pape Ni- n.101-105,134.—J.Wiclewicki S.J.,Historici diariidomus
colas IV dans une bulle en date du 21 août 1289. L'ab- professae cracoviensis S. J. ab a. 1579 ad 1637, Cracovie, t. 1,
baye demeura en possession de l'église de la ville de 1881, p. 92.-Will.Forbes-LeithS. J.,NarrativesofScottish
Conway, qui devint une église collégiale avec deux
:
chapelains anglais et un gallois, à cause de la diversité :
Catholics nnder Mary Siuart and James VI, Édimbourg,
1885 on y trouve des lettres d'Abercromby, p.226-229,
J.,
261-266, 280, 290-291. — Sommervogel,Bibl. S. Bruxel-
des langues. Les trois derniers abbés furent 1. David
Owen† 1509. — 2. Hugh Price, enterré à Saffron Wal-
les, 1890,t.1, -
col. 13; 1898, t. VIII, col. 1563. Otto Brauns-
berger S. J., Beati Pétri Canisii S. J. Epistulae et acta, Fri-
don (Essex) en 1521. -3. Richard ap Rhys ou Kiffyn
qui céda l'abbaye à la couronne et fut récompensé
bourg enBrisgau, 1905, t. IV, p. 287-288, etc.
E.-M. RIVIÈRE.
d'une pension viagère de vingt livres sterling par an. ABERDEEN (Aberdonen.) (Écosse). La tradition
W. Dugdale, Monasticon Anglicanum, Londres, 1718- nous raconte que le siège d'Aberdeen fut fondé en 1004
1723, t. 1, p. 106; t. III, p. 56, appendix, p. 289. — Camden à
par Malcolm II Mortlach en mémoire d'une victoire
Miscellany, n. 39, Chronicle of the abbey of Aberconway, qu'il venait d'y remporter sur les Norvégiens, et
ed. Ellis, Londres, 1847, dans F. Duffus Hardy, Descrip- que les noms des quatre premiers évêques étaient
tive catalogue of monuments of English history, t. III, p. 362-
363. -t. L. Janauschek, Originum Cisterciensium, Vienne,
1877, 1,p.186-7.
saint Bean, Donercius, Cormauch et Nectan. Cosmo
Innes a démontré la fausseté des documents sur les-
quels cette légende est basée. La série des évêques
A. TAYLOR.
ABERCORN (comté de Linlithgow, Écosse), d'Aberdeen ne commence qu'en 1106 avec Nectan.
siège d'un évêché (?) et d'une abbaye bénédictine au Pendant son épiscopat (en 1120), l'évêché fut trans-
féré de Mortlach à Aberdeen par le comte (plus tard
VIle siècle. Le vénérable Bède appelle cet endroit « Æb- roi) David. L'établissement du diocèse d'Aberdeen
bercurnig ». Avant la Réforme, Abercorn faisait partie fait partie de la transformation de l'Église d'Écosse,
du diocèse de Dunkeld, mais depuis 1878 il appartient d'Église celtique en Église romaine, à laquelle Da-
à l'archidiocèse de Saint-André et d'Édimbourg. En
684, l'évêque (?) Trumwine, abbé d'Abercorn, quitta vid 1er prit une si large part. L'évêque d'une tribu
Abercorn et se rendit avec ses compagnons à Streons- fit place à l'évêque d'un district et les abbés
chalch ou Whitby (Yorskliire).En.854, l'église d'Eo- furent davantage sous la dépendance des évêques. Le
riercorn appartenait à l'abbaye de Lindisfarne (Nor- siège fut reconstitué en 1175. Le diocèse d'Aberdeen
thumberland). (suffragant d'York, 1155-1250, dépendantimmédiate-
ment du Saint-Siège, 1250-1472, enfin suffragant de
Beda, Historiaecclesiastica,lib. IV, c. XXVI,ed.Plummer, Saint-Andrews de 1472 à 1577 et depuis 1878) a tou-
Oxford, 1896, t. 1, p. 267. P. L., t. xcv, col. 218-9. — jours eu pour limites au nord et à l'est la mer du
Henri de Huntingdon, Historia Angliæ, 1. IV, dans Mo- Nord. Avant 1577 il conlinait au sud aux diocèses de
numenta historica Britannica, Londres, 1848, p. 675, 722. Saint-Andrews,de'Brechin, et de Dunkeld, et à l'ouest
— Gildas, De excidio Britanniæ, ed. Joseph Stevenson,
audiocèsede Moray.
Londres, 1838, p. 6. — M. E. C. Walcott, Scoti-Monas-
ticon or the ancient Church of Scotland, Londres, 1874,
p. 217, 239.
LlSTb UJi» bYb'!Uh:>. of- "'T-
X. INCCLclll, ofofA
11UU, <) Vrl
Qard, 1154-† 1171. — 3. Matthew Kyninmond, 1172-
- 4.
A. TAYLon. † 1199. — 4. John, 1200-† 1207. — 5. Adam de Crail,
ABERCROMBY (JOHN), bénédictin écossais mis 1208-† 1227. — 6. Gilbert de Stirling, 1228-†1238.—
à mort vers 1561 pour son opposition à la Réforme
protestante. Il a écrit deux ouvrages polémiques
Vcritatis defensio et Hæreseos confusio, restés inédits.
: 7. Raidolph de Lambley, 1239-† 1247. — 8. Peter de
Ramsey, 1247-† 1256. — 9. Richard, alias Robert Poi-
tou, 1256-† 1267. — 10. Hew Benham, 1272-1279. —
Demptser, Hist. t.
eccl. gentis Scotorum, 1, p. 28.
ner, Bibl. Britannico-Hibernica, 1748, p. 1. — Diction. of
-Tan- 11. Henry Cheyne (le Chen), 1282-1329. — 12. Wal-
ter élu 1329, mort 1329. — 13. Alexander Kyninmond
nat. biography, 1885, t. i, p. 41. 1er, 1329-† 1344. — 14. William de Deyn, O. S. B.,
VJRUOLRA.UU. 1344-† 1350. — 15. John Rait, 1350-† 1355. — 16.
ABERCROMBY (ROBERT), jésuite écossais, né en Alexander Kyninmond II, 1355-† 1380. — 17. Adam
1533, fut conduit à Louvain pour ses études par son de Tyninghame, 1380-† 1390.—18. Gilbert Greenlaw,
oncle le P. Edmond Hay et reçu dans la Compagnie 1390-† 1422. — 19. Henry de Leighton, évêque de Mo-
de Jésus à Rome, le 19 août 1563. Envoyé immédiate- ray, transféré à Aberdeen, 1422-† 1441.—20. Ingeram
ment au collège naissant de Braunsberg (Ermland), il Lindsay, 1441-† 1457. — 21. Thomas Spence, évêque
fut, treize ans, maître des novices d'abord à Brauns- de Gallowax (Candida Casa ou Whitherne), transféré
berg qui appartenait alors à la Pologne, puis, à partir à Aberdeen, 1457-† 1458. — 22. Thomas Vaus, évêque
de juin 1586, à Cracovic, où il fut également vice-rec-
teur. Vers 1590, il se rendit dans la mission d'Écosse : de Galloway, transféré à Aberdeen, 1458-† 1480. —
23. Robert Blavader, 1480, transféré à Glasgow, 1483.
1483, nommé archevêque
résidant à la cour avec le titre d'intendant de la fau-
il — 24. William Elphinstone,
connerie royale, ramena de l'hérésie nombre de gen- de Saint-Andrews,† 1514. — 25. Alexander Gordon,
tilshommes et convertit même, en 1600, la reine 1514-† 1518. — 26. Gavin Dunbar, 1518-† 1532. —
Anne, femme de Jacques VI, princesse danoise élevée 27. William Stewart, 1532-† 1545. — 28. William Gor-
dans le luthéranisme, mais qui s'était toujours mon- don, 1547 -† 1577. Le siège demeura vacant de 1577 à
trée favorable à la foi romaine. Quand éclata la per- 1878. — 29. John Macdonald, consacré en 1869,
sécution ouverte contre les catholiques, Abercromby comme vicaire apostolique du district septentrional
se cacha dans des familles amies, continuant son fruc- d'Écosse fut promu en 1878 à l'évêché d'Aberdeen. Il
tueux apostolat, malgré l'édit royal qui mettait sa mourut en 1889. — 30. Colin C. Grant, consacré le
tête à prix pour la somme de dix mille écus. Après dix- 13 août, mourut le 26 septembre 1889. — 31. Hugh
neuf ans passés en Écosse, il revint à Braunsberg — t
Macdonald C. S. S. R., 1890 - 1899. — 32. Aeneas
on l'y retrouve en 1608 — où il mourut le 5 octobre Chisholm, élu le 7 janvier 1899, sacré le 24 févriersui-
1613. Le récit, qu'il a laissé, de la conversion de la vant.
reine Anne a été publié, en 1795, dans la Nye Samlin- La cathédrale de Saint-Machar à Old Aberdeen,
ger, par Rostgaard : cf. W. Plenkers, S.J., Thronbes- construite entre 1272 et 1377 sur l'emplacement d'une
teigung und Conversion der dänischen PrinzcssinAnna. église commencée au XIe siècle, ne fut achevée que peu
de temps avant la Réforme. Pillée en 1560, en même Au collège déjà Aberlé avait montré une certaine
temps que les couvents des dominicains et des carmes, préférence pour les écrits et l'idéalisme de Platon et
elle fut à peu -près détruite par les puritains du XVIIe pour se perfectionner dans la langue de ce philosophe
siècle. La partie encore debout sert de paroisse à des spiritualiste, il avait entretenu une correspondance en
presbytériens. Au moment de la suppression, le cha- langue grecque. A l'université il s'était adonné, en
pitre de la cathédrale se composait d'un doyen et de dehors des cours obligatoires, à l'étude des langues
huit chanoines. Ils étaient assistés par vingt vicaires. orientales, de l'histoire et des institutions de l'ancien
Le diocèse comprenait, en outre, quatre églises collé- monde. Sa dissertation sur les rapports entre le livre
giales, à l'université (Kings College, Old Aberdeen), de Josué et Le Pentateuque de Moïse lui valut le prix
à New Aberdeen (Saint-Nicolas), à Cullen, et à Ken- de l'Académie. Grâce à cette préparation, Aberlé, qui
nethmont. Il y avait des bénédictins à Aberdeen et à était une nature éprise d'idéal, un esprit pénétrant,
Flyvie, des cisterciens à Deer et des chanoines de Saint- un homme de foi et de dévouement, un prêtre irrépro-
Augustin à Monimusk. Ces deux dernières fondations chable, eut bientôt gagné les sympathies des étudiants.
et l'hôpital de Saint-Congan à Turriff avaient suc- Il restait le professeurpréféré des élèves à une époque
cédé, au cours du XIIe siècle, à des monastères de cul- où des célébrités comme Hefele et Kuhn, ses anciens
déens. Il y avait des maisons de franciscains à Aber- maîtres, enseignaient à côté de lui. Un extérieur sym-
deen et à Banff, de dominicains et de carmes à Aber- pathique, une mémoire prodigieuse, une exposition
deen, et de mathurins à Aberdeen et à Dunet. Les cis- chaude et vivante lui amenèrent toujours de nou-
terciennes possédaient un couvent à Elcho. Il y avait veaux disciples. Il a exercé une influence décisive sur
des clarisses à Aberdour et au couvent de Sainte-Ca- leur formation intellectuelle et théologique et sou-
therine de Sienne à Aberdeen (dominicaines?).Aber- vent aussi sur la direction de leur conscience etl'orien-
deen possédait quatre hôpitaux, et il y avait aussi des tation de leur vie.
hôpitaux à Banff, à Aberdour, et à Turriff. Jusqu'au Une étude sur l'équiprobabilisme (dans Theologische
XIVe siècle, les templiers avaient eu des maisons à Quartalschrift, 1851) et des articles sur la bienfaisance,
Aberdeen, à Aboyne, à Tulloch et à Turriff. l'extase, la magie, la sagesse (Kirchenlexikon, 1re édit.,
Le diocèse actuel d'Aberdeen comprend les anciens t. XI), sont tout ce qui nous reste de son enseignement
diocèses d'Aberdeen, de Moray, de Ross, de Caithness de la morale. Son disciple et successeur Linsenmann
et des Orcades. Il est borné au sud par les diocèses de rapporte que tout en prenant pour base de son cours
Saint-Andrews, de Dunkeld et d'Argyll, et à l'ouest
par le diocèse d'Argyll. Au nord et à l'est la mer
forme comme toujours sa limite. En 1907, le diocèse
la doctrine de saint Thomas d'Aquin et de saint Al-
phonse, Aberlé insistait sur les trois points suivants
la nécessité du probabilisme dans la vie pratique,
:
d'Aberdeen comptait 71 prêtres, dont 23 bénédictins l'application des observations psychologiques pour la
Fort Augustus, et six couvents de femmes, savoir des
bénédictines à Fort Augustus, des franciscaines à
:
et 57 églises et chapelles. Il y avait des bénédictins à direction des consciences, l'urgence de traiter avec
plus d'ampleur la question sociale dans ses multiples
ramifications.
Inverness, des Sœurs de Nazareth et des religieuses Aberlé a consacré les meilleures forces de sa vie à
du Sacré-Cœur à Aberdeen, des sœurs de la Miséri- l'interprétation des livres du Nouveau Testament.
corde à Keith et à Tomintoul, et des sœurs de Saint- Tout en insistant sur le caractère inspiré et surnaturel
Joseph àBlairs College, où se trouve aussi le grand sé-
minaire.
D'après l'Annuairepontifical catholique de Mf" Bat-
:
de nos Livres Saints, il croyait devoir faire ressortir
les qualités naturelles des auteurs sacrés le talent, le
caractère, l'éducation, le milieu social pour expliquer
tandier, 1909, p. 182, le diocèse compterait 12000 ca- les différences et divergences dans la composition de
tholiques sur 800 000 habitants. ces livres. Il recourait au même procédé pour la solu-
Registrum episcopatus Aberdonensis, ed. Cosmo Inncs tion des diffiicultés nombreuses que le contenu de l'É-
(Spalding Club, Edinburgh, 1845), 2 vol. - Bœthius
Hector, Murthalacensium et Aberdonensium episcopornm
criture Sainte présente à l'exégète. Sa vaste et pro-
fonde connaissance des langues, des institutions et des
vitae, Paris, 1522, in-4° réimprimé par le Bannatyne Club, mœurs des anciens peuples, de la littérature ancienne
Édimbourg,1825.—BreviariumAberdonense,parshyemalis, et moderne, des théories subversives de l'exégèse pro-
Édimbourg, 1509-1510, pars œstivalis, 1510, réimprimé par testante, l'amenaient à abandonner les chemins battus
J. Toovey pour le Bannatyne Club, t. XCIX et Maitland de l'exégèse traditionnelle. Ses interprétations et hy-
Club, Londres, 1852-1853. Kalendarium insigne Aber- pothèses frappent par leur nouveauté et leur origi-
donensis Ecclesiae, Anvers,— 1527, dans Maitland Club,
t. LXIII. — Statuta Ecclesia Aberdonensis,A. D. 1256, dans nalité, sans cependant trouver toujours l'assentiment
-
Maitland Club, t. LXIII (1845). Statuta synodalia.soec.xiii,
dans Bannatyne Club, t. CXVIII (1866). — The Book of
des autres exégètes catholiques.
Une certaine timidité et modestie naturelle, le désir
Deer, ed. John Stuart (Spalding Club). d'éviter les critiques des deux camps extrêmes ont
A. TAYLOR. empêché Aberlé de produire un ouvrage d'ensemble
ABERLÉ (MAURICE) (1819-1875), exégète alle- sur les écrits du Nouveau Testament. Son intro-
mand. Né à Rottum (Wurtemberg), Aberlé fit ses duction aux livres du Nouveau Testament ne fut
études aux collèges deBiberach et d'Ehingen. Il étudia éditée qu'après sa mort par les soins de son successeur
la philosophie et la théologie à l'université de Tubin- Schanz (1877). Aberlé a cependant publié une série
gue et fut ordonné prêtre en 1842. Après avoir rempli d'études sur des questions spéciales dans le Bonner
successivement les fonctions de vicaire à Riedlingen theol. Litteraturblatt et surtout dans la Theologische
et de répétiteur à Rottwiel et Tubingue, il fut nommé Quartalschrift. Nous citons les principales, parues dans
professeur au collège d'Ehingen. Lorsque le souffle de cette dernière revue, en ajoutant l'année de leur pu-
la révolution passa sur l'Allemagne, ses supérieurs lui blication : But de l'ÉvangiledesaintMatthieu (1859);
confièrent la direction du Wilhelmstift (1848). Deux l'Évangile de saint Jean (1861); — Le pro-
— But del'Évangile
années plus tard il entra dans la faculté de théologie logue de de saint Luc (1863); — But des
catholique de Tubingue pour occuper la chaire de Actes des Apôtres (1854-1855); — Étude sur le gouver-
théologie morale et d'exégèse du Nouveau Testament. neur Quirinius (1865); — Le dernier voyage de Jésus à
Recteur de l'université en 1865, il renonça au cours Jérusalem (1872); — Le jour de la Sainte-Cène (1863);
de morale en 1867 pour consacrer tout son temps à
l'étude des Livres saints. Une attaque d'apoplexie
-restation
Les circonstances la Sainte-Cène (1869); — L'ar-
et
de
la condamnation Jésus (1871);
de Les f
l'enleva le 3 novembre 1875. —
données des Évangiles sur la résurrection de Jésus
1870); — Le chiffre 666 dans l'Apocalypse (1872). encore estimés, sur les attributs de Dieu. Discourses con-
Dans les luttes ecclesiastico-politiques, qui tour-
mentèrent l'Église catholique dans le Wurtemberg au
c
milieu du XIX siècle, Aberlé consacra sa plume et son
-
cerning the being and natural perfections of God,Dublin,1743.
Ses sermons, où s'affirment ses idées libérales si rares à
cette époque ont été édités en 1748. Sermons on various
subjects, Londres, 1748 sq. Enfin Tracts en faveur de
influence à la défense de l'indépendance de l'Église la liberté et de la tolérance—ont été ses
réunis en 1751. Scarce
contre l'ingérence de l'État. De nombreux articles and valuable tracts, Londres, 1751.
parus dans le Deutsches Volksblatt témoignent de son OUVRAGES. — Duchal, Life of John Abernethy,
zèle et de son attachement à l'Église. Plus tard il prêta
son appui à ceux qui avaient à cœur le maintien de la
des Sermons on various subjects, Londres, 1748.
- - en tête
Grosart,
Article J. Abernethy, du Dictionary of national Biography
t.1, p. 48. Kippis, Biographia Britannica, Londres, 1778,
paix et de l'harmonie entre l'autorité ecclésiastique t. I, p. 25 sq. — James Seaton Reid, History of the pres-
et le pouvoir civil. byterian church in Ireland, Belfast, 1867, t. III.
Worte der Erinnerung an Moriz von Aberle, Tubingue, J. DE LA SERVIÈRE.
1876. — Ueber die wissenschaflliche Bedeutung und die ABERNETHY comté de Perth, Écosse, ancien
theol.-kKirchliche Richtung des Prof. Dr. v. Aberle, dans évêché. Au commencement du ve siècle, saint Ninian,
Theologische Quartalschrift, 1876, p. 177. — Neher, Per-
sonalkatatog des Bistums Rottenburg, Gmund 1894. — Gea,
premier évêque de Galloway
pays des
(432), évangélisa le
Pictes méridionaux, où était la ville d'Aber-
Bepertorium d. kulh.-theol. Litteratur, Paderborn, 1896. nethy. Selon la Chronique des Pictes, qui date du xe siè-
J. GASS. cle, le roi Nectan (457-481) dédia l'église d'Abernethy
ABERNETHY (JOHN), théologien presbytérien ir- à sainte Brigide de Kildare (Irlande). L'effet de la
landais (1680-1740), naquit à Coleraine, dans le comté mission de saint Ninian ne fut pas de longue durée.
de Londonderry, Ulster, le 19 octobre 1680. Son Mais, vers 590, le roi Garnard, sous l'influence de saint
père était ministre presbytérien. Après de brillantes Colomba, réédifia l'église monastique de Sainte-Bri-
études aux universités de Glasgow et d'Édimbourg, gide à Abernethy qui était sa ville capitale. En 717,
il fut choisi comme pasteur par la communauté d'An- Nectan, fils de Derili,roi des Pictes, s'étant conformé
trim, et y passa plusieurs années dans la pratique du à l'usage romain au sujet de la célébration de Pâ-
zèle et de la charité, s'efforçant en particulier, sans
»
grand succès, de « convertir les catholiques du voisi- ques, expulsa de son royaume tout le clergé qui
dépendait d'Iona. Mais, en 844, la dynastie picte
nage. En 1717, la congrégation d'Usher's Quay, à elle-même fut chassée par le roi écossais Kenneth Ma-
Dublin, l'ayant demandé pour pasteur, et le synode calpine (844-860). Il n'est pas superflu de faire remar-
presbytérien lui ayant ordonné d'accepter ce poste,
Abernethy protesta contre cet « exercice tyrannique quer ici que jusqu'au XIe siècle l'Irlande seule portait
le nom de « Scotia ». Kenneth Macalpine était proba-
du pouvoir ecclésiastique », et refusa de se soumettre blement un des colonisateurs irlandais de Galloway.
à la décision; il resta à Antrim. Nombre de presby- Le siège primatial du pays des Pictes fut transféré
tériens l'approuvèrent, et fondèrent avec lui la Belfast en 850 d'Iona à Dunkeld. En 865, il fut transféré de
Society, réunion de clergymen presbytériens indépen- Dunkeld à Abernethy. Le monastère était déjà occupé
dants, décidés à maintenir contre l'oppression des par des moines irlandais qui ont probablement cons-
synodes les droits de la conscience individuelle et du truit la tour qui existe encore. En 908, le siègepri-
jugement privé; on les appelait non subscribers, parce- matial fut transféré d'Abernethy à Saint-Andrews.
qu'ils se refusaient à signer la confession de West- Pendant le règne d'Edgar (1097-1107), il y avait un
minster. Duchal, Life, avec nombreux extraits du monastère de culdéens à Abernethy qui possédait les
journal encore inédit d'Abernethy, en tête des Ser- terres de l'église de Sainte-Brigide. Le roi Guillaume
mons on various subjects, p. III sq.; J. Seaton Reid, le Lion (1166-1214) donna l'église d'Abernethy à l'ab-
History, t. III, p. 111 sq.; A. B. Grosart, art. cit. A la baye d'Aberbrothok. A cette époque la moitié des
suite de sermons et de divers écrits sur le jugement biens de l'église d'Abernethy appartenait à un abbé
privé et la liberté chrétienne, Abernethy et les autres laïque héréditaire qui, entre 1189 et 1198, transféra
non subscribers furent séparés, en 1726, du corps de tous ses droits abbatiaux sur l'église au monastère
l'Église presbytérienne irlandaise, et se formèrent en
« presbytère » indépendant. Abandonné dès lors, et
combattu par plusieurs des habitants d'Antrim,Aber-
d'Aberbrothok, mais garda les terres pour lui-même.
L'ancien couvent de religieuses était la propriété des
culdéens, qui y restèrent jusqu'en 1272. Le monastère
TIcthy accepta, en 1730, l'église de Wood Street, à Du- fut alors transformé en un prieuré de chanoines de
blin, et s'y acquit promptement une grande renom- Saint-Augustin. En 1460, une église collégiale fut fon-
mée d'orateur. En 1731, on le vit soutenir une noble dée à Abernethy par Georges, comte d'Angus. De
campagne cc pour la suppression de tous les Tests et 908 jusqu'à la Réforme, Abernethy faisait partie du
incapacités, » combattant « toutes les lois qui, à raison diocèse de Saint-Andrews.
de pures différences dans les opinions religieuses et les Chroniclc of the Picts and Scots, ed. W. F. Skene, Édim-
formes du culte, excluent du service de leur pays des bourg, 1877. — W. F. Skene, Celtic Scotland, Édimbourg,
hommes de vertu et de capacité. » Il demandait cette 1877. — Walcott, Scoti-Monasticon : The ancient Church,
délivrance pour les catholiques comme pour tous les of Scotland, Londres, 1874.
autres. Les meilleures raisons qu'on peut faire valoir A. TAYLOR.
en faveur de la liberté de conscience sont éloquem- ABÉWARD, ancien évêché du Khorassan dépen-qui
ment développées dans plusieurs de ces Tracts; nature dait du catholicos de Séleucie-Ctésiphon. Abéward
de la religion chrétienne; intérêt bien compris du pro- paraît être le nom d'un district et d'une ville, au nord
testantisme lui-même, qui n'a pas besoin d'adhérents du Khorassan, sur la frontière actuelle de l'empire-
hypocrites; maintien de la paix publique; arrêt de russe. Un évêque est connu, Yohannan, qui assiste
l'émigration irlandaise. Abernethy engagea à cette au concile de 554, tenu sous le catholicos Joseph ,( dans
occasion une vive polémique avec le fameux doyen la grande église de Kôkê, à Séleucie-Ctésiphon »; il
Swift, qui dans une série de pamphlets défendit la signe évêque d'Abéward et de Sahr-Pêroz (?). Cha-
cause de l'intolérance. Abernethy ne parut pas infé- bot, Synodicon orientale dans les Notices et extraits des:
rieur à son redoutable adversaire. Il mourut en dé- manuscrits de la Bibliothèque nationale, Paris, 1902,
cembre 1740. J. Seaton Reid,History, t. III, p. 231 sq.
; ; t. XXXVII, p. 366.
, A. B. Grosart, art. cit. Kippis, Biographia Britannica, Sur Abéward voir Hoffmann, Auszüge aus syrischen Ak-
t. I, p. 31 sq. ten persischer Maertyrer, p. 291-292.
SOURCES. — On a conservé d'Abernethy des discours S. VAILHÉ.
ABGAR V OUKHAMA, LE NOIR (de l'an 4 av. tés au cours du IVe et du ve siècle. Il est à présumer
J.-C. à l'an 7 et 13-50 après J.-C.). I. Textes de que le traducteur arménien de l'œuvre de Laboubna
la légende. II. Sa valeur. III. Origine. est du ve siècle, car la pureté de sa langue est l'une
I. TEXTES DE LA LÉGENDE. — La forme la plus an- des caractéristiques de cette époque, appelée âge
cienne de la légende d'Abgar (Apkar) paraît être celle d'or. Elle doir être à peu près contemporaine des
que nous trouvons dans Eusèbe (H. E., I, XIII, 5, Actes grecs de Thaddée, qui substituent Thaddée
P. G., t. XX, col. 120-129; cf. II,1,6,8). Ila puisé,dit-il, ou Lebbée, l'un des douze apôtres, à Thaddée ou
ses documents dans les archives dela cour d'Édesse, Addée, l'un des 70ou des 72 disciples.
et il nous donne une traduction grecque littérale du G. Phillips, The doctrine of Addai, the Apostle, now first
texte syriaque. Ces documents sont d'abord « la copie edited in a completeform in the original syriac, with an en-
de la lettre écrite par Abgar, toparque d'Édesse, à glishtranslation andnotes, in-8°, London, 1876.—L.Alichan,
Jésus et portée à Jérusalem par le courrier Ananias », Lettre d'Abgar, IIist. de la conversion d'Édesse et de la
puis le récit de la mission de Thaddée à Édesse. Dans correspondance d'Abgar avec le Christ. Œuvre du syrien
Laboubna, en arménien, Venise, 1868. Des extraits du
sa lettre, Abgar prie le Sauveur de venir le guérir. texte arménien avaient été traduits en français par J.-R.
Le Seigneur lui répond que sa tâche se borne à l'évan- Emine, dans Langlois, Collection des historiens anciens et
gélisation de la Palestine; après quoi il montera au modernes de l'Arménie, t.1, Paris, 1867, p. 315-325. — Actes
ciel. Mais il promet de lui envoyer alors un de ses grecs de Thaddée, Acta apost. apocr., éd. Lipsius et Bonnet,
disciples, qui le guérira. Il est ensuite raconté que, Par(. I,Lips., 1891, p. 273-278, et addit. récentes, p. 279-
par l'ordre de l'apôtre Judas, appelé aussi Thomas, 283. — R. A. Lipsius, Die edessenische Abgar-sage,kritische
Thaddée, l'un des 70 disciples, vint à Édesse, guérit Unters., in-8°, Braunschweig, 1880. — L.-J. Tixeront, Les
le roi et évangélisa la cité en l'an 340 (de l'ère des origines de l'Eglise d'Édesse et la légende d'Abgar, in-8°,
Séleucides:.29 après J.-C.). Paris, 1888. — J. P. Martin, Les origines de l'Église d'É-
desse et des Églises syriennes, extrait de la Revue des sc.
Le récit d'Eusèbe ne contient pas certains détails eccl., in-8°, Lille, 1889. — R. Duval, Hist. polit. et litt.

:
qui se trouvent dans le texte syriaque un peu plus
ample, publié et traduit en anglais The doctrine of
Addai, the Aposile, by G. Phillips, Londres, 1876.
d'Édesse jusqu'à la première croisade, ext. du Journal asiat.,
in-8°, Paris, 1892. — E. Dobschütz, Der Briefwechsel zw.
Abgar u. Jésus dans Zeitsch. f. wiss. Th., t. XLIII (1900), p.
Vers la fin de cet écrit, l'auteur déclare s'appeler 422-486. — J. Dashian, Zur Abgarsagedans Wiener Zeitschr.
Laboubna, et avoir, lui aussi, tiré ses documents des f. die Kunde des Morgenlandes,1890 et extrait, Vienne, 1890,
archives royales d'Édesse. Son texte ressemble à in-8". — A. Carrière, La légende d'Abgar dans l'Histoire de

:
l'ancienne traduction arménienne publiée par Alichan
avec la traduction française Lettres du roi Abgar.
œuvre du syrien Laboubna, Venise, 1868. Ici, tou-
Moïse de Khorène, Paris, 1895. — S. Weber, Die kathol.
Kirche in Armenien vor der Trennung, Fribourg-en-Bris-
gau, 1903, p. 55 sq.; trad. franc. par J. Valès, Calais, 1906,
p. 52 sq. — O. Bardenhewer, Gesch. der altkirchl. Litt., I,
tefois, le Christ répond de vive voix et non par écrit p. 453-459, Fribourg en Brisgau, 1902. — F. Tournebize,
et il est fait mention du portrait du Sauveur porté Histoire politique et religieuse de l'Arménie, in-8°, Paris,
à Édesse par le messager Anania. Moïse de Khorène 1909, p. 403-416. — Le même, dans Revue de l'Orient
(550-620?) a utilisé cette traduction arménienne dans chrétien, 1907, n. 1, p. 24-36. — Parisot, dans Diction. de
son Histoire d'Arménie, 1. II, c. XXVI-XXXIV. Avec son t. I, col. 87-97.
-
théol. cath., t. I, col. 67-73. Dict. d'archéologie chrétienne,
mode habituel de solliciterl es textes, il achève d'ac- Fr. TOURNERIZE.
commoder à l'Arménie les Actes d'Édesse et de trans- 2. ABGAR (APKAR) DE TOKAT, secrétaire du
former Abgar en roi arménien. catholicos arménien Michel de Sébaste (1563-1570).
II. VALEUR DE LA LÉGENDE. — De rares auteurs 1. En 1563, Michel l'envoya vers le pape Pie IV; il
maintiennent encore l'authenticité de la correspon-
;
dance entre le Christ et Abgar; tel Nirschl, dans Der
Katholik, 1896, t. ix, p. 17-40; 97-114;193-209 322-
345; 398-420. Mais il nous semble que la correspon-
dance avec Abgar Oukhama ou même les relations
était porteur de deux lettres, par lesquelles le catho-
licos reconnaissait expressément la juridiction du
pape sur l'Église universelle et suppliait celui-ci de
renouveler l'ancien pacte avec l'Arménie. Cf. ARMÉ-
NIE, GRÉGOIRE, TIRIDATE. c Tout ce que vous lui or-
:
de ce dernier avec le Christ appartiennent à la lé-
gende témoin les anachronismes que l'on relève dans
donnerez, ajoutait Michel, en parlant d'Abgar, nous
l'accepterons d'un cœur sincère. » De cettelettre on
:
les Actes d'Édesse, leurs traductions ou imitations;
témoin encore ces paroles tu rends la vue aux aveu-
gles, Math. XI, 5; Luc, VII, 22, insérées un peu trop
ne connaît que la traduction latine faite à Rome, le
20 mars 1564. Cf. Balgy,Lesiège de Pierre, Venise,
1853, p. 265-266, en arménien; le même, Historia
textuellement dans la Doctrine d'Addée, que son au- doctr. cathol. inter Armen., Vienne, 1878, p. 163-166;
teur place en 343 (des Séleucides = 31 ap. J.-C.). Ré- Azarian, Ecclesiæ arm. traditio de Romani pontificis
pétons, après saint Augustin, que le Sauveur ne nous primatu jurisd. et infall. magist., Rome, 1870, p. 106;
a laissé aucune lettre de sa main. Contra Faust. Raynaldi, Annales, ann. 1564, n. 51, p. 524 sq. Sur la
manich., XXVIII, 4, P. L., t. XLII, col. 486. Cf. Hie- demande du pape, Abgar écrivit un exposé détaillé
ronymum, Comment. in Ezech., ad 44, 29-30, P. L., des articles dogmatiques de la foi et des principaux
t. xxv, col. 443. Ces deux lettres ont été dé-
clarées apocryphes par les décrets dits de Gélase.
Mansi,Conc. ampl. coll., t.VIII, col. 152, 169, 170.
III. ORIGINES. — Il est vraisemblable que cette
:
points disciplinaires alors admis à Édschmiadzin.
Voici sa déclaration au sujet du pape « Vous êtes le
pontife suprême des quatre parties du monde; tout ce
que vous avez délié sera délié, et ce que vous aurez
légende a eu pour origine la conversion d'Abgar IX lié sera lié. » Si disait-il, le catholicos ou un évêque
(179-216; Eusèbe, Chron., an. 2234). Celui-ci fut meurt avant d'avoir levé l'excommunication lancée
très probablement le premier roi chrétien d'Édesse. par lui contre l'un de ses subordonnés, un ancien
Cf. notre Hist. rel. etpol. d'Arménie, Paris, 1909, p. 404
et Revue de l'Orient chrét., 1907, n. 1, p. 25.— Quant à
et
fixerl'époque où a commencé lalégende celle où elle
:
usage veut que le pape seul ait le privilège d'absoudre
l'excommunié. Il concluait ainsi « Celui qui parmi
nous ne confesse pas que la chaire de Pierre est la
a revêtu ses formes ultérieures, c'est chose bien difficile.
Eusèbe devait avoir sous les yeux les premiers Actes
principale (majorem) et que le pontife romain est
le
chef et le pasteur de tout l'univers et le détenteur des
d'Édesse, la première composition relativement sobre, clefs, claviumque possessorem, celui-làrenie les Évan-
apparue à Édesse un peu après le milieu du Ille siècle. giles et la chaire grégorienne d'Édschmiadzin. »
La forme actuelle de la Doctrine d'Addée, qui est déjà 2. Aux yeux des Arméniens non unis, Abgar de
beaucoup moins simple, contient des éléments ajou- Tokat est surtout célèbre pour avoir été le promo-
12ui, etpour ainsi dire le fondateur de l'imprimerie elle reçut de Cresphontès celui d'Abia, après la prise
arménienne. Les papes Pie IV et Pic V lui fournirent de possession du Péloponèse par les Doriens. Pau-
le moyen de faire fondre les caractères de la langue sanias, IV, xxx, 1. L'an 181 avant J.-C., elle entra dans
arménienne. En 1565, il fit paraître à Venise le livre la confédération achéenne, Polybe, xxv, 1, et du temps
des Psaumes, orné de figures gravées sur bois. En de Pline, Historia naturalis, IV, 22, elle était encore
1567, il éditait à Constantinople une grammaire ar- rangée parmi les villes achéennes. Les ruines se voient
ménienne et, l'année suivante, un livre de cantiques, à trois quarts d'heure au sud du village d'Almyros, à un
un bréviaire et un missel arméniens. Son fils Sultan, endroit nommé aujourd'hui llcàcaà Mavitveis. Pauly-
qui l'avait accompagné à Rome avec Alexandre, Wissowa, Realencyklopaedie der classischen Altertums-
devait poursuivre son œuvre typographique. wissenschaft, 3e édit., t. I, col. 96. Il existe encore
Hist. de l'imprimerie armén. depuis ses origines jus- aujourd'huiun dème du nom d'Abia, près de Mantinée.
qu'à notre époque, in-12, Venise, 1895, en armén., p. 37-55. S. VAILHÉ.
— Revues armén. Pazmaveb, Venise, mars 1890;d'Abgar Hantes ABIATE(AMBROISE DE), dominicain duXVe siècle,
Amsoriah, Vienne, 1898, n. 8. — Sur la mission archevêque de Mytilène. D'origine lombarde, il ne
auprès de Pie IV et sa profess. de foi, Cf. Balgy, Le siège de nous est connu que par la présence de son nom dans
Pierre, en arménien; Historiadoctrinœ.,p.163-171.—Ray- les actes de condamnation des neuf propositions de
naldi et Azarian, loc. cit. — Michel Tchamtchian, Hist.
des Armén., 3 vol. in-4°, Venise, 1781-1786, t. III, p. 519 sq; Jean Petit, au concile de Constance.
en arménien. — J. Issaverdens, Ecclesiasticalhistory, in-12, Ecliard, Scriptores ordinis prædicatorum,t. I, p. 757.
Venise, 1875, p. 213-222. R. COULON.
Fr.
TOURNEBIZE. ABIATI (BÉNIGNE), érudit de l'ordre de Saint-
ABI AYYUB. Voir AAHON ABIOB, col. 4. Augustin, né à Crémone. On l'appelle aussi de Ablati-
cis. Il est connu comme un des meilleurs orateurs du
1. ABIA, soi-disant évêché latin dans le patriar- XVIe siècle en Italie. Dans sa ville natale il fonda une
cat d'Antioche. Wadding, Annales ordinis Minorum, bibliothèque, renfermant beaucoup de manuscrits
t. ni, ad an. 1349, n. 12, p. 566, dit que Adam, latins. Le catalogue de cette bibliothèque est inséré
episcopus Abiensis dans le patriarcat d'Antioche, dans l'Apparatus sacer de Possevin, Venise, 1606,
ayant été transféré au siège de Cattaro, fut remplacé t. 111, p. 138-139, et dans la Cremona literataparArisio,
;
le 8 juillet de la même année par Jean de Montesono,
un franciscain voir aussi Le Quien, Oriens chri-
stianus, t. III, col. 1237. Eubel, Hierarchia catholica
Parme, 1706, t. II, p. 376-379. Il a laissé deux volumes
de sermons inédits.
Mazuehelli, Gli serittori d'Italia, Ire partie, Brescia, 1753,
medii ævi, Munich, 1898, t. I, p. 64, signale également t. I, p. 24. — Calvi, Delleme morie istoriche della congrega-
ces deux évêques et, de plus, en 1399, Vital, un ancien zione osservante di Lombardia, Milan, 1669, p. 355-357.
augustin. Il se demande en même temps, si Abiensis ne A. PALMIERI.
serait pas une erreur pour AbidensisouAbida, évêché ABIBE (Saint), diacre et martyr à Édesse. Quoi-
suffragant de Damas. Nous verrons à ce mot que que lié d'amitié avec saint Gurie et saint Samone qui
l'évêché d'Abida est une création de Le Quien, basée furent martyrisés en 306, il ne fut point arrêté avec
sur une fausse lecture. S'il y a erreur — ce que je crois eux. Il profita de sa liberté pour soutenir le courage
volontiers — ce n'est pas Abidensis mais Abilensis des chrétiens durant la persécution. Il exerçait tran-
que je lirais, car Abila, évêché de la Phénicie IIe, est quillement ses fonctions de diacre, lorsque Licinius
fort connu et le titre est encore conféré aujourd'hui ralluma le feu de la persécution et donna immédia-
par la curie romaine. tement ordre d'arrêter Abibe et de le forcer à sacri-
S. VAILIIÉ. fier aux idoles. Le saint diacre se cacha et il aurait pu
2. ABDA, évêché titulaire latin compris dans le pa- échapper à toutes les recherches. Mais, craignant de
triareat de Constantinople. Wadding, Annales ordinis perdre la palme du martyre, il se présenta à Théotecne,
Minorum, t. v, ad an. 1411, n. 11, p. 77, écrit qu'en l'un des principaux officiers de Lysanias, gouverneur
1399, le franciscain Vital fut nommé episcopus de la province. L'officier lui conseilla de retourner
Abiensis par le pape Boniface IX et qu'après sa mort dans sa retraite, lui promettant de ne pas inquiéter
Jean XXIII lui donna Conrad pour successeur, le sa famille à cause de lui; mais sur ses instances, il
28 novembre 1411; voir aussi Le Quien, Oriens chris- le conduisit au gouverneur. Ce dernier, ne pouvant
tianus, t. III, col. 1113. Eubellit tout d'abord Ariensis obtenir qu'il sacrifiât aux idoles, le fit suspendre par
les bras à un poteau pendant qu'on lui déchirait les
au lieu de Abiensis, et il corrige également les dates.
Vital, vicaire général de Trente, aurait porté ce titre côtes avec des ongles de fer. Lysanias, le voyant cou-
de l'an 1400 à l'an 1414 et, le 29 octobre de la même vert de sang, lui demanda pourquoi il se soumettait
année, le dominicain Conrad Eysenhut lui aurait à tant de tourments. Abibe lui fit comprendre que sa
succédé, Hierarchia catholica medii aevi, Munich, résolution était inébranlable. Alors il fut condamné
t. I, p. 108 en note; t. II, p. 106 en note. Eubel fait bien à être brûlé vif. Sa mère et ses parents furent autori-
remarquer que, si on lit Ariensis, il faut se garder de à
sés l'accompagnerjusqu'au lieudusupplice. Lorsqu'on
confondre cet évêché avec Auriensis, ou Ario en Crète, fut arrivé auprès du bûcher, illeur donna le baiser de
dont on connaît exactement la série des titulaires la- paix, et fit une prière fervente, après quoi on le pré-
tins à la même époque, op. cit., t. I, p. 108 en note. cipita dans les flammes. Son supplice eut lieu le 15
sujet de Conrad:
Plus loin, op. cit., t. II, p. 106, en note, Eubel écrit au
Conradus Eysenhut, qui adhuc anno
1420 vivebat, idem esse videlur ac Conradus de Au-
novembre 322. Ses parents retirèrent du brasier le
corps, qui était resté intact, l'embaumèrent, l'enve-
loppèrent dans de riches étoffes, et l'enterrèrent près
gusta, qui anno 141.5 ut episcopus Auriensis occurrit. En de saint Gurie et de saint Samone, qui avaient souf-
somme, rien n'est absolument sûr au sujet du nom de fert la mort, à pareil jour, seize ans auparavant.
cette localité. On pourrait peut-être supposer que V. ERMONI.
Abiensis a été mis pour Abidensis ou Abydos, évêché ABIBO, saint et martyr géorgien du VIe siècle.
suffragant de Cyzique, dans le patriarcat de Constan- D'après le patriarche Antoine, il fut l'un des douze
tinople, titre qui est encore donné par la curie ro- saints pères syriens qui s'étaient rendus en Géorgie
maine. Si la lecture Abia était indiscutable, on pour- sous le roi Pharsman VI (542-557) et le katholicos
rait songer à la ville de ce nom dans le Péloponèse, Ewlawios (552-560). Le chef de ces ardents mission-
qui servait de frontière entre la Laconie et la Messénie. naires, S. Joané Zedazadénel,l'envoya prêcher l'Évan-
Citée dans l'Iliade, IX, 150, sous le nom de 'Ip. gile dans le Cakheth avec cinq de ses compagnons.
Abibo ne tarda pas à attirer par son zèle l'admira- voslavnoiu gruzinskoiu tzerkoviu (Les fêtés établies par
l'Église orthodoxe géorgienne), Tiflis, 1862, p. 110-114. —
tion du katholicos, qui le consacra évêque de Nékrési, Bakradzé, Kavkaz v dreunikh pamiatnikakh khristianstua
ville du Cakheth, au bord de la rivière Qwarel.Les (Le Caucase dans les anciens monuments chrétiens), Tiflis,
hagiographes géorgiens racontent qu'il y construisit 1875,p. 112. — Sabinin, Isloriia gruzinskoi tzerkvi (Histoire
un monastère appelé Bethléem, en souvenir de la de l'Église géorgienne), Saint-Pétersbourg, 1877, p. 105-
naissance du Sauveur, et que de temps en temps il 106; Sakhartwelos Samothkhé (Éden de Georgie), Saint-
s'y retirait pour y vaquer aux pénitences les plus aus- Pétersbourg, 1882, p. 213-216; Polnoe jizneopisanie
tères. Pokrovsky, op. cit., p. 63. Wakhoucht mentionne suiatykh gruzinskoi tzerkvi (Description complète des
aussi un autre monastère fondé par le saint dans le saints de l'Église géorgienne), Saint-Pétersbourg, 1872,
ravin de Thez sur le haut d'un rocher, p. 161. Comme p. 49-57. — Protopopov,Kratkoe jizneopisanie glavnieichikh
dieiatelei gruzinskoi tzerkounoi istorii (Courtes biographies
évêque, saint Abibo déploya le plus grand zèle
pour ramener au christianisme les tribus que les Per-
sans, maîtres de la Géorgie sous Chosroès Ier, avaient
géorgienne),Moscou, 1902, p. 17-20. --
des principaux personnages de l'histoire ecclésiastique
Nilles, Aus Iberien
oder Georgien, Innsbruck, 1903, p. 18. Pokrovsky,Krat-
forcées à embrasser le culte du feu. Les montagnards kii otcherk tzerkouno-istoritcheskoi jizni pravoslavnoi Gruzii
du Didoeth, et les peuplades établies sur les bords (Essai abrégé de la vie ecclésiastique et historique de la
de l'Alazan, touchés par ses miracles et sa prédica- Géorgie orthodoxe), Tiflis, 1905, p. 62-64.
tion, retournèrent à la foi chrétienne. Abibo s'en allait A. PALMIERI.
de village en village, détruisant les temples élevés par 1. ABIBUS,moine égyptien, du IVe siècle,honoré,
les Persans. Son zèle et les succès de son apostolat au 22 octobre, et mentionné dans les martyrologes
lui attirèrent la haine des idolâtres, qui le frappèrent, coptes. Les seuls renseignements que l'on possède sur
l'enfermèrent en prison et l'envoyèrent ensuite au sa vie, nous viennent du Pré spirituel de Moschus, et
satrape de Rékha, dans le Kharthli. Au cours de son de l'éloge du saint, contenu dans le manuscrit arabe 02
voyage, près du village d'Aldo, le saint reçut, de la du Vatican, p. 98 a. Nous apprenons par le premier de
part de saint Siméon Stylite le jeune, une lettre et ces documents, qu'Abibus n'aspirait, dès ses plus ten-
son bâton en cadeau. Arrivé à Mtzkhétha, il visita dres années, qu'à vivre dans la solitude. Son père qui
saint Chio, un des Pères syriens, qui s'était retiré était riche voulait au contraire l'appliquer aux affaires
dans une caverne à l'ouest de cette ville (Mghwimé) de ce monde et lui fit consentir, sur son lit de mort,
et y vivait dans la pénitence la plus austère. Arrivé à se mettre à la tête de la maison. Mais dès que son
à Rékha, en présence du satrape persan, il parla père eût rendu le dernier soupir, Abibus donna à
avec tant de vigueur contre le culte du feu et en chacun de ses frères la part du patrimoine qui lui
faveur de la religion du Christ, que le satrape cour- revenait, et distribua la sienne aux pauvres. Débar-
roucé le fit lapider. Ses reliques furent exposées aux rassé des biens de cette vie, il se construisit une cellule
bêtes et aux oiseaux carnassiers, mais quelques chré- pour y goûter les charmes de la solitude. A peine
tiens fervents réussirent à s'en emparer, et à les en- avait-il achevé sa cellule, qu'il tomba malade. Sen-
terrer à l'endroit de son martyre. L'Église géorgienne tant que son dernier jour était arrivé, il ordonna à son
le canonisa aussitôt après sa mort, sous le règne de frère, qui était auprès de lui, d'aller célébrer la fête des
Bacour III (541-555). Sous le mthawar Stéphanos Apôtres, lui promettant de le faire appeler au mo-
(639-663), ses reliques furent transférées de Rékha ment de la mort. Il tint sa promesse et, avant de
à Samthawro, l'église cathédrale de Mtzkhétha, fermer les yeux, il manda son frère auprès de lui et
élevée par le premier roi chrétien de la Géorgie, rendit son esprit à Dieu. Tout le monde admira une
Miriam (265-342). Le fête de saint Abibo, appelé fin si sainte et rendit gloire à Dieu.

:
Nékrésel, du nom de sa ville épiscopale, est indiquée Acta sanct., octob. t. IX, Paris, 1858, p. 575-578.
ordinairement dans le calendrier géorgien le 29 no- V. ERMONI.
vembre parfois, cependant, elle est célébrée le 12 ou 2. ABIBUS (HABIB), évêque nestorien de Pou-
le 13 novembre.Histoire de la Géorgie, p. 233.
Le premier auteur de la vie de saint Abibo serait sang, aujourd'hui Gôriyan, à l'ouest de Hérat, qui se
le katholicos Arséni qui, d'après le Codex des Vies fait représenter en 585, au concile de Jésuyahb Ier.
des saints géorgiens du Musée asiatique de Saint-Pé- Cf. J.-B. Chabot, Synodicon orientale, Paris, 1902,
tersbourg, aurait vécu quatre siècles après la venue p. 423. F. NAU.
des Pères syriens en Géorgie (Xe siècle). Remarquons
que le nom d'Arséni, écrivain du xe siècle, et katho- 3. ABIBUS (HABIB), évêque nestorien de Raï
licos n'est pas connu, Brosset, Histoire de la Géorgie, ou Roghés dans la Médie supérieure, cf. Chabot,
t. I, p. 203. Sur les données d'Arséni, le katholicos Synod. orientale, p. 10 et Bedjan, Liber superiorum,
Antoine 1er (+1er mars 1788), composa une bio- p. 280. F. NAU.
graphie du saint insérée dans son martyrologe géor-
gien, écrit en 1769, Khakhanov, Otcherki gruzinskoi 4. ABIBUS (HABIB), évêque jacobite d'Édesse
slovesnosti (Essai de littérature géorgienne), Moscou, de 688 à 708. Il remplaça Jacques d'Édesse lorsque
1897, t. II, p. 257. On trouve d'autres biographies du celui-ci, ne pouvant plus rétablir les anciens règle-
saint dans les manuscrits suivants du Musée ecclésias- ments tombés en désuétude, quitta son siège pour
tique de Tiflis: n. 130 (1713); n. 170 (1733), fol. se retirer au couvent de Saint-Jacques à Kaisoum,
93-96; n.425 (1718); n. 592 (XIXe siècle), Jordaniia, Cf. Rubens Duval, Histoire d'Édesse, Paris, 1892,
OpisanierukopiseiTiflisskago tzerkovnago muzeia(Des- p. 244-245. Le pseudo-Denys de Tellmahré écrit qu'il
cription des manuscrits du musée ecclésiastique de fut évêque d'Édesse de 710 à 729 et qu'il ressuscita
Tiflis), Tiflis, 1903, t. I, p. 139; 179, 1902, t. II, p. 14, un mort pour lui faire dire où il avait caché un dépôt
102. qu'un Arabe lui avait confié. Cf. J.-B. Chabot, Chro-
Josseliani, Kratkaia istoriia gruzinskoi tzerkvi (Histoire nique de Denys de Tellmahré, IVe partie, Paris, 1895,
abrégée de l'Église géorgienne), Saint-Pétersbourg, 1843, p. 11, 14, 15-17, 18. Mais l'évêque d'Édesse à cette
1839,p. 41-42. -Brosset, Histoire de la Géorgie, Saint-Péters- époque se nommait Gabriel, Cf. Rubens Duval, His-
bourg,p.233;Description géographiquede la Géorgie, par
Wakoucht, Saint-Pétersbourg, 1842, p. 315; Additions toire d'Édesse, p. 253 et on attribue un prodige ana-
et éclaircissements à l'Histoire de la Géorgie, Saint-Péters- logue à Gabriel de Qartamin, Cf. F. Nau, Notice his-
bourg, 1851, p. 130-131. — Muraviev, Gruziia i Armeniia torique sur le monastère de Qortamin, Paris, 1906, p. 25
(La Géorgie et l'Arménie), Saint-Pétersbourg, 1848, t. I, à 26. Le pseudo-Denysne mérite donc aucune créance.
p.233-234.—Purzéladzé,Oprazdnikakh ustanovlennykh pra- F. NAU.
5. ABIBUS (HABIB). Seize évêques jacobites 2. ABIDA, que l'on écrit aussi Abidi-orum, est
du nom de Habib sont mentionnés par Michel le signalé comme un évêché suffragant de Séleucie
Syrien depuis la fin du VIIIe siècle jusqu'à la fin du d'Isaurie dans l'appendice à la chronique du conné-
table Sempad, un peu avant l'année 1053. Dulaurier,
XIIe siècle. Cf. Revue de l'Orient chrétien, t. v (1900), Recueil des historiens des Croisades. Documents armé-
p. 628. — Jean d'Asie raconte longuement la vie d'un niens, Paris, t. I, p. 673. Il y a là une erreur de lecture.
archimandrite jacobite de ce nom; Cf. Land, Anecdota Le copiste a écrit Abida pour Sbida ou Sbidé, évêché
syriaca, Leyde, 1868, t. II, p. 4-12. F. NAU.
bien connu de la même province. Voir SBIDA.
6.ABIBUS (HABIB et HABIBA). Habib, dumo- S. VAILHÉ.
ABIDDENSIS (Ecclesia). Sans doute pour Avit-
nastère de Qardou, fréquenta l'école de Ctésiphon, tensis. Voir AVITTA BIBBA.
prit l'habit monacal, et habita d'abord le mont Zini,
en compagnie de trente Ninivites. Une vision le dé- 1. ABILA, évêché de la Palestine IIe, suffragant
cida à se rendre au village de Kefartouta (au pays de Scythopolis, dans le patriarcat de Jérusalem. La
de Qardou?) où il vécut dans une caverne. De ville est mentionnée par Polybe, v, 71; XVI, 39, en
nombreux frères vinrent demeurer près de lui et 218 ou 198 avant J.-C., lors de l'expédition d'Antio-
construisirent une belle église où il fut enseveli. Il chus le Grand contre Ptolémée Philopator pour la
mourut à l'âge de cent-vingt ans. Il était contempo- possession de la Célésyrie. Elle a des monnaies qui
rain d'Abraham le grand (vie siècle). Cf. P. Bedjan, sont datées de l'ère de Pompée, 63 avant J.-C. Ville
Liber superiorum, Paris, 1901, p. 474-475. de la Décapole, signalée en l'an 134 par une inscription
F. NAU. grecque trouvée près de Palmyre, Waddington, Ex-
7. ABIBUS. Peu après vivait Habibâ, supérieur plication des inscriptions. recueillies en Grèce et en
du grand monastère du mont Izala après Dadiso qui Asie Mineure, n. 2631, et par une autre inscription
mourut à l'âge de quatre-vingt-douze ans, ibid., non datée, Waddington, op. cit., n. 2070, elle fut
p. 483. Il reste encore plusieurs lettres de Jé- donnée momentanément par Néron au tétrarque
suyab III, patriarche nestorien de 650 à 660, adressées Agiippa II, Josèphe, Bell. jud., II, XIII,2. Plus tard,
à un moine Habibâ de ce même couvent. Cf. Assé- Ptolémée, v, 14, la range parmi les villes i E,u:XPE'JZ:X¡-
mani, Bibl. orient., t. Ill, 1repartie, p. 141-142, lettres ôexa7rdXsujf, ainsi que peut-être Étienne de Byzance,
16 et 50. F. NAU. sub verbo. La Décapole compte, en effet, parfois jus-
qu'à 18 villes. Josèphe, qui cite le passage de Polybe
8. ABIBUS. Vers l'an 800, Habibâ et son frère
Jacques opéraient des prodiges au mont Ionan ils :
guérissaient les paralytiques, protégeaient les villes
à propos de la campagne d'Antiochus, Ant. jud., XII,
Ill, 3, parle également d'une autre Abila, située à
60 stades du Jourdain et qu'il ne faut pas confondre
contre les sauterelles; tout obéissait à leurs ordres. avec la nôtre, pas plus qu'avec celle de Lysanias,
C'est ce Habibâ qui aurait composé les méditations Ant. jud., IV, VIII, 1; V, I, 1; Bell. jud., IV, VII, 6.
sur la conduite monastique, les chapitres de science Eusèbe, Onomasticon, édit. Lagarde, ccxxv, 7, dit
(analogues sans doute aux capita gnostica d'Évagrius), qu'Abilase trouvait à 12 milles à l'est de Gadara. Hié-
les cantiques et les hymnes mentionnés par Ebedjé- roclès, au vie siècle, édit. Burckhardt, p. 42, Georges
sus, Assémani, Bibl. orient., t. III, 1re partie, p. 177. de Chypre, au VIle, édit. Gelzer, p. 52, comptent Abila
Cf. Bedjan, Libcr superiorum, Paris, 1901, p. 406. parmi les villes de la Palestine IIe, tandis que le
F. NAU. pseudo-Antonin, au VIe siècle, édit. Geyer, p. 147,en
1. ABIDA, pseudo-évêché de la Phénicie IIe.
Parmi les évêques de cette province qui signèrent la
lettre à l'empereur Léon Ier, en 458, figure Euse-
ses évêques:
fait encore une ville de l'Arabie. On connaît trois de
Salomon en 518, Mansi, Concil. ampl.
collectio, t. VIII, col. 1074; Nicostrate en 536, Mansi,
bius, episcopus Abydenus, Mansi, Conciliorum collectio,
t. VII, col. 559. Le Quien, Oriens christianus, t. II,
t.
op.cit., VIII, col. 1171; Alexandre, expulsé en 553,
avoir refusé de souscrire
pour aux décisions du concile
col. 849, en a conclu à l'existence d'un évêché. d'Abida, de Jérusalem contre les origénistes. Exilé à Constan-
qui n'a pas d'autres évêques connus. C'est là une erreur tinople, cet évêque y fut tué lors d'un tremblement
du docte géographe, car l'évêché d'Abida n'a jamais de terre avant l'année 557. Cyrille de Scythopolis,
existé. Dans la liste des suffragants de la Phénicie IIe Vita S. Sabæ dans les Ecclesiæ grazese monumenta
que contient la Notitia episcopatuum d'Antioche, du de Cotelier, t. III, n. 85, 90, et Diekamp, Die ori-
VIe siècle, Echos d'Orient, 1907, t. X, p. 95, 145, on genistischen Streitigkeiten im sechsten Jahrhundert,
ne voit pas Abida. On doit donc se demander si, dans Munster, 1899, p. 66 et 127. La ville d'Abila est iden-
les signatures de la lettre à Léon Ier, il n'y a pas eu tifiée avec Tell-Abil, dans la région transjordane, sur
confusion et si Abydenus ne serait pas une erreur de la route de M' Keiss (Gadara) à Dercat (Adraa), non
copiste pour Iabrudenus = Iabrouda, évêché bien loin du chemin de fer de Damas à Caïfa. On y voit
connu de la même province. Je crois qu'il en est ainsi. encore les ruines de temples et d'églises, ainsi que des
En effet, l'évêque de labrouda n'est pas signalé parmi tombeaux antiques de chrétiens.
les signataires de la lettre à l'empereur Léon, alors S. VAILHÉ.
que presque tous les autres évêques de cette province 2. ABILA de Lysanias, évêché de la Phénicie IIe,
y sont indiqués. De plus, sept ans auparavant, au suffragant de Damas, dans le patriarcat d'Antioche.
concile de Chalcédoine, nous voyons Théodore, mé- Le premier fondateur connu de la dynastie des Ly-
tropolitain de Damas, signer pour Eusèbe, évêque de sanias est un cheikh arabe, originaire très probable-
Iabrouda. Mansi, Concil., t. VII, col. 169. Il faut en ment de la Célésyrie ou Békaa, Strabon, XVI, II, 10,
conclure que Eusèbe de 451 et Eusèbe de 458 est l'é- et nommé Ptolémée, fils de Mennaios. On le voit tout
vêque de la même ville Iabroudaet que l'évêché d'Abi- d'abord, vers l'an 85 avant J.-C., inquiéter Damas qui
da est à rayer des listes épiscopales, d'autant plus se donne un roi. Josèphe, Ant. jud., XIII, XV, 2; Bell.
qu'aucune ville du nom d'Abida n'est signalée dans la jud., I, IV, 8. Vers l'an 70 av. J.-C., Ptolémée est sou-
Phénicie IIe par les géographes byzantins Hiéroclès verain de Chalcis, d'Abila et d'Héliopolis; il bat
et Georges de Chypre, sous les empereurs Justinien monnaie avec le titre de tétrarque; des Ituréens ou
et Maurice; et dans Ptolémée, V, xv, 22, c'est une Arabes de sa famille règnent dans le Liban et sur la
fausse lecture pour Abila. côte, à Tripoli, Botrys, Gigartus et Byblos. Pompée,
S. VAILHÉ. maître de la Syrie, lui impose un fort tribut; l'an 42
avant notre ère, Ptolémée soutient l'entreprise du 563-564, connu par une inscription, Waddington,
chef pompéen, Caecilius Bassus, Strabon, XVI, 11, 10, Inscriptions trouvées en Grèce et en Asie Mineure,
et il meurt deux ans après, souillé de toutes sortes de n. 1878. Les Arabes auraient pris et saccagé la ville en
;
crimes. Son fils, Lysanias, hérite de ses états, l'an
40 av. J.-C. il bat monnaieavec le titre de tétrarque et
ajoute aux possessions de son père Panéas et le pays
634, profitant d'une foire annuelle qui avait rassemblé
là, près d'un monastère célèbre, un grand nombre de
marchands chrétiens. Depuis lors, Abila aurait perdu
autour du lac Houleh. Il est mis à mort par Antoine, son nom, pour prendre celui de Souq-ouady-Barada,
l'an 34 av. J.-C., à la demande de Cléopâtre, qui prend le marché du Barada, nom du Chrysorhoas. Au moyen
une partie de ses domaines, en particulier Chalcis et âge, des historiens et géographes arabes l'appellent

:
ses environs. Dion Cassius, XLIX, 32, appelle ce Lysa-
nias roi et Josèphe emploie l'expression royaume de
Lysanias. Ptolémée, v, 14, appelle Abila de son nom
encore Abil-es-Souq et, sur les hauteurs de la rive
droite du fleuve, un ouély, le Nébi-Abil, dont les
musulmans ont fait le tombeau d'Abel, a conservé
'AúiÀtX AVG(J.v[r¡v et, de même Josèphe, Ant. jud., encore l'ancien nom. Les nombreuses inscriptions
XIX, v, 1, probablementpour la distinguer d'Abila de trouvées ont prouvé que Souq-ouady-Barada occupe
la Décapole. Il n'en est pas moins vrai qu'Abila devait bien l'emplacement d'Abila; le village est situé à
être alors le centre des possessions de cette famille. 6 heures de marche environ de Damas, sur les pentes
Zénodore, fils de Lysanias, l'an 32 av. J.-C., entre en de l'Antiliban, dans un site ravissant. On y a découvert
possession de la Batanée, de la Trachonitide et du les ruines d'un temple, les restes d'un pont antique
Hauran; il est maître aussi de Jamnia, près de Jaffa, sur le Barada, une vaste nécropole, la route des lé-
bat monnaie et porte, comme ses aïeux, le titre de gionnaires, etc.
tétrarque ou roi vassal de Rome. L'an 23 avant notre
ère, Auguste donne à Hérode le Grand la Batanée, la E. Kuhn, Dis staedtisclie und burgerliche Verfassung des
Trachonitide et le Hauran, ne laissant à Zénodore que rumischen Reichs, Leipzig, 1865, t. II, p. 169-174. — Robin-
Chalcis, Abila, Baalbeck et quelques autres posses- son, Later biblical researches in Palestine, p. 478-484. —
sions. Lorsque Zénodore meurt, l'an 19 av. J.-C., sa J. L. Porter, Five years in Damascus, Londres, 1855, t. I,
famille perd encore Panéas et le pays du lac Mérom, p. 262-273. — de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, Pa-
ris, 1853, t. II, p. 592- 600, 613-615, et Recherches sur les
qui passent à Hérode, ne conservant que le domaine monnaies des tétrarques héréditaires de la Chalcidène et de
primitif. Les Lysanias ont conservé toujours le titre l'Abilène dans les Wiener numismatischeMonastshefte d'Eg-
de « tétrarques d'Abilène »; l'un d'entre eux est cité ger, t. v,part. 1, p. 1-34. —Renan, Mémoire sur ladynastie
par saint Luc, 111, 1, et son nom figure également sur des Lysanias d'Abilène dans les Mémoires de l'Académie
une inscription qui doit dater des années 14 à 29 de t.
desInscriptions,1867, xxvi,part.2, p. -E.
49-84. Schurer,
Geschichte des judischen Volkes im Zeitaller Jesu Christi,
notre ère, c'est-à-dire de l'époque où l'évangéliste l'a
fait vivre. Peu après, l'an 28 de notre ère, l'Abilène est Leipzig, 1890, t. I, p. 463-492, 600-604. — Vigouroux, Le
Nouveau Testament et les découvertesarchéologiques modernes,
enlevée aux Lysanias, pour être incorporée au do- Paris, 1896, p. 131-141. — Clermont-Ganneau, Recueil
maine immédiat de l'empereur. L'an 37, la ville d'archéologie orientale, t. II, p. 35-43.
d'Abila est donnée par l'empereur Caligula au roi S. VAILHÉ.
Agrippa 1er, et ce don est confirmé par Claude, en ABILIUS ('Aêt)>io;, L(.L{i.tOÇ, 'Au.£/toç,
Melias,
41; puis, à la mort d'Agrippa, la ville est administrée Avilius, Emilius, etc.), troisième évêque d'Alexandrie,
par des procurateurs romains. En 53, Claude cède au qu'il gouverna 13 ans, si l'on en croit Eusèbe, de la
roi Agrippa II la ville d'Abila, en même temps que quatrième année de Domitien (81-96) à la première
la tétrarchie de Philippe,qui font peu à peu retour à la de Trajan (98-117). D'après le Chroniconorientale (éd.
province de Syrie. Des inscriptions trouvées sur les Cheikho), Abilius (Mélius) fut élu peu après la mort
lieux nous apprennent que la route existant encore a d'Annianus, survenue le dimanche 20 Hatour (16 no-
été taillée dans le rocher par la XVIe légion, au temps vembre). Il fut évêque 9 ans et 286 jours, mourut le
de Marc-Aurèle et de Vérus, aux frais des Abilènes. mardi 1 de Toth (29 août), et fut remplacé, après
La route précédente avait été emportée par une crue une vacance de 3 ans, par Cerdon, en la première an-
du Chrysorhoas, le ouady Barada actuel. née du règne de Trajan. Mais ces différents chiffres
D'après l'itinéraire d'Antonin, p. 198, et la Table ne concordent point entre eux, et les corrections qu'on
de Peutinger, Abila est une ville de la Célésyrie qui a pu proposer (v. Tillemont) sont toutes plus ou moins
se trouve à 18 milles de Damas et à 32 ou 38 milles arbitraires. Du reste, l'autorité chronologique de cet
au sud d'Héliopolis; Ptolémée, V, xv, 22, la signale endroit du Chronicon semble fort mince. C'est ainsi
également sous le nom fautif d'Abida. On a voulu qu'afin d'expliquer la vacance qu'il met avant l'élec-
(voir de Saulcy, Numismatique de la Terre-Sainte, p. 20- tion de Cerdon (98-99), il place à ce moment la prise
29) identifier Abila avec Leucas et lui attribuer les et la ruine de Jérusalem.
monnaies connues de cette dernière ville, mais Rou- Nous trouvons des chiffres un peu différents, mais
vier, dans Revue biblique, 1904, p. 572-576, et, après aussi difficilement conciliables, dans l'Historia pa-
lui, Clermont-Ganneau, dans Recueil d'archéologie triarcharum cophlitarum Alexand., d'Abraham Ecchel-
orientale, t. VI, p. 310-314, ont prouvé que Leucas lensis et dans l'History of the patriarchs of the coptic
n'était autre que Balanée de Syrie. Signalée par les Church of Alexandria, éditée par M. Evetts. Cette
géographes Hiéroclès et Georges de Chypre comme une dernière ne mentionne pas de vacance entre Abilius
ville de la Phénicie IIe ou libanaise, Abila figure, au et Cerdon. Tous ces textes fixent au 1 de Toth la mort
vie siècle, dans la Notitia episcopatuum d'Anastase, d'Abilius, et c'est la même date qu'indique le Sy-
dans les Échos d'Orient, 1907, t. x, p.145, comme évêché naxaire traduit par M. Basset. Ici Abilius (Milyous)
suffragant de Damas. Parmi ses titulaires, on connaît est placé sur le siège d'Alexandrie la quinzième année
Héliconius à Nicée, en 325, Gelzer, Patrum nicaenorum
nomina, p. 85, évêque omis par Le Quien; Jourdain
du règne de Domitien qui est appelé Vespasien
demeure évêque pendant 12 ans.
et»,
au concile d'Antioche, en 445, Mansi, Conciliorum Eusèbe, qui a probablement utilisé une liste dressée
collectio, t. vu, 325, 352, et au concile de Chalcédoine, par Julius Africanus (v. Harnack), représente la source
en 451; Jean qui signe, en 458, la lettre des évêques la plus ancienne, mais il reste lui-même invérifiable.
de la Phénicie IIe à l'empereur Léon, Mansi, op. cit., Il ne donne aucun détail sur l'épiscopat d'Abilius,
t. VII, 559; Alexandre, expulsé de son siège comme Les écrivains cités plus haut disent seulement que
monophysite en 518 par Justin Ier, Chronique de l'Église jouit de la paix, et que le nombre des chré-
Michelle
Syrien, édit. Chabot, t. II, p. 172; Jean, en tiens s'accrut dans la Pentapole et la Libye.
Il est encore fait mention d'Abilius dans quelques kesham, l'emplacement actuel, à environ deux milles
autres ouvrages tels que le Chronographeion syntomon, plus loin en descendant la rivière et appelée, du nom
les Chronographies de Syncellus et de Nicéphore, les même d'abbé, Abingdon (Abbot's town). Pour l'éty-
Annales d'Eutychius., mais les auteurs n'ont fait mologie du nom, Leland se trompe sûrement,car ce
que puiser dans Eusèbe et ne peuvent par conséquent n'est pas aux supérieurs de la fondation monastique
fortifier en rien le témoignage de ce dernier. Une qu'il faut faire remonter le nom d'Abingdon, mais à
tradition (Act. de saint Marc) veut qu'Abilius (Mé- l'un des anciens colonisateurs inconnus du Berkshire,
lius) ait été ordonné prêtre par saint Luc; une autre Abba, qui a aussi laissé son nom à plusieurs autres
(Const. apost.), le fait sacrer évêque par l'évangéliste localités voisines. Par ailleurs, on peut regarder le ren-
saint Luc. seignement de Leland comme assez exact.
Eusèbe, Ilist. écoles., I. III, c. XIV, XXI, P. G., t. xx, Hean se créa lui-même premier abbé, et son oncle
col. 247, 255. — Act. sanet., feb. t. 111 (1658), p. 284-285, Cissa devint un généreux bienfaiteur de l'abbaye.
april. t. 111 (1675), p. 349. — Corpus script. christian. orien- On enterra Cissa dans l'enceinte du monastère, mais,
tal., Scriptores arabici, series III, t. I, Petrus ihn Rahib,
-
Chronicon orientale, trad. P. Chcikho, p. 111. Pali-ologia
orientalis, Graffin-Nau, t. II (1907), Tlist. of the patriarchs of
après le pillage de la maison par les Danois, 200 ans
plus tard, toute trace de son tombeau avait disparu.
La date donnée pour la fondation, par l'évêque Tan-
the coptic Church of Alexand., texte arabe et Lrad. angl.
par B. Evetts, p. 149; Ihid.,le Sijnaxaire arabeJacobite, ner, par Dugdale, etc., est 675, mais le chroniqueur
,
texte arabe et trad. franç. par René Basset, p. 226. — An-
nales Eutychii, dans P. G., t. exi, col. 985. — Chronogra-
pheionsyntomon, dans Eusebe, Chronicon, édit., A. Schœne,
du Cotton M. S. S. considère évidemment 652 comme
le point de départ de son récit, car il nous dit que la
partie de son histoire, depuis Ceadwalla jusqu'à Guil-
Berlin, 1875, Appendix IV, col. 72.— A. Schœne, Eusebii laume le Conquérant, comprend une période de 414
chronic. canon., trad. lat. de la version arménienne; version années. Chron., t. i, p. 487. En fait, le commencement
de saint Jérôme; trad. lat. d'un epitome syrien, Berlin, 1866, même d'Abingdon nous met en présence de ce qui
p. 160-161. — Georges Syncellus et Nicephorus, édit. Din- devint de bonne heure un grave abus. Hean, ayant
dorf, Bonn, 1829; t. i, Georyii Syncelli chronographia,
p.551,lign.20;ibid.,Nicepliori chronog.compendiaria,p.778, obtenu de Cissa un don de communs (fole land) pour
lign. 22; t. II, G. Syncelli, Chronog. canon, p. 285.— Consti- la fondation d'un couvent, essaya de garder pour lui-
lutiones apost., VII, 46, édit. Funk, 1905, t. I, p. 452. — même la possession du fonds, et ce ne fut que vingt
Tillemont, Mém. hist. eccl., 1701, t. II, p. 95, 99,158, 514, ans après qu'il se résolut à prononcer les vœux de
et surtout 560. — Harnack, Chronol. der althristlich. IAt- religion. En 705, le roi Ini distrait une portion de l'évê-
leratur, Leipzig, 1897, t. I, p. 72-73, 104, 121, 114,138,202, ché de Winchester pour en faire le siège indépendant
206. — Flamion, La liste épisc. d'Alexand., dansReu. d'hist.
eccl., (1901), t. II, p. 503-504. —Diction, of christ. biography, de Sherborne avec saint Aldhelm pour premier évêque.
1877, t. I, p. 7. Aldhelm avait été abbé de Malmesbury et proche voi-
U. KouziÈs. sin de Hean. Au bout de quelques années, Ini s'em-
ABRLLON. Voir DABILLON. para des terres concédées à Abingdon, obligea Hean
à faire profession et donna les mêmes terres à nouveau
ABINAL (ANTOINE), jésuite français, né à Cha- à l'abbaye, à titre de fondation religieuse. C'est ce fait
nac (Lozère), le 10 janvier 1829. TIeçu le 18 octobre qu'on peut pratiquement considérer comme l'ouver-
1855, il partit en 1860 pour la mission de Madagascar, ture de la maison d'Abingdon. A partir de ce moment,
il
où mourut le 11 novembre 1887. Il publia, avec le elle grandit rapidement en étendue et en importance
jusqu'à occuper une place prépondérante parmi les
P. Camille de La Vaissière, Vingt ans à Madagascar.
Colonisation, traditions historiques,mœurs et croyances, monastères sous l'Heptarchie saxonne.
in-8°, Paris, 1885; avec le P. Victorien Malzac, Dic- De 711 à la suppression de l'abbaye sous Henri
tionnaire malgache-français, in-8°, Tananarive, 1888; VIII, on peut diviser l'histoire d'Abingdon en deux
traduisit en malgache plusieurs livres de l'Ancien grandes périodes. Pendant la première qui va jusqu'à
Testament, les Évangiles, les Actes des apôtres, la conquête normande, l'abbaye traverse des épreuves,
l'Imitation de Jésus-Christ, etc. pendant les guerres de l'Heptarchie, puis c'est l'inva-
Sommervogel, Biblioth. de la Compagnie de Jésus, sion danoise qui amène une immense désolation. Ce-
Bruxelles, 1890, t. I, col. 13-14 et appendice. pendant son pouvoir et son influence ne cessent de
E.-M. RIVIÈRE. croître rapidementpar une succession continue de dons
ABINGDON '(Abbaye d'). L'abbaye d'Abingdon et de privilèges, et l'établissement sûr et ferme d'un
se trouve dans le comté de Berk (Angleterre), au cercle de domination, toujours s'élargissant. Elle at-
confluent de l'Ock et de la Tamise, à une distance teint le point culminant de son développement juste
ouest de Londres qui varie entre 50 et 60 milles, et à avant la conquête normande. Après l'invasion des Nor-
5 ou 6 milles sud d'Oxford. Une légende en attribue mands, l'histoire de l'abbaye se réduit au récit des
la fondation au roi breton Lucien; Constantin le Grand attaques dont elle est l'objet, de la part du baron et des
y aurait reçu sa première éducation.Elle aurait compté nobles, et de la défense de ses droits et propres do-
alors 500 moines. Enfin Dioclétien l'aurait détruite. maines, par les moines. On leur accorde encore des terres
Plus tard, un saint ermite, nommé Aben, sauvé, dans et desprivilèges; mais ils s'efforcent surtout de défendre
sa jeunesse, du massacre des chrétiens, par le païen etde consolider leurs acquisitions antérieures, et d'adap-
Hengist, aurait jeté, en cet endroit, les fondements ter leur entourage au nouvel ordre de choses introduit
d'un monastère, puis serait passé en Irlande, ne lais- par les Normands. Le développement d'Abingdon
sant après lui que son nom (Abendon) pour le désigner. pendant les siècles qui suivent représente admirable-
Laissant de côté ces fables, produit de la vanité de ment le fonctionnement pratique de la théorie féo-
Geoffroy de Monmouth et autres, on ne peut douter dale. Une histoire complète de ce monastère, avec les
que ce soit à l'influence des puissants nobles saxons matériaux qu'on a sous la main, ne jetterait pas seu-
Cisson, et Hean, son neveu, d'accord avec les rois de lement une grande lumière sur l'état général du pays
Wessex, Cedwalla, Ini, et leurs successeurs, que re- à cette époque, mais fournirait la parfaite image du
vienne la première ouverture, historiquement cer- graduel développement d'un type d'abbaye anglaise,
taine, du couvent d'Abingdon. depuis ses modestes commencements dans un coin
Tout d'abord, Leland nous raconte (Collect., t. I, perdu, jusqu'à un degré extrême de pouvoir et d'im-
p. 5-7), qu'une maison fut fondée en l'honneur de la portance qui en fait le centre d'une vaste étendue de
sainte Vierge par douze moines, au voisinage de territoire, au début de son influence et de sa grandeur.
Bajlen Wood, et bientôt après, transférée à Seu- Camden et d'autres archéologues autorisés veulent
identifier Abingdon avec Cloveshoe, où, en 803, se dont il modéra le tempérament bouillant, et inclina
tint le célèbre concile qui déclara Cantorbéry siège la politique dans un sens favorable à l'Église. Canut
primatial d'Angleterre et prononça en termes si reconnut ces efforts en prodiguant les bienfaits à
fermes l'union de l'Église de Grande-Bretagne avec l'abbaye. Entre autres dons précieux, il fit présent
celle de Rome. d'nn superbe reliquaire d'or et d'argent contenant les
Pendant que Hean fondait l'abbaye, sa sœur obte- reliques de saint Vincent, diacre. Chron. Sax., p. 158.
nait permission d'établir tout près, à Helenston, un La conquête normande fut une cause de désordres,
couvent de religieuses qui fut plus tard transféré à à Abingdon, comme dans tous les autres monastères
Witham.En mourant, elle fit ensevelir avec elle le du pays. En 1071, l'abbé Eabred fut déposé et em-
fameux ccBlack Rood », croix dans laquelle on avait prisonné pour le reste de ses jours par l'évêque de
inséré une partie d'un des clousde fer qui avaient dû Winchester et Aldhelm, moine de Jumièges, fut nom-
servir au crucifiement. Après l'invasion danoise, mé à sa place l'année suivante. C'était une époque
pendant la reconstruction du monastère d'Abingdon, barbare; les haines de races étaient vives. C'est sous
vers 950, par saint Ethelwold, on déterra cette croix; l'abbé Aldhelm qu'Egilwine, évêque de Durham, fut
et elle fut conservée très longtemps avec la plus grande emprisonné à Abingdon où on le laissa mourir de faim.
vénération, jouissant d'une célébrité qui s'étendait Aldhelm fut à son tour remplacé, en 1085, par Rainald,
au loin. chapelain du roi, et aussi moine de Jumièges, sous le-
Pendant les troubles de l'invasion danoise, Abingdon quel fut fait le célèbre cc Domesday Survey ». La
eut le sort de tant d'autres monastères anglais et fut simple liste des possessions du monastère montre à
complètement détruit. Le roi Alfred, probablement quelle puissance il s'était élevé. Outre une grande par-
par point d'honneur, et avec un esprit de vengeance, tie du Berkshire, les moines avaient beaucoup de
surprenant de la part d'un prince si magnanime, domaines dans l'Oxfordshire, et dans le Warwick-
acheva la ruine du monastère en lui ôtant la ville shire et le Gloucestershire.
d'Abingdon. Ce ne fut pas avant 950, sous les rois Rainald gouverna avec tact et prudence, et réussit
Edred et Edgar, que saint Ethelwold put le restaurer à garder la faveur de Guillaume le Roux; mais, à sa
une fois de plus. Ethelwold, moine de Glastonbury mort, celui-ci s'appropria les revenus de l'abbaye,
sous saint Dunstan, serait parti au loin pour pour- coutume qui devait être plus tard la cause de tant
suivre ses études, si la reine-mère Hedwige, appré- d'ennuis.
ciant sa valeur, ne lui eût fait donner par son fils L'abbé le plus remarquable qui vient ensuite, c'est
Edred l'ordre d'entreprendre le relèvement d'Abing- Faricius, Italien de naissance. Il changea l'emplace-
don. Le saint eut vite gagné les sympathies du roi ment de l'ancienne église et acheva le transept et la
qui non seulementenrichit la fondation de nombreuses partie est de la nouvelle, dont un trait saillant semble
terres mais prit une part personnelle aux plans des constitué par les colonnes de marbre. Leland, op. cit.,
bâtiments. Telle avait été la ruine des monastères t. VII, p. 63, 64. Faricius était un homme de talents
par les Danois qu'elle donna naissance à la légende exceptionnels, versé dans la science de son temps; il
d'après laquelle il n'y avait alors que deux maisons : obtint plus d'un don territorial, grâce à son habileté en
Glastonbury et Abingdon. Bientôt les monastères pu- médecine. Henri Ierle consultait souvent. La reine Ma-
rent renaître de leurs cendres, et les moines revenir thilde voulut être assistée par lui à la naissance de son
de leurs courses errantes. La munificence des rois et premier enfant. Chron., t. n, p. 45, 50. Henri avait
des nobles les enrichit une fois de plus, de possessions pensé à lui pour succéder à saint Anselme sur le siège
plus grandes encore que les précédentes. Mais la pé- de Cantorbéry, mais le concile des évêques lui préféra
riode d'anarchie avait suscité un danger qui devait Radulphe de Rochester. C'est un signe des sentiments
menacer l'existence même du régime monastique. de l'époque que Guillaume de Malmesbury mette à
Un esprit de mondanité s'était insinué dans le cloître, part Faricius comme un personnage digne de la plus
:
et sans les vigoureusesréformes d'Ethelwold, de Du- haute estime pour le désigner avec orgueil par ces
restan et d'Oswald, l'Angleterre aurait peut-être vu mots nosler profecto moncichus et le distinguer ainsi
tomber en ruines l'édifice de la vie monastique. Il est de ses prédécesseurs d'origine normande.
impossible de retracer ici les progrès de cette réforme. En 1164, nous avons un exemple des abus qui déso-
Cela comprendrait l'histoire d'autres monastères, tels lèrent les monastères de beaucoup de conLrées chré-
que Ely, Hyde et Ramsey. Il suffit de dire que, dans tiennes. Grâce à l'intervention d'Henri II, Godefroy,
cette œuvre, partout se montra la main énergique évêque de Saint-Asaph, eut l'abbaye en commende
d'Ethelwold et que les moines d'Abingdon furent au avec son évêché, et même essaya de se démettre de
premier rang pour faire revivre la stricte discipline son siège dans l'espoir de retenir l'abbaye; mais on
et la pureté primitive. l'obligea à résigner la charge en 1175. Beaucoup d'au-
Attirés par la réputation de la sainteté et de la teurs voient dans ce Godefroy le fameux chroniqueur
science d'Ethelwold, beaucoup de gens accouraient Geoffroy de Monmouth. A sa mort, il fut inhumé dans
à lui de toutes les régions de la Grande-Bretagne. Son l'église de l'abbaye; plus tard, ses restes furent trans-
premier soin fut de rétablir la décence de l'office portés dans celle de Sainte-Hélène.
divin. Il fit venir des savants de Corbie pour apprendre Dé 1154 à 1169, une querelle très vive s'engagea
à ses moines le chant et l'ordonnance exacte des of- entre le monastère et les gens de Wallingford et d'Ox-
fices. Il envoya un de ses religieux au couvent des bé- ford; l'abbé Walkelin y eut un des premiers rôles. A la
nédictins de Fleury pour en étudier les traditions et grande indignation de leurs adversaires, les moines
la discipline, et pendant son gouvernement, d'autres réussirent enfin à grever de droits très élevés un
maisons se fondèrent en divers endroits de l'Angle- marché tenu à Abingdon. L'âpreté de la querelle qui
terre. La restauration d'Abingdon fut achevée sous faillit pousser les bourgeois à braver l'autorité du
le roi Edgar, successeur d'Edred. Dès lors, les dons roi montre quelle importance on attachait à l'affaire
en territoire affluèrent à l'abbaye qui devint et de- Chron., t. n,p. 227 sq.
meura jusqu'à sa fermeture sous Henri VIII, l'une En 1262, Richard de Hendred, antérieurement sa-
des plus importantes maisons de l'Angleterre. cristain de l'abbaye, fut élu abbé. Il semble avoir
En 963, Ethelwold fut promu au siège de Win- trouvé dans son élévation à la dignité abbatiale une
chester, et remplacé par Osgar qui maintint les tra- occasion de plus pour ajouter à la pompe des offices,
ditions établies par son saint prédécesseur. Wulfgar, car nous le voyons officier à la fête de la sainte Tri-
abbé en 989, eut beaucoup d'influence sur le roi Canut nité, en 1268, avec tous iles ornements pontificaux. Il
est intéressant de noter avec Willis que c'est apparem- sions de l'abbé et des 23 moines n'atteignait que la
ment le premier exemple d'un abbé d'Abingdon qui somme relativement misérable de £ 373, 6 s., 8 d
se serve des ornements pontificaux. Le mêmeRichard LISTE DES ABBÉS (quelques dates ne sont qu'ap-
assista au concile de Lyon, en 1272, sans qu'on puisse proximatives). — Hean, 675 (?). — Cumma, 784. —
savoir s'il en fit alors usage. Rethun, 784-796 (?). — Alard,. — Cynath, 815-830.
Plusieurs siècles durant, malgré les chapelles bâ- — Godescalc, 830 (?). Vient l'invasion danoise puis
Ethelwold, nommé abbé avant 948-963.
ties par les moines pour la commodité des fidèles, dans
les moindres villages, l'église abbatiale fut regardée
comme la seule église pour les offices paroissiaux,
-963-984. - — Osgar,
Edwin, 984-989. — Wulfgar, 989-1016.
— Ethelwine, 1016-1030. — Siward, 1030-1044. —
mais l'abbé Nicolas (1289-1307) bâtit, en dehors de Ethelstane, 1044- 1048. — Sparhafoc, 1048-1050.

l'abbaye, l'église de Saint-Nicolas, qui fut désormais Ralph, 1050-1052. — Ordric, 1052-1065. — Ealdred,
consacrée aux offices de paroisse. Cette église, ainsi déposé par Guillaume le Conquérant 1065-1071.
que celle de Sainte-Hélène, érigée aussi par les abbés — Ethelhelm, Reginald, 1084-1097. — Motbert,
d'Abingdon, existe encore; et toutes deux sont affec- procureur pour Guillaume le Roux, 1097-1100. —
tées de nos jours aux usages du culte.
Dans les premières années du XIVC siècle, l'abbaye
Faricius, 1100-1117.
Vincent, 1121-1130. -- Warengarius, 1117-1121. —
Ingulf, 1130-1159. Walke-
fut pillée et à moitié détruite par une bande d'émeu- line, 1159-1164. — Geoffrey, 1164-1175.—— Rod-
tiers de la ville, aidés par leurs voisins d'Oxford. ger, 1176-1185. A sa mort, Thomas de Hussel-
Soixante personnes furent condamnées à mort, et borne reçut la charge de procureur pour le roi, jus-
douze exécutées de fait en 1327. Les bâtiments fu- qu'à l'élection de Elfred(?),1189.—Hugh,1189-1221.
rent bientôt restaurés; et grâce à l'énergie des quatre Ensuite William, mais seulement, paraît-il, comme
abbés Thomas, William, Ralph et Jean (1427-1495), procureur pour une courte période. — Robert de
l'église commencée par Faricius (+ 1117) fut terminée. Henreth, (?)-1234. — Luke, 1234-1241. — John de
Toute la charpente de l'église avec la tour centrale et Blosmevil, 1241-1256. — William de Neubiri, démis-
les deux tours de l'ouest datent de cette époque. Guil- sionnaire ou déposé, 1256-1260. — Henry de Fryle-
laume de Worcester, écrivain du règne d'Édouard IV ford, 1260-1262. — Richard de Handred, 1262-1289.
(1461-83), donne tout au long la dimension de cet édi- — Nicolas de Culham, 1289-1307. — Richard de
fice majestueux. Dugdale, Moncisticum anglicanum, Clyve paraît avoir été déposé, 1307-1315. — John de
t. i, p. 510. On peut se faire une (idée de la magnifi- Sutton, 1315-1322. — John de Canynges, 1322-1328.
cence du monastère, aux jours de sa gloire, par ce fait — Robert de Garfor, 1328-1333 (?). — William de
qu'à quinze des plus grandes fêtes, où l'abbé avait cou- Comenore, 1333-1335 (?). — Roger de Thame, 1335-
tume de dîner dans le réfectoire du monastère, cent 1362. — Peter de Hanneye, 1362, paraît avoir été
pauvres devaient être nourris de la table de l'abbé. déposé en 1399 et un certain Vincent mis provisoi-
i En 1536, Henri VIII avait reçu du Parlement pou- rement à sa place. Dans ce cas il fut établi et mourut
voir d'agir sur les maisons religieuses d'un revenu an- en 1399. — Richard de Salford, 1399-1415. — John
nuel inférieur à 200 livres sterling; mais en moins de Dorset, 1417-1422. — Thomas de Salford, 1427, dé-
douze mois il s'était mis à ruiner les maisons plus im- missionne, 1428. — Ralph Hamme, 1428, démis-
portantes, sans même l'apparence de justice résultant sionne, 1436. — William Asshendon, 1436, démis-
de l'acte précité. Une des premières attaquées, ce fut sionne 1469. — John Santé, 1469-1495. — Thomas
Abingdon. En 1537, nous trouvons la note suivante, de Rowland, 1495-1504. — Alexander Shotisbrook, 1504-
:
la main même de Cromwell, qui mentionne, parmi
d'autres affaires à étudier « De même, la suppression
d'Abingdon. » Au temps de sa suppression effective,
1508. — John Coventry, 1508-1514 (?). — Thomas
Pentecost, or Rowland 1514, rend le monastère 1538.
Les registres abbatiaux les plus importants qui
d'après dom Gasquet, Abingdon ne semble pas avoir existent sont les deux Cotton M. S. S. au British
été dans une situation florissante au point de vue Muséum, Claud. B. VI et C. IX, qui donnent une
financier. Des difficultés avec les tenanciers et des chronique du monastère jusqu'au temps de Richard I.
procès coûteux avaient conduit à des transactions et à Ils ont été édités avec une introduction pour le juge
des complications, auxquelles Henri et Cromwell de la cour des rôles par le Rév. Joseph Stevenson,
avaient joint leurs plus sérieux efforts pour embrouil- 1858 (2 vol.). C'est à cet ouvrage que les notes du
ler l'administration intérieure du monastère. L'évêque texte se réfèrent. L'œuvre de destruction de HenriVIII
de Salisbury fait emprisonner un moine pour avoir fut complète et les travaux exécutés aux siècles sui-
soutenu l'autorité du Pape, tandis qu'au même mo- vants par des seigneurs mal inspirés, ont abouti àune
ment on trouve une énergique protestation de l'abbé totale disparition du monastère; à peine reste-t-il
contre un ordre de Cromwell de confier à ,un de ses pierre sur pierre pour marquer l'endroit de son antique
favoris l'office de camérier à vie. Les officiers d'Henri splendeur.
employèrent tous les moyens pour répandre le bruit Chronicon Monasterii de Abingdon, Rolls Series, 2 in-So,
qu'on ne songeait pas à une suppression en bloc, et que Londres, 1858.—Dugdale, Monasticon Anglicanum, 1813,
chaque'visite ne constituait qu'un cas isolé. Aussi cha- t. i, p. 505. — Camden, Brillania, 1806, 1.1, art. Barkshire,
que maison avait à 'résister à l'attaque, seule et avec p. 213 sq., 222 sq. — William ofWorcester, Ilin., 1778,
ses ressources individuelles. Résister, c'était la ruine p. 300 sq. — Reyner, Apostolatus Benedictorum in Anglia
1626, tract. II, mem. II, p. 124. — Leland, Collect.. t. I,
ou la mort. On récompensait souvent la complicité par p. 8, 26, 77, 526 t. III, p. 57,74. — Leland, Ilin., t. VII,
une pension. Comment s'effectua la chute d'Abingdon, p. 73 sq. —Tanner, Notitiamonastica, 1787, art. Abingdon.
on peut le savoir par une inscription sur les rôles de — Gasquet, Henry VIII and the English monasteries, t. n,
l'Augmentation Office. Le 7 février 1538, 600 livres p. 293. — Parliamentary Gazeteer, 1847, art. Abingdon.
sterling (plus de 15000 fr.), furent délivrées à Tre- J. Mc DONALD.
gonwell et à Petre pour être employées à la dissolu- ABINGTON. Voir HABINGTON.
tion du monastère d'Abingdon.
Deux jours plus tard l'abbaye se rendit. L'abbé ABÎRÂM ou ATHANASE, du monastère de
reçut une maison avec une jolie pension. Les moines Qartamin, antipatriarche jacobite, mort en 837. Les
eurent aussi des pensions moindres, suivant leur si- moines de la religion d'Alep voulaient avoir pour
tuation. Le revenu total de l'abbaye, à ce moment, évêque un moine de leur couvent et, devant la résis-
est estimé par Dugdale à £ 2176, 10 s., 9 d. et par tance du patriarche Cyriaque (793-817), ils en arri-
Speed, à £ 2042, 10 s., 8 3/4 d. Le montant des pen- vèrent à lui opposer un antipatriarche, Abîrâm. Ils
donnèrent à leur révolte un prétexte canonique les : de Dioclétien. Nous en possédons les Actes, Ruinart

:
orientaux, après les mémoires des défunts, disaient
durant la messe Panem cælestem frangimus, in nomine
Patris et Filii et Spiritus sancti. Cyriaque défendit
Acta mart., p. 382-390; Baluze, Miscell., 1761, t. i,
p.14-18.
Pour se conformer aux ordres impériaux, l'évêque
d'employer cette formule qui ne se trouve dans au- Fundanus avait remis les livres saints aux magistrats
cune liturgie grecque et les moines ses adversaires Une partie de la communauté ne le suivit pas dans sa
prétendirent la conserver; ils allèrent même trouver défection et refusa de se soumettre aux édits. Ces fi-
Haroun al-Raschid et accusèrent Cyriaque d'être un dèles continuaient de se réunir, tantôt dans la maison
espion grec. A la mort de Cyriaque, Abîrâm espérait d'un certain Octavius Félix, tantôt chez le lecteur
être reconnu comme patriarche, mais les évêques Emeritus, pour célébrer les cérémonies du culte (col-
nommèrent Denys de Tellmahré et la lutte continua.
Denys sut se ménager l'appui du pouvoir temporel
Abdallah, fils de Haroun, dépouilla Abîrâm de ses in-
: lectæ, dominicum). L'âme du groupe était le prêtre
Saturninus, entouré de ses quatre enfants, dont deux
lecteurs, Félix et Saturninus, une vierge consacrée,
signes et le livra à la discrétion du patriarche légitime. Maria, et le petit Hilarianus. Il présidait les assemblées
Celui-ci se borna à l'humilier et le schisme continua, et offrait au lieu de l'évêque le sacrifice eucharistique.
à
bien qu'avec moins d'éclat,puisque, la mort d'Abî- A côté de lui, un membre du sénat local, Dativus, les
râm, les évêques de son parti lui donnèrent un succes-
seur (837). Cf. Michel le Syrien, m, p. 5, 49, 55, 85, ;
animait tous de sa foi ardente. Leurs réunions ne pou-
vaient demeurer longtemps secrètes ils furent bientôt
92; Bar-Hcbrseus, Chron. eccles., t. i, p. 341-383;
F. Nau, Notice historique sur le monastère de Qarta- :
appréhendés et conduits au forum, où le juge les in-
culpa de célébration illicite du culte trente et un
min, Paris, 1906, p. 35-36. F. NAD.
ABISSENSIS (Ecclesia). Chrétienté d'Afrique,
:
hommes et dix-huit femmes comparurent devant lui.
Voici leurs noms Ampelius, Caecilia, Caecilianus, Cas-
sianus, Dacianus, Dantus, le décurion Dativus, le lec-
non encore identifiée; on ignore dans quelle province teur Emeritus, Eva, Faustus, le lecteur Félix, trois
elle se trouvait. De Mas-Latrie la place en Byzacène, autres du même nom, Givalius, Herectina, le jeune
sans donner de raisons, et l'identifie avec l'Ecclesia Hilarion ou Hilarianus, Honorata, deux Januaria,
Avissensis. En 411, elle avait un évêque donatiste, Januarius, Major, Margarita,Martinus, deux Matrona,
Victorianus, qui assista à la conférence de Carthage. Maria, la vierge consacrée, Maximianus, Pelusius,
Gesta collationis habilse inter episcopos catholicos et Pomponia, Prima, Quintus, Regiola, trois Rogatianus,
donatistas, i, c. 163; Mansi, Sacr. concil. nova et am- deux Rogatus, Saturnina, le prêtre et le lecteur Satur-
pliss. collect., t. iv, col. 131 et 266. ninus, Secunda, Thelica, Victorianus, Victorinus, Vin-
centius; plus trois Carthaginoises,Restituta, Secunda,
Morcelli, Africa chrisiiana, Brescia,1816-1817,1.1,p. 62-63. et une jeune fille d'un certain rang, Victoria, qui
— Notilia dignitatum, éd. Bocking, 1839-1853,
Gams,
t.ir,
Ratisbonne,
Annot., étaient venues se joindre à eux. N'ayant pu réussir à
p. 654.— Series episcoporum, 1873, p. 463. leur faire livrer les Écritures, le magistrat d'Abitinae
— Ch. Tissot, Géographie comparée de
d'Afrique, Paris, 1884-1888, t. n, p. 781.
la
-province romaine
De Mas-Latrie,
dans Bulletin de correspondance africaine, 1886, p. 82; Tré-
les dirigea vers le tribunal du proconsul Anulinus, à
Carthage. Tour à tour les principaux d'entre eux sont
interrogés par ce haut fonctionnaire (12 février 304).
sor de chronologie, 1889, col. 1865. — Joh. Schmidt, Abissa,
L'interrogatoiredu prêtre mérite d'être cité.« Le pro-
dans Pauly-Wissowa, Realencyclopildie, t. I, p. 101.
Aug. AUDOLLENT. :
consul dit « Tu as contrevenu aux prescriptions des
:
ABITINAE. L'orthographe Abitina, qui est com-
munément admise, semble moins exacte a Saturninus
ab AVITIIS », pour Abitinis Sententiæ episcoporum ::
« empereurs et des césars en réunissant tous ceux-ci. »
— Le prêtre Saturninus répondit, sous l'inspiration de
l'Esprit du Seigneur « C'est sans crainte que nous
de hæeticis baptizandis,64, Cypriani opera, éd. Hartel,
p. 456; P.L., t. III, col. 1109; « ad ABITIXAX veni »
« avons célébré le dominicum. » — Le proconsul dit
«Parce que le dominicum
:
« Pourquoi? » — Il répondit
Acia sanct. Saturnini, Dativi., 7; « Saturninus ab
ABITIXIS » Augustin, De bapt. contra donat., VII, 54,
P. L., t. XLIII, col. 234.
Évêché d'Afrique, situé sans doute en Proconsu-
:
«ne peut être interrompu.»Plus loin il réitère cette affir-
mation, en ajoutant « Ainsi l'ordonne la loi. » Ni la
persuasion, ni les tortures infligées aux douze plus
énergiques ne purent les ébranler. Le proconsul les ren-
laire. Cette localité n'a pas encore été identifiée; mais voya donc tous en prison, où ils moururent de faim.
on est fondé à croire, d'après plusieurs passages de Ces martyrs ne sont pas honorés en groupe dans le
saint Augustin, Contra epist. Parmen., 111, 29; Contra calendrier de Carthage; quelques-uns y figurent iso-
Crescon., IV, 59, 61, P. L., t. XLIII, col. 106, 579, 581, lément. Ruinart, op. cit., p. 381, 618-619. Une inscrip-

NIAE magistratibus apprehenduntur », :


qu'elle se trouvait dans le voisinage de Membressa
(Medjez el Bab). Elle avait rang de colonie « a COLO-
Acta Sanct.
tion des environs de Guelma mentionne les reliques des
martyrs Félix et Vincentius; M. Héron de Villefosse
qui l'a publiée (Comptes rendus de l'Acad. des inscr.,
Saturnini, Dativi., 2,« ad Abitinensem COWSIAM », 1896, p. 192), pense qu'il s'agit de deux des saints
ibid., 7. Saturninus, évêque de cette église, assista d'Abitinae. Les preuves manquent pour transformer
au concile de Carthage du 1er septembre 256, Sentent. cette hypothèse en certitude.
episcop., 64. A la conférence de 411, elle fut encore
représentée par deux évêques, l'un catholique, l'autre Ruinart, Acta sanctorum Saturnini, Dativi et aliorum plu-
donatiste, Victor et Maximus, également désignés par rimorum martyrum in Africa, dansActa primorum martyrum
l'ethnique Abitinensis, Gesta collationis habitæ inter sincera, 1713, p. 382-390. — Baluze, Incipiunt confessiones
episcopos catholicos et donatistas, i, c. 201 et 215,
Mansi, Sacr. concil. nova et ampliss. collect., t. IV,
et actus martyrum Saturnini presbyteri,Felicis, Dativi, Am-
pelii., dans Miscellanea,édit. Mansi, t. I, 1761, p.14-18.—
Morcelli,Africa christiana, Brescia, 1816-1817, t. i, p. 63;
col. 152, 164, 269 et 273. Un autre, Reparatus, se t. il, p. 188-92. — Notitia dignilalum, éd. Bocking, Bonn,
rendit au concile tenu à Carthage, par Boniface, en
525, Mansi, op. cil., t. vin, col. 648. Un dernier, Au-
1839-1853, t.il, Annot., p. 639. — Gams, Series episcoporum,
Ratisbonne,1873, p. 463. — Ch. Tissot, Géographie comparée
gustalis, signa la lettre collective adressée, en 646, par de la province romaine d'Afrique, Paris, 1884-1888, t. H,
l'épiscopat de la Proconsulaire, au patriarche Paul p. 771. — De Mas-Latrie, dans Bulletin de correspondance
de Constantinople, Mansi, op. cit., t. x, col. 939. africaine,1886, p. 85; Trésor de chronologie, 1889, col. 1868.
- Joh. Schmidt,Abilinae, dans Pauly-Wissowa,Realencyclo-
Abitinae est surtout connu par le martyre d'un cer-
tain nombre de ses habitants, pendant la persécution -
padie, 1.1, p. 101. Toulotte(Mgr), Géographie de l'Afrique
chrétienne, Rennes-Paris, 1892-1894, t. I, p. 107-110. -
Aug. Audollent, Carthage romaine, [Paris, 1901, p. 508. - Etienne se prononça contre cette manière de voir en
Dom Leclercq, L'Afrique chrétienne, Paris, 1904, t. i, p.314-
-
315. Moneeaux, Histoire littéraire del'Afrique chrétienne,
Paris, 1905, t. m, p. 34-35.
Aug. AUDOLLENT.
mains sans faire aucune innovation :
déclarant qu'il fallait se contenter de l'imposition des
Si quis ergo a qua-
cumque hieresi venerit ad vos, nihil innovetur, nisi quod
traditum est, ut manus illi imponatur in pænitentiam.
ABJURATION. Nous ne traiterons ici que le côté Cf. S. Cyprien, Epist.,LXXIV,P. L.,
t. III, col. 1128;
historique de l'abjuration, renvoyant, pour une étude Eusèbe, H. E., VII, n, P. G., t. xx, col. 641; S. Au-
complète de la question, au Dictionnaire de théologie gustin, De baplismo cont. donai., 1. V, c. XXIII, xxv,
catholique, t. i, col. 74, et au Dictionnaire d'archéologie P. L., t. XLIII, col. 192, 194. Le premier concile
chrétienne et de liturgie, t. i, col. 98-103. — I. Rites
de l'abjuration dans l'ancienne Église. II. Peines in-
fligées à ceux qu iabjuraient leurs erreurs. III. Qua-
:
d'Arles, tenu en 314, formula, dans son canon 8, la
même prescription De Afris quod propria lege sua
uluntur ut rebaptizent, placuit ut si ad Ecclesiam
aliquis de hœresi venerit, interrogent eum symbolum, ci
lités de l'abjuration. IV. Pratique actuelle. V. Abju-
ration pour entrer dans l'Église orthodoxe. si perviderint eum in Paire et FilioetSpirituSancto esse
I. RITES DE L'ABJURATION DANS L'ANCIENNE ÉGLI- baptizalum, manus ei lanlum imponatur ut accipiat Spi-
SE. — Pour nous orienter dans cette étude, nous pren- rilum Sanctum. Quod si interrogatus non responderit
drons pour point de départ une lettre de saint Gré- hanc Trinitatem, baptizetur, Cf. Labbe, Concilia, in-fol.
goire le Grand, Episl., LXVII, P. L., t. LXXVII, col. 1204- Paris, 1671, t. i, col. 1428. Dans sa lettre à Himérius,
1208. Dans cette lettre adressée à Quiricus et aux évêque de Tarragone, le pape Sirice s'en tient à la
évêques d'Hibérie, le saint pontife s'occupe de la ré- même prescription. Parlant de ceux qui avaient été
conciliation des hérétiques. Il rappelle d'abord les
anciennes coutumes : Abcintiqua Palrum inslitulione
:
baptisés par les ariens, il dit Quos nos cum novatianis
aliisque hæreticis, sicut est in synodo constitutum, per
didicimus. Il partage ensuite en trois classes les héré- invocalionem solam septiformis Spiritus, episcopalis
:
tiques 1° Ceux qui ont été baptisés au nom de la Tri-
nité (baptême valide). Pour recevoir ces hérétiques
manus impositione catholicorum conventui sociamus.
Epist., i, 1, P. L., t. xin, col. 1133. Enfin, dans
dans l'Église, on doit se contenter de l'onction du saint sa lettre à Euthérius, le pape Vigile rappelle et
chrême ou de l'imposition des mains ou de la profes-
:
sion de foi nul unctione clirismatis, aut impositione
manus aut sola professione fidei adsinum matris Ecclc-
auraient été baptisés par les ariens Quorum tamen:
inculque la même prescription, à propos de ceux qui
reconciliatio non per illam impositionem manus quse.

:
sise revocentur. Cette règle donna lieu à deux applica-
tions pratiques 1. Les ariens sont réconciliés en Occi-
dent par l'imposition des mains (per impositionem ma-
per invocalionem Sancti Spiritus fit, operalur, sed per
illam qua pxnitenlise fruclus acquiritur, et sanclse com-
munionis restilutio perficitur. Epist., 11, 3, P. L.) t. LXIX,
nus), en Orient, par l'onction du saint chrême (per col. 18.
unetionem sancti chrismalis). 2. Les monophysites et
autres sont réconciliés par la seule profession de foi
30 Ceux qui à l'hérésie joignaient un autre crime.
Pour ces derniers on joignait à l'imposition des mains -
(sola vera confessionc). — 2° Ceux qui n'ont pas été bap- une dure pénitence. C'était le cas, comme nous
tisés au nom de la sainte Trinité (baptême invalide); l'apprend saint Augustin, des clercs devenus dona-
tels sont les bonosiens, les cataphrygienset autres; ces tistes, c'est-à-dire hérétiques et apostats. Leur récon-
hérétiques ne peuvent rentrer dans l'Église qu'en rece-
vant le baptême (cum ad sanctam Ecclesiam veniunt
ciliation était naturellement un peu plus difficile
Etenim ego, si Domino placet, istum modum servo, ut
:
baptizantur). — 3° Quant aux nestoriens, ils doivent quisquis apud eos propter disciplinam degrcidatus ad ca-
être instruits dans la vraie foi (ad sanctam Ecclesiam tholicam transire voluerit,innu.viLiA TIDNEP.EMTEMI.E
catholicam venientes de verse fidei firmilate et confessione recipiatur, quo et ipsi eum forsilan cogerent, si apud eos.
docendi sunt). On voit donc que les rites d'abjuration manere voluisset.Epist., xxxv, Ad Euseb., 3, P. L.,
de ceux qui avaient été validement baptisés, se ré-
duisent à trois.
1. LA SIMPLE IMPOSITIUS DES .ly.t/.Y.s'.
ployait à l'égard de trois catégories d'hérétiques
- :
On l'em- :
t. XXXIII, col. 135. La réconciliation des simples héré-
tiques était au contraire plus facile. Nous le savons
encore par saint Augustin Sed nimis impudens error
est, hinc velle calumniariEcclesiam. quod alitertractat
1° Ceux qui, après avoir été baptisés dans l'Église, illos qui cam deserunt, si hoc ipso psenitendo corrigant,
étaient tombés dans l'hérésie. — Dans sa lettre à Quin- aliter illos, qui in ea nondum fuerunt, et tune primum
tus, saint Cyprien déclare expressément, P.L., t. iv, eius pacem accipiunt; illos AMPLIUS HUJflLLLVDO, istos
col. 410, que de son temps on ne soumettait cette caté- LEslus susnpiEXDO, utrosque diligendo, utrisque sa-
gorie d'hérétiques qu'à la seule imposition des mains nandis materna caritate serviendo. Epist., XCIII, Ad Vin-
satis sit in pfenitentiam manum imponere; saint Au- cent., n.53, P. L., t. XXXIII, col. 347.
gustin nous garantit la règle posée par saint Cyprien, il. '-'ONCtiON UU CHRÈJlE. — A partir de l'aria-
De baplismo cont. donat., 1. III, c. xi, P. L., t. XLIII, nisme, on emploie, en règle générale, l'onction du
col. 145. Il nous rapporte aussi, 1.VI, c. xv, col. 208, chrême, soit seule, soit accompagnée de l'imposition
de saint Cyprien :
l'opinion de Crescens de Cirta, qui est conforme à celle
exccptis his sane qui in Ecclesia
catholica fuerint anie baptizati, ita tamen ut per manus
des mains. Le concile de Laodicée atteste, dans son
canon 7, cet usage à propos de la réconciliation des
novatiens, des photiniens et des tessarédécatiens
impositionem in ppenilentiam Ecclesise reconcilientur, (quartodécimans) : ~xai 7TQTE XocrcôvTOÎ;).syojxévoi;
Eusèbe observe également, H.E.,VII, n, P. G., t. xx.
col. 640-641, que, d'après l'ancienne coutume, les héré-
7rpbç a-jToîç 7UOTCH:, è/.[J-avTâvoVT£ i; Ta t"i'¡ç nioxeMç au(j.—
f)o).J:, -/ptaÔÉvTaç TExaj ocyia> -/vp:<7;J.aTt, O'JTM XOt'JWV.:.t'l TW
tiques étaient réconciliés par la seule imposition des u.y<7Tf",pctûTtiiâyûo. Cf.Labbe, ibid., t. i, col. 1497.
mains accompagnée de prières : uxÀoaoû YÉ tôt xsv.pa- Le IIe concile d'Arles (452) ordonna de suivre le
'r¡Y.;J,'t'oç ËBoç èjri rùv rotoyrwv JJ.OV/|y_P-r,7Ûai 7/j oeà yziphvj
£7u0£c7e(t); E'jyrj.
2° Ceux qui avaient été baptisés dans l'hérésie.
n'ignorela — Per-
virginité de Marie :
même rite à l'égard des bonosiens, adversaires de la
Bonosianos aulem ex eodem
errore venientes. si interrogati ficlem nostram ex loto
sonne règle imposée parlepape saint Éticnne corde confessi luerint, cum chrismale et manusimposi-
aux Africains. Un concile tenu entre 218 et 222, par tione in Ecclesia recipi sufficit. Cf. Labbe, ibid., t. iv,
col. 1013. Le concile d'Épaone, canon 16,(ne fait que
Agrippinus de Carthage et trois autres conciles car-
thaginois, célébrés sous saint Cyprien, avaient pres-
crit de rebaptiser les hérétiques convertis. Saint
:
permettre ce procédé Presbyteros, propter salutem ani-
marum, quam in cunctis optamus, desperatis et decum-
bentibus hæreticis,si conversionem subitam petant, chris- conciles. Le concile d'Elvire (305 ou 306) impose, dans
son canon 22e, à ceux qui abjurent l'hérésie, dix ans
mate permittimus subvenire. Cf. Labbe, ibid., t. iv,
col. 1578. L'histoire offre d'ailleurs plusieurs exemples de pénitence, mais dispense les enfants de toute peine :
fise d'en rappeler quelques-uns :
célèbres de ce mode de réconciliation; qu'il nous suf-
abjuration de Lan-
tilde, sœur de Clovis, entre les mains de saint Rémi;
Cf. Grégoire de Tours, Histor. Franc., 1. II, c. xxxi,
qui etiam decem annis agat pænitentiam. Cui post décem
annos præstari communio debet. Si vero infantes fuerint
transducti, quod non suo vitio peccaverint, incunclanter
recipi debent. Cf. Labbe, ibid., t. I, col. 973. Le concile
t.
P.L., LXXI, col. 227; abjuration de Gondebaud, de Nicée (325), dans son canon 11e, imposa à ceux qui
étaient tombés pendant la tyrannie de Licinius, trois
roi des Burgondes; ibid., 1. II, c. xxxiv, ibid., col. 230;
;
abjuration de la reine Brunehild, arienne; ibid., 1. IV,
c. xxvii, ibid., col. 291 abjuration de Récarède,
roi d'Espagne. Ibid., 1. IX, c. xv, ibid., col. 493.
ans de pénitence avec les audientes et sept ans avec
les substrati; pendant les deux dernières années ils
pouvaient assister au saint sacrifice sans participer à
Cf. S. Hildephonse, De cognit. baptis., c. cxxi, P. L.,
t. xcvi, col. 161. Le Ier concile de Constantinople
l'offrande. Cf. Labbe, ibid., t. II, col. 33. Le canon 8e
s'occupe de prêtres, qui s'appelaient cathares s'ils re- :
:
(381) indiqua même, dans son canon 7, la manière
de faire cette onction il prescrivit d'oindre le front,
tournent à l'Église, on leur imposera les mains, mais
ils resteront dans le clergé. Cf. Labbe, ibid.,t.II, col. 32.
les yeux, les narines, la bouche et les oreilles. Cf. Lab-
be, ibid., t. II, col. 951. De même le concile Quinisexte,
can. 95. Labbe, ibid., t. vi, col. 1181.
:
Dans son canon 60e, le concile d'Agde (506), réduit à
trois ans la durée de la pénitence deux ans de péni-
tence proprement dite, et un de jeûne continuel. Cf.
Labbe, ibid., t. IV, col. 1392. Enfin le concile d'Épaone
III. LA PROFESSION DE FOI. — On employa ce pro-
cédé surtout après l'hérésie de Nestorius et d'Eutychès. (517) ramène, par son canon 29e, à deux ans la durée
Les évêques, qui au IIe concile d'Éphèse avaient ad- de la pénitence. Cf. Labbe, ibid., t. IV, col. 1579.
héré à Eutychès et à Dioscore, furent réconciliés avec La pénitence était naturellement plus ou moins sé-
l'Église par la profession de foi. C'est aussi par la pro- vère suivant la condition des personnes. Elle suivait
fession de foi (dato libello : Et P.7) P-.S/.IOV SO-JÇ) que Cy- donc une sorte de gradation. Nous n'avons qu'à enre-
rille d'Alexandrie admit à sa communion le nestorien gistrer les principales attestations. Le troisième con-
Paul d'Émèse. Cf. Epist., XLVIII, Ad Donat. episc. Ni- cile de Carthage (397) permet, par son canon 48e,
copol., P. G., t. LXXVII, col. 252. Pour la réconciliation d'admettre à la cléricature les enfants baptisés dans le
des pélagiens, saint Léon ne demande que la profes- donatisme, après leur conversion, par la raison qu'ils
sion de foi. Epist., i, Ad episc. Aquilens., 2, P. L., t. LIV, ne doivent pas être victimes de l'erreur de leurs pa-
col. 594. Cf. aussi Epist., II, 1, ibid., col. 598; Epist.,
XVIII, ibid., col. 707. Il faut cependant remarquer que
le concile d'Alexandrie de 362 avait exigé la profes-
cile de Rome (487) distingue trois catégories évêques,
prêtres et diacres clercs, moines et laïques enfants et
:;
rents. Cf. Labbe, ibid., t. II, col. 1177. Le troisième con-
;
sion de foi dans sa lettre synodale. Cf. Labbe, ibid., jeunes filles. Il décrète ensuite qu'aucun de ceux qui
t. II, col. 811. Le concile, tenu à Rome en 799, sous sont tombés ne peut être admis à la cléricature,
Léon III, imposa la même condition à Félix d'Urgel. constitutum fuit ut ejusmodi lapsis ad clericatum nullus
Actio, II. Cf. Labbe, ibid., t. VII, col. 1150-1151. unquam aditus pateret. Cf. Labbe, ibid., t. IV, col. 1150,
Il est permis de conclure, d'après les formules qui notæ ad capit. I. Saint Augustin distingue entre les
:
nous restent dans les documents, que la profession de
foi embrassait comme deux parties on anathémati-
sait d'abord toutes les hérésies en général, et spéciale-
:
hérétiques qui ont appartenu à l'Église et ceux qui
n'en ont jamais fait partie il se montre plus sévère
ment celle à laquelle on avait adhéré; on affirmait en-
suite sa foi aux vérités enseignées par l'Église. Quel-
à
pour les premiers que pour les seconds et déclare qu'il
est impossible de les admettre la cléricature. De uni-
co baptism. canto Petil., c. XII, P. L., t. XLIII, col. 605.
ques détails dé la formule d'abjuration des athinganes III. QUALITÉS DE L'ABJURATION. — La formule
suffiront à nous donner une idée de toutes les autres. d'abjuration, imposée aux athinganes, nous indique
Le néo-converti anathématise de nombreuses hérésies les qualités de cette grave action. L'abjuration ne doit
et tous ceux qui avaient suivi les docteurs athinganes être ni violente (oO cix xfvx [itav) ni nécessitée cri àvi)—
du passé (M'CTOI'l.::C'X ,'CVJÏV È/.âcrTr,v A/pi TOO 'IUV yîyj- ZIj'l); elle ne doit être inspirée ni par la crainte (/)
vaiTt), ceux du présent (x;Ù ë<7oi ü'(IfJ:fiPÓVeîai) et ceux qui :;:"Jr) v), ni par les menaces (qÈ-RJOSIAV); on ne doit
pourront exister dans l'avenir (xai ytv£<j0aipiUo'jaiv). renoncer à ses œuvres ni pour sortir de la pauvreté (r,
Il reprend ensuite successivement chaque hérésie, -;r'/¡:n), ni pour se délivrer de ses dettes (~ S:àvpéwç),
erreur ou fausse pratique et répète pour chacune le ni pour échapper à une accusation (fI iyÛ,'r¡[L), ni
mot : àva0E(jL*T:'îf«). Il anathématise de plus toute cou- pour quelque autre motif illicite (-fi oià exEpov ,{'ICI.
t
~)
tume (ïQoç),
.action (Ttàirav
toute pratique
o¡¡p'i.Etv)
(Èm,'f¡osfJ'O:),

des athinganes. Il termine enfin en prenant


l'engagement de s'attacher au Christ ('J\J'I,:xacro[J.'XI.
et toute
manifeste ou cachée (:?'X'IEpr)ç r,
,'i-ovàjrriyopeu(j.£vov ). L'abjuration doit par consé-
quent être spontanée et libre; elle doit partir d'un
cœur et d'une âme pénétrés de l'amour du Christ
et de sa foi (~ WÇ et; ohlç 'f'J¡:7¡; ,.,.1 v.apoiaz TOV

:
Toi XpioT'ii) et de croire en un seul Dieu, Père tout-
puissant, créateur du ciel et de la terre -/ai iriaxEÛw E;Ç
sva (-)EQ'I llaxîpa, Tiac'r/.oaTfjoa,7rotY]TY)V o-Lpavo-J Y..cxty7jç.
?¡r,-:àvo:yc('¡rW(j""{¡Ç
col. 1333.
TV"|Va-jxoOmoTiv). P. G., t. CVI,

IV. PRATIQUE ACTUELLE. — Au point de vue cano-


P. G., t. cvi, col. 1333-1336. Les autres formules ne nique, on entend par abjuration une rétractation ex-
présentent que des variantes accidentelles. Cf. Mar- terne, faite devant témoins, d'erreurs contraires à la
tène, De ant.Eccles. ritibus, 1. III, c. VI, 2 in-fol., An- foi ou à l'unité catholique (apostasie, hérésie, schisme).
vers, 1736, t. II, p. 917-926; J. Bingham, The anti- Au moyen âge, les tribunaux d'inquisition imposaient
quities of the Christian Church, 1. XVI, c. VI, 2 in-4°, la formalité de l'abjuration non seulement aux héré-
Londres, 1878, t. II, p. 949-968; W. Smith et S. Che- tiques formels, mais encore à tous ceux qui étaient
etham, A dictionary of christian antiquities, 2 in-8°, suspects d'hérésie. Et comme la suspicion d'hérésie
Londres, 1880, t. I, p. 8-9. pouvait être levis, vehemens, violenta, le délinquant
II. PEINES INFLIGÉES A CEUX QUI ABJURAIENT
LEURS ERREURS. — La discipline de l'Église sur ce
point a varié dans le cours des âges. Elle est toujours
allée s'adoucissant. Les dispositions pénales de l'an-
abjurations :
pouvait, suivant le cas, être soumis à l'une des quatre
de formali, de levi, de vehementi, de violento.
L'abjuration est aujourd'huila rétractationpublique,
et ordinairement solennelle, que doit émettre celui qui
cienne Église se trouvent surtout dans les actes des abandonne un faux culte ou une confession dissidente
(toute forme de schisme, d'hérésie ou d'apostasie), tisait tous les partisans du manichéisme, Marcion,
pour rentrer dans la religion catholique. D'après Be- Valentin, Basilide, ceux qui nient l'existence histo-
noit XIV, De synodo, IX, IV, 3, Oper. omn., Prato, rique de Jésus-Christ, la réalité de sa personne et de sa
1845, t. Xl, p. 298, c'est à l'Ordinaire qu'appartient double nature; ceux qui transforment le soleil, la lune,
en principe, le droit de recevoir l'abjuration. Il peut les étoiles en autant de dieux, identifient en un seul
cependant confier cette charge à un délégué. En règle Dieu Zaradès, Boudha, le Christ, Manichée et le So-
ordinaire, on suit le cérémonial et la formule d'abju- leil et regardent Manès comme le Paraclet; ceux qui
ration du Pontifical romain, p. Ill, tit. Ordo ad recon- enseignent que les âmes sont d'une nature divine, pro-
ciliandum apostatam, hæreticum vel schismaticum. Une fessent la métempsycose, nient le libre arbitre et la
instruction du Saint-Office à l'évêque de Philadelphie, résurrection de la chair, regardent le mariage comme
en date du 20 juillet 1859, permet, en cas d'abjuration mauvais et proscrivent certains aliments. Cf. Goar,.
d'hérétiques (protestants) d'employer, au lieu de la op. cit., p. 885, 890, P. G., t. c, col. 1321; Cotelier,
profession de foi de Pie IV, une formule plus courte et
plus facile. Cf. Collectanea de la Propagande, Rome,
Recognitiones Clementis, P. G., t. I, col. 1461 sq. ;
J. Tollius, Insignia itinerarii italici, in-4°, Utrecht,
1890, n. 1689, p. 648; Canoniste contemporain, 1894, 1696, p. 126 sq.
p. 498. Pour l'abjuration des schismatiques grecs et L'abjuration des Juifs était analogue. Par amour
orientaux, il existe des professions de foi spéciales. du Christ et pour le salut de son âme, le néophyte re-
Cf. Collectanca, p. 636, 11. L'abjuration d'un pro- : :
nonçait 1° aux diverses pratiques du judaïsme;
testant et sa conversion à la foi catholique peuvent
comporter, suivant les cas, les opérations suivantes : 2° aux anciennes sectes juives sadducéens, pharisiens,
nazaréens, chossiéens, hérodiens, hémérobaptistes,
1° instruction préparatoire du sujet; 2° abjuration,
profession de foi et absolution de censures; 3° admi-
nistration du baptême sous forme absolue ou condi-
reur, il professait sa croyance aux dogmes chrétiens :
scribes ou docteurs de la loi. Après avoir répudié l'er-
trinité, incarnation, passion, résurrection et ascension
tionnelle, suivant le cas; 4° confession et absolution du Sauveur, jugement dernier, virginité et maternité
divine de Marie, sacrements,invocation des saints. Il
;
sous condition, lorsque le baptême a été conféré sous
condition, 5° confirmation, s'il y a lieu 6° communion. terminait enfin en renouvelant sa protestation de sin-
p.
cérité et de désintéressement. Cf. Goar,op.cit., 344;
Outre les ouvrages cités, au cours de l'article, cf. Morin, P. G., t. I, col. 1456; Euchologium magnum, in-8°,
De pænitentia, I. IX, Anvers, 1682, p. 603; — Catalanus,
In Pontificale Roman., tit. xviii, Paris, 1852,t.III, p. 268 sq. Venetiis, 1851, p. 672 sq. La procédure suivie aujour-
— Ant. Augustinus, Juris Pont. veleris epit., p. I,l.
tit. VII, Paris, 1641, t. I, p. 484; — Berardi, Comment. in
XI, d'hui est plus courte. On peut en voir le texte slave-
allemand dans A. Maltzew, Die Sacramente der ortho-
Jus ecclesiast., 1. V, part. I, dissert. II, c. II, Milan, 1847, dox-katholischen Kirche des Morgenlandes, in-8°,.
Venise, 1840, t. I, p. 33 ;-
t. II, p. 65; — Moroni, Dizionario d'erudizioneecclesiastica,
Maurel,Guidepratique de la
Berlin, 1898, p. 90-127. Voir Dictionnaire de théologie
catholique, t. I, col. 79-80.
-
liturgie romaine, p. 1, sect. II, C. IV, art. 6, Paris, 1878, p. 716;
Jaugey, Dictionnaire apologétique, Paris, 1889, p. 1380.
V. ABJURATION POUR ENTRER DANS L'ÉGLISE OR-
Aujourd'hui l'Église orthodoxe emploie pour l'ab-
juration des musulmans les mêmes cérémonies que
pour celle des juifs. Il en était autrement dans les
THODOXE. — Il nous reste à résumer les formalités temps passés. Après un jeûne de deux semaines, le
que l'Église orthodoxe, grecque et russe, impose à néophyte se présentait au baptistère. Là, en présence
ceux qui veulent rentrer dans son sein. Pour l'abjura- du prêtre et d'une nombreuse assistance, il maudissait
tion des hérétiques dans les temps anciens, une lettre Mahomet, Ali, son gendre, ses petits-fils Hasan et
de l'Église de Constantinople, adressée vers le mi- Hosein, son beau-père Abou-Bekr, ses compagnons.
lieu du IVe siècle, à Martyrius, évêque d'Antioche et Omar et Talha, Moawia et Zobéir, Abd-Allah, Zéid,
transformée en 7c canon du Ier concile de Constanti- Yézid, Saïd,Othman, et tous les autres; il anathé-
nople (381) nous indique la procédure. Il s'agit des matisait les'a épouses du prophète Sawda, Aïcha,.
ariens, des macédoniens, des sabbatéens, des quarto- Zeinab, Omkolthoum et sa fille Fatima; le Coran et
décimans et des apollinaristes. Ces hérétiques com- ses doctrines, les anges, les prophètes et les apôtres de
mençaient par présenter une rétractation « écrite de
leurs erreurs et de toute croyance contraire à la saine
» Mahomet, toutes ses fausses doctrines, le sanctuaire
de la Mecque, et les prières et les cérémonies qu'on y
doctrine. Ils confessaient ensuite le mystère de la Tri-
:
nité en répondant, par une triple affirmation, à cette
triple interrogation « Croyez-vous en la sainte et con-
substantielle Trinité? » Enfin le prêtre leur conférait
fait. Cette abjuration était suivie de la profession de
foi des dogmes chrétiens. Cf. Fr. Silburg, Saracenica
sive Mahometica, in-12, Heidelberg, 1595, p. 74-90,
t.
reproduit dans P. G., CXL,col.124-36;Krumbacher,
les sacrements de confirmation et d'eucharistie. Un Geschichteder byzantinischenLiteratur, 2° édit., in-8°,.
ne leur conférait pas le baptême parce qu'on regardait Munich, 1897, p. 92; Nicétas de Byzance, Réfutation
le leur comme valide. On procédait à peu près de du Coran, dans P. G., t. cv, col. 669-842; Euthymius
même à l'égard des nestoriens et des eutychiens. Cf.
J. Goar, Euchologion sive Rituale Græcorum, in-fol.,
t.
Zigavinus, Dialogue avec les Sarrasins, P. G., cxxxi,
col. 20-37; H. de Castries, L'Islam, in-18, Paris, 1897,
Paris, 1647, p. 883; P. G., t. c, col. 1317; Apostolos
Christodoulou, Essai de droit ecclésiastique (en grec), p. 323-334. L'abjuration des catholiques se ressent
naturellement des divergences qui séparent les deux
in-8°, Constantinople, 1896. Au contraire, les euno- Églises. Autrefois, la cérémonie était plus simple.
méens, les montanistes, les sabelliens, les manichéens Debout devant la porte centrale de l'iconostase, le
les marcelliens, les photiniens, etc., étaient regardés néophyte latin devait renoncer « aux doctrines igno-
comme des païens; dès lors on commençait par leur
conférer le baptême. On appliquait aux manichéens
»
minieuses et absurdes des Latins touchant la pro-
cession du Saint-Esprit et les azymes, promettre de
un traitement à part, à cause des dangers de leur doc- garder intact, « sans addition ni omission d'aucune
trine. Après un jeûne de deux semaines, le néophyte sorte», le symbole de Nicéc-Constantinople, prononcer
se présentait au baptistère. Sa profession de foi à la
main, il anathématisait Manès et ses faux dieux Za-
radès, le Père de la Grandeur, le Premier Homme, le
Porte-couronne, la Vierge de la lumière, les cinq flam-
: l'anathème contre les partisans du Filioque, tenir
pour nuls les décrets du concile de Florence, enfin
jurer de mourir dans la foi orthodoxe. Il récitait
ensuite le symbole de Nicée et recevait la confirma-
beaux intellectuels, le Démiurge, le Juste Juge, le tion. La réitération du baptême n'est pas exigée. En
Porte-terre et tous les Éons pères et fils. Il anathéma- 1756, un synode, tenu à Constantinople, déclare nul
le baptême des Latins et ordonne de le conférer de Apollinaire nous raconte qu'Ablabius, indigné de ce
nouveau aux catholiques qui se convertissent à la foi que Constantin venait de faire mettre à mort l'impé-
orthodoxe. A partir de cette époque on ajoute au ratrice Fausta et un grand nombre de ses amies,
formulaire ordinaire la réitération du baptême. afficha à la porte du palais un distique satirique où le
Cf. Rhalli et Potli, Collection des divins et sacrés canons, siècle actuel était comparé à celui de Néron. Ce fait,
in-8°, Athènes, 1855, t. v, p. 143-147; M.-J. Gédéon, rapporté par le seul Sidoine, n'est guère croyable de
Constitutions canoniques, in-8°, Constantinople, 1889, la part d'un courtisan aussi avisé qu'Ablabius.
t. II, p. 65-69; L. Petit, Entrée des catholiques dans Après la mort de Constantin (22 mai 337), Cons-
l'Église orthodoxe, dans les Échos d'Orient, février- tance proclamé auguste, ainsi que ses deux frères,
mars 1899, p. 129 sq. révoqua Ablabius et quelque temps après le fit mettre
Le synode de Jérusalem, tenu en 1672, a énuméré à mort dans sa villa de Bithynie où il s'était retiré.
les points de doctrine auxquels les protestants sont Sa fille Olympiade, destinée d'abord à Constant,
tenus de donner leur adhésion, quand ils demandent nous dit Ammien Marcellin, fut, après la mort de ce
à être reçus dans l'Église orthodoxe. Instruit de sa dernier,donnée en mariage par Constance à Arsace,
nouvelle croyance, le néophyte fait une confession roi d'Arménie.
générale de ses péchés, sans recevoir l'absolution. Au
jour fixé pour son abjuration, il se présente à la porte
de l'Église devant le prêtre, et, après une courte prière,
Sainte Olympiade, célèbre par son dévouement à
saint Jean Chrysostome, était petite-fille d'Ablabius
elle n'était cependant pas fille de la précédente.
;
il renonce à ses cc fausses doctrines ». L'énumération
de ces fausses doctrines varie selon la secte protes-
tante à laquelle appartient le néophyte. Après avoir n. 84-96, 99-100;
;
Baronius, Annales eccl., ad ann. 314,n. 43-46 adann. 326,
ad ann. 331, n. 1; ad ann. 337, n. 60-62,
Lucques, 1738,t.III, p. 574-576; t. IV, p. 189-193, 241,314-
renié les fausses doctrines, il affirme sa croyance par
la récitation du symbole de Nicée-Constantinople. Il
professe la doctrine des sept sacrements, le dogme de
édit. Boissonade, Amsterdam, 1822, t. I, p. 23-26.
Lightfoot, dans Diction. of christ. biography, 1877, t. I,
-
315. — Eunape, De vitis sophistarum, c. IV (in vità Ædesii),

la présence réelle, la légitimité de la prière faite aux p. 71. — Ammianus Marcellinus, Rer. gest. libri qui supers.,
saints et du culte des images « autorisées par l'Église 1. XX, n. 11, édit. Franc. Eyssenhardt, edit. minor, Ber-
orthodoxe. » Il est alors introduit dans l'Église, où il lin, 1871, p. 131. — Palladius, Hist. Lausiaca, C. CXLIV,
P. G., t. XXXIV, col. 1244. — H. Rosweydus, Vitæ Pa-
jure sur l'Évangile de rester fidèle, jusqu'à sa mort, à
la foi qu'il vient d'embrasser. Aussitôt après, le prêtre
lui donne l'absolution de ses péchés et lui confère la
trum, Anvers, 1615, p. 779-971.
I.
Epist.,
- Sidon. Apollinaris,
V, epist. VIII, P. L., t. LVIII, col. 539. — Zo-
sime, Historiæ, 1. II, C. XL, dans Corpus script. hist. byzan-
confirmation. Cf. A. von Maltzew, Die Sacramente tinæ, stud. Imm. Beckeri, Bonn (1837), p. 106. — Theo-
p. 128-146. Pour plus de détails, cf. Dictionnaire de dosiani, libri XVI, édit. Mommsen et Meyer, Berlin, 1905,
théologie catholique, t. I, col. 76-90. t. I, part. 1, p. CCXXI; t. I, part. 2, p. 155, 225, 357, 616,
V. ERMONI.
ABLABIUS ('Mj),rÍ.to;, Ablavius), fut préfet du
prétoire de 326 à 337. Nous ignorons l'endroit et la
(loi du 5 mai 333). -
748, 836 (loi du 1er juin 326), 887 (loi du 29 nov. 330), Q08
Codex Theod., édit. Gothofred, Lyon
(1665), t. I, Chronol. nova, p. XXXII; t. VI, p. 347. — Tille-
mont, Hist. des cmp., Bruxelles, 1709, t. I, p. 346-347,
date de sa naissance. Baronius le traite d'Égyptien, 383,441,608; t. II, p. 644-645,719; Mém. hist. eccl., Paris,
probablement parce que Eunape fait intervenir un
Égyptien dans le récit de sa naissance. Mais, comme le
t.
1706, XI,p.416,629.
U. ROUZIÈS.
remarque Tillemont, cet Égyptien, de passage dans ABLE. Voir ABELL (Thomas), col. 93.
la ville natale d'Ablabius le jour où celui-ci vint au
monde, semble bien être à ce moment hors de son pro- ABLEBERT. Voir EMEBERT.
pre pays. Ablabius sortait, toujours au dire d'Eunape,
d'une très humble famille, et c'est par l'intrigue qu'il ABLÉGATS DU SAINT-SIÈGE. Envoyés apos
sut s'élever aux honneurs. En 314, il avait une charge toliques chargés de porter la barrette aux nouveaux
en Afrique, si, comme on le fait d'ordinaire, on l'iden- cardinaux, la rose d'or et l'épée bénite aux souve-
tifie avec l'Ablabius qui reçut de Constantin l'ordre rains. L'appellation ne remonte pas plus haut que le
de convoquer les évêques d'Afrique à se rendre au xvinc siècle. Auparavant on ne distinguait pas ces
-concile d'Arles pour y trancher définitivement la
controverse donatiste. Cf. la lettre de Constantin
Sancti Augustini opera, édit. d'Anvers (1700), t. IX,
: envoyés romains des autres. Voir NONCES APOSTO-
LIQUES.

;
append., col. 15 P. L., t. VIII, col. 483-486. Certaines
phrases de cette lettre nous montrent qu'Ablabius
P. RICHARD.
ABLIS (GEOFFROI D'), dominicain. Célèbre inquisi-
teur. Il prit l'habit au couvent de Chartres. Vers 1300,
était chrétien. Il dut quitter l'Afrique peu après, car il succéda à Nicolas d'Abbeville dans la charge d'in-
l'année suivante Constantin lui adressa une loi quisiteur général de Carcassonne. Dans cet office il
(13 mars 315) avec mission de la promulguer dans avait comme compagnons Hervé d'Anet, lui aussi du
toute l'Italie. Dans ce document, son nom n'est suivi couvent de Chartres et Foulques de Saint-Georges,
d'aucun titre.. du couvent de Vienne. Ils eurent surtout à lutter
En 326, il est nommé préfet du prétoire. Parmi les contre le mineur Bernard Délicieux qui ameuta Car-
lois qu'il fut, à ce titre, chargé de faire exécuter, citons cassonne contre les inquisiteurs. Après la mort de
la loi du 1er juin 326 sur les précautions à prendre Benoît XI, Gcoffroi d'Ablis fut chargé d'une enquête
pour fermer l'accès de la cléricature à ceux qui n'au- sur les miracles de ce pape et, le 10 juillet 1304, il en-
raient d'autre dessein que de se soustraire aux obli- voya à la curie romaine son rapport sur quinze de
gations militaires; celle du 29 novembre 330, sur les ces faits dûment examinés. Le 12 octobre 1307,
immunités accordées aux prêtres des Juifs, et celle du Geoffroi fait la paix avec Carcassonne, mais elle ne
5 mai 333, qui donne force de loi aux décisions des dura pas. Nous le retrouvons plusieurs fois siégeant
évêques. Ablabius fut aussi consul en 331, avec Bassus en qualité d'assesseur dans plusieurs procès instruits
comme collègue. Si l'on en croit une vie de saint Ni- par Bernard Guidonis, grand inquisiteur de Tou-
colas de Myre, rapportée par Baronius, Ablabius louse. Bernard Délicieux ayant de nouveau soulevé
mit parfois sa magistrature au service de sa cupidité. Carcassonne et Albi, Geoffroi dut s'enfuir à Lyon où
Eunape et Zosime ne lui sont guère plus favorables. il mourut entre 1316 et 1319. Les hérétiques d'Albi,
Il est vrai que sa qualité de chrétien a pu contribuer ayant été réduits, se virent obligés d'élever deux
a rendre ces derniers injustes à son égard. Sidoine tombes l'une à Geoffroi, au couvent de Lyon, l'autre
à Foulques de Saint-Georges, au couvent de Carcas- ruines par Michel Sabinine en 1868. Saint Abo fut
sonne où il était mort. D'après Nicolas le Febvre, canonisé de suite après sa mort par le katholicos Sa-
dans son Histoire du couvent de Chartres, p. 157,
:
muel III (789-794). Sa fête est signalée dans les mé-

Il a composé
rum.
:
205, Geoffroi aurait servi d'intermédiaire pour la ré-
conciliation de Philippe le Bel et de Benoît XI.
Commentaria in IV libros Sententia-
nologes géorgiens au 7 janvier on la trouve également
au 6 (Martinov, Nilles) et au 8 (Serge, Purtzéladzé)
du même mois.
Sources inédites: 1. Le ms. géorgien (n.50) du monas-
tère d'Iviron au mont Athos (xe siècle), contient le récit
Echard, Scriptores ordinis pl'æd., t. I, p. 532, 533. — Nico-
las le Febvre ou le Fèvre, Prœdiccdor Carnutens, passiiii.
Hauréau, BernardDélicieuxet l'Inquisition albigeoise(1877),
- du martyre de saint Abo, rédigé sur les instances du katho-
licos Samuel par Jean Sabanidzé, fol. 72 a-92 a. Cf. Tzaga-
reli, Sviedieniia o pamiatnikakh gruzinskoi pismennosti
passim. — Cf. Enquête faite par deux cardinaux, com- (Notices sur les monuments de la littérature géorgienne)
missaires du pape Clément V, sur les excès imputés à Ber-
nard de Castanet, évêque d'Albi et à Geoffroi d'Ablis, in- I,
Saint-Petersbourg, 1886,t. p. 82-83.Les lettres échangées à,
cette occasion entre le katholicos Samuel et l'auteur de la
quisiteurs de la foi. Original aux Archivesmunicipales d'Al- passion de saint Abo, ont paru d'abord dans l'Istoria Sa-
bi, GG. I. Édité par Mgr Douais, Documents pour servir à kharthwelosi (Histoire de la Géorgie) par Bakradzé, Tiflis,
l'hist. de l'Inquisition (Soc. de l'hist. de France), t. II, p. 302- 1889, p. 211-212, et avec les versions russes dans Marr,
349. — Ch. Molinier, L'Inquisition dans le midi de la France, Agiografitchcskie materialy po gruzinskim rukopisiam Ivera
p. 14,15; n. 5-11,30-33. RegistredeGeoffroi d'Ablis. — An- (Matériaux hagiographiquesd'après les manuscrits géorgiens.
nées 1308-1309 (Bibl. nat., man. lat. 4;'OU). Minutes d'inter- d'Iviron), Saint-Pétersbourg, 1900, t. I, p. 51-56. Le même
rogatoires. Longuement décrit et analysé par Ch. Molinier, texte est reproduit dans le man. n. 05 du Musée ecclésias-
L'Inquisition., p. 107-161. Cf. aussi Douais, Documents, tique deTiflis, fol. 288-316. Cf. Jordaniia, Opisanie rukopisei
Introduction, p. CXCVIII-CCII. tiflisskago tzerkovnago muzeia, Tiflis, 1903, t. i, p. 101, et
R. Coulon. en abrégé dans les mss. n. 643, fol. 148-157, Tiflis, 1902, t. I,
ABNER DE BURGOS. Voir Alphonse DEVA p. 126, et dans le mss. n. 70, fol. 439-446, t. II, p. 71. Le-
LLADOLID. texte géorgien des Actes du martyre de saint Abo par Saba-
nidzé est inséré dans le Sakharthwelos Samothkhé (Éden de
ABO, saint et martyr géorgien du VIlle siècle. D'a- la Géorgie), par Sabinin, Saint-Pétersbourg, 1882, p. 333-
près les hagiographes géorgiens, il naquit à Bagdad, 350, et en abrégé, en russe, dansPolnoe jizneopisaniesviatykh
d'une famille musulmane, et, à l'âge de 16 ans, s'atta-il gruzinskoi tzerkvi (Description complète de la vie des saints.
géorgiens) par le même auteur, Saint-Pétersbourg, 1871, t.I,
cha au service de Nersé, fils d'Adurnasé, éristhaw
(gouverneur) de Karthli. Nersé étant tombé en dis- p. 166-178.
Brosset, Description géographique de la Géorgie par le-
grâce auprès du calife Abdala (la Géorgie était alors Tsarévitch Wakhoucht, Saint-Pétersbourg, 1842, p. 191, 250.
sous la domination arabe), celui-ci l'avait mandé à Brosset y fixe comme date du martyre de saint Abo le règne
Bagdad et jeté en prison. Après sa mort, Nersé, délivré du mthawar Stéphanos II (632-663); Histoire de la
de sa captivité, et rétabli dans sa charge par le calife Géorgie, Saint-Pétersbourg, 1849, t. I, p. 262; Additions et
Mahdi, retourna en Géorgie, et emmena avec lui éclaircissementsà l'histoire de la Géorgie, Saint-Pétersbourg,
1851, p. 132-137. — Pourzéladzé, O prazdnikakh usta-
Abo. Le jeune musulman y apprit à lire et à parler novlennykh pravoslavnoiu gruzinskoiu tzerkoviu (Les fêtes-
la langue de son maître, et étudia la religion chré- instituées par l'église orthodoxe géorgienne), Tiflis, 1862,
tienne, sans toutefois demander le baptême, par la p. 120-125. — Bakradzé et Berzénov, Tiflis v istoritches-
crainte de ses coreligionnaires. L'éristhaw Nersé ne kom etnographitcheskomotnocheniiakh (Tiflis au point de vue
tarda pas à perdre la confiance du calife, et, se voyant historique et ethnographique), Saint-Pétersbourg, 1870,
en danger dans son pays, se réfugia dans l'Oseth, suivi p. 22. — Kirion (évêque), Tzmida motzamé Abo Tfilisi (Le
de 300 hommes, et de son fidèle serviteur Abo. Celui-ci saint martyr Abo de Tiflis), en géorgien, Tiflis, 1899;
Sviatyi Abo, mutchenik Tiflisskii, Tiflis, 1899. — Pastyr,
put alors professer ouvertement le christianisme et Koutaïs, 1898, n. 11, p. 7-12. — Peradze, Nieskolko slov »
recevoir le baptême. Peu de temps après, Nersé alla tchestvovanii sv. pamiati sv. mutcheniki tzerkvi gruzinskoi
rejoindre sa famille dans la province de l'Aphkha- Abo tiflisskago (Quelques mots en mémoire du saintmar-
zeth (Abkhasie), et Abo ne voulut point se séparer tyr de l'Église géorgienne, Abo de Tiflis), Tiflis, 1900, n. 3,.
de lui. Dans sa nouvelle résidence, le jeune converti, p. 12-16. — Khakhanov, Otcherki po istorii gruzinskoi slo-
avec sa ferveur de néophyte, se livra aux pratiques de vesnosti (Essais sur l'histoire de la littérature géorgienne),
la plus rigoureuse pénitence, en particulier au jeûne. Moscou, 1897, t. II, p. 33-35. — Nilles, Aus Iberien oder
Georgien, Innspruch, 1903, p. 11. — Pokrovsky, Kratkii
Cependant, le calife Madhi, avait confié le gouverne- otcherk tzerkovno-istoritcheskoi jizni pravoslavnoi Gruzii
ment de Karthli à Stéphanov, neveu de Nersé. Celui-ci
à
put alors rentrer Tiflis, et Abo, n'écoutant pas les
conseils du mthawar (gouverneur) d'Aphkhazeth, qui
(Essai abrégé sur la vie historique et ecclésiastique de la
Géorgie), Tiflis, 1905, p. 84-88.
A. PALMIERI.
l'engageait, pour échapper à la mort, à rester dans son ABO, évêché en Finlande, date du début du XIVC
pays, accompagna son maître. Il resta trois ans à siècle. Le christianisme commença à s'implanter en.
Tiflis et y pratiqua ouvertement sa religion. Les mu- Finlande sous Erick IX, roi de Suède, à la suite d'une
sulmans portèrent plainte contre lui, et Abo, en- croisade entreprise, vers 1157, par ce prince, et grâce
fermé en prison pour la première fois, dut sa déli- aux travaux d'un missionnaire anglais, saint Henri,.
vrance aux prières et aux démarches de. l'éristhaw qui, ayant accompagné l'expédition, s'installa dans le
Stéphanos. Emprisonné de nouveau il résista aux me- pays pour l'évangéliser. Un évêché y fut créé dépen-
naces et aux exhortations des musulmans qui lui pro- dant de l'archevèché d'Upsal, et dont le siège, 11x6
posaient d'abjurer, et périt par les mains du bour- d'abord à Naüsis, fut transporté à Rantamaki, vers-
reau en 790 d'après la chronologie de Brosset, Addi- 1250, puis à Abo. Ce dernier transfert eut lieu sous
tions, etc., p. 136. Son corps fut brûlé et quelques Magnus Ier, 9e titulaire du siège épiscopal de Finlande,
ossements, que les flammes n'avaient pas consumés, vers 1300. En 1554, sous le roi Gustave, l'évêché de
furent jetés dans le fleuve Mtcwar. La légende raconte Finlande, alors définitivement acquis au protestan-
qu'une colonne de feu les révéla aux chrétiens. Ceux-ci tisme, fut scindé en deux sièges, ceux d'Abo et de Vi-
s'empressèrent de les recueillir et de les enterrer à borg. Il avait déjà été question d'un dédoublement de
l'endroit même où il avait subi le martyre. Dans la ce genre vers 1350.
suite ces reliques furent transférées au village d'Arbo, Voici, d'après M. Pauli Juusten, Chronicon episcopo-
district de Gori. Wakhoucht, op. cit., p. 250. Une cha-
pelle élevée à l'endroit où son corps avait été brûlé
(Sagodébéli dans la ville de Tiflis), fut relevé de ses
:
rum Finlandensium, p. 11-41, la liste épiscopale de ce-
siège pour la période catholique 1° Magnus Ier(1291-
1308). — 2° Ragvalt II (1309-1321). — 3° Benoît
(1321-1340). — 4°Hemming (1340-1367). — 5° Henri
(1368). — 6° Jean II (1368-1370).—


Jean III(1370-
;
de Sainte-Anne et des Trois-Rois provoqua la création
de prébendes et l'érection de chapelles et d'autels par
1384). 8° Béro II (1384-1412). — 9° Magnus Olaï des personnes pieuses. Le roi Charles, à son instigation,
(1412-1450). — 10° Olaus (1450-1460). — 11° Conrad fonda trois prébendes à Viborg. Par ses soins, les
(1460-1489). - 12° Magnus III (1489-1500). —
13° Laurent (1500-1506).—14° Jean Olaf (1506-1510).
sœurs de Saint-Sauveur de Vlastina, fondées par
sainte Brigitte, s'établirent dans le diocèse. Son rôle
— 15° Arvidus (1510-1521). — 16° Martin Skytte dans les affaires publiques fut aussi important qu'heu-
(1528-1550). — 17° Michael Agricola (1550-1554). reux. En 1420, il avait fait le pèlerinage des Lieux
Parmi ces titulaires, quelques-uns méritent une men- saints et avait rapporté de Venise de riches ornements
tion plus détaillée. pour son église, Chronicon, p. 17-24 et 422 sq.
Sous Magnus Ier, l'évêché de Finlande, qui embras- Conrad (1460-1489), se signala comme bâtisseur et
sait jusque-là les trois régions d'Abo, de Tavastehus et restaurateur d'églises. Il réforma le couvent brigittin
de Viborg, s'accrut, en 1293, de la Savolaxie et de la fondé par Magnus Olaï. On lui doit aussi une refonte
Carélie conquises à cette date par les Suédois. En 1300 des statuts diocésains et l'impression, après révision,
Magnus jeta les fondements de la cathédrale d'Abo. du missel diocésain. Chronicon, p. 25, 542 sq. Il est
Elle fut pillée et brûlée en 1318 par les Russes; res- à remarquer que plusieurs des titulaires du siège
taurée, elle fut enrichie plus tard de chapelles et d'au- d'Abo, au cours des XIVe et xve siècles, étaient des
tels nouveaux par Magnus Olaï, et de nouveau dé- hommes très éclairés et qui avaient fait souvent de
truite par l'incendie de 1429. On mit 30 ans à la re- longs stages dans les meilleures universités de l'époque,
bâtir. à Paris, à Upsal, à Prague, à Leipzig, à Bologne.
Benoît (1321-1340) porta à six le nombre des mem- Après Arvidus (1510-1521), le siège resta six ans
bres du chapitre finlandais, lequel avait été créé avec vacant; puis commence avec Martin Skytte (1528-
quatre membres seulement, en 1266, le siège étant 1550) la période de la réforme en Finlande. Elle yeut
encore à Rantamaki. Sous Magnus Olaï le chapitre pour premier apôtre Pierre Sœrkilax, venu deWittem-
compta dix membres; Conrad les obligea à résider à berg en 1522. Les messes privées, la bénédiction de
Abo, auprès de l'évêque, et Magnus III leur imposa la l'eau, celle des cendres et les autres rites jugés su-
table et la vie commune.Ce fut aussi Benoîtqui installa perstitieux furent graduellement abolis. En 1638, un
définitivement les frères prêcheurs à Abo, Chronicon, édit royal imposa la langue populaire dans la célé-
p.206-251, et régla avec le roi la question de la dîme. bration du service divin; en 1640, cessa l'usage de
Sylloge, p. 58-71.1 l'huile et du chrême consacrés. A partir de 1642 on
Hemming (1340-1367) réunit une riche bibliothèque procéda, par voie d'extinction, à la suppression du
théologique et canonique, enrichit le trésor de sa ca- chanitre.
thédrale d'ornements et de vases précieux, organisa la Michael Agricola (1550), encore recteur de l'école
mense épiscopale. Le roide Suède, Magnus Erick, ayant d'Abo, avait le premier traduit en finnois et édité le
reçu de Clément VI le droit de patronage sur l'Église livre de prières et le Nouveau Testament. Il fit im-
de Finlande, par un accord intervenu en 1352 entre le primer aussi, une fois évêque, le psautier traduit par
;
roi et Hemming, il fut stipulé que le roi pourrait nom-
mer à douze charges ou bénéfices les autres resteraient
à la discrétion de l'évêque. Silloge, n. XXVI, p. 91-93;
Juusten. Enfin, en 1554, la séparation d'avec Rome
fut définitivement consommée par la promulgation
d'un édit royal interdisant aux évêques d'aller deman-
XXXVI, p. 102-103. — En 1352, Hemming publia des der leur confirmation à Rome. C'est alors que l'évêché
statuts diocésains. On y lit, entre autres prescriptions, de Finlande fut scindé en deux parties, avec Abo et
que le curé doit procéder à la bénédiction de l'eau Viborg pour sièges respectifs. Chronicon, p. 669-734.
chaque dimanche à l'église, que la sainte réserve doit
être renouvelée tous les quinzejours, qu'on est astreint
la
aujeûneàpartirde23ans, que loi dureposvise, outre
I. SOURCES. - M.Pauli Juuslen, Chronicon episcoporum
finlandensium, édit. par H. G. Porthan, Abo, 1784-1800. —
le dimanche, les fêtes de l'Exaltation et de l'Invention
Sylloge monumentorumad illustrandam historiam fennicam
pertinentium, édit. par Porthan, 1-11, Abo, 1802-1804. -
de la Croix, de la sainte Vierge, des saints Laurent et
Henri, Erick et Olaï, de saint Michel, et des Apôtres.
Pourles autres fêtes locales moindres, on peut,en cas de
;
H. G. Porthan, Opera selecta, 5 parties, Helsingfors, 1859-
1873 Registrum Ecclesiœ Aboensis, Helsingfors, 1890.
I. Arvidssons, Handlingar till upplysning af Finlands
-
besoin, et sansavoir à payer une compensation pécu- hafder (Documents pour éclairer l'histoire de la Finlande),
niaire, travailler aux récoltes ou aux semailles. Les prê- 1-10, Stockolm, 1846-1858.—Handlingar till upplysning i

:
tres ne peuvent priver des sacrements ou exclure de
l'Église, sans l'autorisationde l'évêque ils doivent assis-
Finlands Kyrkohistoria (Documents pour éclairer l'his-
toire de l'Église en Finlande), édit. par I. Tengstrom, 1-9,
-
Abo, 1821-1832. W. G. Lagus, Handlingar till upplysning
ter au synode diocésain annuel, Chronicon, note 216,
p. 294-297. La loi du célibat ecclésiastique renouvelée -
i Finlands Kyrkohistoria (Documents pour éclairer l'his-
toire de l'Église en Finlande), 1-4, Abo, 1836-1839. Sam-
ling af Domkapillets i Abo Circular-Bref ifran ar 1564-
pour la Suède et la Finlande au concile de Skenning, 1100 (Recueil de lettres circulaires concernant le chapitre
en 1248, devait souffrir bien des atteintes dans ce der- d'Abo de 1564 à 1700), Abo, 1836. — Uldrag urDomkapittets
nier pays, car nous voyons Hemming interdire aux i Abo Circular-Bref (Extraits des lettres circulaires du
prêtres de reconnaître les enfants qu'ils avaient de chapitre d'Abo), édit. par G. G. Hallstrom, Abo, 1824.—
leurs concubines et de les élever chez eux, et ce pour Handlingar och Uppsatser rorande Finlands Kyrkohistoria
éviter la dilapidation des biens ecclésiastiques. Lettre (Documents et mémoires concernant l'histoire de l'Église
de Finlande), 1-5, édit. par W. G. Lagus, Helsingfors, 1845-
de 1350, dans Chronicon, p. 277-278, note 182.
Jean II (1368-1370) eut un différend avec l'arche- -
1850. Historicka Upplysningar on de religiosa rorebserna i
Finland (Eclaircissements historiques sur le mouvement
vêque d'Upsal, au sujet de la juridiction sur une partie religieux en Finlande), édit. par M. Akiander, 7 parties,
de la Finlande. Il obtint gain de cause. Chronicon,
p. 364-375.
Magnus Olaï (1412-1450) s'occupa avec zèle de la
Helsingfors, 1857-1863. - Leinberg, Handlingar rorande
Finske Kyrkan och presterskepet (Documents concernant
l'Église et le clergé de Finlande), 1-2, Iywaskyla, 1892-
splendeur du culte liturgique. Il édifia à la cathédrale
la chapelle du Saint-Sacrement et y organisa pour
-
1893, 3, Helsingfors, 1898. Finske KyrkohistoriskeSam-
fundets Protokoll och Meddelanden (Protocoles etrensei-
chaque jour un service ininterrompu de messes, depuis gnements relatifs aux corporations religieuses de Finlande),
l'aurore jusqu'à la grand'messe. Il ajouta aux heures Kuopio, 1898.
II. TRAVAUX. — A. H. Strandberg, Abo Stifts Her-
canoniales, les heures de la Passion et de la Croix, daminne (Monographie du diocèse d'Abo), Abo, 1832. —
dans toute l'étendue du diocèse; établit les confréries K. G., Leinberg, Det odelade Finska Biskopstiftets Herda-
minne (Monographie de l'évêché de Finlande avant le par- l'autorisation de reprendre possession de la cathédrale.
tage), Iywaskyla, 1894. — G. F. Helsingus, Finlands Kyrko- Bientôt après, deux des évêques insoumis se réconci-
hisloria (Histoire ecclésiastiquede la Finlande),51, Tawaste- lièrent avec l'Église catholique. Un peu plus tard, le
hns.—K. G., Lcinberg,DeFinska Klostenshistoria (Histoire
des cloîtres; de Finlande), Iywaskyla, 1890., — Realency- troisième, jadis envoyé contre le gré de Rome, au Ma-
klopiidie für protest. Theol., Leipzig, 1899, t. VI, art.Finn- labar, fit aussi sa soumission. C'était la fin du schisme
lundische Kirche par J. A. Gederberg, p. 66-79. (juin, 1889). Le séminaire patriarcal de Mossoul, fermé
J. Bois. par suite des événements précédents, fut rouvert sous
ABOLIN. Voir BABOLIN. la direction de Mur Emmanuel Thomas, aujourd'hui
patriarche, et compta bientôt une quinzaine d'élèves.
ABOLIONAN (ABOUL-YONAN),Pierre-ÉlieXII, Après le retour des catholiques dissidents, Abolionan
patriarche catholique de Babylone,de rite chaldéen; s'efforça de convertir les Chaldéens nestoriens. Il fut
on sait que le siège de ce patriarcat est à Mossoul. Abo- sur le point de gagner le patriarche nestorien, résidant
lionan fut promu évêque de Gézira (Djezireh) en 1877 à Kotchanès et obtint de lui la promesse de se trouver
par le patriarche Audou (Audo) (1848-1878). C'était le à un rendez-vous, à mi-chemin entre Kotchanès et
quatrième évêque élu par Mur Audou, depuis l'époque Mossoul. Mais, quand le patriarche de Babylone eut
où ce dernier, par suite de son opposition aux déci- fait les deux journées de chemin qui le séparaient de
sions du concile du Vatican et de ses empiètements sur l'endroit où devait avoir lieu l'entrevue, il apprit que
la juridiction des délégués apostoliques, au sujet des les protestants avaient dissuadé le pontife nestorien
catholiques chaldécns de Malabar, avait perdu le pri- de tenir la parole donnée. On sait que le patriarche
vilège d'ordonner des évêques. Abolionan était resté actuel a su déterminer de nouveau ce grand mouve-
fidèle à Rome. En dépit de sa répugnance, il n'avait ment de conversions, et l'entretenir en bâtissant pour
pas osé désobéir au patriarche l'élevant à l'épiscopat. les nouveaux convertis, un grand nombre d'écoles et
Mais il refusa de porter l'anneau et la croix pastorale, d'églises. La plupart des détails précédents nous ont
et écrivit au pape qu'il ne les prendrait qu'après son été fournis par le chorévêque chaldéen de Beyrouth,
autorisation formelle. Pic IX, satisfait de sa soumis- Joseph Tawil, qui vécut dans l'intimité d'Abolionan.
sion, confirma son élection. L'année suivante, mou- Ce dernier ordonna évêques': Mu,, Adamo (voir ce
rut le patriarche Audou (Audo) réconcilié avec l'Église nom); Emmanuel Thomas, pour le siège de Seert
catholique. Le 28 juillet de la même année (1878), (4 septembre 1890); Thomas Audo, pour le siège
Abolionan fut choisi pour son successeur et confirmé d'Ourmia (4 septembre 1892); Jérémie Timothée Mac-
dans cette charge par le pape, le 28 février 1879. Abo- dassi, pour le siège de Zakho (Zakou), en Mésopota-
lionan n'avait pas encore atteint sa quarantième an- mie (15 septembre 1892); Jean Sahhar pour le siège
née. Il n'en exerça pas moins sur les Chaldéens, unis et d'Akra, transféré, depuis, à Amadia, 23 avril 1895;
non-unis, une profonde et heureuse influence. A ce Michel Naamo pour le siège de Seert (24 mars 1885).
grand ascendant contribua sans doute sa connaissance — Entre temps, Abolionan encourageait le lazariste
du turc, du chaldéen, de l'arabe, du kurde, du fran- Bedjan à publier les livres de la liturgie chaldéenne. Il
çais et de l'italien, langues dans lesquelles il s'expri- venait d'élire Isaak Koudabache pour le siège de Sala-
mait beaucoup plus aisément qu'en latin. mas et de nommer au siège d'Amid, MlF George Ebed-
Mais, ce qui donna surtout de l'efficacité à son action, Jesu Kayyath, son futur successeur sur le siège pa-
ce furent son habileté et sa prudence d'administra- triarcal, quand il succomba dans la force de l'âge, à
teur et plus encore sa charité et son dévouement tout une fièvre typhoïde (nuit du 26-27 juin 1894).
apostoliques. Quand il monta sur le siège patriarcal, P. Cheikho, dans le Machriq, 1900, t. III, p. 887-888. —
sous le nom d'Élie XII, les deux tiers de la population Histoire manuscrite en arabe de l'Église chaldéenne par l'abbé
de son diocèse patriarcal suivaient encore les erre- Nasri de Mossoul.
ments, inaugurés à l'occasion de la bulle Reversurus FR. TOURNEBIZE.
et des décisions du concile du Vatican sur l'infaillibi- ABONDANCE martyr. Voir ABONDE 2.
lité pontificale. Trois évêques, dont l'un, Mgr Mallous,
évêque d'Akra, puis de Mardin. mourut en 1907, main- ABONDANCE(ABBAYE D').—I.Fondation.II.Les
tenaient cette division, qui s'était encore aggravée à chanoines de Saint-Augustin. III. Les Feuillants.
la suite de l'usurpation de juridiction de l'ancien pa- IV. Liste des prieurs et des abbés.
triarche sur celle des délégués apostoliques du Malabar. Abondance est située dans l'arrondissement de
D'aucuns s'attendaient à voir le nouveau patriarche Thonon, en Haute-Savoie : c'est une petite ville qui
sévir contre les dissidents. On savait que, prêtre et compte actuellement 1450 habitants. Chef-lieu de can-
évêque, il s'était signalé par son énergie et, par exem- ton, elle est appelée indifféremment Abondance, No-
ple, avait fait destituer, en quelques jours, un mou- tre-Dame d'Abondance ou Abondance l'Abbaye. Elle
tessaref qui lui avait répondu avec insolence. Mais, à doit en effet son nom à une ancienne abbaye dont il
peine installé sur le siège de Mossoul, il déploya une reste des ruines.
tactique toute différente. Ce fut par la douceur qu'il I. FONDATION. — La plupart des historiens font
voulut rétablir l'union entre le pasteur et le troupeau; remonter la fondation de cette abbaye à saint Colom-
et il y réussit. Dans le parti des dissidents, on était si ban (540-615). Le premier qui soutient cette opinion est
échauffé que l'un d'eux, un laïque, tira un coup de re- le Rév. de Passier, chanoine de Sixt. C'est dans son ou-
volver sur Élie XII. Le pontife ne fut pas atteint; vrage intitulé Recueil de la vie et des gestes du véné-
mais son émotion fut telle, qu'il en ressentit les consé- rable Ponce, 3e supérieur de la congrégation d'Abon-

:
quences toute sa vie; il n'en demanda pas moins la dance, imprimé à Annecy en 1666, que l'on peut lire le
;
grâce de l'auteur de l'attentat. Cette clémence fit une passage suivant « Le glorieux Colomban avait com-
bonne impression sur les arides c'est ainsi qu'on appe- mencé, en qualité d'abbé, la construction d'une mai-
lait les dissidents, par opposition aux verts, unis à son religieuse en une vallée de la province de Chablais,
Rome. Ce mouvement de sympathie augmenta durant appelée Abondance. Mais cette entreprise ayant été
la famine de 1879-1880; car, beaucoup de personnes divertie par les guerres et les autres obstacles, le saint
furent sauvées par le patriarche, qui, ayant fait venir laissa l'œuvre imparfaite et fut contraint de se re-
de Diarbékir une assez grande quantité de blé, en ven- tirer» (p. 16, 17).
dit une partie à ceux qui pouvaient le payer et donna Un siècle plus tard Besson, Mémoires pour l'his-
le reste aux indigents. Cette générosité toire,ecclésiastique des diocèses de Genève, Tarantaise,
ramena vers
lui la moitié des dissidents. Il obtint alors du sultan Aoste et Maurienne et du décanat de Savoye, réimprimé
à Moutiers, in-4°, 1871, p. 101, fait aussi de saint Co- Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison
lombanle
cherches
fondateur d'Abondance. Léon Charvet, Re-
surl'abbaye d'Abondance en Chablais, in-8°,
de Savoie, 2 vol. in-fol., Lyon, 1660, t. II, p. 29; Mer-
cier, dans Mém. et doc. de l'Acad. sales., 1885, docu-
Lyon, 1863, p. 29. Lecoy de la Marche, archiviste de la
Haute-Savoie en 1863; Albonis Beaumont, Description
des Alpes grecques et cottiennes, dédié à Napoléon 7er,
:
ments, p. 307. Les chanoines de saint Maurice abondon-
nent Illam ecclesiam sanctæ Marise cum tota ipsa l'alle,
ipsi Arluino et frairibus ejus et eorum successoribus
t. II, 2e partie, p. 6; Victor de Saint-Genis, Histoire canoniceibidem viventibusperpetualilerhabenda et
sidendacumcampis,pratis pascuis,silvis, aquis, aqua-
pos-
de Savoie, 3 vol. in-8°, Chambéry, 1868, p. 198, sont
du même avis. rumque decursibus, alpibus, montibus et collibus, cultis
Melville Glover, L'abbaye d'Abondance a-t-elle été et incullis et cum omnibus eorum usibus, excepta vena-
fondée par saint Colomban? dans la Revue savoisienne, tione cervorum et tam de illis quam de aliis feris omnibus
t. vin (1867), p. 99-100, prétend que cette assertion, qui quoeumque modo, vel ubicumque capti fuerunt. si infra
n'est fondée sur aucune preuve documentaire, est vallem illam ipsam moveantur, semper dexteram scapu-
fausse quant à la date et quant au fond. Elle serait le lam habeant et de ipsis etiam cervis sex per singulos
résultat d'une erreur interprétée par l'amour-propre annos licilum cis capere; quia Dominus Guido eis hoc
national. Voici quelle serait la genèse de cette légende. concessit; ita tamen ut usque canes neque venatores de
En passant à Saint-Maurice d'Agaune, Colomban en- alius polestate nisi de sua vel sui Vice domni illuc ad-
tendit parler d'un saint personnage du nom d'Amat ducant.Habet aulem vallis ipsa lerminos ab oriente
qui s'était retiré dans un ermitage voisin avec sept Morgens et ab austro, et aquilone sicul aquæ infra val-
religieux. Colomban voulut le voir et l'emmena à lem ipsam influunt, ab occidente Pertuis.
Luxeuil avec Eustase. Ce même Amat prêta son con- Les chanoines d'Abondance paieront une livre de
cours à Romaric dans la fondation du monastère d'Ha- cire par an à l'abbaye d'Agaune à la fête de saint
bend, en latin cænobium Habendentio, habendense, ha- Maurice.
bundense ou habundantinum. Cette donation futfaite le samedi 2 mai, la3eannée
Ce monastère fut fondé sur la terre de Romaric qui, du règne-duroi Henri, 1108. Les témoins furent Amé-
avant de revêtir l'habit religieux, était un puissant sei-
gneur. Quelque temps après la mort de son fondateur,
le monasterium habundense changea de nom et la col-
II. LES CHANOINES DE SAINT-AUGUSTIN.
débuts du nouveau monastère furent pleins d'espé-
-
dée de Blonay, Girard des Allinges et Boson, son fils.
Les
line s'appela Romarici mons. Le nom de Remiremont rance.
en découle, ville qui s'est formée autour du monas- S'il faut en croire de Passier, le pape Adrien IV
tère. daigna adresser, le 12 février 1155, une bulle de féli-
C'est donc à la ressemblance des noms qu'il faut citations à l'abbé et aux chanoines d'Abondance.
attribuer l'erreur, source de la légende. D'ailleurs de Il les louait d'avoir fait revivre l'ancienne façon de
saint Eustase, Romaric et Amat, à saint Colomban il vie pratiquée par les fidèles de l'Église naissante, de se
n'y avait qu'un pas, tous étaient les disciples ou les soumettre au service de Dieu selon la règle du glorieux
amis de saint Colomban. Aucune vie du saint (P.L., saint Augustin; il mettait sous la protection du Saint-
t. LXXXVII, col. 1011-46, Monumenta Germ. hist. Siège les personnes et les biens de cette congrégation.
Script. rerum merovingicarum, t. IV, p. 61-152; Eug. Cette bulle n'est pas dans le Bullaire romain et Jaffé
Martin, Saint Colomban, Paris, 1905) ne parle de sa n'en donne aucune indication, mais il est probable que
présence ni même de son passage dans la région où le Rév. de Passier l'a pu voir dans les archives d'Abon-
se construisit l'abbaye d'Abondance. Et lors même dance dont il avait l'entière disposition.
qu'Habend ne serait pas Remiremont, le contexte ne Pendant 30 ans à dater de 1108,1e monastère n'eut
pourrait nullement s'interpréter en faveur d'Abon- que le titre de prieuré. Herluin ou Arluin, qui est qua-
dance. lifié du titre de prieur dans l'acte de cession, sans
Quoi qu'il en soit du sentiment qui attribue à saint doute trop absorbé par les soins matériels que récla-
Colomban l'ébauche d'un établissement religieux à maient les constructions et les débuts toujours péni-
Abondance, il est certain qu'il y existait des moines bles d'un grand établissement, paraît avoir résigné la
au XIe siècle. Mercier, L'abbaye et la vallée d'Abon- direction spirituelle du couvent, car le nécrologe enre-
dance, in-8°, Annecy, 1885, p. 25.
Déjà en 1080, la piété de Louis de Féterne avait
gistrant sa mémoire ne l'appelle que prieur séculier
11° Octobris : Obiit Herluinus prior sæcularis.
:
pourvu à l'établissement des chanoines réguliers dans Frère Robert, un de ses premiers compagnons, dont
cette vallée. Sa fille Hermengarde leur fit beaucoup on ne connaît ni le pays, ni les actions, est mentionné
de bien et son fils Guy est désigné, en 1108, comme
l'avoué, c'est-à-dire le protecteur de ce monastère. :
dans l'obituaire comme premier prieur de cette église
7 Octobris ObiitRobertusprimus prior hujus ecclesiæ.
:
Berlion, fils de ce seigneur Guy, devint à son tour Le deuxième prieur fut Rodolphe que nous voyons
bienfaiteur de cet institut. en 1121 recevoir de Girod de Neuvecelle une impor-
Mais c'est en 1108 « que quelques chanoines régu- tante donation, il y figure avec le titre de prioris ejus-
liers, conduits par leur prieur, nomméHerluin, faisant dem loci.
voyage dans cette contrée et ayant considéré la dite Après lui un troisième et dernier prieur du nom de
vallée d'Abondance, la jugèrent fort propre pour éta- Emerard figure avec saint Guérin d'Aulps comme té-
blir une maison de leur ordre sous la règle de saint Au- moin dans le célèbre accord de Scyssel, vers la fin de
gustin », de Passier, loc.cit.,p. 16-18. Comme la vallée l'année 1124. Il paraît encore dans d'autres actes avant
appartenait au monastère de Saint-Maurice en Valais, 1128. Le nécrologe au 5 sept. mentionne ainsi sa mort:
dont le comte de Savoie était tout ensemble le bien- Obiit Aimerardus prior tercius hujus ecclesiæ. Comme
faiteur et le protecteur, Herluin s'adressa d'abord à le nombre des chanoines s'était notablement accru,
Aimon de Genève, tuteur du comte de Savoie, qui le Abondance prit le titre d'abbaye; cette transforma-
renvoya traiter l'affaire avec le prévôt et les chanoines tion se fit entre 1128, date où Emerard agit comme
de saint Maurice. Ceux-ci, avec leur prévôt Wuido, ac- prieur et 1144 oÙ l'on voit en fonction le premier abbé,
quiescèrent à la demande d'Herluin et de ses compa- Rodolphe de Vauserier.
gnons et leur cédèrent la vallée d'Abondance le 2 mai A mesure que grandissait le monastère fondé par
1108. Herluin, les liens de dépendance de Saint-Maurice
Nous possédons encore l'acte de cession « heureuse- d'Agaune se relâchaient peu à peu. On sentit le besoin,
ment passé dans le cloître de Saint Maurice d'Agaune. » en 1156, de faire entre les deux abbayes un traité d'as-
sociation pour préciser plusieurs points, Charvet, loc. 16 janvier 1536, Berne déclara la guerre au duc Char-
cit., p. 32. (L'analyse de ce traité d'association a été les III, les forces savoisiennes furent trop peu consi-
faite par Lecoy de la Marche et communiquée à Char- dérables pour défendre le pays et les Bernois, prenant
vet.) Les moines allant à Saint-Maurice ou en venant, pour eux toute la région occidentale du Chablais jus-
observerontla manière de vivre et les constitutions de qu'à la Drôme, permirent aux seigneurs du Haut-Va-
l'abbaye où ils demeureront, excepté que ceux d'Abon- lais d'occuper tout le Bas-Valais de Saint-Maurice en ,
dance, accoutumés de vaquer au travail en gardant aval et tout le Chablais oriental. Les habitants de ces
leur surplis, ne seront pas obligés de travailler; mais pays s'empressèrent, pour garder intacte leur foi, de se
en quelque lieu secret, prieront ou liront en silence. donner au Haut-Valais par un acte du 25 février 1536.
Pour les défunts des deux églises chacun fera le ser- Ils reconnaissaient pour leurs seigneursAdrien,évêque
vice selon ses constitutions. de Sion et comte de Valais, ainsi que le bailli, les
Chaque abbé gardera son rang chez lui à moins qu'il conseillers et les communautés de la ditepartie du
ne veuille le céder par grâce à celui qui lui fera visite. Valais.
Quand un religieux désobéissant de l'une des deux L'acte ne mentionne pas l'adhésion et le serment
maisons va dans l'autre il ne doit pas être reçu comme de l'abbaye d'Abondance. Les communiers d'Abon-
frère, mais gardé en attendant qu'il soit corrigé et dance n'avaient agi que pour leur compte en toute in-
qu'on en dispose d'un commun accord. Dans le mal- dépendance du monastère. Jérôme Valperga, qui était
heur les deux maisons se porteront mutuellement se- alors abbé commendataire tenait trop à la dynastie de
cours. Cette convention fut faite et confirmée par Savoie pour intervenir de sa personne dans un acte
Pierre, archevêque de Tarentaise, les évêques de Ge- d'aliénation de territoire et dereconnaissance d'une
nève et de Belley et les abbés Rodolphe d'Agaune, juridiction politique étrangère. Devant son abstention
Burchard d'Abondance, Ponce de Sixt et Girard d'En- le chapitre de l'abbaye se crut le droit de prendre le
tremont, avec le consentement des chapitres d'Abon- parti qu'imposait l'imminence du danger. Les cha-
dance et d'Agaune. noines de Blonay et Jacques Perrodet, au nom de tout
Deux ans plus tard (1158), un nouveau traité montre le chapitre, donnèrent leur adhésion à l'acte des com-
que Saint-Maurice, en dépit du précédent accord, ne muniers.
conserve plus aucun droit sur Abondance; il n'est Quand donc, le 3 mars 1536, Jérôme de Valperga
même fait aucune mention de chasse ou de cire comme mourut, les chanoines rappelèrent à leurs nouveaux
dans l'acte de 1108. maîtres l'ancien usaged'élire leur abbé, droit qu'ils
C'est qu'Abondance s'est développée d'une façon avaient exercé le 1er novembre 1411 pour l'élection de
considérable, plusieurs maisons sont sorties de son Guillaume de Lugrin, et même le 2 octobre 1490 pour
sein ou vont demander à lui être affiliées, Grillet, Dic- celle de François de Savoie. Alémoires et documents
tionnaire historique. des départements du Mont-Blanc de l'Académie chablaisienne, 1887, t. i, p. 6.
et du Léman, Chambéry, 1807, 1.1. p.226. En 1144,
Ponce de Faucigny, chanoine d'Abondance, a fondé
A la réquisition des prudhommes de la vallée et ju-
ridiction d'Abondance « magnifique seigneur Jodoe
-
Sixt; en 1154, les frères d'Entremont viennent de- Kalbermalten, capitaine général du Valais, accorda
mander un abbé à Brocard, abbé d'Abondance et lui l'autorisation aux chanoines d'élire leur abbé. Ils nom-
promettre obéissance. Le nouvel abbé d'Entremont mèrent Dominique Ciclat et l'installèrent enchantant
aura le troisième rang dans le chapitre d'Abondance, le Te Deum. »
après l'abbé d'Abondance et l'abbé de Sixt. En 1172, Son successeur Claude de Blonay fut encore libre-
-
à la prière de Tiebert de Monte Moreto et du seigneur ment élu. Et même il n'est plus question pour lui de
Ponce de Cusello, Ponce de Faucigny, alors abbé l'intervention des prudhommes et syndicsde la vallée
d'Abondance, érige Grandval en abbaye. Guillaume et juridiction d'Abondance qui rend si curieuse l'élec-
deViuz établira en 1207, avec le concours de Gualcher tion de Dominique Ciclat. Seuls Il vénérables messires.
de Salins, l'abbaye de Goailles au diocèse de Besançon. Jacques Perodet, sacristain, et Philibert Scinquanthod»
A ces quatre abbayes, il faut encore ajouter celle de se rendent auprès du bailli de la terre de Valais pour
Filly qui était soumise aussi à Abondance, ainsi que lui signifier l'élection faite le 28 mai 1550 et lui en de-
vingt-deux prieurés dont les plus célèbres sont ceux
de Peillonex, de Nion et de Vion. La prospérité ma-
térielle allait de pair avec la prospérité spirituelle. A
:
mander confirmation. Dès qu'elle fut accordée le nou-
vel élu fut mis en possession Videlicet per traditio-
nem verruxis prime partœ eiusdem ecclesiæ, per ample-
la fin du XIIe siècle, durant tout le XIIIe et au début ctionem altaris praedicte ecclesiae, per traditionem magni-
du XIVe, les donations affluèrent nombreuses et impor- missalis eiusdem altaris, per tradicionem crossie seu
tantes et donnèrent la première place dans le diocèse baculi pastoralis, per appositionem sedis seu formæ
de Genève à l'abbaye d'Abondance. Dans les synodes abbatis existentis prope ipsum magnum allare et per
l'abbé d'Abondance occupait la place d'honneur avant appositionem alterius sedis seu tormæ abbatis existen-
tous les abbés réguliers du diocèse. Après lui venaient tis in formis chori eiusdem ecclesiæ ex parte dextra.
les abbés de Filly, Entremont, Sixt, Hautecombe, La liberté d'élection et l'indépendance relative 4de
Beaumont,Cheysery,Tamié,Aulps et 68 prieurs ayant l'abbayese manifestaient pour la dernière fois.Dès1569,.
droit au synode en qualité de curés primitifs des pa- le duc de Savoie, Emmanuel Philibert, prend sous
roisses dont ils étaient les patrons. Pl. Brand, Les sy- sa protection Claude de Blonay sa famille, ses ser-
nodes, dans Mémoires et documents de l'Académie sa- viteurs, domestiques, granges, possessions et droits
lésienne, 1880, t. II, p. 189. quelconques, il appelle l'abbé d'Abondance, son cher
Cependant, dès le milieu du XIVe siècle,le déclin com- et bien-aimé Révérend Messire, l'exempte, le 23sep-
mença par suite du relâchement introduit dans le tembre 1570, des 212 écus d'or qu'il a promis pour
:
«
monastère avec la richesse. Une deuxième cause vint chaque année comme don gratuit au prince. Trois ans
bientôt s'y ajouter la commende. C'est en 1436 que
fut nommé le premier abbé commendataire François
Decret. Il était en même temps abbé de Filly et rem-
:
plus tard, nouvelle interventiond'EmmanuelPhilibert
en faveur de Claude de Blonay il le reconnaît comme
le seul et le vrai titulaire d'Abondance, contrairement.
plit au concile de Bâle pour son maître Amédée VIII, aux prétentions de Jérôme de Valpergue, archevêque
bientôt Félix V, les fonctions de garde du concile de Tarentaise. Et dès lors la maison de Savoie avait
(1439). complètement repris ses droits de patronage et de
Les princes de Savoie pendant un siècle nommèrent nomination sur l'abbaye d'Abondance. La décadence
les abbés de Sainte-Marie d'Abondance. Quand, le ne fit que s'accélérer. Déjà le nombre des moines était
diminué de moitié depuis le début du XVIe siècle, et la François de Sales délégua de Thonon son vicaire gé-
règle de moins en moins observée. La publication des néral pour installer les feuillants à l'abbaye. Le 7 mai,
décrets du concile de Trente touchant les religieux le Rév. Favre vient à Abondance, concède à perpé-
(session XXV, c. I-XXII, De reform.) fut faite à Annecy tuité cette maison avec tous ses droits aux nouveaux
en 1571, mais ne convertit pas Abondance. D'ailleurs religieux. Un chanoine régulier, le Rév. Jean Moccand,.
l'abbé lui-même, Gaspard Provana, commendataire reste comme curé. Le curé a ses revenus distincts,
d'Abondance depuis 1576, s'opposa à toute réforme
et écrivit en 1587 au duc de Savoie et au nonce disant
mais l'abbé nomme le curé. Les cinq autres religieux
sont placés en différents monastères avec une pension
« qu'il ne faut pas croire les Savoisiens quand ils ont viagère de 40 écus d'or, à prendre sur les revenus de
affaire à des étrangers. » Mercier, loc. cil., p. 123. l'abbaye.
Lorsque, en 1596, François de Sales s'aperçut que la Les chanoines de Saint-Mauriced'Agaune ne furent
vie peu édifiante des religieux d'Abondance était ex- pas contents du départ de leurs frères d'Abondance et
ploitée parles ministres protestants pour faire obstacle en 1614, l'abbé Pierre Odet se plaindra à Madame
à sa mission dans le Chablais, il se rendit lui-même Royale, duchesse de Savoie, de ce que l'on a enlevé
au monastère, parla aux religieux tant en particulier Abondance et Ripaille aux chanoines. D'autres de-
qu'en public pour essayer de les ramener au bien. Ha- mandes et d'autres plaintes seront faites en 1641,1671
mon, Vie de saint François de Sales, 8e édit., Paris, et 1728, mais, elles demeureront toujours infructueuses.
1896, p. 254; Charles-Auguste de Sales, Vie de saint
François de Sales, Lyon, 1634, p. 149; De Cambis,
-
III. LES FEUILLANTS. Les débuts des feuillants.
à Abondance furent heureux. Pendant les vingt pre-
Manuscrit à la bibliothèque du séminaire du Puy, mières années, il n'y eut que des religieux instruits et
4 vol. in-4°, 1762, p. 261. N'en ayant pu rien obtenir, édifiants et l'on ne peut signaler aucun souvenir qui
il se plaignit à Mgr de Bari, nonce du Saint-Siège à
Turin, et fournit, dès la fin de 1596, un rapport exact
ne leur soit favorable.
:
Mais bientôt la division se mit entre eux les Pères

:
sur l'état de l'abbaye. Le 4 janvier 1597, le nonce écri-
vit de Turin « Sa Sainteté a quelque intention d'en
ôter ces moines et de mettre à leur place des religieux
qui venaient du Piémont ou de France ne pouvaient
s'accommoder ni du climat ni de leurs confrères ori-
ginaires de la Savoie. D'ailleurs, exempts de la juridic-
réformés de saint Bernard. Ce sera le nouvel abbé, tion de l'évêque et de leur abbé commendataire, éloi-
je crois, qui sera chargé de cette commission. » gnés des grandes communautés de leur ordre où la ré-
Le due de Savoie, informé en même temps que le gularité se soutenait mieux, n'ayant aucune charge
nonce par François de Sales, en attendant qu'on prit d'âmes ni de fonctions pastorales à exercer, se sentant
les mesures pour la réforme du monastère, obligea désœuvréset isolés dans un coin de haute vallée (Abon-
l'abbé à entretenir à ses frais un certain nombre de dance est à 930 mètres d'altitude), ils se prenaient
prédicateurs dans le Chablais et à payer tous les ans quelquefois à s'ennuver. Pour y remédier, il y en eut
une somme considérable aux religieuses de Sainte- qui cherchèrent des distractions malsaines et se créè-
Claire d'Evian qui étaient dans une grande disette de rent des relations dans certaines maisons où ils ne
toutes choses. L'année suivante, en 1598, arriva l'abbé portaient pas le bon exemple. On en vit qui jetèrent
Vespasien Aiazza, décidé à réformer le monastère. Il le froc avec un certain retentissement. Lettre d'un ex-
ne restait plus alors que six religieux incapables à leur feuillant, 1627, citée par Mercier, p. 366.
âge d'être ramenés à la régularité. L'abbé désirait sin- Les habitants de la vallée faisaient la comparaison
cèrement y faire refleurir la beauté des anciens jours entre les chanoines partis et les feuillants; elle n'était
et fermer ainsi la bouche aux hérétiques. Il ne voyait pas toujours à l'avantage de ces derniers.
d'autre moyen que d'éliminer de l'abbaye les six En 1638, les difficultés commencent. Les habitants
vieillards et de les remplacer par de fervents religieux delà vallée d'Abondance, exonérés de temps immémo-
qu'on emprunterait à d'autres monastères. L'abbé rial de toute charge pour l'entretien du culte, deman-
général des feuillants avait consenti à envoyer une dent un clocher et des fonts baptismaux. Ils ne peu-
colonie des siens. Il ne fallait plus que l'approbation vent les obtenir qu'après trois années de réclamations
du Saint-Siège. Avant de la demander, François de et de discussions 1635-1638. En 1649, un procès surgit
Sales, dont les conseils dirigeaient en tout l'abbé entre les feuillants et leur abbé. Ils veulent obliger
Aiazza, fit signer à Thorens, le 26 octobre 1604, un ce dernier à bâtir une autre église pour la paroisse,
acte préliminaire par l'abbé d'Abondance et dom gardant celle du monastère pour leur usage exclu-
Jean de Saint-Malachie, député par dom Pierre de sif. Le Sénat de Chambéry déboute les feuillants
Saint-Bernard, général de la congrégation de Notre- parce que l'église appartient aux habitants. Malgré
Dame des feuillants. Charvet, loc. cil., p. 34,35. cette décision, des difficultés surviennent encore en
Cet acte fut aussitôt envoyé au pape Clément VIII 1664 à propos de la construction d'une église nouvelle
pour être approuvé (fin octobre 1604). Saint François et de la nomination du curé. Onze ans plus tard, en
de Sales écrivit au Souverain pontife à ce sujet. Il re- 1675, sur la plainte des habitants, le Sénat envoie
nouvela ses instances en envoyant le compte rendu vérifier si les aumônes auxquelles sont tenus les reli-
de l'état de son diocèse. Enfin son frère, le chanoine gieux ont été faites. Et comme elles ne l'ont pas été,
Jean-François, rapporta, en 1607, un bref daté du 28 les feuillants donnent pour excuse la mauvaise ré-
septembre 1606, par lequel Paul V, adoptait et sanc-
tionnait de son autorité tout ce que François de Sales
colte de l'année précédente. Les pièces et les dossiers
dépouillés par Lecoy de la Marche et Charvet, nous
avait proposé dans l'acte intervenu entre l'abbé indiquent, le 11 novembre 1710, une nouvelle infor-
d'Abondance et les feuillants. Pour faciliter le succès mation « sur les abus et les manquements qui se com-
de cette affaire François de Sales, dès 1604, avait mettent à la distribution des aumônes qui se doivent
promis « de céder volontiers l'autorité qu'il avait sur
l'abbaye afin que les Pères jouissent de leurs privilèges
Ordinaires, et de se contenter que l'honneur qui lui
:
faire en l'abbaye d'Abondance. » Cette fois la sanc-
tion fut sévère les biens de l'abbaye furent saisis
(7 février 1711). Il y eut alors, semble-t-il, une accalmie
avait été déféré jusqu'alors dans l'église du monastère qui dura jusqu'en 1734. A cette date, commencèrent
lui fût rendu à lui et à ses successeurs, réservant ce- les conflits avec l'autorité ecclésiastique qui devaient
pendant en tout et partout le bon vouloir de notre aboutir à la suppression de l'abbaye. Les vicaires géné-
Saint-Père le pape. » Mercier, loc. cit., p. 203. raux, sede vacante, avaient nommé Louis Ducret curé
La même année 1607, après avoir obtenu du Sénat d'Abondance. Les feuillants s'opposèrent à son ns-
de Savoie la permission d'exécuter le bref de Paul V, tallation et présentèrent à sa place dom Grégoire Co-
chet qui avait en sa faveur une nomination faite par 1188-1191. — 7. Jean, abbé dès 1200.
— 8. Albert
l'abbé commendataire de Turin. L'affaire fut portée succède à Jean entre 1218 et 1229. Dernier acte signé
devant le Sénat et comme les feuillants avaient déjà 2 févr. 1232. — 9. Pierre II, 1232. —10. Guillaume II
eu des curés nommés par eux et choisis parmi eux, le paraît en juillet 1239. —11. Jean II, abbé nov. 1244.
Sénat donna raison aux feuillants. Le roi intervint et à —12. Pierre III, en 1255-1260, mort le 27 octobre. —
son tour fit examiner l'affaire par l'archevêque de Turin 13. Viffred ou Witfred, abbé en 1265, reçoit du pape
qui, lui, donna raison aux vicaires généraux. Le conflit Clément IV, une mission à remplir auprès de Rodol-
ne semblait donc pas devoir prendre fin. En 1758 phe de Habsbourg, en faveur de Marguerite de Savoie.
cependant dom Cochet mourut. Ducret n'avait pu — 14. Raymond, abbé en 1272 est encore vivant en
exercer sa fonction de curé. L'évêque, Jean-Nicolas 1295. — 15. Jean III, signe en 1290, mais n'est pas
Deschamps, nomma alors Jean-Aimé Tappaz curé encore abbé, peut-être est-il coadjuteur. — 16. Girold,
d'Abondance. Les feuillants nommèrent de leur côté 1300-1325. — 17. Jean IV, 1331-1345. —18. Geoffroi,
dom Caudaz et écrivirent au pape contre l'évêque en 1352, le 7 mai, revendique contre l'archevêque de
pour obtenir la possession incontestée de la cure. Besançon le droit de confirmer l'abbé de Goailles.—-
Celui-ci, par une lettre du 25 février 1760, prévint le 19. Pierre IV de Lullier, 1354-1375. 20. Jean V de
Filinge, 1380-1397. — 21. Girard du—Pas, 13 octobre
roi Charles-Emmanuel de cet état de choses. Le roi
lui répondit de Turin, le 21 mars 1760, l'avertissant
qu'il allait écrire au pape pour obtenir la suppression
1404-1411.—22.ThomasGuersat,
le 2 novembre.— 23.
8 sept. 1411, mort
Guillaume de Lugrin,1412-1430,
de ce monastère. était grand ami des ducs Amédée et Louis de Savoie,
La réponse ne se fit pas longtemps attendre. Par DEUXIÈME rÚuwDE (1436-1761). — Abbés' com-
une bulle datée du 9 mai 1761, donnée à Rome à mendataires. — 1. François Decret, 1436-1451. Garde
Sainte-Marie-Majcurc, Clément XIII accorda la sup- du conclave de Bâle en 1439, favorisa l'élection d'Amé-
pression demandée. dée VIII, Félix V. — 2. Amblard de Viry, 1460, mort
Le document pontifical fut présenté au Sénat le à Genève le 8 sept. 1472. — 3. Jacques Louis de Sa-
6 juin 1761, publié par Mur Deschamps le 8 juillet et voie, 1481. — 4. François deSavoie, abbé de Staf-
signifié aux religieux le 23 juillet par André Billaud, farde, Abondance et Saint-André de Verceil, évêque
sergent. Le général des feuillants, d'accord avec son de Genève en 1484, ne vint jamais à Abondance, se
chapitre, rappela ses sujets pour se conformer à faisait représenter par Jean Oriol, mourut à Turin
l'ordre du Souverain Pontife. en 1491.—5. Gui ou Guigues d'Arlod, 1494. — Marc 6.
L'année suivante, le 4 mai 1762, le roi Charles-Em- Vigerio, évêque de Sinigaglia, et cardinal 1515. —
manuel obtint une deuxième bulle. Elle attribuait et 7. Jean François de Valperga devient abbé par suite
transportait à la Sainte-Maison de Thonon, les biens, de la résignation en sa faveur faite par Marc Vigerio.
meubles et immeubles, rentes, revenus, mais aussi les — 8. Jérôme de Valperga, 1533, meurt en 1536. —
charges. Le préfet de la Sainte-Maison aurait le nom, 9. Dominique Ciclati, élu en 1536, paraît avoir été abbé
le titre et toutes les prérogatives d'abbé commenda- conventuel plutôt que commendataire, il meurt le
taire, tels qu'en jouissaient les anciens abbés com- 21 mai 1550. — 10. Claude de Blonay, élu le 28mai
mendataires d'Abondance. Le pape n'entendait pas 1550, fait acte d'abbé en 1555 et en 1574 a résigné sa
toutefois unir à la Sainte-Maison les bénéfices qui dé- crosse. — 11. Philibert Provana, seigneur de Leyni,
pendaient dudit monastère d'Abondance. 1574. — 12. Gaspard Provana, seigneur de Novalaise
A la Révolution, le 27 fructidor an IV, le couvent 1576-1587, s'oppose à la réforme de l'abbaye en écri-
fut vendu comme bien national. vant au duc et au nonce. — 13. Vespasien Aiazza,
Ce qui reste du vieux monastère et de l'église a été 1598, se fait feuillant à 65 ans et meurt saintement à
classé parmi les monuments historiques. Toulouse, le 30 décembre 1630. — 14. Maurice de
IV. LISTE DES PRIEURS ET DES ABBÉS. — Il faut Savoie, cardinal à 14 ans, abbé du 4 juin 1627 à 1635,
distinguer deux périodes dans l'histoire des prieurs et se marie à 50 ans avec sa nièce Louise de Savoie, meurt
des abbés d'Abondance : celle des abbés conventuels à Turin, le 4 octobre 1657. — 15. Melchior du Nant de
ou claustraux nommés librement par les religieux eux- Grilly d'Evian, 6 nov. 1635, meurt le 5 déc. 1649. —
mêmes et celle des abbés commendataires nommés 16. Barthélemy Soldati, 1643, aumônier de Maurice
par le prince régnant. La première période va de 1108 de Savoie. — 17. Jean-Baptiste Amoretti, en 1658
à 1436, la deuxième, de 1436 à 1761. ambassadeur du duc de Savoie auprès de Louis XIV,
L'HENIEHE L'ÉMUDE (ij08~1430). -
prend en dehors du fondateur Herluin ou Arluin,
Elle com- à Lyon. Il meurt en 1687.— 18. Jean-François Carron
de Sommerive de Saint-Thomas, 1687,1eraoût1710.—
3 prieurs, Robert, Rodolphe (1121) et Emerard (1124), 19. Michel-Ange de Santena, de la famille de Cavour,
dont il a été parlé plus haut, et 23 abbés. —1. Rodolphe 1711-1720. — 20. Pierre Guérin du Tencin, cardinal-
de Vauscrier (1144). De son temps se fonde l'abbaye évêque d'Embrun, abbé d'Abondance en 1734, meurt
de Sixt; il devient ensuite premier abbé d'Agaune. — le 2 mai 1758.
2. Burchard ou Burcard, parent du comte de Genève Besson, Mémoires pour l'histoire ecclésiastique des dio-
Amédée 1er, reçoit la bulle d'Adrien IV, 12 fév. 1155, cèses de Genève, Tarantaise, Aoste et Maurienne et du déca-
par laquelle le pape le félicite lui et ses religieux de la
:
discipline et de la ferveur qui règnent à Abondance.
Dates extrêmes 1154-1170. — 3. Ponce de Faucigny,
d'abord chanoine d'Abondance, s'en va fonder l'ab-
nat de Savoie, in-4°, Nancy, 1759; Réimpression, Moutiers,
1871, p. 101-103. — Léon Charvet, Recherches sur l'abbaye
d'Abondance en Chablais, in-8°, Lyon, 1863. — Cibrario,
Monumenta historiœ patriæ, t. III, Scriptores, p. 301-318,
donne Summariœ constitutiones monasterii beatœ Mariœ de
baye de Sixt, en 1144. Il avait rédigé la règle et les sta- Abundantia, etp. 321 à 434 reproduit leNecrologium, in-fol.,
tuts de la congrégation En 1154, il fait ériger en ab- Turin, 1848.—Amédée de Foras, Notes sur Abondance, dans
baye le prieuré d'Entremont par Burchard. Élu suc- les Mémoires et documents de l'Académie chablaisienne, an-
cesseur de Burchard en 1171, il érige l'année suivante née 1887, t. 1, p. 3-12. — Gallia chrisliana, 1656, t. IV,
Grandval en abbaye, puis se démet de sa charge et p. 6; 1865, t. XVI, p.473-479. — Glover Melville, L'abbaye
vient mourir simple moine à Sixt, le 26 novembre 1178. d'Abondance a-t-elle élé fondée par saint Colomban? dans la
Revue savoisienne, année 1867, t. VIII, p. 99-100. — Gril-
— 4. Pierre 1er, auparavant abbé de Sixt, 1176, devient let, Dictionnaire historique des départements du Mont-Blanc
évêque, mais on ne sait de quel siège, le nécrologe dit
et du Léman, 3 vol. in-8°, Chambéry, 1807, t. I, p. 225-228.
bas IV.
mont
-
seulement Petrus episcopus et canonicus noster et ab-
dès
5. Girold, 1180, auparavant abbé d'Entre-
1154. — 6. Guillaume de Viu ou Wullierme, -
— Hamon, Vie de
8° édit., t. I.
saint François de Sales, Paris, 1896,
Manno, Bibliographia storica degli stati
délia monarchia di Savoia, Torino, 1884,1898, t.II, p. 9,10.
- Mercier, L'abbaye et la vallée d'Abondance,dans les Mé-
et
moires documents de l'Académie salésienne, in-8°, Annecy,
- 1885, t. VIII, p. 1-308. — Piccard, Histoire de Thonon et
tant des dates consulaires, y ont été découvertes
cimetière remonte au commencement du IVe siècle, ce
qui confirme l'époque du martyre de saint Abonde et
; le

du Chablais, Annecy, 1882. — Poncet, Églises de Savoie, de ses compagnons, qui y furent enterrés. La cata-
dans Mémoires et documents de l'Académie salésienne, 1884, combe s'est formée, comme il arriva dans d'autres cas
t. VII, p. 301. semblables, autour du tombeau des martyrs enterrés
J. GARIN.
1. ABONDE, martyr à Rome sous Valérien; fête le à cette place. Le musée épigraphique du Latran pos-
26 août. Les anciens itinéraires aux tombeaux des
martyrs romains indiquent, dans la catacombe de
Cyriaque sur la voie Tiburtine, auprès du tombeau
sède une inscription gravée sur une plaque de marbre
rougeâtre très rare, dont le texte est le suivant :
de saint Laurent, plusieurs autres sanctuaires, où re- ABVNDIO PRB
posaient les restes mortels de martyrs. Parmi ceux-ci MARTYRISANCTO
se trouvent saint Abonde et saint Irénée,dont le sort,
DEP VII IDVS DEC
d'après les Actes de saint Laurent, fut commun et les
sépultures voisines l'une de l'autre. Le Salisburgensis
dit, après avoir mentionné l'église de Saint-Laurent
Ibi pausat ses. Abundius et Herenius martyres via ti-
: Le style et la paléographie des lettres font remonter
ce monument précieux au IVe siècle. De Rossi, Bullett.
di arch. christ., 1883, p. 151-159; la pl. XII contient
burtina. De Rossi, Roma sotterranea, t. I, p. 178-179. une reproduction du monument; Dict. d'archéologie
Le même itinéraire et un autre encore, l'Epitome de chrétienne, t. I, col. 2855. Malheureusement on ne sait
locis sanctis, indiquent de plus, dans le portique de pas exactement d'où elle provient; un campagnard
l'église, une pierre qui aurait été attachée au cou de des environs de Rome la vendit à un sculpteur, chez
saint Abonde, quand il fut précipité dans un puits. qui De Rossi la trouva et en fit l'acquisition pour le
Le récit de la mort de saint Abonde se trouve dans les musée du Latran. Pour le grand archéologue il n'y a
Gestes de saint Laurent et de saint Hippolyte. Surius, aucun doute que ce ne soit l'épiataphe de saint Abonde.
De probatis sanctorum historiis, Colon. Agr., 1579, L'inscription donne la date du 7 décembre. A Rignano,
t. IV, p. 605 sq.; Acta sanctor., augusti t. v, p. 791. la fête est célébrée le 16 septembre, et le martyrologe
Abonde et son compagnon Irénée auraient été pré- romain modernementionneAbonde et ses compagnons
cipités dans un égout, le 7 des calendes de septembre au même jour. Cependant, cette date n'est pas con-
(26 août); ils en auraient été retirés par le prêtre Jus- firmée par des documents bien anciens. D'après le ré-
tin et ensevelis auprès du corps de saint Laurent, dans cit des Actes, la mort des saints devrait être fixée

:
une crypte de l'ager Veranus. Le martyrologe hiéro- plutôt au 28 août; car ils auraient été exécutés 22 jours
nymien enregistre la fête de saint Abonde sous la date après d'autres chrétiens martyrisés le 5 août. M. De
du 22 août, avec l'indication topographique In ci- Rossi croit que la date du 16 septembre fut plutôt
miter. Sci Laurentii. Martyrol. Hieronumianum, édit. celle de la mort de Marcianus, dont les Actes ne sont
De Rossi et Duchesne, p. 109. On suppose, sur la foi liés à ceux d'Abonde que d'une façon très superficielle.
de la Passio, que les saints subirent le martyre dans La date fournie par l'épitaphe doit être retenue
la persécution de Valérien (258-260). Le martyrologe comme celle de la déposition de saint Abonde au cime-
romain moderne, comme les martyrologes historiques tière de Théodora. Le fait qu'il fut enterré dans cette
du moyen âge, fixent la fête des deux martyrs au catacombe suggère à M. De Rossi l'hypothèse bien
26 août; ils dépendent de la date donnée par les Actes. vraisemblable que saint Abonde était prêtre de la
communauté chrétienne de Rignano, et Abundantius
Acta sanctor., aug. t. v, p. 790. — Surins, De probatis était son diacre. Ils furent saisis dans la persécution
sanctorum historiis, Colon. Agr., 1579, t. IV, p. 605 sq. —

--
Bibliotheca hagiogr. latina, t. I, p. 661-662. Dufourcq, de Dioclétien, condamnés à mort à Rome et exécutés.
Les Gesta martyrum romains, t. 1, p. 191 sq. Stevenson, Les fidèles de Rignano transportèrent dans leur ville
Cubicolo con graffiti storici nel cimitero di Ciriaca, dans les restes mortels de leur prêtre et de leur diacre et
Nuouo bull. di arch. crist., 1895, p. 74 sq. Théodora leur donna la sépulture; cet enterrement eut
J.-P. KIRSCH. lieu le 7 décembre, et la date fut marquée sur l'épi-
2. ABONDE (Abundius), saint, prêtre, martyr sous taphe. Sous l'empereur Othon III, l'an 1001, les corps
Dioclétien (v. 303). Le document historique le plus de Théodora, d'Abonde et d'Abundantius furent trans-
ancien que nous possédons sur saint Abonde et ses férés à Rome dans l'église de Saint-Barthélemy sur
trois compagnons Abondance (Abundantius), Mar- l'île du Tibre (Mabillon, Acta sanctor. ord. S. Bene-
cianus et Jean, nous est fourni par leurs actes de mar- dicti, sæc. v, p. 873; Acta sanctor., sept. t. v, p. 305-
tyre. Ce récit, légendaire et d'une époque bien posté- 306), plus tard, à une époque inconnue, dans l'église
rieure aux événements, peut être contrôlé par les des Saints-CômeetDamien et enfin, en1583,dans celle
monuments archéologiques dans plusieurs détails du Gesù nouvellement bâtie par les PP. Jésuites. Les
importants qu'il donne sur ces martyrs. D'après les reliques de Marcianus et de son fils furent enlevées
Actes, Abonde, prêtre, et Abondance, diacre, furent également du sanctuaire de Rignano et transportées
saisis au temps de Dioclétien et de Maximien, torturés dans la cathédrale de Cività Castellana.
et condamnés à mort. Conduits au lieu du supplice, ils
rencontrèrent près de Lubras, le sénateur Marcianus, (Cardulus,) Sancior. mart. Abundii presb. Abundantii
dont ils ressuscitèrent le fils; convertis et baptisés, diac., Marciani et Johannis eius silii passio, Romæ, 1584.
ces deux néophytes furent décapités. Abonde et le — Acta sancior., sept. t. v, p. 300-306. — Bibliotheca ha-
diacre Abundantius furent également décapités au
14e mille de la voie Flaminienne; leurs corps furent
ensevelis par Théodora sur sa propriété au 28e mille de
;
giographica latina, t. 1, p. 4. — Dufourcq, Les Gesta mar-
tyrum romains, t.I, p. 230-231 ibid., p. 431-432, fragments
de deux sermons inédits sur les saints Irénée et Abundius.
— De Rossi, Bull. dt arch. crist., 1883, p. 151 sq.
la voie Flaminienne. La catacombe de Théodora est J.-P. KIRSCH.
connue; elle se trouve près de Rignano, sur la voie 3. ABONDE, évêque de l'Église de Tiddis ou
Flaminienne, au pied du Soracte, Boldetti, Osserva- Tiddi (voir ce mot), en Numidie, qui assista en 484
zioni sopra 1 cimiteri de' santi martiri ed antichi cris- à l'assemblée de Carthage; il est qualifié de Tididita-
;
tiani di Roma, Roma, 1720, p. 577 sq. De Rossi, Bul-
lettino di arch. crist., 1883, p. 134-151; Armellini, Gli
nus sans doute pour Tidditanus. Notitia provinciarum
et civitatumAfricse, Numidia 24; Victor de Vita, édit.
antichi cimiteri cristiani di Roma e d'italia, Roma, Halm, p. 65, et P.L., t. LVIII, col. 270, 299.
1893, p. 631 sq. Plusieurs épitaphes du IVe siècle, por- - Aug. AUDOLLENT.
4. ABONDE (Saint), évêque de Côme, vers le milieu l'endroit n'est pas indiqué, mais ce fut sans doute à
du V siècle. Sur la période de sa vie antérieure au con- Milan en août ou septembre 451. On approuva pleine-
cile de Constantinople de 450, nous ne possédons que ment la lettre à Flavien, et Eusèbe fit parvenir au
les renseignements contenus dans la Vila Abundii, pape une lettre relatant les actes du concile et portant
éditée par Mombritius et reproduite par les Bollan- la souscription des évêques présents. Parmi les signa-
distes, œuvre dont l'auteur semble avoir utilisé de taires nous trouvons Abundantius, évêque de Côme,
bons documents. D'après cette Vie, Abonde naquit qui signa aussi pour Asinion, évêque de Coire.
à Thessalonique et vint à Côme sous le pontificat de Quesnel, Notæ in epist. S.Léon, magni, P. L., loc.
Léon le Grand (440-461). Ce détail ne concorde pas cit., col. 1404, s'est demandé à ce propos si cet
avec l'inscription que, d'après Ughelli, le card. Pto- évêque de Côme ne serait pas différent du légat
lemée découvrit en 1586, à Côme : Hic reguiescit Abun- du pape à Constantinople. Le fait même qu'il a
dius, episcopus Comensis, ex urbe Nupsia. Au début de voté pour l'évêque de Coire semblerait indiquer
sa notice, Ughelli déclare cependant qu'Abonde est qu'il venait du côté de la Suisse et non de Rome. On
grec de Thessalonique. Tillemont constate ce désac- peut répondre avec Ballerini (Epist., XCVII, not. 21;
cord sans se prononcer. L'évêque de Côme, ajoute la P. L., loc. cit., col. 948) qu'il alla, pendant les pré-
Vie, était alors Amans; il conçut pour Abonde une paratifs du concile, visiter son église dont il était de-
telle amitié que se sentant près de mourir, il le consa- puis si longtemps absent, et que là il vit Asinion dont
cra évêque et le désigna comme son successeur. C'est à la ville épiscopale n'était pas très éloignée. Quant à
tort qu'Ughelli place cet événement au 17 novem- la différence du nom, il suffit de remarquer qu'au
bre 450, puisque Abonde avait été envoyé à Constan- début du ne chap. de cette lettre synodale, on parle
tinople en qualité de légat du Pape, plusieurs mois au- d'Abundantius et de son compagnon, le prêtre Séna-
paravant. S. Léon, Epist., LXIX, Ad Theodosum; LXX, tor, de leur retour d'Orient et des récits qu'ils ont
Ad Piilelieriam, dans Mansi, Concil. ampliss. coll., t. VI, faits au concile de Milan, en de tels termes qu'il ne
col. 83-85, 86-87; P. L., t. LIV, col. 890-892, 893-895. peut être question que des deux légats.
— Ces lettres, probablementplusieurs
du 16 juillet 450, sont La Vita Abundii ne parle pas du concile de Milan.
certainement antérieures de mois au 17 no- Après avoir fait l'éloge de l'activité d'Abonde, elle
vembre 450. passe au récit d'un miracle opéré par lui et se termine
Abonde et ses compagnons, parmi lesquels était un brusquement. Nous ignorons la date de la mort d'A-
prêtre du diocèse de Milan, nommé Senator, devaient bondé. On en célébrait l'anniversaire à Côme le 2 avril;
examiner la foi d'Anatole, le nouvel évêque de Con- d'autre part, l'ancien bréviaire de Côme (cité par les
stantinople, dont Théodose et Pulchérie désiraient Boll.) le fait mourir le jour de Pâques. Malheureuse-
voir confirmer l'élection par le pape, et régler la si- ment la coïncidence de ces deux indications nous re-
tuation des évêques qui avaient pris part au Brigan- porterait à une date inacceptable.
dage d'Éphèse et demandaient maintenant leur par- Bolland., Acta sanct., april. t. I (1675), p. 90-94; Biblio-
don. V. les lettres de saint Léon déjà citées. On ne sait theca hagiog. lal. t. I, Bruxelles, 1898, p. 3. — Laurenz Bur-
à quelle date précise les légats arrivèrent à Constan- gener, Helvetia sancta, Einsiedeln, 1860, t. i, p. 1-3. — Ba-
tinople. Leur présence est signalée pour la première ronius, Annal. eccles., ad ann. 450, n. 28-34; ad ann. 451,
fois dans une lettre de l'empereurMarcien à saint Léon, n. 13-15. — Ceillier, Hist. gén. des aut. sacrés, nouv. édit.,
écrite le 22 novembre. S. Léon, Epist., LXXVI; Mansi, Paris, 1861, t. x, p. 79, 219, 681. — Fabricius, Biblioth.
médias et infimæ latinil., édit. Mansi, Florence, 1868, t. I.
op.cit., col. 98; P. L., t. LIV, col. 904. Anatole t.II
p. 3. — Hefele, Conciliengesch., 1856, p. 375, 379; trad,
réunit aussitôt en concile les évêques alors présents à franç. avec notes de dom Leclercq, t. II, p. 628, 633, 634. —
Constantinople, les abbés, les prêtres, les diacres de la Mansi, Sacror. concil. amplissima et nova collect., Florence,
ville, et Abonde leur fit approuver l'Epislola dogma- 1761 (nouv. édit., Paris, 1901), loc. cit. — Bon. Mombri-
tica (Epist., XXVIII) adressée jadis par Léon à Flavien, tius, Sanctuarium, Milan, ante 1480, fol. 1 sq. — Tillemont,
le prédécesseur d'Anatole. Le concile anathématisa Mém. hist. ecclés., Paris, 1711, t. xv, p. 179, 304, 608, 612,
ensuite les doctrines d'Eutychès et de Nestorius. Vita, 620, 624, 636, 911. — Ughelli, Italia sacra, Venise, 1720,
t. v, col. 260. — G.-B. Giovio, Gli nomini della Co-
c. Ill. Ce récit, fragment sans doute textuel d'actes masca diocesi, Modène, 1784, p. 19-20; Alcuni opusculi
aujourd'hui perdus du concile,est confirmé par les let- Patri, Côme, 1804, p. 259-281 : Memorie di S. Abondio,
tres de saint Léon, écrites à la même époque. L'Epislola vescovo e protettore di Como. — Cesare Cantù, Sioria della
dogmatica fut aussi communiquée aux métropolitains ciità e diocesi di Como, 3e édit., Côme, 1900,1.1, p. 55-57.
afin qu'ils y souscrivissent. Mansi, op. cit., t. VI, col. 89, U. ROUZIÈS.
91. Théodoret en adressa à Abonde un exemplaire, 5. ABONDE, inscrit au martyrologe le 14 avril,
signé, avec de très élogieuses félicitations. Vita, § 9. comme mansionaire de l'église Saint-Pierre de Rome,
Abonde et ses co-légats n'avaient pas assez d'instruc- ne nous est connu que par les Dialogues de saint Gré-
tions pour donner une solution définitive à l'affaire goire, 1. III, c. xxv, P. L., t. LXXVII, col. 280. Remar-
des évêques tombés. Ils adressèrent au pape, par l'in- quable par son humilité et son zèle, Abonde en fut ré-
termédiaire des clercs qu'Anatole envoyait à Rome, compensé par un miracle que saint Pierre lui fit ac-
une relation de ce qui se passait. Saint Léon approuva complir en lui accordant de guérir subitement une
les mesures prises et fit partir d'autres légats pour ter- paralytique. On place la mort d'Abonde en l'année 564.
miner l'affaire de concert avec Anatole. S. Léon, Act. sanct., april. t. 11 (1675), p. 214.
Epist., LXXIX, Ad Pulcher., c. 1; Epist., LXXX, Ad Ana- U. ROUZIÈS.
;
tol., c. II Mansi, op. cil., t. VI, col. 106-107, 109; P. L.,
t. LIV, col. 912 sq.
6. ABONDE (Saint), était originaire de Ananelos,
bourg inconnu aujourd'hui, dans la Sierra Morena ou
Abonde fut de retour à Rome probablement un peu montagnes de Cordoue; et il y exerçait comme prêtre
avant le 9 juin 451, comme il ressort d'une lettre de le ministère paroissial. A la différence de la plupart des
saint Léon portant cette date. Epist., LXXXIII, Ad martyrs de Cordoue sous les Maures, qui spontané-
Marcfan.; Mansi, op. cit., t. VI, col. 115; P. L., loc. cit., ment s'offraient aux califes pour défendre la foi, Abon-
col. 919-921. Le pape lui donna alors une lettre pour de fut traîné au tribunal par ses ennemis. Sur les ré-
Eusèbe de Milan, dans laquelle il invitait ce dernier à quisitions du calife Abderrahaman II, il se déclara
réunir un concile où serait approuvée l'Epistola dog- chrétien et prêtre, sur quoi il fut jeté aux chiens et
matica. Ep. synodica Eusebii mediolan. episc., c. 1 et II, aux bêtes féroces. Son martyre eut lieu le 11 juil-

t
;
parmi les Epist. de saint Léon, XCVII; Mansi, op. cit.,
;
t. VI, col. 141 P. L., loc. cit., 945-950. Le concile eut lieu
let 854.
S. Eulogius, archiepiscopus Toletanus, Memoriale san-
ctorum,1. III, c. XII, P. L.,t. xcv, col. 813-4. — Acta sanct., Bâchâ. in-8°, Tripoli, Rome, Paris, s. d., p. 33-47;
(1723), 240. Florez, Espana sagrada, t. x, des sermons et des controverses avec les musulmans,
p. 408. -
julii, t. III
Garcia
p.
San
— Glorias de la Iglesia
Juan,
il ola, Madrid, 1877, t. II, p. 944.
L. SERRANO.
espa- dont l'attribution à Théodore n'est pas toujours
sûre. On en verra le détail dans Bâchâ, Un traité.,
ABORENSIS (Ecclesia), chrétienté d'Afrique, non p. 12-13.
Outre les ouvrages déjà cités, voir Dr. Georg Graf,
encore identifiée; elle était située en Proconsulaire. Die christlich-arabische Literatur bis zur frankischen Zeil,
Un de ses évêques, Trifolius, assiste à Carthage à la dans les Strassburger theologische Studien, t. VII, fasc. 1,
conférence de 411, du côté des catholiques, Gesta colla- p. 31-37..
tionis habitæ inter episcopos catholicos et donatistas, C. CHARON.
t.
I, 133, Mansi, Sacr. concil. nova et ampliss. collect., IV, ABOU-NOË, d'Anbar, auteur nestorien du VlIIe
col. 110, 269); un autre, Félix, est l'un des signa- au IXe siècle; il était secrétaire du gouverneur musul-
taires de la lettre adressée, en 646, par l'épiscopat man de Mossoul. Timothée Ier, patriarche nestorien
de la province, au patriarche Paul de Constantinople. de 779 à 823, le mentionne avec éloge dans ses lettres
Ibid., t. x, 940. encycliques de 790 et 805. Il est l'auteur d'une réfu-
Morcelli, Africa christiana, Brescia, 1816-1817, t. I, p. 64. tation du Coran, d'une réfutation des hérétiques et
- Nolitia dignitatum (éd. Bôcking), 1839-1853, t. il, annot., d'une vie de Jean de Dailam. Cf. Rubens Duval, La
p. 639.
p. 463.
-- Gams, Series episcoporum, Ratisbonne, 1873,
Ch. Tissot, Géographie comparée de la province
littérature syriaque, Paris, 1899, p. 382; Assémani,
Bibliotheca orientalis, t. III, 1re part., p. 82, 164, 212.
romaine d'Afrique, Paris, 1884-1888, t.II, p. 772. — De Mas- F. NAU.
-
Latrie, dans Bulletin de correspondance africaine, 1886,
p. 85; Trésor de chronologie, 1889, col. 1868. Toulotte
ABOUGIT (LOUIS-XAVIER), jésuite français,
missionnaire en Syrie près de cinquante ans (1849-
-
(Mgr), Géographie de l'Afrique chrétienne, Rennes-Paris, 1892-
1894,t.1, p. 111-112. Joh. Schmidt, Aboriense oppidum,
dans Pauly-Wissowa, Realencyclopädie, t. I, p.106.
Aug. AUDOLLENT.
1895). Né au Puy le 27 octobre 1819, il entra dans la
Compagnie de Jésus le 11 avril 1842, professa la théo-
logie morale au collège de Ghazir, et publia en arabe
ABOU-ISAAC-BEN-ASSAL.VoirIBN-EL-ASSAL. des ouvrages de piété et de controverse et des livres
classiques, entre autres une Grammaire française-
ABOU QORRA (THÉODORE), évêque melkite de arabe, 4e édition, in-18, Beyrouth, 1870. Il mourut
Harrân. Originaire d'Édesse (Michel le Syrien, Chro- à Beyrouth le 16 juillet 1895.
nique, tr. et éd. Chabot, Paris, 1899, t. III, p. 29-34),
né à une époque que l'on ne peut fixer avec certitude
mais certainement du temps de l'iconoclasme et
-
Sommervogel, Biblioth. de la Compagnie de Jésus,
Bruxelles, 1898, t. VIII, col. 1564-1565.
1896, t. VII, p. 206-209.
Lettres de Mold,

après saint Jean Damascène qu'il appelle son maître E.-M. RIVIÈRE.
(Traité sur le culte des images, c. XXIII), c'est-à-dire ABOUL-FARADJ. Voir BAR-HÉBRÆUS.
vraisemblablement au milieu du VIIIe siècle, il se fit
peut-être religieux à Saint-Sabas, ce célèbre monas- ABOUNA-SALAMA-A NDREYAS,évêque
tère ayant alors eu de nombreuses relations avec d'Abyssinie. (Abouna est simplement uu titre hono-
Édesse. Bâchâ, Un traité., p. 4, 5. Il savait le sy- rifique par lequel on désigne en Orient, et tout par-
riaque, sa langue maternelle, le grec, encore très ticulièrement en Éthiopie, les dignitaires ecclésias-
connu à cette époque dans les milieux cultivés de tiques. Ce titre accompagnant toujours le nom de
la Syrie et de la Palestine, et même l'arabe qui Salama, nous croyons devoir traiter sous cette ru-
tendait à se répandre de plus en plus. Il paraît avoir brique ce qui le concerne.) Salama fut consacré à la
passé sa vie à combattre, par la parole et par la suite d'une série d'intrigues protestantes, à l'âge d'en-
plume, les hérétiques et les sectaires de son temps, viron 24 ans, le dimanche 16 ghenbot (23 mai 1841),
en Mésopotamie, en Arménie et jusqu'en Égypte. et reçut le nom d'Abba Salama en souvenir du pre-
Michel le Syrien, loc. cil. L'un de ses adversaires les mier apôtre de l'Abyssinie, saint Frumence à qui la
plus connus-fut Aboû Raîta, métropolitain jacobite reconnaissancepopulaire avait décernéle titre d'Abba-
de Taghrît. On ne sait rien de plus précis sur les Salama-Kessatié,Berhan, «le Père pacifique », « l'Illu-
événements de sa vie. Il dut mourir dans le premier minateur ». Les populations abyssines lui firent une
quart du IXe siècle. Bâchâ, Un traité., p. 7. réception magnifique.A son entrée dans le pays, assailli
:
Œuvres. — Théodore Aboû Qorra a écrit dans les
trois langues qu'il possédait 1° En grec, on a de lui
43 traités (P. G., t. XCIII, col. 1468-1609). — 2° En
par une multitude de clercs, qui venaient recevoir
:
l'ordination, il abrégea la cérémonie, et bénit les aspi-
rants aux divers ordres en leur disant « Je vous confère
syriaque, il avait composé trente traités sur la doc- les ordres que vous me demandez. » En novembre
trine du concile de Chalcédoine qu'il défendait contre 1841, il entra dans le Tigré et alla s'installer dans la
ses adversaires. Lui-même nous le dit dans un de ses demeure où était mort l'abouna Kerlos à Add-
Bâchâ) ;-
traités arabes (Sur la mort du Christ, p. 60 de l'éd.
découvrir.
mais ces œuvres syriaques sont encore à
3° En arabe, nous avons de lui un :
Abieto, appelé plus tard Add-Aboun, près d'Adoua.
Il ne tarda pas à montrer ses mauvaises dispositions
à l'égard des catholiques. Un jour, après avoir célé-
traité sur le culte des images, publié par I. Arendzen : bré les saints mystères dans la principale église
Theodori Abu-Kura Harranensis episcopi de cultu d'Adoua et donné la communion aux prêtres et aux
imaginum libellum edidit Rev. I. Arendzen, in-8°, diacres, il jeta l'interdit sur la seconde église de la
Bonn, 1897, p. 52-53, en texte et traduction latine; ville, parce qu'un prêtre catholique, nommé Sapeto,

:
neuf traités sur divers points de théologie, publiés
en arabe par le P. Constantin Bâchâ, basilien melkite
de la congrégation de Saint-Sauveur Maiâmer
ThâoûdoûrôsAbî Qorra, esqof Harrân (Traités de Théo-
dore Abon-Qorra, évêque de Harrân), in-8°,Beyrouth,
y avait célébré la messe, trois ans auparavant, en
1838. Le 21 hêdar (30 novembre), il alla présider la
fête patronale d'Aksoum, pour y faire les ordinations.
Comme l'église était trop petite pour contenir l'af-
fluence des fidèles, Salama résolut de faire la céré-

çaise et une introduction :


1904, p. 200. Le huitième de ces traités a été republié
par le même P. C. Bâchâ avec une traduction fran-
Un traité des œuvres arabes
de Théodore Aboû Kurra (sic) évêque de Haran (sic),
publié et traduit en français par le P. Constantin
monie sur la place publique. Il se rendit donc au
point le plus élevé de la place et commanda aux
ordinands de tenir la bouche ouverte pour recevoir
le Saint-Esprit qu'il allait leur infuser en soufflant
lui-même sur la masse. Durant le reste de sa vie, il
employa,le plus souvent ce procédé pour faire les
ordinations afin de s'éviter la peine d'accomplir
général contre les missionnaires et tous ceux qui au-
raient quelque rapport avec eux. Il était défendu « à
:
les cérémonies prescrites par la liturgie. Parfois il
poussa même le sacrilège plus loin il envoyait son
souffle enfermé dans des outres pour servir aux ordi-
tout Abyssin de leur donner à boire ou à manger, ou
de les recevoir dans sa maison. » Il fit un pas de plus
et jeta l'interdit sur toutes les églises du pays. Comme
nations dans les provinces les plus reculées de l'em- Oubié n'avait pas modifié son attitude bienveillante
pire. On ouvraitl'outre et on répandait, l'esprit sur les à l'égard de la mission catholique, Salama fit promul-
ordinands. A ce moment l'Abyssinie était troublée par guer en juin 1847, sur le marché d'Adoua, une or-
l'inimitié profonde qui régnait entre le dedjaz Oubié donnance spéciale contre ce prince, qu'il dénonçait
et le ras Ali. Salama se prêta aux desseins ambitieux et réprouvait comme « ami et protecteur des mission-
d'Oubié et s'attacha à sa fortune. Il le suivit donc »
naires francs. Devant les plaintes des populations
dans sa marche contre Ali, et, tandis que le dedjaz qui étaient privées des sacrements, Oubié finit par
pillait et incendiait les villages, il excommuniait, lui, céder et bannit, en 1848, le missionnaire catholique.
ceux qui osaient se ranger sous l'étendard de l'ennemi. Dès lors les catholiques d'Abyssinie furent en butte à
Il alla même jusqu'à participer à l'enlèvement de la persécution de l'aboun. Grâce à l'apostasie d'un
l'épouse du ras Ali, Hiroute, fille d'Oubié, que ce catholique, il s'empara des vases sacrés et les profana.
dernier avait promise à son allié, Goschou, dedjaz A son instigation, Alitiéna fut livré au pillage par le
match du Godjan. Comme Hiroute s'était réfugiée chef de l'Agami (1853) et dans cette journée plusieurs
dans l'église de Mahdéré-Mariam, « Demeure de Marie», catholiques périrent et deux prêtres furent faits pri-
et que les prêtres de ce sanctuaire menaçaient d'ex- sonniers.
communication ceux qui oseraient toucher à celle qui L'aventurier Cassa, devenu plus tard l'empereur
était venue leur demander asile, l'aboun leva l'ex- Théodoros, convaincu qu'il devait ses triomphes aux
communication et, Hiroute ayant été enlevée, il prières de l'aboun, le fit revenir dans son palais
bénit son union adultère avec le dedjaz Goschou. de Gondar, au milieu des chants et au bruit des trom-
En février 1842, les partisans d'Ali remportèrentune à
pettes. Salama se rendit sans tarder AmbaTchiara, au-
victoire sur ceux d'Oubié. L'aboun et Oubié tom- près de Cassa qui le reçut avec des marques de véné-
bèrent en leur pouvoir. Ali fit grâce à Salama, lequel ration. Tous deux promulguèrent une profession de
alla occuper son siège de Gondar. Le clergé tourna foi dite édit de l'union, enjoignant de confesser que
en dérision son titre d'Illuminateur et de Pacificateur le Christ, même selon son humanité, est Dieu. En

:
et introduisit dans les cantiques des versets du genre
de ceux-ci « l'Égyptien n'est pas venu apporter la
paix à la terre mais le glaive, » « son nom estl'Illu-
même temps l'aboun défendait aux aspirants à la
prêtrise, sous peine d'excommunication, d'affirmer
que le Christ s'est offert en victime à son Père et
minateur et il nous plonge dans les ténèbres. » Quelque qu'il renouvelle ce sacrifice réellement et en vérité
temps après, par suite de la réconciliation d'Oubié avec dans la célébration du mystère eucharistique. L'édit
Ali, Salama revint dans le Tigré. A partir de ce mo- de l'union jeta la consternation dans toutes les églises
ment, il fit une guerre acharnée et incessante à et écoles de l'Amhara. Dans une réunion publique,
la mission catholique dirigée par Justin de Jacobis, Salama prêta solennellement serment de fidélité à la
et mit son influence au service des missionnaires mé- nouvelle profession de foi. Tous les assistants, terro-
thodistes, auxquels il devait son élévation à l'épis- risés par Cassa, imitèrent son exemple. Le schisme
copat.
L'aboun fomenta des troubles religieux en se met-
tant en opposition avec le patriarche d'Alexandrie et
:
dominait dès lors en Abyssinie. Une seule force restait
à vaincre le catholicisme. L'aboun ne songea qu'à
l'abattre. Adhérant à ses désirs, Cassa fit arrêter et
en traitant de la même façon les diverses écoles de jeter en prison Mur de Jacobis et les missionnaires de
théologie qui existaient en Abyssinie. Cette conduite Gondar. On essaya de bien des manières de les amener
déloyale devait bientôt recevoir son châtiment. Le ras à l'apostasie; mais tous les efforts furent vains.
Ali, occupé à réprimer une révolte qui avait éclaté L'aboun favorisa les tentatives de l'Angleterre auprès
dans le Godjam, mit la main sur une lettre adressée de Théodoros. En retour, il profita de l'influence an-
par Salama à Goschou Derou, qui déconseillait à ce glaise pour persécuter à outrance la mission catho-
dernier de se soumettre. Ali envoya aussitôt l'ordre lique. Par une série d'excommunications et d'interdits,
d'expulser l'Aboun du royaume et de le renvoyer en il avait réussi à chasser les missionnaires de leurs
Égypte. Cette expulsion souleva quelques troubles; églises d'Adoua, d'Entischio, de Gouala, d'Alitiéna,
mais l'évêque dut en prendre son parti, et se retira de Halaï et des paroisses environnantes. De la cour
dans la maison qu'on lui avait permis d'occuper à de Théodoros, il ne cessait de les traquer partout où
Mathétialo jusqu'à l'achèvement de, celle qu'il faisait ils se trouvaient. Mais l'heure du châtiment avait
construire à Add'Aboun. Durant son exil, le fougueux sonné. Il encourut la disgrâce de Théodoros, pour
évêque ne s'occupa qu'à s'enrichir par toutes sortes de avoir été de connivence avec l'expédition anglaise de
moyens. Entre temps, il cherchait à rester dans les 1868. Théodoros s'était d'ailleurs ravisé et se repen-
bonnes grâces d'Oubié, qu'il avait mécontenté, en tait d'avoir traité Mgr de Jacobis en ennemi. Empri-
le soutenant sournoisement dans sa lutte contre le sonné à Madgala, méprisé, délaissé par les principaux
ras Ali. De mœurs libertines, l'aboun n'échappa à du clergé éthiopien, couvert de plaies ulcéreuses, usé
l'irritation d'Oubié que par la fuite, en se cachant par une vie de vices et de débauches, Abouna Salama
successivement dans l'asile d'Aksoum et dans le mourut misérablement en 1867.
couvent de Debrê-Damo. Revue anglo-romaine, t. I, p. 625-636, 673-696.
Pour Salama le catholicisme était l'ennemi. Un évé- V. ERMONI.
nement survint qui fit éclater la haine dont il le pour- ABRA DE RACONIS. Voir RACONIS (ABRA DE).
suivait depuis longtemps. A la fin d'octobre 1846,
Mgr Massaia venait de joindre M. de Jacobis à qui il ABRACHAHR, ancien évêché du Khorassan qui
avait été chargé par Grégoire XVI de conférer la dépendait du catholicos de Séleucie-Ctésiphon. Il est
consécration épiscopale. Sur la demande de l'aboun, cité pour la première fois au concile de Séleucie, en
les soldats des princes de l'Agamié mirent la mission 410, mais son évêque n'assistait pas au synode. Cha-
au pillage. M. de Jacobis et tout le personnel, pré- bot, Synodicon orientale, dans Notices et extraits des
venus de cet acte de vandalisme, avaient pris la fuite. manuscrits, Paris, t. XXXVII, p. 273. L'évêché est en-
Au paroxysme de la colère, Salama lança un décret core cité à un concile de 420. Chabot, op. cit.,p. 27G
Au concile de Markabta des Tayyayê, en 424, sous le -
Canons à Vatchagan, t. n, p. 299-300. Moïse Gaghan-
gadovatsi,Hist. des Aghouans (en arm.), xe siècle, Moscou,
catholicos Dadicho, siège David, évêque d'Abrachahr,
Chabot, op. cit., p. 285. Au concile de 497, tenu sous 1860; Paris, 1861; trad. russe de Patkanian, Saint-Péters-
bourg, 1861.
le catholicos MarBabai, siège Iohannis, évêque de Tous Fr. TOURNEBIZE.
et d'Abrachahr, Chabot, op. cit., p. 310, 311,316. Tous 4. ABRAHAM, premier higoumène du monastère
est ' l'ancienne capitale du Khorassan, dont les du Sauveur, fondé en 1154 ou 1156 par Niphon,
ruines sont encore visibles à 22 kil. au nord-nord-ouest évêque de Novgorod, près de Pskov, sur les bords du
de Méched. Quant à Abrachahr, c'est sûrement le fleuve Miroja. Sa mort eut lieu en 1158. L'Église
nom d'un district qui comprit la ville de Nichabouhr; russe célèbre sa fête le 24 septembre. Ses reliques
il est possible que ce nom soit emprunté à la princi- reposent dans l'église du monastère, on ne sait pas
pale villede la province, Noeldeke, Geschichte der Per- à quel endroit.
ser und Araber zur Zeit der Sasaniden, p. 17, note 2;
Marquart, Erânsâhr, nach der Geographie des Ps. Mo- Dictionnaire historique des saints vénérés par l'Église
ses Xoranac'i, p. 74. russe, Saint-Pétersbourg, 1862, p. 2. — Ignace (archiman-
S. VAILHÉ. drite), Vies abrégées des saints russes, Saint-Pétersbourg,
1875, t.1, p. 55. — Zviérinsky, Matériaux pour l'histoire et la
1. ABRAHAM (Saint), évêque d'Arbèle, en Perse, topographiedes monastères orthodoxes de l'empire russe, Saint-
fêté le 5 février. Son prédécesseur Jean, surnommé Pétersbourg, 1892, t. II, p. 326-327, n. 1162. — Golou-
Bar Mariam, avait été martyrisé au mois de novem- binsky, Histoire de l'Église russe, 1904, t. I, part. 2, p. 754.
bre 343; Abraham, qui dut lui succéder peu après, A. PALMIERI.
comparut devant Adourpareh, chef des mages de 5. ABRAHAM, évêque russe de Souzdal. En 1438, il
l'Adiabène, le février 344. Comme il refusa de renier
5 se rendit avec le métropolite Isidore au concile de
la foi du Christ, il eût la tête tranchée au bourg Florence. Le moine Siméon de Souzdal qui les accom-
voisin de Tellniaha, de Thélam, dit le texte grec. pagna à Florence raconte que le métropolite Isidore
P. Bedjan, Acta martyrum et sanctorum, Leipzig, 1895, l'obligea à souscrire l'acte d'union, et parce qu'il s'y

actes des
-
t. IV, p. 130-131. H.Delehaye, Les versions grecques des
martyrs persans sous Sapor II, dans Patrologia
refusait, le fit mettre en prison, Pavlov, Essais cri-
tiques sur l'histoire de l'ancienne polémique gréco-
orientalis de Graffin-Nau, Paris, t.II, p. 412, 450-452. — russe contre les Latins, Saint-Pétersbourg, 1878, p. 206.
J. Labourt, Le christianisme dans l'empire perse sous la Cependant, la signature d'Abraham de Souzdal ne
dynastie sassanide, Paris, 1904, p. 75. figure pas dans les textes grecs et slaves des actes
S. VAILHÉ. du concile conservés à la bibliothèque synodale de
2. ABRAHAM, abbé de Clermont en Auvergne, né Moscou, Philarète, loc cit., p. 106. De retour en Russie,
sur les bords de l'Euphrate. Durant une persécution, Abraham composa une curieuse description du Mys-
dirigée contre les chrétiens par les rois Isdegarde et tère de l'Annonciation qu'il avait vu jouer à Florence.
Varanie,Abraham, qui avait embrassé une vie de piété, Cette pièce a paru d'abord dans Novikov, Ancienne
voulut se rendre en Égypte, soit pour échapper aux
dangers de la persécution, soit pour visiter les soli-
bibliothèque russe,
Voyage d'Abraham
t. XVII, p. 178-185, sous ce titre:
de Souzdal au VIIIe concile grec
taires de ce pays. Il tomba entre les mains des persé- avec le métropolite Isidore l'an 0045 (1437). André
cuteurs, qui avaient mis des gardes pour surveiller et Popov en a donné une édition plus critique dans
arrêter ceux qui fuyaient. Il fut fouetté et jeté dans l'Aperçu historique et littéraire des ouvrages de l'an-
une prison, où il resta cinq ans. Sorti de prison, il quitta cienne polémique russe contre les Latins, Moscou, 1875,
son pays et, s'abandonnantà la providence de Dieu, il
parvint à Clermont. Il s'y fixa et n'eut pour demeure
p.400-406.
qu'une cabane couverte de chaume. Comme sa vertu Eugène (métropolite), Dictionnaire historique des écri-
vains ecclésiastiques russes, Moscou, 1827, t. I, p. 4. — L'évê-
était un objet d'admiration, il fut obligé d'accepter la que Abraham et le moine Siméon de Souzdal et leur voyage au
charge d'abbé du monastère de saint Cyriaque, appelé concile de Florence avec le métropolite Isidor, dans Nouvelles de
communément saint Cirgue ou mieux saint Cyr, mar- l'éparchie de Vladimir, 1872, n. 48-49. — Philarète, Aperçu
tyr dont on célèbre la fête le 16 juin. Il bâtit une sur la littérature ecclésiastique russe, Saint-Pétersbourg,1884,
église en l'honneur du saint martyr et fut élevé à la p. 106. — Venghérov, Dictionnaire critique et historique des
dignité sacerdotale. Il mourut dans son monastère écrivains russes, Saint-Pétersbourg,1889, t. I, p. 82-83. —
Dictionnaire biographiquerusse, Saint-Pétersbourg, 1896,
-en 476 ou 477, et se rendit célèbre par divers miracles. t. I, p. 43.
Mentionné dans le martyrologe romain, le 15 juin. A. PALMIERI.
Baronius, Annal., 1595, ad ann. 480, p. 12-14. — Act. 6.
imaginé
ABRAHAM Ier,patriarche de 130 à 152, a été
sanct., 1698, jun. t. II, col. 1058-1059. — Tillemont, Mém. pour faire remonter jusqu'aux temps aposto-
pour servir à l'hist. eccl., t. XVI, p. 257-258. — U. Chevalier, liques la liste des catholicos de Séleucie-Ctésiphon.
Bio-bibliographie, t. I, 1905, col. 13. Ce serait un parent de l'apôtre Jacques le Mineur;
V. ERMONI. il aurait demeuré à Antioche, puis à Cascar, avant
3. ABRAHAM (APRAHAM),évêque des Mamigo- d'être nommé patriarche en l'an 130 de notre ère. Cf.
nians, vivait à la fin du ve et au commencement du Amri et SlibaeDe patriarchis nestorianorum commenta-
vie siècle, dans la province de Taïq (Daïq), vers les ria, édit. Gismondi, part. 2, versio latina, Rome,
sources de l'Euphrate et du Tchorokh, où se trou- 1897, p. 2-3; J. Labourt,Lechristianisme dans l'em-
vaient les domaines de la famille des Mamigonians. pire perse, Paris, 1904, p. 11, 17.
Cf. Faustos de Byzance, Hist. de l'Arm., an. 317-390, F. NAU.
;
1. IV, c. II VI, XI Il reste d'Abraham quelques écrits
adressés à Vatchagan, roi des Aghouans. Voir ce
7. ABRAHAM II, patriarche nestorien de 840 à
853. Il était originaire de Marga, du monastère de
nom. Ils traitent surtout du culte dû aux reliques Beit-Abé; il fut nommé évêque de Hadit et plus tard
des saints, des prières pour les défunts. Il a été cons- patriarche. A cette époque les califes arabes persé-
taté récemment que l'Histoire du concile d'Éphèse, cutèrent les chrétiens, Cf. Amri et Slibæ Comm. (loc.
qu'on lui attribuait, est en réalité l'œuvre de Phi- cil.), p. 41; Bar Hébræus, Chron. eccles., t. II, col. 190.
loxène de Mabboûg; elle fut probablement composée F. NAu.
sur la recommandation du catholicos arménien Gomi- 8. ABRAHAM III, surnommé Abrâzâ, patriarche
das (Komitas 611-627).
B. Sarkisian, Abraham, évêque des Mamigonians (Mamiko-
nians) et sa Lettre à Vatchagan (en arm.), Venise, 1899.—
nestorien de 906 à 936 (ou 938). C'était un homme
avide et opiniâtre, originaire du Beit-Garmaï. Il
évêque de Marga et avait promis de faire nommer
était
patriarche un certain Jean Bar-Bochtjésus, mais il On conserve encore au Vatican un traité en 127 cha-
préféra, grâce à une somme d'argent dont on lui pitres composé par Abraham pour répondre aux ob-
laissa ensuite la libre disposition, se faire nommer lui- jections que les Juifs font au Nouveau Testament.
même. Il se réconcilia plus tard avec Jean. Son F. NAU.
patriarcat se passa à extorquer de l'argent à ses subor- 12.
ABRAHAM BAR AUDMIHR,évêquenestorien
donnés et à distribuer des cadeaux aux Arabes pour schismatique du milieu du vie siècle. Sa conduite lui
obtenir leur protection. On rapporte qu'il ordonna avait attiré des censures d'un patriarche nestorien,
en une seule année trois métropolitains pour Nisibe, mais il profita des troubles, que la présence d'un
qu'il se fit donner cent mille zouzê (drachmes) par le antipatriarche jetait dans cette Église,pour se faire
premier, autant par le second et soixante-dix mille ordonner prêtre, puis évêque de Beit-Lapat. Lorsque
par le troisième. Cf. Amri et Slibæ Comment. (loc. l'Église nestorienne fut pacifiée sous la direction
F. NAU.
t.
cit.),p. 48-49; Bar-Hébræus, Chron. cecles., II, p. 229- unique de Mar Aba, celui-ci (540) obtint du rebelle
243. qu'il reconnût ses fautes et promît obéissance à son
évêque; Abraham ne tint pas ses promesses et le
9. ABRAHAM (APRAHAM)AGHPATHANETSI pouvoir civil dut intervenir et le menacer d'une pri-
(D'AGHPATHAN), dans le district de Rhechtouniq, son perpétuelle. Il prit la fuite et fut encore excom-
au sud-est du lac de Van, catholicos des Arméniens munié au synode de 544, l'entrée même de l'église lui
(606-610?). Monté sur le siège de Tovine, après la fut interdite et la peine d'excommunication était
mort du vicaire patriarcal Verthanès Kertogh (le même portée contre tous ceux qui communiqueraient
grammairien), il vit Kiourion ou Cyrion, catholicos avec lui dans le boire ou dans le manger, par parole
de l'Église ibérienne, substituer dans sa liturgie la ou par écrit. Cf. Synodicon orientale, Paris, 1902,
langue ibérienne à l'arménienne, Oukhtanès d'Édesse, p. 324-330; J. Labourt, Le christianisme dans l'empire
Hist,, trad. Brosset, Saint-Pétersbourg, 1871, n. 44, perse, Paris, 1904, p. 172-174. F. NAU.
45, 67. Cyrion se dérobait à l'obédience du catholicos
arménien et se ralliait au concile de Chalcédoine. 13. ABRAHAM BAR DASCHANDAD, surnommé
Oukhtanès a conservé trois lettres d'Abraham à le boiteux, moine nestorien du VIIe siècle qui enseigna
Cyrion avec les répliques de ce dernier; le fond, à l'école de Basous et dont le brillant avenir fut pré-
tout au moins, en paraît authentique. Cyrion resta dit par Babaï le Grand (mort en 628). Bar-Bahloul,
uni à l'Église grecque et à l'Église universelle, malgré dans la préface de son lexique syro-arabe, le cite
l'excommunication lancée par Abraham (608-609). comme l'une de ses autorités. Le catalogue d'Ébed-
Le récit d'Oukhtanès bien documenté trahit néan- jésus lui attribue les ouvrages suivants un livre
moins une vive animosité contre le concile de Chal- d'exhortations, des homélies sur la pénitence, des
:
cédoine, condamné un demi-siècle plus tôt à Dovin lettres, le livre « de la voie du roi », une controverse
(v. ce nom). A l'entendre, Cyrion aurait rompu avec avec les Juifs et un commentaire sur les traités du
Abraham parce que le nouveau catholicos d'Arménie moine Marc. Cf. Assémani, Bibl. or., t. III, 1re part.,
recevant à sa table les catholicos d'Ibérie et d'Agho- p. 194; R. Duval, La littérature syriaque, 3e édit., Pa-
uanie (v. ce mot), aurait d'abord offert le vin à celui-ci. ris, 1907, p. 380; Lexicon syriacum auctore Hassano
Bar Bahlule, fasc. 6, Paris, 1901, p. xv; Bedjan, Liber
Et. Açoghig de Daron, Hist. arm., I. II, c. II; trad. superiorum,
allem. de Gelzer et Burckhardt, Leipzig, l'J07, p. 60-63. Paris, 1901, p. 148. F. NAU.
— Oukhtanès d'Ourha, x° siècle, Hist. en trois parties,
trad. de Brosset, faisant suite à l'Hist. de Guiragos de 14.ABRAHAMBARISOU, gouverneur deTagrit
Gantzag du XIIIe siècle. 2e livraison, in-4°, Saint-Péters- dans la première partie du VIIe siècle, seconda Ma-
bourg, 1871, 2e partie, Sécession des Ibériens, surtout n. 1, routa, primat jacobite de Tagrit de 629 à 649, cons-
note 1 sur l'Ibérie, sur la scission et ses causes, 11. 30, 35, 70; truisit des monastères, en particulier celui de la,
la seconde lettre d'Abraham a été publiée dans le Kirq Mère de Dieu ou de Beit Ebrê, et éleva des lieux de
Thegtots (Livre des épîtres, en arm.). Tiflis, 1901, p. 176-177. culte qu'il dota. Cf. Patrologia orientalis, t. III, p. 91.
— Javakhov, Schisme entre la Géorgie et l'Arm., au début du F. NAU.
VIIesiècle (enrusse),dansleBulletin de l'Acad. dessc.de Saint-
Pétersbourg, 1908, VIe série, n. 5 et 6, p. 436-446, 511-536. 15. ABRAHAM BAR LIPHEH, moine nestorien du
vine siècle, interprète àl'école de Séleucie Ctésiphon,
; -
— F. Tournebize, Hist. pol. et relig. de l'Arménie, Paris,
1909, p. 91, 92, 95, surtout 347-348. Revue de VOr. chrét., originaire du pays des Katars. Ébedjésus lui attribue
1902, p. 540-541 1906, p, 173-174. — Sur la date du catlio-
licat d'Abraham, E. ter Minassiantz, archid. d'Edschi-
un livre de l'exposition des offices de l'Église[dont
plusieurs chapitres sont encore conservés dans les
madzin, Die arm. Kirche in ihr.Bezich. su d. syr.K., Leip- bibliothèques de l'Orient. Cf. Assémani, Bibl. or.,
zig, 1904, p. 60-61.
Fr. TOURNEBIZE. t. III, 1re part., p. 196. C'est sans doute Abraham bar
10. ABRAHAM (APRAHAM) D'ANCYRE.Té- Lipheh qui a été le maître de Timothée le Grand (780-
moin de la prise de Constantinoplc par Mahomet II 823); en tout cas ce n'est pas Abraham bar Daschan-
(1453), il nous a laissé sur ce sujet un poème mé- dad ou le boiteux (cf.Revue de l'Orient chrétien, t. XI,
diocre, où se manifestent ses sympathies pour l'Église 1906, p. 9), puisque Thomas de Marga fait de ce der-
arméno-grégorienne. nier un contemporainde Babaï le Grand, mort en 628.
Cf. Bedjan, Liber superiorum, Paris, 1901, p. 148.
Trad. française par E. Boré de cette élégie armén., F. NAU.
Nouveau Journ. as., mars, 1835, p. 271. — C. F. Neu- 16. ABRAHAM BAR ME AROIÊ, moine nestorien
mann, Versuch einer Gesch. d. armen. Litter., Leipzig, 1836, du commencement du VIIIe siècle. Il était originaire-
225. — G. Zarphanalian, Hist. de la nouv. littér., urmén
(en armén.), 2" éd., augm. et corrig., in-12, Venise, 1905, du village de Me'arê dans le Tour 'Abdin et débuta
p. 129. au monastère de Rîsô dans le Beit Nouhadra. Il fut
Fr. TOURNEBIZE. envoyé au mont Izala pour y restaurer le couvent
11. ABRAHAM AUNI (ban 'ôn), auteur nestorien de Mar Eugène. Il réunit jusqu'à cinquante moines-
du milieu du IXe siècle II est encore appelé bou Noé autour de lui et fut enseveli dans ce couvent.
et surnommé Al Askâf « le cordonnier. » Théodose, M. J. Labourt suppose que la légende de saint Eugène
patriarche nestorien de 853 à 857, avait été choisi par fut, sinon inventée, du moins embellie à l'occasion de
le médecin Bochtjésus; Abraham amena le calife cette restauration. Cf. J. Labourt, Le christianisme
d'alors Abou'l Fadhl Dja'far al- Moutawakkil (847- dans l'empire perse, Paris, 1904, p. 312-315; Bedjan,.
861) à emprisonner Théodose et à exiler Bochtjésus. Liber superiorum, Paris, 1901, p. 500. F. NAU.
17. ABRAHAM BAR QARDAHÉ, (fils des forge- sîm ou Le salut des croyants, où il recommande de soi-
rons) était aussi élève, puis professeur à l'école de Ni- gner la peste par la crainte de Dieu et par la prière,
sibe vers la même époque. Il composa des homélies, in-4°, Venise, 1587 et 1604.
des hymnes sur les défunts et des sermons, et mourut Bartholocci, Biblioth. magna l'abbinica, t. I, p. 26. —
en 572. Il est peut-être identique avec le précédent. J. Chr. Wolff, Biblioth. hebræa, t. I, p. 54; t. III, p. 34;
Assémani, Bibliothèque orientale, t. III, 1re part., p. 81, t. IV,p.763.
223; Patrologie orientale, t. IV, Paris, 1908, p. 390, A. REGNIER.
400-401. F. NAU. 23. ABRAHAM LE BULGARE, martyr vénéré
dans l'Église russe. Il appartenait aux tribus bulgares
18. ABRAHAM DE BASSORA,métropolitainnes- qui, aux X-XVe siècles, occupaient le bassin du Volga
il
torienvers990.D'abordévêque desiarzur, futnommé
le patriarche nestorien
et avaient embrassé l'islamisme. Abraham, inébran-
métropolitain de Bassora par lable dans sa foi chrétienne, fut tué par ses compa-
Mâre Ibn Tûbâ (986 à 1001). Il écrivit des épîtres et triotes le 1er avril 1229. Quelques marchands russes
un commentaire des mots difficiles employés par transportèrent ses dépouilles mortelles à Vladimir,
Théodore l'interprète. Cf. Assémani, Bibl. orient., où le prince Georges Vsévolodovitch et l'évêque
t. III, 1re part., p. 175. — La bibliothèque du Vatican Métrophane (1227-1237) les déposèrent dans l'église
contient un dialogue arabe d'Abraham de Bassora de l'Assomption du monastère Kniaghinin (de la
avec un moine chinois. Le manuscrit est de l'an 1426, princesse Marie, femme du grand prince Vsevolod,
mais ne fournit aucun renseignement sur la vie et qui le fonda en 1199). Cette translation eut lieu le 6
l'époque de l'auteur du dialogue. Cf. Assémani, loc. mars 1230. A cette date et à la date du 1er avril les
cit., p. 610. F. NAU. ménologes slaves mentionnent ce saint martyr.
Dictionnaire historique des saints vénérés dans l'Église
19. ABRAHAMDE BATNA, évêque deBatna, dans
l'Osroène,près de l'Euphrate, correspondant de saint
Basile, qui lui écrivit une lettre vers 373, pendant qu'il
russe, Saint-Pétersbourg,1862, p. 2. - Ignace (archiman-
drite), Vies abrégées des saints russes, Saint-Pétersbourg,
était l'hôte de Saturninus, comte d'Antioche. Cf
S. Basile, Epist., 132, P. G., t. XXXII, col. 568. Son
russe, Saint-Pétersbourg, 1882, col. 5. -
1875,t.1, p. 12-13. — Barsoukov, Sources de l'hagiographie
Zviérinsky, Ma-
tériaux pour l'histoire et la topographie des monastères orlho-
nom apparaît avec celui de Mélèce, d'Eusèbe, de doxes de l'empire russe, Saint-Pétersbourg,1892,t.II, p. 388-
Basile, et d'autres personnages dans la lettre que les 390, n. 1317. — Goloubinsky, Histoire de la canonisation
des saints dans l'Église russe, Moscou, 1903, p. 62. — Ency-
évêques d'Orient adressèrent, en 372, aux évêques, clopédie théologique orthodoxe, Saint-Pétersbourg, 1900, t. i,
d'Italie et des Gaules. Cf. S. Basile, Epist., XCII, col. 189-190.
P. G., t. XXXII, col. 477. Il assista au concile de Cons- A. PALMIERI.
tantinople de 381, Labbe, Concil., t. II, col. 955. 24. ABRAHAM DE CARRHES (Haran), en
V. ERMOXI. Mésopotamie, naquit dans le diocèse de Cyr vers le
20. ABRAHAM DE BEIT-HALÊ, auteur nestorien, milieu du IVe siècle. Il passa la première partie de sa
écrivait vers 670 un traité contre les Arabes. Il était vie dans le désert de Chalcidie. Ses excessives austé-
moine du monastère de Beit Haie, appelé par les rités lui causèrent une grave maladie dont il fut guéri
Arabes Dair at-tin, « monastère de boue », situé non quasi miraculeusement. Il se rendit alors, déguisé en
loin de Mossoul. Cf. Assémani, Bibl. orient., t. III, marchand et accompagné de quelques solitaires, dans
1re part., p. 205. Ce monastère nous fournit encore un village païen du Liban, près d'Émèse, avec le des-
deux autres Abraham, tous deux originaires du Beit- sein d'y prêcher l'Évangile. Sa tentative fut mal
Aramoyé. Le premier quitta le monastère de Beit-Halê accueillie et lui valut toutes sortes de mauvais trai-

lage de Beit-Daroun, non loin de Bagdad ;


pour aller restaurer le couvent de Qéqî, près du vil-
il y dirigea
jusqu'à quatre-vingt-dix frères et y fut enseveli. Le
second quitta le monastère de Beit-l.lalê pour celui
tements. Mais le saint témoigna une telle charité à
l'égard de ses persécuteurs que ceux-ci se laissèrent
gagner et se convertirent. Ils bâtirent une église, et
Abraham fut ordonné prêtre à cette occasion. Il de-
de Gamrê, fut supérieur d'un autre à Barouqâ, meura encore trois ans parmi eux, puis illes quitta
situé non loin de là et fonda enfin, près de l'Euphrate, pour retourner au désert. On ne l'y laissa pas. Le siège
dans le Beit-Aramoyé, près de la ville de Hit, un mo- épiscopal de Carrhes s'étant trouvé vacant, par la
nastère où il mourut. Cf. Bedjan, Liber superiorum, mort de saint Vite probablement, Abraham fut sacré
Paris, 1901, p. 490, 506. F. NAU. évêque, malgré ses protestations, et chargé du gou-
vernement de ce diocèse. La tâche ne semblait pas fa-
21. ABRAHAM DE BEIT-RABBAN. Voir ABRA- cile, car la population d'Haran était adonnée aux plus
HAM (Narsaï), col. 177. étranges cultes. On y adorait la lune, nous dit Ammien
Marcellin. Abraham conserva dans l'épiscopat toutes
22. ABRAHAM BEN CHANANIA,rabbin italien, les pratiques de sa vie antérieure. Ses effrayantes mor-
de la famille illustre des Galiki, naquit à Monselice, on tifications lui acquirent une grande réputation et con-
ne sait exactement à quelle date, et mourut vers 1625. tribuèrent au changement qu'il put opérer dans son
Dans les premières années du XVIIe siècle, sous le pon- diocèse. L'empereur Théodose II ayant désiré le voir,
tificat de Paul V, il abjura le judaïsme et se fit chré- notre saint dut se rendre à Constantinople, où on le re-
tien; il prit alors le nom de Camille Iaghel (sous lequel çut avec des marques singulières de vénération. C'est
on le désigne quelquefois), du nom de baptême du là qu'il mourut peu de temps après. Ses restes furent
pape, qui, comme on sait, s'appelait Camille Borghèse transportés à Carrhes. L'empereur était dans le cor-
avant son pontificat. En 1619 et en 1620, il exerça les tège qui accompagna le corps du saint jusqu'au port-
fonctions de réviseur des livres hébreux dans la mar- d'où il devait aller par mer jusqu'à Antioche. Socrate
che d'Ancône. Il avait écrit, étant encore juif, mais nous dit que Théodose voulut garder comme une re-
:
alors que sa conversion semblait déjà se préparer, un
livre intitulé Sêfér léqah tôb, c'est-à-dire Le livre de la
grande doctrine, sorte de catéchisme ou de dialogue
lique un vieux vêtement de l'évêque de ~Xeêpàiv, mort à
Constantinopleen odeur de sainteté. Or, on ne connaît
aucune ville épiscopale de ce nom, et il faut peut-être,
entre un maître et son élève, in-8°, Venise, 1695; Lon- comme le suggère Tillemont, lire Xappwv.
dres, 1679, (avec traduction latine); Helmstædt, Le synaxaire de Constantinople commémore Abra-
1704, etc. Nous avons encore de lui: 'Esét haîl ham au 14 février. Le récit qu'il fait de sa vie, emprun-
ou La femme forte, in-8°, Venise, 1611; - Môsià hô- té pour le fonds à Théodoret, contient plusieurs er-
reurs. D'après lui, Abraham mourut sous Théodose Ier ; Arméniens, ch. VII et VIII, dans Langlois, Collectino
mais Théodoret nous dit que les impératrices ~(ô x-rov des Histor. anciens et modernes de l'Arménie, trad.
C(Û¡À¡ÕCt)" ZO?Óç) prodiguèrent au saint les témoignages franc., 2 vol. gr. in-8°, Paris, 1867-1869, t. II, p. 225,
de respect, et assistèrent à ses funérailles. Or, cela ne 242; Lazare de Pharbe, dans Langlois, ibid., t. n,
peut s'entendre que de Pulchérie, sœur de Théodose II n. 43-44, p. 306-307.
et d'Eudocie sa femme, déclarées toutes deux augustes. Le nom de confesseur convient mieux au prêtre
Et comme Théodose ne se maria qu'en 421, on ne peut Abraham, de Zénaghs, province de Daïq, entre les
placer la mort d'Abraham avant cette date. Tillemont sources du Kour et du Tchoroch. Il avait voulu suivre
se prononce avec assez de probabilité pour l'an 422. Léonce et le catholicos Joseph de la forteresse deNicha-
En tout cas, au concile d'Antioche de 444, nous trou- pour jusqu'au lieu de leur martyre, au désert d'Abar
vons un évêque de Carrhes du nom de Daniel. Labbe dans le Vergan (Hyrcanie des anciens). Les bourreaux
et Cossart, Concil., t. IV, col. 727, 733. Le syna- lui refusèrent ainsi qu'à son compagnon Khorène le
xaire de Constantinople met Carrhes en Égypte. Mais dernier degré du martyre. Mais, sur leur refus d'ado-
outre qu'il n'y a pas en Égypte de ville ainsi nommée, rer le soleil, on leur coupa les sourcils, les oreilles, et
le seul fait que le convoi ramenant dans son diocèse le on les exila en Babylonie, dans la contrée de Chahough
corps d'Abraham dut traverser l'Euphrate, indique (Aghogha?). Tant que dura la captivité des anciens
assez qu'il s'agit de Carrhes en Mésopotamie. compagnons de Vartan, Abraham et Khorène leur
On a parfois confondu Abraham de Carrhes avec firent parvenir des dons recueillis en Babylonie.
Abraham Kidunaia (ci-dessous). Ils doivent être dis- Khorène étant mort vers 466, Abraham, moyennant
tingués l'un de l'autre, malgré les quelques traits com- une caution fournie par ses coreligionnaires, revint
muns que présente leur vie. De même on l'a à plu- en Arménie. Selon le continuateur d'Élisée, il mourut
sieurs reprises identifié avec le solitaire de même nom dans un ermitage.Hist. de Vartan, c. VIII. Des dis-
qui continuait, malgré les décrets du concile de Nicée, ciples des martyrs, dans Langlois, Hist. d'Arménie,
à suivre, pour la célébration de la fête de Pâques, p. 243-247. Selon Lazare, il fut consacré évêque des
l'usage quartodéciman, et qui fut converti par saint Peznouni (à l'angle nord-ouest du lac de Van) et
Marcien. Cette hypothèse manque de preuves. introduisit dans son église plusieurs sages réformes.La-
Acta sanct., feb. t. 11, 1658, col. 767-768. — Ccillier, zare de Pharbe, dans Langlois, Collection,t. ii,n. 43-50,
Hist. gén. des auto sacrés et ecclés., nouv. édit., Paris, 1861, p. 311, 318. Nous pensons qu'Abraham le confes-
t. x, p. 58 sq. — Lequien, Oriens christianus, Paris, 1740, seur est l'auteur souvent désigné sous le nom d'Abel
t. II, p. 976. — Ammien Marcellin, 1. XXIII, c. III, édit. et de traducteur, Tharkmanitch. Élisée et Thomas
Eyssenhardt, édit. minor., Berlin, 1871, p. 183. — Roswcy, Ardzrouni, dans son Histoire des Ardzrouni, 1. I,
Vitæ Patrum, Anvers, 1615, p. 828-833, 835, n. 46. n. 9, trad. franç. de Brosset, Saint-Pétersbourg,1874,
— J. G. Smith, dans Diction. of christ. biogr. — Socratis p. 57, disent qu'Abraham le confesseur, compagnon
scholastici, Ecclesiast. hisloria, 1. VII, édit. Hussey, Ox-
ford, 1835, t. il, p. 781. — Synaxarium Eccl. Constantinop., des Léontiens, traduisit du perse en syrien pendant
14 feb., édit. Delehaye, Bruxelles, 1902, col. 465. — Théo- sa captivité l'histoire des martyrs orientaux. H est vrai
doret, Religiosa historia, c. XVII, P. G., t. LXXXIII, que Thomas Ardzrouni désigne comme l'auteur du
col. 1419-1426. — Tillemont, Mém. hist. eccl., 1706, t. VII, martyrologe Arevelia le premier Abraham né à Aradz.
p. 785; t. VIII, p. 482, 1707, t. XII, p. 407, 670. Mais cet Abraham diacre est appelé ordinairement
U. ROUZIÈS. martyr et non confesseur. De plus, il est douteux que
25. ABRAHAM DE CASCAR, moine nestorien du pendant son étroite captivité de deux ans, il ait pu
milieu du vie siècle, mena la vie érémitique, comme fairela traduction ci-dessus désignée.Le PèreZarpana-
Abraham le Grand, et mourut dans une caverne, près lian, Hist. de l'ancienne littérature, 3e édition, Venise,
de Hazza, dans l'Adiabène. On lui attribue, comme à 1897, en armén., p. 295-296, estime que la traduction
Abraham de Nephtar, un traité sur la vie monastique. arménienne d'Abraham est conservée dans les séries
Il a donc été confondu avec l'un et avec l'autre de ses des Sopherq haigaganq (Ecrits arméniens), vol. xx,
deux homonymes et son existence indépendante n'est Martyre de saint Siméon, évêque, etc., Venise, 1864.
pas encore hors de doute. Mais cette identification est plus que douteuse. Cata-

- -J.
Hoffmann, Auszüge aus syrischen Akten persischer Mar-
tyrer, Leipzig, 1880, p. 172-173. R.Duval,La littérature
syriaque, 3e édit., Paris, 1907, p. 212. Labourt, Le chris-
:
logue des mss. des Méchitaristes de Vienne par le P.
Dashian, 1891, p. 24 ménologes, codex armén. 17,
:
Année 1617, n. 38, écrit 194 b Vie et souvenir des
tianisme dans l'empire perse, Paris, 1904, p. 318. saints confesseurs diacres, Abraham et Khorène.
F. NAU. Fr. TOURNEBIZE.
26. ABRAHAM DE CASCAR II, qui vivait vers la 28. ABRAHAM DE CRATIA (Saint). Né à
fin du VIIe siècle, dut quitter le monastère fondé Émèse, en Syrie, en 474, Abraham embrassa de|bonne
par Abraham le Grand au mont Izala et se rendit au heure la vie religieuse dans un couvent situé près de
couvent de Beith' Abé. Il y prit l'habit, vécut quelque sa ville natale, puis, à l'âge de 18 ans, il s'enfuit à
temps dans une cellule et alla fonder un monastère à Constantinople par suite d'une invasion arabe. Là,
Dasen. Quarante frères se réunirent autour de lui, et il devint économe d'un monastère, dont son guide
le catholicos nestorien Georges Ier (661-681), le nom- spirituel avait été nommé archimandrite. A l'âge de
ma évêque de Dasen. Il abandonna l'épiscopat et alla 27 ans, c'est-à-dire en l'an 500, il quittait la capitale
mourir dans sa cellule du monastère de Beith' Abé. pour prendre la direction d'un monastère fondé à
Cf. P. Bedjan, Liber superiorum, Paris, 1901, p. 27, Cratia, aujourd'hui Gérédé, dans la province d'Ho-
495,517. F. NAU. norias. Après être resté dix ans à la tête de cette mai-
son religieuse, Abraham s'enfuit secrètement en
27. ABRAHAM LE CONFESSEUR. Les historiens Palestine et se fixa à la tour d'Eudocie, que l'on était
arméniens Élisée et Lazare de Pharbe mentionnent, en train de transformer en monastère. Cependant,
sous le nom d'Abraham, un diacre et un prêtre qui l'évêque de Cratia, Platon, informé de sa présence aux
partagèrent la captivité de Léonce et de Joseph (v. ces Lieux-Saints, le frappa de diverses peines ecclésias-
noms) martyrisés par les Perses le 25 de hrotits = tiques pour le contraindre à revenir dans son couvent.
31 juillet de l'an454. — Le diacre Abraham, d'Aradz, Ille fit en l'année 515. Peu après, en 518 très proba-
province d'Ararat, avait été massacré quelques jours blement, il devenait évêque de Cratia, et, treize ans
plus tôt, pour avoir renversé dans-Ardachadun temple après, lors d'un voyage à Constantinople, il désertait
du feu. Voir Élisée, Hist. de Vartan et de la guerre des encore une fois son poste pour s'enfuir en Palestine,
au couvent de la tour d'Eudocie. Il y mourut le 6 dé- teur, Abraham reprit le chemin de l'Italie et enseigna
cembre d'une année qui n'est pas indiquée par le d'abord l'arabe et le syriaque à l'université de Pise.
biographe, Cyrille de Scythopolis; mais ce doit être Appelé au même titre au collège de la Propagande par
vers l'année 557 ou 558. On lui attribue quelques
miracles. :
le pape Urbain VIII, il s'y fit bientôt remarquer par
l'étendue de son savoir aussi fut-il invité par Le Jay,
avocat au Parlement de Paris, à donner son concours
Le texte grec de la vie écrite par un témoin oculaire' à l'édition de la Polyglotte, que ce savant avait en-
Cyrille de Scythopolis, a été publié par M. Grégoire, treprise avec l'aide d'un autre maronite, Gabriel
dans la Revue de l'instruction publique en Belgique,
t. XLIX (1906), p. 281-296, avec d'excellentes notes, et Sionita. Mais la brouille éclata bien vite entre les
par K. Koikylidès dans la Nifl: Suiv, t. IV (1906), supplé- deux collaborateurs, également jaloux de signer seuls
ment à juillet-août; il est malheureusement incomplet. le travail, et Abraham, venu à Paris en 1640, repartit
Une ancienne traduction arabe, incomplète également, a pour Rome dès le début de 1642, au grand déplaisir
été publiée par M. Graf dans Al-Machrig, Beyrouth, t. VIII de Le Jay. Il revint pourtant à Paris, en 1643, sur
(1903), p. 258-265, traduite en allemand par le même Graf l'invitation de Louis XIII, pour y professer les lan-
dans Byzantinische Zeitschrift, t. XIV, p. 509-518, et en
latin par le P. Peeters dans les Analecta bollandiana, gues orientales. C'est à cette époque qu'il soutint
t. XXIV (1905), p. 550-556. Sur le saint voir S. Vailhé, Saint contre Valérien de Flavigny et Gabriel Sionita une
Abraham de Cratia, dans les Echos d'Orient (1905), t. VIII, vive polémique au sujet de sa collaboration à la
p. 290-296; on y trouvera la documentation complémen- Polyglotte de Le Jay. Rentré à Rome en 1653, il y
taire. mourut en 1664, dans un âge très avancé. Comme
S. VAILHÉ. tous les érudits de son pays, Abraham savait beau-
29. ABRAHAM (APRAHAM) 119 DE CRETE, coup de choses, mais le sens critique lui faisait dé-
arhadchnort ou supérieur ecclésiastique de Thekirtagh
(Rhodosto, sur la mer Noire), catholicos d'Edschmiad-
zin le 24 novembre 1734, mort le 17 avril 1737. Défiant
ses ouvrages parvenus à notre connaissance
°
:
faut. Voici, dans leur ordre chronologique, ceux de
1 Linguæ syriacæ sive chaldaicæ Institutio, in-16,
à l'égard des catholiques, il ne leur témoigna pourtant Rome, Propagande 1628. 2° Sancti Antonii Ægyptii
pas la même hostilité que son successeur Lazare Epislolæ viginti, in-4°, Paris, 1641; ces vingt lettres,
(1737-1748). Le principal ouvage d'Abraham III est dont sept étaient d'ailleurs connues déjà, sont accom-
la Vie de Nadir-chah. Le catholicos assista, le 20 fé-
vrier 1736, à son installation sur le trône de Perse,
devenu libre par le meurtre du chah Dahmaz et de
suivants, également traduits de l'arabe :
pagnées dans l'édition d'Ecchellensis des morceaux
Sermories
viginli ad monachos; Admonitiones et dogmata varia
son fils Chah-Abas. Il avait su gagner la bienveillance ad monachos; Sententiarum quarundam expositio et
de ce prince cruel, qui l'appelait son père. Son His- ad interrogaia varia responsiones. Ils ont été repro-
toire de Nadir-chah est en même temps une autobio- duits par Migne, P. G., t. XL, col. 963 sq., mais ils ne
graphie. Voir surtout le chap. I. En plus des rensei- sont pas authentiques. — 3° Synopsis proposilorum
gnements sur lui-même et son terrible héros, son ou- sapientiaeArabumphilosophorum inscripta : Speculum
vrage renferme maints détails sur Edschmiadzin et mundum repræsentans, ex Arabico sermone latini juris
les villes environnantes. facta (arabe-latin), Paris, Vitray, 1641, pet. in-4°, 6 fi.,
Mon histoire et celle de Nadir, chah de Perse, 1319 (=1869) 83 p. Traduction arabe d'un ouvrage persan intitulé
Djâm gîti numâ, par Hosain ibn Mocîn al-Maibodî.
:
Edschmiadzin, Valarchabad,1319 (= 1869). L'œuvre est
écrite en arménien, mélangé de termes étrangers, surtout — 4° Concilii Nicæni prœjatin, una cum titulis et argu-
de termes persans, traduction française par Brosset : Collec- mentis canonum ac constitutionum ejusdem, ex arab.
:
tion d'historiens arméniens, in-8°, Saint-Pétersbourg, 1876,
t. II, p. 259-330. Les six pages qui suivent Histoire d'Ani,
par le Rabouhabied (maître des maîtres), Abraham, supé-
lai., cum notis, in-8°, Paris, Vitré, 1645 : ces 54 docu-
ments reproduits par Labbe, t. II, col. 318-92) et
Mansi, t. II, col. 981-1064) sont dépourvus de toute
rieur spirituel de la Thrace (où il avait été arhadchnort),
sont peu exactes et sans critique. Cf. Abraham III de Crète
(en arménien), Galgatha, 1796; Ararad, Edschmiadzin,
authenticité. - 5° Sancti Antonii regulæ el vita du-
plex ex arab. ladi., in-8°, Paris, 1646; pièce apocryphe
1888, n. 2; Hist. de la littérature armén. (en arm.); Nou- souvent réimprimée, en dernier lieu par Migne,loc.cit.,
velle littérature, 2e éd., Venise, 1905, p. 141-143. col. 999-1080. — 6° Semita sapientiæ, sive ad scientias
Fr. TOURNEBIZE. comparandas methodus ex arab. lai. cum notis, pet. in-8°,
30. ABRAHAM LE DIACRE, disciple du médecin
Isôbar Ali, auteur d'un lexique syriaque. Bar Ali com-
posa ce lexique vers la fin du IX° siècle pour compiler
:
Paris, 1646, c'est l'ouvrage de Borhân al-Dhîn al-Zar-
noudjî, intitulé Kitâb talîm al-mota allim. Adrien Re-
land l'a réimprimé à Utrecht, en 1709, avec la double
ensemble et compléter les lexiques antérieurs de Ho- traduction de Fréd. Rostgaard et d'Ecchellensis.
nein et de Zacharie de Merv, et il pria son disciple de — 7° Habdarrahamus.De proprietalibus ac virtutibus
travailler à son tour pour compléter son ouvrage. medicis animalium, plantarum ac gemmarum, tractatus

:
Abraham n'y manqua pas, car certains exemplaires
du lexique de Bar-Ali portent encore « Moi, le pécheur
Abraham, diacre de nom, j'ai répondu au désir de
triplex ex arabico latinitale donalus et notis illuslratus,
in-8°, Paris, Cramoisy, 1647.—8°Episiolæ apologeticæ
duæ adversus Valerianum de Flavigny pro syriaca
notre frère Isô Bar-Ali qui est parmi les justes et j'ai libelli Ruth editione, in-8°, Paris, 1647. — 9° Epistola
ajouté dans ce livre une partie de ce que j'ai trouvé apologeticatertia in qua respondetur libello Gabrielis Sio-
dans les auteurs sacrés et les autres. » Cf. Rubens Du- nitæ, in-8°, Paris, 1648; réponse violente au Commoni-
val, Lexicon syriacum auctore Hassano Bar-Bahlule, torium apologeticumde'Gabriel Sionita. —10°Ephraem
VI, Paris, 1901, p. VIII-IX. F. NAU. Syri cantica ex syriaco latine reddita et vulgata a Joanne
Baptisla Maro,in-So, Rome, Moneta, 1649, traduction
31. ABRAHAM ECCHELLENSIS. Abraham AI- des cantiques de saint Éphrem sur la naissance de
Hakeli, savant maronite du XVIIe siècle. Né vers J.-C. et les Mages. — 11° Chronicum orientale ex arab
la fin du XVIe siècle, au village de Hékel, au mont lat. Acessit supplementum historiæ orientalis, Paris,
Liban (d'où son surnom d'Ecchellensis), il fit ses Louvre, 1653, in-fol. Cette traduction du livre d'Ibn
études à Rome, au collège maronite et y obtint le ar-Râhib, que le traducteur n'avait pas su identifier,
double doctorat en philosophie et en théologie. parut une seconde fois à Paris, chez Cramoisy, en
Revenu dans sa patrie, il demeura quelque temps à 1685, et une troisième fois à Venise, chez Javarina
la cour du prince des Druses, qui avait su se rendre en 1729, en même temps qu'une nouvelle traduction,
indépendant de la Porte. A la chute de son protec- de
faite parAssémani,qui l'accompagna quatredisser-
tations fort intéressantes.— 12° Hebediesu metropolita commentateur des Collationes dans la P.L., aux deux
Sobiensis. Tractatus continens calalogum librorum endroits cités; tel est aussi, semble-t-il, l'avis de Tille-
Chaldæorum tam ccclesiasticorum quam profanorum mont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique,
cum verstone et notis, in-8°, Rome, Propagande, 1653. 1705, t. x, p. 30. S'il en était ainsi, nous posséderions
Une nouvelle édition de cet opuscule parut deux ans quelques éléments biographiques de plus. Nous savons
plus tard dans la Concordia nationum christianarum, en effet par Cassien, Collat., XXIV, c. II, P. L.,
que nous allons citer; mais ces deux éditions furent t. XLIX, col. 1285-1287, que cet Abraham avait mé-
surpassées par celle que donna Assémani dans le prisé toutes les commodités qu'il eut pu trouver dans
t. III de sa Bibliotheca orientalis. — 13° Concordia na- sa famille et s'était retiré dans une affreuse solitude.
tionum christianarum per Asiam, Africam et Euro- Il n'avait même pas voulu s'établir sur le bord du Nil,
pam, in fidei catholicæ dogmatibus, apud borealis mais seulement à quatre milles de là, afin d'avoir tout
Europæ Protestantes deseri, contra fas,pronupercoeplis, ce chemin à parcourir pour aller chercher de l'eau.
in-8°, Mayence, Heyll, 1655. Ce volume, publié de con- Le saint abbé avait cru bon de donner ces détails per-
cert avec L. Allatius, contient la réédition du catalo- sonnels pour répondre à la consultation de Cassien qui
gue d'Ebedjésus de Nisibe, dont il vient d'être ques- lui avait dit souffrir vivement de la nostalgie, op. cit.,
p,
tion, p. 1-4-1, suivi de notes copieuses, 45-90; le reste col. 1282. Cassien, à la fin de sa dernière conférence,
du volume appartient tout entier à Allatius et à Nihu- op. cit., col. 1328, désigne ce solitaire sous le nom de
sius, qui avait provoqué l'ouvrage. — 14° Apollonii beatus Abraham, ce qui permet de conclure qu'il était
Pergæi Conicorum lib. V, VI, VII, paraphraste mort depuis quelque temps déjà à la date où l'abbé de
Abulphato Asphahanensi. Additus in calce Archimedis Marseille termina ses Collationes, c'est-à-dire vers 428.
Assumplorum liber, ex arab. lat., in-fol., Florence, Coc- D'autre part, cette même conférence ayant été tenue
chini, 1661. La première partie contient la traduction avant la mort de saint Jean d'Égypte, op. et loc. cil.,
du Kitab al-makhroutat d'Abulphat, sur les Sections c'est-à-dire avant l'année 395, l'abbé Abraham n'au-
coniques d'Apollonius, et la seconde la traduction rait donc pu mourir au plus tôt que dans les cinq der-
latine de la traduction arabe du livre d'Archimède, nières années du IVe siècle. Cela suffit pour ne pas le
par Thebit ben-Kora. — 15° Eutychius, patriarcha confondre, comme le fait U. Chevalier, Répertoire des
Alexandrinus vindicatus, et suis restitutus Orientalibus, sources historiques, Bio-bibliographie, t. I, col. 13, avec
sive responsio ad Joannis Seldeni Origines, in-4°, un autre saint moine égyptien de même nom, qui fut
Rome, Propagande, 1661. Ce volume comprend deux disciple de saint Pacôme et de saint Théodore, et dont
parties, dont la première, qui fut imprimée avant la la mémoire se célèbre le 27 octobre. Pour celui-ci, en
seconde, traite des origines du patriarcat d'Alexan- effet, son nom et son genre de vie nous sont signalés
drie et de la distinction des degrés supérieurs de la avec des détails bien distincts dans le synaxaire arabe
hiérarchie sacrée; la seconde, dont certains biblio- de l'Église copte d'Alexandrie écrit vers 1425 par Mi-
graphes font à tort un volume à part, a pour titre
Deorigine nominis papæ necnon de illius proprietate
: chel, évêque d'Atriba et de Méliga, Actasanct., oct.
t. XII, p. 233-234. Il y est appelé Abraham de Manouph
in Romano pontifice adeoque de eiusdem primatu contra ou Menouf; on nous y apprend qu'après avoir habité
Ioannem Seldenum Anglum, Rome, Propagande, 1660. vingt-trois ans avec saint Pacôme, il passa seize ans
Cette partie, où l'Historia orientalis de Jean-Henri dans une cabane solitaire; qu'il prenait pour toute
Hottinger est également prise à partie, a été repro- nourriture des fèves avec un peu de sel; enfin, que
duite par Jean-Thomas Racaberti, dans sa Biblio- saint Théodore, disciple lui-même de Pacôme, assista
theca maxima pontificia, Rome, 1695 sq., t.I, p. 575 sq. à son dernier soupir. Or, Théodore mourut en 368. La-
— Enfin, on a publié du même Ecchellensis diverses
lettres, toutes intéressantes. L'une, sur la messe des
deuze,Etudesur le cénobitisme palchomien, p. 225. Ce
n'est donc pas cet Abraham qui entretenait Cassien en
présanctifiés, se trouve dans Allatius, De Ecclesiæ occi- 395.

;
dentalis atque orientalis perpetua consensione, Cologne,
1648, p. 1663-1665 une autre, adressée au fameux Jean
Le calendrier éthiopien édité par Ludolf mentionne
au 27 octobre un saint Abraham dit le Pauvre. Est-ce
:
Morin, de l'Oratoire, a été imprimée une première fois
par Richard Simon, dans son ouvrage Fides Eccle-
siæ orientalis, Paris, 1671, p. 277-285, et reproduite
Abraham l'Enfant ou le Simple connu par Cassien, ou
bien Abraham de Menouf ? Les bollandistes, Acta
sanct., loc. cit., penchent plutôt vers la seconde hypo-
:
par le même Richard Simon, dans le recueil anonyme
intitulé Antiquitates Ecclesiæ orientalis. Londres,
1682, p. 449-470. Ce dernier volume contient encore
thèse; mais la première n'est peut-être pas inaccep-
table. Le Triodion, livre liturgique grec renfermant
les offices du carême, contient pour le samedi de la
trois autres lettres d'Ecchellensis au P. Morin, première semaine, appelé samedi 't"y,'t"'Jpt'ly,ç, un office
p. 326, 474,478. Rappelons, pour finir, que notre au- des saints ascètes où nous trouvons mentionné, dans
teur a collaboré pour une large part à la préparation la première ode, « l'athlète de la pureté, Abraham le
de la Biblia sacra arabica, publiée par la Propagande, Grand »,à6).r,TT|; Se &yvs{(J.ç, Aopcill.tO 6 (j.sya;. TptwSiov,
en 1671, in-fol.] édition de Rome, 1879, p. 87. Il ne paraît pas impos-
L. PETIT. sible que le mélode ait voulu désigner par là cet Abra-
32. ABRAHAM L'ENFANT, ainsi surnommé à ham dont la réputation de sainteté était célèbre au
cause de sa simplicité et de son innocence, solitaire temps de Cassien et à qui son innocence avait valu le
d'Égypte qui nous est connu par Cassien. Celui-ci, Col- surnom d'Enfant. Cette célébrité pourrait aussi peut-
lat., XV, c. IV et v, P. L., t. XLIX, col. 1000-1001, rap- être servir d'argument pour identifier cet Abraham
porte l'éloge que lui fit de ce saint moine l'abbé Nes- avec l'abbé Abraham dont les Apophthegmatapatrum,
téros en lui racontant deux guérisons miraculeuses P. G., t. LXV, col. 129-132, nous ont conservé trois
:
opéréesparlui. Le texteindique quece solitairejouissait
d'une grande réputation de sainteté Quid etiam abbatis
Abrahœ gesta commemorem qui Traie, id est simplex,
maximes ascétiques.
Cassien, Collationes, XV et XXIV, P. L., t. XLIX, col. 1000-
1001, 1280 sq. — Tillemont, Mémoires pour servir à l'his-
pro simplicitate morum et innocentia cognominatur? Il toire ecclésiastique, t. X, p. 30-32, où l'on trouvera des ren-
nous apprend aussi qu'Abraham sortait de son désert, seignements sur d'autres moines du nom d'Abraham.
au temps de Pâques, pour venir faire la moisson. S. SALAVILLE.
Faut-il identifier cet Abraham avec l'abbé de même 33. ABRAHAM D'ÉPHÈSE (Saint), archevêque
nom auquel Cassien attribue la dernière de ses confé- d'Éphèse au vie siècle, fêté le 28 octobre. Il construisit
rences, P. L., t. XLIX, col. 1280? C'est le sentiment du d'abord à Constantinople, non loin de la Porte dorée,
le monastère dit des Abrahamites (voir col. 188), et thold, comte de la Marche du Nord, dénonça ces me-

;
ensuite, à Jérusalem, sur le mont des Oliviers, le mo-
nastère des Byzantins après quoi, il monta sur le siège
de la métropole d'Asie. Moschus, Pratum spirituale,
nées à Othon. L'empereur s'empara de Henri et de
l'évêque de Freising et les relégua, le premier à Ingel-
heim, le second à l'abbaye de Corvey. La duchesse
Judith prit le voile au monastère de Niedermünster à
c. XCVII, P. G., t. LXXXVII, col. 2956. Il existe de lui
Ratisbonne. Au début de l'année 976, Henri parvint
une homélie, encore inédite, sur la présentation de J. C.
à s'échapper et se rendit à Ratisbonne, Abraham l'y
au Temple et que contiennent les cod. Paris. 1174 rejoignit et l'y couronna roi de Germanie dans l'église
(XIIe siècle), fol. 102-106, 1190 (année 1568), fol. 108
r°-110, Taurin. 148 (xve siècle), fol. 33 v°-41. C'est tout de Saint-Emmeram. A cette nouvelle, Othon se porta
lui. A notre avis, il
ce que l'on peut dire de certain ded'Éphèse contre Ratisbonne avec son armée, en fit le siège et
occupa le siège archiépiscopal soit après s'en empara (juillet, 976). Henri fut déclaré déchu du
Hypatios, qui le détenait encore en 536, soit après duché de Bavière et mis au ban de l'empire, Abraham
André qui signa avec ce titre au concile de 553. Le se réfugia d'abord dans les régions montagneuses de
bollandiste Matagne en a voulu faire un juif converti; la Bavière supérieure, puis en Carinthie où il resta
mais nous pensons être là en présence d'une pure lé- jusqu'à la mort d'Othon II (7 décembre 983). — Il
gende. revint à Freising où il mourut en 993.
L'histoire rend hommage à son intelligence, à sa pru-
Le Quien,Oriens christiantis,t.I,
-
col. 683.—Matagne, dans
Acta sanctor., octobr. t. XII, p. 757-769. Pargoire, Les dé-
buts du monachisme à Constantinople, dans la Revue des
dence et à son habileté; il a, dit Luden, exercé par là
une action aussi bienfaisante que féconde. Mais il
s'était fait trop servilement le complice des ambi-
questions historiques, janv. 1899,p. 67-143.
S. VAILHÉ. tieuses visées de la duchesse Judith avec laquelle ses
34. ABRAHAM DE GALITCH OU DE TCHOU- ennemis l'accusaient d'entretenir un commerce sacri-
KHLOMA, bienheureux russe, disciple de saint Serge lège. L'évêque se purgea de cette accusation en se
Radonejsky, mort en 1375. Sa fête est célébrée dans soumettant au jugement de Dieu, suivant la coutume
l'Église russe le 20 juillet. On lui doit la fondation de l'époque.
de quatre monastères dans le gouvernement de Ko- Meichelbeck,Historia Frysingensis,2 vol., Augsbourg,

--
C.
stroma. Il n'en subsiste plus aujourd'hui qu'un seul, 1724-1729, t. I, p. 177 sq. Wetzer et Wlete, Kirchen-
celui de l'Intercession de la Mère de Dieu (Pokrovsky),
à douze verstes de Tchoukhloma. On lui attribue l'in-
t.
lexikon, IV, col. 2001. Andreas Brunnerus, Ann. Boie.,
part. II, I. III, n. 111,p. 136.-Marc. Hansizius, Germ. sacr.,
vention d'une icone miraculeuse de la sainte Vierge t. II, Archiepiscopatus Salisburgensis, p. 161. — H. Luden,
qu'il transporta à Galitch sous le prince Dimitri Gesch. des teutschen Volkes, Gotha, 1832, t. VII, p. 191, 201-
Théodorovitch. Sa vie a été écrite par le moine Pro- 202. — Weiss, Weltgesch..4eédit., t. IV, p. 257, 258.—
Büdinge,Oesterreichische Geschichte, p. 271-275.—Krones,
tase, higoumènedu monastère de Tchoukhloma (1551- Oesterreichische Geschichte, t. I, p. 583-585. — Giesebrecht,
1564), et sa canonisation a eu lieu en 1621. Kaisergeschichte, t. I, p. 545 sq., 788 sq.
J. WAGNER.
La liste des manuscrits qui contiennent sa vie, dans Bar- 36. ABRAHAM LE GRAND, appelé aussi ABRA-
soukov, Sources de l'hagiographie russe, Saint-Pétersbourg,
1882, col. 6-7. —Dictionnaire historiquedes saints vénérés dans HAM DE CASCAR, fondateur du monastère nesto-
l'Église russe, Saint-Pétersbourg,1862, p. 4. — Philarètc, rien du mont Izala. Né au pays de Cascar en 491 (ou
Les saints russes, juillet, Tchernigov, 1864, p. 118-122. — 501), il commença par convertir des païens, puis il
-
Ignace (archimandrite), Vies abrégées des saints russes,
1,
Saint-Pétersbourg, 1875,t. p. 39-41. Zviérinsky, Maté-
riaux pour l'histoire et la topographie des monastères ortho-
alla étudier la vie monastique en Égypte et au mont
Sinaï. Il revint à l'école de Nisibe et se retira enfin
dans une cellule sur le mont Izala où de nombreux dis-
doxes de l'empire russe, Saint-Pétersbourg,1892, t. II, p. 46,
n. 597. — Macaire, Histoire de l'Église russe, Saint-Péters- ciples vinrent le trouver; il leur donna un habit qui
les distinguât des moines monophysites, leur imposa
doxe, Saint-Pétersbourg, 1900, t. I, col. 194. -
bourg, 1903, p. t. XI, 63. — Encyclopédie théologique ortho-
Golou-
binsky,Histoire de la canonisation des saints dans l'Église
la tonsure et leur promulgua des règles, en 571. L'un
de ses biographes donne les noms de vingt-quatre de
russe, Moscou, 1903, p. 124-125. ses disciples qui fondèrent chacun un monastère dans
A. PALMIERI. le pays nestorien. Cette dispersion de ses disciples est
35. ABRAHAM DE GORITZ, évêque de Freising attribuée à une querelle qui survint dans son monas-
(Bavière) de 957 à 993. Sous son prédécesseur, saint
Lambert, les Madgyars avaient envahi et dévasté la
le
tère au temps de son second successeur Babaï Grand,
mais elle n'en eut pas moins pour résultat de répandre
Bavière. Freising avait été détruit à l'exception de la le nom d'Abraham et ses règles par toute l'Église nes-
cathédrale. Le premier souci de l'évêque fut de remé- torienne; il mérite donc bien le nom de grand et celui
dier aux maux causés dans son diocèse par l'invasion.
Comme il était en grande faveur auprès des empe-
»
de « Père des moines que lui donnent ses biographes.
Il visitait les moines dans leur cellule pour diriger
reurs d'Allemagne Othon Ier et Othon II, ainsi qu'à chacun selon ses besoins et ses facultés; c'est ainsi
la cour ducale de Bavière, il sut en profiter habile- qu'il imposa à BarEdta, doué d'une mémoire excel-
ment pour le relèvement de son évêché. Bientôt cepen- lente, de réciter par cœur toute l'Écriture et les œu-
dant les événements politiques l'absorbèrent et il prit vres de plusieurs Pères. Ses moines, comme les moines
part aux intrigues de la cour de Bavière contre égyptiens, allaient faire les moissons pour gagner de
Othon II. Le frère cadet d'Othon Ier, Henri, avait quoi vivre le reste de l'année. Il mourut le mardi
épousé Judith, fille du duc de Bavière Arnould le 8 janvier 586, à l'âge de 95 ans (ou 85 ans). Le cou-
Mauvais (912-937); après le banissement d'Eberhard, vent fondé par lui subsiste encore à quatre heures à
il devint duc de Bavière et laissa en mourant un fils, l'ouest de Nisibe.
Henri II le Querelleur (rixosus). L'éducation de ce
prince fut confiée à Abraham, qui devint aussi le pre- 1.
Libersuperiorum, IV et XIV;Liber fundatorummonaste-
mier conseiller de Judith, nommée régente du duché riorum, n. 14, édit. P. Bedjan, p. 10-11, 24-27, 446-448. —
pendant la minorité de son fils. Cette ambitieuse prin- Histoire de Rabban bar'Edta,dans la Revue de l'Orient chré-
tien, t. XI (1906), p. 406-408, 417-418. — Assémani, Biblio-
cesse voulut assurer à son fils la couronne de Germa- theca orientalis, t.III, 1repart., passim. —- J. Labourt, Le
nie et l'évêque de Freising favorisa ses desseins. A la christianisme dans l'empire perse, Paris, 1904, p. 316-318. —
majorité du jeune duc, une entente secrète fut conclue G. Hoffmann, Auszüge aus syrischen Akten persischer Mär-
entre Henri, Abraham de Freising et les ducs Boles- tyrer, Leipzig,1880, p.172. — Les règles monastiques d'Abra-
las II de Bohême et Miecislas de Pologne. Mais Berch- ham ont été publiées par J.-B. Chabot, Regulæ monasticæ
ab Abrahamo et Dadjesu conditæ, Rome, 1898, dans Comptes de cette ville l'ermitage d'Abraham. Et comme l'au-
rendus de l'Académie des Lincei et traduites en anglais par teur des Actes prétend avoir vécu dans la familiarité
E. W. Budge dans The book of governors, Londres, 1893, t. I, du saint, ils en ont conclu que cet auteur ne pouvait
p. CXXXIV sq.
F. NAU. être saint Éphrem le Syrien, lequel demeurait à une
trop grande distance. Ils ont en outre identifié Abra-
37. ABRAHAM L'INTERPRÈTE, professeur à ham l'ermite avec un Abraham dont parle Jean Mos-
l'école nestorienne de Nisibe. Né au pays deBehqawad, chus et ont cru pouvoir reculer son existence jusqu'au
du côté des Araméens, il vint à Nisibe et y enseigna. Il vie siècle. Nombre d'historiens, dont Assémani, Tille-
se mit ensuite sous la direction d'Abraham le Grand mont, etc., ont jugé l'autorité de Métaphraste trop
(VIe siècle), et fut enfin chargé d'enseigner à l'école des faible et l'indication de Moschus trop douteuse pour
martyrs. Un jour qu'il avait quitté Nisibe pour aller retirer à saint Éphrem la paternité d'un ouvrage que-
à une dépendance de son monastère, il fut rencontré lui attribuait une antique tradition. Mais la publica-
par des soldats grecs et tué d'un coup delance. Cf. Bed- tion des actes syriaques paraît avoir justifié les doutes
jan, Liber superiorum, Paris, 1901, p. 467. des bollandistes, du moins en ce qui concerne la non-
F. NAU. authenticité. Des quatre manuscrits syriaques colla-
38. ABRAHAM KATINA ou « le subtil composa » tionnés par Mgr Lamy, le plus ancien et le plus auto-
des sentences et des questions. Assémani l'identifie
avec Abraham, commentateur à l'école de Nisibe vers
la fin du VIe siècle, qui fut le maître d'Iso'yahb d'Ar-
:
risé (ve-vie siècle, Londres, Mus. brit., Add. 14,644)
est simplement intitulé Encomium Mar-Abrahami
Kidunai, sans aucune indication d'auteur. Or le prin-
zoun, patriarche nestorien en 583. Cf. Assémani, Bibl. cipal argument invoqué par Tillemont en faveur de
orient., t. III, 1re part., p. 109, 225. F. NAU. saint Éphrem était l'unanimité des divers textes des
Actes à le désigner comme leur auteur. En outre, les
39. ABRAHAM KIDUNAIA, solitaire fameux du lignes soulignées plus haut, dans le récit des funérailles.
IVe siècle. Le texte syriaque de ses Actes a récemment d'Abraham, supposent que les Actes ont été écrits
été publié et traduit par Mgr Lamy. On en avait aupa- après la mort du docteur syrien. Elles se trouvent dans
ravant plusieurs versions, dont une en grec, parmi les trois des mss. syriaques, dont le plus ancien. Mur Lamy
œuvres de Métaphraste. Ces actes étaient couram- prétend qu'elles ont été ajoutées plus tard, mais n'en
ment attribués à saint Éphrem le Syrien, et les bollan- donne aucune preuve convaincante. Le fait qu'elles ne
distes ont été les premiers à rompre avec la tradition. se trouvent pas dans la version grecque n'en est pas
La publication du texte syriaque semble bien, malgré une, car cette version, d'ailleurs assez récente, pré-
l'avis contraire de l'éditeur, leur avoir donné raison.
Abraham était issu d'une grande famille. Ses pa-
rents, dans l'espoir de lui ménager une brillante situa-
tion, le fiancèrent dès son enfance et plus tard le con-
traignirent à se marier. Sept jours après la célébration
Abraham :
sente bien d'autres inexactitudes. Les textes syriaques
nous donnent le nom de la bourgade évangélisée par
Beth-Kiduna, ex ditione civitatis. Cette
ville est sans doute Édesse, près de laquelle se trouve
le bourg de Kidun, d'où Abraham aurait tiré son sur-
du mariage, Abraham quitta furtivement son épouse nom de Kidunaia.
et allase cacher, à quelques milles de la ville, dans une D'après une annotation chronologique insérée dans
cabane isolée, où il vécut pendant plus de dix ans dans une Catena Patrum du VIIIe siècle, conservée au Musée
de continuelles austérités. britann. (Add. 12,155-fol. 177) et rapportée par Lamy,
Or il y avait, dans le voisinage de la ville (Édesse, Abraham mourut l'an 678 (366 ap. J.-C.),le 14 de dé-
d'après Lamy), une bourgade, Beth-Kiduna (ce nom
n'est pas dans le grec), dont tous les habitants étaient
encore païens. Vainement l'évêque avait envoyé des
:
cembre. La Chronique d'Édesse (édit. Guidi), est un
peu moins précise Anno 661 (355 ap. J.-C.), claruit
Abraham Qidonaya, reclusus. A peu près la même
diacres, des prêtres et des moines pour les convertir. phrase est répétée dans le Chronicon de Jean d'Édesse
Il pensa enfin à Abraham et, malgré toutes les protes- (édit. Brooks) et une autre chronique syriaque tra-
tations du solitaire, il l'ordonna prêtre avec mission de duite par M. Chabot, la Chronique ecclésiast. de Bar-
vaincre l'obstination de ces infidèles. Abraham com- Hébræus dit simplement qu'Abraham était contem-
mença par bâtir une église à Beth-Kiduna; et, péné- porain d'Éphrem. Quant aux synaxaires, ils commé-
trant ensuite dans le temple païen, il en brisa toutes les morent notre saint aux dates les plus diverses. Rab-
idoles. Cet acte lui attira les plus barbares traitements ban Sliba a inséré dans son martyrologe (édit. Peeters),
de la part de la population, mais sa patience lassa à la date du 14 décembre, la phrase citée plus haut de
la cruauté de ses persécuteurs qui, honteux d'eux- la Chronique d'Édesse. Le synaxaire de Constantino-
mêmes, demandèrent à devenir chrétiens. Il les bap- ple (édit. Delehaye), commémore Abraham au 29 oc-
tisa et pendant une année les instruisit de la doctrine tobre; le martyrologe romain au 16 mars.
du Christ. Jugeant alors sa tâche terminée, il s'enfuit Nous pouvons donc croire qu'Abraham vécut au
secrètement pour la seconde fois, et reprit avec bon- IVe siècle, et que sa vie fut écrite peut-être dans le
heur les exercices de la vie érémitique. Il ne sortit de commencement du V siècle. L'auteur semble avoir
sa retraite que pour retirer sa nièce de la vie de désor- tiré parti des hymnes composées par saint Éphrem.
dres où elle était plongée et la ramener avec lui dans le Ces hymnes rapportent les faits saillants de la vie
désert où elle répara son égarement par les plus dures d'Abraham, mais ne disent rien de sa nièce Marie.
pénitences. Environ vingt-trois années plus tard Abra- L'épisode qui la concerne est un embellissement ajouté-
ham mourut, âgé de 70 ans, dont 50 s'étaient passés par l'auteur des Actes. On sait que la conversion d'une
dans la solitude. Toute la ville se pressa à ses funé- pécheresse par un solitaire est un des thèmes favoris
railles. On chanta des hymnes et des cantiques com- des conteurs pieux des premiers siècles. On peut voir
posés à son sujet par le bienheureux Éphrem, et son par exemple, dans un anonyme copte traduit par
corps fut déposé dans le même tombeau où fut plus M. Revillout, le récit de la conversion de Salomé par
tard enseveli le même Éphrem. Ce dernier paragraphe, son frère Siméon. M. Lüdtke remarquant le parallé-
qui ne se trouvait pas dans le texte grec, nous ramène lisme des deux récits a voulu prouver que le fragment
à la question de l'authenticité des Actes. copte représentait le modèle dont s'est servi le bio-
La version de Métaphraste appelle Tænia le bourg graphe d'Abraham. Il est plus simple d'admettre,
évangélisé par Abraham et le place dans l'Hellespont, comme le fait remarquer le P. Peeters, que les deux
près de « Thamsace ». Les bollandistes ont changé écrivains ont utilisé un canevas alors en vogue. En
Thampsace en Lampsace et ont situé dans le voisinage tout cas, c'est encore là un motif de plus pour ne pas
prêter à saint Éphrem la paternité des Actes d'Abra- Il parcourut ensuite l'Égypte, la Palestine et revint
ham. s'adonner à la conversion des hérétiques et à l'étude.
T.-I. Lamy, Analecta bolland., t. x, p. 5-49; Id., Sancti Il composa des ouvrages sur la vie monacale et contre
Ephrem Syri hymni et sermones, Malines, 1889, t. III, pro- les hérétiques; il commenta les Évangiles. Son disci-
leg., p. XL-XLIII; col. 749-836; (1902), t. IV, col.1-84.—Act. ple Job construisit un monastère à l'endroit où il
sanct., mart. t.II (1658), p. 433-436.—Biblioth. hagiog. lat., avait vécu. Ce sont sans doute ses œuvres et non celles
1898,t.
lecta
l, p. 3.—Biblioth.hagiog. græca,1895,p.
bolland., t.1, p. 528; t. VIII, p. 99;
1.
t. XI, p.
— Ana-
292; t. XVII,
d'Abraham le Grand qui ont été traduites en langue
perse par son disciple Job ou Jean le moine. Sept de
p. 60; t. XX, p. 421-422; t. XXIII, p. 160,193; t. XXIV, p.173, ses homélies sont conservées en arabe dans un manus-
242, 442,445; t. XXVI, p. 170. — P. L., t. LXXIII, col. 281-
294; t. CXXXVII, col. 1013-1028 (Hrotsuita, Comœdia, IV).— crit de Paris et au Vatican. Quelques-uns de ses écrits
P. G., t. CXV, col. 44-77. — S.Ephrem Syri Opera græco- relatifs à la vie monastique ont été insérés par Enan-
lat., Rome, 1732-1746, t. II, p. 1-20. — Her. Rosweydus, jésu (661-680) dans la rédaction syriaque du Paradi-
Vitæ Patrum, Anvers, 1615, p. 144-151, 368-373. — Tille- sus Pairum; c'est à lui sans doute qu'appartiennent
mont, Mém. hist. eccl., Paris, 1706, t. VII, p. 586-592, 785- les demandes et réponses de la fin; édit. Bedj an, p. 895-
788. — Ceillier, Hist. gén. des auteurs sacrés et eccl., Paris, 986; édit. Budge, t. i, p. 1001. Du moins la dernière
1861, t. x, p. 53. —Baronius, Annales eccles., ad ann. 337, pièce de la collection lui est attribuée nommément,
n. 42-46,1739, t. IV, p. 308-310. — Abbeloos et Lamy, édit. Bedjan, p. 1001-1010.
Gregorii Barhebraei chronicon eccles., Louvain, 1872, t. I,
p. 86.-Corpus scriptorumchristianorum orient., Scriptores Assémani, Bibl. orient., t. I, p. 464. — Ignace Éphrem II
syri, series III, t. IV : Chronicon Edessenum, trad. Guidi, Ral~imani,Studiasyriaca, Mont-Liban, 1904, p. 36-38, 66.
— R. Duval, La littérature syriaque, 3e édit., Paris, 1907,
p. 5; Chronicon Jacobi Edesseni, trad. Brooks, p. 219;
Chronicon ad annum Dni 8W pertinens, trad. Chabot,
p. 150. — Delehaye, Synax.Eccl. Constantin., Bruxelles,
p. 144-145, 223. - H. Zotenberg, Catalogue des manuscrits
syriaques de Paris, Paris, 1874, ms. 239, n. 19, 44-49.
1902, col. 173-174.—Rubens Duval, La littérature syriaque, — P. Bedjan, Liber superiorum, Paris, 1901, p. 467-468.-
Paris, 1899, p. 159, 337. -
E. Revillout, La sage-femme
Salomé., etc., dans le Journal asiatique, série X, t. v,
ParadisusPatrum, Paris, 1897,p. VII, 1001.—
Thebook of
E.W.Budge,
Paradise, Londres, 1904, t. I, p. LXII; t.II,
1905, p. 431-440. — Lüdtke, Die koptische Salome. Legende p. 1001-1075.
und das Leben des Einsiedlers Abraham, dans Zeitschrift
wissenschaftl. Theol.,NeueFolge, 1906, t. XIV, p. 61-65.
Smith, dans Dict. of christ. biog., t. I, p. 8.
- 45. ABRAHAM DE NEPHTAR (ou Nethpar,
Nathpar). Voir ABRAHAM DE NATFAR.
F. NAU.

U. ROUZIÈS.
40. ABRAHAM DE KIEV, appelé le reclus (Zat- 46. ABRAHAM DE ROSTOV, bienheureux russe
vornik), XIIe siècle. Nous n'avons pas de renseignements dont la fête est marquée, dans les ménologes slaves,
sursavie. Ses reliques sontvénérées dans les catacombes
(pechtchera) de la grande laure de Kiev (Petcherskaia). au 29 octobre. La plus grande incertitude règne sur
l'époque où il vécut. Le métropolite Macaire le fait
Dans l'Église russe on célèbre sa mémoire le 22 sep- vivre au XIe siècle, Mgr. Philarète au XIIe, le prof.
tembre. Goloubinsky dans la seconde moitié du XIVe. Celui-
Dictionnaire historique des saints vénérés dans l'Église ci l'identifie avec un Abraham, higoumène de Rostov,
russe, Saint-Pétersbourg,1862, p. 5.—Barsoukov, Sources qui, en 1385, suivit à Constantinople le métropolite
de l'hagiographie russe, Saint-Pétersbourg, 1882, p. 7. Pimène (1380-1389). Sa vie est pleine de données lé-
A. PALMIERI. gendaires et d'anachronismes. Ses biographes ra-
41. ABRAHAM DE MAHUZA, auteur nestorien, content qu'il est né dans la ville de Tchoukhloma
écrivit vers 630 des exhortations, des lettres, des (gouvernement de Kostroma). Quelques-uns, on
homélies sur l'Évangile et des explications. Cf. Assé- ne sait pas d'après quelles sources, ajoutent qu'il
mani, Bibl. orient., t. III,1re part., p. 172,633. était issu d'une famille païenne, qu'il s'appelait
F. NAU. Ibérique, et qu'il reçut le baptême à l'âge de 18 ans.
42. ABRAHAM DE MEMPHIS esthonoréparles Il aurait embrassé la vie monastique dans un monas-
coptes comme un disciple de saint Pacôme (IVe siè- tère de Novgorod, ou dans celui de Valaam, sur le
cle). Il demeura vingt-trois ans avec la communauté lac Ladoga. Ce monastère, selon Goloubinsky,aurait
et passa ensuite seize ans seul dans une caverne. Il été fondé dans la première moitié du XIVe siècle,
fabriquait des filets de pêche; un frère lui apportait Histoire de l'Eglise russe, t. I, 2e partie, p. 768, tandis
sa nourriture et emportait son travail; il mourut sous que d'autres historiens russes le font remonter au
Théodore,qui succéda à Pacôme en l'an 345 ou 346. xe. Après avoir passé de longues années dans l'exer-
Cf.Patrologia orientalis, Paris, 1907, t. I, p. 377-379. cice des vertus monastiques, il sentit naître le désir
F. NAU. de travailler à la conversion des païens. Dans ce but,
43. ABRAHAM (NARSAÏ), neveu de Narsaï, pre- il se rendit à Rostov, y renversa l'idole Volos, dieu
mier directeur de l'école de Nisibe, vivait au commen- des troupeaux, et à l'endroit où on vénérait sa statue,
cement du vie siècle. Il succéda à son oncle et composa il éleva une église en l'honneur de saint Jean l'Évan-
des commentaires sur Josué, les Juges, les Rois, l'Ec- géliste. A côté de l'église il fonda le monastère de
clésiaste, Isaïe, les douze petits prophètes, Daniel et l'Épiphanie (Bogoiavlensky). D'après les ménologes
le Cantique des Cantiques. Il dirigea l'école durant slaves, sa mort aurait eu lieu en 1010, et la fondation
soixante ans (509-569) et contribua autant à sa pros- de son monastère en 990. Ses reliques, découvertes
périté matérielle qu'à sa renommée scientifique. Il se sous le grand prince Vsévolod Ghéorghievitch (1176-
nommait Narsaï; on l'appela Abraham afin qu'il ne 1212) sont vénérées actuellement à Rostov, dans
portât pas le nom de son maître. Il est appelé aussi l'église de l'Épiphanie, fondée en 1553 par Ivan le
Abraham de Beit-Rabban, c'est-à-dire « de la maison Terrible.
de notre maître », parce qu'il était parent de Narsaï. La vie d'Abraham de Rostov nous a été conservée en
Cf. Assémani, Bibl. or., t. III, 1re part., p. 71; Patro- trois rédactions différentes, dont la première, d'après Phi-
logia orientalis, Paris, 1908, t. IV, p. 386, 388-389. larète, remonte au XIVe siècle, la seconde au XVIe et la troi-
F. NAU. sième au commencement du XVIIIe siècle, Macaire, Histoire
44. ABRAHAM DE NATFAR,moinenestorien de de l'Église russe, Saint-Pétersbourg,1889, t. I, p. 261-265 et
la première moitié du vie siècle; ses ancêtres avaient aussi, p. 12-16. La rédaction la plus ancienne a été insérée
dans les Grandes Menées du métropolite Macaire, publiées
été martyrisés sous Sapor. Il se retira dans une ca-
par la Commission archéologique de Saint-Pétersbourg,
verne près de son village de Natfar (ou Naftar), non 1880 (octobre), t. I, col. 2025. La liste des manuscrits qui
loin d'Arbèles dans l'Adiabène, et y demeura trois ans. contiennent les trois rédactions dans Barsoukov, Sources de
l'hagiographie russe, Saint-Pétersbourg, 1882, col. 1-5. — graphes un nouveau Pierre Damien. — 2. Gack, gack,
Dictionnaire historique des saints vénérés dans l'Église russe, gack, aya einer wunderseltsamen Hennen in dem Hert-
Saint-Pétersbourg, 1862, p. 1-2. — Ignace (archimandrite), zogthumb Bayrn, das ist. Beschreibung der berühmten
Vies abrégées des saints russes, Saint-Pétersbourg, 1875, t. i, Wallfahrt Maria-Stern in Taxa, bei den PP. Au-
p. 25-27. — Zvierinsky, Matériaux pour l'histoire et la topo- gustinern-Bärfussern, welche seine urheblichen Anfang
graphie des monastères orthodoxes de l'empire russe, Saint-
Pétersbourg, 1892, t. II, p. 44-46, n. 596. — Encyclopédie genommen von einem Hennen-Ey, autdem. ein
théologique orthodoxe, art. de A. Ponomarev, Saint-Péters- Strahlender Stern erhoben ware, in dessen Mltten ein
bourg, 1900, t. I, col. 203-210. — Serge (archevêque), schön gekröntes Frauen-Haupt, Munich, 1685. Ce petit
Calendrier complet de l'Orient, Vladimir, 1901, t. II, p. 449, livre, réédité un grand nombre de fois, raconte la lé-
Vie des saints, en russe, d'après les menées de SaintDimitri
de Rostov, Moscou, 1902, t. n, p. 617-624. — Goloubinsky;
gende du sanctuairede Notre-DamedeTara.— 3. Judas,
1er volume, Salzburg, 1686; 2e, Vienne, 1689; 3e, Salz-
Histoire de l'Église russe, Moscou, 1904, t. I, 2e part., p. 763-
775; Histoire de la canonisationdes saints dans l'Église russe, bourg, 1692; 4e,Vienne,1693. C'est un roman historique
Moscou, 1903, p. 82. — Le P. Martinov a inséré la vie de réédité plusieurs fois, où le P. Abraham raconte la
ce bienheureux dans les Acta sanctorum, oct. t. XIII, vie de Judas Iscariote, qu'il charge de tous les crimes
p. 36-51, 926 -927. Ille fait mourir au commencement du possibles et imaginables. On le considère comme le
XIIe siècle. meilleur écrit sorti de la plume du célèbre augustin.
A. PALMIERI. On y trouve beaucoup de maximes, qui sont passées
47. ABRAHAM SABA ou l'ancien, moine nesto- en proverbe.— 4. Divinæ sapientiæ domus septem co-
situé à
Il
rienversl'an600. était originaire duvillagede Gofîtâ
quatre mille pas au nord du couvent de Beit-
lumnis excisa; sive universa theologia (inclytis quam
septem viris inferioris Austriæ dicat et dedicat P. Abra-
'Abe où il prit l'habit monacal ainsi que son frère Jo- ham a S.Clara),Vienne, 1690.— 5. Nova et magna gram-
seph, sous la direction du fondateur lui-même. A la maticareligiosa, quae per sermonesmorales stylo facillimo
mort de ce dernier, les deux frères se retirèrent sur le docet declinare a malo et conjugare bonum; in tempore
mont Sinaï. Abraham Saba écrivit un livre de ques- præsenti despicere imperfectum et perfectum amplecti;
tions diverses. Cf. Assémani, Bibl. orient., t. 111, 1re ad obtinendum futurum infinitum cum participio salu-
part., p. 227-228; Bedjan, Liber superiorum, Paris, tis, Salzbourg, 1691. Ce recueil ascétique et oratoire
1901, p. 50-53. F. NAU. comprend 66 sermons ou exhortations en latin ecclé-
siastique. — 6.Etwas für Alle, das ist eine kurze Be-
48. ABRAHAM DE SAINTE-CLAIRE, célèbre schreibung allerlei Stands-Amts-und Gewerbs-Personen,
prédicateur augustin dont le nom est resté populaire Wurzbourg, 1699. L'auteur y traite, dans une cen-
à Vienne,même de nos jours. Son vrai nom est Ulrich taine de chapitres, des professions et métiers divers
Megerle. Il naquit à Krenheinstetten le 2 juillet 1644. des hommes, et y fait preuve d'une connaissance
Dès son enfance, il se fit remarquer par la vivacité approfondie du cœur humain. L'ouvrage est un vrai
de son esprit et ses talents oratoires. On le voyait trésor de sentences et de maximes. — 7, Hui! und
à l'école réunir ses condisciples, monter sur une Plui! der Welt. Hui! oder Anfrischung zu allen schö-
chaise et leur expliquer le catéchisme. A l'âge de nen Tugenden; Ptlli! oder Abschreckung von allen
12 ans il se rendit à Ingolstadt où, pendant trois ans, il schändlichen Lastern, Wurzbourg, 1707. L'ouvrage,
fréquenta les cours d'un gymnase tenu par les jésuites. richement illustré, a toujours joui d'une grande popu-
En 1659, à Salzbourg, il suivit les cours de l'uni- larité par la gaité et la bonne humeur dont le P. Abra-
versité, et sentit s'éveiller en lui la grâce de la vocation ham assaisonne ses considérations morales. — 8.Abra-
religieuse. Les augustins l'accueillirent dans leur hamisches Gehab dich wohl! oder Urlaube. Schaue
noviciat de Mariabrunn, en 1662. Ses études théolo- hinein und liess das, Und mach dir einen Knopf auf
giques achevées, il fut ordonné prêtre dans la maison die Nas, Nuremberg, 1729. L'ouvrage, divisé en 32 dis-
de son ordre à Vienne, en 1666. Son éloquence spon- cours, est comme l'itinéraire d'une âme qui se prépare
tanée et entraînante se révéla aussitôt qu'il commença
à s'adonner à la prédication. Il prêcha ses premiers ser-
au voyage de l'éternité. -9. MercurialisoderWinter-
Grün, das ist cinmuthige und kurtzweilvolle Geschichte
mons dans le couvent de Tara, que ses supérieurs lui und Gedichte, Nuremberg, 1733. On n'est pas sûr
avaient donné pour résidence. Appelé à Vienne en de l'authenticitéde cet ouvrage. —10. Geistlicher Kra-
1668-1669, il s'acquit une grande popularité et la merladen, Wurzbourg, 1710, deux volumes. C'est un
confiance de l'empereur Léopold Ier qui le nomma recueil de sermons prononcés en diverses circons-
prédicateur de la cour en 1677. Nommé prieur du tances.—11.Wohlangefüllter Weinkeller, in wetchem
couvent de Vienne en 1680, il se rendit à' Rome en manche durstige Seel sich mit einem geistlichen Geseng-
1688 pour les affaires de sa province monastique,dont Goll erquicken kann, Wurzbourg, 1710. -12. Centi-
il fut nommé provincial en 1690. Après un second folium stultorum in quarto, Vienne, 1709. — 13. Beson-
voyage à Rome en 1692, il ne quitta presque plus ders meublirt und gezierte Todten-Capelle, oder allge-
Vienne, où il s'adonna à la prédication et à l'étude. meiner Todten-Spiegel, Nuremberg, 1710. L'ouvrage
La mort de l'empereur Léopold Ier, en 1705, et la illustré montre la mort qui triomphe sur toutes les con-
jalousie de plusieurs dignitaires, diminuèrent son in- ditions et grandeurs humaines.-14.Abrahamisches
fluence à la cour, sous l'empereur Joseph Ier, mais ne Bescheid-Essen, Vienne, 1717. L'ouvrage, divisé en
à
lui ôtèrentpas sa popularité. Sa mort eut lieu Vienne, 30 chapitres, contient une foule d'anecdotes et de
le 1er décembre 1709; il avait 67 ans. maximes pétillantes d'esprit. — 15. Abrahamisches
ÉCRITS. Le P. Abraham de Sainte-Claire recom- Lauberhütt,Vienne, 1721-1723 (trois volumes). — La

mande son nom à la postérité par un grand nombre liste complète des écrits du P. Abraham comprend
d'ouvrages et de sermons qui, à en juger par leurs 52 titres. On remarque, dans tout ce qui est sorti de sa
nombreuses éditions, ne cessent pas encore d'être plume, une vaste érudition théologique, exégétique et
portants:
lus avec plaisir et profit à la fois. Citons les plus im-
1. Auf, auf ihr Christen! Das ist eine bewe-
gliche Anfrischung der christlichen Waffen, Vienne,
historique. Les textes et les réminiscences bibliques
y coulent comme de source. Le style y garde tou-
jours des allures vives et déliées. Cependant, il vise
1683. Cet ouvrage, écrit dans le couvent de Gratz, souvent à l'effet, à l'imprévu; les exordes de ses ser-
est un appel à la chrétienté pour une croisade contre mons sont parfois de mauvais goût; il a recours à
les Turcs qui menaçaient Vienne. Par ses livres et des expressions triviales pour faire impression sur ses
par ses sermons enflammés, le Père Abraham de auditeurs. Ces défauts sont rachetés par la profondeur
Sainte-Claire mérita d'être appelé par un de ses bio- de certaines analyses psychologiques, par la richesse
de ses aphorismes moraux, par l'originalité de sa pen- des homélies de saint Jean Chrysostome sur les évan-
sée. Parmi les éditions de ses œuvres citons la dernière, giles de saint Matthieu (Moscou, 1781), et de saint
en six volumes (Œuvres choisies), publiée à Vienne Jean (Moscou, 1793).
en 1904-1907, et l'édition complète en 21 volumes, Eugène (métropolite), Dictionnairehistorique des écrivains
ecclésiastiques de l'Église russe, Saint-Pétersbourg, 1847,
Passau-Lindau, 1835-1854.
Pour la vie et les œuvres du P. Abraham de Sainte-
Claire nous nous bornons à citer la monographietrès éten-
t. I, p. 10-11. - Philarète, Aperçu sur la littérature ecclé-
siastique russe, Saint-Pétersbourg, 1884, p. 377. — Venghé-
due de Karajan, Abraham a St. Clara, Vienne, 1867, et
l'esquisse biographique et littéraire d'E. Schnell, Pater
Abraham a St. Clara, Wurzbourg, 1876 (Katholische Studien,
;
rov, Dictionnaire critique et bibliographique des écrivains
russes, Saint-Pétersbourg, 1889, t. I, p. 83 Dictionnaire
biographiqne russe, Saint-Pétersbourg, 1896, t. I, p. 43.
2e année, 4e livraison). A. PALMIERI.
A. PALMIERI. 53. ABRAHAM(NICOLAS), dominicain. Élu évêque
49. ABRAHAM DE SÉLEUCIE. Voir ABRAHAM I, de Scarpanto dans l'île du même nom, entre la Crête
col. 162. et Rhodes, par Boniface IX, le 19 novembre 1400.
Fontana, Theatrum dominicanum, part. I, c. v, tit. DXXXV,
50. ABRAHAM DE SMOLENSK, célèbre saint p.292.— Cavalieri, Galleria de' Sommi Pontefici, etc., t.I,
dont la mort eut lieu, d'après les hagiographes russes, p. 191, n. 367. — Brémond, Bullar. ord. præd., t.II, p.468.
en 1220. Il était né à Smolensk, et dans sa jeu- R. COULON.
nesse embrassa la vie monastique dans le couvent de 54. ABRAHAM (PALITZYNE), célèbre moine, pa-
la Mère de Dieu (Bogoroditzky) à quelques verstes de triote et écrivain russe, cellérier de la laure de la
sa ville natale, dans une localité appelée Sélichtche. Très-Sainte-Trinité de Serghiévo. Tombé en disgrâce
Ordonné prêtre, il eut tant de succès dans sa prédi- auprès du tzar Feodor Ivanovitch (1584-1598),
cation et dans son ministère, qu'il excita la jalousie il eut ses biens confisqués, et embrassa, de force ou
et les colères du clergé de Smolensk. L'évêque de la volontairement, la vie monastique dans le monastère
ville, Ignace, prêta foi aux accusations portées contre il
de l'île de Solovetz (lac Ladoga). En 1594, fut trans-
féré à la laure de Serghiévo, et en 1601 au monastère
lui, et-lui interdit l'exercice des fonctions sacerdo-
tales. Son innocence fut cependant bientôt reconnue, de Sviajsk (gouvernement de Kazan). Il retourna
et l'évêque le rappela dans sa ville épiscopale et lui à Moscou en 1608, la même année où les Polonais,
confia la direction d'un monastère qu'il venait d'y fon- sous la conduite de Pierre Sapieha et d'Alexandre
der. Abraham y établit un genre de vie très austère, Lisowski, assiégèrent la laure de Serghiévo. En 1610
et mourut le 21 août, jour où l'Église russe célèbre sa il fit partie de l'ambassade que les habitants de Mos-
mémoire. Ce monastère, à l'époque de la domination cou envoyèrent à Sigismond III, roi de Pologne,
polonaise, fut transformé en couvent dominicain, et (1587-1632) à Smolensk, lui demandant de leur en-
retourna aux orthodoxes sous le tzar Alexis Mikhaïlo- voyer comme tzar son fils Vladislav, à condition que
vitch (1645-1676). Les reliques y furent cachées en celui-ci embrassât la foi orthodoxe. La proposition
1611, on ne sait à quel endroit. fut repoussée. De retour à Moscou, il excita les Mos-
La vie d'Abraham de Smolensk a été rédigée par son dis- covites à la révolte contre la domination polonaise
ciple, le moine Éphrem, et constitue un des documents les et invita les cosaques à y prendre part. Après l'ex-
plus importants de l'hagiographierusse. Barsoukov, Sources pulsion des Polonais du Kremlin, il se rendit à Kos-
de l'hagiographie russe, Saint-Pétersbourg, 1882, p. 9-10; troma avec les délégués russes que l'assemblée natio-
Klioutchevsky,Les anciennes vies des saints russes, consi- nale de Moscou avait chargés d'offrir la couronne à
dérées comme sources historiques, Moscou, 1871, p. 52-58. Michel Théodorovitch Romanov (21 février 1613).
Le texte de ce document a été publié dans le Pravoslavny En 1618 il fut l'âme de la défense de la laure de Ser-
Sobesiednikde Kazan, 1858, t. III, p 136,362. Cette édition,
faite sur un manuscrit de l'an 1558, contient de nombreuses ghiévo contre l'armée polonaise de Vladislav. Les
lacunes et des fautes de transcription. — Dictionnaire histo- Polonais, impuissants à s'en emparer, durent se rési-
rique des saints vénérés dans l'Église russe, Saint-Pétersbourg, gner à négocier avec leurs adversaires la paix de
Daoulino.A la fin de l'année 1620, il se retira au monas-
Àes saints russes,
-
1862, p. 2-4. — Philarète, Les saints russes, août, Tchernis-
gov, 1864, p. 73-84. Ignace(archimandrite), Vies abrégées
Saint-Pétersbourg, 1875, t. I, p. 6-7. —
tère Solovetz où il mourut le 13 septembre 1627. Sous
le titre de Récit du cellérier Abraham Palitzyne, la
Zviérinsky, Matériaux pour l'histoire et la topographie des littérature russe possède de lui l'histoire de la domi-
monastères orthodoxes de l'empire russe, Saint-Pétersbourg,
1892, t. II, p. 318, n. 1154.
.russe, Saint-Pétersbourg,
-
1888, -
Macaire, Histoire de l'Église
t. III, p. 64-67. Encyclo-
nation polonaise à Moscou et en particulier, du siège
de la laure de Serghiévo. Ce précieux document his-
torique a été publié en partie à Moscou en 1784 et 1822.
pédie théologique orthodoxe (art. de A. Ponomarev), Saint-
Pétersbourg, 1900, t. I, col. 194-203. — Goloubinsky, His- Eugène (métropolite), Dictionnaire historique des écri-
toire de la canonisation des saints russes, Moscou, 1903, vains ecclésiastiques russes, Moscou, 1827, t. I, p. 4-10. —
p. 84; Histoire de l'Église russe, Moscou, 1901, t. I, part. 1, Stroev, Dictionnaire bibliologique, Saint-Pétersbourg, 1882,
p. 772-773. p. 9-10. — Philaréte, Aperçu sur la littérature ecclésiastique
A. PALMIERI. russe, Saint-Pétersbourg, 1884, p. 220.—Encyclopédie théo-
51. ABRAHAM ZABAYA, écrivain nestorien du logique orthodoxe, Saint-Pétersbourg,1900, t.I,col. 218-225.
XIe au XIIIe siècle. Il était originaire du village de Beit — Dictionnaire biographique russe, Saint-Pétersbourg, 1826,
Zabayé, dans le pays de Ninive, et écrivit, en vers de t. I, p. 40-43. — Parmi les monographies qui traitent
sept syllabes, une histoire du moine nestorien Rabban tout particulièrementde la vie et des œuvrages d'Abraham
Bar 'Edtâ qu'il appelle « le soleil de l'orient ». Cette Palitzyne citons :Golokhvastov, Remarques sur le siège de la
histoire comprend soixante-deux chapitres et une in- laure deSaint-Serge, d'après les récits des historiens duXVIIe-
XIXe siècle, Moscou, 1844, publiées d'abord dans le Moskvi-
troduction; elle a été résumée en français par Mgr tianin,1842. — Serbine,Abraham Palitzyne, cellérierdela
Addaï Scher dans la Revue de l'Orient chrétien, 1906, laure de Saint-Serge, défenseur et athlète de la terre russe, à
p. 403-423, et 1907, p. 9-13. Elle avait été éditée et l'époque de l'imposteur (samozvanetz : faux Dimitri), Saint-
traduite en anglais par M. W. E. Budge, dans Luzac's Pétersbourg, 1850. — Kédrov, Abraham Palitzyne, Moscou,
Semitic text and translation series, Londres, 1902, 1880; Abraham Palitzyne, considéré comme écrivain, dans
t. Russky Arkhiv, 1886, p. 441-524. — Platonov, Les anciens
IX-XI. F. NAU. récits russes touchant l'époque des troubles (1605-1613), consi-
dérés comme sources historiques, Saint-Pétersbourg, 1888.
52. ABRAHAM (FLORINSKY), archimandrite, rec-
teur du séminaire russe de Vladimir, mort le 30 avril — Goloubinsky, Vie de saint Serge et guide de la laure de
Serghiévo, Serghiévo, 1892, p. 284-332.
1797. Il corrigea et édita les anciennes versions slaves A. PALMIERI.
55. ABRAHAM (APRAHAM) Il (PIERRE I" Tripoli, lui obtint pourtant l'autorisation de se reti-
ARDZIVIANANTABTSI), catholicos des Arméniens unis. rer dans le Liban.
— 1. L'évêque. 2. Le confesseur. 3. Le fondateur 3.Le fondateur des antoniens. — Déjà des Armé-
niens d'Alep, entre autres Attar Mouradian, le même
;
des antoniens arméniens. 4. Le catholicos renoue
la chaine des patriarches de Sis confirmation du
pape. Ordinations épiscopales, travaux apostoliques.
sans doute qui est appelé par quelques auteurs Pore-
siph ou Porisacco, et le prêtre Jacques Hovsepian
1. L'évêque. — Abraham Ardzivian naquit à Aïntab, (fils de Joseph) avaient devancé l'évêque. Jacques
dans l'Euphratèse, le 12 avril 1679. A douze ans, il reçut du cheik maronite el-Khazen l'emplacement
reçut de l'évêque arménien Paul la tonsure et les où devait s'élever bientôt le couvent du Saint-Sau-
quatre ordres mineurs. Il passa ensuite six ans auprès veur de Kreïm, à 25 kil. à l'est de Beyrouth. Sur N.-D.
d'un ancien élève de la Propagande, Mgr Tazbas, de Kreïm, cf. Goudard, N.-D. du Liban, Paris, 1908,
évêque de Mardin, qui lui inculqua ses principes p. 179-181. Abraham Porisacco, déjà diacre, fut or-
catholiques. De retour à Aïntab, le jeune Abraham donné prêtre dans l'église des jésuites de Tripoli et
commença cet apostolat en faveur de l'union avec le vint prêter main-forte à Jacques Hovsepian. Quand
Saint-Siège, dont il devait rester le zélé champion. l'évêque Abraham arriva au Liban, six cellules étaient
Dès lors datent aussi les premières persécutions exer- déjà construites, dont cinq furent immédiatement
:
cées contre lui on l'accuse déjà de trahir la cause de
son souverain pour celle des Francs. Voir Biografia
occupées. Bientôt, d'autres hôtes se présentèrent,
et, parmi eux, des convertis qui firent devant Abra-
di sua Beatit. Abrahamo Pietro I pel Serafino Davi- ham Ardzivian la profession de foi catholique pres-
dian, Cairo, 1861, p. 12. Sûr de sa vocation sacer- crite par Urbain VI. L'un de ceux-ci, Étienne d'Alep,
dotale et ne voulant point contracter de mariage, archevêque de Damas, mourut au Kreïm, en 1733;
il s'enfuit avec son ami Minas à Marache; de Marache un autre, Sarkis, évêque arménien de Constantinople,
à Edschmiadzin et d'Edschmiadzin à Sis. Là, le pa- se retira ensuite à Rome, En 1728, la communauté
triarche Pierre d'Alep (1701-1719) l'accueille paternel- de Kreïm se composait de 35 membres. L'évêque
lement, et, quelques années après, lui confère la prêtrise envoyait Jacques et Isaac étudier les sciences sacrées
et lui donne en même temps l'anneau, le bâton avec à Rome et à Venise. A leur retour, ils allaient évan-
le titre de vartabed (1706). Deux ans plus tard, géliser Ancyre, dont ils gagnaient à l'Église catho-
Abraham partait avec son patriarche pour Alep, et, lique l'évêque Siméon. Vers la fin de 1732, Abraham
en peu de temps, apprenait assez d'arabe pour prêcher Ardzivian adoptait pour sa communauté les règles
en cette langue. En 1710, il fut consacré évêque dans du père de la vie érémitique, saint Antoine, que Clé-
l'église des Quarante Martyrs. Détail caractéristique, ment XII venait d'approuver pour les moines sy-
le patriarche Pierre, cédant au désir d'Abraham et riens maronites de Saint-Antoine. Cf.Lettre de Clé-
surtout à la demande expresse du consul français, ment XII, 1er avril 1732, Jur. Pont. de Prop. F.
dispensa le candidat de prononcer l'anathème contre part. I, vol. II, p. 428. L'auteur de la Biografia af-
le concile de Chalcédoine, p. 24-25. firme, non sans raisons, que l'archevêque Abraham
2. Le confesseur. — Pour avoir omis cette clause fut le vrai fondateur de la congrégation des anto-
schismatique insérée jadis dans l'ordinal grégorien, niens arméniens et du monastère de Kreïm, p. ,73.
Pierre d'Alep fut relégué en Perse, où il mourut. D'autres, il est vrai, avec le patriarche actuel des
Abraham, sous le coup de diverses accusations, fut grégoriens, Mgr Ormanian, attribuent la fondation
excommunié, garrotté, traîné à Constantinople, où des antoniens à « l'ancien négociant Attar-Moura-
il souffrit plusieurs avanies de la part des patriarches dian » et à Jacques Hovsepian « son frère ». Realen-
Sahag Aboutchekhtsi (1708-1714) et de Hovhannès cykl. f. prot. Th., t.I, p. 600.
Kantsagetsi (1714-1715). Il obtint cependant de se Du 30 septembre 1736 au 1er octobre, l'archevêque
retirer à Trébizonde où il exerça un actif apostolat alors supérieur de Kreïm assista au concile maronite,
dans les quatre églises arméniennes (1714-1717). Il réuni par le patriarche Joseph al Khazen, sur l'in-
:
expie ces succès dans un cachot humide, en compagnie
de deux anciens élèves de la Propagande Jean de
Nicomédie et Tazbas Melkoun, archev. de Mardin
vitation de Clément XII. Dans cette réunion qui se
tint au couvent de N.-D. el-Loaizé, près de l'embou-
chure du Nahr-el-Kelb (fleuve du chien), Abraham
qui meurt en prison. Biograf., p. 41, sur Melkoun;
Hist. de l'église de Mardin par Schcil, Orient chrét.,
1896, p. 45 sq.). Abraham repousse avec indigna-
mani. Acta conc. collect. lac., Fribourg, 1876,
lui témoigna d'ailleurs
t.
siégeait à côté du légat apostolique, Joseph Assé-
haute
n,
p. 87. Assémani sa es-
tion la tiare verte, ceinte d'un turban, que lui présente time en confirmant avec de grandes louanges une nou-
un malheureux prêtre. Grâce à l'intervention d'un velle donation que le cheik Khazen venait de faire à
juif influent qu'il a réconcilié avec un pacha, il est Abraham. C'était la cession de Saint-GeorgeAoukar,
libéré, part pour Édesse d'où il visite en apôtre Mar- couvent situé sur un monticule de la rive gauche du
din et Diarbékir. Réintégré, l'année suivante, à Alep, Nahr-el-Kelb, à une demi-heure en amont de son em-
grâce à l'appui du pacha d'Édesse, son ancien protec- bouchure. Voir Mgr Alexandrian, Hist. résumée des
teur de Sis, il laisse à Édesse deux cents familles ca- douze cathol. de Cilicie, Venise, 1906, p. 12 (en armé-
tholiques. Mais il en trouve trois cents à Alep et va nien); P. Cheikho, dans Al Machriq, 1900, p. 49,
en augmenter le nombre par ses prédications en arabe, 150;1906, p. 275, 361, 459.
en arménien et en turc (1718-1719). Ses adversaires 4. Le catholicos, etc. — Vers l'an 1734, les deux var-
arrêtent son apostolat en le faisant exiler à Arwad tabeds Jacques et Isaac, alors revenus à Alep, réso-
(ancienne Arad, sur les bords de la mer, au nord de lurent, de concert avec les catholiques, de se séparer
Tripoli de Syrie). L'ardent apôtre fut défendu, mais des grégoriens et de choisir pour catholicos Abraham.
pas très chaudement, par M. de Bonnac, ambassadeur Les Arméniens catholiques d'Égypte acquiescèrent
de France à Constantinople. En février 1724, de Bon- à ce vœu. Biogr., p. 79. Mgr Alexandrian, p. 13, donne
»
nac se plaindra au roi des « indiscrétions auxquelles
des missionnaires auraient entraîné l'archevêque
la date de 1739. Des catholiques d'Alep, et même
des grégoriens, furent à la suite de cette démarche
Abraham. Aff. étrang., corresp. diplom. turque, t. LXVI; jetés en prison ou subirent le falaque, bastonnade
P. Rabbat, Docum. inéd. pour l'hist. du christian. en sur les pieds tendus en l'air et serrés par une corde.
Orient, Paris, 1907, p. 557, 563; Schcfer, Mémoires Quand de durs sacrifices pécuniaires eurent rendu
sur l'amb. de France à Constantinople, vers l'an 1716, un peu de paix aux catholiques d'Alep, l'archevêque
Paris, 1894, p. 182, 190. Tarbet, consul de France à s'éloigna du Liban, après avoir confirmé l'élection
de son neveu Pierre, que les religieux de Kreïm ve- craignait lui-même que la présence d'Abraham
naient de choisir pour leur supérieur (1er novembre n'aggravât la situation. Cf.Biogr., p. 142-143. Pour
p.
1739).Alexandrian,op.cii., 13-14;Mém.d'Abrah. dans la troisième fois, le coadjuteurJacques était exilé
d'Alep, d'autres prêtres étaient aussi bannis et les
Biogr., p. 85, 103. Abraham rentra dans Alep dans la
nuit du 4 décembre. Le 19 mars 1740, il se montrait catholiques astreints à payer 200 piastres. Biogr. Cf. le
en public et recommençait ses prédications. Le 3 mai, Diaire italien des missionnaires carmes d'Alep (1669-
en l'église des franciscains, assisté des évêques grecs 1819) vers le milieu, 8 déc. 1738, Doc. du P. Rabbath.
Gerasimos d'Alep et Ignatios d'Émèse, il consacrait Confiné dans le Liban, Abraham n'en justifiait pas
en qualité de coadjuteur Jacques Hovsepian (fils de moins par son activité apostolique les anciens éloges
Joseph le Clerc). Le 11 juin, dans l'église de la Mère de l'abbé Mekhitar (29 décembre 1742). Il approuvait
de Dieu, assisté de l'évêque Jacques, il consacrait une association formée à Diarbékir sous le patro-
Sahag(Isaak) comme évêque de Killis (petite ville au nage de Marie-Immaculée pour la propagation de
pied du djébel Reçoul el-Atman, à égale distance entre la foi catholique et l'accroissement de la dévotion à
Alep et Aïntab). Le 23 novembre, il consacra Markar Marie; il confirmait une confrérie en l'honneur du
Melkoun d'Aïntab, élu évêque de Mardin. Les catho- Sacré-Cœur; il obtenait de Rome un décret décla-
liques recouvraient de nouveau l'église des Quarante rant valides les anciens mariages contractés devant
Martyrs. Cependant le choix d'un catholicos vrai- les prêtres non unis avec Rome (fév. 1749). Biogr.,
ment catholique était urgent; en 1737, le catholicos p. 156-157. Il obtint une décision favorable au main-
de Cilicie, Lucas, de la famille Adschbach (Adja- tien des usages arméniens, que l'évêque de Marache,
baiantz), était mort non en communion avec Rome, Siméon, déclarait facultatifs. Une de ses lettres au
Bulle deconfirm.d'Abraham Pierre Ier par Benoît XIV. prêtre Georges du couvent de Saint-Jacques de Jéru-
Son frère Michel qui lui avait succédé (1737-1758) salem déterminait la conversion de l'évêque Pro-
restait également séparé du Siège de Pierre. C'est pour- caron de cette ville. Il amenait également l'arche-
quoi les trois évêques, Jacques Markar, et Isaak, réunis vêque de Césarée Sarkis, l'un des plus instruits de
en synode dans l'église de la Mère de Dieu, avec une son Église, à venir abjurer devant Benoît XIV. Après
quarantainede prêtres et quatorze notables, choisirent avoir fait redouter un conflit, l'archevêque de Mardin,
pour catholicos Abraham (26 mars 1740). Ils écri- Melkoun Marcar Toukhmanian, sur l'invitation du
virent aussitôt à Rome pour obtenir la confirmation pape, demandait à Abraham et en obtenait la faculté
du pape et la remise du pallium en faveur du catho- de consacrer le myron (huile sainte) pour les églises
licos. Abraham, s'étant embarqué à Tripoli le 3 no- de son ressort.
vembre 1741, entrait à Rome le 11 août 1742. Be- Ne pouvant visiter ses diocèses, le catholicos leur
noît XIV l'accueilit « avec les signes d'une bienveil- donna du moins des évêques qui semblent avoir été
lance toute particulière; » et le sachant, peu après, zélés et se justifia ainsi d'avoir choisi ces prélats dans
retenu au lit par un accès de goutte, il vint le visiter.
La confirmation du catholicos eut lieu le 26 novembre
et la remise du pallium le 8 décembre, en la fête
Sauveuril
son entourage le plus proche. Dans l'église de Saint-
consacra évêque de Diarbékir son neveu
Pierre, dont le frère Grégoire était nommé supérieur
de l'Immaculée Conception, Bull. Bened. XIV, Jur. de Kreïm, en remplacement du P. Joseph Adjémian,
pont. de Prop. fide. in-4°, Rome, 1890, part. I, t. III, promu au siège d'Édesse. Mais Pierre mourut bien-
p. 83-85. Abraham, au dire du cardinal Petra, régissait tôt à Beyrouth et Joseph se vit interdire par l'évêque
dès lors, en Cilicie, 133 000 fidèles, dont il recevait non uni l'entrée de son diocèse, -Le P. Paul, reli-
un revenu annuel de 6 000 écus romains. Loc. cit. gieux de Kreïm et ancien missionnaire de Constan-
Benoît XIV lui marqua sa confiance en le chargeant tinople, fut sacré pour Damas, et un autre pour Aïn-
d'une enquête sur la validité des ordres reçus par tab.
six évêques vivant alors à Rome, enquête qui aboutit Abraham était alité depuis cinq mois quand il
à la réordination sous condition de l'évêque Minas. manda les archevêques d'Alep, d'Édesse, de Diar-
Fort dévot à la Vierge, le catholicos reçut avec joie békir et de Damas et les pria de lui nommer un coad-
une belle statue d'ivoire de Marie-Immaculée, que juteur avec droit de succession. Ils choisirent Jacques
lui donna le pape et surtout une image de N.-D. des Hovsepian. Le 1er octobre 1749, après un regard sur
Douleurs par Guercino Barbieri, legs testamentaire l'image de la Vierge, et l'invocation plusieurs fois
du cardinal de Lucques. Cette image devait être répétée de saint Joseph, Abraham expira. Le 12 mai
fort honorée au couvent de Bezoummardans le Liban. 1754, Benoît XIV faisait ressortir tout ce qu'il avait
Voir BEZOUMMAR. En quittant Rome (11 juin) le souffert pour attirer à la foi ses compatriotes etPieVII,
catholicos voulait fixer son siège à Constantinople et, le 12 juin 1781, renouvela ces éloges en confirmant
dans ce dessein, avait obtenu du pape des lettres de le catholicos Basile Pierre IV.
recommandation pour l'ambassadeur du roi de France Fr. TOURNEBIZE.
et de la reine de Hongrie. Copies dans Biogr., p. 191- 56. ABRAHAM (VINCENT), né à Charleville, le
196. Cf. une autre lettre au comte de Castellane,
ambass. à Constant., 16 août 1745,Jur.pont., part. I,
15 juin 1740,étudiala théologie au séminaire de Reims.
Ordonné prêtre en 1765, il devint successivement
t. 111, 232. Mais, à Livourne, une lettre du P. Ner- auxiliaire d'un prêtre âgé, curé de Pontfaverger, 1765-
sesian arrivée de Constantinople lui apprenait que le 1777, vicaire d'Attigny, 1777-1780, et curé de Sept-
catholicos Michel avait obtenu un décret pour faire Saulx (Marne), au diocèse de Reims. Au mois de jan-
enfermer son rival avec douze notables dans la for- vier 1791, il refusa le serment schismatique à la consti-
teresse d'Adana. Abraham renonça donc à son pro- tution civile du clergé et, après de nombreuses vexa-
jet. Parti de Livourne le 16 août, il arrivait le 15 tions, fut expulsé de son presbytère et de sa paroisse.
septembre à Alexandrie, d'où le mauvais accueil Il s'était réfugié à Paris et habitait, rue des Barres,
de certains orthodoxes le forçait de repartir presque quand il fut arrêté, le 30 août 1792, sur l'ordre du
aussitôt, et il rentrait à Kreïm le 6 octobre. Les ten- comité de surveillancede la section de l'Hôtel de Ville,
tatives faites, l'année suivante, pour installer son comme prêtre insermenté. Cette qualité est expressé-
siège, soit à Constantinople, soit en Égypte, soit à ment constatée dans le procès-verbal d'arrestation,
Damas, échouèrent également. Le patriarche de un des rares qui n'ait pas été détruit. Arch. de a Pré-
Constantinople Jacques Nalian (1741-1749), inter- fecture de police, section de la Fidélité. Abraham fut
disait aux Arméniens grégoriens la fréquentation des conduit, sous bonne et sûre garde, au couvent des
églises catholiques et le vicaire patriarcal catholique carmes et enveloppé dans le massacre des prêtres, le
2 septembre suivant. Son nom figure au procès de béa- Ils professaient la foi qu'avait professée Abraham
tification des martyrs de septembre 1792. avant la circoncision. Ils rejetaient le dogme de la
A. Guillon, Les martyrs de la foi pendant la Révolution Trinité, le péché originel et le plus grand nombre des
française, Paris, 1821, t. II, p. 45. — Glorieux souvenir, autres dogmes chrétiens, ainsi que l'éternité des peines
Vincent Abraham, par le chanoine Cerf, plaquette, Reims, de l'enfer et les cérémonies de l'Église. De l'Écriture
1897. — Deux confesseurs de la foi, Vincent Abraham et ils ne retenaient que les dix commandements de Dieu
Antoine-Charles-OctavienDu Bouzet, prêtres du clergé rémois, et l'oraison dominicale. Ils permettaient cependant
massacrés à Paris, les-" et3 septembre no:!, par M"' P.-L. Pé- que leurs enfants fussent baptisés par des prêtres ca-
chenard, Paris, 1901. tholiques. Les considérant comme une secte non chré-
R. DE TEIL. tienne, l'empereur repoussa leur demande relative à
57. ABRAHAM (WILLIAM), évêque de Waterford
la liberté religieuse et les exclut de l'édit de tolérance;
et Lismore en Irlande (1830-1837). Il naquit en 1782 bien plus, il les persécuta, car ils ne voulaient ni se
dans la paroisse de Knockanore, reçut d'abord les rattacher à aucune des confessions chrétiennes recon-
leçons d'un ministre protestant à Stradbally (comté
de Waterford), puis entra le 9 janvier 1813 à May- nues à la Paix de Westphalie, ni même être Juifs.
nooth dans la classe de logique (College Records). Il En 1783, ils furent dispersés, et isolés en Hongrie, en
fut nommé en 1816 professeur à Saint-John's College Galicie, dans les sept bourgs, en Slavonie. Les hommes
à Waterford, et devint président de cet établissement furent même organisés en bataillons de frontière. Les
biens qu'ils possédaient en Bohême furent attribués
en 1822. A la mort du Dr Kelly (octobre 1829), le soit à leurs enfants, qui recevaient une éducation chré-
nom de William Abraham fut inscrit à côté de deux tienne, soit à des parents chrétiens. Quelques-uns
autres noms sur la liste présentée à Rome par les
prêtres du diocèse. Le Dr Foran y était qualifié de d'entre eux rentrèrent dans l'Église, mais le plus grand
dignissimus, mais des représentations ayant été nombre moururent dans leur foi. C'est pourquoi la
faites à la curie pour le rôle prééminent qu'il avait secte ne tarda pas à s'éteindre.
joué dans les agitations politiques qui bouleversaient
alors le pays, ce fut le Dr Abraham qui fut appelé
-
Geschichteder böhmischen Deisten,Leipzig, 1785. Dohm.
Denkwiirdigkeiten,Lemgo, 1815, p. 278 sq. — Meusel,
à occuper le siège de Waterford par un bref du 20 Vermischte Nachrichten und Bemerkungen, Erlangen, 1816,
janvier 1830. Il gouverna durant sept ans ce diocèse.
Il passe pour avoir travaillé avec zèle au maintien
p. 65-66.- Realencycl. fiir protest. Theol., 3e édit., t. I,
-
p. 113.-Kirchenlex. 2° édit., t. I,col. 119-120. Diction-
de la langue irlandaise, qui perdait alors du terrain. nairedethéologie cathol, t. I, col. 118.
V. ERMONI.
Brady,Episcopalsuccession, Maynooth College Calendar.
J. MAC CAFFREY. ABRAHAMITES (MONASTÈRE DES), dit aussi
ABRAHAM (SAINTE-MARIE D'), abbaye cistercienne monastère de l"AXêpoITo(-r¡'t'r);. Ce couvent fut fondé
à Constantinople, hors et non loin de la Porte dorée,
en Hongrie, fondée en 1270. Elle était située non loin
de l'endroit appelé actuellement Bogyiszló, comté de par le moine Abraham, qui construisit ensuite à
Bács-Bodrog, diocèse de Kalocsa. Les fondateurs fu- Jérusalem, sur le mont des Oliviers, le monastère des
rent le comte Moys, son frère Alexandre et d'autres Byzantins et devint ensuite archevêque d'Éphèse.
bienfaiteurs. G. Fejer, Codex diplomaticus civilis et Moschus,Pratum spirituale, c. xcvn, P.G., t. LXXXVII,
ecclesiasticus Hungariæ, t. IV, vol. 3, p. 111. Cette col. 2956 (Cf. ci-dessus, col. 172, ABRAHAM D'ÉPHÈSE).
abbaye disparut au XVIe siècle, après la défaite des La fondation constantinopolitaine d'Abraham pa-
Hongrois par les Turcs à Mohacz (1526), et ne fut raît devoir se placer dans la première moitié du
jamais relevée de ses ruines. Son titre est encore con- vie siècle. Ce monastère des abrahamites, 'ASpa-
p,~C)~ en grec, est-il identique à celui d'Abraham,
:
féré aujourd'hui à des prêtres séculiers. On ne connaît
le nom que de quelques-uns des abbés Jean, vers 1324,
Fejer, loc. cit., t. x, vol. 1, p. 184. — Pierre, 1347-1378,
dont les supérieurs Antonin et Alexandre signèrent
lors des conciles byzantins de 518 et de 536? Mansi,
Conciliorum ampl. collectio, t. VIII, col. 1054, 907,
ibid., t. IX, vol. 2, p. 455, 540. — Jean, 1378-1385,
ibid., t. IX, vol. 1, p. 184; vol. 5, p. 274; t. x, vol. 1, 986, 1007. Le bollandiste Matagne le nie, Acta sanel.,
p. 182. — Pierre, 1453, Archives de Budapest, Eccle- octobr. t. XII, p. 758. Le R. P. Pargoire est porté à
siast. camer., 68, 224.—André, 1496, ibid.,225. Il l'admettre, Les débuts du monachisme à Constanti-
existait aussi sous le titre de Sainte-Marie d'Abra- nople, extrait de la Revue des questions historiques,
ham, un monastère de prémontrés, situé près de la ri- janv. 1899, p. 31, mais l'identification présente de
vière de Bérellyó, dans le comté de Bihar, diocèse de grandes difficultés. En dehors du fait que le récit de
Gross-Wardein. Il resterait encore l'église primitive Moschus ne semble pas remonter à cent ans de là et
de ce monastère. que le siège métropolitain d'Éphèse est suffisamment
occupé dans les 40 premières années du vie siècle,
Dam. Fuxhoffer, Monasteriologia regni IIiiiigarioe. re-
cognovit Maurus Czinar, Vienne, 1869, t.II, p. 3, 75. — Ja- sans y installer Abraham, la raison donnée par le
nauschek, Originum cisterciensium, 1877, t. I, p. 257. — R. P. Pargoire est sujette à caution. De ce qu'Antonin
Renseignementsfournis par le n. P. Fr. Wieser, S. J., à Bu- signe en 518 « archimandrite du monastère d'Abra-
dapest. ham », Mansi, op. cit., VIII, col. 1054, et Alexandre
U. HOTJZIÈs. en 536 « archimandrite du monastère du défunt,~TO J
1. ABRAHAMITES. Hérétiques du IXe siècle. evàylo'.c, Abraham, » Mansi, op. cit., t. VIII,
très répandus en Syrie et appelés par les Arabes Bra- col. 986, 1007, il en conclut qu'Abraham vivait
chiniah. Ils s'appelaient ainsi du nom de leur chef était mort en 536 et que, par
encore en 518 et qu'ilÉphèse,
Abraham ou Ibrahim d'Antioche. On a même essayé suite, son épiscopat à de fort courte durée (?),
de les rattacher aux pauliniens. Ilsse caractéri- se place avant l'année 531, date initiale (?) de
l'épis-
saient surtout par la négation de la divinité de Jésus-
Christ.
V. ERMONI.
:
copat d'Hypatios. Mais il n'a pas remarqué qu'en
536 également Alexandre signe « higoumène du mo-
nastère d'Abraham », Mansi, op. cil., t. VIII, col. 907,
2. ABRAHAMITES. Déistes du XVIII e siècle, qui bien que ce dernier fût déjà mort, tout comme Anto-
vivaient aux environs de Pardurleitz, en Bohème. La nin signa en 518. On ne saurait donc faire état de
secte, qui se composait de paysans illettrés et incultes, telles expressions. Il est sûr qu'Abraham, fondateur
sortit de son obscurité à la suite de l'édit de tolérance du monastère dont Antonin et Alexandre étaient
promulgué, en 1782, par l'empereur Joseph II. Les archimandrites, était mort en 536; ilest fort possible
Abrahamites prétendaient descendre des Hussites. qu'il le fût également en 518. Dans ce dernier cas, on
ne saurait l'identifier avec Abraham, l'archevêque au xe siècle, Nicéphore Phocas, Paris, 1890, p. 298-
d'Éphèse, qui vivait encore à cette époque. Les deux 302. L'image à/etpo7ror/]Toç de la Vierge est encore
personnages différeraient incontestablement, si la vie signalée dans la vie de saint Basile le Jeune, mort en
de sainte Matrone était un document historique 952, écrite par son disciple Grégoire, Acta sanct., mart.,
garanti, car cette vie mentionne, sous l'empereur t. III, appendice, p. 26, et M. von Dobschuetz a
Marcien, 450-457, un certain Acace, qui gouvernait publié pour la première fois, Christusbilder, Leipzig,
le « monastère du théophore Abraham», P. G., t. CXVI, 1899, p. 148*, le texte de la prière composée pour
col. 928 b., mais Tillemont a déjà dit avec raison, l'anniversaire de la dédicace de cette église et qui,
Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiast., t. XVI, remaniée, était utilisée chaque fois que le patriarche
:
p. 56 « Je ne croy pas que cette Vie puisse faire
aucune autorité. » De même, je ne pense pas qu'on
célébrait la liturgie dans cette église. Cette prière
présente plus d'un trait intéressant pour le culte de
puisse s'appuyer sur l'auteur anonyme des llà-pix Marie chez les Byzantins. Comme elle est attribuée
KiovaravTi'vovnàlzMc, édit. Preger, Leipzig, 1907, p. 260, à Syméon de Thessalonique, si l'attribution était
et sur son plagiaire Codinus, P. G., t. CLVII, col. 592, fondée, on serait sûr que l'église et le monastère exis-
pour attribuer la fondation du monastère d'Abraham taient encore dans les premières années du xve siècle.
à Constantin le Grand, car ces deux auteurs parlent L'image est en tout cas mentionnée par le biographe du
manifestement du monastère des abrahamites, qui patriarche Euthyme, Vita Euthymii, vr, 20, édit. de
fut bâti au VIe siècle. Boor, Berlin, 1888, p. 17, et par l'auteur des Harpca,
Ainsi donc, le monastère des abrahamites me pa- édit. Preger, Leipzig, 1907, p. 260, au xe siècle. Bien
raît différer de celui d'Abraham, dont les higoumènes plus, M. Schlumberger, Sigillographie de l'empire
sont connus en 518 et en 536 et dont la fondation byzantin, Paris, 1884, p. 134, a édité une tessère ou
remonte à une date indéterminée. Quant à Abraham, méreau du Xe-XIe siècle, ayant appartenu à l'église
l'archevêque d'Éphèse et le fondateur indiscutable du monastère, et, op. cit., p. 157, le sceau d'un chargé
du monastère qui nous occupe, on lui attribue une d'affaires impérial sur lequel est représenté « la mère
homélie, encore inédite, sur la fête de l'Hypapante. de Dieu non faite de main d'homme. » Sur cet objet,
Voir Ehrhard, dans Geschichte der byzantin. Litte- du XIIIe siècle, la Panaghia est debout, tenant le
ratur de Krumbacher, 2e édit., p. 164. On ignore Christ sur le bras droit.
aussi si l'église] d'Abraham, ~b H;) 'Af;px:J.¡:xil{), dont Il est probable que le monastère et l'église ont été
le patriarche iconoclaste Nicétas fit détruire ou raser détruits par les Turcs, au XVe siècle, peu avant la
les images, vers l'année 766, Théophanes, anno prise de Constantinople, et que l'image miraculeuse
mundi, 6259, désigne le monastère des Abrahamites a dû disparaître. Le monastère des abrahamites était
ou celui de l'autre Abraham. Si l'on en croit les mé- situé hors de la ville, non loin de la Porte dorée, sur
nées et les synaxaires grecs, Delehaye, Propylaeum la Placôté, c'est-à-dire sur la route dallée qui menait
ad Acta sanctorum, novembris, p. 174, le monastère de la capitale à l'Hebdomon et à Rhégion. D'après
des abrahamites, détruit par les premiers empereurs un passage de Métaphraste dans la Vie de sainte
iconoclastes, fut reconstruit, entre 784 et 787, par Matrone, P. G., t. CXVI, col. 928, il se trouvait à trois
sainte Anne-Euphémien, une de ces femmes dégui- milles du milliaire d'or; ce qui nous mène bien, en
sées en moines imberbes qui abondent dans l'hagio- effet, aux environs de la Porte dorée.
graphie orientale. Quoi qu'il en soit, si le monastère Du Cange, Constantinonpolis chrisliana, I. IV, p. 80.—
eut à souffrir lors de la tourmente de Copronyme, il Mordtmann, Esquisse topographique de Constantinople,
dut être réparé aussitôt le danger passé, car son
higoumène Syméon, signe en 787, au second concile
Lille,1892, p. -
29-32. Pargoire, Les débuts du monachisme
à Constantinople, extrait, p. 29-36.
de Nicée. Mansi, op. cil., t. XII, col. 1111. Sous l'em- S. VAILIIÉ.
pereur Théophile, 829-842, les moines abrahamites se ABRAHAMOWICZ, ABRAMOWICZ (ADAM),
dévouent pour la foi et vont prouver à l'empereur, jésuite lithuanien, né le 24 août 1710, et reçu au novi-
avec textes anciens à l'appui, que le culte des images ciat le 28 août 1726. Après plusieurs années consacrées
est parfaitement conciliable avec la stricte ortho- à l'enseignement et à la prédication, il fut recteur des
doxie. Pour toute réponse, on les maltraite et on les collèges de Vilna, de Nieswiecz, de Polozk et de Minsk.
exile dans le haut Bosphore près de l'église Saint- On ignore la date de sa mort; il vivait encore en 1770.
Jean-Baptiste TO-J <Pob:::paû, où on les assomme à Il a laissé deux volumes de sermons, in-8°, Vilna, 1753.
coups de bâtons; leurs corps laissés sans sépulture
furent ensuite recueillis par de pieux fidèles, Theo- Sommervogel, Bibliothèquede
col.15-16
la
; 1898, t. VIII, col. 1565. Estreicher, Bibliografia
C. J., Bruxelles, 1890,t.I,
phanes continuatus, P. G., t. CIX, col. 116. Ce qui est polska, Cracovie, 1891,t.I, p. 7. —
le plus frappant dans le petit discours qu'ils tiennent E.-M. RIVIÈRE.
à Théophile, c'est la mention du portrait de la Sainte ABRAHAMSEN (ISAAC), écrivain protestant,
Vierge peint par saint Luc. Ne serait-ce pas une né à Flessingue (Zélande), le 15 août 1663, et décédé
allusion à une image miraculeuse de la Vierge, dont dans cette ville le 4 octobre 1714. En dehors de quel-
pouvait s'enorgueillir leur église? En tout cas, à par- ques livres de piété (Zions Hallelujah, Tractaatje
tir de ce moment, le nom d'i/aiprinoiri-rj; est insé-
parable du monastère des abrahamites et ce nom
désigne une image de la Vierge, « non faite de main
d'homme», venue là on ne sait d'où et qui était fort
vénérée à Byzance. Elle était même si célèbre, cette
grande importance :
van't genadenverbond, Hoofdslukken van de christelyke
religie),on a de lui un ouvrage historique qui n'a pas
Kronik-Register van de voor-
naamste kerkelyke en wereldlyke geschiedenissen, van
de beginne des werelds, In-12, Middelburg, 1713, 6e éd.
image, que, lors de leur entrée triomphale à Constan-
tinople, sur le chemin de l'Hebdomon à la Porte P. de la Rue, Geletterd Zeeland, Middelbourg, 1713,
dorée, les empereurs byzantins avaient coutume d'en-
trer dans cette église et d'y prier quelques instants
p. 113. — Paquot, Mém. pour servir à l'histoire tilt, des
17prov.desPays-Bas,Louvain,1765, t.v, p. 379-380.
Huberts, Biographisch Woordenboek, 1878, p. 3.
-
devant l'icône miraculeuse. L'entrée de Nicéphore U. BERLIÈRE.
Phocas à Byzance, le 16 août 963, racontée par Léon ABRAM (NICOLAS), jésuite lorrain, humaniste,
diacre, P. G., t. CXVII, col. 729 et par le De cære- exégète et historien, né en 1589 à Xaronval (Vosges),
moniis de Constantin Porphyrogénète, édit. de Bonn, et admis dans la Compagnie de Jésus le 10 ou 11 no-
p. 438, en est un exemple entre plusieurs autres. vembre 1606, enseigna les belles-lettres à Pont-à-
Voir aussi G. Schlumberger, Un empereur byzantin Mousson et à Reims et publia un Epitome præcep-
torum græcorum versibus latinis comprehensorum, ques de Bérézov, et aux Vogoulis, et sur Les évêques
Pont-à-Mousson, 1612, qui fut immédiatementadopté russes orthodoxes de l'éparchie de Tobolsk, ont paru
dans presque tous les collèges et eut une cinquan- dans le Journal du ministère de l'Instruction publique,
taine d'éditions avant 1645, comme l'auteur lui-même 1851, n. 12; 1854, n. 2, 3, 8; dans les Notices du gou-
nous l'apprend dans la préface de son Epitome rvdi- vernement de Tobolsk, 1857-1859; et dans le Strannik,
mentorvm linguae hebraicae. Après quelques années 1862-1869. On trouve leur liste détaillée dans le
consacrées au saint ministère et à des missions pour Strannik, 1870, t. II, n. 12, p. 449-450.
la conversion des hérétiques (1623-1630), il professa Une étude biographique et littéraire sur Abramov a été
l'Écriture sainte deux ans à Dijon (1651-1653), neuf inséréepar Pietoukhov dans le Strannik de Saint-Péters-
ans à Pont-à-Mousson (1632-1635, 1643-1647 et 1653- -
bourg, 1870, t. il. n. 12, p. 413-469. Cf. aussi Venghérov,
1655). En mai 1635, les troupes françaises occupant
-
Dictionnaire critique et biographique des écrivains russes, t. i,

:
la Lorraine, Richelieu ordonna à plusieurs jésuites
lorrains les plus en vue de quitter le pays Abram se
retira en Bourgogne et dans la province de Lyon, puis
Saint-Pétersbourg, 1889, p. 18-21. Dictionnaire biogra-
phique russe, Saint-Pétersbourg, 1896, t. I, p. 14-16. —
A. Soulotzky (protoïcrevs), Biographie de Nicolas Alexiée-
vitch Abramov, Irkoutsk, 1874.
à Châlons; ilne revint à Pont-à-Mousson qu'en 1643. A. PALMIERI.
Il ne professa jamais à Paris, comme le suppose ABRAMOWICZ (ADAM). Voir ABHAHAMOWICZ,
M. Martin, Le P.Abram historien, p. 229, ni ne diri- col. 190.
gea la maison de noviciat de Nancy, comme l'affirme
M. Mangenot, Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 88. ABRAN (Saint), Irlandais qui, d'après des actes
Ses commentaires et surtout ses analyses des discours peu sûrs, aurait quitté son pays pour pérégriner ob
de Cicéron, ses commentaires de Virgile sont encore amorem Christi, et serait venu s'établir, au temps de
estimés; ils ont été souvent mis à contribution, plus saint Remi de Reims († v. 532), sur les bords de la
d'une fois même par des savants, qui se sont gardés Marne, en Champagne, accompagné de six de ses
d'en nommer l'auteur. Son histoire, inachevée, de frères et de trois de ses sœurs. Le chef de la caravane
l'université de Pont-à-Mousson, déparée par des aurait été saint Gibrien. Au temps de Flodoard
naïvetés qui garantissent la sincérité de l'auteur, († 966), il existait de vagues traditions locales sur
reste une mine féconde de documents précieux. Il mou- Abran et ses compagnons. Henschenius ne sait si
rut à Pont-à-Mousson le 7 décembre 1655, et non le ce personnage a été quelque part l'objet d'un culte
7 septembre, comme beaucoup le répètent après quelconque. Suivant Tanner, il aurait laissé un com-
Sotwel, ni en 1657, comme le dit M. Martin, op. cil., mentaire sur les psaumes dont un manuscrit se trou-
p.
1891, -
p. 244, et L'université de Pont-à-Mousson, Nancy,
9,note 1. NonniPanopolitani Paraphrasis
Sancti secundum IoannemEuangelii,in-8°, Paris, 1623.
vait dans la bibliothèque de Paul Petau († 1614).
-
Acta sanct., maii t. 11 (1866), p. 296-301. Flodoard,
Historia Remensis Ecclesiæ, IV, 9, dans Mon. Germ. hist.,
-
— Commentarius in tertium volumen Orationum M. T.
Ciceronis,2 in-fol.,Paris, 1631. Commentarii in Pub.
Virgilii Maronis Aeneidem, 2 in-8 °, Pont-à-Mousson,
Scriptores, t. XIII, p. 573, P.L., t. cxxxv, col. 288. —
Tanner, Bibliotheca Britannico-Hibernica,1748, p. 2. Dic-
tionary of christian biography, 1877, art. Abran.
-
1632-1633. — Commentarius in Pub. Virgilii Maronis L. GOUGAUD.

et loco Paradisi, in-8°, Pont-à-Mousson, 1636. -


BucolicaetGeorgica. Accessit Diatriba de quatuor fluviis
Com-
ABRANCHES (ALVARO D'), 1661-1745, évêquede
Leiria en Portugal dès 1694. Il était né à Lisbonne
du premier comte de Vallodores. Il a laissé le sou-
mentarius in Pub. Virgilii Maronis Opera omnia,
Rouen, 1643, 1648, 1665.; Toulouse, 1644, etc.
Epitome rvdimeniorvm linguae hebraicae. Versibvs la-
- venir d'un prélat pieux, zélé, désintéressé et surtout
d'une grande charité. Les rois Pierre II et Jean V
tinis breviter et dilucidè comprehensa. A R. P. Nicolao eurent pour lui beaucoup d'estime. Ce dernier ne put
Abram Societ. Icsv. Parisiis, M. DC. XLV, in-4°, obtenir de l'évêque de Leiria qu'ii acceptât le siège
4 ffnc. et pp. 32. J'ai transcrit ce titre en entier, parce métropolitain d'Evora auquel il voulait l'élever.
que Sommervogel n'a pas vu le volume et le donne à S. GOMES. J.
tort comme anonyme. — Pharvs veteris testamenti, ABRASSEVDN (CLAUDE-CYPRIEN-LOUIS), jésuite
siue Sacrarvm Quaestionum libri XV. Quibus acces-

-
serunt eiusdem authoris De veritate et mendacio li-
bri IV, in-fol.,Paris, 1648. Axiomala vitae Chris-
français, auteur d'une brochure qui eut une certaine
vogue et fut traduite en plusieurs langues
monde a tort, ou Jugement impartial d'une damephilo-
:Tout le

iianae, in-16, Pont-à-Mousson, 1654; Cologne, 1656; sophe, sur l'affaire présente des jésuites, in-8°, en France,
Dijon, 1657. — L'université de Pont-à-Mousson, pu- 1762. On l'a faussement attribuée au P. Berthier, et
bliée par le P. Auguste Carayon, in-8°, Paris, 1870. Voltaire se demande, dans sa lettre du 13 février 1763,
si l'auteur n'est pas Mme Belot. Un barnabite, le
P. Mirasson, se fit l'apologiste des ennemis de la Com-
L. Carrez, Calalogi sociorum et officiorum provinciæ
CampaniaeSoc. Iesu, Châlons, 1902, t. v, p. xxxv-xxxvii.
Sommervogel,Biblioth.de -
la Compagnie de Jésus, Bruxelles,
pagnie de Jésus, en répondant au P. Abrassevin par
Toinette Le Vasseur, chambriere de Jean-Jacques, à la
:
1890, t. I, col. 16-21; 1898, t. VIII, col. 1565. — Eug. Mar-
tin, Le P. Abram, historien de l'université de Pont-à-Mous- femme philosophe, ou Réflexions sur Tout le monde a
son et ses deux traducteurs Ragot et le P. Carayon, dans les tort, in-8°, àl'hermitage de Jean-Jacques Rousseau, ci-
Mémoires de la Société d'archéologie lorraine, 1887 toyen de Genève, 1762. Né à Hyères le 3 octobre 1720,
t. XXXVII, p. 228-253. Abrassevin était entré au noviciat le 7 septembre 1738
E.-M. RIVIÈRE. et professait la rhétorique à Marseille en 1762; en 1766,
ABRAMDOS, évêque de Cratia. Voir ABRAHAM il se trouve parmi les jésuites dispersés de la province
DECRATIA,28,col.168. de Lyon; on perd ensuite sa trace, et la date de sa
mort est inconnue.
ABRAMOV ALEKSIÉEVITCH (NICOLAS), un Sommcrvogel,Biblioth. de la C. de J., Bruxelles, 1890, t. I,
des plus savants connaisseurs de l'histoire du chris-
tianisme en Sibérie, né le 17 avril 1812 dans la
t. -
col. 21-22;1898, VIII,col.1566. Uriarte, Anónimos seu-
- y
dónimos S. J., Madrid, 1905, t.II, n. 1574, 2168. Nouvelles
ville de Kourgan, gouvernement de Tobolsk, mort ecclésiastiques, année 1759, p. 179, 199-200, cf. p. 67.
à Sémipalatinsk, le 3 mai 1870. Ses nombreux tra- E.-M. RIVIÈRE.
vaux touchant l'Histoire de lapropagation du chris- ABRATE (NICOLA), d'abord évêque de Sidonia in
tianisme en Sibérie depuis l'an 1581 jusqu'au XIXe partibus et auxiliaire de Sabine, fut nommé, au début
siècle; sur la Prédication du christianisme aux Ostia- de1848, administrateur apostolique du diocèse de
Terni. Peu de jours après sa nomination, le 19 mars, 2. ABREU (MANUEL DE), né à Arouca dans la pro-
il prononça, dans la cathédrale, un discours remar- vince de Beira en Portugal, entra, à l'âge de 16 ans,
que, à l'occasion d'une cérémonie en l'honneur de au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Lisbonne. Ses
la concession du Statut par Pie IX. Son adminis- études terminées, il demanda aussitôt à être envoyé
:
tration fut aussi louable que courte, car il mourut en
février 1849. Il a laissé un traité de pastorale Lo spi-
rito delparroco, esposto ad un giovane sacerdote chiamato
au Tonkin pour aider ses frères dans la prédication de
l'Évangile, et arriva au moment où le roi de ce pays
venait d'ordonner une persécution contre les chré-
alla cura delle anime, 3 vol. in-8°, Rome, 1838-1841. tiens. En compagnie des Pères Jean Gaspard Cratz,
Album (journalillustré de Rome), t. XVI, p. 26. Barthélemy Alvarez et Vincent da Cunha, avec Marc
J. FRAIKIN. et Vincent, chrétiens annamites, il était parti de Ma-
ABRAVANEL.Voir ABARBANEL, col. 13. cao le 10 mars 1736. Tous furent arrêtés à Batxa, le
12 avril, par des brigands et livrés au gouverneur de la
ABRE (Bienheureuse), honorée comme vierge province de l'Est qui les fit mettre dans des cages où
dans le diocèse de Poitiers dès le XIIe siècle. Saint l'on enfermait les bêtes féroces et les envoya ainsi à la
Fortunat rapporte qu'elle était fille de saint Hilaire capitale. Arrivés à Ké-Cho, ils furent conduits au pa-
de Poitiers, que son père, étant encore en exil, lui en- lais du roi qui essaya en vain de forcer les mission-
voya une lettre et de retour en Poitou lui mérita par naires à marcher sur la croix. Jetés en prison, ils
ses prières une mort prématurée qui la conduisit au subirent les plus cruels outrages et furent enfin
ciel. Fortunat, Vita S.Hilarii, éd. Krusch, Mon. décapités le 12 janvier 1737.
Germ.historica,Script. Ant., t. IV, pars 2, p. 6; P.L., Relacâo da prisâo, e morte dos quatro veneraveis padres
t. LXXXVIII, col.446-447. On a publié dans les œuvres da Companhia Bartholomeo Alvarez, Manoel de Abreu,
de saint Hilaire une lettre à Abra qui se trouve Vicente da Cunha, (Portuguezes) e Joâo Gaspar Cratz (Ale-
dans quelques manuscrits à la suite du traité De sy- mâo), Lisbonne, 1738; en italien, Rome, 1739. — Lettres
nodis, P. L., t. x, col. 549-52. L'auteur y exhorte sa édifiantes et curieuses, Paris, 1717-1776, t. XXIV, p. 92;
fille Abra à demeurer vierge et lui annonce l'envoi de édition du Panthéon littéraire, Paris, 1838, t. IV, p. 542. —
deux hymnes qui lui serviront dans ses prières du Fr. Ortmann, Liber de vita et pretiosa morte V. P. Jo. Cas-
matin et du soir. L'authenticité de cette lettre est loin pariCratz. Germani ac sociorum cjns., Augsbourg, 1770.—
Annalen des histor. Vereins für den Niederrhein, Cologne,
d'être démontrée, mais le souvenir de sainte Abre est 1880, t. XXXV, p. 93-132. — C. Platzweg, Lebensbilder
demeuré très populaire en Poitou où l'on celèbre ac- deutscher Jesuiten in auswärtige Missionen, Paderborn,
tuellement sa fête le 12 décembre sous le rit double. 1882, p. 285-330.
De Chergé, Vies des saints du Poitou, 1856, p. 57-63. — A. ANDRÈS.
D. Chamard, Originesde l'Église de Poitiers, 1857, p. 367-378. 3. ABREU (PEREIRA MATEO DE) fut le quatrième
P. DE MONSABERT. évêque de Saint-Paul au Brésil, évêché érigé par Be-
ABREGO (FRANCISCO) fut un des premiers évê- noît XIV en 1746 (6 déc., bulle Candor lucis) à la suite
ques de Panama. Rien de plus confus que les origines du démembrement de celui de Rio-de-Janeiro. Pré-
et le commencement de la liste épiscopale de ce siège.
Nous renverrons ici à l'ouvrage du P. Hernaes Colec-
cion de bulas, Bruxelles, 1879, t.n,
:
p. 717. Cependant
senté par la reine Marie Ire de Portugal, le 1er juin 1794,
préconisé par le pape Pie VI, le 17 juin 1795, il prit
possession de son siège, par procureur, le 19 mars 1796,
ni cet auteur, ni ceux qui l'ont précédé, Davila, Alcedo, et fit son entrée solennelle dans sa ville épiscopale le
Gams, n'ont pu préciser les dates au sujet de cet évê- 31 mai de l'année suivante. Le fait capital de sa car-
que. Tout ce qu'ils nous apprennent de lui se réduit à rière appartient plutôt à l'histoire politique. Il prit une
son nom et à la durée de son épiscopat, 1559-1574, part active à la révolution qui détacha le Brésil du
d'après Hernaes, 1569-1574, d'après Davila, Alcedo et Portugal, et après le départ du prince régent, dom Pe-
Gams, qui suit ces deux auteurs. Nous rectifierons ces dro, il fut le chef du triumvirat, chargé du gouverne-
dates et nous ajouterons quelques détails d'après les ment provisoire, avec le docteur José Corréa Pacheco
Actes consistoriaux du Vatican; vol. 109, p. 359, e Silva, conseiller régional, et le commandant militaire
vol. 158, p. 40. Le prédécesseur d'Abrego, Jean Vaca, maréchal Candido Xavier de Almeida e Sousa. Il mou-
de l'ordre de Saint-Benoît, étant mort en voyage, pen- rut peu de temps après, le 5 mai 1824.
dant qu'il se rendait à Panama, le roi d'Espagne, Phi- Etienne Bourroul, Ephémerides de Rio-de-Janeiro (1906-
lippe II, présenta au pape, pour lui succéder, François 1907). — Hernaes, Coleccion de bulas, t. II, p. 700. — Re-
Abrego, religieuxaugustin de la milice de Saint-Jacques vista trimensal, Rio-de-Janeiro, t. LI, p. 348. — Domingo
de Spatha, et au consistoire du 15 février 1566, sur la Cortés, Diccionario biografico americano.
demandedu cardinalPacheco,Abrego fut préconisé au M. GOMES.
siège de la « Castille d'or» (premier nom donné par les 4. ABREU (PHILIPPE),religieuxaugustin, portugais,
Espagnols à la terre de Panama, et où fut érigée, en savant théologien, professeur d'Écriture sainte à l'uni-
la
1510, première églisede tout le continent américain). versité de Coïmbre, décédé le 11 mai 1659. On a de lui
Les auteurs déjàcités s'accordent à placer la mortd'A- plusieurs ouvrages inédits conservés dans la biblio-
brego en 1574. Il est vrai que son successeur, Emma-
nuel deMercado,ne fut préconisé que le 28 mars 1576.
Ibid., vol. 109, p. 490. Mais la difficulté des commu-
bonne :
thèque du couvent de Notre-Dame-des-Grâces, à Lis-
1. Commentariumdescala Jacob; 2. De adora-
tioneetdedotibus gloriosis; 3.Davidprinccps perfectus.
nications à cette époque et les intérêts de la régale
peuvent expliquer la longueur des vacances des sièges -
Ossinger, Bibliothecaaugustiniana,p. 13. Lanteri, Pos-
épiscopaux, et on en trouve ailleurs de nombreux
exemples.
F. TOURNIER.
-
trema sæcula sex religionis augustinianæ, t. III, p. 186-187.
La Ciudad deDios, t. XXXIV, p. 278. — Crusenius-Lopez,
Monasticon augustinianum, t. II, p. 321-322.
A. PALMIERI.

:
1. ABREU (ANDRÉ DE), franciscain,lecteur de théo-
logieau couvent de San-Miguel de las Victorias à La-
guna,provincedes Canaries,composa VidadelSéraphin
en carne y vera effigies de Christo san Francisco d'As-
5. ABREU (SÉBASTIEN DE), jésuite portugais, né à
Crato (Alemtejo), embrassa la vie religieuse le 2 jan-
vier 1610, à l'âge de quinze ans. Il enseigna quatre
ans les belles-lettres, quatre ans la philosophie, quinze
sis. Segunda impresion, in-4°, Toleda, 1644, 135 pages. ans la théologie à l'université d'Évora. Après avoir
Marcellino da Civezza, Saggio di bibliografia sanfrances- passé huit ans à Rome comme théologien du général
cana, in-8°, Prato, 1879, p. 1. de la Compagnie de Jésus, il revint à Évora et fut plu-
ANTOINE de Sérent. sieurs années chancelier de l'université. C'est dans ces
fonctions qu'il mourut le 18 octobre 1674. Il a publié: vingt-trois étaient à la nomination du cardinal
Vida e virtudes do amiravel Padre Joam Cardim da chancelier.
companhia de Jesv, in-4°, Évora, 1659. — Institutio Les bulles de Léon X, Summi bonorum omnium,
parochi seu speculum parochorum, in-fol., Évora, XVII kal. aug. 1515, et de Paul V, Romani Pontificis
1665, 1681, 1700; in-4°, Venise, 1699, 1724; Augs- providentia, Kal.jul. 1605, ne firent que consolider
bourg et Dillingen, 1700,1701,1737; Erlau, 1768; tra- l'institution du Collège. Ses Acta, dont Ciampini nous
duit en italien, 2 in-4°, Trente, 1736; Venise, 1807. a transmis des extraits, nous le montrent jusqu'à la
S.
Sotwel, Biblioth. script. J., Rome, 1676, p. 733.
Franco, Annus gloriosus S. J. in Lusitania, Vienne, 1720,
- moitié du XVIIIe siècle,fonctionnant et délibérant,plu-
tôt dans sa vie intime que dans son rôle auprès de la
chancellerie. A côté du doyen, siège d'ordinaire le ré-
p. 612. — Sommervogel, Biblioth. de la Compagnie de gent de la chancellerie, qui semble être considéré
Jésus, Bruxelles, 1890, t. I, col. 23-25; 1898, t. VIII,
col. 1566. comme un abréviateur d'honneur. Les membres du
E.-M. RIVIÈRE. parc mineur n'assistent jamais aux séances et ne sont
6. ABREU GALINDO (JEAN DE),
province d'Andalousie, composa en 1642 :
frère mineur de la
Historia de la
conquista de las sieles islas de Gran Canaria, in-8°,
pas considérés comme faisant partie du collège, de
même qu'ils ne prennent part à ses fonctions qu'en
qualité de suppléants. Du reste, ils ne tardèrent pas à
Sancta Cruz de Tenerife, 1848, 236 pages. disparaître. Le nombre des titulaires varia aussi, mais
Marcellino da Civezza, Saggio di bibliografia sanfrances- on leur conserva toujours des auxiliaires, chargés de
cana, in-8°, Prato, 1879, p. 2. les suppléer, quand il était nécessaire. De nos jours
ANTOINE de Sérent. on a compté encore trois abréviateurs de numero et
ABRÉVIATEURS DE LA CHANCELLERIE quinze surnuméraires, jusqu'à la bulle Sapienti con-
APOSTOLIQUE. On appelait ainsi les scribes qui silio du 29 juin 1908, qui a définitivement supprimé
dressaient la minute ou l'esquisse des bulles papales, l'office et le collège des abréviateurs.
en y insérant le sommaire ou abrégé qu'ils avaient Magnum Bullarium Romanum, Luxembourg, 1742, t. T,
fait eux-mêmes de la supplique à laquelle répondait
l'acte pontifical. On les trouve mentionnés pour la
-
p. 295,413,557; t. III,p.197. Benedicti Papæ XIVBulla-
rium, Venise, 1778, t. 1, p. 4. —Pitra, Analecta novissima,
première fois dans l'extravagante Cum ad Sacro- Spicilegii Solesmensis alterna continuatio, Paris, 1885, t. I,
sanctæ Romanæ Ecclesiæ de Jean XXII, IV id. dec. p. 618-619. — Ciampini, De abbreviatorum de Parco majori,
1316. Ce n'étaient alors que des employés inférieurs sive assistentium S.R. E. Vicecancellarioin Literarum Apos-
travaillant sous la direction des notaires apostoliques. tolicarum expeditionibus,antiquo statu, illorum in collegio
erectione, munere, dignitate, praerogativis ac privilegiis dis-
A partir de Benoît XII, leur nombre fut fixé à vingt- sertatio historica, in-fol., Rome, 1691 et 1696. — Moroni,
quatre, et ils furent groupés dans une enceinte fermée Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica,Venise, 1840,
par des barrières, qu'on appela parc. Puis leur salle t. I. —Dictionnaire de théologie catholique, t. I, p. 125.
de réunion se dédoubla, et ils portèrent alors le nom P. RICHARD.
d'Abréviateurs du parc majeur ou du parc mineur, selon à
ABRIAL (BARTHÉLÉMY), né Annonay, enVivarais,
qu'ils étaient anciens ou nouveaux dans la carrière. d'abord vicaire à Seiches (Maine-et-Loire), où son
La bulle d'Eugène IV Romani Pontificis provideniia frère était curé, quitta le presbytère à la mort de
qui consacrait cette distinction, en nommant pour celui-ci (2 février 1787) et resta dans la paroisse en
la première fois le Parc majeur, complétait et confir- qualité de prêtre habitué, tout en continuant d'aider le
mait les règlements que Martin V avait établis dans nouveau curé dans son ministère. Quand le directoire
trois bulles successives. Dès lors les abréviateurs com- du département, par son arrêté du 1er février 1792,
posèrent un collège à part, dépendant directement du obligea tous les insermentés à venir résider à Angers,
cardinal chancelier et de son substitut, sans attache M. Abrial obéit. Interné illégalement avec les autres
avec les protonotaires. Leur nombre s'accrut- indéfi- prêtres non conformistes, le 17 juin 1792, il ne put
niment, mais Pie II le réduisit à 70. En leur recon- sortir de prison malgré l'intervention de son neveu,
naissant le droit d'examiner les nouveaux venus, c'est- commissairedu roi près le tribunal de cassation à Paris,
à-dire jusqu'à un certain point de se recruter, Eu- et partit pour la déportation, le 12 septembre 1792, en
gène IV avait consacré l'existence du collège. Toute- compagnie des autres ecclésiastiques fidèles. Il revint
fois il ne fut définitivement organisé que par les bulles d'Espagne à Seiches sous le Directoire, et grâce à de
de Pie II, Vices illius gerentes, XVII Kal. dec. 1463, et hautes protections put échapper à la nouvelle persé-
Quo salubrius, III kal. jun. 1464. Elles déterminaient cution de fructidor. Sitôt après le coup d'Etat de
les conditions d'admission et de fonctionnement, le brumaire, nous le voyons exercer publiquement le
rôle du distributeur, élu pas ses pairs, qui en devenait
le président ou doyen, surveillait le travail après
ministère à Seiches comme « prêtre catholique
communion avec M. Meilloc, vicaire général admi-
»
en
l'avoir réparti, avait la garde du tableau officiel, la nistrateur du diocèse. Il continua de faire seul toutes
police des parcs, etc. Enfin ces bulles complétaient et les fonctions ecclésiastiques à Seiches jusqu'à l'arrivée
précisaient les privilèges que les abréviateurs avaient d'Espagne du curé légitime, le 23 janvier 1802. A
acquis dans le cours des âges. cette époque, M. Abrial, dont le neveu était devenu
Le nouveau collège échappait à peu près à la juri- ministre de la Justice, fut proposé par Portalis pour
diction du cardinal vice-chancelier, dont il accaparait l'épiscopat. Il partit aussitôt pour Paris et fut par
en partie les attributions, et aussi les avantages. A ordonnance archiépiscopale du 29 avril 1802 nommé
la demande du vice-chancelier, Rodrigue Borgia, chanoine titulaire et second vicaire général de Paris.
Paul II s'empressa de racheter les offices d'abrévia- Il mourut le 14 janvier 1803. On a toujours dit jus-
teurs créés sous le pontificat précédent. Bulle Illa qu'ici que M. Abrial représenta l'élément constitu-
quorum conditio, oct. 1464; sur la vraie date de la pièce, tionnel dans la nouvelle administration diocésaine
cf. Pastor, Histoire des papes, trad. franç., t. IV, p. 34, de Paris au moment de l'application du Concordat.
note. Par la bulle Divina æterni Dei, Sixte IV rétablit Cette assertion est fausse, car en fait de serment il
l'institution avec ses anciens droits et privilèges. Elle ne fit jamais que la promesse de fidélité à la Cons-
compta soixante-douze membres; douze dans le parc titution de l'an VIII.
majeur ou possidentes, vingt-deux dans le parc mi- Anjou historique, t. VII, p. 395-397. — Revue des ques-
neur; les autres étant des aspirants qui se formaient tions historiques, t. LXXXII, p. 140-141. —Revue des scien-
à la première lecture des actes apostoliques, sans cesecclésiastiques et Science catholique, juillet 1907, p. 714.
pouvoir les signer. Sur ces soixante-douze membres, F. UZUREAU.
ABRIANI (PAOLO), littérateur italien, né à Venise
au commencementdu XVIIe siècle. Dans sa jeunesse il
entra chez les carmes où il prit le nom de François et
;
tus, Le Quien, Oriens christ., t. I, col. 1222, a inscrit
Ursus parmi les évêques d'Abrytus mais il y a lieu
de se demander si, à la fin du VIIIe siècle, l'occupation
les quitta après avoir été prédicateur et régent de plu- bulgare n'avait pas mis fin depuis longtemps à ce dio-
sieurs couvents. Son nom n'est pas signalé dans la Bi- cèse et s'il ne serait pas question d'Ibora, dans
bliotheca carmelitana, Orléans, 1752. On le trouve pour l'Hellénopont, évêché bien constaté à cette époque
la dernière fois dans le « catalogue de Messieurs les et dont Le Quien, op. cit., t. I, col. 534, cite encore
Académiciens Concordide Ravenne, vivants l'an 1687. » deux titulaires au IXe siècle.
Parmi ses ouvrages imprimés on peut distinguer les On place Abrytus soit au nord de Marcianoupolis
traductions, les compositions littéraires et un travail ou Dêven, soit, d'après Jirechek, Archéolog. Frag-
religieux. Il traduisit l'Art poétique d'Horace, Venis.e, mente aus Bulgarien, t. II, p. 195, au lieu dit Aboba, à
1668; le Pharsale de Lucain, Venise, 1668; les Odes
d'Horace, Venise, 1680. On connaît trois éditions de
ses poésies italiennes et latines, Venise, 1663-1664-
|
7 kilomètres au nord-ouest de Iéni ~j -'lT et au nord
de Choumla. Au moyen âge, Aboba V-. pelait Plisco-
va; celle-ci fut prise par les empereurs Basile le Bulga-
1665. Ses discours académiques, sous le titre fonghi I roctone etTzimiscès au xe siècle. Léon diacre,Histor.,
Patria, en
au nombre de dix-huit traitent les sujets les plus va- VIII, 8; Anne Comnène, Alexias, VII, 3. Les
riés et les plus singuliers pour un prêtre. I fonghi ont l'an 995, édition Preger, n. 70, p. 149, font remonter la
été publiés à Venise en 1657. Abriani prit une part fondation et le nom de Pliscova au temps de Cons-
remarquable à la polémique autour du Godefroy du tantin le Grand. Si c'est vrai, il ne faut pas songer à
]
Tasse par des réponses [Il Vaglio (Le crible), Venise,
1662, 2e édition, 1687 aux observations du Père Ve-
glia, Osservazioni di metteo Terchie da Veglia sopra il
identifier Aboba avec Abrytus. Du reste, Schkorpil,
Documents sur Odessos- Varna (en russe), p. 4, et
Izvestiia rousskago archeolog. Institouta ve Konstan-
Goffredo di Torquato Tasso, Padoue, 1642. Son travail tinopolf, Sofia, t. x (1905), p. 500, préfère retrouver
religieux, La vie de sainte Rosalie, est sa première pu- Abrytus à Abtaat dans la Dobroudja, et M. Th.
blication, Padoue, 1647. — Apostolo Zeno, qui donna Ouspenskij, op. cit., t. x, p. 5, déclare que l'identi-
la plupart de ces renseignements au comte Mazzuc- fication d'Abrytus avec Aboba n'est pas certaine.
chelli, possédait deux volumes manuscrits de Paolo S. VAILHÉ.
Abriani : ils sont encore inédits et ils contiennent sa ABS (JEAN-CHRISTIAN-JOSEPH), pédagogue, ne
correspondance en italien et en latin et des poésies. rentre dans le cadre de nos études que par un côté de
Mazzucchelli, Gli scrittori d'Italia, t. i, p. 27-28. — Qua- sa vie et l'un de ses écrits. Né, le 26 août 1781, à Wip-
drio, Storia e ragione d'ogni poesia, t.II, p. 325. — Crescim- penfürth, dans le grand duché de Berg, de parents ca-
beni, Istoria della volgar poesia, t. v, p. 177. tholiques, il entra en 1799 chez les franciscains de
P. ARCARI. Hamm et prit le nom, qu'il a toujours gardé dans la
ABRINCÆ, nom latin d'AVRANCHES. suite, de Théodose. Dès 1806, il fut chargé de la direc-
tion de l'école d'Halberstadt, dépendante du couvent.
ABRIOUTZKY (DMITRI STÉPANOVITCH), pro- C'est là qu'il commença à appliquer ses principes péda-
toïerevs et écrivain russe, né dans le village de Kéikin gogiques qui devaient le conduire hors de son couvent
avril 1860. Citons parmi ses ouvrages :
le 18 octobre 1796, mort à Saint-Pétersbourg le 21
1. Histoire
sainteduNouveau Testament, Saint-Pétersbourg, 1846;
et du catholicisme. Il recevait tous les enfants sans dis-
tinction d'âge, de sexe, de condition et de confession. En
1810, il abandonna le cloître et fonda une école mixte.
— 2. Histoire de la vie terrestre de Jésus-Christ notre
l'Église
L'expérience lui ayant fait voir qu'une école mixte
Sauveur, et fondateur divin de du Nouveau nécessitait une femme, en 1813, il quitta la sou-
Testament, Saint-Pétersbourg, 1854. tane, se fit protestant et se maria avec une de ses
Russkii biographitcheskiiSlovar,
Russkiia Knighi, t. I, p. 18.
t,I,p. 16.—Vengherov, auxiliaires. C'est alors qu'il créa la plupart de ses insti-
tutions (asiles, écoles, classes pour anormaux, écoles
A. PALMIERI. normales, etc.). En 1818, il fut nommé directeur de
ABRUNCULUS. Voir APRONCULE. l'orphelinat royal de Königsberg qu'il dirigea avec le
plus grand succès jusqu'à sa mort le 15 avril 1823. Sa
ABRYTUS, ancien évêché de la Mésie inférieure, méthode pédagogique se rapproche beaucoup de celle
suffragant de Marcianoupolis. La plus ancienne men- de Pestalozzi. Lui-mêmes'en est expliqué en plusieurs
tion de cette ville se trouve dans l'historien Dexippe, écrits. Au point de vue de l'histoire ecclésiastique le
cité par. le Syncelle, p. 376a. L'empereur romain :
seul ouvrage d'Abs qui nous intéresse a pour titre
Dèce, poursuivant les Goths qui avaient envahi la
Mésie,fut tué auforum deSempronius,près d'Abrytus ; Das Cölibatgebot im Widerspruche mit Bibel, Kirche
und Staat, in-8°. Halberstadt-Heiligenstadt, 1813,

ABRUPTO Mœsisæ civitatem;


:
Jornandès cite le même fait dans un passage qui n'a
pas été remarqué, De rebus geticis, XVIII veniensque
c'est ainsi que porte le
C'est un pamphlet contre le célibat ecclésiastique.
Allgemeinedeutsche Biographie,t. I, p. 22.
A. VOGT.
texte imprimé. Or, il est certain qu'il faut corriger 1. ABSALON, abbé de Stavelot, est placé par les
abrupto enAbrytum. Hiéroclès, 636,8, édit. Burckhardt, catalogues des abbés de ce monastère entre Wirond,
cite la ville sous le nom de liêpai-rô:, et, au même qu'on rencontre encore le 1er octobre 814 et Audon,
VIesiècle,Procope,De ædificiis,IV,11, parled'Abrittos,
dans la région du Danube. On connaît un évêque de
cette ville, Marcien, qui défend Nestorius, en 431, au
;
qui paraît le 30 mars 824. Monum. Germaniæ hist.,
t. XI, p. 292; t. XIII, p. 293f Halkin et Roland,
Charles de Stavelot, Bruxelles, 1908, t. I, p. 64, 68.
concile d'Éphèse, Le Quien, Oriens christianus, t. I, On manque de renseignements certains sur ce per-
eoi. 1219, et signe encore, en 458, la lettre à Léon, sonnage.
Mansi, Conc. ampliss. coll., t. vu, col. 546. Bien U. BERLIÈRE.
qu'Abrytus ne figure pas, au vue siècle, dans la liste 2. ABSALON, abbé de Springkirsbach,au diocèse
des suffragants de Marcianoupolis, dressée par le de Trêves, aurait été ensuite nommé, en 1198, abbé
pseudo-Épiphane, nous voyons au second concile de de Saint-Victor de Paris où il serait mort le 17 sep-
Nicée, en 787, paraître Ursus tf,ç 'IêapiTiocvwv. ou tembre 1203. D'après d'autres, au contraire, il aurait
'AgapiTiavtbv b."I.Jd¡r¡[IXÇ Mansi, Concil. amplis. coll., simplement été religieux de. Saint-Victor de Paris et
t. XIII, col. 141, 367. Le nom d'Ursus semblant in- ensuite abbé de Springkirsbach, vers 1210, sans re-
diquer un pays de langue latine comme l'était Abry- tourner à Saint-Victor de Paris comme abbé. Quoi
qu'il en soit, nous avons sous le nom d'Absalon cin- d'Askilsœ, transféré plus tard à Œbelholt. A Sorœ,
quante et un sermons, imprimés d'abord à Cologne en 1161, Absalon substitua des cisterciens aux béné-
en 1534 et à Milan, en 1605, reproduits dans la P.L., dictins, dota richement leur abbaye et les chargea
t. CCXI, col. 8-294, d'après l'édition de Cologne. Le d'écrire l'histoire du pays. L'idéal d'Absalon était la
itvle d'Absalon ne vaut pas celui de saint Bernard coopération complète de l'Église et de l'État. Jamais
auquel on l'a parfois comparé. Toutefois il ne manque son rêve ne fut mieux réalisé que le 25 juin 1170, jour
p«; d'onction et aussi de vigueur quand il s'élève con- où Valdemar, entouré des évêques et des notables du
tre les abus de son époque. royaume, assistait à la translation de son père saint
Ou lin, Commentarius de scriptoribus Ecclesiæ antiquis, Knud Lavard et au couronnement de son fils Knud
Francfort. 1722, t. II, col. 1714, reproduit dans la P. L., dans l'abbaye bénédictine de Ringsted. Sept ans plus
-
t. CCXI, col. S. Brial, dans Histoire littéraire de la France,
t. XVI, p.451. Unis la seconde édition de Ceillier,Histoire
tard, en 1177, Absalon assistait àune autre transla
tion, celle de sa parente, sainte Marguerite de Kjöge,
générale des ( t,. 'lt'" sucrés et ecclésiastiques, 1863, t. XIV, dont il transféra les restes au. couvent des religieuses
p. 876, on n'a Llit que reproduire la notice de l'Histoire cisterciennes qu'il avait fondé près de l'église de Notre-
littéraire de la F rance. —Vacant, Dictionnaire de théologie,
i,
t, col. 133.
U. ROUZIÈS.
Dame à Roskilde. A cette époque furent publiées les
constitutions des églises de la Skanie (en 1162), de See-
3. ABSALON, moine de Saint-Florent-le-Vieil, land (en 1171). Ces codes contiennent des modifications
passe pour avoir rapporté en Anjou les reliques de du droit canon pour le faire répondre aux exigences
saint Florent, que les religieux fugitifs avaient dépo- des Danois. En 1177, Absalon prit part avec Valde-
sées à Tournus, au diocèse de Mâcon. La Terreur étant mar à la fondation de l'hôpital de Saint-Jean-de-
passée, les moines quittèrent l'abbaye qui leur avait Jérusalem à Antvorskov (Seeland).
donné l'hospitalité, mais ils ne purent obtenir le En 1178, Eskil donna sa démission et nomma Absa-
corps qn'ils avaient confié à leurs frères. Absalon usa lon son successeur. Malgré sa résistance, Absalon fut
alors de stratagème, et s'étant fait nommer sacriste forcé d'accepter l'archevêché, mais il obtint la permis-
sion d'Alexandre III de garder en même temps l'évê-
de l'abbaye, il profita de cette charge pour envelopper
d'une peau de cerf les ossements du saint confesseur,
les enleva furtivement et les reporta dans le voisi-
ché de Roskilde. L'année suivante, il reçut, à Lund, le
palliun des mains du légat Gallandus et fut lui-même
nage de Saumur, où on les vénère encore aujourd'hui. nommé légat du pape en Danemark et en Suède, de
Bibliothèque d'Angers, ms. 1011, fol. 20. — Chamard, même que son prédécesseur.
Vies des saints personnages de l'Anjou, t.1, p. 77-85. —Dom En 1180 et 1181, Absalon réprima avec l'assistance
Huynes,Histoiredel'abbayeSaint-Florent,aux archives de de Valdemar, la révolte des paysans de la Skanie, qui
Maine-et-Loire, ouvrage manuscrit, folio 26, verso. réclamaient l'expulsion des propriétaires sélandais,
F. UZUREAU. l'abolition de la dîme, la suppression de l'archevêché
4. ABSALON DE LUND (1128-1201). Absalon, de Lund et le mariage des prêtres. Absalon renonça à
né en 1128 à Fjenneslovlille (Seeland), fut élevé avec la possession d'une partie des terres de l'archevêché,
il
le jeune Valdemar.Vers 1146, fut envoyé aux écoles
de Paris. En 1151, son père Asser Rig meurt, treize
mais il ne voulut pas consentir à l'abolition de la dîme,
et il employa tous ses efforts pour obliger ses prêtres à
jours après être entré comme moine bénédictin, avec garder le célibat. Du reste, il se montra très miséri-
l'assentiment de son épouse Inge, dans l'abbaye de cordieux à l'égard des révoltés. A partir de 1187, il
Sorœ qu'il avait fondée. paraît s'être entièrement dévoué à ses devoirs ecclésias-
Revenu en Danemark, en 1156, Absalon fut con- tiques. Cette même année 1187, Absalon tint un synode
sacré évêque de Roskilde par Eskil, archevêque de national afin d'introduire l'uniformité dans le culte
Lund, en 1158. Il devint le conseiller principal du roi des églises de sa province. En 1188 il s'occupa, sur
et le commandant en chef de ses armées sous les rè- l'ordre du pape Clément III, de la canonisation de
gnes de son ami Valdemar Ier le Grand (1157-1182) et saint Kjeld (Kétil) de Viborg. Absalon défendit tou-
de son pupille, Knud V (1182-1202). Ses expéditions jours les droits de l'archevêque de Lund comme pri-
nombreuses contre les Wendes furent regardées mat de Suède contre les archevêques de Brême et
comme des croisades. Elles amenèrent la conversion d'Upsal. C'est ainsi qu'il donna le pallium à deux ar-
au christianisme de beaucoup de Wendes, et l'incor- chevêques d'Upsal. Il s'intéressa aux affaires de l'É-
poration de l'île de Rugen au diocèse de Roskilde, glise de Norvège, bien qu'il n'eût pas d'autorité cano-
malgré les protestations de l'évêque Berno de Schwe- nique sur elle. Il accueillit à Lund l'archevêque Éric
rin. La lutte qui commença en 1159, lors de la mort du de Drontheim et les autres évêques norvégiens qui
pape Adrien IV, entre les partisans du pape Alexan- fuyaient devant le roi Sverre. Lors de la révolte, en
dre III et ceux de l'anti-pape Victor IV, s'est étendue 1192, de l'évêque Valdemar de Slesvig qui voulait
jusqu'au Danemark. Valdemar prit d'abord le parti s'emparer du trône, Absalon et les autres évêques da-
de Victor IV qui était appuyé par l'empereur Frédé- nois prirent le parti duroi Knud. Après l'emprisonne-
ric Barberousse. Eskil et Absalon favorisaient la cause ment de l'évêque de Slesvig, les prélats danois ne re-
d'Alexandre III qui était celle de l'Église contre les culèrent même pas devant les menaces du pape Céles-
empiètements de l'État. L'archevêque dut quitter le tin III, qui finit par ne pas sévir. Absalon était du
pays en 1161, et, après avoir visité l'empereur à Saint- reste très dévoué au Saint-Siège. En 1191 il renonça à
Jean-de-Losne, en Bourgogne, assista avec Valdemar l'évêché de Roskilde. Le 21 mars 1201, il mourut à
au synode de Dôle (1162-1163). De retour en Dane- Sorœ et fut enterré dans sa chère abbaye. Absalon est
mark, le roi, sous l'influence d'Absalon, abandonna regardé par les Danois comme un de leurs héros na-
la cause de Victor IV. Eskil fut rappelé de Clairvaux. tionaux et les habitants de Copenhague l'honorent
L'Église danoise était sortie du schisme. Après la mort comme le fondateur de leur ville (en 1168).
de Victor IV en 1164. Valdemar donna le monastère
de Vang (Jutland) aux cisterciens, partisans zélés
d'Alexandre III. Les moines français et anglais ré-
ÉCRITS: Testamentum Absalonis archiepiscopi LUIl-
densis. Le manuscrit trouvé à l'abbaye de Sorœ n'est connu
pandaient la civilisation française et les idées romaines que par une copie qui fut détruite dans l'incendie de la Bi-
bliothèque royale de Copenhague en 1728. Voir Kr. Erslev,
en Danemark. Absalon fit appel à son ami de jeu- Testamenter fraDanmarks Middelalder, Copenhague, 1901,
nesse, saint Guillaume, qui vint en Danemark,en 1165, p. 3; P.L., t. ccix, col. 757. — Sur l'œuvre canonique
avec trois autres chanoines réguliers de l'abbaye de d'Absalon voir P. G. Thorsen, Danmarks Gamle Provind-
Sainte-Geneviève de Paris. Ils fondèrent le monastère slove (envieux danois),Copenhague, 1852, t. i.— Corpus
juris Sueo-Gotorum antiqui (Sweriges Gamla Lagar), t.ix, Maillezais en évêché (1317), fut alors rattaché à ce
p. 1-238, texte en vieux danois suivi de la paraphrase nouveau diocèse et ne fit retour à Poitiers qu'en 1801.
latine d'Anders Suneson, archevêque de Lund de 1202 à II. FONDATION. — Il existait à l'Absie au commen-
1228. cement du XIIe siècle une église abandonnée qu'un
BIBLIOGRAPHIE. — Saxonis Grammatici, Historiæ Da- ermite, nommé Pierre de Bunt, rendit au culte avec
nicæ XVI, Pars I, édit. Müller, Hafniœ, 1839, pars II,
édit. Velschow, Hafniœ, 1858. — H. F. J. Estrup Absalon t
l'autorisation de Pierre II, évêque de Poitiers, 1115.
som Helt, Statsmand, og Bishop, Sorœ, 1826, traduction Quelques ermites ou clercs se groupèrent autour de
allemande avec additions par Dr Mohnike dans Zeitschrift lui et ils étaient déjà seize en 1120. Il semble bien
für die historische Theologie, édit. Illgen, Leipzig, 1832, qu'ils aient eu quelques rapports avec le fameux pré-
t. II. — Olrik H., Absalon, part. I, Copenhague, 1908 (en dicateur Giraud de Sales; peut-être même étaient-ils
danois). de ses disciples car Giraud vint à l'Absie au printemps
A. TAYLOR.
ABSAMYÂ, neveu de saint Éphrem, était sur- de 1120 et, avec la permission de Guillaume Gilbert,
évêque de Poitiers, revêtit de l'habit monastique
tout connu par une courte phrase de la chronique Pierre de Bunt et ses compagnons et transforma
d'Édesse « L'an 715 (des Grecs, ou 404 de notre ère),
l'ermitage en une abbaye dont Pierre fut le premier
le prêtre 'Absamyâ, fils de la sœur du bienheureux abbé, mardi avant les Rameaux, 6 avril 1120. Ledain,
Mar Éphrem, composa des hymnes et des discours sur Cartulaires et chartes de l'abbaye de l'Absie, Archives
l'incursion des Huns dans l'empire romain. » M. G. Bic-
kell a proposé d'identifier cet auteur avec Cyrillonas,
poète syrien dont il a trouvé quelques hymnes dans un
manuscrit du vie siècle; car Cyrillonas aussi était un
-
historiques du Poitou, t. xxv, p. 7-8.
III. ABRÉGÉ HISTORIQUE. Le nouveau monastère
bénéficia dans une large mesure de la popularité qui
clerc d'Édesse et écrivait, vers 396, un discours sur s'attachait alors aux maisons fondées par les réfor-
l'invasion des Huns. D'ailleurs M. Bickell estime que mateurs religieux du début du XIIe siècle, et devint
Cyrillonas est le premier poète syrien après saint bientôt le plus important des établissements ecclé-
Ephrem et l'on ne s'explique pas qu'il ne soit men- siastiques de la Gâtine. Dès le temps de l'abbé Pierre
tionné nulle part; on est donc conduit à admettre de Bunt c'est-à-dire antérieurement à 1136, l'Absie
qu'il est mentionné sous le nom d"Absamyâ. Ses poé- reçut d'importantes donations qui se multiplièrent
sies sur l'invasion des Huns, sur Zachée, sur le lave- surtout sous les deux abbés suivants, Guillaume et
ment des pieds, sur la Pâque du Christ et sur le fro- Rainier (1136-1186) et furent encore assez nombreuses
ment sont importantes, en dehors de leur valeur poé- pendant toute la première moitié du XIIIe siècle. On
tique, par les témoignages qu'elles apportent en fa- en comptait déjà plus de 550 avant l'an 1200. Ledain,
veur du saint sacrifice de la messe, de la présence réelle op. cit., p. 74. Presque tous les donateurs étaient
du Christ dans l'eucharistie, de la pureté de la sainte des seigneurs féodaux du centre ou de l'ouest du
Vierge, de l'invocation des martyrs et de la vénération Poitou qui possédaient des domaines aux environs de
de leurs reliques. l'Absie, tels les seigneurs de Vernou, de la Chapelle
Tireuil, de Saint-Pompain, de Champdeniers,de Chan-
RubensDuval, La littératuresyriaque,Paris, 1907, p. 336.—
Sur'Absamyâ, cf. Assémani, Bibl. orient., t.1, p. 169-170.
Michelle t.-
Syrien, Chronique, II, p. 9. —Bar-Hébræus,Chro-
- temerle, de la Forêt sur Sèvre, d'Aupareds, de Loge
Fougereuse, de la Chataigneraye, de Vouvent, de
nique ecclés., t.1, col. 133. Sur Cyrillonas, cf. Zeitschrift Chateaumur, de Chaillé, de Mauzé, de Marans, et
derdeutschenmorgenländischen Gesellschaft, t.XXVII (1873),
p. 566; M. G. Bickell a traduit en allemand les poèmes de
quelques-uns des plus puissants féollaux du Poitou,
les Beaumont-Bressuire, les Larclievêque de Parthe-
Cyrillonas dans la Bibliothek der Kirchenväter de V. Thal- nay, les Mauléon, les Maingot, les Lusignan, les vi-
hofer n. 41, Kempten, 1872, p. 9-63. comtes de Thouars. Mais la réputation du monastère
F. NAU. s'étendit assez loin pour provoquer d'importantes
ABSASALLENSIS (Ecclesia), chrétienté d'Afri- donations dans une région assez éloignée de l'Absie,
que, non encore identifiée; elle était située en Pro- au N.-E. de la Gâtine, dans les plaines d'Assais et
consulaire. Son évêque, Dominicus, fut l'un des si- de Moncontour, et aux environs de Montreuil Bellay
gnataires de la lettre adressée, en 646, par l'épiscopat où Giraud Berlai, seigneur de Montreuil, donna au
de la province,|au patriarche Paul de Constantinople. premier abbé de l'Absie son bois de Brignon. Une
Mansi, Sacr. concil. nova et ampliss. collect., t. x, grange dépendant de l'Absie fut établie en ce lieu et
col. 940. transformée sous l'abbé Rainier (seconde moitié du
I
Morcelli, Africa christiana, Brescia, 1816-1817, t. p. 65. XIIe siècle) en une abbaye connue sous le nom de la
— Notitia dignitatum (éd. Bocking), 1839-1853, t. II, annot., Sye en Brignon. Des traditions dont il est malheureu-
p. 639.
p. 463.
-- Gams, Series episcoporum, Ratisbonne, 1873,
Ch. Tissot, Géographie comparée de la province
sement impossible de vérifier l'exactitude attribuaient
également aux moines de l'Absie une part dans la
romaine d'Afrique, Paris, 1884-1888, t. II, p. 772. De
Mas-Latrie, dans Bulletin de correspondance africaine, — fondation des abbayes de l'Ile Chauvet au diocèse de
1886, Luçon et de Turpenay au diocèse de Tours. Gall.
p. 85; Trésor de chronologie, 1889, col. 1868. — Tou-
lotte(Mgr), Géographie de l'Afriquechrétienne, Rennes-Pa- christ., t. II, col. 432; t. XIV, col. 296. Du reste, même
ris, 1892-1894, t. i, p. 112.
- Joh. Schmidt, Absasalla,
dans Pauly-Wissowa, Realencyclopädie, t. I, p. 116.
à cette époque de grande prospérité, on ne connaît
l'histoire de l'Absie que par les donations qui lui furent
Aug. AUDOLLENT. faites et le nom de ce monastère n'apparaît nulle part
ABSCURITANA (Ecclesia). Sans doute une erreur dans l'histoire politique du Poitou. Pour la période
de copiste, pour ASSURITANA. Voir ASSURAS. postérieure les renseignements sont plus rares encore,
et l'annaliste ne peut qu'enregistrer quelques men-
ABSEL. Voir APSEL. tions éparses dans les textes et relatives presque
toutes aux ruines causées par les guerres du xve et
ABSIE (L') EN GATINE.-—I.SITUATION.—Abbaye c
du XVI siècle. En 1424, pendant que Jean Grimaud était
d'hommes de l'ordre de Saint-Benoit, placée sous le abbé, l'Absie fut pillée, probablement par les Bretons
vocable de Notre-Dame et située au chef-lieu de la qui tenaient garnison aux Essarts et à Châteaumur.
paroisse actuelle du même nom, canton de Moncou- Arch. hist. du Poitou, t. XXXII, p. 234. En 1430, alors
tant, arrondissement de Parthenay (Deux-Sèvres), sur que la guerre entre la Trémoille et Richemond rui-
la crête qui forme la partie la plus élevée du plateau nait le Poitou, des partisans de ce dernier mirent à
de Gâtine et qui fut jadis très boisée. Ce territoire, qui nouveau l'abbaye au pillage, sous prétexte de soute-
dépendit du diocèse de Poitiers jusqu'à l'érection de nir les droits de Louis Rouault qui prétendait succé-
der à l'abbé Jean Grimaud, bien que la majorité des le sous-chantre de l'Absie accusé de désordres scan-
moines eût élu Bernard d'Appelvoisin appartenant daleux. Arch. Charente-Inférieure, G. 242.
à une famille noble des environs. Arch. hist. du Poi- V. DOMAINE.—Les donations du XIIe et du XIIIe
tou, t. XXIX, p. 139-140. En 1438 des gens d'armes siècle avaient assuré à l'abbaye un important patri-
dévastèrent encore le monastère « sans rien y laisser;» moine dont les revenus étaient évalués à 18000 liv.
la même année le clocher et la moitié de l'église en 1664. Dugast-Matifeux, loc. cit. La mense abba-
s'effondrèrent (Arch. hist. du Poitou, t. XXV, p. 229- tiale était estimée 9000 livres au XVIIIe siècle. (Alm.
230) et en 1448 dans une supplique à Nicolas V, l'abbé royal). Ces revenus consistaient surtout en terres,
Bernard d'Appelvoisin représentait que l'église et bois, prés, maisons, moulins, droits seigneuriaux, dans
les cloîtres étaient complètement détruits, et que le une quinzaine de paroisses aux environs de l'Absie, en
dortoir, le réfectoire et les granges menaçaient ruine. Gâtine et sur les bords de la plaine niortaise. L'Absie
Denifle,Ladésolation des Églises, t. I, p. 154. A la possédait également quelques marais à l'Anglée, sur
même époque on estimait que les revenus de l'abbaye les bords de la Vendée, dès 1158, et elle fut une des
ne s'élevaient plus qu'au quart de la somme qu'ils cinq abbayes qui s'associèrent en 1217 pour creuser
atteignaient avant les guerres. Arch. hist. Poitou, le canal dit des Cinq-Abbés destiné à dessécher les
t. xxv, p. 229. A la fin de son long abbatiat (1430- marais de Chaillé et de Vouillé. Clouzot, Les marais
1468), Bernard d'Appelvoisin commença à relever de la Sèvre Niortaise et du Lay, dans les Mém. Soc.
ces ruines et sous son gouvernement et celui de son antiq. Ouest, 1903, IIe série, t. XXVII, p. 24-38. Des
successeur François d'Appelvoisin l'église fut presque maisons et des droits dans les villes d'Airvault, de
complètement reconstruite, elle subsiste encore et Parthenay, de Bressuire, quelques domaines éloi-
n'a été remaniée que dans la seconde moitié du XIXe gnés situés dans les paroisses de Pressigny, d'Assais
siècle Ledain, La Gâtine, p. 127. — L'Absie ne fut et de Craon (Deux-Sèvres et Vienne) complétaient
pas épargnée non plus pendant les guerres de religion; le domaine de l'abbaye. Deux prieurés dépendaient
elle fut pillée à diverses reprises, notamment, semble- de l'Absie, ceux de Sauze (paroisse de Pissote, Vendée)
t-il, le 24 décembre 1576. Mém.Soc. statistique des et de Gambuère (paroisse de Serigné, Vendée).
Deux-Sèvres, IIe série, 1879, t. XVII, p. 300. Charles Au point de vue féodal l'abbaye de l'Absie était le
IX permit de relever les bâtiments « en manière de siège d'une châtellenie et haute justice dont les appels
forteresse. » Ledain, La Gâtine, p. 266. Elle passait à la fin du XVIIIe siècle se portaient à Parthenay. Il
cependant pour avoir été moins maltraitée que d'autres serait assez malaisé d'indiquer les limites précises de
monastères poitevins. Cf. D. Fontcneau, t. LXXIX, cette châtellenie. Les abbés et religieux avaient le
f. 683, ms. de la Bibliothèque municipale de Poitiers. privilège de porter directement leurs causes au siège
Le monastère ne retrouve point, au XVIIe siècle, son an- royal de Fontenay. Beauchet-Filleau, Diction. to-
cienne prospérité. En 1664, en pleine époque de renais- pogr. des Deux-Sèvres, t. II, p. 2, ms. de l'abbaye de
sance religieuse, on n'y comptait que 6 ou 7 moines Ligugé.
non réformés. Dugast-Matifeux, État du Poitou sous VI. LISTE DES ABBÉS (d'après la Gallia christiana;
Louis XIV, p. 82. En 1735, Mv" de Menou, évêque Ledain, Cartulaires et chartes de l'Absie, loc. cit., Intro-
de la Rochelle, supprima cette maison devenue inu- duction; Imbert, note. V. bibliographie de Granges,
tile et unit les revenus de la mense conventuelle à de Surgères, Répertoire historique et biographique de
ceux du chapitre de sa cathédrale. Arch. départ. la Gazettede France; les Acta consistoralia; Bibl. nat.,
Deux-Sèvres, H. '2. La mense abbatiale subsista jus- mss.lat. 12757, 12653; le cartulaire de Bourgueil).
qu'à la Révolution. Pierre de Bunt, restaurateur de l'Église avant 1115,
IV. ORGANISATION INTÉRIEURE.—Onn'apresqu'au- abbé au commencement de 1120, mort entre 1123 et
cun renseignement sur l'organisation intérieure du mo- 1136. — Guillaume, 1136-1146.—Rainier, 1153-1186.
nastère. Le nombre des religieux ne fut jamais très — Goscelin (prieur en 1186), 1187-1200. — Geoffroi,
élevé, 16 en 1120 (v. plus haut), 18 à 20 en 1430. Arch. 1211-1232. — Guillaume II, 1236-1246. — Regnault,
hist. du Poitou, t. XXIX, p. 139-140. Bien que le rédac- 1283. — Guillaume Baer, 1381-1391.—Jean Grimaud,
teur d'un des cartulaires de la fin du XIIe siècle, dise 1402-1430. — Compétition entre Bernard d'Appel-
que l'abbaye fut organisée conformément aux institu- voisin, Louis Rouault, et Bertrand de la Fosse dit
tions de Cîteaux, Arch. hist. du Poitou, t. xxv, p. 118), du Retail, 1430-1432. —Bernard d'Appelvoisin, 1430-
il apparaît par les actes de ce même cartulaire que les 1468. J'ignore sur quels documents s'appuie la Gallia
moines de l'Absie acceptèrent des rentes, des dîmes et christiana, t. II, col. 1383 pour placer un Jean II com-
des droits à une époque où les abbayes cisterciennes plètement inconnu en 1453-1454. — François d'Ap-
n'en acceptaient point encore, et, en fait, l'Absie ne pelvoisin, 1472-1482. — Hardy Marvilleau, 1498,
fut jamais comptée parmi les abbayes de l'ordre de 4 mai-1499, 12 mars. — Jean ou Jacques des Roches,
Cîteaux. Une supplique de l'année 1448 révèle que commendataire, dès 1506 (Ledain) 1519, 14 février
les religieux, tout en étant bénédictins, portaient un 1522, 14 février. — Louis des Roches, doyen de Cléry,.
habit particulier, ce qui détournait d'eux bon nombre pourvu de la cômmende de l'Absie par Adrien VI
de vocations. Denifle, loc. cit. Quelques donations (Ledain), céda par échange son bénéfice à Philippe
d'oblats, et de nombreuses fondations d'anniversaires Hurault de Cheverny, qui prit possession le 25 mai
sont conservées dans les chartes de l'Absie; l'on y 1529 et céda l'Absie à Adrien Gautier, institué par le
trouve également mentionnée la fondation de plu- pape le 11 avril 1537. — David Panter, évêque de
sieurs chapellenies desservies en l'église de l'abbaye Rochester, 1553, qui était déjà mort lors de la com-
ou dans une chapelle voisine où l'on a découvert une parution des députés des trois ordres de la province
curieuse fresque du XVIe siècle. L'abbaye n'ayant pour la réformation de la coutume de Poitou (15 oc-
point été réformée au XVIIe siècle, les offices claus- tobre 1559). — Archambaud de Béthune était alors
traux restèrent de véritables bénéfices jusqu'à leur commis par autorité royale au gouvernement de l'ab-
suppression en 1735. On n'a conservé aucun témoi- baye. — Jacques de Bethon, archevêque de Glascow,.
gnage sur la vie intellectuelle des moines. Leur vie ambassadeur d'Écosse en France, déjà abbé en 1564,
morale ne fut pas toujours parfaite puisqu'en 1384 mort le 25 avril 1603. —Pierre Habert qui résigna son
l'abbé Guillaume Baer avait un bâtard d'une femme bénéfice et dont le successeur Pierre Coutant, prêtre
de mauvaise vie (Arch. hist. du Poitou, t. XXI, p. 161- du diocèse de Sens, fut institué par le Pape, le 30
162) et qu'au commencementdu XVIIIC siècle l'évêque avril 1607. Il résigna lui aussi et eutpour successeur
de la Rochelle fit procéder à une information contre Charles Largentier de Chapelaines, institué par le
pape le 3 septembre 1618 et qui résigna en 1635 en mais son sacre n'eut lieu qu'en 1554. Un rescrit im-
faveur de Barthélemy d'Elbene qui fut nommé par périal de Ferdinand1er,donné le 20 juillet1554,l'ap-
le roi mais qui n'occupa peut-être pas. — Pierre Bal- pelle encore évêque élu, tandis qu'une concession de
thasar Phelipeaux de laVrillière, 1649-1675.-Michel rente à un bénéficier de la cathédrale, du 15 décembre
Phelipeaux de la Vrillière,1675-1694. — Natalis le de la même année, fait mention de François, évêque. La
Boultz, licencié en théologie, aumônier du roi, 24 dé- consécration épiscopale a donc eu lieu entre ces deux
cembre 1694-22 avril 1695. — Louis Moreau, 8 sep- dates. Le diocèse de Wiener-Neustadt eut beaucoup à
tembre 1695. — Charles-Emmanuel de la Vieuville, souffrir des protestants qui cherchèrent à y propa-
aumônier du roi, janvier 1721, mort le 8 octobre 1730. ger leur doctrine; ils démolirent des églises dans les
— François de Madot, évêque de Chalon-sur-Saône, campagnes, prétextant qu'elles serviraient, le cas
nommé à la fin de 1730, mort le 7 octobre 1753. — et
échéant, de lieu de refuge de défense aux Turcs,mais,
Louis-Henri de Bruyères de Chalabre, vicaire général en réalité, pour détruire peu à peu les édifices du
de Carcassonne, nommé entre le 7 octobre et le 17 culte catholique. L'évêque fit de grands efforts pour
novembre 1753, démissionna lorsqu'il fut nommé résister à l'hérésie; comme son diocèse manquait de
évêque de Saint-Pons, en 1769, et fut remplacé par prêtres à cause de sa pauvreté, il obtint la permission
son frère, Alexis de Bruyères de Chalabre,vicaire géné- de réduire les bénéfices pour procurer à ses prêtres un
ral de Lyon puis évêque de Saint-Omer, qui était honnête subsistance et assurer ainsi au peuple, igno-
encore abbé en 1790. rant et exposé à l'hérésie, des maîtres de la doctrine
Les archives de l'abbaye de l'Absie, transportées après catholique. Il s'appliqua aussi à propager la vraie et
1790 à Parthenay,puis à Niort ont été détruites lors de l'in- solide piété, recommandant vivement à ses diocésains
cendie des Archives départementales des Deux-Sèvres en la dévotion envers la douloureuse Passion de N.-S.,
servées. Arch. départ, des Deux-Sèvres, H. 1-45. -
1805. Une cinquantaine de pièces seulement ont été con-
Deux
cartulaires rédigés à la fin du XIIe siècle ont également dis-
veillant à la dignité du culte et à la piété dans les céré-
monies religieuses.
Le 16 novembre 1555, des voleurs fracturèrent pen-
paru, mais il en subsiste d'excellentes analyses et de nom- dant la nuit la porte du caveau d'une tour de la cathé-
breux extraits exécutés au XVIIe siècle par Gaignières,
Besly Duchesne, Baluze.Bibl. nat., Cat. -17048, Dupuy, 805, drale et s'emparèrentd'une croix en or d'un très grand
8§S, 828, 841, Baluze, t. LI. Nouv. acq. fr. 17433. Tous ces prix et des sceaux en or des privilèges municipaux; la
documents relatifs à l'Absie et antérieurs à 1443 ont été pu- porte d'un autre caveau, où étaient renfermés les vases
bliées parB. Ledain : Cartulaires et chartes de l'Absie, dans
:
Archives historiques du Poitou, t. xxv (1895), p. 1-234. A
consulter également Gallia christiana, t.II col. 1380-1384.
— Du Temps, Le clergé de France, t. II, p. 529-531. — Le-
dain, La Gâtine historique et monumentale, 1876. — Dro-
sacrés de la cathédrale, résista à leur entreprise. L'in-
sécurité était augmentée par la crainte d'une nouvelle
invasion turque. L'évêque fit de son mieux pour re-
lever le courage de ses concitoyens. Il obtint, le 14 fé-
chon, Journal de Paul de Vendée, seigneur de Vendée et de vrier 1556, de l'empereur Ferdinand un renouvellement
la
Bois-Chapeleau.dansMém.de Soc.destatist.desDeux-Sèvres, des antiques privilèges de la cité et la fit abondamment
IIe série, t. XVII (1879). — Imbert, Note sur l'abbaye de pourvoir d'armes et de vivres; mais la défaite des
l'Absie, dans Bulletin de la Soc. de statist. des Deux-Sèvres, Turcs à Sigeth sauva la ville.
t. IV, p. 135-136 (juin-octobre 1879). — Clouzot, Commu- L'évêque Abstemius était un bon théologien et un
nication à la Société de statistique des Deux-Sèvres, dans Bul- esprit très cultivé; il continua à se livrer à l'étude des
letin., t. III, p. 159-161 (séance du 14 février 1877). — De
Longuemar, Une fresque de l'églisedel'Absie, dansBulletins de langues orientales et de l'Écriture sainte et resta en
la Société des antiquaires de l'Ouest, IIe série, t. I, p. 150- correspondance suivie avec les savants de son temps,
152, (3e trimestre 1877). — Clouzot, Les marais de la Sèvre principalement avec André Plank, professeur d'hébreu
Niortaise et du Lay, Mém. de la Soc. des antiquaires de à l'académie de Vienne. Il mourut le 30 novembre 1558
l'Ouest, IIe série, t. XXVII (1903). — Deux notes impor- et fut enterré dans sa cathédrale.
tantes de M. Guérin dans son Recueil de documents concer-
nant le Poitou, contenus dans les registres de la Chancellerie
de France, dans Archives historiques du Poitou,
t. XXIX, p. 139-140.
t. XVII, p. 4;
Marc Hansizius, Episcopatus Neostadiensis, t. I, p. 260-
268 (manuscrit qui se trouve à la biblioth. impériale de
Vienne, au séminaire deSanct-Poelten et à la collégiale de
P. DE MONSABERT. W. Neustadt). — Wiedemann, Beiträge zur Geschichle des
ABSOLON (JEAN), jésuite tchèque, né à Auscha Bisthums W. Neustadt, dans Oesterreichische Vierleljahrs-
(Bohême), le 1er janvier 1669, mort à Prague le 23 schrift für katholische Thcologie, 1864.
août 1730. Il fut admis au novicat le 27 septembre J. WAGNER.
1686, fut douze ans professeur de théologie, onze ans 2. ABSTEMIUS. Voir BOODZHEIM (Jean de).
chancelier et préfet des études à l'université d'Ol-
mütz, quinze ans prédicateur. On a de lui Epitome ABSTINENTS. Nom par lequel on désigne certains
theologica, seu quæstiones et resolutiones de universa partisans de Manès, au IIIe siècle. L'histoire ne nous
Theologia succincte cum suis [ditficultatibus collectæ, a pas conservé beaucoup de renseignements sur cette
Olmütz, 1703-1720; Prague, 1718, 8 vol. secte. Le terme indique assez nettement sa tendance
Sommervogel, Biblioth. de la Compagnie de Jésus, générale. Les membres de la secte s'adonnaient à un
Bruxelles, 1890, t. I, col. 25-26; 1898, t. VIII, col. 1566- ascétisme très rigoureux et s'interdisaient absolument
1567. certaines pratiques, en elles-mêmes légitimes. Ce que
E.-M. RIVIÈRE. saint Augustin nous apprend, De hæresibus, n. XLVI,
1. ABSTEMIUS (FRANÇOIS) etnon Jean, comme P. L., t. XLII, col. 36-37, des plus parfaits d'entre les
l'appellent quelques historiens, septième évêque de manichéens, des « Élus », convient exactement aux
Wiener-Neustadt (1553-1558), diocèse d'Autriche, abstinents. Une idée philosophique conditionnait
fondé par Paul IIle 18 janvier 1469, et transféré par toute la morale des abstinents; cette idée c'est que
PieVI le 28 janvier à Saint-Hippolyte (Sanct-Pœlten). la matière est le principe du mal et du péché. A ce
Il appartenait à une ancienne et noble famille de Hon- titre, ils lui vouèrent une haine implacable. Tout ce
grie et fut pendant quelque temps chanoine de Pécs qui vient de la matière ou s'y ramène, leur inspirait
(Fünfkirchen).L'invasion de la Hongrie par les Turcs une profonde répugnance. Voilà pourquoi l'esprit doit
l'obligea à se réfugier à Vienne où sa science du latin, toujours lutter contre la matière et l'âme contre le
du grec et de l'hébreu lui valurent d'être en grande corps et ses concupiscences. Aussi employaient-ils les
considération à l'université. Vers 1549, on lui confia la moyens capables d'assurer le triomphe de l'âme sur le
paroisse de Tyrnstein qu'il administra pendant quatre corps et de refréner les passions de la chair. Ils s'abs-
ans; en 1553, il fut élu àl'évêché de Wiener-Neustadt, tenaient donc de la viande, du mariage et de tout com-
merce sexuel et se livraient aux mortifications les plus ABTUGNENSIS et ABTUNGNENSIS Ecclesia)
austères. VoirABTHUGNI.
ABTHUGND. Évêché d'Afrique, en Proconsulaire
c'est le Municipium Aelium. Abthugnitanorum.
V. ERMONI.
: ABUCARA (THÉODORE). Voir ABOU QORA, col. 157.
Corp. inscr. lat., t. vin, n. 929 = 11206. Une inscrip- ABUDACNUS (JOSEPH), « savant jésuite orienta-
tion, trouvée à Henchir es Souar, au sud du Zaghouan liste, natif du Caire, enseignal'arabe, vers le commen-
(Bull. archéol., 1893, p. 226, n. 65; Nouvelles archives
des missions, 1907, t. XIV, p. 139), a permis de l'iden-
tifier avec cette localité, en même temps qu'elle fixait
l'orthographe réelle du nom. Dans les textes ecclé-
:
cement du xvii0 siècle, à Oxford, à Louvain et à
Vienne. Il signait ses livres Josephus Barbatus
Memphiticus, e Socielate Jesu. » Hœfer, Nouvelle bio-
siastiques on rencontre assez fréquemment l'ethnique,
mais il y est toujours plus ou moins déformé S. Optât,
I, 18 et 27 (édit. Ziwsa), et l'auteur des Actapurga-
: graphie universelle de Didot, t. I, p. 156. Le P. Som-
mervogel, Bibl. de la Compagnie de Jésus, t. I, col. 26,
fait remarquer avec raison qu'on ne trouve ce nom
dans aucun des bibliographes de la Compagnie. Il est
tionis Felicis, ibid., p. 197, lign. 15, écrivent Autumni- d'ailleurs faux que les deux ouvrages laissés par Abu-
tanus. S. Augustin, Abtuynensis(Breviculus collai., III,
26, dans P. L., t. XLIII, col. 630,)Apluginensis (ibid., :
daenus portent la mention que leur attribue la Bio-
graphie de Didot.Le premier Speculum hebraicum fut
I, 10, dans P. L., t. XLIII, col. 617) Apluginensis
(Contra Cresconium, 111, 67 et 80; Ad donalistas post
collai., 55, P. L., t. XLIII, col. 533, 539, 686) Aptun-
gensis (Retract, 11, 27 et 34; Episi., LXXXVIII, 3; CXLI,
:
publié à Louvain en 1615. Il est dédié aux gouver-
neurs d'Anvers. Le second Historia Jacobitarum seu
Coptorum. parut à Oxford en 1675. L'éditeur dit
d'Abudacnus qu'il était vir quidem parum literatus sed
10, édit. Goldbacher et P. L., t. XXXII, col. 642,644; inculpatis moribus et rerum in patria sua gestarum te-
XXXIII, col. 303, 581); cette orthographe est aussi stis locuples. L'agrégation d'Abudacnus àl'université
celle des Actes du concile de 349 (voir ci-dessous), des d'Oxford eut lieu d'après Wood, Athense Oxonienses,
lettres de l'épiscopat catholique lues à la confé- Londres, 1691,t.1, col. 790,le12juillet1603. Seelen,qui
rence de Carthage en 411 (Mansi, Sacr. concil. nova a réédité, en 1733, Historia Jacobitarum, fait remar-
et ampliss. collect., t.
IV, col. 65, 80), des Actes du quer qu'il n'a trouvé aucune mention d'Abudacnus
concile de Cirta en 412.Mansi, op. cil., t. IV, col. 303-
304.Chez S. Augustin encore (Contra Cresconium,III,81
t.
P.L., XLIII, col. 540) et dans les procès-verbaux de
; dans les historiens de l'université de Louvain ni
d'ailleurs aucune notice exacte sur ce personnage.
U. ROUZIÈS.
la conférence de 411 (Gesta collationis habilae inter ABUDÈME, martyr. Le ménologe de Sirleto
episcoposcatholicos
cit., t. iv,
et donatistas,1,c.CXXVIII,Mansi,op.
lit Aptugniianus;
place son martyre à Ténédos, durant la persécu-
col. 103et266), on dans tion de Dioclétien. Il aurait été tué pour ne pas avoir
un rescrit impérial au proconsul Probianus (cité par voulu toucher aux viandes offertes aux idoles. Les
Aug., Epist., LXXXVIII, 4) Aptungitanus; enfin dans bollandistes ont recueilli les témoignages des syna-
les actes du synode de Carthage en 525(Mansi, op.cit.. xaires grecs et slaves, qui mentionnent son nom.
t. VIII, col. 648) Ablungnensis. Act. sanctorum, jul. t. IV, p. 26-27. — Serge (archevêque),
Félix, évêque d'Abthugni, en consacrant l'évêque Polnyi mièsiatzeslov Vostoka, Vladimir, 1901, t. I, p. 214.
Caecilianus, de Carthage, sans se conformer aux usages A. PALMIERI.
établis (311), fut la cause occasionnelle du schisme ABULA. Voir AVILA.
donatiste [voir FELIX]. Peut-être faut-il voir un de
ses successeurs dans ce Magnus qui figure au concile ABULEZZUS (ABOUL 'IZZ HADÎRÎ), auteur
:
de Carthage, en 349. Mais comme les mss. donnent
les deux leçons Magnus episcopusAstyagensis et Ap-
t. ;
tungensis(Mansi,op. cit., III, col. 147,n.8 col.156,n.8),
syrien de date incertaine, dont deux prières sont en-
core conservées dans un manuscrit syriaque du Va-
tican (Cod. Amid. 8, écrit en 1570) et dans un manus-
onpeuthésiter pourson siège entreAbthugni etAstiagi. crit de Berlin qui est plus récent. Ce dernier manuscrit
Voir ce mot. Le même doute n'existe pas pour un nous apprend qu'Abulezzus était un prêtre de Mossoul.
second Félix et pour Saturus qui assistèrent, l'un à Cf. Assémani, Bibl. orient., t. III, 1re part., p. 295,610;
la conférence de Carthage, en 411 (Gesta collai., I, E. Sachau, Verzeichniss der syrischen Handschrif-
c. CXXVIII, Mansi, op.cil., t.iv, col. 103,266), l'autre au ten, Berlin, 1899, p. 153. F. NAU.
synode tenu dans la même ville en 525. Mansi, op. cit.,
t. vin, col. 648. ABULFARAGE. Voir BAR-HÉBRÆUS (Grégoire).
Corpus inscriptionum latinarum, t. VIII, p. 118, 1169. —
Morcelli, Africa christiana, Brescia, 1816-1817, t. I, p. 65. 1. ABUNDANTIUS, évêque d'Hadrumète (voir ce
— Notitia dignilaium (édit. Biicking), Bonn, 1839-1853, mot), en Afrique. Il assista au concile qui se tint à
t. II, Annot., p. 640. — V. Guérin, Voyage archéologique
dans la Régence de Tunis, Paris, 1862, t. II, p. 348 sq.— Carthage, en 349, sous la présidence de Gratus; et
de-
Gams, Series episcoporum, Ratisbonne, 1873, p. 463. — manda (c. XIII) qu'il fût interdit aux clercs de faire
Ch. Tissot, Géographie comparée de la province romaine l'usure. Mansi, Sacr. concil. nova et ampliss. collect.,
d'Afrique, Paris, 1884-1888, t. II, p. 556-557, 579. — t. III, col. 144, 149, 153, 158.
1885, p. 267-268, pl. XXVIT. -
J. Poinssot, dans le Bulletin des antiquités africaines, t.III,
De Mas-Latrie, dans Bul-
letin de correspondance africaine, 1886, p. 85; Trésor de chro-
Aug. AUDOLLENT.
2. ABUNDANTIUS. Nous trouvons le nom de ce
prélat dans la lettre dogmatique envoyée, en 680,
nologie, 1889, col. 1868. — Toulottc (Mgr), Géographie de

p. 113-116. -
l'Afrique chrétienne, Rennes-Paris, 1892-1894, Proconsulaire,
Joh. Schmidt,Aplugni, dansPauly-Wissowa,
Realencyclopädie, t. II, p. 288. — Toutain,Les cilés romaines
par le pape Agathon à l'empereur Constantin Pro-
gonat et nous apprenons par Anastase qu'il était
évêque de Paterne. Dans sa lettre, le pape fait re-
Les monuments antiques de la Tunisie :
de la Tunisie, Paris, 1896, p. 381,401. — Cagnat et Gauckler,
I. Les Temples
païens, Paris, 1898, p. 4-6, pl. III. — Enquête sur les instal-
lations hydrauliques romaines en Tunisie, fase. 3, Tunis,
marquer, à propos de ses envoyés, qu'on ne pouvait
s'attendre à de grandes connaissances chez des
hommes vivant au milieu des barbares et obligés de
1899, p. 172. — Atlas archéologique de la Tunisie, feuille de gagner leur vie par le travail de leurs mains.
« Djebel Fkirine », n. 52. — A. Merlin, Rapport sur les ins- Mansi, Sacr.concil. ampl. collect., t. XI, col. 165, 233,
criptions latines de la Tunisie, dans Nouvelles archives des t.
236-237. —Hefele,Histoire des conciles,trad.Leclercq, III,
missions, 1907, t. XIV,p.139. p.478-479.
Aug. AUDOLLENT. U. ROUZIÈS.
ABUNDIUS. Voir ABONDE. titulaires dans Lequien, Oriens chrislianus, t. I, col.
773 : Pamphile, entre 431 et 438 (voir Diekamp, Do-
ABURGIUS, 'AbO.JpYOç. Ce personnage, compa- cirina patrum, Munster, 1907, p. XLVII); Hermias, pré-
triote et ami de saint Basile, remplit de hautes fonc- sent au concile de Chalcédoine, 451, et signataire de la
tions. Le saint eut souvent recours à ses bons offices; lettre des évêques d'Hellespont à l'empereur Léon,
ses lettres XXXIII, LXXV, CXLVII, CLXXVIII, CXCXVI, 458; Ammonius, à Constantinople, 517; Isidore, à
CCCIV, lui sont adressées. P. G., t. XXXII, col. 317, Constantinople, 680; Jean, au concile in Trullo, 692;
449,596,556, 708, 1053. La lettre XXXIII est un appel Théodore, à Nicée, 787; N., conseiller de Phocas;
en faveur d'un évêque Grégoire, que Basile qualifie de N., à un synode de Constantinople sous le patriarcat
frère. Tillemont, Mémoires pourservir à l'histoire ecclé- de Luc Chrysoberges; Michel, à un autre synode,
siastique des six premiers siècles, t. IX, p. 175,568, croit 1166; N., à un synode sous Isaac l'Ange; Théodore,
qu'il s'agit de saint Grégoire de Nysse et place la lettre à un autre synode, 1197; N., signataire d'une lettre à
en 375; pour Garnier, Vila sancti Basilii, XII, 5, P. G., Grégoire X avant le concile de Lyon. De nos jours, le
t. XXIX, p. LIII, elle serait de 369 et il s'agirait de Gré- titre épiscopal d'Abydos est donné à des évêques
goire, futur évêque de Nazianze. Dans la lettre LXXV, coadjuteurs. Pour l'église romaine, Abydos est aussi
de 371, Basile invoque l'aide d'Aburgius en faveur de
la Cappadoce. Dans les lettres CXLVII et CLXXVIII, de
373 et 374, il lui recommande Maxime, ancien gouver-
:
un évêché titulaire. Lequien, op. cit., t. III, col. 1115,
cite trois de ces titulaires latins Pierre, mort avant
le 16 avril 1477; Jean Robillerius, O. P., qui lui suc-
neur de Cappadoce, tombé dans la misère, et un cer- céda ce jour-là; Louis Combonet, O. P., 28 juillet
tain Eusèbe. Dans la lettre CXCVI, qui serait de 375, 1528.
l'évêque félicite son ami de la nouvelle dignité qui ve-
nait de lui être conférée; cette lettre se retrouve mot à Textes anciens : Homère, Il., il. 837; Hérodote, VII, 34,
mot parmi celles desaint Grégoire de Nazianze,Epist.,
CCXLI,P. G., t. XXXVII, col. 384, ',}Ío'Jlpi), à qui l'at-
; ;
43 sq.; Thucydide, VIII, 61;Strabon, XIII, 585-591; XIV,680;
Pline,IV,49 V,141;Étienne deByz. Xénophon,Tlellén., IV,
; ;
VIII, 35 sq. Polybe, XVI, 29 sq. Tite Live, XXXI, 17 sq.;
tribution paraît moins vraisemblable. Enfin la lettre XXXIII, 30; Suidas; Skylax, 35; Xénophon,Anab., i, 1,9;
CCCIV est un court billet où Basile recommande un
personnage dont il a déjà été question entre son cor-
respondant et lui. Aburgius doit être identifié peut-
16; Mela, i, 97 Avienus,693
Anton.; Orose, 11,
;
Diod.,XIII, 39; Skymnos, 709;Ptolémée, v, 2, 3; Musseus,
; Ovide, Trist, I,X, 28; Itin,
10; Agathias, V,12;Theoph., Chronogr.,
ad ann. 755 735; Leo Gram., édit. Bonn, p. 187; Cedren..
v,

être avec le rhéteur Aburcius, correspondant de édit. Bonn, t,II, p. 262,389,427,444,449,479,565; Skylitzès,
Libanius (lettres 936, 955). Ad calcem Cedreni, t. II, p. 703; Theoph. contin., édit. Bonn,
Smith, Dictionary of christian biography, t. I, p. 11. p. 55, 367,615,862; Cinnamc, édit. Bonn, p. 72; Nie. Chon.,
S. PÉTRIDÈS. édit. Bonn, p. 131, 209; G. Pachym., édit. Bonn, p. 600,
ABUS, évêque de l'Ecclesia Ficensis (voir ce mot),
en Maurétanie Sitifienne, qui assista en 484 à l'assem-
blée de Carthage. Notitia provinciarum et civitatum
; ;
631, 639; Cantac., édit. Bonn. t. III, p. 324; Ducas, édit.
Bonn, p. 39 G. Phrantzès, édit. Bonn, p. 45 Chalcocond.,
édit. Bonn, p. 529 (lire V-\;;:J!k, au lieu de )[,j-,).,",,); autres
textes occidentaux et arabes dans Tomaschek, Zur histor.
Africæ, Mauretania Sitifensis 22, Victor de Vita, édit.
Halm, p. 65; P. L., t. LVIII, col. 275,352. -
Topogr. von Kleinasien im Millelalter, p. 15-17. Sur les
monnaies d'Abydos voirHead,Hist. num., p.467. — Étude
Aug. AUDOLLENT. générale par Lolling, dans Athen. JYIilleilzzngen, t. VI,
ABUSAHEL, médecin syrien, maître d'Avicenne, p. 219 sq.
né en 948, mort en 988. Il était surnommé Al-Masihi, S. PÉTRIDÈS.
c'est-à-dire le chrétien. Il composa un ouvrage divisé ABYSSINIE (ÉGLISE D'). L Les traditions qui
en cent traités et d'autres écrits. Cf. Assémani, Bihl. attribuent l'introduction du christianisme en Abys-
orient., t. III, Ire part., p. 540-541. F. NAU. sinie soit à l'eunuque de la reineCandace (Act., VIII,
27), soit aux apôtres Barthélémy et Matthieu (Abdias, e
ABVOCATENSIS (Ecclesia). Voir AVIOCCALA. Acta Apostol.,VIII) naissent de la confusion de A:6conca
ou 'húb: avec ce pays, et ont été reconnues fausses
ABYDUS, wAS-JÔoç, métropole en Hellespont. Cette depuis longtemps. C. Beccari, Rerum æthiopicarum
ville est déjà mentionnée par Homère. Elle fut plus scriptores, t. v, p. 133; Ludolf, Hist. æthiop., III, 2.
tard colonisée par des Thraces et enfin par les Milé- Comme Dillmann (Zur Geschichte des AXLlm, R., p. 6)
siens. Elle était située sur la côte asiatique de l'Helles- l'a montré, cette introduction eut lieu probablement
:
pont, en face de Sestos, à l'endroit le plus resserré du
canaldans l'antiquité on en voit les ruines au cap
Nagara, à2 kilomètresenviron à l'estdu vieux fort turc
vers 350, et, selon le récit de Rufin (Hist. eccl., i,
suivantes :
9, P. L., t. XXI, col. 487-80) dans les circonstances

appelé Boghaz Hissar, au norddeKalehi-Sultanieh Un philosophe de Tyr, Méropius, revenant d'un


ou Tchanak Kaleh (Dardanelles), dans le mutessarifat voyage aux Indes et étant accompagné de deux de ses
de Bigha. Abydos est célèbre par le roman de Léandre parents, les jeunes frères Frumentius et Aedesius,
et d'Héro. En 201, après une vigoureuse résistance, descendit sur la côte que Rufin appelle Inde, mais que
elle fut prise et détruite par Philippe V (ou III), fils nous devons plutôt chercher dans les parages de l'A-
de Démétrius, qui en massacra la population. En 188, byssinie du nord, et notamment d'Adulis. Les bar-
Abydos passa sous la domination romaine. Sous les bares qui habitaient ces lieux massacrèrent l'équipage
empereurs byzantins, elle conserva une certaine impor- et n'épargnèrent que Frumentius et Aedesius; les
tance comme station navale et militaire. En 989, elle deux frères furent amenés au roi qui nomma le pre-
fut assiégée par Phocas et, en 1093, par Tzachas. Après mier son trésorier et le second son échanson. A sa
la conquête turque, elle s'est maintenue longtemps, mort, la reine pria les deux frères de ne pas quitter le
mais réduite à n'être qu'un pauvre village. Comme pays avant que son fils, héritier du trône, encore en-
évêché suffragant de Cyzique, elle est signalée par fant, n'eût atteint l'âge mûr. Ils y consentirent et
les plus anciennes notices. Après 1084, sous Alexis Ier Frumentius profita de sa position pour assurer le libre
Comnène, elle est métropole à son tour, sûrement exercice de la religion chrétienne aux marchands
sans suffragants (not. II de Parthey); à ce titre elle grecs qui fréquentaient le pays, et les poussa à bâtir
figure encore dans la Notice d'Andronic III (Gelzer, des oratoires; selon Socrate, il aurait dès lors gagné
Ungedrukte und ungeniigend veröffentlichle Texte der au christianismequelques indigènes. Quandleprince eut
Notit. episcop., Munich, 1900, p. 608); mais on ne la grandi, Frumentius, désormais libre de quitter le pays,
trouve plus dans les catalogues postérieurs. Liste des se rendit à Alexandrie où il informa saint Athanase des
progrès que la foi chrétienne avait faits dans l'Inde est l'arrivée des « neuf saints ». Les ouvrages qui nous
(l'Abyssinie),luidemandanten mêmetemps d'y envoyer racontent leurs vies ne sont pas antérieurs à la pre-
un évêque. Saint Athanase ne trouva de meilleur su- mière moitié du XVe siècle, mais, sauf les détails, l'ar-
jet que Frumentius lui-même qu'il consacra évêque et rivée de ces saints en Abyssinie vers la fin du ve siècle
qui, retourné en Abyssinie, y aurait converti « un nom-
bre infini de barbares. » Ce récit, que Rufin rapporte à
Aedesius lui-même, ipso Aedesioreterente,est la source
ne saurait être mise en doute. Voici leurs noms et le
jour du calendrier abyssin où on fête chacun d'eux
1. Za-Mikâ'êl Aragâwi, 14 teqemt; 2. Pantalêwon,
:
pour les historiens postérieurs tels que Socrate, i, 19, 6 teqemt; 3. Isaac Garimâ, 17 sanê; 4. Afsê, 29 gen-
P. G., t. LXVII, col. 125; Sozomènc, 11, 24, P. G., bot; 5. Gubâ, 29 genbot; 6. Alêf, 11 magâbit; 7. Yem'-
loc. cit., col. 996; Théodoret, i, 22, P. G., t. LXXXII, atâ, ou Matâ', 23 teqemt; 8. Liqânos, 28 hedâr; 9. Seh-
;
col. 969, etc. il est passé aux ménées et synaxaires
grecs et copto-arabes et par cette voie il a pénétré en
mâ, 16 ter. Ces saints venaient de Rum, c'est-à-dire
de l'Empire byzantin; ils étaient moines et on a re-
Abyssinie où la prétendue tradition nationale est marqué la ressemblance de leurs noms avec les noms
conforme à celle d'Occident, par la simple raison de monastères célèbres des Syriens. Leurs couvents se
qu'elle en dérive. trouvent dans l'Abyssinie du Nord, centre du royau-
Pour le contrôle de ce récit nous possédons un pré- me, où la religion chrétienne, probablement grâce à
cieux document que saint Athanase nous a conservé leurs efforts, était déjà florissante vers le commence-
dans son Apologia ad Constantium, P. G., t. xxv, ment du vic siècle. C'est probablement à ces saints ou
col. 636. C'est la lettre adressée en 356 par l'empereur à leurs disciples qu'on doit la traduction en ge'ez du
Constance aux rois d'Aksum, Aïzanas et Sazanas, Nouveau Testament et notamment celle des Évan-
dans laquelle il leur demande d'envoyer Frumentius, giles, car l'ancien texte gelez de ces derniers se ratta-
l'évêque d'Aksum sacré naguère par saint Athanase, che au texte grec de Syrie (syro-occidental) et non à
auprès de George, l'évêque arien d'Alexandrie, pour celui de l'Égypte. Il faut remarquer aussi que les ins-
que celuici le soumette à un examen au suj et de la criptions de Tâzânâ nous montrent un système com-
foi. Ce document authentique confirme le récit de plet de vocalisation qui, à plusieurs points de vue,
Rufin; il en corrige en même temps l'erreur géogra- rappelle la vocalisation syriaque. Les neuf saints
phique et en précise la chronologie. A en croire un étaient-ils catholiques ou monophysites? Ils venaient
auteur quelque peu suspect d'ailleurs, l'arien Philos- de la Syrie à une époque où les monophysites quit-
torge, 111, 4-6, P. G., t. LXV, col. 481-489; le zèle pour taient ce pays pour l'Égypte et les régions avoisinantes,.
la propagation de l'arianisme aurait amené à Aksum et c'est probablement de l'Arabie méridionale plutôt
Théophile de l'île deDibus, mais, en tout cas, sans ré- que de l'Égypte qu'ils passèrent en Abyssinie. Après
sultats durables. leur venue qui coïncide avec une réelle propagation
Nous ne savons rien de précis sur les premiers chré- du christianisme, il n'est dit nulle part qu'il y ait eu
tiens de l'Abyssinie; probablement on n'en comptait une rupture avec l'Église d'Alexandrie, devenu le
que dans les grandes villes, telles que Adulis, Ak- centre et le foyer du monophysisme. Ces faits font
sum, etc., fréquentées par les marchands grecs qui for- supposer qu'ils étaient des monophysites comme les
maient, paraît-il, le noyau de cette chrétienté; natu-
rellement ils n'avaient pas besoin d'une traduction de
la Bible dans la langue du pays, qui à cette époque
:
chrétiens de l'Arabie méridionale; les Abyssins disent
à leur égard rectam fecerunt fidem (r)p%Õoo, arte'u
Mymânota).
commençait à peine à être écrite dans les inscriptions Au commencement du vie siècle, la cour et le pays
des rois; la conversion d'un nombre infini de barbares d'Aksum étaient pleinement chrétiens comme nous le
dont parle Rufin n'est guère admissible. Dans la se- dit expressément Cosmas Indicopleustes, III, P. G.,
conde moitié du VC siècle, le roi Tâzânâ (Ezânâ? la t. LXXXVIII, col. 169. Des causes politiques influèrent
première syllabe est incertaine) a dû se convertir à la en ce sens, car la domination des Abyssins dans l'Ara-
foi chrétienne. Il existe encore à Aksum deux inscrip- bie méridionale et leur rivalité avec les Perses en fai-
tions gravées au nom de ce roi, dont la première nous saient les alliés de Byzance et les protecteurs de la re-
le montre adorateur de Mahrem ("Aprie) Astar (le ligion chrétienne dans l'Arabie.
Ciel) Bchêr (lloIJEto(bv?) et Medr (la Terre), tandis que Un curieux pendant des neuf saints sont les « Justes»
;
dans la seconde, il reconnaît le Dieu du ciel et du
monde qui lui a donné la victoire il rend hommage à ce
Dieu en promettant d'observer la justice envers ses
(sâdequn), missionnaires venus en Abyssinie au cours
du vie siècle et dont le récit a été récemment décou-
vert par M. Conti Rossini.
sujets. Ce n'est pas une profession de foi bien expli- A cette époque existait certainement déjà la cathé-
cite ettelle qu'on pourrait la demander à un roi chré- drale d'Aksum,substituée peut-être à un temple païen.
tien de lafin du vesiècle, mais c'est assez pour montrer Les Abyssins qui avaient bâti dans leur ville de San'â
le changement profond survenu à la cour d'Aksum. le fameux qalîs ou qlês (èy.y.X7|<rta)devaient en avoir une
Jean d'Éphèse, Malala et d'autres auteurs parlent pareille, sinon plus belle, dans la capitale du royaume.
»
de la conversion du « roi des Indiens qui pourrait être, Sous le roi Gabra Masqal, au vie siècle, Yârêd aurait
et selon Malala et d'autres, était réellement, le roi introduit dans cette église le chant liturgique dans les
d'Aksum appelé Andog et non Aydog, d'après la leçon trois modulations de ge'ez, aryâm et ararây; mais la
du manuscrit du Pseudo-Denys de Tellmahré. Vati- vie ou gadl de Yârêd qui lui est postérieure de plu-
can, ms. syr. 162. Ce roi, accomplissant un vœu, sieurs siècles, nous apprend bien peu sur ce personnage
.formé avant la bataille contre Dimion ou Dimianos, qui passe pour être le père de l'hymnographie abys-
roi des Homérites, se serait décidé à embrasser la reli- sine. -
gion chrétienne. Dans ce but il envoya une ambassade A partir de la fin du vie siècle, surtout après les con-
à Justin (ou Justinien) pour lui demander un évêque quêtes des Arabes, jusqu'au XIIe siècle, on ne sait
et des prêtres, et l'empereur lui adressa Jean paramo- presque rien sur l'Église d'Abyssinie. Ce pays com-
narius ou ædituus de l'église de saint Jean; c'est de plètement isolé ne figurait plus, dans l'histoire du
lui que le roi et les grands du royaume auraient reçu monde, aux grands états duquel rien désormais ne le
le baptême. Tout ce récit et notamment ces détails ne reliait, à l'exception de sa dépendance du patriarcat
paraissent pas mériter une pleine confiance, et au d'Alexandrie; et l'histoire de ce dernier est en effet
reste, bien avant Justin, les Abyssins dominaient sur notre seule source pour cette période. Un métropolite,
l'Arabie méridionale. ou abuna, Jean,consacré par le patriarche alexandrin
Après saint Frumence, l'événement le plus saillant Jacob (826), fut chassé par le roi, qui ensuite en de-
manda pardon au patriarche Yosab (831) duquel il ils reprochaient leurs mœurs corrompues et leurs ma-
obtint le métropolite Jacob. Sous le patriarche Cos- à
riages illégitimes, de même que la simonie, l'abou-
mas (923) on consacra, ce qui n'avait pas eu lieu de- na. Amda Seyon, au commencement de son règne,
puis bien des années, un métropolite pour l'Abyssinie excommunié par Abbâ Anorêwos ou Honorius, suscita
en la personne de l'abuna Pêtros ou Pierre. Un impos- une persécution contre les moines de Dabra Libânos.
teur nommé Mennas, profitant des troubles politiques
et présentant des fausses lettres du patriarche, réussit
à faire chasser comme intrus l'abuna Pêtros et à pren-
,
Dans les Canons des Apôtres, qu'ils acceptaient comme
authentiques, ils trouvaient le devoir d'observer le
samedi aussi rigoureusement que le dimanche, et leur
dre sa place; Pêtros mourut en exil, mais la fraude de zèle se portait aussi sur d'autres points. C'est en ce
Minâs, ou Mennâs, ayant été découverte, il fut puni de sens que se déploya l'activité de plusieurs moines tels
mort et on plaça de force sur la chaire de l'abuna un que Ewostâtêwos, qui forma de nombreux disciples
disciple de Pêtros, quoiqu'il n'eût pas reçu les ordres. (les « daqiqa Ewostâtêwos »), de Filpos ou Philippe,
Sur ces entrefaites, le royaume fut occupé par une le fondateur de Dabra Bizan, etc. Ils préparaient ainsi
femme païenne (ou, selon d'autres, juive) nommée les réformes de Zar'a Yâ'qob. Dans la seconde moitié
Terdâ' Gabaz ou Guedit, dite aussi Esât, qui persé- du XIIIe et la première moitié du XIVe siècle, une mis-
cuta les chrétiens, mais dont le règne fut de courte sion dominicaine aurait été envoyée en Abyssinie,
durée. Vers l'an 1000,les conditions du christianisme mais, en tout cas, sans résultats.
en Abyssinie étaient, paraît-il-, des plus précaires, Zar'a Yâ'qob, dont le règne eut une grande impor-
comme nous l'apprend une lettre du roi d'Abyssinie tance pour l'histoire ecclésiastique de l'Abyssinie
qui, par l'entremise du roi de Nubie, demande un (1434-1468), composa ou fit composer plusieurs ou-
abuna au patriarche Philothée. A partir du XIe siècle vrages religieux. Une preuve de l'intérêt qu'on com-
la mention des abuna devient moins rare; d'abord Cy- mençait à porter à l'histoire ecclésiastique et à la con-
rille ou Abdon, puis vers 1080 Sévère qui chercha à naissance des hérésies est l'ouvrage mashafa mestir
réformer les mœurs, surtout par rapport à la polyga- composé à cette époque pour les réfuter. Zar'a Yâ'qob
mie, vers 1102 Georges, vers 1135 Mikâ'êl ou Habib qui, pour le rappeler en passant, n'a pris aucune part
(Agapius) sous lequel le roi d'Abyssinievoulut obtenir, au concile de Florence, comme on le prétendait en Oc-
mais en vain, que son pays eût dix évêques qui au- cident (Dillmann, p. 69), fit cesser le schisme des moi-
raient suffi pour élire l'abuna, et le soustraire à la dé- nes d'Ewostâtêwos, réforma et régla le culte par des
pendance du patriarche d'Alexandrie. Probablement ordonnances sur divers points, tels que l'observance
sous ce même abuna une dynastie certainement chré- du samedi, l'Eucharistie et l'Extrême-Onction, et
tienne et originaire de la province de Beguenâ (Lâstâ s'efforça de détruire chez son peuple tout reste d'ido-
septentrional), celle des Zâguê, commença à régner lâtrie et les usages barbares ou superstitieux, sans y
sur le Lâstâ vers 1150,. Les derniers rois de cette dynas- réussir complètement, car l'Abyssinie est toujours
tie, Lâlibalâ et Na'akueto La-Ab sont comptés au restée un pays très superstitieux. Littmann, Gesch.,
nombre des saints. On connaît les noms de deux abu- p.234.
na venus sous Lâlibalâ, Kîl ou Mikâ'êl déposé ensuite L'Église d'Abyssinie resta à peu près dans cet état
et remplacé par Isaac (1210) (cf. Perruchon, dans la jusqu'à la venue des Portugais et jusqu'aux missions
Revuesémitique,1899, p. 371); peu après cette époque
vivait le grand saint Takla Hâymânot qui évangélisa
des Jésuites. Le roi Lebna Dengel ou Dâvit (1508-
1540) adressa au Pape une lettre de soumission portée
le sud de l'Abyssinie (Choa, Damot, etc.), où les païens par un nommé Sagâ za-Ab qui se donnait pour évêque
étaient encore nombreux. Une activité semblable au- et rapporta des choses tout à fait fausses sur la religion
rait été déployée par un autre saint fameux, originaire des Abyssins. Ensuite le roi envoya Bermudez qui
de l'Égypte, Gabra Manfas Qeddus ou Abbo, mais sa avait reçu les ordres de l'abuna Mârqos et qui, à son
légende a à peine quelques éléments historiques. Vers retour, prétendit avoir été créé patriarche d'Alexan-
1270 surgit la dynastie dite « salomonienne » avec Ye- drie et d'Éthiopie par le pape Paul III (en 1536 ou
kuno Amlâk; le christianisme prit alors une nouvelle 1539); le roi Claude (1540-1558) renouvela ses pro-
vigueur. messes de soumission au Pape, mais une fois délivré
Au cours du XIIIe siècle une réforme remarquable du redoutable Gran, il se montra hostile aux catho-
avait rajeuni l'Église copte qui vit fleurir des théolo- liques et au prétendu patriarche Bermudez (contre le-
le
giens et des canonistes distingués, tels que les Ibn al-
'Assâl, etc. Le contre-coup se fit sentir en Abyssinie
les abuna qui venaient de l'Égypte et surtout Abbâ
: quel roi de Portugal l'avait mis en garde)et qui fut
obligé de quitter le pays. Sur ces entrefaites, et préci-
sément en 1546, la mission des Jésuites fut décidée
Salâmâ (vers l'an 1300) contribuèrent beaucoup à par saint Ignace lui-même qui donna de remarquables
vivifier l'esprit religieux par la traduction de nom- instructions aux missionnaires. Sur la demande du roi
breux ouvrages arabes en ge'ez et en premier lieu par de Portugal, le pape Paul IV nomma en 1551 un patri-
la révision du texte des Évangiles. Ce fut la renais- arche en la personne du jésuite Nunez Barreto (1562),
sance de la littérature sacrée en ge'ez. Les luttes vic- mais l'hostilité du roi Claude, augmentée par le fait
torieuses contre les musulmans ne contribuèrent pas qu'un livre sur les erreurs des Abyssins venait d'être
moins à affermir la religion, et, en même temps, les composé par le P. Rodriguez (Gonzalho),le dissuada
moines devinrent très nombreux. Ces moines poursui- de se rendre en Abyssinie et il s'arrêta à Goa; il y en-
vaient l'évangélisation du pays où on comptait encore voya l'évêque Oviedo ( 9 juillet 1580). Le roi Claude
beaucoup de païens, même dans le Nord; ainsi le moi- composa aussi (en 1555 ou plutôt en 1558) sa fameuse
ne illustre Ewostâtêwos, mort vers 1332 et peu posté- Confessio fidei (Ludolf, Comment., p. 237) et occasion-
rieur à Takla Hâymânot, aurait détruit duodecim de- na la composition ou la traduction d'autres livres de
lubra sylvestria, c'est-à-dire des arbres sacrés dédiés à polémique contre les catholiques, à savoir le Sawana
des divinités locales; le moine Marqorêwos ou Mer- nafs (Refugium animæ) le Pckkârê malakot (Expla-
cure convertit une quantité de païens dans le Sarawê, natio divinitalis) et l'Hâymânota Abaw (fides Pa-
le métropolite Yâ'qob (première moitié du XIVe siècle) trum) auxquels il faut peut-être ajouter le Mazgaba
envoya douze moines pour évangéliser le Choa, et hâymânot ou Thésaurus fidei, réfuté ensuite par le
même plus tard, Ferê Mikâ'êl détruisit des idoles, sous P. Antoine Fernandez dans le livre « Magseft Hasse-
le règne de Zar'a Yâ'qob. Mais en même temps les tat» imprimé à Goa en 1642. Son auteur serait Atnâ-
moines cherchaient à réformer la vie chrétienne,sur- têwos, le beau-fils de Sarsa Dengel, qui embrassa en-
tout chez le roi et les grands du royaume, auxquels suite le catholicisme. Minâs (1559-1563) et Sarsa Den-
gel (1563-1597) ne furent pas non plus favorables aux Testament (mais non dans toutes les listes) le kufâlê
missionnaires. Za-Dengel (1603-1604) (comme Yâ'qob, ou parva genesis~(XETTTY) ys'!.). Mais de fait il y a des li-
1597-1603) se convertit, grâce aux efforts du P. Paëz vres qui de tout temps ont été regardés comme cano-
(m. 1622),mais il fut bientôt tué, et, en général, la mis- niques et qui ne figurent pas sur cette liste, comme le
sion n'eut pas grand succès jusqu'au roi Susneos (Si- Livred'Hénoch,le~IIos^v d'Hermas,l'Ascensio Isaiæ,
sinnios 1607-1632) sous lequel le catholicisme se ré- les livres III et IV d'Esdras, le livre de Baruch, et d'au-
pandit en Abyssinie, même parmi les Agaous; un tres encore. Cf. Acta Marqorêwos, 21. Cela ne doit pas
clergé catholique indigène commençait aussi à se for- nous étonner, car la liste officielle est relativement
mer. Ce roi adressa plusieurs lettres au pape (en 1607, récente et d'origine étrangère. Les prétendus Livres
1613, 1614, 1618, etc.) et en 1613 il promulgua un des Machabées de la Bible éthiopienne n'ont rien de
édit défendant d'enseigner le monophysisme, enga- commun avec les nôtres; la traduction de l'Ancien
geant ainsi une lutte contre l'abuna et les moines; l'un Testament ge'ez paraît avoir été faite sur un ma-
de ces derniers composa un livre qui accusait les jé- nuscrit se rattachant à saint Athanase (qui dans le
suites de nestorianisme. Le roi défendit aussi (1620) canon de sa XXXIXe lettre pascale ne mentionne pas
d'observer le samedi, et il se déclara à plusieurs repri- les Livres des Machabées); une traduction récente
ses (novembre 1621, mars 1622, et en 1624) partisan en a été faite sur la Vulgate. Le dernier des Livres
de la foi catholique; il en fit profession publique et so- saints traduits en ge'ez est l'Ecclésiastique Sirach
lennelle, en la présence du patriarche Mendez, le 11 fé- (en 678).
vrier 1626, en déclarant sa pleine soumission au Pape. Les Abyssins, comme les autres monophysites, ad-
On convoqua un concile et on disputa sur les deux mettent les trois premiers conciles œcuméniques, mais
natures, mais les adversaires, l'abuna à leur tête, ne se ils rejettent le quatrième ou de Chalcédoine et les sui-
laissèrent paspersuader; leur parti, grossi parles en- vants.
nemis politiques du roi, poussa la résistance jusqu'à L'Église d'Abyssinie professe le symbole du concile
la guerre, surtout dans le Lâstâ. Susneos, refroidi dans de Constantinople (an 381) qu'on appelle de Nicée, et
son amour pour les catholiques et ses sympathies pour qui s'accorde avec celui de l'Église romaine, excepté
les missionnaires, permit de nouveau la confession pour la procession du Saint-Esprit (v. plus bas). Des
alexandrine et, selon la Chroniqueabrégée, abdiqua en hérétiques se levèrent, quoique rarement, contre la
1632, en faveur de son fils Fâsiladas qui rétablit, comme croyance officielle et orthodoxe de la Trinité. Sous le
seul permis, le monophysisme et chassa les jésuites. roi Ishâq (1414-1429) le métropolite Barthélemy lui-
Ceux-ci quittèrent le pays, mais les esprits restèrent même aurait soutenu que le Père, le Fils et le Saint-
tournés vers la spéculation théologique et il se forma Esprit ne sont pas trois adspectus (Dillmann traduit
les deux grandes écoles de Dabra Libânos ou des moi-
nes de la règle de Takla Hâymânot, et des qêbâtoc. Les ;
Erscheinungsformen). Le ms. porte trois gas et ce mot
ne peut avoir ici la signification de Personne gas est
discussions portaient avant tout sur la christologie
et précisément sur l'union de la divinité avec l'hu-
manité et sur l'Onction. Une légende attribue l'ori-
:;
au singulier malgré le chiffre 3 qui le précède. Si le
ms. portait 1 gas on eût pu songer à des idées sa-
bellianiques cette hérésie avait été réfutée dans le
gine de ces disputes au « moallim Pêtros » ou le P. Pe- mashafa mestir précisément sous Ishâq (1429). Inter-
dro Paez, qui du reste était mort depuis plusieurs an- rogé à ce sujet, Barthélemy donna par écrit une ré-
nées. Les rois étaient tour à tour favorables à l'un ou ponse tout à fait satisfaisante. Sous le règne de Zar'a
à l'autre de ces partis, et les conciles ou réunions du Yâ'qob, l'an 1439, Za-Mikâ'êl,'Asqâetd'autres nièrent
haut clergé et des moines convoqués par les rois les trois personnes de la Trinité; en même temps le
étaient fréquents. Ce sont ces questions qui remplis- Deum nemo vidit unquam de Joa., I, 18, et des passages
sent l'histoire ecclésiastique d'Abyssinie jusqu'à nos analogues(I Tim., III,16; 1 Joa., IV, 12), persuadèrent
jours. Mais à partir du commencement du XIXe siècle Za-Mikâ'êl, 'Asqâ, un nommé Gamaliêl et d'autres
on remarque un progrès toujours croissant de l'isla- théologiens à refuser toute forme visible à Dieu. Le
misme au sud et au nord d'Abyssinie, au détriment roi convoqua une espèce de concile et prit part per-
des populations chrétiennes. sonnellement à la dispute; le parti orthodoxe qui
II. L'organisation imparfaite de l'Église d'Abyssi- avait l'appui du roi, ne sachant autrement interpré-
nie et le manque des actes officiels ne permettent pas ter le passage de Gen., I, 26, s'appuyant aussi sur le
de préciser toujours les croyances, etc., des Abyssins; Vir imago et gloria Dei est (I Cor., XI, 7) et sur l'as-
leurs rares ouvrages purement théologiques ne sont cension corporelle de Jésus-Christ au ciel, où il est à
pas publiés et nous ne savons pas si les croyances qui la droite du Père, etc., proclama qu'on devait admettre
résultaient des disputes avec les jésuites, étaient en Dieu une image ou malke'. Za-Mikâ'êl et ses adhé-
partagées par les théologiens et depuis quelle époque. rents auraient reconnu et abandonné leur croyance.
Le Feiha Nagast dans sa première partie nous ren- Cette opinion était encore généralement reçue au
seigne mieux sur plusieurs points, mais à mon avis ce XVIIe siècle (Beccari, op. cit., t.vi, 123); on exagère
livre n'a été introduit en Abyssinie que dans la deuxiè- pourtant en disant que les Abyssins donnent à Dieu
me moitié du XVIIe siècle. Je renvoie à ce propos à un rostro ou visage; le mot gw; répond à 7rpdswTcoi
mon article Der æthiopische Sênodos dans Zeitschrift et n'a pas une valeur purement anthropomorphique,
der deuisch. morgenl. Gesellsehaft, t. LV, p. 495, etj'ajou- comme ne l'a pas TIpÓucùTIO'l chez les auteurs grecs.
terai que les missionnaires jésuites ignorent complè- Les métropolites Mikâ'êl et Gabriêl, venus en Abys-
tement le Fetha Nagast, ce qui serait incompréhen- siniepeu après 1450 (selon Dillmann, Cat. cod. Mus.
sible si ce livre avait été introduit sous Sarsa Dengel Britann., t. III, p. 26; mais cf. Dillmann Ueber die Re-
ou même avant. Cependant, comme il résume une gierung, p. 37), proclamèrent aussi, à la grande joie
partie des croyances et des pratiques de l'Église copte, de Zar'a Yâ'qob, la foi en les trois personnes de la
mère de celle d'Abyssinie, son introduction ne consti- Trinité. Au cours du xvii0 siècle un nommé Zar'a
tue pas une innovation; en effetce livre a été reçu sans Yâ'qob et son disciple Walda Heywat composèrent
la moindre opposition. Le canon pour ainsi dire officiel chacun une « investigatio » dans un sens déiste et
des Livres saints est celui de l'Église copte et corres- d'une éthique purement rationaliste, mais ces livres,
pond au dernier canon des Apôtres (cf. Guidi, Il ca- uniques dans leur genre en Abyssinie, n'eurent pas
none biblico della Chiesa Copta); il comprend pour le d'écho dans le pays et restèrent sans influence.Cf. Litt-
Nouveau Testament les deux lettres et les huit livres mann, Geschichte, p. 193 sq.
de saint Clément (Constil. apost.) et pour l'Ancien Quant à la procession du Saint-Esprit, les Abys-
sins s'en tiennent à leur symbole (TO E-/. TO-3 TRATPOÇ jésuites. Selon un fragment historique (Guidi, Due
ÈXTIOp\JÓ¡.i''IOV, TO o-jv mapi T. )>.) et au Paraclitus qui frammenti, etc.), la controverse commença sous-Sus-
de Patre procedit et de Filio accipit de Joa., xv, 26. neos (1606-1632); dans la quinzièmeannée desonrègne,
Comme on sait, l'addition du Filioque et toute la quelques théologiens déclarèrent par une formule ri-
controverse depuis Photius eurent lieu quand l'Église goureusement monophysite, que l'Onction était sim-
monophysite, et notamment celle d'Abyssinie, était plement l'union de la divinité avec l'humanité. L'an-
séparée de l'Église orientale; ce pays resta étranger à née suivante un concile eut lieu et d'accord avec les
la question et il n'eut pas d'occasion de bien préciser décisions formulées par Fatla Sellâsê, Askâl d'Atkanâ,
le dogme. Du reste le seul fait que le Filioque manque Lebso de Guang, Batro, Estifânos, etc. et contre Za-
dans le symbole suivi par les Abyssins, suffit pour Dengel et Kefla Krestos, le roi promulgua que l' « Onc-
expliquer leur opposition aux jésuites et leur répu- tion est la grâce du Saint-Esprit donnée à Jésus-Christ
gnance à admettre la croyance catholique que le Saint- dans son humanité, au moment de l'union de l'huma-
Esprit procède du Père et du Fils, ex unica spiratione, nité avec la divinité. » Cette formule, admissible pour
tout en admettant qu'il est l'Esprit du Fils comme du le monophysisme tempéré, ne l'était pas pour l'euty-
Père. chianisme pur. Au commencement du règne de Fâsi-
Dieu est le Créateur ex nihilo de toutes les choses ladas (1632-1667), lorsque la confession d'Alexandrie
:
spirituelles et corporelles. Les anges se divisent en
neuf ordres 1. Malâ'ekt, angeli; 2. Liqa malâ'ekt,
archangeli; 3. Agâ'ezt, XUPIOTYITEÇ; 4. Seltânât, 0:PP,';
fut rétablie, une dispute aurait eu lieu entre les théo-
logiens abyssins et les Francs, mais telle au moins
qu'elle est racontée dans ledit fragment, elle ne paraît
5. Manâbert, throni; 6. Haylât, potestates; 7. Makuâ- pas probable; peut-être y a-t-il confusion soit avec les
nent, principes; 8. Kirubêl, chérubins; 9. Surafêl, sé- disputes sous Susneos, soit avec le concile d'Aringo,
raphins. Quelques-uns affirment que les anges qui, convoqué par Fâsiladas, en 1654. Sous ce même roi, le
guidés par Satanâ'êl se sont révoltés contre Dieu, for- parti strictement monophysite ou des Qcbâtoc (qebât
maient un dixième ordre. On croit aux anges gardiens. veut dire onction), représenté surtout par les moines
Quant aux âmes, les Abyssins seraient pour le créa- (règle de Ewostâtêwos) du Godjam, et leur coryphée
tianisme, ou traducianisme, et leur argument serait,
comme pour les autres partisans de cette opinion, le
:
Ewur Za-Iyasus, adoptèrent la formule suivantes «Par
suite de l'onction le Christ fut Filius naturæ » (Ó¡J.Oo'J-
repos de Dieu à partir du sixième jour. C'est ce que aioc, ~jjLovoYEvrjç,consubstantialis du Père). Selon cette
nous apprennent les missionnaires jésuites, mais ce formule, l'Onction non supprimée ou confondue avec
sont en tout cas des spéculations ignorées par la masse l'union, comme dans la première, aurait produit
du peuple. l'union ou l'absorption de l'humanité par la divinité.
Selon les uns, les âmes naissent en pleine innocence, Excommuniés une première fois par l'ecagê Batra Gi-
selon les autres elles naissent dans le péché, parce que yorgis, ces moines prirent part à un concile réuni par
l'enfant, encore dans le sein de sa mère, aurait déjà la Fâsiladas (vers 1663) dans lequel Adam d'Enferâz ré-
conscience, et peut commettre des péchés; cette futa Za-Iyasus et soutint que l'Onction n'opéra pas
croyance fut propagée à Gondar vers le 1er quart du l'union de la divinité avec l'humanité, mais qu'elle
XIXe siècle par un nommé Arwê et trouva beaucoup donna à celle-ci la dignité perdue par suite du péché
de partisans dans le Choa où elle souleva des troubles d'Adam. Les mêmes disputes eurent lieu sous le roi
et fut déclarée obligatoire en 1841, à cause surtout de Yohannes Ier(1667-1682) qui convoqua un concile en
sa relation avec la croyance des « trois naissances » octobre 1681, où Akâla Krestos fut le chef du parti
V. plus bas. Il en résulterait une espèce de pélagianis- du Godjam et Niqolâwos du parti orthodoxe; la for-
me, mais ces renseignements qui nous sont donnés par mule du premier était toujours comme auparavant
les missionnaires Krapf, Gobat, etc., pourraient ne « baqeb'at walda bâhrey » (per Unctionem Filius con-
se rapporter qu'à une seule époque récente; du reste substantialis) celle du second était que par l'Union
les controverses sur le péché originel sont ignorées.
CHRISTOLOGIE.
- Les convertis du temps de saint
Frumence ou peu après étaient sans doute orthodoxes,
:
Jésus-Christ fut Filius naturæ consubstantialis,et par
l'Onction Primogenitus omnis creaturæ (Col., I, 15);
le roi fit proclamer que le parti orthodoxe avait eu le
car rien ne nous autorise à croire aux prétendus succès dessus dans le concile, et qu'il fallait s'en tenir à sa
de Théophile arien et à admettre que l'arianisme ait formule. Le parti du Godjam s'agita aussi sous Iyâ-
pénétré dans le pays. Les neuf saints étaient proba- su Ier (1682-1706); après des réunions ou disputes pré-
blement, nous avons dit, monophysites; en tout cas liminaires, on réunit un concile à Yebâbâ où Walda
le monophysisme du pays est certain à partir du vue Krestos et Bêta Krestos de Dabra Libânos disputè-
siècle. Un concile sous Ba'eda Mâryâm (1468-1478), rent contre Tabdan et Qozmos; ces derniers cherchè-
condamna quelques moines venus d'Égypte et de
Syrie qui niaient au corps de Jésus-Christ la consub-
stantialité avec le nôtre; ils avaient fait des prosé-
:
rent des prétextes pour esquiver la discussion, mais
ils furent excommuniés et le roi les exila on les appela
« les exilés » (1687-1688). Leur formule dans ce concile
lytes, mais en général les grandes controverses rela- aurait été(Bolotov, Nieskolko stranitz, p. 39) :« Il fut
tives au monophysisme n'ont pas agité l'Abyssinie, défini Fils de Dieu par la vertu de l'onction du Saint-
à l'exception de celle sur l'Onction. Les éléments de Esprit. » La formule serait pleinement monophysite;
celle-ci se trouvent déjà dans les Pères grecs, saint notons cependant qu'elle paraît supposer le mot opto-
Cyrille, saint Jean Damascène, etc., mais nulle part BSVTO; (vioO bôo-i) de Rom., I, 4, qui manque dans la
ils n'ont été développés comme en Abyssinie. Vou- Vulgate éthiopienne. En janvier 1692, les « exilés»
lant interpréter les passages de la Sainte Écriture sur prièrent le roi Iyâsu, qui s'était rendu au Godjam, de
l'onction du Christ (xpiorâç, messias) tels que Act., x, convoquer un concile auquel pourtant l'abuna n'au-
38 : Jesum a Nazareth quomodo unxit eum Deus Spiri- rait pas dû assister, à quoi le roi se refusa. En avril
tu sancto et virtule, etc., on se demandait dans quel 1697, on réunit un concile présidé par le roi lui-
rapport était cette Onction avec l'Incarnation. La
croyance rationnelle, à savoir que l'Onction regardait
l'humanité et non la divinité (comme dit saint Jean
:
même et on y excommunia Walda Tensâ'ê, Te'-
mertê, etc. dont la formule était (Christus) coniunctus
est (cumDivinitate) perUnctionem, ou: in Unctione. On
Chrys., I hom. in Epist. ad Hebr., - B£Ó,-r¡ç 0"; ¡:piE't"!X¡ changeait les noms, mais non la substance, et le but
xU' - àv0pwTu6r/)ç)présentait des dangers pour le mono- restait toujours Je même, à savoir de nier que l'Onction
physisme, ce qui explique l'importance qu'on attacha ait affecté l'huiranité non confondue avec la divinité.
en Abyssinie à la question, après les luttes contre les Les exilés, pour échapper à la persécution et en atten-
dant des temps plus propices, renoncèrent, du moins propriétés de la chair furent détruites par le Verbe, et
en apparence, à leurs croyances. Le roi Iyâsu qui, dans l'humanité de l'Homme-Dieu devint immortelle et im-
son attachement pour les moines de Dabra Libânos, passible; c'est une espèce de renaissance du julianisme
cherchait à faire disparaître entièrement le schisme (à:p0apToSo-/.-?|Tai).Kârrâ veut dire cccouteau •• mais on
des qebâtoc, convoqua en mai 1699 un nouveau concile ne sait pas avec certitude pourquoi ce sobriquet a été
:
où Arka Dengel exposa la doctrine des qebâtoc; il évita donné à la nouvelle secte (v. Bolotov, op. cit., p. 74,
:
les formules condamnées et dit cum homo factus est n. 3); selon quelques-uns la cause en serait parce que,
(ou eo quod homo factus est) unctus est, et Deus unxil comme le couteau a un seul tranchant (au contraire
:
eum Spiritu Sancto et virtute. On remarquera l'ambi- de la pO¡J-:p:xilXaia-zoït.oç, Apoc., I, 16). ainsi en Jésus-
guité de cette formule qui dans le premier sens cum Christ il ne reste que la divinité. La croyance elle-
homo, etc., pouvait être admise par le parti orthodoxe; même s'appelle kàrrâ. D'où le couplet populaire La:
mais Bêta Krestos exposa une formule ouvertement foi était jadis tawâhdo qebât (union et onction) cette
orthodoxe, que le roi promulgua obligatoire pour tous; année on a ajouté le kârrâ (couteau) mais la viande
les « exilés » se soumirent, et purent rentrer dans leurs est finie!
couvents. Vers le même temps à peu près, dans le dernier
Sous Takla Hâymânot (1706-1708) les qebâtoc re- quart du XVIIIe siècle (vers 17812), la
: :
croyance des
vinrent à la charge; selon le fragment historique avec trois naissances (sost ledat) se répandit à Gondar et
la formule coniunctus est per unctionem, ou in un- dans le sud; nous ne savons pas si ce fut par réaction
ctione, selon Bolotov, avec l'autre per unctionem Fi- du mouvement kârrâ; cette croyance, s'oppose à celle
lius naturæ; mais dans un concile réuni au Feqr Gemb des deux naissances (hulat ledat). Ce n'est, au fond,
du palais royal de Gondar (mars 1707) Walda Tensâ'ê qu'une façon différente d'exprimer le même schisme.
:
et ses partisans furent excommuniés par l'abuna et Les monophysites rigoureux ne peuvent voir dans
emprisonnés par ordre du roi. Le roi Têwoflos ou Théo- Jésus-Christ que deux naissances la génération éter-
:
phile (1708-1711), pour des vues politiques, ne se mon- nelle et la naissance de la Vierge, le parti contraire dis-
tra pas favorable à Dabra Libânos. Encore moins le tingue trois naissances, à savoir la génération éter-
fut David III (1715-1721) qui fit une profession de foi, nelle, par laquelle le Verbe est unigenitus du Père, la
»
qui rappelait celle des « exilés et, en avril 1720, il con- naissance de la Vierge, dont il est primogenitus(Matth.,
voqua un concile où, selon le fragment historique, les I, 25) et une troisième naissance lorsque l'Homme-
qebâtoc réduits au silence par ceux de Dabra Libânos, Dieu, par l'onction, est primogenitus omnis creaturæ.
en appelèrent à l'abuna Krestodolu. Celui-ci se rangea Cette troisième naissance,par laquelle il est jiaçagâ leg-
avec ceux de Dabra Libânos et il s'en suivit de violents Filius gratiæ, a lieu au moment de l'union, mais elle ne
tumultes provoqués par les qebâtoc, où Niqolâwos se manifeste qu'au baptême du Jourdain (' E-jupâveia).
et Awsegnyos tombèrent « martyrs de la foi ». Selon Cf. The conflict of Severus. édit.Goodspeed, p. 88. La
d'autres sources (Bolotov, op. cit., p. 50), le roi aurait croyance des trois naissances qui commença, paraît-il,
voulu se faire représenter au concile par le behtwadad à Gondar fut bientôt introduite dans le Choa où elle
Giyorgis, mais sur le refus des moines de Dabra Li- fut reçue avec grande faveur; le roi de ce pays Sâhla
bânos de prendre part au concile dans ces conditions, Sellâsê, en 1840, la proclama obligatoire, et la main-
le roi conseilla aux Pères d'interroger l'abuna, dont la tinttellemalgré les remontrances de l'abuna Salâmâ;
réponse peu claire, fut interprétée comme favorable mais Théodore,devenu maître du Choaen 1856, la dé-
aux qebâtoc. Alors les moines de Dabra Libânos, l'ecagê fendit. Rétablie pour peu de temps par Menelîk, lors-
à leur tête, se rendirent chez l'abuna qui leur donna qu'il recouvra son trône (1866), elle y fut de nouveau
une réponse ouvertement favorable. Ce second récit défendue par le roi Yohannes ou Jean IV, quand Me-
:
paraît plus vraisemblable et concorde avec la Chroni- nelîk dut reconnaître sa suzeraineté (1878). L'abuna
que abrégée. L'abunarépondit en ces termes per unio-
nem Filius unigenitus, per unctionem Christus.
Kerillos (1816-1824) condamna la croyance-des trois
naissances, mais il fut obligé de quitter Gondar; le Ti-
Sous Iyâsu II (1730-1755) et plus ouvertement sous gré y resta toujours contraire. Sous Théodore, la foi
Iyo'as (1755-1769), une nouvelle doctrine se propagea, du Tigré, appuyée par l'abuna Salâmâ, eut partout le
mais ne nous ne savons pas précisément en quoi elle dessus; une réunion de théologiens (d'Azazo,probable-
consistait; cependant comme le mouvement est mis ment) dut, sous menace de mort, embrasser cette foi,
en relation avec les Francs, on peut y voir une ten- et le roi Jean, qui s'intéressaitbeaucoup aux questions
dance dyophysite, d'autant plus qu'elle fut également religieuses, la fit accepter dans toute l'Abyssinie par
combattue par les deux partis. Les partisans de cette la force et malgré les arguments portés par les adver-
doctrine furent excommuniés et exilés de Gondar; saires dans une espèce de concile qu'il avait autorisé.
abbâ Esâtê la propagea dans le Waldebbâ et son par- Comme distribution géographique actuelle, les mo-
tisan l'ecagê Hénoch composa un pamphlet qui fut nophysites rigoureux (qebâtoc, parti de deux naissances,
accusé de nestorianisme et dont l'auteur fut excom- et kârrâ) sont très nombreux dans le Godjam et en-
munié dans un concile, en octobre 1763; on sait du core dans le Lâstâ et Hamasên, et les karrâ dans le
reste que, pour les monophysites,tous les dyophysites Tigré; dans le reste du pays les partisans des trois
sont entachés de nestorianisme. Peut-être par réac- naissances sont de beaucoup les plus nombreux, sur-
tion, les qebâtoc du Tigré développèrent encore plus tout dans le Choa.
les idées des qebâtoc du Godjam et donnèrent nais- SACREMENTS. — En principe, l'Église d'Abyssinie,
sance à la secte des Kârroc. Pour ceux-ci le Fils, étant comme l'Église copte, admet les sept sacrements,
consubstantiel au Père et au Saint-Esprit, ne saurait mais de fait, ils ne sont pas tous également pratiqués.
pas recevoir du Père ce qu'il a déjà par son essence; 1. Le baptême se fait par triple immersion. Le rituel du
j
il est xpiuTÔç en même temps que £picmrjçetyptajjia; baptême qui remonte au moins au XVIe siècle et le
partout donc où il est question d'Onction on doit en- Fetha Nagast (XVIIe s.) ne font que reproduire le ri-
tendre le Fils et non le Saint-Esprit,l'Onction n'est pas tuel copte. La « Fête du Baptême n ou Épiphanie (le
reçue seulement passive par le Fils, mais donnée à lui- ghitâs des Coptes) qui a un rituelpropre, le mashafa
même par lui-même active, et il est Walda qebâ'ê temqal (cf. von Arnhard, Lilurgie zum Tauf-Fest der
Filius actionis ungendi. Bolotov, op. cit., p. 12; ce mot aethiopischen Kirche, München, 1886, et Dillmann, Zur
manque dans Dillmann, Lexic., et dans le Sawâsew. Gesch., p. 21) et dans laquelle tout le monde se plonge
Cf. du reste les passages de saint Jean Damascène, etc.,
cités par Bolotov, 57, n. 2, Pour les karroc toutes les turellementtout à
dans l'eau pour commémorerlebaptême de N.-S. est na-
fait distincte du baptêmesacramen-
tel. — 2. Confirmation. Ce sacrement qui chez les Cop- des récits des missionnaires, que les mœurs très cor-
tes était administré immédiatement après le baptême, rompues, polygamie, divorce, etc., étaient tolérées par
a été confondu, paraît-il, avec l'huile du baptême le clergé. Le divorce, surtout en cas d'aclultère, était
(oleum calechumenorum) qui s'appelle également mê- admis. Beccari, op. cit., t. I, p. 482.
ron (pjoov, TO a-J'IOV [J..J?ov). LeFethaNagastneparlepas La circoncision est de tout temps généralement pra-
de la confirmation, qui au temps des jésuites n'était tiquée le 8e jour après la naissance. Le roi Claude et les
pas administrée, de même qu'elle ne l'est pas mainte- théologiens (Ludolf, Hist. æthiop.; Beccari, op. cit.,
t
nant. Beccari, op. cil., II, p. 433; t. VI, p. 137. Peut-
être la difficulté de se procurer de l'huile consacrée a
t. VI, p. 133) disent quec'est un usage du pays auquel
on n'attache pas d'idée religieuse, ce qui, au fond,
:
contribué à cet abandon. — 3. L'eucharistie est don-
née sous les deux espèces le pain est fermenté et com-
me chez les Coptes porte imprimées sur la surface
est conforme au Fetha Nagast, p. 525; mais ceux
qui regardent la circoncision comme un devoir reli-
gieux sont nombreux.
13 croix; en distribuant la communion, on commence ESCHATOLOGIE. — La croyance de tout temps plus
par détacher des morceaux de cette surface ayant répandue en Abyssinie sur l'état des âmes après la
chacun l'une de ces croix. Le Felha Nagast permet de mort concorde pleinement avec celle des jacobites
mêler un tiers d'eau au vin, mais maintenant, comme (Barsalîbi,BarHébræus, etc.), à savoir que jusqu'àlaré-
au temps des jésuites, on se contente souvent de surrection et au jugement dernier les âmes des justes
broyer cinq grains de raisin sec et d'ajouter de l'eau demeurent dans le paradis terrestre, tandis que celles
.(pour la messe v. plus bas). — 4. Confession. Ce sacre- des méchants errent en divers lieux et même sur la
ment est ancien; sous Zar'a Yâ'qob les Daqîqa Esti- mer (Vita Ewostât, 55); la croyance populaire d'une
fânos soutenaient que Matth., XVIII, 22 ne se rapporte espèce de Hades ou Séol où sont les mânes jusqu'au ju-
pas à la confession sacramentelle et à l'absolution, ce gement se rattache peut-être, au moins en partie, à
qui était contraire à la doctrine orthodoxe. Dillmann, ces idées. Après le jugement, les justes entrent au pa-
op. cil., p. 44. Au temps des jésuites, la confession radis et les méchants vont à l'enfer, dont les peines,
était pratiquée, mais pas avant la 25e année.Beccari, selon quelques-uns, ne seraient pas éternelles, de
op. cit., t. VI, p. 144. Le Fetha Nagast parle de la con- même que dans sa descente aux enfers Jésus-Christ
fession d'une façon plus théorique que pratique et ne aurait retiré non seulement les âmes des justes mais
précise pas, par exemple, la formule de l'absolution; aussi celles des méchants. Le purgatoire n'est pas pro-
celle-ci, comme dans l'Église copte, est purement dé- prement connu, mais les prières pour les défunts sont
précatoire. Les jésuites (Beccari, op. cit., t. II, p. 435, partout pratiquées. Le rituel de ces prières s'appelle le
relèvent les défauts de la confession telle qu'on la pra- mashafa genzat; traduit à l'origine du rituel copto-
tiquait à leur époque; la confession publique devant arabe, il a été augmenté ensuite par de nombreuses
l'abuna était aussi usitée. Maintenant on se confesse additions qui en ont fait un livre assez distinct du pri-
quand on veut, sans détermination de temps, mais mitif et qui est répandu sous cette forme plus récente.
tout le monde se confesse à l'article de la mort; le prê- Quelques-unes des prières contenues dans ce livre sont
tre commence par faire faire un examen de conscience très anciennes et remontent au IVe siècle.
d'après un petit livre, l'anqasa nessehâ. Il existe un ri- PRIÈRES, MESSE, JEÛNES, FÊTES. — La récitation
tuel spécial traduit en 1561, le mashafa nessehâ ou des heures canoniales dans les églises, le jour et la
plus proprement mashafa qêder, pour les rénégats nuit, négligée jusqu'alors, fut réglée par Zar'a Yâ'qob
et pour ceux qui ont eu commerce avec des femmes (Dillmann, op. cit., p. 20), mais déjà sous 'Amda
non chrétiennes; la présence de nombreux musulmans Seyon (1314-1313), Giyorgis de Gaseccâ avait com-
en Abyssinie après Gran, explique l'opportunité de ce posé un horologium; une grande partie des prières est
rituel spécial. — 5. Ordres. Les ordres (prêtrise, dia- formée par les psaumes. Le chant liturgique, qui se fait
conat, etc.) sont conférés par l'abuna qui vient d'É- avec accompagnement de systres, et trépignement des
gypte et ignore souvent le ge' ez, en sorte qu'on ne pieds, est exécuté par les Dabtarâ qui, après certains
peut pas proprement parler d'un rituel abyssin pour versets des psaumes etc., récitent de courtes poésies
ce sacrement. Les Constitutions apostoliques ont été (espèce de uzi/r^i) qu'ils composent sur-le-champ
traduites en ge'ez,mais c'est, pour ainsi dire, de la lit- (les qenê). Une ordonnance de Zar'a Yâ'qob prescrit
térature théorique et non pratique. Les ordres mi- la réunion dans les églises le samedi et le dimanche —
neurs étaient encore conférés, au moins selon le P. les hommes séparés des femmes. — L'impureté légale
Paëz, au temps des jésuites, selon lesquels les ordina- devait empêcher d'entrer dans les églises et non seule-
tions générales (comme le baptême, etc.) étaient inva- ment de communier. La liturgie de la messe est assez
lides. Les rois et, dit-on, des nobles, se faisaient rece-
voir diacres, ce qui leur permettait de rester dans la
partie des églises réservée au clergé. — 6. Extrême
;
connue par les travaux de Renaudot, Hammond,
Brightmann, etc. elle est décrite par Almeida. Bec-
cari, op. cit., t. VI, p. 161. Le rituel s'appelle qcddâsê
onction. En principe ce sacrement est admis; Zar'a etlelectionnaireser'atagessâwê. L'ordo communisfut
Yâ'qob (Dillmann, op. cit., p. 62) dit expressément
avoir trouvé le rituel de l'extrême-onction qui était
resté inconnu à ses ancêtres. Un siècle plus tard, peu
15 anaphores, à savoir :
publié par Tasfâ Seyon en 1548; on compte au moins
1. de N.-S., 2. de la sainte
Vierge, de Cyriaque de Behnesâ, 3. de Dioscore, 4. de
avant la mort (1559) du roi Galâdêwos ou Claude, saint Jean Chrysostome, 5. de saint Jean Évangéliste,
un rituel copto-arabe, le mashafa Qandil fut traduit 6. de saint Jacques le frère du Seigneur, 7. de saint
en ge'ez; les théologiens abyssins dont parlent les jé- Grégoire d'Arménie, 8. des 318 Pères de Nicée, 9. de
suites (Beccari, op. cit., II, p. 434), n'étaient pas exacts saint Athanase, 10. de saint Basile, 11. de saint Gré-
en prétendant que dans les livres religieux d'Abyssi- goire de Nazianze, 12. de saint Épiphane, 13. et 14. de
nie on ne faisait pas mention de ce sacrement. Il est saint Cyrille, 15. de Jacques de Sarug. Le n. 4 est im-
vrai du reste qu'il n'était que rarement conféré, primé dans la Chrest. æthiop. de Dillmann, p. 51; les
comme il ne l'est plus, paraît-il, maintenant. — 7. Le n. 1, 2 et 3, ainsi que l'ordo communis (Liturgia apo-
mariage légitime se fait en présence du prêtre qui ré- stol.) sont reproduits dans le Bullarium Patriarchatus
cite le Pater et bénit les époux; le roi Iyâsu Ier fit bé- Portugalliæ, 201, 221,225,250, ce dernier aussi en une
nir son mariage par l'abuna et l'ecagê qui" accompli- recension différente dans Swainson, Greek liturgies,
rent le rite du mariage, » IUâs. Annal., 66. Le Fetha dans The ordin. Canon of the Mass, par Bezold, p. 349.
Nagast défend la fornication et les concubines, mais Comme les Coptes et les autres Orientaux, les Abys-
il résulte des histoires et des vies des saints, comme sins observent le jeûne les mercredis et vendredis pen-
dant toute l'année, à l'exception des 50 jours après Gabra Endrcyâs, etc.; 4° période de Zar'a Yâ'qob :
Pâques,danslesquels tout jeûne est défendu. Au temps Mabâ' Seyon (Takla Mâryâm), Takla Seyon, Besu'a
des jésuites, le jeûne qui précède la fête de l'Assomp- Amlâk, etc.; 5° période des luttes contre l'islamisme
tion et celui de l'Avent n'étaient pas généralement et les jésuites; à cette période appartient la fameuse
observés (Beccari, op. cit., t. VI, p. 181), comme c'était sainte Walatta Pêtros. Pour revenir aux fêtes, Zar'a
:
le cas chez les Coptes. Selon le Fetha Nagast les jeûnes
sont les suivants Carême proprement dit, précédé du
Yâ'qob établit trente-trois fêtes de la sainte Vierge,
douzefêtes de saint Michel (le 12 de chaque mois), trois
jeûne d'Héraclius qui dure une semaine (la 'IVPIJ:PcXyoç
èS-îo(xoci; des Grecs) et, du samedi de la Passion à Pâque,
suivi du grand jeûne de la semaine sainte, le jeûne des
:
fêtes de saint Gabriel et une fête pour chacun des anges
suivants Rufâ'êl, Ragu'êl, Fanu'êl, Suryâl, Saqu'êl,
Uri'êl et pour les Afnin (Ofanim, archanges); il faut
Ninivites (trois jours), l'Avent (40 jours), le jeûne des ajouter les prophètes de l'Ancien Testament,y compris
Apôtres, qui se termine à la fête des saints Pierre et Abraham, Isaac, etc., Judith, Esther, etc. Pour les
Paul (5 de hamlê), le jeûne avant la fête de l'Assomp- fêtes dela sainte Vierge, cf. mon Vocabolario amarico,
tion, les veilles de Noël et de l'Épiphanie, le mercredi
et le vendredi. Dans le carême, la semaine sainte, les
« »
col. 867. Les 4 animaux de l'Apocal. (IV, 6) sont
aussi vénérés. Selon Bruce, une curieuse opinion fut
jeûnes d'Héraclius et des Ninivites, comme dans les propagée, vers 1770, par un moine nommé Sebhata
veilles de Noël et de l'Épiphanie on jeûne jusqu'à la Egzi'abehêr, qui, se basant sur des passages de l'Ancien
fin du jour; dans les autres jeûnes jusqu'à none. Testament (Ez., XXIX, 20; Jérém., XLIII, 10; Dan., III,
Comme il a été dit, l'opinion soutenue par les moines 95), soutenait que Nabuchodonosor doit être compté
que le samedi devait être observé aussi rigoureuse- au nombre des saints. Bolotov, op. cit., p. 82.
ment que le dimanche, fut sanctionnée par Zar'a HIÉRARCHIE. — Le chef de l'Église est l'abuna (pâ-
Yâ'qob, d'accord avec les abuna Mikâ'êl et Gabri'êl, pas ou métropolite) qui est choisi parmi les moines de
d'autant plus facilement qu'elle paraissait s'accorder saint Antoine et sacré par le patriarche copte. Ce droit
avec Matth., v, 14, Luc., XVI, 9,etc. Parmi les travaux
défendus le samedi et le dimanche Zar'a Yâ'qob met :
chasser, pêcher, écrire, voyager, battre les esclaves ( !);
du patriarche, qui a dû exister dès l'introduction du
christianisme en Abyssinie, a été précisé par le pseudo-
canon de Nicée (Canones arabici, XLII, 36), qui dans sa
mais il permet d'abattre les bêtes, de cuire la vian- partie fondamentale se trouve déjà dans l'ancien re-
de, etc. Au XVIIe siècle, l'observance du samedi était cueil de Marûthâ. Cf. Braun, De sancta Nicæna silno-
générale; les jésuites en obtinrent pour un moment do, Münster, 1898, p. 66. L'abuna confère les ordres,
l'abrogation, mais la grande majorité du pays y resta sacre le roi, dispense les vœux; il possède des fonds
fidèle. pour son entretien et perçoit des droits dans les ordi-
:
Les grandes fêtes du Seigneur, au nombre de neuf,
sont Incarnation (Annonciation), Passion (pendant
toute la semaine sainte on ne travaille pas), Résurrec-
nations. Quelquefois il est fait mention d'évêques ve-
nus en Abyssinie, mais on ne sait pas exactement avec
quels pouvoirs. A la mort de l'abuna, une ambassade
tion (dans la semaine in albis également on ne tra- se rend au Caire avec des présents pour demander un
vaille pas).— Lebâla tomâs ou fête de saint Thomas, successeur, mais le long voyage d'aller et retour, et
le mardi de la semaine in albis. Ascension, Pente- souvent aussi le manque d'argent, occasionnent de
côte (fête du Saint-Esprit promis parNotre-Seigneur longs intervalles, sans parler des délais que soit la vo-
Paraclilos), Transfiguration (Dabra Tâbor), Noël, Épi- lonté du roi soit des causes politiques peuvent causer.
phanie. Les Abyssins, imitant les Coptes, ont dressé la liste de
Les fêtes des anges et des saints sont très nombreu- leurs abuna, qui pourtant jusqu'au XIIIe siècle est dé-

;
ses. Notons à ce propos que le culte des anges et des
saints et la vénération des images sont pratiqués de-
puis un temps immémorial cette vénérationaurait eu
;
nuée de tout fondement. Voici la liste des abuna qui
ont réellement revêtu cette charge les noms des quel-
ques abuna que nous connaissons antérieurement au
des ennemis vers 1300, mais le roi se prononça contre XIIIe siècle nous sont conservés par l'histoire des pa-
eux et les fit persécuter. Cf. Acta Marqorêwos, p. 11 sq., triarches d'Alexandrie.
mais on peut se demander si ce texte mérite une pleine LISTE DES ABUNA. — Jean vers 820. — Pierre ou
confiance, surtout dans les détails. Un culte tout spé- Pêtros avec le faux ab. Mennas vers 923. — Daniel,
cial est rendu à la Vierge et à la Croix, comme chez les vers 1000. — Cyrille ou Abdon; Sévère vers 1080. —
autres peuples et pour les mêmes raisons. Sous Zar'a Georges vers 1102. — Mikâ'êl ou Habib (Agapius),
Yâ'qob les Daqîqa Estifâ (Estifânos ou Étienne) s'éle- 1135. En 1200, une ambassade venue au Caire annonça
vèrent contre ce double culte spécial, mais le roi les la mort de l'abuna et demanda un successeur, mais les
condamna et les punit de diverses peines, eux et leurs noms des deux ne sont pas connus. Abû Sâlih édit.
partisans et protecteurs. Ce même roi ordonna de Evetts, 285, n. 3;'Abd al-Latîf, édit. White, 196. —
mettre dans toutes les églises un tâbot ou autel spécial Mikâ'êl de Fuwâ 1205 chassé en 1209, remplacé par
dédié à la Vierge. Les « kârroc » sont naturellement Ishaq 1209; il est probable qu'il a eu pour succes-
portés à ce culte spécial pour la sainte Vierge; une seurs : Ezra, Yerdâ' Mikâ'êl et Samu'êl. Conti Rossini,
partie soutient que la Vierge doit être adorée avec son Il Vangelo d'oro, p. 15. — Giyorgis ou George vers
Fils, d'autres disent qu'elle doit être honorée et glo- 1225. — Qêrillos ou Cyrille (qui aurait conféré le dia-
rifiée et son Fils adoré. Les saints vénérés par les Abys- conat à Takla Hâymânot). — Abba Salâmâ, le res-
sins sont très nombreux; outre ceux des premiers siè- taurateur de la littérature ge'ez, fin du XIIIe et com-
cles, qui sont communs à toutes les confessions, et ceux mencement du XIVe siècle; il succéda probablement à.
de l'Église copte, ils vénèrent des saints de leur propre un abuna syrien chassé par le roi Yagbea Seyon (1285-
:;
nation. On peut les partager, avec Turaïev, dans les
cinq périodes suivantes 1° période aksumite : Les
1293). — Yohannes ou Jean contre la simonie duquel
se leva Basalota Mikâ'êl. — Yâq'ob ou Jacques sous.
:
neuf saints, Yârêd, le roi Kâlêb 2°moyen âge jusqu'au
XIIIe siècle Lâlibalâ, Na'akueto La-Ab, le légendaire
Gabra Manfas Qeddus,Takla Hâymânot,leplus grand
'Amda Seyon (1314-1343). — Bartalomêwos ou Bar-
;
thélémy venu probablement vers la fin du règne de
Sayfa Ar'ad (1344-1372) il était encore abuna sous le
saint de l'Église abyssine, et quelques autres; 3° acti- roi Ishâq (1414-1429). — Mikâ'êl (sacré en 1454) et
vité des moines et leur lutte contre le pouvoir laïque; Gabriel (on ne sait pas comment il est question ici de
Ewostâtêwos, Basalota Mikâ'êl, Anorêwos, Aron, Fil- deux abuna). — Ishaq 1480 (selon la liste abyss., con-
pos de Dabra Libânos, Filpos de Dabra Bizan et le dis- temporain de Marc). — Yohannes ou Jean, écrivain
ciple de ce dernier, Yohannes, Samu'êl de Waldebbâ, distingué. - Mârqos ou Marc qui siégea jusqu'à l'an
1534; il mourut plus que centenaire. — Yosâb sous le des religieuses qui dépendaient de ce dernier, l'abbesse
roi Claude (1540-1559) Voir pourtant Hist. Reg. Sarsa conférait l'habit monastique des divers degrés et dé-
_Dengel, p.68. Pêtros ou Pierre en 1551. — Mârqos terminait,directement ou indirectement, les pénitences
des religieuses. Ce schisme se termina grâce à l'in-
-
ou Marc, vers 1578, déposé par Sarsa Dengel et relégué
dans l'île de Daq du lac Tânâ. Krestodulo ou Chris-
-
todulus. Pêtros ou Pierre tué à la bataille entre Yâ'
tervention de Zar'a Yâ'qob, qui, grâce à son zèle pour
l'observance du samedi, à laquelle ces moines tenaient
qob et Susneos, 10 mai 1607. — Siméon tué à la ba- beaucoup, put leur inspirer de la confiance. Le rite de
taille de Saddâ, 13 mai 1617 (faux abuna non nommé). la prise d'habit à été introduit en Abyssinie au XIVe
1633, faux abu- siècle au moins. Dans sa première profession le moine
— Se'ela Krestos (?) ou Rezq Allah, reçoit le qenâl ou ceinture; dans la seconde, il reçoit le
na déposé et relégué dans une île du Tânâ, ses ordi-
nations déclarées nulles et non avenues. — Mârqos ou qob ou calotte qui a deux degrés, celui de« bénédiction»
Marc sacré en 1634; il est le premier abuna après le ».
et celui de « perfection Enfin on le revêt du askêmâ,
rétablissement de la confession alexandrine. — Mi- espèce de scapulaire en deux parties,dontl'une tombe
kâ'êl et Yohannes ou Jean; le premier appelé par Fâ- sur la poitrine et l'autre sur le dos, et porte 12 croix
siladas et le second par son frère, prétendant au trône; (= les 12 pierres du }Ó¡¡OV du grand pontife). Le
abuna en 1648. -
Yohannes est relégué à Serké et Mikâ'êl reste seul
Krestodulo ou Christodulus en
1663-1664, déposé en 1671-1672, sous le roi Yohan-
clergé séculier passe pour inférieur aux moines.
Les églises sont distinctes des simples oratoires ou
chapelles qui renferment quelque image sacrée, mais
nes Ier; il était favorable au parti de Dabra Libânos, nonle tâbot. Celui-ci (commela tabhlîthâ) estunepetite
ce qui le fit tomber en disgrâce auprès du roi. — table en pierre ou en bois dur, qui sur l'un de ses côtés
Mârqos était destiné à succéder à Christ., mais le roi porte toujours une croix ou la Vierge avec le divin
ne voulut pas l'accepter. — Sinodâ ou Sinouthius en Enfant, et que l'on place sur une espèce d'armoire
1671-1672; il était contraire au parti de Dabra Libâ- ou autel. Quand le roi était en voyage, il se faisait
nos auquel le roi Iyâsu était dévoué; un différend accompagner par le tâbot de l'église de Notre-Dame
entre le roi et l'abuna, en 1685, fut aplani, mais en du palais royal(Gemgâbêt) et de celui de l'église d'Ad-
1692-1693 l'abuna fut déposé. — Mârqos qui siégea de dababây Iyasus.
1693 à 1716. — Krestodulo ou Christodulus, de 1720 Dans les ruines de quelques-unes des anciennes
à la fin de l'an 1742, ou au commencement de 1743. — églises qu'on a récemment étudiées (Aksum, Adu-
Yohannes de 1746 à 1762. — Yosâb III de 1770 lis, etc.), on a reconnu le plan de l'ancienne basilique
environ jusqu'au commencement du XIXe siècle; et notamment les trois nefs, qu'on voit dans l'église
il était d'un esprit assez tolérant et bien différent de Dabra Damo, qui conserve encore l'ancien type.
de son successeur Qêrillos. (Un Macaire créé abuna
serait mort en route avant d'entrer en Abyssinie.) —
— Qêrillos ou Cyrille, janvier 1816; empoisonné par
:
Mais, en général, les églises, rondes le plus souvent, se
composent de trois parties 1° le qenê mahlêt où sont
les dablacâ; 2. le qeddest où reste le peuple qui com-
Sabâgadis en 1824. Après sa mort il n'y eut pas d'abu- munie; 3° le maqdas où sontles prêtres et où le roi
na pendant 17 ans. — Salâmâ de 1841 à la fin communie.Dans les grandes églises des principales villes
de 1867. — Atnâtêwos ou Athanase mort au commen- à
(parex. AddisAbebâ) le service,touj ours précédéde
cement de 1877. — Pêtros ou Pierre, juin 1881. la psalmodie, est célébré tous les jours, ou au moins les
Le second grand dignitaire est l'ecagê, le chef ou dimanches et fêtes, le mercredi et le vendredi; dans les
général de tous les moines de Dabra Libânos et de églises des villages on ne dit la messe que les diman-
leurs couvents; sa résidence était à Gondar depuis le ches et fêtes; le zêmâ ou plain-chant est remplacé dans
XVIIe siècle. Deux hauts dignitaires ecclésiastiques ces églises par la récitation des hymnes telles que le
attachés à la cour étaient le Qês Atê ou grand aumô- mâhbara me'menân, etc. Sur le plan et la construction
nier et confesseur du roi et l'Aqâbê sa'ât ou « gardien des anciennes églises, v. Krencker, s. Vorbericht, 323;les

:
de l'heure ». Par confusion du second mot sa'ât avec
esât, on expliquait souvent ce nom par gardien du
feu. Beccari, op. cit., t. n, p. 52, etc. Cf. Dillmann, op.
églises monolithiques qui portent le nom de Lâlibalâ,
dans le Lâstâ (Warwar), sont fameuses. Les rois et les
reines (Zar'a Yâ'qob, Iyâsu II, Mentewwâb, etc.), ont
cit., p. 11. On en connaît déjà en 1209. Ils accompa- fondé beaucoup d'églises, souvent avec leurs couvents;
gnaient ordinairement le roi, auprès duquel ils avaient l'église d'Atronsa Mâryâm, commencée par Ba'eda
toujours libre accès; après Bakâffâ (1721-1730), cette Mâryâm, fut achevée par Eskender; plus ancien est
charge aurait subi des changements, mais elle subsista Tadbâba Mâryâm. La reine Elêni (commenc. du XVIe
encore après ce roi; elle n'existe plus maintenant. siècle) fit bâtir par des ouvriers venus d'Égypte une
Les moines ont été toujours très nombreux et le très belle église, le Martula Mâryâm, dans le Godjam;
sont encore aujourd'hui; ils rapportent leur origine à c'est l'église, paraît-il, qui fut ensuite restaurée par
saint Pacôme et saint Antoine et vivent soit dans les Iyâsu Ier (Annales regum Johannis, etc., dans Corp.
:
couvents, soit à la façon des ermites dans des lieux
non habités. On distingue deux grands ordres celui
de Takla Hâymânot, dont le supérieur général est
script. christ., p. 66),auquel on doit égalementla grande
église Sellus Qeddus près de Gondar. Une grande acti-
vité fut déployée par Iyâsu II et sa mère Mentewwâb
l'ecagé, et celui d'Ewostâtêwos; les moines de cet or- (Nârgâ, Quesquâm, etc.). Pour les églises de Gondar,
dre n'ont pas de supérieur général, toutefois l'abbé de cf. mon Vocabolario amarico-italiano,col. 759.
Dabra Bizan a la préséance. Za-Mikâ'êl Aragâwi au- Des églises catholiques en pierres et en maçonnerie
rait été le premier à fonder un monastère de femmes. furent bâties par les jésuites, à Gorgorra, Azazo, Fre-
La renaissance et le grand développement du mona- mona, etc. Les peintures sont très fréquentes dans les
chisme abyssin se place à la fin du XIIIe siècle et au églises, mais non les sculptures; de même, les croix sont
cours du XIVe, mais les abus furent bientôt graves et innombrables, mais sans le crucifix en relief;les con-
notamment la cohabitation des moines et des reli- tours de la figure seulement y sont parfois grossière-
gieuses. Cf. la vie de Basalota'Mikâ'êl, 35, etc. Une ment gravés. Les peintures, très primitives, se ratta-
partie des moines d'Ewostâtêwos, à cause peut-être chent au style byzantin; une image de la Vierge avec
de la corruption des mœurs du clergé, ne voulaient pas l'Enfant, très en vogue, a une ressemblance frappante
de prêtres dans leurs couvents, de chefs prêtres ou avec celle qu'on vénère à Sainte-Marie-Majeure, à
diacres, mais seulement laïques comme les maggâbi. Rome; probablement cette image a été portée en
Ces moines habitaient surtout dans les couvents de
;
Dabra Mâryâm, Dabra Bizan, etc. dans les couvents
Abyssinie par les jésuites.
Les anciens couvents bâtis par les neuf saints ont
beaucoup perdu de leur éclat primitif depuis le XIIIe L. Krapf) qui, à la suite des ambassades d'Annesley
siècle où la renaissance du monachisme a occasionné et de Salt,étaient venus s'établir en Éthiopie avec
la fondation de nouveaux couvents; ainsi celui de l'appui et les subsides de la Church missionary So-
Matâ ou Libânos (Erythrée) perdit beaucoup de la ciety, en furent en effet expulsés dès 1838 sur l'ordre
grande vénération dont il avait joui jusqu'à cette du dedjaz Oubié, et les Suédois qui, à partir de 1866,
conde période sont :
époque. Les couvents plus remarquables de cette se-
Dabra Libânos dans le Choa,
fondé par Hezkeyâs, 57 ans après la mort de Takla
ont fait de Massaoua leur quartier général, ne sont
parvenus depuis lors à fonder quelques stations—
relativement peu importantes d'ailleurs — que dans
Hâymânot; sous Zar'a Yâ'qob il aurait changé son la colonie italienne actuelle de l'Erythrée, dans le
nom primitif Asbo avec celui qu'il porte maintenant; pays de Kounana et dans la province de Hamasa;
Dabra Gol; Dabra Bizan fondé par Filpos; Dabra ils ont donc, au total, à peine effleuré la région dont ils
Hallelo près du Mareb, fondé par Abbâ Samuêl; Enda se proposent l'évangélisation. Beaucoup plus fécond a
Sellâsê fondé par Besu'a Amlâk, Dabra Worq au Go- été le labeur des prêtres catholiques, appartenant à plu-
djam, DabraNaguadguâdau lac Hâyk;il y a de nom- sieurs nationalités et à des ordres différents, qui évan-
breux couvents dans les îles dulac Tânâ (Estifânos gélisent actuellement l'Éthiopie. Dans le N.-E., là où
deDaga, etc.), le couvent de Dimâ fondé par Takasta flotte le pavillon italien, des capucins italiens travail-
Berhân où on célébrait une curieusefête Annales regum lent à la conversion des indigènes (mission de l'Éry-
Johannis, etc. Corpus scr. christ., p. 68, dans etc. Les thrée); dans le centre même de la contrée, l'œuvre
Abyssins ont des couvents hors de leur pays à Jéru- d'apostolat est confiée aux lazaristes français chargés
salem, où un ancien couvent (déjà au XIVe siècle), le de la mission d'Abyssinie; enfin le sud est le champ
Dêr-es-Sultân, est occupé en partie par les Coptes, et assigné par le Souverain Pontife au zèle évangélique
un autre tout récent, le Dabra Gannat. Des moines d'autres religieux français, les capucins de la mission
abyssins ont habité et habitent encore maintenant des Galla.
dans les couvents coptes d'Égypte; ils résidaient au- MISSION D'ABYSSINIE. — De ces trois missions, la
trefois surtout dans le quartier Zuwèla du Caire, plus ancienne est celle d'Abyssinie, dont la création
églises réunies de la Vierge, S. Georges et Abbâ Sîfên remonte à l'année 1839. Ayant constaté au cours d'un
(Sayfayn), dans la rue Hârat Zuwela, mais depuis voyage dans la Haute-Éthiopie, pays « dont les lois
longtemps ils n'y demeurent plus. On sait que des excluaient cependant, sous peine de mort, tout mis-
moines abyssins (catholiques) pendant environ deux
siècles ont habité à Rome le couvent deSan-Stefano,
»
sionnaire catholique (Arn. d'Abbadie), quel accueil fa-
vorable la population d'Adoua avait fait à son com-
qui prit le nom de « San-Stefano dei Mori ». Le plus pagnon, le lazariste Giuseppe Sapeto, l'illustre An-
distingué parmi eux, Tasfâ Seyon, publia le premier le toine d'Abbadie avait, dès 1838, exposé au cardinal
Nouveau Testament, etc., en geez. Leur bibliothèque, Franzoni, préfet de la Propagande, le résultat de ses
de peu de valeur, fut incorporée àlaVaticane en 1648. observations. Ce dernier se laissa convaincre, et bien-
tôt le pape Grégoire XVI envoya en Abyssinie deux
G. Fumagalli, Bibliografia etiopica, Milano, 1893, Biblio-
graphie presque complète jusqu'à cette date Cf. dans cette
bibliogr. : n. 1474 bis,Dillmann, Zur Geschichte des Axum;
ibid.n.1475,Dillmann, Ueber die Regierung, insb. dieKir-
:
prêtres des provinces italiennes de la congrégation
de la Mission ils devaient rejoindre leur confrère à
Adoua, et travailler avec lui, selon les termes très va-

— A ajouter :
chenordn. desK. Zar'a Yâqob; n. 1429, Ludolf, Hist. æthiop.
Bolotov, Nieskolko stranitz iz tzerkovnoi
historii Ethiopii (Quelques pages de l'histoire ecclésiastique
gues du bref remis au chef de la mission, à évangéliser
«
l'Éthiopie et les pays limitrophes. »
Dès son arrivée dans la capitale du Tigré, où régnait
d'Abyssinie), Saint-Pétersbourg,1888. — Guidi, Il Fetha Na ce même dedjaz Oubié qui avait naguère expulsé de
gast o la legislazione deire, Roma, 1897-1899; Di due fram-
menti relalivi alla storia di Abissinia, Roma, 1893; Un- son pays les agents de la Société biblique anglaise,
M. Justin de Jacobis, à qui avait été confiée la direc-
squarcio della storia ecclesiaslica di Abissinia, dans Bessao
rione, fasc. 49-50; Le Liste dei Metropoliti di Abissinia- tion de la nouvelle mission, envoya ses collaborateurs
dans Bessarione, 1899. — C. Beccari, S. J., Rerum æthiopi, MM. Sapeto et Louis Montuori dans l'Amhara, se ré-
carum scriptores occidentales inediti a sœculo xvi ad XIX- servant pour soi-même le Tigré. Par son intelligence
Roma, 1904, sq.- E. Littmann, Geschichte derœthiop. Litte, et par ses vertus, ce saint prêtre ne tarda pas à con-
ratur, dans Litteraturen des Ostens, Leipzig, 1907. — Corpus quérir une grande influence, non seulement sur le ded-
scriptorum christianorum oriental. Scriptores ætlziopici- jaz Oubié, mais sur les habitants d'Adoua, témoins
Paris, sect. II, t. v, Annales regum Johannis I. Iyâsu I, quotidiens et émerveillés de sa pieuse existence. Cinq
Bâkâffâ; t. III, Historia regis Sarsa Dengel; t. xx,
Acta SS. Basalota Mikâ'êl et Anorêwos; t. XXI, Acta, ans après son arrivée dans le pays (et en dépit d'une
S. Eustathii, t. XXII, Acta S. Mercuri (Marqorêwos). absence de 14 mois qui l'avait amené en Égypte, à
I. GUIDI. Rome et en Palestine), en 1844, « une centaine de fi-
ABYSSINIE (Missions au XIXC siècle). Si les dèles » se groupaient autour de lui dans la capitale du
dominateurs de l'Éthiopie, les Amharas, appartien- Tigré; bientôt après, de petits noyaux catholiques se
nent, de manière plus ou moins officielle, à une religion constituaient aux environs d'Adoua, dans l'Agamé,
chrétienne, la religion copte, ils sont loin d'avoir im- sur la côte de la mer Rouge (près de Massaoua); à
posé leurs croyances aux populations sujettes. De ces Gouala, près d'Addigrat, capitale de l'Agamé, un sé-
dernières, les unes sont musulmanes; les autres — et minaire étaitfondé en 1845. Mais, à ce moment même,
c'est encore lamajorité—sont demeurées ce que toutes une persécution suscitée par la jalousie de l'évêque
étaient naguère, et ont précieusement conservé, dans copte de Gondar, l'abouna Salama (voir ce mot), vint
cette citadelle naturelle qu'est le massif éthiopien, menacer l'existence de la naissante église et compro-
dans cette région dressant à l'ouest de la mer Rouge mettre la vie de ses établissements. Au cours des an-
ses escarpements abrupts au-dessus des brûlants dé- nées qui suivirent, Mgr de Jacobis vit ses fondations
serts afar et somali, sur des plateaux coupés par de détruites et ses ouailles dispersées; un certain nombre
profonds cagnons et atteignant des altitudes moyennes de ses néophytes abandonnèrentla foi qu'ils avaient
de 2500 et 3000 mètres, leurs antiques croyances féti- récemment embrassée; d'autres préférèrent l'exil à
chistes. Aussi l'Éthiopie présente-t-elle un vaste l'apostasie, et quelques-uns confessèrent leur religion
champ à l'action apostolique des missionnaires. nouvelle dans les fers et dans les tortures. Mais, loin
Ce sont surtout et même presque exclusivement des de souffrir de cette persécution, l'Église d'Abyssinie
missionnaires catholiques qui y font sentir leur action. en bénéficia; grâce au zèle de ses auxiliaires, à l'assis-
Les prédicants allemands (Drs Isenberg,Blumhardt et tance de MgrMassaïa (voir ce mot) et de ses collabora-
teurs, à ses propres efforts, le premier vicaire aposto- de ce dernier, Théodoros (tel était le nom adopté par
lique de l'Abyssiniepouvait, en septembre 1853, c'est- l'usurpateur lors de son couronnement) voulut expul-
à-dire quatorze ans après son arrivée à Massaoua, éva- ser de ses États les missionnaires catholiques. Malgré
luer à 5000 le nombre des catholiques existant dans des difficultés de toute nature, le vicaire apostolique
le Baguemeder et les districts du Tigré; au delà, vers de l'Abyssinie ne cessa pas, pendant les années sui-

1. — Divisions ecclésiastiques de l'Abyssinie.


le nord, la mission étendait son champ d'action jusque vantes, de poursuivre une tâche évangélique que lui
dans la haute Nubie, chez les Bogos. facilitaient dans une certaine mesure la fermeté de
Bien que persécutés par l'abouna Salama, les mis-
sionnaires jouissaient encore d'une tolérance relative,
grâce à la présence du dedjaz Oubié, faible, mais non
;
ses prêtres et de ses diacres indigènes et le glorieux
martyre de Debra-Michael (voir ce mot) mais la défaite
du dedjaz Negoussié par Théodoros le chassa en 1860
pas hostile. La situation se modifia complètement le de l'Agamé, où il avait pu se maintenir, et réduisit les
jour où Kassa, vainqueur du ras Ali dans l'Amhara et missionnaires à exercer leur apostolat aux seuls abords
du dedjaz Oubié dans le Tigré, eut été couronné em- de Massaoua. C'est de ce port de l'Éthiopie (où la Tur-
pereur par l'évêque de Gondar (1854); à l'instigation quie avait en 1861 donné, sur les instances de la Fran-
ce, l'emplacement nécessaire pour une église et pour lisation, les prêtres de la Mission ont voulu depuis lors
la procure du vicariat apostolique) que partit en 1865
une nouvelle escouade de missionnaires. Affermir dans
leur foi les indigènes demeurés fidèles (on en comptait
:
faire porter leur principal effort vers les provinces
plus méridionales de l'Éthiopie l'Amhara et le Choa.
Mais des circonstances indépendantes de leur volonté
encore près de 4000 à la fin de 1865), et poursuivre ne leur ont pas permis, en dépit de l'accueil favorable
l'œuvre commencée par Mur de Jacobis et par ses col- que leur a fait Ménélik, de se maintenir au Choa, de
laborateurs, voilà le double but que se proposaient ces telle sorte que le centre de leur apostolat demeure tou-
lazaristes, tous Français, et non plus Italiens, le pré- jours le Tigré, où ils ont cinq paroisses ou chapelles
fet de la Propagande ayant précédemment confié à la paroissiales dont les plus importantes sont Alitiena
maison-mère des prêtres de la Mission, à la maison de et Gouala. De petites écoles de garçons existent dans
Paris, la tâche de pourvoir aux besoins du vicariat chaque paroisse, et les résidences d'Alitiena et de
apostolique d'Abyssinie. A l'organisation provisoire Gouala possèdent en outre des écoles de filles; enfin
donnée naguère à la mission par son fondateur, un petit séminaire existe à Alitiena. La lèpre étant
Mgr Bel (1865-1868) substitua alors une organisation beaucoup moins répandue dans le Tigré que dans les
permanente, créant des paroisses dans les anciens il
pays plus méridionaux, n'apas été besoin de fonder
centres catholiques, en fondant de nouvelles là où le des léproseries, comme il eût été nécessaire d'en fon-
nombre des récentes conversions lui permettait de der ailleurs; au moins les lépreux sont-ils, de la part
le faire, établissant de manière fixe à Hébo le sémi- des missionnaires du Tigré,l'objet de soins attentifs.
naire autrefois créé à Gouala. Les événements politi- Les préjugés des habitants de cette région y ren-
ques de 1867-1868 (mort de l'abouna Salama, chute dant par ailleurs inutile la création d'écoles profession-
de Théodoros), facilitèrent cette œuvre, qui n'eût pas nelles, les prêtres de la Mission n'ont pas encore à se
tardé à être féconde en résultats si le successeur de préoccuper d'en fonder, mais il n'en sera pas de même
Théodoros, l'empereur Johannès IV, n'avait pas été, si la mission de prêtres indigènes, qui est récemment
lui aussi, un persécuteur de la mission catholique. partie pour Tchielga (dans l'Amhara occidental, non
Dès le lendemain de son avènement, ce farouche loin de Gondar), parvient à s'y établir. Chez les Ka-
montagnard, ce moine fanatique, qui rêvait de gou- mant en effet, ces artisans méprisés des autres Abys-
verner l'Éthiopie « par la religion et par l'unité de sins, de telles écoles seraient d'une utilité incontestable
croyances », inaugura cette politique. En dépit d'in- et semblent appelées à un réel succès. L'empereur
termittentes accalmies, en dépit de l'appui que les Ménélik en voit la création d'un très bon œil, et si la
lazaristes ne cessèrent pour ainsi dire pas de trouver promulgation du récent décret par lequel il proclame-
auprès des agents français, le long règne de Johan- rait la liberté des cultes dans ses États vient à être
nès IV (il dura plus de 20 ans, 1868-1889) « fut pour confirmée, elle ne pourra que faciliter l'œuvre reli-
la mission, a dit M. Coulbeaux, une période de 20 an- gieuse et civilisatrice des prêtres de la Mission dans
nées de troubles et d'angoisses. » Mais ce fut aussi pour le nord comme celle des pères capucins dans le sud de
elle, malgré tout, une période d'affermissement, car l'Éthiopie.
alors furent créées (en 1874), dans les différents districts MISSION DES GALLA. — Le nom des frères d'Abbadie
évangélisés, des résidences destinées à constituer dé- se trouve à l'origine de la mission des Galla comme à
sormais autant de centres de propagation de la foi ca- celle de la mission d'Abyssinie. Antoine d'Abbadie
tholique (Massaoua sur les bords de la mer Rouge, ayant constaté les dispositions les plus favorables
Hébo-Acrour non loin d'Asmara, Alitiena dans l'Aga- chez les indigènes des provinces méridionales de
mé, surtout Keren chez les Bogos); alors aussi les filles l'Éthiopie en informa en effet le préfet de la Propa-
de la Charité s'établirent dans ce pays, d'abord à Ké- gande, à qui M. de Jacobis représentait de son côté
ren (en 1878), puis à Massaoua (en 1885); alors enfin l'opportunité de restreindre le champ trop vaste assi-
les adhésions au catholicisme se multiplièrent de telle gné d'abord à son activité; de là résulta, en avril1846,
sorte qu'au moment de la mort de Johannès IV la mis- une décision du pape Grégoire XVI créant le vicariat
sion d'Abyssinie comptait environ 30.000 chrétiens apostolique des Galla et lui donnant comme premier
répartis entre 30 paroisses, 50 prêtres indigènes sortis titulaire le Rév. P. capucin Guillaume Massaïa de
du séminaire de la Mission, et 15 sœurs indigènes. Un Piova, sacré évêque de Cassia.
séminaire, plusieurs écoles d'internes et d'externes, Mais les événements qui se passaient alors en Éthio-
des écoles professionnelles complétaient l'organisation pie arrêtèrent d'abord pendant plusieurs années Mgr
ainsi donnée peu à peu par les vicaires apostoliques de Massaïa aux abords de sa propre mission, où le précé-
à
Kéren leur champ d'évangélisation. dèrent (au Choa, au Godjam) ses collaborateurs. C'est
la
Dans les années qui suivirent mort de Johannès IV, seulement à la fin de 1852 que l'évêque de Cassia put
le catholicisme réalisa encore de nouveaux progrès en pénétrer chez les Galla. Alors commence dans tous les
Abyssinie. Mais précisément au moment où les prêtres pays visités par les missionnaires capucins italiens et
de la Mission commençaient à récolter le fruit des la- français une fructueuse prédicationde la foi catholique
borieux efforts poursuivis par eux pendant 50 années bientôt le Kaffa est attaqué, et si tous les Oromo ne
;
consécutives, un second démembrement du vicariat se convertissent pas, cela tient à ce que (comme l'an-
apostolique leur enleva presque tous leurs prosélytes. nonçaient naguère les vieillards du Goudrou à An-
La fondationdela colonie italienne de l'Érythrée(1885) toine d'Abbadie) les musulmans sont intervenus et ont
eut en effet pour conséquence, dix ans plus tard, la répandu dans la contrée leur morale sensuelle et relâ-
création de la préfecture du même nom, qui comprit le chée. Mais les missionnaires français qui, depuis le dé-
littoral de la mer Rouge, le Hamasen, l'Okulé-Kusaï cret du 8 janvier 1863 faisant de la Mission des Galla
et le pays des Bogos. Bientôt même (début de 1896), une mission française, et même auparavant déjà, sont
les Italiens, s'appuyant sur le décret pontifical qui les devenus les seuls collaborateurs de Mgr Massaïa, ne se
autorisait à augmenter de leurs nouvelles conquêtes découragent point; tandis que leur évêque travaille
!
la préfecture apostolique de l'Érythrée, expulsaient de en Europe à les mettre en état de poursuivre l'œuvre
l'Agamé lazaristes et filles de la Charité Mais, grâce commune, ils continuent l'évangélisation des pays
aux victoires du négus Ménélik II, cette expulsion ne Galla. En 1868, sur l'invitation du jeune roi Ménélik.
fut que temporaire,et dès 1897-1898 un nouveau supé- Mar Massaïa y ajoute le Choa où il se déclare lui-même
rieur du vicariat apostolique de l'Abyssinie, M. Coul- le simple locataire des prêtres de la Mission; là, en
beaux, reprenait possession des missions de l'Agamé. échange d'une captivité déguisée, lui sont donnés des
Par suite de la restriction de leur champ d'évangé- terrains pour ses colonies chrétiennes et pour ses éco-
les, et le catholicisme y fait presque aussitôt de nom- tions dans le Harar, 5 stations dans le Choa, et 13 sta-
breux prosélytes. Aussi, dès 1877, tant au Choa que tions dans le Kaffa. Ils ont des écoles de garçons et
chez les Galla occidentaux (dont Ménélik poursuivait de filles et des écoles professionnelles à Djibouti et à
alors la conquête) et au Kaffa, Mgr Massaïa pouvait-il Harar, un grand séminaire à Harar, un petit sémi-
évaluer à 10.000 le nombre des indigènes convertis. naire à Lafto, et le Rév. P. Marie-Bernard a fondé

:
Mais à ce moment fondit sur les missionnaires un
terrible orage pour achever de faire l'unification ter-
ritoriale de l'Éthiopie, l'empereur Johannès IV, après
près de Harar, sous le patronage et avec l'aide du ras
Makonnen, un village-hôpital où étaient déjà groupés,
en 1902,160 lépreux.
avoir soumis l'Amhara, se tourna contre le Choa et im- MISSION DE L'ÉHYTHRÉE. — C'est dans la seconde
posa à Ménélik vaincu une paix humiliante dont une moitié de 1895 que commence la courte histoire de la
des clauses expulsait du pays les missionnaires catho- préfecture apostolique de l'Érythrée. Démembrée de
liques. Dès lors, et jusqu'à la mort de Johannès, plus la mission lazariste française d'Abyssinie par un dé-
tard même encore - abstraction faite du moment où,
sous un déguisement, le P. Louis de Gonzague (plus
cretpontiifcaldu13 septembre de cette année, et con-
fiée depuis lors aux pères capucins de la province de
tard Mgr Lasserre), coadjuteur de Mgr Taurin, put pé- Rome, cette préfecture a suivi les destinées de la colo-
nétrer d-ans le Choa -les pays Galla demeurèrent
privés de missionnaires; seule, la région de Harar où,
nie dont elle porte le nom, s'étendant avec elle sur
l'Agamé dans les premiers mois de son existence, puis
en 1881, Mgr Taurin avait pu fonder dans les condi- rentrant dans les limites qu'elle garde encore aujour-
tions les plus précaires une nouvelle mission, bénéficia d'hui. Les missionnaires qui en ont la charge et qui y
de la présence des Pères. La soumission de Harar par ont substitué aux filles de la Charité les religieuses
les troupes de Ménélik (1887) donna aux missionnaires italiennes dites de Sainte-Anne, se sont bornés à y con-
une sécurité nouvelle et leur permit de développer tinuer l'œuvre des prêtres de la Mission, y gardant les
leur action aux alentours; mais c'est seulement en paroisses naguère fondées par les lazaristes à Mas-
1898, longtemps après que Ménélik fut devenu négus saoua et dans les districts de Kéren (chez les Bogos) et
negesti, qu'ils purent réaliser leur plus cher désir et d'Acrour (Okulé-Kusaï), y entretenant deux sémi-
pénétrer de nouveau à l'intérieur du pays peuplé par naires (un grand séminaire à Acherem, un petit à
ces Galla dans lesquels Mar Massaïa écrivait naguère, Acrour);mais ils ne lui ont pas donné un nouvel essor.
— non peut-être sans de grandes illusions, penser
trouver « des hommes fidèles, des chrétiens fermes
- On peut, au total, résumer la situation actuelle
des 3 missions catholiques de l'Abyssinie dans le
dans la foi, capables des plus grandesvertus ». Les capu- tableau suivant, dont les données proviennent des
Missiones catholicæ (édition de 1907) et de rensei-
cins s'établirent alors chez les Galla Aroussi, à l'évan-
gélisationdesquels ils travaillent encore aujourd'hui. gnements particuliers :
MISSIONS
POONCATHOLIQUESCLCRGÉ CLERGE E.GLISES ,
ErSc ECOLES,
cSrEmMIN\iAi
IiRn TJiHU.PtMIT
iA\TUJYA.
APPROXIMATIVE LATINS RÉGULIER SECULIER ET CHAPELLES ORPTIEL1NATS

Préf.ap.de plus de 20001. 8 capucins 1 prêtre 6égl.avecprêt. 1gr. séminaire


l'Erythrée. 300000âmes. étrangers-, étranger. résidant. 1pet.séminaire »
33prêtres 2égl.avecprêt. 5 écoles.
indigènes. non résidant. 2 orphelinats.

Vie. ap. 4000000 3000. 6 lazaristes lOprêtres 2égl.avecprêt. 1 séminaire.


d'Abyssinie. d'âmes. étrangers 3. indigènes. résidant. 5 écoles pour
3 chapelles avec garçons. »
prêtre résidant. 2 écoles pour
filles.

Vie. ap. des 8000000 18788,dont 22 capucins 8 prêtres 28 stations: 1gr.séminaire.1lépro-


Galla. d'âmes. 2308dansle étrangers4. indigènes. 10 dans ledis- Ipet.séminaire serie.
dist. de Ha- trict de Harar. 3 écoles de 4dispen-
rar, 1480 5 dans le dis- garçons. saires.
dans celui trict d'Addis - 4 écol. de filles.
d'Addis-Abe- Abeba. 4 orphelinats.
baet15000 13dansledis-
au Kaffa. trict de Kaffa.

1. En outre, 15 000 coptes-égyptiens ayant 30 chapellesrustiques où résident des prêtres catholiques indigènes
du rit copte éthiopien.
2. Assistés par des filles de Sainte-Anne (6 religieuses) et des tertiaires franciscaines indigènes (16 religieuses).
3. Assistés par 2 moines et par des filles de la Charité indigènes (8 religieuses).
4. Assistés par des frères mineurs capucins (5 frères) et des frères de Saint-Gabriel (12 frères) et par des
franciscaines de Calais (20 religieuses).

Actuellement, par conséquent, le vicariat aposto-


lique des Galla, qui s'étendit primitivement au sud du
Choa et au-delà de l'Aouache, et duquel a provisoire-
RIAT APOSTOLIQUE D'ABYSSINIE. -
VICAIRES APOSTOLIQUES ET SUPÉRIEURS DU VICA-
Justin de Jacobis,
1839, nommé évêque de Nilopolis en 1847, sacré en
ment dépendu (jusqu'en 1887) la mission d'Aden et du 1849, mort en 1860. — Laurent Biancheri, évêque
de Lengon (d'après Gams), coadjuteur depuis 1853,
pays somali, englobe également le Choa, ou tout au
moins une partie de ce pays. Les pères capucins,
assistés par les religieuses franciscaines de Calais et
-
1860-1864. Louis Bel, évêque d'Agathopolis, 1865-
1868.—Charles Delmonte, supérieur delamission,1868-
parles Frères de l'Institut de Saint-Gabriel (Vendée),y
possèdent, sans parler de leur station de Djibouti, 9 sta-
-
1869. Marcel Touvier, évêque d'Olène, 1870-1888.-
Jacques Crouzet, évêque de Zéphire, 1888-1896, date
de sa nomination comme vicaire apostolique de la tervention des États généraux réunis à Tours en 1484.
partie méridionale de Madagascar. — Jean-Baptiste N. Valois, Elude historique sur le conseil du roi, dans
Coulbeaux, supérieur de la mission, 1897-1902. — Inventaire des arrêts du conseil d'Etat. Règne de
Édouard Gruson, supérieur de la mission, 1902. Henri IV, Paris, 1886, t. i, p. LXXXVIII-XCI, et Ordon.
VICAIRES APOSTOLIQUES DES GALLA. — Guillaume nances des rois de France, t. XIX, col. 383. Il mourut à
Massaïa de Piova, évêquede Cassia, 1846-1879(Fé- la Douze le 23 mai 1502 et fut enterré dans l'église du
licissime Coccino, évêque de Maroc, coadjuteur, 1859- lieu.
1872). - Ludovic Taurin-Cahagne, évêque d'Adra-
myte, coadjuteur depuis 1875, 1880-1899 (Louis de M. d'Abzac de la Douze a publié, dans le Bulletin de la
Société historique et archéologique du Périgord, 1877, t.
GonzagueLasserre, évêque de Maroc, coadjuteur,1882- IV,
1887). — André Jarosseau, évêque de Soatra, 1900. p. 237-246, un essai de biographie de Pierre d'Abzac par
un religieux de la Grasse qui semble avoir trop cédé
PRÉFET APOSTOLIQUE DE L'ÉRYTHRÉE. — Rév. P. au désir de vanter les mérites du protecteur bienveillant
Michele da Carbonara, 1895. de son abbaye. On y trouvera une liste des cadeaux offerts
Les missions catholiques françaises au xixe siècle. t. par les diocésains de Narbonne, lorsque leur archevêque
Abyssinie, Inde, Indo-Chine, in-8°, Paris, Colin, s. d. (p.II1-:
L

: : entra dans sa ville archiépiscopale le 10 janvier 1495. On


peut consulter encore K. Eubel, Hierarchia calholica medii
:
44 Mission d'Abyssinie, par M. Coulbeaux; p. 45-78 Mis-
siondes Galla, parle R. P. Martial).-Martial de Salviac, Un
peuple antique au pays de Ménélik les Galla, in-4°, Paris,
s. d. — Demimuid, VieduvénérableJustindeJacobis,2e édit.,
asui, Munster, 1901, t. II, p. 193,246, et la Gallia christiana,
t. III, col. 108; t. XIII, col. 191. Au t. VI, Instrumenta, col.
459-462, est incluse une lettre de Pierre d'Abzac adressée
vers 1495 au roi d'Espagne et d'Aragon en faveur de l'ab-
in-8°,Paris,1906.—Massaïa, Imieitrentacinqueanni di mis-
sione nellalta Etiopia, 5 vol. in-8°, Rome, imp. de la Propa- baye de la Grasse.
gande, 1885-1888. — Renseignements obligeammentfour- G. MOLLAT.
nis par M" Jarosseau,M. l'abbé Milon et M.l'abbé Coulbeaux. 3. ABZAC DE MAYAC (GUILLAUMEJOSEPH D'),
H. FROIDEVAUX. né le 21 janvier 1731, au château deMayac, en Périgord,
-
1. ABZAC (AUDOIN D'). Originaire duPérigord,
il était fils de Jean d'Abzac et de Jeanne de Saint-Astier.
de François d'Abzac de Mayac, dit le marquis de Mi-
gré, et de Marie Daydie, sœur du fameux chevalier
Il entra dans l'ordre de Saint-Benoît et devint prévôt Daydie si connu par sa liaison avec Mlle Aïssé. D'abord
de Camon, au diocèse de Mirepoix. Le 28 octobre 1485, doyen du chapitre cathédral de Tours, il fut nommé
il reçoit l'acte d'hommage des prieurs dépendant du évêque de Saint-Papoul le 17 juillet 1774 et sacré le
monastère de la Grande-Sauve, au diocèse de Bor- 7 mai 1775. Il succédait à Daniel Bertrand de Langle
deaux, dont il avait pris possession en désintéressant et continua les pieuses traditions de son prédécesseur.
par la jouissance d'un bénéfice Aimery de Castro, élu Son court épiscopat n'offre rien de remarquable. Il
canoniquementabbé. Cette transaction lui ayant paru publia un Breviarium San-papulense en quatre volu-
quelque peu entachée de simonie, il renonça, en 1488, mes in-4°, gallican, cela va sans dire. Il mourut à
à son abbaye moyennant une pension de trois cents li- Montpellier le 15, alias le 23 ou le 29 janvier 1784.
vres. Il revint à Camon, où on le trouve le 25 mai 1493 L. CHARPENTIER.
avec le titre de prieur. Gallia christiana, t. II, col. 876; ABZIRITANA (Ecclesia). Chrétienté d'Afrique,
t. vi, col. 965. Son oncle, Pierre d'Abzac, renonça en en Proconsulaire; elle n'a pas encore été identifiée
sa faveur à la commende de l'abbaye de la Grasse, au
diocèse de Carcassonne, dont provision lui fut faite le
4 mai 1495. Nommé vicaire général de Narbonne à la
offrent ce nom déformé de plusieurs manières Abde-
ritana, Abdiritana, Abziritensis, Abzuritana, Auziri-
:
Les listes épiscopales (voir les références ci-dessous)

suite du transfert sur ce siège de son oncle, il mourut à tana. Un évêque de cette Église, Victor, assistait à
Camon le 25 octobre 1498. Carthage, en 390, au concile présidé par Genethlius;
D'Abzac de la Douze, dans le Bulletin de la Société his- il y prit la parole pour combattre les empiètements de
torique et archéologique du Périgord, 1888, t. xv, p. 302- certains de ses collègues sur le territoire des diocèses
303. voisins. Mansi, Sacr. concil. nova et ampliss. collect.,
G. MOLLAT. t.III, col. 691, 696, n. 11; 867, 872, n. 11. En 411, l'un
2. ABZAC DE LA DOUZE (PIERRE D'). Fils de de ses successeurs, Fructuosus, participa, du côté des
Gui d'Abzac, seigneur de la Douze, et d'Agnès de Mont- catholiques, à la conférence de Carthage. Gesta colla-
loys, il étudia à l'université de Poitiers où il prit le tionis habitæ inter episcopos catholicos et donatistas, I,
grade de docteur en décrets et où il exerça même les CXXVIII; Mansi, op. cit., t. iv, col. 105, 266. Enfin,
fonctions de régent. Entré comme moine à l'abbaye Victorinus fut un des signataires de la lettre envoyée,
bénédictine de Saint-Jean d'Angely, il y devint cham- en 646, par les évêques de la province au patriarche
brier. En 1463, on le trouve mentionné comme abbé Paul de Constantinople.Mansi, op. cit., t. x, col. 240.
des Alleuds, au diocèse de Poitiers. Le cardinal Louis Morcelli, Africa christiana, Brescia, 1816-1817, t. I, p. 66.
d'Albret l'attacha à sa personne et l'emmena parmi — Gams, Series episcoporum, Ratisbonne,1873, p. 463. —
les gens de sa suite à la cour romaine, sous Paul II. Le Ch. Tissot, Géographie comparée de la province romaine
25 septembre 1465, il fut nommé abbé de la Grasse et d'Afrique, Paris, 1884-1888, t. n, p. 770, 772. — De Mas-
s'acquitta dignement de sa nouvelle charge, car dans le Latrie, dans Bulletin de correspondance africaine, 1886,
chapitre tenu le 21 juillet 1466 il réforma les statuts de p. 85; Trésor de chronologie, 1889, col. 1868. — Toulotte
(Mgr), Géographie de l'Afrique chrétienne, Rennes-Paris,
son abbaye. Élu évêque de Rieux le 6 avril 1480, il re- 1892-1894, Proconsulaire, p. 116-118. — Joh. Schmidt,
çut le 5 mai suivant des bulles de confirmation de Abdira et Abzira, dans Pauly-Wissowa, Realencyclopädie
Sixte IV qui lui laissaient en surplus la commende de t. I, p. 26, 130.
la Grasse. Du siège de Rieux, il passa à ceux de Lec- Aug. AUDOLLENT.
toure (1er juin 1487) et de Narbonne (21 avril 1494). ABZOUD, auteur nestorien vers 870, scolastique
En 1495, il renonça à la commende de l'abbaye de la de l'école fondée par Sabriso' près de Bagdad. D'après
Grasse en faveur de son neveu, Audoin d'Abzac, mais Ébedjésu, qui est seul à le mentionner, « il composa
s'en ressaisit après le décès de celui-ci et la conserva des démonstrations sur divers sujets rangées par ordre
depuis le 2 novembre 1498 jusqu'en 1501, année dans alphabétique. » Cf. Assémani, Bibl. orient., t. 111, 1re
laquelle il la résigna. Gallia christiana, t. vi, col. 964- part., p. 261. F.NAU.
966. Grâce à l'appui du cardinal Louis d'Albret, il eut
la faveur de Louis XI qui le prit dans son conseil. 1. ACACE, surnommé Agathangelos, confesseur,
Ayant su échapper au mouvement de réaction qui sui- pendant la persécution de Dèce (250-251). La première
vit la mort du prince, il fut rappelé au conseil sur l'in- édition de ses Actes a été donnée en latin par Mombri-
tius (vers 1479). Les bollandistes et plus tard dom clara hautement qu'il était chrétien. Firmus l'envoya
Ruinart les réimprimèrent avec quelques légères à Périnthe ou Héraclée de Thrace auprès d'un officier
modifications de détail, dues à l'examen de nou- supérieur nommé Bibien qui, après l'avoir attaché à
veaux manuscrits. La rédaction actuelle, pense quatre pieux, lui fit déchirer à coups de nerfs de bœuf
M. Harnack, est relativementrécente, mais repose sur le dos et le ventre. Chargé de chaînes, Acace fut alors
un document plus ancien. Ces Actes rapportent l'inter- conduit avec d'autres prisonniers à Byzance où un per-
rogatoire subi par Acace devant un certain Marcianus sonnage du nom de Falkien, Falkilien, ou Flaccin, que
(al. Martianus), qualifié simplement de « consulaire », les Actes qualifient du titre de proconsul de la province
sans aucune indication plus précise de sa charge. Ni les d'Europe, lui fit trancher la tête. Nous possédons les
prières ni les menaces ne purent déterminer le confes- Actes de saint Acace en grec parmi les œuvres de
seur à sacrifier aux dieux. Cette obstination étonna Syméon Métaphraste, P. G., t. cxv, col. 217-240, et
Marcianus, qui affirmait avoir trouvé moins de résis- dans Acta sanctorum, maii t. II, p. 762-766; en sy-
tance chez les montanistes. Aussi en référa-t-il à l'em- riaque dans Bedjan, Acta martyrum et sanctorum,
pereur. Dèce, admirant la constance d'Acace, le fit Paris, 1896, t. IV, et en latin dans P. G., loc. cit., et
mettre en liberté, et donna à Marcianus, en récompense dans Acta sanctorum, t. II, p. 293-298. La rédaction
de son zèle, le gouvernement de la Pamphylie. On a grecque, conservée dans un manuscrit de Grottafer-
essayé de mettre en œuvre les données topographiques rata, est regardée par les bollandistes comme remon-
contenues dans ce récit. Acace y est présenté comme tant à l'époque de Constantin et digne de toute con-
« le refuge et le bouclier de la religion dans Antioche, » fiance. Tillemont, qui a fait une critique détaillée de
ou,d'après une variante admise par Ruinart, « le bou-
clier de la région d'Antioche. » De quelle Antioche
s'agit-il? Rien ne l'indique avec certitude. On sait seu-
:
ment :
cette pièce, op. cit., p. 738-743, résume ainsi son juge-
« Il s'y rencontre quelque difficulté mais avec
cela il est certain qu'elle est très belle et très édifiante.
lement que ce ne peut être de la métropole de Syrie. Elle a beaucoup de marques d'antiquité et de vérité;
M. Harnack, et après lui M. P. Allard, proposent An- et à la réserve de quelques discours qui sont trop
tioche de Pisidie. Acace, en effet, appelle l'un des chré- beaux pour n'être pas composés à loisir, et peut-être,
:
tiens interrogés avec lui Pisonem, episcopum Trojano-
rum (var. Trajanorum). Si l'on suppose que cet évê-
des miracles un peu fréquents, tout y paraît original
ou digne de passer pour tel. » Op. cit., p. 389.
que est l'évêque de Trajanopolis, il n'y a aucune in- Le martyrologe hiéronymien joint à saint Acace
vraisemblance à admettre que l'interrogatoire avait 77 compagnons de martyre, parmi lesquels un saint
lieu à Antioche de Pisidie, car Trajanapolis étant si- Maxime, prêtre, et un saint Anthos, diacre; on trou-
tuée à une assez peu grande distance, l'évêque de cette vera la liste complète dans Acta sanctorum, loc. cit.
ville pouvait se trouver à Antioche, auprès d'Acace, Les Actes de notre saint rapportent bien qu'il con-
lors de l'arrestation de ce dernier. Mais on ne saurait vertit plusieurs prisonniers en venant de Périnthe
rien dire de plus, sinon à titre d'hypothèse. à Byzance, mais ne parlent pas du martyre de ces
Les ménologes grecs donnent à Acace le titre d'évê- convertis.
que de Mélitène, en Arménie. Il est infiniment proba- Le culte de saint Acace est resté longtemps très po-
ble qu'ils ont confonduAcace le confesseur,avec Acace, pulaire en Orient et même en Occident. Il est men-
évêque de Mélitène, qui prit au concile d'Éphèse une tionné non seulement par les synaxaires ou les méno-
part si importante. Le martyrologe romain met sa fête loges grecs, et par les martyrologes latins, mais encore
au 31 mars. Les synaxaires grecs se partagent entre par les calendriers syriaques et arméniens, Nilles, Ka-
cette date et quelques autres. lendarium manuale utriusque Ecclesiae, Innsbruck,
1896,t.1, p. 153, où l'auteur renvpie fautivement pour
P. Allard, Hist. des persécutions pendant la première les Actes de saint Acace aux Analecta bollandiana, t. I,
moitié du 111esiècle, 3e éd., 1905, p. 441 sq. — Acta sanct. 448-469, endroit qui donne seulement ceux de saint
mart., 1668, t. III, p. 903-905. — Biblioth. hagiog. latina, p. Codrat ou Quadrat; Kalendarium., t. II, p. 416, 581.
1898, t. i, p. 5. — Catal. codicum biblioth. Bruxellensis, Constantinople a connu deux églises de Saint-Acace,
1886, t. i, p. 147; 1889, t. n, p. 303. — Diction. of christ.
biography, t. i, p. 11. — Harnack, Geschichte der altchristl. souvent mentionnées dans les documents byzantins.
Litteratur, Leipzig, 1893, t. I, p. 819; Die Mission und L'une d'elles s'élevait sur le lieu même du martyre, à
Ausbreitung des Christentums,Leipzig, 1902, p. 483, note 1. l'endroit que les Actes' appellent Stavrion, et qui,
— Lequien, Oriens christianus, Paris, 1740, t. I, p. 440. d'après les renseignements postérieurs, devait se trou-
—Bon. Mombritius, Sanctuarium, Milan (ante 1480), t. I, ver sur la rive méridionale de la Corne-d'Or. C'était le
fol. 6,' 7. — D. Ruinart, Acta martyr. sincera, Paris, Saint-Acace de Karya à la porte Basilikê, Banduri,
1689, p. 138-139. — Synaxarium Eccl. Constantinop., éd.
Delehaye, Bruxelles, 1902, col. 564, lig. 22; col. 568, lig. 52; Imperium orientale, Venise, 1729, p. 29, 484, dans
la Xe région; le moderne Ayasma Kapou est peut-
-
col. 572, lig. 53-55; col. 576, lig. 16-20; col. 608, lig. 57;
col. 609, lig. 31. Tillemont, Mém. hist. eccl., Paris, 1701,
t. III, p.357-362, 717-718.
être une réminiscence de cet antique martyrium.
Mordtmann, Esquisse topographique de Constantinople,
U. ROUZIÈS. Lille, 1892, p. 8. Socrate, H. E., 1. VI, c. XXIII, P. G.,
2. ACACE (Saint), ~AxaxtO;, soldat martyr du début t. LXVII, col. 732, atteste qu'il y avait à l'époque d'Ar-
du IVe siècle, que les martyrologes latins appellent cadius un grand édifice autour de ce sanctuaire, et que
Agathius, Acathius, Agatus, Achaicus, Acta sancto- cet édifice s'écroula au commencement du ve siècle.
rum, maii t. II, p. 291 sq., et Martyrologium hiero- Le même historien, pour expliquer le nom de Karya,
nymianum, édit. J.-B. De Rossi et L. Duchesne, dans nous dit qu'on voyait dans la cour de ce bâtiment un
Acta sanctorum, nov., t. II, p. {56] et [57]. Ce saint, noyer (Sévôpov-/apoia) où une tradition voulait que le
fêté le 7 ou le 8 mai suivant lessynaxaires et les mar- martyr Acace eût été suspendu et exécuté. Les Actes
tyrologes divers, était un soldat de Cappadoce qui fut pourtant très circonstanciés ne parlant pas de cette
martyrisé à Byzance sous Dioclétien et Maximien, en suspension, ne faudrait-il pas voir dans ce détail, qui
303, d'après les bollandistes, Acta sanctorum, maii, d'ailleurs ne compromet en rien la valeur des autres
loc. cit., en 306, d'après Tillemont, Mémoires pour ser- données historiques, une légère confusion avec un
vir à l'histoire ecclésiastique, t. v, p. 390, 741. Il au- autre martyr de même nom, saint Acace de Milet,
rait eu dans l'armée le grade de centurion, s'il faut en mort sous Licinius et fêté le 28 juillet? V. ci-dessous.
croire un endroit de ses Actes, qui partout ailleurs lui Pour celui-ci en effet, le synaxaire de l'Église de Con-
donnent simplement le titre de soldat. Cité devant le stantinople (Delehaye, Propylœum ad Acta sanctorum
gouverneur de Cappadoce, Flavius Firmus, Acace dé- novembris, col. 852, ligne 34; Doukakis, Msyaç SuvaSa-
:
433) nous apprend que son martyre ciale sous ce titre Missa de quatuordecim auxiliato-
~pi-rr juillet, p.
commença par une suspension de ce genre. ribus. Le 4 avril 1899, Léon XIII a approuvé une
La seconde église constantinopolitaine de notre messe analogue pour une église de Venise dans l'orai-
saint est fréquemment signalée par les écrivains by-
:
son les quatorze saints sont nommés; saint Acace y
zantins sous le nom de Saint-Acace èv tm 'E-rrrao-y-diXo). occupe le neuvième rang, sous la forme Achatium,
Ce dernier terme, souvent défiguré par les historiens, après saint Georges, saint Blaise, sainte Barbe, etc.
les synaxaires ou les ménologes en celui de IlcxfJz.cXÀ(Ù Le 8 mars 1890, la Congrégation des Rites a approuvé,
p.
ou Ila(jxdcX(;) (M. Gédéon,Bu^avxivnv'EopxoXoytov, 99), pour cette église de Venise et pour celle des francis-
désigne un quartier maritime de la VIIe région cor- cains de Hammelburg, l'établissement d'une fête spé-
respondant à peu près au moderne Kovroay.diXiov ou ciale de ces quatorze saints, sous le rit double de
Koum-Kapou, sur les bords de la Marmara. Mordt- 1re classe, le IVe dimanche après Pâques. Weber, Die
mann, op. cit., p. 7,57. D'après le Ps.-Codinus, suivi Verehrung der heiligen vierzehn Nothhelfer, Kempten,
par tous les historiens byzantins, cette église aurait 1886, passim; et Kirchenlexicon, 3e édit., au mot Noth-
été bâtie par Constantin le Grand, Ilâ-rpiaKtovaravri- helfer, t. IX, col. 516-521. Là où son culte s'est ainsi
'o'JTIÓÀwç, 111, 1, édition Preger, Leipzig, 1907, p. 214. conservé, saint Acace est spécialement invoqué pour
A cette occasion, le corps du martyr dut être trans- les agonisants.
porté du petit oratoire de Karya dans le nouveau sanc- Acta sanctorum, maii t.II (1680), p. 291-299, 762-676.—
tuaire del'Heptascalon. En effet, Socrate, H.E., 1. II,
c. XXXVIII, P. G., t. LXVII, col. 329-332, et Sozomènc, Métaphraste, P. t.
Surius,Vitæ sanciorum,Venise,1581, III,p.34-36.—Syméon
G., t. cxv, col. 217-239.-Bedjan,Actamar-
H. E., 1. IV, c. XXI, ibid., col. 1177, à propos du trans- t. -
tyrumetsanctorum, Paris, 1896, IV. Tillemont, Mémoires
fert, par Macédonius en 360, des restes de Constantin pour servir à l'histoire ecclésiastique, t. v, p. 389-395, 738-
de l'église des Saints-Apôtres en celle de Saint-Acace, 745. — Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclé-
appellent cette dernière « l'église où repose le corps du siastiques, 2e éd., t. III, p. 101-102. — Doukakis, ftUyaç
"(J.(J.,<r:'i,ç, mai, Athènes, 1892, p. 97-98. — M. Gédéon,
martyr Acace. » Nous savons par Procope, De ædifi-
ciis, 1. I, c. IV, Venise, 1729, p. 402, que Justinien re- églises
S.
Ib'Z"-:l'/("/ 'EO(TOÎ'ÓYlO'Constantinople, 1899,p.99-100.— Sa-
laville, Les Saint-Acace à Constantinople,dans Échos
bâtit une grande et belle église Saint-Acace; Skylitzès d'Orient, mars 1909, t. XII.
et Constantin Porphyrogénète nous apprennent qu'une S. SALAVILLE.
restauration de celle de l'Heptascalon eut lieu sous 3. ACACE, martyr, fut décapité à Milet (de Carie
Basile le Macédonien.Mais beaucoup d'auteurs byzan- probablement), pendant la persécution de Licinius
:
tins ne savent pas distinguer les deux sanctuaires du
même saint d'où la grande confusion qui règne dans
leurs données à cet égard. Voir les références dans Du
(308-311). Il est inscrit au martyrologe romain le
28 juillet, et tantôt à cette date, tantôt au jour suivant
dans les synaxaires grecs. Ces derniers racontent
Cange, Constantinopolis christiana, 1. IV, édition de qu'avant le supplice final, différentes tortures qu'on-
Venise, 1729, p. 80, 81; dans Banduri, op. cit., p. 484; essaya de lui faire subir ne lui causèrent aucun mal.
dansTillemont, loc. cit.; dans Actasanctorum, loc. cit., Nous n'avons pas à son sujet d'autre source de rensei-
p. 292, et dans Richter, Quellen der byzantinischen gnements.
Kunstgeschichte,Vienne,1897, p.199.En 1200, le pèlerin Acta sanctor., jul. t. VI, 1729, p. 547-548. — Delehaye.
russe Antoine de Novgorod visitait, non loin de l'église Synaxarium Eccl. Constantin., Bruxelles, 1902, col. 852,
des Saints-Serge et Bacchus, celle de Saint-Acace « où
se trouvent ses reliques. » B. de Kihtrowo, Itinéraires
lig. 32 ; col. 853, lig. 55.
sq.
U. ROUZIÈS.
russes en Orient, t. I, Genève 1889, p. 106; Riant, 4. ACACE de Césarée ou le Borgne, métropolitain
Exuviæ sacræ constantinopolitanæ,Genève, 1878, II, t. de Palestine, successeur du savant Eusèbe sur le siège
p.228. de Césarée (340), héritier de la célèbre bibliothèque
La ville de Squillace en Calabre prétend posséder d'Origène, passe pour avoir été l'un des personnages
aujourd'hui les reliques de saint Acace. Voici ce qu'en les plus érudits de son temps. Il écrivit de nombreux
pensait Tillemont : « Baronius dit avoir lu l'histoire de ouvrages; une biographie de son maître Eusèbe, dix-
à
cettetranslation envoyée Rome.Bollandusne la
: donne
pas néanmoins, et n'en dit pas même un mot il ne s'en
sept volumes de commentaires sur l'Ecclésiaste, six vo-
lumes de Questions diverses, et un grand nombre d'au-
est peut-être pas mis beaucoup en peine depuis qu'il tres traités. On lui attribue aussi la rédaction du for-
a vu dans le bréviaire de Squillace ce qu'on en dit en mulaire du concile de Séleucie en 359, de la plupart des
ce pays-là. Car on veut que le cercueil de plomb où pièces du concile de Constantinople en 360, et un traité
était le corps du saint, ayant été jété dans la mer par contre Marcel d'Ancyre.
les infidèles,. avait nagé sur la mer et était venu Acace est un personnage d'une grande érudition, et
aborder auprès de Squillace. Il est plus aisé de croire d'une vive intelligence; mais ondoyant dans ses con-
que, s'il y a effectivement un corps de saint Acace à victions, il est mêlé à toutes les discussions et à toutes
Squillace, c'est de quelque autre saint de même nom. » les intrigues théologiques de la cour; ses idées sont à
Tillemont, op. cit., p. 395. D'autre part, Tamayus de peu près celles d'Arius et d'Aétius; il excelle à les
Salazar a inséré saint Acace dans son martyrologe envelopper sous une forme onctueuse et brillante, à
espagnol à l'occasion des reliques conservées sousce les dissimulerou à les produire, sous des formules com-
nom à Avila et à Cuença, où elles auraient été appor- pliquées et savantes, selon les circonstances, au mieux
tées de Squillace. Acta sanctorum, loc. cit., p. 293. Le de ses intérêts personnels. Il professe ordinairement le
synaxaire de l'église de Constantinople mentionne, au pur arianisme, fait déposer, en 358, au concile d'An-
15 septembre, Delehaye, Propylœum, p. 47, ligne 55, tioche, saint Cyrille de Jérusalem; est déposé à son
une invention de saint Acace. Le saint martyr byzantin tour,en 359, au concile de Séleucie,mais se rend àCon-
a été beaucoup honoré au moyen âge, et l'est encore stantinople, auprès de l'empereur Constance, obtient
en certains pays d'Occident, comme un des quatorze la réunion dans la capitale, en janvier 360, d'un con-
saints spécialement invoqués dans les diverses néces- cile dont il dirige les débats et qui adopte, comme for-
sités et appelés pour ce motif Auxiliatores,«secoureurs». mule de foi, la formule de Rimini proclamantque le Fils
Dans certaines énumérations de ces Auxiliatores, il est
parfois confondu avec saintAcace de Mélitène ou d'au-
tres homonymes; mais c'est bien en réalité au soldat-
:
est semblable au Père, et interdisant les termes d'es-
sence et de substance c'est le formulaire officiel de ce
que l'on appelle désormais l'arianisme. Sous Jovien,
martyr que s'adresse ce culte populaire. Plusieurs dévoué à l'orthodoxie, Acace, au synode d'Antioche,
missels du xve et du XVIe siècle ont une messe spé- en 363, donne son adhésion au symbole de Nicée; puis,
sousl'empereur Valens, repasse à l'arianisme. Il est que Acace, Alexandre d'Antioche et les évêques
déposé, en 365, par le
synode semi-arien de Lamp- de Syrie lui écrivirent, le Pontife ne consentit à lui
saque, mais reste néanmoins sur son siège épiscopal et accorder des lettres de communion que sur les ins-
meurt en 366. tances d'Alexandre et à la condition expresse qu'il

,
S. Jérôme, De vir. illust., 98, P. L., t. XXIII, col. 699.
— Socrate, Hist. eccles., II, 4, 39-43; III, 24-25;
P. G., t. LXVII, col. 192, 351-356,449-456,465. — Sozomène,
ibid., col. 1177-1206, 1253, 1309. — Fabricius, Bi-
2 sq.,
renoncerait à toute entreprise contre saint Jean
Chrysostome et ses partisans. Cf. Innocent, Epist.,
XIX, xx, XXI, P. L., t. XX, col. 540-544. Son âge l'em-
pêcha d'assister au concile d'Éphèse. Il entretint
256. -
blioth. græca, édit. Harles, t. VII, p. 336; t. IX, p. 254-
Paris, 1704, t. VI, p. 304 sq. -
Tillemont, Mémoires pour servir à l'hist. ecclés.,
Dom Ceillier, Hist. génér.
néanmoins avec saint Cyrille d'Alexandrie une cor-
respondance, où il fait preuve de zèle pour l'ortho-
doxie et affirme son désir de voirNestorius abandon-
des aut. sacrés, c. III, n. 8, Paris, 1737, t. VI. — Batiffol,
ner ses erreurs. Cf. Labbe, Conc., 1726, t. III. col. 379-
Paris, 1897, p. 277. -
Anciennes littératures chrétiennes, La littérature grecque,
Duchesne, Histoire ancienne de
l'Église, 2e édit., Paris, 1907, t. xi, p. 302.
385. Son orthodoxie n'avait cependant pas toujours
été à l'abri de tout soupçon. Il avait même écrit contre
tJ,:¡i<I,.L;,.1 R E. MARIN. les Capitula de saint Cyrille. Cf. Lupus, Ad Ephes.
5. ACACE, prêtre et archimandrite de Berée, dans Conc. variæ PP. epistolæ, Venise, 1726, t. VII, p. 57.
la Cœlésyrie.Vers l'an 375, il visite saint Basile, au- Mais, dans la suite, il se laissa gagner par les raisons
quel il fait un rapport tout à fait favorable sur la vie du patriarche d'Alexandrie. Cf. Lupus, ibid., p. 183.
monastique de sa région. Dans sa lettre aux habitants
de Bérée, saint Basile l'appelle un prêtre très estimé
et très pieux: 'O ~yàp TCOEJëV¿L'O'fJç'l.cd E,j),bÉûL'c('Oç uuu-
îtpeo-SCTEpoç -iptî)v 'AXa.1dOÇ. Il a recueilli de sa bouche
personnages :
Il nous reste d'Acace des lettres adressées à divers
à Cyrille, Lupus, ibid., p. 173; à Hellade,
Lupus, ibid., p, 177, à Alexandre d'Hiérapolis, Lupus,
ibid., p. 178. A tous les points de vue, la plus impor-
d'excellents renseignements sur les chrétiens de Bérée. tante de ses lettres est celle qui se trouve dans Lupus,
Kal yàpà.nr^^£Ù.E^YIÎAÏV, T. ~X. Epist., ccxx, P. G., ibid., p. 128. Acace mourut, en 432, à l'âge de cent
t. XXXII, col. 813-816. Dans une autre lettre saint Ba- dix ans. Cf. dans Lupus, ibid., p. 55, la lettre de
sile console ses frères et collègues Acace, Aétius, Paul, Jean d'Antioche à Théodose (431).
ainsi que les diacres, Silvain, Silvinus et Lucius et les V. ERMONI.
autres moines ~(Toi?. ,xûs).:PlJt; crJUTCp£<xo'jTspoc; AxC(x[cp, 7. ACACE, évêque de Mélitène. D'après la vie du
'EL'iw, NLIlauÀcp,x. T. ~À.)de la perte de leurs monastères, solitaire saint Euthyme (377-473), il faisait partie, en
qui avaient été incendiés par les ariens.Epist., CCLVII' qualité de lecteur, vers l'an 390, de l'église de Méli-
ibid., col. 944-945. De concert avec Paul, Acace écrivit tène. Il était, paraît-il, d'une famille distinguée, et
à saint Épiphane, pour l'exhorter à écrire contre les avait longtemps cultivé les lettres sacrées et profanes.
hérétiques. Nous possédons cette lettre; cf. P. G., Aussi fut-il chargé par Otrée, alors évêque de Mélitène,
t. XLI, col. 156-157. Tous les deux se donnent comme de l'éducation du jeune Euthyme. La date de son élé-
prêtres et archimandrites des monastères des régions vation à l'épiscopat est inconnue; nous savons seule-
deCarchédonisetdeBerée dans la Cœlésyrie ~TCpEû-
ëuiipcov
(.
Yoc, àpjap.av5piTcî)v. !J.o'IO'.GTlJpiwv P.Ep("iV Kxpx'O"
ment qu'il était déjà évêque en 430. On connaissait,
avant même le concile d'Éphèse, ses convictions anti-
ôovoç ~xai ~Beppot'aç ,'(,; x&t'A-<-;(;S'jpt'txc). C'est pour ré- nestoriennes, puisque Euthyme recommanda à son
pondre à leur désir que saint Épiphane composa le ancien disciple Pierre, évêque des Sarrazins, qui par-
Panarium. Ibid., col. 157-172. Cet Acace est probable- tait pour Éphèse avec Juvénal de Jérusalem, de res-
ment le même que son homonyme, l'évêque de Bérée, ter fidèle aux doctrines d'Acace de Mélitène et de
vers 379-436. Voir l'article suivant. Cyrille d'Alexandrie. Néanmoins il était personnelle-
V. ERMONI. ment lié avec le patriarche de Constantinople, et, dès
6. ACACE de Bérée (Beræa,
322; tout jeune
Alep), naquit vers son arrivée à Éphèse, il essaya, dans une conversation
il
encore, embrassa la vie monastique privée, de le ramener à la vraie foi. Mais, en dépit de
aux environs d'Antioche. Ses mérites et ses vertus quelques concessions apparentes, Nestorius se montra
ne tardèrent pas à attirer l'attention sur lui. C'est si obstinément attaché à ses théories, que l'entretien
pourquoi, à son retour d'exil, après la mort de Va- dut se rompre brusquement.
lens, Eusèbe de Samosate l'ordonna (378) évêque de Dès la Ire session du concile (22 juin 431), on de-
Bérée. Sa réputation de science et de sainteté se ré- manda à Acace le récit de cette tentative, afin de s'as-
pandit de plus en plus et l'on en trouve des attesta- surer des véritables croyances de Nestorius, dont l'ab-
tions dans les écrivains ecclésiastiques. Sozomène, sence ne permettait pas d'autres moyens d'enquête.
H.E., VII, 28, P. G., t. LXVII, col. 1504; Théodoret, Mansi, Conc. ampliss. coll., t. IV, col. 1181. Dans
Il. E., v, 4, P. G., t. LXXXII, col. 1204. Quelque les Actes de cette même session, nous trouvons le vote
temps après son ordination épiscopale, il se rend à motivé d'Acace en faveur de Cyrille, dont on venait de
Rome, pour porter au pape Damase, de la part de lire la seconde lettre à Nestorius (Mansi, op. cit., t. IV,
Mélèce, les actes du concile d'Antioche, peut-être de col. 1141), et une courte harangue où Acace explique
celui de 380 et assiste, dans la ville éternelle, à un sy- son vote contre Nestorius, auquel il reproche d'avoir
node, où il souscrit à la doctrine dyophysite ou des criminellementinterprété les lettres de Cyrille, en pré-
deux natures. Par son entremise,il concourutbeaucoup tendant qu'elles enseignaient la passibilité de Dieu
à mettre fin au schisme d'Antioche. En 381, il prend (fôç n::xe"fjTOVXôydvxfov xov OEOV), ce qu'aucun véritable
part au concile de Constantinople.Cf. Théodoret,H. E., croyant n'oserait ni dire ni penser. Mansi, op. cit.,
v, 8, P. G., t. LXXXII, col. 1209. Comme il avait parti- t. IV, col. 1172.
cipé à l'ordination illégitime de Flavien d'Antioche, A la IVe session (16 juillet), quand on cita Jean
le pape Damase l'exclut de sa communion. Il joua un d'Antioche à comparaître, pour justifier la sentence de
triste rôle dans la campagne menée contre saint Jean déposition prononcée par les siens contre Cyrille
Chysostome. En 398, étant venu à Constantinople, et d'Alexandrie, Acace fit remarquer que les évêques
s'imaginant qu'il n'avait pas été bien reçu, il s'entendit orientaux ne formant qu'un petit groupe détaché du
avec Sévérien et Antiochus pour conspirercontre Jean concile, leurs décisions étaient sans valeur. Mansi,
Chrysostome. Cf. Pallade, Vit. Chrysost., 6, 8, P. G., op. cit., t. IV, col. 1309.
t. XLVII, col. 22-29. Il intrigua contre lui dans divers Après l'emprisonnement de Cyrille, il fut du nombre
synodes, et demanda ouvertement sa déposition. Le des huit députés envoyés à Chalcédoinepar le concile,
pape Innocent Ier fut informé de sa conduite. Lors- afin d'instruire Théodose II des agissements des Orien-
taux. Mansi, op. cit., t. IV, col. 1457, 1460. Dans une 8. ACACE, évêque d'Amid (Diarbékir) au com-
audience, accordée simultanément par l'empereur aux mencement du ve siècle. Théodore le jeune l'envoya
députés des deux partis, il fut accusé par les Orien- en ambassade près du roi de Perse en 419 et le patri-
taux d'avoir enseigné que la divinité était passible, ce arche d'Orient Yahbalaha Ier profita de sa présence
qui indigna tellement Théodose qu'il en laissa tomber pour réunir, en 420, un concile qui recommanda aux
son manteau. Cf. lettre des Orientaux, Mansi, op. cit., Églises de Perse l'observance des canons de Nicée,
t. IV, col. 1412; t. v, col. 795. d'Ancyre, de Néocésarée, de Gangres, d'Antioche, de
Quelles que fussent les tendances monophysites Laodicée. Peu de temps après (420-421),Acace, de re-
d'Acace, les Orientauxont ici exagéré, comme le mon- tour à Amid, vendit les vases sacrés des églises pour
trent amplement les considérants cités plus haut, où racheter sept mille prisonniers perses, que les Romains
Acace donne les raisons de son vote contre Nestorius. ne voulaient ni rendre ni nourrir. Il leur donna des
Nous avons, en outre, une homélie qu'il prononça à vivres et les renvoya en Perse. Bahram V demanda à
Éphèse pendant le concile (on ne sait à quelle date pré- voir Acace pour le remercier et il est probable qu'il
cise), et dans laquelle il professe très nettement la doc- retourna en Perse. Ce voyage ne semble pas pouvoir
trine orthodoxe. Mansi, op. cit., t. v, col. 181-186; se confondre avec le précédent. Acace composa des
P. G., t. LXXVII, col. 1467-1472. Acace s'était rendu, lettres qui furent commentées par Mâri de Beit-Ar-
avec six autres évêques, au sacre de Maximien, le suc- daschir. Cf. Rubens Duval, La littérature syriaque,
ceseur de Nestorius sur le siège de Constantinople. Il 3e édit., Paris, 1907, p. 343; J. Labourt, Le chris-
fut, pour ce fait, déposé par Jean d'Antioche qui tint tianisme dans l'empire perse, Paris, 1904, p. 101; Sy-
une sorte de concile à Tarse, en retournant chez lui. nodicon orientale, Paris, 1902, p. 255, 276-283; So-
Mansi, op. cit., t. v, col. 953, 1047. crate, Hist. eccl., VII, 21, P. G., t. LXVII, col. 781-783.
Plus tard, lorsque Jean d'Antioche, suivi d'une F. NAU.
grande partie des évêques orientaux, se réconcilia avec 9. ACACE, patriarche de Constantinople de 471 à
Cyrille d'Alexandrie, l'intransigeant évêque de Méli- 489. Lorsqu'il succéda à Gennade sur le trônepatriarcal,
tène jugea, nous dit Liberatus, que Cyrille avait été trop Acace était prêtre et directeur de l'hôpital des orphe-
accommodant. Il nous reste encore sur cette question, lins à Constantinople. Déjà, il avait su, par ses bonnes
dans le Synodicon adversus tragœdiamIrenæi (c. LXXXIII manières et ses flatteries, gagner la confiance de l'em-
et CCXIII), deux traductions latines d'une lettre d'Aca- pereur Léon (454-474), qui ne faisait rien que par ses
ce à Cyrille, Mansi, op. cit., t. v, col. 860, 998-999; conseils. On avait même, paraît-il, songé à lui pour le
P. G., t. LXXXIV, col. 693, 838. Après avoir loué patriarcat, lors de l'élection de Gennade, en 458. Za-
Cyrille de son zèle contre Nestorius et Théodore de charie le rhéteur nous parle d'accointances qu'il aurait
Mopsueste (ce dernier nom a été à peu près sûrement eues dès cette époque avec les monophysites, parti-
ajouté plus tard par les Eutychiens), Acace s'y plaint sans de Timothée Ailouros, en particulier avec le poète
d'avoir trouvé des chrétiens, qui, tout en protestant Timocletos. K. Ahrens und G. Krüger, Die sogenannte
de leur aversion pour les erreurs de Nestorius, affir- Kirchengeschichte des Zacharias Rhetor in deutscher
maient l'existence de deux natures dans la personne Ubersctzung herausgegeben, Leipzig, 1899, p. 37.
du Christ, et chacune avec son opération propre. On Nommé patriarche en 471, grâce à la protection de
voit par là que, depuis le concile, les convictions anti- Zénon, gendre de l'empereur, Acace révéla tout de
nestoriennes d'Acace s'étaient encore accentuées; on suite la violente ambition qui le dévorait et qui allait
peut même se demander s'il n'a point franchi les li- être le grand mobile de toute sa conduite. Nous appre-
mites de l'orthodoxie. — Cette lettre a probablement nons par une lettre du pape Gélase, Epistol., XIII,
été écrite en 433, comme l'indique le Synodicon. Ad episcop. Dardan., P. L., t. LIX, col. 72, que, sous
Vers 435, Acace entreprit, de concert avec le fameux son instigation,l'empereur Léon cherchavainement à
Rabbula d'Édesse, une active campagne contre Théo- obtenir du pape Simplice (468-483) la confirmation du
dore de Mopsueste. Il envoya aux évêques d'Arménie 28e canon de Chalcédoine,rejeté parle pape saint Léon.
une lettre où il condamnait les ouvrages du célèbre A côté de ce défaut capital, le nouveau patriarche
écrivain. Liberatus, c. x; P. L., t. LXVIII, col. 990. laissait voir d'excellentes qualités d'administrateur.
Les évêques arméniens consultèrent Proclus de Con- Très serviable pour tout le monde, très bon pour ses
stantinople qui se prononça contre Théodore. Mansi, clercs, d'un extérieur plein de gravité, il devint vrai-
op. cit., t. v, col. 421-437. ment populaire et bientôt on vit son portrait dans
Nous ignorons la date précise de la mort d'Acace. toutes les églises de la capitale, ce qui ne froissa nul-
En 449, l'évêque de Mélitène était Constantin. Mansi, lement son humilité, ce qui même, d'après les mau-
op. cit., t. vi, col. 757. vaises langues, se serait fait sur un ordre émané de
Baronius fait de lui un saint, mais il ne semble pas lui. Suidas, Lexicon, édit. G. Bernardy, Hale, 1853,
que l'Église l'ait jamais honoré publiquement comme t. I, p. 148-149.
tel. Il laissa néanmoins un grand souvenir dans son Durant le court règne de l'usurpateur Basilisque
Église, puisque le concile de Mélitène, en 458, l'appelle (476-477), qui favorisa ouvertement le monophysisme
Acace « notre Père et notre Docteur». en rappelant de l'exil ses coryphées, Timothée Ailou-
ros et Pierre le Foulon, et en publiant son Encyclique,
Baronius, Annal, eccl., adann. 431, n. 37,58, 145, 147, véritable édit dogmatique où l'on disait anathème au
torum ecclesiast. hist. litt. (1705), p. 269. —
-Hefele, Conci-
163; ad ann. 432, n. 52, 58; ad ann. 435, n. 4. Cave,Scrip- concile de Chalcédoine et au tome de Léon, Acace eut
liengeschichte (1856),t. II, p. 254, 296; trad. franç, av. notes d'abord une conduite hésitante. Mais bientôt, entraîné
de dom Leclercq (1908), t. II, p.301, 364, 365, 405, 409, par les moines et le peuple catholique de Constanti-
420. — Ceillier, Hist. gén. des auteurs sacrés, Paris, 1747, nople, il refusa résolument de signer l'Encyclique et
t. XIII, p. 445-448; nouv. éd., Paris, 1861, t. VIII, p. 388 sq., prit même l'initiative d'envoyer une députation au
t. x, p. 143. — Breviarium Liberati, dans P. L., t. LXVIII, célèbre stylite Daniel pour le supplier de descendre
col. 969-1050. - Lequien, Oriens christianus, Paris, 1740,
t. I, col. 441. — E. Lightfoot, dans Dict. of christ. biog., t. I,
de sa colonne et de venir prêcher la résistance. Ce
n'était pas du reste le pur zèle de l'orthodoxie qui le
P- 14. — Mansi, Sacror. concil. amplissima collect., Flo-

théol. cath., t. i, col. 290.


-
rence, 1761; Paris 1901, loc.cit. Marin, dansDict.de
Tillemont, Mém. hist. eccl.,
poussait. Avec beaucoup de sagacité, il devina que le
siège de Constantinople n'avait rien à gagner à la con-
Paris, 1709, t. XIV, p.294,—360, 374 sq., 628 sq., 790. — damnation du concile qui lui avait reconnu ou accordé
R. P. Gémier, Vie de saint Euthyme le Grand, Paris, 1909, tous ses privilèges. Timothée Ailouros ne tarda pas à
p.60 sq., 146 sq. U. ROUZIÈS. confirmer ses prévisions. Dans un concile tenu à
Éphèse, en 477, le vieux prélat monophysite rendit à l'avenir les droits d'autrui que le patriarche byzan-
au siège d'Éphèse ses droits d'exarchat, que le 28e ca-
non de Chalcédoine lui avait enlevés, au profit de l'é-
vêque de la capitale.
:
tin put croire que ses vues ambitieuses avaient été
percées à jour Quapropter, frater carissime, instituto-
rum veterum, quæ in te sunt probata, non immemor.
Le mouvement de résistance, si bien soutenu par dans honorem patribus, labora ne necessitas sit ulla fa-
le pasteur et ses ouailles, obtint plein succès.Basilisque ciendi quod optas nunc satisfactione purgari. Simplice,
dut capituler et rétracter l'Encyclique par une contre- Epist., xv, Ad Acac., P.L., t. LVIII, col. 54.
encyclique. Mais déjà, il était trop tard. Zénon avait Ces admonitions ne contribuèrent pas peu à désaf-
profité des troubles pour se rapprocher de Constanti- fectionner Acace du siège de Rome et à lui faire adop-
nople où il rentra triomphant (477). La victoire était ter résolument la voie nouvelle dans laquelle il com-
surtout pour Acace, qui, presque seul parmi les prélats mençait à s'engager. La nomination qu'il venait de
orientaux, avait défendu la bonne cause. A Rome, le faire de Jean Codonat à l'évêché de Tyr était signifi-
pape Simplice le considérait comme le grand cham- cative. Visiblement, il tendait à se rapprocher des mo-
pion de l'orthodoxie et l'avait nommé son légat, nophysites. A la mort de Timothée Ailouros (477), les
Epist., v et VI, P. L., t. LVIII, col. 41-43. Il se hérétiques d'Alexandrie lui avaient donné un succes-
montra d'abord digne d'une pareille confiance et mit seur dans la personne de Pierre Monge. Celui-ci avait
au service de la cause catholique son influence toute bien été compris dans l'édit de proscription lancé par
puissante auprès de l'empereur Zénon, qu'il menait à Zénon contre les prélats monophysites, mais il n'avait
son gré. Grâce à lui, les évêques hérétiques furent point quitté Alexandrie. Le pape Simplice insista vai-
expulsés des sièges qu'ils avaient usurpés et les ortho- nement auprès de l'empereur et d'Acace pour le faire
doxes purent en reprendre possession. Lui-même con- expulser de vive force. La diplomatie impériale ne crut
damna Pierre Monge, Pierre le Foulon et Jean d'Apa- pas devoir user de ce moyen extrême, dans la crainte
mée et les fit condamner à Rome (478). de soulever les monophysites d'Égypte. On se con-
Mais en même temps son ambition ne dormait pas. tenta de protéger le patriarche catholique -Timothée
La tentative de Timothée Ailouros de rétablir l'ex- Salophaciolos et d'obliger Pierre Monge à se tenir à
archat d'Éphèse et autres autocéphalies avait avorté, l'écart. Mais un pareil personnage n'était pas homme
mais il fallait prévenir le retour de pareilles entreprises. à rester inactif. Il est probable qu'il ne tarda pas à en-
Acace profita de l'occasion pour obtenir de l'empereur trer en correspondance secrète avec Acace pour lui
Zénon la confirmation solennelle du 28e canon de suggérer la première idée d'un accord entre orthodoxes
Chalcédoine, Cod. Justin., I, tit. II, leg. 16. C'était et monophysites, car il est difficile d'expliquer les évé-
aller directement contre les volontés bien connues du nements qui suivirent sans une entente préalable en-
pape. De celles-ci, à vrai dire, notre patriarche ne se tre lui et le patriarche byzantin.
souciait guère. Son titre de légat du Siège apostolique En juin 482, Timothée Salophaciolos mourut, et
lui pesait. On sent cela en lisant une lettre qu'il écrivit Jean Talaïa, dit le Tabennesiote, grand économe de
au pape Simplice en 478 et que nous possédons encore. l'Église d'Alexandrie, fut élu par les catholiques pour
Elle débute par la phrase suivante : Sollicitudinem lui succéder. Ce Talaïa était un ennemi personnel
omnium Ecclesiarum, secundum Apostolum,circumfe- d'Acace, qu'il avait froissé par ses procédés, alors qu'il
rentes, nos indesinenter hortamini, quamvis sponte vi- était apocrisiaire à Constantinople. Il avait, paraît-il,
gilantes ac proecurrentes,P. L., t. LVIII, col. 46. Bien- préparé de loin son élection par la distribution de for-
tôt une occasion s'offrit à lui de tenter un coup d'éclat tes sommes, et Acace, qui s'en était aperçu, lui avait
et de soumettre à sa juridiction le patriarcat même fait jurer de renoncer à toute candidature future. Une
d'Antioche. fois patriarche, il semble avoir pris à cœur d'irriter la
Dans cette dernière ville, le parti monophysite était susceptibilité de son ennemi. S'il prévint directement
très puissant. Pierre le Foulon y était revenu sous Ba- et sans retard de son élection, le pape Simplice et Ca-
silisque. Condamné par Acace, qui lui écrivit une lettre landion d'Antioche, il chargea de porter la même nou-
pour blâmer l'addition faite par lui au Trisagion, velle aux oreilles de Zénon et d'Acace un intermé-
Mansi, Ampliss. coll. concil., t. VII, col. 1121-1124, il diaire qui, par suite de circonstances imprévues, ne
avait dû se retirer, lors du retour de Zénon, laissant put le faire sur-le-champ. Cette maladresse favorisait
la place à Jean Codonat. Celui-ci avait été ordonné merveilleusement le plan de Pierre Monge, que les
par le Foulon et on l'avait condamné à Constantinople monophysites venaient d'élire de nouveau. Vite, il
et à Rome. Aussi ne fit-il que passer. Son successeur envoya à Zénon une députation pour lui suggérer un
Étienne, élu par les catholiques, fut en butte aux per- compromis capable d'accorder les deux partis. Acace,
sécutions des hérétiques, qui finirent par l'assassiner qui déjà s'était entendu avec le rusé Alexandrin,
et jetèrent dans l'Oronte son cadavre mutilé (481 ?). appuya de tout son pouvoir la proposition et conseilla
Pendant que Zénon donnait des ordres sévères pour à l'empereur de publier un édit dogmatique dans le
châtier les coupables, Acace se préoccupait de nommer sens indiqué. Zénon se laissa facilement convaincre et,
de sa propre autorité un successeur au patriarche à l'automne de 482, parut l'Hénotique, probablement
martyr. Son choix se porta sur Calandion, qu'il or- rédigé par Acace et adressé au clergé et au peuple
donna lui-même. Quant à l'élu du clergé antiochien, d'Alexandrie. On y admettait comme règle de foi le
Jean Codonat d'Apamée, Acace, qui l'avait excom- symbole nicéno-constantinopolitain, les douze ana-
munié quelques années auparavant, lui donna en com- thématismes de saint Cyrille et les décrets d'Éphèse.
pensation l'évêché de Tyr. Nestorius et Eutychès -étaient condamnés, ce dernier
Une manière si leste de fouler aux pieds les droits comme représentant du docétisme. Des deux natures
du second siège de l'Orient ne pouvait que soulever de Jésus-Christ on ne soufflait mot. Les opinions con-
les protestations du pape. Pour les prévenir, Zénon et traires, énoncées soit à Chalcédoine, soit dans un autre
Acace écrivirent à Simplice afin de justifier leur con- concile, étaient anathématisées.
duite. Ils prétextèrent les troubles monophysites, la Acace fut le premier à souscrire l'Hénotique. Pierre
nécessité où ils s'étaient trouvés de désigner sans re- Monge l'imita et en fut récompensé par le patriarcat
tard un titulaire catholique, et déclarèrent expressé- d'Alexandrie. Quant à Jean Talaïa, il s'enfuit d'abord
ment que cette élection ne créerait pas de précédent. à Antioche auprès de Calandion, puis il alla porter
Dans sa réponse, le pape approuva ce qui avait été plainte à Rome, où l'on fut bientôt mis au courant de
fait en raison de circonstancesparticulièrement graves, tout ce qui s'était passé tant par les moines acémètes
mais il insista tellement sur la nécessité de respecter que par plusieurs évêques orthodoxes, expulsés de
leurs sièges pour n'avoir pas voulu accepter l'Hénoti- Elle fut écrite après la publication de l'Hénotique.
que. Acace lui, garda le silence, pendant que Zénon Acace y fait l'éloge de la prudence et de la sagesse de
dénonçait Talaïa au pape comme un parjure et de- Zénon et félicite Monge d'avoir souscrit le document
mandait la reconnaissance de Pierre Monge. Le pape impérial. Quant à la correspondance entre Acace et
refusa énergiquement ce dernier point, mais s'abstint Pierre Monge, conservée dans un manuscrit copte du
de confirmer Jean Talaïa jusqu'à plus ample infor- Vatican (le 02 du fonds copte) et publiée par Révil-
mation. lout, dans la Revue des questions historiques, juillet
Sur ces entrefaites, Simplice mourut (mars 483). 1877, p. 103-119, elle présente tous les caractères des
Son successeur Félix II résolut d'agir avec prompti- apocryphes, comme l'a démontré Amélineau, Monu-
tude et fermeté en faveur des persécutés. Il envoya à ments pour servir à l'histoire de l'Égypte chrétienne aux
Constantinople deux légats, les évêques Vital et Mi- ii, et vesiècles, Paris, 1888, p. 196-228.
sène, pour faire une enquête et citer Acace devant un Ahrens et Krüger, Die sogenannte Kirchengeschichte des
concile romain où il devait se justifier des accusations Zacharias Rhetor in deutscher Ubersetzung herausgegeben,
portées contre lui par Jean Talaïa. Ces légats étaient Leipzig,1899,de lap. 37 lap.98passim.— Évagre,Histoire
à
ecclésiastique, 1. II, c. XI; l. III, cap. IV-XXI, P. G.,
déjà partis quand arriva à Rome l'higoumène des acé-
mètes, Cyrille. Le pape leur manda aussitôt de ne rien t. LXXXVI, col. 2534, 2597-2641. -Théodore le lecteur,
Hist. eccles., l. I, c. XXVII-XXXVI, P. G., t. LXXXVI, col.
faire sans l'avis de ce zélé défenseur de la foi. Mais ils
ne l'écoutèrent pas. Les violences et les présents eurent
180-181.—Théophane,Chronographie, P. G., t. CVIII,col.
301-324. — Liberatus, Breviarum causœ Nestor. et Eutych.,
raison de leur fidélité. Ils communiquèrent avec Acace, c. XVI-XVIII, P. L., t. LXVIII, col. 1019-1029. — Gélase,
assistèrent à un office où le nom de Pierre Monge fut Epist., XIII, XIV, xv, P.L., t. LIX, col. 61-99. — Les
proclamé à haute voix et portèrent sur ce dernier un lettres des papes Simplice et Félix se trouvent dans P.
jugement favorable. Ils repartirent ensuite pour Ro- L., t. LVIII, col. 41-64, 891-967, et dans Mansi, Concil.
me avec les lettres de Zénon et d'Acace, pleines d'élo- t.
ampl. coll., VII, col. 977-1166.—Lequien, Oriens christianus,
ges pour Monge et d'accusations contre Talaïa, silen-
I,
Paris, 1740,t. col. 55-64,218.—Tillemont, Mémoires, Pa-
cieuses sur les griefs dont Acace était l'objet. Mais le
délégué des acémètes Syméon, les avait devancés. Il
t.
ris, 1712, t. XVI, p. 285-382.—R. Ceillier,Histoiregénérale des
p.
auteurs sacrés etecclésiastiques, Paris,1861, X, 401-420.—
Hergenrother, Photius, Ratisbonne, 1867, t. I, p. 110-126.
raconta au pape tout ce qui s'était passé et la scanda-
leuse trahison de ses légats. Félix II réunit à Rome, - Hefele, Hist. des conciles, trad. Leclercq, t. il, p. 912-926.
M. JUGIE.
en juillet 484, un concile de 67 évêques qui cassa la 10. ACACE, évêque de Séleucie et catholicos de
sentence des légats, les destitua de leur charge, renou- Perse, depuis l'année 485. On pense communément
vela la condamnation de Monge, et après une minu- qu'il a été le premier patriarche des nestoriens.
tieuse enquête, excommunia et déposa Acace lui- Il porte le surnom d' « Assyrien », probablement
même. La lettre par laquelle le pape notifia à Acace parce qu'il fut élevé à l'école d'Édesse. Il y reçut,
sa condamnationénumérait les griefs qui l'avaient mo- on ne sait pas pourquoi, le surnom de suffocans
tivée : usurpations anti-canoniques sur les droits des quadrantem, honeq loumo. D'Édesse il fut attiré àSé-
autres sièges, faveur accordée aux hérétiques que lui- leucie, sur le Tigre, par son parent Babæus, évêque
même avait d'abord excommuniés, traitement indigne de cette ville. Comme il y enseigna pendant plusieurs
infligé aux légats de l'Église romaine, persécution années etyacquit une grande réputation par sa science
contre les évêques orthodoxes, refus de répondre aux et son caractère, il fut, à la mort de Babæus, en 485,
accusations de Jean Talaïa, Episiol., VI, Ad Acac., P. unanimement choisi pour lui succéder sur le siège épis-
L., t. LVIII, col. 921-924. copal. On croit que, après son élévation à l'épiscopat,
Le défenseur Tutus fut chargé de notifier au patri- il fut amené par les menaces ou les astuces de Barsu-
arche la sentence qui le frappait et de la faire connaî- mas, évêque de Nisibe, à embrasser le nestorianisme.
tre à l'empereur, aux moines et au peuple de Constan- On ne connaît cependant pas bien les rapports qu'il
tinople. La mission était difficile à remplir. Tutus eut avec Barsumas. On pense même qu'il garda à son
réussit cependant à remettre à des moines acémètes égard une grande indépendance. S'il devint, comme
la sentence d'excommunicationet l'un d'eux eut l'au- tout porte à le supposer, partisan des idées de Nesto-
dace de l'attacher au pallium d'Acace, au moment rius, il n'en fut pas un partisan aveugle. Ayant été jeté
où celui-ci se rendait à l'autel pour célébrer les saints en prison par les mages, il fut délivré par le roi de
mystères. Il paya de sa vie cet acte de courage et dé- Perse et envoyé en qualité d'ambassadeur à l'empe-
chaîna sur ses confrères une violente persécution. Les reur Zénon, à cause de sa doctrine et de son adresse.
acémètes ne furent pas les seuls à éprouver les ri- Au cours de cette ambassade il fut interrogé sur son
gueurs du patriarche excommunié, qui trouvait dans nestorianisme parles évêques occidentaux,qui lui impo-
l'empereur un exécuteur docile de ses volontés. Après sèrent comme condition de leur communion de se dé-
avoir rayé le nom du pape des diptyques de son église, tacher de la conduite scandaleuse de Barsumas. Il ré-
il poursuivit de sa haine les prélats trop peu nom- pondit qu'il ne connaissait rien du nestorianisme et se
breux qui refusèrent de se rallier à l'Hénotique. Parmi décida à excommunier Barsumas, qu'il ne trouva d'ail-
eux se trouvait Calendion d'Antioche. Zénon se dé- leurs plus vivant à son retour. On dit qu'il tint un
barrassa de lui en l'impliquant dans la révolte de synode à Séleucie, où l'on aurait permis aux prêtres
Léonce et d'Illus. Il fut déposé et remplacé par Pierre de se marier. Dans l'ensemble, c'était un homme sage,
le Foulon. On vit à Rome dans cette nouvelle injus- éclairé et modéré, mais il est impossible de connaître
tice la main d'Acace et un synode romain de 43 évê- au juste ses préférences doctrinales. Il mourut à la fin
ques le condamna de nouveau (octobre 485). Quatre du siècle; la date de sa mort n'est cependant pas cer-
ans plus tard, il mourait sans s'être réconcilié avec le taine. Il composa plusieurs sermons sur le jeûne, sur
Saint-Siège, laissant l'Église d'Orient tout entière dans la foi; dans le dernier de ses sermons sur la foi cc il
une situation lamentable et séparée de Rome. Le expose les erreurs de ceux qui n'admettent qu'une sub-
schisme dont il était l'auteur devait durer encore stance dans le Christ. »
trente ans. Voir HÉNOTIQUE. Assémani, Biblioth. orient., t. I, p. 351; t. ii, p. 406 sq.;
De la vaste correspondance d'Acace, il ne reste que t. III, p. 69 sq. — Dictionary of christian biography, in-8°,
trois lettres adressées, l'une au pape Simplice, l'autre Londres, 1877, t. I, p. 15-16.
à Pierre le Foulon, la troisième à Pierre Monge. Nous V. ERMONI.
avons déjà signalé les deux premières. La dernière est 11. ACACE (Saint), moine asiatique du début du
donnée par Zacharie le Rhéteur, édit. cit., p. 82-84. VIe siècle. L'expression é ~Èv Úi[Lé(XL, par laquelle il
est désigné dans les ménologes, a été une énigme pour du Père, nous rejetons les expressions consubstantiel
beaucoup d'hagiographes, qui y ont vu, à la suite des et semblable en substance, comme n'étant pas dans la
bollandistes, Acta sanct, Julii, t. II, p. 468, une indi- Sainte Écriture, et nous anathématisons celle de dis-
cation topographique. Mais le sens est tout autre. Il semblable; nous professons que le Fils est semblable
s'agitde l'Acacedont il estparlédans l'Échelle~(6 "Úi u.<x~) au Père, conformément à ce que dit l'Apôtre, qui
de saint Jean Climaque, Gradus IV, P. G., t. LXXXVIII, l'appelle une image de Dieu invisible. Tb ~os Óp.O¡(¡V
col. 720-721. C'était un moine d'une grande simpli- TaO Tioij 7rpb; Ilarépa catpcoçô[J.oXoyo0u. £v,
'Xc/',à ~TOV
cité et d'une grande vertu, entré fort jeune dans la vie 'KIZB<J-O\OVTOV ÀÉYOVHI.Ttepi TO-J TEO-J."OÇ Ècrnv si/.wv
religieuse. Le père spirituel à qui il fut confié était roû BEaU to[jlàopâxo'j ». Cf. aussi Socrate,H. E., 11, 40,
un irrégulier et un libertin, qui ne lui ménagea ni les P. G., t. LXVII, col. 337-340; Sozomène, H. E., iv,
injures, ni les outrages, ni surtout les coups. Neuf ans 22, P. G., ibid., col. 1180.
d'une pareille vie, supportée avec la plus héroïque La fraction acacienne traversa des vicissitudes
patience, suffirent à lui ouvrir le ciel. Obéissant pen- qu'il appartient à l'histoire d'enregistrer. A Séleucie,
dant sa vie, Acace le fut, jusque dans la mort. Cinq comme Acace ne comparut pas pour rendre compte
:
jours après qu'il eût expiré, un moine, s'approchant
de sa tombe, l'interrogea « Frère Acace, es-tu mort?
— Père, répondit-il, comment pourrait-il mourir
de ses accusations contre Cyrille de Jérusalem, les
Pères du concile le déposèrent ainsi que d'autres
évêques. Cf. Socrate, H. E., 11, 40, P. G., t. LXVII,
celui qui a pratiqué l'obéissance? » Ces mots fprent en- col. 344; Sozomène, H.E., IV, 22, P. G., ibid., col.
tendus de l'ancien père spirituel, qui, pénétré de re- 1184. Mais Acace usa d'astuce, prévint les envoyés
pentir, mena désormais une vie édifiante, près du tom- du synode auprès de l'empereur Constance, et gagna ce
beau de sa victime. Tel est, résumé, le récit qui se lit dernier à sa cause. Les acaciens tinrent l'année sui-
dans l'Échelle et que Jean Climaque tient de Jean le vante un synode à Constantinople. Acace y fit approu-
Sabaïte. ver la formule de Rimini, puis on déposa Macédonius
Saint Acace est fêté par les Grecs et les Slaves tan- de Constantinople qui fut remplacé par Eudoxe,
tôt le 7 juillet, tantôt le 26 ou le 27, ou le 29 novembre. Eleusius de Cyzique, Basile d'Ancyre, Dracontius,
Les synaxaires ne font que répéter, souvent en l'abré- Néonas de Séleucie, Sophronius de Pompéiopolis,
geant, la notice de saint Jean Climaque. Les calen- Elpidius, Cyrille de Jérusalem et d'autres person-
driers slaves l'appellent Acace le confesseur, c'est- nages. Cf. Socrate, H. E., 11, 41-42, P. G., t. LXVII,
à-dire le martyr. Il doit y avoir là une confusion avec col. 345-352; Sozomène, H.E., IV, 24-25, P. G., ibid.,
le martyr constantinopolitain, ou bien, on aura vu col. 1188-1197. Durant tout le règne de Constance,
dans àv 'l.),:[L'l.L une allusion à quelque instrument Acace jouit d'un grand crédit. Sous Julien l'Apostat
de torture. les acaciens se rapprochent des anoméens. Au synode
d'Antioche de 363, sous Jovien, les acaciens se ral-
H. Delehaye, Synaxarium ecclesiæ Constantin. e codice à
lient la foi de Nicée. Cf. Socrate, H.E., III, 25, P. G.,
sirmondiano, Bruxelles, 1902, p. 261.—Nilles,Kalendarium t. LXVII, col. 452-456; Sozomène, H.E., VI, 4, P. G.,
manuale utriusque Ecclesiæ, Inspruck, 1896, t. I, p. 205 ibid., col. 1300-1304. En 365, le synode tenu, par les
338; t. II, p. 42. — Doukakis, 'O !,-Éyo:;()"J"C<O:'o-t." nov., Macédoniens, à Lampsaque, ratifia la foi du synode
Athènes,1895, p. 575-577.—On trouve uneàxo).o"jfKa to3 offtou
"'C<'t?Õ,T.[jlûv'Axkxiou -où êv x/.!p.o:x!,dans le Cod.Athon. Pante-
d'Antioche, condamna la formule de Rimini et dé-
leim. 866. Cf. Lampros, Catalogue of the greek manuscripts posa Acace et Eudoxe. Cf. Socrate, H.E., IV, 4, P. G.,
on mount Athos, Cambridge, 1900, t. II, p. 449. t. LXVII, col. 468-469; Sozomène, H. E., VI, 7, P. G.,
M. JUGIE. ibid., col. 1309-1313. L'empereur Valens ne confirma
ACACE (Schisme d'). Voir HÉNOTIQUE. pas ces dépositions; il entra même dans une violente
colère. Mais c'était fini. A partir de ce moment les
ACACDENS, partisans d'Acace de Césarée, ol acaciens disparaissent de l'histoire, comme secte par-
Trept ~Axocxtov, qui, en 359, au synode semi-arien de ticulière.
Séleucie, se séparèrent des ariens purs et constituè-
rent une secte à part. Pour caractériser leur position Outre les ouvrages cités, voir S. Athanase, De synod.,
théologique dans la question des rapports du Père et
:
du Fils, les acaciens avaient choisi le terme b\i.oioç,
« semblable », d'où la dénomination d'homéens qu'ils
n. 12, 29-40, P. G., t. XXVI,col.701, 744-764.— Théodoret,
H.E., II, 23-24, 27, P. G., t. LXXXII, col. 1063-1074, 1080-
1084. — Hefele, Hist. des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1908,
t. I, p. 946-956.
:
portent dans l'histoire. Ils se distinguaient ainsi des
autres partis des orthodoxes, en rejetant le mot
Ó¡J.oo'üoc, « consubstantiel »; des semi-ariens, en reje-
ACADÉMIES ROMAINES ET PONTIFICALES.
V. ERMONI.

L'engouement pour l'antiquité qui caractérisa la Re-


tant le terme ôjAoto-iirioç, « semblable en substance » ; naissance, poussa les humanistes à se grouper entre
des anoméens, en repoussant l'expression à'IÓ.O¡l)Ç, eux, à se réunir d'une manière régulière et dans des
« dissemblable ». Nonobstant les apparences contraires conditions déterminées, pour discuter des questions
et une atténuation de langage, ils semblent cependant de littérature, d'art, de philosophie et de morale,
n'être pas sortis de l'arianisme strict, car au dire de faire la critique mutuelle de leurs écrits, à la manière
saint Hilaire, Cont. Const., n. 14, P. L., t. x, col. 592- de Platon dans son Académie. Les premiers groupe-
593, ils entendaient oy-oioç dans le sens de semblable ments de ce genre qui popularisèrent, en se l'ap-
au Père, quant à la volonté, mais non quant à la subs- pliquant, l'appellation d'Académie, se multiplièrent
tance. et idcirco similem Patri esse, quia volunlatis vite au XVe siècle, dans les principaux centres litté-
esset potius filius quam divinitatis. Jésus-Christ aurait raires et artistiques de l'Italie. Bessarion réunit à
donc été plutôt fils adoptif que fils naturel. Au reste, Rome les hellénistes ses compatriotes, avec les esprits
la formule, signée à Séleucie par quarante évêques, cultivés, adonnés à l'étude de l'antiquité. Pomponius
parmi lesquels il importe de signaler Georges d'Alex- Letus l'imitant quelques années après, fixa comme
andrie, Uranius de Tyr et Eudoxe d'Antioche, qu'on but à ses compagnons l'étude du vieux monde ro-
lit dans saint Épiphane, Hæres., LXXIII, n. 25, P. G., main et la recherche de ses monuments de toute sorte.
:
t. XLII, col. 452, nous permettra de saisir leur pensée.
Cette formule s'exprime ainsi « Comme les expres-
sions consubstantiel et semblable en substance ont
L'Académie romained'histoire et d'archéologie reçut de
lui ses premières institutions et se lança à la recherche
des classiques, alors que l'imprimerie commençait à
causé beaucoup de troubles et que quelques-uns ont les répandre. Un instant persécutée par Paul II, à
récemment innové en déclarant le Fils dissemblable cause de ses tendances ultra-païennes, l'Académie
survécut cependant, et les papes suivants, surtout et perspective, histoire, etc. Grâce aux fondations de
Léon X, la comblèrent de faveurs et de privilèges. plusieurs artistes, comme le peintre Carlo Maratta et
Mais elle fut dispersée par le sac de Rome (1527) et le sculpteur Canova, l'Académie est devenue riche.
dès lors, par défiance du paganisme, les papes se sou- Son chef, qui s'appelait prince et était élu pour un
cièrent peu de la restaurer. Néanmoins elle fut re- an, fut réduit à partir de 1828 au simple titre de pré-
constituée à plusieurs reprises, en particulier sous sident. En 1871, le gouvernement italien en détacha
Clément XIV, au commencement du xviric siècle, et, l'école des beaux-arts et la fit passer sous son patro-
plus tard, Benoît XIV lui donna son titre et une nage. La société garda son caractère d'encouragement
existence officielle en l'établissant au Capitole. Na- aux arts, mais perdit son influence avec une partie de
poléon la rétablit une dernière fois et elle reçut de ses revenus et de ses moyens d'action. (J. Arnaud,
Pie VII et de Grégoire XVI son organisation actuelle, L'Académie de Saint-Luc, in-8°, Rome.)
car elle est restée, en 1870, académie pontificale. Elle Il ne faut pas confondre avec cette Académie, la
se réunit à la Chancellerie et jouit de revenus qui lui congrégation ecclésiastique des Virtuoses du Pan-
permettent de distribuer des récompenses aux érudits théon, sorte de confrérie fondée, en 1543, par des élèves
étrangers. Par son ancienneté, elle reste la première, de Raphael pour l'encouragement et le progrès des
comme elle a été le modèle, sinon l'origine des arts, mais aussi pour le soutien moral et le confort des
autres. artistes. Bien qu'elle se fut annexé un enseignement
Les Italiens du XVIe et du xvnc siècles se passion- et des concours, elle avait surtout un but moral et
nèrent jusqu'à la frénésie pour la mode des réunions spirituel. Le nombre de ses membres était illimité et
savantes et, à Rome comme ailleurs, l'initiative privée elle se distingua toujours de l'Académie de Saint-
lit naître les académies en foule. Une des plus célèbres Luc, avec laquelle elle avait des rapports cordiaux,
:
fut celle des Umoristi, dont le nom est resté à un
genre littéraire fondée sous Clément VIII, elle dura
pendant tout le XVIIC siècle et compta parmi ses
mais d'égale à égale. Ce fut elle qui, en 1833, recher-
cha les cendres de Raphael et leur éleva un mausolée
au Panthéon. Elle s'est maintenue après 1870 et con-
membres Tassoni et le chevalier Marini. serve encore aujourd'hui son caractère d'association
Cet engouement, quelque superficiel qu'il fût, servit religieuse, sous l'autorité du pape et le protectorat de
cependant au progrès des sciences, en faisant naître l'Académie de Saint-Luc.
les premières académies, modèles des nombreuses L'Académie de Sainte-Cécile, sorte de Conserva-
sociétés scientifiques répandues aujourd'hui à tra- toire de musique, qui réunit les maîtres et professeurs
vers l'Europe. de chant de Rome, a été réorganisée plusieurs fois et
L'Academia de' Lincei que forma, en 1603, le prince s'occupe surtout du développementde la musique par
Federigo Cesi prit pour emblême un lynx, symbolisant les exercices et la pratique. Elle est devenue gouver-
la sagacité de l'esprit humain dans l'investigation des nementale.
mystères de la nature. Un jardin botanique, un cabi- L'Académie des nobles n'est pas une société savante,
net d'histoire naturelle et une bibliothèque vinrent mais l'université où l'on forme, dans les sciences sa-
favoriser la marche de ses premiers travaux, auxquels crées et profanes qui leur sont nécessaires, les jeunes
Galilée prêta un instant son concours. Elle sombra, gens qui se destinent à la carrière des fonctions curiales,
comme toutes les institutions privées de ce genre, fut et surtout à la diplomatie pontificale. Elle fut orga-
rétablie par Benoît XIV et reçut son organisation dé- nisée en 1706 par Clément XI, qui utilisa pour cela une
finitive, à partir de 1795, du savant Scarpellini, qui société de prêtres savants et cultivés, fondée depuis
joignit un observatoire aux moyens d'étude dont elle peu et la transféra au palais Severoli, sur la place de la
disposait. Elle fut transportée du Capitole au palais Minerve. Pie VI dut la réformer en 1776, et depuis lors
Corsini, où elle a son siège actuel. Depuis 1870, elle est elle a été l'école où se sont formés tous les grands
devenue l'Académie des sciences du royaume d'Italie. hommes de la curie, les Consalvi, les Pacca, les An-
L'Académie des Arcades n'a pas atteint l'éclat et le tonelli, et plusieurs papes, Léon XII, Pie IX, Léon
succès de ses deux aînées. Le groupe d'hommes cul- XIII.
tivés, que Christine de Suède réunissait autour d'elle, L'Académie de théologie, fondée en 1695 sous le pa-
continua ses séances après sa mort (1689), de préfé- tronage du cardinal Imperiali, fut annexée à la précé-
rence dans des jardins ou bosquets qu'il décora du dente, en 1707, par Clément XI et établie dans les lo-
titre de bois Parrhasius, puis d'Arcadie. La culture de caux de l'université romaine ou Sapience; la bulle
la poésie pastorale et de tous les genres poétiques, sur- Inscrulabili du même pape ratifia son règlement en
tout les secondaires, fut de tout temps l'occupation 1718. D'après ce règlement et l'ordonnance de Clé-
des arcudiens, mais un certain souci de l'élévation mentXIV, du 1er avril 1769, l'association qui serecru-
morale, dont ils ne se départirent jamais, les distin- tait dans le clergé romain, devait avoir surtout pour
guait des autres sociétés littéraires de l'Italie. L'Aca- objet des discussions et argumentations théologiques
démie étant devenue royale en 1870, il s'en est formé sur des points importants, auxquelles assistaient les
une autre, sous le patronage du Vatican, avec le titre élèves de l'Académie des nobles, et c'était parmi ses
de Nouvelle académie des Arcades. lauréats et ses plus brillants auditeurs qu'on choisis-
L'Académie de Saint-Luc fut établie par Gré- sait les candidats aux offices de la Propagande et à
goire XIII en 1577; mais ce fut seulement sous Sixte- l'administration des paroisses de Rome. Aujourd'hui
Quint que le peintre Federigo Zuccari l'organisa encore les séances de cette Académie ont lieu chaque
(1588). Elle prit son nom d'une ancienne confrérie mois à la chancellerie et, à côté des argumentateurs
d'artistes qui se réunissait à Saint-Luc sur l'Esquilin, officiels, les auditeurs bénévoles peuvent se faire ins-
mais son siège fut établi à Sainte-Martine-du-Forum crire pour prendre part aux travaux.
qui porte aussi le nom de Saint-Luc, patron des pein- L'Académie de religion qui date de 1831 a la même
tres dès le moyen âge. L'Académie se composa dès organisation que la précédente, avec un programme
l'origine de peintres, sculpteurs et architectes en nom- plus étendu. On y lit des dissertations sur toute sorte
bre égal, avec des membres d'honneur. Elle était en de sujets tendant à la défense de la religion chrétienne,
même temps université. Les artistes formaient des et une discussion s'engage ensuite là-dessus. Les tra-
élèves; Clément VIII, en 1593, y annexa des cours de vaux les plus remarquablespeuvent être imprimés.
dessin; Benoît XIV fonda au Capitole une école de Moroni, Dizionario di eruditione ecclesiastica, t. I, p. 39-
sculpture dite du nu, enfin Léon XII adjoignit au pre- 45.
mier enseignement des chaires accessoires, géométrie P. RICHARD.
ACALISSUS, évêché en Lycie. Cette
'AxcÙtcrQ'Óç, la dernière ~KàvSwv).^Cependant nous lisons parmi les
ville, située dans la Lycie orientale, sur le cours signataires de la lettre des évêques de Lycie à l'empe-
moyen du Limyros, fut longtemps unie politiquement reur Léon, 458 : Pannitius episcopus Ascandenus.
à sa voisine de l'ouest, Idebessos. Elle est signalée Mansi, Conciliorum amplissima collectio, t. VII,
par Étienne de Byzance et Hiéroclès, Synecd., 683, 4. col. 580. Cf. Lequien,Oriens christianus, t. I, col. 985;
Sur ses monnaies, voir Head, Histor. num., 576. le nom de cet évêque doit être corrigé en Panætius ou
Elle figure, comme évêché dépendant de Myres, dans Pannychius. Je pense, comme Lequien, loc. cit., que
les Notices d'Épiphane et de Basile (voir Gelzer, notre évêché se confond avec Ascandalis (ou Ascan-
Ungedr. und ungenügend veröffentlichte Texte der diadalis, ville citée par Pline, v, 28, édit. Didot),
Notit. episcop., p. 539; Georgii Cyprii Descr. orbis parmi les principales de Lycie. Il faudrait donc peut-
rom., p. 17), aussi dans les Notices I, III, VIII, IX, être dire Ascanda au lieu d'Acanda. Quant à corriger
importance
cun
:
de Parthey. Les variantes orthographiques sont sans
'AxcÙtr¡r.;;, 'Axcx!J.:ûÓç, 'AXCX)J.tŒûÓÇ. Au-
évêque de ce siège n'est connu, à moins qu'on ne
lui attribue, comme le fait Ramsay dubitativement,
en Cadyanda (Ramsay, Historical geography of Asia
minor, tableau en face de la p. 424), cela me paraît
bien hasardeux.
S. PÉTRIDÈS.
Histor. geogr. of Asia minor, p. 424 (tableau), Palla- ACANTUS. Voir HIERISSOS.
dius Capidalensis, à Chalcédoine, 451, et Léonce
Calindos, lettre à l'empereur Léon, 458. Mais il est ACARIE (BARBE), née à Paris le 26 février 1566,
possible qu'Acrasus (de Lycie) soit le même nom. était fille de Nicolas Avrillot, seigneur de Champlâ-
Voir ACRASUS. La seule objection à l'identiifcation, treux, et de Marie Lhuillier, tous deux de la plus
c'est que les deux villes sont distinctes dans Étienne vieille bourgeoisie parisienne. Son père était chance-
de Byzance, les notices d'Épiphane et de Basile, les lier de la reine Marguerite de Navarre et maître des
notices I, III, VIII, IX de Parthey. D'autre part, comptes de la Chambre de Paris.
Acrasus (de Lycie) n'a pas d'histoire; il est éton- Élevée dans une famille riche, à la fois très catholique
nant de ne rencontrer aucun évêque d'Acalissus, ville et très royaliste, elle reçut une forte éducation chré-
relativement importante; enfin Hiéroclès connaît tienne et apprit tout ce qu'une jeune fille bien élevée
seulement Acalissus (la notice de Léon le Sage, les apprenait alors, ce qui était beaucoup plus étendu que
Nova Tactica, les Notices X (?) et XIII de Parthey l'orgueil moderne ne se plait à l'affirmer. A douze
ne mentionnent qu'une des deux villes, mais sous la ans, Barbe Avrillot fit sa première communion, après
forme~'Ayapacrôi;). avoir été confirmée à sept, suivant la coutume du
Spratt-Forbes, Lycia, t. I, p. 168; t. II, p.279.—Ritter, temps. Elle était alors à l'abbaye de Longchamp sur
Kleinasien, t. II, p. 1170. le Mont Valérien, sous la direction d'une tante,reli-
S. PÉTRIDÈS. gieuse dans ce monastère. Très intelligente, vive et

:
ACAMI(GIACOMO, Cie)†1755, théologien et archéo- gaie, la jeune fille témoigna de bonne heure de dispo-
logue, auteur des ouvrages suivants Antichità e pregi sitions fort pieuses et se montra même si fort inclinée
del Sagramentario Veronese,Rome, 1748, où il démon- à rester dans le couvent pour y faire profession, que
tre que ce sacramentaire est vraiment des premiers ses parents, qui avaient d'autres vues sur elle, se
siècles, a été composé pour l'usage de l'Église romaine hâtèrent de l'en retirer. Rentrée au domicile pater-
et est bien de saint Léon, et établit, par les prières qui y nel, Barbe Avrillot continua à donner de précoces
sont contenues, qu'on croyait, à cette époque, aux exemples de piété et témoigna même le désir d'entrer
dogmes attaqués par les hérétiques des IVe, ve et vie siè- chez les religieuses augustines de l'Hôtel-Dieu, pour
e
cles;—Dell'origineedantichitàdellazecca ponlificia,ove
conautenticiMonumenti connuoveOsservazioni si con-
se dévouer aux soins des malades. Mais sa mère ne
voulut jamais y consentir et ne lui épargna ni les

pædo-baptismosolemni inecclesialatina et ;
ferma l'antichissimo Temporale dominio e la Sovranità remontrances ni même les vexations que la jeune fille
dellaSantaSedene'propri Stati,in-4°,Rome,1752 —De supporta avec une patience qui présageait ce qu'elle
græca, sive devait être un jour. Quand elle eut seize ans, ses pa-
deperpetuoecclesiæritu ac dogmate baptizandorumcum rents résolurent dela marier et lui choisirent comme
infantium tum adultorum, in pervigiliis paschæ et pen- époux, messire Pierre Acarie, vicomte de Villemore
tecostes, adversus anabaptistas et socinianos epistola ad et autres lieux, fils d'un conseiller du roi. D'une
anabaptistam londinensem historiæ ecclesiasticæ ancienne famille de la haute bourgeoisie parisienne,
linguæ græcæ professorem (qui avait critiqué son en possession d'une fortune considérable, par la mort
premier ouvrage), Rome, 1775; — Epistola ad P.Fau- prématurée de son père, Pierre Acarie était un grand
stum a S. Joseph, in-8°, Rome, 1750 (sur les origines parti. De plus, aimable et plein d'entrain, zélé pour
chrétiennes et les anciens évêques de Pavie). la défense de la religion catholique, il avait tout ce
qu'il fallait pour plaire et il plut en effet à celle à qui
Journal des savants, 1752, p. 241; 1753, p. 376; 1757,
p. 638. — Vacant, Dictionnaire de théologie catholique, t. i, on le destinait pour époux. Soumise en tout à ses
col. 291. — Zaccaria, Storia letteraria d'Italia, Venise, 1750, parents, Barbe Avrillot ne fit aucune résistance et
t. i, p. 71-81. Mazzuchelli, Gli scrittori d'Italia, t. I, devint « Mademoiselle Acarie », comme on disait
p. 30. alors; nous l'appellerons désormais, madame Acarie
J. FRAIKIN. suivant les usages actuels. Son mariage fut célébré
ACANDA (?), évêché en Lycie. Acanda, tx"Axa,02, le 24 août 1572, le jour même de la Saint-Barthélemy.
tel semble bien être le véritable nom d'un évêché suf- Bien que catholique ardent et bientôt même ligueur fa-
fragant de Myres, qui figure dans les Notitiæ episco- natique, PierreAcarieétait fort répandu dans le monde
patuum jusqu'au XIIe ou au XIIIe siècle sous la forme etsa femme,malgré sa piété, dut se parerpourybriller
d'Épiphane, et faire honneur à son mari.Elle se prêtait à tout
;
du génitif 'Ay.âvSwv : Notice 'Axavoofav
(Gelzer, Ungedr. und ungenügend veröffentlichteTexte et s'habillait avec soin, bien qu'elle eût désiré, di-
;
der Notitiæ episcopatuum,p.539) Notices VIII et IX de sait-elle en souriant, avoir un habit qu'on puisse
Parthey, A-jy.âvowv Not. I de Parthey; Notice de Ba- mettre tout d'un coup. La belle Mme Acarie fut
sile, 'xO'IO(;)' (Gelzer,GeorgiiCyprii descriptio orbis bientôt connue et admirée dans la société parisienne.
,
romani, p. 17); Notice de Léon le Sage (Gelzer, Un- Une autre eût eu la tête tournée, mais elle ne semble
gedr. und ungenüg. veröffentl. Texte der Not.ep. p.555); pas avoir eu seulement la tentation de prendre goût
Nova Tactica'A-/.avowv(Gelzer, Georgii Cypr. descr.orbis au monde et à ses plaisirs. Rien ne fut changé dans sa
rom., p. 70); Notices III, X et XIII de Parthey (dans vie de piété et de bonnes œuvres et elle pleurait amè-
rement en secret lespetits mouvements de complai- cet honneur avec autant de soin qu'une autre
sance en elle-même que la vie du monde faisait naître eûtmis à l'obtenir. Mme de Maignelay, Mme de
en elle et s'en repentait comme de vraies fautes. De Bréauté, toutes deux si célèbres dans la société du
son union avec M. Acarie, naquirent six enfants, temps, devinrent ses amies intimes et allaient à la rue
trois garçons et trois filles, qu'elle éleva avec la plus des Juifs pour la voir et écouter ses avis. Saint Fran-
vigilante et affectueuse sollicitude. Mais cette nom- çois de Sales, M. de Genève, comme on disait, était
breuse famille et les soins qu'elle exigeait, pas plus que lors de ses séjours à Paris, l'hôte assidu de l'hôtel

de piété de Mme Acarie :


la vie mondaine,ne modifièrent en rien les habitudes
elle continua à les prati-
quer malgré toutes les occupations extérieures, puis
Acarie et plus tard le modeste M.Vincent trouva là aussi
appui et lumière. Nous renvoyons pour la peinture
de la société religieuse qui ne tarda pas à se grouper
bientôt malgré les obstacles et les railleries que ne lui autour de Mme Acarie, aux intéressants ouvrages
ménageaitpas son mari, qui bien que ligueur passionné de l'abbé Houssaye, M. de Bérulle et les carmélites de
ne se souciait pas d'avoir une femme « aussi dévote». France; M. de Bérulle et l'Oratoire, l'un d'entre eux con-
Un jour il lui imposait la lecture des romans de che- tient même tout un chapitre intitulé « L'Hôtel Acarie ».
valerie, puis le lendemain craignant qu'elle ne prît Et cependant cette épouse accomplie, cette mère de
trop de goût à ce genre de lectures, il remplaçait les famille qui ne négligeait aucun de ses devoirs fut en
romans par des livres de piété, qui achevaient de même temps l'introductrice et la fondatrice en France
rendre sa femme trop dévote. Mme Acarie laissait de l'ordre des carmélites et l'une des âmes les plus
faire et travaillait à rendre sa piété plus aimable pour expérimentées dans la vie intérieure. On avait, en 1601,
chacun et à accomplir mieux ses devoirs d'épouse et publié une traduction de la vie de sainte Thérèse par
de mère. C'était l'unique faveur qu'elle demandât à Ribéra qui avait produit beaucoup d'impression parmi
Dieu, sachant bien que c'était aussi la meilleure façon les personnes pieuses. Mme Acarie lut l'ouvrage et
de justifier sa piété aux yeux du monde. Elle s'occu- en fut très frappée, sans avoir seulement la pensée
pait elle-même de l'éducation de ses enfants et leur tout d'abord qu'elle put être appelée à contribuer
apprenait aussi bien à ne jamais mentir et à bien prier à introduire l'ordre du Carmel réformé en France.
»
Dieu qu'à se « tenir droit et à être bien « apprêtés » Mais, comme il arrive souvent en pareil cas, ce fut celle
voulant qu'ils fussent partout à leur place. Sa mai- qui par sa position dans le monde y semblait le moins
son était surveillée avec vigilance, ordre et économie, destinée que Dieu choisit pour être l'instrument de
tout comme si elle n'eut pas été la mystique Mme ses desseins. Mme Acarie, avertie par une vision
Acarie qui faisait oraison et menait la vie intérieure. où sainte Thérèse lui apparut pour lui expliquer la
Placée par sa naissance et son mariage dans la haute mission qu'elle allait avoir à remplir, commença
société du temps, elle se lia tout particulièrement avec d'abord par essayer de se dérober. Elle consulta les
MmedeBérulle, la mère du célèbre cardinal qu'elle plus habiles théologiens de l'époque, qui eux aussi
connut ainsi tout enfant et dont elle fut une des pre- »
lui conseillèrent de « s'ôter cela de l'esprit les temps
mières à remarquer la grande intelligence et l'ardente n'étant pas favorables pour une fondation de cette
piété. Lorsqu'il fut devenu le Père de Bérulle, il aida nature. Quelques mois plus tard, nouvelle apparition
puissamment madame Acarie à introduire les carmé- de la sainte qui ordonne à Mme Acarie de fonder
lites en France et fut l'un de ses plus fermes appuis. le Carmel en France. Étonnée et troublée, Mme
Mais avant de devenir fondatrice de l'ordre du Car- Acarie parle, comme malgré elle, de ces visions
mel en France, MmeAcarie eut à sauver son mari et du projet à deux princesses de la maison
et les siens des suites de l'orage de la Ligue où en leur d'Orléans, Mlle de Longueville et Mlle d'Es-
qualité de catholiques ardents ils se compromirent touteville qu'elle allait solliciter pour une bonne
à l'envi. Pierre Acarie fut en effet du conseil des œuvre. Au lieu du refus auquel elle s'attendait,
Seize, puis de celui des Quarante et s'endetta pour le Mme Acarie voit à sa grande surprise le projet ap-
parti jusqu'à compromettre sa fortune. Nicolas Avril- prouvé et chaleureusement adopté par les deux prin-
lot, le père de Mme Acarie, s'y ruina presque com- cesses qui se chargent d'aller elles-mêmes solliciter
plètement. Ce fut à la dévote madame Acarie à re- la permission du roi, alors que tout semblait la devoir
mettre l'ordre dans les affaires et à réparer les ruines, faire refuser. Confondus de ces faciles débuts, Mme
car son mari et son père furent bannis après le triom- Acarie ainsi que ses directeurs y virent une marque
phe de la cause royale. Aussi courageuse qu'intelli- incontestable de la volonté divine et se mirent avec
gente, elle se mit à l'œuvre et entreprit de sauver ce ardeur à en réaliser l'exécution. Michel de Marillac,
qu'elle pourrait du naufrage. Avec une capacité le futur chancelier de France, lui aussi poussé par une
pratique,remarquable chez une personne qui semblait inspiration intérieure, vint de lui-même se mettre à
absorbée dans la vie mystique, elle réussit vite à la disposition de ceux qui travaillaient à l'entreprise
remettre l'ordre dans les affaires que son mari laissait et devint leur plus utile et plus actif collaborateur.
si compromises, à payer les créanciers et en un temps Plusieurs réunions eurent lieu auxquelles assistèrent
relativement court, à éclaircir une situation plus em- les principaux personnages de la société religieuse
brouillée que désespérée. du temps et entre autres saint François de Sales. La
La netteté et la décision avec lesquelles tout fut princesse de Longueville, de son côté, obtint du roi,
mené frappèrent ses contemporains et attirèrent à après quelque résistance, l'autorisation de fonder dans
Mme Acarie une réputation d'habileté à laquelle le royaume des monastères de carmélites réformées,
elle ne semblait pas destinée. Grâce à la considéra- suivant la règle de sainte Thérèse. L'emplacement
tion qu'elle sut ainsi mériter jusqu'à la cour, elle pour le nouveau couvent fut vite trouvé à l'extré-
put obtenir après dix-huit mois d'éloignement,la per- mité de la rue Saint-Jacques et l'on se mit de suite,
mission pour son mari de rentrer à Paris dans sa maison une fois les obstacles levés grâce à l'activité et à la
de la rue des Juifs d'où elle n'était sortie que peu de persévérante énergie de Mme Acarie, à construire
temps. La façon dont MmeAcarie avait su rétablir le monastèrequi devait devenir si célèbredans l'histoire
les affaires de son mari fit même du bruit dans Paris et religieuse de cette époque. Mme Acarie surveillait
il fut bientôt à la mode de la connaître. Le roi Henri IV, elle-même avec le plus grand soin la construction des
toujours à l'affût des gens d'esprit, la vit plusieurs fois bâtiments, pendant qu'elle réunissait autour d'elle
et s'en montra enchanté. Marie de Médicis suivit cet un groupe de personnes pieuses désireuses d'entrer
exemple et se fût volontiers mise en quelque sorte sous dans l'ordre que l'on établissait et s'appliquait à les
-sa direction, si Mme Acarie ne se fût dérobée à former à la vie religieuse, à celle de carmélite en parti-
culier d'après les écrits de sainte Thérèse et les consti- L'une d'elles fut la célèbre mère Marguerite du
tutions du Carmel. Elle garda même ses aspirantes Saint-Sacrement qui tint une si grande place dans
quelque temps dans sa demeure, mais voyant vite l'histoire religieuse d'alors et que Cousin a dépeinte
qu'il était impossible de faire marcher de front la dans ses récits sur la Fronde. Des trois fils de Mme Aca-
conduite de sa maison et cette espèce de noviciat sans rie, l'un fut magistrat et se maria, le second se fit
qu'il en résultât des inconvénients, Mme Acarie prêtre et le troisième après une courte velléité de vie
établit la petite communauté dans une modeste mai- religieuse devint soldat et se maria. Mme Acarie
son, située place Sainte-Geneviève et achetée par contribua également beaucoup à la fondation de
Mlle de Longueville. C'est là que se formèrent sous ses l'Oratoire en décidant M. de Bérulle à tenter l'en-
yeux les premiers sujets de l'ordre du Carmel en treprise et ce fut d'après ses avis qu'il établit cette
France. Le 3 novembre 1603, Clément VII accordait célèbre congrégation.
la bulle d'institution et rien ne s'opposait plus à la En 1613, M. Acarie mourut, soigné jusqu'au dernier
fondation. Mais le secours qu'on avait sollicité et es- moment par sa femme avec le plus complet dévoue-
péré d'Espagne n'arrivait pas et les carmes espagnols ment. Bien qu'elle eût près de cinquante ans et que sa
se refusaient obstinément à envoyer des religieuses santé fût des plus précaires, Mme Acarie, se voyant
formées par sainte Thérèse pour aider à la création du libre, sollicita humblement la grâce d être admise
Carmel en France. dans l'ordre du Carmel comme sœur converse et d'être
Mme Acarie crut même un moment devoir être placée dans un des plus pauvres monastères de l'ordre,
obligée de renoncer à ce secours. Mais, éclairée par qui s'étaient multipliés avec une grande rapidité.
une des novices de sa petite congrégation, qui s'offrit La demande fut agréée par les supérieures et la célèbre
à aller elle-même en Espagne chercher des carmélites Mmo Acarie, si connue à Paris, à la cour comme à
espagnoles, elle fit décider que trois envoyés, dont l'un la ville, alla se cacher comme sœur converse dans
devait être M. de Bérulle, iraient en Espagne pour l'ordre du Carmel où elle prit le nom de sœur Marie
essayer d'en ramener quelques religieuses professes de l'Incarnation. Pendant cinq années,l'humble sœur
formées par la sainte elle-même et pouvant ainsi converse continua à prodiguer derrière les grilles du
transmettre son esprit et ses enseignements. Ces voya- cloître les admirables exemples qu'elle avait donnés
geurs d'un nouveau genre partirent en effet peu après, dans le monde et successivement à Amiens et à Pon-
munis de lettres de recommandation du roi Henri IV toise elle édifia toutes ses compagnes par son humilité,
qui, revenu de sa première impression, désirait très son zèle pour l'accomplissement de la règle et l'ardeur
vivement la réussite de l'entreprise comme devant de sa charité, de son amour pour ce Dieu qu'elle avait
resserrer les liens qu'il voulait rétablir entre les deux toujours si fidèlement servi et si ardemment aimé. Elle
pays. D'abord fort mal reçue, la petite troupe française mourut en 1618, après une longue agonie et de vives
mena la campagne, si l'on peut ainsi parler, avec une souffrances supportées avec une patience toute chré-
la
vivacité toute nationale et, après mille péripéties dont tienne. En 1627, cause de sa béatification fut intro-
les récits du temps ont gardé le souvenir, finirent duite en cour de Rome, dont les lenteurs en pareilles
par ramener, comme en triomphe, six carmélites espa- matières sont traditionnelles. Plusieurs fois interrom-
gnoles d'une vertu éprouvée, dont deux, la mère Anne pue, puis reprise, la cause n'aboutit qu'à la fin du
de Jésus et la mère Anne de Saint-Barthélemy, avaient XVIIIe siècle sur les instances de Madame Louise de
été formées par sainte Thérèse elle-même. Le 17 oc- France. Le 24 août 1791 seulement, le pape Pie VI
tobre 1604, la petite caravane arrivait à Paris où sa mettait par un décret solennel Mme Acarie au
venue fut une sorte d'événement. L'œuvre était fondée nombre des bienheureux sous le nom de la bienheu-
et lorsque la mère Anne de Jésus entonna le psaume reuse Marie de l'Incarnation et le 5 juin de cette même
Laudate Dominum en entrant dans l'église de ce qui année la cérémonie de la béatification avait lieu dans
devait être le grand couvent de la rue Saint-Jacques, la basilique de Saint-Pierre. Mme Acarie est une
Mme Acarie dut sentir son cœur se fondre de joie des figures les plus originales de la société religieuse
et de reconnaissance, car c'était bien à elle, à son à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. Femme
invincible confiance en Dieu, qu'était dû le succès et mère de famille accomplie, élevant avec soin et
d'une entreprise qui avait semblé si difficile à mener à vigilance trois filles et trois garçons, soignant avec
bien. Pour apprécier à sa valeur l'œuvre de Mme Aca- une inaltérable affection un mari devenu d'un carac-
rie, il faut lire dans les mémoires du temps et tère difficile, aussi bonne ménagère que pratique en
dans les récits historiques sur cette époque le rôle affaires, Mme Acarie est en même temps un modèle
joué par le Carmel et les carmélites dans la vie reli- de la vie intérieure la plus élevée et fonde en France
gieuse et morale du XVIIe siècle. Pour tout dire en l'ordre contemplatif et ascétique du Carmel, que sainte
un mot, c'est au couvent de la rue Saint-Jacques que Thérèse venait de fonder en Espagne, joignant ainsi
Mlle de La Vallière devait, un demi-siècle plus les deux parts dans une rare harmonie, la part de
tard, venir ensevelir sa pénitence et retrouver la paix, Marthe et celle de Marie.
là que Bossuet devait prononcer l'un de ses plus admi- Les sur Mme Acarie ainsi que ceux qui parlent
rables discours. Tant que Mme Acarie fut retenue d'elle ouvrages sont fort nombreux, depuis ceux écrits peu après
dans le monde, elle ne cessa pas de s'occuper et de sa mort jusqu'à ceux parus de nos jours.
s'intéresser à ses chères carmélites sans cependant La vie admirable de la Servante de Dieu, sœur Marie de
s'absorber dans cette unique préoccupation, car elle l'Incarnation,connue dans le monde sous le nom de Mlle Aca-
aida beaucoup Mme de Sainte-Beuve, une autre rie, par M. André du Val, Paris, Adrien Taupinart, 1621. La
figure remarquable du monde religieux de ce temps, à dernièreédition de cette vie souvent réimprimée est de 1893.
fonder en France les ursulines destinées à l'éducation — La vie chrétienne de la vénérable sœur Marie de l'Incarna-
des jeunes filles. Elle continua cependant jusqu'à la fin
-
tion, par le R. P. Daniel Hervé, prêtre de l'Oratoire, par
Gaspard Mettiras, 1666. La vie chrétienne de la vénérable
à diriger avec le plus grand soin la maison de son sœur Marie de l'Incarnation, par l'abbé de Montis, Paris,
-
mari, à le soigner et à supporter, sans jamais se 1778. La vie chrétienne de la vénérable sœur Marie de l'In-
plaindre, les taquineries ou les incartades que, l'âge carnation, par D. Maurice Marin, Paris, 1642. — La vie
venant, il lui prodiguait. Ses trois filles furent élevées chrétienne de la vénérable sœur Marie de l'Incarnation, par
par cette mère incomparable avec autant de tendresse l'abbé sœur
Tron, Paris, 1841.
Marie - La vie chrétienne de la vénérable
de l'Incarnation,parJ.-B.Boucher,Paris,1800.—
que de fermeté. Elles se donnèrent l'une après l'autre, Le même ouvrage réédité Ml'r Dupanloup avec une
sans y être aucunement poussées, à cet ordre du Car- préface et des appendices, par Paris, 1854. Le même ouvrage
mel que leur mère venait d'introduire en France. réédité par le P. Bouix, Paris, 1893. —MmeAcarie,par
Georges Cadoudal, Paris, 1863. — La bienheureuse Ma- En 732, Acca fut,
rie de l'Incarnation, Mme Acarie, 1566-1618, par Em- chassé de son siège. on ne sait pas pour quel motif,
manuel de Broglie, Paris, 1903. — Extrait italien des dé- Suivant une tradition, il consacra
positions juridiques pour la béatification de la sœur Marie de les jours de son exil à organiser l'église de Whithern,
l'Incarnation, 3 vol. in-fol. Rome. — Dépositions extra-ju- dans le pays de Galles. Il mourut le 20 octobre 740, et
ridiques pour la béatification de la sœur Marie de l'incarna- fut enseveli à Hexham. La translation de ses reliques
tion. — Procès de béatification et canonisation, 2 vol. in-fol., eut lieu au XIe siècle et en 1154. Mentionné au mar-
Rome. — Béatification de Mme Acarie, dite en religion sœur tyrologe, le 19 février.
Marie de l'Incarnation, sœur converse et fondatrice de l'ordre Mabillon, Acta Sanct. ord. S.Ben. sæc. III, p.1, p. 218,23.
des carmélites en France, Paris, 1791. — Chroniques des
carmélites depuis leur introduction en France, 5 vol. in-So, — Raine, Memorials of Hexham, t.1, p. xxx-xxxv,31-36.
Troyes, 1846. — Houssaye, M. de Bérulle et les carmélites — Dictionary of christian biography, t.1, p. 16.
de France, Paris,1872;M.deBérulle et lecardinal deRi-
chelieu, Paris, 1875. — Notes historiques, par l'abbé Gra-
V. ERMONI.
ACCARIGI (UMBERTO), religieux augustin, né à
midon, Paris, 1873. — Courte réponse à l'auteur des notes Sienne d'une famille noble. Il embrassa la vie reli-
historiques, par l'abbé Houssaye, Paris, 1873. — Mé- gieuse dans la célèbre congrégation augustinienne
moire sur la fondation, le gouvernement et l'observance des d'Iliceto, et obtint le titre de maître en théologie à
carmélites déchaussées, publié par les soins des carmé- l'université de Paris. De retour
lites du premier monastère de Paris, 2 in-8°, Reims. en Italie, il s'adonna
1894. — Les lettres de saint François de Sales. — Vie avec zèle au ministère de la prédication, fut élu pro-
de saint Vincent de Paul, par M" Bougaud, Paris, 1891. vincial de son ordre, et mourut saintement à Iliceto,
— Vie de saint François de Sales, par M. Hamon, Paris, en 1348. Les historiens de l'ordre l'appellent bienheu-
1854. — Recherches historiques et critiques sur la Compagnie reux, mais ce titre n'a pas été confirmé par l'Église.
de Jésus en France au temps du P. Coton, par le P. Prat,
3in-8°, Lyon, 1876.—De l'érection et institutiondel'ordre des Landucci, Sacra Ilicetana Sylva, Sienne, 1643, p. 93.—
religieuses deN.-D.du Mont-Carmel,par M. Michel de Maril- Elssius, Encomiasticon augustinianum, Bruxelles, 1654.
lac, Paris, 1622. — Les luttes religieuses en France au xvn6 p. 302-303. — Lanteri, Postrema sæcula sex religionis augu-
siècle, par le vicomte de Meaux, Paris, 1879. — Vie de Char- stinianæ, 1858, t. i, p.123. — Crusenius, Monasticon augu-
lotte de Gondy, marquise de Maignelay, Paris, 1666. — Vie stinianum, Valladolid, 1890, t. i, p. 336.
de la mère Madeleine de Saint-Joseph, par le P. Senault, A. PALMIERI.
Paris, 1645. — La jeunesse de Mme de Longueville, par 1. ACCARISI (BANDINO), d'une famille patricienne
M. Cousin, Paris. — Vie de M. de Brétigny, par le P. de de Sienne, fut nommé, le 2 juin 1656, évêque de Massa
Beauvais, Paris, 1747. — Vie de M. Gallemant, par le R. P. Marittima et mourut dans sa ville natale en août 1670.
Placide Gallemant, Paris, 1653.— Vie de M. André du Val, J. FRAIKIN.
manuscrit. — Vie de la vénérablemère Anne de Saint-Barthé- 2. ACCARISI (JACOPO), né à Bologne en 1599. D'a-
lemy, par le P. Bouix, Paris, 1869; nouvelle édition, 1872. —
Vie de la vénérablemère Anne de Jésus, manuscrit. — Vie de bord professeur de rhétorique à l'académie de Bo-
la vénérable Anne de Jésus, par le P. Manrique, traduite en logne, il devint ensuite, à Rome, secrétaire du cardi-
français, par mèssire René Gaultier, Paris, 1636. — Pièces nal Bentivoglio Guido, qualificateur de l'Inquisition
conservées à la Bibliothèque nationale. — Archives du et lecteur de philosophie à l'université de la Sapience.
grand couvent des carmélites du faubourg Saint-Jacques. Désirant vivement la mitre, il réussit, à force d'ins-
— Chroniquesmanuscrites des carmélites du couvent de tances, à obtenir l'évêché de Viesti, le 17 octobre 1644,
Pontoise. ainsi que le dit fort bien Mazzuchelli contre Cinelli-
Emmanuel DE BROGLIE. Sancassari et que l'attestent péremptoirementles
ACARIE (MARIE). Voir MARGUERITE DU SAINT- actes consistoriaux d'Innocent X, ann. 1644-1656, où
SACREMENT.
on lit f. 4-5v : Romæ apud Sm Petrum. die 17 Octo-
bris 1644, fuit Consistorium., in quo. Stas S.provi-
ACATHE, martyr. Voir ACACE 2, col. 237. dit Ecclesi Vestane vacanti per translationem R. D.
Pauli Cier ad Suffraganeatum Ecclesi Ostien. et
ACCA, cinquième évêque d'Hexham, en Angle- Veliternen. de persona R. D. Jacobi Accarisii, ipsum-
terre (709-732). Il naquit dans la Northumbrie, et que eidem Ecclesi in Episcopum prfecit, et Pastorem
passa les années de son enfance dans la familiarité de curam committendo cum decreto utpræbendamtheologalem *
Bosa, qui devint évêque d'York, en 678. Cf. Bède, et Poenitentiariam,nec non Seminarium ad prscriptum
H. E., v, 20. Quelques années après, il se mit au ser- Sacri Concilii Tridentini erigat, et Montem Pietatis
vice de Wilfrid, qu'il accompagna dans son voyage fieri curet, quodque Ecclesi Cathedralisreparationibus
dans le Sussex, vers 685. Cf. Bède, H. E., IV, 14. En pro viribus incumbat onerando in his ejus conscientiam
704, il se rendit avec lui à Rome, et visita, au cours de cum retentione compatibilium. Nous ne savons s'il
son voyage, saint Willibrord, dans le pays de Friese; remplit ce programme. Ce qui est certain, c'est qu'il
Bède, H. E.,III,13. A leur retour de Rome, et immédia- fut puni de son ambition, car il souffrit tant dans cette
tement avant sa mort, Wilfrid le plaça à la tête de pauvre église qu'il offrit plusieurs fois sa démission
l'abbaye d'Hexham. La même année, il succéda à au pape, mais en vain. Pendant son épiscopat eut lieu
Wilfrid sur le siège épiscopal. Il gouverna son diocèse le 31 mai 1646, un terrible tremblement de terre qui
avec beaucoup de zèle et de dévouement. Il avait ruina une partie de la ville et coûta la vie à 84 per-
beaucoup de goût pour la musique et l'architecture. Il sonnes. Il mourut le 17 mai 1654, à Vico, où il s'était
porta Mabanus, de l'Église du Kent, à enseigner à
Hexham le chant grégorien et le garda auprès de lui
l'espace de 12 ans. Bède, H. E., v, 20. Il acheva les
trois églises de Sainte-Marie, de Saint-Pierre et de
Saint-Michel qui avaient été commencées par Wilfrid.
aussi fécond que médiocre.
PRINCIPAUX OUVRAGES :
rendu pour raison de santé. Il fut orateur et écrivain
In funere Caroli Arciducis
Austriæ Ferdinandi Cæsaris fratris oratio habita.
Mantuæ., in-40, Mantoue, 1626;— Oratio de reno-
Cf.R.Hexham,Hist. Hagust., c.IV.Son œuvre principale vatione pacis et studiorum, in-4°, Bologne, 1626; — De
fut la formation de la bibliothèque d'Hexham. Dès 709, S. Joanne Evangelista oratio. habita. in Sacello
il s'était lié d'amitié avec Bède, qui lui dédia son ou- Pont. Vaticano ad Urbanum VIII. anno 1628, in-4°
vrage sur l'Hexaéméron. Bède reconnaît même, H. E., Rome, 1629; — In funère anniversario Gregorii XV.?
111, 13; IV, 14, qu'il est redevable à Acca de certains Oratio habita Romæ. xvi cal. Augusti MDCXXIX,
détails de son histoire. Il lui adressa aussi un commen- in-4°, Rome, 1629; — Terræ quies solisque motus de-
taire sur saint Marc et son poème sur le jour du juge- monstratur primum theologicis, tum pluribus philos.
ment. On ne possède d'Acca qu'une lettre à Bède, où rationibus. Disputatio. habita. 13 kal. Decem-
il l'exhorte à écrire un commentaire sur saint Luc. bris 1636, in-4°, Rome, 1637; — Præplectionesphiloso-
phicæ et Orationes, in-12, Bologne, 1641; — De eligendo orateur de mérite, il mourut au couvent de Saint-
Pontifice. Oratio, in-4°, Rome, 1644; et plusieurs ou- Pierre Martyr en 1590. Il a publié un certain nombre
vrages demeurésmanuscrits, entre autres une histoire
de la Propagande en 1630-1631. ple: Il
d'ouvrages concernant la langue italienne, par exem-
tesoro della volgar lingua, in-4°, Naples, 1572;
Allacci, Apes urbanæ, in-8°, Rome, 1633, p. 138, 237.
— Cartari, Syllabus advocatorum Sacri Consistorïi, in-fol.,
Rome, 1656, p. 25-26. — Cinelli-Sancassari,Bibliotheca vo-
:
— Dell' ortografia della lingua volgare; — Rettorica
nuova; — de plus Trattato dell' anno santo et un
Trattato del celibato, et un autre Delle richezze spiri-
;
lante,23 scanzie, Florence, 1677-1739, scanzia I, p. 48 sc. VI,
p. 154; sc. XI, p. 93; sc. XX, p. 68. — Antonio Pellegrino
tuali della Chiesa, etc.
Orlandi, Notizie degli scrittori bolognesi, Bologne, 1714.— Échard, Scriptores ordinis Præd., t. II, p. 299.
Ughelli, Italia sacra, t. VII, col. 870. — Magna biblioteca R. COULON.
ecclesiastica, t. I, p. 48. — Mazzuchelli, Gli scrittori d'Italia, ACCI ou ACCIA (Accien.), canton de la Porta,
t.1, p. 34-35. — Giov. Fantuzzi, Notizie degli scrittori bo- arrondissement de Bastia (Corse). Cette ville, dont il
lognesi, Bologne, 1781-1794, t. I, p. 30-32. — Cappelletti, ne reste que des ruines, était située au sommet d'une
Le Chiese d'Italia, t. XX, p. 598. — V. Giuliani, Memorie montagne sur le versant oriental de laquelle s'élève
storiche della città di Vieste, in-4°, Saluces, 1873, p. 166- aujourd'hui le village de la Porta. Elle fut, prétend
169.
J. FRAIKIN. Moroni,Dizionario d'erudizione ecclesistica, t. i, p. 57,
ACCARITANUS. Voir AGGARITANA (Ecclesia). le siège d'un évêché dès le v° siècle, mais Filippini,
Historia della Corsica, t. I, p. 52, croit qu'elle ne fut
ACCEPTUS, prêtre de Fréjus que ses compa- érigée en évêché qu'après la défaite et l'abjuration des
triotes avaient choisi comme évêque. Pour s'éviter Sarrasins qui habitaient cette montagne, vers 824. Mo-
cette charge, il s'accusa publiquementde fautes graves roni se trompe également en affirmant que le diocèse
qui l'en auraientrendu indigne. La plupart des fidèles d'Accia fut supprimé à la suite de la destruction de
la ville par les Goths au xc siècle, puis rétabli en 1139
ne virent là qu'un acte d'humilité et pressèrent
d'autant plus l'élection. D'autres hésitant, on chargea par Innocent II, qui aurait assigné pour cathédrale à
Concordius, évêque d'Arles, de soumettre le cas l'évêque l'église de Saint-Pierre d'Atho, à Gênes. La
au concile de Valence alors réuni (374). Le concile vérité est que l'évêché d'Accia fut, comme d'abord
venait de décider (canon 4e), que les personnes qui les autres évêchés de la Corse, suffragant de l'arche-
s'accuseraient ainsi de fautes qu'elles auraient com- vêché de Pise, puis passa, en 1133, avec ceux de Ma-
mises seraient déposées quand même elles se seraient riana et de Nebbio, sous la juridiction de Gênes
accusées à tort. Aussi, tout en reconnaissant la sainteté (cf. F. Savio, Gli antichi vescovi d'Italia : il Piemonte,
d'Acceptus, les évêques du concile écrivirent aux gr. in-8°, Turin, 1899, p. 170), mais que tous les actes
habitants de Fréjus qu'ils ne pouvaient que s'en tenir de son histoire ont disparu de 930 à 1133. Quant à
à leur décision. l'église de Saint-Pierre, elle était située sur la mon-

Baronius, Annal.,t. V (1739), p. 414-417. — Tillemont, Mém. -


Mansi, Sacr. concil. ampliss. collect., t. III, col. 492-498. LISTE DES ÉVÊQUES. -
tagne d'Accia, où l'on en voit encore les restes.
Nicolaus, 909. — Ricco-
bonus, 930. — Enrico, 1133. — Imerio Guardalupo.
hist. ecclés., t. VIII, p. 553. — Antelmi, De initiis Ecclesiæ
Forojuliensis dissertatio,in-4°,Aix, 1680, p. 43-50. — Albanès, O. Erm. S. A., 1267-† après 1274. Nonno Benve-

Gallia christiana novissima, t. I, p. 311. nuto, cistercien, 1297-† 1332. — Angelus, O. M.,
U. ROUZIÈS. 20 septembre 1332-† 1334. — Nicolaus II, transféré
ACCETTA (JOSEPH), d'Andria, dans la Pouille, de Cithonia, 28 mai 1334 y 1348. — Francesco de
franciscain, théologien et poète de renom, vers 1404. Querso ou Questo, O. M., 11 février 1348-1351. —
Il composa entre autres un poème sur la vie et les Raimondo, de Plaisance, O.M., 13 mai 1377.— Fran-
miracles de saint François d'Assise. On l'a nommé à cesco Buonacorsi, O. M., transféré de Gravina, inqui-
faux Aveta. siteur en Sardaigne et en Corse, 13 octobre 1400. —
Wadding, Scriptores ordinis Minorum, Romæ, 1650, Ludovico de Narni, O. M., 26 mars 1101-y avant prise
p.
p. 230; édit. III, Romæ, 1906, 155.—Sbaralea, Supplemen- de possession. — Matteo, 27 juillet 1401. — Anello
tum ad scriptores ord. Min., Romæ, 1806, p. 470-471.
Tafuri, Scrittori di Napoli, Naples, 1749, t. II, 2e part.
p.179-180.
- de Naples, carme, 30 mai 1421. — Alberto de Casini,
6 février 1441.
— Antonio d'Omessa, 17 mars 1451.
M. BIHL.
— Giovanni-Andrea Bossi, transféré ensuite à Aleria,
3 mars 1463-23 juillet 1466.
ACCETTI (GIROLAMO), dominicain. Né à Orci, dio-
cèse de Brescia, vers 1548, il fut reçu au couvent de
Crémone en 1565. D'abord socius du commissaire de
bra, 4 mai 1467. - — Antonio de Bonaum-
Bartolomeo, 14 avril 1480. —
Paolo de Fregoso, cardinal de Gênes, administrateur
apostol., 26 mars 1493. — Girolamo Antonio, de
l'Inquisition de Crémone, puis inquisiteur général Subiaco, 21 février 1494. — Domenico de Valletari,
lui-même de 1584 à 1588. Nommé évêque de Fondi 21 août 1500. — Benedetto de' Nobili, O. P., 1521-
par Grégoire XIII, il mourut en 1588, avant de pren- 1545. — Girolamo Boccaurato, 28 août 1545. — Pietro
dre possession de son siège. Il a composé un Tracta- Affatato, 14 février 1547-1553. est transféré à Minori.
tas de Theologiasymbolica, scholastica et mystica Ves-
pasiano Gonzagæ duciæ Sabionetæ nuneupatus, in-4°, — Agostini Salvago, O. P., 18 août 1553-17 avril 1559,
est transféré à Gênes. — Giulio Superchio, 14 fé-
Crémone, 1582. vrier 1561-? janvier 1563, transféré à Caorle. —
Échard, Scriptores ordinis præd., t. II, p. 174. —Doma- Ce fut le dernier évêque d'Accia. Pie IV, considérant
neschi, De rebus cænobii Cremonensis ord. præd., 1767, que la ville était devenue inhabitable à cause de la
p. 406(donne les sources mss.). —Cavalieri, Galleriade'Som- malaria, réunit d'abord ce diocèse à celui de Mariana,
mi Pontefici, etc., t. II, p. 36. — Rovetta, Biblioth. lomb., également en Corse, puis le supprima entièrement.
p. 128. — Mandonnet, Dict. de théol. cath., t. I, col. 301.
R. COULON. Ughelli, Italia sacra, t. IV, col. 908-910. Cappelletti, Le
ACCETTO (REGINALD DE), dominicain. Origi-
naire de Massa di Sorrento, en Sicile, il fit profession
au couvent de Saint-Pierre Martyr, à Naples. Maître
Chiese d'Ilalia, t. XVI, p. 354-363.
rumEcclesiæ catholicæ, Ratisbonne,
— Eubel, Hierarchia catholica medii ævi,
t.
— Gams, Series episcopo-
1873-1886, I, p. 765.
Münster, 1898-
1901, t. I, p. 66; t.II, p. 88. A. Groner, Die Diozesen Ita-
en théologie, Accetto occupa la charge de regens pri- liens von der Mille des zehnten —
marius au studium generale du couvent de San Do- bis zum Ende des zwolften
monico Maggiore de Naples; il fit aussi partie du col-
gr.
Jahrhunderts, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1904, p. 25-26;
traduction ital. par Guarini, gr. in-8°, lVIelfi, 1908.
lège des docteurs de la même ville. En même temps J. FRAIKIN.
1. ACCIAJUOLI (ANGELO), dominicain, mort le cellerie de Ladislas. De retour à la. cour pontificale,
4 octobre 1357. Il appartenait à la grande famille des en 1395, il partit le 6 février pour Florence, d'où son
Acciajuoli de Florence. Il prit l'habit au couvent de frère Donato avait été banni, et revint le 11 mai. Au
Santa Maria Novella. D'abord professeur de droit mois de septembre 1397, en qualité de doyen du Sacré-
canonique à Aquilée, il fut nommé, par Jean XXII Collège, il reçut le titre d'Ostie et de Velletri. Les
évêque d'Aquilée le 8 juin 1328; transféré à bulles du 1er et du 2 juin 1403, qui le créèrent légat
l'évêché de Florence, le 6 juillet 1342 par Clément VI. a latere en Hongrie, Slavonie, Dalmatie, Croatie, Ras-
A Florence il fonde le Collège des docteurs, qui tient cie, Bosnie, Valachie, Bulgarie, Bohême et Pologne,
ses premières réunions à Santa Maria Novella (1342); lui confièrent la lourde tâche de soutenir les droits de
;
Il contribue à l'expulsion de Florencedu duc d'Athènes
(1343) réforme le gouvernement de la cité par de nou-
veaux statuts (1343). En 1347, il fait le voyage d'Avi-
Ladislas de Durazzo au trône de Hongrie contre Si-
gismond, roi de Bohême. Parti de la curie le 18 juin,
il assista au couronnement de Ladislas qui eut lieu à
gnon pour traiter avec le pape des affaires du roi de Zara, le 5 août, par les mains de l'èvêque de Gran.
Naples. En 1353, il renonce à l'évêché de Florence. Ayant échoué dans sa mission, il revint à la curie au
Deux ans après (1355), il fut promu à l'évêché de mois de novembre. Sous le pontificat d'Innocent VII,
Monte-Cassino. Il devient chancelier du roi Louis de à l'élection duquel il participa, il entreprit de réformer
Naples et meurt dans cette ville, le 4 octobre 1357. Il le monastère de Saint-Paul-hors-les-mursà Rome et

:
fut l'ami de Pétrarque. devint vice-chancelier le 29 août 1405. Il assista au

t.
Manusc.

p. :-
Necrologium conventus S. Mariæ Novellæ Flo-
rentiæ, t. I, fol. 39 v, n. 409; Chronaca di Santa Maria No-
t.
vella, II,p.67,anno 1357. —Imprim. Ughelli,Ilalia sacra,
I,Episcopi Aquilani, 388.— Cavalieri,
Pontefici, 1691, t. I, p. 142, n.184.
Galleriade'Sommi
Échard,Scriploresor-
conclave dans lequel fut élu Grégoire XII. A partir
de ce moment, il se mit à la tête du parti des cardi-
naux romains qui voulaient que le pape se rendît à
Savone et y abdiquât en même temps que Benoît XIII.
I, -
dinis præd.,t. p. 570. Fontana, Teatro dominicano, t. I,
c. v, tit. XLIV, p. 127. — Cerrachini, Fasti teologali, etc.,
Dans la soirée du 11 mai 1408, malgré la défense
que Grégoire avait signifiée le 4 mai précédent à ses
1738, p. 47. — Fabricius, Bibl. med. ævi, 1734,t.1, p. 259. cardinaux, il s'enfuit de Lucques, où se trouvait la
Scrittori d'Italia, 1753,t.1,p.37-38.—Negri, cour pontificale, avec six autres de ses collègues et
--
—Mazzuchelli,
Scritt. Fiorent., 1722, p. 38-39. Touron, Hommes illustres se réfugia à Pise, en territoire florentin. Dans le mé-
domin., 1745, t.II,p.401-420. CochinH., UnamicodiFr. moire du 13 mai, où les transfuges racontent les
Petrarca: Le lettere del Nelli al Petrarca, trad. it., Florence, dangers qui les menacèrent à Lucques, portent appel
1901, lett. III, VI.— Calalogodegli uomini illustridi S.Do-
menico Maggiore di Napoli, 1777, p. II. — Eubel, Hierar- au concile futur et déclarent leurs desseins de se réu-
-
chiamed. æv., t. I, p. 90. Gams,Series episcop.,p. 851.-
Bull. ord., t. II, p. 212. — Perrens, Histoire de Florence
nir aux cardinaux de Benoît XIII, il figure en tête
des signataires; ce qui lui valut d'être malmené par
jusqu'à la domination des Médicis, t. iv. Grégoire XII dans sa réponse du 11 juin. Mais Ange
R. COULOX. Acciajuoli était déjà mort le 31 mai; son corps,
2. ACCIAJUOLI (ANGELO) II. Issu d'une famille inhumé dans la cathédrale de Pise, fut transféré en
patricienne de Florence, il naquit le 15 avril 1340 de 1550 dans l'église de la chartreuse de Florence.
Jacopo Acciajuoli et de Bartolomea de' Ricasoli. L'inventaire des diplômes expédiés par la chancellerie
Il n'était que chanoine de Patras et n'avait reçu de Ladislas de Durazzo avec l'approbation du cardinal a
que les ordres mineurs quand il fut nommé évêque été dresssé par N. Barone, Nolizie raccolte dai registri di can-
de Rapolla, le 3 décembre 1375. En 1383, il fut trans- celleria del re Ladislao di Durazzo, dans Archivio storico per
le provincie napoletane, t. xn (1887), p. 493-512, 725-739;
féré sur le siège archiépiscopal de Florence, et, peu
après, élevé à la dignité de cardinal-prêtre du titre
-
t. XIII (1888), p. 5-35. Cf. aussi Giaconius, Vitæ et res ges-
tæ pontificumRomanorum et S. R.E. cardinalium., Rome,
de Saint-Laurent-in-Damaso(janvier 1385). A partir 1677, t. II, col. 657-658. — C. Eubel, Hierarchia catholica
de cette époque, il sera désigné dans les textes sous le medii ævi, Munster, 1898-1901, p. 23-24, 35 et 41. — Litta,
nom de cardinal de Florence (Florentinus). Partisan Famiglie italiane, Milan, 1844, vol. VII, pl. 5. — Mansi, Sacro-

:
convaincu d'Urbain VI, il écrivit en sa faveur un
mémoire intitulé Apologelicus libellus contra Trans-
alpinos senatores de Urbani VI electione. En août
-
rum conciliorum nova et amplissima collectio. Florence, 1759,
t. XXVII, col. 29, 33, 36. Mazzuchelli, Gli scrittorid'Italia
(1753), t. I, p. 38 (cet auteur prétend que de son temps
existait à la bibliothèque de Santa Maria Novella, à Flo-
1389, il s'employa activement contre le cardinal de
rence, une vie du cardinal par le P. Carlo de Florence, do-
Ravenne, Pileo de Prata, envoyé en Italie par Clé- minicain).— Raynaldi, Annales ecclesiastici,Lucques, 1752,
ment VII avec des pouvoirs extraordinaires de légat, t. VII, col. 482,516,530-535; t. VIII, col. 103-105. — Cronica
et réussit à empêcher les Florentins de reconnaître di Piero di Giovanni Minerbetti, dans Tartini, Scriplores
l'autorité spirituelle du pape d'Avignon. Toutefois, rerum italicarum, Florence, 1770, t. II, col. 206, 354. —
Theiner, Monumenta historica Hungariæ, Rome, 1860,
il ne parvint pas à faire sortir la République de la
neutralité qu'elle s'était imposée vis-à-vis des deux
obédiences. Lors du conclave qui suivit la mort
-
t. II, p. 172-176. Thierry de Niehm, De Schismate, édit.
G. Erler, Leipzig, 1890, p. 142, 151, 206, 233, 290. —
Ughelli, Italia sacra, Venise, 1717, t. III, col. 157-158. —
d'Urbain VI, sur douze votants, il recueillit six voix N. Valois, La France et le grand schisme d'Occident, Paris,
contre six au cardinal Orsini. Les deux adversaires 1896-1902, t. II, p. 160; t. III, p. 373, 541, 587-590.
ayant refusé de se désister en faveur l'un de l'autre, G. MOLLAT.
Boniface IX fut élu. Envoyé comme légat dans 3. ACCIAJUOLI (FILIPPO), 1700-1766. Né à
les royaumes de Naples et de Sicile et nommé, par Rome, le 12 mars 1700, devint protonotaire en 1723,
une bulle du 21 février 1390, corégent de Ladislas vice-légat de Ravenne, 1724-1728, remplit diverses
de Durazzo avec la mère du jeune homme, la reine fonctions dans les services de la Chambre aposto-
Marguerite, Acciajuoli dut déjouer une conjuration lique, 1737-1744, fut enfin nonce en Suisse, 1744-
ourdie contre la vie de son pupille par un neveu de 1754 avec le titre d'archevêque in partibus de Pa-
la reine, l'archevêque Raymond d'Arles. Le pape lui tras, puis en Portugal, à une époque où les relations
délégua, à cette occasion, les pouvoirs de juger le étaient très tendues entre Rome et Pombal. Il eut à
coupable, de le dégrader et de le livrer au bras sécu- soutenir une lutte continuelle pour essayer de défen-
lier (14 mars 1390). Le 29 mai suivant, Acciajuoli donna dre les jésuites et à supporter de nombreuses avanies.
à Ladislas l'investiture des royaumes de Naples et de Clément XIII, pour le récompenser, le créa cardinal
Sicile, reçut son hommage au nom du Saint-Siège et en 1759 et jugea indispensable de le maintenir à son
le couronna roi à Gaëte. De 1390 à 1394, il sanctionne poste. Acciajuoli ne prit point part aux fêtes du ma-
de son autorité tous les diplômes émanés de la chan- riage de dom Pedro, peut-être parce qu'il n'y fut pas
invité. Le peuple de Lisbonne saccagea son hôtel et il entra dans le conseil des douze réformateurs chargé
fut reconduit à la frontière en juin 1760. En 1763, il d'élaborer la nouvelle constitution, puis au Sénat où
fut nommé évêque d'Ancône et il mourut dans son le duc prenait ses conseillers. Bien qu'il eût beaucoup
diocèse le 4 juillet 1766. contribué à faire élire le grand duc Cosimo de Medici,
Steimer,Die päpstlichenGesandlen in der Schweiz vom Iahre celui-ci le laissa à l'écart. Roberto Acciajuoli mourut
1073-1873, Stans,1907. — J. Smith, Memoirs of the mar- en 1547, âgé de quatre-vingts ans.
quis of Pombal, Londres, 1843, t. I.
P. RICHARD. A. Desjardins, Relations de la France et de la Toscane,
4. ACCIAJUOLI (NICCOLO), 1630-1719,cardinalflo- t.II, p. 520-521. — P. Richard, Origines de la nonciature de
rentin, qui remplit une longue carrière dans les offices t.
France, danslaRevuedes questions historiques, 1906, LXXX,
de la curie romaine. En 1654, il était clerc de la p. 116-80; janvier 1909, p. 5-40. — J. Fraikin, La noncia-
ture de France sous Clément VII, t. I. — Archivio storico
Chambre apostolique et, en 1667, auditeur de la même
congrégation, Clément IX le revêtit de la pourpre en
t.
italiano, I (1842), p. 446-452. — Perrens, Histoire de Flc-
rence depuis la domination des Médicis, t. III.
novembre 1669. Il devait la porter cinquante ans, et, P. RICHARD.
après en avoir passé douze à la légation de Ferrare, 7. ACCIAJUOLI (ROBERTO), 1657-1713, neveu du
exercer les fonctions les plus importantes et mener à cardinal Niccolo, chevalier de Saint-Étienne de Tos-
bonne fin les difficultés les plus ardues qui se présen- cane en 1674, compromit la situation de son oncle, par
taient devant les congrégations. Modèle des conseil- le scandale d'un procès matrimonial qui occupa long-
lers du Saint-Siège, par sa connaissance des affaires temps l'opinion publique en Italie. Épris d'une veuve
et son assiduité, il ne fit pas beaucoup parler de lui; florentine de la famille Momorai, qu'à la demande de
mais il mérita que quelques-uns de ses collègues son- sa parenté, le duc de Toscane, Cosme III, avaitfait em-
geassent à lui pour la tiare aux conclaves de 1691 et prisonner, il se maria avec elle par correspondance et
de 1700. Il la refusa et se contenta d'être évêque d'Os- s'enfuit à Mantoue où il publia les actes du mariage.
tie et doyen du Sacré-Collège pendant les quatre der- Il en résulta une discussion de droit, les canonistes
nières années de sa vie (1715-1719). lombards se prononçant pour le mariage, les florentins
Ciaconius, Vitæ et res gestæ Pont.Rom., et cardinal., y voyant de simples fiançailles. Roberto adressa
t. IV, p. 794. même un mémoire, en demandantjustice, au conclave
P. RICHARD. de 1691. Le grand-duc, fatigué du tapage, relâcha la
5. ACCIAJUOLI (PIETRO), franciscain du XIVe siè- prisonnière, qui courut rejoindre son mari. Ils se sau-
cle. Pierre Acciajuoli fit partie du grand couvent fran- vèrent en Allemagne, furent arrêtés à Trente et rame-
ciscain de Santa Croce dans sa ville natale. Il passa nés en Toscane où on les emprisonna. Mais la femme
maître en théologie et composa plusieurs ouvrages de se lassa de la captivité et consentit à l'annulation du
philosophie, qui semblent être perdus. Il paraît être mariage. Roberto, qu'elle avait abandonné, finit tris-
identique avec Petrus Florentinus, qui écrivit la vie tement ses jours dans l'obscurité.
de la bienheureuse Marguerite de Faenza (+ 1330), P. RICHARD.
publiée dans les Acta sanct., aug., t. v, col. 847-851. 8. ACCIAJUOLI (ZANOBI), naquit à Florence en
Sbaralea,Supplementumadscriptoresord.Min.,Rome,1806, 1461 (25 mai), de l'illustre famille des Acciajuoli, qui
p. 580,593. — Negri, Scrittori Fiorentini,p. 456. vers lemême temps s'était alliée aux Médicis par le
M. BIHL. mariage de Laudomia Acciajuoli avec Pierre de Médi-
6. ACCIAJUOLI (ROBERTO), fils de Donato,littéra- cis, neveu de Cosme de Médicis, père de la patrie. La
teur et diplomate de la république florentine, fut lui- mort de Cosme de Médicis, survenue le 1eraoût 1464,
même un homme politique considérable de son temps, fut suivie d'un retour offensif des factions contraires
mêlé aux affaires de l'Église aussi bien qu'à celles de et, à la suite de ces troubles, la famille des Acciajuoli
l'État. Il fit partie de l'ambassade d'obédience en- fut bannie de Florence. Mais, après que la conjuration
voyée par les Florentins à Jules II, en 1503, et monta des Pazzi (1478), malgré le meurtre de Julien de Mé-
si rapidement dans l'estime de ses compatriotes, qu'ils dicis, eut échoué, son frère, Laurent, rappela à Flo-
le donnèrent pour successeur à Machiavel dans l'am- rence les familles proscrites; du nombre furent les
bassade de France, août-septembre 1510. Pendant Acciajuoli, c'est ainsi que Zanobi put rentrer à Flo-
cette mission qui dura quatre ans, Léon X le chargea rence, en 1478. Il avait alors 16 ans. Laurent de Médi-
de rétablir les rapports diplomatiques entre la papauté cis, le Magnifique, voulut que le jeune Zanobi parta-
et Louis XII, puis lui confia la direction de ces rap- geât l'éducation donnée à ses cousins et c'est ainsi qu'il
ports comme nonce ordinaire (1513). Remplacé en eut l'avantage de profiter des leçons et de l'amitié des
mars del'année suivante, Acciajuoli resta encore plus hommes les plus savants de son temps, tels que Ange
de deux mois à son poste pour mettre au courant son Politien, Marsile Ficin, Pic de la Mirandole, Jean
successeur Francesco Pandolini. Lascaris, etc. Il s'adonna tout naturellement, dans ce
Il s'occupa ensuite de l'administration intérieure, milieu d'humanistes, à l'étude approfondie du grec.
dans son pays, remplit plusieurs charges et, en dernier Cependant, malgré les espérances qu'il pouvait avoir
lieu, celle de gonfalonier de justice, la première de la d'un avenir brillant soit dans la politique, soit dans les
république (1518). Prieur de justice en 1522, il fut mis lettres, Zanobi Acciajuoli, séduit sans doute par l'ac-
à la tête de l'ambassade d'obédience après l'exaltation tion prodigieuse qu'exerçait alors à Florence Jérôme
de Clément VII (1523). Celui-ci, qui appréciait les ta- Savonarole, se donna au réformateur et prit l'habit
lents du diplomate,lui fit reprendre son poste en France, dominicain au couvent de San Marco, le 8 décembre
comme nonce et ambassadeur, avril-mai 1526. Il s'agis- 1495, à l'âge de 33 ans. Son amour de l'étude trouvait
sait de poursuivre l'exécution de la ligue de Cognac; dans le cloître de quoi se satisfaire. En effet, vers le
mais le sac de Rome ruina les projets du pape avec sa même temps, Savonarole venait de négocier l'acquisi-
domination à Florence. Acciajuoli dut revenir en Italie, tion de la très riche bibliothèque des Médicis, qui
septembre 1527, et se tint à l'écart des affaires. Il fut passa au couvent de San Marco. (Sur le sort de la bi-
expulsé par la faction des violents comme partisan des bliothèque des Médicis de 1494 à 1508, voir Archivio
Médicis. De son côté, il fit révolter Volterra contre les siorico italiano, IIIe série, t. XIX, p. 101-129, 254-281;
républicains, retint Arezzo sous la domination floren- t. XXI, p. 102-112, 291-296.) Acciajuoli se trouva pris
tine et prépara le triomphe d'Alessandro de Medici. dans la tourmente qui devait engloutir Savonarole;
Il fut un des conseillers les plus écoutés du nouveau il lui demeura néanmoins fidèle. Après la mort du
duc, qui le chargea de diverses fonctions; en 1532, il prieur de San Marco, Zanobi, demeuré à Florence, se
livra tout entier à ses travaux de traduction dont il ACCIAPACCIO(NICOLA), né à Sorrente, évêque de
trouvait la matière dans la bibliothèque du couvent. Tropea le 17 septembre 1410, archevêque de Capoue
L'élection du cardinal Jean de Médicis comme pape, le 18 février 1435, créé cardinal le 18 décembre
le 10 mars 1513, vint changer la vie de Zanobi. Aussi- 1439, il reçut, le 8 janvier 1440, le titre de Saint-
tôt il s'était rendu à Rome pour féliciter Léon X de son Marcel, mais on le cite généralement sous le nom de
avènement et lui rappeler leur ancienne amitié. A cette cardinal de Capoue, Capuanus. Alphonse d'Aragon
occasion, il crut devoir satisfaire, lui aussi, au mauvais lui confisqua les revenus diocésains afin de le punir
goût de l'époque, en adressant à Léon X des vers où d'avoir soutenu la cause de son compétiteur, le bon
il le comparait à Apollon. Voir Roscoe-Bossi, Vila roi René d'Anjou, mais il les lui rendit plus tard.
e pontificato di Leone X, t. x, p. 252. Le pape voulut Acciapaccio se retira à Rome, où il devint camerlingue
s'attacher Acciajuoli en qualité de familier et lui don- du Sacré-Collège, et y mourut le 2 ou 3 avril 1447.
ner une occupation de son goût. En 1508, Léon X Palatius, Fasti cardinalium, Venise, 1503, t. II, p. 226.
était rentré en possession de la bibliothèque de sa fa-
mille, qu'il avait fait transporter à Rome dans son - Auber, Histoire des cardinaux, Paris, 1532-1549, t. n,
p. 177-178. — Ciaconius, Vitæ et res geslae Pontificum Ro-
palais de San Eustachio (Palazzo Madama). Son manorum et S.R. E. cardinalium, édit. Oldoin,Rome, 1677,
amour des livres le poussa dès son avènement à s'oc- t. II, col. 902. — Ughelli, Italia sacra, t. VI, col. 353. —
cuper aussi de la bibliothèque vaticane. Son secrétaire Granata, Storia sacra della chiesa metropolitana di Capua,
alors qu'il n'était encore que cardinal, Filippo Beroaldi
(cf. Paquier, De Ph.Beroaldi, vila et scriptis, Paris,
1900) fut nommé préfet de la Vaticane, en même
Naples, 1766, t. I, p. 155. — Lorenzo Cardella, Memorie
storiche dei cardinali,Rome, 1792-1797, t. III, p. 72-73.
Eubel, Hierarchia catholica medii ævi, t. II, p. 8, 131.—
-
Archivio storico lombardo, t. XII, p. 751. — Cappelletti, Le
temps qu'il recevait aussi la surveillance des archives Chiese d'Italia, t. XX, p. 99.
secrètes gardées au château Saint-Ange. Sa mort ino- J. FRAIKIN.
pinée, survenue au mois de septembre 1518, rendait la ACCIARDI (GENNAIO), évêque d'Anglona et Tursi
;
place vacante. Léon X nomma pour lui succéder Za-
nobi Acciajuoli celui-ci s'adonna tout entier à ses nou-
velles fonctions. Il fit composer un nouvel inventaire
(Italie méridionale), du 20 avril 1849 au 14 mars 1883.
En 1850, il appela dans son diocèse les lazaristes pour
s'occuper de l'œuvre des missions; malheureusement
de la bibliothèque, qui figure aujourd'hui à la Vaticane le gouvernement italien supprimaleur maison en 1866.
sous la rubrique Cod. Valic.,n.3948, 3955. Cf. aussi L'évêque lui-même fut obligé de quitter son diocèse
n. 3950. Il entreprenait en même temps un travail en 1860, au moment des luttes entre le Piémont et le
semblable sur les archives secrètes conservées au royaume des Deux-Siciles. Il se réfugia à Naples, sa
château Saint-Ange. C'est tout à ces travaux qu'il fut ville natale, et pendant les deux ans qu'il y resta, son
surpris par la mort. Loddi, op. cit., p. 105, le fait mou-
rir en juillet 1520; le catalogue de la Casanate, en 1519.
Cette date nous paraît de beaucoup la plus probable,
:
opposition aux révoltés napolitains et sa lettre pasto-
rale La confessione auricolare contra L. De Sanctis lui
attirèrent force persécutions et même l'emprison-
car Leander, successeur de Zanobi dans la charge de nement. En 1862, il se rendit à Rome et fut employé
préfet de la Vaticane, fut institué sur la recommanda- par le cardinal Caggiano à l'adminsitration du diocèse
tion du cardinal deMédicis, dès le 27 juillet 1519. Ac- suburbicaire de Frascati. Enfin, en 1867, il put rentrer
ciajuoli a sa sépulture dans l'église dominicaine de à Tursi, et, jusqu'à sa mort, il administra son diocèse
Santa-Maria-sopra-Minerva. où on garde encore le souvenir de son zèle, de sa cha-
La connaissance approfondie que Zanobi Acciajuoli rité et de sa piété.
avait du grec dirigea toute son activité intellectuelle. Pendant qu'il exerçait les fonctions du saint minis-
:
On a de lui un certain nombre de traductions impor-
tantes 1.Eusebii Cæsariensis episcopi opusculum in
Hieroclem F. Zenobio Acciaiolo Florentinoord.Prædica-
tère à Naples, avant son élévation à l'épiscopat, il
:
avait publié un ouvrage contre le luxe dans la tbilette
des femmes Lo sfoggiato vestire delle donne napoli-
torum interprete, in-fol., Venise, 1502; in-8°, Paris, 1511; tane. En 1842, il avait aussi publié une édition des.
in-8°, Cologne, 1532; Paris, 1608,1628; Leipzig, 1688; concordances latines de la Bible.
Paris, 1857; -2. Olympiodori in Ecclesiasten Salomonis
enarratio F. Zenobio Acciaiolo FlorentinoordoPræd.
Gams, Series episcoporum, 1873, p. 850; 1886, p. 9. -
Renseignements fournis par M. G. Guida, vicaire général de
interprete, in-4°, Paris, 1511, 1550; Bâle, 1536, 1551; Tursi.
in-8°, Bâle, 1569; Paris, 1575; Cologne, 1618; Douai, U. ROUZIÈS.
1624;Paris, 1644, 1654, 1865; -3. Theodoreti Cyrensis
episcopi de curatione Græcarum affectionum libriXII,
ACCIARELLI SAVERIO. Voir AZZARELLI.

F. Zenobio Acciaiolo interprete, Paris, 1519; Anvers, ACCINCTUS. Voir ACEY.


1540; Heidelberg, 1592(revision de F. Sylburg); Pa-
ris, 1642 (rev. de Sirmond); Hale, 1569-1574 (rev. de 1. ACCOLTI(BENEDETTO), dit le Né àArezzo,.
vieux.
H. Schulze); Oxford, 1839 (rev. de T. Gaisford); en 1415, de Michele Accolti, secrétaire de la république
Paris, 1864 (rev. de Sirmond-Schulze). — Acciajuoli de Florence, et Margherita Roselli. Doué d'une mé-
composa beaucoup d'autres ouvrages de moindre im- moire prodigieuse, si bien qu'un jour il répéta par
portance, ou des exercices de rhétorique dans le goût cœur un discours qu'il avait entendu prononcer devant
du temps qu'il eut à déclamer devant le pape ou d'au- les magistrats de Florence par l'ambassadeur du roi
tres personnages, mais nous croyons inutile de nous y de Hongrie, il s'adonna d'abord aux études de juris-
arrêter davantage, renvoyant pour cela à Échard. prudence et fut professeur de droit à Florence, puis
La bibliothèque Riccardiana de Florence possède les abandonna pour l'histoire. Le premier de sa famille
ses Epigrammata (Catal. des ms., p. 5). il fut fait citoyen de cette ville et devint secrétaire de
Quétif-Échard, Script. ord. præd., t. n, p. 45-46. la république en 1459, en remplacement du Pogge. Il
Loddi, Nolizie del convento di San Marco, ms. (1748).— —
P. G., t. XIX, col. 35; t. XCIII,col. 9; t. LXXXIII, col. 775.
— Mazzuchelli, Gli scrittori d'Italia, t. I, p. 50 sq. —
imprimés :1°
mourut en 1466. Il ne reste de lui que deux ouvrages
De bello a christianis contra barbaros
gesto pro Christi sepulchro et Judæa recuperandis
li-
E. Müntz, La bibliothèque du Vatican au XVIesiècle, Paris,
1886, p. 41 sq., 50 sq. E. Müntz et Paul Fabre, La bi- bri IV, publié à Venise, in-4°, 1532, par Fr. Cherigati,
bliothèque du Vatican — évêque de Teramo. Diverses autres éditions, dont une
- au xv* siècle, Paris, 1887, cf. p. 297.
Pastor, Geschichte der Päpste, t. IV a, p.446, 480.
Mandonnet (P.), Dict. de théologie, t. I, col. 302. —
à Florence, 1623, avec commentaires de Scotus; tra-
duction en italien par Fr. Baldelli, in-8°, Venise, 1549;
in-8°, Paris,
R. COULON. en grec et en français par Yvon Ducas,
1620. Plusieurs ont, à tort, attribué cette œuvre au n. 674),et Prospero d'Ettore, auxquels il avait promis
cardinal Benedetto Accolti, son petit-fils. Elle ne ren- force biens et dignités, il projeta de présenter à Pie IV
ferme, en réalité, que l'histoire de la première croisade, un placet, où ils lui demanderaient son abdication, et s'il
en un beau latin que les contemporains comparèrent s'y refusait, de le poignarder. On devait le lui remettre
à celui de César, de Salluste et de Quinte-Curce,mais pendant une procession, mais l'aspect imposant du
elle manque de critique. Ce fut d'elle que se servirent cortège papal troubla tellement les conjurés, qu'ils
Pietro Augelio pour composer son poème latin Syria- hésitèrent, se trahirent par leur attitude et furent
dos, et le Tasse pour composer la Jérusalem délivrée; arrêtés. Alors Pellizoni révéla tout. Quant à Accolti,
- 20 De præstantia virorum sui ævi, publié par An-
tonio Magltabecchi, bibliothécaire. du grand-duc de
mis à la torture, qu'il supporta sans donner signe de
souffrance, il se borna à répondre qu'il n'avait agi que
Toscane et le P. Bacchini, in-12, Parme, 1689. C'est sur les ordres de son ange. Il expia enfin son crime
un dialogue, où, abordant la question des anciens et sur le gibet (1565). Certains accusèrent, mais sans
des modernes il s'efforce de démontrer que les grands preuves, les réformés de Genève, où Accolti avait résidé
hommes de son temps, en particulier Cosme de Mé- quelque temps, d'avoir été les premiers instigateurs
dicis, ne le cèdent en rien à ceux de l'antiquité. L'édi- du complot. Cf. Archives du Vat., Fonds Borghèse,
tion d'Augsbourg, in-8°, 1691, contient, au début, sa Série IV, C. 174, ff. 89-94.
vie, reproduite dans Meuschen, Vitae summorum cli-
gnitate et eruditione virorum, Cobourg, 1735,t.1, p. 152-
154. Plusieurs autres ouvrages de lui, entre autres des
Foresti, Vite de' Pontefici, Venise, 1693-1694, p. 333. -
Platina, Le vite de' Pontefici, in-8°,Venise, 1725, p. 571.—
Rinaldi, Annales ecclesiastici, ad ann. 1565, n. 4. — Mu-
lettres, des poésies, des écrits, de jurisprudence, sont ratori, Annali d'Italia, Milan,1744-1749,t. x, p. 424-425. —
demeurés manuscrits dans divers dépôts. G. Piatti, Storia critico-cronologica de' Romani Pontefici,
Naples, 1755-1758, t. XI, p. 139-140. — Mazzuchelli, Gli

-
L. Alberti, Descrizione di tutta VItcdia ed isole, in-4°, Ve-
nise, 1581, p. 65. G. M. Toscano, Peplus Italiæ, Paris,
-
scrittori d'Italia, t.1, p. 60. Novaes, Elementi della storia
de' Romani Pontefici, Rome, 1821-1822, t. VI, p. 184. —
1578, réimprimé ensuite dans Fabrizio, Conspectus thesauri Ranke, Histoire de la papauté, trad. franç.,Paris, 1838, t. n,
literarii Italiæ, in-8°, Hambourg, 1730, p. 58. — Giraldi p. 146-148. — Artaud de Montor, Histoire des pontifes ro-
mains, Paris, 1847, t. IV, p. 241.
Bâle, 1580, p. 413. -
Ferrariensis, Operum quæ exstant omnium tomus secundus,
De Thou, Historiarum sui tempo-
ris libri CXXXVIII, Orléans et Genève, 1626-1630,
J. FRAIKIN.
3. ACCOLTI(BENEDETTO),1497-1549, neveu du sui-
vant, étudia le droit à Pise, et entra jeune (1515)
1. XXXVI.- Gaddi,De scriptoribus non ecclesiasticis, Flo-
rence, 1648-1649,t. I, p. 14. — Vossius, De historicis latinis, dans la maison de son oncle, qui fit sa fortune, lui
in-4°, Leyde, 1651. — G. M. Konig, Bibliothecavelus et nova, acheta un office d'abréviateur des lettres aposto-
in-4°, Altorf, 1678, p. 5. — Michele Bruto, De instaura- liques et lui transmit ses évêchés, celui de Cadix (1521),
tione Italiæ, in-8°, Berlin, 1698, p. 1028. — P. Cave, Scrip- échangé contre Crémone (1523) et l'archevêché de
1705, p. 110.
rum, in-12,
-
torum ecclesiasticorum historia literaria, in-fol., Genève,
Pierius Valerianus, De infelicitate litterato-
Leipzig, 1707. — G. Dall'Olio et Ipp. Rosati,
Ravenne. La même année, Clément VII le choisit pour
un de ses secrétaires, et plus tard le comprit, à l'âge
de trente ans, dans la promotion des cardinaux du
Giornale de' letterati di Parma, Parme, 1686-1690, t. v,p. 50;
Giornale de' letterati d'Italia, Venise, 1710-1740, t. XI,
p. 330, 334. - Jean Le Clerc, Bibliothèqueancienne et mo-
derne, Genève, 1714-1736, t. XVII, p. 537, 573. — Farulli,
sac de Rome, mai 1527, avec le titre de son oncle,
Saint-Eusèbe, mais on le désignatoujours sous l'appel-
lation de cardinal de Ravenne. En 1532, il acheta pour
Annali di Foligno in Toscana, in-8°, Foligno, 1717, append., dix-neuf mille ducats la légation des Marches et y fit
ria degli scrittori fiorentini, in-fol., Ferrare, 1722, p. 89.
Biblioteca italiana, in-4°, Venise, 1728. - -
p. 4. — Ughelli, Italia sacra, t. I, col. 340. — P. Negri, Isto-
Crescimbeni,
adjoindre celle d'Ancône. Cette ville venait d'être sou-
mise au pouvoir pontifical par les armes, et l'agitation
Istoria della volgare poesia, Venise, 1730, t. V, p. 22. — Cia- y régnait encore avec les désordres.Benedetto la traita
conius, Bibliotheca libros et scriptores ferme cunctos ab durement et sa rapacité,jointe à la mauvaise conduite
initio mundi ad annum1583 complectens, in-fol., Paris, 1731, de ceux qui le secondaient, fit peser sur la ville un
p. 379. — P. Cortesi, De hominibus doctis dialogus, in-4°,. régime d'effroyable tyrannie. En 1534, il fit instruire
Florence, 1734, p. 22, 32. — Fabricius, Bibliotheca latina d'une manière inique le procès de cinq bourgeois ou
mediæ et infimæ ætatis, in-12, Hambourg, 1734, t. I, p. 8.
nobles qui avaient plus ou moins révélé à Rome ses
— A. M. Bandini, Specimen literaturæ florentinæ sæculi ,Yr, iniquités et ses rapines, et ils furent exécutés après une
Florence, 1748-1751, t. I, p. 180. — Mazzuchelli, Gli scrit-
tori d'Italia, t. I, p. 59-62. — P. Pelli giàBencivenni, Elo- procédure illégale. Le fait fut dénoncé à Clément VII.
gio di BenedettoAccolti, dansElogi degli uomini illustri tos- Celui-ci n'eut pas le temps de sévir; mais Paul III fit
cani, Lucques, 1771-1774, t.II, p. XXXIV-XXXIX.- Moreni, arrêter le légat qui fut enfermé au château Saint-Ange
Biblioteca storico-ragionata della Toscana, Florence, 1805, (avril 1535), avec ses principaux complices, dont l'évê-
t. I, p. 381; t. II, p. 171. — Ammirato, Istorie fiorentine,
-
Florence, 1824-1827, t. VIII, p. 30. — Tiraboschi, Storia della
letteratura italiana, Milan, 1833, p. 132-133. Crollalanza,
Dizionario storico blasonico delle famiglie italiane, Pise,
que de Casale, Bernardino della Barba. Le procès dé-
voila bien d'autres crimes et prouva que Benedetto
avait plusieurs fois averti les Anconitains des entre-
prises que Clément VII préparait contre eux. Le faux
1886-1890, t. i, p. 5.
J. FRAIKIN. qu'il avait commis en 1526, comme secrétaire de la
2. ACCOLTI(BENEDETTO).Né vers 1506, petit-fils chancellerie, en fabriquant une bulle en faveur de
de Benedetto Accolti le vieux et fils naturel du cardinal l'évêque de Côme, Cesare Trivulcio, fut confirmé par
Pietro Accolti. Visionnaire de bonne foi, il offrait de la fuite du bénéficiairequi se réfugia à Naples sous la
traverser sain et sauf un bûcher ardent sur la place protection des Espagnols. Dès lors Benedetto fut pour-
Navone de Rome, et fut l'instrument inconscient du suivi pour crime de lèse-majesté, et il aurait été exécu-
mécontentement excité chez les partisans de la réforme té sans le pressant appui de son ami, le cardinal Ercole
catholique, qui voyaient avec peine le faste et le népo- Gonzague, et sans l'intervention des ambassadeurs de
tisme de Pie IV, croyant avoir la révélation que ce Mé- Charles-Quint. Benedetto fut gracié, moyennant une
dicis n'était pas le pape légitime, et qu'après lui vien- confession de ses fautes par écrit et une énorme ran-
drait le pape angélique, qui réunirait l'Église grecque çon de 59000 écus d'or (octobre 1535). Il se retira de
à l'Église romaine, mettrait un terme à l'hérésie pro- Rome, où il ne fit qu'une courte apparition en 1544,
testanteet rendrait la paix à l'Europe. Avec plusieurs vécut en plusieurs endroits de l'Italie, et se fixa enfin
complices, Taddeo Manfredi, le chevalier Pellizoni, le à Florence, sous la protection de Cosme de Médicis qui
comte Antonio Canosini ou Canossa (dont la confession lui procura la charge de représentant de l'empereur
est conservée à la Bibliothèque Corsini de Rome, ms. (1543). Il mourut le 21 septembre 1549, dans des con-
ditions assez étranges pour qu'on crût à un empoison-
nement. Bien qu'il ne faille admettre qu'avec toutes
à
2. ACCORAMBONI (FABIO),né Gubbio en 1502.
Fils de Girolamo Accoramboni,il fut d'abord professeur
réserves les nombreux méfaits que le procès releva de droit romain à l'université de Padoue, puis de droit
à sa charge et toutes les accusations que lance contre pontifical à celle de Rome. Il devint avocat consisto-
lui Enea Costantini, l'historien de cet événement mal- rial en 1540 et auditeur de rote en 1542; il fut doyen de
heureux, Benedetto mena cependant une vie disso- la rote de 1551 à sa mort et, de plus, abbé de Costac-
lue et laissa trois fils naturels qu'il avait eus d'une ciaro. Paul IV, qui l'estimait, le nomma prélat et lui
concubine. Il était fort riche et vivait dans le luxe et aurait conféré la pourpre, sans ses tendances pour le
la débauche. Il connaisssait à fond les sciences ecclé- parti de Charles-Quint, avec qui le pape était alors en
siastiques, écrivait bien en latin, et les humanistes, (
lutte. Ilmourutle14juillet et le
non juin comme disent
avec lesquels il était lié et qu'il protégeait, l'ont cé- Giacobilli et Mazzuchelli) 1559. Il a laissé des Repeti-
lébré dans leurs écrits en l'appelant un second Cicéron. tiones in jure civili variæ, in-fol., Lyon, 1533. D'autres
Il a laissé des poésies, des lettres et quelques opus- écrits de lui ont été imprimés dans Repetitionum in
cules qu'énumère Mazzuchelli. varias Juris civilis leges de Pompeo Limnio, t. IV, V
et VIII, et quelques autres sont conservés manuscrits
Enea Costantini, Il cardinal de Ravenna al governo d'An- à la bibliothèque de Padoue (cf. Tomassini, Mano-
cona; il suo processo sotlo Paolo III, in-8°, Pesaro, 1891. scritti della biblioleca di Padova, p. 157) et à la biblio-
P. RICHARD.
4. à
ACCOLTI(PIETRO),1455-1532,né Florence,d'une
thèque vaticane.
famille originaire d'Arezzo, renommée dans la litté-
rature italienne, était fils du célèbre jurisconsulte Bene-
detto Accolti et se voua lui-même de bonne heure à
et 1598, f. 19 v.--
Riccoboni, De gymnasio Patavino, in-4°, Padoue, 1571
in-4°, 1639, p. 115.
Tomasini, Bibliothecæ Patavinæ mss.,
Cartari, Advocalorum sacri consis-
l'étude du droit, à l'université de Pise, où il enseigna torii syllabus, Rome, 1651, p. CXXXVI, CCCX. — Can-
ensuite pendant trente ans. Alexandre VI l'attacha à talmajo, Seleclanea rerum notabilium ad usum decisionum
la curie en le nommant auditeur de rote. Jules II qui sacræ Rotæ romanæ, in-4°, Rome, 1639, p. 21. — Giaco-
billi, Bibliotheca Umbriæ, sive de scriptoribus provinciæ
en faisait grand cas, le prit pour son secrétaire, le créa Umbriæ, in-4°, Foligno, 1658, t. I, p. 100. N. C. Papar-
évêque d'Ancône (1505) et cardinal en mars 1511. dopoli, Historia gymnasii Patavini, Venise,— 1726, p. 252.—
Comme jurisconsulte et comme administrateur, Pie- Card. Bembo, Lettere, Vérone, 1743, t. v, p. 159 (lettre de
tro Accolti tint une place considérable sous ce ponti- lui à Accoramboni), 160. — Tiraboschi, Storia della let-
ficat et encore plus sous celui de Léon X. Sadolet di- teratura italiana, Florence, t.III, p. 589. — Mazzuchelli, Gli
scrittori d'Italia, t. I, p. 78-79. — Capogrossi Guarna, Ri-
sait de lui que ses conseils décidaient du sort de la pa- cordi storici della famiglia Accoramboni, p. 39-61. — Ri-
pauté et de l'Italie. En effet, ce fut lui qui suppléa la vista del Collegio araldico, Rome, 1906, p. 325.
plupart du temps le souverain pontife dans la direc- J. FRAIKIN.
tion du concile de Latran. Lui et Lorenzo Pucci dé- 3. ACCORAMBONI (GIUSEPPE),néen 1672,à Praci,
battirent pendant plusieurs mois, à Bologne, avec le dans le diocèse de Spolète, acquit une connaissance
chancelier de France Duprat, les articles du concor- très étendue du droit auprès du célèbre avocat de
dat de François 1er. Enfin il eut une part prépondé- Lucques, Palma le jeune, puis de l'auditeur de rote
rante à la condamnation de Luther et rédigea la bulle Ansaldi. Il se fit ensuite une très grande réputation
de 1519, Exsurge Domine, après une longue discussion comme avocat curial. Le cardinal Michelangelo Conti
canonique avec le même Pucci. Bien qu'il eût résigné le choisit pour son auditeur et, quand il eut été élu
son évêché, il porta toujours le titre de cardinal d'An- pape sous le nom d'Innocent XIII, le créasous-dataire,
cône. Ses services lui procurèrent de nombreux béné- chanoine de Saint-Pierre, enfin archevêque in parti-
fices dans toutes les parties de la chrétienté, les évê- bus de Philippes. En 1727, Benoît XIV lui confia l'ad-
chés de Cadix en Espagne, de Maillezais en France, ministration du diocèse d'Osimo, à laquelle il ne parti-
l'archevêché de Ravenne et l'évêché de Crémone en cipa guère (cependant Capelletti, Le Chiese d'Italia,
Italie. Sous Clément VII il fut moins actif, et se con- t. VII, p. 584, cite deux lettres de lui comme sous-da-
tenta de remplir les fonctions de cardinal-évêquc suc- taire pour l'union des évêchés d'Osimo et Cingoli).
cessivementd'Albano, Palestrina et Sabine. Il s'occupa Le 20 septembre 1728, le même pape lui conféra la
cependant encore du procès pour le divorce de pourpre avec l'évêché d'Imola. Il administra ce dio-
Henri VIII. Il était fort riche et avait une réputation cèse, le visita en entier, tint un synode en 1738 et dé-
d'avarice qui n'était pas imméritée. missionna l'année suivante, pour fixer sa résidence à
Litta, Gli famiglie illustre italianc, t. 1.—L. Madelin, De Rome, où il était toujours le conseiller, le membre le
conventu Bononiensi, Paris, 1900. — Ludw. Pastor, Geschi- plus influent de plusieurs Congrégations.En 1743, il
chte der Päpste, t. v, surtout la 2e partie. reçut l'évêché suburbicaire de Frascati. Dans sa lon-
P. RICHARD. gue carrière, le cardinal Accoramboni s'était acquis
1. ACCORAMBONI (BARTOLOMEO),évêque de Spo- par son immense savoir une grande réputation et la
lète. La liste officielle des pasteurs de ce diocèse fait confiance de plusieurs papes, en particulier de Be-
commencer son épiscopat en 1249, et Ughelli, Italia noît XIV. Il mourut en 1747 et fut enterré dans l'é-
sacra, t. I, p. 263, en 1250; mais, d'après la bulle glise Saint-Ignace, devant la chapelle Saint-Louis de
Religiosam vitam de Grégoire IX, qui parle de la trans- Gonzague où l'on lit encore son épitaphe.
lation de son prédécesseur Nicolô Porta au siège pa- P. RICHARD.
triarcal de Constantinople, en 1236, il lui succéda 4. ACCORAMBONI (LUC'ANTONIO), appelé à tort
immédiatement. Il se distingua par sa charité, fonda Colombonus par Coleti dans son édition d'Ughelli
l'hospice de San Giorgio pour les pèlerins, plusieurs (t. II, col. 754), naquit à Gubbio. Successivement
maisons de clarisses et de franciscains et établit ou vicaire général d'Albano, de Sora et de Terracine,
organisa définitivement la collégiale de San Lorenzo il fut nommé évêque de Montalto (Piceno), le 11 mai
à Spello. Il mourut en 1271. 1711 et mourut en 1735.
Ughelli, Italia sacra, t. I, col. 1263. — Fontana, De Rom. Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. III, p. 245. — Capo-

- t.
prov., p. 139. — Cappelletti, Le Chiese d'Italia, IV, p. 360-
361. Capogrossi Guarna, Ricordi storici della famigliaAc-
grossi Guarna, Ricordi storici della famiglia Accoramboni,
in-4°, Rome, 1896, p. 89.
coramboni, in-4°, Rome, 1896, p. 24-25. — Rivista del Col- J. FRAIKIN.
legio araldico, Rome, 1906, p. 325. 5. ACCORAMBONI (OTTAVIO), 1539-1634, étaitle
J. FRAIKIN.
FRAII,-IN. petit-fils du médecin Girolamo, appelé par Paul IV à
Rome comme professeur de médecine à la Sapience, ACEMBÈS (?), 'A'l-EfL#JY,Ç.L'auteur desPhilosophou-
et le frère de Vittoria Accoramboni (1557-1585), si mena indique, IV, 2; v, 13; x, 10 (édit. Cruice, Paris,
célèbre par sa beauté, sa culture supérieure et ses 1860, p. 54, 190), comme chefs de la secte ophite des
malheurs. Après de brillantes études de droit à Padoue, pérates un certain Euphratès et Acembès de Carystus
Ottavio Accoramboni fut attaché par la fortune de sa (île d'Eubée). L'unique manuscrit connu a, dans les
famille à la personne du cardinal de Montalto, plus trois passages, trois formes différentes, 'A-/.qd)ç,
tard, Sixte-Quint, oncle de Francesco Peretti, premier KéÀëriÇ et ~'AoÉjj.ï];.Théodoret de Cyr, dans son para-
mari de Vittoria. Nommé abréviateur du parc majeur graphe sur les pérates, Hæretic. fabularum compen-
et référendaire de la signature, Ottavio fut élu évêque dium, I, 17, P. G., t. LXXXIII, col. 368, se sert aussi
de Fossombrone le 15 mars 1579. Il s'appliqua à l'ad- de la forme 'AÕÉfI:r¡. J'incline pourtant à croire que la
ministration de son diocèse et à l'instruction de son véritable forme est 'AVIÉÂ(AY)Çou '.-\y':;),p.-/,", comme le
troupeau. En 1610, il résigna son évêché contre une suggère Hort, dans Smith, Dictionary of christian
pension et fut nommé par Paul V nonce collecteur biography, t. I, p. 16. Comparez les noms 'Ay.d¡-
des spogli en Portugal, fonction qui subsistait encore ~[J.i; (Suidas), KÉi.wr¡ç, Ké).[j.ç
ou IvsX'j-ir, KÉhu.r^,v.ély.iç,
dans ce pays et en Espagne. Il remplit sa charge de =
ou Y.E).¡ÚÇ TCTç rl ÀTy/jGoç (Hesychius). Les formes
juin 1614 à octobre 1620 et reçut ensuite l'arche- K?Aëy)ç et 'Ay.ErJ.b-: seraient
dues en partie à la confu-
vêché d'Urbin qu'il ne retint que deux ans, de mai 1621 sion si fréquente entre M et B, à cause du tracé que
à novembre 1623. Il se retira alors à Rome et y mou- cette dernière lettre affecte souvent depuis le VIle siè-
rut le 24 mai 1634, à un âge fort avancé. Il fut enterré cle. Voir PÉRATES.
dans le tombeau qu'il s'était réservé à San Gregorio in S. PÉTRIDÈS.
ACÉMÈTES.
monte Celio. Il reste encore de lui quelques sermons — I. Vie d'Alexandre, le fondateur.
manuscrits, parmi lesquels l'oraison funèbre de sa II. Histoire des acémètes. III. Le prétendu ordre
sœur Vittoria et de son frère Flaminio tués ensemble. des acémètes, leur règle de vie.

-
Capogrossi Guarna, Ricordi storici della famiglia Acco-
ramboni, p. 59-101. Archivio secreto del Vaticano, Bre-
via ad principes, Armar. XLV, t. XIV; Acta consistorialia,
I. VIE D'ALEXANDRE.— Les acémètes ont pour fon-
dateur un certain Alexandre, né vers le milieu du
IVe siècle dans une des îles comprises entre Ténédos
et Rhodes, le long du littoral asiatique. Elevé à Cons-
t. VIII, IX; Nunziatura di Portogallo, t. XII.
P. RICHARD. tantinople, il passa en Syrie vers l'année 380. Il y
ACCULE (Saint), prêtre et martyr d'Alexandrie resta sept ans dans le monastère de l'archimandrite
mentionné, au 27 mai, avec Évangélius et quatorze Élie, puis quatre ans comme anachorète dans le dé-
autres compagnons, par le martyrologe hiéronymien. sert, il parcourut ensuite laMésopotamie afin de l'évan-

sous des formes différentes :


Les manuscrits de ce martyrologe présentent son nom
Acculi, Aculi, Accoli,
Aquili, Aquilini; quelques-uns le signalent au 28 mai
géliser, puis enfin il fonda sur la rive droite de l'Eu-
phrate un couvent qui compta bientôt 400 moines.
Avec les plus zélés de ses disciples, au nombre de
70 d'abord et de 150 ensuite, il entreprit une seconde
au lieu du 27; mais ils s'accordent à lui donner le titre
de prêtre et à le mettre en tête du groupe des seize mission d'apostolat à travers la Mésopotamie. De
martyrs alexandrins. Le synaxaire éthiopien, publié là, par Palmyre, il vint à Antioche, où, vers l'année
et traduit par J. Guidi dans Graffin-Nau, Patrologia 404, il s'était déjà rendu pour résister à l'intrusion
oricntalis, t. I, p. 536, mentionne au deuxième jour de de Porphyre. Cette fois-ci, il s'attaqua au patriarche
Sanê, c'est-à-dire au 27 mai, la mort de Akêltes, mar- Tliéodote. Son zèle quelque peu excessif ne tarda pas
tyr; la coïncidence de date et la ressemblance de nom à le brouiller avec toutes les autorités de la ville et,
permet de supposer qu'il s'agit ici du saint Accule du comme un séjour prolongé dans un tel milieu lui
martyrologe hiéronymien. Nous ne connaissons ni devenait impossible, il prit avec 24 moines le chemin
l'époque, ni le mode de son martyre. de Constantinople. Là, il établit une maison reli-
gieuse selon ses idées près de l'église Saint-Ménas,
Acta sanct., maii t. VI (1688), p. 678. Marlyrologium prêchant la pauvreté absolue, la fuite de tout travail
hieronymianum, édité par J.-B. De Rossi—et L. Duchesne,
dans Acta sanct., nov. t II, p. [67]. manuel, la charité incessante, l'apostolat par les
S. SALAVILLE missions, enfin la prière ininterrompue ou doxologie
ACCURA. Voir ACOURA. perpétuelle. Ce programme de vie et d'action sortait
tellement des voies suivies jusque-là par le mona-
1. ACCURSE (Saint). VoirBÉRAUD (Saint). chisme byzantin, qu'il étonna tout le monde. Les
religieux se laissaient séduire par la nouveauté et
2. ACCURSE BONFANTINI, frère mineur inquisi- désertaient en foule leurs monastères pour peupler
teur, loué par Jean XXII, en 1328, de son opposition celui d'Alexandre. De là des rancunes et des animo-
énergique aux hérétiques qui cherchaient à entraîner sités, accrues bientôt par les critiques faites à temps et
les Toscans à leur parti. Benoît XII le cite à compa- à contre-temps par le fondateur contre les divers re-
raître devant lui en 1337. présentants des sociétés civile et ecclésiastique. Une
ligue se forma contre lui. En 426 ou 427, Théodote
Wadding, Annales minor., ad ann. 1328, t. VII, p. 86,208, d'Antioche et les évêques réunis à Constantinople
219. condamnaient dans une lettre à l'Église de Pamphylie,
ANTOINE de Sérent. les erreurs des messaliens et, par contre-coup, celles
ACCUSANI (GIAMBATTISTA), né à Acqui en 1765. d'Alexandre, Bibliotheca Photii, codex LII. Peu après,
D'abord archidiacre de la cathédrale de Mondovi et l'archimandrite était lui-même atteint directement
vicaire général de ce diocèse, il fut nommé évêque de
Vigevano le 5 juillet 1830. Son excellente administra-
tion lui valut de la part du roi de Sardaigne, Charles-
et prié de retourner en Syrie avec les moines qu'il
en avait amenés, pendant que les recrues de la capi-
tale regagneraient leurs monastères. Alexandre se
Albert, le grade de commandeur de l'ordre des saints mit en route avec ses disciples; il venait de passer
Maurice et Lazare. Il mourut le 19 juillet 1843. le Bosphore et se trouvait à l'église des Saints-Pierre-
Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. XIV, p. 646. et-Paul de Rufinianes, à une heure à l'est de Chal-
J. FRAIKIN. cédoine, quand l'évêque de cette ville, Eulalios, le fit
ACEDUNUM. Voir AHUN. assommer par la populace. L'higoumène de Rufi-
nianes, saint Hypatios, recueillit le moine infortuné,
ACELIN. Voir AZELIN. qui fut guéri et soigné, et put, grâce à la protection de
l'impératrice, fonder un monastère à Gomon, en Asie, huit chœurs; à Constantinople, les trois langues,
près de l'endroit où se rencontrent le Bosphore et la (latins, grecs et syriens) en forment six. Ces chœurs,
mer Noire. C'est là qu'Alexandre termina sa vie une fois la doxologie perpétuelle instituée, se relèvent
agitée, vers l'année 430. Le nom de ce moine ne figure l'un l'autre de manière à ne point laisser la psalmo-
ni dans les martyrologes des Latins ni dans les méno- die chômer un seul instant. La communauté entre-
loges des Grecs; pourtant certains documents litur- tient-elle simultanément autant de doxologies que
giques slaves signalent sa fête au 23 février ou au le monastère compte de langues, ou se contente-t-
3 juillet, et Bollandus l'a inscrit dans les Acta san- elle d'entretenir une doxologie unique obtenue par
clorum, à la date du 15 janvier, jan. t.1 (1643), p. 1018- la succession combinée des différentes langues, nous ne
1029. De plus, on asa biographie écrite sous forme de vie le trouvons indiqué nulle part. Dans le premier cas,
de saint, et son panégyriste anonyme mentionne plu- c'est douze heures que chaque moine consacrerait quo-
sieurs miracles qui furent accomplis sur son tombeau. tidiennement à l'office; dans le second, c'est trois
Quoi qu'il en soit, la fête de saint Alexandre n'a ja- heures, quand le couvent compte huit équipes, et
mais eu une grande diffusion, tant les idées religieuses quatre heures, quand il en compte six.» La doxologie
qu'il préconisait heurtaient de front les pratiques ininterrompue entraîne l'institution de vingt-quatre
habituelles. De sa retraite du Sinaï, saint Nil a fort ministeria correspondant aux vingt-quatre heures
malmené « cet Alexandre qui a quelque temps troublé du vu-/6r,fj.Epov. Alexandre, en mémoire des douze
Constantinople, » De voluntaria paupertate, XXI, dans fils de Jacob, a glissé dès le commencement douze
P. G., t. LXXIX, col. 997, et beaucoup de saintes per- leçons scripturaires parmi les psaumes de l'office; il
sonnes, peut-êtremal renseignées, n'émettaient pas sur conserve ces douze leçons lorsqu'il réforme son office
notre fondateur d'appréciation plus équitable que le en vue de la psalmodieperpétuelle. Au même moment,
célèbre solitaire.
Les principes religieux mis en avant par Alexandre
ressemblent, avec la fougue du caractère oriental en
:
préoccupé du septuagiessepties de l'Évangile, il ajoute
deux usages secondaires ses moines devront fléchir
les genoux 490 fois par jour et chanter autant de fois
plus, à ceux que popularisa plus tard saint François le AôEa iv v'.viO"tOLÇ. Malheureusement la répartition
d'Assise. L'évangile en main, il s'ingénie à reproduire de ces deux pratiques accessoires nous échappe.
et à faire reproduire par ses disciples la vie aposto- Quant à l'office en lui-même, le grand nombre de
lique du Sauveur. Et tout d'abord, il impose à tous ses parties prouve bien que chaque moine ne le dit
une pauvreté absolue. Le religieux ne possède qu'une pas tout entier. L'office est un tout obligatoire, non
robe et il est interdit de garder la moindre provision pour l'individu, mais pour le groupe ethnique. Cha-
pour le lendemain. Par une application outrée de que groupe ethnique se divisant en deux chœurs, cha-
cet esprit de pauvreté, il proscrit le travail manuel cun de ces deux chœurs ne dit qu'une moitié de l'of-
sous toutes ses formes, le travail pouvant créer des fice complet. Sous le régime de la doxologie perpé-
ressources et constituant par ailleurs un sérieux obs- tuelle, alors que tout chœur fournit quotidiennement
tacle à l'apostolat, à la prière et à la perfection. douze heures de psalmodie, le vu-/fJrlu.Eoov est sans
L'apostolat, tel que l'organise Alexandre avec ses
70 moines, est calqué sur celui qu'avait inauguré
le Sauveur avec les 70 disciples. Même en mission, on
:
doute partagé en quarts et les deux chœurs de chaque
langue se relèvent deux fois l'un l'autre chacun d'eux
reste à l'église six heures de suite, mais six heures le
suit dans toute son austérité la règle religieuse, ne jour et six autres heures la nuit. » Dictionnaire d'ar-
possédant rien, mangeant peu, priant sans cesse. chéologie chrétienne de dom Cabrol, t. I, col. 312-313.
C'est l'évangile qui sert de drapeau à cette milice apos- II. HISTOIRE DES ACÉMÈTES. —Vers 430, Alexandre
élève l'évangile, dit à haute voix :
tolique; pour donner le signal du départ, le supérieur
Gloria in execlsis
Deo, et in terra pax, hominibus bona voluntas, et aus-
meurt dans son monastère du haut Bosphore et Jean
lui succède comme higoumène. Le site de Gomon
paraissant à ce dernier ou trop sauvage ou trop éloi-
sitôt tous les missionnaires s'ébranlent, quittant tout, gné pour le rôle que ses moines étaient appelés à
même une table servie, à laquelle on n'a pas encore remplir, il se rapproche de la capitale. Un certain
touché. Et la prédication de ces hommes de Dieu est Philothéos lui concède une propriété sur la rive
accompagnée partout d'œuvres de bienfaisance, créa- asiatique du Bosphore, en face de la baie de Sosthène,
tion d'hospices, d'hôpitaux, soins donnés aux mala- le moderne Sténia. L'endroit se nommait Irénaion,
des, argent distribué aux pauvres, etc. Quel dommage à cause, sans doute, de la tranquillité des eaux; il
qu'une pareille initiative ait été contrecarrée par un répond au village actuel de Tchiboukli, et le couvent
zèle un peu vif et bourru, qui ne ménageait ni les devait se trouver au bas de la colline qui porte le
situations ni les personnes ! Et quel dommage aussi palais du khédive d'Égypte, dans un site ravissant.
que ce réformateur de génie, en avant de plusieurs C'est là que se fixèrent Jean et ses religieux, après
siècles sur ses contemporains, n'ait pas su fonder des avoir quitté le monastère de Gomon, plus souvent
œuvres durables et stables en élaguant de ses idées ce désigné sous le nom de monastère d'Alexandre. Le
qu'elles contenaient d'excessif et d'irréalisable !
Mais la principale caractéristique de l'œuvre d'A-
genre de vie si particulier avec sa doxologie perpé-
tuelle que menaient les disciples d'Alexandre frappa
lexandre, celle qui a perpétué son nom, c'est la doxo- tellement l'imagination du peuple qu'il les appela
logie perpétuelle, la prière sans interruption. A vrai aussitôt acémètes, c'est-à-dire non dormants; et tout
dire, les renseignements de son biographe manquent de suite ce qualificatif populaire, accepté par l'hi-
parfois de clarté, peut-être parce que le saint essaya goumène Jean, devint le nom officiel de ses religieux.
divers systèmes avant de s'arrêter définitivement à Désormais, on dit le monastère des acémètes, et non
un seul, qui fut encore modifié par saint Marcel. le monastère de l'Irénaion; car, il importe bien de
Cela provient aussi de ce que, dans les deux monas- le remarquer, ce n'est ni à Constantinople, près de
tères d'Alexandre, celui de l'Euphrate et celui du Saint-Ménas, ni à Gomon, sur les bords de la Mer
Bosphore, il y avait des religieux de trois ou quatre Noire, que l'épithète d'acémètes est appliquée aux
langues différentes, vivant côte à côte et observant, moines d'Alexandre, mais seulement dans leur séjour
chaque groupe pris à part ou tous ensemble, la pra- du moyen Bosphore, à la propriété du riche Philo-
tique du laus perennis. J'emprunte au R. P. Par- théos.
:
goire, qui a particulièrement étudié les sources, le
résumé de cette pratique « Sur l'Euphrate, les quatre
langues (latins, grecs, syriens et égyptiens) forment
Le plus illustre des acémètes est saint Marcel, suc-
cesseur de Jean dans la direction du couvent, qu'il
eut en mains pendant près de quarante ans. C'est un
homme essentiellement apostolique, et qui, sur ce nuer sa vie errante et agitée dans la capitale de la
point tout au moins, maintient très fermement l'es- Syrie. Cet acte de faiblesse des acémètes envers un
prit du premier fondateur. Marcel a des conférences confrère malheureux ne peut faire oublier le beau rôle
dogmatiques avec l'évêque de Chalcédoine; en 448, il qu'ils jouèrent pendant les controverses monophy-
signe au concile de Constantinople la condamnation sites, aux ve et vie siècles. Dès que le schisme d'Acace
portée par Flavien contre l'archimandrite Eutychès, éclate, l'archimandrite Cyrille, successeur peut-être
Mansi, Concil. ampliss. coll., t. VI, col. 753; quand immédiat de saint Marcel, se montre le défenseur
l'hérésie monophysite semble triompher, en 449, au le plus convaincu du Saint-Siège. « A partir de
brigandage d'Éphèse, son zèle pour la foi lui attire les 483, les lettres ou les messagers de Cyrille, tel l'acé-
éloges de Théodoret de Cyr, Epist., CXLI et CXLII dans mète Siméon, ne cessent d'informer le pontife romain
P. G., t. LXXXIII, col. 1365-1368; au concile de Chalcé- de tout ce qui regarde la foi, lui disant tour à tour le
doine, en 451, il signe avec 17 autres archimandrites passage d'Acace à l'hérésie, la nécessité d'une prompte
une requête adressée à l'empereur Marcien et assiste à répression de la part de Rome, la prévarication des
une session du concile, Mansi, op. cit., t. VII, col. 61,76; légats latins, Misène et Vital, la présence du nom de
il lutte sans merci contre la puissante famille arienne Pierre Monge dans les diptyques. » Pargoire dans le
issue du consul goth Ardabur et l'empêche, en 469 et Dictionnaire d'archéologie chrétienne de dom Cabrol,
en 471, de s'asseoir sur le trône impérial de Byzance; t. I, col. 319.
enfin, il sauve la capitale d'un incendie qui allait Les luttes incessantes et héroïques des acémètes
la détruire, 2 septembre 465. Disposant de 300 moines pour le maintien de la foi de Chalcédoine leur atti-
zélés, actifs et fidèles à la pratique du laus perennis, rèrent de fort bonne heure, avec l'appui de Rome et
comme on disait en Occident, Marcel est peut-être les sympathies des catholiques, l'hostilité déclarée
alors le personnage ecclésiastique le plus en vue dans des monophysites. Déjà, en l'année 511, un écrivain
Constantinople. Un riche, d'origine romaine, Phéré- anonyme de ce parti trace des non dormants un por-
trios, qui embrasse la vie religieuse avec sa famille, trait qui n'est guère flatté. D'après lui, au nombre
met à sa disposition sa fortune considérable et, grâce d'un millier environ, les acémètes se plongent dans
à elle, il peut élever une église plus vaste que l'église les délices du bain et les plaisirs de la chair, affectant
bâtie par l'higoumène Jean, remettre à neuf les con- à l'extérieur les apparences de la modestie et de la
structions primitives de Philothéos, édifier de nou- pureté, vrais sépulcres blanchis remplis de pourri-
velles cellules, une hôtellerie pour les étrangers, un ture. Tout à la dévotion du patriarche Macédonius
hôpital pour les malades, etc. Les reliques du saint II, ils célèbrent chaque année la fête de Nestorius dans
martyr Ursinique reposaient alors dans l'église, et leur monastère et étudient sans relâche les livres pro-
déjà, sous cet higoumène, vers le milieu du ve siècle, venant de l'école de Diodore de Tarse et de Théodore
la bibliothèque de la maison possédait deux mille
lettres de saint Isidore de Péluse, Synodicon adversus
tragœdiam Irenæi, dans P. G., t. LXXXIV, col 587. Vers
l'année 460, également du temps de saint Marcel,
Serge, disciple de saint Siméon stylite, allait visiter
t
de Mopsueste, Ahrens et Krüger,Die sogenannte Kir-
chengeschichte des Zacharias Rhetor, Leipzig, 1899,
p. 120. Le dernier trait est probablemen le seul qui
mérite quelque créance. En effet, il n'est pas douteux
qu'à force de combattre le monophysisme et ses mul-
le monastère des acémètes, attiré par la réputation tiples sectes, les acémètes finirent par tomber dans
universelle dont il jouissait, lorsqu'on lui montra de l'excès contraire et par patronner les idées nesto-
sa barque, sur la rive opposée, la colonne de saint riennes. Déjà, en 518, lorsque leur supérieur, l'archi-
Daniel stylite auprès duquel il se retira. Vita S. Da- mandrite diacre Évéthios, signait une requête au
nielis, n. 14, P. G., t. CXVI, col. 988. pape Hormisdas contre l'eutychianisme, Mansi, op.
Après saint Marcel, le plus grand nom du monas- cit., t. VIII, col. 1054, l'Église romaine se préoccupait
tère des acémètes serait saint Jean Calybite, son
contemporain, si l'existence de ce personnage était
mieux garantie. Ses deux biographes, Nicéphore
sérieusement de leur nestorianisme. Pour avoir trop
lutté contre les théopaschites et leur célèbre formule
« un de la Trinité a souffert», ajoutée au trisagion par
:
Calliste et les Ménées, en le conduisant prendre l'habit Pierre le Foulon, leur ancien confrère, ils soutinrent
religieux chez les acémètes, montrent assurément eux-mêmes que le Christ n'était pas un de la Tri-
que cet établissement monastique ne leur était pas nité et que Marie n'est pas la mère de Dieu. C'est du
inconnu, mais c'est là, je crois, tout ce que l'on peut moins ce qu'on leur attribue, et s'il y a là quelque exa-
dire de cet étrange héros, fêté par les Grecs le 15 jan- gération inspirée par la jalousie à leur égard, ils ne
vier et dont saint Alexis de Rome ne paraît être se firent pas faute de prêter le flanc à la critique en re-
qu'un dédoublement. Un acémète qui n'est pas un courant à la falsification et à la fabrication de pièces,
mythe, c'est l'économe Julien qui occupa le siège notamment de lettres du pape Félix III. Bref, les
métropolitain d'Éphèse dans la seconde moitié du choses en vinrent à un tel point que Rome exigea
Ve siècle. Vita Marcelli, n. 15 et 18, dans P. G., d'eux une rétractation formelle. Comme ils ne s'em-
t. CXVI, col. 720-721; Agapios 'E'l..i.Ó¡'trJ'I, reproduit pressaient guère de la donner et que leurs délégués,.
par K. Doukakès, Mira; a-jvaÇapttjTrç, Athènes, Cyrus et Euloge, multipliaient à la cour romaine leurs
1896, tome de décembre, p. 130-131. Un autre acé- intrigues et leurs réclamations, il fallut recourir aux
mète, tristement célèbre, c'est Pierre le Foulon, le grands moyens. Dans une lettre personnelle de juin
monophysite endurci, qui détint, par trois fois, et 533, apportée à Rome par les deux évêques Hypatius
chaque fois injustement, le siège patriacrald'Antioche. d'Éphèse et Démétrius de Philippes, Justinien infor-
Chassé du monastère par son supérieur par suite de mait le pape Jean II du péril que leur doctrine fai-
ses idées hétérodoxes, Pierre s'en alla tout près de là sait courir à la foi, et le pape répondit le 25 mars 534 en
desservir l'église Sainte-Bassa de Chalcédoine, qu'il frappant les acémètes d'excommunication. Liberatus,.
délaissa en 464, pour se rendre en Syrie, Théodore le Breviarium,dans P. L., t. LXVIII, n. 20, col. 1036;
Lecteur, P. G., t. LXXXVI, col. 176; Alexandre, Lau- Mansi, op. cit., t. VIII, col. 795-799. Cette sentence,
datio in apostolum Barnabam, dans P. G., t. LXXXVII, communiquée à l'empereur, fut également portée
col. 4099. Après sa première intrusion et sa première
expulsion d'Antioche, Pierre vint se réfugier sur les
bords du Bosphore, chez les acémètes qui lui offrirent
:
par le pape à la connaissance de plusieurs person-
nages de la capitale acœmetas vero, qui se monachos
dicunt, qui nestoriani evidenter apparuerunt, romana
la plus généreuse hospitalité. Il les quittait une se- etiam eos damnat Ecclesia, Mansi, op. cit., t. VIII,
conde fois, en 476, pour courir les aventures et conti- col. 803-806. Il est juste tout de même de reconnaître
que les moines acémètes, suspects de nestorianisme, cités par le R. P. Pargoire, dans les Échos d'Orient, t. II.
ne furent pas nombreux et que les supérieurs se gar- p. 365 sq., pour se convaincre qu'on ne peut s'arrêter
dèrent avec soin de toute compromission avec l'hé- à une autre solution. Si l'on aperçoit, au XIIe siècle,
résie, Mansi, op. cit., t. VIII, col. 796-797. En l'année un second monastère des acémètes dans la ville de
536, au concile de Constantinople, Jean, archiman- Constantinople, c'est que celui de Bithynie, le vrai,
drite prêtre des acémètes, se trouvait du côté de l'or- avait alors sans doute disparu ou que celui de la ca-
thodoxie, Mansi, op. cit., t. VIII, col. 1014. pitale n'était qu'un métokhion, une procure de celui
Après ces grands évènements, l'histoire ne parle
guère du monastère des acémètes. Leur bibliothèque
fournit pourtant, au milieu du vic siècle, à Rusticus,
:
de l'Irénaion. Tous les textes le disent de la manière
la plus explicite le monastère des acémètes apparte-
nait au diocèse de Chalcédoine, non à celui de Cons-
neveu du pape Vigile, un codex excellent des actes tantinople, et les indications topographiques four-
du concile de Chalcédoine. Mansi, op. cit., t. VI, col. nies par divers documents obligent à le placer à Tchi-
561; t. VII, col. 183, 193, 203, 357, 473, 497, 679, boukli.
etc. Vers l'année 574, un des leurs, le moine Jean Contre une pareille interprétation je ne vois que
devenait patriarche de Jérusalem, Évagre, Hist. deux faits que l'on puisse signaler. L'historien Victor
eccl., v, 16, dans P. G., t. LXXXVI, col. 2825; leur de Tunnes, parlant de la résistance des moines aux
higoumène, Joseph, assiste, en 787, au second concile menées hétérodoxes d'Acace, signale en premier lieu
de Nicée, Mansi, op. cit., t. XIII, col. 151; le De cere- les monachos monasteriorum Achimitensium, Baani
moniis de Constantin Porphyrogénète parle d'eux au atque Dii dans P. L., t. LXVIII, col. 947. Au lieu de lire
moins à deux reprises, au xe siècle. P. G., t. CXII, col. le texte tel qu'il vient d'être transcrit, plusieurs his-
1440,1444.A une époque qu'il est impossible de déter- toriens et critiques, y compris Mommsen, Monu-
miner, les acémètes abandonnèrent leur couvent de
Bithynie pour se fixer dans la capitale même. Un traité
conclu entre les Vénitiens et les Byzantins, en mars
:
menta Germaniæhistorica,Auct.antiquiss., t. XI, p. 191,
ont lu et transcrit monasteriorum acœmetensium Ba-
siani atque Dii, supprimant ainsi un couvent de l'énu-
1148 et renouvelé en février 1187, parle des jura mo- mération etfaisant des monastères de Bassien et de Dius
nasterii Akymitero, des mansiones monasterii Akymi- des monastères acémètes. Or, chez les auteurs latins de
tero et des jura monasterii Akimiton. Zacharias von l'époque, voir Du Cange, Glossarium mediæ et infimæ
Lingenthal, Jus graeco-romanum, t. III, p. 527-528. latinitatis, éd. Henschel, Paris, 1840. t.I, p. 56, l'adjec-
Or, il s'agit là, à n'en pas douter, de propriétés et d'un tif acœmetenses a le même sens que acoerneli. De plus, le
monastère situé dans Constantinople. Un peu plus monastère de Dius, bien antérieur à celui d'Alexandre,
:
tard, vers l'an 1200, Antoine de Novgorod, pèlerin
russe, écrit « Il y a à Constantinople le couvent des
vigilants; pendant toute la semaine, du soir au matin,
n'a jamais eu de moines acémètes, pas plus que celui
de Bassien; enfin, le chroniqueur grec Théophane, à
propos du même fait, énumère très clairement les
ils sont invariablement dans l'église pour prier Dieu quatre monastères de Dius, de Bassien, des Acémètes
et font cela toujours; ils n'ont pas de prêtres sécu- et de Matrone, Chronographia, édit. de Boor, t. I,
liers (?) chez eux, mais de vieux moines versés dans p. 141. Il s'agit donc dans Victor de Tunnes de trois
les lois du Seigneur. » B. de Khitrovo, Itinéraires monastères distincts dont faisait partie celui des acé-
russes en Orient, t. I, p. 97. De même, c'est sans doute mètes, et non des deux monastères acémètes de Bas-
à ce couvent urbain des acémètes qu'appartenait sien et de Dius. Le second fait est emprunté aux bio-
l'higoumène Maxime qui fut élu patriarche de Cons- graphies d'Alexandre, le fondateur des acémètes, et
tantinople à Nicée, le 3 juin 1215. Banduri, Impe- de saint Marcel, un de ses successeurs, Vita S, Alex.,
rium orientale, Venise, 1729, t. I, part. 3, p. 170, 177, n. 51,53, Acta sanct., jan. t. I,1re éd., p. 1028; Vita
182. On ne sait où se trouvait ce monastère, ni quand S. Marc.,n. 13,14, dans P. G., t. CXVI, col. 717-720. Ces
il disparut. deux biographies assurent, sans fournir malheureuse-
III. LE PRÉTENDU ORDRE DES ACÉMÈTES, LEUR ment le moindre nom propre, que des acémètes furent
RÈGLE DE VIE. — Une légende, basée sur la mésintelli- demandés un peu partout dans les autres monastères,
gence de certains textes, s'est formée autour des acé- et l'on sait pertinemment qu'en 463 le consul Studius
mètes. Se fiant à l'organisation des communautés reli- peupla ainsi sa fondation naissante (Théophane,
:
gieuses d'Occident et qui n'a jamais eu cours chez les
Grecs, on dit et l'on écrit un peu partout l'ordre des
acémètes, comme s'il s'agissait d'un ordre de trappistes,
Chronographia, édit. de Boor, t. I, p. 113), àlaquelle
était réservé un si bel avenir. Ces faits sont indé-
niables. Mais a-t-on le droit pour cela de regarder le
de chartreux ou de bénédictins. Rien de moins exact; monastère des acémètes comme une sorte de maison-
après les consciencieuses études du R. P. Pargoire, mère, qui aurait par ses essaimages étendu sa juri-
Echos d'Orient, t. 11 (1899), p. 304-308, 365-372, et diction sur les autres couvents? Aucunement; ce
Dictionnaire d'archéologie chrétienne, t. I, col. 307- serait transporter dans le monachisme byzantin nos
321, la légende devrait avoir définitivement vécu. conceptions occidentales qu'il n'a jamais connues.
Elle a des chances sérieuses de survivre à ceux qui Ou bien, il s'agit dans ces passages de supérieurs que
l'ont tuée, en raison même de la routine, en raison les autres monastères demandèrent à celui de l'Iré-
surtout de la paresse qui s'oppose à la répudiation naion, parce que ses religieux jouissaient de la répu-
des opinions reçues. Tout d'abord, disons qu'il n'y a tation d'une plus grande sainteté, et dans ce cas les
eu qu'un monastère des acémètes, celui qui fut cons-
truit par Jean sur la rive asiatique du Bosphore à
l'Irénaion, le moderne Tchiboukli. Le premier éta-
;
supérieurs adoptaient naturellement le genre de vie
et le règlement de leurs nouvelles résidences ou bien,
il s'agit de colonies d'acémètes qui fondaient réelle-
blissement religieux fondé par Alexandre dans Cons- ment de nouveaux couvents comme à Stude, par
tantinople portait le nom de Saint-Ménas; le second exemple, et dans ce cas aussi les acémètes renon-
établi à Gomon près de la mer Noire, était désigné çaient au règlement particulier de leur monastère
par le nom du fondateur et s'appelait monastère pour suivre celui de tous les moines byzantins, avec
d'Alexandre; seul, le troisième monastère celui de les modifications introduites par les constitutions ou
l'Irénaion, est connu sous le nom de monastère des typica des fondateurs. Dans un cas comme dans l'au-
acémètes. Il n'y a donc ni grand ni petit monastère tre, ce ne sont pas de nouveaux monastères d'acé-
des acémètes, comme on le dit parfois, il n'en existe mètes qui se constituent, et jamais le monastère de
qu'un seul, celui dont nous venons de parler. Il suffit Stude, quoiqu'on en ait dit, n'a appartenu au prétendu
de parcourir la longue liste des auteurs byzantins ordre des acémètes.
La règle primitive établie par Alexandre ne tarda habitèrent, le fait est sûr, le monastère d'Alexandre
pas à subir des modifications importantes. Saint et de saint Marcel; des acémètes vinrent souvent
Marcel conserva pourtant le caractère apostolique à Rome, notamment à l'époque où le laus perennis
légué comme héritage par le fondateur à ses disciples fut introduit à Saint-Maurice. Que de la première
et, s'il n'envoya pas les religieux en mission de côté et manière ou de la seconde la pratique des acémètes
d'autre, comme l'avait fait Alexandre, lui-même pour ait été connue et imitée à Agaune, à cela rien d'im-
sa part ne négligea rien afin de défendrela foi menacée. possible; mais il se pourrait aussi que les deux pra-
Par les luttes qu'ils engagèrent pendant près d'un tiques fussent absolument indépendantes et nées
siècle contre le monophysisme, par la splendide seulement de l'idée mystique, qu'il fallait réaliser à
bibliothèque que leur monastère acquit de très bonne la lettre l'oportet semper orare et non deficere de
heure, les acémètes prouvèrent bien que, sur ce point, l'Évangile.
ils n'avaient pas dégénéré. Ils avaient simplement Vita S. Alexandri, dans les Acta sanct, loc. cit. — Vita
adopté une autre manière d'apostolat, manière plus S. Marcelli, dans P. G., t. CXVI, col. 705-746; paraphrase en
convenable et plus fructueuse que celle d'Alexandre. grec moderne par Agapios Landos, 'Ezi.oy'o'l, 124-139, re-
Un autre trait particulier au fondateur des acémètes, produite par K. Doukakès, Mi-*;CTUVKÏWSÎUTT,;,

volume de dé-
c'était son amour de la pauvreté; nous avons vu qu'il cembre, Athènes, 1896, p. 611-626. Callinique, De vita
sancti Hypatii, Leipzig, 1895, passim. — Tillemont, Mé-
le poussait à ses limites extrêmes, devançant déjà moires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers
la réforme que devait entreprendre en Occident le siècles, Paris, 1707, t. XII, p. 490-498, 682; t. XVI, p. 51-
pauvre d'Assise. Sans renoncer à cette tradition de 58. — J. Pargoire, Les débuts du monachisme à Constanti-
famille, saint Marcel sut aussi y apporter le tempé- nople, extrait de la Revue des questions historiques, janv.
rament désirable. Certes, de tous les biens qu'il avait 1899, p. 69-79; Un mot sur les acémètes, dans les Echos
hérités du monde, il ne réserva rien ni pour lui ni d'Orient, 1899, t. II, p. 304-308, 365-372; Acémètes dans
pour son monastère; mais ses religieux l'avaient prié Dictionnaire d'archéologie chrétienne, de dom Cabrol, t. I,
col. 307-321. Ce dernier travail du P. Pargoire, où les sour-
d'en disposer en leur faveur, preuve incontestable du
changement que la règle primitive avait subi. Nous ces et les travaux des anciens et des modernes sur les acé-
mètes sont examinés et critiqués avec beaucoup de soin,
voyons un religieux, Pierre, posséder et disposer de dispense de recourir à d'autres.
son argent, conformément aux volontés du supérieur; S. VAILHÉ.
le cellerier Malchus s'inquiète de n'avoir plus de blé ACENEUS. Un des mss. du « Martyrologe hiéro-
que pour dix jours; l'économe donne 9 pièces d'or à nymien » (Codex Wissenburgensis) inscrit ce nom par-
trois évêques et l'on nous parle, à propos de Pierre, mi les saints d'Afrique, honorés le 30 juillet. Le per-
de la caisse du monastère, etc. Vita S. Marc., n. 11, sonnage ainsi désigné, sans doute un martyr, était
15, 23, 26, 30, dans P. G., t. CXVI, col. 716, 720, 728, peut-être originaire de Thuburbo. Voir ce mot. C'est
732, 737. Les acémètes avaient donc en fait de pau- du moins ce que l'on esttenté de conjecturerenrappro-
vreté adopté les pratiques habituelles des moines orien- chant la leçon du Codex Wissenburgensis In Africa
taux en laissant même à chaque religieux la libre dis- ciuit tiburtu. acenei, de celle du Codex Bernensis : In
position de ses biens et de son argent. De même, ils Africa Tubortulo. senei. Au lieu des deux formes
durent modérer avec le temps l'horreur qu'avaient Acenei et Senei, plusieurs autres mss. donnent Ache-
le
manifestée pour le travail fondateur et ses disciples. nei.
C'était là, d'ailleurs, une condition indispensable pour Martyrologium Hicronymianum, édit. De Rossi et Du-
obtenir l'agrément des autorités ecclésiastiques, très chesne, p. 98. Extrait des Acta sanctorum, nov. t. 11, 1,
soupçonneuses, et à bon droit, sur tout ce qui de près Bruxelles, 1894. — Monceaux, Histoire littéraire de l'Afri-
ou de loin pouvait rappeler les messaliens et les que chrétienne, Paris, 1903, t. III, p. 538.
euchites. Et leur riche bibliothèque suffirait, à elle Aug. AUDOLLEXT.
seule, à prouver que leurs idées s'étaient également ACÉPHALES, hérétiques monophysites. La défi-
modifiées là-dessus; car il n'est pas douteux que là, nition de foi du concile de Chalcédoine, 451, avait
comme ailleurs, les moines eux-mêmes avaient dû particulièrement troublé l'empire byzantin. La con-
copier leurs propres manuscrits. La prière conti- damnation d'Eutychès, de Dioscore et de leurs ad-
nuelle, spécialité du couvent et qui lui a mérité le hérents,passa aux yeux du plus grand nombre pour
glorieux nom d'acémète, est maintenue par saint la condamnation même de saint Cyrille et du concile
Marcel. Comme son biographe ne parle que d'une d'Éphèse, ainsi que pour la revanche de Nestorius.
seule église pour le monastère, Vita S. Marc., n. 12, Aussi, dans tous les écrits monophysites de l'époque,
dans P. G., t. CXVI, col. 716, il est à croire que les les chalcédoniens sont-ils appelés nestoriens. Or, ces
300 religieux n'étaient plus divisés en trois langues, querelles religieuses atteignirent leur suprême degré
comme au temps d'Alexandre, et que les Latins et d'acuité dans les provinces les plus éloignées de l'em-
les Syriens s'éclipsèrent peu à peu pour laisser la pire, dans celles qui, soumises de force à l'empire ro-
place aux Grecs. Dans ce dernier cas, ceux-ci devaient mano-byzantin, avaient toujours gardé très vif le sou-
être divisés en deux chœurs, qui se relayaient tour venir de leurs gloires nationales, en conservant leur
à tour et priaient chacun six heures la nuit, de façon langue, leur liturgie, leur art et leur littérature. L'É-
à obtenir ainsi le laus perennis. Si les trois langues gypte, la Syrie et l'Arménie devinrent en majorité
continuaient à vivre côte à côte et à prier chacune monophysites; la Palestine, fraction de la Syrie méri-
à part, on obtenait trois doxologies continuelles four- dionale et que l'affluence des Grecs et des Latins à ses
nies par les trois nations réunies. Que si, au contraire, sanctuaires aurait plus naturellement entraînée vers
le monastère des acémètes, malgré la présence dans Rome et Byzance, se rangea, elle aussi, du côté des
ses murs de religieux parlant trois langues différentes opposants. Toutefois, pendant 30 ans environ, à part
n'était tenu qu'à une seule doxologie perpétuelle, la courte intrusion de Théodose, ce fut la foi de Chal-
alors chaque langue formait deux chœurs le jour et cédoine qui triompha officiellement. Même en Égypte,
deux chœurs la nuit, de manière à obtenir six chœurs terre originelle du monophysisme, les empereurs
en tout le jour et tout autant la nuit et à imposer à Marcien, Léon et Zénon imposèrent des patriarches
chaque religieux quatre heures de prière dans un et des évêques qui devaient anathématiserDioscore et
jour de vingt-quatre heures. Ceci dit, il y a lieu de tous les soi-disant disciples de saint Cyrille. Mais il
se demander si le laus perennis, inauguré en 515 à était visible que l'orthodoxie ne dominait que par la
Saint-Maurice d'Agaune, a quelque point de contact violence. Les moines et le peuple restaient fidèles à
avec la pratique des acémètes. Des religieux latins leurs premières amours; ils avaient des églises à eux,
des évêques à eux et même, en Égypte, un patriarche L'enquête terminée, il y eut réunion contradictoire
à eux. Dans ces luttes sans trêve et sans résultat, devant le juge d'Alexandrie et la conclusion fut que
l'empire s'épuisait; les provinces frontières se dés- Pierre Monge n'avait pas réellement porté contre le
affectionnaient de plus en plus de la capitale; il concile de 451 la condamnation explicite qu'on lui
était à craindre que, le jour où serait tenté un coup de avait attribuée.
force, leur loyalisme ne fût mis à une trop forte épreu- Si cette sentence tranquillisait le patriarche alexan-
ve. Des esprits politiques, plus politiques certes que drin du côté de la cour, elle fut par ailleurs fort mal
religieux, imaginèrent alors de réconcilier tous les reçue des opposants monophysites. Des troubles écla-
partis en lançant l'Hénotique. Cet édit d'union, com- tèrent; tour à tour, le patriarche et les archimandrites
biné entre les patriarches Acace de Constantinople et cherchaient à persuader le peuple qui ne savait trop
Pierre Monge d'Alexandrie, fut publié par l'empe- à qui entendre. Comme l'opposition croissait, deux
reur Zénon, 482. Bien qu'il s'adressât plus spéciale- nouveaux enquêteurs, choisis cette fois dans le camp
ment à l'église d'Alexandrie, celle qui était la plus acéphale, arrivèrent à Alexandrie. C'étaient Pierre
divisée, l'approbation n'en fut pas moins demandée et, l'Ibérien, évêque de Maïouma près de Gaza, et le
au besoin, imposée à tous les patriarches et à tous moine Élie, surnommé le potier. Ils examinèrent les
les évêques de l'empire. pièces de la première enquête, et de cet amas confus
L'Hénotique n'était censé favoriser ni les chalcé- de déclarations contradictoires ils tirèrent quatre pas-
doniens, ni les antichalcédoniens; il passait sous si- sages décisifs de Pierre Monge contre le concile de
lence tout ce qui avait été fait, dit ou écrit pour ou Chalcédoine et la lettre du pape saint Léon, promet-
contre le quatrième concile et tournait les questions, tant de rétablir la communion avec lui, s'il reconnais-
au lieu de les résoudre. Cependant, il faisait plus; il sait ces passages pour siens. Pierre Monge, qui n'en
donnait un symbole de foi, où les mots de une et était pas à sa première palinodie, s'exécuta de fort
deux natures étaient passés sous silence et parlait bonne grâce; chose qui détermina bon nombre de
en termes fort méprisants du concile de 451 : « Qui- moines à se ranger de son côté, pendant que d'autres
conque pense ou a pensé autrement, soit à Chalcé- se tenaient sur la réserve. Furieux alors de leur oppo-
doine, soit dans un autre synode, est anathématisé. » sition, le patriarche s'empara de leurs couvents et
Il y avait là plus qu'une prétérition de la vérité; c'était les expulsa. Les moines chassés envoyèrent à Constan-
unevraie condamnation. L'édit d'union fut assez mal tinople un des leurs, le nubien Néphalios, véritable
reçu des ailes extrêmes des deux partis. L'aile droite, agitateur populaire, qui s'était constitué leur avocat.
représentée par le pape et par les religieux de certains Il plaida si bien leur cause que l'empereur délégua
monastères de Constantinople, comme ceux des acé- en Égypte le spathaire Cosmas, porteur d'une lettre
mètes, de Dius, de Bassien, de Matrone, etc., virent sévère pour Pierre Monge.
là un désaveu du IVe concile et refusèrent de s'in- Dès le retour de Néphalios, les moines se réunirent
cliner. Ce fut l'origine d'une première séparationentre au martyrium de Sainte-Euphémie au nombre d'en-
les deux églises orientale et occidentale, connue dans viron 30 000; dix évêques étaient avec eux. Si une
l'histoire sous le nom de schisme d'Acace, 484-519. pareille troupe monastique était entrée dans Alexan-
Je n'ai pas à m'en occuper ici, mais j'ai hâte de dire drie avec un orateur comme Néphalios, les plus graves
que le parti du pape en Orient, celui de l'orthodoxie, désordres étaient à redouter; aussi le spathaire Cos-
ne recruta que peu d'adhérents. L'aile gauche du mas leur interdit-il l'accès de la ville, engageant les
parti monophysite refusa, elle aussi, de se soumettre chefs seuls à se rendre auprès du patriarche. Sous la
à l'Hénotique, qui ne condamnait pas en termes assez conduite de Néphalios, 200 allèrent alors trouver
vifs et assez nets le concile de Chalcédoine. Le mou- Pierre Monge à la cathédrale. Celui-ci prononça son
vement parti d'Égypte donna lieu à la secte des acé- apologie, condamna le concile de Chalcédoine et la
phales, appelés ainsi, non parce qu'ils ne dépendaient lettre de Léon devant tous et signa dans ce sens une
pas des évêques, comme on le dit souvent, car ils en déclaration des plus catégoriques. Il l'avait fait si
eurent toujours un certain nombre avec eux, mais souvent que l'on n'y croyait plus; les moines exi-
parce qu'ils n'étaient en communion avec aucun des geaient, de plus, qu'il rompît ouvertement avec les
cinq patriarches. patriarches et les évêques qui recevaient l'Hénotique,
Nous sommes assez bien renseignés sur les origines cause de tout le mal, puisqu'il ne condamnait pas le
de cette secte grâce à un témoin oculaire, Zacharie le IVe concile. Le patriarche avait beau déclarer que,
rhéteur, acéphale lui-même,mais historien assez im- du moment que l'Hénotique passait le IVe concile
partial. Les chefs de la résistance étaient les prêtres sous silence, il était dirigé contre lui, les moines ne se
Julien et Jean, les diacres Helladius et Sérapion, rendaient pas encore et, à part quelques défections,la
Théodore, évêque d'Antinoé, Jean, archimandrite et masse resta inébranlable. Ils remirent alors à Cosmas
évêque de Sébennytos, un autre Jean de Panéphysos, un écrit contre Pierre Monge et voulurent même choi-
l'archimandrite André, le sophiste Paul, etc. Dès la sir un autre patriarche; mais ils en furent empêchés
promulgation de l'Hénotique, 482, les opposants par Théodore d'Antinoé. Liberatus, Breviarium, dans
firent bande à part; on les appela tout d'abord xnoa- P. L., t. LXVIII, p. 1029, prétend cependant que
yiTia!, c'est-à-dire dissidents ou schismatiques. Ils les moines reçurent de Palestine le diacre Isaïe, qui
augmentèrent rapidement en nombre, si rapidement fut sacré évêque et envoyé à Alexandrie, mais reconnu
même que lorsque Acace, patriarche de Constanti- seulement par un petit nombre; ses partisans prirent
nople, l'apprit, il les engagea par écrit à se soumettre. le nom d'isaïtes. Une fois rendu auprès de l'empereur,
De son côté, Pierre Monge, patriarche d'Alexandrie, Cosmas l'informa du résultat de sa mission et un nou-
voyant l'orage gronder contre lui, résolut de se justi- veau délégué, Arsène, partit muni de pleins pouvoirsà
fier et, dans une allocution adressée au peuple, il pour la terre des pharaons. Pierre Monge réussit
condamna formellement le concile de Chalcédoine. En rentrer en grâce, et tous ses adversaires qui ne vou-
agissant ainsi, il contrevenait à la convention conclue lurent pas signer l'Hénotique furent expulsés de leurs
entre lui et le patriarche Acace et risquait de déta- couvents; on ne fit d'exception que pour Théodore
cher les catholiques de l'orthodoxie impériale, aux- évêque d'Antinoé. Ceci se passait en l'année 485.
quels on avait promis le silence sur le quatrième con- Le parti des dissidents ou des acéphales — on leur
cile. Aussi, cette violente sortie de Pierre Monge dé- donnait indifféremment ces deux noms — était dès
plut fort à la cour byzantine et le patriarche Acace lors constitué en Égypte. Pendant qu'il enquêtait en
dut envoyer un prêtre en Égypte enquêter à ce sujet. cette province, le spathaire Cosmas s'était occupé éga-
centres du monachisme :
lement de ramener la paix dans les monastères de
Palestine. Il y avait alors en ce pays deux principaux
l'un situé aux alentours de
la Ville Sainte, l'autre autour de Gaza. Dans le pre-
mier groupe, à l'exception des monastères de Saint-
485. Leur mort survenue peu après, 488, ne changea
rien à la situation générale; Pierre fut remplacé par
Jean Rufus sur le siège épiscopal de Maïouma; un
autre évêque, Épiphane, lui aussi acéphale, résidait
dans ce monastère, qui allait recevoir tout un groupe
Euthyme, de Saint-Théoctiste, de Saint-Gérasime et de jeunes étudiants en droit de Beyrouth et, parmi
de quelques autres, tous les religieux avaient, sous la eux, le trop célèbre Sévère.
conduite des archimandrites Géronce de Sainte-Méla- Pendant que les moines acéphales, expulsés d'É-
nie, Romain de Thécoa, Marcien de Bethléem, et sur- gypte vers 485, résidaient à Constantinople, les pa-
tout du patriarche Théodose, embrassé dès le début les triarches Acace et Pierre Monge moururent, 489,
idées monophysites. En dépit des empereurs et de la laissant pour successeurs Fravitas et Athanase, qui
force armée, ils avaient si bien persévéré dans cette partageaient leurs sentiments. L'Hénotique était
voie, que lors de la promulgation de la contre-ency- toujours imposé, même après la mort de l'empereur
clique par Basilisque, les patriarches Anastase et Zénon (491), pourtant une certaine accalmie s'était
Martyrius n'avaient pu se dédire. Peu après, lors des produite, et, en certaines régions, celle de Gaza par
négociations secrètes tenues entre la cour impériale exemple, hénotisants et acéphales vivaient en excel-
et les patriarches pour sacrifier le concile de Chalcé- lents termes. La bonne harmonie fut rompue du fait
doine, Martyrius de Jérusalem y avait pris une assez de Sévère et de Néphalios. Sévère était un sophiste,
grande part. La Vita Euthymii de Cyrille de Scytho- fort instruit et fort zélé, mais aussi fort ambitieux,
polis parle longuement du voyage à Constantinople malgré les affirmations contraires de ses panégyristes.
du diacre Fidus, lors de la publication de l'Hénotique; Étudiant en droit de Beyrouth, il avait, avec cinq ou
celle de saint Cyriaque, Act. sanct., sept. t. VIII, six de ses disciples, embrassé la vie monastique au
n. 6, p. 148, mentionne la mission à Alexandrie du couvent de Pierre l'Ibérien, peu après la mort de ce
moine Thomas auprès de Pierre Monge et nous avons dernier, habité ensuite quelque temps le couvent
encore, Ahrens et Krueger, Die sogenannte Kirchen- de Romain près d'Eleuthéropolis et, avec sa fortune
geschichte des Zacharias Rhetor, p. 84, la réponse en- personnelle, construit enfin près de Gaza un monas-
thousiaste de Martyrius à Monge, une fois que celui-ci tère qui portait son nom et dont il venait d'assumer
eût été rétabli sur le siège d'Alexandrie. Dans le il
la direction. Intelligent et instruit comme l'était,
;
diocèse de Jérusalem les catholiques ne semblent pas
avoir fait la moindrerésistance àl'Hénotique évêques,
religieux ou fidèles, tous se soumirent avec docilité.
il n'avait pu longtemps se contenter du second rôle et,
depuis la fondation de son couvent, il était le vrai
chef des acéphales. Or, résidait alors dans le patriarcat
Il n'en fut pas de même tout d'abord chez les moines de Jérusalem le fameux Néphalios, le tribun popu-
monophysites. Puis le patriarche Martyrius gagna à laire, qui avait jadis causé tant de soucis aux parti-
lui l'archimandrite Marcien, qui, dans son monastère sans de l'énotique. Mécontent du patriarche Atha-
de Bethléem, entraîna à sa suite la plus grande par- nase, qui lui avait refusé la prêtrise et l'économat
tie des opposants. Les intransigeants, comme Géronce convoités par lui, il avait depuis quelques années
de Sainte-Mélanie et les disciples de Romain à Thé- quitté l'Égypte et les acéphales et s'était envolé
coa furent expulsés de leurs couvents et allèrent se parmi les hénotisants. Le bruit qui se faisait autour
réfugier auprès de leurs amis de Gaza et d'Eleuthé- de Sévère dans la région de Gaza réveilla ses instincts

:
ropolis. Dans ce diocèse, l'Hénotiqueavait donc réelle-
ment produit ses fruits catholiques et monophy-
sites ne formaient plus qu'une seule église, un peu au
combatifs et il jura de tirer vengeance sur lui de ses
anciens amis. Parti pour les côtes de la Philistie, Né-
phalios haranguait la foule dans les grands centres
détriment du concile de Chalcédoine. Le deuxième populeux et les villages, ne cessant de les exciter conLre
groupe monastique comprenait les couvents situés les moines acéphales. Bien entendu, Sévère se défen-
dans la région de Gaza; c'était un foyer ardent de dait de son mieux, mais s'il avait dans ses écrits une
monophysisme. Les monastères de Romain, de Pierre supériorité incontestable sur son rival, celui-ci ne se
l'Ibérien, d'Isaïe, de Silvain, d'Acace et de Salomon, connaissait pas de maître dans les réunions populaires.
pour ne citer que les principaux, ne s'étaient pas Un jour, à la suite d'un violent discours que prononça
inclinés devant l'Hénotique et, comme leurs compa- Néphalios devant l'église de Maïouma, la foule n'y
gnons d'Égypte, leurs religieux se disaient acéphales. tint plus et expulsa de leurs couvents tous les moines
Ils avaient, du reste, pour les guider, Pierre l'Ibé- acéphales. Bon nombre de ces derniers prirent alors
rien, et Isaïe, deux hommes qui jouissaient d'une le chemin de Constantinople; au dire de Théodore le
vraie réputation de sainteté. Le premier groupe de Lecteur, ils étaient plus de 200, voir Revue archéo-
Jérusalem étant gagné, il s'agissait donc à présent logique, t. XXVI (1873), p. 396; à leur tête figuraient
d'attirer le second. Dans ce but, le spathaire Cosmas Sévère et Mamas, archimandrite d'Eleuthéropolis
envoya son lieutenant Zénon en Palestine. Les récits et que saint Sabas réussit à convertir. Cotelier,
qui nous sont parvenus sur les résultats de ce voyage Ecclesiæ grszcse monumenta, t. III, p. 306.
sont assez équivoques, les historiens acéphales ayant Ce qui aurait dû causer la ruine du parti acéphale
tout intérêt à voiler la conduite peu courageuse de le servit contre toute attente. Grâce aux nombreux
leurs chefs. Mais étant donné ce que nous savons par amis qu'il avait à la cour, Sévère s'insinua dans les
ailleurs, on peut en conclure que Zénon avait l'ordre bonnes grâces de l'empereur Anastase et il obtint
formel de faire signer l'Hénotique par Isaïe et Pierre d'être réintégré, lui et les siens, dans leurs monastères.
l'Ibérien et, en cas de refus, de les envoyer à Constan- Lui-même s'abstint pourtant de revenir à Gaza et,
tinople. Pierre l'Ibérien au premier bruit de la nou- durant les trois années qu'il séjourna à Constanti-
velle, se sauva en Phénicie; Isaïe, qui était malade, nople, 508-509 à 511, il agit si bien de vive voix et
dut s'exécuter, et, sans doute, Pierre l'Ibérien ne tarda par écrit que l'empereur modifia complètement sa
pas à le faire ou à le laisser entrevoir. Saint Sophrone manière de voir. D'hénotisant convaincu qu'il était
dit, en effet, qu'il fondèrent l'un et l'autre une secte jusque-là, il se montra à partir de ce moment nette-
acéphale parmi les acéphales, P. G., t. LXXXVII, ment antichalcédonien. Son monophysisme qu'il
col. 3192; et ceci ne peut évidemment s'entendre que avait tenu plus ou moins secret devint tout à fait
d'une capitulation. En tout cas, la soumission ne fut agressif. La chasse auxhénotisants chalcédoniens com-
qu'apparente, car les monastères d'Isaïe et de Pierre mence; il n'y aura bientôt plus que les acéphales à
l'Ibérien restèrent acéphales comme auparavant, tirer profit de l'Hénotique. Grâce à Philoxène de Ma-
boug, acéphale déclaré, le patriarcat d'Antioche tra-
versait alors une crise redoutable et le patriarche
doine; mais il paraît en avoir signé ensuite les actes
ce qui ne l'empêcha pas, en 516, d'être déposé et
:
hénotisant Flavien avait grand'peine à se maintenir exilé à Aela. Si les acéphales ne réussirent pas à ga-
sur son siège. Les moines acéphales accouraient en gner ce siège patriarcal, ce n'est pas la faute au
foule à Constantinople, où l'appui de Sévère leur mé- successeur d'Élie, Jean, qui était doué d'assez peu
nageait toutes les entrées à la cour. Ces Syriens in- d'énergie, mais à saint Sabas et à saint Théodore,
trigants, querelleurs, eurent bientôt mis le trouble qui réunirent dix mille moines à Jérusalem et firent
dans la capitale; tout en ne perdant pas de vue la avorter l'entreprise.
déposition de Flavien, but premier de leur voyage, Parti de rien, le groupe acéphale avait, en somme,
ils se dirent que la possession du siège patriarcal de abouti à la conquête de tout l'empire oriental, à
Constantinople les aiderait plus que tout à atteindre l'exception de la Palestine. Il possédait trois patriar-
leur but. De là des traquenards et des pièges, creusés ches sur quatre et ne méritait donc plus le titre d'acé-
chaque jour sous les pas de Macédonius, le patriarche phale, qu'il n'avait d'ailleurs jamais pris lui-même.
hénotisant de Byzance. Un jour, on l'accusait d'avoir Son succès fut suivi d'une rapide déchéance; en 518,
célébré la fête de Nestorius dans l'église des moines lors de la mort d'Anastase et de l'avènement au
acémètes; un autre jour, de garder chez lui des vo- trône de Justin Ier, les relations étaient rétablies
lumes d'hérétiques; un troisième jour, d'ajouter au entre la papauté et la cour impériale. Dès lors, non
trisagion la formule théopaschite, qui était d'origine seulement on n'autorisa plus la condamnation du
monophysite. Il faut lire dans la lettre du prêtre Sy- concile de Chalcédoine et de la lettre de Léon, mais
méon,un de ces moines syriens, le détail au jour le jour on retira encore l'Hénotique, ce fameux édit d'union
de toutes ces intrigues. Ahrens et Krucger, op. cit., du tiers parti, que les acéphales avaient jugé trop
p. 121-128. Finalement, Macédonius II était congédié modéré et qui avait donné naissance à leur secte. On
par l'empereur le 7 août 511, et le prêtre Timothée, un se divisa donc en chalcédoniens et en monophysites,
acéphale, prenait sa place. Sévère avait mené plus que comme avant la promulgation de l'Hènotique. Sévère,
quiconque la lutte contre Macédonius II; espérait-il expulsé d'Antioche en 518, resta à la tête de son Église
recueillir sa succession? Cela paraît probable, et Za- en Syrie, comme Timothée IV restait à la tête de son
charie le rhéteur, son ami, nous apprend qu'il faillit Église monophysite d'Égypte. Ce fut là l'origine des
être élu. L'habile politique que fut toujours l'empe- deux Églises copte et syrienne ou jacobite. Pourtant
reur sut sans doute empêcher cette nomination, qui le terme d'acéphale fut encore employé par les au-
aurait déchaîné la guerre religieuse dans tout l'em- teurs catholiques, pour désigner le parti monophy-
pire; car avec Sévère ce n'était plus la politique du site des Sévériens; car, peu après l'année 518, du
tiers parti, celle de l'Hènotique, qui dominait, c'était monophysisme sortit un pullulement de sectes, pareil
celle des monophysites fanatiques. Bien que l'empe- ou supérieur à celui qu'a connu le protestantisme.
reur fût en communion complète d'idées avec lui, Ainsi, nous pouvons citer un traité d'Ephrem d'An-
il devina le danger, et ne se crut pas encore en état tioche contre les acéphales, au milieu du vie siècle;
de l'affronter. deux traités du diacre Rusticus, de la même époque;
Après avoir servi quelque temps le patriarche Timo- un autre de saint Euloge d'Alexandrie, au VIIe siècle;
thée comme protosyncelle, Sévère quitta la capitale un autre de saint Jean Damascène et de saint Théo-
pour son monastère de Gaza. Il pouvait se vanter dore studite, aux VlIIe et IXe siècles, etc., etc. Le
d'avoir bien servi les intérêts des acéphales; deux des concile de Séville, en 619, eut lui-même à s'occuper
leurs, Jean et Timothée, occupaientles sièges d'Alexan- des acéphales. Poursuivre l'histoire des acéphales
drie et de Constantinople; il ne restait plus à con- après 518, ce serait refaire l'histoire des monophy-
quérir qu'Antioche et Jérusalem. Dans la Syrie, la sites stricts ou sévériens, avec lesquels ils se con-
bataille faisait rage. Philoxène de Maboug, dans un fondent à partir de cette date.
concile tenu à Antioche en 509, avait obtenu de Zacharie le rhéteur, Vie de Sévère, dans Patroiogia
Flavien qu'il condamnât Théodore de Mopsueste, orientalis de Graffin-Nau, t. 11, p. 7-115. — Ahrens et Krue-
Théodoret, Ibas, Cyrus et leurs partisans; il était ger, Die sogenannte Kirchengeschichte des Zacharias
soutenu par un certain Eleusinus, évêque de la Rhetor, Leipzig, 1899, p. 75-139; une bonne partie de ces
Cappadoce IIe, par Nicias de Laodicée, Sergius de informationssont dues à Zacharie le rhéteur. — Chronique
Philadelphie d'Isaurie, Astérius de Kélendéris et la de Michel le Syrien, traduction Chabot, t. II, p. 152 sq.,
plupart des évêques isauriens qui communiaient avec c'est en général le résumé des sources précédentes.— Les
plérophories de Jean de Maïouma, traduction Nau, Paris,
Sévère. Cette condamnation n'avait pas suffi à Phi- 1899, c. XXII, XLIV, L, LV, LXX-LXXIII, LXXVIII; cet
loxène; il exigea ensuite celle du concile de Chalcé- ouvrage est antérieur à l'année 512, il atteste, chap. LV,
doine. Flavien la donna à moitié, rusant, biaisant avec
des gens qui en voulaient à sa place plus qu'à ses
convictions. Ce qui le montre bien, c'est qu'en 512,
-
que les acéphales étaient alors assez peu nombreux, du
moins en Palestine. Évagre, Hist. eccles., 1. III, c. XVI-
1. IV, c. IV, P. G., t. LXXXVI, col. 2625-2709. — Mans,
Concil. ampl. coll., t. VIII, les conciles de 518 et de 536. —
au concile de Sidon convoqué par ordre de l'empereur, Liberatus, Breviarium, dans P. L., t. LXVIII, col. 1026-1034.
lorsqu'il eut signé toutes les formules qu'on lui pré- de Tunnes, dans les Monumenta Germaniae histo-
senta, on ne l'en déposa pas moins, parce que son — Victor
rica, Berlin, 1894, t. XI, p. 194-200. — Théophane, Chro-
cœur démentait ce que proclamait sa bouche et qu'il nographia, ann. 476-511. — Gelzer, Josua Stylites und die
était chalcédonien in petto. Tandis que Flavien pre- damaligen kirchlichen Parleien des Ostens, dans Byzanti-

:
nait le chemin de Pétra, lieu de son exil, Sévère par-
venait enfin au but de ses désirs il était élu patriarche
d'Antioche, 6 novembre 512. Il ne restait plus aux
nische Zeitschrift, t. I (1892), p. 34-49. — Diekamp, Die
origenistischen Streitigkeiten im sechsten Jahrhundert und
das fünfte allgemeine Concil, Munster, 1899, passim. —
S. Vailhé, Un mystique monophysite, le moine Isaïe dans.
acéphales qu'à briser les résistances du patriarche Élie Échos d'Orient, t. IX (1906), p. 81-91. — Raabe, Petrus der
et à conquérir Jérusalem. Sévère envoya ses lettres Iberer, Leipzig, 1895. — Krüger, article Severus dans la
synodiques à Élie qui ne les reçut pas; il les renvoya Realencyklopüdie für protestantische Theologie und Kirche,
une seconde fois avec des clercs et des troupes impé- 3° édit., Leipzig, 1906, t. XVIII, p. 250-6.
riales, mais les moines prévenus par saint Sabas se S. VAILHÉ.
massèrent devant le calvaire et chassèrent de la ville 1. ACEPSDMAS (Saint), évêque martyr de He-
les délégués d'Antioche, mai 513. Élie ne se trouva naita, en Perse, fêté le 22 avril et le 3 novembre. C'est
pas au grand concile de Tyr (515), qui interpréta l'Hé- une des dernières victimes de lapersécutiondeSapor II.
notique dans le sens de la condamnation de Chalcé- Évêque de Henaita,Anithaen grec, il fut arrêté à l'âge
de plus de quatre-vingts ans et conduit devant le préfet ACERENZA ou CERENZA (Acherontin.), arche-
Adarkarkachar,Adarchoschar en grec, qui lui fit subir vêché de l'Italie méridionale. Cette ville, située sur
un interrogatoire sur la religion. Acepsimas persévéra une hauteur, non loin du petit fleuve Bradano, était
dans la défense de la foi, fut fouetté jusqu'au sang, célèbre dans l'antiquité. Horace, né dans la ville voi-
sine de Venusia (aujourd'hui Venosa), l'a nommée
puis lié avec une double chaîne et emprisonné; le prê-
tre Joseph et le diacre Aitalaha furent aussi tourmen-
tés avec lui. Trois ans après, en Médie, ils comparu-
dans les vers suivants :
rent devant le chef des mages, Adarchabour, qui fit .mirum quod foret omnibus
Quicunque celsæ nidum Acherontiæ,
périr Acepsimas dans un supplice horrible, le 10 oc- SaltusqueBantinos et arvum
tobre 378, d'après le texte grec, le 10 de la lune d'oc- Pingue tenens humilis Forenti (Od., III, IV, 13-16).
tobre, d'après le texte syriaque. La fille du roi d'Armé-
nie, qui vivait en otage dans une forteresse de Médie, Il n'en reste plus guère que des ruines, mais sa cathé-
réussit à dérober son corps aux soldats. drale, dédiée à saint Cano ou Canio, évêque et martyr
E. Assémani, Acta sanctorum martyrum orientalium et africain, qui repose dans la crypte et dont Ughelli a
occidentalium, Rome, 1748, t. I p. 171-203. -P. Bedjan, publié la vie d'après un ancien manuscrit (t. VII,
col. 14-24), est l'une des plus curieuses et des plus an-
Acta martyrum et sanctorum, Paris, t. II, p. 351-397.— Acta
sanctorum, april. t. III, p. 23-29, II-VII. — P. G., t. CXVI, ciennes de l'Italie.Élevée par l'évêque saint Léon II
col. 832-860.—Delahaye,Les versions grecques des actes des à la fin du VIIIe siècle, lorsqu'il transporta à Acerenza
martyrs persans sous Sapor II, dans la Patrologia orientalis le corps du martyr, elle fut presque entièrement re-
de Graffin-Nau, t.II, p. 414-418, 478-557. — J. Labourt, construite en 1082, à la suite d'un incendie qui avait
Le christianisme dans l'empire perse sous la dynastie sassa- détruit la plus grande partie de la ville. La commune
nide, Paris, 1904, p. 80-82.
S. VAILHÉ. compte 4499 habitants.
2. ACEPSIMAS (Saint), moine de Syrie sous Théo- La fondation du diocèse d'Acerenza remonterait à
dose le Grand, fêté le 3 novembre. L'unique rensei- peu près à l'an 300, et, selon les diptyques de cette
gnement que nous ayons sur lui se trouve dans la Re- Église, le premier évêque en aurait été Romanus, qui
ligiosa historia, c. xv, de Théodoret, P. G., t. LXXXII, la gouverna durant 29 ans. Ils nomment ensuite
col. 1413-1418. C'était un reclus, qui vécut soixante 14 évêques jusqu'en 488, époque où nous trouvons la
ans dans sa cellule, sans voir personne et sans parler à signature de son premier pasteur certain, saint Justus,
qui que ce soit. Des âmes charitables lui apportaient au premier concile de Rome sous le pape Symmaque.
sa nourriture frugale .Cinquante jours avant sa mort, Au xe siècle, l'empereur byzantin Nicéphore Phocas

;
il permit de le voir à tous ceux qui le désireraient et se
laissa même ordonner prêtre puis il mourut et fut en-
terré sur le lieu même de sa cellule, après avoir accom-
et le patriarche de Constantinople, Polyeucte, sou-
mirent abusivement le siège d'Acerenza à la juri-
diction métropolitaine de l'archevêché d'Otrante, et le
pli bon nombre de miracles. Par malheur, Théodoret Saint-Siège en fit plus tard un suffragant de Salerne.
ne précise pas en quel endroit de la Syrie ce solitaire a Le premier prélat à qui nous voyons donner le titre
vécu. Les livres liturgiques des Grecs reproduisent ces d'archevêque, dans un diplôme de Robert Guiscard,
renseignements, parfois en les écourtant, parfois en 1063, est Geraldus. Alexandre II confirma ce
aussi en les délayant; voir une courte notice dans De- titre à son successeur Arnoaldus ou Arnaldus (bulle
lehaye, Propylæum ad Acta sanctorum novembris, 13 avril 1068), et Pascal II, par une autre bulle du 18
Bruxelles, 1902, col.191. juin 1106, lui assigna comme suffragants les évêchés
S. VAILHÉ. de Venosa, Gravina, Tricarico, Tursi et Anglona, Po-
1. ACERBI (BARTOLOMEO), dominicain, naquit à tenza. En 1203, la ville d'Acerenza ayant presque
Pérouse vers le milieu du XIVe siècle. Il entra au cou- complètement disparu, Innocent III éleva l'église de
vent des dominicains de sa ville natale certainement Saint-Pierre de Matera, jusqu'alors simple paroisse
avant 1374. Élu prieur en 1387 et de nouveau en de la mense d'Acerenza, au rang de cathédrale, afin
1415. Il remplit la charge de provincial de la province que l'archevêque eût une résidence convenable, mais
romaine, en 1404. Pendant le grand schisme, il fut cela ne veut pas dire que Matera soit devenue alors
pour Grégoire XII, pendant que Léonardi Dati était archevêché, car l'archevêque André et ses succes-
en même temps constitué dans la même charge par seurs continuèrent de porter, pendant plus de deux
Alexandre V. Il fut en relation avec le bienheureux siècles, le titre d'archevêques d'Acerenza, tout en
Thomas Caffarini, du même ordre. Acerbi mourut à résidant, pour plus de commodité, à Matera.Ce ne
Pérouse au mois dejuillet 1423. Les auteurs lui at- fut qu'en 1440 que Matera reçut une administration
tribuent un livre intitulé Memorie della sua patria. Le spirituelle distincte. L'archevêque d'Acerenza, Man-
manuscrit n'en a jamais été édité et il est perdu. fredi, ayant dû s'exiler du royaume de Naples pour
Masetti, Monumenta et antiquitates veteris disciplinas or- avoir soutenu la cause de René d'Anjou contre Al-
;
dinis prædicatorum, t.I, p. 409-411 t.II, p. 323, 324. —Ver-
miglioli, Biografie de' scrittori Perugini.
phonse II d'Aragon, les Matérains, de leur propre au-
torité et avec l'appui de leur comte Giannantonio
R. COULON. Orsini, prince deTarente, se donnèrent un évêque en la
2. ACERBI (EMILIO), né à Nocera de Calabre ou, personne d'un franciscain, fr. Masio ou Madio, d'O-
suivant d'autres, à Bergame, en 1562, entra dans la trante, confesseur du comte. Eugène IV annula cette
congrégation de Vallombreuse et mourut en 1625. élection le 10 février 1440, mais consentit à séparer
:
On a de lui Logicarum quæstionum libri IV, in-4°,
Venise, 1596; — Peripateticarum quæstionum li-
juridiquement les deux Églises et confia l'administra-
tion du nouveau diocèse de Matera à Pietro, évêque
bri V, in-4°, Venise, 1598 et 1602; de Motola et vicaire général de Tarente; puis, à 1-a
Gualberti Panegyricus carmine heroico, — De vita D. Jo. prière de ce prélat, il finit par confirmer l'élection de
Florence, 1599;
— In libros de anima Aristotelis libri III; — In na- Madio. A la mort de Manfredi, il enleva, pour la se-
turalemphilosophiam libri VIII;— In casus conscien-
tiœ adhuc indecisoslibri VI. Il semble que ces trois
conde fois, à Madio l'administration de Matera et
réunit canoniquement les deux Églises æque princi-
derniers ouvrages sont demeurés manuscrits. paliter, c'est-à-dire que désormais il y eut deux dio-
Calvi, Scena letteraria degli scrittori Bergamaschi,Berga- cèses sous un seul archevêque.

-
me, 1664, p. 127. — Mazzuchelli, Gli scrittori d'Italia,
t. I, p. 95. Moreni, Biblioteca storico-ragionaladella Tos-
cana, in-4°, Florence, 1805, p. 5. J. FRAIKIN.
Tout n'était pas fini cependant. Sixte IV ayant,
dans la bulle de promotion du dominicain Enrico
Lunguardo, appelé ce prélat archevêque d'Acerenza.
et évêque de Matera, les habitants de cette dernière du précédent, 30 juillet 1518-décembre 1528, créé car
ville protestèrent, et le pape décida, par bulle du dinal le 3 mai 1527. — Francesco Palmeri, conven-
17 janvier 1471, que l'archevêque prendrait le titre tuel, frère des deux précédents, 21 août 1528-
d'archevêque d'Acerenza et Matera quand il se trou- août 1530.—Andréa Palmeri, de nouveau, 1530-1531;
veraitdans le diocèse d'Acerenza, et celui d'arche- est transféré ensuite à Policastro. — Gian Michele
vêque de Matera et Acerenza lorsqu'il se trouverait Saraceni, 3 juillet 1531-1556. — Sigismondo Saraceni,
dans celui de Matera. Enfin, en 1599, Clément VII son neveu, transféré de S. Severina, 1556-7 janvier
décida que le titre d'Acerenza précéderait toujours 1585. — Francesco Antonio Santorio, 28 juillet 1586-
celui de Matera, à cause de son ancienneté, mais que 28 août 1589. — Francisco de Abellaneda, 30 jan-
la résidence de l'archevêque serait Matera. Les choses vier-3 octobre 1591. — Scipione de Tolfa, trans-
restèrent en cet état jusqu'au début du XIXe siècle, féré de Trani, 20 décembre 1593- 12 février 1595.
époque où, par la bulle De utiliori, du 27 juin 1818, — Juan Miro ou de Myra, de Barcelone, transféré de
qui opéra divers changements dans les circonscriptions Castellammare de Stabia, 19mai 1596-novembre 1600.
ecclésiastiques du royaume de Naples, Pie VII suppri- — Giuseppe Rosso, transféré d'Aquila, 12 septembre
ma le diocèse de Matera, en le fondant en celui d'Ace- 1605 5 février 1601.—Juan Spilla, O. P., Espagnol, 19
renza, mais, sur les instances des habitants, de l'ar- janvier 1611- 20 septembre1619.—FabrizioAntinori,
chevêque Camillo Cataneo et du roi des Deux-Siciles transféré à Syracuse, 10 janvier 1621-novembre 1630.
Ferdinand Ier, il revint sur sa décision et, par les —Domenico Spinola,Gênois,cardinal du titre de Sainte-
deux bulles du 11 mars 1819 et du 9 novembre 1822, Cécile, transféré de Syracuse, novembre 1630-avril
rétablit purement et simplement le statu quo ante. 1632, est transféré ensuite à Sarzana.
— Simeone Ca-
LISTE DES ÉVÊQUES. — ? De 300 à 499, Romanus, raffa,30 août 1638-16 juillet 1647; transféré à Messine.
Monocollus, Petrus, Sylvius, Theodosius, Aloris, Ste- — Giambattista Spinola,neveu du cardinal Domenico,
phanus, Araldus, Bertus, Leo Ier, Lupus, Evalanius 14 mai 1649-1665; est transféré à Gênes.
— Vincenzo
ou Evaldinus, Azo, Asedeus, Josephus, S. Justus, 498. Lanfranchi, transféré de Trivento, 16 décembre 1665-
— S. Leo II, vers 776. 799. — Petrus II, 833. — 6 septembre 1676. — Anton del Rios y Colminarez,
Rodolfus, vers 875. —Léo III, vers 880 vers 909. — Espagnol, transféré de Gaète, 14 mars 1678- mars
Andreas, 909-env. 938. — Joannes, 938-env. 973. — 1703. — Antonio Maria Brancacci, théatin, 4 juin 1703
Joannes II, O. S. B., 974-977. — Stephanus II, vers t 15 février 1722. — Giuseppe Maria Positani, 27 sep-
978-1028. — Stephanus III, 1029- 4 mai 1041. — tembre 1723-1729; transféré à Salerne,—AlfonsoMari-
Stephanus IV, 1041-env. 1048. — Goderius Ier, env. conda, O. S. B., transféré de Trivento, 11 octobre 1730-
1048-1058. — Goderius II, cnv. 1058-1060, transféré à 13 février 1737. — Giovanni de Rossi, transféré
l'évêché d'Oristano (?). d'Ugento, 8 juillet 1737-21 mai 1738; est transféré
LISTE DES ARCHEVÊQUES D'ACERENZA ET MATERA. ensuite à Tarente.— Francesco Lanfreschi, transféré
— Geraldus, 1063. —Arnoaldus ou Arnaldus, 1066 ou de Gaète, 21 mai 1738- 9février 1754. — Antonio
1067- 1101.—Petrus III, 1102-env. 1142. —Duran- Ludovico Antinori, transféré de Lanciano, 22 avril
dus, 1142. —Robertus, vers
1151. —Richardus, 1178- 1754-1758. — Serafino Filangeri, O. S. B., 25 mars
1184. — Petrus IV, 1184-env. 1194. — Petrus V, 1758-25 août 1762; est transféré à Palerme. —Niccolo
1196.—Rainaldus,31 juillet 1199. —Andréas II, 1198 Filomarini, célestin, 16 mai 1763-31 août 1767: est
ou 1200- env. 1246. — Anselmus, chanoine de Naples, transféré à Caserte. — Carlo Parlati, transféré de Po-
18 avril 1253- env. 1255. —Laurentius, O. P., 5 avril tenza, 1er décembre 1767-24 février 1774. — Giuseppe
1267- 15 novembre 1276. — Pietro deArchia, 22juin Sparano, chanoine de Naples, 29 mai 1775- 5 juin
1279-env. 1300. — Gentile Orsini, O. P., évêque élu 1776. — Francesco Zunica, 16 décembre 1776- 16 dé-
de Catane, administrateur apostolique,
-J-5 août 1303.
3
juin 1300-
de
la congrég.
cembre 1796.—Camillo Cataneo des marquis de Monte
Scaglioso, 18 décembre 1797-1835. — Antonio de
— Guido ou Gulielmus,
de Cluny, administrateur apostol., 6 septembre 1303 Macco, chanoine de Gaète, 6 avril 1835-7 août 1854.—
(et non 1304 comme le dit Eubel)-13 novembre 1306. GaetanoRossini,23mars 1855-27 mars 1867; esttrans-
— Landulfus, O. P., transféré de Vico Equense, à
féré Molfetta.—Pietro Giovine, 27 octobre 1871- 11
12août- 6 nov. 1307. Robertus II,
— P., 18 août
O. septembre 1879.—Gesualdo Niccolo Loschirico da Car-
dinale, capucin, transféré de Gallipoli, 27 février 1880-
1308-env. 1334.
4

juillet 1334-? 17 déc. 1343. -
Petrus VII, transféré de Venosa,
Giovani Cortello ou
Corcello, chanoine de Naples, 29 janvier 1343-1363.
1895. — Diomede Falconio, O. M., nommé ensuite
évêque titulaire de Larisse et délégué apostolique
— Bartolomeo Prignano, chanoine de Naples, le futur aux États-Unis, 29 novembre 1895-3 septembre 1899.
Urbain VI, 22 mars 1363-13 janvier 1377; est trans- — Raffaele Rossi, de S.Nicola Manfredi, transféré de
féré à Bari. — Nicolo Acconciamuri ou Accroza- Bova,14 décembre 1899- 1907. — Anselmo Pecci, O.
mura, chanoine de Naples, 8 avril 1377-5 novembre S. B., transféré de Tricarico, 19 décembre 1907.
1378; est transféré à Bari. — Jacopo de Silvestro, ÉTAT ACTUEL.
— Le diocèse d'Acerenza est donc,
nommé par Clément VII d'Avignon, 1380. t -
Gio-
vanni, prévôt de Livourne.( dioc. de Verceil), 7 fé-
comme nous l'avons dit, uni æque principaliter, au dio-
cèse de Matera et gouverné par un seul archevêque
vrier 1379- env. 1381. — Bisanzio Morelli, 1384. — avecrésidencehabituelle à Matera. L'archevêchéa pour
Tommaso de Domina Lavinia, chanoine de Bitonto, suffragants les évêchés d'Anglona et Tursi, Potenza,
20 décembre 1393. —Pietro-GiovanniBaracallo, 1395
est transféré à Corinthe. — Stefano Goberno, O. M.,
; Tricarico,Venosa.Pour le diocèse de Matera, voir ce mot.
Celui d'Acerenza comprend deux communes de la pro-
transféré de Corinthe, 15 mars 1395-5 mars 1403; vince de Lecce et 16 de celle de Potenza. Il est divisé
est ensuite transféré à Cales. — Riccardo d'Olibano, en 24 vicariats forains et 28 paroisses, et compte 275
transféré de Belcastro, 6 novembre 1402-1405. — Ni- prêtres séculiers, 10 religieux, dont 6 prêtres, 20 re-
colo Piscicelli, cistercien, de Naples, transféré de ligieuses dans 3 monastères, 140 églises ou chapelles,
Modruss-Zengg (Croatie) (?), 16 mars 1407-20 février 54 confréries, 128200 habitants catholiques.
1415.— Manfredi, transféré d'Acerno, 20 février 1415-
4 août 1444. — Marino de Paoli, transféré de Fondi, t.
Ughelli,Italiasacra, VII,col. 6-34.—Gio-Battista Coretti
4 septembre 1444- septembre 1470.
-
Enrico Lun-
guardo, O. P., transféré de Policastro, 1470- 8 dé-
cembre 1482. — Vincenzo Palmeri, de Naples, 14 mars
e Eusebio Schiuma, Dissertatio apologetica de cathedralitate
Ecclesiæ Materanæ illiusquediœcesis,Rome,1782.—Francesco
e
Pecheneda,Dimostrazionede diritti prérogativedella regale
Chiesa di Acerenza, in-4°, Naples, 1761. — Antonio Zavar-
1483-30 juillet 1518. — Andrea Matteo Palmeri, frère roni, Note sopra la bolla di Godano, arcivescovo dell' Ace-
renza spedita l'anno 1060, in-4°, Naples, 1761 et 1765. — suite à Acerenza. —Antonio ou Antonello Surracha,
Giuseppe Antonini, La Lucania, discorsi, Naples, 1795- de Salerne, transféré de Nebbio, 20 mars 1415-† 6 juil-
1797, t. 11, p. 82-83.- Volpe, Memorie storiche sulla città
di Matera. — Cappelletti,Le Chiese d'Italia, t. xx, p. 299,
let 1436. — Niccolo Solimele, archidiacre de Salerne,
transféré à Venosa, 27 août 1436-17 octobre 1459. —
417-452. — Schulz, Denkmâler der Kunst des Mittelalters Paraclito de Malvezzi, O. Erm. S. A., 10 mars 1460-
in Unteritalien, Dresde, 1860, t. 1, p. 9, 317, et atlas,
f.
pl. LXXXVII, I-II. —Gams, Series episcop., t.1, p. 843; t.11,
†1487. — Menelao Gennari, 12 (et non 16 comme le
dit Eubel) février 1487-28 août 1493, transféré à Sor-
p. 8. — Gattini, Note storiche sulla città di Matera. — Fr.
Festa, Noticie storiche sulla città di Matera, in-8°, Naples, rente. — Antonio Bonito, O. M., transféré de Monte
1882. — Stornaiolo, Pastorale eburneo della Chiesa di Ace-
renza in Basilicata, dans Gli studi in Italia, Rome, ann.
1883, n° 2, t. VI, p. 386-400. — A. Bozza, La Lucania,
1513. —Alemanno, †
Marrano, 19 mars 1494-†1510. — Pietro d'Arezzo,
1514. — Lucio ou Luca, 29 mai
1514. — Card.Pompeo Colonna, administrateurapost.,
-
Rionero in Vulture, 1888-1890, t. 11, p. 110-112. Eti-bel, 1523-† 1525. — Gerolamo Oliveri, 23 juin 1525-1539.
Hierarchia cath. medii ævi, t. 1, p. 68; t. 11. p. 89. — Revue
de l'art chrétien, nouvelle série,t.1, p. 588; t. IV, 231, 261.— — Card. Francisco Quinonez, O. M., espagnol, ad-
Rich. Delbrück, Art. sur un buste de la façade de la cathé- ministrateur apostol., 9 juin 1539. — Niccolo An-
drale d'Acerenza, dans Zeitschrift für bildende Eunst, oct. gelo degli Oliveri, 29 octobre 1539-† 1566. — Tommaso
1902, p. 17. — I monasteri medievali della regione del Vul- Matteo Valdinas, O. P., 15 mai 1566-†1570. — Lelio
ture, gr. in-4°, Naples, 1897, p. XXII-XXIII (extrait de la Giordani, romain, 13 août 1570-28 novembre 1580; est
Napoli nobilissima).—Bertaux, L'art dans l'Italie méridio- transféré à l'archevêché de Rossano. — Gian-Fran-
nale, gr. in-4°, Paris, 1904, t. 1, p. 117, 326-327,331,467-
468, 514, 732. — J. Gay,L'Italie méridionale et l'empire cesco Orefici, 24 février 1581-1593. — Antonio Ajelli,
byzantin, gr. in-8°,Paris,1904,p.193,352,359, etc. — Gro- deSorrente, 24 novembre 1593-1604.—Paolo Manara,
ner, Die Diözesen Italiens, p. 8, 23, 29, 38,41-43,47-49. — de Plaisance, O. M., 20 octobre 1604-† 1611. — Fran-
Le circoscrizioni ecclesiastiche in relazione colle divisioni cesco Solimele, 14 mars 1611-† 1613. — Juan Serrano,
amministrative, in-4°, Rome, 1885 (publication du minis- espagnol, O. P., 20 novembre 1613-† 1637. — Lodo-
tère de l'Agriculture, Industrie et Commerce d'Italie). vico Galbiati, 17 août 1637. — Pietro Paolo Bonsi,
— Indicatore delle diocesi d'Italia, in-18, Rome, 1882. — 13 septembre 1638, transféré à Conversano, 26 mai
G. Petri, L'orbe catholico, t. 1, p. 265. — O. Werner, 1642. — Clemente Confetto, transféré de Muro,
Orbis terrarum catholicus, p. 27.— Censimento della popo- 13 avril 1643. — Camillo Ragona, de Tricarico, 17 oc-
lazione delregnod'Italia allO febbraio 1901, 5 vol. gr. in-8°,
Rome, 1902-1904 (publication du ministère de l'Agricul- tobre 1644-13 avril 1665, transféré àCapaccio. — An-
ture, etc.). — P. Vosa, Chiesa e seminario di Acerenza, tonio Glielmo, 15 juin 1665-† mars 1690. — Fran-
Naples, 1906. —La gerarchia cattolica, in-18, Rome, 1909. cesco Sifola, théatin, de Naples, 22 mai 1690-† 1696.
— Annuario ecclesiastico, gr. in-8°, Rome, 1909. — Scipione Caroci, de Gaète, 17 septembre 1696-juin
J. FRAIKIN. 1702. —Niccolô Ventriglia, 5 mars 1703-† 1708. —An-
ACERNO (ANGELO), né à Tricarico. D'abord curé tonio Menafra, 24 janvier 1718-† vers 1738. —
de la paroisse de San Liborio à Naples, il fut préconisé Domenico Anello, 26 janvier 1739-20 mai 1743, trans-
évêque de Muro le 6 avril 1718, et mourut le 22 sep- féré au siège d'Andria.— Gerolamo de Lorenzi, 15 juil-
tembre 1724. let 1743-† vers 1791. — Michelangelo Calandrelli, O.
Gams, Series episcoporum Eccles. cathol., p. 902. S. A., 26 mars 1792. — Giuseppc Mancusi, 10 décem-
J. FRAIKIX. bre 1797-†vers 1806.
ACERNO (Acernen.), diocèse de l'ancien royaume Ughelli, Italia sacra, t. VII, col. 445-451. — Marcantonio
de Naples. La ville d'Acerno n'est qu'une bourgade Sorgente, Neap. illustr., c. VIII. — Serafino Monotrio, Zo-
sans importance de la province de Salerne (2 324 ha- diaco di Maria, ouvero le dodici provincie del regno di
bitants). Ce diocèse fut suffragant de l'archevêché de Napoli, in-8°, Naples, 1715, p. 249.—Cappelletti, Le Chiese
Salerne dès les temps les plus anciens, et Pie VII finit, d'Italia, t. xx, p. 314-319. — Gams, Series episcop., t. 1,
le 27 juin 1818, dans la bulle De utiliori, par don- p. 844. -Le circoscrizioniecclesiastiche in relazione colle
divisioni amministrative.—Bertollotti, Statistica ecclesiastica
ner à cet archevêché l'administration perpétuelle de d'Italia. — Eubel, Hierarchia catholica medii ævi, t. 1, p. 67;
l'église d'Acerno, qui cessa dès lors d'avoir un évêque t. II, p. 89. — Censimento della popolazione del regno d'Ita-
propre. lia. — Groner, Die Diözesen Italiens, p. 10, 51. — G. Pe-
Le diocèse d'Acerno, qui comprend 7 communes de tri, L'orbe cattolico, t. 1, p. 252. — G. Wernier, Orbis ter-
la province de Salerne, compterait, d'après l'Annuario rarum catholicus, p. 14.
ecclesiaslico de 1908, environ 11000 habitants catho- J. FRAIKIN.
liques;16360, d'après Bertolotti, Statistica ccclesia- ACERRA (Acerrarum), diocèse de l'Italie méridio-
stica d'Italia, IIIepart.,p.113; 7 paroisses, 30 prêtres, nale, Terre de Labour, entre Naples et Bénévent, com-
6 religieuses, 7 églises ou chapelles, 9 confréries. La prenant cinq communes de la province de Caserte et
cathédrale est dédiée à saint Donat, évêque et martyr. une de la province de Naples; suffragant de l'arche-
On ne connaît le nom d'aucun évêque d'Acerno avant vêché de Naples. La ville d'Acerra, l'ancienne Acerræ,
1136. est située à 12 kilomètres au N.-E. de Naples, sur
LISTE DES ÉVÊQUES. — Pisanus, 1136. — Petrus, l'Agno. Elle était très importante dans l'antiquité et
1179. — Paulus (et non Paschasius, comme le vou- fut élevée au rang de cité romaine dès 332 av. J.-C.
draient Cappelletti et Gams), 30 mars 1222. — Lucas, Brûlée par Annibal, puis, au IXC siècle de notre ère, par
O. M., 1274-77. — Jacobus Ier, 1295. — Andrea Capo-
grasso,1309-25 mai 1319; est transféré à Valva.
Giordano, O. P., 25 mai 1319-†1331. — Pietro II, O.M.,
- le duc de Naples, Bono, elle a vu diminuer, de jour en
jour, le nombre de ses habitants, à cause de son insa-
lubrité. Elle n'en compte plus que 15829. La ca-
1331-18 janvier 1341. — Jacopo II, 14 juin 1344- thédrale, dédiée à l'Assomption (elle ne l'a jamais
10 novembre 1348. —Matteo, de Marino, 18 mai 1349- été à saint Michel, quoi que prétendent Ughelli et Cap-
7 1363. — Giuliano, O. M., transféré de Nebbio, 3 juil- pelletti), édifiée à une époque inconnue, a été recon-
let 1363-11 août 1371, transféré ensuite à Lettere. — struite presque entièrement au xvnc au XVIIIe et au
Roberto de Casali, O. M.,transféré de Lettere, 11 août XIXe siècle. Les deux patrons du diocèse sont saint
1371. — Tommaso, nommé par Clément VII d'Avi- Conon et son fils, martyrisés à Iconium sous Dioclé-
gnon. — Benedetto, d'Ascoli, O. Erm. S. A., nommé tien.
par Clément VII, se soumet ensuite à Boniface IX et Suivant Ughelli, le premier évêque d'Acerra serait
est transféré à Castellaneta, 31 mars 1389-1396. — un certain Concordius, dont il affirme qu'on trouve la
Pacello, de Salerne, O. M., 20 mars 1396-† 1405. — signature parmi celles des Pères du premier concile de
Manfredi, 10 juillet 1405-20 février 1415, transféré en- Rome, sous Symmaque, en 499, mais, en réalité, on y lit
seulementcelle d'un certain Deodatus Cerriensis, c'est- vier 1527-† 1532 ou 1535. — Card. Vincenzo Caraffa
à-dire évêque de Cere, près de Rome. La création du (et non pas Giampietro Caraffa, archevêque de Naples,
diocèse d'Acerra ne paraît pas antérieure au XIe siècle, comme le dit Caporale), administrateur apostol., 25 ou
et Caporale croit qu'elle date de la suppression de 26 juillet 1535-1539. — Giampaolo de Pise ou de Thi-
l'évêché de Suessola vers 1057. Le premier évêque sis, 14 avril 1539-† 1554. — Gianfrancesco Severino,
connu serait, d'après cet auteur, Giraldus, dont il cite 6 juillet 1555-†1560. — Giovanni Fabrizio Severino,
deux actes de 1098 et 1114. Puis viennent Bartholo- 13 mars 1560-29 juillet 1568, est transféré à Trivento.
mæus, qui assista au IIIe concile de Latran en 1179, et, —Juan Vasquez Coronado de Sayas Urtado, espagnol,
vers la fin du XIIe siècle, Romanus, nommé dans l'obi- 23 juillet 1568-† 1571. — Scipione Salernitano, de
tuaire du couvent de Santa Patrizia à Naples. Caporale Naples, 16 juillet 1571-† 1587. — Marcello Majorana,
cite encore un acte émanant d'un certain Gentilis théatin, transféré de Cortone, 13 novembre 1581-
en 1241. Une dizaine d'années plus tard un moine du † 13 décembre 1586.—Giambattista de Tufo, théatin,
Mont-Cassin, Theodinus, fut nommé abusivement par patricien d'Aversa, 17 août 1587-23 juin 1603.— Juan
Manfredi, prince de Tarente, abbé de ce monastère et Correa, de Saragosse, chanoine de Naples, 23 juin
s'arrogea aussi les pouvoirs d'évêque d'Acerra, mais 1603-† 1606. — Vincenzo Pagani, 20 novembre 1606-
Urbain IV, par la bulle Pvsa fulgore du 29 mars 1263 †vers 1641, théatin. —Mansueto Merati,barnabite,de
;
(Ughelli, Italia sacra, t. VI, col. 218-219; Cappelletti,
Le Chiesed'Italia, t. XIX, p. 539-541 Potthast, Regesta,
n. 18509; Guiraud, Les registres d'Urbain IV, t. u,
Milan, 13 juillet 1644-† vers 1661. Placido Caraffa,
théatin, 9 avril 1663-† 3 décembre—1674. — Carlo de
Angelis, transféré d'Aquila, 17 décembre 1674-† 1691.
p. 251, n. 512), le destitua et nomma à la direction de — Karl de Tilly, de Trêves, 21 janvier 1692-1697;
l'abbaye Bernardus, abbé de Lérins, qui paraît être est transféré à Monopoli. — Giuseppe Rodoeri, de
le même que Bernardo Aiglerio, archevêque de Na- Naples, 1er juillet 1697-† octobre 1699. — Benedetto
ples, et a probablement, à ce dernier titre de métropoli- de Noriega, O. M., 28 mai 1700-† 1708.
— Giuseppe
tain, gouverné pendant plusieurs années l'église d'A- Maria Positani, 22 novembre 1717-30 août 1723; est
cerra. Wadding (du moins d'après Caporale, mais transféré à Acerenza. — Domenicantonio Biretti, de
nous avons en vain cherché cette assertion dans les Capoue, 21 juin 1725-23 décembre 1760. — Ciro degli
Annales Minorum) citerait ensuite frère Luca, fran- Altieri, de Naples, transféré de Monopoli, 14 novem-
ciscain, qui aurait consacré, en 1274, l'église de Sainte- bre 1761-† 13 octobre 1775. — Gennari Giordano,
Marie-Majeure in Diano, mais tout semble indiquer 20 mai 1776-† 1789. — Fra Leonardo-Maria di Fosco,
que ce religieux a été, en réalité, évêque d'Acerno. O. P., 27 février (?) 1792-† vers 1795.
— Orazio Ma-
Enfin, en 1286, nous voyons élire évêque d'Acerra un gliola, 10 décembre 1797. — Giuseppe Pezzella, de
certain Thomas, et la série continue dès lors à peu près Teramo, 1820-1829.
régulièrement jusqu'à l'année 1218, où par la bulle ÉVÊQUES DES DIOCÈSES UNIS
DE S. AGATA DE'
De utiliori, le diocèse d'Acerra, fut uni æque princi- GOTI ET D'ACERRA. — Emmanuele Maria Bellorado,
paliter à celui de S. Agata de' Goti. Mais l'union ne O. P., transféré de Reggio Calabria, 18 mai 1829-
dura pas, et, par la bulle du 30 novembre 1854, mise †23 octobre 1833.—Taddeo Maria Garzilli,transféré de
à exécution par décret du nonce à Naples, Mut" Fer- Bojano, 20 janvier 1834-† 5 mars 1848. — Francesco
rieri, en date du 15 avril 1855, chacun des deux dio- Javarone, transféré d'Ascoli, 20 avril 1849-† 19 août
cèses reprit sa vie propre, et celui d'Acerra fut quelque 1854. — ÉVÊQUES D'ACERRA. — Giuseppe Gennaro
Romano, transféré de S. Angelo de'Lombardi, 30 no-
peu agrandi.
LISTE DES ÉVÊQUES. — Giraldus, 1098-1116. — Bar-
tholomæus, vers 1179. —Romanus, finduXIIe siècle.—
vembre 1854-26 mars 1864.
23 février 1872-1899.
-
Giacinto Magliuolo,
Gentilis Ier, vers 1241. —Theodinus, O. S. B., intrus, L'évêque actuel est Mgr Francesco Di Pietro, né a
?-29 mars 1263. — Thomas, 1286-1302. — Gentilis II, Naples le 4 octobre 1844, promu le 14 décembre 1899.
?-1307-2 novembre 1308. — Gulielmus, 7-1308-1313.— Le diocèse compte 15 vicariats forains, 12 paroisses,
Giovanni d'Estretello, cistercien, 1316-1325.—Spanus, 44 églises ou chapelles, 100 prêtres séculiers, 24 reli-
1325. — Filippo, 1326-1331. — P. 1332 (Caporale, gieux en 3 couvents, 28 religieuses en 5 couvents,
p. 380). — Fra Giovanni II, O. M., 1332 - 23 décembre 13 confréries, 38000 habitants catholiques.
1342; est transféré à Bagnorea. —Fra Matteo da Cas-
telpietro, O. M., transféré de Bagnorea, 20 décembre Gattola, Historia abbatiæ Cassinensis, Venise, 1733,
1342-† 1344. — Ranicri, 27 octobre 1348-1 1354. —
Federico de Somma O. P., 28 février 1358-†1362. —
Giovanni de' Patti, O. P., 6 mars 1363-† ? 1394 (14 fé-
-t. 11, p. 455. — Ughelli, Italia sacra, t. VI, col. 216-225.
Wadding, Annales minorum, Rome, 1731-1794, t. IX,
p. 120. — A. Giordani, Cenno sulio stato antico e moderno
vrier 1393; Niccolo, de Naples, coadjuteur, et non pas di Acerra, in-4e, Naples, 1838. — Cappelletti, Le Chiese
Jean, comme l'affirme Wadding). — Benedetto d'As- d'Italia, t. XIX, p. 538-548. — Gams, Series episcoporum,
t. 1, p. 844-845. — G. Caporale, Ricerche fisiche, statistiche,
coli (?) (cité par G. Lanteri, Postrema sæcula scx reli- topografiche, storiche dell' agro acerrano, in-8°, Naples, 1859;
gionis augustinianæ, t. 1, p. 383, mais très douteux), Ricerche archeologiche, topografiche e biografiche sulla diocesi
1389-1393. — Tommaso II, 1394-1403. — Angelo di Acerra, in-8°, Naples, 1893. — Schulz, Denkmiiler der
de Conciliis, 30 (et non pas 29 comme le dit Capo- Kunst des Mittelallers in Unteritalien, t. 11, p. 197. —
rale) juillet 1403-† 1429. — Filippo II, 18 mai D. Luigi Tosti, Storia della badia di Montecassino, Rome,
1429-† 1434. — Nicola de Utino (et non pas d'Ur- 1888-1899, t. 111, p. 5-6.— Le circoscrizioni ecclesiastiche in
bino, comme le disent Ughelli, Cappelletti, Gams), relazione colle divisioni amministraiive. — Bertolloti, Sta-
tislica ecclesiastica d'Italia. — Nuovo dizionario dei comuni
6 septembre 1434-1439. — Nicola Dcscari, 20 sep-
e frazioni di comuni del regno d'Italia. — Censimento della
tembre 1439-1451. — Bertrando, chanoine de Na- popolazione delregno d'Italia. — La Gerarchia cattolica,
ples, 5 (et non 3 comme le dit Caporale) avril 1909. — Annuario ecclesiastico, 1909. — Beloch, Campanien,
1451-1452. — Leone ou Leoncino Cortesi, archidiacre in-4°,Berlin, 1879, p. 382-384. — Eubel, Hierarchia ca-
de Sorrente, 2 (et non 3 comme le dit Caporale) oc- tholica medii ævi, t. 1, p. 67-68; t. II, p. 89. — G. Filangieri,
tobre 1452-† 1497. — Roberto de Noe, O. P., transféré Documentiper lastoria,learti e le industrie delle provincie
de Minervino, 15 mars 1497-15 avril 1504, est transféré napoletane, Naples, 1883-1891, t. III, p. 101-106; t. IV,
-
ensuite à Naxos (?). Nicoli) de Noe, 15 avril 1504-
†1511. — Vincenzo de Corbi, 22 août 1511-†1512.—
p, 254-255, note. — Società napoletana di storia patria, Mo-
numenti storici, Ire série, p. 1. — Groner, Die Diözesen
Italiens, p. 10, 38. — G. Petri, L'orbe cattolico, t. 1,
Giovanni de Vich ou de Vico, O. P., 23 juillet 1512- p. 211.
† 1526.—Carlo degl' Ariosti, de Naples, sacré 23 jan- J. FRAIKIN.
ACÉSIUS, évêque novatien du IVe siècle. On déric, comte d'Amaous, qui leur concédait, le premier
ne connaît de sa vie que l'épisode suivant, rap- lundi des kalendes de septembre 785, d'assez vastes
porté par Socrate, Histor. eccles., 1. I, c. x, et répété domaines aux alentours, lui provenant de la succession
par Sozomène, Histor. eccles., 1. I, c. XXII, P. G., de ses père et mère.
t. LXVII, col. 100-101, 924-925. Appelé au concile de A une époque indéterminée, les religieux quittèrent
Nicée par l'empereur Constantin, il ne fit nulle le monastère dont les propriétés se trouvent, en 1090
difficulté d'accepter le symbole de foi et l'ordon- (charte d'Urbain II), et en 1111 (diplôme de l'arche-
nance sur la fête de Pâques, n'y trouvant rien vêque de Besançon, l'un et l'autre aux Archives du
de contraire à la tradition apostolique; mais quand Jura, fonds de Saint-Claude), dans la dépendance de
l'empereur lui demanda pourquoi, alors, il refusait l'abbaye de Baume.
de communiquer avec les évêques catholiques, il se Au commencementdu XIIe siècle, deux frères, Cons-
mit à faire l'histoire du schisme de Novatien et affirma tantin et Robert, le premier prêtre, se retirèrent dans
que le péché que l'Écriture appelle mortel, c'est-à-
l'Église
les ruines d'Acey pour y vivre en solitaires. Des disciples
dire l'apostasie, ne peut être remis par et vinrent les y rejoindre, et, le 5 décembre 1127, Anséric,
qu'il faut en attendre le pardon de Dieu seul. — « 0 archevêque de Besançon, consacra l'église du nouveau
Acésius, lui répartit spirituellement Constantin, prends monastère sous le vocable de Saint-Jean-Baptiste.
une échelle et monte au ciel tout seul. » Socrate ajoute L'année suivante, Ponce, sire de Thervay, fit aux
qu'il est le premier historen à raconter ce fait, et il moines une donation considérable. Pourtant, cet éta-
insinue qu'Eusèbe l'a passé sous silence de parti pris. blissement disparut bientôt, sans qu'on sache pour-
Quant à lui, il tient son récit d'un personnage très quoi, ni comment.
véridique, le prêtre novatien Auxanon, qui accom- Un clerc, Thierry, qui possédait aux environs une
pagna Acésius au concile de Nicée et qui vivait encore petite chapelle, s'en démit en faveur de Guy, abbé de
au début du règne de Théodose le Jeune. Cherlieu, en 1134, pour que celui-ci y établît un mo-
Sozomène rapporte la conversation de Constantin nastère de l'ordre de Cîteaux. Odon, abbé de Saint-
et d'Acésius presque dans les mêmes termes que So- Oyan-de-Joux, renonça à tous les droits de son abbaye
crate, en la classant parmi les ondit. Un peu plus loin, sur Acey, Ougney, et les environs, moyennantun léger
1. II, c. XXXII, P. G., loc. cit., col. 1028, il af- cens annuel que Renaud III, comte de Bourgogne,
firme qu'Acésius était évêque de sa secte à Constan- prit à sa charge en même temps qu'il abandonnait au
tinople et que l'empereur l'avait en grande estime à nouveau monastère de vastes domaines. D'autres do-
cause de l'austérité de sa vie. Il est possible que son nations furent faites par les seigneurs du pays et con-
influence ait été pour quelque chose dans les me- firmées, en 1137, par l'archevêque Humbert, de Be-
sures d'indulgence prises par les Pères de Nicée à sançon, et par l'empereur Frédéric Barberousse, en
l'égard des novatiens (canon 8). 1156.
Henri Valois, dans ses annotations à l'histoire de Le pape Alexandre III, ayant été élu malgré l'oppo-
Socrate, P. G., loc. cit., col. 99, note 79, trouve peu sition de cet empereur qui soutenait Victor IV, et les
vraisemblable cette discussion entre Constantin et abbés de Cluny et de Cîteaux ayant pris le parti de
Acésius en plein concile de Nicée. Parmi les raisons Victor, Alexandre excommunia tous les couvents de
sur lesquelles il s'appuie une seule nous paraît avoir ces deux ordres. Les religieux d'Acey furent chassés
quelque poids; c'est celle qu'il tire de l'extrême vieil- et leurs biens pillés par les seigneurs d'alentour.
lesse de cet Auxanon de qui Socrate dit tenir l'inci- A la fin du schisme, en 1161, le pape Alexandre III
dent. Il s'est écoulé, en effet, 83 ans entre le concile de intervint lui-même pour leur faire rendre justice et les
Nicée et l'avènement de Théodose le Jeune. Si l'on réintégrer dans leurs possessions. Le pape Lucius III,
accorde à Auxanon un minimum de 20 ans en 325, en 1182, prit le monastère sous sa protection, et or-
cela lui faisait 103 ans en 408. « On voit, dit Valois, donna que la règle de Cîteaux y fut invariablement
le cas qu'il faut faire du témoignage d'un vieillard observée. Il exempta même les religieux de la juridic-
décrépit et hérétique. » Sans doute, ajouterons-nous, tion de l'Ordinaire.
à 103 ans, on peut avoir des lapsus de mémoire, mais Pillé peu après parles brigands, restauré et enrichi,
n'est-ce point un fait d'expérience que les souvenirs notamment par Othon II de Méranie qui, en 1213, y
les plus anciens sont ceux qui se conservent le plus fonda son anniversaire et celui de sa femme Béatrix,
longtemps? Aussi croyons-nous avec Tillemont, Mé- le monastère devint extrêmement prospère. Les guer-
moires, Paris, 1704, t. VI, p. 677-678, que le récit de res entre comtois et bourguignons, au XIVe siècle, lui
Socrate peut être accepté. furent préjudiciables; les bandes de routiers qui sac-
M. JUGIE. cagèrent, en 1363, la vallée del'Ognon, achevèrent sa
1. ACEVEDO (JEAN DE), frère mineur, né en 1551 ruine momentanée.
dans la Navarre espagnole, partit, en 1592, pour l'Amé- Restauré à nouveau et doté par Marguerite de
rique où il fut gardien dans divers couvents. Il fonda France (1368), par Jeanne de Chamblay (1367), etc.,
celui de Majorada, en dehors de la ville de Mérida, dans par Marguerite de Bavière, duchesse douairière de
le Yucatan, et mourut le 18 mars 1624, âgé de 73 ans. Bourgogne (1421), l'abbaye vécut paisiblement jus-
:
Il a laissé plusieurs travaux manuscrits, parmi les-
quels Arte de la lengua de los Yucatecos, et Instruc-
ciones catequisticas y morales para los Indios.
qu'à l'avènement de Charles le Téméraire. D'abord
écrasée d'impôts, elle devint ensuite la proie des trou-
pes de Louis XI (avril 1477). L'abbé Vincent de Vers
Marcellino da Civezza, Saggio di bibliografia sanfrances- put à peine y réunir quelques religieux et relever
cana, in-8°, Prato, 1879, p. 2. quelques-uns des bâtiments. En 1530, la duchesse
ANTOINE de Sérent. Marguerite de Bourgogne accorda sa protection à
2. ACEVEDO. Voir AZEVEDO. l'établissement. Charles-Quint en fit autant peu après,
et le monastère commençait à revivre lorsque survint
ACEY (Accinctum, Acinctum, Aceyum), commune l'invasion des troupes d'Henri IV dans la Franche-
de Vitreux, Jura. Dans un vallon étroit qui s'est Comté (1595). Celles-ci comptaient beaucoup de pro-
appelé plus tard le Val-Saint-Jean, vint se fixer, au testants dans leurs rangs, qui mettaient un acharne-
VIIe ou au VIIIe siècle, une petite troupe de moines ment particulier à la destruction des couvents. Acey
essaimant de l'abbaye de Saint-Oyan-de-Joux, au- fut pillé et saccagé de fond en comble par La Meille-
jourd'hui Saint-Claude, Jura. Des donations l'enri- raye qui laissa un fort détachement d'occupation dans
chirent; la première qu'on connaisse est celle de Fré- les cloîtres. Les paysans se joignirent aux soldats, et les
six derniers moines moururent de la peste ou furent ACH ou AACH, couvent de dominicains, réformé
contraints de s'enfuir. Lors de la seconde invasion par dix religieux venus du couvent de Cologne, à la
des Français, sous Louis XIV, en 1674, les troupes suite du mouvement créé par Jean Nider. Cette ré-
commirent de nouveaux dégâts, et un incendie, surve- forme se place environ vers 1470.
nu dans la nuit du 24 avril 1684, consomma le désastre. R. Schieler, Magister Johannes Nider, Mayence, 1885,
Ce ne fut qu'en 1759 que les religieux de Cîteaux p.168.
rentrèrent à Acey. Les travaux de restauration alors R. COULON.
commencés furent terminés en 1768. La Révolution ACHÆUS, plus connu sous le nom d'Ahaï,
survint qui dispersa les religieux etvendit le monastère. catholicos ou patriarche de Séleucie-Ctésiphon, 410-
En 1829, l'abbé Bardenet, du diocèse de Besançon, 415. La vie d'Ahaï antérieure à son patriarcat est
racheta ce qui restait des bâtiments claustraux et y fort obscure, car l'on ne saurait croire avec Mare, édit.
établit un pensionnat de jeunes filles, tenu par les Gismondi. traduction, p. 27, et Amr, édit. Gismondi,
Dames de Marie. Les bénédictins de Solesmes en de- p. 15, qu'il fut moine et disciple du légendaire Abdiso.
vinrent acquéreurs après sa mort et y envoyèrent cinq Son élévation au siège patriarcal doit remonter à l'an
religieux de chœur et six frères convers qui formèrent 410, car Isaac mourut cette année-là, sa mort se place
un prieuré érigé canoniquement le 2 février 1854. Des vraisemblablement en l'année 415. En effet, le Sy-
démêlés survinrent entre dom Guéranger et le prieur nodicon orientale, édit. Chabot, dans les Notices et
d'Acey, dom des Pilliers, propriétaire légal de la mai- extraits des manuscrits, Paris, 1902, t. XXXVII, p. 276,
son. Dom des Pilliers se sécularisa, se maria, fit des fait élire le successeur d'Ahaï, le catholicos Mar
conférences et des ouvrages anti-religieux, puis mou- Yahbalaha Ier en la 17e année (415-416) du roi Yesde-
rut obscurément. Les trappistes des Dombes ache- gerd; Elie de Nisibe dans Bar-Hébræus, Chron. eccl.,
tèrent le prieuré forcément délaissé par les bénédictins II, LIV, n. 2, donne la même date et Bar-Hébræus lui-
et y ont encore une petite communauté. même donne la 16e année de ce roi; ce qui nous reporte
LISTE DES ABBÉS. — 1. Philippe, 1136-1144. — toujours vers l'année 415. On ignore tout du pontificat
2. Lucas, 1156. — 3. Guy, abbé de Cherlieu et d'Acey, d'Ahaï; onsait seulement qu'il était fort bien en cour
1157. — 4. Pierre, 1168-1171. — 5. Odon, 1179. — et que le roi lui confia des missions diplomatiques.
6. Guy, 1188. — 7. Servius, 1195. — 8. Gauthier, 1212- Amr, édit. Gismondi, p. 26, assure qu'il fut l'auteur
1219. — 9. Gauthier, 1251. — 10. Louis, 1256.— d'une histoire de la persécution de Sapor II, mais l'on
11. Jean, 1258-1260. —12. Hugues, 1270. —13. Jean, ignore ce qu'il y a de fondé dans cette attribution et
1293. — 14. Vernier, 1303. — 15. Aimé Ier de Roche- si quelque partie de son histoire s'est conservée dans
fort, 1304. — 16. Vernier, 1305. — 17. Aimé de Ro- les Actes des martyrs de Marouta, qu'ont publiés
chefort, 1306-1313. — 18. Besançon, 1316. —19. Hum- Evode Assémani et le P. Bedjan.
bert de Sermange, 1320-1329. — 20. Nicolas de Ser-
mange, 1359. — 21. Aimé, 1363-1372. — 22. Aimé II Assémani, Bibliotheca orientalis, t.III, part. 1, p. 368-370.
de Rochefort, 1380-1400. — 23. Étienne de Salins, — Le Quien, Oriens christianus,t. 11, col. 1111. —Westphal,
Untersuchurigen über die Quellen und die Glaubwürdigkeit
1405-1408. — 24. Jean de Rouvres, 1412-1422. — Patriarchalchroniken
der des Mart ibn Sulaiman, Amr ibn
25. Jean de Machefin, 1423. — 26. Pierre de Salins Matai und Saliha ibn Iohannan, Strasbourg, 1901, p. 137.
1423-1456. — 27. Jacques-Albert, 1462-1477. — J. Labourt, Le christianisme dans l'empire perse sous la
28. Vincent de Vers, 1480-1497; étant devenu aveugle, —
dynastie sassanide, Paris, 1904, p. 99-100.
il donna sa démission et mourut en 1504. — 29. Jac- S. VAILHÉ.
ques de Dijon, 1498-1505. — 30. Pierre de Louhans ACHAÏE, ancienne province ecclésiastique de l'Il-
1509-1522; il fut élu cette année-là abbé du Miroir où lyricum. La prise de possession de la Macédoine, effec-
il mourut en 1525. — 31. Laurent de Rancey, 1522- tuée en l'an 146 avant J.-C., amena la même année de
1545. — 32. Louis de Rye, évêque de Genève et abbé la part de Rome la suppression des diverses confédé-
de Saint-Claude, 1545-1550. — 33. Philibert de Rye, rations grecques et l'annexion à la République de la
également évêque de Genève et abbé de Saint-Claude, Grèce ou Achaïe. Celle-ci fut rattachée à la province
1550-1559. — 34. Claude de Bauffremont, évêque de de Macédoine qui avait à sa tête tantôt un consul,
Troyes, 1560-1593. — 35. François de Rye, évêque de tantôt un proconsul et tantôt un préteur; elle ne de-
Césarée, haut doyen de l'église cathédrale, puis arche- vint une province particulière et sénatoriale qu'en
vêque de Besançon et aumônier de l'infante Isabelle l'an 27 avant J.-C., lors du partage des provinces entre
1595-1637. — 36. Pierre-François-Ernest, baron de le Sénat et l'empereur, et elle conserva comme telle

-
Mercy, qui résida avec sa sœur à Acey, de 1639 à 1649.
37. Laurent Outhenin, chanoine de Besançon, 1650-
1672. — 38. Jean François, comte de Croy, 1672-1725.
son ancien nom d'Achaïe. La Thessalie, l'Etolie, l'A-
carnanie et une partie de l'Épire lui furent alors réu-
nies. En l'an 15 de notre ère, Tibère enleva l'Achaïe
— 39. Philippe de Saint-André-Vercel, 1725-1745. — au Sénat et en fit une province impériale, mais Claude,
40. Claude de Chaylard, aumônier de la reine, 1767- en l'an 44, la rendit de nouveau au Sénat. Néron la dé-
1779. — 41. Claude Gaspard de Lezay-Marnézia, clara libre, lors des fêtes pompeuses qu'il se donna à
comte de Lyon, nommé en 1779, et dernier abbé com- lui-même; l'Achaïe ne jouit pas longtemps de cette
mendataire d'Acey. liberté et Vespasien rétablit l'ancien état de choses. Il
Les bâtiments de l'abbaye étaient considérables. y eut pourtant une grande modification apportée aux
La porterie, la maison des dames, le cloître, la maison limites de la province, si l'on en juge par la situation
des hôtes, l'infirmerie, la maison abbatiale, tout a dis- qui existait au temps d'Antonin le Pieux et qui pa-
paru. Il reste de l'église, le chœur et le transept, sou- raît remonter à cette époque. La Thessalie fit partie
venirs d'un passé magnifique. de la Macédoine; l'Épire avec l'Acarnanie formèrent
Construite au XIIe siècle, cette église avait 69m65 de une province particulière, séparée de l'Achaïe par le
longueur et 40 mètres de hauteur sous la clef de voûte. fleuve Acheloüs. Quant aux îles, les Sporades, Asty-
Elle se composait d'une nef principale et de deux col-
latéraux, d'un transept rectangulaire terminé par
palaea et Amorgos appartenaient à la province d'Asie
Skyros, Péparethos, Skiathos et Lemnos à la province
;
deux chapelles. Des tombeaux occupaient le sous-sol de Macédoine; Imbros, Samothrace et Thasos à la pro-
des chapelles latérales et du chœur. Ceux de la famille vince de Thrace; les autres Cyclades et Eubée res-
de Rye étaient particulièrement remarquables. taient à l'Achaïe. On voit donc que l'étendue de cette
Archives départementales du Jura et du Doubs. dernière province était considérablement réduite, et
M. PERROD. c'est de cette organisation administrative que nous
devons tenir compte, pour ne pasattribuer à l'Achaïe,
aux origines du christianisme, des contrées qui ne lui
appartenaient certainement plus. Au cours du IIIe siè-
apologistes de marque : Aristide et Athénagore. Sous
Marc-Aurèle, Méliton, évêque de Sardes, parlait de
rescrits adressés par l'empereur Antonin soit à l'as-
cle, la plus grande partie des Cyclades constitua la pro- semblée (le xotvôv) d'Achaïe, résidant à Corinthe,
vince des îles, provincia Insularum;Eubée, ainsi que soit aux cités d'Athènes, de Larissa et de Thessalo-
Délos, Skyros, Lemnos et Imbros se groupaient sous nique, pour qu'on ne favorisât pas les séditions de la
l'Achaïe. Depuis Vespasien, la province fut toujours
gouvernée par un propréteur,ayant le titre de procon-
sul; celui-ci résidait à Corinthe. On a des attestations
c. XXVI. Des quatre villes citées, deux seulement
Corinthe et Athènes, intéressent l'Achaïe; Larissa fai-
:
foule contre les chrétiens. Eusèbe, Hist. eceles., 1. IV,

certaines de son existence au ve siècle, en 401 et en 440, sait alors partie de la Thessalie, Thessalonique de la
et l'on pense généralement que cette organisation Macédoine. On connaît encore d'autres Églises qui sont
s'est maintenue jusqu'à l'empereur Justinien. Voir antérieures au IVe siècle. Ainsi, vers l'année 170, la
J. Marquardt, Organisation de l'empire romain, trad. communauté chrétienne de Lacédémone recevait une
française, Paris, 1892, t. II, p. 211-233; Achaia dans la lettre de saint Denys de Corinthe, Eusèbe, Hist. eccles.,
Realencyclopädie de Pauly-Wissowa, Stuttgart, 1893, 1. IV, c. XXIII, P. G., t. XX, col. 384; les récits
t.i, J.Weiss,Griechenland in deraposto-
col. 156-198; apocryphes et fort anciens pourtant, qui mentionnent
lischen Zeil, dans la Realeneyklopädie f. protest. Theo- l'apostolat de saintAndré et de saint Luc à Patras,
logie u. Kirche, de Herzog-Hauck, 3e édit., Leipzig, prouvent du moins qu'il y eût de très bonne heure un
t. VII, p. 160-168. centre religieux en cette ville; les îles de Mélos, Tinos,
A plusieurs reprises l'Achaïe est mentionnée dans Paros, Théra, Astypalaea, Calymnos, Léros, etc.,
le Nouveau Testament, à l'occasion de la diffusion de avaient certainement des chrétiens dès cette époque.
l'Évangile; d'ordinaire, cette province n'est pas sé- Mais ces îles ont si souvent changé de province, qu'il
parée de la Macédoine, l'auteur sacré voulant ainsi, n'est pas facile de dire si, à ce moment-là, elles étaient
semble-t-il, englober la plus grande partie des pays de rattachées à l'Achaïe. Origène, qui, au dire d'Eusèbe,
langue grecque. Ainsi, les deux provinces voisinent Hist. eccles., 1. VI, c. XXXII, P. G., loc. cit., col. 592,
dans le passage des Actes, XIX, 21. Ailleurs, Rom., xv, avait visité l'Achaïe, ne parle que des églises d'Athènes
26, saint Paul loue la Macédoine et l'Achaïe qui se et de Corinthe. Contra Celsum, 1. III, c. xxx, P. G.,
proposent de secourir les frères de Jérusalem; il félicite, t. XI, col. 957. Il est vrai que la mention de ces deux
1 Thés., 1, 7-8, les habitants de Thessalonique d'avoir églises étant faite tout à fait par hasard, on ne sau-
répandu la bonne nouvelle en Macédoine et en Achaïe; rait en aucune manière conclure à la non-existence
il loue la charité des chrétiens d'Achaïe, II Cor., IX, 2; d'autres communautés. Les noms des martyrs que l'on
Rom., xv, 26, bien que lui-même n'ait pas voulu en relève dans les divers livres liturgiques et qui sem-
user. II Cor., XI, 9-12. On voit par ces divers passages, blent se rapporter aux persécutions du IIIe siècle vi-
et par d'autres encore, II Cor., I, 1; IThes., I, 7-8, que sent également et seulement les églises de Corinthe et
les chrétiens formaient déjà des groupes assez considé- d'Athènes.
rables dans cette province. Si maintenant nous vou- Un tout petit nombre d'évêques de l'Achaïe assista
lons préciser quelles furent les églises fondées et orga- au concile de Nicée, en 325 : Pistos d'Athènes, Marc
nisées par le vaillant apôtre, nous n'en trouvons que d'Eubée, Stratégios d'Héphestia dans l'île de Lemnos.
quatre dans l'Achaïe proprement dite. C'est d'abord Joignons-y Cléonicos de Thèbes, en Thessalie, Gelzer,
Corinthe, la métropole, à laquelle il adressa deux de Patrum nicænorum nomina, Leipzig, 1898, p. LXIV.
ses épîtres et qui comptait, parmi ses fidèles, Stépha- Thèbes était un évêché suffragant de Corinthe, en 458;
nas, Fortunat, Achaïque, d'autres encore. C'est en- il se peut qu'il en fut déjà ainsi en l'année 325. Il faut
suite Cenchrée, port de Corinthe visité par l'Apôtre se rappeler, en effet, que les signatures de Nicée ne
en personne, Act., XVIII, 18; la mention de la diaco- proviennent pas d'un procès-verbal que l'on aurait
nesse Phébé, Rom., XVI, 1, prouve qu'il y avait là simplement transcrit, comme cela se fait d'ordinaire,
une communauté chrétienne organisée. C'est encore mais d'une combinaison adoptée à la fin du IVe siècle
Athènes, où le discours prononcé devant l'Aréopage et d'après laquelle les villes sont distribuées suivant
convertit Denys, la femme Damaris et quelques autres l'ordre géographique. Il n'est pas du tout certain que
personnes. Act., XVII, 16-34. Enfin, c'est Nicopolis cet ordre existât déjà en 325, au moins au point de vue
d'Épire, ville rattachée alors à l'Achaïe et dans la- ecclésiastique. Quatre évêques seulement de notre
quelle saint Paul se proposait de passer un hiver. Tit., province assistèrent donc aux séances du premier con-
III,12. Les autres villes, qui sont parfois citées par les- cile œcuménique. Le fait n'a rien d'étonnant, lorsqu'on
historiens ou les érudits, ne doivent pas figurer ici, car sait qu'à Nicée se réunirent surtout les évêques des
elles étaient comprises dans la Macédoine ou même Églises grecques orientales et que, malgré sa culture
dans des provinces plus éloignées. Ce ne sont pas là, grecque, l'Achaïe, comme la Thessalie, la Macédoi-
très probablement, les seules églises qui furent fondées ne, etc., était alors entraînée dans l'orbite de l'Occi-
en Achaïe dès le 1er siècle, mais les documents indis- dent. Elle dépendait de Rome et reconnaissait le pape
cutables ne nous permettent pas d'en nommer d'au- pour son patriarche, tout comme les autres provinces
tres. Je n'ai pas à faire ici l'histoire particulière de du diocèse de Macédoine. Et cela dura au moins jus-
chacune de ces églises. Athènes, Corinthe, Nicopolis qu'en l'année 732, où l'empereur Léon III détacha
auront leur étude à part. Qu'il suffise de dire que l'Illyricum de l'obédience romaine et le plaça sous la
l'église de Corinthe eut avec celle de Rome des rap- juridiction directe du patriarche byzantin.
ports très suivis; on connaît eneffet les deux lettres C'est précisément cette situation de l'Achaïe vis-à-
que lui adressèrent les papes Clément, vers l'année 97, vis de Rome, qui nous empêche de fixer les limites de
et Soter, 167-174; on connaît surtout son évêque saint cette province et d'énumérer d'une manière exacte le
Denys, dont Eusèbe de Césarée cite un certain nom- nombre d'évêchés suffragants qu'elle possédait. Nous
bre de lettres. L'église d'Athènes, qui se glorifie avec n'avons pas, pour l'Occident, de Notitia episcopatuum
raison d'avoir eu saint Denys l'aréopagite pourpre- qui puisse remonter à cette époque et, dans la pre-
mier évêque, ne joua qu'un rôle fort modeste par suite mière Notilia de l'Église byzantine que nous possé-
des persécutions, dont elle subit plus que tout autre dons, l'Ecthesis du pseudo-Épipliane, vers l'année 640,
les rudes coups, par suite aussi de la brillante renais-
sance de l'hellénisme, dont son école était le foyer
principal; on peut toutefois citer au IIe siècle deux :
l'Achaïe naturellementne figure pas encore. Les signa-
tures des évêques de l'Achaïe que l'on peut recueillir
dans les grandes réunions œcuméniques Constantino-
ple, Éphèse, Chalcédoine,IVe-Ve siècles, sont peu nom- Thessalonique, Crète, Corinthe, Nicopolis, Athènes,.
breuses et ne fournissent qu'une faibleidée de l'éten-
due de notre province. Au concile de Chalcédoine, en
451, nous trouvons seulement les évêques de Corinthe, IXe siècle trois métropoles :
Patras. En somme, dans l'une et l'autre Notitia, pour
la seule ancienne province d'Achaïe, nous avons au
Corinthe, Athènes et Pa-
Mégare, Messène, Opous, Naupacte, Platée, Tégée et tras, tandis que, en 458, nous n'en trouvions qu'une,
Corinthe. Entre ces deux dates, la province, unique
Argos. Toutefois, à défaut de Notitia, il est un docu-
ment qui, dans une certaine mesure, le remplacera, jusque-là, a donc été divisée en trois, et le nom lui-
c'est la réponse des évêques de l'Achaïe à la consulta- même d'Achaïe a disparu ou bien a été accolé, peut-
tion de l'empereur Léon Ier sur la mort du patriarche être par mégarde, à la métropole de Patras. La Notitia
Protérios. Le document date de l'année 458; il est de Léon le Sage, rédigée entre les années 901 et 907,
donc de très peu d'années postérieur au concile de au moment où l'Illyricum faisait partie intégrante du
Chalcédoine. Cette lettre, dont les termes furent arrê- patriarcat de Constantinople, dépeint un état de cho-
:
tés dans le concile de la province, est signée par le mé- ses bien différent. Au lieu de trois métropoles, comme
tropolite de Corinthe et par ses suffragants. Il se peut au ixe siècle, nous en avons cinq Corinthe, Athènes,.
que, dans la province d'Achaïe comme dans plusieurs Patras, Naupacte, Nouvelle Patras. Il est vrai que
autres, des évêques n'aient pu pour une raison quel- Naupacte est assimilé à Nicopolis, c'est-à-dire la rem-
conque assister à cette délibération; mais d'une ma- place comme métropole de la vieille Épire. Il ne reste
nière générale on doit tenir pour très limité le nombre donc que quatre métropoles, deux pour le Péloponèse
des absents. Or, nous avons 21 signatures d'évêques Corinthe et Patras, et deux pour l'Hellade Athènes,: :
:
et seulement 18 noms de sièges épiscopaux. Voici ces et Nouvelle Patras. Corinthe possède sept évéchés suf-
derniers Corinthe, Athènes, Thespies, Patras, Mégare, fragants : Damalas, Argos, Monembasie, Céphalonie,
Élatée, Thèbes, Carystos, Argos, Lacédémone, Chalcis, Zante, Zémaina, le Magne; Patras en possède quatre :
: :
Tanagra, Messène, Opous, Mégalopolis, Coronée, Scar- Lacédémone, Méthone, Coroné, Boléné; Athènes en
phia et Platée. Mansi, Conc. ampl. coll., t. VII, col. 611. possède dix Euripos, Daulia, Coronée, Andros, Oréos,
Le nom des trois évêques Candide, Domitius et Geor-
ges ou Géronce, n'est pas suivi de celui de leur siège :
Skyros, Carystos, Porthmos, Avlone, Syra; Nouvelle
Patras n'en possède qu'un Marmaritzanai. Cela fait
épiscopal. Mur Duchesne pense, Mélanges d'archéolo- donc 4 métropoles et 22 évêchés, soit en tout 26 dio-
gie et d'histoire de l'École de Rome, Paris, t. xv (1895), cèses. Il convient d'ajouter quatre évêchés autocé-
p. 378, qu'il faut ajouter les noms de Tégée et de Nau- phales : Messène, Lemnos, Thèbes et Égine. Comme
pacte, dont les évêques étaient, en 451, au concile de on le voit, le nombre des sièges n'a guère augmentée
Chalcédoine,Le Quien, Oriens clii-istianus,t. ii,col. 195, mais les noms se sont modifiés et nous n'avons plus
197; le troisième siège serait peut-être celui de Porth- désormais de province d'Achaïe. Elle est remplacée par
mos, en Eubée, dont un titulaire est constaté en l'an- les provinces de Péloponèse, Hellade, Thessalie, ou
née 553. Le Quien, op. cit., t. II, col. 203. Ainsi, nous mieux par les provinces de Corinthe, Athènes, Pa-
aurions 21 sièges épiscopaux pour la province d'Achaïe, tras, etc., car en Orient comme en Occident, on tend
au milieu du ve siècle, et M. Harnack croit même, Die de plus en plus à désigner la province par le nom de la
Mission und Ausbreitung des Christentums, Leipzig, métropole, Notitia de Léon le Sage dans Gelzer, Un-
1902, p. 488, note 2, qu'il en était à peu près ainsi au gedruckte. Texte der Notitiæ episcopatuum, Munich,
commencement du IVe siècle. Quoi qu'il en soit de ce 1900, p. 550-559. Sur la foi d'un document publié par
t.
point particulier, après le ve siècle, nous n'avons plus M. de Boor, Zeitschrift Kirehengeschiehte, t. XII
de document officiel qui nous donne l'état réel des (1891), p. 520, et t. XIV (1893), p. 573. Gelzer a voulu,
évêchés de cette province. Le Synecdemus de Hiéro- Die kirchliche Geographie Griechenlands vor dem Slaven-
clès, statistique purement civile du VIe siècle, édit. einbruche dans la Zeitschrift f. wissensch. Theologie,
chie de Hcllade ou Achaïe 75 villes (79 dans le titre),
mais les deux tiers au moins de ces villes n'eurent ainsi 84, répartis en trois provinces
jamais d'évêques. Ce qu'il faut noter dans Hiéroclès, Athènes et Céphalonie. Mgr Duchesne a prouvé, Mé-
c'est d'abord que, au rebours de nos modernes géo- langes d'archéologie et d'histoire de l'École fr. de Rome,
:
Burckhardt, Leipzig, 1893, p. 7-11, range sous l'épar- t. XXXII (1892), p. 419, retracer le nombre des évêchés-
de l'Achaïe à la fin du VlIIe siècle, et il en trouve
Corinthe,.

:
graphes, il distingue fort bien la province d'Achaïe t. xv (1895), p. 382-385, que cette Notitia ne répondait
des provinces voisines Thessalie, Macédoine, Vieille et en rien à la réalité et qu'il fallait s'en tenir au chiffre
Nouvelle Épire; c'est ensuite que le nom de Hellade d'environ 25 évêchés. Le texte officiel de 458 et celui
fait sa réapparition et que celui d'Achaïe, mis à l'ar- de 901-907 nous ont donné à peu de chose près le
rière-plan, ne sera presque plus employé désormais. même nombre. Ajoutons-y l'évêché de Delphes, dont
Entre le VIIe et le xe siècle, nous avons deux Noti- une inscription publiée par M. Laurent, Bulletin de
tise episcopatuum, celle du patriarche saint Nicéphore, correspondance hellénique, Paris, t. xxm (1899), p. 273
806-815, et celle du clerc arménien, Basile, vers 840. sq., nous assure l'existence au ve siècle.
A cette époque, depuis bientôt un siècle, l'Achaïe
avait été incorporée de force au patriarcat de Constan- En dehors des ouvrages ou articles déjà cités, voir Petit
tinople. Comme Rome, la légitime propriétaire,n'avait églisesde Julleville, Recherches sur l'emplacement et le vocable des
chrétiennes Grèce,dans les Archives des missions
pas encore reconnu le fait accompli, on n'osait pas scientifiques, 1868, enp. 469-533. — Bayet, De titulisAtticæ
ranger les provinces de l'Illyricum parmi celles du pa- christianis antiquissimis, Paris, 1878. — Lambakis, Mémoire
triarcat byzantin et l'on se contentait d'énumérer à sur les antiquités chrétiennes de la Grèce, Athènes, 1902. —
part les métropoles de ces provinces, sans leur assigner Leclercq, Achaïe, dans Dictionnaire d'archéologie chrétienne
un rang déterminé et sans citer leurs évêchés suffra- et de liturgie, t. 1er,
que la Notitia VIII de Parthey, Hieroclis Synecdemus, de
culture et de langue grecques :
col. 321-340;mais, dans ce dernier arti-
gants. Or, dans laNolitia de saint Nicéphore,la même cle, sous le nom d'Achaïe, on parle de toutes lesproprement
Achaïe
provinces

: dite,
Berlin, 1866, p. 162, 164, nous trouvons les provinces province Thessalie, Macédoine, Vieille et Nouvelle Épire, Crète,
des îles, îles rattachées à l'Asie ou à la Thrace, etc.
suivantes avec leurs métropoles Péloponèse,Corinthe: J'omets, de propos délibéré, la bibliographie
Macédoine, Thessalonique; Hellade, Athènes; Achaïe, cune des villes épiscopales de l'Achaïe.
Patras; Hellade, Larissa; Macédoine, Philippes; Ile,
spéciale à cha-
S. VAILHÉ.
Crète. Dans la Notitia du clerc arménien Basile, Geor- ACHAIRE (saint), moine de Luxeuil et disciple-
gii cyprii Descriptio orbis romani, édit. Gelzer, Leip- de saint Eustaise (Vita Columbani, II, 8; Mon.
zig, 1890, p. 27, nous avons les métropoles suivantes : Germ. hist., Script.rer.merov., t. IV, p. 123; Vita Agili,
c. II; Act. sanct., aug. t. VI, p. 577), assista comme 4. ACHARD (Bienheureux), moine de Clairvaux,
évêque de Tournai-Noyon au concile de Clichy, en confondu à tort avec Achard de Saint-Victor. Il em-
626-627 (Maassen, Concilia, t. I, p. 201), au sacre de brassa l'état monastique vers 1124, sous saint Ber-
saint Aubert, évêque de Cambrai à Arras, le 21 mars nard, qui l'employa d'abord à diverses fondations.
633 (Acta sanct. Belgii, t. III, p. 538) et souscrivit au Telle, en 1134, celle de Hemmerode au diocèse de Trê-
diplôme de saint Faron pour Rebais le 1er mars ves, où il rencontra l'ermite Gezzelin (Goscelin, Gos-
637-638. Pardessus, Diplomata, t. II, p. 41. D'après win, Schozelin). Il devint ensuite maître des novices
J. Warichez. Les origines de l'Église de Tournai, à Clairvaux et son disciple Herbert de Torres le loue
Louvain, 1902, p. 60-64, il serait l'auteur de la réu- pour sa haute vertu dans cet emploi. Cave fait de lu
nion des deux sièges de Tournai et de Noyon, attri- un grand philosophe et un grand théologien, éloge que
buée jusque-là à saint Médard, mais cette opinion a rien ne justifie. La date de la mort d'Achard nous est
été combattue par A. Lesort dans Bulletin critique, inconnue. Dans le ménologe de Cîteaux, Henriquez la
15 mars 1904, p. 142-144. C'est lui qui fit consacrer place au 15 septembre sans indiquer l'année. Nous
saint Omer, ancien moine de Luxeuil, évêque de savons seulement par Herbert qu'Achard mourut in
Thérouanne (Vita Audomari, I, 5; Acta sanct., sept. senectute bona, et l'on peut conjecturer que ce fut vers
t. III, p. 397) et favorisa les travaux apostoliques de
saint Amand Vila Amandi, II, 12; Acta sanct.,feb.
t. I, p. 850. Il mourut le 27 novembre, probablement
1170 ou dans les années suivantes.
:
On a compté parmi ses œuvres 1° Vita S. Geselini
eremitæ, éditée par Arnold Raisse, in-12, Douai, 1626;
en 539, l'année de l'élévation au siège de Tournai- trad. par Baillet, Vies des saints, 6 août, p. 94; Act.
Noyon de saint Éloi, qui fut sacré le 13 mai 640. sanct., aug. t. II, p. 178. Mais cette vie a été écrite
VilaEligii,II,2;Monum. Germ.hist.,Script. rer.merou., par Herbert de Torres sur les récits d'Achard (cf. fragm.
t. IV, p. 695; L. Van der Essen, Etude crit. etlitt. sur dans Opera S. Bernardi, édit. Mabillon, 1668, t. n,
les vitse des saints mérov. de l'anc. Belgique, Louvain,
1907, p. 327.
Ghesquière, Acta sanct. Belgii, 1784, t. 11, p. 331-335.
;:
col. 1223); 2° Conciones ad novitios suos que de Visch
croyait perdus mais Montfaucon (Bibl. mss., n. 1299)
en indique deux l'un sur les sept déserts et l'autre
X. de Ram, Hagiogr. nat., Louvain, 1864, t.I,
p. 139. sur tous les saints.
— Biographie
— nation. (de Belgique),t.I,
col. 8-12.
Cave, Scriptores ecclesiastici, 1688, t. I, p. 664. — Ceillier,
U. BERLIÈRE.
ACHANTE. Voir HIERISSOS.
—Hist.litt, p.
Hist. des aut. eccl., 1758, t. XXII, p. 198; 2e éd., t. XIV, 346.
de laFr., t. XIII, p. 410. —Dupin,Bibl.des aut.
t.
1. ACHARD, évêque de Langres, nommé aussi Ar-
chadus et Arcadius. On ne connaît pas exactement les
dates extrêmes deson pontificat. Il siégeait déjà en 948
eccl.,
p. 9, 348. -
XII, p. 658. — Fabricius, Biblioth. med. ævi, t. I,
De Visch, Bibl. cislerc., 1649, p. 1. —
Cf. De Beato Getzelirio seu Gitzeo, conf. Siebusrodæ apud
Coloniam Agripp., dans .ici. sanct., aug. t. II, p. 127.
et convoquaun synode en 954. Par une charte scellée à P. FOURNIER.
Dijon le 30 août 967, le roi Lothaire « pour suivre, dit- 5. ACHARD DE SAINT-VICTOR. Achard, appelé
il, l'exemple de l'empereur Constantin, » lui donna, à aussi Achard le Bienheureux et Achard deSaint-Victor,
lui et à ses successeurs, le comté de Langres, précé- naquit, très probablement, dans le Passais normand,
demment (traité de 939) en la possession, sous l'auto- c'est-à-dire aux environs de Domfront (Orne), dans la
rité du roi, de Hugues le Noir, frère de Rodolphe, duc première moitié du XIIe siècle. Il était d'une famille
de Bourgogne et roi de France. Achard recevait en noble qui avait accompagné Guillaume le Conquérant
même temps le droit de péage. En 970, il était rem- dans son expédition de 1066 et qui avait fait souche
placé sur son siège par l'évêque Vidric. en Angleterre. Il est à peu près certain qu'Achard
commença ses études dans la Grande Bretagne, où
épiscopaux,
n.18.
t.
Gallia christiana, 1728, t. IV,p. 547.—Duchesne, Fastes
II, p. 184.—Roserot,Diplom. Carol. H. M., prospéraient déjà des abbayes normandes. Guillaume
Achard fut, tout d'abord, chanoine régulier de Saint-
P. FOURXIER. Victor lès-Paris; en 1155, il en devint le second abbé,
2. ACHARD, cinquième abbé de Saint-Serge-les- à la mort de Gelduin. Il fut élu, peu de temps après,
Angers (1082 + 27 mars 1093). Il assista au concile de évêque de Séez,mais d'après saint Thomas, archevêque
Saintes, en 1088. Il eut pour successeur l'abbé Ber- de Cantorbéry, Henri II roi d'Angleterre, s'opposa à
nard. sa consécration parce que le pape Adrien IV avait
Bibliothèqued'Angers, Obituaire de Saint-Serge,ms. 837, confirmé son élection. En 1161, il fut nommé à l'évêché
d'Avranches et, l'année suivante, il fut, avec Robert de
-
fol. 63 v°. — Hauréau, Gallia christiana, Prov. Turon.
p. 646. Durville, Cartulaire de Saint-Serge, Nantes, 1903,
p.100.
Torigni, abbé du Mont Saint-Michel,parrain d'Aliénor,
fille de Henri II. Grâce à l'amitié du monarque anglais,
F. UZUREAU. il obtint pour son diocèse de nombreuses faveurs et
3. ACHARD, moine augustin de l'abbaye d'Ar- s'occupa activement du spirituel comme du temporel
rouaise, qualifié de probus et sapiens et religiosus des abbayes de l'Avranchin. Il fut le principal bien-
(Martène, Ampliss. collect., t. v,col. 539), choisi comme faiteur des abbayes de Montmorel et de la Lucerne.
archidiacre de Thérouanne par le bienheureux Jean En 1164, il bénit la première pierre de l'église de cette
qui en avait été nommé évêque en 1099, Act. sanct., dernière abbaye. Mort le 29 mars 1171, il y fut enterré.
jan. t.il, p. 796,798, partit peu de temps après pour la Achard a laissé dans le diocèse d'Avranches le souve-
Terre-Sainte où il fut fait prieur du Temple. Il avait nir d'un prélat pieux et bienfaisant, d'un administra-
composé un volume de 517 vers, dédié au roi de Jéru- teur sévère et économe. Il ne resta pas étranger aux
salem Baudoin 1er ou Baudoin II. M. de Vogüé, à qui
nous empruntons ces renseignements, a publié en 1881
:
belles lettres et à la théologie. On a de lui De ten-
tatione Domini in deserto, dont le manuscrit dépend du
dans les Archives de la Société de l'Orient latin, p. 562- fonds de l'abbaye de Saint-Victor: Dedivisioneanimas
579, le poème d'Achard, tiré des manuscrits de la biblio- et spiritus, ouvrage conservé à Cambridge. On lui
thèque du Vatican. C'est une paraphrase assez mé- attribue, à tort, la Vila S. Gelesini, sive Gotselini,
diocre de textes de l'Écriture Sainte. Seuls quelques éditée par Raisse, à Douai, en 1626. Voir la notice
vers du commencement et de la fin du poème four- ci-dessus.
nissent des renseignements intéressants sur l'état du Moréri, Dictionnaire historique, t. I, p. 79, col. 2. — Go-
Temple au moment où l'auteur écrivait. descard, Vie des saints (mai). — Mss. de l'abbé Cousin, bibl.
U. ROUZIÈS. d'Avranches, n.472-192, passim. — Chronique de Robert
de Torigni, éd. Léopold Delisle, Rouen, 1872. — Le Héri- min, fondateur de l'Église d'Amiens; une église fut
:
cher, Avranchin monumental et historique,Avranches, 1846,
aux mots Avranches,Ducey, La Lucerne. — Abbé Desro-
ches, Histoire du Mont Saint-Michel et de l'ancien diocèse
élevée plus tard sur leur tombeau par ordre de saint
Firmin le Confesseur. Un prieuré de l'ordre de Saint-
Augustin y fut institué en 1085 et fut érigé en abbaye
<

d'Avranches, Caen, 1838, t. I, p. 342-345. — Sur l'origine


de la famille Achard, Léchaudé d'Anisy, Recherches sur le en 1145. L'église primitive, dédiée à la sainte Vierge et
Domesday Book, Caen, 1842, p. 48-49. à saint Firmin, martyr, fut ensuite désignée sous le
E. DUPONT. nom de Saint-Ache et de Saint-Acheul, puis sous celui
6. ACHARD DE LA BAUME. Voir LA BAUME de Notre-Dame des Martyrs, mais, depuis longtemps,
(ACHARD DE). le nom de Saint-Acheul a prévalu.

ACHARITANUS. Voir AGGARITANA (Ecclesia) de la bibliothèque d'Amiens. -


Notes pour l'histoire ecclésiastique d'Amiens, ms. n. 516
Recueil de pièces concer-

ACHART (Saint) (Aicardus, Aichardus,Aichadrus),


abbé de Jumièges. Nous ne possédons pas de source
bibliothèque. -
nant les tombeaux de Saint-Acheul, ms. n. 521 de la même
Acta sanel., maii t. I (1680), p. 44;
t. VII, p. 529. — Le P. Godefroy, Notice sur Notre-Dame
de Saint-Acheul. — De Beauvillé, Documents inédits sur la
bien antiqueni bien recommandable sur ce personnage. Picardie, t. 1er, p. 375. — Godescard, Vies des saints, au
La vie que Surius a publiée fut composée par Fulbert, 1ermai. — J. Corblet, Hagiographie du diocèse d'Amiens,
moine à Saint-Ouen, après 956, et peut-être même, J.
t. I, p. 1-10. — Gosselin, Les saintsde Picardie àN.-D. de
p. 23-26.
au XIe siècle. Mabillon en a édité une autre, un peu Brebières,
plus ancienne, écrite autour de 920. Il existe une troi- A. LEDIEU.
sième biographie du même saint, plus courte, mais ACHELOUS, 'Aï::EÀiiJoç, évêché en Acarnanie.
n'offrant aucun intérêt; car elle n'est guère qu'un abré- L'histoire de cette localité est courte. Vers le milieu
gé de l'œuvre de Fulbert. D'après la tradition men- du XIIe siècle, elle reçut la visite de Benjamin de Tu-
tionnée dans ces Vies, Achart naquit à Poitiers. Son dèle, qui y trouva dix juifs. The itinerary of rabbi
père s'appelait Anchaire, et sa mère, Ermena. Après Benjamin of Tudela, édit. Asher, Londres, 1840, t. I,
des études faites dans sa ville natale, à l'abbaye Saint- p. 46. Lors de la partitio Romaniæ, en 1204, elle est
Hilaire, sous la direction du moine Ansfrid, Achart se citée parmi les possessions vénitiennes. Tafel, Sym-
retira au monastère de Saint-Jouin. Peu après, d'ac- bolarum critie. geogr. Byzantin. spectant. partes duæ,
cord avec son évêque, il créa, sur un terrain apparte- II, p. 60. En 1358 le duc Nicéphore II, despote d'Épire,
nant à sa famille, la nouvelle fondation de Quinçay, y fut tué dans une bataille contre les Albanais. Jean
qu'il mit sous l'obédience de saint Philibert, abbé de Cantacuz., IV, 43. L'évêché d'Achelous, suffragant

;
Jumièges. Après avoir gouverné Quinçay durant une de Naupacte, est signalé dans les Nova Taclica de
trentaine d'années, il succéda en 684 à saint Philibert, Gelzer, vers 940; les notices III, X et XIII deParthey;
et mourut le 15 septembre 687. Ses reliques furenttrans- la notice publiée par A. P. Kerameus dans ~Moua-eîov
portées temporairement à Haspres au IXe siècle, puis xoÙ (3iëXio6^xr)eûaYYeXtxïjça/o>.r)ç, ~1rE?6', Smyrne,
ramenées à Jumièges où elles restèrent définitivement. 1876, p. 76; enfin dans une notice de la fin du xve
siècle, qui dépeint l'état réel de la hiérarchie à cette
Surius, Vitœ sanctorum, 1618, t. IX, p. 152-162. — Ma- époque. Gelzer, Ungedruckle und ungenügend verüf-
-
billon, Acta sanctorum ordinis sanctiBenedicti, 1669, t. n,
p. 952-953. —Acta sanctorum, sept. t. v, 1755, p. 80-102.
Fortia d'Urban, Vie de saint Achart, abbé de Jumièges par
fentlichte TextederNotit. episcop., Munich, 1900, p. 635.
On lit dans la notice XIII de Parthey : 'A yyeXwou,
VJV oÈ siç |I.Y-|TPÔ7IO).IV c'est là sûrement
Jacques de Guyse, extraite des Annales de Hainaut et pu-
bliée pour la première fois avec des notes, Paris, 1830.— une erreur du copiste qui a appliqué à Achelous un
Bibliotheca hagiographica latina, 1898, p. 30-31. renseignement concernant Anchialos. Sur la confu-
M. BESSON. sion entre les deux noms, fréquente dans les documents,
ACHAVAL(WENCESLAS), O. F. M., évêque de voir Tafel, De Thessalonica, p. 484 sq. Arabantinos,
Saint-Juan de Cuyo. Né en 1810 dans le diocèse de XpovoypaoiaTY}; 'H7rEtpou, t. n, p. 26, mentionne,
Salta (République argentine), il prit l'habit franciscain j'ignore d'après quelle source, Joachim, « évêque
dans la province de l'Assomption de La Plata. Après d'Achelous et d'Étolie », en 533. Jean, vers 1220, et
avoir rempli plusieurs charges dans les maisons de son Eustathe, probablement son successeur, sont connus
ordre, il fut nommé, le 26 décembre 1867, évêque de par des lettres inédites de Jean Apokaukos, cod.Ba-
Saint-Juan de Cuyo, suffragant de l'archevêché de rocc. 131, fol. 319 v° et fol. 323. En décembre 1370,
Buenos-Ayres. Il succédait à son confrère Nicolas Al- un évêque d'Achelous, relevé de l'excommunication
zador O. F. M. En 1884, il faillit être chassé et exilé qu'il avait encourue du métropolitain de Ianina,
par les francs-maçons qu'il avait fortement combat- devint métropolitain de Corinthe. Milklosich et
tus. Il mourut en 1898. Müller, Acta patriarch. Constantinopol., t. 1, p. 534,
A. GROETEKEN. 540. Le Quien, Oriens christ, t. II, col. 153, suppose à
ACHE et ACHEUL (Saints), martyrs, dont les tort Achelous identique à Cozyle. Benjamin de Tudèle
actes paraissent n'avoir jamais été rédigés, n'en sont nous montre qu'il faut le chercher dans la vallée
pas moins demeurés très populaires à Amiens et dans inférieure du fleuve Achelous (Aspropotamos), à deux
tout le diocèse; si leurs actes ont été écrits, ils furent journées d'Arta. On l'a identifié avec Angelocastron,
perdus de bonne heure. Deux anciens bréviaires amié- village à l'est du fleuve, dans le dème d'Olenia (Grèce):
nois et plusieurs historiens paraissent avoir confondu cette forteresse, qui joua son petit rôle dans les
saint Acheul avec saint Andéol en disant du premier guerres incessantes de la région au moyen âge, est
qu'il était né en Grèce et qu'un disciple de saint Po- plutôt l'ancienne Conope (Arsinoe). D'autres y voient
lycarpe l'avait envoyé en Gaule pour évangéliser le Hydrias ou Lysimachias. Pouqueville, Voyage dans la
Vivarais; l'empereur Sévère l'aurait fait martyriser Grèce, t.II, p. 98; Arabantinos, op. cit., t.II, p. 26, 4.
le 1er mai 208. S. PÉTRIDÈS.
Cette version est en désaccord avec la tradition qui ACHENEUS. Voir ACENEUS, col. 282.
s'est perpétuée à Amiens. Le diacre Ache et le sous-
diacre Acheul étaient originaires de l'Amiénois. Ils pa- ACHERIC (Saint). Les Propres du diocèse de Stras-
raissent avoir été martyrisés le 11 mai 303 par ordre bourg de 1822 et de 1838 contenaient une légende en
du préfet d'Amiens, le romain Rictiovare, sous le l'honneur de ce saint et de son compagnon Guillaume,
règne de Maximien Hercule. Ils reçurent leur sépul- qui disparut du Propre de 1865. Ces deux saints soli-
ture à Abladène, près du corps vénéré de saint Fir- taires auraient vécu au IXe siècle, au fond du val de-
Liepvre, dans un petit monastère fondé par Blidulphe, 78-82, 96-102. — Hurter, Nomenclator lit., 1874, t. II, p.
archidiacre de Metz. Leur histoire est très incertaine. 331-338. — L. Delisle, Cabinet des manuscrits, Paris, 1874,
Cf. Le monastère d'Echery, par J. Degermann, Stras- t. II, p. 61-63. — Ch. de Lama, Bibl. des écriv. de la cong.
de Saint-Maur, Munich, 1882, p. 52-53. — E. de Broglie,
bourg, 1895. A. INGOLD. Mabillon et la soc. de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés,
ACHERUNTIA. Voir ACERENZA, col. 290.
-
Paris, 1888,1.1, p. 19-23,passim. Gigas, Lettres des bénéd.
de la cong. de Saint-Maur, Copenhague, 1892, t. I, p. 5-7,
46-65. — Vanel, Les bénédictins de Saint-Germain-des-Prés
ACHERY (Luc D'). Né à Saint-Quentin en 1609, et les savants lyonnais, Paris, 1894, p. 27-46; Nécrol. des
d'abord religieux à l'abbaye de Saint-Quentin en
l'Ile, il embrassa la réforme de saint Maur à Vendôme,
où il fit profession le 4 octobre 1632. Envoyé à Paris
Prés, Paris, 1896, p. 39-40.
de San Mauro, Palma,
-
rel. de la cong. de Saint-Maur décédés à Saint- Germain-des-
1899,
Valenti, Los benedictinos
p. 155-168. — U. Berlière,
Nouv. suppl. à l'hist. litt. de la cong. de Saint-Maur, 1908,
en 1637, il devint bibliothécaire de l'abbaye de Saint- t. i, p. 2-8.
Germain des-Prés, dressa l'inventaire du dépôt confié U. BERLIÈRE.
à ses soins (Bib. nat. Paris, ms. fr. 13082-13084), se ACHETBCHAT (ASCHDICHADE),bourg du dis-
distingua par ses nombreuses publications et se fit le trict de Daron sur une hauteur bordant l'Eu-
promoteur des hautes études au sein de sa congré- phrate oriental ou Aratsani, région de Mouche, à
gation; il fut le maître de Mabillon, qu'il initia au l'ouest du lac de Van. Cf. H. Hübschmann, Die
travail scientifique. Il mourut le 29 avril 1685. On a
:
de lui 1°S. Barnabæ episiola, éd. posthume de D.
Hugues Ménard, in-4°, Paris, Piget, 1645; — 2° Asceti-
altarmenischen Ortsnamen, Strasbourg, 1904, p. 400-
401. Métropole religieuse de l'Arménie païenne, Ache-
tichat fut aussi très vraisemblablement la première
corum, vulgo spiritualium opusculorum. indieulus, métropole de la Grande-Arménie catholique. Faustus
in-8°; Paris, Billaine, 1648, 2e éd. augm. par D. Jacques de Byzance, historien du IVe siècle, et le mieux in-
Remi, in-4°, Paris, Billaine, 1671, (v. Laur. Josse Le formé pour cette époque, appelle l'église d'Ache-
Clerc, Remarques sur différents articles du dict. de tichat « la première et grande mère des églises armé-
Moreri,del'éd. de 1718, p. 194-196);—3° B.Lanfranci niennes », « où se trouve le siège principal et le plus
opéra, in-fol., Paris, Billaine, 1648; P. L., t. CL, col. 9- honoré », le lieu oùles anciens convoquaient ordinai-
782;— 4° Guiberti abb. de Novigento opéra, in-fol.; rement les assemblées synodales. L. III, c. II;V,XXIV;
Paris, Billaine, 1651; P. L., t. CLVI, col. 9-1268;— Moïse de Khorène, I.II,C.XCL; III,II,XIV, etc. La fa-
5° Grimlaici regula solitariorum, in-12, Paris, Martin, meuse vision de saint Grégoire à Edschmiadzin, racon-
1653; — 6° Veterum aliquot scriptorum. spicile- tée parle pseudo-Agathange (c. CII est regardée par
gium, 13 vol. in-4°, Paris, Savreux, 1655-1677, Paris, de judicieux critiques comme une élaboration faite
Desprez, 1681, 1686, t. II, t. III; voir Anal. bolland., vers le milieu du ve siècle après que les Arméniens,
1899, t. xviii, p. 43-49); 3e éd. revue par L.-Fr.-Jos. aux prises avec le mazdéiste Yezdjerd II, ont été
de la Barre, Spicilegium sive collectio veterum ali- abandonnés des Grecs. Cette prétendue vision est
quol scriptorum, in-fol, Paris, Montalent, 1723, pourtant la source la plus auguste dont se réclament
3vol.; — 70 Remarques faictes de quelques actions et plusieurs des partisans de l'autonomie de l'Église
paroles du R. P. dom Grégoire Tarrisse (1649) publiées arménienne.
par H. Stein, d'après le ms. L. 816 des Arch. nat., H. Gelzer, Die Anfiinge der arm. Kirche dans les Bericht.
Paris (Me/cmyes et docum. publiés à l'occasion du 2e der königl.sach. Ges. der W., hist.-phil. Cl. 1895, p. 117 sq.;
centen. de la mort de Mabillon, Paris, 1908, p. 60-89);— trad. en arménien 1896, p. 160 ad finem. Voir un essai
8° Responses aux raisons des chanoines réguliers de de réplique, Ter Minassiantz, Die armenische Kirche in
l'ordre Saint-Augustin, de Sainte-Geneviève de Paris, ihr. Bez. z. den syr.Kirch., Leipzig,1904, p. 6-7. — Weber,
et l'establissement du droict que les religieux de Saint- Die kathol. Kirche in Armenien, ihre Begründung und
Germain-des-Prez ont de préséance dans les assembléez Entwicklung vor der Trennung, 1903, p. 177-182; trad.
publicques et particulièrementès enterremens des Roys, franc. par J. Valès, Calais, 1907, p. 169 sq. — P. Pe-
1648, à la Bibl. nat. Paris, F.F. 16866, f. 120; — 9° De tit, Dictionn. de théol. cath. de Vacant, art. Arménie, t. i,
bibliothecarum antiquitate, utilitate et fine (ib., F. F., col. 1893.— F. Tournebize, Hist. polit. et relig. de l'Armé-
nie, Paris, 1909, p. 44, 45, 47 note 1, 53, 54, 62-63, 77,
15356, f. 170-180). D. d'Achery prit une large part à 146-149,159, 446-447, 460-461, 463,464, et Revue de l'Orient
la réédition des œuvres du cardinal Bona, à Paris. chrétien, 1903, n. 4, p. 597-600; 1907, n. 4, p. 356-359, etc.
Sala, Epist. card. Bona, p. 35, 36, 43, 51, 168, 176, FR. TOURNEBIZE.
177, 223, 229, 238. C'est à tort qu'on lui attribue la ACHEY (CLAUDE D'), archevêque de Besançon.
traduction du Traité du discernement des esprits, Né à Gray (Haute-Saône) en 1587 (?), de Jérôme
de Bona, qui est de Le Roy, abbé de Haute- d'Achey, baron de Thoraise, et de Rose de Bauffre-
Fontaine. Barbier, Dict.des ouvrages anonym., Paris, mont; portait: écartelé au premier de gueules à deux
1882, t. IV, p. 792-793. La correspondance manus-
crite de d'Achery est conservée à la Bibliothèque
nationale de Paris, F. F., 17682-17689,20846 nouv.;
acq.fr.1436; Coll. Duchesne, vol. XXX, XCI; aux Bibl.
de Sainte-Geneviève, Cat. mss., t. II, p. 65-66,
haches d'or mises en pal et adossées (Achey), au second
vairé d'or et de gueules (Bauffremont); docteur en théo-
logie, haut-doyen et archidiacre du chapitre métro-
politain, abbé commendataire de Baume-les-Moines
et de Montbenoît, succéda en 1637, comme archevêque
343, de l'Arsenal, Cat. mss., t. III, p. 425. Des de Besançon, à François de Rye; il avait « une pres-
lettres de lui ou à lui adressées ont été publiées dans tance admirable, accompagnée d'une grâce non pa-
de nombreux recueils. Voir U. Berlière, Nouveau reille dans toutes ses actions. Les fidèles se pressaient
suppl. à l'hist. litt. de la cong. de Saint-Maur, 1908, à l'église métropolitainepour le voir à l'autel, le con-
t. I, p. 5-8. templer en chaire, revêtu de ses ornements pontificaux,
Pez, Bibl. benedicto-mauriana, Augsbourg, 1716, p. 31- l'entendre prêcher, et tous, faisant trêve à leurs afflic-
46. —D. Bouillart, Hist. de l'abbaye de Saint-Germain-des- tions, s'en retournaient heureux d'avoir du moins un
Prés, Paris, 1724, p. 281-282. — D. Le Cerf, Bibl. hist. et si digne archevêque. Les savants estimaient ses lu-
1726, p. 1-5. -
crit. des auteurs de la cong. de Saint-Maur, La Haye,
Tassin, Hist. litt. de la cong. de Saint-
Maur, Bruxelles, 1770, p. 103-118. — François, Bibl. gén-
mières; et Balzac, cet esprit si poli, a plusieurs lettres
adressées à notre prélat, sous le nom de l'abbé de
Baume. » Histoire manuscrite du grand séminaire.
des écriv. de l'ordre de Saint-Benoit, Bouillon, 1777-
1778, t. I, p. 5; t. III, p. 403-414.—Maugendre, Eloge de Archives de l'Archevêché, p. 38.
D. d'Achery,Amiens, 1776. — Dantier, Rapport sur la corresp. Son premier soin fut de résider continuellement dans
néd. des bénédictins de Saint-Maur, Paris, 1857, p. 66-68, son diocèse, dont il fit, en 1652, une visite minutieuse.
Il chercha à augmenter le nombre de ses prêtres, ne ACHILDUS (Saint), évêque de Larissa, en Thes-

:
leur demandant d'abord que la science strictement né-
cessaire «Mieux vaut, disait-il, dans l'état où est mon
diocèse, avoir des prêtres ignorants que de n'en point
salie, au IVe siècle. Les ménologes grecs en font un
des Pères deNicée. Synaxarium Ecclesiæ Constanti-
nopolitanæ, Bruxelles, 1902, p. 686. Mais les listes du
avoir du tout. » Il essaya, sans y réussir, d'organiser premier concile œcuménique ne fournissent sous le
un séminaire, et, pour y suppléer dans la mesure du nom de Larissa que le nom de Claudien. H. Gelzer,
possible, institua un examen pour tous les prêtres qui Patrum Niesenorum nomina, Leipzig, 1898, passim.
désiraient avoir ou faire renouveler leurs pouvoirs de Force nous est donc de renoncer à cette unique donnée
prédicateurs et de confesseurs. qui permettait de rattacher ce personnage au IVe siècle.
En 1645, il tint un synode à Besançon, et y ordonna Du reste, les notices que lui consacrent son office of-
que tous les curés et vicaires du diocèse feraient ficiel et la métaphrase néo-grecque proviennent de
chaque dimanche, sur l'heure du midi, une instruction documents ou mieux de traditions postérieures aux
sur un chapitre du catéchisme approuvé par lui; il guerres bulgaro-grecques du IXe siècle; c'est également
prescrivit à tous les clercs de porter l'habit ecclé- de la même époque que date le curieux récit d'une
siastique; obligea le clergé des paroisses à célébrer les apparition du saint à des pèlerins occidentaux qui
offices à des heures régulières, contraignit les cha- se rendaient au tombeau de saint Démétrius à Thes-
noines et familiers à assister au chœur à ces offices salonique. Acta sanct., octobr. t. IV, p. 193. Comme,
paroissiaux, interdit aux religieux de tenir aucune d'autre part, l'invention de ses reliques eut précisé-
assemblée d'aucun genre durant les cérémonies pa- ment lieu vers le même temps, il n'est point témé-
roissiales et de faire du ministère ou des quêtes sans raire d'assigner à Achilius une moins vénérable anti-
l'autorisation des curés et de l'ordinaire. En 1643, quité. Il y a au mont Athos, dans le manuscrit 143
conformément à la récente constitution d'Urbain du monastère de Dionysiou une vie inédite de ce
VIII, il réduisit de 54 à 38 le nombre des fêtes chô- saint; mais, à en juger par le fragment qu'en a publié
mées; il défendit aussi de publier de nouveaux miracles Chr. Loparev, Visantijskij Vremennik, t. iv, p. 363-
sans son autorisation, régla la question des droits 364, ce document a été utilisé par le moine Chariton
curiaux, publia un nouveau bréviaire en 1653, où pour la rédaction de la vie moderne. C. Doukakes
étaient rétablies dans l'office les leçons tirées de Msyaça-jvaiaçji(jxr\ç, mois de mai, p. 288-297, et il
l'Écriture sainte qu'on y avait retranchées depuis est bien à craindre que sa publication ne nous apporte
plusieurs siècles, mais où étaient abrégés les offices rien de nouveau. Chose curieuse, Chariton ne semble
de Prime, des dimanches de l'Avent et du Carême.
Enfin, il consacra son diocèse à l'Immaculée Concep- deux éditions :
pas avoir mis à profit l'office, dont il existe au moins
'A>coAou0iaTOÛèvàyioi; Tra-rpbç r^ôr./
tion.
Claude d'Achey se montra inflexible dans la lutte
contre le jansénisme. Il fut l'un des premiers à publier
t'
'AXLÀ).{OU apyjeviMjy.rjizov Aapit7<7Y)ç TO0 0a'j[xaToupyoO,

£t£yi<7i,
VÛV 7tpGùTOV TVTtOlÇ E7.SO0£Î(7a Y.oàU£
7r).etffTï); 8iop0to0£Ïcra. cEv
!
ETCt[Ae),£ 0CÇOU
1745, TICxpà 'A v-
'A/.o).ov0ia.VJV TO
:
la condamnation de l'Augustinus (1640), la bulle In
eminenti (1642) et la bulle d'Innocent X Cum ex occa-
sione (1653). Il joignit à ses prescriptions un formu-
TWVIUTWBopxoXe, in-4°, 40
£ £
p.;
ÊEIJ-epovTUTTOCÇX5O0 I(7AXAI ¡.I.ET' ÈmfLEÀdaç O-C TIÀe£crn¡ç
oiop0a>0£?ffa 'J7tbPEwpyioo Mapxr,,êvAaplacir,, irapà Ta)
laire que devaient signer tous les bénéficiaires de son EXOOTYJPEwpytw Mo:'Xp{¡. in—8°, 1896, 39 p. C'est par
diocèse, et défendit la lecture de la Bible en langue une fausse interprétation du récit relatif à saint
vulgaire. Démétrius mentionné ci-dessus que Le Quien, Oriens
C'est durant son épiscopat que saint Pierre Fourier christianus, t II, col. 28, a fait d'Achilius un arche-
vint au diocèse de Besançon et créa son Institut des vêque de Thessalonique. La notice des Acta sanct.,
chanoines réguliers de Mattaincourt. C'est pendant maii t. III, p. 465, n'est qu'un bref commentaire du
son administration aussi que la Franche-Comté subit synaxaire.
la guerre de dix ans, l'invasion, la famine et la peste. L. PETIT.
Il mourut à Gy (Haute-Saône), le 7 octobre 1654. ACHILLA. Voir ANCHIALE.
Histoiremanuscrite du grand séminaire, Arch. de l'arche-
vêché de Besançon. — Délibérations municipales, registre 1. ACHILLAS, évêque d'Alexandrie, successeur
n. 80, aux Archives communales de Besançon. —Délibéra- de saint Pierre sur la chaire de saint Marc. Eusèbe,
tionscapitulaires, G. 117, aux Archives départementales du Hist. eccl., 1.VII, c. XXXII, P. G., t. XX, col. 736, nous
Doubs. — Richard, Histoire des diocèses de Besançon et dit qu'il fut ordonné prêtre avec saint Piérius par le
de Saint-Claude, 1851. — Chanoine Morey, Les curés de patriarche Théonas (282-300), et qu'il dirigea durant
campagne en Franche-Comté, 1880. — La Franche-Comté quelque temps l'école chrétienne de la capitale de
ancienne et moderne, 1857. — Statuts synodaux de Claude
d'Achey, Bibliothèque de Besançon.— Suchet,Histoirede l'Égypte. Nicéphore Calliste, Hist. eccl., 1. VI, c. xxxv,
l'éloquencereligieuse en Franche-Comté, Besançon, 1894. P. G., t. CXLV, col. 1201, révèle la chose en termes
M. PERROD. presque identiques. Ce point a fort embarrassé les
ACHIDÉE, que la Gallia chrisliana nova appelle historiens de la fameuse école, et quelques-uns, pour
à tort Archideus (t. XVI, col. 514), figure comme évê- tourner la difficulté, n'ont rien trouvé de mieux que
que de Die exclusivement dans trois chartes du Car- de faire dire à Eusèbe ce qu'il ne dit nullement. Voir
tulaire de l'abbaye de Saint-Chaffre, alors appelée sur cette discussion les Acta sanctorum, novembris
Calmiliensis (du nom de son fondateur saint Car- t. II, p. 259-260. L'avènement au patriarcat et par
mery); en mai 957, 20e année du roi Conrad, ce suite la mort d'Achillas donne également lieu à de
prélat fait don de diverses terres à l'église de Pont grandes difficultés chronologiques. Sans tenir compte
(de-Barret), du diocèse de Die, appartenant à ce monas- de l'assertion évidemment erronée de saint Épiphane,
tère (U. Chevalier, Cartulaire de l'abbaye de Saint- Hær.,LXVIII, c. III, P. G., t. XLII, col. 188, qui fait
Chaffre du Monastier, 1884, p. 110, n. 323); le même d'Achillas le successeur et non le prédécesseur de saint
mois et sans doute le même jour, il met l'abbé Wul- Alexandre, mort en 326,le Chronicon orientale place son
fald en possession de l'église de Saint-Jean de Charols élection immédiatement après la mort de saint Pierre,
(p. 111, n. 327); peu d'années après, le roi Conrad tandis que Gélase de Cyzique sépare les deux épis-
confirma au même abbé les donations provenant des copats par un interrègne d'une année. Quant à la
largesses du comte Odilon et du prélat (præsulis) durée même de son épiscopat, les renseignements sont
Achidée (p. 108-110, n. 322). encore plus contradictoires. Sans rapporter ici toutes
U. CHEVALIER. ces données, que l'on trouvera fort bien analysées
et discutées dans Tillemont, Mémoires, t. p. 730- VI, 1.ACHILLE (TATIUS) (canoç dans Suidas), savant
732, nous retiendrons seulement l'assertion de Gé- d'Alexandrie, au IVe siècle. Né dans le paganisme, il se
lase de Cyzique, ordinairement bien informé, et nous convertit au christianisme et serait devenu évêque,
admettrons jusqu'à plus ample informé qu'Achillas
monta sur son siège vers la fin de 312, et mourut au
si l'on en croit Suidas. Loué par Photius, cod. LXXXVII,
XCIV, CLXVI. Il composa un grand ouvrage, intitulé :
~Ilept asa-ipa;, dont il nous reste une partie, sous le titre
bout de cinq ou six mois de règne, le 13 juin 313,
correspondant au 19 payni des Coptes. Histoire des
patriarches d'Alexandrie, dans la Patrologia orientalis,
:
de npb;eîcaywyv)v ek Ta'Apotrouyxivrj\i,tv<x(Isagoges in
Phœnomena Aratii). Cet ouvrage mentionne et loue un
Paris, 1907, t. I, p. 401. Les Coptes l'ont exclu de
leur calendrier à cause de sa condescendance pour
Arius. On sait en effet par plusieurs sources, en par-
:
grand nombre d'écrivains. Il écrivit aussi huit livres
intitulés 'Epom/.oiv TÔ>Vitepl
(De amoribus Leucippes et Clitophontis).
za: KAEITOÇCOVTX
ticulier par un curieux fragment du patrice Ararsius
inséré au Synodicum vetus (Fabricius, Bibliotheca Fabricius, Biblioth. græca, in-8°, 1795, t. IV, p. 41-43;

lui reprocher de n'avoir pas su lire dans le secret des


;
græca, t. XI, p. 195; 2e édit., t. XII, p. 369), qu'Arius
reçut la prêtrise des mains mêmes d'Achillas autant
1802, t. VIII, p. 130-133. — Hoffmann, Lex. bibl. græc.,
1832, t. I, p. 1-5. — A. Stravoskiadis, Achilles Tatius, Ein
Nachahmer des Plato, Aristoteles, Plutarch und Aelian, in-8°.
Athènes, 1889. - U. Chevalier, Bio-Bibliographie, in-8°,
cœurs. Baronius l'excuse en lui prêtant l'intention Paris, 1905, t. I, col. 23.
de détacher par là le futur hérésiarque du parti des V. ERMONI.

prouvé :
méléciens. Annal., ad ann. 310, n. 15. Rien n'est moins
il est pourtant certain qu'Achillas encourut
la haine du parti mélécien. Saint Athanase l'affirme
2. ACHILLE (TATIUS OU STATIUS), voir ESTAÇO.

1. ACHILLÉE, martyr. Voir NÉRÉE (Saint).


en plus d'un endroit. P. G., t. XXV, col. 268, 356,
392. Cette grave autorité, jointe aux autres bons 2. ACHILLÉE, martyr. Voir FÉLIX (Saint).
témoignages de l'antiquité en faveur d'Achillas,
justifie amplement, ce semble, l'insertion de son 3. ACHILLÉE, évêque de Spolète dans la première
nom dans le martyrologe romain, 7 novembre. moitié du VC siècle. La seule date fixe sur son épisco-
Outre les auteurs déjà cités, voirActa sanct., junii, t. VII, pat nous est fournie par une lettre adressée, en 419, au
30-31. — Tillemont, Mémoires t. VI, p. 213-214. — A. von préfet de Rome, Symmaque, par l'empereur Hono-
Gutschmid, Kleine Schriften, Leipzig, 1890, t. II, p. 426- rius, au sujet des troubles suscités par l'antipape Eu-
427.Cederniersavant place lamortd'Achillas au 13 juin 311. lalius. Dans cette lettre, Honorius chargeait Achillée
L. PETIT. de présider à Rome les fêtes de Pâques de cette année,
2. ACHILLAS (Saint), 'AX¡nEi ou 'Az.:),tiç, appelé en attendant que fut apaisé le conflit entre le pape
aussi Achilleus par Rufin et après lui par les bollan- Boniface et son compétiteur.
distes, moine égyptien dont les ménées et les synaxaires M. De Rossi cite, après Baronius, deux inscriptions
font mémoire le 17 janvier, H. Delehaye, Propylæum atines en vers, conservées dans un antique manuscrit
ad acta sanctorum, nov. 1902, col. 399, ligne 53; (Cod. Palat. Vat. 853, p. 75 sq.) et dont la teneur nous
col. 981. On a de lui un certain nombre de maximes apprend qu'elles avaient été gravées dans une église,
ascétiques que nous ont transmises en grec les Apo- élevée hors de Rome et dédiée à l'apôtre saint Pierre,
phtegmala patrum, P. G., t. LXV, col. 123-124, et en par un évêque nommé Achille (Achilles). Ces deux
latin les Vitæ patrum de Rufin dont on trouvera les inscriptions (11+18 vers), d'une grande importance
références en note dans Migne à l'endroit qui vient dogmatique à cause de l'énergie avec laquelle elles
d'être cité, ainsi que dans Acta sanctorum, januar. affirment les prérogatives de Pierre, ont souvent été
t. II, p. 528. Jean le Géomètre a mis en un quatrain utilisées dans des inscriptions postérieures. Une troi-
une de ces maximes dans son IlapâÔEicxoç, P. G., t. CVI, sième inscription (6 vers), relevée dans le même ma-
col. 881. Dans l'office des saints ascètes que l'Église nuscrit, dit qu'on voit, tout près d'une route condui-
grecque célèbre le samedi tf,ç TUP¡":;I; à l'entrée du sant à Rome, une église consacrée à saint Pierre par
grand carême, la première ode mentionne Achillas avec l'évêque Achillis, et dans laquelle sont conservées les
Amoès, autre moine égyptien auquel fut adressée la chaînes de l'apôtre.
cinquième des sentences d'Achillas rapportées par les Or tout cela, dit M. De Rossi, s'applique parfaite-
Apophthegmata patrum, celui-là aussi dont les maximes ment à Achillée. Ughelli, en effet, dans sa vaste no-
font immédiatement suite, dans le même recueil, à menclature des évêques d'Italie, n'en mentionne au-
mélode « fleurs du désert»
Tri;
:
celles d'Achillas. L'un et l'autre sont appelés par le

èpr|(j.ou.Tpiwêtov, Rome,
'AX¡))&' ~xal 'Ap.r,'rfj, Tà à\0r)
1879, p. 87. Le
cun du nom d'Achille, et ne nomme qu'un seul Achil-
lée : celui de Spolète. Il est donc à croire que, dans les
inscriptions citées, on a employé la forme Achilles ou
17 janvier, on fait seulement mémoire de saint Achillas Achillis, au lieu d'Achillcus, uniquement par suite des
àl'officedesaintAntoineermite. Le synaxairemétrique exigences de la métrique. Nous savons, en outre, qu'on
de cet office lui consacre deux vers où ses vertus ascé- avait élevé près de Spolète, sur une colline voisine de
tiques sont comparées aux exploits guerriers du héros la Voie flaminienne, une basilique dédiée à saint
de l'Iliade auquel la ressemblance de nom a fait son-
ger :
"OirXoi; 'A-/O.XEÙÇTCC; xaiw nopOd
'AX¡nEiç TÏ)V AVM TTXOUTEÏTTÔXIV.« Par ses
£
7roX
armes Achille
t:.
flovot;
Pierre. On en ignore la date de construction, mais on
sait qu'elle existait au siècle d'Achillée, puisqu'on y
ensevelit, en 489, un des proches successeurs de ce der-
détruit les villes d'ici-bas. Par ses labeurs Achillas nier, l'évêque Amasius. Et c'est probablement dans
conquiert la cité d'en haut. » M^VAÎVJVTO-J'Ixwjyapîou, cette église que se trouvaient les inscriptions susdites.
Venise, 1880, p. 136. A l'endroit cité plus haut de L'année de la mort d'Achillée ne peut se déterminer
Jean le Géomètre, dans Migne, le commentateur iden- avec précision. Mais, remarque encore M. de Rossi, la
tifie en note cet Achillas avec le prêtre de même nom, troisième inscription, où il est question des chaînes de
signataire de la déposition d'Arius au concile d'Alexan- saint Pierre et qui paraît la moins ancienne, nomme
drie en 321. Rien ne semble appuyer cette identifica- Achillée et fait supposer par conséquent qu'il vivait
tion. encore, ou était mort depuis peu. Si l'on admet d'au-
Apophthegmata patrum, P. G., t. LXV, col. 123-124.— tre part que les chaînes dont il est parlé ici sont celles
Acta sanctorum,januar. t. II, p. 528. Doukakis, MéVa; L¡",,,- que,suivant la tradition défendue parMonsacrati,l'im-
Ç"?",.ú¡<;, janvier, —
Athènes, 1889, p. 318, 319. pératrice Eudocie fit transporter à Rome vers 441, on
S. SALAVILLE. peut conjecturer qu'Achilléemourut vers cette époque.
On discute si Achillée fut le prédécesseur ou le suc- probablement a cause des revenus ecclésiastiques qui
cesseur de Spes, qui, d'après son inscription funéraire, lui avaient été conférés pendant son séjour à Rome,
fut évêque pendant trente-deux ans. M. De Rossi sou- qu'Achillini portait l'habit ecclésiastique. Nommé en
tient cette dernière hypothèse, déjà émise par Campello
et qu'Ughelli avait signalée sans l'adopter.
1626 juge du tribunal des marchands à Bologne, il
vou-
lait garder cet habit, mais le Sénat lui demanda de por-
;
Baronius,Annal. eccl., adann. 419, n.15-18; ad ann. 439,
n.14-17, Lucques, 1741, t. VII, p. 158-159 512-514. — Ber-
ter sa robe comme les autres juges qui étaient tous
docteurs collégiaux.
nard di Campello, Delle
p. -
historie di Spoleti, Spolète, 1672,
t.I(seulpublié), 228,301. Lorenzo Giampaoli, Memorie
delle s. catene di S. Pietro apostolo, Prato, 1884, p. 153,
Les hommages qu'Achillini avait en vain attendus
à Rome lui furent rendus par Édouard Farnèse, duc
de Parme, qui le nomma son conseiller d'État, lui
179, 211-215 (ce livre contient une traduction italienne de attribua le titre spécial de « suréminent » et un traite-
l'ouvrage publié en 1750 par Monsacrati : De catenis ment de quinze cents écus qui jusqu'à cette époque
S.Petri). — G.-B. De Rossi, Bullet. di archeologia cris- n'avait été accordé à aucun des professeurs de l'univer-
tiana, 1871, p.112-120; 1881, p. 11, note 5; 1883,
p. 15; 1887, p. 85, note 5. — Tillemont, Mém. hist.eccl., sité de Parme. Il y professa le droit avec éclat, douze
-
1701,t.1, p. 536. Ughelli,Italia sacra, Venise, 1720, t. I,
col. 1256. — Jaffé, Regesta pontificum rom., éd. Wat-
ans durant (1623-1635), jusqu'au moment de la fer-
meture de l'Athénée de Parme à cause de la ligue du
tenbach, Leipzig, 1885, t. I, n. 419, p. 51. prince Farnèse avec la France contre l'Espagne.
U. ROUZIÈS. Obligé de reprendre ses cours à Bologne, il eut toujours
ACHILLES DE ALLSCHWILER, d'origine alle- un nombre considérable d'auditeurs, comme en té-
mande, dominicain. Prieur de Bâle 1255-1258, puis
prédicateur général. En 1266, il prêche la croisade. :
moigne une inscription de 1638 placée dans les locaux
universitaires grandem alumnorum venerationem. En-
voyé auprès du pape Urbain VIII comme ambassa-
-
Annales basilenses, dans Pertz, Monumenta Germaniæ,
t.
Script., XVII,p. 193, H.Finke,UngedruckteDominikaner-
briefe des 13 Jahr. (1891), p. 65. — Sutter,Die deutschschwei-
deur de sa ville natale, il reçut de la part de ce dernier
les plus grands honneurs et remplit sa mission avec
zerisclien Dominikanerkloster in 13Jahrhundert,dansKatho- beaucoup de succès.
lische Schweizerblätter, 1805, p. 478. — Monumenta ord. Rentré à Bologne, il se retira dans une maison de
fr. præd. Hist. Vitæ Fratrum, édit. Reichert, 1891, p. 114.
R. COULON. »
campagne « Il Sasso rendue célèbre par son oncle;
ACHILLI (GIACINTO), né
en 1803 à Viterbe, en-
l'université de Padoue lui adressa une invitation ho-
norifique, mais il répondit que mieux valait pour lui
tra dans l'ordre des dominicains et résida succes-
sivement à Lucques, Viterbe, Capoue et Naples. Inter- « d'écouter les leçons que lui donnait la mort que de
dit, en 1841, par l'Inquisition à cause de ses mauvaises faire entendre les siennes par la jeunesse padouane. »
Il mourut en effet, le dernier de sa famille de poètes et
mœurs, il se rendit à Corfou, où il embrassa l'angli- de savants, en 1640, âgé de 66 ans.
canisme, puis fut professeur au collège protestant ita-
lien de Malte et se retira enfin en Angleterre, où il fit Admiré par Fulvio Testi, aimé par Antonio Bruni,
des conférences anticatholiques. L'apostat intenta, en en correspondance avec Marino qui lui adressait la
1852, un procès à Newman, qui avait fait connaître sa préface de sa Sampogna, Achillini fut membre actif de
vie et qui, malgré les preuves écrasantes qu'il fournit plusieurs Académies, notamment de celle des Lincei
de ses assertions, fut condamné à 100 £ d'amende. de Rome et de celle des Innominati de Parme.
Nous avons plusieurs éditions des lettres d'Achillini,
Dublin Review, juillet 1850. — Walford, Men of the Venise, 1625, 1630, Lodi, 1631, Florence, 1631, Mo-
Time, in-8°, Londres, 1879. — Balan, Continuazione della dène, 1633. Ses poésies ont été publiées à Bologne en
Storia universale della Chiesa callolica dell'ab.Rohrbacher,
Turin, 1886, t. I, p. 854-855. — Historisch-politische Blätter 1632 et à Venise en 1633. C'est dans l'une d'elles qu'il
für das katholische Deutschland, Munich, t. xxx, p. 224-250. qu'il dit que Jésus-Christ, en venant au monde, des-
J. cendit dalle stelle alle stalle, antithèse déjà ridiculisée
:
FRAIKIN.
ACHILLINI (CLAUDIO), littérateur italien, né à par des critiques contemporains du poète. Il en fut de
Bologne en 1574, neveu du poète Giovanni Filoteo o
même du fameux sonnet Sudate, fuochi, a preparar
metalli composé à l'occasion des conquêtes de Louis
Achillini, dont on l'a cru longtemps le petit-fils, et
arrière-neveu du savant anatomiste et philosophe XIII en Piémont et pour lequel le cardinal de Richelieu
Alexandre. Après avoir étudié la grammaire, les belles- aurait envoyé à Achillini une chaîne d'or de la valeur
lettres, la médecine, la philosophie et la théologie, de mille écus. Ce présent qui lui fut adressé en 1640
il suivit les cours de droit à l'université de Bologne et était plutôt destiné à le récompenser d'une ode écrite
il y obtint le grade de docteur le 16 décembre 1594; pour la naissance de Louis XIV.
quelque temps après il fut élève de Cesare Cremonino,
célèbre professeur de philosophie à l'université de J. N. Erytræus (G. V. Rossi), Pinacotheca imaginum
Padoue. Dès son retour à Bologne il y enseigna le droit, illustrium virorum qui auctore superstite diem suum obierunt
fut secrétaire, pendant quelques années, du cardinal Cologne (Amsterdam), 1643, t. I, p. 100. — J. M. Pannini,
Vita di Claudio Achillini, préface aux Cartelli per le giostre
Serafino Olivari Razali, puis reprit (1607-1608) son de Cl. Achillini, Bologne, 1660. — C. Lorenzo, Elogii
enseignement à Bologne, et il se transporta à Ferrare d'huomini letterati, Venise, 1666, t. II, p. 161. — Crescim-
à la fin de 1609, par suite du dépit que lui avait causé beni, Historia. della volgarpoesia, t. 11, p. 496-497. — Maz-
le refus d'une chaire vacante. Il resta à Ferrare, pen- zucchelli, Gli scrittori d'Italia, t. I, p. 104-108. — Tira-
dant plus de dix ans et il ne s'absenta que pour suivre boschi, Storia della lett. ital., t, v, p. 359. — B. Malatesta,
en 1616 en Piémont, en qualité d'auditeur, le cardinal Claudio Achillini Cenni, Modène, 1884. — Giornale slo-
Alexandre Ludovisi, archevêque de Bologne, nonce rico della letteratura italiana, t. XI (1888), p. 391; t. XXI,
apostolique et commissaire pour la paix entre Phi- p. 135. — Fantuzzi, Scrittori bolognesi, t. I, p. 56-62. —
A. Belloni, Il Seicento, p. 85, 87. — Sur GiovanniFiloteo
lippe III d'Espagne et Emmanuel Ier de Savoie. Achillini(1466-1538), auteur de Il viridario et Il fedele,
Immédiatement après l'avènement du cardinal Lu- cf. Crescimbeni,op. cit., t. III, p. 322-323 ; Giornale storico
dovisi au trône pontifical, Achillini accourut à Rome, della letteratura italiana, t. XI, p. 383-404, etc.
espérant obtenir les faveurs de Grégoire XV. On pré- P. ÀRCARI.

cien auditeur:le
tend que le pape se montra assez froid envers son an-
d'autres croient avec Fantuzzi que le
pontife aurait protégé le poète et que la mort seule-
ACHIS, nom probable d'un ancien évêché de
la Palestine IIIe, connu par une inscription grecque
de l'année 786. Cette inscription nous fait connaître
ment (ilmourut 8 juillet 1623) l'empêcha d'accorder le titulaire, Léonce, et le siège épiscopal.Échos d'O-
à Achillini les honneurs désirés.C'est, en tout cas, très rient, 1897, t. I, p. 73, 117; Byzantinische Zeitschrift
1899, t. VIII, p. 387-390; E. Brünnow, Die Provincia part à celle du catholicos Jaballaha III. Assémani,
Arabia, Strasbourg, 1904, t. I, p. 112. Ajoutons tou- Bibl. orient., t. II, p. 450, 456; Le Quien, Oriens
tefois que M. Clermont-Ganneau,dansRecueil d'archéo- christianus, t. II, col. 1285. Ces derniers évêques vécu-
logie orientale, Paris, 1904, t. VI, p. 327-329, a fait de rent tous les trois au XIIIe siècle. Achlat est aujour-
fortes réserves sur les noms du siège et de l'évêque, d'hui Akhlat, chef-lieu de caza, dans le vilayet de
ainsique sur ladate. Iln'estpas douteux cependantque Bitlis, sur le bord occidental du lac de Van. La ville,
nous n'ayons là une inscription précieuse nous signa- qui jouit d'un climat très doux, sert de lieu de villé-
lant sûrement une ville épiscopale. Les ruines ac- giature aux habitants de Bitlis, ville située à 40km de
tuelles s'appellent Er-Rasif ou Mohezzeq; elles sont là. Presque toute la population est musulmane ou
situées au sud-est de la mer Morte, à deux heures arménienne-grégorienne; on compte aussi quelques
environ au sud de Bouseira, l'ancienne Bosra d'Edom, Grecs orthodoxes. V. Cuinet, La Turquied'Asie, Paris,
à gauche du chemin qui mène à Dana et à Chobaq. Si 1892, t. II, p. 564-566. S. VAILHÉ.
la lecture Achis dans l'inscription était vraiment
confirmée, ce serait très probablement le nom indi- ACHOLLA et ACHULLA. Voir ACOLITANA
gène de la cité gréco-romaine Augustopolis. En effet, (Ecclesia).
dans les géographes Hiéroclès, édit. Burckhardt, p.

région nabatéenne :
42, et Georges de Chypre, édit. Gelzer, p. 53, nous
avons l'énumération des villes suivantes pour la
Pétra', Augustopolis, Arindéla,
Charak-Moba, Aréopolis. L'énumération va du sud
ACHON (JOS.-BENOÎT-MARCEL), prédicateur fran-
çais, né à Fribourg-en-Brisgau, en 1804, mort en 1855,
vicaire général de Strasbourg, où son père était venu
se fixer en 1824. Longtemps professeur au petit et au
au nord et quatre sur cinq de ces villes sont identi- grand séminaire de Strasbourg, il partagea les sermons
fiées: Pétra avec Ouady-Moussa, Arindéla avec Gha- français de la cathédrale avec Bautain, qu'il remplaça
randel, Charak-Moba avec El-Kérak, Aréopolis avec à la tête du petit séminaire en 1834. Vicaire général en
Rabba. Reste Augustopolis : elle doit se trouver entre 1842, il fut frappé d'apoplexie dans la chaire de la ca-
Ouady-Moussa et Gharandel, et c'est là précisément thédrale, âgé seulement de 51 ans. Ses Sermons et dis-
la position qu'occupent les ruines d'Er-Rasif ou Mo- cours, 3 in-8°, ont été publiés en 1856-1858.

Conciliorum ampl. collectio, t.


:
hezzeq. Si l'identification est admise, nous connaissons
deux autres évêques de cette ville Jean en 431, Mansi,
IV, col. 1125, 1149,
Mémorial de Fribourg, 1885, t. II.
A. INGOLD.
ACHONRY (Achaden.), diocèse irlandais de la pro-
1217; t. v, col. 589; Jean,au concile de Jérusalem en 536, vince de Connaught et l'un des sièges suffragants de la
Mansi, op. cit., t. VIII, col. 1171. De plus, au concile province ecclésiastique de Tuam. L'origine de ce dio-
de Constantinople, en 536, signa le diacre et moine cèse fut un monastère fondé par saint Finnian de
Élie « pour tous les moines d'Augustopolis, dans la Clonard (Colgan, Acta sanctorum Hiberniæ, p. 140,
t.
Palestine IIIe. » Mansi, op. cit., VIII,col. 994,1022. 399), à la tête duquel le saint avait placé l'un de ses
S. VAILHÉ. disciples du nom de Nathi.Mais on ne sait pas si
ACHIVE, abbéde Saint-Maurice.Lespremiers abbés celui-ci était prêtre ou évêque. Colgan, ibid., p. 140.
de Saint-Maurice en Valais (Agaune) sont Hymné- On n'a que peu de renseignements sur l'histoire du
mode, Ambroise, Achive. Ce dernier était originaire diocèse jusqu'au concile de Kells (1552) qui parfit
de Grenoble; son père s'appelait Héraclius. Désireux la délimitation des circonscriptions diocésaines d'Ir-
d'embrasser la vie monastique, Achive se rendit au lande. L'évêque d'Achonry, Melruan O'Ruadan, as-
couvent de Grigny, dans le diocèse de Vienne. C'est de sista à ce synode. Le siège d'Achonry fut alors placé
là qù'il partit pour Saint-Maurice,en compagnie d'Hy- sous la juridiction du métropolitain de Tuam (Kea-
mnémode et d'un grand nombre d'autres religieux, ting, History of Ireland; Colgan, Acta sanct.Hib.,
lorsqu'en 515, le roi Sigismond fonda la célèbre abbaye p. 634, 776); les limites du diocèse furent fixées :
en l'honneur des martyrs thébains. Le biographe elles sont demeurées telles jusqu'à ce jour; elles
d'Achive, dans son Vila abbatum Acaunensium, ne embrassent la plus grande partie du comté actuel
nous dit pas grand'chose sur son compte. Il nous con- de Sligo, une grande partie de Mayo et quelques pa-
:
serve, heureusement,une copie de son épitaphe, qui
était en vers acrostiches Achivus abba. Les dates
exactes du gouvernement d'Achive sont inconnues. Il
roisses de Roscommon. Le plus remarquable évêque
d'Achonry pendant la période de la Réforme fut
O'Harte, qui fut choisi sur la recommandation du
succéda probablement en 521 à Ambroise, et mourut jésuite David Wolfe (28 janvier 1562). Il fut ensuite
en 525. C'est ce qu'on peut déduire du plus ancien ca- nommé administrateur d'Armagh (Lynch, Manus-
talogue des abbés de Saint-Maurice et des notes chro- cript history of irish bishops) et plus tard (1575)
nologiques qu'il fournit. reçut des pouvoirs spéciaux pour toute la province
de Tuam. Irish ecclesiastical record, t. III, p. 147.
Arndt, Kleine Denkmäler aus der Merovingerzeil, 1874, Le 4 juin 1585 le Dr Lang, archevêque protestant
p. 12-21. — Acta sanctorum, nov. t. I, p. 552-556. — d'Armagh, écrivait à Walshingham (State Papers)
B. Krusch, dans Monum. German., Scriptores rerum mero-
vingicarum, t. III, p. 178-183. — M. Besson, Le Vita abba- que le Dr O'Harte avait été confié à ses soins et avait
tum Acaunensium et la critique récente, dans Anzeiger für
schweizerische Geschichte, Berne, 1904, n. 2.
M. BESSON.
;
consenti à rejeter la juridiction papale et à résigner
son évêché mais l'archevêque a été induit en erreur
puisque le Dr O'Harte était présent en 1587 au sy-
ACHLAT ou AKHLAT ou KÉLAT, ancien évê- node qui se réunit pour promulguer dans l'Ulster les
ché de la Mésopotamie, compris dans le patriarcat de décrets de Trente. O'Renehan, Archbishops, appen-
Séleucie-Ctésiphon et qui, d'après le 21e canon du dix. De 1603 à 1641 et de 1645 à 1705 le diocèse
concile de Séleucie, en 410, était suffragant de la mé- fut privé d'evêque et gouverné par des vicaires apos-
tropole de Nisibe. Chabot, Synodicon orientale, dans toliques. D'après le recensement de 1901 la popula-
Notices et extraits des manuscrits, Paris, t. XXXVII,
p. 619. On connaît un certain nombre de ses évêques
Jacques en 731, qui composa un commentaire sur les
: tion totale du diocèse d'Achonry était de 82 795
âmes, dont 2 242 non catholiques. Il comprend vingt-
deux paroisses administrées par environ cinquante
Proverbes, cf. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. n, prêtres, tous séculiers. Il n'y a point de réguliers dans
p. 431; Jean, qui devint métropolite de Cachgar sous le diocèse. La résidencede l'évêque est àBallaghdereen,
le catholicos Élie III; Salibazacha, qui prit part à où se trouvent situés la cathédrale commencée en
l'élection du catholicos Denha Ier; Ananj ésus, qui prit 1818 et achevée par l'évêque actuel et le nouveau
séminaire diocésain également de construction ré- nien au point de vue religieux. Il sent moins que les
cente. Les écoles primaires dépendent principalement chefs qui l'avaient précédé le besoin et les avan-
du Board of national education, mais quelques écoles tages d'une union religieuse avec les Grecs et il est
sont cependant dirigées par les frères des écoles si loin, si isolé des Latins et de Rome, que de ce côté
chrétiennes, les frères maristes, les filles de la Charité, tout rapport direct devient impossible. Il tend à
les sœurs de la Merci et les sœurs de Saint-Louis. resserrer les liens qui rattachent à son trône le siège
LISTE DES ÉVÊQUES d'après W. Maziere Brady, du catholicos ou du chef religieux arménien. Tandis
The episcopal succession in England,Scotlandand Ire- que le laïque Zacharia I Tzakétsi, du district de
land from 1400-1875, Rome, 1876 : — Maelruan Godayq (855-877), a été élu catholicos par le prince
O'Ruadan, 1170. — Gelasius O'Ruadan, 1214. — t
+ 1226. -
Clemens O'Sinadaig, + 1219. - Carus O'Torpy,
Gelasius O'Clery, + 1230. — Thomas
Sempad Sbarabed et les évêques réunis en assembléeà
Erazgavors au nord d'Ani(voir JeanV catholicos, Hist.
d'Arménie,Jérusalem 1867, c. XXVI), le prince Achod au
O'Ruadan, + 1237. — Aengus O'Cloman, 1238, contraire désigna lui-même le successeur de Zacharia
démiss, en 1250. — Thomas O'Meahan, 1251-1265. Georges Karrnétsi (878-898) Jean cath., c. XXVIII.
— Dionysius O'Meahan. 1266-1285. —
Benedictus Celui-ci sacra leroi en 855 (ibid. c. XIX). Plus dépen-
O'Bragan, 1286-1311. — Murhardus O'Hara, 1327- dant qu'autrefois de son souverain, le catholicos est
1344. — David, 1345-1348. — Nicolas O'Hedran, aussi moins écouté des autres princes arméniens. Ainsi,
O. Cist., 22oct. 1348, f 1373. — Guilelmus Andreæ, Georges intercéda-t-il vainementauprès de Derenik du
O. P., 17 octobre 1373, transféré à Meath. — Simon, Vasbouragan, pour faire accorder la liberté à un autre
O. Cistcrc., 1387. — Johannes, 13 septembre 1396. Achod, ami des Grecs et « curopolate » (Thomas
— Bernard Bryan O'Hara, 26 janvier 1401. — Ma- Ardzrouni, Hist. des Ardzouni, Saint-Pétersbourg,
gonus Chradan, 14 avril 1410. — Laurentius, O. P., 1874, 1. III, n. 20). C'est au temps où Achod était
1414.—Donatus(?).—Richard Belmer, O. P., 12avril prince des princes, que Sahag Merout, surnommé
1424.—O'Hara (?),+1435.—NicholasO'Daly, O. P., Abikouresch, évêque de Daïq, écrivit une lettre en
1436. — Thaddæus, + à Rome, 1448. — Cornelius réponse à celles que Photius avait adressées à Za-
Omochray, O. Cist., 15 oct. 1449. —Benedictus (?),
2 nov. 1463. — Nicolas Fordcn, 22 avril 1470.
Robert Wcllys, franç., 1473. — Bernardus (?),
- charias et au prince Achod. Voir F. Tournebize,
Hist. pol. et rel. de l'Arménie, p. 142-144; texte des
1488. - Jean de Buclamant, 23 sept. 1489, non in-
tronisé. — Richard, f 1490. — Thomas Ford. aug.,
lettres de Photius mais incomplet dans P. G., t. CII,
col. 703-718. La lettre de Photius et la réponse d'Abi-
kouresch dans Marr et Papadopoulos Kerameus,
8 oct. 1493. — Eugen. O'Flanagan, O. P., 22 déc. dans la Revue de la Société orth. russe de Palestine,
1508. — Cormach, 31 août 1522. — Thomas O'Fi- Saint-Pétersbourg, 1892, t. XI, 1re part., p. 210-226;
hil, 15 juin 1547, transféré à Kildare, 1555. — Cor- 261-276; dans le Kirq Thghtots, en arménien, Ti-
mach Ocoyn, franç., 1556-vers 1562. — Eugen. flis, 1901, p. 279-294; trad. allem. de Agnes Finck et
O'Harte, O. P., 28 jan.1562,+1603.—Vacance de 1603 E. Gjandschezian, Zeitschr. f. armen. philol., t. n,
à 1641. — Louis Dillon, franc., 14 mai 1641-1645. — fasc. 1, p. 2-17. Il est difficile de préciser la date des
Vacance de 1645 à 1707. — Hugh Mac Dermott, deux lettres de Photius ainsi que de la réponse d'Abi-
30 avril 1707. — Dominic O'Daly, 30 nov. 1725, kouresch mentionnée par Açoghigh, Hist., en armé-
+ 1735. — John O'Harte, 30 sept. 1735, + 1789.— nien, 1. III, c. II. Dans salettre,où se trahit unescience
Walter Blake, 13 août 1739, + 1758.
Robert Kirwan, 21 août 1758, + 1776.
-- Patrick
Philip
et une modération relative, Abikouresch condamne
« l'impie Eutychès » et le monophysisme syrien.
Philipps, 22 juin 1776, transféré à Tuam, 1785. — Selon lui, « le Christ n'est point en deux natures, mais
Boetius Egan, 26 sept. 1785, transféré à Tuam 1787. de deux natures, la nature divine étant unie à la
— Thomas O'Connor, 15 déc. 1787, + 18 février nature humaine comme la lumière à l'air, le corps à
1803. — Carol Lynach, 29 avril 1803, + 1809.
John O'Flynn, 9 juin 1809, t17 juillet 1817. —
- l'âme, sans mélange. » On voit que les chefs officiels
de l'Église arménienne maintenaient leur attitude
Patrick Mac Nicholas, 1er janv. 1818, févr. 1852. — intermédiaire entre les purs monophysites et les
Patrick Durcan, 4 oct. 1852, + 1er mai 1875. — Fran- dyophysites. Leur différence avec ces derniers était
t
cis Mac Cormack, 5 sept. 1875, 1887. — John Lys- surtout verbale, comme en témoignent les actes du
ter, élu le 25 févr. 1888. synode de Chiragavan auquel assista Achod (862?).
J. MAC CAFFREY. Cf. Hist. pol. et rel., p. 143, 144; Balgy, Historia
r" ACHOT Ier (ACHODE), Medz ou le Grand, + 890, doctr. cathol. inter Armen., append. III, p. 217-219;
premier roi de la dynastie des Pakradouniq (Pagra- le même, Le siège de Pierre, en arménien, Vienne,
tides), qui régnèrent à Ani, sur la rive droite de 1853, p. 233; Galano, Conciliatio, part. II, t. I, p. 124-
l'Akhourian (Arpa-tchaï actuel), affluent gauche de 137. Achod se rapprocha des Grecs, au moins politi-
l'Araxe, à peu près à égale distance entre Alexan- quement, sous Basile et Léon le Philosophe.
dropol et l'embouchure de l'Akhourian. Voir ANI. Près de mourir, il prescrivit d'abondantes aumônes
D'après les traditions arméniennes, les Pakradouniq, en faveur des églises et des pauvres. Le catholicos
longtemps avant l'ère chrétienne, se disaient d'ori- Georges récita des prières et lui donna « le viatique du
gine juive. Moïse de Khorène, I, 22. Quoi qu'il en sang du Seigneur. »Jean cathol., trad. Saint-Martin,
soit, ils avaient exercé depuis longtemps les plus Paris, 1861, c. xx.
hauts emplois, comme celui de Thakatir (poseur de Le petit-fils d'Achod Medz, Achod II Ergathi
couronne) quand un de leurs descendants, Achod, (de fer), 914-930, son cousin et rival Achod, créé roi
reçut du calife Motawakelletitre de prince des princes
(859) et, en 885, obtint du calife Motamad le titre
de Tovin par Yousouf, gouverneur arabe de l'Azer-
baïdjan ainsi que les ischkans Achod Ardzrouni du
de roi. Les Arabes, en reconnaissant, comme royaume Vaspourakan n'offrent pas grand intérêt au point de
tributaire, une partie de l'Arménie septentrionale, vue ecclésiastique.
à peu près enfermée entre les cours moyens du Kour
et de l'Araxe, revenaient à une politique de modé- Jean catholicos, op. cit., c. xvi sq.,— Açoghig, Hist.
III, Photius à Zacharia, ms d'Eds-
c. II. — Lettre de
ration, assez ordinaire sous les Omaiyades, et oubliée
des Abbassides. Cf. Ghévond, prêtre, Hist. des prem.
conquêtes arabes. Cet état de vassalité à l'égard des
J.

1863. Bros
Hist. des Ardzr.
:
chmiadzin, n.516, 4; 517, 2, du catalogue publié à Tiflis,
- set, Collect. d'histor.armén. Thomas Ardzrouni,
ouni-Akakel Saint-Pétersbourg, 1874,
califes explique en partie l'attitude du prince armé-
les Arderpuni,-
Ascjiot
niens unier I
^T>r6pdsc.hiaii, Polit. u. Kircheng. Arme-

Orient. Spr. an d. könig. Fried. - ---


W. -Univ.,
- - -..
u. Sembat I, Miliheil. des Semin. f.
Berlin, mub,-
ou purement accidentelle; quoi qu'il en soit, elle servit
admirablement les visées des archevêques gréco-bul-
gares d'Achrida. En effet, par le fait même qu'ils re-
t. VIII, p. 98, 207, surtout 157-163; les appréciations sont connaissaient dans Achrida l'ancienne Justiniana
d'un point de vue grégorien. Cf. p. 98. prima, ils pouvaient revendiquer pour leur église l'au-
FR. TOURNEBIZE. tonomie ecclésiastique que Justinien avait accordée a
ACHRIDA, ancien patriarcat de l'Église bulgare. son pays natal par la Novelle XI du 14 avril 535 et h.
- I. Premier patriarcat bulgare, 980-1018. II. Les ar-
chevêques gréco-bulgares d'Achrida. III. Étendue de
Novelle CXXXI du 18. mars 545, et défendre leur indé-
pendance contre les patriarches de Constantinople.
la juridiction de l'archevêché d'Achrida. IV. Situation
actuelle.
I. PREMIER PATRIARCAT BULGARE, 980-1018. —
:
Mais, je l'ai dit et je le répète, cette identification est
fausse Justiniana prima correspond très probable-
ment à Uskub. Voir JUSTINIANA PRIMA et LYCHNIDE.
Achrida ou Ochrida est le nom slave d'une localité si- La date précise de l'établissementdu patriarcat bul-
tuée aux confins de l'Illyrie et de la Macédoine et qui, gare à Achrida n'est pas connue; on sait seulement
à l'époque gréco-romaine, s'appelait Lychnide ou Li- que le fait est postérieur à l'année 972. En l'année 969
chnide. Ceci d'après Anne Comnène, Alexias, 1. XII, était mort le tsar bulgare Pierre, battu par les Grecs de
:
P. G., t. CXXXI, col. 929, qui identifie formellement ces
deux localités « Le lac de Lychnide porte aujour-
d'hui le nom barbare d'Achrida, à cause du roi bul-
Nicéphore Phocas et les Russes de Sviatoslav qui
avaient envahi ses États. L'année suivante, les
Russes occupaient Péreiaslavets, capitale de l'empire
gare Mochri, appelé ensuite Samuel. » Samuel ayant bulgare et siège du patriarcat fondé par le pape saint
régné sur la Bulgarie occidentale de 977 à 1014, Nicolas Ier, vers 866. En 972, les Byzantins venaient
ce serait donc vers la fin du xe siècle que le chan- au secours des Bulgares, mais c'était beaucoup moins
gement de nom aurait eu lieu. Un autre document, pour les affranchir des Russes que pour les dominer
non daté mais dont un manuscrit remonte au XIVe siè- eux-mêmes. La descendance d'Asparouch était dé-
cle, l'Appendix I ad Hieroclis Syncedemum, édit. finitivement exclue du trône de Bulgarie et le patriar-
Burckhardt, Leipzig, 1893, p. 63, répète l'affirmation cat bulgare de Péreiaslavets supprimé. Le patriarche
d'Anne Comnène à peu près dans les mêmes termes. bulgare, Damien, qui avait d'abord habité Péreiasla-
J'ignore si la date fixée par Anne Comnène pour le vets, puis Dorostolon ou Silistrie, quitta cette dernière
changement de nom est bien exacte, mais l'identifi- ville en 972, quand elle fut occupée par les Byzantins,
cation proposée par elle est incontestable et acceptée et se réfugia chez ses compatriotes de l'Ouest, dans la
de nos jours par tout le monde. Strabon, Geographica, région d'Achrida. Là, un Bulgare révolté contre son
1. VII, c. VII, n. 4, édit. Mueller, Paris, 1853,t.1, p. 268, souverain, Chichman de Tirnovo, avait fondé, en 963,
dit que la voie Égnatienne passait par Lychnide, non un second royaume bulgare, qui groupa les patriotes
loin des frontières de l'Illyrie et de la Macédoine, et il de l'Ouest, une fois que l'empire de Péreiaslavets fut
mentionne, op. cit., 1. VII, c. VII, n. 8, t. I, p. 271, « le tombé au pouvoir des Grecs. Damien fut bien accueilli
lac très poissonneux. » Ptolémée, Gcographia, 1. III, par le tsar et traité comme le véritable chef de l'Église
c. XII, n. 29, édit. Mueller, Paris, 1883, t. I, p. 512, se bulgare. Lui et ses successeurs, Germain ou Gabriel et
contente de signaler la ville de Lychnide. Malchus de Philippe, changèrent de résidence aussi souvent que
Philadelphie, vers la fin du ve siècle de notre ère, Ex- leurs souverains, fixés aujourd'hui à Viddin, demain
cerpta de legationibus, P. G., t. CXIII, col. 761, dit la à Mogléna et à Prespa, après-demain enfin à Achrida.
ville de Lychnide bien arrosée; Étienne de Byzance, Une fois établi là, certainement après l'année 980, le
sub verbo, parle de la ville et du lac de Lychnide en patriarcat bulgare y resta définitivement jusqu'à l'an-
Illyrie. On le voit donc; les brefs renseignements don- née 1767, date de sa suppression. Ce fut le patriarche
nés par tous ces géographes sur Lychnide conviennent Philippe qui s'installa à Achrida; après lui vinrent
parfaitement à la position d'Achrida. Par ailleurs, David, lequel dut assister aux luttes sanglantes de son
d'après les lettres des papes citées parLeQuien, Oriens souverain Samuel contre Basile le Bulgaroctone et à
christianus, t. II, col. 286, Lychnide possédait encore la ruine de sa patrie, et Jean, qui, après la suppression
un évêque en l'an 519, le nom d'Achrida est donc du second royaume bulgare, se vit confirmé dans sa
postérieur à cette date. charge par l'empereur grec Basile II. Nous tenons ces
Au moyen âge, toutefois, à partir du XIIC siècle, se renseignements d'une Notitia episcopaluum, qui a été
fit jour une autre opinion qui prévalut bientôt. L'on éditée et étudiée, entre autres par Le Quien, Oriens
identifia alors Achrida avec Justiniana prima, ville christianus, t. II, col. 289-292, Zachariae von Lingen-
bâtie sur l'emplacement de Tavrésion, pays natal thal, Beiträge zur Geschichte der bulgarischen Kirche,
de Justinien. Procope, De ædificiis, 1. I, c. I. C'est dans les Mémoires de l'Académie impériale des sciences
au mois de mai 1157, dans un concile de Constan- de Saint-Pétersbourg, t. VIII (1864), p. 9-11, 14-16;
tinople, que le prince Jean Comnène, archevêque de Gelzer, Der Patriarchat von Achrida, p. 6-7, et Byzan-
Bulgarie, signe en identifiant pour la première fois tinische Zeitschrift, 1893, p. 44-45. Nous n'avons pas
Achrida avec Justiniana prima. Gelzer, Der Patriar- de détails particuliers sur les sentiments religieux de
chat von Achrida, Leipzig, 1902, p. 8-9. A ce témoi- ces patriarches, mais comme tout le monde alors,
gnage émanant d'un concile on peut ajouter celui d'un même les patriarches byzantins, vivait en communion
historien contemporain, Guillaume de Tyr, qui, en l'an- avec Rome, il est très vraisemblable qu'il en fut de
née 1168, alla trouver l'empereur grec Manuel II à Mo- même des premiers titulaires bulgares d'Achrida.
nastir : in provincia Pelagonia., juxta illam antiquam L'étendue de la juridiction du patriarcat d'Achrida
et domini felicissimi et invictissimi et prudentis Augusti nous est parfaitement connue par un chrysobulle de
patriam, domini Justiniani civitatem, videlicet Justi- l'empereur Michel VIII Paléologue, daté de 1272 et
nianam primam, quae vulgo hodie dicitur Acreda, dans contenant trois Novelles de l'empereur Basile II à
Historia rerum in partibus transmarinis gestarum, Jean d'Achrida, en vue d'assigner à l'Église bulgare
1. XX, c. iv.Recueil des historiens des Croisades.His- des limites précises.Tout en le maintenant sur son
toriens occidentaux, Paris, 1844, t. I, p. 947. L'identi- siège d'Achrida, Basile II accordait à Jean la juridic-
fication était alors communément acceptée et, depuis tion que lui et ses prédécesseurs avaient possédée sous
lors, tous les archevêques d'Achrida mirent, à côté de le tsar bulgare Samuel, 977-1014. Par suite, il recon-
»
ileur signature, « archevêque de Justiniana prima. On
gnore si cette fausse identificationfut intentionnelle :
naissait à son archevêché seize évêchés suffragants, à
savoir Castoria, Glavinitza, Mogléna, Bitolia ou Mo-
astir, Stroumnitza,Morovisd, Vélévouzda ou Kusten- 1347. — 28. Grégoire, 1348-1378. — 29. Mathieu, 1408-
du,Sraditzaou Sofia, Nich,Vranitza, Belgrade, 1410. — 30. Nicodème, 1452. — 31. Dorothée, 1456-
Thromos, Scopia ou Uskub, Prizdriana ou Prizrend, 1466. — 32. Marc Xylocaravis, 1466.
— 33. Nicolas.
Lipainion ou Lipljan, enfin Servia. Cette première No- — 34. Zacharie. — 35. Prochore, 1523-1549. — 36. Sy-
velle de Basile II date de l'année 1018. Jean ne trouva méon, 1549. — 37. Nicanor, (?) -1557. -38. Païsios,
pas le nombre de ces évêchés suffisants et il se mit à 1565-1566. — 39. Sophrone, 1567-1572. — 40. X., élu
réclamer tous les diocèses qui avaient appartenu à ses septembre 1574. — 41. Gabriel, 1586. — 42. Théodule,
prédécesseurs, au temps de la plus grande extension
de l'empire bulgare, sous le tsar Pierre, 927-968. L'em-
1588.- 43. Joachim, avant 1593. — 44. Gabriel, vers
1593. — 45. Baarlamos, + 28 mai 1598. - 46. Nectaire,
pereur grec crut devoir condescendre à ses désirs et, en 1604. — 47. Porphyre. — 48. Athanase, 1606.

:
mars 1020, une autre Novelle ajoutait aux seize évê-
chés déjà cités les douze suivants Dristra ou Silistrie,
Viddin, Rhasos ou Rosa près de Novi-Bazar, Oraia,
49. Nectaire, 1616-1622. — 50. Métrophanes, déposé
en 1623. — 51. David, 1624. — 52. Joasaph, 1628. —
53. Abraham, 1629-1634. — 54. Mélèce, 1637-1644. —

Tzernik, La Chimère, Driynopolis, peut-être Vella, 55. Chariton, 1644-1646. — 56. Daniel, 1650. —
Bothrotos, Janina, Cozila et Pétra, avec la juridiction 57. Athanase, février-décembre 1653. — 58. Gabriel.
sur les Valaques de Bulgarie et les Turcs du Vardar. — 59. Denys, avant 1665. — 60. Arsène, avant 1668.
Enfin, une troisième Novelle de Basile II, publiée un — 61. Ignace, mars 1660. — 62. Zosime, 1663-1670.
peu plus tard, concédait à l'archevêque d'Achrida — 63. Panarétos, 1671. — 64. Nectaire, 1673. —
l'évêché de Servia, déjà donné, mais que le métropoli- 65. Grégoire (1°). — 66. Théophane, (?) -septem-
tain de Thessalonique se refusait à abandonner, et les bre 1676. — 67. Mélèce, 1676-1679. — 68. Parthénios,
évêchés de Stagoi et de Verria. En tout, cela faisait 1679-1683. — 69. Grégoire (2°), 1683-8 mai 1688. —
donc un total de trente évêchés suffragants qui rele- 70. Germain, 8 mai 1688-8 août 1691. — 71. Grégoire,
vaient de l'archevêché autonome d'Achrida, vers l'an- août 1691-août 1693. — 72. Ignace (1°), août 1693-
née 1020. Un fragment du chrysobulle de Michel VIII juillet 1695. — 73. Zosime (10), juillet 1695-juin 1699.
fut d'abord édité par Rhallis et Potlis, 2-jvTay^a TWV — 74. Raphaël, juin 1699-1703. — 75. Ignace (2°),
y.cxvÓ'/wv, Athènes, 1855, t. v, p. 266 sq., et reproduit août 1703. — 76. Denys, 1706-1707. — 77. Méthode,
par Zachariae von Lingenthal dans son Jus græco-ro- 28 mai-11 juin 1708. — 78. Zosime (2°), 1708-1709.
manum, t. III, p. 319. Le texte complet fut édité par —79. Denys, 1709-1714. — 80. Philothée, 1714-juillet
E. Goloubinski, Précis d'histoire des Églises orthodoxes 1718. — 81. Joasaph, février 1718-octobre 1745. —
(en russe), Moscou, 1871, p. 259-263, et réédité d'une
manière critique par Gelzer dans la Byzanlinische Zeit-
82. Joseph, janvier 1746-1752. - 83. Denys, 1752-
1757. — 84. Méthode, 1757-1759. — 85. Cyrille, 1759-
schrift, t. II (1893), p. 42-46. 1762. — 86. Jérémie, 1763. — 87. Ananie, mai 1763.
II. LES ARCHEVÊQUES GRÉCO-BULGARES D'ACHRIDA — 88. Arsène, 1764?-16 janvier 1767. — Cette liste a
1018-1767. — Depuis l'année 1018, où le patriarcat bul- été dressée avec Le Quien, Oriens christianus, t. n,
gare d'Achrida fut supprimé par l'empereur grec Ba- p. 287-300; Mouravief, Rapports de la Russie avec l'Oc-
sile II et remplacé par un archevêché gréco-bulgare, cident, Saint-Pétersbourg, 1858; Goloubinski, Précis
jusqu'au 16 janvier 1767 où cette Église fut définitive- d'histoire des Églises orthodoxes (en russe), Moscou,
ment abolie par le patriarcat grec de Constantinople, 1871, p. 34-45, 106-140; Gelzer, Der Patriarchat von
Achrida eut toujours à sa tête des archevêques ou des Achrida, Leipzig, 1902, passim; Der wiederaufgefun-
patriarches, autonomes et autocéphales, choisis par dene Kodex des hl.Klemens und andere auf den Patriar-
leur saint synode et qui surent défendre leur indépen- chat Achrida bezügliche Urkundensammlungen,dans les
dance contre les prélats byzantins. Le titre complet Berichte der philol.-histor. Klasse der königl. sächs.

:
qu'ils employaient en signant les pièces officielles est
celui-ci « X., patriarche ou archevêque, par la misé-
ricorde de Dieu, de Justiniana prima d'Achrida et de
Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig, 1903, p. 41-
110; Échos d'Orient, 1902, p. 409-412; Philologus, Zeit-
schrift für das klassische Alterthum, 5e vol. du supplé-
toute la Bulgarie, de la Dacie méditerranéenne et ri- ment, Gœttingue, 1885, p. 209, 221-224; Mittheilungen
:
puaire, de la Prévalitane, de la Dardanie, de la Mysie
supérieure; » ou bien celui-ci « X., patriarche ou ar-
chevêque de Justiniana prima d'Achrida et de toute
des kais. deutschen archaeologischen Instituts in Athen,
1902, t. XXVII, p. 431-444; Vyzantiskij Vremennik de
Saint-Pétersbourg, 1897, t. IV, p. 160-166; Starine
la Bulgarie, de la Serbie, de l'Albanie, de la deuxième d'Agram, 1880, t. XII, p. 253 sq.; Byzanlinisehe Zeit-
Macédoine, du Pont occidental, etc. » L'une et l'autre schrift, 1904, p. 199 sq.,etRevue de l'Orient chrétien,
de ces signatures emploient des expressions et des ter- 1903, t. VIII, p. 144-149; Bulletin de l'Institut archéo-
mes très archaïques et qui répondent plus ou moins logique russe à Constantinople (en russe), 1899, t. IV,
bien à la réalité. Voici la liste aussi complète que pos- fasc. 3, p. 139-140, et t. IV, fasc. 1, p. 24-149; Pério-
sible des titulaires; elle a été dressée à l'aide des meil- ditchesko Spisanié (bulgare), Sofia, 1882, fasc. 3; voir
leurs ouvrages, dont l'énumération sera faite ci-des- aussi Palmof, Nouvelles dates pour l'histoire de l'arche-
sous. vêché d'Ochrida aux XVIe, XFlle et xvirie siècles (en
1. Philippe, patriarche bulgare. — 2. David, pa- russe), dans les Slavjanskoije Obozênije, 1894, et Ba-
triarche bulgare, 1016—1018. — 3. Jean, patriarche laschef, Les éditions, les transcriptions et l'importance
puis archevêque bulgare, 1018-1025. — 4. Léon, ar- du codex de l'archevêchéd'Ochridapour son histoire, dans
chevêque grec, 1025-1056. — 5. Théodule, 1056-1065. la Périodilchesko Spisanié, Sofia, 1898, t. XI, fasc. 55-
— 6. Jean Lambénos, 1065-1068. — 7. Jean, 1075. 56, p. 183-222.
— 8. Théophylacte, 1078-1092. — 9. Léon. — 10. Mi- Nous n'avons pas naturellement à nous étendre sur
chel Maxime. — 11. Eustache, 1134. — 12. Jean la vie de chacun de ces patriarches ou archevêques
Comnène, 1143-1157. — 13. Constantin, déposé en d'Achrida, d'autant que les renseignements précis sur
1166. — 14. X. entre 1180 et 1183. — 15. Jean un certain nombre d'entre eux nous feraient défaut.
Camateros, 1213. — 16. Demetrios Chomatianos, Plusieurs, il importe de le souligner, furent au point de
1216-1235. — 17. Joannice. — 18. Serge, entre 1218 vue intellectuel des hommes tout à fait remarquables,
et 1241. — 19. Constantin Cabasilas, 1250-1261.
20. Héphaistos, XII-XIIIe siècle. — 21. Jacques. —
- mais, en bons phanariotes qu'ils étaient, leur activité
:
théologique et littéraire s'exerça de préférence contre
22. Adrien. — 23. Gennade, avant 1289. -
24. Ma-
caire, 1294-1299. — 25. Grégoire, 1316. — 26. An-
ies Latins. Tels sont, pour ne citer que les principaux
Léon, qui le premier souleva, en 1053, d'accord avec
thime Métochite, entre 1328 et 1355. — 27. Nicolas, Michel Cérulaire, la question des azymes et prépara
ainsi la séparation définitive de l'Orient d'avec l'Occi- main II qu'il pourrait bien se contenter des provinces
dent; Théophylacte, le célèbre exégète du XIIe siècle; asiatiques. Nul doute que Chomatianos n'eût réalisé
Démétrios Chomatianos, polémiste et humaniste de ses plans grandioses, si, en 1230, les victoires du roi
premier ordre; Adrien, Gennade, Grégoire, Anthime, bulgare Jean Assen n'avaient anéanti les espérances
Mathieu, lesquels du XIIIe au xve siècle composèrent de son maître, Ducas l'Ange, empereur de Thessalo-
divers traités contre la théologie occidentale. Ce serait nique. Pour le coup, Achrida dut compter avec ses
se méprendre étrangement que d'en conclure à l'hosti- nouveaux maîtres, puis avec les Serbes, quand ceux-ci
lité systématique de tous les pasteurs achridéens vis- obtinrent la prépondérance dans les Balkans, au
à-vis de l'Église catholique; car Léon Allatius, De XIVe siècle. Il est probable que, durant cette période
Ecclesiœ occidentalis atque orientalis perpetua consen- particulièrement agitée, l'élément grec s'effaça devant
sione, Cologne, 1648, col. 1092, cite quatre d'entre eux, l'élément indigène bulgare ou serbe, ou du moins qu'il
Porphyre vers 1600, Athanase en 1606, Abraham en n'étala plus sa nationalité avec la même morgue.
1629, Mélèce en 1640, qui auraient fait profession for- Les victoires des Turcs au XIVe siècle et la conquête
melle de catholicisme. Un autre, Gabriel, demandait de la péninsule par l'Islam marquèrent, là comme ail-
en 1586 au roi de Pologne, Étienne Batory, une lettre leurs, de nouveaux progrès de l'hellénisme. Les Grecs
de recommandation pour le pape Sixte V, et un sixiè- ou les indigènes hellénisés furent de préférence favo-
me, Athanase, transmettait au pape Alexandre VII, risés par les vainqueurs, très portés à confondre l'hellé-
1655-1667, son ardent désir d'embrasser le catholi- nisme avec l'orthodoxie et à sacrifier aux Grecs toutes
cisme. Le Quien, Oriens christianus, t. II, col. 300. Ces les autres nations soumises. Mais bientôt l'élément
conversions et ces bons propos étaient-ils sincères? On indigène hellénisé se vit opprimé par l'élémentphana-
en a douté et l'on n'a guère vu dans ces actes ou dans riote, qui chercha à l'évincer, et alors commença pour
ces démarches qu'une manière habile d'obtenir de la cette Église la plus sombre existence. « A partir de
Cour romaine d'assez fortes aumônes, nécessaires pour la seconde moitié du XVIIe siècle, le changement con-
rétablir les finances de l'archevêché d'Achrida. Je tinuel des titulaires apparaît comme la suite naturelle
n'oserais affirmer que l'intérêt n'entrât pas un peu en d'intrigues fort peu édifiantes, qui se déroulaient
ligne de compte dans ces retours au catholicisme, sur- entre les divers solliciteurs. De 1650 à 1700, on ne
tout quand on voit parfois les mêmes archevêques compte pas moins de dix-neuf démissions forcées ou
tendre la main aux souverains orthodoxes de Russie dépositions d'archevêques. Germain monte sur le
et aux humanistes protestants d'Allemagne et de Hol- siège d'Achrida le 8 mai 1688 et déjà, le 8 août 1691,
lande; il est possible aussi, au moins pour plusieurs le synode reconnaît en le déposant qu'il la été négli-
d'entre eux, que l'intérêt du moment s'alliât avec les gent à payer le tribut au gouvernement impérial,
sentiments du cœur. qu'il a fait des dépenses inutiles et mis l'Église dans
Les deux grandes préoccupations des archevêques la situation la plus délicate vis-à-vis du pouvoir
grecs, une fois installés sur le siège d'Achrida, furent, civil. Grégoire, métropolite de Néopatras, lui succède
d'une part, l'élimination progressive de l'élément bul- et, au mois d'août 1693, il confesse son indignité,
gare au profit de l'élément grec, de l'autre, le maintien offre sa démission et « délivre ainsi le trône patriar-
contre les patriarches grecs de Constantinople des pri- « cal de ses brigandages et de ses forfaitures. » Le mé-
vilèges dont ils avaient hérité des anciens patriarches tropolite de Belgrade, Ignace, est élu ensuite « comme
bulgares. Sur ces deux points on ne trouverait pas une « le meilleur et le plus digne » et, moins de deux ans
seule défaillance; on n'a, pour s'en convaincre, qu'à après, le 9 juillet 1695, neuf évêques le déclarent dé-
parcourir la correspondance de Théophylacte et de chu » comme indigne, incapable, ignorant des règle-
Démétrios Chomatianos, les deux plus illustres repré- cc ments canoniques, etc. » Zosime, métropolite de
sentants de l'hellénisme. Théophylacte accumule con-
tre ses ouailles bulgares les plus grossières injures
« Il sent le moisi, comme les Bulgares sentent le mou-
: Sisanion, vient après lui et inspire tant de sympathie
que l'ex-patriarche Germain lui-même, qui n'avait
jamais voulu consentir à sa déposition de 1691, re-
ton. Chaque achridéen est un être sans tête, qui ne nonce en faveur de celui-ci à tous ses droits; et pour-
sait honorer ni Dieu, ni l'homme. C'est avec des mons- tant, le 8 juin 1699, le synode dépose Zosime « comme
tres pareils que je suis obligé d'être en relations. Avec « violateur du 10ec canon de Chalcédoine, insolent envers
des forces créatrices quelconques, il faut renoncer à cc ses frères, orgueilleux, despote, etc. » Raphaël de
l'espérance d'appliquer une tête à ces troncs; Jupiter Crète le remplace et, malgré la lacune considérable
avec sa toute-puissance n'y réussirait pas. » Il est qui existe à cet endroit dans la série des documents,
« l'aigle de Zeus assailli par des grenouilles coassantes » nous savons que le calme fut loin de fleurir dans son
et la nature bulgare est qualifiée par lui de « mère de Église. En effet, de 1703 à 1708, nous rencontrons
toute méchanceté
444; H.
». P. G., t. CXXVI, col. 304, 308, 309,
Gelzer, dans Byzantinische
Ignace de Belgrade et Denys de Chio, qui se disputent
Zeitschrift, t. II le titre patriarcal. Méthode réussit à les éliminer tous
(1893), p. 57, 78. De même, Démétrios Chomatianos les deux, mais pour quelques jours seulement, 28 mai-
défend avec âpreté les droits de son Église contre les 11 juin 1708, et le vieux Zosime remonte sur le siège,
empiétements du Serbe saint Sabas, qui était en train 1708-1709. Il en est encore chassé par Denys de Chio,
d'établir une Église nationale serbe et lui avait déjà qui s'empare du pouvoir illégalement, en distribuant
dérobé les diocèses de Rhasos et de Prizrend (Pitra, force pots de vin aux autorités turques et à ses con-
;
Analectasacra et classica, Paris, 1891, t. VII, p. 261,384,
325, 390, 438) il affiche également son intransigeance
vis-à-vis des Bulgares qui venaient d'ériger le patriar-
frères, et commet tant de forfaits, que le synode « rou-
« git de les énumérer » et l'expulse en 1714 pour lui
substituer Philothée de Naoussa, « digne, pieux, capa-
cat de Tirnovo. Or, s'il repoussait ainsi les attaques « ble, etc. » Tant de qualités et tant de vertus n'em-
des Serbes et des Bulgares contre les Grecs, ce n'était pêchent pas ce dernier d'être déposé le 6 juillet 1718
aucunement en vue de travailler à l'agrandissement par les évêques, qui avouent naïvement s'être trompés
du patriarcat de Constantinople.Loin de là ! Ce dernier sur son compte. Et, à part le long pontificat de Joa-
était pour lui l'ennemi, tout comme pour les archevê- saph, 1719-1745, la série des nominations et des dépo-
chés d'Ipek et de Tirnovo. Chomatianos applaudissait sitions se poursuit. Joseph, métropolite de Pélagonia,
aux succès des Latins de la IVe croisade, qui avaient qui succéda à Joasaph le 13 janvier 1746, paraît s'être
forcé les patriarches grecs à se réfugier à Nicée et il tra- maintenu en place jusqu'en 1752. Du moins, c'est en
vaillait de tout son pouvoir à asseoir sa domination sur 1752 qu'un de ses contemporains, Joasaph, ex-métro-
les provinceseuropéennes, affirmant au patriarche Ger- polite de Bérat d'Albanie, fait commencer le patriar-
cat de Denys, son successeur. A Denys, d'après le «les contrées et les bourgs qui en relevaient autrefois.
même Joasaph, succéda Méthode, 1757-1759, et à Mé- « ont été réunis à l'effet de former une seule éparchie et
thode Cyrille, 1759-1762. Une pièce, le codex 61 des
archives patriarcales de Constantinople, p. 43, qui
»
« métropole, celle de Dyrrachium. Non seulement le
patriarcat d'Achrida est supprimé, mais même la cir-
mentionne le patriarche Cyrille, est datée de décem- conscription ecclésiastique de ce nom cesse d'exister;
bre 1762, et il se pourrait bien que son pontificat se fût elle est incorporée au diocèse de Dyrrachium, afin que
prolongé jusqu'au début de 1763. Cyrille, dit le procès- les oreilles des Byzantins n'entendent plus ce nom à
verbal officiel de la nomination d'Ananie, mai 1763, jamais exécré. Quant au patriarche Arsène, après sa
codex VI, p. 45, des mêmes archives, « encourut la co- démission, il aurait été, d'après les traditions qu'a re-
«lère impériale et fut exilé. » Jérémie, qui lui succéda cueillies C. Jirecek, Geschichte der Bulgaren, p. 470, in-
d'après le même procès-verbal, ne fit que passer sur le terné au Mont-Athos, dans une dépendance du cou-
trône; «il mourut de mort naturelle, » ce qui laisse sup- vent bulgare de Zograph, où ses compatriotes l'au-
poser d'habitude un empoisonnement. En tout cas, il raient entouré d'une haute vénération. Le codex 91,
n'était déjà plus de ce monde, en mai 1763, lorsque fut p. 181, des archives du patriarcat œcuménique, qui
élu le protosyncelle de Constantinople, Ananie. Celui- contient les données biographiques d'Anthime de Bé-
ci est parfaitement distinct d'Arsène et n'a fait que rat, un contemporain, le fait mourir, au contraire, à
passer sur le trône gréco-bulgare, comme son prédé- Constantinople, sous le patriarcat de Samuel, en 1767,
cesseur Jérémie. Nous ne savons d'où venait Arsène l'année même de la suppression d'Achrida. » Vailhé,
ni à quelle date remonte son élection. Ce que nous Bulgarie, dans le Dictionnaire de théologie catholique,
pouvons affirmer, c'est qu'il était déjà patriarche en t. II, col. 1196-1201, passim.
1764 et qu'il le resta jusqu'au 16 janvier 1767, jour où Les pièces concernant la suppression de l'archevêché
le siège d'Achrida disparut définitivement pour être d'Achrida ont été publiées d'après les originaux par Gré-
incorporé au patriarcat œcuménique. goire, TTça-'JJ.ATÎLO: £vtxoj
« Les uns attribuent à Arsène une origine bulgare;
d'autres, avec plus de raison, une origine grecque,
6pôvo'j .,
TCÏÇLxrjç xayovrxvjç StxaioSotTtaç oü QLXOUP.
Con-
-fTtyèv Bo'jXf«ota ofûoSôçtuv *EXX).7I<7KOV,
stantinople, 1860, p. 116-124, et en traduction française par
puisqu'il agit de concert avec les Grecs de la capitale Fr. Lenormant, Turcs et Monténégrins, Paris, 1866, p. 346-
350; voir aussi A. d'Avril, La Bulgarie chrétienne, Paris,
pour amener la suppression de son Église. Quant aux 1861, p. 60-64; l'ensemble des pièces a été republié parle
dessous de cette affaire, ils sont encore assez mal con- P. Petit, Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima
nus. Un parti puissant, composé de phanariotes et de collectio, Paris, 1907, t. XXXVIII, col. 897-922.
gens dévoués à leurs intérêts, considéra vraisembla-
blement la cause des Églises autocéphales comme
perdue, et dès lors il s'entremit pour en hâter le dé-
nouement. Le patriarcat serbe d'Ipek avait été
III.
VÊCHÉ D'ACHRIDA. -
ÉTENDUE DE LA JURIDICTION DE L'ARCHE-
L'archevêché gréco-bulgare
d'Achrida, tel que l'avait établi le basileus Basile II
supprimé le 11 septembre 1766; au patriarcat gréco- entre les années 1018-1020, comptait trente diocèses
bulgare d'Achrida ne pouvait échoir un sort meilleur. répartis dans l'Albanie, la Serbie, la Macédoine et la
A la tête de ce parti se trouvaient le prototrône de Bulgarie. Comme plusieurs avaient été enlevés aux
Castoria, Euthyme, et les principaux métropolites de métropoles de Thessalonique, Naupacte, Larissa et
cette Église. D'accord avec leur patriarche, qui joua Dyrrachium, pour être donnés à Achrida, il était à pré-
le rôle de complice ou de dupe, ces prélats se rendirent voir que leurs anciens maîtres ne s'en dessaisiraient
à Constantinople et nouèrent des relations avec le pa- pas facilement. De fait, deux listes épiscopales, pres-
triarche œcuménique Samuel, pour opérer la fusion de que identiques de fond et de forme, nous ont conservé
leur Église avec la chaire phanariote. Voir la pièce la situation de cet archevêché au XIIe siècle probable-
dans Gelzer, Der Patriarchat von Achrida, p. 125. Ils ment, en tout cas avant l'érection du patriarcat bul-
présentèrent ensuite au saint-synode une requête, qui gare de Tirnovo, en 1204. D'après ces Notitiae episco-
le priait cc au nom du Christ né à Bethléem, de dai- patuum, dans Byzantinische Zeitschrift, t. 1 (1892),
cc gner les recevoir dans le bercail de la sainte
Église
« du Christ et d'avoir pour eux la même sollicitude que
« pour les autres. » Les raisons données ne témoignent
suivants :
p. 256-257, Achrida avait alors les vingt-trois évêchés
Castoria, Scopia, Vélévouzda, Triaditza ou
Sofia, Malesova ou Morovizdion, Mogléna, Bitolia ou
pas d'une grande précision. Cette grave démarche est Pélagonia, Prizrend, Stroumnitza, Nich, Glavinitza
par eux attribuée « aux mutations fréquentes des ar- ou Céphalénie, Vranitzova ou Moravos, Belgrade ou
ccchevêques, qui leur ont fait subir des préjudices into- Bérat d'Albanie, Lipljan, Striamos ou Zemlin, Viddin,
« lérables, des désordres nombreux, des outrages de Rhasos Déavolis, Sthlanitza tranféré ensuite à Vo-
« toute sorte, au point que la vie même leur deviendrait déna, Grévéna, Canina, Dibra et l'évêché des Valaques
« à charge s'ils continuaient à être enbutte à des persé- De ces vingt-trois évêchés suffragants, les quinze pre-
« cutions et à des dangers incessants. » L'abdication, miers figuraient dans la première Novelle de Basile II,
écrite et signée de la main d'Arsène, accompagnait
cette requête; elle était, d'après l'aveu explicite de
l'auteur, « volontaire, consentie librement et sans vio-
en 1018; trois autres, Viddin, Rhasos et l'évêché des
Valaques se trouvaient dans la seconde Novelle quant
aux cinq derniers, Déavolis avait été créé aux dépens
;
« lence ». Enfin, une troisième et dernière pièce prove- de Castoria, Canina aux dépens de Glavinitza, Dibra
nant, elle, du saint-synode de Constantinople, dé- aux dépens d'Achrida; Grévéna et Sthlanitza étaient
clare « réuni et attaché au très saint-siège apostolique et de fondation récente. Enfin, il importe de signaler
« œcuménique, le très saint-siège épiscopal d'Achrida,

:
« ainsi que les métropoles et les évêchés qui en relè-
«vent à savoir Castoria, Pélagonia,Yodéna, Corytza,
que treize diocèses accordés par Basile II à Achrida
ne lui appartenaient plus au XIIe siècle, à savoir
Dristra, Oraia, Tzernic, La Chimère, Driynopolis,
:
« Belgrade, Stroumnitza, Grévéna, Sisanion, Mogléna, Vélès, Bothrotos, Janina, Servia, Cozila, Pétra, Stagoi
« Prespa, Dibra, Gkora et Vélès. » Les considérants, et Verria, qui avaient fait retour à leurs anciennes
quoique plus développés, ne diffèrent pas de ceux que métropoles et au patriarcat de Constantinople.
sont énumérés dans la requête des évêques. En vertu A ces pertes occasionnées par les compatriotes grecs
de cette décision, « approuvée par Sa Hautesse, notre de Byzance, il faut ajouter celles que firent subir les
très-puissant empereur., le nom du ci-devant arche- Bulgares, en créant le patriarcat de Tirnovo en 1204, et
« vêché d'Achrida se trouve effacé des tables royales et les Serbes en fondant l'archevêché autonome d'Ipek
« considéré comme non avenu; la ci-devant circonscrip- vers 1220. Lors du sacre du tsar bulgare Caloïan, en
( tion d'Achrida demeurant désormais sans protection, 1204, le patriarche de Tirnovo était assisté des métro-
polites de Preslav et de Vélévouzda, des évêques de Constantinople et une Église hellénisée à Achrida, qui
Viddin, Nich, Branichévo et Uskub. Cinq de ces pré- partagèrent entre elles les dépouilles des deux Églises
lats étaient à la tête de diocèses qui avaient relevé nationales de Tirnovo et d'Ipek. Il est probable que si
d'Achrida; un peu plus tard, Sofia subit le même sort. nous avions, pour l'Église d'Achrida, une Notitia epis-
Sous le tsar bulgare Jean Assen II, 1218-1241, les fron- copatuum remontant à cette époque, nous verrions
tières entre les Églises d'Achrida et de Tirnovo étaient qu'elle avait recouvré les frontières, tracées jadis par
:
si mal définies, que parfois toute une Église se trou- Basile II. En tout cas, à partir de ce moment, les titu-
vait englobée dans le territoire de l'autre. Cela tenait laires d'Achrida s'intitulent « archevêques de Justi-
surtout aux variations politiques, dont les chefs de ces niana prima, de tous les Bulgares, des Serbes et des
Églises n'étaient aucunement responsables, les Bul- autres». Soixante à soixante-dix ans plus tard, Achrida
gares avançant ou reculant devant les Francs et les faillit perdre les diocèses qui avaient constitué aupa-
Byzantins du royaume de Thessalonique. De leur côté, ravant l'Église d'Ipek. Entre les années 1523 et 1530,
les Serbes se mirent à empiéter sérieusement sur les l'archevêque d'Achrida, Prochore, avait entrepris un
droits d'Achrida, lorsque saint Sabas, vers 1220, se pélerinage aux Lieux-Saints, laissant la garde de son
mit à créer l'Église serbe autonome au détriment de la Église au diacre et protosyncelle Paul. Ce dernier, qui
précédente. Dès 1220, les évêchés de Rhasos et de avait des rapports assez suivis avec le grand vizir Ibra-
Prizrend en faisaient partie. Pendant tout le XIIIe et him pacha, un renégat grec, profita de l'absence de son
le XIVe siècle, jusqu'à l'arrivée des Turcs qui mirent fin maître pour faire restaurer à son profit l'ancien pa-
au royaume bulgare et au royaume serbe, ce fut un triarcat d'Ipek. Cela ne fut pas naturellement du goût
chassé-croisé continuel d'évêques grecs, bulgares et de Prochore, qui se hâta de revenir à Constantinople
serbes, relevant des Églises d'Ipek, d'Achrida, de Tir- réclamer son bien. Un concile fut tenu par le patriar-
novo et même de Constantinople, qui se délogeaient che Jérémie Ier, qui déposa Paul, l'excommunia et re-
les uns les autres, selon que la ville dont ils étaient pas- plaça l'archevêché d'Ipek sous l'autorité d'Achrida,
teurs appartenaient aux empereurs de l'une ou de septembre 1530. La décision synodale n'a pas dû res-
l'autre de ces nations. Avec les documents slaves, sortir son plein effet, le gouvernement de la Porte ne
C. Jirecek a tracé, Byzantinische Zeitschrift, t. XIII s'étant jamais soucié beaucoup des résolutions cano-
(1904), p.192-202 («un tableau des conquêtes ecclé- niques, mais à la mort violente du grand-vizir, 1534,
siastiques serbes aux XIIIe et XIVesiècles.» ) LesSerbes Paul a dû très probablement abandonnerle patriarcat
ont arraché Uskub aux Byzantins en 1282 et ils ont d'Ipek, qui a fait retour à celui d'Achrida; voir la dé-
ensuite étendu progressivement leur domaine vers le cision de Jérémie Ier dans le Tchlénia vo imperators
Sud, et surtout vers le Sud-Est. Les évêques du terri- Rom, Moscou, 1876, fasc. 4, et dans les Vyzantiskij
toire annexé furent soumis à la juridiction de l'arche- Vremennik (1896), t.III, p. 119 sq., et une lettre inédite
vêché autocéphale serbe. Lorsque Étienne Douchan de Denys, métropolite de Castoria, au patriarche de
eut conquis presque toute la Macédoine, à l'exception Jérusalem, le 12 novembre 1716. Ce qui avait échoué
de Thessalonique,il se fit couronner à Uskub « tsar des en 1530 réussit en 1557, où Macaire Sokolovich, frère
Serbes et des Grecs », et, en 1346, il nomma l'arche- du grand-vizir renégat Mehmed, obtint qu'on relevât
vêque serbe Joannice « patriarche des Serbes et des en sa faveur le patriarcat serbe d'Ipek, qui subsista
Grecs ». Alors l'Église d'Achrida dut s'entendre avec jusqu'en 1766. Son assujettissement à Achrida avait
les nouveaux maîtres du sol et prêter son concours, donc duré 98 ans, de 1459 à 1557. Par suite du réta-
sinon son appui, aux nombreuses mutations épisco- blissement de cette ancienne Église, Achrida perdit
pales qui s'ensuivirent. En 1347, l'archevêque d'Ach- non seulement les anciens évêchés qui avaient dépendu
rida, Nicolas, siégeait à Uskub parmi les membres du d'Ipek, mais encore Viddin, Sofia, Samokof, Kustendil,
parlementserbe. De cette époquedate surtout l'amoin- Chtip, Kratovo et Uskub. Voir Archiv fiir slavische
drissement d'Achrida, qui ne put depuis recouvrer Philologie, t. IX, x, xxv (1903), p. 468-473. Il semble
entièrement les territoires qu'elle avait perdus. En bien démontré, par contre, que l'Église d'Achrida
1393, Tirnovo tombait aux mains des Turcs et l'em- garda, au moins jusqu'aux premières années du XVIIIe
pire valacho-bulgare disparaissait;puis ce fut au tour siècle, une certaine suprématie religieuse sur la Rou-
du royaume serbe de prendre fin. Évidemment, les manie, bien qu'il ne soit pas facile de préciser en quoi
titulaires d'Achrida cherchèrent à profiter de ces mal- elle consistait. L'archevêque gréco-bulgare interve-
heurs et à recouvrer la juridiction qu'ils avaient pos- nait — l'histoire en offre plusieurs exemples,voir pour
sédée jadis. Nous savons ainsi par un manuscrit grec 1456 le Glasnik, t. VII, p. 177 — dans la nomination
décrit dans le Sbornik bulgare, Sofia, 1901, t. XVIII a, du métropolite de Houngro-Valachie, et l'influence
p. 132-170, que Mathieu, archevêque d'Achrida, se liturgique d'Achrida était considérable dans ce der-
rendit à Constantinople en juin 1410 et qu'il obtint de nier pays; ce sont là très probablement les deux résul-
l'empereur Manuel Paléologue la confirmation des tats les plus palpables de cette influence.
droits accordés par Justinien au siège de Justiniana Une notice épiscopale, que son éditeur, H. Gelzer,
prima. Mathieu consacra ainsi les métropolites de So- Der Patriarchat von Achrida, p. 19-21, croyait de peu
fia et de Viddin et son successeur, en dépit du patriar- postérieure à l'année 1370, mais qui a été certaine-
che byzantin, sut maintenir les privilèges de son ment rédigée après 1557, nous donne la situation réelle
Église. Voir aussi Byzantinische Zeitschrift, t. XIII de l'archevêché d'Achrida, après les diverses amputa-
(1904), p. 198.
:
tions qu'il avait supportées. Cette notice assigne à
En 1459, nouvel agrandissement pour l'Église notre Église dix-sept diocèses Castoria, Molischos,
d'Achrida; cette année-là, la ville de Sémendria, der- Mogléna, Vodéna ou Slanitza, Stroumnitza, Vélès,
nier boulevard de l'indépendance serbe, fut prise par Bitolia ou Pélagonia, Kitzava, Dibra, Ispateia et Mou-
les Turcs. Ceux-ci, qui n'avaient plus rien à ménager, zaneia, Belgrade, Canina et Avlon, Sélasphoros et
supprimèrent immédiatement le patriarcat serbe d'I- Corytza, Gkora et Mocra, Prespa, Sisanion, Grévéna.
pek et l'incorporèrent de force à l'Église autocéphale Si l'on compare cette liste à celle que nous avons attri-
royaume et l'Église bulgare de Tirnovo. Par le fait de ses identiques :
d'Achrida, comme ils avaient supprimé en 1393 le buée au XIIe siècle, on ne trouve plus que neuf diocè-
Castoria, Mogléna, Vodéna, Stroum-
ces suppressions, dans lesquels les Byzantins eurent nitza, Pélagonia, Dibra, Belgrade, Canina, Grévéna;

:
certainement une assez grande part, il n'existait plus les huit autres diocèses que présente notre liste du
d'Église bulgare ou d'Église serbe dans la Turquie XVIe siècle, à savoir Molischos, Vélès, Kitzava, Ispa-
d'Europe; il y avait seulement une Église grecque à teia, Corytza, Gkora-Mocra, Prespa et Sisanion, ne
sont pas, sauf Vélès, des acquisitions nouvelles, mais naises musulmanes. Comme habitants chrétiens, il y
de simples dédoublements d'anciens diocèses. Par aurait en tout 70 259 exarchistes, et 19 811 patriar-
contre, quatorze diocèses figuraient dans la liste du
XIIe siècle qui manquent dans celle du XVIe, à savoir
Scopia, Vélévouzda, Sofia, Malésova, Nich,
:
Glavinitza,
chistes. Ces chiffres proviennent de source bulgare; ils
ont naturellementl'empreinte d'une forte exagération
nationale. Les Grecs avouaient, en 1906, que leur mé-
Prizrend, Vranitzova, Lipljan, Strianos-Zemlin, Vid- tropolite de Prespa-Achrida, en résidence à Krou-
din) Rhasos, Déavolis, l'évêché des Valaques. Et si chévo, possédait 46 églises et 10 monastères, 8 autres
l'on comparait l'état de l'archevêché au XVIe siècle sanctuaires, 45 prêtres, 49 écoles avec 76 maîtres et
avec celui que nous ont révélé les Novelles de Basile II, maîtresses et 2167 élèves des deux sexes. Le nombre
en 1018-1020, on ne trouverait guère que cinq ou six total des fidèles n'est pas donné, mais le chiffre relati-
diocèses de pareils. Les pièces réunies par Gelzer, Der vement peu élevé des enfants fréquentant les écoles ne
Patriarchat von Achrida, p. 28-34, prouvent que la ju- fait pas supposer, qu'il soit bien considérable. La ville
ridiction des archevêques d'Achrida ne varia guère d'Achrida, située dans le vilayet de Monastir, compte
depuis le XVIe siècle. Dans les premières années du environ 10000 habitants, en bonne partie chrétiens
gnificatif à Aubert le Mire dans la ville d'Anvers :
XVIIe siècle, le patriarche Nectaire faisait cet aveu si- de race bulgare.
En dehors des ouvrages précédemment cités, voir mon
Hune sese titulum more majorum usurpare solitum : article Bulgarie, dans le Dictionnaire de théologie
Nectarius, archicpiscopus primas Justinianæ, Achridæ lique de Vacant-Mangenot, t. catho-
n. col. 1183-1204.— H. Gel-
et totius Bulgariæ, Serviæ, Albaniæ et aliorum loco- zer, Vom heiligen Berge und aus Makedonien, Leipzig,
rum. Addebat sex esse metropolitas et decem episcopos 1904, p. 137-172.
nulli nisi achridano arehiepiscopo seu primati subjectos. S. VAILHÉ.

:
Voir Le Quien, Orienschristianus, t. II, col. 299. Les
six métropoles étaient
ACHTERFELDT(JEAN-HENRI),né Wesel, à le
Castoria, Pélagonia, Strom- let 1788, mort à Bonn, le 11 mai 1877. Devenu prêtre
17juil-

évêchés:
nitza, Belgrade, Corytza-Sélasphoros, Vodéna; les dix en 1813 après des études théologiques à Bonn et à
Grévéna, Sisanion, Mogléna, Molischos, Di- Munster, Achterfeldt professa, de 1817 à 1825, au Col-
bra, Kitzava, Vélès, Prespa, Avlon-Canina, Gkora- legium Hosianum de Braunsberg, dont il fut recteur
Mocra. En somme, cette liste de suffragants est iden- de 1825 à 1826. Il devint en 1826 professeur de théo-
tique à celle que nous venons de citer; il n'y manque logie morale et d'homilétique à la faculté de théologie
que le diocèse d'Ispateia-Mouzaneia.Sous le pontificat catholique de l'université de Bonn, et joignit à ses
de Nectaire, l'Église d'Achrida compta une septième fonctions d'enseignement, à partir de 1829, la direc-
métropole, Dyrrachium, enlevée au patriarcat de Con- tion du convict où vivaient les jeunes étudiants en
stantinople. Il en était encore ainsi vers le milieu du théologie. Ardent partisan de l'hermésianisme (voir
XVIIC siècle, où Denys d'Achrida se plaignait de la mo- l'art. HETIlIIÈS), il publia, en 1834, la Christkatholische
dicité des aumônes recueillies à Moscou, lui qui avait Dogmatik de son maître Hermès; et la revue qu'il
:
dix-sept évêchés sous sa dépendance. Gelzer, Der Patriar- fonda en 1832 avec d'autres professeurs de Bonn sous
chat von Achrida, p. 27. Un peu plus tard, Achrida ne le titre Zeitschrift für Philosophie und katholische
comptait plus que quatorze diocèses suffragants, dont Theologie, fut le véritable organe scientifique de la
neuf métropoles et cinq évêchés. Aux sept métropoles théologie hermésienne. Après la condamnation d'Her-
mentionnées ci-dessus il convient d'ajouter celles de mès par Grégoire XVI (26 septembre 1835), Achter-
Grévéna et de Sisanion, qui étaient auparavant de sim- feldt refusa de se soumettre. Le manuel de dogme et
ples évêchés; quant aux cinq évêchés, c'étaient Mog- de morale qu'il avait publié, en 1825, à la demande de
léna-Molischos, Dibra-Kitzava, Vélès, Prespa, Gkora- Joseph de Hohenzollern,prince-évêqued'Ermeland, et
Mocra. Enfin, en 1715, lorsque Chrysanthe, patriarche dont il avait, ultérieurement, fait paraître à Bonn
de Jérusalem, publia à Tergovizte son Syntagmation deux éditions nouvelles, fut mis à l'Index en 1838.
des Églises orthodoxes, le patriarcat achridéen ne Achterfeldt et son collègue Braun (voir ce mot) per-

:
comptait plus que douze diocèses suffragants, dont sistèrent à soutenir que les erreurs condamnées ne se
sept métropoles Castoria, Pélagonia, Vodéna, Corytza- trouvaient pas en réalité dans les écrits d'Hermès.
:
Sélasphoros, Belgrade-Canina, Stroumnitza, et cinq Lorsque Geissel, administrant le diocèse de Cologne
évêchés Sisanion, Mogléna-Molischos, Prespa-Dibra, comme coadjuteur de Droste-Vischering, eut rétabli
Kitzava, Gkora-Mocra, Syntagmation, Tergovizte, la paix entre l'État et l'Église, Achterfeldt dut quitter
1715, p. ~7rct Cette situation paraît s'être maintenue sa chaire et la direction du convict (1843). Neuf ans
jusqu'à la suppression de cette église, en janvier 1767. encore il continua de publier sa revue, puis elle dis-
IV. SITUATION ACTUELLE. — Lorsque les Turcs de- parut en 1852. Achterfeldt, après 1860, se réconcilia
vinrent les maîtres d'Achrida, la superbe cathédrale de avec l'Église en signant une déclaration qui fut jugée
Sainte-Sophie bâtie au xie siècle par l'archevêqueLéon satisfaisante. Plus qu'octogénaire au moment du con-
fut convertie en mosquée. L'archevêquese retira donc cile du Vatican, il se tint à l'écart des luttes dogmati-
avec son clergé sur la hauteur voisine, au couvent de tiques, et mourut dans l'orthodoxie.
la Vierge, dont l'église fut alors appelée Sainte-Sophie. Briefe, Tagebücherund Regesten des Fürstbischofs
L'église Saint-Clément, dans laquelle ont jadis officié vonHipler,
ErmelandJoseph Hohenzollern,Braunsberg, 1883.—
les anciens patriarches ou archevêques et qui conserve Pfülf, Kardinal von von Geissel, Fribourg, 1896, et la biblio-
encore des inscriptions et des peintures antiques, est graphie des articles Hermès, Hermésianisme.
aujourd'hui en la possession des Bulgares. Leur évê- G. GOYAU.
que, à la tête d'un diocèse reconnu par la Porte et dé- ACHUDEMES. Voir AHOUDENMEH.
pendant de l'exarque bulgare de Constantinople, y
officie habituellement. D'après les dires récents de ce ACHURRA Y NUNEZ DEL ARCO (JosÉ ANDRÉS
prélat, son diocèse comprendrait 243 villages et 4 pe- DE), évêque de Trujillo, dans le Vénézuela. Nous de-
tites villes, dont Ostrovo et Vodéna. 12143 familles vons aux recherches du P. Hernaes quelquesrenseigne-
bulgares sont exarchistes, c'est-à-dire reconnaissant ments sur ce prélat qui rectifient ce que nous lisons
l'Église bulgare, 1542 patriarchistes,c'est-à-dire recon- dans les listes épiscopales de Gams. Mgr Achurra est
naissant l'Église grecque de Constantinople. Parmi les né à Panama et fut archidiacre et doyen de son église
autres, 224 serbes sont patriarchistes, 140 roumaines natale. Promu au siège épiscopal de Trujillo (25 octo-
exarchistes, 1770 roumaines patriarchistes; enfin, il bre 1788) par le pape Pie VI, trentième évêque de cette
y aurait 2 590 familles turques et 1584 familles alba- Église (Gams, 27e), il en prit possession par procureur
le 15 avril 1790, personnellement le 16 janvier 1791. Il Acidalius, de son vrai nom Havekenthal, philo-
ne la gouverna que deux ans. Le P. Hernaes a donné la logue, littérateur, médecin et humaniste allemand,
date de sa mort, 31 janvier 1793. naquit à Wittstock dans le Brandebourg, en 1567,
t.II, p.201
Hernaes, Coleccion de Bullas, Bruxelles, 1879, de parents luthériens. De bonne heure il alla étu-
F. TOURNIER. dier la médecine dans les universités de Rostock,
ACHYRAUS, métropole en Hellespont. Vers Greifswalde, Helmstædt. Dans cette dernière ville,
812, saint Théodore Studite délivrait une possédée sous l'influence de son professeur Caselius, il se tourna
dans la itWWIJ 'AX'Jpcxw. Vita Theod.Stud.,106, P. G., vers l'étude de l'antiquité et, comme tout bon hu-
t. XCIX, col. 209. De ce bourg Jean II Comnène fit maniste, partit en 1590 pour l'Italie avec son ami
une forteresse qui joua dès lors un rôle militaire im- Daniel Rindfleisch ou Bucretius. Il resta trois ans
portant. Nicetas Chon., édit. Bonn, p. 44; Éphrem, en Italie, étudiant aux universités de Bologne et de
v. 7421, 7512, 7751, 7791. Ces auteurs l'appellent Padoue, voyageant à Florence, à Rome et à Naples.
'OXypcxl, Éphrem une fois~-q 'OX\Jpa. Les auteurs Très lié avec le médecinhumaniste Jérôme Mercuriale,
occidentaux disent castrum Esseron ou Sycheron. il prit à Bologne le titre de docteur en médecine. En
Voir Tomaschek, Zur histor. Topograph. von Rlein- 1593, il revint en Allemagne et alla se fixer à Breslau.
asien im Mittelalter, Vienne, 1891, p. 95. Les autres Il fit connaissanceavec un converti devenu prêtre, Jean
documents grecs emploient une forme indéclinable MathieuWacker von Wackenfelset, par ce dernier, avec
'Ayypixovç;ainsi0£ |j.a 'AZ;;p).o'Jç dans le traité l'évêque, homme très cultivé, von Jerin, qui résidait à
gréco-vénitien de 1199 et dans la partitio Romaniae de Neisse. Au printemps de 1595,WackerappelaAcidalius
1204. Tafel, Symbolarum critie. geograph. Byzantin. dans la résidence épiscopale pour lui confier la charge
spectantium partes duae, t. 1, p. 32; t. II, p. 66. Voir de recteur du gymnase. C'est là qu'Acidalius se con-
encore Georges Acropol., p. 30, 40, 195; Georges vertit. Il mourut peu après, le 25 mai 1595. Naturelle-
Pachym., t. 1, p. 523; t. II, p., 336, 423; Cantacuz., ment ses anciens coreligionnaires firent courir toutes
t. II, p. 180 (r/jv 'A"ppo:ï,w'i). Sehab ed-Dîn donne le sortes de bruits sur sa mort que son frère, médecin à
nom d'Akîrâ comme synonyme de Bali Kesri, rési- Altdorf, dut officiellement démentir. Tous les écrits
dence de Qarasî et de son fils Demir khan. Notices d'Acidalius se rapportent à la philologie latine. Il
et extraits de la Biblioth. du roi, t. XIII, p. 339, 353, publia, en outre, des vers latins et un petit écrit qui
368. Ce témoignage rend certaine l'identification
d'Achyraus avec Bali Kesri, vulgairement Bali Kesser,
ne paraît pas être de lui, mais auquel il prêta son nom
Disputatio nova contra mulieres, qua probatur eas
:
où Leake voyait Césarée et Lapie Hadrianotherse. homines non esse. En tous cas, sa réputation comme
Voir Hase, dans Lebeau, Histoire du Bas-Empire, humaniste était si grande que Juste Lipse disait de lui :
édit. de Saint-Martin,t. XIX, p. 520; Ramsay, Histor. «Ce sera la perle de l'Allemagne,gemmula Germaniæ.»
geogr. of Asia minor, p. 155. C'est aujourd'hui le Leuschner, De Val. Acidalii vita, moribus et scripiis,
chef-lieu du sandj ak de Qarasî, vilayet de Brousse; Leipzig, 1757. — Val. Acidalii Epistolarumcenturia I et II,
environ 13.000 habitants, dont 2000 Arméniens et edita curâ Chrisliani Acidalii fratris, Hanovre,1606.—Râss,
1500 Grecs. Cuinet, La Turquie d'Asie, t. IV, p. 262. Die Converliten seit der Reformation, t. III, p. 264. — Allge-
En devenant place de guerre, Achyraus supplanta meine deutsche Biographie, t. I, p. 31. —Adam, Der Neis-
l'évêché voisin d'Hadrianotherse. Les Notices X et
XIII de Parthey nomment celui-ciASctavoO ûupdiv -f,:-O¡
ser Rector Valens Acidalius (XVIIe rapport de la Philoma-
thie de Neisse, 1872). - :
Sur son activité intellectuelle
, (et
.A;('Jp:xo'Jç 'Ayjjpao La Notice d'Isaac l'Ange, Niceron, Mémoires, t. ir, p. 107, et Ritschl, Geschichte der
Aùsgabe u. des Textes von Plautus in Acidalius, Rhein.
Gelzer, Ungedr. und ungenügend veroffentlichte Texte Muséum, 1836, t. IV, p. 505. — Bayle, Dictionnaire, t. I,
der Not episc., p. 592, ou Notice XI de Parthey, ne p. 63. — Janssen, L'Allemagne et la Réforme, trad. franç.,
donne plus que 'Ayvoio-j;, mais avec le titre de t. VI, p. 361.
métropole. De même, une autre Notice publiée par A. VOGT.
A. P. Kerameus, dans ~MouasTov Y..cxtptrD.iùS^xïi Trj; éùcq- 1. ACIGNÉ (AMAURY D'), fils de Jean d'Acignéet de
7e)axïjç a-^o^r, ~mp. 6', Smyrne, 1876, p. 78, où nous Catherine de Malestroit, sœur de Guillaume de Males-
apprenons, en outre, qu'avant de devenir métropole troit, évêque de Nantes, naquit à la Haye-Mahéas, en
Achyraus avait été archevêchéindépendant. Son nom Saint-Étienne de Montluc (Loire-Inférieure), paroisse
figure encore, vers 1299, dans la Notice d'Andronic II où sa famille avait de riches possessions. Ogée, Diction.
Paéologue, Gelzer, op. cit., p. 600, mais disparaît des hist. et géog. de Bretagne, t. II, art. Saint-Étienne de
Notices postérieures. Notons que du 95e elle avait Montluc; Du Bois de la Patellière, Notes historiques sur
passé au 112e rang. Je ne connais que deux titu- quelquesparoissesdudiocèse deNantes, IIe série, p. 12.
laires du siège, Léon, présent en mars 1256 à un con- Reçu chanoine de Nantes, le 28 février 1453, Amaury
cile tenu à Constantinople sous le patriarche Arsène, ne garda que peu de temps ce bénéfice et l'échangea,
Milklosich et Müller, Acta patriareh. Constantinopo- le 24 septembre 1454, pour certaines chapellenies, avec
lit., t. I, p. 119, et Laurent qui signa en novembre Guillaume Hachet qui fut reçu à sa prébende le 2 octo-
1278 un acte du patriarche Jean Beccus ou Veccos, bre suivant. Délibérations du chapitre de Nantes, A 21,
Codex 411 du metochion du Saint-Sépulcre à Cons- fol. 162. Son oncle maternel, Guillaume de Malestroit,
tantinople. Voir HADRIANOTHERAE. lui résigna l'évêché de Nantes à la fin de 1461 et non
S. PÉTRIDÈS. le 27 mars 1462, comme l'avance M. de la Borderie,
ACIARIA patricien de Sienne, cha-
(NICOLÔ D'), Hist. de Bretagne, t. p. 431,car à la date du 6 dé-
IV,
noine et maître des cérémonies de la cathédrale de cembre 1461, le conseil du duc de Bretagne délibérait
cetteville, puis abbé commendataire de San Pietro à « touchant la résignation de l'evesché de Nantes de
Moscheta, au diocèse de Florence, fut nommé évêque messire Guillaume de Malestroit à maistre Amauri
de Massa Marittima le 20 avril 1671 et mourut en d'Acigné, son neveu. » Archives de la Loire-Inférieure,
août 1679. E 131, fol. 169.,Les bulles du pape Pie II pour l'élec-
Ughelli, Italia sacra, t. III, p. 732. — Cappelletti, Le tion d'Amaury sont datées du 29mars 1462. Le pré-
Chiese d'Italia, t. XVII, p. 708. lat fut sacré à Rome, où il s'était rendu, par le car-
J. FRAIKIN. dinal d'Estouteville,assisté des évêques d'Angers et de
ACIBEIRO. Voir AZIBEIRO. Grasse, et, rentré à Nantes, il se mit aussitôt à admi-
nistrer son diocèse. Mais bientôt surgirent les diffi-
ACIDALIUS (VALENS). Ce n'est que parce que cultés qui devaient entraver son épiscopat presque
converti qu'Acidalius intéresse l'histoire de l'Église. tout entier.
Conformément à un règlement établi au XIIIe siècle sentence rendue à Angers, au réfectoire des Frères
par la cour de Rome et reconnu, en 1268, par le duc de Prêcheurs, il excommunia les officiers du duc, tout en
Bretagne, Jean le Roux (Morice, Hist. de Bretagne, épargnant sa personne, par égard pour sa qualité. Les
Preuves, t. 1, col. 1017), Amaury s'était contenté de officiers en appelèrent au métropolitain et le duc en
présenter ses bulles au duc François II. Autrefois, en appela au pape. A la suite de différentes démarches,
effet, les évêques de Nantes, ayant dans la ville épis- l'interdit fut provisoirement suspendu, et le duc, par
copale une puissance territoriale plus grande que celle mandement du 9 mars 1463, restitua Amaury dans
des ducs de Bretagne, n'étaient pas astreints à faire à l'exercice de sa juridiction spirituelle et leva certaines
ces derniers leur serment de fidélité. Mais, depuis mesures prises contre lui.
Pierre Mauclerc, au XIIIe siècle, les ducs n'avaient Cependant le prélat avait confié la défense de ses
cessé d'attaquer les privilèges épiscopaux et, malgré intérêts au roi de France, Louis XI, qu'il regardait
les condamnations du Saint-Siège, ils avaient fini par comme le suzerain des deux parties. Le rusé monarque
obtenir des évêques la prestation de ce serment de fidé- fut heureux de cette circonstance qui lui permettait
lité. Amaury, défenseur de ce qu'il croyait les droits d'intervenir dans les affaires de Bretagne. Il fit cons-
intangibles de son Église et fort des sentences rendues tituer une commission, présidée par le duc du Maine,
auparavant en faveur de ses prédécesseurs, voulut ra- devant laquelle l'évêque et le duc devaient faire valoir
mener les traditions suivies avant le XIVe siècle. leurs droits. Différents incidents, suscités à dessein de
Les historiens bretons l'ont unanimement condamné part et d'autre, firent traîner l'affaire en longueur.
et l'ont regardé comme un révolté contre l'autorité Enfin, le 31 octobre 1464, les commissaires donnèrent
légitime de son pays. Cependant, en sacrifiant ainsi la à Chinon leur sentence, dans laquelle ils enjoignirent
jouissance d'un riche temporel et la paix de tout son au duc et à ses officiers qu'ils « ne mettent aucun em-
épiscopat, l'évêque semble bien avoir voulu revendi- peschement ez fruits de la temporalité et regale du-
quer un droit de sa charge, droit méconnu par l'auto- dit evesché de Nantes, mais cessent et s'en déportent. *
rité croissante des ducs. Pour faire triompher sa cause, Morice, loc. cit., col. 80-81; Archives de la Loire-Infé-
la chancellerie ducale de Bretagne n'hésita pas à re- rieure, E60. Mais cette sentence en faveur de l'évêque
courir à des faux. On peut voir, en effet, aux Archives
départementales de la Loire-Inférieure (E 67, E 74,
n'était rendue que « par manière de provision et, »
l'année suivante (oct. 1465), un arrêt du Conseil du
E 152), plusieurs pièces provenant de l'ancien trésor roi cassa la sentence du duc du Maine. Louis XI ré-
des chartes des ducs de Bretagne, conservées au châ- compensait ainsi le duc de Bretagne qui s'était dé-
teau de Nantes. Beaucoup figurent sur un inventaire taché de la ligue du bien public. Quelque temps après,
des pièces confiées aux commissaires de François II, une nouvelle déclaration du roi confirmait toutes les
chargés de faire trancher par le roi Louis XI, le diffé- prétentions du duc. Morice, loc. cit., col. 110, 111,
rend entre le duc et l'évêque. Ibid., E 60,inventaire de 114. Cependant la querelle s'assoupit pendant quel-
décembre 1463. Ces pièces qui paraissent alors pour que temps et Amaury, qui jusqu'alors avait été banni
la première fois, non pas en originaux, mais en simples de la partie bretonne de son diocèse, put y rentrer; en
copies, allèguent des faits manifestement faux et le septembre 1470, nous le voyons bénir le cimetière de
style de leur rédaction française ne rappelle guère la collégiale Notre-Dame. Les hostilités recommen-
celui du XIIIe siècle ou même du commencement cèrent cette année-là. Sur le refus de l'évêque de prê-
du XIVe. ter le serment de fidélité, le duc fit de nouveau saisir
Quoi qu'il en soit, Amaury avait pris pacifiquement le temporel de l'évêché. Vers la fin de septembre,
possession de son siège et commencé l'exercice de la Amaury mit, pour la seconde fois, l'interdit sur le dio-
juridiction épiscopale, quand, près de trois mois après cèse et se réfugia à Rome où il setrouvait à la date du
son installation, le duc, à la suite d'un conseil tenu le 8 novembre. Le duc usa de représailles terribles. Le
5 août 1462, se résolut à procéder contre l'évêque pour 16 juillet 1471, il déclara rebelles et traitres Amaury
défaut d'hommage et de serment. L'évêque se vit in- et Guillaume de Malestroit,son oncle et prédécesseur
terdire l'administration de son diocèse. On défendait sur le siège de Nantes, et pour ce, défendit « à tous et à
à quiconque de le recevoir, sous peine, pour les ecclé- chacun de ses sujets, sous peine d'être réputés envers
siastiques, de bannissement et de perte de leur tem- lui, faux, désobéissants, rebelles et traitres et d'être
porel et de leurs biens patrimoniaux,et pour les laïcs punis comme tels, de donner aucun conseil, confort ni
de confiscation de tous leurs biens, meubles et immeu- aide de corps, ni de biens audits de Malestroit et
bles et de punitions corporelles. On afficha cette dé- d'Acigné, non plus qu'à leurs serviteurs ou officiers,
chéance de l'évêque, contre tout droit, sur le territoire d'avoir aucune communication avec eux, de les rece-
de l'Église de Nantes qui n'avait jadis reconnu pour voir dans leurs maisons, de fréquenter leur compagnie
suzerain que le roi de France ou le pape, mais non le et de s'entremettre de leurs faits en aucune manière. »
duc de Bretagne. Les commensaux et les officiers du Morice, loc. cit., col. 225.
prélat furent bannis. Un jour de fête, les gens du duc Le duc alla même jusqu'à essayer de faire demander
enfoncèrent, pendant la grand'messe, les portes de par les sujets de l'évêque sa déposition à Rome. La
l'évêché, pillèrent les archives épiscopales, en enlevè- démarche n'eut pourtant pas lieu et, au contraire, le
rent tous les actes et les registres relatifs aux droits de pape Sixte IV intervint en faveur d'Amaury par un
l'Église, mirent les scellés sur les coffres et les portes bref du 13 juin 1472 et envoya en Bretagne le cardinal
de l'évêché, et en chassèrent violemment le personnel de Spolète, Bernard Eruli, pour arranger l'affaire. Le
dont une partie fut mise en prison. Par mandement du duc, grâce à l'intervention du cardinal, arrivé à Nan-
7 septembre, le duc fit saisir le temporel de l'évêché et tes au mois de novembre, permit à Amaury d'exercer
commit à son administrationTanneguy du Châtel, un la juridiction spirituelle dans le diocèse sans cepen-
des principaux instigateurs de toutes ces mesures. dant lui accorder de demeurer dans la ville épiscopale
Morice, loc. cit., Preuves, t. III, col. 26-29. ni de jouir du temporel de son évêché. Enfin, sur un
Amaury se réfugia à Angers et, le 13 septembre, il désir exprimé par le pape aux ambassadeurs du duc
emprunta le territoire dû chapitre de cette ville pour qu'il recevait en audience le 16 décembre 1474, Fran-
pouvoir exercer sa juridiction spirituelle contre le duc çois II permit à l'évêque de rentrer dans son diocèse,
et ses officiers. Morice, ibid., col. 25. ne le troubla plus dans son administration et même
Enfin, après divers avertissements et menaces, il lui laissa la jouissance de son temporel.
mit, le 22 octobre 1462, un interdit général sur tous Cependant Amaury semble avoir passé peu de
les domaines du duc situés dans le diocèse, et le 24, par temps à Nantes et avoir plutôt résidé aux abbayes de
la Grenetière et de Trisay, qu'il tenait de Louis XI au Breron présentèrent au chapitre « les lettres de l'ar-
diocèse de Luçon. D'après Morice et l'abbé Tresvaux, chidiacre de Dinan nommé à l'évêché de Nantes. »
Histoire de l'Église de Bretagne, p. 79, notre évêque Délib. du chap., A 29, fol. 232.
serait mort à Rome en janvier 1476.C'est une erreur, Le 31 mai, Arthur du Hardaz, protonotaire aposto-
il dut mourir en février 1477, à l'abbaye de Trisay, et lique, archidiacre d'Angers et scolastique de Nantes,
fut inhumé à celle de la Grenetière.Travers, Histoire fut reçu par le chapitre comme procureur de l'évêque
de la ville de'Nantes, t.II, p. 43. Le chapitre de Nantes élu, et fut installé dans la chaire épiscopale par le
apprit la nouvelle de sa mort le 25 février.Registre doyen.Reg. du chap., A 29, fol. 238. Le 28 mai, la
des délibérations du chapitre de Nantes, A 24, fol. 41. chancellerie de Bretagne enregistrait un « mandement
D'après Albert le Grand et la Gallid christiana, Amau- de main source et levée adressée au maistre des re-
ry d'Acigné serait mort à Chassais, maison de cam- questes pour M. Loys d'Acigné touchant l'evesché de
pagne des évêques de Nantes, et il aurait été inhumé »
Nantes. Archiv. de la Loire-Inférieure,B 34, fol. 105.
dans sa cathédrale, dans la chapelle de Saint-Clair.
On ne trouve pas de documents attestant cette inhu-
mation. Cependant Dubuisson-Aubenay, qui visitait
:
On s'est demandé si Louis d'Acigné reçut la con-
sécration épiscopale. L'abbé Travers dit « on croit
qu'il ne se fit point sacrer. » Histoire de la ville de Nan-
- Nantes en 1636, place également dans la chapelle de tes, t. II, p. 315.
Saint-Clair le tombeau d'Amaury d'Acigné. Itinéraire Il est certain que, pendant plusieurs années, il ne
de Bretagne en 1636, publié par MM. L. Maitre et P. de paraît qu'avec les qualités d'administrateur et d'élu de
Berthou, Nantes, 1902, t. II, p. 55. Nantes, titres mentionnés dans ses bulles de provision.
On a parfois avancé qu'Amaury d'Acigné avait été Mais il dut se faire sacrer quelque temps avant son
évêque de Vannes en1471. Cette erreur qui a encore entrée solennelle dans sa ville épiscopale qui n'eut lieu
été reproduite dernièrement (R. Kerviler, Bio-bibliogr. que dix ans après sa nomination, le dimanche 6 no-
bretonne, t. I, p. 43), a sa source dans d'Argentré, His- vembre 1541.
toire de Bretagne, 1. XIII, c. xv, et avait déjà été si- L'abbé Travers, op. cit., p. 314, a fait le récit de
gnalée par Albert le Grand, Vie des saints de Bretagne, cette entrée, d'après les registres de l'université de
édit. de 1637, p. 624.
:
Amaury portait les armes de sa famille « d'her-
mine à la fasce alaisée de gueules, chargée de trois
Nantes, registres aujourd'hui disparus. Le scribe du
chapitre de Nantes avait laissé en blanc un feuillet du
registre des délibérations pour insérer un récit ana-
fleurs de lys d'or. » Nous connaissons de lui un sceau
ogival, avec cette légende en minuscule gothique
S. Amaurici epi nannetensis.
: logue, mais le feuillet n'a pas été rempli.
Le prélat resta peu de temps à Nantes. Il se rendit
dans sa famille au château de Fontenay, en Chartres,
Outre les ouvrages cités dans le cours de l'article, voir près de Rennes. Le 10 février, le chapitre de Nantes
Combet, Louis XI et le Saint-Siège, Paris, 1906, passim. apprit qu'il y était malade, et prescrivit une procession
G. DURVILLE. extraordinaireà l'église des Carmes, pour le rétablisse-
2. ACIGNÉ (Louis D'). Il était fils de Guillaume et ment de sa santé. Le 17 suivant, il apprenait que Louis
de Françoise Péan, dame de la Roche-Jagu et de d'Acigné était mort le 14 de ce mois entre cinq et six
Grand-Bois. Du Paz, Hist. généal. de plusieurs maisons heures du matin. Délib. du chap., A 30, fol. 120.
illustres de Bretagne, Paris, 1620, t. II, p. 614. Il fut Par son testament du 13 février, il choisissait pour
abbé commendataire de l'abbaye du Relec dont il prit exécuteurs testamentaires son frère Pierre d'Acigné,
possession en 1526; doyen de N.-D. de Lamballe, ar- trésorier de l'église de Nantes et maître Gilles Kem-
chidiacre de Dinan, prieur des prieurés de Lehon et per, chanoine de Tréguier et abbé commendataire de
de Combour et chanoine de Nantes. L'abbé Tresvaux Beau-Port. Conformément à sa volonté, il fut inhumé
lui donne aussi les qualités de conseiller et maître des au chœur de l'église de Bonnes-Nouvelles-lez-Rennes.
requêtes ordinaires au conseil de Bretagne. L'Église Cette cérémonie eut lieu en grande pompe, le 24 mars
de Bretagne, p. 548. Louis d'Acigné fut reçu chanoine suivant. Du Paz, op. cit., t. II, p. 615. D'après Albert
de Nantes une première fois, sur la recommandation Le Grand le tombeau du prélat était « derrière les
de la reine Claude, duchesse de Bretagne, le 9 novem- courtines, du coste de l'Epistre. »
bre 1521; une seconde, le 17 février 1529; une troisiè- Jusqu'ici tous les auteurs qui ont parlé de Louis
me, le 28 octobre 1529. La dernière fois, il avait été d'Acigné se sont trompés sur la date de sa mort.
pourvu de son bénéfice par bulle donnée à Saint- M. Hauréau, Gallia christiana, t. XIV, p. 833, a
Pierre, le 8 des ides d'octobre 1528. Il s'en démit dans adopté la date du 23 février, donnée par l'abbé Tra-
le courant de l'année et fut remplacé, le 23 octobre1530 vers, op. cit., t. II, p. 315. M. Guillotin de Corson,
par Hervé Colson. Délibérations du chapitre de Nantes, Pouillé de l'archidiocèse de Rennes, t. II, p. 385, a
A 28, fol. 30; A 29, fol. 146, 162, 164. pris pour la date de sa mort le 24 mars, date de son
Très bien en cour, il fut député par le chapitre de inhumation à Bonnes-Nouvelles. D. Morice, Hist. de
Nantes vers le roi pour en obtenir les secours nécessai- t.
Bret., II, p. XXII, et après lui, l'abbéTresvaux, Hist.
de l'Égl. de Bretagne, p. 84, a fixé cette date au 13 fé-
res à la construction de la cathédrale de cette ville.
Les raisons alléguées pour ce choix sont « la noblesse vrier, date de son testament; et Albert Le Grand,
de sa famille, sa science, sa probité, sa facilité d'accès au 15 du même mois. Vies des saints de Bretagne, 1637,
auprès du roi. » En récompense de ses peines, le cha- p. 435. Le document que nous citons plus haut rétablit
pitre lui alloue, pour son année, 66 écus d'or au so- la vérité sur ce point.
leil.Délib. du chap., A 29, fol. 163. Louis d'Acigné portait comme Amaury d'Acigné son
Comme il se trouvait à la cour à la mort de Fran- grand oncle « d'hermine, à la fasce alaisée de gueules,
çois Hamon, dernier évêque de Nantes, François Ier chargée de trois fleurs de lys d'or. » On a de lui un sceau
pensa à lui pour occuper ce siège. Par une lettre datée orbiculaire d'environ 0m040 de diamètre, apposé sur
d'Arques, le 12 janvier 1531 (v. s.), il défendit au cha- lacs de parchemin et représentant l'écu de ses armes.
pitre de procéder à l'élection de l'évêque de Nantes, S. de la Nicollière, Armorial des évêques de Nantes,
et, en même temps, écrivit à Rome pour assurer ce p. 80.
siège à Louis d'Acigné. La nomination du nouvel évê- G. DURVILLE.
que ne se fit pas attendre. Dès le 26 janvier, Jean de ACILIUS GLABRIO, consul, martyr sous Domi-
la Mothe, archidiacre de Nantes, se disait procureur tien (v. 96). Dès la fin du premier siècle, la foi chré-
de « Louis d'Acigné, futur évêque de Nantes ». Le tienne avait fait des conquêtes dans la haute aristo-
21 février, les protonotaires de la Tour-Landri et de cratie romaine.Les découvertes faites dans les plus
anciennes catacombes romaines ont permis de préciser ine siècle, qui mentionnentdes descendants du consul
sous ce rapport les indications fournies par quelques
historiens païens. Manlius Acilius Glabrio, mis à mort
de 91. Un sarcophage, portant l'inscription :
ACILIOGLABRIONI
par l'empereur Domitien, était très probablement du FILIO
nombre de ces disciples du christianisme. Sous l'em-
pire romain, la famille des Acilii Glabriones fut con- est considéré par De Rossi comme le tombeau du petit-
sidérée comme l'une des plus nobles de la haute aris- fils du consul de 91, fils de M.Acilius Glabrio, consul
tocratie romaine. Manlius Acilius Glabrio fut consul en 124 et probablement le fils du consul de 91. Voir
avec M. Ulpius Trajan, le futur empereur, en 91. Il
fut contraint l'année même de son consulat, par l'em-
De Rossi, Bulletlino di arch.crist., 1888-1889, p.
37 sq. :
Gli Acilii sepolti nel cimilero di Priscilla. Cet hypogée
pereur Domitien, de combattre sans armes des bêtes remonte à la fin du premier siècle; il forme la partie
féroces, un lion selon Dion Cassius, des ours d'après Ju- primitive de cette nécropole chrétienne antique.
vénal, dans l'amphithéâtre de la villa impériale d'Al- Cette découverte est d'autant plus significative qu'elle
bano. Dion Cassius, Histoire romaine, LXVII, 13;Juvé-
nal, Satires, IV, V 99-101. Plus tard, il fut envoyé en
exil et mis à mort par Domitien, comme Flavius Cle-
:
correspond à une autre découverte non moins impor-
tante la catacombe de Domitille, sur la voie Ardéa-
tine, fut la sépulture de famille des Flaviens chrétiens.
mens, le cousin de l'empereur,et d'autres membres de Le fait donc que, dès la fin du 1er et le commencement
l'aristocratie romaine. Suétone donne comme motif de du ne siècle, il y eut certainement des descendants
la défiance de Domitien le soupçon de conspirations chrétiens du consul Acilius Glabrio, mis à mort en 95
tores, in his aliquot consulares, interemit ;
contre lui. Suétone, Domitien, c. X : Complures sena-
ex quibus
Civicum Cerealem in ipso Asiœ proconsulatu, Salvidie-
ou 96, que cette branche chrétienne des Acilii se main-
tenait et qu'elle eut une sépulture de famille très an-
cienne dans la catacombe de Priscille, établie dans
num Orfitum, Acilium Glabrionem in exsilio, quasi mo- une propriété de la famille, s'explique le mieux si nous
litores rerum novarum. D'autres détails fournis [par admettons que le consul de 91 fut chrétien lui-même.
Dion Cassius, principalementsur Flavius Clemens, son C'est ainsi que le témoignage de Dion Cassius se trouve
épouse Flavia Domitilla, et sur Glabrion, consta- illustré et précisé par les découvertes archéologiques.
tent qu'ils furent mis à mort sous Domitien avec beau- De Rossi n'a pas hésité à tirer cette conclusion(Bull.,
coup d'autres et qu'ils furent exécutés pour le crime loc. cit., p. 49 sq.); il a été suivi par la plupart des his-
d'athéisme, parce qu'ils avaient adopté les coutumes toriens qui, depuis ce temps, ont traité des origines
juives; les uns furent mis à mort, les autres punis de la chrétiennes de Rome.
confiscation. Domitille fut seulement reléguée dans De Rossi, Les découvertes dans le cimetière de Priscille, dans
l'île de Pandataria. Glabrion, qui avait été consul avec les Comptes rendus du 1er Congrès scient. internat. des catho-
Trajan, fut accusé des mêmes crimes et dut combattre liques, Paris, 1889, t. II, p. 261-267;L'ipogeo degli Acilii
des bêtes féroces. Dion Cassius, Hist. rom., LXVII, 14 : Glabrioni nel cimitero di Priscilla, dans Bull. diarcheol.
crist., 1888-89, p. 15-67; Priscilla e gli Acilii Glabrioni,
ibid, p. 103-133. — Allard, Histoire des persécutions, t. I,
2 éd., p. 110-115. — Aubé, Histoire des persécutions de
l'Eglise, Paris, 1875, t. I, p. 162 sq. — Dictionnaire d'ar-
chéologie, t. I, col. 2854-2860.
J.-P. KIRSCH. !•
ACINDYNUS (GRÉGOIRE), moine grec du XIVesiè-
cle, qui prit une part très active à la controverse pala-
mite. Disciple du moine calabrais Barlaam, qui l'initia
à la scolastique occidentale, il ne fut pas en tout point
d'accord avec son maître dans la lutte contre Grégoire
Nous avons reproduit le passage en entier pour faire Palamas et les hésychastes. Au début même, il prit la
ressortir que, dans la dernière phrase, où il est ques- défense de ces derniers et écrivit contre Barlaam un
tion d'Acilius Glabrion, les oi noU(A sont les mêmes ouvrage en cinq livres. Grâce à son appui, Palamas
que les noùloi accusés de coutumes juives et d'athéis- fut absous par le synode de Constantinople qui se tint
me. Donc, d'après Dion Cassius, le motif pour lequel en juin 1341. En agissant de la sorte, Acindynus n'en-
Domitien fit mettre à mort Glabrion, ne fut pas seule- tendait point donner son approbation aux théories
ment le soupçon qu'il appartenait à un groupe de cons- bizarres des hésychastes sur les attributs divins et la
pirateurs, mais encore l'accusation d'athéisme et de lumière thaborique. Il voulait ramener à l'orthodoxie
judaïsme. Plusieurs auteurs anciens avaient déjà les moines, ses frères, non par la polémique mais par
admis que Glabrion, aussi bien que Flavius Clemens la douceur et la persuasion. C'est ainsi qu'avant le
et son épouse, avaient été chrétiens; Greppo, Trois synode de juin, il avait fait promettre à Palamas d'ef-
mémoires relatifs à l'histoire ecclésiastique des premiers facer de ses écrits les passages offensifs des oreilles pies.
;
siècles, p. 190 sq. Baronius, Annales, ad ann. 94, n. 1;
Ruinart, Acta sincera, édit. Ratisbon., p. 22; d'autres
Mais Palamas oublia complètement sa promesse.
Loin de renoncer à ses erreurs, il se prévalut de son
avaient nié cette conclusion comme Tillemont, Mém. premier succès pour les répandre de plus belle. Acin-
pour servir à l'hist. des empereurs, t. II, p. 98, ou bien dynus alors n'hésita point et se tourna résolument
ne lui attribuaient qu'une certaine possibilité. Aubé, contre les hésychastes, prêt à soutenir avec vigueur
Hist. des persécutions, t. I, p. 182; Langen, Geschichte la lutte que Barlaam venait d'abandonner en reve-
der rômischen Kirche, t. I, p. 69; Caspari, Quellen zur nant définitivement dans son pays d'origine. Un
Geschichte des Taufsymbols, t. nr, Christiania, 1875, second synode se tint en juillet 1341 et ce fut Acin-
p. 283-284 (en note); Lightfoot, Apostolic Fathers, dynus qui argumenta contre Palamas. Quel fut le
2 édit., part. I, t.I, p. 81 sq. (en note). Les découvertes résultat de cette seconde bataille, il est difficile de
faites par M. De Rossi dans la catacombe de Priscille le dire. Jean Cantacuzène affirme qu'Acindynus fut
à Rome ont établi d'une manière très vraisemblable, condamné comme fauteur d'hérésie. Acindynus, lui,
sinon certaine, que Manlius Acilius Glabrio était réel- dit au contraire que le synode fut plutôt défavorable
lement chrétien. En effet,ce cimetière chrétien fut éta- aux palamites. Ce qui est sûr c'est que le palamisme
bli dans une villa appartenant auxAcilii Glabriones; ne tarda pas à triompher à Constantinople avec Jean
on y a retrouvé la sépulture de famille des Acilii Cantacuzène. Acindynus fut en butte aux persécu-
chrétiens, portant plusieurs épitaphes du IIe et du tions de la secte. Le grand synode hésychaste de
1351, présidé par Cantacuzène en personne, déclara Expédit, qu'on y honore depuis longtemps en qualité
ses doctrines hérétiques et l'excommunia. Grégoire de patron des marchands et qui y a une statue en bois
Palamas, Jean Cantacuzène, Philothée, patriarche de de la fin du XVIIIe siècle, œuvre du sculpteur aciréa-
Constantinople, Nil Cabasilas écrivirent des traités lais IgnazioCastorica,dans l'église de Gesù et Maria.
pour le réfuter. Civ. cattol., 2 et 16 décembre 1905, et Analecta

:
Le lieu et la date de sa mort restent ignorés. Ses dis-
ciples se divisèrent en deux groupes le groupe des
acindyniens rigides etcelui des modérés. Son petit-
fils, Denys Acindynus, composa une Histoire des vic-
bolland., ann. 1906, t. XVIII, p. 425). L'évêque actuel
est, depuis le 4 novembre 1907, Mgr Giambattista
Arista-Vigo, de l'Oratoire de Palerme, né à Palerme
le 2 avril 1863, évêque titulaire de Nysse et auxiliaire
toires de Grégoire Acindynus, qui ne nous est pas par- de Mgr Genuardi le 14 novembre 1904.
venue. Cenni geografici storici della città d'Aci-Reale dans Po-
L'œuvrelittéraire de Grégoire Acindynus est encore liorama pittoresco, Naples, 1843, n. 10 et 11.—Vigo,No-
presque entièrement inédite. Elle comprend, outre les tizie storiche della città d'Acireale, in-8°, Palerme, 1836; et
cinq livres contre Barlaam, un ouvrage en six livres plusieurs autres ouvrages du même. — Pirri, Sicilia sacra,
contre Palamas, un poème de 509 iambes contre Pa- 2 vol. in-fol., Palerme, 1733 (3e éd. par Mongitore), continué
par Marco Ferro, 1860, t. I, p. 592. — Cappelletti, Le Chiese
lamas, un autre poème également iambique, adressé
à Nicéphore Grégoras pour l'exciter à la lutte contre
les erreurs hésychastes, un précis historique sur les
-
d'Italia, t. XXI, p. 572. E. Papandrea, La festa di S. Venera,
protettrice di Acireale, celebrata nel Duomo di Catania il
26 luglio 1848, Acireale, 1907 (cf. Archivio storico per la
débuts de la controverse palamite, plusieurs lettres

vres, intitulé :
et opuscules dogmatiques; enfin un ouvrage en six li-
Ilsoi oy<n'aç 'ai
èvspyetaç qui té-
moigne de la connaissance qu'avait Acindynus de la
Sicilia orientale, ann. 1907, p. 17). — Baglordi, Sicilia

-
sacra, publication périodique, Palerme, 1899 sq., passim.
G. Pétri, L'orbe cattolico, t, I, p. 320.
J. FRAIKIN.
scolastique latine. Les deux premiers livres en effet ACISCLE (Saint). Les auteurs ne sont pas d'accord
sont composés d'extraits traduits mot à mot des œu- sur l'époque de sa vie; les uns la placent sous Dioclé-
vres de saint Thomas d'Aquin, principalement de la tien, vers 304; d'autres sous Sévère et Antonin, vers
Somme contre les Gentils. On ne sait si cette traduction 204. D'après saint Euloge, Aciscle était originaire de
a été faite par notre moine ou s'il reproduit une tra- Cordoue, au moins de son territoire, et il menait une
duction déjà existante. vie sainte avec Victoire, qu'on dit communément sa
sœur, quand il fut dénoncé à Dion, président de la Bé-
On trouve quelques maigres renseignements sur Acin-
dynus dans Jean Cantacuzène, Histor., l. II, c. XL, P. G.,
t. CLIII, col. 671 sq., et dans Nicéphore Grégoras, Historia
tique. Après avoir subi la prison et le tourment du feu
et des verges, Aciscle fut décapité dans l'amphithéâtre
byzantina, XVIII, VIII, P. G., t. CXLVIII, col. 1167. — Sur de la ville. Ses restes sacrés y furent recueillis par la
le rôle d'Acindynus, au début de la controverse, voir noble matrone Minciana, qui les ensevelit hors de la
T.v-o'.ù.oyr^ ,,,je 'TU»àvvr(vpublié
son Ad-FOÇ",,oc, TOV[XAXAÇTTT!.T«TOV ville, dans sa propre maison, devenue plus tard une
par Théodore Ouspenskii, Synodic ve nédiélo pravoslavia, église célèbre à l'époque des rois wisigoths et au premier
Odessa, 1893, p. 88 sq., et les articles de J. Bois, dans les siècle de la domination arabe. C'est là que furent en-
Échos d'Orient, Les débuts de la controverse hésychaste, t. V
;
(1902), p. 353 sq. Le synode hésychaste de 134-1, t. VI (1903)
p. 50 sq. — Théodore Ouspenskii, Otcherki po istorii vizan-
sevelis plusieurs martyrs de la domination arabe, et
qu'au XIIIe siècle on fonda un monastère de cisterciens,
tiiskoi obrazovannosti,Saint-Pétersbourg, 1891, p. 332 sq.— lesquels le cédèrent aux dominicains en 1330. Une
Fabricius, Bibliotheca græca, t. XI, p. 507. — Krumbacher, partie des reliques de saint Aciscle fut apportée à Tou-
Geschichte der byzantinischen Litteratur, 2e édit., Munich, louse, au temps de Charlemagne; une autre, très consi-
1897, p. 100-102.—Stein,dans le
Kirchenlexikon,2eédit.,
t. I, p. 380-381. - Les deux premiers livres du ïIeçîo-jiriaç
val iv£?Y<;tV.;se trouvent dans P. G., t. CLI,col. 1192-1241;
dérable, était vénérée au monastère bénédictin de San
Salvador de Breda, près du Montseny, au diocèse de
Gérona. Dans la liturgie mozarabe, le saint avait un
les iambes contre Palamas dans le t. CL, col. 843-863. Voir office propre; on faisait sa fête le 17 novembre.
dans le t. CXLVIII, col. 70 sq., 84 sq., quelques lettres, et
col. 29-30, 72-73, quelques iambes à Grégoras. Quant aux
manuscrits, le plus ancien et le plus riche est le Cod. Monac. Espana sagrada, t. x, p. 288. — Villanueva, Viaje lite-
rario a las iglesias de Espana, Madrid, 1850, t. XIV, p. 200. —
223; Cf. Krumbacher, op. cit., p. 102. Roa, Santos de Cordoba, Lyon, 1617, p.157. — Garcia S.
M. JUGIE. Juan, Glorias de la Iglesia espanola, Madrid, 1877, t. III,
ACIREALE (Jacien.).Évêché de Sicile. La ville p.705.—SanctusEulogius, Memorialis sanctorum, 1.III,
d'Acireale, située près des ruines de l'ancienne Xipho- c. VIII. P. L., t. cxv, col. 805.
nia, fut construite en 1429 par les habitants d'Aci- L. SERRANO.
Aquilia, qui venait d'être complètement détruite par ACKARD, ministre provincial des frères mineurs
une éruption de l'Etna, et, en 1642, le roi d'Espagne, de Provence, réformateur des clarisses de Marseille
Philippe IV, lui imposa le nom actuel. Elle est sise en 1516.
sur un plateau, aux pieds de l'Etna, près de la mer et à Wadding,Ann. min., ad ann. 1363, t. VIII, p. 168.
l'embouchure du fleuve Aci. La commune d'Acireale ANTOINE de Sérent.
compte 35 418 habitants, et la ville proprement dite, ACKERMANN (LÉOPOLD) (1771-1839), exégète au-
23467 (province et arrondissement de Catane). Aci- trichien, né à Vienne le 17 novembre 1771. A l'âge de
reale n'a été érigé en évêché que le 28 juillet 1844 et dix-neuf ans, il entra chez les chanoines réguliers de
n'a eu un évêque que le 29 juillet 1872, en la personne Klosterneubourg, où il reçut le nom « Pierre Fourrier »,
de Mgr Gerlando Maria Genuardi, 4juin 1907. D'abord sous lequel il est connu et cité dans la littérature.
suffragant de Messine, le diocèse dépend maintenant Après avoir terminé ses études de philosophie et de
immédiatement du Saint-Siège. théologie à l'université de Vienne, il enseigna les lan-
État actuel. — Le diocèse comprend 14 communes gues orientales, l'archéologie et l'herméneutique bi-
de la province de Catane et compte 16 vicariats forains, blique dans le couvent de Klosterneubourg. Sa vaste
18 paroisses, 360 prêtres séculiers, 150 séminaristes, érudition lui fit confier (1800) la direction de la biblio-
275religieux,210religieuses,107 confréries,305 églises, thèque de la maison, qui lui doit un bon nombre d'ou-
chapelles ou oratoires, 150 129 habitants catholiques. vrages rares et précieux qu'il réunit. Le professeur
Patron du diocèse, saint Explicitus; patronne princi- Jahn (voir l'article Jahn), ayant été écarté de la fa-
pale de la ville, sainte Venera ou Veneranda, vierge et culté théologique de Vienne à cause de ses tendances
martyre (fête le 26 juillet); patron secondaire (par dé- rationalistes,Ackermann fut désigné pour lui succéder
cret de l'évêque de Catane du 18 avril 1781), saint (1806). Pendant vingt-cinqans, Ackermann fit le cours
de l'introduction à l'Écriture sainte, de l'archéologie Le christianisme s'introduisit de bonne heure là
biblique et des langues orientales, édifiant ses audi- comme dans toute la province et a laissé aussi ses
teurs autant par sa science que par sa piété, sa modes- traces dans l'épigraphie. Acmonia devint le siège d'un

son enseignement de la façon suivante :


tie, sa charité. Une relation contemporaine apprécie
« Comme la
rosée tombe dans la nuit silencieuse et désaltère la
:
évêché dépendant de Laodicée. Les titulaires connus
sont Optimus, transféré à Antioche de Pisidie avant
;
381 (Socrate, H. E., VII, 36; cf. v, 8) Gennade, présent
terre, ainsi sa parole douce et calme pour l'oreille de ses au concile de Chalcédoine, 451; Théotime, signataire
auditeurs, fécondait et vivifiait leurs âmes. » Une atta- du décret du patriarche Gennade contre les simo-
que d'apoplexie mit fin à ses jours (8 septembre 1831). niaques, 459; Basile, à Constantinople, 680 (~Ko).wvtaç

II. CEUVRFS :
Ackermann avait corrigé les ouvrages de son prédé-
cesseur qui furent adoptés comme manuels.
Introductio in libros sacros Veteris
Fœderis, Vienne, 1825. — Archeologia biblica breviter
exposila, 1826. — Prophetæ minores perpetua annota-
~Ilaxauavriç, lire Av.iiavHaç ?); Paul, à Nicée, 787;
Eustathe, à Constantinople, 869, 879. Le siège figure
dans la notice de Léon le Sage (Gelzer, Ungedr. und
ungenügendverôffentlichte Texte derNotit. episc.,p. 540),
les Nova Tactica, 1475 (Gelzer, Georgii Cyprii des-
tione illustrati, 1830. criptio orbis romani, p. 71) et les notices III, X, XIII
de Parthey, ces dernières pouvant dater du XIIe-XIIIe
V. Seback, Petrus Forerius Ackermann, Biographische
Skizze, dans Pletz, Neue theologische Zeitschrijt, 1831. - siècle. Son absence des autres listes est inexpliquée.
Notons en finissant qu'Acmonia est resté siège titu-
H.Zschokke, Die theologischen Studien in Oesterreich, 1894,
p.1116.
ACKWORTH. Voir ACWORTH.
J. GASS. TEXTESANCIENS: ;II,
laire pour la curie romaine.
Ptolémée,V, 24; Cicéron, Pro Flacco,
15; Pline, v, 29 (Acmonenses); Étienne de Byzance. Hiéro-
clès, Synecd., 667,10 ("A^va) Tab. Peut. (Agmonia). —
ACLE (SYNODES D'). Un privilège duroiOffa(757-
795) daté de l'an 787, en faveur du monastère de Chert-
sey, se donne comme concédé au synode d'Aecleah, in
TRAVAUX MODERNES: Le Quien, Oriens christ., t. I, col. 817.
— Hamilton, Researches in Asia minor, t. i, p. 113 sq.
Texier, Asie mineure, p. 428.— Head, Hist. numorum, p.556.
-
sinodali conventu in loco qui nominatur Aecleah. Had- — Ramsay, Geogr. histor. of Asia minor, p. 138,434; The
cities and bishoprics of Phrygia, p. 621 sq., et ses articles
dan et Stubbs, Councils and eccl. docum. relating to Gr. dans Revue des études anciennes, t. III (1901), p. 271 sq.,
Britain and Ireland, t. III, p. 462-463. Cette localité t. IV (1902), p. 267 sq.
est identifiée résolument par Haddan et Stubbs avec S. PÉTRIDÈS.
Ockley, dans le Surrey. Que le privilège soit authen- ACŒMÈTES. Voir ACÉMÈTES, col. 274.
tique ou non, il autorise du moins à présumer qu'un
synode a dû se tenir réellement en ce lieu. AÇOGHIG ou ASSOGHNIG; historien armé-
Le synode qui, au témoignage de Richard d'Hexham, nien qui mourut au commencement du XIe siècle.
Hist., c. XVII (Haddan et Stubbs, op. cit., p. 464), se Il est aussi appelé Étienne de Daron (auj. Mouche à
serait assemblé l'année de la mort du roi de Nor- l'ouest du lac de Van). Son œuvre principale écrite
thumbrie, Elfwald (788), in loeo qui dicitur Aclech, à la requête du catholicos Sarkis 1 (992-1019) est une
ne doit pas être confondu avec le précédent. L'Aclech Histoire universelle depuis les origines jusqu'à l'an 432
dont il est ici question serait soit une localité nor- de l'ère arménienne = 1003. Elle est divisée en trois
thumbrienne du nom d'Acle, soit Aycliffe, dans le livres. Açoghig est le plus concis des historiens armé-
comté de Durham. Les trois plus récents manuscrits niens qui ne sont pas simplement chronologistes. A
de la Chronique anglo-saxonne et Henry de Hutingdon la différence de ses prédécesseurs, il s'attache à fixer
mentionnent aussi ce synode, dont les actes ne nous les dates des événements mais, d'ordinaire, en lettres
sont pas parvenus. arméniennes; ce qui a pu faciliter les erreurs de cer-
Spelman, Concilia,Londres, 1639, t. I, p.305. —Wilkins, tains copistes. D'ailleurs, outre que sa chronologie
Concilia, Londres, 1737, t. I, p. 153. — Mansi, Conc., est assez souvent très défectueuse, on peut lui re-
procher quelque animosité contre les partisans du
-
ampliss. coll.. t. XIII, col. 826. — Haddan et Stubbs, loc. cit.
Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. III, § 388.
L. GOUGAUD.
concile de Chalcédoine. Le commentaire sur le pro-
phète Jérémie qu'on lui attribue parfois ne semble
ACMONIA, 'AY.p.W'licx, Ay.pui>v£ta, évêché enPhry- point de lui.
gie Pacatienne. Selon la légende, Acmonia fut fon- Son histoire avec notes a été éditée à Paris, 1859; à
dée par Acmon, fils de Manès; en réalité, akmonest Saint-Pétersbourg, en 1885. La première partie de cette
un mot phrygien signifiant ciel et Manès est le nom Histoire universelle a été traduite de l'arménien en fran-
hellénisé du dieu indigène Mên. La ville était sur la çais et annotée par Dulaurier, in-8°, Paris, 1883; une tra-
route de Dorylée à Philadelphie, à 35 milles nord- duction russe par Emin a paru en 1864. Traduction alle-
ouest de Cotyaeum. C'est aujourd'hui le village d'Ahat mande de l'Histoire armén. d'Étienne de Daron, par Gelzer
Keuï, à l'est d'Ouchak, vilayet de Brousse. On y voit etA.Burckhardt, in-12, Leipzig, 1907. —VoirZarphanalian,
Hist. littér. de l'Arménie anc., siècles IV-XIII, in-12, Venise,

byzantine :
des tombeaux, les ruines d'un théâtre, d'un odéon,
d'un temple, de remparts, de deux tours, d'une église
des fouilles méthodiques seraient sans
doute fructueuses.
L'histoire est à peu près muette sur Acmonia. Les
1897; Etienne Açoghig, p. 551-555.
FR. TOURNEBIZE.
ACOLITANA (Ecclesia). Chrétienté d'Afrique,
située en Byzacène. L'orthographe du nom varie beau-
coup dans les nombreux auteurs qui en parlent (voir
monnaies et surtout les inscriptions nous montrent les références dans l'ouvrage de Tissot et dans l'article
qu'elle fut riche et importante; elle fut honorée du de Joh. Schmidt cités plus bas) : on peut hésiter pour
néocorat, sans doute par Caracalla; le culte des em- la forme véritable entre Acholla et Achulla. C'est à
pereurs y avait un prêtre qualifié de sebastophantes, tort que Victor Guérin et Ch. Tissot, après C. Müller,
plus tard un grand-prêtre; nous y trouvons Poppée Geographigræci minores, t. I, p. 468, édit. Didot, ont
honorée comme SeBacnr-ri Evêoaia, Augusta Ferti- voulu la placer à El Alia, sur la côte, au sud de Thap-
litas, et sur les monnaies la déesse Rome apparaît sus. Wilmanns (Corp. inser. lat., t. VIII, p. 11-12)
sous les traits d'Agrippine. Les inscriptions juives l'identifie avec Henchir Badria, près de la côte égale-
sont plus nombreuses à Acmonia et aux environs que ment, au sud de Caputvada (Ras Kaboudia); cette
dans tout le reste de la Phrygie; elles nous révèlent des hypothèse est plus vraisemblable. Acholla joua un
personnages de haut rang, comme cette Julia Severa rôle important (De bello africano, 33, 43, 67) au mo-
citée aussi par les monnaies. ment de la lutte entre César et les Pompéiens (708 /46).
Les listes épiscopales mentionnent deux de ses évê- heure. Il alla à Bâle retrouver un groupe d'Italiens
ques : Restitutus, qui se rendit à Carthage à l'assem- protestants et c'est peut-être là qu'il passa au pro-
blée de 484 (Notitia provinciarum et civitatum Afrieæ, testantisme. De Bâle il se dirigea sur Zürich et Stras-
Byzacena 59, édit. Halm, p. 67; P.L., t. LVIII, col. 272, bourg et finit par s'en aller en Angleterre où il arriva
325), et Quintus, qualifié d'Acolitaneus, l'un des si- en 1559. Naturalisé sujet anglais par lettres authen-
gnataires de la lettre qui fut adressée, en 646, à l'em- tiques en 1561, très en faveur auprès d'Elisabeth
pereur Constant II, par l'épiscopat de Byzacène, et qui le pensionnait, il mourut peu d'années après, pro-
lue ensuite au concile de Latran, en 649. Mansi, Saer. bablement en 1566.-
eoncil. nova et ampliss. collect., t. x, col. 928. L'ouvrage le plus important d'Aconzio fut celui
auquel il donna le titre de Stratagematibus Satanæ
Corpus inscriptionum latinarum, t. VIII, p. 11-12, pl. n. in religionis negotio, per superstitionem, errorem,
r- MorceUi, Africa christiana,Brescia, 1816-1817,t.x, p. 66- hæresim,odium, calomniam, schisma, etc., libri VIII.
67. — Notitia dignitatum, édit. Bocking, Bonn, 1839-1853,
-
la Régence de Tunis, Paris, 1862, t. I, p. 148.--
t. n, Annot., p. 647. V. Guérin, Voyage archéologique dans
Gams, Se-
Ch. Tissot,
Publié en première édition à Bâle en 1565, le volume
fut rapidement traduit en français et maintes fois
republié. La principale édition française fut impri-
ries episcoporum, Ratisbonne, 1873, p. 463.
t
Géographie comparée de la provinceromaine d'Afrique, Paris,
1884-1888, n, p.14,179-180,735, 738-739,810; Atlas,pl. x.
—De Mas-Latrie, dans Bulletin de correspondance africaine,
1886, p. 82; Trésor de chronologie, 1889, col. 1865.— Joh.
mée, elle aussi, à Bâle en 1565. Nous avons d'autres
éditions signées de Delft 1611 et 1624 et Amsterdam,
1674. C'est par ce livre que nous pouvons nous faire
quelque idée des opinions religieuses d'Aconzio. En
Schmidt, Achulla, dans Pauly-Wissowa, Real-Encyclopädie, réalité, c'est un humaniste épris comme beaucoup de
t.I, p.250.
Aug. AUDOLLENT. ses contemporains de tolérance et de liberté. N'étant
1. ACOMINATOS (MICHEL). Voir MICHEL Aco- pas athée, il voulut rester chrétien et ce fut sans doute
la raison de son abjuration. Aconzio rêvait de réduire
MINATOS. à l'unité toutes les branches du christianisme et pour
2. ACOMINATOS (NICÉTAS). Voir NICÉTAS Aco- cela il n'imagina rien de mieux que de distinguer
entre les dogmes essentiels et les dogmes acces-
MINATOS. soires. Retenant les premiers tout en en restreignant
ACON KŒVER. Voir AKONTZ KUWER. autant que possible le nombre, il espérait amener sur
ce terrain l'union de tous les chrétiens. Il se trompa
ACONTIUS (Saint) subit le martyre à Porto Ro- et s'en aperçut à la façon dont Genève agréa son ou-
mano, près De Rome, le VIII des calendes d'août vrage. Simon Goulart censura la doctrine et le livre qui
(25 juill.), d'après le martyrologe hiéronymien. Les la contenait. C'est ccle plus méchant livre du monde, »
différents manuscrits emploient diverses orthogra- disait-il. Soldanus de son côté n'était pas moins af-
phes : Acontius, Acontus, Cantus, Aconitus. Nous ne firmatif. Ubi bene nil melius, ubi male nemo pejus.
L'idée de tolérance, en particulier, fut vigoureuse-
savons rien de sa vieni de l'époque où il a vécu. ment attaquée par les calvinistes qui l'accusaient de
D'après M. de Rossi, il faut l'identifier avec Hya-
cinthus (ou Jacinthus) qui est mentionné au jour sui- tolérer même le crime. On reconnaît là l'esprit qui
vant (26 juill.) dans le petit martyrologe romain, avec régnait à Genève à la fin du XVIe siècle. Ailleurs, dans
le même titre de martyr in portu Romæ. Dans cette le monde protestant, il semble que l'ouvrage fut mieux
hypothèse, Acontius représenterait la forme primitive reçu. Bayle, qui consacre un article à Aconzio, cite un
du nom et Hyacinthus en serait une corruption. Cela certain nombre de témoignages de ministres beaucoup
expliquerait pourquoi les deux noms ne sont jamais plus indulgents.
rapportés simultanément et pourquoi il est unique- Bayle, Dictionnaire, 5e éd., 1734,t.1,p. 67.—Allgemeine
ment question de Hyacinthus dans les documents les deutsche Biographie, t. I, p. 40. — Hœfer, Nouvelle biogra-
plus récents, tels que la relation écrite en 1256 par le phie générale, t.1, p. 197. — Voir surtout le très bon article
moine Godefroy de Clairvaux, au sujet des reliques du Dictionary of national Biography, t. I, p. 63, qui donne
transportées de Porto Romano à son monastère. avec une notice sur Aconzio la liste de ses ouvrages qui
Mais cette identification supposée établie, il n'en n'ont pas tous été imprimés.
résulte pas de plus amples renseignements sur notre A. VOGT.
martyr. Il existe bien des Actes de saint Hyacinthus, AÇORES. Voir ANGRA.
mais ils sont dénués de toute autorité, et n'indiquent
d'ailleurs aucunement la date du martyre. Baronius, ACORNBURY ouCORNBURY (Angleterre, comté
qui accepte leur récit, place le martyre de saint d'Hereford, à 4 milles et demi d'Hereford). Maison
Hyacinthe sous le règne de Trajan (98-117). Mais à de religieuses fondée par Marguerite de Lascy, fille
s'en tenir aux Actes, il faudrait retarder cet événe- de Gautier de Lascy, au commencementdu XIIIe siècle.
ment jusqu'à l'époque de la pluralité des empereurs L'origine de cette fondation est le don fait par le roi
romains, car ils parlent de Domini nostri imperatores. Jean sans Terre à Marguerite de Lascy de trois char-
ruées de terre dans la forêt d'Acornbury (ce don fut
Baronius,Annal,eccles.adann.100. n.12, Lucques, 1738, en 1218 et en 1265, de la part de la couronne d'Angle-
t. n, p. 7.—Acta sanct., 1729, jul. t. VI, p. 166,303-304; terre, l'objet d'enquêtes destinées à en reconnaître
Biblioth. hagiog. latina, 1898-1899, t. I, p. 604. — Bon. la légitimité). La fondatrice avait imposé à ses reli-
Mombritius, Sanctuarium,Milan, av. 1480, t.II, fol. XIII-XIV. gieuses une règle et un costume particuliers, puis les
— J. B. De Rossi et L.Duchesne, Martyrol. Hieronymianum, avait affiliées à l'ordre de l'Hôpital. Cette affiliation
dans Acta sanct., novemb. t. II, 1re part., 1894, p. 96.— obligeait les religieuses à suivre la règle et à porter
J.-B. De Rossi, Bullet. di archeol. cristiana, 1870, p.41 (re-
lation de Godefroy de Clairvaux); id., 1886, p. 37-38,47. l'habit de l'Hôpital. Marguerite de Lascy résista, en
- Surius, De probatis sanct. vitis, 1618, t. vu, p. 311. —
Tillemont, Mém. hist. eccl., 1701, t. II p. 187, 615.
appela au pape, fut excommuniée, puis relevée de son
excommunication (1233-1236), et obtint enfin (1237)
U. ROUZIÈS. du Saint-Siège pour ses religieuses l'affranchissement
ACONZIO ouACONTIUS (JACQUES), philosophe, de l'obéissance due à l'Hôpital.
jurisconsulte, théologien, ingénieur, et surtout hu- Delaville Le Roulx;Cartulaire général des Hospitaliers,
maniste, naquit à Trente à une date indéterminée, t. I, p. CCXXIX; Les Hospitaliers en Terre-sainte et à
probablement vers 1500. Ses opinions religieuses
l'obligèrent sans doute à s'exiler d'assez bonne J.
Chypre, Paris, 1904, p. 177-178.
DELAVILLE LE ROULX.
1. ACOSTA (FRANCISCO),religieux augustin, né à maison professe de Valladolid et nommé, peu après,
Séville au commencement du XVIIe siècle. On a de recteur—non de l'université, comme l'affirme Bio- la
lui: Vidaprodigiosa, y heroicasvirludes de la venerable graphie Hoefer —mais du collège de Salamanque, où il
Madre de Jesu,religiosa carmeliia descalza del con- mourut le 15 février 1600. Outre les ouvrages déjà
vento de S. Joseph y S. Teresa de la ciudad de Toledo,
Madrid, 1648.
:
mentionnés, on a encore de lui 5. Denatvra novi orbis
libri dvo et de promvlgatione evangelii, apud barbaros,
sive de procuranda indorum salvte libri sex, in-8°, Sala-
Antoni, Nicolas, Bibliotheca hispana, t. 1, p. 303. — La
Ciudad de Dios, t. XXXIV, p. 281; t. LXIX, p. 214. — Cruse- manque, 1589 et 1595; Cologne, 1596. — 6.Historia
nius-Lopez, Monasticon augllstinianum, Valladolid, 1903, natural y moral de las Indias, en que se tratan las cosas
t. II, p. 169. Notables del cielo, y elementos, melales, plantas, y ani-
A. PALMIERI. males dellos : y los ritos y ceremonias, leyes, y gouierno, y
2. ACOSTA (JOSÉ DE), jésuite espagnol, névraisem- guerras de los Indios, in-4°, Séville, 1590; in-8°, Barce-
blablement en 1539, à Medina del Campo, fut admis lone, 1591; Séville, 1591 (?); in-4°, Madrid, 1608,1610,
dans la province de Castille en 1553 et professala théo- 1792; in-8°, 1894. C'est l'ouvrage le plus important
logie scolastique à Ocana. Invité par Pie V à rempla- d'Acosta; il a été traduit en allemand, en anglais; en
cer Francisco de Toledo dans la chaire de théologie français par Robert Regnault, in-4°, Paris; 1598,1600,
du collège romain, il préféra se consacrer aux missions 1606 et 1616; en hollandais, en italien; en latin parles
des Indes occidentales et s'embarqua, le 8 juin 1571, frères De Bry, sans nommer l'auteur, dans leur collec-
pour le Pérou, où il exerça plus de cinq ans les fonc- tion des grands voyages, t. IX, in-fol., Francfort, 1602;
tions de provincial, 1er janvier 1576-mai 1581. Théo- — 7. De Christo revelato.; de temporibus novissimis,
logien au concile de Lima de 1583, il fut officiellement in-4°, Rome, 1590; in-8°, Lyon, 1592, etc. Le jésuite
chargé d'en rédiger les canons et les décrets et de sur- François Oudin, dans ses notes manuscrites sur la Bi-
veiller, avec le P. Juan de Atienza, recteur du collège bliotheca scriptorum S. I., suppose que le De temporibus
de Lima, l'impression des catéchismes approuvés par
le concile. Ces catéchismes et autres manuels pour
l'instruction religieuse des Indiens avaient été compo- 3 in-8°, Salamanque, 1596-1599;
- -
novissimis a inspiré Isaac de La Peyrère dans son
traité Du rappel des Ivifs, Paris, 1643; 8. Concioms,
9. Son Apologie ou
sés en espagnol par Acosta lui-même, en quichua et en Descargo, adressé à Clément VIII en 1593 et publié
aymara — les deux idiomes les plus usités au Pérou — p. 123-153 de l'étude de D. José-R. Carracido; —
par le P. Alonso de Barzana, aidé des P. Bartolomé de 10. C'est peut-être Acosta qui a édité les deux volumes
Santiago et Blas Valera: 1. Doctrina christiana, y cate-
cisme para instruction de los Indios. Con Vn Confes-
posthumes du P. Francisco de Ribera :. In duodecim
Prophelas, et. In Epistolam B. Pauli Apostoli ad He-
sionario, y otras cosas necessarias para los que doctri- brseos commentarif, 2 in-8°, Salamanque, 1598. Par

;
nan., in-4°, Ciudaddelos Reyes, 1584 et 1585. C'est
le premier ouvrage imprimé à Lima il a été réimprimé
in-8°, Rome, 1603; Séville, avec permission de 1617;
une inconcevable distraction, l'Enciclopedia universal
ilustrada Europeo-Americana (Barcelone, t. n, p. 404)
attribue à notre jésuite un Compendio qu'elle a déjà
Cuzco, 1828; traduit en chilien par le P. Luis de Val- donné, à la page précédente, à son véritable auteur, le
1834; -
divia, in-8°, Lima, 1606; en mosetano, in-8°, Rome,
2. Confessionario para los Cvras de Indios,
in-4°, Ciudad de los Reyes, 1585; réédité à Séville,
général colombien D. Joaquin Acosta.
Sacchini, Hist. S. I., Rome, 1652-1661, p. IV, 1.3, n.197-
203; 1. 2, n. 142-148; 1.4, n. 268-288; 1. 7, n. 348-352; p. V,
1603, par le P. Diego de Torres Bollo; — 3. Tereero 1, n. 407 et 411; 1. 4, n. 238; 1. 9, n. 168-191. —Jouvancy,
Cathecismo.Exposition de la doctrina christiana, por p. -
Hist. S. I., Rome, 1710, V, 1.11, n.16-88. Sotwell,Bibl.
script.S. I., Rome, 1676, p. 518-519. — A.-G. Camus, Mé-
sermones, in-4°, Ciudad de los Reyes, 1585 et 1773;
en espagnol et quichua seulement, in-8°, Paris, 1866; moire sur la Collection des grands et petits voyages., Paris,
- 4. Concilium provinciale Limense, celebratum in
ciuitate Regum, anno M.D.LXXXIII, in-4°, Madrid, -
1802, p. 102-118. — Prat, Hist. du Père Ribadeneyra, Pa-
ris, 1862, p. 413-438. Ch. Leclerc, Bibliotheca americana,
Paris, 1878, n. 4-16,1680,2116,2396-2397,2460. -E. Beau-
1590, 1591 (simple changement du titre et des feuilles vois, L'histoire de l'ancien Mexique: les antiquités mexicaines
liminaires), 1614, et inséré dans divers recueils. Le du P. D.Dui-an comparées aux abrégés des PP. J. Tobai•et
Svmario del concilio provincial. de mil y quinientos y J. d'Acosta, dans la Revue des Questions historiques, 1885,
sesenta y siele, in-4°, Séville, 1614, lui est attribué sans t. XXXVIII, p. 109-65. — Sommervogel, Bibl. de la Comp. de
motif. J., Bruxelles, 1890, t. i, col. 31-38; 1898, t. vin, col. 1568-
De retour en Espagne dès la fin de 1587, et après un 1569. — E.-M. Rivière, Moniteur bibliographiqueS. J., 1893,
séjour à Rome pour faire connaître au général l'état n. 1181. — J.-R. Carracido, El P. José de Acosta, Madrid,
1899. — Uriarte, Anônimos y seudúnimos S. I., Madrid,
de la mission du Pérou, Acosta fut nommé visiteur des 1904-1906, n. 144, 347-348,350,421-422,448,727,729-730,
provinces d'Aragon et d'Andalousie. Sur ces entre- 736, 958, 2120, 2146. 2301-2302, 3559-3560, 4064, 4066,
faites, il seconda malheureusement de son influence 4117,4265,4506.
et de son autorité le petit groupe des jésuites espagnols E.-M. RIVIÈRE.
qui étaient opposés à la personne de Claude d'Acqua- 3. ACOSTA (PEDRO ALVAREZ), évêque de Porto,
viva et qui réclamaient des réformes substantielles de Léon, et d'Osma, en Espagne. Ce prélat naquit
dans le gouvernement et les constitutions de la Com- en 1484, à Alpedrina de Veros, dans l'arche-
pagnie de Jésus. Avec d'excellentes intentions sans vêché de Lisbonne. Il eut trois oncles maternels
doute, si nous en croyons son Apologie, mais contrai- qui remplirent les fonctions ecclésiastiques les plus
rement aux lois de son institut, il obtint, par ses intri- importantes en Portugal, le cardinal Georges de
gues auprès de Philippe II et de Clément VIII, la réu- Acosta, homme de confiance de Sixte IV et de
nion de la cinquième congrégation générale, 3 novem- Jules II, Georges de Acosta, archevêque de Braga,
bre 1593-18 janvier 1594, avec droit d'y siéger au précepteur et maître de l'infante Catherine, fille du
même titre que les députés régulièrement élus. La roi Duarte de Portugal, et Martin de Acosta, arche-
Biographie Michaud l'accuse d'avoir ambitionné vêque de Lisbonne. Dès son enfance, il obtint en
la charge de général des jésuites en Espagne; cette commende les abbayes bénédictines de Pazo de
accusation, toute gratuite, n'a jamais été formulée Sousa et de Bustelo, dans le diocèse de Porto, et celle
contre Acosta, même par ses adversaires. La congré- de Oliveira, de chanoines réguliers, dans le diocèse
:
gation se prononça contre les prétentions de la faction
rebelle Acosta se soumit sincèrement; il fut main-
tenu par Acquaviva dans sa charge de préposé de la
de Braga. Son oncle le cardinal lui offrit également
la riche abbaye de Alcozaba; mais Acosta y renonça,
ce qui ne l'empêcha pas d'accepter, en 1507, l'évêché
de Porto, n'ayant encore que 22 ans. Il fonda dans tion de l'immortalité de l'âme. La communauté juive
cette ville un monastère de religieuses bénédictines le déféra alors aux magistrats. Acosta fut jeté en pri-
appelé de l'Ave Maria, et fut grand protecteur son et puni d'une amende de 300 florins; son livre fut
des arts dont il avait pris le goût durant un séjour condamné à être brûlé publiquement. Il réussit vrai-
en Italie (1506-1511). Il construisit dans son dio- semblablement à s'enfuir à Hambourg, mais après un
cèse de beaux édifices, appelant à son service Jean certain laps de temps revint à Amsterdampour y veil-
de Juni. Nommé chapelain majeur des Infants de ler aux intérêts de sa famille. En 1633, il se soumit,
Portugal, il accompagna en Espagne, en 1526, l'im- extérieurement du moins, aux exigences de la syna-
pératrice Isabelle, femme de Charles-Quint, et résida gogue. Mais ses idées l'éloignèrent de plus en plus du
à sa cour jusqu'en 1534. Le prélat retourna alors à judaïsme. Il devint déiste, tout en maintenant ses
Porto, mais rappelé de nouveau par l'impératrice,il re- liens avec la communauté juive. De nouveau, sa con-
nonça alors à son siège en échange de celui de Léon duite devint suspecte et une seconde fois il fut excom-
que Charles-Quint lui offrit en 1535. Acosta resta à la munié. Il revint encore à résipiscence, fit une confes-
cour jusqu'à sa promotion à l'évêché d'Osma en sion publique de ses erreurs devant la foule des juifs
1539, et la même année il prit personnellement réunis à la synagogue, fut flagellé publiquement aussi,
possession de son siège. Il construisit dans la capi- mais rentra chez lui le cœur ulcéré. Il prit le temps
tale de son diocèse et à Soria de très beaux édifices d'écrire son autobiographie et se suicida, tout, du
et, en particulier, le collège universitaire de Sainte- moins, porte à le croire, peut-être en 1647. En somme,
Catherine d'Osma, afin que les clercs pauvres de Acosta ne fut qu'un esprit mal équilibré dont l'in-
son diocèse n'eussent pas besoin d'aller ailleurs fluence sur ses contemporains fut nulle.
pour étudier la théologie. Acosta commença ce ma- Son Exemplar humanse vitæ fut publié avec une ré-
gnifique édifice qui existe encore, vers 1541 et le ter- futation par un théologien hollandais, Philippe Lim-
mina en 1554. Il lui donna ensuite des constitutions borch, en appendice de son livre : Arnica collatio cum
spéciales, une bibliothèque et de grands biens, et
obtint pour cet établissement un privilège de Phi-
lippe II lui conférant les prérogatives des autres uni-
:
erudito Judaeo; Gouda, 1687 et réimprimé à Leipzig
en 1847 Uriel Aeosta's Selbstbiographie,en latin et en
allemand.
versités espagnoles. Osma lui est redevable du rétable La destinée tragique de cet apostat athée a été
du maître autel de la cathédrale et de l'arrière-chœur.
Il fonda à Aranda de Duero et à Soria des couvents
de dominicains pour en faire des centres d'instruction
exploitée par les dramaturges et les romanciers. Gutz-
kow y a trouvé un thème facile pour sa tragédie
Uriel Acosta, Leipzig, 1847, que Salomon Rubin a tra-
:
dans la contrée, mais il mourut sans avoir terminé
le collège qu'il voulait fonder à Soria. On lui doit
également la publication des livres liturgiques du
:
duite en hébreu, Vienne, 1856. Le romancier Zangwill
a également esquissé sa silhouette dans ses Drea-
mers of the Ghetto, Philadelphie, 1898, p. 68-114.
diocèse d'Osma dont on se servit peu d'années à cause Whiston, The Remarkable Lile of Uriel Acosta, an Emi-
de la réforme liturgique de saint Pie V. Il mourut nent Free-Thinker, London, 1740. — H. Jellinek, Acosta's
à Osma le 20 février 1563, et fut enseveli dans le
couvent actuellement détruit des dominicains d'A-
Leben und Lehre, Zerbst, 1874. -
de New-York, 1901, t. I, p. 167.
The Jewish Encyclopedia
randa de Duero. Sa vie a été écrite en 1596 par le R. BIRON.
cistercien Barthélemy Ponce. 5. ACOSTA. Nom de plusieurs personnages por-
tugais. Voir DA COSTA.
Cf. Florez, Espaiïa sagrada, t. xxi, p. 174. — Risco,
Espaiia sagrada, t. xxxvi. — Posadilla, Episcopologio Le-
t
gionense, Léon, 1899,
hislorica del
obispado
. n,p.151.—Loperraez,Description
de Osma, Madrid, 1792, L. i, p. 411.
ACOURA, ancien évêché maronite. Faustus Nai-
ron, Evoplia fidei catholicæ, p. 69, nous dit qu'Ar-
- Ponce (Bartolomé), Puerta real de la inexcusable muerie,
Salamanca, 1569 (c'est le titre de la vie de ce prélat).
sène, évêque d'Acoura, vers l'an 1111, s'opposa aux
manœuvres du jacobite Thomas, qui tentait de
L. SERRANO. répandre au Liban les erreurs monothélites. C'est la
4. ACOSTA (URIEL), de son vrai nom Gabriel da première mention que nous trouvions de cet évêché,
Acosta. Écrivain rationaliste portugais, né à Oporto mais le fait n'est pas absolument sûr, car à cette
en 1594. Lui-même nous a laissé, sous le titre Exem- époque les maronites étaient eux-mêmes monothé-
plar humanse vitæ, son autobiographie, qu'il nous lites. Au concile du Liban, août 1580, signe l'arche-
suffira de résumer. Sa famille d'origine juive s'était vêque Jacques, Rabbath, Documents inédits pour
convertie au catholicisme. En 1615, il fut nommé tré- servir à l'histoire du christianisme en Orient, Paris,
sorier d'une collégiale de sa ville natale. Mais des dou- t. 1i, p. 168. En 1596, lors du voyage du jésuite Dan-
tes religieux ayant surgi dans son esprit, surtout au dini, le siège était vacant, Dandini, Voyage du mont
sujet des indulgences, il se démit de sa fonction par Liban, Paris, 1675, p. 191. En 1644, devenait patriar-
scrupule de conscience. Bientôt il en arriva à condam- che maronite Joseph d'Acoura, fils de Pierre, évêque
ner en bloc le christianisme et dès 1617 ou 1618 il son- de cette localité, Assémani, Bibliotheca orientalis,
geait à revenir au judaïsme. Le séjour en Portugal ne t. 1, p. 553; il est donc probable que Pierre occupa ce
lui étant plus possible dans ces conditions, il émigra siège dans les premières années du XVIIe siècle. En
avec ses quatre frères à Amsterdam, où ensemble ils
:
abjurèrent le catholicisme. Ses désillusions furent ra-
pides et complètes il avait rêvé une religion mosaïque
toute différente de celle qu'il trouvait. Ame ardente,
il crut de son devoir de flageller ouvertement et en
1673, nous trouvons Georges Habacuc et, en 1721,
lorsque Le Quien mettait la dernière main à son
Oriens ehristianus, t. III, col. 94, l'évêque Georges.
Depuis lors, cet évêché disparaît. Au concile du Liban
de 1736, il n'y a pas d'évêque d'Acoura, et ce titre
termes sévères ce qu'il appelait le pharisaïsme de la ne figure pas parmi les 16 sièges épiscopaux que dé-
synagogue; il nia aussi l'immortalité de l'âme et la vie crète le concile, Collectio lacensis, t. iv, p. 454, non
future. Cette attitude indisposa contre lui ses coreli- plus que dans les divers projets de remaniements dio-
gionnaires, qui chargèrent un savant médecin portu- césains tentés par les papes au cours du XVIIIe siècle.
gais, Samuel da Silva, d'écrire en réponse à ses déné- Il est, du reste, très possible qu'Acoura n'ait jamais
gations un Tradado da immorlalidade da Alma (1623). été un diocèse proprement dit. Jusqu'au XVIIIe siècle
:
Mais cette publicationn'empêcha pas celle d'un pam-
phlet d'Acosta Examen dos tradiçoens phariseas con-
il
feridas con a ley escrita (1624), où réitérait sa néga-
et même jusqu'au XIXe, les évêques maronites rési-
daient dans un couvent ou dans un village, et c'était
le patriarche seul qui possédait à peu près toute la
juridiction; Dandini le dit explicitement dans le récit Card. Raffaele Galeotti Riario Sansoni, abbé commen-
de son voyage. Akoura est auj ourd'hui un gros vil- dataire, 7 février 1506. — Filippo Castiliano, arche-
lage exclusivement maronite, dans un site fort pitto - vêque élu de Milan, abbé commendataire, 3 septem-
resque, près de la voie romaine qui menait de Byblos bre 1513. — Pompeo Casati, dernier abbé.
à Baalbeck. Il se trouvesur la rive droite du Nahr-
Ibrahim, l'ancien fleuve Adonis, à 2 heures environ Lubin,Abbatiarum Italiæ brevis notitia, p. 19.—Ughelli,
au nord d'Afka, l'antique Aphéca, si célèbre par son Italia sacra, t. III, col. 758. — Janauschek, Originum Cister-
temple d'Aphrodite. ciensium, t. 1, p. 75. — A.Ratti, Del monaco cisterciense
don Erinete Bonomi milanese e delle sue opere (entre autres
E. Renan, Mission de Phénicie, Paris, 1864, p. 259, 271- copies d'une partie des documents d'Acquafredda, lesquels
274, 300-304. — Lortet, La Syrie d'aujourd'hui, dans Le tour
du monde, Paris, p. 399.
S. VAILHÉ.
t.
sont maintenant à la bibliothèquede Brera), dans Archivio
storico lombardo,
t. vu, p. 95;
111, p. 302-382; cf. t. v, p. 94, 118, 124;
t. VIII, p. 131.
ACQS. Voir DAx. J. FRAIKIN.
ACQUALUNGA. Abbaye de cisterciens, dans la
ACQUA (VINCENZO DELL'), né à Osimo, devint évê- Lomellina, province de Pavie, d'abord au diocèse de
que de Spolète le 19 novembre 1759. Il agrandit le Pavie, et ensuite, depuis 1529, à celui de Vigevano.
séminaire, assujettit à la juridiction de l'évêché l'ab- PRINCIPAUX ABBÉS. — Joannes, en 1330.
— Petrus,
baye de Sant'Eutizio dans la vallée de Norcia et en.1391. —Filippo Landolfi, administrateur, en 1422.
réunit le synode diocésain. Sa mort arriva le 31 mars — Francesco Piccolomini, protonotaire apostolique,
1772. administrateur,en 1459. —Annibale di Pietra, admi-
Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. IV, p. 369. nistrateur, en 1517. — Galeazzo, Pietra Visconti, évê-
J. FRAIKIN. que de Vigevano, abbé commendataire (?). Ce dernier
ACQUAFORMOSA (Santa Maria di). Abbaye l'unit à la mense épiscopale de son diocèse par acte
de cisterciens en Calabre, diocèse de Cassano, pro- confirmé par la bulle Credilam Nobis du 25 avril 1533.
vince de Cosenza, arrondissement de Castrovillari. Elle est aujourd'hui abandonnée, et Acqualunga forme
Fondée, probablement, en juillet 1195. Un acte, rap- une fraction de la commune de Frascarolo et une pa-
porté dans Ughelli, Italia sacra, t. IX, col. 345-346, roisse du diocèse de Vigevano.
nomme comme ses fondateurs Ogerius et Basilia, sa Ughelli, Italia sacra, t. v, col. 819-820. — Lubin, Abba-
femme, seigneurs de Braballa ou Altomonte, et, tiarum Italiæ brevis notitia, 1693, p.* 19. —G. Robolini, Noti-
comme ses amplialores, Raynaldus de Guasto, Hugo,
évêque de Cassano vers 1200, etc.
- -
zie appartenenti alla storia della sua patria, Pavie, 1823-
1838,t.III, p. 396; t. IV, p. 426. Janauschek, Originum
Petrus de Citrario, cité en 1441. -
PRINCIPAUX ABBÉS. — Petrus, cité en 1418.
Franciscus de
Carraria, cité en 1472. — Carolus de Zioffis, abbé
Cisterciensium, t.1, p. 209-210.
|J. FRAIKIN.
ACQUAPENDENTE (Aquæpenden.). Évêché de
commendataire, 3 avril 1490. —Marc'Antonio Piscara, la province de Rome, arrondissement de Viterbe.
de Naples, abbé commendataire (archevêque de Conza Située près des frontières de la Toscane et de l'Om-
le 15 mars 1574). Cette abbaye, construite dans le style brie, sur une colline d'où tombe un torrent, le Quin-
byzantin, est aujourd'hui abandonnée, et la commune taluna, qui se jette, un peu plus loin, dans la Paglia,
d'Acquaformosa, de 1556 habitants, forme une pa- affluent du Tibre (d'où son nom actuel), Aquapen-
roisse du diocèse de Cassano. dente, fondée sans doute par les Étrusques, était cé-
lèbre dans l'antiquité sous les différents noms d'Aque-
G. Barrio, De antiquitale et situ Calabriae, in-8°, Rome, sium, Acula, Aquæ Taurinæ, Aquapendens, et saint
1571. — Manriquez, Annales Cisterciensium, Lyon, 1642- Fabianus, ancien préfet de Rome, père de sainte Bi-
1659, t. in.—A.Lubin, Abbatiarum Italiæ brevisnotitia, biane, y subit le martyre. Des moines bénédictins de
in-8°, Rome, 1693, p.18-19.—Ughelli,Italia sacra, t. vi, la même branche que ceux qui résidaient à Sainte-
col. 824. — I. de Marchis, Breve cenno monografico storico
di
del comune Aquaformosa, in-8°, Salerne, 1857. — Janaus- Marie-Latine de Jérusalem (mais non pas des tem-
chek, Originum Cisterciensium, t. 1, Vienne, 1877, p. 209- pliers, comme l'affirment Cappelletti et divers autres
210. auteurs), s'y établirent au moyen âge et y élevèrent,
.T. FRAIKIN. probablement au xe siècle, sur les fondements d'un
ACQUAFREDDA (Santa Maria di Monte Oliveto templepaïen, la cathédrale actuelle, à laquelleils donnè-
ou d'). — Abbaye de cisterciens au diocèse de Côme, rent le titre d'église du Saint-Sépulcre. Compris dans
province et arrondissement de Brescia, sur le lac de la donation que la comtesse Mathilde fit de ses États
Côme. Fondée en 1147, par les cisterciens de l'abbaye au Saint-Siège au début du XIIe siècle, et érigée en
de Morimondo, dont le prieur Petro acquit, en cette commune, elle ne fut définitivement agrégée aux États
année, d'Azzone d'Isola, la hauteur d'Acquefredda, pontificaux qu'au xve siècle. Elle faisait partie du dio-
elle fut agrégée, le 3 décembre 1510, à la congrégation cèse d'Orvieto et portait seulement le titre de château,
cistercienne d'Italie par Aldello Piccolomini, évêque quand, Cristoforo Giarda, évêque de Castro, ayant été
de Soana, en exécution d'une décision du Saint-Siège. assassiné en 1649, Innocent X fit raser cette ville et,
Riche de reliques et de parchemins, elle fut supprimée par la bulle In supremo du 13 septembre de cette an-
en 1783; ses moines furent envoyés à la chartreuse née (Bullaire romain, t. xv, p. 641-644), en supprima
de Pavie, et ses parchemins au monastère de San l'évêché et éleva Acquapendente à la dignité de ville
Ambrogio à Milan. Elle est occupée aujourd'hui par et d'évêché immédiatement soumis au Saint-Siège,
des bénédictins français de Marseille. La commune fixant en même temps les limites du nouveau diocèse.
d'Acquafredda compte 1114 habitants. Il lui donna pour premier évêque, le 10 janvier 1650,
Pompeo Mignucci, d'Offida (province d'Ascoli), reli-
tantinus, cité en 1347.
Albertus, cité en 1370.
--
PRINCIPAUX ABBÉS. — Fidelis,cité en 1346. — Cons-
Philippus, cité en 1361. —
Petrus, cité en 1377. —
gieux de l'ordre hiérolosymitain, transféré de l'ar-
chevêché de Raguse. Ce prélat prit possession quel-
Joannes de Luciis, cité en 1392. — Gregorio Tissoni, ques jours après, consacra solennellement la cathé-
cité en 1430, Enrico Rampini de San Allosio, arche- drale, y transporta le corps de saint Bernard, évêque
vêque de Milan, cardinal du titre de Saint-Clément, de Castro, et y retrouva celui du martyr saint Her-
abbé commendataire, 4 septembre 1447. —Antonius de mès, patron principal d'Acquapendente. Le diocèse
Isolanis, cité en 1448. — Francesco Piccolomini, cité d'Acquapendente retomba sous la juridiction épisco-
en 1459, chanoine de Sienne, abbé commendataire.— pale d'Orvieto de 1790 à 1794, à la suite des dissen-
sions qui, à la vacance du siège, s'étaient élevées entre affluent de l'Ufida. Durant les guerres continuelles
les chanoines pour l'élection du vicaire capitulaire. dont le royaume de Naples était le théâtre, les habi-
LISTE DES ÉVÊQUES.—PompeoMignucci, 10janvier tants se groupèrent autour du château de Mirabella,
1650-†- 1655. - Nicolo Leti, de Spolète, 14 juin 1655-
1674. Ludovico Magni, de Milan, conventuel, 1er oc-
construit en 1129 ou 1130 par Guillaume, comte
de Gesualdo, sur l'ordre du roi normand Roger, son
tobre 1674-1680. - Giovanni Lorenzo Castiglioni,
transféré d'Anagni, 9 décembre 1680-1683. — Giam-
parent, et démoli en 1838. De là le nom de Mirabella-
Eclano que porte actuellement la commune, peuplée
battista Febei, d'Orvieto, 19 juillet (et non 12 juin, de 7090 habitants, laquelle forme une paroisse du dio-
comme le dit Costantini) 1683-† 14 avril 1688. —Ales- cèse d'Avellino, avec une collégiale du titre de Sainte-
sandro Fedeli, chanoine d'Orvieto, 17 avril 1690- Marie-Majeure. Mirabella proprement dit en compte
20 février 1696; transféré à Jesi. — Nicolà Nardini, 1671, dont 2251 agglomérés (prov. d'Avellino).
21 mai 1696-† 1697. —mbrosio Angelini, patricien On ne sait rien des évêques qui ont gouverné ce dio-
de Fano, 20 novembre 1697-9 décembre 1710. — Ber- cèse, lequel fut réuni, dès les premiers siècles, à celui
nardino Egidio Recchi, 26 janvier 1711-† vers 1718. - de Quintodecimo ou Eclano. Les deux diocèses furent
Ferdinando Agostino Barnabei, O. P., transféré ensuite incorporés, dès le vue siècle, à celui de Fri-
d'Ascoli, 12 avril 1728-23 décembre (et non 8 mars, gento, qui lui-même fut uni seque principaliter à celui
comme le dit Costantini, 1729), est transféré ensuite d'Avellino par bulle du 7 mai 1466. Nous voyons en-
à Osimo. — Simone Gritti, noble vénitien,transféré de core l'évêque d'Avellino Francesco Scanegata signer
Ferentino, 23 décembre 1729-1743; transféré ensuite ainsi les actes du concile de Bénévent en 1698 : Ego
à Tyana in partibus. Giacomo Filippo Consoli, Franciscus episcopus Abellincnsis,Frequenlienensis,
évêque d'Hermopolis in— partibus,:l'abbé Pasiucci;puis Aquae-putridæ, seu Mirabellæ, et Quintodecimi con-
l'archidiacre de la cathédrale, Pignatelli, administra- setienssubscripsi ;et BenoîtXIV, en accordantdenou-
teurs apostoliquesvers 1741-1742.—BernardoBernardi, veaux insignes aux chanoines de Mirabella, leur écri-
conventuel, 28 novembre 1746-† 31 août 1758. — vait, dans sa bulle du 9 février 1749 : Cum præfata
Giandomenico Sanctucci, vicaire général de Monte- terra, quse. ob multiplicem suæantiquitatis dotem, ejusque
fiascone, 22 novembre 1758-† 4 juin 1763.— Clemente ædiflciorum structuraux et ampliludinem anliquœ
Maria Bardini, bénédictin de Vallombreuse, 18 juillet Calhedralis nomine decoralur.
1763-†4 juillet 1790. — Paolo Bartoli, de Terni, vi-
caire apostolique, 1791-1794, évêque du 21 février Tafuri, Isloria degli scrittori nati nel regno, di Napoli,
1794 au 23 décembre 1801; est transféré à Città di Naples, 1744-1749, t. II, p. 310. — Cappelletti, Le Chiese

;
Castello. — Florido Pierleoni, oratorien, 20 septem- d'Italia, t. xix, p. 179. —Janaccini, Tipografia storia dell'
bre 1802-† 29 décembre1829.—NicolaBelletti 15mars Irpinia,
1830-† 19 juin 1843; transféré à Foligno. — Feli-
--
Naples, 1889-1894, t. III, p. 114-121. Raimondo
Guarini, Ricerche sulV anticà città di Eclano, 1814. Gius.
Zigarelli,Storia della cattedra diAvellino, 2 vol.in-8°, Naples,
à Camerino. -
cissimo Salvini, 19 juin 1847-12 avril 1847; transféré 1856, t. il, p. 56, 336-338, 392-898. A. Venturi, Storia
Giambattista Pellei, transféré de dell' arte ilaliane, Milan, 1901-1908, t.—III, p. 683, 740-752.
Segni, 14 juin 1847-octobre 1866. — Francesco An- J. FRAIKIN.
dreoli, évêque de Cagli, administrateur apostolique, 1. ACQUAVIVA (ANDREA MATTEO). De l'illustre
1866.—Concetto Focaccetti, évêque de Listri, inpar- famille des Acquaviva de Naples, qui descend de la
tibus, administrateur apostolique le 22 février 1867; dynastie d'Aragon, fils de Gianantonio Donato d'Ac-
évêque d'Acquapendente le 15 juillet 1878. quaviva, duc d'Atri. D'abord archiprêtre de San Fla-
État actuel. — L'évêque actuel est Mar Gislero Veneri, viano à Giulia Nuova et abbé de Santa Maria de Pro-
né à San Marcello, diocèse de Jesi,le21 septembre 1844, pezzano (prov. d'Ascoli), de Sant'Angelo à Mosciano
promu le 23 mai 1887. Le diocèse, qui comprend (prov. de Teramo) et de San Salvatore à Bozzino, il
7 communes de la provincé de Rome, est divisé en fut préconisé, le 18 juillet 1558, évêque de Venafro et
7 vicariats forains et 13 paroisses; il compte 47 prê- transféré, le 16 septembre 1573, au siège archiépis-
tres séculiers, 15 prêtres réguliers ou religieux, 49 reli- copal de Cosenza. Il mourut à Rome le 6 novembre
gieuses, 30 confréries, 70 églises ou chapelles, 19 350 1576, laissant une grande réputation de vertu. Son
habitants catholiques. Patron diocésain, saint Hermès. tombeau est à Saint-Jean-de-Latran, à côté de celui
La commune d'Acquapendente compte 6432 habi- du cardinal Giulio Acquaviva, son neveu.
tants, dont 3 635 dans la ville proprement dite.
Judocus Hondius, Nova et accurala Italiæ hodiernæ des-
;
Ughelli, Italiasacra, t. vi,col.586-587 t.ix, col. 263.-
B. Storace, Istoria della famiglia Acquaviva reale d'Aragona,
criptio, in-4°, Leyde, 1627.—Bonaventura Theuli, Apparato in-4°, Rome, 1738, p.142.—Litta,Famiglie celebri di Italia,
Minoritico della Provincia di Roma,in-4°, Velletri, 1648.— Milan, 1819-1880,t.1, table IV. — Gabr. Cotugno, Memorie
Ughelli, Italia sacra, t. i, col. 583-585. — Fr. Casimiro da istoriche di Venatro, in-12, Naples, 1824, p. 158-159.—
Roma, Memorie storiche delle chiese e de' conventi de' FF. Calvani, Sloria delle famiglie illustri italiane, 4 vol. in-4°,
Minori della Provincia romana, in-4°, Rome, 1744. — Ran- Florence, s. d., t. i, p. 12. — Berardo Candida Gonzaga,
ghiasci, Bibliografia storica delle città e luoghi dello Stato Memorie delle famiglie nobilie delle province meridionali
Pontificio,2 vol. in-4°, Rome, 1792-1793. — Cappelletti, Le d'Italia, 6 vol. gr. in-4°, Naples, 1875-1879, t. I, p. 65. —
Chiese d'Italia, t. v, p. 549-581. C. A. Bertini, Origine regia di alcune famiglie italiane, dans
tion de Hugues, marquis de Toscane — Comte Riant, La dona- Rivista del collegio araldico, Rome, avril 1903.
Saint-Sépulcre (ex-
trait des Mémoires de l'Académie desauinscriptions et belles- J. FRAIKIN.
lettres), in-4°, Rome, 1903.
t.i, p. t.II,
660; — Gams, Sériés episcopor.,
p. 2.— J.-N. Costantini, Memorie sto-
2.ACQUAVIVA (CLAUDE D'), cinquième général de
Compagnie de Jésus, dernier
la fils du duc d'Atri, Gio-
riche di Acquapendente. — Indicatore delle diocesi d'Italia.
-nario
Bertolotti,Statistica ecclesiastica d'Italia. Nuovo dizio-
dei comuni frazioni di —
vanni-Antonio, naquit à Naples le 15 septembre 1543.
Camérier de Pie IV et de Pie V, il renonça aux digni-
e comuni del regno d'Italia.
Censimento della popolazione tés ecclésiastiques, à l'âge de vingt-quatre ans, pour
del regno d'Italia. Fumi,

-
Codice diplomatico della città d'Orvieto, gr. in-4°, —
1884. G. Pétri, L'orbe cattolico,
Orbis terrarum catholicus, p. 11.
t.l, - Florence,
p,139. O.Werner,
entrer au noviciat de Saint-André, 22 juillet 1567.
Après avoir enseigné quelque temps la philosophie au
collège romain et dirigé ensuite le séminaire de Rome,
J. FRAIKIN. il fut nommé, en octobre 1575, recteur du collège de
ACQUAPUTRIDA. Ancien évêché de la Terre de Naples, devint, cinq mois plus tard, 23 mars 1576, pro-
Labour. La ville d'Acquaputridaportait ce nom à cause vincial de Naples, et, le 19 juin 1579, provincial de
d'un étang aux exhalaisons méphitiques situé dans le Rome. Malgré sa jeunesse, la quatrième congrégation
voisinage. Elle était sise sur la rive droite du Calore, générale le choisit, le 19 février 1581, pour succéder à
Éverard Mercurian dans la charge de général, charge arbitrii cum gratiæ donis : ce fut le signal d'une longue-
qu'il exerça durant trente-quatre ans, jusqu'à sa mort et rude joute entre dominicains et jésuites. Approuvé
arrivée le 31 janvier 1615. Aucun généralat ne fut plus par le dominicain Bartholomeo Ferreira et par l'inqui-
long, ni plus agité, ni en même temps plus glorieux sition de Portugal, le livre fut violemment attaqué par
pour la Compagnie de Jésus. Par sa prudence, sa fer- le dominicain Domingo Banez et dénoncé à l'inquisi-
meté, son expérience des hommes, son esprit surna- tion espagnole. Le cardinal de Quiroga, grand inqui-
turel éloigné de toute politique humaine, Acquaviva siteur, porta l'affaire au tribunal du Saint-Siège. Dans
sut faire face aux difficultés incessantes qui assailli- trente-sept séances contradictoires que Clément VIII
rent la Compagniependant cette longue période, main- présida en personne, dont il dirigea même les débats,
tint dans son intégrité l'esprit et les constitutions de l'obscure question de la grâce fut longuement et pas-
saint Ignace, et amena son ordre à un degré exception- sionnément discutée, 20 mars 1602-21 janvier 1605.
nel de prospérité. Dès le début de son administration, Clément VIII inclinait visiblement vers la doctrine
pour répondre aux attaques du dominicain espagnol banézienne : il éloigna de Rome, en le nommant à
l'archevêché de Capoue, le cardinal Bellarmin cou-
pable de lui affirmer trop librement que la doctrine
moliniste ne serait point condamnée. Plus théologien
:
que son prédécesseur, Paul V se refusa nettement a
trancher la controverse à deux reprises — en 1607, à
la clôture des dernières congrégations de auxiliis, et en
1612, à l'occasion du De prædestinatione de Lessius,
qui menaçait de raviver la querelle — il affirma la
parfaite orthodoxie des deux écoles. Acquaviva avait
préparé ce dénoûment par sa modération, par sa pru-
dente intervention auprès du souverain pontife, par
son habileté à solliciter l'approbation de nombreuses
universités en faveur du livre deMolina. Déjà, en 1587,
l'université de Louvain avait condamné quelques pro-
positions de Lessius sur la grâce. En 1602, à cause
d'une thèse mal comprise, et pour calmer l'irritation
de Clément VIII qui croyait son élection mise en doute,
l'inquisition de Tolède jetait en prison quatre jésuites
d'Alcala. En 1603, toujours sur la dénonciation de
Bafiez, Clément VIII condamnait l'interprétation
donnée par Suarez à un décret sur la confession in
scriptis. Mais en Espagne, d'où partaient la plupart de
ces coups, les troubles intérieurs étaient plus à redou-
ter que les attaques du dehors. Au sein même de la
Compagnie, quelques esprits inquiets, Dionisio Vaz-
quez,Enrique Henriquez, José de Acosta, un peu plus
tard Hernando de Mendoza, réclament des réformes
dans les constitutions de l'ordre, veulent un commis-
saire indépendant pour l'Espagne, demandent un géné-
ralat temporaire et non plus à vie, formulent des ac-
cusations contre la personne même d'Acquaviva. Ils
circonviennent Philippe II et l'inquisition, ils portent
aux pieds du souverain pontife leurs plaintes et leurs
exigences qu'ils affirment être celles de toute la Com-
pagnie. Le cardinal Toledo, peu favorable, dit-on, à
Acquaviva, leur prête son appui. Sur leurs instances,
2. — Le R. P. Claude Acquaviva, Clément VIII ordonne la convocation de la cinquième
5e supérieur général de la compagnie de Jésus. congrégation générale. Acquaviva y soumet sa con-
Diego Peredo, qui continuait, dans ses cours de théo-
logie à Avila, les invectives de Melchior Cano contre les
:
duite privée et les actes de son gouvernement au con-
trôle des Pères réunis ceux-ci le déclarent, après en-
quête, innocent des accusations, plutôt puériles, por-
jésuites, il obtint de Grégoire XIII les deux bulles tées contre lui, et Clément VIII pourra ajouter qu'en
Quanio fructuosius,1er février 1582, et Adscendente voulant chercher un coupable, on avait fait apparaître
Domino, 25 mai 1584, qui renouvellent et confirment un saint. La congrégation confirma les points mis en
les approbations données par le Saint-Siège à la Com- discussion par les perturbateurs et donna satisfaction,.
pagnie. Peu sympathique, semble-t-il, aux formes nou- sur des points secondaires, au roi d'Espagne. Philippe
velles d'un ordre qu'il estima d'ailleurs et encouragea
plus d'une fois de ses faveurs, Sixte-Quint voulut exi-
»
d'ailleurs, mieux éclairé, blâma les « brouillons qui
l'avaient trompé; il rendit à Acquaviva son estime et
:
ger dans l'institut des réformes qui l'eussent entière-
ment bouleversé il entrava l'admission des novices,
soumit à l'examen d'une commission la lettre de saint
son concours.
La Compagnie de Jésus n'était guère plus tranquille
en France. Acquaviva eut d'abord à réprimer l'im-
Ignace sur l'obéissance, contraignit même Acquaviva
à rédiger le décret pontifical portant abolition du nom
de Compagnie de Jésus qu'il jugeait abusif. La mort
:
mixtiontrop active du P. Claude Mathieu dans le mou-
vement, légitime au début, de la Ligue il le fit, malgré
Sixte-Quint. Le Parlement et l'Université se coalisè-
arrêta la réalisation de ces mesures. Avec une respec- rent ensuite contre les jésuites trop fidèles au Saint-
tueuse déférence accompagnée de sages lenteurs, Ac- Siège; l'attentat de Jean Châtel donna un prétexte à
quaviva avait su à la fois obéir et résister; à sa prière, leur acharnement. Non content de condamner à la po-
Grégoire XIV confirma à nouveau les constitutions de tence le P: Guignard, le parlement de Parischassa les
la Compagnie, 28 juin 1591. jésuites de son ressort et pressa les autres parlements
Luis de Molina publia, en 1588, sa Concordia liberi d'imiter son exemple. Les jésuites furent également
responsables, à ses yeux, du meurtre d'Henri IV : le presser activement l'exécution et de la mener à bonne
De rege et regis institutione de Mariana et le Defensio fin. A peine élu général, et au cours même de la congré-
fidei catholicæ de Suarez furent brûlés par la main du gation qui l'avait élu, il nomma une commission de
bourreau, 10 juillet 1610 et 26 juin 1614. Acquaviva douze membres chargés de codifier ce règlement et,
avait député le P. Lorenzo Maggio auprès d'Henri III en 1584, une nouvelle commission de six membres, se-
:
pour le rassurer sur le véritable esprit de la Compagnie,
étranger à la politique il députa le même père auprès
d'Henri IV pour obtenir le rappel des jésuites. Il in-
condés par les professeurs du collège romain, parmi les-
quels il faut signaler Bellarmin et Suarez. Deux ré-
dactions provisoires, celles de 1586 et de 1591, furent
terdit à ses religieux l'enseignement de la doctrine du
régicide par ses décrets du 6 juillet 1610 et du 1er août
1614. — Traqués comme des bêtes fauves en Angle-
:
soumises, dans toutes les provinces, à une critique
minutieuse et plutôt sévère quelques-uns de ces juge-
ments sont parvenus jusqu'à nous et permettent de
terre et au Japon, chassés trois fois de la Transylva- juger avec quelle liberté ils furent écrits. L'édition dé-
nie en moins de vingt ans, mis au ban de la république finitive fut promulguée en 1599 : Ratio atq. Institutio
de Venise en 1606, les jésuites passent, partout ailleurs, studiorum Societatis Iesv, in-8°, Naples, 1598, mais
par des alternatives quasi-périodiques de paix et d'agi-
tation. De 1581 à 1615, une centaine d'entre eux tom-
avec préface datée de Rome, 8 janvier 1599, et rééditée
;
in-8°, Mayence, 1600 Naples, 1603; Tournon, 1603, etc.
:;
be, dans les pays civilisés de l'Europe aussi bien que traduite en français par H. Ferté, Programme et règle-
dans les missions d'outre-mer, sous les coups de l'hé- ment des études de la Société de Jésus, in-16, Paris, 1892.
résie et de l'idolâtrie. Acquaviva a également bien mérité de l'histoire. Par
Mais en dépit des tracasseries et de la persécution, la ses soins, le premier volume des Annuæ Litteræ Socie-
Compagnie de Jésus ne cesse, durant la même période, tatis Iesv paraissait en 1583, groupant en quelques
grâce au remarquable talent d'organisation de son chef, pages l'historique des maisons de l'ordre pour l'an-
de se fortifier et de s'étendre. Acquaviva ouvre près de née 1581 et formant le point de départ d'une collection
deux cents collèges pour l'éducation de la jeunesse, aujourd'hui très appréciée. Dans une ordonnance de
crée des séminairespour former des apôtres à la Grande-
Bretagne, accepte la direction du séminaire maronite
que le pape Sixte-Quint lui confie, envoie ses religieux
en Angleterre, en Écosse, en Irlande, en Suisse, en
Hollande, en Moldavie, à Constantinople, au Canada,
:
1594, Acquaviva trace des règles pour la confection de
ces lettres. En 1598, il charge le P. Nicolo Orlandini
d'écrire l'histoire générale de la Compagnie il a la con-
solation, quatre mois avant sa mort, de signer l'impri-
matur du premier volume. En 1608, il recommande à
développe les missions des Indes, du Japon, de la tous les supérieurs de faire composer l'histoire de leurs
Chine, de l'Amérique du Sud, en même temps qu'il maisons respectives. Si la Compagnie de Jésus doit sa
encourage les missions populaires dans les pays catho- naissance à Ignace de Loyola, elle est redevable à Ac-
provinces et guère plus de cinq mille sujets elle:
liques. La Compagnie comptait, vers 1580, dix-neuf

compte, à la mort d'Acquaviva, treize mille membres


quaviva du meilleur de son éducation, elle lui est,
pourra dire D'Alembert (De la destruction des jésuites,
dans ses Œuvres complètes, Paris, 1821, t. II, p. 16), re-
répandus dans l'univers entier et cinq cent cinquante- devable, « plus qu'à tout autre, de ce régime si bien
neuf maisons réparties en trente-deux provinces. conçu et si sage, qu'on peut appeler le chef-d'œuvre
Dans cet immense corps Acquaviva s'attacha par- de l'industrie humaine en fait de politique, et qui a
dessus tout à faire circuler la sève surnaturelle puisée contribué, pendant deux cents ans, à l'agrandissement
dans l'oraison et dans la fidélité aux règles tracées par et à la gloire de cet ordre. » Le génie de Claude d'Ac-
saint Ignace de Loyola. C'est l'objet principal de ses quaviva avait pu comprendre celui de saint Ignace, et
nombreuses lettres encycliques; sa première lettre ses Industries, son Directoire, son Ratio studiorum, ses
aux supérieurs, quatre mois après son élection, leur re- Ordonnances ont été rangés, dans le corps de l'institut,
commande de se conduire eux-mêmes et de conduire à côté des constitutions mêmes du fondateur. Parmi
leurs inférieurs par les principes de la foi, en évitant ses manuscrits je signalerai seulement sa vaste corres-
avec soin la prudence purement humaine et politique. pondance conservée aux archives générales de la Com-
C'est le même souffle qui anime les Industriae pro Sv- pagnie. L'Itinercirium germanicum et belgieum, ms.
; ;
perioribus., Ad curandos Animae morbos, in-16, Flo-
rence, 1600 in-8°,Rome, 1606,1615 Venise, 1611, etc.
en français, in-12, Paris, 1625, deux traductions diffé-
;
96690 de la Bibliothèque royale de Belgique, que Som-
mervogel lui attribue, est l'œuvre du P. Olivier Ma-
nare. Ses Esercizii spirituali,jusqu'ici inédits, vien-
rentes la même année; in-12, Paris, 1895. Acquaviva nent d'être publiés par le P. Gaetano Filiti, in-16,
s'y révèle psychologue profond et expérimenté, joi- Acireale, 1908.
gnant à une-intime connaissance du cœur humain un
tact paternel et délicat pour en guérir les passions.
Institutum S. I., Florence, 1893, t. III.
vancy, Hist.S.I., pars Vsive Claudius,
-
Sacchini-Jou-
Rome, 1661-1710
Pour promouvoir l'intelligence des Exercices spirituels — Sotwel, Biblioth. script. S. I., Rome, 1676, p. 148-150. —
de saint Ignace et en rendre la pratique plus efficace, Crétineau-Joly,Hist. de la Compagnie de Jésus, Paris; 1844,
il en fit composer un directoire. Une première rédac- ;
t. II, p. 227 sq. t. III, p. 1-178. — J.-M. Prat, Hist. du Père
Ribadeneyra, Paris, 1862, p. 324-476. — Sommervogel, Bi-
;
:
tion, dont l'auteur est inconnu et qui avait été pré-
parée par divers essais d'initiative privée ou officielle,
fut imprimée Directorium Exercitiorvm spiritualium
P. N. Ignatii, in-12, Rome, 1591; Ingolstadt et Craco-
vie, 1592; Toulouse,1593;Valencia, 1599. Les observa-
blioth. S.I., Bruxelles, 1890, t. I, col. 480-491 et append.
1898, t. VIII, col. 1669-1670. — Archives S. J., du Vatican
et de Simancas. — Pour le Ratio studiorum: C. Gomez Ro-
deles, Monumenta paedagogica S.I., quae primam rationem
studiorumanno1586 præcessere, Madrid, 1901. — M. Pacht-
tions envoyées des diverses provinces furent soumises ler, Ratio studiorum et institutiones scholastiæ S. I., Ber-
à une commission de dix membres nommés par la cin- lin, 1887, t. II, qui reproduit les éditions de 1586 et de 1599.
quième congrégation, et l'édition définitive fut arrêtée, — B. Gaudeau, Histoire du « Ratio studiorum », dans les
Études des PP. de la Comp. de Jésus, 1889, t. XLVI, p. 87-
peu différente d'ailleurs du texte primitif, in-16, Flo- 109. —B.Duhr,Die Studienordnung der Gesellschaft Jesu,
rence, 1599; Anvers, 1600; Cracovie, 1602,1607; Pont- Fribourg-en-Brisgau, 1896.
à-Mousson, 1605; Rome, 1606, 1615, etc. Acquaviva E.-M. RIVIÈRE.
ne pouvait négliger l'organisation des études. Un rè- 3. ACQUAVIVA(FRANCESCO),cardinal, petit-neveu
glement général pour tous les collèges de la Compagnie d'Ottavio juniore (ci-dessous). Pourvu de nombreux
existe en germe dans les constitutions, et il fut succes- bénéfices, parmi lesquels huit abbayes, dans les dio-
sivement développé par les soins des successeurs im- cèses de Teramo, Atri et Penni, il entra dans la pré-
médiats d'Ignace. Mais Acquaviva eut l'honneur d'en lature romaine au temps d'Innocent XI et fut nommé
vice-légat de Ferrare en 1689, inquisiteur à Malte Venise, puis en Savoie en 1590. A son retour en 1595,
en 1690. Innocent XII, son compatriote, hâta encore il accepta à contre-cœur la vice-légation de Bologne,
sa fortune en le nommant clerc de la Chambre, nonce dont il obtint d'être relevé au bout de quatre mois. Il
(1697) en Suisse, où il n'alla pas du reste, et son se retira dans son diocèse et ne regagna jamais la fa-
maître de chambre. Clément XI le promut archevêque veur de Rome malgré son désir d'arriver au cardina-
in partibus de Larisse, pour l'envoyer en Espagne où lat. Il mourut en 1617, âgé de quatre-vingt-quatre ans.
il arriva, à la fin de juin 1700, au moment des graves P. RICHARD.
événements qui préparaient la succession d'Espagne. 9. ACQUAVIVA (OTTAVIO),frère de Giulio Acqua-
Une congrégation nommée par Innocent XII avait re- viva (ci-dessus), fut pourvu à la mort de celui-ci des
connu la validité du testament de Charles II en faveur nombreux bénéfices de la famille, appelé à Rome par
du duc d'Anjou. Le nonce appuya donc le parti de Sixte-Quint et nommé, en 1589, vice-légat du patri-
Philippe V jusqu'à compromettre son caractère, car moine. Ayant donné asile, l'année suivante, en son pa-
il envoya pour lui son argenterie à la monnaie. Au lais de Viterbe, au cardinal Sfondrate (GrégoireXIV),
moment où la guerre, tournant contre son protégé, celui-ci s'en souvint après son exaltation à la papauté,
allait rendre sa position fausse, le nonce fut créé car- le nomma son majordome, puis cardinal le 16 mars
dinal par Clément XI, le 17 mai 1706. A son retour en 1591, avec la légation de Campanie. En octobre 1593,
Italie une tempête engloutit tout ce qu'il apportait Clément VIII lui confia la légation d'Avignon, charge
avec lui. Bientôt les Autrichiens conquirentle royaume qui présentait des difficultés spéciales, à cause 'du
de Naples et confisquèrent les biens de la famille voisinage des protestants et des provinces soumises à
Acquaviva. Le cardinal dut recueillir à Rome son Henri IV non encore reconnu par les catholiques. Ac-
frère Giangirolamo avec ses enfants. La faveur de Phi- quaviva marqua son passage par une réorganisation
lippe V le sauva de l'état de gêne où il se trouvait, et il de la justice qui dura jusqu'à la fin de la domination
fut nommé protecteur du royaume d'Espagne auprès pontificale. De retour à Rome, mars 1597, il se distingua
du Saint-Siège. Il était dès lors attaché à la fortune de dans les travaux des congrégations et reçut en 1605,
cette monarchie, aussi dut-il quitter Rome en 1717 de Léon XI, l'archevêché de Naples, qu'il gouverna
quand Philippe V rompit avec Clément XI pour con- avec zèle, en grand seigneur, le comblant de bienfaits
quérir la Sicile. Il y revint cependant et, après avoir et de fondations diverses. Il mourut en 1612. Il était
occupé les mêmes titres cardinalices que son grand- instruit, cultivé et a laissé plusieurs ouvrages manus-
oncle, il passa en 1724 à l'évêché suburbicaire de crits, dont un sur la Somme de saint Thomas.
Sabine. Il avait fait restaurer la basilique de Sainte-Cé- P. RICHARD.
cile, qui garde encore de beaux restes de cette restau- 10. ACQUAVIVA (OTTAVIO juniore), petit-neveu
ration. Le cardinal Francesco Acquaviva mourut en du précédent, fut gouverneur de Iési en 1638, Orvieto
1725 et laissa ses biens à son neveu Troiano. en 1642, Ancone en 1643; il eut à défendre les deux
P. RICHARD. dernières villes contre les attaques des Farnèse de
4. ACQUAVIVA (GIANANTONIO). Fils du duc de Parme, dans la guerre de Castro. Innocent X l'appela à
Neritona, il fut élu évêque d'Alessano le. 3 mars 1512 Rome pour l'employer dans les charges de la curie,
et, sous ce titre, gouverna pendant cinq ans ce diocèse, puis le nomma gouverneur du Patrimoine et de Castro,
où il restaura un grand nombre d'églises dévastées par enfin, ayant suffisamment éprouvé ses mérites, le créa
les Turcs. Il fut transféré à Lecce le 18 mars 1517, cardinal en mars 1654, du titre de Saint-Barthélemy
et le cardinal Luigi d'Aragona fut nommé admi- en l'île. Le nouveau cardinal occupa la légation des
nistrateur d'Alessano, mais renonça à cette charge Romagnes, où il reçut en grand seigneur, en 1655,
un an après, et les deux diocèses d'Alessano et de Christine de Suède qui traversait Bologne, s'achemi-
Lecce furent alors unis jusqu'à la mort d'Acquaviva nant triomphalement vers Rome. En 1658, le cardinal
(1525). Ottavio passa au titre de Sainte-Cécile et se retira à
Ughelli, Italiasacra, t. IX, col. 183, 191. — Cappelletti, Rome, où il mourut en 1674, tué par la maladresse
Le Chiese d'Italia, t. XXI, p. 315, 323-324. d'un chirurgien.
J. FRAIKIN. P. RICHARD.
5. ACQUAVIVA (GIANVINCENZO), évêque de Melfi 11. ACQUAVIVA (PASQUALE), hérita de tous les
et de Rapolla en 1537, s'attacha au service de la curie bénéfices de la famille Acquaviva. On en comptait
romaine et fut nommé par Paul III gouverneur du plus de cent, dont quarante-sept dans le seul diocèse
château Saint-Ange, puis, en mai 1547, cardinal du
titre des Saints-Sylvestre-et-Martina' Monti. Il travail- :
de Teramo. Ces bénéfices lui furent enlevés par suite
des nouvelles dispositions du code Carolin d'abord se-
la dès lors surtout à reconstituer la fortune de sa fa-
mille, que les guerres et les vicissitudes politiques du
royaume de Naples avaient fortement ébranlée. Il
;
questrés par le fisc, ils furent finalement confisqués
sous divers prétextes trente et une pensions lui furent
enlevées à la mort (1765) de son oncle, Rodolfo,dernier
mourut en 1546. duc d'Atri, sous prétexte que le droit de patronage de
P. RICHARD. la famille s'éteignait avec la descendance directe et
6. ACQUAVIVA (GIOVANNI). Promu évêque de avec les titres de souveraineté.
Nusco le 22 décembre 1871 et mort en 1893. Ce prélat fut aussi le dernier cardinal de son nom,
J. FRAIKIN. après avoir fait sa carrière dans les administrations
7. ACQUAVIVA (GIULIO), né en 1546, entra dans curiales, en commençant par une mission d'ablégat à
la prélature et fut envoyé par Pie V comme nonce ex- Naples en 1740. En 1753, il était commissaire général
traordinaire en Espagne pour accommoder les diffi- de la marine et surintendant du château Saint-Ange,
cultés de saint Charles Borromée avec le gouverneur en 1766, pro-commissaire de la guerre, en 1767, pré-
de Milan. Il ramena en Italie le célèbre Miguel Cer- sident d'Urbin; enfin, il reçut la pourpre le 13 mars
vantes. A son retour, il fut créé cardinal en mai 1570, 1773, assez tardivement, à l'âge de soixante ans en-
et sur le désir du pape qui avait une grande confiance viron, et mourut en 1788.
dans la sainteté de sa vie, il l'assista à ses derniers P. RICHARD.
moments. Il mourut en 1574. 12. ACQUAVIVA (le bienheureux RODOLPHE D'),
P. RICHARD. jésuite italien et martyr, fils de Jean-Jérôme d'Ac-
8. ACQUAVIVA (MARCELLO),fut d'abord attaché à quaviva, duc d'Atri, et de Marguerite de' Pii di Carpi,
la cour de Rome par Sixte-Quint, qui le promut à l'ar- naquit à Atri le 2 octobre 1550 et, après de vives oppo-
chevêché d'Otrante en 1586, l'envoya comme nonce à sitions qu'il surmonta courageusement, fut reçu au
noviciat de Rome par saint François de Borgia le Elle ne paraît pas, néanmoins, avoir été marquée par
2 avril 1568; il y trouva, outre son oncle Claude, le de grands événements. Comme son prédécesseur Bal-
doux et angélique Stanislas de Kostka. Ses études deschi, Acquaviva fit sur les députés catholiques une
théologiques à peine terminées, il demanda avec ins- forte pression pour qu'ils repoussassent la nouvelle
tances les missions des Indes, partit de Rome en organisation militaire adoptée par la diète de Baden
novembre 1577, fut ordonné prêtre à Lisbonne le en mars 1668, organisation connue sous le nom de
12mars 1578 et, douze jours après, le 24, s'embarqua « Défensional » qui avait pour but de défendre contre
avec treize autres missionnaires, parmi lesquels les toute attaque la Suisse occidentale, et surtout Ge-
deux premiers jésuites qui pénétrèrent en Chine, Mi- nève et le canton de Vaud. Il pourrait bien se faire—
chele Ruggiero et Matteo Ricci. Il arriva à Goa le mais jusqu'à présent nous n'en avons pas la preuve —
13 septembre. Après une année consacrée à l'ensei- que cette conduite du nonce dictée par le Souverain
gnement de la philosophie au collège de cette ville, il Pontife, était en réalité imposée par Louis XIV en
fut envoyé, avec le P. Antonio de Monserrate, à la froid pour lors avec les cantons suisses. Quoi qu'il en
cour du Grand Mogol, Abd-ul Chelal Eddim Moham-
med Akbar, qui voulait s'instruire de la doctrine du
soit, Acquaviva obtint gain de cause. Schwyz
cantons catholiques refusèrent de souscrire à la réor-
et
les
Christ. Akbar reçut les missionnaires avec la plus sin- ganisation militaire. La Suisse, par les meilleurs de ses
cère bienveillance, écouta leurs enseignements, leurs soldats, alla peu après servir la France, à l'exclusion
blâmes même, assista aux conférences dans lesquelles des autres nations que les réclamaient.
ils réfutaient les erreurs de l'Alcoran, confia à Mon- Les procès-verbaux des diètes parlent aussi de
serrate l'éducation de son second fils, âgé de treize l'activité déployée par Acquaviva dans un fameux
ans; mais dominé à la fois par la crainte des maho- procès qui eut lieu, durant sa nonciature, entre l'abbé
métans, par les passions sensuelles et par l'orgueil de Pfäffers et les bénédictins suisses. Le procès aboutit
de fonder lui-même une religion nouvelle, il ferma les à la déposition de l'abbé et à la nomination du doyen
yeux à la lumière et ne permit pas la libre prédica- du couvent d'Einsiedeln, Boniface Tschupp. -
tion de l'Évangile. Pas une conversion ne consola le
Steimer,Die päpstlichen Gesandten in der Schweiz vom
cœur d'Acquaviva durant les trois années qu'il passa Jahre 1073-1874, Stans, 1907. — Die Eidgenoïsischen
auprès de ce prince, du 27 février 1580 au commence- Abschiede, Frauenfeld, 1867, t. VI, p. 12. — Rott, Inven-
ment de 1583. De retour à Goa et nommé, peu après,
:
supérieur de la mission de Salsette, il y cueillit, en
moins d'une semaine, la palme du martyre le 15 juil-
let (v. st.) 1583, il fut massacré en haine de la foi
taire sommaire des documents relatifs
Berne, 1888, t. III, n. 1648, 1684.
14.
A

ACQUAVIVA(TOMMASO), dominicain espa-


l'histoire de Suisse,
A. VOGT.

par les païens avec les PP. Alonso Pacheco, Espagnol, gnol. Promu évêque de Bitonto le 14 mai 1668, il réu-
né à Minaya en 1551, Pietro Berno, Suisse, né à As- nit le synode diocésain et se distingua par sa charité
cona (Tessin) en 1550, Antonio Francisco, Portugais, envers les pauvres, ainsi que par son zèle pour prêcher
né à Coimbre, et le Fr. Francisco Aranha, Portugais,
neveu du premier archevêque de Goa, né à Braga
d'après Alegambe, à Lisbonne d'après Bartoli.Le
ecclésiastique:
la parole de Dieu et aussi pour défendre l'immunité
la ville de Bitonto, ayant voulu sou-
sang des martyrs fut plus fécond que leur apostolat
six ans après leur mort, la presqu'île de Salsette
: mettre les ecclésiastiques aux impôts, fut par lui frap-
pée d'interdit. Il mourut le 13 août 1672 et fut enterré
dans la cathédrale. Il a laissé un Discorso per l'Assunta
comptait 23 000 chrétiens, et, en 1595, à la prière detto il Mercordi 22. d'Agosto 1646, imprimé dans les
même d'Akbar, le P. Jeronimo de Javier, neveu de Discorsi sacri e morali detti nell' Accademia degl' In-
l'apôtre des Indes, établissait une chrétienté à Lahore; trecciati, Rome, 1673, p. 335.
il baptisait solennellement, en 1610, trois princes de Ughelli, Italia sacra, t. VII, col. 692-693. — Cappelletti,
la famille impériale. Rodolphe d'Acquaviva et ses Le Chiese d'Italia, t. xx, p. 34.
compagnons ont été béatifiés par Léon XIII, le J. FRAIKIN.
2 avril 1893. 15. ACQUAVIVA(TROIANO), neveu du cardinal
Fr. Benci, Quinque Martyres, Venise, 1591.
Hist. S.
l.
316;
-
I.,Rome,1653,p. IV, l.VI,n.229-235;l.VII,Sacchini,
n. 311-
V,n. 266-286; p. V, 1. II,n. 202-203; 1. III, n. 177-
Francesco (ci-dessus col. 358), né en 1691, fit sa fortune
en portant la barrette au cardinal d'Arrias (1711), et
dès lors il se trouva inféodé aux Bourbons. Vice-légat
220; 1. X, n. 165. —Alegambe, Mortes illustres et gesta à Bologne, il y était encore pendant la vacance du
eo- Saint-Siège, en 1721, et Innocent XIII le fit gouver-
rvm de Societate Iesv, Rome, 1657, p. 116-151. — Bartoli,
Missione al Gran Mogor del P. Ridolfo Acquaviva, sua vita neur d'Ancone. Benoit XIII l'appela auprès de lui en
e morte, Rome, 1663; j'ai vu l'édition de Turin, 1825. — qualité de maître de chambre et le créa majordome du •
Tanner, Societas Jesu usque ad sanguinis et vitæ profusio- Sacré-Palais, puis archevêque in parlibus de Larisse.
nem militans, Prague, 1675, p. 238-50. — Jouvancy, Hist. En 1732, Clément XII lui donna la pourpre avec le
S. I., Rome, 1710, p. V, 1. XVIII, n. 23. — P. Suau, Les bien-
heureuxmartyrs de Salsette, Lille, s. d. (1893). titre de Sainte-Cécile. Le nouveau cardinal se dévoua
e
Istoriadellavita delmartirio dei beatiRidolfo—
N. Angelini,
Acquaviva,etc. corps et âme à l'infant don Carlos, quand celui-ci en-
Rome, 1893. - E.-M. Rivière, Moniteur bibliographique
S. J., 1893, n. 1687-1702, 2397-2400, 2620.
vogel; Monit. bibliogr. S. J., 1894, — Sommer-
la
treprit, en 1734, conquête du royaume de Naples, et
recouvra ainsi les bénéfices de son oncle, mis sous sé-
n. 1048-1056. questre par les Autrichiens. Pour prix de ses services,
E.-M. RIVIÈRE. il reçut l'ambassade d'Espagne à Rome, et en même
13. ACQUAVIVA (RODOLPHE),né à Pérouse, une
date inconnue, fut nommé nonce en Suisse après le
à temps, la charge des affaires de Naples, enfin, en 1739,
l'archevêché de Monreale en Sicile. Son caractère, aussi
départ de son prédécesseur, Baldeschi, en janvier 1668. peu ecclésiastique que sa vie, le prédisposait plus en-
Le 19 février, les ambassadeurs des cantons catholiques core que sa culture intellectuelle, à pencher vers les
réunis à Baden lui accusent réception de sa lettre de innovations dont le ministre Tanucci, avec don Carlos,
créance. Acquaviva resta en Suisse jusqu'à l'avène- se faisait le promoteur à Naples. Lui et l'abbé Galiani,
ment de ClémentX, en 1670, qui le rappela à Rome et le un autre tenant des philosophes, négocièrent en 1741
créa archevêque de Laodicée. Un internonce, Lépori, le concordat qui supprimait les privilèges des clercs,
lui succéda en Suisse jusqu'à l'arrivée de son succes- les soumettait à l'impôt et garantissait au pouvoir
seur, Odaordo Cibo, en juillet 1670. civil la prépondérance dans les nominations bénéfi-
La nonciature d'Acquaviva nous est très peu con- ciales. Il en fut puni lorsque le même pouvoir royal
nue, comme sa vie, faute de toute notice biographique. lui contesta l'hérédité du duché d'Atri, transmis entre
plusieurs de ses frères, Giosa et Domenico, et que le fisc viva à la juridiction de l'archevêché de Bari. Tout
prétendait annexer au domaine royal (1745). Un pro- n'était pas fini cependant. Quatre ans après, à la fa-
cès fut engagé qui, après des vicissitudes diverses, ne veur des troubles politiques, l'archiprêtre d'Acqua-
se termina qu'à la fin du siècle par un compromis dé- viva, à l'instigation de son clergé et des habitants,
sastreux pour les propriétaires. Troiano n'en vit que les pontifiait solennellement, et, cette fois, cet acte d'usur-
débuts, mais les déboires et les dégoûts qui en résul- pation fut couronné d'un plein succès. Pie IX, en effet,
tèrent pour une âme hautaine et susceptible comme voulant régler définitivement une question qui res-
la sienne, hâtèrent sa fin et il mourut au commence- tait pendante depuis des siècles, décida, par la bulle
ment de 1747, n'ayant pas encore cinquante-huit ans. Si aliquando du 17 août 1848, que l'archiprêtré d'Ac-
P. RICHARD. quaviva serait uni æque principaliter à celui d'Alta-
16. ACQUAVIVAD'ARAGON (HORACIO) était fils mura (voir ce mot), situé également dans le diocèse de
de Jean-Jérôme Acquaviva, guerrier et homme de Bari, et formerait avec lui une prélature nullius sous
lettres au service du roi Charles V. Il suivit son père un seul archiprêtre.
à la guerre et avec lui prit part à la bataille de Lé- La cathédrale, construite à l'époque de Frédéric II,
pante. Retiré ensuite dans un couvent de capucins, il «n'a conservé,écrit M. Bertaux (p. 632), de son archi-
y fit preuve d'un grand talent comme théologien et tecture primitive qu'une partie de son chevet, avec
prédicateur. Il passa plus tard à l'ordre de Cîteaux l'un des campaniles qui s'élevaient aux deux côtés de
et en 1592, fut nommé évêque de Cajazzo en Sicile. Il la grande fenêtre absidale. La façade et la nef ont été
mourut d'une chute de cheval le 13 juin 1617. rebâties en 1594, dans un style archaïsant. » On y ho-
Enciclopedia universal, Barcelone, 1908, t. II, p. 417. nore une image byzantine très ancienne de la sainte
— Gams, Series episcoporum, Ratisbonne, 1873, p. 863. Vierge, dite de Constantinople.
A. ANDRÉS.
Ant. Berlan,Ristretto delle giustificationi che si presentano
ACQUAVIVA

:
(Aquaviven.), ancien évêché d'Italie.
L'histoire nous a transmis les noms de trois évêques
portant le titre d'Acquaviva Paolinus, qui prit
part au concile de Rome en 465 sous le pape saint Hi-
laire; —Benignus, qui prit part aux conciles de Rome
da me Antonio Berlan Arciprete, etordinario d'Acquaviva.
per speciale Commissione segnata de Consensu Partium dalla
Santità di N.S. papa
d.
Clemente X, alli 15 di giugno 4675,
petit in-fol., s.1. n. — Concordia in causa Baren. Juris-
dictionis inter. Carolum Loffredi archiepiscopum Baren. et
en 487 sous le pape saint Félix III, et en 499 et 502, Rev. D. D. Antonium Bernal (sic) archipresbyterum Terræ
Acquavivæ, in-fol., Rome, 1696. — Ughelli, Italia sacra,
sous le pape Symmaque;— Bonifatius, qui prit part
en 503 à l'assemblée épiscopale de Palma, où fut recon-
nue l'innocence de ce même pape calomnié par ses en-
nemis.
tori Baresi, in-4°, Bari, 1844, p. 698-516. -
t. x, p. 15. — Mich. Garruba, Serie critica dei sacri pas-
Cappelletti, Le
Chiese d'Italia, t. XXI, p. 23, 25, 26. — G, Petri, L'orbe
cattolico, p. 141-142, 282. — Seb. Luciani, Storia della
Trois villes aussi ont porté ce nom. La première, chiesa palatina di Acquaviva delle Fonti, in-8°, Bari, 1876.
commune importante de la province de Bari (11 113 — Schulz, Denkmäler der Kunst Mittelalters in Unterita-
habitants), fondée sur les ruines de Salente vers le VIe lien, 1862, t. 1, p. 90; t. IV, p. 119. — Battandier, Annuaire
pontifical, in-8°, Paris, 1905, p. 338. — Le regie basiliche
ou VUe siècle, où l'on remarque l'ancien château, la ca- palatine di Puglia, gr. in-8°, Rome, 1894. — Nitto de Rossi
thédrale et une église de bénédictins; une autre, en et Franc. Nitti de Vito, Codice diplomatico Barese, gr. in-4°,
Toscane, sur les flancs du Soracte, qui a disparu com- Paris, 1897, n. 52, 56, 64, 85, 87, 88, 102. — Plusieurs
plètement; enfin une troisième, qui n'est plus qu'un autres mémoires canoniques énumérés dans L. Volpicella,
bourg, en Campanie. On ne sait exactement laquelle Bibliografia-storica della provincia di Terra di Bari, in-8°,
de ces trois villes a été jadis évêché, mais les probabi- Naples, 1884, p. 5-28. — A. Lucarelli, Notizie e documenti
lités les plus solides sont en faveur de la première. Les riguardantilastoria di Acquaviva delle Fonti in Terra di
privilèges extraordinaires dont furent enrichis, en
1221, ses archiprêtres par l'archevêque de Bari An-
drea militent, en effet, en sa faveur. La bulle de ce pré-
per le provincie Napoletane, ann. XXX, p. 561-564) ;;
Bari, gr. in-8°, Giovinazzo, t. 1, 1904 (cf. Archivio storico
trois articles dans Rassegna Pugliese, ann. 1902, fasc. 11-12
et
ann.1903, fasc. 1-2, 4-5. — Bertaux, L'art dans l'Italie
lat (publiée dans Ughelli, t. VII, col. 641 sq.,et Nitto et méridionale, t. 1, p. 632.
Nitti, n. 88, de laquelle, il est vrai, Garruba conteste, J. FRAIKIN.
mais sans raison sérieuse, l'authenticité) donna lieu, de ACQUEDOTTI (VITALE), moine du couvent
la part des archiprêtres, à une série de prétentions qui des camaldules de Sant' Apollinare in Classe, près de
embarrassèrentfort les archevêques de Bari. La ques-
tion fut enfin tranchée par l'archevêque Loffredo. A
Ravenne. Il a laissé un ouvrage manuscrit intitulé
De antiquitate Classitanæ Urbis atque ædificatione
:
la suite d'un arrêt de la Sacrée Rote, en date du 6 avril Templi Ravennæ Commentarius, ou encore De ædifi-
1694, il décida que l'archiprêtre d'Acquaviva aurait calione et mirabilibus ædis divi apostolici Apollinaris
le droit de conférer librement les bénéfices fondés dans in civitate olimClassensi, et dédié au cardinal Francesco
;
son district avant le concile de Trente,.et que l'arche-
vêque l'exercerait sur tous les autres que l'un et
l'autre interviendraient également dans les procès
Soderini, à qui il le présenta quand celui-ci, en sa qua-
lité de protecteur de l'ordre des camaldules, visita le
couvent de Saint-Apollinaire en 1511.
(canoniques) du district en matière civile, mais que le
Mittarelli et Costadoni, Annales camaldulensium,
jugement des affaires criminelles appartiendrait uni- 9 vol. in-8°, Venise, 1755-1775, t. 1, p. 25; t. VII, 412-413,
quement à l'archevêque. Sa décision fut confirméepar où sont reproduites la dédicace et une partie de la préface.
bref pontifical du 11 septembre 1695. Le clergé d'Ac- Centifolium camaldulense, in-fol., Venise,
quaviva ne se soumit qu'à contre-cœur et, le 27 sep- — Ziegelbauer,
1750, p. 78.—Ginanni, Memoriestorico-critichedegliscrittori
tembre 1792, obtint de la curie du chapelain ma- ravennati, 2 vol. in-4°, Faenza, 1750, t. 1, p. 12-13.
jeur de la cour de Naples un acte qui déclarait cette J. FRAIKIN.
église palatine et de patronat royal et affirmait que ACQUI (Aquen, dénomination à laquelle on ajou-
l'archiprêtre était un prélat nullius En conséquence tait souvent jadis soit in Lombardia, soit in Pede-
l'archiprêtre Valerio Giustiniano Persio se mit à exer- monte, afin de distinguer ce siège de ceux d'Aix et de
cer des pouvoirs quasi-épiscopaux, qu'après sa mort, Dax), évêché du Piémont(Montferrat), suffragant de
avenue en 1800, ses successeurs réussirent à faire con- Turin. La ville d'Acqui (prov. et arrondissement
firmer par les archevêques de Bari; mais le concordat d'Alexandrie), située sur la rive droite de la Bormida,
de 1818 et deux rescrits royaux du 16 mai 1840 et du affluent du Pô, est ainsi appelée à cause de ses sources
29 mai 1844 mirent un terme à cet abus, en soumet- thermales, situées sur l'autre rive. Elle portait, dans
tant purement et simplement l'archiprêtre d'Acqua- l'antiquité, le nom d'Aquæ Staliellæ, à cause de la tribu
<
ligure des Statielli, à laquelle on en attribue la fonda- naître son autorité par les habitants d'Alexandrie,
tion. On y remarque surtout la cathédrale, dédiée à l'As- fut déposé en 1212, et son successeur Anselmus,
somption, réédifiée ou terminée au XIe siècle par saint en 1214 ou 1215, eut simplement le titre d'évêque
;le
Guido vestibule a été ajouté en 1600; dans la crypte
est un bas-relief représentant saint Majorinus. Ce per-
d'Acqui. De plus, le siège d'Acqui, lequel dépendait,
depuis l'origine, de l'archidiocèse de Milan, a été
sonnage, dont on célébrait la fête le27 juin, a été, en agrégé à celui de Turin par le bref du 13 janvier
effet, sans conteste, le premier évêque d'Acqui, mais, 1805 et par la bulle du 17 juillet 1817.
sur l'époque à laquelle il vécut, les avis sont partagés.
Tandis qu'une légende, rapportée par frère Giacomino
d'Acqui (dans Moriondi, t. II, p. 139), en fait un des
Maximus. — Severus.
† -
LISTE DES ÉVÊQUES. — Maggiorinus, 397 ou 398. —
Andréas. — Deusdedit. -
Ditarius, 25 janvier 488. — Odelbertus, cité 27 mars
65 missionnaires que le pape saint Silvestre aurait en- 680.— Raganus, cité octobre 864.—Bodo, cité 876,
voyés dans diverses régions de l'Europe, il est proba- 877,891. — Sedaldus,t 25 décembre[898 ?].— Dodo,
ble que l'évêché d'Acqui n'a été créé que vers 397 ou vers 900. —Restaldus, cité 936 †30 octobre.— Adalgi-
398 par saint Ambroise, avec la plupart des autres sus,cité 945,952.— Gotofredus,967-†11 janvier969.

:
évêchés de la Haute-Italie, qui jusqu'alors n'en comp-
tait que trois Milan, Turin et Tortone. Le clergé
d'Acqui a renoncé à son culte depuis le décret de la
— Benedictus,
avril ou mai 975-avril ou mai 978. —
Arnaldus,978-† 24 juin 989.-Primus, 7 décembre989-
23 mars 1018. —Brunengus, 3 juin 1018-3 novembre
congrégation des Rites du 8 avril 1628 qui interdit 1022. —Dudo, 24 janvier 1023-15 janvier 1033. —
le culte de tous les saints dont le Saint-Siège n'avait Saint Guido, 1034-†2 juin 1070. — Albertus (et non
pas reconnu la sainteté ou qui n'étaient pas honorés, pas Ubertus), élu 1073, cité encore 1079.— Azzo, cité
tout au moins, de temps immémorial.Un précieux par-
chemin de la fin du XIe siècle, conservé dans les ar-
1098-1132. -Henricus, déposé entre février 1145 et
?
août 1149.—Guglielmus, cité 1164.—Galdinus, 1167-
1176.—Ubertus II, cité 1177,1181.—Ugo, cité 1183,
chives de la cathédrale, nomme ensuite, comme ses
successeurs, Maximinus, Severus, Andreas et Deus- se démet en 1213. — Anselmus, cité 1215,1226. — An-
dedit, sur lesquels nous n'avons aucun détail. Puis 2
selmus, août 1231-23 décembre 1238. —Jacobus, cité
4 décembre 1239-1251. Al-
Ughelli cite Distaldus ou Bistoldus, Bodo et Dodo,
Maximinus, Francus en 579 et Faustinus en 588;
mais le nom du premier semble une confusion avec
1239,1240. — Gulielmus,
berto d'Ancisa, 27 août 1251. - —
Henricus, cité 1252,
†1258. — Alberto Sidoleto, 1258-après décembre 1270.
août 1276.—Ogierius, 1283-1304.—
ceux de Sedaldus, qui, selon le parchemin, mourut —Baudicius, élu 7
le 25 décembre, sous le pape Formose, par conséquent Odo,24 juin 1305-† ? 1342.—Guido d'Ancisa, 18 juillet
entre 891 et 898, et de Restaldus, dont il est question 1342-† vers 1373. — Joannes, ?-16 février 1370. — Ja-
dans un acte de 935 ou 936; les deux derniers furent, 2
cobinus,11 mai 1373.— Franciscus, novembre 1373-
†1380.—Corrado Malaspina, O. M., 10 septembre 1380.
en réalité, évêques d'Aix-en-Provence; Bodo est
nommé dans divers actes de 876 à 891, et, d'après le
même parchemin, Dodo a dû siéger au début du
- Vido (Guido IV), de l'obédience d'Avignon, 1400.—
Robertus, de l'obédience d'Avignon, 1403. — Beroal-
xe siècle. Une inscription funéraire de l'ancienne ca- dus, 1382.— Valentinus,1388.—Bienheureux Enrico
thédrale de Saint-Pierre nomme ensuite Ditarius, Scarampi, février 1396?- 10 avril 1403, transféré à
mort le 7 des calendes de février sous le consulat de Bellune-Feltre. — Bonifazio de Corguato, O. M.,
Dynamius et Sifidius, c'est-à-dire le 25 janvier 488. 5 mars 1403.— Percivallo Sismondi, 13 juillet 1408-
Après lui le premier évêque certain est Valentinus, qui t vers 1413. —Matteo de Grisalberti ouGiberto,trans-
assista au IIIeconcile deConstantinopleen 680. Mansi, féré de Verceil,24 septembre 1423-†vers 1427.—Bo-
Cane. ampl. coll., t. XI, col. 306,774. Puis viennent Odel- nifazio Sismondi, 8 août 1428. —Tommaso de Regibus,
bertus,présentau couronnementdeLouis II
nique, le 15 juin 844 (Böhmer-Mühlbacher, Regesta
le Germa- 14 octobre 1450-1483.—CostantioMarcuchi,20février
1484- † ? 1498. — Ludovico Bruni, 9 janvier 1499.
Imperii, Innsbruck, 1880, p. 416), Raganus, qui as- — Domenico de Schilinis ou Selino, 28 juillet 1508-
sista à un concile provincial de Milan en octobre 846 †1534(?).—CardinalVincenzo Caraffa, archevêque de
(Allegranza, Opuscoli eruditi, Crémone, 1781, p. 73), Naples, 31 août 1528 (?).—Pietro Vorst, Allemand,
Bodo, Sedaldus, Dodo, Restaldus, dont nous avons 20 février1534.—Bonaventura Fauno Costaciario, gé-
déjà parlé; Adalgisus, qui assista à la diète d'Augs- néral des conventuels, ? 10 avril 1549.—Pietro Fauno
bourg le 7 avril 952; Gotofredus, qui assista au concile Costaciario, 20 mars 1558-1585. — Gianfrancesco Bian-
provincial de Milan en novembre ou décembre 969; drà,des comtes de San Giorgio, 12 août 1585-1595;
Benedictus, nommé dans un diplôme d'Otton III de transféré à Faenza, puis cardinal du titre de Saint-
978, Arnaldus, qui, selon le parchemin cité, siégea de Clément.—Camillo Beccio, général des chanoines régu-
978 à sa mort, 24 juin 989; Primus, Brunengus et
Dudo, qui auraient siégé respectivement du 7 décem-
liers de Saint-Jean-de-Latran, 1595-1620. - Grego-
rio Pedrocca ou Patrochi, O. M., 16 (?) novembre
bre 989 au 23 mars 1018, du 3 juin 1018 au 3 novem- † 1632. — Felice Crorca ou Crova, conventuel,
bre 1022, et du 24 janvier 1023 au 15 janvier 1033. Ce
dernier transféra la cathédrale de l'église de Saint-
1620-
5 juillet 1632-1645.
Chiesa, 1646-1647. -- Francesco Agostino Della
Giovanni Ambrogio Bicuti,
Pierre extra muros, qu'il donna aux bénédictins, à 28 mai 1647-†10 mars 1675. — Carlo Antonio Goz-
celle de Santa Maria. Enfin, en 1034, saint Guido, dont zano, 30 septembre 1675- † 11 décembre 1721. —
nous avons une longue vie, écrite vers 1260 par un cer- Giambattista Rovero, 1er novembre 1727-3 février
tain Lorenzo Calciati (publiée dans Moriondo, t. II, 1744; transféré à Turin. — Alessio Ignazio Marucchi,
p. 89-114). Il réédifia ou termina la cathédrale (peut- 13 avril 1744-†13 mai 1754. — Carlo Giuseppe Cu-
être commencée par Primus),qu'il consacra le 11 no- pra, 17 février 1755- †22 décembre 1772 ou août
vembre 1067, et mourut le 2 juin 1070. Son corps est 1773. — Giuseppe Anton Maria Corte, 13 septembre
vénéré dans la nouvelle cathédrale. La série continue 1773-18 juillet 1783; transféré à Mondovi. — Carlo
ensuite sans rien de remarquable, sinon qu'en 1180 Ludovico Buronzo del Signore, transféré de Novare
l'archevêque de Milan, Algisius, sur l'ordre du pape et transféré ensuite à Turin, 26 septembre 1784-
Alexandre III, décréta l'union des deux diocèses 26 septembre 1797. — Charles-Joseph Compans de
d'Acqui et d'Alexandrie, et, malgré les protestations Bichanteau, transféré de Saint-Jean-de-Maurienne;
du chapitre d'Acqui, cet acte fut sanctionné par Inno- †
meurt avant d'avoir pris possession, 1796- 25 août
cent III; mais l'évêque d'Acqui, Ugo Tornielli, ayant 1796. — Giacinto della Torre; transféré de Sassari
recouru à des mesures trop sévères pour faire recon- et transféré ensuite à Turin, 24 juillet 1797-
26 juin 1805. — Maurice Jean de Broglie, français, 1. ACQUIN (F. H. D'), franciscain de la province de
21juin 1805-3 août 1807, transféré à Gand. — Gian Touraine-Pictavienne, lecteur de théologie au couvent
Francesco Toppia, évêque nommé, administre en d'Ancenis (Loire-Inférieure), est l'auteur d'une Ha-
qualité de vicaire capitulaire, 1810-1817, promu rangue faite à Monseigneur le maréchal d'Estrées, pre-
évêque de Vigevano en 1817. — Luigi Arrighi, Corse, mier commissaire du royaux États à Ancenis (17 sep-
3 août 1807-† 29 décembre 1809. — Carlo Giuseppe tembre 1720), s. d., 4 pages in-4°.
Sappa de'Milanesi, sacré 3 octobre 1817-†25 décembre Bulletin des bibliophiles bretons, in-8°, Nantes, 1897,
1834. — Dionisio Pasio, évêque d'Alexandrie, adminis- p. 111.
trateur apost., 1834-1837. — Modesto Contratto, ca- ANTOINE de Sérent.
pucin, sacré 3 avril 1837-30 janvier 1868. — Giuseppe 2. ACQUIN. Voir AQUIN.
Maria Sciandra, 27 octobre 1871-1895. — Pietro Ba-
lestra, conventuel, 29 novembre 1895-† 1901.
État actuel. — L'évêque actuel est Mgr Disma Mar-
1. ACRASUS,
ville est
'~,
appelée
évêché
par
en Lycie. Cette
Étienne de Byzance;
chese, né à Camogli (prov. de Gênes) le 12 décembre j'ai adopté provisoirement l'orthographe garantie
1844, promu évêque d'Acqui le 15 avril 1901. Le dio- pour Acrasus de Lydie; mais les Notices épiscopales
cèse, qui comprend 93 communes de la province
d'Alexandrie, 23 de la province de Gênes et une de la
province de Cuneo, est divisé en 27 vicariats forains
et les signatures épiscopales, outre les deux formes
ci-dessus, ont encore 'Axp(XO'O'Ó;, 'Ay(Xp(XO'l)ç et
O'Ó;. C'était un évêché dépendant de Myres; il figure,
~-
et compte 125 paroisses, 317 prêtres séculiers, 150 sé- du vie au XIIe-XIIIe siècle, dans les Notices d'Épi-
minaristes, 42 prêtres réguliers, 20 frères convers, phane, de Basile, de Léon le Sage, les Nova Ta-
75 religieuses, 60 confréries, 3 instituts d'éducation ctica (voir Gelzer, Ungedr. und ungenügend veröffent-
pour garçons et 4 pour filles, 459 églises ou cha- lichte Texte der Notit. episcop., p. 539, 554; Georgit
pelles, 181200 habitants catholiques. Patron de la ville Cyprii descr. orbis rom., p. 16, 69), les Notices I, III,
et du diocèse, saint Guido (fête, 2e dimanche de VIII, IX, X, XIII de Parthey. Son évêque Nicolas
juillet), dont le culte ab immemorabili a été approuvé était présent au concile de Chalcédoine de 451, et signa
par décret de la congrégation des Rites du 22 septembre la lettre des évêques de Lycie à l'empereur Léon, 458.
1853. La ville d'Acqui a 9 309 habitants. Outre la ca- Le Quien, Or. christ., t. i, col. 981. Constantin, présent
thédrale, on y remarque encore le beau palais épis- au concile de Nicée, 787, attribué par Le Quien, ibid.,
copal, construit en 1444-1460, et l'ancien monastère col. 891, à Acrasus de Lydie, me semble avoir appar-
de bénédictins de S. Pietro extra muros, construit par tenu plutôt à l'évêché lycien. Quant à un autre Cons-
les rois lombards Aripert et Luitprand, brûlé par les tantin, présent à Constantinople, 879, que Le Quien
Sarrasins et reconstruit par saint Guido. indique à la fois pour nos deux sièges, il paraît être
d'Acrasus de Lydie.
Blesi, Acqui descritta, in-4°, Tortone, 1614. — Franc.
Agost. Della Chiesa, S. R. E. Cardinalium, Archiepis- On ne sait rien de l'histoire d'Acrasus de Lycie et
coporum, Episcoporum et Abbatum Pedemontanæ regio- on ignore sa situation exacte. Le Quien se demande -

nis chronologica historia, gr. in-8°, Padoue, 1645, p. 185- si ce n'est pas la même ville qu'Acalissus; Hirschfeld,
188, 513. — Ughelli, Italia sacra, t. IV, col. 326- dans Pauly-Wissowa,Realencyclopäd., t. i, col. 1150,.
531. — Chenna, Del vescovato, de'vescovi e delle Chiese della s. v. Akarassos, se pose la même question. Voir ACA-
città e diocesi d'Alessandria, Alexandrie, 1785-1786, t. 1,
c. II. — Franc. Torre, Vescovi d'Acqui, dans Sorpren-
denti vicendesublunari,Asti,1781, p. 84-113.—Moriondo,
Monumenta Acquensia, 2 vol. in-4°, Turin, 1789-1790. —
G. Biorci, Antichità e prerogative d'Acqui Staziella, 3 vol.
LISSUS, col. 253.

2. ACRASUS, '~, S. PÉTRIDÈS.


évêché en Lydie. On pos-
sède de cette ville un certain nombre de monnaies :
in-4°, Tortone, 1818-1820. — Tiraboschi, Storia della lette- quelques-unes portent la représentationet le nom du
ratura italiana, Milan, 1833, t. II, p. 381 (sur la chronique Caïcus. Friedlaender, Repertor. zur ant. Numismat
de fra Giacomo). — Monumenta historiæ Patriæ, Turin, p. 306; Head, Hist. num., p. 547. Acrasus est men-
1836 sq., t. III : Cronaca di fra Giacomo d'Acqui. —Bima, tionné par Hiéroclès, Synecd., 670, 7. Un de ses ci-
Serie cronologica dei Romani Pontefici, vescovi degli Stati toyens est nommé dans une inscription trouvée à
Sardi, Turin, 1842, p. 81-88. — Cappelletti, Le Chiese d'Ita- Yénidje Keuï, vilayet de Smyrne, au N.-E. de Thya-
lia, t. XIV, p. 134-143, 617. — Carlo A. Valle, Storia di
Alessandria, Turin, 1853-1854, t. II, c. I. — Atti della tire. Radet, dans Bulletin de correspondance hellé-
Congregazione dei S. Riti per Vapprovazione del culto a nique, t. XI, p. 176. Son emplacement, qui n'a pas en-
S. Guido, Rome, 1853. — V. Promis, Documenti spettanti core été déterminé avec exactitude, doit être cherché
a tre monasteri d'Asti, dans Miscellanea di storia italiana, dans la vallée supérieure du Bakir Tchaï (Caïcus).
Turin, 1873, ibid., t. XIII, p. 699-700.
copocum, t. I, p. 808-809; t. II, p. 31.
--
Turin, 1871, t. XI, p. 155; Medaglie e monete italiane,
Gams, Series epis-
Atti della Società
Waddington, Voyage en Asie-Mineure, p. 60, penche
pour Kirk Aghatch ou Ghelembeh; Radet, La Lydie
et le monde grec au temps des Mermnades, p. 307, pour
:
di archeologia e belle arti per la provincia di Torino, Turin,
t. 11, 1873, p. 19. — Jozzi, Il Piemonte sacro Storia della
chiesa e dei vescovi d'Acqui, in-8°, Acqui, 1881. — Lavaz-
Elezler. Comme évêché suffragant de Sardes, Acrasus
figure dans les Notices d'Épiphane, Basile, Léon le
zari, Storiad'AcquiAcquese,in-16,Turin, 1885.—A.Manno, Sage, les Nova Tactica (voir Gelzer, Ungedr. und unge-
Bibliografia provvisoria Acquese, in-8°, Turin, 1885; Biblio- nügend veröffentlichte Texte der Notit. episc., p. 537,
grafia storica acquense, in-32, Turin, 1887; Bibliografia 553; Georgii Cyprii descriptio orbis romani, p. 10,64),
storica degli stati della casa di Savoia, Turin, 1891, t. II, les Notices I, III, VIII, IX, X, XIII de Parthey.
p. 12-16. — C. Cipolla, Di Brunengo vescovo d'Asti e di tre Dans ces deux dernières, XIIe-XIIIe siècle, le siège est
documenti inediti che lo riguardano, in-8°, Turin, 1889. —
Franc. Gasparolo, Documenti acquesi, Turin, 1893. — Eubel, uni à celui de Lipara. Voir LIPARA. Un seul titulaire
:
Hierarchiacatholica medii œvi,1898, t. i, p. 98; t. II, p. 103, d'Acrasus est certain, Patrice, présent au concile

;
324. — F. Savio, Gli antichi vescovi d'Italia Il Piemonte, de Chalcédoine de 451. Constantin, à Nicée, 787, appar-
in-8°, Turin, 1899, p. 9-43,142, 274,391,398,452. — In- tient plutôt à Acrasus de Lycie. Un autre Constantin,
dice del Moriondo, in-4°, Alexandrie, 1900. — Groner, Die
Diözesen Italiens, p. 5, 14. — Archivio storico lombardo,
t. XI, p. 363; t. XIII, p. 46, note; t. XVII, p. 241, 464 note;
t, xx, p. 453, note. — Rivista di storia, arte, archeologia
della provincia di Alessandria, passim. — G. Petri, L'orbe
cattolico, t. i, p. 398. — O. Werner, Orbis terrarum catho-
'~,
à Constantinople, 879, reste douteux. Dans les divers
documents cités, le nom d'Acrasus est souvent écrit
'Axetp(XaÓç ou 'Ax.Cl.pocaaÓc,même
j'ai adopté l'orthographe indiquée par les monnaies
et l'inscription. Radet, loc. cit., Histor.
et Ramsay,
licus, p. 18. geogr. of Asiaminor., p. 125, observent avec raison
J. FRAIKIN. qu'il ne faut pas, comme l'ont fait Le Quien, Oriens
christ., t. I, col. 891, Smith, Diction. of Greek and Ro- des Séleucides qui va de l'an 198 à l'an 47 avant
man geogr., t. II, p. 395, Pape, Wörterbuch der grie- J.-C.; l'ère des Antiochéens de Ptolémaïs qui va de
chischen Eigennamen, 2e éd., t. II, p. 972, confondre l'an 174 avant J.-C. jusqu'au règne d'Auguste; enfin,
Acrasus avec Nacrosa, autre évêché de Lydie. l'ère césarienne de l'an47 avant J.-C., jusqu'à l'an
S. PÉTRIDÈS. 235 de notre ère. Plusieurs de ces ères sont donc con-
1. ACRE (SAINT-JEAN D'), chef-lieu de pachalik, temporaines et étaient usitées en même temps.
surle bord de la mer, en Syrie. La ville est déjà citée Ptolémaïs, qui fit partie du royaume égyptien pen-
sous le nom de Akka dans les lettres trouvées à El- dant presque tout le Ille siècle, à partir de l'an 281
Amarna, en Egypte, et qui datent des années 1385 à avant J.-C., fut cependant enlevée par surprise, en
1368 avant J.-C. Elle dépendait alors de l'Égypte et 218, par Antiochus le Grand. Dans la suite, au IIe siècle
avait pour roi, Zourata, dont le nom revient à plusieurs et au 1er avant J.-C., elle appartint d'une manière
reprises dans cette correspondance.Revue biblique, générale aux souverains d'Antioche.Barrière du Nord
1908, p. 512. Peu après, à l'arrivée desHébreux dans opposée à la marche conquérante des Asmonéens ré-
la Terre promise, elle fut donnée en héritage à la tribu voltés, elle protégea la Syrie contre les attaques à main
d'Aser, qui ne réussit pas à s'en emparer, Jud., I, 31. armée du royaume juif. C'est ainsi qu'en 163 Simon
Acre ou Accho, comme on disait alors, continua donc Machabée ne réussit pas à s'en emparer, I Mach., v,
à avoir ses princes particuliers, qui surent maintenir 15-22; c'est ainsi encore qu'Antiochus Eupator l'ayant
leur indépendance vis-à-vis des Juifs et vis-à-vis des cédée à Judas Machabée, la ville refusa d'accepter ce
Syriens de Damas et d'ailleurs. Sous ce nom-là, elle est nouveau maître. II Mach., XIII, 24-26. Pour arrêter les
encore citée très probablement une autre fois dans progrès d'Alexandre Balaqui avait occupé Ptolémaïs,
Michée, du moins dans le texte hébreu I, 10: « Ne les I Mach., x, 1, le roi Démétrius Soter ccdonna la ville
(nos défaites) annoncez pas dans Geth, ne pleurez et son territoire au sanctuaire qui est à Jérusalem,
pas dans Accho. » Lors de la campagne du roi assyrien pour les dépenses nécessaires aux choses saintes, »
Salmanasar V contre Tyr (727-722), Accho se soumit I Mach., x, 39; mais Alexandre Bala réussit à la gar-
à lui avec les villes voisines de Sidon et Palæotyrus; der, y célébra son mariage et reçut même des présents
c'est ce que rapporte l'historien Ménandre, cité par de Jonathas. I Mach., x, 56-60. En l'an 145, le même
Josèphe, Antiq. jud., IX, XIV, 2. Quelques années plus Jonathas y fut magnifiquementtraité par Démétrius II
tard, Sennachérib (704-680) s'en empara en marchant Nicator, I Mach., XI, 22-26, en attendant d'y être
contre le roi Ézéchias, et une inscription, relative assassiné par Tryphon. I Mach., XII, 45-48. La ville
aux expéditions d'Assaraddon (680-667) contre les s'étant ensuite rendue indépendante, le roi des Juifs,
Philistins et les Égyptiens, la mentionne encore. Alexandre Jannée (106-79), l'attaqua, mais il dut en
Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, lever précipitamment le siège à l'approche de l'armée
4e édit., t. IV, p. 212, 258. La ville et son port servirent de Ptolémée Lathyros, roi de Chypre. Josèphe, Antiq.
de base d'opération à Pharnabazos, général d'Arta- jud., XIII, XIII, 2-4. Ce dernier la prit et dut ensuite
xercès, dans sa lutte contre l'Égypte. En 373 avant la rendre à sa mère Cléopâtre, reine d'Égypte. Josè-
J.-C., l'armée persane réunie à Acé comptait « deux phe, Antiq. jud., XIII, XIII, 1-2. Tigrane, roi d'Armé-
cent mille soldats et vingt mille mercenaires, trois nie, l'occupa à son tour, mais durant peu de temps.
cents trières, deux cents galères à trente rames et Josèphe, Antiq. jud., XIII, XVI, 4. Hérode le Grand la
beaucoup de vaisseaux de charge. » Maspéro, His- dota d'un gymnase, ainsi que plusieurs autres villes
toire ancienne des peuples de l'Orient, Paris, 1886, de la côte. Josèphe, Bellum jud., I, XXI, 11. Et j'ai déjà
p. 645. A la mort d'Alexandre le Grand, Acé fut rat- dit que, sous la domination romaine, Ptolémaïs reçut
tachée à l'Égypte, mais elle ne reçut pas alors le tour à tour le nom de Germanica et celui de colonia
nom de Ptolémaïs, comme certains historiens l'af- Claudii Cæesaris Ptolemais.
firment; ce nom ne lui fut donné que plus tard. En L'introduction du christianisme dans Ptolémaïs re-
312, lorsque Ptolémée Ier Soter, en se retirant sur monte aux temps apostoliques. Saint Paul, de retour
l'Égypte, détruisit la ville, elle s'appelait encore Acé, de son voyage en Macédoine, en Achaïe et en Asie, dé-
Diodoré de Sicile, Bibliothecahisiorica, XIX, XCIII, édit. barqua à Tyr et, de là, se rendit par mer à Ptolémaïs,
Dindorf, Leipzig, 1866, t. IV, p. 123. Ptolémée Soter où il resta un jour avec la communauté chrétienne,
réoccupa la ville de l'an 302 à l'an 300 avant J.-C., où Act., XXI, 7. Le premier évêque connu, Clarus, se trou-
elle retomba au pouvoir du Syrien Démétrius; elle vait, vers l'année 190, à un concile qui réunit un cer-
tomba ensuite aux mains de Séleucus Ier Nicator, qui tain nombre d'évêques de Palestine et de Phénicie au
la conserva jusqu'en. 281. Cette année-là seulement, sujet de la controverse pascale, Eusèbe, Hist. eccles.,
Ptolémée II Philadelphe s'en rendit maître et lui 1. V, c. xxv, P. G., t. XX, col. 508. Énée assista au con-
donna le nom de Ptolémaïs, sous lequel elle fut con- cile de Nicée, en 325 (Gelzer, Patrum Nicænorum no-
nue depuis. C'est du moins la date que propose M. mina, Leipzig, 1893, p. LXI) et, en 341, à celui d'An-
Rouvier, Revue biblique, 1899, p. 394, tandis que tioche, Mansi, Sacrorum conciliorum amplissima col-
M. Babelon reporterait ce changement de nom à lectio, t. II, col. 1307. Nectabus prit part au second con-
l'année 267 avant J.-C. Perses achéménides, p. cile œcuménique de Constantinople, en 381, Mansi,
CLXXVII. Disons tout de suite, pour en finir avec les op. cit., t. III, col. 568. Antiochus, ami puis adversaire
divers noms de cette ville, que Ptolémaïs continua de saint Jean Chrysostome, intriguait avec Théophile
à s'appeler ainsi de l'an 281 jusqu'au règne d'Auguste, d'Alexandrie, Acace de Berrhée, Sévérien de Gabala
où elle reprit momentanément son premier nom d'Acé. et d'autres contre le saint docteur et réussit à le faire
Comme elle renfermait une assez nombreuse colonie exiler de Constantinople; il mourut sous le règne d'Ar-
de gens d'Antioche, elle est connue aussi sous le nom cadius, donc avant l'année 408, Socrate, Historia eccle-
d'Antioche de Ptolémaïs; des monnaies sont là pour siastica, 1. VI, c. XI, P. G., t. LXVII, col. 697 sq.; Palla-
l'attester. Sous l'empereur Claude Ier, Ptolémaïs prit le dius, Dialogus de vita s. Joannis Chrysoslomi, P. G.,
nom de Germanica et devint une colonie romaine de t. XLVII, col. 13, etc. Gennade de Marseille, De scripto-
l'an 52 à l'an 54 après J.-C., appelée colonia Claudii ribus ecclesiasticis, c. xx, P. L., t. LVIII, col. 1073,
CaesarisPtolemais. Elle continua au moins jusqu'alors attribue à Antiochus un grand ouvrage contre l'avarice
à émettre des monnaies autonomes. Quant aux ères
usitées pour Ptolémaïs-Acé, elles sont les suivantes
l'ère d'Alexandre, de l'an 332 à l'an 281 avant J.-C.,
: et une homélie sur la guérison de l'aveugle-né, lesquels
ne paraissent pas s'être conservés. L'évêque Helladius
vint à Éphèse, en 431, et suivit le parti du patriarche
avant que la ville reçut le surnom de Ptolémaïs; l'ère Jean d'Antioche contre le concile dirigé par saint
Cyrille et par Memnon d'Éphèse. Mansi, op. cit., t. IV, C'est possible, bien que cette erreur ne doive pas être
col. 1400, 1425, etc. L'évêque Paul assista, en 445, au considérée comme générale, car Guillaume de Tyr est
concile d'Antioche, Mansi, op. cil., t. VII, col. 325, et à suffisammentrenseigné sur ce point. Quelle qu'en soit
celui de Chalcédoine, en 451. Mansi, op. cit., t. VII, la raison, le fait est indéniable et l'on a encore quatre
col. 402. Lors de la consultation faite en 458 par l'em- manuscrits latins du XIIe siècle qui placent Ptolémaïs
pereur Léon Ier, l'évêque de Ptolémaïs ne signe pas dans le patriarcat de Jérusalem. Byzantinische Zeit-
avec ses collègues de la province de Tyr, soit qu'il fût schrift, 1891, t. i, p. 280.
absent, soit que la chaire se trouvât alors vacante. En l'année 1104, Acre, qui avait repris son nom in-
Mansi, op. cit., t. VII, col. 557. En 518, l'évêque Jean digène depuis la conquête arabe au Vile siècle, tombait
proteste avec les autres suffragants de Tyr, contre le au pouvoir de Baudouin Ier, roi de Jérusalem; l'église
monophysite Sévère, Mansi, op. cit., t. VIII, col. 1082, cathédrale fut alors dédiée à la Croix. La ville avait
et, en 553, l'évêque Georges assiste au ve concile des vicomtes, qui dépendaient des rois de Jérusalem
œcuménique. Mansi, op. cit., t. IX, col. 176. La Notitia et dont on trouvera la liste dans Du Cange, Les familles
episcopatuum du patriarche Anastase Ier, entre les d'outre-mer, Paris, 1869, p. 646-648; ces vicomtes du-
années 558 et 599, range Ptolémaïs dans la province rent acquérir une plus grande importance, lorsqu'après
de Tyr et le patriarcat d'Antioche, Échos d'Orient, 1907, la défaite de Hattin en 1187 leur ville,devint la nou-
t. x, p.145; il en est de même dans une autre Notitia velle capitale du royaume latin de Palestine. Quant
episcopatuum, datant des années 910 à 968. Cette der- aux évêques latins d'Acre, le premier, dont on ait
:
nière pièce donne même les limites maritimes de notre
diocèse « Depuis le fleuve du Carmel jusqu'à la grande
source de Zip (Az-Zib), c'est le diocèse de Ptolémaïs
conservé le nom, Jean, vivait vers l'année 1133. Voici
la liste des évêques résidentiels de ce siège; elle a été
dressée à l'aide des travaux de Du Cange, Les familles
ou Acca. » Échos d'Orient, 1907, t. x, p. 97. Le diocèse d'outre-mer, p. 777-780; Le Quien, Oriens christianus,
existait donc toujours, même après trois siècles d'oc- t. III, col. 1329-1336; Gams, Series episcoporum Eccle-
cupation arabe, et il était encore compris dans le pa- siae catholicae, Ratisbonne, 1873, p. 434; Eubel, Hie-
triarcat d'Antioche. rarchia catholica medii aevi, Munster, 1898,t.1, p. 66 :
La situation ne paraît pas s'être modifiée au siècle Jean Ier, signalé en 1133 et en 1135. — Rorgon ou
suivant. En effet, nous avons, Byzantinische Zeit- Roger, signalé en 1147. — Frédéric, 1152-mars 1163.

XIe siècle. Elle énumère quatre métropoles :


schrift, 1891, t. i, p. 251,253, une Notitia episcopatuum
du patriarcat de Jérusalem qui date sûrement du
Césarée,
Scythopolis, Pétra et Bostra, et vingt-cinq archevê-
chés autocéphales. Plotémaïs n'y figure pas; c'est
— Guillaume Ier, 1163-30 mai 1171. — Joscius ou
Joricus, 23 nov. 1171-1184. — Rufin, élu en 1184 et
tué à la bataille de Hattin, le 4 juillet 1187. — N.
-
mort en 1190 pendant le siège de la ville. Théobald,
signalé en 1192 et en 1198. — Jean II, 1202-1204.-
donc une preuve qu'elle dépendaittoujours d'Antioche. Tédaldus, signalé en 1208. — Gautier Ier, signalé en
Au XIIe siècle, Nil Doxopatris a reproduit cette liste. 1208 et en 1212. — Jacques de Vitry, célèbre écrivain,
Parthey, Hieroclis synecdemus, Berlin, 1866, p. 281 sq. 31 juillet 1216-1229. — Jacques de Prouvins, 1229-
Tout au contraire, au XIIe siècle, avec l'occupation de 1231. — Rodolphe ou Raoul, 1231-1245. — Gau-
la ville par les croisés, une modification est introduite. tier II, signalé en 1248 et mort en 1253. — Florent,
Ptolémaïs est enlevée au patriarcat d'Antioche et rat- 1253-1263. — Ensuite, ce fut Guillaume, évêque
tachée à celui de Jérusalem. Nous en avons des attes- d'Agen, patriarche de Jérusalem et légat du Saint-
:
tations fort nombreuses; qu'il suffise de citer ici deux
témoins Balsamon, patriarche grec d'Antioche, et le
célèbre Guillaume, archevêque latin de Tyr. Balsa-
Siège, qui devint administrateur de l'église d'Acre. Et
depuis cette époque jusqu'à la prise d'Acre, en 1291,
le titre d'administrateur de l'église d'Acre fut joint à
mon dit que le concile de Chalcédoine avait accordé à la dignité de patriarche de Jérusalem. Pour la série des
Antioche les deux provinces de Phénicie et l'Arabie, évêques titulaires, au moins jusqu'à l'année 1503, voir
et à Jérusalem seulement les trois provinces de Pales- I,
Eubel, op. cit.,t. p. 66 sq.; t. II, p. 88.
tine, mais qu'aujourd'hui cet ordre était modifié. P. En 1187, après la déroute des croisés à Hattin, Acre
G., t. CXXXVII, col. 253. Guillaume de Tyr nous ap- dut se rendre à Saladin, qui en fit relever aussitôt les
prend, Historia rerum in partibus transmarinis ges- fortifications. Deux ans après, au mois de juin 1189,
tarum, 1. XIV, c. XIII, dans Historiens des croisades. le roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, qui avait re-
Occidentaux, Paris, 1844, t. I, p. 624-627, que Jérusa- cueilli les débris de l'armée chrétienne, vint s'installer
lem avait étendu sa juridiction sur les diocèses d'Acre, sur la colline dite des Francs et assiéger la ville, pen-
de Sidon et de Beyrouth, et il proteste assez vivement dant que des flottes européennes faisaient le blocus
contre l'Église romaine qui force Tyr à dépendre de par mer. Alors commença un des plus fameux sièges
Jérusalem, alors que cet archevêché relève régulière- de l'histoire qui dura deux ans et rassembla devant
ment d'Antioche. Le fait n'est donc pas douteux et, cette place les principales forces de l'islam et de la
après le départ des croisés, les Grecs respectèrent cet chrétienté. Au dire d'un chroniqueur arabe, Rachid
état de choses et rattachèrent définitivement Ptolé- ed-Din, il y aurait eu parfois jusqu'à 600000 hommes
maïs à Jérusalem. Au concile de Jérusalem, en 1672, dans la ville et au dehors. Philippe-Auguste, roi de
signe Joasaph, « indigne métropolite de Ptolémaïs et France, Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, d'au-
proèdre de Césarée de Palestine, » Le Quien, Oriens tres souverains de moindre importance prirent part à
christianus, t. II, col. 816, et dans le Syntagmation, cette remarquable opération de guerre. Malgré les trou-
Tergovizte, 1715, p. o', le patriarche de Jérusalem, pes et les vivres que Saladin avait réussi à introduire
Chrysanthe, range Ptolémaïs parmi les métropoles de dans la ville, celle-ci dut capituler le 13 juillet 1191 et
son patriarcat. Il en est encore ainsi de nos jours, où livrer un butin énorme. D'après les historiens arabes,
le diocèse orthodoxe de Saint-Jean d'Acre fait partie ce siège avait coûté la vie à 120 000 chrétiens et à
du patriarcat grec de Jérusalem. On ne connaît pas 180000 musulmans. Dès lors, Acre remplace Jérusa-
trop bien la raison de ce changement. On suppose que lem comme capitale du royaume. Tous les établisse-
les prélats latins du XIIe siècle, ayant trouvé un exem- ments religieux, militaires, etc., chassés de Jérusa-
plaire de la Descriptio orbis romani par Georges de lem s'y installent. Un peu plus tard, lorsque les che-
Chypre, au Vile siècle, dans laquelle les provinces valiers hospitaliers eurent établi dans Acre le siège de
d'Arabie et de Phénicie Ire étaient rangées après celles leur ordre et fait construire une splendide basilique
de Palestine, en ont conclu que ces provinces rele- dédiée à saint Jean-Baptiste, la ville prit le nom de
vaient de Jérusalem au point de vue ecclésiastique. Saint-Jean d'Acre qu'elle a gardé depuis. En 1219,
saint François d'Assise débarquait à Acre avec douze luttes, 27 novembre 1831-27 mai 1832; elle supporta
compagnons et posait les bases de l'installation fran- encore, en 1840, un terrible bombardement des flottes
ciscaine en Palestine; mais ce fut Benoît d'Arezzo occidentales, accourues au secours de la Turquie contre
qui construisit la résidence officielle, siège ordinaire les attaques des armées égyptiennes. Il n'est pas éton-
du ministre de l'ordre jusqu'en 1291. Cette année-là, nant qu'après une série de catastrophes si rapprochées
lors de la prise de la ville par les musulmans, 40 fran- et si considérables, la ville ne se soit pas complètement
ciscains furent égorgés sur les 60 que comptait alors remise de sa décadence et qu'elle n'ait pas encore re-
leur couvent; avec eux périrent 75 religieuses du cou- couvré sa splendeur passée.
vent de Sainte-Claire. En 1620, les missionnaires de Les églises d'Acre étaient, au moyen âge, la ca-
Terre-Sainte obtinrent de Fakhr ed-Din l'autorisation thédrale Sainte-Croix, Saint-Nicolas, Saint-Léonard,
de rentrer à Acre; mais après la mort de l'émir, ils Saint-Marc, Saint-André (existait encore au XVIIIC siè-
furent expulsés. Revenus à nouveau en 1729, ils s'y cle) Saint-Étienne, Saint-Martin des Bretons, Saint-
trouvent encore. Golubovich, Serie cronologica dei. Pierre des Pisans, Saint-Barthélemy, Saint-Laurent,
superiori di Terra Santa, Jérusalem, 1898, p. 214. Saint-Georges, Notre-Dame-de-Provence, Notre-
En dehors des hospitaliers, des franciscains et des Dame-des-Chevaliers,Saint-Michel, Sainte-Brigitte,
clarisses, signalons la présence des templiers et celle Saint-Sabbas, Saint-Jacques, Saint-Pierre (cathédrale
des chevaliers de l'ordre teutonique qui, fondés à Jé- des jacobites). On y voyait les hospices de Saint-
rusalem en 1143, furent, en 1198, organisés à Acre en Antoine, de Sainte-Catherine, du Saint-Esprit, de
ordre militaire, sur le modèle des hospitaliers et des Saint-Martin-des-Bretons. Ce deruier fondé en 1254,
templiers. Signalons aussi la présence des dominicains, par Gilles, archevêque de Tyr, et constitué, en 1256,
dont un grand nombre subirent le martyre en 1291, par le pape Alexandre IV, en ordre religieux spécial,
avec les pères franciscains. Le patriarche de Jérusa- avait pour but d'hospitaliser les pélerins de la pro-
lem, Nicolas de Hannapes, également dominicain, pé- vince de Tours. Cf. Delaville-Le Roulx, L'hôpital
rit dans les flots, victime de sa charité. Balme, La des Bretons, à Saint-Jean d'Acre, au XVIIe siècle,
province dominicaine de Terre-Sainte, 1277-1280, dans Nantes, 1880.
la Revue de l'Orient latin, Paris, 1893, t. I, p. 526-536. Aujourd'hui, Acre constitue un sandjak, résidence
Si Acre appartenait aux chrétiens, les divisions in- d'un mutessarif, dans le vilayet de Beyrouth. La ville
testines qui régnaient continuellement entre les chefs compte environ 12 000 habitants, dont 170 latins,
les empêchèrent de tirer profit de leurs forces mili- 500 melkites catholiques et un certain nombre de ma-
taires et finalement de conserver même leur conquête. ronites. De plus, il y a un millier de grecs orthodoxes,
Ainsi, quand Frédéric II se rendit à Acre, en septem- plusieurs centaines de juifs et quelques protestants.
bre 1228, il y fut très mal reçu et les prédicateurs ful- Le reste est musulman, à l'exception de 200 habitants
minaient publiquement dans les chaires contre le roi qui suivent la secte persane des bâbistes; le chef de
excommunié. En 1254, après le départ de saint Louis cette secte, le cheikh Abbas, exilé de Perse et sur-
qui avait aidé de tout son pouvoir les établissements veillé par la Turquie, se croit une incarnation vivante
chrétiens de Palestine, commencèrent entre Génois et de la divinité. L'enceinte de la ville, beaucoup plus
Vénitiens, templiers et hospitaliers, des luttes qui étroite qu'au moyen âge, a un double rempart flanqué
ensanglantèrent pendant plusieurs années le sol de tours et de bastions. Parmi les monuments, citons
d'Acre et causèrent la mort de 20 000 hommes. Le l'hôpital militaire, dont les assises appartiendraient
:
sultan Bibars en profita, en 1263, pour donner un au château des chevaliers de Saint-Jean; le sérail et la
assaut, d'ailleurs inutile, à la capitale. Le 22 avril 1272, mosquée de Djezzar, construite avec des matériaux
il concluait une trêve de dix ans avec les chrétiens de antiques; le bazar voûté, un des plus beaux de l'Orient
la ville, trêve qui fut renouvelée en 1282. Entre temps, et qui occuperait l'emplacement de l'ancien couvent
en 1276, le roi de Jérusalem, Hugue III, exaspéré des des dominicains, etc., etc.
rivalités des factions qui se disputaient la prépondé- Le diocèse melkite catholique de Saint-Jean d'Acre
rance, quitta Saint-Jean d'Acre, laissant Balian d'Ibe- compte 10 000 fidèles, 36 prêtres, 30 églises et cha-
lin comme baile du royaume. L'année suivante, c'était pelles, 17 écoles primaires avec 1125 élèves, 3 orpheli-
Charles d'Anjou, proclaméroi de Jérusalem, qui s'em- nats, un couvent de moines basiliens salvatoriens avec
parait d'Acre, mais son sénéchal fut expulsé en 1286 23 religieux. Ce diocèse englobe une partie de la Gali-
par la population, qui rappelait Henri II de Chypre et lée dans son territoire, en particulier les villes de Caïfa
le faisait sacrer roi le 15 août de cette année-là. Royauté et de Nazareth. La paroisse latine, desservie par les
bien éphémère, du reste. En 1290, la trêve était franciscains, relève du patriarcat latin de Jérusalem;
rompue et, le 5 avril 1291, le sultan mameluk Ma- les frères mineurs ont, en outre, un hospice pour les
lek-Achraf mettait le siège devant Saint-Jean d'Acre. pèlerins et une école primaire pour les garçons. Les
Son armée se composait de 120000 hommes, celle des Dames de Nazareth, établies depuis 1861, ont une
chrétiens en comptait à peine 25 000. La ville fut prise école primaire et un pensionnat. La Church Mission a
le 18 mai suivant et, quelques semaines après, le châ- aussi une école et un hôpital, et les Grecs des écoles.
teau des templiers emporté par trahison. Tout ce qui
fut trouvé vivant dans la ville ou dans le château fut En dehors des ouvrages que j'ai déjà cités, J. Rouvier,
tué ou emmené en esclavage. La citadelle fut ensuite Ptolémaïs-Acé,dans la Revue biblique, 1899, p. 398-408. —
rasée. La ville, à moitié détruite, suivit depuis les vi- H. Reland, Palaestina ex monumentis veteribus illustrata,
cissitudes des autres villes de Syrie, jusqu'au milieu du Utrecht, 1714, t. xi, p. 534-542. — E. Robinson, Biblical
XVIIIe siècle, où le cheikh bédouin Dhaher el-Amr la Researches in Palestine, Londres, 1856, t. III, p. 92-100. —
releva de ses ruines et en fit la capitale de ses États; V. Guérin, Description de la Palestine. Galilée, Paris, 1880,
il périt en 1775 et eut pour successeur Ahmed, sur- t. I, p. 502-525. — Lortet, La Syrie d'aujourd'hui, dans Le
Tour du monde, t. XLI, p. 38-46. — A. Legendre, Accho,
nommé Djezzar ou le Boucher par suite de sa cruauté. dans le Dictionnaire de la Bible de Vigouroux, Paris, t. l,
C'est lui qui mit, avec l'aide de l'Anglais Sidney col. 108-112. — Sur le siège de 1189-1191, voir Ambroise,
Smith, la ville en état de défense contre Bonaparte. L'Esstoire de la guerre sainte, édition Paris dans les Docu-
Après huit assauts successifs, ce dernier fut contraint ments inédits de l'histoire de France, Paris, 1897, poème fran-
de lever le siège, qui avait duré deux mois, 20 mars-
20 mai 1799. Acre subit encore un siège mémorable de
la part d'Ibrahim pacha, fils et lieutenant de Méhé-
liber tetrastichus, édition Riant, Lyon, 1866. -
çais en 12 000 vers; Hayman le Moine, De expugnata Accone
L. Bréhier,
L'Église et l'Orient au moyen âge. Les croisades, Paris,
1907, p. 124-133, voir p. 117, note, la bibliographie complé-
met-Aly, qui l'emporta d'assaut après six mois de mentaire pour le siège. — Delaville-Le Roulx, Les liospi-
aliers en Terre-Sainte et à Chypre, Paris, 1904, passim. -
V. Cuinet, Syrie, Liban et Palestine,Paris, 1896, p. 100-105.
ACROENUS, 'A'l.poYJvÓç, évêché en Phrygie Salu-
taire. La citadelle d'Acroenus apparaît dans l'histoire
— E. Rey, Les colonies franques de Syrte aux xrie et XIIIe au début du VIlle siècle; bâtie sur un roc volcanique
siècles. — Missiones catholicæ, Rome, 1907, p. 783. qui se dresse comme une colonne de 300 mètres au
S. VAILHÉ.
2. Aimeric, pa- milieu de la plaine, elle était destinée à protéger la
ACRE (COUVENT DES CARMES). frontière byzantine contre les invasions turques.
triarche d'Antioche, releva la vie cénobitique chez les C'est devant elle qu'en 740 fut battu et tué le fameux
ermites du Mont-Carmel et les établit à Antioche, en Seid Batal Ghazi. Théoph., Chronogr., ad an. 6231;
1160. Les fondations effectuées successivement à Saint- cf. ad an. 6208. Il en est question plusieurs fois encore
Jean d'Acre, Tyr, Sarepta, Tripoli et Beaulieu, ratta- dans les chroniqueurs; elle semble aussi avoir reçu
chèrent celle d'Antioche au Mont-Carmel. Le chroni- alors le surnom de Nicopolis. Ainsi c'est aux environs
queur Jacques de Vitry, évêque d'Acre en 1216, cons- qu'en 1115 Alexis Comnène se rencontra avec le
tate l'affluence des vocations religieuses sur la sainte sultan Kilidj Arslân. Anne Comn., Alex., édit. Paris,
montagne et dans la Palestine à la suite des croisades.
Jac. de Vitriac., IIistor. Hierosol., c. LI, LII. Plusieurs p. 477 (le nom y est corrompu en Axpovjou). Là, en
1145, Manuel Comnène battit les Turcs. Cinname, édit.
carmes du couvent d'Acre assistent au chapitre général Bonn, p. 42. Acroenus est aujourd'hui Kara Hissar,
de leur ordre tenu à Messine en 1259. Denifle, Ar- plus complètement Afion Kara Hissar Sahib, chef-
chiv für Literatur, etc., t. v, p. 380. La sollicitude des
lieu de sandjak dans le vilayet de Brousse, avec 17 500
papes pour l'Orient s'étendait à tout. Une bulle habitants dont 4600 Arméniens et 200 Grecs. Voir
d'Alexandre IV, du 25 mars 1261, prend la défense des Cuinet, La Turquie d'Asie, t. IV, p. 238-241.
carmes de Saint-Jean d'Acre contre l'opposition « peu
»
raisonnable de l'évêque. Deux actes notariés attestent
leur existence dans cette ville en 1264 et 1273. Roeh-
Dès l'heure sans doute où commença son rôle mili-
taire, Acroenus devint un évêché suffragant de Syn-
nades. A ce titre il figure dans la Notice de Léon le
richt, Regesta Regn. Hierosol., p. 339, 362. Lorsque Sage (Gelzer, Ungedr. und ungenügend veröffent-
les Chorasmiens, en 1244, puis les sultans mamelouks lichte Texte der Notit. episc., p. 555), les Nova Tactica
ravagèrent la Terre-Sainte, le grand couvent d'Acre (Gelzer, Georgii Cyprii descript. orbis rom., p. 72) et
servit de refuge aux carmes de Palestine, ainsi qu'à les Notices III ('A'l.pr)y..rJ,¡r).), X, XIII ('.-\.xP'Jv¡'J'.J)
ceux de Syrie, après la prise d'Antioche (1267) et de de Parthey, ces dernières du XIIe-XIIIe siècle. On ne
Tripoli (1289). Deux ans plus tard, Acre succombait. connaît aucun titulaire du siège.
:
Un carme anglais, Guillaume de Sanvic, définiteur de
Terre Sainte, put s'échapper par mer il a laissé une
précieuse chronique sur tous ces faits dont il a été té-
Ramsay, Ilistor. geogr. of Asia minor, p. 87, 139; Cities
and bishoprics of Phrygia, p. 27, 480-482 (réfutation de Ra-
det qui confond, En Phrygie, p. 118, Acroenus avec Auro-
moin oculaire. On croit retrouver les ruines de l'an-
cra, autre évêché phrygien), 695.
:
cien couvent des carmes dans le lieu appelé par la
tradition locale le Khan des Francs. S. PÉTRIDÈS.
ACRONIUS (JEAN),théologien protestant qui joua
un certain rôle dans les disputes entre arminiens,
Guillaume de Sanvic, Chron. de multiplicatione religionis
Carmelitarum, c. II et VIII, dans Daniel a Virgine Maria,
Spec. Carmelit., in-fol., Anvers, 1680, part., I, p. 97, n.408;
p. 105, n. 448. — Reinhold Roehricht, Regesla regni Hiero-
solymitani, in-8°, Innsbruck, 1893, p. 349, n. 1334; p. 362,
:
remontrants et contre-remontrants, mérite tout au
plus une mention pour son ouvrage Elenchus ortho-
doxus pseudo-religionis romano-catholicæ. oppositus
papatui in clivia, 1615, in-4°, où il attaque assez vive-
n. 1391. — Heinrich Denifle, O. P., Archiv für Literatur ment les points de la doctrine catholique rejetés par les
und Kirchengeschichte des Mittelalters, Fribourg-en-Brisgau, protestants. Il mourut en 1627, après avoir occupé
in-8°, 1889, t. v, p. 380. — Bullarium Carmelitanum, in-fol.,
Rome, 1715, t. I, p. 23. diverses situations dans plusieurs villes d'Allemagneet
P. MARIE-JOSEPH. de Hollande. Au témoignage de Bayle, c'était « un
3. ACRE (COMMANDERIE DE L'HÔPITAL). — Acre esprit fort inquiet et fort séditieux. »
était le siège d'une commanderic de l'ordre de l'Hôpi- Bayle, Diction. hist. et crit., édit. des Maizeaux, Amster-
tal; on connaît le nom d'un certain nombre de ses dam, 1743, t. I, p. 101. — Allgem. deut. Biogr., t.I, p. 41.
commandeurs, de ses prieurs (fonctionnaires chargés U. ROUZIÈS.
d'assurer le service divin), deses trésoriers pour les XIIe 1. ACROPOLITE (CONSTANTIN), fils de Georges
et XIIIe siècles. En outre l'ordre, chassé de Jérusalem Acropolite, fut grand logothète comme son père. Il
par les musulmans, en 1187, se réfugia à Acre où il occupa cette charge sûrement à partir de 1296 et il
établit son siège jusqu'à la prise de la ville par le sul- l'exerçait encore en 1321. Ce fut un adversaire de
tan Malek el Aschref Khalil en 1291.
L'hôpital Saint-Jean s'élevait au centre de la ville;
il était divisé en deux parties, séparées par une rue;
l'union des Églises. Il est surtout connu par ses Vies
:
des saints dont quatre seulement ont été éditées celles
de saint Jean Damascène et de sainte Théodosie, mar-
d'un côté l'hospice et l'église Saint-Jean, de l'autre, tyre de la persécution iconoclaste sous Léon l'Isau-
le manoir des frères. C'est aujourd'hui l'hôpital mili- rien, par Migne, P. G., t. CXL, col. 812-885, 893-936;
taire. celles de saint Démétrius et de saint Barbaros par
Les hospitaliers possédaient en outre, dans le quar- A.Papadopoulos-Kérameus, 'AvaXsxTaîsp070Auu.tTtxY)ç
tier de Montmusart, un autre palais, dit l'Auberge de (rraxuoXoYi'aç, Saint-Pétersbourg, 1891, t. I, p.160-205,
l'Hôpital, remarquable par une grande salle et une 405-420. Il va sans dire qu'il ne faut point chercher de
vaste cour, oùfurent célébrées en 1286 les fêtes du cou- critique dans ces récits, qui furent d'ailleurs fort goûtés
ronnement du roi Henri II de Lusignan; l'ensemble de des contemporains et valurent à l'auteur le surnom de
ces constructions faisait face à Sainte-Brigitteet était nouveau Métaphraste.
dominé par la tour du colombier de l'Hôpital. Constantin Acropolite n'a pas seulement été un ha-
Les chapitres généraux de l'ordre de 1263, 1265, giographe. Le codex 40 de la bibliothèque du Saint-
1267, 1270, 1278, 1283 et 1288 furent tenus à Acre. Sépulcre contient ses œuvres oratoires, une vingtaine
de pièces, connues sous le nom de Pno.:,xà. upo.jp.vàu-
Delaville-Le Roulx, Les hospitaliers en Terre-Sainte et à naTa, que certains historiens ont faussement attribuées
Chypre, Paris, 1904, p. 431. à Georges Acropolite. C'est également à notre auteur
— E. Rey, Les colonies. fran- qu'appartient l'Epitome de l'histoire romaine d'Énée à
ques de Syrie aux XIIe et XIIIe siècles, Paris, 1883, p. 467.
J. DELAVILLE LE ROULX. 1323, qui se lit dans le manuscrit de Vienne, Hist.
ACROCERAUNIA. Voir GLAVINITZA. græc. 99, fol. 15. C'est une compilation étroitement
apparentée à la Chronique de Constantin Manassès. ment la philosophie de 1261 à 1267 et compta parmi
Les biographies des empereurs sont empruntées mot à ses élèves l'illustre Georges de Chypre.
mot à Zonaras. A. Heisenberg, Georgii Acropolitae Les contemporains parlent de Georges Acropolite
opera, Leipzig, 1903, t. II, p. XXIII-XXIV, restitue à comme d'un homme plein de droiture et de modération
Constantin le Discours sur l'église restaurée de la Résur- et font de grands éloges de sa science. Une fois acquis au
rection, attribué autrefois à son père, et le Panégyrique parti unioniste, il lui resta fidèle jusqu'à sa mort. Il
de saint Georges du cod. Paris. 976, fol. 395 sq. On composa même en faveur du dogme catholique un
trouve quelques lettres, des poèmes et des prières mé- petit ouvrage, qui fut condamné aux flammes sous
langées aux légendes hagiographiques dans le cod. Andronic II et qui pour cette raison ne nous est pas par-
Ambros.H. 81 supplem. Cf. M. Treu, AeXtîov t-o; itto- venu. Il faut cependant signaler quelques taches dans
ptxr|Çv.ail6voÀrjYtzr|. srap[xç '6¡ç 'EXXâooç, Athènes, sa vie. Oublieux des bienfaits dont l'avaient comblé
t. IV (1892), p. 35-50. Une curieuse lettre dans laquelle les Lascaris, il prodigua les flatteries à Michel Paléo-
Constantin Acropolite déclare digne des flammes le logue et lui conseilla d'associer son fils Andronic à
Timarion, sorte d'imitation anonyme de la Nécroman- l'empire. On lui reproche aussi quelque cruauté dans
cie de Lucien, a été pubilée par M. Treu dans la By- la manière dont il réprima une révolte fomentée par
zantinische Zeitschrift (1892), t. I, p. 364-365. les moines en 1268.
Krumbacher, Geschiclite der byzantinischen Litteratur, Le principal ouvrage de Georges Acropolite est sa
2e édit., Munich, 1897, p. 204,205,388.—Fabricius, Biblio- KpovuriauYYpacpyî ou histoire de l'empire de Nicée
theca græca, t. v, p. 5, 10, t. VI, p. 448 de l'édit. de Ham- (1203-1261). Les manuscrits en fournissent trois ré-
bourg, 1726. — Le codex 40 de la bibliothèque du Saint- dactions différentes. La première, la seule originale,
Sépulcre est analysé par Papadopoulos Kerameus, 'l'',,,.ob- fut publiée pour la première fois par Léon Allatius en
Saint-Pétersbourg,1891,t.1, p.120-126. —
l'-t-:,xi¡LfSi,tQO.;'X"(" 1651. C'est un récit digne de foi, où perce cependant
M.Treu,Maximi Planudis epistulæ, Vratislav,1890,p.248-
249. - Le cod. 86 de la Bibliothèque de Mavrogordato si-
gnale un panégyrique de Jean l'Évangélistequi ne se trouve bre
de temps en temps une pointe de partialité. La forme
est quelque peu négligée; on y trouve un certain nom-
d'idiotismes propres au grec médiéval et des mots
pas dans le codex du Saint-Sépulcre, HaufoïofSà-sios ")i,toO¡,"T¡, vulgaires auxquels l'auteur cherche à donner une éty-
-OU il 1 -:o¡J-t:J:)
1CGCÇÛpTY)[J(.a É}.),"I}'It'l.o:;
"':'JU6VKt,j'JfrtCl.tt'}O'Ji.ÓÀt;t ÇlÀoloy
17.03
"uHÓyau, Constantinople, 1884, p. 75. mologie classique. La seconde rédaction est un résumé
M. JUGIE. de l'œuvre originale, fait par un inconnu peu de temps
2. ACROPOLITE(GEORGES),écrivain byzantin du après la mort de l'auteur. Allatius le publia aussi en
XIIIe siècle. Il naquit en 1217 à Constantinople, alors 1651. Avant lui, Théodore Dousa en avait donné, en
occupée par les Latins. Ses études élémentaires termi- 1614, une édition témoignant d'un remaniement fort
nées, il fut envoyé par son père à la cour de Nicée où maladroit, qu'on peut dater des derniers jours de
Jean Vatatzès, dont il était quelque peu parent, se Byzance. D'après les recherches très minutieuses
chargea de son éducation (1233). Il eut pour maîtres auxquelles s'est livré le récent éditeur des œuvres de
Théodore Hexapterygos, puis le célèbre Nicéphore Georges Acropolite,Auguste Heisenberg, c'est à Théo-
Blemmydès. Le fils de l'empereur, Théodore II Lasca- dore Scutariotès qu'il faut attribuer la rédaction re-
ris, fut probablement son condisciple à partir de 1240. maniée et augmentée de plusieurs additions impor-
C'est en 1246 que commença pour Acropolite la vie pu- tantes, qui se trouve dans le Cod. Ambros. A 202. Cette
blique. Nommé logothète yEvixoS, fonction dont on rédaction s'identifie en réalité pour la période 1203-
ne sait au juste les attributions, il suivit Vatatzès dans 1261 avec la Synopse publiée en 1894 par Sathas, dans
ses campagnes contre les Bulgares et contre le despote le t. VII de sa Msaaiwvr/.rj(3ig).io6/,xr, et appelée depuis
d'Épire, Michel l'Ange. Entre-temps, il donna des le- Chronique de Sathas. Voir SCUTARIOTÈS (Théodore).
çons à Théodore II Lascaris, qui succéda à son père En dehors de son Histoire, notre auteur a laissé plu-

ses côtés son ancien condisciple et maître, qu'il :


sur le trône de Nicée, en 1254. L'année suivante, le nou- sieurs opuscules ayant trait à la poésie, à l'éloquence,
vel empereur guerroyait contre les Bulgares, ayant à à la philosophie et à la théologie. En voici la liste,
d'après la date de composition 1° un poème funèbre
nomma grand logothète et qu'il fit battre de verges de 117 iambiques trimètres sur l'impératrice Irène,
pour ses ripostes un peu trop franches. Ce dernier in- morte en 1239; 2° un poème de 17 trimètres sur la
cident n'empêcha pas Acropolite d'être mis à la tête sainte Vierge, destiné à servir d'inscription à un ta-
des troupes impériales d'Europe avec le titre de pré- bleau de la Théotocos, orné de douze petites icones;
teur, lorsque l'empereur dut passer en Asie pour re- 3° une préface aux lettres de Théodore II Lascaris
fouler les Turcs (1256). Le despote d'Épire profita de consistant en 63 vers du même mètre. Remarquons
cette occasion pour rouvrir les hostilités. Il n'eut pas en passant que les iambiques trimètres d'Acropolite
de peine à battre Acropolite, qui n'était rien moins que ne sont point conformes à la prosodie classique et sui-
tacticien, et à le faire prisonnier (1257). vent des règles particulières; 4° un poème de 47 vers
Durant les deux ans que dura sa captivité, notre pour le samedi saint, encore chanté dans l'Église
héros prit la plume et batailla contre les Latins sur la grecque. L'authenticité de cette pièce n'est pas com-
procession du Saint-Esprit. Enfin, en 1259, Michel plètement établie; 5° une oraison funèbre de Jean Va-
Paléologue, qui s'était emparé du trône l'année précé- tatzès, composée à la demande de Théodore II Las-
dente, vint le délivrer. Le nouveau souverain était caris en 1254; 6° deux discours sur la procession du
pour Acropolite à la fois un parent et un ami, qui sut Saint-Esprit, fruit des loisirs de la captivité en Épirc
deviner ses véritables aptitudes et en fit un des agents (1257-1259). Dans le premier, l'auteur s'élève avec
de sa diplomatie. C'est ainsi qu'en 1274, il fut en- force contre les discussions stériles des théologiens et
voyé au concile de Lyon avec l'ex-patriarche Germain, demande l'union sur les bases d'une morale commune.
Théophane de Nicée et quelques autres, pour conclure Dans le second, il défend le dogme photien avec les
l'union des Églises, à laquelle il avait d'abord été arguments accoutumés des polémistes byzantins; 7°
opposé. Quelques mois avant sa mort, arrivée en 1282, une lettre à Jean Tornica. C'est tout ce qui reste de la
un peu avant celle de Michel Paléologue, il alla négo- correspondance de notre auteur; 8° deux opuscules
cier une entente entre Michel, redevenu empereur de philosophiques commentant quelques passages du
Constantinople dès 1261, et Jean II, empereur de Tré- troisième discours théologique de saint Grégoire de
bizonde. En même temps, il reprenait sa vie d'ensei- Nazianze. Il ne faut pas confondre ces écrits avec les
gnement. Lorsque l'Académie de la capitale fut réta- Scholies aux discours de saint Grégoire de Nazianze,
blie près de l'église Saint-Paul, il y professa brillam- faussement attribuées à notre auteur et bien anté-
rieurcs à lui; 9° un panégyrique des apôtres Pierre et Epist, xxx, n. 3 : qui acta fecissent, licet praesenlts,
Paul, composé à Capoue en 1274, à la demande de cum fierent non adfuissent.
l'évêque de cette ville, alors qu'Acropolite se rendait Kirchenlexicon, 2e édit., in-8°, t. I, Fribourg-en-Brigau,
au concile de Lyon.
Plusieurs ouvrages de Georges Acropolite ne nous
sont pas parvenus. Signalons en particulier les treize
1382, col. 89.- Realencyc. fur prot. Theol., 3e édit., in-8°,
t. i, Leipzig, 1902, p. 285.
V. ERMONI.
prières composées à l'occasion de la reprise de Con- ACTARD, évêque de Nantes et de Tours. Le 24 juin
stantinople, que le métropolite de Cyzique récita du 843, les Normands profanèrent la cathédrale de Nan-
haut de la tour de la Porte dorée et le discours écrit tes et tuèrent l'évêque Gunhard. Aussitôt après la ré-
pour la même circonstance (Xôyo; ÉIÙ TT)àvappycc'. T-Tj; conciliation de l'église, on élut comme successeur de
Kcü'JG:lXv,{'Jo',J). D'autres écrits qui lui sont attribués par celui-ci Actard. On s'explique mal la curieuse situa-
Fabricius et Allatius ne sont pas de lui, mais de son tion de ce prélat, pris entre les Bretons, d'un côté, et
fils Constantin ou de Nicéphore Blemmydès. les Francs de l'autre. Il se considérait, en effet, comme
La meilleure notice sur la vie et les œuvres de Georges un évêque franc, puisqu'il assistait en cette qualité
Acropolite est celle d'Auguste Heisenbergdans les préfaces de aux conciles de Bonneuil (856), de Pistes (862), de
son édition critique de toutes les œuvresauthentiques,donnée Soissons (866), de Troyes (867), de Verberie (869), de
à la collection Teubner: GeorgiiAcropolitae opera, volum. I Douzy (871), devant lesquels il faisait même valoir ses
continens Historiam, Breviarium historiæ, Theodori SClzta- droits et qu'il fut envoyé à Rome, une fois par
riotae addimenta; vol. II, continens scriptaminora; praecedit Charles le Chauve, l'autre fois par le concile de
dissertatio de vita scriptoris. Leipzig, 1903, XXIV-336 et XXVI- Douzy. D'autre part il correspondait avec le roi breton
:
120 pages. Le même auteur a consacré une série de travaux
à l'étude critique du texte Studien zur Textgeschichle des
Georgios Akropolites, Landau, 1894; Zwei wiedergefundene
Erispoé, qui lui accordait des privilèges (857); et des
documents du cartulaire de Redon le mentionnent de
857 à 869. Actard eut d'ailleurs un épiscopat très tour-
Handschrifien des GeorgiosAkropolites, dans l'Eranos, t. n,
p. 117-124; Studien zu Georgios Akropoliles, dans les Actes menté. Lorsque les pirates s'emparèrent de sa ville
de l'académie de Munich, 1900, p. 463-558. Voir le compte épiscopale, il finit par demander son changement. Il
rendu très important de cette étude par C. Præchter, dans était du reste bien en cour à Rome; Adrien lui ac-
t.
laByzantinische Zeitschrift(1901), x,p.262-273. Krum- -
bacher, Geschichte der byzantinischen Litteratur, 2e édit.
corda le pallium en 868 et lefit élire, en 871, archevêque
de Tours. Actardmourut en 875.
Munich, 1897, p. 94 et 286-288. — L. Allatius, De Georgiis,
-
p. 351-358 et les notes de son édition. Fabricius, Biblio-
theca graeca, édit. Harles, t. VII, p. 766-773, t. XII, p. 50.
Théodore Dousa, dans les notes de son édition du Brevia-
- Flodoard, IIistoriarum Ecclesiæ Remensis, 1. 111, c. 21.
P. L.. t. cxxxv, col. 202-203. — Gallia christiana, t. XIV,
Instr., p. 43. — Duchesne, Fastes épiscopaux, t.II, p. 308 et
rium, Leyde,1614. — A. Demetra-Kopoulos, F.r.vï.r^.-Krz-.r.r, 365-367.
iiGl'.rAr,y.r„ Leipzig, 1866, p. Xs' -~iL Cet auteur passe sous si- M. BESSON.
lence le rôle joué par Acropolite dans l'œuvre de l'union des ACTA SANCTORUM. Voir BOLLANDISTES.
Églises; il a édité à la fin de son ouvrage, p. 395-410, le pre-
mier discours sur la procession du Saint-Esprit. — M. Hanke, ACTÉ, affranchiede Néron,qui se convertit au chris-
De Byzantin. rerum scriptoribus, Leipzig, 1687, p. 542-565.-
C. Oudin, Comment. de script, eccles., Leipzig, 1722, t. m, tianisme, après avoir vécu en concubinageavec l'em-
p. 464. — P. G., t. CXL, col. 969-1220 donne l'Histoire de pereur. Achetée en Asie, comme esclave, par un mar-
Georges Acropolite et le Breviarium d'après l'édition de chand grec, qui l'avait nommée Acté, à cause de sa
Bonn (1836), due à Emmanuel Bekker, qui n'a pas saisi la condition servile, elle avait été amenée à Rome. Néron
nature du Breviarium et s'est permis de corriger par en- s'éprit violemment d'elle, avant son élévation à l'em-
le
droits -E.
texte originaL Miller, Recueildes historiens des
croisades, Historiens grecs, t. I, p. 563-580, t. II, p. 699-725,
pire. La jeune esclave répondit à son amour. Leur
donne des extraits de l'Histoire, accompagnés des notes de liaison resta assez longtemps secrète. Devenu empe-
Dousa, d'Allatius et des siennes propres. — Pour une plus reur à l'âge de dix-sept ans, Néron aurait voulu asso-
ample bibliographie voir le t.II de l'édition de Heisenberg, cier Acté aux honneurs du trône. Mais il rencontra un
p. III note 1. obstacle dans la susceptibilité de sa mère Agrippine.
M. JUGIE. Sénèque,précepteur de Néron, avait favoriséla passion
ACSADY DE ACSAD (ADAM-PIERRE), évêque du prince. Pour tenir secrète cette liaison, un parent
de Veszprém, de 1726 à 1741. Né à Acsad, il com- de Sénèque, Anneus Serenus, avait accepté de jouer le
mença ses études au petit séminaire, les termina à rôle d'intermédiaire. Subjugué par sa passion, Néron
Nagyszombat et fut envoyé au Pazmaneum de délaissait de plus en plus sa femme Octavie. Informé e
Vienne, pour y compléter ses études théologiques. A de la conduite de son fils, et sentant que sa situation
son retour, fut élu curé de Papa, devint chanoine de était compromise, Agrippine recourut d'abord aux
Gyor et prieur de Hanta. Acsady fit partie de la dé- exhortations et ensuite aux mesures de rigueur contre
légation du chapitre envoyée au Parlement de 1723, les favoris du palais. Le public ne tarda cependant pas
et fut nommé, en 1726, évêque de Veszprém, par longtemps à connaître les relations de Néron avec la
Charles III qui en fit son chancelier. Il fut aussi mem- jeune affranchie. Exaspérée, Agrippine accable son
bre du Parlement qui assura le trône de Marie-Thérèse, fils de reproches. Mais Néron ne garde plus aucune
et mourut en 1741, à Papa. Il fit construire le palais déférence pour sa mère, et se livre tout entier à sa pas-
épiscopal qui existe encore aujourd'hui. Ardent pa- sion. Ayant échoué par les menaces, Agrippine s'ef-
triote, il protesta contre l'emploi de la langue alle- force de ressaisir son influence par les caresses.
mande aux séances du Parlement. Néron fit comprendre à sa mère qu'il n'était pas dé-
E. HORX. cidé à capituler, éleva Acté au rang de concubine
ACTA FACIENTES,classe de libellalici qui, durant impériale, et pensa même à l'épouser. A cette fin,
les persécutions, produisaient une pièce attestant il voulut l'ennoblir, et la fit passer pour l'héritière
qu'ils avaient sacrifié aux idoles. On les distingue d'Attale Philométor, dernier roi de Pergame, qui était
communément des j'EtpOyp(X(p'ŒlXnE, dont parle Pierre mort deux siècles auparavant en léguant au peuple
d'Alexandrie, Epist. de paenit., can. 5. Comme le nom romain ses États et ses trésors. Revenue de son
l'indique, les yîipoypaipriaavTeç souscrivaient de leurs abattement, Agrippine s'exhalait de nouveau en me-
propres mains le document attestant qu'ils avaient naces contre son fils. Néron ne se laissa pas ébranle r
sacrifié aux faux dieux. Les Acta facientes étaient ceux et donna à Acté le rang d'épouse et l'installa dans un
pour lesquels on produisait une pareille pièce. En par- magnifique palais. Par ses goûts littéraires et artis-
lant d'eux, saint Cyprien dit, édit. Hartel, t. n, tiques, Acté se montra à la hauteur de sa situation.
A Pise, elle bâtit un temple à Cérès, la divinité protec- Bibliothèque arménienne, Venise, 1853-1861, t. XIX,
trice de la ville, et attacha son nom à l'aqueduc de
Pouzzoles. Cette fortune s'écroula tout d'un coup. La
cinquième année de Néron, Acté fut supplantée dans
le cœur de l'empereur par Sabina Poppée, successive-
mas, de Thaddée :
premières pages; Vies et passions des saints, Venise,
1874, t. I, p. 200-212. Il en est de même de saint Tho-
Passion de saint Thaddée, apôtre
et de la vierge Santouchd et découverte de leurs restes,
Sopherq, t. VIII. Cf.Lettre d'Abgar, Venise, 1868, et
ment femme de Crispinus et d'Othon. Toute-puissante
sur Néron, Poppée exigea l'éloignement d'Acté. Ex- notre article sur Abgar (ci-dessus, col. 113) et notre
clue du Palatin, elle continua de vivre dans cette Ro- Histoire politique et religieuse de l'Arménie. Assez mince
me, qui avait été témoin de ses grandeurs. On pense estla part de vérité qu'on peut dégager de ces actes,,
qu'elle fut convertie au christianisme par la prédica- aussi bien que des Actes des Sukiasites et des Os-
tion de saint Paul à Rome et qu'elle fait partie de ghians martyrisés en Arménie, dans la première moitié-
« ceux qui sont de la maison de César, » dont
parle du IIe siècle, Sopherq, t. XIX, p. 33-66.
l'apôtre dans sa lettre aux Philippiens, IV, 22. Le nom IV-VIe siècle. Dans le récit du pseudo-Agathange,
d'Acté apparaît dans plusieurs inscriptions à côté de dont un certain fonds historique date du IVe siècle,
celui d'autres chrétiens. mais a reçu bien des additions au ve siècle, nous trou-
A. Loth, Acté, sa conversion au christianisme, dans la Re- vons d'intéressants détails sur Grégoire l'Illumina-
vue des questions historiques, t. xvn (1875), p. 58-113. — teur, ses tourments, manifestement exagérés, sur la
Dict. d'archéologie chrétienne, t. I, col. 2849. vie de ses fils, sur Tiridate le Grand, les vierges Gaiane,
V. ERMOXI. Hripsimé et leurs compagnes, où tout ne nous semble
ACTES:DES MARTYRS ET DES SAINTS. pas faux. Cf. l'Agathange arménien, Histoire, Tiflis,
Voir dans le Dictionnaire de théologie catholique, t. I, 1882. Voir notre article AGATHANGE et notre Histoire
col. 320-334, l'article du P. J. Van den Gheyn. et politique et religieuse. — L'Histoire del'Arménie, par
dans leDiction. d'archéol. chrét., t. I, col. 373-446, celui Faustus de Byzance, écrite vers la fin du ive siècle.
de dom H. Leclercq. Nous donnons ici une étude sur nous offre destraits originaux plus authentiques sur
les actes des martyrs et des saints arméniens, coptes, plusieurs saints ou martyrs. Éd. arménienne de Venise,
éthiopiens, grecs et latins, syriaques. 1889; Collection des historiens anciens et modernes de
l'Arménie, par Langlois, t. I, Paris, 1867. Faustus
I. ACTES DES MARTYRS ET DES SAINTS décrit, 1. III, c. vr, la mort de Grigoris, petit-fils de Gré-
ARMÉNIENS. A peu d'exceptions près, les Actes goire l'Illuminateur et archevêque des Aghouans.
des martyrs ou des saints qui ont vécu hors de l'Ar- Voir ces noms. Il dit la fin héroïque du catholicos
ménie sont de simples traductions des Actes grecs ou Iousig (Housig), 1. III, C. XIII, du chorévêque Daniel,
syriens. Les textes originaux arméniens nous pei- c. XIV, du prêtre Zouith, en Perse, 1. IV, c. LVI. Les
gnent cependant avec plus ou moins de détails un livres V et VI renferment d'intéressantes notices sur
assez grand nombre de saints non arméniens et, tout de saints personnages arméniens, grecs, syriens, Cha-
d'abord, ceux qui sont regardés comme les apôtres de ghida, Épiphane, etc. Quant aux pages consacrées au
l'Arménie, qui ont vécu dans cette contrée ou, du catholicos Nersès Ier le Grand, malgré quelques exagé-
moins, ont eu de plus étroites relations avec les Ar- rations, elles constituent avec la Vie de Nersès une
méniens. attachante et complète biographie. Langlois, t. r,
Pour ce qui est des martyrs de nationalité arménien- p. 18-44. Ed. en arménien, Sopherq, Venise, 1853..
ne, nous rencontrons le plus souvent, chez eux, à par- t. VI. Elle n'offre pourtant pas toujours les mêmes
tir du Ve siècle, un trait qui n'apparaît pas, du moins garanties de véracité que la notice de saint Sahag le
au même degré, dans les martyrologes propres des Grand et de saint Mesrob par Gorioun, leur disciple.
autres nations. Les martyrs arméniens sont sans doute, Langlois, t.II, p. 9-16; Sopherq, Venis?, 1853, t. n.
comme tous les martyrs, mis à mort, par haine de la foi Comme Gorioun, Élisée Vartabed et Lazare de Phar-
chrétienne, mais, fréquemment aussi, parce qu'on les be appartiennent au vC siècle, l'âge d'or de la littéra-
accuse de vouloir reconquérir une certaine indépen- turc arménienne. Ils ont décrit deux des actes les plus
dance politique contre leurs maîtres perses, grecs, complets et les plus fameux de l'histoire de l'Arménie,
arabes, tartares, turcs, etc. Si l'ombre du nationalisme les actes de Vartan qui, avec plus de mille de ses com-
n'obscurcissait ainsi bien des noms, inscrits dans le pagnons, succombe sous le glaive des Perses, dans une
martyrologe arménien, ou ne se projetait sur les ef- guerre entreprise pour recouvrer la libre pratique de
froyables hécatombes qui ont ensanglanté l'Arménie, la foi chrétienne, en 451. A ce récit fait suite l'histoire
nul peuple, toute proportion gardée, ne pourrait re- du martyre de Léonce et de ses compagnons, d'après
vendiquer un pareil nombre de martyrs. L'on doit des témoins oculaires. Élisée Vartabed, éd. arménienne,
donc tenir compte des haines politiques, de l'instinct Œuvres, Venise, 1859; traduction française, dans la
du pillage soulevant les infidèles contre les Arméniens collection Langlois, t. II, Paris, 1869; Lazare de Pharbe,
aussi bien que le fanatisme religieux et la soif de Histoire de l'Arménie, texte arménien, Venise, 1891;
luxure. Il convient d'observer aussi que la très grande traduction dans la collection Langlois, t. II. D. Le-
majorité des Arméniens qui, du vie au XXe siècle, ont t.II,
clerq, Les martyrs, p. 478 sq., a reproduit les Actes
été immolés comme chrétiens, appartenaientpeut-être des vierges Hripsimiennes, et ceux des Vartaniens et
à l'âme,mais non au corps de l'Église catholique. des Léontiens dans le t. IV, p. 1-153. Voir notre His-
Après avoir jeté d'abord un coup d'œil sur quel- toire, p. 512-552.
ques-uns des actes des martyrs et des saints les plus L'Histoire des guerres et des conquêtes des Arabes
célébrés par les Arméniens, nous indiquerons ensuite en Arménie, par le vartabed Léon (Ghévond), écri-
comment se sont formés les recueils arméniens ac- vain du VIlle siècle, retrace le massacre de 40 moines
tuels des Actes des saints et des martyrs. du monastère de Saint-Grégoire,la mort des cavaliers
I. Sur les nombreux actes des martyrs et des saints arméniens brûlés dans les églises de Nakhitchévan
des premiers siècles, qui ont passé littéralement du et de Khram, celle des nakharars égorgés peu après,
syrien et du grec dans la langue arménienne, voir la et le martyre d'Hamazasp et d'Isaac décapités pour
Bibliotheca hagiographica orientalis bollandiana, Bey- avoir refusé de devenir musulmans, trad. de G. Chah-
routh, 1909. Il est quelques saints, du même âge, dont nazarian, Paris, 1856, p. 19-20, 31-34, 156-159. On
les Arméniens se sont approprié, au moins en partie, tirerait des actes plus nombreux et tout aussi véri-
l'activité apostolique et le martyre. Tels sont l'apôtre diques des historiens Thomas Ardzrouni, Jean Ca-
Barthélémy; voir sa passion, Sopherq Haigagcuiq, tholicos, l'un et l'autre du IXe siècle, etc. Il est vrai
que ces historiens, comme Ghévond et les chrétiens in-4°, Venise, 1901; 1re partie, Les historiens des Ar-
dont ils décrivent les supplices, étaient, matérielle- méniens, p. 107. Quelques auteurs pourtant n'iden-
ment du moins, séparés de l'Église catholique. Toute- tifient pas Guiragos l'Oriental, auteur d'un martyro-
fois, nous pouvons ne pas être plus sévères que les loge, avec Guiragos l'Historien. Cf. Karékin Zarba-
bollandistes qui, sous le titre de martyrs, ont inscrit nalian, Histoire littéraire de l'Arménie ancienne, Ve-
nombre d'entre eux, comme David de Tovin, + 31 nise, 1897, en arménien, p. 753-754. — Au XVe siècle,
mars 693, dans leur Bibliotheca hagiographica orien- le
enfin,, vartabed Grégoire de Klath, au nord-ouest
talis. Voir sur David, Jean Catholicos, Histoire d'Ar- du lac de Van, remania le martyrologe laissé par Israël
ménie; trad. de Saint-Martin, p. 248. Il est, d'ailleurs, et Guiragos et le surchargea de nouvelles et malencon-
hors de doute que beaucoup des chrétiens orientaux, treuses additions. Cf. Préface du recueil Haismavourq,
même non unis, qui sont tombés sous le glaive des éd. de 1834; Alichan, Ayabadoum, in-4°, 1repartie, Les
infidèles, soit au moyen âge, soit en 1895, soit en 1909, historiens de l'Arménie, n. 112; IIe partie, n. 373,
dans le vilayet d'Adana, ont été tués pour avoir 374. Ce fut, toutefois, l'œuvre relativement nouvelle
affirmé en face de la mort leur fidélité au Christ. Cf. de Grégoire de Klath, surnommé Dsérentz ou fils du
F.Charmetant, Martyrologe arménien. Tableau offi- vieillard, qui fut éditée à Constantinople en 1706 et en
ciel des massacres d'Arménie (de 1895), Paris. Il faut 1730. Mais, en 1834, la 3e édition des Haïsmavourq,
dire aussi que, parfois, des Arméniens non unis, en parue aussi à Constantinople, fut faite d'après un
excitant les musulmans contre les catholiques, ont exemplaire de l'œuvre d'Israel et de Guiragos, copié
valu à quelques-uns de ces derniers les honneurs du en Cilicie vers l'an 1310.
martyre. Tel fut le cas pour le prêtre de Gomidas, Avant la première édition des Haïsmavourq (Iais-
martyrisé à Constantinople, le 5 novembre 1707. Voir mavourq), en 1641, avaient étéimprimées en Perse,
la Lettre de M. de Ferriol, ambassadeur de France à dans la nouvelle Djoulfa (Dchougha), faubourg d'Is-
Constantinople au ministre de Louis XIV, dans les pahan, les Vies des pères (Harantss Varq), anacho-
Documents inédits pour l'Histoire du christianisme en rètes, etc. Une deuxième édition parut à Constanti-
Orient, par le P. Rabbath, S. J., t. I, Paris, 1905, nople, en 1721, et une troisième en 1855, en2 volumes,
p. 126-130.Pièces pour le procès de béatification, aux à Venise; la plupart de ces biographies étaient l'œuvre
archives du patriarcat de Constantinople. de la seconde période de la littérature arménienne ou
II. Formation des recueils arméniens actuels des du second âge des traducteurs, Cf.Haigagan Made-
nakidouthioun, Venise, 1883, p. 337-340; Dachian,
Actes de Martyrs et des Vies de saints. — Au IXe siècle,
il existait un certain nombre de passions et de bio- Catalogue cité n. 66, p.290-304, etc. — La collection
graphies hagiographiques arméniennes. Mais, ces la plus complète des Vies des saints et des Actes des
pièces, dont la plupart étaient dues à des auteurs du martyrs, avec beaucoup de notes et de références aux
ve siècle, restaient dispersées. A cette époque, Kakig, martyrologes grecs, syriens, latins, a été éditée à Ve-
abbé du monastère d'Adom, avec le concours du diacre nise, en 1810, par le Père Jean-Baptiste Aucher (Av-
Grégoire, traduisit un certain nombre d'autres notices kérian), 10 volumes, in-8°. Les éditeurs ont ajouté, en
du grec et surtout du syrien. Après avoir fait passer 1814-1815, deux autres volumes, dont le premier con-
dans sa langue le martyrologe syrien, il réunit en un tient des discours pour les diverses fêtes et le second,
recueil les actes épars dans les livres arméniens et les Actes des saints et des martyrs, non compris dans le
le
donna à ce recueil nom d'Adomatir. Voir Haigagan calendrier arménien. Une autre édition, in-fol., sans
Madenakidouthioun, bibliographie arménienne, Ve- notes, est de 1810. Le Père Lucas Indjidjian en a donné
nise, 1883, p. 449, et préface de la 3e édition du recueil un résumé publié en 1830, réédité en 1850 et 1896. Un
Iaïsmavourq (Haïsmavourq), Constantinople, 1834; choix plus complet a paru en 2 volumes, à Venise,in-8°,
Somali, Quadro della storia letteraria di Armenia, Ve- 1874, sous ce titre, Vies et passions des saints (Varq ev
nise, 1829, p. 53. L'Adomatir fut augmenté par le Vgaïapanouthiounqserpotss), extraits des Djarrendirs.
médecin Jean qui traduisit d'autres actes de martyrs Le premier volume de 721 pages contient 53 Actes. Le
du grec et du syriaque. A la fin du xe siècle, le fils du second volume de 553 pages en contient 48. C. Cony-
fameux prince Grégoire Magistros, le catholicos Gré- beare a fait paraître,à Oxford, en 1894, une édition an-
goire II Vahram (1065-1105), surnommé Vgaïaser, glaise abrégée des plus anciens de ces actes arméniens.
ami des martyrs, prit à tâche, aidé par de nombreux
disciples, de réunir et de traduire du grec d'autres Nilles, Kalendarium utriusque Ecclesise orientalis et occi-
dentalis, Inspruck, 1896, 2 vol. — F. Nève, L'Arménie
nombreuses Vies de saints. Il fit aussi un choix d'ho- chrétienne et sa littérature, Louvain, 1885. — Calendrier
mélies et de panégyriques des saints, les mit en ordre liturgique arménien, dans Il Bessarione, 1906, n. 90
et prescrivit de lire, dans les églises et les couvents, p. 275-294; n. 91-92, p. 71-75. — Jacques Dachian, Cata-
suivant l'occurrence des jours, les diverses parties de logue des manuscrits arméniens de la biblioth. des méchi-
ce recueil, qui a été appelé, depuis, Djarrendir, ou taristes de Vienne, in-4°, Vienne, 1894, Ire partie en alle-
choix de discours. Un abrégé a été publié sous ce titre, mand; IIe partie, en arménien, n. 1, 2, 7, 10, 213, 214. —
Djarrendir Hamarrod, Constantinople, 1722. Bibliotheca hagiographica orientalis bollandiana, en cours
de publication (1909), à Beyrouth, très riche et utile réper-
e
Au commencement du XIII siècle, un docte Armé- toire, comme le précédent. — F. Macler, Catalogue des ma-
nien, Israël, compléta ces vies de saints, ces passions nuscrits arméniens et géorgiens de la Bibliothèque nationale
de martyrs et ces homélies, et en distribua la matière de Paris, in-8°Paris, 1908, n. 110, 111, 116-118, 120, 178,
pour les divers jours de chaque mois, après les avoir 180, 184, 186, 188, etc.
entremêlées de passages des saintes Écritures. Le livre Fr. TOURNEBIZE.
ainsi formé fut appelé Haïsmavourq, littéralement 2. ACTES COPTES. Les martyrs égyptiens
en ces fours. La série des jours était disposée de ma- ont certainementété très nombreux. Nous avons à ce
nière à commencer au 1er jour de septembre, l'auteur sujet les témoignages contemporains et authentiques
voulant, disait-il, se conformer à l'ordre établi par les recueillis par Eusèbe de Césarée,Pistoire ecclésiastique,
VI, 1 (persécution de Sévère); vr, 41 (persécution de
savants de Rome, préface, loc. cit. — Le martyrologe
arrangé un peu plus tard par Guiragos, surnommé
l'Oriental et probablementidentique à l'historien Gui-
Dèce);vii, Il (Valérien); VIII, 7-10(Dioclétien), etc.,
P. G., t. xx, col. 521, 605, 661, 756-768, et d'anciens
ragos de Kantzag, nenous semble pas avoir beaucoup actes rédigés en grec, comme ceux de saint Marc, de
différé de l'œuvre d'Israël. Cf. J. Dachian, Catalogue saint Pierre d'Alexandrie. La plupart des martyrs
des manuscrits de la biblioth. des méchitaristes de d'Égypte et d'Alexandrie qui figurent au martyrologe
Vienne, n 174; — Alichan, Ayabadoum, en arménien, romain y ont été mis sur la foi d'Eusèbe. Toute cette
littérature, comme toutes les histoires et tous les apo- ples panégyriques, œuvres surtout d'imagination, ont
phthegmes des pères égyptiens, ne fait pas partie de pu être transformés en « actes des martyrs »; parfois
cet article, parce qu'elle est d'origine grecque et que aussi des sanctuaires intéressés ont pu vouloir stimuler
nous nous bornons aux légendes d'origine copte. La le zèle des fidèles en rattachant leur éponyme à un
source principale est le synaxaire de l'Église copte illustre martyr. C'est ainsi que le sacristain monophy-
jacobite en partie accessible dans la traduction de site de l'église de Cateia aurait pu être conduit à ma-
M. René Basset (Patrologie orientale, t. I et t. III, Pa-
ris, 1907-1909, quatre mois) et dans la traduction alle-
mande de Wùstenfeld (Synaxarium, das ist Heiligen-
:
gnifier saint Philothée, éponyme de l'église, et à lui
faire dire de la part de Dieu ccJe glorifierai ton nom
sur la terre comme je l'ai fait pour Victor fils de Ro-
Kalender der coptischen Christen, Gotha, 1879, six manus. » Cf. Anal. boll., t. XXIV, p. 396. On comprend
mois). Nous renverrons souvent aussi à M. Hyvernat, aussi que le monastère monophysite Deir el-Hadith,
Les actes des martyrs de l'Égypte, Paris, 1886-1887, et près d'Achmin, ait pu vouloir mettre hors de pair ses
au Synaxaire éthiopien, mois de Sané, publié et tra- saints patrons Euloge et Arsène en racontant comment
duit par I. Guidi, dans Patrol. orient., édit.Graffin-Nau, le Messie leur avait donné sept couronnes à chacun
t. i, fasc. 5. Nous indiquerons, à la fin de l'article, les Patrol. orient., t. III, p. 469.
autres publications. Pour le plus grand nombre des actes, surtout pour
I. De l'origine des légendes coptes. II. De leurs au- le cycle de la famille impériale, notre opinion person-
teurs. III et IV. Des martyrs antérieurs et postérieurs nelle est que nous sommes en présence de faux créés,
au concile de Chalcédoine. de manière délibérée, par l'Église monophysite. Du-
I. ORIGINE DES LÉGENDES COPTES ÉDITÉES SOUS LE rant les premiers siècles de notre ère, en effet, le copte
TITRE DE Acta martyrum. — Ces légendes sont tirées avait moins d'importance en Égypte que le breton
de manuscrits monophysites achetés, pour la plupart, dans l'ouest de la France, car tous les libelli (cf. infra),
par Assémani, dans les monastères monophysites de délivrés aux indigènes dans les villages, tous les dé-
l'Égypte. Parfois nous n'avons plus l'original copte, nombrements et les rôles de contributions étaient ré-
mais une traduction ou un remaniement en arabe ou digés en grec; les actes des martyrs qui ont pu être ré-
en éthiopien qui proviennent aussi des monastères digés l'ont été en grec et toute la littérature égyp-
monophysites de l'Égypte ou de l'Éthiopie. D'ailleurs tienne de ces premiers siècles est grecque. Après le con-
aucun de ces manuscrits, croyons-nous, n'est antérieur cile de Chalcédoine seulement, l'Église monophysite
au commencement du xe siècle. d'Égypte a adopté le copte pour langue liturgique et
Si nous remarquons que l'Église d'Égypte, jusqu'au officielle afin d'accentuer davantage sa séparation
concile de Chalcédoine, formait le plus beau fleuron de d'avec l'Église grecque de Constantinopleet de se lier
l'Église universelle, et que ses saints et ses solitaires plus intimement avec les villageois qui avaient con-
étaient revendiqués et célébrés par toute l'Église, nous servé le copte pour langue usuelle. La nouvelle Église
pouvons en conclure que des martyrs aussi extraordi- dut se créer une littérature, ce qu'elle fit à l'aide de
naires que les martyrs coptes auraient certainement traductions et d'adaptations et aussi à l'aide de faux
été revendiqués par toute l'Église s'ils avaient été comme la vie de Dioscore, soi-disant écrite par son dis-
connus avant le concile de Chalcédoine. Ceci a lieu, en ciple Théopiste, et le panégyrique de Macaire de
effet, pour quelques-uns, comme saint Luc, saint Tkoou, qui aurait été prononcé à Gangres par Dios-
Pierre d'Alexandrie, saint Jean et saint Cyr qui ne core lui-même. C'est dans ce dernier genre que nous
font pas l'objet de cet article. Tous les autres, inconnus ferions rentrer la plupart des légendes des martyrs
hors de l'Égypte, connus seulement par des manus- coptes. A des martyrs authentiques on a adapté de
crits monophysites récents, sont donc particuliers à nouvelles légendes (ou même on a créé celles-ci de
l'Église monophysite et leurs actes — sinon les mar toutes pièces) en les rattachant aux villages et aux
tyrs eux-mêmes — ont toute chance d'avoir été créés monastères pour en faire une littérature hagiogra-
par cette Église. Leur origine se place donc déjà entre phique nationale. Le soin avec lequel on a calqué et
451 (concile de Chalcédoine) et la fin du IXe siècle. La amplifié les actes authentiques sans même omettre
légende de Victor, l'un des martyrs les plus célèbres du d'imaginer un rédacteur officiel, nommé Jules d'Aq-
cycle de Dioclétien, prédit le triomphe des Éthiopiens fahs (cf. infra), ne nous permet pas de voir ici de sim-
sur les musulmans, Péreira, Acta martyrum, Paris, ples légendes populaires, mais nous fait conclure à des
1907, p. 222; aussi, d'après le R. P. Peeters, « ce serait faux délibérés. Nous allons les faire connaître avec
vers le début du VIIIe siècle, au plus tôt vers le milieu quelques détails parce que la plupart de leurs héros,
du vne, qu'il faudrait placer la création de ce person- vu leur caractère purement légendaire, ne figureront
nage fabuleux. » Anal. boll., t. XXVII, 1908, p. 71. Il pas ailleurs dans 1P. dictionnaire.
est possible que la mention des musulmans soit une III.
interpolation éthiopienne, ce qui permettrait de vieil-
lir un peu plus « la création » de Victor, mais en tout
CÉDOIXE. -
MARTYRS ANTÉRIEURS AU CONCILE DE CHAL-
1. LÉGENDES APOSTOLIQUES. En sus -
de saint Marc, premier évêque d'Alexaudrie, dont les
cas c'est une légende monophysite, propriété exclu- actes appartiennent au chapitre des « actes grecs », les
sive de l'Église monophysite, donc postérieure à 451 Égyptiens revendiquent encore saint Barthélemy et
et même au ve siècle.
D'ailleurs les éditeurs de ces Actes des martyrs,
comme M. Hyvernat et le R. P. Balestri, ne manquent
:
saint Luc et les Éthiopiens, saint Mathieu. Saint Bar-
thélemy prêche l'évangile dans les oasis (alias dans
l'Inde qui est proche de l'Éthiopie). Pour le faire en-
pas d'ajouter qu'ils ne se placent, dans leurs éditions, trer dans ce pays, Pierre l'y vend comme esclave. Plus
qu'au point de vue philosophique et le R. P. Peeters a tard, avec André, il évangélise le pays des Berbères;
pris soin de souligner le « caractère mensonger » de ces un cynocéphale le préserve contre toutes les bêtes fé-
« textes misérables » utiles surtout aux « folkloristes» roces. Le roi Agrippa ordonne de le mettre dans un sac
et aux « collectionneurs de monstruosités hagiogra- de crin rempli de sable et de le jeter à la mer. Cf. Patrol.
phiques. » Analecta bollandiana, t. XXVII (1908), p. 72. or., t. I, p. 224-226; t. III, p. 311. Les Égyptiens font
Personne ne nous contredira donc, croyons-nous, si aussi un martyr de saint Luc, mis à mort sous Néron,
nous proposons de remplacer, sur ces éditions, le titre
vénérable Acta martyrum, par celui-ci, déjà employé
« Légendes et contes de l'Égypte chrétienne. »
: dans la ville de Proconèse, avec 276 personnes, Patrol.
or., t. i, p. 358-360. Saint Philippe lui aussi aurait été
chargé d'évangéliser « l'Ifriqyah et ses provinces ».
II. AUTEURS DE CES LÉGENDES. — Quelques récits Ibid., t.III, p. 307. C'est sans doute aussi vers l'Égypte
peuvent être d'origine populaire; d'autres fois desim- et l'Éthiopie qu'il faut placer ce pays des anthropo-
phages, évangélisé par Mathieu et André. Ces légendes, la
tel, j'aifait la libation et j'aimangéde viande sacrée.
En conséquence, je vous prie de me donner votre si-
qui semblent d'origine égyptienne, ont passé dans les
mondes grec, latin et syrien par leurs traductions ou gnature. Portez-vous bien. » — Les membres de la
:
adaptations.
:
Plusieurs villes d'Égypte revendiquaient aussi
Notre-Seigneur cc Saint Joseph se leva et prit Notre-
Dame Marie, Notre-Seigneur Jésus-Christ et Salomé,
cousine de Notre-Dame Marie, et ils vinrent au pays
commission ont écrit ensuite sur ce billet « Nous
Aurélius Sérénos et Aurélius Hermas, nous vous avons
vue sacrifier. » Le tout est daté du 21 payni, première
année de Dèce (14 juin 250). Sous Maximien, on trouve
mentionné le martyre de Théodore le Romain. vVüs
d'Égypte, au couvent Quesquâm et dans d'autres lieux. tenfeld, Synaxarium, das ist Heiligen-Kalender, Gotha,
Quand ils furent restés dans le pays d'Égypte trois ans 1879, p. 320. Il fut flagellé, on lui coupa les membres,
et sept mois, Hérode mourut. En retournant ils vin- on le brûla, enfin on lui coupa la tête dans la ville d'As-
rent à la ville de Mâharqâ, puis de là à la ville de Misr
(le Caire), de là à la ville de Mataryâ, et de là à la ville
de Mehsâb; alors Notre-Seigneur Jésus-Christ fit jail-
tir
III.
(?).
MARTYRS sous DiorL/h'IEN.- La plupart des
martyrs coptes sont censés avoir été martyrisés sous
lir cette source, étant avec sa mère la vierge Marie, et Dioclétien. Il est certain que les martyrs à cette époque
cette source demeure jusqu'à ce jour. » Patrol. or., furent nombreux puisque l'Église d'Alexandrie fit
t. I, p. 568. On remarquera ce luxe de détails, destiné commencer son comput des années à la persécution
sans doute à accréditer des sanctuaires; nous le re- de Dioclétien et appela cette ère, l'ère des martyrs.
:
trouverons dans tous les actes des martyrs coptes.
Nous lisons ailleurs ccEn ce jour (2 novembre) le Sau-
veur, Jésus le Messie, se réunit avec ses disciples purs
Nous allons faire connaître le cycle des martyrs de la
famille impériale (Basilide, Eusèbe, Macaire d'Antio-
che, Apater et Iraï, Didyme, Païsi et Thècle, Hérakion,
à Qosqâm, qui est El-Moharraq; c'est là qu'eut lieu la Numérius, Théodore l'oriental, Philothée, Juste, Aboli
première messe, comme le témoignent saint Philothéc et Théoclie, Claude, Victor) et les martyrs Piroou et

Moharraq :
et saint Cyrille. » Patrol. or., t. III, p. 255, cf. p. 491.
Makrizi (XIVe-XVe siècle) écrivait du monastère d'El-
« Les chrétiens affirment que le Christ
(salut à lui) a séjourné en ce lieu six mois et quelques
jours. On y célèbre une fête solennelle appelée la fête
Athom, Jean et Siméon, Ari, Macrobe, Sérapamon,
Paphnuce, Rafiqa, Pisora, Théophile, Georges, neveu
d'Arménius, Naharouah, Timothée, Mennas et Amin,
Sophronios, Psoté, Banina et Naou, Djooré, Ptolémée,
Ammonios, Amsah, Hélias, Agapitus, Sérapion,
de l'Olivier, ainsi que la fête de la Pentecôte qui attire Arien.
une grande multitude de peuple. » Revue de l'Orient A. Cycle des martyrs de la famille impériale. — Ce
chrétien, t. XIII (1908), p. 45-46. Le premier martyr cycle est d'origine copte mais a passé, avec de nou-
égyptien serait Eudémon, mis à mort par les païens à veaux développements, dans les littératures arabe
Aschmounaïn pour avoir prêché la divinité de Notre- et éthiopienne, et a même poussé quelques branches
Seigneur qui habitait alors cette ville et était âgé de dans les littératures grecque et latine. Le patriarche
deux ans. Cf. Amélineau, Les actes des martyrs de est BASILIDE « père des rois ». « Il était vizir et admi-
l'Église copte, Paris, 1890. Le pseudo-Épiphaneraconte nistrait l'empire romain, » Patrol. or., t. I, p. 255. Il
aussi que Jérémie fut martyrisé en Égypte à Taphnès, était fils d'Eudoce, fils d'Eumène, comte d'Antioche.
P.
pour avoir prédit la victoire du Messie. G., t. XLIII, E. Péreira, Acta martyrum, Paris, 1907, p. 4. Car les
col. 400. Cf. P. L., t. II, col. 137; t. XXIII, col. 335, et le écrivains coptes n'ignorent jamais le nom et la nais-
martyrologe romain au 1er mai.
II. MARTYRS ANTÉRIEURS A DIOCLIITIEX. - sance de leurs héros. Le mal est qu'ils négligent de se
:
En de- mettre d'accord. Pour l'un, Basilide n'a qu'un fils :
hors des actes grecs des martyrs, nous trouvons que Apater, et deux filles Iraï et Calonie; cette dernière
Démétrius, douzième patriarche d'Alexandrie (189- épouse l'empereur Constantin. H. Hyvernat, Les actes
231), a été banni par l'empereur Sévère. Cf. B. Evetts, des martyrs de l'Égypte, Paris, 1886, p. 79, 90. Pour
History of the patriarchs of the coptic Church of Alexan- d'autres, Basilide a deux fils : Eusèbe et Macaire
dria, dans Patrologia orientalis, édit. Firmin-Didot, d'Antioche, ou encore Euloge et Macaire d'Antioche.
:
t. I, p. 162, cf. p. 332-335. Eusèbe nous apprend d'ail- H. Hyvernat, loc. cil., p. 2, 72. Voici un essai de syn-
leurs que cette persécution a causé des martyrs sur- thèse « Basilide », époux de Sophie, a deux fils « Eu-
tout à Alexandrie. Rist. eccl., 1. VI, c. I. Sous Dèce, sèbe » et « Macaire a d'Antioche; Marthe, sœur de So-
nous trouvons « le saint vieillard Matra et une troupe phie, est l'épouse de Romanus, païen endurci, elle a
de martyrs. » Patrol. or., t. I, p. 323-324. C'est la seule pour fils « Victor ». Patricia (alias Théodora), sœur de
mention de la persécution de Dèce que nous trouvions Basilide, est l'épouse de Numérien, empereur romain,
»
dans le synaxaire copte. Heureusement les papyrus, elle a pour fils « Juste et « Théodore » l'Oriental.
s'ils ne nous ont pas conservé d'actes de martyrs de Théopista sœur de Basilide, épouse de Ptolémée, frère
cette époque, nous ont conservé cinq libelli et nous de l'empereur Numérien, a pour fils «Claude ». Enfin
apprennent que par toute l'Égypte, la première année Théocrator, frère de Basilide, a pour fils « Apater et »
de Dèce (250), tous les habitants ont dû faire acte de « Iraï ». Tous les personnages dont nous avons mis les
culte païen devant les délégués aux sacrifices et en re- noms entre guillemets se convertissent successivement
cevoir un billet (libellus) qui en témoigne. Il est cer- et sont tous envoyés d'Antioche en Égypte pour y
tain que les chrétiens ont pu, moyennant argent, se subir le martyre.
procurer ce billet (libellus) sans faire acte de culte Le siège de l'empire romain était à Antioche, le pré-
païen, ce sont les libellatici, mais il est certain aussi décesseur de Dioclétien était Numérien que nous avons
que beaucoup ont dû avoir assez de zèle ou de fierté trouvé plus haut (ailleurs le prédécesseur de Dioclé-
de caractère pour préférer la persécution. On trouvera tien est nommé Quintilien, Hyvernat, loc. cit., p. 187).
le texte et le commentaire de ces libelli dans C. Wes- Dioclétien n'est autre qu'un chevrier égyptien nommé
sely, Les plus anciens monuments du christianisme Aghribidâ. Il gardait le troupeau des parents d'Anba

:
écrits sur papyrus, dans Patrol.or., t. IV, fasc. 2. Voici Psoté, évêque de Psoï. L'empereur Numérien envoya
la traduction de l'un d'eux « A la commissionélue pour recruter des soldats en Égypte, on saisit, entre autres
surveiller les sacrifices. De la part d'Aurélie Kamis, recrues, Aghribidâ, et on l'amena dans la ville d'An-
originaire du village de Philagris, demeurant dans le tioche. Il plut à la fille aînée de l'empereur Numérien
village de Théodelphie (dans le Fayoum) : j'ai été tou- qui l'épousa et le fit régner. Patrol. or., t. III, p. 531-
jours dévouée au service des dieux, et maintenant 533. Cf. Péreira, loc. cit., p. 115-116. C'est ainsi que
aussi, en votre présence, selon l'édit, j'ai encensé l'au- Juste, fils de Numérien et neveu de Basilide, fut frus-
tré de l'empire au profit d'Aghribidâ, le chevrier égyp- à
encore Romain, père de Victor, qui conseille Dioclé-
tien de détruire toutes les églises et de bâtir des tem-
tien, qui prit le nom de Dioclétien.
Plusieurs Acta martyrum coptes nous fournissent
aussi une cause inédite de la persécution de Dioclétien : ples, Hyvernat, loc. cit., p. 1284-286. Patrol. or., t. I,
p. 250; Païsi est converti par Victor, fils de Romain;
celui-ci avait fait prisonnier Nicomède, fils du roi des sa sœur Thècle va mourir avec lui, Patrol. or., t. III,
Perses; il l'avait donné en garde à l'archevêque d'An- p. 409; Hérakion, captif chez les Berbères est délivré
tioche. qui se laissa corrompre par les présents du roi par Jean, de la famille de Victor. Patrol. or., t. m,
des Perses et favorisa la fuite de Nicomède. C'est pour p. 525-530. Le martyre le moins chargé d'incidents est
se venger de cette trahison que Dioclétien mit l'arche- celui de Théodore l'oriental, :
neveu de Basilide il est
vêque à mort, fit 70 dieux d'or, et ordonna de persé- cloué à un arbre avec 193 clous, longs chacun d'une
cuter tous les chrétiens. Hyvernat, loc. cit., p. 192-196; coudée, mais c'est lui qui, plus tard, apparaît à Cons-
Péreira, loc. cit., p. 13-16, 75-77,116-120. tantin, le convertit et lui donne la victoire dans les
Basilide est converti par Notre-Seigneur lui-même, combats.
il est exilé dans la Pentapole, le gouverneur Mysaure B. Autres martyrs coptes. — Il en est encore une
le livre au feu jusqu'à ce qu'il soit réduit en cendres. catégorie qui peut se ramener à la précédente. Ce sont
Saint Michel porte ces cendres devant Notre-Seigneur ceux qui ont été torturés par les mêmes juges, à noms
qui le ressuscite. Mysaure lui fait enfoncer deux clous ethniques, inconnus par ailleurs. Car les juges-bour-
dans les yeux, lui fait verser de la poix et du soufre reaux nommés Arien, Eutychien, Arménien, avec les-
dans la gorge; saint Michel le guérit. Mysaure le fait quels discutaient les fidèles, peuvent bien personnifier
mettre sur une roue qui lui brise les bras, il fait mettre les hérésies contre lesquelles luttaient les jacobites; le
ses os dans une chaudière qui les dissout et il les fait païen incorrigible Romanus, conseiller de Dioclétien
enterrer sur une montagne. Notre-Seigneur le ressus- contre les fidèles et même contre son fils Victor, peut
cite, etc. Péreira, loc. cit., p. 1-59. Cf.Patrol. or., t. I, personnifier le pontife romain qui conseillait l'empe-
p. 255-258. On trouve des récits analogues sur Eusèbe reur de Constantinople (sinon d'Antioche) contre les
-devant Maurien, gouverneur de la Haute Égypte, jacobites et surtout contre les Égyptiens. Ces noms ont
Hyvernat, loc. cit., p. 1-39; Wustenfeld, loc. cit., p. 313. peut-être été imaginés pour le cycle de Basilide et nous
et sur Apater et Iraï devant Arien, Hyvernat, loc. cit., permettent de rattacher à ce cycle tous les actes dans
p. 78-113; Patrol. or., t.I, p. 303. lesquels ils se rencontrent. Nous en dirons autant de la
Des rédacteurs imaginent de faire souffrir et même mention des soixante-dix dieux de Dioclétien qui sem-
de faire mourir leur martyr en plusieurs endroits dif- ble propre elle aussi au cycle de Basilide.
férents, ce qui permet sans doute d'élever plusieurs C'est le cas de Piroou et Athom qui subissent trois
sanctuaires aux endroits de leur martyre. Ari, prêtre martyres de la part d'Arménius, d'Arien et de Pom-
de Chetnoufi, va se livrer à Culcien qui le fait jeter pius, Hyvernat, loc. cit., p. 135; de Jean et Siméon qui
dans une chaudière. Michel le délivre et Culcien de se dénoncent à Arménius, gouverneur d'Alexandrie;
Pchati l'envoie à Arménius d'Alexandrie qui le fait ibid., p. 174; d'Apa Ari de Chetnoufi qu'Arménius
jeter dans une fournaise. Le feu l'épargne; on lui coupe fait jeter dans une fournaise, ibid., p. 202; de Macrobe,
la tête. Hyvernat, loc. cit., p. 202-224. Dioclétien tor- que les archontes envoient à Arménius, ibid., p. 225;
ture en vain Macaire d'Antioche, fils de Basilide. Il de Sérapamon qui lutte avec Arien, ibid., p. 304;
l'envoie à Arménius, comte d'Alexandrie, pour qu'il cf. Patrol. or., t. III, p. 349; d'Agathon, etc., torturés
le torture. Arménius le fait suspendre au chevalet et par Arménius, Patrol. or., t. I, p. 239; de Dasya, de
le fait jeter dans la fournaise des bains publics « lié et Sophronios, etc., de Psoté, d'Abadion, des 5800 mar-
ayant aux pieds deux cents livres de fer, » puis il l'en- tyrs d'Akhmin, de Djooré, de Ptolémée, d'Ammonios,
voie à Eutychien, gouverneur de Pchati, pour qu'il le d'Amsah et d'Hélias, tous martyrisés par Arien. Pa-
fasse mourir. Eutychien, lui fait arracher la langue et trol. or.,t.I, p. 228, t. III, p. 311, 530, 543, 415, 426, 455,
les ongles et lui fait enfoncer deux verges incandes- 462, 491. On a même raconté le martyre de la fille
centes dans le gosier. Enfin Arien, gouverneur de la d'Arménius et de son neveu nommé Georges, Patrol.
Thébaïde, l'emmène avec lui et le fait décapiter dans or., t. III, p. 256-257, et la conversion et le martyre du
la ville de Chetnoufi. Hyvernat, loc. cit., p. 40-77. juge Arien. Amélineau, Contes et romans, t. II, p. 81-
De même Pirôou et Athôm sont martyrisés par Ar- 96.Cette conversion avait été prédite par Anba Hé-
ménius, comte d'Alexandrie, puis par Pompius à Péré- lias, évêque du couvent de Notre-Dame. Pair. or.,
moun et enfin par Publius, gouverneur de Psarion. t. III, p. 493. Mentionnons parmi les autres martyrs
Hyvernat, loc. cit., p. 135-173. Hor, Suzanne et ses enfants, martyrs à Tmoui, Pair.
:
Dioclétien adresse aussi Juste, fils de Numérien, or., t. i, p. 324; Théophile et sa femme à Phiom, sous
avec sa femme Théoclia et leur fils Aboli, à Arménius, Dioclétien, ibid., p. 348;Timothée, évêque d'Antinoé,
gouverneurd'Alexandrie, pour qu'il les fasse mourir. qui était en prison à l'avènement de Constantin, ibid.,
Celui-ci envoie Juste à Arien, gouverneur d'Antinoous, p. 286; Abou Mennas, sous Dioclétien, ibid., p. 293-
Théoclia au gouverneur de Sa et Aboli à Ptolémée, 298; Baninas et Naou, martyrs à Edfou sous Dioclé-
gouverneur de Basta, qui les mettent respectivement tien, ibid., p. 388-393; Victor de Siout, jeté, à l'âge
à mort. Péreira, loc. cit., p. 71-98; Wüstenfield, loc. cit., de douze ans, dans le four des bains. Ibid., p. 380-
p. 292. 382,etc.
Claude, neveu de Basilide, est aussi envoyé au comte L'Église d'Éthiopie, étroitemnt attachée à celle
d'Alexandrie, puis à Arien gouverneur d'Antinoous d'Alexandriequi lui envoyait ses métropolitains, avait
mais Arien était en voyage et Claude doit aller le trou- même calendrier et même synaxaire. Tous les martyrs
:
ver à Asiout. Péreira, loc. cit., p. 175-194. Victor, ne- coptes se retrouvent donc en Éthiopie. Dans le fasci-
veu (alias petit-fils) de Basilide, est adressé d'abord cule déjà publié du synaxaire éthiopien, Patrol. or.,
A Arménius et, par celui-ci, à Arien. Péreira, loc. cit., t. I, fasc. 5, mois de sané (mai-juin), on trouve Sanusî,
p. 207-226. Sa mère vient chercher son corps et le p. 540-541; Jean d'Héraclée, martyrisé par Arien,
porte à Antioche où elle lui fait bâtir une église aussi p. 542-545; Théodose, martyr à Alexandrie sous Cons-
bien qu'à Asiout: Péreira, loc. cit., p. 223-225. Cf. Pa- tance, durant la persécution arienne, p. 559-560; qua-
trol. or., t. III, p. 345-348. tre magistrats de la ville d'Esnâ et Abba-Eslciron, de
Autour de ces héros principaux gravitent une foule la ville de Qalin, victimes d'Arien, p. 561-566; Timo-
de martyrs qu'ils convertissent et dont ils authenti- thée, l'un des soldats d'Arien, p. 650-651; abba Nob,
quent la mémoire. Dans le martyre de Didyme, c'est sous Arien, p. 661-664; Thomas de Sandolât, 700 hom-
mes et 9 femmes, sous Arien, etc., etc. Claude devient p. 110, ne sont que deux éditions, toutes deux aug-
Galâwdyos. Patrol. or., t. I, p. 578-583. mentées et embellies, d'un même récit. Ce cas est
C. Procédés littéraires. — Nous avons déjà signalé assez intéressant puisque le martyre de Paphnuce
.l'accumulation des souffrances et des miracles, le
même martyr pouvant être mis à mort jusqu'à trois
fois dans trois villes différentes; l'auteur a lu les actes
:
existe en grec, en latin et en syriaque aussi bien qu'en
copte tous deux se font les pourvoyeurs du bourreau ;
Sarapamon cause 8 800 martyrs, cc non compris ceux
authentiques des martyrs, il emploie souvent les ter- qui ne purent être comptés, » p. 331, Paphnuce en
mes officiels, affecte de donner des détails et décrit les cause 546, qu'il va recruter sur la voie publique,
supplices avec grande virtuosité, Hyvernat, loc. cit. : Bedjan, p. 524, dans les écoles, p. 526, près du fleuve
« l'édit fut écrit, scellé et remis à un magistrianus (offi- p. 532. La comparaison de ces deux légendes mérite
cier royal) nommé Denis. Le Beretarius (courrier pos- toute une étude.
tal) apporta la lettre dans le sud, en remontant le Mentionnons encore Ammonios, évêque de Lato-
fleuve. Il y avait, à l'orient du fleuve, une ville appe- polis, qui se fait, comme Paphnuce, le pourvoyeur du
lée Augustamnique; c'est Athribe. Le magistrianus y bourreau, Patr. or., t. III, p. 455-461; aussi Arien lui
vint et remit la lettre à Arien, dans la ville, et à Soté- dit avec raison qu'il est responsable de tous ces meur-
riche le domesticus. Or Arien s'assit sur le tribunal, tres. Ibid., 460.

amener les chrétiens. On lui en amena quatre Ber- :


en public sur le forum de la ville, et il ordonna de lui
chenoufi, le lecteur, de Jeblil; Héraclide, soldat de la
E. Plagiais. — Cette question a été peu étudiée,
parce que les prétendus actes coptes sont publiés
depuis trop peu de temps. En sus des plagiats sous
circonscription du midi, de Nani, dans le nome de forme de redites signalés plus haut, on a écrit que
Hués; Pana, de Nenhati, et Pabil, de Chouenti, et on l'éloge de Apa Victor attribué à Théodose de Jérusa-
les contraignit de sacrifier. or sur ces entrefaites, il lem, Mémoires de la mission archéologique du Caire,
y avait un prêtre nommé Apa Didyme, de Tarchebi, t. VIII, p. 243-263 et la Passio sanctorum Vicloris et
dans le nome de Pténéto. Son père s'appelait Calli- Coronæ, dans Anal. boll., t. II, p. 291-299, dérivent
nique et sa mère Euphémie, p. 286-287. Le gouver- tous deux d'un original grec qui pourrait être le texte
neur ordonna de le mettre sur le chevalet et de le tor- imprimé parmi les œuvres de Métaphraster. P. G.,
turer. le plomb était comme de l'eau fraîche dans sa t. CXIV, col. 257-268.Le voyage dans les nuées déjà uti-
bouche, p. 291. Le gouverneur ordonna à quatre lisé dans la vie deSchenoudi (cf. Une version syriaque
soldats armés de nerfs de bœuf de saisir le bienheu- de la vie de Schenoudi, Paris, 1900, p. 5), a été repris
reux. L'archange saint Michel étendit la main, tou- dans les actes coptes. Jean de Tchénémoulos, qui
cha le corps du bienheureux et le rendit comme s'il devait être martyrisé par Arménius, est transporté
n'avait pas été flagellé, p. 292. Quatre jours après. à Antioche par une nuée lumineuse pour guérir la
le gouverneur commanda de préparer une chaise de fille du roi Quintilien. Hyvernat, loc. cit., p. 189.
fer et d'y asseoir (le saint); puis il fit apporter des tor- Jean de Scété, qui est sensé recevoir de nombreuses
ches de feu et donna l'ordre de les introduire sous lui, visites de Schenoudi, est aussi transporté, par une
pendant trois heures. » Après cela, Arien envoie Di- nuée de lumière, à Constantinople.Patrol. or., t. m,
dyme à Culcien, gouverneur d'Alexandrie, et le mar- p. 326. D'autres fois une légende païenne ou mani-
tyre continue jusqu'à la page 302. Ce martyre n'est chéenne sert à composer la biographie d'un martyr.
pas des plus extraordinaires. — Un crocodile conduit Ce serait le cas de Susneos ou Sisinnius, Péreira, Acta
le corps d'Amsah jusqu'à la ville de Keft, Patr. or., martyrum, Paris, 1907, p. 237, « thaumaturge du
t. III, p. 464. genre sorcier, qui débute dans la vie chrétienne par
D. Redites. — Quelle que soit l'imagination des l'extermination de monstres nuisibles qui pullulaient
auteurs, ce luxe de détails les oblige à des redites. dans sa propre famille. Le Sisinnios manichéen.
Dans le cycle de Basilide cc ce qui fait l'intérêt de ces aura eu le sort de maint autre personnage aussi équi-
indigentes rhapsodies — a écrit le Rév. P. Peeters — voque. Canonisé par un hagiographe peu scrupuleux,
c'est la régularité avec laquelle elles se greffent sur il aura été pourvu d'une légende rappelant plus ou
le même fond, comme des implantations parasites. moins les faits et gestes du héros primitif. » P. Peeters,
Tous ces illustres martyrs viennent de Syrie en Égypte Anal, boll., t. XXVII (1908), p. 69. Cf. René Basset,
chercher la mort et la sépulture, chacun en un endroit Les apocryphes éthiopiens, fasc. 4, Paris, 1894, p. 10-
précis, ville ou village, dont la liste plus ou moins
complète est rappelée dans les différentes passions. »
12. — Souvent d'ailleurs - en souvenir peut-être des
luttes de Moïse avec les devins égyptiens, Ex., VII,

:
Anal. boll., t. XXVII (1908), p. 71. — Quelquefois c'est
l'inverse, comme le fait remarquer l'auteur du mar-
tyre de Naharouah « Il fut une compensation de la
foule des martyrs d'Antioche qui périrent en Égypte;
en effet, ce saint était d'Égypte et il subit le martyre à
— les martyrs luttent avec les magiciens et lest. sor-
ciers. Hyvernat, loc. cit., 59-61; Patrol. or.,
p. 415; t. I, p. 564.
On trouve même, dans l'histoire du martyr Eskiron,
lu,

un récit parallèle à la translation de la sainte maison


Antioche. » Patrol. or., t. II, p. 258. de Lorette.Patrol. or., t. I, p.505-506.
D'autres auteurs ne se bornent pas à remplir un F.Prétendus témoins. — L'auteur du cycle de Basi-
cadre commun avec des incidents analogues, mais lide introduit souvent un certain Jules d'Aqfahs, qui
copient textuellement des passages dans les écrits rédige les actes des martyrs et prend soin de leurs
antérieurs. Dans l'histoire de Pisoura, martyr sous corps. Par exemple le martyre de Didyme, que nous
Culcien, on trouve des fragments de la version copte avons analysé en partie ci-dessus, se termine par :
linceuls et
du martyre de saint Ignace d'Antioche. Cf. Hyver- « Et Jules d'Aqfahs alla chercher de riches
beaucoup de parfums de grand prix et il en entoura
d'Alexandrie:
nat, loc. cit., p. 114. Le martyre de saint Macrobe
renferme des passages copiéssur le martyre de Pierre
« Le pieux plagiaire - écrit M. Hy-
vernat — semble avoir copié machinalementla finale
de la phrase correspondante de son modèle ». Loc. cit.,
son corps. Il écrivit ses confessions et les emporta
chez lui. — Moi, Jules, je pris son corps, je l'entourai
d'une quantité de parfums et je le remis à Arôtor et à
Hésiche mes serviteurs. » Hyvernat, ibid., p. 302. —
p. 226-331. Ajoutons que le martyre de Sarapamon,
Hyvernat, loc. cit., p. 304; cf. Patrol. or., t. III, p. 349-
353, et celui de Paphnuce, Acta sanctorum, sept.
:
De même dans le martyre de saint Macaire d'An-
tioche « Moi Jules d'Aqfahs (de Chbehs), j'ai écrit ces
mémoires de saint Apa Macaire d'Antioche. J'étais
t,VI, 681-688; Bedjan,Acia martyrum, Paris, 1895, t.v, monté sur le bateau avec Arien pour accomplir des
p. 514-542; Hyvernat, Acta martyrum, Paris, 1907, œuvres de ce genre. Mon Seigneur. Jésus-Christ sait
que je n'ai rien retranché, ni rien ajouté, mais que Mena. les émeutiers se dirigèrent vers deux églises
c'est bien ainsi que le saint Apa Macaire a accompli qui se trouvaient près des sept réservoirs. L'une d'elles
: -
son saint martyre. » Ibid., p. 69. Dans le martyre de
Jean et Siméon «Moi, Jules, aide-commentariensis,je
était appelée l'église des Vierges, parce qu'elle était
habitée par des vierges chrétiennes et des moines.
préparai un dîner et j'allai à la prison, pour manger Ils brisèrent les portes des deux églises, enlevèrent
avec les saints. Ensuite, je priai les saints de me ra- les vierges qui étaient au nombre de plus de soixante,
conter leur vie tout entière, depuis leur enfance, pour leur prirent leurs vêtements et ravirent tout ce qu'ils
que je l'écrivisse et que l'on se souvînt d'eux. Je purent trouver. Enfin ils mirent le feu aux deux églises
n'y ai rien ajouté ni retranché. Je les écrivis moi- et les détruisirent de fond en comble. La foule tourna
même et je les fis écrire par le notarius Ménas, dans sa fureur contre les chrétiens et se rua sur eux. Ils
»
la langue des Égyptiens. Ibid., p. 198. C'est encore les dépouillaient de leurs vêtements et commettaient
Jules d'Aqfahs qui se trouve par hasard à Antioche des atrocités qui surpassaient toute mesure. Le se-
au moment de la mort de Naharouah et qui charge crétaire de l'émir Biktomer as-Saki vint à passer, se
.deux de ses serviteurs de rapporter son corps en rendant chez son maître. Il était chrétien. La foule
Égypte. Patrol. or., t. III, p. 258. Le même prie le l'ayant aperçu, il fut jeté à bas de sa monture et dé-
martyr Sergius de lui raconter son histoire, Wüsten- pouillé de tous ses vêtements. On l'emportait pour le
feld. Loc. cit., p. 298. Jules d'Aqfahs, ccle biographe jeter dans le feu quand il cria qu'il faisait acte de foi
règne de Dioclétien :
des martyrs »,fut d'ailleurs martyrisé lui aussi après le
« Notre Seigneur le Messie le
préservait de tout mal; il mourut trois fois et trois
et il fit profession d'islamisme. On le relâcha, etc.
Revue de l'Orient chrétien, 1907, t. XII, p. 197, 205
A cette époque encore, l'Égypte avait ses nombreux
fois il fut ressuscité par lui. » Patrol. or., t. I, p. 290- et obscurs martyrs et ses libellatici. Ces massacres,
292. Constantin ordonna de lui bâtir une belle église dus à des soulèvements populaires, se reproduisaient
à Alexandrie et d'y transporter son corps. Patrol. or., périodiquement. Nous en avons vu encore au siècle
, :
t. p. 369-370. — Quelques actes sont signés par
des témoins on lit à la fin des actes d'Apater et d'Iraï
« Moi, Samuel du Tchinilah, je suis témoin de ce mar-
: dernier en Syrie et en Arménie.
1° CALENDRIERS. — J. Selden,dansDe synedriis velerum
Ebræorum, Francfort, 1696, p. 1298-1349. Pour rempla-
tyre. Moi,Isaac, archidiacre, je suis témoin de ce mar-
:
tyre. » Hyvernat, loc. cit., p. 113. —A la fin du mar-
tyre d'Aboli «Moi, Sergius, serviteur de saint Aboli,
j'ai écrit tout ce qui a été fait par mon maître, et
cer ce calendrier imprimé après la mort de Selden et com-
posé trop hâtivement, Renaudot avait traduit le calendrier
d'Aboul-Barakat, auteur du XIIIe au XIV. siècle. Nous
avons édité ce travaildanslaRevuedel'Orientchrétien, XIII t.
moi abba Ischyrion, qui suis né dans la ville de Basta, (1908), p. 113-133. — J. Ludolf, Commentarius ad histo-

:
j'ai pris le corps de saint Aboli. » Péreira, loc. cit.,
p. 98. — A la fin du martyre de Claude « Voilà ce que
j'ai trouvé sur Claude, ce qu'a écrit le philosophe Aris-
dam eethiopicam, Francfort-sur-le Mein, 1691, p. 389-436,
donne le calendrier copte avec le calendrier éthiopien.
S. C. Malan, The Calendar of the coptic Church, in-8°, Lon-
dres, 1873. — Nilles, Kalendarium manuale, Innsbrück,
-
tote, selon ce que lui montra Anastase, serviteur du 1881. — Voir le calendrier des coptes catholiques, dans
bienheureux Claude, d'Antioche, où il était retourné Revue de l'Orient chrétien, t. II(1837), p. 307-339. C'est une
après la mort de son maître, au bout d'une année, et
ils mirent le livre dans la bibliothèque de Cappo-
doce. » Ibid., p. 194. — Le martyre de Basilide est
revision du calendrier copte.
:
2° SYNXAIRES.— Nous avons déjà utilisé Le synaxaire
arabe jacobite (rédaction copte), édité et traduit par René
censé avoir été raconté par « saint Célestin, archevêque Basset dans laPatrologiaorientalis deR. GraffinetF.Nau,
de la grande ville de Rome. » Ibid., p. 3. t. I, fasc. 3 (mois de Tout et de Baleh) et t. II, fasc. 3 (mois
IV. MARTYRS POSTÉRIEURS AU CONCILE DE CHALCÉ- de Hatour et de Kihak); Le synaxaire éthiopien, édité et
traduit par I. Guidi, dans Patrologia orientalis, t. I, fasc. 5
DOINE. — Après les quelques victimes des ariens, (mois de Sanê). — F. Wüstenfeld, Synaxarium das ist Hei-
comme Théodore, moine d'Alexandrie, Pair, or., t. I, ligen-Kalender der coptischen Christen (traduction allemande
p. 559 (voir ceux que mentionne Socrate, Hist. eccl., des six premiers mois),deux fascicules, Gotha, 1879. —Les
II, 28, d'après S. Athanase), nous arrivons aux mar- synaxaires contiennent, comme nos martyrologes,le résumé
tyrs causés par les luttes monophysites.Les Grecs vé- des vies de saints pour chaque jour de l'année, comme lec-
nèrent Protérius, évêque d'Alexandrie, tué par les ture liturgique. Un certain nombre de catalogues analysent
jacobites, cf. Delehaye, Synaxarium Constantinopo- des manuscrits de synaxaires en donnant les noms'de tous
litanum, Bruxelles, 1902, col. 493, Évagre le scho-
lastique, 11, 8, et les jacobites honorent Macaire,
:
les saints dont le manuscritcontient la légende, par exem-
ple
-
Assémani, Bibliothecœ mediceœ codd. mss. orienta-
lium catalogus, Florence, 1742, p. 164-187. Mai, Scrip
évêque de Tkoou, tué par l'envoyé de Marcien,
Pair, or., t. I, p. 371-373, et Dioscore, exilé à Gangres.
t.
torum veterum nova collectio, IV, Rome, 1831, p. 92 sq.—
E. Sachau, Verzeichniss der syrisehen Handschriften der
Ibid., p. 236-238. kbniglichen Bibliothek zu Berlin, Berlin, 1899. — H. Zo-
Les synaxaires coptes contiennent aussi un certain tenberg, Catalogue des manuscrits éthiopiens de Paris, Paris
nombre de martyrs tués par les Musulmans, par 1877, p. 152-193. Six mois du texte arabe du synaxaire ont
exemple au 9 et au 10 décembre, Barsanufius et
Siméon, martyrs au temps des Musulmans. Patrol. or.,
t. III, p. 436, 452. Au 27 et au 29 mars, Jean et Deus-
été publiés par J. Forget.
3° LÉGENDES DÉVELOPPÉES.
la publication de M. E. Péreira,- Nous avons déjà utilisé
Actamartyrum, Paris, 1907
(texte éthiopien et traduction latine des légendes de Basi-
dedit, tués par les Musulmans en 1380; au 14 avril, le lide; Juste, Aboli et Théoclie; Théodore l'oriental; Apater
moine David tué en 1383; le 27 avril, le prêtre Philothée et Irai; Claude; Victor; Sisinnius) et l'ancien travail de
tué en 1383. Cf. Revue de l'Orientchrétien, t. XIII (1908), M. H. Hyvernat, Les actes des martyrs de l'Égypte tirés de ma-
p. 127-128. Dès le commencement du XIe siècle, le
patriarche Zacharie était torturé par le calife Hakem. texte copte et traduction française, Paris, 1886-1887,
Le tome second qui devait contenir l'introduction
t.
nuscrits coptes de la BibliothèqueVaticane et du Musée Borgia,
et
1.
les
Pair, or., t.m, p. 288. Le fanatisme musulman semble commentaires n'a pas paru. — E. Amélineau, Les actes des
d'ailleurs avoir fait de nombreuses victimes, même martyrs de l'Égypte, étude critique, Paris, 1890. C'est une
sans la participation des pouvoirs publics. Le musul-
man Al-Makrizi.nous raconte les massacresdu Caire
! :
de l'an 1320 : «Lesmutins crièrent à haute voix Dieu
est grand s'emparèrent des outils et s'en servirent
:
synthèse des actes et une étude littéraire sur leur valeur.
M. Amélineau la présente comme un complément à l'ou-
vrage précédent « Cet auteur (Hyvernat), annonce une
préface devant contenir une étude approfondie sur la valeur
des actes des martyrs de l'Egypte. Depuis trois ans que
pour démolir l'église d'Az-Zahari. Ils tuèrent les cette annonce est faite rien n'a paru encore. Je fournirai
chrétiens quis'ytrouvaient et ravirent les objets qui ainsi des idées et je rendrai service à M. Hyvernat. Sa pu-
étaient dedans. Ils détruisirent encore l'église de Bou- blication aurait pu être excellente;malheureusement elle
fourmille de fautes et de contre-sens., » p. 8. M. Amélineau XIXe siècle seulement, les capucins italiens et les laza-
traite des martyrs de la Moyenne-Égypte, de la Haute- ristes, installés en Abyssiniepar les frères d'Abbadie,
Égypte et de la Basse-Égypte. Dans chacun des trois cas, il jouirent d'une liberté relative. Mentionnons encore,

gouverneurs principaux
encore du même auteur
::
subdivise suivant que le gouverneur est incertain ou n'est
que gouverneurd'une petite ville où se trouve être l'un des
Arien ou Culcien. — Signalons
Contes et romans de l'Égypte chré-
pour cette époque, le martyre de Ghébra-Michael
(1855).
Les saints honorés en Abyssinie sont aussi em-
pruntés, presque tous, à l'Église copte. Dans tout le
tienne, Paris, 1888. On y trouve les martyrs de Claude et
d'Arien traduits en français, t.II, p. 1-54 et 81-96. — M. E-
Galtier a fait diverses remarques sur cette publication
Contribution à -l'étude de la littérature arabe-copte, dans Bul'
letin de l'Institut français d'archéologie orientale, t. IV (1904)'
gine éthiopienne :
mois de sané, nous ne trouvons que deux saints d'ori-
les rois Lalilaba (XIIe siècle) et
Théodore (xve siècle). Cf. Patrol. orient., t. I, p. 600,
695. La vie monastique aurait été implantée en
— F. Nau, La version syriaque du martyre de saint Luc, dans Abyssinie par neuf étrangers très célèbres sous le nom
Revue de l'Orient chrétien, t. 111 (1898). L'Église copte fait de
saint Luc un martyr. Le texte copte a été publiérécemment
par le P. Balestri dans le Bessarione, série II, t. VIII (1905),
p. 128-140, et un fragment du même récit copte-bohairique
vient d'être publié par S. Gaselee dans Journal of theol. Stu-
des « neuf saints ».
sauf celui du second — et sont devenus Aragawi,.:
Leurs noms ont été éthiopisés —
Pantaléon, Garima, Alef, Saham, Afé, Likanos, Adi-
mata et Oz ou Guba. Cf. Ludolf, Hist. æth., 1. III,
dies, t. x (1908), p. 52-53. C'est une simple homélie, le copte c. III. Ils eurent pour successeurs de saints anacho-
est conforme au syriaque; l'arabe et l'éthiopien qui ont rètes de race éthiopienne dont les plus célèbres furent
aussi été édités forment un groupe à part. Cf. Patrol. or.,
t. I, p. 358. Le Père Balestri a encore publié le martyre de Takla Haymanot qui est, d'après M. d'Abbadie, le-
Théodore l'oriental, de Léonce l'Arabe et de Panégiris le seul saint éthiopien reconnu par l'Église de Rome, et
Persan dans le Bessarione, sér. II, t. x (1906), p. 151-168, Gabra-Manfas-Qiddus.Cf. Ludolf, ibid. et A. d'Abba-
246-263; sér. III, t. II (1907), p. 34-45, texte copte et tra- die, Catalogue, p. 48.
duction italienne. D'après l'éditeur lui-même, cette passion,
«
comme les autres, n'offre d'intérêt que pour l'histoire lit- J. Ludolf, Historia æthiopica, Francfort-sur-le-Mein,.
téraire. » De même les suivantes ; J. Balestri et H. Hyver- 1681.—C.Beccari,Rerum œthiopicarum scriptores occiden-
nat, Acta martyrwn, Paris, 1907, texte copte et traduction tales a sœculo XVI ad XX, Rome, 1903, etc. L'éditeur se-
latine des martyres de Apa Lacabon, Anatolius, Théodore propose de faire connaître les travaux, les lettres et les rela-
l'Oriental, Panygeridis et Léonce (v. supra), Sarapion, tions des jésuites portugais qui tentèrent, au XVIe siècle,
Apatil, Paphnuce, Épime, Théodore le stratélate, Anub, de ramener l'Éthiopie au catholicisme. De nombreuses bio-
Apoli. — U.Bouriant,Éloge de Apa Victor, texte copte et tra- graphies ont été éditées par Budge, Conti-Rossini, Good-
duction française, dans Mémoires de la mission archéologique speed, Grébaut, Guidi, Péreira, Turaiev; citons les biogra-
du Caire, t. vin, p. 243-263. — Passio sanctorum Victoris et phies de Takla Haymanot, Maba Sayon, Gabra Krestos
Coronse, dans Anal. boll., t.II, p. 291-299. — Le R. P. Pon- (Alexis), Garima, Yared, Pantaléwon, Cyprien et Justa, Sé-
celet dans la Bibl. hagiogr. latina, indique six passions de vère d'Antioche, Barsoma, Cyriaque, Abunafre, Paul de
Victor et Corona sous les n. 8559 à 8563. — Panégyrique de Thèbes, Daniel de Scété, les martyrs de Nagran, Emérayes..
Macaire, évêque de Tkoou, prononcé par Dioscore, texte Féré-Mikael, Zara-Abraham, Eustathe, etc. Ce sont en gé-
copte publié et traduit par Amélineau dans Mémoires pu- néral de simples légendes sans valeur historique,souvent
bliés par la mission archéologique française au Caire, t. IV. traduites de l'arabe. Nous avons déjà mentionné les traduc-
p. XV-XXVIII, 92-165. Cf. Zoéga, Catal. cod. copt. Mus. tions des prétendus Actes des martyrs. Tous ces récits (bio-
Borg., Rome, 1810, p. 99-107 et Revue égyptologique, t. 1, graphies et actes) sont résumés dans le synaxaire éthiopien,
p. 187-189; t. II, p. 21-25; t. III, p. 17-25; Ce panégyrique encours de publication dans la Patrologia orientalis, t. i,
du martyre jacobite est annoncé dans l'histoire légendaire fasc. 5, mois de sané; t. VII, fasc. 3, mois de hamlé, etc..
de Dioscore. Cf. F. Nau, Histoire de Dioscore, patriarche Voir aussi M. Coulbeaux, Un martyr abyssin, Ghébra-
d'Alexandrie écrite par son disciple Théopiste, Paris, 1903, Michael, Paris, 1902, et l'article ABYSSINIE, ci-dessus,.
p.16-17. La vie de Schenoudi, comme saint monophysite, col. 210.
fait partie du même cycle. F. Nau, Une version syriaque F. NAu.
inédite de la vie de Schenoudi, Paris, 1900, p. 3-4 et 10. — IV. ACTES DES MARTYRS GRECS ET LA-
Pour l'appréciation de la valeur des actes coptes — appré- TINS. — I. Définition du terme. II. Classification,
ciation non moins sévère que la nôtre— voirAnal. boll., et énumération des textes. III. Origine des textes.
t. XXIV, p. 395-397; t. XXV, p. 342; t. XXVI, p. 470; IV. Critique des textes.
t. XXVII (1908), p. 69-73. — Chercher les apocryphes apos-
toliques dans W. Budge, The contendings of the Apostles, I. DÉFINITION DU TERME. — L'usage réserve le
Londres, 1899 (version éthiopienne); Mme S. Lewis, Acta
mythologica apostolorum, Oxford, 1904 (version arabe).
Cf. R. A. Lipsius, Die Apocryphen Apostelgeschichten und
textes présentant tous quatre caractères :1°
terme de Acta martyrum à une innombrable série de-
ils par-
lent de l'histoire des martyrs du Christ (par où ils se-
Apostellegenden, 1883, t. I; 1884 et 1887, t. II, additions, distinguent des autres textes historiques); 2° ils en
1890, Brünswig (étude sur tous ces apocryphes). parlent avec quelque détail (par où ils se distinguent
F. NAU. des simples inscriptions mentionnant des martyrs);
DIa. ACTES ÉTHIOPIENS. Au temps des grandes 3° ils ont chacun son individualité littéraire (par où
persécutions, l'Éthiopie n'était pas chrétienne et ils se distinguent d'un chapitre d'un ouvrage d'his-
d'ailleurs ne faisait pas partie de l'empire romain, toire : ainsi, le chapitre des Annales, où Tacite parle-
elle n'a donc aucun martyr en propre. Pour cette pé- des martyrs du Vatican, n'est pas considéré comme un
riode, où nous ne trouvons que des traductions ou des Acte des martyrs); 4° ils sont censés reproduire plus ou
adaptations des actes des martyrs de l'Église copte, il moins fidèlement les procès-verbaux des archives (par
nous suffit de renvoyer à l'article précédent; nous y où ils se distinguent des sermons sur les martyrs).
avons d'ailleurs utilisé les versions éthiopiennes. D'un mot, les Actes des martyrs, tels qu'on les a consi-
C'est au XVIIe siècle que commence en Éthiopie dérés le plus souvent jusqu'à ce jour, sont des pièces
Il l'ère des martyrs».Leroi Faciladas expulsales Portu- détachées, détaillées, disant avec exactitude l'histoire-
gais appelés un siècle auparavant pour sauver l'Éthio- des martyrs.
pie du joug des Turcs; les Pères Paez, Péreira, d'Al- Cette notion peut être écartée, semble-t-il, avec
meida, Franceschi, Rodriguez, Bruni, Cardeira, de avantage. Elle est à la fois trop restreinte et trop large:
Noguera, furent martyrisés de 1635 à 1653.,La Pro-
pagande tenta de les remplacer par des capucins fran-
çais; les Pères Cassien de Nantes et Agathange de
:
trop restreinte, puisqu'elle exclut certains textes,
détaillés où l'on puisera avec fruit tels, des sermons,
des chapitres de livres d'histoire; trop large, puisqu'elle-
Vendôme, arrivés à Gondar, y furent martyrisés en s'applique à des textes où l'historien des martyrs-
1638. Au siècle suivant (1718) des franciscains alle- n'aura jamais rien à prendre. Ne vaut-il pas mieux ré-
mands furent encore lapidés dans la même ville. Au partir en deux séries tous les textes développés conservés;
par les manuscrits et qui prétendentretracer leur his-
toire? La première comprendrait ceux qui apportent P. G., t. XLVI,col.749;
:
11. Saint Grégoire de Nysse martyrs seoasténiens,
-saint
Théodore d'Héraclée,
desrenseignementsauthentiques; on rangerait les autres
dans la seconde. On appliquerait aux premiers le terme
à
de Acta martyrum; on désignerait les autres par l'ex-
pression de Gesta martyrum. —C'est ce point devue
12. :
P. G., t. XLVI, col. 736; voir Analecta bollandiana,
t. n, p. 359.
Saint Jean Chrysostome saintes Bernicès, Dom-
nina et Prosdocès, P. G., t. L, col. 629; — sainte Dro-
que se place l'auteur du présent article. A. Dufourcq :
La christianisation des foules, 3e édit., Paris, 1907,
sis, P. G., t. L, col. 685; -
saint Julien, P. G., t. L,
col. 665; — saint Lucien, P. G., t. L, col. 519; — sainte
p. 48 (1re édition en 1899, dans la Revue d'histoire et de Pélagie, P. G., t. L, col. 579; — saint Phocas deSinope,
littérature religieuses, t. IV, p. 268-269); Étude sur les
Gesta martyrum romains (I. Vue d'ensemble.Le mou- ; -
P. G., t. L, col. 699; saint Philogone, P. G., t. XLVIII,
col.747 — saints Juventinus et Maximinus, P. G.,
vement légendaire ostrogothique), Paris, 1900, c. VI, t. L, col. 571.
de la IIIe partie, p. 363-364; cette distinction est ac- 13. Saint Asterius : sainte Euphémie, P. G., t. XL,
ceptée par H. Delehaye, Les légendes hagiographiques, col. 333;— saint Phocas le jardinier, P. G., t. XL,
Bruxelles, 1905, p. 125-126. Voir Revue d'histoire ecclé-
siastique, Louvain, 1905, t. VI, p. 612. — Au cours de
cet article, je ne donnerai que les indications bibliogra-
col. 300.
:-
14. Socrate
eccl., III, XV;
saints Macedonius et Theodolus, Hist.
saint Théodore, III, XVIII, XIX, P. G.,
phiques les plus importantes, renvoyant pour le sur-
plus aux articles spéciaux concernant chaque martyr.
II. CLASSIFICATION ET ÉNUMÉRATION DES TEXTES.
15. Théodoret:
t. LXVII, col. 417, 425.
saints Juventinus et Maximinus, III,
11;—saint Cyrille, 111, 3;—saint Théodore, III, 6-7;
— Les textes développés qui apportent des renseigne- — saint Marc d'Aréthuse, III, 3, P. G., t. LXXXII,
ments authentiques sur les martyrs, c'est-à-dire les col. 1097, 1092, 1103.
Acta martyrum, peuvent eux-mêmes être répartis en 16. Sozomène saints Basile et Eupsychius, Hist.
:
deux classes selon que leur auteur est ou n'est pas connu. eccl., V, XI; — saint Eusèbe, V, IX; —saint Théodore,
Si c'est une loi de la critique que de négliger systéma- V, XIX-XX; —les vierges martyres d'Heliopolis, V, x;
tiquement les témoignages dont l'origine est inconnue, — saint Marc d'Aréthuse, V, x; — saints Macedonius
on mesure toute l'importance qu'aura pour l'historien
la connaissance ou l'ignorance du nom des auteurs il
sait, dans un cas, sur quel terrain il marche, à quel
: et Théodulus, V, XI. P. G., t. LXVII, col. 1246, 1237,
1272, 1241, 1245.
17. Palladius : Hist. lausiaque, III, sainte Pota-
point du temps et de l'espace attacher son document, misena (Butler, 18).
et il bénéficie du même coup, le plus souvent, d'une 18. Rufin : saint Apollonius, Hist. mon., VII, P.L.,
foule de renseignements qui, indirectement, assurent t. XXI, col. 410; — saint Théodore, Hist. eccl., I, XXXVI,
son enquête; dans l'autre hypothèse, il s'avance à P. L., col. 504 (Ruinart : Acta sincera, Ratisbonne,
tâtons, dans l'inconnu. — Mieux vaut, ce semble, user 1859, p. 604).
:
de cette division que d'une autre où l'on envisagerait
la forme extérieure et les dimensions du texte le point
de vue historique me paraît ici devoir primer le point
19. Saint Ambroise: sainte Agnès, De virgin., I, 11;
De officiis, sermo XLYIII; hymn. LXV, P. L., t. XVI,
col. 189, 84; t. XVII, col. 701, 1210; — saint Laurent
de vue littéraire. Pour la même raison, je rapproche De officiis, I, XLI; Episl., XXXVII, ad Simpl., P. L., t. XVI,
des textes anonymes et groupe sous le même terme
d'Acta martyrum les récits des écrivains romains ou
col. 84, 1093; (t. XVII, col. 1216); -
saint Sébastien,
Inpsalm. CXVIII expositio, P.L., t. XV, col. 1497;—sainte
grecs qui ont même objet et même valeur. Pélagie, Epist., XXXVII, ad Simpl., P. L., t. XVI,
PREJIIÈRE CATÉGORIE : MAIiTYBUM (LARGO
ACTA. col. 1093; — saints Vitalis et Agricola, Exhort. virg.,

:
SENSU) DONT LES AUTEURS SONT CONNUS.

:
i, P. L., t. XVI, col. 337;— sainte Theodora, De virg.,
1. Saint Luc
tyre de saint Étienne).
2. Saint Clément de Rome

3. Tacite :
:I
Actes des Apôtres, VI, 8-VIII 2 (mar-

Ep. ad Cor., V-VI


(saint Pierre, saint Paul et les martyrs du Vatican, 64).
Annales, XV, 44 (saint Pierre et les mar-
II, IV, P. L., t. XVI, col. 212.
20. Saint Damase saints Nérée et Achillée (Da-
masiEpigrammata.recensuit Ihm,Lipsise, 1895, n. 8);
— saint Tharsicius (Ibid., n. 14); — saints Eutychius
Sixte, Fe-
licissime, Agapet (Ibid., n. 13-23); — saint
tyrs du Vatican, 64). (Ibid., n. 27); — saints Marcellin et Pierre (Ibid., n. 29)
4. Pline le Jeune:Epist.,x,97 (martyrs de Bithynie,
— sainte Agnès (Ibid., n. 40); — saints Protus et Hya-
vers 112).

:
5. Hégésippe : Mémoires (saint Jacques le Mineur,
frère du Seigneur, évêque de Jérusalem, en 62; dans
21. Prudence :
cinthus (Ibid., n. 49).
Peri Stephanon : saint Quirinus de
Siscia, 7; — saints Chelidonius et Hemeterius, 1;
— sainte Eulalie, 3; —saint Fructueux, 4;6; —saint
Histoire ecclésiastique, II, XXIII (P. G., t. xx,
Eusèbe
col. 196-205, ou Hemmer-Lejay, Textes et documents
pour l'étude histor. du christian., Eusèbe par E. Gra-
Romanus, 10;—martyrs de Saragosse, -
Cyprien, 13, P. L., t. LX, col. 424-430, 277-293, 340-
saint
pin, p. 200-206); — saint Siméon, fils de Clopas, en
107 (?), dans Eusèbe, III, XXXII, P. G., loc. cit.,
857, 411-424, 444-530.
22. Saint Paulin de Noie :
Carmina natalitia, saint
:
col. 281-285, et Grapin, loc. cit., p. 328.
6. Saint Justin Seconde Apologie, 2 (Ptolémée et
Félix de Noie (P. L., t. LXI, col. 509-603, ou, dans le
Lucius; P. G., t. VI, col. 444-448, et Pautigny, dans
Hemmer-Lejay, p. 150).
7. Saint Denys d'Alexandrie : dans Eusèbe, H. E.,
VI, XLI-XLII, P. G., t. xx, col. 605-616 (lettre de Denys
1894, p. 118-186).
23. Saint Augustin :
Corpus de Vienne, édition Zechmeister et Hartel,
les vingt martyrs africains
(serm. CCCXXVI, Ruinart, 1859, p. 583); — saint
à Fabien d'Antioche).
8. Saint Cyprien : Epistolæ, XX-XXII, P. L., t. IV,
col. 274-286; éd. Hartel, p. 527-535.
Théodore (Cité de Dieu, XVIII, 52, édit. Hoffmann,
1900, t. II, p. 355).
:
24. Saint Vigile de Trente saints Sisinnius, Mar-
tyrius et Alexandre (lettre à Simplicianus de Milan,
9. Saint Philéas (martyrs d'Égypte), dans Eusèbe, P.L., t. XIII, col. 549).
H. E., VIII, x, P. G., t. xx, col. 764-768; Knopf,

10. Saint Basile :


Ausgewiihlte Mârtyreractcn, Leipzig, 1901, p. 99.
les saints martyrs sébasténiens,
P. G., t. xxxi, col.508-525; — sainteJulitta, P. G.,
:
Je cite, en terminant, le fameux évêque Eusèbe de
Césarée, 265-340 il a raconté les martyres dont il a été
témoin à Césarée de Palestine entre 303 et 310 dans un
ouvrageintitulé: Ilspi TMVb llaXaiorivr, [j.apT'jp ^ciàvTwv;
t. XXXI, col. 237;—saintGordius, P. G., t. XXXI, col. 489. cet ouvrage nous est parvenu en deux recensions : la
plus courte, qu'on trouve en général dans les manus- A. Textes contemporains non retouchés (ou retouchés
crits de l'Histoire ecclésiastique après le VIIIe ou le de façon insignifiante). — Ils célèbrent tous des mar-
Xe livre, n'était, sans doute, qu'une ébauche; la se- tyrs d'Orient (Rome) (6) et des martyrs d'Afrique
conde, qui n'a été retrouvée qu'en syriaque (par Cure- (Espagne) (8).
ton) était l'édition définitive. [Un fragment, contant a) 1. Saint Polycarpe : P. G., t. v, col. 1029, ou
le martyre de Procope, a été conservé par les ma- O. von Gebhardt, Ausgewählte Märtyreracten, Berlin,
il
nuscrits latins. Ruinart, 1859, p. 387.] Et nous a 1902,p. 1, ou R. Knopf, Ausgewählte Märtyreracten,
encore laissé un long récit de la persécution dioclé- Leipzig ou Berlin, 1901, p. 1, ou Ruinart, 1859, p. 82
tienne dans tout l'empire. Histoire ecclésiastique du (texte conservé par Eusèbe, H. E., IV, 15). Traduction
même Eusèbe, VIII, XIII, 7; B. Violet, Die palästinis- française dans dom H. Leclercq, Les martyrs, t.I, Les
chen Märtyrer des Eusebius von C., Leipzig, 1896; Temps néroniens et le IIE siècle, Paris, 1902, p. 67,
Analecta bollandiana, 1897, t. XVI, p. 113; Halmel, ou dans Grapin, trad. fr. d'Eusèbe, Histoire ecclé-
Die palästinischenMartyrerdesEusebius, Essen, 1898;
Viteau, De Eusebii Caesariensis duplici opusculo TISOI
~Ttov., Paris, 1893, et du même, La fin perdue des mar-
siastique, Paris, 1905,t.I, p. 415.
:
2. Saint Pothin et les martyrs de Lyon P. G., t. v,
col. 1409, ou von Gebhardt, op. cit., p. 28, ou Knopf,
tyrs de Palestine, 1895, dans le Compte rendu du op. cit., p. 20 (texte conservé par Eusèbe, H. E., V, I-
Ille Congrès int. dessav. cath. Le texte long, syriaque, III). Traduction française dans dom H. Leclercq, op.
a été publié par Cureton, History of the martyrs of Pa-
lestina, Londres, 1861, une version française a été pu-
bliée par dom H. Leclercq, Les martyrs, t. II. Le troi-
cit., t. I, p. 92.
1. 3. Saint Justin: P. G., t. VI, col. 1565, ou von Geb-
hardt, op. cit., 18, ou Knopf, op. cit., p. 17. Trad. fr.
sième siècle. Dioclétien, Paris, 1903, p. 345. Voir p. 328. dans dom H. Leclercq, op. cit., t.1, p. 86.
Voir encore A. Harnack, Geschichte der altchristlichen 4. Saint Pionius : von Gebhardt, op. cit., p. 96, ou
Litteratur bis Eusebius. 1. Die Ueberlieferung und der
Bestand, Leipzig, 1893, p. 554, et L. Duchesne, His-
toire ancienne de l'Église, 1908, t. II, p. 40. Sur les 5. Saint Karpus:
Knopf, op.cit., p. 59. Trad. fr. dans dom H. Leclercq,
op. cit., t.II, p. 68.
von Gebhardt, op cit., p. 13, ou
autres travaux hagiographiques d'Eusèbe, cf. infra.
D'Eusèbe on peut rapprocher Victor de Vita, qui
écrivit vers 486 une histoire des persécutions infligées
aux catholiques par les Vandales ariens de 427 à 484.
op. cit.,t.1, p. 77.
:
Knopf, op. cit., p. 11. Trad. fr. dans dom H. Leclercq,
6. Saint Denys d'Alexandrie Eusèbe, H. E., VII,
XI, dans P. G., t. XX, col. 661.
:
Lire le texte dans P. L., t. LVIII, col. 180, ou dans b) 7. Saint Speratus et les martyrs Scillitains von
Gebhardt, op. cit., p. 22, ou Knopf, op. cit., 34.. p.
les Monumenta Germaniæ, Auctores antiq., 1879, édit.
Halm, t.III, 1repart., ou dans le Corpus de Vienne,
1881, édition Petschenig. Une traduction française
récente a été publiée par H. Leclercq, Les martyrs,
8. Sainte Perpétue :
Trad. fr. dans dom H. Leclercq, op. cit., t. i, p. 108.
P. L., t. LIII, col. 13, ou Rui-
nart, 1859, p. 137, ou von Gebhardt, op. cit., p. 61, ou
t. III, Julien l'Apostat, Sapor, Genséric, 1904, p. 348 Knopf, op. cit., p. 44. Trad. fr. dans dom H. Leclercq,
(p. 346 du même ouvrage, on trouvera une abondante
bibliographie). Voir dans Harnack, Die Ueberlieferung
und der Bestand der altchrist. Litteratur, Leipzig, 1895,
sur
:
nn dL t.. I. p. 122.
9. Saint Cyprien P. L., t. III, col. 1497, ou t. CXV,
col. 725, ou Ruinart, op. cit., 1859, p. 261, ou von Geb-
p. 811, une notice intéressante de Preuschen les hardt, op. cit., p. 124, ou Knopf, op. cit., p. 75. Trad.
renseignements martyrologiques que l'on doit aux
Pères de l'Église autres qu'Eusèbe. 1"\ 10. Saints Jacqueset Marien:
fr. dans dom H. Leclercq, op. cit., t. II, p. 103.
Ruinart, op. cit., 1859,
p. 268, ou von Gebhardt, op.cit., p. 134. Trad. fr. dans
En résumé, depuis saint Luc jusqu'à saint Augustin,
nous comptons vingt-cinq écrivains grecs et latins, du
icr au ve siècle, qui nous ont laissé des détails
sûrs et circonstanciés sur les martyrs de Jésus, les
11. Saint Maximilien :
dom H. Leclercq, op. cit.,t.II, p. 122.
Ruinart, 1859, p. 340, ou
Knopf, op. cit., p. 79. Trad. fr. dans dom H. Leclercq,
épreuves qu'ils ont subies, la foi qu'ils ont confessée.
Leurs écrits diffèrent entre eux à deux points de vue
laformequ'ils revêtent varie souvent (histoires; ser- : :
op. cit., t. II, p. 152.
12. Saint Marcel Ruinart, op. cit., 1859, p. 343, ou
Knopf, op. cit., p. 82. Trad. fr. dans dom H. Leclercq,
mons; poèmes); les sources auxquels ils puisent, et op. cit., t. II, col. 156.

homogène :
donc la confiance qu'ils méritent, ne sont pas plus uni-
formes. Cette catégorie d'actes est donc loin d'être
et les progrès de la critique mettront sans
doute en une lumière chaque jour plus crue la diver-
sité de leur valeur et peut-être en feront déchoir quel-
13. Saint Cassien, Ruinart, op. cit., 1859, p. 345..

U 14. Saint Fructueux :


Trad. fr. dans dom H. Leclercq, op. cit., t. II, p. 159.
Ruinart, op. cit., 1859, 264.
Trad. fr. dans dom H. Leclercq, op. cit., t. II, p. 117.
B. Textes contemporains retouchés, ou textes non con-
ques-uns parmi les Gesta martyrum. Quelle est, notam- temporains dérivant d'un document contemporain ou
ment, l'autorité historique des hymnes de Prudence d'une tradition contemporaine. — Ils célèbrent tous des
que l'on cite? Est-elle plus grande que celle des poèmes
consacrés à saint Vincent et à saint Laurent? Voir
A. Dufourcq, Étude sur les Gesta martyrum romains,
t. (1907), p. 152. Peut-être conviendrait-il de les
:
martyrs d'Afrique (et Sicile), ou des pays danubiens
(et balkaniques), ou d'Orient (et Rome).
a) 1. Saints Lucius et Montanus Ruinart, op. cit.,
1859, p. 275, ou von Gebhardt, op. cit., p. 146. Trad.

:
11
rayer? —On est en droit, néanmoins, de grouper ces fr. dans dom H. Leclercq, op. cit., t. II, p. 133.
textes chacun d'eux reçoit, jusqu'à preuve du con- 2. Saints Saturninus et Dativus : P. L., t. VIII,
traire, la note de crédibilité que les autres ouvrages col. 689, 705, ou Ruinart,.op. cit., 1859, p. 414. Trad.
de son auteur lui ont value; et, comme la bonne foi fr. dans dom H. Leclercq, op. cit., t. II, p. 207.
de ces auteurs est incontestée, et, dans une certaine 3. Sainte Crispina: P. L., 129, col. 727, ou Ruinart,
mesure, leur exactitude, on est fondé à considérer 1859, p. 477. Trad. fr. dans dom H. Leclercq, op. cit.,
jusqu'à nouvel ordre ces récits comme une mine très t.II, p. 287.
utile, parfois très précieuse. 4. Saint Félix de Thibiuca: P. L., t. VIII, col. 679, ou
DEUXIÈME CATÉGORiE: ACTA MARTYRUM- (STRICTO ou Ruinart, p. 390, ou Knopf, op. cit., p. 84. Trad
686,dans
SENSU) DONT LES AUTEURS SONTINCONNUS. Les Acta

fr. dom H. Leclercq, op. cit., t. II, p. 193.
martyrum anonymes peuvent être rangés 5. Saintes Maxima et Secunda : Analecta bollan-
en deux
t.
Sainte Salsa: Catalogus codicum hagiographi-
groupes selon que leurs auteurs présumés étaient ou diana,1890, IX,p.110.
n'étaient pas contemporains des événements. 6.
corum. in Bibliotheca Nationali Parisiensi, 1889, t. I,
p. 344.
7. Saint Fabius : -
Analecla bollandiana, 1890, t. IX,
:
annonce qu'il a trouvé beaucoup de textes inédits
grecs Die griechischen Martyrien, Strasbourg, 1907,
p. 13, 18 (Schriften der wissentschafftlichen Gesell-
p.123. schaft in Strassburg, n. 4); dans le nombre ne s'en
8. Saint Tipasius : Analecla bollandiana, 1890, t. IX, trouvera-t-il pas d'authentiques? Voir aussi les listes
-p. 116. de Krüger, Preuschen et Van den Gheyn dans l'ar-
9. Saint Euplus : Ruinart, op. cit., p. 437, ou Knopf, ticle de dom H. Leclercq, Dictionnaire d'archéologie
op. cit., p. 97, ou Cotelier, Ecclesiæ græcæ monu- chrétienne, par dom Cabrol, t. I, col. 409-410.
ment, 1677, t. I, p. 192. Trad. fr. dans dom H. Le- III. ORIGINE DES TEXTES. — Nous voici donc en

::
b) 10. Saint Irénée :
clercq, op. cit., t. II, p. 234.
Ruinart, op. cit., 1859, p. 432, ou
von Gebhardt op. cit., p. 162. Trad. fr. dans dom
possession de soixante-six (25 + 41) textes, ou groupes
de textes, de dimensions très variables, tant anonymes
que non-anonymes, que nous qualifierons d'Acta mar-
H. Leclercq, op. cit., t. II, p. 219. tyrum parce qu'ils apportent des récits circonstanciés
11. Saint Jules Ruinart, op. cit., 1859, p. 569. et sûrs touchant les martyrs.
12. Saint Quirinus :
Trad. fr. dans dom H. Leclercq, op. cit., t. II, p. 416.
Ruinart, op. cit., 1859, p. 522.
Le fait constaté, reste à l'expliquer. D'où vient
que vingt-cinq écrivains grecs et romains, et pas
:
Trad. fr. dans dom H. Leclercq, op. cit., t. II, p. 317.
13. Saint Florian édition Krusch, dans Monumen-
la Germaniæ, Scriptores rer. merov., t. III, p. 68.
davantage, se soient intéressés à quelques-uns seule-
ment des martyrs du Christ? — D'où viennent nos
quatorze textes authentiques non retouchés, et pour-
14. Saint Hermogène : Acta sanctorum, aug. t. IV, quoi n'en avons-nous pas plus? — D'où viennent nos
p.412. vingt-sept remaniements?
15. Saint Pollion : Ruinart, op. cit., 1859, p. 435. 1. Qui considère le prestige dont la conscience chré-
Trad. fr. dans dom H. Leclercq, op. cit., t.II, p.230. tienne a entouré les martyrs et se reporte ensuite, pour
16. Saints Marcien et Nicandre : Ruinart, op. cit., connaître leur histoire, aux monuments, assez nom-
1859, p. 571. Trad. fr. dans H. Leclercq, op. cit., t. II,
p.419.
Saint Dasius édition Cumont, dans Analecta
breux somme toute, de la littérature gréco-romaine,
ne peut se défendre d'un sentiment de déception il
!
:
en est si peu question 'dans les livres qui nous sont par-
:
17.

:
:

:
bollandiana, 1897, t. XVI, p. 11, ou Knopf, op. cit.,
p. 86. Trad. fr. dans dom H. Leclercq op. cit., t.II, p. 424.
venus Et, sans doute, il faut tenir compte des pertes,
suites des hasards il y aurait lieu de noter les traces
de tous les textes littéraires (non anonymes) disparus
18. Saint Philippe
:
Ruinart, op. cit., 1859, p. 440.
Trad. fr. dans dom H. Leclercq, op. cit., t. ir, p. 238.
c) 19. Saint Apollonius texte grec dans les Ana-
lecta bollandiana, 1895, t. XIV, p. 286; texte armé-
qui donnaient des renseignements authentiques sur les
:
martyrs. Il ne semble pas que la recherche faite mo-
difiât beaucoup l'impression première chez les Pères
nien dans F. C. C [onybeare], The armenian apology dont nous avons le plus gardé d'ouvrages, comme
saint Augustin, que la place des martyrs est petite !
and acts of A., 1896, p. 29. Trad. anglaise dans The
guardian du 18 juin 1893; trad. fr. dans dom H. Le- - ;
Pourquoi? Il n'est pas possible, ici, de serrer le pro-
clercq, op. cit., t. I, p. 113.
20. Saintes Agapè, Chionie et Irène texte grec de
Grotta Ferrata publié par P. Franchi de Cavalieri,
: blème de près, en étudiant chaque écrivain ancien on
se contenterad'indiquer certains faits, qui jettent
quelque lumière sur le problème. Aux origines et jus-
Nuove note agiografiche(Studi e Testi, 9), Rome, 1902. qu'au début du Ine siècle sans doute, jusqu'à la con-
Traduction latine du cardinal Sirlet dans Ruinart, op. damnation du montanisme, la croyance à la fin pro-
dans dom H. Leclercq, op. cit.,t.II, p. 224.
21. Saints Phileas et Philorome :
dt., p. 424, ou dans Knopf, op. cit., p. 91; trad. fr.
Combéfis, Illu-
strium Christi martyrum lecti triumphi, Paris, 1660
chaine du monde est si profonde et si générale que les
chrétiens ne sont pas portés à s'intéresser à leur his-
toire. Voir A. Dufourcq, Étude sur les Gesta martyrum
romains, 1900, t. I, p. 267 et passim. Les lettrés païens
p. 145, ou Ruinart, op. cit., 1859, p. 619, ou Knopf',
:
voyaient dans les chrétiens, surtout dans les martyrs,

22. :
op.cit., p. 102. Trad. fr. dans dom. H. Leclercq,
op. cit., t. II, p. 291.
Saint Maxime Ruinart, op. cit., 1859, p. 203,
ou von Gebhardt, op. cit., p. 121.
23. Saint Acace : Ruinart, op. cit., 1859 p. 199, ou ,
des coupables ou des fous on conçoit qu'ils n'aient pas
voulu perdre leur temps à étudier leur folie. Voir Lu-
cien, la mort de Peregrinus; Preuschen, Analecta,
Kürzere Texte zur Geschichte der alten Kirche und des
Kanons, Leipzig, 1893, p. 118. Plus tard, à la fin du
von Gebhardt, op. cit., p. 115.
24. Saints Pierre et André
p.205.
:
Ruinart, op. cit., 1859, :
IVe siècle, le travail désorganisateur de l'oubli s'est déjà
fait sentir autrefois les évêques pouvaient parler des
martyrs, mais ils ne s'en souciaient pas; ils en veulent
parler sans le pouvoir, aujourd'hui. Et parfois, enfin,
:
25. Saints Tryphonet Respicius : Ruinart, op. cit.,
1859, p. 208. ils ne s'en soucient pas plus aujourd'hui qu'autrefois.
26. Saints Claudius, Asterius et Néon Ruinart, — C'est à des circonstances très particulières, excep-
op. cit., 1859, p. 309. Trad. fr. dans H. Leclercq, op. cit., tionnelles, que nous devons les plus anciens de nos
t. II, p. 185.
:
27. Saint Saba Ruinart, op. cit., 1859, p. 617.
En résumé, depuis saint Polycarpe de Smyrne
25 textes. S'il n'avait tenu à redire le grand discours
d'Étienne contre les Juifs, saint Luc nous aurait-il
conté sa mort? S'il n'avait été un judéo-chrétien, un
jusqu'à saint Saba le Goth, nous comptons quarante peu inquiet de l'évolution qui entraînait l'Église vers
et un textes (14 + 27) anonymes qui peuvent fournir les païens, Hégésippe aurait-il mis en lumière comme
des détails authentiques sur les martyrs de Jésus. Et il l'a fait l'héroïsme serein de Jacques et de Siméon?
:
l'on entend bien que ce nombre n'est pas présenté
comme définitif les travaux des historiens le réduiront
peut-être; et peut-être aussi, plus probablement même,
Saint Clément ne dit qu'un mot de Pierre et Paul;
beaucoup trop bref à notre gré. Et c'est parce que ce
fait-divers favorise sa thèse, que saint Justin conte
l'accroîtront-ils. Le P. Delehaye considère comme l'histoire de Ptolémée. Tacite ne parle des chrétiens
des remaniements de textes authentiques, les textes que parce qu'ils sont mêlés et dans la mesure où ils
qui célèbrent Épipode et Alexandre, Serenus, Faus-
tus et Januarius, Genes d'Arles, Patrice, les Mar-
tyrs égyptiens. Les légendes hagiographiques,Bruxelles,
:
sont mêlés au drame néronien, qui le captive. Voici
venir la fin du IVe siècle les textes sont plus nom-
breux (15 contre 6) c'est que, un peu partout, la curio-
1905, p. 137. — D'autre part Mgr A. Ehrhard, sité s'éveille; puis, le souci d'exalter la vie religieuse
des foules inclineles évêques à leur proposer l'exemple
des martyrs; le patriotisme local, enfin,suscite des
écrivains enthousiastes (saint Basile, Hom. in XL
:
Les actes des martyrs scillitains découverts par M. Ro-
binson sont un excellent modèle de ce type voir la ré-
férence plus haut. On peut encore citer les actes pro-
mart., P. G., t. XXXI, col. 508; Epist., CCII, P. G.,
t. XXXII, col. 940; saint Ambroise, Exhortatio virgin.,
P. L., t. XVI, col. 336); mais comme les récits qu'ils ap-
;
consulaires de saint Cyprien, composés « de trois do-
cuments distincts et de quelques légères additions ces
:
trois documents sont 1° le procès-verbal de l'interro-
portent sont pleins de lacunes ou incertains ! Voir gatoire de 257; 2° le procès-verbal de l'arrestation de
A. Dufourcq, Étude sur les Gesta martyrum romains, Cyprien et du second interrogatoire, en septembre 258;
t.1, p. 24-30. A côté de ceux qu'on a retenus, combien 3° le récit du martyre proprement dit. » Monceaux,
dont la valeur historique est nulle; que pèse ce que Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne, t. II, p. 182.
racontent saint Augustin de saint Vincent, et saint
Jean Chrysostome, de saint Babylas? C'est un hasard
seul qui a pu leur transmettre une tradition authen-
:
Ce dernier texte fournit un excellent modèle des rela-
tions du second type il est l'œuvre d'un témoin très
bien renseigné. On en doit rapprocher les actes de
tique. — Quant à Eusèbe, son entreprise très particu- sainte Perpétue et les actes des saints Jacques et Ma-
lière requiert une explication spéciale: Eusèbe est pas- rien. — Peut-être faut-il ajouter enfin qu'il y a un
sionnément curieux, autant que nous pouvons l'être.
2. L'existence des actes authentiques anonymes
s'explique par l'organisation judiciaire gréco-romaine
touchés:
troisième type d'Acta martyrum (stricto sensu) non re-
ces textes-là n'auraient été rédigés ni d'après
les procès-verbaux authentiques, ni par un contempo-
et par la vivacité de la piété chrétienne; leur conser- rain d'après ses souvenirs; ils procéderaient d'une tra-
vation s'explique à son tour par l'usage des lectures dition, appuyée sur des textes écrits (inscriptions de la
liturgiques et par la curiosité d'un homme, Eusèbe. tombe, du calendrier), et qui aurait été rédigée avant
Les Romains étaient un peuple très formaliste. sa disparition ou sa déformation. Tels, peut-être, nos
L'interrogatoire de tout accusé était sténographié textes deJules et d'Irénée, et les versions primitives
par des notarii ou exceptores, et les procès-verbaux des martyrs danubiens, A. Dufourcq, Etude sur les
étaient conservés dans les archives publiques, archi- Gesta martyrum romains, 1907, t. II, Le monument lé-
On pouvait se pro-
vum proconsulis, cXPZE(¡'1 OYKJ-CIŒIGV. gendaire lérinien, p. 211-271. Peut-être ces textes
curer une copie de pareils procès-verbaux, soit en utilisent-ils tout simplement un texte authentique.
payant les archivistes, spiculatores, pour les trans- (C'était l'habitude, en Afrique, de lire aux offices les
crire, soit en profitant de leur connivence pour en actes des martyrs, au jour anniversaire de leur mort.
prendre copie. Apollonios l'antimontaniste, dans un Le concile général de l'Église d'Afrique qui se tint
passage cité de lui par Eusèbe (V, XVIII, 9), parlant à Hippone, dans le secretarium de la basilica Pacis, le
d'un aventurier qui prétend indûment au titre de mar- 8 octobre 393, sous la présidence d'Aurèle, évêque de
tyr, écrit qu'il comparut devant Æmilius Frontinus, Carthage, édicta le canon suivant (36e) : Liceat etiam
proconsul d'Asie, non pas comme chrétien, mais legi passiones martyrum cum anniversarii dies eorum
comme auteur de vols commis alors qu'il avait apos- celebrantur.Mansi,Concil. ampliss.coll., t. III, col. 924;
tasié : « Ceux qui voudront s'instruire complètement
de cette affaire n'ont qu'à recourir à l'archive publique
(de la province) d'Asie. » Batiffol, La littérature
Les actes abrégés de sainte Perpétue portent :
Hefele, Hist. des conciles, trad. Leclercq, t. II, p. 89.)
Ac-
tus eorum in ecclesia ad aedificationem legite. Monceaux,
grecque (chrétienne), Paris, 1901, p. 52; E. Le Blant, op. cit., t. I, p. 60, note 4, ou Aubé, p. 525. Comme on
Les Acta martyrum et leurs sources, dans Les persécu- sait que cette version date du IVe siècle (Monceaux,
teurs et les martyrs, Paris, 1893, p. 1.—Voir encore op. cit., p. 78), l'usage africain est attesté pour
saint Augustin, Contra Cresconium, 111, 70, P. L., cette époque. Noter encore que saint Augustin faisait
;
t. XLIII, col. 540 le procès-verbal de la comparution
de saint Denys, cité par saint Denys lui-même. Voir
lire les gestes de saint Vincent.P. L., t. XXXVIIII,
col.1255.Mais, sans doute, cet usage est-ilnotablement
Eusèbe, H.E., VII, 11. P. G., t. XX, col. 664. Le pro- antérieur; peut-être est-ce à lui que notre version des

Comparer:
cès-verbal de la comparution de saint Cyprien qui
circulait en Numidie avant le martyre de l'évêque.
Tertullien, De anima, 9; les Gesta apud
Zenophilum (von Gebhardt, op. cit., p. 187), les procès-
verbaux des conférences de saint Augustin avec les
actes de Cyprien doit sa naissance. — On inclinera à le
penser en sortant d'Afrique. Les textes montrent que
certaines églises, dès la seconde moitié du second siècle,
:
faisaient lire pendant la liturgie d'autres livres que les
livres saints l'Église de Corinthe lisait ainsi, au temps
manichéens. Ne pas se servir des gestes de Tarachus de saint Denys son évêque (vers 170), la lettre que lui
dont l'origine est indéterminée. avait autrefois adressée saint Clément. C'est Eusèbe
La piété des fidèles envers les martyrs et les confes- lui-même qui le remarque, IV, XXIII, 11. La lettre que
seurs est attestée par l'histoire du novatianisme et par «
l'Église de Dieu qui pérégrine à Smyrne (adresse) à
les visites que recevaient les prisonniers dans leur pri- l'Église de Dieu qui pérégrine à Philomelium (de
son. Acta Perpetuæ, III, 16; Tertullien, 'De mart., 1. 2; Phrygie) et à toutes les paroisses en tout lieu de l'É-
Cyprien, Epist., XII, 1. Elle poussa parfois les chré-
tiens à raconter l'histoire de leurs frères glorieux; « à
de simples fidèles, à des catéchumènes, qui avaient
»
Polycarpe est de quelques années antérieure :
glise catholique pour leur dire le martyre de saint

semble viser, soit directement, soit indirectement (si


elle

obtenu le martyre, nos ancêtres ont fait tant d'hon- l'on en a fait un résumé), l'usage de la lecture litur-
neur, écrit le biographe de saint Cyprien, Pontius, que gique des actes de martyrs. J'en dirai autant du texte
dans le récit de leurs passions ils ont inséré beaucoup
de détails, et, pour ainsi dire, presque tous les détails.
Ils ont voulu nous transmettre ainsi la connaissance de
:
qui lui fait pendant et qui est un peu postérieur à saint.
Denys de Corinthe je veux dire la lettre ccdes servi-
teurs du Christ qui pérégrinent à Vienne et à Lyon de
ces faits, même à nous qui n'étions pas encore nés. » Gaule aux frères qui partagent leur foi. en Asie et en
Pontius, Vila Cypriani, trad. Monceaux. Tantôt les
chrétiens achetaient,comme on l'a dit, la complicité ou
Phrygie» (martyre de saint Pothin). De tout cela, si
je ne me trompe, il ressort que l'usage africain de la
la négligence des scribes; tantôt ils racontaient d'après lecture liturgique des Acta martyrum, constaté en 393,.
leurs souvenirs ce qu'ils avaient vu et entendu. De là remonte sans doute au Ille ou peut-être au ne siècle;

il y eut plusieurs comparutions:


deux types de relations. Les premières sont de simples
copies du procès-verbal, ou des procès-verbaux quand
dans ce cas, quelques
phrases de transition les cousent les uns aux autres.
et que ce même usage a dû être en vigueur, à cette
même époque, dans quelques Églises.
Noter que l'usage de célébrer les anniversaires des.
martyrs commença à des époques différentes dans les
divers pays. La plus ancienne attestation que l'on en plifié, ici, le fait? Eusèbe, H. E., VIII, II, ne parle que-
connaisse est ce passage de la lettre des Smyrniotes des Livres saints, c'est-à-dire sans doute, de la Bible.
sur le martyre de saint Polycarpe (155) : « Nous avons
placé (ses ossements) dans un lieu convenable. C'est
là que nous nous réunirons dans l'allégresse et la joie
vent :
Mais il est vrai que les Acta purgationis Felicis écri-
cum persecutio esset indicta christianis id est
ut. quascunque scripturas haberent incendio traderent,
lorsque nous le pourrons et quand le Seigneur nous
permettra de célébrer le jour natal de son martyre, pour
nous souvenir de ceux qui ont combattu avant nous et
:
von Gebhardt, op. cit., p. 207; voir aussi un peu plus-
bas si quas scripturas haberent. C'est aussi un peu;
la même impression que donnent les Gesta apud Zeno-
pour exercer et préparer ceux qui doivent lutter dans philum : quelquefois, sinon toujours, les païens ont
l'avenir. » Eusèbe, H. E., IV, xv, 43-44, édit. Grapin, recherché tous les livres des chrétiens et non seulement
t. I, p. 434-435. A Rome, les plus anciens calendriers leurs Écritures saintes. L'usage des lectures publiques,
;
ignorent les martyrs du IIe siècle, tels que le pape
:
Télesphore et saint Justin les plus anciennes épita-
phes négligent d'indiquer le jour de la mort ce n'est
a provoqué soit des abréviations soit des embellisse-
ments des actes authentiques. Monceaux, op. cit., t. I,
p. 65, 77-80. Enfin et surtout c'est l'indifférence de-
qu'au Ille siècle, selon toutes les vraisemblances,que tous et de chacun qui explique le mieux la négligence
la commémoration des anniversaires a été célébrée à dont firent preuve les chrétiens pour rédiger et sur-
Rome. tout pour conserver les actes. Il fallait qu'elle fut bien
Si l'on constate que les actes anthentiques parais-
sent être assez nettement localisés en trois régions,
grande pour laisser perdre la collection d'Eusèbe
3. La question des remaniements des Acta mar-
!
Afrique, pays balkano-danubiens,Orient, c'est en ces tyrum est très obscure. On n'en dira ici qu'un mot.—
trois régions que l'on inclinera à situer les Églises où
se pratiquait la lecture liturgique de ces actes. —
Car il est bien clair que ces Églises veillèrent à leur
:
Les remaniements africains étudiés par M. Monceaux
semblentprocéder d'une double cause le désir d'abré-
ger ou de paraphraser les actes, c'est-à-dire le désir
conservation, et même, dans une certaine mesure, à d'accommoder le texte au goût littéraire ou théolo-
leur intégrité. gique du jour; le besoin de lutter contre les hérétiques
La curiosité d'Eusèbe de Césarée ne nous a pas été qui cherchent à accaparer les martyrs. L'étude que
moins profitable Duchesne, Hist. ancienne de l'Église, nous avons faite des actes d'Euplus et d'autres textes-
1906, t. I, préface, p. VII-VIII. Je rappelle brièvement de ce genre nous a conduit à des conclusions ana-
qu'Eusèbe Pamphile, 265-340, devenu évêque de Cé- logues. Si l'on rapproche ces remaniements d'Acta mar-
sarée de Palestine peu après 313, avait composé, en tyrum authentiques, accomplis au cours du IVe siècle,
outre du Livre des martyrs de Palestine, unHistoire surtout peut-être dans la seconde moitié, de la rédac-
des anciens martyrs, c'est-à-dire des martyrs anté- tion de Gesta martyrum inauthentiques qui s'opère à
rieurs à Dioclétien; à vrai dire ce n'était pas une
histoire, mais un recueil d'Acta martyrum : AoZaletov
u.apT'jpi'wv G-uvoiywy/î. Si ce recueil est, hélas! perdu,
:
ce moment dans ce pays, on inclinera à admettre la
proposition suivante un mouvement hagiographique
africain a pris naissance dès avant saint Augustin,
c'est à lui qu'Eusèbe a emprunté la lettre des Smyr- d'où procèdent et les actes remaniés, et les gestes ré-
niotes et la lettre des Lyonnais qui figurent dans digés. — Les textes qui célèbrent les martyrs des pays
l'Histoire ecclésiastique; et c'est l'intérêt que lui inspi- danubiens ont été retouchés au moment où les chré-
raient les martyrs qui l'a poussé à nous raconter, soit tiens ont évacué ceux-ci, emportant les corps de leurs
là, soit ailleurs, les martyres de Jacques et de Siméon martyrs et se réfugiant en Italie. — Les remaniements
de Jérusalem, de Ptolémée-Lucius et de Denys des textes grecs authentiques ont une origine incer-
d'Alexandrie et ceux encore de Marinus (H. E., VII, taine. Qui sait si l'histoire n'en est pas analogue à.
XV; Knopf, p. 78), de Leonidas (Ruinart, op. cit., 1859, l'histoire des remaniements africains; et si, dans l'en-
p. 168; Eusèbe,.H.E., VI, I, P. L., t. xx, col. 521) ou tourage de saint Jean Chrysostome, plusieurs n'ont
de Romanus (Ruinart, op. cit., 1859, p. 392, Eusèbe, pas pris naissance ?
De resurr., II). — Voir Lightfoot, dans le Dict. of chr. IV. CRITIQUE DES TEXTES. — Les Acta martyrum
biogr. de Smith and Wace; Harnack, Die Ueberliefe- sont, par définition, des textes qui peuvent nous ren-
rung und der Bestand, p. 556. — Eusèbe cite sa Col- seigner sur l'histoire des persécutions et des martyrs.
lection des anciens martyres, H.E., V, préface 2; v, 20- A quels autres les comparer pour en tirer le meilleur
5. Elle a été utilisée par le martyrologe syriaque de parti? — Je distinguerai deux séries de problèmes.
Wright (Duchesne, dans les Mélanges d'archéologie et Que se passe-t-il dans l'âme du martyr au moment
d'histoire. de l'École française de Rome, t. v, p. 120), où s'y consomme le sacrifice? Qu'est-ce qu'une âme-
qui a été utilisé lui-même par le férial hiéronymien. de martyr? A ce problème d'ordre psychologique et
— Voir dans Harnack, Die Ueberlieferung und der
Bestand der altchr. Litteratur, Leipzig, 1893, p. 808,
une notice intéressante de Preuschen sur le Mcirty-
rologisches Marterial bei Eusebius.
Si l'existence des actes authentiques s'explique
:
religieux de nature, les Acta martyrum permettront
d'apporter une solution. Mais il convient de les com-
parer, infatigablement 1° d'abord, et principalement,
les uns avec les autres. L'intérêt qui s'attache à cette
méthode est si évident qu'il paraît inutile d'y insister;
ainsi, comment rendre compte de la disparition d'un 2° avec la lettre de saint Ignace aux Romains, P. G.,
grand nombre? Comment se fait-il que nous n'en t. v, col. 685, ou Funk, Opera Patrum apostol.,Tubin-
ayons guère qu'une quarantaine? Ici encore il convien- gue,1881, t. II. Traduction française dansdom H. Le-
drait de relever soigneusementtous les actes authentiques
perdus dont l'existence peut être affirmée pour raisons
positives. Ce travail fait ne changerait pas beaucoup
plie les Romains de ne pas le sauver de la mort dans:
clercq, Lesmartyrs, 1902, t. I, p. 52. Saint Ignace sup-
cette lettre, « nous trouvons l'image vive, sincère, ori-
:
(réserve faite de la collection d'Eusèbe), j'imagine,
l'impression première ni le fait actuel nous avons très
peu d'actes véridiques. — Le fait s'explique d'abord,
ginale, de l'âme de ce grand chrétien à la veille du
martyre, quand lui apparaissent de loin les lions qui
doivent le dévorer, et derrière les lions, la gloire même
en partie, par les raisons mêmes auxquelles nous avons du Christ, dont les rayons, comme un splendide soleil
attribué la rareté des textes littéraires (non anony- couchant, l'embrasent et le transfigurent; » 3° avec-
mes) qui s'intéressent à des martyrs. Il s'explique le Testament des quarante martyrs de Sébaste, dans.
ensuite par le soin qu'apporterent parfois les païens Studien zur Geschichte der Theologie und Kirche, 1897,
à la destruction des actes. Prudence, P. L., t. LX, t. I,1re part., p. 75, édit. Bonwetsch et Seeberg, ou.
col. 288. Dans quelle mesure la légende a-t-elle am- von Gebhardt, op. cit., p. 166, ou Knopf, op. cit., p. 107.
Trad..fr. dans H. Leclercq, op. cit.,t.II, p. 385. Qua- tent des textes authentiques et tombent dans l'excès opposé
rante soldats chrétiens qui vont mourir pour Jésus, à celui de Ruinart, entremêlantà tout instant l'authentique
demandent que leurs restes ne soient pas dispersés et le légendaire. — Les Acta sanctorum publiés par Bolland et
après leur mort, mais déposés en commun à Sareim, ses continuateurs, à partir de 1643, et Les martyrs.Recueil de
pièces authentiques sur les martyrs.., édité par dom Leclercq,
près Zela, dans le Pont. (On s'empressa de n'en rien Paris, à partir de 1902, ne sont pas très rigoureux non plus,
faire.) L'authenticité du texte est assurée; 4° avec les mais rendent les plus grands services. Il n'y a pas de livre, à
;
œuvres de saint Cyprien, évêque et martyr (particulière-
ment les passages quitouchent à la persécution) 5°avec
la biographie de Cyprien par son familier, Pontius;
l'heure actuelle (1909), qui réponde à l'idée que nous nous
la
faisons d'une collectiond'Acta martyrum.—Sur critiquedes
Acta martyrum en général,voir Tillemont, Mémoires pour ser-
6° avec les écrits de Tertullien, particulièrementl'Ad vir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles, 1701,
martyres,l'Apologétique,leDe corona mil., le Scorpiace, 16 volumes (seconde édition) à Paris, 1712, et Paul Allard,
Histoire des persécutions, 5 vol. in-8°, 3e édition, Paris, 1903-
le De fuga in persecutione; 7° avec les écrits d'Origène 1908. M. Paul Allard, à la suite de M. Leblant, Les Acta marty-
etsurtoutaveclercpoTps'jmy.ci; sI; p-aprjptov ; 8°avecles rum et leurs sources, dans la NouvelleRevue historique du droit
passages des différents Pères relatifs à la persécution français et étranger, 1879; Les Actes des Martyrs. Supplément
et au martyre (voir l'index de Migne, t. CCXIX, col. 583); aux Acta sincera de dom Ruinart. Extrait des mémoires de l'A-
9° avec les certificats attribués aux chrétiens qui fai- cadémiedes inscriptions et belles-lettres, 2e partie,Paris, 1882,
blissent, von Gebhardt : op. cit., p. 182; Comptes ren- t. xxx, et Les persécuteurs et les martyrs aux premiers
dus de l'Académie de Berlin, 1893, p. 1007; de l'Aca- à
siècles de notre ère, Paris, 1893, incline admettre beaucoup
plus de remaniements d'actes authentiques que nous ne fai-
démie dt Vienne, 1894, p. 3; Alti del II Congresso di
arch.crist., Rome, 1902, p. 398; Grenfell et Hunt
Oxyrhynchus papyri, t. IV, Londres, 1904; Harnack,
: sons nous-même.— Sur les actes des martyrs africains, voir
P. Monceaux, Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne depuis
dans Theol. Litteraturzeilung, 1894, t. XXXVIII, p. 162;
P. Franchi, dans Nuovo bull. di arch. crist., 1895,
III.
A.
-
les origines jusqu'à l'invasion arabe, Paris. 1901-1905, t. I, II,

Dufourcq. t.
Sur les actes des martyrs des pays danubiens, voir
Étude sur les Gesta martyrumromains, II, Le
p. 68, et dans Miscell. di stor. e cult. eccl., 1904, p. 3. mouvement légendaire lérinien, Paris, 1907, p. 220-271. —
Duchesne, Histoire ancienne de l'Eglise, t. I, 2e édit., Pour plus de détails, voir les noms de chaque martyr, ou la
bibliographie qui termine le copieux et intéressant article
p. 369, note 1; — et encore et toujours avec Eusèbe. Actes des martyrs de dom Leclercq, dans leDictionnaired'ar-
Quelles sont les circonstances extérieures au milieu chéologie chrétienne et de liturgie de dom Cabrol, 1907,t.I,
desquelles se sont déroulés les martyres? A ce problème col. 443.
d'ordre social et politico-juridique de nature, les Acta A. DUFOURCQ.
martyrum permettront d'apporter une solution. Mais
il convient de les comparer, infatigablement :1°
bord, et principalement, les uns avec les autres. Ce
d'a-
V. ACTES SYRIAQUES. — I. Martyrs aposto-
liques. II. Martyrs perses ou orientaux. III. Martyrs
occidentaux.
travail est particulièrement instructif lorsqu'il est
possible de confronter un texte littéraire (non-ano-
I. MARTYRS APOSTOLIQUES. -
L'Église d'Édesse se
rattache aux Apôtres et à Notre-Seigneur Jésus-
nyme) avec un texte anonyme; 2° avec les textes his- Christ lui-même par la légende d'Addaï et d'Abgar le
toriques autorisés qui disent l'histoire générale des noir. Abgar écrit à Notre-Seigneur de venir demeurer
persécutions. Je rappelle les ouvrages d'Eusèbe (voir à Édesse et le guérir d'une maladie dont il souffre.
EUSÈBE DE CÉSARÉE), et le De mortibus perseculorum L'apôtre Judas Thomas envoie Addaï à Édesse. Ce-
qui est véritablement l'œuvre de Lactance. Voir Pi- lui-ci guérit Abgar, convertit la ville et, selon certains
chon, Lactance, Étude sur le mouvement philosophique documents, meurt en paix ou, selon d'autres, est mar-
et religieux sous le règne de Constantin, Paris, 1901, tyrisé à Aghel en Sophène, par ordre du fils d'Abgar
p. 337-409. La plupart des textes qui intéressent cette
histoire ont été réunis en un petit volume très com-
mode, celui d'Erwin Preuschen, Analecta. Kurzere
:
retourné au paganisme. Moyse de Khorène rattache
à Addaï la conversion de l'Arménie il convertit Sana-
trouk, mais ce roi retourne au paganisme et le fait
Texte zur Geschichte der alten Kirche und des Kanons, mourir avec ses compagnons dans lepays de Scha-
Fribourg, 1893. J'y renvoie le lecteur; 3° avec d'au- warchan (Artaz). Rubens Duval, Histoire d'Édesse,
tres textes spéciaux, le plus souvent liturgiques. Je Paris, 1892, p. 83-88. A Addaï succède Aggaï, l'orfèvre
vise les calendriers ecclésiastiques, tels que le férial royal, à qui un fils d'Abgar V, resté païen, fait briser
hiéronymien (édition De Rossi-Duchesne)ou le calen- les jambes. Ibid., p. 88. Un autre disciple d'Addaï,
drier de Carthage; les diverses éditions du martyrologe nommé Mari, aurait évangélisé toute la Perse. Tomis,
(H. Quentin, Les martyrologes historiques du moyen disciple de Mari, aurait été martyrisé à Gawar, près du
âge, Paris, 1908); les sacramentaires, tels que le léo- lac d'Ourmiah. Acta Maris, dans Bedjan, Acta mar-
;
nien (édition Feltoe, Cambridge, 1896), ou le gélasien
(édit.Wilson, Oxford, 1894) les itinéraires, tels que le
Salisburgensis (édition De Rossi, Roma sotterranea,
tyrum et sanctorum, t. I, p. 45. Le christianisme a dû
être introduit de bonne heure à Édesse, qui était une
ville royale et la capitale de la Mésopotamie, mais son
t. I, p. 175 sq., p. 144). premier roi chrétien a été Abgar IX (179-214) et non
Les Acta martyrum qui nous renseignent précisé- Abgar V. Rubens Duval, La littérature syriaque, Paris,
ment et authentiquement sur les martyrs sont moins 1907, p. 96. La légende d'Abgar V est cependantfort
nombreux qu'on n'aurait pu croire; néanmoins leur ancienne puisque Eusèbe de Césarée, au commence-
nombre et leur valeur sont tels qu'ils permettent de ment du IVe siècle, la cite d'après ses documents qu'il
se représenter avec une sûreté et une netteté très suf- tire des archives d'Édesse et qu'il regarde comme air-
fisantes ce que furent les persécutions en général, ce thentiques. Ces documents pourraient donc remonter
que furent plusieurs martyres en particulier. au commencement du Ille siècle, et la légende d'Addaï,
La bibliographie aurait pu être très copieuse. Mais on croit qui est basée sur ces mêmes documents et qui les dé-
bon de la débarrasserde tous les ouvrages qui ne peuvent ren- veloppe, pourrait être placée au commencement du ve,
dre de services. Ce n'est guère qu'à titre honoraire, si j'ose car elle est postérieure à la découverte de la sainte
dire, qu'on signalera le livre fameux de Th. Ruinart, Acta Croix par l'impératrice sainte Hélène.
primorum martyrum sincera et selecla, ex libris cum edilis tum Les Actes de Mari qui prennent leur point d'appui
scriptis collecta eruta vel emendata.; in-4°, Paris, 1689, réédi- sur ceux d'Addaï peuvent être du vie. Cf. Rubens Du-
tions, Amsterdam, 1713; Vérone, 1731; Augsbourg, 1802- val, op. cit., p. 102, 108. Eusèbe confond Addaï avec
1803; Ratisbonne, 1859. — Les livres de von Gebhardt,
Ausgewählie Màrhjreracten und andere Urkunden aus der Ver- Thaddée Judas, martyrisé en Perse avec Simon le
folgungszeit der chrisllichen Kirche, Berlin, 1902, et de Knopf, Chananéen d'après le martyrologe romain (28 octo-
Ausgewälte Märtyreracten,1901, Tubingue et Leipzig, écar- bre).
De la doctrine d'Addaï dépendent encore les Actes a utilisé plusieurs, nous apprend que les Perses, les
:
de Scharbil et de Barsamya qui auraient été martyri-
sés sous Trajan les synchronismes donnés par l'au-
teur des Actes ne concordent pas. On peut admettre,
Syriens et les habitants d'Édesse ont pris beaucoup de
peine pour recueillir les noms et l'histoire des martyrs.
P. G., t. LXVII, col. 969. Ce témoignage du commen-
comme il le dit, que Scharbil et Barsamya vivaient au cement du Ve siècle nous est un sûr garant de l'anti-
temps de Fabianus, évêque de Rome (236 à 250). Ils quité de la plupart des actes conservés, qui sont des
auraient donc été martyrisés sous Dèce et non sous rédactions presque contemporaines des événements,
Trajan, on les aurait vieillis à l'époque où l'on rem- faites d'après des documents ou des témoignages con-
plaçait de mêmeAbgar IXpar AbgarV. Rubens Duval, temporains. Peu importe donc que nous ne connais-
Histoire d'Édesse, p. 129-131. sions pas leurs auteurs. Les actes de Zebînâ, Lazare,
II. MARTYRS PERSES OU ORIENTAUX. — I. SOUS Marout, etc., sont signés par Isaïe bar Hadabou d'Ar-
SAPOR II. — a) Causes de la persécution.— La grande zoun, inconnu par ailleurs. Une tradition nestorienne,
persécution de Sapor II qui dura, avec de courtes in- qui nous apparaît seulement au XIVe siècle, prétend
terruptions, trente-neuf ans (340-379), eut souvent que Marouta de Maiferqat, lors de sa mission en
un caractère nationaliste. Constantin avait paru iden- Perse (410), aurait recueilli les actes des martyrs;
tifier le christianisme avec son empire, il avait em- c'est en vertu de cette tradition, sans aucune preuve
mené des évêques avec lui pour faire campagne contre manuscrite ni intrinsèque, qu'Assémani attribuait à
-
les Perses. Après sa mort (337), on attribua aux Marouta la collection du ms. 160 du Vatican. La
prières de saint Jacques, évêque de Nisibe, l'échec dé- finale de la collection, qui suppose un témoin oculaire,
sastreux de Sapor devant cette ville; on demandait paraît suffisante à M. Kmosko pour prouver que l'au-
donc aux chrétiens « de renoncer au Dieu que César teur ne peut pas être Marouta. Patrologia syriaca,
adore. » Bedjan, Acta martyrum, Paris, 1897, t. II, t. II, p. 681-684. Une autre tradition nestorienne
p. 318. A cette cause, on peut joindre la jalousie des attribue une collection des Passions des martyrs per-
Mages qui semblent en bien des endroits avoir pris sans au catholicos Ahai (410-415). Il nous paraît très
l'initiative des poursuites, surtout lorsqu'il s'agissait vraisemblable que Marouta a dû rechercher les actes
d'un des leurs converti à la religion chrétienne. Enfin des martyrs persans, cf. Bedjan, t. IV, p. 180, mais il
les Juifs, qui semblent avoir été puissants en Perse, est difficile de dire comment il a formé sa collection
sont accusés plusieurs fois d'avoir provoqué des per- et si elle est contenue dans les mss. du xe siècle du
sécutions. Cf. Patrologia syriaca, Paris, 1907, t. n, Vatican. Les actes de Simon bar Sabba'ê existent en
p. 693-694;Sozomène,Hist. eccl., II, IX, P. G., t. LXVII, double recension, plusieurs actes traduits en grec
col. 956. sont aussi conservés en plusieurs recensions dont les
b) Les documents. — Nous disposons, pour cette per- auteurs sont inconnus. Toutes les versions grecques
:
sécution de 340-379, d'anciens et authentiques docu-
ments qui sont une liste de martyrs à la fin de l'an-
cien calendrier syriaque conservé dans un manuscrit
des actes des martyrs persans sous Sapor II ont été
éditées par le R. P. H. Delehaye, dans Patrologia
orientalis, t. II, p. 405-560.
de l'an 411; d'autres listes et des actes consignés par d) Liste des principales passions anciennes rédigées
Sozomène, avant 443, dans son Histoire ecclésiastique, d'après les documents authentiques. — 1° Saint Siméon
enfin des actes syriaques dont quelques-uns sont con- bar Sabba'ê, évêque de Séleucie Ctésiphon. Il est men-
servés dans des manuscrits du Ve et du VIe siècle. Ces tionné dans le martyrologe syrien (manuscrit daté
manuscrits: add. 14644, 14654; 17204, conservés à de 411 à 412). Ses actes sont résumés par Sozomène,
Londres, contiennent des fragments des actes de Milès Hist. eccl., II, IX-X, P. G., t. LXVII, col. 956; le texte
et Aboursam, deJacques l'intercis, d'Acepsimas syriaque a été édité par St. E. Assémani, I, 15-40, et
('Aqebsema), Joseph et Aeithalas ('îtâlahâ); de Zé- par Bedjan, t. II, p. 131-207; les deux rédactions
binâ, Lazare, Marout, Nersès, Élie, Mahri, Habib, viennent d'être rééditées par M. Kmosko dans Patro-
Saba, Sambaïtâ, Jonas et Barachisius (Iônan et Be- logia syriaca, t. II, Paris, 1907, p. 659-1055, qui les a
rîkîsou'); de Sapor, Isaac, Ma'na, Abraham, Simon, fait précéder d'une étude sur les actes des martyrs
mélangés à d'autres écrits et qui ne paraissent donc persans.
pas former une collection proprement dite. 2° Avec Siméon sont martyrisés Gouhstâzad (Us-
La collection la plus complète est conservée, dans un thazades), eunuque du roi, et les prêtres Anania et
manuscrit du VIle au VIlle siècle, à Amida (Diarbékir).
Son analyse a été donnée par Mr Abbeloos qui en pos-
sédait une copie, Analecla bollandiana, t. IX, 1890,
avec ceux de Siméon, loc. cit.)eM
'Abdhaîklâ (Abdechalaam); leurs actes se trouvent
3° Pousaï (Pusices, ou Phousik) et de sa fille Marthe.
p. 5-8, et son contenu a été édité, dans un ordre diffé- Leurs actes sont résumés par Sozomène, II, XI, P. G.,
rent, par le R. P. Bedjan, Acta martyrum et sanctorum, t. LXVII, col. 961; le texte syriaque a été publié par
:
t. II-IV. La collection la plus célèbre est celle des ma-
nuscrits syriaques 160 et 161 du Vatican J. S. Assé-
mani qui l'a fait connaître, Bibl. orientalis, t. I, Rome,
St. E. Assémani, t. I, p. 35, et par Bedjan, t.II, p. 208-
241. Le martyrologe romain, au 21 avril, consacre
une longue notice à saint Siméon et à ceux qui ont
1719, p. 181-194, et St. E. Assémani qui l'a éditée, été martyrisés avec lui. L'Église grecque fête, au
Acta sanctorum martyrum orientalium et occidenialium, 17 avril, Siméon, Abdela ('Abdhaîklâ), Gousthazat
Rome, 1748, 2 volumes, y voyaient l'œuvre de Ma- (Gouhstazad) et Phouzik (Pousaï).
routa, évêque de Maiferkat (Martyropolis), au moins 4° Le grand massacre des chrétiens de Ledan, de
pour les martyrs perses. On a écrit à tort que le Beit-Lapat et des contrées voisines, et d'Azad, eu-
ms. 160 est de l'an 474; lavie de saint Syméon stylite nuque du roi. Durant dix jours on massacra, sans pro-
porte seule cette date, tout le reste du manuscrit est cédure, tous ceux qui se déclaraient chrétiens. Sozo-
reporté par J. S. Assémani lui-même au xe siècle. Le mène, II, XI (fin), P. G., t. LXVII, col. 964; Assémani,
ms. 161 est à peu près de la même époque. Signalons t. I, p.45, et Bedjan, t.II, p.1241-254. Ces martyrs sont
enfin la collection plus moderne du manuscrit syria- honorés le 17 avril chez les grecs et le 22 avril chez les
que de Berlin, Sachau 222 compilée par'Abdel-Ahad, latins.
du monastère de Rabban Harmizd, à l'aide des livres 5° Tarbou (Tarbula), sœur de Siméon bar-Sabba'ê.
« du monastère, des
villages, de Karemlès, d'Alkos et Ses actes ont été résumés par Sozomène, II, XII, P. G.,
de Mossoul. » t. LXVII, col. 964; le texte syriaque a été édité par
c) Les rédacteurs. — En général, les actes des mar- St. E. Assémani, t. I, p. 54, et par Bedjan, t.II, p. 254-
tyrs perses ne sont pas signés, mais Sozomène, qui en 260. Elle est honorée le 22 avril chez les latins et le
5 avril chez les grecs (sous le nom de Pherphouthês) autres martyrs, prêtres, diacres ou religieux. Asséma-
'La version grecque de ses actes a été éditée par le ni, t. i, p. 144-160; Bedjan, t. II, p. 325-347. Ils sont
R. P. H. Delehaye, Patrol. orient., t. II, p. 439-444. honorés le 16 mai dans les Églises grecque et latine.
6° 'Aqebsema (Acepsimas), Joseph et Aitalaha 21° Badéma, moine. Assémani, t.1, p. 165-167; Bed-
(Aeithalas). Leurs actes ont été résumés par Sozomène, jan, t. II, p. 347-351. Il est honoré le 9 avril dans
II, XIII, P. G., t. LXVII, col. 965, et édités par Assé- l'Église grecque. La version grecque de ses actes a été
mani, t. I, p. 171, et Bedjan, t. II, p. 351-397. L'Église éditée par le R. P. Delehaye, dans Patrol. orient.,
latine les honore le 22 avril et l'Église grecque le t. II, p. 473-477.
-3 novembre. Les versions grecques de leurs actes ont 22° Aitalaha, prêtre et Hafsaï, diacre. Bedjan, t. IV,
été éditées par le R. P. Delehaye, Pair. or., t. n, p. 133-137. Ils sont honorés dans l'Église grecque le
p.478-557. Cf. ci-dessus, col. 288. 11 décembre.
7° Dausas, Mariahb et 275 (ou 250) captifs. Leurs 23° Daniel, prêtre et Warda, religieuse. Assémani,
actes ont été résumés par Sozomène, II, XIII (fin), et t. i, p. 104; Bedjan, t. II, p. 290.
ont été édités par Assémani, t. I, p. 134, et Bedjan, 24° Barhadbesabba, diacre d'Arbèle. Assémani, t. I,
t. II, p. 316-324. L'Église grecque les honore le 9 avril. p. 129-131; Bedjan, t. II, p. 314-316.
8° Milès (Millos ou Milê), Aboursam (Euborê) et 25° Jacques, prêtre, et Azad, diacre. Bedjan, t. IV,
Sinaï (Senœi). Leurs actes ont été résumés par Sozo- p.137-141.
mène, II, XIV, P. G., t. LXVII, col. 968 et ont été 26° Dix-huit auxiliaires Géles.Bedjan, t. IV, p. 166-
édités par Assémani, t.1, p. 66, et Bedjan, t. II, p. 260- 170.
275. L'Église latine les honore le 22 avril et l'Église Toutes ces passions semblent avoir été rédigées à la
.grecque le 13 novembre. Ils sont mentionnés dans le fin du IVe siècle ou au commencement du ve d'après

vante:
martyrologe syriaque de l'an 411 sous la forme sui-
cc Milous, évêque, et Aboursam et Sinaï, pre-
miers confesseurs. »
9° Sahdôst (Sadoth), successeur de Siméon bar Sab-
des documents authentiques, mais il ne s'ensuit pas
qu'elles aient toutes, dans tous leurs détails, la même
valeur. Les suivantes sont en relation avec des fonda-
tions de monastères et ont chance d'être plus récentes.
basê. Ses actes ont été publiés par Assémani, t. I, p. 88 1° Saba, Bedjan, t. IV, p. 222-249, « sous le nom du-
et Bedjan, t. II, p. 276-280. L'Église latine l'honore le quel fut bâti le monastère de Neb'â. »
20 février et l'Église grecque le 19 octobre et le 20 fé- 2° Behnam et sa sœur Sara dont les actes sont ratta-
vrier. Il est mentionné dans le martyrologe syriaque chés à l'histoire des monastères de Mar Mattaï et de
de 411. La version grecque de ses actes a été éditée par Mar Behnam. Bedjan, t. II, p. 397-441.
le R. P. Delehaye, Pair, orient., t. II, p. 445-450. 3° Bassus. Bedjan, t. IV, p. 471-507. Ses actes ne
10° Barba'smin, successeur de Sahdôst, mentionné sont d'ailleurs représentés maintenant que par une
par Sozomène, II, XIII (Barbasymès), et par le mar- homélie métrique.
tyrologe syriaque. Ses actes ont été édités par Assé- 4° Qardag, gouverneur d'Assyrie. Ses actes publiés
mani, t. I, p. 111, et par Bedjan, t. II, p. 296-303. et traduits en latin par Mgr J.-B. Abbeloos, dans Ana-
11° Zebinâ, Lazare, Marout, Narsaï, Élie, Mahrî, lecta bollandiana, 1890, t. IX, p. 1-106, publiés et tra-
Habîb, Saba, Berîkîsou' (Barachisius) et Iônan (Jo- duits en allemand par H. Feige, Die Geschichte des
nas), Assémani, t. I, p. 215, et Bedjan, t. II, p. 39-51; Mar'Abdîsô' und seines Jüngers, mâr Qardagh, Kiel,
honorés dans l'Église latine le 27 mars, et dans l'Église 1889, réédités par Bedjan, t. II, p. 442-507, seraient du
grecque le 29 mars. vie siècle.
12° Narsès et Joseph, Jean, Sapor, Isaac, Papa, 5° Adourparwâ, Mîhrnarsê et leur sœur Mahdoukt,
Awhanam, etc. Assémani, t. I, p. 97, et Bedjan, t. n, martyrs de la montagne de Brâin, la neuvième année
p. 284-289, honorés le 20 novembre, dans l'Église de Sapor II (317). G. Hoffmann, Auszüge aus syris-
grecque et dans l'Église latine. La plupart figurent chen Akten persischer Märtyrer, p. 9-16; Bedjan, t. II,
dans le martyrologe syriaque. p. 1-39. ccA la fin des persécutions on bâtit d'abord un
13° Jean bar Mariam, évêque d'Arbèbe, et Jacques, petit édifice à l'endroit du martyre, puis petit à petit
prêtre, surnommé le zélé. Bedjan, t. IV, p. 128-130. Les de beaux temples où s'opèrent des guérisons de tout
Églises grecque et latine les honorent le 1ernovembre genre. » Ces actes ont été écrits par Gabriel de Siar-
Jean figure dans le martyrologe syriaque.
14°Abraham, évêqued'Arbèle. Bedjan, t. IV, p.130-
131. L'Église grecque l'honore le 5 février. Il figure
zour.
II.SOUS JAZBGERD Iet ET DAI1UAM V (420-422).
a) Cause de la persécution. — La cause principale
-
dans le martyrologe syriaque. Les versions grecques semble être cette fois la jalousie des Mages attisée par
de ses actes ont été éditées par le R. P. Delehaye, Pair. le prosélytisme et les progrès des chrétiens. Ceux-ci,
or., t. II, p. 450-452. depuis que la paix conclue entre les Grecs et les Perses
15° Ananias, séculier de la ville d'Arbèle. Bedjan, avait mis fin à la persécution, avaient créé de nouveaux
t. IV, p. 131-132. Les Églises grecque et latine l'hono- évêchés, avaient fait des prosélytes jusque chez les no-
rent le 1er décembre. bles et les grands de la cour et allaient parfois jusqu'à
16° Cent vingt martyrs de Séleucie. Assémani, t. I, détruire les sanctuaires consacrés au culte du feu.
p. 105-109; Bedjan, t. II, p. 291-295. Ils sont honorés
le 5 ou le 6 avril dans les Églises grecque et latine.
-
b) Les documents. Cette persécution nous est con-
nue par Théodoret, Hist. eccl., V, XXXIX (XXXVIII),
17° Les cinq religieuses Thécle, Marie, Marthe, Ma- P. G., t. LXXXII, col. 1272, et par quelques actes
rie et Ami; Assémani, t. I, p. 123-127; Bedjan, t. n, conservés en syriaque. Nous avons encore ici des
p. 308-313. Elles sont honorées le 9 juin dans l'Église actes anciens rédigés d'après des documents ou témoi-
grecque. gnages authentiques.
18° Barsabiâ et sa communauté. Assémani, t. I, c) Liste des principales passions. — 1° L'évêque
p. 93; Bedjan, t. II, p. 281-284. Il est honoré dans l'É- 'Abdâ. L'un de ses prêtres avait détruit un sanctuaire
glise latine (Barsabas?) le 11 décembre. des Mages (pyrée) contigu à son église. Ses actes nous
19° La vierge la. Assémani, t. I, p. 134-139. Elle est sont connus à la fois par Théodoret (loc. cil.) et par
honorée dans l'Église latine le 4 août et dans l'Église une rédaction syriaque. Bedjan, t. IV, p. 250-253.
grecque, le 11 septembre et le 4 août. Les versions 2° Analogue est le cas de Narsaï, mis à mort pour
grecques de ses actes ont été éditées par le R. P. Dele- avoir éteint le feu sacré que l'on avait installé dans
haye, dans Pair, orient., t.II, p. 453-473. son église. Bedjan, t. IV, p. 170-181.
-'
20° Les évêques 'Abdâ et AbdîSou' et trente-huit 3° Hormizdas, Suène et Benjamin, dont le martyre
raconté par Théodoret (loc. cit.), n'est pas connu par SYRIAQUE. — a) Les actes de Gouria et Schamona et
• des sources syriaques. de Habib martyrisés à Édesse, les deux premiers en
Les synaxaires grecs font mention d'Abdas et de 306 et le dernier en 309, sont signés de Théophile qui
le
Benjamin le 5 septembre, 17 octobre et le 31 mars; prétend avoir été témoin des martyres. Ces actes ren-
Benjamin figure au 31 mars dans le martyrologe ro- ferment quelques anachronismes. Ces martyres sont

p.535.t.
main et Hormizdas au 8 août.
4° Mihrsabur. Assémani, t. I, p. 324; Bedjan, t. II,
5° Péroz
l'avoir reniée.
quirevient à la religion chrétienne après
Bedjan, iv, p. 253-262.
déjà cités par saint Éphrem (avant 363). Ces saints
ont été martyrisés sous Dioclétien et leurs actes ont
pu être écrits ou remaniés postérieurement. Mur Rah-
mani, qui a donné l'édition princeps des Acta Guriae
et Shamonae, Rome, 1889, tient qu'ils ont été rédigés
6° Jacques le notaire. Bedjan, t. IV, p. 189-201. en 297, l'année même de la mort des martyrs. M. Ru-
7° Jacques l'Intercis. Assémani, t.1, p. 256; Bedjan, bens Duval, après M. Nœldeke, fait descendre la
t. II, p. 539-559. Il est fêté le 27 novembre dans les composition des actes que nous possédons jusque vers
Églises grecque et latine. M. J. Labourt se demande, 360, La littérature syriaque, Paris, 1907, p. 117. Ces
Le christianisme dans l'empire perse, Paris, 1904, p. 117, martyrs sont honorés le 15 novembre dans les Églises
si les actes de saint Jacques l'Intercis ne seraient pas grecque et latine.
une combinaison des actes de Péroz et de Jacques le b) Nous avons aussi les actes de plusieurs martyrs
notaire. de Samosate sous Maximin (408), ou peut-être sous
Ill, sous JAZDGERD II, DE 446 A 450.—Nousnecon- Maximin Galère. Rubens Duval, loc. cit., p. 118-119;
naissons pas les causes de cette persécution. L'histoire St. E. Assémani, Acta martyrum, t. II, p.123-147; Bed-
de Beit-Slokh, Mœsinger, Monumenta syriaca, t. n, jan, t. II, p. 88-116.
p. 68; Bedjan, t. 11, p. 518,rapporte que dans la hui- c) Siméon, évêque deBeit-Arscham, nous a conservé
-
tième année de son règne, 445-446, Iazdgerd II chassa la relation du massacre des chrétiens du Nedjran (sud
les chrétiens de son armée et fit jeter les principaux en de l'Arabie), par les tribus juives de ce pays, en 523.
prison. Le métropolite Jean et trente et un notables, Cette relation, écrite en 524 et corroborée d'ailleurs
dont trois prêtres,furent massacrés le 24 août 446. De par d'anciens témoignages, comme une lettre de Jac-
nombreux prisonniers furent encore mis à mort. L'an- ques de Saroug et une hymne de Jean Psaltès, doit
née suivante (au 1r octobre 447), l'apostolique saint être tenue pour exacte. On sait d'ailleurs que les juifs
Péthion fut mis à mort en Médie. étaient très puissants dans ce pays et que Mahomet
Signalons enfin que Péroz, successeur delazdgerd II, eut beaucoup à lutter contre eux—ilenmourut même,
fit pendre (484) le catholicos Babowaï parce qu'il
avait signalé à l'empereur Zénon la situation précaire
puisqu'il fut empoisonné par la juive Zaïnab. -Il n'y
a donc pas lieu de douter que les juifs aient pu être
des chrétiens de Perse. L'Église romaine honore, au conquérants et persécuteurs. Quant au nom Ioustî-
8 février, les martyrs de la persécution de Qawad, vers nînâ (Justinien) au lieu de Ioustînâ (Justin), c'est une
512. confusion fréquente dans les manuscrits syriaques, elle
IV.MARTYRSNESTORIENS.—Apartirdecette époque,
l'Église persane se détacha de l'Église occidentale
Barsauma (mort de 492 à 495) avait persuadé au roi
: peut ne provenir que d'un scribe et permet seulement
de conclure que nos manuscrits ont été transcrits après
Justinien. Le texte syriaque publié par M. Guidi, en
de Perse qu'il était de son intérêt de favoriser les nes- 1881, dans les Mémoires de la Reale Accademia dei Lin-
toriens persécutés dans l'empire grec. Les martyrs sui- cei, a été réédité par le R. P. Bedjan, Acta martyrum,
vants ne furent plus victimes de craintes politiques, Paris, 1890, t. i, p. 372-397. Un résumé de cette lettre
mais seulement du fanatisme ou de la jalousie des vulgarisée par Assémani, Bibl. or., t. I, p. 364, a été
Mages. C'est ainsi qu'en 541, sous Chosrau, les Mages souvent reproduit. Cf. Rubens Duval, La littérature
;
firent détruire les églises et surtout les cloîtres dans les
endroits où les chrétiens étaient en minorité ils arrê-
tèrent aussi les nobles persans qui s'étaient convertis.
syriaque, p. 138-139. Du syriaque procède le martyre
d'Arétas vulgarisé chez les grecs et les latins. Les deux
Églises fêtent, le 24 octobre, Arétas et ses 340 compa-
Le R. P. Bedjan a publié l'histoire de Pirangusnasp gnons martyrisés à Nagran chez les Homérites (Hi-
qui avait pris à sa conversion le nom de Grégoire,mis myarites).
à mort en 542, Histoire de Mar-Jabalaha, de trois au- d) Citons, pour mémoire, l'histoire de saint Azazaïl
tres patriarches, d'un prêtre et de deux laïques nesto- qui ne serait qu'une adaptation syriaque des actes
riens, Paris, 1895, p. 347-394, et de Iazdpadnah, déca- grecs de saint Pancrace. Cf. Macler, Histoire de saint
p
pité à la même époque. Ibid., 394-416. Un grand nom- Azazaïl, Paris, 1902; et la légende des sept dormants
d'Éphèse, rapportée à la persécution de Dèce, qui a eu
bre de chrétiens nestoriens furent emprisonnés et
tourmentés, sinon mis à mort, en particulier leur chef, tant de vogue jusqu'en Occident. Cf. Rubens Duval,
le catholicos Mar Aba Ier. J. Labourt, Le christianisme Lalittérature syriaque, Paris, 1907, p. 135-136.
dans l'empire perse, Paris, 1904, p. 180-190. Trois mar- II. TRADUCTIONSD'ACTES GRECS. — LeR. P. Bedjan,
tyrs de cette persécution de Chosrau Ier sont honorés dans les six volumes des Acta martyrum et sanctorum,
par les Grecs .et sur tous trois ceux-ci nous ont laissé Paris, 1890-1896, a publié de nombreusestraductions
des récits développés. C'est sainte Golindouch et sa syriaques d'actes grecs; signalons seulement l'histoire
parente sainte Sira étranglée à Séleucie le 26 février des martyrs de Palestine, par Eusèbe de Césarée, t. I,
559, enfin saint Anastase. Cf. Patrol. or., t. II, p. 407. p. 202-276, dont il ne reste en grec qu'un résumé. Les
a
LeR.P. Bedjan, qui édité l'histoire deMarAba Ier,
loc. cit., p. 274-287, a aussi publié le martyre du prêtre
versions syriaques, conservées souvent dans de très
anciens manuscrits, permettent de reconnaître les ré-
Georges, en 615, crucifié, puis percé de flèches, victime dactions pré-métaphrastiques et sont utiles pour
surtout de la rivalité des jacobites et des nestoriens. classer les textes grecs conservés. Cf. F. Nau, Les mar-
Ibid., p.416-571. Ce dernier récit serait l'œuvre de tyres de saint Léonce de Tripoli et de saint Pierre
Mar Babaï, supérieur du monastère du mont Izala, au d'Alexandrie, dans Anal. bollandiana, t. XIX, p. 9-13.
VIle siècle.
Signalons, pour mémoire, les martyrs persans sous I. COLLECTION D'ACTES.— St. E. Assémani, Acta 1748,
san-
Dèce, mentionnés dans le martyrologe romain au ctorum martyrum orientàlium etl occidentalium, Rome,
15 avril, au 22 avril et au 14 février sur la foi de la pas- 2 volumes; texte syriaque et traduction latine. Il en
sion de saint Laurent. existe une traduction allemande par Zingerle, Innsbrück,
1836. — P. Bedjan, Acta martyrum et sanctorum,Paris, 1890-
III. MARTYRS OCCIDENTAUX—I. ACTESD'ORIGINE 6
1896, volumes, et Histoire de MarJaballaha., Paris, 1895
(texte syriaqueseul).—H.Delehaye, Les versions grecques des parmi les dominicains anglais. Il vécut sur le déclin du-
actes des martyrs persans sous Sapor II, dans Patrologia
orient., édit. Firmin-Didot, Paris, 1907, t. II, p. 405-560.
Les historiens ont résumé un plus ou moins grand nombre
- XIVe siècle, au temps du grand schisme d'Occident.

:
Partisan d'Urbain VI, il le défendit par la parole et par
la plume. Il composa même un traité intitulé De pace
d'actes; à Sozomène et à Théodoret déjà cités, ajoutons les Ecclesiæ restituenda. Ce manuscrit vraisemblable-
'historiens syriens et arabes, Bar Hébrseus, 'Amr et la chro-
nique de Séert, Patrol. or., t. IV, fasc. 3 : martyres de saint ment se trouve à la Bibliothèque vaticane, mais à
Pierre d'Alexandrie, p. 241, de Paphnuce, p. 252, de Ser- notre connaissance du moins il n'a pas encore été re-
gius et Bacchus, p. 253, de Siméon bar Sabbaé, p. 296, de trouvé.
Sahdost, p. 309. — On trouve aussi des études sur tous les
martyrs orientaux dans la Bibliotheca orientalis de J. S. Pitseus Johan, De illustribus Angliœ scriptoribus, Paris
Assémani. Voir surtout Rome, 1719,t.1, p. 174-196. (1619), ætas XV, n. 759. — Echard, Scriptores ordinis
II. ÉDITIOS D'ACTES ISOLÉS ET LITTÉRATURE. — Nous
nous bornerons à renvoyer à Georg Hoffmann, Auszüge ans
syrischen Akten persischer MLirtyrer, Leipzig, 1880 (résumé
;
Præd., Paris (1719), t. I, p. 721. —Fabricius, Biblioth. med.
œv. (1734-1735), t. I, p. 11 (2,5) t. IV, p. 127, 132 (2e
46', 48').— Tanner,Bibl. Brit.-Hibern., Londres, 1748, p. 3.
en allemand de 15 passions avec des notes historico-géogra- R. COULON.
phiquestrès nombreuseset très importantes), à.J. Labourt, 3. ACTON (CHARLES-JANVIER-ÉDOUARD), cardinal
Le christianisme dans l'empire perse sous la dynastie sassa- (1803-1847), naquit à Naples le 6 mars 1803; son père,
nide; Paris, 1904, et à Rubens Duval, La littérature syriaque, sir John Francis Acton, fut longtemps premier mi-
3e édit., Paris, 1907, car les travaux isolés sont trop nom- nistre du royaume. Après la mort de celui-ci en 1811,
breux pour être énumérés dans un article d'ensemble; ils l'enfant fut envoyé en Angleterre, et bien que de fa-
trouveront leur place naturelle dans les articles particuliers
consacrés à chaque martyr. mille catholique, reçut les leçons de maîtres presque
F. NAU. exclusivement anglicans; il termina son éducation en
ACTINÉE, vierge, eut la tête tranchée en 303, à 1823 à Magdalen college, Cambridge. Malgré les dan-
Volterra, en Étrurie, sous Dioclétien et Maximien. On gers auxquels il se trouvait ainsi exposé, il sut garder,
ne sait rien de sa vie. Les renseignements, que l'on non seulement sa foi, mais encore sa vocation clé-
trouve dans certaines relations, n'ont pas assez de ricale. Il entra à l'Académie ecclésiastique de Rome,
vraisemblance pour légitimer des conclusions histo- puis parcourut rapidement les divers degrés de la
riques. Mentionnée, avec Grœciniana, au martyrologe, carrière administrative; secrétaire de Mgr Lambrus-
le 16 juin. chini, nonce à Paris; vice-légat ou gouverneur de
Acta sanct., junii t. IV, 1867, col. 31-34. Bologne; secrétaire de la congrégation Disciplina rc-
V. ERMONI. golare, pour le maintien de la discipline dans les com-
ACTISTÈTES, en grec « non
¿¡:,.,(j",c..)'J (¿(-x:ncr,I)", munautés religieuses; auditeur de la chambre aposto-
créé »), secte de monophysites, composée de quel- lique; enfin, le 24 janvier 1842, cardinal-prêtre du
ques gaïanites ou julianites. Les quelques détails titre de Santa Maria della Pace.
qu'on possède sur leur doctrine, nous viennent de Le cardinal Acton fut le seul témoin de la fameuse
Timothée, prêtre de Constantinople. Pour les actis- entrevue qui eut lieu en 1845, entre le pape Gré-
tètes, le corps de Jésus-Christ, après l'union à la goire XVI et le tsar Nicolas Ier de Russie; il servait
nature divine, est devenu non seulement incorrup- d'interprète aux illustres interlocuteurs. Aussitôt
tible, mais aussi incréé; parce qu'ils ne reconnais- après, il écrivit de cette scène un récit détaillé, resté
sent aucune distinction entre la divinité et la chair: encore inédit. Protecteur d'Angleterre, il prit une part
active à la renaissance du catholicisme en ce pays.
C'est en grande partie à son influence qu'on doit la di-
vision de l'Angleterre en huit districts ou vicariats,
De recept. hæret., P G., t. LXXXVI, col. 44. Ils disent remplaçant les quatre créés en 1688 par Innocent XII,
que, dès l'instant de la conception pure, le corps du (1840); cette mesure fut le prélude du rétablissement

incréé
TOV
:
Christ est non seulement incorruptible mais aussi
ii
),YO'l't:ç TO crwfxa zo-5 XpiaroO O-J ~j.ovov açûap-
AÙT?,ç~r,cÀYPÀVTO'J O'uD.T.d/SMC, cXnèx y.al C(Y.1:tu1:ov.
de la hiérarchie en 1850. Le cardinal Acton, dont la
santé avait toujours été-faible, mourut dans la maison
des jésuites de Naples le 23 juin 1847.
Ibid., col. 57.
V. ERMONI. Catholic Dircctory, 1843, Notice et portrait. — Gillow,
Bibliographical dictionary of the English Catlwlics, t. i, p.
1. ACTON, évêque de Verceil. Le cardinal Mai avait
dédoublé cet évêque,imaginant deux homonymes dis-
tincts. Les historiens partagent aujourd'hui un autre
of national Biography, t. i, p. 65 sq.
man, Recollections of the four last
-
3 sq. — Thomson Cooper, article Acton du Dictionary-
Cardinal Wise-
popes, Londres, 1858,
sentiment. Élu en 924, Acton apparaît dans les docu- p. 475 sq.
ments de 935 à 948. Un diplôme de 938 le mentionne J. DE LA SERVIÈRE.
comme archi-chancelier des deux rois collègues Hu- 4. ACTON (JOHN), canoniste anglais dont le nom
gues et Lothaire; mais, au moins dès 943, il ne remplis- a été orthographiédiversement: Achedune, de Athona,
:
sait sûrement plus ces fonctions. Acton fut avec ces
souverains en excellents rapports il écrivit en 948 à
l'évêque Valdon de Côme pour lui rappeler l'obéis-
Athone, Aton, Eaton. Fut à l'université d'Oxford le
disciple de John Stratford, plus tard archevêque de
Cantorbéry. Il prit le grade de docteur (Legum Doclor).-
sance envers eux. Il ne paraît pas s'être aussi bien en-
tendu avec leurs successeurs Béranger II et Adalbert,
auxquels il reprocha leurs empiètements dans les af-
faires ecclésiastiques. C'est à ce sujet qu'il écrivit vers
Ryval. Il mourut en 1350..)\
En 1329, il obtint un canonicat de la cathédrale de Lin-
coln; en 1343, on le voit aussi prébendé de Welton
Son ouvrage principal est un commentaire copieux
950 à ses collègues, et qu'il publia son De pressuris et savant des Constitutions d'Othon et d'Ottobone,.
ecclesiasiicis. Il mourut peu après. Son testament daté légats apostoliques en Angleterre au XIIIe siècle,
de 945 et édité en 1674 par Biffi est, au moins sous sa qui longtemps firent loi dans la législation cano-
forme actuelle, un faux. Quant à celui de 948, il est nique de l'Église d'Angleterre. Des copies manus-
authentique. crites de ce commentaire se voient encore dans les.
F. Savio, Gli antichi vescovi d'Italia. Il Piemonte, p. 451- bibliothèques des collèges d'Oxford. On en trouve
453. aussi un exemplaire à la bibliothèque de l'univer-
M. BESSON. sité de Cambridge et un autre au British Muséum. La
2. ACTON, connu encore sous le nom de Aschedu- première édition en fut faite en 1496 par Wynkyn de
nus ou Achedunus, est rangé par Leland Pitseus et Worde dans les Provinciale seu Constitutiones Anglia
de William Lyndewode, évêque de S. David. Plu- de juillet suivant, se fondait la revue trimestrielle
sieurs canonistes anglais postérieurs ont utilisé les Home and foreign reuiew, dont Acton étaitl'éditeur;
notes d'Acton. On a attribué à ce dernier plusieurs les rédacteurs du Rambler y collaboraient, et nombre
autres ouvrages de droit canon, mais sans preuves suf- de savants et de lettrés de premier ordre lui donnaient
fisantes. leur concours. La revue n'eut que huit numéros. Le
21 décembre 1864, Pie IX, dans le bref à l'archevêque
Tanner, BibliothecaBritannico-Hibernica, 1748, p. 3-4. —
F. W. Mantland, Roman canon law in the Church of En- de Munich par lequel il condamnait les erreurs de Froh-
gland, London, 1898, p. 6 sq. — Dictionary of national schammer, énonçait, sur le respect de la méthode sco-
Biography, 1908, t. i, p. 67. lastique, et la soumission due par les écrivains catho-
R. BIRON. liques à l'autorité ecclésiastique, des principes où
5. ACTON (JOHN DALBERG, premier baron, 1834- Acton et ses amis virent à juste titre la réprobation
à
1902) naquit Naples,le 10janvier1834, désir Richard de certaines de leurs idées, souvent exprimées dans la
Acton baronet, fils du ministre de Ferdinand IV et
frère du cardinal, et de Mlle de Dalberg, dont le père,
allemand d'origine, était entré au service de la France,
« Conflits avec Rome », Acton écrivait :
Revue. Dans un dernier article (avril 1864), intitulé
« Les écrivains
catholiques ne sont pas liés seulement par ces déci-
et représenta Louis XVIII au congrès de Vienne. Il sions de l'Église infaillible qui regardent les articles
dut à ses origines, avec la parfaite connaissance des de foi; ils doivent encore se soumettre aux décisions
langues allemande, italienne et française, une indé- théologiques des congrégations romaines, et aux opi-
pendance presque complète des préjugés ccinsulaires » nions communément reçues dans les écoles. Ce serait
de ses concitoyens. Élève de Wiseman à Oscott, il non une hérésie, mais un tort, que de rejeter ces déci-
garda toujours pour son ancien maître, même au mi- sions et opinions. Aucun catholique ne pourrait se
lieu des plus vives polémiques, un affectueux respect. figurer sans alarme le mal qui résulterait de la résis-
Mais celui qui marqua vraiment de son empreinte tance active et persévérante opposée par un journal
l'âme du jeune homme fut Düllinger, dont Acton, catholique aux volontés connues du Saint-Siège. Les
exclu par son catholicisme des universités de son pays, directeurs de la Revue se refusent à prendre la respon-
suivit les leçons pendant plusieurs années à Munich. sabilité d'une telle attitude. S'ils l'acceptaient, la Re-
C'est à lui que le futur fondateur de la Cambridge mo- vue ne saurait plus représenter aucun groupe de ca-
dem History dut sa vocation d'historien, et aussi son tholiques. » Reproduit dans The history, cf. dom
libéralismeirréductible. Acton compléta son éducation Gasquet, Lord Acton, p. LXXV. La Reuiew cessa de
par des voyages en France, aux États-Unis, en Italie, paraître; son directeur continua jusqu'au bout sa col-
en Russie, puis s'installa à Aldenham dans le Shrop- laboration aux grandes revues anglaises, et spéciale-
shire, et y commença cette magnifique bibliothèque ment à la Chronicle et à la Norih British Rcuiew, dont
qui comprendra à la fin de sa vie soixante mille vo- Wetherell,un des anciens rédacteurs duRambler,prit
lumes; bibliothèqueunique en son genre, Acton ayant successivement la direction.
voulu y réunir les matériaux d'une grande Histoire de En 1865, Acton épousa la fille du comte bavarois
la liberté qu'il ne put jamais composer. Élu, en 1859, Arco Valley. La famille de sa femme était propriétaire
membre de la Chambre des Communes, par le petit du château de Tcgernsee, en Bavière, où chaque
bourg irlandais de Carlow, il prit place parmi les année il passera plusieurs mois, se maintenant en
whigs qui soutenaient la politique de lord Palmers- étroit contact avec ses amis libéraux d'Allemagne, et
ton. Homme d'étude bien plus qu'homme d'action, il où il rendra le dernier soupir. A la même époque, Man-
n'eut pas un rôle politique brillant, mais les années ning remplaçait Wiseman à Westminster. La per-
qu'il passa à la Chambre des communes lui furent sonne et les idées du nouvel archevêque étaient fran-
précieuses pour la connaissance des hommes et des chement antipathiques à Acton, et on pouvait pré-
choses de son pays; c'est alors qu'il conçut une ad- voir que les çonflits ne tarderaient pas à se produire.
miration enthousiaste, et qui devait persévérer jus- Ce fut à l'occasion du concile du Vatican que l'an-
qu'à la fin, pour la personne et les idées de Gladstone. tagonisme de ces deux hommes devint violent. Bien
Cette admiration, aussi bien que les idées libérales qu'il n'eût pas protesté publiquement contre la pro-
d'Acton, l'empêchèrent, bien que catholique convaincu mulgation du Syllabus, Acton en avait été fort irrité.
et représentant de l'Irlande, de suivre ses collègues La réunion du concile, où il prévoyait bien que la ques-
irlandais dans leur opposition à la politique italienne tion de l'infaillibilité pontificale serait débattue, porta
de Gladstone, hostile au pouvoir temporel du pape. cette irritation à son comble, et il se laissa entraîner
Le seul grand discours qu'il prononça pendant ses six aux actes les plus regrettables. Non content d'avoir
années de vie publique, eut pour but de demander défendu dans un article de la Norih British Review les
une sérieuse enquête sur les abus reprochés au gou- conclusions du livre de Janus (Döllinger) sur le pape
vernement de Pie IX. Au renouvellement de 1865, et le concile, il vint s'installer à Rome pendant toute
Acton se présenta aux électeurs de Bridgnorth, ville la durée de la grande assemblée. De là il envoyait à
voisine d'Aldenham, et échoua. Il ne reparut plus aux Gladstone et à Döllinger des correspondances très
Communes. H. Paul, Introductory Memoir, p. 1 sq. hostiles au concile, que l'Allgemeine Zeitung publia
Si l'activité parlementaire du jeune député fut mé- sous le titre de Lettres de Quirinus. Lié d'amitié avec
diocre, l'écrivain se dédommagea amplement à la la plupart des évêques français et allemands de la mi-
même époque. En septembre 1859, il devint un des norité, il les excitait sans cesse dans leur opposition à
propriétaires et éditeurs de la revue The Rambler la définition, les fournissant de textes et d'arguments
(le Coureur), déjà célèbre par le talent de ses rédac- historiques. On vit même, par un illogisme que seule
teurs et la sincérité de leur foi catholique, mais aussi sa passion présente pouvait expliquer, ce libéral no-
par leurs tendances libérales et leurs démêlés avec les toire leur conseiller de s'adresser à leurs gouverne-
autorités ecclésiastiques. Cf. Thureau-Dangin, La Re- ments respectifs, pour que la liberté des délibérations
naissance, t. II, p. 318 sq.; dom Gasquet, Lord Acton, du concile fût entravée, et la définition de l'infaillibi-
préface, p. x sq. Sous la direction d'Acton, le succès lité pontificale empêchée. Acton aurait voulu obtenir
du Rambler s'accentua, aussi bien que ses tendances de Gladstone une démarche dans le même sens, au
libérales et indépendantes. En avril 1862, devant la nom du gouvernement de la reine. On sait comment
réprobation avec laquelle les évêques, et la majorité Manning parvint à neutraliser, par son influence sur
des catholiques anglais, accueillirent certains articles l'agent anglais à Rome, Odo Russell, ces tentatives
.sur le pouvoir temporel du pape, il disparut. Au mois peu honorables pour leur auteur. Purcell, Manning,
t. II, p. 484 sq. Gladstone, qui quatre ans plus tard, l'œuvre de toute sa vie. De cet homme, qui fut un des
redevenu simple particulier, attaquera dans de vio- premiers érudits du XIXe siècle, il reste d'innombrables
lents pamphlets le Vaticanisme, eut le bon sens de se Essays, mais pas un livre. En revanche, il conçut, et
refuser, comme ministre de la reine, à toute interven- commença à faire exécuter, le plan de la grande
tion. H. Paul, Introcl. Mem., p. 43 sq. Cambridge modern history, actuellement en cours de
En novembre 1869, John Acton fut élevé à la pairie, publication. H. Paul, Introd. Mem., p. 66 sq.
par la reine Victoria, sur la proposition de Gladstone. Avec le cardinal Vaughan, successeur de Manning,
L'honneur était grand, pour un homme de trente-cinq Acton entretint des relations cordiales. Lors de la pose
ans, alors encore peu connu du public. Après avoir de la première pierre de la cathédrale de Westminster,

:
rappelé l'ancienneté de la famille d'Acton, et les ser- l'archevêque, voulant bien montrer que les nuages
vices par elle rendus au pays, le premier ministre pré- du passé avaient disparu, invita le professeur de Cam-
sentait en ces termes son candidat « Son caractère bridge à prendre la parole dans la grande assemblée
est de tout premier ordre; c'est un des hommes les des catholiques alors réunie à Londres. Le 19 juin 1902,
plus instruits et accomplis, quoique les plus modestes lord Acton, qui avait été frappé l'année précédente
et les moins prétentieux, qui existent aujourd'hui. » d'une attaque de paralysie, et ne faisait plus que
A la Chambre des lords, pas plus qu'aux Communes, languir, mourut pieusement à Tegernsee, muni des
le premier baron Acton ne prit une part active aux sacrements de l'Église. Tablet, 13oct. 1906, p. 577;
délibérations; et seuls ses votes soutinrent le parti 27 oct. 1906, p. 656.
libéral, que dirigeait alors son beau-père lord Gran- Aussitôt après la mort du grand historien, et en at-
ville. H. Paul, Introd. Mem., p. 49 sq.. tendant sa vie, que prépare M. Morley, le biographe
En 1874, Gladstone, tombé du pouvoir, publiait de Gladstone, des amis dévoués se sont occupés de
ses pamphlets contre le Vaticanisme, dans lesquels il réunir de nombreux articles d'Acton, dispersés dans
affirmait que l'Église du pape infaillible n'était plus les grandes revues anglaises. Deux volumes ont déjà
celle à laquelle l'émancipation avait été accordée en paru.
Angleterre, et que le pape pouvait désormais appeler Dans History of freedom and other essays, nous
à la révolte, contre le gouvernement de la reine, les trouvons, en plus d'une étude sur l'histoire de la li-
catholiques anglais. Plusieurs de ces idées avaient berté, l'Introduction à l'édition du Prince de Machia-
été exprimées par Acton, dans sa correspondance avec vel, par Burd; un essai sur l'Histoire d'Irlande, de
Gladstone; cependant, non seulement celui-ci n'ins- Goldwin Smith; des articles intitulés Nationalité,
pira pas, comme on l'a dit, la publication du Yati- Dôllinger et le pouvoir temporel, l'oeuvre historique de
canisme, mais il fit tous ses efforts pour en détourner Döllinger, le cardinal Wiseman, Conflits avec Rome,
son ami. Il se crut de plus obligé à répondre, et le fit le concile du Vatican, Philosophiehistorique en France,

La réponse faible et embarrassée, fort désobligeante moderne se composent des études suivantes L'étude:
dans plusieurs lettres au Times (novembre 1874). en Belgique, en Suisse, etc. Les Essais sur l'histoire

pour les principes et la politique de la cour de Rome, de l'histoire, Débuts des États modernes, Le Nouveau
déplut tellement à Manning qu'il somma l'auteur Monde, La Renaissance, Luther, La contre-réforme, La
d'adhérer formellement aux décrets du concile du révolution puritaine, L'avènement des whigs, La révolu-
Vatican. Acton refusa une réponse à l'archevêque, tion d'Angleterre, Larévolution américaine.
qui n'était pas son ordinaire. Mais l'évêque de Shrews- Deux volumes de la correspondance d'Acton ont
bury ayant fait à son diocésain la même sommation, également paru. En 1904, M. H. Paul a donné, avec
Acton lui donna satisfaction en affirmant que si, une introduction biographique très soignée, un recueil
dans ses lettres à Gladstone, il avait attaqué l'ultra- de lettres adressées à Mary Gladstone, fille de l'homme
montanisme, il n'entendait pas par là s'insurger contre d'État, de 1879 à 1886. En 1906, dom Gasquet O. S. B.
les définitions du concile (18 décembre 1874).Lord a publié cent-soixante-neuf lettres aux rédacteurs du
Acton, p. 367. A la même époque, il définit ainsi sa Rambler et des revues qui lui succédèrent (1858-1869)

:
position, « comme il le ferait au confessionnal », si on et sept autres relatives à l'acceptation par Acton des
l'interrogeait sur cette matière (l Je ne rejette pas les décrets du Vatican (1874). L'introduction du savant
décrets, ce qui est tout ce que le concile demande sous bénédictin contient plusieurs documents inédits des
peine de ses extrêmes sanctions. — J'ai accepté les correspondants d'Acton et de Newman.
décrets comme les ont acceptés les évêques, qui sont L'intérêt de cette correspondance est immense.
mes guides. — Ces décrets sont une loi pour moi, Acton avait de nombreux amis en France, en Alle-
comme ceux de Trente, en vertu, non d'aucune inter- magne, en Italie, et suivait de près, grâce à leurs fré-
prétation privée, mais de l'autorité dont ils émanent. quentes communications, le mouvement des idées dans
— Les difficultés de leur conciliation avec la tradition, ces différents pays. Tous les ouvrages importants qui
qui semblent si fortes à d'autres, ne me troublent pas, paraissent sur le continent sont signalés et appréciés
moi laïque, dont l'affaire n'est pas d'expliquer les par l'historien; et ces appréciations, souvent discu-
questions théologiques, et qui laisse cela à de meil- tables, sont toujours suggestives. Les vues d'Acton
leurs que moi » (10 décembre 1874).Lord Acton, sur la politique contemporaine — événements de
p. 364. L'évêque de Shrewsbury n'insista pas, et Pologne, hégémonie prussienne en Allemagne, ques-
Manning, qui semble avoir pensé à dénoncer à Rome tion romaine,» début de la République française et
le correspondant de Gladstone, finit par abandonner tentatives de restauration monarchique, premiers
son projet. actes de Léon XIII, conduite de Gladstone et de ses
Acton vécut dès lors en paix, tout occupé de ses adversaires relativement à l'Irlande, questions colo-
immenses lectures et de ses relations. Il soutint de niales — sont remarquables, et bien que l'événement
tout son pouvoir Gladstone, dans ses efforts infruc- ait souvent donné tort à ses prévisions, il y à profit
tueux pour donner à l'Irlande le Home rule. En 1895, à les recueillir.
à la mort de John Seeley, lord Roseberry lui confia Enfin les nombreuses lettres dans lesquelles Acton
la chaire d'histoire moderne à Cambridge. Ses lec- développe ses idées sur l'intervention du pape dans
tures sur la Révolution française, et sur l'histoire les affaires politiques, le rôle scientifique,. social et
moderne, en général, eurent un immense succès. Tou- économique du clergé, le journalisme catholique, la
jours prêt à recevoir les étudiants, à leur prêter livres science catholique, sont à lire par quiconque s'inté-
et notes, il dut renoncer définitivement à la composi- resse aux grands problèmes religieux de notre temps.
tion de la grande Histoire de la liberté, qui avait été Singulier mélange de principes élevés, généreux, et
de préventions inadmissibles contre le pouvoir tem- — Notitia dignilalum (édit. Biicking), Bonn, 1839-1853,
porel du pape, l'intervention de l'Église dans les t. II, Annot., p. 653.—Gams, Sériés episcoporum, Ratis-
matières mixtes, la philosophie et la théologie scolas- bonne, 1873, p. 463. — De Mas-Latrie, dans Bulletin de cor-
respondance africaine, 1886, p. 92; Trésor de chronologie,
tiques, la répression des écarts de la pensée. Acton 1889, p. 1871. — Toulotte (Mgr), Géographie de l'Afrique
vécut toute sa vie au milieu d'anglicans; il compta chrétienne, Rennes-Paris, 1892-1894, Maurétanies, p. 189-
à
parmi ses amis nombre de dignitaires de la haute
Église; sa formation première l'école de Döllinger,
ses relations continuelles avec les chefs de l'école libé-
190. — Joh. Schmidt, Acufida, dans Pauly-Wisowa, Real-
Encyclopàdie, t. I, p~. 337. — S. Gsell, Allas archéologique
de l'Algérie, feuille 7 (Bougie), p. 10, n. 61.
rale allemande, ne doivent pas être oubliées si l'on ne Aug. AUDOLLENT.
veut pas porter un jugement trop sévère sur cet 1. ACUNA (ANToxio), évêque de Zamora, fils légi-
homme auquel sa science, son aménité, sa loyauté, time selon les uns, bâtard d'après Gonzalez Davila,
concilièrent tant d'amitiés parmi ceux-là mêmes qui de Louis Acuna, évêque de Burgos. Il naquit en 1459,
devaient combattre certaines de ses idées. et se fit ecclésiastique plus pour condescendre aux
désirs de son père que par goût, car il n'avait aucune
SOURCES. — Lord Acton, The history of freedom and other
inclination pour la vie sacerdotale. Sa première di-
essays, Londres, 1907; Historical essays and siudies, Lon- gnité fut d'être chanoine de Burgos et archidiacre de
dres, 1907; Letiers to Mary, daughter of the Right Hon.
W. E. Gladstone, Londres, 1904; Lord Aclon and his circle. l'antique siège épiscopal de Valpuesta, dignité qu'il
Letters of Lord Acton, Londres, 1906. garda jusqu'à sa mort. Les rois catholiques lui don-
ig OUVRAGES. — Dom Gasquet, O. S. B., Lord Acian and nèrent des marques répétées de confiance en le chan-
his circle, Londres, 1906. — H. Paul, Introductory Memair, geant de missions à Rome et en d'autres endroits. En
en tête des lettres à Mary Gladstone, Londres, 1904. — il devenait chapelain de Ferdinand le Catholique
J. de la Servière, Lord Aclon el son cercle, dans les Études, 1506, qui l'envoya régler ses différends avec le marquis de
février, 1909.—Dans le Tablet, octobre et novembre 1906,
ont paru plusieurs lettres fort intéressantes, où le rôle et Villena. Il s'efforça de conquérir l'amitié de Philippe
l'attitude d'Acton sont vivement discutés. le Beau et y réussit au point d'être nommé son agent
J. DE LA SERVIÈRE. d'affaires à Rome, contre Ferdinand le Catholique, et
ACTON (?), ancien évêché latin, suffragantde Nau- chargé officiel des matières relatives à la présenta-
pacte ou Lépante. Le nom, sous sa forme adjectivale tion des évêques et autres dignités ecclésiastiques
actonensis, ne se trouve que dans Wadding. Celui-ci d'Espagne, desquelles son souverain avait un soin
raconte, Annales orclinis minorum, t. v, n. 21, p. 101, spécial. A la mort du roi Philippe, il fut le premier à
que, le 6 mars de l'année 1415, on élut pour évêque de passer outre aux prérogatives des souverains espa-
ce siège le Fr. Hermann Burburonde, en remplace- gnols, car il obtint de la curie romaine d'être nommé
ment de Théodoricou G. Fabri, récemment décédé. évêque de Zamora, sans présentation préalable. Par
Voir aussi Le Quien, Oriens christianus,t.III, col. 1001. un acte royal, Ferdinand le Catholique exprima son
Ce siège épiscopal, sous cette forme du moins, n'est irritation contre lui, déclarant qu'il n'expédierait pas
pas autrement connu; mais il y a lieu de se demander les lettres d'usage pour la prise de possession de son
si nous n'aurions pas là une déformation d'Actium, le diocèse, et qu'en conséquence, le clergé devait refuser
promontoire célèbre par la victoire d'Auguste. On sait de recevoir le nouveau prélat. Mais Acuna en appela
qu'en face du cap, Auguste bâtit la ville de Nicopolis, aux armes, réunit une armée imposante contre l'al-
titre archiépiscopal porté au moyen âge et de nos calde Ronquillo et s'empara de vive force de Zamora
jours. Actium, situé à l'entrée du golfe d'Arta, s'ap- et d'autres villes principales du diocèse. Ferdinand
pelle aujourd'hui La punta ou Cavo di Figolo; il se reconnut dans la suite le prélat, et, convaincu de ses
trouve près des ruines de Nicopolis et de Prévésa. aptitudes, l'envoya, en 1512, à la guerre de Navarre,
S. VAILHÉ. pendant laquelle le prélat fut fait prisonnier et pen-
ACUAS ('A-/.o jaç), manichéen de la seconde moi- dant quelques mois fut retenu en prison par Jean
tié du IIIe siècle. Épiphane raconte qu'il vint de Mé- d'Albret. Peu attaché à Charles-Quint, il suscita le
sopotamie et introduisit la nouvelle hérésie à Éleuthé- soulèvement de Zamora contre lui, et fomenta la
ropolis. A cause de lui on donnait parfois aux mani- rébellion des communautés. A la tête de ses troupes,
chéens le nom d'acuanites('Axo-javïtat)- Ses pré- Acuna entra dans Palencia, dont les habitants l'accla-
dications ont dû avoir lieu vers la fin du IIIe siècle, car mèrent comme leur libérateur et le firent asseoir sur
Épiphane place les origines de sa secte en la 4e année le siège épiscopal. De là, il passa à Tolède, et cette
du règne d'Aurélien, c'est-à-dire en 273. ville, comme Palencia, le reçut en triomphe. Le prélat
Épiphane, Adv. hæreses; hær. LXVI ou XLVI, P. G., resta à l'intérieur des murs à exciter le peuple à la
t. LXII, col. 29. — Cowell, dans Diction. of christ. biog., t. i, défense de ses prérogatives et libertés menacées par
p. 32.— Tillemont,Mém.hist. eccl., Paris, 1701, t. IV, p.403. le monarque autrichien, jusqu'à ce que le soulève-
U. ROUZIÈS. ment fût étouffé par la déroute des comuneros à
ACUFIDENSSS (Ecclesici). Chrétienté d'Afrique, Villalar (1521). Alors il s'enfuit en France. En route, il
située en Maurétanie Sitifienne. Une inscription (Corp. eut le malheur de tomber entre les mains des ennemis
inser. lat., t. VIII, n. 20, p. 215) trouvée à proximité du et d'être conduit prisonnier au château de Simancas.
col de K'frida, entre Bougie et Sétif, commémore la Sur ces entrefaites, l'empereur nomma l'évêque
restauration d'un fort (centenarium) en cet endroit, d'Oviedo juge des délits qui lui étaient imputés, et
par un gouverneur de province, sous Dioclétien; elle qui lui avaient été pardonnés par Adrien VI lorsque
donne en même temps le nom ancien de la localité : celui-ci était gouverneur de Castille. La cause, d'abord
centenarium Aquafbigidareslituit. Il n'est pas impos- renvoyée, fut instruite en vertu d'un bref de Clé-
sible, comme le croit M. Gsell, après Mgr Toulotte(voir ment VII, en 1524, sans que Charles-Quint se lais-
les références ci-dessous) que là ait été la résidence de sâttoucher par les suppliques d'Acuna qui lui deman-
l'episcopus Acufidensis, Justus, qui assistait à l'assem- dait pardon. Irrité, l'évêque essaya de fuir de la prison
blée tenue à Carthage, en 484. Notitia provinciarum et tua son geôlier Noguerol. Dès qu'il l'eut appris,
et civitatum Atricœ, Mauretania Sitifensis, n. 35, édit.
:
Charles donna ordre à Ronquillo d'instruire immédia-
Halm, p. 70; P. L., t. LVIII, col. 276, 353. Dans cette tement le procès, qui fut achevé en deux jours le
hypothèse, le nom d'où est tiré Acufidensis, sans doute prélat fut condamné à être pendu aux créneaux de la
Acufida, et K'frida offriraient une double déformation forteresse. Acuna mourut repentant, après avoir re-
du mot Aquafrigida. noncé, en présence d'un notaire public, à l'évêché de
Morcelli, Atrica christicma, Brescia, 1816-1817, t. i, p. 67. et
Zamora à ses autres dignités ecclésiastiques
L'exécution eut lieu le 23 mars 1526. Charles-Quint l'embouchure des Amazones à Quito, a été récemment
approuva le procès et sollicita du pape l'absolution publié par D. Marcos Jiménez de La Espada : Viaje
des censures qu'il avait encourues en exécutant le del capitan Pedro Texeira aguas arriba del Rio de las
prélat; elle arriva à la date du 27 mars 1527. Amazonas (1638-1639), in-4°, Madrid, 1889. Il a été
Gonzalez Davila, Teatro eclesiastico, t. II, p. 409.—
Fernandez Duro, Memorias historicas de Zamora, t. n,
p. 171. — Coleccion de documentes historicos para la his-
Rojas :
vraisemblablement composé par le jésuite Alonso de
relation.
Acuna lui aurait emprunté les n. 20-23 de sa

toria de Espana, t. VIII. — Danvilla y Collado, Historia Sotwell, Bibliotll. script.S. I., Rome,1676, p. 138.—Som-
de las Comunidades, Madrid, 1898, t. I et II. — Sandoval, mervogel, Biblioth. de la Comp. de J., Bruxelles, 1890, t. I,
Historia de Carlos V. — Ferrer de Rio, Historia de las Co- col. 39-42; 1898, t. vin, col. 1569. — Uriarte,Anônimos y
munidades y Germanias, Madrid, 1850. — Maldonado, Mo- seudônimos S. I., 1904-1906, n. 834, 4540.
vimientos de Espana, etc., Madrid, 1840. E.-M. RIVIÈRE.
L. SERRANO. 3. ACUNA (DIEGO D'), descendant de la noble fa-
2. ACUNA (CRISTÓBAL DE), jésuite espagnol, mis- mille des Vazquez d'Acuna, était fils de D. Lope Vaz-
sionnaire et explorateur, naquit à Burgos, dans les der- quez d'Acuna, seigneur d'Azanou et de Da Maria de
niers mois probablement de l'année 1597, entra au no- Contreras. Tout d'abord archidiacre de Moya et cha-
viciat de Villagarcia le 3 mars 1613, et.partit,vers 1620, noine de la cathédrale de Cuenca, ses vertus et ses ta-
pour les missions des Indes occidentales; il évangélisa lents attirèrent sur lui l'attention de Charles V qui le
le Chili, le Paraguay, le Pérou, avec une telle endurance nomma précepteur du jeune prince devenu plus tard.
des fatigues de l'apostolat qu'il étonnait les Indiens Philippe II. Au commencement de l'année 1529, il fut
eux-mêmes. Il enseigna la théologie morale et fut se- désigné pourremplacer sur le siège d'Oviedo, D. Fran-
crétaire du provincial. Il était recteur du collège de çois de Mendoza, fils du célèbre D. Diego Fernandez
Cuenca, quand il fut choisi, avec le P. Andrés de Artie- de Cordoue, maréchal de Castille au temps des Rois
da, professeur de théologie au même collège, pour ac- catholiques. Il en prit possession le 25 février 1529 et
compagner le capitaine portugais, Pedro Texeira, gouverna le diocèse jusqu'à sa mort, arrivée en 1532.
dans la descente du fleuve des Amazones, avec la mis- Pendant son gouvernement fut introduite au chapitre
sion spéciale de recueillir des observations scientifi- l'ordonnance appelée post obitum, d'après laquelle les
ques précises sur le cours de l'immense fleuve et sur les héritiers d'un chanoine avaient le droit de toucher son
peuplades riveraines. Acuna partit de Quito le 16 fé- bénéfice pendant l'année qui suivait sa mort.
vrier 1639, s'embarqua, non sur le rio Payamino, par Risco (Manuel), Espaiia sagrada, Madrid, 1795, t. XXXIX,
où était arrivée la flottille portugaise,mais sur le Napo, p. 113. — Gonzalez Davila (Gil) Teatro eclesiastico., Ma*
à une heure de marche à pied d'Archidona, et aborda, drid, 1650, t. III, p. 151.
le 12 décembre, au Para. En mars 1640, il fit voile A. ANDRÉS.
vers l'Espagne pour rendre compte au roi des heureux 4. ACUNA (JUAN DE). Né en Espagne, il fut

:
résultats de l'expédition; il imprima, l'année suivante,
sa relation Nvevo descvbrimiento del gran rio de las
Amazonas por el Padre Chrstoval (sic) de Acuna, Reli-
nommé par Philippe II évêque d'Aquila et préconisé
le 10 (et non pas le 15, comme le disent Ughelli et Cap-
pelletti) janvier 1561. Il consacra, le 14 mai 1571,
gioso de la Compania de Iesus, y Calificador de la Su- l'église du couvent des franciscains de San Bernar-
prema General Inquisicion, al qval fve, y se hizo por or- dino à Aquila, dont la première pierre avait été posée
den de su Magestad, el ano de 1639 por la provincia de le 19 juin 1520. Philippe II l'envoya en Angleterre en
Qvito en los Reynos del Peru, in-4°, Madrid, 1641, en la qualité d'ambassadeur. Il mourut en 1578 (et non pas
complétant par un mémoire au conseil royal des Indes 1579, comme le disent encore Ughelli et Cappelletti).
sur la nécessité d'une prompte conquête de ces régions Son tombeau est dans la cathédrale d'Aquila.
par la voie du Pérou, puisque la rébellion du Portugal Ughelli, Italia sacra, t. i, col. 393 (donne son épi-
venait de fermer aux Espagnols l'embouchure du
fleuve. Le Nvevo descvbrimiento a été réimprimé, in-4°, taphe et parle d'un procès anonique où il fut mêlé en
1573). — Cajetanus Michelesius Asculanus, continuateur
à Madrid, 1659 (?); dans les Memorias para a Historia des Annales Minorum de Wadding, Rome, 1794, t. xx,
do extincto Estado de Maranhâo, par Candido Mendes p. 287. — Cappelletti, Le Chiesa d'Italia, t. XXI, p. 423.
de Almeida, Rio-de-Janeiro, 1860;in-8°,Madrid, 1891, — Martin Hume, Calendar of Spanish State Papers, Eltza-
gr. in-8°, t. II, p. 57-143, et reproduit presque en en- t.II,
beth, in-4°, Londres, 1892-1899, p. 104.
J. FRAIKIN.
tier, p. 101-141 et 425-428 de l'ouvrage du P. Manuel
Rodriguez, El Maranon y Amazonas, in-fol., Madrid, 5. ACUNA (LUIS), évêque de Burgos. Fils de
1654. Il a été traduit en allemand par le P. Christian D. Jean Alvarez Osorio et de D. Maria Manuel, il
Edschlager, in-8°, Vienne, 1729; en anglais, in-8°, Lon- descendait par eux de l'infant D. Jean Manuel, fils
dres, 1661 et 1698; en français par Pagan, in-8°, Paris, de saint Ferdinand, roi de Castille. Il fut marié à
1655 et 1656; par Gomberville, in-12, Paris, 1682 et Da Aldonza de Guzman, sœur du comte de Tras-
1684; par l'éditeur du Voyage autour du monde, du ca- tamare, de laquelle il eut deux fils. Devenu veuf,
pitaine Woodes Rogers, in-12, Amsterdam, 1716 et il se fit ecclésiastique et obtint la dignité d'archi-
1723; en portugais dans la Revista trimensal do Instiluto prêtre de Valpuesta, à Burgos, et en outre celle d'abbé
historico do Brazil, 1865, t. XVIII, p. 163-265. Sa rela- de Valladolid et doyen de Compostelle. En 1449,
tion imprimée, Acuna se rendit à Rome comme pro- Acuna était nommé évêque de Ségovie, et durant son
cureur de sa province, puis séjourna quelques années épiscopat, il prononça, par ordre du pape Nicolas V,
:
en Espagne pour remettre une santé délabrée par
vingt années de missions on le trouve à Burgos en
1645, à Villagarcia en 1649, à Compostelle en 1651.
la sentence de nullité du mariage d'Henri IV de Cas-
tille et de dona Blanca (1453). A la mort du célèbre
Alphonse de Carthagène (23 juillet 1456), eut lieu sa
Comme on le voit par le titre même de son ouvrage, il
était, dès 1641, qualificateur du Saint-Office. Il retour-
na au Pérou avant 1658 et mourut à Lima, le 14 jan-
;
translation à l'évêché de Burgos, par élection du cha-
pitre qui pour la dernière fois exerçait ce droit cette
élection fut confirmée par Calixte III le 31 octobre de
vier 1670, âgé de 72 ans. Ces données chronologiques, cette même année. Il accompagna Henri IV dans son
puisées presque toutes aux archives de la Compagnie excursion aux frontières de Castille, pour y avoir une
de Jésus, corrigent celles qui ont été présentées jus- entrevue avec le roi de France. En 1468, il prêta, avec
qu'ici, même par la Biographie Hoefer. la noblesse et les autres prélats castillans, serment à
Le récit du premier voyage de Pedro Texeira, de la princesse Isabelle comme à l'héritière du trône de
Castille; mais, dans la suite, il se tourna contre elle
et suivit d'abord le parti contraire de Jeanne la Bel-
traneja, fille supposée du roi de Castille, puis après la
sagrada, t. XVII, p. 286.
de S. Bartolomé, p. 208.
siastico,t.i,p.342. -- Vergara, Historia del colegio
Gonzalez Davila, Teatro ecle-

mort d'Henri IV (1474), celui du Portugal. Retranché L. SERRANO.


dans le château de Burgos, il ne se rendit aux castillans ACUNHA. Voir DA CUNHA.
qu'après plusieurs mois d'un siège conduit par les rois
Ferdinand et Isabelle. Il devint plus tard admira- ACUTEIS ou A CUTHEIS (MARINO), archevêque
teur de la reine, et pour lui faire plaisir, envoya à ses élu de Spalato en 1402. Marino A Cutheis était issu
frais une compagnie armée pour aider à la conquête d'une famille noble de Spalato, à laquelle appartient
de Grenade. Il continuales travaux dela cathédrale
fut très charitable, faisant d'abondantes aumônes et
; aussi l'auteur anonyme, qui est peut-être lui-même,
du De gestis civium Spalatinorum, qui renferme une
si considéré des rois que lorsque ceux-ci demandèrent liste intéressante, mais exacte seulement en partie,
au pape le chapeau de cardinal qui fut accordé à Men- des évêques de Salone et Spalato. Marino entra dans
doza, Acuna était un des candidats présentés par les les ordres, siégea bientôt au chapitre de la cathédrale
souverains. Il promulgua diverses constitutions syno- et y acquit, par sa science et sa piété, un grand crédit.
dales, et mourut à Burgos le 14 septembre 1495. En l'année 1402, il réussit à rétablir la paix entre deux
factions politiques qui divisaient Spalato, les Intrin-
Espana sagrada, t. XXVI, p. 402, — Martinez Sanz, seci et les Exirinseci, qui soutenaient les uns Sigis-
Episcopologio de Burgos, p. 55. — Gonzalez Davila, Tea- mond et les autres Ladislas comme prétendants à la
tro eclesiastico, t. i, p. 563. — Castro, Episcopologio Va-
llisoletano et les Cronicas deValera,Enriquez de Castillo, couronne de Hongrie; le premier parti, qui était le
Pulgar, etc. parti populaire, avait chassé ses adversaires de la ville.
L. SERRANO. Marino sut ramener la concorde. Et c'est sans doute
6. ACUNA DEL ADARVE (JuAN),prêtre du diocèse à ce succès qu'il dut d'être élu à la fin de cette même
de Jaen (Espagne), qui vécut au milieu du XVIIe siècle. année 1402 archevêque de Spalato. Mais Rome ne con-
Il fut prieur de Villanueva de Andujar et visiteur du firma pas le choix, et Marino ne fut pas intronisé.
diocèse au nom du cardinalBalthasar Moscoso et San- Farlati, Illyricum sacrum, Venise, 1780-1806,tuomini
.III, p.illustri
doval, évêque deJaen. Éminent théologien et très versé
dans les écrits des Pères, il écrivit l'ouvrage intitulé : 358. - Ljubic, Dizionario biografico degli
della Dalmazia. — Gams, Series episcoporum Ecclesiœ
357-

Discursos de las efigies y verdaderos retrcdos no manu- calholicæ, p. 420.


fados del sanio rostro y cuerpo de Cristo desde el prin- J. ZEILLER.
ACWORTH (GEORGE), théologienet juristeanglais,
cipio, y que la sania Veronica que se guarda en la iglesia
de Jaen es una del duplicado o triplicado que Cristo
t 1578, fut élevé à Peterhouse, Cambridge, et y fut
Nuestro Senar dio a la bienaventurada mujer Veronica, reçu magister artium en 1555, en souscrivant la pro-
Villanueva de Andujar, 1637, in-fol. fession de foi catholique alors imposée à tous les gra-
dués. Pendant le règne de Marie, il voyagea en France
Nicolas Antonio, Bibl. hisp. nov., t. i, p. 627. — Enciclo- et en Italie, se perfectionnant dans le droit civil.
pedia universal., Barcelone, 1908, t. n, p. 662. Coll y Après l'avènement d'Élisabeth, il rentra en Angleterre,
Astrell, Diccionario universal, Madrid, 1900, t. — i, p. 432. et devint, en 1559, orateur de l'université de Cam-
— Ximena (Martin de), Anales de Jaen, Madrid, 1654, bridge; en même temps, il obtenait une prébende de
p. 549. l'église de Southwell. En 1563, Horne, évêque de Win-
A. ANDRÉS.
ACUNA chester, le prit pour chancelier et vicaire général; puis
7. Y AVELLANEDA (PEDRO), évêque il passa dans la maison de Parker, archevêque de
d'Astorga. Né à Aranda de-Duero (Burgos), diocèse Canterbury, et fut chargé par celui-ci, en 1573, de la
d'Osma, en 1505, il fut boursier de Saint-Barthélemy visite de son diocèse. Malgré ses talents et sa science,
à l'université de Salamanque, où il conquit ses
grades en droit, et obtint une chaire. Il l'abandonna sa paresse, son ivrognerie, ses mauvaises mœurs, lui
firent perdre ses bénéfices anglais; le 18 mars 1576-
ensuite pour la place d'auditeur de la chancellerie 1577, on le voit nomméjuge de la « prérogative court»
royale de Valladolid, après quoi, le roi le fit membre du d'Irlande.
conseil des ordres militaires et de l'Inquisition. En On a d'Acworth un discours pour la cérémonie de
1548, Charles V le présenta pour l'évêché d'Astorga, en réparation en l'honneur de Butzer et de Fagius; il
remplacement du célèbre Alava y Esquivel qui l'avait
si bien servi au concile de Trente. Peu après l'évêque y attaque violemment la politique de la reine Marie.
Buceri, Scripla-anglicana, Bâle, 1577, p. 936 sq.
se mit en route pour assister lui-même au concile, Une réponse de lui à la Monarchie ecclésiastique de
mais Henri II, roi de France, le retint prisonnier Saunders parut à Londres, en 1573 : De visibili Ro-
pendant quelque temps. Remis en liberté, il put as- manarchia contra Nicolai Sanderi monarchiam. Il y nie
sister aux sessions du 11 octobre et du 25 novembre la primatie de saint Pierre sur les autres apôtres et
1551 et à celle du 25 janvier de l'année suivante. prétend montrer comment l'Église de Rome a peu à
Quand s'interrompit le concile, il retourna dans son
diocèse et convoqua, en 1553, un synode diocésain qui peu pris la domination sur les autres. Il admet le
pouvoir du prince de commander à l'Église, et justifie
décréta les premières constitutions du diocèse d'As- la conduite d'Henri VIII. Il tire bon parti des résis-
torga. Mais, brouillé avec son chapitre mal disposé à tances opposées aux papes par l'Église gallicane.
accepter certaines réformes proposées par le prélat Acworth aida l'archevêque Parker dans la composition
conformément au concile de Trente, il obtint d'être du De antiquitate Britannicse Ecclesise.
transféré au siège de Salamanque. Il n'eut pas le temps
d'en prendre possession, pas plus que de la présidence Cooper, Athenœ cantabrigienses, Cambridge, 1858, t. I,
du grand conseil de Castille, car il mourut, le 24 sep- p. 381. — Coote, Lives and characters of eminent English
civiliims, Londres, 1804, p. 46. — Strype, Life of Parker,
tembre 1554, à Aranda sa patrie, et fut enterré dans Oxford, 1821; Life of Grindal, Oxford, 1821. — Tanner,
l'église du couvent de Saint-François de cette ville, Bibliolheca Britannico-Hibernica, Londres, 1748, p. 3. —
où se trouvait le lieu de sépulture de sa famille. Cet Thomson Cooper, art. Acworth du Dict. of nat. biogr., t. 1,
édifice est aujourd'hui détruit. p. 69 sq.
Martinez Anibarro (Manuel), Intento de un diccionario
J. DE LA SERVIÈRE.
biografico y bibliografico de autores de la Provincia de Bur- ACY (SAINT-NICOLAS D'), aujourd'hui paroisse
gos, Madrid, 1890, p. 9. — Loperraez (Jean), Descripcion du diocèse de Beauvais, était, avant la Révolution, un
historica del obispado de Osma, t. n, p. 234. — Espana prieuré qui devait son établissement à Robert, vi-
daire de Senlis et baron de Survillers. Les religieux qui Sterret, Epigraph. journey, t. i, p. 420. Ritter.
y furent appelés par le fondateur, entre 1097 et 1099, Kleinasia, t. n, p. 571. — G. Hirschfeld, Gatt. —
GeL Anz.,
venaient du prieuré de Saint-Martin-des-Champs de 1888, p. 587 sq. — Ramsay, Historicai geography of Asia
minor, p. 408. — The cities and bishoprics of Phrygia,
Paris. Les donations de Robert furent confirmées, en p.318.
1106, par l'évêque de Senlis, Hubert, et, en 1119, le
S. PÉTRIDÈS.
pape Calixte II confirma le prieuré dans la posses- 1. ADALARD, abbé laïc de Saint-Martin de Tours
sion du monastère de Saint-Nicolas d'Acy avec ses de 834 à 843, oncle de lareine Ermentrude, femme
dépendances. Jaffé, RegestaRom.Pontif., n. 6789. La de- Charles le Chauve, passa au cours des années
donation, en 1128, par l'évêque Clarembaud d'une 847 ou 848, dans les États de Lothaire 1er, qui
prébende du chapitre au monastère fut la source de
contestations séculaires entre le prieuré et le chapitre
Notre-Dame de Senlis. Les auteurs de la Gallia chri- ses États:
en fit son fidèle et lui accorda quatre abbayes de
Echternach, qu'il posséda de 849 à 856
et où il remplaça les moines par des chanoines, Saint-
stiana énumèrent quarante prieurs du monastère et en Maximin de Trêves, où on le trouve en 853 et 855,
ajoutent trois dont ils n'ont pu établir les dates. Parmi Stavelot, où il est mentionné dans un acte du 28 no-
les prieurs commendataires, citons, en 1495, Jean d'É- vembre 857 comme « comes et abba » (Halkin et
pinay, plus tard évêque de Valence, en 1564, Antoine Roland, Charles de Stavelot, Bruxelles, 1909,1.1, p. 80),
Vialart, nommé archevêque de Bourges en 1572, et de Saint-Vaast d'Arras, où il est signalé comme abbé
1721 à 1736, Jean Paul Bignon, bibliothécaire du roi.
en 852. Il assista au congrès de Coblence en 860;
Gallia christiana, 1751, t. x, col. 1518-1522. — Arm. Vat- il
mais peu après tomba en disgrâce et fut banni des
États de Lothaire. Il se rendit vers avril 861 auprès
tier, dans Comptes rendus et mémoires du comité archéolo-
;
gique de Senlis, IIe sér., t. vi (1880), p. 227-301; t. VIII
(1882-1883), p. 61-108 IIIe sér., t. n (1886), p. 3-80. Ce der-
nier volume renferme le cartulaire du prieuré, p. 50-80.—
de Charles le Chauve, qui en fit le gouverneur de son
fils aîné Louis et lui donna entre autres abbayes
celle de Saint-Symphorien d'Autun. Il mourut en,
Inventaire des archives départem., Oise, t. n, p. 419-468. 877 ou 878.
U. ROUZIÈS. R. Parisot, Le royaume de Lorraine sous les Carolingiens
ACYNDINOS. Un grand nombre de manuscrits
grecs nous ont conservé le récit du martyre des saints
(843-923), Paris, 1899, p. 184-188.-F. Lot, Note sut le
sénéchal Alard, dans Le moyen âge, 1908, t. XXI, p. 185-
Acyndinos, Pégasios, Anempodistos, Aphtonios et 201.
Elpidiphoros sous Sapor II. Les actes grecs ont été U. BERLIÈRE.
traduits en latin et ces saints figurent, au 2 novem- 2. ADALARD, archevêque de Rouen. Son prédé-
bre, dans le martyrologe romain aussi bien que dans cesseur Wenito figure encore à l'assemblée de Gon-
les synaxaires grecs. On n'en trouve pas de trace dans dreville, au mois de novembre 869; mais, en août 871,
l'ancienne littérature syriaque, à laquelle cependant nous trouvons déjà Adalard au concile de Douzy. Il fit
ils auraient dû appartenir, en leur qualité de martyrs une ordination à Fontenelle, le 8 mars 872, comme le
perses. Ils manquent donc jusqu'ici de point d'attache prouve la chronique de cette abbaye. Depuis lors, nous
historique. La facture de leurs actes rappelle celle des ne savons plus rien sur son compte. Il dut mourir bien-
légendes coptes. Cf. Acta sanctorum, nov. t. i, p. 361- tôt, car son deuxième successeur apparaît déjà en 876.
504; H. Delehaye, Synaxarium ecclesiee Constantino- Duchesne, Fastes épiscopaux, 1900, t. n, p. 210.
politanæ, col. 187-190. M. BESSON.
F. NAU. 3. ADALARD, archevêque de Tours. Du catalogue
ADADA, 'A8â8x, évêché en Pisidie. Adada est des évêques de Tours, texte de bonne note, et qui ne
mentionnée par Strabon, XII, vu, 2 ('AôaSir/]),d'après paraît que la continuation du Libellus de Grégoire,on
Artémidore; Ptolémée, V, v, 7; peut-être Pline, Hist. peut conclure qu'Adalard fut sacré le dimanche
nat., v, 42 (Attalenses = Adadenses?); Hiéroclès, 27 mars 875. On trouve sa signature au bas de plu-
Synecd., 674,4('OSotôa). Cette ville frappait monnaie, sieurs actes, entre autres au bas du privilège de Tour-
Head, Hist. num., n. 588. Deux au moins de ses ci- nus (875) et d'un diplôme de Charles le Gros (29 octo-
toyens firent partie de l'association antichrétienne des bre 886). Il mourut le 19 mai 891.
£çvotTcx;juàp£ioi (au Ille siècle). Ramsay, Studies inthe L. Lhuillier, Biens donnés en Touraine au chapitre mé-
historyand art of the Eastern provinces of the Roman tropolitain par Tarchevêque Adalard, dans Bulletin archèo*
Empire, Aberdeen, 1906, p. 337-338. Adada figure, logique de Touraine, 1883-1885, t. v, p. 289. —Duchesne,
comme évêché suffragant d'Antioche de Pisidie, dans Fastes épiscopaux, 1900, t. n, p. 308-309. -
la Notice d'Épiphane, 390 (Gelzer, Ungedr. und unge- M. BESSON.
n.üg. verössentlichte Texte der Notit. episcop., p. 541), la 4. ADALARD, évêque du Puy, élu en 915. Peut-être
Notice de Basile, 424, et les Nova Tactica, 1453 (Gel- était-il de la famille d'Espaly. En 923 ou 924, il ob-
zer, Georgii Cyprii descr. orbis rom., p. 22, 73), les No- tint du roi Raoul les droits de marché, douane, mon-
tices I, III, VII, VIII, IX, X, XIII de Parthey, c'est- naie, etc., dans le bourg contigu à l'église Notre-Dame.
:
à-dire du vie au XIIe-XIIIe siècle. Les évêques connus
sont Ananie, présent au concile de Constantinople,
381; Eutrope, à Chalcédoine, 451, et signataire de la
Ce fut le germe du pouvoir temporel des évêques du
Puy; de là sortira plus tard le titre de comtedu Velay.
Adalard garda l'épiscopat jusqu'en 926..
lettre des évêques de Pisidie à l'empereur Léon, 458; Bibliographie du Velay, 1899, p. 601. — Tablettes histo-
Jean, au concile in Trullo, 692; Nicéphore, à Nicée, riques du Velay, 1874, t. iv, p. 411.
787; Basile, à Constantinople, 869, 879. Le Quien, P. FOURNIER.
Oriens christ., 1.1, col. 1053. Adada était située au sud- 5. ADALARD. Moine de l'abbaye bénédictine de
est et non loin de Séleucie, au nord de Selge et dans la Blandain, à Gand, composa, à la demande de saint
vallée supérieure du Cestrus. Ch. Müller, notes à Elphège, archevêque de Cantorbéry (1006-1012), un
Strabon, édit. Didot, p. 718, la plaçait àSidan Ovassi, office de saint Dunstan suivant le rit monastique
où la carte de Kiepert lui indiquait des ruines. Mais d'après une vie plus ancienne du saint. Le texte com-
une inscription trouvée à Kara Baoulo, village au plet a été édité par W. Stubbs, Memorials of St.
nord de Baoulo, vilayet de Konia, mentionne un Dunstan, archbishop of Canterbury, Londres, 1874,
:
citoyen « de Timbrias et d'Adada » qui a remporté
un prix de jeux comme Timbrias doit être localisé
dans la vallée supérieure de l'Eurymédon, c'est Adada
p. 53-68. C'est probablement le prévôt Adélard qui
est signalé entre 996 et 1031 (Van Lokeren, Chartes
de Saint-Pierre à Gand, Gand, 1868, t.1, p. 66, 67),
qu'il faut identifier avec Kara Baoulo. peut-être le notaire de ce nom qui est mentionné dans
des actes de 974, 979, 982. A. Fayen, Liber tra- bero Aug. Vindelicœ ep. sacro fonte baptismalis cris-
diiionum S. Pétri Blandiniensis,Gand, 1906, p. 87, 88, mantes. (Annal.Fuld.). On a supposé que l'un baptisa
92. et l'autre confirma (Damberger). Le mot crismantes

des aut. eccl., 2e éd., t. XIII, p. -


58.
-
Hist. litt. de la France, t. VII, p. 228. Ceillier, Hist.
Oudin, Script. eccl.
ne paraît pas aussi technique et signifie sans doute que
l'un fut parrain, tandis que l'autre était ministre. Le
ant., t. il, p. 522-523. — F. X. de Ram, Biogr. nat. de Bel- 7 mai 895, Adalbéron assistait, sous la présidence du
gique, 1866, t. I, col. 54-55. — Stubbs, op. cit., p. xxx- roi, au synode deTribur, aujourd'hui Trébur, spéciale-
XXXI. ment dirigé contre les séculiers qui cherchaient à di-
U. BERLIÈRE. minuer l'autorité des évêques. L'année suivante, il
6. ADALARD DE FLANDRE. Voir AUBRAC. accompagnait Arnoul en Italie et le vit sacrer empe-
AARD. reur à Rome le 22 février 896. A la mort du prince, il
7. ADALARD. Voir fut chargé en même temps que Hatton de Mayence de
la tutelle de Louis l'Enfant. Ils ne surent pas se mon-
ADALBAUD (Saint), vers le milieu du vue siècle. trer à la hauteur des difficultés qui assaillirent l'empire
Un des grands seigneurs de la cour de Dagobert Ier et à cette époque, telles que les attaques des Hongrois et
de celle de Clovis II, probablement duc de Douai, sei- les compétitions des ducs de Franconie et de Saxe qui
gneur d'Ostrevand, il avait perdu tout jeune son père se disputaient l'hégémonie. Toutefois c'est seulement
Rigomer. Il avait pour mère Gerberte, fille de sainte après la mort d'Adalbéron que la faiblesse du gouver-
Gertrude, la fondatrice du monastère de Hamage, près nement de Louis IV apparut à tous les yeux irrémé-
Marchiennes. En 635 ou 636, il prit part à une expédi- diable.
tion de Dagobert contre les Gascons soulevés en fa- Dans la sphère religieuse l'évêque d'Augsbourg fut
veur du fils de Charobert II. Au cours de cette expé- plus heureux. Il usa de son influence pour augmenter
dition, il épousa sainte Rictrude, fille du seigneur tou- la prospérité matérielle et morale des monastères et
lousain Ernold, malgré la famille de celui-ci. Adalbaud des églises du royaume spécialement des églises de
revint s'établir à Ostrevand; mais plus tard, obligé de Freisingen, Constance, Salzbourg, Seben (aujourd'hui
se rendre en Aquitaine, il fut attaqué et assassiné Brixen). On lui doit la réforme du couvent de Lorsch
près de Périgueux (vers 645), par des hommes de la (Lauresheim), qu'il entreprit, en 896, après la mort de
famille de Rictrude. D'un autre pays et d'une autre l'abbé Gérard et qu'il acheva en faisant restituer aux
race que lui, ils ne pardonnaient pas à Adalbaud, moines le droit d'élire leur abbé, au lieu de rester per-
homme du Nord, son mariage. Le corps de leur vic- sonnellement à leur tête. Il améliora aussi le monas-
time fut déposé au monastère d'Elnou (Saint-Amand).
l'Église :
Adalbaud eut quatre enfants honorés d'un culte par
saint Mauront, la bienheureuse Clotsinde,
sainte Eusébie ou Ysoir, la bienheureuse Adalsinde. Il
tère de Saint-Florian près de Lenz et celui de Saint-
Gall. En 908, dans un pèlerinage qu'il fit à ce dernier
sanctuaire, il se félicitait d'y avoir rencontré plusieurs
saints vivants, alors qu'il n'y cherchait que les reliques
est honoré le 4 février. Sa vie fut écrite par Hucbald, du fondateur.
écolâtre de Saint-Amand (IX-Xe siècle). Il venait d'envoyer à Rome, on ignore dans quel
i
Acta sanct., febr. t. (1658), p.295. — Biographie natio-
nale de Belgique,1866,1.1, col. 18-21.—Ram, Hagiographie
but, son neveu Ulrich, plus tard canonisé comme
évêque d'Augsbourg,lorsqu'il mourut. On a donné
-de la Belgique, 1864, 1.1, p. 349. — L. (Lhermite), Histoire
sacrée des saints, ducs et duchessesdeDouay, etc., Douai, 1637.
diverses dates de sa mort. Les Annales Alam., la fixent
P. FOURNIER. en 908. Hauck (Kirchengeschichie Deutschlands) se pro-
1. ADALBÉRON, abbé de Disentis (Suisse). Aucun nonce pour le 28 avril 910 et paraît avoir établi soli-
document ancien ne nous offre de détails sur ce per- dement son opinion sur les données fournies, pour
l'année, par les Annales Sangallenses majores et, pour
sonnage. Les données traditionnelles datent son gou- le jour, parle nécrologe de Saint-Gall et celuid'Udalric.
vernement de 637 à 670. En cette dernière année, il
aurait été chassé ainsi que ses moines par une invasion Mon. Germ., Necrolog., t. i, p. 123, 472. Il faudrait
de Barbares, et dès lors il y aurait eu une interruption conclure, dès lors, qu'Adalbéron abdiqua pour se re-
de près d'un demi-siècle dans la vie du monastère. Il tirer sans doute à Saint-Gall.
faut noter que les fouilles, conduites très activement Deux ans auparavant, l'abbé de Prüm,Réginon,avait
depuis 1906 par M. Stückelberg, professeur à l'uni- dédié à l'évêque d'Augsbourg son important Chroni-
versité de Bâle, confirment étonnamment les tradi- con depuis la naissance du Christ jusqu'en 906. Adalbé-
tions relatives à l'histoire ancienne de Disentis. ron passe pour avoir possédé la musique à un degré
De Millinèn, Helvetia sacra, 1858, t. i,p. 75. — Burgener,
à
peu ordinaire. Ses ossements sont vénérés Augsbourg
dans une chapelle de l'église vouée à saint Ulrich et à
Helvetia sancta, t. i, 1860, p. 3-5. — Sur les résultats des
fouilles, voir Revue d'histoire ecclésiastique suisse, t. i, sainte Afra. Sa fête se célèbre le 9 octobre, Bucelin la
1907, p. 57; Anzeiger für schweizerische Allertumskunde fixe au 12 juin (Menologium benedictinum, etc.,
.(article de Rahn), t. x, 1908, p. 35. fol. 1655). Ce sont sans doute des dates correspondant
M. BESSON. à des translations.
2. ADALBÉRON (Saint) ou ADELBÉRON ou
,encore ADALBERT, évêque d'Augsbourg (887-910). Udalschalk, Vila Sti Adalberonis episc. August., éditée
Issu de la famille des comtes de Dillingen ou comtes par Jaffé, dans Steichele, Archiv für die Geschichte der
du Brenzgau non loin d'Augsbourg,il fit probablement Bisth. Augsb., t. 111 (1860), p. 1-9. Composée à la requête
de l'évêque d'Augsbourg, Walther (1133-1150), par l'abbé
-ou acheva ses études au couvent de Saint-Gall et entra, du monastère de Saint-Ulrich et Afra, cette relation man-
postérieurement à l'année 850, dans l'abbaye bénédic- que de critique et d'autorité. — Voss, De hisloricis latinis,
tine d'Ellwangen(aujourd'huiWürtemberg). Là même 1627, p. 316-317.—Bueus, De beatis Nidgaris et Alberone
il succéda à l'abbé Hatton, un autre personnage que episcop. Augustœ Vindelicorum, sylloge, dans Acta sancto-
l'archevêque de Mayence dont il va être fait mention. rum, octob. t. iv, p. 1046-1054.-Veith, Biblioth. august.,
A la mort de Witgar, évêque d'Augsbourg et chance- 1788, t. iv, p. 1-8. — Braun, Geschichte der Bischofe von
Augsburg, t. i, p. 151. — Dùmmler,Geschichte des Ost-
lier de Louis le Débonnaire et de Charles le Gros, son
siège épiscopal échut à Adalbéron en 887 (Chronique 3
frânkischen Reichs, 2e édit., 1887, vol., passim. — Bibl.
hag. latin., p. 6. — Wattenbach, Deutschlands Geschichts-
de Réginon), en même temps que la faveur royale. quellen im Mittelalter, 7e édit., 1904, t. i, p. 286.
En 893, avec Hatton archevêque de Mayence, il bap- L. BOITEUX.
tisait Louis IV dit l'Enfant, fils d'Arnoul ou Arnillphe 3. ADALBÉRON, abbé de Bleidenstadt. Moine
ffoi de Germanie (Quem Addo Mogunciae ep. et Adal- d'Hirsau, écolâtrede Saint-Aubainà Mayence en 910,
abbé de Bleidenstadt en 921, présent au synode d'In- Hongrois en étaient la cause. Profondément ému par le
gelnheim en 948. Gallia christ., t. v, col. 580. spectaclequ'il avait sous les yeux, le jeune homme au-
U. BEHLlÈBE. rait fait le vœu, s'il lui était donné de devenir évêque
4. ADALBÉRON 1er, évêque de Metz (929-962), fils de Metz, de réparer ces désastres.Wichman, Adalbero
du comte Wigeric et de Cunégonde, « était de souche Bischof von Metz dans Jahrbuch der Gesellschaft fur
royale tant du côté paternel que du côté maternel, de lothringische Geschichte u.Altertumskunde, 1891, p. 111
beaucoup plus loin qu'on ne pouvait s'en souvenir. »
;
sq. Le fait est que l'abbaye fut relevée de ses ruines.

:
VitaJohannisGorziensis, dans Monumenta Germanire,
Script., t. iv, p. 348. Une charte de l'année 945 fait
dire à Adalbéron de lui-même « Dans les palais des
rois qui se sont périodiquement succédé, mes ancêtres
prirent rang parmi les premiers personnages du royau-
ccSes biens injustementenlevés lui furent restitués
hommes présumés aptes à la vie religieuse et s'enga-
des
geant à garder le célibat se rendirent, non sans peine,
à l'appel qui leur était adressé; ils vinrent de tous
côtés et on en fit des moines. » Il en fut de même
me qui brillèrent par leur bravoure et leur mérite. à Saint-Arnould, Saint-Félix, Longeville, Hornbach,
Grâce à la libéralité des monarques, ils devinrent, Sainte-Glossinde et Saint-Pierre. L'antique abbaye
Dieu aidant, possesseurs de biens et de domaines con- bénédictine de Saint-Arnould, devenue au IXe siècle
sidérables et conquirent l'avantage d'une haute situa- une collégiale de chanoines, était tombée dans le relâ-
tion dans l'État.» D. Calmet, Histoire ecclésiastique et chement. Pour la rendre à sa destination primitive,
:
civile de Lorraine, 1728, t. i, p. 359. Par ailleurs nous
savons ce qui suit « Wigeric, comte du pagus Beden-
sis, était de race royale. et sa femme Cunégonde aussi ;
l'évêque y fit venir des moines de Gorze. On conserve
à la bibliothèque de Metz la charte dans laquelle Adal-
béron déclare remplacer les clercs séculiers qui l'habi-
peut-être celle-ci avait-elle pour mère Ermentrude, taient par des religieux de l'ordre de Saint-Benoît.
fille de Louis le Bègue et d'Adélaïde, sa seconde femme. « Les chroniques permettent d'assigner à cette pièce
Du moins un diplôme sans date de Charles le Simple, d'une façon incontestable la date de l'année 942. a
pour l'Église de Liège, qualifie Adalbéron, fils deWi-
geric et de Cunégonde, de nepos noster; il y avait donc
des liens de parenté entre Charles et le père et la mère
Elle est munie d'un sceau qui a ccle mérite d'une très
belle conservation. Il porte en légende. ces mots
ADALBERO METENSIS EPS. Le prélat est représenté
:
du futur évêque de Metz. » Robert Parisot, Le royaume debout, tenant sa crosse de la main droite et l'évan-
deLorraine sous les Carolingiens, 343-823, Paris, 1898, gile de la main gauche. Un monogramme ajoute à
p. 580. Le diplôme qui vient d'être mentionné fournit
un renseignement sur les possessions de la famille
« Par cet acte. le roi concède à
l'Église de Liège avec
: l'authenticité de ce beau parchemin. » Sauer dans
Bulletin de la Société historique et archéologique de la
Moselle, 1858, t. i, p. 11. C'est un abbé du nouveau
le consentement et sur la demande du comte Windric Saint-Arnould, appelé lui aussi Jean, qui écrivit la
(Wigeric), l'abbaye de Hastières sur la Meuse, dans le Vila Joannis Gorziensis. Quelques années après, un
pagus Lomaeensis, à condition que Wigeric, sa femme moine écossais, Cadroé, entreprenait, à la prière d'A-
Cunégonde et son fils Adalbéron, neveu du roi, con- dalbéron, la réforme de Saint-Félix, qui reçut plus
servent leur vie durant la jouissance d'Hastières et tard le nom de Saint-Clément. Wattenbach, Deutsch-
d'une autre abbaye située dans le pagus Renis, dépen- lands Geschichtsquellen im Mittelalier, 7e édit. 1904,
dant d'Étienne, évêque de Liège, qui consent d'ail- p. 415. L'œuvre tentée à Longeville et Hornbach re-
»
leurs à cette transaction. Ibid., p. 608, not. 4.11 sem- pose sur des données moins positives. Deux chartes
blerait assez que sa mère, devenue veuve, se remaria nous renseignent par rapport aux monastères de fem-
avec un comte de Verdun, Ricuin, qui fut « assassiné
dans son lit, où la maladie le retenait, par Boson, le
»
propre frère du roi de France. Adalbéron fut soup-
:
mes, Sainte-Glossindeet Saint-Pierre, tous deux situés
à l'intérieur de la ville la première, de l'an 945, est
d'Adalbéron; la seconde du 3 juin 960, est d'OthonIer.
çonné de n'être pas resté étranger à cemeurtre : « Bo- Hauck, loc. cil., p. 357-359. Himiltrude, parente
son aurait dit à Jean de Gorze. qu'Adalbéron (le fu- d'Adalbéron selon la chair et davantage selon l'esprit
tur évêque de Metz), beau-fils.de Ricuin, l'avait poussé (Miracula S. Glodesinclis, dans Monum. Germ. hist.,
à tuer son beau-père. » Ibid., p. 663, not. 2. Script., t. iv, p. 239), fut placée par lui à la tête de la
:
S'il fallait en croire un document du xe siècle, Adal-
béron aurait été absolumentmaître de lui-même « Chez
lui, pas une parole ne décelait le fond de l'âme, l'émo-
première de ces deux abbayes. Les relations du siège
:
de Metz avec Saint-Trond, au diocèse de Liège, étaient
fort anciennes le fondateur fut ordonné prêtre par
tion ne se trahissait que par le jeu des paupières. » l'évêque Clodulphe, au vue siècle. Devenu abbé en 944,
Vita Joannis Gorziensis, p. 365. Élevé en 929 sur le Adalbéron relevait à grands frais le vieil édifice qui
siège de Metz, il joua un rôle important dans l'Église ettombait en ruines et y consacrait la nouvelle église
dans l'État. La désignation de pater monachorum dit ce l'année suivante Gesta abbatum Trudonensium, dans
Monum. Germ., Script., t. x, p. 376. Sur la fondation,
qu'il fut par rapport aux religieux qu'il réforma et parut
aimer sincèrement. Ce dernier point a été contesté. restauration oules dotations de ces divers monastères,
Suivant Sackur, cité par A. Hauck, Kirchengesehichte voir en particulier N. Dorvaux, Les anciens pouillés
du diocèse de Metz, Nancy, 1902, p. 269, 271, 279, 282,
Deutpchlcinds,Leipzig, 1896, t. ni, p. 352, n. 6, Adalbéron
aurait été le jouet des moines. SuivantHaucklui-même, 295, 297, 311, 351, 352, 411, 491, 518, 531, 564, 570,
il n'était rien moins qu'un homme à tournure d'esprit
ascétique. A vrai dire, pour Adalbéron comme pour la
-
571. Les fluctuations auxquelles aurait été sujet
le rôle politique d'Adalbéron (Hauck, loc. cit., p. 352,
plupart des personnages du xe siècle, nous ne possédons not. 3) s'expliquentde la façonla plus simple et la plus
pas de documents qui nous permettent de discerner le naturelle. Lorrain, et, de plus, apparenté à la dynastie
fond de l'âme. Malheureusement,il faut bien le recon- carolingienne, comme beaucoup de ses compatriotes,
;
naître, les prélats de cette époque sont plutôt des fonc- il voyait dans les descendants de Charlemagne les sou-
tionnaires ou des vassaux que des hommes d'Église les verains légitimes de son pays et dans les princes saxons
questions d'ordre temporel, les affaires politiques sem- des usurpateurs. Il n'y a donc pas lieu d'être surpris
blent être au premier plan de leurs préoccupations. que, le jour où Louis IV revendiqua la Lotharingie,.
Quoi qu'il en soit, une charte du 13 décembre 933 réta- Adalbéron se soit rallié à lui, et que, fidèle à la cause
blit le monastère de Gorze. On rapporte que, jeune qu'il avait embrassée, il ait défendu Metz contre
clerc de l'Église de Metz, Adalbéron fit nu-pieds le pè- Othon Ier. Plus tard, il est vrai, Louis IV se vit obligé-
:
lerinage au sanctuaire de Saint-Gorgonet trouva l'ab- par lihostilité de Hugues le Grand de renoncer à ses.
baye dans un état déplorable les dévastations des prétentions sur la Lorraine, et même d'implorer l'ap-
pui du roi de Germanie, son beau-frère. L'évêque de les rois et ordinairement pourvu de la charge de
Metz n'eut plus alors qu'à s'incliner devant le fait grand chancelier, exerçait une influence capitale sur
accompli et à servir fidèlement Othon, devenu l'allié les affaires religieuses et sur les affaires politiques.
du Carolingien. C'est ainsi qu'il prit part aux conciles Pour des raisons qu'on peut essayer de deviner,
d'un caractère, à la fois religieux et politique, mais mais dont la certitude nous échappe, le choix du roi
plus politique encore que religieux, qui se réunirent Lothaire, de qui l'élection dépendait, se fixa sur
dans différentes villes lorraines pour s'occuper des Adalbéron, et il n'eut d'abord qu'à s'en féliciter. Le
affaires de la France. Nous le trouvons à Verdun (mi- nouvel archevêque, en bonne intelligence avec ce
novembre 947), où « les évêques et abbés adjugèrent prince, consacra ses soins et son énergie aux intérêts
unanimement à l'archevêque Artaud la possession du temporels et plus encore aux intérêts spirituels de son
siège de Reims » (Lauer,Lerègne deLouis IVd'Outre- diocèse. Il mit un frein aux usurpations féodales qui
Mer, Paris, 1900, p. 164), contre son compétiteur Hu- menaçaient les possessions de son église et n'hésita pas,
à
gues; Mouzon(13 janvier 948), où « il fut statué que au besoin, à employer la force pour les repousser. C'est
l'archevêque Artaud conserverait le diocèse de Reims ainsi qu'il assiégea et prit le château de Warcq-sur-
dont il était actuellement en possession et qu'il de- Meuse, résidence d'un certain comte Eudes, qui
meurerait en communion avec l'Église, » que par était entré en guerre avec lui (juin ou juillet 971). Il
contre Hugues « eût à se considérer comme exclu de s'attacha surtout avec une ardeur et une fermeté très
la communion, jusqu'à ce qu'il vînt, en personne, se méritoires à la réforme de son clergé. Il jugea que
:
justifier » (ibid., p. 167); à Ingelheim (juin), où deux
graves questions furent agitées les griefs de Louis IV
contre Hugues le Grand et la cession définitive de
le meilleur moyen pour cela était d'appuyer vigou-
reusement les établissements monastiques, et tout en
y maintenant, en y rappelant une exacte discipline,
l'archevêché de Reims à Artaud par l'excommunica- il leur témoigna une faveur constante. Sa sollicitude
tion de son compétiteur, Hugues. Adalbéron s'abstint s'étendait aux monastères les plus éloignés de sa
de paraître au concile de Trèves (septembre), où fut résidence, mais il veillait avec un soin particulier sur
excommunié Hugues le Grand, duc de France. Lors- les abbayes de Reims même ou du voisinage. Il avait
que, en 950, ce dernier se décida à faire la paix avec une affection toute paternelle pour l'illustre abbaye
son roi, l'évêque de Metz et Conrad, duc de Lorraine, de Saint-Remy. Le désir d'en faire confirmer les privi-
négocièrentl'entrevue qui eut lieu sur les bords de la lèges par l'autorité du Souverain Pontife fut l'un des
Marne. En 954, Conrad se révolta contre Othon Ier, motifs qui le déterminèrent à se rendre à Rome, àla fin
son beau-père, mais ni Adalbéron lui-même, ni d'une de l'année 971. Le pape Jean XIII lui fit le meilleur
façon générale, les Lorrains ne lui donnèrent leur ap- accueil et, le jour de Noël, il eut l'honneur de célébrer
pui. Pour punir le prélat de sa fidélité au souverain la messe dans la basilique pontificale en présence de
allemand, le duc rebelle s'empara de Metz par surprise douze évêques. L'année suivante (mai 972), il présida
et mit laville au pillage. Meurisse, Histoire des évêques une réunion de prélats à Notre-Dame en Tardenois
de l'Église de Metz, 1634, p. 314, rapporte qu'en 960, et prêta une oreille favorable (qui aime bien, châtie
Othon donna à Adalbéron cc le fief de la vaïerie, de bien) à une cinglante diatribe de l'abbé de Saint-
la sous-voüerie et le comté de Metz et l'établit par Remy contre le relâchement qui s'était introduit dans
ce moyen seigneur absolu sur cette ville. » La ques- les usages et les vêtements monastiques. Les religieux
tion, bien plus complexe qu'elle ne paraissait à l'au- durent notamment renoncer aux souliers à bec re-
teur, est traitée par Wichman, loc. cil., p. 161-169. courbé, munis d'oreilles et tout brillants de cirage.
Selon lui, il « n'est pas invraisemblable qu'Adalbéron Mais si Adalbéron voulait où il convient une simplicité
obtint le gouvernementde la ville de Metz et le droit exemplaire, il savait déployer en son lieu une juste
de justice, non du pagus messin tout entier, mais seu- magnificence. Les travaux qu'il fit exécuter dans sa ca-
lement de la ville et des possessions éparses que pos- thédrale, les objets d'art et les vitraux « représentant
»
sédait l'évêché. Voir aussi Chatelain, Le comté de diverses histoires » dont il l'enrichit, excitèrent l'ad-
Metz et l'avouerie épiscopale du VIIIeauXIIIe siècle, miration des contemporains, non sans être, comme il
dans Jahrbuch der Ges. für lothr. Gesch., 1898. arrive d'ordinaire, en butte à quelques critiques. Ce ne
Adalbéron mourut au monastère de Saint-Trond, le fut pas le moindre trait de son zèle épiscopal que son
25 avril (Gesta abb. Trud., dansMonum.Germ., Script., souci du développement des études dans son école
t.x,p. 378), et y fut provisoirement enseveli. « Son corps métropolitaine. Il en confia la direction au premier
fut plus tard transporté à Gorze, puis inhumé défi- savant de l'époque, l'illustre Gerbert, qui devint bien-
nitivement à Saint-Arnould»(Chaussier, dansRevue tôt son secrétaire habituel, son intime confident, son
ecclésiastiquede Metz, 2e année, p.23), établi lui-même bras droit, non seulement dans les affaires ecclésias-
à l'intérieur de la ville depuis 1552. tiques, mais dans les difficultés politiques où sa situa-
J. tion et les circonstances l'engagèrent, et qui l'amenè-
5. ADALBÉRON, archevêque de Reims, fut
DALSTEIN-
l'un rent à jouer un rôle prépondérant dans l'un des évé-
des personnages les plus importants de la chrétienté nements les plus considérables de notre histoire.
occidentale dans la seconde moitié du xe siècle. La Le roi Lothaire, intelligent, actif, un peu brouillon,
date de sa naissance est inconnue. Il était issu d'une souffrait, comme son père Louis IV dit d'Outre-mer.
puissante famille seigneuriale du royaume de Lor- de la situation faite à la dynastie carolingienne par
raine, toute dévouée à la dynastie saxonne, qui avait les interrègnes qui avaient déjà failli lui substituer la
joint sous son sceptre ce royaume à celui de Germanie famille issue de Robert le Fort, et par la croissance
et ceint, avec Othon Ier, la couronne impériale. Il avait spontanée de l'organisation féodale. Il s'agitait pour
été élevé au monastère de Gorze, sous la direction de rendre quelque force à son pouvoir et, entre autres
son oncle, peut-être son parrain, Adalbéron, évêque moyens, avait conçu l'espérance de replacer à la fois
de Metz (voir la notice précédente) et y avait reçu, sous son sceptre royal et sous sa domination effective
avec une instruction forte pour le temps, des senti- le royaume de Lorraine, qu'il enlèverait à la dynastie
ments de piété solide et de zèle ardent pour l'Église saxonne. La réalisation de ce dessein devait placer
et là discipline ecclésiastique. Il faisait partie du cha- l'archevêque de Reims dans une situation très fausse.
pitre de Metz lorsque la mort d'Odelric, archevêque Les possessions territoriales de son Église relevaient,
de Reims (6 novembre 969), laissa vacant le siège de selon leur situation, des deux souverains qui allaient
cette métropole, alors la principale du royaume de se trouver en conflit. Mais, chose plus grave, le dévoue-
France, etdont le titulaire, en possession de sacrer ment à l'empereur Othon II était tout à la fois pour
Adalbéron une tradition de famille et le résultat d'une ou 22 mai). Le duc des Francs prit alors la présidence
profonde conviction personnelle. Il considérait, en effet, de l'assemblée et fit acquitter l'archevêque de Reims.
et ce sentiment était alors très répandu dans le clergé La partie désormais fut liée entre eux. Malgré les vains
d'Occident, qu'un lien étroit unissait les intérêts de la efforts de Charles de Lorraine pour se réconcilier avec
religion chrétienne avec la reconstitution, dans une Adalbéron, celui-ci, profondément convaincu des dé-
certaine mesure, sous la main et au profit du chef de fauts de ce prince et des qualités de Hugues, et jugeant
la maison de Saxe, roi de Germanie et de Lorraine, du l'avènement du puissant et habile duc également utile
« saint empire romain », inauguré, selon lui, par Cons- à l'Église, à la maison impériale et aux vrais intérêts
tantin et renouvelé par Charlemagne. La lutte, sou- de la France d'alors, le porta au trône, le fit procla-
dainement engagée en 976 par Lothaire contre l'em- mer roi dans l'assemblée de Noyon et le sacra de sa
pereur, fut pour l'archevêque de Reims une source main (3 juillet 987). Il consentit, la même année, non
d'angoisses et un champ d'activité périlleuse. On sans quelque résistance, à sacrer le fils de Hugues,
l'accusa d'avoir favorisé la retraite de l'armée impé- Robert, prudemment associé à la couronne par son
riale, après l'expédition manquée d'Othon sur Paris, père. Charles, revendiquant le sceptre de ses aïeux,
revanche de l'expédition, manquée aussi, de Lothaire réussit par un hardi coup de main à s'emparer de
sur Aix-la-Chapelle. Toutefois il n'y eut point encore Laon, la ville royale des derniers Carolingiens. Il y
de rupture formelle entre le roi et l'archevêque qui, fut deux fois, sans succès, assiégé par Hugues (988).
l'année précédente, au synode de Saint-Macre, avait Malgré ce revers de fortune et les supplications de
nettement pris parti pour la reine Emma, chère à son Charles, Adalbéron demeura inflexible dans le parti
époux, au suj et des accusations dirigées contre elle et qu'il avait adopté. Mais les soucis, les alarmes aux-
contre l'évêque de Laon, Adalbéron-Ascelin, par quelles il était en proie lui causèrent une fièvre ardente,
Charles, frère puîné de Lothaire, connu sous le nom et il expira dans sa ville archiépiscopale, le mercredi
de Charles de Lorraine, parce qu'il accepta de l'empe- 23 janvier 989, sans avoir vu le triomphe définitif
reur Othon l'investiture, sous le nom de duc, de la des rois Capétiens, à l'avènement desquels son nom
partie basse de ce royaume (Brabant,Hainaut, Luxem- doit demeurer inséparablement uni dans l'histoire.
bourg, etc.), avec obligation de vassalité. Ce prince
convoitait tout ou partie du royaume de France, et ce
fut pour mettre obstacle à son ambition que Lothaire Sepet, Gerbert et le changement de dynastie dans la
-
Histoire littéraire de la France, t. vi, p. 444. Marius
Revue des questions historiques, t. vu (1869), p. 466; t. VIII.
associa au trône son fils Louis, nommé Louis V, (1870), p. 122; Adalbéron, l'Église de Reims et l'avènement
qui fut sacré par Adalbéron le 8 juin 979, dimanche de la dynastie capétienne, dans La France chrétienne dans
de la Pentecôte. A la fin de cette même année, inquiet l'histoire, in-12, Paris, 1896, p.119-132. -Lelires de Gerbert
de la puissance du chef de la maison issue de Robert (9S3-997), publiées avec une introduction et des notes par
le Fort et des rois Eudes et Robert Ier, Hugues Ca- Julien Havet, in-8°, Paris, 1889. — Ferdinand Lot, Les
pet, duc des Francs, et sous ce titre véritable vice- derniers Carolingiens.Lothaire, Louis V, Charles de
roi, Lothaire se réconcilia avec Othon II, dont l'al- Lorraine (954-991), in-8°, Paris, 1891; Études sur le règne de
liance fut, d'autre part, au grand déplaisir du roi, Hugues Capet et la fin du XC siècle, in-8°, Paris, 1903. On
peut différer d'avis sur tel ou tel point avec l'auteur de
bientôt recherchée et obtenue par Hugues (mars 981). ces deux derniers et très remarquables livres, mais on y
La mort soudaine de l'empereur survenue à Rome trouvera recueillis tous les faits relatifs à l'archevêque
{7 décembre 983), ouvrit une période particulièrement Adalbéron, avec renvoi aux documents et textes originaux.
troublée et active de la carrière politique d'Adalbé- M. SEPET.
ron. L'archevêquede Reims s'opposa avec une éner- 6. ADALBÉRON III, évêque de Metz (984-1005),fils
gie et une habileté extrêmes à la tentative d'usur- de Frédéric Ier, duc de Haute-Lorraine, et de Béatrice,
pation, au détriment du jeune Othon III, de la neveu d'Adalbéron Ier (cf. plus haut col. 431 sq.), fut
couronne de Germanie par son cousin, Henri ou Hézi- élevé au monastère de Gorze. Promu à l'évêché de Ver-
Ion, duc de Bavière. Lothaire vit dans cette circons- dun, où il figure dans la liste des évêques sous le nom
tance une occasion de reprendre et de mener à bien d'Adalbéron Ier,il ne-tardapas, avant même d'avoir
ses anciens projets sur la Lorraine. De là des négo- pris possession de son siège, d'être transféré à celui de
ciations avec l'archevêque, puis une inimitié véhé- Metz. Nous avons sa biographie, écrite par Constantin,
mente du roi contre lui, en raison de l'opposition faite abbé de Saint-Symphorien. Monumenta Germaniæ,
à ses desseins. Lothaire assiégea Verdun, défendu par Script., t. IV, p. 658-672. Ce que pouvait dire à cette
le comte Godefroi, frère d'Adalbéron. La ville capitula époque un bon moine, soucieux des intérêts spirituels
et le comte fut fait prisonnier (mars 985). L'arche- et aussi temporels de son couvent, plein de reconnais-
vêque multiplia ses efforts pour la cause d'Othon III sance pour un éminent bienfaiteur (chose très appré-
et pour la délivrance de son propre frère. Instruit de ciable en ces temps de troubles et de pillages), dans
l'irritation du roi contre lui et persuadé que sa vie l'intimité duquel il avait vécu, parfois témoin oculaire
même était menacée, il rechercha et obtint l'appui de de ses belles actions, s'y trouve consigné. D. Calmet,
Hugues Capet. Le lundi 11 mai 985, il eut à se défen- Hist. de Lorr., t. i, p. 998 sq., s'en est fait le traduc-
dre de l'accusation de haute trahison devant une as- teur. Nous y lisons qu'Adalbéron fut sacré évêque,
semblée de seigneurs et de prélats tenue à Compiègne, le 28 décembre, par l'archevêque de Trêves, Ecbert;
mais qui dut bientôt se disperser en raison de l'appro- qu'il s'employa à la construction ou au relèvement de
che menaçante de Hugues. La mort inopinée de Lo- plusieurs monastères (Sainte-Marie, Épinal, etc.; cf.
thaire (mardi 2 mars 986) amena une détente momen- N. Dorvaux, Les anciens pouillés du diocèse de Metz,
tànée dans les intérêts et les passions en conflit. Le Nancy,1902,p.276,279,282,283,286,296,303,393);
jeune roi LouisV, sous l'influence de la reine Emma, qu'il fit le voyage ad limina, où il reçut un excellent
sa mère, témoigna d'abord de la confiance à l'arche- accueil du pape Jean XVI; qu'il était doux, mortifié,
vêque. Mais bientôt l'ennemi déclaré d'Emma, Charles affable envers tous, désintéressé. Il est à peine besoin
de Lorraine, réussit à s'emparer de l'esprit de son ne- de mentionner les éloges qui lui sont adressés en tant
veu et lui inspira contre Adalbéron une violente haine. qu'ami de l'ordre religieux en général. Y eut-il quelque
L'archevêque fut une seconde fois accusé de trahison excès dans ce sens? On serait presque tenté de le
.et obligé de comparaître devant une nouvelle assem- croire en lisant dans Constantin lui-même les qualifi-
blée, réunie encore à Compiègne (mars-mai 987). Mais, cations qu'ont values au saint évêque les marques
au moment où cette grave affaire allait être discutée, trop expressives de sa grande bonté d'âme. Appelé par
Louis fit à la chasse une chute, qui causa sa mort (21 lui à Metz, Guillaume, abbé de Saint-Bénigne de Di-
jon, y laissa des traces mémorables de son activité. d'épître dédicatoire qu'il place au début de son livre
Ce fut Adalbéron qui donna la consécration épiscopale De moribus et actis primorum Normanniœ ducum, fait
à Liudulphe, archevêque de Trêves. Un fait saillant d'Adalbéron un éloge extraordinaire et évidemment
dans sa vie est l'attitude prise par lui dans un concile, fort exagéré. D'autre part, tout le mal qu'on a dit de
qui se tint au commencement du règne de Henri II : ses mœurs privées ne repose peut-être pas sur des fon-
à Mayence, en 1004 (Hauck, Kircheng. Deutsch- dements bien certains.
lands, t. III, p. 427, note 3) ou mieux, à Aix-la-Chapelle Nous avons d'Adalbéron un poème satirique latin,
en 1005. R. Parisot, Les origines de la Haute-Lorraine, Carmen ad regem Rotbertum, sous forme de dialogue
1909, p. 379, note 5. L'empereur exprima son vif dé- entre le roi Robert et l'auteur. Ce poème, de quatre
plaisir de voir l'Église tolérer en trop grand nombre cent trente vers hexamètres souvent peu corrects et
les mariages entre proches parents. Les évêques gar- assez obscurs, est néanmoins intéressant parce qu'il
daient le silence. Adalbéron se leva pour appuyer la donne plus d'un détail curieux sur les mœurs du temps.
protestation du roi et désigna nommément Conrad, Il a été publié par Adrien Valois (in-8°, Paris, 1663), à
duc de Carinthie,présent dans l'assemblée, comme la suite du panégyrique de l'empereur Bérenger; il
se trouvant dans le cas. L'évêque d'Halberstadt, où, a été ensuite imprimé dans le t. x, p.64, du Recueil
comme à Metz, saint Étienne était le patron de la des historiens des Gaules, et cette dernière édition à
cathédrale, lui demanda par lettre quelques reliques été reproduite dans la P. L., t. CXLI, col. 767-822. —
du premier martyr et de sainte Glossinde. Wattenbach, Sanderus parle d'un poème manuscrit d'Adalbéron in-
Deulschlands Geschichtsquellen, 7e édit., p. 379. Bien titulé De sancla Trinitate, qui se trouvait à la biblio-
qu'à propos de la mort d'Adalbéron, Constantin, qui thèque de l'abbaye de Laubes, et qui était aussi adressé
sur ce point devait être bien renseigné, ait donné une au roi Robert. — Enfin dom Bernard Pez avait décou-
date précise, anno incarnaiionis dominicæ millesimo vert dans la bibliothèque de l'électeur de Bavière un
quinto, l'événement n'avait pas moins été placé en 1004
par quelques érudits. Leur erreur provenait de ce que
Thierry II, successeur d'Adalbéron, était censé avoir
autre manuscrit, qui contenait aussi un ouvrage de
notre prélat, adressé à Foulques, évêque d'Amiens
De modo recle argumentandi et prædicandi dialogus. Il
:
assisté au synode de Dortmund en juillet 1005. En est bien possible, vu le sujet du livre, qu'il s'agisse
fait le Thierry du synode de Dortmund est l'évêque simplement d'un nouvel exemplaire, moins ancien, de
de Minden et non celui de Metz. H. Breslau, dans
Jahrbuch der Gesellschaft filr lothringische Geschichte
undAlleriumskunde,1894, p. 283-286; Hauck, loc. cit.,
:
deux manuscrits de la bibliothèque Vaticane, inti-
tulés Lettre d'Adalbéron de Laon à Foulques, évêque
d'Amiens.
p. 402, n. 5. Un moine du nom de Conrad composa Dom Calmet, Biblioth. lorraine, 1751, col. 6. — Dom
sur Adalbéron une épitaphe en distiques latins Mo- Rivet, Hist. litt.
de la France, 1746, t..VII, p. 290-294. —
num. Germ., Script., t. IV, p. 672. Peut-on dire, avec Dom Ceillier, Hist. des aut. sacrés, 1757, t. xx, p.137, 277.
Hauck, loc cit., p. 463, que les adversaires du prélat — Gallia christiana nova, t. IX, col. 521-523.
avaient bien quelque raison de lui reprocher un A. REGNIER.
manque d'intelligence? Toujours est-il que sa grande 8. ADALBÉRON III, évêque de Metz (1047-1072),
facilité à admettre aux ordres sacrés les filios sacer- fils de Frédéric, comte en Ardenne, et d'Ermentrude,
dotum au même titre que les autres (Monum. Germ., appartenait à la maison de Luxembourg. Il succéda,
Script., IV, p. 667) ne décèle pas un grand esprit de sur le siège de Metz, à son oncle Thierry II, en 1047,
discernement. plus du gré du clergé et du peuple que du sien. Meu-
Adalbéronlaissa une grande réputation de sainteté. risse, Histoire des évêques de Metz, p. 352. Adalbéron
«Metz a toujours honoré sa mémoire et plusieurs mar- assistait au concile de Worms, où l'évêque de Toul,
tyrologes portent son nom, avec le titre de Bienheu- Brunon, fut élevé au souverain pontificat. Le nouveau
reux, au 15 décembre. » Chaussier, dans Revue ecclé- pape Léon IX, prit Adalbéron comme compagnon
siastique de Metz, 2e année, p. 156. Meurisse, Histoire de route lorsqu'il se rendit dans la Ville sainte. Onie"
des évêques de Metz, n'en avait pas parlé.

7. ADALBÉRON,
J. DALSTEIN.
appelé aussi ASCELDN (Azeli-
nus), évêque de Laon, né vers le milieu du xe siècle, en
:
vit fréquemment aux côtés du chef de la chrétienté
lors de ses pérégrinations apostoliques au concile de
Reims, où, à la sollicitation du père commun des fi-
dèles, il consacra l'autel de saint Étienne à l'occasion
Lorraine, mort le 19 juillet 1030. Il fit ses études à de la dédicace de la cathédrale; — dans sa propre ville
Reims,sous la direction de Gerbert, et il joignit bientôt épiscopale, où « le 14 octobre, le pape consacrait lui-
un grand savoir à son éloquence naturelle, à laquelle même la nouvelle église de Saint-Arnould, bâtie par
saint Fulbert, évêque de Chartres, rend hommage l'abbé Warin, ancien moine de Gorze, et accordait en
dans sa 38e épître. Il jouit de la faveur du roi Lothaire, même temps une bulle à l'abbaye pour lui assurer la
qui le fit élire évêque de Laon, à la place de Roricon, possession de ses biens et étendre ses privilèges »
et il fut ordonné en 977, par Adalbéron, archevêque de
Reims. A la mort du roi Louis V, Arnoul, fils naturel
de Lothaire et chanoine de Laon, livra cette ville au
née, p. 308);-
(Chaussier, dans la Revue ecclésiastique de Metz, 2e an-
au concile de Mayence, où l'on prit des
mesures contre ccl'incontinence du clergé et la simo-
prince Charles son oncle, et Adalbéron, déjà partisan »
nie (Hergenrother, Handb. der allg. Kirchengesch.,
de Hugues Capet, fut jeté en prison, mais il parvint à 3e édit., t.II, p. 50); — à celui de Rome, qui «canonisa
s'enfuir et se réfugia auprès de Hugues. Il réussit à ré- saint Gérard de Toul et excommunia le fameux Bé-
concilier ce dernier avec Arnoul, et celui-ci fut fait renger » (Rev. eccl. Metz, ibid.). A sa prière, l'empereur
évêque de Reims. Mais lorsque cette ville tomba au Henri III octroya diverses faveurs, notamment à la
pouvoir des ennemis du roi, Arnoul se retourna du
côté de Charles, son oncle, et se retira auprès de lui à
Laon. Adalbéron, par une perfidie que ne sauraient
:
cathédrale. Le pape et le monarque moururent à des
intervalles peu éloignés l'un de l'autre 1054 et 1056.
Henri IV n'était âgé que de 5 ans. Aussi, à partir de là,
excuser les torts de ses adversaires, les livra l'un et le rôle d'Adalbéron fut plus effacé et se renferma dans
l'autre à Hugues Capet, en 991. Il prit part à plusieurs les obligations ordinaires du ministère épiscopal à
conciles provinciaux. Il eut des démêlés, on ne sait cette époque. Le monastère de Saint-Trond était flo-
trop à quel propos, avec Gerbert, devenu son métro- rissant sous l'abbé Adalard II : c'est qu'il avait pour
politain, ainsi qu'avec le roi Robert, qui l'obligea à défenseur évêque de Metz, frère du duc
cc Adalbéron,
aller jusqu'à Rome pour se justifier; mais il ne tarda Frédéric, auquel dans les choses de son ressort ni
pas à se réconcilier avec la cour. Dudon, dans une sorte prince ni voué n'osait s'attaquer. L'éminence de sa
sainteté et la crainte qu'il inspirait, fondée sur la de zèle en faveur des monastères. En 1088, il bénit le
grande influence qu'on lui savait à la cour et sa puis- couvent de Komburg près de Sehwäbisch Hall, fondé
sante parenté dans les deux Franciæ, assuraient la sur ses conseils par le comte Burchard de Rothenburg,
sécurité et l'accroissement des possessions du monas- en 1079. Un an après, à son instigation, le comte
tère. » Il n'en fut plus de même après sa mort. Gesta d'Achalm bâtit l'abbaye de Zwiefalten pour des moines
abbatum Trudon., dans Monum.Germ., Script., t. x, de Hirschau. Le 15 septembre 1089, Adalbéron cou-
p. 234; voir aussi N. Dorvaux, Les anciens pouillés du ronne par une solennelle bénédiction l'œuvre de res-
diocèsedeMetz, p, 260, p. 261, 349,425. Les lignes qui tauration qu'il a poursuivie, trente années durant, à
précèdent révèlent l'état d'esprit et la dépendance Lambach.
où se trouvèrent les maisons religieuses par rap- La fin de sa vie fut embellie par des relations plus
port à ceux qui se chargeaient de leur fournir aide suivies avec ses deux vieux amis, Altmann de Passau
et protection dans leurs besoins et leurs difficultés. On et Gebhard de Salzbourg. Adalbéron mourut le 6 octo-
:
rapporte l'intervention d'Adalbéron dans une autre
affaire il« régla les prétentions qu'un nommé Olry,
seigneur voué de Metz, avait sur l'abbaye de Saint-
bre 1090, en odeur de sainteté, à ce que rapporte déjà
Berthold, abbé de Zwiefalten. On cite nombre de mi-
racles obtenus par son intercession. Au XIIe siècle,
Clément. » Meurisse, loc. cit., p. 19. Adalbéron fonda l'église de Lambach est qualifiée d'église du bienheu-
la collégiale de Saint-Sauveur, dont les chanoines reux Adalbéron dans une concession d'indulgences.
« vivaient sous la même règle que ceux de la cathé- Le saint est représenté habituellement une église dans
drale et formaient avec eux une association très in- la main (Cahier, Caractéristiques des saints, t.1, p. 339)
time. » Il y fut inhumé. « On retrouva, en 1565, son ou à genoux devant la Vierge et l'Enfant Jésus dans
corps enveloppé dans une chasuble de soie violette, un nuage. Ditzel, Chrisiliche Ikonographie, 1896, t. II,
qu'on retira pour être portée au service anniversaire p. 18. Ses ossements ont été reconnus à Lambach
du pieux évêque. » Rev. eccl. Metz, p. 312. Adalbéron en 1884.
mourut en 1072, à la veille de la lutte formidable qui, Adalbéron a été accusé avec ténacité par Stumpf-
en mettant aux prises papes et souverains allemands, Brentano d'avoir falsifié les documents relatifs aux
devait avoir de si funestes conséquences pour la vie immunités de Wurzbourg. Die Würzb. Immunitäts-
religieuse dans les diocèses lorrains et tout particu- Urkunden, 1874, p. 72. Cette imputation a été com-
lièrement dans celui de Metz. battue par Schum et Breslau dans Lit. Centralblait
J. DALSTEIN. (1875), p. 668, 993.
9. ADALBÉRON ou ADALBERT comte de Lam- Vila Adalberonis episc. Wirziburgensis sive Ilerbipolensis
bach, évêque de Würzbourg (1045-1090),né vers 1010, composée,vers 1205, par un moine dé Lambach, n'a de va-
fut le dernier rejeton de la puissante famille de Lam- leur que pour ce qui concerne la famille d'Adalbéron et la
bach-Wels sur le Traun (Haute-Autriche). Élevé à fondation de Lambach, éditée par Wattenbach dans Mon.
Würzbourg, sans doute parce que sa mère Régille était Germ., Script., t. XII, p. 127. Les miracles sont décrits
originaire du voisinage, il étudia à Paris, devint cha- p. 138-147.—Mabillon,Observ.prœviœ,dans ses Acta sanct.
ord. S. Benedicti, sæc. VI, 2e part, p. 661-663. —Pez, Obser-
noine de la cathédrale de Würzbourg et remplaça vat., dans ses Script. rer.Austriac.,1725, t. II, p. 1-6. — Acta
le 30 juin 1045, son oncle Bruno sur le siège épiscopal sanclor., octob. t. III (1770), p. 451-469; Bibl. hag. lat.,
de cette ville. p. 6-7. — Emmert, Adalbert und das Bisthum Würzburg
Dans la lutte engagée entre l'empereur Henri IV et zu seiner Zeit, dans Archiv d. Ver. Unlerfranken II. Aschaf-
le pape Grégoire VII, il prit faiblement parti pour t.
fenburg, xv (1861), p. 179-259. —Schmieder,Argumenta
cultus B. Adalberonis,Vienne, 1868. — Budinszky,Die Univ.
ce dernier qu'il avait vu à Rome dès les premiers Paris, Berlin, 1876. p. 115. — Hohenegger, Sankl Adalbero
temps de son pontificat, vers 1074-1075. Ses yeux s'ou-
vrirent au synode de Mayence (1076) où l'empereur von Lambach Leben und Werken, 1884. — Zuritzsch, Adal-
beroGraf vonWels und Lambach,BischofvonWürzburg, etc.
fit proclamerla déchéance de Grégoire VII. Adalbéron Ein Beilrag zum Investiturkampf, Braunschweig, 1887.
rompit dès lors avec Henri IV et sans égard à cette con- L. BOITEUX.
sidération qu'il était son parrain, il participa active- 10. ADALBÉRON, -archevêque de Hambourg-
ment à sa déposition et à l'élection de Rodolphe de Brême (1123-1148). Né à Brême et élu archevêque
Rheinfelden à Forchheim (1077). La ville de Würz- par ses concitoyens,Adalbéron partit, immédiatement
bourg restée fidèle au monarque bannit son évêque. après son élection, pour Rome. Calixte II le consacra
Bientôt même le parti de l'empereur l'emportant, et le réintégra, malgré les protestations d'Asger, ar-
Adalbéron fut déposé avec les autres prélats attachés chevêque de Lund, dans les anciens droits métropoli-
au pape et remplacé par un intrus (1085). tains de Hambourg non reconnus dans les pays Scan-
La défaite des troupes impériales à Pleichfeld per- dinaves, depuis l'érection de Lund en archevêché, en
mit à l'évêque de rentrer dans son diocèse. Mais son 1104.Adalbéron consacra un clerc de sa suite comme
triomphe fut de courte durée; Henri IV s'empara de évêque missionnaire pour la Suède, et retourna en
Würzbourg et de la personne d'Adalbéron. Il aurait Allemagne accompagné d'un cardinal-légat. Partout
consenti moyennant quelques concessions à laisser il fut reçu avec grande joie. Mais Asger et les évêques
l'évêque sur son siège. Le courageux vieillard n'en danois ne tinrent compte ni du cardinal-légat ni des
voulut faire aucune. « Il vous est loisible de m'enchaî- injonctions et des bulles du pape. Grâce enfin à l'in-
ner et de me faire mourir, dit-il; vous n'obtiendrez fluence de l'empereur saxon, Lothaire, Innocent II
pas que je fraye avec un excommunié ! » Il fut donc rendit, en 1133, à Hambourg tous ses anciens droits
conduit à Lambach, où il avait toujours cherché refuge et Lund fut réduit au rang de simple évêché. Mais
au temps de l'adversité. Presque octogénaire, fatigué Hambourg ne garda pas longtemps son ancienne pri-
de ces luttes, Adalbéron finit par résigner son évêché mauté. En 1137, Innocent II sépara définitivement la
l'année même où mourait son adversaire intrus province de Lund de celle de Hambourg, et depuis
(1088). lors, elles n'ont jamais été réunies. En avril 1139,
Toute sa vie, il s'était montré très préoccupé de Adalbéron vint protester contre le fait accompli, mais
promouvoir la discipline ecclésiastique et le mona- le pape répondit en envoyant le cardinal Theodignus
chisme. En 1047, il avait attiré des religieux lorrains pour installer le nouveau primat à un concile tenu à
au couvent de Schwarzbach (Basse-Franconie). En Lund et où se trouvèrent des évêques de tous les
1056, ilavait commencé la restauration de l'abbaye royaumes scandinaves. L'archevêque de Lund avait
bénédictine de Lambach, instituée par son père Arnold. désormais l'autorité d'un métropolitainet d'un légat
Déchargé des soucis épiscopaux, il déploie encore plus sur tous les diocèses du Nord, excepté celui des Or-
cades qui était compris dans la province d'York. Mont-Cassin, Adalbert raconte la fondation de Fleury
Cette primauté durajusqu'à l'érection des archevêchés et c'est le plus ancien récit que nous ayons de cette
de Drontheim (Nidaros) et d'Upsal. Les injustices fondation. C'est lui qui a été mis en hexamètres par
qu'Adalbéron eut à subir de la part d'Henri le Lion, Aimoin de Fleury, 160 ans plus tard. Cet écrit a été
duc de Saxe, montrent son impuissance comme sou- imprimé par dom Du Bois, Magna bibliotheca eccle-
verain temporel d'une partie de son diocèse. Il mou- siastica, Lyon, 1605, t. I, p. 116, puis corrigé et com-
rut le 25 août 1148. menté par les bollandistes, Acta sanctorum, mart.
G.Dehio, Geschichie des Erzbislums Hamburg-Bremen, t. III, p. 302, etpar Mabillon, Vetera analecta, t. VI,
Berlin, 1877, t. ix, p. 23-35. •— Hamburgisches Urkunden- p. 337. 20 Un court fragment d'une Translation de
buch, éd. Lappenberg, Hambourg, 1842, t. I. p. 136-162. sainte Scolastique au Mans, que Mabillon a joint au
A. TAYLOR. précédent, loc. cit., p. 359. L'abrégé de saint Grégoire
11. ADALBÉRON. Voir ADALBERT ou ALBÉRON. que l'Histoire littéraire attribue à Adalbert de Fleury
est d'Adalbert de Spalding.
1. ADALBERT (Saint). évêque de Côme de 591 Histoire littéraire de la France, t. v, p. 515-522.—
à 615. Sa vie est un tissu de légendes grossières répu- Ceillier, Hist. des aut. eccl., 2e éd., t. XII, p. 629.
diées par les bollandistes. Il est honoré à Côme, où P. FOURNIER.
l'on garde ses reliques, le 3 juin. 5. ADALBERT, évêque imposteur. Les renseigne-
sancta, 1860, t. 1, p.
I6.
Act. sanct., junii t. (1695), p. 309. - Burgener, Helvetia ments sur Adalbert — contre lequel saint Boniface
dut sévir — nous apprennent, d'une part, que Boniface
P. FOURNIER. porta plainte au pape contre de nombreux clercs indi-
2. ADALBERT (Saint), natif de Grande-Bretagne. gnes et, de l'autre, que le paganisme germain exerçait
D'après certains, il était fils d'Edihwald et petit-fils toujours une influence considérable sur les populations
d'Oswald, roi de Deira, mais on l'a sans doute con- chrétiennes de l'empire franc. Cf. Indiculus supersti-
fondu avec saint Ethelbert, roi des Estangles. Diacre tionum et paganiarum, dans Pertz, Monum. Germ.
de saint Willibrord, qu'il aida dans la conversion des hist., Leges, t. I, p. 19. A la suite du rapport de saint
païens de la Frise. Il n'est autre vraisemblablement Boniface, le pape Zacharie stigmatisa Adalbert de
que l'abbé Adalbert d'Epternach, successeur de Willi- faux et indigne clerc qui égare le peuple et l'éloigné du
brord dans le gouvernement de cette abbaye. A tort service de Dieu. Adalbert faisait élever des croix et de
on lui a donné le titre de premier archidiacre d'U- petites chapelles dans les champs et ainsi était honoré
trecht. Envoyé dans la Hollande septentrionale par par le peuple comme un saint. Il disait avoir une con-
Willibrord, il y bâtit une église à Egmont, près d'Alk- naissance spéciale des noms d'anges et c'est pourquoi,
maer, et il y mourut, croit-on, le 25 juin 705. Son culte au jugement du pape, il pouvait être comparé à Simon
à Egmont, dont il reste le patron, est fort ancien. Dès le Magicien. Jaffé, Monum. Moguntina, p. XLVIII.
le xe siècle, un de ses dévots, Thierry Ier, comte de La lutte publique de Boniface contre Adalbert vient
Hollande, érigeait une châsse pour renfermer ses reli- éclaircir ces premiers renseignements.Adalbert avait
ques. A la demande d'Egbert, archevêque de Trèves été condamné une première fois par Boniface au
et petit-fils de Thierry, qui fut guéri par l'intercession synode de Soissons en 744, puis dans un concile franc
d'Adalbert, Rupert, bénédictin de Metlach, près Sar- en 745. Mais ces condamnations étant restées sans
rebrück, écrivit sa vie au xe siècle aussi. Elle ne ren- effet (cf. Pertz, Mon. Germ., Leges, t. I. p. 20 sq.;
ferme guère que des généralités. Au XIIe siècle, un Jaffé, loc. cit., p. 137 sq.), toute l'affaire fut portée de-
moine de l'abbaye bénédictine d'Egmont, fondée en vant un synode romain, en 745, sous le pape Zacharie,
923 par Thierry II, comte de Hollande, et dédiée à avec un rapport exact sur Adalbert et sur son collègue,
notre saint, en écrivit une seconde, retrouvée en 1900 Clément. D'après ce rapport, Adalbert était gaulois.
par M. Pijnacker Hordijk et publiée par lui. On a aussi Après une jeunesse hypocritement religieuse, il com-
du XIIe siècle un recueil de miracles dont l'auteur se- mença de bonne heure à parler de visions angéliques,
rait peut-être un certain Frédéric, moine d'Egmont. gagna le peuple et obtint, en dehors des règles cano-
Acta sanct. jun. t. v (1709), p. 94-110.—Mabillon, Acta niques, la dignité épiscopale. Comme tel, il put ré-
sanct. ord. S. Ben., sæc. III,1, p. 631-646. — Johan. de pandre avec succès sa doctrine, si bien qu'il devint un
Leydis, Annales Egmundani, dans Pertz, Monum. Germ., grand danger pour la foi car le peuple commençait
Script., t. XVI, p. 442-479. — Ghesquière, Act. sanct.
Belgii, t. VI, p. 663-675. — C. Pijnacker Hordijk, Wat déjà à le vénérer comme le « très saint Apôtre. »
weten wij omirent den heiligen Adalbert van Egmond, dans Jaffé, Mon. Mogun., ep. L. Trois pièces furent en
Bijdragen voor Vaderlandsche Geschiedenis en Oudheid- outre présentées au synode sur Adalbert qui nous ren-
kunde, Gravenhage, 1900, t. I, p. 145-174.Cf. Analecta seignent avec plus de précision sur ce personnage et sa
bollandiana, 1901, t. xx, p. 343-344. doctrine. C'est 1° une biographie d'Adalbert où il est
R. BIRON. parlé, de façon blasphématoire, de la sanctification
3. ADALBERT (Bienheureux), comte d'Ostrevand, d'Adalbert dans le ventre de sa mère (Jaffé, loc. cit.,
sous Pépin le Bref, à la fin du VIlle siècle. Il épousa p. 142); 2° une lettre du Christ qui était tombée du
sainte Reine, parente de Pépin, et en eut Ragenfrède, ciel soi-disant à Jérusalem et qu'Adalbert répandait;
fondatrice du monastère de Denain. Il était d'une 30 une prière composée par Adalbert dans laquelle il
.grande bienfaisance. Il est honoré le 22 avril. introduisait spécialement son culte des anges et pro-

fWJt-
t
l'WActa sanct., aprilis t.III, 1685, p. 73. —Biographie natio-
nale de Belgique, 1866, t. I, p. 201.
P. FOURNIER.
ADALBERT, moine de Fleury, mort le 22 dé-
cembre 853. Confondu par Sigebert de Gembloux, De
duisait de nouveaux noms d'anges. Jaffé, loc. cit.,
p.144 sq.
D'après ces données, Adalbert mêlait donc de façon
fantaisiste des éléments chrétiens à d'autres qui étaient
païens et c'est justement que Zacharie put le stigma-
script, eccl., c. c, P, L., t. CLX. col. 570, avec Adrevald tiser du nom de Simon le Magicien. Dans l'état reli-
de Fleury, mais à tort, semble-t-il. On lui attribue
1° Historia translationis S.Benedicli. Cette transla-
: gieux d'alors, particulièrement dans le peuple, une
telle doctrine pouvait avoir le plus grand danger.
tion avait eu lieu 200 ans auparavant. Mais peut-être D'où la lutte énergique de saint Boniface. Zacharie
en existait-il des récits dans des manuscrits du monas- prononça contre Adalbert la déposition et l'ana-
tère. En tout cas, Adalbert ne connut pas l'ancienne thème.Adalbert rentra en scène une fois encore, plus
relation donnée dans Mabillon, Vetera analecta, 1675, tard, et toute la question dut de nouveau être reprise.
i. II, p.
-
253.Aprèsl'histoire de ladestructiondu Sur l'issue dernière de l'affaire, nous ne savons rien
sinon qu'Adalbert fut enfermé à Fulda et tué par des D. Ceillier, Hist. génér. des auteurs sacrés et ecclés.,
bergers. Jaffé,loc.cit., ep. LXIII; Pertz, Monum. Germ. 2e édit., 1862, t. XII, p. 861-862, en sait plus long sur
hist.,Script.,t.II,p.355. Adalbert, Selon lui, il « était né dans la Belgique, de
Seiters, Bonifacius, der Apostel der Deutschen, Mayence, parents nobles. Il embrassa de bonne heure la vie
1845, p. 418 sq. —Hefele, Histoire des conciles, trad. Le- monastique. Ses progrès dans les lettres le mirent en
clercq, Paris, 1909, t. III, p. 533 sq. — Histoire littéraire état de les enseigner aux autres. C'est ce qu'il fit dans
de la France, t. IV, p. 82-85. l'abbaye de Saint-Vincent à Metz. » Il laissa, dit-on
M.KNAR. plusieurs écrits, parmi lesquels Trithème « auteur peu
6. ADALBERT, ADALBERTUS, quelquefois ATIIAL- sûràlavérité (cf.Wattenbach,Deutschlands Geschichts-
BERTHUS, succéda sur le siège épiscopal de Morinie à quellen, 7e édit., p. 95, n. 6), compta une Chronique, où
Actard, lorsque celui-ci eut été nommé archevêque il donnait la suite de tous les évêques de Metz jusqu'à
de Tours, en 872. Il se démit de sa charge épiscopale Adalbéron, mort en 964 ». et un « abrégé des Morales
vers 887. Il fut contraint de quitter Thérouanne, en- de saint Grégoire. » A son tour la P. L., t. CXXXVI,
vahie, vers 880, par les Normands. Il assista aux con- col. 1309-1312, mentionne un Adalbertus metensis scho-
ciles de Pavie et de Pontion, en 876. Hédélon, évêque lasticus, renvoie à une Notitia historica in Adalbertum
de Tournai, l'appela pour assister, en 880, à l'élévation de Fabricius et reproduit le Prologus de Martène
du corps de saint Éleuthère. (Hauck, KirchengeschichteDeutschlands, t. III, p. 323),
Malbrancq,DeMorinis etMorinorum rébus,Tournay, 1647, parle d'un extrait des Moralia de saint Grégoire,
t. II, p. 344, 446, 451. — Gallia christiana, 1751, t. x, col. fait par le diacre Adalbert. On le voit, le dernier
1535. — Baluze, Capitularia, 1780, t. II, col. 245,616-618. mot n'est pas dit sur le prétendu écolâtre de Saint-
O. BLED. Vincent. -
7. ADALBERT (Saint), premier archevêque de Il n'est peut-être pas superflu d'établir un rappro-
Magdebourg, mort le 20 juin 981. Admis dès sa pre- chement. L'abbaye de Saint-Vincent fut fondée par
mière jeunesse dans le monastère de Saint-Maximin l'évêque Thierry Ier, en l'an 968. C'est Sigebert de
de Trêves, il y fit ses études. Il était religieux dans ce Gembloux qui nous l'apprend dans la Vita Deoderici,
monastère lorsqu'il fut désigné par l'archevêque de Monum. Germ., Script., t. IV, p. 461-484. A cet effet
Mayence, Guillaume, fils de l'empereur Othon, pour le prélat fit venir de Gorze Odilbert qui était viro sibi
aller prêcher l'évangile aux populations russes, encore amicissimo et divina atque humana scientia in omnibus
très barbares, qui habitaient l'ancienne Sarmatie. nominatissimo. Odilbert, variante pas absolument
Olga, veuve du grand-duc de Russie Igor, nouvelle- impossible d'Adalbert, serait-il resté quelque temps
ment convertie, avait envoyé une députation à Othon à Saint-Vincent, la construction terminée? Nous sa-
pour lui demander des missionnaires. Libutius, ou vons qu'il mourut comme abbé de Gorze et eut Immo
Libutz, qui avait été sacré évêque de ce pays, était pour successeur. Monum. Cerm., Script., t. IV, Vita
mort avant son départ, en 961, et la sainteté d'Adal- Adatberonis, c. XXVI, p. 659-672. On pourrait encore
bert, qui était jointe à une rare capacité, le firent faire remarquer que le premier volume des Moralia
choisir pour lui succéder; sacré en 962, à Mayence, il de saint Grégoire, qui manquait aux religieuses de
partit aussitôt pour son nouveau poste. Mais il se Zurich, leur fut procuré par un archidiacre de Metz
trouva que les grands du pays et le peuple n'étaient
pas dans les mêmes dispositions que leur souveraine
loin de pouvoir les instruire, Adalbert ne reçut d'eux
: (Wattenbach, loc. cit., p. 417), mais il ne s'appelait pas
Adalbert.
J. DALSTEIN.
que de mauvais traitements; plusieurs de ses compa- 9. ADALBERT,ALDEBERTouALBERT,évêque
Quelques auteurs inscrivent
gnons furent massacrés, et lui-même contraint de re- de Carcassonne. — ce
gagner l'Allemagne, en 963. Trois ans après, il fut fait prélat parmi les évêques à date incertaine; des do-
abbé de Wissembourg, en Alsace. Il y resta deux ans, cuments permettent néanmoins de l'inscrire dans le
c'est-à-dire jusqu'en 968. En cette année, il fut tableau chronologique à date certaine. En septembre
nommé archevêque de Magdebourg : cette ville avait 1002, en effet, il assiste avec ses archidiacres, Aimon,
été érigée en métropole, dès 962, par une bulle du pape Oliba et Pierre, à un plaid, dans lequelArnald, vicomte
Jean XII, à la prière de l'empereur Othon; mais les de Carcassonne, est condamné à remettre à l'abbaye
circonstances politiques avaient retardé la nomina- de Saint-Hilaire certains biens légués par le vicomte
tion de l'archevêque. Adalbert s'acquitta de ses nou- Roger Ier. En 1004, Adalbert donne son consentement
velles fonctions avec zèle et succès, pendant treize ans, à la donation que fit à l'abbaye de Cuxa, Ermengaud,
et mourut pendant le cours d'une de ses tournées pas- archevêque de Narbonne, de l'aleu de Cauchène (au-
torales. jourd'hui Sainte-Lucie). Il reçoit quelques legs de ce
Mabillon, Acta SS. ord. S. Benedicti, sæc. v, 1685, p. 573- même Ermengaud, qui était son parent. En 1010,
584.—Baillet, Les vies des saints(20juin),1739, t. IV,p. 767. Adalbert assista au concile d'Urgel qui décida d'éta-
A. REGNIER. blir la vie régulière dans la cathédrale de cette ville.
8. ADALBERT, écolâtre de Saint-Vincent de Metz, Avec l'assistance d'Ermengaud, évêque d'Urgel, et de
après 968, d'après le Répertoire des sources historiques Pierre, évêque de Comminges, il consacra Borrellus,
d'U. Chevalier (2e édit., t. II, col. 32). D. Martène pu- fils de la vicomtesse Richilde, qui avait été, le 21 no-
bliait dans le t. I de ses Anecdola, p. 84, le Prologus vembre 1017, élu évêque de Roda ou deRibagorça, en
d'un certain Adalbertus Levita adressé à un Herimanrius Aragon. En 1019, avec plusieurs évêques et abbés de la
presbyter, dans lequel l'auteur fait à ce dernier hom- province, Adalbert assista à Gérone à un concile qui
mage d'un Speculum où il donne des extraits des Mo- décida d'établir la vie régulièreparmi le clergé de cette
ralia de saint Grégoire le Grand se rapportant au livre ville, à l'exemple de l'église de Barcelone. Enfin
en 1020, il assista àune réunion d'évêques à Toulouse.
de Job. D'autre part, Fabricius, dans sa Bibliotheca
latina, t. I, p. 7 (édit. de Florence, 1858), consacrait
un article à ce même Adalbert, auteur, disait-il, de
- Il était fait mention d'Adalbert dans un vieux né-
crologe de l'abbaye de Montolieu, sous la date du 7 jan-
Flores exmoralibus B. Gregoriipapae in Jobum. Comme vier. Gérard de Vie, chanoine de Carcassonne, inscrit
par ailleurs Pitseus mentionnait d'un bénédictin de la date de la mort d'Adalbert au 3 septembre.
Cluny vivant vers 1160 au monastère de Spalding
Gallia christiana t. VI (1739), cul. 868; ibid., Instru-
en Angleterre un Speculum status hominis et homilias, menta, col. 428. — Devic-Vaissette, Hist. génér. deLan-
Fabricius en concluait qu'Adalbert de Spalding ne guedoc, édit. Privât, t. v, col. 160-161. — Marca Hispan.,
faisait qu'un avec celui dont avait parlé Martène. 1688, col. 961.— Gérard de Vic, Chronicon historicum epis-
coporum etrerum mirabilium ecclesie Carcassonensis, in-fol., dut acheter la paix en concédant à Magnus comme fief
1667, p. 297-299. un tiers du territoire de Brème. Revenu à la cour vers
A. SABARTHÈS. 1070, Adalbert put reprendre ces terres aux Billung,
10. ADALBERT1er, comte de Goseck, archevêque en 1071, lorsqu'ils furent punis pour avoir pris part à
de Hambourg-Brème (10127-1072). Élevé à l'école de une conspiration. Il est probable que l'idée d'un pa-
Halberstadt, Adalbert, encore sous-diacre, suivit Ar- triarcat du Nord fut discutée lors de la rencontre
mand, doyen de Halberstadt, à Hambourg, en 1032, d'Henri IV et de Svend à Lüneburg en 1071. Adalbert
lorsque celui-ci prit possession du siège. Après la mort y songeait toujours. Il voulait soustraire l'évêché de
d'Armand en 1035, Adalbert lui succéda. Élu arche- Verden à la juridiction de l'archevêque de Mayence
vêque de Hambourg-Brème, en 1043, et consacré en pour l'incorporer dans sa propre province. Il essaya
1045, Adalbert accompagna comme chancelier Hen- aussi de s'emparer des abbayes de Corbie enWestphalie
ri III, empereur d'Allemagne, dans son voyage en et de Lorsch. Sa mort à Goslar, le 16 mars 1072, em-
Italie. Il assista au concile de Sutri, où Benoît IX et pêcha la réalisation de ses projets. Adalbert a été un
Sylvestre II furent déposés tandis que Grégoire VI des plus grands évêques allemands. Il a trouvé un
abdiqua. Adalbert lui-même refusa la tiare papale. excellentbiographe dans Adam de Brême.
Léon IX tint en 1049 un concile à Mayence, où Adal- Adam de Brême, Gesta Hemmaburgensis Ecclesiæ Pon-
bert sut gagner la faveur du pontife. C'est à cette tificum, liber III, dans Pertz, Monumenla Germaniæ hi-
époque, qu'usant des privilèges conférés à son siège storica, Script., t. VII, p. 335-367; P. L., t. CXLVI, col. 557-
par plusieurs pontifes, Adalbert fonda deux nouveaux 620. — Lambert de Hersfeld, Annales, ibid., t. v, p. 166, etc.
évêchés, ceux de Ratzebourg et de Mecklembourg, —Bruno, de Bello Saxonico, ibid., t. v, p. 330,333, 335, etc.
dans les domaines du pieux Godeskalk, prince des — Colmar Grünhagen,Adalbert,Erzbischof von Hamburg,
Wendes. Dans les trois royaumes septentrionaux, la Leipzig, 1854. — Georg Dehio, Geschichle des Erzbistnms
Hamburg-Bremen,Berlin, 1877, t. I, p. 175-277. — Ham-
situation, si favorable à Adalbert au commencement burgisches Urkundenbuch, éd. J. M. Lappenberg, Ham-
de son épiscopat, avait partout empiré. Le roi Harald bourg, 1842, t. I, p. 71-99. — Hauck, Kircheng. Deut.,
Hardraade, très jaloux de son pouvoir, ne voulait pas Leipzig, 1896, t. III p. 649-664.
reconnaîtrel'autorité de l'archevêque de Hambourg A. TAYLOR.
sur la Norvège. Emund, roi de Suède, et le clergé an- 11. ADALBERT, moine et prévôt à Spire, n'est
glais et norvégien de ce pays appuyaient l'évêque Os- connu que par sa correspondance avec Bernold de
mund, qui prétendait être archevêque en Suède. L'évê- Constance, auquel il écrivit deux lettres pour la dé-
que Adalward, envoyé par Adalbert, ne pouvait rien fense de Grégoire VII. D'après la chronique de Ber-
obtenir. Emund mourut et eut pour successeur le nold, il mourut le 3 décembre 1079, après avoir renoncé
pieux roi Stenkil en 1060 ou 1061. Adalward rentra au monde depuis trente années. Son nom se rencontre
en Suède comme évêque de Skara, et Osmund dut dans un nécrologe de Spire, mais à la date du 3 janvier:
quitter le pays. La Suède était encore à moitié païenne Il manqne dans la liste de la Gallia christiana, Paris,
à cette époque. Le jeune Adalward, évêque de Sig- 1731, t. v, col. 740. Les deux lettres avec les réponses
tuna, désespérant de la conversion de ses diocésains de Bernold se trouvent P.L., t. CXLVIII, col. 1141-1180
se réfugia chez l'évêque homonyme de Skara. Celui-ci et 1219-1230.
mourut et Adalward le jeune voulut lui succéder, mais G. ALLMANG.
il fut convoqué à Brême par Adalbert pour répondre de 12. ADALBERT, évêque de Worms, élu en 1070.
son infraction aux canons. Adalbert sut aussi étendre Partisan zélé de Grégoire VII, il fut bientôt chassé
son influence sur l'Église de Norvège. Harald Har- de sa ville épiscopale par Henri IV qui y convoqua un
draade faisait consacrer des évêques en Angleterre, en conciliabule pour le 24 janvier 1076. En octobre dela
France, et même à Rome. Adalbert fit arrêter quel- même année, il fit partie de l'assemblée de Tribur où
ques-uns de ces prélats qui étaient de passage à Brême, Henri IV dut promettre aux princes de faire sa sou-
puis les traita avec tant de bonté, qu'ils devinrent ses mission au pape et aussi de faire rentrer Adalbert sur
partisans. En Danemark, il entra en lutte avec le roi son siège. Emprisonné par ce dernier, en 1078, il ne
Sven Estridsson, qui ne voulait pas se séparer de sa sortit de sa prison qu'en 1082. En 1085, il assista au
proche parente Gunhilde, qu'il avait épousée malgré synode de Quedlinburg. Il mourut le 6 juillet 1108 et
les lois de l'Église. Svend finit par céder et se récon- fut enseveli à Neuenhausen.
cilia avec Adalbert à la réunion de Slesvig en 1053. Gallia christiana, 1731, t. v, col. 670. —Alb. Hauck, Kir-
Adalbert fonda ou rétablit les évêchés de Ribe, chengeschichte Deutschlands, 3e édit., Leipzig, 1901, t. III,
Aarhus, Borglum et Viborg en Jutland, Odense dans p.790,800,etc.
la Fionie, Roskilde en Sélande, Lund et Dalby dans G. ALLMANG.
la Skanie. En 1060 le diocèse de Dalby fut uni à celui 13. ADALBERT 1er, archevêque de Mayence,l'aîné
de Lund. Svend voulait ériger un archevêché danois, des quatre fils du comte Sigehard de Sarrebrück, appa-
le
mais il n'y réussit pas. En 1055, pape Victor II con- raît dans l'histoire dès 1106 comme chancelier du roi
firma, en faveur d'Adalbert, tous les droits que d'Allemagne, HenriV. Il était dès ce temps-làprévôt de
Léon IX (†1054) lui avait octroyés. Adalbert envoya Saint-Cyriaque de Neuhausen près Worms et devint
des évêques dans les îles Orcades (soustraites à la juri- bientôt aussi prévôt de Saint-Servais de Maestricht.
diction de l'archevêque d'York), en Islande, et en Henri V lui avait voué une amitié toute particulière
Groenland. Il rêvait une sorte de patriarcat du Nord. que rien ne semblait devoir ébranler. Au commence-
L'archevêque était très riche. Brême ressemblait à une ment de mai 1107, Adalbert fit partie de l'ambassade
autre Rome par la foule de ses pélerins. Mais l'infor- envoyée par HenriVau pape Pascal II, alors à Châlons-
tune commença pour Adalbert, en 1056, à la mort de sur-Marne. Les envoyés du roi furent reçus à l'abbaye
son protecteur, Henri III. Le fils et successeur de de Saint-Memmie (et non Saint-Menge, comme on l'a
celui-ci Henri IV, n'avait que six ans. L'ennemi imprimé parfois à tort). Les négociations n'aboutirent
acharné d'Adalbert, Ordulf Billung, duc de Saxe, pro- à aucun résultat, car le chancelier défendit avec trop
fita de cette circonstance, pour s'emparer d'une partie d'âpreté les prétendus droits de son souverain. A son
des terres de l'évêché de Brème. En 1063, Adalbert re- retour, il accompagna le roi dans ses expéditions en
gagna une grande partie de son pouvoir en devenant Flandre et en Hongrie (1107-1108). L'archevêque Ru-
un des tuteurs du jeune roi. Mais, en 1066, il fut chassé thard de Mayence étant mort le 2 mai 1109, le roi dé-
de la cour et obligé de retourner dan's son diocèse. signa aux électeurs son chancelier comme successeur,
Magnus, fils d'Ordulf Billung, l'attaqua et Adalbert et probablement l'élection canonique suivit de près
la désignation. En 1109, Adalbert accompagna l'am- la mort d'Henri V, Adalbert en sa qualité d'archi-
;
bassade que le roi envoya à Rome pour y régler
la question des investitures cette fois encore l'accord
ne put se faire et Adalbert revint au commencement
chancelier de l'empire convoqua une diète générale à
Mayence pour l'élection du successeur. Lothaire de
Saxe fut élu le 30 août 1125. Depuis ce temps, l'arche-
de 1110. Mais l'année suivante, dès le mois de janvier vêque s'occupa avant tout de l'administration de son
il retourna à Rome et eut une part très active à la diocèse et présida en 1124, 1127 et 1131 trois conciles
rédaction du fameux traité de Sutri qui fut si frau- provinciaux. Au concile de 1131 qui se déclara pour le
duleusement violé par l'emprisonnement du pape parti d'Innocent II contre l'antipapeAnaclet II, prirent
(12 févr. 1111). La rumeur publique telle que la rap- part, outre le roi Lothaire, les évêques de Bamberg,
portent les chroniqueurs du temps (Otto de Freising, Worms, Würzbourg, Spire, Strasbourg, Augsbourg,
Chronica, Casus monasterii Peirishus., Chron. monast., Eichstâtt, etc. Quelque temps après sa consécration,
Cassin, etc., Mon. Germ., Scriptores, t. xx, p. 255,659; probablement vers 1116, Adalbert accorda à sa chère
t.VII, p. 780), attribua l'initiative de cette odieuse ville de Mayence une charte de liberté restée célèbre et
mesure à Adalbert ainsi qu'à l'évêque Burkard de qu'on fit graver sur les portes de fer de la cathédrale.
Worms. Il est sûr que le chancelier ne désapprouva Il est difficile d'apprécier la conduite d'Adalbert.
pas l'acte de son souverain et qu'il l'aida très acti- Il est sûr qu'il se montra politicien expérimenté,
vement pour la rédaction du nouveau traité du 11 avril mais les motifs de ses actions ne sont pas toujours
1111. Le lendemain, Henri V fut sacré empereur et faciles à connaître. Toujours est-il que comme ar-
quatre mois après, le 15 août, Adalbert fut installé chevêque, il montra un soin assidu à défendre les in-
comme archevêque à Mayence. La bonne entente qui térêts de l'Église contre le pouvoir séculier. Adalbert
jusqu'alors avait régné entre l'empereur et l'arche- mourut le 23 juin 1137 et fut enterré dans la chapelle
vêque allait bientôt cesser. Les motifs de la rupture de Saint-Godehard à la cathédrale de Mayence.
nous sont inconnus. Les ramener simplement à l'am- Jaffé,BibliothecaGerm.,t. III, p. 386-398 (6lettres venant
bition d'Adalbert ne semble guère juste. Peut-être, d'Adalbert et 6 autres à son adresse). — P. L., t. CLXVI,
à la suite du concile de Latran (mars 1112), l'arche- col. 1318; t. CLXXII, col. 1335-1340. —Bôhmer-Will, Regesta
; vêque s'est-il rendu compte du tort que son souve- archiepiscoporum Moguntinensium, Innsbruk, 1877, t. I,
rain avait fait et faisait encore à l'Église par les in- p.249-306. — Kirchenlexikon, 2e éd., t.I, col. 194-196. —
vestitures laïques. Toujours est-il qu'en novembre Allgem. deutsche Biographie, t. I, p. 62-65. — F. Kolbe,
1112, Adalbert fut cité àla cour impériale, à Worms, ErzbischofAdelbert I v. Mainz und Heinrich V, Heidelberg,
1872, p. 149. C'est une très bonne monographie, mais
pour y répondre à plusieurs accusations. Adalbert n'allant que jusqu'à 1125 (il existe une autre édition incom-
se rendit à la citation; Henri V, le voyant au milieu plète, de 97 p. seulement). — K. L. Schall, Erzbischof
d'une forte et nombreuse escorte, dissimula sa colère, Adalbert von Mainz, 1111-1137, Mayence, 1872,26 p.(Cette
mais il fit promettre à Adalbert de se joindre à son brochure s'attache surtout à ce qui regarde la ville de
expédition contre les princes saxons rebelles. L'arche- Mayence.)
vêque s'étant mis en route, fut arrêté à Langendorf, G. ALLMANG.
près Kissingen (déc. 1112) et jeté en prison. Cette 14. ADALBERT ou ALDEBERT, abbé de Saint-
mesure excita une indignation générale de sorte que Jean de Tarouca au diocèse de Lamego en Portugal,
l'empereur crut devoir se justifier par un manifeste est un des sept moines envoyés deClairvauxparsaint
spécial (reproduit dans Bôhmer-Will, Regesta archiep. Bernardlui-même, pour aller, sous la conduite de l'abbé
Moguntinens., t.1, p. 249), où il accusait l'archevêque Boemonde, fonder un monastère de leur ordre en Por-
- d'avoir conçu le projet de le faire assassiner et d'avoir tugal. Une tradition très ancienne, acceptée par plu-
même déjà déterminé la ville d'Erfurt pour y mettre sieurs auteurs, mais mise en doute par M. Vacandard
son projet à exécution. Le lieu de la détention n'est dans sa Vie de saint Bernard, raconte que le saint fon-
pas connu (ce n'est pas Trifels, qui ne fut donné à dateur de Clairvaux décida cette fondation d'après les
l'empereur qu'en 1113), mais l'on sait que l'arche- indications que lui donna dans une vision saint Jean-
vêque fut réduit dans sa prison à la plus extrême Baptiste, le jour dJt sa fête, 24 juin 1119. Partis de
misère et y eut à souffrir pendant trois ans les tour- Clairvaux, dans la seconde partie de cette même année,
ments CId'une faim incroyable », de sorte qu'à la sortie, ils se rencontrèrent, à leur arrivée en Portugal, avec un
« il n'avait plus que la peau sur les os. » Otto de pieux ermite appelé Jean Zirite, plus tard fondateur
Frelsing,loc. cit.; Ekkehard, Chronic., Monum. Germ. et législateur de l'ordre militaire d'Evora, connu aussi
hist., Script., t. VI, p. 243; Helmold, Chronica Slavor., sous le nom d'Avis. Jean Zirite reçut les religieux de
ibid., t. XXI, p. 243, etc. L'empereur défait par les Clairvaux avec empressement et, sur la demande de
princes saxons à la bataille de Welfelsholze en Saxe saint Bernard, les présenta au roi de Portugal, Al-
(11 février 1115) et forcé par la crainte d'un soulève- phonse 1er, petit-fils d'Henri de Bourgogne. Celui-ci
ment de la ville de Mayence à l'occasion de la diète leur accorda l'autorisation de s'établir dans le pays, et
qu'il y tint, le 1er nov. 1115, consentit enfin à relâcher le 21 juin 1122, posa lui-même, en présence de l'évê-
l'archevêque. Celui-ci dut donner ses plus proches pa- que de Lamego, la première pierre de leur monastère
rents en ôtage. Le 26 décembre de cette année, Adal- connu sous le nom de Saint-Jean de Tarouca. Son pre-
bert reçut enfin à Cologne la consécration épiscopale mier abbé fut le chef de la petite colonie, Boemonde,
des mains de l'évêque Otton de Bamberg. Les évêques auquel succéda, probablement l'année même 1122,
rassemblés à cette occasion lancèrent une sentence Adalbert qui, auparavant, exerçait les fonctions de
d'excommunication contre l'empereur. Celui-ci cita prieur. Bientôt il eut la joie de voir parmi ses religieux,
Adalbertdevant lui à Spire pour s'y justifier, mais l'ar- non seulement l'ermite Jean devenu moine de l'ordre,
chevêque s'abstint prudemmentd'obtempérer à cette mais aussi, par persuasion de ce dernier, beaucoup d'au-
sommation. La guerre civile éclata partout. Une pre- tres solitaires et ermites. Sa réputation de sainteté lui
mière trêve générale fut conclue en 1119. Mais un valut pour son monastère, plusieurs donations et pri-
concile assemblé en novembre de la même année, à vilèges. Il mourut en 1125 et eut pour successeur Jean
Reims, et auquel Adalbert prit part, ayant renouvelé Zirite. On rapporte de lui plusieurs miracles opérés
l'excommunication contre l'empereur et défendu de soit pendant sa vie, soit après sa mort.
nouveau l'investiture laïque, la guerre recommença. Enriquez, Fasciculus sanctorum Ord. Cist., Bruxelles,
Enfin une nouvelle trêve fut conclue à Wützbourg, 1623, p. 267. — Yepes (Ant.), Cronica généralde la Orden
suivie bientôt du fameux concordat deWorms (voir cet
article),qu'Adalbert souscrivit en premier lieu. Après --
de San Benito, t. VII, p. 175.
ad ann. 1119, 1123, 1125.
Manrique, Ann. Cist., t. I,
Muniz (Robert), Medula
Cisterciense, Valladolid, 1781, t. I,p.195.—Vacandard(E.), aussi Léon de Marsico. Mais le récit est mal disposé, la
Vie de saint Bernard, Paris,1895, t. n, p. 409. chronologie mal observée, les omissions sont nom- 1
A. ANDRÉS. breuses, et des longueurs déparent trop souvent la nar-
15. ADALBERT 11, archevêque de Mayence, neveu ration. Cette Vie est néanmoins d'un réel mérite et a
et successeur d'Adalbert Ier (ci-dessus), fils de Frédéric été très populaire au moyen âge. Elle a été publiée
de Sarrebrûck, reçut par les soins de son oncle une d'abord par Canisius, Lectiones antiquæ, Ingolstadt,
éducation soignée. Il fit d'assez longs voyages et étudia 1608, t. VI, p. 383, et dans l'édition Basnage, The-
successivement à Hildesheim, Reims, Paris et Mont- saurus monument. eccles. et hist., Anvers, 1725, t. III,
pellier. Dès 1128, prévôt à Notre-Dame d'Erfurt et à p. 11, 27. Mais ces textes diffèrent beaucoup de celui
Saint-Pierre de Mayence, il fut élu vers la fin d'avril de Bamberg, édité par G. Waitz, dans Pertz, Monum.
1138. comme successeur de son oncle à l'archevêché de Germ. histor., Scriptores, 1841, t. IV, p. 792.
Mayence. L'élection ne se fit qu'après de violents dé-
bats. Le 28 mai 1138, Adalbert encore tout jeune, iu-
venis, reçut l'ordination sacerdotale et le lendemain la
Pertz, Monum. Germ. hist., Scriptores, t. IV, p. 787.
Wattenbach, Deutschlands Geschichtsquellen, 1874, t. II,
-
p.269.
consécration épiscopale des mains de l'évêque Otton P. FOURNIER.
de Bamberg. Dans les diplômes royaux de 1138-1141, il 18. ADALBERT, moine de l'ordre de Cluny, à Spal-
apparaît toujours comme archichancelieret plusieurs ding, vers 1160. On le disait instruit dans l'Écriture et
fois aussi comme témoin. Dans le courant de l'année les sciences et on vantait son éloquence. Il était diacre.
1140, il vint à Rome appelé, l'on ne sait pour quelle Il a composé des Extraits ou un abrégé des Moralia
raison, par le pape Innocent II qui le reçut avec in Job, de saint Grégoire, dédié à un prêtre nommé
bienveillance. Mon. Germ., Scriptnrcs, t. XVII, p. 26. Herimann ou Herman. Mabillon en avait vu le ma-
A son retour, il s'allia avec les princes saxons contre nuscrit; l'épître dédicatoire a été publiée dans Mar-
Conrad III de Hohenstaufen. Une mort prématurée tène, Anecdot., t. I, p. 84. Cf. Mabillon, Annales ord.
le 17 juillet 1141, à Erfurt, l'empêcha de jouer un rôle S.Ben., t. I, p. 317. C'est cet ouvrage que l'Histoire
politique important. Comme son oncle, il fut enterré littéraire (t I, p. 519) rapporte à Adalbert de Fleury.
dans la chapelle de Saint-Godehard à la cathédrale Dans J. Pitseus, Relationum historicarum de rébus
de Mayence. Anglicis, Paris, 1619, p. 225, il est question d'un Spe-
Vita Adelberti Il Moguntini, par un certain Anselme culum status humemi, en un livre, d'un livre d'iïo-
(différent de l'évêque de Havelsberg) publiée par Jaffé, mélies, et d'un livre Ad Hermannumpresbyterumqui
Bibl. rer. Germ., t. m, p. 565-603. — Buhmer Will,Regesta paraissent bien n'être autres que l'ouvrage indiqué ci-
archiepiscop. Mogim., Innspruck, 1877, t. i, p. 307-316. — dessus.
Allgemeine deutsche Biographie,t. I, p. 65.
G. ALUIAKG. Dom Ceillier, Hist. des aut. eccl., t. XXII, p. 193; 2e édit.,
16. ADALBERT (ou ADELBERT), abbé de Heiden- t. XIV, p. 346. — Hardy (Sir Thomas Duffus), Descriptive
heim vers 1150-1160. On ne connaît de sa vie que ce catalogue of materials relatiny to the History of Gr. Br.,
Londres, 1862, t. II, p. 477. — Ul. Chevalier, Répertoire,
qu'il en raconte lui-même dans sa relation sur la restau- Bio-bibliog., 2e édit., t. i, cal. 32.
ration du monastère de Heidenheim. Il commence son P. FOURNIER.
récit par un aperçu sur la vie des saints frères Willibald 19. ADALBERT lia, archevêque de Salzbourg, fils
et Wynnebald et de leur sœur Walpurge d'où on lui a du duc Ladislas II de Bohême, fut élu, n'étant en-
attribué à tort des biographies spéciales de ces saints. core que diacre, comme successeur de l'archevêque
Il raconte ensuite comment, après la mort de ces saints
fondateurs, des chanoines prirent possession de Hei-
le
Conrad III et intronisé peu après, 1er novembre 1168.
Le15mars1169, il reçu d'Ulrich,patriarched'Aquilée,
denheim. L'évêque d'Eichstätt, Gebhard (1125-1149), l'ordination sacerdota e et le lendemain la consécra-
voulant rétablir l'ancienne abbaye fit renoncer les tion épiscopale. Le pape Alexandre III ne tarda pas à
chanoines à leurs prébendes. Mais la mort l'empêcha lui envoyer le pallium. Mais n'ayant pas demandél'in-
d'achever son œuvre. Sous son successeur Burkhard vestiture à l'empereur Frédéric Ier et exerçant quand
(1149-1153), la réforme fut enfin menée à bonne fin, même les fonctions d'archevêque, Adalbert encourut
grâce surtout à l'intervention énergique de l'évêque la colère de son souverain qui ne voulut même pas
Eberhard de Bamberg (1146-1172). Adalbert, jus- l'admettre en sa présence, à Bamberg (8 juin 1169).
que-là abbé de Michelfeld, fut préposé à Heidenheim. Adalbert renonça alors à son siège et vécut quelque
Les papes Eugène III et Adrien IV lui adressèrent temps retiré dans les monastères d'Admont et de Vo-
chacun une lettre pour l'encourager dans sa nouvelle rau. Mais bientôt il reprit ses fonctions d'archevêque
position. et commença une lutte ouverte avec l'empereur. La
diète des princes réunie à Ratisbonne, en mai 1174, le
J. Gretser à la suite : Philippi Eysletensis episcopi
Relatio de monasferio Heidenheimensirenovalo. éditée par
de de
eiusdem ecclesiœ Divis tutelaribus, Ingolstadt, 1617, p. 318-
déposa formellement et fit nommer à sa place Henri
de Bcrchtesgaden. Alexandre III déclara cette élec-
368. — P. L., t. CLXXX, col. 1439-1441. — Fabricius, Biblio- tion nulle, et, en même temps, il cita l'archevêque à
theca latina mediœ et infimæ ætalis, Florence, 1858, t. I,
p. 12, lui attribue à tort une vie de saint Willibald, et son tribunal à Venise. Adalbert s'y rendit et présenta
Hurter,Nomenclator literarius, t. IV, col. 110, cellede saint un mémoire justificatif (publié dans Monumenta Ger-
Wynnebald. — Cf. encore Oudin, Comm. de script. eccles., maniæ historica, Scriptores, t. XVII, p. 503-506). Il dut
t. II, col. 1474. néanmoins renoncer purement et simplement à son
G. Ailmaxg. siège le 9 août 1177 et céder la place à Conrad III de
17. ADALBERT, diacre de Bamberg au XIIe siècle. Wittelsbach. Adalbert était prévôt à Melnik en Bo-
Une miniature d'un manuscrit de Bamberg contenant hême lorsque Conrad III ayant été transféré au siège
la Vie de Henri 77le représente offrant son livre au de Mayence, il fut de nouveau réélu comme arche-
Christ. Il était probablement clerc de la cathédrale de vêque de Salzbourg, le 19 septembre 1183. Cette fois,
Bamberg, peut-être identique à un Adalbert qui fi- l'empereur approuva l'élection et Adalbert put rem-
1146.
Il a composé:
gure dans des chartes de 1170 à 1184. Il écrivait vers
Vita Heinrici imperatoris, d'après la
Chronique d'Eckehard d'Aura, la Vie de S. Wolfgang
d'Othlon, et divers documents originaux de Bamberg.
plir tranquillement sa charge jusqu'à la fin de sa vie.
Le pape Lucius III confirma par une charte en date
du 3 décembre 1184 les privilèges de son Église et sa
suprématie sur l'évêché de Gurk, et Célestin III lui
accorda la dignité de légat apostolique pour sa pro-
Il cite ses sources mot pour mot. Peut-être avait-il lu vince ecclésiastique. L'intervention d'Adalbert auprès
du duc Léopold d'Autriche pour le roi Richard Cœur- en Hongrie, il retourna à Rome, où il séjourna jus-
de-Lion fut couronnée de succès. Il mourut le 8 avril qu'en 996. Ne pouvant songer à rentrer à Prague,
1200. il agréa le conseil qui lui fut donné de se consacrer
à l'évangélisation des Prussiens, encore païens. Son
Meiller, Regesta archiepiscop. Salisburgensium, Vienne, apostolat fut de courte durée, car, le 23 avril 997, il
1866. — W. Schmidt, Die Stellung der Erzbischöfe von fut tué à Tenkitten. Son corps, racheté par le duc de
Salzburg und des Erzstifts riz Kirche und Reich unter Kaiser Pologne, fut enterré à Gnesen, et, en 1039, ramené à
Friedrich I, Vienne, 1865. — Kirchenlexikon, 2e édit., t. i,
p. 197-198; t. x, p. 1605-1607. — Allgemeine deutsche Bio-
Prague, A. Kolberg, Historische Bedeutung der Passio
arabhie. t.I, p. 69-71. S. Adalberli, dans Zeitschrift f. d. Gesch. und Altert.
G. ALLMANG. Ermlands, t. XII, 1899, p. 267 sq.; A. Gandel, Die
20. ADALBERT (B.), frère mineur,confesseur dela Wege Adalberts, des Bischofs von Prag, im Preussen-
bienheureuse Salomé, reine de Galicie, mort le 15 no- lande, dans Altpreuss. Monatschrift, 1897, t. XXXIV,
vembre 1289, au couvent de Sadcciæ nouæ (Savi- et Noch einmal dieWegeAdalberts von Prag, imPreus-
chost?) dans la province de Bohême. senlande, ibid., 1899, t. XXXIV; Anal. bolland., 1902,
Wadding, Ann. min., ad ann. 1289, t. v, p. 230. — Léon t. XXI, p. 223.
de Clary, L'auréole séraphique, Paris, 1882, t. IV, p. 286. La vie de saint Adalbert fut d'abord écrite en l'an
ANTOINE de Sérent. 1000, très probablement parJean Canaparius, moine
21. ADALBERT D'ANDERNACH, donné par de Saint-Alexis à Rome, plutôt que par Silvestre II
Ul. Chevalier (Répert., Bio-bibliogr., 2e édit.,t.i,col. 37) ou par Gaudence, frère d'Adalbert, puis en deux
comme étant un moine du XIIIe siècle, est un mythe. recensions par Bruno de Querfurt, quelques années
La Bibliotheca Coloniensis de Hartzheim (Cologne, après. Kaindl, Canaparius und Brun dans Mitiheil.
1747, p. 6), à laquelle il renvoie, fait de ce pseudo- des Ver. f. d. Gesch. der Deutschen in Bôhmen,
Adalbert, un abbé de Metlach qui aurait écrit la vie de 1894, t. XXXII, p. 338-347; Ketrzynski, Nafdawniefsne
saint Liutvin, archevêque de Trèves († 713). Aucune Zywoty sw. Wojciecha i ich autorowie, in-8°, Cracovie,
date n'est indiquée et même le jésuite confesse qu'on a 1898; cf. Anal. bolland., 1899, t. XVIII, p. 197-198;
probablementpris pourAdalbert un Adalclmus de 1175 M. Perlbach, Zu den ältesten Lebensbeschreibungen
ou un Albert de 1242, restés d'ailleurs fort obscurs. des hl. Adalberts, dans Neues Archiv. f. a. d. G., 1901,
Or Potthast, Biblioth. medii sévi, col. 1432, attribue t. XXVII, p. 35-70; H. G. Voigt, Der Verfasser der
la Viict StiLiutvini à un certain Nizon, alias Nithard, rômischen Vita des hl. Adalbert, eine Untersuchung mil
:
abbé de Metlach, qui aurait écrit vers 1070. Auteur
suspect d'ailleurs le vrai père de la relation ne serait,
semble-t-il, que Théofrid d'Echternach.
Anmerlcungen über die anderen ältesten Schriften
über Adalbert sowie einige strittige Punkte seiner
Geschichte, in-8°, Prague, 1904.
L. BOITEUX. C'est à tort qu'on a attribué à saint Adalbert la
22. ADALBERT ou ADALBÉRON ou ADEL- Translatio S. Gorgonii, qui doit avoir pour auteur
BÉRON DE CARINTHIE, évêque de Bamberg (1053- Adalbert de Magdebourg. Alb. Poncelet, L'auteur
1057). Il était fils d'Albéron, comte de Mürzthal, mar-
grave et duc de Carinthie, mort en 1039 et d'une Béa-
la
trix quifutprobablement secondefemme du comte.
thée, dans Anal. bolland., 1899, t. XVIII, p. 5-21
t. xxv, p. 378.
;
et les sources de la Passion des SS. Gorgone et Doro-
1906,

Le troisième évêque de Bamberg, Hartwig de Bogen,


étant mort le 6 novembre 1053, Henri IV donna cette Vilœ S. Adalberli, par Jean Canaparius et par Bruno
Église à Adalbert qu'il appelle, dans une lettre écrite
plus tard et d'ailleurs sans importance, son cousin. ;
de Querfurt, dans Acta sanct., april, t. III, 3e éd., p. 176-
200 Mabillon,Acta sanct. O. S. Benedicli, sæc. v, p. 849-
869; Monum. Gei-rn.hisl., t. IV, p. 581-612; autres anciens
L'évêque mourut le 14 février 1057, d'après un né- monuments v.Bibl.hagiogr. lat., n. 40-56.-H. G. Voigt,
crologe du chapitre de Saint-Pierre à Bamberg, établi Adalbert von Prag. Eill Beilrag zur Gesch. der Kirche und
vers l'année 1180. des Munchtums im X. Jahrh., in-8°, Westend-Berlin, 1898.
Herimanni, Augiens. chron.,dans Mon. Germaniae, Script., — Fr. Krasl a J. Jezek,Sv.Vojtechdruhy biskup pi-azskg,
jeho Klaster, i ucta u lidu, in-8°, Prague, 1898 (cf. Anal.
t. v, p. 133. — Jaffé, Monumenta Bambergensia (1869),
p. 557 et passim. — F. Mooycr, Das ii/lestc Todtenbuch des
-
bolland.,1899, t. XVII, p. 199-200). Kaindl, Zur Gesch. des
hl. Adalbert,dans Mitteil. des Instit. f. öster. Gesch.,1898,
Hochstifts Paderborn, dans Zeilschrifl für vaterländische t. XIX, p. 535-546. — H. G. Voigt, Der Missionsversuch
Geschichte und Altertumskunde, t. x (1847), p. 123. Adalberts von Prag in Preussen, in-8°, Konigsberg, 1901.
L. BOITEUX. von Querfurt Schrift über das
23. ADALBERT DE PRAGUE (Saint). Vojtech, — A. Kolberg, Des hl. Bruno
Leben und Leiden des hl. Adalbert dans Zeitschrift f. d.
né vers 950, d'une famille tchèque alliée à la mai- Gesch. undAllert.Ermlands, 1904, t.
du
xv, p. 1-200 (cf.Anal,
même, Die von Papst
son royale de Saxe, reçut son éducation à l'école bolland, t. xxv, p. 124-125);
cathédrale de Magdebourg, sous l'archevêque Adal- Silvester II herausgegebene Passio S. Adalberti, in-8°,
bert qui le confirma et lui donna son nom. Rentré en p.
Braunsberg, 1907 (cf. Neues Archiv, t. XXXIII, 560).—
Bohême, en 981, il fut ordonné prêtre par l'évêque H. G. Voigt, Brun von Querfurt, in-8°, Stuttgart, 1907. —
Chevalier, Répert. bio.-bibliogr., 2e éd., t. I, col. 30-31.
Thietmar de Prague. Élu pour succéder à ce dernier, U. BERLIÈRE.
le 19 février 983, acclamé comme tchèque par le peu- 24. ADALBERT DE SAINT-ALEXIS, vénérable
ple, il fut agréé par l'empereur Otton II à cause de de l'ordre de Saint-Augustin, né à Prague, le 8 sep-
ses relations de famille et de sa culture germanique. tembre 1644. En 1681, il fut élu définiteur général
Adalbert n'était pas l'homme qui convenait à un de son ordre, et mourut à Tolentino le 9 mai 1682.
peuple encore païen dans ses mœurs; sa nature aspi- On a de lui plusieurs ouvrages inédits concernant la
rait plutôt à la tranquillité de la vie monastique. formation des novices.
La lutte fut inévitable du jour où il voulut exiger
l'observation des règles canoniques. Il dut quitter Crusenius-Lopez, Monasticon augustinianum, t. II, p. 14,
son évêché en 988 ou 989 et se retirer en Italie, où 105.
saint Nil lui conseilla d'entrer au monastère béné- A. PALMIERI.
dictin des saints Boniface et Alexis sur l'Aventin 25. ADALBERT DE SAINT-ULRICd'Augsbourg,
(avril 990). Rappelé en 992, il fonda à proximité de où il fut probablement prieur, écrivit vers 1230 une
Prague le monastère bénédictin de Brewnov. Cette préface à la vie des saints Ulric, Simpert et Afre et la
année même, ou en 993, il fut de nouveau obligé de vie etles miracles de saint Simpert, 12e évêque d'Augs-
quitter son évêché, et, après quelques prédications bourg. Il est probablement_identique avec le moine
Albert qui traduisit en vers allemands la vie de saint obtint divers privilèges et figure dans d'assez nom-
Ulric par Bernon de Prüm, abbé de Reichenau. breuses chartes. En 1148, il eut un démêlé avec Jour-
dain, abbé de la Chaise-Dieu, au sujet du prieuré de
Gloriosorum Christi confessorum Udalrici et Symperti nec Saint-Baudile, près de Nimes. En 1165, il figura au
non beatissimæ martyris Aphræ Atigtistanoe. historiæ, colloque de Lombers, tenu avec les Bonshommes.
«
in-4°, Augsbourg, Saint-Ulrich, 1516. Le prologus » ne se Il reste de lui une lettre à Louis VII, contre le comte
trouve que dans cette édition. Cf. Bibliotheca hagiographica de Melgueil excommunié par le pape; Adalbert vou-
Bolland., t.1, n. 110. —De vita et miraculis S. Simperti liber,
publié par Pez, Thesaurus anecdotorum, t. I, III, p. 355 sq., drait que le roi fasse étendre l'excommunication à
et dans Acta sanctorum, octobr. t. VI, p. 245-268. — tous les domaines du comte. Publiée dans Recueil des
J. A. Schmeller, Sanct Ulrichs Leben, lateiniscli be-
schrieben, Munich, 1844.
G. ALLMANG.
26. ADALBERTDE TOURNEL, évêquedeMende,
hist. de la France, t. IV, p. 674.

--
sliana, t. VI, p. 441.
-
Hist. litt. de la France, t. XIV, p. 623. Gallia chri-
Mabillon, Annales ord.S. Bened.,
1. LXXIX, n. 69. Devic-Vaissette, Hist. gén. de
de 1151 à1187, surnommé leVénérable, ou de Capione, Languedoc,édit. Privat,
t. III, p. 805.
du nom d'un de ses châteaux. Il était d'une célèbre P. FOURNIER.
famille du Languedoc, et devint successivement cha- ADALBERTUS. Voir ADALBERT, ALBERT.
noine régulier, prévôt de l'église puis évêque de Mende.
Le premier, il reconnut que cet évêché relevait de la ADALBURGA. Voir ETHELBURGE.
couronne. Il fit un voyage à Rome sous Eugène III,
qui l'avait chargé de terminer un démêlé entre l'é- ADALDAG, archevêque de Hambourg-Brême
vêque du Puy et le vicomte de Polignac. Il mourut (937-988). Favori et ministre d'Othon Ier, empereur
dans la prison où il avait été enfermé par son frère.
Il est l'auteur:1° de l'Inventio corporisbeati Pri-
vati. Cet ouvrage, que n'ont connu ni les bollandistes,
d'Allemagne, ce grand prélat devint archevêque de
Hambourg-Brême en 937. Ayant reçu l'autorisation
du pape Agapet II qui déclara l'église de Brême à
ni la Gallia christiana, ni l'Histoire littéraire, se com- jamais unie à celle de Hambourg, Adaldag consacra,
pose en réalité de six ou sept traités indépendants,
mais empiétant fréquemment l'un sur l'autre Adal-
bertus reliquiarum inveritionem annuntiat; Inventio
: en 948, les premiers évêques danois, Hored de Slesvig,
Liafdag de Ribe, et Reginbrand d'Aarhus. A cette
époque fut aussi fondé l'évêché d'Oldenbourg (suf-
corporis S. Privati; Miracula B. Privati post inventio- fragant de Hambourg). Celui d'Odense fut aussi créé
nem;De Cryptarum inventione et de raptu reliquiarum; avant la mort d'Adaldag. En 966, le roi Harald Blaa-
Miracula S. Privati a regressu reliquiarum;De inventu tand fut baptisé. Adaldag, compagnon assidu de l'em-
et multitudine reliquiarum. D'après ces récits, le corps pereur pendant ses voyages, assista à Rome aux
de saint Privat, pour éviter le vol des reliques, avait conciles de 963 et 964 qui déposèrent les papes
été transféré dans l'église de Sainte-Thècle et la châsse Jean XII et Benoît V et reconnurent Léon VIII. En
que l'on continuait à exposer au peuple ne contenait 965, Adaldag était rentré dans son diocèse, à la grande
plus les restes authentiques. Le secret de cette transla- joie des habitants, en y apportant une grande quan-
tion se perdit, si bien qu'au XIIe siècle elle était totale- tité de reliques. C'est à partir de cette époque que l'ar-
ment ignorée. Or, en 1169 ou 1170, des ouvriers re- chevêque de Hambourg acquiert des droits souve-
trouvèrent les ossements de saint Privat dans la rains sur les habitants de ses territoires. Sous Adaldag
crypte de Sainte-Thècle, complètement tombée en commence la série de falsifications de bulles papales
ruines. Adalbert, à cette occasion, fit célébrer de gran-
des fêtes et rendit un nouvel éclat au culte du saint. pour appuyer les droits de Hambourg contre ceux de
Cologne. Voir G. Dehio, Geschichte des Erzbistums
Ce sont ces événements arrivés sous ses yeux qu'il ra- Hamburg-Bremen, Berlin, 1877, t. I, Kritische Aus-
conte et par suite son ouvrage contient beaucoup de führung, n. XIV.
détails authentiques sur l'histoire de Mende au XIIe Découragé par l'invasion des Wendes qui incen-
siècle, ainsi que sur les mœurs féodales et religieuses dièrent Hambourg en 983 et par la réaction païenne
du moyen âge. Il a été imprimé par un curé qui s'est
fait typographe et éditeur pour la circonstance. en Danemark sous Svend Tveskœg, Adaldag mourut
le 29 avril 988.
P. Pourcher, Manuscrit de saint Privat, in-32, Saint-
Martin-de-Boubaux,1898, p.84;-2°dequatreLettres à Adam de Brême, Gesta Hammaburgensis Ecclesiæ Pon-
tificum, dans Pertz, Monumenta Germaniæ histor., Scrip-
Louis le Jeune. La première est une accusation contre
le propre frère bâtard de l'évêque qui avait pris les
armes contre lui et ravagé ses domaines. C'est ce
tores, t. VII. p. 306-316; P. L., t. CXLVI, col. 501-520.
;
Mollerus, Cimbria litterata, t. I, p. 2 t. III, p. 1.
-
A. TAYLOR.
même bâtard qui finit par s'emparer de Capion et de ADALGAIRE. Le siège d'Autun était vacant
la personne d'Adalbert. La seconde traite de quelques depuis deux ans, lorsque Adalgaire fut sacré en juin
abus dans les bénéfices; la troisième du démêlé dont 875, au concile tenu à Saint-Marcel de Chalon. Cet
Eugène III l'avait fait arbitre; la quatrième est un évêque est bien un des plus célèbres de la seconde
remerciement. Elles sont dans Du Chesne, Scriptores
hist. Franc., t. IV, p. 651, 656, 670, 688;— 3° enfin
douze Hymnes etProses en l'honneur de saint Privat,
moitié du ixc siècle. Charles le Chauve l'honorait de sa
confiance; il l'employa comme missus imperialis
c'est en cette qualité qu'il assista au concile de Ra-
:
qui font suite au récit de la translation, semblent être
aussi l'œuvre d'Adalbert. Elles sont d'une forme très venne (nov. 877). Adalgaire profita de son crédit
simple et semblent avoir été destinées à des chants pour demanderà Charles le Chauve et à ses descendants
la cession de plusieurs abbayes (Flavigny, Corbigny),
populaires. Éditées dans P. Pourcher, op. cit., p. 286. et la restitution d'autres qui avaient été enlevées
Histoire litt. de la France, t. XIV, p. 623. à la cathédrale Saint-Lazare d'Autun. Aussi Adal-
Devic et gaire resta-t-il fidèle à la dynastie carolingienne, lors
Vaissette, Hist. gén. de Lamguedoc, édit. Privat, t.—III, p. 816,
825. — Gallia christiana, t. I, p. 90, add., p. 24. de l'avènement du roi Eudes, en 888. Cet attache-
Léopold Delislc, dans la Revue des soc.savantes des dépar- — ment attira sur lui et sur son diocèse des maux dont
tements (1862), t. VIII, p. 50. il se plaint vivement. Adalgaire mourut très vraisem-
P. FOURNIER. blablement en 893.
27.ADALBERT D'UZÈS, évêque de Nîmes. Sacré Cartulaire de l'Église d'Autun, publié par A. de Char-
à Rome par Innocent II, le 21 décembre 1141, il était masse, Paris, 1865, p. 11.
encore évêque en 1180, mais ne l'était plus en 1183. Il M. FALCONNET.
1. ADALGAR. Adalger, Adalgerus d'après le Chro- village du canton de Vervins (Aisne). Plusieurs hagio-
nicon Morinense, succéda sur le siège de Thérouanne graphes ont avancé à tort que ce bienheureux était
à Erkembode, mort en 742. On ne connait de cet évê-
que que le nom.
J. Malbrancq,DeMorinis et Morinorumrebus, t50.. I,p. 579. Foillan et saint Ultan.
;
frère de saint Fursy, mais l'abbé Corblet a démontré
qu'il ne fut que son disciple il avait pour frères saint

- Guérard, Chartul. Sithiense, Paris, 1840, p.


O. BLED.
Acta sanctorum, junii t. I (1695), p. 222-228. — FJist.
littér. de la France, t. VII, p. 190-191. — Corblet, Hagiog.
2. ADALGAR (Saint), archevêque de Hambourg- du diocèse d'Amiens, 1869, t. IV, p.136-138.
Brême (888-909). Adalgar, moine de Corbie (Westpha- A. LEDIEU.
lie), choisi par saint Rimbert, archevêque de Ham- 2. ADALGISE ou ADELGISE (Saint), évêque de
bourg-Brême, comme son coadjuteur, lui succéda en Novare. Il succéda à Acton en 830 ou 831. Son nom
888. L'ancienne rivalité entre les Églises de Cologne et figure dans plusieurs diplômes de 835 à 848. Il paraît
deHambourgcontinua pendant son épiscopat. Aussitôt avoir joué un rôle considérable. L'empereur Lothaire
après son intronisation en 890, l'archevêqueArmand de le chargea, avec Rambert de Brescia, de faire une en-
Cologne réclama l'obéissance de l'archevêque de Ham- quête sur le monastère du Saint-Sauveur de Novare
bourg-Brême, ce qu'Adalgar refusa. En 892, le pape (835). Adalgise souscrivit avec plusieurs collègues le dé-
Formose décida que l'Église de Brême devait faire cret par lequel Angilbert, archevêque de Milan, éri-
partie de la province de Cologne, mais elle ne pouvait geait le couvent des saints Faustin et Jovite (842). Il
pas être séparée du siège de Hambourg, à cause des mourut en 849 ou 850, et fut enseveli, hors les murs de
ressources qu'elle fournissait pour les missions chez les sa ville épiscopale, dans l'église de Saint-Gaudence, à
païens. Le diocèse de Brême devait donc continuer à laquelle, en 848, il avait fait une donation. La fête de
être uni à celui de Hambourg jusqu'à ce que ce der- saint Adalgise se célèbre le 7 octobre. Sa mémoire fut
nier pût avoir des évêchés suffragants dans les pays longtemps en bénédiction parmi les chanoines de No-
de mission. Si cependant l'archevêque de Cologne vare, comme il résulte d'un acte de 1008.
exigeait la présence de l'archevêque de Hambourg-
Brême aux synodes provinciaux de Cologne, l'arche-
t.
Acta sanctorum, oct. III,1770, p. 945-947. - Bescapé,
Novaria sacra, p. 282. — Savio, Gli antichi vescovi d'Italia.
vêque de Hambourg devait y assister en frère et non en Il Piemonte, 1898, p. 255, 262.
suffragant du métropolitain. Affaibli par la vieillesse M. BESSON.
et ne pouvant plus résister aux invasions des Hon- 3. ADALGISE, moine de Saint-Thierry de Reims,
grois, Adalgar prit Höger,moine de Corbie comme son accompagna, en 1090, les reliques de saint Thierry en
coadjuteur, et mourut le 9 mai 909. Il est honoré le Flandre et composa une relation des miracles opérés
29 avril. par l'intercession de ce saint, en 1123, ou même après
cette année:
Adam de Brême, Gesta Hammab.Eccl.Pontif. dans
Pertz, Monumenta Germaniæ historica, t. VII, p. 300-302;
p. 611. -
P. L., t. CXLVI, col. 491-495.— Actasanctor.,april.
Mollerus, Cimbria litterata, t. i, p. 2; t.
t. m,
III, p. 5.
- Mabillon, Acta sanct. ord. S. Ben., sæc. I, p. 622-632.
Acta sanct. jul. t. I, p. 64-71. — liist. litt. de la
France, t. XI, p. 10-12.
A. TAYLOR. U. BERLIÈRE.
3. ADALGAR (Adalger),évêque de Worms, succéda 1. ADALGOTT (Bienheureux). Moine bénédictin
à Hazeco (mort le 7 janvier 1044). Comme chancelier de l'abbaye d'Einsiedeln, devint, en 1012, le dix-sep-
de l'empire il signa à la place de l'archichancelier tième abbé de Disentis, dans le pays des Grisons. Il
Bardo une charte datée de mars 1044. Dans une autre fut, d'après la Chronique d'Einsiedeln, honoré comme
charte non datée il reconnaît avoir prêté au roi saint aussitôt après sa mort, survenue le 1er novembre
Henri III d'Allemagne 20 livres d'or et 200 marcs 1031, d'après H. Murer, l'auteur de l'Helvetia sancta,
d'argent et en avoir reçu en échange la propriété de le 24 mai, d'après Eichhorn, dans son histoire du dio-
Rodensleben en Thuringe que le roi pourra reprendre cèse de Coire.
en rendant la somme prêtée. Il mourut le 20 juillet Chronique d'Einsiedeln ou histoire de l'abbaye princière
1044. de la Sainte-Chapelle et du pélerinage de Notre-Dame des
Gallia christiana, t. v (1731), col. 669.
NeuesArchiv, t. XXIV (1899), p. 725-727.
- Bresslau, dans t.1,
Hermites, etc., Einsiedeln, 1787-1788, p. 70. — Henri
Murer, Helvetia sancta,Lucerne, 1648, p. 181. — Eichhorn,
Episcopatus Curiensis inRIioeiia, Saint-Blaise,1797,part.III,
G. ALLMANG.
ADALGAUD, évêque de Verceil. Nous ne savons c. I, p. 228. — Burgener, Helvelia sancta, Einsiedeln.
1860, t. I, p. 6-7. — Hyrvoix, dans Revue de la Suisse ca-
rien de ce personnage, sinon qu'il assista au concile tholique, 1890, p. 46. — Acta sanct., nov. t. I (1887),
convoqué par l'archevêque Tadon à Milan en 864, et à p.385.
celui de Ravenne en 877. Son deuxième successeur est R. BIRON.
déjà mentionné en 879. 2. ADALGOTT (ou ADELGOT, ADALGOZ, ADEL-
Allegranza, Opuscoli erudili, Cremona, 1781, p. 73. — GORIUS), comte de Veiltheim, dès 1088 prévôt du
Il
Savio, Gli antichi vescovi d'Italia. Piemonte, 1898, p. 444. chapitre d'Halberstadt, devint, en 1007, archevêque
M. BESSON. de Magdebourg. En 1108, il dota l'église de Saint-
ADALGER. Voir ADALGAR. Nicolas à Magdebourg d'une collégiale et commença,
en 1116, la construction du couvent des augustins à
1.ADALGISE (S.),ADELGÈSE ouALGISE en Neuwerk près Halle. Longtemps en bonne relation
Picardie, né en Irlande, passa sur le continent vers avec l'empereur Henri V par lequel il s'était laissé
l'an 661 avec plusieurs autres missionnaires; il visita donner l'investiture malgré le pape, il en encourut la
avec eux l'abbaye de Corbie, construite vers 657, et, disgrâce, vers la fin de 1114, pour avoir donné accueil à
après y être demeurés pendant trois jours, ils se don- deux de ses parents dépouillés de leurs biens. Cette
nèrent le baiser de paix et se séparèrent, prenant cha- disgrâce l'amena à rejoindre le parti des princes saxons
cun une direction différente. Algise alla évangéliser contre le souverain et à se réconcilier avec le pape au
les populations des environs d'Arras, puis il parcourut concile de Goslar (1er septembre 1115). Il assista aux
les environs de Laon, y semant la bonne parole; il conciles de Cologne et de Fritzlar (19 mai et 28 juil-
s'arrêta enfin dans la Thiérache avec trois de ses com- let 1118) qui promulguèrent la sentence d'excommu-
pagnons et y construisit quelques cabanes, ainsi qu'un nication contre l'empereur. Pour le reste, on ne voit
oratoire, dans lequel il reçut sa sépulture; il mourut pas qu'il ait pris une part prépondérante ou très active
le 2 juin 670. Ce lieu devint Saint-Algis, aujourd'hui dans les luttes politiques ou religieuses. On lui attribue
une lettre, écrite de concert avec ses suffragants de vier 822, édités par D. d'Achery, Spicilegium, t. IV,
Mersebourg, Misnie, Havelberg, Brandebourg, etc., et p. 1-20; 2e éd., t. I, p. 586-592; P. L., t. CV, col. 535-
adressée aux évêques d'Halberstadt, de Paderborn « et 550; d'après deux autres manuscrits par B. Guérard,
»
à tous les chrétiens pour demanderleur secours contre Polyptique d'Irminon, t. I, 1836, app. p. 306-335;
enfin par L. Levillain,Les statuts d'Adalhard,dans Le
les païens pillant et ravageant le pays et massacrant
les habitants. Cette lettre (publiée dans P. L., t. CLVII, moyen âge, t. XIII, 1900, p. 232-386, qui distingue
col. 485-486, et, d'après le manuscrit de Darmstadt trois recensions, dont aucune ne serait l'originale
du XIIe siècle dans le Neues Archiv, t. VII (1881), (cf. Neues Archiv, t. XXVI, p. 601); 2° De ordine pa-
p. 624-628) ne paraît pas authentique; Tangl l'attri- latii, perdu, utilisé par Hincmar (A. Molinier, Sources
bue à un clerc flamand vivant dans la Marche saxonne de l'hist. de France, t. I, n. 859, p. 263); 3°De ratione
au commencement du XIIe siècle. Adalgott mourut le lunæ paschalis, perdu, signalé par Flodoard (1. III,
12 juin 1119; ses restes mortels, ensevelis à Neuwerk, c. XXIII); 4° Admonitiones in congregatione, dont les
furent transportés, en 1530, à Halle d'où on les éloigna »
cc capitula sont indiqués par Mabillon, Act. sanct.
ord. S. Bened., sæc. IV, part. 1, p. 308. Sur une par-
et dispersa en 1589.
P. Ostwald,ErzbischofAdalgozvonMagdeburg,1107-1119, ticipation possible de sa part aux Annales du IXe
Halle, 1908 (Thèse de 46 pages). — M. Tangl, Aufruf, etc., siècle, voir Kurze, Neues Archiv, t. XXV, p. 315.
dans leNeues Archiv, t. xxx (1904), p. 183-191. Paschase Radbert, Vita S. Adalardi, dans Acta sanct.,
G. ALLMANG. jan. t. I (1643), p. 96-111; Mabillon, Acta sanct. ord.
3. ADALGOTT II (Saint), évêque de Coire et abbé S. Bened., saec. IV, part. 1, p. 306-344; P. L., t. cxx, col.
de Disentis. Disciple de saint Bernard à Clairvaux, 1507-1556; Monum. Germ. histor., Script., t. II, p. 524-532,
Adalgott fut nommé évêque de Coire en 1150, et sacré extrait. — Vita et miracula S. Adalardi, attribués à tort à
l'année suivante par Henri, archevêque de Mayence. Gérard de la Sauve majeure, dans Acta sanct.,jan. t. I, col.
111-123; Mabillon, op. cit., p. 345-371; P. L., t. CXLVII,
C'est aussi en 1150 qu'il devint abbé de Disentis. Il t.
col. 1045-1064; Monum. Germ.hist.,Scriptores, xv,p.860-
remplit ces deux importantes charges avec un dévoue-
ment exemplaire durant une dizaine d'années, et mou-
rut dans son abbaye, le 3 octobre 1160. Le diocèse de
-
865, extraits. — Hist. litt. de la France, t. IV, p. 484-490.
Gallia christ., t. x, (1751), col. 1266-1267. — Ceillier, Hist.
des aut. sacrés, 2e éd., t. XII, p. 274-277. — F.-X. de Ram,
Coire célèbre fidèlement sa fête. Plusieurs maisons re- Hagiographie belge, 1864, t. I, p. 16-31; Biographie
nation. (de Belgique), 1866, t. I, col. 38-59. — Corblet, Ha-
ligieuses ont conservé le souvenir de son zèle, entre
autres, l'hôpital Saint-Martin, les monastères de Cazis, giogr. du diocèse d'Amiens, 1869, t. i, p. 15-59; t. IV,
p. 697-698. — Aug. Enck, De S. Adalhardo abbate Cor-
Münster, Schännis, Saint-Lucius. La crypte de l'église
:
de Marienberg fut consacrée par le pieux prélat,
comme l'atteste une inscription Præsul Adelgottus
beiæ antiquæet -
novæ, diss., in-8°, Munster, 1873. Simson,
Jahrbücher des friink. Reiches unter Ludwig dem From-
men, Leipzig, 1874-1876, passim. — B. Van Loo, De H.
ad Cllncta decenlia promptus, consecrat hanc cryptam Adelardus, Gand, 1897, in-8° (populaire).
divinis usibus aptam (1160). Enfin nous devons signaler U. BERLIÈRE.
son rôle politique, et ses relations avec le pape Étien- 2. ADALHARD abbé de Corbie. Adalhard II
al,
ne III dont il avait été le condisciple, avec l'empereur administra l'abbaye de Corbie pendant l'exil de saint
Frédéric Ier, avec le prince évêque de Constance, etc. Adalhard, de 814 à 821. C'est lui qui réalisa le projet
L. Burgener, Helvetia sancta, 1860, p. 7-9. - J. G.Mayer,
Geschichte des Bistums Chur, Stans, 1908, p. 206-212.
conçu par son prédécesseur de fonder un monastère
en Saxe, en envoyant une colonie qui s'établit en
M. BESSON. 815 à Hethis, d'où elle se transféra dans le domaine
1. ADALHARD DE CORBIE (Saint). Fils de royal de Hoexter, en 822, pour fonder la Nouvelle-
Bernard et cousin germain de Charlemagne, Adalhard Corbie.Au retour de saint Adalhard, il abandonna la
naquit vers 751; une tradition peu ancienne lui donne direction du monastère. Il mourut un 15 juillet
comme lieu de naissance Huysse, près d'Audenarde (824?).
(Belgique). Il fut élevé à la cour avec son frère Wala,
mais, après le renvoi d'Ermengarde, il tomba en Translatio S. Viti, dans Mabillon, Acta sanct. ord.S. Be-
ned., sæc. IV, part. 1, p. 529-550. — Corblet, Hagiographie
disgrâce et se retira à l'abbaye de Corbie. Il passa de du dioc. d'Amiens, 1869, t. I, p. 60-62. — L. Delisle,
là au Mont-Cassin, d'où il fut bientôt rappelé pour dans Bibl. de l'École des charles, 1860, p. 404-405.
être fait abbé de Corbie. Il favorisa le développement U. BERLIÈRE.
des études, entretint des relations suivies avec Alcuin ADALHELME ou ADELME, évêque de Séez.
et Paul Diacre. Cf. Neues Arch. der Geselischaft ält. f. Vers 886, l'empereur Charles le Gros donna à Adal-
deut. Geschichtsk., t. III, p. 484, 624; t. v, p. 246-247. helme l'évêché de Séez. Mais le pauvre prélat fut pris
Il prit part au synode d'Aix-la-Chapelle de 809, aux par les Normands et emmené en Angleterre. Il par-
controverses sur la procession du Saint-Esprit et vint à s'échapper, et se réfugia à Paris auprès du sanc-
fut envoyé à Rome pour obtenir la confirmation tuaire de Sainte-Opportune, comme l'avait fait son
papale. Il joua un rôle important dans le gou- prédécesseurHildebrand. Il y termina ses jours, après
vernement -de l'empire. Charlemagne le donna avoir raconté la vie et les miracles de la sainte.
comme conseiller, en qualité de missus, à Bernard, Duchesne, Fastes épiscopaux, 1900, t. II, p. 234.
fils de Pépin, roi d'Italie (812-814). A la mort M. BESSON.
de Charlemagne, il se prononça contre Louis le ADALINUS. Voir ADELIN.
Pieux et fut accusé de complicité dans la révolte
-de Bernard. Il fut dépouillé de ses charges et relégué ADALOGA. Voir HADELOGE.
à Noirmoutier; c'est là qu'il fit copier un ms. de
l'Historia tripartita., encore conservé. Neues Arch., ADALPRET ou ALBERT. Il fut élu, le 17 octo-
t. v, p. 248, 252. Il ne revint de son exil qu'après bre 1156, évêque de Trente, par la faveur de Frédéric
la mort de Benoît d'Aniane; la réconciliationpublique Barberousse. Les cardinaux Arrigo, Ottaviano, Gu-
avec le souverain fut accomplie à l'assemblée d'Atti- glielmo, archidiacre de Pavie, et Guido de Crema,
gny (822). C'est lui qui conçut le premier le projet envoyés en qualité de légats pontificaux auprès de
d'envoyer une colonie monastique pour travailler
:
à la conversion des Saxons. Adalhard mourut le
2 janvier 826. Il a composé 1° Brevis (le Breviarium
signalé dans le catalogue des mss. de Corbie dans
Becker, Catal. bibl. antiqui, p. 187) ou Statuts de jan-
l'empereur, étant passés par Trente, il les reçut avec
les plus grands honneurs et les accompagna à quelque
distance de la ville, avec une escorte armée, par crainte
de l'hostilité des comtes de Piano, mais ceux-ci les
assaillirent, et, tandis quel'évêque trouvait son salut
dans la fuite, les légats furent faits prisonniers et dé- oltramontano alla Lettera seconda d'un giornalista d'Italia
livrés seulement moyennant rançon. Adalpret fit alors (Tartarotti), Venise, 1701 (cf. Melzi, op. cit., t. 11, p. 463).
appel à Henrif le Lion, duc de Bavière, qui força les — Notizie istorico-critiche intorno al b. m. Adelpreto vescovo
comtes de Piano à se déclarer vassaux de l'Église de e comprotettore della chiesa di Trento, contraposle all' Apolo-
Trente. Mais, après l'excommunication de Frédéric, gia delle Memorie antiche di Rovereto, 2 vol. in-4°, Trente,
ces comtes formèrent, avec les habitants dePergine et
1760-1761. — Novelle letterarie in Firenze, ann.1755,
631; ann. 1758, p. 638; ann. 1762, p. 567. — V. Barba-
p. 524,
les communes du Trentin, une ligue à la tête de covi, Memorie istoriche della città e del territorio di Trento,
laauelle se mirent les seigneurs de Castelbarco et qui 2 vol. in-8°, Trente, 1821-1824. — R. Kink, Urkundenbuch
contraignit le puissantmonarque à se retirer du pays, des Hochstiftes Trient, dans Fontes rerum austriacarum,
Adalpret se mit, de son côté, à la tête des gibelin. IIe sér., t. v, Vienne, 1852, p. IX sq.;Akademische Vorle-
groupés autour de la famille des comtes d'Arco, d'oris sungen über die Geschichte Tirols, Innspruck, 1850, p. 206.
gine bavaroise, et mérita de l'empereur le titre de fide- — Franc. Ambrosi, Il medio evo Tridentino, dans Archivio
storico italiano, IVe sér., t. III. p. 422-424.— U. Chevalier,
lissimus et la confirmation des donations souveraine- Bio-bibliographie, 2e édit., t. I, col. 33. — Hans von Volte-
faites à l'Église de Trente (1161, diplôme dans Ughellis lini, Reitràge zur Geschichte Tirols, dans Zeitschrift des Fer-
y voir deux autres diplômes de Frédéric, où il est éga; dinandeums, IIIe sér., n. 33, p. 11 et 90.
lement nommé, l'un adressé à l'Église de Vienne- J. FRAIKIN.
l'autre à celle de Fermo; dans ce dernier il est qualifié ADALRAM, archevêque de Salzbourg, d'abord ar-
de vicaire impérial en Italie), ainsi que la citadelle de chidiacre, fut élu, en 821, pour succéder à Arnon et
Garde qu'il reçut en fief à condition d'y entretenir un consacré le 21 décembre de cette année. En 824, sur la
corps de troupes (1167). Adalpret signa alors à Riva, recommandation de l'empereur Lothaire, il obtint le
en 1168, avec les Carlessari de Vérone, une convention pallium. Comme son prédécesseur, Adalram s'occupa
par laquelle cette famille s'engageait à fournir les de la conversion des païens de la Carinthie où il en-
hommes nécessaires. Mais, après la grande bataille de voya l'évêque Atton. Peu avant sa mort il consacra
Legnano (29 mai 1176), les habitants de Bolzano se ré- l'église de Neitra en Moravie, bâtie par le prince Pri-
voltèrent contre lui, et, au moment où il venait de ré- vina. Une ancienne chronique versifiée rappelle que
primer ce mouvement, les adhérents de la ligue assail- Dieu lui donna le don des langues, sans doute pour
et
lirent ses troupes près de Rovereto, lui-même mou-
rut frappé d'un coup de lance (8 mars 1177). Sa mort
indiquer qu'il prêcha aux barbares dans leur langue
nationale. Il mourut le 4 janvier 836.
fut bientôt vengée sur le champ de bataille de Marco,
et le Trentin retomba complètement sous la domina-
tion impériale.Adalpret fut honoré comme un saint et
Kirchenlexikon, 2e édit., t. x, col. 1592. -
Carmina
Salisburgensia, n. VII, dans Monumenta Germaniæ : Poetæ
latini sut carolini, t. II, p. 642 sq. (Ces 40 vers sur Adal-
un martyr, et son office se trouve, sous la date du ram ne contiennent guère que des louanges générales.)
27 mars, dans le Propre du diocèse de Trente composé — A. Hauck, Kirchengeschichte Deutschlands, t. 11 (2e édit.
en 1627 par l'ordre du cardinal Carlo Madruzzi, évê- de 1900), p. 690 sq.
G. ALLMANG.
crue de cette ville. On le voit également, sous ces deux 1.ADALRIC (ATIC, CADALRIC,CATIC; le nomEthi-
mêmes titres, dans le Catalogus generalis sanctorum chon ne se trouve que dans des manuscrits plus récents
qui in Martyrologio Romano non sunt, deFilippo Fer-
rari, 1625. Certains auteurs révoquent cependant en et est la forme latinisée d'Atic), succéda, entre 660
doute le bien fondé de cette canonisation spontanée, et 673, à Boniface, comme duc d'Alsace. D'abord
si l'on peut dire, par exemple Girolamo Tartarotti, allié au maire du palais Ébroïn contre saint Léger, il
sous prétexte qu'il avait pris le parti d'un monarque se soumit au roi Dagobert II, élu en 674. Dans une ex-
excommunié et, ajoute cet écrivain, des antipapes élus pédition contre les gens du Sorngau, qui avaient voulu
par les cardinaux impérialistes; mais d'autres auteurs, secouerson joug il fit massacrer saint Germain,abbé de
Moutiers, venu pour intercéder en faveur des rebelles,
en particulierBonelli,les ont réfutés. Ce qui est certain, et mit le pays à feu et à sang. Pour expier ses crimes,
c'est que. d'une part, nous voyons citer, dès le 25 dé-
cembre 1210, une église dédiée à saint Adalpret,près il bâtit au sommet du Hohenbourg un couvent dont sa
d'Arco, laquelle, détruite ensuite, fut reconstruite et fille, sainte Odile (voir cet article), devint la première
reconsacrée,le 22 juin 1333, sous le vocable de sainte abbesse; près de Schlestadt, il fit construire le mo-
Catherine, et que, d'autre part, l'office et la messe d nastère de Novientum, appelé plus tard d'après le
ce saint se trouvent encore dans le Propre actuel du nom du premier abbé Ebersheimmünster. Le roi
diocèse, dûment approuvé par le Saint-Siège. Thierry III conféra à ce monastère sur la demande
d'Adalric plusieurs privilèges (683). Il eut pour succes-
Janus Pyrrhus Pincio, De vitis pontificum Tridentinorum seur au duché d'Alsace son fils Adalbert, déjà comte
libri XII, in-fol., Mantoue, 1546, II, p. 1-9. — Acta san-
1. d'Alsace en 683. La date de sa mort est inconnue.
ctorum, mart. t. 111 (1668), p. 707-708. — Ughelli, Italia Vita Germani, éditée par Trouillat dans les Monuments
sacra, t. v, col. 597-599. — L. Pilati, La santità e il mar- de l'histoire de l'ancien évêché de Bâle, t. I, p. 53 sq. —
tirio del beato Adelpreto, vescovo di Trento, vendicati, in-4°, Ch. Pfister, Le duché mérovingien d'Alsace et la légende de
Trente, 1754. — G. Tartarotti, [Lettera al sig.Proposto. sainte Odile, Paris, 1892. — P.-P. Brucker, L'Alsace et l'É-
Muratori, Le più anticheIscrizioni di Rovereto. et Lettera glise au temps de saint Léon IX, Strasbourg-Paris,1889,t.1,
intorno alla santità e martirio diAlberto, vescovo di Tren-
to,dans Memorie antiche di Rovereto,in-8°, Venise, 1754;
Apologia delle memorie antiche di Rovereto, in-8°, Lucques,
p. 298-302. - E. Sitzmann, Dictionnaire de biographie des
hommes célèbres de l'Alsace, t.
I (Rixheim, 1909), p. 71-72
les
travauxdePfister).
(manque un peu de critique et ignore
1758; Lettera seconda. sopra illibro intitolato Notizie, G. ALLMANG.
Adelpreto. (voir infra), in-4°, Lucques, 1760. — Benedetto 2. ADALRIC. Voir ALARIC.
Bonelli, Dissertazione intorno alla santità e martirio del beato
AdalpretooAlbretovescovodi Trento,in-4°,Trente,1754.- Tre
lettere d'un Giornalista oltramontano. in risposta ad una 1. ADALSINDE (Sainte), fille du Franc Adalbaud
lettera di un Giornalista d'Italia, e ad un altra di G. T. (Gi- et de sainte Rictrude; après l'assassinat de son père,
rolamo Tartarotti). in difesa de'Santi Vescovi Ingenuino se retira avec sa mère et ses sœurs au monastère de
Saloniese ed Albertodi Trento,in-4°, Trente, 1759 (sans nom Marchiennes, où elle mourut un 25 décembre,proba-
d'auteur, mais œuvre de Bonelli : cf. Mazzuchelli, Gli scrit- blement dans le troisième quart du VIle siècle. Vita
tori d'Italia, t. II, p. 1589, et Melzi, Dizionario di opere ano- Rictrudis, c. I, dans Act. sanct. Belgii, t. IV, p. 493,
nime e pseudonime di scrittori italiani, Milan, 1859, t. III, 498; Vita Eusebiæ, ib., p. 559.
p. 169); Notizie istorico-critiche intorno al beato martire
4 Acta sanct. Belgii, t. IV, p. 570-572. — F.-X. de Ram,
Adalpreto,dans MonumentaEcclesiæ Tridentinæ, vol. in-4°,
-
Trente,1760-1765. G.I.Ippoliti,Risposta d'un giornalista Biogr. nat. de Belgique, t. I, col. 37.-L. Van der Essen,.
Étude crit. et lilt. sur les Vitæ des SS. mérov. de l'anc. pèlerinage à Jérusalem; Adam consulte en secret
Belgique, Louvain, 1907, p. 260-261. saint Bernard qui le dissuade. Ep., v; Vacandard,
U. BERLIÈRE. Vie de S. Bernard, t. i, c. v, § 44. L'année suivante
2. ADALSINDE (Sainte), fille du comteAmalgaire néanmoins,Arnold, au grand scandale de tout l'ordre,
et sœur de saint Vandelein, premier abbé de Bèze. abandonna Morimond, entraînant à sa suite Adam et
Amalgaire, qui possédait, outre le pays d'Attouar, plusieurs autres moines, avec lesquels il alla d'abord à
dans le diocèse de Langres, et dont il était comte, de Cologne. Ils s'étaient, croit-on, munis d'un rescrit du
grandes terres en Bourgogne, avait fondé, d'après les pape. S. Bern., Ep., VII. Saint Bernard écrivit plu-
:
hagiographes locaux, deux monastères, vers le milieu
du VIle siècle l'un, pour son fils Vandelein, près de
Bèze, l'autre, pour sa fille Adalsinde, aux portes de
sieurs lettres pour les inviter à rentrer dans leur mo-
nastère (Ep., v, VI, VII, P. L., loc. cit., col. 91-105);.
on pense qu'Adam et ses compagnons, déconcertés
Besançon, en un lieu nommé Dornatiacum. Ce monas- par la mort d'Arnold et effrayés par l'excommu-
tère ayant été pillé vers 650, Adalsinde le céda à son nication dont les menaçait saint Bernard au nom de
frère et vint elle-même s'établir avec ses religieuses tous les abbés de l'ordre, rentrèrent dans le cloître.
près de Bèze, en un couvent séparé, dont elle fut la Il est possible d'ailleurs que la fondation d'un mo-
première abbesse et qui semble avoir eu une durée nastère en Germanie ait été décidée pour dénouer
très éphémère.Adalsinde mourut vers 680. On l'honore leur situation. Monumenta Eberacensia, p. 45; Man-
le 3 mai dans le diocèse de Langres. rique, Annales, t. i, p. 180.
L'identification du moine Adam, correspondant de
des saints de la Franche-Comté, 1854, t. II, p. 286-288.
P. L., t. LXXXVIII, col. 1166.
-
Trithemius, Viri illustres Benedict., t. III, p. 79. — Vies
saint Bernard, avec Adam, abbé d'Ebrach, quelque
probable qu'elle paraisse, n'est pas prouvée. Man-
-.: P. FOURNIER. rique, Annales, t. I, p. 180.
1. ADAM (Saint), transféré le 3 juin 1102 et honoré Le 25 juillet 1127, Adam fondait Ebrach avec une
« Gulionisii », à Biferno, près de Naples. C'est tout ce colonie de moines de Morimond et en prenait posses-
que l'on en sait. Cette translation a été écrite par un sion comme premier abbé. Janauschek, Originum cis-
anonyme. terciensium, 1877, t. I, p. 14. Sa prudence et le crédit
Acta sanct., junii t. I (1695), p. 336. — Bibliographia dont il jouissait auprès des prélats et des princes lui
hagiographica latina, 1898, t. I, p. 12. permirent de donner à la nouvelle abbaye une forte
P. FOURNIER. impulsion, tandis que sa sainteté lui amenait de nom-
2. ADAM, abbé de Massevaux (Alsace), né vers 750, breuses et illustres recrues. Il put fonder à son tour
était lui-même un alsacien, fils d'un certain Haynard. les monastères de Reun (1129), Heilsbronn et Lang-
Il résida à Worms et y traduisit, en 780, l'ouvrage du heim (1133), Nepomuk (1145), Alderspach (1146) et
grammairienlatin Diomède (ive siècle), De oratione et Bildhausen (1158). Cf. Janauschek, op. cit., p. 17,
partibus orationis, qu'il dédia à Charlemagne. En ré- 28, 83, 87, 140.
compense de son zèle scientifique, il en reçut l'abbaye Les débuts furent pénibles; néanmoins, grâce aux
de Masunvilare (Massmünster, Massevaux). C'était libéralités de Conrad, sacriste deBamberg, et prévôt
un couvent de bénédictines fondé en 726 par Maso de de Sainte-Marie de Turstat, du roi des Romains,Con-
Ringelstein, frère d'Eberhard le fondateur de Mür- rad, et de la reine Gertrude, sa femme, Adam construi-
bach. De là son nom. sit, en sept ans, le premier monastère,dont l'église fut
Adam nous donne ces détails autobiographiques consacrée sur sa demande par Embricho, évêque de
dans une poésie latine en 20 vers, adressée à Charle- Würzbourg, le 7 octobre 1134. Wegele, MonumentaEbe-
rac.,p.4, 18. Le même jour, Adam échange avecl'évê-
magne à titre de remerciementet qui fut ajoutée dans
la suite, comme préface, à la traduction de Diomède. que plusieurs biens, dîmes et bénéfices contreles terres
Il nous reste, en outre, deux autres pièces de vers latins
écrites par l'abbé de Massevaux. Sa métrique n'est pas
de Wustvil et d'Obernaw. Monum.,
écrit,le 2
p . 52. Célestin II
janvier 1144, à Folmar, abbé d'Hirsau,et à
toujours correcte, mais les vers sont très supportables. Adam, abbé d'Ebrach, au sujet des deux abbés de Lau-

-
-
Monum. Germaniæ, Poeiæ latini œvi carolini, t. i, p. 93-
94 (donne le texte édité par Dümmler). Keil, Gramma-
tici latini, t. i, p. XXIX. — Delisle, Journal des savants
(1860), p. 381-382. Wattenbach,Deutschlands Geschichts-
resham,Baldemar,dont il leur notifie la déposition, et
Folcnand accusé de simonie, dont il leur confie la
cause. Jaffé-Wattenbach, Regesta Pontif. roman.,
n. 8477.Adam fait approuver en 1148, par Sigfrid,
quellen im Mittelalter, 7e édit. (1904), t. I, p. 169. évêque de Würzbourg,l'échange du prieuré ou grange
L. BOITEUX. de Sulzheim et Traustadt fait entre les chanoines de
3. ADAM (Bienheureux), abbé d'Ebrach. Un auteur l'église cathédrale et les moines d'Ebrach, contre plu-
contemporain nous apprend qu'Adam était né dans sieurs alleus que ces derniers tenaient de la générosité
la province de Cologne (Relacio a quibus.dormis hæc du roi Conrad et de ses fils, le roi Henri et Frédéric,
(Eberacensis) fundata sit; Wegele, Monumenta Ebe- et de Marquard de Grunbach. Monum., p. 55. Le 8
racensia, p. 1, lig. 11). C'est à peu près le seul ren- avril de la même année, Eugène III charge Adam et
seignement certain que nous ayons sur la vie de cet es abbés d'Eberbach,.de Hersfeld et de Corvey d'as-
abbé avant 1127. sister de leurs conseils les moines de Fulda qui devaient
Les auteurs modernes, se basant sur l'identité du procéder à une nouvelle élection abbatiale. Jaffé-
nom et du lieu d'origine, le confondent avec Adam, Wattenbach, Regesta, n. 9231, 9232. Le même pape
moine de Morimond, auquel saint Bernard écrivit deux vers 1150, ordonne à Adam et à Eberhard, évêque de
lettres.Epist., v, VII. Cf. Manrique, Annales cisterc., Bamberg, de chasser de l'église de Heidenheim les
t. I, p. 180; t. II, p. 352; Henriquez, Menologium, t. I, clercs séculiers que l'archevêque de Mayence et l'évê-
p. 63. S'il en était ainsi, Adam serait d'abord entré que d'Eichstädt y avaient introduits de nouveau, à la
chez les bénédictins de Marmoutiers, et, au plus tôt place des moines auxquels Gebhard, évêque d'Eichs-
vers la fin de 1121, il aurait embrassé la réforme de tädt, avait confié cette église. Ibid., n. 9430, 9431. En
Cîteaux à Foigny, abbaye de la filiation de Clairvaux, 1154, Adam obtient de Gebhard, évêque de Würz-
se plaçant ainsi sous la juridiction de saint Bernard; bourg, l'approbation du contrat par lequel il avait
de là, peu après, il passe à Morimond, où il fait sa nou- racheté de l'archidiacre Eberhard les dîmes des
velle stabilité. S. Bern., Ep., v, P. L., t. CLXXXII, col. granges de Alotzheim, Stockheim, Sulzheim et Wals-
92. En 1124, au plus tard, l'abbé de ce monastère, winden, en échange desquelles il cédait la grange de
Arnold, soncompatriote,l'invite à le suivre dans son Traustadt. Monum., p. 57. En 1155 et 1156, Adam
reçoit de Tuto, écolâtre, et de Dipert, chanoine de 4. ADAM (iBenheureux),deuxième abbé de Saint
Bamberg, des fondations de pitances de vin et de pain Josse-au-Bois (Pas-de-Calais), naquit à Metz d'une
blanc sur les vignes de Stockheim et de Hausen am famille noble et riche, dont il tira vanité dès qu'il
Main. Monum., p. 59, 60. Adam obtint d'Innocent II commença à grandir. Dans le but de lui former le ca-
(1142) et d'Eugène III (1148, 1150) des privilèges ractère et de lui faire perdre ses mauvais penchants,
plaçant son abbaye sous la protection du Saint-Siège, son père, chrétien fervent, chargea Raoul de Laon,
et lui accordant la confirmation de ses biens et qui dirigeait à Metz une école célèbre, du soin d'assou-
l'exemption des dîmes. Jaffé-Watt., Regesta, n. 8213, plir le naturelturbulent et insoumisdu jeune vaniteux.
9179, 9405. Il demanda, en 1161, un privilège sem- A la suite d'un sermon de saint Norbert, le pécheur
blable à Henri, évêque de Würzbourg (Monum., p. 61). endurci qu'avait été Adam jusque-là se trouva sou-
Eugène III (16 mai 1152) confirme sur sa demande la dainement converti; il entra sans retard à l'abbaye
donation d'une source saline pour l'usage de son mo- de Prémontré, où il se livra à la plus austère péni-
nastère et de celui de Langheim faite par Eberhard, tence. Quand il eut donné toutes les preuves d'une
évêque de Bamberg, ainsi que la possession de la forêt conversion sincère, on l'envoya à l'abbaye de Saint-
de Stegerwalz et du château de Stolberg. Jaffé-Wat- Josse-au-Bois, que gouvernait alors le bienheureux
tenbach, Regesta, n. 9574. Milon; élu d'abord prieur, il devenait ensuite abbé en
Adam paraît avoir joui de la confiance des sei- remplacement de Milon quand ce dernier fut nommé
gneurs allemands et de la faveur de Conrad III. Lors- évêque de Thérouanne en 1131.
que ce prince convoqua l'assemblée de Ratisbonne La piété, l'humilité, les pratiques d'une dévotion
(février 1147), il se fit accompagner par Adam, qui éclairée, les vertus et une heureuse gestion du nouvel
après avoir célébré la messe,lut la bulle du pape et la abbé firent développer l'esprit religieux de la commu-
lettre de saint Bernard. L'abbé d'Ebrach fit ensuite nauté et accroître ses biens temporels; en 1161, il
une courte exhortation pour la croisade, avec un succès transférait son abbaye à Dommartin, dans un cou-
tel que presque tous les auditeurs prirent la croix. vent grandiose qu'il avait fait édifier; le 29 avril 1163,
Otto Freising, Gesta Friderici, Monument. Germaniæ une église splendide était dédiée à la Vierge et à saint
historica, Script., t. xx, p. 373. Il obtint de ce même Josse.
prince (1149), un diplôme édictant que nul ne pourrait Le diocèse d'Amiens est redevable au deuxième
prendre le titre d'avocat de l'abbaye d'Ebrach sans abbé de Saint-Josse de six abbayes de prémontrés
avoir été choisi par les moines, ôtant aux évêques le qu'il a fondées. Il mourut le 31 mai 1166. « A sa mort,
droit de conférer ce bénéfice sans le consentement et dit le P. Ignace, il eut la face illustrée d'une si admi-
la demande unanime des religieux. Selner, Brev. no- rable splendeur, comme si elle eust été glorifiée. » Un
titia, p. 81. Le crédit d'Adam auprès de Frédéric autre de ses biographes dit que la sainte Vierge l'hono-
Barberousse n'est pas douteux; on en a la preuve dans rait de ses apparitions. « Une nuit, dit-il, la lampe
sa lettre à sainte Hildegarde, qui en avait usé. Hilde- étant éteinte, une lumière du ciel parut si à propos et
garde, Epist., xxx, P. L., t. CXCVII, col. 194. Cette si splendidement qu'elle lui suffit pour lire les leçons. »
lettre est le seul monument littéraire que l'on connaisse
de ce saint abbé, dont un contemporain qui put le fré-
quenter à Morimond, Othon de Freising, loue l'érudi-
:
En léguant sa crosse à son successeur, il ordonna que
l'on y fît graver ces mots Onus, non honor.
Quelques auteurs l'ont désigné sous le titre de ccvé-
tion et la piété (loc. cit.). Adam aurait encore écrit nérable », mais les religieux de Dommartin le quali-
une lettre à Conrad III, dans laquelle il rappelait le «
fiaient bienheureux », quoiqu'ils ne lui aient jamais
départ du roi pour la croisade, les dangers qu'il eut à rendu aucun culte.
surmonter et son retour en Allemagne (Funiculus
;
II Monum., p. 16); on la croit perdue. Du Cange, Histoire des comtes de Ponthieu, ms. n. 4978
de la Bibl. nat. à Paris. — Pierre Borée, Histoire de l'abbaye
Dans sa lettre à Hildegarde, Adam la consulte au
sujet d'une affaire personnelle à laquelle il se con-
tente de faire allusion; mais d'après la réponse de la
-
de Saint-Jean d'Amiens, ms., à la Bibl. de Laon. — Gallia
christiana, t. x, (1751), col. 1348. Le P. Ignace, Histoire
ecclésiastique d'Abbeville,p. 499. — Du Saussay, Martyrol.
sainte, on voit qu'Adam, suivant un usage commun gallic., p. 1217. — Parenty, Notice sur l'abbaye de Saint-
alors dans l'ordre de Cîteaux, songeait à se démettre Josse-au-Bois, dans Puits artésien, 1841, p. 107.
de sa charge pour vaquer à la contemplation. Hilde- A. LEDIEU.
garde l'en dissuade, et il paraît avoir gardé ses fonc- 5. ADAM (Bienheureux), cistercien,premier abbé de
tions jusqu'à sa mort (20 novembre 1161). Ses vertus Langheim. D'abord moine à Ebrach il fut envoyé par le -
le firent inscrire comme bienheureux au ménologe bienheureux Adam, abbé de ce dernier monastère, avec
cistercien; on en fait mémoire le 25 février. Son culte la colonie qui allait fonder Langheim (Selner, op. cit.
n'a pas encore été reconnu par le Saint-Siège. p. 204) dont il prit possession le 1eraoût 1133. Janaus-
Relacio a quibus et quando domus hæc fundata sit; Nar- chek, op. cit., p. 28. Il fut le premier abbé de ce monas-
ratio de fundatione monasterii Eberacensis, dans Fr.-X. tère, qu'il gouverna avec sagesse pendant longtemps,
Wegele, Monumenta Eberacensia, Nbrdlingen, 1863, p. 3-7; puisque son nom figure dans les chartes depuis le 5 dé-
Funiculus triplex, ch. II et VII particulièrement, dans Monu- cembre 1141 jusqu'à l'année 1180. Janauschek, op. cit.,
mentaEberac., p. 16, 31; UrkundlicheBeiträge zur älteren
p. p. 29. En 1145, il fonda l'abbaye de Plass en Bohême.
Janauschek, t. 1, p. 82. Le 16 mai 1152, Eugène III
-Geschichte der Abtei Ebrach; Wegele, Monumenta,
in-4°, Rome, 1749, p. 99-102. — Manrique, Annales cis-
46-63.
Selner, Brevis notitia monasterii B. M. V. Ebracensis,
tercienses, Lyon, 1642, t. I, ad ann. 1125, c. xi, n. 3, 6;
lui notifie qu'à la demande d'Adam, abbé d'Ebrach,
il a confirméla donation d'une source saline faite par
an. 1126, c. II, an. 1127, c. V, n. 8-10; 1128, c. V, n. 8;
Eberhard, évêque de Bamberg, pour l'usage des deux
p.
1133, c. V, n. 1-4; c. VI, n. 1-6; 160,161,165-167,180,190, monastères d'Ebrach et de Langheim.Jaffé-Watten-
191, 254-256; t. n, ad an. 1147, c. IV, n. 1-4; an. 1155, bach, Regesta Pontificum romanorum, n. 9575. Adam
c. IV, n. 6-8; an. 1161, c. V, n. 1-2, p. 61, 62, 273, 274, 352, aurait reçu, en.1148, un autre privilège du même pape
353. — Vacandard, Vie desaint Bernard, Paris, 1895,t.1,
p. 162, 166, 167; t. il, p. 294.— Henriquez, Menologium
cistertiense, in-fol., Anvers, 1664, p. 63-64. — Bucelinus,
Menologium benedictinum, Weldkirchen, 1658, p. 150. —
;
(Selner, p. 204). Il fut remarquable par ses vertus et
mourut en odeur de sainteté il fut enseveli dans l'église
à gauche du maître-autel(Idea chrono-topogr.,p. 56), et
Kalendarium cist. seu Martyrologium S. Ord. Cist. a S. Rit. son nom fut inscrit dans les ménologes de l'ordre. On
Congr. approbatum, Westmalle, 1880, p. 54. — Ménologe en fait mémoire le 31 juillet, et non le 27 avril, comme
cistercien par un moine de Thymadeuc (D. Étienne), in-8°, le dit Manrique.
Saint-Brieuc, 1898, p. 58. R. TRILHE. Selner, Brevis notitia monasterii B. M. V.Ebracensis
Rome, 1739, p. 204. — Henriquez, Menologium cister- Chaalis avec Adam de Chambly, évêque de Senlis
tiense, Anvers, 1664, p. 247. — Idea chrono-topographica (voir ce nom), auquel on a faussement attribué le re-
Congregat. Cisterc. S. Bernardi per superiorem Germaniam, cueil de sermons signalé par de Visch et Oudin.
s.l., 1720. — Janauschek, Originum cisterciensium, t. 1,
p. 29. — Manrique, Annales cistercienses, 1642, t. 1, an.
1133, c. VI, n. 6, p. 256. — Ménologe cistercien par un moine
de Thymadeuc, Saint-Brieuc, 1898, p. 245. ,j
p. 414. -
Daunou, Histoire littéraire de la France, t. XIX (1838),
Gallia christiana, t. x (1751), col. 1510. —
A. Lecoy de la Marche, La chaire française au moyen âge,
R. TRILHE.
!ti*!
spécialement au xme siècle, Paris, 1886, p. 495.
6. ADAM (Bienheureux), cistercien, moine de Loc- G. MOLLAT.
cum au diocèse de Minden, dans la provincede Hanovre.
10. ADAM, d'abord recteur de Talensac, au diocèse
On sait peu de chose sur sa vie; il raconta lui-même à de Rennes, devint chanoineet trésorier de la cathédrale
Césaire d'Heisterbach les quelques détails que nous de Rennes (1213) et mourut archidiacre du Désert
connaissons. Il se distingua par sa dévotion à la sainte en 1257. Il reconstruisit une partie de la trésorerie de
Vierge; la première prière qu'il apprit fut la salutation Rennes et fonda, le 1erjanvier 1231, dans la cathédrale
angélique. Dialogus mirac., dist, VII, c. XXIV; t. n, une chapellenie priorale, appelée plus tard le prieuré
de Saint-Martin. En vertu d'une curieuse transaction
p. 33. Encore tout enfant, il aimait à la réciter souvent. passée avec l'abbé de Paimpont, Guillaume de Vezin,
Il fréquentait les écoles d'un monastère de Westphalie
situé dans le lieu où il habitait (ibid.); ailleurs l'église il céda sa bibliothèque à l'abbaye à condition qu'un
conventuelle dont il était écolier est appelée Bucka chanoine régulier de Paimpont desservirait la chapel-
(Dialog.,dist.VIII, c.LXXIV; II, t. p.142),probablement lenie. Il exerça aussi les fonctions d'official et mourut
le 12 octobre 1257.
Bocke sur la Lippe, au diocèse de Paderborn. Il fut
;
guéri miraculeusementdeux fois une fois par la sainte
Vierge, patronne de l'église conventuelle, et l'autre
A. de la Borde rie,
Notes sur les livres etles bibliothèques au
moyen âge en Bretagne, dans Bibliothèque de l'école des
fois par saint Paternien, évêque, patron d'un oratoire chartes, t. XXIII (1862), p. 39-40, 50-53. — Guillotin de
alors en construction au même lieu. Nous le retrouvons Corson, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes, Paris,
ensuite prêtre et moine de Loccum en Saxe, où il rem- 1880,t.1, p. 151-152,176,239.
plissaitl'officedesacriste.Dialog., dist.VII, c. XVII; II, t. G. MOLLAT.
11. ADAM, religieux à l'abbaye cistercienne d'Al-
p. 23. Il eut l'occasion de visiter le monastère d'Heis-
terbach à l'époque où Césaire écrivait son Dialogus dersbach en Bavière, aurait vécu vers 1250, suivant
miraculorum; il lui raconta plusieurs apparitions dont les conjectures de Jean Caramuel, qui loue beaucoup
il avait été favorisé, ou qui avaient eu lieu à Loccum. sa théologie morale en vers hexamètres dans l'épître
Adam vivait, d'après cela, à la fin du XIIe et au com- dédicatoire de la première partie de sa Thcologia regu-
mencement du XIIIe siècle. Les ménologes cisterciens laris, Francfort, 1646 (Bibliothèque nationale,
lui donnent le titre de bienheureux et en font mémoire D. 4913).
le 22 décembre. Fabricius, Bibliotheca latina mediæ et infimæ latinilatis,
Cæsarii Heisterbacensis monachi ord. Cist., Dialogus
Florence, 1858,
rum sacri
t.
ordinis
I, p. 7. — De Visch, Bibliotheca scripto-
Cisterciensis, Cologne, 1656, p. 1.
miraculorum, ed. Jos. Strange, Cologne, 1851; dist. VII, G. MOLLAT.
c. XVII, XVIII, XIX, XXIV; dist. VIII, c. LXXIV. t.Il,
p. 23, 24,
33, 142, 143. — Henriquez, Menologium cisteriiense, An-
12. ADAM, qui se prétend clerc de l'évêque de
Clermont, rédigea avant 1270, sous le titre de Flores
vers, 1664, p. 425. — Ménologe cistercien par un moine de historiarum, une sorte d'abrégé du célèbre Speculum
Thymadeuc, Saint-Brieuc, 1898, p. 416.
R. TRILIIE. historiale de Vincent de Beauvais.Le récit des événe-
7. ADAM, cistercien, surnommé l'Ancien, moine de ments de 1250 à 1268 est emprunté à diverses chro-
l'abbaye de Kinloss, en Écosse, vivait au XlIIC siècle. niques, surtout à celle de Géraud de Frachet. La dédi-
Il a laissé des sermons. Ceux qui sont intitulés Strenæ cace au pape Grégoire X a été ajoutée en 1271. Des
seu Conciones capitulares, ont été imprimés à Paris, extraits de la chronique d'Adam se trouvent dans le
1558, in-4°. Matth. David,Supplem.Biblioth. Ges- Recueil des historiens des Gaules et de la France, Paris,
ner. D'après Barnabé de Montalbo, Primera parte 1855, t. XXI, p. 75-79 et dans les Monumenta Germaniæ
de la Chronica del orden de Cister, Madrid, 1602, 1. II, historica, Scriptorcs, t. XXVI, p. 591-592.
c. XXXIII, un manuscrit des Conciones de tempore Daunou, dans Histoire littéraire de la France (1835-1838),
et de Sanctis, du même auteur, était conservé dans la t. XVIII, p. 472; t. XIX, p. 434. — Fabricius, Bibliotheca
bibliothèque du monastère de Nogales. latina mediæ et infimæ lalinitatis, Florence, 1858, t. I, p. 9.
de Visch, Bibliotheca scriptorum s. ord. Cisterc., Colo-
C. — A. Molinier, Les sources de l'histoire de France, Paris,
gne, 1656, p. 4. — Tanner, Biblioth. Britann.-Hibern.,1748, 1903, t. III, p. 95, n. 2527.
p.7. G. MOLLAT.
R. Trili-ie. 13. ADAM, cistercien, abbé de Hohenfurt (1262-
8. ADAM (Saint), abbé de Saint-Sabin, mort vers 1289). Avant son élection il étaitprieur du même monas-
1209, honoré le 16 mai. Il est invoqué contre le mal tère, car on doit sans doute l'identifier avec le prieur
caduc. On ne sait rien de sa vie. du même nom qui figure dans un document du 29 juin
1261. La date de son élection et celle de sa mort nous
Acta sanctorum, maii t. III (1680), p. 626; cf. t. VII, p. 778. sont inconnues et la durée exacte de son gouverne-
P. FOURNIER. ment est difficile à déterminer. Son nom apparaît
!). ADAM, abbé de Chaalis, au diocèse de Senlis, en
1202. D'après un obituaire de l'ordre des cisterciens pour la première fois dans un diplôme du 12 novembre
1281, par lequel Henri de Rosenberg donne au mo-
auquel il appartenait, il serait décédé le 16 décem- nastère les villages et les granges de Hodenitz, Oppach
bre 1217. Son corps fut enterré dans l'église de son et autres. Il est encore une fois fait mention de lui en
monastère. Il écrivit un recueil de sermons sur les 1282. Ms. LXXV de Hohenfurt; R. Pavel, Beschrei-
Évangiles dont l'incipit, d'après Oudin (Commenta- bung der im Stifte Hofenfurt befindl. Handschr., p. 192.
rius de scriptoribus ecclesiasticis, Leipzig, 1722, t. m, D'après J. Dewoty, Popsanj klastera Sedleckého, Pra-
col. 156), serait Mitte panem tuum super transeuntes gue, 1824, le monastère de Hohenfurt aurait été
aquas. De Visch, Bibliotheca scriptorum sacri ordinis
Cisterciensis, Cologne, 1656, p. 2, en vit un manuscrit
gouverné pendant « longtemps » par Heidenreich,
abbé de Sedlec. Or, ce prélat occupa le siège abbatial
à l'abbaye de Chaalis et Oudin (loc. cit.), un autre à de ce dernier monastère de 1288 à 1310, selon Kapi-
celle de Longpont. Il ne faut pas confondre l'abbé de horsky, Historia klastera Sedleckého, Prague, 1630,
ou 1300, suivant A. Frind,Die Kirchengeschichle
Böhmens, Prague, 1866; par suite, son administra-
Provinciale ord. Min., Quaracchi, 1892, p. 68.
a Monasterio, Martyrol. francise., Paris, 1653,
- Arthurus
p. 340.
tion à Hohenfurt doit être placée entre 1282 et 1289, ANTOINE deSérent.
puisque nous trouvons dès le début de 1290 un nouvel 20. ADAM, cistercien, docteur en théologie d'Ox-
abbé de ce monastère. ford, abbé de Rewley près d'Oxford. Renommé pour
D. R. Pavel, Kritische Reihenfolge der Hohenfurler Aebte, sa science, il entretint un commerce épistolaire avec les
dans Xenia Bernardina, part. III, Beiträge zur Geschichte lettrés de son temps en Angleterre et en Écosse. Il
der Cistercienser-Stiffeder österreichisch-ungarischen Ordens- dédia à Walter et aux frères de l'église Saint-André
provinz,Vienne, 1891, p. 335.-XeniaBern., part. II, Iland- en Écosse un traité intitulé Dialogus rationis et animæ
schriften-Verzeichnisse,Vienne, 1891, t. II, p. 192. ou Soliloquium pro animæ institutione. Il combattit
R. TRILHE. avec zèle l'hérésie de Wicleff, qui commençait à se
14. ADAM, frère mineur du couvent de Fermo dans répandre et écrivit contre elle le livre intitulé De ca-
la province de la Marche d'Ancône, était un prédica- vendo ab hseresi et hæreticis, maxime Wicleffistis,
teur renommé par son éloquence et ses miracles, vers dédié à Simon Langham, archevêque de Cantorbéry,
1287. Mariano de Florence ne fait qu'un personnage ainsi que le traité Pro ordine monastico. On a encore
d'Adam de Fermo et d'Adam Rufus inhumé à Bar- de lui un autre livre qui paraît le complément du pré-
letta, mais tous les autres historiens de l'ordre sont
d'avis de les distinguer.
Chronica XXIV Generalium, Quaracchi, 1898, p. 409. -
:
cédent : Defensoriumexemptorum. Ses lettres enfin ont
été réunies et forment un volume Epislolarum ad
diversos lib. unus. Adam vivait vers 1368. Aucun de
Lemmens, Catalogus sanctorum Fratrum Minorum, Rome, ses ouvrages ne paraît avoir été imprimé.
1903, p. 19; Id.,Dialogus de vitis sanct. Fr. Min., Rome, 1902,
C. de Visch, Bibliotheca scriptorum s. ord. Cisterc., Co-
p. 96. — Wadding, Ann. Min., ad ann. 1234, t. II, p. 370; logne, 1656, p. 3.
ad ann. 1240, t. III, p. 42. — Tanner, Bibliotheca Britann.-Hibern.,
ANTOINE de Sérent. 1748, p. 7.
15. ADAM, gardien des frères mineurs de Berwick, R. TRILHE.
dans la custodie de Newcastle en Angleterre, servit de 21. ADAM, chartreux anglais, ne à Londres vers
négociateur aux cardinaux Gozelin, Jean Deuze et 1340, était docteur en théologie, lorsqu'il entra à la
Luc Fieschi envoyés par Jean XXII pour rétablir la chartreuse de Witham, dans le Sommerset. Son obit
paix entre les rois Édouard II d'Angleterre et Robert fut dénoncé à l'ordre des chartreux par le chapitre
Bruce d'Écosse. C'est lui qui fit conclure une trêve de général de 1401 avec la note qu'il était prieur de la
deux ans entre les deux monarques, 1319. maisond'Henton. Il fut aussi célèbre par sa science que
par sa piété. Ses écrits lui ont mérité une place parmi
Wadding, Ann. Min., ad ann. 1319, t. VI, p. 338.
ANTOINE de Sérent.
16. ADAM, abbé en Orient, vers 1330. Il est au-
teur d'un écrit sur la réconciliation des Églises orien-
:
les bons écrivains ascétiques d'Angleterre. Ils sont
intitulés 1° Les douze profits de la tribulation, en an-
glais, Londres, à Westminster avant 1500, in-4°; en
tales avec l'Église romaine qu'Abraham Bzowski (Bro- latin, Londres, 1530; 2° De sumptione S. Eucharistiæ,
vius) a imprimé dans sa suite à Baronius, Annales 3°Scala cæli attingendi; 4° Spéculum spiritualium. Ces
eccles., ad ann. 1330, n. 25. trois opuscules se trouvent parmi les manuscrits de la
bibliothèque de Westminster; 5° un abrégé de la Ma-
Fabricius, Bibliotheca medii ævi, 1734, t. I, p. 25; gna vita S. Hugonis episcopi Lincolniensis qui pro-
2eédit.,t.I,p.10. bablement est celui-là même que Pez a édité dans le
P. FOUENIER.
17. ADAM, frère mineur de la province de France, t. x de sa Bibliotheca ascetica reproduit dans le t. CLIII
dela P. L., col. 945-1114.A la bibliothèque de l'uni-
célèbre par son éloquence, mais surtout pour avoir versité de Glasgow, en Écosse, il y a un traité ascé-
gagné à l'ordre le B. Livin qui fut martyrisé au Caire tique ayant pour titre Liber de instructione animœ,
en 1345. Ils partirent tous les deuxensemble pour la ms (cf. Migne, Dict. des mss., t. II, col. 93), qui pa-
mission de Terre-Sainteet séjournèrent quelque temps raît être le Soliloquium de institutione animæ, ou au-
au couvent du Mont Sion à Jérusalem. Adam tomba trement Dialogus inter ratiqnem et animam seu So-
malade dans la ville sainte et ne put suivre son com- liloquium, qu'il faut plutôt attribuer à Adam, abbé
pagnon qui allait prêcher aux Sarrasins. Quand il cistercien (ci-dessus).
apprit son martyre, sa désolation fut extrême de n'y
avoir pas été associé. On ignore si Adam a lui-même Petrejus, Bibliotheca carlusiana, 1609, p. 1-3. — Moro-
versé son sang pour la foi, cependant aucun témoi- 1681,
tius, Theatrum chronol. s. Cartus. Ordinis, etc. p.73.
Tanner, Biblioth. Brit-Hibern., 1748, 7.
p. — Fabricius.
gnage positif ne nous renseigne sur le terme de sa car- —
Biblioth. lat. med. et infim. ætat., Florence, 1858, t. I, p. 9.
rière. S. AUTORE.
Chronica XXIV General., Quaracchi, 1898, p. 540-543. 22. ADAM, frère mineur du couvent de Plock en
—Arthurus a Monasterio, Martgrol.franciscan.,Paris, 1653, Pologne, massacré en 1563 à la prise de la ville par
-
p. 524. — D. de Gubernatis, Orbis Serapliicus (De missio-
nibus), Rome, 1689, t. i, p. 586. Wadding, Ann. Min.,
ad ann. 1345, t. vu, p. 318-320.
les Moscovites de Jean Basilide II.
Wadding, Ann. Min., ad ann. 1498, t.xv, p. 169; ad ann.
ANTOINE de Sérent. 1563, t. XIX, p. 430. — Arthurus a Monasterio, Martyrol.
18. ADAM, mineur nommé par Clément VI, évêque tranciscamzm, Paris, 1653, p. 127.
de Gabala (Dschibleh) en Syrie, 4 juillet 1345, et sacré Sérent.
ANTOINE de
par le cardinal Pierre Bertrand, évêque d'Ostie. 23. ADAM, cistercien, prieur du monastère de
Wadding, Ann. Min., t. vu, p. 562. — Eubel, Hierarch Zwettl, dans la Basse Autriche, sous le gouvernement
t.i, p.267.
ANTOINE de Sérent.
de l'abbé Martin II Günter ou Ginter (1625-1639). Il
composaunTractatus deChristoDomino,dont,àl'époque
19. ADAM, frère mineur de la province de Dalma- de Hasslinger (1817-1846), une copie de la main de
tie, fut missionnaire chez les Sarrasins en compagnie J.-B. Linck (1631-1671) était conservée dans la bi-
de fr. Antoine d'Alexandrie qui devint archevêque de bliothèque du monastère. Cet ouvrage paraît perdu;
Durazzo (1349-1363). Il mourut au couvent de Cataro, du moins il ne figure pas dans le catalogue des manus-
custodie de Raguse, après avoir prédit l'heure de son crits de Zwettl dressé par dom Stephan Roessler,
trépas. Xenia Bernardina, part. II, Handschriften-Verzeieh-
Liber conformitatzzm, Milan, 1513, f. 65 V, 110 r.
Wadding, Ann. Min., ad ann. 1305, t. vi, p. 65. — Eubel, - nisse, t. i, p. 293.
D. Stephan Roessler, Codexsclireiber, Gelehrte, Schritl-
steller, etc., des Stiftes Zweiil, p. 166, dans Xenia Bernardina. 1852, pl. XXVI, n. 2, et traduction n. 24, p. XXIV. Tout ce-
part. III, Beitrâge zur Geschichte der Cistercienser-Stifte der qui a été écrit sur Adam de la Bassée est annulé par l'ou-
osterreichisch-ungarischen Ordensprovinz, Vienne, 1891. vrage de D. Carnel et celui de Coussemaker, l'art harmo-
R. TmLHE. nique aux xme et XIVe siècles, Paris, 1865, p. 205-206. Cf.
24. ADAM D'ARRAS, chanoine de Lillers, puis de aussi C. E. Ruelle, dans Revue des sociétés savantes, 1859,
Paris, cité comme archidiacre en mars 1212 (Guérard, t. I, p. 523-526.
G. MOLLAT.
Cartul. de l'église Notre-Dame de Paris, Paris, 1850,
t. i, p. 143), évêque de Thérouanne en 1213, abdiqua
29. ADAM DE BECHESOUERES ou DE HEKES-
HOVRE, frère mineur anglais, exerçaitla médecinevers-
le 16 avril 1229 et embrassa la vie monastique à 1250. Il soigna Gauthier deMerton qui devint évêque de
l'abbaye de Clairvaux, à l'exemple de son oncle Evrard Rochester, Robert Grossetête, évêque de Lincoln, sans.
des Barres, ancien maître du Temple (Lalore, Le tré- parler des religieux de son ordre et des étudiants
sor de Clairvaux, Paris, 1875, p. 103), et y mourut le d'Oxford. Adam de Marsh, qui semble avoir beaucoup.
22 ou 23 juin 1250 (ib., 178, 194). Ferry de Locre et apprécié son talent, l'envoya porter une supplique au
d'autres après lui lui attribuent, à tort, une Histoire ministre général qui se trouvait en France.
de l'ordre de Cîteaux.
C. de Visch, Bibl. Cisterc., Cologne, 1656, p. 1-2. —Fop- Adœ de Marisco epistolæ, dans Brewer,- Monumenla
pens, Bibl. Belgica, Bruxelles, 1739, t. i, p. 3-4. — Gallia franciscana, Londres, 1858, t. I, p. 137, 320, 333, 388, 405.
t.
christ.,(1751), x, col. 1553-1555.-Daunou, dans Hist.litt.
de la France, t. xviii, p. 534-535. — O. Bled, Regestes
— Little, The Grey Friars in Oxford, in-8°, Oxford, 1892,
p. 181,187. —Hilarin de Lucerne, Hist. des études dans l'or-
des év. de Thérouanne, Saint-Omer, 1903, t. I, p. 212-245. dre de S. François, in-8°, Paris, 1908, p. 409.
U. BERLIÈRE. ANTOINE de Sérent.
25. ADAM D'ARRAS. Voir ADAM DE LA HALLE. 30. ADAM DE BODMAN, carme allemand, né en
Souabe, au bourg de Bodman, sur le lac de Con-
26. ADAM D'AY, frère mineur, n'est connu que stance, d'où il tire son surnom, florissait vers le mi-
par ses rapports avec le chancelier de l'université de lieu du XIVe siècle. Après avoir enseigné la théologie, il.
Paris, Jean Blanchart. Il déposa dans l'enquête ou- écrivit des Determinaliones theologicæ et sur les Sen-
verte en 1385 contre ce personnage. tences.
Denifle et Chatelain, Chartul. Univ. Paris., t. III, p. 355, De Villiers, Bibliolheca carmelitana, Orléans, 1752, t. I,.
359, 365 (n. 8, 41), 380, 408. col. 1. — Josias Simlerus, Epitoma Bibliot. Gesnerianee,
ANTOINE de Sérent. Zurich, 1754, p. 6. —Hartzheim, Bibliotheca Coloniensis,
27. ADAM DE BARKING. Moine anglais de Cologne,1747, p. 6, col.l.—Ul. Chevalier,Bio-bibl., 2eédit.,
l'abbaye bénédictinede Sherborne, dans le Dorsetshire. t, I, col. 34.-Lezana, Annales carmelit., Rome, 1656, t.IV,
Vivait vers la fin du XIIe siècle; un de ses ouvrages, en p. 598. — Daniel a Virgine Maria, Spéculum carmelitanum
effet, est dédié à Jean, chanoine de Salisbury, qui n'est Anvers, 1680, t. v, p. 1095, n. 3870. — Paulus ab Omn.
autre que le célèbre Jean de Salisbury, mort en 1180. Sanctis, Calalogus scriptor. carmclit., Cologne, 1643, p. 65.
Adam avait été élevé à Oxford. Ses biographes signa- P. MARIE-JOSEPH.
lent, en même temps que son éloquence et son zèle à 31. ADAM DE BRÊME, chroniqueur et géographe-
flageller les vices du peuple, sa profonde érudition et allemand (vers 1076). Né dans la Haute Saxe et élevé
peut-être à l'école de la cathédrale de Magdebourg,
son talent d'écrivain en prose et en vers. Sur la fin de Adam vint, en 1068, à Brême où il devint chanoine et
sa vie il s'adonna exclusivement à l'étude des saintes
Écritures et, parmi d'autres œuvres, il a laissé en vers
De naturâ divinâ et humanâ et De serie sex selatum, et
: recteur de l'école de la cathédrale. On ignore la date de
sa mort. Son titre de magister et ses citations nous
en prose un traité Super quatuor Evangelia. On croit
montrent qu'il connaissait bien quelques-uns des au-
teurs classiques de l'antiquité. Son modèle en histoire
qu'il mourut en 1217.
Baie, Scriptorum illustr. maioris Britannise catalogus, Bâle
1557, p. 269. — Pits,De illustribus Angliæ scriptoribus, Paris'
1619, p. 289. — Oudin, De scriptoribus eccles., 1722. t. III,
il ouvrage :
était Salluste. Secrétaire de l'archevêque Adalbert,
n'a commencé son grand Gesta Ham-
maburgensis Ecclesise Pontificum, qu'après la mort
p. 9. — Fabricius, Bibl. med. ætat., 1734, t. i, p. 16.
Dictionary of national biographj', 1908,1.1, p. 76-77.
- d'Adalberten 1072. Le livre est dédié à son successeur,
Liémar. Il fut achevé avant la mort du roi danois,
SvendEstridsson,en1076. Adamprofitade son séjour
R. BIRON.
28. ADAM DE LA BASSÉE. Il naquit à laBassée, auprès de ce roi pour se renseigner sur la géographie
arrondissement de Lille. On sait seulement qu'il fut des pays du Nord. Le premier livre des Gesta Ham-
chanoine de Saint-Pierre de Lille et qu'il mourut le maburgensis Ecclesise Pontificum raconte la conver-
25 février 1286. Poètè latin, il écrivit vers le milieu de sion des peuples à la religion, la fondation de l'Église-
la dernière moitié du XIIIe siècle « pour faire diversion de Brême et les travaux apostoliques de ses premiers-
aux douleurs de la maladie dont la trop fréquente évêques. Le second livre fait l'histoire générale des
»
apparition usait son existence, un poème rimé, inti-
tulé : Ludus Adœ de Basseia, canonici Insulensis,
événements de 940 à 1040; le troisième est consacré
à l'archevêque Adalbert. Dans le quatrième,Descriptio
super Anticlaudianum. C'est une imitation assez ser- insularum Aquilonis, Adam faitla description des pays
vile de l'oeuvre fameuse d'Alain de Lille, et non pas du Nord (Saxe, Slavonie, Danemark, Suède, Norvège,.
un jeu dramatique, comme on pourraitle croire d'après Angleterre). Malgré son style assez défectueux, l'ou-
le titre. Toutefois, Adam de la Bassée est original vrage d'Adam est des plus précieux pour les rensei-
lorsqu'il fait chanter à la Sagesse et à la Théologie des gnements qu'il nous a laissés et le soin qu'il avait
hymnes, des proses et des séquences en l'honneur de eu de puiser aux sources.
Dieu, de la vierge Marie, des anges et des saints. Ses Les principaux manuscrits de cet ouvrage se-
poésies liturgiques sont accompagnées de mélodies trouvent à la Bibliothèque impériale de Vienne et à
dont il est en partie l'auteur ou qu'il emprunte à des la Bibliothèque royale de Copenhague. Il y en a
chansons de trouvères alors en vogue. aussi à Brême (bibliothèque du Gymnasium),
Leyde (bibliothèque de l'Université), Rome (biblio-
M. D. Carnel, Chants liturgiques d'Adam de la Bassée, thèque vaticane), Wolfenbiittel (bibliothèque du-
chanoine de la collégiale de Saint-Pierre, à Lille, Gand, 1858,
a publié un choix de treize poésies dont sept sont accom-
cale)
pagnées de leurs chants, qu'il a traduits en notation mo- La plus ancienne édition est celle de A. Sever
derne.. On trouvera un déchant à deux parties dans E. de Velleius (Vedel), Hafnise, 1579. La meilleure est
Coussemaker, Histoire de l'harmonie au moyen âge, Paris, celle de Lappenberg, dans Pertz, Monumenta Ger-
manise hisiorica, Scripiores, t. vu, p. 267-389; repro- 36. ADAM DE CHAMBLY. Il doit être distingué
duite dans P. L., t. CXLVI, col. 433-662. d'Adam, abbé de Chaalis (ci-dessus, col. 465), auquel
les. bibliographes attribuent un recueil de sermons et
Lappenberg,dans Archiv der Gesellschaft für altéré deuts- avec lequel Oudin, Commentarius de scriptoribus eccle-
che Geschichtskuhde, t. Vi (1831), p. 768-892; id., dans le siasticis, Leipzig, 1722, t. m, col. 156, Fabricius, Bi:"
t. VII des Monum. German. histor., p. 267-280, reprod. dans
-
P. L., t.. CXLVI, col. 433-452. Ceillier, Hist. des aut. ecclé-
bliotheca latina médias œtatis,2e édit., p. 8 et deVisch,
Bibliolheca scriplorum sacri ordinis Cisterciensis, Co-
siast., t. XIVv, 2e édit., p. 201-206. — Aug. Bernard, De
Adamo Bremensi geographo, thèse, in-8°, Paris, 1895.
Ul. Chevalier, Bio-bibliogr., 2° édit., t. i, col. 34.
- logne, 1656, p. 2, l'ont identifié. Avant de devenir
évêque de Senlis — sa nomination eut lieu entre le
18 avril 1227 et le 3 juin 1228 — il fut chanoine de
A. TAYLOR.
32. ADAM DE BUCKFIELD (BOCFELDIUS), fran- Notre-Dame de Paris, ainsi qu'en témoignent divers
ciscain anglais, docteur en théologie, vivait dans la nécrologes publiés par A. Molinier, Obituaires de la
seconde moitié du XIVe siècle. Il écrivit des commen- province de Sens, Paris, 1902, 1.1, p. 208,222 et 578.
taires sur Aristote,notamment in libros Topicorum,de Il assista aux conciles de Noyon (1233) et de Lyon
cælo et mundo, de Generatione et corruptione, Meteo- (1245). En 1241, à Saint-Germain-en-Laye, il est
rorum, Metaphysicæ. Wadding possédait les quatre
premiers. Le catalogue de la bibliothèque du couvent
d'Assise dressé en 1381 mentionne Summa Magistri
;
présent au serment que prête la reine Marguerite
d'exécuter le testament de saint Louis en 1252, on
le trouve mentionné comme exécuteur testamentaire
Adœ Befeld super librosMeleororum. de la reine Blanche. Grégoire IX et Innocent IV
semblent l'avoir eu en estime, car ils le chargèrent
Wadding, Scriplores Minorum, Rome, 1650, p. 1; 1806, d'apaiser les démêlés qui surgirent entre l'Univer-
-
p. 1; 1906, p. 1. — Sbaralea, Supplem. ad script. Min.,
Rome, 1806, p. 1; 1908, p. 1. Joannes a Sancto Antonio,
Bibliotheca franciscana, Madrid, 1732, t. I, p. 9. — Tanner,
sité et l'évêque de Paris. Denifle et Châtelain, Char-
tularium Universilatis Parisiensis, Paris, 1889, t. I,
n. 58, 61, 200, 206, 208 et passim. Il mourut le
Biblioth. Brit.-Hibern., Londres, 1748, p. 137. — Dictio- 20 août 1258.
nary of national biography, t. I, p. 77.
ANTOINE de Sérent.
33. ADAM DE CAITHNESS. Né dans le sud de Daunou, Histoire littéraire de la France, t. XIX (1838),
l'Ecosse, il fut, dit-on, trouvé exposé à la porte d'une p. 414, a mis en doute l'identification de l'évêque de Senlis
avec l'abbé de Chaalis, sans se prononcer avec certitude;
église. D'abord prieur cistercien de l'illustre abbaye cf. aussi la Gallia christiana, t. x, col. 1414-1418, qui,
de Melrose vers 1207, il en devint ensuite abbé. En quoique distinguant les deux personnages, attribue à Adam
1213, il fut élu évêque de Caithness, diocèse situé à de Chambly les sermons qu'il faut restituer à l'abbé de
l'extrémité N.-E. de l'Écosse, et consacré le 11 mai Chaalis.— E. Berger, Les registres d'Innocent IV, et L. Au-
1214 par William Malvoisin, évêque de Saint-André. vray, Les registres de Grégoire IX, passim.
En 1218, nous le trouvons en pèlerinage à Rome avec G. MOLLAT.
les deux évêques écossais de Glasgow et de Moray. De 37. ADAM DE COLOGNE, dominicain, vers
retour dans son diocèse, il exaspéra par sa rapacité 1355, composa un commentaire sur le Maître des Sen-
dans le recouvrement des dîmes ses ouailles, qui s'em- tences.
parèrent de lui et le brûlèrent vif à Skinnet, le 11 sep- Echard, Scriptores ord. præd., t.I, p. 734-735. —Fabricius,
tembre 1222, en même temps que son diacre Serlo, cis- Bibl. med.ævi (1858),t.I, p. 11.-Hartzheim, Bibl. Colon.
tercien de Newbattle. Le roi Alexandre II vengea sa (1747), p. 3.
mort d'une façon cruelle; il fit couper les pieds et les R. COULON.
mains à quatre-vingts complices de son meurtre. Les 38. ADAM DECOURLANDON. Il étaitoriginaire
restes d'Adam furent en 1239 transportés à Dornoch, de Courlandon, canton de Fismes (Marne). Élevé par
chef-lieu de comté situé sur la mer du Nord. Michel de Corbeil, doyen de Laon, puis archevêque
de Sens, il exerça, comme son protecteur, la charge
Chronica de Mailros, éditée par J. Stevenson dans la pre- de doyen de Laon. On sait qu'il jouissait de cette di-
mière partie du t. IV des Church historians of England, Lon- gnité en 1196, mais qu'il ne la possédait pas encore en
dres, 1856. — Records of bishopric of Caithness, publiés par 1193. De 1213 à 1217 il languit dans les prisons d'En-
le Bannatyne Club, dans Bannatyne Miscellany, 1855, t. m, guerrand III, sire de Coucy, pour avoir osé s'emparer
p.1-24. — Grub,Eccles.hisl.of Scotland, Édimbourg, 1861, de pillards, à la solde de ce puissant seigneur, qui
t.I, p.
305, 318. —Diclionary national biography, 1908,t.1,
of s'étaient livrés à des déprédations au préjudice de
p. 76. — Les sagas ou récits poétiques des bardes des Orcades, l'Église de Laon. Les chapitres des églises voisines pri-
groupe d'îles voisines de l'évêché de Caithness, fournissent
aussi des détails sur la fin tragique d'Adam de Caithness. rent sa défense et protestèrent contre son injuste dé-
Cf. The Orkeyinga Saga, trad. par J. A. Hjaltalin et G. Gou- tention. Le sire de Coucy ne se laissa fléchir qu'après
die, Édimbourg, 1873. avoir été excommunié le 26 octobre 1216 par Hono-
R. BIRON. rius III. Oudin, Commeniarius de scriptoribus- eccle-
34. ADAM DE CAMMIS ou Vercammen, carme siasticis, Leipzig, 1722, t. II, col. [1705-1707. Rendu
belge, profès du couvent de Malines en 1469, fut reçu, le à la liberté, Adam de Courlandon réforma, en 1219, le
9 mai 1486, docteur en théologie à l'université de Lou- service divin dans son église et publia, en 1221, de nou-
vain, où il enseigna ensuite publiquement durant veaux statuts pour l'office des coutres. Il démissionna
quelques années, puis revint comme régent des études et se contenta de gérer les fonctions de chantre dont
:
au carmel de Malines, dans lequel il mourut en 1492.
Il a écrit Preelcctiones in aliquot S. Scripturse libros;
In quatuor libros Sententiarum; Sermones ad popu-
il fut pourvu entre 1223 et 1228. Par son testament
du mois de novembre 1232 (on en trouvera le texte
dans U. Chevalier, Ordinaires de l'Église de Laon, t. VI,
um, etc. de la Bibliothèque liturgique, Paris, 1897, p. XXIX-
xxx), il fonda trois prébendes dans son église natale
Valère André, Fasti academici Studii generalis Lovanien- -
-
sis, in-4°, Louvain, 1650, p. 95. Antonius Sanderus, Cho-
rographia sacra Brjbantise, in-fol., La Haye, 1727, t. xi,
et légua le reste de ses biens aux églises de Laon et de
Paris ainsi qu'à l'abbaye d'Igny, au diocèse de Reims.
c. ii, p. 277. — Norbert de Sainte-Julienne, Auctores Car-
Il dut mourir peu après 1232 et fut enterré dans
metitani, pro supplemento Bibliothecœ Carmelitanæ, Ms. du l'église Saint-Martin de Laon.
àla
XVIIIe siècle, n. 13092, Bibliothèqueroyale deBelgique, ŒUVRES. — Les bibliographes ont faussement attri-
P. MARIE-JOSEPH. bué à Adam de Courlandon la rédaction d'un ordi-
35. ADAM DE CARAIL. Voir ADAM CRAIL. naire de l'Église de Laon,postérieur à 1173 et antérieur
à 1228, dont le texte définitif a été publié par U. Che- 1126 jusqu'à 1291. Sous le titre Historia controversise
valier, op. cit., p. 189-384. Adam ne fut que le promo- inter episcopos Bathonienses et monachos Glastonienses,
teur du travail de codification des usages observés Wharton (Anglia sacra, Londres, 1691, t. r, p. 578-
dans l'Église de Laon pour les fêtes des saints, ainsi 585) a publié une sorte d'abrégé de l'Historia de rébus
qu'en témoigne la préface même de l'ordinaire, quæ gestis Glastoniensibus dont Adam de Domerham n'est
circa sanctorum festivitates in ecclesia nostra usualiter pas l'auteur.
fieri solent ad petitionem et præceptum domini nostri Dictionary of national biography, Londres, 1885, t. i,
Adse. de Cortlandon, Laudunensis decani, in scriptum
.redigere dignum duximus. Cf. U. Chevalier, op. cit., p. 77-78. — Tanner, BibliothecaBritannico-Hibernica, Lon-
p. 191. -: On lui doit divers commentaires sur l'Écri-
dres, 1748, p. 230-231.
G. MOLLAT.

Actes des Apôtres. Incipit :


ture sainte 1° Un commentaire théologique sur les
Ibimus itinere trium.
Cf. F. Ravaisson, Catalogue général des manuscrits des
42. ADAM DE DOMPMARTIN, originaire de Pa-
ris, était frère de Guillaume de Prato qui fut nommé
archevêque de Cambalu (Pékin), le 11 mars 1370.
bibliothèques publiques des départements (Bibliothèque De même que son frère, il entra chez les frères mi-
de Laon),t. i, Paris, 1849, n. 152; —2°un commentaire neurs de la province de France. Il était déjà docteur
sur l'évangile selon saint Matthieu, dont la composi- en théologie lorsque, le 30 septembre 1375, il fut inter-
tion doit être placée entre 1194 et 1199 puisqu'il est rogé par les maîtres de l'université au sujet de la
dédié à Michel de Corbeil, archevêque de Sens. Inci- traduction des livres de Marsile de Padoue. En 1375,
pit: Veniteetvidete.;desinil:Multiplex erit scientia. selon Wadding, il était ministre de sa province; un
Cf. Ravaisson, n. :
167, 167 bis et 164 bis;-3° un com-
mentaire sur le Pentateuque. Incipit Ad corrigendos
hominum mores.Cf. Ravaisson, n. 164 bis;—4° un
document de 1381 prouve qu'il exerçait encore son
office à cette date. Clément VII le nomma évêque
:
commentairedontl'incipit est Frange esurienti panem
tuum.Cf. Ravaisson, n. 167 ter; 5° les manus--
de Gubbio en Italie, le 20 juillet 1384. Jamais il ne
prit possession de son siège qui fut pourvu, à la même
époque, d'un autre titulaire, Laurent Corvini, par
crits 171, 20 et 199 bis contiennent « un recueil de mé- Urbain VI. Le 31 juillet 1384, Clément VII lui permet
langes de théologie morale traitée allégoriquement en de se choisir un confesseur et à lui-même d'entendre
:
un très grand nombre de chapitres détachés, » qui est
dédié à Michel de Corbeil. Incipit Calix in manu Do-
mini.; desinit : Reprehendatur ex invidia.;—6° plu-
les confessions de toutes les personnes qui se présen-
teront. De plus il lui concède le pouvoir d'élever à la
dignité de docteur en théologie de Paris le frère
sieurs mélanges de théologie morale dans les manus- mineur qu'il choisira, pourvu que celui-ci ait passé
crits 153, 164 bis et 170 de la bibliothèque de Laon. sur les bancs de la faculté le temps d'étude suffisant,
A. Bellotte, Rilns Ecclesiœ Laudunensis, Paris, 1662, t. n, et à condition qu'il enseigne actuellement les Sen-
p. 313-321, 325-326 (cet auteur a publié in extenso les lettres tences et qu'il ait subi un soigneux examen devant
des chapitres des églises de la province de Reims écrites lui et d'autres maîtres en théologie de Paris, durant la
à l'occasion de la détention d'Adam de Courlandon; l'or- tenue du prochain chapitre provincial. Le 4 août
dinaire de l'église de Laon, imputé à Adam, forme le fonds
du texte de l'ordinaire qu'il a inséré au tome Ier de son ou- suivant, le pape lui accorde de demeurer à l'avenir,
vrage). — U. Chevalier, op. cit., p. XVIII-XXX (on y trouvera comme avant sa promotion à l'épiscopat, dans (la
l'analyse des documents concernant Adam de Courlandon, chambre que son frère l'archevêque s'était fait con-
qui sont insérés dans le cartulaire de la cathédrale de Laon). struire de son vivant, au couvent de Paris, avec les
336. -
— Histoire littéraire de la France, 1832, t. XVII, p. 334-
Oudin, op. cil., col. 1702-1708.
G. MOLLAT.
aumônes des fidèles. Un manuscrit de la bibliothèque
:
de Reims, les Collationes de Jean de Galles sur saint
Jean, porte le nom de ce prélat Hune émit frater
39. ADAM CRAIL ou de CARAIL, évcqued'Aber- Adam, episcopus Eugubinus, a magistro Johanne Si-
deen de 1208 à 1228, avait été secrétaire du roi Guil- cardi, ordinis Minorum Avinionensium. «Frère Adam
laume le Lion (1165-1214) qui lui fit obtenir cet évê- évêque de Gubbio a acheté ce livre à maître Jean
ché. Jusqu'à la mort de son maître, Adam s'occupa des
intérêts du royaume et, une fois le roi mort, montra
»
Sicard des Frères Mineurs d'Avignon. On ignore le
lieu et la date de sa mort.
beaucoup de zèle dans l'accomplissement des devoirs
de sa charge pastorale. Eubel, Hierarchia, t. i, p. 252; Die Auignonesische Obe-
dienz, in-8°, Paderborn, 1900, n. 364, 366, 369. — Denifle
Hector Boëthius, Murthlacensium et Aberdonensium et Châtelain, Chartul. Univ. Paris., t. m, p. 108, 226,
episcoporum vitæ, édit. James Moir, Aberdeen, 1894, p.10- 227. — Chronica XXIV Generalium, gr. in-8°, Quarac-
11.—Registrumepiscopatus Aberdonensis, Edimbourg, 1845, chi, 1897, p. 572. — Valois, Le grand schisme d'Occident,
p. xx.
A. TAYLOR.
40. ADAM DE CUMES, frère mineur, inquisiteur
-
t. II, p. 130. — Arch. de l'Aube, G. 3390. — Catal. gén.
des Mss., t. xxxvin, n. 168, p. 154. Wadding, Ann.Min.,
t. VIII, p. 328, 573; t. IX, p. 61,410.
dans la province romaine, à qui Boniface VIII adresse ANTOINE de Sérent.
un rescrit au sujet d'un habitant de Spolète, Jean 43. ADAM L'ÉCOSSAIS. Ainsi nommé parce
Feraloca, 1298. qu'il était originaire d'Écosse ou d'Angleterre,il entra
Wadding, Ann. Min., ad ann. 1298, t. v, p. 399. vraisemblablement comme moine au monastère des
ANTOINE de Sérent. chanoines prémontrés de Saint-Andrew en Écosse;
41. ADAM DE DOMERHAM. Né à Domerham, dans la suite, il serait devenu abbé et évêque de Whit-
village du Wiltshire, il entra comme moine à horn. L'on sait très peu de détails sur sa vie. On peut
l'abbaye de Glastonbury bien avant 1255, car il fut seulement affirmer qu'il était chanoine en 1158, et
élu cette année-là parmi ceux qui avaient été chargés qu'il mourut après 1180. Il a été parfois désigné sous
par voie de compromis de choisir le successeur de le nom d'Adam le Prémontré; ce qui a donné lieu à de
l'abbé Roger Ford, déposé par l'évêque de Bath. En nombreuses confusions. Ses écrits de mystique monas-
1274, il est cité comme cellérier et prieur de son mo- tique furent très appréciés de son temps.
nastère. Il mourut vers 1191. ŒUVRES. — 1° Quarante-sept homélies — lerecueil
Il composa une Historia de rebus gestis Glastonien- primitif en contenait cent — publiées dans la P.L.,
sibus qui a été éditée par Thomas Hearne à Oxford, t. CXCVIII, col. 91-440. — 2° Quatorze sermons formant
en 1727. Cet ouvrage est la continuation du De le commentaire de la règle de Saint-Augustin à l'usage
anliquitate Glastoniœ de William Malmesbury; il re- des prémontrés sont réunis sous le titre de Liber de or-
trace l'histoire de l'abbaye de Glastonbury depuis dine, habitu et professione canonicorum ordinis Præ-
monstratensis; cf. P.L., t. CXCVIII, col. 439-610.—3°Un
traité De tripartito tabernaculo; ibid., col. 609-792. —
- John le Neve, Fasti Ecclesiæ Anglicanæ, édition T.
DufIus-Hardy, Oxford, 1854, t. II, p. 542-545. — A. Moli-
4° Un traité De iriplici genere contemplationis; ibid., nier, Les sources de l'histoire de France, 1re partie, fasc. 3,
'Col. 791-842. — 5° Soliloquiorum de instructione ani- Paris, 1903, p. 16.
R. BIRON.
mse libri duo; ibid., col. 841-872, et Pez, Thesaurus 48. ADAM DE FLORENCE (Adam ou Adaman-
unecdotorum novissimus, Vienne, 1721, t. i, pars 2% tius), théologien et orientaliste de l'ordre de Saint-
p. 337-375. — 6° Un traité qui ne nous est pas par- Augustin, XVIe siècle. Il prit part au concile de Trente
venu, intitulé d'après les bibliographes De dulcedine comme théologien du cardinal Madruccio, et des can-
Dei. tons catholiques de la Suisse. Grégoire XIII l'appela
Les œuvres d'Adam l'Écossais ont été partielle- à Rome et lui confia la mission de traduire, commen-
ment publiées la première fois à Paris, en 1518, par ter et éditer le Talmud. Adamantius se mit à l'œuvre,
Gilles Gourmont. L'édition du P. Ghiselbert, Anvers,
1659 (Bibliothèque nationale, C. 767), est plus com-
plète et précédée d'une notice sur la vie d'Adam, qu'a :
mais la mort le surprit au milieu de son travail, le
20 mars 1562. On a de lui Oratio habita a reverendo
Paire Adamantioordinis Eremitarum sancti Augustini,
reproduite Migne, P.L., t. CXCVIII, col. 19-90. Cette nomine oraloris septem cantorium Helveliorum caiho-
dernière édition est la plus complète. M. L. Bourgain licorum, Labbe, Sacroscincta concilia, Paris, 1672,
signale des homélies dans le manuscrit 17514 du fonds t. xiv, col. 1193-1195; Le Plat,Monumentorum ad his-
latin de la Bibliothèque nationale. Cf. La chaire fran- ioriam concilii tridentini potissimum illustrandam spec-
faise au xne siècle d'après les manuscrits, Paris, 1879,
p. 135-136.
Ceillier, Histoire générale desauteurs sacrés et ecclésias-
:
ianiium amplissima collectio, Louvain, 1785, t. v,
p. 121-123. On cite aussi de lui Carmen latinum in
Hexameron D. JEgidii de Columna bitLlricensis, édité
tiques, Paris, 1863, t. xiv, p. 687-689. — Dictionary of
national biograpluj, Londres, 1885, t. i, p. 81-83. — Du- en 1549.
pin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, t. XII (1699), Mazuchelli, Gli scrittori d'Italia, t. I,1re part., p. 128.
p. 625. — L. Jérôme, dans Dictionnaire de théologie catho- - Ossinger,Bibliotheca augustiniana, p. 14. -Negri, Istoria
lique, Paris, 1903, t. i, col. 389-391. -
Hurter, Nomen-
clator literarius, Innspruck, 1899, t. IV, col. 162. — Oudin,
-
degli scrittori fiorenlini, Ferrare, 1722, p. 2-3. Theincr,
Acta genuinaS.eocumenici concilii Tridentini,Agram,1874,
Commentarius de scriploribus ecclesiasticis, Leipzig, 1722, t.i, p. 695.
t. II, p. 1544-1547. A. PALMIERI.
G. MOLLAT. 49. ADAM DE FULDE, moine musicien, vivait
44. ADAM L'ÊCOSSAIS, dominicain, évêque dans la seconde moitié du xve siècle; né, vers 1450, en
de Whitehorn (comté de Gallway). Promu par Ur- Franconie. C'estun des plus anciens compositeursqu'ait
bain V,le 17 novembre 1363. Mort le 16 janvier 1395. produit l'Allemagne; ses contemporains l'appréciaient
Cavalieri, Galleria de' Sommi Pontefici, etc., t. i, p. 150, hautement. On ne sait pas s'il enseigna à Fulda. Dans
n.208. son traité De Musica publié par Gerbert,au t. III
R. COULON. de ses Scriplores ecclesiastici de musica, il prend
45. ADAM ESTON. Voir ESToN ADAM. le titre de « musicien ducal." musicus ducalis. On a
pensé que son duc fut peut-être un des évêques de
46. ADAM D'EVESHAM, bénédictin de l'abbaye "Wurzbourg qui portaient le titre de Dux Francolliæ
de la Charité-sur-Loire, au diocèse de Nevers. Il devint, orienialis, mais ce sont là des conjectures. — Son
en 1157, prieur de Bermondsey, dans le comté de Sur- traité De musica porte la date du 5 novembre 1490. Il
rey, en Angleterre. En 1160, il obtint d'importants pri- comprend 4 livres; le IIIe et le IVe sont les plus im-
vilèges du roi Henri II pour ce monastère. L'année sui- portants; Adam y.traite de la musique mesurée, des
vante, 1161, il fut fait abbé d'Evesham, dans le comté proportions et des consonnances. On connaît aussi
de Worcester. Il acheva le cloître de cette abbaye et fut de ce moine musicien nombre de compositions poly-
le premier abbé anglais à recevoir l'autorisation de phoniques qui se trouvent dans divers recueils du
porter la mitre. En 1162, il fut l'un des commissaires temps. Ce sont en général des pièces à 4 voix, de fac-
pontificaux chargés de porter le pallium à l'archevêque ture régulière et bien écrites.
de Cantorbéry, Thomas Becket. Il mourut le 12 no-
vembre 1191. On lui attribue les ouvrages suivants
Exhortatio ad sacras virgines Godestovensis cœnobii;
: Gerbert, Scriplores ecclesiastici de musica, 1784, t. m,
p. 329 à 381. — Fétis, Biographie univ. des musiciens, 2e éd.,
Paris, 1859, t. i, p. 13-14. — Eitner R., Biograph.-Biblio-
De miraculo eucharisliœ ad Rainaldum, et quelques graph. Quellen-Lexicon d. Musiker, Leipzig, 1900, t. i, p. 37
lettres. M. BARGE.
Chronicon abbatial de Euesham, éditée par W. D. Macray,
50. ADAM GAUTIER (Bienheureux), cistercien,
Londres,1863, p. 100,175.—Annal,monast. de Bermundeseia, abbé de la Trappe. D'après la Gallia chrisliana, t. XI,
éditées par H. R. Luard, Londres, 1886,t.1, p. 49; t.III p. 440. p. 748, il aurait gouverné son monastère pendant cin-
-Dictionary of national biography, 1908, t. i, p. 78.
R. BIRON.
quante-cinq ans (1188-1243), ce qui est beaucoup
pour un abbé régulier et supposerait une longévité
47.ADAM D'EYNSHAM, hagiographe anglais. extraordinaire ou qu'il a été promu fort jeune. Si on
Moine bénédictin, d'abord chapelain de saint Hugues, remarque de plus que les actes reproduits dans le car-
évêque de Lincoln, il fut fait abbé d'Eynsham, dans le tulaire de la Trappe donnent le nom d'Adam à l'abbé
comté d'Oxford, en 1213, puis déposé en 1228. Il mou- qui gouvernait en 1214 et celui de Gautier à l'abbé
rut après 1232. Il a écrit en cinq livres et dédié aux qui apparaît de 1223 à 1241, il est permis de se de-
chartreux de Witham, dont Hugues avait étéprieur, mander pourquoi les auteurs de la Gallia ont appli-
la vie de ce saint évêque de Lincoln. Cette biographie qué ces deux noms à un seul et même personnage.
fut composée entre 1213 et 1220. Dimock en a publié Peut-être l'épitaphe à laquelle ils font allusion don-
le texte complet. Migne en a donné une rédaction abré- nait-elle la solution de cette difficulté.
gée d'après Pez, et il attribue cette Vita à un certain Adam, né de parents nobles, aurait été élu en 1188
Alexandre, moine et plus tard abbé de Saint-Augus- Il obtient, en 1189, de Rotrou IV, comte du Perche,
tin de Cantorbéry. Dimock l'a restituée à Adam la ratification de la fondation de l'abbaye par Ro-
d'Eynsham. trou III et des diverses libéralités qui avaient été
J. F. Dimock,Magna vita S. Hugonis, dans les Rolls Se- faites au monastère. Cartul.,p.587. Le chapitre géné-
riés, t. XXXVII, 1864. — Pez, Bibliotheca ascetica, Ratis- ral de Cîteaux (septembre 1194) lui ordonne d'aller à
bonne, 1733, t. x,p. 1-389. - P. L., t. CLIII, col. 937-1114. Clairvaux aussitôt après la dissolution de l'assemblée
pour répondre aux accusations dont il sera l'objet, et différend entre Anne, abbesse des Clairets et Philippe,
d'y demeurerà la volontéde l'abbé. Martène etDurand, prieur de Nogent-le-Rotrou. En 1241, il accorde à
Thésaurus novus anecdot., t. iv, col. 1280, statut 21. Gautier du Gué quatre acres de terre et une noue, et,
En 1202, il accompagne en Syrie le comte Renaud de au mois d'août de la même année, six autres acres à
Dampierre; mais il ne partagea pas la longue captivité Giry Lcmercier, moyennant une redevance annuelle.
de ce seigneur. AlbéricdesTrois-Fontaines, Chronicon, Cart., p. 545, 532. Célèbre par sa sainteté et le don
ann. 1202;Pertz, Monumentci German. hist., Script., des miracles, Adam Gautier mourut le 7 mai, jour
t. XXIII, p. 880. Adam obtient d'Innocent III, en où son nom est inscrit dans les ménologes de l'ordre
1203 et 1204, une bulle ordonnant à l'archevêque de de Cîteaux, et probablement en 1243 (Gallia christ.) :
Rouen, jà ses suffragants et aux prélats et dignitaires il fut enseveli dans le chapitre de son abbaye.
de la province d'excommunierceux qui molesteraient
les moines de la Trappe dans leurs biens ou dans
l'exercice de leurs privilèges, principalement dans
Gallia christiana, 1759, t. xi, p. 748. -Gaillardin, Les
trappistes ou l'ordre de CiLeaux ait xne siècle, Ilisl. de la
Trappe depuis sa fondation jusqu'à nos jOllrs, Paris, 1844,
celui de l'exemption des dîmes. Cartul., p. 590, 592. 1.1, p. 28-34. — Carlulaire de l'abbaye de la Trappe, publié
Le roi Philippe-Auguste l'envoya auprès du même d'après le manuscrit de la Bibliothèque nationale par M. le
pape, pour traiter l'affaire de son divorce (1212). Deux comte de Charencey, Alençon, 1889. — Henriquez, Meno-
ans après (27 avril 1214), il fit consacrer son église, logium cisteriiense, Anyers, 1664, p. 152-153. — Kalen-
dont Thomas, comte du Perche, fils de Geoffroy et darium cisterciense seu Marlyrolog. s. o. Cist. a S. R. C.
de Mahaut ou Mathilde de Champagne, venait de approb., Westmalle, 1880, p. 116. — Ménologe cistercien
terminer la construction. En la même année 1214, il par un moine de Thymadeuc, Saint-Brieuc., 1898, p. 144.
R. TRILHE.
approuve l'accensement d'une maison fait par Robert 51. ADAM DE GLADBACH, dominicain alle-
des Deuxchamps et Emmeline, sa femme, à Gilon de mand, du couvent de Cologne. Il gouverna la province
henechaille. Cartul., p. 484. En 1218, Adam tran- dominicaine de Teutonie en qualité de prieur provin-
sige avec Guy, abbé de Saint-Père-en-Yallée;la même cial de 1402-1408. Maître en théologie, il figure surles
année, il devient Père immédiat des moniales cister- rôles del'université de Cologne. Il composaune Summula
ciennes des Clairets, à la demande de Mahaut, veuve rimée, sorte d'adaptation de la Somme de Raymond
de Geoffroy, comte du Perche, fondatrice de cette de Pennafort. Elle était intitulée au moins dans l'édi-
abbaye. Guillaume, évêque de Châlons-sur-Marne et tion de Paris, 1494, in-4°, Summula pauperum per ma-
comte du Perche, donne, en mai 1219, aux moines de
la Trappe 40 sous de rente pour fonder son anniver-
saire dans l'église de l'abbaye. Cartul., p. 19. Les
moines reçoivent encore de Guillaume en 1220, la
:
gistrum Adamum de ordine Fratrum PrædicCltorum.
Elle eut plusieurs éditions Cologne, 1502; Paris, 1513,
1514, in-4°; 1516, in-8°; 1535, 1539, in-8°.
donation des droits qu'il possédait sur les bois du Echard, Scriptores ord. Proed., t. i, p. 734; t. n, p. 821. —
Frétay, et en obtiennent des chartes confirmant Keussen Herm., Die Matrikcl der UniversitiitKoIn, Bonn,
diverses donations. Cartul., p. 450-453, 138, 454. 1892, t. i, p. 63. — Dictterle, Summse confessorum, dans
Guillaume fait une nouvelle libéralité en 1223. Car- Zeiischrift fur Kiichengeschichle, t. xxvn, p. 171-177. —
tul, p. 460. La même année, Gautier, abbé de la Von Loë et Heichcrt, Quellen und Forschungen zur Ges-
chichte des Dominikanerordensin Dculschland,Leipzig, 1907,
Trappe, dont le nom apparaît alors pour la première
fois, inféode à Hugues de Beaumont les biens de p. 15, n. 39. — Heichert, Chronicon Pelri de Arenijs, p. 39,
dans Monumenla ord.FralrumPrœd., Rome, 1907, t. vu,
l'abbaye à Essai, pour 41. 10 s. tourn. de cens annuel. fasc.1.
Cartul., p. 133. En 1224, il donne à Guillaume Du- R. COULON.
fresne la terre de la Courteraie sous la rente de 5 s. 52. ADAM DE GODDAM ou WODHAM, appelé
monnaie du Perche (ibid., p. 44), et obtient d'Hono- en latin de Vodronio, frère mineur anglais, né au comté
rius III (3 juillet) une bulle prenant la Trappe sous la de Southampton, fut disciple et partisan de Guil-
protection du Saint-Siège, confirmant ses possessions laume Ockham, le chef des nominalistes. Jean
et lui assurant les privilèges de l'ordre de Cîteaux. Major prétend qu'il n'était pas inférieur à son maître.
Ibid., p. 593. Guillaume, comte du Perche et évêque Il se peut que ce soit cet Adam auquel G. Ockham
de Châlons, lui donne, en 1225, le moulin de Buré à la adressa sa Summa logices. Il enseigna à Norwich, Lon-
charge d'une messe quotidienne pour le repos de son dres et Oxford. La date de ses cours à Oxford, comme
âme. Cartul., p. 136, et confirme le don de Barthé- 61e lecteur, doit se rapporter à 1340. C'est sans doute
lemy Drochon. Ibid., p. 9. Gautier cède à Guillaume
de la Ménière un pré situé à Mont-Isambert pour 5 s.
cet Adam d'Angleterre, maître en théologie » qui alla
à Bâle, en 1339, et fut en relation avec un mystique de
de rente (ibid., p. 28), et délimite comme arbitre, avec cette ville, le franciscain Jacques de la Porte. Il mou-
J'abbé de Lire et Nicolas de Gloz, des terres qui fai- rut à Babwel en 1358.
saient l'objet d'une contestation entre les moines de la Il composa (Commentaria) Super IV libros Scnlen-
Trappe et Raoul de Mélicourt (1226). Cartul. p. 182- tiarum, in-fol., Parisiis, 1510. — Ibid., 1512, édité
183. En 1227, Gautier inféode à Guérin d'Échau- par Jean Major qui donne dans la préface quelques
ménilles terres données en 1215 par Thomas d'Échauf- détails sur l'auteur. J. a Sto Antonio, Bibl. francise.,
tour, Cartlll., p. 124, et baille à nouveau fief à Guil-
laume de Longpont les biens donnés à l'abbaye par
Angebaud de Champeaux. Cartul., p. 60. Guillaume
:
t. i, p. 9, dit avoir vu ces éditions. — La Bibl. nat. de
Paris possède les deux suivantes Adam Goddam, Su-
j
per qucdtuor libros sententiarum, Parrhisiis, in-fol.,
de Jarriet lui rétrocède, en 1232, la terre de Bois- s. d.; Id., in-fol, Parrhisiis, 1512.
Hardi aliénée par un abbé de la Trappe, contre la res-
titution du prix d'achat. Cartul., p. 119. En mars
1233 ou 1234, Gautier inféode à Robert Morin tout
serve manuscrit :1°
Ce même ouvrage abrégé par Henri de Oyta se con-
à Paris, Bibl. nat., fonds lat. 15895,
15892; à l'Arsenal, 514 (olim 551); 2° à Bruges, 162;
le monastèrepossédait au Val-Lejard, en terres, 3° à Toulouse, 246; à Rouen, 581. — Quæstiones varias
- ce que
prés et bois; il concède, en 1234, à Geoffroy Langlois philosophiez et theologiese, à Londres, British Muséum,
un hébergement et cinq acres de terre entre le moulin Harl. 3243.
de Contrebis et le gué de Belleperche. Carhzl., p. 545,
564. Il donne (1236) à Girard Rossinol, clerc, quatre Liber conformit., Milan, 1513, f. 112 V. — Analecta
pièces de terre situées dans la paroisse de Bivilliers tmnciscana, Quaracchi, t. I, p. 271; t. II, p. 177; t. m,
sous le cens annuel de 12 deniers. Cart., 542. Gautier p. 623, 624, 630, 631, 637. — Tanner, Bibl. Britannico-
Hibern., Londres, 1748, p. 329. — Bale, Illustrium Majoris
prononce, en 1236, une sentence arbitrale dans un Britanniœ scriplorum. summarÎllm, 1559, t. 1, p. 447. —
Leland, De rébus Britann. collectanea,Londres, t. III, 1774, encore en 1285, époque à laquelle il écrivit la chanson
p. 49— Wadding,Ann. Min., t. VI, p. 344; t. VIII, p. 139. — du Roi de Sezile; il mourut avant 1288, vraisembla-
Wadding-Sbaralea, Scriptores Ord. Min., Rome, 1806, blement vers 1286 ou 1287.
p. 2-3, 327, 723. — Little, The Grey Friars in Oxford, Adan était clerc et appartient ainsi à l'histoire ecclé-
Oxford, 1892, p. 77, 170, 172-173, 226. — U. Chevalier,
Répertoire, Bio-bibliog., 2e éd., t. i, col. 39. siastique plus que par son court séjour à Vaucelles.
Rien ne prouve, en effet, qu'il fut moine cistercien;
ANTOINE de Sérent. cette hypothèse a contre elle des faits probants comme
53. ADAM DE LA HALLE, ou mieux ADAN DE son mariage, son genre de vie et la nature de ses tra-
LE HALE. — I. Vie. II. Œuvres.
I. VIE. — On a beaucoup écrit sur ce trouvère, mais
les anciens travaux ont peu de valeur et ont contribué
vaux littéraires.
:
II. ŒUVRES. — I. Poèmes lyriques a) XXXVI
chansons; b) XVIII partures ou jeux-partis; c) III
à accumuler sur sa personne et sur sa vie de nom- pièces en douzains : Le Congé, le Dit d'amour, les Vers
delamort;d) VII motets et XVI rondeaux.— II.
breuses erreurs. Cela ne doit pas surprendre, car on
seuls renseignements que nous possédions nous sont
fournis par ses propres vers, et les critiques ne sont pas
:
n'a aucun document ou peu s'en faut sur sa vie; les ment d'épopée: la chanson du Roi de Sicile, inachevée.
— III. Œuvres dramatiques 1° le Jeu de la Feuillée;
2° le Jeu de Robin el de Marion. Le Jeu du Pélerin, qui
d'accord sur leur valeur historique. Les meilleurs tra- lui a été attribué n'est pas de lui, puisqu'on y parle de
Frag-

vaux sont ceux de Monmerqué, de P. Paris et de Bahl- sa mort et de son tombeau. L'appréciation de ces pièces
sen, et surtout la magistrale étude de M. H. Guy, qui est du domaine de l'histoire littéraire. On peut néan-
développe et discute les données fournies par ses de- moins y glaner quelques renseignements utiles pour
vanciers, les rectifie souvent et les complète. On ne l'histoire ecclésiastique, principalement dans le Jeu
peut que résumer ici ses conclusions. de la Feuillée, et aussi, mais àun degré bien inférieur,
Adan naquit au plus tôt en 1237 (Guy, Essai, p. 9), dans le Roi de Sezile. Dans cette chanson, il transforme
ou en 1240 (Monmerqué, Théâtre franç., p. 21), à Arras. en roman l'histoire de ce prince. Le Jeu de la Feuillée
Son père, Henri, était clerc des échevi ns et avait épousé renferme des satires contre le clergé; mais contrai-
une femme veuve, pauvre et modeste. Leur fils fut
:
rement à son habitude, Adan ne fait pas de personna-
élevé par la charité de deux riches bourgeois d'Arras, lités seul, Alexandre IV, qui d'ailleurs était mort,
Baude et Robert le Normant. De son lieu d'origine, doit à son intervention dans l'affaire des clercs bigames
il est appelé parfois Le Bossu d'Arras. On n'est pas d'Arras d'être nommé. Ces satires visent surtout les
d'accord sur la raison qui lui fit donner le surnom de évêques qu'Adan appelle larrons et auxquels il re-
Bossu; Adan a toujours protesté contre la conclusion proche de donner par leur inconduite l'exemple du
qu'en pouvaient tirer ceux qui ne le connaissaient pas vice (vers 446-455). La satire des moines n'a aucune
de vue, et déclaré qu'il n'était pas bossu (Roi de Sezile;
Hist.littér., t. xx, p. 638); P. Paris suppose que sa taille :
aigreur; elle est fine, adroite et voilée. Elle est dirigée
contre les religieux de toute robe seuls les cister-
manquait de souplesse, tandis que M. Guy voit plutôt ciens sont épargnés. Adan donne de l'affaire desclercs
dans cette appellation un surnom patronymique d'une bigames arrageois un récit partial (vers 434-437).
branche de la famille (p. 13). Son nom, tel qu'ill'écri- Adan a été sévèrement jugé. M. H. Guy essaie de re-
vait lui-même, ainsi que ses contemporains, d'après viser son procès. Il est certain qu'une partie des griefs
les manuscrits, est Adan de le Hale. Guy, Essai, p. invoqués contre le trouvère n'a plus la même gravité
10-12. Adan fut admis à Vaucelles et y prit l'habit dès que l'on admet qu'Adan n'était pas moine. « Ses
cistercien de 1250 à 1257, sous les abbés Adam de poésies décèlent un homme qui ne laisse pas de conce-
Wanoule ou Wanonlieu et Guillaume Gaudavens, con- voir la beauté morale, » bien que son idéal soit borné
jecture M. H. Guy (p. 31). Il n'a pu être admis au no- et terre-à-terre. Ses satires contre le clergé n'indiquent
:
viciat, d'après les statuts de l'ordre, avant dix-huit pas qu'il ait perdu la foi vers la fin de sa vie il chante
ans, c'est-à-dire au plus tôt en 1255. Mais on ignore la vierge Marie en vers émus et sincères. Chans. XXVIII,
à quel titre il fut reçu à Vaucelles, si c'est comme no- XXXIV.
vice, familier ou oblat. Dans ce dernier cas, il aurait On trouvera dans l'ouvrage de M. H. Guy les ren-
pu entrer beaucoup plus tôt. Quoi qu'il en soit, il pa- seignements les plus complets sur les manuscrits et
raît improbable qu'il ait fait profession, et son essai les éditions des œuvres d'Adan (p. 576-588). Le ma-
de vie monastique a été de courte durée, car il qÊ4j£ta nuscrit le plus intéressant est celui de la Bibliothèque
l'abbaye et retourna àArras vers 1257. Il prit à Vau- nationale, Fr.25566, qui renferme à quelques vers près
celles le goût de l'étude et résolut de se rendre à Paris les œuvres complètes du trouvère. Ses poèmes ont
pour y compléter son éducation. C'est entre sa sortie été édités par De Coussemaker, Œuvres complètes du
du cloître et son départ pour Paris qu'Adan écrit ses trouvère Adam de la Halle, in-8°, Paris, 1872, qui a
premiers vers et le Jeu de la Fouillée(12577-1262), qui malheureusementnégligé de numéroter les vers; aussi
fut-représenté pour la première fois en 1262. Cette pour le Jeu de la Feuillée et le Jeu de Robin préfère-
comédiecomposée pour la fête du puy prouve qu'Adan t-on citer A. Rambeau (Die d. Trouvère Adam de la
était déjà membre de cette assemblée. C'est à ce mo- Halle zugeschriebenen Dramen, Marburg, 1886). Cette
ment que se place sa liaison amoureuse avec Maroie, dernière pièce a été publiée avec une traduction par
qu'il épousa au début de 1262. Guy, Essai, p. 61. Il M. Langlois, Le Jeu de Robin et de Marion par Adam
part pour Paris et compose à cette occasion le Congé. le Bossu, Paris, 1896. M. A. Jeanroy, dans Romaniay
Adan paraît être rentré à Arras en 1265 ou 1266; t. xxn, p. 45-53, a donné une excellente édition du
compromis dans les troubles suscités par la perception Dit d'amour.
de la taille de 1267, il se réfugia à Douai, d'où il re-
vint vers la fin de 1271, ou le début de 1272. A cette Bahlsen, Adam de la Hale's Dramen und das « Jus du
époque il est admis dans la maison de Robert d'Ar- Pelerin », in-8°, Marburg, 1884. — H. Guy, Essai sur la vie
et les œuvres littéraires du trouvère Adan de le Hale, in-S",
tois, qui l'attache à sa personne. Adan suivit ce prince Paris, 1898. — Monmerqué, Théâtre français, 1839,.
en Italie, et l'accompagna à Naples, en 1283, à la p. 21-31. — P. Paris, dans Histoire littéraire de la France
cour de Charles d'Anjou, roi de Sicile. Robert céda Paris, 1842, t. xx, p. 638-675, 796-798. — Visch, Biblio-
le trouvère à son oncle et Adan fit ainsi partie de theca scriptorum s. ord. Cisterc., Cologne, 1656, p. 2.
la maison du roi à titre de familier. Il composa alors le R. TRILHE.
Jeu de Robin et de Marion, celui de ses ouvrages qui a 54. ADAM DE HEKESHOVRE. Voir ADAM DE
eu le plus de vogue et de renommée solide. Adan vivait BECHESOUERES, col. 470.
55. ADAM HEMLDNGTON,carme anglais du cou- 60. ADAM LYNS, dominicain. Élu évêque d'Ar-
vent de Norwich, dans le comté de Norfolk, étudia dagh en Irlande, par Boniface IX, le 16 février 1398.
à l'université d'Oxford, puis à celle de Paris, la phi- Il mourut en 1416.
losophie et la théologie, prit ses grades de bachelier, Echard, Scriptores ord. Præd., t.1, p. xxiv. — Cavalieri,
de maître en théologie, ce qui correspondait à la li- Galleria de' Sommi Pontefici, etc., t. i, p. 187, n. 350. —
cence, puis de docteur, et revint dans sa patrie, où Belgium dominicanum, p. 422. — W. Maziere Brady, The
il exerça plusieurs prélatures dans son ordre. Quel- episcopal succession in England, Scotland and Ireland (1400-
ques auteurs le font mourir à Norwich en 1410; mais i,
1875), 1876, t. p.288.
divers documents le montrent existant encore à Lin- R. COULON.
61. ADAM DE MARSH, naquit vers la fin du
coln, en 1413 (Tanner, p. 373, note d ), et à Nor-
wich, en 1421. Il a laissé quelques ouvrages estimés
Conciones, Questiones ordinarias; De aclu Parisiensi
: XIIe siècle, dans le diocèse de Bath, au comté de So-
merset en Angleterre. Après ses études à Oxford et son
(sa thèse de Paris). ordination sacerdotale, il reçut de son oncle Richard
de Marsh, évêque de Durham (1217-1226), la cure de
Fabricius, Bibliotheca laiina mediœ et infimæ ælatis, Pa- Wearmouth. Le même oncle lui laissa sa bibliothèque.
doue, 1754, t. i, p. 9. — Joannes Lelandus, De scriptoribus
britannicis, in-8°, Oxford, 1709, t. 1, p. 416, c. 494.
Joannes Pitseus, De illusiribus Angliæ scriptoribus, Paris.
- Il semble qu'il dut se faire remplacer dans sa paroisse
pendant tout le temps qu'il resta à l'université d'Ox-
ford (1226-1227). Vers cette époque, dit Matthieu de
1623, p. 605. — Budinsky, Die Universitat Paris und
die Fremden an derselben im Miltelalter, in-8°, Berlin, 1876, Paris « il renonça aux grandeurs terrestres et à un re-
p. 75.—Tanner, Bibliotheca Brilannico-Hibemica, Londres venu considérable » pour entrer dans l'ordre des
1748, p. 373. — Ul. Chevalier, Bio-bibl., t. i, col. 36. — frères mineurs, à l'instigation d'Adam d'Oxford. Ce
Ant. Possevinus, Apparatus sacer, in-fol., Cologne, 1608, fut au couvent de Worcester qu'il revêtit l'habit de
t. i, p. 7. — De Villiers, Bibliotheca carmelitana,in-fol., saint François. Il est probable que jusque-là Adam
Orléans, 1752, t. i, col. 1. — Daniel a Virgine Maria, n'avait été que maître ès arts; c'est à partir de cette
Speculum carmelit., in-fol., Anvers, 1680, part. V. p. 1114,
époque qu'il se livra à l'étude de la théologie, sous la
n. 3943. — Lezana, Annal. carmelit., in-fol., Rome, 1656,
t. iv, p. 793. — Charles Thurot, De l'organisation de l'en- direction du fameux Robert Grossetête, chancelier
seignement dans l'université de Paris au moyen âge, in-8°, de l'université d'Oxford, qui professait à l'école
Paris, 1850, p. 137-156. — Josias Simlerus, Epitome Bibliot. conventuelle des frères mineurs. Ces deux hommes
Gessncrianæ, in-fol. Zurich, 1574, p. 5, col. 2. se lièrent d'une vive affection qui ne se démentit
P. MARIE-JOSEPH. jamais.
56. ADAM DE HEREFORD, frèremineur anglais, En 1239, Adam accompagna le ministre d'Angle-
socius d'Adam de Marsh qui célèbre ses qualités dans terre, Albert de Pise, au chapitre général d'Assise. De
une lettre (1248). concert avec Aimon de Faversham, son compatriote,
Adæ de Marisco epistola, CLXXIV,dans Brewer,Monumenta et aidé de la protection d'un autre Anglais, Arnul-
franciscana,Londres, 1858, t. i, p. 314. — Hilarin de Lu- phe, pénitencier du pape, il attaqua énergiquement
cerne,Hisl. des études dans l'ord. de saint François, trad. l'administration du général de l'ordre, Élie de Cortone,
franç., Paris, 1908, p. 389. — Little, The Grey Friars in devant Grégoire IX, à Pérouse. De retour en Angle-
Oxford, Oxford, 1892, p. 33, 185. terre il fit partie de la commission chargée d'exposer
ANTOINE de Sérent. les points douteux de la règle (entre 1239-1244). Son
57. ADAM DE HOVVDEN ou HOVEDEN, frère rapport en faveur de l'interprétation littérale fut sym-
mineur anglais, docteur en théologie, fut le 28e lec- pathiquement accueilli à la curie généralice.
teur à Oxford en 1300. Il était l'un des 22 frères pré- En 1245, il accompagne encore au concile de Lyon
sentés par le provincial Hugues de Hertepol, le son maître Grossetête, évêque de Lincoln depuis 1235.
26 juillet de cette année, pour recevoir de l'évêque le Pendant son séjour en France l'université de Paris
pouvoir de confesser à Oxford, il fut l'un des huit qui fit les plus vives instances pour le déterminer à accep-
l'obtinrent. Il enseigna ensuite à Cambridge comme ter l'une des deux chaires devenues vacantes par la
29e lecteur. mort d'Alexandre de Halès et Jean de la Rochelle.
Analectafranciscana, Quaracchi, 1885,1.1, p. 270,272. — Redoutant que cette tentative n'aboutît, Grossetête
Little, TheGrey Friars in Oxford, Oxford, 1892, p.162. écrivit au provincial, Guillaume de Nottingham, de
ANTOINE de Sérent. le faire rentrer immédiatement dans sa patrie.
58. ADAM DE LINCOLN, frère mineur anglais, Désormais il est bien tout entier à son pays, néan-
docteur en théologie, fut le 24e lecteur du couvent moins il se mettra en relations épistolaires avec les
d'Oxford, vers 1290. Il fut élu le 15e ministre de sa pro- ministres généraux Jean de Parme et saint Bonaven-
vince, vers 1304 et avait terminé son office en 1310. Le ture, avec les provinciaux de France, d'Allemagne et
concile provincial d'York le désigna, en juillet 1311, d'autres prélats de l'ordre. En Angleterre,il aura à s'oc-
pour examiner les accusations d'hérésie portées contre cuper des intérêts économiques et politiques de la na-
les templiers. Il mourut à Lincoln. tion. Les princes et les grands, les seigneurs laïques et
ecclésiastiques, le roi et la reine, tous veulent l'avoir
Analecta franciscana, Quaracchi, 1885, t. i, p. 264, 270, dans leur intimité. On le voit décider comme arbitre,
274. — Little, The Grey Friars in Oxford, Oxford, 1892, au nom du pape et du roi, certaines questions contro-
p.160. versées de droit canonique. Il lui faut prêcher la croi-
ANTOINE de Sérent. sade de Henri III, assister aux séances du parlement,
59. ADAM DE « LINTEIA », juriste anglais, élève entreprendre des voyages à titre d'ambassadeur royal,
de l'université de Paris, vivait à la fin du XIIe et au prêcher à la cour. Dans le mouvement constitutionnel
début du xme siècle. Attaché d'abord à Jean de Saint- des libertés nationales, il forme contre le souverain,
Gilles, il suivit ensuite la fortune d'Étienne de Lang-
ton. Majorent sequeris, quia majora desicleras, lui écri- avec le comte Simon de Montfort et Robert Grosse-
tête, le triumvirat de la démocratie anglaise. Vers
vait son premier protecteur. Il devint archidiacre et
préchantre d'Ely (comté de Cambridge). il
1250, fait avec l'archevêque Boniface de Savoie la
visite des évêchés suffragants de Cantorbéry. En juin
Du Boulai, Historia Universitatis Parisiensis, Paris, 1665, 1256, il fait partie de la commission chargée par le
t. II, p. 716. — Budinzsky, Die Universitat Paris und die pape Alexandre IV d'examiner les miracles de Richard,
Fremden an derselben im Miltelalter, Berlin, 1876, p. 75. évêque de Chichester, en vue de sa canonisation qui
P. FOURNIER. eut lieu en 1262. Ses lettres nous le montrent s'interpo-
sant en faveur des pauvres, des veuves, des malheu- ne fut donc point évêque, comme l'affirme par erreur
reux écrasés de dettes, etc. Wadding, il s'en réjouit dans son humilité. Sentant sa
Ces multiples occupations ne sont pourtant que des fin approcher, il pria saint Bonaventure,récemment
incidents accessoires dans la vie d'Adam. Sa fonction élu ministre général, de lui envoyer au plus vite le pro-
principale est d'enseigner à l'université. Depuis 1247, vincial d'Angleterre, Jean de Stamford, qui devait pro-
il dirige, sous le titre de maître régent, l'école francis- bablement se trouver à Rome, afin 'i de l'aider à tra-
caine d'Oxford qui jusque-là avait eu à sa tête des verser les choses périssables et à s'attacher à celles qui
maîtres pris dans le clergé séculier. Il s'acquit en cette demeurent éternellement. » Quelques mois plus tard,
qualité, auprès de ses contemporains, une réputation le 18 novembre 1258, il mourut et fut inhumé dans la
extraordinaire. Roger Bacon, qu'on n'accusera pas de cathédrale de Lincoln, à côté de son ami Grossetête.
tendresse pour les sommités de son époque, reconnaît La critique n'est pas encore fixée sur les ouvrages
que Robert de Lincoln et Adam de Marsh doivent
compter parmi les plus illustres savants du monde.
Ils furent des hommes accomplis dans toutes les scien-
d'Adam de Marsh. Salimbene assure qu'il a écrit des
commentaires sur la Genèse. Wadding lui attribue
Elucidarium Sacrse Scripturæ, liber unus; In quosdam
:
ces. Sacrse Scripturæ codices, liber unus; Qusestionum
Celui qu'on a appelé depuis le XIVe siècle le Docteur
illustre, ne se contentait pas de planer dans les spécu-
lations métaphysiques; c'est unAnglais très pratique.
:
theologicarum, liber unus; Lectiones ordincirise, liber
unus. Sbaraglia ajoute Opuscula et Commentarium
super Epistolam ad Hebræos. Brewer, dans ses Monu-
Héritier de la bibliothèque de deux évêques, son oncle menta franciscana, Londres, 1858,1.1, p. 77-489, a im-
et Grossetête, il cherche encore toutes les occasions primé 247 lettres écrites de la main d'Adam. Tout le
d'enrichir la sienne. Il demande à emprunter les ou- reste est manuscrit.
vrages de toute espèce qui lui manquent, afin de les Little, The Grey Friars in Oxford, Oxford, 1892, p. 134-
lire ou de les faire transcrire. Dans ce but, il s'adresse 139. — Eubel, Hierarchici calholica, t. i, p. 247. — Ana-
jusqu'en France et en Italie. Il est en relation avec le lecta franciscana, Quaracchi, 1885-1898, t. i, p. 224, 225-
célèbre Thomas, abbé de Verceil, qui lui communique 238, 244, 250, 256, 266, 268, 269; t.il, p. 33, 50, 51; t. m,
ses écrits. p. 130, 220,230. — Chronica Fr. Salimbene Parmensis, Par-
Avant tout il vit pour son université d'Oxford dont me, 1857, p. 99,126—Lempp, Fr. Élie de Cortone, Paris,
il prend à cœur tous les intérêts. C'est d'accord avec 1901, p. 25, 26,165. — Wadding, Ann. Min., t. i, p. 364;
Adam que Grossetête a dressé le règlement des cours. t. il, p. 48, 240; t. iv, p. 42, 64; Id., Scriptores Ordo Min.-
Quand des contestationss'élèvent à l'université entre Rome, 1650, p. 2. — Sbaralea, Supplem. ad Scriptores Ord,
« les anciens et les nouveaux j), que des questions de
droit s'agitent entre elle et la ville et le roi, c'est Adam
theca franciscana,Madrid, 1732,t.i, -
Min., Rome, 1806, p. 2.—Joannes deSanctoAntonio,Biblio.
p.10. Potthast,Biblio-
th. histor. medii oevi, t. i, p. 10. — Leland, Commentarii de
qui traite avec le grand-maître, l'évêque de Lincoln. scriptoribus britannicis, Londres, 1709. — Pauli, Bischof
Le sénat et la corporation des écoliers lui confient les
suppliques, requêtes et motions à présenter à l'ordi-
-
Grosseteste und Adam von Marsh, Tubingue,1864. Hilarin
de Lucerne, Histoire des études dans l'ordre de saint Fran-
naire. Lorsque le chancelier, Raoul de Sempringhan çois, trad. franç., 1908, p. 289-328, 359, 373, 388, 431
entre en conflit avec les étudiants et que Grossetête (ouvrage qui résumetous les autres).
lui demande compte du mauvais usage qu'il a fait du ANTOINE de Sérent.
62. ADAM DE MONTALDO ou MONTALTO,
sceau de l'université, c'est encore Adam qui s'inter- religieux augustin, issu d'une famille patricienne gé-
pose entre les trois parties, pour assurer le bien de la noise. Il vécut au xv° siècle et appartint à la congréga-
haute école. Élèves et professeurs recourent à lui, il de Il
tionaugustinienne Lombardie. sedistinguacomme
est leur conseiller et leur protecteur. poète et comme orateur. Lorsque les Turcs s'emparèrent
Évidemment, c'est l'école conventuelle qui est sa
grande sollicitude. Même en Angleterre où les études d'Otrante en 1479, et y massacrèrent les habitants qui
étaient poussées avec vigueur, il arriva que certains ne voulaient pas apostasier, Adam de Montalto com-
supérieurs ne montrèrent pas assez d'intelligence pour posa une pièce en vers latins pour exciter les princes
l'éducation des étudiants dans le cloître. Adam pro- chrétiens à la croisade contre l'Islam. Cette pièce fut
teste avec énergie. Il n'est pas pressé de promouvoir lue par l'auteur en présence de Sixte IV et du Sacré
Collège, et lui valut l'épithète de Tyrtée chrétien. La
ses élèves au professorat malgré leurs qualités, il tient date de sa mort est inconnue. Les discours et les pièces
à ce qu'ils se mûrissent sur les bancs. Mais aussi dès inédites d'Adam de Montalto se trouvent dans les
qu'ils sont nommés lecteurs, exige-t-il qu'on pourvoie
à leurs besoins. Rien d'instructif sur ce point comme
manuscrits latins de la Vaticane, n. 3367-3368; le
la lettre qu'il écrivit au provincial Guillaume de Not- manuscrit latin Barberini 2618 contient sa notice
historique: De nobilitaie Innocenlii Papse VIII; de
tingham, à qui il se plaint qu'on n'ait pas encore dé- familia Cgborum Gennæ. Le traité De laudibus fa-
signé de compagnon au lecteur Guillaume de Maddele. miliæ de Auria a été publié par Muratori, Rerum ita-
Adam garda jusqu'à la fin de sa vie sa charge de pro- licarum Scriptores, Milan, 1732, t. xxi, col. 1171-
fesseur à l'université, quoiqu'il ait dû parfois en inter- 1186. Sa pièce De laudibus B. Christine de Viceco-
rompre l'exercice, surtout dans les dernières années.
;
Ses lettres prouvent qu'il ne s'arraçhait qu'avec regret
à ses devoirs professionnels plus d'une fois il refusa au
comte de Leicester et à l'archevêque de Cantorbéry
milibus O. S. A., est insérée dans les Acta sanctorum,
febr. t. ii, p. 799. Le P. Adam prit aussi la défense
de Lactance contre le franciscain Antoine de Rhodensis
qui l'accusait d'hérésie. L'épigramme qu'il composa à
des services demandés, parce qu'il devait faire ses
à se retirer quelque temps à Lincoln et à Reading dès:
cours à Oxford. En 1253, un violent mal d'yeux le força
lors il se plaint plus souvent de son état maladif. De
cette occasion, parut d'abord dans l'édition romaine
des œuvres de Lactance, Rome, 1468 : elle a été réim-
primée dans la P. L., t. vi, col. 63. Ossinger cite aussi
de lui un Carmen heroicuni in Passionem Domini
1250 à 1258, ses confrères le remplacèrent presque tou- Nostri Jesu Chrisli, imprimé en 1475 invico Virginis.
jours, en fait, à la régence, bien qu'en ce moment il
fût en pleine célébrité. Panfilo, Chronica Ordinis Fratrum Eremitarum S. Au-
L'archevêque de Cantorbéry, d'accord avec le roi gustini, Rome, 1581, p. 88. — Gratianus, Anastasis au-
Henri III, voulut le faire nommer à l'évêché d'Ely en gustiniana, Anvers, 1613, p. 10. — Elssius, Encomiasticon
1256, mais les moines d'Ely, qui avaient élu à cette di- augustinianum, p. 10. — Giustiniani, Gli scrittori ligllri,
Rome, 1666, t. i, p. 3-4. — Soprani, Gli scrittori della Li-
gnité leur sous-prieur, Hugues Balsham, en appelèrent
à Rome et obtinrent une décision en leur faveur. Adam
gllria, Gênes, 1667, p. 1-2.
cum, Pérouse, 1680, p. 2-3.
--
Oldoino, Athenœum ligusti-
Torelli, Secoli agostiniani.
Bologne, 1682, t. VII, p. 302. — GandoIIi, De ducenlis cele- ms. Harley 3836, 1889. Voir la préface de cette der-
berrimis augustinianis scripioribus,Rome. 1704, p. 13-15. nière édition, pour l'histoire du texte et la recension
- Jocher, Allgemeines Gelehrien-Lexicon, Leipzig, 1751, des manuscrits.
t. III, p. 622-623. — Ossinger, Bibliotheca augustinianci,
p. 599-601. — Fabricius-Mansi, Biblioiheca letlina med. et
inj. ætat., Padoue, 1751, t. v, p. 83-4. — Dcsimoni, Atti
Dictionary of national biography, t. XXXIX, p. 331.
Stubbs, Préface des Chronicles of Edward I and Edward II.
-
— Maunde Thompson, préface de l'édition de 1889 dans
della Societa ligure di sioria patria, 1874, t. x, p. 289-326.
- ie
On y trouve la liste complète dés écrits d'Adam, p. 312-
316, et un récit de la prise de Constantinople par le même
Della conquista di Constantinopoli per Maomelto II nel
: les Rolls Series. Hoefer,Biogi-aph
— G. Mollat,
Lettres
universelle, t. i, p. 227.
communes de Jean XXII, Paris.
1904, n. 1207, 1920, 3738, 3739, 3747,23698.
1453 : opuscolo di Adamo di Montaldo, con introduzioni ed A. NOYON.
avvertenze, p. 289-311. de
64. ADAM DE NEMOURS, Nemosio, selon les
A. PALMIERI. manuscrits, de Nimes, Nemausensis, selon d'autres,
63. ADAM DE MURIMUTH (Merimouth, Miri- dominicain vers 1350. Confesseur du roi Jean le Bon,
muth), chroniqueur anglais. (Ne pas le confondre il fut nommé évêque de Senlis le 6 juin 1356 et
mourut le 21 novembre 1377.
avec un homonyme un peu plus jeune.)
La vie d'Adam de Murimuth est peu connue dans Archiv. de l'ordre à Rome, recueil 99. Legs des rois de
le détail. Nous savons pourtant qu'il est né d'une fa- France à leurs confesseurs; Confesseurs des rois de France.
mille originaire de Fifield dans l'Oxfordshire,entre le — L. Pignon, Catal. promotomm ad dignitates Pontefici
extra Ordi-
29 septembre 1274 et le 29 septembre 1275. Il lit ses nem. — Cavalieri, Galleria de' Sommi etc. délV
Ordine de' Predicatori, t. i, p. 247, n. 109. Il le fait con-
études à Oxford et reçut le titre de docteur in iure fesseur de Charles VII et le place évêque de Senlis vers
civili. A partir de juin 1312, il est employé soit par 1448; la Gallia christ., t. x (1751), col. 1430, le faisait mourir
l'université d'Oxford, soit par l'archevêque ou le cha- en 1379. — Archon, Histoire de la chapelle eccl. des rois
pitre de Canterbury, soit par le roi, à de nombreuses de France, t. n, p. 379, 380, le fait aussi confesseur de
missions à la cour pontificale — une fois même auprès Charles VII, mais à tort. — Fontana, Tlieatro dominicano
de Robert de Naples.
En 1314, il reçoit le rectorat de Hayes (Middlessex), Proed., I, in indice episcoporum, p. -
part. I, cap. v, tit. DLI, p. 296.—Echard, Scriptores ordinis
22. Chapotin,Études
de Lyminge (Kent). Son ordination date de 1316. Cette
même année il figure comme pensionnésur les comptes p. 147. Denifle, Chartuliariim Univers.Paris., t.
historiques sur la province dominicaine de France, 1890,
- Ill, p.78.

*
du chapitre de Canterbury. En 1319, il
représente ce
chapitre à York, repasse en Avignon pour des affaires
65. ADAM D'ORLETON. Professeur
R r(HTT nv
en droit ca-
non, Adam d'Orleton possédait le 2 septembre 1310 la
de dîmes. En 1321, il est vicaire général de l'évêque prébende de Wendesh dans l'église de Wells. Le 17 octo-
de Londres; en 1323, nous le retrouvons à la cour de bre 1316, Jean XXII lui réserva une prébende dans
Jean XXII; en 1325, il reçoit une prébende sur Saint- les cathédrales de Wells et de Hereford dont il était
Paul. chanoine, avec faculté de conserver le rectorat des
A cette époque vraisemblablement,il rédige sa chro- églises paroissiales de Wootton, au diocèse de Wor-
:
nique. La Continuatio chronicarum embrasse une pé-
riode de quarante-quatre ans de 1303 à 1347. Adam
de Murimuth la publia, croit-on, en diverses séries.
chester, et d'Acle, au diocèse de Norwich; la bulle
mentionne ses titres de docteur en décrets et de cha-
pelain pontifical. G. Mollat, Lettres communes de
S'inspirant de la chronique de Westminster, il lui em- Jean XXII, Paris, 1904, t. 1, n. 1540, 1541. Le
prunte les faits jusqu'en 1305; dès lors il écrit d'après 16 novembre 1316, on lui confère à nouveau l'église de
ses souvenirs et aussi d'après les archives de Saint-

:
Paul dont sa situation lui facilite l'accès.— L'œuvre
est d'intérêt pour l'histoire ecclésiastique nous y trou-
vons mention des luttes de Boniface VIII avec Phi-
Wootton que jusque-là il avait retenue indûment,
G. Mollat, op. cit., t. 1, n. 1940. Nommé évêque de
Hereford, le 15 mai 1317, il reçut main-levée de son
temporel, le 18 juillet et fut consacré le 22 septembre.
lippe le Bel, de Louis de Bavière avec le pape; — le Sa bulle de nomination indique qu'il était prêtre et
juriste malin qu'est Adam nous tient au courant des auditeur des causes du palais apostolique. G. Mollat,
affaires d'argent pendantes entre le saint-siège et
l'Angleterre, affaires de dîmes, de subsides, de droits op. cit.,1.1, n. 3785. Il encourut des peines canoniques
honorifiques. — Long récit des débuts de la guerre de en quittant la cour d'Avignon sans avoir prêté ser-
Cent ans, des batailles, des négociations.
le -
Malheu-
ment, mais on ne lui en tint pas rigueur; il reçut de
nombreuses faveurs. G.-Mollat, op. cit., t. III, n. 10875,
sement système chronologique de l'auteur désoriente
un peu le lecteur, et parfois l'écrivain lui-même
Adam, en effet, compte l'année de la Saint-Michel.

: 10877,10938. Il prit à cœur la réforme de son diocèse
et corrigea les abus qu'il y avait constatés, G. Mollat,
op. cil., t. III, n. 10880 à 10882, 10936, 10937. Le
La partie de la chronique, publiée la première, s'étend 28 septembre 1327 il fut transféré sur le siège de Wor-
de 1303 à 1337. Ce n'est qu'un composé de notes sèches chester et le 1er décembre 1333 sur celui de Winches-
et courtes: elle semble pourtant avoir été dans son ter. Le 9 décembre 1333 il donne sa procuration pour
temps fort appréciée; la seconde comprend les dix obtenir ses lettres de transfert à Winchester. Archives
dernières années de la vie de l'auteur. C'est une œuvre du Vatican, Instrumenta misceltanea ad annos 1333-
composée à loisir. 1334. Il mourut le 18 juillet 1345.
On a parfois attribué à Adam les Annales Paulini. CEuvnES. — 1° Responsiones ad appeltationem con-
Cf. Chronicles of Edward I and Edward II, édit. Stubbs,
dans les Rolls Series. Il y a sans doute parenté avec
la Continuatio surtout pour les années 1322-1337.
L'identité d'auteur est cependant rejetée communé-
detegendam fatsitatem.» ;
tra ipsumproposilam anno Domini 1334. Incipit Ad
2° Quœdam ad Joannem
Papam de rebus quibusdam et controuersiis ad eccle-
«
siam suam spectantibus.; 3° Un registre de ses actes
ment. Adam de Murimuth mourut en 1347, sans doute dont le tome 1er a été publié par A. T. Bannister sous
au début de l'année. le titre Registrum Adee de Orleton, episcopi Herefor-
ÉDITIONS. Édition d'Oxford, 1722, par An-
— 1° densis (1317-1327), Hereford, 1907.
toine Hall, d'après le ms. 304 de Queen's College
(Oxford). L'éditeur attribuait à tort à Adam un On trouvera une bonne biographie d'Adam d'Orleton
appendice qui, s'étendant jusqu'en 1380, n'a rien à voir dans l'ouvrage cité de A. T. Bannister et dans Diclionary of
avec notre chroniqueur. — 2° Édition par Th. Hog national biography, Londres, 1885, t. 1, p. 79-81; cf. aussi
Tanner, Biblioiheca Britannico-IIibernica, Londres, 1748,
pour l'Enqlish hislorical Society (1846). — 3° Édition p. 562.
desRolls Series,par M. Maunde Thompson, d'après le G.MOLLAT.
66. ADAM D'OXFORD, maître ès arts àl'univer- gines chrétiennes dans la province romaine de Dalmatie
sité de cette ville, jouissait d'une célébrité universelle Paris, 1906, c. II, passim.
par son savoir. 'Peu de temps après sa profession, J. ZEILLER.
Adam d'Oxford se rendit en Italie auprès de Gré- 68. ADAM DE PARIS, clerc et maître en théo-
goire IX qui l'envoya selon son désir prêcher aux logie, prédicateur du XIIIe siècle. On a de lui un Sermon
Sarrasins. Ce départ fut très pénible aux frères de sur saint Matthieu, prononcé le 21 septembre 1273. Il
son couvent. D'après le chroniqueur anglais Eccles- traite de la conversion, de la prédication et de la pas-
ton, Adam ne paraît pas être arrivé au but de sa sion de l'apôtre, puis des principales vertus chrétien-
mission, mais il mourut à Barlete. Or à Barletta dans nes, spécialement de la pénitence. Bibl. nat., fonds
la Pouille repose un B. Adam Rufus dont les histo- latin, n. ]fj 481, sermon CLXXXIX. Le style est grave,
riens de l'ordre racontent les miracles arrivés à son sans aucune des familiarités du temps.
tombeau, mais dont ils ne disent pas un mot de la Hist. litt. de la Fr., t. XXVI, p. 432. — Lecoy de la Marche,
vie. La similitude de nom et de date incline à ne La chaire française au xme siècle, 1886, p. 495.
voir qu'un seul Adam dans ces deux personnages. P. FOURNIER.
Eccleston qui écrivait loin de Barlete, reconnaît que 69. ADAM DE PARIS, frère mineur, commenta
la renommée attribue des miracles à Adam, et post, les IV livres des Sentences, dans la seconde moitié
ut dicitur, clarus miraculis effulsit. du XIIIe siècle.
Wadding, Ann. Min. ad ann.1236, t.II, p.419. — Joannes
Eccleston, De adventu Fr. Min. in Angliam, dans Ana- de Sancto Antonio, Bibliotheca franciscana, Madrid, 1732,
lecta franciscana, Quaracchi, 1885, t.I, p. 224,225, 268. — t. I,p.10.
Hilarin de Lucerne, Hisl. des études dans l'ordre de S.Fran- ANTOINE de Sérent.
çois, trad. franç., Paris, 1908, p. 185, 290-292. — Liber
conformit., Milan, 1513, f. 110 v. 63 v. — Wadding, Ann. 70. ADAM DE PERSEIGNE. — I. Sa vie. II.
Ses œuvres.
p. -
Min., ad ann. 1234, t. II, p. 371. — Eubel, Provinciale
Ord.Fr. Min., Quaracchi, 1892, 54. Lemmens, Dialogus
sanct. Fr. Min., Rome, 1902, p. 96; Id.,Catalogus sanct.
I. SA VIE. — On ne sait où naquit Adam, Adamus
abbasPerseniæ. D'anciens auteurs manceauxle croient
Fr. Min., Rome, 1903, p. 23.—Rodulphus de Tossiniano, originaire du Maine. Après avoir été chanoine régulier
Historiarum seraphicæ religionis libri ires, Venise, 1586,
fol. 72 v. — Little, The Grey Friars in Oxford, Oxford,
t.
(Epist. ad G. monachum, P.L., CCXI, col. 614), peut-
être au diocèse de Lisieux, il se fit bénédictin et fut,
1892, p. 7,135,178.
ANTOINE de Sérent. à
selon dom Martène, bibliothécaire Marmoutiers.Hist.
67. ADAM DE PARIS, hagiographe du XIe siècle. litt. de la France, t. XVI, p. 437. Il quitte la robe noire
Il naquit à Paris, ce qui lui valut son nom, et y fit pour la robe blanche des cisterciens, à l'abbaye de
Pontigny, au diocèse d'Auxerre. D'abord maître des
ses études. Désireux de connaître plus à fond les scien- novices, il est abbé de Perseigne, au diocèse du Mans,
ces de l'antiquité et se figurant sans doute que la Grèce mai 1188, et succède à Érard, premier abbé et fonda-
était encore un centre de culture, il entreprit le voyage
d'Athènes. Il passa, pour s'y rendre, par la Dalmatie, teur. C'est ainsi qu'à chaque nouveau pas dans la vie
où l'archevêque de Spalato le reçut avec honneur. religieuse, il s'enferme dans une vie plus austère. Cette
Cet archevêque était Laurent, qui venait tout récem- austérité, il ne se contente pas de se l'appliquer à lui-
ment d'être transféré d'un autre siège sur celui de la même, il la prêche à ses frères, aux séculiers, dans ses
métropole dalmate. L'événement se passait donc en nombreux écrits. C'est un fervent de la discipline. Il
1059 ou 1060. n'est pas moins passionné pour les lettres sacrées et
Laurent engagea Adam à mettre enmeilleurstyle les c'est ce qui lui vaut d'illustres et étroites amitiés. Le
actes des deux saints les plus vénérés à Spalato, les comte d'Alençon, les seigneurs voisins se donnent à
martyrs Domnio, évêque de Salone, et Anastase, fou- lui avant d'aller en Terre Sainte. Cartul. de Perseigne,
lon d'Aquilée, mis à mort également à Salone. La p. 61, 201. Les pauvres eux-mêmes qu'il affranchit
Vie de saint Domnio par Adam de Paris seule nous est de leurs redevances le recherchent (ibid.). Dans un
parvenue. voyage qu'il fait à Rome, il rencontre Joachim, abbé

:
Nous ignorons sur quelles sources il a travaillé pour
la rédiger. Une seule chose est certaine c'est que cette
vie a un caractère légendaire des plus accentués. Adam
de Flore, essaie de réfuter ses erreurs mais n'arrive à
aucun résultat.Revue des Deux Mondes, t. LXV, p. 90.
Adam est de retour, en mars 1198, et a le regret de
trouver morte Marie, comtesse de Champagne, son
fait de son héros un disciple de saint Pierre, alors qu'il illustre amie, qui l'avait fait appeler l'année précé-
souffrit le martyre sous Dioclétien; il assure aussi que
Spalato a conservé ses reliques, alors qu'elles ont été dente. Associé au missionnaire Foulques de Neuilly,
transportées à Rome dès le VIle siècle. Il est possible qu'il égale d'après Jacques de Vitry, Historia occiden-
toutefois que ce dernier détail, inséré dans un alinéa talis, 1. II, c. IX, dans P. L., t. CCXI, col. 581,
final, ait été ajouté après coup à l'ouvrage d'Adam. Cet il prêche la quatrième croisade sans cesser de tra-
vailler à la conversion des pécheurs, grande œuvre
ouvrage n'en est pas moins de ceux dont il n'y a pres-
:
que rien à tirer pour l'histoire.
Adam en composa d'autres il écrivit des hymnes et
mit en vers tout ce qui se chantait en musique dans
qu'il poursuit toujours avec succès. Le pape Inno-
cent III, qui l'avait fait désigner par le chapitre de
Cîteaux, pour prêcher la croisade, l'appelle d'autres
fois encore à des missions difficiles.Ille charge, en1201,
l'office de Domnio en particulier.
On ignore quelle fut la suite de sa carrière. de rétablir, au diocèse de Reims, l'ordre troublé par
Le savant historien dalmate Lucius fit présent de une élection épiscopale (Recueil des hist. des Gaules,
l'office comprenant la vie de saint Domnio, remanié t. XIX, p. 447); en 1204, de visiter, avec Hamelin,évê-
par Adam, au célèbre érudit jésuite Henschenius. C'est que du Mans, la collégiale de Saint-Martin de Tours et
de ce manuscrit que celui-ci a tiré les Actes qui ont été d'y réformer les abus qu'ils y pourraient relever( Gallia
publiés dans les Acta sanctorum des Bollandistes (11 christ., 1856, t. XIV, col. 196); de réconcilier les rois
Philippe-Auguste et Jean-sans-Terre,et de les engager
avril). On trouve aussi la vie de saint Domnio dans à déclarer la guerre à Raymond, comte de Toulouse,
l'Illyricum sacrum de Farlati, Venise, 1780, t. I, p.
400 sq. un des plus ardents fauteurs de l'hérésie albigeoise;
de réformer l'abbaye du Mont-Saint-Michel où la dis-
Ceillier, Histoire générale des orateurs sacrés et ecclésias- cipline se relâche. En 1201, il juge à Marmoutiers un
tiques. 2e éd., t. XIII, p. 237-238. — Histoire littéraire de la différend entre le seigneur et le prieur de Bellême.
France, Paris, 1746, t. VII, p. 510-511. — J. Zeiller, Les ori- Ce saint religieux fait encore prêter à Hamelin, évê-
que du Mans, le serment impose par de vieilles cou- col. 579-584. —Visch, Biblioth. script. ord. Cister., 1649,
tumes aux évêques, avant de monter sur le siège épis- p. 4-5. — Martène, Thesaurus anecdot., 1717, t. i,col. 672;
copal. Liber albus capit. Cenom., édit. Bertrand de t. IV, col. 1270. — Revue historique et archéologique du
Broussillon, Le Mans-Laval, in-8°, t. I, pièces XXXIX, t. t.
Maine, LXIV (1908),p. 248-249; LXV (1909), p. 52,56.
Louis CALENDINI.
XL. Il est le confesseur, le conseiller et l'ami de Jean Ier 71. ADAM DU PETIT-PONT. Ilnaquit enAngle-
d'Alençon et du comte Robert, son fils. Vers 1198, il terre sur le, territoire de Balsham, dans le comté de
estle confesseur de Richard. Cœur-de-Lion qui montre Cambridge, d'une famille issue de Beverley. Son nom
son grand respect pour l'abbaye de Perseigne, en lui lui vient du quartier de Paris dans le voisinage duquel,
octroyant des chartes. Cartul. de Perseigne, p. 26. après avoir étudié sous Mathieu d'Angers et Pierre
Au milieu de ces préoccupations, il ne se laisse point Lombard, il ouvrit un cours libre de grammaire, de
distraire du soin de son abbaye, et c'est sous son ad- rhétorique et de dialectique. Son enseignement eut
ministration que Perseigne reçoit les plus nombreuses beaucoup de succès. Vers 1145, il devint chanoine de
de ses possessions. Cette prévoyance ne l'empêche pas Notre-Dame et professa dans l'école épiscopale. Au
toutefois, lors de la rude famine qui désola le Maine, synode tenu à Paris par Eugène III, en avril 1147, il se
en 1202, de disperser ses religieux. Il meurt en 1221, et montra l'adversaire déclaré de Gilbert de la Porée et
a pour successeur Gaultier. L'abbaye lui donnait le ti- prétendit par serment l'avoir entendu soutenir des
tre de bienheureux. Invent. ms. des titres de Perseigne, doctrines hétérodoxes relativement au mystère de la
Arch. de la Sarthe, série B. 929, copie du XVIIe siècle. Trinité. Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc,
II. SES ŒUVRES consistent en sermons et en lettres. Paris, 1872, t. VII, p. 302. Sacré évêque de Saint-
— 1° Les sermons ont été presque tous édités dans la Asaph le 12 octobre 1175, il assista au concile œcumé-
P. L., t. CCXI. Certaines homélies qui concernent la nique de Latran(1179) et empêcha le pape de condam-
:
Vierge ont été réunies par Hippolyte Maracci, prêtre
de Lucques, sous ce titre Adæ, abbatis Perseniæ
Ord. Cisterciensis, Mariale, sive de beatœ Mariæ Lau-
ner une proposition de son maître vénéré, Pierre Lom-
bard. Hefele, op. cit., t. VII, p. 513; Bulæus, Historia
Universitatis Parisiensis, Paris, 1665, t. II, col. 431. Il
dibus Sermones aurei et fragmenta nunc primum edita,
in-16, Rome, 1652. L'abbaye de Perseigne possédait mourut en 1181, le 6 août d'après le nécrologe de l'ab-
baye du Val. A. Molinier, Obituaires de la province de
un volume de sermons aujourd'hui perdu. Le pro- Sens, Paris, 1902, t. i, p. 630.
cureur général de Cîteaux conservait plus de deux ŒUVRES. — 1° Un traité De arte dialectica, composé
cents homélies probablement disparues. Th. Ray- tant que spé-
naud, Opéra, t. II, p. 375. La Biblioth. nat. en a quel- en 1132, très obscur, mais précieux en
cimen de l'enseignement philosophique au XIIe siècle.
ques-unes, écrites au XIVe siècle (fonds lat. 17282). Les Victor Cousin, Fragments philosophiques, Paris, 1865,
bibliothèques de l'École de Montpellier et de la ville t. II, p. 385-390, en a publié des extraits d'après un ma-
de Troyes conservent aussi quelques sermons. Catal. nuscrit, lui-même incomplet, du fonds de l'abbaye de
général des ms. des départements, t. i, p. 415, t. III, Saint-Victor; 20 Un manuel de lexicographie, De
p. 313. Quelques fragments se lisent aussi encore ustensilibus, rédigé sous la forme épistolaireet encastré
dans Allegoriarum veteris et novi Testamenti par dans le récit d'un voyage qu'aurait fait Adam en An-
Godefroi Tittmann. Paris, 1550, in-fol.
2° Lettres. - Vingt-trois sont conservées dans le
ms. 312 de Cîteaux à la bibliothèque de Montpellier,
gleterre après douze ans de séjour à Paris. Ce vocabu-
laire très riche fut beaucoup commenté au moyen âge
parce qu'il était l'application d'une méthode nouvelle
imprimées par D. Martène, Thes. nov., t. I, p. 669;
l'une d'elles est aussi reproduite par Desponts (Bib. au XIIe siècle, consistant à étudier les mots eux-
mêmes et non plus à travers Priscicn et Donat. Il est
max. Patrum, t. XVII, p. 257) et dom Marrier (Bibl. difficile de savoir avec certitude si Adam en est l'au-
Cluniacensis, p. 127). La bibliothèque de Troyes teur ou si c'est l'œuvre d'un de ses disciples. Le texte
en a 31 (ms. 987); la Bibl. nat., deux adressées à un en a été imprimé pour la première fois parA. Scheler,
Simon évêque (fonds lat.,10634); celle de Montpellier, Lexicographie latine aux XIIe et XIIIe siècles. Trois
une inédite (ms. 312). Six sont imprimées par Baluze traités de Jean de Garlande, Alexandre Neckam et
(Missel, t. I), qui sont conservées à la Bibl. nat. (fonds
lat., 1998, 2905). La P. L., t. CCXI, col. 583-694, en a Adam du Petit-Pont, Leipzig, 1867, p. 119-137; on
publié trente adressées à des princesses,à des évêques, préférera l'édition beaucoup plus correcte d'Hauréau
à des abbés, à des chanoines, etc. dans les Notices et extraits des manuscrits, t. XXXIV
(1891), partie 1, p. 40-57.
Lettres et sermons ont une élocution soignée, sa-
vante, et la phrase à périodes comme développement Bulæus, Historia universil. Paris., Paris, 1665, t. II,
successif de l'idée. Ces écrits sont d'une bonne latinité p. 715-716. — Dictionary of national biography, Londres,
pour l'époque, et malgré leur concision, d'une lecture
facile.
-
1885, t. i, p. 75-76. — Féret, La faculté de théologie de Paris,
Paris, 1894, t. i, p. 48-50. Histoire littéraire de la France,
t. XIV, p. 189-190.— Tanner, BibliothecaBritannico-Hiber-
Bourgain, La chaire française au x/ie siècle, 1879, p. 89- nica, Londres, 1748, p. 6, 606.
91. —Brial dansHist. littér. de la France, 1824, t. XVI, p. 437- G lvr()TT.AT
447, t. XX, p. 24 (Notice sur Jean de Parme, parM.Dau- 72. ADAM LE PICARD. Voir ADAM DE LA
-
nou). Ceillier, Hist. des aut. sacrés, Paris, Vivès, t. XIV, VACHERIE.
p. 881-886. — Fabricius, Biblioth. latin. med. et infim.
ætatis, 1734, t. I, p. 26-27. — G. Fleury, Cartulaire de 73. ADAM DE PRÉMONTRÉ. Voir ADAM
l'abbaye cistercienne de Perseigne, précédé d'une notice L'ÉCOSSAIS, col. 474.
seigne, in-8°.1885, -
156, Gallia christiana,1856, t.
historique, in-4°, 1880; L'abbaye cistercienne de Per-
p.
col. 519-521. — B. Hauréau, Hist. littér. du Maine, 1870,
XIV, 74. ADAM DE ROS, moine et trouvère du
t.i, p. 20-51. — Lecoy de la Marche, La chaire franç. au XIIe siècle. On a de lui un fabliau intitulé Descente de
moyen âge, p. 496. — Manriquez, Annales cistercienses,
t. III, c. II,n. 5. — H. Marracius, Mariale Adami abbatis
Il
saint Paul aux Enfers ou Les poines de l'enfer. dérive
Perseniæ, in-16, Rome, 1652. — Oudin, Comment. de par des traductions latines d'un des apocryphes du
Nouveau Testament. Saint Paul et saint Michel décou-
scriptoribus et scriptiseccles.(1722),t.1, col. 1682-1685, dans
P. L., t. CCXI, col. 579. - J. R. Pesche, Biographie et
bibliographiedu Maine, 1828, p. 2. — Dom Piolin, His-
toire de l'Église du Mans, 1860, t. IV, p. 104-107, 211, 252.
vrent à un serf les peines de l'autre vie. Sept sortes de
flammes dévorent les sept espèces de coupables. Mais
le septième jour, les damnés se reposent de leurs
— Recueil des historiens des Gaules, t. XVIII, p. 76.
Trithemius, De scriptoribus ecclesiast., P. L., t. CCXI, - tortures. Cet écrit, rempli d'anglicismes, contient 334
vers de 8 syllabes. Il a été publié, mais peu correc-
tement, par Ozanam, Dante et la philosophie catholique 4. In Soliloquium de instructione animarum; 5. Expo-
au XIIIe siècle, t. VI des Œuvres complètes, Paris, 1859, sitio Adœ de Sancto Victore super Cantica.
p.413. B. Baelde et M. Legrain, Étude philolologique sur Adam
de Saint-Victor,dans Collection de classiques latins comparés,
Frère, Manuel du bibliographenormand, 1858,t.1, p. 5.— IIe sér., p. I-LXXXIII. — Histoire littéraire de la France,t. XV,
Histoire littéraire de la France, t. XXIII, p. 114, 118. —
Notices et extraits des manuscrits, 1896, t. XXXV, 1re part., p. 40-45; t. XVII, p. XXII-XXXI. — P. Lejay, dans le Diction-
p.155. — Abbé de la Rue, Essai sur les bardes,les jongleurs, t.1,
naire de théologie catholique, Paris, 1903. col. 388-389, —
Eug. Misset, Essai philologique et littéraire sur les œuvres
et les trouvères normands, Caen, 1834, t. i, p. 155; t. III, p. 139. poétiques d'Adam de Saint-Victor, dans les Lettres chrétiennes
P. FOURNIER. (1880-1882),t. II, p. 76-113, 238-266; t. III,p. 353-383; t. IV,
75. ADAM DE SAINT-VICTOR. On ne sait p. 204-235; t. v, p. 344-362, et Paris, 1881.
absolument rien de certain sur la date de naissance G. MOLLAT.
d'Adam de Saint-Victor, ni sur sa patrie, ni sur sa vie. 76. ADAM SAXLINGHAM, Anglais, du couvent
Il n'est pas originaire de Bretagne,comme l'a prétendu des carmes de Norwich, auteur scolastique estimé,
Léon Gautier, La littératurecatholique et nationale, Lille, prédicateur élégant et disert, a composé, vers 1350,
1894, p. 197-219, après bien d'autres, ni d'Angleterre, Dispulationes philosophicas, Disputationes theologicas,
ainsi qu'a cherché à l'établir le P. Dreves dans Sermones per annum.
Stimmen aus Maria Laach, t. XXIX (1885), p. 278- Josias Simlerus, Epitome Bibliot. Gesnerianæ, Zurich,
306,416-441. Hauréau, Histoire littéraire de la France,
t. XXIX, p. 589, a prouvé qu'on l'avait cru breton par
suite d'une grossière méprise qui consistait à l'iden-
tifier avec un certain Adam de Rodronio, commenta-
infimæ ætatis, Padoue, 1754, t. I, p. 10. -
1574, p. 5, col. 2. — Fabricius, Bibliotheca latina mediæ et
Ant. Possevinus,
Apparatus sacer, Cologne, 1608, t. i, p. 8. — De Vil-
liers, Bibliot. carmelit., Orléans, 1752,t.1, col. 1. — Joannes
teur des Sentences. On corrigea Rodronio en Rodonio, Pitseus, De illustribus Angliœ scriptoribus, in-4°, Paris,
et l'on fit de cet Adam un Rennais, tandis qu'il s'agis- 1623, p. 473. —Tanner,Bibliot. Britannico-Hibernica,in-fol.
Londres, 1748, p. 654-655. — Ul. Chevalier, Bio-bibl.,
sait de l'anglais Adam de Goddam ou Wodheam. On t.1, p. 39. — Lezana, Annal. carmelit., in-fol., Rome, 1656,
peut seulement affirmer qu'Adam de Saint-Victor t. IV, p. 598. — Daniel a Virgine Maria, Spec. carmelit.,
entra dans le monastère de ce nom, où il mourut le in-fol., Anvers, 1680, part. V, p. 1114, n. 3943.
18 juin (A. Molinier, Obituaires de la province de Sens, P. MARIE-JOSEPH
t. x,LRE partie, Paris, 1902, p. 565) de l'année 1177, 77. ADAM DE SHERBORNE. Voir ADAM DE
d'après certains auteurs, en 1192 suivant d'autres. BARKING, col. 469.
ŒUVRES. — 1° Poète liturgiste de grand renom, il
composa des proses qui par la nouveauté de leur fac- 78. ADAM DE SOISSONS, dominicain et dans
ture et l'attrait du rythme se répandirent prompte- les Actes de l'université de Paris qualifié de prieur de
ment hors des murs de son cloître. Il est difficile de pré- Nevers. Partisan des doctrines aventureuses de Jean de
ciser avec sûreté celles dont il est l'auteur. Dans la Montson sur la conception de la vierge Marie, il les avait
dernière édition de Léon Gautier, Œuvres poétiques enseignées et répandues du haut de la chaire, particu-
d'Adam de Saint-Victor. Texte critique, 3e édit., Paris, lièrement dans le diocèse de Nevers. Il fut arrêté et
1894, qui n'est pas irréprochable, quarante-cinq lui envoyé à Paris pour y rétracter publiquement ses
sont attribuées en propre, et six comme probables. erreurs, ce qu'il fit dans une assemblée solennelle de
La liste des proses dont l'attributionest fausse ou dou- l'université, réunie le 16 mai 1389 dans le cimetière
teuse est relativement considérable. M. L. Guillaume de la paroisse des Saints Innocents, en français et de-
a donné une traduction de trente-quatre des proses vant une multitude de peuple utriusque sexus.
d'Adam de Saint-Victor dans la Collection de clas-
siques latins comparés, IIe série, Proses choisies d'A- H. Denifle, Chartularium Universitatis Paris.,t.III, p. 521,
dam de Saint-Victor, p. 3-69. Dans la P. L., t. CXCVI, n. 1574 : Revocatio Adami Suessionensis, prioris conventus
Nivernensis, Ord. Præd. — Mortier, Histoire des maîtres
col. 1421-1534, on a publié vingt-six séquences qui généraux de l'ordre des Frères Prêcheurs, Paris, 1907, t. iity
sont accompagnéesde commentaires. La meilleure édi- p.626.
tion à consulter est celle de E. Misset et Pierre Aubry, R. COULON.
Mélanges de musicologie critique.Les proses d'Adam 79. ADAM DE TYNNINGHAM, évêque d'Aber-
de Saint-Victor,texte et musique, précédées d'une étude deen. Né d'une famillenoble,Adam,doyen d'Aberdeen,
critique, Paris, 1900; qui ont publié le texte littéraire fut un des ambassadeurs de Robert II, roi d'Écosse,
et la musique de quarante-cinq proses d'après le ma- qui signèrent un traité avec Charles V, roi de France,
nuscritlatin 14452 de la Bibliothèque nationale(1239). à Vincennes le 30 juin 1371. En 1380, il fut consacré
— 2° Il est l'auteur des dix premiers vers du petit évêque d'Aberdeen. Un peu plus tard les ennemis
poème sur les misères de l'homme dont on se servit, d'Adam firent croire au roi que l'évêque ne partageait
après sa mort, pour lui composer une épitaphe; cf. L. pas l'opinion de son souverain à l'égard de la succes-
Gautier, Œuvres poétiques d'Adam de Saint-Victor, sion au trône. Aussi retourna-t-il à Aberdeen pour
édit. citée, p. 229-231. — 3° Une courte épitaphe de éviter les soupçons. En 1382, Adam dut implorerl'aide
saint Bernard; cf. P. L., t. CLXXXV, col. 567-570. — du roi afin de pouvoir résister à la tribu des Mackin-
40 Hauréau, Notices et extraits de quelques manuscrits tosh qui ravageaient les terres de l'Église dans le
de la Bibliothèque nationale, Paris, 1890-1893, t. m, district de Birse. Ils étaient excités par Alexandre
p. 79; t. IV, p. 237; t. v, p. 8.; P. Lejay, Les traités Stewart, comte de Buchan et seigneur de Badenoch,
attribués à Adam de Saint-Victor, dans la Revue d'his- dit «le Loup de Badenoch », fils illégitime de Robert
toire et de littérature religieuses, t. IV (1899), p. 161- II. Alexandre, prétendant venger les torts faits à son
166, 288, et dom G. Morin, Un traité faussement père, chassa le bétail, s'empara des biens, et massacra
attribué à Adam de Saint-Victor, dans la Revue béné- les serviteurs de l'évêque. Il réclama « la seconde
dictine, t. XVI (1899), p. 218-219, ont solidement dîme », en affirmant que son père la lui avait donnée.
établi qu'il fallait refuser à Adam de Saint-Victor la Adam finit par l'excommunier, et Alexandre partit
paternité de divers ouvrages qui lui étaient fausse- pour Aberdeen dans le but de tuer l'évêque. Celui-ci
ment attribués : 1.
Summa magistri Adæ Britonis, alla courageusement à sa rencontre, et ce ne fut qu'au
canonici Sancti Victoris, de vocabulis Bibliæ; 2. Expo- bout d'une longue discussion qu'Alexandre renonça
sitiones prologorum Bibliæ a Britone post exposi- à son projet. L'évêque dut cependant subir beaucoup
tiones vocabulorum Bibliæ per ipsum compilatæ; d'insultes. Enfin le roi s'étant informé des délits
3. Un traité De discretione animæ, spiritus et mentis; d'Alexandre, le jeta en prison et rappela Adam à la
cour. Mais il ne devait pas jouir longtemps de la fa- 85. ADAM (GERMAIN), évêque melkite catholique,
veur royale, puisqu'il mourut au commencementde naquit à Alep, on ne sait en quelle année, et fut en-
1390. voyé au collège de la Propagande à Rome, pour y faire
ses études. Outre l'arabe, sa langue maternelle, il y
Hectoris Boetii, Murthlacensium et Aberdonensium epis- apprit le grec, le latin, l'italien et le français. Il paraît
coporum vilai, in-4°, Paris, 1522; réimprimé à Aberdeen, surtout s'être familiarisé avec les œuvres théologiques
1894, p. 25-27, 138-139. — Registrum Episcopaius Aberdo-
nensis, édit. Cosmo Innes, 2 vol., Edimbourg, 1845, t. I, des gallicans et des jansénistes français. Il était déjà
p. XXXII-XXXIII, 136-137. de retour à Alep en 1770, année où il rédigea un traité
A. TAYLOR. contre les fauteurs du schisme grec et contre leurs
80. ADAM DE USK. Les quelques renseignements erreurs, traité qui, lui-même, n'est pas exempt de.
que nous avons sur ce personnage nous sont fournis grosses erreurs théologiques, passées alors inaperçues.
en fut découvert et publié par Ed.-Maunde Thompson
Chronicon Adæ de Usk, edited with a translation and
:
par sa Chronique qui va de 1377 à 1405. Le manuscrit En 1774, Adam était sacré évêque de Saint-Jean
d'Acre, et en 1777, il était promu à l'archevêché
d'Alep. Ne pouvant habiter sa ville natale, par suite
notes, in-8°, Londres, 1876,XIII-243p.Né à Usk, dans des persécutions que les orthodoxes intentaient aux
le Montmouthshire (Angleterre), vers 1360 ou 1365, catholiques, il se fixa soit à Zouq-Mikaïl, soit à
Adam fit ses études à Oxford, fut ordonné prêtre et, Saint-Jean de Choueïr, dans le Liban, administrant
de 1390 à 1397, occupé à la curie archiépiscopale de son diocèse par un vicaire. Il eut assez souvent des
Cantorbéry. En 1397, il assiste aux réunions du der- démêlés théologiques ou autres avec les missionnaires
nier parlement de Richard II et, à la révolution de latins, avec les maronites et même avec son patriarche.
1399, il se met du côté des vainqueurs et il est un des Durant son épiscopat, il fit au moins un voyage à
commissaires chargés de notifier au roi sa déposition. Rome, où on le trouve en 1796. C'est pendant un de
Adam ne garda pas longtemps la faveur du nouveau ses séjours en Italie, soit pendant ses études, soit
roi, Henri IV, auquel sa franchise déplut. En 1402,paril après, qu'il alla en Toscane et se lia d'une étroite
fut obligé de partir pour Rome où il fut bien reçu amitié avec Scipion Ricci, évêque de Pistoie, dont il
le pape Boniface IX qui le nomma son chapelain et partageait déjà les idées erronées. Celles-ci ne tardè-
auditeur de rote. Adam se plaint que les intrigues de rent pas à devenir de notoriété publique. Le pa-
ses ennemis aient empêché sa nomination au siège triarche melkite, Agapios III Matar, ayant eu un
épiscopal de Hereford et à celui de Saint-David. différend assez grave avec les missionnaires latins de
Vers 1406, il put retourner en Angleterre et nous Syrie, Échos d'Orient, t. v, 1902, p. 264-270, demanda
n'avons pas d'autres renseignements sur sa vie. Son à l'archevêque d'Alep de leur répondre. Il le fit par
testament est daté du 26 mars 1430. The English his- sa Réponse de Mgr Germain Adam, évêque d'Alep et
torical Review, 1er avril 1903. de ses environs, à l'ouvrage intitulé
La chronique d'Adam de Usk faisant suite au Poly- missionnaires consultés par S. S. le patriarche Mar
: Voix des Pères
chronicon de Higden, est une source d'intéressantes Ignace-Michel, patriarche syrien d'Antioche, le tout
particularités sur Wiclef, les Lollards,l'insurrection de bienheureux, et par Mor Ignace, le très respectable
Wat Tyler, etc., et sur les usages et les mœurs de la évêque de Beyrouth, mars 1799. Cet ouvrage renferme
cour romaine. à peu près toutes les erreurs gallicanes, jansénistes et
Diction. of nat. biogr., 1885, t. I, p. 83-84. L'article est de joséphistes sur les pouvoirs du pape, du concile œcu-
E. M. Thompson, éditeur d'Adam de Usk. — Ugo Balzani, ménique, des évêques, etc. Elles sont empruntées,
La storia di Roma nella cronica di Adamo de Usk, in-8° de comme le déclare expressément Adam dans plusieurs
19 pages, Rome, 1880. de ses lettres, à Scipion Ricci, Fébronius, Bossuet, la
U. ROUZIÈS. Déclaration de 1682, Gerson, les conciles de Constance
81. ADAM DE LA VACHERIE ou le Picard, do- et de Bâle, etc. La brochure s'étant répandue, causa
minicain du XIIIe siècle. On a de lui trois sermons vite du scandale, non seulement chez les melkites aux-

nat., Ms. lat. 14947, n. 20, 117, 119.


:
prêchés à Paris en 1282, le jour de saint André et quels elle était destinée, mais encore parmi les fidèles
les deux premiers dimanches après l'Épiphanie. Bibl. des autres églises unies maronites, syriens et armé-
niens. Le patriarche maronite, Joseph Tyan, jusque-
Hauréau, Hist. litt. de la France, 1873, t. XXVI,p.443-444. là grand ami d'Adam, s'en émut et le pria aimable-
— Lecoy de la Marche, La chaire française au moyen âge, ment de la retirer. Ce dernier ayant refusé, à la suite
p.458. d'une longue correspondance engagée à ce sujet,
R. COULON. Tyan adressa(mars 1801), à sa nation une encyclique
82. ADAM DE WARMINSTER, gardien des frères dans laquelle il condamnait l'ouvrage de l'évêque
mineurs d'Oxford, en 1269, prit part à la discussion melkite et ordonnait qu'on lui en apportât tous les
qui eut lieu devant les docteurs de l'université, au exemplaires, afin de les détruire. Le 6 avril suivant,
sujet de«la réception de l'argent par personnes inter- dans un mandement à ses diocésains, Adam décla-
posées, » dont les franciscains étaient accusés par les rait nulle la condamnation du patriarche maronite et
frères prêcheurs. tentait de se justifier. Bien plus, le patriarche Agapios
Little, The Grey Friars in Oxford, in-8°, Oxford, 1892, III Matar prenait fait et cause pour son évêque et,
p. 129, 333-335. dans une encyclique à la nation melkite, 3 juin 1801,
ANTOINE de Sérent. il affirmait que la doctrine de la brochure incriminée
83. ADAM DE WODHAM. Voir ADAM DE était absolument irréprochable. L'affaire prit de
GODDAM, col. 478. plus en plus des proportions, par suite de l'intervention
des missionnaires latins comme le P. Robert, capucin
r: 84. ADAM D'YORK, frère mineur anglais, envoyé de Tripoli, octobre 1801, et d'un autre missionnaire,
comme lecteur de théologie à Lyon, par fr. Élie, géné- en 1803, qui défendirent contre Adam dans des bro-
ral de l'ordre, entre 1226 et 1230. Ses Lectiones theo- chures arabes la primauté de saint Pierre et de ses
logicæ ont été faussement attribuées à son contempo- successeurs. Le débat ayant été porté à Rome, un
rain Adam de Marsh. bref de Pie VII, 13 février 1802, ordonnait au patri-
Eccleston, De adventu Fr. Min. in Angliam, dans Annal, arche melkite de faire une enquête et de faire signer
francise., t. I, p. 238, 269. — Dict. de théol. cath., t. i, par G. Adam et ses adhérents le bref Super soliditale
col. 387. du 28 novembre 1786 et la bulle Auctorem fidei, qui
ANTOINE de Sérent. avaient condamné les erreurs de Ricci et le synode de
Pistoie. Diverses préoccupations empêchèrent les Jean XXII en 1328. Il dédia au cardinal Raimond-
congrégations romaines de donner, pour le moment, Guillaume de Farges (1311-1314) un traité De modo
une solution à ce différend. Sarracenos extirpandi, inédit, mais analysé par De-
Le 23 juillet 1806, au couvent de Saint-Antoine de laville le Roulx, La France en Orient, t. I, p. 70, 77.
Qarqafé, sous la présidence d'Agapios III Matar,
Echard, Scriptores ord. præd., t.I, p. 537. — Masetti, Mo-
s'ouvrait un concile melkite qui se terminait le 3 août
suivant. En dehors du patriarche, on comptait neuf -
numenta et antiquitates,t.I, p. 457. Molinier A., Les sources
de l'histoire de France, t. III, p. 240. — Mortier, Histoire des
évêques melkites, les supérieurs des ordres basiliens maîtres généraux de l'ordre des frères prêcheurs, 1905, t. n,
et les principaux membres du clergé de cette Église. p. 509.
Germain Adam fut l'âme de ce concile et y fit approu- R. COULON.
ver plusieurs erreurs notoires sur la constitution de 88. ADAM (JACQUES-NICOLAS),moine bénédictin,
l'Église, la primauté du pape, le pouvoir des évêques, né à Paris en 1758. Il habitait le couvent de Saint-
la forme des sacrements, etc. Trompé par l'approba- Martin-des-Champs lorsque, le 13 février 1791,futvo-
tion qu'avait donnée aux décisions du concile Aga- tée la loi contre les communautés religieuses. Il resta
pios III Matar, le patriarche maronite, Joseph Tyan, néanmoins quelque temps dans cette maison et y jouit
adversaire d'Adam, les approuva aussi, février 1809, d'un calme relatif. — Le 24 nivôse an II (13 janvier
ainsi que le visiteur apostolique des maronites, Louis 1794), Adam s'étant présenté au comité de surveillance
Gandolfi, qui devait ignorer l'arabe. Avant d'avoir de la section des Gravilliers pour faire viser le certifi-
été soumises au jugement de Rome, ces décisions cat de civisme qu'il devait présenter afin de toucher
furent publiées en arabe et répandues en Syrie, 1810. sa pension, des soupçons, on ne sait pourquoi, s'éveil-
Germain Adam était déjà mort à Zouq-Mikaïl, le lèrent sur son compte dans l'âme de quelque jacobin
10 novembre 1809, après avoit failli soulever un présent. C'en fut assez pour qu'on le traitât en ennemi,
schisme parmi ses diocésains avec ses théories sur et une perquisition chez lui fut décidée. On trouva
l'épiclèse et la transsubstantiation. Il avait, avant de dans sa chambrette, ou celles de deux de ses frères
mourir, soumis humblement tous ses écrits à l'exa- avec qui il vivait, divers objets de piété, une statue
men du Saint-Siège. Sa mort n'arrêta pas la diffusion miraculeuse de la sainte Vierge, des reliques avec
de ses idées et, le 6 mars 1812, la S. C. de la Propa- leurs authentiques, des bulles du pape, des images
gande envoyait en Orient une instruction qui condam- « avec les armes du tyran Capet, » puis aussi quelques
nait les erreurs de Fébronius, Cabacella, etc., intro- écrits où Adam prenait la qualification de moine. Tout
duites en Syrie par les ouvrages d'Adam; elle fut cela, évidemment, dénotait un abominable criminel
signée par les représentants des Églises melkite, armé- qui avait « conspirécontre la République et la liberté. »
nienne, syrienne et maronite, soit en tout par 25 pa- Jeté en prison, le 7 pluviôse (26 janvier 1794), il subit
triarches et évêques unis; voir les signatures dans le 11 ventôse (1ermars) un interrogatoire devant le
Échos d'Orient, t. v, 1902, p. 340. En même temps,
ces églises ordonnaient de recueillir tous les exem-
plaires des ouvrages d'Adam pour les brûler. Le 3
:
tribunal révolutionnaire. Ses réponses furent sages et
habiles il avoua qu'il n'avait pas abandonné ses œu-
vres de piété, que « depuis sa libération ses opérations
juin 1816, Pie VII défendait sous peine d'excommuni- particulières avaient été d'abord la prière vocale et
cation la lecture des écrits d'Adam, en particulier de mentale., l'étude de l'Écriture sainte, » puis quelques
son catéchisme. Nouvelle défense était portée le leçons « à différentes personnes pour se procurer de
8 mai 1822. Quant au concile de Qarqafé, une bulle de quoi vivre. » Il reconnut encore qu'il avait dit la messe
Grégoire XVI le condamnait, le 3 juin 1835, comme dans l'intérieur de sa demeure, et même dans des mai-
entaché de « baïanisme, joséphisme et autres mau- sons particulières qu'il refusa de désigner; qu'enfin il
vaises opinions semblables. » Aujourd'hui, les actes recevait parfois la visite de parents et d'amis « tant
de ce concile, ainsi que les écrits d'Adam, sont deve- ecclésiastiques que séculiers. » Quant aux images du
nus de toute rareté, bien que les erreurs n'aient pas »
« tyran Capet il affirma qu'il ne savait pas les avoir,
qu'en tout cas « il n'y faisait aucune attention. » —
:
entièrement disparu du pays. Germain Adam a laissé
les écrits suivants 1° Un traité contre les fauteurs Fouquier-Tinville requit contre lui et le dit coupable
:
du schisme et leurs erreurs, 1770; 2° Réponse à l'ou-
vrage intitulé Voix des Pères missionnaires, 1799;
3° Exposé des preuves de la foi orthodoxe, 1804; 4° Le
« d'avoir pratiqué des manœuvres fanatiques tendant
à ébranler la fidélité des citoyens envers la nation, à
provoquer la guerre civile en les armant les uns contre
flambeau de la science par excellence ou explication du les autres. ; en recueillant, célant et montrant dans le
pouvoir de l'Église, 1804; 5° Petit catéchisme, destiné secret des objets de superstition, des signes de royauté,
à remplacer celui de Bellarmin et qui, après correc- des brevets du pape. » Ces divers « forfaits » le firent
tions, sert aujourd'hui dans les écoles tenues par les condamner à mort le 4 germinal an II (23 avril1794).
jésuites de Syrie; 6° de nombreuses lettres, dissémi- Il était âgé de 36 ans.
nées çà et là, avec des décisions de jurisprudence Archives nationales, W, 341, 634.
canonico-civile. Toutes ces œuvres ont été condam- P. BLIARD.
nées par Rome. 89. ADAM (JEAN), jésuite.
I. VIE. — Né dans le faubourg Manigne, à Limoges,
C. Charon, Germanos Adam et le concile de Qarqafé dans
Échos d'Orient, t. v, 1902, p. 332-343; voir aussi 1903, t. VI, le 26 septembre 1605, il entra au noviciat le 31 mai
p. 300-305 : on trouvera là l'indication des sources origi- 1622, ce qui n'empêche pas tous les copistesde Moréri
nales, inédites pour la plupart. ou de Bayle de répéter qu'il se fit jésuite à quatorze
S. VAILHÉ. ans. Appliqué d'abord, comme tous les autres, au pro-
86. ADAM (GUILLAUME), dominicain (1270), ar- fessorat, il enseigna deux ans la grammaire et deux
chevêque d'Antivari, en Dalmatie. On lui attribue, ans la philosophie. Le reste de sa carrière fut consacré
probablement à tort, plusieurs offices de la liturgie à la chaire et surtout à la controverse, pour laquelle les.
dominicaine. annales domestiques de son ordre vantent ses apti-
Echard, Scriptores ord. Præd., t. I, p. 724. tudes. Il s'attacha principalement à combattre les
R. COULON. protestants et « leurs cousins germains », les jansé-
87. ADAM (GUILLAUME), dominicain. Il appar- nistes. De là des haines vigoureuses qui expliquent la
tenait à la Congregatio seu Societas peregrinantium couleur donnée à sa biographie. Les vulgarisateurs en
propter Christum, composée de missionnaires. Il fut ont emprunté les éléments au long article en quatre
nommé archevêque de Sultanieh, en Perse, par pages du Dictionnaire de Bayle, et le raccourci
qu'ils en tirent peint le P. Adam comme un burlesque nationale, B. 5774). Porte l'achevé d'imprimer pour la
ou un fougueux, capable tout au plus, par horreur première fois du 20 juin 1656. — Lettre au P. Adam
pour ses adversaires, de se répandre en injures contre sur la traduction de quelques hymnes de l'Eglise, Paris,
saint Augustin, comme dans un fameux sermon, 1651, par De la Tour (Guillaume Le Roi, abbé de
prêché dans la paroisse de Saint-Paul, le second jeudi Hautefontaine); — 4. La lettre du P. Adam sur la tra-
du carême, 10 mars 1650, et « au lieu de se justifier, dit duction qu'il a faite en vers de quelques hymnes de
Moréri, d'une accusation si grave, » de se jeter dans la l'Eglise. Paris, in-8°, 1651; — 5. Le tombeau du jan-
controverse et de se mettre à faire des livres. Il suffit,
sans canoniser la conduite de ce polémiste, décrié par
les ministres réformés et les prétendus disciples de
senisme ou le Nouveau Party destruit par sainct Augus-
tin, et la bulle du pape Innocent X, in-8°, Paris, 1654;-
6.La Conduite des Fidelles. Par les Regles de la Foy, les
saint Augustin, de reconstituer, à l'aide de ses ouvrages Maximes de l'Evangile et les Saincts Devoirs des Chres-
et des témoignages contemporains, les quarante tiens dans tous les Estais. Tirées de l'Escriture sainte et
années de ses prédications. Les premières, moins con- des Peres de l'Eglise. Dédiée au Roy. Par le R. P. Jean
nues, se passèrent sans doute en province. Il fit sa pro- Adam, de la Compagnie de Jésus. A Paris, MDC.LVI,
fession le 10 août 1640. Avant le 15 janvier 1643, date
d'une lettre de Balzac à lui adressée, il semble avoir :
in-12 de 209 p. (Bibl. nat., D. 22872). Une première
éd. parue en 1651, était intitulée La réglédesfidelles,
-
donné quelque station de carême ou d'avent à Angou-
lème. Un pamphlet de Pierre Jarrige, jésuite apostat
Les jésuites sur l'échafaud (1649), le montre à Poitiers
: tirée, etc.; 7. Response à la lettre de Monsieur
Daillé, ministre de Charenton,publiée contre l'honneur
de M. Cottiby, ministre de Poictiers converty à laFoy
en 1646, en conflit avec le P. Biroat, alors son confrère, catholique où sont réfutées les calomnies de ce Ministre
entré depuis dans l'ordre de Cluny. De 1649 à 1657, il contre le Pape, le Roy, les Evesques et contre toute
figure sur les Listes des prédicateurs de Paris. Voir son l'Eglise, qu'il accuse d'athéisme, de libertinage et de
Cursus oratoire dans mon Histoire critique de la prédi- corruption des mœurs, introduite par les maximes des
cation de Bourdaloue, t. III, p. 37. Il prêcha l'avent casuites (sic). Par le R. P. Jean Adam, de la Com-
de 1658 et le carême de 1659, à Toulouse, et assista la pagnie de Jésus, Poitiers, M.DC.LX, in-8° carré de
même année au synode de Loudun. Dès lors, à Sedan, 302 pages (Bibl. nat., Réserve D.22172). Dédié à Maza-
près du maréchal de Fabert, où il fut appelé à deux rin. — Lettre à M. de la Talonnière sur le changement
reprises, il travailla, non sans succès, à la réunion des de M. Cottiby, 1660 (par Daillé). Réplique aux deux
protestants et à la fondation d'un collège dont il fut le livres de MM. Adam et Cottiby. Genève, 1662.
premier recteur (les lettres patentes sont du mois B. Pendant le séjour à Sedan.
d'octobre 1663). Après avoir été, à Rome, procureur 8. Projet présenté à Messieurs de la Religionprétendue
de la province de Champagne, il fut envoyé à Bor- réformée de la ville et souveraineté de Sedan, qui ont
deaux; on l'y trouve dès l'année 1672, et il y mourut, témoigné durant la vie de Monseigneur le maréchal de
préposé de la maison professe, le 12 mai 1684. Ses nom- Fabert de grandes dispositions à r'entrer dans l'Eglise
breux ouvrages (sa bibliographie comprend 17 nu- catholique, apostolique et romaine. Dédiée (sic) au Roy
méros) sont surtout des sermons mis en volumes. par le P. Jean Adam, de la Compagnie de Jésus, in-4°
L'énumération des principaux, grâce à leurs longs de42 pages, Paris,1673 (Bibl. nat.,Ld. 176/202; l'exem-
:
titres très explicites, complète sa biographie et jalonne
les trois périodes seules connues de sa vie séjour à
Paris (1649-1658); à Sedan (1659-1671); à Bordeaux
:
plaire de la Bibliothèque nationale porte en ms. en
-
tête du titre 30 novembre 1662). Le P. Sommer-
vogel signale une 1re édit., à Poitiers, chez Fleuriau,
(1672-1684). 1663; — 9.Le Triomphe de la tres-sainte Eucharistie, ou
II. OUVRAGES PUBLIÉS. — A. Avant le séjour à Se- la presence réelle du Corps et du Sang de Jésus-Christ
dan. — 1. Calvin deffait par soy-mesme et par les armes dans cet adorable Sacrement prouvée par l'Escriture
de saint Augustin qu'il avoit injustement usurpées sur sainte et par les Pères des premiers siècles contre le
les matieres de la Grâce, de la Liberté et de la Prédestina- ministre Claude, Sedan, in-8° de 517 pages. 1671
tion. Par le P. Jean Adam, de la Compagnie de Jésus. (Bibl. nat. D. 22271); 2e édit., in-8°, Paris, Thiboust,
A Paris, chez Gaspar Mcturas, in-8° de 771 p. (et non 1672.
331, comme dit le P. Sommervogel). Le privilège est C. Pendant le séjour à Bordeaux.
du 20 septembre 1649, la permission du P. Claude de 10, Le Triomphe de la tres-sainte Eucharistie, etc.
Lingendes, provincial, du 30 septembre, et la dédicace, (comme dans l'édition de Sedan). des premierssiècles.
à l'évêque de Bazas (Samuel Martineau), du 20 fé- Pour faire voir jusques où est montée la hardiesse de
vrier 1650. Le livre était donc achevé avant le sermon M. Claude, ministre de Charenton, qui soutient, que les
attaqué par Noel de Lalane dans sa Defense de saint
Augustin, et n'est point une diversion entreprise à
propos de cetincident(Bibl.Mazarine, 25336);—2.Les
:
évangélistes et les apostres ne se sont pas souvenus d'en
rienlaisser dans leurs écrits Que les martyrs et les saints
de l'ancienne Eglise ne l'ont ni connue, ni crue, ni pro-
Pseaumes de David en latin et en françois avec les onze fessée; et que jusqu'au sixième siècle inclusivement les
cantiques dont l'Eglise se sert dans l'office pour toute Docteurs ont communément parlé de ce mystère, dans les
l'année.Et quelques prieres et veritez catholiques tirées mesmes termes et dans les mesmes sentimens, que font
des Pseaumes et des Cantiques, enrichis de tables. aujourd'huy les protestants. Avec des reflexions sur des
Dediée (sic) à la reyne regente. Parle R. P. Jean Adam, de témoignages qui doivent toucher le cœur de ceux qui n'ont
la Compagnie de Jésus. A Paris, M.D.C.LI., in-12 de d'autre interest que celuy de leur salut. Dédié au Roy
188 p. plus 19 pages chiffrées de table (Bibl. natio- par le R. P. Jean Adam de la Compagnie de Jésus.
-
nale, A. 7812); 3.Heures catholiques en latin et en
françois, dédiées au Roy, contenant l'office de la Vierge
Bourdeaux, M.DC.LXXII, in-8° de 529 pages (Bibl.
nat., Réserve D. 22218).
pour toute l'année, l'office des dimanches et des festes, les Ce n'est pas seulement une réimpression, mais un
sept pseaumes de la penitence, les vespres et l'office des remaniement profond de l'édition de Sedan. Les dédi-
morts,dutrès-sainct-Sacrement,delaCroix et duSainct- caces du roi y sont totalement différentes.
Esprit, et quelques hymnes traduites en vers, avec une 11. Abrégé de la vie de saint François de Borgia, duc
instruction pour les catholiques contre les nouvelles doc- de Candie, vice roy de Catalogne, et troisième général de
trines, les règles de la vie chrestienne et quelques prieres la Compagnie de Jésus, canonisé par le pape Clément X
tirées de l'Escriture saincte et des Pères de l'Eglise, Paris, le 12 d'avril de l'année 1671, dédié à Mgr le Maréchal
1651,in-8° et in-12; 3eédit.,1656,in-12; 4e, 1608, in-8° d'Albret, par le P. Jean Adam, de la Compagnie de
de 482,179 et 47 pages, Paris, Laurent d'Houry (Bibl. Jésus, in-8° de 159 pages, Bordeaux, G. de la
Court, 1673(Bibl. Sainte-Geneviève,H 768); — 12. Via latin et consacrées aux hommes illustres de l'Allema-
ad æternitatem sive tria opuscula SS. Eucherii episcopi gne. Le premier volume, Vitæ philosophorum germa-
Lugdunensis, et Hilarii episc. Arelatensis. In quibus norum consacré aux philosophes, aux gens de lettres et
Christiani a vanitate ad veritatem, a mundo ad Cœlum aux érudits, parut à Francfort en 1615; les trois autres
et a temporead æternitatem invilantur. in-12 de217 pages, consacrés, le deuxième aux théologiens, le troisième
Parisiis, 1673, — La dédicace au P. C. Oliva est aux jurisconsultes, le quatrième aux médecins, furent
seule signée; — 13. Octave de Controverse sur le très publiés à Heidelberg en 1619 et 1620. Ces quatre
saint Sacrement de l'Autel. Où les paroles du Testament in-8° furent réimprimés en un seul in-fol., en 1705.
de Jesus-Christ sont prises en figure par les Protestans, Tous les savants dont parle MelchiorAdam sont pro-
et en vérité par les Catholiques. Dédiée à Mgr l'Arche- testants, en dehors de quelques jurisconsultes et
vêque de Bordeaux. Par le P. Jean Adam de la Com- médecins catholiques, et allemands, à part vingt
pagnie de Jésus. Bordeaux, M.DC.LXXV, in-8° de
731 pages (Bibl., nat. D. 15587); — 14. Lettre du
théologiens dont il a réuni les vies sous ce titre:
Decades duæ continentes vitas theologorum exterorum
P. Jean Adam, de la Compagnie de Jésus, à M.Hes- principum, in-8°, Francfort, 1618. Bayle fait un
perien, ministre de Soubize. Pour servir de réponse à un grand éloge de ces ouvrages dont il affirme s'être
sermon qu'il a prononcé au dernier Synode tenu à Ma- beaucoup servi. lIs offrent cependant des lacunes que
rennes, et qu'il a donné au public; où il outrage cruel- l'auteur lui-même avouait et se proposait de com-
lement l'Eglise Romaine et tous les Catholiques qu'il bler. Comme Melchior Adam était un calviniste
traite d'aveugles, de superstitieux, de Samaritains, de convaincu, les luthériens l'ont accusé de partialité,
Gentils qui se sont abandonnez à l'Idolatrie. in-8° de ainsi Konig,dans sa Bibliotheca vetus et nova, in-fol.,
125 pages,Bordeaux,1675,.Je n'ai pu rencontrerce livre. 1678. Le catalogue d'Oxford lui a attribué à tort le
D'après un libelle manuscrit (Bibl. Mazarine,ms.1663), livre d'Adam de Brême, Historia ecclesiastica Ham-
il y aurait eu une édition remaniée par ordre d'où burgensis et Bremensis.
auraient disparu des allusions, d'assez mauvais goût, Melchior Adam, dans les Préfaces et Épîtres dédicatoires
à l'évêque de Tournai, Choiseul, pris à partie pour
l'approbation donnée au livre des Avis salutaires de la
de ses Vitæ philosophorum et Vitæ theologorum. - Baillet,
Jugements des savants, édit. de 1725, t. II, p. 53. —Bayle,
Dictionnaire, 5e édit., t. i, p. 114-115.—Moréri,Dictionnaire,
B. V. Marie à ses dévôts indiscrets; — 15.Sermons
I,
1759,t.
pour un Avent, Bordeaux, 1685, in-8°, d'après une
indication donnée par l'abbé Antoine Albert Dic-
tionnaireportatif des prédicateurs françois,Lyon, 1756.
: p. 127. —Realencyclopädief. prot. Theol.,2e édit.,
t. i, p. 162. — Kirchenlexicon, 2e édit., t. i, col. 213.
Allgem. deut. Biograph., t,i, p. 45.
C. CONSTANTIN.
-
Sotwel, Bibliotheca scriplorum SoJesu, Rome, 1676, 91. ADAM(NICOLE). Cet Allemand fut nommé doc-
p. 397. Incomplet (l'auteur écrivait en 1674) et inexact teur régent en droit de l'université d'Angers, le 13 jan-
dans la traduction des titres et sur la date de naissance. — vier 1493, en même temps que deux autres. En 1508,
Bayle, Dictionnaire, 1734, t. i, p. 110-114. Notice très com- il assista au procès-verbal de publication de la cou-
plète, mais composée sur les pamphlets jansénistes, les tume d'Anjou, comme député de l'université. On le
médisances de Guy Patin (lettre à Spon, 12 avril 1650,
édit. Réveillé-Parise, t.II, p. 1), l'ouvrage de E. Benoît, etc. voit encore assister à une cérémonie dans la cathé-
Toutes les anecdotes y sont accueillies sans contrôle des drale d'Angers, le 31 mai 1513.
témoignagesni connaissance directe du sujet. Plus malveil- Bibliothèque d'Angers, mss. Thorode, n. 1213, t.I, fol. 35;
lants encore ont été les abréviateurs, comme Chaudon et Ibid., mss. Audouys, n. 1120, fol. 206 V. — Revue de l'An-
Delandine, dont l'article, d'une pauvreté rare, est reproduit jou, année 1858, p. 83.— Port, Dictionnairede Maine-et-Loi-
à peu près tel quel dans la Biographie Didot-Hoefer, à la re, t. I, p. 2.
honte de cette collection, et a influencé Beuchot dans la F. UZUREAU.
BiographieMichaud. Feller même, qui cite rapidement trois ADAMANTINUM. Nom latin de Diamantina,
titres au hasard, s'arrête seulement à l'anecdote du Ména- évêché du Brésil.
giana, le mot attribué à Benserade ou au prince de Gue-
mené, ramassé par Voltaire qui ne laissait rien perdre, et 1. ADAMANTIUS. 1. C'est un surnom qu'on donne
l'appliqua au P. Antoine Adam, qu'il hébergeait sauf à dire ordinairementà Origène. 2. Considéré comme un per-
qu'il « n'était pas le premier homme du monde. » La plai-
santerie aurait été faite à la suite du sermon prêché devant sonnage particulier, Adamantius est le principal
la cour (26 mars 1655) à Saint-Germain l'Auxerrois. J'ai interlocuteur du dialogue: IIpl.r¡.; Et;eÕ" ÔpOfz
publiéle passage qui en fut l'occasion. VoirmaBibliographie ~Ttiarswç, P. G., t. XI, col. 1713-1884. Dans une réunion,
présidée par le païen Eutropius en qualité d'arbitre,
du P. Adam. — Joly, Remarques sur Bayle, 1748. — De
Limiers, Magna biblioth. ecclesiast., Cologne, 1734.— Moréri,
édit. de 1757. Article d'inspiration janséniste. — Bouillot,
Biogr. Ardennaise, 1830, art. Adam. — Prégnon (Abbé),
Hist. du pays et de la ville de Sedan, Charleville, 1856, t. III.
:
Adamantius combat dans chacune des cinq parties
de ce dialogue autant d'hérétiques les marcionites,
Megethius et Marcus, Marinus disciple de Bardesanes
et les valentiniens Droserius et Valens. Il réduit à
p. 336-339.—Varin,La vérité sur les Arnauld, t.I, p.44-106. néant leurs arguments, renverse leurs théories et
—Le P. Barre, Vie de Mgr le marquis de Fabert, Paris, 1852,
t. II, p. 184. — Bourelly (Jules), Le maréchal de Fabert, sort victorieux du tournoi. Mais quel est ce person-
3e édit., Paris, Perrin, 1885, t. II, p. 265 sq. Ces quatre
derniers pour les rapports du P. Adam avec Fabert. —
;
De Backer, Bibl. des écrivains de la Compagnie de Jésus,
t. I, p. 19-20. — Sommervogel, id., t. II, col. 43-47 t. VIII,
:
nage? Cette question n'est pas encore résolue. On a
songé à Origène, mais cette hypothèse est éliminée
par certains indices du dialogue même allusions his-
toriques et terminologie trinitaire, qui conviennent
col. 1569. — Les vraies sources, outre quelques lettres de bien mieux à la période nicéenne. De plus, Théodoret,
contemporains, sont les ouvrages mêmes du P. Adam, ses Hæretic. fabular. compendium, P. G., t. LXXXIII,
préfaces et dédicaces, bien moins impersonnelles qu'on ne col. 339, 377, distingue nettement Origène et Adaman-
supposerait. J'en ai tiré la Bibliographiedu P. Adam parue tius. Enfin Photius rapporte, cod. 231, P. G., t. CIII,
dans la Revue du Monde catholique, 1er décembre 1909,
tirée à part, 1910, et formant un chapitre de Profils de
Jésuites, in-8°.
E. GRISELLE.
:
col. 1090, ces mots d'une lettre de Sophronius de
Jérusalem alium esse Origenem antiquum et alium qui
post illum vocatus est Adamantius, « autre est Origène
l'ancien, autre est celui qui après lui a été appelé
90. ADAM (MELCHIOR),éruditprotestant allemand
de la première partie du XVIIe siècle, né à Grottkau Adamantius. » Ainsi donc Adamantius reste inconnu,
en Silésie, mort en 1622 à Heidelberg où il enseignait et l'on ne sait même pas s'il est l'auteur du dialogue.
depuis 1601. Il a publié plusieurs ouvrages, entre Caspari, Kirchenhistorische Anecdota, Christiania, 1883,
autres, en 4 volumes in-8°, 136 biographies écrites en p. 1-129. V. ERMONI.
2. ADAMANTIUS,médecin juif d'Alexandrie, dela vailla énergiquement au relèvement du monastère des
fin du IVe siècle et du commencement du ve. Après bénédictines d'Escherde. Il mourut le 1er mars 1663 et
l'expulsion des Juifs d'Alexandrie sous saint Cyrille, fut enterré dans la cathédrale d'Hildesheim.
il s'enfuit à Constantinopleauprès de l'évêque Atticus, Adami fut une des personnalités les plus marquantes
se convertit au christianisme et put ainsi retourner de la congrégationbénédictine de Bursfeld, en faveur
dans sa ville natale. On a de lui un abrégé en deux li- de laquelle il développa une remarquable activité
vres des ::puÛ¡O¡VW¡Hr.:Zdu rhéteur Polémon, édité pour entre 1639 et 1651. Homme de science et d'action, il
la première fois à Paris en 1540, puis à Bâle en 1544 et se distingua par de profondes connaissances juridiques
à Rome en 1545, et un traité sur les vents, "'P ci'li[J(,)'I, et par un réel talent diplomatique qui lui conquirent
basé sur la météorologie aristotélicienne, édité par de précieuses sympathies lors des négociations du
V. Rose d'après le Cod.Laurent. 66. traité de Westphalie.
Étant jeune moine, il avait songé à écrire l'his-
t.
Socrate, Hisi. eccles., VII, XIII, P. G., LXVII, col. 764.
Fabricius, Bibliotheca græca, Hambourg, 1516,t.III, p. 638; toire de la congrégation de Bursfeld, mais il dut
et
t. II, p. 171, en note.—Pauly Wissowa,Real-Encyclopä- bientôt se consacrer aux études juridiques pour sau-
vegarder les droits des monastères. C'est dans ce
die der classischen Altertumswissenschaft, Stuttgart, 1893,
t. i, col. 343. but qu'il composa, probablement à la demande du
M. JUGIE. nonce Chigi, une réfutation des théories trop libérales
ADAMES(NICOLAS), premier évêque de Luxem- de Caramuel en matière d'aliénations de biens ecclé-
bourg, mort le 13 février 1887. Le grand-duché de siastiques : Anti-Caramuelsive examen et refutatio dis-
Luxembourg fut érigé en diocèse indépendant, en putationis thelogico-politicæ, quam de potestate Impe-
1870; le premier titulaire du nouvel évêché fut N. Ada- ratoris circa bona ecclesiastica proposuit Joannes Cara-
mes, jusqu'alors vicaire apostolique de Luxembourg. muel Lobkovits. Humano Erdeman Oecomontanoauc-
Né à Trois-Vierges (G.-D. de Luxembourg), le 29 dé- tore. Trimonadi,typis Wilhelmi Frey,anno 1648. A son
cembre 1813, le futur évêque fut ordonné prêtre en retour du congrès de Münster, il composa une histoire
1839. Après avoir été vicaire à Arlon et à Echternach, de la Paix de Westphalie, qui fut publiée en 1698 à
il devint administrateur de la paroisse de Luxembourg Francfort sous le titre de Arcana pacis Westphalicæ,
en 1843, puis, en 1845, secrétaire de Mgr Laurent, vi- sive plenior et ex secretioribusactis et congressibus
caire apostolique du grand-duché. Lorsque celui-ci dut deprompta relatio historica de S.Rom. Imp. pacifica-
quitter le pays à la suite des événements de 1848, tione Osnabrugo-Monasteriensi. Auctore A. A., puis
Adames le remplaça comme provicaire apostolique en 1707 sous le titre de : Adam Adami relatio historica,
jusqu'en 1863, puis comme vicaire apostolique; le sive brevis atque succincta narratio eorum quæ in paci
29 juin 1863, il fut sacré évêque titulaire d'Halicar- ficatione Osnabrugo-Monasteriensi ex arcana ratione
nasse. Le 27 juin 1870, il fut nommé par bref ponti- status inter paciscentes gesta fuere. Francofurti ad M.,
fical évêque de Luxembourg, érigé en diocèse indépen- Knoch, 1707. Une troisième édition fut publiée en
dant et reconnu comme tel par le pouvoir séculier en 1737 à Leipzig par Jean-Godefr. de Meiern : Relatio
1873. De graves infirmités l'obligèrent de donner sa historica de pacificatione Osnabrugo-Monasteriensi.
démission, le 27 septembre 1883, et celle-ci ayant été Cette édition fut critiquée par D. Magnoald Ziegel-
acceptée, Mur Adames, entouré d'une vénération gé- bauer dans ses Emblemata Meieri, Munich, 1739
nérale, se retira dans le couvent des pères rédempto- (Lindner, Die Schriftsteller. des Benediktiner Ordens
ristes à Luxembourg même, où il termina sa vie aussi imheut. Königr. Baiern, t. I,1880, p. 55, et Studien und
pieuse que laborieuse le 13 février 1887. Jlittheil. aus dem Bened. Orden, 1883, t. i, p. 75-76),
auquels Meiern répondit par son Illuslratio emblema-
Ratte, Les trois dernières années de la vie de Msr Nic. tum en latin et en allemand, Hanovre, 1739. Les cri-
Adames, premier évêque de Luxembourg, Luxembourg, 1887.
tiques de Ziegelbauer étaient fondées, comme en
— Clascn, Der hochsel. Erzbischof von Cyrra, II. Nik. Ada- témoigne l'analyse faite par Fr. Israël et la publica-
mes, erster Bischof von Luxembourg. Leichenrede, Luxem-
bourg, 1887. tion des variantes et des lacunes donnée d'après le ms.
J. P. KmscH. d'Hildesheim (p. 249-277).
1. ADAMI (ADAM). Né en 1610 à Mülheim sur le D'après Légipont, Adami serait l'auteur des Vin-
Rhin, bachelier en philosophie à l'université de diciæ pro monasteriis Wurttembergiæ utilisées par
Cologne le 1er mars 1627, entra en 1628, à l'abbaye Besold. On trouve de nombreuses lettres d'Adami
bénédictine de Brauweiler. Successivement régent avec les réponses dans la correspondance originale
du séminaire bénédictin de Cologne, prieur de Saint- de l'abbé Léonard Colchon, abbé de Seligenstadt et
Jacques à Mayence et de Murhardt, il fut chargé, en président de la congrégation bénédictine de Bursfeld
1643, de sauvegarder les droits des monastères de (Bibl. du sémin. épisc. de Mayence) et dans les mi-
Souabe auprès de la cour impériale, et délégué, en
1645, par les prélats de Würtemberg, pour défendre
leurs droits aux paix d'Osnabrück et de Münster où
;
nutes de cet abbé (Archives de l'État à Düsseldorf,
III, 2. H.) elles n'ont pas été utilisées par le dernier
biographe d'Adami.
il fut admis comme représentant du prince-abbé de
Corbie. Ses talents attirèrent l'attention des mem-
bres du congrès et particulièrement du nonce Chigi.
Hartzheim, Bibl. Coloniensis, p. 1-3. - Ziegelbauer
Hist. litt. Ord. S. Ben., 1754, t. III, p. 389-395. — Fran-
çois, Bibl. gén. des écriv. de l'ordre de S. Benoit, 1777, t. i,
Nommé abbé d'Huysburg en 1647, il avait refusé ce
poste difficile, et, peu après son retour de Munster, on p. 9-10.—Evelt,dans Kirchenlexikon, t. I, col. 214-216. —
Friedr. Israël, Adam Adami und seine Arcana pacis West-
le voit partir pour Rome, où il devait défendre les phalicæ, in-8°, Berlin, 1908.
droits des monastères de Souabe et s'efforcer de pro- U. BERLIÈRE.
mouvoir l'idée d'une confédération de tous les monas- 2. ADAMI (ANNIBAL), jésuite italien, né à Fermo,
tères d'Allemagne. Durant son séjour à Rome, il sol- le 13 février 1626 et reçu au noviciat de Rome, le
licita le pallium pour Maximilien-Henri de Bavière, 11 novembre 1641, enseigna durant de longues années
coadjuteur de son frère Ferdinand, archevêque de les humanités, la rhétorique et le grec au Collège
Cologne, évêque de Liége et d'Hildesheim (1651). romain. Il mourut à Rome, dans la maison professe,
Maximilien choisit Adami pour conseiller intime et le
demanda à Rome pour évêque suffragant à Hildes-
lieim. (17 décembre 1652). Adami fut sacré le 13 mars
:
le 16 juillet 1706 ou 1707. Ses principaux ouvrages
sont Seminarii Romani Pallas purpurata, in-fol.,
Rome, 1659, renfermant 31 portraits des cardinaux
1653 à Paderborn. Durant son administration il tra- sortis du collège romain.— Episcopus, opus tripartitum,
ethico-poliiicosacrum, d'Alexandre Sperelli, traduit
de l'italien en latin par Adami à la demande de plu-
t. XLII, col. 31, les mêmes détails:Adamiani ex Adam
dicti, enjus imitantur in paradiso nuditatem, quæ fuit
sieurs évêques étrangers à l'Italie, 2 in-fol., Rome, ante peccalum. Nudi itaque mares feminæque conve-
1670. — La Spada d'Orione stellata nel cielo di Marte, niunt, nudi lectiones audiunt, nudi orant, nudi cele-
cioè il valor militare de' più celebri guerrieri de' nostri brant sacramenta, et ex hocparadisum suam arbitran-
secoli, in-4°, Rome, 1680, publié sous le pseudonyme tur Ecclesiam. Il nous apprend aussi, ibid., qu'ils
de Primo Damaschino et dédié à Louis XIV. Adami avaient le mariage en horreur parce qu'Adam ne
a encore composé ou traduit des biographies pieuses, connut de femme ni avant son péché, ni avant qu'il
et traduit du portugais les sermons de Vieira, 5 in-4°, eût été chassé du paradis. Unde et nuptias aversantur :
Venise, 1683-1707. quia nec priusquam peccasset Adam, nec priusquam
dimissus esset de paradiso, cognovit uxorem. Il est
Oudin, dans Moréri, Dictionnaire historique, Paris, 1759,
t. i, p. 129. — Sommervogel, Biblioth. de la Compagnie possible que Clément d'Alexandrie, en dénonçant,
de Jésus, Bruxelles, 1890, t. i, col. 47-50; 1898, t. VIII, Strom., III, ii, P. G., t. VIII, col. 1112-1113, chez les
col. 1570. — Archives S. J. carpocrates la communauté des femmes, les réunions
E.-M. RIVIÈRE. nocturnes et la promiscuité la plus honteuse, ait visé
3. ADAMI (JEAN-NÉPOMUCÈNE), jésuite hongrois, les adamites.
naquit à Chemnitz en 1738, le 26 juin d'après Caballero, Nous connaissons leurs pratiques. Mais quel est
le 16 juillet, d'après Stöger. Entré dans la Compagnie l'auteur de la secte? Pour Théodoret, Hæres. fabul.,
de Jésus, le 17 octobre 1754, il enseigna la philosophie
à Raab, et, durant près de vingt années, l'histoire au ciple de Carpocrate:
t. I, 6, P. G., t. LXXXIII, col. 352, c'est Prodicus, dis-
llpÓGnwç 5s TCTJTOVSiaûEEâfjiE-
collège des Nobles à Presbourg. Il mourut dans cette
dernière ville, le 22 mai 1821, chez les Frères de la Mi-
séricorde, où il s'était retiré depuis deux ans. Outre
VOÇ, TT|VTÔ)VXaXcTJfJ.EVMV £CTTVl<TaTO
'AoajJUTtoV (TUV
:
capEcnv.
Prodicus avait établi que les femmes sont communes
£v. C'est pour-
xoivàç ~yàp sivai xàç yuvaïxa; Èvofj.Q0ÉTY](T

Presbourg :
un sermon, en latin, sur l'Immaculée-Conception,
in-4°, Tyrnau, 1767, il publia dans la même langue, à
Systema antiphilosophicum de origine ci-
vitatis, in-8°, 1801; — Fragmentum statisticæ Græ-
quoi, dans les repas communs, après avoir éteint la
lumière, non seulement chacun s'approchait de la
:
femme qu'il rencontrait au hasard, mais ils regardaient
cette turpitude comme une initiation mystique
ToiauTr,vàxoXacriav
corum de disciplina civium et educatione juventutis, £xn X ôr) xoù T£)*exr|V ttjv
in-8°, 1801; -.
Sensa Cleri Gallicani occasione Revolut-
ionis gallicæ manifestata, in-8°, 1804.
GOLVp.'JCJ"Lty.:r¡'. Théodoret
d'Alexandrie, ibid., col. 353.
termine en citant Clément
On a essayé de suivre, dans les âges postérieurs,
Stôger, Scriptores Prov.Austriacæ S.
I., Vienne,1856, 5.
t.I,
p. la survivance des adamites. Ainsi Moréri prétend,
— Sommervogel, Biblioth. S. I., Bruxelles, 1890, col. 50
Dictionnaire, art. Tandemus, que ce personnage a
et append.
E.-M. RIVIÈRE. ressuscité l'hérésie des adamites. Voir Tanquelme,
4.ADAMI (PIETRO ANTONIO), prêtre de l'Oratoire, dans Hergenröther, Histoire de l'Église, trad. Belet,
Paris, 1891, t. v, p. 162. En tout cas, Tandeme avait
né à Bologne. Il entra dans sa congrégation l'an 1695
et mourut le 7 mai 1722. On a de lui 1. Il compendio :
della vita di S. Pellegrino re di Scozia estratto dagli
des théories et des pratiques analogues à celles des
Adamites : ainsi il regardait les œues de la chair
autentici manoscritti della vita di lui, Bologne, 1688, (opera carnis), même en public, comme une œuvre de
t. I; 2. Memorie dei P. dell' Oratorio, inédit. spiritualité; aussi agissait-il en conséquence et met-
tait-il à mort ceux qu'il ne pouvait persuader et
Orlandi, Notizie degli scrittori bolognesi e dell'opere loro gagner à ses principes. Pour Bayle, Dictionnaire,
stampale e manoscritte, Bologne, 1714, p. 224. — Mazzu- art. Turlupins, ce sont les turlupins du XIVe siècle
chelli, Gli scrittori d'Italia, t. I, p. 133. — Fantuzzi, No- qui continuent les adamites. Les turlupins vécurent,
tizie degli scrittori bolognesi, Bologne, 1781, t. I, p. 66.—
Villarosa, Memorie degli scrittori filippini della Congrega- sous Charles V, en Savoie et en Dauphiné, comme
zione dell' Oratorio, Naples, 1837, p. 5-6. — L'Oratorio in des chiens (more cynicorum et canum) et fondèrent la
Bologna, note storiche, Bologne, 1895, p. 72. Fraternité des pauvres. Au commencement du XVe
A. PALMIERI. siècle, un illuminé, du nom de Picard, parut dans les
ADAMITES. La première mention des ada- Flandres, se disant Fils de Dieu, nouvel Adam, en-
mites, Aoafj-t'avot, se trouve dans saint Épiphane. voyé sur la terre, au milieu des hommes, pour res-
Ce Père compare, Hæres., LII, P. G., t. XLI, col. 953- taurer la loi de nature, laquelle consistait dans la
960, ces hérétiques à la taupe. Ils tenaient leurs communauté des femmes et l'état de nudité. Il s'éta-
réunions dans des lieux cachés et chauffés. Les hommes blit, avec ses partisans, en Bohême, où, en 1421, ils
et les femmes se déshabillaient dans un espèce de furent exterminés par Ziska. On peut rapprocher du
vestibule et pénétraient tout nus dans le lieu de réu- mouvement adamite certaines tentatives faites en

y.a!. xà
:
nion. Nus aussi, ils faisaient des lectures et accom-
plissaient toutes les cérémonies TeXç ~TEÀVAYVWAETÇ,
A-jxdiv UXVVA YJIJ.voiOVTE;TEAO-JCTCV. Si
AX>À
qu'un paraissait être tombé dans quelque faute, il
quel-
Autriche, en 1781 et en 1848, ainsi que les extrava-
gances du phalanstère en France et des mormons en
Amérique.
V. ERMONI.
n'était plus admis aux réunions. Ils disaient que c'était 1. ADAMNAN (Saint), Écossais converti après une
Adam qui avait mangé du fruit défendu et par con- vie dissipée, devint moine et prêtre à Coldingham, sous
séquent ils le chassaient du paradis, c'est-à-dire de sainte Ebbe, abbesse du monastère. Il se distingua par
leur église; xptvouo-ivÈ^swc-Oai t:Jç arcoTQ-J'na.po.oe'.ao-j, son abstinence extraordinaire et ses visions. Il mourut
-covxEcrTt*UT|Ç (xuTMv pensaient en effet
'Ev.v.\-r\aiac. Ils
que leur église était le paradis, et qu'eux-mêmes
étaient l'entourage d'Adam et d'Ève ~xcd aû-roù ç: vers 689 et est honoré le 31 janvier.
Acta sanctorum, jan. t. II, p. 1120. — Bibliographia
-
hagiographica latina, Bruxelles, 1898-1900, t. I, p. 12.
EÎvcu toùç7i£pl'ASà^i. xai E-jav. Leur nourriture était
de l'ambroisie, que Dieu lui-même avait préparée
StâtTocïi o àjj.^poata Ils se
sx 8Eo;J TCETCOIYKAÉVY;.
¡;.eXÀCl
:
li-
Colgan, Acta sanctorum Scotiæ et Hiberniæ, 1645, t. I,
p. 224. — Mabillon, Acta sanct. ordinis S.Bened., 1672,
t.III,2e part., p. 500.
vraient à toutes sortes de débauches et de liberti- P. FOURNIER.
nages. En sortant de la réunion, ils reprenaient 2. ADAMNAN, né à Drumhome dans le S.-O. du
leurs vêtements, parce qu'ils cessaient d'être Adam. comté de Donegal (Irlande) en 623 ou 624, parent de
Saint Augustin nous fournit, Hæres., XXXI, P. L., saint Colomba, devint abbé de Hy ou Jona en 679
et mourut le 23 septembre 704. Converti aux usages sa retraite avait été signalée, l'invitant a senfuir, le
romains à la suite d'une entrevue avec l'abbé Céol- missionnaire,pour ne pas exposer ses hôtes,s'échappa
frid, à Yarrow, en 688 (Bède, Hist. eccl., v, 21), il au milieu de la nuit, par des montagnes escarpées et
:
travailla à l'union des deux Églises celtique et anglo-
saxonne. On a de lui 1° Vita S. Columbæ, écrite
entre 692 et 697 (Acta sanct., jun. t. II, 3e éd.,
couvertes de neige, et faillit périr victime d'un nau-
frage dans la traversée de Miaco. Pris enfin par les per-
sécuteurs en 1633, il fut conduit à Nagasaki et con-
p. 197-223; W. Reeves, The life of St. Columba, dans
The historians of Scotland, 1874, t. VI, p. 105-218;
Fowler, Adamnani uitél S. Columbæ, Oxford, 1894; à
:
damné, le 18 octobre, avec ses quatre compagnons, au
tourment de lafosse suspendus la tête en bas et le
corps moitiéplongé dans une fosse, les troisjaponais,
v.Bibl. hag. lat, p. 44); 2°Delocissanctis, écrit en 688, Julien, Pierre et Mathieu, succombèrent après quatre
:
surtout d'après le récit de l'évêque gaulois Arculphe.
Ce traité a d'abord été édité par Gretser Adamnani
jours de souffrances (21 octobre), Adamo expira le 22.
— Né à Nacaura de la famille des princes d'Arima,
;
Scolohiberni de situ terræ sanctæ, in-4°, Ingolstadt,
1619 une édition critique a été donnée par Paul
Geyer dans le Corpus script. eccl. latin. de Vienne,
Julien fut un des quatre jeunes japonais qui vinrent,
en 1582-1590, sous la conduite du P. AlessandroVali-
gnani, présenter à Philippe II et à Grégoire XIII les
1898, t. XXXIX, p. XXXIII-XXXIX,221-297. Le traité hommages des princes chrétiens du Japon. De retour
De locis sanctis attribué à Eucher n'est qu'un dans sa patrie et à peine âgé de vingt et un ans, il fut
extrait des opuscules d'Adamnan et de Bède fait au reçu dans la Compagnie de Jésus, le 25 juillet 1591;
VIne siècle. ordonné prêtre, il évangélisa le royaume de Bungo,
déguisé en médecin et convertit, grâce à sa naissance,
Ceillier, Hist. des aut. sacrés, 2e éd., t. XI, p. 800-801.
—Mabillon, Acta sanct. ord. S. Bened., sæc. III, part. 2, un grand nombre de nobles. — Pour le P. Antonio
de Souza, voir son article. La cause de béatification
p. 499-502. — Acta sanct., sept. t. VI, p. 642-649. —
W. Rohricht, Bibl. geogr. Palæstinæ,1890,p. 12-14. —Paul
Geyer, Adamnanus, Abt von Iona, t. I, Sein Leben, seine
de ces martyrs est pendante en cour de Rome.
Cardim, Fasciculus e Iapponicis floribvs, Rome, 1646,
Quellen, sein Verhâltniss zu Pseudo-Eucherius de locis sanc- p.201, 205,209.— Alegambe, Mortes illustres S. I., Rome,
tis. Seine Sprache.Progr. des Gymn. St-Anna für 1894- 1657, p. 431-433. —Bartoli, Il Giappone, Rome, 1669, l. I,
1895,47 p.in-8°, Augsbourg, 1905; du même, Adamnanus p. 166-242; 1. V, p. 414-416. — Alonso de Andrade,
II Teil, Die handschriftliche Ueberlieferung der Schrift de Varones illustres, Madrid, 1667, t. VI, p. 602-606. — Tanner,
locis sanctis. Progr. desGymn.Erlangen, 66 p. in-8°, Erlan-
gen, 1897. — W. Reeves, dans Diction. of christ. biography
1900, t. I, p. 41-43.
U. BERLIÈRE.
tans, Prague, 1675, p. 364-367. -
Societas Jesu usque ad sanguinis et vitæ profusionem mili-
Abbé de T. (le P. Cras-
set), Hist. de l'Église du Japon, Paris, 1699, t. II, p. 661-814.
— Aguilera, Provinciæ Siculæ S. I. orlus et res gestæ, Pa-
1. ADAMO (GABRIEL-JOSEPH), archevêque de Ker- t.II,
lerme, 1740, p. 284-285; il cite une vie inédite d'Adamo,
kouk, dans le Kurdistan, siège catholique de rite chal- par Giovanni M. Dionigi Bronzino, mineur observantin.
déen, érigé en 1854. Né à Mossoul, le 15 mars 1851, E.-M. RIVIÈRE.
Adamo mourut le 4 juin 1899. Après une sérieuse for- ADAMS (JAMES), jésuite anglais, né en1737, entra,
mation reçue à Rome, au séminaire de la Propagande, le 7 septembre 1756, au noviciat anglais de Watten,
près de Saint-Omer. Après avoir enseigné les huma-
il fut ordonné prêtre le 21 avril 1878, et consacré évê-
que le 26 août 1883 par le patriarche Abolionan
(Aboul-Yonan). Prédicateur éloquent, administrateur
il
nités dans cette dernièreville, rentra dans sa patrie
et s'y consacra aux exercices du saint ministère. Il
habile, souple et énergique, il sut en imposer aux Curdes était, en 1773, missionnaire àAston, district de Staf-
au milieu desquels il vivait, et gagner l'affection et la ford; il semble avoir passé plusieurs années à Londres.
confiance de ses diocésains. Au retour du congrès eu- En août 1802, il se retira à Dublin, où il mourut le
charistique de Jérusalem, ayant constaté la présence
d'une cinquantaine de familles chaldéennes catho-
6 décembre suivant. Il a laissé entre autres écrits
EarlyRules for taking a likeness, in-8°, Londres, 1792,
:
liques à Beyrouth, d'une trentaine à Damas, d'un peu traduit du français de Bonamici. — Euphonologia lin-
plus de cent à Adana, il détermina son patriarche Abo- guæ anglicanæ et mirum sonorum artificium.La pro-
lionan à instituer, dans chacune de ces trois villes, un nonciation angloise établie par des règles fixes sans le
vicaire patriarcal. Le vicaire patriarcal de Beyrouth, secours de la simple exception, et comparée à la langue
Mnr Joseph Tawil, de qui nous tenons ces renseigne- françoise, in-8°, Londres, 1794 : ouvrage qui valut à
ments, nous apprend aussi qu'à la mort du patriarche l'auteur les félicitations de la Royal Society de Lon-
Abolianan, Adamo fut choisi pour son successeur. Il dres. — Rule Britannia; or the flattery of freesubjects
refusa, en disant que, les évêques chaldéens de Perse paraphrased and expounded, in-8°, Londres, 1796. —
étant absents, son élection était illégitime. A leur arri- The pronunciation of the English language vindicated
vée, lamajorité des suffrages s'étant de nouveauportée
sur lui, il opposa un nouveau refus et, cette fois, ab-
solu.
P. Cheikho, dans le Machriq(revue arabe), 1906, p. 684.
FR. TOURNEBIZE.
:
from imputed anomaly and caprice, in-8°, Édimbourg,
1799. Watt lui attribue, j'ignore sur quel fondement,
cet ouvrage posthume Roman history, from the foun-
dation of Rome to the subversion of the eastern Empire
and the taking of Constantinople by the Turks, A. D.
2. ADAMO (GIOVANNI MATTEO), jésuite sicilien, 1453, in seven books, Londres, 1805.
martyrisé au Japon avec les PP. Julien de Nacaura,
Japonais, Antonio de Souza, Portugais, et deux caté- Oliver, Collections towards illustrating the biography of the
chistes japonais, Pierre et Mathieu. Né à Mazzara en
1574, Adamo fit son éducation à Rome et y entra au p. 41-42. -
Scotch, English and Irish members S. I., Londres, 1845,
Henry Foley, Records of the English province
S. I., Londres, 1882, t. VII, p. 3-4, cf. p. CXXXVII. —Watt,
noviciat de Saint-André, en 1595. Après quelques
années employées à la prédication en Italie, il s'em-
barqua à Lisbonne pour les Indes, le 25 mars 1602, et,
Bibliotheca Brilannica, Édimbourg, 1824, t. I, col. 6.
Sommervogel, Bibliothèque S. I., Bruxelles, 1890, t. I, col.
-
50-51; 1898, t. VIII, col. 1571.
deux ans plus tard (1604), il pénétra au Japon. Con- E.-M. RIVIÈRE.
traint de se réfugier à Macao, en 1614, pour échapper ADAMSON (PATRICK), 1537-1592, théologien et
aux poursuites de Daifusama, il rentra bientôt sous prélat protestant, naquit à Pertli, vers le 15 mars
un déguisement. Deux fois, durant l'année 1622, il 1536-7. Après ses études à l'école de grammaire de
évangélisa, en compagnie du P. Girolamo de Angelis Perth, il prit sa maitrise és arts à l'université de
le royaume de Jecingo et l'île Sando. Trois ans plus Saint-André, en 1558. En 1563, il est ministre à Ceres,
tard, dans le royaume d'Oxu, un juge idolâtre, auquel dans le Fife, et publie en 1564 une violente attaque
Contre les catholiques d'Aberdeen, intitulée De Papis- Scoticanæ, Londres, 1620. — Booke of the universall kirk
tarum superstitiosis ineptiis. Wilson, Vita, p. 1 sq.
Bullen, art. cit., p. 111.
; of Scotland, Édimbourg, 1839. — A. Melvinus, Viri claris-
simi Andreæ Melvini Musæ, s.l. (Londres), 1620. — James
A partir de 1566, il voyage sur le continent, comme Melvill, Diary, Edimbourg, 1829.
Anderson, The Scotish nation, Édimbourg, s. d., t. I,
;
gouverneur du fils aîné de sir James Macgill, de Ran-
keillor, clerk général on le voit emprisonné six mois à
Paris, pour une pièce de vers latins où il appelait
p. 24 sq. — Bellesheim, History of the catholic Church of
Scotland, Edimbourg, 1889. —Bullen, article Anderson,
dans le Dict. of nat. biogr., t.I, p. 111 sq. — Calderwood,
»
«roi de France le jeune Jacques, fils de Marie Stuart; The true history of the Church of Scotland, s. l., 1678. —
il étudie à Padoue, à Genève, à Paris, à Bourges. En
1571, il est rappelé en Écosse par l'Assembléegénérale
de l'Église, et pourvu du bénéfice de Paisley. En 1572,
Londres, 1842, t. I, p. 304 sq.
drew Melville,
Church
Édimbourg, 1824.
--
Craik, article Adamson, dans le Biographical dictionarg,

Édimbourg,
Mac Crie, Life of An-
Spottiswoode, History
of the of Scotland, 1851, t. II. — Wil-
il publie à Saint-André un catéchisme latin à l'usage son, Vita P. Adamsonii. En tête des Opera.
du jeune roi, et une traduction latine de la confession J.DE LA SERVIÈRE.
de foi écossaise. Il fait partie en 1575 et 1576 de com- ADAN DE LE HALE. Voir ADAM DE LA HALLE,
missions qui discutent, avec des commissaires nom-
;
més par le régent Morton, sur la juridiction de l'as-
semblée ecclésiastique il est alors chapelain du régent.
Bullen, art. cit., p. 111 sq.; Craik, art. cit.. p. 304 sq.
col. 479.
ADANA, capitale actuelle du sandjak et du
vilayet de ce nom, dans une plaine très fertile sur la
En octobre 1576, à la mort de Douglas, Adamson rive droite du Sihoûn (Sarus). Son nom est très an-
est élevé à l'archevêché d'Édimbourg. Il déclare dès cien. Ptolémée, Géogr., v, 8; Appien, Bell. Mithrid.,
les premiers jours qu'il résistera à toutes les entreprises 96; Xénophon, Cyr., I, 4. L'hypothèse qui explique
de l'Assemblée ecclésiastique contre ses droits et pré- l'origine de ce nom par le terme phénicien Adan, qui
rogatives, et sa vie dès lors est une lutte continuelle signifie saule, est assez vraisemblable. La ville, avant
contre le parti presbytérien. Traduit en 1577 et 1579 l'ère chrétienne, fut consacrée à Bacchus et à Jupiter
devant les Assemblées générales de l'Église écossaise, qui figurent sur un grand nombre de médailles.Abbé
pour se justifier de diverses accusations portées contre Belley, dans les Mém. de l'Acad. des inscript., t. xxxv,
sa doctrine, ses tendances épiscopaliennes, ses mœurs, mém. sur Adana, p. 608; Raoul Rochette, t. xvii,
accusé de nouveau en 1583, pour des sermons donnés 2, p. 267. Comme Tarse, sa voisine et sa rivale, elle
devant le roi Jacques, il se venge en rédigeant une fut sans doute très tôt évangélisée. Quoi qu'il en soit,
Déclaration du roi très hostile aux presbytériens, et en l'évêque d'Adana, Il:X';ÎhrJ; , A.(X/Iii'" assistait au
faisant prendre au parlement écossais de sévères me- concile de Nicée avec huit autres évêques de la Cili-
sures contre eux. Il est alors en grande faveur auprès de cie. Cf. Liste sinaïque des Pères du I cône.ascum. de
Jacques Ier qui, en 1583, l'a envoyé à Londres comme Nicée, par V. N. Benechevitch, dans le Bullet. de
ambassadeur; mais le peuple le déteste au point de l'Acad. imp. des scienc. deSaint-Pétersbourg,VIe série,
déserter la grande église d'Édimbourg pendant un de 1908, n. 3, p. 291 (87). Sous la domination grecque,
ses sermons. Booke, p. 163 sq., 188 sq.,; Mac Crie, Life, Adana fut le siège d'un évêché dépendant de l'arche-
t. i, p. 267 sq. A la fin de 1585, l'influence des pres- vêché de Tarse, soumis lui-même au patriarcat d'An-
bytériens devenant prépondérante à la cour de Jac- tioche. Sous les rois arméniens de la Cilicie, Roupi-
ques, le malheureux archevêque connaît toutes les niens et Héthoumiens, plusieurs synodes furent tenus
tribulations. Violemment attaqué dans sa doctrine à Adana. Le principal eut lieu en 1316, au temps du
et dans ses mœurs devant les Assemblées de 1586, roi Ochïn (1308-1320) et du patriarche Constantin III
1587 et 1588, mal soutenu
* par le roi auquel il en a vai- (1307-1322). L'évêque d'Adana Étienne (1307-1316),
nement appelé, il est excommunié en 1588, d'abord 2
avec 17 autres évêques, 5 vartabeds, abbés de cou-
par le presbytère d'Édimbourg, puis par l'Assemblée vent, plusieurs autres prêtres et religieux, étaient
générale de l'Église, et privé de tous ses revenus, que présents ainsi que le roi et les principaux seigneurs.
le roi Jacques donne au duc de Lennox. Il doit im- Le concile eut lieu le jour de l'Épiphanie dans l'église
plorer la pitié dé son principal adversaire presbyté- de Saint-Minas, attenant au palais royal. Les pères
rien, André Melville, qui en 1590 lui obtient l'absolu- y confirmèrent les actes du concile de Sis (1307).
tion de l'excommunication, moyennant le désaveu de On y proclama de nouveau le dogme des deux na-
ses plus chères doctrines et l'amende honorable la tures dans le Christ, l'orthodoxie des sept premiers
plus humiliante. Melvini Musæ, p. 45 sq. Cf. Booke, conciles œcuméniques. Pour écarter tout soupçon de -
;
p. 296 sq., 316 sq., 333 sq. J. Melvill, Diary, p. 164 sq.,
;
195 sq. Mac Crie, Life, t. I, p. 271 sq.
Adamson mourut le 19 février 1592, peu avant la
:
monophysisme, on modifia ainsi l'addition faite au
Trisagion «Dieu saint, saint et fort, saint et immor-
tel, ô Christ qui avez été crucifié pour nous, ayez pitié
Il Ratification de la liberté de la véritable Église» de nous. » On prescrivit en outre de mêler quelques
qui rendait définitif le triomphe de ses adversaires. gouttes d'eau au vin destiné au sacrifice. Adana est
Ses mœurs ont été l'objet d'accusations graves, mais aujourd'hui le siège d'un évêché arménien catholique,
dont la preuve ne semble pas faite. Calderwood, The occupé depuis le 8 avril 1892 par MgrA. Paul Terzian,
true history, p. 154 ; Craik, art. cit., p.
sq. ad-
306. Ses
versaires presbytériens ont eux-mêmes reconnu sa
de Koutayeh, ancien élève de la Propagande. Son
prédécesseur Garabed Aslanian d'Adana 24 mars 1885-
science et son éloquence. Spottiswoode, History, t. xi, 23 septembre 1890, est devenu, à cette dernière date,
p. 415. En 1619, son gendre, l'avocat ThomasWilson, vicaire général patriarcal. Avant lui, Paul Aqtériàn
publia à Londres ses Poemata sacra et d'autres opus- d'Erzéroum, sacré, en 1849, évêque d'Alexandrie, fut
cules, ainsi que son De sacro pastoris munere. En 1620, envoyé pour quelque temps à Adana. Plus tard, Jana-
bytérianisme intitulée :
ce même éditeur fit paraître une réfutation du pres-
Refutatio libelli de regimine
Ecclesiæ Scoticanæ. Dans la vie de son beau-père,
djian, évêque de Césarée, remplit aussi les fonctions
épiscopales à Adana, pendant quelques années, Mais,
depuis la restauration du patriarcat arménien catho-
qu'il publia en tête des Poemata sacra, Wilson affirme liquepar Abraham II, Pierre Ier (voir ce nom ci-dessus,
qu'Adamson avait encore composé des traductions col. 183), jusqu'à l'an 1849, Adana ne comptant point
et commentaires de l'Écriture, et des Annales d'An- de catholiques arméniens, le seul évêque résidant était
gleterre et d'Ecosse; ces ouvrages sont perdus. l'évêque grégorien (non uni) occupant le siège d'Adana-
Adamson, Opera, Londres, 1619; De sacro pastoris mu- Béréket. Les titulaires catholiques habitaient ailleurs
nere, Londres, 1619; Refutatio libelli de regimine Ecclesiæ et étaient de simples évêques in partibus. Tels furent
Grégoire de Killis 1774-1778, devenu à cette dernière Pamiers, contre les jésuites de sa ville épiscopale. Sous
date patriarche de Cilicie; Manuel d'Alep 1805-1813; l'influence de deux ou trois ecclésiastiques réfrac-
Étienne Holassian, d'Angora 1820-1861.Cf. Mgr Ale- taires, comme lui, à la signature du formulaire d'Alex-
xandrian, Terre sainte, 1907, p. 187. Aujourd'hui le andre VII, et pour atteindre les jésuites par un coup
diocèse cathol. arménien d'Adana compte une détourné, Caulet avait, par son ordonnance du 19 dé-
dizaine de prêtres, dont près de la moitié à Adana cembre 1667, révoqué en bloc toutes les approbations
et les autres, disséminés, un à un, à Tarse, Mersine, verbales accordées aux réguliers pour les confessions
Hadjin, Sis. Des jésuites sont établis à Adana, des et les prédications. Le P. Adanet, qui était l'occasion
capucins à Tarse et à Mersine, des lazaristes et indirecte de cette mesure et qui avait les pouvoirs
pour le diocèse depuis une quinzaine d'années — il les
d'Adana :
des trappistes à Akbès.
Statistique approximative des familles chrétiennes
on compte cinq personnes par famille.
Familles armén. cathol. : 230, d'après une évalua-
tion, attribuée à MgrTerzian; 170, d'après H. Epri-
avait reçus de Caulet lui-même — ne crut pas, non
plus que les PP. Jean Bouclier, recteur, et Pierre Fal-
gueyras, syndic du collège, devoir se soumettre à une
disposition qu'ils estimaient anti-canonique : ils en
guian, Dictionn. de géogr., en arménien, Venise, 1905, appelèrent au métropolitain de Pamiers, Charles d'An-
t. I, p. 272, et d'après L. Alichan, Le Sissouan, in-4°, glure de Bourlemont, archevêque de Toulouse, et con-
Venise, 1889, p. 303. Des notes que nous avons sous tinuèrent à entendre les confessions dans l'église du
les yeux réduisent les familles cathol. armén. à un
minimum de 150. — Familles grecq.-cath., 8; syr.-
cath., 30; chaldéennes cath., 109; latines, 16. —
;
collège. Caulet les excommunia le 5 février 1668. Com-
ment se dénoua le conflit, nous l'ignorons il était en-
core pendant en avril 1670. Une biographie anonyme
Familles armén. grégoriennes (non unies), 3000, d'a- de Caulet, conservée à la bibliothèque de Toulouse,
près un missionnaire; de 2000 à 2500, d'après d'au- affirme que les trois excommuniés périrent misérable-
tres sources, dans Alichan et Epriguian, loc. cit. fa-
milles grecques non-unies, 1200 ou 1250; jacobites
; :
ment dans l'année même de la sentence; il n'en est
rien Bouclier mourut le 6 janvier 1671, à l'âge de
(syriens non-unis) 250; protestants, 120. 72 ans passés, Falgueyras, le 18 décembre 1683, et

:
Écoles chrétiennes d'Adana en 1908 : collège Saint-
Paul des PP. Jésuites 400 élèves, vers le milieu de
l'année, dont 60 cathol., 300 arméniens non unis,
Adanet, à Auch, le 22 janvier 1679. Né à Toulouse
le 16 octobre 1611, il était entré dans la Compagnie de
Jésus, étant déjà prêtre, le 31 octobre 1644.
et 40 autres dissidents. Écoles de garçons sous le De vita et gestis Francisci Cauleti, c. XI, fol. 24-27, du
patronage de MgrTerzian, 60 enfants; école syrienne ms. 750 de la bibliothèque de la ville de Toulouse; biogra-
cath., 30; chaldéenne cath., 50. — Écoles de filles :: phie achevée le18 juillet1713.—Annales de laSociétédessoi-
disans Jésuites, Paris, 1771, t.v, p. 820-895; on y trouve,
école tenue par 26 sœurs de St-Joseph de Lyon
463 élèves, dont 85 catholiques, 252 arméniennes p. 839-843,trois lettres d'Adanet. —DomVaissette,Hist. de'
non cathol., 2 juives, etc.; école tenue par 3 reli-
gieuses arméniennes de l'Immaculée Conception
75 élèves, dont 60 arméniennes cath. et 15 armén.
: Languedoc, Toulouse,1876, t. XIV, col. 970-995. — G. Dou-
blet, Caulet, évêque de Pamiers, el les jésuites, Toulouse,
1897 étude qui n'est rien moins que favorable aux
non cath.
:
Écoles tenues par les non-unis école armén. des
garçons, 700 élèves; école armén. des filles, 600; école
jésuites et que n'eussent certainement pas désavouée les.
rédacteursjansénistes des Annales.—Sommervogel, Biblio-
thèque S. I., Bruxelles, 1890, t. I, col. 51.
E.-M. RIVIÈRE.
armén.enfantine, 200; école grecque, 200; école des pro- ADANYI (ANDRÉ), jésuitehongrois,né Dormand, à le
testants, 60. — Pour ne parler que des écoles catho- 28 décembre 1716, mort à Gran, le 13 octobre 1796, en-
liques existant hors d'Adana, dans le diocèse, les tra dans la Compagnie de Jésus le 18 octobre 1734,
sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition en ont une à enseigna les humanités et la rhétorique à Kassa, la
Mersine, les sœurs de la Sainte-Famille, une à Tarse; philosophie morale, la théologie polémique, le droit
les sœurs arméniennesdel'Immaculée Conception en canon et l'écriture sainte à Tyrnau et à Raab. A la
ont deux, l'une à Tarse, l'autre à Hadjin. suppression de l'ordre (1773), il était, depuis plusieurs
Dans Adana, la résidence et le collège des jésuites, années, à Székes-Féjérvàr (Alba Regalensis), retou-
l'école des sœurs de Saint-Joseph de Lyon, comme chant pour l'impression, si je comprends bien, ses
celles des Arméniens, ont été réduits en cendres avec traités théologiques; il devint ensuite recteur du gym-
tout le quartier arménien, pendant les massacres du
14 au 26 février 1909. Les établissements des jésuites
:
nase de Gran. On a de lui Philosophiæ naturalis pars
prima, seu Physica generalis, in-4°, Tyrnau, 1755, et
et des sœurs ont abrité et sauvé plus de 8000 réfugiés. diverses compositions poétiques au nom du collège de
Néanmoins, dans ces horribles journées, par suite des Gran. On lui attribue aussi les Fasti Hungariæ, in-8°,
haines politiques et aussi du fanatisme islamique, il Kassa, 1742, et les Initia Cassoviensis S. I. collegii,
périt à peu près 3 000 chrétiens sur les 25 000 que ren- in-16, Kassa, 1743, que d'autres bibliographes attri-
ferme la ville, à côté de 35 000 musulmans. Autour buent au P. Jean-Baptiste Akai.
le
d'Adana et dans reste du vilayet, on a pu compter,
semble-t-il, près de 20 000 personnes égorgées ou
brûlées, outre celles qui sont mortes de faim et de
;
Sommervogel, Bibliothèque S. 1., Bruxelles, 1890, t. I.
col. 51-52 et append. 1898, t. VIII, col. 1571.
E.-M. RIVIÈRE.
misère. Enfin, des centaines de femmes et de petits ADARZO DE SANTANDER (GABRIEL), religieux
enfants ont été enlevés. de l'ordre de la Merci, né à Madrid. Il étudia à l'univer-
Sur le concile d'Adana, Mansi, Concil. ampl. coll., t. XXV, sité de Salamanque, et ordonné prêtre, s'adonna avec
col. 559 sq., col. 655-670. — Galano, Conciliatio Eccles. beaucoup de succès au ministère de la prédication. En
armen. cum Roman., in-4°, Rome, 1690, t. I, part. 1, c. 29, 1654, Philippe IV lui proposa l'évêché de Vigevano, et
p. 471-507. — Hefele, Conciliengeschichte, t. VII, p. 504. — le Saint-Siège approuva ce choix. Le diocèse n'avait
Balgy donne le texte de Galano corrigé, Histor. doct. cathol. plus d'évêque depuis 28 ans. Le nouveau pasteur y fut-
inter Arm., Vienne,1878,append. IX, p. 313-335.—Le
Quien, Oriens christianus, t. II, col. 881-2. — F. Tourne- reçu en triomphe, et par sa bienfaisanceet son zèle de-
bize, Hist. polit. et relig. de l'Arménie, Paris, 1909, p. 311- vint l'idole de son troupeau. Il institua à Vigevano une-
312 et passim. Voir la table. — L. Alichan, Le Sissouan association chargée de recueillir les offrandes des fi-
ou l'Arméno-Cilicie, gr. in-8°, Venise, 1899, p. 298-299. dèles pour le rachat des esclaves chrétiens. Il restaura
F. TOURNEBIZE. la cathédrale, visita les paroisses de son diocèse, réunit
ADANET (FRANÇOIS), jésuite français, quieutsami- un synode à Vigevano en avril 1657, organisa le sémi-
nute de célébrité lors de la lutte de Caulet, évêque de naire, exposa à la vénération des fidèles les reliques-
de saint Gui (Vitus) martyr, qu'il avait obtenues du victorieuse, Jacques II pria lui-même le nonce de
saint-siège, et pendant une épidémie donna l'exemple quitter l'Angleterre (19 décembre). Celui-ci partit
de la plus grande charité et de l'héroïsme apostolique.
En 1657, il fut transféré au siège archiépiscopal d'O-
à
aussitôt et se retira d'abord Paris, puis revinten
Italie en mars 1689. En récompense de ses travaux,
trante. Il refusa d'abord cette nouvelle dignité, mais Alexandre VIII le créa cardinal-prêtre du titre de
illui fallut obéir aux ordres du pape. La ville d'Otrante Saint-Clément (13 février 1690), qu'il échangea contre
l'entoura bientôt de vénération. Le pieux évêque y celui de Sainte-Balbine (janvier 1696), d'où il passa à
déploya le même zèle et la même générosité qu'à Vi- San Pietro in Vincoli (avril 1714). Après avoir admi-
gevano. Il restaura la chapelle, où, d'après la légende, nistré la légation de Ferrare d'octobre 1696 à novem-
saint Pierre aurait célébré sa première messe en venant bre 1698, et celle de Bologne de novembre 1698 à no-
en Italie, et orna le tombeau des chrétiens martyri- vembre 1706, le cardinal d'Adda devint préfet de la
sés à Otrante par les Turcs en 1480. La mort le frappa congrégation des Rites et fut promu à l'évêché d'Al-
au milieu de ses labeurs apostoliques le 4 avril 1674. bano en janvier 1715. Il mourut quatre ans après, lais-
Il fut enseveli dans l'église de Saint-Pierre à Galatina.
Gianoli lui attribue les ouvrages suivants inédits 1.
Liber de immaculata conceptione; 2. Traciatus de
: sant ses biens à la Propagande, et fut enseveli à San
Carlo al Corso.
Archivio secreto del Vaticano, Nunziatura d'Inghilterra,
quæstione probabilismi; 3. Certamen de exclusiva. t. XIII,
XVI, Legazione di Ferrara, di Bologna, passim.
Ughelli, Italia sacra, 2e édit., t.IV, col. 824; t. IX, col. 66. P. RICHARD.
ADDAS ou ADAS ("AÕoo:ç, ~"Aôaç ouBjcSôâç d'après
— Gianoli, De Vigevano et omnibus episcnpis qui sanctam saint Cyrille de Jérusalem, Calech., VI, 31, P. G.,
et regiam Vigevanensem Ecclesiam rexere, Turin, 1793, t. I,
p.148-159. t. XXXIII, col. 593; Co'jSaç d'après Photius, Cont.
A. PALMIERI. Manich., I, 14, P. G., t. CII, col. 41;~Bou85à; d'après
ADAS. Voir ADDAS. Pierre le Sicilien, Hist. manich., 16, P. G., t. CIV,
col. 1266), l'un des trois premiers disciples de Manès.
1. ADAUCTUS. Martyr ou confesseur de Carthage, Suivant les Actes d'Archelaus, il se rendit en Scythie
honoré le 4 octobre, avec Carusus et Restitutus. pouryrépandreladoctrinedeson maître et fut chargé,
dans la suite, avec d'autres, de recueillir les livres des
Martyrologium Hicronymianum, édit. De Rossi et Du- chrétiens. Cf. Archel. et Man. disput., 53, 54,P. G., t. x,
chesne, p. 120 (Extrait des Acta sanctorum, novemb. t. II,
Bruxelles, 1894). — Monceaux, Histoire littéraire de l'Afri-
que chrétienne, Paris, 1905, t. III, p. 536.
Aug. AUDOLLENT.
:
col. 1520-1521. Après on l'envoya comme missionnaire
dans les contrées d'Orient TÀTT^ 'AVOCTOXY)?
d'après saint Épiphane, Hœres., LXVI, 31, P. G.,
fJ-épvi,

2. ADAUCTUS de Phrygie (Saint). Chrétien d'Ita- t. XLII, col. 80. Photius mentionne, cod. LXXXV, P. G.,
lie, haut fonctionnaire des finances impériales, mar- t. CIII, col. 288, un écrit d' Aofixr, intitulé [j.63iov, par
tyrisé avec la population chrétienne d'une ville de allusion à Marc, IV, 21, qui fut réfuté par Diodore de

:
Phrygie réfugiée dans son église et qui refusait de
sacrifier les soldats mirent le feu à l'église. Le fait
(février 305 ?) est attesté par Eusèbe, Hist. eccl.,
Tarse. Saint Augustin paraît avoir confondu A56a;
avec un autre disciple de Manès, Adimantus. Voir
Adimantus. Cette identification ne paraît pas pro-
VIII, 11, P. G., t. xx, col. 768. (Le férial hiéronymien bable.
semble l'ignorer). Voir Tillemont, Mémoires pourservir Is.deBeausobre,Histoirecritique de Manichéeet du mani-
à l'histoire ecclésiastique, t. v, Paris, 1702, p. 213-215. chéisme, t. I (1734), p. 63, 433. — Lowell, dans Dictionary
A. DUFOURCQ. of Christian biography, in-8°, Londres, 1877, p. 43.
3. ADAUCTUS (Saint), martyr, né à Ephèse d'une V. ERMONI.
famille opulente, d'après les Ménées, il devint général ADDESSI (VINCENZO), né à Fondi (archidiocèse
sous Maximin. Pour soustraire sa fille, Callisthène, de Gaète), le 23 février 1830, pénitencier de la cathé-
aux désirs de l'empereur, il l'emmena au fond de la drale de cette ville en 1860, et promu évêque de Diano-
Mésopotamie où Maximin, pour se venger, le fit mettre Teggiano le 24 mars 1884, prit possession de son siège
à mort, avant l'an 313. Honoré chez les Grecs le le 9 mai 1886, embellit le palais épiscopal, ainsi que le
4 octobre. séminaire,auquel il donna d'excellentsprofesseurs, et se
Acta sanctorum, octobr. t. 11 (1768), col. 47. fitremarquerparsonzèleinfatigable. Ilmourut en1905.
P. FOURNIER. G. Conte-Colino, Storia di Fondi, in-8°, Naples, 1901,
4. ADAUCTUS de Rome (Saint). Voir FÉLIX et p. 266-267.
ADAUCTUS (Saints). J. FRAIKIN.
ADDISON (JOHN), théologien catholique anglais,
ADDA (FERDINAND D'), était d'une noble et ancienne vers 1538, naquit dans le diocèse d'York, fut fellow
famille milanaise et naquit en 1649. Il consacra sa vie de Pembroke Hall à Cambridge en 1505, bachelier en
à l'étude du droit, dans lequel il se distingua comme 1519, docteur en théologie en 1523. Fisher le prit pour
avocat, en sorte que ses collègues de Milan le dépu- chapelain. Il collabora au livre de son maître Asser-
tèrent au tribunal des auditeurs de rote à Rome. Le tionis lutheranæ confutatio, et écrivit, en 1538, un ou-
choix ne fut pas ratifié par ce dernier collège, mais vrage sur la suprématie pontificale auquel répondirent
Innocent XI, avec lequel Adda était apparenté, le re- Cuthbert Tunstal, évêque de Durham, et John Sto-
tint à son service, et, après l'avoir envoyé en Espagne kesley, évêque de Londres. Il fut impliqué dans le
porter la barrette au nonce Millini (1681), le créa ar- procès d'Élisabeth Barton, et privé de ses bénéfices à
chevêque in partibus d'Amasie et lui confia la tâche partir de 1533-1534.
difficile de seconder, comme nonce ordinaire, les efforts
de Jacques II pour ramener l'Angleterre au catholi-
cisme. Pendant son séjour de trois années, de décem- n. 695. — Cooper, Athenæ Cantabrigenses, t. I, p. 68.
Lewis, The life ofDr I. Fisher, Londres, 1855, t. I, p. 121;
-
Letters and Papers, Henry VIII, t. VIII, n. 24; t. XIII (1),

bre 1685 à décembre 1688, Adda répondit à la poli-


tique éclairée et sage d'Innocent XI, du moins en le -
t. II, p. 113, 348, 351. Thomson Cooper, art. Addison du
Dict. of nat. biogr., t. i, p. 121 sq.
renseignant exactement et avec intelligence sur la si- J. DE LA SERVIÈRE.
tuation de l'Angleterre et sur tout ce qui s'y passait. ADDUIT. Voir ANDUIT.
C'est ainsi que, dès le 4 octobre 1688, il annonçait les
projets de Guillaume d'Orange et le 8, son embarque- 1.ADE(HENRI), fils d'Henri Ade,bourgeois deLiège,
ment avec une flotte puissante. La révolution étant pourrait être ce clerc Henri Ade qui figure dans un
acte du 23 juin 1391. Carlul. de Saint-Laurent de Gesta Aigliberti, éd. Busson-Ledru, t. i, p. 210. En
Liège, t. i, f. 161 (Bibl. du grand séminaire de Liège). 692, Aiglibert donne encore les dîmes de tous les
A l'âge de 17 ans, donc vers 1391, il entra à l'abbaye produits agricoles du domaine de la cathédrale. Gesta
bénédictine de Saint-Laurent de Liège, et fut à cause
de sa piété et de son zèle nommé maître des novices
Aiglib.,t.I, p. 207.
En 700, d'après les Actes, un an ou deux auparavant,
et sous-prieur. Élu abbé le 12 mars 1404, il travailla d'après MM. Busson et Ledru, Aiglibert adressa son
à relever les finances et la discipline du monastère, testament à Adrehilde,abbesse de Sainte-Marie. Tous
dont il rebâtit les édifices, enrichit le trésor et aug- les auteurs ont voulu voir dans cette Adrehilde la
menta la bibliothèque. Il ne put arriver à un résultat même personne que Ade ou Haldrehilde mentionnée
définitif, mais son œuvre fut continuée par ses suc- plus haut; MM. Busson et Ledru croient, au contraire,
cesseurs. Il mourut le 4 septembre 1434. Sa vie fut que ce sont deux personnes différentes. Enfin, d'autres
écrite par son disciple, D. Jean de Lairdieu (de disent que l'une d'elles fut abbesse du Pré.
Iride, d'abord en latin, puis en français. Saint Aldric faisant transporter à la cathédrale les
Jean de Lairdieu, Vie de Henri Adam, 25e abbé de reliques de saint Julien et de plusieurs autres évêques
Saint-Laurent de Liège, publiée par D. U. Berlièrc y ajouta celles de sainte Ade (entre 836 et 840). Gesta
dans Analectes pour servir à l'hist. eccl. de Belgique, 1886, Aldrici, t. i, p. 329. La fête de sainte Ade ou Adnette
t. xx, p. 419-438. VoirRevue bénéd., 1895, t. XII, p. 442; est le 28 juillet.
Berlière, Mélanges d'hist. bénéd., 1897, t.I, p. 87. -
storia monast.Sancti Laurentii Leod., dans Martène, Ampl.
Hi-
Julien Havet, Œuvres, t. I, Questions mérovingiennes,
in-8°, Paris, 1896, p. 394-400. — Duchesne, Fastes épisco-
coll., t. IV, col. 1124-1129. — Gallia christ., t. m,
col. 994. — Daris, dans Bull. de la Soc. d'art et d'hist. du paux, Paris, 1900, t. II, p. 171. — Actus Pontificum Ceno-
dioc. deLiège, 1882, t. II, p. 124-125. mannis in urbe degentium, publiés par MM. Busson et Ledru,
U. BERLIÈRE. in-8°, Le Mans, 1901, p. XXXIV, XXXVI, XXXVIII, 181, 200
2. ADE (JEAN), dominicain français, né vers 1342. Il 201, 207, 210,211, 329,330, 419.
était fils du couvent de Provins, mais obtint par un Paul CALENDINI.
bref de Clément VII, en date du 3 juin 1385, de rester 1. ADEBERT, évêque de Clermont. Adebert, que le
inamovible au couvent de Saint-Jacques de Paris. Gallia christiana dédouble à tort, n'était pas encore
Après avoir parcouru les degrés inférieurs, il fut ins- évêque en 761, quand Pépin prit la ville de Clermont;
crit au catalogue des licenciés de l'université de Paris, mais il célébra la translation de saint Austremoine à
Mozat, très peu de temps après. Nous trouvons son
en 1382 (1383). Il eut une part active dans le procès
du chancelier de l'université en 1385. Il jouissait d'une nom au bas de l'acte de fondation de Charroux (785);
certaine influence et était confesseur d'un prince de il figurait aussi sur un ancien reliquaire de la cathé-
Valois. Comme plusieurs de ses confrères, à cette drale, avec une date bien marquée, celle de la dix-
époque, il s'était rendu suspect par ses doctrines huitième année de Charlemagne (765-766).
erronées sur la conception de la sainte Vierge et par Mémoires de l'Académie de Clermont-Ferrand, 1884,
son attachement aux idées de Jean de Montson. Le t. XXVI, 297. —Duchesne, Fastes épiscopaux,Paris, 1900,
p.
20 août 1389, devant les représentants de l'Université t. II, p. 39.
assemblés à Saint-Bernard, il dut faire, en latin, une M. BESSON.
rétractation, où il se repentait en particulier d'avoir 2. ADEBERT, qu'on appelle quelquefois Amalbert,
grandement scandalisé le peuple en prêchant que la fut le second abbé de Saint-Florent-de-Saumur (955-

:
Vierge avait été conçue avec le péché originel et en
reprenant ainsi ses contradicteurs En volés-vous faire
une deesse? Tout ainssy comme ce je vossisse dire queluy
attribuer celle loenge estoit la faire deesse. Trois autres
11 avril 986). Son prédécesseur Hélie Ier était mort
d'une chute de cheval, le 13 mars 955. Il eut pour suc-
cesseur l'abbé Robert. Adebert était né à Chinon.
Archives de Maine-et-Loire, Histoire de l'abbaye Saint-
rétractations eurent lieu la même année, le 29 août, Florent, par dom Huynes (manuscrit).
le 12 et le 26 septembre. Il publia, en collaboration F. UZUREAU.
ADEGRIN (Saint). Saint Adegrin, que Mabillon
avec Jean Thome, comme lui dominicain et parti-
san des idées de Jean de Montson, un livre intitulé
Traclatus de conceptione B.. Virginis, aujourd'hui
: appelle Adhegrin, que d'autres nomment Adelgrin, et
que,dans le pays de Baume-les-Messieurs, où il s'est
disparu. sanctifié, on connaît sous le nom de saint Aldegrin,
est l'un des plus curieux personnages du vieux mou-
Echard, Scriptores ord. Præd., t. l, p. 694. - Denifle,
Chartulariumuniversitatis Paris., t.III, passim, surtout p. 526, tier. Ami et compagnon de saint Odon, il avait décidé
celui-ci à se retirer à l'abbaye de Baume, alors dans
n. 1577 : Revocatio Johannis Adæ ord. pl'æd. magister in tout l'éclat de la sainteté. Pour lui, il se renferma dans
theologia. — Mortier, Histoire des maîtres généraux de
l'ordre desFrères Prêcheurs, Paris, 1907, t. III,p. 626. un ermitage voisin du couvent où il ne descendait que
R. COULON. les dimanches et les jours de fête, pour assister aux
ADE (ADREHILDE, HALDREHILDE,ADNETTE). Plus offices et renouveler sa provision de fèves et de farine.
connue sous le nom de sainte Adnette, elle serait On raconte que, las de sa vie d'austérités, il se décou-
venue au Mans, d'après lesGesta Aldrici, du monastère ragea et qu'il prenait la route du monastère, quand
de Sainte-Marie de Soissons, appelée par Innocent, soudain saint Martin lui apparut et lui reprocha sa
évêque du Mans, qui la nomma abbesse du couvent lâcheté. Convaincu, Adegrin rentra dans sa solitude,
de Sainte-Marie intra fluvium Sartæ et murum Ceno- où il ne tarda pas à s'éteindre, plein de jours et de mé-
mannice urbis constructum. Il se peut qu'Ade fût ori- rites. On montre encore à l'entrée de la vallée de
ginaire de Soissons, mais il est, au moins, impossible Baume (Jura) le Pas de saint Aldegrin. Il vivait à la
qu'elle ait été appelée par Innocent qui mourut fip du xe siècle.
vers 559, alors qu'Ade vivait encore sous Aiglibert Sa fête se célèbre le 3 décembre dans le diocèse
en 692; elle aurait été presque bi-centenaire. d'Autun, et le 4 juin dans ceux de Besançon et de
On la trouve mentionnée pour la première fois sous Saint-Claude.
l'évêque Béraire dont elle était la parente; elle s'appe- Acta sanclor., julii t. I (1719), p. 338-34).
lait alors Ada ou Haldrehildis. Ade était aussi la M. PERROD.
parente de l'évêque Aiglibert (propinqua consangui- ADEKIRCHEN(AMBROSIUS),dominicain allemand
nea), qui, en 682, lui accorde, à elle et à ses moniales, (vers 1610) du couvent de Cologne. Il fut accusé, à
un privilège qui leur remet toutes les redevances dues tort, d'avoir prononcé l'apologie du régicide à pro-
au clergé et leur garantit la libre élection de l'abbesse. pos de l'assassinat d'Henri IV. D'où une campagne
:
dans le Mercure françois, 1611. Le sénat de Cologne
fit publier à cette occasion Apologia senalus imperi-
alis et liberæ civitatis Coloniæ Agrippinæ adversus
Malheureusement, elle perdit son mari qui mourut
à Magdebourg le 7 mai 973, et Othon II qui laissa
quelque temps à sa mère l'administration des affaires
calumnias anonymi cujusdam scriploris Gallici, qui d'Allemagne, s'abandonnant à de perfides conseillers,
cædem Henrici IV christianissimi Galliarum regis in ne tarda pas à lui montrer autant de mépris qu'il lui
eadem civitate publice pro concione suffragante magi- avait témoigné de respect.
stratu laudatam, et alia quædam falsa de eodem senatu Toujours soumise aux desseins de la Providence,
in annalibus suis commemorat, in-4°, Cologne, 1611, Adélaïde se retira, en 976, auprès de son frère Conrad,
p. 16. — De son côté Adekirchen publia Apologiam roi de Bourgogne,et de sa belle-sœur, la reine Mathilde,
adversus suos calumniatores, Cologne, 1610. sœur de Lothaire, roi de France. Les Allemands sen-
Echard, Scriptores ord. Præd., t. II, p. 375. tirent bientôt les funestes effets de son absence; l'em-
R. COULON. pereur lui-mêmecomprit sa faute et touché derepentir,
1. ADÉLAÏDE (Sainte) vivait à Bergame, on il voulut se réconcilier avec sa mère. Il envoya des am-
ignore en quel siècle, mais avant que Bergame fût bassadeurs à son oncle Conrad et à saint Mayeul, abbé
incorporée à la république de Venise. Épouse de de Cluny, qui, sur sa demande, conduisirent Adé-
»
saint Loup, « prince de Bergame, et mère de sainte laïde à Pavie où Othon la reçut avec le plus grand
Grata, elle renonça au monde après la mort de son respect.
époux et vécut dans la pénitence. Mais sur les ins- Les joies, chez Adélaïde, étaient promptement mé-
tances de ses compatriotes, elle consentit, d'après la langées des plus grandes peines et Dieu lui ménageait
tradition locale, à reprendre le gouvernement et les toutes les épreuves. Après le couronnement de son
fonctions de son mari et s'en acquitta parfaitement petit-fils, Othon III, à Aix-la-Chapelle le 25 décem-
jusqu'à sa mort. Elle est honorée à Bergame le bre 983, elle se vit en butte à la jalousie de sa belle-fille
27 juin. l'impératrice Théophanie qui l'éloigna du gouverne-
Acta sanctorum. junii t. 11 (1698), col. 239. ment et rejeta ses conseils. Mais Théophanie mourut
P. FOURNIER. en 991, et la sainte impératrice recouvra toute son
2. ADELAÏDE (Sainte), impératrice. Adélaïde, fille autorité, se dévoua tout entière aux affaires pu-
de Rodolphe II, roi de Bourgogne Transjurane, na- bliques qu'elle dirigea avec sagesse, sachant partout
quit en 925, selon le P. Michel Boutauld, mais mieux, répandre le bon exemple de ses vertus et de sa sain-
selon tous les autres auteurs, en 931, peu de temps teté.
après que son père eut été obligé d'abandonner à Hu- Vers 993, elle vint en Bourgogne où son neveu Ro-
gues de Provence la couronne d'Italie, qu'il avait lui- dolphe III l'avait appelée pour aider à la pacification
même usurpée, en 924, sur Bérenger. Adélaïde perdit du royaume. Le grand ascendant de ses qualités mo-
son père à l'âge de six ans. Dix ans après, en 947, son rales lui ayant fait mener à bonne fin cette délicate
frère le roi Conrad lui fit épouser le fils de Hugues, Lo- mission, elle se retira au monastère de Paternay qu'elle
thaire II, dit le Jeune, alors roi d'Italie. De cette union avait bâti sur le mont Jou et donné à Cluny. Elle visita
naquit Emma qui, en 966, épousa Lothaire II, roi de ensuite les nombreux monastères construits par elle
France. Adélaïde fut bientôtveuve, car son mari mourut tant en France qu'en Allemagne et en Italie, et après
le 22 novembre 950, empoisonné par Bérenger II, mar- avoir établi en leur faveur de nombreuses fondations,
quis d'Ivrée, et, dès lors, commencèrent pour elle les après une dernière entrevue spirituelle à Cluny, avec
tribulations qui la devaient affermir dans la sainteté. Odilon, son saint abbé, elle se retira au couvent de
Trois semaines après la mort de Lothaire, Bérenger Sehl, sur le Rhin, pour y mourir, de la mort des justes,
se fit couronner roi d'Italie, puis voulut contraindre le 16 décembre 999, à 69 ans. D'après saint Odilon, di-
Adélaïde à épouser son fils Adalbert et, sur le refus de verses guérisons s'opérèrent à son tombeau.
celle-ci, la retint en prison, et lui fit subir toutes sortes Le martyrologe romain ne mentionne pas sa fête
d'avanies. Échappée de sa prison, Adélaïde rencontra au 16 décembre comme les martyrologes modernes, et
dans sa fuite un détachement de l'armée qu'Othon Ier, nous ne pouvons, non plus, affirmer qu'elle ait été ca-
empereur d'Allemagne,amenait en Italie, à la demande
du pape Agapet II. Ce fut sous la conduite de cette
escorte qu'elle arriva à Canossa, d'où elle implora l'ap-
pui d'Othon. Celui-cientendit son appel, vints'emparer
SOURCES:
nonisée dans les formes ordinaires.
Manuscrits principaux de l'Epitaphium et des
miracula beatæ Adelaidæ, par Odilon, abbé de Cluny: 1° ms.
d'Oxford (Bibliothèque Bodléienne, n. 2690); 2° mss. de
de Pavie après avoir infligé une sanglante défaite à Saint-Martin-des-Champs (Bibliothèque nationale, Paris,
Bérenger. Peu de temps après, à Pavie, Othon épousa n. 1496); 3° Codex Vallicellensis (Bibl. royale de Bruxelles
Adélaïde qui contribua beaucoup à lui faire obtenir n. 7460); 4° mss. de Saint-Sauveur (Bibl. municipale de
ce surnom de Grand qui lui fut donné si justement. Douai, n. 792); 5° ms. de Paris (Bibl. nat.,nouv. acq. lat.,
En 952, il l'emmena en Allemagne « où les peuples la n. 854).—Epitaphium et miracula d'Odilon, publiés dans
H. Canisius,Antiquæ lectionis, in-4°, Ingolstadt, 1604, t. v,
reconnurent avec joie pour leur reine. Déjà prévenus 1° 398-418. —2° M. Marrier et A. Quercetanus (Duchesne),
d'estime pour son mérite, la bonté avec laquelle elle p. Bibliotheca Cluniacensis, in-fol., Paris, 1614, col. 353-361,
traitait tout le monde leur fit bientôt joindre l'amour 363-365. — 3° Laurentius Surius, De probatis sanctorum
à l'estime, et l'on vit éclater l'un et l'autre dans la joie vitis, 4e édit., in-4°, Cologne, 1618, t. XII, p. 278-284. —
publique que l'on fit paraître à la naissance de son fils 4° G. G. Leibnitius, Scriptores rerum Brunswicensium illu-
Othon, en 955. » Baillet, Vie des saints, 16 décembre, strationi servientes, in-fol., Hanovre, 1707, t. i, p. 262-272.
— 5° H. Canisius, réédité par Jacques Basnage, Thesaurus
t. XII, p. 476. ecclesiasticorum et historicorum., in-fol.,
Lorsque Othon fut appelé de nouveau en Italie par monumentorum
Anvers (Amsterdam), 1725, t.III, p. 1, 73-84. — 6° Pertz,
le' pape Jean XII pour le protéger contre Bérenger, il Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t.IV, p. 635-649.

et y fut couronné empereur d'Occident, le 2 février. traduit


TRAVAUX :
fit couronner son fils, âgéde sept ans, à Aix-la-Chapelle, — 7° P. L., t. CXLII, col. 967-992. — 8° Chr. Hartmann,
laissala régenceà Adélaïde, et descendit en Lombardie Annales Heremi Deiparæ matris (1612).
à l'automne de 961, et se fit couronner roi des Lom- Vita sanctæ Adelhaydis, in-4°, Durlaci, s. d.,
bards à Pavie. En janvier 962, Othon se rendit à Rome 8 pages (Durlach, vers 1512, en vers).Adelheit
torische Lobsbeschreibungder heiligen
— J. A.Alberti, His-
(panégyrique
latin en allemand Werndle), i n-12,Straubing,
Cet accroissement de grandeur ne servit qu'à augmen- 1659. duMichel par
Boutauld, Le théologien dans les convers.,
ter les qualités et les vertus d'Adélaïde, qui les fit Paris, —
;
1683. — Mabillon, De Adelhaide Augusta, dans Acta
briller avec plus d'éclat dans l'accomplissement de ses sanct. ord. S. Benedicti, 1685, t. v, p. 889-890 2e édit., p. 861-
devoirs de régente. 862. — Programma academicum de Adelheida, in-fol., Leip-
zig, 1729. - Heumann, Comm. diplomatique, 1749, t. m,
in
p. 109-137,460-461.—LebenderKaiser Adelheid, Gemahlin
G. A.V.Breitenbach,
fut la troisième abbesse du couvent fondé à Nyoiseau
(6kilomètres de Segré), au commencement duXIIesiècle,
Otto's des Groszen, in-8°,Reval,1784.— par l'ermite Salomon, compagnon de Robert d'Ar-
Lebensgeschichte der Kaiserin Adelheide., in-8°, Leipzig, brissel. On trouve Adélaïde mentionnée, nous dit
;
1788.—Adelhaid,KönigstochtervonBurgund,nachherigeGe-
mahlin Kaiser Oito's des Groszen. in-8°, Augsburg, 1827;
in-8°, 1829; 1831. —Hunckler, Vie de sainte Adélaïde, impéra-
Célestin Port, en 1158 et en 1183.
Célestin Port,Dictionnaire historique,géographique et bio-
trice d'Allemagne, in-18, Paris, 1835. — J. Bentzinger, Das graphique de Maine-et-Loire,Angers, 1878, t. III, p. 25-28.
Leben derKaiserin Adelheid, Gemahlin Ottos I, während der —Angot, Dictionnaire hist., topogr. et biogr. de la Mayenne,
Regierung Ottos III, Inaug.-Dissert., in-8°, Breslau, 1883, Laval, 1900,t.II, 481.- Ledru, Histoire de la maison de
p.
50 pages. — O. Ringolz, Die ehemalige Begräbnisz-stätte
der heiligen Kaiserin Adelheid, dans Studien, Mittheilungen Broc, Mamers, 1898, t.I, p. 86.— Revue de l'Anjou, Angers,
Benedicti Cisterciensis ordinis, 1886, t. VII, p. 315-333. t.II,
1852, p. 56. — De Beauchesne, Le château de la Roche-
Talbot et ses seigneurs, dans la Revue historique et archéolo-
— Franz Steffanides,KaiserinAdelheid, dansXXXterJah- gique du Maine, t. XXIX, p. 304.
resbericht Staats-Realsshule, 1893, p. 1-90; cf. Anal. boll., Louis CALENDINI.
t. XIV, p. 449-450. — Bibliotheca hagiographica latina.,
8. ADÉLAÏDE PFEFFERHART, née vers 1320,
t. i, p. 11-12. — Fr. P. Wimmer, Kaiserin Adelheid, Ge-
mahlin Ottos I. des Grossen, in-8°, Regensbourg, 1889. -
Ulysse Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen
entra, en 1322, après la mort de son père, dans le mo-
nastère des dominicaines de Katharinenthal (Thur-
t.1,
âge, Bio-bibliographie,Paris, 1905, col. 41. govie, Suisse) où elle passa près de 50 ans d'une vie
Paul CALENDINI. exemplaire, remplie de bonnes œuvres et sanctifiée
3. ADÉLAÏDE, abbesse de Gandersheim, sœur du roi par ses exemples de vertu.
d'Allemagne Henri IV, fonda, en 1124, de concert avec
l'évêque Barthold de Hildesheim, le couvent de Clus, Burgener, Helvetia sancta, 1860-1862, t. I, p. 11-12 ; t.III,
situé près de Gandersheim et destiné à recevoir des p. 3-6. L'auteur ne fait que traduire en allemand la notice
moines bénédictins. Élevée par sainte Hildegarde, elle consacrée à la sœur dans les annales du couvent; cette
lui témoigna toujours une tendre affection comme en notice ne donne que les renseignementshistoriques men-
tionnés ci-dessus.
témoigne une lettre adressée à la sainte et encore con- G. ALLMANG.
servée. P. L., t. CXCVII, col. 317-318. 9. ADÉLAÏDE DE SAVOIE, fille de Humbert II,
G. ALLMANG. prince de Piémont, marquis de Suse, comte de Mau-
4. ADÉLAÏDE (Sainte) ou Alix, née à Schaerbeek, rienne ou de Savoie, surnommé le Renforcé, et de
aujourd'hui faubourg deBruxelles, fut reçue àl'âge Gisle ou Gisèle de Bourgogne, sœur du pape Calixte II.
de sept ans à l'abbaye cistercienne de la Cambre, Adélaïde eut comme frères Amédée III de Savoie,
près de Bruxelles. Peu de temps après sa profession, Guillaume, évêque de Liège, Gui, abbé de Namur,
elle fut affligée de pénibles maladies qui ne firent que Renaud, prévôt de Saint-Maurice de Valais. Elle
rehausser l'éclat de ses vertus. Elle mourut le 11 juin épousa, en 1115 ou 1116, Louis VI le Gros, roi de
1250. Sa vie fut écrite par un contemporain, proba- France. Veuve en 1137, elle épousa, en deuxièmes
blement par un religieux cistercien confesseur à la noces, avec la permission du jeune roi Louis VII, son
Cambre. Pie X a autorisé le culte avec la qualité de fils, Mathieu Ierde Montmorency, connétable de France,
sainte, le 24 avril1907. dont elle eut une fille, Adèle ou Alix. Peu de temps
Henriquez, Quinque prudentes virgines,1630, p.168-198. avant sa mort, avec le consentementde son époux, elle
— Acta sanct., jun. t. II, p. 476-483. — Hist. litt. de la se retira dans l'abbaye des bénédictines de Mont-
France, 1847, t. XXI, p. 585-587. — F.-X. de Ram, dans martre qu'elle avait fondée. Elle y mourut, nous dit
Biogr. nat. de Belgique, 1866, t. I, col. 38. Duchesne, au commencement de 1154. Avant de mou-
U. BERLIÈRE. rir, elle donna aux religieuses le village de Barbery,
5. ADÉLAÏDE D'EPFIG, religieuse dominicaine du près Senlis, qui faisait partie de son douaire, et de-
monastère d'Unterlinden de Colmar (Alsace), minia- manda au roi d'approuver cette donation. Louis VII,
turiste du xiiie siècle. Gérard, Les artistes alsaciens au qui faisait alors un pèlerinage à « Saint-Jacques l'apô-
moyen âge, t. i, p. 274. A. INGOLD. tre», ne put donner son approbation qu'après la mort
de sa mère. Adélaïde fut enterrée dans l'église de Mont-
6. ADÉLAÏDE DE GUELDRE (Sainte), première martre.
abbesse de Villich, au xe siècle. Elle est aussi nommée
Adélhéide et par abbréviation Aléide. Elle était fille André Duchesne, Histoire généalogique de la maison de
de Mégengose ou Mégengaud, à qui l'on attribue géné- Montmorency et de Laval,in-fol., Paris, 1624, p. 101-104, et
ralement le titre de préfet de Gueldre et qui fonda preuves, p. 44.— Suger, Vie de Louis le Gros, publiée d'après
Villich (Bellich), près de Bonn, vers 986. Adélaïde les manuscrits par Auguste Molinier, Paris, 1887, suivie de
l'Histoire de Louis VII, publiée par le même.— Voir dans
en fut l'abbesse, puis elle alla remplacer sa sœur Ber- l'Hist. de Louis VII, p. 150,les querelles entre Adélaïde de
trade,morte vers 999, comme abbesse de Sainte- Savoie et Louis VII.
Marie-du-Capitole à Cologne. Elle y mourut vers Paul CALENDINI.
1015. On l'honore le 5 février. Sa vie a été écrite par 10. ADÉLAÏDE DE SUPPLIMBOURG, sœur de
une contemporaine, Bertrade de Villich, et mérite l'empereur Lothaire II (1125-1137), épousa Simon Ier,
confiance. duc de Lorraine (1115-1139). Elle vit saint Bernard
Acta sanctorum, febr. t. I (1658), p. 713-721. plusieurs fois durant les courses apostoliques que
— M*r de
Ram, Hagiographie nationale (belge), Louvain et Bruxelles, l'abbé de Cîteaux fit dans le pays;elle fut amenée par
1864, t.II, p. 144. — Wattenbach, Deutschlands Geschichts- lui à une vie plus régulière, puis plus fervente, et,
Quellen, 1874, t.II,
p. 99. — Gallia christiana, 1725, t. III, comme son mari, elle favorisa l'expansion de l'ordre
p. 779. — U. Chevalier, Répertoire, Bio-bibliog., 2e édit., cistercien.Elle fonda, en 1148, l'abbaye de l'Étanche,
t. I, col. 42. près de Neufchâteau, et, sur le conseil de saint Ber-
P. FOURNIER. nard, elle se retira, après son veuvage, au monas-
7. ADÉLAÏDE DE LA JAILLE descendait d'une tère duTart, en Bourgogne, où elle mourut en 1153.
vieille famille angevine qui elle-même cctirait son nom Deux lettres authentiques de saint Bernard au duc
en même temps que son origine du bourg de la Jaille, Simon et à la duchesse Adélaïde ont été conservées.
en Anjou, près Segré; elle portait pour armes : d'ar- S. Bernard, Epistol., CXIX, cxx, P. L., t. CLXXXII,
gent à la bande fuselée de gueules. » Mis de Beauchesne, col. 264-266. — Quant aux lettres de cette duchesse ou
Le château de la Roche-Talbot et ses seigneurs. Adélaïde d'une autre nommée Gertrude à l'abbé de Cîteaux et
aux réponses de ce dernier, Mabillon les regarde comme Victoria et dans la Nouvelle-Galles du Sud. Les prê-
apocryphes. Not. ad. ep. cxn. tres durent partir pour d'autres missions. Il n'en res-
Calmet, Hist. de Lorraine, 2e édit., t. II, p. 407 sq.
Hist. litt. de la France, t. XIII, p. 568.
E. MARTIN.
- tait que deux auprès de l'évêque, àAdélaïde, pourvivre
tous les trois d'une rente de dix francs par semaine et
pour supporter une dette de cent mille francs. Heu-
11. ADÉLAÏDE DE WESPERSPÜHL apparaît reusement le Père Ryan sut recueillir une forte somme
d'abord comme maîtresse ou supérieure des sœurs de d'argent avec laquelle l'évêque acheta des terres pour
Mariaberg, auprès de Kirchberg, sur la rive gauche en doter le diocèse. Un peu plus tard, M. Leigh, un con-
du lac de Zurich. Sa communauté n'était, semble-t-il, verti anglican, donna à l'évêque quatre mille livres
qu'une réunion de pieuses femmes. Adélaïde passa avec sterling et du terrain sur lequel une modeste cathé-
elles, en 1259 ou 1260, dans le monastère de Wurms- drale fut construite. De 1847 à 1851, l'Église catho-
bach qui venait d'être fondé et qui leur fut donné. lique et d'autres confessions religieuses et leurs écoles
Elles entrèrent alors dans l'ordre de Cîteaux, et reçurent de l'État des subsides qui cessèrent en 1852.
Adélaïde fut la première abbesse deWurmsbach; elle Les passionistes s'établirent dans le diocèse (1846), les
mourut un 26 octobre avant 1267. jésuites en 1848, les sœurs de la Miséricorde en 1857
-
E. F. von Mülinen, Helvetia sacra, 1861, p. 139. Ren-
seignements fournis par dom Gregor Müller, o. Cist., Meh-
etles sœurs de Saint-Joseph en 1867. L'instruction fut
laïcisée par le gouvernement en 1878.
III. ÉTAT ACTUEL (avril 1906) : Paroisses, 27; églises,
rerau. — Archives de Wurmsbach, litt. A. n. 8; communie.
de dom Augustin, o. Cist. 73; prêtres séculiers, 34; réguliers, 24. Il y a des
R. TRILHE. jésuites, des dominicains, des passionistes et des
12. ADÉLAÏDE. Voir ALIX. carmes, des frères des Écoles chrétiennes et des
frères maristes. Parmi les religieuses se trouvent des
ADÉLAÏDE, archevêché en Australie avec quatre sœurs de Saint-Joseph, des dominicaines, des sœurs
évêchés suffragants: Geraldton, Perth, Port-Au- de la Miséricorde, des bonnes samaritaines et des
gusta, et Victoria et Palmerston. Le vicariat aposto- dames de Lorette. Il y avait 2 collèges, 8 pensions de
lique de Kimberley (Australie occidentale) mainte- filles, 16 externats et 35 écoles primaires, qui conte-
nant administré par l'évêque de Geraldton et l'abbaye naient 4306 enfants. Il y avait, en 1905, 40460 ca-
nullius de Nouvelle-Nurcie appartiennent aussi à la tholiques sur 300 000 habitants.
province ecclésiastique d'Adélaïde, qui embrasse tout
le territoire des États d'Australie méridionale (y com- Cardinal P. F.Moran, Historyof the Church inAustralasia,
Sydney, 1896. — Byrne, History of the Catholic Church in
pris leterritoire septentrional) et d'Australie occiden- South Australia, 2 vol., Adélaïde, 1896-1902.
tale. A. TAYLOR.
I. ORIGINE. — Adélaïde qui avait toujours fait par- 1. ADELAIRE (Saint). On ne sait rien de certain
le
tie du diocèse de Sydney devint, en 1843, siège d'un sur lui sinon ce qu'on en trouve dans les anciennesvies
évêché. Suivant le vœu du concile plénier d'Océanie, de saint Boniface. Ces vies nous apprennent qu'avec
tenu en 1885, Adélaïde fut érigé en archevêché en 1887, le grand apôtre de l'Allemagne furent tués à Dokkum,
et le nouveau diocèse de Port-Augusta en fut séparé. en Hollande, le 5 juin 754, un évêque Eoban, trois
L'archidiocèse d'Adélaïde renferme la partie de l'Aus- prêtres Wintrung, Walther et Aethelhere ou Adelaire,
tralie méridionale qui se trouve au sud des comtés de trois diacres, quatre moines, etc. Eoban et Adelaire
Victoria et de Burra de même que les comtés de Flin- furent ensevelis à Fulda à côté de saint Boniface.
ders, de Musgrave et de Jervois avec les îles limitro- Plus tard, probablement au XIIe siècle ou peut-être
phes. Il a pour limites, au nord, le diocèse de Port- plus tôt, les restes d'Adelaire furent transférés à
Augusta, à l'est, celui de Ballaarat (province ecclé-
siastique de Melbourne), au sud et à l'ouest l'Océan
Erfurtoùon les a toujours vénérés depuis. Le nécro-
loge de Sainte-Marie d'Erfurt, rédigé au XIIIe siècle,
Indien. marque sa fête au 20 avril, mais ne désigne encore le
ÉVÊQUES.
— 1. Francis Murphy, 1844-1858. — saint que comme simple martyr. Ce n'est qu'à partir
2. Francis B. Geogheghan O. S. F., 1858-1864. — du XVIe siècle, qu'on commence à lui donner le titre
3. Lawrence B. Shiel, 1866-1872. d'évêque, titre qui lui est maintenant donné dans
ARCHEVÊQUES. — 1. Christopher A. Reynolds, tous les bréviaires et missels des Églises qui célèbrent
1873-1893. — 2. John O'Reilly, premier évêque de sa fête (Paderborn, Cologne, Münster, etc.).
Port-Augusta, 1888, transféré à Adélaïde en 1895.
II. HISTOIRE. — Bien que l'Australieméridionale fût
fondée comme une colonie protestante à l'exclusion
des « papistes » et des « païens », quelques-uns de ses
Geschichte, t. VI (1865), p. 33-49. -
Fr. Koch, dans Zeitschrift des Vereins für thüiringische
Rettberg, Kirchenge-
schichte Deutschlands, t.II, p. 368 sq.
G. ALLMANG.
premiers colons étaient des catholiques. Dr Ulla- 2. ADELAIRE, moine deFleury-sur-Loire,vers 887.
thorne (plus tard évêque de Birmingham, Angleterre, Il ajouta aux Miracula S. Benedicti in Gallia d'Adre-
et archevêque titulaire) alla les visiter en 1840. Le vald de Fleury une brève continuation sur une appa-
gouverneur lui ayant refusé l'usage de l'école, il dut rition de saint Benoît et l'éloge de Charles le Chauve.
dire la messe dans un hangar. Cinquante personnes y
assistèrent. Le Révérend William Benson fut le pre- P. L., t. — Histoire litt. de la France,
mier prêtre résident (1841-1844). Le 8 septembre 1844,
Dr Francis Murphy fut consacré évêque d'Adélaïde
t. v, p. 649. -
CXXIV, col. 244.
Mabillon, Acta sanctorum ordinis S. Bene-
dicti, 1669, t. II, p. 392-394. — Wattenbach, Deutschlands
par l'archevêque de Sydney (Dr Polding) dans sa ca- Gesehichts-Quellen,1874,T.I, p. 303.
P. FOURNIER.
thédrale, la première consécration d'un évêque qui eût
lieu en Australie. Lors du recensement de 1844, il n'y 3. ADELAIRE ou ADALGER, moine bénédictin à
avait que 1273 catholiques sur 17 366 blancs, dans Augsbourg, mort en 964, écrivit pour la recluse Non-
l'Australie méridionale. Il n'y avait qu'un prêtre avec suinde un traité ascétique sur le zèle pour les vertus
l'évêque. Le diocèse ne possédait ni presbytères, ni (De studio virtutum), édité dans Pez, Thesaurus anecdo-
écoles, et un petit hangar servait d'église. Cependant torum, t. n, 2epart., p. 17 sq., et dans P. L., t. CXXXIV,
le catholicisme faisait toujours des progrès. En 1846, col. 915-938.
il y avait trois églises et deux prêtres, en 1849, six Hurter, Nomenclator literarius (3e édit. de 1903), t. 1,
églises, trois écoles et quatre prêtres. En 1851, Adé- col. 933.
laïde fut déserté à la suite des découvertes de l'or en G. ALLMANG.
4. ADELAIRE, écolâtre à Echternach, vers 990, 4. ADÉLARD DE BATH, écrivain anglais de la
puis abbé de ce monastère. Trithème lui attribue une première moitié du XIIe siècle, né probablement à
chronique de l'abbaye d'Echternach, contenant la vie Bath, qui n'a sans doute aucun lien avec le monastère
des abbés de ce couvent. Cette chronique paraît bénédictin de Bath, voyagea en Orient, où il acquit la
perdue. connaissance de la langue arabe, dut connaître en
Biographie nationale publiée par l'Académie royale de
Belgique (1866), t. I, p. 62.
G. ALLMANG.
:
Sicile l'évêque Guillaume de Syracuse (1105-1116),
auquel il dédia plus tard son traité De eodem et diverso,
enseigna à Laon (Préf. au traité des Quæstiones natu-
1. ADÉLARD 1er. Fut promu évêque de Vérone rales, dans Martène, Thesaurus, t. i, col. 292), vivait
vers 876. Du moins le voyons-nous assister en cette encore en 1130, époque où il touchait une somme
année au concile provincial de Pavie et au sacre de prise sur les revenus royaux dans le Wiltshire. Pipe
Charles le Chauve à Rome. L'année suivante il s'em- Rolls, Henri I, éd. Hunter, p. 22. Il se distingua comme
para par la force de l'abbaye de San Silvestro à No- mathématicien et naturaliste; en philosophie il a des
nantola, dont les richesses avaient attiré sa convoi- tendances platoniciennes et dans la question des
tise, et fut, pour ce fait, excommunié par
JeanVIII, universaux il se déclare indifférentiste. On a de
lui:
qui en écrivit à l'empereur et aux archevêques de
Ravenne, de Milan et d'Aquilée. Mais il se réconcilia 1° Quæstiones naturales, seu physicæ num. LXXVI
bientôt avec le pape, qui, dans un autre acte, l'appelle al. problemala, de causis naturalibus compositorum,
tantæ sapientiæ vir, et avec les moines de San Silves- Dialogus, de decisionibus naturalibus; Ms. Paris.
tro, auxquels il donna une partie des terres de l'église lat. 18081, f. 196; lat. 6415, 6628, 6737 (v.
Bibl. de
des saints Fermo etRustico à Moratica. Le roi d'Italie, l'école des chartes, t. LIX, 1898, p. 417), Montpellier,
Bérenger Ier, lui avait, en effet, donné l'investiture de 145; nombreux mss. enAngleterre (v. Oudin, loc. cit.);
cette église par diplôme de 383, ce qui ne l'empêcha imprimé; Quæstiones naturales per difficiles, s. l. n. d.,
pas de se mettre à la tête de la révolte des habitants de (Lovanii, Joh. deWestphalia, 1484), 44 ff. n. c. in-4°
Vérone contre ce prince. A la suite du tremblement de (Pellechet, Catal. des incunables, t. i, p. 11, n. 48); —
terre de 895, qui avait détruit une partie du théâtre 2° Astrolabium; ms. en Angleterre (Oudin, loc. cit.);
antique de Vérone, il obtint dudit roi l'autorisation — 3° Liber Ezich Iafaris el Kauresmy, traduction de
de le démolir entièrement. Il prit part au concile de l'arabe des tables astronomiques de Muhammed ibn
Rome en 898 et termina son épiscopat vers 914, car
on le voit cité en cette année dans un diplôme
de Bérenger, et l'année suivante on trouve déjà
Mûsâ Alchwarizmî; ms. 3641 de la Mazarine; ms.
245 d'Avranches, lequel contenait autrefois Astro-
nomicorum præstigiorum Thebidis secundum Pto-
:
son successeur, Notero, sur le siège épiscopal de lomæum et Hermetem ex arabico translatio (v. Cal.
Vérone. gén. mss., Départements, t. x, p. 114); fragments ma-
thématiques dans le ms. 498 de Chartres (ibid., XI, t.
Ughelli, Italia sacra, t. v, col. 722-725. — Muratori, Anti-
quilates italicæ medii œvi, t. I, col. 435 b, 785
t.II, col. 2, 150, 155-156
c, 954 d;
e, 255-256; t. III, col. 67 a; t. v,
p. 213); ms. en Angleterre (Oudin, loc. cil.). Sur la
traduction des tables Karesmiennesvoir Wiistenfeld
Die Uebersctzungen arabischer Werke in das Latei-
:
col. 633b, 672 b;t.VI, col. 309 b.—Biancolini,Notizie storiche nische (Abhandl. derkön. Ges. der Wiss. zu Göttingen,
delle chiese di Verona, Vérone, 1749-1771, t. i, p.178; t.II,
p. 710. -- L. Moscardo, Historia di Verona, Vérone, 1668,
t. i, p. 91-99. Aless. de Carolis, Storia della città di Verona,
Vérone, 1796, t. I, p. 151; t.II, p. 281, 287, 332.—Monta-
gnani,Storia dell'augusta badiadiS.Silvestro diNonantola,
p. 12. — Venturi, Compendio della storia sacra e profana
édité par B. Boncompagni :
t. xxn (1877), p. 20-23);—4°Tractatus de abaco ou
de doctrina abaci, mss. en Angleterre (Oudin, l. c.);
Intorno ad uno scritto
inedito di Adelardo di Bath intitolato « Regule abaci »
(Bull. bibl. stor. scienze matemat. e fis., 1881, t. XIV, p. 1-
di Verona, Vérone, 1825, t.II, p. 11-15. — Cappelletti, Le 134); — 5° Euclidis elemenla ou geometria traduit de
Chiese d'Italia, t. x, p.756-758, 767, 774. — Wattenbach, l'arabe; ms. en Angleterre (Oudin, loc. cit.), Erfurt
Deutschlands Geschichtsquellen, 3e édit., Berlin, 1873, t. i, (Amplon. 23, 352), Paris (lat. 16201, f. 35-82), Vienne
p. 228. — Girolamo dalla Corte, Delle istorie della città di (83, f. 39-65). Cet ouvrage, traduit vers 1120-1130, fut
Verona, Venise, 1873-1874, t. i, p. 115.
J. FRAIKIN. augmenté d'un commentaire personnel ou arrangé
2. ADÉLARD Ier, abbé de Saint-Trond, Wallon de d'après des sources arabes par Adélard, puis retra-
naissance, abbé de Saint-Trond en 999, décédé le vaillé par d'autres auteurs. Cette première traduction
24 septembre 1034. On loue sa charité pendant la passa sous le nom de Campanus (v. Wiistenfeld, p. 20,
famine de 1006. Il rapporta de Metz en 1021 une re- 21, 23, 59; Weissenborn, Die Ueberssetzung des Eu-
lique du sang de saint Etienne. Anal. bolland., t. v, clid aus dem Arabischen in das Latein, durch Adelhard
p. 343-345. von Bath nach zwei Handschriften der Kgl. Bibl. in
Erfurt, p. 143-147; Bubnov, Gerberti opera mathe-
Gesta abbat. Trudon., dans Monum. Germ. hist., Script., matica D. 174-179; Cantor, Vorlesungen über Gesch.
t. x, p. 229-230, 381-385. -
De Borman, Chroniques de
l'abbaye de Saint-Trond, Liège, 1872-1877, 1.1, p.5-6; t. II
der Mathematik, 3e éd., Berlin, 1907,t. I, p. 173);—
6° Traclatus de eodem et diverso; ms. Paris, lat. 3389
p. 141-142. f. 82v-91v; fragment dans Jourdain, Recherches cri-
U. BERLIÈRE. tique sur l'âge etl'origine des traductions latines
3. ADÉLARD abbé de Saint-Trond, natif de
II, d'Aristote, Paris, 1843, p. 260-273, 452-454; Hauréau,
Lovenjoul, près de Louvain, peintre et sculpteur,
grand prévôt, élu abbé en 1055. Comme l'abbaye se
trouvait dans une situation financière très prospère,
il rebâtit entièrement le monastère et agrandit son
;
Hist. de la philosophie scolastique, Paris, 1872, t. i,
p. 345-361 édité par Hans Willner, Des Adelard von
Bath Traktat De eodem et diverso (Beiträge zur Gesch.
domaine, mais il laissa la discipline se relâcher. Il der Philosophie des M. A.), éd. par C. Bäumker et
G. von Hertling, t. IV, fasc. 1, Münster, Aschendorff,
songeait à se retirer au monastère de Siegbourg, 1903, in-8° de VIII-112 p. Le traité (p. 1-34) est suivi
quand il mourut, le 6 décembre 1082. d'une Analyse und historisch-kritische Grundlegung,

-
Gesta abbat. Trudon., dans Monum. Germ. hist., Script.,
t. x, p. 233-237,240, et passim. DeBorman, Chroniques de
l'abbaye de Saint-Trond, Liège, 1872-1877, t. I, p. 16-25;
t. II, p. 147-151.
qui avait paru comme dissertation doctorale, Münster,
1902, 72 p.; — 7°La Mappæ clavicula, qu'on trouve
dans un ms. du xe siècle, à Schlestadt, n'est pas de
lui; peut-être pourrait-on lui attribuer la recension
U. BERLIÈRE. du ms. de Lucques. M. Berthelot, Adalard de Bath
et laMappæ clavicula
« », dans Journal des Savants, Delle istorie della città di Verona, 3 vol. in-4°, Venise, 1746,
t.I, p. 236.— Potthast, Regesta Pontificum roman., n. 7009.
1906, févr., p. 61-66.
-
Oudin, De scrip. eccZ., t. II, col. 1016-1018. Ritter, Gesch.
- Giov. Franc, a Venezia, Adelardo II de' Cattanei, in-8°,
Vérone, 1877. — E. Dümmler, Neues Archiv für altéré
der christl. Philosophie, 1844, t. III, p. 381-386. — Wright, deutsche Geschichtskunde, Hanovre, 1879, t. IV, p. 558. —
Biogr. Brit. lit., 1846, t. ix, p. 94-101. — Dictionary of Jaffé, Regesta, 2e édit., t. II, p. 431, 492, 535.
national biography, 2e éd., Londres, 1908, t. i, p. 137. — J. FRAIKIN.
Cantor, Vorlesungen iiber Gesch. der Mathematik, 3e édit. t.I, 6. ADÉLARD. Voir ADALARD et ADERALD.
1907, p. 713, 891,906. — Chevalier, Répertoire bio-bibl.,
2e édit., t. I, col. 26. ADELASIO(ALESSANDRO), né à Bergame, membre
U. BERLIÈRE.
5.ADÉLARD laCATTANEO, né probablement à de la congrégation des chanoines réguliers de Saint-
Jean-de-Latran,évêque de Parenzo le 1er juillet 1671.
Lendinara (aujourd'hui province et arrondissement de Il tomba, peu de temps après, sérieusement malade.
Rovigo), fut d'abord chanoine de Vérone et créé, par
LuciusIII, cardinal du titre deSaint-Marcellemercredi « MprAdelassi, évêque de Parenzo, écrivait le 19 août
1673, au cardinal-secrétaire d'État, le nonce à Venise,
des Cendres (15 février) de 1184, ou, suivant Ciaconius, MgrAnnibale Schmidt, se trouve gravement malade
en décembre 1183. Clément III l'envoya en Palestine dans sa résidence, surtout à la suite d'une rechute
comme légat du Saint-Siège, lors de la troisième croi- due à la douleur qu'il a éprouvée de la mort de
sade, et, à ce titre, il célébra le premier la messe dans M. le chevalier son frère. Comme on lui conseillait de
diverses mosquées de Saint-Jean-d'Acre, converties en quitter cet endroit à cause de l'insalubrité du climat,
églises, après la prise de cette ville. Nommé, en 1188
il n'a pas voulu le faire, de peur de donner aux Grecs
ou 1189, évêque de Vérone, il y rentra après la croi- schismatiques le moyen de s'emparer de l'église, qu'ils
sade, et nous l'y voyons consacrer, en 1194, l'église des demandent pour leur rite. » Archiv. du Vat., Nunzia-
Saints-Apôtres, qui venait, sans doute, d'être restau-
rée, et accorder des indulgences à tous les fidèles qui tura di Venezia, t. CXIII. Dans une autre dépêche du
26, le nonce ajoute que son état s'estencore aggravé,
aideraient à la reconstruction de l'église des saints et qu'il est peut-être mort à l'heure actuelle. Il guérit
Fermo et Rustico. En 1205, il céda à la commune de
Vérone le château de Legnago en échange de celui de cependant et ne mourut qu'à la fin de 1711 ou au début
de 1712, après un épiscopat rempli de mérites.
Ronteforte (ces différents actes sont publiés dans
Ughelli). Il se démit plus tard de l'épiscopat et se re-
tira dans le monastère de San Zenone, où il mourut en
Ughelli, Italia sacra, t. v, col. 417.
Chiese d'Italia, t. VIII, p. 798.
-Cappelletti, Le

odeur de sainteté et où son corps fut retrouvé presque J. FRAIKIN.

:
intact en 1642. On lisait sur son tombeau cette ins-
scription A[nno] D[ni] MCCXXV. Die XXIV, exe-
[unte] augusto Dns.Adelardus q[uo]nda[m] epus V[ero-
ADELBERG, abbaye de prémontrés, située dans le
Würtemberg, fondée, en 1181, par Volknan, seigneur
de Staufen et d'Ebersberg, comme en témoigne une
nensis] et car[dinalis] (d'après Ughelli et Moscardo; charte de l'empereur Frédéric Ier en date du 1er juin
d'autres, il est vrai, donnent MCCXXIV). En dépit de 1181. L'empereur y accorde aux seigneurs de Staufen
ce témoignage les historiens le font mourir, qui en le droit d'avocatie sur l'abbaye. Frédéric de Souabe
1204, qui en 1209, qui encore à la fin de 1211 ou au (1189), l'empereur Frédéric II (1228) et le roi Adolfe
début de 1212. D'autre part une bulle d'Honorius III, (1293) ainsi que les papes Alexandre III (1181) et
en date du 7 septembre 1225, ordonne à l'évêque et à Urbain V (1365) conférèrent ou confirmèrent l'immu-
l'abbé de Sant' Andrea de Mantoue de faire rendre à nité aux chanoines. L'abbaye fut incendiée le 25 avril
A. quondam Veronensi episcopo sa prébende du chapitre 1525 dans la révolte des paysans, mais bientôt rebâtie.
de Vérone et certaines autres possessions; Reg. Vat. 13, Les religieux furent expulsés une première fois de
fol. 112, n. 196, analyse dans Pressutti, t. II, n. 5631. 1538-1548 et une deuxième fois en 1565 après la mort
Il faut donc admettre que cette bulle fut lancée alors du prévôt Louis Wernher (mort le 5 janvier 1565).
que la nouvelle de la mort d'Adélard n'était pas en- Ce fut le dernier prévôt catholique. Des abbés protes-
core parvenue à Rieti, où se trouvait alors le pape. La tants furent alors installés et maintenus jusqu'en
Bio-bibliographie de M. U. Chevalier, col. 27, le fait 1630. Après la paix de Westphalie (1648), le monastère

une lettre intitulée :


mourir en 1228, mais sans aucune preuve. Il a laissé
Cardinalis Veronensis episcopi
literæ quibus lestatur se interfuisse Turonis consecra-
fut donné au duc de Würtemberg et destiné par
-
celui-ci à des usages profanes. A côté du monastère
des hommes il y eut aussi un couvent de religieuses,
tioniJoannis Dolensisepiscopi, publiée dans Martène, transféré, en 1476, à Lauffen sur le Neckar.
Thesaurusnovus anecdotorum, Paris, 1717, t. i, part. 2,
p. 171.
Un autre Adélard est cité comme évêque de Vérone
-
Gallia christiana (1731), t. v, col. 1109 sq. (col. 521: charte
de l'empereurFrédéric Ier de 1181). Séb. Brunner, Ein
Chorllerrenbuch, Würzbourg, 1883, p. 721-722.
par Cenci et Cappelletti, en 1387-1388, ainsi que par G. ALLMANG.
Dalla Corte (t. II, p. 282), qui l'appelle Adelardo degli ADELBERT DE CASORIA. Oblat, puis moine
Adelardi ou Alerdi et le fait mourir en 1378. de l'abbaye bénédictine de Saint-Clément de Caso-
Palatius, Fasli cardinalium, t. I, p. 351-352.— Manrique, ria ou de Pescara, dans les Abruzzes, sous l'abbé
Guy (1045), Adalbert se retira dans diverses soli-
-
Annales Cisterciensium, Paris, 1642-1659, t. I, p. 207-208.
Twysden,Historiæ anglicanæ scriptores, 2vol.in-8°, Lon-
dres, 1675, t. I, col. 1216. — Moscardo Historie di Verona,
tudes, fonda ou restaura des églises qu'il soumit à
son monastère de profession. Il mourut avant l'abbé
t. II, p. 146, 154. — Ciaconius, édit. Oldoin, t. I, col. 1119.
- Muratori, Antiquitatesitalicæmedii æui, t. IV, col. 1130B.
Guy.
Chronicon Casauriense, dansd'Achery,Spicilegium,2eéd.,
— Maffei, Verona illustrata, 1731, t. II, col. 41-42; 2e édit.,
col. 96-98. — Ughelli, Italia sacra, t. v, col. 809-821. —
Biancolini, Notizie storiche delle Chiese di Verona, t. n,
col. 199,531,548-549; t. III, col. 289; t. IV, col. 636, 659,761,
t. II, p. 951-952. - Mabillon, Acta sanct. ord. S. Bened.,
sæc. VI, part. I, p. 495-496.
U. BERLIÈRE.
763; t. v,part. 2, col. 124. — Mazzuchelli, Gli scrittori d'Ita-
lia, t. I,p.136. — Cardella, Memorie dei cardinali, t.
part. 2, p. 182-183. — Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. x,
I,
ADELBOLD, élève de l'école de Liège sous
l'évêque Notger (972-1007), écolâtre de Liège vers
999-1003, archidiacre dès 1007 (G. Kurth,Notger de
p. 768-769. — P. L., t. CCVI, col. 1036; t. CCXIV, col. 985- Liège, Bruxelles, 1905, t. i, p. 264-265), ou plutôt
987. Cf. Rainaldi, Annales ecclesiastici ad annum 1202,
n. 7. — Elogi istorici de' più illustri ecclesiastici vero- le 12 mars 1008 (D'Achery, Spicilegium, 2e éd., t. II,
nesi, Vérone, 1818-1819, t. i, p. 22-23. — G. dalla Corte, p. 330; E. de Marneffe dans Analectes pour servir à
l'hist. eccl. de Belgique, t. xxv, 1905, p. 113), il fut Bref:
lié d'amitié avec l'abbé de Lobbes, Hériger, le pape N'entra au réaume de France
Gerbert, Bernon de Reichenau et Egbert de Liège. Dame de meillor contenance;
Il devint évêque d'Utrecht en 1010 et mourut le N'a ceu temps de plus grand valor
Ne plus amast Notre Seignor.
17 novembre 1026. Il fut le protecteur de la réforme
monastique propagée par saint Poppon de Stavelot On la fiança, dit-on, en son enfance à Simon Crispin,
Il composa :
et il consolida la puissance territoriale de son évêché.
1° Epistola ad Silvestrum papam (999-
1003), publiée d'abord par Pez (Thesaurus anecd.
t.
noviss., 1721, m, part. 2, p. 85-92); P.L., t. CXL,
fils du comte d'Amiens. Mais le jeune homme se retira
dans un monastère et Adèle épousa, en 1081, grâce à
Geoffroi de Chaumont, Étienne, fils du comte de Blois.
Le mariage fut conclu à Breteuil et solennisé à Char-
col. 1103-1108, puis parOlleris etparKurtze,sous letres. Une nombreuse postérité naquit de cette union;
:
titre deDe rationeinveniendi crassitudinemsphæræ; elle
porte aussi dans un ms. de Cambrai le titre De qua-
dratura circuli. Elle a été republiée avec un grand appa-
citons Guillaume, l'aîné. Bizarre, cruel, déséquilibré,
il sera tenu à l'écart. Thibaud héritera du pouvoir;
Henri fut abbé de Glastonburyet évêque de Winches-
rat critique par Bubnov, Gerberti Opera mathematica, ter; le quatrième, Étienne, sera roi d'Angleterreaprès
Berlin, 1899, p. 300-309; (v. Berthelot, dansMélanges son oncle Henri Ier (1135). L'une des filles, Mathilde,
d'arch. et d'hist., t. v, 1885, p. 184, 186, 195-196, périt, en 1120, dans le naufrage dela Blanche Nef.
220; Günther, Gesch. des mathem. Unterrichts im Étienne de Blois associa Adèle à son gouvernement.
M. A., Berlin, 1887, p. 118-120; C. Le Paige, dans Leurs deux noms se retrouvent dans les chartes, les
Bull. Inst. archéol. Liégeois, 1890, t. XXI, p. 461- donations, les rémissions de corvées. Le comte de Blois
463); — 2° Commentarius in Boethii Consol., III, 9, pu- prit part à la première croisade. Seulement, au siège
blié d'après le Cod. Paris. 7361, par W. Moll (Biss- d'Antioche, il quitta brusquement l'armée. Cette con-
chop Adelbold commenlaar op een metrum von Boethius, duite fut sévèrement jugée, et Adèle n'eut plus de re-
dans Kist et Moll, Kerkhistor. Archief, 1862, t. III, pos, que le comte Étienne n'ait repris la croix deux
p. 163-221; sur d'autres mss. voir Neues Archiv der ans après, avec le comte de Poitiers. Il mourut dans
Gesellsch. fur âli. deut. Geschichtskunde, t. XI, p. 140); l'expédition, en 1102. Durant les absencesde son mari
— 3° une biographie de l'empereur Henri II qu'on ne .et après sa mort, Adèle exerce la régence; en 1105, elle
;
peut identifier sûrement avec le fragment publié dans
Mon. Germ. hist.Script., t. IV, p. 679-695 — 4° un office
nocturnal de saint Martin. Sigebert Gemblac., De
reçoit saint Anselme et essaie à Laigle de le réconcilier
avec Henri Ier; — en 1106, elle accueille Boémond
qui épouse à Chartres, Constance, fillede Philippe Ier.
script.eccl., c. CXXXVIII. C'est à tort qu'on lui attri- —elle demande à LouisVI assistancecontre le seigneur
bue une vie de sainte Walburge et le traité sur la du Puiset; — on célèbre sa générosité pour les églises
musique publié par Gerbert dans Script. eccl. de et les monastères; fondation du prieuré de Saint-
musica, Saint-Blaise, 1774, t. i, p. 303-312; P. L., Jean-Baptiste, réforme du monastère de Saint-Martin
t. CXL, col. 1109-1120 (Bubnov, p. XCVIII). L'Epi- près Chartres, dons à l'abbaye 'de Saint-Père de
stola adAdelboldum de Gerbert (997-999) a été réédi- Chartres, dons à la cathédrale. Aussi, assure-t-on, une
tée par Bubnov (p. 41-45). guérison miraculeuse fut la récompense de sa charité.
-
Hist. lilt. de laFrance, t. VII, p. 201, 252-259. Ceillier,
Hist. des aut. sacrés, 2e éd., t. XIII, p. 74-76. — P. Van
:
Elle entretient dès lors une correspondancedes plus
aimables avec Hildebert du Mans l'évêque lui envoie
der Aa, Adelbold bisschop van Utrecht, in-8°, Groningen, des poésies, sollicite de petits présents, cf. P. L.,
1862. — Hirsch, Jahrbücher Heinrichs II, Berlin, 1864, t. CLXXI,col 144, 284, 1442.
Avec lemonastère de Saint-Père, les relations pré-
- -
t. II, p. 296-301. — W. Moll, KerkgeschiedenisvanNeder-
land, Utrecht, 1866, t. II, p. 50-59. Quetelet, dans Biogr.
nat. de Belgique, t. I, col. 57-60,1866. Ladewig,Poppo
sentent parfois quelque tension; au demeurant, tout
finit bien. — Entre Adèle et l'évêque Ives de Chartres,
von Stablo, Berlin, 1883, p. 66-67. — E. Voigt, Egberts
-
von Lüttich Fecunda ratio, Halle, 1889, p. IX-XVIII. Wat-
tenbach, Deuischlands Gesch. Quellen, 7e éd., Berlin, 1904,
l'accord est loin de régner toujours; sans doute, à la
prière de l'évêque, Étienne de Blois a renoncé au droit
de dépouilles (Martène, Veterum script. eccl. ampl.
t. I, p. 436-438. — Sackur, Die Cluniacenser, Halle, 1894,
t. II, p. 179. — Hauck, Kirchengesch.Deutschlands, Leipzig, collectio, 1.1, col. 621); mais Adèle dépasse ses pouvoirs,
1896, t. III, p. 485-486. — M. Cantor, Vorlesungen über et Ives doit, vers 1100, le lui rappeler avec assez de
Geschichte der Mathematik, 3e éd., Berlin, 1907, t. I, p. 859, sévérité (lettre CI); une fois même il eut à lui repro-
865-866, 873, 889. cher ses tolérances pour -la, conduite d'une parente.
U. BERLIÈRE. Un conflit plus grave éclata. Les chanoines de Char-
1. ADÈLE (Sainte), abbesse de Pfaltz, fille de Dago- tres s'étaient engagés à ne point recevoir parmi eux
bert II, fonda, vers 690, après la mort de son mari de demi-serfs comme les « fiscalini » du roi de France,
Albéric, le monastère de Palatiole, aujourd'hui Pfaltz, ou les « conditionnarii » de la comtesse. Le chapitre
près de Trèves. Elle y prit elle-même l'habit de reli- voulait ainsi sauvegarder son indépendance. Ives, qui
gieuse et y devint abbesse. C'est là que saint Boniface n'avait point été consulté, approuva les chanoines.
rencontra, en 722, le jeune Grégoire, plus tard abbé Adèle trouva bons tous les moyens, même les plus bru-
d'Utrecht, petit-fils d'Adèle. Elle mourut en 735, le taux. de peser sur le chapitre. L'affaire s'envenima, il
24 décembre, jour auquel sa mémoire est célébrée avec y eut des rixes, on parla d'interdit. A la fin, le chapitre
celle de sa sœur, sainte Ermine. On a d'elle un testa- céda et Pascal II par lettre du Latran exhorte les cha-
ment daté du 1er avril 732 et publié dans Pardessus, noines à la paix. Jaffé, Regesta, 2e édit., n. 6420.
Diplomata, 1843, t. i, p. 170, et P. L., t. LXXXVIII, Depuis longtemps cependant la comtesse Adèle son-
col. 1286. geait a quitter le monde. Elle pensait même à se reti-
Biographie nationale publiée par l'Académie royale de
t.I(1866), p. 61.
Belgique,
G. ALLMANG.
affaires:
rer en Terre-Sainte. Elle n'en dirige pas moins les
sur son conseil, en 1117, Thibaud, son fils,
s'allie à Henri Ier contre le roide France; elle accom-
2. ADÈLE (La comtesse, 1062?-1137),Adèle, Adeli- mode les différends du comte de Blois avec les moines
cia, Ala, Alipsa, Hadala, Adeleis, était fille de Guil- de Noirmoutiers.En 1122, enfin elle se retire au prieuré
laume le Conquérant et de Mathilde de Flandre. Elle cluniste de Marcigny. Elle reste en correspondance
naquit vers 1062. Les contemporains vantent son in- avec Hildebert. L'évêque lui trace une règle de vie
struction, son goût littéraire, et même sa science du il
(P.L., t. CLXXI,col. 145), la met en garde contre l'or-
grec. Ils s'extasient sur sa beauté. gueil. Adèle vécut jusqu'en 1137. — Voir dans P. L.,
t. CLXXI, col. 1394, n. XXXIV, une épitaphe qu'on ADELHAUSEN, couvent de dominicaines, près
croit être la sienne. de Fribourg-en-Brisgau. Il fut réformé en 1465, par
Dictionary of national biography, t. I, p. 104.
Lives of the princesses of England, t. i, p. 34.
-- Green,
Free-
des religieuses venues du monastère de Sainte-Cathe-
rine de Colmar.
éd., Oxford,
1876, t. III, IV. -
mann, The history of the Norman conquest, 2e
Adams, The poliiical history of England,
t. II. — P. Fournier, Yves de Chartres et le droit cano-
R. Schieler, Magister Johannes Nider, Mayence, 1885,
p. 170. — Kunig, Die Chronik der Anna von Munzingen,
nique, dans la Revue des questions historiques, 1898, t. LXIII,
p. 79. — Sur le conflit avec l'évêque de Chartres, voir P.L.,
:
Freiburger Diözesan-Archiv, t. XIII, p. 28 sq. Cette même
Anna von Munzigen a aussi écrit Ein schönes Büchli von
dem vergangenen seligen leben etlicher heiliger swestern ires
t. CLXII, lettres cxvii, CI, CXXVI, CXXXII, CXXXVI, CXLVII,
I
CLXXIX.—Dicudonné, Hildebert de avardin, Paris, 1897.
clostersAdelhausen.
- Hauréau, Notice sur les mélanges poétiques d'Hildebertde
Lavardin, dans Notices et extraits des manuscrits, t. XXVIII, ADELHELM (Bienheureux), premier abbé d'En-
R. COULON.

p. 289. — Guérard, Cartulaire de Saint-Père de Chartres gelberg. Lorsque le baron Conrad de Seldenburen fit
(collection desDoc. inédits sur l'histoire de France, t. I, II). venir, en 1120, quelques moines de Saint-Blaise (Forêt
Merlet, Cartulaire de N.-D. de Chartres, Char-
— Lépinois etLépinois, noire), pour fonder l'abbaye d'Engelberg (Unterwal-
tres, 1862. — Histoire de Chartres, 1858, t. I, p. 77- den, Suisse), Adelhelm se trouvait du nombre. Il rem-
78. — Souchet, Histoire du diocèse et de la ville de Chartres, plit d'abord les fonctions de prieur, puis reçut le titre
dans Soc. archéol. d'Eure-et-Loir, Chartres, 1868, t. II, c.VII. d'abbé. Sa vie fut celle d'un saint religieux, où l'his-
-— Bernier, Histoire de Blois, in-4°, 1682, p. 291. toire n'a rien de saillant à relever. Il mourut le 25 fé-
A. NOYON.
3. ADÈLE. Voir ALIX. vrier 1131.
Burgener, Helvetia sancta, 1860, p. 17.
ADELELME, moine de Flais ou de Saint-Germer, M. BESSON.
compagnon du célèbre Guibert de Nogent, alla se 1. ADELDN (Saint), disciple de saint Landelin, qu'il
mettre sous la direction de Guillaume de Ros, abbé de suivit dans ses diverses pérégrinations et que ce saint
Fécamp et il dut mourir dans ce monastère en 1108. plaça probablement à la tête d'une «cella », sur l'Hon-
Orderic- Vital fait les plus grands éloges de son savoir neau à peu de distance du monastère de Crespin. Il
et mentionne une pièce qu'Adelelme avait composée vécut dans la seconde moitié du VIle siècle.
en l'honneur de son maître et qui arracha des larmes à Vita Landelini, dans Mabillon, Acta sanct. ord. S.Ben.,
plusieurs de ceux qui la lurent. sæc. II, p. 873-876. — Acta sanct., jun. t. III, p. 540-542.
Orderic Vital, Ilisl. cccl., l. VIII, c. XXIV; I. XI, c. XVI, — Acta sanct. Belgii, t. IV, p. 452-467.
1756, t. IX, p. 386-388.
-
P. L., t. CLXXXVIII, col. 634, 833. Hist. litt. de la France, U. BERLIÈRE.
2. ADELIN (Saint). Né en Aquitaine, il aurait
U. ROUZIÈS. suivi saint Remacle dans sa retraite à Stavelot.
ADÉLÈME DE SAINT-JACQUES, vénérable de Plus tard, il fonda un monastère sur les bords de la
l'ordre de Saint-Augustin. Il embrassa la vie reli- Lesse, à Celles, où il mourut vers la fin du VIle siècle.
gieuse au Mexique, et se distingua par sa prière et sa Ce monastère fut plus tard converti en collégiale, la-
pénitence. Il fut martyrisé, l'an 1576, par les païens quelle fut transférée à Visé en 1338. La vie de saint
des Philippines. Adelin fut écrite par Hériger, abbé de Lobbes (990-
Elssius, Encomiasticon augustinianum, Bruxelles, 1654, 1007), d'après les traditions locales de Celles, dont
p. 11-12. — Lanteri, Postrema sæcula sex religionis au- le caractère historique est loin d'être établi.
gustinianæ, Tolentino, 1859, t. II, p. 386.
ADELERIUS. VoirADELAIRE.
A. PALMIERI. -
Acta sanct., feb. t. I, p. 377-381. — Mabillon, Acta sanct.
ord.S. Ben., sæc. II, p. 1013-1017. Actasanct.Belgii,
t. IV, p. 614-624. — U. Berlière, Monaslicon belge, t. I,
p. 56. — S. Balau, Sources de l'hist. de Liège, Bruxelles,
ADELFERIUS. Voir ALFIER. -
1903, p. 143. Kurth, Notger de Liège, 1905, p. 339-341.
Étude crit. et lilt. sur les Vitœ des
— L. Van der Essen,
ADELFIUS. A l'assemblée qui se tint à Carthage, saints mérovingiens de l'ancienne Belgique,Louvain,1907,
en 484, assistaient deux évêques africains de ce nom
le premier est qualifié de Mactarilanus, le second de
; p.120-125.
U. BERLIÈRE.
ADELINDE (Bienheureuse), vivait avant le milieu
Matarilanus ou Mattaritanus; tous les deux sont du xe siècle. Femme du comte Aton, elle fonda le
classés parmi les évêques dé Byzacène. Notilia provin-
monastère des bénédictines de Buchau, en Würtem-
;
ciarum et civitatum Africæ, Byzacena 25 et 50, édit.
Halm, p. 67 P. L., t. LVIII, col. 272, 318,322. Malgré
l'extrême similitude des noms, les deux siègesépisco-
berg, sous le patronage des saints Corneille et Cyprien.
Après que ses fils Béringer, Réginolf et Gerhardt
furent assassinés dans un guet-apens et ensevelis par
paux, et, par suite, leurs deux occupants ne doivent elle à Buchau (601), elle accomplit un pèlerinage
pas être confondus. Voir MACTARIS et MATTARITANA à Jérusalem, puisrevint mourir au monastère qu'elle
(Ecclesia).
Aug. AUDOLLENT. avait fondé. Elle y fut ensevelie près de ses fils. On
ADELGARIUS. Voir ALDEGARIUS. l'honore le 28 août. Sa fille, du même nom qu'elle, fut
la première abbesse de Buchau.
ADELGISE. Voir ADALGISE. Acta sanctorum, augusti t. VI (1743), col. 492. — Gallia
christiana nova (1731), t. v, col. 1078.
ADELGOT,ADELGOTUS. Voir Adalgott,col.456. P. FOURNIER.
ADELINE (TOUSSAINT-PHILIPPE), vicaire constitu-
ADELHARD, moine d'Hirsau. Ce religieux serait tionnel de l'évêque de Maine-et-Loire, mort à Angers.
venu de Fulda à Hirsau où, frappé de cécité, il se Suivant Grille, il a publié plusieurs ouvrages et en a
distingua par ses grandes vertus et où il mourut le laissé de manuscrits.
26 décembre 923 (Trithème, Chronicon Hirsaug., Saint- Bibliothèque d'Angers, mss. 1777.
Gall, 1690, t. i, p. 65-66), ou 924 (Mabillon, Acta F. UZUREAU.
sanct. ord. S. B., sæc. v, p. 41-42). Les renseignements 1. ADELINE (Bienheureuse), cistercienne, abbesse
de Trithème sont puisés dans son problématique de Poulangy. Adeline était fille du bienheureux Guy,
Méginfride. frère de saint Bernard, et de la bienheureuse Élisa-
U. BERLIÈRE. beth (Chifflet, S. Bernardi Clarevall. abb. genus illu-
sire, p. 418, P.L., t. CLXXXV, col. 1396), qui devint plus ADELMAN. Ce personnage dut naître dans les
tard abbesse de Larrey près de Dijon, et non de Prâ- dernières années du xe siècle et était probablement
lon, comme le dit Chifflet, op. cit., p. 400, P. L.,ibid., originaire de la partie wallonne du diocèse de Liége;
col. 1386. Cf. Godefroid, S. Bernard. Vita III, c. IV, il était sous-diacre sous l'évêque Réginard (1025-1038)
P. L., ibid., col. 526. Lorsque Guy entra à Cîteaux, sa et étudiait à Chartres sous Fulbert (t 10 avril 1028),
femme se retira probablement à Juilly, où elle emmena en compagnie de Bérenger de Tours, probablement
ses deux filles encore en bas âge. Tandis que sa sœur vers 1025. Dans une lettre, il se considère comme
rentrait dans le monde, Adeline embrassa la vie mo- étranger parmi les Teutonici. Rentré à Liège entre
nastique. Elle fut élevée à Juilly ou à Tard. Au milieu 1015 et les premiers mois de 1028, il y exerça la charge
du XIIe siècle, Adeline devint abbesse de Poulangy, d'écolâtre, en tout cas avant 1044, date où figure
monastère du diocèse deLangres qui, sur les conseils de comme tel Gozechin (Mabillon, Vetera anal, p. 437);
saint Bernard et de l'évêque Godefroid, avait adopté parmi ses élèves, on cite Lambert, moine de Saint-
la réforme cistercienne. Chronicon clarevallense, ann. Laurent de Liège, auquel il adressa quelques vers
1184, P. L., t. CLXXXV, col. 1250; de Mangin,His- (Neues Archiv f. ält. deut. Gesch., t. XXII, p. 376) et
toire ecclésiastique.du diocèse deLangres, Paris, 1765, Guillaume, plus tard abbé de Saint-Arnoul de Metz.
t.III, p. 157-158. C'est dans cette abbaye qu'elle reçut Vers 1048-1050, il séjourna à Spire, d'où il adressa à
sainte Asceline et sa mère entrées auparavant au Lieu- Bérenger une longue lettre pour le ramener à l'or-
des-Dames de Boulancourt, qu'elles quittèrent avec la thodoxie, en l'accompagnant d'une réédition de son
permission de saint Bernard pour se retirer à Poulangy. Rhytmus. Il devint dans la suite évêque de Brescia
Chronic. clareual., loc. cit.. En 1164, Adeline reçoit (Sigebert, De script. eccl., p. 153; P. L., t. CLX, col. 582),
une donation de Gautier, évêque de Langres; l'année mais on ignore les dates extrêmes de son épiscopat.
suivante, elle transige avec le comte de Clermont. Gams le place entre 1048 et 1053, mais dom Rivet
Gallia christiana, 1876, t. IV, col. 745. On croit qu'elle a cru pouvoir établir que cet épiscopat n'avait pas
mourut en 1170. Jobin, S. Bernard et safamille, p. 75. commencé avant 1050. D'après Ughelli (Italia sacra,
Il est fait mention de ses vertus dans la vie de sainte t. IV, p. 540), il vivait encore vers 1061. Il faudrait
Asceline (Henriquez, Lilia Cistercii, c. XIV); elle est même le reculer entre 1055 et 1057. Steindorff,
honorée le 2 septembre avec le titre de bienheureuse Jahrbücher des d. Reiches unter Heinrich III, t. iv
(Jobin, op. cit.; Fevret, Journaux des saints de l'ordre p. 299, n. 5. L'obituaire de Saint-Lambert de Liège
de Cîteaux, p. 453-454) ou même de sainte (Roussel, fait mention d'Almannus Brixiensis episcopus au
Le diocèse de Langres, t.I, p. 145), mais son culte n'est 10 février. D'après les Annales Allahenses, il aurait
pas encore confirmé par le Saint-Siège. été tellement maltraité par les clercs simoniaques qu'il
combattait, en vertu des décrets d'un concile tenu
Jobin, S.Bernard et sa famille, Paris, 1891, p. 73-75.
Gallia christiana, 1876, t. IV, col. 745. — Roussel, Le dio-
- à Rome en mars 1061, qu'il serait mort des suites de
ses blessures en cette année (Mon. Germ. hist., Script.
cèse de Langres, histoire et statistique, in-8°, Langres, 1873, t. XX, p. 811), ou plutôt en 1062.
t. i, p. 145.— Chifflet, S.Bernardi clarevallensis abbatis genus
:
On a de lui 1° Rhytmi alphabetici de viris illu-
-
illustre assertum, in-4°, Dijon, 1660, réimprimé dans P. L.,

-
t. CLXXXV, col. 1199 sq. Henriquez, Lilia Cistercii, in-fol.,
Douai, 1633, 1. II, dist. III, c. XIV. Fevret, Journaux des
stribus sui temporis, en l'honneur de Fulbert de Char-
tres et de ses disciples; 2° Lettre à Bérenger de Tours;
saints de l'ordre de Cîteaux pour être honorez chaque jour dans 3° peut-être la lettre anonyme de A. inquilinus civis
l'abbaie de N.-D. du Tard, in-8°, Dijon, 1706. ex urbe Spire, à l'archevêque (Hermann) de Cologne
R. TRILHE. (1036-1056), éditée par Martène, Veter. script. eccl.
2. ADELINE, cistercienne, abbesse de Tard. Elle ampl. coll., t. i, p. 357-359. V. Hampe, dans Neues
siégeait de 1210 à 1246. Son gouvernement fut marqué Arch. f. ri. d. G., t. XXII, p. 373, 379-380. Les œuvres
par un différend qu'elle eut avec Robert de Torote, d'Adelman se trouvent dans laP. L., t. CXLIII, col.1290-
évêque de Langres, au sujet de la juridiction sur l'ab- 1298.
baye de Poulangy. L'occasion du débat fut l'acte par
lequel, en'mars 1230, Élisabeth, abbesse de Poulangy, D.Ceillier,Hist. des aut. sacrés, 2e éd., t. XII, p.
- 254-258.
— Hist. litt. de la France, t. VII, p. 542-553. Saint-Genois,
se plaça ainsi que sa communauté, sous la sauvegarde
de l'évêque de Langres; elle mettait en même temps dans Biog. nat. de Belgique, t. I, p. 62-63. - A. Clerval,

--
les biens de l'abbaye sous la protection du comte de Les écoles de Chartres au moyen âge, p. 89-90. — Hauck,
Kirch. Gesch. Deutschlands, t. III, p. 954. U. Chevalier,
Champagne. Élisabeth agissait, semble-t-il, dans le Répert. bio-bibliogr., 2e éd., t. I, p. 45. Balau, Sources
but de se soustraire à la juridiction de l'abbaye de de l'hist. du pays de Liège, Bruxelles, 1903, p. 157-162.
Tard. Le différend fut terminé par une sentence arbi- U. BERLIÈRE.
trale prononcée par Guillaume de Bourmont, archi- 1. ADELME DE CHAMBON, prieur de Saint-
diacre de Bar, et Frédéric, chanoine de Langres et Benoît à Castres, évêque coadjuteur de Nîmes au
doyen de Beaune. Il fut décidé que la vie monastique, temps de Froterius, mort en 1004 ou 1009.
suivant les usages de Tard, serait perpétuellement ob- Gallia christiana, t. VI, col. 1118. — Devic et Vaissette,
servée à Poulangy; l'abbesse sera tenue d'aller tous les Histoire de Languedoc, 1875, t. v, p. 4.
ans au chapitre général de Tard, et d'accepter et faire P. FOURNIER.
observer en son abbaye les statuts qui y seront établis, 2. ADELME. Voir
; ADALHELME ou ALDHELM.
comme le font les autres abbesses soumises à l'abbaye
de Tard l'abbesse de Tard visitera Poulangy. Toute-

:
fois cela ne diminuera pas la juridiction de l'évêque de
Langres sur Poulangy il aura le droit de changer et de
modifier les statuts de l'abbesse de Tard; le monastère
de Poulangy venant à vaquer, les moniales demande-
ADÉLOPHAGES, de iôr,).wçqp-iyecv, « manger
sans être vu », secte dont les membres prétendaient
qu'un chrétien, pour prendre sa nourriture, doit se
cacher des autres hommes. Ils se figuraient imiter
ainsi la conduite des prophètes et s'appuyaient, pour
ront à l'évêque la permission de procéderà l'élection, légitimer leur théorie sur certains passages de l'Écri-
qui aura lieu en présence de l'abbesse de Tard, mais ture, spécialement sur III Rois, XIII, Y. Suivant l'au-
selon le droit canonique, et l'évêque aura le droit de teur du Prædestinatus, I, LXXI, P. L., t. LIII, col. 612,
confirmer ou d'infirmer l'élection (15 juin 1233). les adélophages professaientuniquement cette erreur,
Gallia christiana, 1876, t. IV, col. 603,849; Instrumenta,
col. 205.
- R. TRILHE.
de l'Église:
et c'est pour ce seul motif qu'ils se seraient séparés
Et hæc sola causa eos ab Ecclesia sepa-
rare dignoscitur. Mais, au témoignage de Philastre, De
hæres., LXXXVI, P. L., t. XII, col. 1198, ils regardaient Bibliothecahagiographica latina, 1898, n. 13,14,1308. —

:
aussi le Saint-Esprit comme une créature et rejetaient
sa divinité de Spiritu autem non recte accipiunt,
creatum credentes esse et factum sanctum Spiritum,
Dony, L'auteur unique des vies des saints Amat, Romaric,
Adelphe et Arnoul, Liège, 1888, dans les Dissertations acadé-
miques publiées par G. Kurth. Histoire littéraire de la
France; 1735, t. III, p. 609-610.—— Mabillon, Acta sancto-
non Deum. Saint Augustin, De hæres., LXXI, P. L., rum ordinis sancti Benedicti, sæc. II, 1669, p. 602. — Acta
t. XLIX, col. 44, rapporte le témoignage de Philastre. sanctorum, sept. t. 111, 1750, p. 809-815. — Vies des saints
V. ERMONI. de Franche-Comté; 1854, t. II, p. 398-404. — B. Krusch,
1. ADELPHE (Saint) est porté par les catalogues Monumenta Germaniæ historica, Scriptores rerum mero-
de l'Église de Metz comme le 10e évêque de cette ville. vingicarum, 1902, t. IV, p. 225-228. — Revue d'histoire
Nous ne savons rien de certain, ni sur les dates, ni sur ecclésiastique suisse, 1907,t. i, p. 23-30.
les événements de son épiscopat. Les Gesta episco- M. BESSON.
5. ADELPHE, abbé bénédictin d'un monastère
porum metensium, édités par Waitz, dans les Mon. inconnu, vers 1180, aurait composé des Sermones et
Germ. hist, Script., t. x, p. 536; Paul Diacre, Chronicum
episcoporum metensium (ibid., t. II, p. 262), et d'autres un Liber contra Saracenos.
après lui, placent son épiscopat au milieu du IIIe siècle; Trithème, Script. eccl., p. 383; Vir. ill. Bened., t.II, p. 161.
mais leur témoignage est ici bien douteux, attendu U. BERLIÈRE.
qu'il n'est rien moins que certain que le premier évêque ADELPHIDUS. Voir ADELPHIUS.
de Metz, saint Clément, ait été envoyé dans la Gaule
Belgique, dès le premier siècle de l'ère chrétienne. ADELPHIUS, évêque de Thasvalthe, en Afrique.
Une leçon inférieure porte ADELPHIDUSA THASVELTHE,
Ses reliques furent transférées de Metz à l'église
abbatiale de Neuvillers, en Alsace, entre 823 et 846, Mansi, Sacr. concil. nova et ampliss. collect., t.1, col. 981
saint Augustin écrit ADELPHIUS A THASBALTE, De
;
sous le règne de Louis le Débonnaire et sous l'épisco- baptismo contra donatistas, VI, 81, P. L., t. XLIII,
pat de Drogon. Elles y furent l'objet d'un culte em-
pressé. Le martyrologe romain fait mémoire de saint col. 222.Il assistait au concile tenu à Carthage, le
Adelphe, le 29 août. Un buste de ce saint qui faisait 1erseptembre 256, sous la présidence de saint Cyprien,
partie du trésor de l'église de Neuvillers, avant la et formula brièvement son opinion sur la question
Révolution, et dont il subsiste une gravure, a fourni en cause, celle du' baptême des hérétiques. Fàisant
à Mgr Barbier de Montault (Mémoires de la Soc. ar- allusion à la nullité du sacrement conféré par les non-
chéol. lorraine, 1885), un argument pour affirmer catholiques — c'était l'opinion générale des Africains
que les évêques de Metz portèrent le « surhuméral » — il déclara que l'accusation lancée contre l'Église, de
(ornementricheenforme de colletque certains évêques, rebaptiser les hérétiques convertis, était fausse de tout
ceux de Toul en particulier, mettaient sur leur cha-
suble aux messes pontificales); mais il est aujourd'hui
point et mensongère. «
pas les hérétiques, elle les baptise :
L'Église, dit-il, ne rebaptise
quando Ecclesia
»
prouvé (Eug. Martin, dans Bull. Soc. arch. lorr., nov.
1903) que ce buste reliquaire n'était qu'une réplique
et une adaptation d'un buste de saint Lambert,
coporum de hæreticis baptizandis, n. 35 Cypriani ;
hæreticos non rebaptizet, sed baptizet.Sententiæ epis-

Opera, édit. Hartel, p.449; P. L., t. III, col. 1104.


évêque de Liège. C'est le même, sans aucun doute, bien que son siège
Jacques Wimpheling, Vita sancti Adelphi, dans Acta ne soit pas désigné, qui avait déjà pris part, à l'au-
sanctorum, augusti t. VI, p. 504 (la partie biographiqueest tomne de 254, à un précédent concile, tenu également
qualifiée par l'éditeur d'apocryphaet fabulosa). — Meurisse, à Carthage, pour examiner l'affaire des deux évêques
Histoire des évêques de Metz, p. 38. — Histoire de Metz, libellatiques d'Espagne, Basilides et Martialis. Avec
par les bénédictins, t. i, p. 224. saint Cyprien et trente-cinqautres de ses collègues des
E. MARTIN. provinces africaines, il signa la lettre synodale adressée
2. ADELPHE, évêque d'Angers. Le catalogue pri- aux chrétientés espagnoles de Legio, d'Asturica et
mitif des évêques angevins (ixe siècle) et celui d'Archa- d'Emerita. Cypriani Epist., LXVII, édit. Hartel, p. 735;
nald (xe siècle) le mettent entre Eustochius qui assista P. L., t. III, col. 1057. Voir THASVALTHE.
au concile d'Orléans en 511 et saint Aubin déjà évêque Toulotte (Mgr), Géographie de l'Afrique chrétienne, Pro-
en 538. L'épiscopat d'Adelphe se place donc autour consulaire,1892, p. 361. — Aug. Audollent, Carthage ro-
de 520. maine, Paris, 1901, p. 492. — Monceaux, Histoire littéraire de
t.II, p. 353.
L. Duchesne, Fastes épiscopaux, 1900, rAfrique chrétienne, Paris, 1902, t. II, p.45, 47. — Dom
M. BESSON. Leclercq, L'Espagne chrétienne, Paris, 1906, p. 50-52.
Hefele, Histoire des conciles, traduction de dom Leclercq.
--
3. ADELPHE, évêque de Poitiers. On trouve ce Paris, 1907, t. i, p. 171-172.
personnage au Ier concile d'Orléans en 511, avec le nom Aug. AUDOLLENT.
d'évêque de Rézé, de Ratiate. C'est probablement le ADELREDUS. Voir AILRED.
même qui prit part au deuxième concile d'Orléans en
533. Il ne faut pas le confondre avec son homonyme et ADELTRUDE (Sainte) semble être la fille de saint
contemporain, Adelphe d'Angers. Les copistes ayant Bavon, Aggletrude (Vita Bavonis, 2, Mon.Germ. hist.,
confondu Ratsensis avec Rauraca ont fait, à tort, Script. rer. merov., t. IV, p. 535, 536), plutôt que
de cet Adelphe un évêque de Bâle. l'Adeltrude, dont l'auteur d'une Vita Bavonis, au
Duchesne, Fastes épiscopaux, 1900, t. II, p. 82, 353. — XIe siècle, a fait la mère de saint Bavon (Acta sanct.,
Monum. Germ. hist., Concilia ævi merov., t. I, p. 9. oct. t.1, p. 243), et que cette pieuse femme Adeltrude,
M. BESSON. qui, au VIle siècle, serait venue de Rome en Belgique
4. ADELPHE (Saint), abbé de Remiremont. Petit- avec saint Landoald (Monum. Germ. hist., Script., t. xv,
fils de saint Romaric et frère de sainte Gébétrude, il p. 602), et dont le corps fut retrouvé à Wintershoven
passa sa jeunesse sous la direction de saint Arnould, à la fin du Xe siècle (ibid., 604). Il peut se faire que
évêque de Metz, puis se rendit à Remiremont, y em- la fille de saint Bavon, après la mort de son père, se
brassa la vie monastique, et en devint abbé à la mort soit retirée dans cette localité, qui était peut-être un
de Romaric. Il fut en rapports avec l'abbaye de domaine appartenant à saint Bavon.
Luxeuil, où il avait peut-être vécu quelque temps
avant d'entrer à Remiremont, et où il mourut, sous le
-
Acta sanct. Belgii, t. III,p. 352-356. Actasanct., oct. t.1,
F.-X. de Ram, Biogr. nat. de Belgique, 1866,
p. 207-209. —
gouvernement de l'abbé Ingofroy, peu après 670. Il a t. I, col. 64. — L. Van der Essen, Étude crit. et litt. sur les
laissé le souvenir d'un religieux austère et zélé. Sa fête Vitæ des saints méroving. de l'anc. Belgique, Louvain,1907,
est célébrée le 11 septembre. p. 349,356, 361, 365. U. BERLIÈRE.
ADELVINE (Bienheureuse), mère de saint Poppon, sans consulter les chanoines qui résistèrent à ses pré-
vivait au xe siècle, à Deynze (Belgique). Restée veuve tentions et eurent gain de cause. Cela n'empêche point
après la mort de son mari Tizekin, elle fut entraînée l'évêque de prendre parti pour le chapitre dans l'af-
par son fils à la vie cénobitique, au grand désespoir de faire de la prévôté de Juillac-le-Coq, près de Segonzac.
ses autres enfants et de ses serviteurs. L'année et le Il s'agissait de le faire rentrer dans les possessions qu'il
jour de sa mort sont incertains, on les place vers tenait à cet endroit des seigneurs d'Angoulême et que
l'an 1000. les prévôts nommés par les chanoines pour les admi-
Mabillon, Acta sanctorum ordin. S. Benedicti, 1701, t. v, nistrer s'étaient habitués à regarder comme leurs biens
1re partie, p. 571; 2e édit., p. 501. — Pertz, Monumental
propres. Adémar résigna ses droits sur la prévôté en
Germanise historica, Scriptores, t. XI, p. 294. faveur du chapitre, lui fit obtenir la restitution de ce
- P. FOURNIER. qui lui avait été extorqué et obtint confirmation du
1. ADÉMAR ou AUTMAR, moine bénédictin de tout par le pape Urbain II (1095).
Lorsch qui aurait vécu au IXe siècle et auquel, sur Cesaint évêquemourutle31 août 1101, et fut enterré
l'autorité d'Aimoin de Fleury (Historia Francorum, dans la nef de la cathédrale, près du mur septentrional.
1. IV, ad fin.), on a attribué les Annales Carolini Son corps fut trouvé le 12 août 1864 etreplacé au même
d'Eginhardt et les Annales de Lorsch. lieu en 1867 par les soins de Mar Antoine-Charles Cous-
Vossius,De historicis latinis, 1627, p. 278.—Wattenbach.
seau, évêque d'Angoulême.
Deutschlands Geschichts-Quellen,1874,t.1, p. 158. — U. Che- Historia pontificum et comitum Engolismensium, éd.
valier, Répertoire bio-bibliog., 2e édit., t. I, col. 42. — -
Castaigne, Angoulême, 1853, p. 39. Gallia christ., Paris,
Cf. Pagi, ad ann. 826, n. 11 et 12, et Pertz, Monum.
German. histor., Scriptores, t. i, p. 124.
P. FOURNIER.
t.
1873, -
II, loc. cit. Tricoire, Engolismensesepiscopi de
La Charlonie, nouv. éd. avec des notes de Mesneau, An-
ADÉMAR, goulême, 1891, p. 44. — Mgr Cousseau, Discours pour le
2. fils de GeoffroyTaillefer, comte d'An- service funèbre des anciens évêques, Angoulême,1867.—Nan-
goulême (1032-1048), et de Pétronille de Bouteville, glard, Cartulaire de l'église d'Angoulême, Angoulême, 1899.
son épouse, était abbé de Lesterps près de Confolens, P. G. TRICOIRE.
lorsqu'il fut choisi en 1075 pour succéder à son frère 3. ADÉMAR, abbé du monastère de Saint-Benoît
aîné, Guillaume, sur le siège épiscopal d'Angoulême. Il
s'était fait connaître par sa piété et son zèle qui l'avait
de Castres (1230-1232). Régulièrement élu par ses
frères. il reçut la bénédictionabbatiale des mains de
poussé à suivre en Espagne le duc d'Aquitaine, Guil- son ordinaire, l'évêque d'Albi, Durant (1228-1254), à
laume VII, dans sa croisade contre les Sarrasins. Rome, dans la basilique de Saint-Nicolas-Hospitalier,
Devenu évêque, il pratiqua toutes les vertus et les près de la Porte de Latran. Une vingtaine d'ecclé-
austérités d'un moine et garda une souveraine estime siastiques français assistaient à cette cérémonie, dont
pour la vie religieuse et ceux qui la pratiquaient, au l'archevêque d'Arles et les évêques de Béziers et de
point d'avouer qu'il souhaiterait que toutes les églises Carcassonne qui rédigèrent à eux trois le procès-verbal
de son diocèse fussent des prieurés de moines. « Il vau- de l' « ordination », conservé aux Archives de l'évêché
drait bien mieux, dit le sacriste Hubert, plus séculier d'Albi. Bibliothèque nationale, fonds Doat, vol. 105,
que l'évêque, qu'elles fussent toutes des évêchés. » fol. 312. La pièce est datée du 12 mai 1230.
Fidèle à ses principes, Adémar favorisa les maisons Adémar n'est connu que par ses démêlés avec son
religieuses dans son diocèse, et même ailleurs quand il évêque. Le premier eut pour motif une question de
en trouvait l'occasion. A Saint-Maixent en Poitou, il propriété. Guillaume de Pierre, évêque d'Albi (1185-
donna les églises de Fleurignac et d'Yvrac (1088), et de 1227), avait donné à l'abbaye de Castres, comme à
Montembœuf? de Montcbo (1098); à l'abbaye de Bour- bien d'autres corporations ecclésiastiques, une « mul-
gueil, diocèse d'Angers, les églises de Grassac et de
N.-D. de Beaulieu d'Angoulême.
»
titude effrénée d'églises rurales avec leurs menses,
dîmes, offrandes et autres droits. Durant, son succes-
A Saint-Cybard, il fit revivre la ferveur primitive seur, n'eut pas de plus grand souci que d'amener les
attiédie avec le temps. Avec l'approbation du pape, il donataires à faire l'abandon de largesses aussi in-
en confia la réforme et le gouvernement à Odon, abbé justifiées. Adémar se prêta à une composition à
de Saint-Jean-d'Angély. Gall. christ., Paris, 1873, t.II, l'amiable; il accepta l'arbitrage de l'archevêque de
col.994. Bourges, Simon, dont Durant, son suffragant actuel,
Adémar exerça une certaine influence sur les affaires avait été l'archidiacre, avant qu'il l'eût imposé aux
de son temps. Nous le voyons aux conciles de Saintes suffrages des électeurs d'Albi, à la dernière vacance
en 1080, en 1083, où Ramnulfe Foucaud fut nommé à du siège. L'abbaye dut renoncer à presque toutes ses
ce siège à la place de Boson, déposé l'année précédente plus récentes acquisitions, une quarantaine d'églises
au concile de Charroux (Gall. chr., t.II, col. 1064), en environ. Il lui en resta vingt-deux, parmi lesquelles
1088, celui dans' lequel Amat d'Oloron, légat du Saint- figurent treize bénéfices dont une bulle de Calixte II
Siège, fut élu métropolitain de Bordeaux (ibid., t.
col. 806, 994), et, en 1093, où fut tranché un différend
n, en 1122 lui avait confirmé la possession. La sentence
arbitrale de l'archevêque est datée de 1231. Fonds
entre Ogier de Landeron, prieur de La Réole, et Ber- Doat, vol. 105, fol. 324.
nard, évêque de Dax (ibid., t.II, col. 887, 994). Il avait Ces deux pièces sont les seules où Adémar soit
également souscrit autrefois (6 octobre 1080) à la nommé. Mais il n'est pas douteux qu'il ait été acteur
charte de confirmation donnée par Goscelin, arche- dans un conflit qui eut Castres pour théâtre et où
vêque de Bordeaux, en faveur de l'abbaye de La Sau- l'évêque d'Albi eut à intervenir. L'abbaye avait
ve-Majeure, fondée l'année précédente par le bien-' antérieurement concédé, de gré ou de force, aux cha-
heureux Gérauld de Corbie. Ibid., t. II, Instrumenta, noines réguliers de Saint-Augustin, récemment ins-
col. 316.| tallés à Castres, toutes les églises qu'elle possédait
Adémar eut un grave différend avec ses chanoines dans l'enceinte de la ville, entre autres l'église Saint-
au sujet de la nomination du sacriste ou gardien des Vincent où l'on vénérait le corps du saint martyr,
objets destinés au culte divin. L'évêque Grimoard de rapporté d'Espagne au IXe siècle. D'où le nom de
Mussidan (t 1018), qui avait institué cette charge, chanoines de Saint-Vincent que portaient les reli-
avait laissé au chapitre le droit d'en choisir le titulaire. gieux. A ces donations dans l'intérieur de la cité,
Ses trois successeurs laissèrent les choses en l'état; s'ajoutaient une demi-douzaine de bénéfices dans la
mais le sacriste Hubert étant mort la treizième année banlieue. Leurs noms se retrouvent dans la sentence
de l'épiscopat d'Adémar, celui-ci voulut le remplacer arbitrale de Simon. Les concessions étaient-elles tem-
poraires ou à perpétuité? On ne saurait le dire. Tou- Aussi Adémar travailla autant et plus, peut-être, pour
jours est-il que les chanoines ayant été brusquement la gloire de Saint-Martial que pour celle de Saint-Cy-
évincés par l'abbé de toutes leurs églises et même de bard. Toutefois il appartenait à Saint-Cybard, et,
leurs cellules, se tournèrent vers le légat pontifical c'est là que s'écoula sa vie presque tout entière, jus-
dans la « Province », Gautier de Marnis, évêque de qu'au moment où le désir de prier sur le tombeau du
Tournay, pour obtenir leur réintégration. Le légat Christ l'attira en Palestine. Il y mourut, à peine âgé
commissionna pour cette affaire l'évêque diocésain de 46 ans.
Durant par une lettre datée de Carcassonne, le 20 mai Adémar reçut une instruction soignée. Aimant le
1232. Six jours après, le prélat était sur les lieux, travail, il acquit les principales connaissances qui
rétablissait les chanoines dans tous leurs droits et distinguaient les savants de son temps. Il fit plus et
faisait rédiger un procès-verbal de ces événements que conçut l'ambition d'écrire l'histoire de l'Aquitaine
l'on peut lire dans dom Martène, Thesaurus novus et des Francs alors que personne ne s'intéressait aux
anecdolorum, t. i, col. 970. œuvres de cette sorte. On ne peut dire s'il posséda
C'est probablement à la suite de cet échec qu'Adé- des qualités oratoires, mais il parla, semble-t-il, fré-
mar remit sa démission non entre les mains de son quemment en public, et parfois dans des circonstances
évêque, mais en celles du légat. Elle fut acceptée et solennelles. Sa foi était profonde, sa piété sincère, et
Gautier confirma l'élection de son successeur. La pièce pour saint Cybard et saint Martial il avait une véné-
qui nous révèle ce changement de gouvernement ne ration passionnée.
porte pas les noms des prélats qui se succèdent. C'est Tout cela nous le savons, moins par les dires des
une lettre de non-préjudice, adressée par le légat à contemporains que par l'œuvre même du moine
l'évêque d'Albi, déclarant que par ces actes d'inter-
vention dans le gouvernement de son diocèse, il n'a
d'Angoulême ou, du moins, par ce qui en reste
manuscrits qu'il a utilisés, copiés de sa main, ou fait
:
entendu porter préjudice à aucun de ses droits ni rien transcrire sous sa direction; sermons, pièces litté-
ajouter à ceux de l'abbaye. L'acte est rédigé à raires et morceaux liturgiques de sa composition;
Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne) et daté de 1232. histoire des Francs; notes historiques sur les abbés de
Fonds Doat, vol. 105, fol. 345. Étant donnée la date, Saint-Martial; lettre sur l'apostolat de saint Martial,
on ne peut guère douter qu'il s'agisse d'Adémar. etc.
Les trois pièces du fonds Doat mentionnées ci-dessus Aussi, pour apprendre à connaître Adémar, doit-on
ont été publiées par M. Cabié dans la revue Albia christiana, d'abord lire la notice de M; Léopold Delisle sur ses
Albi, années 1894, p. 65; 1898, p. 291; 1899, p. 67. manuscrits originaux. Actuellement conservés à Ber-
L. DE LACGER. lin, à Leide, à la Bibliothèque nationale, tous ceux
4. ADÉMAR, ou Aimar Roberti ou Robert, était de trouvés jusqu'à ce jour, sauf un seul, faisaient an-
la très noble famille du seigneur de Saint-Jal, en Li- ciennement partie de la librairie de Saint-Martial.
mousin, et le neveu du cardinal Aimar Roberti, avec Et de fait, avant de partir pour Jérusalem, Adémar
qui on l'a souvent confondu. Il fut fait évêque de
Lisieux, le 12 juillet 1359. Il quitta ce siège pour celui
d'Arras le 11 octobre 1368, d'où il fut transféré, le
in quibus sudaverat. Certainement il
avait donné à l'abbaye de Limoges beaucoup de livres
en laissait d'autres
h Saint-Cybard. Mais, de ceux-ci, on connaît seule-
13 juin 1371, au siège de Thérouanne; enfin il fut ment les précieux feuillets de la première rédaction
nommé archevêque de Sens le 16 juin 1375 et mourut de l' « Histoire des Francs ». Ils ont été sauvés par
en 1384. Il fut, dit le P. Denifle, Chartul. univ. paris., Élie Vinet, le célèbre principal du collège de Guyenne
t. III, p. 181, prévôt de l'église de Furnes, docteur « de l'eau et de la poudre », épave presque
unique des
ès lois, conseiller au parlement,maître des requêtes de désastres causés par les guerres anglaises et les pillages
l'hôpital du roi (l'Hôtel-Dieu). Sur les différents sièges protestants.
qu'il occupa, il se montra intrépide défenseur des droits Les manuscrits de l'ancienne librairie de Saint-
de l'Église, et, particulièrement sur celui de Thé- Martial suffisent pour attester les connaissanceséten-
rouanne, ferme revendicateur des privilèges dela juri- dues d'Adémar. On l'y voit poursuivre à la fois des
diction ecclésiastique contre les empiètements de la études de théologie,de droit canon, d'Écriture sainte,
juridiction laïque. d'histoire de l'Église; composerdes œuvres liturgiques,
Gallia christ., t. x(1751), col. 1562.—Haigneré,Chartes de s'intéresser au cérémonial et à la discipline ecclésias-
p.
Saint-Bertin, -
XLII. Archives municipales de Saint-Omer,
n. 278. — Duchet et Giry, Cartulaires de l'Église de Té-
tique, constituer un « précieux recueil de matériaux.
pour l'enseignement des lettres et des sciences, » culti-
rouane,Saint-Omer, 1881, p. 246-249, 251-255, 310. ver la poésie et pratiquer l'art du dessin.
O. BLED. Mais cet érudit, ce lettré, ne se renferma pas dans
5. ADÉMAR DE CHABANNES. Adémar naquit sa tour d'ivoire. Un jour vint où il consacra toute sa
vers 988. Lui-même nous a renseignés sur sa famille. science, tout son talent d'écrivain, toute son habileté
Son aïeul paternel, Foucher, possédait en Limousin,
« par droit héréditaire, » le domaine de Chabannes,
près de Château-Ponsac; il avait épousé Officia, petite-
à promouvoir une grande œuvre
officielle de l'apostolat de saint
:Martial.
de polémiste,à plaider une cause violemmentdiscutée,
la reconnaissance
nièce de Tutpin d'Aubusson, évêque de Limoges, et Les moines de Saint-Martial y croyaient, peut-être,
d'Aymon, abbé de Saint-Martial. Foucher et Officia depuis déjà quelque temps, quand, vers 1023, ils ré-
eurent trois fils : Adalbert, doyen et prévôt de Saint- solurent de placer leur saint patron au rang des
Martial, Roger, chantre du même monastère, et Ray- apôtres dans leurs livres liturgiques. L'évêque et les
mond de Chabannes. Celui-ci prit comme épouse chanoines de Limoges protestèrent avec indignation.
Aldeardis, sœur d'Aynard, prévôt de Saint-Pierre du Successivement les conciles ou synodes de Poitiers,
Dorat. De cette union naquit Adémar. de Paris (1024), de. Limoges (1028), de Rome, de
-de On »
le remit, « dès son plus jeune âge, au monastère Bourges et de Limoges (1031), devant qui l'affaire
Saint-Cybard sous les murs d'Angoulême. Mais les fut portée, après de longs débats, se prononcèrent en
souvènirs laissés par Turpin et Aymon l'attachaient faveur de l'apostolat.
à Saint-Martial; ses oncles, le doyen Adalbert, et sur- Cette proclamation officielle de l'apostolat, Adémar
tout le chantre Roger, homme « d'une sainteté admi- avait grandement contribué à l'obtenir. Son action
rable, d'une science brillante, » l'y attiraient sans se manifeste en particulier dans la célèbre Lettre sur
doute fréquemment; de plus, des liens étroits unis- l'apostolat de saint Martial. Elle fut écrite pour répon-
saient les deux abbayes d'Angoulême et de Limoges. dre à Benoît, prieur de Saint-Michel de Cluse, en Pié-
mont. Benoît assistait au concile de Limoges et sou- temps, de sa tendre vénération pour lui. Dans ce but
tint avec Adémar, l'après-midi du 3 août 1028, une il dessina, en tête du chapitre de Grégoire de Tours
vive discussion bientôt interrompue par les cérémonies sur le reclus qu'il s'apprêtait à transcrire, un buste
du concile et reprise avant le repas du soir. Le lende- d'abbé tenant la crosse et le livre, avec, à droite,
main Adémar se voyait contraint de retourner à son
monastère d'Angoulême. Un mois plus tard Benoît
disait qu'Adémar, doué sans doute de quelque savoir,
::
une toute petite tête. Autour de la tête de l'abbé se
lisent ces mots Eparchius pater, près de la petite tête,
en caractères ténus Ademarus.
avait le premier essayé de donner des fondements à Mais, alors qué Cybard était le patron de la « petite
l'hérésie pour plaire à l'abbé et aux moines de Saint- ville » d'Angoulême, où demeurait Adémar, Martial
Martial, et payé par eux, mais que son système ne était le patron de toute l'Aquitaine, pour lequel il
s'appuyait sur aucune autorité ancienne, et était bon, avait souffert et lutté. Aussi, quelle n'est pas sa con-
tout au plus, à convaincre les brutes et les sots. Benoît fiance en lui. C'est Martial qui a préservé l'Aquitaine
racontait enfin que le moine de Saint-Cybard s'était de l'arianisme, et si l'Aquitaine endure toutes sortes
montré incapable de répondre au premier argument de maux, c'est que Martial lui a retiré momentané-
qu'il lui avait opposé, et avait fui de Limoges pour ment sa protection. C'est avec des termes pleins de
éviter la controverse. fierté et de tendresse filiale qu'il s'excuse de parler si
Adémar adresse sa lettre à plusieurs personnages souvent de l'apôtre Martial.
qu'il connaît et, en outre, à l'empereur, au duc d'Aqui- Adémar aima sa patrie d'origine, le Limousin, sa
taine, au pape. Il rétablit tout d'abord la réalité des patrie d'adoption,l'Angoumois, sa plus grande patrie,
faits en ce qui concerne ses rapports avec Benoît de l'Aquitaine, et c'est, sans doute, ce qui l'a déterminé
Cluse, non sans user à son tour, vis-à-vis de sonadver- à rechercher les événements qui s'y étaient déroulés
saire, d'un grand luxe d'épithètes; il prétend ensuite jadis, à noter ceux dont il était le témoin et consti-
justifier les décisions des conciles, puisque Benoît tuer ainsi le fond principal de sa chronique. Son der-
l'accuse d'être l'« inventeur» de l'apostolat. M.l'abbé nier éditeur lui a donné le titre d'Historia que nous lui
Arbellot a dit de la Lettre sur l'apostolat cc sans trop maintiendrons pour plus de clarté.
d'exagération, » au témoignage de M. Léopold Delisle, Dans sa rédaction la plus étendue l'Historia com-
qu' « elle peint au vif le caractère ardent et fougueux, prend trois parties ou livres. Seule la dernière partie
la trempe d'esprit énergique, l'enthousiasmepassionné, du troisième livre, depuis le chapitre XVI, est originale
le style éloquent, le talent distingué d'Adémar. » Les livres 1 et II et les quinze premiers chapitres du
Il subsiste, en dehors de sa Lettre, de multiples té- livre III relatent l'histoire des Francs depuis leurs ori-
moignages du rôle particulièrement important joué gines jusqu'au milieu du règne de Louis le Pieux. Ils
parAdémar dans l'affaire del'apostolatdesaintMartial. sont la transcription parfois textuelle, parfois légè-
Croyait-il à cet apostolat? Il n'est évidemment plus rement modifiée dans la forme, de chroniques plus an-
permis d'attribuer une autorité quelconque à la lé- ciennes : les Gesta regum Francorum, les continuateurs
gende aurélienne. Mais elle pourrait bien remonter de Frédégaire, les Annales Laurissenses. Quelques rares ,
jusqu'au milieu du xe siècle et nous serions portés à passages, toutefois, sont indépendants de ces sour-
croire qu'Adémar jugeait fondés ses principaux dires. ces, ont été ajoutés à leur texte primitif, constituent
Les arguments qu'il emploie pour la défendre nous pa- par rapport à elles des interpolations. A partir du
raissent sans valeur; oserait-on affirmer qu'ils n'en chapitre xvi du livre III, et de l'an 830, l'Historia de-
:
avaient pas pour lui? Nous dirons tout à l'heure quels
furent ses sentiments de foi, sa piété on doit y avoir
égard pour juger de sa conviction quand il demande
vient originale. Les renseignementsqu'elle fournit ont
trait aussi bien à l'Empire et à Constantinople qu'à
Rome, à la Terre Sainte, aux Normands; ils sont parti-
à Dieu de lui interdire l'entrée du ciel s'il n'est pas culièrementimportants pour l'histoire de l'Aquitaine,
sincère. de l'Angoumois, du Limousin et du Périgord.
Il sera plus difficile encore de douter de cette con-
viction quand on lit le récit de l'apparition qu'il eut
l'an 1010. Se trouvant alors avec son oncle Roger à
:
Trois manuscrits de l'Historia, surtout, sont pré-
cieux tous trois se trouvent à la Bibliothèque natio-
nale. Le latin 6190 contient cinq feuillets en partie
Limoges, au monastère de Saint-Martial, il s'était autographes (manuscrit H), d'une des premières rédac-
levé pendant la nuit et examinait les astres quand, tions sinon de la première rédaction de l'Historia ;
:
tout à coup, il vit du côté de l'Orient, au sommet de la
voûte céleste, un grand crucifix le Christ, attaché
à la croix, versait un flot de larmes. Éperdu, Adémar
Pierre Pithou avait connu et copié, au XVIe siècle, un
sixième feuillet du même manuscrit aujourd'hui
perdu. Le latin 5927 (manuscrit A) date, semble-t-il
ne sut rien faire que de pleurer.La vision de la croix des premières années du XIIC siècle; le latin 5926 (ma-
et du crucifix, couleur de feu et de sang, se prolongea nuscrit C) est du XIIe siècle.
pendant une demi-heure, jusqu'à ce que le ciel se cou- Entre les trois rédactions H, A et C il y a des diffé-
:
vrît. Après avoir fait lui-même le récit de sa vision
Adémar ajoute Et quod vidit semper in corde celavit,
quousque hic scripsit, testisque est Dominus quod hsec
rences profondes. Le caractère de la rédaction H ne
peut faire de doute après la démonstration si lumi-
neuse de M. Léopold Delisle. C'est une des rédactions.
vidit. Nous croirions volontiersqu'un tel événementeut
une portée considérable sur la vie d'Adémar.
Sa dévotion pour le patron de son abbaye fut toute
:
initiales sinon la rédaction initiale de l'Historia écrite
en 1028 ou peu après « le commencementne s'éloigne
pas beaucoup de la rédaction définitive, mais ce qui
particulière. Il copia les passages où Grégoire de Tours suit n'est guère qu'une sorte de canevas, ou un recueil
parle du reclus Eparchius, et composa en son hon- de notes dont l'auteur s'est servi quand il a mis la der-
neur des hymnes et des pièces de vers. Ces morceaux nière main à sa chronique. » La rédaction A comprend
liturgiques et littéraires célèbrent les vertus de Cybard trois livres; la rédaction C comprend, elle aussi, ces.
et les miracles dus à son intercession, d'après la vie du trois livres, mais ne donne pas les quinzepremierscha-
saint, écrite dans la première moitié du IXe siècle, pitres du troisième livre. C varie de forme avec A dans
et le recueil de ses miracles plus récent d'environ un la partie non originale et développe généralement le
siècle, sans rien ajouter à ces sources; ils proclament récit de A dans la partie originale. En outre M. Louis
aussi la puissance du saint patron d'Angoulême qui Halphen a établi, semble-t-il, l'existence d'une nou-
protège sa cité mieux que ne saurait le faire la cein- velle rédaction (rédaction V), moins importante que
ture de ses murailles. Adémar voulut même représen- A et C; H et V« présentent à la fois un fond commun
ter Cybard tel qu'il se le figurait et témoigner, en même et des passages propres à chacune d'elles. »
Un des premiers buts que poursuivit Adémar fut
l'établissement d'un synchronisme chronologique qui - - -
et historique de la Charente, 1852 et à part. Chavanon, loc.
cit. Delisle(Léopold),loc.cit. Liber,pontificalis, édit.
Du-
lui permît de situer les personnages et les faits. Avec chesne, t. I, p. CLXXXI. — Halphen (Louis), Remarques sur
quelle méthode il poursuivit ce travail, nous le décou- la chronique d'Adémar deChabannes,dans la Revue historique.
vrons, entre autres, dans le dépouillement qu'il a fait -
1908, t. XCVIII, et à part. Histoire littéraire de la France,
t. VII, p. 300. — Lair (J.), loc. cit. — La Martinière (J. de),
à ce point de vue des chartes de l'abbaye de Saint- Saint Cybard; étude critique d'hagiographie, dans Bulletin
Cybard, dépouillement dont nous trouvons le résultat
partiel dans un de ses manuscrits, sous forme de
notes très brèves. Il faut d'ailleurs reconnaître que
:
de la Société archéologique et historique de la Charente, 1906-
1907, et à part; le chapitre intitulé Les interpolations
angoumoisines de l'Histoire d'Adémar de Chabannes,
sa chronologie demeure, la plupart du temps, de nulle livres I-II. — Lasteyrie (Charles de), L'abbaye de Saint-
valeur, faute de critique. Martial de Limoges, Paris, 1901. On trouvera en tête de
En outre des chartes, Adémar utilisa les chroniques cet ouvrage la bibliographie relative à l'apostolat de
locales, les traditions des Églises, les récits des évêques saint Martial. — Lot (Ferdinand), Éludes sur le règne de
Hugues Capet. Appendice VIII, Paris, 1903. — Mémoires
qu'il voyait aux conciles et aux synodes, ceux des de Trévoux, 1760, p. 376. — A. Molinier, Les sources de
voyageurs et en particulier des pèlerins de Jérusa- l'histoire de France, t. II, p. 3-6, 109. Monod (G.),
lem et de Saint-Jacques de Compostelle. Il composa Études sur l'histoire de Hugues Capet, dans—la Revue histo-
même une relation particulière, aujourd'hui perdue, -
rique, t. XXVIII, p. 261. Plugk-Hartung, Untersuchungen
de la délivrance miraculeuse d'un certain « prince
ecclésiastique » de Vabres arrêté avec ses compa-
t.II,-
zur Geschichte Kaisers Konrad, 1890, t. i, p. 7.
hr. cit., - Waitz,
Wattenbach, Deutschlands Geschichtsquellen,
gnons à Beyrouth, au cours d'un pèlerinage à Jéru- 1836, p. 187.
salem. J.
DE LA MARTINIÈRE.
En raison de son manque de critique on doit n'ac- 6. ADÉMAR. Voir ADHÉMAR ou AIMAR.
corder une pleine confiance au témoignage d'Adémar
dans la partie originale de son Historia que si on
1.ADÉNULPHE, archevêquede Capoue, 1008-1038.
Son nom est d'abord mentionné par Léon d'Ostie dans
peut en déterminer la source, le contrôler, ou s'il a la Chronique du Mont-Cassin. Le chroniqueur raconte
trait à des événements contemporains du chroni- qu'il fut chassé de son siège et jeté en prison par Pan-
queur. dulphe II, prince de Capoue. L'empereur Conrad II
L'Historia ne fut pas la seule œuvre historique le Salique lui donna la liberté et le rendit à son trou-
d'Adémar. Nous avons aussi de lui une Commemoratio
abbalum Lemovicensium basilicæ Sancti Martialis peau, Chronica sacri monasterii cassinensis, dans Mura-
écrite postérieurement à 1025. Elle donne une biogra-
tori, Rerum italicarum scriptores, Milan, 1723, t. IV,
col. 385. L'an 1032, il consacra évêque de Sessa,
phie sommaire de chacun des abbés de Limoges depuis
848 et des renseignements divers sur le Limousin.
:
Benoît Ier ce diocèse était alors soumis à la métropole
de Capoue. La bulle de consécration a été publiée
Rédigée à l'aide du chartrier de l'abbaye, elle présente
une très grande valeur. par Ughelli, Italia sacra, 2e éd., t. VI, col. 535-537,
et par Michel le Moine, Sanctuarium capuanum,
Il y avait, sans doute, du temps d'Adémar, bien des
moines pieux, lettrés, érudits. On peut se demander p. 581-584. Cf. Diamare, Memorie storico-cristiche della
Chiesa di Sessa Aurunca, Naples, 1906, t. I, p. 173-
si le moine de Saint-Cybard ne se distingua pas, entre 174. L'an 1044, il consacra Léon, évêque d'Atino.
tous, par la vivacité de sa foi, par l'ardeur de sa véné- Ughelli, op. cit., t. VI, col. 426. On ignore la date de
ration pour ses saints patrons et de son affection pour
sa mort. D'après Ughelli, cette date est antérieure à
sa patrie aquitanique,par l'extrême curiosité de son l'an 1059.
esprit. Adénulphe est connu dans l'histoire de la littéra-
I. ÉDITIONS. — Commemoratio abbatum lemovicensium, ture chrétienne comme hagiographe. On lui doit: 1.
dans Labbe, Novæ bibliothecæ manuscriptorum librorum, Epistola in passionem beatissimi Marci Atinæ civi-
t. II, p. 271; P.L., t. cxu, col. 79; Duplès-Agier, Chro- tatis episcopi ab Adenulpho Capuanæ sedis archiepi-
niques de Saint-Martialde Limoges, publiées par la Société
de l'histoire de France, 1894, p. 1. — Epislola de apo- scopo scripta, Ughelli, op. cit., t. VI, col. 408-418; Acta
stolatu sancti Martialis, dans Mabillon, Annales ordinis sanctorum, april. t. III, p. 551-560. Adénulphe composa
sancti Benedicti, t. IV, p. 719; P.L., loc. cit., col. 89; frag- aussi en vers léonins l'office de ce saint évêque, mar-
ments dans cardinal Bourret, Documents sur les origines tyrisé l'an 82 de l'ère chrétienne, et raconta en disti-
chrétiennes du Rouergue. Saint Martial, Rodez 1887-1902, ques l'invention de son corps. 2. Passio sanctorum Ni-
p. 56. — Historia, en tout ou en partie. Pithou, Annalium candri et Marciani,Ughelli, op. cit., t. VI, col. 419-
et historiœ Francorum scriptores coætanei, Paris, t.II, p. 6, 422; Acta sanctorum, junii t. III, p. 274-278. Ughelli,
p.
416; Francfort,' 130,
corumscriptores coætanei, t .
517; Duchesne, Hisloriœ Fran-
p. 68,416; Besly, Histoire
II,
en parlant de cet évêque, l'appelle vir sane doctus, et
eloquens, sive soluta oratione, sive luderet carmine.
des comtes de Poitou, Paris, 1647; Labbe,
Bouquet, Recueil des historiens de France,
loc. cit., p.
151;
t. II, V, VI, VII,
VIII, x;Waitz, Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, -
Michel le Moine, op. cit., p. 232-235. - Ughelli, Italia
sacra, t. VI, col. 322-324. Mazzuchelli, Gli scrittori d'Ita-
t. IV; P. L., loc. cit., col. 19; Chavanon, dans la Collection de lia, t. I,1re partie, p. 138.
textes pour servir à l'enseignementde l'histoire, Paris, 1897; A. PALMIERI.
J. Lair, dans Études critiques sur divers textes des ï" et 2. ADÉNULPHE, abbé de Saint-Paul de Rome.
A/E siècles, Paris, 1899, t. N; Résumé publié par Pierre de
Saint-Romuald, en 1652, sous le titre de Historiæ Fran-
D'abord abbé deSant'AngeloauVolturne, au diocèse
de Rapolla, Adénulphe fut nommé abbé de Saint-Paul
corum seu Chronici Ademari Engolismensis, monachi
S. Martiaîis Lemovicensis, epitome. — Sermons et divers
Baluze, Historiæ Tutelensis libri tres, col. 385; Mabillon,
: de Rome le 10 mai 1317 et fut remplacé, après décès,
par Grégoire, le 22 novembre 1322. Mollat, Lettres
Acta sanctorum ordinis sancti Benedicti, sæc. VI, pars I, communes de Jean XXII, n. 3730, 16615. Il mourut
p. 31; P. L., loc. cit., col. 111 sq.; Léopold Delisle, Notice sur le 8 septembre 1322. Nicolai, Basilica di S. Paolo,
les manuscrits originaux d'Adémar de Chabannes. Tiré des p. 50. D'un recueil de lettres publiées par G. J.
Notices et extraits des manuscrits, Paris, 1896; cardinal Gamurrini, il résulte que cet abbé était conseiller du
Bourret, loc. cit.
rairesurAdémar de -
II. BIBLIOGRAPHIE. Arbellot, Étude historique et litté-
Chabannes, dans BulletindelaSociété
archéologique et historique du Limousin, 1879, t. XXII, et à
roi Robert de Naples et qu'il jouissait d'un grand
crédit à Rome. Il eut à lutter contre les Colonna, qui
s'emparèrent du château de Riano, propriété du
part. — Bourret (cardinal), loc. cit. Castaigne (Eusèbe), monastère. Il était visiteur des monastères des béné-
Dissertation sur le lieu de naissance et—sur la famille du chro- dictines de la Toscane. A deux reprises il intervint
niqueurAdémar., dans leBulletin de la Société archéologique auprès de Jean XXII pour que ce pape fît procède
à la restauration de la basilique de Saint-Paul, en même
temps que de celle de Saint-Pierre.
:
rien sur sa vie on ignore même l'époque où il vécut.
Ses reliquesse trouvaient avant leXIesiècle, dans l'église
G. J. Gamurrini, Documenti dal Cod. dell' Angelica,
de Saint-Vincent à Galliano. D'après l'inscription
D. 8. 17 (Archivio della R. Società romana di Storia pa- gravée sur son tombeau, il serait mort à l'âge de 85 ans,
iria, 1887, t. x, p. 173-202). — B. Trifone, Serie dei pre- sous le consulat de Probus junior. L'inscription date-
positi, retiori ed, abbati di San Paolo di Roma, dans Ri- rait du VIe siècle. Ses reliques furent retrouvées l'an
vista stor. benedeitina, t. IV (1909), p. 257-258. 1007, lorsque Aribert ou Héribert d'Antimiano était
U. BERLIÈRE. prévôt de l'église de Galliano. Le 2 juillet rappelle la
3. ADÉNULPHE D'ANAGNI. Neveu de Gré- date de cet événement. En 1631, à la suite de la ruine
goire IX par sa mère, Adénulphe fut maître en théologie de l'église de Saint-Vincent, elles furent transférées à
et professa dans le cloître Notre-Dame, à Paris, où, l'église de Saint-Paul, à Cantu ou Canturio, bourg de
croit-on, il avait fait auparavant ses études. Il est la province de Milan, près de Côme. Voir dans les bol-
mentionné avec le titre de prévôt de Saint-Omer en landistes les diverses opinions des érudits sur l'épi-
1264 (Gallia christiana, t. III, col. 473), en 1270, 1271 taphe très obscure d'Adéodat.
et 1273, avec celui de chapelain pontifical le 15 dé-
cembre 1274. Il était certainement chanoine de Notre-
Dame de Paris en 1255. En 1282, il prend part à une
controversesur la forme de la confession. Gallia chri-
- Acta sanctorum, julii t. II, p. 308-309. -
Ferrari, Catalogus sanctorum Italiæ, Milan, 1613, p. 402.
Stadler, Voll-
ständiges Heiligen-Lexikon, Augsbourg, 1857, t. I, p. 40.
— Giulini, Memorie speltanti alla storia, al governo, ed alla
stiana, t. VI, col. 82-83. En 1286, il refuse l'archevêché descrizione della città e della campagna di Milano nei secoli
de Narbonne et, en 1288, le siège de Paris, malgré que bassi, t. III, p. 55-57. —Bombognini, Antiquario della dio-
son élection eût été confirmée par Nicolas IV. Gallia cesi di Milano,3e édit., Milan, 1856, p. 132.
christiana, t. VII, col. 119. Toutefois, la cour romaine lA. PALMIERI.
semble ne pas avoir admis son refus, car son titre 2. ADÉODAT, pape de 672 à 676. Adéoda!, fils de
d'élu de Paris lui est conservé dans une bulle qui or- Jovinien, était Romain. Moine au monastère ('e Saint-
donne à ses exécuteurs testamentaires d'exiger la re- Érasme au mont Celius, il succéda le 11 avril 672 au
mise des anneaux d'or, des pierres précieuses et autres pape Vitalien décédé au mois de janvier de la même
joyaux qu'il avait légués au Saint-Siège. E. Langlois, année. Son règne présente peu d'importance. Notons
Les registres de Nicolas IV, Paris, 1888, n. 4282. seulement l'arrivée à Rome de celui qui devait être le
S'étant retiré à l'abbaye de Saint-Victor, il y mourut pape Sergius. Adéodat restaura la basilique de Saint-
en 1289 (v. st.) le 26 mars d'après l'obituaire de Notre- Pierre sur la voie de Porto; il enrichit son monastère
Dame (A. Molinier, Les obituaires de la province de de Saint-Érasme. Sous son pontificat semblent encore
Sens, Paris, 1902, t. I, p. 114), le 2 avril d'après le né- se placer une incursion des Sarrasins en Sicile, le
crologe de Saint-Victor. A. Molinier, op. cit., t. i,
p. 550. Suivant le chroniqueur Jean de Saint-Victor,
il aurait pris le costume de chanoine de Saint-Victor.
:
pillage et les massacres de Syracuse. On cite de lui
deux lettres l'une à Adrien, abbé de Saint-Pierre de
Canterbury confirmant l'exemption du monastère
Cf. Recueil des historiens des Gaules et de la France, (Jaffé,Regesta, 2e édit., n. 2104); —l'autre adressée
t. XXI (1855), p. 633. Il légua à la Sorbonne et à Saint- aux évêques des Gaules leur fait part de tous les privi-
Victor sa riche bibliothèque dont actuellement les li- lèges, attribués à l'abbaye de Saint-Martin de Tours,
vres existent à la Bibliothèquenationale et à la biblio- où l'évêque Chrodebert et ses successeurs n'auront
thèque Mazarine. L. Delisle, Le cabinet des manuscrits plus d'autre droit que de conférer les saints ordres et

210.
de la Bibliothèque nationale, Paris, 1874, t. II, p. 143,

ŒUVRES. — 1° Dix-huit Quodlibetci, qui dénotent


de fournir le saint chrême.
L'authenticité de cette exemption a donné lieu à de
vives polémiques. Jaffé, Regesta, n. 2103. Voir aussi
un théologien subtil, sévère, versé dans la casuistique P. L., t. LXXXVII, col. 1142, 1143. Adéodat mourut le
(Bibliothèque nationale, mss. latin 14899, fol. 142 r°). 16 juin 676. L'auteur de sa notice dans le Liber ponti-
— 2° Un sermon pour le second dimanche de l'Avent ficalis loue sa douceur, sa grandeur d'âme, son hospi-
(Bibliothèque nationale, mss. latins 15005, fol. 148, et talité; il remarque aussi que la mort du pape fut sui-
14947, fol. 25); un autre pour la fête de la Purification vie de grands fléaux, fléaux qu'éloignèrent enfin des
(mss. latins 15005, fol. 177 et 14947, fol. 70); cf. B. processions quotidiennes.
Hauréau, Notices et Extraits de quelques manuscrits
latins de la Bibliothèque nationale, Paris, 1893, t. III, Realencyklopadie f. prot. Theol. u. Kirche, t. i, p. 168. —
Duchesne, Le Liber pontificalis, t. i, p. 346. — Ceillier,
p. 290; t. IV, p. 9, 199, 200. A. Lecoy de la Marche, Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastiques, 1862, t. XI,
La chaire française au moyen âge, spécialement au p. 783. — Jaffé, Regesta pontificum romanorum, 2e édit.,
XIVe siècle, Paris, 1886, p. 496, signale des sermons p. 237. — Dictionnaire de théologie catholique, t. i, col. 394.
dans le mss. latin 241 de la bibliothèque d'Angers et A. NOYON.
à la bibliothèque d'Oxford. — 3° Un précis de procé- 3. ADÉODAT DE MARTINENGO en Lombardie,
dure canonique dont l'incipit est Ut nos minores. et
dont la composition est reportée entre 1245 et 1249 posé :
franciscain réformé de la province de Venise, a com-
Il tesoro della uirginità, in-8°, Milano, 1856. Ses

:
par M. J. Tardif, Un chapitre de l'histoire du droit
canonique en France la Summa causarum de facto et
usu curie ou Summa ut nos minores d'Adénulf d'Anagni
panégyriques et oraisons funèbres sont restés manus-
crits.
Antonius Maria a Vicetia, Commentariolum de Venela
chanoine et évêque de Paris, Paris, 1890. — 4° Il faut Provincia, dans Analecta frandscana, Quaracchi, 1885, t. i,
refuser à Adénulphe la paternité d'un commentaire p.339,343.
sur les Actes des Apôtres, Super Actus Apostolorum ANTOINE de Sérent.
secundum de Lentino, inclus au ms. latin 14379 de la 4. ADÉODAT DE SAINT-AUGUSTIN, né dans
Bibliothèque nationale. l'île de Madère. Il embrassa la vie religieuse dans le
Daunou, dans Histoire littéraire de la France, t. XXI(1847) couvent des augustins de Lisbonne, le 27 avril 1555. Il
p. 298-299, vieilli. — B..Hauréau,dans Journal des savants, fut tué par les Maures le 4 août 1578.
1889, p. 305-307. — M. Prou, Les registres d'Honorius IV, Reuista augustiniana,t. XII, p. 219.
Paris, 1888,col. 108,155,502. A. PALMIERI.
1.ADEODAT(Saint), confesseur.G.SonMOLLAT. 5. ADÉODAT DES SAINTS-PIERRE-ET-PAUL,
nom est men- carme déchaussé, de la noble famille des Landriani,
tionné dans les Acta sanctorum au 2 juillet. On ne sait naquit le 4 juillet 1626, à Milan, entra au Carmel en
1642 et fit profession l'année suivante. Il étudia en- une noble Romaine chrétienne de ce nom qui le donna
suite à Bologne, sous le P. Laurent de Sainte-Thérèse, pour y ensevelir le corps de saint Laurent, martyrisé
théologien célèbre, auquel il succéda comme lecteur et le 10 août 258. Ce n'est donc qu'après cette date qu'on

:
dont il mit en ordre et publia l'œuvre posthume, sous
le titre Spicilegii theologici, 5 in-fol., Rome, 1682 sq.
Le P. Adéodat fut successivement maître des novices,
y vint ensevelir d'autres martyrs. Enfin, s'il faut
s'en rapporter au genre même de la stèle, elle est, di-
sent les archéologues compétents, du début du IVe siè-
prieur de Concesa, de Brescia et de Milan, définiteur cle, et pour peu qu'elle ait été placée sur le tombeau
provincial de Lombardie, procureur général et vicaire de la martyre quelque temps après sa mort, on en
général de son ordre. Ranuce II, duc de Parme, Fran- conclura que cette mort peut être placée à la fin du
çois II, duc de Modène, et nombre de grands person- IIIe ou au commencement du IVe siècle.
nages, recherchaient ses conseils et son amitié. Le Giuseppe Settelle, Illustrazione di un antico monumento
pape Alexandre VIII voulut l'avoir auprès de lui cristiano trovato nel cemeterio di Ciriaca, dans Alti dell'
comme conseiller, qualificateur du Saint-Office et con- academia romana diarcheologia, in-4°,Rome, 1831, p. 21-49.
sulteur des Congrégations des Rites et de l'Index. Il Paul CALENDINI.
mourut le 15 février 1691 au cours de la visite cano- ADEODATI (ANDREA), né vers 1629 à Monopoli,
nique du couvent de Reggio. On admirait en lui une entra, le 2 juin (ou juillet?) 1646, dans la congrégation
science, une prudence, une force d'âme peu communes, des bénédictins du Mont-Cassin. Il fut successivement
jointes à une exacte observance de sa règle ainsi qu'à professeur de philosophie et de théologie au couvent
une piété singulière, que relevaient encore sa droiture de San Severino à Naples, puis abbé des couvents de
et son exquise urbanité. Il a écrit des Épîtres aux San Lorenzo à Aversa, de Sainte-Scolastique à Su-
carmcs et carmélites de sa province, des Consultations biaco, de Saint-Paul-hors-les-murs, à Rome, de San
et Dissertations, ainsi que des Opuscules ascétiques, qui Severino à Naples, et du Mont-Cassin, d'abord de mai
forment un in-folio resté manuscrit. 1680 à mai 1681, puis de mai 1687 à avril 1693, pro-
cureur de son ordre à Rome, et général en 1680. Gat-
Martial de Saint-Jean-Baptiste, Bibliotheca script. car- tola vante son affabilité, sa charité, son humilité, son
melit. excalc., in-4°, Bordeaux, 1730, p. 274. — Cosme de zèle, son austérité, et affirme que le Mont-Cassin n'eut
Villiers, Bibliotheca carmelilana, in-fol., Orléans, 1752, t. n, jamais un meilleur administrateur. Après avoir refusé
col. 231. — Barthélemy de Saint-Ange et Henri-Marie du l'évêché d'Andria, que lui avait offert Innocent XI, il
Saint-Sacrement, Collectio scriptorum Ord. carmelit. excalc.,
in-8°, Savone,1884,t.I,p. 9-10. P. MARIE-JOSEPH. fut enfin promu archevêque de Rossano en mai 1697
et sacré au mois de juillet suivant par le cardinal Pan-
6. ADÉODAT DE SIENNE, théologien de l'ordre ciatici. Il en embellit la cathédrale, mais son zèle à
de Saint-Augustin, professeur au collège de Sienne. poursuivre les abus fut, sans doute, la cause de l'accu-
Il prit part au concile de Trente. On a de lui le dis- sation lancée contre lui dans une pièce non datée,
cours qu'il y prononça en 1563, le jour des Cendres: insérée dans les Lettere di vescovi des Archives du Va-
Adeodati senensis, theologi Augustiniani oralio, in die tican, t. CIl, fol. 127, et qui commence par ces mots:
cinerum ad paires habita in concilio tridentino, Labbe, « Le clergé et le public de la ville de Rossano, » mais
Concilia, Paris, 1672, t. XIV, col. 1524-1534. que l'évêque, dans sa défense, semble attribuer à un
seul individu. « L'archevêque actuel, écrit-on, ennemi
Panfilo, Chronica ordinis fratrum Eremitarum S. Augu- des antiquités, non content d'avoir aboli les armes,
slini, Rome, 1581, p. 127. — Ossinger, Bibliotheca augusti- qui se trouvent dans cette église, de tous ses prédé-
niana, p. 826. — Torelli, Secoli agostiniani, Bologne, 1686,
t.VII, p.447,505. cesseurs, a encore fait enfouir sous le pavé de la sacris-
tie les anciens livres grecs, avec miniatures précieuses,
A. PALMIERI. lesquelles remontaient à l'époque où le diocèse appar-
7. ADÉODAT. Voir ADEODATUS. tenait au rite grec. » Dans sa lettre au pape, en date du
11 décembre 1705 (ibid.,fol. 126), en réponse à cette
ADÉODATE (Sainte). Vierge martyre, la première accusation,Adeodati la repousse énergiquement,disant
du nom, qui ne nous est connue que depuis le 15 mai que tout son passé proteste contre elle. Sa mort eut
1825. Ce jour-là on découvrit, dans la catacombe de lieu le 7 août 1713.
sainte Cyriaque (Saint-Laurent-hors-les-murs), une
chaux :
stèle faite de stuc composé de poudre de marbre et de
en enlevant la terre qui l'entourait, on la brisa,
mais les morceaux furent rapprochés et on put en
Ughelli, Italia sacra, t. IX, col. 314. — Gattola, Hi-
est reproduite une autre lettre d'Adeodati). -
storia abbatæ Cassinensis, t. II, p. 714-715, 776-777 (où
Ad hi-
storiam abbatiœ Cassinensis accessiones, 2 vol. in-fol.,
faire une reproduction exacte avec ces deux inscrip- Venise, 1734, t. II, p. 693-694. — Mariano Armellini,
tions : Catalogi très episcoporum e congregatione Cassinensi, in-
4°, Assise et Rome, 1755, p. 5-7. — Cappelletti, Le Chiese
ADEODATE ET QUIESCIT d'Italia, t. XXI, p. 281.
DIGNAEET HIC IN PACE J. FRAIKIN.
MERITAE IVBENTE 1. ADEODATUS. Un grand nombre d'évêques
VIRGINI XTD EIVS d'Afrique portèrent ce nom. Les voici classés d'après
les conciles ou assemblées auxquels ils participèrent.
La vierge Adéodate était bien une martyre, car près
de la stèle, on trouva emmuré un verre teint de sang et
bien conservé, comme il en fut trouvé près des corps
à Carthage, en 411. — A) catholiques :
1° Conférence entre catholiques et donatistes,

ADEODATUS episcopus plebis Bazarilanæ. Il raconta


tenue

de tous les martyrs chrétiens. que son adversaire donatiste, voyant tout le peuple-
A quelle époque Adéodate souffrit-elle le martyre? revenir à l'Église catholique, avait pris le parti de-
Ce point est assez difficile à établir; cependant, nous quitter le pays. Gesta collationis habites inter episcopos-
croyons pouvoir dire quece fut à la fin du Ille siècle ou catholicos et donatistas, I, c. 129; Mansi, Sacr. con-
au commencement du IVe siècle. En voici les raisons. cil. nova et ampliss. collect., t. IV, col. 107, 265. Voir
Les noms composés, comme celui de la sainte, ne BAZARITANA (Ecclesia).

:
sont guère employés par les chrétiens avant la fin du
ni6 siècle au temps des grandes persécutions, en effet,
des noms aussi significatifs les auraient trahis. Eu-
ADEODATUS episcopus plebis Belalitensis. « Me voici,.
répondit-il à l'appel de son nom; je n'ai contre moi ni
évêque, ni hérétiques; j'ai l'unité. » Ibid., I, c. 126;
sèbe, Hist. ecclés., 1. VIII, c. I. En outre, le terrain Mansi, op. cit., t. IV, col. 98, 265. Voir BELALITENSIS.
de la catacombe de sainte Cyriaque appartenait à (Ecclesia).
:
ADEODATUS episcopus plebis Bencennensis. Celui-là
déclara « Mon église est catholique depuis l'origine. »
Ibid., I, c. 128; Mansi, op. cit., t. IV, col. 103, 265.
agir de concert avec son collègue de Numidie, Colum-
bus (cf.Epist., 111, 47, éd. cit.; P. L., t. LXXVII,
col. 642-643), et demande à être tenu au courant des
Voir BENCENNENSIS (Ecclesia). actes du concile que tous les deux se disposent à réunir.
ADEODATUS episcopus plebis Satafensis. Ibid., I, Une seconde lettre, de février 598, apporte au
primat
c.128; Mansi, op. cit., t. IV, col. 105, 265. Voir SA- de nouveaux conseils du pape sur le gouvernement
TAFIS. général des églises. Epist., VIII, 13, édit. Ewald, t. n,
ADEODATUS episcopus
midicensis. Il affirma: «
plebis Simidiccensis ou Si-
Mon'peuple est catholique. »
p. 15; P.L., t.
:
LXXVII, col. 915-916. Dès 593,
Adeodatus était un vieillard Quamvis autem nec vir-
cet
Ibid., I,
:
c. 135; Mansi, op. cit., t. IV, col. 121, 265.
Voir SIMITTHU.
B) Donatiste ADEODATUS Milevitanus. Mansi, op.
cit., t. IV, col. 269. Voir MILEV.
tus nec eetas vos sicut scribilis ad nos venire permittat.
Epist., III, 48.
7° Parmi les signataires de la lettre adressée, en 646,
à Paul, patriarche de Constantinople, par les évêques
2° ConciledeCarthage, en 416. —DeuxADEODATUS de la Proconsulaire, figure ADEODATUS, gratia Dei
y assistent et adressent, avec leurs collègues, une episcopus sanctæ ecclesiæ Abbiritanæ. Mansi, op. cit.,
lettre synodale au pape Innocent Ier, au sujet des doc- t. x, col. 940. Voir ABBIR, col. 47.]
trines pélagiennes, Mansi, op. cit., t. IV, col. 321. Leurs La plupart de ces personnages ne sont pour nous que
sièges ne sont pas indiqués, mais ils étaient certaine- des noms. Sur quelques-uns d'entre eux nous possé-
ment situés en Proconsulaire, car les évêques réunis à dons des données sommaires que j'ai mentionnées
Milev, la même année, déclarent, dans leur lettre au
qu'imiter l'exemple donné par celui de Carthage et
Carthaginiensis provinciæ coepiscopos nostros. Ibid.,
col. 336. Ces deux personnages doivent être, selon
:
pape, que le concile de Numidie ne fait, en lui écrivant,
l'histoire ecclésiastique d'Afrique :
dans l'énumération précédente. Un seul a joué un
rôle important dans une circonstance solennelle de
c'est l'évêque de
Milev, l'un des sept adores du parti donatiste à la
conférence de 411, Mansi, op. cit., I, c. 148, t. IV,
toute probabilité, recherchés parmi les cinq évêques col. 128, 276, qui s'intitulent episcopi et defensorcs
catholiques de la conférence de 411. Ceux de l'Ecclesia ecclesiasticæ veritatis. Ibid., II, c. 12, col. 169. Il n'a-
Bazaritana et de J'Ecclesia Satafensis ne sont pas en vait pas moins de trois évêques catholiques en face de
question, comme appartenant, le premier, à la Nu- lui, dans sa circonscription, l'un à Milev même, l'autre
midie, le second, à la Maurétanie Sitifienne. En re- dans la civitcis Tuccensis, le dernier dans un endroit
vanche, l'episcopus Bencennensis, dont le diocèse était appelé Ceramussa. Ibid., I, c. 65, col. 83. Lors de
en Proconsulaire, pourrait bien être l'un des deux qui l'interrogatoire d'identité, le premier jour de la con-
nous occupent; l'episcopusSimidicensis également, férence, il fit à ces deux derniers une forte opposition.
si, comme je le crois, cet ethnique est une corruption
de Simitluensis, que nous allons rencontrer au concile :
Le procès-verbal officiel l'enregistre en ces termes. « Le
:
secrétaire lut « Sabinus, évêque de Tucca. » — Il dit :
de 419. Cf. Mansi-, op. cit., t. IV, col. 121, n. 9.
3° Concile de Milev, en 416. — D'après ce qui vient
« Me voici. » -
Adeodatus, évêque, dit « C'est dans
« mon diocèse qu'il a été ordonné; il est sorti de mon
l'Église catho-
d'être dit, ADEODATUS présent à ce concile, qui « presbytérat. » — Sabinus, évêque de
adressa, avec ses collègues africains, la lettre synodale :
lique, dit « Souvent mes concitoyens me demandaient
au pape Innocent Ier, peut être l'évêque de l'Ecclesia
Bazaritana, qui avait déjà paru à la conférence de 411.
Mansi, op. cit., t. IV, col. 335.
« catholique :
« de les faire recevoir dans la communion de
l'Église
ils prièrent cette église de leur donner un
« évêque. Ils me demandèrent, et je fus ordonné. »
4° Concile de Carthage, en 419. — ADEODATUS Si-
est
:
Adeodatus, évêque, dit « Quel a été son prédécesseur?
»

miltuensis — d'autres écrivent Simidicensis—
signé, à la seconde session (30 mai), comme l'un des
représentants de la Proconsulaire. Mansi, op. cit., t. IV,
dé-
:
« Qu'il indique à qui il a succédé. — Marcellinus,cla-
rissime, tribun et notaire, dit « Est-il constant qu'il
« n'y avait pas là d'église catholique? »— Adeodatus,
col. 436, 508, cf. col. 121, n. 9. Dans le Codex cano-
num Ecclesiæ Africanæ, il est nommé Adeodatus Si-
:
évêque, dit « Oui. » Ibid., I, c. 130-131, col. 107.
L'appel de l'évêque de Ceramussa donna lieu à un in-
midicus, Mansi, op. cit., t. n., col. 823. Voir SIMITTHU.
5° Assemblée de Carthage, en 481. — La Byzacène
:
cident plus violent. « Le secrétaire lut «Moi, Severia-
« nus, évêque de Ceramussa, en présence du clarissime,
y députa ADEODATUS Pederodianensis et ADEODATUS « tribun et notaire Marcellinus, j'ai donné mandat
Præcausensis (Notilia provinciarum et civitatum Afri- « comme il est ci-dessus écrit, et j'ai signé à Carthage. »
cæ, Byzacena 46 et 51, édit. Halm, p. 67; P.L., - :
Après cette lecture, celui-ci dit « L'endroit est en-
« tièrement catholique. »—Habetdeus, diacre de l'évê-
t. LVIII, col. 272, 321, 323); la Numidie, ADEODATUS
Fesseitanus (Notit. prov., Numidia 12, édit. Halm,
p. 64; P.L., t. LVIII, col. 270,296), ADEODATUS Idas-
:
que Primianus, dit « Nous y avons le vieillard Adeo-
l'Église catholique,
sensis (Notit. prov., Numidia 27, édit. Halm, p. 65;
P. L., t. LVIII, col. 270, 299), ADEODATUS Nobabarba-
:
« datus. » — Severianus, évêque de
dit « Qu'on le montre. » — Adeodatus, évêque, dit
« C'est dans mon peuple de Milev que se trouve Cera-
:
sensis (Notit. prov., Numidia 26, édit. Halm, p. 65; »
« mussa. —Severianus, évêque de
l'Église catholique,
P. L., t. LVIII, col. 270, 299), ADEODATUS Sistronianen-
sis (Notit. prov., Numidia 64, édit. Halm, p. 65; P. L.,
:
dit « Tout y est catholique depuis l'origine, jamais
« il n'y eut de donatiste. »—Adeodatus, évêque, dit :
t. LVIII, col. 271, 305), ADEODATUS Zaradtansis (Notit. « C'est dans mon peuple. Par violence celui-ci en a
prov., Numidia 120, édit. Halm, p. 66; P. L., t. LVIII,
col. 271, 314); la Maurétanie Sitifienne, ADEODATUS :
« chassé tous les clercs et prêtres. » — Severianus,
évêque de l'Église catholique, dit « Il ment; j'en
Privatensis (Notit. prov, Mauretania Sitifensis 31,
édit. Halm, p. 70; P. L., t. LVIII, col. 275, 352). Voir ces
mots.
:
« prends Dieu à témoin. » — Marcellinus, clarissime,
tribun et notaire, dit « Que ta sainteté veuille bien
6° A la fin du VIe siècle, un ADEODATUS était primat
de Numidie. Le pape saint Grégoire Ier lui écrit en
« indiquer simplement s'il y a maintenant un évêque
« dans ce peuple. » — Adeodatus, évêque, dit « C'est
«dams mon peuple; tout autour tout est à moi. D'ail-
:
juillet 593, Epist., III, 48, édit. Ewald, t.I, p. 204, dans « leurs les miens ont succombé à la terreur, tous les

;
les Monumenta Germaniæ, Berlin, 1887; P.L.,
t. LXXVII, col. 644-645 il le félicite de son attache-
ment pour sa personne, lui donne des instructions en
« miens qui étaient établis dans ce même lieu.»—Seve-
:
rianus, évêque de l'Église catholique, dit « Il ment. »
Ibid., I, c. 133-134, col. 118.
vue des ordinations épiscopales, l'engage à toujours Mais ce n'est pas seulement lorsqu'il était person-
nellement en cause qu'Adeodatus intervenait ainsi. possède Dieu? Et chacun de donner son avis. Quand
Dans l'interminable discussion que souleva la vérifi- vint le tour d'Adeodatus, le plus jeune des assistants :
cation des pouvoirs, il fournit à mainte reprise des
éclaircissements utiles, expliquant l'absence de cer-
tains de ses collègues, indiquant si telle localité possé-
« Celui-là, dit-il, possède Dieu, qui ne possède pas
l'esprit impur. » Augustin ajoute avec complaisance
« Ma
:
mère approuva tout ce qui venait d'être dit, par-
dait ou non un évêque donatiste, signalant même, le ticulièrement ces derniers mots. » De beata vita, 11, 12,
cas échéant, des conversions au catholicisme, se mon- P. L., t. XXXII, col. 966. Le lendemain, le père revient
trant en un mot très au fait de tout ce qui concerne le sur le même sujet et interroge à nouveau cette âme
parti. Aussi hardi qu'habile, il tient tête aux plus candide, sereniore acpurgatiore spiritu. Ibid., col. 968).
grands, à Alypius, à Augustin, même au président, le « L'homme qui ne possède pas l'esprit impur, répond
comte Marcellinus. Ibid., I, c. 84-94, col. 87-88. Il l'enfant, c'est, je pense, celui qui vit chastement. » —
somme les catholiques de préciser leurs accusations
contre tel ou tel évêque donatiste. Ibid., I, c. 188-189,
« Mais qui appelles-tu chaste
Est-ce
? reprend Augustin.
celui qui ne commet aucune faute, ou celui qui
(,
col. 141-142. Il réclame avec insistance le nom du con- «s'abstient seulement d'un commerce charnel illicite?»
sécrateur d'Augustin, et se plaint que ses adversaires — « Comment peut-on être chaste, répondit-il, quand
fassent dévier la discussion. Ibid., III, c. 245, col. 233. « on s'abstient seulement d'un pareil commerce, sans
Non content de revendiquer pour lui et les siens le « cesser d'autre part de se souiller de toute sorte de
titre de catholique, tandis qu'il applique à ses adver- « fautes? L'homme vraiment chaste tient son âme
saires l'épithète infamante dans sa bouche de « céci- « dirigée vers Dieu et ne s'attache qu'à Lui seul. »
lianistes », ibid., III, c. 123, col. 206, il critique la mau- Augustin ajoute qu'il lui est doux de reproduire ces
vaise volonté du président qui empêche, dit-il, les paroles telles que son fils les prononça.
donatistes de produire les pièces qu'ils veulent pré- C'est surtout dans le livre De magistro, P.L.,
senter. Ibid., III, c. 140, col. 209-210. Il va même t. XXXII, col. 1193-1220, qu'Adeodatus occupe une
:
jusqu'à interpeller grossièrement Augustin et à l'ac-
cuser de duplicité teneo tuum mendacium, teneo falsi-
place importante. L'ouvrage se présente sous la forme
d'un dialogue entre le père et le fils; tout ce qui est
tatem. Ibid., III, c. 161-163, col. 215. On pourrait donc

:
lui répliquer, comme lui-même le fait à un évêque
catholique assez caustique « Grand merci de tes con-
tinuelles injures ». Ibid., I, c. 192, col. 143. C'est en
:
mis dans la bouche de ce dernier rend exactement les
idées qu'il exposa il avait alors seize ans. Tu scis il-
lius esse sensa omnia, quæ inseruntur ibi ex persona
conlocutoris mei, cum esset in annis sedecim. Conf.,
somme un violent, en même temps qu'un habile, et loc. cit. Le sujet ne laisse pas d'être fort abstrait pour
son attitude à la conférence rend assez vraisemblable une si jeune intelligence. Pourquoi le langage a-t-il été
l'accusation lancée contre lui d'avoir supprimé en un institué? L'homme peut-il expliquer le sens des mots
seul endroit quatre basiliques. Ibid., I, c. 201, col. 151. sans se servir d'autres mots? Peut-il désigner une
Avec ses défauts comme avec ses qualités, il n'est chose quelconque, instruire son semblable, sans em-
collègues:
pas étonnant qu'il ait pris un grand ascendant sur ses
quand ils le désignèrent comme l'un de
leurs orateurs, ceux-ci savaient bien ce qu'ils faisaient.
ployer des signes? Ce qui nous éclaire, ce n'est pas
tant le son extérieur des paroles que la vérité intérieure
qui se fait entendre en nous, et cette vérité n'est autre
Il réalisa leurs espérances; autant qu'Emeritus de que le Christ; il n'y a de vrai que lui. Voilà le
Césarée et Petilianus de Constantine, plus peut-être thème de la discussion. Augustin procède selon la mé-
que Primianus de Carthage, il fut toujours sur la brè- thode socratique, amenant peu à peu Adeodatus aux
che pendant ces fatigantes séances. Parfois même il conclusions qu'il veut lui faire adopter. Mais s'il garde,
semble être le chef du parti, par exemple, quand il comme il convient, le plus longtemps la parole, il la
accepte le renvoi de la discussion à un autre jour. cède très souvent à son fils qui ne se contente pas de
Ibid., I, c. 221, col. 166; II, c. 32-44, col. 173-175. brèves réponses, comme d'ordinaire les disciples de
Aussi comprend-on que, dans leur vénération, les Socrate. Quelle que soit sa déférence pour son père
schismatiques l'aient dénommé senex, ce qui était l'épi-
thète d'ordinaire réservée chez les catholiques aux
primats de chaque province. Ibid., I, c. 133, col. 118.
;
(c. VIII, 21; XIV, 46), il n'accepte pas cependant de
prime abord toutes ses assertions il discute, présente
des objections, déclare qu'il ne comprend pas (non
Aug. AUDOLLENT. intellego, c. VI, 17), pose de longues questions (c. IX,
2. :
ADEODATUS. Fils naturel de saint Augustin,
qui l'appelle l'enfant de son péché puerum Adeoda-
tum ex me natum carnaliter de peccato meo (Confess., IX,
27), développe ses réponses (c. III, 6; x, 29), récapitule
toute une démonstration (c. vu, 19-20), et résume
enfin l'impression générale du débat (c. XIV, 46); par-
VI, 14, édit. Knœll, Corp. script. eccl. lat., t. XXXIII, tout attentif (en toto animo adsum, v, 14), fin, avisé,
c.
1896; P. L., t. XXXII, col. 769), et parle de lui à plu-
sieurs reprises dans ses ouvrages. Sa naissance se
place vers 372. Nous ne savons rien de ses premières
pénétrant, défiant de lui-même, digne en un mot des
éloges qu'Augustin lui décerne à plusieurs reprises
acutissime omnino (c. IV, 7), acute quidem falleris
:
(c. v, 14). Dubitationem tuam non,invitus accipio, si-

personnages :
années, sinon qu'il était d'une rare précocité d'intelli-
gence; à quinze ans il en remontrait aux plus doctes
Annorum erat ferme quindecim et inge-
nio prseveniebat mullos graves et doctos viros. (ibid.).
cujus ingenium, si amore non fallor, magnum quoddam
gnificat enim animum minime temerarium (c. x, 31).
Satis tu quidem memoriter omnia quæ vellem recoluisti;
et, ut tibi fatear, multo evidentius mihi nunc videntur
ista distincta, quam cum ex inquirendo ac disserendo de
pollicetur.De beata vita, I, 6, P. L., t. XXXII, col. 962.
Il faisait partie, avec sainte Monique, de la pieuse so- cet ouvrage donnel'idée la plus favorable d'Adeodatus ;
nescio quibus latebris amboerueremus (c. VIII, 21). Tout

:
ciété qui entourait son père à Milan, et s'instruisait de
la doctrine chrétienne en même temps que lui et ses
compagnons Sociavimus eum coævum nobis in gratia
tua, educandum in disciplina tua. Conf., loc. cit.
:
et pourtant son père déclare qu'il a eu beaucoup de
preuves plus étonnantes encore de son intelligence,
au point qu'il en était presque épouvanté Multa ejus
alia mircibiliora expertus sum.Horrori mihi erat illud
Dans leurs entretiens, que nous ont en partie con-
servés les ouvrages d'Augustin, Adeodatus prend par-
fois la parole, par exemple, dans le traité « De la vie
ingenium. Conf., loc. cit.
Cet enfant extraordinaire mourut jeune : cito de
terra abstulisti vitam ejus(ibid.), après avoir été bap-
bienheureuse ». On recherchait le secret du bonheur; tisé à Milan avec Augustin et Alypius (ibid.), en 387.
Augustin venait de conclure que, pour être heureux, Le baptême avait dû déposer en lui le germe d'une
il fallait posséder Dieu. Mais quel est l'homme qui ardente piété, car, à la fin du De magistro, c. XIV, 46,
:
il se déclare disposé à aimer Dieu avec d'autant plus
d'ardeur qu'il aura mieux appris à le connaître quem
jam, favente ipso, tanto ardentius diligam, quanta ero
Lucé (Maine) vers
à
1. ADET (BERTRAND),dominicain. Né Pruillé, près
1595. Docteur et régent des études
à Paris, il fut prieur, puis second provincial de Paris
in discendo provectior. (1er juillet 1651). Il fut aussi prieur à Blois, à Évreux,
Aug. AUDOLLENT. à Tours (2 fois), au Mans en 1635, 1640, 1669. Il était
ADER (GUILLAUME). Né vers la fin du XVIe siècle à prédicateur de Louis XIII et de la reine d'Angleterre,
Gimont (Gers) ou à Lombez d'après Jeanroy. Il est Henriette de France.
mentionné pour la première fois sur le registre des Cosnard Ch., Histoire du couvent des FF. Prêcheurs du
Pénitents Bleus de Toulouse, le 25 mars 1587 « Guil- Mans, 1219-1792,1879,p. 24,86,91,92.—Chapotin, Etudes
laume Ader, escolier de Gascoingne ». Il étudia la historiques sur la province dominic. de France, 1890, p. 77.
médecine à Toulouse, où il fut l'élève de Mercier, R. COULON.
médecin du cardinal de Joyeuse, archevêque de Tou- 2. ADET(JEAN), dominicain du couvent du Mans.
louse, et assista à la peste qui ravagea, en 1590, l'ar- Prédicateur général, mort le 5 janvier 1647, à l'âge
mée de Joyeuse, devant Narbonne. Il épousa, avant de 93 ans.
1603, Madeleine de Lux. En juin 1607, il est médecin
del'Hôtel-Dieu de Saint-Jacques-de-Toulouse.Établi Cosnard, Ch., Histoire du couvent des FF.Prêcheursdu
à Gimont, avant 1625, il y meurt le 23 juin 1638. Mans,1879, p. 104.
Médecin et poète tout à la fois, il s'adonna peut-être R. COULON.
plus à la poésie qu'à la médecine, et ses recueils devers 1. ADHÉMAR,cistercien,premierabbé deBonneval,
en langue gasconne eurent plus de vogue, au XVIIe siè- au diocèse de Rodez. Le 18 octobre 1147, Adhémar
cle, que ses traités sur l'art médical. Ces derniers ont prit possession avec sept autres moines de Mazan de
quelque rapport avec l'apologétique. l'alleu et des autres terres de Cuzac ou Pussac et de
Enarrationes de ægrotis et morbis evangelicis, in-12, Veyrugues, que Guillaume de Calmont ou Caumont,
Toulouse, 1620; 2e édit., 1621. Dans cet ouvrage, évêque de Cahors, avait distraits de ses biens patri-
Ader examine les cas de maladie guéris par Notre-Sei- moniaux et donnés à Pierre, évêque de Rodez, pour
gneur Jésus-Christet conclut que ces maladies n'étaient y fonder un monastère. Janauschek, Originum cisterc,
pas autrement curables que par un miracle divin; De p. 145; Gallia christiana, 1870, t. i, col. 129, 207,257.
pestis cognilione, prsevisione et remediis, Toulouse, De son côté, l'évêque de Rodez,ajouta plusieurs dona-
in-12, 1628, ouvrage technique qui n'est pas sans va- tions et le nombre des religieux s'étant accru, Adhé-
leur; De la méthode de consulter les maladies chirurgi- mar put augmenter les possessions du monastère et
cales, in-12, Paris, 1628; seul ouvrage d'Ader en fran- construire les bâtiments conventuels. L'avenir de là
çais; exemplaire unique à la bibliothèque Sainte- nouvelle fondation étant ainsi assuré, elle fut érigée
Geneviève; Lou Gcntilome Gascoun, in-8°, Toulouse, en abbaye et reçut le nom de Bonneval; Pierre donna
enqualité de mandataire du fondateur le diplôme so-
1610, recueil des actions et faits de guerre remar-
quables d'Henri IV, dédié au duc d'Epernon; Lou il
lennel dans lequel énumérait et confirmait les acqui-
Catounet Gascoun, recueil de quatrains patois, remplis sitions déjà faites; Hugues, comte de Rodez, donna
de maximes morales. Cet ouvrage eut plusieurs édi- aux moines deux alleus et ratifia plusieurs achats
tions. Cf. Vignaux et Jeanroy, Poésies de G. Ader, in-8°, (1161). Cf. Gallia christ., t. I, col. 257-258. Le 26-juil-
Toulouse,1904. let 1162, AlexandreIII prend sous sa protection lemo-
nastère de Bonneval et en confirme les biens et lespri-
Haller, Bibliotheca medicinæ practicæ, t. II, p. 492. — vilèges sur la demande de l'abbé Adhémar Jaffé-
Michaud, Biographie universelle, Paris, 1858, t. i, p. 174. — Wattenbach, Regesta Pontif. roman., n. 10751. L'an-
Bonaventure d'Argonne, Mélanges d'histoire et de littéra- née suivante, Pierre, évêque de Rodez, accorde à
ture, 1725. — Vacant et Mangenot, Dictionnaire de théo- Adhémar et à son monastère l'exemption des dîmesde
logie catholique, t. I, col. 396.
Paul CALENDINI. leurs terres. La même année 1163, Hugues II, comte
1. ADERALD (Saint) ou plutôt ADELARD, archi- de Rodez, lui fit remise de tout droit de péage.Adhémar
diacre d'Angers. On a une vie de ce saint, au moins reçoit, en 1165, un don du comte Bertrand-Pelet, fils
de Béatrix, comtesse deMelgueil. Deux ans après, en
en est-il question dans les conclusions capitulaires de 1167, Arnaud de Terre-Rouge,maître du Temple dedB.
l'église d'Angers, dont l'abbé Brossier a donné un long
et lourd extrait. L'acte capitulaire dont il s'agit, est province d'Espagne, Begon de Verpriers, Hélie de
Montbrun et Daydé de Corbière lui cèdentle territoire
sous la date du 22 août 1633. Cette vie est suivie d'un de Felguiers avec tous les droits qu'y possédait. la
Traité touchant la hiérarchie de l'Église d'Angers.
Bibliothèque d'Angers, mss. Grille, n. 1777. — Id., mss.
maison du Temple d'Espalion. Begon deCalmont fit:
à
Brossier, n. 656 (catalogue Lemarchand). Adhémar et à Bonneval diverses donations et con-
F. UZUREAU. firma la fondation faite par son oncle Guillaume,évê-
2. ADERALD, ADERALDUS. Voir ADRALDE ou que de Cahors (1169). En 1172, Adhémar se fait céder
ALDERALD. par Isarn, abbé de Conques, certaines dîmes, et obtient,
en 1175, de l'abbé Olric la cession de tous les droitsque
ADERIT (Saint), Abderitus, Adheretus, vivait possédait Conques à Pussac et à Veyrugues. Grtiia
christ., t. i, col. 245. Guérin Gérard, archevêque; de
au IER siècle. D'après les traditions locales, il était ori-
ginaire de Grèce, puis venu à Ravenne et disciple de Bourges, confirme en 1175 les dîmes,prémices e:t_ob"ln-
saint Apollinaire, apôtre de cette ville, il fut élu par le tions accordées à Bonneval. Gallia chr., t. II, oali 55.
peuple pour succéder à son maître, vers 78. Il mourut Adhémar transige la même année avec le prieur de
martyr au début du IIe siècle et fut enterré à Classe où Saint-Flour, et, en 1176, par l'entremise de Hugues,
saint Probus lui éleva une basilique. Ses reliques, évêque de Rodez, avec Hugues Daydé,prieur del'église
retrouvées au xe siècle, furent transportées à Ravenne, Il
de Corrosangas. Gallia christ., t. I, col. 208. figure
où il est honoré le 27 septembre. encore dans quelques actes en 1177. Adhémar gouverna
Sa vie, écrite après le XIIIe siècle, est une œuvre sans encore Bonneval au moins une partie de l'année sui-
valeur historique. vante, et consentit à la demande d'Arbert, abbé du
Loc-Dieu, qui voulait placer son monastère sous la
Bibliographiahagiographicalatina, Bruxelles, 1898, p. 14. juridiction de Bonneval. Gallia christ., t. I, col. 264,
— Acta sanctoi'um, septembr. t. vu (1760), p. 398. — Su-
rius, Vitæ sanctorum, 1618, t. II, p. 155. Gallia christiana, Paris, 1870, t. i, col. 258.
P. FOURNIER. R. TRILHE.
2. ADHÉMAR, dominicain espagnol. Ambassadeur et veilla à la bonne tenue et à la régularité des mo-
d'Alphonse le Sage, roi de Castille, à Grégoire X, à nastères. Mais, véritable évêque féodal, il veilla avec
propos de son élection comme roi des Romains. Élu plus de zèle encore au maintien de son temporel; il
évêque d'Avila par le chapitre, il fut confirmé par eut de nombreux démêlés avec ses vassaux, avec les
Grégoire X, en 1281. Il mourut le 4 janvier 1284. bourgeois de Vie, et il soutint plusieurs guerres contre
Cavalieri, Galleria de' Sommi Pontefici, etc., t. i, p. 43, le duc de Lorraine Raoul, puis contre la régente,
n.119. Marie de Blois. Il mourut en 1361 et fut enterré dans
R. COULON. la chapelle des évêques, qu'il avait fait construire.
3. ADHÉMAR (PIERRE). Abbé de San Juan de la Meurisse, Hist. des évêques de Metz, p. 504 sq. — Digot,
Peña en 1401-1403, il fut un partisan dévoué de Histoire de Lorraine, t. II, passim.
Benoît XIII qui le nomma évêque de Lescar, le 21 no- E. MARTIN.
vembre 1403, puis évêque de Maguelonne, le 20 no- 6. ADHEMARr DE MONTEIL, évêque duPuy,né
vembre 1405. De 1406 jusqu'au mois d'août 1408, il dans la première moitié du XIe siècle, était le fils d'un
exerça les fonctions de recteur du comtat Venaissin. comte de Valentinois. Sa famille posséda jusqu'au
Cottier, Notes historiques concernant les recteurs du XIVe siècle le château de Montélimar et lui donna son
ci-devant Comté Venaissin, Carpentras, 1809, p. 109. nom (MontiliumAdemari).Après avoir mené d'abord la
En 1409, on le trouve mentionné comme capitaine ou vie d'un chevalier, Adhémar entra dans le clergé et de-
gouverneurd'Avignon, mais au mois de juillet 1409, il vint évêquedu Puy. D'après une charte de Saint-Chaffre
déserta son poste. F. Ehrle, Martin de Alpartils. Chro-
nica actitalorum temporibus domini Benedicti XIII,
il
du Monastier occupait déjà ce siège en 1080. Cartul.
deSaint-Chaffre, édit. U. Chevalier, p. 86. Il succédait
Paderborn, 1906, p. 196. Ayant adhéré à Jean XXIII, à Étienne de Polignac qui fut déposé pour cause de
il fut transféré à l'évêché de Pamiers, le 5 septembre simonie par les légats de Grégoire VII, Hugue de Die
1410. Il refusa de quitter le siège de Maguelonne qu'il et Amat d'Oloron en 1076. L'évêché du Puy était le seul
conserva jusqu'à sa mort, survenue avant le 22 juin
1418. Le 13 août 1415, il harangua l'empereur Sigis-
mond qui s'était arrêté à Montpellier, au retour du
:
siège de la province de Bourges sur lequel le roi de
France eût conservé des droits de plus,depuis 1051,
il était sous la protection directe du Saint-Siège et
concile de Constance. Léon IX avait décidé que son titulaire serait sacré par
A. Degcrt, La fin du schisme d'Occident, dans Mélanges le pape ou son délégué. Mais, à la faveur de l'anarchie
L. Couture, Toulouse, 1902, p. 228. — C. Eubel, Hierarchia féodale, l'Église du Puy avait été dépouillée de la plu-
catholica medii ævi, t. I, p. 307 et 334. — Pierre Gariel, part de ses revenus par la féodalité remuante du Ve-
Sériés prsesulumMagalonensium, Toulouse, 1664,2e partie, lay, à la tête de laquelle étaient les seigneurs de Poli-
p. 121-125. — N. Valois, La France et le grand schisme gnac.Adhémar parvint àfairecesser cesusurpations et
d'Occident, Paris, 1902, t. III, p. 516; t. IV, p. 159, 160,.245. à reconstituer le patrimoine de son Église. Il conclut
G. MOLLAT.
4. ADHÉMAR (Le bienheureux), appelé DE FEL- une transaction avec les deux frères Ponce et Héracle
de Polignac qui moyennant 20000 sous de monnaie
ZINS, localité à 12 kilom. de Figeac (Lot), était fils du du Puy restituèrent ce qu'il avaient pris. D'autres che-
seigneur de Châteauneuf et de Montmurat, et de Gé- valiers suivirent cet exemple et reçurent des indem-
raude de Felzins. Il fit profession dans l'ordre de Saint- nités; sur les terres ainsi recouvrées l'évêque établit un
Benoît, au monastère de Figeac dont il devint dans la cens pour subvenir à l'entretien des chanoines. Parfois
suite doyen, c'est-à-dire prieur. Puis il passa chez les même il eut recours à l'excommunication pour protéger
frères mineurs de cette ville, dans l'espoir d'une plus les biens des monastères.
grande perfection. Moins d'un an après son entrée, il On a supposé qu'en 1086 Adhémar accomplit un
tomba gravement malade; guéri miraculeusement, il pèlerinage en Palestine; on voit, en effet, en son ab-
devint un zélé prédicateur,préparant ses discours par sence, l'évêque de Grenoble ordonner un abbé de Saint-
la prière plus que par l'étude. Pour confirmer la vérité Chaffre à la cathédrale du Puy. Mabillon, Annales
de son enseignement il guérissait les malades et les ordin.S.Bened., t. v, p. 229. Il se trouvait du moins au
possédés. Puy le 1er avril 1087, car à cette date il donne aux
Pendant la fameuse mortalité de 1311, Adhémar moines de la Chaise-Dieu l'église d'Usson (Hist. de Lan-
visitait et consolait les malades dans les hôpitaux, il guedoc, édit. Privat, t. IV, p. 450); si ce voyage a eu
en guérit plusieurs. Il mourut entre 1311 et 1335, au lieu, il est étonnant quela chronique de Saint-Pierre du
couvent de Figeac. Sa vie fut écrite par son socius fr. Puy, en général bien informée, n'en ait dit mot. Quoi
Jean Yvion. L'auteur de la Chronica XXIV Genera- qu'il en soit, les rapports intimes qui s'étaient établis
lium, qui écrivait un peu avant 1369, constate que de entre l'évêché du Puy et le Saint-Siège expliquent suf-
son temps les miracles continuaient à éclater au tom- fisamment qu'Urbain II, au cours de son voyage en
beau du bienheureux Adhémar. Sbaraglia se trompe France, se soit arrêté au Puy, où il se trouvait le
en fixant la date de sa mort en 1309. 15 août 1095 et d'où il convoqua le concile de Cler-
Liber conformitatum, Milan, 1513, f. 66, 111 v. —Eubel, mont. Adhémar prit une part importante à ce concile
Provinciale ord. Fr. min., Quaracchi, 1892, p. 18. — Lem- et lorsque la croisade eut été décidée au milieu de
mens, Catalogus sanct. Fr. Min., Romæ, 1903, p. 30. — l'enthousiasme général, le pape désigna l'évêque du
Arthurus a Monasterio, Marlyrol. francise., Paris, 1653, Puy pour le représenter comme légat apostolique et
29 julii, p. 335. — Sbaralea, Supplem. ad scriptores O. M., diriger l'expédition. Sans parler du témoignage una-
Rome, 1806, p. 469. — Wadding, Ann. min., ad ann. 1309,
t. VI, p. 153. — Chronica XXIV generalium, Quaracchi, nime des chroniqueurs, le pape annonce formellement
1898, p. 464-467.

5. ADHÉMAR
ANTOINE de Sérent.
DE MONTEIL, issu d'une noble
:
cette nomination dans sa lettre aux princes de Flan-
dre et carissimum filium Ademarum, Podiensem epis-
copum, hujus,itineris ac laboris ducem, vice nostra
famille du Dauphiné, archidiacre de Reims, doyen constituimus. Arch. de l'Orient lai., t. i, p. 220.
du chapitre de Toul, fut pourvu, en 1327, par le pape Adhémar fut donc le chef officiel de la croisade, mais
Jean XXII, de l'évêché de Metz. Il entreprit la con- son autorité paraît s'être exercée surtout sur l'armée
struction de sa cathédrale, en confia les travaux à qui se forma dans le midi de la France sous le com-
Pierre Pierrat et en poussa la nef jusqu'à Notre-Dame- mandement de Raimond de Saint-Gilles, comte de
la-Ronde. Il établit plusieurs chapellenies dans sa Toulouse. D'après Guillaume de Malmesbury (Gesta
cathédrale, confirma, en 1331, la fondation de la collé- reg. Anglor., t. IV, p. 388; P. L., t. CLXXIX, col. 1344),
giale Saint-Georges, dans la chapelle castrale de Briey, ce fut même Adhémar qui persuada à Raimond de
prendre la croix. Après son célèbre pèlerinage à la armée de renfort en Syrie. Arch. de l'Orient lat., t. 1,
Chaise-Dieu, le comte de Toulouse vint au Puy (1096) p. 221. A la fin de décembre, un tremblement de terre
et fit diverses donations ou fondations en l'honneur
de l'église Sainte-Marie du Puy. Hist. généraledeLan-
et une aurore boréale effrayèrent beaucoup les croisés
l'évêque du Puy ordonna un jeûne de trois jours accom-
:
guedoc, t. III, p. 491. De son côtéAdhémar entraînait la pagné de processions et de distributions d'aumônes.
:
féodalité du Velay à la croisade on le voit absoudre
des chevaliers qui ont causé des dommages au monas-
Lorsque Bohémond eut engagé des négociations avec
un renégat arménien pour se faire livrer la ville, ce fut
tère de Saint-Chaffre, parce qu'ils ont fait vœu d'aller d'abord à l'évêque du Puy qu'il annonça la réussite
à Jérusalem. Cartul. de Saini-Chaffre, p. 140. Son de ses pourparlers et ce fut Adhémar qui présida le
propre frère Guillaume-Hugue de Monteil, Héracle conseil de guerre tenu avant l'entrée à Antioche (2 juin
de Polignac et plusieurs de ses parents l'accompa- 1098).
gnèrent. Puis, au lendemain de leur victoire, les croisés se
Ce fut seulement à la fin de 1096 que l'armée du trouvèrent assiégés par l'armée turque de Kerbûga,
Midi se mit en marche à travers l'Italie, les Alpes tandis que la peste et la famine les décimaient.Adhé-
orientales et le territoire des Esclavons. Adhémar est mar s'efforça de remonter leur moral; de nouveaux
regardé par tous les chroniqueurs comme le chef de jeûnes solennels furent ordonnés et les croisés s'enga-
l'expédition au même titre que Raimond de Saint- gèrent devant l'évêque du Puy à chasser les femmes de
Gilles. Un chanoine du Puy, Raimond d'Aguilers mauvaise vie qui suivaient l'armée, à fuir l'adultère et
(Aiguilhe), qui a raconté la croisade, était chapelain
du comte de Toulouse et la meilleure entente paraît
avoir régné entre les deux chefs, tous deux pénétrés
;
l'ivresse, à renoncer aux jeux de dés, aux blasphèmes,
aux rapines un tribunal très sévère fut institué pour
punir ces méfaits. Quelques jours après, avaient lieu
d'un désir ardent de conquérir les lieux saints. Adhé- les visions de Pierre Barthélemy et du prêtre Étienne,
mar faisait porter devant lui une bannière sur laquelle suivies de la découverte de la Sainte Lance. On a
était l'image de la Vierge; il était lui-même un che- accusé sans preuve Adhémar d'avoir usé de superche-
valier accompli, gracilem ad equitandum (Chron. rie; après sa mort, le prêtre Bertrand, son familier,
S. Petri Anic., éd. U. Chevalier, p. 163), tam in di- raconta qu'il lui était apparu et qu'il avait avoué être
vinis quam in ssecularibus rebus prudentissimum. resté un moment dans les tourments pour avoir douté
Tudebode, Hist. Occ. Crois., t. III, p. 171. En passant de la réalité de la Sainte Lance. Quoi qu'il en soit,
près d'Ochrida, il tomba dans une embuscade de Pet- Adhémar ne tarda pas à admettre l'authenticité de la
chénègues, fut blessé grièvement et courut un grand découverte et à la bataille contre Kerbûga (28 juin
danger. Délivré par les siens, il dut s'arrêter à Thessa- 1098), le chapelain du comte de Toulouse, Raimond
lonique pour se guérir de ses blessures et ce fut seule- d'Aguilers, portait devant lui la relique vénérée. Cette
ment au mois d'avril 1097 qu'il put rejoindre l'armée victoire sauva l'armée des croisés et après son retour
du comte de Toulouse à Constantinople. A ce mo- à Antioche,Adhémar purifia solennellementla grande
ment, les difficultés qui s'étaient élevées entre l'em- basilique de Saint-Pierre-ès-Liens, transformée en
pereur et les croisés étaient aplanies et on ne voit pas mosquée par les Musulmans.
qu'Adhémar ait joué le moindre rôle dans les négocia- Mais la peste qui avait fait déjà tant de victimes
tions relatives à la prestation du serment. atteignit aussi Adhémar et après quelques jours de
Pendant la campagne d'Asie-Mineure et de Syrie, maladie, il mourut le 1er août 1098 au milieu des dis-
Adhémarprit, comme les autres chefs, une part active cordes des chefs qu'il était impuissant à apaiser, après
à toutes les opérations. Au siège de Nicée, il attaque avoir désigné pour lui succéder dans la conduite de
avec Raimond de Toulouse la partie sud des remparts l'armée Arnoul, chapelain de Robert Courte-Heuse,
et des chevaliers de sa suite parviennent à démolir qui fut plus tard patriarche de Jérusalem. Cette mort
une tour. A la bataille de Dorylée (1er juillet 1097), on causa une grande douleur aux croisés qui ensevelirent
le voit rallier les escadrons et charger les Turcs à leur Adhémar dans la basilique de Saint-Pierre-ès-Liens.
tête, mais après la victoire, il ordonne un repos de trois Plus tard son successeur Ponce, évêque du Puy, visi-
jours, pour soigner les blessés et ensevelir les morts. tant les Lieux-Saints, transporta son corps dans un
Il semble d'ailleurs que son titre de chef de la croisade mausolée et rapporta au Puy son anneau épiscopal.
ait été plus honorifique que réel; cependant au siège Mais, à cette époque, Adhémar était déjà devenule héros
d'Antioche il paraît avoir pris dans les conseils des d'une véritable légende; beaucoup de croisés avaient
chefs une place assez importante et avoir usé de son cru le voir apparaître et on raconta qu'au moment de
influence pour apaiser leurs querelles; entre Raimond la prise de Jérusalem, il était monté le premier sur les
de Toulouse et Bohémond il était l'arbitre naturel. remparts. Les chroniqueurs aiment à le comparer à
Après trois mois de siège, les chefs ayant décidé de Moïse, parce qu'après avoir conduit le peuple chré-
faire une expédition-pourravitailler l'armée, l'évêque tien, il n'a pu voir la Terre promise. Son souvenir se
du Puy et le comte de Toulouse, dont le camp était conserva particulièrement au Puy, et les chanoines
situé sur le bord de l'Oronte, furent chargés de rester prétendirent que c'était en mémoire de cet évêque
devant la place. Ils durent résister à un assaut fu- guerrier qu'ils avaient reçu le droit de porter l'épée
rieux des Turcs dans lequel le porte-étendard de l'évê-
que fut tué tandis que sa bannière tombait aux mains
des infidèles. Lorsque Tancrède rentra au camp après
et de revêtir pendant le temps pascal un vêtement
semblable à une cuirasse. Gallia christiana,1720, t. n,
col. 703. On finit même par lui attribuer l'initiative de
avoir taillé en pièces 700 musulmans, il fit don à l'évê- la première croisade qu'il aurait conseillée au pape à la
que d'une dîme sanglante de 70 têtes d'ennemis et suite d'une vision d'un prêtre de son diocèse. Cafaro,
celui-ci lui remit en échange autant de marcs. Liberalio Orientis, Hist. Occ. Crois., t. v, p. 48-49.
Adhémar paraît d'ailleurs avoir employé son auto- Enfin Adhémar de Monteil passe pour être l'auteur du
rité à conserver à la croisade son caractère religieux Salve Regina et Albéric des Trois Fontaines affirme
et à la maintenir sur le chemin du Saint-Sépulcre. que c'est pour cette raison que l'on appelait cette
Après l'expédition du ravitaillement, il adresse aux prière « l'antienne du Puy o. Mon. Germ. histor.,
croisés des exhortations pour les engager à persévé- Scriptor., t. XXIII, col. 828. La figure de cet évêque du
rer dans leur entreprise jusqu'à ce qu'ils aient déli- XIe siècle présente donc un grand intérêt et s'il n'a
vré Jérusalem. En septembre 1097, de concert avec pas été à proprement parler le chef de la croisade, il
Siméon, patriarche de Jérusalem, il écrit aux peuples a exercé cependant une grande influence sur ses chefs
du nord de l'Europe pour les presser d'envoyer une et par son ardeur religieuse autant que par son cou-
rage il a soutenu le moral des foules qu'il conduisait 200 florins à son vicaire général, Jean Girard (19 avr.).
etpréparé le triomphe final de l'expédition. Il afferma les revenus de son abbaye de Beaulieu au
cellérier, 550 livres (25 janvier 1501), et ceux de son
I.SOURCES. — Chroniquede Saint-Pierre du Puy, à la suite
duCartulaire de Saint-Chaffre du Monastier, éd. U. Cheva-
évêché avec ses dépendances à son frère Gaucher,
lier,,Paris, 1888 (œuvre du
Raimond
XIIe siècle, bien informée). -
d'Aguilers, Hist. Occid. Crois., t. III, p. 235-309,
seigneur de Grignan, 600 écus (24 sept. 1501 et 1er
avr. 1504). Il partit pour la Terre-Sainte à la fin de
ce dernier mois. De retour de son pèlerinage, il reçut
estla source principale, mais tous les autres historiens de la
première croisade ont donné d'abondants détails sur Adhé- l'hommage de Romanet de Viennois (23 mars 1507).
mar.—Lettre d'Adhémarauxpeuples du nord. Arch. Orient L'année suivante, il fit construire un autel en l'hon-
M.,!t. i, p. 221. — Histoire de Languedoc, éd. Privat, t. III, neur du Saint-Sépulcre. Il transigea avec les habi-
IV, V (analyse de diplômes d'Adhémar ou de Raimond de tants de Saint-Paul, au sujet des droits de péage et
Saint-Gilles). de leyde (1509). Il se démit de son prieuré de Saint-
II. OUVRAGES AUXILIAIRES. — Gallia christiana, t. n, Amans, le 21 mars 1516, et mourut avant le 20 juillet
p.,701-703. — Histoire littéraire de la France, t. VIII, p. 468-
472.- Mandet, Histoire du Velay, Le Puy, 1861, t. III. Les
récits du moyen âge, p. 115-137. — Hagenmeyer, Chronologie
de cette année, laissant à son chapitre ses biens
ecclésiastiques et àson frère Gaucher ses biens pater-
nels. Il fut enterré dans la chapelle de Notre-Dame
de la première croisade, Paris, 1902.
L. BRÉHIER. de l'Assomption.
7. ADHÉMAR DE MONTEIL (GUILLAUME) était Albanès et Chevalier, Gallia christiana novissima, t. IV,
fils de Giraud Adhémar de Monteil, seigneur de Gri- col. 459.
gnan, et de Blanche de Pierrefort. Il figure dès 1468 U. CHEVALIER.
comme chanoine de Saint-Paul-Trois-Châteauxet curé 8. ADHÉMAR DE MONTEIL DE GRIGNAN
de Clansayes, dont son frère Bertrand était seigneur. (FRANÇOIS), le troisième des fils de Louis-François de
A l'annonce de la mort de l'évêque de Saint-Paul, Castellane-Adhémarde Monteil, comte de Grignan, na-
Jean Sirac, décédé en France en 1482, le prévôt, quit à Grignan, le 8 septembre 1603 et fut baptisé le 15
Hugues Genevès, assembla les chanoines dans le du même mois. Registres des baptêmes de Grignan, an-
chœur de la cathédrale et les harangua, affirmant née 1603. Un mémoire écrit de la main de Jeanne
qu'aucun de leurs collègues n'était aussi méritant
que Guillaume Adhémar; on l'élut à l'unanimité
et Sixte IV le confirma le 18 ou 19 août; il n'avait
:
d'Ancesune, sa mère, nous donne de précieux détails
sur son enfance et son éducation François entra dans
les ordres et fut pourvu, pendant ses études, de l'ab-
reçu que les ordres mineurs. On peut conjecturer baye d'Aiguebelle(1620). Dix ans après, il était nommé
qu'il fut sacré à Rome, car c'est de là, à l'hôtellerie évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux;la bulle d'Ur-
appelée Marguerite de Savoie, près du champ de bain VIII pour la consécration et le serment sont du
Flore, qu'il data une procuration pour toucher les re- 17 décembre 1630. Collection Morin-Pons, n.249; ce
venus de son église et en prendre possession (21 sept.). qui montre la fausseté de la date du 14 septembre que
Son entrée à Saint-Paul fut très solennelle. Il prêta donne le P. Boyer de Sainte-Marthe. Il fut ambas-
hommage au roi de France, à Grenoble, le 30 décembre. sadeur de Louis XIII en Savoie et visita très régu-
1483;
Sixte IV le nomma recteur du Comtat Venaissin, en
comme tel il fit une ordonnance pour régler la
valeur des monnaies étrangères qui circulaient dans
lièrement son diocèse, ainsi qu'en font foi les registres
de ses visites pastorales, conservés aux archives de la
Drôme. Son ambassade en Savoie lui valut à son
le pays, et reçut l'hommage de l'évêque de Carpen- retour, d'après le Dictionnaire de M. Brun-Durand, le
tras pour les seigneuries de son église (1485). A sa brevet de conseiller d'État avec 2000 livres de rente.
qualité d'évêque, il joignit celles de doyen de Colon- Le P. Boyer nous apprend, en outre, qu'en 1634, il fit
zelles et de seigneur de ce lieu (1484). Il accorda, par refaire le dôme de sa cathédrale, eut de nombreuses
exception et à raison de la pénurie de prêtres sécu- (c transactions » avec ses diocésains en 1635, interdit
liers, au prieur d'Aiguebelle, l'autorisation de confes- aux hérétiques de faire venir des ministres à Saint-
ser et de donner la communion durant le carême et à Paul-Trois-Châteaux, gagna enfin un procès impor-
Pâques (1485). Il en appela plus d'une fois au parle- tant de juridiction contre son chapitre (1641). En
ment de Grenoble contre les empiétements des offi- janvier 1643, il était demandé comme coadjuteur par
ciers royaux sur sa juridiction (1486). Il eut besoin Jean Jaubert de Barrault, archevêque d'Arles, et était
de se faire absoudre ad cautelam, en vertu de lettres nommé le 23 avril, non sans avoir fait de nombreux
du vicaire général du cardinal légat d'Avignon, d'une »
présents « aux divers corps de religion de sa ville
excommunication fulminée contre lui, à la requête de épiscopale. Il devint définitivement archevêque
Jean de Flagy, augustin, étudiant à Paris, par Robert d'Arles le 31 juillet suivant (le brevet de Louis XIV
«Tullicii », docteur de l'Université et chantre de la
collégiale de Saint-Honoré, à Paris (22 mai 1490). Le
chapitre de Saint-Paul obtint d'Alexandre VI une
;
est du 31 juillet 1643 : les bulles du pape sont du
16 janvier 1644-1645) son frère puîné, Jacques, lui suc-
céda et fut nommé le 31 août 1643. Cf. l'article suivant.
complète exemption de la juridiction épiscopale, à François Adhémar de Monteil prit possession de son
l'occasion du vol du registre des statuts par un ser- siège en mai 1646 et entra solennellement, le 23 dé-
viteur de l'évêque (15 oct. 1492). Un an après, sur cembre suivant, dans sa ville archiépiscopale, où il se
les remontrances de l'évêque, le pape remit les choses rendit bientôt célèbre. En effet, non seulement sa mère
en l'état, car cette indépendance avait eu pour résul- Jeanne d'Ancesune note dans son livre de raison, qu'il
tat de permettre aux chanoines une vie dissolue, calma des troubles, qui avaient eu lieu à Marseille
qui scandalisait le public (23 oct. 1493). Il fallut une quelque temps après son élection (lettres de félicita-
transaction entre les parties pour trancher toutes les tions de saint Vincent de Paul du 29 février 1647),
difficultés surgies à cette occasion; elle fut confir- qu'il apaisa un conflit, qui avait éclaté, en 1648, entre
mée par le même pape, le 5 décembre 1497. En 1494, le comte d'Alais, gouverneur de Provence, et le Par-
Guillaume Adhémar succéda, comme abbé commen- lement d'Aix, et qu'il sut « avec grand péril de sa vie»
dataire de Saint-Pierre de Beaulieu, au diocèse de arrêter une querelle intestine, qui divisait les habi-
Limoges, à son frère Guiot, qui fut archidiacre de tants d'Arles, mais tous les auteurs contemporains et
Saint-Paul, de 1487 à 1492. En 1497, faisant renou- les historiens de cette ville reconnaissent sa belle con-
veler le terrier de son évêché, il ordonna, sous peine duite dans cette époque troublée. Mazarin, dans sa Cor-
d'excommunication, aux habitants de Saint-Paul de respondance, parle avec éloge de ses services pendant la
ne reconnaître d'autre seigneur que lui; il emprunta fronde provençale et voulait lui faire donner le cordon
bleu dès 1657 (lettre à Colbert); Louis XIV de pas- chaperon grâce à l'intervention des Adhémar (Archives
sage à Arles logea chez lui et le nomma commandeur de la Drôme, Saint-Paul, Délibérations consulaires,
de l'ordre du Saint-Esprit; enfin ses fondationsde BB, 12); puis, après avoir doté lamense épiscopale et
couvents pour filles repenties, les agrandissements et une confrérie établie dans sa cathédrale, il devint
les dotations dont il gratifia l'hôpital général, ainsi que coadjuteur de Nicolas de Grille, évêque d'Uzès,
la création d'un mont-de-piété le rendirent si popu- qu'il remplaça le 18 février 1660. Toutefois, il s'occupa
laire dans toutes les classes et surtout dans sa famille fort peu de son nouveau diocèse; on cite le jugement
que Mme de Sévigné l'appelait le « beau patriarche ». par lequel il fit casser, en 1671, l'union du chapitre de
:
Il s'occupait également des affaires ecclésiastiques de
son archidiocèse il visite régulièrement ses paroisses
la cathédrale d'Uzès avec la congrégation de Sainte-
Geneviève; sa principale occupation fut de résider à la
(cf.Registresdes visites pastorales, Bibliothèqued'Arles,
ms. n. 141, au début); il mène à bonne fin le travail
de revision de l'office des saints de son Église, com-
le loue fort Mme de Sévigné :
cour et d'y obtenir des faveurs pour sa famille, ce dont
« Je suis satisfaite plus

:
mencé par Gaspard de Laurens en 1612. Cf. Biblio-
thèque d'Avignon Office proprement dit, ms. n. 114,
et mandement à ce sujet, ms. n. 1892. En octobre
1658, il s'était démis de l'abbaye d'Aiguebelleen faveur
que jamais, écrivait-elle, de la prudence et du bon
esprit de ce prélat; » elle engage fortement sa fille et
son gendre à suivre ses conseils, « attendu qu'il sait
l'air de ce pays et n'oubliera pas de soutenir dans
l'occasion l'honneur des Grignan. » Lettre du 10 fé-
de son neveu, Ange de Grignan; devenu aveugle en vrier 1672. Trois faits restent encore à signaler de la
1661, il le prit comme coadjuteur et mourut le 9 mars vie de Jacques Adhémar : sa participation à l'achat
1689, à l'âge de 86 ans. Ses funérailles eurent lieu le d'une charge de lieutenant aux gardes françaises pour
dimanche suivant 13 et son corps fut inhumé dans un de ses frères, Joseph, dit le chevalier d'Adhémar
la chapelle de Saint-Genès avec une inscription sur (28 décembre 1661); sa présence au mariage de Fran-
marbre. çois Adhémar de Monteil, comte de Grignan, avec Mar-
guerite-Françoise de Sévigné, fille de l'illustre écri-
Albanès et Chevalier, Gallia christiana nouissima, Arles, vain (27 janvier 1669); enfin la levée d'un régiment à
1901,1.1,col.969-982.|—Aubenas,Histoire deMme deSévigné,
de sa famille et de ses amis, in-8°, 1842, p. 572-575 (longs ses frais, en 1671. Il mourut à Grignan, le 13 septembre
1674, et fut inhumé dans l'église de Saint-Sauveur.
extraits des mémoires de Jeanne d'Ancesune). — De Bois-
gelin (marquis), Les Adhémar; Généalogie, 1re partie, p. 4
à 6.—Boyer de Sainte-Marthe (le P.), Histoire de l'église Boyer de Sainte-Marthe, Histoire de l'église cathédrale de
cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux, in-4°, 1710, Saint-Paul-Trois-Châteaux, 1710,p. 268-271, 407. —Brun-
Durand,Dictionnaire biographique et biblio-iconographique
p. 261-270; 407. — Brun-Durand, Dictionnaire biogra- de la Drôme, 1902, t. i, p. 9-10. — Gallia christiana, 1715,
phique et biblio-iconographique de la Drôme, Valence,1900,
t.1, p. 8, 9. —Gallia christiana, 1715, t. 1, col. 593-594, 732- t. i, col. 7-33; t. VI, col. 643. — Lacroix, L'arrondissement de
Montélimar,Valence, 1868-1893, t. IV, p. 163-165, 238-239;
733. — Lacroix, L'arrondissement de Montélimar, Valence,
1868-1893, t. IV, p. 163-165, 236-241; t. VII, p. 266-375. — t. VII, p. 266-267. - E. Maignen, Catalogue des livres et
E. Maignen, Catalogue des livres et manuscrits du fonds dau-
phinois de la Bibliothèque municipale de Grenoble, 1906, t. 1,
n. 4254, 4256, 4257, 4258. — Morin-Pons, Inventaire des
pale de Grenoble, 1906, t. i, n. 4256, 4257. -
manuscrits du fonds dauphinois de la bibliothèque munici-
Morin-Pons,
Inventaire des archives dauphinoises de M.Henri Morin
Archives dauphinoises de M. Henri Morin-Pons, par U. Che- Pons, par U. Chevalier et A. Lacroix, 1878, t. i, p. 55-69,
valier et A. Lacroix, 1878, t. I, p. 55-69, n. 249, 251, 256, n. 252, 253, 254, 258, 261, 262, 263, 265-272, 277-281,
260, 264, 276, 281. - Nadal, Essai historique sur lesAdhé-
mar et sur Mme de Sévigné, in-8°, Valence, 1858, p. 79-82. —
291, 293. — Nadal, Essai historique sur les Adhémar et
sur Mme de Sévigné, 1853, p. 82-83. - Pithon-Curt, His-
toire de la noblesse du Comtat-Venaissin,1748, t. IV, p. 38.
Pithon-Curt, Histoire de la noblesse du Comtat-Venaissin,
1748, t. IV, p. 37-38. —De Sévigné, Lettres de Mme de Sévi- J. SAUTEL.
gné, cf. la table de l'édition des Grands écrivains de la 10. ADHÉMAR DE MONTEIL DE GRIGNAN
France, t. XII, p. 192-194. (JEAN-BAPTISTE-FRANÇOIS), archevêque d'Arles. Il
J. SAUTEL. naquit en 1638, de Louis Gaucher, dit Scévole, comte
9. ADHÉMAR DE MONTEIL DE GRIGNAN de Grignan, et de Marguerite d'Ornano.
(JACQUES), frère du précédent, « M. de Peyrolles » Reçu docteur de Sorbonne, le 18 mai 1666, et nom-
comme l'appelle Jeanne d'Ancesune, était prieur de mé, cette même année, coadjuteur de l'archevêque
Saint-Pierre de Lanson à Portes, lorsqu'il reçut la d'Arles, il fut sacré à Uzès, sous le titre d'archevêque
tonsure et les ordres mineurs, les 28 et 29 septembre de Claudiopolis, le 11 décembre 1667, par son oncle
1631. « Après avoir achevé ses études, » il alla à Paris Jacques Adhémar, évêque d'Uzès, assisté des évêques
avec l'archevêque son frère « en deux ou trois voya- de Saint-Papoul et de Vaison. Son oncle étant mort
ges. » Puis, il fut élu député à l'assemblée du clergé en 1689, il occupa le siège d'Arles pendant neuf ans
de 1641, et « quand le feu roi eut donné l'archevêché et mourut à Montpellier le 11 novembre 1697, âgé de
d'Arles à M. l'archevêque, il obtint cette grâce que 59 ans.
l'évêché de Saint-Paul qu'il avait auparavant serait en Les auteurs de l'époque vantent son éloquence et
faveur de son frère de Peyrolles, ce qui lui fut accordé sa facilité de parole; c'est de lui que parlait l'abbé
facilement par Louis XIII le 2 avril 1643. » Le brevet
du roi est du 31 août 1643 et les bulles du pape Inno-
de Villiers quand il écrivait :
cent X, du 20 mars 1644, lui ordonnent d'ériger un Là Bossuet, Grignan, Mascaron, Fromentière,
Le Bouts, Faure et dom Cosme ont porté la lumière.
séminaire et un mont-de-piété. Le 11 juillet 1648, il
fut encore pourvu de l'abbaye de Notre-Dame-de- (L'Art de prêcher, c. x.)
Fontdouce, au diocèse de Saintes « valant 5000 livres Nous le voyons assister aux assemblées du clergé
de rente », et, le 20 juin 1653, il recevait celle de Saint- de 1675, de 1680, de 1685 et de 1693, présider, avec
Georges-sur-Loire; il prêta serment l'année suivante. l'archevêque de Paris, celle de 1680 et prononcer,
D'après le P. Boyer de Sainte-Marthe, il fit rebâtir les dans celle de 1693, la harangue de clôture au roi. Il
murailles de sa ville épiscopale démolies en 1581; il fut avait en commende les abbayes d'Aiguebelle et de
encore député à l'assemblée du clergé de France en Toronet.
1650 et, à son retour, il fit construire son palais épis- Mme de Sévigné le mentionne souvent dans sa
copal avec le concours des gens de Saint-Paul et de correspondance, l'appelant tantôt assez irrévéren-
Saint-Restitut. En 1655, les délibérations consulaires cieusement Seigneur Corbeau, à cause, sans doute, de
de Saint-Paul-Trois-Châteaux signalent que la ville son teint basané, tantôt plus simplement le coadju-
fut exempte de l'étape et que les consuls reçurent le teur.
Nous ne savons trop si c'est avec raison qu'elle d'absence (1710). Il habitait tantôt, dans la Cité, le
l'accuse d'ingratitude à l'égard de son oncle, pendant vieux palais épiscopal. tantôt, dans la Ville-basse,
qu'il était son coadjuteur. l'hôtel de Monsieur Roux de Montbel, l'un des syndics
Gallia christiana, 1715, t. i, col. 594, 738. — Albanès- généraux de la province de Languedoc; tantôt, la
Chevalier, Gallia christiana novissima, 1901, Arles, col. 982- maison de campagne de Villalier.
990. — Brun-Durand, Dict. biogr. et biblio-iconogr. de la L'amour des pauvres fut l'une des vertus caracté-
Drôme, Grenoble, 1900, t. i, p. 11-12. — Nadal, Essai histo- ristiques de Mgr de Grignan. C'est à lui que l'on doit la
rique sur les Adhémar et sur Mme de Sévigné, Valence, 1858. création d'hôpitaux et maisons de charité, pour les
— A. Lacroix, L'arrondissement de Montélimar, Valence. malades et les nécessiteux; une maison de refuge,
1868-1893, t. IV, p. 244-246. — Mme de Sévigné, Lettres.
Voir dans l'édition des Grands écrivains la table, t. XII, pour les égarés de la vie morale. Pour soutenir plus
p. 278-282. facilement ces œuvres de bienfaisance, l'évêque de
A. SABARTHÈS. Carcassonne ne négligea rien : aumônes personnelles,
11. ADHÉMAR DE MONTEIL DE GRIGNAN quêtes publiques, règlements, associations et confré-
(LOUIS-JOSEPH), évêque de Carcassonne, était le hui- ries de charité. Aussi dans son testament (15 février
tième fils de Louis Gaucher de Castellane Adhémar, 1722), c'est encore aux pauvres de la Charité de la
comte de Grignan, et de Marguerite d'Ornano; il na- Cité, à la Miséricorde de la Ville basse, aux hôpitaux
quit le 3 ou 4 juin 1650, il étaitle propre frère du gendre et aux pauvres des campagnes de son diocèse qu'il fit
de Mme de Sévigné. les legs les plus abondants.
Louis-Joseph fit ses études en Sorbonne et y prit le Enfin sentant ses forces diminuer, Mgr de Grignan
titre de docteu r et celui de maître-ès-arts. Il fut d'abord obtint pour coadjuteur, avec future succession, son
prieur des Portes, en Dauphiné, et puis de Saint- neveu et filleul, Louis-Joseph de Châteauneuf de
Georges-sur-Loire, au diocèse d'Angers. Ordonné Rochebonne, quatrième fils de sa sœur Thérèse. Après
prêtre, le 29 mai 1675, il fut nommé, pour la province un épiscopat de quarante et un ans, laissant après lui
d'Arles, agent général à l'assemblée générale du clergé le souvenir d'un grand nom et les traces de son iné-
de France. Sur brevet du roi, l'abbé de Grignan fut puisable charité, il mourut le 1er mars 1722, à l'âge de
nommé évêque d'Évreux(1630), et préconiséau consis-
toire secret du mois d'avril 1681. Mais avant qu'il eut
;
72 ans il fut inhumé dans son église cathédrale dans
la chapelle Saint-Érasme, aujourd'hui du Sacré-Cœur.
pris possession de son bénéfice, il fut nommé à l'évêché
de Carcassonne (mai 1681), vacant par suite de la
translation de monsieur d'Anglure de Bourlemont au
;
Parmi les œuvres de Mgr de Grignan, on n'a gardé
que les suivantes Instruction de la Pénitence et de
l'Eucharistie, in-18, Carcassonne, 1701. — Mande-
siège archiépiscopal de Bordeaux. Au mois de sep- ment pour ordonner des prières publiques pour la con-
tembre suivant, le pape le dégageait des liens qui servation de la santé du Roy, la prospérité des armes,
l'attachaient à l'Église d'Évreux, et lui confiait l'avancement de la paix et l'heureux accouchement de
l'Église de Carcassonne. Le 21 décembre 1681, il était madame la duchesse de Bourgogne, in-4°, Carcassonne,
sacré dans la collégiale de Saint-Sauveur, à Grignan, 1706. — Lettre pastorale aux curés et confesseurs ap-
par l'évêque de Vaison, assisté des évêques de Saint- prouvés dans le diocèse, in-4°, Carcassonne, 1709. —
Paul et d'Orange. Ordonnances synodales, in-18, Toulouse, 1713. — Du
A peine installé dans son diocèse, Msr de Grignan
mit son puissant crédit au service de.son troupeau et
se préoccupa même de ses intérêts matériels; réduc-
:
consentement de son chapitre, Mgr de Grignan publia
le propre des saints du diocèse Officia sanctorum pe-
culiarium ecclesiæ cathedralis et diœcesis CarCQFSOn-
tion des subsides sur les blés et de l'impôt du dixième, nensis, in-4°, Toulouse, 1715.
diminution du nombre des soldats que la ville de Car- Gallia christiana, t. VI (1739), col. 927,1017. — Bouges,
cassonne devait équiper. Aussi put-il entretenir tou- Hist. ecclés. et civile de la ville de Carcassonne, in-4°, Paris,.
jours d'excellentes relations avec les consuls aussi 1741, p. 449-450. —Viguerie, Annales, in-4°, an XIII(1805),.
bien qu'avec les intendants de la province de Lan- t. 1. — Dom Vic et dom Vaissette, Hist. générale de Lan-
guedoc, et servir d'arbitre indiscuté dans les multiples guedoc, édit. Privat, Toulouse, 1876, t. XIV, col. 1280,1392-
chicanes de l'époque. 1498, etc. — Nadal, Essai historique sur les Adhémar et sur
Mme de Sévigné, Valence, 1858. — A. Lacroix, L'arrondis-
Comme évêque, il remplit avec non moins de
zèle et de perfection tous les devoirs de sa charge
visites fréquentes de son diocèse qui ne comprenait
: — Daste, Oraison funèbre, in-4°, Toulouse, 1722. Ville--
sement de Montélimar, Valence, 1868-1893, t. IV, p. 246-248.
brun, Oraison funèbre, in-4°, Carcassonne, 1722. — Brun-
alors que 96 paroisses et 18 annexes, fondation de Durand, Dictionnaire biograph. et biblio-iconograph. de la
nombreuses écoles, nombreuses lettres pastorales, Drôme, Grenoble, 1900, t. 1, p. 12-13.—Mahul, Cartul. et
diffusion de la saine doctrine par des instructions rédi- archives descommunes de l'anc.dioc.de Carcass.,1867, t.III.
gées simultanément en français et en langue vulgaire,
il ne négligea rien pour paître et développer le troupeau
confié à sa sollicitude. Mais c'est surtout à la forma-
p. 502-508. — Mme de Sévigné, Lettres, voir la Table dans.
l'édit. Regnier des Grands écrivains, t. XII, p. 282-286.
Charpentier (Léon), Un évêque de l'ancien régime, Louis-
-
Joseph de Grignan, in-8°, Paris, 1899. — Archives dépar-
tion de son clergé qu'il employa ses soins. C'est pour lui tement. de l'Aude, G. 277, 278, 279, passim.
qu'il fonda une chaire de théologie dans le couvent des A. SABARTHÈS.
jacobins de Carcassonne; pour lui, qu'il mit tout en 12. ADHÉMAR DE LA ROCHE. Voir AIMAR DE
œuvre pour la fondation d'un séminaire, conformé- LA ROCHE.
ment aux prescriptions du concile de Trente; mais
cette gloire devait être réservée à son successeur. Encore
pour le bien du clergé, il établit les conférences diocé-
saines et publia des Ordonnances synodales qui ont
deux anciens évêchés :
ADHERBAIDJAN ou ADHORBIGAN, nom de
l'un chaldéen, l'autre jaco-
bite, qui se trouvaient dans la province actuelle de
longtemps régi le diocèse et marqué les devoirs des l'Azerbaïdjan, en Perse. C'est presque la transcription
curés. C'est encore à Mgr de Grignan que l'on doit d"A"po,¡";()(rr,v.(,, ancien nom qui fut donné à la pro-
l'érection, au sommet de la Montagne-Noire, des pa- vince de Petite Médie par Atropates, satrape de Da-
roisses de La Prade et des Martys. Dans la question rius III. L'évêché d'Adherbaidjan est déjà cité au
du jansénisme, il se montra d'une parfaite orthodoxie, concile de Séleucie, en 420; le 21e canon de ce con-
souscrivant au formulaire et publiant sans aucune cile le dit suffragant d'Arbèle. Chabot, Synodicon
réticence la bulle Unigenitus. Quant au devoir de la orientale dans les Notices et extraits des manuscrits,
résidence, il le remplit si fidèlement que c'est à peine Paris, t. XXXVII, p. 276, 619. Au concile de 486, sous
si, durant trente-deux ans, on compte une année le catholicos Acace, assiste et signe Osée, évêque de
Ganzak de l'Adherbaïdjan. Chabot, op. cit., p. 307. On ne possède pas de détails précis sur la pénétra-
S'agit-il dans ce passage de notre évêché, qui aurait tion du christianisme dans l'Adiabène, bien qu'il soit
tantôt porté le nom de la province entière, tantôt ce- sûr qu'il s'y répandit de fort bonne heure et qu'il y
lui de Ganzak, la ville principale? C'est ce que l'on fit de rapides progrès. En parlant de la terrible per-
ignore; il est possible toutefois que l'évêque résidât sécution que Sapor II infligea aux chrétiens, Sozo-
réellement à Ganzak, célèbre par son temple du feu mène nous dit que presque toute cette province avait
et où fut exilé vers 541, le célèbre catholicos Maraba. accepté le joug de l'évangile. Hist. eccles., 1. II, c. XII,
S'il en était ainsi, Ganzak est identifié avec des ruines P. G., t. LXVII, col. 965. Un fait le prouve bien,
nommées Takht-i-Soleïman, au pied d'une montagne c'est que Qardagh, révolté contre Sapor, put avec
de 4500m d'altitude. Hoffmann, Auszüge aus syris- ses coreligionnaires de l'Adiabène tenir campagne
chen Akten persischer Märtyrer, p. 250; Noeldeke, Ges- contre le Shah, et quand il succomba et fut mis à
chichte der Perser und Araber zur Zeit der Sasaniden, mort, l'Église persane le vénéra comme un martyr.
;
p. 100, note 1 de Morgan, Mission scientifique en Perse, Bedjan, Acta martyrum et sanctorum, t. ix, p. 442-506;
Paris, 1894, t.1, p. 12,13, 221. Au concile de 544, tenu Rubens Duval, Littérature syriaque, p. 137. Si la per-
précisément dans ce diocèse par Maraba Ier, assiste et sécution de Sapor II sévit si cruellement dans cette
signe l'évêque Jean. Chabot, op. cit., p. 332, note 3 et province,c'est parce que celle-ci se trouvait près de la
345. Cet évêque Jean favorisa quelques années après frontière des Romains, avec lesquels le sassanide était
la fuite de Maraba exilé. Labourt, Le christianisme en guerre, et qu'elle ne cachait pas ses sentiments
dans l'empire perse, Paris, 1904, p. 188. L'évêque Mel- bienveillants pour ses frères en religion. En effet,
chisédech envoya par lettre son adhésion au concile parmi les 16.000 victimes que Sozomène attribue
de 554, auquel il n'avait pu assister, Chabot, op. cit., aux cruautés de Sapor II, un bon nombre appar-
p. 366; c'est le même Melchisédech, très probable- tenait à l'Adiabène. Évode Assémani, Acta martyrum
ment, qui assista au concile de 576, Chabot, op. cit., orientalium, t. i, p. 97-101, a publié un catalogue
p. 368. Au concile de 605 assista Henanicho, évêque des martyrs de cette province sous Ardachir, lieute-
d'Adorbigan. Chabot, op. cit., p. 479. Cet évêché con- nant de Sapor; malheureusement, on n'y trouve men-
tinua à subsister, et nous connaissons encore quelques tionnés que les noms des confesseurs et des localités
uns de ses titulaires à une époque plus rapprochée de où ils ont subi le martyre. Par d'autres documents, on
nous. Tels l'évêque Jean, en 1266, Le Quien, Oriens est mieux renseigné sur quelques-uns d'entre eux.
christianus, t. II, col. 1283; un autre, envoyé à Rome, Parmi eux signalons : Jean, surnommé Bar Mariam,
Simon Soulaka, dans Bessarione, t.
en 1551, pour traiter de la conversion du catholicos,
IV (1898), p. 393,
note; l'évêque Gabriel, nestorien très probablement,
évêque d'Arbèle, en 343; son successeur Abraham,
en 344; le laïc Hanania, le prêtre Jacques en 347,
ainsi que les religieuses Marie, Thècle, deux autres
envoyé au Malabar en 1708 et qui, pour accomplir sa Marie, Marthe et Ami; le diacre Barhadbechabba en
mission, dut faire, en 1708, entre les mains des Portu- 354, Aïtalaha et le diacre Mata en 355; le prêtre Jac-
gais une profession de foi catholique. Le Quien, Oriens ques et le diacre Azad en 372; l'évêque Acepsimas, le
christianus, t. II, col. 1283. Aujourd'hui, il n'existe prêtre Joseph et le diacre Aïtalaha en 378. Sur ces
pas d'évêché catholique qui porte le nom d'Adher- martyrs voir Labourt, Le christianisme dans l'empire
baidjan, mais deux diocèses chaldéens catholiques, perse, Paris, 1904, p. 74-77; H. Delehaye, Les ver-
Ourmia et Salamas, sont situés dans cette province sions grecques des actes des martyrs persans sous Sa-
et comptent l'un et l'autre environ 15 000 fidèles. por II, t. II, fasc. 4 de la Patrologia orientalis de Graf-
Quant à l'évêché jacobite d'Adherbaidjan, il semble fin-Nau. En 446, sous le shah Iazdgerd II, un grand
avoir été créé par Maruta, maphrian de Tagrit, entre nombre de chrétiens de l'Adiabène, dont plusieurs
les années 640 et 649. Bar Hébræus, Chron. eccles., évêques et prêtres, souffrirent également le martyre.
p. 119. On connaît les évêques Philoxène, devenu Labourt, op. cit., p. 126 sq. Lorsque l'hérésie de Nes-
musulman en 962, Jean en 1264, Sévère en 1577. Le torius eut définitivement été adoptée par les Perses
Quien, Oriens christianus, t. II, col. 1565. C'était le chrétiens comme religion d'État, la province d'Adia-
maphrian qui sacrait les évêques de ce siège. Il y a bène résista plus que les autres, ayant davantage
aujourd'hui fort peu de jacobites en cette région. subi l'influence de la théologie romaine. De même,

;
Sur l'Azerbaidjan, voir de Morgan, Mission scientifique
en Perse, Paris, 1894, t. I, p. 289-355 à la p. 289, on trou-
vera une bibliographie générale sur cette province.
c'est chez elle,toujours sous l'influence étrangère, que
le jacobitisme syrien recruta le plus d'adhérents. Grâce
à l'intervention de Gabriel, riche médecin de la cour
S. Vailhé. et jacobite déclaré, Jonadab, métropolite nestorien
ADIABÈNE, nom d'une province de la haute d'Arbèle, ne put agir sur l'esprit de Chosroès et obtenir
Mésopotamie et d'une métropole ecclésiastique, com- du shah le décret d'expulsion contre eux, 612. Ainsi se
prise dans le patriarcat de Séleucie-Ctésiphon. L'Adia- forma une Église jacobite, ennemie de l'Église nesto-
bène désigna primitivement la région située entre les rienne; ainsi se créèrent des couvents et des écoles nom-
deux Zab; peu à peu, le nom s'étendit à la contrée breuses qui, sous les Sassanides et sous les Arabes, ré-
voisine du nord, lorsque celle-ci partagea ses desti- pandirent la doctrine de Sévère et de Jacques Baradaï
nées politiques. Elle fut gouvernée au Ier siècle de et semèrent la division parmi les chrétiens du pays. Le
notre ère par des princes indigènes, qui étaient pour- couvent de Mar Mattaï est le plus célèbre d'entre eux.
tant dans un certain degré de vassalité vis-à-vis des Par Église d'Adiabène, on entend tantôt l'Église
Parthes et qui, par suite, se trouvèrent assez souvent d'Arbèle, métropole de la province, tantôt la pro-
mêlés à leurs conflits avec les Romains. En l'an 116, vince elle-même. On trouvera au mot Arbèle ce
Trajan se rendait maître du pays qui, sous le nom qui concerne l'Église de cette ville. Pour l'Adiabène,
d'Assyrie, était annexé à l'empire romain. Un peu elle est déjà signalée, dès 410, comme province ecclé-
plus tard, il devait faire retour aux Parthes et aux siastique du patriarcat de Séleucie-Ctésiphon. D'après
Perses. On sait par l'historien Josèphe et par d'autres le 21e canon du concile de Séleucie en 410, le métropo-
sources indépendantes de lui qu'une branche de la litain portait les titres réunis d'Arbèle, de Hazza,
dynastie indigène d'Adiabène avait embrassé le ju- d'Assyrie et de Mossoul, Chabot, Synodicon orientale,
daïsme; le membre le plus connu de cette famille dans Notices et extraits des manuscrits, Paris, t. XXXVII,
juive est la reine Hélène, dont les restes furent trans-
portés dans le splendide tombeau dit des Rois, Qou-
qour el Molouk, au nord de Jérusalem.
:
p. 619, 256. Il avait droit au quatrième rang et comp-
tait six évêchés suffragants Beit Nouhadra, Beit Ba-
ach, Beit Dasen, Ramônîn, Beit Mahqart et Dabag-
rinos. Chabot, op. cit., p. 272-274, 617. Au VIle siècle, plement permises, c'est-à-dire que l'on peut faire ou
lors de l'invasion arabe, il en était encore ainsi. Peu omettre pourvu quel'on agisse sous le regard de Dieu?
après, le terme d'Adiabène fut remplacé par celui Chalibœus, Rothe, Palmer, Martensen,Wurtke l'affir-
d'Assyrie et l'on dit alors plus communément pro- ment, parce qu'autrement, victime du scrupule,
vince d'Assyrie que province d'Adiabène. l'hommeperdrait toute spontanéité. Fichte et Schleier-
• S. VAILHÉ. macher le nient, parce que toute action de l'homme est
ADIAPHORITES. Ceux qui soutiennent qu'il y a voulue ou non par Dieu, et qu'il n'y a pas, par consé-
des choses indifférentes (àSiàtpopa), c'est-à-dire ni quent, au regard de Dieu, d'action simplementpermise.
bonnes ni mauvaises sous le rapport moral. Cette idée Dictionnaire de théologie catholique, t. I, col. 396-398.
est assez ancienne et se rattache à une des grandes V. ERMONI.
époques de la philosophie grecque. D'après Diogène ADIGHIERI (MARCO),dominicain. Il vécut au cou-
Laërce, VI,104, les cyniques regardaient comme indif- vent de Saint-Marc, à Florence, sur la fin du xve siè-
férentes les choses intermédiaires entre la vertu et le cle et le commencement du XVIe. On a de lui Concetti
vice (rà 8s fJ.E't'cd;ù &pE't'Ÿ¡C;~xal xaxtaç àSiàcpopa Xsyoucriv). n penna. Dans le catal. de Saint-Marc, ce ms. figu-
Cf. E. Zeller, Die Philosophie der Griechen, 2e édit., rait sous la cote Arm. II, 165.
n-8°, Tubingue, 1859, t.II, p. 214. Les stoïciens pro- Mazzuchelli, Gli scrittori d'Italia (1753), t. 1,1re part.,
fessèrent la même doctrine. Cf. E. Zeller, ibid., t. IV, p. 139. — Échard, Scriptoresordinis Præd., t. 1, p. 903.
p. 197, 241. Au cours de l'histoire du christianisme R. COULON.
cette thèse fut reprise, dans deux circonstances, par les ADILE (Sainte), née dans la Hesbaie, morte à
protestants, au XVIe, au XVIIe et au XVIIIe siècle. Orp-le-Grand(Brabant), vers 670. Elle y auraitfondé
A la suite de dissentiments avec le pape Paul III, un couvent de sœurs hospitalières. Elle est honorée le
Charles-Quint publia, en 1548, l'Interim d'Augsbourg, 30 juin; le 29 septembrea lieu un grand pèlerinage à
par lequel il se proposait d'établir une organisation Orp, où sont ses reliques. On ne pense pas qu'elle soit
ecclésiastique provisoire. Ce document faisait aux
protestants beaucoup de concessions; et c'est pourquoi
l'empereur entendait les obliger à l'observer jusqu'à ce
la même que sainte Adèle, sœur de saint Bavon.
--
Acta sanctorum, junii t. v (1709), p. 587-588. Biblio-
graphia hagiographica latina, 1901, t.II, p. 907. Biogra-
que le concile eût formulé ses décisions. EnWestpha- phie nationale (belge), 1866, t. i, p. 60.
lie, dans les pays rhénans et dans quelques contrées de P. FOURNIER.
l'Allemagne du Sud, on accepta sans difficulté l'In- ADIMANTUS ('Aôef[xtxvruç ou 'Aa-r¡!J;cx'l't'oç), l'un
terim; mais dans les autres pays il ne servit qu'à sus- des douze disciples de Manès. D'après Pierre le Si-
citer de nouvelles discordes. Le groupe modéré des cilien, Historia manichæorum, 16, P. G., t. CIV,
dissidents avait à sa tête Mélanchthon. Sur la de- col. 1266, il prêcha la doctrine de son maître en di-
mande de Maurice de Saxe, Mélanchthon et quelques verses régions. Il semble s'être arrêté particulièrement
théologiens saxons élaborèrent un nouvel Interim, qui en Afrique, où il jouissait d'une grande autorité au-
porte le nom d'Interim de Leipzig et qui fut adopté près de ses coreligionnaires, au commencement du
par les États de l'Électorat. Ce document admettait ve siècle. Faustus lui donnait le second rang après Ma-
comme indifférentes, qu'on pouvait dès lors observer nès parmi les docteurs de la secte. S. Augustin, Cont.
sans aller à l'encontre de la Sainte Écriture, certaines Faustum, 1, 2, P. L., t. XLII, col. 207. Il composa, pro-
coutumes telles que les jeûnes, les fêtes, les chants en bablement en latin, un ouvrage dans lequel il cher-
latin, l'usage du surplis, les cierges, etc. On reconnais- chait à mettre en contradiction l'Ancien Testament
et
sait la Confirmation l'Extrême-Onction; quant à avec le Nouveau. Il emprunte surtout ses textes au
l'autorité de l'Église, on déclarait s'y soumettre, à Pentateuque, mais il utilise aussi les Psaumes, les Pro-
condition qu'elle fût employée à construire, non à dé- verbes et les Prophètes. C'est ce qu'on voit par la ré-
truire l'édifice de l'Église. Flacius Illyricus provoqua futation de saint Augustin, Contra Adimantum Mani-
aussitôt une vigoureuse campagne contre les adiapho- chæi discipulum, P. L., t. XLII, col. 129-172. Cette ré-
rites.De Magdebourgil lança de nombreux pamphlets. futation est restée inachevée. Le saint docteur se pro-
Tous ces écrits soutenaient qu'il ne saurait y avoir, posait de la terminer, comme on le voit par un passage
en matière religieuse, des choses indifférentes et que du Contra advers. legis et prophet., II, 42, P. L., ibid.,
la chose même la plus insignifiante ne peut être indiffé- col. 666; mais il n'en eut pas le temps. L'ouvrage
rente lorsqu'elle est imposée. La doctrine de Flacius d'Adimantus, dont il ne reste que les extraits donnés
rallia la majorité des protestants. Les protestants ri- anathématisé dans la profes-
par saint Augustin, est l'Église
gides et les disciples de Mélanchthon continuèrent à sion de foi imposée dans grecque aux convertis
discuter sur ce sujet jusqu'à la Formule de concorde du manichéisme que Cotelier édita d'après le Parisi-
de 1580. Cette formule reconnut un petit nombre nus 1818, Patres apostolici, t. i, p. 544, P. G., t. 1,
d'~àSiâcpopa,mais avec cette restriction que les usages col. 1468; mais chose curieuse, cette pièce l'attribue à
et les cérémonies de cette catégorie seraient laissés à la fois à Adimantus et à Adas ou Addas, un autre disci-
la discussion des Églises et non des particuliers. On ple de Manès,TrjVy£Ypap.[j.£v^v"A5ocxai A8sc[Aâv:wxaxà
se soumit généralement à cette solution, qui s'écartait iMwjfféw; Y.OLIxdiva/.Xwv ~TrpocpTyirûv.VoirADDAS,col. 512.
des extrêmes. Ajoutons à ce propos que saint Augustin semble avoir
Environ un siècle plus tard, le piétiste Spener(1635- fait une confusion entre Adas et Adimantus. D'après
1705) reprit la controverse adiaphorite. Choqué de la les plus anciens manuscrits, on lit au passage déjà
conduite peu chrétienne de beaucoup de fidèles de son signalé du Contra advers. legis : Adimanti opus est, il-
temps, Spener enseigna que certains divertissements, lius discipuli Manichsei, qui prænomine (et non pro-
tels que le jeu, les spectacles, la danse, étant incom- prio nomine, comme lisent les éditeurs postérieurs)
patibles avec la gravité de la vie chrétienne, doivent Addas dictus est. Il peut se faire cependant que notre
être condamnés.Les orthodoxesrépondirentà ces pré- Adimantus ait vraiment porté le prénom d'Addas et
tentions, que des divertissements de ce genre sont que saint Augustin soit dans le vrai.
choses indifférentes, et que dès lors personne n'a le droit Le nom d'Adimantus est simplement signalé parPhotius,
de condamner. La controverse prit dans la suite une Contra manich., I, 14, P. G., t. CII, col. 41.— W. Smith and
tournure plus philosophique. On reconnut que tout H. Wace, A Dictionary of christian biography, Londres,
acte a un caractère moral, puisqu'il a ou du moins 1877, t. i, p. 44. — Is. de Beausobre, Histoire critique de
peut avoir quelque rapport « avec la volonté de Dieu Manichée et du manichéisme (1734), t. 1, p. 432.
et la vocation du croyant. » Mais est-il des actions sim- M. JUGIE.
1. ADIMARI (ALEMANUS DE), né à Florence, vers auprès du pape le 20 novembre. Ce ne fut pas, du reste,
1362, appartenait à l'ancienne famille des Adimari. pour très longtemps car Jean XXIII renvoya son
Après avoir étudié les belles-lettreset le droit canon, fidèle légat, dès 1413, à la cour de France. Sa nomi-
il entra dans les ordres et reçut un bénéfice. Dès le nation fut signée le 16 mars et son départ officiel eut
13 novembre 1400, il fut nommé au siège épiscopal de lieu le 9 mai. Les événements intérieurs qui boulever-
Florence qu'il n'occupa jamais pour raisons politiques. saient alors le royaume empêchèrent, sans doute, Adi-
Aussi, le 16 novembre 1401, fut-il fait archevêque de mari de partir car le 7 septembre il était encore auprès
Tarente et, le 3 novembre1406, transféré à Pise qui ve- du pape. Il n'arriva à Paris que le 18 février 1414. La
nait d'être prise par Florence le 8 octobre. Il conserva préparation d'un concile général était alors dans tous
le siège archiépiscopal de Pise jusqu'à son cardinalat. les esprits. La France était persuadée du prochain
Il était donc archevêque de cette ville durant le concile et définitif triomphe de Jean XXIII. Le pape avait
de 1408-1409. Nous savons qu'il y prit une part active. la même confiance et Adimari fut chargé d'adresser
Ainsi que la plupart des Pères, il chercha, par ses rap- partout des lettres de convocation, en même temps
ports, à faire condamner, comme hérétiques, Gré- que de préparer l'union contre Grecs et Latins, le
goire XII et Benoit XIII et reconnut Alexandre V terrain ayant été déjà préparé en France par Gerson.
issu du concile de Pise. A la mort de ce dernier, il Le concile de Constance, ouvert le 5 novembre par
s'attacha à son successeur Jean XXIII et c'est ce qui Jean XXIII, mit fin à la seconde légation d'Adimari.
l'amena à s'occuper des affaires de France. JeanXXIII, Le 14 janvier 1415, il prit congé du Parlement et
en effet, avait été reconnu, comme son prédécesseur, arriva à Constance le 9 février. Là, il continua à s'oc-
par le gouvernement royal. Aussi ne tarda-t-il pas à cuper des affaires de la France, surtout des affaires
envoyer, au delà des monts, des légats pour notifier au financières, et, lorsque Martin V fut élu, Adimari de-
roi son avènement et demander le consentement de vint un des favoris du nouveau pape. Sous ce ponti-
Charles VI afin de faire lever sur le clergé une nouvelle ficat, il fut, une fois encore, envoyé à l'étranger
décime. Adimari fut choisi pour diriger cette solennelle comme légat. Il dut partir, en 1418, pourl'Aragon afin
ambassade qui arriva à Paris le 26 septembre 1410. La de faire rentrer cette province sous l'obédience du
nouvelle des exigences pontificales et surtout, sem- pape. Duchesne, Liber pontificalis, t. II, p. 516. Be-
ble-t-il, la façon dont elles furent soutenues suscita noit XIII y résidait, abandonné de tous. En 1418,
une vive tempête. L'Université qui avait déjà des Adimari fut accusé d'avoir essayé de faire empoisonner
griefs à faire valoir contre Jean XXIII protesta et le vieux pontife. Malgré ses dénégations formelles et
édicta des peines assez graves contre ceux qui se sou- la demande qu'il fit, le 30 octobre 1418, devant le
mettraient aux ordres des légats. Elle alla même jus- concile de Lérida, d'une enquête serrée, Benoit XIII
qu'à menacer les légats de leur faire un procès d'hé- dénonça, dans une circulaire du 13 octobre 1418, Adi-
résie s'ils ne se rétractaient pas. Adimari n'hésita pas. mari et Martin V comme auteurs du crime. La légation
Il vint faire amende honorable devant l'Université. d'Adimari se termina le 20 avril 1419. Il rentra à
- Ce fut en vain. L'Université protesta contre toute Rome où, en 1422, nous le trouvons mêlé au procès
taxe apostolique qui ne serait pas reconnue par le du comte d'Armagnac. C'est vers la fin de cette an-
clergé du royaume. Jean XXIII, cependant, finit, par née 1422, le 17 ou le 27 septembre, qu'il fut frappé de
d'habilesmesures par se concilier le gouvernement. la peste à Tivoli. Son corps fut enterré dans l'église
Par ordonnance du 4 février 1411 le pape reçut satis- de Sainta Maria in Vallicella. Une inscription, repro-
faction et les commissaires purent lever la décime. duite dans Ughelli, nous apprend qu'il avait soixante
Adimari et Pierre, évêque d'Albi, furent chargés de ans.
l'opération sur laquelle une autre vint se greffer, le Il nous reste d'Adimari quelques lettres et des poé-
« don gratuit » imposé d'autorité par les légats, de sies : Lettres à Benedetto Varchi dans Prose fiorentine,
connivence avec le gouvernement. Florence, 1712, t.II (3 lettres). La bibliothèque d'Arles
La mission d'Adimari en France lui valut, le 6 juin ms. 228 et les Archives nationales X la 8602 fol. 258r,
1411, le chapeau de cardinal. Jean XXIII le fit cardi- possèdent aussi quelques lettres qui doivent être pro-
nal-prêtre du titre de Saint-Eusèbe. Mais Adimari chainement publiées. De même les Archives du Va-
n'était pas au bout de ses tribulations. Tandis qu'à à
tican, Reg. 345, fol. 70-77,121. Sonnets Varchi,dans
cette époque — le 21 juillet 1411 — il paraît avoir Varchi, Poésies, Florence, 1557.
été envoyé en Espagne comme légat pour des affaires Noël Valois, La France et le grand schisme d'Occident,
que nous ignorons, les membres-clercs du parlement Paris, 1902, t. IV. — Denifle et Chatelain, Chartularium
prétendaient être exempts de toute redevance apos- Universitaiis Parisiensis, Paris, 1897, t. IV, p. 268,287. —
tolique. Le 15 juillet 1411, le roi avait même publié Ughelli, Italia sacra, t.III, col. 163; t. IX, col. 141. — Hefele,
à ce sujet une déclaration et le nonce n'avait pu qu'en Hist. des conciles, trad. Delarc, t. x, p. 249 sq. — Nicolas de
référer au souverain pontife. Malheureusement pour Baye, Journal, édit. Tuetey, Paris, 1888, t. µI, p. 338, 339,
lui, sa correspondance fut interceptée et l'on y trouva 344;t.II, p. 37,46,48-50,56,179,181,205,208,299,302,
307. — Enguerran Monstrelet, Chronique, édit. Douë
une lettre assez vive contre le parlement où les plaintes d'Arcq, Paris, 1858, t. II, p. 103-108. — Mazzuchelli, Scrit-
et la malveillance du légat s'étalaient à plaisir. Cette tori d'Italiç., 1753, t. 1, p. 139. — Fincke, Acta concilii Con-
lettre causa, naturellement, une profonde indignation stantiensis,Munster, 1896,1.1, p. 3,234. — Perrens, Histoire
à Paris. Adimari dut s'expliquer, accepter l'exemption de Florence, t. VI, p. 159.
et lever toutes les censures contre les membres-clercs A. VOGT.
du parlement. Cf. sur tout le détail de cette affaire le 2. ADIMARI (FILIPPO), né à Florence, fut nommé
Journal de Nicolas de Baye, édit. Tuetey, Société de évêque de Nazareth, le 7 août 1528. On sait qu'à cette
l'hist. de France, Paris, 1888, t. II, p. 37. Avec époque, l'évêque de Nazareth résidait à Barletta et
l'Université, Adimari fut plus heureux. Jean XXIII administrait ce diocèse. Mais Adimari se fit remplacer
accéda au désir depuis longtemps exprimé par ce par des vicaires généraux et demeura à Rome où il
grand corps que ses maîtres fussent jugés à Paris dans mourut de la peste au mois de novembre 1536.
les affaires relevant de causes bénéficiales. Adimari Ughelli, Italia sacra, t. VII, col. 1052. — Cappelletti, Le
fut choisi, par bulle du 1er mai 1413, pour trois ans, Chiese d'Italia, t. XXI, p. 64.
comme juge. Plus tard ce fut la cour de l'évêque de U. ROUZIÈS.
Paris qui fut chargée de ces sortes d'affaires. 3. ADIMARI (ROBERTO). Né à Florence, de la
Mais, à cette date, Adimari n'était plus en France. célèbre famille guelfe des Adimari, il fut d'abord
Il fut rappelé à Rome, en automne 1412, et arriva chanoine de la cathédrale de cette ville, puis, le
16 novembre 1435, évêque de Volterre (siège occupé d'Italia, t. i, p. 145.— Narducci, Giunte al Mazzuchelli
jadis par un autre Adimari ou Adimaro, y 1148), in-4°, Rome, 1884, p, 8.
ainsi que l'atteste un acte du 3 juin de cette année.
ADIMARO ou ADHÉMAR, dominicain espagnol,
J.FRAIKIN.
Un autre acte, du 31 mars 1437, nous le montre cé-
dant à la commune de Volterre le patronage de l'hos- promu à l'évêché de Huesca par Nicolas IV, en 1291.
pice de Sainte-Marie (aujourd'hui de Sainte-Marie- Il mourut vers l'an 1300; le 27 décembre 1310 selon
Madeleine), qui ne pouvait plus se soutenir. Il prit Pio,
part, en 1439, au concile de Florence, puis à celui de Diago, Historia provinciæ Amgoniae, Barcelone, 1599,
Bâle, et, ayant abandonné l'obédience d'Eugène IV, 1. II, c. XIII, p. 269. — Fontana, Theatrum dominican.,
fut, à la fin de 1440, déposé par ce pape. Les Pères du Rome, part. I, c. v, tit. CCCCXXXVIII,p. 252. — Cavalieri,
concile de Bâle le nommèrent archevêque de Florence, Galleria de' sommi Pontefici, etc., Bénévent, 1696, t. 1,
nomination qui n'eutpas d'effet. Le 26 avril 1459, p. 56, n. CLXIX. — Pio, Prog. di San Domenico, Bologne,
1615, 1. II, p. 499. — Bullar.ord., Rome, 1730, t. n,
Pie IV le nomma (à moins qu'il ne s'agisse d'un homo- p.37.
nyme) évêque de Montefeltro, où nous le voyons R. COULON.
prendre dans un document les titres d'episcopus Leo- 1. ADINOLFI (MICHELE). Né à Avellino, le 7 mai
politanus et de comte de S. Leo (ancien nom de cette 1802, il fut d'abord curé de la paroisse de S. Maria di
ville). Il unit à la mense épiscopale l'abbaye bénédic- Costantinopoli dans cette ville et s'y fit remarquer par
tine de Valle di Sant' Anastasio. Il renonça à l'épis- son savoir, son zèle et sa charité. Nommé ensuite cha-
copat le 1er octobre 1484 et se retira dans ce monas- noine pénitencier, archiprêtre de la cathédrale, rec-
tère, où il mourut dix jours après. Cerri affirme qu'il teur du séminaire, pro-vicaire général, et enfin, le
avait été nommé gouverneur de la Corse par le Saint- 24 avril 1854, vicaire capitulaire lors de la translation
Siège, mais cet auteur le confond, évidemment, avec de MlJl' Maniscalco,évêque d'Avellino, au siège de Cal-
Adimarus, comte de Gênes, qui en 806 chassa les Sar- tagirone, il fut promu évêque de Nusco dans le con-
rasins de cette île. Cambiagi, Istoria del regno di sistoire du 10 novembre 1854 (sacré le 3 décembre, à
Corsica, 4 vol. in-4°, Florence, 1770-1772, t. 1, p. 33. Rome, fit son entrée dans sa ville épiscopale le 11 fé-
Il a laissé une Oratio in laudem Nicolai V. Pont. vrier 1855), puis de Nocera de' Pagani le 23 mars 1860.
Max., 1450, publiée par Mittarelli, dans Calalogo dei Il mourut en 1863.
Mss. della Biblioteca di S. Michele di Murano, p. 3 sq.
Ughelli, Italia sacra, t. i, col. 1458 (avec son épi- p. 514. — Zigarelli, Storiadélia calledralediAvellino,
p. 305-308.
t. n,
Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. XX, p. 413; t. XXI,

taphe); t. III, col. 285. —Salvini, Catalogo dei canonici J. FRAIKIN.


di Firenze, p. 39. — Negri, Scrittori Fiorentini, in-fol.,
Ferrare, 1722, p.485. — Giambattista Marini, Saggio 2. ADINOLFI (NICOLA). Né à Naples, il fut
delle ragioni della città di San Leo, delta già Monlefeltro, d'abord avocat au barreau de cette ville, puis entra
Pesaro, 1758, p. 194. — Giachi, Saggio di recerche sopra dans l'état ecclésiastiqueet fut, à Rome, auditeur du
lo stato antico e moderno di Volterra, in-8°, Florence,1786, cardinal Tommaso Maria Ferrari et postulateur de
p. 78-79. —Cappelletti,Le Chiese d'Italia, t. III, p. 306; plusieurs causes de canonisation. Promu évêque d'An-
t. XVIII, p. 251. — G. Leoncini, Illustrazione sulla cat- dria le6 décembre1706, il prit possession le 28. fondaIl
tedrale di Volterra, in-8°, Sienne, 1869, p. 272. — Anni-
:
bale Cerri, Dall' Archivio di Vollerra memorie e documenti
Gli Spedali, in-4°, Volterra, 1884, p. 12-13. — Moreni,
dans cette ville le monastère de l'Annonciation et une
collégiale, et fut un vrai père pour les pauvres. Il mou-
Biblioleca Toscana, 2 vol. in-4°, Florence,1885, t. 1, p. 9. rut à Naples le 13 juillet 1715 et y fut enterré dans la
J.FRAIKIN. chapelle de sa famille; mais son corps fut transporté
4. ADIMARI (TADDEO). Suivant Negri, il y aurait ensuite dans la cathédrale d'Andria.
eu deux personnages de ce nom. L'un, membre de l'or- Ughelli, Italia sacra, t. VII, col. 934-935. — Cappelletti,
dre des servites, aurait été successivement au couvent Le Chiese d'Italia, t. XXI, p. 81.
de Santa Reparata à Marradi (prov. de Florence) et à J. FRAIKIN.
celui de la Santissima Annunziata à Florence, et au- ADJURATION. On entend strictement par adju-
rait laissé quatre ouvrages manuscrits conservés dans ration une invocation religieuse, où l'on met Dieu en
:
les archives de ce dernier couvent et à la Laurentienne
de Florence Storia della santissima Annunziata de'
Servi di Firenze; Vila di S. Filippo Benizi, 1460;
cause, soit directementen l'invoquant personnellement,
soit indirectement en faisant appel aux créatures, mais
en tant qu'elles ont une relation spéciale avec Dieu.
Inni e canzoni sacre, en l'honneur de ce même saint, Cf. Dictionnaire de théologie catholique, t. 1, col. 400.
dont un autre exemplaire est à l'Alessandrina de Ici nous n'étudierons la question qu'au point de vue
Rome; Trattato istorico della Religione dei Servi di historique.
Maria. Le second Adimari aurait fait partie de la con- La pratique de l'adjuration remonte très haut dans
grégation de Vallombreuse et, après avoir été, durant l'antiquité chrétienne. Nous en avons pour garant le
plusieurs années,secrétaire des généraux de son ordre, texte d'une formule d'adjuration découvert en juin
aurait été élu, en 1491, abbé du célèbre monastère, dans
les archives duquel seraient conservés ses deux ou-
vrages : Vila di S. Giovanni Gualberto, glorioso con-
1890 dans la nécropoled'HadrumèteenAfrique et que
les érudits datent du IIIe siècle. En voici la traduction
« Je t'adjure, esprit démonien ici gisant, par le nom
:
fessore et institutore dell' OTdine di Valembrosa, im- sacré, Aôth, Abaôth, le dieu d'Abraham et l'Iaô
primé à Venise, in-4°, 1510, et Miracoli di S. Gio- d'Isaac, Aôth, Abaôth, le dieu d'Israël. Écoute le nom
vanni Gualberto; +1491. Mais Mazzuchelli conjecture, précieux, redoutable et grand, et va-t-en vers Urba-
non sans raison, que ces deux personnages n'en font nus qui a enfanté Urbana et le mène à Domitiana qu'a
qu'un seul, qui serait passé de l'ordre des servites à enfantée Candida, amoureux, affolé, ne dormant plus
celui de Vallombreuse. par affectionpour elle et par désir, se languissant d'elle
Il y a eu encore un autre Taddeo Adimari, qui, né pour qu'elle revienne en sa maison à lui et soit sa
à Trévise, fut médecin pontifical et impérial, et mou- compagne.
rut à Rome le 10 septembre 1454. « Je t'adjure par le grand dieu, l'éternel et plus
qu'éternel et maître de tout, le suprême des dieux su-
Negri, Scrittori Fiorentini, Ferrare, 1722, p. 507. — Cer- prêmes; je t'adjure par celui qui a mis les justes à
rachini, Fasli leologali della sacra université fiorentina,
Florence, 1738.
vorum B.
- A. Giani, Annales sacri ordinis FF. Ser-
M. V., in-fol., Lucques, 1719, p. 571, 623; et
leur continuation par Garbi. — Mazzuchelli, Gli scrittort
part, je t'adjure par celui qui a divisé la mer de sa
verge — d'amener et de joindre Urbanus qu'a en-
fanté Urbana à Domitiana qu'a enfantée Candida,
amoureux, torturé, ne dormant plus par désir pour téger le repos de leur tombe. Nous ne pouvons pas
elle et par amour, afin qu'il la mène compagne en sa songer à rapporter ici les divers types de formules;
maison àlui. cf.Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie,
« Je t'adjure par celui qui a fait que la mule ne t.1, col. 531-535. Qu'il nous suffise de grouper quelques-
mette point bas; je t'adjure par celui qui a séparé la unes des formules qu'on lit sur les tombeaux.

cassé les montagnes ;


lumière de l'obscurité; je t'adjure par celui qui réduit
les rochers en poudre; je t'adjure par celui qui a fra-
je t'adjure par celui qui main-
tient la terre sur ses fondements; je t'adjure par le
saint nom qu'on ne dit pas dans le sanctuaire — je le
ADIVRO VOS PER CHRISTUM NE MIHI AB ALI-
QVO VIOLENTIAM FIAT ET NE SEPVLCHRVM
MEVM VIOLETUR. Cf.De Rossi, Inscript,christ,urb.
Rom., in-fol., Rome, 1861, t. I, n. 752, p. 331. Titulus
de l'année 451.
prononcerai et les démons se dresseront frappés de CONIVRAT PER DIEM TREMENDI IVDICII NE-
stupeur et d'effroi — d'amener et de joindre comme QVS HOC ALIQVANDO AVDEAT VIOLARE SEPVL-
époux Urbanus qu'a enfanté Urbana à Domitiana qu'a CRVM. Cf. Corp. inscript. lat., t. x, n. 178, Titulus
enfantée Candida, amoureux et se languissant d'elle,
tôt, vite.
cc Je t'adjure par celui qui a fait le (grand) luminaire
et les astres dans le ciel par un (simple) ordre de voix,
(.
de l'année 528.
peri)VDICIVM VOS CONIVR(o), VT NI QVI(s)
SEPOLTVRA(m)MEA(m) VIOLET- ibid., n. 1193,
si bien qu'ils sont visibles à tous les hommes; je t'ad- Titulus de l'année 558.
jure par celui qui a secoué le monde entier, qui déca- ADIVROBOSOMNES POS(t) ME BENTV(ros.
pite et met en ébullition les montagnes, qui rend la ne quis h)VNC TVMVLVM VIOLARI PERMITTAS
terre tremblante et en renouvelle les habitants; je ET SI (quis'violeverit.) XPI. EBENIAT El COT EST
t'adjure par celui qui a fait des signes dans le ciel et PSALMV CVIII, ibid., n. 761.
-
surterreetsurmer d'amener et de joindre comme
époux Urbanus qu'a enfanté Urbana à Domitiana
IN
riARANTEAAGù TE EN ONOMATI KAI MEIEITEIA
OT MHTE EN TAIS ITOAII MHTE EN TW KHnw
qu'a enfantée Candida, amoureux d'elle et ne dor- EON H EWMA TEOHNAI. Corp.inscript, græc.,
mant plus par désir d'elle, se languissant d'elle et lui t.IV, n. 9546.
demandant de revenir dans sa maison et d'être sa Quelquefois on se réclame, dans les adjurations, de
compagne. la loi. Une inscription, trouvée à Ancône, en 1879, est
cc Jet'adjure par le dieu grand, éternel, maître de
tout, que redoutent les monts et les bois dans le monde un type du genre :
entier, par qui le lion lâche sa proie, par qui les mon- + +
tagnes tremblent et la terre et la mer, à qui chacun FL. EV(e)NTIVS VETERANVS
devient semblable que possède la crainte du Seigneur BENE MERITVS FECI
éternel, immortel, qui voit tout, hait le pervers, sait SEPVLCRVM IN RE
tout ce qui se produit de bien et de mal par la mer, par MEA VBI REQVIESCAM
les fleuves, par les montagnes et la terre. Aôth, Abaôth 5 SI QVIS VIOLENTVS VOLV
dieu d'Israel; amène, joins Urbanus qu'a enfanté ERIT ESSE ET CONTRA LEGES
Urbana à Domitiana qu'a enfantée Candida, amoureux TEMTAVERIT DET FISCI
affolé, torturé par l'affection, par l'amour, par le dé- VIRIBVS AVRI LIBRA VNA
sir de Domitiana qu'a enfantée Candida; joins-les par
le mariage et l'amour pour qu'ils vivent assemblés tout LEGE ET RECEDEAAT~)
le temps de leur vie; fais qu'il lui soit soumis d'amour Dans certains cas, on charge le clergé de veiller à
comme un esclave, ne désirant aucune, ni femme, ni
fille, mais qu'il n'ait que Domitiana qu'a enfantée
Candida pour sa compagne pendant tout le temps de vantes en sont des exemples :
l'inviolabilité des tombeaux. Les deux épitaphes sui-

leur vie, tôt, tôt, vite, vite. »


Cette formule, qui a une grande importance comme
indication historique, émane, d'après toutes les vrai-
semblances, d'un milieu chrétien judaïsant. Il n'y est
CVNCTA
GENERE -
ROGO ET
-
PETO OMNEM - CLERVM ET-
FRATERNITATEM - VT - NVLLVS DE
VEL ALlQVIS IN - HAC SEPVLTVRA
PONATVR. Corp. inscript. lat., t. v, n. 2305.
PETIMVS OMNEM CLERVM ET CVNCTA FRA-
fait aucune allusion aux dieux des Gentils, ce qui ne
se comprendrait pas si la formule avait une origine TERNITATEM VT NVLLVS DE GENERE NOSTRO
païenne; de plus tous les passages de la formule se VEL ALIQVIS IN HAC SEPVLTVRA PONATVR.
retrouvent facilement dans les Livres saints. D'autre Ibid., t. III, n. 8738.
part, si un juif en eût été l'auteur, il n'aurait pas La pratique des adjurations avait engendré beau-
estropiélesmots'~Aw0,'Agxw0,'ICC/.O-J,'Agpaàv,'lapida. coup d'abus. Pour les prévenir, les empereurs chré-
-
biblique, que nous a conservée Origène
Y..ÛW'I Yi6 Óp'-W'I
:
Enfin cette formule est presque identique à la formule
-/.aièàv [xsv6
6vop.ctÇv) 0sov 'Abpx,z[J., Ttai 0eovIaccày.,
tiens prirent des mesures efficaces. En 381, une loi de
Constantin fixe la peine à infliger à ceux qui faisaient
métier de corrompre les cœurs chastes. Cf. Cod. Theod.,
v.AI©60v'Ixxcoê,TaSettvà7iorq<jociavR;TOI'8IÛTYJV TOUTCOV I. IX, tit. XVI, 3, De maleficiis et mathematicis. De
l
S'JO-LV,YI xa Sûvafuva'jrcbvy.ai ÕCHIl.Ó'W'I vi7.w[j.Évtovxat
jnoTaTTOfj.évcùv Toi XsyovTi xaûta. Cont. Cel., v, 45, édit.
l'abus visé par cette loi on trouve des traces dans les
temps postérieurs. Saint Jean Chrysostome décrit les
Lommatschz, t. XIX, p. 250, ou P. L., t. XI, col. 1252. charmes, les breuvages, et les libations et autres
Cf. W. Baudissin, Studien, Leipzig, in-8°, I, 193; amatoria, dont on se servait à cette fin.Hom., XXIX,
Pi. Heim, Incantamenta magica græca latina, in-8°, In epist. ad Rom., 4, P. G., t. LX, col. 626 sq. Saint
Lipsiæ, 1892; Fleckeisen Jahrb., suppl., XIX, 1893, Augustin avait été accusé d'avoir glissé quelque philtre
p. 522. sq.; G. Anrich, Das antike Mysterienwesen in amoureux dans le pain des eulogies. Cont.Petilian.
scinem Einfluss auf das Christentum, in-8°, Göttingue, III,16,P. L., t. XLIII, col. 357. Au dire de saint Jérôme,
1894, p. 96. saint Hilarion était intervenu pour guérir une jeune
L'usage des adjurations était assez répandu. On y fille d'une passion désordonnée, provoquée par l'incan-
recourait fréquemment dans diverses nécessités. Voilà tation d'un magicien, qui avait enfoui sous le seuil de
pourquoi on possède plusieurs types de formules d'ad- sa porte des plaques de cuivre couvertes de signes
juration et l'on en découvrira d'autres. Les chrétiens cabalistiques. Vita S. Hilarionis, c. XXI, P. L., t. XXIII,
les employaientsurtout en guise d'épitaphes pour pro- col. 39. En 381, Gratien, Valentinien et Théodose
portent une loi contre ceux qui, par leurs secrets, em- eut-il achevé sa prière qu'une violente tempête éclata:
poisonnent l'esprit et le corps. Cf. Cod. Theod., I. IX, les infidèles pris de panique s'enfuirent et Adjuteur,

:
tit. XXXVIII, 6, 7. Justinien s'occupe des poisons qui
tuent la vie et égarent l'esprit De venenis ad vitæ
interitum vel mentis alienationem. Novell., CXV, c. IV,
avec ses compagnons, les poursuivit et tua mille
d'entre eux. Naturellement, il chanta un beau can-
tique d'actions de grâces sur le champ de bataille.
:
5; et l'empereur Léon parle des choses, qui excitent
la fureur De rebus, quæ furorem excitant. Le document
Après avoir ainsi guerroyé pendant dix-sept ans,
il fut fait prisonnier par les infidèles sous les murs de

:
le plus important sur ce thème est cependant une
:
constitution du même Léon, intitulée De incantalo-
rum pæna, où nous lisons Ego vero promulgatam a
Jérusalem. On le jeta dans un cachot chargé de chaînes
et on s'efforça par de cruels tourments de lui faire
renier sa foi. C'est alors qu'il invoqua sa pieuse mère,
veteribus legislatoribus legem considerans, quæ modo saint Bernard de Tiron (mort en 1116), et sa chère
quidem incantamentum malumrata id punit, modo vero sainte Marie-Madeleine. Après plusieurs années de
illud admittit, quippe non ex utentis proposito malum captivité, une nuit, saint Bernard et sainte Marie-
demonstratum, sed sua natura malitiam producens, ut Madeleine brisèrent ses chaînes et le transportèrent
sterquilinia malos odores, illis legislatoribus reprehen- à travers les airs dans une forêt aux environs de Ver-
sioni esse non dixerim, sed ne quis legem vituperet, quæ non. Une enquête sur ce miracle fut ordonnée par
vituperationem in se habet, eam ex legum fundo extir- Hugues, archevêque de Rouen et il fut attesté par
pandam puto.Sane si quis omnino incantamentis usus ses compagnons de captivité, ses compatriotes, qui
deprehensus fuerit sive curationem corporis valetudinis, le virent, lui parlèrent et mangèrent avec lui le jour
sive depulsionem damni a frugibus prætendat, is apo- qui précéda cette nuit mémorable.
statarum pænam subiens, supremum supplicium su- Ainsi ramené chez lui, Adjuteur, fidèle à ses pro-
stineat. Constitut., LXV. messes, éleva une chapelle à la bienheureuse Marie-
A. Maspero, Nouvelle
Hadrumète,p. « tabella devotionis » découverte à
101 sq. et pl.VI, dans de la Blanchère,Collec-
Madeleine, puis se rendit à Tiron, où, se jetant aux
pieds de Guillaume, abbé du monastère, il prit l'habit
tions du musée Alaoui, 1" sér.— Zingerlé, dans Philologus, religieux et donna sa personne et son bien à l'abbaye.
1894, t. LIII, p. 344.—G.Deissmann,Bibelstudien,Beiträge, Au bout de douze ans, il obtint l'autorisation de
zumeist ans den Papyri und Inschriften, in-8°, Marbourg, revenir près de sa chapelle, et ce fut là, dans une petite
1895.—Cabrol et Leclerq,Monumenta liturgica, t.I,
n.4353. cellule, derrière l'autel, qu'il passa le reste de sa vie
—Bréal,« Tabelladevotionis»,de la nécropoleromained'Adru-
mète,dans Collections du muséeAlaoui, p. 62. —Dictionnaire dans la pénitence et la solitude. Il y reçut la visite
d'archéologie chrétienne et de litllr gie, t. I, col. 527-535. de l'archevêque de Rouen, son biographe et d'une
V. ERMONI. foule de malades. Il y fit de nombreuses guérisons
1. ADJUT (Saint). Voir BÉRAUD (Saint). en présence d'une affluence considérable de témoins
qui les certifièrent. L'archevêque de Rouen, Gau-
2. ADJUT DE VENISE (BERNARDINO DOGGINI), thier de Coutance (1184-1207), publia une réédition
frère mineur réformé de la province de Venise, après latine de ces miracles.
avoir professé la philosophie et la théologie dans son Lorsqu'il sentit approcher sa fin, Adjuteur appela
ordre, enseigna pendant plusieurs années le grec et auprès de lui l'archevêque de Rouen, Hugues, et Guil-
l'hébreu au séminaire archiépiscopal de Corfou. Il laume, abbé de Tiron : il les pria de déposer son corps
mourut à Venise, le 21
Ses ouvrages sont inédits :
janvier 1753.
l0 Grammaticæ regia
philosophice ad mentem Doctoris sublilis inspecta. -
dans la cellule, où il avait vécu, derrière l'autel de
la bienheureuse Marie-Madeleine. Il se coucha par
terre en cet endroit, vêtu comme il l'était ordinaire-
2° Philosophiæ rationalis civitas ad mentem subtillimi ment, reçut tous les sacrements et rendit le dernier
nostri Doctoris illustrata. — 3° Arte rhetorica. soupir. C'était peut-être le 30 avril de l'année 1131, si
Moschini, Della letteratura Veneziana, t. II, p. 266.
Antonius Maria a Vicetia, Scriptores provinciæ S. Antonii
- l'on en croit d'anciennes inscriptions, mais c'était
le
certainement un peu avant 12 avril 1132, jour où son
frère, Mathieu de Vernon, vint à Tiron, après sa mort,
Venetiarum, in-8°, Venise, 1877, p. 95.
Sérent.
ANTOINE de réclamer la quatrième partie de la forêt de Vernon.
ADJUTEUR (Saint). Adjuteur (Ayoutre) de Ver- Adjuteur fut très invoqué par des particuliers pour
non (Eure) naquit dans le dernier quart du XIe siècle, diverses sortes de maladies, et par des villes entières
de Jean, seigneur de Vernon, et de Rosemonde de pour des grâces de préservation. Vernon d'abord,
Blaru. Il eut un frère, nommé Mathieu de Vernon. puis Paris, Rouen, Chartres, Évreux, obtinrent de lui
Sa mère fut si vertueuse qu'on l'honora plus tard d'être délivrés d'incendies, de grêles, et surtout d'épi-
dans le même sanctuaire que son fils. Aussi son démies. Les fiévreux couchaient dans sa cellule et
adolescence se passa dans la pratique continuelle on buvait l'eau d'une fontaine dite de saint Adjuteur,
des plus grandes austérités et des vertus les plus con- sise à Blaru.
sommées. Hugues III, archevêque de Rouen (1130- A la chapelle qu'il avait bâtie, furent adjoints plu-
1164), son biographe, son contemporain et son
ami, met au-dessus des plus éclatants miracles sa
générosité envers les ordres religieux, son zèle à res-
: sieurs autres bâtiments qui constituèrent un prieuré
dépendant de l'abbaye de Tiron. Le tout fut presque
entièrement détruit, en 1338, pendant les guerres entre
taurer les églises, sa compassion envers les pauvres, les Français et les Anglais. La chapelle fut relevée à
son respect pour les vieillards, son mépris pour les peu près entièrement pour le 22 juillet 1406, fête de
choses de ce monde. sainte Marie-Madeleine, jour où l'archevêque de Rouen
Jeune encore, il partit avec deux cents cheva- vint bénir deux autels, un en l'honneur de sainte Made-
liers pour la Terre Sainte, en 1095. Mais un jour leine, l'autre sur la tombe de saint Adjuteur. L'un des
qu'entraîné par sonardeur il sortit avec eux de chapelains Jean Théroude fit une biographie du saint
Tambire, petite ville du territoire d'Antioche, il se et une description du sanctuaire. Son culte subsiste
vit entouré par quinze cents infidèles. Dans cette ter- toujours dans les diocèses de Rouen, d'Évreux et de
rible occurence, il supplia la bienheureuse Marie-Ma- Chartres.
deleine de venir à son secours, lui promettant,
lui donnait la victoire dans cette lutte inégale, de
si
elle
Vita S.Adjutoris, par Hugues, archevêque de Rouen, son
contemporain, dans Martène, Veterum scriptorum nova collec-
céder en son honneur au monastère de Tiron au Per- t.I,
tio, 2epart.,p.259-267,etThesaur.anecd., t. v, col. 1012;
che sa maison du Mont et de plus une chapelle qu'il P. L., t. CXCII, col. 1346. —JeanThéroude,ViedesaintAd-
érigerait sous son vocable après son retour._A peine juteur ou Adiulor, confesseur, natif de la ville de Vernon-sur-
Seine, en Normandie,Paris, 1638.
Adjuteur.
- La vie et l'office de saint
précédée d'une introduction historique et biblio-
y étudie surtout les manuscrits romains et attire, après
Joseph Simon Assemani, l'attention sur l'évangéliaire
graphique, par Raymond Bordeaux, in-8°, Rouen, 1864,
3 pl. à 50 exemplaires. Ce livre contient, outre l'introduc-
tion bibliographique et historique, une note sur l'office de térature :
de Jérusalem. D'autres ouvrages se rapportent à la lit-
arabe Descriptio codicum quorundam cufico-
rum, in-4°, Altona, 1780 (important pour l'évolution
S. Adjuteur, par l'abbé Colas; la vie du saint par J. Thé-

;
roude (prêtre de Vernon); des pièces de vers; l'office du
saint en latin une vie en latin extraite du martyrologe la
vie écrite par Hugues, archevêque de Rouen; le récit en
; de l'écriture arabe); Museum cuficumBorgianum Veli-
tris lllustratum, Rome et Copenhague, 1782-1792 (des-
cription des monnaies et inscriptions cufiques du
latin des miracles du saint par Gauthier de Coutance, ar- musée Borgia àVelletri);Abulfedæ, annales moslemici,
chevêque de Rouen. — Acta sanct., april. t. III, p. 823-827. arabice et latine, 5 vol., Copenhague, 1789-1795. La
— Hist. litt. de la France, t. XII, p. 659; t. XVI, p. 559.
- Vie de saint Adjuteur., par M. de Souancé (Mémoires de
la Soc. arch. d'Eure-et-Loir, t. x, p. 276-288).
A. CLERVAL.
liste complète de tous ses ouvrages se trouve dans
Kayser, Index locupletissimus librorum ann.1750-1832,
Leipzig, 1834, t. i, col. 30-31.
ADJUTOR ouADJUTORIUS. Confesseur africain, Allgemeine deutsche Biographie,Leipzig,1875,t.I,p. 85-86.
J. PIETSCH.
probablement un évêque. Au cours d'une persécution,
sous les Vandales — la date précise est inconnue — ADMEDERA, AD MEDERA, AD MEDRA. Voir
il fut, avec onze autres compagnons, embarqué sur AMMAEDARA.
un mauvais bateau et livré à la mer où leur troupe
semblait devoir périr, Mais ils abordèrent heureuse- ADMONT, abbaye bénédictine en Styrie (Au-
ment en Campanie, et se dispersèrent dans le sud de triche), dans la vallée de l'Enns, fondée à l'aide de
l'Italie pour continuer à y prêcher la foi chrétienne. la dotation laissée par la comtesse Hemma de Frie-
Adjulor était honoré à La Cava, à Bénévent et dans la sach, qui mourut dans le monastère des bénédictines
région de Capoue; sa fête se célébrait le 16 ou peut- de Gurk en 1045. Le monastère fut commencé en
être le 19 décembre. 1072 et bientôt après occupé par une colonie de
Dans la Vita S. Castrensis, qui relate les souffrances moines de l'abbaye de Saint-Pierre de Salzbourg.
des douze confesseurs, le nom d'Adjutor donné par le Le second abbé, Giselbert, auparavant abbé de
Martyrologe romain est remplacé par celui de Beni- Reinhardsbrunn, y introduisit les coutumes d'Hir-
gnus. On a supposé que ce personnage portait un dou- sau. Pendant plus d'un siècle Admont fut comme
ble nom. un séminaire d'abbés, tant était grande la réputation
Acta sanctorum, sept. t. i, p. 209-215. - Monceaux,
Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne, Paris, 1905, t. m,
de sa discipline. Entre 1116 et 1120, il s'y établit
également un monastère de bénédictines, qui se dis-
tinguèrent par la culture des lettres et l'éducation
p. 536.
Aug. AUDOLLENT. des filles de la noblesse. Il fut lui aussi une pépinière
1. ADLER (CASPAR). Voir AQUILA. d'abbesses et fonda plusieurs autres maisons; il
disparut au milieu du XVIe siècle. Les abbés Gode-
2.ADLER(GEORG CHRISTIAN), pédagogue protes- froid et Irimbert, connus par leurs travaux, firent
tant. Il naquit le 1er novembre 1674 à Wohlbach d'Admont un des principaux centres littéraires de
(Saxe) et après avoir fréquenté l'université de Halle, la fin du XIIe siècle. Les guerres féodales, les excès
fonda à Königsberg un collège que l'électeur Frédé- des avoués, la mauvaise situation financière, des
ric Ier prit sous sa protection. Ce furent les commence- incendies amenèrent au milieu du XIIIe siècle une déca-
ments du célèbre collegium Fredericianum.En 1706, il dence qui fut heureusement arrêtée par l'abbé
prit la direction du collège de Brandebourg et devint, Henri II, un des principaux personnages politiques de
en 1732, pasteur de la paroisse Saint-Godehard en cette la fin du XIIIe siècle et parle savant abbé Engelbert.
ville. Outre plusieurs écrits en allemand, aujourd'hui Les catalogues des manuscrits composés dans la se-
sans aucune importance, on a de lui deux petits traités conde moitié du XIVe siècle témoignent de l'intérêt
latins à cause desquels nous le mentionnons ici De li- :
beralium artium in Ecclesia utilitate, si rite tractentur,
que le monastère portait aux études; les copies se
multiplièrent pendant tout le XVe siècle. Le XVIe
Stuttgart, 1702; De morle eruditorum philosophica, siècle marque une époque de profonde décadence
Berlin, 1707. matérielle et spirituelle, causée par les contributions
Adelung, Gelehrten-Lexikon, Leipzig, 1784, t. I, p. 225- extraordinaires imposées au monastère, les invasions
226. On y trouve l'énumération de ses ouvrages. des Turcs, l'infiltration du protestantisme. Le mo-
J. PIETSCH. nastère fut relevé de ses ruines par l'abbé Jean Hof-
3. ADLER (JACOB GEORG CHRISTIAN), orientaliste man (1581-1614),un des principaux chefs de la contre-
célèbre et théologien protestant,naquit, le 8 décembre réforme en Styrie. Les études furent cultivées avec
1756, à Arnis (Schleswig) et fit ses études aux univer- succès, de même que la musique et la broderie. Dans
sités de Kiel et de Rostock. Grâce à une subvention du la seconde moitié du xviii0 siècle, le gymnase abba-
gouvernementdanois il fit, en 1780-1782, un voyage en tial fut déclaré impérial. Joseph II imposa à l'abbaye
Allemagne, France et Italie, à la recherche de manus- de nouvelles paroisses et le gymnase fut transféré à
crits orientaux et surtout pour collationner les textes Leoben, puis à Judenburg. Les troubles financiers
bibliques. A Rome, il se lia d'amitié avec le cardinal qui marquèrent la période des invasions françaises
Borgia. A son retour, il devint, en 1783, professeur de sy- mirent l'abbaye à deux doigts de sa perte, mais l'abbé
riaque, et, en 1788, de théologie à l'université de Co- Benno Kreil réussit à conjurer le danger. Le monas-
penhague. Nommé, en 1792, surintendant général du tère était en pleine prospérité au point de vue scien-
duché de Schleswig, il mourut au cours d'un voyage à tifique, quand l'incendie du 27 avril 1865 détruisit
Gikau, le 22 août 1834. Ses ouvrages homilétiquesn'ont presque toute l'abbaye avec sa collection et n'épar-
guère de valeur et ne peuvent être pris en considéra-
tion. Parmi ses travaux bibliques il faut mentionner
Sammlung von gertchilichen Contracten, rabbinisch und
: gna que sa riche bibliothèque évaluée à 80 000 vo-
lumes. La restauration matérielle, en absorbant
toutes les ressources du monastère, paralysa pour un
deutsch, in12, Hamburg, 1773; Judæorum codicis sacri temps son essor intellectuel.
rite scribendi leges ad recte æstimandos codices manu- L'abbaye d'Admont compte généralement 70 reli-
scriptos antiquos per veteres, in-4°, Hambourg, 1779; gieux, dont la majeure partie dessert les 31 paroisses
Novi Testamenti versiones syriacæ, simplex, philoxe- incorporées; elle a une maîtrise et une école théolo-
niana ethierosolymitana, in-4°, Copenhague, 1789; il gique privée.
LISTE DES ABBÉS, d'après Wichner et Lindner. — naslicon metropolis Salzburgensis anliquæ, Kempten, 1907,
Arnold, 1074, 1075. — Isingrin, 1075, rés., † 7 juin, t. I, p. 43-49.— U. Chevalier, Topo.-bibl., t. i, p. 13.
vers 1094. — Giselbert, 1091-1er oct. 1201. — Wézi- U. BERLIÈRE.
lon, 1102-1104? — Henri Ier, 1105-11 avril 1112. — ADNARTE (FRANCISCO), chartreux espagnol, né
Otton, 1112, 1125. — Wolfold, 1115-2 nov. 1137. — à Saragosse, vers 1530, étudia sous la direction du
Godefroid de Vemmingen, 1138-25 juin 1165. — Liu- fameux philosophePierre-Jean Nunez. Ayant em-
tolf de Tovernich, 1er juillet 1165-3 sept. 1171.— brassé l'état ecclésiastique, il devint clerc attaché au
Rodolphe Ier, 1171, rés. 1172, † 10 sept. c. 1177. — service du célèbre Antonio Agustino, archevêque de
Irimbert de Vemmingen, 1172-26 déc. 1177. — Isen- Tarragone. Il fut son collaborateur dans la composi-
rik, 1178-10 août 1189. — Rodolphe II, 1189-23 oct. tion de plusieurs de ses ouvrages littéraires. On ignore
1199. —Jean Ier, abbé de Biburg,puis d'Admont, 1199- l'époque où il entra à la chartreuse de Porta-Cæli,
3 sept. 1202. — Rudiger, 1202?-18 mai 1205. — Wol- près de Valence, et où il termina pieusement sa car-
fram, 1205-rés. 1207.— Godefroid II, abbé d'Ossiach, rière en 1591; mais l'on sait que, étant chartreux, il
puis d'Admont, 1207, rés. 6 déc. 1226, † 25 déc. dut porter à Rome., selon l'injonction de Sixte-Quint,
1228. — Wichpoton, 8 déc. 1226-19 nov. 1229. —
Berthold Ier, abbé de Michaelbeuern (nov. 1224-janv.
1230), d'Admont 1230, et de Saint-Pierre de Salz-
les manuscrits d'Ant. Agustino, sur le droit canon
Voici l'indication de quelques-uns de ses travaux
1° Francisci Adnarte, Cæsaraugustani, monachi cartu-
:
bourg, 16 avril 1231-15 juin 1242. — Conrad, 16 siani, Observationes in Epitomen juris pontificii veteris
avril 1231-14 juill. 1242. — Berthold II, abbé de Bi- Antonii Augustini, ad cardinalem Antonium Carafam.
burg(1242), 1242-22 avril 1258 ou 1259. — Frédéric, Imprimé dans le t. ve des œuvres de A. Agustino,
1258 ou 1259-21 août 1262.— Ulric Ier Zant, abbé de Lucques, 1770; — 2° Postillæ sive additiones positæ
Millstatt, d'Admont, 1262-1268. - Albert Ier, 1268-
1275. — Henri II, 1275-25 mai 1297. — Engelbert
in margineprimi tomi Epitomes furis pontificii ejusdem
D.A.Augustini, Tarragone, 1597;— 3° Une préface aux
Actes des conciles du même auteur; — 4° une longue
Poetsch (abbé de Salzbourg?) juin 1297-10 avril
1327. — Ecliard Lauterbeck, 29 mai 1327-20 nov. lettre, qui est aux archives duVatican, et dont une copie
1338. — Ulric II Welza, 1339-19 avril 1359. — Léon, se conserve au séminaire de Saint-Charles à Saragosse.
avril ou mai 1359-15 oct. 1360. — Jean II de Ibbs, Notes mss. sur les écrivains chartreux.
14 fév. 1361. — Albert II Lauterbeck, 12 mars 1361- S. AUTORE.
7 avril 1384. — Guillaume Reyssperger, avril 1384- ADNETTE. Voir ADE, col. 513.
31 oct. 1391. — Ilartnid de Gleusser, 4 nov. 1391-
18 janv. 1411. — Georges Lueger, 1411, rés. 4 juin ADO, fondateur de la secte des mandéens ou dos-
1423, 7 13 janv. 1427. — André de Stetthaim, juin téens vers le VIle siècle, n'est connu que par Théodore
1423-29 nov. 1466. — Jean III de Trautmannsdorf, Bar Khouni, écrivain syrien de la fin du VIIIe siècle.
10 déc. 1466-1er nov. 1483. — Antoine Gottesgnad Il était originaire de l'Adiabène et vint, avec ses pa-
(intrus 1483, déposé 1491). — Léonard de Steinach, rents, mendier dans la Méséne. La secte qu'il fonda
1491-11 juillet 1501. — Michel Grisauer, juillet ou n'était qu'une fraction hérétique de celle des kan-
août 1501, rés. 1507, † 18 mai 1519. — Christophe téens (fin du ve siècle) et ne peut pas être antérieure à
Rauber, 1508-26 oct. 1536. — Amand Hünerwolf, la conquête arabe; ses doctrines sont un amalgame
30 oct. 1536-20 oct. 1545. — Valentin Abel, 24 oct. des rêveries des marcionites, des manichéens et des
1545-rés. 1568, † 1575. — Laurent Lombardo, 1568, kantéens : « Ils disent qu'avant que le ciel et la terre
rés. 22 fév. 1579. — Polydore de Montegnana (prêtre n'existassent, il y avait de grandes forces qui rési-
séculier, administrateur) 1579-juillet 1581. — Jean daient sur les eaux. Elles eurent un fils qu'elles appe-
IV Hoffmann, août ou sept. 1581-14 oct. 1614. — Ma- lèrent Abitour. Abitour eut un fils qu'il nomma Pta-
thias de Preininger, 17 juillet 1615-10 mars 1628.
Urbain Weber, 10 mai 1628-3 janv. 1659. — Raymond
- :
hil. Ils prétendent qu'Abitour lui donna un ordre en
ces termes (c Va, coagule la terre. » La langue à la-
de Rehling, 10 fév. 1659-15 juillet 1675. — Adalbert quelle nous donnons le nom de mandaïte, parce que
Heufler, 12 août 1675-17 mai 1696. — Godefroid III nous ne la connaissons que par les livres mandéens, a
de Gold, 9 oct. 1696-8 nov. 1702. — Marien Lendlmayr, été la langue sacrée des kantéens et, sans doute, de
18 déc. 1702-17 mars 1707. — Anselme Lyrzer, 4 mai beaucoup d'autres sectes antérieures. Les livres sacrés
1707-8 mai 1718. — Antoine de Maiersberg, 18 oct. des mandéens, dont le plus célèbre est le Ginza ou « li-
1718-29 sept. 1751. — Mathieu Offner, 13 déc. 1751, vre d'Adam », ne remontent pas, sous leur forme ac-
19 avril 1779. — Colomban de Wieland, 9 août 1779- tuelle au commencement de notre ère, comme on le
15 avril 1787. — Gothard Kuglmayr, 17 avril 1788, croyait à l'époque où l'on appelait les mandéens des
rés. 1818, † 28 sept. 1825. '— Abundus Kuntschak, « chrétiens de Saint-Jean»; ils ne peuvent remonter au
abbé de Reun, O. Cist., administrateur, 1818-5 juin delà du VIle siècle, mais ils contiennent des fragments
1822. — Bennon Keil, administrateur,21 mars 1823, des livres kantéens et manichéens. M. Pognon est
abbé 21 août 1839-7 mars 1863. — Carloman Hieber, même conduit à conclure que le Ginza — livre sacré
administrateur 25 sept. 1861, abbé 3 sept. 1863- des mandéens, disciples d'Ado — est une ancienne
13 nov. 1868. — Zénon Mueller, 21 avril 1869-rés. compilation kantéenne ou même manichéenne que les
9 déc. 1885, 7 4 mars 1894. — Guy Schenzl, coadju- mandéens ont admise parmi leurs livres canoniques
teur avec droit de succession, 7 avril 1886-23 nov. en y faisant des changements considérables et en y
1890. — Gaétan Hoffmann, élu 29 avril 1891. interpolant de nombreux passages. Cf. H. Pognon,
Inscriptions mandaïtes des coupes de Khouabir, Paris,
P. Jacques Wichner, Geschichte des Benedietinerstiftes 1899, p. 6-14, 224-227, 245-255.
;
Admont, in—8°, Graz, 1874-80, 4 vol. du même, Kloster
Admont -und seine Beziehungen zur Wissenschaft und
F. NAu.
ADOLÈNE, évêque d'Albi. Il fut sacré en887.
zum Unterricht, in-8°, Admont, 1892; du même, Das Nous trouvons, en effet, son nom au bas d'un acte de
ehemalige Nonnenkloster O. S.B. zu Admont, dans Studien Frotaire de Bourges, daté du mois d'août 887, tandis
und Mittheil. aus dem Benediklinerorden, 1881, t. I, p. 75-
86, 288-319; du même, Abtei Admont, dans Brunner, Ein que son prédécesseur Éloi est encore vivant le 17 no-
Benediktinerbuch,p. 40-75.—P. Gottfr. Friess, Die ältesten vembre 886. Adolène apparaît de nouveau en 891,
Todtenbücher des BenedictinerstiftesAdmont, dans Archiv. f, lors de la collation du privilège de Saint-Pierre-le-Vif.
Album.Admontense, in-8°, Graz, 1874.
P.
oesterr. Gesch. t. LXVI, p. 315-506.— Florian Kinnast. Duchesne, Fastes épiscopaux, t. 11, 1900, p. 44.
M. BESSON.
— P. Lindner, Mo-
ADOLIOS, solitaire à Jérusalem, mort à la fin Montium lvIarchiæ, etc., in-4°, 1663. Le même hon-
du IVe siècle ou dans les premières années du Ve. Ori- neur a été attribué à son frère Éberhard, comme lui
ginaire de Tarse, en Cilicie, il se rendit au mont des mort cistercien à Altenberg, par Gelenius, dans Vin-
Oliviers, près du lieu où le Christ monta au ciel, dans dex libertatis ecclesiasticæ et martyr St. Engelbertus
une sorte de laure qui existait alors en cet endroit. archiep. colon., in-4°, 1633, mais ils ne figurent pas
Palladius, qui l'avait connu, nous a laissé un abrégé plus l'un que l'autre au catalogue des saints de l'ordre.
de son genre de vie, étrange et unique jusque-là, Lacomblet, Urkimdenbuch für die Geschichle des Nie-
assure-t-il, Historia Lausiaca, c. CIV, P. G., derrheins, 4 vol., in-4°, Düsseldorf, 1840-1858. — Driesen,
t. XXXIV, col. 1210. Adolios se tenait tous les jours
de l'année, quelque temps qu'il fît, en plein air,
debout et immobile, psalmodiant des psaumes,
Geschichle und Allertumskunde, 1854, t. xv, p. 105 sq.
Seibertz, Die Grafen von Altena, etc., même revue, t. XVI,
-
Geschichte der Grafschaft Berg, dans Zeitschriftfur Vaterland.

depuis le coucher du soleil jusqu'à l'heure fixée pour


le réveil des autres religieux. Alors, il allait frapper
de porte en porte à chaque cellule, réveillait les frères,
comitum de Marca et Altena, in-fol., 1613. -
p. 245 sq. — Northof, Origines Marcanæ, sive Chronicon
Westlalia sancta, 1715, p. 4 sq. Cet auteur prétend
Struick,
qu'Adolphe aurait épousé Adélaïde de Clèves, fille du
entrait dans l'oratoire de chacun d'eux pour chanter comte Arnold II. Il s'agit peut-être d'un secondmariage;
une ou deux antiennes et se retirait ensuite dans sa d'ailleurs Strunck, en général, manque de critique.
cellule. Lorsque ses habits étaient trempés par la L. BOITEUX.
neige, la pluie et l'humidité, les religieux lui en don- 2. ADOLPHE 1er, archevêque de Cologne de 1193 à
naient d'autres. Il dormait seulement depuis le lever 1205 et de 1212 à 1216. Comme son oncle et son pré-
du soleil jusqu'à la troisième heure et continuait en- décesseur Bruno III, il était de la famille des comtes
suite sa vie de prière et de renoncement. Pendant le de Berg. Épousant leurs querelles, tout son plan fut
carême, il ne mangeait qu'une fois tous les cinq jours; de briser la puissance des Hohenstaufen; les occasions
le reste de l'année, une fois tous les trois jours. Cette le servirent. L'empereur Henri VI étant mort en Italie
vie de pénitence frappa tellement saint Grégoire de ne laissant qu'un enfant de 3 ans, l'archevêque Adol-
Nazianze, † 389, que, dans son poème sur les moines, phe offrit la couronne à Othon de Poitou, fils d'Henri
il a consacré une dizaine de vers à notre solitaire, sans le Lion et élevé à la cour de son oncle le roi d'Angle-
le désigner toutefois par son nom. P. G., t. XXXVII, terre, Richard Cœur-de-Lion. Philippe de Souabe,
vs. 75-84, col. 1457. C'est à bon droit que l'on regarde frère d'Henri VI, craignant de ne pouvoir faire jurer
Adolios comme l'un des précurseurs des stylites. Il fidélité à son jeune neveu, se fit couronner lui-même
n'y a pas de trace d'un culte rendu à ce saint soli- à Mulhouse, en Thuringe le 8 mars 1198. De là la
taire. lutte entre les deux rois. L'archevêque Adolphe cou-
S. VAILHÉ. ronna Othon à Aix-la-Chapelle qui, déjà au pouvoir
1. ADOLPHE (II ?),comte de Berg et d'Altena,re- de son adversaire, dut être assiégée.Comme il retour-
ligieux cistercien mort le 12 octobre 1152. Il était fils nait vers son archevêché avec Othon, ils rencontrèrent
avec Éberhard d'un autre Adolphe seigneur de Berg l'armée rivale qui leur livra bataille et les défit. A
(aujourd'hui canton de Mülheim-sur-le-Rhin). Il y eut grande peine ils se réfugièrent à Cologne. Abandonné
tant d'Adolphe dans cette famille et les documents bientôt de l'Angleterre, où, Richard Cœur-de-Lion
sont si obscurs, qu'on ne saurait dire avec certitude étant mort, le roi Jean ne se souciait plus de soutenir
s'il fut vraiment le deuxième du nom. En 1093, une les prétentions d'Adolphe contre les Hohenstaufen
charte nous le présente comme un mineur pour le ni de conserver leurs privilèges commerciaux aux
compte duquel on administre le baillage de Werden. habitants de Cologne, Adolphe abandonna Othon à
Il épousa Adélaïde de Lauffen dont la mère Ida était son sort, et traita secrètement avec Philippe de
fille du comte westphalien Bernard de Werl et il en re- Souabe.
çut de grandes possessions, qui lui parurent suffisantes Le pape Innocent III à qui en avaient appelé les Co-
pour l'autoriser à prendre lui aussi le titre de comte. lonais, outrés de la défection de leur évêque, menaça
En conséquence, dès 1101, il apparaît sous le nom de celui-ci de le déposer. Adolphe n'en tint pas compte;
Comes de Monte. En 1122, après avoir bâti le château il couronna à Aix-la-Chapelle Philippe qui lui conser-
d'Altena, il en prend aussi le titre. On ne saurait dire vait tous les droits reconnus par Othon. Alors le
jusqu'à quelle époque il resta le chef de sa maison, car pape l'excommunia, le déposa, délia ses vassaux de
il n'est pas facile de le distinguer de son fils, encore un leur fidélité, et reconnut comme évêque de Cologne le
Adolphe. prieur de Bonn, Bruno von Sayn. Voir BRUNO IV.
On rapporte qu'Éberhard, son frère, après une vie Adolphe se fortifia dans Deutz et fit souffrir de
mouvementée,serait entré secrètement dans l'abbaye la faim sa ville épiscopale. Tandis que Philippe de
cistercienne de Morimond en Champagne, où des gens Souabe, appelé par lui, arrivait le 29 septembre 1205,
d'Adolphe l'auraient par hasard découvert. Ce der- ravageait les environs, battait le duc de Limbourg, au-
nier voulant le revoir aurait été séduit par le spectacle tour duquel s'était ralliée Cologne, et faisait prisonnier
qu'il eut sous les yeux et ramenant Éberhard à Alten- l'évêque Bruno, Adolphe tracassait le clergé resté
berg, il aurait transformé son château en monastère. fidèle à Othon en le dépouillant de ses biens; plusieurs
Ce récit ressemble à l'histoire de la fondation d'Ebrach. alors se rangèrent de son côté. Cologne affamée de-
Cf. Wattenbach, Deutschl. Geschichtsquellen, 1894, t.11, manda la paix, et Philippe y fit son entrée à Pâques.
p.387. Un compromis, agréé par le pape, eut alors lieu entre
Nous avons des données plus historiques. Un do- les deux évêques; Bruno garda les fonctions épisco-
cument nous présente Adolphe comme religieux dès pales, Adolphe les bénéfices de la ville. La paix se
1132. Cependant Ul. Chevalier.Répert. des sources maintint seulement jusqu'à l'assassinat de Philippe
histor. du moyen âge, Topo-bibliographie, col. 86, de Souabe. Adolphe renouvela alors sa tentative en
établit que le couvent ne fut bâti qu'en 1133. Le faveur d'Othon; la brouille entre les évêques recom-
26 février 1139, le pape Innocent II prend l'abbaye mença; Bruno était mort, mais Dietrich d'Henge-
sous sa protection, confirme ses possessions et ap- bach lui avait succédé et continua la lutte contre
prouve la règle cistercienne qu'elle a adoptée. Adolphe. Le pape, partisan secret d'Othon, excom-
D'après une épitaphe qui date du XIVe siècle, Adolphe munia Dietrich et le déposa. Adolphe reprit l'arche-
serait mort à Altenberg, le 12 octobre 1152. Théod. vêché en 1212, mais il ne put reconquérir l'estime des
Rhay lui donne le titre de bienheureux et fixe sa habitants, maintenant fidèles au roi légitime. En
fête au 10 septembre. Animæ illustres Juliæ, Cliviæ, 1216, le pape déclare le siège vacant; abandonné de
tous, Adolphe mourut le 15 avril 1220 et fut ense- très favorables à Adolphe qui en profita pour affermir
veli dans le cloître d'Altenberg. sa puissance. Le pape Urbain VI proposa le titre de
B. Rührig, Adolf I, Erzb. von Köln, Braunsberg, 1886. — patriarche de Jérusalem et l'évêché de Cambrai (1379)
K. Wolfschlager, Erz. Adolf I von Köln als Fürst und Poli- à Louis qui ne voulut en aucune manière d'un échange
tiker, Munster, 1905. — C. Rademacher et Th. Steve, Bilder aussi peu honorable. De son côté, Adolphe noua des
aus der Geschichte der Stadt Köln, Cologne, 1900. relations avec l'antipape Clément VII qui,naturelle-
A. MAURIN. ment, se hâta de le reconnaître et de lui envoyer le
3. ADOLPHE (Saint), évêque d'Osnabrück, comte pallium. Le 4 février 1381, à la diète de Nuremberg,
de Tecklenburg en Westphalie, d'abord chanoine à Adolphe reconnu officiellement comme archevêque et
Saint-Pierre de Cologne, puis pendant quelque temps comme électeur-archichancelier, se réconcilia avec le
cistercien à l'abbaye de Camp, fut élu encore tout roi Wenceslas et entra dans l'alliance des princes en
jeune, en 1216, à l'évêché d'Osnabrück comme succes- faveur d'Urbain VI. Louis de Thuringe fut nommé
seur de Gerhard, transféré à l'archevêché de Brême. archevêque de Magdebourg.où il mourut peu après,
Il se fit remarquer par l'éclat de ses vertus et peu de le 17 février 1382. Adolphe rentra triomphalement à
temps après sa mort (le 30 juin 1224), on commença à Mayence, le 13 avril 1381 et prit, à partir de ce moment,
le vénérer comme saint quoiqu'il n'y ait pas eu de ca- une part très active à la politique générale de l'empire.
nonisation officielle. Dans le diocèse d'Osnabrück, sa Plusieurs campagnes de 1385-1388 contre le landgrave
fête se célèbre le 11 février. de Hesse servirent à l'agrandissement de son terri-
Acta sanctorum, febr. t. II, p. 571 sq. (On y assigne un toire. L'abbaye de Fulda (10 février 1383) et celle de
épiscopat de 21 ans, ce qui est en désaccord avec les chartes Hersfeld (5 juin 1385) le prirent pour « tuteur, admi-
authentiques.) — Strunk, Westphalia pia sancta, édit. Gie- nistrateur et protecteur ». Les contemporains vantent
fers, 1855, t. II, p. 188-191. — Kirchenlexikon, 2e édit., sa prudence et sa bravoure; mais une satire politique
Fribourg, 1882. t. I, col. 237 sq. — Dans F. Philippi, Osna- de 1385 le range parmi les plus grands charlatans de
brücker Urkundenbuch, 1200-1250, Osnabrück, 1896, p. 47-
140, il y a 121 documents ou chartes du temps d'Adolphe. l'empire, sachant toujours se tenir là où il ya plus le
G. ALLMANG. de chance. En tout cas il fut bien plus homme d'affai-
4. ADOLPHE IV, comte de Holstein, favorisa res et de politique qu'homme d'Église. Il se montra
l'établissement des franciscains dans ses États. Il ami des sciences en fondant l'université d'Erfurt,
fonda les couvents des frères mineurs à Neukirchen, pour laquelle il obtint d'Urbain VI, en 1389, plusieurs
Bleckendorf, Hambourg et Kiel. Après avoir, en 1239, privilèges. Cette fondation cependant ne fut inaugurée
entrepris une croisade en Livland, il prit, avec deux qu'en 1398. Adolphe mourut le 6 février 1390.
de ses nobles chevaliers,l'habit franciscain à Kiel, en P. Handloss, Adolf I, Erzbischof von Mainz. und sein
1240. Il y vécut saintement jusqu'à sa mort, survenue Gegner, Ludwig, Bischof von Bamberg, Breslau, 1874. —
le 8 juillet 1261. W. Friedensburg, Landgraf Hermann der Gelehrte von
Mon. Germaniæ hist., Script., t. xxv, p. 474; ibid.,
Hessen u.Erzbisch. Adolf I von Mainz, dans Zeitschrift
des Vereins fur hessische Geschichte, 1885 (tirage à part,
Deutsche Chroniken, (1887) t. II, p. 609-615. —Moyer,dans Marburg, 1885, 311 pages; p. 228-311 il yale texte des char-
Neues Archiv fur Schleswig-Hotstein-Lauenburgische Ges- tes et documents les plus importants).—Allgemeinedeulsche
chichte, (1854) t. II, p. 58-88. Biographie, 1875, t. I, p. 117-119. — J. B. Rady, Geschichle
M. BIHL. derkatholischenKirche in Hessen, Mayence, 1905, p. 302-
5. ADOLPHE 1er,archevêque de Mayence, comte 307, 331-332. — Fr. Vigener, Kaiser Karl IV und der
de Nassau, arrière-petit-fils du roi Adolphe de Nassau, Mainzer Bistumsstreit, 1373-1378, Tréves, 1908.
né vers 1353, avait à peine 18 ans quand son oncle G. ALLMANG.
Gerlach, archevêque de Mayence, sentant sa fin appro- 6. ADOLPHE Il, archevêque de Mayence, comte de
cher, demanda à son chapitre, le 27 janvier 1371, de Nassau, petit-neveu du précédent, d'abord chanoine à
consentir au choix de son neveu comme coadjuteur. Mayence, puis proviseur à Erfurt. L'archevêque Die-
Celui-ci avait déjà été depuis plusieurs années pourvu ther d'Isenburg ayant été déposé sur l'ordre du pape
de la prévôté du chapitre de Limbourg-sur-Lahn. Ger- Pie II, le 21 août 1461, Adolphe, qui avait déjà à
lach mourut le 12 février 1371 et, d'après son désir, une l'élection de Diether, 19 juin 1459, réuni 3 voix (Die-
minorité u chapitre choisit Adolphe pour lui succéder. ther en eut 4) fut nommé à sa place. Mais Diether ne
Mais le pape Grégoire XI, sur la demande de l'empe- songeait guère à s'en aller, et la ville de Mayence prit
reur Charles IV de Bohême, nomma Jean de Luxem- fait et cause pour lui. Les deux partis se déclarèrent
bourg, jusque-là évêque de Strasbourg. Adolphe fut la guerre. Adolphe, après un grave échec à Secken-
dédommagé la même année par l'évêché de Spire où heim où ses alliés, l'évêque de Metz, le margrave de
Il exerça les fonctions épiscopales jusqu'en 1379 et Bade et le duc de Württemberg, furent faits prison-
dont il garda l'administration jusqu'en 1389. Jean de niers, réussit à s'emparer de Mayence en octobre 1462,
Luxembourg mourut prématurément le 4 avril 1373. mais ce ne fut qu'une année plus tard, le 28 août 1463,
Cette fois le plus grand nombre des électeurs réu- qu'un accord put être conclu et que Diether renonça
nirent leurs voix sur Adolphe, qui se hâta aussitôt à la possession de son siège. Adolphe s'efforça de ré-
d'occuper les villes et places fortes de l'archidiocèse. parer les dégâts causés par la guerre et de renouveler
L'empereur qui songeait à faire élire son fils Wen- la discipline dans les couvents et parmi le clergé. Il
ceslas, déjà roi de Bohême, comme roi des Romains, s'occupa de relever l'instruction religieuse du peuple
ne pouvait guère consentir à ce choix. Il lui fallait en faisant mettre dans les églises des tableaux de ca-
sur le siège de Mayence un homme dévoué et obéis- téchisme et en enjoignant à son clergé de rappeler,
sant. Par ses efforts, il obtint que le pape Gré- chaque dimanche, en chaire, les dix commandements,
goire XI pourvût, par bulle du 23 avril 1374, Louis de les péchés capitaux, etc. Il mourut, le 6 septembre 1475,
Thuringe, jusqu'alors évêque de Bamberg et frère du à Eltville où il avait fixé sa résidence, et recommanda
landgrave, de l'administration de l'archidiocèse. en mourant de choisir Diether pour son successeur (ce
Adolphe, peu content de pareilles dispositions,conclut, qui eut lieu en effet). Il fut enterré à Eberbach. On
d'accord avec le chapitre de Mayence, une alliance conserve encore plusieurs feuilles d'incunables conte-
offensive et défensive avec le duc Otton de Bruns- nant des édits d'indulgences, etc., datés de son temps
wick (29 août 1374) et engagea la guerre avec Louis et imprimés à Mayence.
de Thuringe. Il remporta des succès importants et Allgemeine deutsche Biographie, t. I (1875), p. 119. —
l'empereur qui, naturellement, avait pris fait et cause J. B. Rady, Geschichte der kathol. Kirche in Hessen, 1905,
pour Louis négocia la paix (1376). Les termes en furent p. 374-378, 388-391. —Brunet, Manuel du libraire, Sup-
plém. (1878), t. I, p. 934. — Hain, Repertorium biblio- ilfit brûler les livres de Luther en 1520 et défendit en
graphicum, Stuttgart, 1826, t. i, n. 88-91. — Copinger, 1522 la lecture de la bible luthérienne. Il mourut à
SupplementtoHain(1890),
4332.
t.I,p. t.
90; II,p. 29-31, n. 4331- Mersebourg, le 24 mars 1526.
Allgemeine deuische Biographie, Leipzig, 1875, t. I, p. 120.
G. Alliiang. J. PIETSCH.
7. ADOLPHE, né, vers 1420, à Breithart (Hesse- 10. ADOLPHE D'ESSEN naquit d'une famille
Nassau), inscrit en 1441 à l'université de Heidelberg, noble de laWestphalie,vers 1350, et fit ses études avec
entra au service du comte Adolphe de Nassau-Wies- éclat à l'université de Cologne. En 1378, il entra à la
baden dont il était « maître de cuisine » en 1456. Le chartreuse de Trèves dont il fut prieur (1409-1415). A
comte devenu archevêque et prince électeur de Mayence cette dernière date, il alla fonder la chartreuse de Ma-
(voy. Adolphe II, archevêquede Mayence)récompensa rienfluss près de Sierck, au diocèse de Metz, où il pré-
son fidèle serviteur en le nommant son chancelier. sida jusqu'en 1421. Étant vicaire de la chartreuse de
Mais Adolphe ne resta pas longtemps dans ce poste Trèves, les bénédictins le demandèrentdeux fois pour
et devint, vers 1465, écolâtre, scholasticus, et être leur abbé; mais il refusa toujours cette charge. Il
doyen à Sainte-Marie-des-Degrés à Mayence. Il re- fut cependant obligé d'assister D. Jean Rode, ancien
nonça à la dignité de doyen, en 1469, pour prendre la chartreux et abbé de Saint-Matthias de Trèves, dans
charge de curé de Hofheim près Bensheim (Hesse-
Nassau). Il profita de ses larges revenus pour faire une visite générale des monastères bénédictins de la
congrégation deBursfeld. Il mourut de la peste le 4 juin
construire à ses frais le chœur de l'église de Brei- 1439. Son nom se rattache à la vie de la bienheureuse
thart. En 1475, il assista comme témoin et expert à Marguerite de Bavière, duchesse de Lorraine (t 1434),
l'acte par lequel le chapitre de Mayence protestait dont il fut pendant quelques années le directeur spiri-
contre la bulle de Sixte IV refusant d'accepter l'élec- tuel et plus tard le biographe. C'est pour l'instruction
tion de Diether d'Isenburg comme archevêque. Dans de cette pieuse princesse qu'il composa la plupart des
son testament, daté du 17 mars 1483, avec un codicille
du 9 décembre 1483, Adolphe fit de nombreuses pieuses
:
opuscules suivants 1° De commendatione Rosarii, en
latin et en allemand; 2° Méditations sur la vie de N.-S.
fondations. Il laissa sa bibliothèque à l'église de J.-C. et de sa sainte Mère, tirées du grand ouvrage de
Saint-Pierre-de-Mayence,dont il avait été chanoine. Ludolphe; 3° Exercitium de triplici meditatione; 4° De
A son frère Emichon il légua un missel de voyage exercitio remissionis peccatorum. Ces opuscules étaient
(missale itinerantium), écrit sur parchemin, conte-
nant, outre une superbe miniature représentantle cru- encore, au XVIIIe siècle, à la chartreuse de Cologne.
cifiement, de belles initiales sur fond d'or; ce missel,
daté de 1481, est maintenant en possession de la :
On connaît trois copies du premier portant cependant
ce titre De nobilitate, utilitate et fructuositate Rosarii
B. et gloriose Vgs. Marie. Elles se trouvent l'une à
bibliothèque du grand séminaire de Mayence. la bibliothèque de Mayence; une autre, manuscrit
Adolphe mourut le 24 juillet 1491. Ses restes reposent du XVIe siècle, à la chartreuse de Parkminster, en An-
à Breithart. gleterre, la troisième à la bibliothèque impériale de
F. W. E. Roth, Adolf von Breithart, Kanzler zu Mainz, Vienne. Enfin la Vita B. Margaritæ Lotharingiæ
t857.
1491, dans Historisches Jahrbuch, (1897) t. XVIII, p. 849- Ducissae, se trouve manuscrite à la bibliothèque de
Cologne dans le t. XIVe des collections laissées par les
G. Allmang. frères Gesenius. Le R. P. Rader, S. J., en a donné des
8. ADOLPHE III, archevêque de Cologne de 1547 extraits dans le troisième tome de sa Bavaria sancta,
à 1556. Il était fils du comte Jodochus de Schauen- et l'abbé Curicque s'en est servi pour sa notice histo-
burg. D'abord prieur de la cathédrale de Lüttich, rique de la bienheureuse, imprimée à Metz en 1864, et
puis chanoine de Cologne, de Mayence, et coadjuteur insérée dans les Petits Bollandistes de Mgr Guérin, au
d'Hermann V de Wied, il lui succéda comme arche- 27 août.
vêque. Il assista le 1er septembre 1547 au Reichstag Sur le zèle de D. Adolphe d'Essen pour propager la
d'Augsbourg où il fut reconnu prince électeur par ses dévotion au saint Rosaire en Allemagne, il faut con-
pairs. En 1551, il prit part au concile de Trente. sulter les articles du R. P. Thomas Esser, des Frères-
Il s'occupa de détruire dans son diocèse l'hérésie Prêcheurs, insérés dans le Katolik de Mayence, octo-
protestante introduite par son prédécesseur (voir bre-décembre 1897.
RERMANN V)et pour cela il tint un concile provincial
à Cologne avec les évêques de Lüttich, Münster, Min- Tappert,Der heilige Bruno, Luxembourg, 1872, p. 478 sq.
den, Osnabrück et Utrecht, ses suffragants. Il mou- — Documents inédits.
S. AUTORE.
rut dans son château deBrühl le 20 septembre 1556 et 11. ADOLPHE DE LA MAWCK., fils du comte
fut enseveli dans le chœur du « Dom » de Cologne. Éverard de laMarck et d'Ermengarde de Limbourg,
Ennen, Geschichte der Reformation im Bereiche der alten né au mois d'août 1288, fut nommé, à l'âge de 12 ans,
Erzdiocese Köln, Cologne, 1849.
Kirchengesch., Cologne, 1883.
--K. A. Ley,Die Kölnische
Mering u. Reischert, Die
prévôt de Saint-Martin de Worms,alors qu'il possédait
déjà une prébende à Munster, la prévôté de Saint-
Bisch. und Erzb. von Köln, Cologne, 1842-1844. Séverin à Cologne et d'autres bénéfices (Regesta
A. MAURIN. Clementis V, n. 8531). Chanoine de Cologne vers 1310,
9. ADOLPHE D'ANHALT, évêque de Mersebourg, étudiant à l'université d'Orléans, il fut pourvu de
adversaire de Luther. Naquit le 16 octobre 1458 et fit l'évêché de Liège, grâce à la recommandation du roi
ses études à l'université de Leipzig. Bien que destiné à
l'état ecclésiastique, il prit encore longtemps part à
l'administration des États de son père, le prince Adol-
;
de France, le 16 avril 1313, ibid., n. 9429. Son règne
ne fut qu'une suite de troubles agent actif de la poli-
tique française, il veilla surtout aux intérêts de sa
phe Ier d'Anhalt-Zerbst, et n'y renonça formellement famille, à laquelle il assura, ainsi qu'aux conseillers
qu'en 1508. En 1488, il devint prévôt de la cathédrale allemands qui l'entouraient, une situation influente
de Magdebourg, mais il ne reçut l'ordination sacerdo- dans la principauté; il négligea même, en faveur d'un
tale qu'en 1490. En 1507, l'évêque Thilo de Merse- des siens, d'unir en 1336 le comté de Looz à son évêché.
bourg le prit comme coadjuteur et Adolphe lui succéda Dans sa lutte contre le duc Jean III de Brabant, il
en 1514. Son administration fut sage et il parvint à aliéna, en 1333, au comte de Flandre la ville de Malines,
relever les finances de son évêché; il prêcha aussi avec qui fut cependant cédée au duc en 1347. Batailleur
zèle et prit soin de l'instruction religieuse de son peu-
ple. La réforme trouva en lui un adversaire convaincu ; comme pas un chevalier de son temps, Adolphe fut
sans cesse en lutte avec les villes du pays et le cha-
pitre. Il put terminer la guerre des Awans et des avait été exécuté à la même date de l'année armé-
Waroux en 1335, par la paix des Douze, qui marqua nienne 302 = 17 novembre 853. Il semble bien que
la déchéance de la vieille noblesse batailleuse. A Bougha et le calife Motawakel aient immolé Adom
plusieurs reprises les villes s'insurgèrent contre leur et ses compagnons en haine de la foi. Mais, comme les
prince; celui-ci résolut de briser leur résistance, et, chefs religieux et civils de l'Arménie n'étaient pas
le 25 septembre 1328, il écrasa à Othée l'armée des alors officiellement unis avec l'Église catholique, ce
rebelles. Divers règlements, tels que la paix de Fexhe, n'est point à ces Adomians que les Arméniens catho-
en 1316 et la paix de Vottem, en 1331, essayèrent liques rendent un culte public, mais à d'autres Ado-
d'établir la paix entre le prince et ses suj ets, mais mians, c'est-à-dire à un Adom Kenouni et à ses
sans y réussir. La lettre de Saint-Jacques, en 1343, ac- compagnons, massacrés, dit-on, au milieu du ve siècle
corda certains droits aux métiers, et créa un conseil par Yezdgerd II, un peu après la mort de l'héroïque
de 22 membres où l'élément laïque dominait et qui se Vartan. Voir Nilles, Kalend. utriusque Eccles., Inns-
recrutait lui-même. C'était établir à côté du prince bruck, 1888, fête du lundi après la Septuagésime, t. II,
un pouvoir régulateur et un contrôle indépendant p. 572. Bessarione, 1907, n. 94-95, Notice sur le calend.
du chapitre, et conséquemment c'était l'anéantisse- liturg. de la nation armén., par le P. Tondini, p. 100.
ment de la politique dynastique de l'évêque. Celui-ci En réalité, un Adom Kenouni est bien mentionné par
tomba malade de cette défaite et mourut le 3 no- Élisée et Lazare de Pharbe comme le compagnon de
vembre 1344, criblé de dettes. Son neveu Engelbert Vartan, et comme captif après la mort de celui-ci.
allait cependant recueillir sa succession. Trente ans plus tard,un Adom Kenouni sous les ordres
Levold de Northof, Chronica comitum de Marka, éd. Tross, de Vahan lutte encore contre les Perses. Mais il n'est
Hamm, 1859. — Hocsem, Gesta pontif. Leodien., éd. Cha- rien dit de leur mort.
peaville, t. II, p. 360-477. — Gallia christ., t. III, col. 894- Élisée et Lazare de Pharbe, dans Langlois, Collect. des
897. — J. de Theux, Le chapitre de Saint-Lambert de hist. de l'Arménie, t. II, p. 215, 226, 247, 282, 306, 329, 330,
Liège, Bruxelles, 1871, t. III, p. 17-21. — A. Le Roy, dans 331,334.—Thomas Ardzrouni, Collect. d'hist. armén., Saint-
Biogr. nat. de Belgique,t. XIII, col. 474-491. — J. de Chestret Pétersbourg, 1874. — Jean VI catholicos, Histoire d'Armé-
de Haneffe, Histoire de la maison de la Marck, Liège, 1898, nie, trad. Saint-Martin, Paris, 1841, p. 111. — Aucher
p. 17-18. — Ed. Poncelet, Le livre des fiefs de l'Église de (Avchérian), Biographie de tous les saints du calendrier ar-
LiégesousAdolphe de la Marck,Bruxelles, 1898. -Pirenne, ménien, Venise, 1810-1815,12 vol. Cf. à la date du 2 mars.
Hist. de Belgique, 1903, t. II, passim. — F. Tournebize,Hist. pol. et relig. de l'Arménie, Paris,
U. BERLIÈRE. 1909, p. 103. —Bibliotheca hagiographica orientalis bollan-
12. ADOLPHE Da VON DER MARK, archevêque diana, Beyrouth, 1909, art. Adom. — Le texte arménien
de Cologne de 1362 à 1364. Il était déjà évêque de de la passion d'Adom est reproduit par Alichan, Ayaba-
doum, in-4°, Venise, 1901, 2e part., Hist. des Arméniens,
Münster depuis 1357 quand il fut élu par le chapitre
de Cologne comme successeur de Guillaume de Gen- p. 259. Voir dans ce même auteur, p. 170-171, la passion
d'Adom Kenouni et de ses compagnons, extraite du mar-
nep. Mais, ayant par héritage acquis le comté de Clè- tyrologe arménien.
ves, il abdiqua la juridiction archiépiscopale après FR. TOURNEBIZE.
deux ans à peine. 1. ADON de Trèves, auteur qui n'a jamais existé, au-
A. Creifel, Adolf II, Bischof von Münster und Erzb. von quel Lipoman et Bellarmin attribuent le martyrologe
Köln,Paderborn, 1885. — F. Ferdinand, Kuno von Kalkens- dont le vrai auteur est Adon de Vienne. Voir cet ar-
tein, Koadjutor von Kuln, Paderborn, 1885. ticle.
A. MAURIN. J.A.Fabricius,Bibliothecalatinamediæ et infimæ ætatis,
13. ADOLPHE DE WALDECK, fils d'Adolphe Florence, 1858, t. I, p. 15.
de Waldeck et d'Hélène de Brandenbourg, prévôt G. ALLMANG.
d'Utrecht, chanoine de Saint-Lambert à Liège. Sol- 2.ADON(Saint),né à Soissons, où il aurait été béni
licité par le clergé d'Utrecht pour remplacer l'évêque par saint Colomban, avec ses frères, dont saint An-
Guillaume de Malines, décédé le 4 juillet 1301, Adolphe doen, futur évêque de Rouen, il se fit moine, fonda le
de Waldeck fut évincé par Guy de Hainaut. L'évê- monastère de Jouarre en 628 ou 638 et mourut en 660.
ché de Liège étant devenu vacant par le transfert Trithemius, De viris illustribus ordinis S. Benedicti, 1. III,
de Hugues de Châlon au siège de Besançon, le 23 c. XCI.
juin 1301, Boniface VIII lui donna pour remplaçant P. FOURXIER.
Adolphe de Waldeck, alors prévôt de Trèves et cha- 3. ADON, archevêque de Bourges. Il était déjà en
pelain pontifical, le 1er septembre 1301. Eubel, fonctions vers le milieu de 672. Trois ans après, il pré-
Hierarchia cath., t. i, p. 314. Il mourut le 13 décembre sida le concile de Bordeaux. Enfin il assista, en 677, à

:
1302. L'historien Jean de Hocsem le caractérise en
trois mots zelator justitiæ, ebriosus, iracundus.
Hocsem, dans Chapeaville, Gesta pontif. Leod., t. n,
l'assemblée de Marlay. Son successeur fait acte de pré-
sence en 683.
Duchesne, Fastes épiscopaux, 1900, t. II, p. 29-30.
M. BESSON.
p. 336-340.- Gallia christ., t. III, col. 893. — J. de Theux, 4. ADON, archevêque de Lyon. Il assista au concile
Le chapitre de Saint-Lambert à Liège, Bruxelles, 1871, t. I,
p. 327-328. — S. Balau, Sources de l'histoire du pays de Liège,
de Rome en 769, et vécut probablement jusque vers
Bruxelles, 1903, p. 540, 545. 800. Nous savons en tout cas, par la chronique de son
U. BERLIÈRE. homonyme, archevêque de Vienne, qu'il était encore
ADOM (ATOM) d'Osirank, province du Grand en fonctions lors du concile de Francfort en 794.
Aghpag, sur la rive du Grand Zab. Il fut massacré Duchesne, Fastes épiscopaux, 1900, t. II, p. 171.
par le cruel Bougha, qui terrorisa l'Arménie pour M. BESSON.
venger la mort de l'osdigan arabe Yousouf. Adom 5. ADON. Un évêque de ce nom figure au concile
périt avec six autres Arméniens à Dovin, située à tenu à Thionville, en mars 835, qui condamna Godes-
l'est d'Erivan et qui était alors la capitale de la calc et déposa Ebbon, D. Bouquet, Hist. des Gaules,
Grande-Arménie.Cf. Jean Catholicos, c. xxv, c. XIII de t. VI, p. 253, 278, 281. On le retrouve au concile
l'éd. Saint-Martin, Paris, 1861, p. 109-112. Un peu d'Ingelheim, qui rétablit sur son siège l'archevêque
avant ou après eux furent immolées une cinquan- de Reims, le 24 juin 840. Flodoard, Hist.Rem., 1. II,
taine d'autres victimes. L'Église grégorienne réunit c. xx. Le Cointe et D. Bouquet ont conjecturé que
tous ces athlètes sous le nom d'Adomians. Le catho- son siège était Valence, parce qu'une liste épiscopale
licos Jovhannes IV Ovaiétsi (833-855) fixa leur fête de ce diocèse comprend, vers ce temps, un Adon.
au 25 du mois de Méhégan; et l'on croit qu'Adom U. CHEVALIER.
"0
6. ADON, archevêque deVienne. Adon naquit dans graphica latina, 1898, n. 15, 1308. — R. Biron, article
les premières années du IXe siècle, d'une famille du Adon, dans le Dict. de théologie catholique, 1903, t. I,
p. 401-402. V. Ermoni, art. Adon, dans le Dict. d'archéo-
Gâtinais. Il entra de bonne heure à l'abbaye bénédic-
tine de Ferrières, où les lettres étaient fort en honneur. -t.I,
logie chrétienne. Duchesne, Fastes épiscopaux de l'an-
p. 147,162,210. — H. Quentin, Les
Adon passa bientôt à Prüm, dont l'abbé, Marcward
(829-853), était un ancien religieux de Ferrières, y
vécut quelques années, mais dut s'éloigner,par suite de
cienne Gaule, 1907,
martyrologes historiques
:
du moyen âge, 1908, p. 409, 682.
Éditions de la chronique Édition princeps, à la suite
de l'Historia Francorum de Grégoire de Tours, par Guil-
laume Petit, à Paris, 1512. — Mathias Flacus, à Bâle,
difficultés assez graves. Il séjourna cinq ans à Rome,
recueillant, selon toute vraisemblance, des renseigne- 1568. — P. L., t. CXXIII, col. 23-138. — Extraits dans les
ments hagiographiques. Nous le trouvons à Lyon, Monumenta Germaniæ historica, Script., t. II, p. 315-323.
curé de la paroisse Saint-Romain, du temps de l'ar- — L'édition la plus connue du martyrologe est celle de
Rosweyde, parue à Anvers en 1613, reproduite dans la
chevêque Remi (852-875). Il quitta sa cure pour l'ar- Bibliothecæ Patrum de Lyon, t. XVI, p. 812, 914, -et
chevêché de Vienne, après le 6 juillet 859, date de la dans P. L., t. CXXIII, col. 143-436.
mort de son prédécesseurAglimar et avant le 22 octo- M. BESSON.
bre 860, jour où il souscrivit au concile de Thusey. Il ADOPTIENS,hérétiques espagnols dela findu VIIIe
joua comme évêque un rôle considérable, et fut en re- siècle;ainsi nommés parce qu'ils enseignaientque Notre-
lations avec les papes Nicolas Ier et Adrien II, surtout Seigneur Jésus-Christ, en tant qu'il est homme, n'est
au sujet du divorce de Lothaire, auquel il ne voulut pas le Fils de Dieu par nature mais seulement son fils
jamais consentir. Il signa encore, en 875,le privilège de adoptif. « Le Fils unique du Père, disaient-ils, est le

:
Tournus et mourut le 12 décembre de la même année.
Adon nous a laissé une chronique universelle, divisée
d'après les six âges du monde Chronicon sive Brevia-
rium de sex mundi ætatibus ab Adamo usque ad an-
vrai Fils de Dieu, tandis que le premier-né de Marie est
simplement fils adoptif. » Cette doctrine conduisait
logiquement au dualisme nestorien, car l'idée de fils
est inséparablement liée à l'idée de personne. Les
adoptiens avaient beau affirmer l'unité de personne
num 869. Parmi les sources de cet ouvrage on peut
citer surtout Bède, que notre auteur se contente sou- dans le Verbe incarné; leur terminologie exprimait
vent de suppléer, Orose, Isidore, les Gestaregum Fran- une dualité d'hypostases et dénotait une confusion
corum, les Annales regii, Einhart et les Annales monas- entre le concept de nature et celui de personne. Aussi
tiques du groupe de Saint-Amand. Dans les dernières est-ce avec raison que l'Église les a condamnés comme
pages, où il parle de ce qui s'est passé de son temps. hérétiques, quoi qu'en aient dit certains historiens
Adon a consigné pas mal de détails intéressants, sur- protestants du dogme, comme Walch et Baur, et le
tout sur sa ville épiscopale. Quant à la liste qu'il donne théologien catholique Gabriel Vasquez.
de ses quarante-sept prédécesseurs, elle est rigoureu- L'adoptianisme prit naissance en Espagne dans le
sement exacte si nous n'en gardons que les noms des dernier quart du VIIIe siècle, d'où son nom d'hispa-
titulaires; mais les dates sont combinées de façon à nicus error par lequel il est quelquefois désigné. C'est
identifier le premier, Crescens, évêque du IIIe siècle, vraisemblablement Élipand, archevêque de Tolède,
avec le disciple de saint Paul mentionné dans la ville alors soumise aux Maures, qui formula le premier
IIe épître à Timothée. Ainsi, soit qu'il ait voulu de son cette erreur en cherchant à réfuter la doctrine tri-
propre chef antidater la fondation de son siège, soit nitaire d'un certain Migetius. Celui-ci semblait nier
qu'il ait consacré une tradition préexistante, Adon a toute distinction entre le Père et le Verbe avant l'in-
reculé la série des évêques viennois jusqu'aux temps carnation. Dans une lettre écrite à ce Migetius, vers
apostoliques. l'an 782, Élipand, sans employer encore le terme de fils
Notre auteur s'est livré encore à des travaux d'ha-
giographie : il a remanié la vie de saint Didier de
Vienne et composé celle de saint Theuderius. Mais, de
:
adoptif, enseigne le fond de l'erreur adoptienne, le
nestorianisme pur Personam Filii non eam esse quam
tu asseris Patri et Spiritui sancto æqualem esse, quæ
tous ses ouvrages, celui qu'une étude récente a vrai- facta est ex semine David secundum carnem in novissimo
ment rendu le plus célèbre, c'est son martyrologe. La tempore; sed eam quæ genita est a Deo Patre, sine
première édition de ce recueil fut publiée par Adon initio temporis, P. L., t. XCVI, col. 863. Cette explica-
pendant son séjour à Lyon, vers 855-860, avec une tion de l'origine de l'adoptianisme est de beaucoup
tion des documents recueillis un peu partout pas- :
préface dans laquelle il prétend avoir mis à contribu-
sionum codices undecumque collecti. Le livre si fouillé
préférable aux hypothèses imaginées par certains his-
toriens, qui veulent y voir soit le résultat de la polé-
mique contre l'islamisme, soit un compromis entre la
que le R. P. dom Quentin vient de consacreraux mar- doctrine orthodoxe et l'arianisme, ou qui cherchent
tyrologes historiques du moyen âge en général, et à à l'expliquer par l'influence de certains ouvrages de
celui d'Adon en particulier, montre qu'il n'en est pas Théodore de Mopsueste traduits en latin, qui auraient
tout à fait ainsi. L'hagiographe a exagéré ses propres circulé en Espagne. Cf. Hefele, Histoire des conciles,
mérites; il eut entre les mains un passionnaire qui lui trad. Delarc, t. v, p. 63-78.
fournit les neuf dixièmes des textes qu'il utilisa. Un Les premiers disciples d'Élipand furent l'évêque
autre point, beaucoup plus grave, a été mis en lumière. Ascaricus, que Basnage, Thesaurus monument., t. n,
Adon déclare qu'il a consulté outre l'ouvrage de Florus, p. 286, place, on ne sait pourquoi, sur le siège de Braga
un autre recueil très ancien, envoyé jadis de Rome à ou Bracara, et l'abbé Fidelis, originaires tous les deux
à
Aquiléeparlepape, et qu'il a pu copier Ravenne;c'est des Asturies. L'hérésie fit de rapides progrès en Es-
le petit martyrologe romain, Paruum Romanum. Or ce pagne, sans rencontrer d'abord beaucoup d'opposition.
dernier, le petitroman, comme dit avec esprit leR. P. dom Bientôt cependant dans les Asturies mêmes, Beatus,
Morin, serait un simple faux, composé par Adon lui- curé de Libana, que les Espagnols vénèrent encore
même. En dernière analyse, l'archevêque de Vienne sous le nom de San Biego, et son jeune disciple Éthé-
aurait exercé sur le développement de la littérature rius, évêque d'Osma, élevèrent la voix pour protester
martyrologique la plus regrettable influence, embrouil- contre le langage novateur de l'archevêque de Tolède,
lant par ses inventions bon nombre de problèmes. comme nous l'apprend une lettre de ce dernier à l'abbé
Fidelis, écrite en octobre 785. P.L., t. XCVI, col. 918.
Mabillon, Acta sanctorum ordinis sancti Benedicti, sscc. A cette lettre d'une rare insolence Éthérius et Beatus
p.
IV,2e pars, 1680, 262-275.—Histoire littéraire de laFrance, répondirent par un traité en deux livres, qui ne nous
1740, t. v, p. 461-474. — A. Ébert, Histoire générale de la
littérature du moyen âge en Occident, trad. Aymeric et est pas parvenu intégralement. Ibid., col. 894-1030. La
Condamin, 1884, t. II, p. 461-474. — Bibliotheca hagio- doctrine orthodoxe y est solidement établie et Éli-
pand mis en contradictionavec le symbole de Nicée. tisbonne renaissait de plus belle. Charlemagne s'em-
C'est vraisemblablement en cette même année 785 pressa de communiquer au pape les documentsarrivés
que le pape Adrien Ier, instruit de la controverse qui d'Espagne et lui demanda conseil pour la conduite à
divisait les évêques espagnols et qui commençait à tenir; puis, au commencement de l'été de 794, il réunit
s'étendre aux provinces méridionales du royaume le grand synode de Francfort, auquel les chroniqueurs
franc, écrivit sa première lettre dogmatique aux de l'époque ne craignent pas de donner le titre d'uni-
évêques d'Espagne dirigée surtout contre l'erreur versel. On y vit les évêques de toutes les provinces du
d'Élipand et d'Ascaricus. P.L., t. XCVIII, col. 373- royaume franc; Adrien Ier y fut représenté par deux
386. Le pape réfutait l'adoptianismepar de nombreu- légats, les évêques Théophylacte et Étienne. Quant à
ses citations des Pères tant grecs que latins. Félix d'Urgel, bien que convoqué comme les autres,
A cette époque, on ne parlait pas encore de celui il jugea prudent de ne point paraître.
qui allait être le grand théologien de la secte, Félix, Après lecture de la lettre d'Élipand et de ses col-
évêque d'Urgel, dans la Marche espagnole annexée lègues aux évêquesfrancs, Charlemagne demanda aux
au royaume franc par Charlemagne. En 788, on trouve membres du synode de donner leurs avis sur la doc-
son nom au bas des actes d'un concile tenu à Narbonne, trine exposée dans ce document. Deux jours durant,
dont dépendait le diocèse d'Urgel, mais ce concile, les évêques, divisés en deux groupes, le groupe des
dont les actes, s'ils ne sont pas entièrement apocryphes, Italiens auxquels ne s'adressait point la lettre des Es-
ont subi au moins de graves interpolations, n'a rien pagnols, et le groupe des prélats des Gaules, d'Aqui-
à voir avec l'adoptianisme, malgré le titre mensonger taine et de Germanie, travaillèrent à la réfutation de
donné par plusieurs anciens manuscrits. Hefele, His- l'hérésie adoptienne. Les Italiens, dans leur Libellus
toire des conciles, trad. Delarc, t. v, p. 83-85. Il faut sacrosyllabus, insistèrent sur les preuves scriptu-
attendre l'année 792 pour voir Félix porté parmi les raires; l'Epistola synodica des autres développa la
partisans de l'hérésie nouvelle. A cette date, les An- preuve patristique. P.L., t. XCIX, col. 152-166; t. CI,
nales d'Éginhard rapportent « qu'Élipand avait de- col. 1331-1346; Mansi, op. cit., col. 873-899. Le con-
mandé par écrit à l'évêque Félix s'il fallait regarder cile approuva ces deux documents et prononça la
le Christ en tant qu'homme comme le véritable Fils condamnation des erreurs de Félix et d'Élipand dans
de Dieu ou simplement comme le fils adoptif. Félix son canon 1er. Mansi, ibid., col. 909. Sur ces entrefaites,
avait répondu, contrairement à la doctrine ecclésias- arriva la réponse du pape Adrien à la consultation de
tique, que selon son humanité le Christ n'était que Charlemagne, rédigée sous forme d'exhortation aux
fils adoptif, et il s'était mis à défendre cette erreur évêques espagnols. On a voulu voir dans cette lettre
dans ses écrits. ') Pertz, Monumenta German. histor., du pape la confirmation officielle du concile de Franc-
Script., t. I, p. 179; P. L., t. CIV, col. 441. fort, mais c'est là une induction fort sujette à caution.
Il est probable que la date indiquée par Éginhard On ne saurait affirmer non plus avec certitude qu'elle
n'est pas tout à fait exacte et que l'évêque d'Urgel fut rédigée dans un synode romain réuni tout exprès,
se déclara pour l'adoptianisme un peu avant 792, car comme l'insinue Denzinger,Enchiridion symbolorum et
en cette même année, Félix dut comparaître en accusé definit., n. 257. En tout cas, c'est un document doctrinal
devant Je synoderéuni à Ratisbonne par Charlemagne. de premier ordre qui résume magistralement les preu-
De nombreux évêques d'Italie et de Germanie y pri- ves développées par le synode de Francfort. Mansi,
rent part. Bien que les actes de cette assemblée soient op. cit., ibid., col. 865-873. Charlemagne envoya
perdus, nous savons par les sources contemporaines à Élipand et aux autres évêques in partibus Hispa-
que l'adoptianisme fut condamné et que Félix abjura niæ la lettre pontificale, le Libellus des Italiens et la
solennellement son erreur. Mansi, Amplissima collect. Synodica des Francs et des Germains. Il y joignit une
concil., t. XIII, col. 1031. Malgré cette rétractation, ce lettre personnelle dans laquelle il parle aux Espagnols
dernier fut envoyé à Rome par Charlemagne sous la sur le ton de la douceur, leur expose brièvement les
conduite de l'abbé Angilbert. Là, s'il faut prendre à la derniers événements et les exhorte à accepter la foi
lettre une expression du pape Léon III dans son synode commune de l'Église; il termine par une fort belle
de 799, on le maintint prisonnier jusqu'à ce qu'il eût profession de foi, imitée de celle de Nicée. Mansi, ibid.,
de nouveau condamné l'hérésie adoptienne et qu'il col. 899-906.
fût solennellement réconcilié avec l'Église. Mansi, Un des Pères du concile de Francfort, celui-là même
ibid. qui avait rédigé le Libellus des Italiens, Paulin, pa-
La rétractation de Félix n'était pas sincère. Revenu triarche d'Aquilée, condamna de nouveau l'adoptia-
dans son diocèse, il ne tarda pas à professer de nou- nisme dans son synode du Frioul en 796. P. L., t.
veau la doctrine qu'il avait rejetée à Ratisbonne et à XCIX, col. 283; Mansi, ibid., col. 844. Mais la querelle
Rome, mais ne se sentant pas en sûreté dans un pays avec les Espagnols était loin d'être terminée. Elle s'en-
soumis au roi des Francs, il s'enfuit chez les Sarrasins, venima de nouveau entre Alcuin et Félix d'Urgel,
probablement à Tolède, auprès d'Élipand. C'est alors aussitôt après le concile de Francfort. Le premier
qu'Alcuin, sollicité par Charlemagne, commença sa ayant envoyé aux abbés et aux moines du Languedoc
campagnelittéraire contre l'adoptianisme. La première par l'intermédiaire de Benoît d'Aniane un mémoire
lettre qu'il écrivit à l'évêque d'Urgel en 793, respire contre l'adoptianisme, Félix se décida enfin à ré-
la plus pure charité chrétienne. P.L., t. CI, col. 119; pondre à la lettre d'Alcuin écrite en 793. On vit bien
Monumenta German. histor., Epistolæ carolini ævi, par cette riposte, adressée non à Alcuin mais à Charle-
t. II, p. 60. Elle n'était pas sans doute encore arrivée il
magneetdont nerestequedes fragments, que l'évêque
à destination quand les évêques espagnols, réunis en d'Urgel était plus que jamais attaché à l'erreur adop-
synode sous la présidence d'Élipand, rédigèrent deux tienne. Le roi la communiqua au papeLéon III, succes-
lettres fort importantes, l'une plus courte à l'adresse de seur d'Adrien Ier, et aux évêques Paulin d'Aquilée,
Charlemagne, pour réclamer son appui en faveur des Richobod de Trèves, Théodulf d'Orléans, pour avoir
adoptiens et en particulier de Félix et lui dépeindre leur avis. Le pape répondit par le synode romain de
Beatus sous les plus noires couleurs, l'autre plus lon- 799, que nous connaissons par un court procès-verbal
gue, pour les évêques des Gaules, de l'Aquitaine et de trois sessions. Félix, dont on rappela les parjures,
de l'Austrasie, véritable apologie théologique de l'adop- fut solennellementanathématisé à la troisième session.
tianisme. P. L., t. XCVI, col. 867-869; t. CI, col. 1321- Mansi, op. cit., t. XIII, col. 1032. Paulin d'Aquilée
1331. composa trois livres contre l'hérésiarque, Contra Feli-
L'hérésie qu'on croyait avoir frappée à mort à Ra- cem Urgellitanum episcopum libri tres, P.L., t. XCIX,
col. 343-468. De Richobod
est parvenu sur ce suj et.
et de Théodulf rien ne nous la Patrologie latine, t. XCVI, XCVIII-CI, CIV, dans la collec-
tion des conciles de Mansi, t. XIII, d'Hardouin, t. IV, dans
Quant à Alcuin, sa réponse fut la plus magistrale de les tomes I et II des Monumenta Germaniæ historica. Un
toutes. Elle ne comprend pas moins de sept livres, bon résumé de ces pièces est donné par Hefele,Histoire des
conciles, trad. Delarc, Paris, 1870, t. v, p. 45-47, 61-
Contra Felicem Urgel. episcop. libri VII,P.L., t. CI, 85, 93-112, 143-150. — L'adoptianismedu VIlla siècle a été
col. 119-230. Toutes ces réfutations n'auraient pas eu, l'objet de plusieurs savants travaux. Signalons les princi-
sans doute, grand résultat pratique, si Charlemagne paux : Walch, Historia adoptianorum, Gœttingue, 1755. et
n'avait eu recours à un autre moyen. Il facilita à Ketzerhistorie, t. IX, p. 667-940; les conclusions de Walch
Félix le retour dans son diocèse puis envoya dans les sont réfutées par J.-B. Enhneber, Dissertatio dogmatico-
provinces espagnoles Leidrade, archevêque de Lyon, historica, P.L., t. CI, col. 337-438. —Froben,Dissertatio hi-
Néfrid, archevêque de Narbonne et Benoît, abbé d'A- storica de hæresiElipandiToletani et Felicis Orgellitani,ibid.,
niane, qui, réunis en conférence à Urgel même, réus-
sirent à persuader à Félix de se présenter de nouveau -
col. 303-336.—Madrisi,Dissertationesin operaPauliniAquil.,
dans P. L., t. XCIX. J. Basnage, Observationes historicæ
circa Felicianam hæresim, dans le t. II de son Thesaurus
devant le roi franc. A l'automne de 799, il se tint à monumentorum.—Baur, Die christlicheLehre von der Dreiei-
Aix-la-Chapelle un synode dont nous ne possédons plus nigkeit und Menschwerdung Gottes, Tubingue, 1842, t. n,
les actes mais que les lettres d'Alcuin et Félix lui- p. 129-159.
même, dans la profession de foi qu'il émit quelque M. JUGIE.
temps après, nous font connaître. L'évêque d'Urgel ADORATION RÉPARATRICE (INSTITUT DE L').
eut toute liberté d'exposer ses idées et six jours du- Congrégation de religieuses, fondée à Paris, en 1848,
rant, il tint tête à Alcuin avec un prêtre de sa suite, par la mère Marie-Thérèse du Cœur de Jésus (Théo-
qui, paraît-il, se montra pire que son maître. A la fin, delinde Dubouché), née à Montauban, le 2 mai 1809.
cependant, après que tous ses sophismes subtils eu- Composée de sœurs de communauté, vouées à l'ado-
rent été mis à nu, il dut s'avouer vaincu, et abjura ration du Saint-Sacrement, de sœurs auxiliaires non
son erreur pour la troisième fois, P.L., t. C, col. 350. cloîtrées et d'agrégées vivant dans le monde, cet ins-
Charlemagne jugea prudent de ne pas le laisser re- titut a pour but « d'offrir à Dieu d'incessantes répa-
tourner en Espagne et d'éprouver la sincérité de sa rations pour les outrages dont Il est l'objet. » Com-
conversion. Ille confia à Leidrade de Lyon et bientôt mencée à Paris dans la rue Denfert-Rochereau, avec
l'ancien hérétique consentit à désavouer publiquement l'appui de Mur Sibour, archevêque de Paris, de l'abbé
sa conduite passée dans une profession de foi qu'il de la Bouillerie, plus tard évêque de Carcassonne, du
envoya aux prêtres d'Urgel et à tous ses anciens parti- Père Hermann, du père Eymard, etc., l'œuvre fut
sans, les engageant fortement à se réconcilier avec installée, au mois de juillet 1854, rue des Ursulines,
l'Église, Mansi, op. cit., t. XIII, col. 1035-1040. Il dans l'ancien couvent des religieuses du même nom.
semble être resté fidèle à la foi catholique jusqu'à sa En 1855, la chapelle fut brûlée et, quelques années
mort, arrivée à Lyon en 818. Alcuin, qui le vit à Saint- après, la maison fut transportée rue d'Ulm. C'est là
Martin de Tours, en l'an 800, garda la meilleure im- que mourut la fondatrice, le 30 août 1863. Déjà, en
pression de l'entrevue, P. L., t. c, col. 329. Il reste juillet 1853, elle avait fondé un établissement à Lyon
cependant un léger doute sur sa persévérance finale; où l'avait fort bien accueillie le cardinal de Bonald et,
saint Agobard, successeur de Leidrade sur le siège de en 1860, à Châlons-sur-Marne. Depuis, des maisons
Lyon, trouva parmi les papiers de Félix un écrit, qui ont été fondées à Lille, en 1868, à Reims, en 1887, à
semble être une dernière palinodie et qui nous a valu le Londres, en 1898, à Iseghem (Belgique), en 1901, et
Liber adversum dogma Felicis Urgellensis de l'évêque à Liverpool, en 1904.
de Lyon, dédié à l'empereur Louis le Pieux. P.L., M. d'Hulst, Vie de la mère Marie-Thérèse, fondatrice de la
congrég. de l'Adoration réparatrice, 2e édit., in-12, Paris,
t. CIV, col. 29-70.
à
Élipand, que sa situation soustrayait l'influence
de Charlemagne, continua à soutenir envers et contre
1873. - La très révérende mère Marie-Thérèse du Cœur de
Jésus, fondatrice de la congrég. de l'Adorat, réparat., Paris,
tous l'erreur dont il était le père, etrien ne nous fait 1906. — De Cabanoux, Rapport sur la congrég. et les œuvres
de l'Adorat. réparat., présenté au congrès eucharistique de
supposer qu'il se soit rétracté avant sa mort (809). Metz, de 1907, Paris, 1908.
Félix n'était déjà plus des siens, quand il lui écrivait, U. ROUZIÈS.
en 799, de rester fort dans les persécutionspour la cause ADORNE (ANSELME), baron de Corthuy, né à
commune. P. L., t. XCVI, col. 880. Alcuin perdit sa Bruges, le 8 décembre 1424, fut attaché de bonne
peine en cherchant à ramener dans le droit chemin heure à la cour des ducs de Bourgogne et chargé de
ce vieillardtêtu, qui à une lettre pleine de déférence et plusieurs ambassades. Charles le Téméraire lui con-
de charité répondit par une bordée d'injures. P. L., fia la mission de se rendre en Orient et d'étudier la
t. CI, col. 235; t. XCVI, col. 870. Toujours inlassable, le situation des pays musulmans. Parti de Bruges, le
théologien de Charlemagne ne dédaigna pas de réfu- 19 février 1470, il traversa l'Italie, visita Tunis,
ter la dernière lettre d'Élipand par un traité en quatre l'Égypte, la Palestine, Chypre, Rhodes, l'Archipel,
livres, P.L., t. CI, col. 231-300, qu'il dédia aux arche- la Grèce, rentra par Naples, Rome, l'Italie, le Tyrol,
vêques Leidrade et Néfrid et à l'abbé Benoît, envoyés le Rhin, à Bruges, le 14 août 1471. Si l'on possède le
pour la seconde fois dans la Marche espagnole. Cette récit de son pèlerinage, on n'a pas conservé le souve-
seconde mission fut couronnée d'un plein succès et nir des négociations qu'il était chargé d'entamer.
Alcuin put bientôt écrire à Arno de Salzbourg que Au retour d'une mission en Écosse, il fut de nouveau
vingt mille clercs et laïques avaient été ramenés à la chargé par le duc de Bourgogne de se rendre auprès
vraie foi. P. L., t. c, col. 324. Les derniers vestiges de du roi de Perse pour reprendre les négociations.
l'hérésie ne tardèrent pas à disparaître complètement. Adorne quitta Bruges en mars 1474, mais le duc
Au XIIe siècle, l'école abélardienne ressuscita sous ayant appris que les Vénitiens l'avaient devancé en
une forme nouvelle la théorie adoptienne et provoqua Perse, rappela son envoyé. A la suite de difficultés
d'ardentes controverses, qui intéressent plus la théo- qui lui furent suscitées à Bruges, Adorne se rendit en
logie que l'histoire. Cf. E. Portalié, Adoptianisme cm Écosse et s'attacha à Jacques III; mais un ennemi de
XiIe siècle, dans le Dictionnaire de théologie catholique, ce prince, Alexandre Gordon, comte de Huntley,.
t. I, col. 413-418. Nous renvoyons au même ouvrage, l'attira dans une embuscade et l'assassina le 23 jan-
col. 408-412, pour l'exposé doctrinal de l'adoptianisme vier 1483.
au VIlle siècle. Son Itinerarium Hierosolymilanum et Sinaïti-
Les documents relatifs à l'adoptianisme se trouvent dans cum est conservé ms. à Paris, Lille et Bruxelles
Le Glay, Catal. des mss. de Lille, Lille, 1848, p. 112- saint François Caracciolo, la gloire principale de cet
118; Rohricht, Bibl. geogr. Palestinæ, n. 363, p. 121. Institut. Sous la direction du P. Pignatelli et du P.
J. de Saint-Genois, Voyageurs belges, 1847, t. I, p. 30- Marius d'Andria, jésuite, ils se retirèrent à l'ermitage
33. — Biogr. nat. (de Belgique), t. I, p. 73-79. — E. de des camaldules, où ils perfectionnèrent leur règle
la Coste, Anselme Adorne, sire de Corthuy, pèlerin
de Terre- ébauchée à Vallombreuse. Accompagné de François,
Sainte, Bruxelles, 1855. — L. St., Anselme Adorne ou un Adorno partit pour Rome et obtint de Sixte-Quint un
le
voyageur bourgeois au XVesiècle,dans Messager des sciences bref, en date du 1er juillet 1588, par lequel ce pape
hist., 1881, p. 1-43. approuvait la congrégation des clercs réguliers mi-
U. BERLIÈRE.
1. ADORNO (FRANCESCO), jésuite italien, confes- neurs franciscains; le pape avait voulu leur donner
ce nom, de préférence à celui de clercs réguliers de
seur et ami de saint Charles Borromée qu'il assista à Marie que demandait le fondateur. Après avoir jeté
ses derniers moments, naquit à Gênes, d'une famille les fondements de son institut il partit pour l'Espagne
patricienne, le 19 septembre 1533. Ayant suivi son père en compagnie de François pour y tenter un établisse-
en Portugal, il fut admis au noviciat de Coïmbre le ment, mais sans y réussir. Au commencement de
10 juin 1549. De retour en Italie dix ans plus tard, 1591, Adorno était de nouveau à Rome et obtenait
il professa la théologie et se livra avec succès à la de Grégoire XIV deux autres brefs, en date des
prédication. Il fut le premier recteur du collège de 9 et 18 février, qui confirmaient de nouveau la con-
Milan. En 1566, il succéda au P. Benedetto Palmio grégation et lui accordaient les privilèges des théa-
dans le gouvernement de la province de Lombardie. tins. De retour à Naples, le fondateur y mourait en
Il mourut à Gênes le 13 janvier 1586. De ses écrits réputation de sainteté le 29 septembre de cette même
je signalerai seulement son Epistola qua peregrinatio année 1591.
ab illustrissimo cardinali Sanctæ Praxedis sus-
cepla exponitur, cum ad inuisendum sacrum Linteum Clément Piselli, Notizia historica della religione de'
Augustam Taurinorum se contulit, Bergame, 1571, PP. Chierici minori, Rome, 1710. —' Moroni, Dizionario di
erudizione storico-ecclesiastica, t. XI, p. 201.
plusieurs fois réimprimée par d'autres auteurs; il y
raconte comment et à quelle date le saint suaire P.
ÉDOUARD d'Alençon.
devint la propriété des ducs de Savoie. Son Tra- 3. ADORNO HINOJOSA (GONZALO), jésuite espa-
ctatus de Cambiis ne semble pas avoir été imprimé, la
gnol, né à Jérez de Frontera le 7 septembre 1751,
mort à Viterbe le mars 1812. Entré au noviciat le
17
non plus que le De ecclesiastica disciplina lib. II, 6 avril 1766, il suivit en exil les jésuites chassés d'Es-
composé à la prière de l'archevêque de Milan. Adorno
pagne, renonçant à la pension que lui offrait Charles
a édité les Opere spirituali au P. Fulvio Androtio, III. Il se retira en Corse d'abord, puis en Italie. Il
3 in-12, Milan, 1579, souvent réimprimées, et par-
tiellement traduites en plusieurs langues. Il a aussi a publié en italien plusieurs ouvrages, entre autres :
Dell' origine delle immunità del clero cattolico e d'ogn i
publié, à la demande de saint Charles, les Omelie altro sacerdozio creduto dagli uomini legittimo e santo,
LXXXV per tutto l'anno, du carme Angelo Casti- in-4°, Césène, 1791, anonyme. — Teoria e pratica di
glione, son oncle, 3 in-4°, Milan, 1585.
commercio e di marina di D. Girolamo Ustaritz, tra-
p.
Sacchini,Hist. S. I., Rome,1661,
l.2,n. V,l.6,n.18; cf.p.III,
19.-Sotwel,Bibliot. script. S. I.,Rome,1676, p. 208.
duit de l'espagnol, 2 in-8°, Rome, 1793. — Ricerche
- Franco, Annus gloriosus S. I. in Lusitania, Vienne, 1720,
p. 23-24. — Cosm. de Villiers, Biblioth. carmelitana,
sulle diverse maniere di contrarre matrimonio e sull'
indissolubilità di questo tra gli antichi Romani, in-12,
Rome, 1807.
Orléans, 1752, t. I, col. 108. — Nie. Montanaro, Elogi di
Liguri illustri, 2e éd. par D. Luigi Grillo, Gênes, 1846, Caballero, Biblioth. script. S. I. Supplementa, I, Rome,
t. II. p. 11-16. — Sommervogel, Biblioth. de la Compagnie 1814, p. 76-77. — Sommervogel, Biblioth. de la Compa-
de Jésus, Bruxelles, 1890, t. i, col. 54-55; 1898, t. VIII,
col. 1571; cf. t. i, col. 381-383; t. VIII, col. 1644.
E.-M. RIVIÈRE.
gnie de Jésus, Bruxelles, 1890, t. i, col. 56-57. -
J.-Eug. de
Uriarte, Catàlogo razonado de obrasanonimas yseudonimas,
Madrid, 1904, t. i, n. 635; 636.
2. ADORNO (GIOVANNI-AGOSTINO), né en 1551, E.-M. RIVIÈRE.
appartenait àune anciennefamille de Gênes, qui, après ADQUESIRENSIS (Ecclesia). Voir AQUÆ SI-
avoir fourni pendant le cours de trois siècles plusieurs RENSES.
doges à cette République, était tombée en disgrâce pour
n'avoir pas sauvegardé l'indépendance de la patrie. ADRAA, évêché de l'Arabie, suffragant de Bos-
Intelligent et bien doué, Jean Augustin visita les di- tra, dans le patriarcat d'Antioche. C'est l'ancienne
verses cours de l'Italie et s'initia au maniement des Edraï de la Bible, une des deux capitales d'Og, roi
affaires, au point que, jeune encore, il fut adjoint de Basan, et près de laquelle il fut défait par les
par la vieille noblesse à l'ambassade qu'elle envoyait
à Philippe II, roi d'Espagne, pour faire trancher ses
Israélites, à leur arrivée du Sinaï. Num., XXI, 33-35
Deut., I, 4; III, 1-10. Le pays fut alors donné à la
;
différends avec la jeune noblesse. Mais Dieu le desti- demi-tribu de Manassé, Num., XXXII, 33; Deut., m,
nait à suivre une autre carrière, déjà il avait fait de 13; Jos., XIII, 31; après quoi, la ville n'est plus men-
grands progrèsdans la piété sous la direction du P. Ba- tionnée dans la Bible. Jusque-là, elle avait été habi-
sile Pignatelli, théatin, mort évêque d'Aquila en tée par les Raphaïm, race de géants, dont Og était un
1599. Celui-ci venait d'être appelé à Naples comme des derniers descendants. Il est probable que les
maître des novices de sa congrégation, alors Adorno nombreux et si curieux souterrains de Derât, nom
qui pensait à quitter le monde résolut de rejoindre son actuel d'Edraï ou Adraa, sont des travaux laissés par
directeur. Sa routefut sanctifiée par des pèlerinages cette race primitive. L'Onomasticon d'Eusèbe dit que
et des exercices de piété. A Vallombreuse, il se sentit cette ccville importante » de l'Arabie se trouvait à 24
inspiré de fonder une nouvelle congrégation dont il ou 25 milles de Bostra et à 6 milles d'Astaroth. Dans
ébauchait les règles; à Rome il reçut la tonsure et les la Table de Peutinger, Adraha est placée sur la voie
- ordres mineurs; enfin à Naples il fut ordonné prêtre romaine de Gadara à Bostra, à 16 milles de Capitolias
et affermi par une vision dans son projet de fondation. et à 24 de Bostra. Ptolémée V, xv, 25; XVII, 7, la
A son arrivée dans cette ville, il s'était affilié à la range parmi les cités de la Célésyrie ou de l'Arabie.
compagnie des Blancs, qui assistaient les condamnés Elle figure deux fois, sous les noms d'Adra et Adrassos,
à mort, parmi lesquels il devait trouver son premier dans le Synecdemus de Hiéroclès, édit. Burckhardt,
collaborateur, Fabrice Caracciolo. Bientôt il gagnaient 722, 3; 723, 5, et sous la forme Adrasos dans la De-
à leur société Ascanio Caracciolo, qui devait devenir scriptio orbis romani de Georges de Chypre, édit. Gel-
zer, p. 54. La Notitia episcopatuum d'Antioche, au 1063 ou 1065. Le comte d'Anjou, Geoffroy Martel,
vie siècle, Échos d'Orient, 1907, t. x, p. 145, en fait à cause de sa grande amitié pour Adralde et à sa per-
un évêché suffragant de Bostra. Cette ville, qui avait suasion, prit l'habit dans l'abbaye de Saint-Nicolas
deux ères pour ses monnaies ou ses inscriptions, l'une et y mourut le 14 novembre 1060.
commençant en l'an 58 avant J.-C., l'autre en l'an C'est peut-être cet abbé qui est l'objet d'un éloge
105 après J.-C., battait monnaie, bien que les pièces pompeux fait par un moine nommé Osbernus dans
conservées soient assez rares. Voir de Saulcy, Numis- un petit poème latin publié par Hartel dans le t. CXII,
matique de la Terre-Sainte, Paris, 1874, p. 373-377; p. 281, du Compte rendu de l'Acad. imp. des sciences
Clermont-Ganneau, Recueil d'archéologie orientale, de Vienne. Cf.Biblioth. de l'É cole des chartes, 1886,
Paris, t. II, p. 245-247; t. VI, p. 332-334. L'ethnique t. XLVII, p. 627-629.
de ses monnaies et de ses inscriptions, assez nom-
breuses, est r) Tto/.tç 'AopcnrJW'I. Waddington, Inscrip- D. Lepeletier, Rerum scitu dignissimarum a prima funda-
tione monasterii S. Nicolai Andegavensis. Epitome, Angers,
tions trouvées en Grèce et en Asie-Mineure, n. 2070; 1635, p. 14. — Hauréau, Gallia christiana, Paris, 1856,
Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1890, t. xvi, col. 670. — D. Bouquet, Recueil des hist. de laGaule,
p. 188-189; Brünnow, Zeitschrift des deutschen Paläs- t. x, col. 265.
tina-Vereins, Mitteilungen, 1899, p. 58-61; Clermont- F. UZUREAU.
Ganneau,Recueil d'archéologieorientale,t. IV, p. 114-117; 3. ADRALDE (ADRALDUS,ARRALDUS, AYRALDUS),
Germer-Durand, Rapport sur l'exploration archéolo- un des personnages les moins connus et cependant des
gique en 1903 de la voie romaine entre Ammân et Bostra, plus remarquables du XIe siècle, paraît avoir été ori-
dans le Bulletin archéologique, 1904, n. 61-75. ginaire du Vendômois, où il possédait des biens, et
Le christianisme a dû s'établir de fort bonne heure avoir été le frère ou le beau-frère d'un seigneur de ce
dans la région d'Adraa, sous la forme de l'ébionisme pays, Ingelbaud le Breton, souvent cité dans les
qui, au dire de saint Épiphane, Adversus hæreses, chartes, dont il fit entrer le fils Foucher dans le cha-
I, hær. xxx, n. 18, P. G., t. XLI, col. 436, y fit
rapidement de très grands progrès. Les évêques
connus de cette ville sont au nombre de quatre Ara-: :
pitre de Chartres. Moine de la Trinité de Vendôme dès
1033, il fut ensuite religieux deCluny ce que Souchet
seul a remarqué. Il se trouvait près de l'abbé Odilon,
bion, arien, au concile de Séleucie, septembre 359 lorsque celui-ci mourut au prieuré de Souvigny en re-
(S. Épiphane,Adversus hæreses, 1. III, hær. LXXIII, venant de Rome (31 décembre 1048). Sur sa demande,
n. 26, P. G., t. XLII, col. 453); Ouranios, en 381, au il compta à l'aide de l'abaque combien de fois durant
second concile œcuménique (Mansi, Conciliorum sa vie le saint abbé avait célébré le sacrifice de la
ampl. collectio, t.III, col. 569); Proclus, qui condamna messe. Il obtint la confiance de son successeur,Hugues
Eutychès, novembre 448, au synode de Constanti- de Semur, et fut nommé d'abord, prieur de Payerne,
nople et assista ensuite, en 451, au concile de Chalcé- en Suisse, puis abbé de Brème, près de Pavie. Le cardi-
doine (Mansi, op. cil., t. vr, col. 756; t. VII, col. 145); nal Pierre Damien le choisit pour compagnon de route,
Dorymène, en 553, au cinquième concile œcuménique. en 1063, quand il vint en France comme légat pour
Mansi, op. cil., t. IX, col. 394. Sous la forme Adra'at et défendre Cluny contre Drogon, évêque de Mâcon.
Ardeat, on connaît aussi trois de ses évêques jacobites: D'après le moine qui a raconté ce fameux voyage,
Georges et Évagre, entre les années 793 et 817; Tho- « c'était un homme instruit dans les lettres, habile
mas, entre 818 et 845.Revue de l'Orient chrétien, t. IV, dans les arts, religieux dans ses actes, admirable-
p. 450, n. 43; p. 451, n. 71; t. v, p. 495, n. 1. Au moyen ment éloquent dans ses discours. Au premier abord,
âge, la ville est fréquemment mentionnée par les his- il paraissait rude et sévère, mais dès qu'on avait
toriens et les chroniqueurs arabes. Guillaume de Tyr, pénétré dans son intimité, aussitôt, comme s'il
Hist. rerum transmar., 1. XVI, c. x, raconte com- avait changé, on le trouvait bienveillant, prudent,
ment les croisés mouraient de soif devant les citernes commode. » Ce moine vantait particulièrement sa
de Der'ât, dont les orifices étaient visibles à l'exté- munificence, tout en regrettant qu'il n'en eût pas pro-
rieur, mais qui recélaient des hommes coupant les fité personnellement. Pierre Damien, dit-il, s'en re-
cordes des vases à puiser de l'eau. Aujourd'hui, mettait à lui pour la conduite de son voyage, et l'abbé
Der'ât, siège d'un Kaïmakamat ou sous-préfecture de Cluny lui-même avait une telle confiance en sa pru-
et principale station du chemin de fer de Damas à dence qu'il ne faisait rien sans prendre son avis. Le
Caïfa, compte au moins 5000 habitants; il y a de légat, en effet, dans son opuscule 34, raconte deux
belles ruines gréco-romaines, une mosquée bâtie en traits sur la récitation de l'office qu'il avait appris de
1254 sur l'emplacement d'une ancienne basilique, des son « prudent et religieux » compagnon de route.
tours antiques, un pont, un ancien canal, enfin les De l'abbaye de Brème, Adralde passa sur le siège de
souterrains, demeures des troglodytes, qui s'étendent Chartres, après la mort de Robert Ier, au milieu de
sous toute la ville. l'année 1070, sans doute grâce à la protection du légat
En dehors des ouvrages cités, voir G. Schumacher, et sur la demande des moines de Vendôme. Il intervint
Across theJordan, Londres, 1886, p. 121-148. Legendre, à plusieurs reprises dans les affaires monastiques. Les
dans Dictionnaire de la Bible, Paris, t. I, col. 1589-1594. — moines de la Trinité de Vendôme l'invitèrent, dès la pre-
B. Meistermann, Nouveau guide de Terre-Sainte, Paris, 1907, mière année de son ordination (5 décembre 1070), à
p. 472-475. — Héron de Villefosse, dans Comptes rendus de consacrer dans leur cimetière une chapelle en l'honneur
l'Académie des inscriptions, 1897, p. 333-343, 679-684. de Notre-Dame, de saint Eutrope et de plusieurs au-
S. VAILHÉ. tres saints. Après un voyage en Lombardie, en 1071, il
1. ADRALDE se trouve mentionné sur les anciens
catalogues
revint à Vendôme pour juger un différend entre les
abbé de Saint-Aubin d'Angers
comme en moines de la Trinité et ceux de Marmoutiers, au sujet
l'année 1021. C'est à tort, semble-t-il, car, d'après le de la dîme des cavales en la paroisse de Gaubergent,
cartulaire de cette abbaye récemment publié, l'abbé et le trancha en faveur des premiers le mars 1072.
26
Hubert, nommé le 3 septembre 1000, fut remplacé La même année, de concert avec le légat Gérald,
.en 1027 par l'abbé Primaldus. cardinal d'Ostie, il s'efforça de résoudre, à Chartres
Bertrand de Broussilon, Cartulaire de l'abbaye de Saint- d'abord, puis à Paris, et enfin de nouveau à Chartres,
Aubin d'Angers, t. i, p. 43-44. le différend qui existait entre ces mêmes moines de
F. UZUREAU. Vendôme et ceux de Saint-Aubin d'Angers, au sujet
2. ADRALDE, 4e abbé de Saint-Nicolas-les-Angers. de l'église de Saint-Clémentde Craon. Mais il ne réussit
Il succéda à l'abbé Hilduin et mourut le 18 avril qu'à moitié. Les abbés de l'un et l'autre monastère
acceptèrent la transaction qui était plutôt favorable terdit. De tous les évêques, Adralde est le seul dé-
aux Vendômois; mais un certain nombre de religieux signé nommément par le pape à cause d'un certain
de Saint-Aubin la refusèrent et écrivirent au cardinal P. Foucher de Chartres, pèlerin de Rome, qu'un sei-
neveu du pape, une lettre de protestation, où ils ap- gneur de Beauvais retenait captif. Les chanoines de
pellent l'évêque de Chartres, un maître de la chi- Notre-Dame de Chartres dans leur nécrologe firent
cane, versutiarum magistro. Dans une autre occa-
sion, il fut moins agréable aux Vendômois; car il
reçut d'Alexandre II, une lettre qui lui enjoignait
un bel éloge d'Adralde. « C'était un homme très élo-
quent, éclairé des rayons de l'une et l'autre science il
aima son Église et l'enrichit de présents. Il lui donna
:
de s'abstenir, sous peine de suspense, de toute vexa- de son vivant de très belles chapes, de précieux
tion envers eux, et de ne pas s'opposer à ce qu'ils dorsalia, un calice d'or bien travaillé pour la messe
reprissent les sept églises de son diocèse qui leur appar- quotidienne et après sa mort toute sa chapelle épis-
tenaient. Cependant, ces moines l'inscrivirent sur leur copale avec une grande somme d'argent. »
nécrologe et lui consacrèrent un anniversaire. Adralde mourut le 10 février 1075 : son anniversaire
Ses rapports avec l'abbaye de Saint-Père furent se célébrait à la cathédrale.

;
très tendus. Après la mort de l'abbé Landry, le 14 mars
1069, son prédécesseur Robert de Tours avait voulu
leur imposer un certain Thierry de Marmoutiers mais
ils le refusèrent sous prétexte qu'il était disciple de
Bérenger, et élurent l'un d'entre eux, nommé Hubert.
Ch. Métais, Cartulaire de l'abbaye cardinale de la Trinité

255, 315, t. IV, p. 376, 467.-


de Vendôme, 1893-1904, chartes 222, 223,234,235,238,238,
E. de Lépinois et L. Merlet,
CartulairedeNotre-Damede Chartres, 1862-1865,t.1, p.16,93,
94, 95; t. n, p. 324; t. m, p. 39. — Guérard, Cartulaire de l'ab-
Privés de la messe pendant trois mois, exilés, interdits baye de Sainl-Père de Chartres, Paris, 1840, p. 13, 210. —
de l'office, ils en appelèrent au pape qui leur donna
raison et fit bénir Hubert par le légat.
-
Gregorii VII, Episloloe, I, XXXII; II, V, P. L., t. CXLVIII,
col. 315, 363. — Gallia chrisliana, t. VIII, col. 1121. Vila
sanctiOdilonis, P. L, t. CXLIV, col. 92S. — Pétri Damiani,
L'évêque Robert, étant allé à Rome, sans doute Opera, P. L, t. CXLV, col. 578-579, 872. — A. Clerval, Les
pour cette affaire, mourut pendant son retour, le
23 décembre 1069, à Souvigny. Mais Adralde reprit sa
écolesde Chartres au moyenâge,Paris,1895, p. 43,45,115,125.
A. CLERVAL.
politique et, comme lui, chassa Hubert qu'il remplaça ADRAMYTTIUM, 'ASpx'j.-jTT£iov et 'A't'P'fL!'EL()V
par Thierry de Vendôme, le même sans doute que plus (avec de nombreuses variantes orthographiques),
haut. Cette attitude lui valut les rudes critiques du évêché en Asie. Cette ville, située sur le golfe de
moine Paul (1087). « Telle était sa fourberie, dit-il, même nom, passait pour être une fondation lydienne
que s'il ne l'avait dissimulée par son langage sé- et pour devoir son nom à Adramytos ou Adramydos,
duisant, il n'aurait pas eu seulement le masque de frère de Crésus. Elle reçut plus tard une colonie athé-
la fourberie, mais il eût passé pour la fourberie en nienne venue de Délos. En 496 avant J.-C., à la suite
personne. Elle était si forte que, par ses discours d'une révolte, presque tous ses habitants furent
sacrilèges, il privait promptement de la lumière de massacrés par les Perses. Relevée de ce désastre, elle
la vérité les yeux des meilleurs. Il chassa l'abbé et demeura florissante sous la domination romaine et
la meilleure partie des moines, créa subitement abbé celle des rois de Pergame à qui les Romains la cédèrent.
un ex-moine et prit pour lui 80 livres. Si une terrible Menacée de destruction par ces derniers à cause de
mort n'avait mis fin à ses méchancetés, il aurait rasé, son alliance avec Mithridate, elle dut son salut à l'élo-
selon son nom, tous les biens extérieurs et intérieurs quence du rhéteur Xénoclès qui alla plaider en sa
du monastère, car il disait que l'or, l'argent et les faveur devant le sénat. La ville ne joua aucun rôle
choses précieuses de l'église étaient pour les moines sous l'empire byzantin et dès longtemps sa déca-
des causes et des excitants de relâchement. Il préten- dence est complète. Aujourd'hui, c'est un chef-lieu
dait que c'était un grand crime pour les moines de de caza du vilayet de Brousse, à 5 kil. de la mer, avec
manger du poisson et de la graisse; il ne leur concédait 6200 habitants, dont 1200 Grecs;production d'huile,
que des légumes secs et des aliments sans assaisonne- vin, coton; eaux thermales. Les Turcs l'appellent
ment, tandis qu'il réclamait pour lui de gros poissons Adramit ou Édrémit.
et des mets exotiques. » Saint Paul, après sa comparution devant Agrippa,
D'accord avec le sous-doyen Adelard, il fonda le fut envoyé de Césarée en Italie, sur un navire d'Adra-
prieuré de Saint-Étienne en y établissant quatre cha- myttium, -KIOÎM ',-\i)pCqJ.JH'{IV(:, Act., XXVII, 2; ce
noines, auxquels il assigna pour subsistance non les re- navire touchait aux différents ports d'Asie et on pen-
venus des prébendes de la cathédrale, vacantes par le sait trouver dans l'un d'eux quelque autre navire
décès des chanoines mais une prébende du chapitre allant en Italie, ce qui arriva en effet. L'apôtre visita
de Saint-Jean en Vallée composé de clercs séculiers. probablement Adramyttium en allant de la Galatie
Aussi trouve-t-on l'obit d'Adralde dans le nécrologe à Troas par la Mysie. Act., XVI, 6, 7.
de ce monastère. Évêché suffragant d'Éphèse, Adramyttium figure
Il fut aussi bienveillant pour les moines de Cluny dans les Notices d'Épiphane et de Léon le Sage (Gel-
auxquels il accorda, du consentement du chapitre et zer, Ungedr. und ungenügend veröffenttichte Texte
sur la demande du chanoine Foucher de Nivelon, la der Notit. episc., p. 536, 552), la Notice de Basile
prébende dont celui-ci était titulaire, en gage de fra- (Gelzer, Georgii Cyprii descr. orbis rom., p. 6), les
ternité et à perpétuité.
Le 24 avril 1071, au concile de Sens, il souscrivit
à la confirmation du don de l'église Saint-André fait
Huit évêques sont connus
concile d'Éphèse,
:
notices I, III, VII, VIII, IX, X, XIII, de Parthey.
Helladius, présent au
431; Aurelius, à Constantinople,
par Hugues, évêque de Troyes, aux moines de Celle. 448; Flavien, au Brigandage d'Éphèse, 449, et à
A Saint-Laumer de Blois, un intrus nommé Gui, Chalcédoine, 451; Julien, à qui Hypace d'Éphèse
s'était emparé du siège abbatial pendant que le légi- adressait un ouvrage vers 550; Théodore, à Constan-
time abbé, Isambert, faisait son pèlerinage à Jéru- tinople, 680; Basile, à Nicée, 787; Michel, à Cons-
*
salem. Grégoire VII écrivit à Adralde une lettre datée tantinople, 869; Georges, qui signa en 1230 à un
d'Argentea le 27 novembre 1073, en faveur d'Isam- synode d'Ephèse. Le Quien, Oriens. christ., t. I,
bert. Il lui écrivit encore, en même temps qu'aux ar- col. 701; Revue des études grecques, t. VII (1894), p. 80.
chevêques de Reims, Sens et Bourges et à tous les Adramyttium est encore aujourd'hui pour la curie ro-
évêques de France, une lettre datée de Tribur, le maine un évêché titulaire.
10 septembre 1074, pour l'engager, ainsi qu'eux, à
résister au roi de France et à le menacer de l'in-
;
Hérodote,VII, 42 Thucyd., v, 1; VIII, 108; Xénoph, Anab.,
VII, vin, 8; Strabon, XIII, 606, 613, 614; XIV, 660; Diodore,
XII, 73; xx, 107; Skylax, 89;TiteLive, XXXVII, 19; Appien, 1563). A la tête de bandes disciplinées, secondé par
;
Mithrid., 23; Cicéron, Pro Flacco, 68;Brutus, 316; Pline, v,
123 Hiéroclès,661,10; Head, Hist. num., p. 446. — Cuinet,
La Turquie d'Asie, t. IV, p. 273-275. — Références à des
des lieutenants comme Montbrun, Desvieux, Changy,
Mouvans, Blacons, il va se montrer, dix mois durant,
textes du moyen âge dans Tomaschek, Zur histor. Topogr.
« homme sans convictions aucunes,poussant la cruauté
von Kleinasien im Mittelalter, p. 23,24. — Sur la fondation
jusqu'aux plus odieux raffinements,mais doué d'une
de la ville, voir Radet, La Lydie et le monde grec au temps surprenante activité et des plus remarquables qua-
des Mermnades, p. 199. lités de l'homme de guerre. » Duc d'Aumale, loc.
S. PÉTRIDÈS. cit., p. 148.
ADRASSUS, évêché d'Isaurie, suffragant de Mais, quel motif le poussa dans le camp protestant?
Séleucie, dans le patriarcat d'Antioche et dont le titre On a parlé d'une vengeance personnelle contre les
est encore conféré par la curie romaine. Cette ville Guise, coupables d'avoir soustrait au châtiment un
est signalée, sous le nom de Darasos, dans le Hieroclis ennemi du baron, le vidame d'Amiens, François
Synecdemus, édition Burckhardt, p. 37, et, sous celui d'Ailly; on a dit que des Adrets n'aurait été que
d'Adrassos, dans la Descriptio orbis romani de Georges l'instrument de la jalousie de Catherine de Médicis
de Chypre, édition Gelzer, p. 43. Elle figure dans la contre le parti de Lorraine, et l'on a même produit
Notitia episcopatuum d'Antioche, au vie siècle, parmi une lettre de la reine dans ce sens. Mais la lettre de la
les évêchés suffragants de Séleucie dans le patriarcat reine-mère est tenue pour apocryphe, et il ne paraît
d'Antioche, Échos d'Orient, 1907, p. 145. Au VIIIe pas que les mobiles allégués expliquent à eux seuls
siècle, sous Léon l'Isaurien, on sait que la province l'attitude du baron.
ecclésiastique d'Isaurie fut rattachée au patriarcat
de Constantinople. Dès lors, en effet, Adrassus est
signalé au xe siècle dans la Notitia de Léon le Sage,
campagnes :1°
Nous pouvons,dans le cours de 1562, distinguer cinq
La campagne d'avril à juin en Dau-
phiné et en Lyonnais.-Profitant de l'agitation entrete-
Gelzer, Ungedruckte und ungenügend ueröffentlichte nue par les protestants à Valence, à Vienne, à Lyon,
Texte der Notitiae episcopatuum, Munich, 1900, tiré à Grenoble, se donnant — comme beaucoup — pour
à part, p. 557, et dans celle de Constantin Porphyro- le loyal tenant de la cour contre l'usurpation des
génète. Gelzer, Georgii Cyprii descriptio orbis ro- Guise, le baron s'empare de toutes ces villes'. Valence
mani, p. 76. Entre les années 1170 et 1179, elle appa- devient son quartier général. Partout il supprime la
raît encore dans la Notifia de Manuel Comnène. Par- messe, exige l'assistance au prêche. A Lyon, il com-
:
they, Hieroclis Synecdemus, Berlin, 1866, p. 130. On
connaît d'elle trois évêques Zoticus au concile de
Chalcédoine, en 451, Le Quien, Oriens christianus,
mande en maître, laisse piller les églises, ce qui lui
attire de Calvin une assez dure réprimande; de Gre-
noble, il fait partir pour la Grande-Chartreuse une
t. II, col. 1031; Paul au Ve concile œcuménique, en troupe d'incendiaires. Même dans cette première
553, Mansi, Conciliorum collectio, t. IX, col. 177; campagne, la vie des vaincus n'est pas toujours res-
Étienne au concile in Trullo,en 692. Mansi, op. cit., pectée. A Valence, on massacre le gouverneur, La
t. XI, col. 997. La position de cette ville n'est pas exac- Motte-Gondrin, sans que des Adrets puisse ou veuille
tement connue. Ramsay, Historical geography of s'y opposer. On raconte pourtant que Viret sauva la
Asia Minor, Londres, 1890, p. 350, 355, 361, 367, 448, vie au jésuite Aimond Auger.
dit qu'elle se trouvait près du défilé du Taurus, sur la 2° La campagne d'Orange (7 juin-23 juin). — Elle
route de Lycaonie à Kélendéris, très probablement à
quelques milles au sud de Méliss-Tépé-Méloé ou Mé-
louos sur le Calycadnus. En 960, Léon Phocas, frère
:
marque une phase importante dans la carrière de des
Adrets avec elle vont commencer les grandes cruau-
tés. Orange, ville protestante, vient d'être reprise par
de l'empereur Nicéphore, remporta une grande vic- les catholiques. La réaction y eut certainement la
toire sur les Sarrasins dans les passes de Kylindros main dure. Dès que le baron des Adrets en apprend
ou d'Adarassos. Schlumberger, Un empereur byzan- la nouvelle, il quitte Grenoble (7 juin), s'empare de
tin au Xe siècle, Paris, 1890, p. 142-146. Il est à re- Montélimar,tombe sur les 300 ou 400 soldats qui dé-
marquer que le nom paraît s'être conservé dans fendent Pierrelatte et fait massacrer ce qu'il rencontre.
l'Adras-Dagh, montagne située entre Ermenek et Le reste de la garnison réfugié au château capitule,
Mout. De plus, dans la même région, à un lieu que mais les huguenots d'Orange la mettent à mal. Il
malheureusement on ne désigne pas, Pauly-Wissowa, épargne Pont-Saint-Esprit, mais massacre à Bollène.
Real Encyklopadie der classischen Altertumswissen- Il va marcher sur Avignon. Rien ne lui résiste, et le
schaft, Stuttgart, 1893, t. I, col. 406, on a trouvé une bruit se répand qu'il va pousser jusqu'à Rome. Pour-
épitaphe avec l'ethnique 'koçna-ivic. Pour Ramsay, tant la reprise de Grenoble par les catholiques de Mau-
op. et loc. cit., Adrassus est identique à Dsu-l-Kala, giron, successeur de La Motte-Gondrin, l'arrête.
forteresse signalée par les historiens arabes du moyen- 3° Seconde campagne de Grenoble. — Le 24juin, à
âge, que l'on a jusqu'ici identifiée faussement avec Saint-Marcellin, à l'ouest de Grenoble, 300 soldats
Sidéropolos et qui n'a pas été retrouvée. catholiquessont massacrés, Maugiron s'enfuit. Le 26, le
S. VAILHÉ. baron des Adrets rentre à Grenoble avec 6 000 hommes
ADREHILDE. Voir ADE, col. 513. et cette fois se montre clément.
4° Expédition de Montbrison(30 juin-fin juillet). —
ADRETS (Baron DES). François de Beaumont, Le Beaujolais, le Forez, sont conquis. Le massacre de
baron des Adrets (il signe aussi les Adres), naquit vers Montbrison dura du 14 au 16 juillet. Le défenseur de
1512, au château de la Frette (Isère). D'abord gentil- la ville, Montclar, périt comme les autres. On connaît
homme de l'hôtel du roi, puis guidon d'une compagnie le bon mot qui sauva la vie au soldat Étienne du Tron-
de gendarmes en 1532, nommé ensuite colonel d'une chet. En toute cette affaire le baron prétendit bien
légion de 4000 à 6000 hommes, recrutés par lui en n'agir qu'en vengeur des victimes d'Orange, voulant
Provence, en Languedoc et en Lyonnais, il combattit «
montrer aux catholiques ce qu'il ne faut point faire.»
en Italie où, dans les ruses de la petite guerre « se for- Pourtant ces tueries ne satisfirent point tout le
mèrent ces partisans ingénieux, infatigables, dont
l'expérience allait trouver un si triste emploi dans nos
luttes civiles. » Duc d'Aumale, Histoire des princes de
monde. On le fera savoir à des Adrets.
5° Campagne de Valréas et de Sorgues. - Montbrun
guerroyait depuis un mois aux environs du Comtat.
Condé, t. i, p. 33.
célébrité
Des Adrets le rejoint, et à eux deux ils battent le comte
La du baron des Adrets lui est venue de de la Suse à Valréas. Des Adrets rentre à Orange,
son rôle dans la première guerre de religion (1562- s'empare de Sorgues, veut assiéger Carpentras. Mais
la fatigue des troupes suspend quelque temps les hos- Quand vint la Ligue, l'ancien chef protestant refusa
tilités. d'y adhérer, mais, en 1585, il combat contre Lesdi-
6° Campagne de fin août-mi-septembre. — Reprise de guières qui continue les exploits de Montbrun, déca-
Sorgues, assaut de Cavaillon dont la cathédralebrûle; pité en 1575, et a soulevé le Dauphiné. Ce fut la der-
siège infructueux d'Apt. Passant dans le bas Langue- nière expédition du grand condottiere. Il mourut à la
doc, le baron délivre Montpellier assiégé par Joyeuse. Frette en 1587. De son mariage avec Claude de Gumin
7° Opérations et intriguesautourde Vienne. —Cette de Romanesche naquirent trois garçons, tous déjà
ville vient de tomber aux mains du duc de Nemours. morts en 1587, et une fille, qui vendit en 1603 le châ-
Des Adrets remonte le Rhône, engage la lutte contre teau de la Frette.
Nemours et deux fois se fait battre à Beaurepaire au
sud-est de Vienne. Après une longue interruption, Mariéjol, Les guerres de religion sous Charles IX, dans
l'Histoire de France de Lavisse, t. VII, p. 61. — Guy Allard,
il vient se porter au nord, à moitié route de Lyon, à Les Vies de F. de Beaumont, baron des Adrets, de Charles
Saint-Symphorien d'Ozon. Dupuy, seigneur de Montbrun, in-12, Grenoble, 1675. —
Les insuccès de Beaurepaire proviennent-ils de la Bernard, Histoire du Forez, 2 in-8°, Montbrison, 1835, t. n,
tiédeur protestante du baron? Il est sûr que depuis p. 118. — Bordier, dans l'Encyclopédie des sciences reli-
juillet les épreuves n'ont pas manqué à sa fidélité. gieuses de Lichtenberger, t. I, p. 83. — Brisard, Histoire
Condé a choisi pour lieutenant-général Jean Parthe- du baron des Adrets, nouvelle éditionpubliéepar J. Chevalier,
in-4°, Valence, 1890. — U. Chevalier, Annales de la ville de
nay, seigneur de Soubise, nomination qui a dû désap- Romans
il
pointer des Adrets: se trouve mal payé. Puis le nou- 1875. pendant les guerres de religion, in-8°, Valence,
— Haag, La France protestante, 2e édition, 1870.
veau lieutenant-générala fait savoir au massacreur t. II, col. - a
89. Discours des choses advenues en la ville de
qu'un peu plus de modération avancerait mieux que Lyonpendantque M. deSoubizey commandé, 1562-1563,dans
».
des tueries la cause de « l'Évangile
telligence entre des Adrets et Mouvans.
Enfinil y a mésin- leBulletin historique et littérairepublié par laSociété de l'his-
toire du protestantisme français, t. XXVIII, p. 396; t. XXIX,
-
Les choses en sont là, quand, le 15 novembre, pro- p. 65. Rochas, Biographie du Dauphiné, Paris, 1856, t. I,
96 (itinéraire du baron des Adrets à la p. 98). — Weiss,
fitant du règlement d'une affaire privée, le chef pro- p.
testant explique à Nemours sa conduite lors du meur- Notes sur les origines de la Réforme et des guerres de religion
Dauphiné, dans le Bulletin de la Soc. de l'histoire du pro-
tre de La Motte-Gondrin. Nemours, averti par ailleurs en testantismefrançais, t. LVI, p. 316. On trouvera dans ces diffé-
du zèle chancelant du baron, voit dans cette explica- rents ouvrages l'indication des sources.
tion que nul ne demandait, une invitation à causer. A. NOYON.
En retour de ce bon procédé, il fait passer à des Adrets ADRÉVALD, moine de Fleury, né vers 814-820,
:
une lettre interceptée où Coligny ne le ménageaitpas, mort en 878 ou 879. Il a écrit 1° Vie de saint Aygulphe
tout en marquant la nécessité de le supporter quelque abbé de Lérins (Mabillon, Actasanct. ord. S. Ben., t. n,
temps. p. 656-665; Acta sanct., sept. t.I, (1755), p. 747-755);
Une trêve fut conclue pour douze jours entre ca- 2° De corpore et sanguine Christi, contre Jean Scot
tholiques et protestants; puis prolongée. Tout le mois (P. L., t. CXXIV, col. 947-954); 3° Miracula S.Benedicti,
de décembre, le baron — sauf une courte expédition dont le livre 1 contient la translation des reliques de
contre le comte de la Suse — va pousser à la paix; il saint Benoît du Mont-Cassin à Fleury. Jean du
se rend en Languedoc pour y inviter Crussol. Tout à Bois, Bibl. Floriac., t. i, p. 13-78; Mabillon, Acta
coup, Condé le rappelle. Des Adrets alors consomme sanct. ord. S. Bened., t. II, p. 369-394; de Certain, Les
la rupture, essaie d'éloigner les huguenots les plus gê- miracles de saint Benoît, dans Soc. de l'hist. de France,
nants, et négocie même pour rendre Valence et Ro- Paris, 1858, p. 1-89; extraits dans Mon. Germ. hist.,
mans aux catholiques. Mais les espions qui l'entourent Script., t. xv, p. 478-500.
avertissent en haut lieu et, le 10 janvier 1563, Mont-
brun et Mouvans l'arrêtent dans une rue de Romans. Ceillier,Hist. des aut. sacrés., 2e édit., t. XII, p. 628-630.
Hist. litt. de la France, 1740, t. v, p. 515-522. — De Cer-
Transféré à Nimes, à Montpellier, puis de nouveau à — tain, op. cit., p. XII-XV. — D. Chamard, Les reliques de saint
Nimes, le baron fut jugé. Son long procès faillit mal Benoit, Paris, 1882, p. 49-58. —A. Molinier, Les sources de
tourner. La pacification d'Amboise (19 mars) arrêta l'histoire de France, n. 603, 832,1106.
la poursuite, sans que des Adrets réussît à obtenir les U. BERLIÈRE.
indemnités qu'il réclamait. ADRIA (Adrien.), évêché de Vénétie. Cette ville
Telle fut la carrière protestante du baron des Adrets. fondée, dit-on, par les Pélasges, puis soumise à la do-
Ses cruautés atroces, jugées compromettantes même mination étrusque, fut ruinée par les Gaulois vers 1400
par les huguenots, le massacre de Montbrison sur- av. J.-C., mais bientôt rebâtie. Les Romains l'élevè-
tout, sont le triste fruit de guerres où des deux parts rent au rang de municipe, et elle fut, avec Ravenne, le
la brutalité fut presque égale. Inutile de prêter à des principal port de la mer Adriatique, qui luidoitsonnom.
Adrets — assezriche en ce genre — le raffinement Comprise dans la donation de Pépin le Bref au Saint-
d'avoir fait prendre à ses enfants un bain de sang hu- Siège, elle fut alors gouvernée par ses évêques, puis,
main. au début du XIIIe siècle, passa sous la domination de
Depuis 1563, le baron des Adrets qui redeviendra Ferrare, et, en 1509, sous celle de Venise. Par suite des
catholique, ne joue plus qu'un rôle secondaire. « Fa- atterrissements du Pô, elle est aujourd'hui située à
rouche, avec son visage maigre, décharné et marqué 25 kilomètres de la mer, sur le canale Bianco, qui unit
de taches couleur de sang tel qu'on nous dépeint le Pô à l'Adige. Peuplée de 15678 habitants dont
Sylla, » il se retire dans son château de la Frette. Du- 11300 dans la ville proprement dite, elle forme un
rant la deuxième guerre de religion, il guerroie contre chef-lieu d'arrondissement de la provincede Rovigo.
Montbrun et manque d'être assassiné à Romans. Suivant la tradition, la foi chrétienne y aurait été
Plus tard il combat en Guyenne, puis en Lorraine. portée, ainsi que dans le reste de l'Émilie, par saint
Battu par le duc des Deux-Ponts, ayant perdu quatre Apollinaire, l'un des 72 disciples de Jésus-Christ, en-
drapeaux, il revient en Dauphiné, aigri et tellement voyé par saint Pierre, vers l'an 46. Suivant l'histo-
suspect que le 24 juin 1569, le gouverneur Gordes le rien Dorothée, le premier évêque d'Adria aurait été,
fait arrêter. La pacification du 25 août 1570 le sauva; au contraire, saint Épaphrodite, un autre des 72 disci-
mais furieux d'une délivrance qui ressemblait à un ples. Voir de'Lardi, p. 5-6, note. Mais cette tradition
pardon, des Adrets exigea des juges et Charles IX finit a été récemment révoquée en doute, la prédication
le
par déclarer qu'il tient« baron pour homme de bien, du christianisme dans ces contrées reportée à la fin du
pour fidèle serviteur et sujet, hors de tout soupçon. » IIe siècle, et la fondation des évêchés à beaucoup plus
tard. Zattoni, Il valore slorico della « Passio »di
S. Apollinare e la fondazione dell' episcopalo a Ravenna
-1308-†
Egidius, 1317.
août
29
- -
Salione Buzzacarini, cité 8 juillet
1327. Esuperanzio Lambertuzzi,
e in Romagna, dans Rivista storico-critica delle scienze transféré de Comacchio, 23 nov. 1327-11 oct. 1329;
leologiche, Rome, 1re ann., p. 662-677; 2e ann., p. 179- transféré ensuite à Cervia. — Benvenuto Borghesini,
200, 677-691. Le diocèse existerait dès le début O. P., sacré 20 décembre 1329-†1348. — Bienheureux
du ve siècle, s'il fallait en croire uu diplôme de Aldobrandinod'Este, 19 mars 1348-16 fév. 1352; trans-
l'empereur Valentinien III qui soumet à la juridic- féré à Modène. — Fr. Giovanni, de Sienne, O. M.,
tion de saint Jean, archevêque de Ravenne, en 418- 1er novembre 1352 (sacré 18 janvier 1352). — Anto-
432, les 16 évêques de l'Emilie, entre autres celui nio Contarini, août 1384-† 1387. — Ugo Roberti, 1390-
d'Adria, mais ce document (Ughelli, t. II, col. 332) 1392; transféré à Padoue. — Giovanni Anselmini.
est très probablement apocryphe. Le premier évêque transféré de Padoue, 1392-† 1404. — Jacopo Bertucci
connu est un certain Gallonistus, qui prit part au sy- d'Obizzi; transféré de Comacchio, 28 juillet 1404-
node de Rome, sous Martin Ier en 649. Mansi, Concil. 10 juillet 1444. — Bartolomeo Roverella, 15 juillet
ampliss. collectio, t. x, col. 867. Vient ensuite saint à
1444-26 septembre (?) 1445; transféré Ravenne,puis
Colianus, cité par Bède le Vénérable et dont Speroni cardinal. — Jacopo Oratori, 26 septembre (?) 1445-
et de' Lardi croient pouvoir faire le premier évêque 20 décembre 1446. — Biagio Novello, chan. régulier de
d'Adria, mais sans raison suffisante; puis un certain S. Augustin, 23 janvier 1447-septembre 1465. — Tito
Bonus, nommé sur un vase baptismal du VIIC siècle Novello, neveu du précédent, 18 septembre 1465-
et Joannes, dans une inscription du début du 1487. — Nicola Maria d'Este, 22 mai 1487-† 5 août
VIIIe siècle de Santa Maria della Tomba. En 861, 1507. — Bertrando Constabile, 10 octobre 1507 (?)-
l'eopertus,episcopus Atoriensis, souscrivait les actes
du concile réuni à Rome sous Nicolas Ier contre les
-
†1519. Card. Francesco Pisani, 1519; transférera
-
Padoue 3 mois après. Card.ErcoleRangoni, 15 juin
calomnies de Joannes, archevêque de Ravenne, Mansi, 1519-1524; transféré à Modène. — Giambattista Bra-
Coneil. ampliss. coll., t. xv, col. 603. Aforiensis est gadin, 27 mai 1524-†23 mai 1528. — Card. Giando-
sans doute une erreur de copiste pour Adriensis. Son menico de Cupis (dit le cardinal de Trani), adminis-
successeur fut Theodinus, présent au concile de Ra-
venne en 877. Vers 920, sous prétexte de l'insalubrité
trateur apost., 31 août 1528-† 10 décembre 1553.
Card. Sbastiano Pighi, administrateur apost., 11 dé-
-
du climat et des incursions des Hongrois, Paulus con- cembre 1553-† 22 novembre 1554. — Cardinal (1583)
struisit le château-fort de Rovigo et s'y retira. Le
pape Jean X l'y autorisa par la bulle Visis more sola-
rio (Ughelli, t. II, col. 401; P. L., t. CXXXII, col. 804;
transféré à Modène. -
Giulio Canani, 26 novembre 1554-13 février 1591;
Lorenzo Laureti, général des
carmes, février 1591- † 1er février 1598. — Hieronimo
Jaffé, Regesta, n. 3561), et depuis lors la résidence des
évêques d'Adria a été à Rovigo. Joannes II, nommé
dans un diplôme de 938, éleva, en cette même année,
di Porzia, 7 août 1598-† 23 août 1612. -
Ludovico
Sarego (nonce en Suisse en 1613), 17 septembre 1612-
1623. — Ubertino (alias Ubaldino) Papafava, neveu
la cathédrale. La série continue ensuite à peu près ré-
cfnTièrpiripn+
9
du précédent, 10 mai 1623-† octobre 1631. Germa-

nico Mantica,transféré deFamagosta, août 1632-1639.
r_l-----~ -
Une autre cathédrale a été construite de 1776 à
1836. Elle est dédiée à saint Pierre et saint Paul.
Patrondu diocèse, saint Bellinus, évêque de Padoue
1639-†27 octobre 1650. -
— Giampaolo Savio, transféré de Feltre, 19 décembre
GiambattistaBressa, 6 fé-
vrier 1651-1655, transféré à Vicence avant d'avoir
en 1127, assassiné, en 1147, près de Rovigo, par un pris possession. — Bonifazio Agliardi, théatin, 2 ou
grand seigneur qui voulait le punir de son zèle pour la 3 août 1655-†1er février 1607. — Tommaso Retano,
défense des droits de l'Église. D'abord dépendant de
l'archidiocèse de Ravenne, le diocèse d'Adria dé-
pend, depuis 1818, de celui de Venise, en vertu de la
25 juin 1667-1682 (?). -
Carlo Labia, transféré de
Corfou, 14 décembre 1682 (?) † 29 novembre 1701.
— Filippo della Torre, 15 janvier 1702-t 25 février
bulle De salute dominici gregis et du bref du 9 mars 1717. -AntonioVaira, transféré deParenzo,12juillet
1819 qui lui enlevèrent quelques paroisses de la rive 1717- f 8 octobre 1732. — Giovanni Soffietti, de l'île
droite du Pô, attribuées à l'archidiocèse de Ferrare de Chio, transféré de Chioggia, 19 janvier 1733-9 sep-
et en ajoutèrent quelques autres de la rive droite, tembre 1747. — Pier Maria Suarez, transféré de Fel-
soumises à l'Autriche, lesquelles faisaient partie tre, 20 novembre 1747-† 19 juin 1750. — Pellegrino
jusqu'alors des archidiocèses de Ferrare et de Ferro, théologal de Padoue, 21 novembre 1750-† 30 sep-
Ravenne. tembre 1757. — Gianfrancesco Mora, oratorien de
LISTE DES ÉVÊQUES.
— Gallonistus ou Gallinos- Naples, 2 octobre 1758-†15 janvier 1766. — Arnaldo
tus, cité 649. — S. Colianus. Bonus, VIIe siècle. Speroni Alvarotti, de la congrégation des bénédictins
Joannes, début VIIIe siècle. ——Leopertus, cité 861. —
Teodinus, cité septembre 877. — Paulus, vers 920. —
Joannes II, cité 938-948. — Gemerius ou Geminius,
--
du Mont-Cassin, 2 juin 1766-† 2 novembre 1800.
Federico Maria Molin, transféré d'Apollonia in par-
tibus, 25 août 1807-† 16 avril 1819. — Carlo Pio Ra-
-
-
vers 952. Astulfus ou Asolfus, env. 967-15 août 992. vasi, de la congrégation des bénédictins du Mont-
— Albericus, cité 4 avril 1001. — Petrus, 1003-7 juin Cassin, 18 juillet 1821-† 2 octobre 1833. — Anton
1017. — Benedictus, cité 1050-2 fév. 1055. 8
-
† 1091. — Jacobus, 1091- †1104.
-
cité 30 avril 1067. Ubertus, 1071. Petrus —
Tuto,
II, 1073-
Isaac, 1104-
† 1115. — Pietro Micheli, cité 1116. ——Gregorius, cité
-
Maria Calcagno, 19 décembre 1834-†
Bernardo Antonio Squarcina,
janvier 1841.
O. P., transféré de
Ceneda, 27 janvier 1842-† 22 décembre 1851. — Ja-
copo Bignotti, 24 septembre 1852-7 mars 1857. —
1135-† 1138. — Florius, 1138. — Gregorius II, cité Camillo Benzon, 27 septembre 1853-†10 ou 11 décem-
1erdécembre1140-1154.—Vitalis,vers 1160.-Gabriel, bre 1861. — Emmanuel Kaubeck, 27 octobre 1871-
avant 10 mai 1168-1179. — Joannes III, vers 1184. — 7 31 août 1877. — Giovanni Maria Berengo, 31 dé-
Isaac II, vers 1186. — Petrus, vers 1203-1207.— cembre 1877-12 mai 1879, transféré à Mantoue. —
Rolando Zabarelli, vers 1210-1233.
- -
d'Este, 1240-† 1253. — Florius II, 1258-1267.
t
cobus II, 1270- vers 1277.
Guglielmo
Ja-
Giuseppe Apollonio, 12 mai 1879-25 septembre 1882;
transféré à Trévise. — Antonio Polin, transféré de
11280.— Otholinus, camaldule, —
Pellegrinus, 1277-
octobre 1280-†11 août
1284. — Bonifatius, vers 1285-juillet 1286.
— Bona-
ggiunta, O. P., cité 14 juin 1288-†10 décembre 1306.—
-
Mylta (Cilicie) in partibus, 25 septembre 1882-†1908.
État actuel. L'évêque actuel est Mor Pio Tomaso
Boggiani, O. P., né à Bosco Marengo (diocèse d'Alexan-
drie), en 1863, promu le 16 octobre 1908. Le diocèse;,
Joannes IV, de l'ordre des humiliés, cité 1308-†1317. qui comprend 55communes de la province de Rovigo,.
ainsi que deux fractions de commune de la province tirer. Ses supérieurs le nommèrent gardien du couvent
de Padoue et est divisé en 13 vicariats forains et 80 pa- d'Ypresen1563.
roisses, compte 250 prêtres séculiers, 12 prêtres régu- Après son triennat, il revint à Bruges prêcher le
liers, 9 frères convers, 90 confréries, 3 maisons ca- carême à l'église Saint-Sauveur. Ses sermons étaient
tholiques d'éducation pour garçons et 6 pour filles, plus suivis que jamais. Cependant, depuis trois ans, le
300 églises ou chapelles, 190 400 habitants catholi- mal avait fait des progrès, les autorités civiles ne ré-
ques. La résidence de l'évêque est, comme nous l'avons primaient plus l'erreur et permettaient aux habitants
dit, à Rovigo, qui possède un très beau palais épisco- d'aller au prêche qui se tenait aux portes de la ville.
pal et une collégiale, et compte 10 735 habitants. Au mois d'août de cette année 1566, le P. Corneille re-
procha énergiquement à l'échevinage sa faiblesse,
Ughelli, Italia sacra, t. II, col. 397-409; t. x, col. 197. — attaqua les faux modérés qui prétendaient embrasser
;
Muratori, Antiquilaies talicæ medii ævi, Milan, 1738-1742, la
t.1. p. 241; t, III, p. 201 t. v, p. 473; Rerum italicarums crip-
tores, Milan, 1723 sq., t. xv, p. 453..- Mittarelli et Cos-
tolérance en religion et en politique. Les cassan-
driens n'en devinrent que plus acharnés contre lui.
tadoni, Ann. Cam., t. m, p. 374; t. IV, p. 17,113,147, 213. L'un d'eux, Jean de Casteele, curé de Saint-Jacques à
— Speroni (l'évêque), Adriensium episcoporum series, in-4°, Bruges, transféré peu après à la cure de Zomerghem,
Padoue, 1788. — Tentori, Saggio sulla storia civile, poli- adressa une lettre au prédicateur sous le nom de Sle-
tica, ecclesiastica e sulla geografia della republica veneziana phanus Lindius, puis seconde où il se déclara cal-
Venise, 1786-1790, t. XI, p. 114-119. — Silvestri, Le paludi, viniste. Déjà, depuis une quelque temps, on affichait des
adriane, p. 157, 164. — L. Grotto, Succinte notizie sulla
condizione antica e moderna di Adria, in-8°, Venise,1820.— pasquinades contre le P. Corneille en faisant allusion
Franc. Girolamo Bocchi, Dissertazione su d'un anlico vaso aux calomnies de 1563. Enfin, parut, en 1568-1569,le
battesimale d'Adria, Rovigo, 1793, réimprimée dans Suc- libelle contenant l'histoire prétendue et les sermons
cinte notizie di Adria, Venise, 1831. t. II, — Serie degli de Fr. Corneille, Historie van B. Cornelis Adriaensen
arcipreti della catledrale di Adria, Adria, 1799; Calalogo van Dordrecht, Minrebrœder binne de stadt Brugge, enz.
delleAbbadesse e priore del venerando monastero di S. Ma- Cette infâme production est attribuée à Jean de Cas-
ria dette Vittorie di Adria, Adria, 1799. — De' Lardi, Serie teele et à Hubert Goltzius. Ce dernier, auditeur assidu
cronologica dei vescovi d'Adria, in-8°, Venise, 1851. —
Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. x, p. 9-102. -
Bocchi, Della sede episcopale di Adria Venela e della sua
Fr. Ant. du franciscain, avait pris des notes pour rédiger les
fragments de sermons qu'il publia. Le fond de la doc-
trine est inattaquable, mais le style est si inconvenant,
non interrotla conservazione ed integritd, in-4°, Adria, 1859.
— Saggio degli sludi che si fecero intorno la storia di Adria avec des quolibets d'une telle indécence que l'orateur
e del Polcsine di Rovigo, dans Archivio Venelo, t. XXVI, eût été chassé de la ville et blâmé par son ordre. Le
p. 444-478. — Traltato geografico-economico comparativo per libelle n'eut aucun effet sur l'opinion. Corneille con-
servire alla storia dell' antica Adria e del Polesine, in-4°,
Adria, 1879. — Paul Durrieu, Le royaume d'Adria, in-4°, serva l'estime des honnêtes gens et continua ses pré-
Paris, 1880, p. 12. — De Vit, Adria e le sue antiche epigrafi dications. Ses frères en religion l'élurent trois fois
-
illustrale, Florence, 1888. Bertoloti, Staiistica ecclesiastica
d'Italia, 2°éd.,Savone, 1894,1re part.,p. 3-5. — Groner,
gardien du couvent de Bruges.
Le 26 mars 1578, la ville fut prise par les Gueux. Le
Die Diözesen Italiens, p. 5, 18. P. Corneille qui avait tout à craindre de leur fureur
J. FRAIKIN. refusa de s'enfuir. Il se cacha, continua de prêcher et
ADRIAANSSEN (Corneille), appelé aussi BRAU- d'administrer les sacrements. Trois frères mineurs
WER, né à Dordrecht, en 1521, étudia le grec et furent brûlés sur la place du Bourg. L'année suivante,
l'hébreu chez son père qui était devenu curé d'une leur couvent fut vendu et entièrement rasé. Malgré
des paroisses de la ville, après la mort de sa femme. toutes les recherches,la retraite de Corneille ne fut pas
Promu aux ordres, il alla à Bruges achever ses études découverte. Il mourut le 14 juillet 1581 et fut inhumé
sous la direction de Georges Cassander. Les témé- dans l'hôpital de Saint-Jean. En dépit de la fureur
rités doctrinales du trop célèbre humaniste l'ayant des sectaires, une foule immense de catholiques de tout
obligé à quitter sa chaire, Corneille fut désigné pour le rang assistèrent à l'enterrement de leur saint apôtre.
remplacer. Il enseigna pendant quelques années avec Son corps fut retrouvé intact en 1615 et déposé dans
succès et s'adonna en même temps à la prédication la nouvelle église de son ordre près du maître-autel,
pour laquelle il avait de remarquables aptitudes. du côté de l'épître.
A l'âge de 27 ans (1548) il entra chez les frères mi- Il a composé en flamand le « Miroir des dix comman-
neurs de la province de Flandre, fit son noviciat à dements », Den Spieghelvan den thien geboden, in-12;
Dordrecht, et, immédiatement après sa profession,re- Bruges, 1554, une cc Série de sermons sur les sacre-
vint à Bruges pour se vouer immédiatement à la vie ments, prêchés à Bruges », De seven Sacramenien uyt-
apostolique. L'enseignement de Cassander produisait gheleyl en de openbaerlyck te Brugge ghe precckt by Br.
ses effets, il avait des partisans jusque dans le clergé. Cornelis van Dordrecht, in-8°, Bruges, 1556, fig. —
Les franciscains s'opposèrent vigoureusement au Sa réponse aux lettres de Stephanus Lindius est en-
progrès de l'erreur qui se dissimulait encore sous des core inédite.
:
apparences de respect envers l'Église. Corneille était
le type de l'orateur populaire du haut de la chaire, il
Les historiens protestants, Brandt, Van Meteren
suivis par deThou et réédités parlaBiographie univer-
annonçait et commentaitles événements publics, aver- selle, ont rassemblé des calomnies contre ce vénérable
tissait le magistrat quand il ne faisait point son devoir, religieux. Les épitaphes qui furent placées quelques
désignait les sectaires par leurs noms. Ses ennemis années après sa mort dans l'église de l'hôpital et dans
cherchaient à se venger. celle des frères mineurs de Bruges, contiennent, au
Une foule de personnes pieuses s'étaient placées sous contraire, les plus beaux éloges à sa mémoire.
sa direction. Plusieurs de ses pénitentes s'étaient P. Marchant,Fundamenta duodecim ordinis Fratrum Mi-
vouées au célibat et, tout en restant dans le monde, norum, Anvers, 1657, p. 165. Joannes a Sancto Anto-

pratiquaient les austérités du cloître, jeûnant, por- nio, Bibliotheca franciscana, t. I, p. 278. — S. Dirks, His-
tant des cilices et se donnant la discipline. Les nova- toire littéraire et bibliographique des frères mineurs de l'Ob-
neille de pratiques honteuses. Les enquêtes qui se fi- 1885, p. 104-112.
rent de la part des autorités religieuses et civiles con- 1832, t. i, p. 272.
--
teurs dénaturèrent les faits et accusèrent le P. Cor- servance en Belgique et dans les Pays-Bas, in-8°, Anvers,
Feller, Biographie universelle, Paris,
Van Meteren, Belgische ofte Neder-
firmèrent la bonne réputation du pieux franciscain landche
et se retournèrent contre ses accusateurs. Néanmoins relatives
il crut devoir céder momentanémentà l'orage et se re-
gica, in-4°, Bruxelles, 1739, p. 191. -
Historie, Delft, 1599. — Foppens, Bibliotheca bel-
Gœthals, Lectures
à l'histoire des sciences en Belgique, in-8°,Bruxelles,
1838, t. IV, p. 67-76. — Témoignages inédits sur Fr. Corneille
Adriaensz, dans le Bull. du Cercle historique et archéol. de Excmo Sr. D. Pedro Gonzalez Vallejo, Madrid,
Courtrai, 1902,1er fasc., 2e part.Cf. Archives belges, Liège, 1839.
n. 192, p. 177.
1903,

ADRIAENSENS,
ANTOINE de Sérent.
ADRIANI (ADRIEN), jésuite
flamand, né à Anvers, entra au noviciat à Lou-
Gams, Series episcoporum, Ratisbonne,1873, p.
vistacatolica, Barcelone, 1861, t. XLV, p. 42. - 64. -Re-
Martinez
Sanz (Manuel), Episcopologio de Burgos, Burgos, p. 111. —
Serrano (D. Luciano, O. S. B.), Fuentes para la historia de
vain en 1545 et se rendit à Rome en 1548; Ignace Castilla, t.i, Introduction.— La Fuente (Vincent), Historia
de Loyola le renvoya, l'année suivante, à Louvain ecclesiastica de Espaiia, Madrid, 1875, t. VI, p. 223, 235.
comme supérieur des jeunes religieux qui suivaient Amat (Félix), Escritores catalanes. Suplemento.,
— Torres1849,
les cours de l'université et lui fit faire sa profession, Burgos, p. 13. — Arigita et Lasa (M.), Sériés chrono-
nologica. episcoporum, Pampelune, 1901, n. XCIV.
en 1551, entre les mains du chancelier Ruard Tapper. A. ANDRÉS.
Adriaensens exerça une profonde influence par la
prédication et la direction spirituelle, surtout sur les 3. ADRIANI (MATHIEU), célèbre hébraïsant du
étudiants, dont il attira plusieurs à la vie religieuse XVIe siècle, d'originejuive, né on ne sait où ni à quelle
dans différents ordres. Il mourut à Louvain le 18 oc- date. Il se convertit au catholicisme, en:Allemagne.

:
tobre 1580. Il a publié en flamand une dizaine de
traités de spiritualité, entre autres L'Oraison domi-
nicale ou Pater noster, in-8°, Louvain, 1567; in-8° et
Comme beaucoup de juifs, Adriani était tout à la fois
médecin et philologue. Cependant: saconnaissance
approfondie de l'hébreu semble lui avoir fait aban-
-
in-4°, 1568. Les inspirations divines, in-8°, Louvain,
1570; en latin, in-12, Cologne, 1601, traduit par Gé-
donner la profession médicale pour l'enseignement.
C'est ainsi qu'il fut le professeur de Pellican, d'Œco-
rard Brunesius, chanoine de Deventer. — De l'ori- lampade, de Capiton et de plusieurs autres humanistes.
gine et des progrès de la vie cénobitique, in-8° et in-4°, Son grand renom lui fit plusieurs amis, comme Érasme
Louvain, 1570. et Reuchlin. En 1513, il fut nommé professeur ;à Hei-
delberg (cependant ce renseignement que nous tenons
Polanco, Chronicon S. I., Madrid, 1894, t. i, p. 245. — d'une lettre d'Érasme recommandant Adriani n'est
Orlandini, Hist. S.I., Rome, 1615, p. I, 1. 11, n. 43-46.— pas confirmé parles listes universitaires d'Heidelberg);
wel, Biblioth. script. S.I., Rome, 1676, p. 7-8.- -
Sacchini, Hist.S. I., Rome, 1652, p. IV,I. 8, n. 175. Sot-
Sommer-
puis, en 1517, il alla à Louvain, comme professeur au
fameux collegium trilingue; mais ",il abandonna sa
vogel, Biblioth. de la Compagnie de Jésus, Bruxelles, 1890, chaire en 1519. On ignore le lieu et la date de sa mort.
t. I, col. 57-59; 1898, t. VIII, col. 1572. — Monumenta histo-
rica S.I., Epistolæ mixtæ, Madrid, 1901, t. v, p. 465, etc. Il nepouvait se faire, étant donné les relations d'Adria-
ni, qu'il ne fût pas mêlé au premier mouvement de la
— Nos bibliographes ne s'accordent pas sur les dates d'en-
trée et de décès d'Adriaensens;j'ai adopté celles qui m'ont Réforme. On sait, en effet, qu'il alla voir Luther et
paru le mieux fondées d'après des notes d'archives, qui reçut de lui l'accueil le plus flatteur. Mais Adriani
m'ont été communiquées, de Bruxelles, par le P. Alfred avait le caractère difficile et inconstant. Il quitta
Poncelet. bientôt Luther et ne paraît pas avoir donné dans le
E.-M. RIVIÈRE. mouvement protestant.
ADRIANA. Voir HADRIANA. Les ouvrages d'Adriani, aujourd'hui extrêmement
1.ADRIANI(FRANCESCO),franciscain,dont on vante
la connaissance profonde de la langue latine et grec-
que; il a été un des neuf fondateurs du gymnasium
:
rares, se composent surtout de traductions hébraï-
ques. Les principaux sont Libellus horam faciendi
p/'o Domino, scilicet filio Virginis lUariæ, cujus mys-
theologieum de Bologne, en 1363. Il laissa un traité terium in prologo palebit, in-4°, Tubingue, 1513; Ele-
mentare introduclorium in hebraicas litleras teutonice
sur le symbole de saint Athanase. ethebraice legendas. Decem præcepta (Ex., xx); Oralio
Sbaralea, Supplementum ad Scriptores ord. Min., Rome,
1806, p. 240; édit. II, Rome, 1908, t. I, p. 255. — Mazzetti,
Repertorio dei professori di Bologna, Bologne,1847, col.1267.
dominica (Matth., VI; Luc., XI); Salulatio angelica
(Luc., I); Symbolum apostolicum, Cunticum Marisæ
Ant. Salve regina, Canticum Zachariæ, in-4°, Vienne,
,
M. BIHL. 1514 et 1520; Inlroductio utilissima hebraice discere
2. ADRIANI ou ANDRIANI (LEONARDO SEVERO), cupientibus. Oralio dominica, Angelica salutatio, Salve
évêque de Pampelune, naquit à Barcelone, le 6 novem- regina, hebraice, in-4°, Bâle, 1518.
bre 1774. Dans sa jeunesse,il suivit la carrière militaire, L. Geiger,Das Studium der hebräschen Sprache in Deulsch-
puis s'adonna aux études ecclésiastiques et, ordonné hnd, Breslau, 1870, p. 41-48, 134. — Allg. deutsche Bio-
prêtre, obtint un canonicat à Girone, ensuite à graphie, t. i, p. 124. — The jewish encyclopedia, New-York,
Huesca où son père avait été gouverneur militaire. 1901, t. I, p. 215. — Graesse, Trésor des livres rares el pré-
Docteur en droit canon de l'université de cette der- cieux, Dresde, 1859, t. I, p. 21.
nière ville, il y exerça successivementla charge d'éco- A. VOGT.
lâtre, de chancelier et de recteur. En décembre 1829, ADRIANO DE LA VIERGE, peintre espagnol,
il fut désigné pour être évêque de Pampelune, le frère convers carme déchaussé, né à Cordoue, était
15 mars 1830, préconisé à Rome et le 13 juin de la élève du célèbre Pablo de Cespèdes qui s'était formé
même année reçut la consécration épiscopale dans la à Rome à l'école de Michel-Ange; mais Adriano esti-
cathédrale de Huesca. Exilé de son diocèse en 1835, mait beaucoupla précision et le fini de l'école flamande
comme beaucoup d'autres évêques de la Péninsule, il et il s'en rapprocha dans les meilleurs de ses tableaux,
se réfugia à Ariza, petit village de la frontière d'Ara- un Crucifiement et une Madeleine, qu'on admire encore
gon, ensuite à Madrid et passa aussi quelque temps au au palais de Cordoue. Ce sont presque les seuls qui
monastère des bénédictines de San Salvador del Mo- subsistent de l'œuvre de ce peintre; car ne pouvant
ral (province de Burgos). Le 6 avril 1845, il fut nommé satisfaire sa passion du beau et toujours mécon,
administrateur apostolique de Burgos et gouverna ce
diocèse jusqu'en 1848. Pendant le séjour à Pampelune
du roi Carlos V de Bourbon, comte de Montemolin,
c'est lui qui fut son confesseur. Sa mort arriva le 24 sep-
:
tent de lui-même, il effaçait ses peintures aussitôt
achevées on ne put en sauver quelques-unes qu'en
les lui demandant au nom des âmes du purgatoire
pour lesquelles il priait sans cesse. Ce fervent reli-
tembre 1861. Outre plusieurs remarquables lettres gieux mourut au couvent de Cordoue en décembre
pastorales ou mandements adressés aux fidèles de son 1604.
diocèse pour les soutenir au milieu des orageuses cir- P. MARIE-JOSEPH.
constances que traversait alors l'Espagne, il publia ADRICHOMIUS (CHRISTIAN), né à Delft, en Hol-
le Juicio analitico sobre el Discurso canónico-legal del lande, le 14 février 1533, petit-neveu du célèbre Mar-
tin Dorpius, professeur de théologie à Louvain, fut 6. ADRIEN (Saint), évêque de Chalcédoine, fêté le
ordonné prêtre le 2 mars 1561 et chargé de la direction 13 octobre. Le martyrologe syriaque de Wright, dont
des religieuses de Sainte-Barbe dans sa ville natale. le manuscrit date de l'année 411-412 et qui a été ré-
Les guerres de religion l'obligèrentà se réfugier d'abord
en Brabant, puis à Cologne où il mourut le 20 juin 1585.
digé peu après l'année 362, signale un saint
pour 'A5p'.avo; sans doute, évêque de Chalcédoine,
Sous le nom de Christianus Crucis, il publia à Anvers Acta sanctorum, nov. t. II, p. LXI [131], et oct. t. VI,
en 1578 : Vita Jesu Christi ex IV Evangelistis breviter p. 196. Cet évêque n'est pas autrement connu. Dans,
:
contexta; mais il est surtout connu pour les deux ou-
vrages suivants Jerusalem, sicul Christi tempore flo-
rvit, et suburbanorum insigniorumquehistoriarum ejus
les martyrologes postérieurs, on l'a parfois confondu
avec saint Adrien, le martyr de Nicomédie. Son épis-
copat doit se placer entre le ne et le IVe siècle.
brevis descriptio, Cologne, 1584, réimprimé en 1588, S. VAILHÉ.
1592. — Theatrum Terræ Sonciæ et biblicarum hi- 7.ADRIEN (Saint), martyr à Nicomédie sous Dio-
storiarum cum tabalis geographicis. Ce dernier, publié clétien et Maximien. Le martyrologe hiéronymien le
:
aussi à Cologne, après la mort de l'auteur, eut plu-
sieurs éditions 1590, 1593, 1600, 1613,
Ces ouvrages ont gardé une certaine valeur.
1628, 1682.
mentionne au 4 mars avec vingt-trois compagnons; le
nombre de ces derniers varie jusqu'à trente-trois dans
certains manuscrits. Les Grecs célèbrent sa fête le
Nicéron, Mémoires pour servir à l'histoire des hommes 26 août; la liturgie romaine en fait mémoire le 8 sep-
illustres, t. XXVIII, p. 239-243. — Allgemeine deutsche Bio- tembre. Résumons d'abord les données de ses Actes,
graphie, t. r, p. 125. — Hurter, Nomenclator literarius, nous dirons ensuite un mot de leur autorité.
3e édit., 1907, t.III, col. 275. —Dictionnaire de laBible, t.1, Adrien, officier encore païen de l'armée impériale,
col. 24C-241. vivait à Nicomédie avec une épouse chrétienne du nom
U. ROUZIÈS. de Natalie. Soudainement converti en entendant
ADRICOMIA (CORNÉLIE), religieuse hollandaise vingt-trois chrétiens suppliciés qui, à sa question sur le
de l'ordre de Saint-Augustin, XVIe siècle. Savante la- motif de leur patience, avaient répondu par l'assu-
un recueil de poésies :
tiniste, elle a traduit en vers latins le psautier, et édité
latines Poemata
-
sacra.
Ossinger, Bibliotheca augustiniana, p. 15. Lauterl, Po-
rance des récompenses célestes, Adrien demanda sur-
le-champ que son nom fût ajouté à la liste de ces té-
moins du Christ. Mandé aussitôt auprès de l'empe-
strema sœcula sex religionis augustinianœ,t. III, p. 201. reur Maximien, le nouveau confesseur fut interrogé,
A. PALMIERI. chargé de chaînes, et ne tarda pas à rejoindre les chré-
1. ADRIEN (Saint), martyr, honoré le 21 juillet, tiens prisonniers. Avertie de l'arrestation de son mari.
à Césène, dans la province de Forli (Italie). C'est tout Natalie vint le visiter et l'encourager. Quelques jours
ce qu'on sait de lui. avant celui où il devait consommer son sacrifice,
Acta sanctorum, julii t. v, 1727, p. 163. Adrien aurait obtenu des geôliers un instant de liberté
P. FOURNIER. pour aller lui-même prévenir de sa mort prochaine son
2. ADRIEN, martyr à Marseille. Voir HERMÈS épouse. Celle-ci serait retournée avec lui dans la prison
(Saint). et y serait demeurée sept jours, ainsi que plusieurs au-
tres pieuses femmes, à panser les plaies des martyrs et
3. ADRIEN (Saint), martyr grec, dont le nom est à les servir. Le huitième jour, les vingt-quatre confes-
mentionné dans le martyrologe du 16 avril. La date de seurs furent amenés devant le tyran. Seul Adrien
son martyre est inconnue. D'après le ménologe basi- qui était encore jeune et qui n'avait pas été affaibli
lien, entraîné par les païens au temple des idoles, il y comme ses compagnons par des tourments antérieurs,
renversa l'autel et les offrandes. Les juges le con- fut battu à grands coups de bâton. Bientôt les mar-
damnèrent à mort. Les bourreaux le frappèrent avec tyrs furent condamnés à avoir les mains et les pieds
des verges, lui brisèrent les dents et les mâchoires, et coupés; ils expirèrent tous avant la fin de cet hor-
le jetèrent ensuite dans une fournaise. Les bollan- rible supplice. A en croire les Actes, Natalie aurait
distes sont portés à croire que son martyre a eu lieu elle-même soutenu sur le billot les mains et les pieds
à Corinthe. de son mari. Ordre avait été donné de jeter au feu
les restes des victimes. Mais une pluie violente les
Menologium Urbin, 1727, t. III, p. 59. -
Acta sanctorum, aprilis t. II (1675), p. 404. — Albani,
græ, ayant empêchés d'être consumés, un chrétien appelé
Delehaye, Synaxarium Ecclesiœ Constantinopolilanæ, Eusèbe les chargea sur une barque et vint les déposer
Bruxelles, 1902, col. 605-606. près de Byzance, en un endroit connu sous le nom
A. PALMIERI. d'Argyropolis à l'époque de la rédaction des Actes
4. ADRIEN (Saint), martyr romain. Nous man- (aujourd'hui Foundoukli, sur le Bosphore, entre Top-
quons de détails sur la date et les circonstances de Hané et Dolma-Baghtché). Natalie se rendit dans la
son martyre. Son nom est mentionné au premier suite en ce lieu; elle y mourut et fut ensevelie auprès.
mars dans les Acta sanctorum. Le pape Grégoire XV, des reliques des martyrs. Ajoutons que le martyrologe:
qui avait été archevêque de Bologne, donna à cette romain, après Usuard, marque au 1er décembre le-
ville les corps de plusieurs saints, parmi lesquels était souvenir de sainte Natalie.
celui de saint Adrien. Ces reliques furent exposées, en Les Actes de saint Adrien, dont nous possédons des.
1623, à la vénération des fidèles par Mgr François- manuscrits grecs de différentes époques, Acta sancto-
Marie Sinibaldi. La tête du saint fut donnée à l'église rum, septembr. t. III, p. 209, et des traductions la-
de Santa Maria della Vita, et le reste du corps aux tines dont plusieurs semblent être du VInC ou du
religieuses du monastère de Saint-Jean-Baptiste.
-
Acta sanctorum, martii t.1 (1668), p. 23. Masini, Bo-
logna perlustrata, 3e édit., Bologne, 1666, p. 204-205, 245.
ixc siècle, ibid., p. 210, ont été très diversement appré-
ciés. Baronius les croit authentiques et fidèles. Tille-
mont, plus sèvère, y voit une composition très fantai-
A. PALMIERI. siste d'un hagiographe postérieur. Mémoires pour
5. ADRIEN (Saint), martyr, au milieu du mesiècle. servir à l'histoire ecclésiastique, 1698, t. v, p. 641, 642,
Originaire de Satala et simple bouvier, il fut arrêté cf. p. 154, 155. Le bollandiste Jean Stilting tient le
par Publius, préfet de Pamphylie, sous Dèce, et déca- milieu entre ces deux extrêmes. Après avoir longue-

Martinov, Annus ecclesiaslicus græco-slavicus, dans Acta


:
pité, ainsi que ses compagnons dont les Menées ne ment réfuté les arguments de Tillemont, il conclut en
donnent pas les noms. ces termes Acta non quidem ut primogenia, ut proba-
bilia tamen et utilia approbantur, Acta sanctorum, loc.
t.
sanctorum, octob. XI,1864,col.63. P. FOURNIER. cit., p. 214. Pour lui, c'est une rédaction faite au vQ-
siècle au plus tôt, mais vraisemblablement d'après une
source plus ancienne. On peut se rallier à ce jugement Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique,1698,t.
Acta sanctorum, septembr. t. III, p. 209-255. — Tillemont.,
v, p. 154-
155, 641-642. — Doukakis, Miya; Euv«;ao!irr•/,?, Athènes, 1894,
et considérer comme historique le fond du récit, si tous
les détails ne le sont pas. au 26 août, p. 324-327.— Delehaye, Propylasum ad Acta san-
ctorum novembris, col. 510, ligne 41; col. 923-926, 1035. —
Que le saint Adrien dont il est ici question soit dis- Martyrologium hieronymianum,édit. J.-B. De Rossi et L. Du-
tinct d'un autre saint de même nom, martyrisé à Ni- chesne, dans Acta sanctorum, novembr. t. II, p. [28] et [118].
comédie quelques années plus tard, sous Licinius, les - Bibliotheca hagiographica græca, p. 2; Bibliotheca hagio-
preuves en seront données à l'article suivant. graphica latina, 1.1, p. 558. — M. Gédéon, ]\-;ça.'r::,',o','EoozoXo-
Nous ne connaissons pas avec certitude l'année ni le yiov, Constantinople, 1899, p. 158. — Nilles, Kalendarium
jour du martyre de saint Adrien. La plupart des mar- utriusque Ecclesiæ, t. 1, p. 260, 473; t. II, p. 596, 723. —
Martinov, Annus ecclesiasticus græco-slavicus, Bruxelles,
tyrologes latins le mentionnent au 4 mars. La fixation 1864, p. 207. — Surius, Vitæ sanctorum, Venise, 1581, p.42-
de la fête du 26 août chez les Grecs est due peut-être à 45. — Ruteau, Vie et martyre de saint Adrien, tutélaire de la
un anniversaire de l'église d'Argyropolis où reposaient
les reliques. Les Arméniens ont accepté cette date.
Nilles, Kalendarium utriusque Ecclesiæ, t. II, p. 596.
Nathalie, Ath, 1637.
p. 36,466-467. — Pigot,
-
ville de Grandmont, patron contre la peste, et de sa compagne
Petit de Julleville, Mystères, t. II,
Le livre et mistère du glorieux seigneur
Les Coptes font mémoire de saint Adrien et de sainte
Anatolie le 19 août. Nilles, op. cit., t. II, p. 723. Les
Svriens célèbrent, le 7 nisân (avril), un saint Adrien et
-
et martir saint Adrien publié d'après un manuscrit de Chan-
tilly, Mâcon,1896. Dehaismes, Étude sur la passion de saint
Adrien et de sainteNathalie, ms. du XVe siècle, dans Mémoires
lus à la Sorbonne, Archéologie, 1864-1865, p. 171-180. — On
son épouse Jazdin ou Jazdunduchta, mais comme trouvera une bibliographieplus complète dans U. Chevalier,
martyrisés en Perse. Nilles, op. cit., t. i, p. 473, donne
à ce sujet une indication qu'il est utile de signaler : Répertoire des sources historiques,Bio-bibliographie, 2eédit.,
t.I, col. 54-55.
:
S. Adriani uxor quippe variis vocabulis in fastis orien-
ialibus signata legitur, ut ecce NATALIA, ANATOLIA,
S. SALAVILLE.
8.ADRIEN (Saint), martyr à Nicomédie,sous Lici-
nius, honoré par les Grec3 le 26 août, en même temps
DUCHTA,nacta,ut a
JOLITTA, et in iis, quos diximus, codicibus, JAZDUN-
videtur, illustrem appellationem celebri
illa JAZDUNDUCHTA, ADIABENARUM FŒVINARUM NOBI-
que saint Adrien, époux de sainte Natalie. Bien que
l'histoire de ce saint martyr ne soit pas exempte de
LISSIMA, QUÆ, ut ipsa,SANCTOS MARTYRESINCARCERE difficultés, son culte spécial est cependant un fait qui,
BETENTOS PROPBIIS FACULTATIBUS ALUERAT. Ita Acta joint aux données précises fournies par les synaxaires
apud Asseman., Bibliotheca orienlalis, t. i, p. 190. Cer- et les ménologes, autorise à le distinguer de son homo-
tains détails des Actes de saint Adrien de Nicomédie nyme. Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ec-
trouveraient peut-être leur explication dans cette ré- clésiastique, 1698, t. v, p. 783, avait jugé qu'il était
miniscence de la noble Jazdunduchta d'Adiabène.
La commémoraison de saint Adrien, le 8 septembre,
dans la liturgie romaine remonte sans doute à l'époque
;
« assez difficile de croire que ce soient deux saints diffé-
rents » après lui, Baillet s'était permis de fondre en-
semble, à sa fantaisie, les Actes de l'un et de l'autre.
de la translation de ses reliques à Rome. Cette transla- Mais les bollandistes Jean Pinius, Acta sanctorum, 26
tion eut lieu, semble-t-il, à la fin du VIe siècle ou au aug., t. v, p. 808-810, et Jean Stilting, Acta sanctorum,
commencementdu VIIe. Anastase le bibliothécaire dit 8 septembr., t. m, p. 214-215, ont fait justice des argu-
d'Honorius Ier (626-636) qu'il éleva une église au mar- ments de Tillemont et de Baillet, et conclu qu'il fallait
tyr saint Adrien. Or, c'est bien le martyr de Nicomé- laisser les deux Adrien de Nicomédie en possession du
die qu'on vénère à Rome. Acta sanctorum, loc. cit., culte dont ils jouissent depuis une haute antiquité.
p. 217. Le corps de sainte Natalie avait-il été transféré Voici comment Baronius a résumé, pour le martyro-
à Rome avec celui de saint Adrien? On ne le sait. Plu-
sieurs écrivains espagnols parlent d'une translation de
ces deux corps en Espagne vers la fin du IXe siècle;
martyr sous :
loge romain, la notice des synaxaires sur saint Adrien,
Licinus Nicomediœ passio sancti Ha-
driani, filii Probi esssaris, qui Licinio persecutionem in
mais leurs renseignements sont fort sujets à caution.
Les Portugais revendiquent aussi pour eux, sans plus
de fondement, des reliques des deux saints époux. Ce
:
Christianos commotam exprobrans,abeodem jussusest
occidi cujus corpus Domitius, Byzantii episcopus, ejus
patruus, Argyropoli sepelivit. Telles sont bien, en effet,
qui est certain, c'est que le culte du martyr de Nicomé- les indications fournies par les synaxaires grecs, sauf
die était très répandu en Europe durant le moyen âge. que Domitius y est présenté comme le frère et non
Les Mystères de la littérature française n'ont pas man- comme l'oncle d'Adrien. D'après ces documents, Do-
qué d'exploiter ses Actes. Petit de Julleville, Mystères, mitius et Adrien étaient fils de l'empereur Probus et
t. II, p. 36, 466-467. Mais le pays où saint Adrien a été avaient embrasséla foi chrétienne après la mort de leur
principalement vénéré, c'est la région des Flandres et père. Adrien, qui prêchait publiquement le Christ à
la Belgique. Les reliques du saint y avaient été appor- Nicomédie, ayant reproché à Licinius de persécuter les
tées de Rome d'abord à Raulincourt, puis au XIIe siè- chrétiens, ce prince lui fit trancher la tête. Son corps,
cle à Grammont dans l'abbaye de Saint-Pierre, qui ajoutent les Actes, fut transporté à Constantinopledans
porta désormais le nom de Saint-Adrien et devint un l'église qui est àArgyropolis, en face de Chrysopolis. —
centre célèbre de pèlerinage et de faits miraculeux. On le voit, si ces renseignementssont bien différents de
Acta sanctorum, loc. cit., p. 234-254. En 1627, une con- ceux qui concernent saint Adrien, époux de sainte Na-
frérie de Saint-Adrien et de Sainte-Natalie fut fondée, talie, ils ne sont pas néanmoins exempts de difficultés
dans laquelle s'inscrivitl'élite de lasociété belge. Ibid., historiques. L'existence de'ce Domitius, qui nous est
p. 241. Un grand nombre d'églises prétendentposséder présenté comme fils de l'empereur Probus, frère de
des reliques de saint Adrien; mais toutes ces reliques saint Adrien et évêque de Byzance, n'est pas la moin-
n'appartiennent certainement pas au martyr de Nico- dre de ces difficultés. Les bollandistes ont cru cette
médie. L'histoire de saint Henri, empereur, parle d'une raison insuffisante pour déposséder le saint martyr de

:
épée de saint Adrien conservée à Walbeck en Allema- son culte. Il est clair, en tout cas, d'après cette notice,
gne, et dont ce prince se serait servi dans son expédi- que l'histoire des deux Adrien a seulement deux points
tion contre Boleslas de Bohême. Acta sanctorum, loc. communs le martyre à Nicomédie et la sépulture à
cit., p. 255. — Tillemont, op. cit., p. 642, signale une Argyropolis; et cela ne suffit pas pour autoriser à les

ration.
hymne du bréviaire de Tolède en l'honneur de saint confondre. Quant au fait d'être honorés le même jour
Adrien et s'inspirant de ses Actes. Les ménées grecs lui dans l'Église grecque,cela ne peut, comme le dit Stil-
consacrent, le 26 août, un canon entier de même inspi- ting, que confirmer leur distinction. — Argyropolis,
où reposaient déjà,nous disent les Actes denotre saint,
les restes de saint Adrien, époux de sainte Natalie, et 11.ADRIEN ou HADRIEN, moine africain, mort en
de ses compagnons de martyre, ainsi que ceux de saint Angleterre en 710. On le trouve d'abord abbé d'un
Stachys, est le quartier actuel de Foundoukli à Cons- monastère situé près de Naples, appelé par le véné-
tantinople, sur la rive européenne du Bosphore, entre rable Bède, monasterium Nisidanum, qu'on a. iden-
Top-Hané et Dolma-Baghtché, en face de Scutari. tifié avec la petite île de Nisita, entre Naples et
Skarlatos Byzantios, 'Il KwvuravTtvo'JTioXtr,Athènes, Pouzzoles. Versé dans les sciences sacrées, au courant
t. ii, 1862, p. 84. L'historien Socrate, Hist. eccles., des disciplines ecclésiastiques et monastiques, il attira
l. VII, c. xxv, P. G., t. LXVII, col. 796, nous apprend l'attention du pape Vitalien (657-672), lorsqu'il s'agit
que le nom d'Argyropolis fut donné à cet endroit par de remplir le siège de Cantorbéry resté vacant depuis
Atticus, patriarche de Constantinople (406-425). Ce la mort de Deusdedit (664). Adrien refusa par hu-
détail ne permet pas de faire remonter au delà du milité la dignité épiscopale, mais désigna au choix
ve siècle la rédaction des Actes des deux Adrien de Ni- du pape, Théodore,moine grec de Tarse, qui se trou-
comédie. Dans l'office de saint Adrien et de sainte Na- vait alors à Rome, personnage recommandable par
talie, le 26 août, les Grecs font mémoire du saint sa vertu et ses connaissances. Celui-ci fut alors con-
Adrien martyrisé sous Licinius. sacré par le pape; mais Adrien, qui avait déjà passé
deux fois les monts, lui fut adjoint comme guide pen-
"'l'Acta sanctorum, aug. t. v, p. 808-811, septembr. t. III, dant le voyage et comme auxiliaire dans la suite. Dès.
p. 214-215. — Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire lors, la destinée d'Adrien est étroitement associée à
ecclésiastique, 1698, t.v, p. 783-784. — Delehaye, Propylœum
ad Acta sanctorum novembris, col. 926. — Doukakis, Miyu., celle de Théodore. Il n'était encore que sous-diacre
SuvaÇapKrcviç,Athènes, 1894,au 26 août, p. 327. -M. Gédéon, quand le pape l'éleva à la prêtrise avant son départ
nUC(n["ô" 'EopTo^Ytcv, Constantinople, 1899, p. 158. (v. 668). Il ne fallut pas moins de deux ans aux deux
S. Salaville. voyageurs pour se rendre de Rome à Cantorbéry. Ils
9. ADRIEN (Saint), martyr, au siècle, honoré
IVe firent d'abord voile pour Marseille, de là, ils passèrent
le 5 mars. Il est connu par le récit d'Eusèbe, De mar- à Arles puis à Sens, puis à Meaux, où ils reçurent.
tyribus Palestinæ, XI, P. G., t. xx, col. 1511-1512; l'hospitalité de saint Faron, puis à Paris, où l'évêque
Bruno Violet, Die palästinischen Märtyrer des Euse- Agilbert, qui avait étudié en Irlande et voyagé en
biusvon r Cäsarea. Texte und Untersuchungen zur Angleterre, les retint assez longtemps. Théodore s'em-
Gesch. d. Altchrist. Liter. von Gebhardt u. a. Harnack, barqua seul à Quentovic, sur la Manche; Adrien
Leipzig, 1896, p. 103. Venu de Mangane à Césarée, il n'arriva qu'un peu plus tard à Cantorbéry, ayant été
fut avec son compagnon Eubule, arrêté à l'entrée de retenu quelque temps par Ébroin, qui le soupçonnait
la ville et avoua que l'objet de leur voyage était de de remplir une mission préjudiciable aux intérêts de
visiter les chrétiens précédemment emprisonnés. Le son prince. A son arrivée, Théodore nomma Adrien
préfet Firmilien, après les avoir fait déchirer par des abbé du monastère de Saint-Pierre et Saint-Paul (plus
ongles de fer, les condamna aux bêtes. Le jour de la tard Saint-Augustin). L'abbé seconda avec un dé-
fête de la Fortune, Adrien fut, en effet, exposé à un vouement constant le métropolitain dans son œuvre
lion, puis égorgé, et son compagnon eut le même sort d'apostolat et de réforme. Ils ouvrirent à Cantorbéry
deux jours après (308). Dans les synaxaires les deux une école qui attira des foules d'étudiants. Outre les
martyrs figurent le 3 et le 4 février. sciences sacrées, on y enseigna la métrique, l'astro-
Acta senctorum, marlii 1668, t. 1, p. 364. — Ccilicr, nomie, l'arithmétique et surtout le grec et le latin

t.
;
Histoiredes auteursecclésiastiques,1732, t. III, p. 471 2° édit.
t. m, p. 13. — Surius, Vitœ sanctorum, 1618, III, p. 84.
excellemment. Bède rapporte que, de son temps, les
disciples d'Adrien et de Théodore se faisaient re-
P. FOURNIER. connaître par la facilité avec laquelle ils s'exprimaient
10. ADRIEN, exégète grec du ve siècle. Cassiodore, dans ces deux langues. Adrien mourut en 710. Il fut
De institutionedivinarum litterarum, c. x, P. L., t. LXX, inhumé dans une chapelle de son monastère dédiée
1122, cite, parmi les introductores scripturœ diuinæ: à la Mère de Dieu. Il n'y a aucune apparence qu'il ait
Tychonius, Augustinus, Adrianus, Eucherius, Juni- laissé quelque écrit.
lius. L'ordre suivi étant historique, cet Adrien doit Tout ce que l'on sait de positif sur Adrien, on le doit à
être mort entre les années 440 et 450. Photius, Bi- Bède, qui en parle en deux endroits de son Hist. eccl., IV,
t.
bliotheca, codex II, P. G., CIII, 45, avait lu son Intro- 1,2; V, 20, P. L., t. xcv, col. 171-175,269-270; Acta sanct.,
duction aux Écritures, qu'il déclare très utile. Nous
avons encore cet ouvrage, sirravfoYr, E!; rà:0-:a:ypacpiç,
le premier dans l'histoire qui porte un titre si précis : :
jan. t. I, 1863, p. 595-596. — Les écrits de Goscelin de
Térouanne où il est question d'Adrien Libellus de advenlll
B. Adriani Translatio et miracula, ne sont que des ampli-
fications de Bède. — T. Duffus Hardy, Descriptive catalo-
qu'on le dirait tout moderne. Son contenu montre gue of materials relating to the History of Gr. Britain and
bien que son auteur appartenait au ve siècle et à Ireland, 1862, t. I, p. 403. — Bibl. hagiogr. lat., t. I,
l'école d'Antioche, car ses explications ne diffèrent p. 558. — D. Morin, dans la Revue bénédictine, 1891,
pas comme genre de celles que donnaient saint Jean t. vm, p. 482.
Chrysostome, Théodore de Mopsueste et Théodoret. L. GOUGAUD.
Adrien était un Syrien, qui écrivait en grec et avait 12. ADRIEN (Saint), évêque en Écosse, fêté le
subi l'influence de la philosophie aristotélicienne; il 4 mars, le 1er avril et le 2 août. Selon le bréviaire
était moine et prêtre, si on l'identifie, comme cela d'Aberdeen et la chronique de Wyntoun, Adrien
paraît probable, avec un correspondant de saint Nil. était venu de la Hongrie dans l'Écosse centrale avec
Epistol., II, LX; III, CXVIII, CCLXVI, P. G., t. LXXIX, six mille six cent six compagnons, au nombre des-
col. 225, 437, 516. quels se trouvaient le martyr Glodianus, les confes-
seurs Gaius et Monanus, enfin Stolbrandus et d'au-
L'ouvrage d'Adrien parut pour la première fois dans le tres évêques. Ils abordèrent à Caplwchy (Caipslie
texte grec à Augsbourg, 1602, avec les notes de David dans la commune de Kilrenny et le comté de Fife), où
Hœschel; depuis, il fut réimprimé par Jean Pearson au t. quelques-uns s'arrêtèrent. Constantin, roi des Pictes
VIII de ses Critici sacri, Londres, 1600, et par Migne, P. G., (863-877), leur permit de prêcher. Saint Adrien et
t. XCVIII, 1273-1312. Fr. Goessling en a donné une édition d'autres se fixèrent dans l'île voisine de May. Tous
critique, Adrians dO'u.Y"'Tr,., Berlin, 1888; voir aussi furent massacrés par les Danois. Une église, qui
K. F. Schlüren, Vorarbeiten zu Adrianos, dans Jahrbücher
für protestantische Theologie, (1887) t. XIII, p. 136-159, et remplace le monastère détruit par les Anglo-Saxons,
Bulletin critique, (1889) t. x, p. 1. et un cimetière célèbre marquent le lieu de leur sépul-
S. Vailhé. ture. Il paraît certain qu'Adrien et ses compagnons
étaient des Scots (Irlandais). Hector Boecius, Histo- nischen Litteratur, Munich, 1897, p. 114, reproduisent
ria Scotorum, Paris, 1527, p. CCXIII, dit que certains cette indication sans y rien ajouter. Gelzer, Der
affirmaient de son temps qu'Adrien et ses compagnons Patriarchat von Achrida, Leipzig, 1902, p. 13, place
étaient des Scots et des Angles. Monanus n'est que le cet Adrien au XIIIe siècle, avec d'expresses réserves.
nom irlandais Moinenn Il semble que l'on peut Qui sait si cet Adrien ne serait pas Jean Comnène,
reconstituer à peu près ainsi l'histoire d'Adrien. De appelé Adrien dans le monde, fils du protosebasto-
841 jusqu'à sa mort, en 845, Turgesius (Thorgisl), crator Isaac Comnène et neveu de l'empereur Alexis Ier.
le roi norvégien d'Irlande, faisait de violents efforts Le Quien, Oriens christianus, t. II, col. 294. On sait,
pour substituer le paganisme au christianisme comme par ailleurs, que ce Jean Comnène était déjà pa-
religion d'État; il détruisit plusieurs monastères, entre triarche d'Achrida en mai 1157 et qu'il fut déposé en
autres celui de Clonfert (comté de Galway). Adrien, 1166. Gelzer, Der Patriarchat von Achrida, p. 8-9.
qui était probablement évêque de Clonfert, s'enfuit S. VAILHÉ.
emportant les reliques de saint Moinenn, premier 15. ADRIEN, frère mineur de l'Observance, promu
évêque de Clonfert (~ 571), qu'il déposa plus tard dans par Clément VII, le avril 1531, à un archevêché
17
une église qu'il fit bâtir à Inverry (maintenant de Thrace, avec la faculté d'exercer les fonctions
Saint-Monnance) dans le Fifeshire. Le nom irlan- pontificales à Posen, dans la Pologne prussienne.
dais d'Adrien était probablement Odran ou bien Mac- Wadding, Ann. Min., ad ann. 1531, t. XVI, p. 306.
gilla Odran (fils du serviteur de saint Adrien), et notre ANTOINE de Sérent.
saint semble pouvoir être identifié avec saint Magrido 16. ADRIEN, dernier patriarche russe, né à Mos-
ou Magrudo mentionné dans les calendriers irlandais cou en 1626 (d'après le Dictionnaire biographique
au 4 mars. Accompagné de milliers de fugitifs, sur- russe, en 1627, et, d'après Venghérov, en 1636), métro-
tout ecclésiastiques, saint Adrien arriva en Écosse polite de Kazan en 1686, patriarche de Moscou en
aux environs de 844, juste au moment où le Scot 1690. Ce fut un adversaire des réformes entreprises
Kenneth Macalpin venait de s'emparer du trône des par Pierre le Grand. Sa mort eut lieu le 16 octobre
Pictes. Après avoir erré longtemps, les fugitifs s'éta- 1700. Le métropolite Eugène lui attribue un recueil
blirent enfin sur la côte de Fife et dans l'île voi- fameux dans l'histoire de la polémique religieuse
sinede May. En 875, la plupart périrent lors de la entre les orthodoxes et les latins, le Chtchit viery
grande invasion des Danois. Adrien fut décapité le (Bouclier de la foi), t. I, p. 19. Le recueil, divisé en
jeudi-saint, 1er avril (?) 975, dans l'île de May où les 24 chapitres, contient les écrits les plus importants
ruines de sa chapelle marquent encore le lieu de son rédigés au XVIIIC siècle contre les Latins, et se con-
supplice. Elle était très fréquentée de pèlerins pen- serve inédit dans la Bibliothèque synodale de Moscou
dant le moyen âge. Saint Adrien est désigné dans (cod. 310). Gorsky et Nevostruev, Description des
quelques listes comme le premier évêque de Saint- manuscrits slaves de la bibliothèque synodale de Mos-
Andrews, mais, à cette époque, l'Église écossaise paraît cou, Moscou, 1862, t. II, 3, p. 500-501. Mais cet ouvrage
avoir été organisée par tribus plutôt que par terri- a été composé par Athanase, premier archevêque de
toires. On croit que l'on mettait des Angles parmi les Kholmogory et Vajka (1682-1702). Cf. Postnikov,
compagnons d'Adrien au temps de Boecius afin de Athanase de Kholmogory Strannik, 1866, n. 10, p. 19.
pouvoir expliquer la présence à Saint-Andrews, Le patriarche Adrien prit aussi une part active à la
quelques siècles après la mort d'Adrien, et du clergé lutte théologique qui existait de son temps entre les
celtique d'origine irlandaise et du clergé romain d'ori- orthodoxes rigoristes et les latinisants, au sujet de
gine anglo-saxonne. On a représenté saint Adrien l'épiclèse.
comme venant de la Hongrie pour faire, paraît-il, Eugène (métropolite), Dictionnaire des écrivains ecclésias-
un compliment à l'épouse de Malcolm III, sainte
Marguerite (t 1093), qui était originaire de ce pays.
-
tiques russes, Moscou, 1827, t.1, p.19-20. N.A.A.,Adrien,
patriarche de toute la Russie, dans Lectures de la Société
Selon Tanner, Bibliotheca britannico-hibernica, Lon- d'histoire et d'antiquités russes attachée à l'université de Mos-
;
dres, 1748, p. 10, Adrien écrivit De constantia
christiana De humilitate ad monachos et Commenta-
rium in Scripturas.
cou, 1848, t. III, n. 8, p. 29-41. — Mirkovitch, Le moment
de la consécration des saintes espèces, Vilna, 1882, p. 225-
226. — Venghérov, Dictionnaire critique et biographiquedes
écrivains russes, Saint-Pétersbourg, 1889, t. I, p. 128-133.
Acta sanctorum, martii t. i, p. 326. — Breviarium Aber- —Dictionnaire biographique russe, Saint-Pétersbourg,1896,
donense, pars hyemalis, Édimbourg, 1509-1510; pars æstiva, t. i, p. 83-85. - Tchetyrkine, Vies des patriarches de
-
ibid., 1510; réimprimé en 2 vol. in-4°, Londres, 1852-
1853, t. II, p. LXIII. The original Chronicle of Andrem of
Wyntoun, écrit vers 1406, édité par F.
Édimbourg, 1906, t. IV, p. 177-170.
J.
The
Amours, 4 vol.,
Moscou et de toute la Russie, Saint-Pétersbourg,1893, p. 91-
97.
A. PALMIERI.
— Proceedings of 17. ADRIEN Ier (Saint),pape, élu le1er février772,
the Society of antiquaries of Scolland, Édimbourg, 1863,
t. IV, p. 316,318.—W. F.Skene,Cellic Sc:oil:md, Édimbourg, mort le 25 décembre 795. Il appartenait par sa nais-
1876-1878, t. I, p. 320; t. II, p. 311-314. — The Records of sance à l'aristocratie romaine. Il était encore en bas
the priory of the isle of May, édit. John Stuart, Édimbourg, âge quand son père, Théodore, mourut et c'est à son
1868. oncle Théodote, consul et duc, plus tard primicier,
A. TAYLOR. que sa mère confia le soin de son éducation. Intel-
13. ADRIEN, prévôt de l'Église de Maubeuge, ne ligent, pieux, charitable, il attira vite l'attention du
nous est connu que par le récit qu'il a laissé de la pape Paul 1er (757-767), qui l'ordonna sous-diacre.
translation des reliques de sainte Aldegonde qui se Il était diacre, quand il fut appelé à succéder
Étienne III, qui, pour échapper àla tutelle du primicier
à
fit dans cette église le 16 juin 1161. Mabillon avait
donné un extrait de cette relation, Acta sanct. ordinis Christophe et de son fils Serge, s'était donné un maître
S. Benedicti,t. II, p. 815, et les bollandistesl'ont insérée dans la personne de Paul Afiarta, agent de la poli-
en entier au t. II de janvier, p. 1052. tique lombarde. Afiarta s'était signalé par une série
U. ROUZIÈS. de proscriptionscontre les membres du haut clergé et
14. ADRIEN, patriarche d'Achrida en Bulgarie. de l'aristocratie militaire. Le premier acte d'Adrien,
Dosithée, patriarche de Jérusalem, cite, 'Ioropca ",<,p\ aussitôt après son élection, fut de rappeler les exilés.
TÙVèv 'lEpouo),Vf1.()¡Çmx't'pt:tpZEVucX'/7tlJV, Bucarest, 1715, Le roi des Lombards, Didier, qui avait réussi à
p. 1143, un Adrien de Bulgarie parmi les polémistes gagner à son alliance le faible Étienne III, s'empressa
anti-latins. Démétracopoulos, <En'Í.:, Leip- d'envoyer une ambassade au nouveau pontife pour
zig, 1872, p. 95, et Krumbacher,Geschichte der byzanti- lui proposer de renouveler l'accord conclu avec son
prédécesseur, promettant en retour de restituer au servait de diriger la politique extérieure et conservait
Saint-Siège les territoires qu'il ne cessait de réclamer. la haute surveillance sur les affaires intérieures. L'im-
A cette avance, Adrien répondit par l'envoi d'une dé- mixtion de ses agents provoquaparfois les plaintes du
putation conduite par PaulAfiarta dont il cherchait pape, mais celui-ci, en habile politique qu'il était,
.à se débarrasser.Les ambassadeurs pontificaux étaient s'arrangea toujours pour régler les conflits à l'amiable,
à peine partis, qu'on apprit que Didier, infidèle à et ce fut rarement à son désavantage. C'est ainsi qu'il
toutes ses promesses, venait de s'emparer de plusieurs arriva à persuader à Charles qu'il n'avait pas à se mê-
villes du patrimoine de saint Pierre. Quant à Afiarta, ler de l'élection de l'archevêque de Ravenne. Epist.,
il entra complètement dans les vues du roi lombard, XLVIII, Ad Carol. reg., P. L., t. XCVIII, col. 416-418.
pendant que, très habilement, le pape faisait ouvrir D'après beaucoup de critiques, la fameuse pièce
une enquête sur l'assassinat du secondicier Serge, en- connue sous le nom de Donatio Constantini fut com-
terré vivant par ses ennemis, huit jours avant la posée à Rome au début du pontificat d'AdrienIer, vers
:
mort d'Étienne. Afiarta se trouva être un des prin-
cipaux coupables il fut arrêté par l'archevêque de
.Ravenne sur des ordres venus de Rome et. exécuté
774. Duchesne, Les premiers temps de l'État pontifical,
dans Revue d'histoire et de littérature religieuses, t. I
(1896), p. 285-286. Nous serions porté à la croire plus
quelque temps après, malgré le pape, qui ne voulait ancienne, parce que le pape Adrien semble y faire
que l'exiler à Constantinople. allusion dans une de ses lettres à Charlemagne, écrite
Afiarta disparu, il restait à conjurer le péril lombard. en 777 : Per Constantinilargitatem sanctaDel catholica
Connaissant par expérience la fourberie de Didier, et apostolica Romana Ecclesia elevata atque exaltata est,
Adrien repoussa toutes ses demandes d'entrevue et et potestatem in his Hesperiœ partibus largiri dignatus
fit même appel à l'excommunication pour lui inter- est. Epist., XXXIV, Ad Carol. reg., P. L., t. XCVIII,
dire l'accès de Rome. En même temps, il écrivit à col. 306. On ne voit pas trop comment un faux, vieux
Charlemagne pour solliciter son appui. Après avoir seulement de trois années, aurait pu s'imposer à la
vainement essayé d'amener Didier à composition par bonne foi du pape.
la voie diplomatique, le roi franc passa les Alpes en A cette époque, l'Église était en pleine décadence
773, battit l'armée lombarde et vint mettre le siège par suite de l'ingérence perpétuelle des rois dans les
devant Pavie. Le siège se prolongeant, Charles alla affaires ecclésiastiques. Adrien Ier fit ce qu'il put pour
passer à Rome les fêtes de Pâques de 774. Le 6 avril, la dégager de cette sujétion et l'unir plus étroitement
le mercredi après Pâques, il se tint à Saint-Pierre une au Saint-Siège. Mais sa situation vis-à-vis de Charle-
assemblée mémorable au cours de laquelle Charle- magne l'empêcha souvent de prendre des mesures
magne s'engagea àdonner au Saint-Siège tous les ter- efficaces et le força à fermer les yeux sur bien des abus.
ritoires mentionnés dans un document que lui pré- Dans une lettre à Bertlierius, évêque métropolitain de
senta le pape. D'après le biographe d'Adrien,Anastase Vienne, P. L., t. XCVI, col. 1215-1216, il nous apprend
le bibliothécaire,cettepièce avait été rédigée à Kiersy- lui-même qu'il fit des remontrances à Charlemagne
sur-Oise, en 754, au nom de Pépin, de Charles lui- sur les abus commis dans les élections épiscopales et
même et de son frère Carloman. Elle promettait à
saint Pierre, dans la personne d'Étienne II et de ses
successeurs, les duchés de Spolète et de Bénévent, la
;
que, par lettres apostoliques, il rendit tous leurs droits
et privilèges aux anciens sièges métropolitains Inter
alia eum monuimus de metropolitanorum honore, et de
Toscane, la Corse, la Vélldie et l'Istrie, sans compter civitatibus quæ laicis hominibus traditœ erant, et quia
le duché de Rome, la Pentapole et l'exarchat de Ra- episcopalis dignitas fere per 80 annos esset conculcata.
venne fort agrandi. Ce passage suffit à montrer la fausseté du récit qui se
Ces conventions de Kiersy et de Rome paraissent lit dans la chronique de Sigebert de Gembloux, Mo-
invraisemblables à beaucoup d'historiens qui accusent numenta Germaniæ, Scriptores, t. VIII, p. 393, d'après
Anastase de les avoir inventées. MOI' Duchesne, Liber lequel Charlemagne, revenu à Rome après la prise de
pontificalis, t. i, p. CCLXII, essaie cependant d'en mon- Pavie, aurait reçu du pape le droit d'élection du titu-
trer la possibilité et certains passages des lettres laire du Saint-Siège et celui d'investiture pour tous les
d'Adrien à Charlemagne semblent justifier cette ma- sièges épiscopaux de son royaume. Cette fable date
nière de voir. Mais, si ces conventions existèrent, elles probablement du règne d'Othon Ier. On la trouve déjà
restèrent toujours un plan idéal et les Carolingiens ne signalée dans le décret de l'antipape Léon VIII
manifestèrent jamaisl'intention sérieuse de le réaliser. en 963. Elle a passé, sous le nom de Privilegium
En 756, Pépin ne garantit à Étienne II que le duché de Adriani pro Carolo, de la Panormie d'Yves de Chartres
Rome, la Pentapole et l'exarchat. Quant à Adrien Ier, dans le décret de Gratien, dist. LXII, can. 22. Il ne
c'est par des concessionssuccessives obtenues de Char- semble pas d'ailleurs que les plaintes du pape aient
lemagne qu'il arriva à constituer l'État pontifical tel à eu beaucoup d'effet pour ce qui regarde les élections
peu près qu'il subsista à travers le moyen âge et jus- épiscopales. Ce ne fut qu'en 803 que leur liberté fut
qu'au XIXC siècle. Après la chute de Pavie (30 mai- proclamée,en théorie du moins.
2 juin 774), le roi franc fit restituer au pape les villes Un autre abus qui s'était glissé dans le clergé franc
de Comachio, Ferrare, Faenza, Imola et Bologne, que était celui de porter les armes et de prendre part à la
l'archevêque de Ravenne, Léon, lui disputa et qu'il guerre. Adrien Ier attire sur ce point l'attention de
maintint sous son obédience jusqu'à sa mort (777). Charles, en 784. Epist., xxv, P. L., t. XCVIII, col. 367.
Lors du second voyage de Charlemagne à Rome, Avant d'envoyer le pallium à Lullus, évêque de
en 781, il y eut de nouveaux remaniements. Le pape Mayence, il prescrit à Tilpinus de Reims une enquête
abandonna Terracine et reçut en échange la Sabine, sur l'orthodoxie et les mœurs du prélat. Epist., LIV,
détachée du duché de Spolète. Ce dernier duché, P. L., t. XCVI, col. 1214-1215. A l'abbaye de Saint-
ainsi que celui de Toscane, sans appartenir au Saint- Denis, près Paris, il accorde le privilège d'avoir son
Siège durent lui payer un tribut. En 787, nouveau évêque propre. Episi.,LIII,ibid., col. 1211, et il con-
voyage de Charles, nouveaux agrandissements de firme, par une bulle du 4 avril 784, la division du dio-
l'État pontifical aux dépens de l'ancienne Tuscie lom- cèse de Strasbourg en sept archidiaconés et les droits
barde et de Bénévent. ,'
respectifs de l'évêque et du chapitre. 2M£ col: 1243.
De cet État pontifical ainsi constitué, le pape Adrien Il fait de Wulcharius, archevêque de la province des
ne devint pas le souverain complètementindépendant. Gaules, son délégué pour la partie de l'Espagne soumise
Charlemagne, en sa qualité de patricius Romanorum, à Charlemagne. Epist. ad Egilam episcopum, P. L.,
titre qu'Adrien n'oublie jamais de lui donner, se ré- t. XCVIII, col. 337. Désireux de promouvoir l'unifica-
tion de la liturgie gallicane et de la liturgie romaine, qu'ils n'avaient pas le monopole de la sciencethéolo-
il envoie au roi franc un exemplaire du sacramentaire gique. Sous l'inspiration et le contrôle de Charles, des
grégorien. Jaffé-Wattenbach, Regesta Pontific. roman., théologiens composèrent une réfutation détaillée, par-
Leipzig, 1885, n. 2476. Déjà en 774, il lui avait remis fois acerbe et mesquine, de tout ce qui les choquait
la collection des canons de Denys le Petit, précédée dans les actes conciliaires. Une première rédaction de
d'une dédicace de 45 vers sous forme d'acrostiche. cette réfutation, qui fut ensuite remaniée, fut envoyée
P.L., t. XCVI, col. 1241. au pape Adrien. C'est ce qu'on a appelé les Libri Caro-
L'influence d'Adrien sur l'Église espagnole fut sur- lini, dont l'authenticité, longtemps contestée, est
tout doctrinale. Dans ses deux lettres à Egilas, P. L., aujourd'hui parfaitement établie. Le pape ne pouvait
t. XCVIII, col. 333-346, il touche à plusieurs points dis- se taire devant cette attitude quelque peu outrecui-
ciplinaires et dogmatiques, notamment au jeûne du dante du patrice des Romains et de son clergé. Son
mercredi et du samedi, à la fixation de la solennité pas- autorité de docteur infaillible de la chrétienté se trou-
cale, à la prédestination, à la grâce et au libre arbitre. vait indirectement, mise en question. Dans une longue
Il condamne sévèrement ceux qui mettent leur point lettre adressée à Charlemagne, après avoir rappelé les
d'honneur à manger des viandes étouffées et la chair passages de l'Évangile qui établissent la primauté de
de porc. Dans deux autres lettres dogmatiques, écrites Pierre et l'indéfectibilité de sa foi, il parle au souve-
l'une vers 785, l'autre en 794, au moment du concile rain sur un ton de douce paternité, reprend une à une
de Francfort, il traite à fond de l'erreur adoptienne et toutes les attaques dirigées contre le concile et montre
la réfute par de nombreux textes scripturaires et pa- qu'elles ne reposent sur aucun fondement solide. Ces
tristiques; P. L., t. XCVIII, col. 374-386. Mansi, Collect. attaques ne visaient pas seulement le culte des images.
t.
concil., XIII, col. 865-873. Voir ADOPTIENS,COl.586-590.
L'événement religieux le plus important du ponti-
L'une d'elles avait trait à la formule employée par
Taraise pour exprimer la procession du Saint-Esprit :
ficat d'Adrien fut le rétablissement de l'unité ecclé- A Patre per Filium procedit. Adrien n'eut pas de peine
siastique entre l'Orient et l'Occident, rompue par la à légitimer cette formule par des citations des Pères
persécution iconoclaste. Lorsque l'impératrice Irène, t.
grecs. P.L., XCVIII. col. 1247-1292; Mansi, op. cit.,
régente pour son fils mineur Constantin VI, succéda à t. XIII, col. 759-810. Mais sa réponse arriva sans doute
Léon IV en 780, le pape, renouvelant une démarche trop tard à la cour franque pour empêcher le grand
souvent faite par ses prédécesseurs depuis Léon l'Isau- synode de Francfort de 794, présidé par les légats du
rien, l'exhorta à rétablir le culte des images. L'impé- pape, de condamner le concile de Nicée comme ayant
ratrice répondit bientôt à cet appel, après avoir donné enseigné l'adoration des images.
le siège patriarcal de Constantinople à Taraise, un Anastase le bibliothécaire dit d'Adrien qu'il fut un
simple laïque, mais dévoué au culte des images (784). grand amant des églises, amator ecclesiarum, et il
Elle invita le pape à venir présider, par lui-même ou s'étend longuement sur les détails de réparation et
par ses légats, le concile général qu'elle se proposait de d'embellissement dont les basiliques et les églises de
convoquer. De son côté, Taraise sollicita la reconnais- Rome furent l'objet sous son pontificat. Il se signala
sance de son élection. Adrien envoya à Constantinople aussi par son amour envers les pauvres et créa plu-
deux légats, l'archiprêtre romain Pierre, et l'abbé du sieurs fondations charitables. Il mourut le jour de
monastère de Saint-Sabas, appelé aussi Pierre. Ils Noël 795, après un règne de près de 24 ans. Les Ro-
étaient porteurs d'une longue lettre adressée à Con- mains ne furent pas les seuls à regretter le pontife qui
stantin et à Irène, dans laquelle le pape, après avoir les avait délivrés peur toujours des Lombards détestés
félicité les souverains de leur démarche, prouve lon- et qui fut, après Étienne II, le second fondateur de
guement par la tradition et l'Écriture, la légitimité du l'État pontifical. Charlemagnepleura en lui un ami et
culte des images, affirme hautement la primauté ro- un. père. Sur son ordre, un sculpteur français grava
maine en protestant contre le titre de patriarche sur le marbre une inscription de 19 distiques destinée
œcuménique que la lettre impériale avait donné à à être placée comme épitaphe sur le tombeau du pape
Taraise, blâme l'élévation anticanonique de ce der- défunt dans la basilique vaticane, où on la voit encore
nier et réclame la restitution des biens et des évêchés aujourd'hui encastrée dans le mur du portique. Cf. J.-
enlevés au patriarcat romain par le décret de Léon B. De Rossi, L'inscription du tombeau d'Adrien Ier,
l'Isaurien de 732. Mansi, Collect. concil., t. XII, dans Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École
col. 1055-1076. Une traduction grecque de cette lettre, française de Rome, VIIIe année, 1888, p. 478-501.
incomplète et peu fidèle, fut lue à la IIe session du Le caractère d'Adrien Ier offre un mélange remar-
VIIe concile œcuménique,qui se tint à Nicée en 787. quable de fermeté et de souplesse. Inflexible envers le
On supprima tout ce qui avait trait à l'élection de perfide lombard, il se fit conciliant sans bassesse avec
Taraise et à la restitution des patrimoines confisqués. Charlemagne. Il employa toutes les ressources de son
On lut également dans la même session la traduction habile diplomatie pour le plus grand bien de la religion
de la lettre du pape à Taraise dont l'élection était et l'exaltation du Saint-Siège. A ceux qui seraient
confirmée en considération de l'orthodoxie de sa tentés de lui reprocher quelque manque de vigueur
confession de foi. Mansi, ibid., col. 1077-1084. dans la répression de certains abus dont l'Église
Les actes du second concile de Nicée rédigés en grec franque offrait alors le spectacle, il faut rappeler les
furent envoyés au pape Adrien, qui en fit faire une circonstancesparticulièrement délicates dans lesquelles
traduction latine fort défectueuse. En particulier, le il se trouvait placé par suite de ses relations avec Char-
terme grec izpoaK-rrqui;, qui désigne une simple véné- lemagne. Peu de papes ont eu autant que lui la con-
ration, était rendu par adoraiio. Constantin, évêque science de leur primauté sur l'Église universelle. Cette
chypriote, avait déclaré en plein concile qu'il saluait primauté, il la fit sonner avec une grande netteté
les saintes images avec un profond respect, mais qu'il surtout aux oreilles de ceux qui étaient le plus portés
réservait exclusivementl'adoration à la sainte Trinité. à l'oublier, aux Byzantins si fiers de leur basileus et de
Par la suppression d'une négation, la traduction ro- leur patriarche œcuménique. Ses lettres dogmatiques
maine lui faisait dire juste le contraire de sa pensée. témoignent d'une grande érudition patristique. Les
Aussi, quand cette traduction parvint à la connais- citations des Pères grecs y abondent. Saint Athanase,
sance de Charlemagne et du clergé franc, souleva-t- saint Grégoire de Nazianze, son homonyme de Nysse,
elle d'énergiques protestations de leur part contre les saint Basile, saint Jean Chrysostome, saint Cyrille
décisions du concile.On saisit avec empressement à d'Alexandrie, saint Amphiloque d'Iconium et Étienne
la cour franque cette occasion de montrer aux Grecs de Bostra lui fournissent des textes tant pour réfuter
les adoptiens que pour combattre les iconoclastes évêques à mettre dans les dyptiques le nom du saint
Une connaissance si étendue de la patristique orien- pontife (Jaffé, n. 2894), renouvelle les condamnations
tale fut toujours un phénomène rare en Occident du- portées contre Photius, envoie en Bulgarie la mis-
rant le moyen âge. sion décidée par Nicolas Ier (Jaffé, n. 2889), orne
la basilique nicolaïenne et, au début de 868, fait de-
VitaHadriani, par Anastasele bibliothécaire,dans leLiber vant quelques moines grecs, amis d'Ignace de Cons-
pontificalis, édit. Duchesne, Paris, 1886, t. i, p. 486-523; tantinople, une petite manifestation en faveur de
voir aussi l'introduction du même tome, p. CCXXXVI sq. l'adversaire de Photius, du nouvel Élie, du grand
Cette vie est reproduite deux fois dans P. L., t. XCVI, col.
1167-1204, et CXXVIII, 1163-1198. Nous avons signalé, au
cours de l'article, les principales lettres d'Adrien. Presque
toutes, soit 48 sur 58, sont adressées à Charlemagne et trai-
:
pape Nicolas. D'autre part, le plus ordinairement, il
se garde des violences, des coups d'autorité il attend
de la douceur ce que son prédécesseur demandait sur-
tent des affaires relatives à l'État pontifical. On les trouve tout à la force. Sa diplomatie tâche de maintenir avec
t.
dans P. L., t. XCVI, col. 1203-1244, et XCVIII, col. 224-427 l'empereur les rapports les plus cordiaux, quitte à
passim, col. 1247-1292. La seconde lettre aux Espagnols faire parfois elle-même les frais de cette bonne entente.
sur l'adoptianisme, dans Mansi, Ampliss. collect. concil., Voir Lapôtre, Le pape Jean VIII, p. 222 sq. Sa cor-
t. XIII, col. 865-873. — Codex Carolinus, collection des lettres respondance ne le montre dur et hautain qu'envers
pontificales aux rois francs, dans Monumenta Germaniæ, Charles le Chauve. Comment expliquer ce dernier fait?
Epistolæ, t. III, p. 476; dans Muratori, Scripiores rerum
italicarum, t. 111, p. 179, et dans Jaffé, Bibliotheca rerum C'est ici qu'il nous faut noter à la suite du P. Lapôtre
germanicarum, t. IV. — Annales. Laurissenses, Annales (voir son très rare. De Anastasio bibliothecario Sedis
Einhardi, Vila Caroli magni, par Einhard, dans les Monu- apostolicæ), l'influence exercée sur Adrien II par Ar-
menta Germaniæ, Scriptores, t. 11, p. 426. — Jaffé, Regesta sène d'Horte et Anastase le bibliothécaire.
ponlificum, 2e édit., t. I, p. 289 sq. — Hefele, Histoire des Le premier, grand impérialiste, tout-puissant sur le
conciles, trad. Delarc, t. IV, p. 332; t. v, p. 82,108, 140.-- pape, poussera Adrien dans la voie des concessions à
Hergenrother,Histoire de l'Église, trad. Belet, t. 11, p. 727- Louis II, tant et si bien qu'au début du règne, plus
733. — Duchesne, Les premiers temps de l'État pontifical,
dans la Revue d'histoire et de littérature religieuses, t. i d'un évêque en sera alarmé. Le second, réconcilié, on
(1896), p. 258-276, tirage à part, Paris, 1898. — Hemmer, s'en souvient, par Adrien, représente alors le parti in-
dans le Dictionnaire de théologie catholique, t. I, col. 448- transigeant du pape Nicolas. Ce n'est pas chez lui
452. — S. Abel, Papst Iladrian 1 und die wellliche Herrs- zèle ecclésiastique; mais ayant naguère collaboré à la
chaft des romischen Sluhls dans Forschungen zu deulsch. correspondance du pape défunt, il ne veut pas paraître
Geschich.(1862), t. I, p. 483-532. -K. Hampe, Hadrians I se dédire. Plus tard, Anastase se rapprochera intime-
Vertheidigung der zweiten nicaenischen Synode gegen die ment de l'empereur et servira ses rancunes. Nous ver-
AngriffeKarls des Grossen,dans Neu-Archiv. Ges. all. deutsch.
Gesch., t. XXI, 1895, p. 83-113. — W. Martens, Die drei
:
rons alors à quel ton monteront les lettres d'Adrien.
Un troisième personnage mérite attention c'est
unechten Kapitel der Vita Hadrians I, dans Theologische
Quartalsch. (1886), p. 601-620.

18. ADRIEN
d'Étienne
M. JUGIE.
Il (867-872) était un Romain, de la
:
Éleuthère frère d'Anastase. Celui-là a trouvé un moyen
très simple de faire fortune il prétend épouser une
fille du pape, née d'un mariage contracté jadis par
famille IV et de Sergius II. Son père Tala-
rus devint évêque. Ordonné sous-diacre par Gré-
goire IV et familier du Latran, Adrien fut promu en
842 au titre presbytéral de Saint-Marc. Il passe dès
lors pour très pieux, très charitable, si bien que chez
:
Adrien avant son entrée dans la cléricature. Mais les
choses ne tournèrent pas au gré de ses ambitions.
Éleuthère, alors, brusqua les événements il enleva la
fille du pape, puis finit par la tuer. Le bibliothécaire
trempa-t-il dans cette affaire? On ne le sait trop,
ui tout fait prévoir un pape. Deux fois en effet, en toujours est-il que la fortune chancelante de sa famille
855 et en 858, il refusa le pontificat. suscita à Anastase des dénonciateurs. On rappela cer-
Quand pourtant (novembre 867), mourut saint Ni- taines de ses cruautés,sibien qu'en octobre 868,Adrien
colas, partisans du pape défunt et partisans de l'em-
pereur Louis, haut clergé et nobles laïques, se mirent
d'accord pour élire le vieux prêtre de Saint-Marc et
:
le disgrâcia etle fit condamnerpar
disgrâce
un synode. —Courte
l'année suivante, plus en faveur que ja-
mais, Anastase avait repris son poste.
terminer ainsi un interrègne où vengeances et appé- Il était nécessaire de faire connaître les influences
tits s'étaient donné carrière. Les missi de l'empereur qui s'exerçaient sur le pontife pour mieux compren-
n'avaient eu aucune part dansl'élection (ainsi l'avaient dre sa manière de traiter les délicates affaires que lui
réglé jadis Étienne III, et plus récemment Nicolas Ier); laissait à régler la succession de Nicolas ou celles qui
mais on dut attendre, avant le couronnement, l'assen- vont surgir sous son gouvernement.
timent de Louis II. La cérémonie eut lieu le 14 décem- I. AFFAIRES D'OCCIDENT. — 1. Le divorce de Lo-
bre 867. A la messe, pour mettre fin à de vieilles ran- thaire (voir LOTHAIRE). C'était l'une des plus épineuses;
on savait que l'empereur Louis se montrait irrité des
cunes, Adrien admit à la communion laïque deux
:
évêques excommuniés depuis quatre ans Theutgaud
de Trèves et Zacharie d'Anagni. Ensuite il releva des
exigences du pape défunt, que la hautaine et avare
impératrice Engelberge inspirait la politique de son
censures et, bientôt après, appela à la charge de biblio- époux. D'autre part, Theutberge semblait bien avoir
:
thécaire, le personnage félon dont il aura tant lieu de
se plaindre Anastase. Voir ce mot. Profitant enfin de
la bienveillance impériale, le pontife fit rappeler d'exil
pour elle le bon droit. On attendait Adrien à la solu-
tion. Le nouveau pape inclinait par nature aux me-
sures moyennes, il subissait aussi l'influence impéria-
quelques-uns de ceux qui durant l'interrègne avaient liste d'Arsène. Il ne cédera rien d'essentiel pour le
souffert de vengeances privées. Jean Hymmonidès, fond, mais dans la forme se montrera conciliant. S'il
futur biographe de saint Grégoire le Grand et proba- autorise Theutberge à paraître quelque temps à Rome
blement d'Adrien II lui-même, Jean de Nepi et Gau- pour y solliciter son divorce (Jaffé, n. 2892), il se re-
deric de Velletri rentrèrent à Rome. Jaffé, Regesta, fuse à rien statuer, et renvoie (peut-être pour gagner
n.2890. du temps) la chose à un concile. Ibid.,n. 2892. En atten-
Au Latran, Adrien va continuer à se montrer gé- dant, le roi de Lorraine devra tenir Theutberge pour
néreux, désintéressé — au moins pour lui-même— sa femme légitime. Ibid. id.. Cependant l'empereur
dans les questions d'argent. D'esprit naturellement appuie Lothaire. Le pape alors, à la condition qu'ils se
conciliant et libéral, il essaie de tenir la balance égale séparent (février868), lève l'excommunication fulminée
entre les partisans et les adversaires de Nicolas Ier. contre Waldrade, maîtresse du roi de Lorraine. Ibid.,
Il ne ménage pas les éloges au pape défunt, invite les n. 2897-2898. Lothaire est autorisé à passer en Italie
pour y faire juger son cas, Ibid., n. 2901. Hincmar de tervention des légats dAdrien, il recommença ses ma-
Reims, dont l'attitude en cette affaire a toujours paru nœuvres. Habilement, il sut intéresser le pape à son
irréprochable,devra veiller à l'exécution des décrets sort. L'intérêt pontifical se manifesta par de hautaines
de Nicolas, tant que s'instruira la cause. Ibid., n. 2905. sommations et de véritables injures. Jaffé, n. 2940.
Cependant,profitant de l'autorisation, Lothaire vient Cette affaire n'était d'ailleurs que la complication
en Italie. En juillet 869, le pape et lui se rencontrèrent d'une querelle entre le pape et Charles le Chauve.
au Mont-Cassin. Là, le pontife échappait à l'influence 4. Hincmar le Jeune. — Neveu d'Hincmar de Reims
des intransigeants de Rome. Il célébra la messe devant (voir ce mot), Hincmar le Jeune (voir ce mot), élu
l'impératrice Engelberge, et, grande concession, il en 856 évêque de Laon, n'avait pas tardé à se brouiller
accorda la communion à Lothaire, après que le roi eut avec son oncle d'abord, avec Charles le Chauve en-
été mis en demeure d'assurer qu'il avait gardé avec suite. Condamné par un concile, il avait interjeté appel
Waldrade une absolue réserve, depuis que celle-ci avait à Rome, et, deux fois, Adrien avait invité Charles le
été excommuniée. Qu'il faille voir là une ordalie, c'est Chauve à le laisser venir à Rome, mais cela sur un ton
ce qui paraît bien probable. En tout cas, l'acte indul- qui avait exaspéré le roi franc. Jaffé, n. 2910, 2911,
gent d'Adrien ne préjugeait en rien la décision de fond 2939. Celui-ci voulut à son tour parler haut. Sur son
et n'avait pas le caractère d'une réconciliation offi- ordre, un concile réuni à Douzy (août 871), déposait
cielle de Lothaire avec l'Église. C'est à Rome, en effet, Hincmar le Jeune et envoyait près du pape Actard,
que se devait traiter l'affaire. Séparément, le pape et l'ancien évêque de Nantes, déposé par Nomenoé. Le
le roi s'y rendirent. Lothaire toujours excommunié eut prélat avait mission de solliciter d'Adrien la confir-
peine à y trouver un logement. Enfin, le 15 juillet, se mation du concile franc. Il n'en alla pas ainsi. Actard
réunit le synode qui devait trancher le cas. Comme on rapporta de Rome une réponse qui fermait la voie à
pouvait s'y attendre, la division s'y produisit entre toute conciliation. Jaffé, n. 2945. S'appuyant sur des
le parti rigoriste, l'ancien parti de Nicolas, que domi- documents supposés du pape Antéros, on déclarait
nait maintenant Formose de Porto (voir ce mot), et nulles les sentences de Douzy, et l'on mettait en de-
celui plus modéré du pape. Là encore, rien ne se fit. meure Charles le Chauve de laisser Hincmar partir
Une fois encore, on renvoya à plus tard l'embarras- pour Rome où sa cause devait être entendue.
sante décision. La mort de Lothaire arrivée le 8 août La réplique ne se fit point attendre. Elle ne ména-
termina l'affaire. On a parlé de poison donné à ce geait pas le Saint-Siège, mais, chose curieuse, laissait
malheureux monarque dans la communion du Mont- entendre au pape que la violence même de la corres-
Cassin. Mais c'est là, contre Adrien, une accusation que pondance reçue de Rome invitait à douter de son au-
tout démontre fausse. Cf. Lapôtre, Hadrien II et les thenticité. Et en Gaule, on devinait juste. Nous savons
fuusses Décrétales, dans la Revue des questions histo- maintenant qu'Anastase le bibliothécaire, servant les
riques, 1880, t. XXVII, p. 430, n. 4; Parisot, Le royaume rancunes de Louis II, profitait de sa charge pour exas-
de Lorraine, p. 332, n. 5. Cette mort, on va levoir, pérer dans des documents de sa façon, le conflit engagé
allait mettre pour longtemps aux prises Adrien II avec le roi franc. On le vit bien au printemps de 872,
avec Charles le Chauve. quand arriva à Rome une nouvelle ambassade de
2. La succession de Lorraine. — Lothaire étant mort Charles le Chauve. En grand secret, avec des précau-
sans enfants légitimes, son royaume devait, en vertu tions minutieuses, Adrien fit savoir qu'il désavouait
d'un capitulaire de 817, faire retour à l'empire. Charles absolument tout ce que les pièces parties de sa chan-
le Chauve, appuyé par les évêques de Lorraine, cellerie pouvaient avoir de blessant. Jaffé, n. 2951.
approuvé par Hincmar de Reims, se porta comme suc- Bien plus, renonçant pour lui-même à l'usage des
cesseur du roi défunt. Mais, sur l'invitation de l'em- fausses décrétales d'Antéros, et s'inspirant du droit
pereur, occupé alors au sud de l'Italie contre les Sarra- bien authentique de l'Église, il s'arrêtait à un com-
sins, Adrien écrivit, le 5 septembre 869, aux évêques de promis tout à fait dans le caractère du conciliateur
Gaule, les invitant à combattre l'ambition de Charles. qu'il était. S'il recevait l'appel d'Hincmar, il ne pré-
Jaffé, n. 2917-2918. Quand, en octobre 869, les messa- tendait point donner à cet appel un caractère suspen-
gers pontificaux arrivèrent à destination, depuis un sif des sentences de Douzy.
mois (9 septembre), Charles le Chauve était couronné II. LES AFFAIRES D'ORIENT. — 1. Adrien et les
roi de Lorraine. Les légats d'Adrien revinrent à Rome. Moraves (868-869). — L'apostolat des saints Cyrille
Quelque temps se passa. Cependant, Anastase le bi- et Méthode (voir ces mots) avait porté ses fruits, et à
bliothécaire était rentré d'une ambassade pour le la nouvelle église de Moravie, il fallait créer une hié-
compte de l'empereur Louis, dont il était maintenant rarchie. Dans cette pensée, Nicolas Ier avait, dans les
chaud partisan. Le 27 juin 870, six lettres partirent derniers temps de son règne, mandé près de lui les
de Rome à l'adresse de Charles le Chauve et des évê- deux frères. Il songeait aussi à se faire expliquer et
ques de Gaule. On y remarque le ton hautain que va justifier l'usage introduit par eux d'une liturgie en
désormais prendre la correspondance à l'adresse du langue slave. Quand, obéissant à cette invitation,
roi franc. Le pape reprochait violemment à Charles Cyrille et Méthode parvinrent à Rome (fin 867, début
son attitude de 869, bien plus, l'octogénaire pontife 868), Nicolas Ier était mort etremplacé par Adrien II.
menaçait de passer les Alpes pour châtier le roi. A Hinc- Mais l'apocrisiaire Arsène est prévenu en leur faveur
mar, on faisait entrevoir une excommunication pro- et Anastase, l'érudit de Rome, veut bien les appuyer.
chaine s'il n'amenait Charles à résipiscence. Jaffé, Forts de cette double protection, ayant touché la piété
n. 2926-2929. Quand ces documents arrivèrent à des- des Romains en leur apportant les reliques du pape
tination, entre l'empereur et Charles le Chauve était saint Clément, Cyrille et Méthode purent triompher
intervenu un accord qui réglait le litige, mais qui ne du formalisme des trilinguistes, gens étroits qui ne
laissait point au Saint-Siège la victoire morale (9 août voulaient point d'autre langue liturgique que le grec,
870). Une lettre très hautaine d'Hincmar fut la ré- l'hébreu et le latin. La liturgie slave fut célébrée de-
plique à la note pontificale du 27 juin. P. L., t. CXXVI, vant le pape. Cyrille mourut le 14 février 869. Mé-
col. 174-186. thode, sacré évêque, regagna sa mission où l'atten-
3.L'affaire de Carloman. — Voulant éviter après daient de douloureuses épreuves. Jaffé, n. 2924.
sa mort le morcellementde ses États, Charles le Chauve 2. Adrien et Photius. — Pendant qu'à Rome s'agi-
avait mis au couvent deux de ses fils. L'un, Carloman, taient autour d'Adrien récemment élu, photiens et
lassé de sa nouvelle vie, complota contre son père. ignatiens, pendant que le pape s'efforçait de rassurer
D'abord interné à Senlis, puis, en 870, relâché sur l'in- sur ses intentions les partisans d'Ignace et de saint
Nicolas, tout en tâchant de ne pas froisser Louis II d'excommunication au cas où il se mêlerait désormais
qu'on savait enclin à ménager Photius, le spathaire des questions bulgares. Jaffé, n. 2944.
Euthymius apportait de Byzance une nouvelle à sen- Adrien II ne vit point la fin de cette querelle. Il mou-
sation. Basile le Macédonien s'était emparé du pou- rut entre le 26 novembre et le 14 décembre 872. Voir
voir, avait déposé Photius et rétabli l'ancien patriar- sonépitaphe dans le Liberpontificalis, édit. Duchesne,
che. Adrien écrivit alors à Basile pour le féliciter. t.11, p. 190. Il laissait une réputation méritée de bonté
Jaffé, n. 2908. Quant à Ignace, tout en le compli- et de libéralisme. Mais, malgré ses procédés qui tran-
:
mentant affectueusement, le pape lui faisait douce-
ment la leçon le patriarche eût dû avertir lui-même
le Saint-Siège de l'heureux événement (1er août 868).
chent avec la manière de saint Nicolas, notons qu'A-
drien ne s'éloigna en rien d'essentiel de la politique de
son prédécesseur. Le seul reproche qu'on puisse lui
Jaffé, n. 2909. faire est de n'avoir point assez énergiquement ré-
Cependant, après bien des retards, à la fin de 868 primé les manœuvres criminelles d'Anastase le biblio-
ou au début de 869, une ambassade byzantine était thécaire.
parvenue à Rome. Le spathaire Basile représentait Le Liber pontificalis, édit. Duchesne, Paris, 1892, t. n,
l'empereuret Jean de Syleum, Ignace. Photius avaitdé-
puté Pierre de Sardes; ce dernier étant mort, le pa- p. 173. — Duchesne, Les premiers temps de l'État pontifical
(754-1073), in-8°, Paris, 1898. — Lapôtre, De Anastasio.
triarche intrus n'avait pour porte-parole, dit le Liber bibliothecario Sedis apostolicæ, in-8°, Paris, 1885, surtout
pontificalis, qu'un moinillon. Reçue en audience so-
lennelle, l'ambassade remit à Adrien une lettre datée
;
p. 109 sq. Hadrien II et les fausses Décrétâtes, dans la
Revue des questions historiques, t. XXVII (1880); Le souper
du 11 décembre 867, où Basile priait le pape (qu'il de Jean Diacre, dans Mélanges d'archéologie et d'histoire,
croyait être encore Nicolas Ier) de fixer le sort des à
1901, p. 369; L'Europe etleSaint-Siège l'époquecarolin-
èvêques et des prêtres qui, par faiblesse, étaient entrés gienne : Le pape Jean VIII, in-8°, Paris, 1895, surtout
p. 109, 219. — Mann, The lives of the Popes in the early
en communion avec Photius. Ignace demandait une middle ages, Londres, 1906, t. III, p. 149. — Realencyklo-
ligne de conduite au sujet des évêques consacrés par padie für protestantische Theologie und Kirche, 3e édit..
l'intrus et réclamait l'envoi de légats pontificaux à t. VII, p. 305. — Kirchenlexicon, 1888, t. V, col. 1421. —
Byzance. On mit enfin entre les mains d'Adrien les Dictionnaire de théologie catholique, t. i, col. 452. — Parisot,
actes d'un pseudo-synode réuni par Photius. Le pape Le royaume de Lorraine, in-8°, Paris, 1898. — Langen, Ges-
en confia l'examen à une commission. En juin 869, chichte der rômischen Kirche von Nikolaus I bis Gregor VII,
dans un concile de trente évêques, Adrien condamna in-8°, Bonn, 1892, p. 113.—Schors,HinkmarErzbischof von
de nouveau Photius et fit jeter au feu les actes de son Reims, Fribourg, 1884, surtout p. 315. — Hergenrôther,
synode. Photius Patriarch von Constantinopel, t. II, surtout
42. — Lesne, La hiérarchie épiscopale (Mémoires et travaur
p.31,
Bientôt partirent pour Constantinople les envoyés publiés par des professeurs des facultés catholiques de Lille),
d'Adrien. C'étaient, outre Jean de Népi, le diacre Ma- fasc. I, Paris-Lille, 1905. — Diehl, Figures byzantines
rin et Donat d'Ostie déjà connus à Byzance. Ils em- (Basile le Macédonien), Paris, 1906, p. 157 sq. — A. Vogt,.
et
:
portaient des décisions conciliantes pour l'absolution
des prélats ignatiens qui s'étaient ralliés à l'intrus on
leur imposerait la signature d'un formulaire déjà pré-
Basile 1er, empereur de Byzance lacivilisation byzantine
àla fin du [Xe siècle, Paris, 1908, p. 214-233. (Ontrouvera
:
dans ces ouvrages une bibliographieplus étendue.) — Pour
les lettres d'Adrien Jaffé-Wattenbach, 2e édit., t.1, p.368;
--

paré sous saint Nicolas. Jaffé, n. 2913, 2914. Quant P.L., t. CXXII, col. 1245-1320.
aux créatures de Photius, on devait les priver de l'épis- A. NOYON.
copat. 19. ADRIEN III (884-885) était Romain. Il suc-
Durant le concile de Constantinople (5 octobre 869- céda à Marin le 17 mai 884, sans qu'on ait, semble-
28 février 870), les légats romains eurent besoin de pa- t-il, demandé confirmation de l'élection à l'empereur.
tience. Reçus avec honneur, ils furent, dans la suite,
exposés à des ennuis de toutes sortes. La chance vou-
lut pourtant qu'ils rencontrassent, à Byzance,Anastase
Peu nombreux sont les faits de ce court pontificat.
Rome passe alors par de violentes crises le pape
exerce une rigoureuse vengeance contre Georges de
:
le bibliothécaire qu'une ambassade pour les intérêts Aventino condamné par Jean VIII avec les formosiens.
de Louis II y avait conduit. Le concile terminé, tout Voir FORMOSE. D'autre part, il maintient au pou-
remerciant le basileus pour son concours à l'œuvre
en l'assemblée, voir l'apocrisiaire Grégoire, beau-père de ce Georges
de Adrien ne lui ménagea point les obser- de Aventino. Il écrit à Photius et lui affirme la doc-
vations. Les légats, en effet, faute d'une escorte suffi- trine catholique sur la procession du Saint-Esprit.
sante, étaient tombés aux mains de pirates qui les re- Dans l'été de 885, il quitte Rome, désolée par la sé-
tinrent jusqu'à la fin de 870. Jaffé, n. 2943. On avait cheresse,laisse la ville sous le gouvernement de Jean
d'ailleurs, à Rome, en ce temps-làmême, d'autres sujets de Pavie, et se met en route pour rejoindre Charles le
de plainte contre Byzance. Gros. Ce derniervoulait, paraît-il, couvrir de l'autorité
3. L'affaire de Bulgarie. -7 Depuis 864, le roi Boris du pape d'impostants changements dans l'ordre de la
converti au christianisme désirait, à l'exemple de l'em- succession impériale. Adrien mourut à Nonantula.
pereur de Constantinople, avoir sa hiérarchie ecclé-
siastique bien à lui, son patriarche à lui. Il avait
demandé, à Rome, Formose de Porto et le diacre
Il fut enterré dans l'église abbatiale.
:
Deux décrets lui sont attribués il aurait déclaré,
dans le premier, que le couronnement du pape pourrait
Marin. Ces deux noms avaient été écartés. C'est alors se faire hors de la présence de l'empereur ou de ses
que mécontent du pape, le roi se retourna vers le con- missi. — Le second disposait du royaume d'Italie et
cile de Constantinople. Ses envoyés arrivèrent à By- même de l'empire, en prévision de la mort de Charles le
zance au moment où l'assemblée se terminait. Ils de- Gros. — Ces décrets sont tenus pour apocryphes.
mandèrent qu'on voulût bien décider de quelle juri-
diction les chrétiens de leur pays devraient désormais Mann, The lives of the Popes in the early middle ages, in-8°..
relever. Sur cette question, une dispute très aigre Londres, 1902, t. III, p. 361. — Duchesne, Les premiers
éclata entre les représentants du Saint-Siège et les temps de l'État pontifical (754-1073),in-8°, Paris, 1898. —
Byzantins. Ignace finit par consacrer Théophilacte t. p.
Liberpontificalis, édit. Duchesne, Paris,1892, II, 225 sq.
1888, t. v, col. 1421. — Realencyclopadie-
— Kirchenlexicon,Theologie
pour patriarche des Bulgares. Instruit des faits, Adrien für protestantische und Kirche, 3e édit., t. VII, p. 307.
s'irrita, et le 10 novembre 870, dans cette même lettre der rômischen Kirche von Nikolaüs I
où il dénonçait le traitement subi par ses légats, il s'éle- — Langen, Geschichte
bis Gregor VII, in-8°, Bonn, 1892, p. 298. — Jaffé, Regesta.

affaire. Jaffé, n. 2943. Quant à


vait contre la conduite qu'avait gardée Basile en cette
Ignace, il le menaçait
Pontificum romanorum, 2e édit., p. 426.
A. NOYON.
20.ADRIEN IV le
(1154-1159).C'est seulpape de intrigue pour détacher Barberousse de l'alliance pa-
nationalité anglaise. Fils d'un certain Robert, clerc de pale. Adrien avait répliqué par une excommunication.
Bath, Nicolas Breakspear se présenta comme candidat En outre, il avait excité contre leur souverain les sei-
au monastère de Saint-Alban. Comme on différait sa gneurs de la Pouille et refusé la paix que lui offrait
réception, il prit ce délai pour un refus, passa en Guillaume. Celui-ci alors rassembla toutes ses forces et
France, étudia, dit-on, à Paris, vécut d'aumônes, de- réussit à bloquer le pape dans Bénévent. Le 18 juin
vint serviteur chez les chanoines réguliers de Saint-
Ruf, près d'Avignon, et finit par y prendre l'habit.
Depuis 1137, il est prieur du couvent. On dit qu'il
:
1156, Adrien dut accepter les conditions du roi de Si-
cile. Elles furent dures le pape reconnaissait Guillau-
me, le relevait des censures, et, qui plus est, déclarait
devint abbé de l'ordre. Mais son administration déplut qu'en agissant ainsi il ne subissait pas de contrainte.
aux chanoines réguliers, qui, deux fois, le dénoncèrent Aucun appel à Rome ne pourrait désormais avoir lieu
à Rome. La dispute se régla d'abord à l'amiable, puis, sans le congé royal. De son côté, Guillaume promettait
comme les religieux recommençaient leurs plaintes, à Adrien IV appui contre les agitateurs romains.
Eugène III garda près de lui Nicolas Breakspear, le 3. La question d'Irlande. — C'est durant le sé-
créa évêque d'Albano, et, en 1150, l'envoya aux pays jour du pape à Bénévent qu'arriva l'ambassade an-
Scandinaves avec le titre de légat. Cette mission eut glaise chargée de le féliciter de son élection. Jean de
pour résultat la formation de la province de Dront- Salisbury, qui peut-être en faisait partie, nous a ra-
heim et aussi l'établissement du denier de Saint-Pierre conté avec complaisance de quelle familiarité l'honora
en Norvège. alors Adrien. Il en profita pour engager, au nom du roi
Rentré à Rome en 1154, l'évêque d'Albano y trou- d'Angleterre, une négociationdélicate. Melalogicus, IV,
vait régnant le pape Anastase IV qui sanctionna et c. XLII, P. L., t. CXCIX, col. 947. Henri II voulait s'an-
confirma son œuvre. Jaffé, t. 11, n. 9941. Le pontife nexer l'Irlande. Le motif présenté était la situation
mourut le-3 décembre de cette même année. Le lende- morale du clergé de l'île. Le roi anglais demandait
main, Nicolas était élu à sa place. Il prit le nom donc au pape, à qui la pseudo-donation de Constantin
d'Adrien IV et fut couronné le 5. On vantait son élo- reconnaissait le droit de disposer des îles, de l'auto-
quence, sa charité et sa régularité de vie. On le verra riser à cette conquête. Adrien accéda-t-il aux désirs
aussi très attaché à ses droits de souverain pontife et d'Henri?Nouspossédons une bulle par laquelle, moyen-
bien résolu à les faire respecter. On aura pourtant la nant certaines conditions, le pape approuve le des-
liberté de lui faire entendre les plus sévères leçons et sein du roi, sans toutefois parler d'une possession hé-
Jean de Salisbury ne s'en privera pas. Polycrat., réditaire. Jaffé, n. 10056. Cette bulle est-elle l'œuvre
I. VI, c. XXIV, P. L., t. CXCIX, col. 623. d'Adrien? Les uns le nient. — D'autres, avec plus de
à
1.Adrien IV Rome. — La situation du pape n'est
guère brillante en 1154. Arnaud de Brescia est puis-
raison, semble-t-il, la tiennent pour authentique. Voir
Thurston, The english Pope and his irish Bull, dans
sant à Rome. Adrien le sent si bien qu'aussitôt après le Month, avril, mai 1906, t. CVII, p. 415, 483, où l'on
:
son exaltation, il se retire dans la cité léonine. Dans
Rome, il y a des violences au début de 1155,le cardinal
Guy de Sainte-Pudentienne est blessé. Adrien, alors,
trouvera la bibliographie du sujet. Notons d'ailleurs
que cette expédition d'Irlande n'eut lieu que neuf ans
après la mort du pape. Adrien se montra moins accom-
somme les Romains d'expulser Arnaud de Brescia et, modant aux ambitions de Louis VII de France. Jaffé,
pour appuyer son ultimatum, lance l'interdit sur la n.10546.
ville. Le Sénat refusant de céder, les choses mena- etdeFrédéric
çaient de s'éterniser quand le peuple, qui voulait avant
:
tout les offices de Pâques, força la main aux séditieux.
Arnaud quitta Rome le pape leva l'interdit le 23 mars
et célébra lui-même au Latran. Au milieu de mai, il
4. La lutte d'Adrien IV

de Bénévent blessa l'empereur : Barberousse.


— La réconciliation qu'avait scellée l'onéreux traité
l'alliance du pape et
de la Sicile fermait aux ambitions impériales le sud de
l'Italie. Mais, entre Frédéric et Adrien, de plus pro-
est à Viterbe. Effrayé du mouvement communal, il fondes causes de conflit existaient. Un incident assez
attire, sur les bourgeois de Vézelay, la sévérité du roi banal alluma la querelle. En octobre 1157, Frédéric
de France. Jaffé, n. 10067, 10068, 10465. Quant à lui, étant à Besançon, Adrien l'avisa par le cardinal Ro-
il compte sur l'aide de Barberousse pour en finir avec land (Jaffé, n. 10304), qu'au retour de Suède, un évê-
les démocrates romains. Frédéric, en effet, voulant être que avait souffert violence en Allemagne. Pour mieux
couronné à Rome, avait besoin d'Adrien. Le pape et obtenir satisfaction, le souverain pontife s'autorisait
l'empereur se rencontrèrent à Campo-Grasso, dans auprès de l'empereur des bénéficia à lui concédés par
les environs de Sutri, et, ensemble, se dirigèrent sur la cour de Rome. A tort ou à raison, Frédéric comprit
Rome. En route, Barberousse sut ne pas entendre les ce mot dans le sens de fief et se révolta de la prétention
discours des Romains qui le suppliaient de se passer qu'avait le pape de considérerl'empire comme un fief
du pape et d'instituer avec leur aide un empire bien du Saint-Siège. Un mot très imprudent du cardinal
laïque. Le sacre eut lieu le 18 juin 1155. Le même Roland faillit donner à l'explication un caractère san-
jpur Romains et Allemands se querellèrent, le parti glant. Les légats d'Adrien reçurent avis de quitter au
démocratique ne pardonnant point à l'empereur plus tôt Besançon, et, tandis que Roland rentré à
:
d'avoir reçu l'empire de mains sacerdotales. Mal lui en
prit des prisonniers furent faits qui ne durent la vie
Rome était blâmé, une circulaire impériale exaspérait
:
les susceptibilitéslaïques. —A cette circulaire,Adrien
:
qu'à l'intervention d'Adrien. En même temps, la fac-
tion républicaine perdait son chef Arnaud de Brescia,
répliqua par une note aux évêques allemands il leur
exposait l'affaire et les invitait à se montrer, auprès de
arrêté en Toscane et livré au préfet de Rome, était
:
pendu sans que le pontife fût intervenu. Le pape et
l'empereur se séparèrent Frédéric regagnant le Nord
et Adrien se dirigeant sur Civita-Castellana.
;
Frédéric, défenseurs du Saint-Siège. Jaffé, n. 10321.
Frédéric répondit avec hauteur aux évêques ceux-ci,
en informant le pape de l'état de la discussion, le sup-
plièrent de l'assoupir car, disaient-ils, Frédéric était
2. Adrien. IV Guillaume de Sicile.
et -
Depuis
quelque temps, Adrien avait rompu avec Guillaume
de Sicile. Ce dernier eût dû demander au Saint-Siège
décidé à tout. Adrien les écouta. Une lettre datée de
Rome (29 janvier 1158, Jaffé, n. 10386), rejoignit
l'empereur à Augsbourg et lui expliqua que ce malen-
l'investiture de ses États. Comme il s'y refusait, Adrien
IV ne le reconnut pas. Jaffé, n. 10001. D'où, à la fin
»
contreux mot « bénéficia n'avait, dans la pensée des
rédacteurs de 1157, aucun sens tendancieux, et qu'il
de mai 1155, des razzias en terre pontificale; d'où le fallait entendre dans le sens de bienfait. Le conflit
encore durant les fêtes du couronnement impérial, une parut apaisé.
Mais, en juin 1158, Frédéric passe les Alpes pour ré- 22. ADRIEN VI (Adrien Florisz ou Florensz, fils de
duire les ligues lombardes dont Milan est l'âme. A Florent) naquit à Utrecht, le 2 mars 1459, d'un mo-

:
Roncaglia, stylé par les juristes régaliens de Bologne,
il édicte une série de mesures qui devaient provoquer
les protestations de Rome il prétend exercer son au-
torité en Corse, domaine pontifical; il frappe de con-
deste ouvrier qui mourut jeune, et ne porta jamais
d'autre titre que celui d'Adrianus Florentii a Trajecto.
Sa mère Gertrude, soucieuse de lui donner une bonne
formation religieuse et intellectuelle, le confia à l'Ins-
titut des frères de la vie commune, qui jouissait d'une
tributions des territoires de l'Église. En avril 1159,
Adrien adresse des représentations. A ces doléances, réputation justifiée de vertu, de sainteté et de science.
Frédéric s'emporte, menace et déclare que son titre de Adrien reçut de ses maîtres les principes qui présidè-
roi des Romains ne doit pas rester un vain mot. Fina- rent à toute son existence, la religion, l'amour de
lement il propose de soumettre à un tribunal arbitral l'étude et des sciences sacrées, une conception très sé-
la question si grave des droits réciproques du pape et rieuse de la vie, enfin le sentiment profond du devoir.
de l'empereur à Rome. Adrien refuse. — Entre temps, C'est ainsi qu'il apparut à son époque comme un
l'empereursuit avec les démocrates romains une négo- censeur rigide et éclairé, bien de son temps par la
ciation séparée. A cette manœuvre, le pape oppose une culture, mais d'un autre âge par l'austérité de sa vie.
ligue avec Milan, Brescia et Plaisance. On convenait En 1476, il se fit inscrire à l'université de Louvain,
de ne pas traiter séparément avec Frédéric. C'était la suivit deux années les cours de philosophie et dix an-
:
guerre, une guerre italienne, qui allait éclater. Tout la
faisait prévoir sans merci l'irréductibilité des posi-
tions adverses, le caractère de l'empereur et la notion
nées ceux de théologie et de droit; en 1490, il conquit
la licence en théologie puis le doctorat, l'année sui-
vante. Il était attaché déjà au corps professoral, ayant
qu'avait le pape de ses prérogatives. Les choses en reçu une chaire de philosophie au collège du Sanglier,
étaient là, lorsqu'Adrien mourut à Anagni le 1er sep- après y avoir été agrégé comme étudiant. Il remplit les
tembre 1159. fonctions de recteur de l'Université en 1493 et en 1501,
On n'aurait pas d'Adrien IV une idée exacte si l'on et celles de chancelier en 1497. Pour soutenir sa condi-
ne signalait la grande quantité d'exemptions qu'il tion et subvenir à sa pauvreté, il avait reçu un certain
accorda au clergé régulier. Une bonne partie des pièces nombre de petits bénéfices, enfin, le décanatplus riche
de son registre fut écrite dans ce but. Son dessein fut de Saint-Pierre de Louvain. Il s'efforçait constamment
de centraliser ainsi le gouvernement de l'Église. Ne d'en rester digne, aj outant la prédication à l'étude.
croyons pas pourtant qu'il n'ait pas su sauvegarder Son savoir et l'austérité de sa vie faisaient de lui un
les droits des ordinaires. Jaffé, n. 9976, 10027, 10237. guide des âmes très précieux et, sous ce rapport, son
Œuvres d'Adrien IV. 1. Lettres et privilèges, P. L., influence s'étendit au loin, en même temps que sa ré-
t. CLXXXVIII, col. 1361-1644; Jaffé, Regesta Pontific. rom., putation. Aussi n'est-il pas étonnant que l'empereur
t. 11, p. 102-144. — 2. On lui attribue des homélies, deux Maximilien l'ait choisi, à une époque que l'on ne peut
livres sur ses légations, deux livres sur la conception déterminer avec précision, mais vraisemblablement
de la sainte Vierge. Mais ces travaux sont apocryphes. vers 1507, pour précepteur de son petit-fils l'archiduc
VoirHistoire littéraire de laFrance, t. XIII, p. 293. — Roc- Charles. Nous ne savons rien sur cette éducation, si-
quain, La cour de Rome et l'esprit de réforme avant Luther,
t. 1. La Théocratie,in-8°, Paris, 1893, p. 231. —De Cher- non que le futur maître de l'Occident y puisa les iné-
rier, Histoire de la lutte des papes et des empereurs, Paris, branlables convictions religieuses qui s'affirmèrent
1858, t. 1, p. 113.— Langen, Geschichte der rômischen Kir- dans toutes les épreuves de la vie. Cette éducation
che von Gregor VII bis Innocenz III, Bonn, 1893,p.147-438. était à peine terminée, lorsque Adrien dut précéder,
— Histoire littéraire de la France, t. XIII, p. 287. — Hurter. en 1515, son disciple en Espagne, pour lui assurer la
Nomenclator literarius, Innsbrück, 3e édit., 1906, t. n, succession de Ferdinand le Catholique. Il sut gagner
col. 152. — Realencyklopâdiefiir protestantische Theologie la confiance du tout puissant Ximénès. Après la mort
und Kirche, 3e édit., t. VII, p. 368. — Didelot, Le pape de Ferdinand (janvier 1516), le ministre le choisit pour
Adrien IV à Valence, dans Bulletin de la société départemen-
tale d'archéologie et de statistique de laDrôme, t. XXV, p. 9. — son bras droit dans la gestion de la régence, dont il
Liber pontificalis, édit. Duchesne, t. 11, p. 388. — Gallia assumait la responsabilité, le nomma à l'évêché de
christiana, 1865, t. XVI, col. 359. Tortosa, juin 1516, puis inquisiteur de Navarre et
A. NOYON. d'Aragon (novembre), enfin lui fit donner le chapeau
21. ADRIEN V (1276) (Ottobone de Fiesque) na- de cardinal (1er juillet 1517), avec le titre des Saints-
quit à Gênes, de la famille des comtes de Lavagna. Il Jean-et-Paul.
était neveu d'Innocent IV. Créé par ce pape cardinal- A la mort du premier ministre, novembre 1517, tout
diacre de Saint-Adrien, il réussit, en 1256, à épargner, le poids du gouvernement des Espagnes retomba sur le
au trop fameux Jean de Parme, la prison perpétuelle. Néerlandais, qui cependantavait si peu renoncé à l'es-
Clément IV l'envoya en Angleterre avec mission poir de revenir dans son pays, qu'il se faisait bâtir
d'apaiser les querelles entre Henri III et ses barons; unemaisonà Utrecht. Sontalentd'administrateur se fit
il devait aussi lever des dîmes et prêcher la croisade. surtout remarquer dans les affaires religieuses, si bien
Cette légation prit fin en 1267; en 1268, le cardinal que Charles-Quint le créa encore inquisiteur général de
rentra à Rome. Le 11 juillet 1276, après un conclave Castille et Léon, mars 1518. Il fut moins heureux sous
de sept jours, il succédait sous le nom d'Adrien V, à le rapport politique. Sa bonté d'âme tempérait pour
Innocent V et partait presque aussitôt pour Viterbe. les autres la rigidité de son caractère; mais il faut
Le rôle de ce pape qui ne fut ni évêque, ni même avouer que toute sa vie de professeur d'université ne
prêtre, est insignifiant. Notons seulement que, par une l'avait pas préparé à manier les affaires publiques. Il
disposition orale, il suspendit les sévères et sages règle- ignorait tout sous ce rapport, et les deux années pas-
ments de la Constitution Ubi periculum de Grégoire X sées auprès de Ximénès n'avaient pas suffi à le for-
(7 juillet 1274) qui créait le conclave. Adrien V mer. Il n'ignorait pas moins la civilisation espagnole
mourut à Viterbe le 18 août 1276, après un mois et et son titre d'étranger lui enlevait tout prestige auprès
sept jours de pontificat; il fut inhumé dans l'église des de la fière nation. Si l'attitude décidée qu'il prit en
dominicains. - face de Luther nous est garant que le Grand Inquisi-
Realencyklopâdiefür protestantische Theologie und Kirche, teur sut préserver la péninsule de l'hérésie, on ne peut
3e édit., t. VII, p. 310. — L. Lector, Le conclave, Paris, 1894, nier qu'il n'ait assumé, pendant les trois années qu'il
p. 91.—Chroust,EinBrief Hadrians V,dans NeuesArchiv, gouverna seul, une part des responsabilités dans les
t. XX, p. 233. — Potthast, Regesta. Pontiflcum romanorum, fautes qui provoquèrent la grande insurrection des
Berlin, 1875, p. 1709. A. NOYON. Communeros de Castille, 1520-1521. Celle-ci tendait,
après tout, à secouer le joug de l'étranger, imposé par Dans l'Église universelle, le programme de réforme
un souverain dont les titres étaient même discutables, et d'améliorations morales d'Adrien VI ne réussit pas
puisque sa mère Juana, reine légitime du pays, n'avait mieux. Son nonce en Allemagne, Francesco Chieregati,
pu être écartée que par un coup de force. En tout cas, avait mission de ramener les dissidents égarés par les
Adrien n'était pas homme à pouvoir prévenir les abus doctrines de Luther et d'apaiser le mécontentement
et les autres sujets de mécontentement derrière lesquels général, en promettant la suppression des abus fiscaux
la révolte se retrancha. Moins encore put-il agir, quand dont tout le monde souffrait.Adrienreconnaissait dans
on en vint aux armes. Il eut de la peine à garantir sa les vices du clergé la source de tout le mal et promet-
propre liberté, puisqu'il fut-quelque temps enfermé tait de commencer la réforme par la tête, comme il le
dans Valladolid, et tous ses efforts s'épuisaient en de faisait déjà à Rome (bref à la date du 25 novembre
vains appels au bras impuissant de Charles-Quint, 1522). Au lieu de toucher des adversaires aveugles et
déjà fort occupé en Allemagne (fin 1521). Les circon- sans. générosité, cet aveu magnanime ne fit que les
stances le tirèrent d'embarras plus que ses propres confirmer dans leur opiniâtreté, car ils y.voyaient une
ressources; du moins, il ne se laissa pas abattre et ne justification de leur révolte. La diète de Nuremberg
parut jamais découragé. D'ailleurs, il ne prit pas plus refusa de faire exécuter l'édit de Worms contre Lu-
de part à la répression sanglante qui suivit qu'à la ther (janvier 1523), et celui-ci put continuer son œu-
victoire elle-même, car la révolte dégénéra en une vre de destruction, on corrompant les chevaliers teuto-
guerre civile entre la bourgeoisie et la noblesse, et celle- niques et le grand maître Albrecht de Brandebourg.
ci se chargea de venger l'affrontfait au régent. La prise de Rhodes par les Turcs (janvier 1523)
attirait sur l'Italie et la Hongrie tout le poids de la
le9
Ce fut ce vainqueur malgré lui que le conclave, réuni
après la mort de LéonX,nommapape janvier 1522. puissance musulmane.L'action dupape s'employa, dès
La réputation d'austérité et de savoir dont il jouissait lors, à concentrer contre elle les forces de la chrétienté,
universellement, établit l'accord entre les cardinaux par la pacification religieuse de l'Allemagne, comme
fort divisés, et il fut élu aussitôt que le cardinal Giulio par la fin de la guerre entre Charles-Quint et Fran-
:
de Medici eut mis son nom en avant. En fait, le choix
ne fut pas heureux l'extrême simplicité et la grande
sobriété de vie du nouvel élu étaient en opposition
çois 1er. Pendant qu'il envoyait un légat et des secours
en Hongrie et réconciliaitVenise avec la maison d'Au-
triche, il promulguait une bulle (30 avril), pour imposer
complète avec les habitudes mondaines et la cupidité aux princes chrétiens une suspension d'armes de trois
du personnel de la cour de Rome ainsi que de la ans. Là encore,ses généreuses intentions restèrent sans
société qui gravitait autour. Les quelques années effet. François 1er repoussa la trêve et rompit les négo-
qu'Adrien avait consacrées aux affaires de l'Espagne, ciations, parce que l'emprisonnement de son allié, le
si elles lui avaient donné une certaine expérience de la cardinal Soderini (28 avril), bouleversait toutes ses
politique et de l'administration, quelque discernement intrigues et ses combinaisons en Italie. Il préparait
des hommes et de leurs intrigues, n'avaient nullement une nouvelle expédition dans la péninsule pour venger
ouvert son esprit à cette diplomatie romaine, faite le désastre de la Bicoque. Adrien VI jugea prudent de
de souplesse, de patience et de ruse, riche en per- conclure une ligue pour la défense' de l'Italie, avec
pétuelles combinaisons, chargée de résoudre tant de Charles-Quint,Henri VIII, Florence et Venise (3 août
problèmes divers, qui devait alors diriger les âmes, 1523). Tous ses efforts de pacification aboutissaient à
les esprits et les cœurs, aussi bien que les royaumes l'éventualité d'une nouvelle guerre. Les fatigues
par la persuasion, l'accommodement d'intérêts con-
traires, la fermeté doctrinale unie à la douceur évan-
gélique. D'ailleurs et surtout, le temps manqua pour
qu'Adrien VI donnât toute sa mesure.
Lui et la cour romaine ne se comprirent jamais, etla
compromise par le climat de Rome :
surhumaines qu'Adrien VI s'était données pour ce
maigre résultat achevèrent de ruiner sa santé, fort
des refroidisse-
ments successifs, pendant les grandes chaleurs d'août,
vinrent aggraver les attaques de fièvre qu'il ressentait
mésintelligence commença dès le premier jour. On souvent. Depuis le 10 septembre, le mal ne quitta
attendait le pape à Rome avec impatience, car tout y plus son organisme usé et il mourut le 14, à deux
était dans la plus grande confusion, et il n'arriva que heures de l'après-midi.
plus de huit mois après l'élection, 29 août 1522. Les Il est difficile de porter un jugement sur ce ponti-
difficultés à la fois du voyage et de la situation poli- ficat, qui ne manifesta que d'excellentes intentions et
tique le retinrent tout ce temps. Au lieu de renouveler ne put les réaliser. Adrien VI était digne du poste su-
la ligue de Léon X, comme Charles-Quintle lui deman- prême auquel il fut élevé. Il y parvint trop tôt, si l'on
dait avec une instance indiscrète, il travailla plutôt à ne tient compte que de la marche normale des faits,
réconcilier les maisons de France et d'Autriche. Il car les Romains, le clergé catholique et la chrétienté
avait besoin d'une flotte pour traverser la Méditer- n'étaient pas encore mûrs pour la grande réforme que
ranée, et il ne put s'embarquer qu'au mois de juillet, tout le monderéclamait. Adrien VI ne fut donc qu'une
par les grosses chaleurs, mais, voulant poursuivre sans victime sacrifiée aux passions, aux préjugés et aux
entraves les négociations de paix entamées avec la appétits de son époque, et l'histoire ne lui rendit que
France, il déclina toujours l'entrevue que sollicitait tardivement justice en tenant compte de sa longue vie
Charles-Quint récemment débarqué en Espagne. consacrée tout entière au bien, à la science et au ser-
Adrien VI arrivait à Rome avec la ferme résolution vice de l'Église.
de réformer la cour de Léon X et l'obligation de payer
les dettes de son prédécesseur. Il se mit à l'œuvre sans G. Burmann, Hadrianus VI sive analecta historica de Ila-
éviter assez la rigueur empreinte de rudesse qui carac- driano VI Trajectino papa romano, in-fol., 1727, dans le-
térise les hommes du Nord. Peu abordable, parce qu'il quel on trouve le journal de voyage du pape par son secré-
aimait toujours la retraite et l'étude, lent dans le rè- taire Blas Ortiz. — Gachard, Correspondance de Charles-
glement des affaires, inaccessible à quiconque ne com- Quint et d'Adrien VI, in-8°, 1859. —Hofler (Const. von)
prenait pas le latin, la seule langue qu'il pût parler Papst Adrien VI,in-8°.—Pastor L., Geschichte der Piipste
seit dem Ausgang des Mittelalters, t. IV, 2e part., Adrian VI
avec les Italiens, obligé de faire des économies de dé- und Klemens VII, in-8°, 1907. — Biographie nationale,
tail qui contrastaient avec les largesses exagérées de (de Belgique), Bruxelles, 1868, t. 11, coi. 596-605.
Léon X, il excita contre lui, en peu de temps, une telle P. RICHARD.
animosité, soigneusemententretenue parles pamphlets, 23. ADRIEN D'ADRIA en Vénétie, dans le monde,
que le barbare allemand, comme on l'avait appelé dès Francesco Vicentini, entra chez les franciscains ré-
le premier jour, fut le plus impopulaire des papes. formés de la province de Venise et devint lecteur de
philosophie et de théologie. Après avoir été mission- Schonau, Brünn, 1880, 180; le même, dans Hist. Jahr-
naire dans l'île de Chypre et au Caire, il fut de nou- buch, t. VII, 1886, p. 216. — Fr. Falk, Der gèlehrte Corrector
veau lecteur dans sa province, puis consulteur du Saint- Adrian O. S. B. der Peter Schofferschen Druckerei zu Mainz,
Office et visiteur de la province réformée de Trente,en dans Centralblattf.Bibliothekwesen,1899, t. XVI, p. 233-237.
1754. Le cardinal Priuli, évêque de Vicence. le choisit — W. Welke, Zuden Bücher-anzeigen Peter Schoffers, dans
VerUffenilichungen der Gutenberg-Gesellschaft, Mayence,
comme théologien. Il mourut à Vicence le 26 mars 1781, t. V-VII, 1908, p. 232-235.
en réputation de science et de sainteté. Une notice U. BERLIÈRE.
sur sa vie a été insérée dans la Continuazione delle 27. ADRIEN DE CORNETO. Voir CASTELLESI
memorie degli uomini illustri della città di Adria de ADRIANO.
François-Jérôme Bocchi, et a paru dans l'ouvrage
:
d'Aloysio Grotto : Sulla condizione antica e moderna di
Adria, t. i, p..92. — On a de lui Prælectiones theolo-
giœ moralis, 3 vol. in-8°; Dissertatio circa quamdam
28. ADRIEN DE FLANDRE, reçu dans l'ordre des
frères mineurs par saint Jean de Capistran, était mis-
sionnaire à Constantinople, lorsque cette ville fut prise
qusestionem ad theologiam moralem spectantem; Le- par les Turcs, le 23 mai 1453. Il languit deux ans en
zioni sopra la regola dei fratri minori; Prediche varie e captivité et fut racheté avec d'autres franciscains par
panegyrici. Ses ouvrages sont restés manuscrits, sauf les soins du bienheureux Marc de Bologne, vicaire
les Statuti municipali della provincia di S. Antonio, général de l'Observance en Italie. Il mourut en odeur
in-4°,Venezia, 1764, qu'il composa de concert avec le de sainteté, au couvent de Bruges, le 26 juin 1460.
P. Gabriel-Ange de Vicence. Wadding, Ann. Min., ad ann. 1453, t. XII, p. 177; 1460
Antonius Maria a Vicetia, Scriptores provinciæ S. An- t. XIII, p. 182.
tonii Venetiarum, Venise, 1877, p. 129; ibid., Commentario- ANTOINE de Sérent.
lum de Veneta Provincia retormata S. Antonii, dans Ana- 29. ADRIEN HECQUET, carme, naquit à Arras,
lecta franciscana, Quarracchi, 1885, t. i, p. 319, 329, 336, vers 1510 ou 1515, prit l'habit et fit profession au cou-
345. vent de sa ville natale, étudia ensuite à l'université de
ANTOINE de Sérent. Cologne, où il reçut le bonnet de docteur et fut profes-
24. ADRIEN DE ARNOLDIS. Voir AERNOUT. seur public, ainsi qu'il nous l'apprend lui-même dans
une épître au pape Pie IV, du 2 janvier 1564: Postquam
25.ADRIEN DE L'ASCENSION,carmedéchaussé, gradum doctoralem in florentissima Coloniensi Acade-
né en 1594, à Rouen, fils d'Adrien Le Tellier et de mia suscepissem (ce qui ruine l'assertion de Ferreolus
Marguerite Auctil. Il entra chez les carmes en 1612 Locrius qui le fait docteur de Sorbonne).Il excella en
et telle était déjà la perfection de sa vie qu'aussitôt toutes choses, dans le grec et le latin, poète, prédica-
ses études de théologie achevées, il fut nommé maître teur, théologien, plein de zèle pour la défense de la foi
:
des novices du couvent des carmes de la rue de
Vaugirard, à Paris charge délicate, car il succédait
catholique comme aussi pôur le maintien de l'obser-
vance régulière. Il fut quelque temps prieur de son
au P. Alexandre de Saint-François,, neveu de
Léon XI, religieux consommé en vertu, qui venait
d'être rappelé à Rome (1620). Le P. Adrien de l'As-
publié:
couvent d'Arras, où il mourut en 1580, après avoir
1° Compendiosa expugnatarum hæreseon laus,
in-12, Paris, 1549; 2° Revocatio hæreticorum a luthe-
cension maintint le noviciat à la même hauteur de ranismo et a reliquis hæresum generibus ad evangelicam
ferveur par son exemple et sa parole. Il mourut en et vere catholicam Ecclesisefidem, in-8°, Anvers, 1550 et
1660, après avoir été plusieurs fois prieur et sans .qu'il
se fût départi un seul jour de la rigueur de sa péni-
tence ni de son amour intense de l'oraison.
;
1557; 3° De capitibus hydræ, libri duo, in-12, Anvers,
1557 4° Peripetasma argumentorum insignium, in-8°,
Louvain, 1557, et in-4°, 1564; 5° Scena rerum in-
Louis de Sainte-Thérèse, Annales des carmes déchaussés versa, in-12, Louvain, 1564 (vers héroïques et prose);
de France, in-4°, Laval, 1891, t. i, c. XLVII, p. 225, 6° Enarrationes locupletissimee, seu Homilise in evan-
c. XLVIII, p. 231; t. III, c. CXXI, p. 654. gelia quadragesimalia, in-8°, Paris, 1570; 7° Epistolss
P. MARIE-JOSEPH. varias ad Pium IV, pontificem, aliosque Ecclesiseprie-
26. ADRIEN BRIELIS, abbé de Schonau. Après
avoir pris ses grades à Erfurt, il entra à l'abbaye de
Notre-Dame-aux-Martyrsà Trêves, d'où il fut appelé
;
suies, à la suite du précédent ouvrage; 8° Orationes
funebres et Orationes rhetoricse 9° Le Chariot de l'an-
née (sur les saisons et les fêtes), en 4 livres, in-12, Lou-
comme économe à celle de Saint-Jacques deMayence. vain, 1552; 10° L'arrêt du cœur (c'est-à-dire son repos
Abbé de Schonau en 1458, il abdiqua en 1465 et en Dieu), in-16, Anvers, 1557; 11° L'Orphéide, poème
mourut le 10 avril 1472. M. Falk a montré que c'est in-8°, Anvers, 1561; 12° La forme de parfaite pénitence
lui, très vraisemblablement, qui a inspiré les pro- pour apprendre à se bien confesser, in-16, Anvers, 1569,
ductions de Pierre Schoeffer, surveillé la correction et Lyon, même année, même format; 13° L'Ordinaire
des épreuves, notamment du fameux psautier de du vrai chrétien, in-16, Paris, 1576; 14°De l'instruction
1459, et écrit les préfaces de plusieurs ouvrages, des paroisses, prônes pour les dimanches et fêtes de l'an-
particulièrement le prologue de l'édition des lettres née, in-16, Anvers, Plantin, impr.; in-12, Paris, 1572;
de saint Jérôme, Mayence, 7 septembre 1470. Les in-16, Lyon, 1574; ces prônes sont les mêmes que les
procès-verbaux des chapitres annuels de la congré- Conciones in evangelia dominicalia dont l'auteur parle
gation bénédictine de Bursfeld (v.Revue bénéd., dans ses Enarrationes; 15° De injuria Sacrosancto
1899, t. XVI, p. 366-367), de 1461 à 1469, contiennent Christi corpori ab hseretico illata, brochure in-12,1555,
de nombreux textes relatifs à la revision des livres Louvain.
liturgiques de l'ordre confiée à l'abbé Adrien de Scho- Simler et Frisius, Epitome Bibliot. Gesnerianx, in-fol.,
nau, aidé du prieur d'Hirsau, Emick Kynen : Accen- Zurich, 1583, p. 9. — Paulus ab omnibus Sanctis, Catalo,
tuarius, Agenda pro benedictionibus, Antiphonarius, gus illustrium carmelitanœ Religionis scriptorum, in-8°.
Breviarium viatorum, Cerimonie, Collectarius, Di- Cologne, 1643, p. 65. — J.-F. Foppens, Bibliotheca belgica,
stinctiones regule (cod. 12 du chapitre de Trêves, p.
in-4°,Bruxelles,1739, t.1, 13.—PetrusLucius (Pierre de
f. 93-110), Graduale, Hymnarius, Lectionarius, Mar- Licht), Carmelitana bibliotheca, in-4°, Florence, 1593, p. 33.
tyrologium, Missale, Officia defunctorum, Ordinarius, — Joseph Hartzheim, Bibliotheca Coloniensis, in-4°, 1747,
p. 8. — Paquot, Mémoires pour servir à l'histoireCosme littéraire
Psallerium. des Pays-Bas, Louvain, 1768, t.11n, p. 639. — de
Joh. Butzbach, Auctarium de script. eccl., cod. 356, Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, t.1, col. 2-3,
—Daniel a Virgine Maria, Speculum carmelitanum, in-fol,.
Bibl. Univ. Bonn, f. 60. — Ziegelbauer, Hist. litt. ord.
S. Ben., t. III, p. 538. — F. W. Roth, Elisabeth von Anvers, 1680, pars V, p. 1106, n. 3923. - Ferreolus Lo-
le règne de Louis de Bourbon. Ce texte a été publié
crius, Catalogus scriptorum Artésiensium,imprimé à la suite
du Chronicon belgicum, in-4°, Arras, 1616, t.III, p. 677.
Ant. Possevinus, Apparatus sacer, in-fol., Cologne, 1608,
- par dom Martène, Ampl. coll., t. xv, col. 1201-1378;
réédité par C. de Borman (Chronique d'Adrien d'Ou-
t. I, p. 10. — Franciscus Sweertius, Athense belgicæ sive denbosch, in-8°), Liège, 1902 et traduit en français par
Nomenclator inferioris Germaniœ scriptorum, in-fol., An- J. Alexandre (in-8°, Liège, 1903); 3° Historia mona-
vers, 1628, p. 97. sterii S. Laurentii Leodiensis, continuation de la chro-
P. MARIE-JOSEPH.
30. ADRIEN DE MARINGUES, récollet de la pro- nique de Rupert de 1038 à 1475, éditée par Martène
vince de Saint-François, en Dauphiné, a composé les (Ampl. coll., t. iv, col. 1063-1164); 40Relatio quorum-
Exercices spirituels très utiles et propres pour conduire dam miraculorum de Sanctissimo Eucharistie sacra-
les âmes religieuses et séculières à la perfection des actions mento, perdu; 5° D. Célestin Lombard, bibliothécaire
des jours, des semaines et des mois de l'année, Lyon, de Saint-Laurent au XVIIIe siècle, lui attribue d'autres
ouvrages: Gestes des ducs de Bourgogne, 1400-1468;
1660,in-18.
ANTOINE de
31. ADRIEN MONET,Belge,docteuren théologieet
Sérent.
fameux prédicateur. On ignore l'époque où il quitta le
Chronique des comtes de Hollande, 860-1425; De
;
exordio et progressu ordinis Cartusiensis Vies des
SS.Wolbodon, Frédéric d'Utrecht et Albert de Liège; De
monde pour se faire chartreux, au Mont-Sainte-Ger- modo ignorandi seipsum. Sur une lettre relative à
trude, en Hollande, mais l'on sait qu'il fut environ l'office de saint Joseph, conservée dans le ms. 9598-
sept ans prieur de la chartreuse de Liége et que, ayant 606, de Bruxelles, voir Cat. cod. hagiogr. Bibl. reg.,
renoncé au priorat, il mourut le 19 décembre 1411. On Bruxell., t. ii, p. 342; J. Seitz, Die Verehrung des hl.
lui attribue plusieurs ouvrages, dont un seul a été im- Joseph, Fribourg, 1908, p. 196, 224, 344; sur diverses
primé. Il confirme les éloges que les historiens ont fait notes conservées dans des manuscrits de Bruxelles,
de sa doctrine. Liber de remediis utriusque fortunæ, voir J. Van den Gheyn, Catal. mss.Bibl. Bruxelles,
imprimé vers 1470 à Cologne, vers 1471 à Strasbourg, t. II, p. 297, 342; t. m, p. 19,310; t. iv, p. 20.
en 1471 à Cologne, vers 1474 à Louvain; en 1507 et
1516 à Paris. Il ne faut pas confondre ce traité avec
l'ouvrage homonyme de Pétrarque.
langes d'hist. bénéd., t. i, p. 92-94,-
U. Berlière, dans Revue bénéd., 1895, p. 485-487, et Mé-
S. Balau, Sources
de l'hist. du pays de Liège, Bruxelles, 1903. p. 619-627.
U. BERLIÈRE.
Le Vasseur, Ephemerides ord. Carlus., t. iv, p. 537. Docu- 34. ADRIEN DE SAINTE-THÉRÈSE, carme dé-
ments inédits.
S. AUTORE. chaussé polonais, de son nom du monde Ignace Cze-
32. ADRIEN DE NANCY, capucin de la province chowicz, naquit à Posen en 1743, entra au noviciat
de Lorraine, s'est rendu célèbre par ses ouvrages de puis fit profession en 1760. Il enseigna la théologie
*
philosophie écrivait le savant auteur de la Biblio-
»,
thèque lorraine, qui ajoutait n'avoir pu obtenir de :
scolastique, fut élu à deux reprises définiteur-provin-
cial, en 1778 et 1781, puis provincial, en 1784 il fallut
ses confrères aucun renseignement sur lui. Originaire toute sa force d'âme, son zèle et sa prudence, pour
de Nancy, il mourut à Neufchâteau le 11 décembre vaincre les difficultés issues du premier partage de la
1745, après avoir rempli les diverses charges de Pologne et surmonter le découragement qui s'empa-
lecteur, gardien, définiteur et custode. Nous avons rait de tous. Nommé ensuite définiteur-général, il fut
:
de lui Eloge historique de l'illustre martyr saint Elo- général de l'ordre des Carmes déchaussés au chapitre
phe, avec une méthode pratique de piété pour l'instruc- général tenu à Rome le 14 mai 1791. Il mourut au
tion et la consolation des pélerins qui visitent le tom- couvent du Lublin, en 1801. On a de lui Literæ pa- :
beau de saint Elophe et les lieux qu'il a sanctifiés par storales ad totam italicam Congregationem.
son martyre, in-12, Nancy, 1721; Exercices spirituels
en faveur des personnes dévotes et religieuses, parti-
Archives des carmes déchaussés de Pologne, au couvent de
et pratique continuelle de l'imitation de Jésus-Christ Czerna (Galicie) et à la maison généralice, à Rome.
thélémy de Saint-Ange et Henri-Marie du
-
Bar-
Saint-Sacrement,
Carmelit. excalc., Savone, 1884,
culièrement des enfants de saint François, in-12, Luxem- Collectio scriptorum ord.
10. — Chronica conventns Posnaniensis Discalc. ad
bourg, 1733; Liber argumentationum super præci- t. i, p.
puas Theologise difficultates, in duos tomos et in quatuor an.
1756. — Acta capit. provo S. Spiritus Carm. dise.
Poloniæ, ad an. 1760.
partes distributus, 2 in-8°, Bamberg, 1729; Analysis P. MARIE-JOSEPH.
Théologie in très partes divisse juxta communiorem 35. ADRIEN SAREMBIUS ou ZAREMBA, carme
doctorum ordinem methodo compendiosa, in-4°, Nu- du couvent de Cracovie, devint célèbre dans tout le
remberg, 1742. royaume de Pologne, sa patrie, par sa science des
-
Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ordinis min. lettres divines, par son zèle à défendre lafoicatholique
capuccinorum, Venise, 1747. Calmet,Bibliolhèque lorraine,
Nancy, 1751. — E. Mangenot, dans le Dictionnaire de théo-
la
quilerendait terreur des hérétiques et par son élo-
quence qui l'avait fait choisir comme prédicateur de
logie catholique, t. i, col. 402.
P. ÉDOUARD d'Alençon. :
la cour, vers 1626. On a de lui 1° Démonstration dog-
de l'Eucharistie, Posen, 1616; 2° Hœreticorum
33. ADRIEN D'OUDENBOSCH. Né à Ouden- matique id est, De Sacramentis Ecclesiæ, Cracovie,
bosch (Brabant septentrional), Adrien prit l'habit malleus, in-8°; 3° De arte bene moriendi, publié encore
bénédictin à Saint-Laurent de Liège, le 8 décembre 1626,
1440, et fit profession à la fin de 1441. Il remplit dans à Cracovie, d'abord en polonais, puis en latin.
son monastère les fonctions de chantre, de bibliothé- Paulus ab omnibus sanctis, Catalogus illustrium carme-
caire, notamment en 1463 et 1464 (Cartul. de Saint- litanæ Religionis scriptorum, in-8°, Cologne, 1643, p. 65.
Laurent de Liége, ms. au séminaire de Liège, t. n, Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752,
-
f. 98-98v, 103v, 114-115), et plus tard, semble-t-il, de t. I, col. 3. Daniel a Virgine Maria, Spéculum carmelita-

cellerier. Divers incidents de sa vie montrent qu'il num, Anvers, 1680, pars v, p. 1105, n. 3918. -Annales ma-
nuscrites de la province des carmes de Pologne, citées par
jouissait d'une grande considération à Liège. En Alegre de Casanate, Paradisus carmelitici decoris, in-fol.,
1469 et 1470 il était attaché à la personne de Guy de Lyon, 1639, p. 492. ,
Humbercourt, lieutenant de Charles le Téméraire. P. MARIE-JOSEPH.
En juin 1472, il était de retour à Liège, où il mourut 36. ADRIEN VAN DEN EECKHOUTE, carme
:
en 1482 ou environ.
Il écrivit un Diarium jusqu'à l'an 1468, aujour-

d'hui perdu, utilisé par D. Martène; 2° une chronique
belge, de la noble famille gantoise de Angerellis, fit pro-
fession au carmel réformé de sa ville natale, alla prendre
le bonnet de docteur en théologie à l'université de
liégoise de 1429 à 1482, source de premier ordre pour Paris et revint dans sa patrie où sa vertu, sa science et
son éloquence le firent nommer prieur du couvent de
Gand (1466). Il était prédicateur de la cour et confes-
seur de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Témé-
-
col. 1872. — Toulotte (Mgr), Géographie de l'Afrique chré-
tienne, Maurétanies, 1894, p. 30-31. Joh. Schmidt,Adsin-
nadensis, dans Pauly-Wissowa, Real-Encyclopädie, t. i,
col. 429.
raire. Il ne craignit pas de prendre la défense de Guil-
laume Hugonet, chancelier de Bourgogne, que les Aug. AUDOLLENT.
Gantois révoltés firent décapiter sous les yeux de l'in- ADSINNAR, AD SINNAR, ADSINUAR. Voir
ARSINNARITANA (Ecclesia).
fortunée princesse; il arracha son corps à la populace
et l'ensevelit dans l'église des carmes (2 avril 1477). ADSON, AZON ou ASSON, né dans les mon-
Adrien van den Eeckhoute fut définiteur de la pro-
vince de France, visiteur de celle de Flandre et mourut tagnes du Jura, dans la première moitié du xe siècle,
fut élève, puis moine à Luxeuil. Saint Gauzelin,

des écrivains remarquables :


en 1498, à Gand, vers la fin de son second priorat. Son
influence fit fleurir le Carmel et suscita autour de lui
:
le poète Jean Truck,
Arnold Bostius qui lui dédia son ouvrage De pcdro-
natu et patrocinio B. M. V., Pierre Bruyne, auteur du
évêque de Toul (922-962), l'attira dans son abbaye
de Saint-Epvre, aux portes de sa ville épiscopale,
et lui confia la direction de l'école monastique. Plus
tard, un moine de ce cloître, Albéric, choisi pour gou-
Tabulare Ordinis, etc. La plupart des écrits d'Adrien verner et réformer l'abbaye de Montiérender, au
diocèse de Châlons-sur-Marne, alors vassale du siège
van den Eeckhoute furent anéantis par les protestants de Toul, demanda et obtint pour coadjuteur le sa-
quand ils ravagèrent, en 1578, le couvent de Gand, vant écolâtre et, en mourant, il lui transmit l'anneau
lors de la révolte contre Philippe II d'Espagne; on
connaît cependant encore quelques-unes de ses œuvres
ln Boëtiutn de Consolatione philosophiæ; In Novum
: abbatial. Adson était déjà abbé de Montiérender
en 968, car il est nommé en cette qualité dans un
Testamentum; In IV libros Sententiarum; Sermones diplôme d'Héribert, comte de Troyes, qui restitue à
ad populum; De laude S. Crucis : Mss. ce monastère le marché d'Olumna (Saint-Dizier).
Camuzat, Promptuarium antiquitatum Tricassinæ
Antonius Sanderus, Flandria illustrala, in-fol., La Haye, diœcesis. Il mourut en 992 au cours d'un voyage
1735, t. i, p. 89-90, 317-318. — Daniel a Virgine Maria, Spe- aux Lieux saints et fut inhumé dans l'île d'Asty-
culum carmelilanum, in-fol., Anvers, 1680, pars III, p. 375, palée, l'une des Cyclades. Lié avec Gerbert, avec
n. 1524. — Vinea Carmeli, in-4°, Anvers, 1662, p. 340-341, Adalbéron de Reims, il est considéré par Waitz
n. 638. — Norbert de Sainte-Julienne, Authores carmeli-
tani, pro supplemento Bibliothecæ carmeliianæ, Ms. du comme l'un des écrivains les plus remarquables du
la
XVIIIesiècle, n. 13.992,à Bibliothèque royalede Belgique. xe siècle.
— Pierre Wemmers, O. C., Chronyche der Orden van de
H. Maghet Maria des Berghs Carmeli, in-8°, Anvers, 1666,
:
adressé à la reine Gerberge, femme de Louis d'Ou-
l'
Il nous reste de lui 1° Un Traité sur Antechrist
t. II, p. 719. tremer, attribué par d'autres à saint Augustin, ou à
P. MARIE-JOSEPH. Alcuin, à Raban-Maur, édité en particulier par Du-
ADRION (saint), martyr d'Alexandrie, mentionné chesne parmi les œuvres d'Alcuin; 2° La Vie de saint
dans le martyrologe hiéronymien au 17 mai avec Frodobert, premier abbé de Moutier-la-Celle, que pu-
deux compagnons, Victor et Basillas, auxquels un ma- blia Mabillon, dans ses Acta sanctorum O. S. B., Ve-
nuscrit de Corbie en ajoute un troisième du nom de nise, 1733, t. II, col. 598; 3° La Vie de saint Mansujiy
Silvain. Il est probable qu'il s'agit d'Alexandrie premier évêque de Toul, qu'ont donnée, entre autres,
d'Égypte, mais nous ne savons rien sur l'époque du les bollandistes, sept. t. i, p. 616 sq.; 4° La Vie de
martyre. saint Basle confesseur, éditée par Mabillon, dans ses
Martyrologium hieronymianum, édit.J.-B. De Rossi et Acta santorum O. S.B., t. II, col. 62 sq.; 5° La Vie-
L. Duchesne, dans Acta sanctorum, novembr. t.n, p. [62].— de saint Berchaire, abbé de Hautvillers, dans le diocèse
De sanctis martyribus Alexandrinis Adrione, Victore, Basilla, de Reims, et fondateur de Montiérender, qui se-
Silvano, dans Acta sanctorum,mai, t. iv, p. 26. trouve également dans les Acta sanctorum O. S. B.,
ADRUMETUM. Voir
S. SALAVILLE.
HADRUMETUM. ;
t.II, col. 97 sq. 6° un bon nombre d'hymnes, de poé-
sies, etc.; 7° peut-être aussi, une Vie de saint Walbert
ADRY (JEAN-FÉLICISSIME),oratorien français,né à
Vincelotte, près Auxerre en 1749, mort à Paris le 20
abbé de Luxeuil, signée Herminic. Mabillon, Acta
sanct. O. S. B., t. VI, col. 137 sq.
Miracula sancti Bercharii, dans Mabillon, Acta sanct. ord.
mars 1818. Il fut le dernier bibliothécaire de la mai- S. Benedicti, Venise, 1733. t. II, col. 813. — Rivet, His-
son-mère de l'Oratoire. On lui doit un très grand nom-
bre de travaux bibliographiques dont plusieurs ont
-
toire littéraire de la France, t. VI, p. 471-492. Eug. Martin,
Histoire des diocèses de Toul, de Nancy et de Saint-Dié, t. I,
paru dans le Magasin encyclopédique de Milan, le p. 12 sq.
Journal encyclopédique de Castilhon, etc. Beaucoup E. MARTIN.
sont restés manuscrits et sont conservés en partie aux ADUARD. L'abbaye cistercienne de Saint-Ber-
Archives de l'Oratoire. nard d'Aduard (Adwerth), en Frise, fut fondée le
«A. Ingold, Essai de bibliographie oratorienne, p. 5. 5 juin 1192, par des religieux de Klaerkamp, de la
A. INGOLD. filiation de Clairvaux; à son tour, elle donna nais-
ADSINNADENSIS (Ecclesia). On trouve aussi sance à l'abbaye d'Ihlo (Schola Dei), en 1228, et s'af-
l'orthographe sans doute moins correcte Adsinua- filia, en 1239, l'abbaye des bénédictines de Saint-
densis ou Adsinvadensis. Chrétienté d'Afrique, non Benoît deMentewalt, transférée, en 1290, à Termunten
encore identifiée, située en Maurétanie Césarienne — et le monastère des cisterciennes de S. M. de Camp.
et non Sitifienne,comme le dit par erreur Joh. Schmidt. à Coevorden, transféré en 1258 à Assen. Le monas-
Voir la référence ci-dessous. Son évêque, Gaius, tère d'Aduard était célèbre par la beauté de ses édi-
assistait à l'assemblée que le roi Hunéric convoqua à fices, l'étendue de ses possessions, la science de ses
Carthage, en 484. Notitia provincicirum et civitatum religieux, qui entretenaient une école, et l'humeur
Africæ, Mauretania Cæsariensis, 115, Victor de Vita, belliqueuse de ses convers. Parmi les personnages.
édit. Halm, p. 70; P. L., t. LVIII, col. 274, 348. célèbres qui y vécurent au XIIIC siècle, on cite le B.
Richard (f 1266) et Emmanuel, ancien évêque de
Morcelli, Africa christiana, Brescia, 1816-1817, t. i, p. 70. Crémone (f 1298). Le 7 août 1561 l'abbaye fut unie

--
— Notitia dignitatum, édit. Bocking, Bonn, 1839-1853, t. II, à la mense du nouvel évêché de Groningue, mais elle.
Annot., p. 650. Gams, Sériés episcoporum, Ratisbonne,
1873, p. 464. De Mas-Latrie, dans Bullelinde corres- parvint à recouvrer son autonomie, à la suite d'un
pondance africaine, 1886, p. 93; Trésor da chronologie, 1889, accord intervenu entre les deux parties et ratifié par
Rome le 23 avril 1576; l'èvêque devait toucher une
pension annuelle de 6000 florins. Dans les derniers
:
principales de ses œuvres sont 1° Relation de mu-
chos cristianos que han padecido por la fe catholica
temps, la discipline s'était relâchée. En septembre en el Japon desde el ano de 1616 hasta el de 1628,
1580, le monastère fut pillé par les troupes des États particularmente de dos sacerdotes, quatro laicos de la
;
et, en 1594, les États de Groningue mirent le séquestre
sur les biens les édifices furent démolis et les pierres
servirent aux fortifications de Groningue.
religion de Santo Domingo, in-8°, 1632, traduit en
italien en 1637. — 2° Relacion de los gloriosos mar-
tirios de seis religiosos de S. Domingo. que han
Le monastère de cisterciennes de Petit-Aduard, padecido este ano y el passado de 33, los quatro en
Capella S.Bernardi, fondé en 1340, affilié à l'ordre en Japon con otros muchos de otras Ordenes y muchos
1342, était soumis à la paternité d'Aduard. Reimers, mas de los naturales del mismo reino., collège San
Friesische Päpsturkunden ans dem Vatican. Archive, Thomas de Manille, par Raymond Magila et Hyacinthe

Brugmans :-
Leeuwarden, 1908, p. 3, 68.
Liste des abbés d'après la chronique et les notes de
Wibrand, 1192 7 fin déc. 1205. — Albert,
25 nov. 1216. Wigbold, 1216-6 fév. 1242. — Elward,
1242-28 mai 1254. — Egbert, 1254-7 juin 1257. —
Magarulao, 1634; de nouveau, avec licence de l'or-
dinaire à Valladolid par Jean Gonzalez Mogrovejo,
1637, in-4° de 36 fol. — 3° Relacion de algunas en-
tradas que han hecho los religiosos de la Orden de
Predicadores de la Prouincia del Santo Rosario de
Eppon, 1257-22 juin 1262. — Geykon, 1262-14 juin las Islas Filipinas en tierrcis de infieles de las mismas
1268. - Eggard, 1268-4 avril 1287. -Herebrand,
1287-3 déc. 1291. — Rippert, 1291-23 sept. 1292. —
islas y otras vecinas de pocos anos a esta parte y de
los sucesos dellas, y de algunos santos varones y difun-
Albert, ~t 23 déc. 1292. — Henri, 1292-23 juin 1301. — tos de la misma Provincia., in-8°, Manille, collège
Eibold, 1301-17 janvier 1305. — Eilard, 1305-21 S. Thomas, 1633. — 4° Historia de la Provincia del
avril 1329. — Frédéric, 1329-30 août 1350. -
1350-29 mai 1352. — Thibode, 1352-résigne en 1369,
Optat, Santo Rosario Orden de Predicadores en Philipinas,
Japon y China, complelada por Fr.
Domingo Gonzalez,
~t 15mai1371.—Rippert, 1371-9fév.1400.—Mennard, du même ordre, in-fol., Manille, 1640, réimprimée
1400-30 juillet 1421. — Sacher, 1421-17 déc. 1423. — in-fol., à Saragosse, 1693.
Rodolphe, 1423-28 déc. 1449. — Henri, 1450-1er déc.
1485. — Wolter, 1485-30 sept. 1494. — Wolter de Cf. Latassa y Ortin, Biblioteca nueva de escritores ara-
Rees, 1494-11 fév. 1500. — Herman de Vreden, goneses, t. II, p. 521. — Alvarez, y Baena, Hijos ilustres de
22 fév. 1500, résigne mars 1504,~f30 déc. 1516. — Ber- Madrid, t. i, p. 383. — Quetif et Echard, Script. ordin.
nard, mars 1504-fév. 1505. — Bernard Doesborch, Prædicat., t. II, p. 403. — Nicolas Antonio, Bibl. His-
pana nova, t. i, p. 284. — Gallardo, Ensayo de una bi-
1505-nov. 1506. — Elbert de Rees, 8 nov. 1506-
rés. 1518, ~t 1er déc. 1522. — Lambert Heldt, admi-
nistrateur, 1522-24 avril 1528. — Jean Recamp,
blioteca española de libros raros y curiosos, t. I, p. 27.
Blair and Robertson, Collection of documents relating to
the Philippine lslamd, t. XXX-XXXI,
-
1er mai 1528-3 sept. 1549. — Godefroid d'Arnhem, L. SERRANO.
1549-rés. 1561, 25 nov. 1574. — Arnold Lanth, ADULF (ALDULF, EALDULF), vingtième arche-
11 mars 1561-5 juin 1578. — Jean Greven, fév. vêque d'York. Si l'on en croit l'historien de Péters-
1578. — Guillaume Ennen, 1595, av. 1613. borough, Hugo Candidus ou Hugh White, abbé de ce
monastère, qui écrivait vers 1175, Adulf aurait été
Chronique de l'abbaye publiée 1° par Van Heussen, chancelierdu roi Eadgar (959-975). Ayant accidentelle-
Episcopatus Groningensis, p. 28-44 et Oudheden en Ges-
lichten van Groningen, Utrecht, 1744, p. 186-336,2° par ment étouffé son jeune fils, tandis qu'il dormait entre
Koppius, Vitæ ac gesta abbatum Adwerdensium,Groningen, lui et sa femme, il voulut partir pour Rome afin d'y
1850; 3° d'une façon critique par H. Brugmans,De Kro- obtenir l'absolution de cette faute. Mais l'évêque de
niek van het klooster Aduard (Bijdragen en Mededeelingen Winchester, Æthelwold, lui persuada d'expier son
van het historisch genootslzap, Utrecht, t. XXIII, 1902, crime involontaire en Angleterre même, en s'y livrant
p. 1-110, avec documents, p. 111-188). — J. Uitterdijk, Ges- à la pratique des bonnes œuvres. Toujours d'après
chiedenis der voormalige Abdij der Bernardifnen Aduard, le même chroniqueur, il se fit alors moine à Medes-
Groningen, 1870, et Étude sur l'abbaye d'Aduard, dans le
Bulletin monumental, 1875, t. XL, p. 216-235. — Janauschek, hamstead ou Burgh S. Pétri, dès lors appelé Peterbo-
p.
Origines Cisterc.,t.1, 194.—U.Berlière,Emmanuel, évêque rough, monastère fondé au VIle siècle et alors en ruines
de Crémone, Revue bénéd., 1909, t. XXVI, p. 96-98. et il consacra sa fortune entière à relever cette maison.
U. BERLIÈRE. D'après une autre source, qui peut se concilier avec la
ADUARTE (DIEGO-FRANCISCO), évêque de Nou- précédente, il devint abbé de Peterborough lorsque
velle Ségovie (Philippines). Il naquit à Saragosse ce monastère,ruiné jadis par les Danois,fut reconstruit
en 1566, fit ses études à l'université d'Alcala, et, par l'évêque Æthclwold en 963. Il resta en charge jus-
avant de les terminer en 1586, prit l'habit dominicain qu'à la mort de l'archevêque d'York, saint Oswald
au couvent de la Mère de Dieu d'Alcala. Ordonné (29 février 992). Choisi pour succéder à ce prélat,
prêtre, il passa aux Philippines en 1594, où il se comme lui il gouverna en même temps le diocèse de
consacra à cathéchiser les Chinois et alla ensuite Worcester non par ambition mais par nécessité, dit,
évangéliser les habitants de la Cochinchine. Vers Guillaume de Malmesbury, et résida vraisemblable-
1603, il vint en Espagne en quête de missionnaires ment de préférence dans cette dernière ville épiscopale.
et eut l'intention d'aller à Paris dans le même but. Plusieurs chartes datées de 993 et 995, et, entre autres,
En 1608, il quitta de nouveau ces îles pour remplir une en faveur du monastère d'Abingdon, où il nesigne
en Espagne la charge de procureur de son Ordre. que comme évêque et non comme archevêque, peuvent
Il fut prieur de Manille et recteur du collège, aujour- laisser supposer qu'il ne reçut le pallium qu'en 995
d'hui université de Saint-Thomas. Le roi Philippe ou 996. L'abbaye de Fleury en France le vénérait
IV le présenta, dès 1632, pour l'évêché de Nouvelle- avec Oswald comme l'un de ses insignes bienfaiteurs.
Ségovie, mais il n'arriva à le lui faire accepter Le 15 avril 1002, il transporta en grande solennité à
qu'en 1635. Ce prélat gouverna son diocèse un Worcester le corps de son prédécesseur, Oswald. Lui-
an et demi seulement, et mourut en août 1637. Ses même mourut le 6 mai de la même année et fut aussi
œuvres sur l'histoire des Philippines sont très im- enseveli à Worcester.
portantes. Marchant sur les traces de Las Casas, il
défendit toujours les indigènes, réprouvant ouverte- Hugo Candidus, dans Jos. Sparke, Hist. Anglicanæ
scriptores varii, Londres, 1723, p. 18. — The Anglo-Saxon
ment dans ses écrits les abus commis dans ces îles Chronicle, édit. B. Thorpe, dans Rolls Series, Londres, 1861,
par le pouvoir civil et quelques ecclésiastiques. Les ad ann. 1002, t. II,p.111. —• Chronicle of Florence of Wor-
trad. par T. Forestér, Bohn, 1854, ad ann. 1002. —
cester, 514. Elles racontent les campagnes victorieuses de
Chronicon monasterii de Abingdon, éd. Jos. Stevenson, Ptolémée Évergète et du prince éthiopien.
dans Rolls Series, Londres, 1858, t. I, p. 405. — Guillaume Nous ne connaissons qu'un seul évêque de l'antique
de Malmesbury, De Gestis Pontificum anglorum, éd. A.
i
Hamilton, dans Rolls Series, Londres, 1870, p. 247, 250,
278. —Dictioncurj of nationalbiography, 1908,1.1, p. 253-
254. — Annales monaslici, éd. H. R. Luard, dans Rolls Series,
siège d'Adulis, un certain Moïse, mentionné au début
d'un ouvrage sur les peuples indiens et les Brahmanes,
IL::p\ Ttîiv Tvj; 'IvSta; ÈQvwv Y.cÙ tûv Bp<xyv.ci'JW'J,qu'on a,
sans raison suffisante, attribué à Pallade, auteur de
Londres,1869, t. IV, p. 370; t.II, p. 170.
R. BIRON. l'Histoire lausiaque.Bienque cet ouvrage se trouvejoint
ADULFE (Saint), un des premiers martyrs de à l'Histoire lausiaque dans plusieurs manuscrits, Cave,
Cordoue,sous les Arabes. Malheureusement, ses actes, Hist. eccl. lit., t. i, p. 377, a exprimé de graves doutes
écrits par l'abbé Speraindeo, ont disparu. Saint Eu- que Pallade en fût l'auteur, et Oudin l'a formellement
loge dit qu'il était originaire du diocèse de Séville; son nié. Si la date de la composition de cet écrit était fixée,
père était musulman; sa mère Artemisia s'installa à elle fixerait à son tour l'époque de l'épiscopat de Moïse;
Cordoue avec ses trois fils Adulfe, Jean et Aurea, afin car c'est en compagnie de cet évêque, nous apprend
d'y pratiquer plus librement la religion catholique, et
se fit religieuse au monastère de Cutellara dont elle
devint abbesse. Adulfe subit le martyre vers 824, sous
Indes:
l'auteur, qu'il avait d'abord entrepris un voyage aux
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Abderraman II; ses reliques furent déposées à l'église TZO-Jxûv Aoou)\vw'J. Le Quien, Oriens christianus, 1740,
Saint-Cyprien de Cordoue. t. II, p. 665-668, qui cite ce texte, dit pour toute réfé-
rence qu'il l'emprunte à la relation de Brachmanibus,
Sanctus Eulogius, Memoriale sanctorum, 1. II, c. VII; p. 13. Le qualificatif p.xy,cip{rr-l, appliqué à Moïse, nous
1. III, c. XVII. — Mabillon, Acta sanct. ordinis S. Bened., indique que celui-ci était mort quand son compagnon
sæc. IV, pars 2, n. 8. — Garcia San Juan, Glorias de rédigea ses notes de voyage. Il serait donc très intéres-
la Iglesia española, t. III, p. 382. — Acta sanctorum, sep-
tembris t. VII, p. 507. — Florez, España sagrada, t. IX, sant de pouvoir identifier l'auteur. Dans l'état actuel
p.291. de nos connaissances, nos renseignements se rédui-
L. SERRANO.
ADULIS, ville de la côte orientale d'Afrique, sur
:
sent à deux points 1° cet auteur était un chrétien, ce
qui suffit à renverser l'hypothèse de Lambecius, De
la mer Rouge, ancien évêché d'Éthiopie. Cette loca- Bibliotheca Vindobonensi, lib. V, p. 84, qui attribuait
lité est mentionnée sous la forme AGO-JXY),par Ptolémée, l'ouvrage à Palladius de Méthone, sophiste probable-
Geographia, 1. IV, c. VII, 8; 1. VIII, c. XVI, 11; sous la ment païen de l'époque constantinienne, Fabricius,
forme 'ASO-JXÉou"AoouXr,, dans Peripl. mar.Erythr., IV ; Bibliotheca græca, 1. V, part. V, c. XXXII, Hambourg,
1737, t. IX, p. 10; 2° cet auteur écrivait à un moment
"ASO-JXI;, forme grammaticalementplus exacte que la
précédente d'après Étienne de Byzance, dans Pro- où l'empire romain était encore très florissant. E. Ve-
cope, Bell. pers., I, 19, dans Nonnosos, Photius, Biblio- nables, dans Dictionary of christian biography, Lon-
theca, codex 3, P. G., t. CIII, col. 45 sq., et dans Mar- dres, 1887, t. IV,p. 175. Bref, l'ouvrage De Gentibus In-
tyrium Arethæ. Boissonnade, Anecdota græca, t. v, diæ et de Brachmanibus paraît avoir été composé par
p. 45-49; Josèphe, Anliqu., 11, 5, écrit ~ASouet; Pline, un écrivain postérieur du Pallade de l'Histoire lau-
Hist nat., VI, 29, l'appelle oppidum Aduliton. C'était, en siaque, bien que son attribution à ce dernier ne puisse
effet, la ville principale de la tribu des Adulites. Fondée, être combattue par des raisons absolument décisives.
dit-on, par des esclaves égyptiens fugitifs, elle devint, Zöckler, dans Realencyclopiidiefürprotestantische Theo-
grâce à son admirable situation sur la mer Rouge, une logie und Kirche, t. XIV, 1904, p. 612. Ces données
cité florissante qui fut sous les Romains le port d'A- suffisent, semble-t-il, pour nous permettre de faire
xoum et le plus important marché de l'Éthiopie. Cos- vivre Moïse d'Adulis au cours du ve ou du viesiècle.
mas Indicopleustes, qui, au vie siècle, visita Adulis au Mais il nous est impossible de préciser d'avantage.
cours de ses voyages, y vit le monument célèbre connu Gams, Series episcoporum, t. i, p. 462, signale un
sous le nom de monumentum Adulitanum dont il nous évêque d'Adulis ordonné à Rome en 1788, Thomas
a laissé une description avec la longue inscription Ghbrazer.
grecque qui y était gravée. Topographia christiana, Adulis doit être identifiée, non pas, comme le fait
1. II, P. G., t. LXXXVIII, col. 101-108. Ce monument Le Quien, avec la localité de Zeila, comprise actuelle-
;
était un trône de marbre blanc, avec une plaque de
basanite par derrière le trône et la plaque étaient cou-
verts l'un et l'autre de caractères grecs; sur la plaque
ment dans la Somalie anglaise, mais avec Zoulla,
bourgade de 2 000 habitants, située plus au nord, à
15°35' de latitude N., dans l'Érythrée. La baie où elle
étaient sculptées les figures d'Hercule et de Mercure. se baigne, appelée par les Anglais baie d'Annesley et
Cosmas copia textuellement ces caractères, sans re- par les indigènes baie d'Afar, se trouve aussi men-

d'une inscription de Ptolémée


:
marquer qu'il s'agissait de deux inscriptions de prove-
toutes deux le début
nance différente, et incomplètesÉvergète
(247-222 av.
tionnée sous le nom de baie d'Adulis. Depuis 1859, la
France a des droits sur le territoire d'Adulis qui com-
prend Zoulla avec sa baie et les îles voisines de Dessi et
J.-C.) et la fin d'une inscription se rapportant à un d'Ouda. Ces droits ont été maintenus contre les pré-
prince indigène anonyme bien postérieur, se trouvent tentions anglaises et italiennes, mais n'ont pas été
:
ainsi confondus. La teneur même du texte prouve
cette dualité il y est parlé de Ptolémée Évergète à la
troisième personne, tandis que le prince indigène parle
exercés jusqu'ici.
Le Quien, Oriens christianus, t. II, p. 665-668. — Gams, Se-
ries episcoporum, t.1, p. 462. — Cosmas Indicopleustes, Topo-
de lui-même à la première. Cependant les éditeurs de graphia christiana, 1. II, P. G., t. LXXXVIII, col. 101-108. —
Cosmas et les savants regardèrent longtemps le monu-
ment comme se rapportant uniquement à Ptolémée
Évergète. Fabricius, Bibliotheca græca, 1. III, c. XXV, -
Fabricius, Bibliotheca græca,l. III, c. xxv, Hambourg, 1716,
;
t. II, p. 603 sq. cf. P. G., loc. cit., col. 15-18. Sait, Voyages
and Travels to India,1809. t. III, n. 192: Travels in Abussi-
Hambourg, 1716, t. II, p. 603 sq.; Montfaucon, Nova
Patrum et scriplorum græcorum collectio, t. II, p. 141-
143. Le premier qui distingua les deux inscriptions fut
M. Sait, Voyages and travels to India, 1809, t. III,
p. 192; Travels in Abyssinia, 1814, p. 412. Elles ont été
publiées avec commentaires par Böckh, dans Corpus
Inscriptionum græcarum, 1848, n. 5127, t. III, p. 508-
1. ADULPHE (Saint), évêque, au VIIIe siècle, honoré Adrien II, nouvellement élu (867). Le dévouement
le 17 juin. Adulphe, dit aussi Adolphe, et regardé d'Adventius pour la famille carolingienne se manifeste
à tort comme le frère de saint Botulphe, serait de encore un peu plus tard, après 869, lorsque, Lothaire
Tace saxonne; il aurait été moine, peut-être en étant mort, il excite lui-même les habitants de Metz
Frise, sous saint Willibrod, puis évêque d'Utrecht. à reconnaître Charles le Chauve comme roi.
Ses reliques furent transférées sous le roi Édouard, Sa vie politique et ces derniers événements ont
par saint Ethelwold, de Winchester à Ikanoë. Sa Vie,
écrite au IXe siècle par un moine de Neiweyler, est un
pur roman dans sa première partie; la seconde partie
Reims :
aussi rapproché Adventius d'Hincmar, archevêque de
il s'établit entre eux un commerce de lettres;
mais tandis que Hincmar a refusé de se compromettre
est un récit de la translation des restes. dans l'affaire de Lothaire, il accepte de sacrer Charles
Acta sanctorum, 1701, junii t. III, p. 398. — Hardy, le Chauve à Metz.
Descriptive catalogue of materials relating to the history of Adventius siège encore au concile de Douzy; il
Gr. Br., Londres, 1862, t. I,1re part., p. 374. — Histoire meurt probablement en 875.
littéraire de la France, 1756, t. x, p. XXXIX. — Tanner, Outre ses lettres à Nicolas Ier, à Hincmar, il a com-
BibliothecaBritannico-Hibernica, Londres, 1748, p. 116. posé quelques poésies latines en vers hexamètres, entre
P. FOURKIER. autres, son épitaphe et une inscription sur une niche
2.ADULPHE, évêque d'Auxerre. LesGestaepisco-
Antissiodorensium lui donnent d'é-
d'argent soutenue par quatre colonnes sous laquelle
porum quinze ans on portait le chef de saint Étienne, un de ses cadeaux
piscopat (751-766). Il mourut le 13 novembre. Mais il à l'église de Metz. Il a fait aussi établir l'inventaire
avait déjà, de son vivant, cessé ses fonctions, par du mobilier de l'abbaye de Saint-Trond. Peut-Stre
suite d'une attaque de paralysie. est-ce lui qui construisit le monastère, aujourd'hui dé-
Duchesne, Fastes épiscopaux, 1900, t. ix, p. 445. truit, de Neumunster, pour des bénédictines.
M. BESSON.
P, L., t. CXXI, col. 11'11.- Gallia christiana, 1874, t. xiii,
ADVENTIUS, évêque de Metz de 855 à 875. Né à
Metz, élevé et nourri dans le palais épiscopal de Dro-
gon (Lettre de Charles le Chauve au pape Nicolas Ier,
col. 715. -
Hist. litt. de la France, t. v, p. 429. — Meu-
risse, Histoire des évêques de Metz,Metz, 1634, p. 238-272. —
D. Tabouillot et D. François, Histoire de Metz, Metz, 1769-
Labbe, Concilia, t. VIII, col. 486), devint probable- 1790, t. I, p. 597-629. Hefele-Leclercq,Hist. des Conciles,
forma. -
ment abbé du monastère de Saint-Arnoul qu'il ré-
Élu évêque « canoniquement » et sans qu'il
eût brigué cet honneur, affirme-t-il lui-même (Lettre
t. IV, passim.
E. HATTON.
ADVENTUS. C'est le premier évêque, marqué sur
au pape Nicolas Ier), il fut consacré par Thieutgaud,
archevêque de Trêves, assisté d'Arnould de Toul et
de Atton de Verdun.
les catalogues épiscopaux de l'Église de Chartres. —
Il y a lieu de discuter son nom et son époque 1° Son :
nom. Les catalogues les plus anciens, celui de la Tri-
nité de Vendôme, transcrit de 1048 à 1060, celui de
Il prend part aux nombreux conciles austrasiens
(conciles de Metz, mai 859; de Savonnières, près de Robert de Torigny, transcrit de 1149 à 1155, ceux du
5
Toul, 860; de Coblentz, juin 860; de Tufey, près de
Vaucouleurs, 22 octobre 860) que réunissent les fils
Livre noir et du Livre blanc de l'évêché de Chartres,
du XIIIe siècle, appellent tous ce premier évêque du
du Débonnaire pour établir enfin la paix.Par là, il nom d'Adventus. — Mais d'autres catalogues, la plu-
entre en relations plus étroites avec les Carolingiens, part plus récents, tels celui d'Évreux, qui se termine
surtout Lothaire et Charles le Chauve. Mais l'amour à l'évêque Hugues, mort en 1236, celui de l'Apothe-
de la dynastie l'entraîne à des concessions regrettables carius moralis écrit en 1373, le nomment Adventinus.
vis-à-vis de Lothaire, son souverain dont il était chan- C'est aussi le nom que lui assigne le catalogue cité par
celier. Les explications qu'il doit fournir sur sa con- la Légende de saint Aignan, rédigée au plus tôt à la fin
duite vont de ce fait le mettre en correspondance du XIIe siècle, peut être même beaucoup plus tard. Ce
avec Nicolas Ier. — Lothaire avait renvoyé sa femme catalogued'ailleurs parait semblable à celui d'Évreux.
légitime Theutberge, sous prétexte d'inceste, et voulait — Les auteurs du Gallia chrisliana qui n'ont eu sous
épouser Waldrade. Il assemble successivement trois les yeux, outre un manuscrit du XIIC siècle provenant
4
conciles à Aix-la-Chapelle (9 janvier 860, janvier 861, de l'abbaye d'Igny (Marne) et que nous n'avons pas
28 avril 862), se fait délier de ses obligations, puis retrouvé, que les trois listes épiscopales chartraines du
épouse Waldrade après le concile de Metz de 863 et Livre noir, du Livre blanc (XIIIc), de l'Apothecarius
peut-être même dès la fin de 862. moralis (XIVe), ont écrit Adventinus,probablement sous
Theutbergecalomniée, répudiée, enfermée, en appelle l'influence de ces trois dernières. — Néanmoins, il
au pape qui menace. Alors Adventius fait parvenir à semble, en bonne critique, que l'on doive adopter la
Nicolas une apologie de la conduite de Lothaire (cf.Ba- forme la plus ancienne d'Adventus. D'ailleurs on
ronius, Annales, ad ann. 862, n. XXVIII). C'est sur ces s'explique aisément que dans la suite des temps, on
entrefaites que se réunit, après quelque retard, vers ait changé Adventus en Adventinus. Le 14e évêque
la mi-juin 863, le concile de Metz qui justifiait Lo-
thaire de toute faute, le roi ayant accepté la sentence
du synode. Mais Nicolas Ier, bientôt renseigné sur la
:
de la série épiscopale chartraine se nomme Adventinus
et a été qualifié de saint cette ressemblance des deux
noms en a naturellement suggéré l'identification elle :
valeur du Libellus, dressé à Metz, sur la conduite devait même plus tard pousser jusqu'à identifier les
de ses légats et des évêques lorrains, convoqua, en deux personnages (catalogue de 1373). On a d'autres
octobre 863, un concile au Latran qui anathéma- cas, au XIIIC et surtout au XIVe siècle, de semblables
tisa le synode de Metz et condamna les évêques identifications par suite de ressemblances de noms. —
coupables. La plupart se soumirent, parmi lesquels 2° Son époque. Adventus n'apparaît dans aucune
Adventius qui envoya au pontife sa soumission, ses charte, chronique ou concile, et ne nous est connu que
regrets et un essai de justification. Charles le Chauve, par le catalogue. Mais son second successeur, le troi-
de son côté, intercéda pour lui auprès du pape. Bientôt sième de la liste, Valentinus, paraît identifiable, sinon
Adventius put heureusement concilier son devoir et avec le Valentinus qui, avec les autres évêques des
ses affections; car, écrit-il de nouveau à Nicolas Ier, Gaules, adhéra, en 344, à la réhabilitation de saiiit
Lothaire a repris Theutberge et se conduit d'une façon Athanase, du moins avec l'évêque Valentinus, qui, au
irréprochable, il s'occupe actuellement à combattre les dire de Sulpice Sévère (Dial., III,2), se trouva un jour à
Barbares (?)(866). Ce fut, sans doute, sa fidélité qui le Chartres, en compagnie de saint Martin de Tours et de
à
fit choisir par Lothaire pour aller Rome féliciter Victricius, probablement saint Victrice de Rouen, aux
environs de l'année 395. Dans cette hpothèse, Adven- 2. AED ou AIDE MAC BRICC (Saint), évêque
tus ne remonterait guère qu'à la première moitié du de Killare (Westmeath), dont les annalistes d'Irlande
:
IVe siècle. On ne peut dire que des lacunes se sont pro-
duites dans les premiers rangs de la liste car tous les
catalogues se ressemblent dans leurs commencements.
placent la mort en 588 ou 589. On possède quatre vies
latines de ce saint, très pauvres en renseignements
proprement historiques. Les manuscrits bodléiens
L'auteur du récit de la translation de saint Aignan, Rawl. B. 485, fol. 97'-, Rawl. B. 505, fol. 149d, et le
quatrième successeur d'Adventus, qui écrivait au plus soi-disant Codex Kilkenniensis, de la bibliothèque
tôt sur la fin du XIIC siècle, remarque qu'il est difficile Marsh de Dublin coté v, 3, 4 (fol. 134-135), présentent
d'apprécier à quels intervalles se succédèrent ces pre- une recension identique de la Vie du saint. Elle a été
miers évêques, mais ne suppose pas de lacunes. Il éditée d'après ce dernier manuscrit par Colgan, Acta
s'efforce de placer son héros sinon jusqu'aux temps des sanctorum Hiberniæ, Louvain, 1645, p. 418-422. Une
apôtres du moins jusqu'à ceux des martyrs, mais en recension un peu différente est donnée par le codex de
constatant qu'il ne mourut point martyr de fait lui- Salamanque édité par de Smedt et de Backer, Acta
même, et même en lui attribuant, sans doute en vertu sanctorum Hiberniæ ex Cod. Salmant., Édimbourg et
des traditions locales, différents actes qui excluent com- Bruges, 1888, col. 333-360. Les martyrologes irlandais
plètement l'époque des persécutions. commémorent ce saint au 10 novembre. Colgan a
Il n'y a pas lieu d'accorder quelque attention aux suivi le martyrologe de Tallagh qui le mentionne au
assertions fantaisistes de l'auteur de la Vieille chro- 28 février. Un passage de la vie de saint Aide montre
nique (1389) qui, se rattachant à la Légende de saint qu'il était invoqué pour la guérison de maux de tête.
Aignan, prétend qu'Adventinus fut le premier évêque Cette spécialité lui était reconnue dès le VIIIe siècle
consacré par saint Altin et saint Eodald, disciples de puisqu'un manuscrit de Karlsruhe, le Cod. Augiensis,
saint Savinien et de saint Potentien, quand ils vinrent CCXXl, qui date de cette époque, conserve un hymne
à Chartres, en l'an 34, immédiatement après la Passion, en son honneur où on l'invoque pour la délivrance de
du vivant de la sainte Vierge. Cet auteur va jusqu'à cette infirmité. Cf. Mone, Lateinische Hymnen des
dire que ces premiers apôtres trouvèrent, dès leur Mittelalters, Fribourg, 1853-1855, t. III, p. 181-182;
arrivée en ce pays, une multitude de chrétiens, gou- Whitley Stokes, Lives of Saints from the Book of Lis-
vernée jusqu'alors par les pontifes des idoles, qu'il more, Oxford, 1890, p. 324.

:
appelle des évêques non consacrés.
Catalogues épiscopaux manuscrit de la Sainte-Trinité de
Vendôme, Bibliot. nation., fonds latin 137f>& (XIe siècle);
Colgan, op. cit.- De Smedt et de Backer, op. cit. —
Th. Duffus-Hardy, Descriptive catalogue of materials rela-
ting to the history of Great Britain and Ireland, t.I,1re part.,
manuscrit du Mont Saint-Michel, Biblioth. nation., fonds Londres, 1862, p. 165-166. — W. Reeves, dans Procee-
latin 6042, fol. 2 (XIIe siècle); manuscrit d'Évreux, n. 37, dings of the Royal Irish Academy, 1857, t. VII, p. 91-96.—
fol. 32 (XIIIe siècle). — Livre blanc de l'évêché de Chartres, Ch. Plummer, dans Zeitschrift für celtische Philologie, 1904-
Bibl. nation., fonds latin 11062, fol. 8 (XIIIe siècle); Livre
noir de l'évêché de Chartres, ibid., 10096, fol. 1 (XIIIe siè-
t.
1905, v,p.430,434,450.
L. GOUGAUD.
fol. 18 (1373). -
cle). — Apothecarius moralis, Bibl. de Chartres, 1036,
A. Clerval, Translationes sancti Aniani
3. AED, évêque de Slebte (Irlande; aujourd'hui
Sletty dans le Queen's County, sur la limite du comté de
Carnot. episcop., manuscrits de la Bibl. de Chartres, pu-
bliés dans les Analecla bollandiana, t. VII, p. 321-335.
Duchesne,Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, 1900, t.II,
- Carlow), occupa le siège fondé par saint Fiacc, disciple
de saint Patrice, dans les vingt dernières années du
VIIe siècle.
p. 418. — R. Merlet, Catalogues des évêques de Chartres,
dans les Mém. de la Société archéol. d'Eure-et-Loir, t. IX, Aed fut un agent très actif dans les négociations qui
p. 452-459. — Gallia christiana, 1744, t. VIII, col. 1093. eurent lieu entre le sud et le nord de l'Irlande pour
A. CLERVAL. l'adoption des usages romains dans la vie monastique
ADVOCATENSIS (Ecclesia). Voir AVIOCCALA. et la fixation de la date de la fête de Pâques. Le sud,
dont Aed était l'un des évêques, suivait les coutumes
ADZENAIRE, abbé bénédictin de Saint-Remi romaines depuis 634 environ. Le nord tenait pour les
de Reims. Vivait dans les premières années du XIIe traditions celtiques. Le livre d'Armagh rapporte une
siècle. Dom Martène et dom Ceillier mentionnent visite que l'évêque de Slebte rendit à Segène, abbé
de lui un décret par lequel, « voulant effacer ses d'Armagh. cc L'évêque Aed était à Slebte. Il vint à.
péchés, il ordonnait qu'en certains jours de l'année, Armagh. Il apporta un présent à Segène d'Armagh.
il serait distribué aux pauvres, par l'aumônier du mo- Segènelui fit un don à son tour, et Aed offrit à Patrice,
nastère, du pain et du vin pour leur réfection. » Il con-
sacrait à ces aumônes le produit de son propre travail en présent, sa parenté et son église, pour toujours. »
Liber Armachanus, édit. Rolls Series, p. 346. Il n'est
et une partie des biens de son monastère. On place ce
décret vers 1100. pas douteux qu'Aed voulut ainsi prouver aux gens du (
nord que la soumission à Rome n'excluait pas la fidé-
D. Martène,Amplissima collectio, Paris, 1724, t. I, p. 580- lité au souvenir de l'apôtre de l'Irlande. C'est à l'occa-
-
581. Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques,
Paris,1863, t. XIII, p. 514-515.
sion de cette visite qu'Aed communiqua à l'abbaye
d'Armagh les traditions de l'Église de Slebte sur l'ac-
R. BIRON. tion apostolique de saint Patrice dans le sud de l'Ir-
AÈCE (Saint), évêque et martyr, d'après la tradi- lande. Ces récits importés par Aed se trouvent dans les.
tion, à Barcelone, au temps de Claude, sans doute vic-
time de quelque trouble local. Il est regardé, avec
« notices additionnelles » du livre d'Armagh. Il faut
placer cette visite d'Aed à Armagh avant 688, car les
saint Victor, comme un des premiers apôtres de Barce- Annales de l'Ulster placent en cette année la mort de
lone. Il est honoré le 14 août dans cette ville. l'abbé Segène.
Rentré dans son diocèse, l'évêque voulut donner un
Acta sanctorum, 1675, aprilis t.I, p. 321.
P. FOURNIER. nouveau gage aux Irlandais du nord. Il pria son dis-
1. AED ou AUDE(Saint), d'abord roi de Leinster ciple Muirchu d'écrire une vie de saint Patrice; il lui
(Irlande), puis moine et évêque de siège inconnu, fournit des documents, Acta et Memorabilia rédigés en
honoré par les martyrologes insulaires au 4 janvier. irlandais; s'il faut en croire une phrase de la Vita due
à la plume de Muirchu, celui-ci aurait écrit le premier
On ignore l'époque à laquelle il vécut.
livre de son ouvrage sous la dictée d'Aed.
Colgan, Acta sanctorum Hiberniæ, Louvain, 1645, p. 14. En 697 (Annales d'Ulster), Aed prit part au synode
L. GOUGAUD. d'Adamnan, dans lequel furent discutées la question
romaine et les difficultés liturgiques dont nous avons leios et d'Aphrodite Euploia associé à celui de l'em-
parlé plus haut. Les Annales de l'Ulster rapportent la pereur. Corp. insc. gr., n. 4443. Constantin y fit dé-
mort d'Aed à l'an 700. truire un temple d'Esculape (Eusèbe, De vita Constant.,
:
Liber Armachanus, édité 1°par le R. P. Hogan dans les
III, LVI, P. G., t. xx, col. 1121-1124).
Le christianisme s'introduisit à Aegae au moins dès
Analecta bollandiana,Bruxelles, 1882, t. i, p. 531-585; 2° par
Whitley Stokes, dans les Rolls series, t. LXXXIX; Vita tri-
partita, Londres, 1887; 3° parN. J. D. White, dans Pro-
ceedings ofRoyal Irish Academy, Dublin, 1905, t. xxv.
:
le IIIe siècle; le gouverneur de Cilicie, Lysias, y fit
de nombreux martyrs sous Claude II (268-270), un
avocat, Zenobius, et sa mère, Zenobia, venus d'Édesse
A. RIGUET. par Baïae (Act. sanct., oct. t. XIII, p. 270); sous Dio-
AEDELNODUS. Voir ÉGELNOTH. clétien, les célèbres médecins arabes Côme et Damien
avec Anthime, Léon ou Léonce et Euprepius ou Eutro-
AEDELWALDUS. Voir ETHELWOLD. pius (Act. sanct., sept. t. VII, p. 400); puis le groupe
des saints Claude, Asterius, Neon, Domnina et Deo-
1. AEGAE ou AEGEAE, Aîyat,A'tyaîai, évêché en nilla ou Theonilla (Act. sanct., aug. t. IV, p. 567).
Asie? Aegae, une des douze cités de l'Éolide, était Les ménologes grecs font de saint Zenobius le pre-
située à l'est de Myrina, sur le cours supérieur du mier évêque d'Aegae. Les autres titulaires connus sont:
Pythicus. Ch. Müller, notes à Strabon, édit. Didot, t. n, Tarcudimantus, présent au concile de Nicée, 325; Pa-
p. 719, l'identifiaitavec GuzelHissar.Radet et Lechat, trophilus, correspondant de saint Basile (Bas.,Epist.,
Bulletin de correspond. hellén., t. XI, p. 391 sq., ont LXXXV et LXXXII); N., adversaire de saint Jean Chry-
cru la trouver à Sari Tcham. M. Clerc, ibid., t. x, sostome (Joan. Chrys., Epist., CCIV); Eustathe, dont
p. 175; t. xv, p. 213 sq., a prouvé qu'il faut en cher- à
le métropolitain signa pour lui Chalcédoine, en 451,
cher les ruines à Nimroud Kalessi, vilayet de Smyrne, et correspondant de Théodoret(Théodor.,Epist., LXX);
et cette nouvelle identification a été admise par S. Rei- Jules, expulsé comme monophysite en 518 par Jus-
nach, Schuchhardt et Ramsay. Voir Ramsay, Histor. tin Ier; Thomas, présent à un concile de Mopsueste
geogr. of Asia minor., p. 13, 105, 116, 431. Aegae est en 550; Paschalius, au concile de Constantinople de
mentionnée par Hérodote, I, 149; Xénophon, Hellén., 553. D'après Gelzer, Georgii Cyprii descriptio orbis
IV, 8, 5; Skylax, 98; Strabon, XIII, 261; Pline, v, 32; romani, p.146, ce dernier serait un évêque d'Aegion,
Plutarque, Themist., 26; Hiéroclès, 660, 16 (sous la une des deux villes mentionnées par Hiéroclès, Sy-
forme'A~-crar,);voir aussi Polybe, v, 77, 4, et XXXIII, necd., 646, 10; 648, 4 : mais ces deux villes ne sont si-
11, 8; Tacite, Ann., 11, 47. En 17, elle fut ravagée par gualées mille part comme évêchés.
un tremblement de terre. Sur ses monnaies, voir Head, Depuis Théodose II, Aegae était comprise dans la
Hist. num., p. 478. Cilicie IIe dont la métropole Anazarbe était aussi sa
Aegae ne figure dans aucune des Notitiæ episcopa- métropole ecclésiastique. Hiéroclès, 705, 4; Georg.
tuum. CependantLe Quien, Orienschrist., t. i, col. 719, Cypr., 820. En 538, le pèlerin occidental Théodore
en fait un évêché suffragant d'Éphèse et cette opi- nous apprend qu'il s'y tenait chaque année une
:
nion est adoptée par Ramsay. Voici la liste des évêques
qu'il attribue à ce siège douteux Théodore, mêlé à
la légende des sept dormants d'Éphèse, vers 250, et
foire qui durait quarante jours. Itinera et descript.
terræ sanctæ, édit. Tobler, Genève, 1877, p. 88**.
A partir d'Héraclius la Cilicie se rattachait au thème
par suite personnagebien peu historique; Étienne, pré-
:
sent au concile d'Éphèse, 431, episcopus Gaiopolis
Asiæ que cache en réalité Gaiopolis? Cyriaque, vota
:
de Séleucie. Vers 820, l'évêché d'Aegae figure encore
dans la Notice I de Parthey n'existait-il plus en
réalité? C'est possible; il a pu disparaître pendant
pour Eutychès au Brigandage d'Éphèse, 449, mais se l'occupation arabe, seldjoukide ou franque; il a pu
montra mieux inspiré au concile de Chalcédoine, ne pas être rétabli de 935 à 1087 où les Grecs res-
451; il est appelé Aïyéaç ou Adans les recen-
sions latines Aegensis, Egea, Egeas; on ne saurait le
tèrent maîtres du pays.
Celui-ci forma, de 1198 à 1375, le royaume de la
faire évêque d'Aegae de Cilicie, dont l'évêque n'assista Petite-Arménie,avec Sis pour capitale. Le port d'Aegae
pas au concile de Chalcédoine; Basile TTOASWÇ'Auaitov, reprit alors toute son importance; ce fut l'un des prin-
à Chalcédoine, 451, doit plutôt être attribué à Sion, cipaux entrepôts des marchandises de l'Asie supé-
comme le suppose Le Quien lui-même, ibid., col. 721; rieure et de l'Inde, sur la route du Kurdistan et de
Rufin Aîyaûov, qui signe, en 459, au concile de Cons- Bagdad. Il était en relations avec la Syrie et l'Égypte,
tantinople sous le patriarche Gennade, pourrait appar- Constantinople, Venise, Gênes, Pise et autres villes
tenir à Aegae de Cilicie. On voit combien peu certaines italiennes, Marseille, Nimes, Montpellier, la Cata-
restent toutes ces attributions. Quant aux noms que logne, etc. Les Vénitiens, dès 1271 et les Gênois, dès

:
Le Quien ajoute en supplément à sa liste, ils sont plus
incertains encore. Ce sont Constant, 't'O'1t'J""IJP'fJ,,'(¡ç
,
7TO).EWC AyrÍ'ljç, à Nicée, 787; Ménas Alyzitxç ou
1274, y possédaient leurs églises particulières, Saint-
Marc et Saint-Laurent. En 1322, Jean XXII voulut
faire de cette dernière la cathédrale de l'archevêque-
~Aytaç et Michel <Ayicx.ç. Ici de nouveau il peut s'agir latin de Mamestia (Mopsueste), mais les Génois s'y
de l'évêché homonyme de Cilicie ou bien d'Hagia, opposèrent. Le même pape, en 1318, envoya des do-
siège suffragant de Myres en Lycie.
S. PÉTRIDÈS.
minicains prêcher au peuple et enseigner le latin
dès 1274, nous voyons signaler un professeur pour
:
2. AEGAE ou ~AEGAEAE,A'tyaA'iyaîai,mieux que cette langue; d'ailleurs Saint-Marc et Saint-Laurent
AtyÉCH; formes tardives A'iyeta,Alyaia, évêché en avaient leurs prieurs italiens. Aujourd'hui encore
Cilicie. Aegae est une colonie grecque qui conserva Aegae est un évêché titulaire latin, j'ignore depuis
longtemps son autonomie; elle battait monnaie; son quelle époque. En 1332, on y voit résider un frater
port, en face de celui de Baïae (aujourd'hui Payas), Thadeus, episcopus Occichensis, mais je ne puis iden-
dont elle est séparée par le golfe d'Issus, lui fit de
bonne heure jouer un rôle commercial. En 55, c'est là
que Corbulon et Quadratus, gouverneur de Syrie,
ché:
tifier ce titre. Les Arméniens y eurent aussi un évê-
on connaît les noms des évêques Syméon, vers
1300; Jean, présent en 1307 à un concile de Sis;
réunirent leurs troupes pour une expédition contre les un autre Jean, 1342; un co-signataire d'une lettre
Parthes. La ville reçut tour à tour les noms d'Hadriana, du catholicos Azarias au pape, en 1584.
de Macrinopolis et d'Alexandropolis en l'honneur des Parmi les Occidentaux qui visitèrent Aegaeau XlIte
empereurs Hadrien, Macrin et Alexandre Sévère. Une siècle, il en est trois que nous devons signaler: Marco
inscription nous y montre le culte de Poseidon Aspha- Polo, qui en partit en 1269 pour son fameux voyage
en Extrême-Orient; Guillaume de Rubruquis, et le le Synecdemus d'Hiéroclès, mais elle figure au début
bienheureux Raymond Lulle.
Les Arméniens appelaient Aegae Ayas de là les:
formes latines, Ajacium, Lajacium, Glacia, Lajaz,
du VIle siècle, sous le nom d'Elas dans laDescriptio
:
orbis romani de Georges de Chypre, édit. Gelzer, p. 53.
On connaît d'elle au moins trois évêques Pierre,
Alleas; italiennes, Ajazzo et plus souvent Laiazzo, en 325, au concile de Nicée, Gelzer, Patrum nicæno-
aussi Lagiazza, Giazza, Lajaza, Lajozo, Jazza, La rum nomina, Leipzig, 1898, p. LXI; Bérylle, en 451,
Glaza; françaises et anglaises, Layas, Leyas, Leas, au concile de Chalcédoine, Mansi, Conciliorum ampl.
Leyes, etc. collectio, t. VII, col. 32; Paul en 536, au concile de Jéru-
Nous n'avons pas à dire le rôle d'Ayas à partir de salem, Mansi, op. cit., t. vm, col. 1175. Je crois avoir
1274, dans la lutte des Arméniens contre les mame- démontré, Échos d'Orient, 1900, t.III , p. 338, quele
louks d'Égypte; elle fut prise en 1322, mais recons- Paul de 536 est l'ancien higoumène de Castellium en
truisit ses forts, en 1341-1342, avec l'aide de subsides Palestine, et non un second évêque Paul, comme l'a
envoyés par Jean XXII, retrouva un instant son cru Le Quien, Oriens christianus, t. III, col. 759. Au
indépendance, fut prise de nouveau en 1367, puis concile de 536, à Constantinople, Jean, prêtre et
passa aux Turcs, sauf occupations passagères par les moine, signe « pour tous les moines d'Aila, dans la
Vénitiens. C'était le commencement d'une ruine au- PalestineIIIe, » Mansi, op. cit., t. VIII, col. 995 et 1022;
jourd'hui complète. Il n'y a plus sur l'emplacement et nous savons par Jean Moschus, Pratum spirituale,
de la vieille Aegae, que quelques misérables huttes LXII-LXVI, CXXXIV, qu'il y avait, au Sinaï, une laure
de Turcomans. Des anciens édifices, il reste le fort des « Eliotes », ou habitants d'Aela, fondée au VIesiècle,
bâti par les rois arméniens, réparé par Soliman vers par un certain Antoine. L'architecte du monastèredu
1522, et communiquant par une digue avec un autre Sinaï, sous Justinien, était également d'Aela, Bulletin
château dressé sur un îlot au sud-est du premier; de correspondance hellénique, Paris, 1907, t. XXXI,
une petite tour due au même Soliman; des ruines p. 329-334. Conquise par les Arabes dès leur entrée en

: ;
d'églises, d'un bain et d'un pont.
Textes anciens Pline, v, 22 27; Dion Cass., XLVII,
xxx, 1; Pausanias, V, 21,11 ;
Tacite, Ann., XIII, 7 sq. Lu-
Palestine, Aela devint une de leurs principales places
fortes et une cité fort commerciale, par suite de sa
situation sur la route de La Mecque. Occupée par es
Francs en 1116, elle leur fut reprise en 1175, avec
cain, Phars., 111, 227; Ptolémée, V, vm, 4; Strabon, XIV,

: p.
676; Philostrate, Vita Apollon., I, 3; Itin. Ant.; Tab. Peut.
(sous la forme corrompue Aregea); Const. Porphyr., De the-
I, -
mat., 13. Travaux modernes Le Quien, Oriens christ.,
t. ii, col. 893. — V. Langlois, Voyage dans la Cilicie, Paris,
1861, p. 425-431. —Head, Hist.num., 598. — Ritter, Klein
l'île de Graye, aujourd'hui Djezireh Faraoun, séparée
de la ville par un étroit bras de mer et sur laquelle se
dressait un château fort. En 1182, Renaud de Châtillon,
seigneur de Kérak et de la terre d'Oultre-Jourdain,
Asia, t. II, p. 113,115. — Ramsay, Histor. geography of Asia tenta vainement de s'en emparer, lorsqu'il organisa
minor,p.365. — L.-M. Alishan,Sissouan,Venise, 1899, p.426- son aventureuse expédition maritime contre les villes
473. — Beaufort, Karamania, Londres, 1817, p. 199. saintes de l'Islam. G. Schlumberger, Renaud de Châtil-
S. PÉTRIDÈS. lon, Paris, 1898, p. 255-283. Elle appartient aujour-
AEGIDIUS. Voir GILLES. d'hui aux Turcs; près de là se trouve la frontière
anglo-égyptienne. Aela s'appelle maintenant Akabah
AELA, évêché de la Palestine IIIe, suffragant de et l'on dit le golfe d'Akabah au lieu du golfe élanitique.
Pétra, dans le patriarcat de Jérusalem. Cette localité Le nom d'Akabah vient d'une rude montée (Akabah)
est mentionnée tout d'abord dans le Deutéronome II, qui se trouve en face de la ville et que le sultan Ibn-
8, à propos de la marche des Hébreux contournant Ahmed-Ebn-Touloun, au ix8 siècle, rendit praticable
les monts de Séir. Elle appartenait alors auxIduméens en y faisant construire une excellente route. On dit
et tomba plus tard aux mains de David, II Reg. d'abord Akabah-Aela, la montée d'Aela, puis Akabah
vm, 14; III Reg., XI, 15, 16; Salomon utilisa son port, tout simplement.
avec celui d'Asiongaber, d'où partait sa flotte pour
Ophir. III Reg., IX, 26; II Par., VIII, 17. Révoltée Reland, Palæstina, Utrecht, 1714, t. II, p. 554-558. —
avec toute l'Idumée contre Joram, elle fut reprise Robinson, Biblical researches in Palestine, Londres, 1856,
t. i, p. 169-172. — E. Hull, Mount Seir, Londres, 1889,
par Azarias, qui « la rebâtit et la rendit à Juda. » p. 71. — L. de Laborde, Voyage en Arabie Pétrée, Paris,
IV Reg., XIV, 22; II Par., XXVII, 2. Peu après, Rasin, 1830, p. 50. — L. de Laborde, Commentaire géographique
roi de Damas, en chassa les Juifs et la restitua aux
Iduméens. IV Reg., XVI, 6. Ce dut être un coup très
sensible pour le commerce du royaume de Juda, les
-
sur l'Exode, Paris, 1841, pl. 126. — Legendre, dans le Dic-
tionnaire de la Bible, t. II, col. 1643-1645. A. Sargenton-
Galichon, Sinaï Ma'an Pétra, Paris, 1904, p. 129-150.
ports du littoral méditerranéen étant déjà occupés S. VAILHÉ.
par les Phéniciens et les Philistins. La ville d'Aela AELFRED. Voir AILRED ou ALFRED.
garda tout de même son importance et c'est d'elle
que prit son nom le golfe élanitique, bras de mer 1. AELFRIC, surnommé grammaticus, le grammai-
:
de la mer Rouge. Les orthographes de la ville sont
plus variées Elath, Ailat, Ailath, Ailona ou Elana,
Ailon, Eloth, Aelath, Aela, etc. La ville est signalée
rien, moine bénédictin, auteur et traducteur anglo-
saxon de la fin du xe et du commencement du
d'Aelfric en Angleterre
XIe siècle. La fréquence du nom
par Josèphe, Ant. jud., IX, XII, 1; par Pline, Hist. à cette époque a fait confondre le Grammairien avec
natur., v, 65; VI, 156; par Ptolémée. V, XVII, 1, qui plusieurs de ses contemporains, ses homonymes, no-
parle du ~bourg'EÀtÍvcx; par Strabon, XVI, 11, 30, qui tamment avec l'écolâtre Aelfric Bata de Winchester,
en fixe la distance à 1200 stades de Gaza. Eusèbe avec Aelfric, archevêque de Cantorbéry († 1005),
et saint Jérôme nous apprennent que la Xe légion avec Aelfric Puttoc, archevêque d'York († 1051).
fretensis y tenait garnison; il en était de même au Wharton, Benjamin Thorpe et Stubbs identifient
Bonn, 1839, t. i, p. 79, qui dit :
Ve siècle d'après la Notitia dignitatum, édit. Bœcking,
Præfectus legionis
decimæ fretensisAilæ. Philostorge, Hist. eccles., III,6,
le Grammairien avec ce dernier personnage; Mores,
Wright, le doyen Hook et Freeman avec l'archevêque
de Cantorbéry. E. Dietrich, W. W. Skeat et M.Wil-
P. G., t. LXV, 483, mentionne le golfe, et Procope, liam Hunt, pour des raisons qui nous semblent plau-
De bello persico, I, 19, parle longuement et de la ville sibles, rejettent toutes ces identifications. Ces confu-
et du port, à propos des relations de Justinien avec sions montrent combien peu précis sont lesrensei-
les Homérites de l'Arabie et les Éthiopiens d'Axoum. gnements qui nous sont parvenus sur la vie d'Aelfric
La ville est omise, peut-être par inadvertance, dans le Grammairien. On sait cependant qu'il fut l'élève
d'Ethelwold et probablement moine d'Abingdon, d'après Donat et Priscien, qui valut à son auteur le
monastère dont celui-ci fut abbé avant de devenir surnom qui le distingue. Elle a été éditée dans le
évêque de Winchester (963). Aelfheah, successeur Dictionarium saxonico-latino-anglicum de W. Som-
d'Ethelwold sur ce siège (984-1005), le mit à la tête ner, Oxford, 1659, et dans la Sammlung englischer
de l'abbaye de Cerne, dans le Dorsetshire. Plus tard, Denkmaler, Berlin, 1880. Sir Thomas Philips en a pu-
il devint abbé d'Ensham, près d'Oxford. Le savoir blié, en 1838, un fragment du XIIe siècle trouvé à
étendu d'Aelfric le fit grandement estimer de ses Worcester. — 10° Le Colloquium, dialogue entre un
contemporains. C'est sur les instances de l'ealdorman maître et son élève, en anglo-saxon, auquel Aelfric
Aethelmaer, son patron, fondateur d'Ensham, et de Bata a fait des additions. Il renseigne sur la disci-
son fils, Aethelweard, qu'il entreprit, dit-il, la plupart pline scolaire et les mœurs du temps. Cf. Benj.
de ses traductions.
On attribue à Aelfric les œuvres suivantes 1°
Deux livres d'homélies pour les dimanches et fêtes
: W. Wells, An old English School-Book, dans Month,
juillet 1900, p. 395-400. Il a été publié par Thorpe,
Analecta anglo-saxonica, Londres, 1834 et 1846;
de saints, en langue anglo-saxonne, chaque livre com- dans Altsächsische u. angelsächsische Sprachproben,
prenant quarante homélies; ce sont des traductions Halle, 1838, enfin dans Anglo-saxon and old
libres ou des imitations d'œuvres parénétiques de english vocabularies de Thomas Wright, 2e éd. de
pères latins, de saint Grégoire plus particulièrement.
Le recueil fut composé avant 994, date de la mort de
R. P. Wülcker, Londres, 1884, t.
i, p. 89 sq. —11° Un
traité De temporibus anni, renfermé dans Popular
l'archevêque Sigeric, à qui il est dédié dans une pre- Treatises on science during the Middle Ages de Th.
mière préface. Ce sont certaines de ces homélies, spé- Wright, Londres, 1841.
cialement celle du dimanche de Pâques sur le sacri- H. Wharton, Dissertatio de Aelfrico, dans Anglia sacra,
fice, qui ont le plus contribué à rendre célèbre, dans
les temps modernes, le nom d'Aelfric. Les anglicans,
opposés à la transubstantiation, croyant y décou-
t. i, p. 125, et dans P. L., t. CXXXIX, col. 1459-1470.
Th. Wright, Biographia britannica literaria, Anglo-Saxon
-
Period,Londres, 1842, p. 480 sq. — Hoefer,Nouvelle biogra-
vrir, à la suite de l'archevêque Parker, des précédents phie générale, Paris, 1852, t. I, col. 334. — E. Dietrich, dans
à leurs doctrines, s'en sont hardiment prévalus. Le
P.Bridgett, Historyof the holy Eucharist inGreat Bri-
tain, t. i, p. 133-146, admet qu'il se rencontre, en
t. XXVI, p. 163-256. -
Zeitschrift f. histor. Theologie, 1855, t. xxv, p. 487-594;
Wülcker, Grundriss zur Geschichte
der angelsächsischenLitteratur, Leipzig, 1885, p. 452 sq. -
R. Priebsch, The chief Sources of someAnglo-Saxon Homilies
effet, dans certains passages des homélies, des expres- (Otia Merseiana), t. I. — Realencyclop. f. protest. Theologie
sions inusitées et malencontreuses, inspirées de Ra- u. Kirche, t. II, p. 232.. — W. Hunt, The English church
tramne de Corbie, mais qui sont cependant suscep- from 597 to 1066, Londres, 1899, p. 374-376. — Dictionary
tibles d'une interprétation orthodoxe si l'on veut of national biography, Londres, 1885, t. I, p. 164-166.
bien les rapprocher d'autres passages moins équivo- L. GOUGAUD.
ques du recueil et surtout tenir compte de l'im- 2. AELFRIC. Voir ALFRIC.
précision qui régnait encore dans les formules théo-
logiques à cette époque. Lingard et Daniel Rock se AELFSIGE (AELFSINE, ELFSI, ELSIN), évêque de
refusent également à voir en Aelfric un négateur de Winchester en 951, succéda, en 958, à l'archevêque
la transubstantiation. Les deux livres d'homélies, Odo de Canterbury. Ce choix écartait, pour un temps,
le second contenant en supplément cinq discours, du siège primatial le futur saint Dunstan qui deve-
ont été édités parB.Thorpe, avec traduction en anglais nait évêque de Worcester. Les biographes de Dunstan
moderne, pour l'Aelfric Society de Londres (1844-1846). ont fort gravement chargé la mémoire d'Aelfsige. Pour
Les sermons pour les fêtes des saints ont été édités,
également avec traduction anglaise, par W. W. Skeat
dans deux volumes de l'Early English Texts Society,
:
eux, il n'est qu'un vulgaire simoniaque. Guillaume de
Malmesbury va plus loin il montre Aelfsige s'ou-
bliant jusqu'à insulter la tombe de son prédécesseur,
Londres, 1881-1900. Bruno Assmann a imprimé en le saint archevêque Odo. La nuit suivante le prélat
outre neuf autres homélies d'Aelfric dans la Biblio- défunt apparaît à Aelfsige et le menace d'une mort
thek der angelscichs.Prosa, t. III, Homelien und Hei- prochaine.
ligenleben, Gottingue, 1889. — 2° Un traité sur l'ancien Punition ou non, la fin tragique de l'archevêque ne
et le Nouveau Testament, édité par William L'Isle fait point de doute. Il se rendait à Rome, en 959, pour
dans ses Divers ancient monuments in the Saxon recevoir de Jean XI le pallium archiépiscopal.En tra-
tongue, Londres, 1638 et dans Anglia, t. VI, p. 425 versant les Alpes, il fut surpris par une tempête de
sq.; t. VII, p. 1 sq. — 3° L'Heptateuchus, traduction neige et périt de froid. Guillaume de Malmesbury a
abrégée des sept premiers livres de l'Ancien Testa- encore dramatisé le récit de cette mort: il nous montre
ment, édité par Edward Thwaites, Oxford, 1698 et l'infortuné prélat plongeant pour les réchauffer ces
dans le t. I de la Bibliothek der angelsächs.Prosa, 1872. pieds qui ont foulé un corps saint, dans les entrailles
— 4° UneVila S. Aethelwoldi dédiée à Kenulf, évêque de chevaux éventrés. Un fils d'Aelfsige fut tué, en 1001,
de Winchester (1006-1009), publiée chez J. Stevenson, dans une incursion des Danois.
Chronicon monasterii de Abingdon (Rerum Britan.
medii sevi scriptores), Londres, 1858,t. II, p. 253-266.
— 5° Des extraits de la traduction en anglo-saxon
Dictionaryof national biography, t. I, p. 167. - Memo-
rials of S.Dunstan, archbishop of Canterbury, éd. Stubbs,
dans les Rolls series, Introd. p. XCIII. — Sancti Dunstani
de la règle de saint Benoît par saint Ethelwold, pour
les moines d'Ensham. Une édition de cet ouvrage vita, auctore B., loc. cit., p. 38. — Vie de S. Dunstan, par
avait été confiée par l'Aelfric SocietyàW. E. Buckley, Osbern, loc. cit., p. 107; par Eadmer, loc. cit., p. 198; par
Guillaume de Malmesbury, loc. cit., p. 295. — Freeman,
de Brasenose College, Oxford, décédé en 1892, avant The history of the Norman conquest of England, 3e éd.,
de l'avoir publiée. — 6° Des canons recueillis pour Oxford, 1887, t. I, p. 308.
Wufsy, évêque de Sherborn (991-1001). — 7° Une A. NOYON.
:
lettre pastorale écrite par Wufstan, archevêque d'York
(1003-1023). — 8° Une lettre intitulée Quando divi-
AELFWEARD. Il fut d'abord moine à l'abbaye de
Ramsey. Le roi Ethelred, rappelé d'exil en 1014, le fit
dis chrisma. Ces trois derniers écrits se trouvent dans
les Ancient laws and institutes of England de Thorpe,
Londres, 1840, p. 441 sq., 542 sq.Les canons sont par-
tiellement reproduits dans P.L., t. CXXXIX, col. 1469-
:
cette même année abbé d'Evesham. L'abbaye était
en triste situation deux fois les moines s'étaient vus
expulsés, et de plus, Godwin de Lindesey retenait in-
dûment des propriétés du couvent. Un procès gagné
1476. — 9° Une grammaire latine avec glossaire en 1013 par l'abbé Brithmaër devant le witan de Mer-
cie n'avait que peu avancé les affaires : Godwin ayant
profité d'une absence d'Ethelred pour reprendre ses
Normandie, femme d'Ethelred et plus tard de Knut.
Accusée par l'archevêque Robert de Jumièges, la
vexations. A bout de patience, le roi aidant et la force reine, pour se justifier et justifier le prélat, aurait de-
aussi, Aelfweardrentra dans son bien. Quant à Godwin, mandé l'épreuve du fer rouge.
il mourut bientôt après, en 1016, dans un combat contre L'histoire nous dit seulement qu'Aelfwine, sans
les Danois. Débarrassé des envahisseurs, Aelfweard doute attaché à la cathédrale de Winchester, fit partie
eut à lutter pour ses droits abbatiaux contre l'évêque de la maison ecclésiastique de Knut et monta, en 1032,
de Worcester. sur le siège épiscopal de Winchester. De là, peut-être,
On sait les événements qui firent passer toute l'An-

:
gleterre sous la puissance de Cnut le Grand. Le danois
favorisa, lui aussi, Aelfweard sans quitter le gouverne-
ment d'Evesham, Aelfweard devint, en 1035, évêque
l'origine des calomnies qui suivirent. Winchester fut,
en effet, en 1043, le séjour de la reine Emma brouillée
avec son frère Édouard.
Aelfwine mourut le 29 août 1047.
de Londres, l'année même de la mort de Cnut. En 1040,
après le décès d'Harald, fils de Cnut et d'Elvige de Dictionary of national biography, t. i, p. 169; t. XVII,
Northampton, les witan offrirent au demi-frère du dé- p. 360. — Freeman, The history of the Norman conquest of
England, 3e édit., Oxford,1877, t. II, p. 95 et appendice H,
funt, Harthacnut, de joindre à la couronne de Dane- p. 585. — Annales Wintonienses, dans Annales monastici,
mark, celle d'Angleterre. Aelfweard fit partie de l'am- édit. Luard, Rolls series, t. II, p. 20.
bassade chargée de porter à Harthacnut, alors à A. NOYON.
Bruges, la proposition des witan. Durant le voyage, dit AELIAE. Voir ELIENSIS (ECCLESIA).
la chronique de Ramsey, une tempête soudaine faillit
engloutir les envoyés, mais Aelfweard ayant fait un AELIANUS. Martyr africain,honoré le 22 juillet.
vœu à saint Egwin, la mer s'apaisa, et bientôt l'on dé- Avec deux autres chrétiens, Andreas et Aiobosus, il
barqua en Flandre.
Harthacnut accepta l'offre des Anglais et com-
mença sous la bénédiction d'Eadsige de Canterbury
;
fut mis à mort à Maxula (voir ce mot), au sud du lac
de Tunis d'où le nom topique de Sancti Maxulitani
—Maxilitati, Maxelitani, Militani, dans les divers mss.
un règne honteux et d'ailleurs fort court († 1042). du Martyrologehiéronymien —par lequelleCalendrier
Aelfweard ne lui survécut guère. Saisi de la lèpre en de Carthage les désigne, suivant l'habitude de l'Église
punition, dit-on, d'un vol de reliques à la tombe de la d'Afrique. Saint Augustin a prononcé un sermon In
vierge sainte Osgith, il voulut se réfugier à Evesham. Natali martyrum Massililanorum, P.L., t. XXXVIII,
Les moines refusèrent de l'y recevoir. Pour les en punir, col. 1286-1288; mais il se contente d'y donner des
il reprit quelques-unes des richesses données par lui à conseils généraux à son auditoire, sans faire aucune
l'abbaye, et s'en fut à Ramsey, le monastère de sa jeu- allusion claire, pour nous du moins, à l'histoire et au
nesse. C'est là qu'il mourut, en juillet 1044, laissant aux supplice des saints dont il parle. Vers la fin de son
religieux des reliques de saint Egwin et de saint El-
phège le martyr. :
discours il distingue un de ces personnages et le met
hors de pair (Deum) adjutorem, ut vinceret, beatus Mar-
tyr habuit, quem miramur, cujus sollemnitatem hodie
Dictionary of national biography, t.I, p. 168. — Freeman, celebramus. Il est donc probable que l'un d'eux s'était
The hislory of the Norman conquest of England, Oxford, 1877, particulièrement signalé par son courage au milieu des
3e édit., t. I, p. 510; t. II, p. 70, 567.— Chronicon abbatiæ
Ramesiensis, édit. Dunn Macray, Rolls series, p. 148 sq., tourments. Nous ne saurions dire duquel il s'agit. Si
p. 157,198,340.—Chroniconabbatiæ de Evesham ad annum l'on tient compte de l'ordre dans lequel sont énumérés
1418, édit. Dunn Macray, Rolls series, p. 36, 81. les trois compagnons, Andreas, toujours nommé le
A. NOYON. premier, serait le chef du groupe. On ignore l'époque
AELFWIG (Elfwig, Alway). La liste abbatiale de de leur martyre. M. Monceaux inclinerait à le placer
Newminster (Winchester) contient, séparés par un au temps de Dioclétien.
certain Aelfnoth, deux abbés du nom d'Aelfwig. M.
Freeman (The history of the Norman conquest., 3e édit., Ruinart, Acta primorum martyrum sincera, Amsterdam,
t.II, appendice P P, p. 705) croirait volontiers que ces 1713, p. 618. — Martyrologium Hieronymianum, édit. De
Rossi et Duchesne, p. LXX et 95. (Extrait des Acta sancto-
deux abbés n'en font qu'un, et que celui qui gouverna
à partir de 1063, n'aurait fait alors que reprendre un rum, nov. t. 11, 1, Bruxelles, 1894.) — Monceaux, His-
toire littéraire de l'Afrique chrétienne, Paris, 1905, t. nr,
gouvernement interrompu. Quoi qu'il en soit, l'abbé p. 35,536.
Aelfwig, qui paraît, en 1063, à Newminster, était proba- Aug. AUDOLLENT.
blement le frère de Godwin, ealdorman de Wessex et AELIUS. Diacre d'Emerita Augusta (Merida), en
l'oncle d'Harold II. Lorsqu'en octobre 1066, Guillau- Espagne, signataire d'une des lettres écrites par plu-
me de Normandie se rencontra à Senlac (Hastings) sieurs églises de cette province à l'épiscopat d'Afrique,
avec Harold, Aelfwig figurait dans les rangs saxons. au sujet des deux évêques libellatiques, Basilides et
Douze moines et vingt hommes d'armes accompa- Martialis. Dans la réponse collective que leur fit le
gnaient l'abbé de Newminster. Après la bataille, ils concile de Carthage de 254, il est seul nommément
restèrent parmi les morts et on les reconnut à l'habit désigné avec le prêtre Félix; on peut donc le consi-
monastique qui dépassait sous l'armure.
Victorieux, Guillaume garda rancune à Newminster
jusqu'en 1069, le monastère resta sans abbé et quel-
: dérer comme exerçant dans sa chrétienté une autorité
morale reconnue de tous.
S. Cypriani Opéra, epist. LXVII, édit. Hartel, t. II, p. 735-
ques terres lui furent enlevées. 743; P. L., t. III, col. 1021-1034; t. IV, col. 400; epist.
Dictionary of national biography, t. I, p. 168.
man, The hislory of the Norman conquest of
- Free-
England,
LXVIII. — Monceaux, Histoire littéraire de l'Afrique chré-
tienne, 1902, t. II, p. 54-56.
Aug. AUDOLLENT.
t.II,
3" édit., Oxford, 1877, p.474, et appendice PP, p. 705; AELIUS PUBLIUS JULIUS. Ce nom apparaît
t. III, p. 476, 501. — Liber monasterii de Hyda, édit. Ed- dans l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, V, XIX, 3,
wards, Rolls series, p. XXXVI (admet deux Aelfwig). —
Destructio monasterii de Hida, dans Dugdale, Monasticon, édit. Schwartz et Mommsen, t. i, p. 480. Eusèbe,
t.I,
édit. 1682, t.II,
p. 210; édit. 1817, p. 437. qui prend à tâche dans les précédents chapitres de
A. NOYON. grouper le plus grand nombre possible de documents
AELFWINE. Une légende peu édifiante a donné significatifs sur les origines du montanisme, cite
quelque célébrité à cet évêque de Winchester. Des au chapitre XIX une lettre dont Sérapion, évêque
chroniques en ont fait l'amant de la reine Emma de d'Antioche, avait accompagné l'envoi d'un ouvrage
d'Apollinaire d'Hiérapolis contre les pseudo-prophètes. « qui êtes en prison, si vous persistez dans votre ob-
A cette lettre étaient annexées, nous rapporte Eusèbe, « stination, la peine capitale vous attend. » — Alors
les signatures de plusieurs évêques, en particulier moi, craignant qu'il ne plaisantât et ne cherchât à

avait ajouté ce témoignage :


celle d'Aelius Publius Julius, évêque de Débelte, colo-
nie de Thrace. Au-dessous de sa signature, l'évêque
« Aussi vrai que Dieu
vit dans les cieux, le bienheureux Sotas d'Anchiale
voulut chasser le démon de Priscille, mais les fourbes
me tromper, je voulus obtenir l'assurance de ce que
:
je désirais. « Vraiment, dis-je, nous souffrirons tous? »
— Et lui m'affirma de nouveau « Le glaive qui ré-
« pandra votre sang est tout près. Mais je voudrais sa-
« voir si vous tous qui méprisez la vie vous obtiendrez
ne le permirent pas. » ~AtXioç IloÛTtXioç 'lov)..wç è.mo
AeêsXroOxoXwvtaç rrjç ©paxï]ç ènlaxonoi;- Çvj ~o 0àç Ó
ô
~Èv~toiç ~ovpavoïç, ~on SwTaç (j.axàpio; ~Ó ~v 'AyXtaÀc.p
:
« une part égale ou non des récompenses célestes. » —
Je lui répondis « Il ne m'appartient pas de prononcer
« sur un tel sujet. Lève un peu, lui dis-je, les yeux vers
£ TOV 8ai'FI.ova ~tou llptcrxÍn"t¡ç EY.SaXeiv, xai oi
7)0éX"/)CT
La colonie de Débelte (en latin
:
« le ciel tu verras une multitude innombrable d'étoiles
{moy.pt't'lXl ~oùx. àspYjy.av. « brillantes. Est-ce que la glorieuse lumière qu'elles
Deultum) en Thrace est identifiée avec la ville mo- « répandent est la même pour toutes? Et cependant
derne de Burgas, dans la province de Roumélie. Le
nom d'Aelius Publius Julius ne se rencontre que
dans le texte d'Eusèbe qui vient d'être cité.
core à m'interroger: « Eh!
« toutes sont lumineuses. » — Le curieux trouva en-
bien, dit-il, puisqu'il y a
« une différence, quels sont parmi vous les premiers à
P. DE LABRIOLLE. « se concilier la bienveillance divine? » — « Assuré-
AELNOTH, historien danois (vers 1100-1124). Né à « ment, dis-je, il y en a deux avant tous les autres
Cantorbéry, il fut fait prêtre en Angleterre. Il assista, allusion à Jacobus et Marianus]; je ne peux te dire

:
en 1101, à la translation du roi saintCanut (+1086) et il
a écrit Historia ortus, vitae, et passionis Sancti Canuti,
avant la mort de l'évêque Arnold de Roskilde, qui eut
« leur nom, Dieu les connaît. » — Il insistait encore
une dernière fois et me pressait d'une façon plus im-
portune. « Ce sont ceux, dis-je alors, qui reçoivent une
lieu le 24 mai 1124. L'ouvrage d'Aelnoth ne doit pas « couronne plus glorieuse, parce que leur victoire est
être confondu avec un livre plus ancien d'un auteur
anonyme qui porte le titre de Passio sancli Canuti
l'eyis Daniæ. Aelnoth avait passé vingt-quatre ans en
:
« plus difficile et plus rare. C'est pour ceux-là qu'il a
« été écrit « Il est plus facile à un chameau d'entrer
« par le trou d'une aiguille, qu'à un riche dans le
Danemark lorsqu'il écrivit son ouvrage. Anglo-saxon « royaume des cieux. » Passio Jacobi., 8.
patriote, il détestait les Normands et quoiqu'il connût Après avoir subi un interrogatoire devant le magis-
bien la langue et les habitudes des Danois, il ne les trat de Cirta, le groupe des confesseurs fut envoyé au
aimait pas. Il n'hésite pas à l'occasion à blâmer les gouverneur de la province, qui résidait à Lambèse.
fautes de caractère de saint Canut. La date de la mort
d'Aelnoth nous est inconnue.
Les laïcs furent séparés des clercs dans la prison et
menés, les premiers en grand nombre, au supplice
Interim per dies plurimos effusione sanguinis trans-
:
Manuscrits: 1. Manuscrit provenant du couvent de Ter Do.
est, actuellement à la bibliothèquecommunale de Bruges-
2. Manuscrit de la bibliothèque de Saint-Omer, assez sem-
mittebaturadDeum numeros a fraternitas. Ibid., 10.
Aussi, bien que le nom d'Aemilianus ne reparaisse
blable au manuscrit de Bruges. plus dans la suite du récit, il est à présumer que ses
Éditions. — La plus ancienne est celle de Huitfeldpubliée tourments ne se bornèrent pas à un emprisonnement
en 1602. Son édition et celles de Meursius (1631) et de Tho- à Cirta, mais qu'il fut jusque dans le martyre le com-
mas Bircherod (1744) dans Westphalen, Monumenta ine- pagnon des saints Jacobus et Marianus. Ces derniers
dita rerum Germanicarumsont basées sur un manuscrit pro- succombèrent le 6 mai 259; on est donc fondé à placer
venant de l'abbaye de Herrisvad (Skanie), autrefois à la la mort d'Aemilianus quelques jours plus tôt.
bibliothèque de l'université de Copenhague, maintenant
détruite. La meilleure édition est celle publiée par les bol-
landistes, Acta sanctorum, julii t. III, p. 127-143. — Voir Ruinart, Passio sanctorum Jacobi, Mariani et aliormn
aussi Langebek, Scriptores rerum Danicarum, t. III, p. 327- plurimorum martyrum in Numidia, dans Acta primorum
390. Le texte des bollandisteset de Langebek est basé sur martyrum sincera, Amsterdam, 1713, p. 222-229. — Mar-
le manuscrit de Bruges. tyrologium Hieronymianum, édit. De Rossi et Duchesne,
Dictionary of national biography, 1885, t. 1, p. 170. — p. LXX et 55. (Extrait des Acta sanctorum, novemb. t. II,1,
A. D. Jorgensen, Den nordiske Kirkes grundlœggelse, Bruxelles, 1894.) — Monceaux, Histoire littéraire de l'rltri-
p. 879 sq. — H. Olrik, Danske Helgeners Levned (avec tra- que chrétienne, Paris, 1902, t. II, p. 154-158; 1905, t. III,
duction du livre d'Aelnoth),p. 19 sq. — Historisk Tidskrift, p.536.
VIe série, t. IV, p. 205; VII" série, t. v, p. 121. Aug. AUDOLLENT.
A. TAYLOR. 2. AEMILIANUS. Inscrit au XII des calendes d'août
AEMILIANA, tante de saint Grégoire le Grand. (21 juillet) dans le Martyrologe hiéronymien, avec un
Voir THARSILLA groupe de saints d'Afrique. Nous ne savons de lui
que son nom. La date de son martyre empêche qu'on
1.AEMILIANUS.Avecles saintsJacobus etMaria- ne le confonde avec le précédent.
nus, arrêtés à Cirta (Constantine), en 259, se trou-
vaient un certain nombre de chrétiens et parmi eux Martyrologium Hieronymianum, édit. De Rossi et Du-
Aemilianus, chevalierromain, âgé d'environ cinquante chesne, p. 94. (Extrait des Acta sanctorum,novemb. t. II,1
ans. Il avait jusqu'alors vécu dans la continence; en Bruxelles, 1894.)
prison il observait des jeûnes rigoureux et priait sans Aug. AUDOLLENT.
3. AEMILIANUS. Inscrit au v des ides de février

compagnons :
cesse pour se préparer à paraître devant Dieu. Une
nuit, il eut un songe qu'il raconta en ces termes à ses
« J'avais été extrait de la prison, lors-
qu'un païen, mon frère selon la chair, se présente
devant moi. Très curieux de tout ce qui nous concerne,
(9 février), avec plusieursautres saints, sous la rubrique
Ad Menbras ou Membras. M. Monceaux interprète
ce mot par Membressa (Medjez el Bab), en Procon-
sulaire, et range par conséquent ce personnage, ainsi
il se met à m'interroger d'une voix railleuse et à me que ses compagnons, parmi les martyrs africains. On
demander combien de temps encore nous endurerions ignore à quelle époque il vécut.

:
dans ce cachot la peine des ténèbres et les privations.
Je lui répondis « Pour les soldats du Christ, il y a
« dans les ténèbres une lumière éclatante et dans le
Martyrologium Hieronymianum, édit. De Rossi et Du-
chesne, p. 18. (Extrait des Acta sanctorum,novemb. t.II,1,
Bruxelles, 1894.)—Monceaux, Histoire littérairedel'Afrique
« jeûne un aliment qui les rassasie; c'est la parole de t.
chrétienne, Paris, 1905, III, p. 536.
•« Dieu. »— A ces mots: «
Sachez, dit-il, que vous tous Aug. AUDOLLENT.
4. AEMILIANUS (Saint). Personnage légendaire, Mgr Toulotte,Géographie de l'Afriquechrétienne, 1892,
qu'on dit être venu d'Arménie à Spolète où il aurait Proconsulaire, p. 376, le dit titulaire d'Ager; il le
subile martyre en même temps que le prêtre Hilarianus confond avec un de ses homonymes du paragraphe 1.
:
et Denys et Hermippe. Il est sans doute identique à
Aemilianus Victorinus le pénitent on aurait mêlé au
souvenir qu'avait laissé ce dernier l'histoire de saint
3° Un autre AEMILIANUSfut élu par les évêques qui
assistaient au concile de Milev, en 416, et au concile
tenu, le 1ermai 418, dans la basilique deFaustus, à
Aemilianus, le martyr de Durostorum. Nous connais- Carthage, pour condamner la doctrine de Pélage,
sons des saints de Durostorum (Dasius) et des pays comme représentant de la province de Byzacène aux
danubiens dont les cultes et les textes ont été impor- réunions synodales. Son siège n'est pas mentionné-
tés en Italie aux ve et vie siècles. Les gestes d'Aemi- Mansi, op. cit., t. III, col. 823; t. IV, col. 334, 27, et
lianus sont imprimés dans la Bibliotheca Casinensis, 508, 94; t. VIII, col. 641.
t. III, Florileg., p. 49-54. 4° AEMILIANUS,évêque de l'EcclesiaCulusitana (voir
A. Dufourcq, Étude sur les Gesta Martyrum romains. ce mot), en Proconsulaire, assista en 484 à l'assem-
Paris,1907, t. III, Lemouvement légendaire grégorien,p.110- blée de Carthage; il fut ensuite exilé en Corse par le roi
115. — Biblioth. hagiographica latina, 1898, p. 19. vandale Hunéric. Notitia provinciarum et civitatum

(ou Dorosturus ; A. DUFOURCQ.


5. AEMILIANUS (Saint). Chrétien de Durostorum
aujourd'hui Silistrie, à la frontière de
la Bulgarie et de la Dobroudjaroumaine) qui brisa les
Africæ, Provincia Proconsularis 33, Victor de Vita,.
édit. Halm, p. 64; P. L., t. LVIII, col. 269, 285.
5°AEMILIANUS episcopus plebis Araditanae était pré-
sent au synode réuni à Carthage, le 5 février 525, dans
idoles, au temps de Julien l'Apostat, et fut mis à mort la basilique de Saint-Agileus. Son siège se trouvait en
pour ce motif par Capitolin, gouverneur de la Thrace Proconsulaire. Mansi, Sacr. concil. nova et amplis. coll.,
(vers 362?). t. VIII, col. 648. Voir ARADITANA (Ecclesia).
Aug. AUDOLLENT.
Théodoret,Hist. eccl., III, VII, P. G., t. LXXXII, col. 1093. 8. AEMILIANUS(Saint), évêque deVerceil, honoré
— S.Jérôme, Chron.,an.366, P. L., t. XXVII, col. 691-692.— le 11 septembre. Il est connu par les signatures qu'il a
Cassiodore, Hist. trip., VI. XVI, P. L., t. LXIX, col. 1040.
—Chron. d'Alexandrie, P. G., t. XCII, col. 395. — Acta san- apposées aux décisions des IIIe, IVe et VIe conciles de
Rome, sous le pape Symmaque, en 501, 502 et 504.
ctorum, julii t. III, p. 373. — P. Allard, Julien l'Apostat,
D'après les traditions locales, il serait originaire
Paris, 1903, t. III, p. 87.
A. DUFOURCQ.
6. AEMILIANUS, évêque de Valence. D'après une
à
d'Espagne, où, après avoir étéberger Libyum(Rioja),.
il serait devenu le disciple de l'évêque Félix, puis se
tradition dont on peut constater l'existence au com- serait retiré pendant 40 ans dans la solitude. Après 504,
mencement du VIesiècle,l'église deValence futfondée on ne sait plus rien de sa vie. Ses restes, transférés une
par trois missionnaires venus de Lyon, Félix, Achillée première fois, en 1181, furent, vers le XVIIe siècle, dépo-
et Fortunat.Nous savons que ceux-ci furent martyri- sés dans la cathédrale de Verceiloù ils sont honorés.
sés le 23 avril, mais nous ignorons l'année de cet évé- Acta sanctorum, 1750, septembr. t. III, col. 797.
nement. Le premier évêque sûr deValence dont l'his- P. FOURNIER.
toire ait conservé le souvenirest Aemilianus, présent 9. AEMILIANUS (Saint), ermite. Ayant quitté ses
au concile tenu en 374,dans sa ville épiscopale,et con- parents et tous ses biens, il se retira dans la forêt de
sécrateur, avec saint Eusèbe de Verceil, du premier Pontgibaud, en Auvergne, où il fut rejoint par saint
évêque d'Embrun, Marcellin. Brachio.AEmilianus mourut à l'âge de 90 ans, en 538.
Duchesne,Fastes épiscopaux, 1907, t.I, p. 215-222. Grégoire de Tours, Vite Patrum, XII, P. L., t. LXXI,
col. 1062-1063.—Biblioth. hagiog.latina, 1898, p. 19.
RouziÈs.<
M. BESSON.

:
7. AEMILIANUS. Ce nom fut porté par un certain
nombre d'évêques en Afrique les voici dans l'ordre
chronologique.
U.
10. AEMILIANUS. un des secrétaires de saint Gré-
goire le Grand qui, avec ses collègues, recueillit qua-
10 A la conférence entre les catholiques et les dona- rante homélies de ce pape. S. Gregorii Magni vita,
tistes, tenue à Carthage en 411, prirent part, du auct. Joanne diacono, II, XI, P. L., t. LXXV, col. 92.
côté catholique, AEMILIANUS episcopus Aggerilanus U. ROUZIÈS.
(Gesta collationis habitas inter episcopos catholicos et 11. AEMILIANUS, dit aussi EMMIANUS (Saint),
donatistas, I, c. CXXVI, Mansi, Sacr. concil. nova et abbé, honoré le 10 mars. D'origine irlandaise, il fut
ampliss. collect., t. IV, col. 100, 265) et AEMILIANUS attiré en France, avec plusieurs compatriotes, par la
episcopus Ecclesiae Bennefensis. Le premier avait réputation de saint Fursy et travailla avec eux à la
un compétiteur donatiste, Candorius; le second sou- constructiondu monastère de Lagny (Seine-et-Marne).
tint contre les donatistes que, depuis trois ans qu'il Au départ de Fursy, vers 653, il en devient lui-même
gouvernait son peuple, il n'avait eu en face de lui au- abbé. Il mourut en 660.
cun représentant du parti adverse. Gesta collat., I, Acta sanctorum, 1668, mart. t. II, p. 45. — John Colgan,.
C.CXXXIII,Mansi, op. cit., t. IV, col. 112,265. Ces deux évê- Acta sanctorum Scotiœ seu Hiberniæ, Louvain, 1643, t. I,.
chés appartenaient à la Byzacène. Du côté donatiste p. 573.— Mabillon, Acta sanctorum ordin. S. Bened., 1669,
sont inscrits AEMILIANUS episcopus Casarum Media- t.II, p. 653.
nensium ou Casensiam Medianensium ou a Casis P. FOURNIER.
Medianensibus, en Numidie,Gesta collat., I, c. CXXXV, 12.AEMILIANUS 11, évêque de Verceil. Ce person-
CXCVIII, Mansi, op.cit.,t.IV,col. 121,148,269, et AEMI- nage n'est connu que par un diplôme du roi lombard
LIANUSepiscopus Verronensis (Gesta collat., I, c. CXCVIII, Aribert, daté du 9 octobre 707.
Mansi, op. cit., t. IV, col. 147, 269), qu'on ne sait F. Savio, Gli antichi vescovi d'Italia. Il Piemonte, 1898,
jusqu'ici à quelle province attribuer. Voir AGGAR, p.437.
BENEFENSIS (Ecclesia), CASAE MEDIANENSES, VERRO- M. BESSON.
NENSIS (Ecclesia). 13. AEMILIANUS(Saint),martyr, honoré le 8 août.
2° Un AEMILIANUS assiste au concile de Carthage en Évêque de Cyzique, sous Léon l'Arménien (813-820)
416, et signe la lettre synodale adressée au pape Inno- et non sous l'Isaurien, comme on l'a cru parfois, il fut
cent 1er, au sujet des doctrines pélagiennes, Mansi,
op. cit., t. IV, col. 321. Son siège n'est pas indiqué, mais
il appartenait certainement à la Proconsulaire. Voir
inquiété, puis exilé et mis à mort pour le culte des
images. On cite son énergique réponse à l'empereur :
Si qusestio ecclesiastica /zæc est, ut dixisti, in Ecclesia
1. ADEODATUS, 2°, col. 545. C'est par erreur que inquiratur, ut mos est. Altius enim et a principio ipso,
ecclesiasticie quaestioncs in ecclesiis, non in palatiis 5. AEMILIUS, évêque de Bénévent, chargé, en 406,
regiis, inquiruntur. d'apporter à Arcadius la lettre de l'empereur Honorius
Acta sanctorum, 1735, aug. t. II. p. 353; cf. Martinov, et du pape Innocent pour demander le rétablissement
Annus ecclesiasticus græco-slavicus, dans Acta sanctorum, de saint Jean Chrysostome. Cet évêque est, d'après
t.
1864,octobr. XI,p.196.
P. FOURNIER.
certains, le même que l'évêque Aemilius dont parle
saint Paulin de Nole dans son Epithalamium Jutiani
14. AEMILIANUS. Voir ÉMILIEN ÉMILION.
et et lœ, vers 212, 214,222, 226, éd. Hartel, p. 245, P. L.,
t. LXI, col. 638. D'après Muratori (P. L., loc. cit.,
15. AEMILIANUS VICTORINUS, chrétien qui se col. 787-792), Aemilius aurait été, non père de la, mais
rendit célèbre en Italie (Picenum, Ombrie ou Lucanie), le frère plus jeune de Memor, père de Julien.
à la fin du VIe siècle par l'austérité de ses pénitences.
Le fait est connu grâce à saint Grégoire le Grand voir
son sermon pour le IIIe dimanche après la Pentecôte,
: Mansi, Sacr. concil. ampl. coll., t. III, col. 1162.- Tille-
mont, Mém. hist. eccl., 1702, t. XIII, p. 815.1026.
U. ROUZIÈS.
P. L., t. LXXVI, col. 1257, § 18. Sa fête était célébrée 6. AEMILIUS. Nom de deux évêques africains
sans doute le 5 septembre. C'est lui qu'on transforma qui assistèrent, à Carthage, à l'assemblée de 484. Le
plus tard en un frère d'un saint Séverin mystérieux, premier, AEMILIUS Asvoremixtensis, avait son siège en
qui n'est autre qu'un double légendaire de saint Séve- Maurétanie Sitifienne, Notitia provinciarum et civita-
rin, l'apôtre du Norique. Voir A. Dufourcq, Étude sur tum A-fricæ, Mauretaliia Sitifensis, 36, Victor de Vita,
t.
les Gesta Martyrum romains, Paris, 1907, III, Le mou- édit. Halm, p. 70; P.L., t. LVIII, col. 276, 353; le se-
vement légendaire grégorien, p. 276-277. cond, AEMILIUS Mediensis, en Maurétanie Césarienne,
A. DUFOURCQ. Notit. prov., Mauretania Caesariensis 47, édit. Halm,
1. AEMILIUS (Saint), martyr, duc, honoré à p. 69; P. L., t. LVIII, col. 274, 340. Voir ASVOREMIX-
Lucques (Toscane), le 1er février et auquel on attribua TENSIS (Ecclesia).
des reliques trouvées en 1200. Aug. AUDOLLENT.
Acta sanctorum, 1658, februar. t.1, p. 78. 7. AEMILIUS. Nom d'un médecin, qualifié de
P. FOURNIER. venerabilis parVictor deVita; il fut mis à mort, en484,
2. AEMILIUS, en langue sarde GEMILIANO, saint sur l'ordre d'Hunéric, dans une ville d'Afrique que
nommer.
et, d'après la tradition locale, martyr sous Néron, près l'historien oublie de Cependant elle fournit
de Cagliari. Il serait l'un des plus anciens martyrs de denombreux confesseurs et martyrs dont il parle
la Sardaigne. C'est à tort que l'on crut retrouver ses longuement.
reliques en 1620. Honoré le 28 mai.
Acta sanctorum, 1688, maii t. VI, p. 745. — Martini,
Biographiasarda, Cagliari, 1838, t. n, p. 93.— Tola,Dizio-
édit. Halm, p. 46;P.L., t.
Victor de Vita, Historia persecutionis Vandalicæ, III, 24,
i,viii, col. 242. — Monceaux,
Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne, Paris, 1905, t. III,
nario degli uomini ill. di Sardegna, Turin, 1838, t.II, p. 57. p. 536.
P. FOURNIER. Aug. AUDOLLENT.
3. AEMILIUS, martyr africain, honoré le 22 mai. 1. ÆNEAS. Voir ÉNÉE.
Saint Cyprien, De lapsis, 13, le donne en exemple,
ainsi que Castus, aux chrétiens qui avaient failli pen-
dant la persécution. Après avoir cédé une première
2.ÆNEAS SYLVIUS. Voir PIE II
fois au milieu des tourments, ces deux personnages, AENHAM ou ENHAM, localité anglaise, aujour-
sans doute compagnons de souffrances, se montrèrent d'hui difficile à identifier, où se tint, à la Pentecôte
plus vaillants dans une seconde épreuve,réparant ainsi de l'an 1009, un concile national convoqué par le
leur faiblesse momentanée. Saint Augustin, qui pro- roi Ethelred (968?-1016) à l'instigation des deux ar-
nonça un discours In die natali martyrum Casti et chevêques saint Elphège de Cantorbéry (954-1012)
Aemilii, P.L., t. XXXVIII, serm.CCLXXXV, col. 1293-1297, et saint Wufstan d'York (+ 1023). Cette assemblée
fait d'eux le même éloge, ibid.,4. Ils furent suppliciés ne fit pas rédiger officiellement le procès-verbal de ses
à Carthage. M. Monceaux place leur mort en 203, actes; mais deux rédactions privées de ses canons,
sous Septime Sévère. A bien examiner les expressions à peu près identiques quant au fond, non par la forme,
qu'emploie saint Cyprien, le lieu est certain et la nous sont parvenues. On les trouvera toutes deux dans
date vraisemblable : Sic hic Casto et Aemilio ali-
quando Deus ignovit. Le P. Delattre a retrouvé dans
la basilique de Mcidfa, à Carthage, des fragments
:
Mansi. La préface de la seconde rédaction nous ren-
seigne sur le but principal du concile rétablir le culte
catholique désorganisé par les récentes invasions
d'inscriptions qui paraissent se rapporter à ces deux danoises. Les canons les plus importants sont ceux qui
martyrs. concernent les rétablissements de la clôture et de la
Ruinart, Acta primorum martyrum sincera, Amsterdam, stabilité pour les cénobites des deux sexes (can. 1),
1713, p. 618. — Martyrologium Hieronymianum, édit. De l'observation du célibat ecclésiastique (can. 2), l'in-
Rossi et Duchesne, p. LXX, 65. (Extrait des Acta sancto- terdiction de la vente des chrétiens extra patriam
rum, novemb. t. 11, 1, Bruxelles, 1894.) — Monceaux, His- (can. 6), l'interdiction de la condamnation à mort
t.
1905, III, p. 536. -
toire littéraire de l'Afrique chrétienne, Paris, 1901, t. I, p. 45;
France,1908, p. 199-200.
Bulletin de la Société des antiquaires de pro re modica (can. 7), le jeûne du vendredi (can. 17),
la pratique de la confession et de la pénitence (can. 20).
Aug. AUDOLLENT. Mansi, Concil. ampl. coll., t. XIX, col. 297 sq. — Spelman,
4. AEMILIUS. Inscrit au XIV des calendes de juin Concilia, Londres, 1639, t. I, p. 511 sq. —Wilkins, Concilia,
(19 mai), dans le Martyrologe hiéronymien, avec un Londres, 1737, t. I, p. 285. — Hefele, Conciliengesehichte,
groupe de martyrs gétules. Nous ne savons de lui que 2e édit., Fribourg, 1879, p. 667.
son nom. Il ne doit pas être confondu avec le précé- L. GOUGAUD.
dent qui ne va jamais qu'en compagnie de Castus. 1. AENUS, en grec ~Aïvoç, évêché suffragant de
D'ailleurs l'indication In Getulia du Martyrologe les Bostra, dans le patriarcat d'Antioche. A la vie session
distingue suffisamment l'un de l'autre. du concile de Chalcédoine, 451, Constantin, métro-
Martyrologium Hieronymianum, édit. De Rossi et Du- politain de Bostra, signa au nom de plusieurs de ses
chesne, p. 63. (Extrait des Acta sanctorum, novemh. t. II,1, suffragants, entre autres de MâXyou r;Ó),f..(J)ç ~Aivou,
Bruxelles, 1894.) — Monceaux, Histoire littéraire de l'Afri- en latin civitatis Avaræ, Mansi, S. conciliorum col-
que chrétienne, Paris, 1905, t. m, p. 536. lectio, t. VII, col. 168. Certains manuscrits latins
Aug. AUDOLLENT. portent Malcho Eni, un autre Marco Uhateno. La
ville n'est pas autrement connue. Quelle est la loca- et, par ailleurs, on ne connaît que Haouar dans
lité qui se cache sous ces diverses appellations? l'Arabie proprement dite, au sud d'Edraï. On voit
Gelzer a soutenu, Ungedrucktc und wenig bekannte quelle obscurité règne encore sur cette question.
Bistümerverzeichnisse, dans Byzantinische Zeitschrijt, S. VAILHÉ.
1892, t. i, p. 262, que c'était Névé, aujourd'hui 2.AENUS,Alvoç, métropole en Thrace. Enos est
Nawâ, un évêché bien connu de la même province. une colonie éolienne établie dans la vieille ville thrace
C'est une erreur, car au même concile de Chalcédoine, de Poltymbria, à l'embouchure de l'Hèbre (Maritza);
t.
Mansi, op. cit., VII, col. 168, Constantin de Bos- elle est déjà citée par Homère, Iliade, IV, 520. Le fleuve
tra signe également au nom de 'I¡,¡io'J TIQÀSMÇNéêr,:. la mettait en relations commerciales avec tout l'in-
Les deux villes sont donc distinctes. J'ai proposé térieur du pays, ce qui lui donna une importance
autrefois avec des réserves que je renouvelle (Un
évêché de l'Arabie,Ainos, dans les Échos d'Orient, t. III,
1900, p. 220-223), d'identifier cette ville avecAïneh,
village musulman situé au sud du Kérak, près de ; :
qu'elle n'a complètement perdue que de nos jours.
Son rôle politique fut bien moindre elle fut avec les
Athéniens lors de la première et lors de la seconde
hégémonied'Athènes sous les successeurs d'Alexandre,
l'ouady el-Hasa, et qui tire son nom des splendides elle fut disputée entre plusieurs maîtres, mais appar-
sources qui l'arrosent. Le nom ancien de la localité tint surtout aux Ptolémées. A l'époque romaine, ville
~Aïva a été retrouvé par nous sur une borne milliaire. libre, elle frappa monnaie. Justinien la fortifia. Elle
La principale difficulté qui s'élève contre cette iden- était alors comprise dans l'éparchie du Rhodope; plus
tification c'est que le Hieroclis Syncedemus, vers 535, tard elle le fut dans le thème d'Europe.Aujourd'hui
et Étienne de Byzance attribuent à la Palestine IIIe elle fait partie du vilayet d'Andrinople. Son port,
Aréopolis et Charac-Moba, donc aussi Aïneli, qui est ensablé par les apports de la Maritza, est inabordable
au sud de ces deux dernières localités. De même, aux
conciles de Jérusalem de 518 et de 536 signent les
évêques d'Aréopolis et de Charac-Moba; ils ne fai-
saient donc pas, non plus que Aïneh, partie du pa-
:
aux bateaux d'un fort tonnage et à peu près aban-
donné au profit de Dédé Aghatch le chemin de fer
qui unit celle-ci à Andrinople a remplacé l'ancienne
voie fluviale. La population a émigré. Il ne reste plus
triarcat d'Antioche. C'est vrai, mais.la Notifia digni- à Enos que 3 000 habitants environ, dont 300 Turcs,
tatum, rédigée dans les premières années du règne le reste Grecs; maigre commerce de céréales et de
de Théodose II, place Aréopolis dans l'Arabie et non bestiaux; poteries.
dans la Palaestina IIIa,. A cette époque, ce n'était Dès le IVe siècle au moins, Enos devint un siège
donc pas l'Arnon ou ouady el-Modjib, mais l'ouady épiscopal, dépendant de Trajanopolis? La Notice
el-Hasa qui servait de frontière entre les deux pro- d'Épiphane, qui est sans doute du temps de Justi-
vinces; par conséquent, Aïneh était en Arabie et nien, l'indique déjà comme archevêché autocéphale,
relevait de Bostra. En était-il encore ainsi en 451, lors occupant le 30e rang; de même les Notices VI (31e),
du concile de Chalcédoine? C'est possible, comme il VII et VIII de Parthey, la Notice de Léon le Sage
est possible aussi que, malgré l'homophonie, Aïneh (41e), les Nova Tactica (43e), la Notice de Tzimiscès
ne soit pas l'ancienne ville de Ainos. Pour Wadding- (40e) vers 980. Avec la Notice de Manuel Comnène,
ton, Explication des inscriptions grecques et latines 1170-1179, Enos apparaît comme métropole sans
recueillies en Grèce eten Asie-Mineure, n. 2524 sq., suffragant et occupe le 62e rang. De même dans la
Ainos est identique à la ville de <!>:¡Í'Jex, mention- Notice d'Isaac l'Ange; les Notices I (65e? erreur pro-
née dans le Synecdemus de Hiéroclès, édition Burck- bable; observer que la Notice est datée de 840*, ce
hardt, Leipzig, 1893, p. 43; cette localité s'appelle qui contredit la Notice de Tzimiscès), II, X, de Par-
q¡e:vo;:;o¡;oç dans laDescriptio orbis romani de Georges they; un des documents qui forment la Notice pu-
de Chypre, édition Gelzer, Leipzig, 1890, p. 54, et bliée par A. P. Kerameus dans ~MOUTEIOV 'l..cd r:jtt)!,LO-
Phenis dans la Notitia dignitatum, édition Boecking,
Bonn, 1839, p. 82, qui y place les équités sagittarii
indigense. L'ethnique (Pa.¡'rr,(HO¡ a été retrouvé sur
:
8.x.f) xr,ç E'JO::yyÚLÛ¡Ç cryoXviç, irep. ~6', Smyrne, 1876,
p. 66. Plus tard elle descend au 73e rang notices XI et
XII de Parthey; autre source de la Notice de Kera-
cinq inscriptions de Mousmiyeh, le village actuel qui meus, op. cit., p. 72; Notice d'Andronic II Paléo-
a succédé à l'antique Phaina, Waddington, op. cit., logue. Dans la Notice d'Andronic III, elle est remon-
n. 2524, 2525, 2530-2532. Il n'est donc pas douteux
que ce ne soit là le vrai nom ancien de cette localité.
Pourquoi l'identifier alors avec Ainos du concile de
:
tée au 60e rang et unie au siège de Brysis. Nous la
trouvons ensuite vers 1500, au 35e rang; vers 1700,
au 36e rang; en 1855, au 38e. Elle occupe aujourd'hui
Chalcédoine? Parce que la carte de Peutinger, me siè- le 33e; le métropolitain réside à Dédé Aghatch.
cle, signale une localité d'Aenos à 24 milles au sud
de Damas, sur la voie romaine de Damas à Bostra par
Canotlia, et que c'est là à peu près la distance de
Liste des titulaires connus :
Enfin Aenus est encore un évêché titulaire latin.
Olympius, 325, 365;
Macaire, 451; Paul, 553; Georges, 692; Jean, 879; (on
Mousmiyeh par rapport à Damas. Mousmiyeh est a un sceau de Jean, VIIIe-IXe siècle); Jean (autre
une des principales localités du Ledja, l'antique Tra- sceau du Xe-XIe siècle); Michel, 1084; N., concile de
chon, sur le chemin de fer ottoman de Damas à Caïfa; Constantinople, 1158; N., acte de février 1164; Jean,
on y remarque surtout le prétoire à peu près intact,
construit, de l'an 160 à l'an 169 de notre ère, par la
troisième légion gallique. Si l'on admet cette identi-
;
1166; Basile, 1260; Arsène, 1315 (métropolitain de
Pergame, proedros d'Enos) Théodose (métropolitain
de Mélitène, proedros d'Enos); Daniel, 1350; Denys,
fication, Ainos et Aenos ne seraient que des cor- transféré d'Athyra,1369; Marc, 1381;Athanase, 1393;
ruptions de Phaina et Phaenos. N., 1395, aussi proedros de Drama, obtient le siège
Si nous nous fions au texte latin, nous avons la de Philippes x(X't" È7N§OA-TV;N., choisi en janvier 1400;
ville de Avara ou Hauara. Il y a encore aujourd'hui N., 1467, membre du Saint-Synode; Niphon, 1484;
un siège titulaire latin, qui relève de la métropole Mathieu, 1580, 1583; Mélèce, 1580; Pachome, 1590;
Pétra et se trouve par conséquent dans la Palsestina Parthenius, 1601, 1602; Mélèce, 1602-1611; Daniel,
IIIa. Cette localité est bien connue quoiqu'on n'en 1620, 1621, vivait encore en 1624; Grégoire, 1622;
puisse pas fixer l'emplacement exact; elle était située, Parthenius, 1622, 1624; Ignace, juillet 1624; Parthe-
d'après la carte de Peutinger, à 38 milles au sud de nius, 1624, démissionnaire en 1652; Nicéphore, 1652;
Pétra.VoirClermont-Ganneau, dans laRevue biblique, Macaire, 1654; Nicéphore, 1659*; Gédéon, 1672;

j
1906, t. III, p. 419-421. Mais nous sommes là certai-
nement en dehors de la province romaine d'Arabie
Gédéon, vers 1700; Jérémie, successeur du précé-
dent; Néophyte, 1713; Daniel, 1716; Méthode, vers
1725; Timothée, 1766; Denys, 1794-1807; Matthieu, semblablement qu'il devient le successeur de Bugen-
1807-1821; Grégoire, démissionnaire en 1831, vivait hagen à Hambourg. La lutte qu'il engagea contre le
encore en 1836; Cyrille, 1831-1847; Sophrone, 1847- chapitre de la cathédraleresté catholique en majorité,
1850; Ignace, 185Q-1851; Sophrone, pour la seconde fut des plus violentes. Son Pinacidion de Romanæ Ec-
fois, 1851-1855; Gabriel, 1855-1867; Mélèce, 1867- clesise imposturis, Hambourg, 1530, donne le ton de
1872; Mélèce, 1872-1873; Dorothée, 1873-1877; An- sa polémique. Il fut récompensé de son zèle par la
thime, 1877-1888; Luc, 1888. charge de surintendant ecclésiastique qui lui assurait
Hérod., IV, 90; VII, 58;Ptol., III, 11, 2; VIII, 11, 7; Skylax, la haute direction de l'Église hambourgeoise. L'année
67; Thucyd., VII, 57; Antiph., V, 22; Skymnos, 696; Étienne suivante, la faculté de théologie de Wittemberg lui
deByz.;Strabon, VII,319;Liv., XXXI,16;Polybe,V,34; conférait, ainsi qu'à Bugenhagen et à Cruciger, le titre
Pline, IV, 43; Procope, De aedif., IV, 11; Hiéroclès, 634, 5. de docteur.
— Gelzer, Georgii Cyprii descriptio orbis romani, p. 5, 60. Aepinus tenait ainsi un des premiers rangs parmi les
Ungedr. und ungenügendveroffentlichte Texte der Not. episc., chefs de la Réforme. Il n'est pas étonnant qu'il ait été
p. 536, 551, 571, 585, 586, 599, 608, 610, 629; Index désigné par Henri VIII d'Angleterre pour négocier
scholarum. in universit. litter. Ienensi, 1891-1892, p. 4. —
Le Quien, Orienschrist., t. I, col. 1201.—Head, Hist. num., l'épineuse question de son divorce avec Catherine
p.212. d'Aragon, en 1534. Son entremise fut laborieuse et
S. PÉTRIDÈS. comme son séjour en Angleterre menaçait de se pro-
AEOCHALDUS. Voir EOLDE. longer, le consistoire de Hambourg envoya un délégué
à Henri VIII pour obtenir le rappel de son chef. Aepi-
AEOLADIUS. Voir EULADIUS. nus revint à Hambourg en 1525, et ne cessa de repré-
senter la ville dans toutes les conférences ayant pour
AEONIUS. Voir EONIUS.
AEPIA, Aumot, ville du royaume d'Agamemnon en
l'Église luthérienne:
objet le règlement des affaires ecclésiastiques de
à Lunebourg, en 1535; à Smal-
kalde, en 1537; à Copenhague, en 1546; à Rostock, en
Messénie (Iliade, I,152), que les géographes ont iden- 1547; à tübeck, en 1551. Il intervient avec succès dans
la controverse avec les sacramentaireset l'importante
tifiée avec Thuria ou avec Methone, mais qui fut en
réalité remplacée par Corone. Les Byzantins connais- convention du 15 avril 1535; il prend parti contre
saient ce fait. Voir G. Parthey, Hieroclis synecdemus Melanchthon dans l'affaire des àôiâcpopa en 1549, et
et notit.Graecae episcopat., Berlin, 1866, append., 10, surtout dans les controverses sur l'objet de la foi avec
64, 92. Mais il ne paraît pas que dans les Notices du Osiander, en 1552. Ce fut lui qui rédigea, avec Joachim
moyen âge Corone ait jamais repris son nom ancien. Westphal et Justo Menius, la Responsio ad confessio-
B. Pancenko a publié, Izvêstija Russkago arheolog. nem Andreœ Osiandri, où il ramène la justification
;
instituta v Konstantinopolê, 1904, t. IX, p. 357, le
sceau de Théodore,évêque d'AÊTrs^aç) c'est sans doute
une fausse lecture pour Appia, évêché de la Phrygie
juridique à un moyen fécond par lequel Dieu commu-
nique ses miséricordes à l'homme et lui révèle sa filia-
tion divine.
Pacatienne. Voir APPIA, CORONE. Son nom est surtout lié à la controverse suscitée
S. PÉTRIDÈS. par l'article du Symbole sur la descente de Jésus-Christ
AEPINUS, un des premiers ouvriers et des plus aux enfers, dispute passionnée qui mériterait à elle
infatigables organisateurs de la Réforme. De son vrai seule une histoire, que Melanchthon ne put apaiser et
nom Jean Hœck qu'il grécisa à sa manière, vers 1524, dont les violences en paroles et en actes amenèrent
en celui d'Aepinus, pour se soustraire, comme il le dit l'intervention de l'autorité civile. Les adversaires
lui-même, « à la haine implacable et à la malveillance d'Aepinus, Garcæus, pasteur de Saint-Jacques, Eppingk
de ses adversaires. » On peut juger déjà que Jean et Hackrott furent destitués le 26 avril 1531 et exilés
Hœck fut loin d'être le réformateur de tout repos de Hambourg. La paix revint pour un temps dans la
exalté outre mesure par Staphorst et par Greve. ville.
Né en 1499, à Ziesar dans la Marche de Brandebourg, Outre les statuts ecclésiastiques de Stralsund et de
il se fait immatriculer, le 1er octobre 1518, à l'uni- Hambourg, Aepinus formula encore un règlement
versité de Wittemberg, alors en pleine effervescence pour l'église de Bergedorf (1540) et pour celle de
religieuse. Jean Hœck embrasse avec ardeur la cause Buxtehude (1552). Il s'occupa également de l'organi-
de Luther dont il devient l'ami; il fut également en sation des écoles et il reste de lui un règlement scolaire.
relations suivies avec Melanchthon. Devenu recteur Aepinus mourut le 13 mai 1553; il n'avait cessé
d'unepetite école du Brandebourg, son activité im- d'appartenir au parti des purs luthériens.
prudente en faveur de la Réforme attire sur lui l'atten-
tion du gouvernement de Joachim 1er qui le condamne Arnold Greve, Memoria Joannis Oepini instaurata,Ham-
à la prison, puis à l'exil. Exil plus ou moins volontaire,
mais dont il fait encourir toute la responsabilité « aux
»
agents du diable, aux moines et aux prêtres. Cf. Com-
tempel, Hambourg, 1770, p. 248-280. --
bourg, 1736. — Nicolaus Wilckens, Hamburgischer Ehren-
des protest.Lelirbegviffs, 1798, p. 252.
Planck, Geschichte
Sillem, Geschichte
der Einfiihrung der Reformation in Hamburg, Halle, 1886.
mentarius in psalmum XIX, Hambourg, 1545,
Était-il, comme Seckendorf l'a écrit, moine p. II sq.
francis- — Dorner, Geschichte der protest. Theologie, Berlin, 1863,
p. 285.
cain? Ce point n'a pu être élucidé. P. BERNARD.
En 1524, il rejoint en Poméranie les réformateurs AEPOLII, évêché en Cappadoce. Le nom de cette
Hermann Bonnus et Pierre Suave et devient recteur ville ne se rencontrant qu'au génitif AîîtdXtwv, nous
d'une école à Stralsund. Bien qu'il n'exerçât aucune ne savons pas si le nominatif était ~At7td).toi ou AiïtôXta.
charge ecclésiastique, il ne s'occupait pas moins avec L'évêché est rangé parmi les suffragants de Césarée,
la plus grande activité du règlement de certaines ques- du xe au XIIe ou XIIIe siècle, par la Notice de Léon le
tions religieuses et ce fut lui qui rédigea, par ordre du Sage (Gelzer, Ungedruckte und ungenugend verôffent-
conseil de ville de Stralsund, les célèbres Ordonnances lichte Texte der Notitiæ episcopatuum, p. 552), les Nova
ecclésiastiques de 1525, qui lui assurent une grande ré- Tactica (Gelzer, Georgii Cyprii descriptio orbis romani,
putation d'organisateur. p. 61), Notices III, X et XIII de Parthey. Nous ne
Au colloque de Flensburg, en 1529, il se rencontre connâissons aucun titulaire. Ramsay,Historicalgeogra-
avec Bugenhagen, qui travaillait alors à la rédaction phy of Asia minor, p. 270, 303, 306, l'identifie avec
des Ordonnances ecclésiastiques de Hambourg et qui Palas, village au nord-est de Césarée, sur la route de
le charge de continuer son œuvre. C'est ainsi vrai- Césarée à Sivas. Comme Eulepa de l'Itiner. Anton,
semble d'autre part devoir être situé à ce même Palas, AERNOUT (ADRIEN). Ce religieux carme du cou-
Ramsay incline àvoir dans ce nom la corruption du vent de Bruges, où il fit profession en 1483, docteur en
même nom indigène dont les Grecs ont fait AITTOXIOI théologie de Paris, fut promu, le 18 septembre 1517, à
pour lui donner un sens dans leur langue. l'évêché de Rose en qualité de suffragant de l'évêque
S. PÉTRIDÈS. de Cambrai et sacré le 22 novembre suivant à Saint-
AÉRIUS. Originaire du Pont, Aérius commença Omer; il mourut au carmel de Bruxelles en novem-
par vivre dans les exercices de l'ascétisme, en compa- bre 1536. On lui attribue des commentaires sur les
gnie de son ami et compatriote Eustathe. Lorsque Sentences et sur la Bible et des sermons.
ce dernier fut devenu évêque de Sébaste, en Arménie
(355), il ordonna Aérius prêtre et le chargea de diriger Daniel aB. V. M., Vinea Carmeli, Anvers, 1662, p. 506;
l'hôpital ou xenodochium, qu'on appelait plus cou-
ramment dans le Pont ptochotrophium. Les relations
-
Speculum carmelitan., Anvers, 1680, t. II,part. II, col. 906.
DeVilliers, Bibliotheca carmelit., Orléans, 1752, 1.1, p.1-2,
qui avaient uni les deux amis ne tardèrent pas à — Paquot, Mémoires pour servir à l'hist. litt. des Pays-Bas,
Louvain, 1769, t.XVI, p. 203-204. —U.Berlière,Lesévêques
s'assombrir et une lutte ouverte éclata bientôt entre
eux. Pour saint Épiphane, Hæres., LXXV, 1, P. G.,
auxiliaires de Cambrai et de Tournai,Bruges, 1905, p. 89-91
Revue bénédict., 1904, t. XXI, p. 141-143.
;
t. XLII, col. 504, cette rivalité provint de ce qu'Aérius, U. BERLIÈRE.
qui convoitait le siège de Sébaste, avait été frustré 1. AERTS (ANDRÉ), né le 10 novembre 1715, à
dans son ambition. Aérius porta contre son évêque Lommel(Belgique), étudia à l'université de Louvain et,
les plus graves calomnies. Vers 360, il abandonna la en 1748, fut nommé curé de la paroisse Saint-Jacques
direction de son hospice et déclara une guerre ouverte à Bois-le-Duc. A la mort de Martin van Litsenborgh,
à Eustathe. Il l'accusait surtout d'avoir abandonné 9e vicaire apostolique de Bois-le-Duc, il fut un des
son genre de vie ascétique et de travailler à acquérir trois candidats proposés par le nonce de Bruxelles,
des richesses. Ayant entraîné à sa suite une grande Molinari, pour prendre la succession. Le pape Be-
multitude d'hommes et de femmes, il se mit à dog- noît XIV désigna (8 avril 1756), Lambert Hoex comme
:
matiser et à répandre ses théories. Ses erreurs se
réduisent aux points suivants 1° Il n'y a aucune dif-
vicaire apostolique. Les États de Hollande refusèrent
d'agréer ce choix, par suite des intrigues du gouver-
:
férence entre l'évêque et le prêtre; c'est le même ordre,
le même honneur, la même dignité oùÕÈv oiaùÂz-z'.
oOTOÇ "olh.ou' !Úa; yàp écrri %où(J.ta,cpY|7t,Ttp.r,,
neur de Bois-le-Duc dont Aerts était le candidat.
Celui-ci fit preuve de beaucoup de dignité et de tact
pendant toute la durée du conflit qui persista même
ZCtL sv t!tç{c,)[LO:.L'évêque impose les mains; le prêtre après la mort de Hoex (14 mars 1759). Enfin le clergé
aussi. L'évêque administre le baptême; le prêtre l'ad- de Bois-le-Duc députa à Rome Valérius Goossens,
ministre aussi. L'évêque s'asseoit sur le trône; le vicaire de Tilbeury, pour exposer au Saint-Siège la
prêtre s'y asseoit aussi. 20 La Pâque est une super- conduite vraiment digne tenue par Aerts durant toutes
stition juive; par conséquent, il ne faut pas la célé- ces difficultés. Clément XIII mit fin au conflit et
brer; 'louSaïxoî;Trà)av [j/jOoiçTcpo^avÉ^ETE.Où XP, Aerts reçut, le 5 juin 1743, l'institution canonique de
OY]«TI,TCInàaya £7UTEXEÏV. Il s'appuyait, pour cela, vicaire apostolique de Bois-le-Duc. Fixant sa rési-
sur les paroles de I Cor., v, 7 : car le Christ, notre dence à Schÿndel, Aerts gouverna le vicariat durant
pâque, a été immolé. 30 Les prières pour les morts 27 ans, mettant à profit le bon vouloir que lui témoi-
sont inutiles. Quels avantages le défunt peut-il reti- gnaient les pouvoirs publics. Il obtint de son vivant
rer des prières ou des aumônes des vivants? Si les un coadjuteur avec future succession en la personne
prières des vivants peuvent secourir les morts, que d'Antoine van Alphen. Le 31 janvier 1790, Aerts unit
personne ne se livre plus aux pratiques de piété, sa protestation à celle de l'évêque de Malines et des
ni ne fasse le bien; mais que chacun se fasse des autres prélats des Pays-Bas contre le fameux sémi-
amis qui se chargent de prier pour lui pour le sous- naire général joséphiste de Louvain. Il mourut le
traire à tout châtiment : Ey^srai
o[:/o'Jo!J.Ía;v ÈJioiïjTâ"
~, y-Idtv, ¿;->V, r|
ùt^rl'krfi-r\'7Ei0Li 6 TSÔVEWÇ.40 Il ne
13 août 1790 et fut inhumé dans l'église de
Schÿndel.
faut établir aucun jeûne. 'AJ:>.' OUTEvt\<rztlai,CPYJT\V, H. MEUFFELS.
eerras TExa y[XE'v-/]. C'est la pratique juive et de ceux 2. AERTS (NORBERT), jésuite flamand, qui passa la
qui sont sous le joug de la loi. Le juste n'est soumis plus grande partie de sa vie dans la mission de Hol-
:
à aucune loi ÕLY..odq)ycXp
Cf.saint Épiphane, ibid., n. 3, col. 505, 508.
xeÏTai- La loi est
faite pourceux qui tuent leurs pères et leurs mères.
Sur le terrain christologique, Aérius aura proba-
blement été semi-arien, comme son ancien ami Eus-
:
lande, a laissé des manuscrits fort utiles pour l'his-
toire de l'église janséniste d'Utrecht et des progrès du
catholicisme dans les Pays-Bas Acta missionis Hol-
landiæ, 1623-1630, 1643-1657 et 1655-1671, 3 in-fol.
conservés à la bibliothèque royale de Belgique; —
tathe. Saint Épiphane l'accuse, ibid., n. 1, col. 504, Brevis notitia missionis hollandicæ. ab exordio mis-

yàp
:
d'être nettement arien et d'avoir même dépassé
Arius par ses hardiesses 'Apîtavoçfj.kv To TCéi.V."AHwç
cppovEÎàXX'fbç"Aptto;, xaî stt [AEIÇOVWÇ
sionis usque ad annum 1702, in-4°; — Index manus-
criptorum lestimoniorum et librorum de re jarisenistica,
exhibenssingulorumsummaria, in-fol., etc. D'un long
ra Mais ce jugement est sans doute exagéré. mémoire du P. François Verbiest traduit du latin en
Même dans ses autres négations, Aérius a admis des hollandais par le P. Aerts, on a extrait et imprimé r
compromis. Ainsi il ne repoussait pas le principe du Kort Memoriael.. van den staet en voortgaeng der Jan-
eûne, puisque lui et ses partisans restaient attachés senisten in Holland.BreveMemoriale extractum ex pro-
aux prescriptions de l'ascétisme chrétien; mais il lixiori de statu et progressu jansenismi in Hollandia,
rejetait les jeûnes obligatoires et n'admettait que les in-4°, s. d. (1697). Né à Anvers le 23 juillet 1639,
jeûnes spontanés. L'Évangile est une loi de liberté et Aerts entra dans la Compagnie de Jésus, le 24 sep-
d'amour. Il ne faut pas y mettre des chaînes et des tembre 1657, et mourut à Amsterdam, le 16 novem-
entraves. Pour se conformer à ses vues, les parti- bre 1707.
sans d'Aérius se livraient, pendant la semaine sainte, Sommervogel, Bibliothèque S. I., Bruxelles, 1890, t. i,
à toute sorte de festins et de réjouissances. Un col. 61-62, où le 2 est erroné; voir t. col. 603, et d'
: n.
motif louable semble l'avoir porté à rejeter la prière où, au lieu de Transylvania, IX, x
pour les morts il craignait que les vivants n'y vis- (Overijssel), m'écrit le P. J.Van den Gheyn, conservateur de-
sent un prétexte pour négliger leur salut. la bibliothèqueroyale de Belgique.
,
il faut lire Transisalania

V. ERMONI. E.-M. RIVIÈRE.


3. AERTS (PHILIPPE), dominicain flamand du cou- Ochin de Sienne, passé au protestantisme. Ce fut au
vent de Gand, où il fit profession le 15 juillet 1604. P. François que le cardinal protecteur confia le gou-
Il suivit en Angleterre D. de Male orateur de l'archi- vernement, en attendant le chapitre général, qui le
duc Albert d'Autriche. Après 12 ans de séjour en An- confirma dans cette charge. Par sa prudence il sut
gleterre, chassé par la persécution, il revint au cou- effacer la mauvaise impression produite par le scan-
vent de Gand dont il fut sous-prieur, puis prieur du dale du malheureux Ochin et le pape rendit aux capu-
couvent d'Ypres (1631). Il mourut à Mœrbeke, le cins le pouvoir de prêcher qu'il leur avait enlevé. Après
24 juillet 1637. Il traduisit en flamand le Thesaurum trois ans d'une sage direction, mettant en avant son
spiritualem tertiæ regulsæ S. P. N. Dominici, sous ce grand âge, il demanda et obtint d'être délivré de toute
titre Gheestelicken schat van de derde orde S. Dominici, charge, afin de reprendre la vie contemplative en
Gand, 1620, 1635, 1663; Bruxelles, 1671. se préparant à la mort. De retour dans la province
de l'Ombrie, il continuait d'y faire l'édification de
De Jonghe, Belgium dominicanum,1719, t. I, p. 89.—
-
Echard,Scriptoresordinisprædicat., t. II, p. 496. Iweins,
Monographie du couvent des Frères-Prêcheurs, à Ypres
tous par ses exemples et ses conseils, quand il mourut
au couvent de Pérouse, au commencement de l'année
(1278-1797), p. 136. 1549, âgé de quatre-vingt-six ans, laissant après lui le
R. COULON. souvenir, précieusement conservé dans les Annales de
AESCHINES, disciple de Montan, vivait vers la l'ordre, d'un religieux de grande perfection. Il avait
fin du IIE siècle. Tertullien, De præscriptionibus, 52- écrit un opuscule intitulé Circulus divini amoris, que
53, P. L., t. II, col. 72, nous apprend que la secte mon- l'on dit édité à Rome en 1521. Pendant qu'il prêchait
taniste se scinda en deux groupes, le groupe de Pro- le carême à Monte Pulciano plusieurs de ses auditeurs
clus et celui d'Aeschines. Ce dernier était bien d'accord écrivirent ses sermons et les envoyèrent à leur compa-
avec Proclus sur la distinction entre le Saint-Esprit, triote le cardinal Cervini, qui fut Marcel II. Il en fut
reçu par les Apôtres de Jésus, et le Paraclet, qui avait si satisfait qu'il les fit relier avec luxe et les déposa
parlé par Montan, mais il se séparait de lui sur la dis- dans la bibliothèque pontificale. On a aussi les ré-

;
tinction des personnes divines. Aeschines est un pré-
curseur de Sabellius il identifie le Fils avec le Père, de
sorte qu'on peut dire que le Père a souffert et qu'il est
ponses qu'il donna aux questions théologiques que
devaient résoudre les capucins avant que le pape ne
leur rendît les pouvoirs de prêcher.
mort (patripassianisme). Sans nommer Aeschines, Piero Gritio, Ristretto dell' istorie di Iesi, Macerata, 1588.
saint Jérôme, Epist. ad Marcellam, XLI, P. L., t. XXII, —Boverius, Annales ord. min. capuccinorum,Lyon, 1632.—
col. 475, et saint Hippolyte, Philosophumena, VIII, 19, Charles d'Aremberg, Flores seraphici, Cologne, 1640. — De-
P. G., t. XVI, col. 3368, font allusion à sa doctrine nys de Gênes et Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum
quand ils déclarent que les montanistes, ou du moins ordo min. capuccinorum.— Baldassini, Notizie. istorichedélla
certains d'entre eux, enseignent l'erreur de Sabellius. reggia citlà di Iesi, lesi, 1703.
M. JUGIE. P. ÉDOUARD d'Alençon.
AESERNIA. Voir ISERNIA. AESIS. Voir ISI.
AESINUS (FRANÇOIS), né à lesi, dans la Marche AETHERIUS. Voir ETHÈRE.
d'Ancône, appartenait à une famille noble de cette
terre, du nom de Ripanti. Agé de vingt-trois ans en- AETINI (AGOSTINO), religieux augustin né à
viron, il avait conquis ses grades à l'université de Arezzo, en Toscane, vers l'année 1671. En 1688, il
Pérouse et voyait s'ouvrir devant lui le chemin aux prit l'habit religieux dans le couvent de Sienne. Pen-
dignités ecclésiastiques, quand renonçant au monde il dant de longues années, on lui confia la direction des
professa la règle de saint François chez les frères mi- novices. Sa mort eut lieu en 1737. On a de lui :
neurs de l'Observance, vers 1491. Il devint bientôt 1.Biblia aurea, seu loci communes ordine alphabetico
prédicateur célèbre etremplit la charge de prédicateur congesti, Pérouse, 1728; 2. Calendarium chronolo-
apostolique. Toutefois comme la vie contemplative gicum ubi mrse et epochæ a creatione mundi usque
avait pour lui plus d'attraits que les succès oratoires, ad persecutionem Diocletiani alque hegiræ arabum
il obtint de vivre dans les couvents retirés de la pro- die, mense et anno signatæ describuntur, Pérouse,
vince séraphique, cherchant uniquement à pratiquer 1728. Ce petit volume n'offre que des extraits d'un ou-
sa règle dans toute sa rigueur. La nouvelle famille des vrage plus étendu du même auteur intitulé Apocha-
capucins, sortie de l'Observance, commençait alors à stasis seu revolutio annorum lunisolarium 1932 ad
::
se répandre et François de lesi eut l'intention de exactam utriusque majoris luminaris moins reductio-
s'y faire agréger; cependant avant de la réaliser, il nem qua novilunia a creatione mundi, et in futurum
voulut, de concert avec plusieurs de ses confrères, stylo iuliano : nec non et hebræorum gesta in sacris
essayer une réforme dans son ordre. Après de nom- bibliis reperta per qucmclam sacram chronologiampro-
breuses difficultés, ils obtenaient de Clément VII la prio anni mense et die juxta LXX Interpretum suppu-
bulle In suprema, du 16 novembre 1532, prescrivant tationem, una cum præcipuarum epocharum, ac Olym-
d'établir dans chaque province plusieurs couvents piadum initio, absque ulla temporis interpellatione sunt
de vie plus observante, où pourraient se retirer les digesta,cod. 19Biblioth.Angelicæ; cf.
Narducci,Cata-
religieux qui le désireraient. Au bout de deux ans, logus codicum. manuscriptorum præter græcos et orien-
désespérant de l'avenir de cette réforme, qui ce- tales in Bibliotheca Angelica, Rome, 1893, t. I, p. 8;
pendant après avoir triomphé des premières épreuves 3. Breve sacrum chronicon, in quo a mundi exordio
devait prendre un accroissement rapide, et voyant usque ad Christi Domini nativitatem, et passionem per
par ailleurs les continuels progrès des capucins, le cyclum luni-solarem annorum 1932 iuxta tabulas ro-
P. François, en compagnie du P. Bernardin d'Asti, mcino-ecclesiasticas,sibique constantem septuaginta in-
son principal collaborateur pour l'établissement de terpretum supputationem, necdum ortus Patriarcharum,
la réforme, mit à exécution son projet primitif. Il principum Israelis, Assyriorum regum, Romanorumque
fut accueilli avec joie et ses nouveaux confrères ne imperatorum certum in tempus statuitur, Pérouse,
tardèrent pas à lui confier la charge de ministre pro- 1729. Cet ouvrage a été édité par le Père Jean-Bap-
vincial et de définiteur général, que lui méritaient tiste Cotta de Tenda, qui, dans la préface, p. 4-7,
ses vertus et son expérience. En 1542, l'ordre des mi- donne des renseignements sur la vie de l'auteur.
neurs capucins subit une épreuve qui semblait devoir Lanteri, Postrema sæcula sex religionis augustinianæ,
causer sa ruine, par l'apostasie de son chef Bernardin t. III, p. 13. A. PALMIERI.
1. AÉTIUS, évêque de la Palestine, qui condamna mais ne parvient pas à le sauver des attaques des se-
Pierre de Capharbaricha,à peu près un siècle avant miariens. Condamné par le troisième synode de Sir-
361. Cf. S. Épiphane, Hær., XX ou XL, P. G., t. XLI, mium, sous l'influence des semiariens, il est exilé à Pé-
col. 678. Un évêque de Lydda (Diospolis) du même pusa, en Phrygie. En 359, il paraît au synode de Séleu-
nom s'inscrivit, en 325, au concile de Nicée. Quelque cie, mais il s'y heurte à l'opposition des acaciens, qui
temps auparavant, Arius l'avait placé au nombre de se séparent nettement de lui, et le déposent, l'année
ses partisans. Cf. Théodoret, H. E., I, v, P. G., suivante, à Constantinople, de sa charge de diacre.
t. LXXXII, col. 912, 1208; S. Épiphane, Hær., L'empereur Constance le fait déporter d'abord à Mop-
LXIV, P. G., t. XLII, col.212. Il prit part au synode sueste en Cilicie,puis à Amblade, en Pisidie.Sous Ju-
arien d'Antioche de l'année330. Cf. Théodoret, H. E., lien l'apostat, il rentre en grâce, et, réhabilité, en 361,
I, 20, P. G., t. LXXXII, col. 968. Philostorge l'accuse, par un synode arien, il reçoit la consécration épiscopale.
t.
H. E., III, 12, P. G., LXV, col. 501, de s'être uni aux Il meurt enfin à Constantinople, entre 366 et 370. Par
partisans de saint Athanasedans l'espoir d'échapper ordre de l'évêque Eudoxe, on lui fait des funérailles
à l'accusation de fornication dirigée contre lui, et solennelles.
ajoute qu'il mourut immédiatement après. On trouve Sous le rapport moral, Aétius ne semble pas avoir
encore un Aétius parmi les évêques de Palestine, qui eu une conduite exemplaire. Ses connaissances elles-
souscrivirent au synode de Sardique de 347; cf. saint mêmes étaient assez superficielles. Il ignorait en tout
Athanase, Apol. cont. Arian., 50, P. G., t. xxv, col. cas les sciences sacrées. Socrate lui reproche, ibid.,
337; deux ans plus tard cet Aétius félicita tout parti- col. 300, d'être étranger à l'étude des saintes Lettres
culièrement saint Athanase de son retour d'exil. (TWVÊepwvrpaij-^ÀRTJOV cX!J."J-I],oç),de n'avoir été versé que
Cf. Athanase, ibid., 57, col. 353. dans l'art de la discussion (tô ipiuxixôv oè xartopOaixst


V. ERlvroNI.
2. AÉTIUS, évêque valentinien de Constantina,
dans l'île de Chypre. Suivant Polybe, il fut sévèrement
:
p.Ó'IO'l) etd'avoirmépriséles écrivainsecclésiastiquesqui
l'avaient précédé Clément, l'Africain et Origène. Sa
méthode théologique était défectueuse. Au dire de
repris parsaint Épiphane, à cause de ses blasphèmes, saint Épiphane, ibid., n. s'acharnait à
2, col. 517, il
et mourut le 7e jour. P. G., t. XLI, col. 100.
Dictionary of christian biography, t. i, p. 53.
V. ERMONI.
expliquer les choses divines par des figures et em-
ployait, en parlant de Dieu, une sorte de géométrie
ou8èverepov tvjv TCEpi
7t),y]v Œ[r¡¡.r.O:,OTCOLSiv to-j
:
0£ojXôyou
3. AÉTIUS, hérésiarque du siècle, un des chefs
IVe aiïôSoctv. siçTOôiày£wu.îtptaçxtvoç xai OLX cr/^JJ.XTWV
de l'extrême gauche arienne, surnommé l'athée, ÈITL- TCSpt ©£o0 xsxai ôpiÇetv,ocÇaçxtov xs xai ,Úwv.
Y-),7]ÛS'IÇ"AÛeoç. Cf. S. Athanase, De synod., n. 6, Il avait écrit des lettres à l'empereur Constantin et à
P. G., t. XXVI, col. 689; Socrate, H. E., 11, 35, P. G., divers personnages. Cf. Socrate, ibid. Il avait aussi
t. LXVII, col. 297. Il naquit en Célésyrie; son père était composé, sous forme de discussion, un ouvrage où il
soldat. Il eut une jeunesse assez mouvementée. Il com- formulait 300 propositions qui étaient le résumé de
mença par exercer le métier d'orfèvre. Après la mort sa doctrine. Saint Épiphane, ibid., n. 10, col. 533, avait
de sa mère, il se livra successivement à des études di- eu cet ouvrage entre les mains. Il nous a même con-
verses. Il cultiva laphilosophie.avecPaulin àAntioche, servé, ibid., n. 11, col. 535-545, 47 de ces proposi-
avec Athanase à Anazarbi, avec Antoine à Tarse, avec tions.
le prêtre Léonce à Antioche. Durant son premier sé-
jour à Alexandrie, il apprend la médecine sous la direc-
tion de Sopolis, et acquiert de solides connaissances
:
Outre les ouvrages cités, voir S. Grégoire de Nysse,
In Eunom., I. I, P. G., t. XLV, col. 248-266. —Philostorge,
Epitom. hist. eccl., 1. III, c. xv, 1. IX, c. VI, P. G., t. LXV,
médicales. Il s'en servira pour secourir gratuitement
les pauvres, tandis qu'il continuerad'exercer son métier
d'orfèvre pour pourvoir à sa propre subsistance. Dere-
col. 502 sq. - Théodoret, H. E., 1. II, c. XIX, XXIII-XXV,
P. G., t. LXXXII, col. 1059,1067-1075.—G.Wurm, Dissert.
de rébus gestis Aetii, Bonn, 1844. — Voir aussi art. Ano-
tour à Antioche, en 350, il est ordonné diacre par l'évê- méens et Eunoméens.
que Léonce, qui le charge en même temps d'enseigner Eumont
V ERMONI.
V.
en public. Mais ses idées hardies obligent bientôt son 4. AÉTIUS, archidiacre de Constantinople, sous les
évêque à le destituer. Impuissant à agir à Antioche, évêques Flavien et Anatole (446-458). Sa présence est
Aétius retourne dès lors à Alexandrie, où il trouve un d'abord mentionnée au concile de Constantinople
protecteur dans la personne de l'évêque arien intrus, (novembre 448) qui porta la première condamnation
George de Cappadoce. Eunonius y devient son disciple. contre Eutychès. Il y paraît comme diacre et notaire
Tous deux unissent leurs efforts pour travailler à l'œu- de Flavien et lit, à la 7e session, les pièces relatives
vre commune et propagent un enseignement qui s'ins- au débat entre Eutychès et Eusèbe de Dorylée. Mansi,
pire des conclusions les plus avancées de l'arianisme. Collect. amp. concil., t. VI, col. 734-738. L'année sui-
Les partisans de la nouvelle secte s'appellent, dans vante, lors de l'enquête sur la prétendue altération
l'histoire, aétiens ou eunoniens, du nom de leurs chefs des actes du synode de 448, enquête demandée par
ou anoméens, à raison de leur thèse fondamentale. Eutychès, Aétius, se fait le porte-voix des notaires,
Le point central de l'hérésie aétienne c'est que le Fils ses collègues, pour défendre leur honnêteté mise en
n'est pas semblable au Père. « Il a osé dire, remarque question. Mansi, ibid., col. 753 sq. C'est comme archi-
saint Épiphane, Hæres., LXXVI, n. 2, P. G., t. XLII, diacre qu'il assiste au concile de Chalcédoine. Sur
col. 517, que le Fils n'est ni semblable au Père, niiden- sa demande, évidemment inspirée par d'autres, les
»
tique au Père sous le rapport de la divinité. 'E'tÓ).- Pères du concile tinrent, malgré les protestations des
[J.YjŒEYÀP cLTCdv O:VÓ[J.OLO'¡rov TIQVrai llarpi -JTClXpXErV, légats du pape, la quinzième session qui régla la
t-?j 0£
où toc'JTOVelvai OTï]TtnpoçTOV IlaTÉpa. De
thèse en découlaient nécessairement deux autres Le
Fils est d'une autre substance (érépa.ç oùen'aç) que le
:cette situation hiérarchique de l'évêché de Constantinople
et rédigea le fameux 28e canon (31 octobre 453).
Lors de la seizième et dernière session (1ernovembre),
Père, d'où le nom d'héterousiens,qu'on donne aussi aux Aétius prit contre les légats la défense de ce qui
aétiens. En tant que créé (XTIOTÔÇ), le Fils a été tiré du s'était fait sans eux. Mansi, op. cit., t. VII, col. 426,
néant (i£ ~), d'où le nom d'exoucontiens. On
comprend que ces doctrines aient jeté du trouble et de
442 sq.
Ces services ne lui concilièrent pas les faveurs
l'émoi dans les esprits, et exposé leur auteur à bien d'Anatole, qui lui enleva sa charge d'archidiacre pour
des vicissitudes. En 358, Aétius revint à Antioche. la donner à un eutychien avéré, le diacre André, le
L'évêque Eudoxe se montre favorable à ses témérités, consacra prêtre et le mit à la tête d'une église et d'un
cimetière situés hors de Constantinople. C'était une contre Suleiman; mais ils furent tués ou blessés à la
disgrâce dont le seul motif était le zèle ardent d'Aé- bataille de Guadiaro le 1er septembre 1010.
tius pour la vraie foi. Aussi le pape saint Léon prit-il Carbonnel (Miguel), Chroniques de Espaya, Barcelone,
sa défense auprès de l'empereur Marcien et de l'im- 1546, p. 48. — Diago (Francisco), Historià de los antiguos
pératrice Pulchérie. Pour rentrer dans les bonnes condes de Barcelona, Barcelone, 1603, p. 88, 90. — Villa-
grâces du pape, Anatole dut rétablir Aétius dans sa p.
nueva, Viage literario, Madrid, 1851, t. XVI, 93; t. XVII,
charge et chasser l'hérétique qui avait pris sa place. p. 130. — Florez (Enrique), España sagrada, t. XXIX,
p. 208-211. — Gebhardt (Victor), Historia general de Es-
Aétius conserva toujours la confiance du grand pape
qui fut en correspondance suivie avec lui. Avec Julien -
paña, Madrid, 1864,t.III, p. 116. Balaguer (Victor),Histo-
ria de Cataluña, Barcelone, 1860, t. i, p. 422-433. — Tomic
de Cos, il fut, à Constantinople, le grand champion (Pedro), Historias e conquistas des. Reys de Aragone de.
de l'orthodoxie en face du douteux Anatole. La der- Comtes de Barcelona, Barcelone, 1880, p. 108. —Bofarrul y
nière lettre que nous possédions de saint Léon à
notre archidiacre est datée du 1er septembre 457.
A partir de cette date, l'histoire le perd de vue.
Barcelone, 1836, t. I, p. 205.
Paris, 1638, p. 421-422.
-
Mascarô (Prospero), Los Condes de Barcelona vindicados,
Marca, Marca hispanica,
A. ANDRÈS.
Lettres CXI. cxii, CXIII, CXVII, CXXVII, CXXVIII, cxxxn, AETUS, 'Aetôç, évêché en Acarnanie. D'après
cxxxv, CXLVII, CLII, CLIII, CLVI, de saint Léon, P. L., t. LIV, Pouqueville, Voyage dans la Grèce, t. III, p. 127-129,
col.1021,1023,1025,1038, 1074,1083,1097,1116,
1123, 1132. - 1073,
Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés
et ecclésiastiques, Paris, 1861, t. x, p. 225-233, passim.—
Aetus aurait remplacé Metropolis, ville connue par
Thucydide, 111, 107, Polybe, IV, 64, et Étienne de
Byzance; mais contrairement à ce qu'il affirme, c'est
Hefele,Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. ix, p. 535, 546,
550-552,829,851-858. Metropolis de Thessalie et non Metropolis d'Acarna-
M. JUGIE. nie qui fut restaurée et fortifiée par Justinien, Pro-
5. AÉTIUS, médecin chrétien du commencement cope, De ædif., IV, 3. Il ne faut pas non plus confondre
du vie siècle. Né à Amida, en Mésopotamie, il fit ses Aetus d'Acarnanie avec un homonyme, château-fort
études à Alexandrie et s'établit ensuite à Constan- près du Galikois, à la frontière de la Macédoine et de
tinople, où il fut nommé médecin du palais avec le la Thrace, signalé sous Alexis Comnène par Nicé-
:
rang de comes obsequii. On a de lui une vaste compi-
lation médicale en seize livres (ïtoXia arpixà hlXêli-
Ssxa, imitée de celle d'Oribazius. On y trouve des
phore Bryennios, Hist., IV, 19. Lors de la conquête
turque, notre Aetus était encore assez important pour
devenir (1402) le siège de l'administration locale,
extraits de Galien, d'Archigénès, de Rufus, de Dios- bientôt après transféré à Naupacte. Pouqueville y
coride, d'Hérodote, de Philagrios, de Posedonios, etc. trouva « quinze familles grecques, victimes tour à
Toutes les préférences d'Aétius sont pour Galien, tour de la rapacité des voleurs et des Albanais chargés
qu'il se permet rarement de contredire. Archigénès de réprimer leur brigandage. » C'est aujourd'hui un
est aussi largement mis à contribution. C'est à lui village de 500 habitants, dème d'Echinos, nome
en particulier que sont empruntées les théories sur d'Acarnanie et Étolie.
les bêtes venimeuses et les poisons. Ses auteurs en Lorsque Naupacte fut érigée en métropole, Aetus
main, Aétius indique des remèdes pour toutes les mala- fut un de ses suffragants; il figure à ce titre dans la
dies; les lotions à la Kneip ne sont pas oubliées; les Notice de Léon le Sage, les Nova Taciica, les Notices

Éditions :
cataplasmes jouent un rôle prépondérant.
seule, la première moitié de l'original grec a été
publiée jusqu'ici, Venise, 1534. La traduction latine com-
III, X, XIII de Partlley, une Notice de la fin du
XVe siècle. Voir Gelzer, Georgii Cyprii descriptio orbis
romani, p. 78; Ungedruckte und ungenügend veröf-
plète de J. Cornier, parue à Bâle, en 1542, a eu plusieurs édi-
tions : Venise, 1543, Lyon, 1549, collection d'Etienne,1567.
Photius, Bibliothèque, cod. CCXXI, P. G., t. CIII, col.
:
fentlichte Texte der Notit. episcop., p. 557, 635. Deux
évêques sont connus Nicodème, qui signa le 2 avril
1235 une lettre synodale du patriarche Germain II,
tius. -
719-734, donne un sommaire détaillé de l'ouvrage d'Aé-
Weigal, Aetianorum exercit. specimen, Leipzig,
C.
1791. — L. Danelius, Beitrag zurAugenheilkunde des Aétius,
Le Quien, Or. christ., t. II, col. 149, et Joasaph, archi-
diacre (d'Achrida?) en 1587, évêque d'Aetus et Ange-
locastrum en 1599 (?). Revue des études grecques, t. XI,
Berlin, 1889. — K. Sprengel, Geschichte der Arzneikunde,
-
t. II. Paulus etWissowa,Realencyclopiidie derclassischen p. 298. Voir ANGELOCASTRUM.
Altertumswissenschaft, Stuttgart, 1893, t. I, p. 703. t.i, p. 23,170; t.II,
Arabantinos, x~o-~K-~'x -Y:; 'Ii-Eîfôu,
M. JUGIE. p.5.
6. AÉTIUS, évêque de Barcelone (995-1010). A la S. PÉTRIDÈS.
mort de Vivas, le chapitre élut à l'unanimité Aétius AEZANI, AïÇavot, plus tard écrit aussi 'Ao:vo(,
pour lui succéder. Celui-ci devait faire partie du cha- évêché en Phrygie Pacatienne. Située vers la source
pitre. Aussitôt après son élévation, il travailla avec un du Rhyndacus, cette ville fut d'abord comprise dans la
grand zèle à accroître les biens et les revenus de son Phrygie Épictète; sous les Romains, elle était le
Église et à améliorer l'état spirituel et temporel des centre d'une région nommée d'après elle Aezanitis.
chanoines. On en trouve la preuve dans les nombreux Elle fut ensuite englobée dans la Pacatienne, plus
documents enregistrés dans leLibro deAntiguedades ou tard dans le thème de l'Opsikion. Il y avait un
Cartulaire n. 1 des archives de la cathédrale. En 1003, temple célèbre de Zeus, avec droit d'asile. Sur ses
Aétius assista à la consécration de l'église de Saint- monnaies, voir Head, Hist. num., p. 556. Ruines im-
Pierre de Besalù. Le 15 mars, aidé des évêques Oliva portantes à Tchavdir Hissar, vilayet de Brousse. Ces
d'Elne, Othon de Girone et Arnaulf d'Ausone (Vich) ruines ont fourni de nombreuses inscriptions, dont
il célébra et publia l'acte de restauration de la cano- quelques-unes chrétiennes.
nica ou maison des chanoines, et le rétablissement de L'évêché d'Aezani, suffragant de Laodicée, est
la vie régulière d'après le concile d'Aix-la-Chapelle mentionné par la Notice d'Épiphane (Gelzer, Ungedr.
comme croient quelques-uns, ou plus probablement und ungenügend veröffentlichte Texte der Notit. episc.,
d'après les canons du IVe concile de Tolède. Il appliqua p. 540), la Notice de 750-800 (De Boor, dans Zeitschr.
à l'entretien des chanoines les biens et revenus que für Kirchengesch., t. XII, p. 520), la Notice de Basile
lui avait donnés un riche commerçant de Barcelone, et les Nova Tactica (Gelzer, Georgii Cyprii descriptio
appelé Robert, et aussi les revenus de plusieurs orbis romani, p. 19, 81), les Notices I, VIII, IX de
églises du Llobregat. Notre évêque et ceux d'Ausone Parthey. Les inscriptions nous font connaître un évê-
et de Girone suivirent le comte Raimond, appelé par que Épiphane, sous lequel une famille dédie à saint
le calife de Cordoue Muhamed el Mahady dans sa lutte Étienne un oôpoz, un ambon et une piscine baptis-
male (Waddington,Inscriptions.Asie-Mineure,p.255)
un protodiacre Paul (Revue des études grecques, t. m,
; et anche per chiunque desidera fare buona e sauta
Il
morte, in-8°, Milan, 1719. est à croire que notre capu-
p. 73); une diaconesse Epiphania (Bulletin de corresp. cin aimait aussi à s'occuper du jardin de son couvent
hellén., t. VII, p. 502; Waddington, op. cit., p. 253):
cette dernière inscription est datée de 508. Nous pos-
sédons les noms de cinq autres évêques, Le Quien, Or.
:
comme le prouve le livre suivant publié sous son nom
de famille, Casimir Affaitati Il semplice ortolano in
villa, e l'accurato giardiniere in città, Milan, 1712 et
christ., t. I, col. 799 : Pisticus ou Pistus, qui assista 1726. Il était aussi dessinateur et il reste de lui une
au concile de Nicée, 325; Pélage, à Constantinople, Carte du lac de Lugano, gravée par son confrère le
518,553; Grégoire, au concile in Trullo, 692; Jean, à P. Barnabe d'Appiano. Le P. Affaitati mourut à Milan
Nicée, 787; Théophane, à Constantinople, 869, 879. le 26 avril 1721.
Aezani est encore aujourd'hui un évêché titulaire pour
la curie romaine.
Hiéroclès, 668, 8; Ptolémée,V, II, 23;Strabon, XII, 57fi.
- Antoine Argelati, Scripiores Mediolanenses,t. I, p.2, 7.
Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ord. min.
capuccinorum.— Mazzucchelli,Scrittori d'Ilalia, t.i, p. 165.
— Texier, Asie-Mineure, p. 23-40. — Sperling, Berlin. — Giornale dei letterati d'Italia, t. XXVII, p. 452; t. XXXIII,
Zeilschr. für Erdkunde, 1863, p. 418 sq. — Ramsay, Histor. P- 412. — Valdemiro da Bergamo, I cappuccini della pro-
geogr. of Asia minor, p. 146. vincia Milanese, p. 11, 402.
S. PÉTRIDÈS. P. ÉDOUARD d'Alençon.
AFFAGART (GREFFIN), pèlerin de Terre-Sainte, AFFAROSI (CAMILLO), né en 1680, à Reggio
fils de Pierre, seigneur de Courteilles au Maine et de
Courteilles au Perche et de Ragonde Le Clerc de
Juigné, hérite de son pèrevers 1505; épouse, avant
1545, Françoise Auvé et meurt vers 1558. Il écrivit une
:
(Emilie), mort en 1763, bénédictin de l'abbaye de
Saint-Prosper de Reggio, a composé 1° Memorie
istoriche del monastero di S. Prospéro di Reggio. 2 vol.
in-4°, Modène, 1733-1737; 2° Notizie istorichedéllacittà
relation de son voyage, avec le concours de Bonaven- di Reggio in Lombardia, in-8°, Padoue, 1755.

:
ture Brochard, cordelier, relation qui est conservée à
1
la Bibl.nal.(fonds français, n. 5642, vol. de 354 fol.),
et qu'a publiée M. Chavanon Relation de Terre-Sainte,
1533-1534, par Greffin Affagart, in-8°, Paris, 1902,
25
U. BERLIÈRE.
AFFELMANN (JEAN), théologien luthérien, né, le
novembre 1588, à Sœst en Westphalie. Il étudia la
théologie à Marbourg, en 1603, sous Winkelmann et
XXVIII- 247 pages. Cette narration n'est pas sans va- Mentzer, tous deux de l'école de la stricte orthodoxie,
leur; si le style en est court, chargé de répétitions, la puis à Giessen en 1605 et à Rostock, où il devint, aussi-
phrase se relève par d'heureuses expressions, un réel tôt après son doctorat, en 1609, titulaire d'une chaire
pittoresque et surtout par une naïveté archaïque de théologie. Il mourut le 28 février 1624.
qui rattache notre auteur plutôt aux écrivains du Affelmann est un des principaux représentants de
XVe siècle qu'à ses contemporains de la Renaissance. la scolastique luthérienne, en un temps où la mystique
Certes, il ne faut pas lui demander une grande préci- avec Paul et Jean Tarnov, Grossgebauer et les deux
sion pour les discussions historiques et archéolo- J. Quistorp ralliait à Rostock la majorité des esprits.
giques, mais on doit lui reconnaître de l'originalité. C'est surtout comme controversiste qu'il est resté célè-
Il émet partout une opinion personnelle, décrit les bre par son érudition, sa subtilité et sa fougue trop
endroits qu'il a visités, rapporte avec exactitude les souvent violente et acerbe. Adversaire résolu du calvi-
légendes qu'on lui a contées et les observations qui nisme plus encore que du catholicisme, il combat in-
lui sont faites. Sa relation est bien supérieure à toutes trépidement pour la doctrine luthérienne sur la per-
celles des XVe et XVIe siècles qui, presque toutes, se sonne du Christ et l'objet de la foi, sur la prédestina-
copientles unes les autres. tion, le baptême, la cène, les àôtâcpooa. Il s'oppose
Louis CALENDINI. énergiquement aux tentatives d'union avec les calvi-
AFFAITATI (ANTONIO-MARIA), appartenait à une nistes, favorisées par le duc Jean-Albert de Mecklem-
famille noble dont le palais existe toujours à Cré- bourg, à l'instigation du prédicateur de la cour Rhue-
mone. Casimir naquit à Albogasio en 1660 et à l'âge lius. Il combattit avec la même vigueur les chiliastes
de seize ans entra chez les capucins de la province de et les mystiques.
Milan. En prenant l'habit religieux, il avait changé son A. Thotnck, Das academisclie Leben des XVII Jahrhun-
nom de baptême contre celui de frère Antoine-Marie. derts, Halle, 1854. — Krabbe, Aus dem kirchlichen und
Tout faisait présager qu'il deviendrait un prédicateur
célèbre, mais des infirmités précoces ne lui permirent
wissenschaftl.Leben Rostocks, Berlin, 1863. -
Geschichle derprotest. Theologie, Berlin, 1863, p. 448.
Dorncr,

pas de se livrer au ministère de la parole; ce qu'il P. BERNARD.


ne pouvait faire en public, il le fit en particulier au AFFLIGHEM. Ce monastère bénédictin (Bel-
le
tribunal de lapénitence. Ilpassait reste de son temps gique, prov. de Brabant) fut fondé par des chevaliers
dans la bibliothèque et les archives de son couvent, convertis par le moine Wéry de Saint-Pierre de Gand,
lisant et écrivant. Nous avons le fruit de ses lectures en 1083, à l'endroit dit Afflighem, non loin d'Alost.
dans un gros volume in-folio qui a pour titre : Fiori L'évêque Gérard de Cambrai les autorisa à suivre la
istorici overo compendio d'erudizioni virtuose, e fatti règle de saint Benoît et leur obtint comme instruc-
illustri d'uomini grandi, antichi e moderni, sagri e teurs deux moines d'Anchin, auxquels se joignit bien-
protani, Milan, 1711. Une seconde édition, 3 in-4°, tôt un moine de Saint-Airy de Verdun, Fulgence,
parut à Milan, en 1632. Il publia encore un Memo- originaire du Brabant wallon, et qui devint le pre-
riale catechistico esposto alle religiose claustrali di mier abbé d'Afflighem. La chronique du monastère
qualunque ordine, opera profittevole alle persone reli- a conservé le souvenir des vertus pratiquées par les
giose dell' uno e dell' altro sesso, e comodo a' confessori premiers religieux et de la prospérité à laquelle
:
di monache, in-4°, Milan, 1716; une vie de saint Jo-
seph sous le titre Il patriarcha Davidico spiegato
nella vita e santilà di S. Giuseppe sposo di Maria
l'abbaye parvint en peu de temps. On y suivit les
:
coutumes de Cluny.Afflighempossédaplusieursprieu-
rés Frasnes-lez-Gosselies,Basse-Wavre, Bornhem,
sempre virgine, in-8°, Milan, 1716. Après avoir exercé donna naissance aux abbayes Vlierbeek près
de de
pendant quatorze ans un charitable ministère auprès Louvain, de Saint-André-lez-Bruges et de Laach, et
des condamnés à mort, le P. Antoine-Marie publia eut la direction des bénédictines de Forest et de
Il caritativo assistente in pratica. Metodo per confor- Grand-Bigard. L'abbaye jouissait de la faveur des
a
tare ed ajutare i condannati morte ad un felice passag-
gio. Puo servireper assislere a qualunque moribondo,
ducs de Brabant et son abbé occupait le premier rang
parmi les prélats du duché.Au XIIIe siècle la disci-
pline était florissante, comme l'attestent Jacques de 3 déc. 1369-16 juil. 1397. — Henri de Saint-Géry, 1397-
Vitry, l'abbé Gilles li Muisit de Tournai, et l'auteur 8 mai 1413.— Jean t'Serjacobsou Van Alphen, con-
de la Vie de sainte Lutgarde. On constate même firmé 3 oct. 1413-22 janv. 1429. — Henri de Assche,
qu'Afflighem exerça une action salutaire sur l'abbaye 29 avril 1426, rés. 1456, — GoswinHerdincx, 10 janv.
de Niederaltaich à la fin du XIIIe siècle (Mon. Germ. 1457-1493. —Guillaume Michaelis, 17 juin 1493-4 nov.
hist., t. XVII, p. 354; Pez, Codex epistol., part. II, 1518. — Guillaume de Croy, évêque de Cambrai, puis
p. 208) et que l'abbaye de Kremsmünster, avec la- archevêque de Tolède et cardinal, 1518-6 janvier 1521.
quelle Afflighem était en confraternité de prières, — Charles de Croy, abbé de Hautmont d'Afflighem
possédait les coutumes de ce dernier monastère (Lo- (1521), de Saint-Ghislain (1528), évêque de Tournai
serth, Geschichtsquellen von Kremsmünster, Vienne, (1524), décédé le 11 décembre1564. —Arnoul Motmans,
1882, p. 19; Mon. Germ. hist., t. xxv, p. 629; Stu- élu en 1565, dut quitter, quand l'archevêque de Malines,
dien und Mittheil. aus dem bened. Orden, 1883, t. II, Granvelle, prit possession de l'abbaye, et il mourut
p. 135-137). Plusieurs religieux se distinguèrent par prieur de Frasnes le 14 juin 1597. Les principaux
(
leurs travaux littéraires, notamment l'abbé Francon
1135), Guillaume, mort abbé de Saint-Trond, en
1297; Henri de Bruxelles, dit parfois d'Afflighem,
prévôts sont Henri Van den Zype, plus tard abbé de
Saint-André-lez-Bruges, 1612-1616; Benoit Haeften,
1616-1648, Robert Estrix,1648-1664, le dernier, Bède
recteur de l'université de Paris, ne fut pas moine. A Regaus, 1763-11 avril 1808.
la fin du XIVe siècle, l'abbaye était en décadence. La
y
réforme de Bursfeld fut introduite, en 1519, par des
moines d'Egmond, mais l'abbaye ne tarda pas à - Chronicori Afflig., dans Mon. Germ. hist., t. IX, p. 407-417.
Neues Archiv f. äll. deut. Gesch., t. VII, p. 628-629. —
Sanderus, Chorogr. sacra Brabantiæ, La Haye, 1726, t. I,
passer aux mains de l'influente maison de Croy, puis
à être incorporée à la mcnse archiépiscopale de Ma-
p. 35-54. — Gallia christ., t. V, col. 36-42. - Wauters,
Hist. des environs de Bruxelles, t. I, p. 476-510. — D. U.
lines. Les religieux obtinrent, en 1660, une division Berlière, L'abbaye d'Afflighem dans la Revue bénéd., 1887,
des biens, mais ne purent recouvrer leur autonomie;
le monastère fut gouverné par des prévôts au nom de
l'archevêque de Malines. En 1628, l'abbaye d'Afflighem
qui, dès l'année précédente, avait adopté la réforme de
;
t. IV, p. 204-211, 254-262, et La congrégation bénédictine
de la Présentation N.-D., dans la Revue bénéd., 1896, t. XIII,
p. 487,499,544-556 1897, t. XIV, p. 60-70,253-262,288-298.
— D. Bernard, Geschiedenis der Benedictijner Abdij van
Affligem, in-8°, Gand, 1890. — Edg. de Marneffe,Cartulaire
Lorraine, s'affilia à la congrégation de la Présentation d'Afflighem, Louvain, 1894-1901, en cours de publication.
Notre-Dame, qui comprenait les abbayes de Saint- U. BERLIÈRE.
Denis en Broqueroie, de Saint-Adrien de Grammont
et de Saint-Ghislain, mais cette congrégation, contra-
1. AFFLITTO (ANNIBALE D'). Né en 1560, d'une
famille noble, il devint chapelain du roi d'Espagne, fut
riée par l'archevêque, dut se dissoudre dès 1654. préconisé évêque de Reggio de Calabre, le 15 avril 1593,
L'abbaye comptait alors un certain nombre d'érudits, et sacré à Rome, le 30 du même mois. Son diocèse fut,
les prévôts Benoit Haeften et Robert Extrix, les sous son épiscopat, le théâtre de tristes événements
moines Hubert Phalesius et Odon Cambier. La disci- qui lui donnèrent l'occasion d'exercer sa charité et son
pline y resta florissante pendant le XVIIIe siècle, zèle. En 1594, la flotte du sultan Amurat III, com-
comme en témoignent D. Martène (Voyage littér., mandée par le renégat messinois Hassan pacha ou
(
1724, p. 208) et D. Berthod Voyage littér., Gand,
1838, p. 32-33). Le dernier prévôt, D. Bède Regaus,
Sinan Cicalà, parut devant Reggio, et les Turcs y
firent une descente; mais, comme tous les habitants
laissa de nombreux volumes manuscrits sur l'his- s'étaient enfuis, les envahisseurs durent borner leur
toire de l'abbaye et de ses dépendances. Pillé en rage à dévaster les cimetières et les églises, surtout
1792 et 1794, le monastère fut supprimé en 1796; celle des jésuites et la cathédrale et, repoussés avec
plusieurs religieux qui avaient refusé de prêter le pertes du couvent des capucins situé près de la ville,
serment constitutionnel, furent emprisonnés. Van qui avait donné asile à un grand nombre de réfugiés,
Bavegem, Het martelaersboek der belg. geestelijkheid, ils se rembarquèrenthonteusement. Après leur départ,
p. 229, 311, 390, 461. Lorsque la Belgique eut re- le jeune archevêque s'efforça de réparer les ruines
couvré son indépendance, D. Vérémond D'Haens laissées par eux et restaura la cathédrale. Mais,
racheta l'ancien couvent des capucins de Termonde quelques années plus tard, en 1599, un violent trem-
et y reconstitua le monastère d'Afflighem (1838) blement de terre vint de nouveau jeter l'épouvante
qui fut affilié, en 1857, à la congrégation cassinienne dans Reggio, et, à peine échappée à ces deux fléaux,
de la primitive observance, dite de Subiaco. Le 17 la malheureuse cité devint la proie de discordes intes-
juin 1870, une colonie de Termonde prit possession tines. Les deux familles Melissari et Monsolini se li-
des ruines d'Afllighem; la nouvelle église fut consa- vrèrent de véritables combats, dans l'un desquels
crée par un des religieux, Mur Ballsieper, vicaire Paolo Melissari fut tué (1601). Les meurtriers se réfu-
apostolique du Bengale oriental, le 29 juin 1882. gièrent dansl'église du Carmine et une trêve fut con-
Enfin, le 24 avril 1887, eut lieu la bénédiction d'un clue entre les deux familles; mais Ferrante Barbuto,
nouvel abbé d'Afflighem, le Rme D. Gothard Heigl. accouru à la tête d'une troupe espagnole, s'empara des
L'abbaye, qui compte une cinquantaine de religieux, réfugiés au mépris de l'immunité ecclésiastique, et les

:
a envoyé des missionnaires au Transvaal.
LISTE DES ABBÉS,reconstituée d'après les documents
originaux Fulgence, 1088-10 déc. 1122. — Francon,
1122-13 sept. 1135.—Albert, 1135-29 août 1136.

fit décapiter. L'archevêque l'excommunia et, à force
de douceur et de prudence, grâce aussi à l'appui du
vice-roi de Naples, réussit à rétablir la paix (1605).
L'année suivante, la flotte du renégat reparut devant
Pierre, 1136-30 nov. 1147. — Godescalc, 1147-1163, la ville, mais l'attitude résolue des habitants obligea
au plus tard. — Arnoul, 1163 ou 1164-6 oct. 1184. —
Godescalc réélu, 1185-30 avril 1195. —Siger de Crain-
hem, 1195-9 oct. 1196. — Guillaume, 1197-1203.
Robert, 1203-20 mars 1224. — Guillaume, 1224-1242.
-

Jean, 1242-1259 ou 1260, puis abbé de Gembloux.
les Turcs à repartir.

:
L'épiscopat d'Afflitto ne présente plus, depuis lors,
qu'un fait important la suppressionprononcée par
lui, en 1611, du rite grec dans la basilique de Santa
Maria della Cattolica et l'abolition de la juridiction du
—Henri, 1260-22 janv. 1265. —Henri II, 1265-10janv. protopape de cette église. Il réunit cinq fois le concile
1301. — Guillaume Loef, 1301-13 nov. 1311.
- = Jean
1312-1erjanv. 1314. Thomas, 1314-7 juillet 1334.
Jean duMont d'Assche, 1314-23 nov. 1356. Jean — de
provincial et promulgua plusieurs règlements pour la
conservation de la discipline ecclésiastique et la ré-
forme des mœurs publiques. Véritable père des pauvres

Woluwe, 3 juillet 1357, résigne 1369.—Alméric Taye, et des malades, il était aussi passionné pourl'étude.
Il mourut en odeur de sainteté, le 1eravril 1638, après Tipaldo,-Biog. degl' Italiani illustri, t. IV, A.
— Girol.
avoir refusé plusieurs évêchés plus riches, et fut en- Tiraboschi,Storiadella letteraturaitaliana, Milan, 1822-1826,
terré dans la cathédrale (épitaphe dans Mongitore et t. I, I. II, c. I, note. — Regeslrum Collegii S. Thomæ de

Rhegiensis anno 1595, in-4°, Reggio, 1595; Synodus


:
Ughelli). On lui attribue plusieurs miracles, opérés
avant et après sa mort. Il reste de ce prélat Synodus
Urbe, ms. de 1768.

4. AFFLITTO (FRANCESCO D').


R. COULON.
Préconisé évêque
de Scala, le 17 ou plutôt (nouv. style) 27 juin 1583, il se
Rhegiensis anno 1614, in-4°, Reggio, 1614; et des fit remarquer par sa munificence envers ses chanoines
lettres manuscrites conservées au collège des jésuites et sa cathédrale et par sa dévotion envers la sainte
de Palerme. Vierge. Il mourut le 11 octobre 1593 (épitaphe dans
P. Stefano Pepe, Orazione funebre di mons. Annibale Ughelli).
degli Afflitti, Naples, 1638. — G. Fozio, Vita di Anni-
bale degli Afflitti, Rome, 1681. — Mongitore, Bibliotheca Ughelli, Italia sacra, t. VII, col. 339-340. — Cappelletti
sicula, t. I, p. 37-38. — Ughelli, Italia sacra, t. IX, col. 336- Le Chiese d'Italia, t. xx, p. 614.
337. — Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. XXI, p. 155,163.— J. FRAIKIN.
G. Morisani, De protopapis,Naples,1768, p. 247. — Dom. 5. AFFLITTO (FRANCESCO D'). Né à Ravello, il fut
Spanb-Bolani, Sloria di Reggio di Calabria, Naples, 1857, préconisé évêque de Lettere, le 10 juillet 1767 et mou-
t. I, p. 285-299; t. II, p. 7, 8, 130, 246-247, 268-269. — rut sans doute à la fin de 1791 ou au début de 1792,
G. Oliva, Sinan-Bassà o Scipione Cicalà celebre rinnegatodel
secoloXVI, dansArchivio storico messinese, 1907, fasc. 3-4;
car son successeur, Bartolomeo Criscuoli, fut préco-
nisé le 3 mars 1792. Gams dit cependant (Series epis-
1908, fasc. 1-2.
J. FRAIKIN. coporum, t. I, p. 891) que le siège de Lettere est de-
2. AFFLITTO (ANTONIO D').Né à Lizzanello (au- meuré vacant de 1787 à 1792.
jourd'hui province et arrondissement de Lecce), il fut Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. XIX, p. 826.
préconisé archevêque de Cosenza le 16 août 1764. Il J. FRAIKIN.
dut assister, le 20 novembre 1767, à l'expulsion des 6. AFFLITTO (FRANCESCOANTONIO). Né àNaples,
jésuites de sa ville épiscopale; ceux-ci furent embar- il fut promu, le 2 ou le 27 octobre 1585, évêque de San
qués à Paola pour les États de l'Église. Cet évêque Marco et mourut sans doute au début de l'année sui-
mourut le 2 ou le 20 mai 1773. vante (car son successeur, Antonio de Melioribus, fut
sacré le 28 octobre 1586), alors qu'il venait d'être dé-
Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. XXI, p. 295. — D. An- signé comme archevêque de Matera.
dreotti, Storia dei Cosentini, Naples, 1869-1874, t. III, p.58.
J. FRAIKIN. Ughelli, Italia sacra, 1.1, col. 880-882 (avec son épitaphe).
3. AFFLITTO (EUSTACHIO D'), dominicain, né à — Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. XXI, p. 409. — C. De
Rocca Gloriosa, fief de sa famille, en Calabre, le Lellis, Famiglie nobili delregno di Napoli, p. 275. — Volpe,
29 juillet 1742, fit ses études à Naples, au collège des
nobles, tenu par les jésuites. Dissuadé par sa famille
d'entrer dans la compagnie, il devint prêtre, puis
-
Memorie storiche su la città di Matera, Naples, 1818, p. 293.
Gattini, Memorie storiche sulla citlà di Matera, Naples,
1882, p. 242.
étudiala théologie au collège de Saint-Thomas d'Aquin J. FRAIKIN.
7. AFFLITTO (GAETANO D'). Né à Scala, il fut
de Naples, sous la direction du P. Zarette. C'est vers d'abord avocat distingué au barreau de Naples, puis
ce temps qu'il se fit dominicain. Après sa profession, entra dans l'ordre des théatins en 1657 et changea
il alla terminer ses études à Pérouse, puis à Rome. alors son prénom de Cesare en celui de Gaetano, d'où
Reçu lecteur en théologie à Rome, le 29 novembre l'erreur de Toppi (reproduite par Mazzuchelli et re-
1768, il revint à Naples pour y enseigner la philoso- levée par Nicodemo, Addizioni copiose alla biblioteca
phie à Saint-Dominique-le-Majeur d'abord, puis au napolitana del Dolt. Niccolà Toppi, in-fol., Naples,
couvent de Saint-Pierre-Martyr. A l'université de la 1683), qui le dédouble en deux personnages). Préco-
même ville, il obtint la chaire d'histoire ecclésiastique.
Le grand-maître de Malte l'invita à venir dans cette
ville pour y travailler à la réorganisation des études
dans l'université, avec la promesse de lui obtenir le
le
:
nisé évêque de Cava, 30 juin 1670, il mourut en 1682.
Il a laissé deux ouvrages principaux Controversi juris
resolutiones cum novissimis decisionibus supremorum
regni Neapolitani tribunalium, in-fol., Naples, 1659;
siège épiscopal de Malte, mais le général de l'ordre ne Juris responsum de actionibus devoluto feudo extraneo
voulut point le lui permettre. Il se rendit à Rome où, hæredi defuncti vassalli., in-4°, Naples, s. d.
sur la requête du roi de Naples, il obtint le grade de
maître en théologie. A son retour il fut créé membre Toppi, Biblioteca napolitana, Naples, 1678, p. 62.—
honoraire de l'Académie des sciences et belles-lettres Silos, Historiarum clericorum regularium, Rome, 1650-
de Naples, bibliothécaire de la bibliothèque royale et 1654, t. III, p. 554-555. — Inn. Raff. Savonarola, Gerar-
chia ecclesiastica teatina, Brescia, 1745, p. 24. — Ughelli,
conservateur du musée et de la galerie Farnèse. C'est Italia sacra, t. I, col. 619. — Cappelletti, Le Chiesed'Italia,
alors qu'il se livra tout entier à des travaux d'histoire
littéraire et qu'il amassa les matériaux du grand ou-
t. XXI, p. 382. -
1re part., p. 171.
Mazzuchelli, Gli scrittori d'Italia, t. I,

vrage dont il publia le premier volume sous le titre de J. FRAIKIN.


Memorie degli scrittori del Regno di Napoli raccolte e 8. AFFLITTO (GENNARO-MARIA D'), d'une noble
distese da Eustachio d'Afflitto Domenicano custode del famille sicilienne, naquit à Naples vers 1618. A peine
Museo e della Galleria de' Quadri che sono nel R.Palazzo âgé de 15 ans, il prit l'habit dominicain au couvent de
di Capodimonte, in-4°, Naples, 1782, t. i, p. XII-486. Ce Santa Maria della Sanilà, à Naples, le 18 septembre
volume ne contient que les auteurs dont le nom com- 1633. Milante rapporte que, pour mettre à l'épreuve
mence par A; en effet, l'auteur fut enlevé par une sa vocation, on aurait obtenu par bref pontifical que,
mort prématurée, le 8 octobre 1785, à l'âge de 43 ans. pendant un mois, le jeune novice serait envoyé chez
Il fut vivement attaqué pour avoir osé corriger les er- les olivétains de Naples. Après cette épreuve, d'Affiitto
reurs de quelques auteurs en renom tels que Fabroni fut affilié au couvent dominicain du T.-S.-Rosaire et
et Tiraboschi. L'Électeur de Bavière, au contraire, lui y fit profession avec cette clause qu'il pourrait appar-
envoya une médaille d'or du poids de 100 sequins pour tenir au couvent della Sanilà dès qu'une vacance s'y
avoir dit son opinion sur un ms. de la bibliothèque produirait. De fait, dès le 5 mars 1655, il se trouve
de Mannheim.Le second volume des Memorie, qui con- affilié à ce couvent avec la permission du général de
tient la lettre B, fut publié en 1794 par un jeune homme l'ordre Nicolas Ridolfi. Après avoir achevé ses études
nommé Philippe Campana. Le reste des manuscrits philosophiques et théologiques, il s'adonna plus spé-
resta entre les mains des religieux du couvent. cialement aux sciences mathématiques. Philippe IV
l'invita à venir à Madrid pour y enseigner plus spécia-
lement l'art des fortifications. A la cour, il se lia
Ughelli, Italia sacra, t. I, col. 969; t. II, col. 609-610.
Pansa, Istoria dell' antica repubblica di Amalfi, Naples,
-
d'amitié avec le fils naturel de Philippe IV, don Juan 1724, t. II, p. 197. — Tafuri, Istoria degli scrittori nati nel

;
d'Autriche, qui voulut l'avoir comme conseiller dans
ses entreprises militaires c'est même à ce prince qu'il
dédia son De munitione. Plus tard, sans doute par
regno di Napoli, 1744-1749, t. II, 2° part., p. 180-181. —
Camillo Minieri Riccio, Memorie storiche degli scrittori nati
nel regno di Napoli, Naples, 1844, p. 6.
J. FRAIKIN.
l'entremise du fameux cardinal Vincenzo Maculano, 10. AFFLITTO (SILVESTRO D'). Né à Troja, il entra
lui aussi dominicain et ingénieur émérite, d'Afflitto dans l'ordre des théatins en 1624, fut préconisé évê-
passa au service de la République de Gênes. Il y sé- que de Trévise le 11 février 1640, puis, le 23 février
journait certainement en 1669, comme il ressort d'un 1644, de Lucera, et mourut le 15 ou le 16 septembre
documentdu 24 avril de cette même année, émané du 1661. Il a laissé un ouvrage manuscrit en deux vo-
Magistrat de la guerre qui lui enjoint d'aller examiner lumes sur la théologie scolastique, conservé dans les
les fortifications de Savone. De Gênes, d'Afflitto fut archives de Sainte-Marie-des-Anges à Naples.
appelé par le grand-duc de Toscane, Ferdinand II, Toppi, Biblioteca napolitana, Naples, 1678, p. 283. —
pour enseigner les mathématiques et l'architecture Ughelli, Italia sacra, t. VIII, col. 325-326 385. — Magna
militaire. Enfin il était depuis quelque temps redevenu bibliotheca ecclesiastica, Cologne, 1734, t. i, p. 136. — Silos,
l'hôte de son couvent della Sanità quand il y mourut
en 1673. Ses historiens louent en lui les vertus de p. 289; t. II, p. 226. -
Historiarum clericorum regularium, Rome, 1650-1651, t. i,
Inn. Raff. Savonarola, Gerarchia
l'homme du cloître autant que la science du savant.
:
D'Afflitto a composé plusieurs ouvrages d'art mili-
taire 1° De munitione et fortificatione libri duo, Ma-
ecclesiastica teatina, Brescia, 1745. — Mazzuchelli, Gli
-
scrittori d'Italia, t. I,1re part., p. 173. Vezzosi, I
scrit-
tori de' chierici regolari detti teatini, Rome, 1780, t. I, p. 5,

d'Autriche ;
drid, in-4°, œuvre très rare avec dédicace à don Juan
2° Della munitione et fortificatione,
additis etiam mathematicarum lineariun et figurarum
note 2. — Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. XIX, p. 269. —
G. d'Amelj, Storia della città di Lucera,Lucera, 1864, p. 304.

11. AFFLITTO (TOMMASO).


J. FRAIKIN.
Né à Sant' Agata de'
iconibus; 3° Breve trattato delle moderne fortifica- Goti en 1570, il entra, en 1603, dans l'ordre des théa-
zioni, cavato dagli originali del P. F. Gennaro Maria tins. Renommé pour sa mémoire et sa prudence, il fut
d'Afflitto, lettore in S. teologia dell' Ordine de' Predi- supérieur de la maison-mère de Sant' Andrea della
catori matematico già del re catolico, Florence, 1665, Valle à Rome, consulteur de la congrégation de l'In-
in-8°; 4° Introduzione alla moderna fortificazione dex et théologien du Saint-Office. Il mourut le 23 mars
cavata dagli originali, etc., Florence, 1667, in-8°, p. 92; 1645. Toppi l'a dédoublé à tort en deux personnages.
édition plus brève que la précédente; 5° De igne et Cf. Nicodemo, Addizioni copiose alla biblioteca napo-
ignivomitis, authore, etc., in Regio Matritensi palatio litana del dott. Niccolo Toppi, in-fol., Naples, 1683,
potentissimi Hispaniarum Regis mathem. publico pro-
fessore, Saragosse, 1661, in-8°, p. iv-138; 6° De' p. 233. Il a laissé un De justitia et jure opus posthu-
miscellanei teologici, filosofi e predicabili; 7° Rela- mum in duas partes distributum,2 in-fol., Naples, 1659.
cion al Rey nuestro Señor del estado de sus plazes del Silos, Historia clericorum regularium, t. II, p. 144;
Estrecho del P. fray Genaro Maria de Aflito natural de

:
la ciudad de Napoles, etc., s.1. n. d., in-4°, 57 pages. —
D'autres écrits sont demeurés inédits 1° Trattato
Naples, 1678, p. 290. -
t. III, p. 317-318, 645-646. — Toppi, Biblioteca napolitana,
Mazzuchelli, Gli scrittori d'Ita-
- I
lia, t. I,1re part., p. 173-174. Vezzosi, scritiori de'
chierici regolari detti teatini, Rome, 1780, t. I, p. 4-5.
della moderna fortificazione all' uso de' Spagnuoli, J. FRAIKIN.
Francesi, Olandesi ed Italiani, Florence, Nazionale AFFO, (IRENEO), savant franciscain italien, né à
(Magliabechiana, 1. I, c. XIX), écrit vers 1650; Busseto, petite ville près de Parme, le 10 décembre
2° L'arte di navigare, cité par l'auteur lui-même dans 1741, mort au même endroit le 14 mai 1797. Il fit ses
son Introduzione alla moderna fortificazione, p. 76; premières études à Soragno, puis chez les jésuites de
3° Terra, seu quadripartita orbis, t. I. Compendio della sa ville natale, avec de tels succès, qu'à l'âge de 17 ans
Sfera universale, en espagnol; 4° Relazione intorno il devint membre d'une académie locale. En 1761, le
alla persona di don Giovanni d'Austria figliolo di Fi- 28 juin, AfIa entra chez les franciscains observants
lippo IV, re di Spagna, circa alla caduta di D. Luigi de de la province de Bologne. Après avoir fait ses études
Aro(1664), Florence, Nazionale (Magliab., cl. xxv, 101). philosophiques et théologiques, il fut nommé lecteur
Nie. Toppi, Biblioteca napoletana, Naples, 1768. — Ni- en philosophie à Parme en 1767, et enseigna ensuite,
codemoLion.,Addizionicopiose alla bibliotecanapoletana, appelé par Ferdinand Ier, duc de Parme, de 1768 à
ibid., 1683, p. 85. — Quétif-Échard, Scriptores ordinis 1778, au lycée de Guastalla. En 1778, il devint sous-
Prædicatorum, Paris, 1719, t. II, p. 646 b. — P. Thom. Mi- bibliothécaire, en 1785, bibliothécaire en chef de la
lante, De viris inlustribus congregalionis S. Mariæ Sani- Palatine à Parme, après avoir refusé la même charge
tatis O. Pr., Naples, 1745, p. 203-205. — G. M. Mazzuchelli, à la bibliothèque de la Brera à Milan. Dans son ordre,
Gli scrittori d'Italia, Brescia, 1753-1763, t. I. — Vinc. Mar-
chese, Memorie dei più insigni pittori, scultori Affo occupa plusieurs hautes fonctions. Nommé défi-
e architetti niteur général en 1791, il fut élu provincial de Bologne
domenicani, 3e édit., Gênes, 1869, t. II, p. 489-494.

D. Ayala, Bibliografia militare italiana antica e moderna, en 1795. La mort le surprit pendant la visite cano-
Turin, 1854, 2e part., p. 81. nique au couvent de Busseto en 1797, et il fut enseveli
R. COULON. dans l'église du même couvent.
9. AFFLITTO(ORSO ou URSILLO). Né à Naples, ou D'une érudition vaste et d'un caractère communi-
plutôt, suivant Riccio, à la Scala, d'une famille noble catif, AfIà avait un grand nombre d'amis parmi les
de cette ville, il fut d'abord protonotaire apostolique, premiers savants du temps, tels que Tiraboschi, Gae-
puis fut promu évêque de Bertinoro, en 1395, et tra- tano Marini, Lami et autres. Cependant les ennemis
vailla à relever de ses ruines la ville de Forlimpopoli, ne lui ont pas manqué. Par suite de leurs intrigues, il
qui était jadis le siège de l'évêché. Il rétablit la disci- avait perdu la faveur du duc Ferdinand et pendant
pline dans le clergé diocésain, réunit plusieurs fois le deux ans (1782-1784) il s'était vu contraint de quitter
synode et restaura l'église cathédrale de Santa Cate- Parme, et, pour éviter des difficultés à son ordre, il
rina. Transféré à l'évêché de Monopoli le 14 décembre avait même dû échanger l'habit religieux contre la
(et non le 4 novembre, comme le dit Ughelli) 1404 ou soutane.
1405, il mourut à Naples le 12 décembre de cette der- Affo a laissé des écrits nombreux. On compte de lui,
nière année et y fut enterré dans l'église de San- outre une correspondancetrès étendue, plus de 100 ou-
Lorehzo (épitaphe dans Ughelli). vrages et opuscules, tant imprimés qu'inédits, se rap-
portant à l'histoire, la littérature, les beaux-arts, la Franco, Imagem da virtude em o noviciado de Evora, Lis-

:
diplomatique, l'archéologie, la numismatique, la bi-
bliographie. Ses trois œuvres principales sont Istoria
della città educato di Guastalla, Guastalla, 1785-1787,
bonne, 1714, p. 631-648; Annus gloriosus S. I. in Lusitania,
Vienne, 1720, p. 175-176; Synopsis Annalium S. I. in Lusi-
tania,Augsbourg-Graz,1726, p.
104, 183.—Sommervogel,
Bibliothèque S. J., Bruxelles, 1890, t. I, col. 62-63; 1898,
4 vol. in-4°; Memorie degli scrittori e lelterati di Par- t. VIII, col. 1572.
ma, Parme, 1789-1797, 5 vol. in-4°, œuvre continuée E.-M. RIVIÈRE.
ensuite par Pezzana, son successeur à la bibliothèque
de Parme, qui dans le vi° vol. 1re part., Parme 1825,
2.AFFONSO(GASPAR),jésuiteportugais,néàSerpa
(Alemtejo) en 1554, fut admis dans la Compagnie de
traite exclusivement de la vie et des œuvres du P. Jésus le 12 février 1569, enseigna la théologie morale
:
Affo; Storia della città di Parma, Parme, 1792-1795,
4 vol. in-4°. Il faut encore citer Dizionario precettivo
critico ed istorico della poesia volgare, Parme, 1777,
et fut recteur du collège de Braganza en 1591-1593. Il
s'embarqua pour les Indes, le 10 avril 1596, sur le Sâo
Francisco, avec six autres missionnaires, parmi les-
in-8°; Delle zecche e monele di tutti i Principi di casa quels deux futurs martyrs du Japon, Carlo Spinola et
Gonzaga che fuori di Mantova signoreggiarono., Girolamo De Angelis. Poussé par la tempête à Bahia,
Bologne, 1782, in-fol.; La zecca e monetaParmigiana puis à Puerto-Rico, il revenait à Cadix en 1599.
illustrata, Parme, 1788, in-fol.; Pour l'histoire des Sa Relaçaô da viagem, e sucesso que leve a nào S.Fran-
frères-mineurs, ses études sur Jean de Parme, Vita cisco em que hia por capitâo Vasco Da Fonseca na arma-
del b. Giovanni da Parma, Parme, 1777; sur frère da que foy para India no anno de 1596, a été publiée
Élie, Vita di Fraie Elia, Parme, 1783; 2e édit., 1819, dans l'Historia tragico-maritima, in-4°, Lisbonne, 1736,
in-8°, sont très importantes. On cite souvent aussi t. II, p. 317-436. Affonso mourut à Coimbre, le 21 fé-
De' Cantici volgari di S. Francesco d'Assisi, Guastalla, vrier OII le 14 septembre 1618.
1777, in-8°, où l'auteur montre que saint François n'a
Franco, Annus gloriosus S. 1. in Lusitania, Vienne, 1720,
pas lui-même composé les poésies qu'on lui attribue. p. 105; Synopsis Annalium S.I. in Lusitania,Augsbourg-
La meilleure vie du P. Graz, 1726, p. 163 et 223. - Sommervogel, Bibliothèque
Affo

dona offre une bibliographie plus complète :


est celle de Pezzana, qui
donne également le catalogue de ses œuvres. — L. Mo-
Bibliografia
del P. Ireneo Affo, in-8°, Parme, 1898, parue d'abord dans
S. J., Bruxelles, 1890, t. i, col. 63; 1898, t. VIII, col. 1572.
E.-M. RIVIÈRE.
AFFORTY (CHARLES-FRANÇOIS), né en 1706,-
Archivio storico per le provincie Parmesi, 1897, t. VI. - De
brèves indications se trouvent dans Picconi, Serie cronolo-
mort en 1786, doyen de Sorbonne, chanoine et doyen
de l'église Saint-Rieul de Senlis. Il fut un des plus
gico-biografica dei ministri e vicari provinciali della mi- actifs collaborateurs de Moreau, historiographe du roi,
noritica Provincia di Bologna, Parme, 1908, p. 283-288. —
Voir aussi B. Vitali, In morte del P. Ireneo Artù, Parme, dans la recherche des documentsrelatifs à l'histoire de
1797. — P. Pompilio Pozzetti, Elogio d'IreneoAffô, 2e édit. France. Il reste de lui vingt-cinq volumes in-fol. de
augmentée par L[uigi] B[ramieri], Parme, 1802. manuscrits conservés à la bibliothèque municipale de
L. OLIGER. Senlis. Ils fournissent une mine précieuse de documents
AFFOLDERSBACH ou AFFOLDERBACH, pour l'histoire de ce pays.
Affolterbach (AFFHOLDERBACHIUM), monastère de reli- La grande encyclopédie, t. i, p. 696. — Catalogue général
gieuses de l'ordre de Cîteaux, au diocèse de Trêves, des manuscrits, t. XXIV,290-291.
p.
près de Miehlen, canton de Nastätten, dans le voisinage U. ROUZIÈS.
de Coblenz (Prusse Rhénane). Cette abbaye fut fondée, AFFRANCHISSEMENT. L'affranchissement est
en 1222, par Rupert, comte de Nassau. La même année, l'acte qui rend un esclave à la liberté. Dans
Théodoric II ou Thideric, archevêque de Trêves, con- tous les pays d'esclavage, il y eut des affranchisse-
firma les possessions déjà importantes données aux ments et des affranchis. L'étude précise de leurs
moniales par divers bienfaiteurs. On n'a aucun rensei- formes et de leurs conditions appartient au domaine
gnement sur cette maison, en dehors des actes de des sciences juridiques. Ce qui rentre dans le cadre de
vente et d'achat publiés par Mone sous forme de re- ce dictionnaire, c'est l'action de l'Église sur les affran-
gestes. L'abbaye fut supprimée ou sécularisée au XVIe chissements.
siècle, et elle a disparu sans laisser aucune trace. Grâce Un fait domine l'histoire sociale de toutes les na-
abbesses:
aux actes cités tout à l'heure, on ales noms de quelques
4 févr. 1387, 1er juillet 1395, Metze (Mar-
garetha); 7 mars 1409, Gude von Ingelheim, abbesse,
tions chrétiennes, et des seules nations chrétiennes.
C'est le mouvement continu d'émancipation qui a sup-
primé, progressivement, l'esclavage, puis le servage,
et Grete von Ingelheim, prieure; 27 avril 1434, Agnès puis les formes les plus adoucies de la servitude. Pour
von Bernbach, abbesse, et Anna von Schonenburg, établir l'origine de ce mouvement, il faut rechercher
sœur de Wilhelm Humbrecht, sacristine qui a été« la conception de l'esclavage et de l'affranchissement
abbesse. « - chez les peuples qui, par la doctrine ou par le sang,
ont formé la société moderne.
Seb. Brunner, Cistercienserbuch, Würzbourg, 1881, p. 619. I. JUDAÏSME. — Les Juifs, comme toutes les na-
— Gallia christiana,Paris, 1785, t. XIII, p. 520. —Mone, Zeits- tions antiques, possédaient des esclaves. Mais la ser-
chriftf. d. Geschichte des Oberrheins, 1857, t. VIII, p. 312. —
Renseignements fournis par M. l'abbé Clauss, conservateur vitude de ces esclaves, lorsqu'ils appartenaient à la
de la bibliothèque de Schlettstadt, et dom Tiburce Hümp- religion judaïque, était essentiellement temporaire.
fner, o. cist., Zircz. La loi mosaïque les affranchissait de plein droit la
R. TRILHE. septième année. De plus, à chaque moitié de siècle,
AFFONSECA-MATTOS (JOSÉ JOAQUIM D').Voir l'année jubilaire libérait tous les esclaves, quelle que
MATTOS (José Joaquim d'Affonseca). fût la durée antérieure de leurs services.
II. ANTIQUITÉ PAÏENNE. — Au contraire, chez les
1. AFFONSO (BALTHASAR), jésuite portugais, mort Grecs et les Romains, l'esclavage était non seulement
dans la mission naissante d'Angola, le 29 mars 1603, permanent mais héréditaire. Les plus grands philo-
après vingt-huit années du plus rude apostolat. Né à sophes grecs, Platon et Aristote, le considéraient
Portel(Alemtejo),etentré aunoviciatd'Évora 30no- le comme une institution de droit naturel. L'esclave était
vembre 1559, il avait quitté Lisbonne, le 22 octobre
1574, pour débarquer à Loanda, le 11 février suivant.
«
une chose », qui ne pouvait avoir ni religion, ni patrie,
ni famille.
Douze de ses lettres, du 26 avril 1577 au 14 juin 1585, Sans doute, les affranchissements étaient fort nom-
ont été publiées, en 1883, dans leBoletim da Sociedade breux, surtout dans le dernier état de l'Empire romain.
de geographia de Lisboa. Ils
se faisaient soit devant le préteur, per vindictam,
soit dans le temple considéré comme lieu public, soit affranchis sont appelés tabularii, paroe que l'archi-
par acte écrit, soit par testament, etc. Mais, loin de les diacre dresse la liste, tabula, de leurs noms. Ce mode
favoriser, la législation tendait à les restreindre, de d'affranchissementdevint l'un des plus fréquents dans
peur que les traditions de la cité ne fussent corrom- le haut moyen âge.
pues par l'élément servile. Sous le gouvernement pour- L'admission aux ordres sacrés affranchissait en
tant démocratique d'Auguste, deux lois spéciales, la droit. Aussi les conciles prescrivent-ils de n'ordonner
loi Fusia Caninia et la loi Ælia Sentia, interdirent aucun esclave sans l'assentissement de son maître.
l'affranchissement collectif par testament de tous les Mais, si l'ordination a eu lieu, la prescription est
esclaves d'un même maître, et, sans l'intervention du acquise, et par conséquent la liberté du clerc assurée,
préteur, l'affranchissement, même individuel, des es- par le bref délai de trois ans. La même législation
claves d'un mineur. s'applique aux esclaves entrés dans un monastère.
Les affranchis n'étaient pas rendus à la plénitude de Le baptême, chez les Byzantins, pouvait être un
la liberté. Ils restaient tenus envers leur ancien maître affranchissement,si le maître servait de parrain à son
par des liens étroits de clientèle, qui pouvaient forger esclave.
de nouvelles chaînes d'esclavage en cas d'ingratitude. La séduction ou la prostitution de la femme esclave,
III. BARBARES. — On connaît peu les mœurs pri- chez les Lombards, les mauvais traitements, chez les
mitives des Germains. Les lois qu'ils publièrent, après Francs, même l'obligation de travailler le dimanche,
leur introduction dans l'Empire, les montrent plus dans une loi saxonne du vue siècle, sont autant de
hostiles que Rome à l'assimilation des esclaves. Si les causes d'affranchissementproduites par les idées chré-
Francs Saliens ou Ripuaires, imitateurs de la législa- tiennes.
tion romaine, punissent de l'esclavage la femme libre VI. TUTELLE DES AFFRANCHIS ET DES ESCLAVES. —
!
coupable d'avoir épousé un esclave, les Wisigoths et
les Lombards la condamnent au bûcher En fait, l'in-
vasion des barbares réduisit en servitude une multi-
Les conciles revendiquent pour l'Église, protectrice-
née des faibles, la tutelle non seulement des tabularii
mais de tous les affranchis sans distinction d'origine.
tude d'hommes libres; elle empira le sort des colons Ce n'est pas une atteinte à leur liberté. Émancipés de
attachés à la glèbe, en les confondant avec les esclaves tout lien de clientèle, la plupart des affranchis au-
personnels. raient dû, pour vivre, s'engager de nouveau en servi-
L'affranchissement existe chez les barbares comme tude. C'est la substitution à la tutelle romaine du
à Rome. L'émancipation per vindictam devant le pré- maître sur son affranchi de la protection d'un corps
teur est remplacée par l'émancipation parle jet du de- social auquel l'affranchi appartient lui-même.
nier en présence du roi. Les formes privées sont plus La même protection s'exerce en faveur de l'esclave.
et
;
rapprochées du droit primitif partant plus symbo-
liques le maître peut faire franchir à son esclave une
porte ouverte, le conduire au carrefour de plusieurs
Les conciles défendent ses mœurs et sa religion; ils
interdisent aux Juifs et aux gentils de posséder des
esclaves chrétiens. Ils proscrivent la vente des esclaves
routes, le faire passer par la main de plusieurs hommes hors des limites de chaque royaume.
libres, lui donner des armes en signe de liberté, etc. Les capitulaires de Charlemagne restreignent la
Seul, l'affranchi du denier, le denarialis, est admis aux vente des hommes libres; Léon le Sage l'interdit à
droits des hommes libres. Byzance au IXe siècle. Dès le commencement des in-
IV. ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE. — Le christianisme, vasions, les conciles prescrivaient formellement le
à
religion d'égalité, étend tous les hommes la concep-
tion de fraternité restreinte par les Juifs à leurs seuls
rachat des captifs dont ils faisaient l'une des obliga-
tions strictes de l'évêque. Ainsi, en tarissant la source
coreligionnaires. En unissant les esclaves aux hommes où se recrutaient les esclaves, l'Église préparait leur
libres dans la filiation divine, en les proclamant eux
aussi rachetés par le sang du Christ, il sape la théorie
antique de leur servitude et pose le principe de leur
affranchissement définitif.
VII. ESCLAVES D'ÉGLISE. - Cependant les églises
et les monastères possédaient des esclaves. Ceux-ci
émancipation. étaient fréquemment affranchis en bloc par des évê-
Mais les premiers chrétiens respectent la législation ques ou des abbés, plus conscients de la doctrine so-
civile, qui « appartient à César » ; saint Paul, lui-même, ciale du christianisme. Des conciles espagnols (IVe de
renvoie l'esclave fugitif Onésime à son maître chré- Tolède en 633, Mérida en 666) ordonnent au prélat de
tien en priant celui-ci de le traiter avec douceur. rendre à l'Église, sur son patrimoine, la valeur des
L'action émancipatrice de l'Église se traduit, à l'ori- esclaves qu'il affranchit. Mais d'autres (Agde en 506,
gine, par les affranchissementscollectifs. De nouveaux Orléans en 541) reconnaissent la légitimité de l'affran-
convertis, des catéchumènes admis au baptême, des chissement, même accompli sans indemnité.
fidèles promus aux ordres sacrés libèrent tous leurs Un seul concile, celui d'Épaone, soutient théorique-
esclaves pour se rapprocher de laperfection chrétienne. ment l'utilité de l'esclavage dans les monastères; mais
Il en est de même après la conversion officielle de sa date, 517, nous reporte aux tout premiers temps
l'Empire. L'Église participe au pouvoir avant de de la conversion des barbares.
commander aux mœurs. La législation perfectionnée En dehors des affranchissements collectifs, beau-
de Rome, les coutumes brutales des barbares répu- coup d'esclaves d'Église étaient individuellement
gnent à toute discussion de l'esclavage, considéré affranchis par leur admission dans les ordres sacrés
comme l'un des fondements de la société. Mais les ou leur profession religieuse. La domesticité, la « fa-
affranchissements collectifs se multiplient; toutes les »
mille de l'Église était, en effet, la plus riche pépinière
vies de saints en sontremplies,duIVejusqu'au VIIesiècle. du recrutement sacerdotal. Un prélat du IXe siècle,
Nous possédons, du haut moyen âge, un grand nombre Thégan, se plaint de ce que les évêchés soient remplis
des formules ou chartes d'affranchissements; elles sont d'affranchis, et que ces affranchis favorisent à leur
toutes basées sur des motifs d'ordre religieux. tour l'émancipation de leurs anciens compagnons de
V. FORMES D'AFFRANCHISSEMENT. — Aux formes servitude.
anciennes, qui subsistent, le christianisme ajoute de VIII. SUBSTITUTION DU SERVAGE A L'ESCLAVAGE.
nouveaux modes d'émancipation. — Dès la fin du vie siècle, Grégoire le Grand pose en
C'est d'abord l'affranchissement dans l'église, re- principe, dans une charte d'affranchissement, avec
connu dès le règne de Constantin qui l'assimile aux toute l'autorité qui s'attache au souverain pontificat,
affranchissements les plus larges. La cérémonie se
fait devant l'autel, en présence des prêtres. Les
»
que les hommes sont « libres de droit naturel. L'ap-
plication de ce principe est retardée par l'anarchie de
la première féodalité. C'est seulement à la fin du
IXe siècle que la plupart des historiens placent la sup-
pression définitive de l'esclavage personnel en France.
des esclaves nègres ou Indiens :
De nombreux papes réclamèrent l'affranchissement
Pie II en 1482,
Paul III en 1557, Urbain VIII en 1639, Benoît XIV
Cette date doit être retardée d'un siècle ou deux pour en 1741. Leur action ne fut pas inutile. C'est aux
l'Angleterre et l'Allemagne, où le christianisme a do- efforts du célèbre Barthélemy de Las Casas et de ses
miné plus tardivement. confrères dominicains, c'est aux réductions des jé-
En Espagne et en Portugal, pays où la doctrine suites, que les Indiens de l'Amérique centrale et méri-
chrétienne s'alliait à des usages musulmans, l'escla- dionale doivent de n'avoir pas été systématiquement
vage s'est recruté fort longtemps parmi les non-chré- exterminés comme les Caraïbes des Antilles.
tiens; cette survivance devait être, au xve et au Ce fut la France qui, la première, affranchit les
XVIe siècle, l'une des causes de l'esclavage des nègres nègres. Grâce à la propagande d'un évêque constitu-
et des Indiens.
Mais l'œuvre progressive de l'Église exclut les ré-
tionnel, Grégoire, la Convention décréta, le
4 février
1794, l'abolition de l'esclavage. Les guerres anglaises
volutions violentes. Au xe siècle, les esclaves ne pa- ayant empêché ce décret d'être mis à exécution, Bo-
raissent pas affranchis de toute tutelle; ils deviennent, naparte rétablit, le 20 mai 1802, l'esclavage et la
pour la plupart, des « serfs » attachés à la « glèbe J), traite des nègres, mesure impolitique, dont le premier
c'est-à-dire à la terre, qu'ils ne peuvent abandonner, résultat fut de consacrer pour la France la perte de
mais dont le maître ne peut les arracher. Leurs droits sa plus belle colonie, Saint-Domingue.
et leurs devoirs sont fixés par les coutumes. Ce sont Le XIXe siècle, mieux éclairé et plus chrétien, pré-
des personnes placées au plus bas degré de l'échelle para graduellement l'affranchissement des noirs. Le
féodale, mais ayant une religion, une patrie et une Congrès de Vienne, en 1815, se prononça contre la
famille, toutes choses que ne connaissait pas l'esclave traite, c'est-à-dire contre la capture des nègres libres,
antique. qui fut effectivement abolie quelques années plus
IX. AFFRANCHISSEMENTDES SERFS. — Le servage tard par l'accord de la France et de l'Angleterre. Le
n'est qu'une étape dans la voie de l'affranchissement 3 décembre 1839, le pape Grégoire XVI renouvela
définitif. C'est au XIe siècle que celui-ci commence à dans une encyclique solennelle les condamnations de
s'accomplir en France par le progrès naturel des ses prédécesseurs contre l'esclavage.
idées chrétiennes, le mouvement révolutionnaire des Ce fut le gouvernement provisoire de la deuxième
communes et l'action réformatrice des rois et des sei- République qui affranchit les nègres des colonies fran-
gneurs ecclésiastiques ou laïques. L'insurrection com- çaises par un décret, porté le 27 avril 1848 sur le rap-
munale revendique, pour les serfs affranchis, non seu- port d'un professeur catholique, Henri Wallon.
lement la liberté civile mais aussi le droit de s'admi- L'Angleterre avait devancé la France dans cette
nistrer eux-mêmes. Le roi et les seigneurs affranchis- voie d'émancipation. Les autres pays chrétiens suivi-
sent les serfs de leurs domaines, ou bien ouvrent pour rent, non sans peine. L'affranchissement des nègres
les autres des villes franches ou villes neuves de dans les États-Unis d'Amérique, en 1861, occasionna
liberté. la guerre civile, dite de sécession. Il n'y a pas plus
En 1315, le roi Louis X offre aux serfs de la couronne de vingt ans que le Brésil abolit l'esclavage. Celui-ci
le rachat de leur liberté. Le dispositif de cette ordon- n'existe plus maintenant en pays chrétien.
nance, renouvelée par Philippe V, apparaît vénal;
mais le préambule en est remarquable. Il proclame que Allard (Paul), Les esclaves chrétiens depuis les premiers
temps de l'Église jusqu'à la fin de la domination romaine en
« selon le droit de nature, chacun doit naître franc. » Occident, Paris, 1876; Esclaves, serfs et mainmortables, Paris,
Si avancé qu'il parût au XIVe siècle, l'affranchisse- 1883. —Biot (Édouard), De l'abolition de l'esclavage ancien-
ment des serfs ne devait être complété en France que en Occident, Paris, 1840. — Cochin (Augustin), L'abolition
par la Révolution. Au XVIIIe siècle, les hommes de de l'esclavage, Paris, 1861 (esclavage des nègres). — Fournier
condition servile n'étaient plus qu'une minorité. La (Marcel), Essai sur les formes et les effets de l'affranchissement
plupart, franchissant un nouveau pas vers la liberté,
».
étaient devenus « mainmortables
» C'est-à-dire que la
servitude, la « mainmorte pesait sur la terre et non
-
dans le droit gallo-franc, Paris, 1885 (ouvrage érudit, mais.
partial). Wallon (Henri), Histoire de l'esclavage dans
l'antiquité, 3 vol. in-8°, Paris,1847. — Yanoski (Jean), De
l'abolition de l'esclavage ancien du moyen âge et de sa trans-
plus sur la personne. formation en servitude de la glèbe, Paris, 1860 (ouvrage malheu-
Cependant il restait encore de véritables serfs, sur- reusement inachevé). — H. Leclercq, dans Diction. d'archéol.
tout dans les provinces réunies tard à la France, chrét. et de liturgie, t.1, col. 554-576.
comme la Franche-Comté. Le droit de suite, c'est- A. RASTOUL.
à-dire le droit de ressaisir le serf fugitif, avec ses biens AFFRE (DENIS-AUGUSTE). — I. Vie. II. Écrits.
personnels, était encore reconnu par la coutume de -
1.VTE. Né à Saint-Romme-de-Tarn,le 28 septembre
Champagne; il s'exerçaitmême dans les pays de fran- 1793, il était fils de Jean-Louis Affre, ancien avocat
chise. au parlement de Toulouse, et de Christine Boyer. Son
Louis XVI abolit cette injustifiable survivance du grand-père, Louis-Jacques, avait acquis de la famille
passé par lettres patentes du mois d'août 1779. En de Caylus les fiefs nobles de Saint-Romme et d'Au-
même temps, il supprimait la mainmorte dans tous riac; il eut néanmoins à plaider pour se faire recon-
les domaines de la couronne. L'Assemblée consti- naître son titre, mais, en 1789, il fut admis à siéger
tuante acheva l'œuvre d'affranchissement dans la aux États du Languedoc dans l'ordre de la noblesse.
grande nuit du 4 août 1789, en proclamant l'abolition Quand Denis-Auguste vint au monde, la crise reli-
définitive de la mainmorte réelle ou personnelle. gieuse était dans toute sa violence et l'enfant fut bap-
La Russie schismatique, qui avait peut-être été la tisé à la maison paternelle, par un prêtre insermenté;
dernière des nations chrétiennes à organiser le servage, il eut pour parrain le frère de sa mère, Denis-Pierre
fut certainement la dernière à l'abolir. Les serfs n'y Boyer, membre de la Compagnie de Saint-Sulpice.
furent affranchis que par Alexandre II en 1861. Le futur archevêque grandit au milieu des angoisses.
X. AFFRANCHISSEMENT DES NÈGRES. — L'escla- de la persécution; son père donnait l'hospitalitéà des
vage des nègres n'est pas antérieur au xve siècle. Il
date des conquêtes accomplies en Afrique par les Por-
»
prêtres « réfractaires qui exerçaient en secret leur
saint ministère et dans ses premières années, l'enfant
tugais. Il fut importé en Amérique par les Espagnols dut assister aux messes célébrées au milieu de la nuit,
et étendu même aux Indiens et aux nègres convertis. sous la menace de l'apparition toujours imminente des
Toutes les colonies européennes l'adoptèrent. gendarmes et des gardes nationaux. Il en garda toute-
sa vie cette empreinte de religion forte que donnait le chés aux principes gallicans dont les avait nourris
sentiment des périls encourus pour la foi. l'ancienne Sorbonne.
La première éducation de Denis-Augustefut confiée M. Affre partageait en cela les opinions de son oncle
à son grand-oncle, l'abbé de la Borie, rentré de l'émi- et de la plupart de ses confrères; plus jeune et plus
gration en 1799; en même temps sa mère s'appliquait ardent, il le faisait avec plus de fougue et peut-être
à développer en lui l'amour des vertus chrétiennes; moins de mesure. Ses classes donnèrent souvent lieu
elle le préparait ainsi, sans le savoir, peutêtre, à la vie à des controverses passionnées qui ne ressemblaient
sacerdotale. que de loin aux classiques argumentations. Chaque
Après quelques mois passés à l'École centrale de jour, le jeune professeurarrivait avec une dissertation
Rodez, il fut placé à Saint-Affrique dans un petit col- nouvelle, fruit d'une nuit de travail, sans pour cela
lège que venaient de fonder deux ecclésiastiques; il réussir à convaincre ses auditeurs. L'Église n'ayant
s'y distingua plus par la douceur de son caractère et encore rien défini, il ne s'agissait alors que d'opinions;
l'ouverture de son esprit que par son application au mais M. Affre les défendait avec une telle chaleur que
travail; il ne jouait pas, ne lisait pas et restait taci- sa santé en fut sérieusement ébranlée et que, descen-
turne avec ses pensées dont personne n'avait encore dant de sa chaire, il sollicita près de l'archevêque de
percé le secret. Paris un poste dans le clergé diocésain. Toutefois, en
Pendant les vacances de 1808, son oncle, M. Boyer, se séparant de ses confrères, il ne cessa jamais de leur
étant venu passer quelques jours près de sa sœur, Denis- conserver une affection et une estime qui lui furent
Auguste s'ouvrit à lui pour lui faire part de son désir rendues.
pas pour attrister des parents aussi chrétiens ils
bénirent Dieu qui appelait à lui un de leurs fils et
:
de devenir prêtre. De pareilles aspirations n'étaient Le 20 novembre 1820, Mgr de Quelen le nommait
aumônier de la Maternité; dans cette œuvre, où il
avait à continuer les traditions de son fondateur,
quelques semaines après, M. Boyer l'emmenait à Paris saint Vincent de Paul, il avait à remplir un ministère
pour le présenter à M. Émery. des plus actifs, les enfants à baptiser, les mères à sou-
Denis-Auguste avait alors 15 ans, il était petit de tenir dans leur foi, et souvent à ramener à Dieu, les
taille, ses joues étaient vivement colorées, son regard personnes de service à diriger, les pupilles de l'établis-
:
vif, son front déjà puissant, sa démarche timide et
M. Émery en l'accueillant lui dit « Vous êtes bien
jeune, mon cher enfant; vous auriez dû amener votre
sement à suivre; dans toutes ces délicates fonctions
il mérita les éloges des Filles de la Charité qui admi-
nistraient la maison; mais en outre, et pour extério-
nourrice; mais puisque vous avez une grosse tête, riser ses pensées et répandre les idées qu'il croyait
nous vous garderons et nous ferons quelque chose utile de divulguer, l'abbé Affre fonda le 1er janvier
de vous. » 1821, avec M. Laurentie, une publication mensuelle,
M. Affre avait d'abord à terminer ses humanités, la France chrétienne, où il envoya de nombreux ar-
mais à cette époque troublée, où le recrutement du ticles; on y trouve exprimés dans leur forme primi-
sacerdoce était particulièrement difficile, le règlement tive les principes qu'il développera dans ses écrits
du séminaire ne s'opposait pas à l'admission de sujets postérieurs sur les droits et les intérêts du clergé,
n'ayant pas achevé leurs études classiques. Travail- ainsi que sur la nécessité d'une réforme de la disci-
leur acharné, Denis Affre fit des progrès rapides et pline ecclésiastique. Après son départ de Paris, il
c'est à cette solide formation littéraire, nourrie des collaborera de loin en loin au journal, qui disparut en
classiques français et latins (il ne sut jamais le grec), 1829. Ami de la Religion, 18 mars 1829.
qu'il dut le style ferme, limpide et simple qui distingue En 1822, le diocèse de Luçon, réuni en 1801 à celui
tous ses écrits. de La Rochelle, venait d'être rétabli. L'évêque nommé
Quand M. Émery mourut, en 1811, il composa son était Mgr Soyer, qui, pendant la Révolution, avait
oraison funèbre qui fut jugée digne d'être lue devant exercé, en exposant sa vie, dans le diocèse de Poiters
toute la communauté. La mort de M. Émery fut suivie dont il était devenu vicaire général. La tâche était
de la dispersion des sulpiciens et M. Affre passa trois ardue, car le département de la Vendée était beau-
mois au séminaire de Clermont (1812-1813), puis ren- coup plus difficile à gouverner qu'on ne serait tenté
tra à Paris où la communauté s'était reconstituée sous de le croire. Les gentilshommes vendéens avaient pres-
la direction de M. Jalabert, vicaire général; c'est là que tous pris les armes contre la Révolution; décimés
qu'il acheva son cours de théologie. Quand il l'eut dans les combats, ruinés par les confiscations, ils sup-
terminé, il était trop jeune pour être promu au sacer- portaient fièrement leurs propres épreuves, mais ils
doce et ses maîtres l'envoyèrent (en 1817) à Nantes s'indignaient en voyant l'Église dépouillée des biens
pour y professer la philosophie au grand séminaire. Il qu'elle devait à la libéralité de leurs ancêtres. Tant
y fit preuve d'une très grande facilité de travail, et
en profita pour revoir, en les enseignant, toutes les
»
qu'avait régné « Usurpateur ils s'étaient tus, mais
quand ils avaient vu le monarque légitime ratifier
matières qu'il venait d'étudier; il s'attacha à ses fonc- l'œuvre de la Révolution et en accepter les consé-
tions au point de croire que c'était dans l'enseignement quences, ils s'étaient demandé si la lignée de saint
que Dieu l'appelait à passer toute sa vie. Aussi, après Louis n'avait pas dégénéré. Aux serviteurs du roi
son ordination, qui eut lieu le 16 mai 1818, prit-il la brutalement spoliés on jetait, comme une aumône,
résolution d'entrer dans la Société de Saint-Sulpice, quelques secours dérisoires; à l'Église, réduite à l'in-
dont son oncle, M. Boyer, était un des principaux mem- digence, on se contentait d'attribuer de maigres sa-
bres. Il fit son année de solitude à Issy et à la rentrée laires qui étaient loin de compenser l'ancienne dota-
de 1819, il était chargé d'enseigner la théologie au tion foncière. Un évêque était mal venu à se présenter
séminaire de Paris; il inaugura son enseignement par
le Traité de l'Église.
En ce temps-là, un mouvement se dessinait déjà
!
comme le délégué du pouvoir qui avait sanctionné de
telles iniquités La masse des paysans était portée
à suivre docilementl'exemple qui lui venait d'en haut,
dans l'Église de France en faveur des idées dites ultra- »
et la ccpetite Église recevait chaque jour de nouveaux
montaines : le livre de Joseph de Maistre, Du pape, adhérents. D'autre part, la bourgeoisie comptait dans
était une révélation et c'est surtout sur lajeunesse que ses rangs de nombreuses familles enrichies par l'ac-
ces idées, nouvelles en France, exerçaient le plus d'ac- quisition de biens nationaux; elles redoutaient de se
tion; mais, d'autre part, les professeurs de Saint-Sul- voir imposer les restitutions que d'autres disaient
pice, portés par leur esprit traditionnel à n'admettre nécessaires; des prêtres avaient prétendu imposer ces
que lentement toutes les innovations, restaient atta- restitutions sous peine de refus d'absolution et les
détenteurs de biens nationaux étaient devenus les écrit M. Affre, poli et affable comme les évêques du
ennemis acharnés de l'Église qui voulait les ruiner en XVIIIe siècle, mais aussi étranger aux changements
leur défendant de garder le bien mal acquis. Le clergé introduits dans l'administration que le serait un
manquait d'autorité sur les croyants comme sur les mort ressuscité au milieu de nous. » Il eut assez de
indociles; les anciens avaient succombé au découra- clairvoyance pour comprendre à la fois les immenses
gement et témoignaient peu de zèle, les jeunes, peu besoins de son diocèse et sa propre incapacité pour y
nombreux, insuffisamment instruits et formés, étaient apporter les remèdes appropriés. Il n'était pas sans
incapables de réparer tant de ruines, et Mgl' Soyer, avoir entendu parler des services que M. Affre avait
ne voyant pas dans le pays même des hommes assez rendus à son collègue de Luçon; et c'est presque autant
sûrs pour qu'il en fît ses collaborateurs, commit peut- pour ses défauts que pour ses qualités qu'ill'avait pris
être une faute en allant chercher au dehors ses secré- en affection sans l'avoir peut-être jamais vu. Il s'en
taires et ses vicaires généraux. C'est ainsi que, sur le remit à lui pour établir la discipline régulière
conseil de M. Boyer, il appela près de lui l'abbé Affre, en lui promettant de le couvrir envers et contre
le nomma chanoine, vicaire général spécialement tous.
chargé de l'arrondissement des Sables et l'associa,inti- L'abbé Affre, investi de tous les pouvoirs de son
:
mement à son administration. C'était sous bien des
rapports un excellent choix pieux, perspicace, très
versé déjà dans les questions de droit civil et ecclé-
évêque, se mit à l'œuvre. Le clergé, un peu trop aban-
donné à lui-mêmedepuis vingt ans, avait besoin d'être
retrempé dans les vertus de son état. Les retraites
siastique, il pouvait être d'un grand secours à un évê- ecclésiastiques contribuèrent à rappeler à tous, sans
que dont la carrière s'était déroulée à une époque où, exception, les côtés surnaturels de leur ministère; les
en matière administrative, on faisait cccomme on pou- conférences les obligèrent à se tenir en haleine par
vait »; écrivain facile et théologien solide, il saurait l'étude des sciences ecclésiastiques, afin d'être plus
traduire dans une langue élégante les enseignements à même de remplir le ministère de la prédication trop
doctrinaux dont l'évêque lui fournissait les grandes souvent négligé. Les synodes renouvelèrent les an-
lignes. Pendant une année, l'évêque et le vicaire géné- ciennes règles concernant la vie extérieure des clercs
ral s'entendirent pour faire le bien et trouver les me- et l'administration temporelle des paroisses.
sures appropriées au rétablissement de la paix dans
ce diocèse si troublé; mais il restait, entre ces deux
hommes pleins de talent, de vertu et de zèle, des oppo-
:
Après avoir établi des règlements, il restait à les
faire exécuter M. Affre y veilla avec une persévérance
parfois un peu rude; l'expérience de Luçon l'avait ins-
sitions de caractère que le temps n'avait pas atténuées. truit, mais sans le mettre complètement en garde
M. Affre, très clairvoyant et très droit, n'admettait contre l'âpreté de son caractère, et bien des fois il lui
pas les moyens termes; dans ses rapports avec les arriva de froisser gravement ceux auxquels il avait
prêtres sa fermeté avait quelque chose de dur et de des observations à faire; il cherchait alors à réparer
cassant et il dut bientôt s'abstenir de traiter directe- sa faute, et on cite des traits charmants d'humilité,
ment avec eux. De plus, il n'acceptait pas certaines de simplicité et de bonne grâce par lesquels il s'effor-
concessions auxquelles l'évêque se croyait obligé de se çait de panser les plaies qu'il avait faites; mais, s'il
résigner; sur la question politique, un vif dissentiment parvint généralement à être craint, obéi et estimé, il
s'éleva qui avait son principe dans la conception très n'arriva pas à se faire aimer: sa nature primesautière
élevée, mais très intransigeante que M. Affre s'était ne s'accommodait pas du tempérament réservé des
faite de la mission extérieure de l'Église. C'était en Picards.
1823 :Manuel, député de Fontenay, venait d'être Il n'en rendait pas moins de grands services au dio-
exclu de la Chambre des députés et les électeurs al-
laient pourvoir à son remplacement; l'évêque, nommé
président du collège électoral, avait à faire triompher
le candidat officiel et pria M. Affre de rédiger un man-
ses auspices que s'établirent deux congrégations :
cèse en y faisant régner l'ordre et la régularité; il le
dota de diverses institutions qui ont duré. C'est sous
Fidèles compagnes de Jésus et les sœurs de la Sainte-
les

dement pour recommander le protégé du gouverne- Famille qui se vouaient à l'éducation des jeunes filles
ment. M. Affre refusa; il voulait que l'Église restât et il fut le fondateur des frères de Saint-Joseph, char-
en dehors et au-dessus des discussions politiques où gés de l'éducation des garçons.
elle risquait de compromettre son autorité; pour lui, La liberté d'enseignement n'existait pas à cette
tout catholique devait se réclamer de sa religion quelle époque; et il fallait que les frères enseignants prissent
que fût sa manière de voir sur les sujets où la foi n'é- beaucoup de précautions pour ne pas être accusés
tait pas engagée. Et pour ne laisser aucune incertitude d'attenter au monopole de l'État. Il les envoya deux
sur ce qui était chez lui une conviction, il monta en par deux dans les paroisses rurales; ils faisaient les
chaire à la cathédrale et développa toutes ses idées en
présence de l'évêque. La rupture était inévitable.
Le 1er juillet 1823, M. Affre donnait sa démission de
;
fonctions de sacristains, de chantres et aidaient le
curé pour les catéchismes des fonctionnaires malveil-
lants les soupçonnaient de faire la classe, ce qui après
tout est bien possible; M. Affre eut à ce propos une
chanoine de Luçon.
Moins d'un an après, le roi agréait sa nomination

:
comme vicaire général d'Amiens; là aussi la situation
était difficile l'évêque nommé au Concordat, Mgr de
;
correspondance très vive avec M. Corbière, ministre
des affaires ecclésiastiques il fit énergiquement valoir
le droit des évêques et montra que l'institution nou-
Villaret, chancelier de l'Université impériale, avait été velle n'avait pour objet que l'enseignement de la doc-
surtout un serviteur de l'Empire. Mgr de Demandolx trine chrétienne et le service de l'autel. Ce fut Mur de
(1815-1817) avait essayé de relever les ruines des ins- Chabons lui-même qui, effrayé de la tournure que pre-
titutions ecclésiastiques, mais sa santé l'avait em- nait cette discussion, s'entremit auprès du roi et obtint
pêché de faire tout le bien qu'il sentait nécessaire. l'autorisation refusée par le ministre.
Après lui était venu Mgr de Bombelles, ancien ma- Lors des ordonnances de 1828, M. Affreprit ouverte-
réchal de camp et diplomate de l'ancien régime qui, ment parti pour les religieux injustement attaqués; il
devenu veuf, s'était fait prêtre pendant l'émigration; n'avait jamais éprouvé beaucoup de sympathie pour
aumônier de la duchesse de Berry, en 1816, il avait les jésuites et n'en montra jamais;cependant en cette
été nommé évêque d'Amiens en 1819 à l'âge de 75 ans; circonstance, et ne voyant que des opprimés à défendre,
il était mort à la peine en 1822, sans que les réformes il rédigea un mandement qui fit sensation; quand les
nécessaires eussent notablement avancé. Pères durent quitter Saint-Acheul, il se rendit avec
Mgr de Chabons fut nommé en 1822. cc Il était, a Mgr de Chabons au collège et pendant que l'évêque
bénissait maîtres et élèves, il ne put dissimuler son tembre, il occupait la stalle de chanoine titulaire
émotion et fondit en larmes. devenue vacante par la consécration épiscopale de
Aussi longtemps qu'avait duré le gouvernement de
la Restauration, M.Affre s'était tenu sur la plus grande
réserve; conformément aux principes que nous lui
connaissons, il ne voulait pas inféoder l'Église à
l'État, et il adoptera exactement la même attitude
:
M. Thibault, nommé évêque de Montpellier.
L'abbé Affre ne tarda pas à sentir quel abîme le
séparait de son nouvel archevêque les principes qu'il
avait toujours suivis en fait d'administrationn'avaient
rien de commun avec ceux qu'il voyait mettre en pra-
vis-à-vis du roi Louis-Philippe. Il se désola des vio- tique et sur trop dé points il risquait d'entrer en con-
lences antireligieuses qui accompagnèrent la révolu- flit avec les collègues dont il avait à partager les déli-
tion de 1830, mais il ne suivit pas ceux de ses confrères bérations. Au bout de peu de temps, il s'abstint d'as-
qui se lançaient dans l'opposition politique; c'eût sister au conseil; tout au plus rédigeait-il de loin en
été renier son passé. loin des mémoires sur les questions techniques dont
En 1831, une occasion se présenta pour lui d'affir- on lui confiait l'examen.
mer une fois de plus les droits de l'Église. Louis-Phi- Il convient cependant de noter ici la part qu'il
lippe visitait Amiens et le vicaire général eut à rem- prit, en 1836, à la création des fameuses Conférences
placer l'évêque pour présenter au roi une députation de Notre-Dame. L'abbé Lacordaire avait inauguré

:
du clergé; il prononça un discours dont voici quelques
extraits « Le clergé de ce diocèse n'exprimera à
Votre Majesté qu'un seul désir, celui de remplir
cette forme d'apologétique dans ses conférences de
Stanislas, mais sa hardiesse et aussi quelques écarts
de doctrine avaient amené Mur de Quelen à les in-
avec une sainte liberté un ministère qui n'est pas terrompre. On sait qu'elles furent réclamées par la
sans influence sur le bonheur de cette contrée. Faire jeunesse des écoles, conduite par Ozanam; l'abbé
respecter les mœurs, inspirer la modération des dé- Affre plaida la cause du jeune orateur et obtint que
sirs, calmer les haines privées, c'est semer sur le sol ce serait à la cathédrale même qu'il parlerait à l'ave-
de notre belle patrie les germes précieux de prospé- nir; la seule condition que lui imposât l'archevêque fut
rité et donner à la paix publique les garanties les de soumettre son plan détaillé à M. Affre qui eut assez
plus fermes et les plus certaines. Telle est notre mis- d'indulgence pour ne pas prendre son rôle trop au
sion et nous savons que c'est aussi le seul dévoue- sérieux, quand l'inspiration et l'enthousiasme em-
ment que la haute équité de Votre Majesté réclame portaient le fougueux prédicateur bien loin du sujet
de nous. » qu'il s'était proposé de traiter.
Quand on songe au ton habituel des harangues offi- En 1835, l'évêque de Strasbourg était Mgr Le Pappe
cielles sous tous les régimes, on ne peut s'empêcher de Trevern, âgé alors de 80 ans. Ce prélat désirait ar-
d'admirer la noble indépendance de ce langage; les demment un coadjuteur qui pût lui venir en aide pour
courtisans s'en scandalisèrent, les hommes modérés, gouverner un diocèse qui comprenait les deux dépar-
même dans le clergé, s'accordaient pour dire que tements alsaciens. La réputation de l'abbé Affre lui
l'abbé Affre avait été bien imprudent et qu'il avait fit désirer de l'avoir pour coopérateur et des démarches
compromis son avenir. L'opposition qu'il rencontrait furent commencées. Au ministère, M. Affre était connu
depuis longtemps dans le diocèse redoubla et finit par pour un homme inflexible, un caractère peu souple;
arracher à la faiblesse de Mgr de Chabons le rempla- le discours d'Amiens n'était pas oublié, on aj ourna la
cement de son vicaire général (3 décembre 1833); il réponse. Les pourparlers n'étaient cependant pas com-
restait chanoine et après quelques semaines passées plètement interrompus, quand l'abbé Affre fit pa-
au pays natal, il revint à Amiens pour y mener une raître son Traité de la propriété des biens ecclésias-
existence solitaire et studieuse dans laquelle il croyait tiques qui contenait une éloquente protestation contre
devoir terminer sa carrière. la désaffectation du palais archiépiscopal de Paris.
En 1834, il s'était rendu à Paris pour surveiller L'auteur semblait avoir cherché une occasion de com-
l'impression d'une nouvelle édition de son Traité de promettre définitivement toutes ses chances de par-
l'administration des paroisses. Le séjour d'Amiens
lui pesait depuis qu'il n'y menait plus la vie active
de vicaire général; le ciel gris, le climat humide lui
venir à l'épiscopat. Cependant, après deux ans d'in-
terruption, sa candidature fut de nouveau posée le :
mérite indiscutable du prêtre et de l'écrivain devait
faisaient regretter ses belles montagnes du Rouergue; triompher des préventions du roi et le 9 décembre
le caractère même des Picards n'avait jamais su s'ac- 1839, la nomination du coadjuteur de Strasbourg
commoder avec sa nature méridionale. C'est pendant était signée.
qu'il cherchaitune voie nouvelle,qu'il fut mis en rela- Le 31 décembre, Mgr de Quelen mourait, et le cha-
tions avec l'archevêque de Paris, Mar de Quelen. Il pitre métropolitain s'assemblait le 1er janvier 1840,
est peu d'hommes différant autant par les origines, pour élire les vicaires capitulaires. M. Affre jouissait
l'éducation, la formation intellectuelle, que Mgr de de l'estime de tous ses confrères, mais absorbé par
Quelen et celui qui devait lui succéder. Dévoué aux ses études, il n'était pas d'une grande assiduité au
princes exilés, le prélat breton mettait toute sa téna- chœur, ce qui lui avait aliéné quelques sympathies.
cité à conserver dans son âme le culte du passé. Sa On n'ignorait pas non plus que, malgré son titre de
conduite envers la famille d'Orléans s'inspirait d'une vicaire général, il se tenait en dehors de l'administra-
protestation quelque peu altière, et des malheurs di- tion diocésaine, et cela suffisait pour déterminer un
gnement supportés n'empêchaient pas qu'on regret- courant hostile, non pas à sa personne, mais à sa nomi-
tât pour le bien du diocèse de le voir se tenir enfermé nation. D'autre part, il était, de l'aveu de tous, l'es-
dans un majestueux isolement. prit le plus distingué du chapitre et, bien que relati-
Les sentiments bien connus de l'abbé Affre, l'in- vement jeune, il avait des affaires une expérience in-
traitable droiture dont il avait toujours fait preuve, contestée. De telles raisons inclinèrent la majorité en
autant que le renom que lui avaient valu ses savantes sa faveur, mais ce fut seulement au troisième tour de
publications, firent penser à l'archevêque de Paris, scrutin qu'il fut nommé premier vicaire capitulaire.
qu'un homme de ce talent et de ce caractère serait C'est en cette qualité qu'il eut à se présenter devant
bien à sa place dans son administration diocésaine. le roi et lui exprimer les sentiments de paix et de dé-
Il lui offrit le titre de vicaire général honoraire et sintéressement qui animaient le clergé. Entre temps
l'admit dans son conseil, le 5 octobre 1834; quelques se poursuivait à Rome l'affaire de sa préconisation en
jours après, M. Affre était reçu au chapitre, en qualité qualité de coadjuteur de Strasbourg; elle eut lieu le
de chanoine honoraire, et l'année suivante, le 3 sep- 27 avril 1840. Le pape Grégoire XVI lui donna le titre
d'évêque de Pompéiopoliseton put prévoir que son d'Enfer, dans la maison de Marie-Thérèse, donnée
sacre aurait lieu le 31 mai. par M. de Chateaubriand pour servir de retraite aux
:
A Paris on s'inquiétait de savoir comment il serait
pourvu à la succession de Mgr de Quelen le cardinal
de la Tour d'Auvergne, évêque d'Arras depuis 38 ans,
prêtres âgés et infirmes. Pendant l'été, il prit l'habi-
tude de s'établir à Saint-Germain-en-Laye, localité
assez proche de Paris pour qu'il pût suivre la marche
avait refusé; divers noms d'évêques furent mis en des affaires, assez éloignée pour qu'il eût la facilité
avant et celui de Mgr Césaire Mathieu, archevêque de de se livrer au travail dans une solitude relative.
Besançon, parut sur le point de prévaloir. L'inter- Rien n'échappait à la sollicitude du pasteur vigi-
nonce Mgr Garibaldi, la presse catholique, une partie lant; les détails de l'administration étaient remis à ses
du clergé, les salons du faubourg Saint-Germain collaborateurs et cependant il en surveillait de près
s'étaient prononcés en faveur de l'archevêque de le fonctionnement; il tenait à visiter fréquemment les
Besançon,ancien chanoine de Paris, disciple de Mgr de églises de la ville et de la banlieue; il se mettait alors
Quelen, plus capable que tout autre de continuer en frais d'amabilité, surmontait sa timidité naturelle
les traditions d'un prélat universellement vénéré. Ce et savait charmer les paroissiens par sa bonne grâce.
furent précisément ces considérations qui compro- Une chose lui manquait, c'était le talent oratoire; sa
mirent la cause de Mgr Mathieu, et on dit que ce fut mémoire, prodigieuse pour les faits et les idées, était
une conversation de M. de Montalembert avec M. Thiers
qui eut un résultat décisif. Le 27 mai, l'abbé Affre
réfractaire quand il s'agissait de retenir des mots
comme beaucoup d'hommes de plume, habitués à peser
;
était nommé archevêque de Paris. leurs expressions, il se défiait de l'improvisation, dans
Qu'allait-on dire à Rome de la désignation d'un le feu de laquelle il eût risqué d'outrepasser sa pensée
gallican aussi notoire? Gallican, il l'était sans doute, ou de la traduire d'une manière incorrecte. C'est donc
mais avec des réserves qui s'étaient accentuées dans rarement qu'il monta en chaire; il se réservait de don-
les dernières années; puis c'était un homme d'une telle ner dans ses lettres pastorales l'enseignement qu'il
valeur morale et intellectuelle qu'il parut sage de ne devait à son troupeau. Les mandements qu'il publia
pas luitenir rigueur d'opinions qui, à tout prendre, pour le carême, de 1840 à 1847, contiennent une doc-
étaient celles de ses contemporains. L'archevêque trine solide, présentée en un beau langage; mais
d'Aix, Mur Bernet, parla chaleureusement au pape des il faut surtout signaler les deux longues circulaires
mérites de M. Affre; Mgr Sibour, alors évêque de Digne, qu'il adressa à son clergé sur les études ecclésiastiques
lui donna son appui, ainsi que des personnages appar- et sur la revision des livres publiés par le clergé; sur
tenant à toutes les classes et à tous les partis. ce dernier point il exerçait une surveillance très atten-
La préconisation de l'archevêque de Paris, eut lieu tive et il lui arriva à plusieurs reprises de sévir contre
dans le consistoire du 13 juillet 1840; et le 6 août, ceux qui contrevenaient à ses ordonnances.
Mgr Affre était sacré à Notre-Dame, par le cardinal En général, Mgr Affre, homme de gouvernement,
de la Tour d'Auvergne, évêque d'Arras et doyen de entendait être obéi; il travailla à donner à l'exercice
l'épiscopat français. du saint ministère une direction uniforme qui laissait
Comme on pouvait s'y attendre, Mgr Affre ne devait peu de marge aux initiatives particulières; il alla
pas être, sur bien des points, le continuateur de Mgr de
Quelen. Tout en conservant un respectueux souvenir à
son prédécesseur, il ne se regardait pas comme lié
:
même un peu trop loin dans ses rapports avec les
communautés religieuses il eût souhaité que les reli-
gieux prissent ses instructions avant d'organiser leurs
par les traditions des vingt dernières années, et, s'il œuvres; et s'il était désireux d'utiliser leur dévoue-
accepta la succession, ce ne fut que sous bénéfice d'in- ment, c'eût été à la condition qu'ils surbordonneraient
ventaire. Déjà, étant vicaire capitulaire, et dans la leur action à la sienne. Il eut aussi des difficultés avec
lettre où il annonçait au diocèse l'installation de l'ad- les religieuses et notamment avec la bienheureuse
ministration provisoire, il avait glissé une phrase signi- mère Sophie Barat, dont la ténacité douce et respec-
ficative, où il donnait à entendre que, très appliqué tueuse finit par avoir gain de cause.
à ses devoirs, Mgr de Quelen « n'avait pas toujours été Évêque d'un diocèse dont la population croissait
heureux sur le choix des moyens. » Les anciens mem- avec rapidité, Mgr Affre était frappé de la dispropor-
bres du conseil avaient été mis de côté, le personnel des tion entre le nombre des fidèles et celui des églises.
;
bureaux fut aussi entièrement renouvelé et un seul
archidiacre sur trois conserva ses fonctions le chapitre
ne tarda pas à voir que le temps n'était plus où la
Non seulement il créa des réunions spécialement des-
tinées aux catholiques de langue allemande et polo-
naise, mais il voulut aussi ériger des paroisses nou-
douce mansuétude de Mgr de Quelen lui permettait velles. La tâche était difficile dans un temps où il
de se croire quelque importance : un dissentiment, fallait se conformer aux exigences d'une administra-
sans grande portée, s'éleva avec l'archevêque et les tion qui interprétait le Concordat avec une malveil-
chanoines se virent retirer pendant près d'une année lance mal déguisée. Il fallut de grands efforts pour
le droit de se réunir en assemblée mensuelle; ce n'est obtenir la création de centres nouveaux de vie chré-
qu'en octobre 1841, que 'la paix fut conclue et, la
mort faisant son œuvre, le corps capitulaire contint
bientôt une majorité de chanoines moins jaloux de
:
tienne dans les grandes agglomérations de la banlieue
parisienne
;
Ménilmontant, la Gare, la Maison-Blan-
che, le Petit-Montrouge, Plaisance de modestes cha-
leur autonomie corporative. pelles furent construites en attendant qu'on pût leur
Mgr de Quelen, depuis le sac de l'archevêché, avait substituer les édifices monumentaux que nous con-
reçu l'hospitalité dans des maisons religieuses., d'abord naissons. Dans le faubourg Saint-Germain, Mg" Affre
chez les Dames de Saint-Michel, rue Saint-Jacques, vit commencer la construction de Sainte-Clotilde des-
puis au Sacré-Cœur, rue de Varennes,et avait repoussé tinée à remplacer, en 1857, la chapelle trop insuffi-
obstinément toutes les propositions que lui avait faites sante de Saint-Valère.
:
le gouvernement. Mgr Affre accepta au contraire
l'offre d'une habitation la ville loua pour lui l'hôtel
Chenizot, 51, rue Saint-Louis-en-l'Isle, qui alors avait
Mais d'autres besoins s'imposaient plus urgents en-
core, s'il se peut. Au temps où l'incrédulité cherchait
à se placer sous le patronage de la science pour com-
battre l'enseignement de l'Église, un évêque intellec-
un assez beau jardin, terminé par une terrasse sur le
quai d'Orléans, d'où on jouissait d'une admirable tuel comme l'était Mgr Affre devait s'efforcer de lutter
perspective sur la Seine, Notre-Dame et la Montagne sur le terrain même où l'appelaient ses adversaires, de
Saint-Geneviève. En attendant que fussent achevés répondre à leurs attaques et de les battre avec les armes
les travaux d'appropriation, Mgr Affre s'installa rue qu'ils avaient choisies. Il voulait préparer et former
une génération de jeunes gens qui auraient reçu de fenseurs. Iln'yeutpas chez les catholiquesunesuffisante
l'Église la solide formation des études classiques, tout unité d'action; les fautes de tactiquefurent nombreuses
en restant des chrétiens convaincus et pratiquants; et les défenseurs du monopole surent les exploiter
et, de cette jeunesse sortiraient les élus qui, entrés habilement. MlF Affre, qui redoutait les manifestations

et à honorer l'Église par leurs travaux.


:
dans la carrière sacerdotale, seraient aptes à défendre
La moitié de l'œuvre était ébauchée sous la puis-
:
tapageuses, crut devoir se séparer du plus grand nom-
bre de ses collègues ce n'est pas qu'il se désintéressât
du succès final; il plaida pour la liberté dans un mé-
sante direction de l'abbé Dupanloup le petit séminaire moire au roi, qui ne fut divulgué qu'à son insu; puis
de Saint-Nicolas avait pris un admirable essor; il n'y dans une lettre à M. Cousin, où il indiquait les dan-
avait qu'à le développer et c'est ce que fit Mgr Affre en gers de l'enseignement philosophique donné à l'École
le transportant dans les locaux plus vastes de Notre- normale; il insista encore dans ses entretiens parti-
Dame-des-Champs. Il se peut que des divergences de culiers avec le roi, mais il ne lui fut pas tenu compte de
vues se soient produites entre l'évêque et le supérieur, sa modération, peut-être excessive, et traité de timide
et qu'en présence de plusieurs méthodes de direction, par les ardents, il encourut cependant la disgrâce des
il y ait eu quelques hésitations. En tout cas, M. Du- gens au pouvoir.
panloup abandonna graduellement la direction du Les relations de Mar Affre avec Louis-Philippe
petit séminaire et, renonçantmême au titre de vicaire avaient commencé par être très cordiales, mais il y
général, se renferma dans ses fonctions de chanoine de avait trop de contrastes entre ces deux caractères pour
Notre-Dame; mais sous son successeur, la maison ne que l'entente pût se prolonger. Le roi-citoyen humi-
cessa pas d'être une maison d'éducation modèle, où liait l'évêque par ses flatteries et le blessait par ses tri-
les fortes études préparaient de brillantes recrues pour vialités : sa conception terre-à-terre des choses d'en
le sacerdoce. haut révoltait l'âme haute, fière, désintéressée et sur-
Rien n'avait encore été fait pour l'enseignement su- naturelle du prélat; les rapports se réduisirent bien
périeur; la faculté de théelogie de la Sorbonne, res- vite à ce qu'exigeaitl'étiquette; quand Mar Affre
taurée par Napoléon, n'avait pas d'existence cano- adressait au prince une allocution, il ne fallait pas y
nique et on passa de longues années à chercher un chercher les formules adulatrices que les rois sont habi-
moyen de résoudre un problème demeuré insoluble; tués à entendre; mais on y trouvait parfois des allu-
des hommes du plus grand mérite en occupèrent les sions aux difficultés pendantes, contenant l'expres-
chaires, mais les auditeurs manquaient et la Sorbonne sion sincère et attristée de regrets bien légitimes, et un
marquée de l'estampille officielle, fut à peu près sans tel langage n'était pas pour plaire.
action sur le clergé français. Si dans des circonstances solennelles, comme le bap-
A cette institution inefficace, Mgr Affre rêva de subs- tême du comte de Paris ou les funérailles du duc d'Or-
tituer une école de hautes études ecclésiastiques où il léans, la parole épiscopale réveilla chez Louis-Philippe
pourrait former ce clergé d'élite dont il avait besoin des émotions fortifiantes, elles furent passagères et le
pour le seconder. plus souvent les conseils du prélat étaient reçus avec
Les carmélites qui avaient remplacé les carmes au aigreur.
couvent de la rue de Vaugirard, se plaignaient de Il n'y a donc pas à s'étonner si la révolution de fé-
l'incommodité de ces vastes bâtiments; l'entretien en vrier passa sans provoquer à l'archevêché l'expression
était dispendieux et des maisons construites aux alen- d'un regret; la République s'annonçait chrétienne et
tours, les regards indiscrets venaient troubler les reli- libérale, MgrAffre, fidèle à sa ligne de conduite, accepta
gieuses dans leur solitude. La mère de Soyecourt le régime qui lui promettait ce que vainement il avait
traita avec l'archevêque pour la vente de cet établisse- demandé aux rois, et il profita de la période d'émanci-
ment et l'année 1845 vit à la fois le transfert des car- pation pour introduire dans son clergé une réforme
mélites dans leur nouveau monastère et l'ouverture jugée depuis longtemps nécessaire. Par suite de causes
de la maison d'études des Carmes. historiques qu'il serait trop long de développer ici, la
Malgré les désirs du fondateur, cette maison ne fut condition des prêtres attachés aux paroisses de Paris
pas absolument une école de hautes études ecclésias- était des plus précaires; à la plupart d'entre eux
tiques, car l'enseignement n'y était donné que par des l'usage n'accordait pas même le titre de vicaires et
répétiteurs; les étudiants s'y préparaient aux grades dans le partage du casuel, leur part était insignifiante.
littéraires et scientifiques, conférés par l'Université, Mar de Quelen avait déjà constaté ces inégalités, il en
grâce auxquels ils pourraient un jour occuper une place avait souffert, mais il s'était senti impuissant à y por-
dans l'enseignement public. Cependant parmi ceux ter remède; Mgr Affre avait attendu huit ans sans
qui avaient conquis la licence, plusieurs continuèrent pouvoir réaliser le vœu de son prédécesseur, mais
leurs études, en orientant leurs recherches vers les trouvant une occasion, il ne la laissa pas passer. Ce fut
questions où l'histoire ou la littérature confinent avec l'origine d'un conflit aigu, dans lequel les privilégiés de
:
les sciences ecclésiastiques, et présentèrent des thèses
de doctorat le premier qui fut reçu s'appelait Lavi-
gerie, puis vint M. Goux, mort évêque de Versailles.
la veille défendirent leurs intérêts avec une incroyable
âpreté; et les funérailles de Mgr Affre n'étaient pas
célébrées que les vicaires capitulaires devaient ré-
Mgr Affre aimait à venir au milieu de ces jeunes gens pondre aux injonctions des bureaux des Cultes qui
et se plaisait à converser avec eux dans un abandon voulaient leur imposer le retrait de l'ordonnance.
paternel.Mais cependant l'entreprise, à l'origine, ne F® En dépit de toutes les manœuvres, l'ordonnance de
donna pas tout ce qu'on était en droit d'espérer; Mgr Affre fut maintenue et c'était justice.
chaque fois qu'on essaie de créer un courant dans une M,A la finde juin 1848, les partis révolutionnaires,
direction nouvelle, on a contre soi les préjugés des uns, encouragés par la faiblesse du gouvernement, se sou-
les scrupules des autres et l'apathie de la foule.
Ce n'est pas que le public demeurât alors indifférent
aux questions d'instruction. Toute la France se pas-
;
levèrent. Paris fut en quelquesheures couvert de barri-
cades Mgr'Affre, qui donnait la confirmation à Saint-
Étienne du Mont, fut dans l'impossibilité de regagner
sionnait autour de la question de la liberté de l'ensei- l'île Saint-Louis et dut passer la nuit du 23 au 24 au
gnement; le monopole universitaire était un anachro- collège Henri-IV. On s'était battu toute la journée
nisme dans un pays où, disait-on, chacun pouvait autour du Panthéon; le 24 au matin, l'archevêque
suivre l'opinion de sonchoix, et la défendre par la pa- visita les blessés recueillis dans l'église de Saint-
role ou par la plume; mais les meilleures causes sont Étienne du Mont, et, les insurgés s'étant retirés, il put
souvent compromises par les maladresses de leurs dé- rentrer chez lui. Mais, le 25, la bataille continuait au
:
faubourg Saint-Antoine et une pensée sublime lui vint
à l'esprit ces gens qui se battaient, la plupart sans
savoir pourquoi, ne pourrait-on pas les apaiser en leur
rique et critique sur la suprématie temporelle des papes,
Amiens, 1829. Cet écrit est rédigé contre Lamennais,
qui s'était fait le champion de l'infaillibilitépontifi-
adressant quelques paroles de paix? La lutte fratricide cale; il avait été composé en 1826, mais sa publication
continuerait-elle si l'évêque se présentait entre les deux
partis en les adjurant de se réconcilier? Sans se faire
d'illusions sur le danger auquel il s'exposait, il partit
;
fut retardée. Elle n'eut même lieu que sur le désir ex-
primé par Mgr Frayssinous le ministre de Charles X
cherchait à faire réfuter des erreurs d'autant plus dan-
avec deux de ses vicaires généraux et se rendit à la geureuses qu'elles étaient mêlées à beaucoup de véri-
place de la Bastille où les troupes du parti de l'ordre tés. Mais ce n'est pas seulement aux erreurs que l'abbé
avaient leurs avant-postes. Précédé d'un homme du Affre s'attaqua dans une dissertation surtout histo-
peuple qui portait une branche verte, il traverse la rique, il confond assez habilement le pouvoir des papes
place et la fusillade s'arrête; en face, les insurgés l'ont sur le temporel des rois et l'autorité doctrinale du
:
vu et le saluent; ils le font pénétrer dans leurs lignes,
quelques-uns l'acclament ils vont écouter ses exhor-
chef de l'Église et ses arguments portent souvent à
faux. L'ouvrage, malgré les approbations chaleureuses
tations qui désarmeront leurs colères, quand une balle
;
tirée par derrière, atteint le prélat à la région lombaire
il tombe, on le porte au presbytère de Saint-Antoine,
d'une partie de l'épiscopat, de Mar Frayssinous, de l'ar-
chevêque de Paris, des évêques de Chartres et de Stras-
bourg, resta sans influencesur la masse des catholiques
puis à l'hôpital des Quinze-Vingts; le lendemain le chez qui Lamennais avait éveillé le désir de voir affir-
blessé est rapporté à son hôtel, mais pour y expirer mer plus hautement les prérogatives pontificales. Il
le 27, à 4 h. 30 du matin. fut loué avec quelques réserves dans l'Ami de la Reli-
Il n'avait pas perdu sa connaissance avant les der- gion (t. LX), réfuté par le Mémorial catholique, organe
nières heures de l'agonie; il avait eu des paroles de des idées mennaisiennes où écrivaient l'abbé de Sa-

:
consolation et d'espoir pour tous, renouvelant à di-
verses reprises le sacrifice de sa vie, et disant Le Bon
Pasteur donne sa vie pour son troupeau. — Puisse mon
linis et l'abbé Gerbet. Mais l'opinion générale s'était
prononcée défavorablementet l'ouvrage n'eut pas le
succès que l'auteur en attendait. — 5° Nouvel essai
sang être le dernier versé! sur les hiéroglyphes égyptiens, Amiens, 1834. Ce travail
On lui fit d'admirables obsèques, où tous les corps montre qu'aucune question n'échappait à l'esprit tou-
de l'État tinrent à assister, pour rendre un dernier jours en éveil de M. Affre, quand la cause de l'Église
hommage à l'évêque tombé martyr de sa charité. était en jeu. Les récents travaux de Champollion
Devant cette fin glorieuse, les partis s'étaient ré- avaient vivement préoccupé le monde scientifique et
conciliés; les défauts de l'homme étaient oubliés; il les adversaires de la religion s'étaient empressés d'an-
avait accompli héroïquementson devoir, plus que son noncer qu'on allait y trouver une réfutation des récits
devoir, et on se souvint que sous des dehors timides et historiques du Pentateuque; d'autre part, un savant
froids, il y avait une puissante intelligence, une vo- allemand, Klaproth, avait mis en doute les découvertes
lonté forte et un cœur généreux. du grand égyptologue français. La vérité est que les
II. ECRITS. — 1° Histoire de la tolérance religieuse, premiers travaux de Champollion n'avaient encore
composée à Nantes en 1819, sur le plan du Traité de la donné que des résultats problématiques; c'est en cé-
politique sacrée de Bossuet. Cette œuvre de jeunesse est dant à une défiance assez naturelle, que l'abbé Affre
restée inédite et l'auteur en a utilisé quelques passages publia cette brochure où il se montre critique péné-
pour ses publications ultérieures. — 2° Nouveau trant, mais en dépit de sa puissance d'assimilation, il
traité des écoles primaires ou Manuel des instituteurs et n'a fait qu'une œuvre de vulgarisationhâtive et qui
institutrices, Amiens, 1824. Ce petit livre destiné à n'a pas supporté l'épreuve du temps.
être mis entre les mains des maîtres et maîtresses des Entre 1835 et 1840, M. Affre est à Paris, peu absorbé
écoles chrétiennes contient des conseils professionnels; par ses fonctions de vicaire général; ce fut la période
il insiste sur les devoirs surnaturels de ceux qui ont à

:
la plus féconde de sa vie, moins par la somme des
former les enfants; il affirme les droits de l'Église en œuvres publiées que par la maturité que le travail
matière d'enseignement, réfute les arguments de ceux assidu donne à son talent. Mentionnons le Livre d'or
;
qui disaient l'instruction populaire inutile et nuisible liturgique, petit manuel de prières qui fut édité avec
il aborde enfin la question de l'enseignement mutuel luxe, les pages encadrées d'ornements du style go-
si fort à la mode à cette époque, et en montre les graves thique (?) pour être mis entre les mains des personnes
inconvénients. — 3° Traité de l'administration tempo- pieuses. Il publia un abrégé de son Traité de l'adminis- -
relle des paroisses, Amiens, 1826. Cet ouvrage est le dé- tration des paroisses qu'il avait préparé à Amiens.
veloppement d'un mandement de 1824 sur les droits et Enfin, il collabora avec assiduité à l'Ami de la Reli-
devoirs des fabriques. Après une introduction où sont gion, où il était chargé de rendre compte des ouvrages
exposés très nettement les principes constitutifs de la nouveaux; ces travaux de critique sont infiniment
société ecclésiastique, et présentées les réserves néces- utiles au public en lui fournissant une analyse des ou-
saires sur les empiètements du pouvoir civil, l'auteur vrages importants et en redressant les erreurs qu'ils
aborde l'étude des conditions spéciales où se trouve peuvent contenir; plus utiles encore à ceux qui s'y

- :
placée l'Église de France. L'ouvrage est divisé en livrent en les obligeant à entrer en communication
quatre parties De l'administration temporelle des avec la pensée des autres.
fabriques. De l'administration temporelle des cures. Dans ces études approfondies, il eut à réfuter les
—De la police extérieure de la religion catholique. — théories émises par Guizot dans son Histoire de la civi-
Des délits commis à l'occasion de l'exercice de la reli- lisation en Europe et en France, par Beugnot dans
gion catholique. D'une documentationtrès sûre cet ou- la Décadence du paganisme en Orient; il prit aussi parti
vragedevaitfaire autorité, jusqu'à la dénonciation du dans les discussions provoquées par l'ouvrage de Mas-
Concordat. Cinq éditions, de plus en plus complètes, trofini sur la question alors très indécise de la légiti-
:
parurent pendant la vie de l'auteur et trois éditions mité du prêt à intérêt.
mises à jour ont été publiées depuis la première par
- Il continua sa polémique
avec Lamennais et combattit aussi les systèmes phi-
Mgr Darboy, en 1857, alors qu'il était vicaire général à losophiques de l'abbé Bautain.
Paris, la seconde en 1878, par les soins de l'abbé La- Il aborda, à propos d'un livre du vicomte Albert de
garde, la troisième en 1884, adaptée aux lois nouvelles Villeneuve, les problèmes sociaux et économiques et il
par l'abbé Pelgé, alors chancelier de l'archevêché de réunit les éléments d'un ouvrage, resté inachevé, sur
Paris et depuis évêque de Poitiers. — 4° Essai histo- les épreuves du clergé français pendant la Révolution.
Il publia une nouvelle édition du Rituel de Langres, rétablissement du Chapitre de Saint-Denis.— Environ
rédigé par le cardinal de la Luzerne, en y ajoutant de 70 mandements et lettres pastorales.
copieuses annotations qui en rajeunissent la doctrine
et parfois la renouvellent. Le seul ouvrage qu'il fit
imprimer pendant cette période fut le Traité de la pro- in-8°, Paris, 1849.-
P.-M. Cruice, Vie de Denis-Auguste Affre, arch. de Paris,
Castan, Histoire de la vie et de la mort
de Mgr Affre, arch. de Paris, in-18, Paris, 1853. — L. Ala-
priété des biens ecclésiastiques, Paris, 1837. C'est tout
d'abord un traité didactique, appuyé sur les textes
zard, D.-A. Affre, archevêque de Paris, in-8°, Paris, 1905.-
L. Bertrand, Bibliothèque sulpicienne, t. III, p. 267-285. —
anciens et modernes du droit civil et du droit cano- F. de Barrau, Mgr Affre, dans le Journal de l'Aveyron,
nique; il y démontre l'illégalité des confiscations pro- 25 juin au 24 octobre 1909.
noncées par les constituants. Puis, rentrant dans le P. PISANI.
terrain des actualités, il termine par un réquisitoire AFFRINGUES (BRUNO D'), 46e général de l'ordre
contre la loi qui autorisait l'aliénation des bâtiments des chartreux, naquit à Saint-Omer en 1546, d'une
de l'archevêché de Paris. Cet ouvrage produisit une famille noble et distinguée par sa piété. Il étudia
grande impression, mais n'empêcha pas la spoliation d'abord dans un collège de sa patrie, dont le principal
de s'accomplir. — 70 Introduction philosophique à était un partisan secret de la réforme de Luther et de
l'étude du christianisme, Paris, 1844. Ce volume con- Calvin qui, ayant remarqué ses aptitudes particu-
tient une réfutation du rationalisme qui tendait alors lières pour l'étude, chercha, mais sans y réussir, à le
à prévaloir dans l'enseignement universitaire. Après
avoir montré la relation logique de la morale avec le
dogme, Ma'' Affre critique avec pénétration les sys-
Saint-Omer,il
gagner à son parti. Après avoir fait ses humanités à
alla, vers 1560, étudier à l'université de
Paris, où il suivit d'abord simultanément les cours de
tèmes métaphysiques sur lesquels on cherchait à philosophie, de théologie, de médecine et de langues
asseoir une philosophie nouvelle, puis, après avoir étrangères. Mais ce cumul de matières pouvant nuire
démontré la nécessité de la révélation, il expose les à sa santé, il modéra son ardeur et se borna aux études
dogmes chrétiens en montrant leur harmonie avec les requises pour l'état ecclésiastique, vers lequel il se
besoins de l'intelligence humaine. Cette œuvre apo- sentait attiré. Néanmoins il ne cessa jamais de fré-
logétique, pour laquelle l'archevêque de Paris a tiré quenter les savants pour profiter de leur érudition.
parti des recherches qu'il avait faites alors qu'il était Tandis qu'il étudiait à Paris, il composa un sommaire
professeur à Nantes et à Paris, eut rapidement cinq des Pandectes, qu'un ami lui déroba, et dont il re-
éditions et fut traduite en plusieurs langues. — 8°De gretta la perte pendant toute sa vie. Pour compléter
l'appel comme d'abus, son origine, ses progrès et son son éducation, il fit un voyage en Italie. A Turin, le
état présent, Paris, 1845. Ce traité fut publié pendant duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, lui offrit le pré-
les luttes auxquelles donnait lieu la loi sur l'enseigne- ceptorat de son fils; mais le jeune d'Affringues,sousle
ment, mais il ne faudrait pas y voir un écrit de cir- prétexte d'avoir encore à terminer ses études,pria Son
constance. Le cardinal de Bonald'avait porté une con- Altesse de l'excuser et échappa ainsi aux dangers de
damnation contre le Manuel de droit ecclésiastique de la Cour. De Turin il passa à Padoue et fréquenta
Dupin, où se retrouvaient toutes les théories des lé- quelque temps le cours de droit fait par le célèbre Me-
gistes gallicans. Le mandement de l'archevêque de nochius. Il visita aussi Venise et Rome, où peut-être
Lyon fut déféré au Conseil d'État qui rendit une dé- il reçut les saints ordres. A son retour en France, il
claration d'abus. C'est à cette occasion que Mgr Affre s'arrêta à Carpentras où l'évêque lui offrit un cano-
publiason traité qui estune étude deplus de300pages nicat et la charge de vicaire général. L'abbé d'Affrin-
sur le droit que s'attribuait la puissance civile de ré- gues accepta, et peu de temps après il fut aussi nommé
glementer l'enseignement donné au nom de l'Église. official du diocèse. Le pape Grégoire XIII, informé
Les arguments historiques sur lesquels repose la dé- des grands talents du vicaire général de Carpentras,
monstration montrent combien était profonde et sûre voulut le voir et, charmé de son mérite, le nomma
l'érudition du prélat, et on ne peut s'empêcher de président du tribunal civil, dont la juridiction s'éten-
constater combien avaient évolué ses idées depuis le dait sur Avignon et sur Carpentras. Cependant ces
temps où paraissait son écrit Sur la puissance tempo- honneurs et ces charges ne correspondaient pas aux
relle des papes. Instruit par les luttes qu'il avait à livrer aspirations de l'âme du jeune prélat. Il cherchait la
chaque jour, Ma1 Affre avait senti le danger qu'il y a solitude et la tranquillitédu cloître, et plusieurs fois il
pour les églises à battre en brèche l'autorité doctrinale pria Sa Sainteté de lui permettre d'embrasser la vie
du pape et à se livrer aux directions fantasques des religieuse; mais Grégoire XIII ne voulut jamais y
gouvernements issus de la Révolution. — 9° De l'usage consentir. A la mort de ce pape (1585), l'abbé d'Af-
et de l'abus des opinions controversées entre les ultra- fringues prononça, à Carpentras, son éloge funèbre.
montains et les gallicans. Publiée à la suite de son Un événement d'ordre religieux arrivé vers la fin de
étude sur l'appel comme d'abus, cette dissertation la même année (23 novembre 1585) fixa pour toujours
semble devoir lui faire contre-poids. Tout en son choix. Guillaume Chesolme, ou Geyssolm, baron
combattant les entreprises de l'État sur l'autorité de écossais et évêque de Vaison (Vaucluse), avec l'agré-
l'Église, Mgr Affre était resté gallican et son but en ment de Sixte V, quitta son évêché pour entrer au
composant cette brochure était de défendre le galli- noviciat de la Grande-Chartreuse. L'abbé d'Affrin-
canisme contre les ardeurs, qu'il jugeait intempes- gues prit alors la résolution de suivre ce grand exem-
tives, de certains journalistes et même de certains ple de vertu. En effet, au mois d'avril 1590, accom-
évêques. pagné de son évêque, il se présenta au général des
Homme de juste milieu, ennemi des imprudences et chartreux pour être admis dans la communauté. On
des violences, Myr Affre prêche la concorde; il ne veut raconte que l'évêque de Carpentras prédit au géné-
pas que l'usage de la liberté aille jusqu'à entraver la ral que le postulant serait un jour son successeur.
liberté des autres. Puisque le parti gallican perd du La prédiction se réalisa en partie puisque entre l'un et
terrain, il veut au moins couvrir sa retraite et, s'il faut l'autre général de l'ordre il y eut le R. P. D. Jean
reculer, il estime que c'est pas à pas. Rien n'explique Michel de Vesly, élu en 1594, et mort en 1600.
mieux le caractère de Mflr Affre que ce petit écrit, sans A sa prise d'habit, le novice changea son nom de
fiel et sans phrases, où il semble s'interposer entre les Charles avec celui de Bruno. Le 1er avril 1591, dom Bru-
tenants des deux thèses opposées qui s'apprêtent à no d'Affringues prononça ses vœux, et dix jours après
réjouir leurs ennemis par le spectacle de leurs divi- le R. P. général lui donna l'office de scribe ou secré-
sions. — Plusieurs mémoires relatifs à la question du taire général, qui, chez les chartreux, a de l'analogie
avec la charge de vicaire général d'un diocèse. Au se trouvant à la Chartreuse, put voir de près que
chapitre de 1594, D. Bruno fut institué prieur de la D. Bruno avait la simplicité de la colombe et l'humi-
chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon et visiteur de lité d'un saint. La vénérable Anne de Jésus ayant
la province de Provence. Il restaura son monastère et obtenu du pape que le général des chartreux fût le
régla l'administration de ses biens, au point que, Dieu visiteur ordinaire des carmélites de France, écrivit à
aidant, la chartreuse de Villeneuve, dans la première D. Bruno une supplique pour avoir son consentement.
moitié du XVIIe siècle, put rebâtir la chartreuse Le chapitre général ne lui permit pas d'accepter cette
de Valbonne au diocèse de Nimes, et fonder celle de charge (1605). L'archiduc Maximilien, frère de l'em-
Marseille. Au chapitre général de 1599, D. Bruno pereur Rodolphe II, ayant fait une visite à la Grande-
fit le sermon d'usage sur les devoirs d'un supérieur. Chartreuse en gardant l'incognito, arrivé à Venise,
Son thème, exposé avec grande autorité, servit, qua- écrivit à D. Bruno pour le remercier de l'hospitalité
rante ans plus tard, de fondement à un traité composé qu'il avait reçue, et en reconnaissance lui promit de
par un religieux de la chartreuse du Parc (Sarthe). Le protéger les maisons de l'ordre situées dans l'étendue
4 février 1600, la communauté de la Grande-Char- de l'Empire. Il tint sa parole durant sa vie, et à sa
treuse, réunie pour l'élection d'un nouveau prieur, mort, il légua aux chartreux dix mille ducats. Le con-
donna en majorité ses suffrages à D. Bruno d'Affrin- nétable de Lesdiguières, avant même d'abjurer le
gues qui, par ce choix, devint en même temps général calvinisme, était ami de D. Bruno d'Affringues.
de l'ordre. Son gouvernement a laissé de glorieux sou- Le dimanche, 4 février 1629, le général des chartreux
venirs dans l'histoire de l'ordre. Sa première sollici- eut une attaque d'apoplexie, qui amena bientôt une pa-
tude fut de compléter les travaux de restauration de ralysie. Il garda cependant ses charges jusqu'au chapitre
la Grande-Chartreuse incendiée en 1592, commencés général de 1631 et mourut le 6 mars 1632. A cette
par ses prédécesseurs. Il avait à peine terminé cette époque, l'ordre comptait plus de 3000 religieux. Sous
besogne, lorsqu'un nouvel incendie vint, en 1611, lui le généralat de D. Bruno, dix nouvelles chartreuses
donner l'occasion d'exercer sa patience et de s'appli- furent fondées. Sauf un certain nombre de lettres pu-
quer à relever la maison de ses ruines. Il étendit les bliées en différents ouvrages, les sermons, la corres-
possessions du monastère afin que les chartreux pondance et quelques autres écrits de D. Bruno sont
fussent les seuls maîtres des montagnes de Chartreuse. restés manuscrits.
Les vocations survinrent en grand nombre pour con- D. Léon LeVasseur, Ephemerides ord. Cartus., t.I, p. 265-
soler son cœur. Il yeut des années, où le noviciat comp- 274. — Charles du Chapit. gén., mss. — Lefebvre, Saint
tait plus de trente sujets en même temps, et afin que Bruno et l'ordre des Chartreux, t. II, p. 108-117, etc.
ces recrues fussent bien formées, D. Bruno garda pen- S. AUTORE.
dant vingt ans un religieux, mort depuis en odeur de AFIARTA (PAUL). Voir PAUL AFIARTA.
sainteté, pour son vicaire et maître des novices, no-
nobstant une certaine opposition de caractères et 1. AFRA (Sainte), martyre à Augsbourg (Bavière),
même un certain manque de sympathienaturelle qu'il pendant la persécution de Dioclétien (vers 304). Le
y avait entre eux. Il fit réimprimer à Cologne les fait si important pour l'histoire des origines du chris-
œuvres de saint Bruno (1611) et obtint du Saint-Siège tianisme dans les pays du midi de l'Allemagne qu'une
que son office fût inséré au bréviaire romain (1623). chrétienne, Afra, mourut martyre à Augsbourg (Au-
C'est avec son approbation que les chartreux de Pavie gusta Vindelicorum, municipium de la province ro-
imprimèrent les grands antiphonaires avec chant noté maine de Rhétie) sous Dioclétien, est attesté par des
et lettres initiales gravées (1611-1612). Il permit aussi sources historiques de premier ordre. Le nom de
aux chartreux de Paris (1603) de faire réimprimer le sainte Afra se trouve, en effet, dans le Martyrologe
missel et le diurnal (1613). Il favorisa les études dans hiéronymien, accompagné du nom de la ville où elle
l'ordre. A sa demande, Grégoire XV publia un dé- subit le martyre. Les trois manuscrits principaux de
cret (1622), pour maintenir l'ancien usage de l'ordre
dans l'institutiondes prieurs et autres officiers. D.
Bruno, qui aima toujours les recherches historiques,
consécutives:
ce Martyrologe mentionnent la sainte sous trois dates
aux 5, 6 et 7 août. MartyrologiumHic-
ronymianum, édit. De Rossi et Duchesne, dans Acta
conçut le projet de faire composer une histoire géné- sanct., nov. t. II, p. 101 sq. Sous la date du 5 août,
rale de l'ordre en forme d'annales. A cet effet, il fit
insérer, dans les actes du chapitre général de 1615,
une ordonnance, qui enjoignait à tous les prieurs d'en-
;
nous lisons dans le Codex Epternacensis : Civi(tate)
Agustana sci. Afri dans le Codex Wissenburgensis :
In civit(ate) Agusta passio sci. Afri. Le manuscrit de
voyer à la Grande-Chartreuse, dans le courant de
l'année, les chroniques et les documents nécessaires.
Son projet ne fut réalisé que vers la fin du siècle par
D. Charles Le Couteulx.
:
Berne ne contient pas le nom; c'est évidemment une
omission de copiste, car on y lit à la place correspon-
dante à la notice des autres manuscrits In civit(ate)
Agusta Cassiani episcopi. Or, les autres manuscrits
Les talents de D. Bruno d'Affringues et ses œuvres font suivre la notice sur sainte Afra de saint Cassien :
devaient naturellement attirer sur lui les regards des Agustuduno Cassiani episcopi. La ressemblanceentre
grands hommes de son temps. Le général des char- Agusta et Agustuduno a sans doute eu pour effet, de
treux devint célèbre malgré sa modestie et sa vie faire sauter le nom de sainte Afra par le copiste du ma-
cachée dans un monastère solitaire des Alpes dauphi- nuscrit de Berne ou de celui dont il dépend. Sous la date
noises. Les papes ses contemporains l'honorèrent de
plusieurs brefs et soutinrent son autorité dans
plusieurs procès où l'on contestait les droits du gé-
: ;
du 6 août, les trois manuscrits portent, à la fin de la
notice de ce jour, l'indication passio scæ.Afræ elleme
semble être une adjonction postérieure faite au texte
néral de l'ordre. Henri IV monta de Grenoble à la primitif du codex d'où dépendent nos trois manuscrits.
Grande-Chartreuse pour le voir. Louis XIII donna Enfin,le 7 août (VII idus august.), les exemplaires de
(1629) à ce monastère des fiefs et arrière-fiefs jusqu'à Berne et d'Epternach portent encore le nom d'Afra,
la valeur de 20000 écus et confirma (15 juillet 1630), suivi de celui de Veneria ;le codex de Berne fait pré-
la fondation de la chapelle royale faite par ses prédé-
cesseurs (CharlesV, etc.), qui depuis cette époque fut
appelée « la chapelle Saint-Louis ». Le cardinal Bellar-
:
céder les deux noms de l'indication topographique
complète In provintia Retia civitaleAgusta. Il semble
résulter de ces notices rangées sous trois jours qui se
min jugeait D. Bruno digne d'être pape et regrettait suivent, que de très bonne heure, en Gaule et en Ger-
que sa nationalité l'empêchât de monter sur le Siège manie, la date de la fête de sainte Afra n'était pas la
apostolique. Saint François de Sales était son ami, et même. Le nom se retrouve encore, dans le Codex
:
Epternacensis le 10 août avec une indication topogra-
phique différente In Aretio Afrœ mil(liario) VII val-
lis ostensæ; cette indication se rapporte aux martyrs
trone des diocèses d'Augsbourg et de Meissen. On la
représente attachée à un arbre, sur un bûcher, pour
indiquer son supplice d'après les Actes.
du 8 août. Enfin, le nom d'Afra revient le 9 octobre. Acta sanctor., augusti t. II, p. 39-54. — Krusch, dans
En tout cas, la notice du Martyrologe est une Mon. Germ. hist., Script. rerum Merovingicarum, t. III,
preuve certaine de la réalité du martyre de la sainte p. 41-54. — Bibliotheca hagiographica latina, t. I, p. 19-21.
et de la célébration régulière de son dies natalis. Elle — Potthast, Bibliotheca historica medii ævi, 2e édit., t. II,
est confirmée par Venance Fortunat, lequel avait
passé par la Bavière en revenant d'Italie en Gaule et,
dans sa Vita S. Martini, 1. IV, v. 640 sq., P.L.,
-
col. 1141. — Tillemont, Mémoires pour servir à l'hist. eccl.,
t. v, noteXXIV. Rettberg, KirchengeschichteDeutschlands,
Gôttingue, 1846, t. I, p. 144 sq. — Friedrich, Kirchengesch.
Deutschlands, Bamberg, 1867, t. I, p. 186 sq., 427 sq. —
bourg les reliques de sainte Afra :
t. LXXXVIII, col. 423-424, invite à vénérer à Augs-
Si libi barbaricos conceditur ire per amnes,
Hauck, Kirchengesch. Deutschlands, Leipzig, 1898, t. I,
p. 93. — P. Allard, Histoire des persécutions, Paris, 1890,
t. IV, p. 419 sq. — Duchesne, A propos du martyrologe hié-
Ut placide Rhenum transcendere possis et Histrum, ronymien, dans Analecta bollandiana, 1898, p. 433 sq. —
Pergis ad Augustam, quam Virdo et Lica fluentant, Krusch, Die Conversio et passio Afræ, dans Neues Archiv,
Illic ossa sacræ venerabere martyris Afræ.
La diffusion de la civilisation romaine dans la pro-
;
t. XXIV, p. 289 sq. Nochmals die Afralegende und das Mar-
tyrologium Hieronymianum, dans Mitteilungen des Insti-
vince de Rhétie, l'importance de la ville d'Augsbourg tuts für osterr. Gesch., 1900, p. 1sq. — Hornung, Die hl.
Afra. Quellenkritische Studien zum Afrajubilaum, dans
à cette époque, les progrès du christianisme dans les Augsburger Postzeitung, 29 juin1904. — Vielhaber, De
provinces voisines pendant le Ille siècle nous offrent codice hagiographico C. R.Bibliothecæ Palat. Vindobon.
toute la garantie pour la réalité du fait que sainte Lat. 420, olim Salisburg. 39, dans Analecta bollandiana,
Afra a subi le martyre pour sa foi. Elle a été victime, 1907, p. 33-65. — Krusch, Ein Salzburger Legendar mit
il n'y a pas à en douter, de la persécution de
Dioclétien. Nous possédons des Actes du martyre de
la sainte. Ils se composent de deux parties : de
52.-
der âltesten Passio Afræ, dans Neues Archiv, 1907, p. 15-
Sepp, Einneuer-Text der Afra-legende, dans Studien
und Mitteil. aus -dem Bened.-und Cislerzienserorden, 1908,
-
la Conversio de sainte Afra et de sa Passio (Acla p. 185-191,451-469.
sanct., augusti t. II, p. 55-59; édit. Krusch, dans Mon.
J. P. KIRSCH.
Germ. hist., Scriptores rerum Merovingicarum, t. m, 2. AFRA (Sainte), martyre à Brescia (Italie). De-
puis le haut moyen âge, l'Église de Brescia célèbre la
p. 55-64). Les deux parties ne paraissent pas avoir été fête d'une sainte Afra le 24 mai. Son nom ne figure
composées en même temps. Un nouveau texte de la
Passio, publié par Vielhaber, Analecta bollandiana, pas dans le Martyrologe hiéronymien ni dans les mar-
1907, p. 59-61, prouve que celle-ci existait avant sa tyrologes historiques dumoyen âge. Elle est vénérée
jonction à la Conversio. Le récit de la conversion comme martyre; ses Actes, de basse époque et sans
;il
d'Afra est tout à fait légendaire a étéreconnu comme
tel depuis longtemps. On a attribué l'origine de cette
aucune valeur comme source historique, la mettent
en relation avec les martyrs Faustin et Jovite de Bres-
cia, par lesquels elle aurait été gagnée'au christianisme.
légende à l'époque carolingienne. D'après ce récit, un
évêque de Girone en Espagne, Narcissus, se serait ré- Afra, en effet,joue une rôle important dans le récit lé-
fugié avec son diacre Félix, pendant la persécution de gendaire sur ces deux;saints; elle y figure comme
Dioclétien, à Augsbourg. Là ils auraient trouvé logis épouse d'un païen, le comes Italicus. Cette pièce, pro-
dans la maison d'une courtisane du nom d'Afra; duit de l'imagination d'un écrivain qui y mêla des
celle-ci se serait convertie avec ses trois servantes, saints de plusieurs villesdu nord de l'Italie, fut com-
Digna, Eumenia et Euprepia; la mère d'Afra, Hila- posée au VIlIC ou au commencement du IXe siècle.
ria, qui avait elle-même livré sa fille au service de C'est le témoignage le plus ancien que nous ayons sur
Vénus, aurait été gagnée également au christianisme le culte de sainte Afra. On peut en déduire seulement
par Narcissus, lequel, avant de partir, aurait ordonné le fait que celle-ci fut, àcette époque, vénérée comme
prêtre un frère d'Hilaria, du nom de Dionysius. On sainte, probablement comme martyre, à Brescia.
ne saurait reconnaître à cette légende tardive la moin- L'attribution de sainte Afra comme des autres mar-
dre valeur historique. La seconde partie, la Passio, fut tyrs qui figurent dans cette légende à la persécution
jugée de meilleur aloi; Ruinart l'inséra dans son re- d'Adrien ne saurait être admise sur la foi de ce docu-
cueil des Acta sincera, Ratisbonne, 1859, p. 482-484. ment; nous ignorons à quelle époque sainte Afra a
Afra, qui est également désignée comme courtisane, subi la mort pour la foi. La légende de celle-ci, con-
fut arrêtée comme chrétienne, conduite devant le servée dans des Lectionnaires de Brescia du moyen
juge Gaius et condamnée au supplice du feu. La sen- âge, a été composée sur les Actes des saints Faustin et
tence fut exécutée sur une petite île du fleuve Lech, à Jovite. On y raconte qu'elle fut accusée de christia-
quelque distance de la ville. La Passio aussi n'est pas nisme, condamnée à mort par le comes Aurélien et
antérieure au ve siècle; M. Krusch l'attribue à l'époque exécutée avec sa servante Samaritana. Son corps est
carolingienne,comme la Conversio, tandis que Mgr Du- vénéré dans une église à Brescia qui porte son nom.
chesne et d'autres la considèrent comme plus ancienne. Le Martyrologeromain note sa fête à la date du 24 mai.
Le dialogue entre sainte Afra et le juge Gaius ne pré- Acta sanct., maii t. v, p. 273-277.— Savio,La légende des
sente pas les éléments de la procédure régulière ro- saints Faustin el Jovite, dans Analecta bollandiana, 1896,
maine; il a sans doute été composé après coup. Même t. xv, p. 5 sq., 113 sq., 377 sq. — P. Allard, Histoire des
dans le cas qu'on attribue la Passio au ve siècle, on ne persécutions, 2e édit., t. I, p. 211-213.
saurait la considérer comme une source authentique. J. - P
J.-P. KIRSCH.
KIRSCI-1.
Il se peut néanmoins que le récit contient des détails AFRIAN (PONS D') futélu,en 1361, abbé de Saint-
provenant d'une tradition locale historique. Après sa
mort, sainte Afra fut honorée du culte des martyrs le
Martyrologe et Venance Fortunat le prouvent. Une
; Thibéry par les religieux, après la démission de son
prédécesseur, qui, sur l'ordre d'Innocent VI, avait
opéré une réforme dans cette abbaye. La ratification
église fut érigée de bonne heure sur son tombeau. Ses de son élection par le pape souleva des difficultés.
reliques reposent encore aujourd'hui dans l'église des Innocent VI yvit un empiètement des religieux sur
Saints-Ulric et Afra, à Augsbourg,auprès de laquelle les droits du Saint-Siège, qui aurait eu seul le droit de
fut fondée une abbaye de bénédictins devenue célèbre. nommer l'abbé. Il eutsoin de revendiquer ces droits
Au Martyrologeromain, sa fête est marquée au 5 août; par une bulle du 14 mars 1362, adressée au roi de
à Augsbourg, elle se célèbre le 7 août. Elle est la pa- France, bulle par laquelle il confirmait l'élection, et
priait le roi Jean de prendre l'abbaye et l'abbé sous sement la Vie elle-même dans laquelle ilsse trouvent
sa protection. Jusqu'à quel point les prétentions enchâssés fourmille d'invraisemblances et d'anachro-
d'Innocent VI étaient-elles justifiées? Ce n'est pas le nismes, comme l'a montré dans les Acta sanctorum,
moment de discuter le fond de cette affaire. Il est loc. cit., p. 68-69, le Père Papebrock, lequel s'est
certain que si l'abbaye de Saint-Thibéry dépendait appliqué à démêler la part de vérité qui peut se cacher
immédiatementdu Saint-Siège et devait payer chaque dans la légende. « Il vaut mieux avouer, dit Tillemont,
année une redevance d'un sou d'or, les religieux que nous n'avons aucune connaissance de la vie de ce
avaient cependant joui, jusqu'au commencement du saint, que de perdre du temps à bâtir sur des fonde-
XIVe siècle, du privilège d'élire leur abbé. Ce fut ments ruineux des conjectures incertaines. » Mém.
Jean XXII, qui, le premier, croyons-nous, nomma un hist. eccl., 1712, t. XVI, p. 741.
abbé et l'imposa aux religieux. Pons d'Afrian fut le Le culte du saint est un peu mieux connu. Il existait
dernier abbé élu par le chapitre. En 1374 il assista déjà au IXC siècle, car un acte de 878 le donne comme
au concile de Narbonne; mais nous ignorons sur quelles fait à Albi « dans l'église de saint Africain ». Cepen-
preuves s'appuient Fisquet, Franc. pontif., Mont- dant le plus ancien document qui nous le montre
pellier, 1re partie, p. 568, et A. Molinier, Hist. gén. établi à Saint-Affrique, où sa légende, comme nous
de Languedoc, éd. Privât, t. IV, p. 59, pour le faire l'avons vu, lui fait finir son ministère, ne remonte
assister à la réunion des délégués du clergé du Langue- qu'à 1214; c'est un accord passé avec un orfèvre
doc, réunion appelée concile de Saint-Thibéry (1389), « pour la réparation de la châsse du saint docteur et
et dans laquelle on décida comment serait reçu Char- confesseur Africain ». Le saint avait en cet endroit,
les VI, venant visiter cette province. Dom Vaissette tout au moins en 1261, une église spéciale dont cer-
affirme qu'il n'y eut aucun évêque ni aucun abbé. taines possessions confrontaient alors avec celle de
Hist. génér. de Languedoc, éd. Privat, t. IX, p.938. saint Saturnin, mentionnée par sa Vie, et dont la re-
Pons d'Afrian présida quatre chapitres généraux de construction, faite un peu avant 1430, occasionna une
son ordre réunis à Carcassonne en 1373, 1376, 1396, translation solennelle de ses reliques.
1402. Il mourut en cette dernière année. Le procès-verbal d'une enquête, faite en 1444 ou
Gallia christiana, 1739, t.vi, col. 715; instrum. col. 340. peu après pour obtenir qu'une association de 40 prê-
— Hist. génér. de Languedoc, loc. cit tres, qu'on dit y avoir été établie par Raymond
J. ROUQUETTE. d'Oliargues, évêque de Vabres (1329-1347), fût trans-
AFRICA. Voir AFRIQUE. formée en une collégiale avec un prévôt, un sacriste
et 22 chanoines, atteste que son culte y était très flo-
AFRICAIN (Saint). Le document le plus ancien rissant.
et on peut même dire le seul que nous ayons sur la vie En 1562, les huguenots brisèrent le tombeau du
de saint Africain est un office composé en son hon- saint, s'emparèrent des châsses précieuses et jetèrent
neur au XIVe siècle et imprimé à Lyon en 1542, qui les reliques dans un puits voisin de l'église. Mais les
contient des leçons et des hymnes ainsi que des ré- chanoines qui avaient donné, en 1512, une partie d'un
pons et des antiennes propres. Il y est dit à la der- bras de leur saint aux religieux de la Trinité de Tou-
nière leçon, que les détails qu'on vient de lire ont été louse, obtinrent qu'un fragment leur en fût rétrocédé
empruntés à la tradition orale et viennent cc d'un par eux en 1605 et l'enfermèrent dans une châsse
homme très vénérable ». Le même texte parle aussi d'argent avec d'autres parcelles qu'ils avaient reçues
d'un « livre de la vie et des miracles du saint ) mais cette année même, de l'église de Saint-Africain d'Albi.
pour dire qu'il a été brûlé par « les païens ». D'après Ainsi Saint-Affrique put garder son culte traditionnel.
un autre témoignage du XVIIe siècle rapporté par les Des traces de ce même culte se retrouvent en de-
bollandistes, Acta sanct., maii t. I, p. 70, un acte de hors du Rouergue, non seulement à Albi et à Tou-
«
1214 faisait déjà mention d'un grand livre contenant
de nombreux miracles de saint Africain » louse, mais encore aux environs de Castres et dans les
diocèses de Nîmes et de Lyon. La fête de saint Afri-
et le cha-
pitre de Saint-Affrique conservait très soigneusement cain, fixée communément au 1er mai, se célèbre dans
un exemplaire de cet ouvrage (ou d'une œuvre ana- le diocèse de Rodez le 28 avril. Autrefois on y célébrait
logue), qui malheureusementa péri. aussi l'anniversaire de l'invention de ses reliques, le
Cela est d'autant plus regrettable que les rensei- 15 janvier et celui de leur translation le 8 février.
gnements fournis par l'office dont nous parlons sont
très inconsistants. Selon ce document, Africain, issu Acta sanctorum, 1675, maii t. i, p. 64-70; cf. t. VII,
de l'illustre famille des ducs de Bourgogne, fut élevé p. 530. — Tillemont, Mémoires pour servir à l'hist. eccl.,
1712, t. XVI, p. 740-741. — Vies des saints de Franche-
par saint Patient de Lyon et devint après lui évêque Comté, 1854, t. I, p. 433-444. — Servières, Les saints du
de cette ville (ou, comme certains l'expliquent, de Rouergue, Rodez, 1872, p. 235-245.
Comminges, appelée aussi Lugdunum). Pendant un U. ROUZIÈS.
voyage qu'il fit à Rome avec quelques évêques de son AFRICANUS. Évêque d'Afrique, qui assiste au
pays, il disputa au Capitole, devant le Sénat, en concile de Carthage en 416, et signe la lettre synodale
grande partie hérétique, et devant des représentants de adressée au pape Innocent Ier, au sujet des doctrines
l'épiscopat tels qu'Eusèbe de Césarée et saint Hilaire, pélagiennes. Mansi,Sacr. concil. nova et ampliss collect.
contre les ariens qui soutenaient que le Fils de Dieu t. IV,col.321;Augustin,Epist.,CLXXV,édit Goldbacher,
n'a pris que les apparences d'un corps humain. Très p. 653; P. L., t. XXXIII, col 759, 780. Son siège n'est
maltraité d'abord, puis chassé par ses adversaires, il pas indiqué, mais il appartenait certainement à la
se joignit à saint Hilaire qui rentrait dans son Église, Proconsulaire; car les évêques réunis à Milev, la même
année, déclarent, dans leur lettre au pape, que le
resta quelque temps chez lui et, sur son conseil, il alla
ensuite prêcher la parole de Dieu chez les Ruthènes
(c encore sauvages J). Il y éleva une église en l'honneur
de saint Saturnin, en un endroit qui porte aujourd'hui
:
concile de Numidie ne fait, en lui écrivant, qu'imiter
l'exemple donné par celui de Carthage imitantes Car-
thaginensem Ecclesiam et Carthaginensis provinciæ
son nom et qui portait alors celui de « Curie », sur les coepiscopos nostros. Mansi, op. cit., col. 336; Augustin,
bords de la Sorgue, et il y fit de très nombreux mira- Epist., CLXXVI, éd. Goldbacher, p. 668; P. L., ibid.,
cles. col. 764.
D'après un témoignage déjà cité du XVIIe siècle, ces AUG. AUDOLLENT.
miracles étaient alors représentés sur d'antiques ta- AFRIGE (Afrix, Afrigius, Afriges, Apricius), n'est
pisseries et sur un vieux bassin de cuivre. Malheureu- connu que par les martyrologes (21 octobre) qui le
font mourir martyr à Nicée de Bithynie, en compa- troduction du christianisme. II. Les premiers martyrs.
gnie des saints Macharius, Diceus et Proculus. Cet Tertullien. Le montanisme. III. L'époque de saint
événement eut lieu très probablement en 303-304, au Cyprien. IV. Le donatisme. V. Saint Augustin. Les
moment où la persécution de Dioclétien sévissait en hérésies. VI. Les Vandales. VII. La période byzantine.
Bithynie. La conquête arabe. VIII. Organisation del'épiscopat.
-
Acta sanct., 1858, octobr. t. IX, p. 14-15. J.-B. De Rossi
et L. Duchesne, Marthyrol.hieronymianum, dans Acta sanct.,
I. INTRODUCTION DU CHRISTIANISME. — Le premier
document authentique que nous possédons sur le
christianisme africain ne remonte pas au delà de
novemb. t.II, p. 134.
U. ROUZIÈS. l'année 180. Mais dès ce moment, nous l'allons bientôt
1. AFRIQUE. Le mot Africa a eu plusieurs sens voir, la nouvelle religion paraît enracinée dans ce sol.
dans l'antiquité. Lorsque Rome eut anéanti Car- Elle n'y était donc pas d'importation toute récente.
thage (146 av. J.-C.), elle prit possession du terri- Ce serait même nier l'évidence que de refuser d'ad-
toire que cette ville occupait encore au début de la mettre qu'elle y eût déjà une existence assez longue,
troisième guerre punique et en fit la Provincia Africa, bien que parfaitement obscure. L'imagination des
délimitée par une ligne sinueuse qui partait, au nord, hagiographes et des chroniqueurs n'a pas manqué, il
de l'embouchure du fleuve Tusca (Oued el Kebir, est vrai, de remplir le vide des temps qui précèdent;
près de Tabarka) pour aboutir, sur la côte orientale toute une floraison de légendes s'est épanouie sur
de la Tunisie, à Thænæ (Henchir Tina, au sud de l'introduction de la foi dans les pays d'outre-mer.
Sfax). On lui donna le nom d'Africa velus quand L'Église de Rome et quelques autres une fois fondées,
César, victorieux à Thapsus (46 ans av. J.-C.), orga- saint Pierre serait venu prêcher à Carthage et y aurait
nisa la Numidie en une nouvelle province, l'Africa laissé comme évêque Crescens, le même qui évangélisa
nova. En l'année 25 av. J.-C., Auguste réunit ces la Galatie. D'après une seconde tradition, les Apôtres
deux parties en une seule circonscription adminis- ayant tiré au sort les différentes parties du monde,
trative, sous la dénomination générale d'Africa. Elle l'Afrique serait échue à Simon le Zélote. Certains
englobait, depuis le fleuve Ampsaga (Oued el Kebir, racontent que saint Marc, après avoir établi le siège
entre Djidjelli et Philippeville) jusqu'aux Autels des épiscopal d'Alexandrie, parcourut, dès le temps de
Philènes, sur les confins de la Cyrénaïque, presque Tibère, toute l'Egypte, la Libye, la Cyrénaïque et la
tout le département actuel de Constantine, la Tunisie Barbarie. On dit encore que les Carthaginois furent
et la Tripolitaine. Cet état de choses dura plus de deux convertis par sainte Photine, la Samaritaine, et par
siècles, en dépit de la division des pouvoirs civil et sa nombreuse famille. Enfin, selon l'historien arabe
militaire opérée par Caligula (37 ap. J.-C.) entre le El Kaïrouani, qui n'est lui-même que l'écho d'une
proconsul et le légat impérial. Et même Septime voix plus ancienne, l'évangéliste saint Mathieu, serait
Sévère, en détachant la Numidie pour la constituer en le véritable apôtre du pays, et il y aurait payé de sa
province spéciale (vers 194), conserva le nom d'Africa vie son ardeur à propager la doctrine du Sauveur. La
aux vastes régions qui restèrent soumises au proconsul diversité de ces récits suffit à en montrer le peu de
en résidence à Carthage. Mais lors des profondes ré- valeur.
:
formes de Dioclétien, l'application de ce terme fut à
la fois restreinte et étendue le titre spécial d'Africa
proconsularis n'appartint plus qu'au nord de la Tunisie
D'ailleurs si, d'une façon même indirecte, les chré-
tientés africaines avaient été en relations avec les
premiers prédicateurs de l'Évangile, leurs docteurs
actuelle; en revanche, le Diocèse d'Afrique (Diœ- n'auraient pas manqué par la suite d'invoquer ce titre
ccsis Africæ), dirigé par
un Vicaire, comprit l'ensemble de noblesse, de s'en prévaloir pour résoudre les diffi-

presque jusqu'à l'Océan :


des provinces échelonnées depuis la Grande Syrte
Tripolitaine, Byzacène,
cultés doctrinales et lutter victorieusement contre les
novateurs. Cf. Tertullien, Depræscriptionehæreticorum,
Numidie, Maurétanies Sitifienne et Césarienne seule,;
Afrique proconsulaire (qui s'appela aussi Zeugitane),

la Maurétanie Tingitane (le Maroc d'auj ourd'hui) fut


XXXII, 1, édit. de Labriolle, p. 68; P. L., t. II, col. 44.
Comment donc expliquer que jamais aucun d'entre
eux n'ait recouru à un argument aussi fort? Tertullien
rattachée à l'Espagne avec laquelle les communica- s'occupe, à diverses reprises, des sièges épiscopaux
tions étaient plus faciles. Quand les Bvzantins re- institués par les Apôtres. Depræscript., XXI, 4, édit.
conquirent le pays sur les Vandales (534), les mêmes de Labriolle, p. 42; P. L., t.II, col. 33: constat proinde
territoires, accrus de la Tingitane et de la Sardaigne, omnem doctrinam quæ cum nus ECCLESIIS APOSTOLICIS
constituèrent un nouveau diocèse, administré par le MATRICIBUS ET ORIGLYALInus FITJEL conspiret veritati
præfectus prætorio Africæ. deputandam? Communicamus cum ECCLESIIS APOSTO-
En laissant de côté la Sardaigne, qui est topogra- LICIS, quod nulla doctrina diversa (est). — De virgini-
phiquement bien distincte, mais en tenant compte bus velandis. 2, édit. Oehler, t. II, p. 885; P. L., t. II,
de la Maurétanie Tingitane, qui, au point de vue col. 890 : Sed cas ego ecclesias proposui quas et IPSI
ecclésiastique, fut réunie à la Maurétanie Césarienne: APOSTOLI VEL, APOSTOLICI VIRI CONDIDERUNT.— Adver-
dont elle partagea le sort, c'est dans ce dernier sens,
le plus large de tous, que nous emploierons ici con-
stamment le mot Africa. En effet, si dans l'ordre
P. L., t. II, col. 366:
sus Marcionem, IV, 5, édit. Kroymann, t. III, p. 430;
Pariter utique constabit, id esse ab
Apostolis traditum, quod APUDECCLESIAS APOSTOLORUM
politique et administratif, comme nous venons de le fuerit sacrosanctum. Ces églises, il en désigne plu-
constater, l'Afrique s'est peu à peu transformée, dans sieurs par leur nom et revendique hautement l'hon-
l'ordre ecclésiastique, dès le début, semble-t-il, en tout neur d'être en communion d'idées et de croyances
cas longtemps avant Dioclétien, il y eut une « Église
d'Afrique ». Elle embrassait toutes les chrétientés si-
tuées à l'ouest de la Cyrénaïque; toutes venaient se
fondre en elle au fur et à mesure de leur création. Com-
avec quel soin jaloux, pendant longtemps, l'épis-
copat africain défendit son autonomie contre Rome
:
avec elles; aucune ville d'Afrique ne figure dans sa
liste. Autre fait non moins caractéristique on sait
;
ment se constitua ce grand corps, quelles en furent les nous raconterons plus loin les vifs démêlés de saint Cy-
destinées tant que la puissance romaine, sous ses divers prien avec le pape Stephanus. De quel poids eût pesé
modes, se maintint au sud de la Méditerranée, voilà ce
qu'on se propose de résumer dans les pages qui vont
suivre. Ce sera d'un mot retracer brièvement
son
!
dans la balance, en faveur de Carthage, sa qualité
d'église apostolique C'était un argument de plus, et
combien puissant, à opposer à l'évêque de Rome, pour
Voici quelle sera l'économie de ce travail :
histoire depuis les origines jusqu'à la conquête arabe.
— I. In-
arrêter ce que Cyprien eût volontiers appelé ses
empiètements. Et pourtant nulle part dans ses œuvres
on ne rencontre la moindre allusion à une origine aussi ecclesiæ traditum est, ac nunc usque custoditur, ab
reculée. Enfin saint Augustin, dans ses polémiques omnibus debere servari.? præsertim cum sit manifes-
contre les donatistes, se contente d'affirmer que tum in omnem Italiam, Gallias, Hispanias, AFRICAM
l'Afrique n'a pas été appelée la dernière à la connais- atque Siciliam et insulas interjacentes nullum instituisse
sance du vrai Dieu; certaines nations barbares ont ccclesias nisi eos quos venerabilis apostolus Petrus aut
reçu l'Évangile après elle. Epistola ad catholicos, édit. ejus successores constituerint sacerdotes. oportet eos
;
Petschenig, xv, 37; P. L., t.XLIII, col. 419 : Nonnullæ
barbaræ nationes etiam post Africam crediderunt unde
certum sit Africam in ordine credendi non esse novissi-
hoc sequi QUOD ECCLESIA ROMANA CUSTODIT, A QUA EOS
PRINCIPIUMACCEPISSE nondubium est. Cette même
doctrine est reprise dans deux lettres de Grégoire le
mam. Le silence de ces trois écrivains sur l'institution Grand. L'une est envoyée aux évêques de Numidie, en
apostolique de l'Église d'Afrique nous oblige à conclure 591; le pape y fait remonter jusqu'à saint Pierre la
que la foi ne vint pas à ce pays des Apôtres eux- série des ordinations africaines. Epist., I, 75, édit.
mêmes, ni de leurs disciples immédiats. D'où leur Ewald, p.95;77, P.L.,t.LXXVII, col. 531 : Petistis.
arriva-t-elle? ut omnes vobis retro temporum consuetudines servarentur
On a souvent prétendu que Rome eut la plus large quas A BEATI PETRI APOSTOLORUM PRINCIPIS ORDINA-
part dans l'organisation du christianisme africain; TIONUM INITIIS hactenus vetustas longa servavit. L'autre,
quelques textes précis étaient invoqués en faveur de datée de 598, concerne l'archevêque même de Car-
cette théorie que M. Monceaux, Histoire littéraire de thage, Dominicus. Grégoire loue son zèle pour la reli-
l'Afrique chrétienne, t. i, p. 4; M. Harnack, DieMis- gion, puis il ajoute, Epist., VIII, 31, édit. Ewald, p. 33;
sion und Ausbreitung, 2e édit., 1906, t.II, p. 237, n. 3; P. L., t. LXXVII, col. 935 : Scientes præterea unde
M. l'abbé d'Alès, La théologie de Tertullien, p. XIV, in Africanis partibus sumpserit ordinatio sacerdotalis
'216, 233, et moi-même, Carthage romaine, p. 439, nous exordium, laudabiliter agitis quod sedem apostoricam
avons tour à tour adoptée. En examinant ces passages diligendo AD OFFICII VESTRI ORIGINEM prudenti recor-
de plus près, M. l'abbé Lejay a reconnu, Mélanges datione recurritis. En 1053, le pape Léon IX fera
Godetroid Kurth, p. 41-47, qu'on en avait tiré plus simplement écho à ces paroles de Grégoire quand il dira
qu'ils ne renfermaient en réalité. Quand Tertullien à un évêque africain, Epist., LXXXIII, P.L., t. CXLIII,
écrit, vers l'an 200, De præscript., XXXVI, 2, édit. de col. 728 : Ut inde [de Rome] resumatis directionis
Labriolle, p. 78; P. L., t.II col. 49 : Age jam, qui voles
curiositatem melius exercere in negotio salutis tuæ [je
conserve la leçon tuæ d'Oehler et de Lejay, suæ dans de l'Église
:
vestigium, unde sumpsistis totius christianæ retigionis
exordium. Et M. Lejay conclut « L'origine romaine
d'Afrique n'est donc attestée qu'à partir
Labriolle est peut-être un lapsus]percurreecclesiasapo- du ve siècle et par des textes romains dont la ten-
stolicas. Proxima est tibi Achaia: habes Corinthum; dance est conforme aux idées de ce temps, mais qui
si non longe es a Macedonia, habes Philippos; si potes ne répondent à aucune réalité historique. Auparavant,
in Asiam tendere, habes Ephesum; si autem Italiæ les premiers intéressés à cette affaire ne savent rien. Il
adjaces, habes Romam, unde nobis quoque auctoritas
præsto est, il n'atteste pas un rapport spécial des
chrétientés d'Afrique à celle de Rome. Il déclare
seulement qu'en raison de la situation géogra-
:
Beaucoup moins absolu, Mgr Duchesne, Autonomies
ecclésiastiques. Églises séparées, p. 2, se borne à dire
au sujet de la lettre du pape Innocent « Aucun fait
constaté ne dément cette grave assertion, toutes les
phique, Rome est pour les Africains, comme pour vraisemblances historiques la favorisent. Cependant
tout l'Occident, l'église apostolique la plus proche, à les détails nous échappent. »
l'autorité, au témoignage de laquelle ils puissent C'est qu'en effet les textes littéraires ne sont pas
recourir en matière de foi. C'est pourquoi il va com- tout. Si nous devons renoncer à leur .demander l'ori-
parer l'enseignement doctrinal de Rome à celui des gine des chrétientés africaines, d'autres sources d'in-
églises transmarines; ibid., 4 : Videamus quid didi- formation existent qu'on aurait tort de négliger,
cerit (Ecclesia Romana), quid docuerit, quid cum Afri- Pour la liturgie et la discipline usitées en Afrique
canis quoque ecclesiis contestetur. La leçon contes- « ce que l'on peut déduire des allusions des orateurs
serarit, acceptée d'ordinaire au lieu de contestetur, est sacrés et des décrets synodaux donne l'idée d'une
une simple conjecture de Pithou, modifiée par Oehler. conformité presque absolue avec les coutumes de
Saint Augustin nous offre une expression analogue à Rome et de l'Italie méridionale. » Duchesne, Les orig.
celle de Tertullien. Si les premiers donatistes, écrit-il du culte, 2e éd., p. 83. L'emploi dans les épitaphes de
à Severinus, sans doute en 400, Epist., LII, 3, édit. formules empruntées aux liturgies funéraires romaines
Goldbacher, p. 150; P. L., t. XXXIII, col. 194, avaient semble démontrer l'existence des mêmes rituels au
fait des reproches fondés aux catholiques quand ils nord et au sud de la Méditerranée; Le Blant, L'épi-
se séparèrent d'eux, ipsi obtinuissent causam suam graphie chrétienne en Gaule et dans l'Afrique romaine,
apud ecclesiam transmarinam [Rome], unde ad istas Paris, 1890, p. 57-58, 108-109. Nous constaterons
partes christianæ fidei manavit auctoritas. « Manavit, d'ailleurs qu'en dépit de certains désaccords pas-
dit M. Lejay, est un parfait d'habitude, qui s'applique sagers, surtout à l'époque de saint Cyprien, une
spécialement à l'intervention de l'Église romaine profonde sympathie a constamment uni les fidèles
dans la querelle du donatisme. Christianæ fidei au- d'Afrique et leurs frères romains. Ajoutons, c'est
ctoritas n'est guère que la paraphrase du mot unique peut-être la preuve la plus décisive, que d'inces-
auctoritas dont se sert Tertullien. C'est de Rome que santes communications avaient lieu entre Rome et
vient à l'Afrique le témoignage de la foi chrétienne. Carthage, un perpétuel va-et-vient de fonctionnaires,
C'est par Rome que l'Afrique reconnaît ce qui est de commerçants, de soldats, d'esclaves. Dès lors,
tradition apostolique. » Le contexte paraît bien jus- comment l'Évangile une fois introduit à Rome ne
tifier ce sens; l'idée de descendance, de filiation n'y serait-il pas passé de là en Afrique? Il était de l'in-
est pas impliquée. térêt des disciples du Christ de s'assurer la possession
Au contraire, à partir du ve siècle, nous entendons des grandes villes d'où la doctrine rayonnerait aisé-
les papes affirmer l'étroite parenté religieuse des deux ment sur les contrées voisines. Carthage s'offrait
pays. D'abord Innocent Ier, contemporaind'Augustin, d'elle-même à leurs entreprises; les chefs de la com-
s'exprime ainsi, en 416, dans une lettre adressée à munauté romaine durent se résoudre assez vite à en
Decentius, évêque de Gubbio, en Ombrie, Epist., xxv, tenter la conquête.
2, P. L., t. xx, col. 552 : Quisenim nesciat aut non Est-ce à dire que jusqu'à ce moment cette doctrine
advertat id quod a principe Apostolorum Petro Romanæ soit restée complètement ignorée outre-mer? Il est
bien difficile de l'admettre pour peu qu'on se rap- tientés asiatiques; Duchesne, Les origines du culte,
pelle la marche suivie par le christianisme dans sa p. 220-222. Il semble bien que ce soient là des traces
première diffusion. Avant d'atteindre l'Italie, déjà de très anciens rapports. Peut-être saint Augustin
il s'était répandu dans tout le bassin oriental de la conservait-il quelque souvenir confus de cette origine,
Méditerranée. L'Afrique, Carthage surtout, depuis lorsqu'il écrivait,Epist., XLIII, 7, édit.Goldbacher,p.
90;
qu'Auguste l'avait restaurée, recevaient alors, comme P. L., t. XXXIII, col. 163, que l'évêque de Carthage
au temps de la splendeur punique, les vaisseaux pouvait négliger la-multitude de ses ennemis, cum se
accourus de tous les points de la Mer intérieure, videret et Romanæ ecclesiæ, in qua semper apostolicæ
tandis que ses hardis négociants trafiquaient sur cathedræ viguit principatus, ET CETERIS TERRIS, UNDE
toutes les côtes du monde romain. Tenue ainsi au EVANGELlUM AD IPSAM AFRICAM VENIT, per communi-
courant des événements du dehors, cette ville ne catorias litteras esse conjunctum. Ailleurs il dit encore,
pouvait manquer d'être informée très vite qu'une Epist., LII, 2, édit. Goldbacher, p. 150; P. L., t. XXXIII,
nouvelle religion venait d'éclore qui se répandait à col. 194 : Pars autem Donati. non considerat.
travers les provinces. Plus d'un peut-être de ces ab illa radiceORIENTALlUM ECCLESlARUM se esse præci-
marins asiatiques qui jetaient l'ancre en face de sam, UNDE EVANGELIUMINAFRICAM VENIT. Il y a
Byrsa était déjà un adepte de Jésus, qui cherchait peut-être plus de précision dans ces phrases que
à faire autour de lui des prosélytes parmi les ma- M. Lejay, op. cit., p. 44, et dom Leclercq, Carthage,
nœuvres employés au déchargement des navires. dans Dict. d'archéol. chrét., t.III, col. 2205, ne consentent
Cheminant ainsi d'une façon obscure, se transmettant à leur en accorder. Sans leur attribuer cependant plus
d'homme à homme sans prédication publique, le d'importance qu'il ne convient, même en les négli-
christianisme aurait donc été primitivement intro- geant complètement, nous avons par ailleurs assez de
duit en Afrique par des gens venus d'Orient. motifs de croire que l'Orient n'a pas été étranger
Ces influences expliquent-elles le rôle relativement à l'importation du christianisme en Afrique. Si bien
important du grec dans la communauté de Carthage, qu'en somme il y aurait lieu de distinguer deux pé-
jusqu'au début du IIle siècle? Nous possédons une riodes successives dans l'introduction de la foi nou-
rédaction grecque des Actes des Martyrs Scilitains et
de la Passion de sainte Perpétue; avant d'aller au :
velle. Le pays prend contact avec elle d'une ma-
nière obscure, sans doute intermittente voilà l'œuvre
martyre, cette sainte conversait en grec avec quelques
membres du clergé; l'Apologétique de Tertullien fut
traduit en grec presque aussitôt que paru; lui-même
était fort au courant de la littérature chrétienne
grecque du lIe siècle, il rédigea en grec plusieurs
tive, suivie de l'organisation des communautés
l'œuvre de Rome.
:
de l'Orient, grec ou asiatique; plus tard, une évan-
gélisation régulière se produit, une prédication effec-

Et cette double action a dû s'exercer d'assez bonne


voilà

traités, en particulier le De spectaculis,pour les beaux heure, précisément à cause des relations multiples
esprits de la capitale; De corona, 6, édit. Oehler, t. I, qu'entretenait Carthage avec le reste du monde.
p. 430; P. L., t. II, col. 84 : sed et huic materiæ propter Comment soutenir qu'elle ignorait ce que presque
suaviludios nostros. Cræco quoque stilo satisfecimus. tous les pays méditerranéens connaissaient depuis un
Cf. Monceaux, Hist. litt. de l'Afr. chrét., t. I, p. 50; certain nombre d'années. Quelques auteurs ont sup-
Harnack, Die Mission, t. II, p. 237. Mais des faits de posé qu'au moment de la persécution de Néron, beau-
ce genre ne peuvent prouver qu'une chose c'est que coup de chrétiens d'Italie cherchèrent un refuge en
la colonie grecque était nombreuse à Carthage. On Afrique. L'hypothèse aurait besoin d'être prouvée.
en citerait beaucoup d'autres, dans le même ordre
d'idées, qui n'ont rien à faire avee le christianisme
ex-voto fixés dans les temples, tablettes impré-
: Sans vouloir, en l'absence de documents, fixer au-
cune date précise, on ne se trompera guère, j'imagine,
en considérant que, dès la fin du 1er siècle,une partie
catoires rédigées et gravées par des magiciens spé- du pays avait reçu l'Évangile. Le texte de saint Au-
cialistes, épitaphes païennes autant que chrétiennes. gustin que l'on a lu plus haut (col. 707) ne paraît
Quand Apulée, qui a fait un long séjour à Athènes
et dont les ouvrages fourmillent de mots grecs, ha-
rangue les Carthaginois presque indifféremment en
nullement contredire à cette opinion. L'Afrique n'est
pas le dernier pays qui ait été appelé à la foi di-
verses nations barbares y sont venues après elle.
:
grec et en latin, il avait certes un auditoire pour le Qu'y a-t-il dans le vague de ces expressions qui em-
comprendre; cf. Aug. Audollent, Carthage romaine, pêche de reporter jusque-là les premiers établisse-
p. 701-703. Aussi bien l'usage de cette langue n'était ments chrétiens dans ces contrées? Avant la fin du
pas limité à la seule capitale; Leptis Magna, Oea, second siècle, les fidèles y abondaient, des églises
Hadrumète, Cirta la pratiquaient. Et si elle ne se y étaient solidement constituées — on s'en con-
répandit pas, comme idiome populaire, dans l'inté- vaincra dans quelques instants — quatre-vingts ans
:
rieur du pays, sur le littoral elle ne fut nullement
réservée aux chrétiens lettrés et ignorants s'en ser-
vaient sans distinction de religion. Cf. Toutain, Les
n'étaient pas de trop pour obtenir un pareil résultat.
Si j'ai, à plusieurs reprises, nommé spécialement
Carthage, c'est que, son port étant le plus fréquenté,
cités romaines de la Tunisie, p. 200; dom Leclercq, il y a plus de chances pour que les messagers de la
Afrique, dans Dict. d'archéol. chrét., t. i, col.752-753. bonne nouvelle aient débarqué là plutôt qu'ailleurs.
Pour démontrer de façon suffisamment claira l'in- Et puis, telle était, dès le début de l'Empire, la puis-
fluence religieuse de l'Orient, je ferais plus de cas de sance d'attraction et le rayonnement de cette capitale
certaines habitudes liturgiques qui lui étaient com- que tout, en Afrique, devait commencer par elle,
munes avec l'Afrique. Elles sont d'autant plus signi- comme tout y aboutissait. Pourtant d'autres villes
ficatives que, pour l'ensemble, nous l'avons dit, ce moins importantes, Utique, Hadrumète, par exemple,
dernier pays est étroitement rattaché à Rome. Une ont pu aussi les accueillir. De toute façon, la confi-
lettre de Firmilien, évêque de Césarée, à saint Cyprien, guration même du pays déterminait, presque néces-
Epist. LXXV, dans la correspondance de ce dernier, sairement, la marche conquérante de la nouvelle
édit. Hartel, t. I, p. 810; P. L., t. m, col. 1154, nous religion. Les cités maritimes une fois gagnées ce
fait savoir que, dans la procédure employée pour le fut le tour des villes et des populations romanisées
baptême des hérétiques, la tradition africaine était de l'intérieur, enfin les indigènes de l'ouest et du sud
identique à celle de la majeure partie de l'Asie. D'autre furent atteints. Tertullien, Adversus Judæos, l dit.
part, aux jours de stations (mercredi et vendredi), les Oehler, t.II, p. 713; P. L., t. II, col. 610, mentionne les
rites étaient les mêmes en Afrique et dans les chré- tribus berbères de Maurétanie et de Gétulie chez les
quelles la foi chrétienne avait pénétré de son temps
Crediderunt. et ceteræ gentes, ut jam Getulorum varie-
: ;
Juifs plus au moins clairsemés est encore signalée
en maint autre endroit du pays le travail de M. Mon-
;
tates et Maurorum multi fines. Mais c'est à peu près
tout ce que nous pouvons en dire car, si nous n'avons
aucun renseignement précis sur ce qui se passa
ceaux sur Les colonies juives dans l'Afrique romaine
fournira à ce sujet toutes les indications désirables.
Cf. H. Leclercq, L'Afrique chrétienne, t. I, p. 36-39;
dans les parties du pays où la civilisation romaine Harnack, Die Mission und Ausbreitung, 1906, t. I,
florissait, comment en attendre pour ces régions p. 3, n. 2. Ces éléments juifs, disséminés à travers le
qui lui échappaient encore, qui lui échappèrent même pays, offraient autant de points d'appui au chris-
toujours? Disons seulement, avec Mgr Duchesne,Au- tianisme et lui en rendaient la conquête moins ardue.
tonomies ecclésiastiques.Églises séparées, p. 286, que Car les deux religions vécurent tout d'abord en bons
« l'évangélisation sur cette frontière n'a pas d'his- termes. Mais elles ne tardèrent pas à se séparer,
toire distincte de celle de l'évangélisation de l'Afrique même à se traiter en ennemies, sans doute à la suite
engénéral. On ne connaît aucun apôtre des Maures; des progrès rapides de la plus récente. Au temps de
on ne trouve nulle part une église, une organisation Tertullien, la rupture était complète. Tandis que
ecclésiastique, spéciale à ce peuple. Le christia- l'âpre docteur invectivera les Juifs dans ses écrits,
nisme s'y est infiltré de proche en proche, comme eux seront parmi les plus acharnés à poursuivre les
dans la province elle-même; les évêchés se sont fondés chrétiens.Ce revirement et cet antagonisme irréduc-
au milieu des groupes de population, à une distance
plus ou moins grande vers l'intérieur. Mais c'est tou-
jours l'Église d'Afrique. n
Au milieu des obscurités de cette période primi-
tive, où nous entrevoyons les faits sans avoir les
dont nous nous occupons. Les rapports du judaïsme
et du christianisme furent partout les mêmes :
tible ne sont pas d'ailleurs particuliers à la région

Afrique, comme dans le reste de l'empire romain, une


en
période, assez courte à vrai dire,.d'union étroite pré-
moyens d'en fournir la preuve formelle, il en est un céda le temps des hostilités; avant d'être, suivant
pourtant que nous pouvons mettre en lumière. Saint le mot de Tertullien, des fontes persecutionum envers
Luc raconte, Act., 11, 9-11, que, lors de la Pentecôte l'Église, les synagogues avaient facilité son établis-
qui suivit la mort de Jésus, vinrent à Jérusalem des sement dans le monde.
Juifs de tous les pays, en particulier d'Afrique. On s'est II. LES PREMIERS MARTYRS. TERTULLIEN. LE MON-
trop hâté d'en conclure que ces pèlerins y avaient TANISME. — Si le christianisme s'est tout d'abord
été à leur retour les propagateurs de la foi; car si la recruté dans les juiveries africaines, sa force d'ex-
traduction des Actes conservée par Tertullien, Adu. pansion, aussi bien que les sentiments de jour en
Judæos, loc. cil., peut donner à penser qu'ils y habi- jour moins sympathiques des Israélites orthodoxes,
taient, et regionem Atricæ quæ est trans Cyrenen in- l'obligèrent rapidement à se frayer ailleurs une voie
le
habitantes,
;WU'l't'EÇ. xàfxîpv) Ilne
texte grec porte simplement -/.oùni Y..iX't'O(-
tt,;Atg-jY); 't"ç xccrK
suit pas néanmoins que les Juifs n'aient été pour
s'en-
plus sûre. L'usage fréquent du grec dans certains
groupes urbains, surtout à Carthage, nous a fait
voir (col. 709) qu'il s'adressa encore aux immigrés
rien dans l'établissement du christianisme enAfrique;
nous sommes même en mesure d'affirmer qu'ils
de langue grecque. Pourtant il»
parler d'une « période grecque de
me semble
l'Église
exagéré de
d'Afrique,
comptèrent parmi ses premiers adeptes. Au nord comme le ferait volontiers M. Harnack,Die Mission
de Carthage, près du village de Gamart, s'élève le und Ausbreitung, 1906, t. II, p. 237. Car, si impor-
Djebel Khaoui ou « montagne creuse ». Dans ses tantes que fussent ces colonies orientales, elles ne for-
flancs sont taillés de nombreux tombeaux que Beulé,
puis le P. Delattre ont explorés avec soin. Le plan de
ces hypogées, semblables à ceux de Palestine, leur
;
maient à tout prendre qu'une minime partie de la
population dés villes dans les campagnes, elles n'exis-
taient même pas. Pour s'établir fortement, pour durer,
décoration, la représentation fréquente du chandelier c'est au nombre que devait viser la nouvelle religion.
à sept branches, quelques débris de caractères hé- Elle n'avait chance de l'atteindre qu'en se tournant
braïques parmi les inscriptions latines qui les garnis- vers ceux qui formaient l'immense majorité des habi-
saient, tout concourt à démontrer que ce cimetière tants, c'est-à-dire vers les anciens occupants du sol,
appartenait à la communauté israélite de Carthage de race phénicienne ou berbère, confinés dans les
dont son étendue atteste l'importance. Or, on y a ren- situations modestes, et aussi vers les Romains, leurs
contré plus d'une fois des emblèmes et des formules vainqueurs et leurs maîtres, établis dans tous les
du christianisme le plus authentique, par exemple, emplois, mais qui tenaient surtout les postes élevés.
l'épithète si caractéristique, fidelis in pace, les sépul- Au bout de peu de temps, sinon dès le début, ce double
tures où elles se trouvent ne peuvent donc avoir abrité élément fournit lui aussi son contingent sans cesse
que des chrétiens. Raisonnant dès lors par analogie, accru. De sorte qu'au cours du IIe siècle, lescommu-
nous sommes autorisés à croire quelles choses se pas- nautés urbaines, les premières fondées, présentaient un
sèrent en Afrique comme à Rome, que la nouvelle aspect étrange et une vraie confusion des langues, le
religion pénétra tout d'abord dans les synagogues punique, l'hébreu et le grec n'y étant pas moins en
et qu'elle recruta au début ses adhérents dans lescom- honneur que le latin. Elles réalisaient ainsi presque à
munautés juives.' la lettre la phrase de l'Apocalypse, vu, 9 : Post hæc
Celle de Carthage n'est pas la seule dont le souve- vidi turbam magnam. ex omnibus gentibus et tribubus
nir indiscutable soitparvenu jusqu'ànous. L'existence et populis et linguis. On ne saurait faire valoir contre
de beaucoup d'autres, sans doute moins considé- ce qui vient d'être dit au sujet des indigènes, le fait
rables, nous est attestée par toute une série de docu- qu'aucun texte ecclésiastique en punique ou en ber-
ments. Elles se rencontrent dans les différentes pro- bère n'est parvenu jusqu'à nous. Ces idiomes n'étaient
vinces africaines, surtout le long des côtes, mais aussi pas des langues littéraires; aussi peut-être n'ont-ils
dans l'intérieur du pays; en Tripolitaine, à Oea (Tri- jamais été employés non seulement pour des ouvrages
poli); en Byzacène, à Hadrumète (Sousse); en Pro- chrétiens originaux, mais même pour la traduction de
consulaire, à Hammam Lif, à Utique, à Simitthus la Bible. Le clergé devait prêcher et interpréter
(Chemtou); en Numidie, à Hippone, à Cirta (Cons- les Livres saints dans les dialectes locaux pour ceux
tantine); en Maurétanie Sitifienne, à Sétif: en Césa- qui n'entendaient aucune autre langue. Au IVe siècle
rienne, à Auzia (Aumale), à Tipasa et à Cæsarea(Cher- les textes font également défaut, et pourtant nous sa-
chel); en Tingitane, à Volubilis. Je ne parle ici que vons par saint Augustin qu'on parlait le punique
des groupes vraiment organisés. La présence de dans les églises. L'état social du pays, les noms des
premiers martyrs et d'un certain nombre d'évêques, Hestia, Januaria, Generosa. Les Actes de leur mar-
au milieu du Ille siècle, justifient amplement la part tyre, que nous possédons, insistent sur ce fait que
que nous faisons aux indigènes. Dans quelle propor- ces confesseurs de la foi refusèrent de « revenir aux
tion chacun de ces quatre groupes contribua-t-il à la usages romains », c'est-à-dire de sacrifier au génie
prospérité de l'œuvre commune, nous ne saurions de l'empereur. Renvoyés pour ce motif devant le tri-
le déterminer en l'absence de renseignements positifs. bunal du proconsul à Carthage, ils persistèrent dans
Tout ce qu'on peut avancer sans grand risque d'erreur, la même attitude, n'acceptèrent aucun délai pour
c'est que l'apport des indigènes et des Romains dépas- changer de sentiments et se livrèrent joyeusement
sa bien vite celui des Juifs et des Grecs dans les cités au bourreau qui leur trancha la tête. Leurs reliques,
maritimes, et qu'à l'intérieur du pays ils constituaient déposées dans une basilique de Carthage à laquelle
presque à eux seuls les communautés chrétiennes. leur nom resta attaché—Basilica Celerinæ vel Scili-
On ne saurait rien affirmer non plus avec certitude tanorum — y demeurèrent en vénération jusqu'à
sur la valeur sociale des premiers chrétiens d'Afrique. la prise de cette ville par les Arabes, à la fin du
Appartenaient-ilsexclusivementaux classes inférieures, vue siècle. Cf. Aug. Audollent, Carthage romaine,
ou bien, comme il advint à Rome, les grandes et p. 192.
riches familles furent-elles de bonne heure entamées? La mort des Scilitains se place au 17 juillet 180 :
D'après les expressions militaires et juridiques qu'on l'Afrique était alors administrée par le proconsul P. Vi-
relève fréquemment dans les écrits de Tertullien, le- gellius Saturninus, le premier, dit Tertullien, qui, dans
quel, à vrai dire, était fils d'un centurion et avait cette province, tira le glaive contre nous. Ad Scapu-
étudié le droit, mais aussi dans ceux de saint Cy- lam, 3, édit. Oehler, t. i, p. 544; P. L., t. I, col. 702,
prien, M. Harnack, Die Mission, t.II, p. 239-240, pense Vigellius Saturninus qui primus hic gladium in nos
que l'armée et l'administration fournirent de bonne egit. Il ne semble pas cependant avoir pris des mesures
heure d'assez nombreuses recrues à l'Église, en y in- générales de persécution; mais il frappaitsans hésiter
troduisant naturellementleurs habitudes de langage. ceux qui lui étaient livrés ou dénoncés, conformant
L'existence de soldats chrétiens est d'ailleurs attestée ainsi sa conduite aux ordres de Marc-Aurèle et aux
de façon formelle par Tertullien, De corona, 1, édit.
Oehler, t. I, p. 415; P. L., t. II, col..76, quand il
parle du légionnaire intransigeant, ceteris constantior
:
instructions plus anciennes envoyées par Trajan
à Pline, en Bithynie ne pas poursuivre les chrétiens,
mais punir ceux qui tomberaient entre ses mains. Le
fratribus, qui se duobusdominis servire posse præ- mot hic, dans la phrase de Tertullien, ne désigne pas
sumpserant, et p. 417; col. 77, solus scilicet fortis seulement Carthage, il s'applique, la suite du texte en
inter toi fratres commilitones. On peut d'ailleurs tenir fait foi, à la province tout entière; il en résulte donc,
pour certain que les progrès du christianisme à l'in- qu'aucun supplice capital n'aurait jusqu'alors été
térieur du pays,facilités par un beau réseau routier, infligé aux fidèles dans toute l'étendue de la Procon-
correspondent à l'extension de l'influence romaine, sulaire. Même si la mort de Namphamo et de ses com-
les indigènes se christianisant, si je peux dire, au fur pagnons précéda celle des douze Scilitains, la contra-
et à mesure qu'ils se romanisaient. De toute façon, ce diction peut n'être qu'apparente entre ce fait et
qui me porterait à croire que les travailleurs, les ar- l'affirmation de Tertullien. Madauros se trouvait en
tisans, les esclaves même, urbains ou employés dans Numidie; la sentence a pu être rendue par le léga
les grands domaines impériaux ou privés, en un mot impérial qui avait alors de fait, avant de la possétte
ceux qu'on désignait par l'expression lenuiores, les bientôt de droit, une autorité presque absolue àina
petites gens formèrent surtout le noyau primitif cette région. Aussi bien, rien ne nous invdeds
des adhérents à l'évangile, et en furent les agents de supposer que les martyrs de Madauros précédèrent de
transmission les plus actifs, c'est que, pendant la plus beaucoup ceux de Scili. Ce qui ressort au contraire
grande partie du IIC siècle, le christianisme africain nettement du silence des auteurs, c'est que jusqu'au
n'a pas d'histoire. En tout cas les premiers fidèles dernier quart du second siècle les fidèles d'Afrique ne
que nous rencontrons paraissent bien être de modestes furent pas inquiétés. Plus heureux que leurs frères
personnages. de Rome, ils avaient eu le loisir de croître et de se
Dans sa controverse avec saint Augustin, le gram- développer en paix. Nulle part ils n'avaient dû être
mairien païen, Maxime de Madauros s'indigne de voir dans ces vastes territoires une occasion de troubles, ce
les chrétiens préférer aux dieux du panthéon national qui ne laisse pas de surprendre quand on sait avec
des hommes obscurs affublés de noms bizarres, un quelle ardeur le tempérament africain se portait
Miggin, une Sanamé, un Lucitas, un Namphamo, aux extrêmes. La prudence et la modération des ma-
qu'il qualifie d' cc archimartyr ». Epist.,XVI, 2, édit. gistrats eurent aussi sans doute une large part dans
Goldbacher,p. 37; P. L., t. XXXIII, col. 82; cf.Epist., ce résultat. A la faveur de ce calme prolongé, les
XVII, 2. On ignore en quelle année précisément et en chrétientés existantes s'organisaient, de nouveaux
quel endroit ces chrétiens périrent. Quelques auteurs groupes se créaient, des communautés se fondaient et,
pensent, mais sans en fournir la preuve, qu'ils furent favorisés peut-être par une sorte d'instinct mono-
mis à mort à Carthage. Il est d'usage de les appeler théiste des populations indigènes, les progrès de l'évan-
les « martyrs de Madaure », bien que Maxime n'in- gélisation devenaient plus rapides. Les détails de ce
dique pas qu'ils habitaient cette ville numide d'où lui- mouvement d'extension nous échappent; il n'en est
même était originaire. Qu'ils aient souffert pour la pas moins certain qu'il eut lieu. Nous citerons tout à
foi tous ensemble, au moins vers le même temps, on l'heure des témoignages prouvant que les ouvriers de
peut l'admettre, puisqu'ils sont ainsi réunis; et le l'Évangile avaient dans le silence activement et effi-
titre d'archimartyr attribué à l'un d'eux invite à cacement travaillé.

étaient de race punique authentique.


:
les inscrire en tête de la liste des témoins du Christ
en Afrique. Leurs noms enfin sont significatifs ils
Aussinefaut-ilpastrop s'étonner si, dès l'année197,
Tertullien énumère avec complaisance les bataillons
de l'armée chrétienne et constate la diffusion très géné-
J'en dirai autant des «martyrs scilitains». Ce sont rale de la foi. Apol., 1, édit. Oehler, t.1, p. 115; P. L.,
douze paysans du petit bourg de Scili, en Procon- t. I, col. 262. « Aux champs, dans les forteresses, dans
sulaire, des Africains romanisés dont les noms sentent les îles, partout des chrétiens; tous les sexes, tous les
:
la traduction ou sont à peine munis d'une termi-
naison latine Speratus, Nartzallus, Cittinus, Vetu-
rius, Félix, Aquilinus, Cælestinus, Donata, Secunda,
âges, toutes les conditions, même les dignitaires
passent au nouveau culte.» Ibid.,37, édit. Oehler, t.1,
p. 250; P. L., t. i, col. 462 : « Nous ne sommes que
d'hier et nous remplissons tout, les villes, les îles, les quelque temps auparavant, à Thysdrus (El Djem) dans
forteresses, les municipes, les assemblées, les camps la même province. Ibid. 4, édit. Oehler, t. I, p. 546;
même, les tribus, les décuries, le palais, le sénat, P. L., t. i, col. 703. Byzacène, Proconsulaire, Numidie,
»
le forum. Nous ne vous laissons que les temples. Dans
le feu de la controverse, Tertullien ne calcule pas
Maurétanie, c'est presque toute l'étendue de l'Afrique
romaine que jalonne Tertullien par ces brèves indi-
avec l'exactitude d'un mathématicien, je l'admets; cations, plus significatives qu'il ne paraît peut-être
et l'on a pu parler de son« arithmétique hyperbolique» au premier abord. Car on se heurterait à une invrai-
quand il s'écrie, une quinzaine d'années plus tard, semblance trop criante si l'on refusait d'admettre
Ad Scapulam, 2, édit. Oehler, t. i, p. 542; P. L., t.i, que les fidèles qu'elles concernent appartinssent à
col. 700: ccNous sommes une multitude, nous formons des églises. Tertullien, il est vrai, ne le déclare pas
presque la majorité dans chaque ville,» tanta hominum expressément; à part celui d'Uthina,
multitudo,parspenemajorcivitatis cujusquc. N'oublions
il ne cite aucun
évêque. Mais des évêques de Carthage, ses contem-
pas cependant qu'il écrivait à Carthage et qu'il n'eût, porains, il ne dit pas non plus le moindre mot. Qui
vraiment pas réussi à tromper du tout au tout ses niera cependant que cette grande chrétienté ne fût
lecteurs, ainsi qu'on l'a souvent insihué. Cf. d'Alès, alors complètement organisée, c'est-à-dire soumise à
La théol. de Tertul., p. 10, n. 1. Comment aurait-il une autorité épiscopale?
tout inventé, lorsqu'il interpelle en ces termes le pro- Le premier de ses chefs que nous puissions identifier,
consul Scapula, qui venait d'ordonner la persécu- Agrippinus, est certainement de l'époque de Tertul-
tion? Ad Scapulam, 5, édit. Oehler, t. I, p. 550; P. L., lien. Nous parlerons de lui plus en détail dans l'ar-
t. I, col. 704: ccQue ferez-vous de ces milliers d'êtres, ticle spécial qui lui sera consacré. Rappelons seule-
de tant d'hommes et de femmes, de tant de personnes ment ici qu'avant 225 au plus tard, il convoqua un
de tout sexe, de tout âge, de toute condition, qui se synode pour prendre des décisions au sujet du bap-
livreront à vous?. Quels maux souffrira Carthage tême des hérétiques; soixante-dix de ses collègues se
même? Il vous faudra la décimer, quand chacun aura rendirent à son appel. Augustin, De unico baptismo
retrouvé parmi nous ses proches, ses voisins; quand contra Petilianum, 13, 22, édit, Petschenig, p. 21;
chacun y aura reconnu peut-être des citoyens et des P. L., t. XLIII, col. 606. Ce chiffre officiel ne doit pas
matrones du même rang que vous, une foule de gens exprimer toute la réalité. Pour en approcher davan-
de qualité, parents ou amis de ceux qui vous sont tage, nous aurions à tenir compte des absents, em-
»
chers. Attribuer, comme l'a fait Noeldechen, de trois pêchés ou réfractaires. D'ailleurs saint Cyprien n'at-
à quatre mille chrétiens à Carthage, au temps de Com- tribue à ce même synode que des représentants de
mode, c'est donc s'inscrire en faux contre les affir- l'Afrique Proconsulaire et de la Numidie, Epist.,
mations hardies de Tertullien. Encore faudrait-il sou- LXXI, 4, édit. Hartel, t. I, p. 774; P. L., t. IV,
tenir ce chiffre par quelque document statistique, col. 411 : et Agrippinus bonæ memoriæ vir cum ceteris
En revanche, celui de cent mille que hasarde Muenter, et Numidia ecclesiam Domini gubernabant la Mauré- ;
au lieu de le proposerd'une façon purement arbitraire. coepiscopis suis qui illo tempore in provincia Africa
Primordia eccles. afric., c. v, p. 24, et contre lequel tanie surtout orientale doit peut-être aussi entrer en
Aube ne proteste guère, Les chrét. dans l'emp. rom., ligne de compte. Si bien qu'au total nous courons
p. 152, a de quoi surprendre; M. Harnack, Die Mis- risque d'être au-dessous de la vérité plutôt que d'exa-
n.
sion,t.II,p.242, 1, l'a justement qualifié d'évaluation gérer en assignant à l'Afrique une centaine de sièges
tout à fait en l'air. Nous n'avons pas les moyens de épiscopaux dans le premier quart du Ille siècle. Ce
trancher la question, et il est probable que la vérité chiffre considérable peut surprendre. Pourtant il ne
doit se trouver à mi-chemin entre le nombre trop faut pas oublier que l'établissement des évêchés était
réduit de Noeldechen et les énumérations enthou- facilité par l'existence des petites villes, créées en
siastes du prêtre de Carthage. Un fait caractéristique grand nombre par les Phéniciens dans les terres au-
ressort du moins de ces divers passages. Insensible- tour de Carthage. Cette organisation, maintenue par
ment le christianisme s'est élevé du peuple à des les Romains, répondait bien aux habitudes du chris-
degrés plus hauts, la classe aisée est en partie conquise, tianisme, qui était une religion de cités. Cf. Harnack,
voici qu'il atteint aux sommets. Les nobles familles Die Mission, t. II, p. 240, n.7. Des évêques africains
ne craignent plus de se commettre avec les pauvres de cette époque, un seul, outre celui de Carthage, a
et les esclaves; l'élément romain, qui avait offert laissé une trace dans l'histoire; je pense à cet Optatus
moins de prise aux premiers prédicateurs, est en train qui joue un rôle dans les Actes du martyre de sainte
de devenir prépondérant dans cette Église; le latin en Perpétue et de ses compagnons. On l'a donné parfois
sera désormais la langue indiscutée. comme prédécesseur, parfois comme successeur, à
Tertullien parle surtout de la capitale; mais, toute Agrippinus. Mais rien ne prouve qu'il ait appartenu
proportion gardée, on peut étendre ses conclusions au clergé de la capitale; ou plutôt, on ne saurait
:
au reste du pays. Si préoccupé qu'il soit des affaires guère refuser de tenir pour le propre évêque de ces
de sa propre ville, à l'exclusion de celles du dehors martyrs celui à qui ils disent Nonne tu pater noster es?
et bien qu'il se soucie peu de nous retracer l'histoire ou Non tu es Papa noster? selon deux leçons diffé-
de l'Église d'Afrique qui se développait sous ses yeux, rentes des manuscrits. J'inclinerais donc à voir en lui
certaines allusions précises que nous glanons çà et là le chef de l'Église de Thuburbo minus (Tebourba) en
dans ses écrits sont autant de traits de lumière. Vers Proconsulaire, dont ils étaient originaires.
213, il mentionne un évêque dans la petite ville Qu'un épiscopat bien constitué existât dès lors en
d'Uthina (Oudna), voisine de Carthage, De mono- Afrique, ce n'est pas la seule preuve que nous en
gamia, 12, édit. Oehler, t.1, p. 782; P. L., t. II, col. 947. puissions fournir. Fréquemment Tertullien s'occupe
Et, en 212, il parle des mesures prises contre ses des évêques. En 213, dans une crise de montanisme,
frères à la fois par le légat impérial de Numidie et il s'indigne contre les pasteurs pusillanimes qui fuient

:
par le gouverneur de Maurétanie, Ad Scapulam, 4, devant la persécution, au lieu de donner aux laïques
Oehler, t. I, p. 549; P. L., t. I, col. 704 Nam et nunc a l'exemple du courage; et il nous les montre entourés

;
præside legionis et a præside Mauritaniæ vexatur hoc de diacres et de prêtres aussi lâches qu'eux, De fuga
nomen il rappelle la condamnation prononcée contre in persecutione, 11, édit. Oehler, t. I, p. 480; P. L.,
le chrétien Mavilus d'Hadrumète, en Byzacène, par t. II, col. 113 : cum ipsi auctores, id est ipsi diaconi et
le proconsul Scapula, ibid., 3, édit. Oehler, t.1, p. 545; presbyteri et episcopi fugiunt. Lui-même était prêtre
P' L., t. I. col. 702: l'interrogatoire subi par d'autres de Carthage dès la fin du IIc siècle. Dans ses écrits
plus d'une allusion se rencontre aussi aux prêtres presque les seules déblayées jusqu'à ce jour; et le sol
(presbytcri, præpositi, doctores) et aux diacres, auxi- des cités africaines commence à être assez fouillé
liaires directs de l'évêque, même aux lecteurs. Voir pour qu'on n'ait guère chance d'en rencontrer désor-
les références dans les indices d'Oehler, t. II, et dans mais beaucoup d'autres. Sans préjuger toutefois de
Aug. Audollent, Carthage romaine, p. 568, 578, 581- l'avenir, et sans rechercher d'autre part si l'existence
582, 586. Optatus a un prêtre à ses côtés; autour de ces cimetières souterrains à Hadrumète et à Sulle-
d'eux fonctionne un groupe catéchétique vivant. ethum, localités voisines, ne s'expliquerait point par
Voilà les faits; trois conclusions s'en dégagent. quelque cause locale, n'est-il pas permis de dire dès
1° Dès la fin du IIe siècle, le christianisme est très maintenant que les catacombes sont rares en Afrique
répandu à travers les provinces africaines; de nom- et de souligner l'importance de cette constatation?
breuses communautés y sont instituées et s'y déve- Si l'on n'a pas éprouvé dans ce pays le besoin de se
loppent rapidement. 2° Une hiérarchie régulière di- dissimuler sous terre pour pratiquer le culte, si les
rige ces communautés. A sa tête est placé un évêque, morts étaient d'ordinaire déposés dans ces areæ en
que Tertullien appelle le CI souverain prêtre », sum- plein air dont parleTertullien, c'est, pensera-t-on, que
mus sacerdos qui est episcopus. De baplismo, 17, édit. les rapports n'étaient pas trop tendus entre païens
Reifferscheid, t.1, p. 214; P. L., t.1, col. 1218. Ce lan- et chrétiens, et, par suite, que ceux-ci ne furent
gage et les noms d'Agrippinus, d'Optatus révèlent un pas très exposés pendant la plus grande partie du
état monarchique très net. On ne connaît alors en IIe siècle. Nous arriverions donc ainsi par un autre
Afrique que l'épiscopat unitaire. 3° L'Église de Car- chemin au même résultat que par l'interprétation des
thage, peut-être parce qu'elle a été l'initiatrice de la documents littéraires. Jusqu'en 180, le christianisme
foi dans le pays, surtout parce que cette ville en est africain a dû s'épanouir dans la paix et dans une
la capitale, domine déjà au-dessus des autres. Son relative liberté.
évêque a sur ses collègues une suprématie d'honneur Tout change à partir de ce moment. Non pas que
et de fait due au siège qu'il occupe; c'est autour de les magistrats se soient tout à coup acharnés contre
lui qu'ils se réunissent pour examiner en commun les les fidèles. Mais ils les poursuivent après les avoir pen-
questions disciplinaires ou doctrinales. dant longtemps ignorés ou tolérés. Souvent, il est vrai
Ce sont là de très précieux renseignements, mais leurs intentions sont bienveillantes, ils ne veulent pas
ils sont loin de satisfaire toute notre curiosité. Sur- la perte des inculpés traduits à leur tribunal. Sous
tout ils ne nous apprennent pas quelle était la vie Septime Sévère, C. Julius Asper se déclare fâché
de ces chrétientés jusqu'à l'époque de Tertullien. d'avoir à juger un chrétien, il le renvoie après un
:
Pratiquaient-elles leur culte au grand jour ou bien
dans le secret de quelque demeure sûre on aimerait Valerius Pudens en relâche un autre qu'il croit vic-
;
simulacre de torture, sansl'obliger à sacrifier aux dieux

à le savoir, afin d'être fixé sur les rapports qui exis- time d'un faux témoignage; précédemment, sous
taient alors entre le paganisme et le christianisme. Commode, L. Vespronius Candidus agit de même,
Pendant longtemps on a pu croire que les fidèles afin, dit-il, de ne pas exciter de sédition; et Cincius
d'outre-mer n'avaient jamais eu besoin, pour tenir Severus, à Thysdrus, en Byzacène, va jusqu'à souffler
leurs assemblées, de se cacher sous terre comme leur leurs réponses à ceux qui lui ont été livrés, pour qu'ils
frères de Rome, de Naples ou de Syracuse. Il en faut puissent esquiver une condamnation. Ces exemples,
un peu rabattre, car, depuis quelques années, des cata- que Tertullien nous a conservés, AdScapulam, 4, édit.
combes ont été découvertes en Algérie, au Djebel Oehler, t. i, p. 546; P. L., t. i, col. 703, mettent en
Djaffa, près de Khenchela, et à Kherbet bou Ad- évidence les sentiments d'un certain nombre de gou-
doufen, dans la région de Sétif; puis en Tunisie, près verneurs. Quelques-uns, sans doute, étaient moins
de Sullecthum (Salakta), sur la côte, et surtout, un favorablement disposés. Celui qui fit périr les mar-
à
peu plus au nord, Hadrumète (Sousse). Ces dernières,
situées dans le camp Sabattier, à proximité de la
tyrs de Madauros, P. Vigellius Saturninus qui envoya
à la mort les Scilitains, le procurateur Hilarianus qui
ville, sont de beaucoup les plus intéressantes et sévit contre Perpétue et ses compagnons, Scapula,
peuvent seules être vraiment comparées à celles que Tertullien s'efforce d'adoucir en lui citant comme
d'Italie;leurs longues galeries, explorées, depuis 1903, modèles ses prédécesseurs plus tolérants, d'autres encore
avec un zèle patient par M. l'abbé Leynaud, curé de n'avaient pas la même compassion pour les disciples
Sousse, rappellent complètement les cœmeteria de du Christ tombés entre leurs mains. Doux ou vio-
la campagne romaine. En général pourtant, elles lents, conciliants ou rigoureux, tous étaient obligés
sont plus basses et plus étroites. Plusieurs salles d'intervenir.
ont été déblayées; les dimensions en paraissent bien Pourquoi? Nous en devinons la raison par
petites pour les réunions du culte. Partout des loculi,
souvent intacts, avec des inscriptions sur tuiles tracées
à la couleur noire; çà et là des épitaphes sur marbre
:
quelques mots du passage de Tertullien que je viens
de rappeler c'est au milieu de l'effervescence popu-
laire qu'un chrétien est conduit devant Vespronius
avec des emblèmes symboliques, quelques-unes rédi- Candidus; sous prétexte de ramener le calme dans
gées en grec. On a l'impression que ce vaste cimetière
est antérieur à l'époque constantinienne. Certains in-
:
les esprits, il lui rend la liberté, Ad Scapulam, 4 chri-
stianum quasi tumultuosumcivibus suis satisfaceredimi-
dices révèlent le Ille siècle. Faut-il remonter encore sit. Ainsi, dans plus d'un cas, spontanément ou bien
plus haut? Je n'oserais le dire, car toute cette épi- obéissant à quelque suggestion intéressée, c'est la
graphie n'a pas un caractère bien tranché. Mais pré- foule qui dut dénoncer les sectateurs d'une religion
cisément la simplicité, la pauvreté même des formules dont elle avait longtemps méconnu la puissance,
pourrait nous engager à les reporter jusqu'au siècle qu'elle considérait maintenant comme un danger per-
précédent. Cf. Corpus inscript, lat., t. VIII, Suppl., manent pour l'empire et les dieux. Parfois même, sans
p. 1157; Leynaud, Les catacombes africaines, 1910; se soucier de la procédure judiciaire, sans attendre
Gsell,Les monuments antiques de l'Algérie, t. II, p. 396; l'arrêt des magistrats, la populacebrutale incendiait les
dom Leclercq, L'Afrique chrétienne, t. I, p. 55, n. 1; églises, assaillait pour les lapider ceux qui les fréquen-
Manueld'archéologie chrétienne, t. I, p. 320; art. Ca- taient. « Pareils à des bacchantes en démence, écrit
tacombes, dans le Dict. d'arch. chrét., t. II, col. 2442.
Quoi qu'on doive penser de la date et de l'usage col. 461, ils n'épargnent même pas nos morts. Oui,
t.
Tertullien, Apol.,37, édit. Oehler, t.1,p. 249;P.L., i,
plus ou moins exclusivementfunéraire des catacombes du repos de la tombe, de ce qui était jadis l'asile su-
de Salakta et de Sousse, il subsiste qu'elles sont prême, ils s'en vont enlever, déchirer, arracher ces
restes informes. » « Plus de cimetières ! » Areæ non vénérée, tire de son sein, et chacun de vos frères, de
t.
sint!AdScapulam, 3, édit. Oehler, i, p. 543; P. L.,
t. i, col. 701, tel était le cri de guerre des fanatiques
ses propres ressources, des aliments corporels qu'ils
vous font passer dans votre prison, recevez aussi de
de Carthage, auquel dut souvent faire écho la cla- moi, ô vous les bénis, désignés pour le martyre, une
meur des fouls dans le reste de la province. Joignant nourriture destinée à votre âme. » Inter carnis ali-
la dérision à la fureur, les partisans de la religion tra- menta, benedicti martyres designati, quæ vobis et do- -,
ditionnelle affublaient les fidèles de surnoms inju- mina mater ecclesia de uberibus suis et singuli fratres
» »
rieux. On les appelait « les fagotés (sarmenticii),
«les empalés (semaxii), parce que, pour les brûler, on
de opibus suis propriis in carcerem subministrant,
capite aliquid et a nobis, quod facial ad spiritum quoque
les attachait à des pieux et on les entourait de fagots. educandum. En même temps, il se tourna vers les
Apol., 50, édit. Oehler, t. i, p. 298; P. L.,t.1, col. 531. païens et entreprit de réfuter, en revendiquant hau-
Un montreur de bêtes juif, converti au paganisme, tement les droits de la conscience, les accusations
tableau avec cette inscription :
s'avisa de peindre à la porte de sa ménagerie un grand lancées contre les disciples de Jésus. L'Apologétique
et les deux livres Ad nationes, qui n'en sont que la
première esquisse, contiennent leur Justification.
DEVS CHRISTIANORVM ONOKOITHS
« Quels forfaits ont-ils commis? Ils se réunissent pour
Au-dessus, un personnage était représenté vêtu de prier, ils s'instruisent de la religion, ils secourent
la toge, un livre à la main, avec des oreilles d'âne leurs frères peu fortunés, ils ensevelissent leurs morts.
et un pied cornu; car on accusait communément Ne sont-ce point là les pratiques de tous les collèges
les chrétiens d'adorer une tête d'âne. Cette carica- funéraires que la loi autorise? Ils ne refusent pas
ture avec son allusion obscène obtint un vrai succès. le service militaire, on les rencontre en grand nombre
t. ;
Apol., 16, édit. Oehler, I, p. 181 P.L., t. i, col. 372.
On nese faisait pas faute non plus de répéter que,
dans les camps, à l'armée. On les accuse de lèse-ma-
jesté envers la personne de l'empereur; vit-on, au con-
dans leurs mystères, ils égorgeaient un enfant, se re- traire, sujets plus soumis et plus respectueux? Ils
paissaient de ses membres, et qu'après ce repas abomi- prient pour sa conservation, ils ne lui refusent aucun
nable, ils se livraient aux plus honteuses débauches. des titres qui lui sont légitimement dûs; ce faisant, ils
En réalité, les païens ignoraient tout des disciples du se conforment aux préceptes des saints Livres. Ils ne
Christ dont ils ne savaient même pas le véritable nom
Tertullien, Apol., 2, 3, 4, 7; Ad nat., I, 2-3, édit.
; consentent point, certes, à vénérer les dieux, ni à
sacrifier au génie du prince, car ils ne reconnaissent
Oehler,1.1,p.116-140,307-310; P. L.,t.I, col.270-311, et n'adorent qu'un seul Dieu. Mais sont-ils par cela
560-563. Aussi bien il s'agissait moins de démontrer seul un danger pour le gouvernement? Est-ce de leurs
leurs méfaits que de les punir en tant qu'attachés à rangs que sont sortis les conspirateurs, les Cassius, les
une secte subversive de l'État et d'appliquer à cette Albinus? Envers tous les hommes, leur foi les oblige
race à part, à ce rebut des nations, tertium genus (sur à la charité; ils ne veulent donc que du bien à leur
ce nom, voir Harnack,Die Mission, t. II, p. 227-234; prochain, et, loin d'être hostiles à l'humanité, ils ne
d'Alès, La théol. de Tertul., p. 411, n. 3; Batiffol, répudient que les erreurs humaines. Le salut de
L'Église naissante, p. 92), la législation spéciale qui, l'État leur est cher, ils le demandent à Dieu sans cesse.
depuis Néron sans doute, prohibait l'exercice du culte S'ils voulaient sa perte, ils n'auraient qu'à se retirer
chrétien. On pouvait parfois la laisser dormir, elle en masse, tant ils sont nombreux; les païens seraient
n'en était pas moins toujours envigueur. Sur cette légis-
lation, qui punissait les chrétiens en tant que chré-
t.
tiens,voir Callewaert,dansRev. d'hist.ecclés., 1901, II,
;
effrayés de leur solitude dans les villes abandonnées.
Personne mieux qu'eux ne paie les impôts il n'y a pas
de plus fermes gardiens de la sécurité publique. Ja-
p. 771-797; 1902, t. III, p. 5-25; Batiffol, L'Église mais, les juges sont là pour en témoigner, on ne sur-
naissante, p. 27-34, avec la bibliographie p. 26, n. 3, prend parmi eux ni voleurs, ni assassins, ni gens de
et Aug. Audollent, Carthage romaine, p. 449, n. 8. mauvaise vie. Si on les découvre dans les prisons, dans
En Afrique donc, comme dans presque tout l'empire, les mines, dans les ergastula de l'amphithéâtre, dans
le fanatisme populaire dépassait alors de beaucoup les troupeaux de gladiateurs, c'est parce qu'ils y
les lois trop lentes ou trop douces à son gré. Et sou- ont été condamnés comme chrétiens. Ne point se
vent, par crainte des énergumènes, les magistrats mêler aux fêtes et aux pratiques superstitieuses des
condamnaient presque malgré eux. C'est ainsi que le païens, ne point fréquenter les spectacles et autres
proconsul de l'année 197 ordonna de sévir contre les assemblées profanes, voilà tout ce que l'on est en
fidèles et en fit mettre un grand nombre en prison. droit de leur reprocher sans erreur. En est-ce assez
Les souffrances de ces confesseurs, qui ne sont pas pour les accabler de noms injurieux, pour les traiter
connus personnellement, auraient peut-être passé d'ennemis de l'empereur, d'ennemis de l'État, d'en-
inaperçues de nous, si un homme ne s'était levé pour nemis du peuple, d'ennemis des hommes, pour les en-
prendre leur défense et les encourager dans la lutte. fermer dans une caste à part, en leur appliquant l'in-
Tertullien, jeune et brillant avocat, né à Carthage, famante dénomination de « troisième race », pour
dans le paganisme, avait embrassé de bonne heure leur enlever le droit à l'existence, et, lorsqu'ils compa-
la foi du Christ. Portant dans le service de Dieu toute raissent devant les tribunaux, pour instituer à leur
endroit une procédure toute spéciale qui ne leur laisse
la fougue de son caractère, il ne se résigna pas à voir
ses frères persécutés sans faire entendre une protes-
tation. Sa valeur intellectuelle, quelques écrits déjà
composés depuis sa conversion, enfin le sacerdoce
;
aucun moyen de défense? Le procès fait aux chré-
tiens est donc un procès de tendance leurs croyances
seules leur valent d'être poursuivis et suppliciés.»
dont il ne tarda pas à être revêtu, lui donnaient Cet âpre plaidoyer produisit-il quelque résultat?
qualité pour intervenir auprès des puissants. Peut- L'intransigeancede l'auteur sur la question du culte
être au retour d'un voyage en Grèce, qu'il aurait impérial, qui paraît dominer le débat, empêchait
entrepris vers l'année 196, il trouva Carthage en tout accord. Les prisons de Carthage ne rendirent
émoi, les chrétiens poursuivis et les prisons pleines donc pas ceux qu'elles détenaient. C'est surtout à la
de réfractaires aux ordres du proconsul. Son pre- suite des mesures de répression, adoptées, en 202, par
mier soin fut de leur adresser quelques paroles de Septime Sévère, qui fit défense aux païens d'embras-
;
réconfort pour les préparer aux supplices qui les at-
tendaient Admartyres, édit. Oehler, 1.1, p. 3; P. L.,
t. I, col. 619-628 : « Tandis que l'Église, votre mère
ser soit le judaïsme, soit le christianisme, que la persé-
cution reprit dans les provinces et que les victimes
se multiplièrent. Les documents hagiographiques
signalent, pour cette période, de nombreux martyrs. sept personnages dont je viens de résumer la glorieuse
Dans laPassio55.Perpetuæ el Felicitatis,13,etdansles confession. Dans la plaine qui s'étend au nord de
écrits de Tertullien,il est question de chrétiens livrés l'antique Carthage, presque à mi-chemin entre Saint-
aux bêtés, décapités, déchirés avec des ongles de fer, Louis et La Marsa, au territoire de Mcidfa planté
jetés au feu, crucifiés, condamnés aux mines, relégués d'oliviers sous lesquels jamais encore un archéo-
dans les îles, Apol., 12, édit. Oehler, t. i, p. 161; P.L., logue n'avait tenté de sondages, il a réussi, de 1906 à
t. i, col. 340; d'une chrétienne conduite aux mauvais 1908, à identifier l'un des centres les plus importants de
lieux, Apol., 50, Oehler, t.i, p. 301; P. L., t.I, col. 535; la vie chrétienne de cette capitale et même de l'Afrique
d'autres pourchassés à coups de pierres et dont les tout entière. Ce n'est pas le lieu de raconter par le
maisons furent brûlées, Apol.. 37, Oehler, t. I, p. 249; menu les phases de cette trouvaille. Dom H. Leclercq
I,
P.L.,t. col. 461; d'autres encore qui se cachèrent et les a exposées en y joignant l'indication des divers
que la fuite ne sauva pas toujours du trépas. De fuga, 5, rapports du P. Delattre et une copieuse illustration
Oehler, t. i, p. 471; P. L., t. II, col. 108. On tenterait dans l'article Carthagdu Dictionnaire d'archéologie
vainement d'assigner une date et un lieu à chacune de chrétienne et de liturgie, t.II, col. 2233-2252; on voudra
ces allusions; mais comme la plupart figurent dans bien s'y reporter. Ajouter à sa bibliographie Comptes
l'Apologétique,qu'on s'accorde à dater de l'année 197, rendus de l'Académie des inscriptions, 1907, p. 191-195;
il s'ensuit que, dès ce moment, les supplices avaient Bulletin de la Société des antiquaires de France, 1907,
commencé. Aujourd'hui, presque tous les confesseurs p. 185-186, 276-277, 335-336; 1908, p. 140-141, 198-
de la foi ainsi visés se perdent pour nous dans un ano- 200; Römische Quartalschrift, 1907, p. 214; Nuovo
nymat collectif. Bullettino di archeologia cristiana, 1907, p. 249-253,
Quelques-uns seulement ont laissé dans l'his- 331-334; 1908, p. 265.
toire de l'Église une trace lumineuse. On les désigne Après avoir déblayé, parmi des restes de cons-
sous le nom de « martyrs thuburbitains » parce tructions presque entièrement détruites, de nom-
qu'ils étaient probablement originaires de Thuburbo breux morceaux d'architecture, une multitude de
minus (Tebourba), à neuf lieues environ de Carthage; fragments épigraphiques chrétiens — 6500 déjà en
comme les Scilitains cependant, ils souffrirent dans 1907 — dont plusieurs paraissent remonter à une
la capitale même. Leur groupe se composait de deux date reculée, et toute une série de tombes en auge,
esclaves, Revocatus et Félicitas, de trois hommes très simples pour la plupart, quelques-unes plus hono-
dont on n'indique pas la condition, Saturninus, Secun- rables, le P. Delattre reconnut enfin en cet endroit une
dulus et Saturus, et d'une jeune femme de nais- véritable area chrétienne remplie de tombeaux. Une
sance plus relevée, âgée de vingt-deux ans, mère de- grande basilique à neuf nefs y fut construite plus
puis peu, Vibia Perpetua. Tous étaient catéchumènes, tard, basilique funéraire ou église cémétériale sans
ils furent baptisés en prison. Nouvellement venus à baptistère. Au milieu de la grande nef on dégagea
la foi, ils avaient donc enfreint les prescriptions de la confession, « petite chapelle centrale, de forme
Septime Sévère. Leur Passion, document de premier carrée (3m60 x 3m70), avec absidiole faisant
ordre que l'on a pu attribuer avec probabilité à Ter- face à une niche carrée de 1 mètre de côté en plan.
»,
tullien, cf. d'Alès, L'auteur de la « Passio Perpetuœ dans
la Revue d'histoire ecclésiastique, t. VIII, 1907, p. 5-18,
Cette chapelle était pavée d'une mosaïque dont il
subsiste deux portions. » Là reposaient assurément
parle peu des motifs pour lesquels on les poursuivait. les corps saints honorés dans cette église et que nous
Dans l'interrogatoire qu'il leur fait subir, le procura- sommes à même d'identifier. Trente-cinq fragments
teur Hilarianus demande à Perpétue de sacrifier pour de marbre, déterrés à des époques très diverses et
le salut de l'empereur, elle refuse et se déclare fidèle patiemment rapprochés, ont enfin donné le précieux
au Christ. Ce mépris de la religion impériale ne pouvait texte que voici avec les noms de sainte Perpétue et
qu'aggraver leur cas; toutefois, c'est avant tout pour de ses compagnons.
délit de conversion qu'ils étaient incarcérés. Ni les
supplications de son père demeuré païen, ni la crainte + hic SVNT MARTYres
des tourments ne réussirent à ébranler Perpétue; + SATVRVS SATVRNnus
ses compagnons firent preuve de la même force d'âme + REBOCATVS SECVndulus
et donnèrent généreusement leur vie dans l'amphi- + FELICIT PERpeT PAS non viart
théâtre, en l'anniversaire de l'avènement de Géta,
le 7 mars de l'année 203. Sur cette date, préférable à « Ici sont les martyrs Saturus, Saturninus, Revo-
202, voir Monceaux, Hist. litt. de l'Afr. chrét., t. I, catus, Secundulus, Felicité, Perpétue qui souffrirent
p. 72; Harnack, Gesch. der altchrist. Litteratur, t. II, 2, aux nones de mars. »
p. 324; Schanz, Gesch. der rom. Litteratur, t. III, Cette dalle de marbre, qui mesurait environ lm50
p. 479, et la bibliographie dans Aug. Audollent, de longueur sur 1 mètre de hauteur, recouvrait donc
Carthage romaine, p. 455. Ce jour-là, les gradins du la sépulture des Thuburbitains, mais l'inscription
vaste édifice où se donnaient les jeux et dont sub- qu'on y lit n'est pas contemporaine de leur mort; elle
sistent encore les ruines imposantes, avaient peine à ne doit pas remonter plus haut que le IVe siècle, et
contenir la multitude accourue pour voir déchirer fut placée là lors de quelque restauration. Nous le
des chrétiens par les bêtes. Les détails que nous lisons saurions de façon plus certaine si le texte n'était pas
dans le récit de leur martyre montrent que le goût brisé à la cinquième ligne, car la fin mentionnait
de la foule pour les spectacles émouvants fut pleine- vraisemblablement la date ou les circonstances dans
ment satisfait. Carthage conserva pieusement la lesquelles l'inscription fut gravée, peut-être le nom
mémoire des Thuburbitains, dont les corps repo- et la qualité de son auteur. Quant aux reliques, elles
saient dans une de ses basiliques. Les grands écri- ont disparu, enlevées peut-être par les fidèles dési-
vains d'Afrique, Tertullien, saint Augustin, célé- reux de les soustraire à quelque profanation. Victor
brèrent souvent leurs vertus; on prit l'habitude de de Vita, Historia persecutionis Vandalicæ, I, 3, édit.
lire publiquement leur Passion à l'église; et leur culte, Halm, p. 3; P. L., t. LVIII, col. 184, cite parmi les
dès le IVe siècle, avait déjà rayonné dans tout l'em- monuments religieux de Carthage dévastés par les
pire. Vandales Basilicam Majorum, llbi corpora sanclarum
Une des plus belles découvertes du R. P. Delattre, martyrum Perpeluœ alque Felicitatis sepulta sunt. La
à qui l'histoire du christianisme africain est redevable découverte du tombeau de Perpétue et de Félicité
de tant d'heureuses révélations, se rapporte aux nous permet de restituer à l'église qui le renfermait
son véritable nom de Basilica Maiorum. D'autres Au reste ce nouvel état de choses, qui dépendait
épitaphes extraites de ce même sol contiennent à des dispositions personnelles du gouverneur, était
plusieurs exemplaires les noms Vibia et Perpetua. fort précaire; au premier changement de personne, le
Dès lors on a supposé que la famille de Perpétue pos- moindre incident suffirait pour tout remettre en ques-
sédait en cet endroit un cimetière privé; hypothèse tion. La manifestation intempestive d'un soldat,
difficile à concilier avec l'origine thuburbitaine des qui, seul parmi ses compagnons chrétiens, refusa dans
martyrs. On a cru aussi, sans raisons suffisantes, une cérémonie de porter la couronne considérée par
avoir dégagé la pierre tombale primitive placée par
le père de la sainte. Le texte porte simplement
PERPETVE- FILIE
: lui comme un emblème païen, eut peut-être cet effet.
Elle remontait à quelques semaines à peine ou même
à quelques jours quand Tertullien écrivit, pour l'exal-
DVLCISSIMAE ter, le De corona (211). Or, peu de temps après, au
plus tard au milieu de 212, les condamnationsavaient
ce qui peut convenir à toute autre femme, même recommencé, comme nous le prouve la lettre Ad Sca-
païenne, du même nom. Sans vouloir entrer dans pulam, qui est des derniers mois de cette année. Il y
l'examen approfondi de ces questions, qui nous en- a donc apparence que ces faits sont connexes, et que
traînerait hors du cadre de notre exposé historique, la bravade du légionnaire fournit aux autorités le
je ne pouvais pourtant me dispenser de consacrer prétexte attendu.
au moins quelques lignes à cette découverte capitale Tertullien avait alors définitivement rompu avec
de la sépulture des martyrs thuburbitains et de l'Église; mais, lorsqu'il s'agissait de faire tête à
la basilique érigée en leur honneur, où saint Augustin l'ennemi commun, le montaniste qui était en lui
prononça plusieurs de ses sermons. oubliait un moment ses querelles contre les « psy-
A côté de Perpétue et de ses compagnons, un sou- chiques » — c'est ainsi qu'il appelait les catholiques—
venir assez précis de plusieurs autres témoins du et défendait, on sait avec quelle décision, la famille
Christ nous est parvenu. Dans les Actes des Thu- chrétienne tout entière. Il se dressa donc en face du
burbitains il est fait mention de Jocundus, Satur- proconsul Scapula. comme jadis en présence des ma-
ninus, Artaxius et Quintus, qui avaient succombé gistrats de l'an 197, et, dans une pressante épître
peu de temps auparavant, les trois premiers brûlés (Ad Scapulam, édit. Oehler, 1.1, p. 539-550; P.L.,t. i,,
vifs, le quatrième mort en prison. La vierge Gud- col. 697-706), il l'invita à mettre un terme à ses
dène, exaltée elle aussi par saint Augustin, partagea vexations. L'apologie tient une certaine place dans
le même sort un peu plus tard, sous le proconsul ce libelle (chap. II et IV), mais les reproches et les me-
Rufinus. Elle était, si l'on s'en rapporte à son nom, de naces dominent (chap. I et III-V). Le prêtre cartha-
race punique, et, si l'on considère les barbares trai- ginois flétrit surtout l'acharnement de Scapula, qui
tements qu'elle endura, de condition servile. Che- ne se contente pas, comme en Numidie et en Mauré-
valets, ongles de fer, long emprisonnement, rien ne tanie, de faire mourir ses victimes par le glaive,
lui fut épargné; l'épée termina ses maux (27 juin 203). mais les livre aux flammes, supplice qu'on épargne
A la même époque peut-être, se rapporte le supplice même aux sacrilèges et aux conspirateurs. Cette per-
:
d'Æmilius et de Castus(col.657), dont saintCyprien,De
lapsis,13, édit. Hartel, t.i, p. 246 P. L., t. IV, col. 476,
nous a conservé le nom, inscrit d'ailleurs dans le Calen-
sécution déchaîna à travers la province toutes les
haines privées, heureuses de se satisfaire par la déla-
tion, ibid., v, Oehler, t.1, p.550; P. L., t.1, col. 704 :
drier de Carthage et le Martyrologe hiéronymien. Ils quæ (provincia) visa intentione tua obnoxia facta est
avaient d'abord failli par crainte des tourments; plus concussionibus et militum et inimicorum suorum cujus-
courageux dans la suite, ils réparèrent leur faiblesse que. Fit-elle de nombreuses victimes? Il est mal aisé
d'un moment et périrentdans les flammes. Quand bien d'en juger par le texte même de Tertullien. A part
même l'attribution de ces derniers à la période que Mavilus d'Hadrumète, contre qui Scapula prononça
nous racontons ne serait pas certaine, les exemples une sentence de mort, Ad Scapulam, III, Oehler, t. I,
précédents sont assez nombreux pour nous con- p. 545; P. L., t. I, col. 702 : cum AdrumeticumMavi-
vaincre que, de 197 à 203, le pouvoir frappa souvent lum ad bestias damnasses, Tertullien ne mentionne
en Afrique les contrevenants à l'édit de Septime aucune victime particulière. Il parle surtout au
Sévère. L'emportement de la populace allait d'ailleurs
de pair avec la sévérité des magistrats. C'est à l'an-
t.
futur,ibid.,v,éd.Oehler, t. I,p.550; P.L., 1,col.704
Quid facies de tantis millibus hominum?. Quantis
:
née même du martyre de Perpétue, sous la magistra- ignibus, quantis gladiis opus erit! Quid ipsa Car-
ture d'Hilarianus, que Tertullien décrit l'envahis- thago passura est, decimanda a te?. Pourtant le ton
sement des cimetières et le sac des églises. Ad Scapu- véhément de tout le discours, la supplication ins-
lam, 3, édit. Oehler, t. i, p. 543; P. L., t. i, col. 701. tante, ibid.: Parce ergo tibi, si non nobis, parce Cartha-
Pourtant la foule finit pas se lasser et le bras du et
gini, si non tibi, parce provinciæ., surtout la men-
bourreau se fatigua. Sans doute aussi la répugnance tion expresse de Mavilus démontrent bien qu'il s'agis-
secrète de quelque proconsul, successeur de Rufinus, sait d'autre chose que d'une vaine menace. Aussi
à condamner des gens qu'il considérait comme des a-t-on rapporté avec quelque vraisemblance au temps
exaltés, non comme des coupables, — nous avons de Scapula plusieurs martyrs que saint Cyprien at-
donné ci-dessus (col. 718) des exemples typiques de
la tolérance de certains magistrats — fut-elle la
cause principale de la détente. De quelque façon
t. ;
tribue à une époque assez antérieure à la sienne,jam
pridem, Epist.,XXXIX, 3, édit. Hartel, II, p. 583 XXXVI,
3, P. L., t. IV, col. 322: Celerina, dont le nom, joint à
qu'elle se produisit, une paix réelle succéda à la per- celui des Scilitains, désigna l'une des églises de Car-
sécution. Tertullien le dit expressément, De pallio, 1, thage, Basilica Celerinæ vel Scilitanorum, puis deux
t.II,
édit. Oehler, t.1, p. 914;P.L., col. 1030: Pacis hæc officiers ou soldats, Laurentius et Ignatius, parents
et annonseolia.—De corona,1,Oehler, t.I,p.417;P.L., comme elle, d'un confesseur du temps de Dèce. Voir
t. II, col. 77 : Musitant denique (christiani) tam bonam Aug. Audollent, Carthage romaine, p. 459, n. 1.
et longam sibi pacem periclitari. Ces deux traités sont Si le caractère inflexible ou timoré d'un proconsul
de 209 et de 211; on est doné fondé à admettre sept est suffisant pour expliquer la reprise des mesures de
ou huit années de trêve à la suite des événements rigueur contre les chrétiens, il faut aussi faire la part
dont il vient d'être question, encore qu'on ne puisse de l'attitude intransigeante, parfois même provo-
affirmer qu'une seule chose, à savoir que la paix fut catrice, d'une fraction de la communauté. Le mon-
réelle et de quelque durée, bonam et longam pacem. tanisme, issu de Phrygie, s'était insinué en Afrique;
les âmes ardentes avaient aussitôt embrassé cette de la légion cantonnée à Lambèse ou du détache-
doctrine excessive qui répondait à leurs inclinations. ment en garnison à Carthage, qui, lors d'une fête mili-
Imbus de ces idées, loin de chercher à désarmer taire, refusa obstinément de placer sur sa tête, selon
les persécuteurs ou à se mettre à l'abri de toute l'habitude, une couronne de lauriers. Cet acte d'indis-
atteinte en dissimulant leurs assemblées, certains cipline, qui lui valut la prison, peut-être la mort, fut
se faisaient gloire de s'exposer, sans réfléchir qu'ils réprouvé de la majorité, des fidèles. Tertullien en prit
exposaient en même temps leurs frères. Des pro- texte pour fulminer contre ceux qu'il appelle des
phétesses, des extatiques favorisés, pensait-on, de lâches et célébra, dans le De corona, l'intrépidité du
l'Esprit de Dieu, rapportaient dans les réunions des légionnaire. Des défis de ce genre n'aboutissaient
fidèles leurs conversations avec les anges et avec le qu'à exciter la colère des magistrats et à raviver les
Seigneur, et entretenaient ainsi vivace la flamme de passions populaires. L'Église, loin de les encourager,
l'enthousiasme. Les femmes surtout bénéficiaient de les a toujours jugés pernicieux.
ces divins charismes. Tertullien cite, De anima, 9, Les anathèmes de Tertullien s'expliquent cepen-
édit. Reifferscheid, t. I, p. 310; P. L., t. II, col. 659, le dant en quelque manière. Outre les apostasies for-
cas d'une d'entre elles, ccune de nos sœurs », comme il melles survenues pendant la persécution, il avait
l'appelle, qui tombait souvent en extase pendant les pu être témoin des regrettables pratiques de sci-disant
cérémonies du culte, y recevait des initiations mysté- chrétiens, qui ne craignaient pas, soit faiblesse, soit
rieuses, et y apprenait maint secret caché dans les habitude, de s'associer aux réjouissances profanes.
cœurs; il lui fut même donné, affirme-t-il, de contem- Ils prenaient part aux jeux, aux banquets, aux céré-
pler une âme sous forme matérielle. Le fougueux monies de tout genre en l'honneur des idoles. « O com-
TertuJlien ne pouvait pas demeurer indifférent à
ces téméraires croyances. Ils les reçut avec joie, par
l'intermédiaire sans doute de Proculus ou Proclus,
sein même de l'erreur !
bien préférable, s'écriait-il, est la foi des gentils au
Eux du moins répudient
toutes nos fêtes. Jamais ils ne consentiraient à célé-
qui représentait le montanisme à Rome, et e après brer avec nous le jour du Seigneur ou la Pentecôte,
avoir vécu longtemps dans ce qu'on pourrait appeler s'ils les connaissaient. Ils craindraient de paraître
l'état d'esprit montaniste, il finit par se rallier ouver- chrétiens. Et nous, qu'on nous appelle païens, nous
tement à Montan vers 205. » Duchesne, Histoire an- ne le redoutons nullement. n O melior fides nationum
cienne de l'Église, 3e édit., t. i, p. 280. Bientôt il in suam sibi sectam quie nullam sollemnitatem Chri-
devint le porte-parole de la nouvelledoctrine que slianorum vindical! Non dominicum diem, non pen-
son génie ne contribua pas peu à répandre. Si nulle tecosien, eticimsi nossenl, nobiscumcommuaicasse ni;
part en Occident, ni à Lyon, ni à Rome, malgré les limèrent enim, ne Christiani videreniur. Nos ne ethnici
efforts de ses missionnaires pour l'y implanter, elle pronuntiemur, non verenlllr. De idololatrio, 14, écil.
ne s'enracina comme à Carthage, Tertullien en est Reifferscheid, t. i, p. 47; P. L., t. i, col. 682. Long-
la cause. Dès lors, avec sa vigueur coutumière, il temps aprèsl'cpoque qui nous occupe, Salvien accu-
gourmande les diacres, les prêtres, les évêques, qui se sera certains fidèles d'adresser encore leurs hommages
dérobent par la fuite devant le danger, '( lions à Cælestis, la reine de Carthage (sur le culte de cette
dans la paix, cerfs dans le combat. » Novi et pastorcs
eorum in pace leones, in prselio cervos. « Après avoir
repoussé les prophéties de l'Esprit-Saint, il ne leur
;
déesse en Afrique, voir Aug. Audollent,Carth.rom.,
p. 383-392) saint Augustin nous en montrera d'autres,
égarés par une vaine apparence et dupes des assertions
»
reste vraiment qu'à refuser le martyre. Plane superest
ut etiam martyria recusare meditentur qui propheiias
des ministres païens, portant leurs hommagesaux Dios-
cures, ou encore acceptant en cas de maladie les incan-
ejusdem Spiritus Sancli respuerunt.De corona, 1, tations et les sacrifices des magiciens qui leur pro-
édit. Oehler, t.1, p. 418; P. L., t. II, col. 77; cf. De fuga mettent la guérison. Si de telles erreurs se produisaient
in persecutione, 4 et 12, Oehler, t. I, p. 468, 482; P. L., à la fin du IVe siècle et dans le premier tiers du Ve
t.II, col. lOG, 114. Si les chefs se sauvent, comment le il est de toute évidence qu'elles avaient lieu bien plus

:
simple laïque pourra-t-il comprendre le sens de la pa-
role « Fugite de civitate[incivitatem»? Cf. Matth., x,
23. Quelques-uns, après avoir suivi ce déplorable
fréquemment à l'époque de Septime Sévère, lorsque
les Africains étaient moins instruits de la religion.
En les flétrissant, Tertullien n'agissait pas autrement
exemple, après avoir tenté en vain, à prix d'argent, que ne firent plus tard ses plus illustres successeurs,
de détourner d'eux les poursuites, se sont rachetés Cyprien, Salvien, Augustin.
par une mort glorieuse, au milieu des tourments. Mais il ne s'en tint pas là. Poussant jusqu'au bout
Combien d'autres ont échappé honteusement à la lutte les principes de Montan et de son école, il condamne
et à la victoire 1 bientôt les secondes noces, prétend imposer des jeûnes
Ces théories, dont Tertullien se fait le champion, rigoureux et exclure à jamais les grands pécheurs
plusieurs n'hésitaient pas à les mettre en pratique. de la communion des fidèles. Voir les traités sui-
Ne voyons-nous pas l'un des compagnons de Perpétue vants, que je classe par ordre chronologique d'après
se livrer de gaieté de cœur aux autorités, heureux de les données de Monceaux, Hist. litt. de l'A-fr. chréi., t. i,
partager le sort des autres confesseurs? Saturus. p. 208-209 et de Harnack, Geschichte der alichrisilichen
qui postea se propier nos ultro ircididerat.PassioS.Per-
pétuas,13,Ruinart, Acta martyrum, 1713, p. 94. Le col-
LiLieratur, t. 11, p. 295-296: De pa-
2, Die Chronologie,
tieniia,De exhorlalione caslitatis,De virginibusvelandis,
lecteur de leurs Actes, qui est un montanisant, peut- De resurreetione carnis, De tuga in persecutione, De
être, nous l'avons vu (col. 721), Tertullien en personne, monogamia, De jejunio, De pudicitia. Nous l'enten-
n'a pas un mot de regret pour cette oblation volon- dons encore soutenir, à l'encontre des idées qu'il pro-
taire. Encore s'expliquait-elle dans une certaine me- fessait naguère dans l'Apologétique (surtout c. xxxvii
sure par le désir de Saturus de n'être pas séparé de ses
amis; et l'on aurait tort, pour ce motif, ou encore à
cause des visions de ces martyrs et de certaines autres
particularités de leur Passion,de les ranger parmi les
attache avec le monde:
et XLII), que le vrai disciple ne doit conserveraucune
De exhorlalionecaslitatis,12;
De pallio, 5; De corona,13. Ce cataphrygien, ennemi
de toute tolérance, ne saurait admettre ce qu'il
montanistes déclarés. On l'a dit très justement, « les appelle désormais les compromis des psychiques.
dispositions personnelles de l'écrivain (qui a publié le Dès 197, il félicitait les martyrs emprisonnés d'être
récit de leur martyre) ne doivent pas déteindre sur le délivrés du siècle; lui aussi chercha de plus en plus à
caractère de ses héros. » D'Alès, L'auteur de la « Passio se séparer du contact funeste des hommes, en atten-
PerpétuesIl n'en va pas de même pour le soldat dant la fin des temps et la venue prochaine du Christ.
Et, pour manifester sans doute, aux yeux de tous, sa M. Harnack,Gesch. der altchr. Litteratur, t. II, part. 2,
résolution de mener à l'avenir une vie d'ascète, il Die Chronologie, p. 295-296, — les traités De pries-
se mit à porter le pallium ou manteau grec, au lieu de criptionehoerelicorum,Adversus Valentinianos,Deresur-
la toge qui était le vêtement romain. Voir le traité rectione carnis, De carne Christi, Scorpiace. Puis
De pallio, de 209 ou 210. c'étaient peut-être des adeptes de Marcion, sur les-
Tertullien n'avait pas toujours professé les doc- quels il assène les cinq gros livres de son Adversus
trines montanistes bien que la tendance naturelle Marcionem; des Africains, comme le peintre docteur
de son esprit l'eût toujours porté du côté de la rigueur; Hermogène, qui soutenaitl'éternité de la matière.
il n'y versa tout à fait qu'au milieu de sa vie (envi- Tertullien, qui paraît l'avoir connu personnellement,
ron 205). Quand l'Église de Rome eut rejeté cette nous trace de lui un portrait peu flatteur, parce qu'il
nouveauté phrygienne, à une date que nous ne pouvons s'était marié plusieurs fois. Adversus Hermogenem, 1,
déterminer, sans doute sous le pape Zéphyrin (198- édit. Kroymann, t. III, p. 126; P. L., t. II, col. 197 :
217), le prêtre de Carthage ne s'inclina pas et sa sépa- «Hermogène apporteune doctrine toute nouvelle. cet
»
ration d'avec la « grande Église fut consommée. Pour homme turbulent prend le bavardage pour de l'élo.
expliquer son attitude, on a parfois invoqué le dépit quence, confond audace et constance, et croit qu'en
qu'il aurait ressenti de ne pas être élu évêque, à la disant du mal de tout le monde on remplit un devoir
mort d'Agrippinus; saint Jérôme, de son côté, parle de conscience. D'ailleurs il exerce de façon illicite sa
de certains froissements dans ses rapports avec le professionde peintre, et ne cesse de se marier, cou-
clergé de Rome. Nous ne sommes pas en mesure de vrant ses passions de la loi de Dieu, qu'il viole du reste
contrôler ces assertions; aussi bien ce que nous con- pour pratiquer son art; deux fois faussaire, et lors-
naissons de ce caractère indomptable suffit à rendre qu'il modèle et lorsqu'il écrit, adultère complet de ses
compte de tout. D'après saint Augustin, De hoeresibus, prédications comme de sa chair.» Hermogetiis autem
86, P. L., t. XLII,col.46,son indépendance n'aurait pas
su se plier longtemps à la discipline montaniste; il
doctrina tam novella es'heereticus,
denique ad hodiernum homo
in sseeulo, et natura quoque etiam turbulentus,
aurait bientôt abandonné cette secte comme il avait qui loquacitatem facundiam existimet et impudentiam
déjà quitté les catholiques,^pour devenirlevlullianisle, constantiam deputet el maledicere singulis officium
c'est-à-dire l'homme de ses propres idées, de son bonse conscientise judicet. Prœterea pingit <in> licite,
propre système. Il est peut-être plus exact de penser, nubit adsidue, legem Dei in libidinem defendit, in artem
avec Mgr Duchesnc, Hist. anc. de l'Église, t. i, 3e édit., contemnit, bis falsarills, et cauterio et siilo, totus adul-
p. 280,not. 2, que Tertullienpersonnifiaitle montanisme ter, et prædicationis et carnis. Cf. De monogamia, 16,
à Carthage au point que l'usage s'établit de nommer édit. Oehler, t. i, p. 786; P.L., t. II, col. 951. Il lui
tertullianistes les adhérents aux doctrines venues consacre un ouvrage entier, Adversus Hermogenem.
de Phrygie. Augustin put s'y tromper et voir deux Près de lui figure Nigidius, que Tertullien qualifie dé-
sectes là où il n'yen avait réellement qu'une. En daigneusement de nescio qui.Depræscr. hseret.,30, 12,
tout cas, ce détail montre quel ascendant Tertullien édit. de Labriolle, p. 64; P. L., t. II, col. 43.
prenait dans toutes les questions religieuses dont il Pour tous les propagateurs denouveautésreligieuses,
s'occupait. Un petit noyau de Carthaginois, peut-être en quête d'âmes simples à séduire, il est donc un
de fidèles en dehors même de la capitale, s'attacha à sa redoutable adversaire. Les écrits contre l'hérésie,
fortune et se para ainsi de son nom; ils eurent une quelle qu'en soit la nature, se succèdent sous sa plume,
basilique à Carthage (voir Aug. Audollent, Carthage il ne lâche un instant les catholiques que pour frap-
romaine, p. 315) et survécurent à leur célèbre fonda- per sur leurs ennemis. Aucun d'eux toutefois ne fut
teur. Ils subsistaient encore à la fin du ive siècle. traité plus durement que le monarchien modaliste
Leur réunion définitive à l'Église ne s'opéraqu'un peu Praxeas : cet agité, ce colporteur de doctrines per-
plus tard, grâce aux efforts de l'évêque d'Hippone. verses, s'enorgueillit de son prétendu martyre et il
Le montanisme n'était pas la seule hérésie qui se n'a subi qu'une courte détention; c est un hypocrite,
fût infiltrée en Afrique. Désireux d'obtenir pour leurs un menteur, qui opère pour le compte du démon. Ad-
prédications un nombreux auditoire et de s'exhiber versus Praxean, 1, édit. Kroymann,t. III, p. 227;P. L.
sur un glorieux théâtre, la plupart des novateurs t. II, col. 155 : Nam iste (Praxeas) primus ex Asia hoc
d'Orient visitaient volontiers Carthage après Rome. genus perversitatis intulit Romanse humo <homo>, et
Ils espéraient dans sa population mêlée, remuante, alias inquietus, insuper de jactatione martyrii inflalus
recruter sans peine des prosélytes. Tour à tour on y ob solum et simplex et breve carceris tsedium. Duo
vit défiler des apôtres des systèmes les plus divers. négocia diaboli Praxcas Romse procuravit : propheliam
Maints passages des œuvres de Tertullien nous les expulit et hseresim intulit.Les mots propheliam expulit
signalent. Voici d'abord les représentants delà gnose, nous donnent l'explication de la dureté de Tertullien.
comme cette Quintilla, de la secte des caïnites, qui Praxeas payait ainsi la dénonciation qu'il avait faite
enseignait que l'eau n'est pas nécessaire dans le bap- au pape, sans doute Éleuthère, des extravagances
tême. De baptismn, 1, édit. Reifïerscheid, t. i, p. 200; dangereuses des prophétesses et des illuminés monta-
P. L., t.i, col. 1198 : Nuper conversata istie quasdam de nistes. C'est à la suite de son intervention qu'Éleu-
Gaianel hœresi vipera venenatissima doctrina sua ple- thère avait retiré l'approbation officielle qu'il était sur
rosquerapuit, imprimis baplismumdcslrueris;ibid.,17, le point d'accorder aux saints de Pépuze et à leurs
Reifferscheid, p. 215; P. L., t. i, col. 1219: Pétulantia adeptes. Adversus Praxean, 1, édit. Kroyman, t. III,
autem mulieris, quse usurpavit doeere, utique non etiam. p. 228; P.L., t. II, col. 155 : Nam idem tune episcopum
tinguendi jus sibi pariet, nisi si quse nova besliaevenerit Romanum, agnoscentem jam prophetias MontaniPriscœ
similispristina:[ Qllintilln], ut, quemadmodum illa bap- Maximillœ et ex ea agnitione pacem Ecclesiis Asiœ
lismum auferebat, ita aliqua per se eum conferat. C'est et Phrygise inferentem, falsa de ipsis prophetis et eccle-
encore la même, je pense, qu'il désigne ailleurs, De pu- siis eorum adseverando et prœcessorum ejus aucto-
t.l,p.
dicilia,19,ReifIerscheid, 262;P.L., t. II,col.1017: ritates defendendo coegit et litteras pacis revocare jam
Hærelicam feminam, quse. quod didicerat a Nicolaitis emissas et a proposito recipiendorum charismalum
docere susceperat. Cf. De prœscriptione hæreticorum, concessare.
ii,
XXXIII, 10, édit. de Labriolle, p. 72; P. L.,t. col. 46. Le séjour de ces chefs de sectes et leurs prédications
Contre les gnostiques Tertullien écrit spécialement entretenaient en Afrique, surtout à Carthage, une
— d'après l'ordre chronologique adopté par M. Mon- agitation perpétuelle. Ce que l'histoire nous apprend
ceaux, Hist. litt. de l'Afr. chrét., t. i, p. 208-209, et de la nature mobile, impressionnable, des Africains,
laisse entrevoir quelle prise pouvaient avoir sur eux propos dela discipline extérieure. De virginibusvelan-
leurs discours insinuants ou leurs paroles pleines dis, 1, édit. Oehler, t. i, p. 883; P. L., t. II, col. 889 ;
de feu comme celles d'Hermogène. Aussi la paix qui Regula quidem fidei una omnino est. — De mono-
aurait dû exister dans ces communautés fut-elle sou- gamia, 2, éd. Oehler, t. i, p. 762; P. L., t. II, col. 931 :
venttroublée, toujours précaire, au début du IIIesiècle. An capial Paraclelum aliquid tale docuisse, quod.
Exposées à tout instant aux attaques du dehors, novum depulari possit adversus catholicam traditio-
les églises ne pouvaient même pas espérer au dedans
le calme qui leur eût été si nécessaire. Les Actes de
-
nem? De jejunio, 1, éd. Oehler, t. i, p. 852; P. L.,
t. II, col. 954 : Non quod alium Deum prœdicent
sainte Perpétue et de ses compagnons nous apportent Montanus et Priscilla et Maximilla, nec quod Jesum
un écho de ces luttes, qu'il faille les attribuer à Car- Christum solvant, nec quod aliquam fidei aut spei regu-
thage, comme plusieurs l'ont pensé, ou à Thuburbo lam euertcmt. Étrange illusion d'un grand esprit
minus, comme il est plus probable. Un des martyrs aveuglé par l'excès de son zèle.
a une vision, pendant laquelle il lui semble que A partir de 220 environ, Tertullien, quoiqu'il ait
l'évêque Optatus et le prêtre Aspasius viennent leur probablement vécu encore plusieurs années —
demander de les réconcilier; Passio Sanctarum Per- quelques auteurs le font mourir en 230, certains
pétuas et Felicitatis, 13; Ruinart, Acta martyrum, 1713, même en 240 — ne figure plus dans l'histoire; son
p. 99; P. L., t. III, col. 44: « Nous sortîmes et nous éclat s'éteint, et l'Église d'Afrique, qui en était depuis
vîmes devant la porte l'évêque Optatus à droite et le longtemps comme illuminée et qui, par lui, rayon-

Ils se jetèrent à nos pieds et nous dirent :


prêtre-docteur Aspasius à gauche, séparés et tristes.
cc Mettez
« l'union entre nous, puisque vous êtes sortisde cette
nait sur tout l'Occident, même sur tout le monde
chrétien, retombe dans l'obscurité. Vingt-cinq ans
de son existence se résument, pour ainsi dire, en la

:
« vie, et que vous nous laissez en cet état. » Et nous
leur dîmes «N'êtes-vous donc pas, vous, notre évêque,
Cl et vous, notre prêtre, pour vous jeter ainsi à nos
personne du prêtre de Carthage. Aussi était-il indis-
pensable de nous arrêter quelque peu devant cet
homme extraordinaire et d'indiquer au moins som-
•)
« pieds? Nous les relevâmes et les embrassâmes. mairement son rôle dans la société chrétienne. Pour
Et Perpétue se mit à converser en grec avec eux, et faire sortir l'Afrique de l'espèce de léthargie où sa
nous les conduisîmes à l'écart dans le verger, sous un disparition l'a plongée, il semble qu'un nouvel évo-
:
rosier. Et pendant que nous leur parlions, les anges
leur dirent « Laissez-les, qu'ils goûtent le rafraî-
« chissement; et si vous avez entre vous quelques
cateur soit nécessaire. Il se présentera bientôt, il
est même né au temps où le défenseur des montanistes
est dans toute sa gloire; c'est le futur évêque et
« désaccords, pardonnez-vousmutuellement; » ce qui martyr Cyprien.
ne laissa pas de les troubler. Et ils dirent à Optatus : Les écrits de Tertullien sont presque les seuls docu-
« Corrige ton peuple; quand il s'assemble auprès de ments qui nous soient parvenus sur le christianisme
« toi, on dirait la sortie du cirque, où les factions en africain à l'époque de Commode et de Septime
« viennent aux mains. » Et il nous sembla que les Sévère. Et comme il ne pense qu'à la lutte des idées
anges voulaient fermer les portes devant eux. » et des doctrines, sans se soucier le moins du monde
Cet incessant va-et-vient de novateurs entre l'Ita- de nous renseigner ni sur son pays, ni sur son temps,
lie et l'Afrique est un indice des rapports religieux nous voyons bien par l'ensemble de ses œuvres, plus
qui unissaient les deux pays; les controverses soule- spécialement par diverses allusions qui lui ont en
vées à Rome ne pouvaient manquer de retentir vive- quelque sorte échappé, que la communauté carthagi-
ment outre-mer. Nous constaterons, à la période noise était alors florissante, mais nous ne saurions à
suivante, le développement de ces relations déjà peu près rien pour le reste de la province si Maxime
fréquentes dès le temps de Tertullien. Jeune encore, de Madaurosn'avait plus tard rappelé les noms des
il avait séjourné en Italie. Il y connut sans doute premiers martyrs de sa ville, surtout si les Actes
les principaux dignitaires de la chrétienté romaine; des martyrs de Scili et de Thuburbo n'avaient été
ce qui ne l'empêcha pas, lorsqu'il eut versé dans le conservés. C'en est assez pour prouver — ce que la
montanisme, de les attaquer avec véhémence. Ses seule logique aurait d'ailleurs fait admettre —que
invectives contre Praxeas retombaient indirectement Carthage n'était pas isolée au milieu d'une contrée
sur le pape qui s'était fié à lui. Plus tard, il prit à toute païenne; c'est trop peu pour nous éclairer
partie un autre pape, Callixte, qui avait adouci les comme nous le souhaiterions sur l'extension du chris-
règles en vigueur contre les pécheurs charnels. Il n'en tianisme autour de cette ville. Ces Actes ne visent
fallait pas tant pour que notre rigoriste criât au scan- qu'un petit groupe de personnes, et si grand qu'en
dale; son livre De pudicitia, qu'on place communé- soit l'intérêt, ils sont loin de valoir pour la question qui
ment entre 217 et 223, doit être une réponse au décret nous occupe la simple mention du synode réuni par
de Callixte. De pud., 1, edit.Reifïerscheid, t. i, p. 220; Agrippinus (voir ci-dessus, col. 716), ou celle d'une
P. L., t. II, col. 980. « J'apprends, s'écrie-t-il avec une seconde assemblée du même genre qui se tint quelques
amère ironie, qu'un édit vient d'être publié, un édit années après.
:
mortel. Oui, voici ce que déclare le pontife souve-
rain, l'évêque des évêques « J'accorde le pardon de
« leurs fautes aux adultères, aux fornicateurs, s'ils
Nous en devons la connaissance à saint Cyprien.
A propos d'événements sur lesquels nous aurons à
revenir (voir ci-dessous, col. 738), il rappelle, Epist.,LIX,
:
ne saurait dire A la bonne heure !.
« font pénitence. » 0 le triste édit, pour lequel on
Et cela, on le
lit dans l'Église, on le proclame dans l'Église, qui est
10, édit. Hartel, t.1, p. 677;P.L., t. III, col. 810, qu'un
évêque de Lambèse, du nom de Privatus, qualifié
par lui de veterem hæreticzzm, fut jadis, ante multos
vierge. » Audio etiam ediclum esse propositum, et quidem fere annos, condamné pour toute une série de fautes
peremptorium. Pontifex scilicet maximus, quod est graves, ob multa et gravia delicta, par une assemblée
episcopus episcoporum, edicit.Ego et mœchiœ et forni-
cationis delicta pænitentia funclis dimitto. 0 ediclum
cui adscribi non poterit Bonum factum !. Sed hoc in
de quatre-vingt-dix évêques, nonaginta episcoporum
sententia. Ce texte est vague par certains côtés par :
exemple, il nous laisse dans l'incertitude au sujet des
ecclesia legitur, et in ecclesia pronuntiatur, et virgo erreurs doctrinales soutenues par Donatus; on peut
est. Au moment où il s'élevait ainsi contre les déci- aussi se demander, à cause des multa et gravia delicta
sions de l'autorité romaine, Tertullien ne cessait d'af- s'il n'était pas inculpé d'autres délits. En revanche,
firmer qu'une même foi l'unissait toujours aux catho- il contient plus d'un renseignement précis et intéres-
liques et qu'il n'y avait divergence entre eux qu'à sant. Nous savons par lui que Lambèse, quartier
général de la légion III Augusta, qui veillait à la sécu- tout ce sang répandu on ne songea plus à rendre les
rité de l'Afrique, résidence du légat de Numidie, peut- chrétiens responsables. Enfin les poursuites intentées
être la ville la plus importante de ces contrées après en divers lieux contre eux, sous Maximin leThrace, ne
Carthage, possédait alors un évêque. Cette consta- s'étendirent point à l'Afrique. La paix s'y maintint
tation n'est du reste pas faite pour nous surprendre, donc entre le pouvoir et le nouveau culte pendant une
puisqu'on avait pu réunir pour juger Donatus quatre- période d'environ trente-sept ans (213-250) : cette
vingt-dix de ses pairs. En tenant compte des absents, trêve permit à l'Église de réparer les pertes qu'elle
plus de cent évêchés assurément existaient dès lors venait de subir et d'élargir son champ d'action. Les
dans les provinces africaines. Le mouvement d'ex- témoignages de l'accroissement numérique des chré-
pansion ne s'était pas ralenti depuis le concile présidé tiens pendant cette période abondent dans les écrits
par Agrippinus. La date, au moins approximative, de Cyprien, cf. Epist, LXVI, 5, édit. Hartel, t. I,
de cette affaire nous est encore fournie par Cyprien
quand il ajoute que le pape Fabien et l'évêque de Car-
:
p. 730; LXIX, P.L., t. IV, col. 403 tantus fideliumnu-
merus. novus credentium populus. -LXXIII, 3, Hartel,
thage, Donatus, écrivirent contre l'hérétique des
lettres très sévères : Privatum antecessorum etiam no-
:
p. 780; P. L., t. III, col. 1112 m hodiernum lot milia hse-
reticorum in provinciisnoslris ad ecclesiam conversi. On
strorum. Fabioni eiDonati litterisseverissimcnotatum. a aussi noté que les sanctuaires de Saturne, la grande
En rapprochant la date de 236, qui est celle de l'élec- divinité adorée par les Africains, aux lieu et place du
tion de Fabien, des mots ante multos fere annos, on Baal phénicien, furent brusquement désertés au mi-
est conduit à reporter ce synode entre 236 et 240 en- lieu du Ille siècle. Il y a là, semble-t-il, autre chose
viron. Cf. Harnack, Die Mission, t. II, p. 240. De là qu'une simple coïncidence. Les anciens fidèles de Sa-
on peut déduire que Donatus fut sans doute le pré- turne l'avaient sans doute abandonné pour passer
décesseur immédiat de Cyprien. 11 est à présumer, en masse au christianisme. Toutain, De Saturni dei
comme le pense Mgr Duchesne, Rist. de l'Église, t. i, in Africa romana cultu, p. 138-139; id., Les cités ro-
3e édit., p. 396, que cet événement dut avoir un grand maines de la Tunisie, p. 228-229.
retentissement dans toute l'Afrique chrétienne. Bien que les chrétientés africaines ne fussent plus
Tertullien avait exprimé le regret qu'il n'en fût pas réduites dès la fin du IIe siècle, nous l'avons vu (col. 715),
en Afrique comme en Grèce, où se réunissaientde temps à se recruter seulement dans les derniers rangs du
à autre les chefs de toutes les Églises pour débattre peuple, c'était encore de là pourtant qu'elles tiraient
en commun les graves questions qui concernaient le plus clair de leurs effectifs. Des gens qui n'avaient
leurs chrétientés; De jejunio,13; édit. Reifferscheid, rien ou fort peu à perdre ici-bas ne craignaientguère de
t. i, p. 292; P. L., t. ir, col. 972 : Agunlur prseterea s'exposer à la prison et à la mort, tandis que les classes
per Grœcias illa certis in locis concilia ex universis riches ou simplement aisées n'étaient point aussi
ecclesiis, per quæ et altiora quxque in commune tra- prêtes à se sacrifier. Des liens beaucoup plus forts
ctantur, et ipsa repreesentatio iolius nominis Chrisliani les rattachaient à la vie, fortune, honneurs, intérêts
magna veneratione celebratur. Et hoc quam dignum de tout genre; pour s'en débarrasser de gaîté de cœur,
fide auspicanic congregari undique ad Christum! Bien il fallait un courage dont un petit nombre d'âmes
peu de temps après ce traité, qui ne saurait guère étaient capables. Perpétue avait poussé jusque-là
être postérieur à l'année 218, selon M. Harnack, le l'héroïsme; l'exemple de cette jeune femme ne fut
vœu de Tertullien était déjà réalisé grâce à l'évêque point contagieux. Tout en l'admirant sans doute en
Agrippinus. Une vingtaine d'années s'étaient à peine leur cœur, et quoique secrètement sollicités vers une
écoulées que, pour la seconde fois, les évêques d'outre- religion plus pure, les bourgeois des villes souhai-
mer se réunissaient en de solennelles assises. On peut taient des jours meilleurs pour se déclarer. Quand
croire, vu l'autorité morale dont jouissait le titu- l'orage fut apaisé et qu'une sécurité qu'on était en
laire du siège de Carthage, que l'assemblée qui jugea droit de croire durable succéda à la lutte ouverte, les
Privatus se tint dans cette ville comme la précédente. pusillanimes se rassurèrent. Le clergé, libre de ses
Nous allons bientôt voir Cyprien convoquer pério- mouvements et de sa parole, n'eut pas de peine à se
diquement ces assemblées plénières où, sous sa pré- concilier ces esprits déjà sympathiques, les conver-
sidence, l'épiscopat africain adoptait de graves réso- sions se multiplièrent dans des proportions inespérées.
lutions et prenait conscience de sa force. Mais on sent assez qu'une foi qui avait eu besoin pour
III. L'ÉPOQUE DE SAINT CYPRIEN.—Depuis la lettre semanifesterde l'éloignement complet du danger, man-
que Tertullien écrivait, en 212 ou 213, au proconsul quait de solidité. La plupart de ces néophytes, gros
Scapula, pour le détourner de persécuter ses frères, commerçants, hommes d'affaires, peut-être même
jusqu'au milieu du lIIe siècle, il n'est plus question de fonctionnaires, étaient croyants à la surface, prêts à
poursuites intentées aux chrétiens d'Afrique. A vrai lâcher pied sans combat à la moindre alerte. L'occa-
dire, de nombreuses préoccupations et de genres très sion ne tarda pas à leur être offerte de montrer ce qu'ils
divers, avaient pu détourner d'eux les esprits. C'est valaient.
d'abord Élagabal qui fait enlever de force, pour la ma- En attendant, ils menaient un genre de vie qui
rier à Rome avec son dieu d'Émèse, la grande déesse contrastait étrangement avec celui que les fidèles
carthaginoise Ctelestis (219). Quand on sait de quel pratiquaient jusqu'alors. Loin de renoncer à leurs
respect et de quelle piété l'entouraient ses adorateurs, habitudes mondaines, ils se comportaient à peu de
on se rend aisément compte de la désolation dans la- chose près dans le christianisme comme auparavant
quelle ce rapt les jeta, cf. Aug. Audollent, Carthage dans le paganisme. Le détachement des biens de la
romaine,p.65-66.Leur émotion était à peine calmée et terre n'était pas leur fait; par eux, le goût et la re-
l'idole rétablie dans son sanctuaire au pied de Byrsa cherche du bien-être se répandirent dans les chré-
(222), que survint à Thysdrus, d'une façon très ino- tientés, la sévérité des mœurs se relâcha. Cyprien s'en
pinée, la sédition où le proconsul Gordien recueillit plaint dans le De lapsis, 6, édit. Hartel, t. i, p. 240;
la pourpre impériale (238). L'Afriquevenait de se don- P. L., t. IV, col. 469, et voici en quels termes il dé-
ner un empereur, mais elle paya cher cette gloire. La
population de Carthage fut cruellement traitée par le
légat impérial Capellien, commandant des troupes de
épiscopat:
peint l'état des communautés africaines avant son
« Chacun s'appliquait à augmenter sa for-
tune. Oubliant ce que les chrétiens ont fait jadis à
Numidie, qui exerça des violences analogues contre l'époque des apôtres et ce qu'ils devraient toujours
les villes de la province ayant fait adhésion officielle faire, brûlant du désir insatiable des richesses, tous
aux Gordiens. Ibid., p. 67-72. De ces spoliations, de ne s'occupaient que d'accroître leur revenu. Plus de
piété chez les prêtres, plus d'intégrité dans la foi chez par la mort de Donatus (voir ci-dessus col. 731), on
les ministres de Dieu, plus de charité dans les œuvres, l'éleva à la dignité épiscopale (248). La persécution
plus de règle dans les mœurs. Les hommes osent tail- de Dèce, qui éclata sur ces entrefaites, lui permit de
ler leur barbe, les femmes se fardent; on corrompt la prouver qu'en l'élisant on avait fait un heureux choix.
pureté des yeux, œuvre des mains de Dieu; on donne L'édit de persécution, promulgué à Carthagepresque
aux cheveux une couleur mensongère. Pour tromper aussitôt après avoir paru à Rome, y produisit les
les cœurs simples, on emploie la ruse et l'artifice; pour effets les plus désastreux. Un délai avait été fixé
circonvenir ses frères, on a recours à la fourberie. On pour se mettre en règle avec le pouvoir; une grande
épouse des infidèles,on prostitue aux païens les mem- partie des chrétiens d'Afrique obéirent. On ne saurait
bres du Christ. Non seulement on jure à tout propos, être surpris d'une défaillance si générale quand on sait
mais on se parjure; on n'a pour ses supérieurs qu'un dans quelles conditions beaucoup d'entre eux étaient
dédain plein d'orgueil, on lance contre le prochain venus à la foi. La plupart allèrent spontanément s'of-
le venin de la médisance, des haines persistantes frir aux magistrats pour accomplir l'acte d'idolâtrie,
divisent les uns les autres. Beaucoup d'évêques, au les uns participant aux sacrifices mêmes célébrés en
lieu d'être, comme ils le doivent, les guides et les mo- l'honneur des dieux (sacrificati), les autres se contentant
dèles du reste des chrétiens, méprisent le divin minis- de brûler de l'encens devant les images (turificati).

:
tère et se font les agents d'affaires des puissants du
siècle ils désertent leur siège, abandonnent leur
peuple, et s'en vont errant de province en province,
D'autres, plus habiles, mais non moins coupable?
d'intention, parvinrent, en soudoyant les agents im-
périaux, à esquiver toute participation aux cérémo-
cherchant où trafiquer et réaliser de gros bénéfices. nies païennes. Ils se faisaient, à prix d'argent, déli-
Leurs frères manquent de tout dans leurs églises, eux vrer par la police des certificats (libelli) visés par la
cependant veulent avoir de l'argent en abondance;
;
ils emploient les subterfuges et la fraude pour mettre
la main sur les terres ils recourent à l'usure pour en-
:
commission de cinq membres qui veillait dans chaque
localité à l'exécution de l'édit ces attestations de
complaisance les déclaraient en règle vis-à-vis du
fler démesurément leur avoir. » Ces reproches visent culte officiel (libellatici). Nous en possédons actuel-
sans doute en première ligne Carthage, où Cyprien lement quatre spécimens conservés dans des papyrus.
avait été le témoin direct des pratiques qu'il réprouve; Ils se présentent sous la forme d'une requête adressée
mais on sent bien qu'il s'en prend, par-dessus la capi- aux membres de la commission de surveillance qui
tale, à l'Afrique tout entière, non seulement quand il devaient les estampiller. Ces pièces, dont l'une est
flétrit les évêques indignes, mais aussi quand il attaque datée de 250, proviennent d'Égypte. L'usage du libel-
les fâcheuses habitudes des simples fidèles. Ses griefs lus ne fut en effet pas restreint à l'Afrique; l'Italie,
nous semblent aujourd'huiassez disparates. Les Pères, l'Espagne, l'Égypte et l'Orient le pratiquèrent aussi.
surtout ceux des pays méridionaux, flétrissent sou- Les formules varièrent probablement d'un pays à
vent avec la même énergie le vice et les travers. Du l'autre, le sens général ne dut guère changer. En trans-
moins ce passage montre jusqu'à l'évidence que la crivant ici un de ces certificats, nous donnerons une
longue paix dont jouissait alors l'Église y avait énervé idée nette des prescriptions contenues dans l'édit
la discipline. Aussi, pour me servir encore des expres- impérial. On trouvera la bibliographie du sujet dans
sions du même écrivain, Dieu voulut-il éprouver ses P. Foucart, Les certificats de sacrifice pendant la per-
serviteurs. De lapsis, 5, édit. Hartel, t. i, p. 240; P. L., sécution de Décius (250), dans le Journal des savants,
t. IV, col. 468 : Dominusprobari familiam suam voluit, 1908, p. 169-181; K. Wessely, Ein neuer Libellus aus
quia traditam nobis divinitus disciplinam pax longa 1
der Chrislenverfolgung des K. Decius, dans 'Anzeiger
corruperat. Il suscita de nouveau la persécution. der k. Akademie der Wissenschaften zu Wien, 4 dé-
Dèce venait de monter sur le trône. Résolu à cembre 1907; Duchesne, Histoire ancienne de l'Église,
relever l'empire qui commençait à marcher vers sa t. I, 3e édit., p. 369; Schanz, Geschichle der rômisehen
ruine, le nouveau prince crut qu'il fallait avant tout Litteralur, t. III, 2e édit., p. 256.
restaurer le prestige de la vieille religion. Le christia- [Foucart, p. 169, A :]
nisme, de plus en plus répandu, constituait l'obstacle
principal; il devait disparaître. Un édit fut donc pro-
mulgué dans les dernières semaines de 249, qui en-
joignait, à tous les sujets de l'empereur, de prouver,
par un acte formel, leur fidélité aux dieux et qui pla-
çait par suite les chrétiens dans l'alternative de renon-
cer à leur foi ou d'être sévèrement punis. Voir Foucart,
Les certificats de sacrifice, dans le Journal des savants,
1908, p. 172. Les chefs des Églises se trouvaient par-
ticulièrement visés. Carthage avait alors pour évêque
un homme d'un grand caractère et d'une vertu éclai-
rée, Cyprien. Sans étudier ici cette belle figure en
détail sous tous ses aspects—ce sera l'objetd'un article
spécial dans ce Dictionnaire — je voudrais montrer
à grands traits, combien son action fut décisive sur
les destinées de l'Église d'Afrique. Ses premières an-
nées sont obscures; on sait seulement qu'il était né
en Afrique, selon toute vraisemblance dans la capi-
tale même, de parents païens, riches et bien posés. Il
fut d'abord rhéteur et son enseignement jeta un vif
éclat. Converti au christianisme vers 245, il distribua
sa fortune aux indigents, puis se mit à pratiquer les
plus austères vertus. Cette conduite si conforme aux
maximes de l'Évangile, autant sans doute que sa ré-
putation antérieure, attira sur lui les regards des fi-
dèles. Il fut, en fort peu de temps, investi du sacer-
doce, et, le siège s'étant trouvé vacant, peut-être
ment. Les lignes 17-19 qui sont d'une écriture diffé- tant assez mal prémunis contre la vanité. Ils se figu-
rente contiennent le visa d'un membre de la commis- rèrent que leur incarcération, ce demi-martyre, leur
sion. conférait des droits spéciaux pour intervenir dans les
Aux préposés aux sacrifices dans le village de l'île affaires ecclésiastiques, une sorte d'autorité morale,
d'Alexandre [une île des lacs du Fayoum], de la part qui valait bien l'autorité effective de l'évêque. La
d'Aurélius Diogénès, fils de Salabo, du village de l'île persuasion qu'ils en eurent les conduisit à des actes
d'Alexandre, âgé d'environ 72 ans; cicatrice sur le regrettables; plusieurs se posèrent en antagonistes
sourcil droit. —• Je n'ai jamais cessé de sacrifier aux déclarés de Cyprien et ne reculèrent pas devant un
dieux, et maintenant en votre présence, selon les pres- schisme.
criptions de l'édit, j'ai sacrifié, j'ai fait des libations et Si, en parlant des événements qui précèdent,l'évêque
j'ai goûté aux viandes sacrées, el je vous demande de de Carthage s'est intéressé d'une façon toute particu-
l'attester ci-dessous. Salut. lJIoi Aurelius Diogénès j'ai lière,on le conçoit, à ce qui le touchait personnellement,
présenté cette lettre. laissant dans l'ombre ce qui se passait plus loin de lui,
Moi Aurelius. j'atteste. on aurait tort d'en conclure que le reste de l'Afrique ne
L'an I de l'empereur César Caius Messius Quintus fut pas également éprouvé. Les libelli d'Égypte, dont
Trajanus Decius Pius Felix Augustus, le 2 d'Epiphi j'ai donné plus haut un échantillon, sont la preuve
(26 juin 250). qu'en ce pays, de très petites localités ressentirent,
Qu'ils eussent simplement fourni un certificat de aussi bien que les grandes villes, les effets de la per-
cette nature ou qu'ils fussent allés jusqu'à offrir de sécution de Dèce. Il faut raisonner de la même façon
l'encens aux idoles ou des sacrifices, les renégats des pour l'Afrique et prolonger sur elle tout entière les
trois catégories étaient englobés dans une même répro- perspectives que les écrits de Cyprien nous ont ou-
bation par leurs frères demeurés fermes dans la foi
(stantes) et confondus sous une même flétrissure
on les appela les faillis (lapsi). Les chutes se produi-
: vertes sur la capitale. Pour les faits que nous abordons,
je serais moins affirmatif, ou plutôt je pense que la
crise qui se produisit alors, si elle eut sa répercussion
sirent non seulement parmi les simples fidèles, mais dans le reste de la contrée, sévit tout particulièrement
aussi dans les rangs du clergé; quelques prêtres même à Carthage. Sans doute l'épiscopat africain y fut mêlé,
apostasièrent. Cypr.,Epist.,XL,édit.Hartel, t.1, p. 586 ; parce qu'il importait d'adopter partout une ligne de
xxxv, P. L., t. IV, col. 325, per lapsum quorumdam pres- conduite uniforme; mais l'esprit de rébellion qui se
byterorum nostrorum. La désertion,cependant,ne fut pas manifesta dans cette grande cité ne paraît pas s'être
universelle, d'assez nombreux chrétiens refusèrent de beaucoup propagé au dehors. Il sera donc plus oppor-
céder aux injonctions des magistrats. Contre eux on tun de réserver le récit de ses violences pour l'article
prit des mesures de rigueur, exil pour ceux-ci, confis- consacré à CARTHAGE; toutefois, l'intervention des
cation pour ceux-là; d'autres subirent des tourments collègues de Cyprien ne se comprendrait guère, si
divers, travail des mines, question, emprisonnement; dès maintenant nous ne résumions sommairement la
plusieurs moururent de faim dans leur cachot. Cepen- question.
dant les autorités ne paraissent pas avoir voulu faire Il était d'usage dans l'Église, de longue date, et en

tience par une incarcération prolongée :


périr le plus possible de ceux qui étaient tombés entre
leurs mains. On s'efforçait plutôt de lasser leur pa-
ce fut la
forme spéciale de la persécution de Dèce. Aussi les
prisons regorgèrent-elles de condamnés pendant le
Afrique, au moins dès le temps de Tertullien, que les
fidèles qui s'étaient rendus coupables de quelque faute
grave et qui souhaitaient d'être réconciliés, se fissent
recommander par les martyrs aux chefs des chré-
tientés. Beaucoup de ceux qui avaient failli, au début
premier semestre de 250. de cette année 250, prièrent les prêtres ou même les
Entreles lapsi et les confesseurs, certains adoptèrent simples laïques emprisonnés d'intercéder en leur fa-
une troisième attitude. Incapables de trahir, mais ne veur et de se porter en quelque sorte garants de leur
pensant pas que le devoir exigeât d'eux qu'ils se li- repentir. Mais au lieu de procéder avec prudence, les
vrassent spontanément, ceux-là se retirèrent hors de confesseurs délivrèrent des certificats sans discerne-
la portée des persécuteurs. De ce nombre fut Cyprien. ment, parfois même sous forme impérative. « Sachez,
Promu à l'épiscopat depuis une année environ, il crut écrivaient-ils à Cyprien, que nous avons à l'unanimité
être plus utile à ses frères en se dérobant aux recherches accordé le pardon à ceux qui vous auront rendu
qu'en s'exposant à la mort. On vit bien par la compte de ce qu'ils auront fait après leur faute. Veuil-
suite de sa vie que la peur n'était pour rien dans cette lez porter cette résolution à la connaissance des autres
décision; et les événements se chargèrent de démon- évêques. » Scias nos ùniversos quibus ad te ratio consti-
trer quel bienfait sa conservation fut pour l'Église terit quid post commissum egerint dedisse pacem, et
d'Afrique. Il se trouva cependant quelques membres hanc formam per te et aliis episcopis innotescere volu-
de son propre clergé pour blâmer sa résolution, le des- mus.Epist.,XXIII, édit. Hartel, t. I, p. 536; XVI, P. L.,
servir auprès de son peuple et le calomnier. L'occasion t. IV, col. 268. Aucun évêque soucieux de la discipline
semblait propice à ces esprits jaloux pour perdre, dans ecclésiastique ne pouvait admettre des prétentions de
l'estime de tous, celui dont la rapide élévation au sacer- ce genre. Cyprien y était d'autant moins disposé qu'il
doce, puis à l'épiscopat, les avait à jamais indisposés importait d'écarter de la communauté pendant son
contre lui. En quel endroit il se réfugia avec un petit absence toute fâcheuse innovation. Cependant, comme
groupe de clercs, dès le mois de janvier 250, nous il n'avait pas de goût pour les mesures intransigeantes,
l'ignorons; mais nous savons, par sa correspondance, il demanda simplementqu'on attendît son retourpour
qu'il resta en contact incessant avec Carthage et qu'il régler cette question des lapsi. D'accord avec l'Église
prit toutes les mesures pour que sa communautéfût, de Rome, où la situation était identique, on conyint
en son absence, aussi soigneusement administrée que de ne prendre une décision ferme qu'au moment où,
lorsqu'il la dirigeait en personne. De loin comme de la paix étant rétablie, les évêques auraient recouvré
près, il demeura l'âme de cette chrétienté pendant leur liberté d'action. Malgré tout, les prêtres dont
toute la persécution et l'aida toujours au milieu des nous avons plus haut signalé l'hostilité continuaient à
graves difficultés auxquelles elle se trouvait en butte. intriguer contre lui et réunissaient un groupe de mé-
La principale, nous le constaterons bientôt, venait contents, parmi lesquels des laïques riches et influents.
d'où on l'aurait le moins attendue, des confesseurs Du nom de son chef, cette coterie s'appela Felicissimi
alors emprisonnés pour leur foi; gens bien inten- factio. Ils se mirent en rapport avec les opposants ro-
tionnés, courageux, dont plusieurs se trouvaient pour- mains et tentèrent de discréditer Cyprien outre-mer.
Entre temps la persécution avait cessé en Afrique recrues jusque dans l'épiscopat. Sa lettre à Antonianus,
et l'évêque de Carthage était revenu parmi les siens, l'une des plus importantes de tout le recueil (Cypr.,
au printemps de 251. Son premier soin fut de réunir Epist., LV, édit. Hartel, t. i, p. 624-648; P. L., t. III,
un concile (avril-mai) pour déterminer avec ses col- col. 762-780), indique bien dans quelles perplexités
lègues, et d'une manière définitive,la conduite à tenir les missives deNovatien avaient jeté certains évêques;
à l'égard des défaillants. L'assemblée, assez impo- ibid., 3 : Quoniam tamen video post primam sententiam
sante — collegæ plurimi, collegæ complures, copiosus epistulæ tuæ Novatiani litteris postmodum ta esse com-
episcoporum numerus, Cyprien, Epist.,XLIV, 1; XLVIII,
2; LV, 6, édit. Hartel, t.1, p. 597, 606, 627; P. L., t.III,
col. 701, 710, 767 — se tint en garde contre une sévé-
:
motum. rationem rei tibi breviter exponam. Mais
c'était surtout Carthage qu'ils visaient une petite
communauté schismatique s'y établit, elle se donna
ritéqui n'eût pas été de saison; mais elle était résolue pour évêque un certain Maxime, l'un des prêtres en-
d'un autre côté à ne participer en rien à la coupable voyés par Novatien pour plaider sa cause devant le
condescendance des adeptes de Felicissimus et des concile. Craignant peut-être de fâcheuses confusions,
confesseurs. Voici la solution moyenne à laquelle on qui pourraient, avec les intentions les plus droites,
se rangea et que le grand nombre des lapsi de l'année nuire au maintien de la paix dans l'Église, Cyprien
précédente faisait presque un devoir d'adopter. On avait pris la précaution d'adresser au pape la liste de
:
s'assura d'abord qu'elle n'était point en désaccord
avec les Écritures in unum convenimus et scripturis
[diu] ex utraque parte prolatis tcmperamentum salubri
ses collègues demeurés fermes dans la foi catholique.
Epist., LIX, 9, édit. Hartel, t. I, p. 676; P. L., t. m,
col. 809 : nomina episcoporum istic constitutorum qui
moderatione libravimus. Epist., LV, 6, édit. Hartel, t.1, integri et sani in Ecclesia catholica fratribus præsunt.
p. 627; P. L., t. III, col. 767. Les défaillants seraient Nous ne possédons malheureusement plus ce docu-
reçus dans l'Église pourvu qu'ils fussent repentants; ment qui eût été pour nous si précieux.
on examinerait chaque cas séparément, et la durée de A Carthage aussi le parti de Felicissimus faisait
la pénitence serait proportionnée à la gravité de la des progrès et affirmait, en réclamant la réintégration
faute; réconciliation immédiate en danger de mort; de tous les lapsi sans aucune pénitence, que la disci-
les membres du clergé ne pourraient être réintégrés pline ecclésiastique, même mitigée dans les derniers
dans leurs fonctions, même une fois réconciliés. temps, était encore trop austère. Il importait de tenir
Une autre question importante occupa encore le con- bon devant ces prétentions. Des circonstances impré-
cile. Avant qu'il ne fût ouvert, la nouvelle de l'élec- vues contraignirent pourtant l'épiscopat africain à se
tion du pape Cornelius à Rome était parvenue à montrer plus indulgent qu'il n'eût souhaité et que ne
Cyprien; mais comme elle était accompagnée des pro- le comportait l'intérêt bien entendu de l'Église. Des
testations bruyantes du parti des confesseurs, qui signes nombreux faisaient présager que la persécution,
avaient nommé contre lui le prêtre Novatien, l'évêque à peine assoupie, allait reprendre, sur l'ordre du nouvel
de Carthage avait été quelque peu déconcerté. Afin empereur Gallus. Fallait-il, dans de telles conjonctures,
de ne prendre parti qu'en pleine connaissancede cause, laisser à l'écart les défaillants, coupables sans doute,
il pria deux de ses collègues, Caldonius et Fortunatus, mais repentants et désireux d'expier leur faute? Ne
d'aller procéder sur place à une enquête; ils revinrent valait-il pas mieux, en prévision de la crise prochaine,
pendant la session du concile, devancés d'ailleurs par les réunir au noyau des fidèles, afin de les fortifier
les émissaires de Novatien. Bientôt après se présen- contre le péril? Cette dernière solution fut jugée la
tèrent encore deux évêques italiens, délégués de Cor- plus opportune, et quarante-deux évêques, réunis à
nelius. On n'eut pas de peine à démêler quel était le Carthage dans un deuxième concile (15 mai 252), déci-
véritable pape. Les partisans de son adversaire eurent dèrent de rouvrir l'Église sans condition aux libella-
beau se livrer à des violences peut-être jusque dans tiques et autres lapsi qui jusqu'alorsavaient fait con-
l'enceinte du synode, Cypr., Epist., XLIV, 2, édit. Har- sciencieusement pénitence. Ils tinrent à affirmernéan-
tel, t. I, p. 598; P. L., t. III, col. 701 : Qui cum in sta- moins qu'en agissant de la sorte ils cédaient à une im-
tione invidiosis quoque conviciis et clamoribus turbu- périeuse nécessité. Cypr., Epist., LVII, 1, édit. Hartel,
lentis proruerent, leurs cris ne troublèrent personne. t.I, p. 651; P.L.,t.III, col. 855: necessitate cogente cen-
Cornelius fut déclaré légitime évêque de Rome et on suimus eis qui de Ecclesia Domini non recesserunt et
lui adressa une lettre collective, pour le reconnaître pænitentiam agere etlamentari acDominumdeprecari a
comme tel, en maintenant l'unité de l'Église catho- primo lapsus sui die non destiterunt, pacem danïam
lique; Cypr.,Epist., XLVIII, 3, édit. Hartel, t.I, p. 607; esse et eos ad prœlium quod imminet armari et instrui
P.L., t. III, col. 711 : placuit ut.per omnes omnino
istic posilos litteræ fierent, sicuti fiunt, ut le universi
collegæ nostri et communicationemtuam id est catholicæ
Ecclesiæ unitatempariter et caritatemprobarent firmiter
:
oportere. Ici encore il faut regretter que nos renseigne-
ments soient incomplets la lettre synodale adressée
à Cornelius est bien signée par les quarante-deux pré-
sents, mais leurs sièges ne sont pas mentionnés.
ne tenerent. Malgré ces marques de déférence, les De cette mesure de clémence étaient exceptés Feli-
Africains ne parvinrent pas sans peine à convaincre cissimus et ses partisans, qui s'étaient organisés en
Cornelius que le léger retard apporté par eux à procla- secte schismatique depuis plus d'un an. Par manière
mer la validité,de son élection, dicté par la prudence, de représailles, ils tentèrent de recruter dans l'épisco-
n'impliquait aucun sentiment défavorable à son en- pat africain les éléments d'un concile opposé à celui
droit. Leur avis au sujet des lapsi avait de même été des catholiques. Vingt-cinq évêques de Numidie, pré-
transmis à Rome pour qu'il obtînt l'assentiment des tendaient-ils, avaient promis leur concours; il s'en
évêques d'Italie. A cette fin le pape convoqua un présenta cinq, trois apostats et deux hérétiques. Le
grand concile qui devait donner plus d'autorité aux plus en vue était ce Privatus, de Lambèse, condamné
décisions prises outre-mer. Soixante évêques les ap- pour fait d'hérésie, une douzaine d'années auparavant.
prouvèrent; Novatus et ses adhérents furent excom- Voir ci-dessus, col. 730. Il avait voulu plaider sa
muniés. Cypr., Epist., LV, 6, édit. Hartel, t. i, p. 628; cause devant le synode régulier; on refusa de l'enten-
P. L., t. III, col. 767. dre. Cette exclusion sommaire le porta aux extrêmes,
Cependant les novatiens ne s'étaient pas soumis. lui et ses acolytes. Ils déposèrent Cyprien et le
Non contents de s'agiter à Rome, en Gaule et en Orient, remplacèrent par Fortunatus, l'un des cinq prêtres
ils continuaient d'intriguer en Afrique. Ils y rassem- qui n'avaient pas désarmé depuis son élection. Car-
blèrent quelques adeptes, et sans la vigilance et la thage compta donc à cette date trois chaires épis-
fermeté de Cyprien, peut-être auraient-ils fait des copales : celle des catholiques, celle des novatiens,
celle du parti des confesseurs. Cypr., Epist., LIX, 9-11, s'étaient réfugiés là où ils pouvaientpasser inaperçus,
édit. Hartel, t.1, p. 676-679; P. L., t.III, col. 808-812. pour se soustraire aux recherches de la police dans
Ces derniers essayèrent de faire accepter à Rome l'élu leurs propres résidences. Ces divers exemples nous
de leur choix. Malgré leurs violences, qui intimidèrent font toucher du doigt l'importance chaque jour gran-
un instant le pape Cornelius, ils ne parvinrent pas à
le détacher de Cyprien.
dissante du siège de Carthage. En tous pays on a
l'habitude, en cas de détresse, de se tourner vers la ca-
Une peste terrible, dont une épitaphe de la basi- pitale et d'attendre d'elle le salut. L'évêque de Car-
lique de Micidfa, à Carthage, a peut-être conservé le thage devait bénéficier de cette tendance instinctive,
le souvenir (voir P. Delattre, Comptes rendus de l'Aca- et il en résultait pour son siège à la fois une augmen-
démie des inscriptions, 1907, p. 525-526), sévissait tation de charges et un accroissement d'honneur.
alors en Afrique. Irritée contre les chrétiens à qui elle Mais l'autorité morale et les vertus de Cyprien furent
attribuait ce fléau, la populace de la capitale réclamait aussi pour beaucoup dans cette sorte d'élévation
à grands cris que l'évêque fût livré aux bêtes. Com- spontanée de son église au rang de métropole ecclé-
ment échappa-t-il à la poursuite des païens? Fut-il siastique.
recherché par la police ou seulement traqué par la Cette suprématie spirituelle se manifestait surtout
foule? Nous ne saurions le dire; pour cette période par la tenue fréquente des conciles dans ses basiliques.
critique les documents font défaut. Tout ce qu'on Nous en avons déjà signalé deux depuis les débuts de
peut affirmer, c'est qu'il ne s'éloigna pas une seconde l'épiscopat de Cyprien, en 251 et 252. Voir ci-dessus,
fois de sa ville épiscopale, où, d'ailleurs, la situation col. 737-738. L'année 253 en vit un troisième, composé
ecclésiastique s'améliorait. Gagnés par l'indulgence de 66 membres, qui blâma d'abord l'évêque de Bulla
dont avait fait preuve le dernier synode, les schisma- (Regia?), Therapius, d'avoir réconcilié un de ses
tiques du parti des confesseurs sollicitaientleur réad- prêtres avant qu'il n'eût accompli une pénitence suf-
mission parmi le peuple chrétien. Un très petit nombre fisante; puis il décida à l'unanimité, contre l'opinion
seulement persévérèrent dans leur attitude hostile; de quelques-uns, que rien n'empêchait de baptiser les
chefs sans troupe, dont la puissance éphémère a vécu. enfants aussitôt après leur naissance. Cypr., Epist.,
Quant aux novatiens, qui ne progressaient guère à LXIV, 1 et 2, édit. Hartel, t. i, p. 717-718; P. L., t.III,
Carthage, il semble que le reste du pays leur fût moins col. 1014-1015. La question du baptême, donton s'oc-
hostile. En 446, le pape Léon le Grand parle du retour cupait déjà incidemment, allait bientôt occasionner
à la foi catholique du novatien Donatus, évêque de un grave conflit entre les églises africaines et Rome.
Salicene, en Maurétanie Césarienne, Epist., XII, 6; L'unité faillit y sombrer. Arrêtons-nous un peu à ce
P. L., t. LIV, col. 653; et une allusion de saint Augustin débat qui occupa la chrétienté tout entière, mais où
à l'un de ces schismatiques, dans le premier tiers de l'Afrique joua le rôle le plus important.
ce même siècle, semble bien indiquer qu'il vivait aussi
f
Fallait-il tenir pour valide le baptême conféré par
en ces contrées, Epist., CCLXV, 1 et 6; P. L., t. XXXIII,
col. 1088. Sans pouvoir déterminer s'ils s'étaient parti-
culièrement groupés dans certains centres ou s'ils
avaient essaimé de toutes parts, contentons-nous de
noter au passage la persistance de quelques-unes de
sans lui avoir jamais appartenu :
les hérétiques, ou bien devait-on exiger l'initiation
totale des dissidents, qui faisaient adhésion à l'Église
là gisait toute la
difficulté. Rome, Alexandrie et la Palestine prati-
quaient le premier système; le second était en vigueur
ces communautés novatiennes. en Afrique et dans la majeure partie de l'Asie. Cette
La persécution, qui éprouvait alors cruellement doctrine, d'ailleurs, n'était pas une nouveauté au
l'Italie, épargnait presque l'Afrique. Celle qu'on y milieu du IIIe siècle, saint Cyprien en témoigne expres-
avait subie deux années auparavant,le schisme,l'héré- sément,Epist., LXXIII, 3, édit.Hartel, t. I,p.780; P.L.,
sie l'avaient assez épuisée, pour qu'elle eût à se re- t.III, col. 1111 : Apud nos autem non nova aut repen-
mettre peu à peu, dans le calme, de ces multiples et tina res est ut baptizandos censeamus eos qui ab hiE-
douloureuses secousses. Aussi bien des malheurs nou- reticis ad ecclesiam veniunt, et saint Augustin, tout
veaux atteignaient certaines parties de son territoire. adversaire qu'il fût d'unetelle pratique, le déclare
Les barbares du sud, toujours prêts à se révolter contre aussi en termes formels, De baptismo, II, VII, 12, édit.
la domination romaine, firent alors irruption sur Petschenig, p. 187;P. L., t. XLIII, col. 133; De unico
quelques points. Huit diocèses, peut-être de Numidie, baptismo contra Petilianum, XIII, 22; P. L., ibid.,
eurent surtout à souffrir de leurs incursions; les villes col. 606. Enfin le concile de soixante-dixévêques, que
furent envahies, les fidèles emmenés en captivité. présidaitAgrippinus,l'avait déjà promulguée vers 220,
Alors les chefs de ces chrétientés se tournèrent vers et quoique nous ne possédions pas les actes de cette
Carthage pour obtenir d'elle protection morale et se- assemblée, il n'est pas téméraire d'affirmer qu'elle
cours matériels. Leur attente ne fut pas trompée. Une sanctionna un usage préexistant plutôt qu'elle ne
collecte eut lieu parmi le clergé et le peuple, qui pro- modifia l'état de choses antérieur. Voir ci-déssous
duisit 100000 sesterces (un peu plus de 25 000 francs). AGRIPPINUS. Les déclarations de Tertullien, même
A cette somme relativement forte s'ajoutèrent les of- avant sa conversion au montanisme, nous le garan-
frandes que plusieurs évêques présents tinrent à dé- tissent. Au surplus les exigences africaines, acceptées
poser au nom de leurs églises. On expédia le tout, avec des dissidents qui sollicitaient la réconciliation,
la liste des souscripteurs,aux communautéséprouvées, n'avaient empêché aucune conversion. Par suite de
pour subvenir aux besoins les plus urgents et payer quelles circonstances l'inefficacité du baptême hété-
larançon des captifs. Cypr.,Epist.,LXII, édit. Hartel, rodoxe, qui paraissait acceptée une fois pour toutes,
t. I, p. 698-701; P. L., t. IV, col. 359-362. Cet épi- fut-elle discutée à nouveau? Dans l'incertitude où
sode, en même temps qu'il met en pleine lumière la l'on était sur le traitement à appliquer aux novatiens
générosité des fidèles de Carthage, nous apprend aussi qui faisaient retour à la foi, la coutume opposée des
que, même en dehors des conciles, les évêques des pro- autres pays avait probablement ému quelques
vinces environnantes viennent souvent dans cette
:
ville pour traiter les affaires qui les intéressent en
voici plusieurs qui s'y trouvent réunis quand parvient
esprits en Proconsulaire, en Numidie ou en Mauréta-
nie; c'est du moins une hypothèse vraisemblable. De
toute manière, les décisions du concile de 253 sur le
à Cyprien le cri de détresse de ses collègues numides. baptême des enfants sont un indice qu'on sentait le
Déjà, pendant sa retraite de 250-251, il en avait intro- besoin d'une entente universelle.
;
duit trois dans la commission chargée de le repré-
senteret d'administrer son peuple ceux-là sans doute
Le pape Lucius, successeur de Cornelius, étant mort
rapidement (5 mars 254), on élut à sa place (12 mai)
Stephanus, qui ne paraît pas avoir été rigoureux aux toute cette controverse. » Duchesne, Hist. anc. de
novatiens. Dès le début, les Africains se trouvèrent en l'Église, t. I, 3eédit., p. 425. Le pape, qui avait fait
désaccord avec lui. A Carthage, les conciles étaient aux délégués le plus mauvais accueil, répondit avec
devenus annuels; ces réunions périodiques permet- emportement à Cyprien et enjoignit aux Églises d'ou-
taient de résoudre en commun les cas embarrassants tre-mer de renoncer à leur usage, faute de quoi il ces-
de discipline ou de doctrine. Il s'en présenta un assez serait toute relation avec elles. Malgré l'amertume
épineux à la session d'automne de 254, qui réunit qu'il éprouva de cetraitement, comme il se sentait
trente-sept membres. Deux évêques espagnols, Basi- suivi par la grande majorité de l'épiscopat d'Afrique,
lides d'Emerita (Mérida) et Martialis de Legio et Asill- soutenu par une bonne partie de celui d'Asie, l'évêque
rica (Léon et Astorga), avaient été déposés pour di- de Carthage convoqua un nouveau concile, le 1er sep-
verses fautes, spécialement pour s'être fait délivrer tembre 256. C'était le troisième qui s'occupait du
un certificat de sacrifice. Mais ils réussirent à se faire baptême des hérétiques, le septième que présidait
rétablir dans leur dignité par le pape. Mécontents de Cyprien depuis 251. Quatre-vingt-cinq évêques ré-
cette indulgence, leurs fidèles et leurs successeurs pondirent à son appel; deux autres, de Tripolitaine,
s'adressèrent au concile d'Afrique qui leur donna gain empêchés de venir, avaient donné mandat de les
de cause, sans entendre lui non plus l'autre partie, et représenter à un de leurs voisins. A part le concile
leur communiqua sa sentence dans une lettre où le d'Agrippinus,jamais uneassemblée ecclésiastiqueaussi
pape n'était pas ménagé. Cypr., Epist., LXVII, éd. Har- imposante ne s'était encore réunie en Afrique. A
tel, t.1, p. 735-743; P. L., t. III, col. 1021-1034. Peu de l'unanimité, on décida de s'en tenir aux conclusions des
temps après, l'évêque de Lyon, Faustinus, se plaignit deux synodes antérieurs. Les menaces de Stephanus
à son tour auprès de Cyprien de la fâcheuse condes- n'avaient donc pas ému le corps épiscopal africain.
cendance dont usait le pape envers son collègue Nous possédons le procès-verbal entier du synode;
d'Arles, Marcianus, qui partageait les idées nova- c'est le plus ancien document de ce genre. Il nous
tiennes. Cyprien adressa à Stephanus une véritable donne des renseignements très précis à la fois sur la
mise en demeure de marcher dans la même voie que tenue même de ces réunions et sur la répartition des
ses prédécesseurs, Cornelius et Lucius. Epist.,LXVIII, évêchés à travers les provinces au milieu du Ille siècle.
édit. Hartel, t.I, p. 744-749; P. L., t. III, col. 990-998. Il y aura donc profit de toute façon à examiner d'un
Le ton impérieux de ce morceau n'était point pour peu près ce texte intitulé Sententiæ episcoporum nu-
plaire à celui qui le recevait. De part et d'autre on sem- mero LXXXVII de hæreticis baptizandis, édit. Hartel,
blait donc peu disposé à une entente cordiale. t. I, p. 435-461; P. L., t. III, col. 1052-1078; Mansi,
:
Cependant les scrupules qu'on éprouvait de divers Concil., t. I, col. 951-992. Il débute par un préambule
côtés en Afrique à maintenir la tradition baptismale qui est conçu en ces termes « De nombreux évêques
d'Agrippinus continuaient à se manifester. Quand se de la provinced'Afrique, de Numidie et de Maurétanie
réunit le concile, sans doute à l'automne de 255, Cy- s'étant assemblés à Carthage aux kalendes de sep-
prien exposa devant trente de ses collègues les doutes tembre avec les prêtres et les diacres, en présence
dont lui avaient fait part à ce sujet un simple laïque, aussi de la plus grande partie du peuple [chrétien], on
Magnus, dix-huit évêques de Numidie, et un autre de donna lecture d'une lettre de Jubaianus à Cyprien et
Maurétanie, Quintus.Epist., LXIX, LXX, LXXI, éd. Har- de la réponse de Cyprien à Jubaianus au sujet du bap-
tel, t. I, p. 749-774; P. L., t. III, col. 1036-1044, 1103- tême des hérétiques, puis d'une réponse postérieure
1109, 1137-1152. Le concile fut d'avis que l'initiation du même Jubaianus à Cyprien; ensuite, Cyprien dit :
hérétique était sans valeur. Il n'entendait au reste que «Vous avez entendu, bien-aimés collègues, ce que
formuler une déclaration de principe, sans contraindre « Jubaianus, qui est évêque comme nous, m'a écrit,
personne à partager sa manière de voir; chaque évêque « pour me consulter, malgré mon insuffisance, sur le
ne doit compte de sa conduite qu'à Dieu.Epist., LXIX,
17, édit. Hartel, t. i, p. 765; P. L., t. III, col. 1151 :
Nemini præscribentes quo minus statuat quod putat
;
«baptême illicite et sacrilège des hérétiques, et ce que
<: je lui ai répondu j'ai été d'avis, comme nous l'avons
«à deux reprises et souvent décidé, que les hérétiques
unusquisque præpositus actus sui rationem Domino «qui viennent à l'Église doivent être baptisés et
redditurus. Une profession de foi analogue, faite d'ail- cc sanctifiés par le baptême de l'Église. On vous a lu
leurs sur un ton peu aimable, se rencontre dans la cc pareillement une autre lettre de Jubaianus; dans
lettre que les représentants du concile apportaient « cette réponse à ma lettre cet homme d'une piété
au pape.Epist.,LXXII, 3, édit. Hartel, t.1, p. 778; P. L., cc sincère et scrupuleuse, non seulement s'est rangé à
t. III, col. 1050. Dans cette même session, une autre dé- «mon opinion, mais encore a avoué qu'il était main-
cision avait encore été prise relativement aux prêtres « tenant bien armé et m'a rendu grâces. Il nous reste
et aux diacres qui voudraient rentrer dans l'Église, cc à déclarer, chacun à notre tour, notre sentiment
après être passés aux sectes hérétiques ou dissidentes. cc sur cette affaire, sans prétendre juger personne,
On fut d'avis de les réconcilier, mais à titre de simples « ni excommunier ceux qui seraient d'un avis diffé-
laïques. Il est possible, comme on l'a supposé, que ces cc rent. Car aucun
d'entre nous ne se constitue l'évêque
mesures fussent dirigées contre Stephanus; quoiqu'il cc des évêques, aucun ne veut contraindre ses collègues
en soit, le baptême resta seul en cause dans la suite « en les terrorisant comme un tyran, ni forcer leur
de la querelle. « adhésion. Tout évêque est libre de se prononcer
Tandis que les envoyés des Africains étaient à « comme il l'entend,dans la plénitude de son pouvoir;
Rome, ceux-ci, sans doute à l'instigation de Cyprien, « il ne peut pas plus être jugé par un autre, qu'il ne
tinrent à affirmer de nouveau dans une réunion beau- « peut lui-même juger autrui. Mais tous nous devons
coup plus nombreuse que la précédente—soixante-et- cc attendre le jugement de Notre-Seigneur Jésus-
onze évêques y participèrent— la thèse qu'ils avaient «Christ à qui seul au monde il appartient et de nous
toujours soutenue (printemps de 256). L'empresse- « préposer au gouvernement de son Église et de juger
» :
ment avec lequel on se rendit à cette assemblée indique « notre conduite. De ce petit discours, au ton ferme
assez l'intérêt que les évêques prenaient à la ques- et grave, une phrase surtout est à retenir neque enim
tion pendante. L'exposé complet des idées présentées quisquam nostrum episcopum se episcoporum consti-
dans les deux synodes est contenue dans l'importante lzzit aut tyrannico terrore ad obsequendi necessitcitem
lettre de Cyprien à l'évêque Jubaianus,Epist., LXXIII, collegas suos adigit. On a voulu y voir «une précaution
édit. Hartel, t. I, p. 778-799; P. L., t. III, col. 1110- oratoire de la part du président, qui tient à ne pas
1127, « le morceau théorique le plus important dans sortir de son rôle,mais veut laisser à l'assemblée l'en-
»
tière responsabilité de son vote. D'Alès, La question Pour l'établir je me suis servi de celle qui figure dans
baptismale,p.379.Ne serait-on pas plus fondé à l'inter- l'ouvrage de M. Harnack, Die Mission und, Ausbrei-
préter comme une critique à peine dissimulée de l'at- tung, t. II, 2e édit., p. 246-251, en la complétant ou
titude de Stephanus? rectifiant par le t. VIII du Corpus inscriptionumlatina-
;
Chacundes assistants fit ensuite connaître son opi-
nion les uns parlèrent d'une façon laconique, comme
Polycarpe d'Hadrumète,qui se borna à dire (3) ; «Ap-
rum, par le Rapport sur les inscriptions latines de la
Tunisie, dans les Nouvelles archives des missions,
1907, t. XIV, de M. Merlin, par l'Atlas archéologiquede
prouver le baptême des hérétiques, c'est détruire le la Tunisie, et l'Atlas archéologique de l'Algérie de
nôtre; » les autres, comme Crescens de Cirta, déve- M. Gsell. Si l'on compare à ces résultats ceux auquels
loppèrent davantage leur pensée (8) : « En présence de aboutit M. Benson, dans son volume Cyprian, his
« cette nombreuse assemblée de mes très saints col- life., p. 574-610, on ne manquera pas de relever plus
« lègues dans l'épiscopat, après que lecture aété faite d'un désaccord. Ces discordances sont fatales en pa-
i des lettres adressées par notre bien-aimé Cyprien reille matière.
« à Jubaianus, puis à Stephanus, où sont contenus Il y a lieu, pour l'intelligence du tableau, de donner
« tant de vénérables témoignages tirés des divines quelques explications préliminaires. Dans le procès-
«
Écritures, que nous tous qui sommes ici assemblés verbal du concile, les évêques, qui appartiennent à
« par la grâce de Dieu nous devons à juste titre y don- l'Afrique propre, à la Numidie et à la Maurétanie, ne
« ner notre assentiment, oui, je suis d'avis que tous sont point énumérés suivantun ordre géographique,
« les hérétiques et schismatiques qui veulent venir à mais probablementd'après l'ancienneté. Nous classons
«
l'Église catholique n'y doivent entrer qu'après avoir ici leurs sièges alphabétiquement par province, en fai-
« été exorcisés et baptisés, excepté bien entendu ceux sant précéder le nom du titulaire du numéro qu'il

« catholique:
« qui auraient auparavant été baptisés dans
pourtant ceux-là même doiventêtre
i réconciliés par l'imposition des mains dans la
l'Église

l'Église. » Quelques-uns enfin tinrent


porte dans les Sententiæ episcoporum. Les identifica-
tions certaines sont distinguées des attributions dou-
teuses : pour la discussion des preuves, qui n'était pas
de mise ici, on voudra bien se reporter à chaque mot
« pénitence de
à appuyer leur opinion sur le texte des Écritures dans ce Dictionnaire. Tels qu'ils nous sont livrés par
qu'ils citèrent abondamment, comme Nemesianus de les mss., les noms n'apparaissent pastoujours sous
Thubunæ (5), Lucius de Castra Galbæ (7) et plusieurs leur forme correcte; on l'a rétablie autant que possible,
autres. Natalis d'Oea, en Tripolitaine, qui représen- en mentionnant aussi la localité moderne correspon-
tait deux de ses collègues, s'exprima en ces termes dante.
(83-85) : « Aussi bien moi, présent, que Pompeius de
A. TRIPOLITAINE.
« Sabrata et Dioga de Leptis Magna, qui m'ont con-
« stitué leur mandataire et qui, s'ils sont absents de 10 Monnulus a Girba (= île de Djerba).
« corps, sont présents en esprit, nous pensons comme 85 Dioga Leptimagnensis (Leptis magna = Lebda);
« nos collègues que les hérétiques ne peuvent avoir 83 NatalisabOea (=Tripoli).
« communion avec nous, s'ils n'ont été baptisés du 84 Pompeius Sabratensis (Sabrata — Sabratha).
« baptême de l'Église. » Cyprien de Carthage parla B. BYZACÈNE.
le dernier (87) : « Mon sentiment, dit-il, est très com-
« plètement exprimé dans ma lettre à notre collègue 32 Eugenius ab Ammedara(Ammædara = Haïdra).
« Jubaianus : les hérétiques, d'après le témoignage de 69 Donatulus a Capse (Capsa = Gafsa).
«
l'Évangile et des Apôtres, sont appelés les adver- 3 Polycarpus ab Hadrumeto (= Sousse).
« saires du Christ, les Antichrists; quand ils viennent 67 Tenax ab Horreis Cæliæ (Horrea Cælia = Her-
« à
l'Église, il faut les baptiser du baptême unique, gla).
« celui de l'Église, pour que d'adversaires ils puissent
chrétiens. » Ainsi,
a
36 Demetrius Leptiminus(Leptisminor = Lemta).
e devenir amis, et, d'antichrists, 38 Marcus a Macthari (Maclaris = Maktar).
sous une forme ou sous une autre, on résolut, à l'una- 9 Nicomedes a Segermis (Segermes = Henchir Ha-
nimité, de s'en tenir aux conclusions des conciles pré- rat).
cédents. 19 Privatianus a Suletula (= Sbeitla).
Cette pièce capitale dont nous n'avons l'équivalent, 20 Privatus a Sufibus (Sufes = Sbiba).
au Ille siècle, pour aucune autre partie de l'Empire, et 57 Julianus a Thelepte (= Medinet el Qdima).
qui nous peint sur le vif l'état d'esprit de l'Église
d'Afrique, prêterait à beaucoup d'utiles considéra-
tions sur l'attachement de ces évêques aux traditions
29 Eucratius a Thenis (Thænæ = Henchir Thina).
Appartiennent probablement à cette province
73 Lucius ab Ausafa (sans doute Uzappa = Ksour
:
locales, leur discipline, l'autorité morale de Cyprien. Abd el Melek).
Elles ont été bien mises en lumière par M. Monceaux, 48 Pomponius a Dionysiana.
à l'ouvrage de qui je me borne à renvoyer, Hist. litt. 42 Iambus a Germaniciana.
de l'Afr. chrét., t.II, p. 59-66. Toutefois, il est une caté- 74 Felix a Gurgitibus.
gorie de renseignements qu'elle nous apporte, sur la- 22 Cassius a Macomadibus (peut-être Macomades
quelle je dois insister. Les suscriptions des lettres sy- minores sur la côte au sud de Thænæ,plutôt que Maco-
nodales, que nous a conservées la correspondance de mades Selorum en Tripolitaine ou Macomades = Mri-
Cyprien, ne contiennent que les noms des évêques, keb Thala, en Numidie, entre Gadiaufala et Bagai).
sans désignation de leurs sièges; seules quelques allu- 46 Felix a Marazana.
sions éparses dans cette même correspondance ou dans 35 Adelphius (col. 532), a Thasvalthe ou Thasualthe
les écrits de Tertullien nous révèlent un très petit (on lit encore Thasuate, peut-être Thasarte au sud de
nombre d'évêchés. Ici, pour la première fois, nous la Byzacène).
nous trouvons en présence d'un groupe compact de C. PROCONSULAIRE.
villes épiscopales, quatre-vingt-sept, appartenant à
l'Afrique tout entière et dont plus de la moitié sont 64 Saturninus abAvitinis (Abitinæ, près de Mem-
assez faciles à identifier. Essayons de les répartir par bressa, ci-dessus, col. 129).
provinces, et nous prendrons une idée, sinon complète, 65 Quintus ab Aggya (Agbia = Aïn Hedja).
du moins assez approximative de l'extension géogra- 68 Victor ab Assuras (= Zanfour).
phique du christianisme africain aumilieu du me siècle. 24 Secundinus a Carpos (Carpis = Henchir Mraïs-
C'est à cette intention qu'est dressée la liste suivante. sa).
87 Cyprianus a Carthagine (Carthage). 78 Victor ab Octava.
72 Petrus ab HipponeDiarrhyto (= Bizerte). 56 Zosimus a Tharassa.
14 Theogencs ab Hippone Regio (= Bône). 52 Saturninus a Tucca (il y a deux villes de ce nom
21 Hortensianus a Laribus (Lares = Henchir Lor- — sans parler de celle de la Proconsulaire indiquée ci-
beus). dessus —l'une située au bord de la mer, sur les confins
62 Lucius a Membresa (Membressa= Medjez el Bab). de la Numidie et de la Maurétanie Sitifienne, et
47 Paulus ab Obba (= Ebba). Thugga Terebinthina = Henchir Dougga, en Byza-
86 Junius a Neapoli (= Nabeul). cène; la première semble plus probable).
28 Castrus a Sicca (Sicca Veneria = Le Kef). 51 Saturninus a Victoriana.
39 Sattius a Sicilibba (= Henchir Alaouin). E. PROVINCES INCONNUES.
25 Vicloricus a Thabraca (= Tabarka). 27 Quielus a Buruc.
31 Leucius a Thebeste (Theveste = Tébessa).
44 Pelagianus a Luperciana.
37 Vincentius a Thibari (= Thibar).
81 Aurelius a Chullabi.
58 Faustus a Thimida Regia (= Sidi Ali es Sedfini).
66 Julianus a Marcelliana.
18 Sedalus a Thuburbo (Thuburbo majus = Hen-
80 Secundianus a Thambis.
chir Kasbat ou Thuburbo minus = Tebourba).
54 Irenæus ab Ululis.
77 Honoratus a Thucca (Thugga = Dougga).
17 Fortunatus a Thuccabori (Tuccabor
beur).
= Touka- 23 Januarius a Vico Cæsaris.
On n'aura pas manqué de noter que cette énumé-
26 Felix ab Uthina (= Oudna). ration ne répond pas exactement à la mention du pré-
41 Aurelius ab Utica (= Utique, Henchir Bou Cha- ambule, episcopi plurimi ex provinciaAfrica Numidia
teur). Mauretania. L'Afrique propre, qui englobe la Tripo-
30 Libosus a Vaga (=Béja).
Appartiennent probablement à cette province
16 Successus ab Abbir Germaniciana (col. 47).
: litaine, la Byzacène et la Proconsulaire, puis la Numi-
die, semblent accaparer à elles deux tous ces évêques,
au point qu'il n'en reste aucun pour la Maurétanie.
50 Ahymmus ab Ausuaga. Comme il est difficile d'admettre que le rédacteur du
1Cæcilius a Biltha. procès-verbal se soit trompé jusqu'à inscrire des repré-
61 Therapius a Bulla (selon toute vraisemblance sentants de cette province s'il n'en était venu aucun,
Bulla Regia = Henchir Hammam Darradji). le plus simple est de supposer que plusieurs au moins
63 Felix a Buslacenis (peut-être Bisica Lucana = des sièges sur l'emplacement desquels nous ne sommes
Henchir Bijga). pas fixés lui appartenaient. Même en tenant compte
55 Donatus a Cibaliana (c'est peut-être, avec une
légère déformation du mot, Cilibia = Henchir Kelbia).
59 Geminius a Furnis(soitFurnos major ou majus
de cette observation, il demeure évident que les con-
trées lointaines ont envoyé très peu de délégués
deux seulement pour la Tripolitaine, dont un est le
:
= Ain Fourna, soit Furnos minor ou minus = Henchir mandataire de deux collègues empêchés, soit quatre au
Msaadin). total; un nombre peut-être plus élevé pour la Mauré-
40 Victor a Gorduba (des mss. donnent Gor, qui est tanie, mais encore faible à coup sûr. La grande majo-
aujourd'hui Henchir Dra el Gamra). rité des assistants appartient aux territoires plus
45 Iader a Midili (peut-être le Pagus Mercurialis proches de Carthage. Onze viennent de Byzacène,
Veleranorum Medelitanorum = Bou Rebia). vingt-trois de la Proconsulaire, treize de Numidie;
2 Primus a Misgirpa. et parmi les trente-six qui restent encore indéter-
34 Januarius Muzulensis. minés, la plupart assurément dirigeaient des chré-
43 Lucianus a Rucuma. tientés dans ces mêmes régions. Ce serait peut-êtreun
49 Venantius a Thinisa (peut-être Thimisua = argument à faire valoir en faveur de la thèse qui nous
Henchir Tazma). montre la Maurétanie attachée à la tradition romaine,
53 Marcellus a Zama (Zama major = Djama, en
Proconsulaire, ou Zama regia = Henchir Sidi Amor
en ce qui concerne le baptême, par conséquent hos-
tile aux théories acclamées à Carthage. Voir d'Alès,
Djedidi, en Byzacène). La question baptismale, p. 360-376; Lejay, dans la
Revue d'hist. et de littér. religieuses, 1900, t. v, p. 171.
D. NUMIDIE. De toute façon, voilà une preuve directe que le chris-
12 Felix a Bagai (= Ksar Baghai). tianisme, en Afrique comme partout ailleurs, avait
11 Secundinus a Cedias (= Henchir Ounkif). marché du même pas que la civilisation romaine, ou
8Crescens a Cirta (= Constantine).
71 Pudentianus a Cuiculi (Cuicul = Djemila).
76 Salvianus a Gazaufala (Gadiaufala = KsarSbai).
75 Pusillus a Lamasba (= Henchir Merouana).
6Januarius a Lambese (Lambæsis = Lambèse).
côtes que les évêchés abondent :
du moins qu'il avait profité pour progresser des voies
ouvertes par elle. Car ce n'est pas seulement sur les
Leptis magna, Oea,
Sabrata,Girba, Thænæ,LeptisMinor, Hadrumète, Hor-
rea Cælia, Neapolis, Carpis, Carthage, Utique, Hippo
79 Clarus a Mascula (= Khenchela).
13 Polianus a Mileo (Milev = Mila). :
Diarrhytus, Thabraca, Hippo Regius, Rusicade; ou à
proximité Segermes, Uthina, Thimida Regia,Sicilibba,
70 Verulus a Rusiccade (= Philippeville).

5
4Novatus a Thamogadi (Thamugadi = Timgad).
Nemesianus a Thubunas (Tubunæ = Tobna).
:
Membressa, Abitinæ, Thuccabor, Vaga, Cirta, Milev,
Cuicul; c'est aussi dans le centre du pays Thibar,
Agbia, Thugga, Sicca, Lares, Obba, Assuras, Zama,
15 Dativus a Vadis (autre leçon Badis, ad Badias = Mactaris,Sufes, Sufetula, Ammædara, Theveste, Ga-
Badès).
Appartiennent probablement à cette province
33 Felix a Bamaccora.
: diaufala, Cedias, Bagai, Mascula, Thamugadi, Lam-
:
bæsis, Lamasba; on en rencontre jusque dans les con-
trées désertiques et les oasis Thelepte, Capsa, Tubu-
7 Lucius a Castra Galbæ. næ, Ad Badias.
82 Litteus a Gemellis (on peut hésiter entre trois Au concile de septembre 256 on compte quatre-
Gemellæ : Mlili, au sud de la Numidie; Henchir Sidi vingt-sept présences, mais il n'est pas possible qu'au-
Aïch, au sud de la Byzacène; et Bel Haroug, en Mau- cun évêque n'ait été empêché d'y assister par la mala-
rétanie Sitifienne). die, la distance ou quelque autre circonstance que nous
60 Rogatianus a Nova(sans doute Noua Sparsa = ignorons; il suffit de rappeler les deux correspondants
Henchir el Atech). de Cyprien, Fidus et Jubaianus. D'autre part, les ad-
versaires du système préconisé par Cyprien — il sur ce texte grec on fit une traduction
VIIe siècle,
devait en exister surtout en Maurétanie — n'avaient syriaque. Hefele-Leclercq, Hist. des conciles, t. i,
pas dû répondre à la convocation. De sorte qu'en nous p.1116.
fondant sur le seul procès-verbal du concile, nous sous- Avant de reprendre le récit des événements jusqu'à
crirons volontiers à la conclusion de M. Harnack, Die la mort de Cyprien, il sera utile, je pense, de donner
Mission und Ausbreitung, 2e édit., 1906, t. II, p. 243, encore ici un tableau qui permettra d'embrasser d'un
245, qui attribue de 130 à 150 sièges épiscopaux à seul coup d'œil l'œuvre des conciles carthaginois de
l'Afrique à l'époque qui nous occupe. Ajoutons enfin, 251 à 256. Il a été préparé parM.Monceaux, Hist.littér.
pour montrer quelle importance on attribua, même de l'Afr. chrét., t. II, p.47-48, à qui je l'emprunte, en
en dehors de l'Afrique, à cette assemblée, que les y introduisant toutefois quelques modifications et des
Sententiæ episcoporum furent traduites en grec, Mansi, références bibliographiques pour la commodité du
t. i, col. 967-992; P. L., t. m, col. 1086-1100; et qu'au lecteur.

DATE PROVINCES ORDRE


NOMBRE DOCUMElWS
DOCUMENTS
DU REPRÉ- DU DÉCISIONS PRISES. BIBLIOGRAPHIE.
D^VÊQUES. SENTÉES.
CONSERVES.
CONCILE. JOUR.

251(prin- Cypria- ? Affaire Le concile pardonne aux libel- Lettres de Cy- Hartel, t.i, p.
temps — nus«etcol- des lapsi. latici; il impose une pénitence prienaupapeCor- 597-603, 606-608,
peut-être legae plu- -Schisme auxsacrificati, à moins qu'ils ne nelius,pour justifier 627-628, 636-637,
rimi.
un second
Epist.,»
concile en
automne) XLIV,1.
simus. — 17;LVI,2;LVII,1 LIX,13.
Schisme
;
deFelicis- soient mourants. Epist.,LV, 6 et
Excommunication de Felicissi-
l'attitude et les dé- 648-651, 676-678,
cisionsduconcile. 680-682; P. L.,
Epist., XLIV-XLV; t. m, col. 700-702,
Epist.,«Colle- de Nova- mus et des cinq prêtres rebelles. XLVIII. 710-712, 767-768,
tianus. Epist., LIX, 9. 783-784, 808-810,
XLIV, 1, et
XLVIII, 2.
Cf. Mon-

plures,
com-

XLVIII, 1.
» Excommunicationde Jovinus et
Maximus, partisans de Privatus.
812-817,853-855;
t. iv, col. 346-348;
ceaux,His- « Copio- Epist.,LIX,10.
Le concile envoie une députa-
t.
Mansi, I,col.833-
toire litt., susepisco- 864, 868-872; He-
t. il, p. 43- porum nu- tion à Rome pour faire une en- fele-Leclercq, t. i,
44. merus, » quête sur la double élection de p. 165-169, 1101.
LV, 6. Cornelius et de Novatianus; après
« Coepis- avoir reçu le rapport de ses délé-
coporum gués, il excommunie Novatianus
nostrorum et reconnaît officiellement Corne-
multorum,» ;
lius (Epist., XLIV, 1 XLV, 1,3-4;
LIX, 9. XLVIII, 2-4; LXVIII, 2); il en avise
Pluri-
« tous les évêques africains par une
morum sa- lettre circulaire. Epist., XLV, 1;
cerdotum,» XLVIII, 3.
LXII, 2.

252 42 Surtout Affaire Le concile pardonne à tous les Lettre collective Hartel, t. i, p.
(15 mai). laProcon- des lapsi. lapsi qui auront fait pénitence des42évêquesau 649-656; 666-691,
sulaire.
Monceaux,
-dePrivatus
Affaire (Epist.,LVI,3;LVII,1et5);mais
illeurinterditlesacerdoce.Epist.,
pape Cornélius.
Epist.,LVII.
741;P. L., t. m,
col. 796-829, 853-
op. cit., de Lam- LXVII, 6. Lettrede Cyprien 862, 1031; t. IV,
p.50. bèse. Leconcilerefused'entendrePri- au pape Cornelius. col.347-348;Mansi,
vatusdeLambèse..Episf.,LIX,10. Lettre LIX. t. i, col. 840-851,
Il envoie au pape Cornelius la 868-872, 909; He-
liste complète des'évêques catho- fele-Leclercq, t. i,
liques du pays. Epist., LIX, 9. p. 169-171,1103.

253 66 ? Affaire Le concile condamne l'indul- Lettrecollective Hartel, t. i, p.


(automne). des lapsi. gence de Therapius, évêque de des 66 évêques à 695-698; 717-720;
-Question Bulla, envers un prêtre renégat. Fidus sur le cas de P. L., t. ni, col.
du baptê- Epist.,LXIV. l'évêque Therapius 972-976,1014-1019;
me des en- Il décide qu'on peut baptiser les et sur le baptême Mansi,1.1,col.881-
fants. enfantsdèsleur naissance. Epist., desenfants. Epist., 882,900-902; He-
LXIV, 2 sq. LXIV. fele-Leclercq, t. i,
Envoi de félicitations au pape Lettre de félici- p. 169-171, 1105-
Lucius.Epist.,LXI. tationsadresséepar 1106.
le concile au pape
Lucius. Epist., LXI.

254 37 Surtout Affaire Le concile, sur la requête de Lettre collective Hartel, t. i, p.


(automne). laProcon- des évê- deux églises d'Espagne, se pro- des 37 évêques aux 735-743; P. L., t.
sulaire. quesrené- nonce pour la déposition de Basi- églises espagnoles ni, col. 1021-1034;
Monceaux, gats d'Es- lides et de Martialis,deux évêquesdeLegio-Asturica Mansi,1.1,col.906-
op. cit., pagne. il
libellatiques; blâmel'indulgence et d'Emerita. 910; Hefele-Le-
p. 54. du pape Stephanus, qui avait Epist., LXVII. clercq, 1.1, p. 171-
approuvéla réintégration des deux 172,1106-1107.
renégats. Epist., LXVII, 5-6.
DATE PROVINCES ORDRE
NOMBRE DOLUMKNTS
DU REPRÉ- DU DÉCISIONS PRISES. BIBLIOGRAPHIE.
D'ÉVÈQUES. SE;VjrÉES. CONSERVÉS.
CONCILE. JOUR.

255 31 Id. Mon- Affaire Le concile se prononce pour le Lettrecollective Hartel, t. i, p.


(automne). ceaux,op. du baptê- maintien dela tradition africaine, de 31 évêques à 766-774; P. L.,
cit., p. 56. medes hé- et invite à rebaptiser les héréti- 18 évèq. numides, t. III, col. 1036-
rétiques. quesouschismatiquesquireve- Epist.,LXX. 1044, 1103-1109;
naient à l'Eglise. Epist.,LXX, cf. Lettre de Cy- Mansi, t. i, col.
; ;
ibid.,LXXI,1 LXXII,1 LXXIII, 1. prien à Quintus 923-926; Hefele-
Leclercq, t. I,
- pour justifierladé- p.
cision du concile. 172-175, 1107-1112.
Epist., LXXI.

256(prin- 71 Tam Affaire Le concile confirme les résolu- Lettrecollective Hartel, t. i, p.


temps).
«
provinciœ
se du baptê- tions de l'assemblée précédente, des 71 évêques au ;
775-809P.L.,t. m,
Afric medes hé- Epist.,LXXIII,1. pape Stephanus col.1046-1050,1110-
quam Nu- rétiques. Il notifie sa décision au pape pour lui notifier la 1137; Mansi, t. i,
midise e- Stephanus. Epist.,LXXII, 1-2. décision prise à col. 897-900, 928-
piscopi. Carthage. Epist., 932; Hefele-Le-
Epist.,» clercq, t. i, p. 175-
LXXIII, 1. LXXII.
Lettres de Cy- 176,1112-1113.
prien à Jubaianus
et à Pompeius, pour
défendre les résolu-
tions des deux con-
ciles précédents.
Epist.,LXXIII-
LXXIV.

256(ltrsep- 87 (( Epis- Affaire Le concile approuve et confirme Procès-verbal de Hartel, t. i, p.


tembre). copi plu- du baptê- à l'unanimité les résolutions pré- la séance et du 435-461; P. L., t.
rimi ex medeshé- cédemment arrêtées et proteste vote du 1" sept. ni, col. 1052-1078;
provincia rétiques. contre les prétentions du pape Sententiœ episco- Mansi, 1.1, col. 951-
AfricaNu- Stephanus. Sententiœ episcopo- 992; Hefele-Le-
midiaMau- porum numéro
rum. L.YXXI'I[dehæl'e- clercq, t. i, p.177-
ritania. D ticis baptizandis. 178, 1113-1118.
Senten-
tiœ epis-
eoporum.

C'est à l'unanimité qu'avait été prise la décision attitude. On s'est bien souvent demandé si les oppo-
synodale du 1er septembre 256. Les menaces de Ste- sants et en particulier celui qui était l'âme de la résis-
phanus n'avaient donc détaché de Cyprien aucun de tance, l'évêque de Carthage, avaient été formelle-
ses partisans. Bien plus, « pour donner plus d'éclat à ment excommuniés. Ainsi posée la question manque
la manifestation que l'on venait de faire et pour s'en- de précision, et M. d'Alès, ibid.,p. 388, cf. p. 387-390,
courager à la résistance par l'exemple d'autrui, on a raison d'écrire qu' « il ne saurait être question à
chercha tout aussitôt à nouer des relations avec les cette date que d'une rupture officielle de relations, »
églises d'Asie-Mineure et d'Orient qui, observant le non d'une sentence d'excommunication proprement
même usage, se trouvaient engagées dans la même con- dite. De fait, les rapports cessèrent pendant près
troverse avec le pape. » Duchesne, Hist. anc. de d'une année entre Rome et l'Afrique. On ne sait
l'Église, 3e édit., t. I, p. 428. On obtint l'adhésion très trop comment la crise aurait pris fin, si la mort du
nette du célèbre évêque de Césarée, Firmilianus, qui pape ne l'eût terminée d'une manière très inattendue.
écrivit à Cyprien une lettre fort dure pour le pape.
Cypr., Epist., LXXV, édit. Hartel, t.II, ;
p. 810-827 P. L.
t. III, col. 1154-1178; Mansi, t. I, col. 911-922.
Il décéda le 2 août 257. Son successeur, Xystus II,
tout en maintenant l'usage romain au sujet du bap-
tême, renoua avecl'Afrique et l'Orient, et laissa au
Pourtant, si l'on en juge par les écrits de l'évêque temps le soin d'établir l'uniformité dans la discipline
de Carthage (voir les références dans Aug. Audollent, baptismale. Sous Constantin, l'usage pratiqué par
Carth. rom., p. 495), un vrai désir de concorde restait Agrippinus et Cyprien était encore en vigueur dans
au fond du cœur des Africains, et l'on a justement noté les églises d'outre-mer; il fut réformé par le 8ecanon
chez leur chef, qui Il tenait par toutes les fibres de son du concile d'Arles (314). La condescendancedu nou-
âme à l'unité de l'Église,.l'allianced'intentions excel- veau pape parut douce aux Africains que la rigueur
lentes avec une théologie erronée sur certains points. » de Stephanus avait irrités.
D'Alès, La question baptismale, p. 391-392. La vivacité Aussi bien l'heure n'était plus aux discussions théo-
des attaques contre Stephanus ne faisait pas oublier logiques. Valérien venait de lancer un édit contre
qu'il gouvernait, en qualité de successeur de Pierre, l'Église (août 257), qui visait spécialement le haut
« l'église principale, source de l'unité de l'épiscopat,» clergé, évêques, prêtres et diacres. Sans leur interdire
ad Petri cathedram atque ad ecclesiam principalem d'honorer Dieu en particulier, on leur enjoignait de
unde unitas sacerdotalis exorta est. Cypr., Epist., LIX, sacrifier aux divinités de l'Empire, sous peine d'exil.
14, Hartel, t. II,p.683; P. L., t. III, col. 818. Mais la Cyprien, aussitôt appréhendé, comparutdevant le
solennelle déclaration des quatre-vingt-sept n'était proconsul Aspasius Paternus (30 août), et son refus
pas pour engager Stephanus à se départir de sa sévère de sacrifier et de livrer ses prêtres lui valut d'être
relégué à Curubis (Kourba, sur la côte orientale de nés et embrigadés dans les domaines de l'empereur. >
la Tunisie, au sud de la presqu'île du cap Bon). En même temps des lettres étaient expédiées aux
Quelques membres de son clergé l'y accompagnèrent, gouverneurs de provinces pour les inviter à exécuter
en particulier le diacre Pontius, son historien. D'autres ces ordres. En conséquence, le proconsul Galerius.
sans doute, autour de lui, subirent un sort analogue, Maximus fit rappeler Cyprien de Curubis, lui enjoignit
mais nous manquons de preuves pour l'affirmer. Nous de sacrifier aux idoles, et ne pouvant l'y amener, ren-
sommes plus au courant de ce qui se passa en Numidie. dit contre lui une sentence capitale, qui fut exécutée
Le légat impérial, appliquant d'une façon particuliè- sans retard (14 septembre 258). Le clergé s'occupa
rement rude les prescriptions de l'édit, condamna de soustraire le corps de l'évêque à la curiosité des
aux mines et à la prison, après les avoir fouettés, des païens, accourus nombreux à ce spectacle. On le trans-
prêtres, des diacres et même des fidèles et des vierges. porta de nuit, en grande pompe, au lieu préparé pour
Cypr.,Epist., LXXVI, 1-2; LXXVII, 3, édit. Hartel, t. i, sa sépulture (areaMacrobii). Plus tard deux basiliques
p. 827-830, 835; P.L., t. IV, col. 414-417, 421. Peut- s'élevèrent, l'une en cet endroit même (memoria Cy-
être, suivant la conjecture de Mgr Duchesne, Hist. anc. priani), l'autre à l'ager Sexti sanctifié par sa mort
de l'Église, t. i, 3e édit., p. 378, avaient-ils enfreint la (mensa Cypriani). Sa mémoire demeura en vénération
défense de tenir des assemblées. On les répartit par non seulement à Carthage qu'il avait illustrée, mais
groupes dans les mines, sans doute celles de Sigus aussi dans toute l'Afrique chrétienne dont il était le
(metallum siguense), à une dizaine de lieues au sud-est chef et le guide; on célébra sa fête tous les ans avec
de Cirta (Constantine). Voir Gsell, Atlas archéol. de solennité, et les restes des autres martyrs furent dé-
l'Algérie, feuille 17, Constantine, n. 335, p. 30. Cyprien posés auprès de son tombeau, comme une escorte
connaissait bien ceux de ses collègues ainsi suppliciés, d'honneur.
Nemesianus, deux Felix, Lucius, Litteus, Polianus, Si émouvante qu'ait été cette fin, et si glorieux que
Victor, Iader et Dativus; ils avaient assisté au concile fût le condamné, le supplice de Cyprien ne fut, pour
de septembre 256. Aussi était-il naturel qu'il essayât ainsi dire, qu'un épisode de la persécution. Sans parler
de les soulager dans leur détresse. D'ailleurs, sa situa- des confesseurs qui avaient succombé dans les mines
tion prépondérante sur toutes les chrétientés africaines dès 257, Cypr., Epist., LXXVI, 1, édit. Hartel, t. i, p.828;
lui en faisait une sorte de devoir. Mais confiné lui- P. L., t. IV, col. 415, avant lui déjà avaient été mis
même dans une autre ville que la sienne, surveillé par à mort ensemble à Utique une multitude de chrétiens,
la police, il ne saurait se rendre auprès d'eux. Du qu'on prit de bonne heure l'habitude de désigner sous
moins leur adresse-t-il, avec ses plus affectueuses féli- le nom quelque peu énigmatique de Massa candida.
citations pour leur constance, ses fraternels encoura- Voir ce mot. C'est pour présider à cette hécatombe,
gements. CyprEpist., LXXVI, édit. Hartel, p. 827-833; vers le 18 ou le 24 août, que le proconsul retarda le
P. L., t. IV, col. 414-419. Il y ajoute des secours maté- procès de Cyprien. Quelques mois après, 26 jan-
riels que plusieurs clercs parviennent à distribuer aux vier 259, ce fut le tour de l'évêque d'Hippone, Theo-
détenus. De cette double manifestation de sa charité, genes, l'un des membres du concile de septembre 256,
ceux qui en sont les bénéficiaires lui expriment en qui périt avec trente-six compagnons. Puis, peut-
plusieurs lettres leur vive reconnaissance.Epist., être de Nemesianus, évêque de Thubunæ et de Iader,
LXXVII-LXXIX, édit. Hartel, p. 834-839; P. L., t. IV, évêque de Midili, présents tous deux aussi à cette
col. 420-424. Çà et là les documents hagiographiques même assemblée, et tous deux ensuite condamnés aux
signalent encore des membres du clergé atteints par mines. Nemesianus et ses compagnons ont dû mourir
la persécution, par exemple, les évêques numides pour la foi le 10 septembre 258 ou 259. Monceaux,
Cyprien, Passio Jacobi et Mariani, 2-3 ;
Agapius et Secundinus, condamnés à l'exil comme
Ruinart,
Acta martyrum, p. 224. De tous ces textes il paraît
Hist. litt. de l'Afrique chrét., t. II, p. 141. Tout porte
à croire que, comme Cyprien, ils furent, après le nou-
vel édit de Valérien, enlevés à leur première peine
bien résulter que la Numidie fut particulièrement pour en subir une autre plus grave. Nous savons du
éprouvée. Cependant, comme ils ne représentent cer- moins de façon formelle que tel fut le cas d'Agapius
tainement qu'une petite partie des faits, bornons-nous et de Secundinus, ce dernier, selon toute vraisem-
à constater ce qu'ils contiennent, sans prétendre en blance, évêque de Cedias, encore un assistant aux
tirer des conclusions trop générales. grandes assises de 256 : on les ramena d'exil pour les
Pendant sa relégation d'une année, comme au temps livrer au gouverneur (29 ou 30 avril 259). Le docu-
de sa retraite volontaire, en 250, Cyprien n'avait pas ment hagiographique qui nous a transmis le souvenir
cessé d'être en relations avec son peuple, avec ses col- de ces deux personnages, en même temps qu'il montre
lègues, avec toute l'Église d'Afrique. On venait le vi- avec quelle ardeur les chrétiens étaient recherchés,
siter, prendre ses conseils, recevoir ses instructions,
Vita Cæcilii Cypriani,12,14, édit. Hartel, t. II, p. CII,
CV; P. L., t. m; col. 1492, 1494; il s'intéressait au sort
:
nous raconte d'une façon vraiment touchante les
souffrances de plusieurs d'entre eux Passio sancto-
rum Jacobi, Mariani et aliorum plurimorum martyrum
martyrum,
des confesseurs, nous venons d'en donner la preuve, in Numidia. Ruinart, Acta p. 223-229. Ar-
mais surtout il s'efforçait de soutenir de tous côtés le rêtés dans les environs de Cirta, Jacobus et Marianus
courage des chrétiens, se préparant aussi lui-même
à la mort dont Dieu lui avait donné le pressentiment
et qu'il appelait de tous ses vœux. Il ne tarda pas à
;
comparurentdevant les autorités, qui les mirent en
prison, après les avoir torturés avec eux se trouvaient
des clercs, un chevalier romain, Æmilianus (col. 653),
être exaucé.Valérien lança d'Orient, où il était occupé et de simples fidèles, en particulier deux jeunes femmes,
à combattre les Perses, un second édit qui aggravait
:
le premier (juillet 258). Voici, d'après l'évêque lui-
Antonia et Tertulla. A Lambèse, où ils furent tous
transférés, on les partagea en deux groupes les :
;
même, quelle en était la teneur «les évêques, prêtres
et diacres doivent être exécutés sur-le-champ les séna-
teurs et les chevaliers romains seront dégradés, privés
de leurs biens et, s'ils persistent à se déclarer chrétiens
laïques qui avaient sans doute contrevenu à l'article
du premier édit prohibant les réunions du culte, pé-
rirent d'abord; quelques jours après, ce fut le tour
des membres du clergé (6 mai 259).
après cette confiscation, décapités eux aussi; les ma- Une autre pièce, où abondent les invraisemblances
trones seront soumises à la confiscation, puis exilées; et les erreurs, et qui doit par conséquent être consul-
quant aux césariens (employés des domaines impé- tée avec une extrême prudence, renferme cependant
riaux) qui ont avoué ou qui avoueront leur qualité de quelques données authentiques. Il est fort possible,
chrétiens, ils seront dépouillés de leurs biens, enchaî- par exemple, que les nombreuses victimes énumérées
dans ces Acta Mammarii, Donati et aliOrlllTI, dans relations de martyres, auxquelles il ne m'était permis
Acta sanctorum, 1698, jun. t.II, p. 267-271, aient réelle- de faire que de rapides allusions, signale dans l'applica-
ment souffert pour la foi. Ce sont un prêtre, Mamma- tion des ordres impériaux des procédés différents
rius; des diacres, Felix et Victorianus; des laïques, suivant les régions; en Numidie, « où commande un
Albinus, Donatus, Libosus, Laurentius, Faustinianus, soldat, la persécution prend naturellement une phy-
Ziddinus, Crispinus, Leucius, Faustinus et leurs com- sionomie toute militaire, » ibid., p. 161; ailleurs les
pagnons; enfin deux femmes, Fausta et Faustina. Ces choses traînaient souvent en longueur, et les prisons
chrétiens, arrêtés dans plusieurs villes, à Lambèse, à étaient pleines. Partout, du reste, on aboutissait au
Thamugadi (Timgad),en Numidie, au lieu ditAd cen- même résultat, et les fidèles tombaient nombreux en
tum Arbores, à Vicus Tigisi, sont emprisonnés à Vaga exécution des ordres de Valérien. Le clergé se vit dé-
(Béja), en Proconsulaire, puis martyrisés, peut-être
le 10 juin 259, à Boseth Amphoraria, localité jusqu'ici
inconnue. La part de l'interpolation une fois faite, et
:
cimer, les évêques furent encore moins épargnés que
les autres sur les quatre-vingt-septmembres du con-
cile de 256 les textes hagiographiques en nomment
très large, nous n'en avons pas moins ici un nouveau dix contre qui sévirent les magistrats. Si l'on réfléchit
témoignage de l'intensité de la persécution à travers à la rareté des documents parvenus jusqu'à nous, on
les provinces. n'hésitera guère à penser qu'une grande partie de
La Passio sanctorum Montant, Lucii et aliorum l'épiscopat africain paya tribut à la persécution. Son
martyrum Africanorum, Ruinart, Acta martyrum, chef lui avait du reste donné l'exemple. Après l'avoir
priani,17,Hartel, t.
p. 230-238, nous ramène à Carthage.Dans sa Vita Cy-
II, p. CVIII; P. L., t. III, col. 1496,
guidé pendant sa vie dans le chemin du bien, il sut, le
premier en Afrique, montrer à tous par sa mort quel
le diacrePontius donne nettement àentendre que beau-
coup dechrétiens y partagèrent le sort de l'évêque
Documento autem suis fuit, qui multis pari genere se-
: doit être le courage d'un évêque et son attachement à
sa croyance. Sic consummata passione perfectum est,
ut Cypriamis qui bonorum omnium fuerat exemplum
cuturis prior in provincia martyrii primitias dedicavit. etiam sacerdotales coronas in Atrica primus imbueret.
Sanciri etiam cœpit ejus sanguine disciplina sed mar- Pontius, Vita Cypriani, 19, éd. Hartel, t. II, p. CIX;
tyrum, qui doctorem suum imitatione gloriæ consimilis P. L., t. III, col. 1498. M. Harnack, Die Mission, t. II,
æmulati ipsi quoque disciplinam exempli sui proprio p. 237, n. 4, croit qu'il est ici question du clergé en
cruore sanxerunt. La relation dont on vient de lire général et qu'aucun de ses membres n'avait été mar-

:
le titre nous a conservé les noms de quelques-uns
d'entre eux d'abord un groupe de cinq personnages,
Lucius, Montanus, Flavianus, Julianus et Victoricus,
tyrisé avant 258; il me paraît difficile d'accepter cette
opinion.
IV. LE DONATISME. — Pendant la querelle baptis-
dont les souffrances sont racontées tout au long, et male, l'épiscopat africain avait fait preuve d'une par-
qui appartenaient, semble-t-il, au clergé; puis une faite solidarité. Groupés alors autour de l'évêque de
série d'autres, qui traversent incidemment cette tra- Carthage, la plupart de ses collègues partagent ses
gique histoire et dont les rapports avec les précédents idées et le soutiennentde leurs votes dans les réunions
n'apparaissent pas toujours clairement. Ce sont trois
chrétiens arrêtés en même temps qu'eux et qui succom-
bèrent dans leur cachot, Primolus, Renus et le cathé-
à l'avis de la majorité:
synodales. Certains dissidents se rangent peu à peu
c'est le cas de Jubaianus, à
cumène Donatianus; le prêtre Victor, une dame du ;
qui Cyprien écrivit une lettre si importante sur la ques-
tion en litige, Epist., LXXIII, éd. Hartel, t.1, p. 778-779
;
nom de Quartillosa, que les autres rencontrèrent en
prison tous les deux furent mis à mort
— le mari et
le fils de Quartillosaavaient subi lemême sort troisjours
P.L., t. III, col. 1153; d'autres persistèrent dans leur
opinion, du moins on l'a prétendu des évêques de Mau-
rétanie (voir ci-dessus, col. 746); toutefois, nulle part
auparavant — enfin, deux évêques, Successus et on ne constate qu'ils aient jamais formé un parti d'op-
Paulus, le premier sans doute d'Abbir Germaniciana, position bruyant. La période du donatisme, que nous
le second d'Obba, en Proconsulaire, exécutés un peu abordons maintenant, offre un tout autre caractère.
auparavant avec d'autres fidèles, cum comitibus suis L'Afrique, si unie jusqu'alors, se divise; c'est à une
coronati. Passio Montani, 21, Ruinart, p. 237. Les lutte intestine, non plus à une discussion avec les
tourments des cinq principaux inculpés se prolon- Églises d'outre-mer, que nous allons assister. L'em-
gèrent à travers toute sorte de péripéties. Une émeute, pereur, le pape, les conciles de Gaule et d'Italie, se
qui suivit de près la mort de Cyprien, avait servi de mêlent au débat, mais uniquement pour pacifier ou
prétexte au proconsul pour rechercher à nouveau les réprimer; on refuse de les entendre ou on leur tient
chrétiens. On mit la main sur Montanus et ses compa- tête. Et ce déplorable schisme, avec des alternatives de
gnons, qui restèrent incarcérés jusqu'au printemps de calme et de violence, se perpétua au delà du IVe siècle.
l'année suivante; leur supplice eut lieu les 23 et 25 Sans doute les hostilités ne commencèrent pas au len-
mai 259. Les autres avaient péri pendant les pre- demain de la mort de Cyprien. Son puissant génie
miers mois de cette même année. Tous,formés à l'école avait si fortement agi sur tous ses collègues, que le
de Cyprien, s'efforcèrent de se montrer ses vrais dis- faisceau des bonnes volontés lié par lui ne pouvait
ciples, pro religione et fide quam Cypriano docente didi- pas se rompre aussitôt. Il ne fallut rien moins que l'ac-
cerant. Passio Montani, 23, Ruinart, p. 234. Il faut cès aux dignités ecclésiastiques d'une génération nou-
sans doute rapporter encore à Carthage et à cette velle pour que le dissentiment éclatât. Plus de quarante
même période de 259 le martyre de Leucius, évêque années s'écoulèrent donc pendant lesquelles régna
de Theveste, confessor et martyr in Fausti posilus, une paix au moins relative. L'édit de tolérance de
selon le Codex Veronensis des Sententiæ episcoporum, Gallien, vers 260, avait mis fin aux rigueurs instituées
31, Hartel, t.1, p. 448, et de Libosus, évêque de Vaga, par Valérien, et les nouvelles mesures coercitives or-
qualifié dans le même ms. de confessor et martyr in données par Aurélien, en 274, ne paraissentpas avoir été
novis areis positus, ibid., 30; leur collègue de Buruc, appliquées en Afrique. De cette période obscure
Quietus, appelé simplement confessor, ibid., 27, s'il ne quelques noms à peine survivent, ceux de Lucianus
paraît pas avoir donné sa vie pour la foi, souffrit du qui fut, selon toute vraisemblance, le successeur de
moins pour elle. Cyprien, Passio Montani, 23, Ruinart, Acta martyrum,
Ainsi à travers l'Afrique, et tout spécialement en 1713, p. 238; de Carpophorius, et peut-être de Cyrus,
Proconsulaire et en Numidie, la persécution se pour- qui auraient occupé aussi le siège de Carthage avant
suivait avec violence. M. Monceaux, qui a étudié de l'année 303. Cf. Monceaux, Hist. litt. de l'Afr. chrét.
très près, Hist. litt. de l'Afr. chrét., t. II, p. 141-178, ces t. III,p.4;Aug.Audollent, Carth. rom., p. 467,506,827.
Ailleurs rien ne révèle la vie; et pourtant les chré- à lui; l'armée, l'aristocratie locale, fournissent de nom-
tientés africaines poursuivaient silencieusement leur breuses recrues qui, souvent, lui rendent un public té-
marche en avant. Il est facile de s'en rendre compte moignageet le confessent de leur sang. Aussi ne devons-
en comparant les faits que nous révèlent les documents nous pas être surpris si cette religion n'est désormais
des premières années du IVe siècle, avec ceux que nous plus secrète. Aux églises naissantes du temps de Sep-
avons rencontrés dans les écrits contemporains de time Sévère il était possible de dissimuler les noms
Cyprien. Bien qu'ils diffèrent sur les chiffres, M. Har- des fidèles et leurs modestes assemblées; cent ans plus
nack, Die Mission, t. II, p. 245, et M. Monceaux,Hist. tard, la police et les magistrats ne pouvaient plus igno-
litt., t. III, p. 5, s'accordent pour dire que le nombre rer les développements pris par ces associations reli-
des évêques s'accrut considérablement de 260 à 303. gieuses dans lesquelles plus d'une fois ils devaient
Qu'il ait passé de cent cinquante à deux cent cin- compter des parents ou des amis.
quante environ, comme le croit le premier, ou de cent Pourtant les chrétiens ne constituaient encore, dans
à deux cents, comme le pense le second, ce serait, de l'ensemble du pays et même sans doute dans les villes,
toute manière, une augmentation d'une centaine de qu'une minorité devant laquelle le paganisme n'enten-
sièges qui se serait produite pendant ces quarante ans dait pas abdiquer. On constatependant toute cette pé-
de tranquillité, où la force latente du christianisme riode que les anciens cultes n'ont guère perdu de leur
avait pu agir sans entraves. éclat. Celui de Cælestis, la grande déesse de Carthage,
« Naturellement, c'est dans les provinces de l'Est, est toujours populaire; les dieux gréco-romains et les
de beaucoup les plus civilisées et les plus peuplées, dieux indigènes continuent à avoir des adorateurs; la
c'est en Proconsulaire et en Numidie, que l'on rencon- religion impériale est plus que jamais le symbole du
trait alors le plus grand nombre de communautés. loyalisme. Tous les tenants des vieilles superstitions,
En dehors des Églises déjà constituées au milieu du citadins ou campagnards, esprits cultivés ou ignorants,
Ille siècle, nous constatons l'existence d'évêchés nou- étaient assez d'accord pour résister à l'envahissement
veaux, ou antérieurement inconnus de nous, à Thi- progressif du christianisme et pour attribuer à l'im-
biuca, à Abthugni, à Casæ Nig:'æ, à Thagaste, à piété de ses adeptes les maux qui désolaient alors les
Calama, Centuriana (ou Centurionis), Aquæ Thibi- provinces africaines, famines, épidémies, surtout les
litanæ, Garbe, Limala, Rotarium, Tigisi. Les Actes ravages de la Maurétanie par les sauvages tribus du
des martyrs ou les Martyrologes attestent aussi la pré-
paravant la géographie de l'Afrique chrétienne à
Uzalis, à Maxula,
:
sence de fidèles dans plusieurs localités qu'ignorait au-
à Thagura,dans la Cephalitana pos-
sud, Babares et Quinquegentanei.
Afin de réprimer une bonne fois cette révolte qui
menaçait de s'éterniseret qui dura de fait près de dix
ans (289-298), l'empereur Maximien passa en Afrique.
sessio, près de Thuburbo. Dans les régions les plus di- En même temps qu'il poursuivait avec vigueur les
verses de ces provinces dès longtemps évangélisées, indigènesrebelles, il dut sans doute essayer de rétablir
depuis Carthage ou Hadrumète jusqu'à la frontière dans les troupes une stricte discipline. Les soldats et
occidentale de la Numidie, on suit le progrès du chris- même les officiers chrétiens n'étaient pas rares. Com-
tianisme; et nous laissons de côté tous les faits qui ment conciliaient-ils toutes leurs obligations profes-
prouvent simplement la persistance ou le développe- sionnelles avec les exigences de leur foi? Il est probable
ment des anciennes communautés, comme celles de que, pendant la période précédente, les chefs avaient
Carthage, d'Utique,d'Abitinæ, d'Hadrumèle, de fait preuve d'une large tolérance et fermé plus d'une
Theveste, de Maxula, de Cirta, d'Hippone, de Rusi- fois les yeux, si un chrétien s'abstenait dans les céré-
cade, de Milev, etc. Mais c'est en Maurétanie surtout monies religieuses ou dans les détails du service incom-
que la religion nouvelle a gagné du terrain. Au milieu patibles avec ses croyances. Quand Maximienordonna
du IIIe siècle, nous n'avons pu qu'y entrevoir quelques
groupes de chrétiens dans les principales cités mari-
times. Au début du IVe siècle, les Maurétanies comp-
;
de faire observer les règlements à la lettre il en résulta
aussitôt de douloureux conflits ce fut le signal d'une
série d'exécutions, entre 295 et 299. Il n'est pas néces-
taient certainement d'assez nombreuses Églises, qui saire, pour en rendre compte, de supposer une épu-
avaient déjà leurs cimetières particuliers et qui ration générale de l'armée en vertu d'un édit impérial.
allaient avoir leurs martyrs. » En Sitifienne, sur- Cette mesure, appliquée en Orient, n'eut, semble-t-il,
tout Sitifis et Satafis; en Césarienne, Rusuccuru, aucun effet en Afrique. La présence du prince suffit à
Tipasa, Cæsarea, d'autres encore. « Cæsarea, capitale expliquer ce retour de sévérité contre les soldats,pour
administrativede la Césarienne,paraît avoir été aussi le motif d'indiscipline, en Numidie et en Maurétanie.
centre de la propagande chrétienne dans l'Afrique Une des plus intéressantes parmi les victimes est le
occidentale. Cette propagande, désormais, s'aventure conscrit Maximilianus de Theveste. Le 12 mars 295,
loin des grandes villes, sur les plateaux de l'intérieur, ce jeune homme est présenté par son père au recru-
ou sur les côtes de l'ouest, jusqu'en Tingitane. » Les
inscriptions nous révèlent, au commencement de ce
même siècle, des chrétiens ou des martyrs, à Auzia, à
:
tement; on le déclare bon pour le service. Mais lui aus-
sitôt de s'écrier « Je ne peux pas être soldat; je ne
peux pas faire le mal; je suis chrétien. » Et malgré les
à
Cartenna,à Oppidum Novum, à Tigava, CastellumTin- exhortations les plus pressantes du proconsul, il per-
gitanum, à Altava et jusque dans la lointaine Tingi,
près des colonnes d'Hercule. « Sans doute, l'on ne doit
point s'exagérer l'importance des communautés, dans
:
siste dans cette attitude, qui lui vaut une condamna-
tion à mort il avait un peu plus de vingt et un ans.
Acta S.Maximilianimartyris, Ruinart,Actamartyrum,
ces régions de Maurétanie où le paganisme se défendra 1713, p. 300-302. Fabius le vexillifer était un officier,
durant des siècles. Il est certain pourtant que, dès la
fin du IIIe siècle, laprédication chrétienneavait obtenu
de sérieux résultats dans ces pays à demi barbares. »
en garnison à Cæsarea de Maurétanie; dans une grande
cérémonie à laquelle l'armée devait prendre part
le 31 juillet, peut-être de l'année 299 — il refusa de
-
Monceaux, Hist. litt. de l'Afr. chrét., t. III, p. 6-8. porter son enseigne. Emprisonné pour désobéissance,
Cf. Harnack, Die Mission, t.II, p. 252-254, 281. il se proclama hautement chrétien et fut lui aussi déca-
En même temps qu'il gagnait en étendue, le chris- pité. Son corps, jeté à la mer en morceaux, puis recon-
tianisme pénétrait chaque jour davantageau cœur de la stitué miraculeusement, put être recueilli et enseveli
société païenne; il s'introduit dans les hautes classes par ses frères les fidèles de Cartenna. Passio S. Fabii
qu'il avait pu effleurer jusqu'alors mais qui résistaient vexilliferi, dans les Analecta bollandiana, 1890, t. IX,
encore dans leur ensemble. Ce ne sont plus seulement p. 123-134. Le vétéran Typasius vivait en paix, à la
les lettrés, comme Tertullien ou Cyprien,qui viennent façon d'un ascète, en Maurétanie Césarienne. Lors de
la campagne de Maximien contre les Maures, il est d'églises; le troisième,de les contraindre à sacrifier par
rappelé sous les drapeaux, s'abstient de répondre à la tous les moyens; le quatrième, enfin (printemps de
convocation et est traduit devant un magistrat, peut- 304), enjoignait à tous les chrétiens de sacrifier aux
être le gouverneur de la province, qui le menace du dieux, sous peine de mort. Dans quel état ces ordres
supplice réservé aux déserteurs. « Je ne suis pas un dé- d'une exceptionnelle rigueur, et qui dépassaient de
serteur, répond le vieux soldat. Comme tous mes conci- beaucoup ceux de Dèce et de Valérien, trouvèrent-ils
toyens le savent, j'ai servi sans mériter de reproche. les fidèles d'Afrique? Comme au début de l'épiscopat
J'ai reçu mon congé honorable avec des compliments de Cyprien, « comme toujours, la longue paix religieuse
de l'empereur Maximien. » Malgré ses beaux états de et la prospérité des Églises avaient eu pour effet de
service, malgré la sympathie qu'il inspirait à tous, le compromettre la discipline. En 303, se trahit sur bien
brave Typasius paya de sa tête sonrefus réitéréd'obéir, des points, principalement à Carthage et en Numidie,
le 11 janvier probablement de l'année 298. Passio l'affaiblissement de la foi et des liens hiérarchiques.
S. Typasii veterani, dans les Analecla bollandiana,
1890, t. IX, p. 116-123. C'est à l'extrémité occidentale
de l'Afrique que nous transportent les Acta Marcelli, à
:
Les vices internes de ce temps nous sont révélés par de
nombreux faits apostasie de fidèles, même d'évêques,
aux premières menaces de persécution; impudence des
Tingi (Tanger), capitale de la Maurétanie Tingitane. évêques renégats et du sanguinaire Purpurius, dans
Marcellus, centurion de la legio Trajana, s'abstint de leur réunion de Cirta,en 305; révolte des dévots et des
prendre part aux réjouissances célébrées en l'anni- intrigants de Carthage contre l'évêque Mensurius et
versaire de la naissance de l'empereur, et, lançant loin son archidiacre Cæcilianus; malhonnêteté des seniores
de lui ses insignes, déclara en pleine fête qu'il abandon- de Carthage qui dilapident le trésor de leur Église; in-
;
nait l'armée. Son sort fut le même que celui des pré-
cédents sa mort eut lieu le 30 octobre, on la place par
hypothèse en 298. Acta S. Marcelli centurionis et mar-
subordination des clercs, comme ces deux prêtres car-
thaginois qui, après avoir été candidats à la succession
de Mensurius, devinrent les ennemis irréconciliables
tyris, Ruinart, Acta martyrum, 1713, p. 302-304. En de leur concurrent heureux; jalousie frondeuse des
entendant prononcer la sentence capitale, le greffier évêques numides, qui, sans attendre une enquête sé-
dujuge,à son tour, jeta ses tablettespournepoint enre-
gistrer arrêt injuste. Ce Cassianus fut traité
rieuse, n'hésitent pas à déposer leur collègue de
Carthage et à déterminer un schisme; succès rapide du
un comme
Marcellus et périt avec le même courage, le 3 décembre donatisme, qui recrute des adhérents et des complices
de la même année. Passio S. Cassiani Tingitani mar-
tyris, ibid., p. 304-305. Tous ces cas sont analogues
Marcellus le centurion, le conscrit Maximilianus, le
: parmi les renégats et les mécontents, depuis les
évêques jusqu'aux paysans de Numidie. Ce relâche-
ment de la discipline dans les communautés afri-
porte-étendard Fabius, le vétéran Typasius périssent caines explique d'avance beaucoup des incidents de la
victimes de leur insoumission à la loi militaire. Plus in- persécution et beaucoup des événements qui sui-
transigeants que le soldat dont Tertullien célébrait le vront. » Monceaux, op. cit., p. 20.
courage dans le De corona, plus scrupuleux que tant Eusèbe nous apprend à la fois que la crise ne dura
d'autres de leurs frères qui remplissaient alors les ar- pas plus de deux ans en Afrique, Martyr. Palest., XIII,
mées, ces enthousiastes ne pouvaient échapper aux 12, édit. E. Schwartz, 1908, t. II, pars 2, p. 949;P. G.,
conséquences de leurs actes dans un moment où Maxi- t. XX, col. 1517 : 'I-xXi'a irâca y.aiHi/.s/.iaPaXXîxTïxai
mien cherchait à restaurer l'antique sévérité de la dis- oO'x xlXr Suéfievov ïjXcov ETÙ Suaytav Mauptravcav TÏ xal
cipline. Asptxr|V, O-JÔ'OXOI; ETsaiv SuaiTOÎÇTipwrot; TO-J ocwyjj.ou
Il est probable qu'ils eurent des imitateurs. Mais xbv TtâXsjJ.ov "JKO[j.£tvavTa, Taytarr,; çLC:)6IJO'a'l ÈTuaxoTiri;
ces supplices individuels, dont le motif est précis et te Osou xlXl eîpïjvr,; et qu'elle y fut particulièrement
identique, ne sauraient être rattachés à des mesures terrible, Hist. cccl., VIII, VI, 10, édit. Schwartz, t. II,
générales édictées contre les chrétiens. C'est seulement pars 2, p. 752; P. G., t. xx, col. 756 llùjç av TTXXIV
un peu plus tard qu'éclata la grande persécution dont ~ÈvraOùaTWVy.xÛ'è-/.âaxrlw Èirapyjav f/'P't'.pwv àpiSfxrjaôiîv
l'Afrique eut tant à souffrir, non seulement par les ~TI;TOTrXrjÔo;y.ai u.y.ma.ttovy.aiàTr(v Azip'.y.r^ XXt TO
victimes qu'elle y fit, mais bien plutôt à cause du MaOptov £0vo; Ovjoxtox ~7ExxL xxT 'AiyureTov; Le sou-
schisme interminable dont elle fut l'origine. Retra- venir de la répression impitoyable exercée par Maxi-
çons-en brièvement les phases avant d'aborder l'his- mien,si peu de temps auparavant, contre les tenta-
toire du donatisme lui-même. Pour l'étude détaillée tives d'insubordination de quelques soldats devait
des relations de martyres qui précèdent ainsi que des être encore présent à toutes les mémoires, et les ma-
suivantes, on voudra bien se reporter au livre de gistrats de tout ordre avaient sans doute à cœur de se
M. Monceaux, Hist. litt. de l'Afr. chrét., t. III, p. 93- montrer dignes du prince, leur chef et leur modèle.
168; je ne pouvais ici que résumer en quelques mots ses Toutefois, le nombre considérable des victimes tient
développements. sans doute plus à l'extension des édits qui, dans leur
Dioclétien n'avait pas été d'abord hostile au chris- ensemble, visaient le peuple chrétien tout entier, qu'à
tianisme. Autour de lui les chrétiens étaient nom- l'acharnement des fonctionnaires chargés de les ap-
breux; sa femme Prisca et sa fille Valeria semblent pliquer. Il n'est pas toujours facile de reconnaître
bien avoir pratiqué la nouvelle religion. Mais Galère dans les documents hagiographiques sous laquelle des
lui représentait les progrès dangereux de cette doc- quatre prohibitions impériales tombaient ceux dont ils
trine funeste à l'Empire. Ses instances eurent raison conservent les noms, d'autant plus que les Africains
du bon sens trop mou du vieil empereur, qui se décida eux-mêmes ne paraissent avoir distingué que deux
enfin, de concert avec Maximien, à traquer ceux qu'on périodes dans cette persécution, celle des perquisi-
lui représentait comme acharnés contre les institutions tions, persecutio codicum tradendorum, Aug., Contra
de l'État. Quatre édits furent promulgués en moins Cresconium donatistam, III, XXVI, 29; édit. Petschenig,
:
d'un an le premier (24 février 303) ordonnait de démo-
lir les églises et de brûler les livres saints; les assem-
pars 2, p. 435;P. L., t. XLIII, col. 510, et celle des sacri-
fices, dies turificationis. Corp. inscr, lat., t. VIII,
blées du culte étaient interdites; les hommes libres, dé- n.6700 = 19353.
pouillés de leurs charges et de leurs biens, ne pouvaient De cette constatation M. Monceaux conclurait vo-
plus se défendre en justice contre les accusations lontiers (p. 31) que le deuxième et le troisième édits
d'injures, d'adultère et de vol, les esclaves ne devaient ont dû rester lettre morte en Afrique, si même ils y
plus être affranchis; le second, postérieur de quelques ont été promulgués. Mais le quatrième, renchérissant
mois, prescrivit d'arrêter et d'incarcérer tous les chefs sur eux, ne les avait-il pas rendus superflus? D'autre
part, l'examen des pièces officielles ou martyrologiques pour d'autres venus du dehors. Ce fait nous est at-

« accidentellement:
le porterait à croire que le premier édit fut appliqué
avec modération contre les personnes, et le quatrième
trois fois, à notre connaissance, »
pour Maxima, Donatilla et Secunda à Thuburbo,
testé par l'auteur ou le continuateur des Acta Satur-
nini, XVI. Baluze, Miscellanea, édit. Mansi, 1761, t. I,
p. 17; P.L., t. VIII, col. 700: « Il arrivait aussi au même
endroit, dit-il, des diverses parties de la province,

lev. Bien qu'il ajoute:


pour Crispina à Theveste, et pour les martyrs de Mi-
« On doit évidemment tenir
compte de l'inconnu, de toutes les victimes oubliées,
core d'autres confesseurs en très grand nombre. Par-
mi eux il y avait des évêques,des prêtres, des diacres
et des clercs de tout rang, qui, en maintenant la loi
en-

ou égarées dans les martyrologes, » le même savant du Seigneur, célébraient avec fermeté et vaillance
donne à entendre qu'en somme les choses, basiliques, l'assemblée liturgique et l'office eucharistique,ouqui,
livres saints, fortune, eurent à pâtir plus que les per- préservant des flammes de l'incendie les Écritures du
sonnes des proscriptions de Dioclétien et de Maxi- Seigneur et les divins Testaments, s'offraient eux-
mien. C'est vraiment faire trop bon marché de l'af- mêmes aux feux cruels et aux tourments divers, pour
firmation d'Eusèbe transcrite plus haut et qui émane les lois divines, à la façon des Machabées. » En effet,
d'un esprit pondéré, d'un témoin d'ordinaire bien une fois les ordres impériaux transmis aux magistrats
informé. C'est ne tenir surtout aucun compte de ces des cités, le proconsul n'intervenait que de loin en
groupes de trente, cinquante et même cent martyrs loin pour leur exécution. Aux autorités locales, cura-
africains, qui reviennent très fréquemment tout le
long du Martyrologe hiéronymien et qu'il faut bien
placer quelque part dans l'histoire des persécutions.
:
tores, duumvirs, ordo decurionum, incombait la tâche
de les faire appliquer sur place elles s'acquittaient
de ce soin avec zèle. Éprouvaient-elles une résistance
Avec Mgr Duchesne, Hist. anc. de l'Église, t. II, p. 48, de la part de l'évêque ou des fidèles, ils étaient arrê-
c'est à celle de Dioclétien, la plus grave de toutes, plu- tés, soumis à un interrogatoire, puis adressés au gouver-
tôt qu'à l'une quelconque des précédentes, que nous neur qui devait décider de leur sort. Ainsi en alla-t-il
rapporterions ces sanglantes hécatombes. D'ailleurs pour Félix, évêque de Thibiuca, dans la vallée du Ba-
M. Monceaux arrive à la même conclusion, puisqu'il gradas, à quarante-deux milles au sud-ouest de Car-
dit un peu plus loin (p. 33): « Mais l'on doit se hâter thage. Les sommations réitérées du curator n'ayant pu
d'ajouter que les Églises locales ont eu aussi de nom- l'amener à livrer les Écritures, il fut transféré au tri-
breux martyrs. » Voir encore p. 132-133. bunal du proconsul Anulinus, qui ne réussit pas davan-
Les édits furent sans doute appliqués d'abord à tage à le faire fléchir. Son exécution dut avoir lieu,
Carthage, où résidait le proconsul Anulin is, dont les vers le 15 juillet 303, à Carthage, où ses reliques
hagiographes postérieurs ont chargé la mémoire de
tous les méfaits. On perquisitionna dans les endroits
furent vénérées pendant longtemps. Passio S.Felicis
Ruinart, Acta martyrum, 1713, p. 355-357; Acta san-
;
où se réunissaient les fidèles, surtout dans les basi- ctorum, 1861, octob. t. x, p. 625-628; Baluze, Miscel-
liques. L'évêque Mensurius, qui n'était, semble-t-il, lanea, édit. Mansi, 1761, t.I, p. 18-19; P. L., t. VIII,
disposéni à céder, ni à résister en face, imagina un stra- col. 679-688. Le cas des martyrs d'Abitinæ (voir ci-
tagème, qu'il a lui-même raconté dans une lettre dessus, col. 129) est analogue. Quand leur évêque
au primat de Numidie, Secundus. Aug., Breviculus col- Fundanus eut remis les livres saints aux magistrats,
lalionis cumdonatistis, III, XIII, 25; édit. Petschenig, une partie de la communauté ne le suivit pas dans sa
pars 3, p. 73; P. L., t. XLIII, col. 638. Par son ordre, on défection. Groupés autour du prêtre Saturninus et de
déposa dans la Basilica Novarum tous les ouvrages en-
tachés d'hérésie que réprouvaient les catholiques; les
agents du proconsul firent main basse sur ce qu'on
;
ses quatre enfants, ces fidèles continuaient à tenir les
assemblées liturgiques un décurion, membre du sénat
local, les animait tous de sa foi ardente. Leurs réunions
leur abandonnait de grand cœur; ainsi les Écritures ne pouvaient demeurer longtemps secrètes. Un jour
furent sauvées et l'évêque du même coup. Mais l'atti- ils furent surpris par la police; trente et un hommes
tude de beaucoup de fidèles était toute contraire à et dix-huit femmes, appréhendés comme coupables de
celle de leur chef. Ils allaient d'eux-mêmes se dénon- célébration illicite du culte, comparurent devant le
cer aux magistrats déclarant qu'ils détenaient les
:
livres saints et qu'ils refusaient de les apporter le
parti des exaltés survivait à Tertullien. Défenseur de
juge. Parmi eux se trouvaient trois jeunes Carthagi-
noises, dont une au moins avait fui sa famille pour se
dérober au mariage. Ayant échoué dans ses tentatives
la doctrine traditionnelle de l'Église, qui réprouvait pour leur faire livrer les Écritures, le magistrat les ex-
ces excès de zèle, Mensurius s'éleva contre de pareilles pédia au proconsul Anulinus, qui les interrogea le
pratiques et ne permit pas d'honorer comme des con- 12 février 304. Mais là encore, ni la persuasion, ni les
fesseurs ou des martyrs ces fanfarons de vertu. Son tortures infligées aux douze plus énergiques ne purent
interdiction visait encore une autre catégorie de per- les ébranler. Tous furent renvoyés en prison où ils
sonnes. Las de la vie, criblés de dettes ou coupables moururent peut-être de faim. Acta sanctorum Satur-
de fautes graves, certains chrétiens, paraît-il, n'hési- nini, Dativi et aliorum plurimorum martyrum in Atrica,
taient pas à se faire incarcérer, dans le double espoir dans Ruinart, Acta martyrum, 1713, p. 382-390; In-
d'échapper aux justes rigueurs qui les menaçaient cipiunt confessiones et actus martyrum Saturnini pres-
d'autre part, et de jouir dans leurs cachots des at- byteri, Felicis, Dativi, Ampelii.,dans Baluze, Miscel-
tentions délicates de leurs frères. Un emprisonne- lanea, édit. Mansi, t. I, 1761, p. 14-18; P. L., t. VIII,
ment ou une mort supportée dans cet esprit était con- col. 688-715.
sidérée à juste titre par Mensurius plutôt comme une Dans le reste de la Proconsulaire les supplices se
délivrance que comme un sacrificeméritoire aux yeux multiplièrent.On cite l'évêqueQuadratus,dont le siège
:
de Dieu. Cependant les vrais martyrs ne manquèrent
pas le Calendrier de Carthage et le Martyrologe hié-
ronymien ont gardé certains noms qu'on attribue avec
est inconnu; les martyrs de Farnos minus, de Maxula,
de Membressa, de Tuniza,d'Uzalis, de Zama, les mar-
tyres Carterienses et les martyres Volitani. Le procon-
une grande vraisemblance au temps de Dioclétien; sul en personne présideà deux condamnations. D'abord,
ceux d'Agileus, à qui fut consacrée l'une des basi- dans un grand domaine voisin de Thuburbo(majus ou
;
liques de la ville; du diacre Catulinus, dont on
voyait le tombeau dans la Basilica Fausti peut-être
de Restituta.
minus?), la Cephalitana possessio. Anulinus convoque
les chrétiens de l'endroit, qui, presque tous, y compris
le clergé, consentent à sacrifier. Deux vierges sacrées,
Si les prisons reçurent alors un certain nombre de Maxima et Donatilla, résistent et sont condamnées;
confesseurs de la ville même, elles s'ouvrirent aussi une autre jeune fille de Thuburbo, de famille riche,
nommée Secunda, les supplie de l'accepter pour com- Longtemps adorateur zélé des idoles, il ne put s'em-
pagne et partage leur sort jusqu'au bout. On ne sau- pêcher d'admirer le courage des martyrs, peut-être
rait déterminer au juste de quelle mort elles périrent; dès le moment où Maximien sévissait contre les sol-
mais la mention expresse que font d'elles les marty- dats insoumis; et, passant bientôt au christianisme, il
rologes, nous autorise à les inscrire parmi les vic- résolut de défendre cette doctrine qu'il dénigrait au-
times des édits de Dioclétien (30 juillet 304). Passio paravant. C'était d'ailleurs pour lui un moyen de
SS. Maximæ, Secundæ et Donatillæ, dans les Ancilecta prouver la sincérité d'une conversion inattendue de
bollandiana, 1890, t. IX, p. 110-116. Quelques mois tous. Dans un grand ouvrage intitulé Adversus nationes
plus tard, Anulinus est à Theveste. Devant lui com- libri septem, il s'attacha, dès lors, à présenter l'apo-
paraît Crispina, grande dame de Tagora ou plutôt logie de sa nouvelle religion et la satire de l'ancienne.
Thagura, dans la région de Souk Ahras, accusée Ses intentions y sont souvent meilleures que ses argu-
d'avoir méprisé les édits impériaux. En dépit des ments; son langage trahit plus d'une fois le ccnéo-
menaces et des exhortations les plus pressantes, elle phyte incomplètement instruit. » Cependant, avec ses
refuse de sacrifier, car sa religion le lui interdit. Cette inégalités et ses bizarreries, ce livre très personnel té-
ferme obstination attire sur elle une sentence capi- moigne d'un désir sincère de venger une doctrine mé-
tale, aussitôt exécutée. Acta S. Crispinæ, Ruinart, connue; sans doute, il ne laissa pas d'obtenir parmi les
Actamartyrum, 1713, p. 449-451; Pio Franchi de' Cava- fidèlesun succès grandementmérité. Disciple d'Arnobe,
lieri, Nuove note agiografiche, Rome, 1902, dans les Lactance, dont l'esprit était plus large, et dont l'action
Studi e Testi, n. 9. Crispina demeura en vénération fut plus durable, est d'ordinaire rapproché de son
dans l'Église d'Afrique; saint Augustin a célébré sa maître. Mais il ne suffit pas que sa naissance et son
vaillance à diverses reprises. Enarrationes in psalmos éducation aient fait de lui un africain pour que nous
cxx et CXXXVII; Sermones, CCLXXXVI, 2; CCCLIV, 5; lui donnions place dans cet exposé. Car il partit de
De sancta virginitate, 44, 45, édit. Zycha, p. 290; P.L., bonne heure à Nicomédie; c'est en Orient qu'il ensei-
t. XXXVII, col. 1605, 1774; XXXVIII, col. 1298; XXXIX, gna, se convertit, composa les Divinæ institutiones et
col. 1565; XL, col. 422. le De mortibus persecutorum. Et rien ne porte à croire
Pour les autres régions nos renseignements sont que l'influence de ces ouvrages ait été plus profonde
moins abondants ou moins précis. En Byzacène, des au pays d'origine de l'auteur que dans les autres par-
perquisitions eurent lieu à Abthugni; les livres saints ties du monde romain. Sur Arnobe et Lactance, voir
furent brûlés, les portes de la basilique incendiées. On R. Pichon, Lactance. Étude sur le mouvement philoso-
assigne au même temps divers martyrs d'Hadrumète, phique et religieux sous le règne de Constantin, Paris,
l'évêque Innocentius, peut-être les cc Douze frères », 1901; Monceaux, Hist. litt., t. III, p. 241-359.
et plusieurs autres que mentionne une inscription de Tandis que martyrs et apologistes rendaient témoi-
Thcleptc. Nous ne savons rien sur la Tripolitaine. gnage à Dieu, les uns par leur sang, les autres par la
En Numidie, le légat Florus, gouverneur de la pro- parole, en revanche de multiples défections attristaient
vince, veille à l'exact accomplissement des édits. On l'Église. Des évêques donnaient l'exemple de livrer les
peut lui attribuer de façon positive la condamnation Écritures ou de sacrifier. En Proconsulaire, le fait est
d'un groupe de chrétiens qui succombèrent à Milev, certain pour Fundanus d'Abitinæ; on accusa de la
Corp. inscr. lat., t. VIII, n. 6700 = 19353 .même faute Novellus de Thisica ou Thisita et Faus-
tinus de Thuburbo; Maurus d'Utique s'était, dit-on,
.SANCTORVM MARTVRVM racheté à prix d'argent. Leurs collègues de Numidie
QVISVNT PASSI SVB PRESIDEFLORO IN CIV
ITATE MILEVITANA IN DIEBVS TVRIFI
capitulèrent en plus grand nombre. Optat, 1, 13-14,
édit. Ziwsa, p. 15-17; P. L., t. XI, col. 911-915, en
CATIONIS INTER QVIBVS HIC INNOC indique expressément plusieurs que nous retrouve-
[ens] EST IPSE IN PACE
rons bientôt (voir ci-dessous, col. 765) et qui ne fai-
et,par hypothèse, celle de l'évêqueLeontius et des Vi- saient pas difficulté d'avouer leur faute. Un autre,
ginti martyres, à Hippone; des martyrs de Lambèce et Menalius, pour éviter de rendre compte plus tard de
d'autres désignés plus vaguement comme martyrs ccde sa conduite, prétexta qu'il avait mal aux yeux. Paulus
Numidie» ou cc de Gétulie ». Cæsarea (Cherchel), ca- de Cirta et très probablement le primat de la pro-
pitale de la Maurétanie Césarienne, vit périr Marciana, vince, Secundus de Tigisi, furent aussi compromis. Si
Arcadius, Severianus et Aquila, Theodota et ses fils. l'on ne peut citer de noms pour le reste du pays, ce
D'autres exécutions sont probables à Sitifis(Sétif), ca- n'est pas une raison d'en conclure que le courage y
pitale de la Maurétanie Sitifienne. Enfin le Martyro- fut plus commun; la flétrissure imprimée par Optât
loge hiéronymien signale à plusieurs reprises, mais est générale, 1, 20, édit. Zhvsa, p. 22; P. L., t. XI,
d'une façon trop vague et trop sommaire à notre gré, col. 924 : ccà l'exception de quelques catholiques, dit-il,
des martyrs « de Maurétanie ». Cette énumération tout le monde avait péché,et il y avait comme une ap-
serait incomplète si l'on ne rappelait encore tous les parence d'innocence à cette complicité dans le crime; »
champions de la foi dont le supplice est attesté par les præter paucos catholicos peccaverant uniuersi et quasi
textes épigraphiques. Je ne saurais en dresser ici la imago fuerat innocentiæ inter multos nefas admissum.
liste; on la trouvera dans le livre de M. Monceaux, Un très curieux document nous fait assister à une
Hist. litt., t. III, p. 37-38, 177, et dans son Enquête sur de ces scènes de défaillance si fréquentes alors dans les
l'épigraphie chrétienne d'Afrique (voir à la bibliogra- chrétientés africaines. C'est le procès-verbal des per-
phie).. Il vade soi que tous ces documents nous ré- quisitions et des saisies opérées dans l'église de Cirta, le
vèlent seulement une partie des faits. C'en est assez ce- 19 mai 303; Acta Munati Felicis, intercalés dans les
pendant pour justifier ce qui a été dit plus haut, Gesta apud Zenophilum, p. 186-188 de l'édit. d'Optat,
d'après Eusèbe, sur la rigueur avec laquelle les ordres par Ziwsa; P. L., t. VIII, p. 730-733. Il me paraît indis-
impériaux furent exécutés en Afrique. pensable de le citer en entier, non seulement parce
A la vue des héroïsmes que suscitait cette rigueur, qu'il nous permet de saisir sur le vif l'attitude et les
des païens furent émus de compassion; d'autres même, sentiments des magistrats païens et du clergé pendant
;
qui avaient combattu jusqu'alors les chrétiens, ces- la crise, mais aussi parce qu'il nous donne une idée
sèrent de les harceler plusieurs,touchésde la grâce, em- précise de ce que contenait alors une basilique.
brassèrent leur foi et s'en constituèrent les champions. « Dioclétien consul pour la huitième fois et Maxi-
A Sicca Veneria, en Proconsulaire, vivait un rhéteur,
Arnobe, dont la réputation était solidement établie.
mien pour la septième, le XIV des kalendes de juin
copie du procès-verbal de Munatius Félix, flamine
:
perpétuel, curateur de la colonie de Cirta. Quand on fut arrivé à la maison d'Eugenius, Félix, flamine per-
fut arrivé à la maison où s'assemblaient les chrétiens, pétuel, curateur de la république,
évêque:
Félix, flamine perpétuel, curateur, dit à Paulus,
« Apportez les
Écritures de votre loi et tout
« ce que vous ayez encore ici, comme il a été prescrit,
« Apporte les Écritures
« auxprescriptions. »Et il
dit à Eugenius :
que tu possèdes, pour obéir
apporta quatre volumes.—
Félix, flamine perpétuel, curateur de la république, dit
:
« afin d'obéir aux ordres [des empereurs].»— Paulus,
évêque, dit « Les Écritures, ce sont les lecteurs qui
« les ont; mais nous, ce que nous avons ici, nous le
cc teurs. » — Silvanus et Carosus dirent
déjà dit
:
à Silvanus et à Carosus : cc Montrez les autres lec-
« L'évêque a

:
« donnons. ». — Félix, flamine perpétuel, curateur,

« les chercher. » — Paulus, évêque, dit :


dit à Paulus, évêque « Montre les lecteurs ou cnvoie-
cc Vous les
cc
« naissent
:
que les greffiers Edusius et Junius les con-
tous; qu'ils vous indiquent eux-mêmes
«leurs maisons. » -
Edusius et Junius, greffiers,
dirent « Nous allons vous les indiquer, seigneur.
»—
cc connaissez tous. » — Félix, flamine perpétuel, cu- Et quand on fut venu à la maison de Félix le mosaïste,
: :
rateur de la république, dit « Nous ne les connaissons il remit cinq volumes; et quand on fut venu à la mai-
« pas. » — Paulus, évêque, dit « Les fonctionnaires son de Victorinus, il remit huit volumes; et quand on
« de l'administration les connaissent, je veux dire les fut venu à la maison de Projectus, il remit cinq grande
:
« greffiers Edusius et Junius. » — Félix, flamine
perpétuel, curateur de la république, dit cc Réserve
volumes et deux petits; et quand on fut venu à la mai-
son du professeur de grammaire, Félix, flamine per-
« faite pour les lecteurs, que les fonctionnaires pro-
« duiront, vous, donnez ce que vous avez. » — Paul,
évêque, étant assis, avec Montanus et Victor, Deusa-
maire :
pétuel, curateur, dit à Victor, professeur de gram-
« Apporte les Écritures que tu possèdes, afin
« d'obéir aux prescriptions. » -
à
telius et Memorius,prêtres, ayant ses côtés Mars avec
Victor, professeur de
grammaire, offrit deux volumes et quatre cahiers. —
Helius, diacres, Marcuclius, Catullinus, Silvanus et
Carosus, sous-diacres, Januarius, Meraclus, Fruc-
tuosus, Miggin, Saturninus, Victor et tous les autres,
dit à Victor
« tage. »
:-
Félix, flamine perpétuel, curateur de la république,
« Apporte les Écritures; tu en as davan-
Victor, professeur de grammaire, :
dit
j'en
sommaire ci-dessous :
fossoyeurs, Victor, fils d'Aufidius, dressa l'inventaire

« Deux calices d'or, pareillement six calices d'argent,


cc Si avais eu d'autres, je les aurais données. »—
Et quand on fut venu à la maison d'Euticius, de Cæ-
sarea, Félix, flamine perpétuel, curateur de la répu-
six burettes d'argent, une petite casserolle d'argent, blique, dit à Euticius : « Apporte les Écritures que tu
sept lampes d'argent, deux flambeaux, sept can-
délabres courts de bronze avec leurs lampes, pareille-
cc possèdes, pour obéir à l'ordre. » Euticius dit
cc Je n'en ai pas. » — Félix, flamine perpétuel, cura-
;
ment onze lampes d'airain avec leurs chaînes [de teur de la république, dit à Euticius : « Ta déclaration
suspension], quatre-vingt-deux tuniques de femme, « restera inscrite au procès-verbal. » — Et quand on
trente-huit voiles, seize tuniques d'homme, treize fut venu à la maison de Coddeon, sa femme apporta
paires de chaussures d'homme, quarante-sept paires
de chaussures de femmes, dix-neuf capes de paysan. :
six volumes. Félix, flamine perpétuel, curateur de la

»
république, dit « Cherche si vous n'en avez pas
« Félix, flamine perpétuel, curateur de la répu-
blique, dit aux fossoyeurs Marcuclius, Silvanus et Ca- répondit :
cc d'autres encore, et apporte-les. La femme
« Je n'en ai pas. » — Félix, flamine perpé-

:
rosus : « Apportez ce que vous avez. » — Silvanus et
Carosus dirent cc Tout ce qui était ici, nous l'avons
«jeté dehors.»—Félix, flamine perpétuel, curateur de —
:
tuel, curateur de la république, dit à Bos, esclave pu-
blic cc Entre et cherche si elle n'en a pas davantage.
L'esclave public dit :« J'ai cherché et je n'en ai
»
pas
la république, dit à Marcuclius, Silvanus et Carosus : cc trouvé. » — Félix, flamine perpétuel, curateur de
cc Votre réponse restera inscrite au procès-verbal. » la république, dit à Victorinus, Silvanus et Carosus :
« Dans les bibliothèques, on trouva les armoires « S'il y a eu quelque omission, vous en supporterez les
vides. Là, Silvanus apporta un coffret (?) d'argent « conséquences. »
et une lampe d'argent, qu'il avait trouvés, dit-il, der- Peu de temps après cette perquisition, l'évêque
rière un tonneau. Victor, fils d'Aufidius, dit à Silva- Paulus étant mort, il fallut lui donner un successeur.
:
nus cc Tu serais mort, si tu ne les avais pas trouvés. >- Malgré l'opposition des clercs et des notables, la foule,

:
Félix, flamine perpétuel, curateur de la république,
:
dit à Silvanus « Cherche bien soigneusement, s'il n'est
« rien resté là. » — Silvanus dit cc Il ne reste rien;
au milieu d'une sorte d'émeute, fit nommer un candi-
dat de son choix, le sous-diacre Silvanus, que nous
venons de voir compromis lui aussi comme traditeur,
cc nous avons tout jeté dehors. » — Quand on eut dans la saisie du 19 mai 303. Pour ratifier le choix du
ouvert letriclinium, on y trouva quatre jarres et six peuple et ordonner son élu, une dizaine d'évêques
:
tonneaux. Félix, flamine perpétuel, curateur de la
république, dit « Apportez les Écritures que vous
« possédez, pour obéir aux ordres et prescriptions des
numides s'assemblèrent à Cirta, sous la présidence du
primat, Secundus de Tigisi. Nous possédons, au moins
en partie, le protocole de cette réunion, impropre-
« empereurs. » — Catullinus remit un volume extrê- ment désignée d'ordinaire sous le nom de «Concile de
mement gros. Félix, flamine perpétuel,curateur de la Cirta ». Augustin, Contra Cresconiumdonatistam, III,
république, dit à Marcuclius et Silvanus : « Pourquoi XXVII, 30; cf. Breviculus collationis cum donatistis, III,
« n'avez-vous donné qu'un seul volume? Apportez les xv, 27; XVII, 32; édit. Petschenig,part. 2, p. 435-437;
«
Marcuclius dirent :
Écritures que vous possédez. »
— Catullinus et
« Nous n'en avons pas davan-
« tage, parce que nous sommes sous-diacres; mais les
3, p. 76, 81; P. L., t. XLIII, col. 510-511. 639, 643;
Optat, 1, 13-14, édit. Ziwsa, p. 15-17; P. L., t. XI,
;
col.911-915 Mansi, Sacr. concil. nova et ampliss. col-
« lecteurs ont les volumes. » — Félix, flamine per- lectio, t. i, col. 2147; voir toutes les références dans
pétuel, curateur de la république, dit à Marcuclius et Duchesne, Hist. anc, de l'Église, t. II, p.102, note. Je
:
Catullinus : « Montrez-nous les lecteurs. » — Marcu-
clius et Catullinus dirent « Nous ne savons pas où ils
cc demeurent. » — Félix, flamine perpétuel, curateur
transcrirai ce second procès-verbal, plus impression-
nant encore que le précédent, parce qu'il nous révèle
toute la faiblesse de l'épiscopat de Numidie en face du
de la république, dit à Catullinus et à Marcuclius : danger. Certains de ses membres avaient d'ailleurs à

« noms. » — Catullinus et Marcuclius dirent :


« Si vous ne savez pas où ils demeurent, dites leurs
« Nous
le ne sommes pas des traîtres. Nous voici; faites-nous
se reprocher d'autres fautes que la remise des Écri-
tures ou des objets du culte. Comme les basiliques
confisquées n'étaient pas encore rendues aux chré-
« mourir. » — Félix, flamine perpétuel, curateur de tiens, suivant le témoignage d'Optat, 1, 14, on tint
:
la république, dit « Qu'on les arrête. » — Et, lorsqu'on séance dans une demeure privée, le 5 mars ou peut-
être le 13 mai 305. Sur cette date et sur la mention Mcm. de la Soc. des antiquaires, 1900, t. LXI, p. 1-22.
altérée du consulat auquel elle se rapporte, voir Mon- En 311, les généraux de Maxence vinrent facilement
ceaux, Hist. litt. de l'Afrique chrét., t. ni, p. 100-102; à bout de lui, et, fidèles exécuteurs des vengeances de
Hefele-Leclercq, Hist. des conc., t. i, p. 209-211. leur chef, mirent toute la contrée à feu et à sang. Les
« Après le neuvième
consulat de Dioclétien et le
à
huitième de Maximien, le 3 des nones de mars, Cirta, :
plus belles villes, Carthage, Cirta, etc., sont ravagées,
leurs habitants terrorisés il semblait vraiment, selon
:
Secundus, évêque de Tigisi, primat, ayant pris séance
dans la maison d'Urbanus Donatus, dit cc Exami-
l'expression d'un auteur du temps, que Maxence «eût
résolu d'effacer complètement l'Afrique, » omni Africa
« nons-nous d'abord, et nous pourrons
«ici l'évêque.»— Secundus dit à Donatus deMascula :
ainsi ordonner quam delere statuerat exhausta. Incerti panegyricus
Constantino Augusto dictus, 16, édit. Bæhrens, IX. Ces

répondit:
cc On dit que tu as livré [les
Écritures]. »— Donatus
« Tu sais combien Florus
cc pour me faire thurifier; mais Dieu ne
!
m'a recherché
m'a pas livré
bien puisque Dieu
cruautés atteignaient indistinctement païens et chré-
tiens; pourtant, ces derniers voyaient déjà luire l'au-
rore des jours meilleurs. En effet, « la tempête de la
persécution fut alors définitivement apaisée et ter-
« entre ses mains, mon frère. Eh
« m'a pardonné, toi aussi réserve-moi pour Dieu. »— minée; sur l'ordre de Dieu, Maxence envoya un édit
:
Secundus dit « Que ferons-nous donc pour les mar- de tolérance et la liberté fut rendue aux chrétiens. »
Optât, I, 18, édit. Ziwsa, p. 19; P. L., t. XI, col. 918-
« tyrs? Car c'est pour n'avoir rien
« aussi couronnés. » — Donatus dit : livré qu'ils sont

« Dieu; là je rendrai compte. » — Secundus


« Envoie-moi à
:
dit
919 : Tempestas persecutionis peracta et definita est. Ju-
bene Deo indulgentiam mittenteMaxentio christianis
« Avance de ce côté. » —
Secundus dit à Marinus libertas est restituta (milieu de 311). Que cette mesure

« livré. » — Marinus répondit


cc des papiers sans importance;
:
d'Aquæ Thibilitanæ : « On dit que toi aussi tu as
« J'ai donné à Pollus
mais mes livres ont été
lui fut inspirée par un intérêt politique, il n'en faut
pas douter. Maxence, en imitant la conduite de Cons-
tantin en Gaule, cherchait à s'attirer lui aussi dans,
« sauvés. » — Secundus dit : « Passe de ce
côté. »- ses États la sympathie des fidèles. Quel qu'ait été du

cr as livré. »
cc livres de médecine. » — Secundus
::
Secundus dit à Donatus de Calama : cc On dit que tu
- Donatus répondit cc J'ai donné des
dit « Passe de ce
reste le motif de sa décision, elle fut l'heureux pré-
lude de l'édit célèbre que Constantin allait bientôt
rendre, à Milan, en faveur de la liberté du culte.
cc côté. ». Secundus dit à Victor de
Rusicade : « On A l'abri des rigueurs du pouvoir depuis l'année 305,

répondit:
cr dit que tu as livré les quatre
cc C'est
Évangiles. » — Victor
Valentianus, curateur, qui m'a con-
el traint en personne à,les jeter au
feu. Je savais qu'ils
l'Église d'Afrique allait donc, semblait-il, jouir désor-
mais d'une paix bien gagnée par tant de malheurs, et
réparer dans le silence ses ruines morales et maté-
« étaient effacés.
« me la pardonne. » — Secundus dit
« côté.». :
Pardonne-moi cette faute, Dieu aussi
« Passe de ce
Secundus dit à Purpurius de Limata: ccOn
rielles. Espoir trop tôt déçu. Une nouvelle épreuve
lui était réservée, plus terrible que toutes celles qui
l'avaient assaillie jusque-là. Car ce n'est plus avec un
« dit que tu as tué deux fils de ta sœur

:
à Milev. »—• adversaire du dehors qu'elle aura à combattre; main-
l'urpurius répondit : cc Penses-tu m'effrayer comme tenant l'ennemi est à l'intérieur, il dispose de forces
« les autres? Et toi,qu'as-tu donc fait, toi que le Cura- considérables c'est miracle qu'il n'ait pas réussi à
cr teur et le Conseil ont sommé de donner les
Écritures? détruire l'édifice si péniblement élevé.
cc Comment t'es-tu tiré de leurs mains, sinon en don- Le stratagème employé par Mensurius, évêque de
« nant ou faisant donner tout? Car on ne t'a pas laissé Carthage, pour sauvegarder les Écritures (voir ci-
« aller sans raison. Quant à moi, j'ai tué et je tue ceux dessus, col. 759), n'avait pas reçu l'approbation de
« qui sont contre moi. Aussi, ne me provoque pas, ne tous; les rigoristes n'admettaient pas depareils sub-
cc m'en fais pas dire davantage. Tu sais que je ne mé- terfuges. Ils en vinrent bientôt, par une pente très
cc nage personne. » — Secundus le jeune dit à son naturelle, à accuser l'évêque d'avoir réellement remis
oncle Secundus : « Tu entends ce qu'il dit de toi? Il est les livres ecclésiastiques, imaginant ensuite un conte
cc prêt à se retirer et à faire un schisme,et non pas lui ridicule pour détourner les soupçons. En réalité, on
« seulement,mais encore tous ceux que tu incrimines. lui en voulait d'avoir contrecarré le fanatisme de
« Je vois qu'ils vont t'abandonner et prononcer une quelques-uns. Comme au début de l'épiscopat de Cy-
cc sentence contre toi, et tu demeureras seul hérétique. prien, un parti d'opposition se forma; il rompit avec
« Que t'importe donc ce que chacun a fait? Il en celui qu'on regardait comme un prévaricateur. « Qui
« rendra compte à Dieu. » — Secundus dit à Félix de est en communion avec les traditeurs, disaient ces
Ro:aria, [à Nabor] de Centurionis, à Victor de Garbe : le
exaltés, n'aura point part avec nous dans royaume
:
« Quel est votre avis? » — Ils répondirent : « Ils ren- céleste; » Si quis traditoribus comnuinicaverit, nobis-

:
« dront compte à Dieu. » — Secundus dit

Et tous répondirent « Grâces à Dieu. »


« Vous sa-
it vez ce qui en est et Dieu aussi. Prenez place. » —

Au moment où les consécrateurs de Silvanus s'in-


vectivaient ainsi et s'accusaient réciproquement, la
cum partem in regnis cœlestibus non habebit. Acta
SS. Saturnini, Dativi., XVIII; Baluze, Miscellanea,
t.
édit.Mansi, 1761, t. i, p. 18; P.L., VIII, col. 701.
Les choses se seraient peut-être arrangées, si l'évêque
n'avait eu en face de lui que des résistances locales.
persécution avait cessé de fait en Afrique. Sans que les Mais ses adversaires se sentaient soutenus par cer-
quatre édits eussent été rapportés, on ne les appliquait tains membres de l'épiscopat numide. Mensurius
plus, semble-t-il, depuis le commencement de 305. ayant écrit au primat, Secundus de Tigisi,peut-être
Quelques années de paix religieuse s'ensuivirent. Ce au sujet des mesures à prendre après la persécution,
ne furent pas, à vrai dire, des années de complète tran- reçut de lui une réponse où était exalté le courage des
quillité pour les chrétiens. Comme tous leurs conci- confesseurs et des martyrs, victimes de leur résis-
toyens, ils subissaient alors le contre-coup des révo- tance au pouvoir. C'était une leçon à peine déguisée à
lutions politiques. Maxence, fils de Maximien, à peine l'adresse de celui qui avait su se tirer si habilement
proclamé à Rome, veut faire reconnaître son auto- d'affaire. Un de ses collègues, Donatus de Casæ Ni-
rité outre-mer (fin de 306); les habitants et l'armée la græ, vint même à Carthage, on ne sait sous quel pré-
repoussent. Le gouverneur, vicaire du préfet du pré- texte, prendre la tête du mouvement et aggraver le
toire d'Italie, L. Domitius Alexander, se laisse porter à désaccord, convictus est. schisma fecisse, Carthagine,
l'empire par les soldats (juin 308) et garde le pouvoir dit saint Augustin, Brevic. collat., III, XII, 24, édit.
pendant trois ans. Sur ces dates, voir J. Maurice. Mé- Petschenig, pars 3, p. 72; P. L., t. XLIII, col. 637. La
moire sur la révolte d'Alexandre en Afrique, dans les situation était donc plus sérieuse encore qu'au temps
de Dèce, et, comme le remarque justement Mgr Du- marqué expressément, Epist., LXVII, 5, édit. Hartel, t.I
chesne, op. cit., p. 104 : « Mensurius n'était pas Cy- p. 739; P. L., t. III, col. 1027 : Quod apud nos quoque
prien.» et fere per provincias universas tenetur, ut ad ordina-
Il ne manquait pourtant pas de caractère. On le vit tiones rite celebrandas ad eam plebem cui præpositus
bien quand l'un de ses diacres, Félix, accusé d'avoir ordinatur episcopi ejusdem provinciæ proximi quique
attaqué « le tyran » Maxence dans un pamphlet, vint conueniant. Il eût été difficile de prétendre que ce
se mettre sous sa protection. Sommé de le livrer à la témoignage, de cinquante ans antérieur, était donné
police, Mensurius s'y refusa. Sur un rapport, sans pour les besoins de la cause. Malgré tout, les évêques
doute du proconsul à l'empereur, il fut mandé à Rome, de Numidie se sentirent blessés de ce qu'on ne les eût
où il eut gain de cause. Maxence l'autorisa à rentrer pas appelés dans une circonstance aussi solennelle. A
chez lui, mais il mourut pendant le voyage (311). supposer que les adversaires carthaginois de Cæci-
Dès que la nouvelle de sa mort fut connue à Car- lianus n'aient pas provoqué ce mécontentement, du
thage, on se hâta de lui élire un successeur. Le choix moins ils l'exploitèrent; tous leurs efforts tendirent à
tomba sur Cæcilianus, l'un de ses diacres, qui l'avait représenter sa consécration comme entachée de nullité.
beaucoup secondé dans la répression des abus et qui Donatus de Casæ Nigræ, qui servait sans doute d'inter-
hérita naturellement des haines accumulées contre lui. médiaire entre la faction et l'épiscopat numide, pa-
Elles se déchaînèrent furieuses aussitôt que le peuple raît avoir joué pendant cette période un rôle très actif.
l'eut nommé d'une voix presque unanime, suffragio On le devine désireux de réparer son précédent échec,
I,
totiuspopuli,Optat, 18,édit.Ziwsa,p.20;P.L., XI, t. sous Mensurius.Pour répondre à leurs instances, le
doyen Secundus convoqua ses collègues numides et
col. 919. La faction qui avait déjà opéré contre Mensu-
rius, et que son énergie ou son adresse avait empêchée s'empressa d'accourir à Carthage, ccse mêler de ce qui
de faire de grands progrès, attaqua immédiatement ne le regardait nullement. » Duchesne, Hist. anc. de
l'élection de Cæcilianus. Ce parti se composait d'élé- l'Église, t. II, p. 107.
ments assez disparates, réunis dans une commune Soixante-dix évêques, appartenant pour la plu-
aversion. Ses chefs étaient deux prêtres ambitieux, part à la même province que lui, se trouvèrent bientôt
Botrus et Celestius, qui rêvaient pour eux-mêmes réunis dans la capitale afin de juger le cas de Cæci-
de la dignité épiscopale, et quelques vieillards, entre lianus. On somma ce dernier de comparaître devant ce
les mains de qui Mensurius, avant de partir en Italie, tribunal qui n'avait pas qualité pour examiner l'af-
avait déposé les trésors de l'Église. Habile jusqu'à faire. Il n'eut garde de se rendre à une telle convoca-
la fin, l'évêque défunt avait pris la précaution d'en tion. Aussi bien ses ennemis, quelles que fussent leurs
laisser un inventaire entre les mains d'une vieille rancunes personnelles, qu'ils dissimulaient d'ailleurs
femme, avec mission, s'il lui arrivait malheur, de le avec soin pour étaler uniquement le souci des intérêts
remettre à celui qui serait élu à sa place. C'est ce qui de l'Église, n'articulaient directement contre lui
eut lieu, au grand chagrin des dépositaires qui comp- d'autre grief que son attitude, comme diacre de Men-
taient bien, paraît-il, s'approprier ces précieux objets
leur animosité contre Cæcilianus s'accrut de tout leur
: surius, envers les confesseurs emprisonnés. Quant à
son élection, s'ils refusaient d'y souscrire, c'est parce
dépit. Mais l'âme de la résistance était une grande que le consécrateur avait, d'après eux, livré les Écri-
dame, riche, influente, arrogante, Lucilla; Optat, I, 18, tures, pendant la persécution. La situation ne laissait
édit. Ziwsa, p. 20; P. L., t. XI, col. 919, Lucilla, quæ pas d'être étrange, car plus d'un — nous l'avons vu
jamdudum ferre non potuit disciplinam, cum omnibus (col. 765) — parmi ceux qui s'érigeaient ainsi en jus-
suis potens et factiosa femina; Aug., Contra epist. Par- ticiers, s'était rendu coupable de la faute même qu'on
meniani, I, III, 5, édit.Petschenig, pars 1, p. 24; P.L., lui demandait de flétrir. Mais leur indignité ne devait
t. XLIII, col. 37, pecuniosissima tunc et factiosissima
femina. Blâméejadis publiquementpar Cæcilianus pour
certaines pratiques de dévotion répréhensibles et dé-
;
être rendue publique qu'une dizaine d'années plus
tard on l'ignorait sans doute alors à Carthage et ils y
pouvaient passer pour juges intègres. L'assemblée
sireuse de se venger de cet affront, elle ne ménagea déclara Cæcilianus irrégulièrement investi par un« tra-
pour atteindre ce but ni l'intrigue, ni l'argent. Moitié diteur » et lui substitua un certain Majorinus, lecteur
laïque, moitié ecclésiastique, le parti rappelait donc du clergé local, qui appartenait à la maison de Lucilla :
de fort près, tant par la qualité de ses membres que une lettre synodale instruisit les fidèles de cette dé-
par les sentiments dont ils étaient animés, la coterie cision. Les opposants triomphaient et le schisme était
turbulente de Felicissimus. Ressentiment haineux, consommé (312). Mansi, Sacr. concil. nova et ampliss.
ambition, avarice, voilà, dit Optat, les trois éléments collectio, t. II, col, 407-410; Hefele-Leclercq, Hist. des
qui créèrent, alimentèrent et développèrentle schisme conciles, t. i, p. 268-270.
dont l'Afrique aura tant à souffrir, I, 19, édit. Ziwsa, Malgré tout, Cæcilianus, dont le consécrateur ne
p. 20; P. L., t. XI, col. 920 : Scisma. contusæ mu- méritait nullement les reproches formulés contre lui,
lieris iracundia peperit, ambitus nutrivit, avaritia ro- demeurait l'évêque légitime. Il était en possession des
boravit. Saint Augustin distingue aussi fort nettement basiliques et autres lieux du culte. Les églises trans-
ces divers facteurs de la révolte quand il stigmatise marines et celles d'Afrique qui ne suivaient pas Secun-
ses auteurs comme impii furessuperbi, dans le Psalmus dus de Tigisi, n'avaient pas hésité à entrer en com-
contra partem Donati, 48; édit. Petschenig, pars 1, p. 5;
P. L., t. XLIII, col. 26.
On n'avait convoqué pour l'ordination du nouvel
comme régulièrement investi :
munion avec lui. Constantin l'acceptait à son tour
le rescrit par lequel
l'empereur notifiait au proconsul Anulinus l'exemp-
évêque que les titulaires des sièges les plus voisins; tion des charges municipales pour le clergé catho-
Félix d'Abthugni, assisté de quelques autres, lui lique, spécifie que cette immunité est accordée à la
imposa les mains. Cette manière de procéder était seule église qui reconnaît pour son chef Cæcilianus. Ce
régulière. Non seulement Augustin l'affirme pour Car- qui montre encore mieux les dispositions de Cons-
thage et pour Rome, Breuic. collat., III, XVI, 29; édit. tantin, c'est qu'il remit à Cæcilianus lui-même une
Petschenig, pars 2, p. 78; P.L., t. XLIII, col. 641 : Cum importante somme d'argent — plus de 420.000 francs
aliudhabeatEcclesiæ catholicæ consuetudo, ut non Nu- — à distribuer aux chrétientés africaines, victimes de
midiæ, sed propinquiores episcopi episcopum Ecclesiæ la dernière crise religieuse. Il lui promettait en même
Carthaginis ordinent, sicut nec Romanæ Ecclesiæ ordi- temps l'appui du proconsul et du vicaire contre les
nat aliquisepiscopus metropolitanus, sed de proximo fauteurs de troubles. Mais cette adhésion formelle de
Ostiensis episcopus; mais Cyprien lui aussi l'avait déjà l'empereur, la reconnaissance de la plupart des évêques
autres que ceux de Numidie, la faveur de la majorité six d'Espagne, sans compter plusieurs prêtres, diacres
des Carthaginois, n'assurèrent point à l'évêque la ou exorcistes, mandataires de leur évêque. Elle ajoute
tranquille possession de son siège. L'intrus n'était nul- neuf Africains, dont on ne saurait dire au juste s'ils
de Majorinus (pars Majorini) — c'est le nom que ties, puisqu'on y discutait leur cause ce sont les ti- :
lement prêt à lui céder la chaire épiscopale, et le parti assistaient aux séances comme juges ou comme par-
prirent tout d'abord les dissidents — avait trop de tulaires deCarthage, CésaréedeMaurétanie, Thuburbo,
résolution et d'audace pour ne pas tenter par tous les Uthina et Utique;puis ceux de Beneuentum, LegisuoZu-
moyens de maintenir l'homme de son choix. men, Pocofeltæ,Vera ou Verum. Ces quatre derniers
Il s'adressa d'abord à l'empereur Constantin. On sièges sont, par ailleurs, inconnus. Voir à la suite
lui demandait de faire examiner la querelle qui divi- d'Optat,édit.Ziwsa, p. 206; P. L., t. VIII, col. 815-820;
sait les Africains par des évêques de Gaule, chez qui Mansi, op. cit., t. II, col. 476-477.
la persécution n'avait pas sévi, et qui seraient donc Si nous en étions réduits aux seuls Actes du con-
d'esprit plus libre pour rendre une sentence équitable. cile, nous ne saurions'guère ce qu'on y décida au sujet
Une autre pièce accompagnait cette requête, sous le delaquerelledonatiste; car ces Actes ne nous sont pas
titre de : « Griefs de l'Église catholique contre Cæ- parvenus en entier. Cependant, sur les vingt-deux ca-
cilianus, présentés par le parti de Majorin, » Libellus nons qui subsistent, quatre s'y rapportent plus ou
Ecclesise catholicse criminum Cæciliani, iraditus a parte moins directement:le 8e règle la question du baptême
Majorini. Voir Aug., Epist., LXXXVIII, 2, édit. Gold- des hérétiques, pendante depuis saint Cyprien; dès lors,
bacher, p. 408; P. L., t. XXXIII, col. 303. L'empereur les catholiques cessent de rebaptiser, les donatistes, au
leur accorda les juges qu'ils désiraient et fit choix des contraire, maintiennent l'ancien usage; le 13e vise les
évêques Maternus de Cologne, Reticius d'Autun et
Marinus d'Arles; puis il décida que la réunion aurait
»
«traditeurs des objets sacrés; le 14e, concernant ceux
qui portaient de fausses accusations, paraît dirigé
;
lieu à Rome, sous la présidence du pape Miltiade, qui contre les adversaires de Cæcilianus et de son consé-
compléta le tribunal par l'adjonction de quinze crateur, Félix d'Abthugni enfin, le 20e exige la pré-
évêques d'Italie. Devant eux comparut Cæcilianus, sence d'au moins trois évêques dans les ordinations
que suivaient dix de ses partisans et dix de ses adver- épiscopales. Ces renseignements assez vagues sont
saires; parmi ces derniers était le turbulent Donatus complétés, dans une certaine mesure, par quelques
de CasæNigræ, toujours acharné à la perte de son en- phrases de la lettre synodale. Les évêques virent avec
nemi. Le synode se réunit au Latran, le 2 octobre 313. stupeur les adversaires de Cæcilianus parler et agir
Après qu'on eut entendu les parties, chacun des assis- en contempteurs insolents des règles ecclésiastiques :
:
tants fut appelé à donner son avis. Ils déclarèrent, dit gravem ac perniciosam legis nostræ clique iraditionis
Optat, I, 24, édit. Ziwsa, p. 27; P. L., t. XI, col. 932- infuriamet effrenalæ mentis homines pertulimus; ils les
934, que Donatus « confessait avoir rebaptisé et avoir condamnèrent formellement aut damnati sunt aut
imposé les mains à des évêques lapsi, ce qui est con- repulsi, en regrettant que le pape ne fût pas présent
traire aux lois de l'Église. Les témoins produits par pour prononcer contre eux une sentence plus sévère :
Miltiade, qui vota le dernier; le fit en ces termes : ;
Donatus confessaient n'avoir rien à dire contre Cæ- quia in eos severior fuisset sententia prolata; voir à la
cilianus. Celui-ci fut proclamé innocent à l'unanimité. suite d'Optat, édit. Ziwsa, p. 207 P. L., t. VIII, col. 818
Mansi, op. cit., t. II, col. 469. Bien que les détails nous
;
« Il appert que Cæcilianus n'est point accusé par ceux échappent, ces expressionsne laissent subsister aucune
« qui sont venus avec Donatus; comme ceux-ci incertitude sur la façon dont le concile traita les dona-
« l'avaient annoncé; il appert qu'il n'a été sur aucun tistes. Ils échouèrent à Arles, comme ils avaient échoué
(e point convaincu par Donatus; aussi, je suis d'avis à Rome. Pour la seconde fois, la cause de Cæcilianus
« qu'il doit être maintenu intégralementdans sa com- était déclarée la seule juste. Mansi, op. cit., t. II,
« munion ecclésiastique.»Cf. Aug.,Brevic. collat., III, col. 463-495; Hefele-Leclercq, Hist. des conciles, t. I,
XII, 24; édit. Petschenig,part. 3, p. 72; P. L., t. XLIII, p. 275-298.
col. 637; Mansi, Sacr. concil. noua et ampliss. collectio, Ce qui devait d'ailleurs achever de convaincre les
t. II. col. 433-440. gens de bonne foi, c'est que, vers le même temps, on
C'était une condamnation formelle des schisma- avait tiré au clair l'affaire de Félix d'Abthugni. A la
tiques, prononcée par les juges qu'ils avaient eux- suite d'une longue enquête (août 314-15 février 315)
mêmes réclamés. Ils allaient, pensait-on, se soumettre. dont le procès-verbal nous a été en grande partie con-
Tout au contraire, ils prétendirent aussitôt que l'af- servé, et que Mgr Duchesne a nettement résumée,
faire avait été mal examinée et interjetèrent appel Hist. anc. de l'Église, t. II, p. 115-118, il fut reconnu
auprès de l'empereur. Constantin, que ces réclamations par le proconsul que cet évêque n'avait jamaislivré
sans objet importunaient, s'en fût volontiers tenu à la les Écritures pendant la persécution. Le reproche
sentence rendue à Rome. Mais ses fonctionnaires en fait à Cæcilianus d'avoir été ordonné par un « tradi-
:
Afriquelui représentèrent la situation sous des cou- teur » disparaissait du même coup; et c'était le seul
leurs assez sombres Carthage hésitant entre deux grief sérieux des opposants contre la validité de son
évêques; beaucoup de villes divisées de même en deux pouvoir épiscopal. Acta purgationis Felicis episcopi
factionsrivales; dans une grande partie du pays, des Autumnitani, à la suite d'Optat, édit. Ziwsa, p. 197,
ressentiments, des haines, dégénérant parfois en rixes 204; P.L., t. VIII, col. 718-726; Mansi, op. cit., t. II,
et en violences. Il en pouvait résulter des troubles col. 508-512. Cette double sentence de Rome et d'Arles
graves qu'on aurait plus tard de la peine à réprimer. produisit un certain effet; des dissidents se rallièrent
Pour tenir compte de ces observations, peut-être aussi à Cæcilianus, mais les chefs, qui n'avaient pas accepté
dans l'espoir de calmer enfin les rebelles, l'empereur la décision du concile, demeurèrent intraitables.
se résolut à faire recommencer le jugement et convo- Comme ils avaient appelé de leur première condamna-
qua dans cette intention un concile des Occidentaux. tion, ils appelèrent de cette seconde. Constantin, bien
-
Cette assemblée devait se réunir à Arles, en Gaule, le qu'irrité de leur obstination, reçut l'appel pour épui-
1er août 314. On ne sait pas exactement combien ser les moyens de conciliation. Mais lui aussi leur don-
d'évêques y assistèrent. La lettre du synode au pape na tort, à Milan, le 10 novembre 316.
Sylvestre en indique trente-trois dans son intitulé; Cæcilianus,fortde son droit, avait comparu partout,
mais la liste plus complète, placée à la suite des ca- courant de ville en ville, d'audience en audience, afin
nons, en mentionne neuf ou dix d'Italie, un de Dal- de tenir tête à ses ennemis. Il leur avait ainsi laissé le
matie, seize de Gaule, trois ou quatre de Bretagne. champ libre à Carthage, et ils eurent tout loisir pour
donner à Majorinus, mort pendant ces démêlés, un les donatistes ont leurs martyrs. Non contents de cé-
successeur en la personne de Donatus, surnommé lébrer l'anniversaire de leur mort par des fêtes et
bientôt le Grand (vers 315). « Celui-ci n'était pas un des discours, ils n'auront désormais qu'un désir, les
homme quelconque. Intelligent, instruit, de mœurs venger. Dès maintenant, ils vouent au mépris et à la
sévères, il dominait de très haut l'étrange personnel haine de tous, les noms du comte Léonce et du duc
dont il était le chef, et au milieu duquel on est un peu Ursacius, les agents principaux de la répression.
étonné de le trouver. Mais, comme Tertullien, Dona- Ces mesures, d'ailleurs, n'arrêtèrent nullement les
tus était fort orgueilleux, et, dans son monde tel quel, progrès du schisme. Aussitôt après le synode de 312,
il était le premier. Ses partisans, très fiers de lui, le les sectateurs de Majorinus s'étaient mis à recruter des
traitaient comme un être de condition supérieure. D adhérents dans toute l'Afrique. De retour dans leurs
Duchesne, Hist. anc. del'Église, t. II, p. 121. Le schisme diocèses, les soixante-dix membres de l'assemblée
cessa dès lors de s'appeler « le parti de Majorinus », avaient entraîné aisément les fidèles à leur suite, et,
pars Majorini, pour devenir CI leparti de Donatus », tandis qu'on discutait à Rome, à Arles, à Milan, la
pars Donati, ou « donatisme ». révolte s'organisait outre-mer, surtout en Numidie.
Quoique rebuté par le continuel refus des dissidents Certaines révélations fâcheuses pour les donatistes au-
de se soumettre aux décisions des arbitres réclamés raient dû, semble-t-il, nuire à leur propagande. Elles

:
par eux-mêmes, Constantin résolut d'essayer une su-
prême tentative de rapprochement. Il appela d'abord
les deux parties à Rome un débat contradictoire eut
lieu, à la suite duquel l'empereur se prononça pour
Cæcilianus. Puis, retenant près de lui l'un et l'autre
visaient surtout Silvanus de Cirta, l'un des coryphées
du parti. Dans une enquête officielle ouverte par lé
consulaire de Numidie, Zenophilus, pour examiner les
plaintes formulées contre l'évêque par l'un de ses
diacres, Nundinarius, il fut prouvé (13 décembre 320)
prétendant, malgré la légitimitéplusieurs fois reconnue que Silvanus, en 303, avait contribué à livrer les livres
de Cæcilianus, et dans l'intérêt de la paix, il voulut les et objets sacrés, qu'il était un voleur ainsi que le fa-
déposer tous les deux et faire élire à leur place un seul rouche Purpurius de Limala, et que la plupart de ceux
titulaire choisi parmi les catholiques. On était en droit qui l'avaient ordonné, à commencer peut-être par le
d'espérer qu'une pareille concession rallierait tous les primat de la province, étaient comme lui des,« tradi-
suffrages. A cet effet, deux évêques d'Europe, Euno- teurs »(voir la pièce traduite ci-dessus, col. 765). Gesta
mius et Olympius,furent déléguésen Afrique (finde316 apud Zenophilum,à la suite des œuvres d'Optat, édit.
ou commencement de 317). Ils séjournèrent quarante Ziwsa, p.185-197; P. L., t. VIII, col. 727-742; Mansi,
jours à Carthage, pensant y poursuivre une enquête t. II, col. 500-508. Silvanus et quelques autres furent
sérieuse. Les donatistes firent tout pour l'entraver. exilés, probablement comme fauteurs de troubles.
Une obstruction savante fut organisée, des désordres Malgré ces incidents de nature à les déconsidérer, les
se produisirent, si bien que, se trouvant dans l'impos- réfractaires maintenaient toutes leurs positions. Bien
sibilité de remplir jusqu'au bout leur mission paci- plus, la façon dont fut appliquée la loi rigoureuse h
ficatrice, les envoyés de l'empereur durent se contenter de Constantin leur permit de crier à la persécution,
d'affirmer que l'arrêt du concile de Rome était juste et cette attitude de victimes leur attira de nouvelles
et que Cæcilianus était le véritable évêque. Donatus, sympathies.
;
prévenu de ces événements, avait passé la mer en toute
hâte Cæcilianus le suivit de près. Et le nouvel effort
de Constantin, en vue de ramener le calme, n'ayant
Voyant qu'il n'obtenait aucun résultat par la force,
Constantinrevint à la douceur. A la demande des do-
natistes, il rappela d'exil ceux des leurs qui avaient été
abouti à rien, la situation resta aussi embrouillée en bannis et enjoignit au vicaire Verinus de les laisser
Afrique, après les deux conciles et les deux arbitrages, tous libres (5 mai 321). S'il comptait sur leur recon-
qu'elle l'était lors du synode des soixante-dix Nu- naissance il fut vite détrompé.En Numidie surtout ils
mides; ou plutôt elle s'était encore aggravée, les esprits continuèrent à molester leurs adversaires, les privant
n'ayant pu que s'aigrir de part et d'autre dans les inces- des immunités de curie et des autres que l'État leur
santes discussions des trois dernières années. reconnaissait; à Constantine, ils s'emparent d'une ba-
Constantin estima n'avoir plus de ménagements à silique, construite aux frais de l'empereur et refusent
garder envers des rebelles et se décida à sévir. Une loi obstinément de la rendre. C'est la lutte qui se pour-
futpromulguée(sans doute en 317) que saint Augustin suit. En réponse aux doléances qu'ils font entendre,
qualifie de trèsrigoureuse: severissimam legem. Epist., les catholiques reçoivent d'excellents conseils de
;
cv, 9, édit. Goldbacher, part. 2, p. 601 P. L., t. XXXIII, l'empereur sur le pardon des offenses. On sent que
col. 399; cf. ibid., LXXXVIII, 3, édit.Goldbacher, p. 409; Constantin, excédé de ces interminables querelles, las
P. L., ibid., col. 303; Contra litleras Petiliani, II, 92, de ses insuccès, quelque méthode qu'il eût employée,
205, édit. Petschenig, part. 2, p. 130; P. L., t. XLIII, veut laisser au temps le soin d'arranger les choses.
col. 326. Elle ordonnait la confiscation des basiliques Aussi bien les affaires d'Orient et l'arianisme com-
et lieux de réunions; les principaux auteurs des dé- mençant ne lui permettaient plus guère d'accorder
sordres étaient exilés. Quand on en vint à l'exécution qu'une attention distraite à celles des Africains.
des ordres impériaux, les donatistes résistèrent; pour C'est vers ce temps-là que, pour la première fois, les
;
les réduire on eut recours à la troupe. Une basilique
est prise de vive force la police, aux gages des « tra-
diteurs », charge la foule à coups de bâtons. Un évêque,
dissidents s'érigent en autorité doctrinale. Jus-
qu'alors la secte avait maintenu la vieille tradition
de la province au sujet du baptême des convertis, tan-
de passage à Carthage, Honoratus de Sicilibba, est dis que les orthodoxes, après le concile d'Arles,
blessé; des fidèles, des clercs, sont mis à mort sans s'étaient soumis à l'usage de Rome.Deux cent soixante-
pitié, on les ensevelit sur place. Au nombre des vic- dix évêques donatistes assemblés,auxenvirons de 335,
times se trouve un second évêque, Donatus d'Avioc- décidèrent que le second baptême n'est pas de rigueur.
cala. Ces faits sont mis en scène dans un curieux Le chiffre des assistants à ces séances, qui durèrent
sermon donatiste parvenu jusqu'à nous, Sermo de soixante-quinze jours, en dit plus long que tout sur
la rapide diffusion du schisme. Mansi, Sacr. condi.
passione SS.Donati et Advocati, P. L., t. VIII, col. 752-
758. Tout en faisant dans cette harangue la part des
exagérations dues à l'esprit de parti, tenons pour exact
novaet t.
ampliss.collectio, II,col. 409-410,1121-1122.
Pour essayer d'éclairer l'opinion, les catholiques
l'ensemble des faits auxquels elle se rapporte. Des constituèrent, entre 330 et 347, une sorte de dossier
exécutions de ce genre durent encore avoir lieu en apologétique, dont Mgr Duchesne a rétabli complè-
d'autres endroits. Le sang vient de couler en Afrique, tement le contenu et l'ordre chronologique, Le dos-
sier du donatisme (voir à la bibliographie). Il appelle dans la misère et qui n'hésitaient pas à vivre de ra-
ce recueil, aujourd'hui bien mutilé, Sylloge Optatiana, pines. Bientôt elle se grossit d'autres éléments, des
parce qu'il figure à la suite de l'ouvrage d'Optat qui barbares qui voulaient piller les villes, des roitelets in-
s'y réfère constamment, ainsi que saint Augustin, digènes qui rêvaient de se rendre indépendants. Tous
édit. Ziwsa, p. 183-216; les documents qui subsistent se ruaient à travers les campagnes numides ou maures,
sont épars dans P. L., t. VIII, et Mansi, op. cit., t. II. pillant, brûlant, massacrant. Il ne s'agit plus alors
L'ensemble comprenait l'enquête sur Félix d'Abthu- d'une simple affaire religieuse, envenimée par l'esprit
gni, le procès de Silvanus de Cirta, et une série de de parti. C'est la révolte contre le pouvoir qui s'orga-
pièces officielles relatives aux jugements de Rome, nise; surtout dans l'Aurès, elle a ses chefs redoutés,
d'Arles et de Milan. On pensait s'en servir pour con- qui mènent hardiment leurs troupes à l'assaut de
fondre les schismatiques, mais la discussion pacifique l'ordre social.
n'était pas leur fait. Surtout depuis que l'empe- Dirigé d'abord contre les catholiques, « ce brigan-
reur avait pris une attitude moins résolue, ils enten- dage religieux » avait donc bientôt dépassé le but que
daient bien ne rien céder de leurs prétentions. Dona- ses protecteurs, plus ou moins avoués, les donatistes,
tus de Carthage lui-même, « le prince de Tyr », comme lui avaient assigné. Eux-mêmes ne se sentirent plus
l'appelle Optat, III, 3, édit. Ziwsa, p. 76; P. L., t. xi. en sûreté; ils prirent peur et s'adressèrent à l'autorité
col. 1001, qui jusqu'alors paraissait garder une fière militaire pour obtenir sa protection. Le comte Tauri-
contenance, perd toute retenue, et injurie grossière- nus envoya des troupes qui se heurtèrent parfois à une
ment par écrit le préfet du prétoire d'Italie, Grégoire, vive résistance; en certains endroits, par exemple à
(336-337), à cause de certaines mesures de répression Oclaua, il y eut beaucoup de morts et de blessés.
ordonnées par lui: « Grégoire, souillure du sénat,honte Néanmoins la répression ne dura pas assez pour être
de la préfecture. ; »Gregori, macula senatus et dedecus efficace. Les circoncellions recommencèrent à pulluler.
præjectorum, tel est l'engageant début de sa lettre. Malgré tout, l'empereur Constant, qui n'avait pas
Optat, III, 3, édit. Ziwsa, p. 73; P.L., t.xi, col. 999. encore éprouvé dans cette affaire les mêmes déboires
!
Si le chef du parti s'exprimait sur ce ton, quelle ne
devait pas être la violence de ses subordonnés Chez
lui elle se traduisait en paroles; eux étaient passés
que son prédécssseur Constantin, ne désespérait pas
de ramener la paix dans ces malheureuses provinces.
Il délégua à son tour (347 ou 348) deux commissaires,
aux actes. On avait vu assez rapidement ce parti re- Macarius et Paulus, avec des sommes considérables,
ligieux évoluer et se transformeren une sorte de milice, dont la distribution serait, pensait-il, une utile entrée
avec son cri de guerre Deo laudes, qu'Augustin qua- en matière. Ensuite, on s'entendrait plus aisément.
lifiede bucrina bellica,Aug., Contralitteras Petiliani, II, Les choses n'allèrent pas tout à fait comme il le
LXXXIV, 186, édit. Petschenig, pars 2, p. 116;P.L., souhaitait. A Carthage, Donatus reçut les envoyés
t. XLIII, col. 318, auquel répondait leDeo gratias catho- de la façon la plus hautaine, refusa l'argent de l'em-
lique. Cette acclamation hétérodoxe, ou quelqu'une de pereur et enjoignit à toutes les églises en communion
ses variantes, gravée sur les tombes, sur les basiliques, avec lui d'agir de même. Quoi d'étonnant s'ils rencon-
est souvent pour nous le seul indice qu'un groupe do- trèrent ensuite tant de visages hostiles? En Proconsu-
natisteexistait dans la localité.Elle servait de cri de ral- laire, cependant, l'accueil fut en général assez bon, et
liement à des hordes de paysans farouches qui terro- le succès y répondit partiellement à l'attente de l'em-
risaient alors l'Afrique, surtout la Numidie. Le nom pereur. Il n'en alla pas de même en Numidie; on y op-
d'agonistiques, sous lequel les donatistes les dési- posa une résistance générale à ses représentants. Elle
gnaient, marque bien à quelle besogne guerrière on les fut surtout acharnée à Bagai, l'une des citadelles du
employait; celui de circoncellions, sous lequel ils sont donatisme. Autour de son évêque, Donatus, s'étaient
plus célèbres, vient de ce qu'ils rôdaient d'habitude groupés plusieurs de ses collègues, escortés des cir-
autour des habitations isolées, toujours prêts à inter- concellions de la région de l'Aurès, que commandaient
venir en justiciers, en redresseurs de torts. Au début, les cc Chefs des Saints », Axido et Fasir. De leur côté,
rangés sous la bannière schismatique, parfois guidés Macarius et Paulus firent appel, pour se protéger, aux
par les évêques, ils soutenaient les intérêts du parti soldats du comte d'Afrique, Silvestre. Il serait long de
contre les « traditeurs ». Mais bientôt leur champ d'ac- raconter ici, d'après Optat, in, 4 sq.,les sanglantes ba-
:
tion s'étend, ils s'attaquent aux inégalités sociales
qu'ils prétendent supprimer colons, débiteurs, es-
claves peuvent compter sur leur appui contre leurs
propriétaires, leurs créanciers ou leurs maîtres. Pour
garres qui se produisirent aux environs. Deux évêques,
dont celui de Bagai, y perdirent la vie, et avec eux
nombre de leurs partisans. Pour des gens d'ailleurs qui
s'appelaient les « fils des martyrs », qui recherchaient
triompher ils mettent en œuvre le plus irrésistible des aussi le martyre pour eux-mêmes et se le procuraient
arguments, la force brutale. lorsqu'il tardait à venir, en se brûlant vifs, en se jetant
On voyait leur bandes fanatiques parcourir le pays, dans les rivières ou dans les précipices, une pareille
brandissant d'énormes bâtons, et faisant un mauvais aventure ne pouvait être que bénie. Leurs coreli-
parti à quiconqueosait leur résister ou simplement leur gionnairesne se firent pas faute d'exalter leur héroïsme,
déplaisait. Une curieuse sculpture, récemment décou- comme celui des évêques envoyés en exil à la suite de
verte aux environs deTébessa, a trait sans doute à l'un ces violences; au premier rang était Donatus de Car-
de ces forcenés. Le personnage qu'elle représente est thage, l'instigateur de la rébellion. En revanche, les
enchaînéà la porte d'une prison et tient du bras gauche noms de Macarius et de Paulus furent inscrits après
un bâton; une inscription le nommeDonatus mile(s) ceux de Léonce, d'Ursacius et de Zenophilus sur la liste
Ch(risti). C'était donc, peut-on croire, un des membres des persécuteurs des a saints », et ces jours terribles,
de la milice sainte, un des chevaliers du Christ, chargé Macariana tempora, restèrent pour eux à jamais mau-
de monter la garde près des basiliques et de rosser les dits.
catholiques à l'occasion. Il est armé du fort gourdin Parmi les trop rares ouvrages donatistes qui nous
que ses pareils, dans leur langage pittoresque, appe- restent, deux des plus curieux sont inspirés par les
laientleurcc Israël », et dont ils savaient si bien jouer. événements de cette période. Ils révèlent une extraor-
Donatus avait dû être emprisonné pour quelque excès; dinaire exaltation. Passio benedicti martyris Marculi,
il était par suite tenu pour martyr et ce bas-relief glo- P. L., t. VIII, col. 760-766; Passio SS. martyrum Isaac
rifiait sa vaillance. Bulletin de la Soc. des antiquaires, et Maximiani, ibid., col. 767-774, 778-784; Mansi,
1909, p. 213. Cette armée du désordre se recruta Sacr.concil.nova et ampliss. collectio, t.III, col. 143. En
d'abord surtout parmi les ouvriers agricoles tombés célébrant le courage de ces indomptables cc soldats
du Christ », ils surexcitaient l'ardeur des opposants. longtemps portées contre les e7traditeurs » et les re-
Dans le même dessein, un certain Vitellius publia un baptisants. « La réprobation des traditeurs était une
éloquent pamphlet, aujourd'hui perdu, sous ce titre : satisfaction accordée aux donatistes ralliés, celle des
rebaptisants, une condamnation assez indirecte du
« Les serviteurs de Dieu sont haïs du monde », Quod
odio sint mundo servi Dei. Gennadius, De scriploribus donatisme lui-même. On laissait dormir les anciennes
ecclesiasticis, 4, P. L., t. LVIII, col. 1063. Et l'on peut
se demander si les Actes des martyrs d'Abitinæ, dont
:
querelles Cæcilianus, Félix, Majorinus étaient morts
depuis longtemps; il n'était plus question d'eux. »
l'inspiration donatiste est indéniable, comme aussi la Duchesne, Hist. anc. de l'Église, t. II, p. 244. Il y
Passio SS. Nlaximæ, Secundæ et Donaiillæ, et les Acta avait d'autant plus de mérite à adopter ces mesures
Crispinæ, ne furent pas arrangés ou écrits vers ce conciliatrices, qu'on avait cherché par la calomnie
temps. Une littérature hagiographique avait donc à entraver l'œuvre réparatrice de Gratus. Elles con-
fleuri chez les donatistes, elle entretenait parmi eux tribuèrent à ramener le calme bien plus que les dra-
la flamme de l'enthousiasme. gonnades de Macarius.
Pourtant la mission de Macarius et de Paulus V. SAINT AUGUSTIN. LES HÉRÉSIES.
n'avait pas laissé de produire quelques résultats dans qu'ait — Quelle
pu être l'efficacité respective des deux pro-
le sens de l'apaisement. En dehors même de la Procon- cédés, il est certain qu'aux environs de 350, la paix,
sulaire, leurs exhortations avaient çà et là réalisé la au moins extérieure, régnait en Afrique. Le dona-
concorde. Ce n'en était pas assez, à vrai dire, pour tisme n'est pas mort, on en aura bientôt la preuve.
croire que l'on avait cause gagnée. Quand les deux Mais les violences de ses adhérents ont pris fin. Privés
operarii unitatis se rembarquèrent pour l'Italie, on de leurs principaux chefs, surtout de Donatus de
déclara bien que l'Église donatiste était abolie. Le Carthage, qui conduisait l'ensemble du mouvement,
mot n'avait de sens que dans les proclamations offi- ils sont comme désemparés; la direction et les exci-
cielles; et le pouvoir croyait trop que la réalité répon- tations de jadis leur font défaut. Le temps aurait
dait à ses désirs. donc arrangé bien des choses. Julien ne le permit
Ce qui contribuait à maintenir les forces des dona- pas.
tistes, c'est qu'ils avaient noué des relations en dehors Celui qui pouvait être le meilleur artisan de la con-
de l'Afrique. Depuis l'adoption par Constantin d'une corde, Gratus, mourut dans l'intervalle. Il eut pour
sorte de neutralité religieuse, dans les deux camps on successeur Restitutus qui, lui non plus, ne paraît
recherchait des alliés outre-mer. Les efforts des uns pas avoir été un intransigeant. Dans son extrême
et des autres n'étaient point demeurés stériles. Les désir de conciliation, il dépassa même la juste mesure
eusébiens, dissidents du concile de Sardique, rassem- et son attitude au concile de Rimini (juillet 359)
blés à Philippopoli, écrivent à Donatus pour lui de- donne à penser qu'il avait plus de souplesse que de
mander son appui. Mansi, Sacr. concil. nova et ampliss. fermeté dans le caractère. On sait ce qui se passa dans
collectio, t. III, col. 126-140. Le parti était d'ailleurs en cette nombreuse assemblée où beaucoup d'Africains
rapports avec la communauté issue de lui qui s'était avaient dû se rendre. Pour honorer les chrétientés
établie à Rome. Ces rapports deviendront plus étroits dont il était le représentant le plus en vue, sans
quand, vers 370, Macrobius, chef de ce groupe, entre- doute aussi par déférence pour sa personne, on avait
tiendra une correspondance avec ses coreligionnaires porté, semble-t-il, Restitutus à la présidence; du
de Carthage et leur enverra le panégyrique enflammé moins son nom se trouve en tête des documents
des martyrs Isaac et Maximianus, leurs concitoyens synodaux. C'est lui encore qui fut le chef de la dépu-
dont il vient d'être question. Du côté des catholiques, tation envoyée par la fraction orthodoxe à l'empe-
Cœcilianus, seul de son pays, prend part aux délibé- reur Constance. Comme ses collègues, il se laissa inti-
rations du concile de Nicée (325), Mansi, ibid.,t.II, mider par les menaces du prince ou circonvenir par
col.696;parse, soins les décrets ensont publiés dans son entourage semi-arien et signa une profession
sa patrie. Rufus, qui le remplace, assiste, vers 340, de foi hérétique. Mais il revint de son erreur parla
au concile de Rome, où le symbole de Nicée fut suite, puisque sa depositio est inscrite au Calendrier
confirmé et l'arianisme condamné. Mansi, ibid., t.II, de Carthage (29 août) et que saint Augustin pro-
col. 1269. Gratus, leur successeur, se rend à son tour nonça un sermon De depositione Restituti episcopi
à l'assemblée de Sardique (342 ou 343), où il reçoit Carthaginis. Possidius, Indiculus Augustini, 8, P. L.,
le même accueil cordial que Cæcilianus à Nicée. 11 y t. XLVI, col. 16. En attendant, cette défaillance plus
était accompagné par une imposante délégation; la ou moins prolongée n'était pas faite pour relever
lettre synodale porte la signature de trente-six Afri- outre-mer le prestige de son parti. Et cela était d'au-
cains. Mansi, ibid., t. III, col. 12, 50, 67. Les liens tant plus regrettable qu'il allait avoir à subir un nou-
qui rattachaient les catholiques aux Églises trans- vel assaut de la part non seulement des donatistes
marines se resserraient par la présence de leurs réinstallés dans leurs anciennes positions, mais aussi
évêques à ces solennelles assises. des hérétiques et des païens qui reprenaient con-
Gratus, qui venait de constater à Sardique les heu- fiance en l'avenir.
reux effets de la concorde religieuse, voulut essayer Julien venait de monter sur le trône (novembre
d'en faire jouir aussi les chrétientés d'Afrique. A cette 361). Sa prédilection pour le paganisme, son indif-
intention, il assembla (sans doute en 349) un concile férence pour la plupart des sectes chrétiennes, son
de toutes les provinces, auquel assistèrent plusieurs hostilité enfin pour tout ce qui était catholique ne
évêques donatistes réconciliés les années précé- tardèrent pas à être connues. Aussitôt, désireux de
dentes. Mansi, ibid., t. III, col. 143-158. Dans le profiter de cette occasion de rentrer en Afrique, les
discours d'ouverture, il remerciait «le Dieu tout- évêques et les autres membres du clergé donatiste,
déportés depuis 348, adressèrent une supplique à
puissant et le Christ Jésus de mettre un terme aux
maux du schisme et d'avoir réuni par sa miséri- l'empereur. Leur demande fut accueillie. On pense
corde, dans le sein de l'Église, tous ses membres bien que l'exil et les souffrances de toute sorte qui
dispersés. » Les règlements qu'on y adopta sont l'accompagnaient ne leur avaient pas inspiré des sen-
empreints d'une grande modération; outre plusieurs timents plus doux envers leurs adversaires de jadis.
prescriptions de discipline générale, défense fut Ils revenaient donc avec le désir de prendre sur eux
faite de réitérer le baptême et d'honorer comme une revanche longtemps espérée. Rien n'était plus
martyrs les victimes volontaires et les suicidés. facile que de réchauffer le zèle des schismatiques de-
A la fin, Gratus renouvela les condamnations depuis meurés dans le pays, dont beaucoup assurément ne
s'étaient soumis que contraints par la force, et qui, lences de ses partisans, peut-être en les déplorant le
eux non plus, n'acceptaient pas les faits accomplis. premier, par le seul ascendant de son caractère, sa
Aussi bien, en remettant partout en présence, dans fermeté et la vigueur de son administration, il réta-
les villes et dans les campagnes, sans aucune mesure blit promptement les affaires du donatisme. Sa pa-
de précaution, les deux partis, les deux clergés, sou- role, ses écrits propagent les idées de la secte. Ses
vent deux évêques désireux de garder le siège chacun Psaumes, qu'on chante en chœur dans les églises, les
pour soi, ne commettait-on pas une grave impru- répandent parmi le peuple, tandis que son traité,
dence; ou plutôt, n'était-ce pas là une coupable intitulé sans doute Adversus Ecclesiam traditorum, les
machination? Le résultat inévitable, peut-être es- défend contre les catholiques. Grâce à lui surtout,
compté par Julien, se produisit; la guerre se ralluma aidé qu'il fut, d'ailleurs, par des circonstances favo-
plus ardente que jamais. rables, le schisme reconquiert toutes ses positions et
Optat nous a laissé en termes émus le récit de ces en gagne de nouvelles. Avant la fin du IVe siècle, ses
scènes tragiques, 11, 16-26; VI, 5-8; édit.Ziwsa, p. 50- forces contrebalancent celles des catholiques; elles
66, 152-157; P.L., t. XI, col. 968-986, 1076-1082. les dépassent même en Numidie.

;
Avant tout, les donatistes veulent rentrer en pos-
session de leurs églises ils en expulsentles détenteurs,
au besoin à main armée. De fréquentes bagarres
D'autres ennemis, moins redoutables assurément,
dont il ne faudrait pas cependant méconnaître la
:
force, entravaient aussi la libre expansion de l'Église
éclatent, qui parfois dégénèrent en véritables tueries. à côté du schisme, l'hérésie. Celle qui domine tout le
Quelques membres de l'épiscopat se distinguèrent IVe siècle et qui partagea le monde chrétien en deux
par leur animosité, surtout dans les Maurétanies. camps, l'arianisme ne fit qu'effleurer l'Afrique. On a
Félix, évêque de Zabi, et Januarius, de Flumenpis- vu plus haut comment les représentants de ce pays
c.nsis, en Sitifienne,prennent d'assautune basilique, à l'avaient successivement réprouvé; Cæcilianus à
Lemellef, dans la même province, et font assommer Nicée, Rufus à Rome, Gratus et trente-cinq de ses
deux diacres qui tentent de la défendre. Même scène collègues à Sardique. Certains de leurs successeurs
à Carpis, en Proconsulaire. Deux évêques numides furent moins fermes dans la foi. La formule hété-
Urbanus de Formas et Félix d'Idicra, à la tête d'une rodoxe de Sirmium (358) reçut l'adhésion de quatre
bande fanatique, assaillent la ville de Tipasa, en africains; et, l'année suivante, Restitutus, non con-
Maurétanie Césarienne. Les magistrats sont com- tent de souscrire lui-même à l'erreur, y engagea à sa
plaisants ou complices. cc On met les hommes en suite le concile de Rimini. Peut-être y aurait-il entraî-
pièces, on viole les matrones, on tue les enfants, on né toutes les provinces d'alentour, si saint Athanase,
fait avorter les femmes. » Lacerati sunt viri, tractæ gardien vigilant de l'orthodoxie, n'avait, au nom de
surit matronæ, infantes necati sunt, abacti sunt partus. quatre-vingt-dix membres de l'épiscopat égyptien,
Optat, II, 18, édit. Ziwsa, p. 53; PL., t. XI, col. 971.
On jette le saint chrême par la fenêtre et l'eucha- » «
réunis en concile à Alexandrie, adressé une Lettre
aux Africains pour les ramener à la foi de Nicée
ristie aux chiens. Outre ces quelques exemples (vers 369). P. G., t. XXVI, col. 1029-1048. Ses exhor-
précis, Optat fait encore allusion d'une façon plus tations furent entendues. Restitutus se sépara des
sommaire à d'autres épisodes analogues. Si les vic- novateurs, qui ne recrutèrent plus d'adhérents outre-
timesse plaignent, comme fit Primosus, évêque de mer.
Lemellef, devant un conciliabule donatiste tenu à On se rappelle que les eusébiens de Sardique étaient
Theveste, on n'écoute pas leurs doléances. C'étaient entrés en relations avec Donatus de Carthage. Celui-ci,
les procédés des circoncellionsremis en honneur. En au dire de saint Jérôme, De viris, 93, aurait écrit un
même temps, on déclarait nulles et on réitérait les livre sur le Saint-Esprit, dans le sens arien, ariano
consécrations de vierges, les ordinations, les bap- dogmati congruens. Le souvenir dî cette alliance entre
têmes, en un mot toutes les cérémonies célébrées le schisme africain et l'hérésie orientale fut-il pour
pendant l'union. quelque chose dans l'échec de la propagande arienne
Le bâton, l'épée, les anathèmes n'auraient pas auprès des catholiques, soucieux de ne pas frayer,
suffi cependant à assurer la victoire du donatisme même indirectement, avec le donatisme? Il serait
si la supériorité intellectuelle de ses chefs, arme plus piquant de le constater. De toute façon, l'arianisme
pacifique, partant plus efficace, n'y avait puissam- disparut de l'Afrique jusqu'au jour où les Vandales
ment contribué. Donatus le Grand était mort dans l'yréintroduisirent,les armes à la main. Nous verrons
son exil, en Gaule ou en Espagne, entre 350 et 355; le concile de Carthage, en 390, sur la proposition du
l'heureuse fortune du parti lui réservait comme suc- président Genethlius, donner son adhésion au sym-
cesseur sur le siège de Carthage, Parmenianus. Il était bole de Nicée.
étranger à l'Afrique, peut-être Espagnol ou Gaulois, Plus rapides et plus certains avaient été les pro-
et les catholiques ne se faisaient pas faute de lui re- grès du manichéisme. Nulle part peut-être en Occi-
procher cette origine exotique. Numquid nos aliquem dent cette doctrine ne fut accueillie avec autant de
adduximus Hispanum aut Gallum aut nos ordinavimus faveur qu'au sud dela Méditerranée. C'est là, du moins,
ignorantibus peregrinum? Optat, n, 7. — Quem enim qu'elle fit ses premières conquêtes. Au dernier tiers
latet præter te, quia peregrinus es, et potuerunt tibi du IIIesiècle, Manès y avait envoyé son disciple, Adi-
falsa narrari? ibid., 111, 3, édit. Ziwsa, p. 44, 71; P.L., mantus (col.564), qui réussit complètement dans sa
t. XI, col. 961, 999. On ne se tromperait guère, j'ima- mission. Ses adeptes devinrent vite si nombreux que
gine, en supposant qu'il avait connu Donatus exilé le pouvoir s'en émut. Vers 295, une constitution des
et qu'il était devenu son disciple; peut-être, même, empereurs Dioclétien, Maximien et Galère, adressée
servit-il d'intermédiaire entre lui et les donatistes au proconsul d'Afrique, Julianus, prescrit de brûler
demeurés en Afrique. Ses qualités personnelles, en tous les livres de la secte, de confisquer les biens de
tout cas, avaient dû le mettre bien vite en relief. Aussi, ses partisans, même de les mettre à mort, surtout les
à la mort de Donatus, les bannis purent le choisir chefs, ou de les reléguer dans les mines. Ces rigueurs
comme chef de l'Église schismatique. Jusqu'à l'avè- durent ralentir l'expansion du manichéisme, elles ne
nement de Julien il lui était interdit de prendre pos- l'arrêtèrent pas. S'il n'est pas aisé d'en discerner les
session du siège de Carthage. Mais dès qu'il eut la manifestations pendant les deux premiers tiers du
permission de s'y installer, il ne lui fallut pas long- siècle suivant, il n'en cheminait pas moins sûrement
temps pour affirmer sa réelle maîtrise et s'imposer à en cachette. Il reparaîtra au jour avec éclat, vers 380,
tous, amis ou adversaires. Sans tremper dans les vio- et saint Augustin lui livrera de rudes assauts.
Nous relevons aussi dans les documents de cette sité de se défendre. Mais ils n'avaient pas assez de
période des preuves de l'hostilité persistante du ju- cohésion en face d'adversaires résolus. Surtout il leur
daïsme. Les juifs dont j'ai signalé ci-dessus (col. 711) manquait un chef pour les guider à la victoire, tandis
l'expansion dans l'Afrique septentrionale, au temps que Parmenianus de Carthage dirigeait avec autorité
:
des Antonins, y occupent encore plus d'une localité
importante, au cours du ive siècle Oea, en Tripo-
litaine;Naro? (Hammam Lif), Carthage, Simitthus et
les bataillons donatistes. Un homme pourtant entre-
prit de réfuter les accusations qu'on lançait contre
l'Église. En réponse aux écrits de Parmenianus, Op-
Hippone, en Proconsulaire; Cæsarea et Tipasa, en tatus, évêquede Milev, en Numidie, publia, vers 370,
Maurétanie Césarienne; Volubilis, dans la lointaine un traité en six livres, qu'il remania vers 385, en y
Tingitane. Ils n'ont pas cessé de se quereller avec les ajoutant un septième. Sous forme oratoire, c'est une
chrétiens. Les deux religions sont aux prises à histoire du schisme, présentée de façon assez objec-
Cæsarea, où les juifs excitent les païens contre la tive. Optat en expose les origines; il montre le peu
martyre Marciana; à Tipasa, où une basilique prend de solidité des reproches intentés aux orthodoxes et
la place d'une synagogue. Ce qui démontre encore les justifie en particulier d'avoir provoqué les mesures
la survivance et la force du judaïsme africain jus- de rigueur prises par le gouvernement; il raconte les
qu'au seuil du Ve siècle, c'est que saintAugustin l'at- violences dont se sont rendus coupables donatistes
taque à diverses reprises; à l'imitation de Tertullien et circoncellions; il met en lumière leur entêtement
et de saint Cyprien, il a consacré un traité spécial à le et leur aversion pour la paix religieuse. Cette contro-
combattre. Traclatus adversus Judæos, P. L., t. XLII, verse ne paraît pas avoir produit de résultats bien
col. 51-64. positifs. Mais en introduisant dans son récit maintes
Enfin l'orthodoxie avait encore un dernier adver- pièces officielles, procès-verbaux d'enquêtes, lettres
saire, plus à craindre que l'arianisme, le manichéisme impériales, actes des conciles, Optat nous a permis
et le judaïsme. Après l'édit de tolérance rendu à Mi- de contrôler sa bonne foi et de nous former sur les
lan par Constantin, en 313, le polythéisme ne jouit causes et le développement du schisme une opinion
:
plus d'un traitement privilégié, cependant il n'est
pas persécuté l'ancien et le nouveau culte sont mis
légalement sur le même pied. Et si l'empereur incline
motivée.
Un renfort vint aux catholiques d'où ils l'auraient
le moins attendu, des rangs mêmes de leurs antago-
personnellement de plus en plus vers ce dernier, il nistes. L'un d'entre eux, Tychonius, dans un écrit
n'adopte pourtant aucune mesure contre l'autre. intitulé De bello intestino, porta, entre 370 et 390,
Il prend même en sa faveur bien des décisions rassu- de rudes coups à son propre parti. Selon lui, la véri-
rantes pour ses adeptes. Aussi ne songent-ils guère à table Église, répandue dans l'univers entier, ne cesse
se cacher, pas plus en Afrique que dans le reste de pas de mériter ce nom et de garder ce caractère

;
l'Empire. Les inscriptions ne manquent pas dans les
dernières années du règne de Constantin, gravées en
l'honneur des dieux du paganisme l'une d'elles émane
d'un proconsul. Bien d'autres témoignages encore
attestent la vitalité de la vieille religion à cette
parce que les pécheurs y sont mêlés aux justes.
C'était la négation de la thèse soutenue par la secte
depuis l'ordination de Cæcilianus. Pour être logique
avec lui-même l'auteur aurait dû abandonner les
donatistes. Et cependant, par une étrange incon-
époque; la Passion de sainte Salsa, à Tipasa, est séquence, il ne voulut pas se séparer d'eux. Parme-
l'un des plus instructifs. Sous Constance et Constant, nianus eut beau jeu pour mettre en évidence cette
;
la tolérance fait place à l'hostilité. Un édit de 341 in-
terdit les sacrifices païens vers 346, on ferme tous les
temples. Rien n'empêche de croire que ces prescrip-
contradiction. Nous n'avons plus leDe bello intestino,
ni le commentaire de l'Apocalypse qu'avait encore
rédigéTychonius, ni les Expositiones diversarum cau-
tions furent appliquées au sud de la Méditerranée sarum, où il critiquait les décisions d'un certain
comme ailleurs. En 358, Constance n'hésita pas, ne nombre de conciles. Mais nous possédons son traité
pouvant le supprimer, à séculariser le Concilium pro- sur sept règles d'exégèse biblique, Liber regularum,
vinciæ de Proconsulaire, né du culte impérial, dont apprécié de saint Augustin, qui s'en est beaucoup
le caractère par suite était essentiellement religieux. servi. Et ce qui nous reste de cet écrivain de talent,
Avec Julien, le polythéisme est de nouveau la reli- hominem et acri ingenio præditum et uberi eloquio,
gion privilégiée; les temples sont rouverts, les sacri- Aug., Contra epistulam Parmeniani, I, I, 1, édit. Pet-
fices recommencent;tous les cultes, dans chaque pro- schenig, part. 1, p. 19; P. L., t. XLIII, col. 33, à la
vince, sont subordonnés au culte impérial, et leurs fois l'honneur et le danger de son parti, nous fait
prêtres au prêtre provincial, qui devient une manière vivement regretter que ses autres ouvrages soient
d'évêque. De ces dispositions très bienveillantes aujourd'hui et sans doute à jamais perdus.
l'idolâtrie reçut un regain de vie, que ne réussirent Depuis l'origine du donatisme, ses partisans
pas à lui faire perdre les mesures restrictives adoptées avaient donné l'exemple de l'union en face de leurs
dès 364 par Valentinien.L'épigraphie de cette époque adversaires. Le premier, peut-être, Tychonius faisait
nous a conservé plus d'un texte franchement païen. entendre une voix discordante. D'autres vont venir
:
Parmi les gouverneurs d'alors plusieurs sont par-
tisans résolus des anciens dieux il suffitde nommer
le fameux Symmaque, dont tous les efforts, comme
qui passeront de la parole aux actes et créeront un
schisme dans le schisme lui-même. Si les raisons qui
déterminèrent ces dissidentssont obscures pour nous,
proconsul, devaient tendre à la consolidation du leurs noms, du moins, nous ont été conservés par saint
paganisme. Saint Augustin, d'ailleurs, nous apprend, Augustin. Ils s'appelaient, d'après leurs chefs, « clau-
pour le regretter, que lui-même, dans sa jeunesse
{après 370), il assistait, à Carthage, aux spectacles et
« »
dianistes » en Proconsulaire, urbanistes en Numi-
die, « rogatistes » en Maurétanie Césarienne. Les pre-
aux jeux du cirque ou de l'amphithéâtre, comme miers se réconcilièrentavec le gros du parti dans les
aux cérémonies célébrées en l'honneur de la grande dernières années du IVe siècle.Les urbanistes, canton-
.déesse Cælestis. En réalité, malgré les édits sévères nés dans un coin de leur province, ne devaient pas
rendus de 381 à 394, par Gratien, Valentinien II et être nombreux. Quant aux rogatistes, ils paraissent
Théodose, les temples paraissent avoir subsisté en avoir formé un groupe assez important sous la di-
Afrique jusqu'en 399. rection de l'évêque de Cartenna (Ténès). On ne comp-
Ainsi contrariés ou combattus de toutes parts, les tait guère, en 408, que dix ou onze évêques de cette
catholiquesne se dérobaient pas à la lutte; aussi bien, confession. Mais il n'est pas impossible qu'elle ait
l'instinct de la conservation leur faisait une néces- été précédemment plus étendue. Depuis quarante
ans qu'elle existait — elle remonte à 361 au plus d'affranchissement qui tourmentait alors tout le
tôt — les épreuves ne lui avaient pas manqué et ses pays.
effectifs s'étaient peu à peu réduits. Moins farouches On n'attend pas que je raconte par le menu toutes
que les autres donatistes, ceux-là ne s'associaient pas les péripéties de cette guerre. Elle débute par la prise
aux violences des circoncellions. Lorsque éclata la et l'incendie de Cæsarca (Cherchel), le pillage d'Ici-
révolte de Firmus, ils demeurèrent fidèles à l'auto- sium (Alger), le siège prolongé de Tipasa; la ville
rité impériale. Aug.,Epist., XCIII, édit. Goldbacher, résiste victorieusement, tandis que l'effroi se répand
pars 2, p. 445-496; P. L., t. XXXIII, col. 321-347. dans toute la contrée. Pour soutenir une lutte qui
A ce soulèvement, qui agita pendant quatre années s'annonçait difficile, Valentinien envoie son meilleur
environ la Maurétanie (371-374), Ammien Marcellin, général, Théodose, le père du futur empereur de ce
XXVIII, v, 2 sq., ne donnerait volontiers qu'une seule nom. Il commence par retirer à Romanus la direction
des opérations militaires, rétablit dans l'armée une
cause, l'incapacité et la dureté du comte Romanus,
commandant de l'armée d'Afrique, dont la puissance sévère discipline, et, par une série d'habiles ma-
effective dépassait alors le pouvoir purement civil du nœuvres,réduit peu à peu aux abois un ennemi insai-
proconsul et du vicaire. Il est de fait que ce personnage sissable que rien ne décourage. Ni les échecs répétés,
cupide, soupçonné d'avoir favorisé naguère l'invasion ni les défections successives de ceux qui l'avaient
de la Tripolitaine, à trois reprises, par les tribus aus- d'abord soutenu ne peuvent avoir raison de ce Fii
turiennes venues du sud, avait réussi à se faire mal mus, aussi redoutable aux Romains que le sera plus
voir de tout le monde. Les donatistes le détestaient tard pour nous Abd-el-Kader, et qui exerçait sur les
comme l'un de leurs persécuteurs; les autres lui en Maures un prestige aussi grand que ce dernier sur les
voulaient de son administration partiale et mala- Arabes. On ne sait combien de temps auraient duré
droite. Mais il avait des amis et des protecteurs à la les hostilités, si l'un de ses alliés, Igmazen, chef des
cour, et jusqu'alors il s'était toujours tiré des diffi- Isaflenses, ne s'était engagé à le livrer à Théodose.
cultés qu'il faisait naître. Un chef maurétanien, Fir- Firmus, comprenant le sort qui l'attendait et ne pou-
mus, ayantassassiné son frère, queRomanus soutenait vant l'éviter autrement, se pendit. Sa mort ramena
contre lui, essaya, mais en vain, de faire parvenir sa le calme en Maurétanie montagnards révoltés, tribus
justification à l'empereur. Par de secrètes influences avides d'indépendance, donatistes des villes et des
le comte l'empêchatoujours de faire entendre ses pro- campagnes, qui avaient saisi l'occasion de secouer
testations, tandis que lui-même ne cessait de l'accu- le joug romain, tous rentrèrent pour un temps dans
ser avec acharnement. Poussé à bout, le Maure prit une obéissance au moins apparente.
les armes contre l'Empire. Car une véritable paix ne pouvait pas si vite suc-
cc Ce récit, dit M. Cagnat, doit être véridique;
céder à la tourmente. Trop d'éléments étaient en ef-
mais on peut se demander aussi s'il ne trouvait pas, fervescence depuis soixante ans, pour que le calme
dans l'état des esprits en Maurétanie, à ce moment, revint ainsi en quelques jours. Firmus était mort,
un terrain tout préparé pour une révolte. Il faut mais tous ceux qui lui avaient prêté leur appui res-
:
remarquer que l'influence de Donatus avait séparé
l'Afrique en deux camps ennemis les uns, partisans
de l'orthodoxie, étaient appuyés par l'autorité im-
taient bien vivants, avec leurs regrets, leurs espoirs
et leurs haines, guettant sans doute l'occasion d'une
revanche. Qu'ils n'aient pas désarmé, nous pouvons
périale, comme nous l'avons dit plus haut; les autres, nous en convaincre par les œuvres de saint Augustin.
qui s'étaient jetés dans le schisme et se sentaient Elles contiennent mainte allusion aux méfaits des
tenus pour des ennemis publics, devaient être dis- circoncellions dans les campagnes et aux vexations
posés à se laisser emporter aux partis extrêmes avec des donatistes dans les villes. Le gouvernement;, de
toute l'ardeur que les dissensions religieuses ins- son côté, tenait rigueur à ce parti religieux qui avait
pirent aux esprits, même les plus calmes. Combien trempé dans la rébellion. Une série d'édits furent
cette ardeur ne devait-elle pas s'accroître alors que dirigés contre eux par Valentinien (20 février 373) et
la revendication religieuse se doublait d'une reven- par Gratien (17 octobre 377; 3 août 379), surtout
dication de race, et qu'il s'agissait, non plus seule- pour interdire les rebaptisations. Mais la nécessité
ment de faire triompher des idées abstraites, mais de même de renouveler ces défenses montre qu'on n'en
prendre une revanche des défaites passées et des per- tenait guère compte. Aussi bien, certains fonction-
sécutions essuyées. Les donatistes étaient, en grande naires encore païens, comme le vicaire Nicomachus
partie, composés d'indigènes, pour qui le schisme Flavianus, ne devaient pas les appliquer avec beau-
avait été l'occasion attendue de protester contre une coup de zèle. Tandis que les catholiques assez désem-
servitude impatiemment supportée, et qui nourris- parés, sans chefs pour les guider, menaient une exis-
saient au fond du cœur l'espoir de secouer le joug tence précaire, leurs adversaires parlaient, agissaient
quelque jour. Ils firent donc alliance avec Firmus, en maîtres, plus d'une fois en tyrans.
comme Firmus avec eux; ils lui donnèrent une nom- Un des leurs, Optatus, est devenu fameux par la
breuse armée qu'il n'avait point et un excellent recru- terreur qu'il fit régner autour de lui. Cet te évêque-
;
tement indigène qui lui était indispensable pour sou-
tenir la lutte lui, leur fournit le chef militaire dont
ils avaient besoin. Ainsi, vengeance personnelle, pas-
fléau », ce cc véritable brigand », comme on a pu le
qualifier, occupait le siège de Thamugadi, au nord de
l'Aurès. On l'avait surnommé le Gildonien, à cause de
sions religieuses, revendications d'indépendance,tout son intimité avec le comte Gildon. Ce personnage
concourait à souleverla Maurétanie contre l'Empire. » qui gouverna l'Afrique pendant douze années était
L'armée romaine, p. 71-72. L'alliance des donatistes un chef indigène, frère de Firmus, demeuré fidèle à
avec le rebelle est attestée par l'épithètedeFirmiani l'Empire, au moment de la campagne de Théodose
qu'on leur appliquait, au témoignage de saint Au- le père. Pour prix de ses services, il avait été promu
gustin. Je ne saurais dire si la trahison de deux corps à la dignité exceptionnelle de cornes et magister utrius-
auxiliaires de l'armée d'Afrique, les Constantiani que militiæ per Africam (386 ou 387). Son pouvoir
pedites et les Equites cohortis IV Sagitlariorum, qui militaire était donc considérable. Comment, après
passèrent à l'ennemi, doit être attribuée, comme l'a avoir combattu les donatistes, alliés de Firmus, se
supposé M. Cagnat, à des motifs religieux. Mais
l'hypothèse n'a rien en soi d'invraisemblable, car
?
trouvait-il maintenant les favoriser Les motifs de
cette évolution nous échappent; mais il est certain
ces troupes, recrutées parmi les indigènes, devaient que les fanatiques et les furieux, comme l'évêque de
éprouver, autant que leurs compatriotes, ce besoin Thamugadi, pouvaient opérer à leur aise avec sa
complicité plus ou moins avouée. Optatus ne s'en
fit pas faute. A la tête de ses bandes armées, il par-
;
prêtres le premier était jugé, condamnépardesévêques
de province,commel'avaitétélesecondparles soixante-
courait la Numidie en pays conquis, assommant les dix Numides, sous la conduite de leur primat; on or-
gens et p-illantles propriétés. Son triste renom s'éten- donnait Maximianus contre lui, de la mêmefaçon que
dait bien au delà des limites de sa province; on le jadis Majorinus; enfin, une matrone intrigante et riche
redoutait à Carthage et jusqu'au fond de la Mauré- jouait le rôle de Lucilla. Saint Augustin n'a pas man-
tanie. Les catholiques étaient ses victimes toutes qué d'établir à mainte reprise ces rapprochements
désignées. D'ailleurs ses coups tombaient aussi sur et d'en tirer des arguments contre les donatistes. S'ils
les anciens adeptes du donatisme, qui maintenant se plaignaient à bon droit des procédés dont usaient
formaient bande à part. Les rogatistes éprouvèrent envers eux les maximianistes, comment pouvaient-ils.
sa brutalité; mais il paraît s'être spécialementachar- refuser d'admettre les griefs des catholiques, qu'ils
né contre les maximianistes. avaient traités exactement de la même façon?
On appelait ainsi une secte née dans des circons- Comme s'ils souhaitaient pousser jusqu'au bout la
tances qui méritent d'être rapportées. Après trente- ressemblance, Primianus et les siens recoururent aux
cinq ans au moins d'épiscopat, Parmenianus était autorités civiles, invoquant contre les dissidents les
remplacé sur le siège épiscopal de Carthage, vers lois édictées contre eux au cours du siècle et qu'ils
391, par Primianus. Celui-ci, pour des raisons que n'avaient jusqu'alors cessé de maudire. A plusieurs
nous ignorons, s'aliéna bientôt plusieurs de ses reprises ils réussirent à obtenir l'intervention des ma-
diacres, notamment un certain Maximianus, de la gistrats, à qui le grand concile de Bagai en imposait
famille de Donatus le Grand. Il le destitua. Loin sans doute. Mais la voie légale semblant trop lente
de céder, Maximianus, qu'une grande dame soutenait aux ardents du parti, des exécutions sommaires
de son influence, s'adressa aux évêques des villes eurent lieu. On vit des scènes honteuses. Salvius,
voisines, en les priant d'intervenir. Quarante-trois évêque de Membressa,l'un des consécrateurs de Maxi-
d'entre eux se rendirent à Carthage et convoquèrent mianus, refusait de quitter son siège épiscopal d'où
Primianus, qui refusa de comparaître devant ce tri- on le chassait. Pour l'y contraindre les habitants d'une
bunal composé de factieux (début de 393). Ils l'ajour- ville voisine, Abitinæ,lui attachèrent au cou des chiens
nèrent alors à un prochain concile, qui se réunit à morts efforcèrent ce vieillard ainsi affublé à danser,
Cabarsussi, en Byzacène, le 24 juin suivant. Saint tandis qu'eux-mêmes se livraient à une sarabande
Augustin dit à plusieurs reprises qu'une centaine autour de lui, en hurlant des chansons obscènes. Optat
d'évêques y assistèrent; mais la lettre adressée par le Gildonien n'avait garde de laisser échapper une si
le synode à tout l'épiscopat africain ne porte que belle occasion de brigandages; on le retrouve partout
cinquante-cinq signatures. Primianus ayant fait la où il y a un coup de main à faire. Pendant dix ans, il
sourde oreille pour la seconde fois, ses collègues le continue à terroriser l'Afrique et tout spécialement
jugèrent par contumace. Il fut déposé, et ses par- la Numidie. Malgré les traitements indignes qui leur
tisans sommés de rompre toute relation avec lui, sous étaient infligés, les maximianistes ne cédèrent pas.
peine d'être, eux aussi, frappés. Maximianus, élu Deux des consécrateurs de leur chef, Felicianus de
à sa place, fut consacré à Carthage par douze membres Musti et Prætextatus d'Assuras, se rallièrent un peu
de l'assemblée. Mansi, SCiCT. concil. nova et ampl. plus tard au donatisme; quelques autres les imitèrent
collectio, t. III, col. 843-855; Aug., Enarratio in psal- par la suite. Mais ce n'étaient que des retours isolés.
mum XXXVI, sermo 11, 20, P. L., t. XXXVI, col. 376- Dans l'ensemble, ceux qui avaient suivi Maximianus
382. lui demeurèrent fidèles. Le temps eut plus facilement
La liste des évêques présents à Cabarsussi indique raison d'eux que tous les efforts combinés de leurs per-
nettement qu'on avait eu recours surtout à ceux de sér.ntp.nrs.
Proconsulaire, de Byzacène et de Tripolitaine. Res- Ils furent du reste, au boutde quelque temps, débar-
taient la Numidie et les Maurétanies. Primianus rassés du plus farouche d'entre eux, l'évêque de Tha-
n'était pas vaincu définitivement tant que cette autre mugadi, que Gildon entraîna dans sa chute. Malgré
moitié de l'épiscopat africain n'avait pas pris posi- la puissance extraordinaire dont il jouissait, le comte
tion contre lui. Sans perdre de temps, il s'occupa donc était d'abord resté sujet fidèle de l'empereur. Cepen-
lui aussi de préparer un concile favorable à sa cause; dant, la tentation devait être forte pour lui de se tail-
et sans doute pour lui donner un éclat tout spécial, ler outre-mer un domaine indépendant, et paraît il
c'est à Bagai, l'une des citadelles du donatisme, cé- avoir épié de bonne heure les occasions de réaliser ce
lèbre par les dragonnades de Macarius, qu'il le réu- projet. En 393, Théodose lui demande des secours-
nit (24 avril 394). Trois cent dix évêques répondirent contre l'usurpateur Eugène; il ne les envoie pas, se
à son appel. Cette imposante assemblée, sans faire la réservant ainsi de pouvoir profiter des circonstances,
moindre allusion aux deux synodes de Carlhage et de quel que fût le vainqueur. A la mort de Théodose, il
Cabarsussi, traita Primianus comme le légitime fait un pas de plus vers l'indépendance, refuse de se
évêque, flétrit Maximianus, le diacre rebelle, et con- soumettre à Honorius, et reconnaît seulement son
damna ses douze consécrateurs,ainsi que les membres frère Arcadius, l'empereur d'Orient, maître trop éloi-
du clergé carthaginois qui avaient prêté leur con- gné pour être bien à craindre (397). Mais Rome tirait
cours à la cérémonie. Elle accorda pourtant aux dis- de l'Afrique le blé qui la faisait vivre; privée de cette
sidents un délai de quelques mois pour faire péni- ressource, elle mourait de faim. La possession de ce
tence et se réconcilier avec l'église donatiste. Mansi, pays lui était donc indispensable, et l'on comprend
ibid., col. 857-858; Aug., Contra Cresconium, 111, 53, aisément son angoisse quand Gildon retint la flotte
59-60, édit. Petschenig, part. 2, p. 464 sq.; cf. pars 3, frumentaire impatiemment attendue à Ostie. ccNotre
p. 276-278; P. L., t. XLIII, col. 528-529. pain est à la merci du Maure; » pascimur arbitrio Mau-
Le schisme des maximianistes était consommé; ri, s'écriait Claudien, De bello Gildonico, v. 70.
comme au temps de Cyprien, on voyait encore trois Ce qu'on lui refusait, Honorius n'hésita pas à le
évêques rivaux exerçantsimultanémentleur juridiction prendre de force. Un sénatus-consultedéclara le comte
sur la capitale du pays. Il était d'ailleurs facile, en fai- ennemi public et on lança des troupes contre lui. Le
sant un retour en arrière, d'établir un instructif paral- commandement en était confié à un frère de Gildon,
lèle entre la situation présente et les origines du dona- Mascezel, qui agissait envers le rebelle comme il avait
tisme. Primianus, répudié par une partie de son clergé jadis agi lui-même envers Firmus. Une haine impla-
rappelait Cæcilianus, en butte aux outrages de ses cable séparait les deux frères; la lutte devait être sans.
merci. Mascezel partit de Pise avec une armée rela- ressources et d'envergure, il domine dehaut tout son
tivementpeuimportante, mais bien exercée.Gildon dis- siècle. Exposer ses idées, analyser ses écrits, ce sera
posait de forces considérables; circoncellions et dona- l'objet de l'article spécial qui doit lui être consacré
tistes, qu'il avait toujours favorisés, vinrent grossir ses dans ce Dictionnaire. Ici, je voudrais seulement in-
troupes, sans compter les contingents fournis par les diquer, à grands traits, quelle part il prit dans son
tribus plus ou moins soumises. De nouveau c'était pays à la défense des catholiques contre tous leurs
l'Afrique tout entière qui tentait d'échapp er à la domi- ennemis, et comment plus que personne il leur assura
nation de Rome. Dès la première bataille, près d'Am- la victoire. -
mædara (Haïdra),enByzacène, Gildon fut vaincu. Il Quand il commença à jouer dans l'Église un rôle ac-
gagna la mer; mais, ayant été rejeté par la tempête à tif, Augustin avait déjà trente-sept ans. Né à Tha-
Thabraca, il fut pris et se donna la mort, imitant ainsi gaste (Souk Ahras), en 354, élevé dans cette ville,,
Firmus jusqu'au bout (398). Optat le Gildonien, com- puis dans la localité prochaine de Madauros, il était
promis dans la révolte de son protecteur et arrêté lui venu, à seize ans, à Carthage,pour y achever ses études
aussi, mourut en prison. (370). Tour à tour étudiant et professeur dans cette
Toutes ces agitations où se dépensaient les forces des grande capitale, il voyait s'établir rapidement son
donatistes, luttes intestines, luttes politiques, ne pou- renom de savant et d'orateur, mais en même temps, il
vaient que servir la cause des catholiques. Quand oubliait les leçons d'une mère chrétienne admirable,.
eurent disparu Gildon et l'évêque de Thamugadi, son sainte Monique, embrassaitles doctrines manichéennes
complice, ils commencèrent à respirer. Cependant ils et tombait dans le dérèglement des mœurs. Désireux
n'avaient pas attendu jusque-là pour se ressaisir,après de se signaler sur un plus vaste théâtre, il se rend à
une période d'abattement, et pour entreprendre, contre Rome, puis à Milan, où le succès l'accompagne. En
leurs adversaires, une action méthodique et persévé- cette dernière ville la grâce le toucheles enseignements
rante, qui triompha peu à peu de toutes les résis-
tances. Ils étaient d'ailleurs toujours restés en contact
le
desaintAmbroise convertissent; il reçoit le baptême
des mains de cet illustre évêque, renonce au monde, et
avec les orthodoxes du dehors, surtout avec le siège s'enferme dans la retraite avec quelques amis. Cette
apostolique. Le pape Siricius envoya en Afrique les espèce de vie monastique, inaugurée aux environs de
décisions du concile tenu à Rome, en 386, où le céli- Milan, il la poursuit bientôt en Afrique, à Thagaste
bat ecclésiastiqueétait vivement recommandé. Mansi, même, dans la maison paternelle, partageant son
Sacr. concil. nova et ampliss. coll., t. III, col. 669-671; temps entre les études religieuses, la composition de
P. L., t. XIII, col. 1155-1162; Hefele-Leclercq, Hist. nombreux écrits et les bonnes œuvres. A ses premiers
des conciles, t.II, p. 68-72. Il est vraisemblable, d'autre compagnons d'autres viennent peu à peu se joindre,
part, que l'épiscopat africain eut des représentants au de sorte qu'au bout de trois ans on dut chercher un
concile de Capoue, en 391, car on le voit, les années endroit pour fonder un nouveau monastère. Vers cette
suivantes, témoigner d'un respect sincère pour cette époque, il traversait un jour Hippone. L'évêque du
assemblée. Mansi, ibid., col. 683--686; Hefele-Leclercq, lieu, Valerius, devenu vieux, avait alors besoin d'aide
ibid., p. 80-82. En même temps, ils essayaient de se pour administrer son diocèse. Dès que la présence
grouper, de se concerter. A l'effacement allait succéder d'Augustin est signalée, la population chrétienne, qui
une vigoureuseoffensive. Il faut en voir comme le pré- connaissait sa valeur, s'assure de sa personne et, malgré
lude dans les deux synodes provinciaux que réunit à sa résistance, l'oblige, au milieu des acclamations, à
Carthage, en 389 et 390, l'évêque Genethlius, succes- accepter le sacerdoce. Investi, bien malgré lui, de ces
seur peut-être immédiat de Restitutus. Une simple fonctions, le nouveau prêtre porta dans son minis-
allusion nous a conservé le souvenir du premier. Le tère l'ardeur qu'il mettait à toutes choses. Mais ce fut
second, célébré le 16 juin, dans la basilique de sainte spécialement à la prédication qu'il se consacra. Vale-
Perpétue, se semble pas avoir été très nombreux; ses rius, en effet, qui était d'origine grecque et s'exprimait
membres appartenaient surtout à la Proconsulaire. avec une certaine difficulté en latin, avait été heureux
Dans-ses treize canons, dont le premier est une adhé- de s'en remettre à lui du soin d'évangéliser son peuple.
sion à la foi de Nicée, il vise surtout la discipline géné- Tout de suite,son auxiliaire mérita pleinement le titre
rale. Par endroits, cependant, perce l'intention de pa- de presbyter-doctor, par lequel on avait l'habitude de
rer à des difficultés plus particulières. En déclarant désigner les prêtres dès le temps de Tertullien. Quatre
que douze évêques doiventprésider àla déposition d'un années durant, il seconda ainsi vaillamment le vieil
évêque, six à celle d'un prêtre et trois à celle d'un évêque qui, peu de mois avant sa mort, répondit au
diacre (can. 10), qu'aucun évêque ne doit empiéter sur vœu, non seulement des catholiques d'Hippone, mais
un diocèse étranger (can.11) et qu'il est interdit de de l'épiscopat africain tout entier, en le sacrant évêque
procéder à aucune ordination épiscopale sans l'assen- (395), pour l'associer de façon plus intime au gouver-
timentduprimat(can.12), leconcilepensaitsans doute nement de son Église et lui assurer sa succession.
à des querelles suscitées plus ou moins récemment par Une circonstance particulière avait du reste at-
les dissidents. Mansi, ibid., col. 685-688, 691-698; tiré l'attention sur Augustin pendant cette période.
Hefele-Leclercq, ibid., p. 76-78. Genethlius, qui avait Les maximianistes venaient à peine de se réunir à
presque trouvé grâce auprès d'eux pour la douceur Cabarsussi pour condamner Primianus,que les catho-
avec laquelle il les traita, laissa bientôt vacant le siège liques tenaient à leur tour de solennelles assises à
métropolitain. En 391, au plus tard en 392, Aurelius Hippone (8 octobre 393). On peut supposer que son
l'avait remplacé. Mais son initiative féconde ne fut influence personnelle ne fut pas étrangère au choix de
pas perdue. Tout au contraire, son successeur la dé- cette ville. Ce qui tendrait à le prouver, c'est la marque
veloppa et lui donna un relief singulier, avec la cons- d'estime singulièreque les membres de l'assembléedon-
tante collaboration du plus glorieux évêque qu'ait nèrent à ce simple prêtre. Sur leur demande, il prononça
produit l'Afrique chrétienne, Augustin d'Hippone. devant eux le discours De flde et symbolo qui nous a
Pour raconter, même de façon sommaire,l'œuvre de été conservé.
ce dernier, à la fois théoricien de génie et homme d'ac- Quelque intérêt cependant qu'il y ait à voir ce grand
tion infatigable, bien des pages seraient nécessaires. hommeadmis ainsi par avance au gouvernementgéné-
Il fut intimement mêlé à toute la vie religieuse de son ral des chrétientés africaines, la véritable importance
temps, en Afrique et hors de l'Afrique. Ses livres en du concile est ailleurs. Depuis l'origine du donatisme,
expliquent les diverses phases et s'expliquentdu même les catholiques, on s'en souvient, avaient trop souvent
coup par elles. Nouveau Cyprien, mais avec plus de lutté en ordre dispersé. Un seul concile, tenu par
l'évêque Gratus, dans des circonstances spéciales, nous avons les moyens de l'établir, à la suite de ce
groupa un instant leurs chefs. Il semblaitvraiment que chapitre. Il me suffira de noter les questions les plus
le souvenir des synodes du siècle précédent et des importantes qu'on y agita. Plus d'une fois, du reste,
heureux effets qu'ils avaient produits se fût effacé. les circonstances extérieures, surtout politiques, s'op-
Mais voici qu'on revenait à une plus saine apprécia- posèrent à leur tenue régulière. La décision de 407 con-
tion ces choses. La double tentative de Genethlius sacra doncenréalitéun étatdefait.
pour discipliner les efforts de ses collègues était d'un En 395, 396 et 398 les évêques ne se rencontrent
favorable augure. C'est pour y donner une suite pas. Les menées de Gildon et les fureurs de son com-
qu'Aurelius, deux ans à peine après son installation plice, Optatus de Thamugadi, rendaient les routes peu
sur le siège de Carthage, rassemblait les évêques de sûres; on crut sans doute prudent de s'abstenir. Quand
toute l'Afrique à Hippone, dans le secretarium basili- tous les deux eurent succombé, tout souci ne disparut
cse Pacis. Ils s'y rendirent nombreux, et ils adoptèrent pas pour cela du côté des donatistes. C'est dans cette
une série de mesures si efficaces que les conciles fré- direction que la plupart des conciles ultérieurs por-
quents des vingt années suivantes ne cessèrent d'y tèrent leurs efforts. Déjà, en 393, puis en 397, on avait
iaire des emprunts. résolu d'adoucir certaines conditions imposées aux
Elles sont relatives, pour la plupart, à la discipline clercs pour leur réconciliation; mais il fallait l'assen-
religieuse, depuis l'organisation générale des provinces timent des églises transmarines. Il fut demandé à nou-
ecclésiastiques jusqu'à la conduite journalière des veau, en 401, au pape Anastase et à l'évêque de Milan,
membres du clergé. Plusieurs se rapportent à l'admi- Venerius. Sans doute on l'obtint, car de nombreuses
nistration des sacrements. On dressa la liste des livres conversions furent alors enregistrées.
canoniques de l'Écriture, et on prescrivit de lire les Ces retours au catholicisme faisaient bien augurer de
Actes des martyrs au jour de leur commémoration. l'avenir. Toutefois le schisme avait des racines trop
Sur les quarante et un canons, un seul a trait directe- profondes et des ramifications trop étendues pour
ment aux donatistes. Il maintientladécision antérieure qu'on n'adoptât pas à son égard une attitude plus
de ne recevoir dans l'Église, qu'en qualité de laïques, énergique. On fit appel au zèle de chaque évêque pour
les clercs qui renoncent au schisme; exception faite, essayer d'atteindre les dissidents, les éclairer dissiper
toutefois, pour ceux qui n'ont jamais rebaptisé ou qui leurs préventions ou calmer leur ressentiment.Augus-
se convertissent avec toute leur paroisse. Ceux-là con- tin se dépensa plus que personne dans cette œuvre de
serveront leur dignité ecclésiastique. C'était un adou-
cissement aux règles sévères édictées, en391,parlecon-
cile de Capoue; sans doute voulait-on assurer ainsi
jadis Parmenianus, il
conquête. Mettant à profit une idée qu'avait eue
composa d'abord sous le nom de
Psalmus contra partemDonati une sorte de complainte,
le recrutement un peu difficile du clergé. D'ailleurs les
évêques déclarent que sur ce point ils consulteront
l'Église d'au delà des mers.
schisme; le refrain était une invite à l'union:
en vers libres et assonants, qui contenait l'histoire du

Omnes qui gaudetis de pace modo verum judicate.


Il est bien évident que le concile, au lieu de s'atta-
quer de front aux donatistes, entendait réformer Cette cantilène, qui devint bien vite populaire, n'est
d'abord ce qui laissait à désirer dans la manière d'être que le moindre de ses écrits en faveur du rapproche-
des catholiques. Au milieu des troubles graves de ce ment des deux confessions. Réfutations, controverses,
siècle, en l'absence de toute réunion périodique de exposés historiques ou dogmatiques, il multiplie les
l'épiscopat, bien des règles avaient dû fléchir, bien des traités de toute sorte pour défendre la thèse catho-
abus se glisser dans les diocèses. Il fallait avant tout lique et convaincre les donatistes de bonne foi. Tous
remettre en vigueur les usages normaux; ensuite on se ces livres n'ont pas été conservés; mais ceux que nous
tournerait vers l'ennemi. Pour atteindre ce double lisons encore nous donnent une haute idée de la force
but était-ce assez d'une seule assemblée telle que celle de sa dialectique et des ressources inépuisables de
qui se tenait présentement à Hippone? Le concile ne son talent. Contra epistulam Parmeniani,De baptismo
le pensa pas. Il décréta donc qu'une session au moins contra donatistas, Contra litteras Petiliani, Episto'a ad
aurait lieu annuellement,au mois d'août, tour à tour catholicoscontra donatistas ou De unitate Ecclesiæ, Con-
dans chacune des provinces dirigées par un primat. tra Cresconium grammaticum, De unico baptismo. Ses
Les évêques de chaque région, autre que celle qui rece- lettres aussi sont pleines de renseignements précieux.
vait le concile, délégueraient trois de leurs collègues Quelques-unes atteignent aux dimensions d'un véri-
pour les représenter. On se contenterait d'un pour la table traité; toutes témoignent d'un vif désir de rame-
Tripolitaine, pays pauvre et qui ne comptait guère ner les dissidents ou de repousser leurs attaques. Les
que sept évêchés. Ce règlement fut confirmé en sep- ouvrages spéciaux d'Augustin relatifs au donatisme
tembre 401. Mais on reconnut parla suite qu'une telle sont contenus dans les volumes LI-LIII du Corpus scri-
obligation était trop onéreuse pour les intéressés, et le ptorum ecclesiasticorum latinorum de Vienne, édit. Pet-
concile de juin 407 décida qu'on se réunirait à l'avenir schenig, et dans P. L., t. XLIII; les lettres, dans les
seulement quand on en sentirait le besoin. De toute vol. XXXIV et XLIV de la même collection, édition Gold-
façon, le principe des assemblées conciliaires pério- bacher, P. L., t. XXXIII. Sur ceux de ses écrits qui
diques était posé; il allait être fécond en résultats sont perdus, il nous donne lui-même des indications
pour la cause catholique. dans les Retractationes, I, 21; II, 5, 19, 27, 28, 29, 35.
Conformément à cette prescription, Carthage eut son Parallèlement à cette action religieuse se dévelop-
concile dès l'année suivante (26 juin 394); il envoya pait une intervention civile. De 401 à 408, le comte
des délégués de la Proconsulaire à celui de Byzacène, d'AfriqueétaitBathanarius,beau-frèredeStilicon, peu
qui se tint après cette date. Sur l'un comme sur enclin à la patience envers un parti qui avait trempé
l'autre les détails nous manquent. Nous ne sommes dans la révolte de Gildon. Il consentit à faire entre-
pas non plus toujours très informés sur ceux qui sui- prendre par les magistrats une enquête sur la nais-
virent, pendant les trente-huit ans que dura l'épisco- sance et les progrès de la secte des maximianistes; les
pat d'Aurelius, et dont la collection, connue sous le déléguésdu concile pourraient se présenterensuitedans
;
nom de Codex canonum Ecclesiæ Africanæ, a recueilli
les principaux décrets. Mansi, t.III, col. 699-844 P. L.,
t. LXVII, col. 181-230; Hefele-Leclercq, t.II, p. 201-
les localités où elle s'était développée, et montrer aux
donatistes qu'ils s'étaient comportés, envers ces re-
belles, exactement comme ils reprochaientaux catho-
208. Aussi bien serait-il d'un médiocre intérêt de les ilques de s'être comportés envers eux-mêmes.
énumérer tous ici. On en trouvera la liste, autant que Tous ces moyens combinés n'ayant produit que de
minces résultats, le concile de 403 reprit un projet prétexte pour s'en détacher; beaucoup étaient dona-
que les catholiques méditaient depuis longtemps. Il tistes par habitude, par tradition, de famille, sans
s'agissait d'inviter les donatistes à une conférence où savoir pourquoi, sans même y penser sérieusement;
seraient examinés, puis discutés en commun, les griefs d'autres n'étaient retenus dans la secte que par la
des deux confessions. Cette fois encore les magistrats frayeur que leur inspiraient les violents. En somme
furent d'un grand secours pour transmettre la convo- l'intervention de l'État tendait beaucoup moins à
molester les consciences qu'à les délivrer d'une op-
cation aux donatistes, qui évitaient soigneusement
le contact avec les catholiques. On échoua de nouveau
l'ensemble de l'épiscopat schismatique refusa tout col-
: pression insupportable. »
Naturellement des résistances se produisirent par-
loque de ce genre. cc Il serait honteux pour les fils des fois violentes. ABagai, à Constantine, àSét f, en maint
martyrs, déclarait Primianus de Carthage, de s'assem- autre endroit, les églises catholiques sont brûlées ou
bler avec la race des traditeurs, » indignum est ut in détruites. Nous voyons même le clergé d'Hippone
unumcoriveniantfiliimartyrum et progenies traditorum.
Aug., Contra partemDonati post gesta, 1, édit. Petsche-
obligé de solliciter l'aide des évêques donatistes pour
échapper aux vexations dont il est l'objet. Ces méfaits
nig, part. 3, p. 97; P. L., t. XLIII, col. 651. étaient réprimés; toutefois, il ne paraît pas qu'on soit
On eût dit que cette proposition si raisonnable du allé jusqu'au bout des peines édictées par la loi. En
concile était une injure grave lancée aux donatistes, tout cas, le clergé dissident ne fut pas déporté. Nous
car, tandis que leurs évêques l'écartaient ainsi avec allons voir qu'il était encore six ans plus tard extrê-
hauteur, dans les masses populaires on eut recours mement nombreux dans les diverses parties de
à la violence. On revit les beaux jours des circoncel- l'Afrique.
lions, et la Numidie fut une fois de plus terrorisée. Dans les années qui suivirent, on put craindre que
C'est miracle si Augustin, qu'ils traquaient comme tout ne fût remis en question par suite de la mort de
une bête fauve, put éviter leurs coups. Moins heureux, Stilicon (23 août 408) et, peu après, de son beau-frère
son ami Possidius, évêque de Calama (Guelma), fut Bathanarius. Le maître des offices, Olympius, qui
maltraité et dépouillé par eux. L'évêque catholique remplaça ce dernier, était un ami d'Augustin; il main-
de Bagai, Maximianus, criblé de blessures, précipité tint les lois en vigueur. Mais le païen Jovius, qui vint
du sommet d'une tour, aurait été brisé dans sa chute, ensuite, promulgua un édit de tolérance accueilli avec
si elle n'avait été amortie par un tas de fumier sur enthousiasme par les donatistes. Pourtant le concile
lequel il tomba. d'Afrique poursuivait son œuvre sans se lasser. Lors
C'était mettre la patience des catholiques àune trop de la chute de Stilicon, il avait envoyé une députation
rude épreuve. Voyant de quelle façon leurs avances à l'empereur; il fit de même en 410; et, tandis qu'Ala-
étaient accueillies, las d'être sans cesse victimes de ces ric s'emparait de Rome (24 août), à Ravenne les délé-
fanatiques et comprenant qu'on ne gagnerait rien par gués africains obtenaient un édit qui annulait la
la douceur, ils se décidèrent, à la session de juin 404, à mesure prise par Jovius. (25 août).

dénonçaient les attentats des schismatiques :


porter plainte auprès d'Honorius. Deux légats furent
envoyés à la cour, munis d'instructions écrites, qui
illi qui
veritati respondere nequiverunt ad immanes violentias
L'année 411 est une date capitale dans l'histoire du
donatisme. On se rappelle qu'à diverses reprises les
;
catholiques avaient souhaité d'avoir un entretien con-
tradictoire avec leurs adversaires en 403, ils essayèrent
sunt conuersi, ita ut mullos episcopos multosque clcri- mais en vain, de réaliser ce projet. Depuis, quelques
cos (ut de laicis taceamus) insidiis oppresserint, eccle- évêques donatistes avaient exprimé un désir ana-
sias etiam aliquas invaserint, aliquas invadere perten- logue. Aussi profita-t-on de la mission envoyée à
taverint. Mansi, t. III, col. 795. En conséquence, on Ravenne pour solliciter la réunion d'une conférence.
réclamait la protection impériale pour les catho- Sur ce point encore les délégués obtinrent satisfaction.
:
liques et l'application de deux lois récentes à ceux des
donatistes qui donneraient lieu à des plaintes l'une,
de Théodose (15 juin 392), frappait d'une amende de
Un décret d'Honorius, rendu le 14 octobre 410, appe-
lait à une commune assemblée les deux épiscopats
d'Afrique, et désignait pour la présider un haut digni-
dix livres d'or quiconque,dans une secte hétérodoxe, taire de la chancellerie impériale, le notaire et tribun
aurait conféré l'ordination; l'autre privait les héré- Marcellinus. Ce personnage, accompagné d'un impo-
tiques du droit de recevoir ou de faire des dons ou des sant cortège de fonctionnaires, se rendit en Afrique,
legs. Cependant l'évêque de Bagai était allé à la cour étudia la situation et promulgua un édit (février 411)
pour demander justice. Son intervention et celle de pour inviter les évêques à déférer à l'ordre de l'em-
quelques autres victimes des forcenés fut décisive. pereur. Il garantissait formellement aux donatistes
Une loi fut promulguée, bientôt suivie de plusieurs toute liberté pour prendre part à la conférence. Par
autres qui la complétaient: Cod. Theod., XVI, v, 38; son objet et par ses résultats, cette assemblée est d'une
XVI, VI, 3, 4, 5, toutes du 12 février 405; XVI, v, 39, extrême importance pour l'Afrique tout entière, mais
du 8 décembre. Elle est aujourd'hui perdue, mais saint par les épisodes qui la marquèrent elle appartient plus
Augustin en indique les grandes lignes, Epist.,CLXXXV, spécialement à l'histoire de la ville où elle siégea. Il
26 : suppression absolue de la secte donatiste; fortes sera donc opportun d'en réserver la description un peu
amendes contre ceux qui résisteraient; l'exil pour les détaillée pour le moment où nous étudierons les fastes
évêques et le clergé. Comme au temps de Macarius, chrétiens de Carthage (voir ce mot). Je n'en veux dire
mais avecplusderigueur encore, c'étaitl'unionimposée. ici que l'essentiel.
Elle fut réalisée sans trop de peine dans la capitale, Elle s'ouvrit en grande solennité, le 1er juin, dans
à voir la satisfaction exprimée par le concile du les cc Thermes de Gargilius » : deux cent quatre-vingt-
23 août 405. Mansi, op. cit., t. III, col. 798-799. Mais six catholiques étaient présents, et deux cent soixante-
les choses n'allèrent pas aussi aisément dans le reste dix-neuf donatistes en face d'eux. Les débats, confiés
du pays. On dut prier les fonctionnaires d'appliquer à une commission de trente-six membres, où chaque
partout la loi avec zèle. « On ne peut nier, écrit Mgr Du- parti était également représenté, se prolongèrent
chesne, résumant saint Augustin, Hist. anc. de l'Église, pendant les journées du 1er, du 3 et du 8. Nous pos-
t. III, p. 132, que la pression officielle ait abouti à de sédons deux comptes rendus de ces mémorables
sérieux résultats. L'exaltation des circoncellions séances, l'un officiel, dont la fin a malheureusement
n'étaitpas le fait detous les donatistes. Il nemanquait péri,Gesta collationis Carthaginihabitæ, Mansi, op. cit.,
pas parmi eux de gens sensés, qui se rendaient compte t. IV, col. 7-276; P. L., t. XI, col. 1223-1420, l'autre
de la stupidité de leur schisme et ne cherchaient qu'un écrit par saint Augustin, qui fut l'un desorateursdési-
gnés par les catholiques.Breviculus collationis cum tingua par son ardeur; à ses ouvrages anti-donatistes
donatistis, édit. Petschenig, part. 3, p. 39-92; P. L., que j'ai énumérés ci-dessus, nous pouvons en ajouter
t. XLIII, col. 613-650. L'affaire fut reprise depuis l'ori- encore quelques autres. Ceux-ci, comme les précédents,
gine, et de part et d'autre on produisit des pièces de figurent dans l'édition Petschenig et dans le t. XLIII de
toute sorte, actes officiels, instruments de polémique, la Patrologie latine. Le traité Contra partem Donati
textes des Écritures, etc. La lecture de ces docu- post gesta ou Ad donatistas post collationem, adressé
ments, sans cesse interrompue par les objections, ne aux fidèles de l'autre confession, démasque la conduite
s'acheva qu'avec peine; les donatistes, regrettant des évêques schismatiques; il dut leur nuire beaucoup
d'avoir accepté le colloque, firent une incessante obs- auprès de leurs coreligionnaires. En 418, Augustin
truction pour l'empêcher d'aboutir. Cette assemblée se trouvaitpar hasard à Cæsarea, de Maurétanie, dont
de cinq cent soixante-cinq membres était certes la l'évêque donatiste, Emeritus, avait été l'adversaire le
plus imposante, mais aussi la plus tumultueuse que plus déterminé des maximianistes au concile deBagai et
l'on eût encore vue à Carthage; on put même craindre
que plusieurs ne voulussent recourir à des moyens
à
l'undes six orateurs desonparti la conférence de 411.
Son peuple s'était depuis presque entièrement rallié
violents et faire appel à la populace. Au milieu des ar- à la foi catholique. Profitant de sa présence, Augustin
guties et des chicanes tout s'acheva néanmoins sans essaya de le ramener, d'abord dans une harangue à
pugilat; on ne s'était battu qu'à coups de citations. l'église, Sermo ad Cæsariensis ecclesiæ plebem; puis,
L'envoyé impérial donna gain de cause complet aux le surlendemain, dans une seconde séance, Gesta cum
catholiques. Comme il fallait s'y attendre, les vaincus Emerito. Il n'y réussit pas mais Emeritus, constatant
l'accusèrent de s'être laissé corrompre à prix d'or et que sa cause était définitivement perdue à Cæsarea,
n'acceptèrent pas la sentence. Ils se répandirent en quitta bientôt cette ville. Un peu plus tard, vers 420,
invectives et en calomnies contre les vainqueurs. Gaudentius, évêque dissident de Thamugadi, refusait
Peu de jours après la clôture des débats, le 26 juin, de se soumettre aux lois qui visaient les donatistes,
Marcellinus publia un édit pour assurer l'exécution de sans consentir néanmoins à quitter son église; il ap-
sa sentence arbitrale. Il y invitait les donatistes à puyait ses prétentions sur des textes de l'Écriture.
faire l'union, à rendre leurs églises et à s'abstenir de A la requête de Dulcitius, Augustin réfuta ces argu-
tout conventicule hétérodoxe. Ce faisant, leur honneur ments, sans parvenir cette fois non plus, semble-t-il, à
serait sauf, puisque les évêques catholiques avaient convaincre son adversaire.
spontanément offert de partager avec leurs collègues La date de ces trois derniers ouvrages montre bien
schismatiques, alors en charge, le gouvernement des que les fortes têtes du parti n'avaient pas cédé après
diocèses. S'ils refusaient de céder, la répression serait la conférence; elles entendaient maintenir leurs posi-
rigoureuse. Aussitôt les donatistes en appelèrent à tions. Il ne faudrait pas croire, cependant, que les
l'empereur. Mais lui aussi leur donna tort et, par une efforts des catholiques n'avaient abouti à aucun résul-
loi du 30 janvier 412, renouvela et aggrava les sanc- tat. Le bon droit des uns et l'opiniâtreté des autres
tions de celle de février 405, pénalités pécuniaires et s'étaient nettement manifestés à Carthage; l'impres-
déportation pour les membres du clergé qui ne se sou- sion produite sur les esprits sincères fut durable et
mettaient pas. le sens commun finit par l'emporter en beaucoup
Ce n'est pas à dire que le schisme disparut aussitôt. d'endroits. Nous venons de voir que le peuple de Cœ-
Des incidents se produisirent qui pouvaient lui rendre sarea avait abandonné le schisme. Déjà, le concile de
une vitalité. Le principal est la mort de Marcellinus, 407 réglait d'une façon libérale le régime des églises
président de la conférence. Il était lié avec le comte qui faisaient retour à l'orthodoxie. Celui de 418 reprit
Heraclianus, qui commandait en Afrique depuis 409. la question,et,dans une série de onze canons, s'efforça
Quand ce haut personnage révolté eut été vaincu à d'établir en toute équité la situation des évêques ré-
Otricoli, en Ombrie, puis exécuté à Carthage par le conciliés et de leurs fidèles. En même temps, il stimu-
comte Marinus (juillet 413), ses amis furent compris lait le zèle des évêques catholiques pour hâter les
;
dans sa disgrâce. Les évêques essayèrent de sauver
Marcellinus Augustin, qui l'estimait beaucoup, s'y em-
ploya avec dévouement. On expédia des délégués à la
conversions. Ces sages dispositions, cette action per-
sévérante furent couronnées de succès; les écrits
d'Augustin nous en apportent le fréquent témoi-
cour; ils en rapportèrent l'ordre d'élargir les prison- gnage.
niers. Mais il était trop tard. Pour obéir peut-être à On ne pouvait guère cependantespérer venir à bout
quelque ressentiment personnel, ou plutôt pour satis- en quelques années d'une secte aussi forte et aussi
faire la vengeance d'un ancien préfet du prétoire, obstinée; une loi très dure de Théodose II, datée du
Cæcilianus, le comte Marinus avait déjà fait mettre 30 mai 428, nous est une preuve de sa persistance.
à mort Marcellinus et son frère Apringius (13 sep- Elle se maintenait surtout, semble-t-il, dans les ré-
tembre 413). C'était une sorte de revanche pour les gions un peu écartées, particulièrement de la Mauré-
donatistes.Toutefoisleur joie durapeu.Marinus fut des- tanie Césarienne. Une inscription d'Ala Miliaria
titué; l'empereur confirma les mesures précédemment (Bénian) commémoreune religieuse, sœur d'un évêque
prises contre eux, et en confia l'application à un nou- donatiste, qui assistait à la conférence de Carthage;
veau fonctionnaire, Dulcitius, animé des mêmes sen- elle périt, en 434, dans quelque bagarre entre par-
tisans des deux confessions,etfuthonorée par les siens
timents que Marcellinus.
D'ailleurs, depuis deux ans que la conférence avait
eu lieu, on ne négligeait rien pour donner la plus large
comme une martyre :
Mem(oria) Robb(a)e, sacr(a)e Dei, germana(e)
publicité à ses actes. Les Gesta collationis étaient ré- Honor[ati, A]quæsiren(sis) ep(i)s(cop)i, c(a)ede
pandus dans le pays. On les avait affichés, on les li- tradi[torum] vexala meruit digni-
sait dans les églises; afin de les rendre plus accessibles tate(m) mar[t]iri(i), vixit annis L et red-
à tous on rédigea des abrégés de ces longs débats. didi(t) isp(iritu)m die VIII kal(endas) apriles, pro-
C'est à cette pensée que nous devons le Breviculus col- Xvincise) CCCXCV
lationis de saint Augustin. De plus, pour continuer
Fouilles de Bénian, 1899, p. 25. Quand les
l'œuvre d'apaisement et de réconciliation,l'épiscopat
catholique s'efforçait d'éclairer le public donatiste
on cite une lettre du concile de Numidie aux dissi-
: S. Gsell,
Vandales furent maîtres de l'Afrique, il ne manqua
pas de donatistes pour passer à l'arianisme; ceux qui
dents; sermons et conférences étaient multipliés pour demeurèrent fidèles à leurs principes n'eurent plus rien
exposer la vérité. Comme toujours, Augustin se dis- à craindre des lois romaines abolies dans ces provinces.
Beaucoup plus tard, vers la fin du vie siècle (de 591 plus à propos dans l'article d'ensemble réservé à
à 596),un concile de Carthage et les lettres du pape Augustin. Mais, à défaut d'autre démonstration, la
simple liste de ses ouvrages contre les pélagiens suffit
saint Grégoire les signalent encore en Numidie. A
la veille de l'invasion arabe, au VIle siècle, ils n'avaient
pas complètement disparu.
Nous avons peine à comprendre aujourd'hui l'en-
controverse:
à prouver l'extrême ardeur qu'il porta dans cette
De peccatorum meritis et remissione, De
spiritu et littera, De natura et gratia, De anima et ejus
origine, Contra duas epistulas Pelagianorum, De per-
gouement qui avait porté vers le schisme près de la
moitié des populations d'Afrique. Ce n'est point l'at- fectione justitiæ hominis, De gestis Pelagii, De gratia
trait d'une doctrine inconnue qui les séduisait; les do- et
Christi de peccato originali,De nuptiis et concupiscen-
natistes ont si peu innové dans le dogme qu'un de tia, Contra Julianum hæresis pelagianæ defensorem,
leurs adversaires déclarés, Optat lui-même, ne voit De gratia et libero arbitrio, De correptione et gratia,
guère de différence entre leur enseignement et celui De prædestinatione sanctorum,De dono perseverantiæ,
des orthodoxes; le second baptême et le culte indiscret Contra secundam Juliani responsionem imperfectum
des martyrs sont les pratiques qu'on leurreprocheavec opus. Le Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum
le plus de sévérité. Pour l'exégèsebiblique, le Liber re- de Vienne, t. XLII (Augustini Opera, sect. VIII,
gularum de Tychonius était accepté des catholiques; pars 2), ne contient encore que quatre de ces traités,
saint Augustin, l'auteur anonyme du Liber de promis- De perfectione, De gestis, De gratia, De nuptiis, mais
sionibus et prædictionibus Dei, beaucoup d'autres ils sont tous réunis dans les t. XLIV et XLV de la Patro-
encore s'en servaient. On ne s'expliquerait donc pas logie latine; on y a joint un dossier de pièces relatives
qu'une querelle toute locale, née de l'élection d'un à l'histoire du pélagianisme (col. 1679-1792). Plu-
évêque, ait dégénéré en une sorte de guerre civile, si sieurs sermons et lettres importantes se rapportent
l'on ne tenait compte de l'esprit d'indépendance qui aussi à ces longs débats. Cf. Aug. Audollent, Carthage
est au fond du caractère africain. Les meilleurs, un romaine, p. 531, n. 5; p. 532, n. 1. Essayons, à l'aide
saint Cyprien, par exemple, ont eu grand peine à en surtout de ces documents, d'indiquer quelle fut, dans
réprimer en eux-mêmes l'excessive énergie; ceux qui l'œuvre de défense et de répression, la part des chré-
n'avaient pas cette force d'âme devaient se laisser en- tientés africaines.
traîner bien vite. Ce désir d'affranchissement se re- La terreur causée par Alaric avait poussé beau-
marquedebonneheuredans ledonatisme;les condam- coup de Romains, même avant la prise de leur ville,
nations prononcées à Rome, puis à Arles, ne firent en 410, à se réfugier outre-mer; les uns ne faisaient
qu'exciter l'insubordinationnaissante; quand le pou- qu'une simple escale avant de se rendre en Syrie, les
voir fut intervenu pour sévir, elle se changea en lutte autres pensaient attendre dans leurs domaines
ouverte. Le mouvement, tout religieux dans le prin- d'Afrique que le calme fût revenu en Italie. Ces émi-
cipe, devint national, et ses adhérents acceptèrent grés, appartenant pour la plupart à l'aristocratie,
de faire cause commune avec les ennemis de l'ordre ne cherchaient guère que leur propre sécurité. Mais
établi, paysans communistes et indigènes révoltés. d'autres les avaient suivis, que guidaient aussi des
La lutte contre le donatisme avait été la grande préoccupations d'un ordre différent. Parmi eux se
affaire des conciles africains jusqu'à la conférence trouvait un moine, nommé Pélage, originaire de
de 411. A partir de cette date, ils ne s'en occupèrent l'île de Bretagne, qui était venu se fixer à Rome
plus que par intervalles, puisque la cause était défi- vers l'an 400, après avoir sans doute voyagé quelque
nitivement jugée. C'est vers d'autres questions que peu en Orient. Qu'il ait connu au cours de ces voyages
se porta surtout l'attention de l'épiscopat. Il en est les idées de Théodore de Mopsueste, ou qu'elles lui
une qui réclamait alors sa vigilance toute spéciale. aient été révélées à Rome par un certain Rufin, prêtre
Avant même que les donatistes eussent succombé à de Syrie, elles paraissent en tout cas avoir fait im-
Carthage, une hérésie, le pélagianisme, s'était intro- pression sur son esprit. Aussi bien ces idées étaient-
duite dans cette ville et menaçait de se répandre dans elles alors assez répandues en Occident. On l'a dit
les contrées environnantes.A tout prix, il fallait em- justement, cc nombre de personnes et non pas des
pêcher la mauvaise semence déposée dans la capi- chrétiens quelconques, mais des chrétiens pieux, de
tale de germer et d'envahir le pays. On savait trop, sévère observance, comprenaient tout comme Pélage
par l'exemple du schisme dont nous venons de résu- les rapports de la morale et de la religion. Pélage
mer l'histoire, ce qu'il en coûtait pour extirper le mal doit être considéré comme le représentant d'une
quand il avait déjà poussé de profondes racines. tendance, beaucoup plus que comme un initiateur. »
Pour combattre ce nouvel adversaire, les évêques Duchesne, op. cit., t. III, p. 208.
africains ne furent pas livrés à eux-mêmes. L'hérésie Qu'est-ce que la grâce? Comment agit-elle en
pélagienne avait attaqué d'autres régions que la nous? Comment son action se concilie-t-elle avec la
leur; la Bretagne, la Gaule, l'Italie, l'Orient étaient liberté humaine? L'homme peut-il par lui-même
également menacés. De tous côtés se levèrent donc mériter et démériter? Quelle condition résulte pour
les défenseurs de l'orthodoxie. Mais nulle part peut- lui de la faute d'Adam? Comment doit-on entendre
être il ne s'en présenta de plus décidés et de plus per- le péché originel? A quelle fin confère-t-on le bap-
sévérants. Non contents de combattre l'ennemi chez tême aux enfants? Dans quelle mesure, en un mot,
eux, ils le démasquent, le poursuivent et le con- le secours de Dieu est-il indispensable pour soute-
fondent jusque dans les contrées lointaines; ils n'ont nir notre volonté? Sur ces grands problèmes Pélage
de cesse qu'ils n'aient obtenu sa condamnation en professait un système qui accordait presque tout au
dépit de toutes les ruses et de tous les obstacles. libre arbitre de l'homme, réduisant à une aide tout
Ici encore, l'âme de la résistance était l'évêque extérieure l'intervention divine. Par la parole et dans
d'Hippone. On peut dire, sans exagération, qu'il se plusieurs écrits déjà il l'avait exposé à Rome, non
dépensa dans cette affaire plus que dans celle des sans succès. On peut croire que le désir de gagner à sa
donatistes. C'est qu'en dehors des intérêts généraux cause de nouveaux adeptes n'était pas étranger à son
de la foi, il défendait alors en quelque sorte une voyage enAfrique. Il y resta d'ailleurs peu de temps,
cause personnelle. Mon sujet ne comporte pas que sans que l'occasion lui ait été offerte de se mesurer
j'expose la doctrine assez particulière, qu'on est con- avec Augustin, soit à Hippone, où il débarqua, soit
venu d'appeler l'augustinianisme, et dont l'Église, à Carthage. Et satisfait sans doute d'avoir planté les
en la clarifiant au cours des âges, n'a définitivement premiers jalons dans ce pays, il partit bientôt en
retenu qu'une partie. Ces explications viendront Orient tenter d'autres conquêtes.
Mais il laissait sur place un de ses partisans les plus pécheur, englobé dans la déchéance d'Adam. En par-
déterminés, un ancien avocat eunuque, nommé Cæ- ticulier, il adresse à Marcellinus, le président de la
lestius, qui avait passé la mer vers le même temps. conférence avec les donatistes, les deux traités De
Leur union était si intime que leurs adhérents s'ap- peccatorum meritis et remissione, De spiritu et littera.
pelèrent par la suite aussi bien « célestiens» que « péla-
giens».Cepersonnage,dontl'actionne semble pas avoir
à
Un peu plus tard, il envoie Bethléhem le prêtre es-
pagnol, Paul Orose, pour signaler à saint Jérôme et
été très apparente dans le principe,s'adressait surtout à d'autres le venin du pélagianisme.
au peuple sans méfiance; il se perdit le jour où il es- Sa vigilance n'obtint pas de ce côté tout le succès
saya d'arriver à la prêtrise. Quelques fidèles zélés qu'il pouvait espérer. Mis en éveil par lui, Jérôme
attirèrent alors l'attention d'Aurelius sur ses doc- attaqua donc Pélage qui s'était réfugié à Jérusalem.
trines. Paulinus, diacre de saint Ambroise, qui admi- Mais Jean, l'évêque de cette ville, témoignait au con-
nistrait en Afrique les propriétés de l'Église de Milan, traire beaucoup d'égards au moine breton et em-
remit à l'évêque un mémoire contre lui. Un concile pêchait un concile convoqué par ses soins de rendre
local se réunit pour examiner son cas. Six proposi- une sentence contre lui. On décida de porter le débat
tions furent extraites plus ou moins textuellement de devant le pape Innocent et d'attendre sa décision. De
:
ses œuvres et examinées par le concile. Elles nous
ont été conservées
nouvelles dénonciations s'étant produites contre
l'étranger, un autre concile de quatorze évêques se
devait mourir :
1° Adam était mortel; qu'il y eût péché ou non, il
Adam mortalem factum, qui sive pec-
réunit quelques mois plus tard, en décembre 415,
à Diospolis (Lydda) de Palestine, pour les exami-

pas à l'humanité :
caret sive non peccaret moriturus fuisset;
2° Le péché d'Adam n'a nui qu'à son auteur, et non
Quoniam peccatum Adæ ipsum
solum læsit, non genus humanum;
ner. Il aboutit à une sorte de justification de Pélage.
Quand ces événements furent connus en Afrique,
ils y causèrent un grand émoi parmi les défenseurs de
l'orthodoxie. Soixante-huit évêques de la Procon-
:
3° Les enfants sont, à leur naissance, dans l'état
où se trouvait Adam avant sa chute Quoniam par-
vuli, qui nascuntur, in eo statu sunt in quo fuit Adam
sulaire tenaient alors à Carthage leurs assises coutu-
mières (416). Sans perdre de temps, et après avoir
au préalable relu et ratifié les actes du concile de 411
ante prævaricationem; qui avait condamné Cælestius, ils écrivirent au pape
4° Ce n'est pas à cause de la mort et de la chute Innocent pour le mettre au courant de tout ce son à qui
d'Adam que toute l'humanité est soumise à la mort, s'était passé et lui demander de se prononcer
:
ni à cause de la résurrection du Christ que toute
l'humanité ressuscitera Quoniam neque per mortem
velpræuaricationemAdæomne genus hominummoritur,
tour « avec l'autorité du siège apostolique », ut.
etiam apostolicæ Sedisadhibeatur auctoritas. Le concile
de Numidie eut lieu à Milev, la même année; à
neque per resurrectionem Christi omne hominum genus l'exemple de leurs collègues de la province de Car-
resurgit;
5° La Loi conduit au ciel tout comme l'Évangile
Quoniam lex mittit ad regnum cælorum quomodo et
: thage, les cinquante-neuf Numides, assemblés sous la
présidence du primat Silvanus, adressèrent une lettre
au pape pour le prier d'intervenir. Enfin, peu de
Evangelium; temps après, cinq évêques, connus personnellement
6° Même
:
avant la venue du Seigneur il y a eu des
hommes sans péché Quoniam et ante adventum Do-
mini fuerunt homines impeccabiles, id est sine peccato.
d'Innocent, rédigèrent une troisième lettre dans la-
quelle ils insistaient pour obtenir de lui une condam-
nation. Les signataires de la requête s'appelaient
Voir les références dans Mansi, op. cit., t. IV, col. 289- Aurelius de Carthage, Alypius de Thagaste, Au-
300; Hefele-Leclercq, Hist. des conciles, t. II, p. 172- gustin d'Hippone, Evodius d'Uzala et Possidius de
174. Calama; le premier était l'ami très cher d'Augustin,
Cælestius, sommé de rétracter ces propositions, les trois autres avaient vécu de la même vie que lui
s'y refusa. Onl'excommunia donc; il fit appel à Rome, dans son monastère épiscopal. Il y a donc toute appa-
puis, sans insister, s'embarqua pour Éphèse, où il rence que cette démarche eut lieu à son instigation,
sollicita et obtint le sacerdoce. Ces événements se car il entendait bien barrer la route, par tous les
placent en 411 et au commencement de 412. moyens en son pouvoir, à l'hérésie que l'Orient sem-
Augustin n'assistait pas au concile. Ce qui s'y blait accepter.
passa ne le laissait pourtant pas indifférent; aucune Peut-être n'était-on pas sans inquiétude en Afrique
atteinte ne pouvait être portée au dogme, surtout sur l'accueil qui attendait à Rome la triple requête.
près de lui, sans qu'il élevât la voix pour prémunir Le bruit avait couru, en effet, qu'Innocent, circon-
les fidèles contre l'erreur. Il ne paraît pas que les venu sans doute par les nombreux partisans que
tenants de l'hérésie aient formé dès lors en Afrique Pélage comptait en Italie, jusque parmi les hauts
un groupe bien compact. Après le départ de Pélage, dignitaires ecclésiastiques, ne se montrait pas défa-
:
la fuite de Cælestius, ils avaient dû se trouver assez
désemparés. Vers 414, Augustinpouvait écrire « Nous
avons bien ici quelques-uns de ces malheureux, sur-
vorable à ses théories religieuses. Aussi, la joie fut-
elle vive quand parvinrent outre-mer les réponses du
pape, datées du 27 janvier 417. Ses trois lettres au
tout à Carthage, mais ils se contentent de mur- concile de Carthage, au concile de Milev et aux
murer en secret, redoutant d'entreprendre contre cinq évêques étaient une approbation complète de leur
les croyances inébranlables de l'Église. » Nec tamen attitude. Innocent louait la science et la vigilance de
hic deesse aliquos arbitror, maxime apud Carthaginem, l'épiscopat africain, adoptait sa doctrine théolo-
sed jam occulte mussitant timentes Ecclesiæ fundatissi- gique, excommuniaitPélage etCælestius, et menaçait
main fidem. Epist.,CLVII, 22, édit. Goldbacher, part. 3, de la même peine quiconque partagerait leurs er-
p. 471; P. L., t. XXXIII, col. 685. Cette poignée de reurs. Son entier acquiescement aux vues d'Augustin
dissidents était-elle particulièrement remuante, ou et de ses collègues était pour eux une belle revanche.
bien, averti par le langage et l'attitude de Cælestius, Ils pouvaient maintenant opposer la sentence de
conscient du danger que la récente erreur faisait Rome à celles de Jérusalem etde Diospolis. Jaffé,
courir à la foi, Augustin voulut-il pousser le cri
d'alarme? Toujours est-il que, peu de temps après
le concile, on le voit prêcher et écrire contre les doc-
t.
Regesta pontificum Romanorum, t. I, 321, 322, 323;
Mansi,Sacr.concil. novaetampliss.coll., m,col.1071,
1080; IV, col. 321-346; Augustin, Epist., CLXXV,
trines de Pélage et de son disciple, et rétablir le rôle CLXXVI, CLXXVII, CLXXXI, CLXXXII, CLXXXIII, édit.
essentiel de la grâce pour le relèvement de l'homme Goldbacher, pars 3, p. 652-688, 701-730; P. L., t. xx,
col. 582-597; XXXIII, col. 758-772, 779-788; XLV, dait suivre de près toute cette affaire. Il avait eu
col. 1711-1715; LVI, col. 453-485; Avellana collectio, so.in d'inscrire parmi les délégués l'évêque d'Hippone,
édit. Guenther, 41; Hefele-Leclercq, Hist. des con- plus qualifié quepersonne pour combattre les asser-
II,
ciles, t. p.183-187. tions des hérétiques. Parles soins des commissaires
On s'était réjoui trop vite. Innocent décéda Zosime reçut notification des canons dirigés contre
quelques semaines plus tard (12 mars 417) et fut les pélagiens, avec une lettre synodale dont les signa-
remplacé par Zosime (18 mars), qui ne passait pas taires déclaraient que, pour eux, la sentence pro-
pour être hostile aux idées des novateurs. Après noncée par Innocent demeurait entière, tant que
avoir examiné les professions de foi que lui adressèrent Pélage et Cælestius n'auraient pas reconnu expli-
séparément Pélage et Cælestius, lu la justification du citement leurs erreurs.
premier qui lui parvint de Jérusalem et interrogé lui- Si le pape avait encore hésité à adopter l'opinion
même le second, il écrivit à son tour deux lettres suc-
cessives aux Africains, mais sur un tout autre ton
il
des Africains, y aurait été bien vite amené par une
intervention du dehors. Ala suite sans doute du con-
que son prédécesseur. Il blâmait, en somme, leur cile de l'hiver précédent, une démarche avait été
précipitation, et conviait les accusateurs des deux faite auprès de l'empereur pour qu'il prît parti contre
hérétiques à se présenter devant lui dans un délai de l'hérésie. L'auteur ne nous en est pas connu; c'est
;
deux mois (septembre 417). Jaffé, ibid., 329-330;
Mansi, op. cit., t. IV, col. 350-359 P. L., t. xx, col. 649-
661; t. XLV, col. 1719-1721; Avellana collectio, édit.
vraisemblablement Aurelius, interprète en cela du
vœu de ses collègues. Les détails de l'incident nous
échappent aussi; mais le résultat ne s'était pas fait
Guenther, 45 46. attendre. Avant même que le grand concile de mai ne
Paulinus, spécialement visé, déclina l'invitation; fût assemblé, un rescrit impérial avait paru (30 avril),,
tandis qu'Aurelius rassemblait en hâte, à Carthage, qui bannissait de Rome les deux hérésiarques, comme
un certain nombre d'évêques pour se concerter avec fauteurs de troubles, et prononçait contre leurs par-
eux sur la situation qui menaçait de devenir grave. tisans la confiscation et l'exil. Loi sévère, exces-
Les documents relatifs à ce concile, sans doute local, sive, qui effraya sans doute Zosime et son entou-
qu'il faut placer entre novembre 417 et février 418, ne rage. Aussi, lorsque lui parvint, bientôt après, la
nous sont point parvenus. Avec le dossier de l'affaire, lettre du concile général de Carthage, il se rallia sans
on avait expédié au pape une longue lettre pour délai à la thèse qu'elle soutenait. Une sorte d'ency-
l'éclairer, lui expliquant, avec tous les ménagements clique (tractoria), rédigée par ses soins, fut adressée
possibles, qu'il s'était laissé tromper par les subtiles aux évêques du monde entier; elle exposait le dogme
professions de foi de Pélage et de Cælestius. Cette catholiqueet condamnaitles doctrines de Pélage et de
attitude polie mais ferme, peut-être aussi des rensei- Cælestius. A ce moment, les deux personnages avaient
gnements venus d'ailleurs, firent réfléchir Zosime. quitté Rome; dès lors ils cessent de jouer unrôle dans
Le 21 mars suivant, il répondit à Aurelius et à ses l'histoire de l'Église.
collègues de façon beaucoup plus calme. Tout en On sut beaucoup de gré en Afrique au pape qui
revendiquant hautement l'autorité supérieure du prenait ainsi la défense de l'orthodoxie. Augustin
Siège apostolique, il se défend d'avoir pris parti en s'efforça d'expliquer favorablementses deux attitudes
faveur de Cælestius, qu'il ne pouvait cependant refu- successives. Mais un incident, qui surgitpresque aus-
ser d'entendre. Aussi bien aucune sentence n'a été sitôt, montre bien que le clergé romain, dans cette
prononcée; les choses sont encore en l'état. Idcirco affaire, n'avait guère agi qu'à contre-cœur et qu'il
noverit vestra fraternitas nihil nos, postquam illa vobis gardait une sorte de rancune à cet épiscopatd'outre-
scripsimus vel litteras vestras accepimus, immutasse mer qui l'avait obligé à céder. Un concile de Byza-
sed in eodem cuncta reliquisse statu, in quo dudum cène, ayant à examiner une affaire où les finances
fuerant, cum hoc nostris litteris vestræ indicavimus publiques étaient intéressées, avait eu recours au
sanctitati, ut illa, quæ a vobis ad nos missa erat, obtc- témoignage des collecteurs d'impôts. L'évêque in-
statio servaretur. Avellana collectio, édit. Guenther, culpé avait été jugé en présence de ces fonctionnaires,
50, 6; Mansi, op. cit., t. IV, col. 367; P. L., t. XLV, requis sans doute à titre d'experts. Il fit appel de sa
col. 1726; Jaffé, ibid., 342. C'était engager impli- condamnation, non pas au concile plénier d'Afrique,
citement les Africains à reprendre la question. comme le voulait la législation locale, mais direc-
Cette réponse parvint à Carthage le 29 avril 418. tement à Rome. En termes véhéments le pape repro-
Trois jours après devait s'y ouvrir un grand concile, cha (16 novembre 418) aux évêques de Byzacène
dans le secrctarium de la basilique de Faustus. On peut non seulement de faire ainsi juger les membres du
croire que Zosime ne l'ignorait pas et que la per- clergé par des laïques, contrairement aux règles cano-
spective de cette réunion l'avait engagé à ne rien pré- niques, mais encore de manquer de respect pour lui-
cipiter. Plus de deux cents évêques de toutes les même et pour le caractère épiscopal dontils ont l'hon-
provincesd'Afrique et même dcl'Espagne,c'est-à-dire neur d'être revêtus. Miror vos nullam reverentiam
sans doute de la Maurétanie Tingitane, avaient ré- nostri nominis præstare fastigio, nec honorcm episco-
pondu à l'appel d'Aurelius; leur nombre dit assez patui talem deferre, qualis debet ab his servari quorum
quelle importance on attachait à la question en litige. hic honor est. Mansi, op. cit., t. IV, col. 369; P. L.,
Neuf canons furent rédigés qui contenaient l'exposé t. xx, col. 683; Jaffé, ibid., 346.
de la doctrine catholique sur la grâce et la condam- Quand Zosime eut envoyé sa tractoria dans les
nation des erreurs pélagiennes; on en ajouta onze provinces d'Orient et d'Occident, le gouvernement
autres, dirigés contre les donatistes ou relatifs à la de Ravenne enjoignit à tous les évêques de signer
discipline. Avant de se séparer, le concile, pour éviter la condamnation des erreurs pélagiennes. Les Afri-
de retenir ses membres trop longtemps hors de leurs cains obéirent avec empressement; du moins ne men-
diocèses, nomma une commission composée de repré-
sentants de chaque province ecclésiastique trois :
pour la Proconsulaire; trois pour la Numidie, dont
Alypius et Augustin; trois pour la Maurétanie Siti-
tionne-t-on chez eux aucune résistance formelle. Il
n'en fut pas de même en Italie. On sait comment
dix-huit évêques, dont le plus en vue était Julien
d'Eclanum (au sud-est de Bénévent), préférèrent
fienne; et un seulement, suivant l'usage, pour la abandonner leurs sièges plutôt que d'accepter ce
Tripolitaine; ils devaient prendre toutes les décisions qu'ils appelaient ccle dogme africain ». Ils furent des-
utiles avec leur président, Aurelius de Carthage. Cette titués, excommuniés, et même exilés, en vertu des
mesure indique bien quel'épiscopat africain enten- ordres impériaux. Ces rigueurs, loin de les calmer,
ne firent qu'irriter leur obstination.Julien surtout, sinuer parmi le peuple catholique, à se mêler au clergé
qui n'avait plus rien à perdre, ne garda aucun ména- pour séduire les âmes sans défiance. C'est au point
gement. Dans une série d'ouvrages il harcela l'évêque que le pape Anastase (399-401), redoutant l'intru-
d'Hippone, qui rendait coup pour coup, et qui, sion de quelque manichéen déguisé, recommande de
pendant les douze dernières années de sa vie, ne cessa n'admettre, à Rome, dans les ordres ecclésiastiques,
de défendre ses idées sur la grâce contre les attaques aucun Africain, s'il n'est porteur d'une attestation
de son habile adversaire. Quand la mort l'atteignit, d'orthodoxie délivrée par cinq évêques. Deux siècles
il rédigeait une nouvelle réponse, Contra secundam plus tard, les lettres de saint Grégoire expriment la
Juliani responsionem imperfectum opus. Mais toute même défiance fondée sur les mêmes raisons. En tout
cette polémique a une allure personnelle. Ce n'est cas, nous voyons ces hérétiques, au temps d'Augus-
plus l'épiscopat africain dans son ensemble qui ré- tin, installés à Carthage, à Hippone, à Milev, par-
siste aux novateurs, c'est Augustin qui maintient courant le pays assez librement, soutenant leurs
à la fois la tradition catholique et les conceptions par- idées dans des séances publiques. Lui-même s'était
ticulières qu'il y avait ajoutées. Très intéressante jeté avec ardeur dans ces joutes oratoires; il y réus-
pour l'histoire de la théologie, une pareille contro- sissait à merveille. Mais sa naissante renommée était
verse n'appartient qu'indirectementà l'histoire même éclipsée par les coryphées du parti, le prêtre Fortuna-
de l'Église d'Afrique. J'en dirai autant des divers tus et surtout l'évêque Faustus, parleur intarissable,
traités où l'illustre docteur continua jusqu'à la fin nourri de Cicéron, de Sénèque et des poètes, esprit
d'expliquer sa pensée à ses amis et à ses disciples. séduisant, d'ailleurs fort médiocre et superficiel.
Si absorbé qu'il fût dans la lutte contre les dona- Par la suite, Augustin, converti et devenu ferme
tistes d'une part, de l'autre contre les pélagiens, ce défenseur de la cause catholique, retrouva en face de
grand homme trouvait encore le moyen de faire front lui, mais cette fois pour les combattre, ces orateurs
à d'autres ennemis de la foi. Aux manichéens, par qu'il avait jadis applaudis. Les donatistes eux-mêmes
exemple, dont nous avons dit les progrès en Afrique souhaitaient qu'il les réfutât. Une première confé-
{col. 778), et qu'il connaissait bien pour les avoir rence avec Fortunatus eut lieu à Hippone, dans les
quelque temps fréquentés dans sa jeunesse. Arrivé «Thermes de Sossius»,le28août 392, devant un grand
à seize ans à Carthage (370) pour y achever ses études, concours de peuple; elle porta sur l'origine du mal et
avide de tout connaître et préoccupé vivement par dura deux jours. Le manichéen, à bout d'arguments,
le problème du mal, Augustin était en dispositions déclara qu'il soumettrait à ses chefs les objections
favorables pour accueillir le système de Manès, de son adversaire et se convertirait si la réponse utile
où ce problème tient la première place. Ayant alors ne lui était pas fournie. Fortunatus quitta Hippone

;
rencontré sur sa route quelques docteurs de cette
école en quête de disciples, leurs théories et leurs
airs de vertu séduisirent son imagination il embrassa,
vers l'âge de vingt ans, le dogme des deux principes.
bientôt après; nous ignorons ce qui advint de sa pro-
messe. Douze ans plus tard, Augustin est encore aux
prises, dans sa ville épiscopale, avec un certain Félix,
peut-être un prêtre, qui se proposait de défendre
contreluiles écrits deManès. Au bout de deux séances
Toutes les occasions lui étaient bonnes pour parler
en faveur de sa nouvelle foi; il guerroyait à tout (7 et 12 décembre404), Félix s'avoua vaincu et abjura
propos contre les catholiques, souvent déconcertés le manichéisme.
Dar la vigueur de ses attaques. Il chercha même à La nombreuse assistance qui se pressait aux dé-
faire des prosélytes parmi ses camarades. Sa brillante bats prouve quel intérêt les fidèles portaient à ces
éloquence, l'autorité que lui donnait son talent en hautes questions doctrinales. Mais, pour empêcher
-entraînèrent plusieurs, et tout d'abord Alypius, dont l'erreur de se répandre, ni les discussions de ce genre
le nom est inséparable du sien. Augustin ne paraît ni les traités méthodiques ne suffisaient. Les docteurs
point avoir reçu aucune dignité dans la hiérarchie manichéens, en effet, par leurs continuelles attaques
manichéenne, ni franchi le grade d'auditeur pour être contrelaBible, discréditaientdans l'esprit des hommes
élevé à celui d'élu. Pourtant, il se dépensait au ser- simples ce livre révéré entre tous et jusqu'alors vrai-
vice de ce qu'il croyait être la vérité, et, par ses soins, ment populaire en Afrique. Non seulement on lisait
se forma ainsi au milieu des étudiants une coterie fréquemment des passages de l'Écriture dans les céré-
très vivace. Plus tard, lorsqu'il eut abandonné cette monies du culte, mais bien souventla prédication con-
erreur, plusieurs de ceux qu'il y avait engagés y per- sistait dans le commentaire de quelques versets de
sistaient encore. C'est pour les en arracher qu'il com- l'Ancien ou du NouveauTestament. Augustin, voyant
:
posa, à partir de 388, quelques-uns de ses traités les
plus fameux De moribus Ecclesiæ catholicæ, De mo-
ribus manichæorum, De Genesi contra manichæos, De
utilitate credendi, De duabus animabus, Contra Fortu-
que leurs critiques troublaientleschrétiens,porta aussi
ses efforts de ce côté. Dans des sermons accessibles
à tous, tantôt il montre l'harmonie qui existe entre
les deux Testaments, tantôt il répond à des objections
natum manichæum, Contra Adimantum manichæi partielles, tantôt il élucide certains textes qui peuvent
discipulum, Contra epistulam tundamenti, Contra Fau- paraître obscurs. Cette réfutation, souvent indirecte,
stum manichæum, Contra Felicem manichæum, De toujours populaire, fit beaucoup de tort au mani-
natura boni, Contra Secundinum manichæum. Ces chéisme. L'évêque persuada sans peine à son audi-
traités sont publiés, pour la plupart, dans le Corpus toire, surtout à Hippone, que dans leur critique de la
de Vienne, t. xxv (Augustini Opera, sect. VI), édit. Bible, les hérétiques s'inspiraientmoins du désir de la
Zycha; on les trouvera aussi presque tous réunis vérité que de leur fantaisie et des préjugés de leur
dans P. L., t. XLII, avec les renvois utiles, col. 601-602, secte.
pour ceux qui ne figurent pas dans ce volume et pour Tandis que les docteurs catholiques s'appliquaient
les allusions au manichéisme que contiennent les à réfuter leurs doctrines, les manichéens se compro-
autres ouvrages de l'auteur. mettaient eux-mêmes par de déplorables pratiques.
En dépit des rigueurs ordonnées contre eux par Malgré le soin qu'ils prenaient d'entourer leurs réu-
Dioclétien,les adeptes de cette doctrine n'avaient pas nions d'un épais mystère, il en transpirait cependant
cessé de faire des recrues pendant tout le IVe siècle. quelque chose. On savait, par exemple, que leurs élus
Peut-être avaient-ils été réduits quelque temps à tout au moins — car les auditeurs semblent échapper
l'état de société secrète. Mais on peut croire aussi que à ce grave reproche — se livraient entre eux à des
l'application du terrible édit de 295 s'était assez vite actes révoltants, conséquence logique de leurs doc-
ralentie. D'autre part, ils étaient fort habiles à s'in- trines.Exsecrabilissuperstitionis quadam necessitate
coguntur Electi eorum velut Eucharistiam con- durement quiignorent avec quellepeine on trouve
spersam cum semine humano sumere et la suite. Augus- la vérité, avec quelle difficulté on se garde de l'erreur.
tin, De hæresibus, XLVI, P.L., t. XLII, col. 36. Augustin Quant à moi, je ne peux en aucune façon agir ainsi
désigne l'endroit où certains faits se sont passés, il envers vous; mais je dois vous supporter auj ourd'hui
cite des noms. Contre des renseignements aussi nets comme j'ai dû me supporter moi-même jadis, vous
il serait malaisé de s'inscrire en faux. Voirles référen- témoigner autant de patience que m'en ont témoigné
ces dansAug.Audollent,Carthageromaine,p.350,n. 3. mes proches, au temps où j'errais enragé et aveuglé
De semblables révélations étaient bien faites pour au milieu de vos dogmes. » Illi in vos sæuiant, qui
indigner les âmes honnêtes, elles suffisent à expliquer nesciunt cum quo labore verum inveniatur et quam diffi-
la sévérité du pouvoir à l'endroit de ces hérétiques. cile caveantur errores. Ego autem. sævire in vos
Il n'est pas niable, en effet, qu'ils ont été plus dure- omnino non possum, quos sicut meipsum illo tempore
ment traités par lui que la plupart des autres dissi- ita nunc debeo sustinere et lanla patientia vobiscum
dents. On se rappelle l'édit de Dioclétien, à la fin agere, quanta mecum egerunt proximi mei, cum in
du ine siècle (voir ci-dessus col. 778). Plus tard, Valen- vestro dogmate rabiosus et cæcus errarem. Contra

chéens du droit commun :


tinien et Gratien renouvellent et aggravent ces
dispositions. En 381, Théodose exclut les mani-
ils ne peuvent ni tester,
ni hériter. Nouvel édit l'année suivante, qui va
jusqu'à les condamner à mort et encourage la délation
epistulam fundamenti, 2-3, édit. Zycha, p. 194-195;
P.L., t. XLII, col. 174-175. Cette modération, que
nous pouvons croire communicative, permet de com-
prendre comment, malgré les édits impériaux, les
manichéens conservèrent une liberté relative en
contre eux. En 407, Honorius renchérit encore, s'il Afrique, pendant la période dont nous retraçons
est possible, sur ces rigueurs. Mais, comme s'il en avait l'histoire.
constaté bien vite l'inutilité, dès 408, il essaye au Moins rigoureusement traqués que ne le donnerait
contraire de la persuasion. Ce fut du reste pour peu à penser la législation établie contre eux, ils ne dis-
de temps; les désordres qui suivirent la mort de parurent donc pas aussi vite que l'eût souhaité le
Stilicon, quelques mois après, ramenèrent l'empereur gouvernement. Nous les voyons encore signalés par
aux mesures de coercition. Victor de Vita, au dernier tiers du ve siècle. Le roi
Pour extirper le mal, on s'efforçait surtout d'obtenir vandale Hunéric, en 477, les pourchasse à son tour,
des manichéens repentants et désireux d'être récon- fait périr les uns, déporte les autres, et découvre, non
ciliés avec l'Église, l'indication de leurs coreligion- sans étonnement, qu'ils ont partie liée avec le clergé
naires qu'ils avaient pu connaître. Le texte, un peu officiel arien. Ce qui ne contribua pas médiocrement,
altéré peut-être, d'une dénonciation de ce genre nous dit l'historien, à augmenter son irritation contre eux.
est parvenu; tel quel, il est, je pense, intéressant de Le clergé arien du temps d'Hunéric était d'impor-
le traduire ici.P.L. t. XLII, col. 517. ccMoi, Cresconius, tation vandale. Mais, on ne l'a pas oublié, l'aria-
manichéen, j'ai signé que si je m'éloignais avant nisme avait déjà auparavant fait une tentative pour
que les Actes fussent souscrits, je devais être con- s'établir en terre africaine. C'était vers le milieu du
sidéré comme n'ayant pas anathématisé Manès. IVe siècle, au temps de Donatus le Grand et de Res-
Moi, Félix, converti du manichéisme, j'ai dit, en titutus (voir ci-dessus col. 778). Repoussé avec
prenant Dieu à témoin, que je déclarais toute la perte, grâce à l'intervention de saint Athânase, il
vérité en affirmant que je connais comme mani- n'avait pas de sitôt renouvelé l'expérience. Pour-
chéens ou manichéennes, dans la région de Cæsarea, tant il n'attendit pas que les Vandales fussent les
Maria et Lampadia, femme de l'orfèvre Mercurius, maîtres du pays pour y reparaître et chercher sa
avec lesquelles nous et l'élu Eucharistus nous avons revanche. Vers 427, lui vint l'appui assez inespéré
et
prié;Cæsaria Lucilla,sa fille; Candida, qui demeure du comte d'Afrique, Boniface. Cf. Augustin, Epist.,
t.
à Tipasa; Victorina l'Espagnole; Simplicianus, CCXX, P. L., XXXIII, col. 994. Parfois, il envoyait
père d'Antonius; Paulus et sa sœur, qui sont à du dehors des émissaires actifs, audacieux, qui pré-
Hippone. Ces dernières, c'est par Maria et Lampadia paraient le terrain. Tel ce Pascentius, haut fonction-
que j'ai su qu'elles étaient manichéennes. Voilà naire des finances, qui provoquaAugustin à Carthage,
tout ce que je sais: si l'on découvre que je sais autre en 406, et ne se tira pas à son honneur de la discussion
chose que ce que je viens de dire, je me reconnais par lui réclamée. Tel encore l'évêque Maximinus,
moi-même coupable.» débarqué en Afrique en 427, avec une troupe de
On se méfiait tellement de ces insidieux hérétiques Goths, que Sigisvult amenait pour réduire Boniface.
qu'on exigeait d'eux, pour les admettre à la commu- Cet homme disert, très versé dans la connaissance de
nion catholique, une rétractation par écrit, dont un la Bible, n'était pas pour Augustin un contradic-
évêque certifiait l'exactitude. Les élus devaient au teur négligeable. Par sa faconde il occupa tellement
préalable être éprouvés par un long séjour dans un l'audience, que l'évêque d'Hippone ne put déployer
monastère ou quelque autre lieu de retraite. S'il tous ses moyens. Maximinus se vantait ensuite d'avoir
s'agissait d'un membre du clergé, la pénitence était triomphé de lui. Mais ce qu'Augustin n'avait pas eu
encore plus rigoureuse. Augustin cite le cas d'un de le loisir d'exprimer dans cette discussion forcément
ses sous-diacres qui, après avoir abjuré son erreur, écourtée, il le consigna dans un traité spécial, Contra
fut chassé du diocèse d'Hippone, dépouillé de son Maximinum hæreticum arianorum episcopum, qui
titre ecclésiastique,et obligé, pour être accepté parmi fait suite à la Collalio cum Maximino arianorum
les pénitents, de dénoncer tous les manichéens qu'il episcopo. La controverse ne paraît pas s'être pro-
connaissait dans la province. Epist., CCXXXVI, P. L., longée davantage, son antagoniste n'ayant pas tardé
t. XXXIII, col. 1033-1034. On aurait tort cependant à quitter l'Afrique avec Sigisvult et ses Goths. Plu-
de conclure sur cet exemple qu'Augustin fût impi- sieurs homélies, une riposte à un sermon arien qui
toyable à ses adversaires. On le voit au contraire lui avait été communiqué, Contra sermonem ariano-
toujours occupé à rassurer ceux qui acceptent de rum, diverses allusions dans ses lettres, montrent
discuter avec lui; il engage les fidèles à les traiter que si l'arianisme n'était pas très répandu dans ces
tous avec bonté et douceur, à les ramener par la per- régions, Augustin ne laissait du moins échapper
suasion au lieu d'employer la contrainte. Aurait- aucune occasion de rompre des lances avec lui. Il eut
il pu se comporter autrement avec les manichéens, la joie parfois de convertir ceuxqu'il s'efforçait d'é-
lui qui les avait, pendant neuf ans, considérés comme clairer. Epist., CLXX, CLXXI. Les écrits contre les ariens
ses frères? « Que ceux-là, leur dit-il, vous traitent sont réunis dans P. L., t. XLII, col. 677-814; voir
aussi les références données ibid., col. 815-816, et dans entendons Augustin se plaindre amèrement des repas
Aug. Audollent, Carthage romaine, p. 532, not. 4. qui s'achèvent en orgies, servis dans les cimetières,
Le paganisme, d'autre part, vivait toujours. Quand à côté des tombeaux des martyrs. Ces pratiques
eut cessé la courte réaction de Julien, où il reprit scandaleuses n'étaient certes pas générales;mais elles
quelque espoir de durer, l'hostilité réciproque des produisaient déjà, en 392, de si fâcheux résultats que,
diverses confessions chrétiennes pouvait encore entre- l'année suivante,le concile d'Hippone (canon 33) prit
tenir chez ses adeptes cette illusion tardive. Sans des mesures afin d'en empêcher le retour. Le clergé
parler des contrées lointaines de la Maurétanie occi- du reste déployait un grand zèle pour stimuler les
dentale « qui, malgré les garnisons et les évêchés, ne indifférents,raffermir les indécis, réchauffer la foi chez
seront jamais que vaguement romaines et vaguement tous. Il multipliait les prédications et n'omettait
chrétiennes, » en Numidie, en Byzacène, en Procon- aucun effort propre à écarter loin des âmes les séduc-
sulaire même, et jusque dans la capitale, tout sou- tions du paganisme, autant que celles de l'hérésie.
venir de l'ancienne religion n'a pas disparu. Sym-
;
maque introduit, en 370, son culte favori de Victoria le
vicaire d'Afrique Nicomachus Flavianus (376-377) est
A vrai dire, dans ce commencement du ve siècle,
les circonstances étaient bien défavorables aux apolo-
gistes qui cherchaient à convaincre de leur erreur
païen; le philosophe Fonteius, qui se convertit par les tenants des anciens dieux. De tous côtés les
la suite, écrit d'abord en faveur du paganisme. Barbares envahissent l'Empire, les Goths se ré-
Enfin, les cérémonies en l'honneur de Cælestis ne pandent en Italie. Comme au temps de Tertullien,de
cessent qu'aux derniers jours du IVe siècle, quand et
Cyprien, en apparence avec plus de raison, car les
l'évêque Aurelius, en 399, installe sa chaire épis- calamités sont plus terribles, les païens s'en vont
copale dans le temple delà déesse. Ce temple lui-même, répétant que les chrétiens sont la cause de tout; les
désaffecté il est vrai, subsiste jusqu'en 421. dieux délaissés se vengent. Ce fut bien pis quand
En dehors de Carthage, les preuves d'une telle sur- Alaric, dans la nuit du 24 août 410, se fut emparé de
vivance ne sont pas rares. Dans la curieuse contro- Rome. A la stupeur du premier moment succèdent
verse entre Augustin et le vieux grammairien Maxime l'abattement et le désespoir. Cette fois les païens ne
de Madauros, nous voyons qu'aux environs de 390 la sont plus seuls à maudire la Providence; les chrétiens
:
place publique de cette ville était encore pleine de
statues des dieux nostræ urbis forum salutarium nu-
minum frequentia possessumnos cernimus etprobamus;
se laissent aller, eux aussi, à murmurer contre elle.
Il faut toute l'énergie de l'évêque d'Hippone et deses
collègues pour tenir tête à ce concert de malédictions.
qu'on y célèbre publiquement des cérémonies idolâtri- Déjà, avant la catastrophe, beaucoup d'Italiens
ques:cum publicam sacrorum vestrorum celebrationem n'avaient eu d'autre moyen pouréchapper aux enva-
commemorares. Augustin, Epist., XVI, 1; XVII, 4, édit. hisseurs que de se réfugier outre-mer. C'était un
Goldbachcr, p. 37,43; P. L., t. XXXIII, col. 82,84. Ce exode général vers l'Afrique des personnes qui pou-
qui se passait à Madauros devait se répéter en mainte vaient fréter un vaisseau, sûres de trouver un asile
autre localité, et il en résultait parfois de fâcheuses soit dans leurs propres domaines, soit auprès de
conséquences. Qu'il faille les attribuer au zèle mala- parents ou d'amis. Parmi ces réfugiés, les uns, que le
droit de certains catholiques, comme à Sufes (Sbiba), malheur n'avait pas instruits,nevoulaient que s'étour-
en Byzacène, où, vers 399, ils renversèrent une statue dir pour oublier leurs propres souffrances avec celles
d'Hercule, Aug., Epist., L, édit. Goldbacher, pars 2, de la patrie. Augustin flétrit ces insensés, dont le
p. 143; P. L., t. XXXIII, col. 190; ou bien aux provo-
à
cations despaïensdésireux,comme Calama(Guelma),
en juin 408, d'entraver l'exercice du culte chrétien,
:
plus cher passe-temps est d'aller chaque jour au
théâtre applaudir des histrions in theatris coltidie cer-
tatim pro histrionibus insanirent. De civitale Dei, I, 32,
ibid., XCI, édit. Goldbacher,pars 2, p. 427-435; P. L., édit. Hoffmann, i, p. 55; P.L., t. XLI, col. 45. Mais
t. XXXIII, col. 313-318, des désordres se produisent, d'autres étaient venus avec des pensées plus sérieuses.
qui dégénèrent en sanglantes bagarres, avec la com- Ils continuèrent à donner en Afrique, comme précé-
plicité au moins tacite des notables et des autorités demment à Rome, le spectacle d'austères vertus.
de l'endroit. Même et surtout peut-être dans les C'étaient des représentants de l'aristocratie, comme
campagnes, on continue à honorer les vieilles divi- l'illustre famille des Anicii Probi, sous la conduite de
:
nités; beaucoup de domaines ruraux conservent leurs
chapelles et leurs idoles multi pagani habent istas
abominationes in fundis suis. Augustin, Serm., LXII,
la vénérable Anicia Faltonia Proba, dont la petite
fille Demetrias devait bientôt recevoir des mains
d'Aurelius, à Carthage, le voile des vierges sacrées
XI, 17, P. L., t. XXXVIII, col. 422. Des lois ont été (414); puis CæioniaAlbina, avec sa fille Mélanie la
promulguées pendant tout le cours du IVe siècle, spé- jeune et son gendre Pinianus, qui avaient cherché à
cialement dans le dernier quart, en 385, 392 et 395, Thagaste une retraite d'où leurs inépuisables lar-
pour effacer les derniers vestiges du paganisme; gesses se répandaient sur toutes les œuvres. Ces âmes
peu à peu elles ont paru obtenir extérieurement fermes acceptaient sans se plaindre les épreuves qu'il
le résultat souhaité. Mais extirper des âmes les plaisait à Dieu de leur infliger; et pourtant, eux non
idées polythéistes était une entreprise plus malaisée; plus ne pouvaient pas voir sans regret ce qui sem-
et tant que les âmes ne sont pas gagnées, aucune blaitêtre alors l'effondrement de la puissanceromaine.
réforme morale ne saurait être tenue pour définitive; Pour les consoler, surtout pour faire cesser les gé-
prius. agimus ut idola eorum corde frangamus. Ibid. missementsde ceux dont lafoiétaitmoins robuste, Au-
Celle-là était rendue plus laborieuse encore par la gustin multipliait les exhortations. Serm., LXXXI,
résistance passive d'un trop grand nombre de fidèles. CV, CCXCVI, P. L., t. XXXVIII, col. 499-506, 618-629,
En se donnant à Jésus-Christ, tous, en effet, n'avaient 1352-1359. Mais il n'atteignait ainsi qu'un auditoire
pas rompu les derniers liens qui les rattachaient au restreint. Et les plaintes s'élevaient de toutes parts,
passé. Au fond du cœur, sans se l'avouer peut-être, et les imprécations des païens exigeaient une réponse.
certains regrettaient les pompes et les réjouissances Il se décida donc à écrire un livre où l'action de Dieu

:
païennes. Aussi faisaient-ils sans effort une sorte de
compromis avec leur conscience au sortir de l'église,
on allait prendre part aux fêtes célébrées en l'honneur
des dieux, s'asseoir aux tables dressées dans les
dans l'histoire du monde fût exposée avec ampleur;
c'est le De civitateDei. Œuvre grandiose, qui l'occupa
plus de douze années, et qui à elle seule aurait suffi
à immortaliser son nom.
temples après les sacrifices. On transportait même ces Elle était loin cependant d'absorberson inlassable
habitudes profanes dans le culte chrétien, et nous activité; il savait dans le même temps embrasser
bien d'autres occupations. Tout en rédigeant la Cité interdiction déjà ancienne venait d'être encore renou-
de Dieu, il achève la déroute des donatistes à la confé- velée pour le clergé inférieur au concile du 1er mai 418
(canon 17) : Item placuit, ut presbyteri, diaconi, vel
rence de 411,puis par sestraités etses discussions con-
ceteri inferiores clerici, in causis quas habuerint, si
tradictoires; il poursuit aussi contre les pélagiens la
mène
lutte ardente à laquelle nous venons d'assister. Ilmainte de judiciis episcoporum suorum questi fuerint, vicini
episcopi eos audiant, et inter eos quidquid est finiant,
encore de front avec ces affaires capitales 418, à adhibiti ab eis ex consensu episcoporum suorum. Quod
autre négociation importante. S'il se rend, en si et ab eis provocandum putaverint, non provocent nisi
Cæsarea, de Maurétanie, où il rencontrera Emeritus,
c'est sur l'invitation du pape Zosime. On l'avait ad Africana concilia, vel ad primates provinciarum
chargé d'examiner, avec plusieurs de ses collègues, le suarum: ad transmarina autem qui putaverit appellan-
dû en dum, a nullo intra Africam in communionem suscipia-
cas de trois évêques dont la conduite avait concil. tur. Codex Canonum, 125; concile de 419, 92; Mansi,
quelque façon prêter à la critique. Mansi, Sacr.
Sacr. concil. noua et ampliss. collectio, t. III, col. 822;
nova et ampliss. collectio, t. IV, col. 385-386. Quelques
années plus tard, vers 426 ou 427, un autre incident t. IV, col. 507. Apiarius en s'adressant au pape et celui-
réclame son attention. Dans un monastère d'Hadru- ci en recevant sa demande méconnaissaientdonc un
mète, quelques-uns de ses écrits antipélagiens avaient principe du droit canonique africain.
été l'occasion de graves dissentiments. Des moines Lorsqu'il apprit quel mécontentementprovoquait
y voyaient la négation de la liberté et criaient
scandale. D'autres, parmi leurs confrères, n'y aper-
cevaient rien de tel. Après d'inutiles tentatives pour
au
:
sa sentence, Zosime expédia trois légats à Carthage
pour soutenir sa manière de voir un évêque italien,
Faustinus de Potentia, dans le Picenum, et deux
se mettre d'accord, on résolut de consulter l'auteur prêtres romains, Philippe et Asellus. Ils avaient reçu
lui-même. Aux envoyés, qui lui soumettaient ces des instructions orales et des instructions écrites
doutes, il expliqua la correspondance échangée entre (commonitorium) que nous connaissons par la lettre
les papes Innocent et Zosime et les Africains, au sujet du concile de 419 au pape Boniface. Mansi, op. cit.,
des erreurs pélagiennes, puis sa propre lettre au prêtre t. III, col. 831. Les unes et les autres durent être
romain Sixtus, la tractoria de Zosime, enfin le traité vraisemblablement présentées à un petit concile
de saint Cyprien sur l'Oraison dominicale. Il écrivit
en outre, à l'intention du monastère, un livre sur les
rapports de la grâce et du libre arbitre, De gratia et
:
libero arbitrio. Les moines se déclarèrent satisfaits.
Cependant plusieurs objectèrent « S'il est vrai que
Elles portaient sur quatre points

;trop fréquents
:
1° Le droit d'appel des évêques à Rome :
réuni avant la fin de 418 par les soins d'Aurelius.

unum
de appellationibus episcoporum ad Romanæ Ecclesiæ
sacerdotem
Dieu opère en nous le vouloir et le faire (velle et
operari), pourquoi nos supérieurs nous réprimandent-
20 Les voyages des évêques àla cour
alterum ne ad comitatum episcopi importune nauigent;
:
ils quand nous n'obéissons pas à leurs ordres? Au lieu 3° Les condamnationsinjustifiées des prêtres etdes
de nous adresser des reproches, ils devraient se borner
à prier pour nous. » Ergo præcipiant tantummodo
nobis quid facere debeamus qui nobis præsunt, et ut
:
diacres par leurs évêques; elles devaient être revisées
par les évêques du voisinage tertium de tractandis
presbyterorum et diaconorum causis apud finitimos
faciamus orent pro nobis : non autem nos corripiant episcopos, si a suis excommunicati perperam fuerint;
40 La nécessité pour l'évêque Urbanus de Sicca de
et arguant si non fecerimus. Aug., De correptione
et gratia, ni, 5, P. L., t. XLIV, col. 918. Pour résoudre
cette dernière difficulté il composa un second traité,
celui dont je viens de transcrire le titre. Et la paix
éviter l'excommunication ou un appel à Rome quar-
tum de Urbano episcopo excommunicando, vel etiam
:
réformer son jugement au sujet d'Apiarius,s'il voulait

fut rétablie dans le monastère d'Hadrumète. Romæ vocando, nisi ea quæ videbantur corrigenda
On avait euplus de peine, les années précédentes,
à rétablir l'accord entre Rome et les Africains. Il
s'agissait d'ailleurs d'une contestation beaucoup plus
corrigeret.
Point de difficulté pour la deuxième demande
depuis longtemps les conciles africains interdisaient
;
grave, quoique d'ordre purement disciplinaire. Elle aux évêques de se rendre à la cour sans motifs sérieux.
causa de sérieux ennuis, non seulement à l'évêque D'autre part, Urbanus, visé dans le quatrième article,
d'Hippone, mais à tout l'épiscopat d'outre-mer. était prêt à modifier ce que son attitude avait pu
Quand elle éclata, les dissentiments que l'affaire présenter d'incorrect. Restaient donc la première et
pélagienne avait produits entre le pape Zosime et lui la troisième question au sujet desquelles l'entente
commençaient à peine à s'apaiser. On eût dit qu'un fut longue à se faire.
mauvais génie prenait à tâche de maintenir en conflit
ces deux forces dont l'union eût été si profitable à
l'Église tout entière.
:
Zosime invoquait deux canons de Nicée qui sur-
prirent fort les Africains leurs exemplaires de ce
concile ne les contenaient pas. En réalité, c'était le
Apiarius, prêtre de Sicca Veneria (Le Kef), en 5e et le 14e canons de Sardique (7e et 17e dé la tra-
Proconsulaire, avait été, pour diverses fautes, déposé duction latine). Mais l'erreur du pape s'explique par
et excommunié par son évêque, Urbanus, l'un des ce fait que, dans les livres romains, les canons de
disciples d'Augustin. Escomptant peut-être la mau- Nicée et ceux de Sardique étaient écrits les uns à
vaise humeur du pape envers l'épiscopat de son pays, la suite des autres, sous la même rubrique et avec
depuis les récents démêlés à propos de Pélage, il fit
appel à Rome. Zosime accueillit sa requête. On fut
extrêmement froissé outre-mer de cette manière de
procéder, qui allait à l'encontrede toutes les traditions
africaines. Il était de règle, en effet, en ces provinces
les tenait pour hétérodoxes :
une seule numérotation. Des actes de Sardique on
semble avoir tout ignoré en Afrique, ou du moins on
quod quidem concilium
(Sardicense), ne te lateat, arianorum est. Augustin,
Contra Cresconium, IV, XLIV, 52, édit. Petschenig, pars
que les procès ecclésiastiques devaient être jugés par 2, p.550; P. L., t. XLIII, col. 576. — Unde apud nos
un nombre déterminé d'évêques de la région, trois, constitit arianorum fuisse concilium (Sardicense).
six, ou douze, suivant qu'il s'agissait d'un diacre, Aug., Epist., XLIV, 111, 6, édit. Goldbacher, p. 114;
d'un prêtre ou d'un évêque. De ce premier tribunal P. L., t. XXXIII, col. 176. Fait étrange, puisque trente-
on pouvait appeler d'abord au concile provincial que six représentants de ce pays avaient signé la lettre
présidait le primat, puis au concile général d'Afrique synodale (voir ci-dessus col. 778). En tout cas, Zosime
que présidait l'évêque de Carthage. Les recours aux parlait de Nicée uniquement,et les textes allégués par
juridictions transmarines étaient interdits. Cette lui n'émanaient pas de cette source. Toutefois, pour
témoigner de bonnes intentions et par respect pour canons cités par Zosime ne s'y trouvaient pas. Ces
Rome, on consentit à les observer, jusqu'àplus com- copies furent transmises le 26 novembre au pape
plète connaissance des prescriptions de Nicée. Boniface. L'affaire paraissait terminée et les Africains
Sur ces entrefaites le pape mourut (27 décembre pouvaient se croire délivrés du légat Faustinus, dont
418); toute l'affaire subit un temps d'arrêt. Néan- l'attitude n'était rien moins que conciliante.
moins les trois délégués demeurèrent à Carthage, Mais ils n'en avaient pas fini avec cette épineuse
attendant les instructions de son successeur. Elles question des appels ecclésiastiques. Elle renaît en
tardèrent à venir, à cause de l'élection simultanée 422, au déclin du pontificat de Boniface, dans des
d'Eulalius et de Boniface, et des désordres qui s'en circonstances fort pénibles pour Augustin. Anto-
suivirent. Mais ce dernier ayant été définitivement nius, l'un de ses clercs, avait été ordonné évêque de
reconnu dans les premiers jours d'avril 419, on put Fussala, localité proche d'Hippone, dont la popu-
reprendre d'un commun accord l'examen de la ques- lation venait de passer du donatisme à l'orthodoxie.
tion litigieuse. Elle n'avait pas du reste été encore Il importait de laménager pour qu'elle ne regrettât
discutée à fond par le concile plénier d'Afrique. pas de s'être convertie. Tout au contraire, Antonius
Deux cent dix-sept évêques se réunirent, le 25 mai pressura les fidèles et se rendit odieux par des méfaits
419, dans le secretarium de la basilique de Faustus, de toute espèce, au point qu'il fallut prendre des
à Carthage, sous la présidence d'Aurelius, assisté de mesures de rigueur à son endroit. Sans le priver de
Valentinus, primat de Numidie, en présence des la dignité épiscopale, on lui enleva l'administration
légats du pape. Toutes les provinces étaient repré- de son diocèse. Mais il réussit à circonvenir le primat
sentées et le grand nombre des assistants dit assez de Numidie et obtint de lui une lettre de recomman-
quel intérêt tous portaient aux débats qui allaient dation pour lepape. Celui-ci le rétablit dans sa charge,
s'ouvrir. Le cas d'Apiarius étant en somme réglé, en réservant néanmoins l'exactitude du récit qu'on
puisqu'il avait été relevé de l'excommunication et lui avait apporté. Une telle décision impliquait,
autorisé à exercer son ministère ailleurs qu'à Sicca, malgré tout, un blâme à l'adresse de ceux qui avaient
c'est la question des rapports entre l'Afrique et jugé Antonius. Augustin était du nombre. Il s'empres-
Rome qui restait seule en cause. La difficulté portait sa donc d'écrire, vers la fin de l'année, une lettre
toujours sur les deux canons attribués par Zosime pressante au pape Cælestinus, nouvellement élu, pour
au concile de Nicée, et que les Africains ignoraient. protester contre l'acte de son prédécesseur. Il annonce
On résolut de lire publiquement l'exemplaire des l'intention d'abandonnerl'épiscopat, au cas où l'auto-
Actes de Nicée rapporté à Carthage par Cæcilianus, rité civile, comme le bruit en avait couru, intervien-
qui avait pris part aux travaux de cette assemblée; drait en faveur du coupable, à la requête de l'Église
puis tous les documents par lesquels les anciens romaine. Augustin, Epist., CCIX, P. L., t. XXXIII,
évêques d'Afrique en avaient confirmé, interprété, col. 953-957.
appliqué les canons. Nulle part on ne découvrittrace Apiarius cependant, obligé d'abandonner Sicca,
des textes produits par le pape. Pour tirer la chose au avait trouvé un poste à Thabraca, dans le nord de la
clair et faire cesser le désaccord, il fut décidé qu'on Proconsulaire. Il ne s'y tint pas longtemps en repos.
demanderait en Orient des copies fidèles des Actes Bientôt retombé dans ses fautes, on dut l'excommu-
de Nicée. En attendant le résultat de cette enquête, nier une seconde fois. Une seconde fois, il se rendit
on promettait d'observer provisoirement les deux auprès du pape, alors Cælestinus, et en revint avec ce
canons douteux visés par le commonitorium. même Faustinus, dont les Africains n'avaient guère
Dans cette même séance on relut, suivant l'usage, eu à se louer. Le légat était chargé d'obtenir l'annu-
et on renouvela toute une série de prescriptions des lation de la sentence portée contre le prêtre cou-
conciles africains antérieurs, depuis celui de Gratus, pable. Il le prit de très haut avec le concile plénier;
en 349. Ces textes, additionnés de quelques décisions on eût dit un avocat s'efforçant de défendre son
nouvelles, nous sont parvenus sous le titre peut-être
excessif de Codex canonum Ecclesiæ Atricanæ. Mansi,
op. cit., t. III, col. 699-844; Hefele-Leclercq, Hist.
:
client, plutôt qu'un juge soucieux de se prononcer en
toute impartialité memorati (Faustini) patrocinium
potius quam judicium, ac defensorismagis operam quam
des conciles, t. II, p. 201-209. Par cette précieuse disceptatoris justitiam, dit la lettre synodale. Mansi,
collection, qui a sauvé de l'oubli beaucoup de pièces op. cit., t. III, col. 839; IV, col. 515. Mais les évêques
synodales, nous concevons quelle fut, pendant ces ne se laissèrent pas intimider. Après trois jours d'une
soixante-dix années, l'activité des conciles africains. laborieuse enquête, dont l'opposition du légat retar-
Les envoyés du pape durent être surpris en écoutant dait la conclusion, Apiarius finit par avouer ses mé-
cette lecture; onnepossédait en Italie aucun code de faits; sa condamnation était donc juste. Ni les injures,
ce genre. C'est sans doute à cause de l'heureuse ni les prétentions de Faustinus qui alléguait cc les
initiative qu'il prit ainsi, que le concile de 419 fut privilèges de l'Église romaine », diversas injurias
longtemps désigné comme le Concilium Africanum ingerendo, quasi Ecclesiæ Romanæ asserens privilegia
par excellence. (ibid.), n'avaient servi de rien (424). Contraint d'aban-
Après cette journée du 25 mai, si laborieusement donner son triste protégé, il retourna en. Italie, por-
remplie, plusieurs évêques déclarèrent ne pouvoir teur d'une lettre où le concile parlait au pape avec
prolonger leur séjour à Carthage et obtinrent l'auto- une respectueuse fermeté. On lui demandait de ne pas
risation de regagner leurs églises. Mais, avant leurdé- accueillir désormais si volontiers les plaignants venus
part, chaque province désigna ses délégués qui res- d'Afrique, de ne plus admettre avec tant de facilité
à la communion des fidèles ceux qu'on en aurait ex-

;
teraient jusqu'à la fin du concile. On se réunit de
nouveau le 30 pour promulguer six ordonnances
supplémentaires le lendemain, une lettre fut rédigée
au nom des 217 membres de l'assemblée, pour infor-
mer le pape Boniface des résolutions prises, en lui
clus en ces provinces; le concile de Nicée a édicté à
ce propos des règles qu'il importe d'observer. Quant
aux délégués que le saint siège prend l'habitude d'en-
voyer, c'est un usage que n'autorise aucun concile :
résumant, depuis le début, toute cette affaire engagée nam ut aliqui tanquam a tuæ sanctitatis latere mittan-
sous son prédécesseur. Les légats du pape complè- tur, nulla invenimus patrum synodo constitutum. Ibid.
teraient de vive voix ces indications. A l'automne, Laissons de côté ces procédés arrogants du siècle; ils
ne sauraient convenir à l'Église du Christ, où tout doit
:
on reçut à Carthage les exemplaires authentiques des
Actes de Nicée, envoyés par Cyrille, évêque d'Alexan-
drie, et Atticus, évêque de Constantinople les deux
se passer avec simplicité et humilité, en présence
de Dieu.Executores etiam clericos vestros quibusque
petentibus nolite mittere, noliie conceclere, ne fumosum l'année, et, quand il se peut, par le mois et le jour,
typhum sieculi in Ecclesiam Christi, quæ lucem simpli- est un moyen beaucoup plus sûr de distinguer les dif-
citatis et humilitatis diem Deum videre cupientibus
præfert,uideamur inducere. Ibid. Maintenant qu'Apia-
rius est définitivement excommunié pour ses infamies,
-
férentes assemblées (voir col. 811-822).
VI. LES VANDALES. Tant que le pays demeura
libre, cette grande institution des conciles continua à
on compte sur la bonté et la sagesse du pape pour ne fonctionner. Carthage en vit encore un vers 426. Il
plus imposer à l'Afrique la présence de Faustinus. s'agissait d'un moine de Marseille, Leporius, qui
Nam de fratrenostro Faustino—amotojam pro suis professait un pélagianisme mêlé à des opinions nesto-
nefandis nequitiis de Christi ecelesia dolendoApiario- riennes. Chassé de la Gaule pour ses doctrines héré-
securi sumus quod eum probitate ac moderatione tuse tiques, il s'était réfugié au delà de la Méditerranée,
sanctitatis salua fraterna caritas ulterius in Africa où Aurelius et Augustin le convertirent. Il présenta
minime sustinere patiatur. Ibid. au concile unLibellus emendalionis sive satisfactionis,
Ce langage énergique fut entendu. Faustinus ne pour rétracter ses erreurs. Satisfaits de ses explica-
reparut pas et Rome cessa d'intervenir à tout propos tions, les évêques le renvoyèrent à leurs collègues de
«
dans le détail des affaires africaines. Aussi bien, une Gaule avec une lettre de recommandation. Cinq
organisation comme celle de l'Église d'Afrique, éla- d'entre eux, dont Aurelius et Augustin, signèrent
borée par des hommes comme Aurelius, Alypius, même sa profession de foi. Mansi, op. cit., t. IV,
Augustin, consacrée par le grand service qu'elle ve- col. 517-528; Hefele-Leclercq, Hist. des conciles, t. II,
nait de rendre en éliminant la dissidence donatiste, p. 215-216. Cette importante assemblée est proba-
n'aurait pas dû être attaquée par de petits moyens. blement la dernière qu'Aurelius présida dans sa
Si l'on jugeait qu'elle offrait quelque danger pour ville épiscopale. Bientôt les routes ne furent plus
l'unité ecclésiastique, il fallait le dire clairement et assez sûres pour que les évêques pussent voyager
s'entendre avec les évêques africains pour parer à cet sans courir de grands risques. Aussi bien des soins
inconvénient. Accueillir des plaignants quelconques, pluspressants que l'administration générale del'Église
les transformer en protégés et se porter de toutes ses les retenaient dans leurs diocèses.
forces à leur défense, c'était un système dont la vieille Boniface, qui occupait la charge de comte d'Afrique
république romaine avait usé et abusé pour s'ingérer depuis 423, semble s'être toujours acquitté de ses
dans les affaires de ses voisins. Mais, comme dit le fonctions avec loyalisme. Augustin a pu lui faire des
concile de Carthage, ce typhus sœculi n'était pas de reproches, surtout au sujet de son second mariage
mise dans l'Église du Christ. L'épiscopat auquel pré- avec une femme hérétique, il n'a pas mis en doute
sidaient Aurelius et Augustin n'était pas un ennemi son dévouement à l'Empire pendant les premières
à réduire, mais une force à soutenir, et, au besoin, années de son gouvernement. Néanmoins des intrigues
à diriger. » Duchesne, Hist. anc. de l'Église, t. III, de cour le perdirent dans l'esprit de l'impératrice
p.296. Placidia; on le représentait comme un rebelle, dési-
Cette force, qui ne cessait d'agir depuis près de reux de se tailler en Afrique un domaine à sa conve-
trente-cinq ans, avait rendu les plus signalés services nance. Une expédition fut envoyée contre lui; elle
à la cause catholique. Grâce à elle le donatisme et le échoua. Mais le comte Sigisvult en ayant amené une
manichéisme étaient domptés outre-mer; elle avait seconde (427), Boniface n'hésita plus à réclamer
puissamment aidé à extirper le pélagianisme; elle l'appui des Vandales établis en Espagne. C'était
conservait l'intégrité de la foi, la pureté des mœurs, vraisemblablementavec l'intention de se débarrasser
l'honneur de la discipline. De ces victoires le mérite d'eux après la victoire. Les choses tournèrent autre-
revient certes à tous les évêques africains, conscients ment qu'il ne pensait. Grâce à l'entremise des évêques,
des devoirs de leur charge. Mais il doit remonter surtout d'Augustin, les opérations militaires ne furent
surtout à leurs chefs, à ceux qui surent les grouper, pas poussées avec vigueur contre lui pendant les
les organiser, les diriger, à Aurelius de Carthage, à années 427-428. Entre temps, on parvint à calmer
Augustin d'Hippone. Ils nous représentent, on l'a dit l'irritation de Placidia; Sigisvult fut rappelé (429).
justement, ccun Ambroise en deux personnes, l'homme Cependant Genséric avait franchi le détroit de Gadès,
de gouvernement et l'homme de doctrine. » Ibid., avec ses 50 000 guerriers, au printemps de cette même
p. 124. Unis par la plus étroite affection, n'ayant année. Boniface, n'ayant plus besoin de ses services,
d'autre désir que de coopérer pour le triomphe de entama des négociations pour lui faire repasser la
vérité, ils firent briller l'Église d'Afrique d'un éclat mer. Le barbare s'y refusa. Il continua à pousser vers
incomparable; ils lui auraient assuré de longs jours l'est ses hordes sauvages, mettant tout à feu et à
prospères, si une catastrophe inouïe n'avait soudain sang sur sa route et amoncelant les ruines derrière lui,
fondu sur ces contrées. Le bel édifice construit par les tandis que les populations épouvantées s'enfuyaient
soins éclairés de ces deux grands hommes fut emporté dans les montagnes ou se réfugiaient dans les villes
dans la tourmente. Contre l'invasion brutale des fortifiées. Les Maurétanies une fois dévastées, vint
barbares le génie et la vertu restaient sans défense; le tour de la Numidie. Pour écarter des riches provinces
seule, la force des armes eût été efficace. Elle fit dé- orientales le fléau de l'invasion, Boniface attaqua
faut à l'Afrique. enfin les Vandales, auxquels s'étaient jointes les
Nous donnons ci-contre le tableau, plusieurs fois tribus indigènes du sud et de l'ouest, toujours prêtes
annoncé au cours de ce récit, des conciles africains à se révolter contre la domination romaine. Il fut
tenus pendant le IVe siècle et jusqu'à l'invasion des battu et alla s'enfermer dans Hippone, qui seule, avec
Vandales (300-429). Je ne pouvais songer à y intro- Cirta et Carthage, tenait bon dans l'universel effon-
duire toutes les références aux textes anciens qui s'y drement. Genséric le suivit et bientôt l'y bloqua;
rapportent; pour tel d'entre eux il eût fallu multiplier l'investissement fut complet en mai ou juin 430. Der-
les renvois aux œuvres de saint Augustin et sur- rière les solides murailles de cette place, ce qui lui
charger ces colonnes à l'excès. Les ouvrages de restait de troupes trouvait un sûr abri; peut-être
Mansi, de Hefele et de Maassen (voir à la biblio- y cherchait-il surtout pour lui-même un appui et
graphie), que je me suis ordinairementborné à citer, un réconfort dans l'autorité morale d'Augustin.
donnent à cet égard les indications utiles. En ce qui Malgré l'effrayant labeur de ses trente-cinq ans
concerne les synodes de Carthage, j'ai supprimé la d'épiscopat, malgré la fatigue d'une incessante pro-
numérotation en usage dans les collections conci- duction littéraire, malgré l'âge qui commençait à
liaires. Elle induit facilement en erreur. La date par peser sur lui, ce grand homme était toujours debout,
TABLEAU DES CONCILES AFRICAINS DEPUIS LE COMMENCEM

NOMBRE ET QUALITE PRÉSIDE:\T,


PRÉSIDENT. PROVINCES REPRÉSENTÉE
DATE DU CONCILE LIEU
DESÉVÊQUES.

312. Carthage, dans une


maison privée.
70 dissidents. SecundusdeTigisi,yri-
matdeNumidie.
La Numidie presque exclusi
ment.

Sans doute les diversesp


dure
il Carthage. 270donatistes. Vraisemblablement
Vers 335; Donatus de Carthage. vinces.
soixante-quinze jours.

Vers 348EnNumidie. Donatistes. ? Sans doute surtout la Numid

Catholiques. ? Sans doute la Byzacène seu


Vers 348 En Byzacène.

Vers348 EnNumidie. Catholiques. ? Sans doute la Numidieseu

Vers 348EnMauritanie.
Sans doute la Maurétanie se

349.
Catholiques. ?

Carthage. Catholiques. Gratus, évêque Les diverses provinces.


de Carthage.

Vers 363
Vers 363,

Entre 370

OOQ
deCarthage.
.,. Peut-être
Theveste. à
Carthage.Donatistes.

e, mpraetorio.
Carthags
Donatistes.

Catholiques.
?

Peut-être Parmenianus

Genethlius,évêque
de Carthage.
?

Peut-être concile provinci

16 juin 390 ,. Carthage,m basilica


Perpetuærestituta.
Catholiques
assez peu nombreux.
Genethlius. Les diverses provinces, r
surtout laProconsulaire.

Début de 393 Carthage. 43 maximianistes. ? La Proconsulaire surtou

24"juin 393. Cabarsussi.


en Byzacène.
Au moins55maximianistes,
peut-être 100.
?
-
SurtoutlaByzacène,laPro
sulaire et la Tripolitaine

8 octobre 393. iioo


Hippone, imnsseeccrreeitaari
basilicæ Pacis.
Nombreuxcatholiques. Aurelius, évêque
de Carthage.
Plenarium totius
concilium.Possidius,
Ar,

Augustini, 7, P. L., t. x:
col. 79.

24 avril 394. Bagai, en Numidie. 310 donatistes. ? Exuniversisprovinciisï


cæ (Sententin du concil.
Concilevraisemblablemen

enByzacène.
Catholiques. Aurelius.
26 juin 304 Carthage. al de la Proconsula
vinci
? Sansdouteconcilegénér
Après le 26 juin 394. Hadrumète, Catholiques.
Cartilage.Catholiques.Aurelius.
26juin397
en Byzacène.
Aurelius.
toute l'Afrique.
On peut douter qu'il s'a
général,
qu'un second eut lieu au
d'août suivant.
Diversesprovinces,aumo
28 août 397Carthage,insecretario 43 catholiques. Aurelius.
Proconsulaire, la Byz
basiticx restitutæ.
basilicæ restitutse. et la Maurétanie Sitiflen:

27 avril 399. Carthage, insecretario


basilicæ restitutæ.
Catholiques. Aurelius. Probablement concile gén

I
>e SIÈCLE JUSQU'AL'INVASION DES VANDALES (300-429)

ORDRE DU JOUR DOCUMENTS CONSERVÉS. BIBLIOGRAPHIE.

tion de Cæcilianus, évêque de Carthage; SententiaMarciani episcopi. ContraFui- Mansi, t. II, col. 407-410; Hefele-Leclercq, t. i,
ommeà sa place le lecteur Majorinus. gentium donatistam, 26, P.L.,t.XLIII, P-268-270.
col. 774.
cide que le second baptême n'est pas in- Les donatistes prirent soin de détruire Mansi, t. n, col. 409-410, 1121-1122; Duchesne,
snsable pour la réconciliation des « tradi- eux-mêmes les Actes de ce concile. Au- Hist. anc. de l'Eglise, t. m, p. 109, note 1.
3 ». gustin, Epist., xcnr, 10, 43, édit. Gold-

icile envoie dix délégués au commissaire


rial Macarius pour essayer de fléchir sa
bacher, p. 486; P. L., t. xxxm, col. 342.
Il ne subsiste rien. Passio Mareuli, P. L., t. VIII, col.
t. ni, col. 143-144.
;
>01 Mansi,

sur.
icile interdit l'usure aux prêtres; il s'élève Il ne subsiste rien. t. m,
Mansi, col. 145-146, 149.
re l'attribution téméraire du nom de
:yrs par les donatistes aux victimes de la
ession de Macarius et réprouve 1habitude
personnes qui font profession de chasteté
iemeurer avec des extranei (concile de
préambules et canons 2, 3, 13).
Dns identiques aux deux dernières du con-
de Byzacène (ibid., sauf le canon 13).
Il ne subsiste rien.Mansi, t. m, col. 145-146.

ms identiques aux deux dernières du con- Il ne subsiste rien. Mansi, t. m, col. 145-146.
le Byzacèno (ibid., sauf le canon 13).
ndamneles « ;
rebaptisants » on adopte
série de mesures disciplinaires relatives
Les Actes subsistent; 14 canons.
;
Mansi, t. m, col. 143-158; Hefele-Leclercq,
t. i, p. 839-841 Maassen, Quellen, 1.1, p.151-
DUtau clergé. Dans son discours de clôture, 152. 545, 773.
us renouvelle les condamnationscontre les
baptisants » et les « traditeurs ».
[ue catholique Primosus se plaint des vio- Il ne subsiste rien. Mansi, t. m, col. 373-374.
es des donatistes et des circoncellions.
it, il,18.
mnation deTychonius. Il ne subsiste rien. Augustin, Contra epistulamParmeniani, i, 1,
édit. Petschenig, pars 1, p. 20; P. L., t. XLIII,
col. 35.
spare le concile de l'année suivante. Il ne subsiste rien. Mansi, t. m, col. 685-688; Hefele-Leclercq, t.n,
p.76.
mier canon expose la doctrine orthodoxe Les Actes subsistent; 13 canons. Mansi, t. ni, col. 691-698, 867-876; Hefele-Le-
laTrinité. Les autres contiennent des me- clercq, ibid., p.
76-78; Maassen, p. 152-153,
s disciplinaires,dont cinq (9-13) sont rela- 545, 773.
3 aux évêques.
iode veut faire comparaître devant lui le U ne subsiste rien. Mansi, t.ni, col. 843-846, 855-856.
iatdonatiste de Carthage, Primianus; sur
refus, on l'ajourne au prochain concile.
mus refuse à nouveau de comparaître; Ilne subsiste rien. Mansi, t. ni, col. 845-850.
t déposé et ses partisans condamnés avec
Maximianus est élu à sa place.
icile adopte de nombreuses mesures rela- Nous possédons 41 canons de ce concile, Mansi, t. m, col. 849-850, voir au concile du
3 à l'organisation des provinces ecclésias- auquel les assemblées des vingt années 28 août 397; Hefele-Leclercq,ibid., p. 82-91 ;
es, à la discipline religieuse; il dresse la suivantes firent de multiples emprunts. Maassen, p. 153-154.
des livres canoniques; il s'occupe en un
canon (41) de la réconciliation des dona-
;
ss il institue une session conciliaire an-
Ue au mois d'août.
acile flétrit et destitue Maximianus; il dé- Sententia du concile. Mansi, t. m, col. 857-858.
les douze évêques qui l'ont consacré.
mblée délègue quelques évêques au con- Il ne subsiste rien. Mansi, t. ni, col. 853-854; Hefele-Leclercq, ibid.,
d'Haarumète. p. 97; Maassen, p. 154.
? Il ne subsiste rien. Mansi, t. III, col. 855-856; Hefele-Leclercq,
ibid.
.erdit aux évêques l'es voyages sur mer, à Un canon. Mansi, t. ni, col. 750; Hefele-Leclercq, ibid.,
ns d'être munis de litterse formatæ du p. 98-100; Maassen, ibid.
nat.

lemandedes évêques de Byzacène, le con- Les Actes subsistent,avec une quarantaine Mansi, t. III, col. 875-938; Hefele-Leclercq,ibid.,
confirme de nombreuses décisions du con- de canons, en grande partie reproduits p. 100-102; Maassen, p. 154-161,545, 548, 773.
d'Hippone (393); il règle le cas de l'évêque de ceux d'Hippone, dont l'épiscopat de
Tubuna, en MaurétanieSitifienne, et adopte Byzacèneprésentaun Breviarium.Nous
lqties mesures disciplinaires. possédonsla lettre d'envoi de ce résumé.

3,pourdemanderque les
a
délégués sont envoyés l'empereurHono-
églises aient le droit
Un canon. Mansi, t. III, col. 750. 979-980; Hefele-Leclercq,
ibid., p. 120-121 ; Maassen, op. cit., p.161.
sile.
NOMBRE ET QUALITÉ
DATE DU CONCILE. LIEU. DESÉVÊQUES. PRÉSIDENT. PROVINCES REPJ;J.ÉSEN

15ou16juin401 Carthage,insecretario Catholiques. Aurelius. 11estdouteuxqu'ils'agisse


basilicœ restitulx. concile général, puisqu'
cond eut lieu au mois d
tembre suivant.
13septembre401 Carthage,insecretario Catholiques. Aurelius. Vraisemblablement conci
basilicœrestitutœ. néral.

27août 402. Milev,insecretario


basilicæ.
Catholiques. Aurelius. Concilegénéral.

25 août 403. Carthage, in basilica


regionis secundæ.
Catholiques. Aurelius. Concile général,
concilium catholicuî

26 juin 404. Carthage, inbasilica


regionis secltnclæ.
Catholiques. Aurelius.
rellu Concilegénéral.

23 août 405. Carthage, in basilica


regionis secunclæ.
Catholiques. Aurelius. Concile général.

13 juin 407 Carthage, in basilica Catholiques. Aurelius. Concile général.


regionis secltndæ.

16 juin408. - Carthage,insecretario
basilicse i,estitiltx.
Catholiques. Aurelius. Concile général.

13octobre-408. Carthage,insecretario Catholiques. Aurelius. Concile général.


basilicse restitutæ.

15 juin 409 Carthage, in basilica Catholiques. Aurelius. Concile provincial.

14 juin 410. regionis secundæ.


Carthage, inbasilica
regionis secundæ.
Catholiques. Aurelius. Concilegénéral.

•1er, 3 et 8 juin 411. Carthage,insecretario 286 catholiques, 279 donatistes. FlaviusMarcellinus,vir Conférence à laquelle soi
thermarum Gargi- Les débats sont confiés à une clarissimus et spe- voqués tous les évêqu!
lianarum. commission de 36 membres, ctabilis, tribunus et frique de l'un et de
où chaque parti est égale- notarius. parti.

Fin de 411. Carthage.


ment représenté.
Catholiques. Aurelius. Concilelocalsansdoi

14 juin 412Cirta-,enNumidie. Catholiques. Silvanus, Concile provincial de Nu


primat de Numidie.

Entre 414 et 419 Une trentaine de donatistes. Peut-être Petilianus Conciliabule

416.
?
de Cirta. des évêques numide

Carthage. Au moins 68 catholiques. Aurelius. Concile provincial


de la Proconsulaire
ORDRE DU JOUR. DOCUMENTS CONSERVÉS. BIBLIOGRAPHIE.

cile s'occupe des donatistes et des païens, Les Actes subsistent; 9 canons. Codex Mansi, t. III, col. 750-770;Hefele-Leclercq,ibid.,
procès ecclésiastiques, de l'affranchisse- canonum, 57-65. p. '125-126; Maassen, p. 161, 773.
des esclaves;
:ius.
il dépose l'evèque rebelle

les ordonnances relatives aux donatistes,


laïens; parmi les autres décisions,l'une a
Les Actes subsistent; 19 canons. Codex,
27,66-85. Leclercq, ibid., p.
;
Mansi, t. III, col. 726, 770-784,967-9/4 Hefele-
126-129; Maassen, p. 161-
à la nécessité où sont les évêques d'assis- 163.
ux conciles annuels.
:ile fit relire les actes des conciles d'Hip-
(393) et deCarthage(401)et y souscrivit;
La lettre du pape Innocent aux évêques
deNumidie subsiste,ainsi que lesActes,
;
Mansi, t. III, col. 783-788, 1139-1141 Hefele-Le-
clercq, ibid., p. 134-135; Maassen, p. 163, 774.
la ensuite plusieurs difficultés relatives à avec 5 canons. Codex, 86-90.
séance des évêques.

vêques donatistes. -
pare la réunion d'une conférence avec Préambule relatif aux délégués des diver-

;
ses provinces africaines qui n'ont pu se
rendre au concile 2 canons, avec le mo-
dèle de la convocation à adresser aux
Mansi, t.m, col. 787-794, 1155-1156; Hefele-
Leclercq, t. II, p. 154-155; Maassen, p. 163.

donatistes. Codex, 91-92.


cile députe à l'empereur Honorius les Préambule;! canon contenant les instruc- Mansi, t. III, col. 794-798, 1159-1160; Hefele-
évêquesTheasius et Evodius, pour lui tiens synodales données aux deuxévê- Leclercq, ibid., p. 155-156; Maassen, p. 164.
inder de remettre en vigueur les lois de ques. Codex, 93.
dose contre les hérétiques, à cause des
ilités des donatistes. Déposition d'Équi-
évêque d'Hippo-Diarrhytus.
Mements à l'empereur pour les mesures Préambule; un résumé des diverses af- Mansi, t. III, col. 797-800, 1159-1160; Hefele-
les
scontre les donatistes;onpriera juges faires (brevis causarum) qui occupé- Leclercq,ibid., p.156; Maassen, p. 164.
d'agir pour obtenir la réconciliation des rent le concile. Codex, 94.
listes avec l'Église. Lecture et approbation
lettre du pape InnocentI", qui interdit aux
jes de voyager surmer sans raisons graves.
ns sur la tenue des conciles généraux, ils
rontplus annuels; sur lacréation desnou- 12 canons. Codex, 95-106.
:
Les Actes sont conservés préambule et Mansi, t. ni, col. 799-810, 1163-1164; Hefele-Le-
clercq.ibid.,p. 156-158; Maassen, p. 164-165.
x évêchés, le maintien des évêques dona- 774.
réconciliés, les jugements ecclésiasti-
les voyages des évêques, etc.
ide d'intervenir pour rétablir la concorde
les Églises de Rome et d'Alexandrie.
assez obscure de l'évèque numide Mau-
11s.
ue Fortunatianus est délégué auprès de Préambule et résumé. Codex, entre les Mansi, t. III, col. 809-810, 1163-1164; Hefele-
)ereur au sujet des païens et des héré- canons 106 et 107. Leclercq, ibid., p. 158-159; Maassen, p. 165.
s, sans doute les donatistes.
tiondesdeuxévêquesRestitutusetFloren- Préambule et résumé. Codex, loc. cit. Mansi, t.
-
ni, col. 809-810; Hefele-Leclercq, loc.
Jour le même objet, à la suite des vio- cit. ; Maassen, loc. cit.
's des donatistes.
Tête qu'un évêque seul n'a pas le droit Préambule et1 canon. Codex,107. Mansi, t. m, col. 809-810, 1163-1164; Hefele-
irter un jugement. - Leclercq, ibid., p. 159; Maassen, p. 165-166.
cile décide d'envoyer aux empereurs une Préambule et résumé. Codex, entre les Mansi, t. 111, col. 809-810, 1163-1164; Hefele-
;ation de quatre évêques, Florentius, Pos- canons 107 et108. Leclercq, loc. cit. ; Maassen, p. 166.
s, Prtesidius et Benenatus. pour faire
pter les donatistes de l'édit de tolérance
norius.
îttroislonguesséances,ondiscutel'affaire
matismedepuis son origine, en produisant
ultiples documents. L'arbitre Marcellinus
Les procès-verbaux entiers des deux pre-
mières séances et près de la moitié dela
troisième.Le Breviculus collationisde
;
Mansi, t. iv, col. 7-276; P. L., t. xi, col. 1223-
1420 Augustin, Breviculus collationiscum
donatistis, édit. Petschenig, pars 3, p. 39-92;
e raison aux catholiques. saint Augustin permet de suppléer à ce P. L., t. XLIII, col. 613-650; Hefele-Leclercq,
quimanque.Liste complète des assistants. ibid., p. 167-168.
de CaLlestius. On le somme d'expliquer,

;
de rétracter ses doctrines sur le péché
nel et la grâce il est excommunié.
Fragment des Actes, avec les propositions
condamnées. Aug., De gratta Christi et
depeccatooriginali.1.II,c.11,metiv;
;
Mansi, t. iv, col. 289-300; Hefele-Leclercq,ibid.,
p. 168-175, 180 Corpus scriptorum ecclesia-
sticorum latinorum, édit. Urba et Zycha,
MariusMercator,Commonitorium, 1,1. t. XLII,p. 167-169; P. L., t. XLIV, col. 386-388;
t. XLVIII, col. 67-71.
cile veut répondre aux évêques donatistes
accusaient Marcellinus, président de la
irencede l'année précédente, de s'être
Les Actes ont péri, mais la lettre syno-
dale subsiste; elle s'adresse aux laïques
donatistes. Aug.,Epist.,CXLI. col. 577-583.
; t.
Mansi, t. iv, col. 299-306; Aug., Epist., édit.
Goldbacher,pars3,p.235-246 P.L., XXXIII,

é corrompre par les catholiques et d'avoir


Sché les donatistes de parler.
)natistes cherchent à organiser la résis- Il n'en subsiste rien. Mansi, t. iv, col. 305-306; Aug., Contra Gau-
a à la loi rigoureuse édictée contre eux denlium, 1, 37, 47, édit. Petschenig, pars 3,
Honorius en 412. p. 247; P. L., t. XLIII, col. 736.
par les évêques Héros et Lazare desme- Lettre synodale au pape Innocent. Aug., Mansi, t. IV, col. 321-324; Aug., Epist., édit.
des pélagiens en Orient, le concile con-
B la sentence portée cinq ans auparavant
re Cœlestius et l'étend à Pélage; il décide
Epist., CLXXV.
; t.
Goldbacher, pars 3, p. 652-662; P. L., XXXIII,
col. 758-762 Hefele-Leclercq, ibid., p. 183-
184; Maassen, p. 166, 544.
ormer le pape Innocent I" de tout ce qui
passé dans cette affaire.
NOMBRE ET QUALITÉ
DATE DU CONCILE. LIEU. PRESIDENT. PROVINCES REPRÉSENTÉ
REPRÉSENT-1

416.
DES ÉVÊQUES

Milev. Environ 60 catholiques. Silvanus, Concile provincial deNum


primat de Numidie.

417? Thysdrtis,enByzacène. Catholiques. ? Concilepeut-êtregénéra:


Proconsulaire y a des is
Entre novembre 417 et sentants.
février 418 Carthage. Catholiques. Aurelius.
Concile, sans doute lol,
nissant les évêques de
consulaire, de Byzacène
Numidie les plus rappn
24 février 418. T/elepte, en Byzacène,
inecclesiaapostolo-
Plus de 35 catholiques. Donatianus, évêque de
Thelepte, primat de
de Carthage.
ciliumsurtout
Concile provincial,
Byzacenum; poi
C1 1um yzacenum; pOt
rum
rum. Byzacène. deux délégués de la Proc
laire y assistent.

1 mai 418Carthage,insécréta- à
De205 214catholiques. Aurelius. C^oncimlegé^né^rali,conclu*
onci eg n l'a. COChlutt
rio basilicæ Fausti.
versale, y compris la M
tanie Tingitane.

la fin de l' été.


418, probablement vers En Byzacène. Catholiques. Sans doute Donatianus. Concile provincial.

418,
née.
vers la fin de l'an- Carthage.
3 légats du pape:
Catholiques; sontaussi présents
Faustinus,
évêque de Potentia;les prêtres
romains Philippe et Asellus.
Aurelius. Concile composéd'un petit
bre d'évêques, sans dout
sins de Carthage.

25-30 mai 419., Carthage, première sé-


ance in secretario
217 catholiques, plus les 3 lé-
gats du pape.
Aurelius. Concile général, diverse
provinciarum africana
basiticæ Fausti; se-
conde séance, in se-
cretario basiliese re-
stitutæ.

13 juin 421 Carthage, insecretario Catholiques. Aurelius. Sans doute concile génén
basiliese Fausti.

423., En Numidie. Catholiques, sans doute peu


nombreux.
? Concile provincial.

424.
423?

Vers 426
Carthage.

Carthage.

Carthage.
Catholiques.

Catholiques,plus le légat du pape


Faustinus.
Catholiques.
Aurelius sans doute.

Aurelius.

Aurelius.
?

Concile général.

Concile sans doute ass


restreint.

24 septembre 427. Hippone, in basilica Catholiques. Aurelius. Peut-être concile généi


sanctœ Leontinæ.

CONCI

? Macriana [Masclianx?] Catholiques. Le primat? Concile sans doute provin(


Byzacène.
Maradiana Catholiques. Le primat? Concile sans doute provint
?
Byzacène.
ou Marazana.
? Saptimunicia. Catholiques. Le primat? Concile sans doute provint
Byzacène.

Postérieur sans doute Sufetula. Catholiques. Le primat? Concile sans doute provint
Byzacène.
au 2 juin 416
? Thænæ. Catholiques, Le primat? Concile sans doute provin(
1 Byzacène.
ORDRE DU JOUR. DOCUMENTS CONSERVÉS. BIBLIOGRAPHIE.
>

cile de Numidie adopte lesmêmes me- Lettre synodale au pape Innocent. Aug., Mansi,1.IY,col.325-336;Aug.,Epist.,édit.Gold-
; que celui de la Proconsulaire qui l'a
dé.-
-
Epist., CLXXYI. Peut-être un canon
(le 23e dans Mansi) relatif à la pénitence ;
bâcher, pars 3, p. 663-668; P. L., t. xxxrn,
col. 762-764 Hefele-Leclercq,ibid., p.184-185 ;
des hérétiques convertis. Maassen, p. 167.
de la réunion n'est pas connu. Deux ca- Peut-être les deux canons mentionnés à la Mansi, t. iv, col. 371-372; P. L., t. LXVII,
traitent des évêques qui s'abstiennent colonne précédente. Ferrandus,Brevia- col. 053; Maassen, p. 185.
ister au concile. tio canonum, 76-77.
ricains prennent connaissance des deux Il ne reste rien de ce concile. Mansi, t. iv, col. 373-376; Hefele-Leclercq,ibid.,
ÎSdupapeZosimeausujetdePélageet de p.189-190; Duchesne,Hist.anc. del'Église,
;
stius dans leur réponse ils maintiennent
itence prononcéecontre ces hérésiarques
t. m, p. 235.

on prédécesseurInnocent.

';aitonyrelutunelettredupapeSiricius,qui
évêques d'Afrique les décisions du
;
propre de ce concile n'apparaît pas claire- Préambule les 9 canons romains. ;
Mansi, t. iv, col. 379-382 Hefele-Leclercq, ibid.,
p. 68-75, 195-196; Maassen, p. 167-169.
aux
le romain du 6 janvier 386; les 9 canons dis-
îaires qu'elle contient furent sans doute
'més.
Cile s'occupa d'abord des pélagiens et les
amna (9 can.). Il régla ensuite (8can.) la
:glise catholique. Les 3
ipent des appels
derniers canons
ecclésiastiques, des
20 canons. Codex, 108-127.
iondeséglisesquifontretourdudonatisme490 Hefele-Leclercq, ;
Les Actes sont conservés; préambule et Mansi, t. ni, col. 810-823; t. iv, col. 377-380,504-
ibid.,
508; t. vu, col. 641-642; P. L., t. Lvr, col. 486-

sen, p. 169-173, 774.


p. 190-195; Maas-

es, de la représentationdes provinces au


le.
nina lecas d'un évêque, compromis, sem- Une reste rien de ce concile, connu seu- Mansi, t. iv, col. 369; P. L., t. xx, col. 683.
il, dansuneaffaireoùlesfinancespubliques lement par une lettre dupapeZosime
it intéressées; il fit appel à Rome. (16novembre 418).
d'Apiarius deSicca. Les Actes ont péri; on ne connait ce con- !t. m,
Mansi, col. 831; Hefele-Leclercq, ibid.,
cile que par la lettre synodale de 419 au p. 197.
pape Boniface.

le l'affaire d'Apiarius; examen des deux Les Actes sont conservés. Longs procès- Mansi, t. Ill, col. 699-844; t. iv, col. 401-440;
us deNicée invoqués par le pape et des
nents africains relatifs à cette assemblée.
mouvelle toute une série de prescriptions
;
verbaux; version latine des canons de
Nicée 133 numéros du Codex; lettre sy-
nodale au pape Boniface.
477-518; Hefele-Leclercq, ibid., p. 198-211;
Maassen, p. 173-182,544-546,553-555, 773-774.
onciles africains antérieurs, depuis celui
t9,sous Gratus. Codex canonum Eccle-
lfricanæ.
ile parait s'être occupé de questions dis-
laires.
Il subsiste peut-être 1 canon. ;
Mansi, t. iv, col. 447-452, cf. 443-444 Hefe'.e-
Leclercq,ibitl., p. 213-214 et 1305; Maassen,
p.182,548.
d'AntoniusdeFussala. Iln'enresterien. Mansi, t. iv, col. 473-474; Hefele-Leclercq,
ibid., p. 214.
? Il n'en reste rien. Hefele-Leclercq, ibid., p. 214, n. 2, d'après le con-

e affaire d'Apiarius. Il subsiste la lettre synodale au pape Cce-


lestinus.
; ;
cile de 525; Maassen, p. 182-183.
Mansi, t. m, col. 839-844 t. iv, col. 515-518;He-
fele-Leclercq,ibid.,p.214-215 Maasseu,p.lS3.
du moine deMarseille, Leporius. Il subsiste une lettre synodaleadressée aux Mansi, t.iv,col, 517-528; Hefele-Leclercq, ibid.,
évêques de Gaule, et le Libellus emen- p. 215-216.
dationis sive satisfactionisprésenté au
concile par Leporius,
te un certain nombre de questions de dis- Les Actes sont conservés; préambule et t.
Mansi, m, col. 859-860, note; t. iv, col. 441-
le relatives surtout au clergé. 8 canons.
;
442,539-540;Boudinhon,dansHefele-Leclercq,
t. II, p. 1302-1308 Maassen, p. 183-184.

CERTAINE.
? Restent 2 canons relatifs à la nomination Mansi, t. iv, col. 439; Maassen, p. 184.
des évêques.
' Restent 4 canons disciplinaires qui visent
le clergé.
Mansi, t. iv, col. 440; Maassen, p. 184.

? Restent 6 canons relatifs aux évêques, au Mansi, t. IV, col. 439-440; Maassen, p. 184.
clergé, à la fête de Pâques, au jeûne de
la Pentecôte.
? Reste 1 canon, qui impose aux laïques élus Mansi, t. iv, col.439; Maassen, p. 184-185.
évêques de passer en un an par le s divers
degrés de la hiérarchie ecclésiastique.
? Restent 3 canons, dont 2 sur les jugements Mansi, t. iv, col. 440; Maassen, p. 184.
ecclésiastiques, 1 sur l'assiduité aux
conciles.
non pas insensible certes aux malheurs qui se multi- chute de Constantinople, sous les coups des Turcs,
pliaient autour de lui, mais relevant les courages et en 1453. Elle amena la soumission du pays tout entier;
s'efforçant de communiquer à tous l'ardeur qui l'ani- les rares places qui tenaient encore dans l'est et que
mait. S'il avait éprouvé lebesoin, quelques années Genséric n'avait pas entrepris de réduire, sans doute
auparavant (426), d'associer à son administration en souvenir du siège si long d'Hippone, se rendirent
Heraclius, prêtre de son clergé, en le désignant pour sans tarder quand la capitale eut succombé. Bientôt,
être son successeur, il n'entendit nullement prendre en vertu d'un nouveau traité avec l'empereur (442),
dès lors une retraite bien gagnée. Il voulait seulement,
c'est lui-même qui l'affirme, éviter toute contesta-
tion au lendemain de sa mort, puis se ménager, pen-
:
il disposa de la Numidie orientale et des provinces
orientales Tripolitaine, pays des Gétules, Byzacène,
Zeugitane ou Proconsulaire. Il installa ses guerriers
dant les jours qui lui restaient encore à vivre, un peu au nord, dans cette dernière, conservant pour lui-
de loisir pour l'étude des divines Écritures. Il ne se même le reste du pays qu'occupaient les grands
reposait ainsi qu'en changeant d'ouvrage. Nemo ergo domaines impériaux et particuliers. La Numidie
invideat otiomeo, quia meum otiummagnumhabet nego- occidentale et les Maurétanies, contrées dévastées,
tium.Epist., CCXIII, P. L., t. XXXIII, col. 968; Mansi, jam exterminatas provincias, dit Victor de Vita,
op. cit., t. IV, col. 537-540. Jusqu'au dernier jour ses Historia persecutionis Africanæ provinciæ, 1, 13,
forces furent consacrées à la défense de la foi. Quel- restèrent à l'Empire. Possession embarrassante,
ques-uns de ses collègues et de ses amis s'étaient qu'il fallait défendre sans cesse, plutôt qu'on n'en
groupés autour de lui, entre autres Possidius, évêque retirait des avantages positifs.
de Calama. Tous s'efforçaient de soutenir le courage Tant que dura cet ordre de choses, l'Afrique connut
des assiégés et de porter remède à leurs maux. Lui, donc un double régime. Par une anomalie assez
de plus, trouvait assez d'énergie dans son âme pour étrange, les territoires les plus lointains demeuraient
continuer, au milieu de la désolation générale, à com- soumis à la juridiction impériale et l'autorité du
battre les hérétiques; en particulier il s'appliquait à Siège apostolique continuait à s'y exercer. Une lettre
terminer sa réfutation de Julien d'Eclanum. Mais ses du pape saint Léon aux évêques de la Maurétanie
forces déclinaient; au troisième mois du siège, la Césarienne nous le montre, vers 446, attentif aux
le
fièvrele prit et il mourut 28 août, àl'âge de soixante-
seize ans. Quelques semaines plus tôt (20 juillet),
besoins spirituels de ces peuples, soucieux d'y main-
tenir dans toute sa vigueur l'ancienne discipline
Aurelius l'avait précédé au tombeau. Ainsi dispa- ecclésiastique, surtout en ce qui concerne les ordi-
raissaient à la fois les deux chefs de l'épiscopat afri-
cain. Cette double mort laissait toute désemparée
cette grande Église d'outre-mer, qui jamais, sans
;
nations épiscopales. Mansi, op. cit., t. v, col. 1257-
1267; P. L., t. LIV, col. 645-656 Jaffé, Regesta pontifi-
cum romanorum, 410. Il assume ainsi le rôle qu'avait
doute, n'aurait eu autant besoin de leur direction et rempli dans la période précédente le concile plénier
de leurs vertus. Ou plutôt, contre la force brutale et d'Afrique. Mais ces années de calme relatif ne dépas-
les hordes qui se précipitaientsur le pays, eux-mêmes sèrent pas le règne de Valentinien III. A la mort de
qu'auraient-ils pu faire? L'Afrique en était réduite ce prince (455), Genséric réunit sous sa loi tout ce
à courber la tête et à subir en silence sa lamentable qu'il ne possédait pas encore sur le continent, de la
destinée. Cyrénaïque au détroit de Gadès, plus les îles de la
La résistanced'Hippone se prolongeait.Peu experts Méditerranée, Sardaigne, Corse, Baléares, enfin la
dans l'art de réduire les places fortes, les Vandales Sicile, qu'il cédera plus tard (476) à Odoacre, moyen-
levèrent le siège onze mois après la mort d'Augustin, nant une redevance annuelle. A partir de 455, tout
dans l'été de 431. Des secours arrivèrent du dehors à le pays subit donc le régime politique et religieux qui
Boniface, qui tenta de reprendre l'avantage contre était appliqué, depuis quinze ans, dans les régions sou-
l'ennemi dans une bataille en règle. Cette fois encore, mises les premières aux Vandales.
comme avant l'investissement de la ville, la victoire Dès son entrée dans la capitale, d'ailleurs, le roi
le trahit, et il se retira en Italie. Réduits à leurs seules n'avait rien négligé, non seulement pour assurer sa
forces, les Africains étaient impuissants. Aussi le conquête, mais pour l'étendre et vivre aux dépens de
découragement s'empara de ceux qui avaient jusque- l'Empire. Une marine lui était nécessaire; il la créa.
là résisté avec ardeur. Les habitants d'Hippone eux- Du port de Carthage s'élancèrent alors, comme d'un
mêmes abandonnèrent leur cité qui fut aussitôt nid de pirates, des flottes rapides qui ravageaient les
envahie, saccagée, incendiée par les vainqueurs. Dès côtes de la Méditerranée, tombant à l'improviste sur
lors, Genséric restait virtuellement le maître du pays. les populations épouvantées, rapportant toujours
Un accord intervint entre lui et Valentinien III un copieux butin. Une circonstance favorisa gran-
(11 février 435); en échange d'un tribut qu'il s'enga- dement les desseins du barbare. Eudoxie, veuve de
geait à payer annuellement, on lui reconnaissait une Valentinien, eut recours à lui, croit-on, pour venger
portion considérable des territoires qu'il venait de son mari assassiné par Maxime. Avec empressement,
conquérir. Dès qu'il se sentit assez fort, le barbare il se rendit à son appel. La prise de Rome ne lui donna
rompit le pacte et se révolta contre l'empereur. La
prise de Carthage fut l'acte le plus décisif de cette
rébellion.
;
aucune peine (15 juin 455). Ses troupes pillèrent en
conscience quatorze jours durant, la ville fut dépouil-
lée de ses trésors, et on entassa sur les vaisseaux,
Genséric y entra, sans doute par surprise, le outre une quantité d'objets d'or et d'argent, tout le
19 octobre 439. Aucun écrivain ne nous a renseignés mobilier impérial, les lames de bronze doré qui recou-
sur les circonstances où se produisit l'événement. vraient le temple de Jupiter Capitolin, les vases
Qu'il ait du moins très douloureusement retenti dans sacrés des Juifs et les autres dépouilles rapportées
le monde romain, nous n'en saurions douter. Tous jadis de Jérusalem par Titus. Des milliers de captifs
les historiens et chroniqueurs de l'époque y font passèrent aussi en Afrique, entre autres l'impératrice
allusion et souvent y insistent pour le déplorer. et ses deux filles. Ces princesses furent traitées avec
Carthage aux mains des Vandales, c'était une des honneur; mais on n'eut pas les mêmes égards pour le
plus belles contrées de l'empire d'Occident qui échap- reste des prisonniers, si nombreux qu'on ne savait
pait à la civilisation; c'était aussi l'alimentation de où les loger. L'évêque Deogratias eut pitié d'eux.
Rome et de Ravenne compromise. Sa perte dut Beaucoup étaient épuisés par les fatigues du voyage
produire sur les Romains d'alors une impression ana- et les privations; il les abrita dans deux grandes
logue à celle que ressentit la chrétienté lors de la églises, la basilica Fausti et la basilica Novarum,
les soigna, se dépouilla de tout pour les racheter et de l'entourage du roi, qui assuraient le fonctionne-
se dépensa de toutes façons afin d'adoucir leur infor- ment du nouveau royaume. Tous ne cédaient pas aux
tune. injonctions de leurs maîtres. On cite quatre Espa-
A diverses reprises, l'Empire avait essayé de mettre gnols, pourvus d'un emploi à la cour, qui résistèrent
un terme aux attaques de Genséric. Mais les hommes aux menaces, aux tortures, et préférèrent perdre la
de guerre qu'on lui opposa tour à tour, soit impé- vie plutôt que de renier leur foi. L'évêque de Cirta-
ritie, soit connivence avec l'ennemi, ne réussirent à Antoninus, écrivit pour encourager l'un d'eux au
rien. L'un d'eux même, Basiliscus, beau-frère de l'em- martyre une Epistula cohortatoria, qui est un beau
pereur Léon, laissa anéantir une flotte considérable morceau d'enthousiasmechrétien.P.L., t. L, col. 567-
dans le golfe de Carthage (août 468). Ainsi s'affer- 570. Sebastianus, gendre de Boniface, réfugié à Car-
missait à la fois la puissance et l'orgueil du roi qu'on thage pour fuir les intrigues de ses ennemis, entrete-
n'osa plus attaquer. Dès lors, et pour longtemps, nait de bonnes relations avec Genséric. Mais il
l'Afrique appartient sans conteste aux Vandales. était catholique et refusait de se convertir à l'hé-
Dans leur chevauchée à travers les provinces, résie arienne. Sa ferme attitude lui valut la mort
depuis l'Océan jusqu'à la Tripolitaine, les barbares (vers 440). Pour quelques résistances de ce genre,
avaient, par leurs déprédations et leurs tueries, semé combien n'enregistra-t-on pas de capitulations I
partout la terreur. Une fois en possession de la capi- Parler de conversions en masse serait trop dire; il
tale et installés dans le pays, on aurait pu croire que n'en est pas moins vrai que les défections se multi-
cette fureur de piller et de torturer se calmerait. Loin plièrent, tout ensemble dans cette catégorie de pri-
de là, Genséric commença par obliger tous les citoyens vilégiés, qui craignaientdeperdrefonctionset dignités,
de cette ville à livrer ce qu'ils possédaient en or, et dans le peuple oùl'indifférence religieusefaisaitdes
argent, bijoux, vêtements et objets précieux de toute progrès.
sorte. En même temps on s'emparait des vases sacrés Ces faits n'étaient pas localisés à Carthage; ils
dans les églises; on confisquait les églises elles-mêmes se répétaient dans le reste du pays. La persécution
pour y faire camper les troupes victorieuses. Puis les sévissait surtout en Proconsulaire, puisque cette
sénateurs, l'évêque Quodvultdeus et la majeure province avait été lotie entre les guerriers de Gen-
partie de ses clercs furent embarqués de force et expé- séric (sortes Vandalorum) ; bientôt on n'y célébra plus
diés à Naples. le service divin qu'en cachette. Dans les autres terri-
Ces mesures répondaient à une double préoccu- toires, où l'autorité vandale n'entretenait que des
pation. Le roi voulait à tout prix se débarrasser des représentants clairsemés,les moments de calme étaient
notables habitants et du clergé catholique. Pour lui, plus fréquents. Mais l'espionnage et la délation s'y
les uns et les autres constituaient une force qu'il exerçaient aux dépens du clergé. S'avisait-onen chaire
fallait briser. Quand ils virent la situation désespérée, de prononcer les noms de Pharaon, de Nabuchodono-
les fonctionnaires impériaux s'étaient repliés vers sor, d'Holopherne ou de quelque tyran flétri dans la
l'Italie. Mais les propriétaires, les magistrats muni- Bible, aussitôt, dit Victor de Vita, I, 22-23, ces
cipaux, les curiales, n'avaient pas pu se retirer comme paroles étaient interprétées comme une offense à la
eux. Toute cette aristocratie locale, riche et influente, personne du roi et leur auteur payait sa témérité de
représentait l'élément romain; c'est autour d'elle l'exil. Le métropolitain de Byzacène, les évêques
que les résistances au nouvel ordre de choses pou- d'Hadrumète, de Sufes, de Teudalis, dans la même
vaient s'organiser. On n'en viendrait à bout qu'en province; ceux deGirba, d'Œa, de Sabrata,enTripoli-
détruisant son prestige, en lui enlevant ses richesses taine, furent ainsi traités pour des fautes de ce genre
et ses dignités. Ensuite on ne lui laissait guère le choix ou d'autres aussi minces. Suspicion d'une part, haine
qu'entre l'exil et l'esclavage. déclarée de l'autre, brutalité partout, tel était le
C'est par des raisons analogues que s'explique la régime que Genséric et sa horde faisaient peser sur
haine du roi envers le clergé catholique; mais il y l'Église catholique.
entrait aussi un autre élément. Ariens fanatiques, les De temps en temps, la sévérité royale se relâchait
Vandales ne désiraient rien tant que de se venger sur et quelque mesure de justice était prise au profit des
les orthodoxes de toutes les avanies subies dans opprimés. Sur les instances de Valentinien, sans doute
l'Empire romain par leurs coreligionnaires, et, si à la mort de Quodvultdeus, le roi autorisa la nomi-
possible, de supprimer ces adversaires détestés. Sur nation d'un évêque catholique à Carthage (454).
;
leur chemin, avant la prise de Carthage, ils avaient
déjà sévi contre les évêques on sait les noms de plu-
sieurs qu'ils exilèrent, parmi eux, Possidius, l'ami
Deogratias fut élu. On a vu comm2nt il justifia les
espérances qu'on fondait sur lui. Son admirable
charité envers les captifs ramenés d'Italie lui valut
d'Augustin et son compagnon des derniers jours, à l'inimitié des ariens. Elle explique les regrets profonds
qui nous devons le récit de sa vie (437). Ce fut pire de ceux qu'il avait secourus avec tant d'abnégation,
encore une fois qu'ils eurent le pays entier sous leur quand, trois ans plus tard, sa mort rendit de nouveau
domination. Toute une hiérarchie de diacres, de vacant le siège qu'il occupait (457). En dehors de ces
prêtres, d'évêques,sous la juridiction d'un patriarche courts répits, les condamnations s'abattaient sans
installé dans la capitale, entretenait ces sentiments relâche sur les chefs des églises. Ce fut bientôt le
hostiles et cherchait à favoriser par tous les moyens tour de Thomas, le consécrateur de Deogratias. Puis
l'extension de l'hérésie. l'interdiction arriva de faire aucune ordination en
A Capreolus, dont le concile d'Ephèse, en 431, Proconsulaire; des cent soixante-quatre évêques que
avait reconnu la science et approuvé la doctrine, comptaient naguère ces territoires, en peu d'années.
Quodvultdeus venait de succéder récemment sur le il n'en resta que trois dont un en exil. Cette guerre
siège de Carthage. Il fut, nous l'avons dit, l'une des
premières victimes de la persécution. Quand il eut
I
incessante, dont on peut lire le détail dans le livre de
l'Historia persecutionis Africanaæ provinciæ de Victor
pris avec ses clercs la route de l'exil, ccun long silence de Vita, édit.Petschenig, 1881, t. vu du Corpus scrip-
»,
de désolation dit Victor de Vita, 1, 24, régna sur cette
Église. Sans chef, sans protecteurs, les fidèles désem-
torum ecclesiasticorum latinorum; édit. Halm,
Monumenta Germaniæ, t. ni des Auctores anti--
parés offraient une proie facile à l'arianisme, qui quissimi;P.L., t. LVIII, col. 179-260, fit donc partout
profita largement, semble-t-il, de ces circonstances des victimes, mais nulle part sans doute autant que
pour lui favorables. Les prêtres hérétiques selivraient
à une active propagande, spécialement sur les Romains :
dans la capitale, puisque, suivant la forte expression
du même auteur, le roi fit fermer cette église ecclesiam
Carlhaginis claudi præcepit. Ibid., I, 51. Ce qui restait A mainte reprise, le fait est constant, il a été interdit
du clergé alla rejoindre en exil les précédents con- à vos prêtres de tenir des assemblées dans les terres
damnés. réparties aux Vandales, pour qu'ils ne puissent séduire
Combien de temps dura cette rigoureuse proscrip- et troubler les âmes chrétiennes. Au mépris de cet
tion, nous ne saurions le dire au juste, car la date ordre, beaucoup ont été découverts célébrant malgré-
initiale nous est inconnue. Elle ne prit fin qu'en 475, tout la messedans les terres des Vandales;ils déclarent
à la suite des négociations du patrice Sévère, délégué qu'ils possèdent dans son intégrité la règle de la
par l'empereur Zénon, dont la droiture et le désin- foi chrétienne. Nous ne voulons point de scandale
téressement produisirent la plus favorable impres- dans les provinces que nous tenons de Dieu. Aussi,
sion sur Genséric. Tous les bannis rentrèrent alors au nom de la providence divine, et du consentement
dans leur pays. Pourtant la pacification ne devait de nos saints évêques, sachez que nous avons décidé
vraiment s'établir qu'avec l'arrivée au pouvoir de son ceci. Aux kalendes du prochain mois de février, vous
fils Hunéric (25 janvier 477). viendrez tous à Carthage; qu'aucune crainte ne vous
On le crut du moins, quand on vit ce prince adopter retienne. Vous pourrez ainsi entamer une discussion
d'abord une attitude plus conciliante envers la reli- avec nos vénérables évêques sur l'ensemble de la foi,
gion catholique, tolérer plus largement les assemblées et sur la croyance des omousiens que vous défendez,
du culte. Il est vrai que les manichéens faisaient les en essayant de la démontrér par des textes appropriés
frais de cette modération. On les poursuivit avec des divines Écritures. De cette manière on recon-
d'autant plus d'âpreté qu'on les surprit en train de naîtra si vous possédez l'intégrité de la foi. Le texte
recruter des adeptes dans le clergé vandale. Certains de cet édit a été envoyé à tous vos évêques établis
furent brûlés vifs, d'autres exilés outre-mer. Cepen- dans toute l'étendue de l'Afrique. Donné le treizième
dant, à la requête de Zénon et de Placidie, Hunéric jour des kalendes de juin, la septième année d'Hu-
autorisaitles orthodoxes de Carthage à élire un nouvel néric. »
évêque; il y mettait cette condition que les ariens La lecture de ce document consterna tous les
jouiraient en Orient d'une égale liberté. Vingt-quatre assistants. On vit aussitôt où le roi voulait en venir.
ans après la mort de Deogratias (457-481), le siège Sous prétexte d'écarter tout scandale, c'est-à-dire
métropolitain fut donc pourvu d'un titulaire en la toute dissidence, il poursuivait en réalité la suppres-
personne d'Eugenius. sion complète des catholiques dans ses états. Euge-
C'était un saint personnage, dont les vertus, sur- nius essaya une diversion. L'affaire intéressait autant
tout la charité, avaient gagné tous les cœurs et atti- le reste du monde que l'Afrique; il suppliait donc le
raient même desVandales à l'orthodoxie. Cette popu- roi de convoquer les évêques des contrées transma-
larité, ces conversions excitèrent le mécontentement rines, et præcipue Ecclesia Romana,quæ caputest
des prêtres ariens. Ils commencèrent à entraver le mi- omnium Ecclesiarum. Vict. Vit., 11, 43. Non pas
nistère d'Eugenius, qui se vit interdire,en particulier,
de recevoir dans les églises quiconqueportait le cos-
tume vandale. D'autres mesures plus violentes furent
;
qu'autour de lui personne ne fût capable de rétorquer
les arguments des ariens mais il pensait avec raison
que des étrangers, n'ayant rien à craindre d'Hunéric,
ensuite décidées. On s'en prit aux catholiques qui parleraient plus librement. Ils pourraient aussi redire
remplissaient encore, malgré les épurations de Gen- au dehors, les ayant constatées jfat eux-mêmes, les
séric, diverses charges à la cour; et on les envoya souffrances de l'Église d'Afrique sous la domination
moissonner dans la campagne d'Utique,sous le soleil des Vandales. Non seulement Hunéric refusa, mais il
brûlant. Puis, coup sur coup, on chassa de l'armée se débarrassa par l'exil ou divers supplices de certains
et de tous les emplois publics quiconque ne professait évêques du pays dont la science aurait pu gêner les
pas l'arianisme, on molesta les vierges pour tirer représentants du clergé officiel. Bon gré mal gré, les
d'elles l'aveu de prétendues relations criminelles avec autres durent se rendre à la conférence.
les gens d'église, enfin on « envoya chez les Maures »
c'était l'expression consacrée—près de cinq milleper-
- Sous le titre de Notitia provinciarum et civitatum
Africæ, un document précieux, imprimé à la suite de
sonnes de tout âge et de toute condition qui refusaient l'histoire de Victor de Vita, édit. Petschenig, p. 115-
d'abandonner leur foi. Victor de Vita, témoin de ce t.
134;édit.Halm, p.63-71;Mansi, op. cit., VII,col.1156-
le
lamentable exode, nous a raconté en détailles souf-
frances des malheureux, pressés, dit-il, comme une
armée de sauterelles. Plus furieux que son père, qui
1164; P. L., t. LVIII, col. 269-358, nous a conservé
nom de tous ceux qui répondirent à la convocation
cinquante-quatre de la Proconsulaire, cent vingt-
:
visait surtout les membres du clergé, Hunéric sévis- cinq de Numidie, cent sept de Byzacène, cent vingt de
sait indistinctement contre tous ceux dont les idées la Maurétanie Césarienne, quarante-quatre de la
ou les sentiments lui semblaient un obstacle à ses Maurétanie Sitifienne, cinq de Tripolitaine, huit de
volontés. Aussi fit-il des victimes ailleurs que chez les Sardaigne et des Baléares. Ces totaux partiels, indiqués
catholiques,parmi ceux de sa race et jusque dans son
entourage immédiat. Pour disposer librement du
pouvoir, il ne recula pas devant le meurtre de ses
proches et de leurs partisans vrais ou supposés, diacres,
prêtres ariens, même le patriarche Jucundus.
le chiffre d'ensemble :
après chaque paragraphe de la liste, ne concordent pas
de tous points avec le détail. Retenons seulement
466 évêques catholiques se
trouvèrent à Carthage le lor février 484. A la veille
de la réunion, le roi fit encore disparaître, par le feu,
En apprenant ces violences sanguinairesl'empereur un de leurs représentants les plus autorisés, Lætus,
Zénon s'émut. Pour la seconde fois il expédia en évêque de Nepte, en Byzacène. Il importait d'entre-
Afrique un fonctionnaire, Reginus, chargé d'obtenir tenir jusqu'au dernier moment une terreur salutaire
qu'elles prissent fin. Cette nouvelle ambassade dans l'esprit des assistants et de briser ainsi d'avance
aboutit à un résultat bien inattendu. Voulant peut- toute velléité d'opposition trop vive.
être donner une demi-satisfaction à l'empereur ou Afin d'enlever aux ariens tout prétexte de récri-
plutôt lui démontrer que ses décisions se justifiaient miner contre cette affluence, les catholiques avaient
par la nécessité de combattre des rebelles, le roi désigné dix des leurs pour prendre la parole et sou-
décida la réunion d'une conférence contradictoire. tenir la discussion. Quand ils se présentèrent à la
Au jour de l'Ascension, 20 mai 483, l'édit suivant fut salle des séances, ils la trouvèrent déjà occupée. Le
adressé à l'archevêque Eugenius, pour êtrelu publi- patriarche Cyrila siégeait sur un trône élevé, entouré
quement à l'église: « Hunéric, roi des Vandales et des de ses acolytes; il s'était d'office adjugé la présidence,
Alains, à tous les évêques_ omousiens (catholiques). se constituant ainsi juge et partie au lieu de tout
remettre entre les mains d'un arbitre, comme à la les supplices ne purent avoir raison, et sept moines de
conférence de 411. Cette prétention, ce titre de pa- Capsa (Gafsa), envoyés dans la capitale par les auto-
triarche qu'il usurpait,indisposèrentles catholiques.Ils rités de leur ville et dont les corps furent déposés dans
demandèrentdes explications, et ne reçurent que des le monastère de Bigua; voir la Passio septem mona-
injures; le peuple murmurait, on le calma par des chorum, à la suite de l'ouvrage de Victor de Vita. Le
exigeait qu'on em-
coups de bâton. Cyrila, du reste, Vandales; métropolitain Eugenius, transféré à Turris Tamalleni
;
ployât le gothique, langue des le latin,
disait-il, lui étantinconnu or, il leparlait couramment.
On sentait trop que tous les moyens étaient bons pour
(Telmine),dans le sud de laByzacène, près de l'ancien
lac Triton, y endura d'indignes traitements. Comme
il était devenu paralysé, son gardien en profitait pour
lui faire avaler du vinaigre. Tout son clergé, composé
empêcher une loyale explication. La première séance
n'aboutit à aucun résultat utile. A la seconde, posté- d'au moins cinq cents personnes, fut relégué à son
rieure de quelques jours, Eugenius et les siens, que tour.
l'expérience avait rendus méfiants, et qui tenaient à Quant à ceux qu'on n'expédiait pas en exil, on
affirmer leurs croyances en dépit de tous les obs- voulait les attacher à l'arianisme. Le baptême catho-
tacles, apportèrent une profession de foi rédigée à lique n'ayant aucune valeur, on rebaptisait avec
l'avance; ils parvinrent à en donner lecture. Ce acharnement, même contre leur gré, les fidèles qui
Liber fidei catholicæ est reproduit tout au long par l'avaient reçu. La plupart étaient consentants. Sou-
Victor de Vita, II, 56-101. Alors les ariens soutinrent vent aussi des clercs, des prêtres et des évêques
que le nom de catholiques n'appartenait pas à leurs
adversaires; ils les accusèrent, en outre, de causer du
désordre. Hunéric en prit texte pour suspendre la
acceptèrent le baptême hérétique. Une circonstance
facilitait du reste cette entreprise de conversion
la famine, résultat d'une longue sécheresse, sévis-
:
réunion, en même temps qu'il publiait dans toute sait alors sur ces provinces. Les campagnards,
l'Afrique un rigoureux édit (25 février). L'épiscopat comme il advient toujours en pareil cas, s'entas-
catholique y était accusé de rébellion aux ordres du saient à Carthage, dans l'espoir d'y obtenir le
roi; dans son dépit de ne pouvoir soutenir par des pain qui leur manquait. Il en résulta une épidémie;
textes de l'Écriture sa doctrine de l'omousios, il avait la mortalité s'accrut dans des proportionseffrayantes.
excité des troubles à la conférence. En réponse à ces Pour préserver sa capitale, Hunéric expulsa sans pitié
provocations, le roi faisaitrevivre contre eux les édits tous ceux qui arrivaient du dehors. Les ariens, exploi-
sévères portés jadis par les empereurs contre l'hérésie. tant cette détresse, leur promettaient aide et pro-
Toutes les églises seraient fermées, les assemblées du tection s'ils embrassaient l'hérésie. Plus d'un y
culte supprimées, les biens du clergé confisqués au consentit. En revanche, quelques Vandales, touchés
profit des ariens, les clercs eux-mêmes exilés. Destruc- de la vaillance de leurs victimes, étaient revenus à la
tion des livres liturgiques;interdiction d'administrer foi traditionnelle; ce qui les fit exiler. Leur conversion
le baptême, d'ordonner qui que ce soit ou de discuter
les questions religieuses, sous peine de fortes amendes
incapacité civile prononcée contre les catholiques;
; compensa, dans une certaine mesure, la défection de
plusieurs catholiques devenus, pour obtenir les bonnes
grâces du roi, les persécuteurs acharnés de leurs
dégradation pour ceux qui occuperaient des charges, frères.
condamnations péruniaires graduées suivant la Après sept ans et dix mois de règne, Hunéric mou-
situation socialedes délinquants; telles étaient les rut (décembre 484), de la maladie à laquelle avaient
dispositions principales de l'édit. Elles ne tendaient à jadis succombé Antiochus, Hérode et Galère, pulrc-
rien moins qu'à extirper radicalement le catholi- factus etebulliens vermibus, lit-oi. dans une addition
cisme. à l'histoire de Victor de Vita, 111, 71. Sans parler des
Pour exécuter ce programme on n'attendit pas le suites de la famine, il laissait bien des désastres à
1er juin, délai accordé à ceux qui voulaient se mettre réparer. C'est à quoi s'occupa son successeur Gun-
en règle. Les évêques étaient réunis à Carthage, occa- thamund, sans hâte, à vrai dire. La plupart des exilés
sion favorable entre toutes pour s'en débarrasser en furent cependant rappelés, exception faite pour les
bloc. Peut-être même ne les y avait-on appelés que évêques. Eugenius ne bénéficia de cette mesure
dans cette intention. Après les avoir dépouillés de gracieuse qu'au bout de trois années (487); on lui
tout, on les chasse hors des murs; défense expresse permit de s'installer dans le cœmeterium ou église
auxhabitants deleshéberger ou de leur porter secours. suburbaine de saint Agileus. La question des lapsi
Pareils à des mendiants, ces malheureux erraient se posait alors comme au temps de Cyprien, à cause
autour de la ville, lorsque le roi vint à sortir avec son des fréquentes défaillances survenues pendant la
escorte. Ils accourent, supplient, les larmes aux persécution. Dans l'impossibilité où se trouvaient
yeux, qu'on ait pitié d'eux. Lui, pour toute réponse, les évêques africains de la traiter en commun, ce fut
les fait charger par ses cavaliers. Bientôt, il les con- un synode romain qui l'examina, peut-être à leur
voque à nouveau et leur demande de jurer qu'ils ne requête, du moins en présence de quatre d'entre eux
feront pas d'opposition à son fils, si lui-même vient à (13mars 487). Une pénitence plus ou moins longue
mourir. Les quarante-six qui refusèrent le serment, fut ordonnée, suivant la gravité de la faute. Les
comme contraire aux préceptes de l'Évangile, furent évêques, prêtres et diacres ne seraient réconciliés
envoyésen Corsecouper desbois pour la marineroyale; qu'au moment de la mort. Aucun catholique rebap-
trois cent deux autresfurent relégués en divers endroits tisé ne pourrait désormais être admis dans les rangs
de l'Afrique pour y cultiver la terre. En même temps du clergé. Mansi, Sacr.concil.novaetampliss.collectio,
on tourmentait, dans mainte cité les fidèles, qui t. VII,col. 1056-1059,1171-1174;Hefele-Leclercq,Hist.
soutenaient encore contre l'arianisme la doctrine or- des conciles, t. II, p. 934-935. Plus tard, cédant
thodoxe, à Thuburbo, àHadrumèle,dans la civilas Culu- sans doute aux sollicitations d'Eugenius, Guntha-
A
silana, dans la civitas Tambaiensis. Tipasa de Mau- mund rappela les derniers bannis, rouvrit partout
la
étanie, populationrefuse de recevoirl'évêque arien
imposé par le roi. On se saisit d'un groupe d'habitants,
les églises (10 août 494), et la paix refleurit pour
un temps.
on leur coupe la langue et la main droite; mais, par Pour un temps seulement, car Thrasamund, son
un miracle de Dieu, ils n'en continuèrent pas moins à successeur (496-523), qu'on a surnommé « le Julien
parler, au témoignage de Victor de Vita, 111, 29-30. arien », prit encore des mesures contre les tenants de
Parmi les victimes célèbres de cette persécution fi- la foi de Nicée. Des supplices furent infligés; cent
gurent encore douze jeunes lecteurs de Carthage, dont vingt évêques se virent reléguer en Sardaigne, à
leur tête, Fulgence, l'illustre évêque de Ruspe, en curée par Gunthamund, les catholiques n'avaient
Byzacène. De nouveau, l'archevêque Eugenius partit point encore respiré en paix. Instruits par cette
pour l'exil, cette fois en Gaule, à Albi, où il mourut longue, expérience et craignant quelque surprise
en 505. Fidèle imitateur de Genséric et d'Hunéric, nouvelle, les évêques résolurent de régler sans
le roi interdit ensuite toute ordination épiscopale. retard les affaires ecclésiastiques en souffrance.
Des églises restèrent sans chef, notamment celle L'absence presque continuelle de beaucoup de chefs-
de Carthage. d'églises avait mis toutes choses dans un singulier
Parmi les déportés, Fulgence fut vite hors de pair. désarroi; le travail de réorganisation était urgent.
Ses vertus, sa grande intelligencel'élevaient au-dessus Bonifacius réunit donc un synode qui s'ouvrit, le
de ses compagnons de captivité. Ils lui témoignaient la 5 février 525, dans le secretarium de la basilique de
même déférence respectueuse que leurs prédécesseurs saint Agileus. Soixante évêques y assistèrent, sept
à Aurelius. Thrasamund, qui se piquait de littéra- d'entre eux représentaient à titre de délégués
ture et de beau langage, désira l'entendre exposer et leurs collègues de Numidie, de Maurétanie et de
discuter les dogmes catholiques. L'évêque se rendit à Tripolitaine, que la vieillesse, la maladie et surtout
cet appel, heureux de proclamer sa foi et, sans doute, l'insécurité du pays avaient empêchés de venir. Le
d'être utile à ses frères. De fait, ses exhortations et son primat de Byzacène, au contraire, et sans doute aussi
exemple raffermirent beaucoup de fidèles de la capi- les évêques de sa province, s'étaient abstenus. C'est
tale; on se serait cru aux beaux jours où saint Augus- que, dans sa pensée, Bonifacius, en convoquant et
tin y prêchait la parole de Dieu. Devant le roi son en présidant le concile, usurpait sur ses attributions.
succès fut tel, que plus d'un prêtre arien abandonna Les vacances réitérées du siège de Carthage, depuis

:
l'hérésie. Il ne se contentait pas de parler, il écrivait
aussi. Ses ouvrages Contra arianos, Ad Trasimundum
regem Vandalorum, Pro fide catholica adversus Pintam
episcopum arianum, Liber seu commonitorium de
près d'unsiècle, avaient amenélesprimats deByzacène
à diriger parfois l'Église d'Afrique. Liberatus, alors
investi de cette dignité, prétendait se prévaloir de
cette intervention accidentelle pour ruiner à son
Spiritu Sancto ad Abragilam presbyterum,ce dernier profit les privilèges carthaginois. Le concile les main-
aujourd'hui perdu, contribuaient puissamment à tint pleinement. Puis on rappela, d'après le 19e canon
l'efficacité de son apostolat. On les a réunis au t. LXV du concile de l'année 418, dans quel ordre de préémi-
delà Patrologielatine. Les évêques ariens s'en émurent. nence se suivaient les évêchés africains, ceux de
Sur leurs représentations, Thrasamund, charmé de Proconsulaire d'abord à la suite de Carthage, puis,
son éloquence, mais nullement convaincu par ses ceux de Numidie, de Byzacène, de Maurétanie et de
raisons, le renvoya dans son île, d'où il ne cessa de Tripolitaine. On relut ensuite le symbole de Nicée,
porter un actif intérêt aux besoins des chrétientés unanimement approuvé par l'assistance, et toute une
d'outre-mer. Sa correspondance en fait foi. série d'anciens canons des conciles africains, relatifs
Aucun changement ne se produisit, selon toute à des questions de discipline; ils étaient utiles pour
apparence, dans la situation des catholiques, jusqu'à l'instructiondes nouveaux membres del'épiscopat.Ala
la mort de Thrasamund (28 mai 523). Ce fut Hil- demande du concile, on passa aussi en revue les textes
déric, fils d'Hunéric le persécuteur, qui rouvrit synodaux qui mettaient hors de pair l'église de
l'Afrique aux exilés. En même temps, il permettait de Carthage. Cette insistance à affirmer la suprématie
remplacer les évêques morts loin de leur pays. Grâce du titulaire de ce siège montre bien qu'elle avait été
à ces mesures conciliantes, l'épiscopat reprit vite de fortement battue en brèche. Telles furent les occu-
l'influence sur les populations. Au reste il n'avait pations de la première journée.
cessé pendant cette période d'épreuves de rester Ce qui concernait l'ensemble des églises d'Afrique
étroitement uni. Son autorité continuait à rayonner étant ainsi réglé, on examina le lendemain les affaires
au loin; elle est attestée par un formel témoignage. particulières. Quelques moines d'un monastère de
Des moines d'origine scythe, établis à Constanti- Byzacène, conduits parleur abbé, Pierre, furent intro-
nople, qui luttaient contre le semi-pélégianisme, duits pour porter plainte contre le primat de leur
demandèrent aux évêques africains ce qu'ils pensaient province, ce même Liberatus, dont il vient d'être
:De
de cette doctrine. Ce fut pour Fulgence de Ruspe
l'occasion d'écrire plusieurs traités De incarnatione
etgratiaDomininostriJesuChristi, veritate præde-
question. Il avaitvoulu les réduire à son obédience,
eux et leurs frères, et, devant leur refus, les avait tous
frappés d'excommunication perpétuelle, leur créant
stinationis et gratiæ Dei, et sept livres Contra Faustum. ainsi une situation intolérable. Les moines déclaraient
Il composa également une Epistula synodica, pour ne relever que de l'archevêque de Carthage. C'était,
répondre, au nom de tous ses collègues, à la lettre des dans un cas bien déterminé, une preuve des empiéte-
moines. Elle traite de l'action de la grâce en face de ments de cet autoritaire primat. Ses prétentions
la liberté humaine, trop exaltée par les semi-péla- menaçaient de troubler la paix intérieure de l'Église
giens. Cet exposé se fonde sur la doctrine de saint d'Afrique, à l'instant même où les Vandales lui accor-
Augustin, dont Fulgence recommande les ouvrages daient la tranquillité au dehors. Cette affaire datait
à ses correspondants. Cette pièce dut être écrite au de quelque temps déjà. Une correspondance s'était
plus tôt dans les derniers mois de 523, c'est-à-dire échangée à ce suj et entre Bonifacius et les intéressés;
après le retour des évêques dans leur patrie. Les le synode en prit connaissance. Faisant droit ensuite
termes en furent arrêtés dans un véritable concile. à la requête de l'abbé Pierre, appuyée de textes et
Et ce seul fait indique combien large envers le catho- d'arguments solides, il déclara que les monastères
licisme était le nouveau gouvernement; Mansi, op. cit., seraient à l'avenir exempts de la juridiction épis-
t.VIII, col. 591-600; Hefele-Leclercq, op cit., p. 1055- copale.Erunt igitur omnia omnino monasteria, sicut
1059. Sa tolérance se manifestait encore d'une autre semper tuerunt, a conditione clericorum modisomnibus
façon très heureuse. Eugenius étant mort en Gaule libera, sibi tantum et Deo placentia. Mansi, op. cit.,
depuis 505, le roi permit de lui donner un successeur t. vin, col. 635-656; Hefele-Leclercq, op. cit., t. II,
en la personne de Bonifacius, homme de grand p.1069-1074.
mérite, demandé par le peuple d'une voix unanime. Dans le mémoire remis par les moines, il estques-
Le nouveau titulaire, qui n'était point relégué en tion des nombreux conciles où le primat Liberatus a
Sardaigne, put recevoir ses collègues à leur retour cherché à perdre leur monastère. De ces assemblées,
d'exil.
Depuis 439, si l'on excepte la courte accalmie pro- :
quelque peu antérieures à celle de Carthage, deux
seulement nous sont connues la première se tint en
523 à Junca, l'autre à Sufes (Sbiha), en Byzacène. Bélisaire, investi du commandement de l'expé-
Qu'il ait été question à Junca de la querelle pendante dition, passe la mer avec dix mille fantassins, cinq
entre les moines et Liberatus, nous en avons pour mille cavaliers, une flotte imposante, et débarque à
preuve la lettre de ce dernier, lue par Bonifacius de- l'improviste en Afrique, où les populations opprimées
vant le synode de 525. Le primat y déclarait que la l'accueillent comme un libérateur. Les Vandales, bien
paix de l'Église venait d'être rétablie après de con- dégénérés de leur ancienne valeur, n'étaient pas en
fiantes explications, assertion optimiste, bientôt état de lui résister. Un seul combat lui livre Car-
démentie par les faits. Vincentius, évêque de Girba, thage, qui redevenait ainsi romaine après avoir cessé
en Tripolitaine, avait empiété sur la province de del'êtrependant95 ans (19 octobre439—15 septembre
Byzacène comme faisait Liberatus sur la Proconsu- 533). Gélimer essaie de prendre sa revanche avec une
laire; on le rappela à l'observation de la règle. A petite armée, grossie de contingents fournis par les
Fulgence de Ruspe, qui assistait au concile, on donna tribus maurétaniennes. Le général byzantin la taille
encore le pas sur un autre évêque, nommé Quodvult- en pièces à Tricamarum, poursuit le roi dans les mon-
deus. Ce dernier en éprouva quelque amertume; à
tagnes où il cherche un refuge et le force se constituer
prisonnier (mars 534). Moins de soixante ans après la
peu de temps après, à Sufes, Fulgence demanda que
ce Quodvultdeus fût replacé avant lui. Nous man- mort de Genséric, qui l'avait portée à son apogée,
quons de détails sur cette dernière assemblée. Mais, la puissance vandale était anéantie sans retour.
à voir la place que les questions de préséance et de Tandis que Bélisaire triomphait à Constantinople
juridiction contestées tiennent dans les réunions de étalant sous les yeux du peuple les trésors de Gélimer
cette époque, on comprend mieux quelle pertur- et toutes les dépouilles enlevées jadis à Rome par
- bation profonde les vexations des rois vandales Genséric, ornements impériaux, richesses du Capitole
avaient apportée dans le fonctionnement de la hié- et des temples, objets sacrés des Juifs apportés de
rarchie ecclésiastique. Mansi, loc. cit., col. 633-634; Jérusalem par Titus, Justinien s'appliquait à réor-
Hefele-Leclercq, loc. cil., p. 1059-1060. Quelques ganiser toutes choses en Afrique et à panser les bles-
années plus tard, entre 530 et 532, peut-être à l'occa- sures qu'un siècle de domination étrangère avait
sion d'une résistance analogue à celle de Liberatus, faites à ce malheureux pays. A la suite de Victor de
l'épiscopat africain proposa encore au pape un arran- Vita, nous avons vu quels traitements les populations
gement en vue de faire confirmer l'autorité prima- fidèles à l'orthodoxie avaient dû subir de la part des
tiale de l'archevêque de Carthage. On voulait prévenir rois, «. persécuteurs des corps et des âmes », qui ani-
le retour de difficultés analogues à celles qui avaient marum fuerantsimulhosteselcorporum.Cod. Just., édit.
été soulevées de 418 à 424, à propos des appels ecclé- Krueger, I, XXVII, 1. Quand on songe à ces souffrances,
siastiques. on comprend l'allégresse qui se manifesta dans toute
Tandis que ce travail réparateur s'accomplissait, la province à l'arrivée des Byzantins; on comprend
avec l'acquiescement tacite d'Hildéric, Gélimer s'em- aussi que Justinien, au début du rescrit par lequel il
para violemment du pouvoir (531), et l'on put craindre institue la charge de préfet du prétoire d'Afrique,
que la persécution ne reprît une fois encore. Arien
zélé, homme d'ailleurs sans scrupules, le nouveau roi
autorisait toutes les appréhensions. Mais il dut s'oc-
sans crainte d'être démenti :
ait pu dire, avec un peu d'emphase peut-être, mais
cc Que l'Afrique tout
entière reconnaisse donc la miséricorde du Dieu tout-
puissant. Et que ses habitants comprennent combien
cuper avant tout de s'affermir sur le trône qu'il avait
usurpé. Lorsqu'il eut réprimé par la force les tenta- dur était l'esclavage, combien barbare le joug dont ils
tives des opposants et qu'il se trouva libre de s'en sont délivrés; combien grande, au contraire, la liberté
prendre aux catholiques, Bélisaire passait la mer avec dont ils peuvent jouir sous notre bienheureuse auto-
les troupes byzantines et renversait pour toujours la rité. » Et universa Africa sentiat omnipotentis Dei
puissance des Vandales. misericordiam et cognoscarit ejus habitatores, quam a
VII LA PÉRIODE BYZANTINE. LA CONQUÊTE durissima captivitate et jugo barbarico liberati in
ARABE. — Malgré les revers successifs qu'ils avaient quanta libertate sub felicissimo nostro imperio degere.
éprouvés dans leurs entreprises contre Genséric, les meruerunt. Cod. Just., édit. Krueger, I, XXVII, 8.
empereurs d'Orient ne considéraient pas l'Afrique De cette liberté, personne, assurément, ne profita
comme perdue à jamais pour eux. Cette belle pro- autant que le clergé, car personne autant que lui
vince pouvait bien être momentanément soustraite n'avait pâti sous le régime qui venait de prendre fin.
à leur autorité. Mais que les circonstances redevins- Maintenant que l'avenir paraissait assuré, on allait
sent favorables, l'Empire ne manquerait pas de faire pouvoir restaurer la tradition catholique si souvent
valoir des droits pour lui imprescriptibles. Hildéric interrompue depuis cent ans. Ce fut un des premiers
était, par sa mère Eudoxie, le petit-fils de Valenti- soins des évêques après la campagne de Bélisaire.
nienIII. Il avait longtemps vécu à Constantinople et Dans le concile présidé par Bonifacius,'en 525, on
s'était lié avec Justinien d'une étroite amitié. Ses avait déjà commencé ce rude travail. A peine installé,
sentiments ne se modifièrent pas une fois qu'il fut e nouveau métropolitain, Reparatus, voulut le pour-
devenu roi. Pouren témoigner, il fit même frapper suivre. Il assembla donc, à son tour, un concile
des monnaies à l'effigie de ce prince, préparant auquel se rendirent, avec empressement, 220 évêques.
ainsi, sans y prendre garde, les revendications impé- On a supposé qu'ils venaient seulement de la Procon-
riales. Justinien entretenait avec soin ces dispo- sulaire,delaByzacèneetdelaNumidieparceque, dans
sitions. Dans son double désir de recouvrer l'inté- lasouscriptiondelalettre synodale au'pape,nefigurent
grité des territoires romains et de soustraire les que les noms des primats de ces trois provinces. Mais le
populations catholiques aux persécutions des ariens, début de ce même document, qu'on va lire, montre
il ne détournait pas ses regards de l'Afrique, prêt à bien que tous les prélats africains avaient été con-
profiter de la première occasion pour intervenir dans voqués. Voir encore le début de la Novelle XXXVII,
les affaires de ce pays. Gélimer lui fournit le prétexte 1, Reparatus. qui venerando concilio totius Africæ..
attendu, en renversant Hildéric. L'empereur réclama præesse dignoscitur. Lorsqu'ils se trouvèrent réunis
son rétablissement,tout au moins sa mise en liberté; dans la basilique de Faustus, jadis enlevée par
on lui refusa l'un et l'autre. Il se décida donc sans re- Hunéric à leurs pères, leur premier mot fut un cri
tard à soutenir par les armes le roi déchu, malgré
une opposition assez vive de son entourage, qui crai-
gnait un nouveau désastre, pareil à celui de 468.
de reconnaissance envers Dieu, qui permettait de
reprendre ainsi l'ancien usage de l'Église d'Afrique
Optimam consuetudinem præteriti temporis, quam
:
violenta caplivitas per annos centum, dolentibus posé favorablement l'empereur. Sa piété, du reste,
cunctis, abstulerat, iterum servare cupientes, ad uni- l'engageait à traiter le clergé avec bienveillance et
versalem totius Africæ synodum fidei devotione conve- son intérêt à renforcer les éléments romains si long-
nimus, in illa Juslinianæ Carthaginis basilica con- temps comprimés. Il accueillit donc la demande, et
gregationis nostræ primitias domino consecrantes, unde fit restituer aux établissements religieux de tout le
nostros patres tyrannus Hunericus expulerat. Mansi, diocèse d'Afrique les domaines injustement confis.-
Saer. concil. nova et ampliss. collectio, t. VIII, col. 808. qués, les édifices du culte, les vases et ornements
Au temps de saint Cyprien, l'épiscopat s'était sacrés; il les autorisait à revendiquer en justice les
concerté pour appliquer un traitement uniforme aux biens usurpés sur eux par les particuliers, à recevoir
lapsi repentants. On avait agi de même, au commen- legs et donations. En outre, l'archevêque de Carthage
cement du ve siècle, pour les donatistes qui faisaient obtenait tous les privilèges accordés par le Code aux
retour à l'Église. Une difficulté analogue s'imposait métropolitains; aux églises de son territoire était
présentement à l'attention du concile. Depuis l'entrée octroyé le droit d'asile. Novelle XXXVII (1er août
des Vandales en Afrique, l'arianisme avait rallié 535).
d'assez nombreux adeptes parmi les anciens habitants Dans cette même Novelle, qui réparait ainsi les
du pays. La crainte ou l'espoir ne les retenant plus dommages subis par les orthodoxes, l'empereur s'oc-
désormais, la plupart revenaient à l'orthodoxie. cupait, en outre, de punir ceux qu'il tenait pour les
Quelle conduite devait-on tenir envers les prêtres qui auteurs ou les complices de ces maux; en première
se trouvaient dans ce cas? Pouvaient-ils conserver ligne, les ariens, puis, avec eux, les donatistes, les
leurs fonctions ou devaient-ils être réduits à la com-
munionlaïque? A l'unanimité,le concile adopta cette
dernière solution. Convenait-il, d'autre part, d'ad-
:
juifs et les païens. Contre eux, il édicta des mesures
très rigoureuses ils furent chassés des églises, exclus
des fonctions publiques, « attendu, dit le rescrit, que
mettre dans les rangs du clergé ceux qui, tout enfants, c'est bien assez pour eux de vivre, » ne videantur
avaient reçu le baptême des ariens? Enfin, beaucoup hæretici constituti orthodoxis imperare, cum sufficit
d'évêques africains, pendant les mauvais jours,avaient ;
eis vivere, Novelle XXXVII, 6 on leur interdit d'admi-
été contraints d'abandonner leurs diocèses pour se nistrer les sacrements, d'exercer leur culte, de tenir
réfugier en Italie. Maintenant que la persécution aucun conciliabule secret, « car il est absurde de per-
n'était plus à redouter, il fallait empêcher ces exodes mettre à des impies la célébration des cérémonies
qui laissaient les fidèles sans chef, sans direction. saintes. » Neque enim Judæos neque paganos neque
Dorénavant, tout clerc qui voyagerait sans être muni Donatistas neque Arianos neque alios quoscumque
d'une lettre de paix ou sans être officiellement investi hæreticos vel speluncas habere vel quædam quasi ritu
d'une mission pour le bien de l'Église, serait écarté ecclesiastico facere patimur, cum hominibus impiis
de la communion par le pape. sacra peragenda permittere salis absurdum est, ibid.,
'i Une lettre synodale,contenant ces diverses pro- ;
8 enfin, on transforma en sanctuaires catholiques les
positions, fut portée à Rome par deux évêques, Caius églises des hérétiques, les synagogues et les temples.
et
Jét Petrus, le diacre carthaginois, Liberatus. Quand On en bâtit aussi beaucoup de nouveaux dans les-
ils arrivèrent, le pape Jean II venait de mourir quels fut souvent installé le culte des saints
(8 mai 535). Ce fut son successeur, Agapitus, qui ré- d'Orient, notamment de saint Julien d'Antioche.
lIo-ndit, d'une part au concile tout entier, de l'autre à Le pape Agapitus félicita le prince (15 octobre 535)
Reparatus personnellement. Il déclara que les prêtres « qui déployait tant de zèle pour l'accroissement du
ariens convertis ne sauraient conserver leurs fonc- peuple catholique, et qui n'augmentait l'étendue de
tions, mais qu'ils peuvent être secourus sur les biens l'empire qu'au plus grand profit du royaume de
de l'Église. L'hérésie empêche ceux qui en ont été Dieu. » Immensas Deo nostro gratias exhibeo, quod
infectés, à quelque âge que ce soit, même par le bap- pro populi multiplicatione catholici tanto caritatis
tême reçu dans l'enfance, d'être investis d'aucune ardore fervetis, ut, ubicumque vestrum propagatur
dignité ecclésiastique. Quant au vœu relatif aux imperium, regmun mox incipiat proficere sempiter-
clercs voyageant sans motif, il est en pleine confor- num. Mansi, op. cit., t. VIII, col. 851; P. L., t. LXVI,
mité avec les règles ecclésiastiques. Et le pape joi- col. 39; Avellana collectio, n. 88, p. 335.
gnait à sa lettre les anciens canons qui réglaient cette Justinien, cependant, se rendait bien compte que
triple question. Voir Mansi, op. cit., t. VIII, col. 808- ces exécutions sommaires dépassaient la mesure et
809, 839-842, 848-850; P. L., t. LXVI, col. 43-45; qu'il importait d'en atténuer la sévérité. Sans doute,
Avellana Collectio, t. xxxv du Corpus de Vienne,
n. 85-87, p. 328-333; Jaffé, Regesta pontif. roman.,
t. i, n. 892-893, p. 114; Hefele-Leclercq, Hist. des
les rapports de ses fonctionnaires lui représentaient
que l'influence du clergé arien était encore grande
en exerçant contre lui de pareilles représailles,
on
;
conciles, t. n, p. 1136-1139. risquait de le pousser aux pires résolutions. Aussi
Le concile s'occupa encore de la condition des l'empereur inclinait-il à conserver dans leurs fonctions
monastères, à propos d'une demande formulée par les membres de ce clergé ralliés à la foi orthodoxe.
l'évêque Felicianus de Ruspe, successeurde Fulgence. Le pape et les évêques n'y consentirent pas; leur avis
Un évêque numide, Félix de Zattara, réclama pour prévalut. Victimes de cette violente réaction, les
les moines l'indépendance presque absolue vis-à-vis prêtres ariens vouèrent dès lors au nouveau régime
de l'autorité épiscopale. Nous ne savons si cette doc- une haine implacable et contrecarrèrentde tout leur
trine prévalut; mais il y a de grandes chances pour pouvoir le travail de pacification et de réorganisation
qu'on l'ait adoptée, car elle reproduisait, en somme, entrepris par Justinien.
celle qu'avait professée l'assemblée de 525, en jugeant Livrés à eux-mêmes, ils n'auraient, certes, pas pu
la querelle de l'abbé Pierre et du primat Liberatus tenir en échec toutes les forces de l'Empire. Mais ce
de Byzacène. dernier avait en Afrique des ennemis autrement re-
Enfin, on envoya une délégation à Justinien pour doutables, avec lesquels les gouverneurs byzantins
le prier de rendre aux églises les biens et les privi- se trouvèrent vite aux prises. Le clergé hétérodoxe
lèges dont elles avaient été dépouillées par les Van- ne manqua pas de leur venir en aide, heureux de créer
dales. Les évêques avaient manifesté trop vivement ainsi de graves difficultés à ses persécuteurs. Après
la joie que leur causait le rétablissement de l'auto- les rapides succès de Bélisaire, les indigènes du sud et
rité impériale dans leur pays, pour que ce loyalisme, de l'ouest, qui, d'abord, se tenaient sur la réserve,
dont la sincérité n'était pas douteuse, n'eût pas dis- s'étaient assez rapidement rapprochés de lui. Ils
firent hommage et promirent leur alliance, pourvu Breviarium causæ Nestorianorum et Eutychianorum,
qu'on leur donnât une investiture solennelle. Le XXIV, ibid., t. LXVIII, col. 1049-1052. — Victor de
vainqueur l'accorda, y ajoutant même d'importantes Tonnenna, Chronicon, ibid., t. LXVIII, col. 956-962;
sommes d'argent. Mais ces éternels rebelles ne tar- Chronica minora, édit. Mommsen, Berlin, 1894, t. II,
dèrent pas à se repentir de leur soumission; dès que p. 200-203. —Cf.Mansi,Sacr. concil. noua et ampliss.
celui dont ils redoutaient la valeur fut retourné à collectio, t. IX.
Constantinople, ils s'insurgèrent contre son succes- Justinien venait de promulguer l'édit qui condam-
seur. De 534 à 548, la lutte se prolongea avec des nait la personne et les écrits de Théodore de Mop-
temps de répit assez courts. Les patrices, Solomon, sueste, les écrits de Théodoret, évêque de Cyr, contre
Germanus, Jean Troglita, pour ne citer que les plus à
saint Cyrille, la lettre d'Ibas d'Édesse Maris,évêque
illustres, durent livrer une série de sanglantes ba- de Hadaschir, en Perse. Par ruse ou par force, il avait
tailles. Le premier même y laissa la vie. Peuplades de amené l'épiscopat d'Orient à le signer. Sa prétention
la Tripolitaine, confédération de la Byzacène sous était de le faire approuver de l'Église tout entière.
l'autorité suprême d'Antalas,montagnards de l'Aurès L'Occident ne lui donna pas la satisfaction qu'il en
conduits par le roi Iabdas, tribus de la lointaine attendait. Quand l'acte impérial parut en Italie, la sur-
Maurétanie, commandées par Masuna, tous s'achar- prise fut grande. On résolut de consulter les Afri-
nèrent pendant près de quinze années contre ce qui cains, et les diacres romains Pelagius et Anatolius
représentait, en Afrique, la civilisation romaine. Et demandèrent à leur savant collègue de Carthage,
comme si ces ennemis du dehors ne suffisaientpas à Ferrandus, de délibérer avec son évêque et d'autres
l'ébranler, à plusieurs reprises, les troupes chargées personnages autorisés sur la ligne de conduite à
de la défendre se révoltèrent, massacrant leurs géné- suivre. Ferrandus, dont nous possédons la réponse,
raux, pillant les villes et les campagnes, commettant et
conclut à la résistance, Epistola ad Pelagium Anato-
;
mille atrocités. Dans ces dernières séditions, la main
des ariens est visible on a des raisons de croire qu'ils
encouragèrent aussi les entreprises des grands chefs
lium. A la suite de cette lettre, certainement approu-
vée par l'archevêque Reparatus, les deux pays gar-
dèrent la même attitude résolue en face des exigences
indigènes. du pouvoir.
Au milieu de ces guerres incessantes, dans un pays L'empereur manda alors le pape Vigile pour s'en-
continuellement dévasté, quelle pouvait être l'action tendre directement avec lui. Après un arrêt de dix
religieuse? On se le figure sans peine. Chaque église mois en Sicile, pendant lesquels les Africains le sup-
vivait au jour le jour, occupée à guérir ses blessures. plièrent de ne pas souscrire a la condamnation des
Point de vie générale, point d'action d'ensemble, Trois Chapitres, le pape, qui répondait bien malgré
mais une existence précaire, toujours à la merci d'une lui à la convocation, débarqua enfin à Constanti-
razzia. Pourtant, il semble que divers essais furent nople le 25 janvier 547. Il y avait été précédé par
alors tentés par les évêquespour continuer les réunions quelques évêques d'Italie et d'Afrique, entre autres,
synodales, si heureusement reprises au lendemain de Facundus d'Hermiane, homme d'une réelle culture,
la conquête sur l'initiative de Reparatus. Plusieurs dont le zèle intransigeant pour l'orthodoxierappelait
conciles sont mentionnés dans le Breviarium cano- assez la manière de Tertullien avant le montanismc.
num du diacre Ferrandus de Carthage, P. L., t. LXVII, Il s'établit aux côtés de Vigile pour déjouer les machi-
col. 949-962, qui peuvent appartenir à cette époque, nations des adversaires et soutenir la discussion, car il
Cf. Mansi, op. cit., t. VIII, col. 842. Le seul sur lequel savait le grec, contre les subtils théologiens orien-
nous possédions quelques renseignements, se tint en taux. Du reste, il ne l'empêcha pas de se laisser circon-
Byzacène, en 541, sous la présidence du primat venir, et de perdre assez vite la belle assurance qu'il
Datianus. Il paraît s'être surtout occupé des droits et manifestait au début. En lui présentant les choses
privilèges de cette province ecclésiastique. On envoya avec habilité, l'empereur et les docteurs de son entou-
deux délégués demander à l'empereur d'approuver rage l'avaient amené à douter de lui-même et de la
les décisions de l'assemblée. Il y consentit, mais à cause qu'il s'était chargé de soutenir, puis à accepter
la condition expresse que rien, dans ces décrets, ne la doctrine qu'il réprouvait tout d'abord, enfin à
porterait atteinte aux coutumes de l'Église d'Afrique, lancer, la veille de Pâques, son fameux Judicatum
ni aux droits, consacrés par l'usage et par les conciles (11 avril 548).
antérieurs, de l'archevêque de Carthage, du primat Par cette sentence, Vigile se flattait de tout con-
de Numidie et des conciles. Mansi, op. cit., t. IX, cilier et d'apaiser ainsiles troubles qui agitaient
col. 111-112; Novelle CXXXI, 4. l'Église. En se prononçant contre les Trois Chapitres,
Vers cette même époque, éclata la grave Affaire qui lui paraissaient condamnables, il répondait aux
des Trois Chapitres. L'édit de Justinien, cause de vœux des Orientaux; en sauvegardant l'autorité
toute la querelle, fut promulgué entre les années 543 du concile de Chalcédoine, qui n'avait pas frappé
et 545. Elle commença à Constantinople; l'Orient Théodore, Ibas etThéodoret, il respectait les scru-
d'abord, Rome ensuite y furent surtout mêlés. Mais pules des Latins. Cette décision, qui devait satisfaire
l'Afrique fut atteinte à son tour, et les conséquences les deux partis, mécontenta tout le monde.Une vive
ne laissèrent pas d'être graves pour elle. Je ne saurais opposition se manifesta bientôt à Constantinople
donc me dispenser d'en dire ici quelques mots, en même. A la tête des mécontents se distinguait Facun-
omettant, d'ailleurs, tout ce qui n'a pas trait direc- dus. Il lança une Defensio trium capitulorum qui fit
tement à ce pays, ou du moins en n'y faisant que de grand bruit. Sa véhémence risquant de lui attirer de
brèves allusions pour faciliter l'intelligence du récit. fâcheuses aventures, il crut prudent de disparaître.
Que l'Afrique y ait pris un intérêt très vif, on s'en Quelques amis seulement connurent la retraite où il
se cacha et d'où il ne cessa de suivre les événements
convaincra sans peine en voyant combien d'ouvrages
relatifs àce débat émanent d'auteurs africains
Facundus d'Hermiane, Pro defensione trium capitulo-
: avec attention.
Il avait d'ailleurs réussi, avant son départ, à orga-
rum Concilii Chalcedonensis libri XII, P. L., t. LXVII, niserune sérieuse résistance, grâce aux renforts qui
;
col. 527-852; Liber contra Mocianum scholasticum,
ibid., col. 853-868 Epistola fidei catholicæ in defensione
trium capitulorum, ibid., col. 867-878. — Fulgentius
lui étaient arrivés d'Afrique, dès la publication du
Judicatum. Parmi ses auxiliaires les plus ardents
figurait un certain Félix, abbé du Monasterium
Ferrandus, Episiola ad Pelajrium et Anatolium dia- Gillitanum (Henchir el Fras, près de Thibar); lui
conos urbis Romæ, ibid., col. 921-928. — Liberatus, aussi travailla de toutes ses forces à recruter des
opposants. Mais c'est en Afrique même que l'hosti- au lendemain de la conquête byzantine, il avait su
lité se manifesta surtout et avec une impressionnante se pousser à Constantinople dans l'amitié de Théo-
unanimité. Les évêques se réunirent en concile plé- dore Askidas et la faveur de Justinien. » Ses intrigues
nier,sous la présidence de Reparatus; non contents à Carthage tendaient à recruter, en vue du prochain
de repousser l'anathème prononcé contre les Trois concile œcuménique, des représentants complaisants
Chapitres, ils exclurent formellement Vigile de leur des églises occidentales. Fortement soutenu par le
communion, rompirent toute relation avec lui, tant pouvoir, il obtenait des adhésions. Facundus d'Her-
qu'il n'aurait pas changé de sentiment, et expé- miane, mis au courant par ses amis, lança du fond
dièrent à l'empereur une protestation solennelle de sa retraite son livre Contra Mocianumscholasticum,
contre la condamnation (550). Ils ne cachaient pas pour dévoiler le trafic des consciences auquel on se
d'ailleurs leur mépris pour ces évêques grecs, titu- livrait dans son pays. Cette violente invective, si elle
laires de riches et opulentes églises, toujours prêts à n'arrêta pas complètement un si honteux commerce,
obéir à toutes les volontés du prince, à accorder lâ- produisit néanmoins de l'effet. Sans doute on trouva
chement tout ce qu'on leur demandait. Vigile tenait «des évêques prêts à faire tout ce qu'on voudrait;
tête à ses adversaires, multipliant les anathèmes mais ils furent en petit nombre et, au vrai, ce n'était
contre les plus compromis. Malgré tout, l'action pas la fleur du clergé africain. » Diehl, L'Afrique
énergique des Africains, à laquelle faisaient écho les byzantine, p. 412-443.
évêques de Gaule et deScythie, surtout ceux d'Illyrie La politique impériale avait un partisan décidé en
et de Dalmatie, impressionna le pape et l'empereur la personne de Primosus de Carthage. Il séjournait
et les décida à retirer le Judicatum. Il fut convenu à Constantinople, en qualité d'apocrisiaire (nonce) de
qu'un grand concile réglerait la question des Trois cette Église, au moment de l'arrivée de Reparatus.
Chapitres. Loin d'imiter la courageuse résistance de son chef,
Tandis que les Illyriens refusaient de se rendre à il avait accepté la condamnation des Trois Chapitres.
:
la convocation de Justinien, l'épiscopat africain, au
contraire, envoya quatre délégués Reparatus de
Carthage, Firmus, de Tipasa, primat de Numidie,
Cette faiblesse reçut aussitôt sa récompense. Par la
volonté de Justinien, d'une manière d'ailleurs anti-
canonique, et contre les désirs du clergé et dupeuple,
Primasius d'Hadrumète etVerecundus de Junca, en Primosus, du vivant de Reparatus, fut porté sur son
Byzacène; ces deux derniers suppléaient leur pri- siège primatial.
mat Pocthus, trop figé pour entreprendre le voyage Après bien des discussions et des alternatives, le
de Constantinople. Ils arrivèrent à la cour vers le concile, auquel le pape refusait d'assister, s'ouvrit
milieu de 551. Aussitôt les évêques grecs multi- à Constantinople, le 5 mai 553, dans le secretarium de
plièrent promesses et menaces pour les amener à Sainte-Sophie.Six Africains seulement se trouvaient à
prendre parti contre les Trois Chapitres, à renier, par la première session, huit ou neuf à la dernière. Malgré
conséquent, les décisions de leur concile provincial son adhésion sans réserve à la doctrine de Justinien,
de l'année précédente. Les Africains tinrent bon. Primosus n'y parut pas. Trop nouvellement installé
Alors on s'avisa d'un autre moyen pour les réduire. encore, en butte à une opposition tenace, il n'eût
On accusa Reparatus d'avoir participé, en 546, à pas été certain, en quittant son poste, de ne pas
l'assassinat d'un parent de l'empereur, le magisler le trouver au retour pris par quelque compétiteur.
militum Areobindus, qu'il aurait livré à l'usurpateur Sextilianus de Tunis le représenta à l'assemblée, tan-
Guntharis. C'était une calomnie. En invitant Areo- dis qu'il continuait dans sa provincel'œuvre de répres-
bindus à quitter l'asile où il s'était réfugié avec les sion. Il pouvait, d'ailleurs, rendre là plus de services
siens, pour se remettre aux mains du rebelle, Repa- qu'au concile. Les délégués de la Proconsulaire, avec
ratus était de très bonne foi; il fut trompé le pre- Sextilianus, furent Valerianusd'Obba,Victorde Sinna
mier. Guntharis, après lui avoir promis dpargner le et Cresciturus de Bossa (?); ces deux derniers ne sem-
vaincu, convia ce dernier à un festin et le fit massa- blent pas avoir assisté aux premières séances. Un
crer au sortir de table. Malgré l'évidente fausseté de seul évêque était venu de Byzacène, Pompeianus de
l'accusation, Justinien qui ne cherchait qu'un pré- Victoriana. Outre son primat, Firmus de Tipasa, qui,
texte pour se débarrasser des opposants, dépouilla sans doute, n'avait pas quitté l'Orient depuis 551, la
Reparatus de sa charge, et l'envoyaenexil à Euchaita, Numidie avait déléguéCrescus(?) de Cuicul, Restitutus
dans le Pont, où il mourut le 7 janvier 563. Son col- de Milev, Cresconius de Zattara. Nous pouvons nous
lègue le primat de Numidie, pris de peur, signa tout imaginer qu'ils n'étaient pas choisis au hasard. On
ce qu'on voulut. Au contraire, Primasius d'Hadru- voulait qu'aucune voix discordante ne se fit entendre.
mète et Verecundus de Junca eurent une très ferme On réussit à merveille. Ce groupe, presque de nulle
contenance. A mesure que les rapports devenaient importance, si l'on songe que, tout récemment, au
plus tendus entre l'empereur et le pape, ils se rappro- concile de 535, ces trois mêmes provinces envoyaient
chèrent de Vigile, qui reprenait la défense de la foi ca- 220 évêques, ne comprenait guère que des médiocrités.
tholique,l'encouragèrent, le soutinrent après la publi- Mais l'opposition avait son homme à Constantinople.
cation du second édit de Justinien (551), enfin le sui- Primasius d'Hadrumète n'avait pas quitté Vigile,
virent dans sa fuite à Chalcédoine (23 décembre de la revenu de Chalcédoine; il refusait obstinément de
- même année). Verecundus mourut près de lui, dans prendre part au concile en l'absence du pape; persé-
l'église de Sainte-Euphémie, où il s'était réfugié. vérant dans la défense des Trois Chapitres, il per-
Cependant les agents de l'empereur se remuaient sonnifiait la résistance de l'épiscopat africain. Pen-
en Afrique pour amener à composition l'épiscopat dant les sessions, Vigile, dans son Constitutum, donna
;
récalcitrant. Ils célébraient les avantages de l'union
et de la paix entre les églises ils s'efforçaient de justi-
son opinion sur les Trois Chapitres (14 mai 553).
Primasius le signa et avec lui un autre africain,
fier la condamnation des Trois Chapitres et le Judi-
catum. Pour les faibles ils ajoutaient des menaces ou
des promesses séductrices, ne reculant dvant aucun
l'évêque de Nazaita, qui ne paraît pas ailleurs dans
;
toute cette affaire. Le châtimentne se fit pas attendre
Primasius fut enfermé aumonastère de Stoudion. Les
moyen afin de faire triompher la politique de leur autres dissidents qui étaient à portée de l'empereur
maître. L'un des plus ardents parmi ces recruteurs furent déposés, exilés; l'abbé Félix partit pour Sinope
à gages était, semble-t-il, le scoiastique Mocianus; en Thébaïde, le diacreLiberatus allarejoindre son
« personnage assez peu
recommandable, jadis arien ancien évêque,. Reparatus, à Euchaita., Plusieurs,
au temps des rois vandales, puis fervent catholique réduits à se cacher, moururent dans la misère.
Une fois encore, le pape qui, d'ailleurs, avait, lui faveurs qu'illui prodiguait, le basileus exigeant d'elle
aussi, été exilé, mollit dans sa résistance et accepta une obéissance presque absolue. Aussi l'enthousiasme
dans un second Constitution la condamnation des du premier jour s'était assez vite changé en révolte,
Trois Chapitres avec les décisions duVe concile œcu- quandl'épiscopat vit qu'on voulait lui imposer une
ménique (23 février 554). Ce fut pour plusieurs de foi et en quelque sorte le domestiquer. Moins fier
ses plus fermes partisans le signal de la. défaillance. peut-être ou moins énergique, il n'eut plus de ces sur-
Primasius d'Hadrumète céda, comme avait cédé sauts d'honneur sous les successeurs de ce prince.
Vigile et reçut aussitôt de l'empereur le titre de pri- Sans doute ne tentèrent-ils plus avec autant d'âpre
mat de Byzacène, que rendait vacant la mort de persévérance de faire prévaloir leurs idées en matière
Boethus. Mais l'Afrique n'en persista pas moins dans de doctrine religieuse. Mais leur manie d'intervenir
son opposition obstinée. Elle retrancha de sa commu- à tout propos et hors de propos dans les affaires ecclé-
nion Vigile et Primasius, qu'elle considérait comme siastiques énerva l'action des évêques et les habitua,
des prévaricateurs. Ce dernier n'était pas homme à au lieu de compter avant tout sur eux-mêmes, à tout
se laisser molester. Il le fit bien voir aux évêques du attendre de l'intervention impériale.Comment s'éton-
parti adverse, jadis ses compagnons; il les maltraita ner s'ils furent sans force, sans volonté, le jour où
et les rançonna en conscience. A Carthage les choses il aurait fallu prendre de viriles résolutions.
n'allaient pas mieux. Primosus avait été fort mal Au commencementdu règne de Justin II on entrevit
reçu par ses collègues et ses diocésains; tous le consi- une ère de sécurité. L'influence byzantine rayonnant
déraient comme un intrus. Mais il était soutenu par au delà des frontières, l'Église, par ses missionnaires,
le pouvoir, qui avait les moyens d'amener à compo- pénétra chez les peuplades qui avaientjusque-là
sition quelques-uns de ses adversaires. On négocia. échappé à son influence, Garamantes du Fezzan,
Deux évêques de la Proconsulaire, Pufinus et Vinus Berbères de la Maurétanie Césarienne; tandis qu'à
furent gagnés; dans un synode, ils persuadèrent à l'intérieur les évêques,confirmésd'ailleurs dans leurs
leurs collègues de cette province de renouer les rela- privilèges, étaient investis d'une sorte de surveil-
tions avec le primat (554). Ceux de Numidie les imi- lance sur les fonctionnaires civils et militaires. Mais
tèrent, l'année suivante, dans une assemblée tenue à ce calme dura peu. Dès l'année 569, un imitateur des
Carthage. Il ne resta bientôt plus qu'une minorité grands chefs indigènes qui, vingt-cinq ans plus tôt
d'irréconciliables, envers qui Primosus ne garda plus avaient tenu en échec les armées de Justinien (voir
aucun ménagement. Il les fit bâtonner, emprisonner, ci-dessus, col. 837), Garmul, roi de Maurétanie, pre-
exiler. Victor de Tonnenna nous a laissé le récit de nait à son tour l'offensive contre les Impériaux. En
ces rigueurs. Lui-même, qui comptait parmi les plus trois années, trois généraux succombèrent tour à
intransigeants, après une réclusion au Mandrakion tour sous ses coups (569-571). Lalutté se prolongea;
de Carthage et une relégation aux Baléares, fut enfin il fallut toute la vaillance du magistermilitum Gen-
expédié en Égypte, puis enfermé dans un monastère, nadius pour venir à bout de ce redoutable adversaire
à Constantinople, d'où il ne devait pas revenir. De là, (578 ou 579),aprèsune nouvelle période de dévasta-
cependant, comme Facundus de sa retraite, il lançait tions et de massacres, du moins dans les territoires
des écrits incendiaires, qui contribuèrent à entretenir occidentaux.
l'agitation quelque temps encore. Garmul une fois disparu, sous la sage adminis-
Elle se calma pourtant peu à peu et, dès avant 560, tration de l'empereur Tibère, plus encore sous celle
le pape Pélage pouvait déclarer que l'Afrique avait de Maurice, son énergique successeur (582-602),
condamné les Trois Chapitres, tout comme l'Illyrie l'Afrique retrouva la paix et une sorte de prospérité,
et l'Orient. « Aussi bien les principaux acteurs que si l'on peut appeler de ce nom un arrêt même prolongé
:;
l'Afrique avait fournis à ce grand drame disparais- dans la décadence. L'institution de l'exarchat d'A-
saient l'un après l'autre en 557, l'abbé Félix mourait frique et le choixheureux des titulaires de cette impor-
dans sa prison de Sinope en 558, Primasius d'Hadru- tante fonction contribuèrent à rendre une vigueur
mète périssait misérablement; en 563, Reparatus momentanée à la province. Gennadius,Heraclius
finissait à Euchaita ses jours dans l'exil; en565, les surent réprimer de nouvelles agressions des tribus,
derniers défenseurs des Trois Chapitres suivaient de étendre la domination byzantine, favoriser la diffu-
près dans la tombe Justinien, leur persécuteur. Après sion de l'Évangile chez les indigènes et réparer les
avoir pris à cette lutte tragique une part éminente, maux résultant de la peste qui sévit en 599. Suivant
fourni à la cause de l'orthodoxie quelques-uns de ses les instructionsde leur maître, ils s'efforçaient d'amé-
plus vigoureux défenseurs, après avoir, pour garder liorer le sort des suj ets et de restaurer la paix à l'in-
son opinion, résisté aux persécutions impériales et térieur de l'empire, afin qu'il fût en mesure de mieux
affronté même sans hésiter une douloureuse rupture résister aux périls extérieurs.
avec Rome, l'Afrique retrouvait enfin à l'aurore du Vis-à-vis de l'Église, l'exarque est investi de pou-
nouveau règne le calme intérieur. L'édit de Justin II, voirs singulièrement plus étendus que ceux des fonc-
en proclamant la pacification religieuse, en recom- tionnaires des précédents régimes. « Dans une monar-
:
mandant aux évêques d'éviter toute nouveauté, ren- chie chrétienne telle qu'est l'empire de Byzance, des
dait l'Église africaine à sa véritable vocation pen- liens étroits unissent l'Église à l'État, et les affaires
dant plus de quatre-vingts ans, elle allait avoir pour religieuses se confondent sans cesse avec les affaires
principal souci d'étendre dans l'Afrique byzantine politiques. L'autorité impériale ne saurait donc se
le domaine du
:
christianisme.Traitée d'ailleurs avec désintéresser des besoins de la religion et des démêlés
une extrême faveur par les successeurs de Justinien, de ses ministres or, c'est l'exarque, représentant
protégée par leurs édits contre toute ingérence abu- suprême du prince au dedans comme au dehors, qui
sive des administrateurs civils et militaires, investie est chargé d'exercer sur le clergé la surveillance des
du droit de porter directement aux pieds du prince pouvoirs publics. Jadis, dans l'Afrique byzantine, le
ses réclamations et ses conseils, sûre de voir ses privi- préfet du prétoire avait le soin des relations ecclé-
lèges respectés et ses demandes exaucées, l'Église siastiques, et c'est lui qui, dans la querelle des Trois
sentait croître dans les provinces son influence puis- Chapitres, s'était fait l'exécuteur des ordres et l'ins-
sante. » Diehl, L'Afrique byzantine, p. 448. trument des vengeances de Justinien; maintenant,
Avrai dire une telle protection ne va jamais sans cette charge revient entièrement au patrice. C'est lui
des inconvénients graves. La bienveillance de Justi- qui intervient dans les luttes intestines des églises,
nien avait coûté cher à l'Église d'Afrique; en retour des pour rétablir parmi elles la concorde et la paix; lui
qui protège la foi orthodoxe contre les assauts des les donatistes, qui n'avaient pas fait parler d'eux
dissidents; lui qui met au service de la religion les depuis longtemps, recommencent à s'agiter enNumi-
forces de l'autorité publique pour punir les héré- die, grâce à la tolérance, ou même à la bienveillance
tiques ou provoquer de nouvelles conversions. Non non dissimulée de l'administration.
seulement, gardien fidèle du dogme, il veille à faire Danssondésirdesupprimertous lessujetsdemécon-
respecter les canons des conciles et parfois même tentement, pour faire régner partout la paix, Maurice
:
préside aux discussions religieuses; son autorité
absolues'étend également sur les personnes sans son
consentement, les évêques ne peuvent, même pour
avait adouci la rigueur des lois de Justinien contre
les dissidents. Les juifs reprirent possession de leurs
synagogues, défense fut faite de les convertir par
se rendre à Rome, quitter leur diocèse; et pour faire force. Les donatistes eurent à nouveau leurs églises,
prévaloir sa volonté, plus d'une fois, il lui arrive leurs évêques, qui ne devaient cependant prétendre
d'employer la force. S'il n'intervient point directe- ni à la dignité de primat, ni à la direction religieuse
ment dans l'élection des évêques, du moins il surveille de la province. Forts de l'appui du pouvoir, ils dé-
attentivement les choix que font les conciles et le ployèrent en Numidie une grande activité, gagnant
pape lui-même lui reconnaît le droit de se mêler des rapidement du terrain, n'hésitant même pas devantles
affaires ecclésiastiques. De même qu'à côté des pas- violences, suivant une méthode qu'ils avaient jadis
teurs chargés de veiller aux intérêts spirituels de si volontiers pratiquée. De 591 à 596 les lettres de
l'Église, l'empereur se jugeait appelé par Dieu à Grégoire parlent de leurs progrès, de leur audace crois-
être l'évêque du dehors, ainsi l'exarque, représentant sante. Lui, cependant, ne cesse de signaler le danger
du basileus, se considérait comme le conseiller naturel, aux Africains, de réchauffer le zèle des évêques, de
comme le juge, presque comme le supérieur des pré- réclamer l'appui des hauts fonctionnaires impériaux.
lats. Germadius trouve tout simple de se substituer Dans cette lutte difficile, il a sur place trois auxiliaires
au primat de Byzacène pour faire rapport au pape d'un absolu dévouement, le notaire Hilarus, sorte de
d'un incident strictement ecclésiastique;il tient pour légat pontifical, qui administre les patrimoines de
fort légitime d'accuser un évêque et de le retenir l'Église romaine, l'archevêque de Carthage, Domini-
par violence, au mépris des ordres du pontife. Il en- cus, enfin un simple évêque numide, Columbus, titu-
:
tend exercer sans restriction, à l'égard de l'Église, laire sans doute de Nicivibus(Ngaous), Gsell, Allas
ses droits de protecteur aussi bien que ses devoirs et
si, dans ses actes, la limite est parfois incertaine entre
archéol. del'Algérie, feuille 26, Bou-Taleb, n°161,qui
reste pendant dix ans son conseiller prudent et l'exé-
la légalité et l'abus de la force, en tout cas, ses pré- cuteur fidèle de ses volontés. Grâce à leur concours,
tentions mêmes sont significatives de son autorité. » il put sauvegarder l'unité de foi en Afrique.
Diehl, op. cit., p. 486. Voilà, saisie sur le vif, l'intrusion Pour venir à bout du donatisme, qu'un édit impé-
du pouvoir temporel dans le domaine spirituel, qui rialvenaitdéjà d'atteindre, l'épiscopat voulut,comme
est un des caractères du régime byzantin. aux premières années du v° siècle, se concerter sur les
Contre une puissance si étendue, bien souvent mesures à prendre. Un concile se tint à Carthage,
tentée de franchir les bornes de sa juridiction, quel en 594, peut-être sur les instances du pape. Grégoire
recours avaient les populations catholiques? L'em- avait persuadé à Dominicus et à ses collègues qu'il de-
pereur était bien loin, son autorité assez précaire. venait urgent d'agir. Mais ceux-ci, désireux sans doute
Et puis, dans les questions religieuses, ne jugerait-il de signaler leur zèle, dépassèrentle but, en menaçant
pas comme son représentant? Mais, plus près de dï. la déposition les évêques trop tièdes dans la répres-
l'Afrique, se trouvait le pape, à qui la loi imposait, sion de l'erreur. Grégoire dut calmer cette indiscrète
comme aux évêques, le devoir de surveiller les fonc- ardeur, dont les fruits demeurent pour nous problé-
tionnaires, et que les intérêts ecclésiastiques ne pou- matiques; les allusions au donatisme reparaissent,
vaient laisser indifférent. Maintenant que l'épiscopat en effet, par la suite fréquemment dans sa cor-
africain n'avait plus la force de défendre ni lui-même, respondance. C'est par une action moins brusque,
ni les églises confiées à ses soins, il semblait le protec- mais persévérante, qu'il parvint à enrayer le mal.
teur naturel des opprimés, l'arbitre désigné de tous Je ne dis pas à le supprimer complètement, car le
ceux qui se plaignaient de quelque injustice. Gré- schisme, qui avait subi de plus rudes assauts, persista
goire le Grand occupait alors le siège de Pierre. Ame jusqu'aux derniers jours de la domination byzantine
ardente, intelligence lumineuse, ce pontife à la volonté en Afrique. Sans avoir répondu tout à fait à l'attente
de fer, n'était pas homme à négliger la réparation des de Grégoire, ce concile attestait du moins le désir des
torts que subissaient les chrétientés, ni la guérison évêques de l'aider à rétablir dans leurs provinces
des maux dont elles gémissaient. l'intégrité de la foi. Plusieurs autres synodes se tin-
Les occasions d'intervenir ne lui manquaient guère. rent à cette époque, en Numidie (591, 592, 593, 602)
Pas plus que les particuliers, l'Église n'échappait et en Byzacène(602). Par là se manifestait le dévoue-
810rs aux impôts écrasants réclaméspar l'empereur; ment des Africains envers le siège apostolique. Dans
biens des établissements ecclésiastiques, propriétés les éloges que le pape adresse à Dominicus, qui lui a
appartenant aux institutions charitables, le fisc ne exprimé ces sentiments, sous le nom de l'archevêque
respectait rien. Rapaces et corrompus, les fonction- il visait sans doute tous ses collègues.
naires vendent la justice et sont au service des riches A partir de ce moment et pendant une quarantaine
contre les faibles, des ennemis de la foi contre les d'années, les documents précis font défaut sur les
catholiques. Un concert de plaintes s'élevait vers le destinées de ces églises. On sait du moins que le pays
pape. D'un autre côté, sa vigilance avait à s'exercer connut, sous une série de gouverneurs de la famille
:
sur beaucoup d'autres maux internes dont le pouvoir d'Heraclius, des jours tranquilles et une relative
impérial n'était pas la cause relâchement de la disci- prospérité. L'influence byzantine continue à rayon-
pline entre l'épiscopat de Byzacène et son primat, ner. ccGrâce à l'active propagande des missionnaires,
conflit entre les évêques de Numidie, simonie en de toutes parts les conversions se sont multipliées.
maint endroit. L'évêque de Tigisi vend les charges Dans le sud de la Byzacène, de nombreuses popu-
ecclésiastiques; celui de Lamiggiga se laisse corrompre lations chrétiennes habitent les oasis du Djerid; la
par les hérétiques; le primat de Byzacène, pour se religion catholique pénètre parmi les tribus de
soustraire à une condamnation,achète la protection l'Aurès et du Zab; dans la Maurétanie Césarienne,
du gouverneur de la province au prix de dix livres les Zeneta qui peuplent la région au sud de Tlem-
d'or. Enfin, comme si ce n'était pas assez de misères, cen professent le christianisme; la puissante confédé-
ration des Auraba est convertie à l'orthodoxie; un
grand état indigène et catholique existe aux envi-
verses en Orient. A soixante ans passés, il apportai
encore dans ces querelles toute la fougue de la jeu-
t
rons de Tiaret. Et non seulement des chrétientés se nesse. Aux évêques, il expliquait les subtilités de la
rencontrent dans l'intérieur de la Maurétanie Césa- théologie byzantine, tout en entretenant l'ardeur des
rienneetde la Tingitane;mais —et voilà qui estvrai-
significatif les évêques de diocèses loin-
fidèles en faveur de l'orthodoxie. Une victoire signa-
lée qu'il remporta sur l'hérésie accrut encore sa répu-
ment — ces
tains viennent assister aux conciles de Carthage. Or, tation. Le patriarche de Constantinople, Pyrrhus,
ce fait demeure inexplicable, si l'on n'admet deux exilé à Carthage, à la suite de l'avènement de Cons-
choses : d'une part, qu'une paix profonde, sans tant II, fut provoqué par lui à un débat public (645).
laquelle les communications eussent été proprement C'était le principal champion du monothélisme, sa
impossibles, régnait alors en Afrique, de l'autre, défaite pouvait grandement servir la cause catho-
qu'entre les princes berbères de la Césarienne et lique. Engagée en présence de l'exarque Grégoire,
l'autorité impériale existaient des relations cordiales, des évêques et des hauts fonctionnaires de la pro-
sans lesquelles les évêques n'auraient pu entretenir vince, la discussion tourna à l'avantage de l'abbé
nul rapport avec les prélats du pays byzantin.» Maxime. Son adversaire s'avoua vaincu et promit
Diehl, op. cit., p. 527. Malgré tout, ces lointaines con- d'abjurer l'erreur soutenue par lui.
trées de l'ouest conservent leur physionomie, leurs Il fallait profiter de cette victoire pour porter les
habitudes particulières. A défaut d'autres preuves, derniers coups à l'hérésie. Bien conseillés par Maxime,
les inscriptions mi-païennes, mi-chrétiennes de la les évêques le comprirent. Ceux de Numidie, de Byza-
région de Tlemcen, qui s'échelonnent de 417 à 651 cène et de Maurétanie se réunirent au commencement
en fournissent un irrécusable témoignage. Voir Aug. de l'année suivante (646) en trois conciles provin-
Audollent, Sur un groupe d'inscriptions de Pomaria ciaux. On mit un peu plus de temps pour convoquer
(Tlemcen) en Maurétanie Césarienne. Extrait des celui de la Proconsulaire, le siège de Carthage étant
Mélanges G.-B. De Rossi, 1892. vacant. Cependant, même avant l'élection du nou-
Un des caractères du christianisme africain, c'est veau métropolitain, ce concile se tint également et
un profond attachement à l'orthodoxie, au point, dit adhéra aux résolutions prises par l'ensemble de l'épis-
un auteur de cette époque, que ces populations :e ne copat contre le monothélisme. Quatre documents se
pouvaient pas même supporter d'entendre le nom de rapportent à ces assemblées. Les trois provinces déli-
l'hérésie, » TO-J mlHQU ,;¡):Bo\)ç TÛV 'Pwj/.atwv, bérant ensemble envoyèrent au pape Théodore un
P. G., t.XCI,
Juî.rjÇ à'lof.l,aûicx Ttov ai'pBtr/.oiv àyeyop.évov. mémoire collectif. On y annonçait la rétractation de
col. 464. Aussi furent-elles grandement scandalisées Pyrrhus, et on demandait au pape d'obtenir le même
par la publication de l'Ecthèse ou exposition de la désaveu de Paul, nouveau patriarche de Constanti-
foi de l'empereur Heraclius, en 638. Le temps était nople, ou de le déposer. Pareille requête fut adressée
passé où le clergé d'outre-mer pouvait, comme dans à l'empereur Constant II, par Stephanus, primat de
l'affaire des Trois Chapitres, faire une opposition Byzacène, etses quarante-deux suffragants; soixante-
systématique aux prétentions du basileus en matière neuf évêques de la Proconsulaire signèrent également
doctrinale. Du moins, en constatant l'appui prêté par cette pièce. Une troisième lettre fut écrite à Paul lui-
Constantinople aux hérétiques, la province se désaf- même, au nom de toute l'Église d'Afrique, pour l'ad-
fectionna de plus en plus de l'Empire. Le lien reli- jurer de revenir à la foi catholique. Enfin, dans un
gieux, l'un des derniers qui rattachât encore l'Occi- message spécial, Victor, le nouvel archevêque de Car-
dent à l'Orient, se relâchait à son tour, en attendant thage, notifie son élection au pape (16 juillet 646) et
qu'il se rompît tout à fait. Les circonstances four- appuie les demandes formulées par le concile général,
nirent bientôt aux Africains l'occasion d'affirmer leur en renouvelant les protestations d'attachement au
croyance catholique.
Vers 640, ils virent affluer dans leur pays une foule
de chrétiens orientaux, qui fuyaient devantl'invasion
;
siège apostolique et à l'orthodoxie. Mansi, op. cittl-
t. x, col. 797-804 P. L., t. LXXXVII, col. 85-92,145-154.
C'est par cette imposante manifestation que se
musulmane. Parmi cette multitude de fidèles, de termine vraiment pour nous l'histoire de la grande
prêtres, de moines, de religieuses, les partisans des Église d'Afrique. Elle continua cependant à vivre,
sectes dissidentes, monophysites et monothélites ne pendant le demi-siècle que la domination byzantine
manquaient pas. Ils commencèrent une active propa- s'exerça encore dans ces provinces, s'associant aux
gande, souvent couronnée de succès. Cependant des efforts du pape Martin Ier pour sauvegarder l'inté-
bruits fâcheux couraient sur leur compte; on leur grité de la foi. Plusieurs de ses évêques siègent, en 649,
attribuait plus d'une conversion forcée, on parlait au concile de Latran et ratifient l'anathème lancé par
de jeunes filles séquestrées, baptisées presque de lui contre l'Ecthèse d'Heraclius, contre le Type de
force. Le peuple faillit se soulever contre eux; et le Constant II, contre les fauteurs du monothélisme.
préfet Georges, qui s'était dépensé avec zèle pour Les Africains suivirent aussi avec l'intérêt le plus
accueillir les réfugiés, se vit obligé, de sévir contre ému les tourments infligés au même pape et à l'abbé
ceux qui refuseraient de rompre avec l'hérésie. Cons- Maxime, pour prix de leur orthodoxie inébranlablé.
tantin III, prince orthodoxe, approuva les décisions Mais, à partir de ce moment, les événements se pré
prises par lui. Mais il mourut sur ces entrefaites (mai cipitentdans leur pays. Des malheurs de tout genre
641), et le nouveau gouvernement enjoignit d'aban- accablentles populations, c'est à les défendre et à les
donner toutes'les mesures de rigueur. Le préfet n'exé- consoler que les évêques doivent consacrer tous leurs
cuta qu'à moitié ces ordres par crainte de l'exaspé- efforts, toutes leurs pensées.
ration populaire; aussi fut-il mandé à Constanti- Dès 643, les Arabes envahissent la Tripolitaine.
nople pour rendre compte de sa conduite, à la grande Bientôt, profitant de la révolte de l'exarque Grégoire
indignation des Africains. Ils voulaient l'empêcher contre le gouvernement de Constantinople, ils pé-
de partir et exaltaient son courage pour avoir tenu nètrent en Byzacène, écrasent et tuent le patrice
tête à un empereur hérétique. rebelle non loin de Sufetula(Sbeitla), sa capitale, puis
Le zèle des catholiques était réchauffé par le clergé
local, surtout par certains moines orientaux,heureux se retirent avec un butin considérable (647). Ils repa
raîtront bientôt et, jusqu'à la fin du siècle,leurs inva-
de continuer ainsi, dans un autre pays, la lutte entre- sions vont déferler comme des vagues sur ces riches
prise chez eux contre les nouvelles doctrines. Le plus contrées. En 665,Moaviah ibn Hodaïdj dévaste à nou-
en vue, l'abbé Maxime, était connu par ses contro- veau la Byzacène. En 669, le fameux Okba ibn Nafi
s'y installe définitivement, et fonde la ville de Kai- copal de Carthage. Et comment en eût-il été autre-
rouan. Quatorze ans plus tard (683), à la tête de ses ment? Cette ville n'avait-elle pas reçu la première
bandes fanatiques, il se précipite à la conquête de le flambeau de la foi; n'est-ce pas elle qui l'avait
l'Afrique, ravageant tout jusqu'à la lointaine Tingi- transmis aux cités voisines et, par leur intermédiaire,
tane; au retour, il périt à Tabudeos (Tehouda), sous aux provinces plus éloignées?
les coups d'un vaillantchefindigène, Koçéila, quis'em- Les conditions géographiques et politiques de la
pare deKairouan. Les Byzantinspossèdent encore la contrée, l'histoire des progrès du christianisme en
Proconsulaire, la plus grande partie de la Numidie, les Afrique, disposaient donc son évêque à obtenir bien
places fortes de la côte jusqu'à Septem (Ceuta), près vite une supériorité sur tous ses collègues. Elle se
de l'Océan, enfin des citadelles dans le cœur du pays. manifeste dès Agrippinus, qui réunit un synode chargé,
Ils vont les perdre rapidement. Hassan ibn Noman, d'examiner la question baptismale. Peu après, Dona-
suivant le littoral, prend une à une les forteresses et tus adresse une lettre de blâme à l'hérétique Privatus
emporte enfin Carthage, la capitale (695). L'empe- de Lambèse. Saint Cyprien, qui la signale, ne paraît
reur Léonce envoie des secours, Carthage est reprise faire aucune distinction entre la réprimande de Dona-
(697), mais pour succomber à nouveau et définiti-
vement en 698. En vain, une reine berbère, la Kahena,
tus et celle que le pape infligea en même temp
prééminence s'affirma plus encore avec Cyprien.
s. Cette
soulève contre les vainqueurs toutes les populations Faut-il rappeler les nombreuses lettres synodales ou
chrétiennes; elle tombe à son tour. Désormais, autres qu'il signe le premier,les sept conciles présidés
sans obstacle, sérieux, l'Islam se propage à travers par lui, les avis que lui demandent detoutes parts les
les Maurétanies jusqu'à l'Océan, où le comte Julien, chefs d'églises? Sa correspondance nous montre
après une première résistance efficace, en 706, livre l'Afrique entière tournée vers lui, attendant de lui
enfin à Tarik la citadelle de Septcm qu'il avait mis- direction et encouragement. Malgré la valeur de ce
sion de défendre (709). L'Afrique entière appartient grand homme, on ne saurait prétendre que cette
dès lors aux infidèles. suprématie s'attache à sa seule personne, puisqu'elle
Pendant ce demi-siècle de guerres et de massacres, éclate déjà sous ses prédécesseurs. Elle est donc inhé-
dans les batailles ou dans les villes emportées d'as- rente au siège qu'il occupe; ses vertus propres la ren-
saut, une partie notable de la population indigène et forcent, elles ne la créent point.
romaine avait péri. Quand les Arabes s'avancèrent Pourtant, en divers endroits de ses écrits, surtout
de plus en plus vers le nord, beaucoup de familles dans son discours d'ouverture du concile de 256, il
passèrent la Méditerranée pour les fuir et s'en allèrent repousse énergiquement toute idée de subordination
en Italie, en Gaule, jusqu'au fond de la Germanie. des évêques entre eux. C'est avouer que le titulaire
De ce double chef, l'Afrique avait perdu bon nombre de Carthage ne jouit pas encore, à cette époque, de
de ses habitants. A ceux qui demeuraient les vain- pouvoirs canoniques plus étendus que ses pairs, mais
queurs permirent tout d'abord de continuer à pra- seulement d'une prépondérance morale; il est vrai-
tiquer leur culte, sous réserve de payer une taxe en ment leur égal en dignité; il ne porte comme eux que
échange de cette faveur. Ce régime dura peu de temps. les deux titres de sacerdoset d'episcopus,parfois aussi
Vers 717, le khalife Omar II retira ce privilège aux celui depapa, mais ce qualificatif; qui s'applique aux
chrétiens; il fallut embrasser l'islamisme ou quitter personnages particulièrement vénérés, n'implique pas
le pays. Dès lors,les conversions, déjà fréquentes dans en soi une condition plus haute. La puissance prima-
la période précédente, se multiplièrent, tandis que les tialeproprementdite et légalement, constituéen'existe
sanctuaires chrétiens se transformaient en mosquées. donc pas plus pour l'évêque de Carthage que pour
L'Église d'Afrique, jadis si florissante, fut bientôt aucun de ses collègues, au milieu du ine siècle. Malgré
réduite à rien. Çà et là, pourtant, dans les villes et le nombre déjà considérable des évêchés, on n'aper-
dans les tribus, à Carthage, à Hippone, à Gummi, à çoit non plus aucune subdivision,religieuse. Cypr.,
Tlemcen, dans les villages des Nefzaoua, subsistèrent t.
Epist., XLVIII, 3, édit. Hartel, t. i, p. 607; P. L., III,
quelques communautés chrétiennes,humbles témoins col. 710 : Quoniam latius fusa est NOSTRA PROVINCIA,
du passé. Tolérées par les musulmans, mais vivant habet etiam Numidiamet Mauritaniam sibi cohærentes.
d'une existence toujours précaire, elles prolongent Cyprien, en parlant de l'ensemble des chrétientés afri-
l'agonie de cette glorieuse Église, qui s'obstinait à caines, ditPROVINCIA, Epist.,LIX, 16, édit. Hartel, t. i,
ne pas mourir. p. 686; P. L., t. III, col. 824; PROVINCIA NOSTRA, Epist.,
VIII. ORGANISATIONDE L'ÉPISCOPAT. — La longue XXVII, 3; XLIII, 3; XLV, 1; LV, 21, édit. Hartel, t. I,
p. 542,592,600,638; P. L., t. IV, col. 285,335; t. m,
histoire que nous venons de parcourir suggère bien
des réflexions. Nous n'avons pu chemin faisant qu'in-
diquer brièvement les faits. Il y aurait lieu de les
;
col. 704,787 PROVINCIAUNA,Epist.,XIX, 2, édit. Hartel,
t. i, p. 526; P. L., t. IV, col. 261. Si parfois il semble
reprendre maintenant et d'étudier à leur lumière la distinguer les différentes régions, provinciaAfrica et
constitution de cet organismepuissant, si robuste qu'il Numidia, édit. Hartel, Epist., LXXI, 4; Mauritania,
put résister pendant plus de cinq siècles aux plus Numidia, Epist., LXXII, 1; prouinciæ nostræ, Epist.,
furieux assauts. A vouloir entrer quelque peu dans le t.
LXXIII, 3; t. I, p. 774, 776, 780;P.L., IV,col.411;
détail, j'empiéterais sur les articles de ce Diction- t. III, col. 1048, 1112, c'est en employant les expres-
naire qui seront consacrés, soit aux provinces, soit sions du langage civil. L'Afrique entière est dirigée
aux villes de l'Afrique chrétienne. Je ne saurais ce- en fait par l'évêque de la capitale politique, l'im-
pendant omettre de dire, fût-ce en quelques mots, où portance de cette ville la mettant en relations conti-
résidait la force de ce grand corps. Il la puisait dans nuelles avec les autres chrétientés.
la solide organisation de son épiscopat. C'est dans la période qui suit la mort de Cyprien,
Cette organisation n'était pas née au premier jour; que commencèrent à être créées les provinces ecclé-
elle s'était, au contraire, élaborée lentement, d'une siastiques, correspondant, au moins dans les grandes
façon sans doute inconsciente, mais selon une heu- lignes,aux provinces civiles. Au tempsde la persécu-
reuse évolution. A l'origine, jusque vers le commen- tion de Dioclétien, les évêques numides sont groupés
cement du IIIe siècle, on ne soupçonne rien. L'Afrique sous l'autorité de l'un d'entre eux, qui est leur primat.
possédait-elle des évêques à cette époque, nous ne le De 305 à 312 au moins, ces fonctions appartiennent à
saurions dire. Mais, dès que se dissipent ces ténèbres Secundus de Tigisi. Le primat porte les titres de epis-
et que des communautés hiérarchisées apparaissent, copus primæ sedis, ou primæ cathedræ, primas ou sim-
un fait se dégage aussitôt, l'importance du siège épis- plement senex. Il n'est pas un véritable métropolitain,
cluvlicnno.

rAl'i-ii[ne

do
C.arti'


;î.
mais le plus ancien des évêques, d'après la date d'or- le primat de Byzacène empiète alors sur les droits de
dination, le doyen de juridiction, qui peut être acci- son collègue. Mais, en 525, l'épiscopat, revenu d'exil,
dentellement aussi le doyen d'âge. En vertu de sa se hâte de rétablir l'ancien ordre de choses. Quelques
dignité, Secundus préside à l'ordination de l'évêque années plus tard, entre 530 et 532, les Africains font
de Cirta, il correspond avec Mensurius de Carthage, encore attester par le pape l'autorité primatiale de
dirige en cette ville le concile qui casse l'élection de Reparatus, que certains esprits turbulents s'obs-
Cæcilianus, et consacre Majorinus pour le remplacer. tinent à méconnaître. Agapit confirme les privilèges
Dès le début du IVe siècle, la Numidie se trouve donc de l'évêque de Carthage en le qualifiant du titre, nou-
constituée en province ecclésiastique spéciale. Dire veau pour lui, de « métropolitain » (metropolitana jura
qu'elle a conquis son autonomie serait pourtant exa- reparantes, metropolitani quippe auctoritate suffultus).
gérer. Car elle n'est nullement séparée désormais du Bientôt enfin Victor de Tonnnenna nomme le même
reste de l'Église d'Afrique; et ses évêques, bien prélat archiepiscopus. Ce titre, qui reste à ses succes-
qu'ils tiennent de temps en temps des synodes particu- seurs,n'implique aucun changementdans la situation
liers, n'en continuent pas moins de prendre part aux de celui qui le porte. Il confirme du moins, sans aucune
conciles généraux du pays. Ce que je viens de dire de équivoque possible, la supériorité du siège de Carthage
la Numidie est vrai également de la Bvzacène et des sur tous ceux de l'Afrique.
Maurétanies.A quelledate précise obtinrent-ellesleur Sous la haute surveillance de son titulaire, les pri-
primat? nous l'ignorons. Mais ces provinces, où les
sièges épiscopaux étaient en grand nombre, parce
que l'esprit municipal y était aussi très développé,
;
mats des autres provinces remplissent des fonctions
analogues aux siennes par leurs soins, les règles disci-
plinaires sont observées, l'intégrité de la foi est main-
ne pouvaient attendre beaucoup plus longtemps que tenue, les synodes provinciaux discutent les affaires
la contrée qui les séparait le bénéfice de la nouvelle graves ou épineuses.
institution. Avant 349 la Byzacène et probablement On s'est parfois demandé si en dehors de ce rang
la Maurétanie Césarienne en sont dotées; le tour de d'honneur attribué au primat, une certaine, hiérarchie
la Maurétanie Sitifienne ne vint qu'en 393, au con- ne réglait pas la préséance des évêques d'une même
cile d'Hippone. LaTripolitaine,bien qu'elle envoyât province. Un examen attentif des procès-verbaux des
d'ordinaire son délégué spécial aux conciles, se trou- conciles donne à penser qu'aucun protocole ne leur
vait sous la juridiction du primat de Byzacène. Quant assignait un rang individuel. L'ordre des signatures
à la Maurétanie Césarienne, qui englobe aussi la varie d'un document à l'autre; ni l'âge, ni l'ancien-
Tingitane, elle est à certains moments réunie à la Nu- neté de la consécration épiscopale n'entrent en ligne
midie— au concile de Milev, en 416, il est question de compte. Après l'évêque de Carthage, qui occupe
du primatus Numidiæ et Mauritaniæ; à d'autres toujours la première place, et les autres primats, qui
époques, elle a son chef particulier, comme les autres le suivent d'ordinaire, viennent confusément leurs
provinces. collègues, répartis par province, la Proconsulaire
Cette transformation ne se fit certainement pas au marchant en tête, suivie de la Numidie, de la Byza-
détriment de Carthage. Toute la suite de son histoire cène, des Maurétanies et de la Tripolitaine. Cet ordre
religieuse est là pour prouver que le prestige de ses est marqué de la façon la plus nette, au concile de 525,
évêques, loin de diminuer, Augmente de plus en plus. par Bonifacius, qui l'emprunte, déclare-t-il, auxusages
Par conséquent, du jour où le plus ancien évêque traditionnels.
d'une province devint supérieur aux autres, celui de A défaut d'un classement exact des sièges épisco-
la capitale, sous peine de déchoir, dut gagner, lui paux, on avait du moins réussi — et c'était là le prin-
aussi, quelque privilège. De fait, tandis que la pri- cipal dans leur morcellementinfini — à instituer et à
matie, en dehors de la Proconsulaire, est toujours maintenir, autant que les circonstances extérieures
réservée au doyen et passe d'une chrétienté à l'autre, s'y prêtaient, les conciles généraux et provinciaux.
Carthage ne la perd jamais, quelle que soit l'ancien- Ces assemblées, où se débattaient les graves intérêts
neté du titulaire. Cette Église continue à dominer de l'Église, et où la doctrine orthodoxe était main-
toutes les autres; c'est pour ce motif sans doute que tenue, les nouveautés dangereuses réprouvées, tou-
le concile de 403 l'appelle ecclesia calholica par jours selon les enseignements des Écritures, ser-
excellence. Quand ils réclamèrent avec tant d'acri- vaient sans doute à. faire briller, devant une assis-
monie contre l'élection de Cæcilianus, les Numides tance nombreuse du clergé et du peuple, l'éloquence
reconnaissaient implicitement cet état de choses. le
d'un Cyprien, l'énergie d'un Aurelius, génie d'unAu-
Pourquoi prétendaient-ils intervenir dans sa nomi- gustin. Mais leur utilité était grande surtout pour les
nation, sinon parce qu'il était leur chef à tous? prélats des petites villes, des bourgades, qui avaient
A maintes reprises cet aveu se retrouve dans les besoin d'être éclairés, soutenus, réconfortés. Dans
Actes des conciles célébrés entre 390 et 420. Ils dé- leurs lointains diocèses, les moyens de s'instruire leur
cident, par exemple, que les lettres synodales seront faisaient souvent défaut;et, par eux-mêmes, ces esprits
dictées et signées par Aurelius. C'est ce même Aure- un peu rudes et simples n'auraient peutêtre pas tou-
lius, comme ses prédécesseurs,Gratus, Genethlius, ou jours saisi les problèmes théologiques, adopté la
ses successeurs, Bonifacius, Reparatus, Dominicus, meilleure tactique pour résister à l'hérésie, manœuvré
qui préside les séances; il est le chef de la délégation assez habilement au milieu des difficultés pratiques.
catholique à la conférence de 411. C'est le primat de Ce qui leur manquait, ils le trouvaient dans ces réu-
Carthage qui indique la fête de Pâques, surveille les nions fraternelles où, sous la direction des primats,
nominations des évêques, résout les difficultés dans surtout de celui de Carthage, s'organisait la défense
l'institution des autres primats et peut, en vue du de l'Église. Si l'Afrique a pu sortir à son honneur de
bien de l'Église, faire passer les clercs d'un diocèse tant de crises, calmer les ressentiments des lapsi au
dans un autre. Ii ne s'agit donc plus pour lui d'une temps de Cyprien, repousser les assauts furieux des
fonction honorifique; désormais, il est investi d'une donatistes, écarter les hérétiques, guérir les blessures
juridiction certaine et constitué le gardien de la dis- de la persécution vandale, résister avec fierté auxin-
cipline dans toute l'étendue del'Afrique. Aucun titre jonctions doctrinales de Justinien, c'est à l'institution
cependant ne le distingue des primats provinciaux, des conciles qu'elle le doit. Là surtout elle a pris con-
il continue de s'appeler episcopus, sacerdos ou senex. science de sa force. Là se sont préparées les volontés,
On aurait pu craindre que la persécution vandale disciplinées les énergies, qui ont assuré la victoire,
n'effaçât le souvenir de cette suprématie. Sans doute, jusqu'au jour où l'invasion musulmane emporta tout,
les institutions ecclésiastiques avec la civilisation
romaine tout entière.
1875, t. II, p. 377-496. — Smith et Wace, A Dictionary of
christian biography, 4 vol. in-8°, Londres, 1877-1887.
E. de Sainte-Marie, La -
Tunisie chrétienne, in-8°, Lyon,
BIBLIOGRAPHIE.
— Il ne saurait être question de dresser
ici une bibliographie intégrale de l'Afrique chrétienne.
1878. — G. Boissière, Esquisse d'une histoire de la conquête
et de l'administration romaines dans nord de l'Afrique et
le
Elle occuperait de nombreuses pages de ce Dictionnaire particulièrement dans la province de Numidie, in-8°, Paris,
et risquerait de demeurer toujours incomplète. On a seu- 1878; 2e édition sous le titre L'Algérie romaine, 1 vol.,
lement voulu, dans les listes qui suivent, indiquer les prin- Paris, 1883. — G. Koffmane, Geschichtedes Kirchenlateinis,
cipaux ouvrages à consulter, ceux-là surtout qui, con- in-8°, Breslau, 1879. — Card. Lavigerie, De l'utilité d'une
mission archéologique permanente à Carthage, in-8°, Alger,
tenant eux-mêmes d'abondantes références, permettront
à
d'approfondir, qui le voudrait faire, les questions effleu-
rées ci-dessus. Une première division — la plus considé-
1881. -
Cagnat, Rapports sur ses missions en Tunisie,
dans Archives des missions, 1882, t. IX, p. 61-169; 1885,
rable — comprend ceux qui se rapportent à l'ensemble du t. XI, p. 1-156; t. XII p. 107-272; 1888, t. XIV, p. 1-132.—
sujet. Ceux qui ont trait à des épisodes spéciaux, ont été Fr.- X. Kraus, Real-Encyclopædie der christlichen Alierthü-
répartis ensuite en autant de sections qu'en comporte l'ar- mer, 2 vol. in-8°, Fribourg-en-Brisgau,1882. — Le Blant,
ticle précédent. Tous sont classés dans l'ordre chrono- Les Actes des martyrs. Supplément aux Acta sincera de
logique. dom Ruinart, in-4°, Paris, 1882. —Wetzer et Welte, Kir-
Pour les textes anciens sur lesquels se fonde l'histoire chenlexikon, 2e édit. par le card. Hergenrôther et Franz
Kaulen, 13 vol. in-8°,Fribourg-en-Brisgau, 1882-1903.
collections où presque tous se trouvent réunis :
du christianismeafricain,il suffira de renvoyer aux grandes
Corpus inscriptionum latinarum, t. VIII et suppléments,
— A. Ebert, trad. Aymeric et Condamin, Histoire géné-
rale de la littérature du moyen âge en Occident, 3vol. in-8°,
1881-1904. — Migne, Patrologiæ latinæ cursus completus, Paris, 1883-1889. — Ch. Tissot, Géographie comparée de
1844 sq. — Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum
de Vienne, 1866 sq. — Monumenta Germaniæ, 1877 sq. Paris, 1884-1888. -
la province romaine d'Afrique, 2 vol. et un atlas, in-4°,

-
Kunstle, Die altchristlichen Inschrif-
ten Afrikas, dans Theologische Quartalschrift, 1885.
in-4°,
— Corpus juris civilis, édit. Krueger-Mommsen, Mansi Ch. Tissot, Fastes de la province romaine d'Afrique, in-8°,
Berlin, 1904-1908. — Acta sanctorum, 1643 sq. —
Paris, 1885. —LeLiber pontificalis, édit. Duchesne, 2 vol.
OUVRAGES GÉNÉRAUX. -
(voir ci-dessous aux Ouvrages généraux).
Ch. Justel, Codex canonum
Ecclesiæ Africanæ græce et latine, cum notis, in-4°, Paris,
in-4°, Paris, 1886-1892. — E. Masqueray, De Aurasio
monte, in-8°, Paris, 1886. — E. Masqueray, Formation des
1615. - Emm. de Schelstrate, Ecclesia Ajricana sub
primate Carthaginiensi, in-4°, Paris, 1679. —M. Leydecker,
cités chez les populations sédentaires de l'Algérie, in-8°,
Paris, 1886. — De Mas-Latrie, Les anciens évêchés de
l'Afrique septentrionale, in-8°, Alger, 1887. — Saladin,
Historia Ecclesiæ Africanæ illustrata, 2 vol. in-4°, Utrecht,
Rapport sur la mission faite en Tunisie de novembre 1882
africanæ, in-fol., Rome, 1692.- -
1690. — Emm. de Schelstrate, De fide et ritibus Ecclesiæ
Lenain de Tillemont,
Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six pre-
à avril 1883, dans Archives des Missions, 1887, IIIe série,
t. XIII, p. 1-225.-V. Schultze, Geschichte des Untergangs-
des griechisch-romischen Heidcntums, 2 vol. in-8°, Iéna,
miers siècles, 2e édit., 16 vol. in-4°, Paris, 1701-1712. —
Ruinart, Acta martyrum sincera, 2e édit., in-fol., Amster- 1887 et 1892. — Jaffé, Regesta Pontificum Romanorum
dam, 1713. — Lenain de Tillemont, Histoire des empereurs ab condila Ecclesia adannum post Christumnatum MCXCVIII,
2e édit. par W. Wattenbach, 2 vol. in-4°, Leipzig, 1888.
et des autres princes qui ont régné pendant les six premiers
sièclesdel'Église,6vol.in-4°,Paris, 1720-1738. -D. Mansi,
Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, 31 vol.
- E. Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale (Ber-
bérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête
in-fol., Florence et Venise, 1759-1798. — G. D. Fuchs, française, 3 vol. in-8°, Paris, 1888-1891. — Pallu de Les-
Bibliotek der Kirchenversammlungen, 4vol. in-8°, Leipzig, sert, Fastes de la Numidie sous la domination romaine,
1780-1784. — P. de Marca, De canonibus et conciliis afri- in-8°, Constantine, 1888. — R. P. de Smedt, L'organisa-
canis, dans Galland, De vetustis canonum collectionibus, tion des Églises chrétiennes jusqu'au milieu du me siècle,
t.1, p. 180-212.—Morcelli,Africa christiana, dansRevue des questions historiques, 1888, t. XLIV, p. 329
Mayence,1790,
3vol. in-4°, Brescia, 1816-1817. — Fr. Muenter,Primordia
Ecclesiæ africanæ, in-8°, Copenhague, 1829. —C. Cavedoni,
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Memorie dell' antica chiesa africana desunte dell' Africa nologie, in-fol., Paris, 1889. — Aug. Audollent, Mission
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religione, scienze e letteratura di Modena, 2e série, t. VIII,
p. 305-365; t. IX, p. 5-51, 225-272; t. x, p. 5-30, 185-248. Rome, 1890, t. x, p. 397-588. — Musées et collections archéo-
— Souvenirs de l'ancienne Église d'Afrique, ouvrage tra- logiques de l'Algérie et de la Tunisie, publiés sous la direc-
duit, enpartie, del'italien[deC. Cavedoni],parun Pèrede tion de M. R. de La Blanchère, 15 fascicules in-4°, Paris,
la Cie de Jésus [J. Cahier], in-12, Paris, s. d. — Beugnot, 1890-1909. — K. J. Neumann, Der rômische Staat und die
allgemeine Kirche bis auf Dioldetian, t. i[seul paru], in-8°,
in-8°, Paris, 1835.-
Histoire de la destruction du paganisme en Occident, 2 vol.
Saint-Marc Girardin, De la domina-
tion des Carthaginois et des Romains en Afrique, comparée
Leipzig, 1890. — Recherches des antiquités dans le nord de
l'Afrique. Conseils aux archéologues et aux voyageurs,
avec la domination française,dans Revue desDeux Mondes, publiés par la Commission de l'Afrique du Nord, in-8°,
:
1er mai 1841. •— L'Univers pittoresque. L'Afrique II, in-8°, Paris, 1890. —Boissier, La fin du paganisme, 2 vol. in-8°,
Paris, 1844. Ce volume renferme plusieurs parties d'Ave- Paris, 1891. — E. Cat, Essai sur la province romaine de

;
zac, Esquisse générale de l'Afrique. Afrique ancienne; —
Dureau de la Malle et Yanoski, Carthage; — L. Lacroix,
Histoire de la Numidie et de la Mauritanie — Yanoski,
L'Afrique chrétienne;— Id. Histoire de la domination des
Vandales en Afrique. Précis de l'histoire d'Afrique sous la
Maurétanie Césarienne, in-8°, Paris, 1891. — G. Goyau,
Chronologie de l'Empire romain, in-12, Paris, 1891. —
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schichte der QuellenundderLiteratur descanonischenRechts gique de la Tunisie, in-fol., Paris, 13 livraisons parues de
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seul paru), in-8°, Gratz, 1870. — Von Maltzan, Reise in
den Regenschaften Tunis und Tripolis, 3 vol.in-12, Leipzig,
1892 à 1911. -
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Une cité africaine sous l'Empire romain, in-fol., Paris,
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p. 35-83; 1900, t. xx, p. 79-143; 1901, t.xxi, p. 182-241; internat. Kongr. Katholischer, Munich, 1901, p. 382-384. —
t.
1902, t. xxii, p. 301-345; 1903, XXIII,p.273-317; 1904,
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1892; II.Maurétanies, 1894; III. Numidie, 1894;IV.Byza- d'histoire et de théologie positive, 2 vol. in-12, Paris, 1902-
cène et Tripolitaine, 1894. [Cet ouvrage « n'est, à pro- 1905.—A.Bigelmair,DieBeteiligungder Christen am ôffen-
prement parler, quant au fond, qu'une traduction de tlichen Leben in vorconstanlinischerZeit,in-8°,Munich,1902,
l'ouvrage du P. Morcelli, » p. vu]. — S. Gsell, Recherches — Mgr Duchesne, Les origines du culte chrétien, 3e édit.,
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t. xiv, p. 291-450. — S. Gsell et H. Graillot, Exploration I,
1904, p. 354-373; 1906, 1, p. 177-192, 260-279, 461-475;
archéologique de l'Algérie. 1. Ruines romaines au nord de il, p. 126-142; 297-310; la suite dans Mémoires présentés
l'Aurès. II. Ruines romaines au nord des monts de Batna, par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-
ibid., 1893, t. XIII, p. 461-541; 1894, t. xiv, p. 17-86, lettres, t. XII, 1908, p. 161-139. — Rabeau, Le culte des
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L. Schmidt,GeschichtederWandalen,in-8°, Leipzig, 1901.— moins de retrouver la plupart des localités dont il a été
question dans notre récit. On y a délimité la Proconsulaire conversion, » c'est-à-dire l'acquittement de la capita-
et la Numidie ecclésiastiques d'après la liste de 484. tion prescrite par Mahomet, obligation dont étaient
Les noms depersonnes et de lieux qni figurent au cours des relevés tous les « croyants ».
pages précédentes feront l'objet d'autant d'articles spéciaux Tel avait été, en effet, le régime instauré, confor-
dans ce Dictionnaire. Le lecteur est prié de s'y reporter. mément aux prescriptions du Prophète, dans les pays
Aug. AUDOLLENT. nord-africains. Invités à choisir entre ces trois alter-
2. AFRIQUE(APERÇU SUR L'HISTOIRE DUCHRIS- natives ; embrasser l'islamisme et, dans ce cas,jouir
TIANISME AU MOYEN AGE ET AUX ÉPOQUES MO- des mêmes privilèges que les musulmans, — demeurer
DERNE ET CONTEMPORAINE). dans le pays en qualité de chrétiens sujets, et, dans ce
Il ne saurait être question de raconter ici, de ma- cas, payer une taxe considérable, — quitter la contrée,
nière complète et détaillée, l'histoire de la propagation les Égyptiens se partagèrent entre elles; la plupart des
du christianisme en Afrique au cours du moyen âge et orthodoxes émigrèrent, tandis que la minorité de-
des temps modernes; ce serait déborder le cadre de ce meurait dans le pays, et, par haine des Coptes, abju-
Dictionnaire. Indiquer les grandes lignes de ce beau et rait le christianisme; enfin les Coptes gardaient leur
vaste sujet, en donner un aperçu d'ensemble capable religion aux conditions prescrites par les vainqueurs et
de montrer comment l'Évangile a été prêché peu à peu acceptées par leur patriarche. Mais bientôt, de ces
d'un bout à l'autre du continent noir, capable aussi chrétiens fidèles, bon nombre, pour des raisons qu'a
de servir de cadre aux études plus développées con- très bien indiquées Dozy, ne persévérèrent pas dans
sacrées dans cet ouvrage même à la diffusion de leur foi; ccl'impôt de l'Égypte, même sous le khalifat
l'Évangile dans les différentes contrées de l'Afrique, d'Othman, était de plus de moitié supérieur à ce qu'il
voilà simplement ce qu'on se propose de faire à cette futfort peu de temps après, sous le khalifat de Moawia,
place. parce que, dans l'intervalle, la majeure partie des chré-
I. CONQUÊTES DE L'ISLAMISME SUR LE CHRISTIA- tiens coptes avait accédé à l'islamisme. » — Toute
autre fut l'attitude des chrétiens de l'Afrique mineure.
NISME. — C'est par la constatation d'un recul consi-
dérable du christianisme que doit débuter cet exposé
les premiers siècles du moyen âge ont vu en effet, par
: Là aussi, sans aucun doute, bon nombre de Berbères
abjurèrent très vite leur ancienne religion; mais ni la
suite de la conquête arabe, l'islamisme se substituer capitation imposée aux « non-croyants », ni, au début
à peu près complètement à la doctrine de l'Évangile du VIle sièle, le retrait de CÎ privilège par Omar II,
dans les pays méditerranéens de l'Afrique. A peine ni, au milieu du XIe siècle, l'invasion des pillardes tri-
Mahomet vainqueur de l'Arabie venait-il de dispa- bus hilaliennes dans le Maghreb oriental et central,
raître (632) que la guerre sainte déjà prêchée par le ni les exigences si tyranniques de certains princes
Prophète était commencée par son «khalife » ou lieu- musulmans,rien ne put ébranler la fidélité au christia-
tenant Abou-Bekr. Dès 636, la Palestine et la Syrie nisme d'une élite qui finit cependant, par la force même
proprement dites sont conquises, et de là se répand à des choses, et par suite des événements, par être noyée
l'E., au N. et à l'O., en Perse, en Lycie et dans les îles dans la masse de la population.
de la Méditerranée orientale, enfin enÉgypte, le second Ce n'est pas ici le lieu de rechercher dans quelle me-
flot de l'invasion arabe. Deux années (639-641) suffi- sure ni jusqu'à quelle époque les Berbères furent in-
sent à Amrou pour assurer aux Arabes la possession corporés dans les milices chrétiennes qu'avaient à leur
de l'Égypte exploitée à outrance par ses gouverneurs service les souverains musulmans du Maghreb, sinon
byzantins et déchirée par d'ardentes querelles reli- pour rappeler qu'au XIIIe siècle au moins tous les
gieuses. Poursuivant alors leur route victorieuse vers hommes d'armes de la religion du Christ servant dans
l'O., les conquérants s'emparent successivement des l'est comme dans l'ouest de l'Afrique mineure étaient
différentes parties de la Tripolitaine et entrent en certainement étrangers au pays, et venaient d'Europe.
lutte contre les Berbères; mais c'est seulement dans Est-ce à dire qu'aucune tribu chrétienne ne subsistait
les toutes dernières années du VIle siècle, une fois ter- plus dès lors dans la contrée? Ce serait sans doute très
minées les longues guerres civiles qui éclatèrent en aventuré; mais, dans tous les cas, de plus en plus
Arabie après l'assassinat d'Othman (655), que l'Afrique rares devenaient avec le temps les restes des popula-
mineure est soumise. Alors, en quelques années (de- tions indigènes non entièrement absorbées par l'isla-
puis 697, date de la prise de Carthage par Hassan), misme. La diminution du nombre des évêchés fournit
la troisième vague de l'invasion musulmane porte les une preuve irrécusable de cette lente et émouvante
sectateurs du Prophète jusque sur les rivages les plus agonie de l'Église d'Afrique. Un précieux document
;
occidentaux de l'Afrique (708) et jusqu'en Espagne
(711) alors sont, non sans de longs et sanglants efforts,
soumis les Berbères, et la domination de l'Islam est
la montre encore assez importante vers le xe siècle, et
comptant alors, dans les 4 provinces ecclésiastiques
de la Byzacène, de la Numidie, de la Maurétanie Ire.
définitivement établie dans tout le Magherib, depuis et de la Maurétanie IIe, une quarantaine de villes
Barca jusqu'à l'Océan Atlantique. épiscopales; mais, dès l'année 1053, une lettre décré-
Croire que cette grande invasion arabe du VIle siècle tale du pape Léon IX déplore la ruine de la grande et
a suffi, à elle seule, pour effacer toute trace du chris- naguère si florissante Église d'Afrique, où il n'est plus
tianisme dans les différentes parties de l'Afrique du possible de trouver que 5 évêques, et en 1076 une lettre
Nord depuis l'isthme de Suez jusqu'au littoral maro- très précise de Grégoire VII montre qu'il n'en subsis-
cain serait une très grossière erreur. Comme l'a parfai- tait même plus 3. Au XIIe siècle, quelques chrétientés
tement montré Dozy, en effet, Mahomet avait prescrit continuent de se maintenir, et, en 1192, l'archevêché
une certaine tolérance;« il avait, en réalité, établi pour
règle que ceux qui possédaient un livre reconnu par
de Carthage figure encore dans le Liber Censuum où
sont consignés les noms des diocèses redevables d'un
lui comme saint, une révélation qu'il reconnaissait, cens au Saint-Siège. Un peu plus tard, il n'est plus
e'est-à-dire donc les juifs et les chrétiens, jouiraient question de Carthage; les documents signalent le
de la liberté du culte moyennant le paiement d'un transfert, de Fez à Merrakech, du siège d'un évêché
impôt. » Quant aux califes omeïades (661-750), tous, créé au XIIIe siècle (1223) et dont le titulaire apparaît
à une exception près, des indifférents ou des infidèles, en 1246, puis en 1251, comme le chef unique du chris-
« ils ne favorisaient pas la conversion des peuples sou- tianisme dans le Maghreb. Jusqu'au XVIe siècle, époque
mis, des chrétiens syriens et coptes, des Perses, des à laquelle il disparut avec la dynastie mérinide du
Berbères du N. de l'Afrique, car ils la voyaient avec Maroc, cet évêché maintint dans l'Afrique Mineure
déplaisir pour laraison même qui était la causedecette une faible apparence de vie chrétienne; mais, depuis
un certain temps déjà, la religion de l'Évangile n'était quelquefois à abjurer la foi catholique. Ta Grandeur
plus pratiquée, dans les pays de l'Atlas, par aucune ne peut permettre que les chrétiens, si dévoués à tes
fraction importante de la population indigène, et
seuls ou presque seuls des étrangers, des Européens
soldats, commerçants, artisans, y constituaient avec
: ordres, courent sans cesse de semblables dangers. »
Ainsi le Saint-Siège a, de toutes les manières, fait
preuve d'une constante sollicitude à l'égard de l'Église
ces « chrétiens de Tunis » dont parle Léon l'Africain d'Afrique.
comme habitant encore, dans la première moitié du Il a trouvé d'admirables collaborateurs dans les
XVIe siècle, une rue particulière du faubourg d'El- membres des différents ordres religieux qui, de très
Manera, un petit groupe de foi catholique. bonne heure, se consacrèrent au rachat des captifs
Il n'est donc pas exagéré de dire que le christia- européens, au service du culte dans les comptoirs fon-
nisme avait, au moment où commencèrent les décou- dés en Afrique par des marchands venus des rivages
vertes maritimes, à peu près totalement disparu de la septentrionaux de la Méditerranée, et parmi ces
terre d'Afrique. Seuls, protégés par leurs hautes mon- « Frenji », ces soldats chrétiens d'origine étrangère
tagnes et par leur courage, complètement isolés au dont il a été question tout à l'heure, qui s'adonnèrent
milieu de populations musulmanes ou fétichistes, les enfin, à défaut d'un clergé indigène devenu de plus en
peuples de l'Éthiopie demeuraient inébranlablement plus réduit, à l'évangélisation des chrétiens du Mâgh-
attachés à la doctrine monophysite d'Eutychès qu'ils reb même. Satisfaits d'avoir, comme l'avait voulu le
semblent avoir adoptée depuis de longues années déjà. Prophète, élevé des mosquées en face des églises, les
Ainsi se trouvaient-ils tout à la fois, comme schisma- conquérants musulmans s'étaient soigneusement gar-
tiques, en dehors de l'Église catholique latine et de dés de détruire ces dernières, si bien qu'au début du
l'Église orthodoxe byzantine, plaints des fidèles de XIIIe siècle, le cheik arabe Et-Tidjani pouvait consta-
l'Europe occidentale et centrale groupés autour du
pape de Rome, dédaignés et bafouéspar les Grecs,
méprisés par les musulmans qui, n'ayant pu les vaincre
et les connaissant mal, appelaient les Éthiopiens du
ramassis de peuples Voir ABYS-
:
ter l'existence, dans la partie méridionale de la Tunisie,
d'un bon nombre d'entre elles. Ils avaient même fait
davantage ils avaient autorisé les négociants euro-
péens à remplir leurs devoirs religieux dans des cha-
nom de Habesch, « ». pelles érigées dans ces ensembles de bâtiments d'habi-
SINIE, col. 212-214. tation, de dépôts et de magasins qui constituaient les
II.COMMENT DES VESTIGES DE FOI CHRÉTIENNE fondouks. Pour desservir ces chapelles, les papes, au
SE SONT MAINTENUS DANS L'AFRIQUE MINEURE. — Si moment où disparaissait en Afrique Mineure tout
la foi chrétienne avait ainsi plus ou moins rapidement clergé indigène, recoururentau dévouementdes grands
disparu de la terre africaine presque toute entière, la ordres religieux fondés au XIIIe siècle (dominicains,
faute n'en pouvait être imputée ni aux souverains franciscains) ainsi qu'à celui d'un ordre qui, dès la fin
pontifes romains, ni aux ordres religieux catholiques. du siècle précédent, s'était assigné la tâche particu-
Non contents en effet de manifester de toutes les fa- lière de consoler, de secourir et de racheter les captifs
çonsleurintérêtpour la «malheureuse Église d'Afrique chrétiens faits par les infidèles.
depuis si longtemps battue des flots et de la tempête » Différentes causes avaient, de très bonne heure, con-
(lettre de Grégoire VII à l'évêque Cyriaque, 16 sep- tribué aux alentours des côtes de l'Afrique septentrio-
tembre 1073), non contents de maintenir à sa tête, de nale, et en particulier dans les différents ports, à la
leur mieux et le plus longtemps possible, des évêques constitution d'une importante population de prison-
et des prêtres, les papes s'efforcèrent de concilier aux niers chrétiens. La course de mer ne cessait de désoler
chrétiens du Mâghreb les bonnes grâces des princes les populations des rivages européens de la Méditer-
musulmans, et d'obtenir pour eux des faveurs excep- ranée; les hostilités se poursuivaient sans discontinuer
tionnelles. De là les rapports vraiment amicaux entre- dans la péninsule ibérique, tandis que, du côté de la
tenus par Grégoire VII, Innocent III, Grégoire IX et Palestine et de la Syrie, la fondation, consécutive à la
Innocent IV avec les émirs berbères entre le XIe et le première croisade, du royaume de Jérusalem et des
XIIIe siècle; de là encore les ménagements,dont au dé- principautés franques avait eu pour résultat de trans-
but du XIIIe siècle, Innocent III use à l'égard des mu- former ces pays en un nouveau champ de bataille
sulmans établis en Sicile; de là enfin, les lettres si entre chrétiens et musulmans. Guerriers et corsaires
curieuses adressées par Innocent IV, le 31 octobre 1246 faisaient des prisonniers,dont ils prétendaient obtenir
»,
et le 16 mars 1251, à «l'illustre roi du Maroc tendant une rançon ou encore, soit en les employant eux-
à procurer aux populations chrétiennes de la contrée memes comme esclaves, soit en les vendant, tirer nu
et aux familles des « lanciers chrétiens » engagés au bénéfice. C'est pour prodiguer à ces infortunés les
service des Almohades un centre commun où elles consolations de la religion, pour modifier leur triste
pussent se réfugier en cas d'attaque. « Nous prions sort, pour les échanger ou pour les racheter que le Pro-
Ta Sérénité, écrivait le pape en 1246, de donner aux vençal saint Jean de Matha fonda l'ordre de la Trinité,
;
chrétiens quelques lieux fortifiés où ils puissent se
renfermer aux moments difficiles nous te demandons
de leur confier la garde de quelques ports de mer par
et en obtint le 17 décembre 1198, du pape Innocent III,
l'approbation. Aussitôt ces hommes « divinement ins-
pirés» (c'est ainsi que les qualifie le souverain pontife)
lesquels ils puissent au besoin s'éloigner et revenir avec partent de Rome et se rendent dans les pays du Mâgh-
de nouvelles ressources à ton secours. » En 1251, repre- reb, munis d'une bulle de recommandation du pape
nant cette idée et la développant au successeur d'El- pour l'almohade En-Naçer, et préludent à une œuvre
Saïd,El-Morteda,Innocent. IV montrait avec une très admirable que devaient poursuivrependant des siècles,
grande force la nécessité et l'utilité de ces véritables à côté d'eux, les membres de l'ordre de Notre-Dame
places de sûreté. « Les chrétiens de tes États, disait-il, de la Merci et l'association des altaqueques ou res-
souffrent de manquer ainsi des points d'appui et de catadores (fondés un peu postérieurement), puis, au
refuge que j'ai sollicités pour eux. Ils en éprouvent de XVIIe siècle, les prêtres de la Mission.
graves dommages dans leurs personnes et dans leurs Il ne convient pas de rechercher ici si, comme le
biens.Comme beaucoup d'entre eux sont obligés d'aller veut le plus récent historien de l'ordre des trinitaires,
fréquemment à l'armée ou ailleurs pour ton service, saint Jean de Matha se rendit lui-même en Afrique
il arrive que, n'ayant aucun lieu fortifié où ils puissent
abriter leurs femmes, leurs fils et leurs parents, ceux-ci
sont sans cesse exposés aux attaques des Sarrasins
;
en 1199 pour inaugurer l'organisation régulière de
l'œuvredurachatdes captifs il suffira de noter à cette
place deux faits particulièrement dignes d'attention :
(ennemis), qui les mettent à mort et les obligent même 1° Comme l'indique le pape Innocent III dans sa
célèbre lettre du 8 mars 1199, les trinitaires, afin de qui ressort avec une extrême netteté de l'examen des
mieux remplir leur mission, ont été autorisés à «rache- actes du prince Henri; voilà ce que confirme formelle-
teraussi des captifs païens, pour qu'ils puissent quel- ment le pape Nicolas V quand, dans sa célèbre bulle
;
quefois, par le moyen des échanges, retirer de l'escla-
vage quelques captifs chrétiens » — 2° Dès ce moment,
les trinitaires, puis, bientôt après et plus encore, les
du 8 janvier 1454, il évoque le souvenir des efforts
tentés par l'infant de Viseu pour se mettre en commu-
nication avec « le peuple de l'Inde qui passe pour
Pères de la Merci se trouvèrent, par la nature même honorer le Christ, » dans l'espoir de le « porter à venir
de leur apostolat, tout désignés pour remplir le rôle en aide aux chrétiens contre les Sarrasins et autres
de chapelains dans les fondouks européens des côtes ennemis. » Ainsi prend une nouvelle valeur la mission
africaines de la Méditerranée. Si la tâche des premiers de Covilham et Payva en Éthiopie à la fin du XVe siècle
se bornait, en effet, à racheter les malheureux captifs (1487); ainsi, et beaucoup plus encore qu'on le pensait
chrétiens, les seconds devaient travailler à les con- naguère, se manifeste, dès le début de l'ère des décou-
soler, à les soigner dans leurs maladies, à les maintenir vertes lusitaniennes, cette alliance de la croix et de
dans leur foi et même à se substituer à ceux qui étaient l'épée, qui s'est maintenue durant des siècles dans
sur le point de faiblir et d'abjurer le christianisme; et l'Afrique portugaise.
comment le faire, sinon en demeurant dans les ports De cette alliance si féconde en heureux résultats, et
où corsaires et pirates débarquaient et mettaient en qui valut au Portugal, à l'aurore des temps modernes,
vente leur butin? Plus étendu, plus complexe et plus un remarquable épanouissement, il serait trop long de
délicat encore que celui des trinitaires fut donc le rôle donner ici des preuves multiples. Il suffira de dire que,
des mercédaires, qui compléta de la manière la plus au cours de leurs expéditions de découvertes, comme
opportune et la plus heureuse celui des fils de saint plus tard lors de leurs tentatives pour mettre en
JeandeMatha; ainsi, de façon très précaire sans doute, valeur leurs possessions africaines, les Portugais se
mais toutefois officiellement, se trouva maintenu en préoccupèrent toujours de répandre la foi chrétienne,
terre d'Afrique, au temps du complet triomphe de justifiant ainsi le pape Nicolas V d'avoir, en 1454, ré-
l'islamisme, l'exercice du culte catholique. servé à leur seule activité l'immense région comprise
III.LES MISSIONS CATHOLIQUES DU XVe SIÈCLE A depuis les caps Noun et Bojador jusqu'à la Guinée et
LA FIN DU XVIIIe. — Tandis que, dans l'E. de l'Afrique, « les plages éloignées du Sud ». Pour répondre à la con-
les musulmans continuaient de faire le siège de l'îlot fiance du Saint-Siège, partout où ils fondaient un éta-
monophysite d'Abyssinie, et convertissaient de gré blissement, une église ou du moins une chapelle était
ou de force à l'islamisme les chrétiens de Nubie et les immédiatement édifiée, et des missionnaires s'effor-
Gallas, différentes causes contribuaient, dans les par- çaient de convertir de leur mieux les indigènes qui,
ties nord-occidentales et occidentales du continent une fois devenus catholiques, étaient considérés
noir, à la diffusion du catholicisme. Par suite du dé- comme les égaux des colons d'origine portugaise et
veloppement des habitudes de piraterie sur toutes les pouvaient vivre sous le même régime qu'eux. Aussi
côtes barbaresques, la malheureuse population esclave voit-on, en 1488, un prince yoloff venir se faire bap-
devint, au xve siècle, plus considérable que jamais, et tiser à Sétubal sous le nom de Dom Jean; trois ans
Portugais et Espagnols, vainqueurs des Maures dans plus tard (1491), des dominicains partent de l'embou-
leur propre pays, songèrent à fonder des établisse- chure du Congo pour propager le christianisme dans
ments fortifiés, des presidios, sur les rivages les plus l'intérieur du pays, et ils le font avec tant de succès,
rapprochés des leurs. Alors fut conquise la ville de eux et les chanoines de saint Jean l'Évangéliste un peu
Ceuta (1415); alors, plus d'un siècle avant la dispari- plus tard (1508), qu'en 1595 est constitué l'évêché de
tion de l'évêché de Maroc, fut fondé celui de cette ville; San Salvador, d'où capucins et jésuites propagent la
alors commence l'admirablesérie d'expéditions mari- doctrine évangélique soit plus au sud, soit jusqu'en
times qui aboutit, à la fin du XVe siècle, avec Barthé- plein'cœur de l'Afrique équatoriale, marchant vers
lemy Diaz et Vasco de Gama, à la découverte de l'ex- l'est au devant des missionnaires qui, partis des ri-
trémité de l'Afrique et de la route de l'Inde. vages du Mozambique, ont pénétré de leur côté, en
On s'est plu, jusqu'à la fin du XIXe siècle, à répéter prêchant les tribus du pays, jusqu'au Monomotapa
que,dèsl'époque dela prise de Ceuta, le prince Henri dès le XVIe siècle et, plus tard, jusqu'au Zambèze.
le Navigateur conçut le dessein d'arriver aux Indes S'ils ne se rencontrèrent jamais au centre de
par la voie de l'Est. En réalitéle périple de l'Afrique, l'Afrique équatoriale, du moins les missionnaires por-
la route des Indes, le commerce des épiceries (qui seul tugais en firent-ils vraiment le siège, car partout où
pouvait alors motiver la recherche de cette route), ne leurs compatriotes s'étaient établis, partout ils se
sont en aucune manière les mobiles auxquels a obéi le trouvaient eux-mêmes, depuis Sierra-Leone, dont la
promoteur des explorations portugaises. Préoccupé colonisationne fut, en 1606, concédée à Pedro Alvarès
du péril musulman, il voulait trouver pour son pays Pereira qu'à la condition d'emmener parmi ses com-
des alliés contre les sectateurs de Mahomet, et, pour pagnons trois missionnaires, jusqu'à l'île de Zanzibar,
obtenir ce résultat, atteindre non pas les Indes Orien- d'où la foi catholique se répandit pour un temps sur
tales, mais l'Inde du Prêtre Jean, de ce légendaire po- les côtes voisines du continent africain. Ils n'hésitè-
tentat chrétien dont la domination était assise sur des rent pas non plus à s'engager dans des pays indépen-
contrées éloignées et mal déterminées de l'Orient. dants, dans la grande île de Madagascar au début du
Ayant vaguement entendu parler par les Maures et XVIlC siècle, et, un siècle plus tôt, en Éthiopie. Là,
par les Arabes d'un roi chrétien de l'Afrique lointaine, d'abord bien reçus par le Négus auprès duquel était
dont la renommée et la puissance étaient considéra- demeuré Covilham, les missionnaires portugais se
bles, les Portugais identifièrent ce personnage avec croyaient, au XVIIe siècle, après de longs efforts, à la
le Prêtre Jean et lui donnèrent pour patrie l'Éthiopie veille de ramener une grande partie des Abyssins à la
demeurée chrétienne, l'Éthiopie qui, selon les idées du foi catholique romaine; mais une réaction terrible
temps, faisait partie de l'Inde; puis, pensant que l'on vint, après la mort du Négus Susneos ou Sisinnios
pourrait découvrir, sur la côte occidentale de l'Afrique, (1632), anéantirl'œuvre commencée et replonger cette
quelque pays par lequel il serait possible de pénétrer partie de l'Afrique, pour des siècles encore, dans l'hé-
jusqu'au mystérieux souverain avec lequel il leur était résie monophysite. Voir ABYSSINIE, col. 214-215.
si souhaitable, et il pouvait leur devenir si profitable Ainsi, au total, les souverains portugais ont vrai-
d'établir des relations, ils entreprirent la reconnais- ment favorisé de tout leur pouvoir, pendant plusieurs
sance des côtes atlantiques du continent noir. Voilà ce siècles, la prédication de l'Évangile en Afrique comme
dans les autres parties du monde sur lesquelles s'éten- daient à l'abolition de la traite et de l'esclavage, sous
dait leur domination, et ce ne sont pas de simples l'influence aussi des progrès réalisés par la science

:
clauses de style que ces phrases, insérées dans les « rè-
glements » donnés par eux à tous les capitaines géné-
raux et gouverneurs d'outre-mer « Parce que la prin-
cipale obligation mienne et des seigneurs rois, mes pré-
décesseurs, est et Ijit toujours, dans les conquêtes que
géographique dans d'autres parties du globe, l'explo-
ration de l'Afrique, dont presque seules les côtes étaient
alors connues, avait préoccupé les esprits curieux.
L'importance du voyage accompli par James Bruce,
de 1768 à 1773, aux « claires fontaines »qui sont les
nous ordonnons, d'implanter et de propager la foi de sources du Nil Bleu avait déterminé la fondation à
N.-S. J.-C., et que les naturels de ces conquêtes vien- Londres, en 1778, de l'Association africaine, dont le
nent à la connaissance de son saint Nom,. je vous re- but était d'envoyer à ses frais des hommes hardis et
commande particulièrement de venir en aide aux
évêques, aux religieux et aux ecclésiastiques de tout
ordre, les protégeant dans leurs entreprises, édifiant
;
intelligents explorer les contrées jusqu'alors inconnues
de l'Afrique centrale et c'est, en effet, avec les subsides
de cette société que se lancèrent successivement dans
des églises où il sera nécessaire, leur donnant, en un des pays jusqu'alors ignorés les Houghton, les Mungo-
mot, toutes aide et protection utiles. n Park, les Hornemann, d'autres encore. A partir de
Vraimentsecondaire, à côté du rôle des missionnaires 1815, les gouvernements eux-mêmes, et surtout le
portugais,a été celui des autres peuples dansl'évangéli- gouvernement britannique, se préoccupèrent de la
sation de l'Afrique aux XVIe et XVIIe siècles. Les Espa- connaissance du « continentmystérieux»; alors se suc-
gnols sont demeurés confinés aux Canaries, où l'évêché cédèrent les remarquables découvertes qui ont abouti,
de Las Palmas avait été créé, dès 1406, sur l'initiative en moins d'un siècle, à la connaissance générale de la
du normand Jean de Béthencourt, et sur les côtes géographie de l'Afrique.
nord-occidentales des États barbaresques; des fran- A cette œuvre scientifique, les missionnaires catho-
ciscains italiens ont établi des postes en Tripolitaine liques, et plus encore les protestants (demeurés jusqu'à
au milieu du XVIIe siècle. Seuls,les missionnaires fran-
çais ont tenté, une fois le royaume des fleurs-de-lys
sorti des guerres de religion, de propager l'Évangile de
;
la fin du XVIIIe siècle indifférents à l'évangélisation de
l'Afrique) ne sont pas restés étrangers non contents
en effet de suivre immédiatement les voyageurs, ils
différents côtés; mais ils n'ont réussi ni à Madagascar ont parfois eux-mêmes, pour mieux remplir leur rôle
(où ils reprirent au milieu du XVIIe siècle l'œuvre apostolique, uni la qualité d'explorateur à celle de
abandonnée par les jésuites portugais), ni aux abords missionnaire. Tel fut, en Éthiopie, le cas des prédi-
de l'Éthiopie (voir AGATHANGE de Vendôme), et s'ils cants allemands envoyés par la Church Missionary
se sont maintenus à l'embouchure du Sénégal, c'est à
la persistance des établissements de commerce fran-
çais qu'ils le doivent. Ils n'ont, au total, fait œuvre
durable qu'à la Réunion, c'est-à-dire dans une île peu-
Avanchers;
Society de Londres aux alentours de 1835, et de plu-
sieurs religieux catholiques comme le P. Léon des
tel fut encore le cas, dans le sud de l'Afri-
que, de missionnaires protestants français et écossais
plée et colonisée par leurs compatriotes, et sur les dont le plus célèbre est l'illustre David Livingstone.
côtes des États barbaresques, où les prêtres de la Mis- Si nombreux que puissent être, dans l'histoire de la
sion surent, en s'inspirant des préceptes de saint Vin- découverte de l'intérieur du continent noir, ces mis-
cent de Paul, s'acquitter à leur honneur d'un rôle qui, sionnaires explorateurs, ils ne constituent toutefois
depuis le XVIe siècle, était devenu plus difficile et plus que des exceptions. La plupart de ceux qui se sont
périlleux que jamais. consacrés à l'évangélisation de l'Afrique se sont en
Ce rôle, ils continuèrent de le jouer jusqu'au mo- effet uniquementpréoccupés d'apostolat, au sens le plus
ment où, au XVIIIe siècle, la diffusion des idées philo- large du mot; ils ont travaillé à améliorer l'état social,
sophiques, puis l'éclosion de la Révolution française moral et religieux des peuples au milieu desquels ils
déterminèrent dans les missions d'Afrique aussi bien vivaient et se sont efforcés de leur inculquer ces idées
qu'en Europe une crise terrible. Si des missions se qui donnent à la civilisation chrétienne son éminente
maintinrent aux Mascareignes et dans les petites supériorité.Voilà ce qu'ont fait et ce que font des mis-
îles françaises de l'Océan Indien, si des capucins ita- sionnaires protestants de toutes les nationalités et de
liens purent, au milieu du siècle, établir quelques postes toutes les confessions, dans les pays riverains du Zam-
au Gabon, si enfin la préfecture apostolique du Sénégal bèze (chez les Béchouanas et les Bassoutos, etc.), aussi
fut fondée, en 1779, grâce au zèle de deux prêtres de bien que dans le Libéria, sur les bords du bas Niger,
l'ancienne congrégation du Saint-Esprit, partout ail- en Ouganda et sur bien d'autres points encore; voilà
leurs, à la situation florissante des anciennes missions, ce qu'ont fait et ce que font, sous la direction du Saint-
succéda un état déplorabled'abandon et de langueur. Siège, par toute l'Afrique, des missionnaires catho-
C'est que, dans ces pays dont le Portugal s'était ré- liques de toutes les nationalités et des ordres les plus
servé l'évangélisation exclusive, la politique anti-reli- divers.
gieuse de Pombal avait désorganisé les ordres religieux Rien de plus admirable, en effet, que la discipline
qui s'adonnaient à l'apostolat; elle n'avait permis à observée par les différents ordres catholiques, chacun
personne de prendreleur place dans les différentes con- dans son champ d'évangélisation. Parmi les congré-
trées de l'Afrique, et avait ainsi entraîné la ruine des gations qui, dans la plupart des points, travaillent
missions naguère florissantes de la Guinée, du Benin, avec une inlassable persévérance à la conversion des
du Congo, de l'Angola, du Mozambique. Une fois peuples de la troisième partie du monde, il en est dont
encore, par conséquent, le christianisme avait à peu les services datent de loin, sont bien antérieurs, en
près disparudu continent noir, et tout était à repren- Afrique même, au XIXe siècle, et remontent parfois (on
dre à pied d'œuvre quand, après les guerres de la Ré- l'a vu plus haut) jusqu'au moyen âge; mais la plupart
volution française et du Premier Empire, l'Europe, d'entre elles n'ont commencé ce dur labeur apostolique
entrant dans une période de calme relatif, se préoccupa qu'au siècle dernier, au moment où a vraiment débuté
de l'exploration de l'intérieur de l'Afrique et, sans s'en le nouvel assaut livré au continent noir parle catho-
rendre compte, prépara ainsi un nouveau mouvement, licisme. Alors, aux prêtres du clergé séculier, aux fran-
plus considérable que le précédent, de propagation et ciscains, aux lazaristes qui, dans lescomptoirs euro-
d'expansion du christianisme. péens du littoral et aux alentours, faisaient de leur
IV. L'ÉVANGÉLISATION DE L'AFRIQUE A L'ÉPOQUE mieux avec des ressources infimes, se sont adjoints de
CONTEMPORAINE. — Dès le dernier quart du XVIIIe siè- nombreux auxiliaires de bonne volonté, animés de
cle, sous l'influence des idées humanitaires qui ten- l'esprit de foi et du prosélytisme le plus ardent; alors
sont, tour à tour, entrés en lice : dès 1843, les mission- n'est pas simplement possiblede mener à bien, avec
naires de la société du Saint-Cœur-de-Marie,fusionnée un idéal supérieur à celui des fonctionnaires et des
en 1848 avec l'ancienne congrégation du Saint-Esprit; colons, une œuvre de développement matériel et so-
puis (1850) les jésuites dont l'œuvre avait naguère été cial, de lutter contre l'esclavage etcontre la traite,
un instant si fructueuse en Éthiopie, et les oblats de d'appeler l'indigène à collaborer avec le blanc à la
Marie Immaculée;ensuite les pères capucins de la pro- mise en valeur du pays; le prêtre peut également ga-
vince de Savoie (1852), les pères espagnols du Cœur gner des âmes à la vraie foi, et faire œuvre, non seule-
Immaculé de Marie (1855), les prêtres des missions ment de civilisation matérielle et morale, mais encore
africaines de Lyon (1859), les missionnaires de Notre- de véritable évangélisation.
Dame d'Afrique, plus connus sous le nom de « pères Une telle œuvre, ici très restreinte, et là sans autres
blancs » (1868),les missionnaires sortis de l'Institut de bornes que les forces des missionnaires, se poursuit
Vérone (1872); plus tard encore, après 1880, les oblats aujourd'hui (la carte jointe à cet exposé permet de
de Saint-François de Sales de Troyes, les missionnaires s'en rendre compte) de tous les côtés à la fois, non seu-
allemands (bénédictins bavarois, pallotins du Tyrol, lement sur la périphérie, mais aussi dans l'intérieur
missionnaires de Steyl, etc.), les missionnaires belges des différentes parties du continent. Quel contraste
de Scheut-lez-Bruxelles,les capucins italiens, les mis- entre le merveilleux développement des missions afri-
sionnaires anglais de Saint-Joseph de Mill-Hill, les caines à l'heure présente, et la situation vraiment la-
prémontrés de Belgique, les prêtres du Sacré Cœur de mentable qu'elles présentaient aux alentours de 1830,
Saint- Quentin. Chacune de ces compagnies a reçu
du Saint-Siège la désignation exacte de son terrain
!
il y a quatre-vingts ans Seuls alors les archipels por-
tugais et espagnols de l'Atlantique et les îles de la
d'apostolat, et le voit, par suite des progrès réalisés, Réunion et de Maurice dans la mer des Indes, quelques
partagé en préfectures ou en vicariats dont l'entrée points de l'Égypte, de la Tripolitaine, de la Tunisie et
en scène de nouveaux ordres religieux désireux de col- du Maroc, Saint-Louis du Sénégal, Gorée, Loanda —
laborer à l'évangélisation de l'Afrique, dont surtout le dernier vestige de l'ancien évêché portugais d'An-
les exigences politiques des peuples colonisateurs gola et Congo — et le Cap possédaient des prêtres

les administrateurs évangéliques ;


ou.conquérants d'Europe obligent parfois de changer
chacune se montre
fidèle et scrupuleuse observatrice des instructions et
catholiques. Aujourd'hui, 72 missions, préfectures et
vicariats apostoliques, prélatures ou diocèses se par-
tagent le continent noir. Telle est la conséquence de la
découverte et du partage du continent noir; ainsi est
des ordres du SouverainPontife. C'est ainsi que l'ancien
champ d'évangélisation des lazaristes au XVIIe siècle, démontrée l'exactitude de cette parole de Livingstone
Madagascar, a été partagé entre les pères du Saint- que « la fin de l'exploration géographique marque le
Esprit, les jésuites et les prêtres de la Mission; que début de l'œuvre du missionnaire ». Sans doute il y a
les pères du Saint-Esprit ont cédé la préfecture du loin de ce chiffre à celui de 800 sièges épiscopaux qui
fleuve Orange, créée par eux, aux oblats de Saint- étaient naguère groupés, dans la seule Afrique médi-
François de Sales de Troyes; que les lazaristes ont terranéenne, autour de l'Église patriàrcale d'Alexan-
dû abandonner la partie septentrionale de leur mission drie et de la métropole (aujourd'hui ressuscitée) de
d'Abyssinie aux frères mineurs capucins de Rome, Carthage; le progrès n'est pas moins manifeste, et si
établis depuis 1895 en Erythrée (voir ABYSSINIE,
col. 231, 234); que, des mains des pères blancs, ses
premiers apôtres, les missionnaires anglais du sémi-
naire de Mill-Hill ont reçu le vicariat apostolique du
plus de 100 000 catholiques
maronites, etc.
:
marqué qu'en Égypte seule on compte actuellement
latins, coptes, syriens,
Toutefois, ce progrès, quelque incontestable qu'il
Haut-Nil (1894). soit, ne doit pas faire illusion. Qu'est-ce, en effet, que
Cette remarquable unité d'action, cette merveilleuse 72 circonscriptions ecclésiastiques pour une super-
discipline n'empêchent pas chaque ordre de se com- ficie totale (continentale et insulaire) de 29 820 000 ki-
porter, à l'intérieur de son terrain de propagande, avec lomètres carrés? Qu'est-ce qu'environ 500000 catho-
ses méthodes propres et suivant ses préférences parti- liques, et même, en comptant les schismatiques et
culières, avec le tempéramentnational de ses membres aussi les hérétiques (dont plusieurs font une œuvre
aussi, pour le plus grand bénéfice religieux, moral et civilisatrice si remarquable), qu'est-ce que 7500000
même matériel des indigènes. Nous ne pouvons pas pé- chrétiens sur une populationtotale évaluée à 140 mil-
mais du moins convient-il de noter que, avec une con-
;
nétrer ici dans le détail, si instructif puisse-t-il être lions d'individus, dont 30 millions au moins sont mu-
sulmans, et dont environ 100 millions sont fétichistes?
naissance plus complète de la mentalité des peuples Que d'infidèles n'ont jamais encore entendu la« bonne
de l'Afrique, les méthodes d'apostolat sont devenues nouvelle », même dans les pays les mieux connus et
susceptibles de variations et de modifications. Sans les mieux pourvus de prêtres, et aussi de ces précieux
doute, le but demeure inéluctablement le même, et auxiliaires que sont pour les pères missionnaires, les
chaque missionnaire travaille toujours à gagner des frères et les sœurs de différentes congrégations (frères
âmes à la vraie foi; mais combien diffèrent les diffi- de Ploërmel, frères de l'Institut de Saint-Gabriel, en
cultés que doit surmonter l'apôtre de la « bonne nou- Vendée, filles de la Charité, religieuses franciscaines
velle », suivant qu'il s'adresse à des fétichistes ou à de Calais, sœurs de Saint-Joseph de Cluny, etc.) !
des musulmans 1 Il est à peu près impossible de con- ccTel pays qui, sur la carte, figure comme évangélisé,
vertir des mahométans, les missionnaires en ont fait compte peut-être 12 000 chrétiens contre 10 millions
depuis longtemps la douloureuse expérience; aussi de fétichistes ou de musulmans 1 »
doivent-ils, dans les pays d'Islam, se borner à baptiser Ces mots, par lesquels Mgr A. Le Roy terminait
les mourants, à soigner les malades, à instruire les
enfants dans un esprit de stricte neutralité religieuse,
9
naguère, dans le Dictionnaire de Thêologie un article
sur les missions catholiques de l'Afrique, n'ont pas
à leur inculquer simplement des idées de morale supé- cessé d'être exacts (les chiffres fournis plus haut à
rieures à celles qu'ils peuvent avoir, à travailler au l'article ABYSSINIE, col. 232-234, en fournissent la
développement de la civilisation matérielle, en atten- preuve); mais ils ne sont pas pour décourager. Sans
dant l'heure marquée par Dieu pour une œuvre plus doute, la tâche demeure immense, et, par suite des pro-
élevée. Toute autre, et beaucoup moins ingrate, bien grès ininterrompus de l'islamisme en Afrique, comme
plus consolante malgré ses déceptions et ses épreuves, par suite des persécutions dont le catholicisme est
est la tâche des missionnaires envoyés chez les peu- l'objet dans certains pays de l'Europe, les difficultés
ples fétichistes, si dégradés semblent-ils d'abord; là il de l'évangélisation du continent noir ne cessent de
croître; mais la vue des merveilleux progrès réalisés transféra les reliques de saint Agabius dans la cathé-
en moins d'un siècle ne peut éveiller en tout cœur drale.
chrétien que des sentiments d'admiration, de recon
Acta sanct., 1750, sept. t.III, 501-502.
naissance envers le Très Haut, et aussi de confiance en Sant Agabio, vescovo e patronop. — G. Rossignoli
Son infinie bonté. Dieu n'a pas permis aux missions di Novara, Novare, 1890. —
F. Savio, Gli antichi vescovi d'Italia. Il Piemonte, Turin
d'Afrique de se développer de la sorte pour les aban- 1898,p.240,246,249,596.
donner ensuite et laisser toute une partie du monde, M. BESSON.
arrosée des sueurs et du sang de tant de martyrs, dans AGALI (MONASTÈRE DE SAINT-COSME ET SAINT-
les ténèbres de la barbarie et du paganisme. DAMIEN D'). Ce monastère était dans les environs d(
Tolède, et, d'après l'opinion la plus probable, à deux
Nous n'énumérerons pas ici les différentes publications kilomètres de la ville au nord, dans la vallée appelée
d'ensemble relatives à l'histoire des missions, et nous nous
bornerons à signaler simplement quelques travaux spé- plus tard Benahalura ou Benalbia. On dit qu'il fut

:
ciaux relatifs aux missions d'Afrique. Comme travaux
d'ensemble, ce sont MgrA. Le Roy, Missions catholiques de
l'Afrique, dans le Dictionnaire de théologie catholique, t. I,
fondé par le roi goth Athanagilde, mais rien ne le
prouve, et rien ne fait connaître l'existence de ce
monastère avant que saint Hellade, archevêque de
col. 542-550. — Mgr A. Le Roy, L'Église en Afrique; la reprise Tolède, y fît profession de la vie monastique (615-633)
des missions au .YI';:" siècle, dans Les missions catholiques
-
françaises au xixe siècle, Paris, 1902, p. 21-45. G. Bonet-
Maury, L'islamisme et le christianisme en Afrique, Paris,
1906. — Parmi les nombreux travaux de détail utilisés pour
Les abbés d'Agali assistaient aux conciles de Tolède
et en signaient les actes après les évêques. Agali
exerça une grande influence sur la cour gothique
la rédaction de cet article, il convient de citer, outre l'Essai de Tolède, à cause de sa proximité de la ville et des
sur l'histoire de l'islamisme de R. Dozy, trad. Victor Chau- prélats qu'il donna à l'église, tels que saint Hellade,
vin, Leyde, Paris, 1879, p. 179-189. — L. de Mas-Latrie, Just (633-636), Eugène II (636-646), saint Ildefonse
Traités de paix et de commerce et documentsdivers concernant (657-667). Le monastère d'Agali existait encore au
les relations des chrétiens avec les Arabes de l'Afrique septen- temps de Cixila (774-783), archevêque de Tolède, e1
trionale au moyen âge, recueillis et publiés avec une intro- historien de saint Ildefonse. Mais à partir de cette
duction historique, Paris, 1865-1873; l'introduction a été
publiée à part, à Paris, 1886. — Paul Deslandres, L'ordre
des trinitaires pour le rachat des captifs, Toulouse, Paris,
1903, t. I, p. 15-18. — Henry Vignaud, La lettre et la carte
sont:
époque on en perd le souvenir. Les abbés connus
saint Hellade; Just, archevêque de Tolède
(615-633); Richila, auquel son prédécesseur écrivit une
de Toscanelli sur la route des Indes par l'Ouest, Paris, 1901, lettre comme le rapporte saint Ildefonse; Adéodat;
p. 57-70. — A. L. de Almada Negrieros, L'instruction dans et saint Ildefonse.
les colonies portugaises, dans la Bibliothèque coloniale inter- Martinez (Simon), Demonstration yconoscimientodel sitio
nationale, IXe sér., Bruxelles, 1909, t.1, p. 395-452, passim.
y lugar donde fue edificado el monasterio Agaliense dirigida
— G. Marcel, Les Portugais dans l'Afrique australe, dans al Ilmo Senor D. Gaspar de Quiroga. arzobispo de Toledo,
la Revue de géog., 1890, t. XXVI, p. 161-174 (carte). manuscrit de la Bibliot. nationale de Madrid. — Morales,
H.FROIDEVAUX. Cronica general de Espana, t. XII, c. XXXIX. — Pisa
;
AFUFENIENSIS (Ecclesia). Chrétienté d'Afrique
non encore identifiée elle était située en Byzacène.
Un de ses évêques, Mansuetus, assistait à l'assemblée
(Fransciscode), Descripcion de la imperial ciudad de Toledo
-
i historia de sus antiguedades, Tolède, 1617,liv. II, ch. XXIV.
—España sagrada, t. v, p. 482-504. Toutes les vies de
tenue à Carthage, sous Hunéric, en 484. Notitia pro- saint Ildefonse traitent d'Agali, mais n'ajoutent absolu-
vinciarum et civitatumAfricæ, Byzacena, 2,édit.Halm, ment rien aux ouvrages précédents.
p. 66; P. L., t. LVIII, col. 271, 315. L. SERRANO.
AGALICH (JEAN-BAPTISTE), augustin, évêque de
Morcelli,Africa christiana, Brescia, 1816-1817, 1.1, p.70- Segna, en Croatie, sacré à Gratz, l'an 1617. En 1624,
71. — Notitia dignitatum,édit.Böcking, Bonn, 1839-1853, il convoqua un synode (Bribiriensis synodus), par
t. II, Annot., p. 647.— Gams, Series episcoporum, Ratis- lequel il releva le niveau moral du clergé et la
bonne, 1873, p. 464. — Ch. Tissot, Géographie comparée de piété chrétienne dans le peuple, corrigea les livres
la province romaine d'Afrique, Paris, 1884-1888, t.II, p. 781. liturgiques de rite slave, et donna l'ordre de les réé-
— De Mas-Latrie,dans Bulletin de correspondance africaine, diter. Il administra avec zèle son diocèse jusqu'à sa
1886, p. 82; Trésor de chronologie, 1889, col. 1865. — Tou-
lotte (Mgr), Géographie de l'Afrique chrétienne, Rennes- mort (1649). Ses dépouilles mortelles reposent dans
Paris, 1892-1894, Byzacène, p. 38-39.— Joh. Schmidt, Afu- l'église des Réformés de Tersat (Croatie).
feniensis, dans Pauly-Wissowa, Real-Encyclopädie, t. i, Farlati, Illyricum sacrum, t. IV, p. 138-140. — Lanteri,
col. 717.
AUG. AUDOLLENT. Eremus sacra augustiniana, Rome, 1875, t. II, p. 74. —
1. AGABIUS (Saint), évêque de Vérone. Les histo- Jelié, Fontes historici liturgiæ glagolito-romanæ, Veglæ,
1906, p. 13-14.
riens de ville s'accordent
cette ne le
pas sur rang à lui A. PALMIERI.
assigner dans la liste des évêques de Vérone et ne 1. AGAMBERTUS, évêque d'Albi, probablement
donnent pas de détails sur sa vie. Il est honoré le vers la fin du règne de Charles le Simple(898-922).Son
4 août. nom qui n'a pas trouvé place dans la liste du Gallia
Biancolini,Notizie storiche della Chiesa diVerona, Vérone, christiana, n'est mentionnéque par la Notice sur l'église
1749, t. i, p. 167. — Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. x, Saint-Eugène de Vieux (diocèse d'Albi), écrit de la
p. 745, 815. seconde moitié du XIIe siècle, d'une valeur historique
U. ROUZIÈS. médiocre, édité par Baluze, Miscellanea, t. VI, p. 431 r
2. AGABIUS (Saint), évêque de Novare. Ce person- traduit et critiqué par dom Vaissette, Histoire de Lan-
nage figure dans le diptyque de la cathédrale (XIIe siè- guedoc, édit. Privat, t. IV, p. 187. Il y est rapporté que
cle) et dans celui de saint Gaudentius (XIe siècle), ccl'église Saint-Eugène de Vieux. a toujours été sous
comme deuxième évêque de Novare. Son prédécesseur, l'autorité des évêques et du chapitre de la cathédrale
Gaudentius, mourut vers 418; son troisième succes- d'Albi depuis le roi Charles et l'évêque Agambert. » La
seur, Simplicien, est attesté en 451. C'est donc autour date de cette réunion n'est pas autrement marquée.
de 420 que se place l'activité de saint Agabius, tou- Jusqu'au déclin du XIIe siècle, le dernier roi de France
chant laquelle nous ne pouvons d'ailleurs fournir qui ait porté le nom de Charles, est Charles III le-
aucun détail. Il mourut le 10 septembre, jour où l'on Simple. C'est même à lui seul que convient pour tout
célèbre encore sa fête, et fut enseveli hors les murs de le cours de son règne la désignation Carolo rege. En
la ville épiscopale, en une église qui prit plus tard son effet, les rois Charlemagne et Charles le Chauve furent
nom. Le 30 août 890, Caduldus, évêque de Novare, par la suite revêtus de la dignité impériale. Charles le
Gros s'exclut de lui-même, la France ne l'ayant connu de Baranda, Fuensanta del Valle, Sanche Rayon, Za-
qu'avec son titre impérial. Ce qui nous fait pencher bâlburu et autres; 2. Tratado enque se prueba la venida
pour Charles le Simple, outre l'épithète royale, c'est la del Verbo Encarnado, Mesias prometido de los projetas
lettre qu'écrit, au temps de ce roi, Agion, évêque de y Escrituras Santas., manuscrit de la bibliothèque
Narbonne, aux « évêques Agambert et Alphonse », les Barberini; 3. Conversion de las Filipinas y Japon de los
priant d'intervenir auprès du roi en faveur de son Agustinos descalzos, y obediencia que en nombre de
Église. Hist. gén. de Languedoc, t. v, p. 145. La lettre aquellacristiandad sedió à la Santa Sede, gobernandola
est de 922. Le siège de cet Agambert n'est pas Urbano VIII, manuscrit de la bibliothèque Barberini.
désigné. Il n'est pas téméraire d'y voir celui d'Albi Il écrivit en outre des relations de voyages et fit des
dont le territoire était contigu au diocèse de Nar- cartes de l'Orient, sur l'ordre d'Urbain VIII.
bonne. Si l'on admet cette conjecture, on pourra Rodrigo, Historia general de descalzos, t. II, p. 76. —
préciser que l'année 922 marque les débuts de l'épis- Nicolas Antonio, Biblioteca hispana nova, Madrid, 1788,
eopat d'Agambert, car, la présence de Godoléric sur le t. II, p, 270. — Lopez Bardon, Monastici Augustiniani
siège d'Albi en 920 est établie, et celle d'un Paterne en R. P. Fr. Nicolai Crusenii continuatio, Valladolid, 1903,
921 probable. C'est peu après cette date, en 942, que t. II, p. 327. — Moral, Catálogo de escritores agustinos espa-
le nom de saint Eugène de Vieux fait son apparition ñoles., dans La Ciudad de Dios, t. XXXIV, p. 282.
dans les documents d'archives. L. SERRANO.
1. AGANON, évêque de Chartres (926-941). Aganon
Dela et
Porte du Theil,Notices extraits des manuscrits de la
Bibliothèque du roi, t. IV, p. 189, n'a pas pensé que les mots
(Haganus, Aganus, Hagano, Agano) monta sur le
siège épiscopal de Chartres après.Gantelme qui décéda
Carolo rege pussent désigner un autre personnage que Char- le 1er février 926. Le premier nécrologe de Notre-Dame
lemagne. Aussiplace-t-il notre Agambertus entre 768 et 800,
c'est-à-dire avant l'élévation du roi franc à la dignité im- de Chartres qui fut ouvert sous son règne et débute
périale. Il n'a pas fourni les motifs de son choix. par son obit le fait mourir le 24 décembre 941 et lui
L. DE LACGER.
2. AGAMBERTUS, copiste de l'an 806. A copié le
manuscrit de la bibliothèque de Valenciennes n° 52,
:
donne avec le titre d'évêque, celui de comte, episco-
pus et comes de plus, il le proclame le premier évêque
semblable au bienheureux Lubin. Dans le cartulaire
intitulé: Hieronymi Commentarii inJeremiam libri sex,
:
qui provient de la célèbre abbaye de Saint-Amand. La
notice suivante termine l'ouvrage Agambertus fecit.
de Saint-Père en Vallée le moine Paul (1087) en
:
parle à plusieurs reprises avec grand éloge c'était,
dit-il, un homme de race illustre, clarus genere, très
kalendas juin scribere inchoavi, pridie nonas agustas riche et très vertueux. Il consacre son premier livre
consummavi anno VI imperii domni Caroli serenissimi
atque gloriosissimi imperatoris. Il ne peut être question
ici que de Charlemagne; le manuscrit date de 806.
aux trois chartes que cet évêque accorda à son mo-
nastère en 931 et 940, et lui donne pour titre Liber :
Hagani, titulus Aganonis. C'est qu'en effet cet évêque
Cf. Mangeart, Catalogue descriptif et raisonné des ma- fut le grand restaurateur du monastère de Saint-
nuscrits de la bibliothèque de Valenciennes, et Cata- Père détruit par les Normands (peut-être en 911).
logue général des manuscrits, t. xxv, n° 59, p. 216. Vers 930, avec le chanoine Alvée, frère du vidame
Mangeart (loc. cit.) frappé par une note de De la Giroard, il fit venir des tailleurs de pierre et des ma-
Porte du Theil qui place l'Agambert, évêque d'Albi, çons, rebâtit l'église sur un plan plus vaste, et lorsqu'elle
de la Notice de Vieux, au temps de Charlemagne(voir fut achevée, en fit la consécration. Il y institua des
l'article précédent), insinue que le copiste et l'évêque clercs réguliers ou chanoines pour y célébrer nuit et
sontpeut-êtreunseul etmême personnage.Mais, dans
cette hypothèse, Agambert, étant déjà évêque avant
jour les louanges du Seigneur et en même temps il
leur rendit le clos de vigne et le terrain contigu dont
l'an 800, il faudrait admettre qu'il a continué sous la ses prédécesseurs s'étaient emparés. Il y joignit, à
mître son métier de copiste, et qu'en signant son nom titre de donation perpétuelle, des terres suffisantes
à la fin du volume de 806, il a omis de mentionner son pour l'entretien de la communauté à la tête de la-
titre épiscopal. Tout cela est fort peu vraisemblable. quelle il plaça Alvée. Son successeur Ragenfroi, qui
Bradley, A Dictionary of Miniaturists, t. I, p. 11-12, ren- rappelant son œuvre dans ses chartes,l'appelleAgano,
chérit sur Mangeart en donnant comme probable l'identifi- vir illustris, acheva cette restauration, toujours de
cation de l'évêque et du copiste. concert avec Alvée, en substituant les moines de
L. DE LACGER. Fleury aux clercs réguliers. Parmi les témoins de
AGANDURU MORIZ (RODRIGUE), augustin dé- ces chartes (931 et 940), on voit le premier chanoine
chaussé, né à Valladolid en 1584, fut professeur de la cathédrale qui ait pris le titre de chancelier, le
au monastère de Portillo en 1601. Il alla ensuite, prêtre Clément. On y voit aussi les vice-chanceliers
comme missionnaire, au Mexique et aux îles Philip- Aregarius qui s'appelle aussi grammaticus et Ragen-
pines, où il évangélisa les Tagalos et fonda les villages fredus. La présence de ces dignitaires est une preuve
de Cabcabeu, Marivelez, Bagac, Morong, Subie, plu- que la vie scolaire était active à Chartres sous l'épis-
sieurs églises et des collèges de son ordre qui ont sub- copat d'Aganon. C'était sans doute une renaissance
sisté jusqu'à nos jours. Il exerça aussi le ministère
apostolique dans les îles de Cebu et Mindanao pendant
après le passage des Normands.
Lépinois et Merlet, Cartulaire de Notre-Dame de Chartres,
quelques années. Chargé par les religieux des Philip- 1862, t. i, p. 12,46,78; t. III, p. 1. — Guérard, Cartulaire
pines, de revenir en Espagne chercher des ouvriers de l'abbaye de Saint-Père, 1841, p. CCXXXVII et CCXL et 10,
15, 17, 19, 21, 26,28, 29, 35, 48, 50. — Gallia christiana,
apostoliques, et, en passant, de prêter obéissance, au
nom des chrétiens des Iles, au pape Urbain VIII, il
passa par la Perse et la Chaldée où il convertit beau-
-
1744, t. vin, col. 1108. Clerval, Les écoles de Chartres au
moyen âge, Chartres, 1895, p. 22. — Merlet et Clerval, Un
manuscrit chartrain duXIe siècle, Chartres, 1893, p. 103.
coup d'hérétiques qui lui remirent une lettre pour le A. CLERVAL.
pape dans laquelle ils déclaraient se soumettre aux 2. AGANON, chanoine de Châtillon-sur-Seine, vers
enseignements de l'Église romaine. Sa mission le début du XIe siècle. Il assista au concile d'Airy, en
plie à Rome, il vint à Barcelone, de là à Orio, accom-
1020, et y prêcha, le 17 juin, anniversaire de saint
Biscaye, où il mourut le 26 décembre 1646. Parmi en 'le
: ses
œuvres, on peut citer 1. Historia general de las Islas
occidentales à la Asia adjacentes, llamadas Filipinas.,
Vorles, le panégyrique de ce saint, devant roi Ro-
bert et les évêques, les reliques du saint étant exposées
devant l'assemblée. Il rapporte avoir été témoin de la
qui forme le t. LXXVIII de la Coleccion de documentos guérison opérée à cette occasion, par saint Vorles,
meditos para la historia de Espana, publiée
par Sainz d'un infirme nommé Gozbert.
C'est ce panégyrique qui constitue la Vie de saint dont la lectureest certaine, supprime le saint Antoin?
Vorles. Elle comprend un éloge général du saint, puis inséré là à tort par Galesinius et sépare nettement les
le récit des miracles opérés par son intercession du deux martyrs bithyniens des deux saintes antio-
temps d'Aganon et tous, sauf le premier, sous les yeux chiennes.
de l'auteur, et enfin d'excellentes exhortations morales. Actasanctorum,1668,mart. t.II, p. 31-32.—J.-B.De Rossi.
Cet écrit, intéressant pour l'histoire du diocèse de etL. Duchesne, Martyrologium hieronymianum, dansActa
Langres et pour celle du concile d'Airy, est parmi les sanctorum, novembr. t.II, p. [30].
plus judicieux, les plus solides et les mieux rédigés du S. SALAVILLE.
XIe siècle. On en connaît cinq manuscrits assez diffé- 2. AGAPE (Sainte), vierge et martyre, mise à mort.
rents dont le dernier seul, trouvé par Mabillon dans sous Dioclétien, l'an 304. D'après le récit de sa pas-

:
la Bibliothèque du président Bouhier, contient le nom
de l'auteur Homilia et libellus de miraculis B. Veroli
ab Aganone viro scholastissimo. D'abord traduite sur
sion, elle vivait à Thessalonique avec ses soeurs Chio-
nie et Irène. Les trois sœurs étaient mariées, d'après
Tillemont. Pio Franchi de' Cavalieri, qui a donné une
le manuscrit tronqué de Châtillon par le P. Étienne édition critique des actes de ces trois saintes, penche
Legrand, Histoire de Chátillon, Autun, 1651, cette à croire qu'elles étaient vierges. Le père d'Agape était
œuvre a été publiée dans Acta sanct., 1701, junii t.III, païen. Lorsque fut promulgué l'édit de la persécution
p. 382-387. (303), les trois sœurs quittèrent leur ville, leurs pa-
rents et leurs biens, et se réfugièrent sur la montagne.
Ceillier, IIist. des aut. eccl., 1757, t. xx, p. 126. — Hisf. Avant de partir, elles cachèrent un grand nombre
litt. de la France, 1746, t. VII, p. 259. — Papillon, Bibl. des d'exemplaires des livres saints pour les soustraire
aut. de Bourgogne, 1742, t. I, p. 1. — Cf. abbé Joly, Vie
desaint Vorles, curé de Marcenay, Châtillon-sur-Seine,1867. aux recherches des païens. Après quelques mois, elles
P. FOURNIER. rentrèrent à Thessalonique. On ne tarda pas à les
3. AGANON. Voir HAGANOX.
AGANTZ. Voir AGUENER.
découvrir et à les amener devant le gouverneur Dul-
citius. D'après le procès-verbal de Cassandre,
xiâptoç (stationnaire, officier du guet), elles étaient
P t-
accusées d'avoir refusé les viandes immolées aux
AGAPE. Voir AGAPIOS, AGAPIUS. idoles. L'acte d'accusation mentionne avec les trois
sœurs, trois autres femmes, Cassia, Philippa, Euty-
1. AGAPE (Sainte), vierge et martyre àAntioche,
mentionnée dans les martyrologes le 10 ou le 11 mars
sous les formes Agapa, Agape, Agapis, Agapita, Agatha,
avec sainte Mariana ou Marine. Acta sanctorum,
giquement :
chia et un homme, Agathon. Dulcitius essaya de pous-
ser Agape à l'apostasie. Mais celle-ci répondit éner-
« Je crois au Dieu vivant, et je ne veux
pas souiller ma conscience, et perdre mes mérites de-
1668, mart. t. ix, p. 31; J.-B. DeRossietL.Duchesne,
Martyrologium hieronymianum, dans Acta sancto-
rum, novembr. t. II, [p. 30]. La mention de cette
:
vant Dieu. » Pressée par le même à se soumettre aux
édits impériaux, elle refusa en disant «Je ne puis pas
devenir l'esclave de Satan. Je ne me laisserai pas sé-
sainte vient, dans les martyrologes, après celle des duire. Je suis inébranlable dans ma foi. » Ne pouvant
saints Gorgonius et Firmus, martyrs à Nicée en Bi- vaincre sa constance, Dulcitius la condamna à être-
thynie. Galesinius, ayant lu à la suite de ces noms brûlée vive avec sa sœur Chionie. Quelques martyro-
Antonii au lieu d'Antiochiæ, réunit Antoine et Agape loges célèbrent ses mémoires le 1er avril; d'autres le 3.
aux saints bithyniens : Niccææ in Bithynia bealorum Chez les Grecs, on la fête le 16 avril.
martyrum Gorgonii, Firmi, Antonii et Agcipte vir- Le récit grec de la passionde sainte Agape et de ses sœurs
ginis. Acta sanctorum, mart. t. II, loc. cit. Un faus- avait été traduit en latin au XVIe siècle, par le cardinal
saire espagnol, tablant sur cette première erreur, Sirlet, qui l'avait puisé dans un manuscrit de l'abbaye
n'hésita pas à imaginer la venue en Espagne de ces de Grottaferrata. Cette version a été publiée par Surius,

:
quatre saints pour y être martyrisés sous la persé-
cution de Dèce In AsturibusHispaniæ, urbe Brito-
nia, sanctorum martyrum Gorgonii, Firmi, Antonii et
Cf. Historiæ seu vitæ sanctorum, Turin, 1875, t. IV, p. 128-
132. Baronius la reproduisit dans ses Annales ecclesia-
stici, ad ann. 304, n. 41, Lucques, 1738, t. III, p. 387-389.
A son avis cette pièce est authentique.Bolland lui préféra
Agapis virginis, natorum in Nicæa Bilhyniæ, casu ad un texte interpolé,d'après lequel le martyre des trois sœur
Hispaniam delatorum in persecutione crudelissimiDe- eut lieu à Aquilée et serait en relation avec le martyre de
cii, qui decimo martii per varios et terribiles cruciatus sainte Anastasie et de saint Chrysogone, mentionnés dans
palmam martyrii tandem consecuti sunt. Fragmenta le martyrologe basilien le 22 décembre. Albani, Meno-
sive Adversaria sub nomine Luitprandi sive Eutrandi, logium Grœcorum, Urbin, 1727, t. II, p. 52; t. III, p. 41-42.
cités dans Acta sanctorum, loc. cit. Cette fable, sous — Ruinart, Acta primorum martyrum sincera et selecta,
une rédaction à peine retouchée, a été insérée par
Tamayus Salazar dans le martyrologe espagnol Bri-
toniæ, in AsturibusHispaniæ, sancti Gorgonius, Fir-
: Paris, 1682, p. 419-425. — Tillemont, Mémoires pour servir
à l'histoire ecclésiastique, t. v, p. 240-244. — P. Allard,
La persécution de Dioclétien et le triomphe de l'Église,
Paris, 1900, p. 284-287. — Knopf, Ausgewählte Marly-
reracten, Tubingue,1901,p.,91-97.— Leclercq, Les martyrs ;
mus: Antonius et Agapis virgo, qui ex Nicæa Bithyniæ Le iue siècle, Paris, 1903, t. II, p. 223-229. — Harnack, Die
illo delati in persecutione Decii imperatoris pro Christi
gloria martyrio coroncintur. Cité dans Acta sanctorum, Chronologie der altchristlichen Litteratur, Leipzig, 1904, t. n,

donné à la légende la variante suivante Nœglæ in:


loc. cit., p. 32. Un autre auteur espagnol, Higuera, a

Bœtica, ut aliquorum est opinio, Nœgæ Usecæ in Astu-


p. 475. Tous ces auteurs reconnaissent l'authenticité du
texte traduit par le cardinal Sirlet. Le manuscrit de Grot-
taferrata se trouve aujourd'hui à laVaticane, Cod. Vat.,
1660. Cf. Catalogus codicum hagiographicorum grœcorum
ribus, corpora ex Nicææ Bithyniæ delata sanctorum Bibliothecæ Vaticanœ, Bruxelles, 1899, p. 153. Pio Franchi
martyrum Gorgonii, Firmi, Antonii et Agapes virginis de' Cavalieri a publié letexte grec de ces actes dans Nuove
in pace quiescunt. Ibid. Acceptant cette dernière note agiografiche, Rome, 1902, p. 3-19. A son avis, les actes
donnée de la translation des corps des quatre martyrs résultentde trois procès-verbaux, cousus ensemble par un
hagiographe postérieur, qui y a ajouté un prologue et une
prétendus bithyniens en Espagne, Arthur du Moustier conclusion, Cf. Analecla bollandiana, 1903, t. XXII, p. 487.
(cité dans Acta sanctorum, ibid.) fixe, sans autres don-
— Delehaye, Synaxarium Ecclesiæ Constantinopolitanæ
nées, à l'an 253 la date de leur martyre. — Tout ce Bruxelles, 1902, col. 605-606.
qu'on peut conclure d'un examen critique des mar- A. PALMIERI.
tyrologes, c'est que les saints Gorgonius et Firmus sont 3. AGAPE (Sainte), vierge et martyre, dont le nom
morts pour la foi à Nicée, sainte Agape et sainte Ma- est mentionné dans le martyrologeromain le 15 fé-
riana ou Marine à Antioche. Ce dernier nom de lieu, vrier. Saint Valentin, troisième évêque de Terni, l'en-
gagea à renoncer à ses biens, et à consacrer sa vie à Morcelli, Comento sull' iscrizion sepolcrale della santa
Dieu. Accusée d'être chrétienne durant la persécu- martire Agape, il cui sacro corpo per dono del Beatissimo
tion de l'empereur Aurélien, elle fut amenée devant P. N. Pio VI, si possiede dall' insigne collegiala di Chiari,
in-8°, Brescia, 1796, réimprimé dans Memorie direligione,
Léonce, préfet de la ville, qui la condamna à avoir la morale e lettere, Modène, 1824, t. VI, p. 3-35; Omelia detta a
tête tranchée. Sa mort, d'après Jacobilli, aurait eu Chiari nella solenne traslazione della santa martire Agape e
lieu le 15 février de l'an 273. Son corps fut enterré près illustrata con alcune note in occasione della prima festa del
de Terni, dans la localité connue sous le nom d'Inter suo martirio, Brescia, in-8°, 1796, réimprimée ibid., p. 37-
turres. L'an 550, saint Anastase, évêque de cette ville, 59, et dans Saggi di sacra eloquenza, in-8°, Milan, 1842;
érigea une église en son honneur, et confia ses reliques Sacro triduo in onore della gloriosa martire sant' Agape, in-8°,
à un monastère de bénédictines. L'an 1174, l'église Brescia, 1797, réimprimé dans Opuscoli ascetici, Brescia,
étant tombée en ruines, la tête de la sainte fut envoyée t.
1823, II; Ottavario di divozioneper l'anniversaria solennità
del glorioso martirio disanta Agape, s. 1. nid., réimprimé
à la basilique des Saints-Apôtres à Rome. Sainte Agape également dans Opuscoli ascetici, t. II. — Agapea, sive dies
est la protectrice de la ville et du diocèse de Terni. festi Agapes martyris apud Clarenses, in-8°, Brescia, 1815.
—Backer, Bibliothèque de la Compagniede Jésus, Bibliogra-
Ferrari, Catalogus sanctorum Italiæ, Milan, 1613, p. 102.
- Acta sanctorum, febr. t. II, p. 823.—Jacobilli, Vite dei
santi e beati dell' Umbria,Foligno,1647, t. I, p. 254-256.—
phie, 1872, t. II, col. 1373-1374,1894; t. V, col. 1294.
J. FRAIKIN.
Vollständiges Heiligen-Lexicon,Augsbourg, 1857, t. I,p.65. AGAPE. Les peuples anciens, héritiers de traditions
A. PALMIERI. et de croyances dont ils ne démêlaient plus l'origine,
4. AGAPE (Sainte), vierge et martyre, nommée au ne doutaient pas que la vie terrestre de l'homme ne fût
8 août dans les martyrologes hiéronymiens comme le prélude d'une seconde existence. La mort et une
compagne des saints martyrs de Nicomédie Nazaire, série d'épreuves posthumes plus ou moins pénibles et
Julienne, Euticien, Corinthion, Diomède et Métro- compliquées l'y introduisaient. Tandis que les Aryas
dore. On ne connaît aucun détail sur le martyre et en- de l'Orient adoptaient la doctrine des migrations de
core moins sur la vie de ces saints. C'est à tort qu'on l'âme, les populations hellènes et italiotes admettaient
mentionne une sainteAgape honorée le 8 août à Trèves, une vie d'outre-tombe au cours de laquelle l'union de
une sainte de ce nom ne se rencontre ni dans l'Ordo l'âme et du corps se continuait indissoluble, quoique
actuel du diocèse, ni dans le Propre du bréviaire de légèrement modifiée. Les rites et les formules funèbres
1685, ni dans les calendriers diocésains du XIe au exprimaient cette conviction. Tandis qu'on souhaite
XIIIe siècle. Il y a probablement confusion avec sainte au défunt la part de félicité compatible avec sa vie
Agape, vierge et martyre, honorée à Terni (en Italie), amoindrie, on lui prodigue les instruments jugés indis-
le 15 février. Voir l'article précédent. pensables à sa nouvelle situation et, outre le mobilier
G. Allmang. funéraire dont on le pourvoit, les survivants prennent
5. AGAPE, dame espagnole, instruite, en même soin de lui servir des repas; en effet, à des époques fixes
temps qu'Helpidius, par un certain Marcus de Mem- on répand du vin sur la tombe en même temps qu'on
phis. Sulpice Sévère, Chronic., XX, XLVI, P. L., t. XX, y dépose ou même qu'on y introduit des aliments.
col. 155. C'est d'elle et d'Helpidius que Priscillien L'accomplissement de ces rites importait aux morts
aurait reçu les rudiments de sa doctrine. Saint Jérôme
l'a, sans doute, en vue quand il parle des « gnos-
tiques trompant de nobles dames d'Espagne, mêlant
;
qui poursuivaient pacifiquement dans le tombeau leur
vie mystérieuse il n'importait pas moins aux vivants
qui évitaient les réprésailles des âmes délaissées et
le plaisir avec les fables et réclamant pour leur folie errantes de par le monde, aussi la famille du défunt
le nom de science. » Comment. in Isaiam, LXIV, 4, s'imposait-elle de fournir au membre disparu un repas
P. L., t. XXIV, col. 623. destiné à lui seul, c'est ce qu'on appelait manium jura.
Diction. of christian biography, Londres, 1877,t. I, p. 57. Et ce repas funèbre n'était pas une simple commémo-
U. ROUZIÈS. ration. La nourriture que la famille apportait était
6. AGAPE (Sainte). Née en 374, dans la religion réellement pour le mort, exclusivement pour lui. Ce
chrétienne, sous le pontificat de saint Damase et le qui le prouve, c'est que le lait et le vin étaient répandus
règne de Valentinien et de Valens, elle se maria en 396 sur la terre du tombeau; qu'un trou était creusé pour
et aurait été martyrisée à Rome, en 400, et ensevelie faire parvenir les aliments solides jusqu'au mort; que,
dans le cimetière de Saint-Calixte, où son corps fut re- si l'on immolait une victime, toutes les chairs en
trouvé en 1795 et, après avoir été exposé, à Rome, à la étaient brûlées pour qu'aucun vivant n'en eût sa part;
vénération des fidèles et y avoir opéré plusieurs mi- que l'on prononçait certaines formules consacrées pour
racles, fut, sur la demande du clergé de Chiari, donné convier le mort à manger et à boire; que, si la famille,
par Pie VI à la collégiale de cette ville. Morcelli, alors entière assistait à ce repas, encore ne touchait-elle pas
prévôt de cette église, a célébré cette sainte dans plu- aux mets, qu'enfin en se retirant, on avait grand soin
sieurs opuscules, où il ne fait guère que commenter de laisser un peu de lait et quelques gâteaux dans des
plus ou moins heureusement l'inscription qu'on lisait vases, et qu'il y avait une grande impiété à ce qu'un
sur son loculus dans la catacombe : vivant touchât à cette petite provision destinée aux
besoins du mort.
AGAPENIBENEMERENTI Le repas funèbre était une solennité dont on re-
QVAE VIXIT ANNIS 1111 trouve la trace et, en quelque manière, le rituel, dans
FECIT FRATER DOLENS les caveaux étrusques ornés de peintures, sur les ins-
DEPOSITA XII. KAL. IVNIAS AGAPE IN P. criptions de Beni-Hassan et les fresques de l'Égypte.
Parmi les peuples riverains de la Méditerranée, il
Étant donnés ces derniers mots, nous ne compre- semble qu'il n'en soit aucun qui n'ait célébré le ban-
nons pas pourquoi il prétend qu'elle mourut le 5 août quet funèbre et chez qui on n'en retrouve la significa-
et fut enterrée le lendemain. Comento., p. 34. Quant tion primitive plus ou moins altérée. La Crète, la
au titre de martyre qui lui fut donné alors, il n'est Grèce, Carthage, l'Égypte, l'Asie-Mineure s'accordent
fondé que sur ce fait qu'on trouva à côté de son corps à reproduire les traits essentiels d'une institution pri-
une fiole renfermant du sang; or, on sait que la valeur mordiale consistant dans la célébration d'un rite funé-
de ce fait comme indice général du martyre est au- raire au tombeau d'un défunt. A l'origine, ce rite se
jourd'hui très contesté. On ne voit guère, d'ailleurs, compose d'un repas servi au mort, mais par suite de
comment une chrétienne aurait pu être martyrisée à l'évolution lente des coutumes, cette réunion familiale
Rome sous le règne d'Honorius Ier. perd quelque chose de sa sobriété et se transforme en
un copieux repas auquel prennent part les invités à la prend que la fraction du pain était accompagnée d'un
commémoraison du mort; parfois même ce banquet repas et de louanges adressées à Dieu. L'imprécision
dégénère de sa signification au point de se confondre
avec les repas liturgiques célébrés en l'honneur des
dieux. Les Juifs eux-mêmes, malgré leur goût pour
des détails ne laisse pas de montrer une réunion
offrant tous les caractères du souper pascal repas,
communion (eucharistique), louanges divines. Dans
:
la 1re épître aux Corinthiens nous lisons, vers l'an 58,
l'isolement et leur hostilité pour les usages de la genti-
d'utiles détails sur une de ces réunions. Il y est ques-
lité, n'avaient pas laissé d'admettre le repas funéraire.
C'est ce qui n'est guère douteux quand nous voyons tion de la fraction du pain sans aucune allusion au
David retarder jusqu'après le coucher du soleil le ban-
souper. Celui-ci avait-il lieu néanmoins? c'est ce qu'il
n'est pas possible de dire, mais il faut noter que, dès
quet qui suit les funérailles d'Abner, et surtout quand
nous lisons dans Jérémie la description, parmi les lors, la réunion a lieu le soir, ce qui la rapproche du
témoignages de respect accordés au mort, de la frac- souper eucharistique de la dernière cène; en outre, à
tion du pain accomplie avec celui qui pleure le défunt.
cette date, on a rompu avec la coutume judaïque de
Aux amis incombait le soin de ce repas pour lequel on réserver les assemblées au jour du sabbat. Le texte de
apportait des mets recherchés et des vins choisis. saint Paul nous apprend que ces assemblées n'allaient
Dès que nous pénétrons dans la société chrétiennepas sans désordres, mais cette circonstance importe
nous rencontrons un récit circonstancié du souper moins que les indications générales qu'on peut tirer,
pascal célébré par Jésus la veille de sa mort. Ce souper
comporte quelques modifications au rituel primitif de
:
à savoir 1° faculté pour tous de manger avant de se
rendre à l'assemblée; 2° obligation pour tous,lorsqu'ils
s'assemblent, de se trouver dans la condition requise
la Pâque, il a lieu le soir et les convives, au lieu d'être
à la célébration de la cœna du Seigneur; 3° condition
debout, sont couchés. Vers la fin du repas, le président
qui consiste à attendre, pour manger son souper,
introduit un épisode nouveau qu'il adapte au rit de la
quatrième coupe et prescritàl'assemblée
- l'arrivée du reste des membres de la communauté;
de renouveler
-
4° d'où l'impossibilité pour ceux-ci, si la condition
ce qui vient de se passer lorsqu'il ne sera plus au milieu
d'elle; on chante l'hymne et on quitte la salle. Tellen'est pas observée, de prendre part à la cœna puis-
qu'ils n'ont rien à manger; 5° concession faite aux
est, réduit à ses éléments constitutifs, le type du repas
que les assistants auront à reproduire dans leurs réu-affamés de prendre un acompte avant de sortir de chez
eux. En conséquence, l'assemblée chrétienne rede-
nions. De quel repas s'agit-il? Est-ce du souper pascal
viendra la cène du Seigneur lorsque chacun apportant
ou du rite introduit à l'occasion de la quatrième coupe,
son souper, le mangera après que tous seront réunis et
rite qui consiste dans la bénédiction du vin et la con-
:
sécration du pain? Remarquons les paroles de Jésus que personne ne sera privé de nourriture. Il s'agit donc
bien ici d'un souper qui dans la pensée de Celui qui a
présentant la coupe « Toutes les fois que vous la boi-
institué ces réunions doit être la commémoraison
rez, faites ceci en mémoire de moi. » S'il s'agissait de la
funèbre du fondateur, « car, disait-il, toutes les fois
coupe pascale, il est évident que par les termes mêmes
que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice,
de son institution, la célébration de l'eucharistieserait
vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il
réduite à n'être célébrée qu'une fois l'année; or, nous
vienne. » Jésus a donc fait choix du mode employé très
savons par les premiers chapitres du livre des Actes des
généralement de son temps, nous l'avons vu, le ban-
apôtres que la fraction du pain se célébrait très fré-
;
quemment, peut-être quotidiennement, dès les jours
-
que moins de deux mois après l'institution et en un
quet funéraire, pour grouper ceux qui sont demeurés
fidèles à Celui qui n'est plus au milieu d'eux. Nous
qui suivirent la Pentecôte et il paraît difficile de croire
aurions donc ici une forte raison de voir, sans écarter
temps où les paroles en étaient si bien connues — on l'idée de la Pâque dans les réunions décrites, un véri-
table banquet funèbre composé d'un repas frugal et
s'en fût si ouvertement écarté. Il n'a donc pu s'agir de
profane et d'unrepas sacré, véritable but de la réunion.
réitérer l'eucharistie, en tant que repas pascal, avec une
tellefréquence;d'ailleurs,en dehors du jour qui lui étaitCette assemblée funéraire n'avait cependant rien de
attribué, le souper pascal était entièrement dépourvusombre ou de mélancolique. La commémoraison célé-
de signification et la manducation de l'agneau, du brée rapprochait le souvenir de la résurrection de celui
charoseth et des herbes amères eût été quelque chose de la passion. L'assemblée chrétienne se tenait le soir
d'analogue tout au plus à une « messe blanche ». Nul et se prolongeait fort avant dans la nuit, le souper, la
prédication, la prière, la fraction du pain demandaient
indice d'ailleurs n'autorise à supposer qu'un Juif se fût
permis de reproduire dans le courant de l'année les de longues heures, commencée le samedi, alors que les
souvenirs se reportaient sur le sabbat qui suivit la
rites du souper pascal, à plus forte raison est-il dou-
teux qu'on eût rencontré parmi des milliers de con- mort de Jésus, la cérémonie s'achevait le dimanche, à
l'aurore, au jour et à l'heure qu'avait glorifiés la résur-
vertis dans les maisons desquels on célébrait l'eucha-
rection du Christ et, cette fois encore, le rapproche-
ristie, assez d'indépendance d'esprit pour se prêter à
ment s'imposait. Le banquet funéraire eucharistique
--.
une cérémonie si étrangement novatrice et contraire
aux idées reçues.
bi donc le renouvellement
--
annonçait donc bien « la mort du Sauveur jusqu'à ce
qu'il vienne. » La pensée de Jésus avait été bien com-
quotidien ou simplement
fréquent du souper pascal doit être écarté, il faut prise.
admettre que l'insertion eucharistique en a été dis- Si nous étions réduits aux seuls textes chrétiens, il
serait malaisé d'entrevoir la physionomie de ces réu-
jointe. Mais comme, d'autre part, l'ancien rituel pascal
offre une progression euchologique dont on retrouve nions qui, de très bonne heure, semblent désignées
spécifiquement sous le nom d'agapes, iv ZOLUàyànotiç
le dessin dans le type liturgique clémentin, il y a lieu de
d'un mot grec qui voulait dire « affection ». Heureu-
noter dans cette coïncidenceune indicationtrop impor-
sement l'usage de ces repas de corps était très répandu
tante pour être négligée et qui nous autorise à admettre
dans le monde antique au début de notre ère et nous
que les réminiscences du souper pascal ont inspiré les
pouvons, ep réunissant ce que nous savons de ces
formules qui précèdent et préparent la célébration de
repas dans les sociétés profanes, nous faire une idée ici
l'eucharistie dans le type le plus antique qui nous soit de
ce qu'ils étaient chez les chrétiens. Ce n'est pas
parvenu de ces formules. Ce rituel juif primitif se sera
plus ou moins rapidement chargé d'additions dont simple conjecture et reconstruction imaginaire,
puisque des renseignements positifs contenus dans les
nous n'avons pas à étudier ici l'origine et les phases
successives. écrits de Tertullien, de Minucius Félix et d'autres
Un texte du livre des Actes des apôtres nous ap- anciens auteurs s'appliquent si exactement à ces
assemblées païennes qu'il est permis de croire qu'ils partie dans la célébration bruyante et même scanda-
sont des emprunts faits à ces organisations et adaptés leuse. L'abus sortait régulièrement de l'usage. C'est
sans modification aux réunions des fidèles. Ceci n'est principalement en Afrique que nous trouvons les indi-
pas pour surprendre si on veut bien se rappeler que cations les plus circonstanciées sur l'agape au IVe siècle.
parmi ceux qui prenaient part à l'agape, il n'était La célébration du culte des martyrs y était devenue
presque personne qui n'eût fait partie des associations l'occasion de désordres si grossiers que les femmes
païennes similaires, éranes ou thiases, dont chaque honnêtes hésitaient à se rendre aux offices et les païens
ville ou peu s'en faut, était pourvue. Ce qui se passait
dans les collegia corrects nous donne une idée de ce
que devait être l'agape dans une communauté fer-
:
en tiraient, contre ceux qui les pressaient de se con-
vertir, cette objection « Pourquoi abandonner Jupiter
pour se prosterner devant un Mygdon ou un Nam-
vente. Nous ne pouvons songer à discuter ici la ques- phamo? » disait Maxime de Madaure et le manichéen
tion de savoir si les collèges chrétienspoussèrent à fond
la ressemblance en s'érigeant eux aussi en collèges
:
Faustus ajoutait «Vos idoles, à vous chrétiens, ce sont
ces martyrs, vous leur rendez un culte semblable.
funéraires sous prétexte de procurer la sépulture à leurs C'est aussi par du vin et des viandes que vous apaisez
associés. Ce point est pour nous plus que probable; les ombres des morts. » C'était, d'un mot, rattacher
quoi qu'il en soit,l'agape ne cessait plus d'être célébrée l'agape dégénérée à l'antique coutume du banquet
dans les locaux servant à la réunion des membres du funèbre. Au reste, les contemporains ne faisaient pajs
collège et elle devenait dès lors le puissant véhicule qui difficulté de le reconnaître.
aida et soutint dans une large mesure l'essor du chris- A partir du IVe siècle, la déchéance s'accélère et se
tianisme naissant. généralise malgré de louables efforts pour revenir à la
Au 11e siècle, nous trouvons mention de l'agape dans pureté de l'institution primitive. Les conciles essaient
la lettre de saint Ignace à la communauté de Smyrne des règlements, les évêques gémissent, mais dès le
et peut-être dans d'autres textes moins clairs qu'on Ve siècle l'agape est rapidement délaissée et a d'ail-
ne peut songer à invoquer sans se livrer à une longue leurs perdu sa signification. Au cours des vicissitudes
discussion préalable. A partir de cette époque s'ouvre subies par l'institution il faut se bien garder de vouloir
la longue et précieuse série des témoignages archéolo- établir une discipline universelle. Tantôt sur un point,
giques, commençant par la célèbre fresque Fractio tantôt sur un autre nous constatons que les commu-
panis de la Cappella greca au cimetière de Sainte-Pris- nautés chrétiennes célèbrent l'agape, il ne s'ensuit pas
cille. En même temps débute, avec Tertullien, la lit- que partout on l'ait adoptée et moins encore qu'on ait
térature chrétienne et elle nous apporte d'inéluctables fait usage là où on la rencontre d'un rituel unique et
témoignages de l'existence de l'agape. Grâce à Tertul- immuable. C'est par l'effet d'une fausse perspective
:
lien nous pouvons reconstituer le rituel de l'agape dans
l'Église d'Afrique, au 11e siècle 1. Prière préliminaire,
une sorte de benedicite. — 2. Les convives prennent
historique qu'on prétend appliquer au plus lointain
passé cette uniformité qui ne s'est établie que beau-
coup plus tard.
place sur des lits. — 3. Repas pendant lequel on s'en-
4. 5.
tretient de chosespieuses.— Lavabo. — On éclaire P. Batiffol, Éludes d'histoire et de théologie positive, Paris,
1902, p. 277-311. — A. Duguet,Des anciennes agapes, Paris,
la salle. — 6. Chant de psaumes ou d'hymnes impro- 1745. — F.-X. Funk, L'agape, dans la Revue d'hist. ecclés.,
visés. — 7. Prière finale. — 8. Départ. Rien ne nous
indique l'heure de l'agape, mais il est à peine douteux
qu'elle se fasse à la tombée du jour puisqu'on apporte
in the early Church, Londres, 1901. -
15 janv. 1903. — J. Keating, TheAgape and theEucharist
P. Ladeuze, dans la
Revue biblique, 1904, p. 78-81. — H. Leclercq, Agape,
les flambeaux au moment où on l'achève et que les dans le Dictionn. d'archéol. chrét. et de liturgie, 1903,t.1,
confrères, en se retirant, évitent ce genre de désordres col. 775-848.
qui règnent dans les grandes villes comme Carthage, H. LECLERCQ.
principalement la nuit. A leur tour, les textes discipli- AGAPÈNE (Saint), martyr, fêté le 12 octobre
naires viennent nous parler de l'agape et lui donnent dans le diocèse de Catane (Sicile). On n'a sur lui au-
les mêmes caractères que nous avons signalés d'après cun renseignement.
les autres documents. Les convives pourront manger Acta sanct., 1853, octobr. t. VI, Auclarium, p. 3.
et boire suivant les besoins de chacun, l'évêque prési- U. ROUZIÈS.
dera et la cérémonie qui se célèbre à la tombée du jour I. AGAPET ou AGAPIT (Saint), prétendu évêque
aura son cadre approprié de prières et de chants. de Salone au ine siècle. Certains catalogues épiscopaux
Non seulement l'existence des collèges chrétiens de Salone mentionnent un Agapitus; ils le placent
célébrant l'agape nous est connue, mais le local de d'ordinaire assez bas dans la série; un seul exemplaire
leurs assemblées a été retrouvé. A Rome, à l'entrée du transporte ce nom, avec plusieurs autres, vers le com-
cimetière souterrain de Domitille, on a pu déblayer et mencement de la liste, à l'époque des persécutions.
reconstituer la schola sodalium christianorum au La date d'Agapit serait donc fort incertaine, mais le
Ille siècle, offrant encore quelques vestiges de l'instal- nom lui-même est loin d'être attesté, d'autres cata-
lation primitive, tels que puits, banquettes. Puis ce logues ne le renfermant pas. Aussi bien ces listes épis-
seront des tables d'agapes, des calices brisés, des copales de Salone, tardivement rédigées, méritent-
fresques, autant de témoins qui viennent tous corro- elles peu de confiance et il ne faudrait faire état de la
borer ce que les textes nous apprennent.
Cependant l'institution primitive ne laisse pas
d'évoluer. Dès la fin du i" siècle un intime rappro-

;
chement tendait à s'opérer entre la commémoraison
du Christ et celle des martyrs l'autel du sacrifice
comment :
mention d'Agapit que si elle était confirmée par ail-
leurs. On a pu penser un moment qu'elle l'était. Voici
il existe dans la littérature hagiographique
légendairedeux Passions assez curieuses par la parenté
étroite qui les unit, dont l'une a pour héros un Agapit,
eucharistique leur devenait commun désormais. Cette saint Agapit de Préneste (voir col. 901) tandis que
conception se précise et s'affirme de plus en plus et l'autre célèbre le martyre de saint Venant de Camerino.
entraîne une extension toujours grandissante du ban- Une simple lecture suffit à montrer que ces deux ré-
quet funéraire, mais, contrairement à ce qui se produit cits n'ont aucune valeur historique. Mais les ressem-
pour la plupart des institutions, celle de l'agape ne blances qui existent entre eux sont telles qu'on doi
semble pas avoir eu ses périodes alternatives de fer- affirmer ou la dépendancede l'un par rapport à l'autre,
veur, de décadence et de renouvellement. Dès la pre- ou leur dérivation d'une source commune. Comme la
mière heure et pendant toute la durée de son existence, Passion de Venant, qui est certainement postérieure,
la célébration recueillie de l'agape.présente est bien mieux composée et qu'on ne peut supposer que
sa contre-
son auteur se soit contenté de démarquercelle d'Agapit, dans quelque autre ouvrage perdu. Mais cette mention
car l'hagiographe capable de cette besogne n'aurait se rencontre dans l'histoire ecclésiastique de Philos-
pas eu besoin de s'emparer de l'œuvre d'autrui pour torge, dont Photius nous a conservé un résumé. On
rapporter l'histoire de son patron, c'est l'hypothèse de sait que Philostorge était eunomien, et que son his-
la source commune qui s'impose. Et c'est ici qu'on a toire, écrite dans l'intérêt évident du parti arien, n'est,
cru trouver la démonstration de l'existence de saint selon la remarque de Photius, qu'un éloge des héré-
Agapit de Salone; l'historien dalmate Farlati, auteur tiques, une diatribe et un blâme continu à l'adresse
de l'Illyricum sacrum, est arrivé par une suite de con- des orthodoxes. Photii Bibliotheca, codex XL, Berlin,
sidérations assez spécieuses à conclure qu'il a existé 1824, p. 8. Cf. P. G., t. LXV, col. 460. On s'explique dès
primitivement une Passion d'un saint Agapet de Sa- lors qu'il ait voulu faire du thaumaturge Agapet un
lone, martyr sous Aurélien, lequel aurait été ensuite confrère en arianisme. Faut-il, avec Photius, P. G.,
confondu avec son homonyme de Préneste; et c'est loc. cit., col. 472, et Tillemont, Mémoires pour servir
cette pièce qui, par une double transformation, aurait à l'histoire ecclésiastique, Paris, 1698, t. v, p. 109, 632,
produit les Actes de saint Agapit de Préneste et admettre comme un fait et sans autre preuve cette
ceux de saint Venant de Camerino. Mais les arguments confraternité? Une telle conclusion, loin de s'imposer,
que Farlati avait présentés en faveur de son opinion nous paraît plutôt devoir être écartée par le caractère
ont été depuis lors reconnus sans portée. On s'était bien tendancieux de l'ouvrage de Philostorge et par le culte
figuré, il y a quelques années, avoir retrouvé le tom- officiel dont l'évêque de Synnades est depuis long-
beau d'Agapit dans un des cimetières suburbains de temps en possession, quoi qu'en dise Tillemont, op.
;
Salone explorés par le directeur du Musée de Spalato,
Mgr Bulié mais la série de monuments funéraires dont
fait partie celui qu'on attribuait, sans aucune raison
cit., p. 632. Ces observations faites, voici la notice

:
d'Agapet dans Philostorge, Ecclesiasticæ historiæ,
II, vin, telle que la résume Photius « [Philostorge
:
positive, à Agapit est, à n'en pas douter, postérieure
aux persécutions un nombre suffisant d'inscriptions
en fait foi, et Mgr Bulié a été des premiers à rejeter les
conclusions qu'on voulait tirer d'une découverte ar-
parle] d'Agapet, son cohérétique, qui de soldat fut
fait prêtre par ceux de son parti, puis évêque de Syn-
nades. Au sujet de ce personnage, il raconte beaucoup
de prodiges, rcoXXà 't'E?Ot'roloywv, qu'il ressuscitait des
chéologique qui ne les autorisait pas. Quant aux élé- morts, chassait et écartait toutes sortes de maladies,
ments dalmates que Farlati avait discernés dans les qu'il accomplissait bien d'autres œuvres extraordi-
Actes de saint Agapit de Préneste et de saint Venant de naires et qu'il amena beaucoup de gentils à se con-
Camerino, ils y sont indubitablement contenus, mais vertir au christianisme. » P. G., loc. cit., col. 472.
leur provenance n'estpas telle qu'ill'imaginait. Ils pro- Les synaxaires ne font guère qu'amplifier ce cane-
viennent de la Passion d'un autre martyr salonitain, vas, et de ces amplifications l'on ne saurait exacte-
bien authentique celui-là, saint Venance. Il ne sub- ment définir la valeur. Originaire de Cappadoce et fils
siste donc à l'heure actuelle aucun motif sérieux d'ad- de parents chrétiens, Agapet serait entré de bonne
mettre la réalité historique d'un évêque de Salone por- heure dans un monastère où sa vertu lui valut de re-
tant le nom d'Agapit. cevoir de Dieu le don des miracles. Licinius l'aurait
Farlati, Illyricum sacrum, Venise,1780,t.1,
p. 607-633.—
Jelié,Anastasius Cornicularius,dansFestschrift zum einhun-
enrôlé de force dans l'armée, à cause de sa robuste
constitution. Après le martyre des saints Victorin,
dertjährigen Jubiläum des deutschen Campo Santo in Rom; Dorothée, Théodule et Agrippa, Agapet aurait reçu
S. Anastasio Fullone et S.Anastasio Corniculario,dans Bul- lui-même un coup de javelot. Ayant guéri dans le
lettino di archeologia e storia dalmata, 1898, t. XXI, p. 85 sq. palais impérial une personne de l'entourage de Cons-
L'auteur de ces deux travaux, qui concernent un autre saint tantin, le saint demanda et obtint, continue le synaxa-
;
salonitain jouant un rôle dans la légendede Préneste, s'est
fait le défenseur des idées de Farlati mais il ne semble pas
avoir persisté dans sa manière de voir et son second article
riste, de quitter la vie militaire pour retourner au
calme monastique. Mais l'évêque de Synaos ou Sinaos
est resté inachevé. — F. Bulié, SS. Anastasio e Doimo, dans en Phrygie l'ordonna prêtre; et, ce prélat étant venu
Bullettino di archeologia e storia dalmata, ibid.,p. 113 sq.— à mourir peu après, Agapet lui succéda. Il expira
H. Delehaye, Saint Anastase, martyr de Salone, dans Ana- plein de jours, non sans avoir manifesté de la manière
lecta bollandiana, 1897, t. XVI, p. 488-500. C'est là qu'on la plus éclatante le don de miracles et de prophétie.
trouve la réfutation décisive du système de Farlati. — Delehaye, op. (t loc. cit.; Doukakis, op. et loc. cit.
J. Zeiller, Les origines chrétiennes dans la province romaine Synaos est un évêché de Phrygie différent de Synnades.
de Dalmatie, Paris, 1906, p. 56-82. J'ai reproduit dans ce
ch pitre les arguments du P. Delehaye, et je n'ai fait que les Le Quien, Oriens christianus, t. i, col. 813, 827. La
résumer à nouveau dans l'article ci-dessus. ressemblance des deux noms peut expliquer la confu-
J. ZEILLER. sion. Quant à l'époque où vécut Agapet, les données
2. AGAPET (Saint), 'A YCX7rr¡,roç,évêque de Synnades, des synaxaires semblent bien concorder avec celles de
en Phrygie, au début du IVe siècle; signalé comme con- Philostorge. Celui-ci intercale la notice d'Agapet entre
fesseur et thaumaturge, au 18 février ou au 24 mars, le bannissement d'Eustathe d'Antioche (331) et l'a-
chèvement de Constantinople qu'il place en la 28e an-
dans les synaxaires et les martyrologes.. Delehaye,
Propylæum ad acta sanctorum novembris, col. 473-474
Doukakis, Méya? VviXçcxpa't'ç, février, p. 299-301;
; née du règne de Constantin, c'est-à-dire en 334. P. G.,
t. LXV, col. 472. En 1909,A. Papadopoulos-Kéramens
Acta sanctorum, mart. t.III, p. 478-479. Suidas a con-

:
sacré à ce personnage la notice suivante, qu'il dit em-
:
prunter à Eusèbe Agapet, évêque de Synnades, dont
Eusèbe Pamphile fait grand éloge il mentionne ses
a édité, d'après le codex 376
ULXXX/V de la biblio-

thèque synodale de Moscou, la vie d'Agapet ~Bto;


~xat KdXtTElaToOgtiov mxrpo;
:
r¡!I.WV AyOt'lt''Ij"';ou èiriffxo-
miracles extraordinaires, déplacements de fleuves et 7rou SuvaoO, dans Varia Græca sacra, Sbornik greces-
de montagnes,résurrections de morts, et raconte que, kikh neizdannykh bogoslovskikh tekstovIV-XVviekev,
pendant qu'Agapet était soldat, Maximin voulut le Saint-Pétersbourg, 1909, p. 114-129; et d'après le
mettre à mort comme chrétien, en apprenant l'exces- (
codex 294 £77^777) de la même bibliothèque, l'aco-
sive admiration dont ses actions étaient l'objet auprès CLXXXIl'
d'un grand nombre.Suidæ Lexicon, édit. G. Bern-
hardy, 1853, t. 1, col. 44.
Nous ne trouvons point dans Eusèbe cette mention
graphe :
louthie en l'honneur du saint par Joseph l'hymno-
'AxoXouûi'aetçtov âytov 'Ayany)rbveitt<rxo7rov
SuvaoO. Ibid., p. 130-140. Voici les conclusions de
d'Agapet de Synnades, soit, dit Baronius, que son Papadopoulos Kerameus, dont je n'ai eu communi-
neuvième livre ne soit pas entier, soit qu'il en ait parlé cation qu'au dernier moment, grâce à l'obligeance du
P. A. Palmieri. D'après Kerameus, Suidas se serait nure plutôt avantageuse pour l'Église, se contenta de
trompé en citantEusèbe au lieu de Philostorge; Agapet consoler Théodose par de bonnes paroles; il l'exhorta
serait réellement un évêque arien. Ces deux conclu- à accepter avec résignation la vie tranquille que les
sions, la seconde surtout, me semblent, pour les raisons circonstanceslui avaient ménagée et à préférer le bien
données plus haut contre Tillemont, un peu trop abso- commun à ses intérêtspropres. Quant à Agapet, Atti-
lues. Enfin, d'après le même critique, Agapet aurait cus lui écrivit de garder l'évêché de Synnades, sans
été évêque de Synaos et non pas de Synnades. C'est rien redouter du ressentiment de Théodose. « C'est un
Philostorge qui serait ici dans l'erreur. Le biographe des événements heureux dont bénéficia l'Église au
de saint Agapet, et les textes liturgiques où il est temps d'Atticus, » conclut Socrate en une phrase qui
question du saint, dit Kérameus, mentionnent seu- lui sert de transition pour amener d'autres récits.
lement Synaos, aujourd'huiSinav. Ramsay, The cities Socrate. H. E., VII, III, P. G., t. LXVII, col. 741-745.—
and bishoprics of Phrygia, Oxford, 1895, p. 230-234. Le Quien, Oriens christianus, t. 1, col. 828.
Cela suffit-il à exclure Synnades (aujourd'hui Tchi- S. SALAVILLE.
fout-Cassaba), contre Philostorge, Photius et Suidas 4. AGAPET, évêque de Beit-Lapat, au commence-
qui lui sont favorables?Nous n'oserionsl'affirmer aussi ment du Ve siècle. Il apparaît d'abord au concile
catégoriquement. d'Isaac en 410; il semble avoir cherché à agrandir son
Quoi qu'il en soit, cet Agapet, évêque de Synnades diocèse aux dépens de ses voisins et à usurper la pri-
ou de Synaos au temps de Constantin,ne doit pas être mauté sur les évêques d'une province. On le maintint
confondu avec un autre Agapet, évêque macédonien en fonction, mais on lui interdit d'ordonner des prêtres
de la même ville sous le règne de Théodose II, c'est- et des diacres. Cependant, après sa mort, le siège de
à-dire environ un siècle plus tard, et signalé par Beit-Lapat, métropole du Beit-Houzoyé, devait occu-
l'historien Socrate,H.E., 1. VII, c. III, P. G., t. LXVII, per le premier rang après le siège patriarcal. C'est sans
col. 741-745. Cf. Le Quien, Oriens christianus, t. i, doute pour expliquer ce fait que l'on imagina plus tard
col. 828. Voir l'article suivant. une lettre des orientaux aux occidentaux et qu'on
Suidas, Lexicon, éd. G. Bernhardy, 1853, t. 1, col. 44.— supposa que l'évêque Agapet avait été chargé de la
Philostorge, Ecclesiasticæ historiæ, 1. II, VIII, P. G., t. LXV, porter à Antioche. C'est pour le récompenser de cette
col. 472. — Delehaye, Propylæum ad acta sanctorum novem- mission qu'on avait donné la primauté à son siège.
bris, col. 473-474, 991.— Doukakis, Miya; 'JCI.CI.?':';,;, fé- Mais Assémani a déjà fait remarquer que cette lettre
vrier, p. 299-301. — Acta sanctorum, mart. t. III, p. 478- n'est qu'un faux composé sans doute par Joseph, pa-
479. — Surius, Vitæ sanctorum, 1618, t. III, p. 245. — triarche nestorien en 552.Bibl. orient., t. III, 1re part.,
Le Quien, Oriens christianus, t. 1, col. 827. — Tillemont, p.58.
Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique, t. v, p. 109,
632.— Baronius, Annales ecclesiastici, an. 311,19, Lucques, Nous retrouvons Agapet au concile de Yabalaha 1er
1738, t. III, p. 485. — A. Papadopoulos-Kerameus, op. cit., (420) où l'on décida d'observer les canons des conciles
p. 114-140. occidentaux de Nicée, Ancyre, Néo-Césarée, Gangres,
S. SALAVILLE. Antioche, Laodicée, et au concile de Dadjésus (424)
3. AGAPET, évêque de Synnades, en Phrygie,sous où les orientaux s'affranchirent de la tutelle d'An-
le patriarche Atticus (406-425), d'abord seulement tioche et constituèrent l'Église de Perse.
pour le parti macédonien ou pneumatomaque, puis Assémani, Bibl. orient., t. 111, lr0 part., p. 52-58 (Lettre
pour les catholiques, après des événements que ra- des orientaux),p. 60.— Synodicon orientale, Paris, 1902,271,
conte Socrate, H. E., VII, III, P. G., t. LXVII, col. 741- 274, 283, 285, 289,294. — J. Labourt, Le christianismedans
745, et que nous allons résumer. l'empire perse, Paris, 1904, p. 12,122-125.
Les partisans de Macedonius étaient nombreux à F. NAU.
Synnades. Théodose, l'évêque orthodoxe de cette ville, 5. AGAPET, métropolitain de Rhodes connu par sa
persécutait avec rigueur les hérétiques, les chassant réponse personnelle à la lettre dans laquelle l'empe-
« non seulement de la cité, mais encore des campa- reur Léon Ier, après l'assassinat de Proterius d'Alexan-
gnes, » c'est-à-dire sans doute de toutes les églises de drie et l'intronisation de Timothée Élure (457), con-
son ressort. Le mobile d'un tel zèle était moins, dit sultait les évêques de l'empire sur l'autorité des dé-
l'historien, la défense de la foi que la passion de l'ava- crets de Chalcédoine et sur l'affaire d'Élure. Sans
rice. Il n'était pas de moyens que Théodose n'employât attendre la réunion du synode provincial retardé par
contre ses adversaires. Il allait jusqu'à armer ses la rigueur de l'hiver, Agapet s'empressa de déclarer au
clercs contre eux, et à livrer ses victimes à la justice. souverain que les décisions de Chalcédoine étaient
L'évêque du parti pneumatomaque, Agapet, était sacrées et que Timothée Élure méritait par ses crimes
spécialement en butte à ses vexations. Or, les magis- non seulement d'être déposé, mais même d'être exclu
trats locaux ne lui paraissant pas assez fermes dans la de l'Église. Mansi, Conciliorum omnium amplissima
répression de l'hérésie, Théodose s'en vint un jour à collectio, t. VII, col. 580-583. Le Quien, Oriens christia-
Constantinoplesolliciter des mesures plus énergiques. nus, t. p. 925, se trompe en prenant cette lettre
1,
Comme le séjour du prélat orthodoxe se prolongeait à d'Agapet pour la réponse synodale à la consultation
cette occasion dans la capitale, Agapet eut l'ingé- de Léon. Cette réponse du synode, annoncée pour
nieuse idée que voici. Après délibération avec son bientôt dans le document en question, ne se trouve pas
clergé, il convoque son peuple et lui persuade de rece- dans Mansi. — Agapet de Rhodes est encore connu
voir la foi de l'homoousios. Puis il se rend aussitôt à par sa souscription à l'encyclique de Gennade de Cons-
l'église, et, la prière achevée, s'empare du trône où tantinople contre la simonie, au concile de Constan-
Théodose avait coutume de siéger. L'union ne tarda tinople en 459. Mansi, op. cit., col. 917.
pas à se faire entre les fidèles; Agapet enseigna désor-
mais la doctrine orthodoxe et gagna à lui toutes les -
Mansi, op. et loc. cit. —Le Quien,op.etloc.cit. Hefele,
Hist. des conciles, édit. Leclercq, t. 11, p. 859. —Fabricius,
églises dépendantes de Synnades. Sur ces entrefaites, Bibliotheca græca, I. V, c. v, n. 20, Hambourg, 1716, t. VI,
Théodose revint de Constantinople. Ignorant ce qui
p. 546, en note; Bibliotheca latina mediæ et infimæ ætatis,
s'était passé, il se rendit à l'église; mais il en fut Padoue,1754,p.30.
expulsé par tout le peuple et dut reprendre sur-le- S. SALAVILLE.
champ le chemin de la capitale. Il alla se plaindre au 6. AGAPET, diacre de l'Église de Constantinople,
patriarche Atticus d'avoir été injustement dépossédé au vie siècle. Ce diacre est l'auteur d'un opuscule grec
de son siège. Le patriarche, informé sans doute par
ailleurs, et sachant que l'affaire avait pris une tour- :
en soixante-douzechapitres, dont les premières lettres
forment l'acrostiche suivant « à notre très divin et
très pieux empereur Justinien par l'humble diacre parti important du clergé était resté mécontent et
Agapet. » Cet acrostiche montre bien que l'attribu- cherchait à réagir contre l'usage de la désignation d'un
tion et la date ne sauraient être contestées. Toutefois, pape par son prédécesseur. Agapet appartenait évi-
les avis se partagent lorsqu'il s'agit de savoir si Aga- demment à ce groupe. Après son élévation au ponti-
pet a remis ses conseils à Justinien en 527, l'année de ficat, il convoqua dans une église une assemblée de
son avènement au trône, ou bien au cours de son règne tout le clergé de Rome et livra aux flammes les docu-
assez long, 527-565. Cela provient de ce que l'on ignore ments qui contenaient l'anathème contre Dioscore et
:
qui est le diacre Agapet, l'auteur de l'opuscule. Des
noms mis en avant le pape Agapet 1er, un archiman-
drite du monastère de Dius à Constantinople, un cor-
qui avaient été déposés par Boniface II dans les ar-
chives de l'Église romaine. Il voulut détruire ainsi
tout ce qui pouvait entraver le mode traditionnel de
respondant de Procope de Gaza, d'autres encore, aucun l'élection du pontife romain. Les premières lettres
ne semble réunir les conditions requises pour qu'on lui conservées d'Agapet concernent l'affaire de l'évêque
attribue la paternité de cet ouvrage, sauf peut-être le Contumeliosus de Riez. Un concile réuni à Marseille
correspondant de Procope qui groupe le plus de suffra- en 533, sous la présidence de l'archevêque Césaire
ges. Un érudit italien, M. Bellomo a, dans une récente d'Arles, Hefele, Histoire des conciles, édit. Leclercq,
thèse de doctorat, mis en avant le moine palestinien t. II, p. 1125 sq., avait prononcé la déposition de ce
Agapet, dont il est question à plusieurs reprises dans prélat. Celui-ci appela de ce jugement au siège apos-
la Vita S. Sabæ, édit. Cotelier, Ecclesiæ græcæ monu- tolique, et son affaire trouva un accueil favorable à
;
menta, t. III, p. 250-252,273 sq. mais j'ai prouvé, Échos
d'Orient, 1907, t. x, p. 173-175, que ce moine Agapet
Rome. Sous la date du 18 juillet 535, Agapet écrivit à
Césaire qu'il avait délégué de nouveaux juges pour
mourut en 519 ou en 520. Comme Justinien ne monta examiner le cas et que, entre temps, Contumeliosus
sur le trône qu'en 527, on ne peut donc songer à ce devait s'abstenir de célébrer les saints mystères et
moine, et l'auteur des Capila admonitoria reste toujours d'administrer son diocèse; les frais de subsistance lui
introuvable.L'ouvrage a eu un succès inouï; on connaît seraient fournis sur les revenus de l'Église de Riez.
aujourd'hui encore plus de 80 manuscrits qui le con- Nous ignorons l'issue de cette affaire. Par une autre
lettre à Césaire, sous la même date, le pape refusa à
:
tiennent; il se distingue par un servilisme à l'égard du
pouvoir qui n'a jamais été dépassé et rarement atteint.
Qu'on en juge par cet aphorisme « C'est un signe de
Dieu qui a désigné le basileus pour l'empire. Il est
prédestiné dans les desseins de Dieu pour gouverner
celui-ci la faculté d'aliéner des propriétés de son Église
pour augmenter les fonds qui servaient à l'entretien
des pauvres. Mansi, Concil., t. VIII, col. 855, 856. Vers
la même époque, une délégation venant de l'Afrique
le monde, comme l'œil est inné au corps pour le diriger. arriva à Rome. Les victoires du général byzantin Bé-
Dieu n'a besoin de personne, l'empereur a besoin de lisaire avaient détruit la domination des Vandales
Dieu seul; entre la divinité et lui il n'y a pas d'intermé- dans les provinces africaines et délivré la population
diaire. » P. G., t. LXXXVI, col. 1177. Si le moine Aga- catholique du joug qui avait pesé sur elle pendant
pet n'a pas inventé le césaropapisme qu'on a de tout près d'un siècle. En 535, les évêques africains se réuni-
temps connu en Orient, du moins son opuscule en est rent en synode à Carthage sous la présidence de Repa-
l'expression la plus caractérisée. ratus, évêque de cette métropole. Hefele, loc. cit.,
P. G., t. LXXXVI, col. 1163-1186.—A.Bellomo,Agapeto p. 1136 sq. Deux évêques et un diacre furent délégués
-
diacono e lasuaschedaregia,Bari,1906. S.Vailhé,Lediacre à Rome avec une lettre synodale, dans laquelle deux
Agapet, dans les Échos d'Orient, 1907, t.x, p. 173-175.— questions concernant les prêtres ariens convertis à
Byzantinische Zeitschrift, 1908, t. XVII, p. 152-164. l'Église catholique et les enfants baptisés par les
S. VAILHÉ. ariens furent soumises au siège apostolique. En même
7. AGAPET Ier,pape(535-536), originaire deRome, temps, les évêques africains réclamèrent contre les
mort à Constantinople le 22 avril 536. Fils du prêtre prélats qui abandonnaient leurs Églises pour se
Gordianus, du titre des Saints-Jean-et-Paul (titulus rendre dans les pays d'outre-mer, c'est-à-dire en
Pammachii) sur le Célius, Agapet était archidiacre de ;
Italie ils demandent que dorénavant aucun membre
l'Église romaine lorsque, vers le milieu du mois de du clergé qui venait d'Afrique sans les documents
mai 535, six jours après la mort de Jean II (t 8 mai), nécessaires ne soit admis à la communion ecclésias-
il fut élu comme successeur de ce pape. La famille tique. La lettre synodale avait été adressée encore au
d'Agapet appartenait à l'aristocratie romaine. Elle pape Jean II (col. 835). Agapet, son successeur, reçut
possédait un palais dans le voisinage de l'église des la délégation et par une lettre du 9 septembre, il tran-
Saints-Jean-et-Paul; le nouveau pape y installa une cha les questions soumises au jugement du Siège apos-
bibliothèque, dont l'inscription dédicatoire est connue. tolique : un arien converti, ayant été baptisé dans
DeRossi, Inscr. christ. urbis Romæ, Rome, t. II, p. 16, l'hérésie, ne pouvait jamais recevoir un office ecclésias-
28. Plus tard, sous le pape Grégoire le Grand, l'édifice tique; les prêtres ariens convertis ne pouvaient conti-
fut changé en monastère.Agapet paraît avoir été reçu nuer à faire partie du clergé; néanmoins ils devaient
jeune encore dans le clergé de l'église titulaire desser- être soutenus aux frais de l'Église. Quant aux clercs
vie par son père Gordianus. Celui-ci signa les actes qui se rendaient en Italie sans l'autorisation néces-
du synode romain de 499, Mansi, Conc. coll., t. VIII, saire, le pape déclare se ranger à l'avis du concile, con-
col. 236; il fut tué en 501 ou 502, dans les troubles qui formémentd'ailleurs aux lois ecclésiastiques.Un recueil
éclatèrent à Rome lors de l'élection de l'antipape Lau- de canons disciplinaires touchant les questions traitées
rent, opposé à Symmaque. Nous ne connaissons pas accompagna cette lettre du pape. Entre temps, Re-
de détails sur la vie d'Agapet avant son élection. Un paratus de Carthage avait reçu communication de
des premiers actes du nouveau pontife montra claire- l'élection du nouvel évêque de Rome et il s'était em-
ment la position prise par lui dans une question qui pressé de lui adresser ses félicitations.Une lettre d'Aga-
divisait depuis plusieurs années le clergé romain. Un pet, portant la même date du 9 septembre, transmet
parti notable du haut clergé avait élu comme pape, à Reparatus les remerciements du pape. Mansi, Concil.
en 530, Dioscore contre Boniface II, lequel avait été ampl. coll., t. VIII, col. 848, 850.
désigné par son prédécesseur pour lui succéder. Dios- L'empereur de Byzance, Justinien Ier, avait éga-
core était mort peu de temps après son élection, et lement adressé au pape une lettre de félicitations à
soixante prêtres romains qui avaient été ses partisans, l'occasion de son élévation au siège de saint Pierre.
;
signèrent une déclaration, par laquelle ils prononcè- Il profita de l'occasion pour demander à Agapet de se
rent l'anathème contre Dioscore. Malgré cet acte, un montrer facile vis-à-vis des ariens convertis en même
temps, il revint sur le cas de l'évêque Étienne de La- au siège de Trébizonde et de purifier l'Église de l'hé-
rissa, lequel, déposé par le patriarche Epiphanius de résie monophysite. Mais Agapet était tombé grave-
Constantinople, avait appelé de cette sentence au pape ment malade bientôt après le 18 mars, date de l'appro-
Boniface II, et sur le cas de l'évêque Achille, ordonné bation donnée à la profession de foi de Justinien; il
d'une façon peu canonique par Epiphanius. Dans sa mourut le 22 avril. Il eut des funérailles magnifiques
réponse, datée du 15 octobre, Agapet remercie l'em- dans la capitale de l'empire d'Orient. Au mois de sep-
pereur et traite les différentes questions touchées par tembre, son corps fut transporté à Rome et enterré à
Justinien. Les prêtres ariens convertis ne peuvent pas Saint-Pierre. Il est vénéré comme saint dans l'Église
être maintenus dans leur charge, les canons s'y oppo- romaine le 20 septembre, dans l'Église grecque le
sent; la cause d'Étienne de Larissa sera examinée de 17 avril.
nouveau par des légats pontificaux; il en sera de
même pour Achille, lequel pourra être admis à la com- Liber pontificalis, édit. Duchesne, t. i, p. 287-288, avec
munion ecclésiastique pendant que les légats s'occu- les notes 288-289.—Jaffé, Regesta Rom. pont., 2e édit., t. 1,
pent de la question de sa consécration épiscopale, p.
p.113-115.—Acta sanctor., 1757, sept. t. VI, 163-180.—
Langen, Geschichle der rômischen Kirche von Leo I bis Niko-
Mansi, Concil., t. vin, col. 850. Bientôt après, le pape laus I, Bonn, 1885, p. 324-335 (tendancevieux catholique).
lui-même fut obligé d'entreprendre le voyage pour la — Grisar, Geschichte Roms und der Päpste im Mittelalter,
capitale de l'empire d'Orient. L'empereur Justinien Fribourg-en-Br., 1901,t.1, p. 498-502.
voulut rattacher l'Italie à ses États et Bélisaire avait J. P. KIRSCH.
organisé une expédition militaire contre les Goths, qui 8. AGAPET 11, pape (946-955), Romain d'origine, élu
s'étaient rendus maîtres d'une grande partie de la comme successeur de Marinus II et sacré le 10 mai 946.
péninsule. Le roi des Goths, Théodat, chargea le pape Nous ignorons de quelle famille ce pape est issu et nous
d'entreprendrele voyage de Constantinople pour négo- ne savons rien sur sa vie avant son élévation à la di-
cier la paix et pour amener Justinien à renoncer à ses gnité pontificale. L'influence de la papauté à Rome
projets de conquête en Italie. Selon le témoignage de même était très restreinte à cette époque. Albéric le
Liberatus (Breviarium causæ Neslorianorum et Eu- jeune, fils de Marozie, était maître de Rome comme
tychianorum, 21, P.L., t. LXVIII, col. 1038 sq.), Théo- patrice et prince des Romains depuis l'année 932. Son
dat aurait même menacé de mort tous les sénateurs autorité ne fut pas seulement toute-puissante dans le
de Rome avec leurs femmes et leurs enfants, s'ils domaine temporel, elle se fit sentir encore dans l'admi-
n'arrivaient pas à faire retirer les troupes impériales nistration ecclésiastique. Agapet, de mœurs irrépro-
du sol de l'Italie. Agapet ne pouvait décliner la mis- chables et animé de zèle pour la réforme de la vie reli-
sion dont le roi goth l'avait chargé. N'ayant pas assez gieuse, sut cependant faire valoir son influence sur le
d'argent pour couvrir tous les frais du voyage, il se terrain spirituel beaucoup mieux que ses prédécesseurs
vit même obligé d'en emprunter à des trésoriers de la première moitié du xe siècle. A Rome, le prince
goths et d'engager des vases sacrés. Plus tard, ces Albéric, dont le gouvernement d'ailleurs n'était nulle-
gages furent restitués sans que l'on ait demandé le ment hostile aux intérêts religieux, favorisa la ré-
paiement de la somme avancée. Cassiodorus, Varia, forme de la vie monastique. Il appela saint Odon de
XII, 20, édit. Mommsen, dans Mon. Germ. hist., Auct. Cluny pour réformer les monastères et fit coopérer le
ant., t. XII, p. 376. Sur le séjour d'Agapet à Constan- pape à cette œuvre de régénération de la vie religieuse
tinople, nous possédons le récit d'un témoin oculaire dans la capitale de la chrétienté. Agapet s'adressa à
(Baronius, Annales, ad an. 536, n. 59, Lucques, 1741, l'abbé de Gorze pour le prier d'envoyer quelques
t. IX, p. 543-545) et de Liberatus dans son Brevia- moines à Rome, pour qu'ils puissent rétablir l'ordre
rium (cité plus haut); d'après ces sources, il faut monastique dans l'abbaye de Saint-Paul-hors-les-
rectifier et compléter la notice du Liber pontificalis. murs, avec l'appui du prince Albéric. Le pouvoir du
Le pape arriva à Constantinople, probablement vers pape se fit sentir davantage dans les affaires ecclé-
la fin de février; il y fut reçu avec les plus grands siastiques hors de Rome. En France, la lutte autour
honneurs. Mais il ne parvint pas à faire abandonner du siège archiépiscopal de Reims provoqua, dès 946,
à l'empereur ses projets de conquête; Justinien l'intervention d'Agapet. Héribert, comte de Verman-
déclara que l'entreprise était déjà trop avancée dois, avait fait attribuer en 928 ce siège important à
et avait trop chargé le fisc pour qu'il puisse revenir son fils Hugues, âgé seulement de 5 ans; il avait
en arrière. Par contre, Agapet réussit à arranger les nommé un administrateur pour le gouvernement du
affaires ecclésiastiques de la capitale. Anthime, diocèse. Le roi Raoul, après la défaite d'Héribert et la
évêque de Trébizonde, avait été élevé au siège pa- conquête de la ville de Reims, avait fait élire évêque
triarcal de Byzance comme successeur d'Epiphanius. le moine Artaud, lequel couronna, en 936, Louis IV
Le pape refusa d'entrer en communion ecclésiastique d'Outre-mer.Mais, en 940, Héribert et le comte Hu-
avec lui, parce qu'il s'était laissé transférer d'un siège gues de Paris s'étaient de nouveau emparés de Reims,
épiscopal à un autre, contre les prescriptions des et y avaient ramené le fils d'Héribert. Louis IV, avec
canons ecclésiastiques, et parce que le soupçon de l'appui de son allié, le roi Othon 1er d'Allemagne, re-
monophysisme pesait sur lui. L'impératrice Théo- prit la ville, en 946 et il replaça Artaud sur le siège
dora, qui protégeait les monophysites, chercha par archiépiscopal. Le pape Agapet reconnut celui-ci
tous les moyens à sauver Anthime; elle ne ménagea comme évêque légitime et chargea l'archevêque
au pape ni les promesses ni les menaces. Agapet ne se Rodbert de Trèves de réinstaller Artaud dans la pos-
laissa point fléchir; il gagna Justinien, et Anthime dut session de son archevêché. Flodoard, Hist.eccl.Rhe-
quitter le siège épiscopal de la capitale. Son successeur, mensis, IV, xxxv, dans Mon. Germ. hist., Script.,
le moine et prêtre Mennas, fut sacré évêque par le pape t. XIII, p. 585. Hugues délégua à Rome le diacre Sige-
lui-même, le 13 mars 536. L'empereur Justinien pré- baut, lequel à l'aide de documents faussés sous le nom
senta au pape une profession de foi qui fut approuvée de trois évêques suffragants de Reims parvint à gagner
par Agapet. Mansi, Concil. collect., t. vin, col. 858. le pape à la cause de l'adversaire d'Artaud. Une nou-
Celui-ci écrivit au patriarche Pierre de Jérusalem velle lettre d'Agapet ordonna de restituer le siège
qu'il avait destitué et excommunié Anthime, cou- archiépiscopal à Hugues. Flodoard, ibid. Deux sy-
pable d'hérésie monophysite, et sacré Mennas comme nodes réunis à Verdun, en 947 et à Mouson, en 948,
patriarche de Byzance. Mansi, loc. cit., col. 921. Un se prononcèrent en faveur d'Artaud, sans que le li-
grand nombre d'évêques et de moines s'adressèrent tige fût tranché définitivement. Un nouveau concile
au pape pour le prier d'empêcher le retour d'Anthime fut réuni à Ingelheim; il inaugura ses séances le
8 juin 948. Le pape avait envoyé comme légat aposto- sous la protection de l'évêque de Reggio. Les parti-
lique l'évêque Marinus de Bomarzo (Polymartinus) sans d'Adélaïde virent le seul moyen de salut pour
en Allemagne, afin que le roi Othon 1er fît convoquer l'Italie dans l'intervention du roi d'Allemagne; Othon
cette assemblée, à laquelle Marinus présida. Une lettre passa les Alpes, délivra Adélaïde et l'épousa à Pavic,
pontificale fut adressée aux évêques dans le même aux jours de Noël 951 (cf. col. 515). Il envoya des délé-
sens. Othon lui-même et le roi Louis d'Outre-mer de gués à Rome pour entamer des négociations avec le
France, chassé par l'usurpateur Hugues de Paris, y pape au sujet de la couronne impériale. Agapet II aurait
assistèrent. Celui-ci empêcha les évêques de France de désiré vivement entrer dans les vues d'Othon et le
se rendre au concile; seuls l'archevêque Artaud de couronner empereur. Mais le patricien Albéric était op-
Reims et les évêques de Cambrai et de Laon y prirent posé au rétablissement de la dignité impériale, et le
part, tous les autres prélats réunis à Ingelheim étaient pape ne pouvait songer à exécuter son projet contre la
venus d'Allemagne. Les deux objets principaux, dont volonté du seigneur de Rome. Les bonnes relations
l'assemblée avait à s'occuper, étaient de rendre à entre Othon et Agapet II ne furent pas troublées. Le
Louis IV le trône de France et à Artaud le siège archi- pape envoya, en 954, le pallium à saint Brunon, arche-
épiscopal de Reims. Hugues de Vermandois fut excom-
munié comme usurpateur et le concile restitua le siège
vêque de Cologne, frère de l'empereur. En 955, con-
firma Guillaume, archevêque de Mayence, dans sa di-
il
à Artaud. Après le synode, Othon 1er entra en cam- gnité de légat apostolique pour la Germanie et la Gaule.
pagne, au mois de juillet 948, contre Hugues de Paris et Il accorda au roi Othon toutes les facultés pour l'orga-
rendit à Artaud l'archevêché de Reims et à Rodolphe, nisation des évêchés dans les pays des Saxons. L'ar-
l'évêché de Laon. Un nouveau concile, sous la pré- chevêché de Magdebourg et six évêchés furent fondés
sidence du légat apostolique Marinus, eut lieu bientôt et dotés par ce prince; plusieurs synodes s'occupèrent
après à Trèves pour s'occuper encore de l'usurpation de la restauration de la vie religieuse et de la discipline
de la couronne de France et des partisans de l'intrus ecclésiastique. Les lettres envoyées à Othon au sujet
Hugues de Reims. L'évêque Guy de Soissons, qui de l'organisation des nouveaux diocèses sont les der-
avait soutenu la cause de ce dernier, fit sa soumission; niers actes connus d'Agapet II. Albéric, avant de mou-
l'évêque de Noyon avait envoyé un délégué pour rir, avait convoqué, en 954, le clergé et la noblesse de
excuser son absence motivée par une maladie. Deux Rome dans la basilique de Saint-Pierre et, du vivant
évêquessacrés par Hugues, ceux de Senlis et d'Amiens, du pape, leur avait fait prêter serment qu'après la
furent excommuniés; l'évêque de Beauvais et le comte mort de ce dernier ils éliraient comme son successeur
Héribert le jeune de Vermandois furent cités devant Octavien, fils d'Albéric, âgé de 18 ans seulement.
le légat du pape ou le Siège apostolique. Le pape Aga- Agapet II mourut au mois de décembre 955. Il fut en-
pet célébra en 949 un concile à Saint-Pierre de Rome, terré .derrière l'abside de Saint-Jean de Latran. Aga-
où il confirma les décisions prises par les synodes pet eut réellement comme successeur Octavien, qui,
d'Ingelheim et de Trèves; Hugues resta frappé d'ex- sous le nom de Jean XII, devait déshonorer le Saint-
communication, Artaud fut confirmé dans la pos- Siège pendant onze ans.
session du siège de Reims qu'il conserva jusqu'à sa
mort. Flodoard, loc. cit., IV, XXXIV, xxxv;Annales, Liber pontificalis, édit. Duchesne, t. II, p. 245. — Jaffé,
ad an. 949, dans Mon. Germ. hist., Script., t. III, Regesta pont. Rom., 2e édit., t.1, p.495-463. — Langen, Ge-
schichte der rômischenKirche von Nikolaus I bis Gregor VII,
p. 399; Acta synodi Ingelheimen., dans Mon. Germ. Bonn, 1892, p. 334-336. — Hefele, Hist. des Conciles, édit.
hist., Leges, t. II, p. 25; Mansi, Conc. coll., t. XVIII A, Leclercq, t. IV, p. 757 sq. — Lavisse, Histoire de France
col. 419 sq.; Hefele, Hist. des Conciles, édit. Leclercq, depuis les origines jusqu'à la Révolution, Paris, 1903, t. II,
t. IV, p. 757 sq. p.
lre part., 406-407. — Köpke und Dümmler, Kaiser Otto
Agapet II confirma par bulle du 2 janvier 918 les der Grosse, Leipzig, 1876.
;
privilèges de l'archevêque de Hambourg, auquel il
conféra l'usage du pallium il soumit à sa juridiction
métropolitaine les évêchés du Danemark et des au-
J. P.
AGAPÈTES. On nommait ainsi par dérision des
KIRSCH.

vierges consacrées à Dieu, qui, vivant dans le monde,


tres pays du nord. Plusieurs églises et couvents d'Alle- donnaient l'hospitalité à des hommes ayant fait vœu
magne reçurent la confirmation de leurs possessions de chasteté. On prétendait établir ainsi une sorte de
et de leurs droits, entre autres, les abbayes importantes lien fraternel qu'on cherchait à légitimer par les
de Fulda, d'Essen, de Gandersheim, de Saint-Maxi- paroles de saint Paul, 1 Cor., IX, 5. Cette coutume
min près de Trèves. Sur la demande de l'abbé Aymard, ne manqua naturellement pas d'occasionner des scan-
le pape confirma également les biens et les droits de dales.
Cluny, placé immédiatement sous la protection du Cet usage paraît avoir eu une origine louable.
siège apostolique. Des bulles de confirmation furent
accordées encore à d'autres monastères ou églises à
Notre-Dame de la Grasse, à Saint-Vincent de Mâcon,
: Comme dans les premiers siècles les vierges chrétiennes
ne vivaient pas en communauté,elles avaient dû vrai-
semblablement charger des laïques pieux et conti-
à Saint-Martin de Lez-sur-l'Aude, à Notre-Dame de nents de l'administration de leurs biens et de la dé-
Rieux (Rivipullense m.) en France; à l'église d'Urgel, fense de leurs intérêts. Mais avec le temps, de graves
en Espagne. D'autres lettres issues de la chancellerie abus se produisirent en Orient et en Afrique. Saint
pontificale sont dirigées contre des évêques dont Cyprien l'atteste, Epist., IV, édit. Hartel, Vienne,
l'élection était entachée de simonie, contre des prélats 1868, pour cette dernière contrée. C'est pourquoi le
ou des seigneurs qui opprimaient les couvents, contre concile d'Ancyre (314) défendit, par son canon 19e,
des monastères dont la discipline s'était relâchée. On aux vierges consacrées à Dieu de cohabiter en qua-
voit que le pape s'efforça de rendre au siège aposto- lité de sœurs avec des hommes. Mais le mal ne dis-
lique la position qui lui convient dans le gouverne- parut pas aussitôt. Saint Jean Chrysostome fut
ment de l'Église. Agapet sut rester toujours en bonnes même amené à composer un écrit spécial sur ce sujet,
relations avec les rois Louis d'Outre-Mer de France et
Othon 1er d'Allemagne. Le règne d'Othon marque le
commencement de la Renaissance religieuse en Alle-
cohabitation :
pour mettre en garde contre le danger d'une telle
c'est le xà; xavovixàç
~Hepi TOoj |ay)
auvoixeïv cXvôpaatv, P. G., t. XLVII, col. 513-532. Il
magne. En 951, il fut appelé en Italie par la veuve de ne faut pas confondre les agapètes avec les subin-
Lothaire d'Arles, Adélaïde de Bourgogne, qui avait troductæ, truvEiadcxToi, femmes qui habitaient avec
réussi à se soustraire au traitement indigne que Bé- les clercs non engagés dans le mariage et dont s'oc-
renger II lui faisait subir et s'était réfugiée à Canosse, cupa le concile de Nicée en 325. Les agapètes se dis-
tinguent des subintroductæ en ce qu'elles cohabitaient à-dire en 304 ou au début de 305, Agapios et une chré-
avec des laïques et non avec des clercs. tienne du nom de Thècle souffrirent aussi pour la foi.
Eusèbe, De martyribus Palæstinæ, c. III, P. G., t. XX,
Bingham, Origines ecclesiasticæ, l. VI,c.II, § 13, Londres, col. 1469. Mais tandis que Timothée expirait consumé
1878, t. p. 206. — Binterim, Die vorzüglichsten Denk-
1, à petit feu, ses deux compagnons furent réservés pour
würdigkeiten der christkatholischenKirche, Mayence, 1826,
t. III,2e part., p. 513-525. — Hefele-Leclercq, Hist. des être ultérieurement livrés aux bêtes dans l'amphi-
t.
conciles, 1, p. 201, note 2, 236, note 4, 536, note 4, 538.
V. ERMONI.
théâtre de Césarée. On sait que les païens étaient assez
coutumiers de ce genre de supplice. Pensant que l'exé-
1. AGAPIOS, évêque de Césarée dePalestine àla fin cution aurait lieu à l'occasion des jeux qui devaient
du Ille siècle et aux premières années du IVe, men- se tenir peu après, huit autres chrétiens, désireux du
tionné comme successeur de Théotecnos par Eusèbe même sort, se déclarèrent publiquement adeptes de
qui le connut et qui nous a laissé de lui un éloge en
quelques lignes dans son Histoire ecclésiastique. Il
la religion du Christ. Six d'entre eux
gens, nous dit Eusèbe, op. et loc. cit.
-- des jeunes
vinrent se
loue l'activité de ce prélat, l'appelle la providence de
son peuple, et dit qu'il distribuait d'une main pro-
digue les bienfaits à tous, mais surtout aux pauvres.
:
présenter au gouverneur Urbain au moment où celui-
ci allait se rendre au cirque. C'étaient Timolaos, ori-
ginaire du Pont, Denys de Tripoli en Phénicie, Romu-
Eusèbe, H.E., VII, XXXII, P. G., t. xx, col. 732. lus, sous-diacre de l'église de Diospolis, les deux
Cf. Nicéphore Calliste, Eccles. histor., VI, XXXVII, Égyptiens Païsis et Alexandre, enfin un autre Alexan-
P. G., t. CXLV, col. 1204, qui ajoute qu'Agapios était dre, de Gaza. Les courageux jeunes gens furent aussi-
également recommandable par sa doctrine et par sa
piété. C'est par cet évêque que Pamphile fut sans
doute ordonné prêtre (Eusèbe, loc. cit.), peut-être
aussi Eusèbe lui-même. Tillemont, Mémoires pour
nombre s'accrut de deux compagnons nouveaux un :
tôt enfermés en prison, où peu de jours après leur
Agapios, différent de celui qu'on savait condamné aux
bêtes, mais ayant déjà lui-même à plusieurs reprises
servir à l'histoire ecclésiastique, t. VII, p. 40; Ceillier, confessé la foi, et un autre Denys, qui leur fournissait
Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, les choses nécessaires à leur subsistance. Eusèbe, op.
Paris, 1865, t. III, p. 169, n. 4. En toutavec
cas, c'est sous cit., col. 1472. Ces huit confesseurs furent décapités
l'épiscopat d'Agapios qu'Eusèbe se lia Pamphile à Césarée le 24 mars 305, précédant ainsi au martyre
d'une étroite amitié. H. E., loc. cit. D'après le pas- ceux dont ils pensaient n'être que les compagnons,
sage cité de l'Histoire ecclésiastique, il semblerait Agapios et Thècle. Ceux-ci étaient réservés pour un
qu'Agapios ait été le prédécesseur immédiat d'Eu- jour de solennité impériale. Eusèbe ne nous disant pas
sèbe sur le siège métropolitain de Césarée, car aucun comment mourut Thècle, on peut supposer qu'elle
autre titulaire n'y est mentionné après lui. Mais dans expira en prison avant la date fixée pour le grand spec-
les souscriptions du concile d'Ancyre, tenu en 314, on tacle. Quant à Agapios, son martyre — vraiment digne
trouve un Agricolaos avec le titre d'évêque de Césarée demémoire,déclare l'historien, yp::qd¡ç w;àV/]0wî a^iov,
de Palestine. Mansi, Conciliorum collectio, t.II, col. 534. Eusèbe, op. cit., c. VI, col. 1480 — eut lieu le 20 no-
On discute la valeur de ces souscriptions. Tillemont, vembre en la quatrième année de la persécution, c'est-
op. cit., p. 42, incline à les accepter et à intercaler à-dire en 306, un vendredi, en présence du césar
Agricolaos entre Agapios et Eusèbe. H. Valois et Ceil- Maximin Daïa qui donnait à Césarée des jeux pour
lier (op. cit., p. 170, n. 2) sont d'un avis contraire. célébrer l'anniversaire de sa naissance. Eusèbe, après
Le Quien, Oriens christianus, t. III, col. 547-548, in- avoir condensé en quelques lignes ces détails d'une
dique les deux opinions, mais laisse la question indé- rare précision, nous décrit brièvement, non cependant
cise. Les arguments de Tillemont ne semblent cepen- sans une pointe de rhétorique, le spectacle dont Aga-
dant pas à dédaigner. Mémoires, etc., t. VI, p. 198, pios devait être la victime. Le martyr avait été déjà
199,201; t. VII, p. 42. On les trouvera à l'article AGRI- auparavant tiré trois fois de prison et produit avec des
:
COLAOS. Parmi ces arguments, signalons seulement ici
le suivant « On peut remarquer qu'il (Eusèbe) ne dit
point d'Agape qu'il ait vécu jusqu'au temps de la per-
malfaiteurs devant la multitude rassemblée à l'am-
phithéâtre. Ce jour-là il fut amené avec un esclave
accusé d'avoir tué son maître. Ce criminel obtint de
sécution, comme il le dit des autres évêques dans le l'empereur sa grâce, tout comme Barabbas, selon la
même chapitre. Et ainsi il pouvait bien être mort dès remarque d'Eusèbe, avait jadis obtenu la sienne.
l'an 303. » Mémoires, etc., t. VII, p. 42. Cette date, si Quant à Agapios, il répondit à la proposition d'abjurer
elle est acceptée, laisse largement, entre Agapios et sa foi que lui faisait Maximin, en se déclarant joyeux
Eusèbe, place pour l'épiscopat d'Agricolaos. Agapios et fier de mourir pour son Dieu. Et il courut aussitôt
aurait ainsi régi l'Église de Césarée entre les deux dates au-devant d'une ourse furieuse qu'on avait lâchée
approximatives de 290 et 303. contre lui. Retiré encore vivant du stade après le spec-
Eusèbe, H.E., VII, XXXII, P. G., t. XX, col. 732. — Nicé- tacle, le martyr fut ramené dans sa prison. Il y expira
phore Calliste, Eccles. histor., VII, XXXVII, P. G., t. CXLV, le lendemain; on lui attacha aux pieds de grosses
col. 1204.— Tillemont, Mémoires pour servir à Vhistoire ecclé- pierres et on jeta son corps dans la mer. Eusèbe, op.
siastique, t. VI, p. 198,199, 201; t. VII, p. 40, 42. — Ceillier, cit.. col. 1481.
Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, Les synaxaires font mémoire, au 19 novembre,
1865,t.III, p. 169,170. — Le Quien, Oriens christianus, t.III,
col. 547-548. — A. Harnack, Die Mission und Ausbreitung du martyr Agapios qui fut condamné aux bêtes.
des Christentums in den ersten drei Jahrhunderten, Leipzig, Delehaye, Propylæum ad acta sanctorum novembris,
1902, p. 424. col. 238, lig-14;Doukakis,MéyaçS-jva?api<iTV)ç, no-
S. SALAVILLE. vembre, p. 427. Cf. Ménées de novembre, Venise, 1880,
2.AGAPIOS (Saint), martyr à Césarée de Palestine, p. 138. Ils le mentionnent également avec sainte
20 novembre 306. Sa condamnation ayant donné Thècle et après saint Timothée de Gaza, au 19 août et
occasion à celle de plusieurs autres martyrs palesti- au 19 septembre. Delehaye, op. cit., col. 910, lig. 3;
niens, parmi lesquels un second Agapios, nous grou- col. 60, lig. 15-20; Doukakis, op. cit., août, p. 297-
perons autour de ce nom les données concernant tous 298; Ménées d'août, Venise, 1777, p. 105. Les mar-
ces saints, qui ont eu la bonne fortune de trouver en tyrologes latins le signalent aux environs des mêmes
la personne de l'historien Eusèbe un hagiographe des dates.Acta sanctorum, aug. t. III, p. 727-728.— Quant
plus sûrs. à l'autre saint Agapios qui fut du nombre des huit
Lors du martyre de saint Timothée à Gaza la martyrs décapités à Césarée le 24 mars 305, il a,
deuxième année de la persécution de Dioclétien, c'est- ainsi que ses sept compagnons, sa mémoire anniver-
saire à ce jour ou la veille dans les synaxaires et dans existé; par contre, il en est sûrement nombre d'autres
les martyrologes, où les données d'Eusèbe sont uti- qui nous ont échappé, surtout pour l'époque moderne.
lisées non sans quelque confusion. Mais, plus for- On aura sans doute, en effet, remarqué que plusieurs
tuné en cela que son homonyme, il partage avec ces des livres d'Agapios ont été réimprimés jusqu'à nos
mêmes compagnons les honneurs de l'office principal jours, ce qui atteste leur vogue considérable.
chez les Grecs, le 15 mars. Delehaye, op. cit., col. 537, Le premier, à la fois le plus volumineux et le plus
col. 558, lign. 13, 14; Doukakis, op. cit., mars, p. 255; populaire,l'~Afj.apxtoXwv (rwtr,p!a, comprend trois par-
Ménées de mars, Venise, 1880, p. 56-59, 90; Acta ties. Dans la première, l'auteur énumère les diverses
sanctorum, mart. t. III, p.476-477. Le nom de Païsis, sortes de péchés et indique les remèdes appropriés à

:
qui dans cet office est appelé ll),:rlcJ"toç, se lit sous des
formes très diverses dans les synaxaires et sur-
tout dans les martyrologes Pausis, Paésis, Pausides,
Publius.
leur guérison, dont les principaux sont l'expiation par
la souffrance et la fuite des vanités du monde. Dans la
seconde, il parle des vertus à pratiquer dans nos rap-
ports avec Dieu, avec le prochain et vis-à-vis de nous-
mêmes; ses vertus préférées sont l'aumône et la morti-
Eusèbe, De martyribus Palæstinæ, c. III et VI, P. G., fication des sens; du reste, la perfection d'une vertu
t. XX, col. 1469-1472, 1480-1481. —Acta sanctorum, aug.
t.III, p. 727-728. — Tillemont, Mémoires pour servir à l'his- se mesure sur son degré d'extériorité ou d'intériorité :
toire ecclésiastique, Paris, 1698, t. v, p. 72-73, 81-82.
Baronius, Annales ecclesiastici, ann. 305, n.7-10, Lucques,
1738, t. III, p. 396-397. — Surius, Vitæ sanctorum, 1618,
- les vertus intérieures sont le but, les vertus extérieures,
simplement un moyen. Or, les grands moyens de re-
conquérir la justification et de s'y maintenir sont la
t. XI, p. 467. — Assemani, Acta sanctorum orient. et occi- réception des sacrements de pénitence et d'eucha-
dent., 1748, t. II, p. 198. — Ceillier, Histoire générale des ristie et la méditation des fins dernières. Dans la
auteurs sacrés et ecclésiastiques, 1859, t. III, p. 8. — De- troisième partie, Agapios raconte une série de pro-
lehaye, Propylæum ad acta sanctorum novembris, col. 60, diges accomplis par la sainte Vierge en faveur des
lig. 15-20; col. 238, lig. 14; col. 537,558, lig. 14-13; col. 910,
lig.3. —Doukakis. Méy«; SuvaÏKpKT-i-ç,novembre,p.427; août, pécheurs.
p. 297-298, mars, p. 255. — Martinov, Annus ecclesiasticus Les théologiens catholiques ne manquèrent pas d'in-
græco-slavicus, Bruxelles, 1863, p. 203, 227. voquer l'autorité du moine grec contre les calvinistes,
S. SALAVILLE. à propos de la transsubstantiation et de la nécessité
3. AGAPIOS, moine grec. Athanase Landos naquit à des bonnes œuvres. Arnault fit à son livre de larges
Candie, dans l'île de Crète, vers la fin du XVIe siècle. emprunts pour sa Perpétuité de la foi, Paris, 1664. Le,
T1 fit peut-être ses études au collège grec de Venise. On pasteur Claude, dans sa Réponse à Arnault, Paris
sait qu'il séjourna plusieurs années à Phourni et à 1670, 1. IV, c. III, eut l'audace de mettre en doute
Hierapetra, sur la côte méridionale de la Crète, et l'existence réelle d'Agapios Landos. Nicole dut con-
qu'il s'y lia d'amitié avec André Carabelas, à qui il sacrer un chapitre de sa Réponse générale au nouveau
dédia plus tard un de ses principaux ouvrages. Deux livre de M. Claude, Paris, 1671, 1. I, c. XI à démon-
années durant, il remplit les fonctions de secrétaire trer qu'Agapios n'était pas un mythe; il annonçait que
auprès d'un gentilhomme crétois, André Cornaro. A la bibliothèque Sainte-Genevièvepossédait cinq de ses
une date inconnue, Athanase se rendit au monastère livres. Nicole se fit envoyer de Constantinople un cer-
de Saint-Athanase ou Grande Laure, au mont Athos, tificat délivré le 16 avril 1671, par huit moines atho-
y revêtit le froc et changea son nom de baptême en nites, qui avaient connu Agapios et lu ses livres dont
celui d'Agapios. Au bout de deux ans, il se retirait de ils approuvaient la doctrine. Voir cette pièce dans Per-
la solitude, probablement au skite de Sainte-Anne ou pétuité de la foi, édit. Migne, Paris, 1841, t. III, col. 49.

;
dans une de ses dépendances.C'est là qu'Agapios com-
posa ses livres leur impression lui demanda de nom-
breux voyages, au moins deux à Venise, d'autres à
Richard Simon traita aussi l'affaire Agapios en maint
passage de son livre Fides Ecclesiæ orientalis, Paris,
1671, préface, et p. 131 sq., 291-293. Le ministre Ay-
Syros, Andros, Siphnos, Thermia, Saint-Eustrate, etc. mon ayant plus tard rouvert la controverse, Monu-
Il mourut à Venise, avant le 8 mars 1664. Voici la liste mens authentiques de la religion des Grecs, La Haye,
de ses ouvrages :1° ~'Ay.apxwXwv lj"(ù't"r,piC(, 1641 (autres 1708, p. 475-477, fut encore réfuté par Renaudot,
éditions en 1664, 1671, 1685, 1703, 1740, 1766, 1773, Défense de la perpétuité de la foi, Paris, 1709 (dans
1779, 1803, 1806, 1851, 1859, 1883, etc.; le manuscrit
autographe est conservé au monastère de Cosinitsa,
en Macédoine); 2° liapioetaoç, 1641 (autres éditions
testants se sont contentés de nier la science d'Agapios
voir, par exemple, John Covel, Some accounts of the
;
l'édition de Migne, t. IV, col. 304-306). Dès lors les pro-

en 1656, 1682,1778,1790); 3° WcÙrrlPtOv, 1643 (autres present Greek church, Cambridge, 1722, p. 126.
éditions en 1682, 1692, 1698, 1770); 40 QeoToy-âptov, Le TFaUriptov est une traduction en grec moderne du
1643 (autres éditions en 1681, 1688, 1772, 1780); commentaire de Théodoret de Cyr sur les psaumes. Le
5° Ehpuxpiiç, 1643; 6° ~rewitoviy.ôv,1643 (autres éditions ©îoToxâptov est un recueil de canons en l'honneur de la
en 1647, 1674); 7° ~'E-Úoy, 1643; 8° 'Exlôyiov,1644 sainte Vierge. Le 0ï]y.ap&? contient en partie les offices
(autres éditions en 1642 (?), 1663, 1679,1747,1764, composés pour l'usage privé des moines par un reli-
1783, 1805, 1809); 9° KOI;),OY.CUP¡V-f¡,1656 (autres édi- gieux de l'Athos dont on connaît seulement ce sobri-
tions en 1682, 1694,1772,1780,1801); 10° ~NéoçTtapâ- quet de Thekaras, fabricant de boîtes ou de châsses,
êeiGoç, 1664 (autres éditions en 1690,1771, 1780, 1790, du nom de son métier favori. Le rFwTcovtyov est un re-
1797,1804,1806, 1853, 1872); 11° XpioriaviovôSïjyta, cueil de recettes d'agriculture. Le Kupiay.oopopuov four-
1685; 12° ~KupiaxoSpôfuov, 1657 (autres éditions en nit pour les dimanches de l'année 56 homélies tra-
1692, 1779, 1797); 13° Tpta8ty.Y)oxtw/I^OÇ, 1656;
140 ~'Axo),ou9ia TO'J ayiou EVOÓÇOVlEpofL!ipnpoç MoSéaro-J, ;
duites d'auteurs anciens. LaXpiff-uocvwvoô/iyta serait un
traité des trois vertus théologales mais on ne connaît
aucun exemplaire de ce livre. La Tptafin«iÔXTWYIXO;
Constantinople, 1819 (à la suite de l'office de saint
Stylien); 15° Ay.oXou&éa ~Twvayiwv TRAXSPWV'!1'WV 'Iw!iO'oc.qJ
xal Bcxp),oc.!ifL (copiée d'après un imprimé dans le cod.
Athous 5670). Le P. Michel Nau, Ecclesiæ romanæ
:
renferme 24 canons, huit à la Sainte Trinité, les autres
à Jésus-Christ une partie de ces canons est l'œuvre
d'Agapios, le reste a été corrigé par lui. Ce livre et les
offices de saint Modeste et des saints Joasaph et Bar-
græcæque vera effigies, Paris, 1680, p. 125, signale une
traduction arabe de l'cA[jLaprw)v(ijvatorvipta. Enfin laam le font prendre place dans la foule des hymno-
il y a peut-être des manuscrits d'Agapios à la Mar- graphes de l'Église grecque moderne. L'~ExXoyri con-
cienne. tient quelques vies de saints en grec moderne. De
Quelques-unes de ces éditions n'ont peut-être pas même, le IlapxSEîffoç, le Néoçmxpétèziaoç, 1"EÚÓyw'I et
a ne
Métaphraste.
sont que des traductions de Syméon

G. Zàbiras,KIK 'Ei-i,ri.;, Athènes, 1872, p. 159.—C.Sathas,


triarche Cyrille VII Sîâj le consacra évêque de Saîdâ.
Le 31 août de l'année suivante, il fut élu patriarche
d'Antioche sous le nom d'Agapios III.
Ignace Sarroûf, métropolite de Beyrouth, voyant
N50îUy)ym->ioAthènes, 1868, p. 313. — M. Gédéon, qu'il n'arrivait pas à réformer les religieux chouérites
'0 "AOwç,Constantinople, 1885, p. 212. — E. Legrand, Biblio- de son éparchie, envahis déjà par une irrémédiable
graphiehellénique, XVIIe siècle,passim.—Ph.Meyer,Agapios, décadence, résolut de fonder une nouvelle congrégation
dans Hauck, Realencgclopadie, t.1, p. 239-241. — L. Petit, Le
moine Agapios Landos, dans les Échos d'Orient, 1889-1900, basilienne, dont il jeta les bases au couvent de Mâr
t.III, p. 278-285. Sem'ân ou Saint-Siméon, non loin de Beyrouth, près
S. PÉTRIDÈS. du gros village de Beskintâ, en 1796. Cette nouvelle
4. AGAPIOS 11, patriarchemelkite d'Antioche(978- fondation ne pouvait être vue de bon œil par les choué-
996). A la mort du patriarche Théodore II de Colonée, rites et les salvatoriens, qui à cette époque détenaient
décédé à Tarse le 28 mai 976, les gens d'Antioche tous les sièges épiscopauxmelkites, ou par le patriarche
dressèrent une liste de candidats au patriarcat parmi lui-même. Celui-ci réunit, le 11 septembre 1797, à
lesquels réussit à se faire mettre Agapios, évêque Zoûq-Mîkâ'îl, un concile composé, outre lui, de cinq
d'Alep, désireux de quitter cette terre musulmane évêques dont trois chouérites et deux salvatoriens.
pour une terre chrétienne. Il parvint, en effet, à se faire La congrégation fondée par Ignace Sarroûf fut suppri-
nommer patriarche par Basile II le Bulgaroctone, à mée, et, un peu plus tard, le patriarche détacha de
condition de maintenir Antioche sous l'autorité de l'éparchiede Beyrouth l'insignifiant district deGébaîl
l'empereur et d'empêcher qu'elle ne fût livrée au ré- pour en faire une nouvelle éparchie à la tête de laquelle
volté Bardas Skléros. Il fut, de fait, installé patriarche il mit un chouérite, Clément Badra, surnommé Tabîb
au nom de l'empereur par 'Abdallah, lieutenant du (médecin) à cause de ses connaissances médicales. La
stratopédarqueMichel Bourtzès et gardien d'Antioche, consécration eut lieu le 23 janvier 1798, mais Ignace
le 23 décembre 977; mais l'élection officielle par le Sarroûf refusa de livrer le district de Gébaîl comme il
saint synode de Constantinople n'eut lieu que le
22 janvier 978. G. Schlumberger, L'épopée byzantine,
t. I, p. 410-415; t. II, p. 27-30. Agapios se compromit
dans la rébellion de Bardas Phocas, et, une lettre de
:
avait refusé de dissoudre sa congrégation. Tous ces
débats furent portés à Rome la Propagande, pour le
bien de la paix, confirma la dissolution de la congré-
gation de Mâr-Sem'ân, mais imposa aux chouérites
lui ayant été trouvée dans les papiers de celui-ci après l'observation de dix articles rédigés par Ignace Sar-
sa mort, il fut appelé à Constantinople, à la fin de 989 roûf, établissant son droit d'inspection et d'interven-
ou au début de 990, et interné durant sept ans dans tion dans les monastères, et auxquels elle ne fit que
un monastère de la capitale, d'où il continua à diriger de légères corrections. Ces articles demeurèrent vite
les affaires de son patriarcat. Enfin Basile II le contrai- lettre morte. Il fut entendu que Clément Badra, lequel
gnit à signer son abdication en septembre 996, ce que mourut en 1802, n'aurait pas de successeur, et que le
fit Agapios, à condition que son nom ne serait pas district de Gébail demeurerait rattaché à l'éparchie
effacé des diptyques du siège d'Antioche. Il reçut en de Beyrouth.
échange la propriété du monastère de Pikridion à Les missionnaires latins, consultés au cours de ces
Constantinople, et, pour son entretien, 24 rotls (le débats, s'étaient prononcés contre le patriarche, qui
rotl = la XÎTpa byzantine) de dinars sur les revenus avait d'ailleurs déjà eu maille à partir avec eux. Il
de son ancien siège d'Antioche. Il mourut un an après, n'est pas impossible aussi qu'il n' y ait eu quelques
en septembre 997. abus de pouvoir de la part de ceux-ci, car, le 20 juillet
G. Schlumberger, L'épopée byzantine à la fin du xe siècle, 1801, la Propagande défendit derechef aux francis-
Paris, 1896 et 1900, loc. cit. cains d'agréger les melkites catholiques au tiers-ordre
C. KARALEVSKY. de Saint-François, et, rendit, en 1802, une instruction
5. AGAPIOS III (MATÂR), patriarche melkite ca- spéciale sur ce sujet et d'autres points analogues. Le
tholique d'Antioche (1796-1812). Né à Damas en 1736, 24 janvier 1806, Agapios obtint un autre ordre de
il entra dans la congrégation basilienne melkite de Rome qui défendait au custode de Terre-Sainte de
Saint-Sauveur, et en fut élu assistant. En 1779, il donner la confirmation aux fidèles qui ne seraient pas
était à Rome, où son frère Gabriel faisait ses études du rite latin.
au Collège grec. Il était venu en Occident pour quêter En 1806, Agapios, poussé par le célèbre métropolite
afin de réparer les dommages causés à son couvent d'Alep Germanos'Adam, réunit un synode au couvent
par les incursions de'Ahmad'aj-Jezzâr, pacha d'Acre. de Saint-Antoine de Qarqafé. Voir 'ADAM (Germain),
Le 5 mai de cette année, le P. Balthazar de Quignonez, col. 494, et QARQAFÉ. Ce concile fut plus tard con-
maître général des frères prêcheurs, et le P. François- damné comme entaché de jansénisme, de baïanisme
Xavier Vasquez, général des ermites de Saint-Augus- et même de gallicanisme, erreurs dont Germanos'Adam
tin, lui délivrèrent des lettres de recommandation pour s'était fait le propagateur. Michel Mazloûm, prêtre
les différents couvents de leurs ordres respectifs où il d'Alep, un des élèves préférés de Germanos'Adam, fut
pourrait passer. Agapios Matâr devait partir pour le secrétaire de ce synode, et, à la vacance du siège arri-
Paris, accompagné de son secrétaire le P. Basile vée le 10 novembre 1809, le patriarche Agapios mit
'Atallah. Son frère Gabriel aurait sans doute voulu tout en œuvre pour s'assurer du succès de sa candida-
aller aussi avec lui, et c'est peut-être à cette circons- ture. Voir C. Charon, Histoire des patriarcats melkites.
tance qu'il faut rattacher l'expulsion de ce dernier t. II, p. 5-16. Il y réussit, mais l'élection, entachée de
du Collège grec le 20 septembre suivant. Voir ATHA- nullité, fut cassée à Rome, et Agapios aida beaucoup
NASE VI MATAR. Ces deux lettres de recommandation, Mazloûm à résister aux ordres du Saint-Siège. C. Cha-
combinées avec les données des archives du collège ron, op. cit., p. 17-18. Voir MAZLOÛM. Sous l'inspira-
:
grec, sont les deux seules pièces qui permettent d'iden-
tifier Gabriel celui-ci ne fut en effet ordonné prêtre
qu'en 1782, tandis que son frère Agapios était déjà
tion de Germanos 'Adam et de Mazloûm, Agapios III
Matâr résolut de se former un clergé séculier particu-
lier, mais ce clergé devait être élevé, naturellement,
assistant de sa congrégation, par conséquent prêtre, dans les idées du métropolite d'Alep. En 1811, il
en 1779. fonda à cet effet le séminaire de 'Aîn-Trâz (voir 'AîN-
Revenu la même année en Syrie, Agapios Matâr TRAZ) : il y mourut lui-même le 21 janvier 1812. Sa
fut élu supérieur général des salvatoriens en 1789, et pierre tombale s'y voit encore dans l'un des murs exté-
garda cette charge jusqu'en 1795 : à cette date, le pa- rieurs. Agapios III Matâr avait été, somme toute, un
prélat d'esprit assez étroit, très jaloux de ses préro- l'université de Youryev (Dorpat, Russie), élève du
gatives et porté à les exercer avec excès, et surtout baron von Rosen, vient de commencer dans la Patro-
d'idées assez peu catholiques. En ce dernier point, il logia orientalis de Mgr Graffin (t. v, p. 557 sq.), une
ne faisait que suivre les théories du célèbre Germanos édition critique du texte d'après le ms. d'Oxford, les
Adam. deux du Sinaï et celui de Florence, avec traduction
française.
Châker Batloûnî, Abrégé de l'histoire de la nation des Au point de vue de l'histoire ecclésiastique, Agapios
Roméo-melkilescatholfqlzes, Beyrouth, 1884, p. 66-71 (en de Mînbîj paraît avoir une grande importance pour
arabe). — Échos d'Orient, 1902, t. v, p. 203-206, 264-270.— les événements qui se sont déroulés de son temps dans
C. Charon, Histoire des patriarcats melkites, Rome, 1910, l'Église melkite et les autres communautés en rapports
t. ii, p. 5-18. Cet ouvrage doit reprendre avec de notables
corrections et développements les études citées ci-dessus, avec elle. Il pourra servir à contrôlerEntychius et sup-
parues dans les Échos d'Orient. pléera aux lacunes de Théophanele Chronographe.
Karalevsky.
C.
La source fondamentale est Al.Vasiliev,AgapijManbidj-
6. AGAPIOSDE MINBIJ,chroniqueurmelkitedu skij, khristianskij arabskij istorik xo viéka,dans le Vi-
xe siècle. Tout ce que l'on sait de ce personnage est zantiiskij Vremennik, 1904, t. xi, p. 574-587. Pour l'étude
qu'il était fils d'un certain Constantin, qu'il devint du ms. de Florence, vonRosen, Zamiétki o liétopisiAgapii,
métropolite melkite de Mînbîj (Maboûgh, l'ancienne Mandbidfskago, dans le Journal ministerstvo narodnago
Hiérapolis) et qu'il écrivit en arabe une chronique ou prosviechtchéniia, janvier 1884, p. 47-75. — Assémani,
histoire universelle allant jusqu'en 941 de l'ère chré- Bibliothecæ Mediceœ Laurentianee et Palatinee codicum ms.
tienne. Il vécut dans la première moitié du xe siècle.
Sa chronique est intitulée Kitâb 'al 'unwân, c'est-à-dire
:
orientalium catalogus. Florence, 1742, p. 213. — Studia
Sinaitica, n° III Catalogue of the Arabie mss. in the convent
of S. Catharina on Mount Sinai, Londres, 1894, loc. cil. -
Livre du titre. Quant à son nom propre, les manuscrits Bibliothecæ Bodleianse codd. mss. orientalium catalogi pal'tis
l'appellent, tantôt Agapios, tantôt Mahboûb, ce qui secundœ vol. 1, arabicos complectens, confecit Alex. Nicoll,
n'est que la traduction du mot grec. Oxford, 1821, p. 56: cf. aussi partis II vol. secundum,
Manuscrits. —- 1° Ms. arabe 51 de la Bodléienne à édité par E.-B. Pusey, 1835, p. 506, où il corrige une erreur
Oxford, copié en 1320 : il ne renferme que la première de lecture de Nicoll d'après S. de Sacy; Kce-a),oyo àfaSi-/mjv
ZHQyci.tù'J irrj; 'hoa'Qj,up.t"tY.';;'-; j3i@AtoÛ'/i*y;ç9
;
ú-r:ÕKA. M. KOIXJ/.VSO-J,
partie, qui va de la création jusqu'à l'ère chrétienne. Jérusalem, 1901, p. 82-83.

de traduction :
2° Ms. 580 du Sin'aï, signalé en 1894 par Mrs. Gibson,
mais d'une manière assez inexacte et avec une faute
le titre arabe donne « Histoire du
C. KARALEVSKY.
1. AGAPIT, bienheureux russe de la laure Pe-
tcherskaïa. Selon son biographe, le moine Polycarpe
Mrs. Gibson traduit en grec :
Roméen ('Ar-Roûmî) Mahboûb, fils de Constantin n, et
'If]..topÍIX Sà tov ayaTi^rov
u'sôvKwvaravTtvo'j 'Pwjj.atoy.Studia sinailica, t. III,
(XIIIe siècle), il était médecin à Kiev et plus par ses
prières que par sa science, il guérissait les malades.
Ayant embrassé la vie monastique dans la laure, il
p. 123-124. Le texte de ce ms., qui correspond au s'adonnait entièrement au service des malades. Par
codex d'Oxford, ne contient aussi que la première ses prières, le prince Vladimir Vsévolodovitch, mono-
partie. 3° Ms. 456 du Sinaï, signalé aussi inexacte- maque de Tchernigov, recouvra la santé. Sa mort,
ment par Mrs. Gibson, op. cit., t. III, p. 88: il ren- d'après les hagiographes russes, eut lieu en 1095. Les
ferme plutôt un abrégé de la première partie d'Agapios Russes lui ont donné l'épithète de médecin désin-
mêlé à divers autres traités. 4° Ms. 132 du fonds orien- téressé : bezmezdnyi vratch. Sa fête est célébrée le
tal de laLaurentienne à Florence, déjà décrit, en 1742, 1erjuin.
par Étienne-Évode Assémani, mais d'une manière Philarète, Les saints russes, juin, Tchernigov, 1863, p. 5,
assez inexacte. Le célèbre maronite confondit l'ère 11. — M. Viktorova, Le Patérik (Vies des saints Pères) de
des Séleucides avec l'ère chrétienne et fit d'Agapios la laure Petcherskaïade Kiev, Kiev, 1870, p. 88-95. — Bar-
un écrivain du XIIIe siècle qui aurait écrit jusqu'à soukov, Sources de Fhagiographie russe, Saint-Pétersbourg,
Andronic II Paléologue (1282-1332). Le ms. 456 du 1882, col. 11.
Sinaï (fol. 175) contient bien un récit sur Andronic et A. Palmieri.
sa femme Athanasie, mais c'est sûrement une addition 2. AGAPIT DE L'ANNONCIATION, carme dé-
apocryphe, car Agapios est cité par Mas'oûdî dès 945 chaussé de la province romaine, avait nom, dans le
(Maçoudi, Le livre de l'avertissement et de la revision, monde, Michel-AngeAngeloni. Né à Terni, dans l'Om-
traduction par B. Carra de Vaux, Paris, 1897, p. 212) brie, en lG52, il fit profession au couvent de Sainte-
et ce judicieux écrivain en fait grand éloge. 'Al-Makîn, Marie d3 la Scala, le 25 mars 1672, enseigna la théo-
contemporain de Mas'oûdî, parle d'ailleurs aussi logie, et composa un Compendium Salmanticensium
d'Agapios. Le ms.de Florence contient la seconde par-
tie de la chronique d'Agapios, la plus intéressante
elle s'arrête malheureusement à Léon IV le Khazare
: ac Summse S. Thomæ resté manuscrit. Poète élégant,
prédicateur zélé, définiteur provincial, il était surtout
un modèle de régularité et d'humilité. Il mourut le
(775-780) pour les Byzantins, et au khalife 'Al-Mehdî 12 juin 1727. Il a publié: Rhetorica, et (ursus scriptu-
(775-785) pour les Arabes. Ce codex a été décrit et ralis abbreviatus, Rome, 1727, in-8°.
étudié avec beaucoup plus de soin par le baron von
Rosen; cf. à la bibliographie. 5° Manuscrit de Jéru-
salem (Saint-Sépulcre, fonds arabe, codex 93), du
:
Archives du couvent des carmes déchaussés de Sainte-Mcu'ie
de la Scala,à Rome Elogium n. 248.-Barthélemy de Saint-
Ange et Henri-Marie du Saint-Sacrement, Collectio scrip-
XVIIIe siècle, ne contenant que la première partie, et torum ord. carmelitarum excalc., Savone, 1884, p. 10.
qui, d'après le début rapporté par Cléopas Kykylidis P. MARIE-JOSEPH.
dans son catalogue (p. 83), 'dépendraitdu ms. d'Oxford.- 3.AGAPIT DE PALESTRINA, mineur réformé de
6° Ms. 90 de la bibliothèque orientale de l'Univer- dans
la province romaine, se fit,ordre son de- et au
sité Saint-Joseph de Beyrouth (description Machreq, hors, la réputation d'un théologien de mérite, ce qui
:
t. vin, 1905, p. 1051-1052), provenant de Homs et
datant du début du XVIIe siècleenviron il correspon-
drait au ms. d'Oxford et contient la première partie
luivalut la chaire de lecteur déthéologie et la charge
de définiteur général dans sa famille religieuse, et les
fonctions de censeur théologique à l'académie de la
plus le début de la seconde jusqu'au concile de Sapience, de consulteur de l'Index et du Saint-Office.
Chalcédoine. 7° D'autres manuscrits existant en Syrie Adversaire déclaré du probabilisme il publia plusieurs
{Machreq, 1902, t. v, p. 909), mais pratiquement ouvrages dans lesquels il combat la doctrine de deux
inaccessibles. membres de la Compagnie de Jésus, alors supprimée.
Édition. — M. le professeur Alexandre Vasiliev, de :
On a de lui Lezioni divote ordinale a conservare il buon
costume neucri fedeli, Rome, 1792, in-8°; Esame cri- tius, Sanciuarium, t. i, p. 14; Martyrologe d'Adon,
tico-teologico di quanto ha scritto ilch. abbate D. Gian- P. L., t. CXXIII, col. 333, 334; légende de saint Venant
vincenzo Bolgeni sopra i peccati mortêlli dubbi e sulle
circostarize notabilmente aggravanti la malizia delle
mortali colpe, Rome, 1799, in-12; Idea genuina della
cariià, o amor di Dio, opposta à pensamenti de' Sigg.
Anastase :
de Camerino, Acta sanctorum, 1685, maii t. v, p. 139,
s'intéressent tous et s'intéressent seuls à un certain
leur rédaction est sans doute en rapport
avec la translation à Rome de saintAnastase de Salone
abb. Gianvincenzo Bolgeni e Lorenzo Hervas, Rome, par le pape dalmate Jean IV, 640-642, et avec celle
1800, in-4°; Lettere d'avviso ad un confessore novello. d'Anastase le Perse, également transporté à Rome
contra l'opera avente per tilolo : Istruzione pratica per i vers 642. De Rossi,Romasott., t. i, p. 144-145; P. L.,
confessori novelli (du P. Philippe Marie Salvatori), t. CXXIII, col. 147-148. Les deux textes du second
Rome, 1805, in-8°. L'ouvrage suivant ferait supposer
que le P. Agapit passa quelque temps en Orient No-
tizie storiche ai luoghi di Terra Santa, Rome, 1793. Ce
: groupe (Acta sanctorum, 1737, aug. t. III, p. 532, 537)
datent sans doute de l'époque ostrogothique (fin du
VE ou début du vie siècle) : il se pourrait que l'une
Teligieux distingué mourut à Palestrina en 1815. d'elles eût la Gaule pour patrie, et un moine de Lérins
Sigismondo da Venezia,Biografia serafica degli uomini pour auteur et qu'elle dérivât d'un texte italien à peu
illustri che fiorirono nel francescano istituto, Venise, 1846, près contemporain.—L'histoire authentiqued'Agapet
p.842.
P. ÉDOUARD d'Alencon.
4. AGAPIT DE PRATO A TESIDO, franciscain,
né, vers le 22 mai 1653, dans la vallée de Fiemme.
:
:
roi Antiochus (souvenir des Machabées) ;
de Préneste est inconnue. La légende en fait un enfant
de 15 ans il va au devant du martyre au temps du
il résiste à
l'apostat Attala (et convertit le corniculaireAnastase).
{Via di Fiemme, Fleimsertal, Tyrol autrichien). Il prit — Voir A. Dufourcq Étude sur les gesta martyrum ro-
l'habit franciscain le 7 septembre 1671vÉtantencore mains, t. III, Le mouvementlégendaire grégorien, Paris,
étudiant au couvent de Trente, il partit pour Rome, 1907, p. 21-28.
après le 20 novembre 1678, pour étudier les langues A. DUFOURCQ.
orientales dans le célèbre collège de Saint-Pierre sur le 3.AGAPDTUS (Saint), dixième évêque deRavenne,
Janicule (San Pietro in Montorio). On ne sait combien siècle (206-232?).
au Ille La durée de son épiscopat est
de temps il y resta, mais en 1687, il était professeur inconnue. La mention des Actes du concile de Rome,
de langue arabe au séminaire épiscopal de Padoue. C'est sous saint Jules Ier (entre 337 et 352),Mansi,Concil.
en cette année qu'il publia ses Flores grammaticales ampl. collect., t. II, col. 1269, qui énumère un Agapitus
arabici idiomatis, collecti ex optimis quibusque gram- Ravennatensis ecclesiee episcopus, n'est pas authentique.
maticis, nec non pluribus Arabum monuments ad quam Agnellus, dans le Liber pontificalis Ecclesiæ Ravenna-
maximam fieripotuit brevitatem aique ordinem revoca- tensis, dans Monum. German., Script. rer. langobard.,
ti. accedit in fine praxis grammaticalis et exercitium p. 283, se contente d'amplifier le nom d'Agapitus en
pro lectione vulgari, in-4°, Padoue, 1687, 414 p. La louant sa charité. Le texte du concile a induit en
deuxième partie de ce volume contient Rudimenta erreur certains historiens locaux et italiens en leur fai-
grammaticæ persicæ. Le P. Agapit mourut à Padoue sant supposer gratuitement l'existence de deux et
au mois de novembre 1687. même de trois Agapitus.
Vig. Greiderer, Germania franciscana, Innsbruck, 1781, Hier. Rubei, Historiarum Ravennatum libri X, Venise,
t. II, p. 558 sq. — I. Chr. Tovazzi, Scriptorum provinciœ 1590, p. 147, 256. — Acta sanct., 1668, mart. t.TI, p. 426. —
S. Vigilii Tridentinæ catalogus, ms., 1766, p. 29-31. Bibliotheca hagiogr. latina, 1898, t. I, p. 23.
M. BIHL. P. FOURNIER.
5. AGAPIT (SKVORTZOV), moine russe, recteur des 4. AGAPITUS (Saint). Voir FÉLICISSIME(Saint).
séminaires de Voronèje et de Tver, mort en 1811. Il
traduisit en russe
Moscou, 1787.
les Confessions de saint Augustin,

Philarète, Aperçu sur la littérature russe, Saint-Péters-


1. AGAPIUS ou AGAPIOS. Photiusnous donne,
:
à son sujet, les renseignements suivants « on comp-
tait dans le chœur de ses disciples (deManès) Agapios,
bourg, 1884, p. 370. — Dictionnaire biographique russe, qui rédigea ce qu'on appelle l'Heptalogue. » Contra
Saint-Pétersbourg,1896, t. I, p. 50. manichæos, I, XIV, P. G., t. CII, col. 41. L'Historia
A. PALMIERI. manichseorum de Pierre de Sicile (?) nous en dit au-
1. AGAPDTUS. Plusieurs martyrs africains por-
taient
réunis
ce nom; ils figurent dans les martyrologes,
à des saints de même origine, au XIX des
termes:
tant, c. XVI, P. G., t. CIV, col. 1265, et dans les mêmes
nous n'avons donc là, quelle qu'en soit la
source, qu'un seul et même témoignage.
calendes de février (14 janvier), au IX des calendes Ailleurs Photius nous apprend que cet Agapios a
d'avril (24 mars) et au VII des calendes de juillet composé«un ouvrage en23 livres et encore (un autre?)
(25 juin). Nous ne savons d'eux que leur nom. Celui
du 24 mars est parfois attribué à la Phrygie mais
la leçon in Africa paraît meilleure que in Phrygia.
; en 102 livres. » Bibliotheca, cod. 179, P. G., t. cm,
col. 521. Ce qu'il nous dit de leur contenu nous fait
reconnaître le dualisme fondamental. Dans le monde
Acta sanctorum, januar. t. I, p. 935; mart. t. III, p. 478- un principe du mal opposé à Dieu; dans l'homme le
481. — Martyrologium hieronymianum, édit. De Rossi et corps mauvais opposé à l'âme d'origine divine, le
Duchesne, p. 8, 35, 82. Extrait des Acta sanctorum, novemb. péché nécessaire; dans l'histoire le principe mauvais
t. II, part. 1, Bruxelles, 1894. agissant dans l'Ancien Testament. A côté de cela un
Aug. AUDOLLENT. mélange de respect et d'irrévérence pour le fondateur
2. AGAPITUS (Saint). Martyr vénéré à Préneste du christianisme; l'incorporation, dans le système-
(Palestrina); le 18 août, d'après le férial hiéronymien.
Une inscription du IVe ou du Ve siècle, trouvée près
de Palestrina alle Quadrelle (Corp. insc. lat., t. XIV,
;
dualiste, de notions et de doctrines chrétiennes, mais
vidées de leur vrai sens une prétention à l'orthodoxie
catholique; un appel aux Écritures mais traitées par
n. 3415), atteste l'importance de son culte à cette une exégèse peu recommandable, et, en même temps,
époque; elle est attestée encore par la construction le recours aux auteurs païens, Platon surtout; l'absorp-
d'une église à lui dédiée, à Rome, au temps et par les tion en Dieu des âmes des bons, pour celles des mau-
soins du pape Félix III, 483-492. Liber pontificalis, vais le feu, la transmigration des âmes de ceux qui
édition Duchesne, t. i, p. 252. Cf. Itin. Salzbourg. menèrent une sorte de vie moyenne. Il exige l'absti-
Sa légende nous est parvenue en deux groupes — de nence de la viande, du mariage, du vin. Le tout, conclut
textes. Les trois textes du premier groupe, Mombri- Photius, non sans talent. On voit quels éléments se
sont déjà mêlés à ce qui est considéré comme la pure cette même année, ou dès le commencement de la sui-
doctrine de Mani. vante, car, en 591, on trouve déjà mention de son suc-
Une donnée chronologique est embarrassante:~u-âyz- cesseur Éleuthère.
(70AI ~SESoxeï 7rpoçTÏ)V EÛVO[JUOUxay.oSo^tav.Agapios a-t-il Aguirre, Collectio maxima conciliorum, Rome, 1694, t. II,
»
pu être des « douze de Mani et avoir vécu encore -
p. 350, 464, 475. Florez,Espafia sagrada, Madrid, 1753,
t. x, p. 218-220. —Fr. Ant. Gonzalez, Canones de la Iglesia
pour combattre la doctrine d'Eunomius? Des deux
:
affirmations, peut-être faut-il plutôt abandonner la
première que la seconde même si celle-ci n'est qu'une
conjecture de Photius elle a du moins pour base la
espanola, Madrid, 1850, t. II, p. 254, 665, 670. — Gams,
Series episcoporum, Ratisbonne, 1873, p. 27.

5. AGAPIUS II A. ANDRÉS.
ou AGAPITUS,évêque de Cordoue,
lecture d'un texte certain. de 612 à 618, est différent du précédent, comme le
Dictionaryof christian biography,1877,1.1, p. 58. —Pauly-
prouve une longue et érudite dissertation du Père
Wissowa, Realencyclopadie der classischen Altertumswissen- -H. Florez, dans son Espana sagrada, t. x, p. 221-226,
schaft, t. i, col. 735. qui relève en même temps les méprises de plusieurs
G. BRILLET.
2. AGAPIUS. Évêque africain, probablement de noble auteurs. La tradition le fait naître à Cordoue, d'une
Numidie. Son souvenir nous a été conservé par les Actes Il fit et riche famille gothique, vers la fin du VIe siècle.
se moine et s'adonna avec ardeur à l'étude des
des saints Jacobus, Marianus et leurs compagnons, saintes Écritures. La renommée de sa science et sa vie
qui souffrirent pour la foi pendant la persécution de
Valérien.Passio sanctorum Jacobi, Mariani., 3 et 11. édifiante attirèrent bientôt sur lui l'attention publique
à la mort de l'évêque Éleuthère, Agapitus fut
Agapius, qui était exilé, selon les prescriptionsdu pre- et,
mier édit impérial dirigé contre les chefs des églises, désigné pour lui succéder sur le siège épiscopal de
Cordoue. Il continua dans sa nouvelle dignité la vie
fut rappelé, avec son collègue Secundinus, à la suite austère cloître. Une nuit, saint Zoïle, martyr, lui
du second édit, pour comparaître devant le gouverneur apparut,du lui déclarant l'endroit où les Gentils avaient
de la province. Leur cas est donc analogue à celui
de saint Cyprien, Voir ce mot. Pendant la route, ils enseveli son corps. Sur cette indication, Agapitus
reçurent l'hospitalité dans une ferme des environs de transporta les restes du saint martyr dans l'église de
Cirla (Constantine), où se trouvaient momentanément Saint-Félix. Il mourut en 618. Dans plusieurs au-
Jacobus et ses amis. Leur courage et leurs chaleu- teurs et quelques bréviaires anciens, on le trouve
mentionné saint; Yepes en sa Cronica de la
reuses exhortations édifièrent tous les fidèles de la orden de sancomme Benito, centurie 2e, dit que le comte
localité. Après avoir subi un emprisonnementà Cirta,
les deux évêques furent martyrisés, soit dans cette los Fernand Gonzalez apporta son corps à Carriora de
ville même, soit peut-être à Lambèse (259). Quelques Condes avec ceux de saint Zoïle et de saint Félix.
jours plus tard, Agapius apparut en songe à Jacobus; Florez, Espana sagrada, Madrid, 1753, t. x, p. 221-226,
il était assis à un festin magnifique. Dans cette vi- 494-495. — Gams, Series episcoporum, Ratisbonne, 1873,
sion, le confesseur reçut l'assurance qu'il allait bientôt p. 27. — Garcia San Juan, Glorias de la Iglesia espaiiola.
— Enciclopedia universal, Barcelone,
partager le bonheur qui lui était ainsi révélé. Les t.p. II,272.p. 866. (Niceto t. III,
- Alphonse) Perujo, Diccionario de
martyrologes nomment Agapius et Secundinus au 29 ciencias eclesiasticas, t. I, p. 240. — Yepes, Cronica
et au 30 avril. general de la orden de San Benito, Irache, 1609, Vallado-
Passio sanctorum Jacobi,Mariani et aliorum plurimorum lid, 1617, t. i, p. 370; t. vi, p. 75.
martyrum in Numidia, dans Ruinart, Acta primorum mar- A. ANDRÉS.
tyrurn sincera, Amsterdam, 1713, p. 222-229. — Acta san- 6. AGAPIUS. Le concile de Chalon (647-650) or-
t.
ctorum, april. III,p. 745-749.—Toulol te (Mgr), Géographie donne (canon 20) la déposition d'Agapius et de Bobo,
de l'Afrique chrétienne, Rennes-Paris, 1892-1894, Numidie, tous deux évêques de Digne, pour avoir plusieurs fois
p. 33.—Monceaux,Histoire littéraire de l'Afriquechrétienne, manqué aux saints canons. Maassen, Concilia sevî
Paris, 1902, t. N, p. 26,154-161; 1905, t. III,p.536;Bul- merovingici, p. 212. On ne sait si le diocèse de Digne
letin archéoloc, que du Comité des travaux historiques,1908,
p. 96. — Dom Leclercq, L'Afrique chrétienne, Paris, 1904,
avait été partagé ou si les deux prélats, élus à l'épis-
t.i, p. 230. copat par deux partis opposés, étaient restés à la
Aug. AUDOLLENT. tête de ces deux partis.
3. AGAPIUS (Saint), martyr, inscrit au Martyro-
loge hiéronymien, au 12 avril, avec Valerius, Publius, - t.
Le Cointe, Annales ecclesiastici Francorum, III, p. 17G
Duchesne,.Fastes épiscopaux, 1894, t. i, p. 283.
Bassus, Julianus, Félix, Paulus, Maurus, Hertula, U. ROUZIÈS.
Verecunda et 42 autres qui ne sont pas nommés. Les 7. AGAPIUS (Saint), martyr, 20 janvier.Voir BA-
bollandistes placent leur martyre en 304. BYLAS (Saint).
Acta sanct., 1675, april. t. n, p. 79. — J.-B. De Rossi et
L.Duchesne,Martyrol. hieromjm.,dans Acta sanct.,novemb. AGAPUS (Saint), inscrit au martyrologe hiéro-
t.n, p.[42]. nymien au 12 avril, aurait, d'après les bollandistes,
U. ROUZIÈS. souffert le martyre sous Dioclétien, en 303, avec plu-
4. AGAPUS aer, évêque deCordoue, de
589 à 591. sieurs autres compagnons.
Ce que nous savons de la vie de ce prélat nous est
connu par son intervention dans quelques conciles et
-
Acta sanctor.,1675, april. t.II, p. 79. J.-B. De Rossi et
L. Duchesne, Martyrol. hieronym., 1894, p. 42.
par les indications que nous donnent sur lui saint Isi- U. ROUZIÈS.
dore et d'autres Pères. La première mention qui soit AGARD DE CHAMPS (ÉTIENNE). Voir CHAMPS-
faite de lui se trouve dans les actes du 111s concile de (ÉTIENNE AGARD DE).
Tolède, célébré en 589. Parmi les 68 évêques qui y
assistaient,il occupe le29erang,cequi fait soupçonner AGARNUS, évêque de Cahors (vers 783). Le-
L'Ordo du
qu'il devait être alors un des plus anciens dans l'épis- nom est écrit aussi Awarnus ou Auvarnus.
copat. En outre, le IIe concile de Séville, tenu en 599, diocèse, s'appuyant sur tous nos auteurs locaux, en
dit de lui au canon 7, que, dans sa jeunesse, il suivit la Géry,
fait le successeur immédiat de saint Didier ou date
mort le 15 novembre 655, et l'indique avec cetteBetto.r
carrière des armes, qu'il passa de la milice guerrière
aux fonctions sacerdotales et que, n'y ayant point été
préparé par sa vie précédente, il resta peu instruit dans
656 à ., mettant à l'année 673 son successeur
Il ne nous paraît pas possible d'accepter cette date, à
la discipline ecclésiastique. Il assista encore au Ier con- moins de supposer sans preuves qu'il y a eu deux
cile de Séville qui eut lieu en 590, et mourut à la fin de évêques du même nom à un siècle de distance.
II est certain qu'il y a eu sur le siège de Cahors un Rouergue, Rodez, 1877, p. 78. — Cyp. Lacarrière, Hist.
évêque du nom d'Awarnus ou Agarnus. Il est men- des év. de Cahors, des saints, etc., inachevée, 1876 sq., t. IV,
tionné dans la vie de saint Didier, dans les récits des p.91.
miracles attribués à ce bienheureux. Nous y lisons E.ALBE.
(mir. IV) qu'Aredius ou Aregius, évêque de Rodez, 1. AGATHANGE(Saint), martyr à Ancyre en Gala-
avait été guéri par l'intercession du saint évêque. Il tie,vers 308. Romain d'origine, Agathange fut converti
vint à Cahors pour rendre grâces et fit à l'évêque et baptisé par saint Clément, évêque d'Ancyre, lors
Agarn, son propre frère (germano suo), le récit de ce qui de la captivité de ce dernier à Rome. Il suivit son maî-
lui était arrivé. Agarn s'étant montré sceptique fut tre en Orient et fut martyrisé à Ancyre le 5 novembre,
saisi sur-le-champ d'une fièvre violente, et ne recouvra quelques mois avant saint Clément. Les Grecs célè-
la santé qu'en faisant amende honorable sur le tom- brent à la fois les deux martyrs le 23 janvier, jour où
beau du saint. Les fastes de l'Église de Rodez n'ont
gardé aucun document au sujet d'Aredius, on ne le con-
naît que par la vie de saint Didier. Une tradition locale
;
ils sont mentionnés aussi par certains martyrologes
latins le 5 novembre, les Ménées font seulement mé-
moire de saint Agathange. — Les Actes de saint Aga-
le fait naître dans un village du Vabrais, Saint-Izaire thange font partie de la Passio Clementis dont on con-
(en latin Aredius), commune actuelle de l'arrondis- naît plusieurs textes. Syméon Métâphraste, P. G.,
sement de Saint-Affrique. Quelle que puisse être la t. CXIV, col. 884-888; Acta sanctorum, januar. t. III,
valeur de cette tradition, elle ne nous fixe pas sur p. 73 sq.; Codex XVIII de Halki, n. 11, signalé dans
l'époque où vivait Aredius et par conséquent Agarn. Analecla bollandiana, 1901, t. xx, p.
56. Les détails
merveilleux qu'ils contiennent ont fait dire à Nicé-
Mais nos auteurs locaux croyaient que l'auteur de la
vie de saint Didier était contemporain des faits qu'il phore Calliste, Ecclesiastica historia, VII, XIV, P. G.,
racontait. Un mot du texte pourrait en effet le laisser t. CXLV, col. 1233, que le martyre de ces deux saints
supposer; il est facile de lui donner une autre inter- surpassait tous les autres martyres. Mais, à en
prétation plus en harmonie avec tout le contexte. croire Baronius et Tillemont, il n'y aurait pas à faire
M. Poupardin, qui a publié de cette vie une édition grand cas des données de ces Actes. — Un synaxaire
savante, est arrivé à cette conclusionqu'elle a dû être de Constantinople nous apprend que la fête des deux
écrite à la fin du VIlle siècle ou au commencement martyrs se célébrait dans un martyrium consacré à
du IXe. La vie ne peut donc nous servir à dater l'épis- leur mémoire et situé sur la rive européenne du Bos-
copat d'Agarnus. phore, au delà d'Anaplos, peut-être aux environs du
Nous avons un autre document où il est fait encore moderne Bébek. On la célébrait également dans
mention de notre évêque. C'est une donation à l'ab- l'église Sainte-Irène, et sans doute aussi dans le petit
oratoire érigé à saint Clément par Basile le Macédo-
:
baye de Moissac. L'évêque Agarnus donne à l'abbaye
et à l'abbé Hermeninplusieurs églises Saint-Pierre de
Bioule au diocèse de Cahors, et, dans le pagus toulou-
nien au sein même du palais impérial. M. Gédéon,
BuÇXVTIVOV'EopToXôy.ov, Constantinople, 1899, p. 63.
sain (ce qui me semble indiquer une origine toulou- En 907, Gabriel, métropolite d'Ancyre, fit don au pa-
saine plutôt que rouergate), les églises de Saint-Martin triarche Euthyme de l'omophorion de saint Clément
de Meauzac et de Saint-Rustique. La pièce, repro- et de quelques reliques d'Agathange. Euthyme les
duite par le Gallia et par Mabillon, Annales, est fau- déposa dans le couvent fondé par lui à Psamathia.
tivement datée de 673, la 2e année du règne de Louis. C. de Boor, Vila Euthymii, Berlin, 1888, XV, 21,
Mabillon dit qu'il faut lire 783 et qu'il s'agit de la p. 55, 56.
2e année du règne de Louis le Pieux en Aquitaine, car
en 673 le souverain du Quercy n'était pas un Clovis,
mais Childéric II. Cette date a été acceptée par les
Acta sanctorum,1643,januar. t. II, p. 458-483. — Syméon
Métaphraste,P. G., t. CXIV, col. 884-888.—Delehaye, Propy-
lœum ad Acta sanctorum novembris, Synaxarium Ecclesiœ
auteurs autres que les auteurs quercynois, lesquels
p. -
Constantinopolitanæ, Bruxelles, 1902, p. 415, lig. 52-53;
d'ailleurs ne s'entendent pas sur le Louis du cartu- p. 418, lig. 42-57; p. 983. Doukakis, )Iiy", I:U"";";",
laire de Moissac. Le Gallia a confonduAgarn avec un janvier, Athènes, 1889, 513-527. — M. Gédéon,BuÇavu/ôv
évêque du nom d'Angarius, qui a siégé quelques 'Eo",i,,;y'o", Constantinople, 1899, p. 63. — Nicéphore Cal-
années plus tard. L'historien Lacoste met à la date 1.
liste, Ecclesiastica historia, VII, c. XIV, P. G., t. CXLV,

noms :
de 783 un évêque du nom d'Ayma. Voir ces deux
ANGAR et AYMA.
Je ne vois aucune bonne raison de ne pas accepter
col. 1233.—Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclé-
siastique, Paris, 1698, t. v, p. 162. — Morcelli, Kalendcaium
Ecclesiœ Constantinopolitanæ,Rome, 1788, t. II, p. 36, 37.
—Martinov,Annus ecclesiasticus græco-slavicus, Bruxelles,
les conclusions de Mabillon. Bien au contraire le fait 1863, p. 51. — Nilles, Kalendariummanuale utriusqueEccle-
de donner uneéglise dédiée à saint Rustique, frère et
prédécesseur de saint Géry, achève de me convaincre
siæ, Innsbruck, 1896, t.i, p. 80.
S. SALAVILLE.
que la charte de Moissac doit être fort postérieure à 2. AGATHANGE. Nom sous lequel se désigne l'au-
l'épiscopat de ce dernier. Car s'il est parlé, dans la vie teur de la Vie de Tiridate (Dertad) et de la
de saint. Didier, d'église ou d'églises élevées à Cahors Prédication de Grégoire l'Illuminateur (t vers 324-
et aux environs en souvenir du défunt, il n'est nul- 325). Voir ces noms.
lement question d'église de saint Rustique en aucun
lieu.
L'évêque Agarn siégeait donc vers 783, et rien, dans
les listes de l'Église de Rodez, ne s'oppose à ce que vers
:
L'œuvre existe en arménien, en grec et en arabe.
En arménien Agathangelos, Histoire du roi Trdat
de Grigor Lousavoritch et de la conversion des Armé-
niens, Venise, 1862; traduction italienne des parties
la même date siégeât également en Rouergue l'évêque hist. faite sur la première édition, Venise, 1843. Le
Aredius. texte grec a été publié avec la traduction latine par
Stilting dans Acta sanel., 1762, sept. t. vin, p. 320-
René Poupardin, La vie de saint Didier, évêque de Cahors, 402, et de Lagarde, Gôttingue, 1887. Langlois a
630-655, publiée d'après les manuscrits, Paris, 1900, p. IV, reproduit le grec et le latin de Stilting, en ajou-
47. — Lacoste, Histoire du Quercy, Cahors, 1883, p. 245, tant une traduction française d'après le texte
287. — Gallia christiana, t. i, Instrumenta, p. 36-xvi. arménien, mais en omettant, dans les trois langues, les
— Mabillon, Annales O. S. B., p. 249,267. — Moulenq, discours de Grégoire et les parties homilétiques.
Docum. histor. sur le Tarn-et- Garonne, Montauban, 1879 sq.,
t. i, p. 288; t. II, p. 237; t. IV, p. 79. — Foulhiac, chro- Collect. des hist. anc. etmod. de l'Arménie, Paris, 1867,
nique manuscrite du XVIIe siècle, aux Archives du Lot, t. i, p. 97-193. Enfin N. Marr a publié une version
série F, 136, p.12. — Servières, Histoire de l'Église du arabe qu'il suppose avoir été faite au VIne siècle,
d'après un texte du :
Ve siècle Martyre de saint Gré-
goire, de sainte Hripsimé et de sainte Gaïanè, dans les
:
qu'il publia en latin sous ce titre Sacra tuba fideir
1736 (traduction allemande publiée la même année).
Zapiski, Saint-Pétersbourg, 1905, t. XVI, n. 2-3, p. 66- Sathas, N£OêXXy]VlXV]
C. =«, Athènes, 1868, p. 470.
ÇIAOÂOY
148; avec trad. et notes en russe par Marr, p. 149- G. Zabiras, Néa 'EHfÍ.;, Athènes, 1872, p. 320. —
211. Malheureusement, dans le manuscrit édité, S. PÉTRIDÈS.
Sinaïticus, n. 460, fol. 1-35, il manque toute la partie 4. AGATHANGEDE JÉSUS-MARIE, carme dé-
correspondant aux 37 premiers paragraphes du texte chaussé, né en 1580, d'une noble famille génoise,.
grec. avait nom, dans le monde, Augustin Spinola. fi
Le soi-disant Agathange prétend avoir été le secré- entra, en 1595, dans le Carmel réformé, fut choisi
taire de Tiridate et le témoin oculaire des faits qu'il plusieurs fois comme provincial, définiteur général,
raconte. Peut-être se désigne-t-il simplement comme visiteur des provinces de France et des Pays-Bas.
le héraut de la Bonne Nouvelle. Son œuvre enferme catholiques, enfin, sur l'ordre d'Urbain VIII,commis-
un noyau historique, mais enveloppé de détails lé- saire apostolique des camaldules de Toscane. Il mul-
gendaires, tels que la métamorphose de Dertad en tiplia dans sa patrie les fondations de carmes dé-
sanglier, n. 89 du texte grec, c. 20 du texte arménien, chaussés et les établit, ainsi que les carmélites, à
p. 90 de l'arabe. Le texte arménien actuel date pro- Avignon, d'où leur renom se répandit en France.
bablement de la première moitié du ve siècle. Il est Les principales villes d'Italie l'appelaient pour en-
connu de Lazare de Pharbe écrivant vers 490 (pré- tendre ses prédications éloquentes. Il mourut à Gênes,.
face no 2); ce qui n'empêche pas quelques additions en 1641, laissant des sermons demeurés manuscrits.
faites vers l'an 460, quand les Arméniens aux prises
avec Yezdgerd II ont été abandonnés de Marcien. Historia generalis carmelitarum dise. congregalionis Ital.,
La version grecque actuelle paraît avoir été faite au t. i, p. 85. — Aug. Oldoini, Athenseum ligusticum, Pérouse,
1680, p. 4-5. — DeVilliers, Bibliotheca carmelitana, Orléans,
ve ou vie siècle sur le texte arménien. Cf. de Lagarde, 1752, t. i, col. 10-11.
Abh. derk. Çesdlshaft der Wissen zu Götting., 1887, P.MARIE-JOSEPH.
t. XXXV, p. 129 sq.
Le texte arménien lui-même paraît être le déve-
5.AGATHANGEDESAINT-LOUIS,néàCasal-de-
Montferrat, en Piémont, le 3 juillet 1710, de la famille
loppement de documents historiques antérieurs. Bussa, prit l'habit religieux, le 23 août 1727, dans la
A. de Gutschmid, dans son étude sur Agathange, province des carmes déchaussés de Lombardie et pro-
Zeitschriftder dealschen Morgenlândischen Gesellschalt, nonça ses vœux solennels le 24 août de l'année sui-
1877, t. XXXI, p. 1-60, admet qu'avant le ve siècle vante. Il exerça diverses charges dans son ordre. Sa
il dut y avoir une vie de Grégoire et une his- compétence dans les questions de liturgie était telle
toire du martyre de Grégoire et des Hripsimiennes; qu'on le consultait de toutes parts. Il mourut au cou-
cette hypothèse semble confirmée par le titre même
de la version arabe, et par l'Agathangelos de l'èvêque
arabe Georges (an. 686-724).
:
vent de Bologne, le 14 novembre 1786. Il a publié de
remarquables dissertations liturgiques De officiis
diœcesanis, Milan, 1763; De die obitus seraph. virg.
sanctæ Teresiæ, Milan, 1768.
J. Dashian, Agathange chez rév. arabe George, Vienne,
1891, en arménien. — F. Tournebize, Hist. religieuse et Hurter, Nomenclator literarius, Innsbruck, 1895, t. iii,
politique de l'Arménie, Paris, 1909, p. 50, 390, 391, 423, col. 491. —Barthélémy de Saint-Ange et Henri-Marie du
424, 426-464. — Revue de l'Orient chrét., 1907, t. XII,
p. 153 sq., 280,356 sq. — G. Thoumaian, Agathange et la
doctrine de l'Église armén. au ie siècle (thèse), Lausanne,
Savone,1884, t. i,
Saint-Sacrement, Collectio scriptorum ord. carmelit. excalc.,
p.11.
P. MARIE-JOSEPH.
1879. — B. Sarkisian, Agathange et son mystère séculaire, 6. AGATHANGE DE SAINTE-THÉRÈSE, carme
étude critique, Venise, 1890, en arménien. déchaussé polonais, avait nom dans le siècle Alexandre
Fr.
TOURNEBIZE. Maximilien Pinoci. Né à Cracovie, en 1654, il suivit
3. AGATHANGE, 'AyaôdtYYîî.o;. Ce nom désigne un les cours de l'université, entra au carmel de cette ville,
livre imprimé à Athènes en 1837, chez A. Coromelas, y reçut l'habit le 22 octobre 1671 et fit profession l'an-
souvent réédité depuis et dont il circulait auparavant née suivante. Ordonné prêtre au terme de ses études
d'innombrablescopies manuscrites.Le titre est'0rcratia monastiques, à Lublin, en 1679, il enseigna pendant
(ou IIpocp.,¡'t'dcx) 'Icpwvyao'j'AYa0aYY^oy> avec des va- six années la philosophie et la théologie scolastiques
riantes; les divers exemplaires que j'ai examinés ne dans les couvents de Lublin, de Cracovie et de Prze-
sont pas identiques et ont subi tantôt des additions mysl. D'une érudition universelle, il excellait non seu-
tantôt des suppressions. D'après la préface, il aurait lement dans les sciences sacrées et le droit civil et ecclé-
été écrit en grec, à Messine, en 1279, par Jérôme siastique, mais encore en poésie, en mathématiques et
Agathangelos, moine basilien originaire de Rhodes, en médecine. Il composade belleshymnes latines, divers
puis traduit en italien et publié à Milan, en 1555, par ouvrages dogmatiques et ascétiques restés manuscrits
un bénédictin,Jacques IlaÀairôrQç,rééditéàripai-ovi*(?)
en 1708 et remis en grec sur cette seconde édition par
l'archimandrite ThéocletPolyeidès en 1751. En réalité,
:
et mourut dans le couvent de Cracovie, en novembre
1734. Il a publié 1° Meditationes de beatissima Vir-
gine et sancto Joseph; 20 Responsio ad quemdam reli-
c'est celui-ci qui en est l'auteur. En dix chapitres, il giosum ordinis S.Francisci, in suis editis concioni-
prédit la chute de l'empire byzantin pour 1453 et les bus contendentem Monita spiritualia sanctse Teresise,
principaux événements de l'histoire politique de l'Eu- non suis carmelitis, sed reformatis S.Francisci fuisse
rope jusqu'en 1745. La langue est le grec moderne, le tradita.
style allégorique, imitation maladroite des livres pro-
phétiques de l'Ancien Testament et de l'Apocalypse. Martial de Saint-Jean-Baptiste, Bibtiotheca carmelit.
Malgré la vogue immense de cet ouvrage et l'influence excalc., Bordeaux, 1730, p. 1. — Cosme de Villiers, Biblio-
exercée par lui sur les Grecs, il n'a droit à être signalé theca carmelitana,Orléans, 1752, t.i, col. 11. — Archives des
ici que pour les chapitres où l'auteur, admirateur pas- carmes déchaussésde Pologne, au couvent de Czerna (Ga-
licie). — Barthélemy de Saint-Ange et Henri-Marie du
sionné du protestantisme allemand, tonne contre Saint-Sacrement, Collectio scriptor. Órd. carmelit. excalc.,
l'Église de Rome. Théoclet était né à Andrinople; il Savone,1884,1.1, p.12.
devint archimandrite de Polyane, grand ecclésiarque P. MARIE-JOSEPH.
au Mont Athos, puis visita l'Italie, la Suède et l'Alle- 7. AGATHANGE DE VENDÔME (Bienheureux),
magne. Il composa une histoire de l'Église grecque, martyr de l'ordre des frères mineurs capucins, naquit
demeurée manuscrite, et un exposé de ses dogmes, à Vendôme, le 31 juillet 1598, de François Noury,
président de l'élection, et de Marguerite Bégon. est attestée au temps de saint Grégoire le Grand,
Au baptême il reçut le prénom de François, qu'il 590-604, qui lui consacre l'ancienne église des ariens, à
quitta pour celui d'Agathange, en revêtant l'habit Rome (P. L., t. LXXVII, col. 288, 688;Liberpontificailis,
religieux au noviciat de la province de Touraine, alors éd. Duchesne, t. I, p. 312), et au temps de saint Sym-
au Mans (1619). Ses vœux prononcés, il acheva ses maque, 498-514, qui lui consacre une basilique via
études préparatoires au sacerdoce dans les couvents Aurelia, in fundo lardario, près Rome (Liberpont., t.I,
de Poitiers et de Rennes et il fut ordonné prêtre en
1625. L'année suivante, il prêchait le carême dans sa
p. 262).-Le principal texte latin qui nous a conservé sa
légende(Acta sanctorum, 1658, feb. t. 615-631), est
I,p.
ville natale et deux ans après il partait pour la mis-
sion d'Alep, où il arrivait dans les premiers mois de
1629. Sa première occupation fut de se livrer à l'étude
il
parent des gestes de Vitus, de Processus et de Cécile, de
Tarachus et de Claudius-Asterius; émane sans doute
du groupe des moines scythes et des amis de Fulgence
de l'arabe, qu'il parlait bientôt assez couramment Ferrand (vers 514-523?), où les influences africaines
pour prêcher dans cette langue. Nous le trouvons peu et orientales sont si vivantes. Agathe aussi riche que
après dans le Liban et de nouveau à Alep, d'où il est belle, est recherchée par le consularis Quintianus;
enlevé, en 1633, pour rétablir la mission du Caire,où le comme elle le repousse et professe sa foi, on lui coupe
rejoignait le P. Cassien de Nantes, qui devait être le les seins; mais saint Pierre vient la guérir; après de
principal auxiliaire de son apostolatet le compagnon nouveaux supplices, elle meurt; son persécuteur est
de son martyre. Le P. Agathange travailla surtout à la puni; un an après sa mort, le voile de son tombeau
réunion des Coptes à l'Église romaine; dans ce but il sauve Catane des laves de l'Etna. — Au cours du
visita les célèbres monastères de la Nitrie et de la
Basse-Thébaïde, où il fit quelques prosélytes. En par-
ticulier il achemina vers cette union un moine du nom
tacher Agathe :
vie siècle, peut-être à la fin, Palerme chercha à se rat-
de là, deux versions qui montrent
en Palerme la demeure ou la patrie de la sainte
de Marcos, qui fut peu après nommé évêque d'Éthio-
pie. Le P. Agathange aurait voulu le suivre pour tra-
vailler à relever de ses ruines cette mission, florissante
;
(Acta sanctorum, loc. cit., p. 620, et P. G., t. CXIV,
col. 1332) on sait que, au moins à. la fin du vie siècle,
Palerme est avec Catane la résidence des deux recteurs
quelques années auparavant. Les permissions de Rome des patrimoines siciliens de l'Église romaine. P. L.,
se faisaient attendre, et pendant ce temps un luthé- t. LXXVII, col. 565-567,441-442. Les gestes d'Agathe
rien allemand, Pierre Heyling, que notre missionnaire sont cités dans le Liber soliloquiorum animæ ad Deum,
avait plusieurs fois démasqué et combattu, captait la § 22, P. L., t. XL, col. 882 : l'origine de ce Liber est mal
confiance du nouvel évêque qu'il accompagnait dans connue. L'histoire authentique de la martyre ne l'est
son voyage. Sa ruse et ses mensonges changèrent en pas moins. Rien ne s'oppose à ce qu'elle ait réellement
;
jalousie les bonnes dispositions de l'abuna Marcos et
en firent un ennemi de nos missionnaires si bien que
lorsque le P. Agathange et le P. Cassien purent se
mettre en route, au mois de décembre 1637, des em-
souffert, comme le disent les gestes, sous le troisième
consulat de Dèce, c'est-à-dire en 251.
Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésias-
bûches leur avaient été dressées le long de leur chemin tique, t. III, p. 409 et 730. -
Allard, Histoire des persécu-
tions pendant la première moitié du Ille siècle, 1894, p. 318.
et ordre avait été donné de les arrêter dès qu'ils entre-
raient en Abyssinie, ce qui eut lieu à leur arrivée à — Albert Dufourcq, Étude sur les gesta martyrum romains,
Dibarua. Après un mois passé en prison, ils furent t. II. Le mouvement légendaire lérinien, Paris, 1907, p. 194-
210.
conduits à Gondar, et le lendemain de leur arrivée, A. DUFOURCQ.
jugés sommairement. Comme, dans la séance suivante, 2. AGATHE (Sainte), religieuse bénédictine de
ils faisaient courageusementprofession de la foi catho- Weinsbrunn(Winbrunn, Wimbourg),VIIIe siècle. Elle
lique romaine, on les condamna à mort et la sentence fut disciple de sainte Lioba, qui édifia un monastère
fut exécutée sans délai. Les cordes manquant pour les à Bischofsheim, et coopéra efficacement avec saint
pendre, on se servit de celles qu'ils portaient comme Boniface à la conversion de l'Allemagne. Rudolphe,
ceinture, et la mort ne venant pas assez vite au gré moine de Fulda, qui rédigea la vie de sainte Lioba,
des bourreaux, la foule les lapida; c'était le 7 août utilisa pour son travail beaucoup de renseignements
1638. La nuit suivante, des flammes mystérieuses sor- fournis par Agathe. Dans la même vie, on raconte
tirent de l'amas de pierres sous lequel ils avaient été que sainte Lioba opéra un miracle pour démontrer
ensevelis et le même prodige se renouvela jusqu'à ce l'innocence d'Agathe, qu'on avait calomniée. Le
que les catholiques leur eussent donné une sépulture ménologe bénédictin mentionne le nom d'Agathe
plus convenable. Elle est malheureusement toujours
ignorée, car au moment où Mgr Massaia, leur frère en au 12 décembre. D'après Bucelin, elle serait morte
religion et le successeur de leur apostolat, voulait la en 790.
faire rechercher, il fut banni de l'Abyssinie. Créé car-
il
dinal, n'oublia pas les martyrs de Gondar, et, en par-
Bucelin, Menologium benedictinum, Feldkirch, 1655,
p. 846. — Mabillon, Acta sanctorum ordinisS. Benedicti,
tie sur ses instances, fut repris le procès de béatifica- Venise, 1734, t. IV, p.222; Annales ordinis S. Benedicti,
tion, commencé peu de temps après leur martyre, Lucques, 1739, t. II, p. 133. — Stædller, Vollständiges
mais interrompu depuis deux siècles. Enfin le 1er jan- Heiligen-Lexikon, t. I, p. 70.
vier 1905, dans la basilique de Saint-Pierre avait lieu A. PALMIERI.
la béatification solennelle des martyrs Agathange de 3. AGATHE DE BASSANO, bienheureuse de l'or-
Vendôme et Cassien de Nantes. dre de Saint-Augustin, née à Vicence l'an 1433; son
culte n'a pas été approuvé par l'Église. Elle embrassa
P. Apollinairede Valence, Correspondance de Peiresc avec la vie religieuse à Vicence en 1448, dans le couvent de
plusieurs missionnaires et religieux de l'ordre des capucins, Saint-Thomas, et mourut en 1467 ou 1465. D'après
Paris, 1891, p. 24,67, 104, 111, 121,136, 141,153,160,
167, 171, 184,199,206, 224, 237, 243,254. ses biographes, la sainte Vierge lui avait prédit le
P. Ladislas jour de sa mort.
de Vannes, Deux martyrs capucins, les BB. — Agathange de
Vendôme et Cassien de Nantes, Paris, 1905.
P. ÉDOUARD d'Alençon. Herrera,Alphabetum augustinianum, Madrid, 1644, t. i,
1. AGATHE (Sainte). Martyre vénérée à Catane,le p. 16.— Elssius, Encomiasticon augustinianum, Bruxelles,
1654, p. 20. — Lanteri, Postrema sæcula sex religionis
5 février, d'après le férial hiéronymien et les nombreux augustinianæ, Tolentino, 1859, t. II, p. 198.
documents liturgiques que nous avons conservés des A. PALMIERI.
VI, VII, VIII, IX et Xe siècles. L'importance de son culte 4. AGATHE (Sainte). Voir HILDEGARDE (Sainte).
AGATHECOME, '~AyaOoy.a>p.r,,évêchéenPhrygie
Pacatienne. Aucun géographe ancien ne mentionne
cette localité. C'est évidemment l'Agathicum que le
comte Marcellin nous dit avoir été ravagée en 494 par
;
de Justin le Jeune en 565, l'Histoire du règne de Jus-
tinien se poursuivit sous ses successeurs le cinquième
volume fut écrit à la mort de Chosroès en 577 et la
publication du tout aurait été faite soit en 582, soit
un tremblement de terre, avec Laodicée, Hierapolis et en 594. Smith and Wace, Dictionary of christian bio-
graphy, t.I, p. 59.
Laodicée:
Tripolis. P. L., t. LI, col. 934. Les Notices l'indiquent
jusqu'au IXe siècle comme un évêché suffragant de
Ecthèse d'Épiphane (Gelzer, Ungedruckte
und ungenügend veroffentlichte Texte der Notit. episcop.,
Son histoire rapporte des détails militaires, poli-
tiques ou géographiques qu'on ne trouve nulle part
ailleurs, en particulier pour la période qui va de 553
p. 540), Notice de C. de Boor, Notices 1, 8, 9 de Par- à 559, sur les guerres de l'empire romain avec les
they, Notice de Basile l'arménien (Gelzer, Georgii Alamans et les Goths, sur les coutumes et la religion
Cyprii descriptio orbis romani, p. 19). Aucun évêque de ces nations, sur la guerre avec les Perses, sur la
n'est connu. Ramsay, The cities and bishoprics of religion de Zoroastre, sur les campagnes de Béli-
Phrygia, p. 261, suppose que le siège portait un double saire et de Narsés, sur les tremblements de terre, sur
nom, celui d'Agathe Come et Themisonion, la eO(fJ.- les famines et les épidémies de peste qui désolèrent
o1tO'J'lto).tç des Notices tardives. Voir THEMISONION. l'Italie au milieu du vie siècle.
Celle-ci aurait été le chef-lieu civil de la vallée du Ca- L'écrivain mourut, âgé de 46 ans, en 582, sans avoir
zanès, tandis qu'Agathe Come en était le centre reli- terminé son œuvre. Soit à cause de sa considération
gieux. Il identifie Themisonion avec Kara Eyuk Bazar, comme historien, soit en retour des bienfaits accordés
vilayet de Brousse, et Agathe Come avec Adji Payam, à sa patrie, il fut, comme son père Memnonius,honoré
village au sud-ouest du précédent; près de là, au lieu d'une statue. Continuée parMénandreProtector,mise à
dit Aladja In, on remarque des ruines byzantines. contribution par ThéophaneConfesseur,l'œuvre d'Aga-
S. PÉTRIDÈS. thias a passé en grande partie dans la bibliothèquecon-
AGATHÉMÈRE (Saint), martyr en Mysie, dont stantinienne.—Plus poète et plus rhéteur qu'historien,

:
le nom se trouve inscrit au 3 avril dans les divers
manuscrits du Martyrologe hiéronymien sous des
formes quelque peu divergentes In Misia Agathe-
meri; In Mæsia Agathsemeriti de antiquis. In Mirea
Agathæ Meriti de antiquis. Cette dernière expression,
l'écrivain excelle dans l'anecdote, mais il dépare ses
œuvres par la profusion des mots poétiques employés,
par l'abus des digressions et par le vain étalage de son
érudition. Supérieur à Procope par les qualitésper-
sonnelles, plus versé dans la connaissance de l'Orient
de antiquis, doit sans doute s'entendre de l'époque où que dans celle de l'Italie, il le cède à son devancier
ce saint aurait été martyrisé; mais on manque d'autres sous le rapport de la science militaire et de l'exactitude,
données pour préciser cette antiquité. plus brillant que lui, il est moins judicieux. Ceillier,
Acta sanctorum,1675,april.t.I,p.244.—J.-B.DeRossiet Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastiques, t. XI,
L. Duchesne, Martyrologium hieronymianum, édité dans p.692.
Acta sanctorum, novembr. t.II, Bruxelles, 1894, p. [39]. On ne saurait affirmer s'il fut chrétien ou païen.
S. SALAVILLE. D'une part, l'absence de profession de foi dans ses
AGATHIAS, dit le SCOLASTIQUE, né en écrits, la manière toute païenne dont il rapporte le
536 ou 537 à Myrina, petite ville éolienne d'Asie-Mi- martyre de saint Étienne, le ton satirique avec lequel
neure, de Memnonius, rhéteur distingué et de Pé- il parle des controverses d'un certain Uranius sur la
ricléa, mère vertueuse qu'il perdit à l'âge de trois ans, nature divine, et, enfin, son admiration pour les phi-
fut probablement élevé d'abord à Constantinople, losophes polythéistes, dénotent chez lui une âme
puis à Alexandrie, et de nouveau, vers 554, à Constan- païenne. D'un autre côté, sa réflexion sur un passage
tinople, où il fit ses études juridiques. Krumbacher, de saint Matthieu, XVI, 26 « à quoi servirait de gagner
Gesch. d. byz.Litter.,Munich, 1897, p. 240-242. Avocat, tout l'empire des Perses si l'on perdait son âme? »
il plaida devant lacour impériale. A cette époque, les son poème sur l'archange saint Michel, son éloge des
causidici ou avocats s'appelaient scolastici, d'où le Francs et de tous les chrétiens, sont de tout point
surnom de scolastique qu'on lui a donné. Mais, plus corrects en ce qui concerne la religion chrétienne et
passionné pour la culture des lettres que pour les dis- donneraient à penser qu'il la professait. Cependant,
cussions du barreau auxquelles il ne se livrait que par il est plus vraisemblable,à cause de ses dissertations
nécessité, Agathias composa un recueil de poésies éro- sur l'idolâtrie des Grecs et des Barbares, que, sans,
tiques, les Daphniaca, plus de cent épigrammes re- embrasser leur foi, il a emprunté aux disciples du Christ
cueillis par Brunck dans sesAnalecta, dessonnets sur des notions justes sur la Divinité, dont il parle, d'ail-
un grand nombre de sujets, quelques morceaux en leurs, en philosophe railleur plutôt qu'en croyant
prose et des notes marginales sur le Periegetes de Pau- convaincu.
sanias. Il fit sur les épigrammatistes qui avaient Son histoire a été publiée à Leyde par Vulcanius en
écrit depuis Auguste un recueil aujourd'hui perdu 1594. Une traduction latine en a été faite, et les deux
mais qu'on retrouve en grande partie dans les textes latin et grec ont été publiés à Paris en 1660.
Anthologies de Planude et de Constantin Céphalas. La meilleure édition est celle de Niebuhr dans le Cor-
Krumbacher, op. cit., p. 240. pus Script. hist. byz., Bonn, 1828, reproduite par
A 30 ans, il s'occupa d'histoire. Désireux de mieux Migne, P. G., t. LXXXVIII, col. 1267-1596.
faire que ses prédécesseurs, tous trop injustes ou
trop panégyristes, à son avis, à l'exception de Procope, Ceillier, Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastiques,Paris,
il entreprit de continuer l'œuvre de ce dernier, soit 1862, t. x, p. 692. — Krumbacher, Geschichte der byzant.
Litteratur, Munich, 1897, p. 240-243. — Bury, History of
sous l'impression des événements, soit à la sollicita- the latter Roman Empire, London, 1889, t. II, 179-181. —
tion de ses amis. En cinq volumes — prenant les évé- Smith and Wace, Dictionary of christian biography, t. I,
nements au point où les avait laissés Procope, c'est-à- p. 59-60. — Sur les épigrammes et autres ouvrages attri-
dire, à la défaite et à la mort de Téias, le dernier roi bués à Agathias, voir Krumbacher, op. et loc. cil.
des Goths, et aux victoires de l'eunuque Narsés — E. MONTMASSON.
il raconte la campagne de ce dernier contre les Francs AGATHIMBRE,évêque de Metz, nommé par Paul
et les Alamans, la guerre de Rome contre les Perses Diacre (Gestaep. Mettensium,dans Monum. Germ. hist.,
et les Huns, l'histoire de Chosroès et les divisions in- Script., t.II, p. 26), est mentionné dans une poésie de
testines fomentées chez les Huns par Justinien. Com- 62 vers consacrée aux évêques de Metz et où il est dit,
mencée à la mort de Justinien et à l'arrivée au trône au vs. 40, qu' « Agathimbre,d'origine grecque, occupe
un rang élevé dans l'Église.» Cette poésie a pour au- Itulia sacra, t. Antonio (Nie.), Censura de
VI, col. 1073. —
historias fabulosas,Valence, 1742,p. 138-139. — Salas (M. de),
teur, suivant Bethmann (Archiv, t. x, p. 294), Paul Vida de santaAgatodea, virgen y martyr, patrona de Mequi-
Diacre lui-même, suivant Heller auquel on doit l'édi- nenza, in-8°, Saragosse, 1697.
tion des Gesta dans les Monum. Germ., l'évêque Angil- A. LAMBERT.
ram, à la prière duquel ils avaient été composés. Aga- AGATHODORE (Saint), martyr à Tyane en Cap-
thimbre se retrouve cité dans divers martyrologes
qu'énumèrentlesAclasanctorum,1680,maii t.II
p.632. padoce, dont les Grecs font mémoire le 2 février. Voici
comment les synaxaires résument ses actes, sans rien
:
Le dernier, celui d'André Saussay au XVIIe siècle, ren-
ferme surAgathimbreunecourte notice «Agathimbre,
d'origine grecque, dut s'enfuir d'Italie devant la persé-
nous dire d'ailleurs de l'époque où ils se passèrent.
Jeune homme encore, Agathodore, accusé de christia-
nisme, fut conduit devant le gouverneur de Tyane en
cution du roi arien Théodoric; il vint à Metz où il présenceduquel il confessa sa foi. Déchiré tout d'abord
fut bien accueilli par l'évêque Gramace, grec comme par les ongles de fer, il fut ensuite soumis au supplice
lui, et lui succéda; après un ministère fécond, il fut
»
enseveli dans la crypte de Saint-Clément. Malheu-
reusement, les récits de Saussay ne semblent pas mé-
du gril; puis on lui coupa la langue, on lui arracha les
dents avec des pinces, on lui écorcha avec un rasoir
la peau du visage, on lui brisa les jambes et on lui
riter grande créance. Meurisse, Hist. des évêques de transperça les côtes à coups de javelots; enfin on lui
Metz, 1633, p. 74, qui a eu à sa disposition un mar- enfonça dans le cerveau de petits aiguillons enflammés,
tyrologe messin, ne donne pas d'autres renseignements jusqu'à ce que le martyr expirât.
sur l'évêque. Selon lui, quelques Chroniques de Metz,
qui semblent être restées manuscrites en la possession
d'un sieur Praillon, ancien maître échevin, et que -
Acta sanctorum, 1658, februar. t. I, p. 295. — Doukakis,
l\HjG<, EUYa:"llTt.;,;, février, Athènes, 1890, p. 65-66.
haye,Propytæum ad Acta sanctorumnovembris,Synaxarium
Dele-
D. Calmet (Hist. de Lorraine, t. I, p. XCII) ne pouvait
plus « déterrer» au siècle suivant, mais citait d'après
Ecclesiæ Constantinopolitanæ,Bruxelles,1902,p.440, lig. 52;
p.986.
le P. Benoît Picart, mentionnaient d'Agathimbre qu'il S. SALAVILLE.
avait eu la qualité de législateur « quelques années, 1. AGATHODORUS (Saint), évêque martyr. Voir
dans la ville de Metz, avant qu'il fût investi de la EPHREM (Saint), 7 mars.
charge de ce troupeau » (p. 19).
D'après le très intéressant travail de D. Quentin, 2. AGATHODORUS (Saint), martyr. Voir CARPOS
Les martyrologeshistoriquesdumoyen âge, Paris, 1908, (Saint).
suivant lequel Bède, Florus et Adon constituent les
trois premières étapes des martyrologes historiques, 1. AGATHON, martyrs de ce nom. Le martyrologe
le nom d'Agathimbre ne figure pas dans les manuscrits hiéronymien mentionne des dates différentes des
sous
qui représentent l'œuvre du savant anglais et du dia- martyrs du nom d'Agathon; la plupart de ces saints
cre lyonnais, p. 45, 241-243. On le lit dans le manus-
: figurent encore dans le martyrologe romain de nos
crit 196 (XIIIe siècle) de la bibliothèque de Metz
Quarto idus Maii. Mettis, Natale santi Agatembri
episcopi et contessoris. Ce document est l'un des trois
exemplaires abrégés qui forment la tradition messine
dans la première famille des manuscrits d'Adon. Quen-
:
jours. 1. Sous la date du 9 février, nous lisons dans le
martyrologe hiéronymien une longue liste de mar-
tyrs avec l'indication topographique In Ægypto; il
y a un saint du nom d'Agathon. Mart. hieron;, édit.
De Rossi et Duchesne, Acta sanct., nov. t. II, p. [18] ;
tin, loc. cit., p. 468. Néanmoins il ne paraît pas avoir t. p. -
cf.Actasanct., 1657,febr. II, 294. 2°Une seconde
:
été le martyrologe que Meurisse (p. 74) avait à sa dis-
position dans ce dernier, Agatimbre était nommé
au « quinto » idus Maii.
liste de martyrs d'Alexandrie se trouve sous la date
du 14 février, Mart. hier., édit. cit., p. [20] Acta ;
sanct., febr. t. II, p. 750 sq. Ici, dans le manuscrit de
J. DALSTEIN. Berne du Hiéron., les saints sont divisés en groupes,
AGATHIN ou AGATIN (Saint), de Synnades en
Phrygie, mentionné au 19, au 20 ou au 21 août, dans
les divers manuscrits du martyrologe hiéronymien,
selon le genre de mort qu'ils eurent à subir; dans le
second groupe nous trouvons les noms suivants Item
Cyrion presbyteri, Mosy eos (sic), Bassion, Agathon
:
avec plusieurs autres compagnons, parmi lesquels exoreistæ. Hii omnes igne combusti sunt. Le marty-
Arcius, Diomède, Pamphile. Agatini Zeli, désignant rologe lyonnais de la première moitié du IXe siècle
sans doute deux saints de ce groupe dans un manus- a reproduit cette notice, Quentin, Les martyrologes
crit, a donné ailleurs Agathangeli. historiques du moyen âge, p. 211; elle passa dans les
J.-B. DeRossi et L.Duchesne,Martyrologiumhieronymia- martyrologes de Florus et d'Adon et dans le Romain
num, édité dansActa sanct. novembr. t. II, p. [107] et [108]. moderne, sous la même date du 14 février. — 3. Au
S. SALAVILLE. (5 juillet, les trois manuscrits du mart. hiéronymien
AGATHIUS, AGATUS. Voir ACACE (Saint), édit. cit., [p. 87]; cf. Acta sanct., julii t. II, p. 222 sq.)
col. 237. portent la notice: In Sicilia Agathonis et Trifinæ (Cod.
Wissenburgen. : Trifonis), qui a passé dans les mar-
AGATHOCLIE (Sainte), martyre, 17 septembre. tyrologes historiques et que nous lisons dans le mart.
La notice de cette sainte se retrouve, avec quelques romain. De tous ces saints nous ne connaissons que les
variantes, dans la plupart des synaxaires grecs. Ser- noms. — 4. Des données historiques plus développées
vante chrétienne d'un chrétien, Nicolas, dont la sont présentées par Adon dans son martyrologe au
femme Paulina était païenne, elle aurait été, huit sujet d'un soldat d'Alexandrie, auquel il donne le nom
années durant, la victime des persécutions de cette d'Agathon et qu'il range sous la date du 7 décembre.
fanatique. Inébranlable dans sa foi, elle mourut en
prison, sous le glaive du bourreau. Aucune indication
de date ni de lieu. Au début du XVIIe siècle, le faus-
saire Roman de la Higuera, dans la seconde rédaction
du Chronicon de Fl. Dexter, Saragosse, 1618, p. 17, et
:
Adon raconte que ce soldat, dans la persécution de
Dèce, avait la garde des cadavres de martyrs qui
avaient subi la mort à Alexandrie la populace, em-
pêchée par lui d'outrager ces cadavres, devint furieuse,
traîna le soldat, qui était chrétien, devant le juge qui
Tamayo, Martyrol. hispanic., v, p. 217-219, lui firent le condamna à mort. Adon a pris cette notice dans
un sort en Espagne. Elle est, encore aujourd'hui, la l'Histoire ecclésiastique de Rufin (VI, c. XXXI, al. XLI;
Actasancforum,1755,septembr. t.
patronne de Mequinenza, ville d'Aragon.
-
v, p. 482. H.Delehaye,
SynaxariumEccl.Constantinopolitanæ, col. 52-53.—Ughelli,
édit. Mommsen, Leipzig, 1908, t. II, p. 607), lequel,
dans sa traduction d'Eusèbe, a omis le nom du soldat,
qui s'appelait Besas. Le récit se trouve dans la lettre
de l'évêque saint Denys d'Alexandrie à Fabius d'An- 4. AGATHON 19 (Saint), évêque de Lipari, fut dé-
tioche sur la persécution de Dèce à Alexandrie. posé pour quelque faute, comme nous l'apprend une
Eusèbe, Hist. eccl., VI, XII, édit. Mommsen, t. II, lettre de saint Grégoire le Grand, en 592, deman-
p. 600 sq. Adon a donné le nom d'Agathon à ce soldat dant à Maximianus, évêque de Syracuse, de donner
et a placé le jour de sa fête au 7 décembre. Le nom un secours pécuniaire à Agathon déposé. Dans une
comme la date ne sont qu'une invention d'Adon, autre lettre, le même pape charge Paulin, évêque de
Taurianes, de l'administration de l'Église de Lipari.
Quentin, Les martyrologes histor., p. 611-612; la notice
a passé dans le martyrologe romain. La fête de ce
martyr, sous son nom véritable Besas, est marquée
;
Epist., II, XVI, XVII III, v, P. L., t. LXXVII, col. 551,
650.
encore au martyrologe romain sous la date du27février. Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. XXI, p. 574.
J. P. KIRSCH. U. ROUZIÈS.
2. AGATHON (Saint), mentionné dans le martyro- 5. AGATHON,évêque en Sardaigne, où il florissait
loge hiéronymien (26 juin) comme ayant subi le mar- vers 599. Il est, en effet, nommé par saint Grégoire le
tyre à Alexandrie avec Lucie, vierge, et Diogène. Grand dans une lettre adressée par ce pape aux évê-
Acta sanct., 1709, jun. t. v, p. 57. — J.-B. De Rossi et ques de Sardaigne, vers septembre 599, pour leur re-
L. Duchesne, Martyrol. hieronymianum, dans Acta sanct., commander d'obéir à leur métropolitain (l'archevêque
1894, novemb. t. II, p. 82. de Cagliari) en ce qui regarde la célébration de la
U. ROUZIÈS. Pâque, et de ne pas s'absenter de l'île sans son auto-
3. AGATHON (Saint), solitaire et abbé enÉgypte, risation, X, vin, P. L., t. LXXVII, col. 947-948. Mais
probablement dans la seconde moitié du IVe siècle et les sièges de ces prélats ne sont pas indiqués, et l'on
la première moitié du ve. Les synaxaires coptes le sait seulement queMartinianus était évêque de Torres,
mentionnent au quatorzième jour du mois tout = et Victor, de Fasania. Mattei conjecture cependant
11 septembre. Le diocèse de Cahors, en France, en qu'Agathon était évêque d'Usellis ou de Bosa, mais
célébrait autrefois la fête le 21 octobre en même temps les raisons qu'il donne ne sont pas suffisantes.
que celle des saints Hilarion et Pœmen. Acta sancto- P. Mattei, Sardinia sacra, Rome, 1758-1761, c. IV, n. 3-4.
rum, octobr. t. IX, p. 896. Saint Agathon est mentionné — Manno, Storia di Sardegna, Turin, 1828, t. I, p. 119-
au 9 juillet dans le Legendarium austriacum, édité dans 121. — Tola, Dizionario biografico degli uomini illustri di
les Analecta bollandiana, 1898, t. XVII, p. 170. Aga- Sardegna, Turin, 1837, t. i, p. 57.
thon était célèbre entre les Pères du désert, et l'auteur J. FRAIKIN.
des Vitæpatrum, III, 21, l'appelle De magnispatribus 6. AGATHON, trente-neuvième patriarche de
quidam senior, nominatissimus in virtute humilitatis et l'Église jacobite d'Alexandrie, de 661 à 677. Son pa-
patientiæ. P. L., t. LXXIII, col. 751. Plus jeune que triarcat fut consacré surtout à reconstituer l'église
saint Bessarion qui est cité dans le même ouvrage jacobite d'Égypte qui avait souffert de la part des
comme d'une génération antérieure à celle d'Agathon gouverneurs melkites d'abord et ensuite des envahis-
et qui vivait encore à la fin du IVe siècle, un peu plus seurs perses et arabes. Il éleva une église au nom de
jeune aussi que saint Pœmen qui mourut vers 450, à saint Macaire et rétablit les monastères détruits par
l'âge de cent dix ans, Agathon semble avoir été con- les Perses. Les historiens ne sont pas d'accord sur
temporain de Macaire dit l'Homicide, lequel s'était l'époque ni sur la durée de son épiscopat:El-Makin
retiré à Scété, en 364, après avoir tué par accident un le fait mourir en 58 de l'hégire (677 de J.-C.); Makrizi
de ses compagnons. Vers 390, quand saint Arsène vint en 56 (675); Pierre-ibn-Rahib en 673.

:
au désert, Agathon avait déjà des disciples, dont deux
nous sont connus Alexandre et Zoïle. Les Vitæ pa-
trum et les Apophthegmatapatrum citent de nombreux
traits de sa sagesse et de ses vertus.
Evetts, History of the patriarchs of the coptic Church of
Alexandria,dans Patrol. orient., t. v, p. 3-10. — R. Basset,
Le synaxaire arabe-jacobite (au 16 bàbeh, 13 octobre), dans
Patrol. orient., t. I, p. 341-342. — Renaudot, Historia patri-
Les synaxaires coptes font de saint Agathon un arcarum Alexandrinorum, Paris, 1713, p. 172-174.
stylite, mais il n'y a pas à faire grand cas de leurs F. NAu.
données. 7. AGATHON (Saint),pape (678-681). Originaire de
« On vénère dans la crypte de l'église de Duravel, la Sicile, Agathon avait peut-être professé la vie mo-
au diocèse de Cahors, les reliques des trois saints ana- nacaleavant d'entrer dans le clergé de l'Église romaine.
chorètes Hilarion, Agathon et Piammon (ou Pœmen). Il fut élu pape après la mort de Donus et fut consacré
Au XVIIC siècle, l'ostension de ces reliques fut inter- au mois de juin ou de juillet, peut-être le 27 juin, de
dite pendant une vingtaine d'années, parce que des l'année 678. Le nouveau pontife accorda des dons et
doutes planaient sur leur authenticité. En traitant de des faveurs aux membres des différents ordres du
clergé de Rome. Le Liberpontificalis rapporte un trait
la vie de saint Hilarion, le P. Victor De Buck a dû se
prononcer sur la question si controversée des corps
saints de Duravel. Acta sanctorum, oct. t. IX, p. 38-39.
Il reconnaît la légitimité du culte de ces reliques, mais
:
caractéristique de la condition dans laquelle se trou-
vait à cette époque la papauté Agathon administrait
lui-même la caisse de l'Église romaine et signait de sa
à son sens il n'est pas historiquement démontré que main les quittances. Ce n'est que quand la maladie
les saints vénérés à Duravel sont bien les saints Hila- l'empêcha de gérer les affaires de la caisse qu'il nomma
rion, Agathon et Piammon. » Analecta bollandiana, de nouveau un caissier (arcarius) selon la coutume
1896, t. XV, p. 434. observée jusqu'alors. Quelque temps après l'élection
V. De Buck, De sancto Agathone, dans Acta sanctorum,
du nouveau pontife, l'archevêque de Ravenne, Théo-
Paris, 1869, octobr. t. IX, p. 896-908.— Tillemont, Mémoires dore (677-691), arriva à Rome pour mettre fin au dif-
férend qui avait troublé les rapports entre le siège de
-
pour servir à l'histoire ecclésiastique, Paris, 1705, t. x,
p.418-427. Apophthegmata patrum, dans Cotelier, Eccle-
siœ græcæ monumenta, Paris, 1677, t. I, p. 372-382; cf.
Rome et celui de Ravenne. L'archevêque Maur (648-
671) avait cherché à procurer à son siège l'autocé-
t.
- -
P. G., LXV,col. 107-118. Vitæpatrum,P. L., t. LXXIII,
col. 751 sq. René Basset, Synaxaire arabe-jacobite(rédac-
phalie et à rompre les liens qui l'attachaient à Rome,
où les archevêques nouvellement élus devaient se ren-
tion copte), texte arabe,dans Graffin-Nau,Patrologia orientalis, dre pour obtenir l'approbation de leur élection et le
utriusque Ecclesiæ, Innsbruck,1897, t.
Paris, 1907,t.1, p. 265-268. — Nilles, Kalendarium manuale
-
II, p. 42. Analecta
bollandiana, 1896, t. XV, p. 434; 1898, t. XVII, p. 70. — Ano-
sacre des mains du pape. Reparatus, son successeur
(671-677), persista dans la même opposition; il se fit
nyme, Les corps saints deDuravel au diocèse deCahors,Mesnil- consacrer par trois de ses suffragants et reçut le pal-
sur-l'Estrée,1895. S. SALAVILLE. lium de la main de l'empereur de Byzance. Théodore
s'était fait donner la consécration épiscopale égale- d'adresser à l'empereur Constantin Pogonat une lettre
ment par ses suffragants. Quelque temps après, il signée par le pape et par les 125 prélats qui assistaient
chercha à régulariser sa situation et, dans ce but, il se au concile, dans laquelle, par une espèce de symbole
rendit à Rome auprès du pape Agathon. Il assista au de foi, la doctrine catholique fut clairement définie.
concile romain de 680 qui s'occupa du monothélisme. Le pape lui-même écrivit en outre une lettre person-
Agnellus (Liber pontif.Eccl.Ravenn., c. CXXIV, dans nelle à l'empereur sur le même sujet; il y relève l'in-
Mon. Germ. hist., Script. rer. Langob., p. 359) rapporte faillibilité de l'Église romaine en matière de tradition
également le fait du voyage de Théodore à Rome et de apostolique et certifie que ses prédécesseurs sont tou-
sa soumission au pape, tout en cherchant à y faire jours restés attachés à la vraie doctrine. Mansi,Concil.,
entrer une intrigue de l'archevêque de Ravenne. Un t. XI, col. 234 sq., 286 sq. Voir Dictionnaire de théo-
autre différend, dans lequel Agathon dut intervenir, logie catholique, t. i, col. 559 sq. Les délégués du pape
avait surgi en Angleterre. Théodore, le célèbre arche- furent les prêtres Théodore et Georges, le diacre Jean
vêque de Cantorbéry, avait divisé, en 675, l'ancien
diocèse d'York, qui comprenait le Northumberland,
en quatre diocèses, sur les instances du roi Egfrid.
;
et le sous-diacre Constantin, membres du clergé ro-
main le concile déléguait en outre les évêques Abun-
dantius de Paterne (voir col. 208), Jean de Porto et
Wilfrid, évêque d'York, qui ne conserva plus que le Jean de Reggio; l'Église
@ de Ravenne fut représentée
petit diocèse de Lindisfarne, protesta contre cette di- par le prêtre Théodore. Quelques moines de couvents
vision; à cause de cette opposition, Théodore lui en- romains prirent part à la délégation. Les deux prêtres
leva même l'évêché de Lindisfarne. Wilfrid en appela et le diacre romain furent les représentantsparticuliers
au jugement du pape et se rendit lui-même à Rome du pape; ils présidèrent l'assemblée de Constantinople
pour soutenir sa cause. Théodore de son côté envoya (VIe concile œcuménique), et signèrent les décrets les
aussi auprès du Saint-Siège un délégué qui arriva premiers, avant les patriarches orientaux. Dans les
même avant Wilfrid. Au mois d'octobre 679, le pape lettres du pape et du concile il est dit que les délégués
Agathon soumitla question à un synode romain, auquel pouvaient seulement rendre témoignage de la foi ca-
16 évêques prirent part. L'évêque d'York consentit tholique que l'Église romaine avait toujours conservée
au partage de son diocèse, pourvu qu'on lui donnât intacte; les membres du clergé occidental, obligés de
des confrères avec lesquels il pût vivre en bons termes. vivre au milieu des barbares et de gagner la vie par le
Là-dessus le synode décida que Wilfrid devrait être travail de leurs mains, n'étaient pas des théologiens
replacé sur le siège de Lindisfarne et qu'il aurait lui- savants et éloquents et ne possédaient point une con-
même le droit de désigner les trois évêques qui se- naissance approfondie des saintes Écritures. Ce trait
raient mis à la tête des trois autres diocèses; ceux-ci caractérise la situation du clergé dans les anciennes
recevraient la consécration des mains de l'archevêque provinces de l'empire romain d'Occident à cette
Théodore,etles prélats déjà installés dans les nouveaux époque. Les Églises étaient pauvres, même à Rome.
diocèses devraient se retirer. On décida en outre d'en- Le pape Agathon obtint de l'empereur Constantin
voyer à Théodore l'abbé Jean comme légat du pape, Pogonat une charte, par laquelle la taxe exigée depuis
avec la mission de faire réunir un concile des évêques le milieu du siècle précédent par les empereurs de
anglais, où ceux-ci auraient l'occasion de trancher les Byzance à l'occasion de la confirmation de l'élection
différends qui avaient surgi et de réfuter l'hérésie, des papes fut supprimée; la confirmation elle-même
c'est-à-dire le monothélisme. Le pape envoya à l'ar- fut maintenue; elle fut transportéepeu da temps après à
chevêque de Cantorbéry par le légat les décisions du l'exarque de Ravenne. Agathon trouva moyen, malgré
concile du Latran tenu par le pape Martin 1er. Mansi, les faibles revenus dont il disposait, de verser une
Concil. coll., t. XI, col. 179 sq. L'évêque Wilfrid resta somme assez considérablepour l'entretien des lampes
encore quelque temps à Rome, selon le désir du pape, dans les églises des Apôtres et de Sainte-Marie-Majeure.
et assista au concile romain de 680, qui eut à s'occuper Le pape Agathon ne vit pas la clôture du concile
du monothélisme. de Constantinople. Il mourut le 10 janvier 681 (Co-
L'empereur Constantin Pogonat avait conçu le lombier, Études religieuses, mars 1870), et fut enterré
plan de rétablir l'unité ecclésiastique, ébranlée à la
suite de l'hérésie monothélite, par une réunion
d'évêques orientaux et occidentaux qui aurait lieu à
Constantinople.Il écrivit dans ce sens sous la date du
;
à Saint-Pierre. Le texte de son épitaphe nous est
connu on y fait un grand éloge des vertus du pontife
défunt. De Rossi, Inscriptiones christianæ urbis Romæ,
t.II, p. 52,129, 157. Il est vénéré comme saint; l'Église
12 août 678, une lettre adressée encore au pape Donus, romaine célèbre sa fête le 10 janvier. Le Sgnaxarium de
mort le 11 avril, en le priant d'envoyer ses délégués et Constantinople mentionne son nom sous la date du
un certain nombre d'évêques de l'Occident et de 19 février, d'autres synaxaires grecs indiquent sa fête
moines grecs de Rome pour prendre part à cette au 20 février. Synaxarium Eccl. Constantinop., édit.
assemblée. Mansi, Concil., t. XI, col. 195 sq. Le pape Delehaye, Propylæum adActa sanct, nov., Bruxelles,
Agathon, ayant reçu la lettre impériale, entra sans 1902,476-477. Nous ne connaissons, en fait de lettres
hésitation dans les vues de l'empereur et prépara la pontificales d'Agathon, que les deux lettres envoyées
participation de l'Occident à la réunion projetée. Il à l'empereur Constantin Pogonat; toutes les autres
voulut fournir l'occasion auxévêques des différents lettres du pape sont perdues. On sait qu'il écrivit à
pays d'Occident de se prononcer sur l'hérésie mono- l'archevêque Théodore de Ravenne et qu'il accorda
thélite, provoqua dans ce but des synodes dans plu- des privilèges à des monastères d'Angleterre. Un dé-
sieurs contrées et convoqua lui-même un concile à cret d'Agathon rapporté par Deusdedit (Collectio ca-
Rome, auquel devaient assister des représentants de nonum, I, c. 119) et par Gratien (Decr., I, d. XIX, c. 2) sur
l'épiscopat des pays occidentaux. Nous possédons des les décisions du siège apostolique semble être tiré des
renseignements sur les synodes réunis à Milan, sous actes du concile de 680. Plusieurs documents attribués à
la présidence de l'archevêque Mansuet, à Heathfield ce pape (lettre à saint Edice archevêque de Vienne, pri-
en Angleterre, sous la présidence de Théodore de Can- vilèges pour trois monastères anglais), sont apocryphes.
torbéry. L'archevêque d'Arles se rendit à Rome
comme représentant de l'épiscopat des Gaules, afin Liber pontificalis, édit. Duchesne, t. I, p. 350-358. —
d'assister au concile romain, lequel eut lieu vers Jaffé, Regesta pontificum romanorum, 2e édit., t. i, n. 238-
Pâques 680. Le pape Agathon vit réunis autour de lui 240. — Langen, Geschiclite der rômischen Kirche von Leo I
125 évêques, dont la plupart étaient venus d'Italie. bisNikolaus I, Bonn, 1885, p. 548-569. — Hefele-Leclercq,
Histoire des conciles, t. III, p. 316,474-513.
On décida d'envoyer des délégués à Constantinople et J. P. KIRSCH.
8. AGATHON, archiviste de l'Église de Constanti- chrétiennes, et un Abrégé de grammaire française. Il
nople en 713, assista, en 681, au VIe concile œcumé-
nique, alors qu'il était lecteur et notaire de la Grande-
Église. Il rédigea les procès-verbaux de ce concile et
ne créa que onze établissements nouveaux, mais donna
les plus grands soins à la formation des maîtres
décida que le noviciat serait uniquement employé à la
il :
en recopia ensuite, de sa propre main, les actes en six formation religieuse, et il créa des scolasticats (Mar-
exemplaires, dont un destiné à la cour impériale et seille, Maréville, Angers, Melun, Saint-Yon), où les
les cinq autres aux cinq patriarcats de Rome et jeunes frères recevaient ensuite leur formation péda-
d'Orient. Trente ans après, le 8 décembre 711, un em- gogique. Fidèle à l'esprit du fondateur, il lutta éner-
pereur monothélite, Philippique Bardane, montait sur
le trône impérial; il fit condamner le concile de 681
par un conciliabule d'évêques complaisants qui comp-
tait à peu près tout l'épiscopat byzantin, et détruire
ensuite tous les exemplaires qui renfermaient ses actes.
:
giquement pour le maintien de la gratuité dans les
écoles populaires. Lorsque éclata la Révolution, l'ins-
titut comptait approximativement 121 communautés
en France, 6 à l'étranger, 1000 frères, 36000 élèves.
Sous la Terreur, les frères furent tous dispersés. Le
Seul, le manuscrit de la bibliothèque patriarcale de frère Agathon se retira à Tours, où il mourut le
Constantinople échappa au désastre. Le 3 juin 713, 5 septembre 1797.
veille de la Pentecôte, Bardane était aveuglé, détrôné J. Guibert, Histoire de saint Jean-Baptiste de la Salle.
et remplacé par Anastase II. Comme celui-ci était or- Paris, 1900, p. 639-643. — Lucard, Annales de l'Institut
thodoxe, un nouveau concile se réunit aussitôt qui des Frères des Écoles chrétiennes, Paris, 1883, t. u, p. 409-695.
condamna la politique religieuse du précédent empe- J. GUIBERT.
reur et rendit tous ses droits au concile de 681. Une AGATHONIC (Saint), ~AyaOovixoç, martyr sous
lettre du patriarche Jean au pape Constantin consti- l'empereur Maximien, fêté le 22 août, avec saint Zo-
tuait un désaveu formel de la lâche conduite de l'épis- ticus, martyrisé peu de temps avant lui dans la ré-
copat byzantin, pendant qu'Agathon était chargé de gion bithynienne du Pont-Euxin, et avec tout un
faire sur l'exemplaire du patriarcat de nouvelles co- groupe de chrétiens de Nicomédie condamnés en
pies des actes du concile de 681 qu'il avait rédigés même temps que lui et mis à mort pour la foi, les uns
lui-même trente-deux ans plus tôt. Un épilogue, en Bithynie, les autres, parmi lesquels Agathonic lui-
ajouté par Agathon, racontait sobrement ces événe- même, à Silivri de Thrace. Ce sont les saints Zénon,
ments et authentiquait la copie des actes. C'est donc Théoprépios, Acyndinos, Sévérien, plus un magistrat
à lui que nous devons les actes du VIe concile œcumé- converti par Agathonic, et quelques autres compa-
nique. Des copies de ces actes furent envoyés à tous gnons également anonymes. On connaît plusieurs
les métropolitains, pour qu'ils les transcrivissent et manuscrits des actes de ces martyrs; on en trouvera
rétractassent ainsi leur signature apposée l'année pré- la liste dans la Bibliotheca hagiographica græca
cédente aux actes du conciliabule tenu sous Philip- (Bruxelles, 1895) des bollandistes, avec références aux
pique. Nous avons encore la pièce de vers iambiques, Acta sanctorum et aux Analecta bollandiana où ces
envoyée à cette occasion à l'archidiacre Agathon par manuscrits ont été publiés ou utilisés. Voici comment
saint André de Crète et dans laquelle il lui fait part de les synaxairesrésument les données de ces textes.
son repentir. Agathon était devenu alors archidiacre, Le comte Eutolmios avait été envoyé de Nicomédie
archiviste ou chartophylax du patriarcat, protonotaire par l'empereur Maximien dans la région du Pont-
et 2e chancelier. Nous ignorons la date de sa mort. Euxin à la recherche des chrétiens. Au retour de ce
voyage, dans une localité bithynienne du nom de
L'épilogue d'Agathon est dans Mansi, Concil. ampliss. Carpe, ilfit mettre à mort saint Zoticus et ses disciples
coll., t. XII, col. 189-196; voir aussi col. 204 la lettre du qui confessaient le nom du Christ. Qu'était ce Zoticus?
patriarche Jean. Heisenberg a récemment réédité d'une Les actes ne le disent pas, mais la mention de ses dis-
manière critique les 128 vers iambiques de saint André de
Crète, Byzantinische Zeilschrift, 1901, t. x, p. 508-512. — ciples permet de le supposer évêque ou prêtre. Arrivé
S.Vailhé, SaintAndré de Crète, dans les Échosd'Orient,1901- à Nicomédie, Eutolmios apprend qu'un magistrat,
1902, t. v, p. 382-384. appelé dans les actes Ó tcpwtoç Ttpiyxc^, a été converti
S. VAILIIÉ. au christianisme par un certain Agathonic. Aussitôt
9. AGATHON(Frère), cinquième supérieur général il les fait arrêter tous deux, et avec eux d'autres chré-
des frères des Écoles chrétiennes après saint Jean- tiens de la ville, et part avec eux pour se rendre en
Baptiste de la Salle. Joseph Gonlieu, en religion frère
Agathon, naquit à Longueval, près Noyon (Oise), le
4 avril 1731. Il entra au noviciat des frères des Écoles
:
Thrace, auprès de l'empereur Maximien. Plusieurs
furent mis à mort pendant le voyage Zénon, Théo-
prépios et Acyndynos dans la localité bithynienne de
chrétiennes le 20 octobre 1747. Il enseigna les mathé- Potamon, Sévérien à Chalcédoine. Agathonic et les
matiques à Brest, l'hydrographie à Vannes; à Saint- autres furent amenés à Silivri de Thrace où se trouvait
Yon (Rouen), il remplit les fonctions de préfet et de alors Maximien, et c'est là qu'ils furent décapités.
directeur. Il était directeur du pensionnat d'Angers, Ces martyrs sont mentionnés au 22 août dans les
lorsqu'il fut nommé supérieur général par le chapitre martyrologes latins.
assemblé à Reims en 1777. Doué de qualités éminentes, Le culte de saint Agathonic s'implanta de bonne
il parut suscité de Dieu pour achever l'œuvre de saint heure à Constantinople. Les historiens byzantins nous
Jean-Baptiste de la Salle; car il sanctionna, par une apprennent que Constantin lui dédia une belle église
législation ferme, les usages que cent années d'expé- dans sa nouvelle capitale. De cette église, restaurée
rience avaient établis dans l'institut. Il revit le texte par Anastase et Justinien,plusieurs patriarches furent
firent,
des Règles communes et des Règles du gouvernement; dit-on, leur résidence, et quatre empereurs y
il fit adopter par le chapitre général les 93 articles qui couronnés. Voir les références dans Acta sanctorum,
fixaient les coutumes de la société. Il donna une nou- august. t. IV, p. 520, 521; dans T. Preger, Scriptores
velle édition de la Conduite des écoles, remania assez originum Constantinopolitanarum, Leipzig, 1901-1907,
profondément ce livre du fondateur et en supprima p. 358, au mot ~'Ayaôtmxou de l'Index
topographique;
particulièrement les règles qui concernaient les châti- dans J. P. Richter, Quellen der byzantinischen Kunst-
ments corporels. Il écrivit l'Explication des douze geschichle, Vienne, 1897, p. 115-116: dans Mordtmann,
vertus d'un bon maître, ouvrage dont on se sert encore Esquisse topographique de Constantinople, Lille, 1892,

:
dans l'institut. Ce fut sous son généralat que les
frères publièrent leurs premiers classiques un Traité
d'arithmétique à l'usage des pensionnaires et des écoles
p. 59; dans M. Gédéon, BuÇavnvbv ~'Eopxo).6yiov,
Constantinople, 1899, p. 157. Les synaxaires constan-
tinopolitains nous apprennent qu'en dehors même de
son église propre, saint Agathonic était spécialement aux idoles. Sur leur refus, le juge, que les actes ap-
fêté à Sainte-Théodora et au monastère de Xyloker- pellent Faustin, les fit jeter dans une barque, de
kos. Delehaye, PropylæumadActa sanctorum novem- grosses pierres au cou, et précipiter dans la mer.
bris, col. 913, lig. 35 sq.; Doukakis, Méyaç 2uva?apia-
Tïjç, août, Athènes, 1894, p. 306. Acta sanctorum, loc. cit. — Tillemont, Mémoires pour
servir à l'histoire ecclésiastique, Paris, 1698, t. v, p. 31-33,
t.
Actasanctorum, 1739,august. IV,p.519-524.—Delehaye,
Propylæum ad Acta sanctorum novembris, Synaxarium Eccle- -
601-603. — Doukakis, Miy"; S-JV^OUT-r,c, avril, Athènes,
1892, p. 58-66. Delehaye, SynaxariumEcclesiœ Constanti-
; nopoltiaianæ,Bruxelles, 1902, col. 583-586,1002,1003.—J.-B.
six Constantinopolitanæ,Bruxelles, 1902, col. 913, lig. 35 sq. De Rossi et L. Duchesne, Martyrologium hieronymianum,
col. 698, lig. 5; col. 915, lig. 12, 14.—Doukakis,~*Mîy«;Suva;<z-
édité dans Acta sanctorum, novembr. t.II, Bruxelles, 1894,
,,,.,;,ç, août, Athènes, 1894, p. 304-306. — Tillemont, Mé-
à
moires pourservir l'histoire ecclésiastique, Paris, 1698, t. v, p. [39]. — Mazochius, In velus marmoreum. kalendarium
commentarius,t.1, p. 150-168. — Surius, Vitæ sanctorum,
p. 157-158. — Bibliotheca hagiographica græca, Bruxelles,
-
1895, p. 3. Analecta bollandiana, 1883, t. II, p. 99-115; -
Venise,1581, t.II, p.153,154. Nilles, Kalendarium manuale
utriusque Ecclesiæ, Innsbruck, 1896, t. I, p. 133. — Mar-
1886, t. v, p. 396-415. — Fabricius, Bibliotheca grœca, 1719,
t. IX, p. 51; 2e édition, t. x, p. 190. — Morcelli, Kalendarium tinov, Annus ecclesiasticus græco-slavicus, Bruxelles, 1863,
Ecclesiœ Constantinopolitanæ,Rome, 1788, t.II, p. 218, 219. p. 103, 104. — Bibliotheca hagiographica græca, Bruxelles,
Annus ecclesiasticus græco-slauicus, Bruxelles, 1895, p. 131. — Paul Allard, La persécution de Dioclétien et
— Martinov,
1863,p. -
205. Nilles,Kalendarium manuale utriusqueEccle-
siæ, Innsbruck,1896, t.I,p. 255.
le triomphe de l'Église, Paris, 1898,t.1, p. 179.
S. SALAVILLE.
AGATHOPOLIS, 'Aya9ônoli:, et moins correcte-
S. SALAVILLE.
1. AGATHONICA. Vierge martyre, attribuée àCar- ment A ya6'> ).L':;, évêché, puis archevêché, enfin
thage par quelques martyrologes,qui placent son anni- métropole en Hémimont. Nous ne savons rien de l'his-
versaire au 10 août. Les bollandistes expriment des toire ancienne de cette ville, sauf qu'elle frappait mon-
doutes sur son existence. naie. Head, Historia nummorum,p.223.Elle avait, sans
doute, pris la place du UîpovTixov de Ptolémée, III,
Acta sanctorum, august. t. II, p. 533. — Monceaux,
Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne, Paris, 1905, t. m, XI, 3 (Burticum, Geog. Rav., v, 12; Guido, 106; formes
p.536. corrompues Burtinum, Geog. Rau., IV, 6; Buatico,
Aug. AUDOLLENT. Tab. Peuling., VIII), aujourd'hui village de Brodivo
2. AGATHONICA (Sainte). Voir CARPOS (Saint). à 7 kilomètres d'Agathopolis. Au moyen âge, la ville
est signalée dans Nicetas Chroniate, Isaac Angl'l., n,
AGATHONICEIA, 'AyocSovizsta, évêché en Thrace 1, P. G., t. CXXXIX, col. 761, Urbs capta, 17, ibid.,
Cette ville est signalée par Anne Comnène, Alex., x, col. 1037, et Georges Pachymère,Mich. Pal--()I., v,
P. G., t. CXXXI, col. 721, sous la forme'Aya0ov:-x-. On P. G., t. CXLIII, col. 800; Andr.Palæl., v, 4,
28, P. G.,
t. CXLIV, col. 488; VII, 18, ibid., col. 659. C'est la Gato-
l'identifie avec Belastitsa, village de 600 habitants, à
11 kilomètres au nord de Philippopoli (Bulgarie), où poli des périples italiens et l'Agâthô-bolî d'Idrisî.
se voient encore les ruines d'une tour dite des Com- Cf. Tomaschek, Zur Kundc der Hâmus-Halbinsel,
nènes. Agathoniceia figure parmi les évêchés suffra- Vienne, 1887,p. 23. Elle est aussi mentionnée, en 1204,
gants de Philippopolisdans la notice de Léon le Sage. dans la Partitio Romaniæ, Tafel, Symbolarum criti-
Gelzer, Ungedruckte und ungenügend veröffentlicht. carum geograph. Byzantinam spectant. parles duæ, n,
Texte der Notit. episcop., p. 557). Les Nova Tucrica p. 61. Aujourd'hui Agathopolis, en turc Akhtebolou,
(Gelzer,Georgii Cyprii descriptio orbis romani, p. 78), est un chef-lieu de sandjak du vilayet d'Andrinopie;
les Notices 3 et 10 de Parthey: c'est-à-dire du IXe au
XIIe ou XIIIe siècle. Jusqu'en 1860, les Grecs donnaient
assez souvent le titre d'Agathoniceia à un évêque auxi-
liaire du métropolite de Philippopoli et qui résidait à
Tatar-Bazardjik.
:
elle compte 3 000 habitants, en majorité Grecs.
Agathopolis est rangée par les Notices tardives
parmi les sièges suffragants d'Andrinople Notice de
Léon le Sage, Gelzer, Ungedruckte und ungeniigend
veröffentlichte Texte der Notitiæ episcopatuum, p. 558;
Nova Tactica (Gelzer, Georgii Cyprii descriptio orbis
,
C. (Economos, EY;(HetÕlQ'J ÇITETTAJYTAÇ itGUTiôÂEojç,
~T:E romani, p. 80); Notices III et X de Parthey, du xne
'I
Vienne, 1819, p. 15. — G. Tsoucalas, TTOÇ'.OYtl'JYOa:; t*Y] Tl£'J\-
YfK3 Vienne, 1851, p. 63. — M. Mar-
rLir,ièitasjriaç <t>iAn:zouiro).2M;, ou XIIIe siècle, et autres documents postérieurs de ce
copoulos, £TO!Y:U.)SEÇ îirtoor/.u\
YEWÏ9k?'!k' X(f.t ¡;yj; Avaxo/.i genre. En 1760, elle fut élevée au rang d'archevêché.
'P"'jJ.ui.cz>, Philippopoli, 1883, p. 12. En 1808, elle fut unie au siège de Sozopolis pour for-
S. PÉTRIDES. mer la métropole qui porte encore aujourd'hui le titre
AGATHOPE ou AGATHOPODE (Saint), Aa- bizarre de Sfoîo/.x^abo-jTroXtç.M. Christodoulou,t)paxï),
~ednrouç,'AyaâdiîoSoç, diacre martyrisé à Thessalo- Constantinople, 1897, p:, 69, note.
nique avec le lecteur saint Théodule, au début de la
persécution de Dioclétien; les deux martyrs ont leur
mémoire le 4 avril dans les Ménées ainsi que dans le
naissons:
Voici les noms de quelques titulaires que nous con-
Antoine, 1596; Métrophane, 1620, 1624;
Grégoire, démissionnaire en 1650; Philothée, 1650-
bréviaire syriaque. Tillemont place leur martyre en
:
avril 303. « Nous avons, dit-il, leurs actes, dont l'air
est élevé, et le style grave et majestueux il y a même
de beaux endroits. Mais il y a aussi diverses choses qui
donnent lieu de douter s'ils sont tout à fait fidèles. »
1659; Macaire, 1660-1673; Laurent, 1673; Sophrone,
1673; Romain, vers 1700; Néophyte, 1767, 1774; Ga-
briel, 1806.
S. PÉTRIDÈS.
AGATHOPUS, diacre, compagnon de saint Ignace
Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique, Paris, d'Antioche qui fait son éloge dans sa lettre aux Phil-
1698, t. v, p. 31. On trouvera la traduction latine de ces adelphiens et dans celle aux Smyrniotes. Ainsi que
actes dansActa sanctorum,1675,april.t.I,p.320-325,et Philon,son autre compagnon, Agathopus avait renoncé
le texte grec en appendice dans le même ouvrage, à tout pour suivre son maître. Ce diacre est peut-être
p. XLII-XLIV.Sur les difficultés de détail que pré- le même que cet Agathopus à qui l'hérésiarque Valen-
sentent ces actes, voir Tillemont, op. cit., notes xn et tin écrivit plus tard la lettre citée par Clément
XIII sur la persécution de Dioclétien, p. 601-603. Voici d'Alexandrie, Strom., III, 7, P. G., t. vin, col. 1161.
la substance du récit, qui n'a rien que de très vraisem- A. Lelong, Ignace d'Antioche: texte et traduction(collect.
blable. Agathope était un diacre déjà avancé en Hemmer-Lejay), Paris, 1910, p. 80, 81, 91.
âge, tandis que Théodule n'était qu'un jeune lecteur. U. ROUZIÈS.
Arrêtés dès les premiers temps de la persécution, les AGAUNE (Valais, Suisse). Abbaye. Concile. Voir
deux clercs furent mis en prison et pressés de sacrifier SAIXT-MAURICE.
AGAY (JEAN-GABIIIEL D'), issu d'une noble famille 1. AGAZZARI (AGOSTINO), musicien italien, né à
de Besançon, naquit le 16 mars 1731. Son frère aîné, Sienne le 2 décembre 1578. On le présente générale-
le comte François-Marie d'Agay, devint intendant de ment comme ayant été au service de l'empereur Ma-
Bretagne et de Picardie. Après avoir pris le grade de thias, mais d'après R. Eitner (Quellen-Lexicon, t. i,
docteur en théologie, l'abbé d'Agay fut fait chanoine p. 48), ce point n'a jamais été fermement établi, et l'on
de Saint-Claude, vicaire-général et official de l'évêque n'a pas précisé quelle était sa situation à la Cour. Ce
d'Autun et commendataire de Boscaudon. Il fut qui est sûr, c'est qu'à partir de1609 environ, il remplit
nommé par Louis XVI coadjuteur de l'évêque de Per- successivement les fonctions de maître de chapelle au
pignan, le 18 juillet 1779. Le 1eraoût suivant, il obtint collège germanique à Rome, puis à l'église Sainte-
du même prince l'abbaye en commende de N.-D. de Apolline, et enfin au séminaire romain. Pendant son
Sorèze. Le 20septembre de la même année, il fut pro- séjour à Rome, Agazzari connut Viadana (1564-1645),
clamé par Pie VI, dans le consistoire pontifical, à qui l'on attribue l'invention de la basse chiffrée ou
évêque de Canope in partibus avec droit de future continuo, et dont l'innovation consista peut-être sur-
succession au siège de Perpignan. Il fut sacré le 30 jan- tout dans l'application aux chants d'église d'un procédé
vier à Issy, dans la chapelle de la maison rurale du sé- déjà en usage au théâtre. Agazzari adopta cette inno-
minaire de Saint-Sulpice par l'évêque d'Autun, assisté vation. En 1630, de retour à Sienne, sa ville natale, il
de ceux de Riez et de Nancy. Le 31 janvier 1780, il fit fut nommé maître de chapelle à la cathédrale; il con-
son entrée solennelle à Perpignan, et jura d'observer serva ce poste jusqu'à sa mort, survenue le 10 avril 1640.
les statuts du chapitre de la cathédrale; mais le pre-
mier des évêques de ce diocèse, il refusa d'être admis
à la communauté des prêtres de Saint-Jean. Le sacris-
:
Agazzari a laissé un grand nombre de compositions
musicales pour l'Église messes, madrigaux, motets,
tain d'Elne, Jean Balanda, chargé de la procuration
de ce prélat, prit possession de la coadjutorerie le
2 mars 1780. Jean-Gabriel d'Agay se rendit à Perpi-
gnan au mois de juin de cette même année et y fit un
rons ici que les recueils les plus importants :
psaumes. On peut en voir le détail dans R. Eitner,
Quellen-Lexicon d. Musiker, t. i, p. 48. Nous ne cite-
Madri-
gali armoniosi, in-4°, Venise, 1600; Madrigali a cinque
voci con un dialogo a sei voci, ed un pastorale a otto voci,
séjour d'environ neuf mois. Son prédécesseur Charles
de Gouy étant mort à Espira-de-l'Agly, le 1er mars
7
in-4°, Venise, 1600; Sacres Laudes à 4,5,6, et 8 voix,
Rome, 1603; Venise, 1608, 1615; Madrigalelti a 1re
1783, Jean-Gabriel d'Agay prit personnellement pos- voci, Venise, 1607; Missse quatuor, tam organis quam
session de son siège le 4 de ce même mois. Le 6 juil- pleno choro accommodatæ quarum duse 4 voc., altera 5,
let 1783, le roi lui assigna les revenus de l'inquisition
sans l'en nommer titulaire. En 1787, il fut nommé par
postrema vero 8 concin. (basse continue), Venise, 1614
divers recueils de psaumes à 3, 4, 5 et 8 voix, Venise,
;
Louis XVI président de l'Assemblée provinciale du 1609, 1611, 1615; Sertumroseum,Venise, 1611, 1612,
Roussillon. Le 15 décembre 1787, il procéda à l'ou-
:
1614. — Agazzari a écrit aussi un ouvrage, assez mé-
verture des sessions de ces États-Généraux de la pro- diocre, il est vrai, qui le classe parmi les écrivains sur
vince. Un excès de travail altéra sa santé; le 16 mars la musique La musica ecclesiastica dove si contiene la
1788, les médecins reconnurent en lui des symptômes vera diffinitione della musica comescienza,nonpiùvedu-
d'apoplexie. Il partit toutefois pour la Franche-Comté ta e sua nobilità, Sienne, 1638.
le 20 mai, et se rendit à Paris au commencement du
mois d'août suivant. Le 21 août 1788, il fut foudroyé
par une attaque apoplectiquedans le palais que l'évê-
-
Fétis, Biographie univ. des musiciens, 2e édit., Paris,
1860, p. 26-28. Eitner (R.), Biograph. bibliograph. Quellen
Lexicon d.Musiker u. Musik.-gelehrten, Leipzig, 1900, p.48-
que d'Autun occupait à Paris. Il expira, après une 51. — W. Ambros, Geschichie der Musik, Breslau, 1862-
agonie très longue, le 28 août 1788, et fut enterré le 1878, t. IV, p.58.
lendemain dans l'église de la paroisse de Saint-Nicolas- M. BARGE.
des-Champs. 2. AGAZZARI (FILIPPO), religieux augustin, né à
Sienne. Il embrassala vie monastique dans le couvent
Coma, Noticies de la iglesia insigne de Sant-Joan de Per- de sa ville natale en 1353, et nommé prieur du cou-
pinga (supplément posthume), ms. déposé à la bibliothèque vent d'Iliceto y travailla à établir l'observance de
municipale de Perpignan, sous la cote 82, p. 476. — Puig- la règle. Sa mort eut lieu en 1422. Il est vénéré dans
gari, Catalogue biographique des évêques d'Elne, Perpignan,
1842, p. 123-124. — Marcel Sellier, L'Assemblée provinciale l'ordre comme bienheureux, mais son culte n'a pas
e
en Roussillon, XXXIX vol. de la Société agricole, scienti-
fique et littéraire des Pyrénées-Orientales,Perpignan, 1898,
été approuvé par l'Église. Comme écrivain, il est connu
par un recueil de légendes, que les historiens de la
p. 329-330.
J. CAPEILLE.
AGAZINI (PIETRO-MARIA),vénérable de l'ordre des
siques au point de vue du style
Fr.Filippo da
:
littérature italienne ont rangé parmi les textes clas-
Gli Assembri di
Siena, leggende del secolo XIV, testo di
augustins déchaussés, né à Ferrare, en 1613, profès lingua inedito, tratto da un codice autograto della li-
en 1632. Il répandit dans sa ville natale le culte de breriacomuncde di Siena, Sienne, 1862. Mazuchelli
saint Joseph, et se distingua par sa charité envers les lui attribue aussi un Recueil de biographies des reli-
malades. Sa mort eut lieu le 27 janvier 1686. gieux les plus illustres par sainteté et doctrine du cou-
Crusenius-Lopez, Monasticon augustinianum, t. II, p. 72. vent de Lecceto ou Ilicelo.
A. PALMIERI. Herrera, Alphabetum augustinianzzm,Madrid, 1644, t. ir,
AGAZIO (ALOYSIO), évêque de Trivento. Il naquit p. 246. — Ossinger, Bibliothecaaugzzstiniana, p.16. — Mazu-
à Soriano, le 19 septembre 1807, et prit l'habit fran- t.
chelli,Scrittori d'Italia, i,1re partie, p. 180. —Acta san-
ctorum, oct. t. XIII, p. 237. — Lanteri, Postrema sæcula sex
ciscain chez les pères réformés de la province des Sept-
Martyrs de Calabre, le 26 juillet 1827. Dans son ordre
il fut professeur et prédicateur de renom et occupa
religionis augustinianæ, t. I, p. 347.-
Monasticon augustinianum, t. I, p. 347.
Crusenius-Lanteri,
A. PALMIERI.
diverses charges, en particulier celle de définiteur AGAZZI (MARC'ANTONIO). Neveu d'Alexan-
général. Le 23 juin 1854, Pie IX le préconisa évêque de dre VIII, il fut chanoine de Trévise, puis, le 9 janvier
Trivento. Ce prélat, remplissant avec beaucoup de 1692 (et non 1691, comme le dit Ughelli), évêque de
zèle les devoirs de sa charge, garda dans son palais Ceneda. Il restaura le palais épiscopal, réunit le synode
épiscopal la vie de frère mineur. Il mourut le 31 jan- diocésain, embellit la cathédrale, rétablit la discipline
vier 1892. dans le séminaire et mourut le 28 mars 1710.
Acta ordinis Minorum, Quàracchi, 1892, t. VI, p. 63-64. Ughelli, Italia sacra, t. v, col. 223. — Cappelletti, Le
M. BIHL. Chiese d'Italia.t. x, p. 313. J. FRAIKIN.
AGBIA. Parmi les évêques présents au concile qui vingt-cinq, parmi lesquelles étaient comptées les trois
se tint à Carthage, le 1er septembre 256, sous la paroisses urbaines dédiées, la cathédrale à saint
présidence de saint Cyprien, figure Quinlus ab Aggya. Étienne et les deux autres à saint André et à saint
Cypriani Opéra, édit. Hartel, t. I, p. 456; P. L., t. III, Sever. Voir plus loin.
col. 1070, 1098. Cf. Augustin, De baplismo contra Auj ourd'hui le territoire d'Agde est entièrement
donatislas, vu, 29, 56, P. L., t. XLIII, col. 235. Nous compris dans le département de l'Hérault et le dio-
ne saurions où placer cet évêché, si les nombreuses cèse de Montpellier. Il est partagé en dix-neuf com-
variantes des mss. ne nous offraient des formes telles munes qui forment en totalité les cantons d'Agde
que Acbia, Acdia,ành Oùyoaï; voir les références ci- (Agde, Bessan, Marseillan, Vias), de Cette (Cette), de
dessous à la bibliographie. Il n'est donc pas douteux Florensac (Castelnau-de-Guers, Florensac, Pinet, Po-
que nous ayons à faire ici à l'évêque d'Agbia, ville mérols) et en partie ceux de Mèze (Bouzigues, Lou-
bien connue de la Proconsulaire, qui se composait, aux pian, Mèze, Villeveyrac), de Montagnac (Aumes, Mon-
premiers siècles de l'Empire, d'un pagus et d'une civi- tagnac, Saint-Pons-de-Mauchiens)et de Pézenas (Né-
tas, et qui devint municipe au temps de Dioclétien. zignan-l'Évêque, Pézenas, Saint-Thibéry).
Corp. inscr. lat., t. VIII, p. 1548, 1550, 1552. Elle
correspond à la localité moderne d'Aïn Hedja, au sud-
est de Téboursouk et de Dougga, sur la rive gauche
de l'oued Khalled.
Au nombre des signataires de la lettre adressée,
en 646, à Paul, patriarche de Constantinople, par
l'épiscopat de la Proconsulaire, se trouve Fortis
gratia Dei episcopus sanctse Ecclesise agensis. Mansi,
Sacr. concil. nova et ampliss. collect., t. x, col. 942.
On a voulu voir ici encore une déformation du nom
de l'Ecclesia Agbiensis. La province est bien la même
néanmoins l'identification reste fort problématique.
;
Corpus inscripiionum latinarum,t. VIII, p. 173-174,189-
191; Suppl., p. 1499-1500. — Morcelli, Africa christiana,
Brescia, 1816-1817, t. i, p. 71.— Notitiadignilatum, édit.
t.
Böcking, Bonn, 1839-1853, II, Annot., p. 39. — V. Gué-
rin,Voyage archéologique dans la Régence de Tunis, Paris,
--
1862, t. II, p. 144-146. Gams,Series episcoporum, Ratis-
bonne, 1873, p. 464. Ch. Tissot, Géographie comparée de
t.II,
la province romaine d'Afrique, Paris,1884-1888, p. 339-
342, 772; atlas, pl. XVIII.- De Mas-Latrie, dans Bulletin
de correspondance africaine,1886, p. 85; Trésor de chrono-
logie, 1889, col. 1868. — Toulotte (Mgr), Géographie de
l'Afrique chrétienne, Rennes-Paris, 1892-1894, Proconsu-
laire, p. 119-121, 365. — Joh. Schmidt, Agbia, Agensis,
dans Pauly-Wissowa, Real-Encyclopâdie, t. i, col. 766, 776.
-Ch.Diehl, L'Afrique byzantine, Paris,1896, index, p, 622.—
Toutain,Les citésromaines de la Tunisie, Paris, 1896,p.381,
-
401. Benson, Cyprian, his life, his time, his work, Londres,
tiques de la Tunisie:
1897, p. 609. — Cagnat et Gauckler, Les monuments an-
I. Les temples païens, Paris, 1898,
p. 35, 101. —- Enquête sur les installations hydrauliques
5. — Ancien diocèse d'Agde.

romaines en Tunisie, Tunis, 1902, t. II, p. 27. — Atlas ar- III. MAISONS RELIGIEUSES. — Outre les monas-
chéologique de la Tunisie, 12e livraison, feuille de Tébour-
souk, n° 190. — Harnack, Die Mission und Ausbreilung
des Christentums, 2e édit., Leipzig, 1906, t. il, p. 247. -
A. Merlin, Rapport sur les inscriptions latines de la Tunisie,
:
tères d'Agde (voir plus loin) le diocèse comprenait
deux abbayes bénédictines d'hommes Saint-Thibéry,
fondée vers 770 et Notre-Dame deValmagne, del'or-
dans Nouvelles archives des missions, 1907, t. XIV, p. 208. dre de Cîteaux, fondée en 1138 au terroir de Ville-
1. AGDE (Agalhen).
noXiç) est une
- I. Aug. AUDOLLENT.
ORIGINE. —Agde
antique colonie fondée les Grecs de
par
(XYX07]
veyrac; plus une abbaye de femmes, Sainte-Marie de
Netlieu, au terroir de Mèze (1195-1490).Saint-Thibéry
et Valmagne subsistèrent, à titre de commendes,
Marseille sur la rive gauche de l'Hérault, près de l'en- jusqu'en 1790.
droit où ce fleuve se jetait dans la Méditerranée. Sou- Les franciscains possédaient des couvents nombreux
mise aux Romains en même temps que Marseille, Agde dans le diocèse: cordeliers à Agde, dès le XIIIesiècle,
appartint à la province Narbonnaise. Elle fut érigée
en cité, mais seulement dans les dernières années de
- -
capucins, en 1583, à Notre Dame-du Grau, lieu de
pèlerinage fréquenté; observantins àFlorensac, récol-
l'Empire. lets à Marseillan; les uns et les autres à Pézenas.
L'Évangile fut prêché dans le territoire d'Agde dès Il y avait encore, dans la ville d'Agde,un séminaire-
la fin du Ille siècle. En effet, la ville de Cessero (Saint- collège confié aux pères de l'Oratoire (1652); des reli-
Thibéry) vit, sous le règne de Dioclétien, le martyre gieuses cloîtrées de Sainte-Marie (1631); d'autres reli-
des saints Tiberius, Modestus et leurs compagnons. gieuses enseignantes dites Sœurs-Noires (1719); des
Mais on ne peut affirmer l'existence de l'évêché avant frères des écoles chrétiennes (1749), un hôpital (vers
l'arrivée du moine Sever, que l'on place approximati-
vement dans la seconde moitié du ve siècle.
II. ÉTENDUE. — Le diocèse d'Agde faisait partie
:
1430), plusieurs charités (1226, 1699), plusieurs con-
fréries de pénitents le tout de fondation épiscopale.
Le chapitre cathédral de Saint-Étienne, co-seigneur
<le la province ecclésiastique de Narbonne. Il était de la cité avec l'évêque, comprenait, depuis 1173,
limité au sud par la Méditerranée, à l'est par le diocèse douze chanoines dont l'archidiacre. Pézenas possédait
de Maguelonne (depuis Montpellier), au nord et à également un chapitre collégial, un collège d'orato-
l'ouest par celui de Béziers. riens, un couvent d'ursulines et un hôpital.
Agde passait pour le plus petit diocèse de France. IV. REVENU. — Le diocèse était fort riche pour son
Il comptait, vers 1760, dix-neuf paroisses et, en 1789, étendue. On évaluait le revenu de la mense épiscopale
à 30 000 livres au milieu du XVIIIe siècle, à 60 000 en VI. LISTE DES ÉVÊQUES. — Les listes modernes don-
1789. Beaucoup de grands diocèses ne rapportaient nent pour premier évêque d'Agde saint Venustus qui
point autant. aurait été martyrisé par Chrocus à une date incer-
V. HISTOIRE SOMMAIRE. — La plus belle période de taine. Mais le document qui concerne ce martyre est
l'histoire d'Agde est la plus ancienne. Un moine suspect; et le nom de Venustus ne se trouve pas dans
syrien, saint Sever, y fonda, dans la seconde moitié du le plus ancien bréviaire du diocèse en 1510.

;
Ve siècle, un monastère où résidèrent jusqu'à trois
cents moines c'est là que fut instruit àla vie chrétienne
Maxentius, originaire d'Agde et fondateur du mo-
Beticus est mentionné dans la vie de saint Sever

;
(vers 450?). — Sophronius assista au concile de 506.
— Léon siégea à une date inconnue quelques auteurs
nastère poitevin qui porta son nom (Saint-Maixent). le placent après le suivant.
— Phronimius, de 567 ou
En 506, l'Église d'Agde réunit en concile (voir plus environ à 579 ou environ, exilé et transféré à l'évêché
loin) tous les prélats de la Gaule Wisigothique. Un de
ses évêques, Phronimius, souffrit l'exil pour avoir
converti au catholicisme Herménégilde, fils du roi
en 653. -
de Vence. — Tigridius, évêque en 589.
— Georges,
Wilesindus, en 673. — Primus, en 683. —
L'invasion musulmane paraît suspendre l'évêché.
arien des Wisigoths. Justus, en 788. — Dagobert Ier en 848 et en 872. —
Mais l'invasion des Musulmans, qui possédèrent la Boson, en 885 et en 897. — Gérard Ier, en 899 et — en
ville de 725 environ à 737 et peut-être plus tard, arrêta 917. — Étienne 1er, en 922.
sa prospérité.
Sous le régime féodal, Agde devint le siège d'une
en 948.- Bernard Ier,
— Dagobert II, en 937 et
en 949. — Salomon Ier, en 954
et en 957. — Bernard II, en 958.
vicomté particulière du marquisat de Gothie. Cette Salomon, — Amelius, en 971.
— Étienne en 972 et en 974. — Arnaud, en 982.
vicomté fut unie au Xe siècle à la vicomté de Béziers, — II, en 990 et en 1034. — Guillaume Ier,
dont elle suivit quelque temps les destinées. en 1043. — Gontier, en 1050 et en 1064. — Beren-
En 1187, commença pour le diocèse une nouvelle ger Ier, en 1068 et en 1090. — Bernard III, fils du
période de gloire. Le vicomte Bernard Aton céda tous vicomte de Béziers, en 1099 et en 1122. — Adelbert,
ses droits seigneuriaux à l'évêque Pierre Raimond, 1123-1129.—Raimond II de Montredon, 1130-1142,
conjointement avec le chapitre de Saint-Étienne. transféré à Arles. —Ermengaud, 1142-1149. — Béren-
Depuis lors jusqu'à la Révolution, les évêques d'Agde ger II, 1149-1152. — Adémar, en 1153 et en 1162.
prirent le titre de vicomtes, puis bientôt de comtes. — Guillaume II, en 1165 et en 1173. — Pierre Ier
Leur autorité politique préserva la ville de l'hérésie Raimond, 1173-1192. — Raimond II, fils du seigneur
albigeoise. Agde fut la première, entre les cités du Bas- de Montpellier, 1192-1213. — Pierre Poulverel, élu et
Languedoc, à rechercher l'appui des rois de France; non sacré, 1214. — Thedise, légat du pape, 1215-1233.
la première également à reconnaître, avec son évêque — Bertrand de Saint-Just, 1233-1241. — Chrétien,
Thédise, la suzeraineté des Montfort. 1242.—Pierre Raimond Fabri, 1243-1271.—Pierre
La prospérité nouvelle du diocèse apportait avec
elle un élément de ruine. Par sa richesse hors de pro-
portion avec son étendue, l'évêché d'Agde était une
à 1327 ou à 1331. -
Bérenger, 1271-1296. — Raimond Du Puy, de 1296
Bernard Géraud,1332?-1337.
— Guillaume Hunaud deLanta, 1337-1342. —Pierre
proie désignée au triste régime de la commende. Il en de Bérail, 1342-1354. — Arnaud Aubert, 1354,
souffrit beaucoup. transféré à l'évêché de Carcassonne, puis à l'arche-
Au XVIe siècle, Agde n'opposa plus à l'hérésie la vêché d'Auch. — Sicard de Lautrec, 1354-1371, trans-
même résistance qu'au XIII siècle. En 1562, les pro- féré à l'évêché de Béziers. — Hugues de Montruc,
testants s'emparèrent de la ville, dont ils expulsèrent 1371-1408. — Guy de Malesec, cardinal-évêque de
prêtres et religieux. Rendue l'année suivante aux Palestrina, administrateur du diocèse d'Agde, 1409-
catholiques, Agde fut vaillamment défendue, en 1567,
par son évêque Aimery San Severino; mais elle tomba,
-
1411. Philippe de Lévis-Floressac, 1411-1425, trans-
féré à l'archevêché d'Auch. — Bérenger de Guilhot,
en 1576, entre les mains des politiques qui la gardèrent transféré de l'archevêché d'Auch, archevêque titu-
plusieurs années, tantôt favorisant et tantôt expul- laire de Tyr, 1425-1426. — Jean Teste, 1426-1436. —
sant les religionnaires au gré de leur intérêt du Renaud de Chartres, archevêque de Reims, évêque
moment. Dans le diocèse, l'hérésie avait plusieurs éta- commendataire, 1436-1439. — Guillaume Charrier,
blissement, notamment à Cette, Montagnac et Ville- 1439-1440. — Jean de Montmorin, 1440-1448. —
veyrac, où elle a conservé des temples. Étienne de Roupi, dit de Cambrai, 1448-1462. —
La ville même lui échappa complètement dans les Charles de Beaumont, 1462-1476. — Jacques Minu-
premières années du XVIIe siècle. Ce fut une époque toli, commendataire, 1476-1490. — Nicolas Fieschi,
de renaissance religieuse. La cité et le diocèse se cou- 1490-1494, transféré à l'évêché de Fréjus puis à l'ar-
vrirent de couvents, d'écoles et d'hôpitaux fondés par chevêché d'Embrun, puis fait cardinal. — Jean de
la générosité de plusieurs évêques, et, en particulier Vesc, 1494-1525. — Jean-Antoine de Vesc, 1525-1530,
de François et de Louis Fouquet, frères du célèbre transféré à l'évêché de Valence. — François-Guil-
surintendant des finances. laume de Castelnau, cardinal de Clermont, arche-
des temps, restreinte
-
L'autorité politique des évêques comtes s'était, vêque de Narbonne, puis d'Auch, évêque de Valence
et de Saint-Pons, évêque commendataire, 1530-1540.
dans le cours aux affaires pure-
ment municipales; ils conservèrent jusqu'à la Révo- — Claude de La Guiche, 1541-1546, transféré à l'évê-
lution le droit de confirmer l'élection des consuls.
Le diocèse d'Agde fut du nombre des petits dio-
cèses supprimés en 1790 par la constitution civile du
-
ché de Mirepoix. — Gilles Bohier, 1547-1561. — Ai-
mery de San Severino, 1561-1578. Bernard Dupuy,
avant 1583-1611. — Louis de Valois, fils d'un bâtard
clergé. Cette suppression légale fut confirmée canoni- de Charles IX, évêque commendataire qui n'entra
quement par le Concordat de 1802. Le dernier évêque, jamais dans les ordres, 1612-1622. — Balthazar de
Charles de Rouvroy de Saint-Simon, avait péri sur Budos, 1622-1629. — Fulcran de Barrés, 1629-1643.
l'échafaud de Paris le 8 thermidor an II, dernier jour — François Fouquet, 1643-1656, transféré à l'arche-
de la Terreur. vêché de Narbonne. —Louis Fouquet, frère du précé-
Depuis sa suppression, Agde a toujours fait partie dent, 1656-1702. — Philibert-Charles de Pas de Feu-
du diocèse de Montpellier. L'évêque de cette ville a quières, 1702-1726. —Claude-Louis de La Châtre, 1726-
quatre évêchés réunis à son diocèse
Lodève et Saint-Pons.
:
été autorisé par le pape, en 1877, à relever le titre des
Agde, Béziers,
1740. — Joseph-François de Cadenet de Charleval,
-
1740-1759. Charles-François-Siméon de Vermandois
de Saint-Simon de Rouvroy de Sandricourt, 1759-1794.
saint Césaire. Sophronius gouvernait alors l'Église
— Agde forme aujourd'hui, au civil,
:
ÉTAT ACTUEL.
un chef-lieu de canton du département de l'Hérault d'Agde. Les pères du concile étaient au nombre de
et,au spirituel, un archiprêtré du diocèse de Montpel- trente-quatre quatre métropolitains, vingt autres
lier. Cet archiprêtré, du titre, de Saint-Étienne, com- évêques et dix procureurs de prélats absents. Étaient
prend le territoire de l'ancien diocèse, diminué de la présents les métropolitains d'Arles, Bordeaux, Eauze
ville de Cette et augmenté de quelques paroisses ru- et Bourges, les évêques de Toulouse, Agde, Nimes,
rales. Rodez, Albi, Cahors, Aix, Auch, Comminges, Béarn
Pour une population entièrement catholique d'en- [Lescar?], Oloron, Lectoure, Lodève, Conserans, Péri-
viron neuf mille habitants, Agde compte deux pa- gueux, Uzès, Antibes, Senez et Digne, plus l'évêque
roisses et une chapelle de secours. De ces trois églises, inconnu du Palais [de Palatio]. Étaient représentés
deux, Saint-Étienne, l'ancienne cathédrale, et Saint- Narbonne, Fréjus, Bigorre, Clermont-Ferrand, Avi-
André, sont classées parmi les monuments histo- gnon, Bazas, Aire, le Gévaudan [Mende], Tours et un
Tiques. évêque dont le titre n'est pas donné.
Cette assemblée représentait donc un concile na-
Gallia christiana, 1739, t. VI, col. 664-728; Instrumenta, tional pour la partie de la Gaule soumise aux Wisi-
col. 311-340. — Gams, Series episcoporum, p. 477-478. —
Eubel, Hiemrchia catholica medii ævi, t. I, p. 75; t. II, p. 92; goths. Bien que leur roi Alaric fût arien, il avait expres-
iÍ.III,p. 110.—L.Duchesne,Fastes épiscopauxdel'ancienne sément autorisé la réunion. Le concile avait pour
Gaule, Paris, 1907,1.1, p. 317-318. — Jordan (Balthazar),His- objet « la discipline, les ordinations des clercs et des
toire de la ville d'Agde, Montpellier, 1824. — Devic-Vaissete, évêques ainsi que les besoins des Églises, » de disci-
Hist. gén. de Languedoc, édit. Privât, t. v, col. 1390-1330. plina et ordinationibus clcricorum atque pontificum
A. RASTOUL. vel de Ecclesiarum ulililalibus tractaturi. On connaît
2. AGDE (ABBAYE). L'histoire monastique d'Agde de lui, dans les plus anciens recueils, 47 canons authen-
:
est assez obscure. Le Gallia christiana compte dans tiques; des manuscrits plus récents en comptent 71,
la ville deux abbayes Saint-André et Saint-Sever, mais les 24 derniers sont empruntés pour la plupart
toutes deux rattachées au souvenir du même fonda- au concile d'Épaone.
teur, Sever. Le concile d'Agde met en vigueur, conformément
I. SAINT-ANDRÉ. — C'est dans la seconde moitié aux décrétales des papes Sirice et Anastase, le grand
du ve siècle que le moine syrien Sever vint fonder un principe du célibat ecclésiastique (canons 1, 9, 10, 11
monastère dans la cité d'Agde. Au témoignage de son et 28). Aussi prescrit-il de n'élever aucun homme
biographe, ce monastère était situé près de l'ancienne marié au diaconat sans l'assentiment de sa femme
cathédrale et dédié comme elle à saint André. Il aurait (canon 16). Il fixe à 25 ans l'âge du diaconat (canon 16),
compté, peu de temps après sa fondation, trois cents à 30 celui du sacerdoce (canon 18), et il retarde à 40
:
moines dont le plus illustre fut saint Maixent. On ne la consécration des religieuses (canon 19).
connaît que deux des abbés le premier de tous L'évêque est placé sous l'autorité du synode pro-
Sever, et le dernier, Pons, qui gouvernait le monastère vincial, auquel il est tenu, sous peine d'excommuni-
en 1064. cation, de se rendre en personne, à moins de maladie
A cette époque, le titre abbatial n'était plus qu'un grave
ou d'interdiction formelle du prince (canon 35).
mot, car l'abbaye tombait en ruines. Aussi Pons la Le concile lui impose des règles précises pour l'admi-
céda-t-il, avec l'aveu de l'évêque Gontier, au grand nistration du patrimoine de l'Église (canons 6, 7, 33);
monastère Saint-Victor de Marseille pour y faire re- il en interdit la vente, sauf le cas de nécessité, en
vivre la vie régulière. Il ne paraît pas que les moines ratifiant toutefois l'affranchissement des esclaves
-de Saint-Victor aient pris grand soin de leur nouvelle de l'Église (canons 33 et 45). Le concile prend
possession. Aussi les successeurs de Gontier la récla- des mesures contre l'abus des excommunications
mèrent-ils pour leur chapitre. Le différend fut porté (canon 3).
devant plusieurs papes, qui maintinrent les droits de Dans l'ordre civil, l'Église est chargée de protéger
Saint-Victor. Plus tard, l'église Saint-André passa en les affranchis (canon 29), de sauvegarder le mariage
la possession du prieuré Saint-Germain de Montpel- (canon 25), de maintenir la paix publique, au besoin
lier, puis du chapitre cathédral de cette ville. L'évêque l'excommunication des querelleurs (canon 31).
d'Agde, François Fouquet, la racheta, en 1652, pour y par
installer le séminaire diocésain.
L'église subsiste encore. Convertie en arsenal pen-
:
Plusieurs canons fixent les obligations religieuses des
fidèles assistance à la messe le dimanche (canon 47);
communion à Noël, à Pâques et à la Pentecôte (ca-
dant la Révolution, puis rendue tardivement au culte,
elle est remarquable par un mélange d'architecture manche non 18); jeûne tous les jours du carême, sauf le di-
(canon 12). Interdiction encore de célébrer
religieuse et militaire. l'office dans les oratoires privés les jours de grande
II. SAINT-SEVER. — L'abbaye de Saint-Sever est fête (canon 21).
ainsi nommée parce qu'elle renferme les reliques de
Sever. Elle a dû se former autour de l'église où le saint
fut enseveli; cette église était dédiée primitivement ampliss. Labbe, Concilia, t. IV, col. 1380-1399. — Mansi, Concil.
coll., t. VIII, col. 319. — Malnory, Saint Césaire
à saint Martin. d'Arles, Paris, 1894, p. 62 sq. — E. Thomas, Le concile d'Agde
L'abbaye de Saint-Sever est signalée dans des titres en 506, dans les Mémoires de la Société archéolog. de Montpel-
du IXe siècle. Son histoire paraît étroitement liée à lier, 1854, t. III, p. 641-682. — F. Cabrol, dans Dictionn.
celle du diocèse, car plusieurs évêques portèrent le titre d'archéol. chrét. et de liturgie, t. I, col. 871-877. — Hefele,
d'abbé. En 1158, le monastère fut définitivement Hist. des conciles, édit. H. Leclercq, t.II, p. 973-1002.
uni par le pape Adrien IV à la mense capitulaire de A. RASTOUL.
Saint-Étienne. Depuis, l'église a servi et sert encore AGELARD ou AGERALD, évêque de Nimes.
de paroisse. Le 3 avril 897, il confirma une donation faite au cha-
pitre de Notre-Dame de Nimes. Il assista au concile
Gallia christiana, 1739, t. VI, col. 705-707. de Saint-Tibéry d'Arles, tenu en 907.
toire de la ville d'Agde, Montpellier, 1824. — Jordan, His-
sanctorum ord. S. Bened., t.1, p. 563. — Mabillon, Acta
Baluze, Miscellanea, édit. Mansi, 1761, t. II, p. 115. —
3. AGDE (CONCILE D').
A. RASTOUL.
Le concile d'Agde seréunit
en septembre 506, dans l'ancienne cathédrale Saint-
André, sous la présidence de l'illustre évêque d'Arles,
;
Ménard, Histoire de la ville de Nimes, Paris, 1750, t. i,
p. 135-139 preuves, p. 16.
U. ROUZIÈS.
AGELEUS. Voir AGILEUS.
AGÉLIUS semble avoir été le successeur immédiat grseco in latinum translati et scholiis illuslrati, in-fol.,.
d'Acésius (col. 297) au trône épiscopal de la commu- Rome, 1588; se trouve aussi dansAubert, Œuvres de-
nauté novatienne deConstantinople et avoir occupé ce saint Cyrille d'Alexandrie, in-fol., Paris, 1638.— Cyrilli
:
siège jusqu'à sa mort, pendant quarante ans (345-384).
A deux reprises, il fut cruellement persécuté de la
part deMacédonius, comme étant inféodé aux homoou-
Alexahdrini adversus Neslorii blasphemias contradi-
ctionum libri Ve grœco in latinum translati. cum scho-
liis, in-fol., Rome, 1607, et dans Aubert, op. cit.,
siens alors pourchassés, ce qui détermina sa fuite de
Constantinople (Socrate, Histor. eccles., II, XXXVIII,
;
t. vi extraits dans Ceillier,Histoire générale des au-
leurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1747, t. XII, p. 334-
P. G., t. LXVII, col. 325); de la part de l'empereur 340. — Procli patriarche Conslantinopolitani epistola
Valens, toujours comme homoousien, d'où un nouvel de fide ad Armenos Ani. Agellio interprète, in-fol.,.
exil de la capitale. Socrate, H.E., IV, IX, P. G., loc. Rome, 1608; se trouve aussi dans Front. Duceo,Auc-
cit., col. 477; Sozomène, Hist. eccles., VI, IX, P. G., torum grseco-latinorum bibliotheca veterum Pa-
t. LXVII, col. 1316. Vénérable par son âge, grandi trum, Paris, 1629. Plusieurs autres ouvrages de lui,
par la souffrance, estimé pour son attachement aux surtout des commentaires de la Bible, sont demeurés.
lois ecclésiastiques et à la foi orthodoxe, remarqué manuscrits et sont conservés chez les théatins de
de tous par son dédain des richesses et la simplicité Rome. G.-B. Castaldo a écrit sa vie dans Memorie de'
de sa vie, il fut consulté par Nectaire, au moment cinquantci celebri Padri teatini, in-4°, Rome, 1615.
où Théodose se proposait de rendre la paix à Une autre vie de lui, écrite par le P. M. Ghislieri est
l'Église divisée (383). Mais, doutant de son habileté restée manuscrite, mais une partie en a été publiée par
dans la controverse, le modeste Agélius chargea son Vezzosi, 1.1, p. 6-8, 11-18.
lecteur Sisinnius, condisciple de l'empereur Julien,
de le représenter dans les discussions qui s'enga- Arisi, Cremona literata, 1741, t. m, p. 13-14. — G.-B. DeI
gèrent à cet effet. Le résultat fut favorable aux Tufo, Historia della religione de' Padri chierici regolari„
novatiens qui furent reconnus orthodoxes et auto- Rome, 1609-1611, t. i, p. 271. — Girolamo Ghilini, Teatro-
risés à tenir leurs réunions dans l'intérieur de la d'uomini letterati, Venise, 1647, t. n, p. 23. — Maracci, Bi-
bliotheca mariana, Rome, 1648, p. 110. — Silos, Historiarum
ville. Socrate, H. E., V, X, loc. cit., col. 588-593. clericorum regularium, Rome, 1650-1651, t. i, p. 532-533,.
Approchant de sa fin, Agélius désigna Sisinnius 535; t. il, p. 19; t. III, p. 337, 533. — UgheHi, Italia sacra,
pour lui succéder. Mais ce choix ne fut pas agréé du t. vu, col. 449-450. — Toppi, Biblioteca napolitana, Naples,
peuple qui voulait Marcien, remarquable par l'inté- 1678, p. 23. — Oudin,Commentarium de scriptoribus Eccle-
grité de sa vie et la sûreté de sa doctrine, ancien pré- siæ, Leipzig, 1722, t. i, p. 1044. — Negri, Istoria degli
cepteur d'Anastasie et Carose, filles de la princesse à scrittori fiorentini, Ferrare, 1722, p. 52. — Le Long, Biblio-
l'influence de laquelle le peuple devait le recouvre- theca sacra, Paris, 1723,1.1, p. 230, 267 sq.; t. n, p. 598.
ment de la liberté du culte. Agélius accéda aux désirs — Fabricius, Bibliotheca gl'æca, Hambourg, 1728-1738,
de la foule à la condition que, si Sisinnius survivait
à Marcien, il serait élu de préférence à tout autre. Peu
-
t. vin, p. 559, 1568. — Inn. Raff. Savonarola, Gerarchia
ecclesiastica teatina, Brescia, 1745, p. 14,64, 103. Simon,
Critique de la bibliothèque ecclésiastique de M. Dupin, t. n,
après ce choix, il mourut, laissant la réputation d'un p. 246; Lettres choisies, Amsterdam, 1730, p. 311. — Mazzu-
évêque intègre et mortifié. Socrate, H.E., V, XXI, chelli,Gli scrittori d'Italia, t. i, 1re part., p. 181-183. — Er-
loc. cit., col. 621; Sozomène, H. E., VII XIV, loc. cit., nesti, Opuscula theologica, Leipzig, 1773, p. 226. — Vezzosi.
I scrittori de' chierici regolari detti teatini, Rome, 1780, t.1,
col.1452. -
p.5-24. Kaulen, Geschichte der Vulgaten, Mayence, 1868,
p. 442 sq.- E. Levesque, dans Dictionnairede la Bible, t. 1,.
Ceillier, Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastiques,
t;
1860, IV, p.657. — Smith, Dictionary of christian bio-
graphy, 1.1, col. 61.
col. 265-266. - H. Hurter, Nomenclator literarius, 3e éd.,
t. III, col. 511-514.
E. MONTMASSON. J. FRAIKIN.
AGELLI ou AJELLI (ANTONIO). Né à Sorrente en AGELMAR ou ANGELMAR. Nous n'hésitons
1532, il entra, en 1551, dans l'ordre des théatins, où il pas à faire d'Agelmar le premier abbé du monastère
fut successivement supérieur des deux maisons de Saint-Sauveur de Lodève. Ce monastère n'apparaît
Gênes et de Crémone, puis visiteur des deux provinces pas dans l'histoire d'une manière authentique et in-
de Rome et de Naples. Versé dans la connaissance des discutable avant l'année 988, date du testament de
langues orientales, il fut nommé par le Saint-Siège se- saint Fulcran, testament dans lequel le grand évêque
crétaire de la commission chargée d'examiner les de Lodève se donne comme le fondateur de ce mo-
ouvrages qu'on faisait imprimer à la Bibliothèque nastère. Plantavit de la Pause, Chronologia prœsulum
Vaticane et çonsulteur de la congrégation de l'Index. Lodovensium 1634, et Bosquet, Vie de saint Fulcran,
Il travailla aussi aux nouvelles éditions des Septante évêque de Lodève, Paris, 1651, suivant en cela l'opi-
et de laVulgate, entreprises d'après le vœu du concile nion de Bernard Guy, leur prédécesseur, affirment
de Trente et se livra également, sur l'ordre de Clé- que le monastère existait avant cette année, et que
ment VIII, à une étude critique du Talmud. Les rab- saint Fulcran ne fit que le transférer auprès de son
bins essayèrent en vain de le corrompre, à prix d'ar- église cathédrale. Cette opinion a été acceptée par les
gent, afin d'obtenir de lui des conclusions favorables. bollandistes; mais, eux aussi, ne fournissent aucune
Préconisé, le 22 ou 24 novembre 1593, évêque d'Acerno, preuve de l'existence de ce monastère avant 988. Aussi
il donna sa démission en 1604, afin de pouvoir con- nous rangeons-nous à l'opinion de domVaissette,Hist.
tinuer ses travaux à Rome, où il mourut le 19 novem- gén. de Languedoc, éd. Privât, Toulouse, t. ni, p. 205,

:
bre 1608. Voici la liste de ses principaux ouvrages im-
primés, dont Ughelli dit nihil accuratius, copiosius,
gravius.
et nous considérons Agelmar comme le premier abbé
de ce monastère. Agelmar fut, en effet, l'ami de saint
Fulcran, signa son testament, et fut un de ses exécu-
In lamentationes Jeremise commentarius ex auctori- teurs testamentaires. De l'avis de tous les historiens,
bus groecis, in-4°, Rome, 1585, 1589. — In Habacuc il fut nommé abbé de Saint-Sauveur par le grand
prophelam commentarius,in-8°, Anvers, 1597. — Com- évêque de Lodève. Enfin l'annotateur de l'Hisi. gén.
mentarius in Psalmos, etdivini officiicantica,in-fol.,
Rome, 1606; Cologne, 1607; Paris, 1611, ouvrage très
de Languedoc, éd. Privât, Toulouse, t. IV, p. 802, com-
prenant toute la force qu'a le testament de saint Ful-
estimé.-In Proverbia Salomoniscommentarius,in-fol., cran, pour maintenir Bermond en tête des abbés de
publié par le P. Luigi Novarini, dans la 3e part. de ses ce monastère, le fait abbé en 988, contredisant ainsi
Variorum opuscolorum, Vérone, 1649.-Cyrilli Alexan- tous les historiens, qui, comme les bollandistes et
drinilibri XVII de adoratione in spiritu et veritate e Fisquet, veulent que le monastère de Saint-Sauveur
ait existé avant l'année 988 et font Bermond abbé mites des Nitiobriges du côté des Tolosates, dans Congrès
vers 985. archéologique, 1874, p. 209.
Gallia christiana, 1739, t.VI, col. 715; Instrum., col.340. La Celtique avait été unie à l'Aquitaine par Auguste
qui avait donné à cette province la Loire pour limite.
— Hist. génér. de Languedoc, loc. cit.
J. ROUQUETTE. Au milieu du IVe siècle, Valentinien fit une nouvelle
AGEN (Agennen.). — I. DÉLIMITATIONS. — A division des Gaules et partagea l'Aquitaine en deux
l'époque incertaine (1er au IIIe siècle) où fut créé le provinces sous les, métropoles de Bourges et de Bor-

6. — Diocèse d'Agen.

siège épiscopal d'Agen, la juridiction de l'évêque dut, deaux. Les Nitiobriges furent rattachés à la seconde
selon une loi connue, s'étendre à toute la civilas Agen- de ces provinces. D'après la Notitia provinciarum et
nensium. Située à l'extrémité de la Celtique, sur les civitatum Galliæ, la civitas Agennensium occupait le
deux rives de la Garonne, cette cité comprenait, sans premier rang, après la métropole, parmi les six cités
aucun doute, le territoire du royaume des Nitiobriges, qui composaient la province de Bordeaux. Cf. Lon-
supprimé par la conquête romaine. Il serait malaisé gnon, Atlas hist. de la France, texte explicatif, p. 15.
de déterminer exactement les limites de ce territoire De fait, les évêques d'Agen ont eu pendant longtemps
qui n'en eut peut-être jamais de bien fixes. On droit de préséance aux conciles et aux assemblées de
convient cependant que l'Agenais et le Condomois la province, après le métropolitain, dont ils étaient
réunis en donnent une image assez exacte. Cf. Argen- les premiers suffragants. Ce sont eux qui adminis-
ton-Labrunie, Dissertation sur les Nitiobriges, publiée traient l'Église de Bordeaux, sede vacante, et encore
par Ad: Magen, dans Recueil de la Société des sciences, en 1479, on les voit prendre le titre de vicaires de la
lettres et arts d'Agen, 1856, t. vu; Saint-Amans, Essai Province.
sur antiquités du département de Lot-et- Garonne,
les Par une bulle en date du 13 août 1327, Jean XXII
Agen, 1859; Samazeuilh, Hist. de l'Agenais, du créa l'évêché de Condom et lui attribua comme terri-
Condomois et du Bazadais, Auch, 1846; Moulenq, Li- toire toute la partie du diocèse d'Agen située sur la
rive gauche de la Garonne. Au remaniement de 1802,
le diocèse d'Agen fut rattaché à la métropole de Tou-
louse et comprit les deux départements de Lot-et-
Garonne et du Gers. Il dut céder au diocèse de Mon-
1803) les protestants du département avaient été
:
distribués en 5 consistoires ou arrondissements Ton-
neins avec 7810 âmes, Clairac avec 6200 âmes, Cas-
telmoron avec 7250 âmes, Lafitte avec 4565 âmes et
tauban, rétabli par une bulle du 17 février 1808, les trois Damazan avec 4460 âmes. Depuis la séparation on
cantons d'Auvillars,devalence d'Agen et de Montaigut. compte 18 églises ou associations cultuelles protes-
Par les bulles Commissa divinitus du 29 juillet 1817 tantes.
et Paternæ caritatis du 6 octobre 1822, l'évêché d'Agen III. HISTORIQUE. — On ne saurait préciser l'époque
redevint suffragant de Bordeaux et le département de la première apparition du christianisme dans le
du Gers, qui d'ailleurs avait toujours eu, depuis 1802, pays. Il y a tout lieu de croire que saint Martial (1er ou
son administration ecclésiastique propre, forma de IIIe siècle), qualifié notre père, notre apôtre, notre pa-
nouveau un diocèse distinct. Depuis, les limites du tron dans les plus anciens monuments de la liturgie
diocèse d'Agen n'ont plus changé et correspondent agenaise, a été le vrai fondateur de l'Église d'Agen.
exactement à celles du département actuel de Lot- Saint Firmin, martyrisé à Amiens vers 287, aurait
et-Garonne.
-
II. DIVISIONS. Au moyen âge — nos documents
commencé par l'Agenais, le cours de ses prédications
apostoliques. A la fin du Ille siècle de nombreux mar-

:
ne remontent pas plus haut — le diocèse d'Agen était
divisé en cinq archidiacônés et onze archiprêtrés.
Rive droite de la Garonne Archidiaconatus Major,
tyrs sanctifièrent de leur sang le sol agenais : saint
Vincent, saint Caprais, sainte Foy, sainte Alberte,
saint Prime et saint Félicien (?) et une foule d'incon-

:
Montaldensis, Vesalmensis; archipresbyteraius Sedis, nus dont les noms sont inscrits dans le ciel. Au ive siè-
Ferrussacensis, de Opere seu de Pujolibus, Fumellensis, cle, l'Église d'Agen brille d'un incomparable éclat
Monlaldensis, Vesalmensis. — Rive gauche Archi- grâce à son immortel évêque, saint Phébade, le fléau
diaconatus Bruliensis, Cayranensis; archipresbyteraius des ariens et à l'un de ses prêtres, Sulpice Sévère, si
Cayranensis, de Ballandraune, Fidei Marconis; Fidei bien nommé le Salluste chrétien. On peut citer, au
Lobonis, Bruliensis. Cf. Compte des subsides levés pour VE siècle, saint Dulcide et saint Loup. Il est probable
le pape dans l'archevêché de Bordeaux, dans Arch. hist. que, sous l'occupation wisigothe de 412 à 507, le pays
de la Gironde, t. XIX; Divisions ecclésiastiques de fut plus ou moins livré à un clergé arien qui a laissé
l'Agênais du XIe au XVIe siècle, dans Recueil de la dans l'histoire de peu glorieuses traces. Cf. Grégoire
Société. d'Agen, t. VII Notice sur la vicomté de Be- de Tours, De gloria martyrum, c. cv. Les plus illustres
saume, par Bladé dans Revue de l'Agenais,1877, t. IV. victimes des ariens en Agenais auraient été saint
Dans la suite, les archiprêtrés de Fimarcon et de Maurin et saint Antoine, dit de Lyaroles, dont on
Filobon furent réunis pour former l'archiprêtré de place le martyre entre 496 et 498. Après Vouillé,
Condom. A la veille de la Révolution, le diocèse de commence une série d'évêques, gallo-romains d'ori-
Condom comprenait encore les archiprêtrés de Con- gine, issus de familles patriciennes, qui tiennent dans
dom, du Brulhois, de Villandraut et de Cayran. Les la Cité le premier rôle politique. Cf. A. Ducom, La
remaniements furent plus importants sur la rive droite commune d'Agen, p. 10 sq. Vers l'an 670, se produit
du fleuve. Peu après 1600, le diocèse d'Agen fut di-
visé en douze archiprêtrés dont les noms suivent
Le Siège, Ferrussac, Villeneuve, Tournon, Fumel,
: une longue éclipse. Les Vascons, les Sarrasins, les
Normands ravagenttour à tour le pays et n'y laissent
pas pierre sur pierre. La ville d'Agen renaît de ses
Villeréal, Monclar, Lauzun, Sainte-Foy, Marmande, cendres vers 920 et le duc Gombaud relève son siège
Tonneins et Montpezat. épiscopal. Après l'an mil c'est une floraison superbe
Après le Concordat, le nouveau diocèse fut divisé d'institutions monastiques. Malheureusement, comme
en 38 cantons conformément aux divisions politiques l'ivraie au milieu du bon grain, des hérétiques,sorte
du département. Par son ordonnance en date du de manichéens, pullulèrent alors dans le diocèse. Ils
2 septembre 1842, Mgr de Vesins établit un archiprê- y étaient si nombreux, vers 1021, que des auteurs con-
tré dans chaque canton. Il y a aujourd'hui 35 archi- temporains, au rapport de Bossuet (Hist. des var.,
prêtrés. 1. XI), les ont appelés agenais. Plus tard, grâce à ces
L'état le plus ancien que nous ayons des paroisses hérétiques avec lesquels ils avaient tant d'affinité, les
du diocèse d'Agen est le Pouillé de Valéri (1520). Cette albigeois trouvèrent dans l'Agenais un terrain bien
pièce contient une nomenclature de 502 paroisses, préparé. Forts de l'appui des comtes de Toulouse,
cures ou annexes, desservies par 424 recteurs. En 1789, seigneurs du pays, ils établirent une de leurs églises à
ce même diocèse comptait exactement 384 cures Agen, occupèrent les places les plus fortes de la con-
et 181 annexes, en tout 565 clochers. D'après une trée, chassèrent l'évêque de son siège et s'emparèrent
liste dressée par Lacapère en 1604, le diocèse de Con- des biens ecclésiastiques. Il fallut organiser contre eux
dom comprenait à cette date 153 cures et 101 annexes, une vraie croisade et appeler Simon de Monfort. De
soit 254 clochers. Le registre des décimes pour l'année là, une guerre longue et cruelle qui, après bien des
1787 ne porte que 136 cures. Ms., bibliothèque de péripéties, se termina par leur écrasement. Pour ra-
M. P. Amblard. mener les esprits abattus mais non soumis, on eut re-
A la suite du Concordat, par une ordonnance en cours aux ordres mendiants. C'est ainsi que dans la
date du 8 octobre 1803, Mgr Jacoupy créa 38 cures seconde moitié du XIIIe siècle, une vingtaine de cou-
de canton dont 8 de première classe et 30 de seconde vents furent fondés dans le diocèse par les domini-
classe avec 434 succursales. 193 annexes furent érigées cains, les augustins, les cordeliers et les carmes.
par décret impérial du 17 avril 1806 et un remanie- Le pays commençait à peine à se refaire lorsqu'il
ment important des succursales eut lieu en 1808. Au fut de nouveau bouleversé par la guerre de Cènt ans.
moment de la rupture du Concordat (1905) le diocèse Cette guerre, bien que toute politique cette fois, n'eu
d'Agen comptait 47 cures inamovibles, 397 succur- fut pas moins désastreuse pour l'Église, dans un dio-
sales, 220 annexes dont 98 sans titre légal, en tout cèse où elle eut son berceau et l'un de ses principaux
664 clochers répartis en 2 archidiaconés comprenant théâtres. Pour ne parler que des ruines matérielles,
le premier les arrondissements d'Agen et de Ville- que d'églises, que de couvents alors ruinés n'ont
neuve-sur-Lot, le second, ceux de Marmande et de 1
jamais été relevés Cf. Denifle, La désolation des
Nérac. La population du diocèse est actuellement églises, monastères et hôpitaux en France pendant la
(recensement de 1906) de 274.520 âmes. guerre de Cent ans, t. i, Documents relatifs au xve siècle.
Nota. — Par décret du 27 messidor an XI (16 juin Pendant les cinquante années qui précédèrent la
Réforme jamais il n'y eut tant de fondations pieuses, net de leur mense était de 45532 livres, tandis que
le clergé ne fut jamais plus nombreux. Dans une seule celui de la mense épiscopale de Condom montait
année, comme 1507, on compte jusqu'à 795 nouveaux à 117617 livres.
prêtres. Arch. de l'évêché, a, 3. A s'en tenir à ces IV. ÉTABLISSEMENTS RELIGIEUX. — 1. Séculiers.
signes extérieurs on serait tenté de croire que le pays
était profondément religieux et catholique. La vérité
est que le paganisme était le maître souverain des
:
— Sous l'ancien régime le diocèse d'Agen possédait
trois chapitres 1° Le chapitre cathédral de Saint-
Étienne d'Agen. Il était composé de trois archidiacres,
esprits et des cœurs. Cf. J. C. Scaliger, Poemata,1774, dont un grand et deux moindres; d'un chantre, de
1re part., p. 432-498; 2e part., p. 35. Il n'y avait plus quatorze chanoines, d'un sacristain et d'un portier. Le
guère que des chrétiens de nom dont toute la religion grand archidiacre et le chantre étaient les seuls digni-
consistait en un culte aussi fastueux que superficiel taires. Les conditions de nomination avaient été arrê-
et en un pur formalisme. Quant aux mœurs, Agen tées dans un concordat passé, le 20 juillet 1542, entre
était alors pire que Carthage. Le mot est de Scaliger le cardinal de Lorraine et le chapitre. Les chanoines
(loc. cit.) et Belleforest parle comme Scaliger. His- nommaient et présentaient à une quarantaine de
toires tragiques, Paris, 1582, t. VI, p. 121. Or, le clergé paroisses, cures ou annexes. Le chapitre était également
était, dans son ensemble, encore plus corrompu que gros décimateur dans ces mêmes paroisses. Il possé-
le peuple, suivant la loi de la cause et de l'effet. Cf. Bel- dait, en outre, quelques fiefs importants, des droits
leforest, loc. cil.; Livres de police des consuls d'Agen, seigneuriaux, des rentes constituées. Le tout produi-
Arch. mun. d'Agen, série ff; Statuts synodaux de 1493. sit en 1790 la somme de 50 774 livres et 34000 livres,
Arch. dép. Papiers de Labrunie. Favorisée par la toutes charges déduites.—2°Le chapitre collégial de
cour de Navarre qui attirait à Nérac les chefs de la Saint-Caprais d'Agen. Il était composé d'un prieur
secte, mal réprimée par des évêques ou absents ou seul dignitaire et de dix chanoines, tous élus par le cha-
indignes, la Réforme fit de bonne heure dans le pays pitre. Il y avait aussi deux hebdomadiers et six pré-
des progrès rapides.Bientôt les huguenots se crurent bendés. Il avait les mêmes titres honorifiques que le
assez forts pour imposer par la force leur domination. chapitre cathédral, marchaitpartout son égal, formait
Cf. Procès-verbaux de la prise d'Agen par les hugue- avec lui, le présidial et les consuls, le premier corps de
nots, dans Revue de l'Agenais, 1882, p. 41 sq.;Barrère,
t.
Hisi.religieuseetmonument,du dioc.d'Agen, n,p.28G
Arch. de l'évêché, /, 21, etc. Les atrocités qu'ils com-
; la cité. II était le patron d'une quarantaine de pa-
roisses dont il nommait les pasteurs. De temps immé-
morial, les évêques d'Agen, aux premiers jours de
mirent appelèrent enfin de la part des catholiques des leur épiscopat, étaient obligés d'aller à la collégiale

représailles énergiques. De les guerres de religion qui recevoir des mains du prieur leur mitre et leur crosse
ensanglantèrent tout particulièrement l'Agenais. Au et prêter serment. La mense du chapitre Saint-Ca-
moment de la révocation de l'édit de Nantes, par la prais se composait de fiefs, de terres en justice (le
crainte des dragons de Louvois, la plupart des familles Port Sainte-Marie et la Sauvetat de Savère en paréage
protestantes de l'Agenais retournèrent au catholicisme. avec le roi) et de dîmes qui lui ont été reconnues par
Malheureusementle jansénisme dont se préservèrent l'évêque Raoul de Peyrines en 1235. En 1790 les re-
assez mal des évêques comme Claude Joly et François cettes, toutes charges déduites, furent de 43 183 livres.
Hébert, le gallicanisme, le philosophisme même exer- — 3° Le chapitre de Pujols. Fondé, en 1526, par les
cèrent jusque sur les meilleurs esprits une trop réelle seigneurs du lieu et le chapitre Saint-Caprais, il était
influence. C'est ce qui explique, dans une certaine composé d'un doyen et de cinq chanoines. A la fin
mesure, l'engouement du clergé agenais pour les idées du XVIIIe siècle, les chanoines étaient toujours de
nouvelles au moment de la Révolution. Les trois et
patronagelai, commelesrevenus ne dépassaientpas
cinquièmes de ses membres prêtèrent le serment 1500 livres, les chanoines ne résidaient pas et le ser-
schismatique. Il est vrai que beaucoup le rétractèrent vice était très réduit. — 4° A signaler encore sur la
après la Terreur et grossirent le nombre des prêtres partie du territoire de l'ancien diocèse de Condom,
fidèles qui ainsi finirent par obtenir une très forte auj ourd'hui réunie au diocèse d'Agen, le chapitre
majorité. Cf. A. Durengues, Le diocèse de Lot-et- collégial de Saint-Vincent du Mas. Il était composé
Garonne. Agen, 1903. d'un prieur élu par les chanoines, des archidiacres du
Les anciens historiens ont fait remonter jusqu'au Brulhois et de Cayran et d'un sacriste, ces trois der-
duc Gombaud l'origine du pouvoir temporel des évê- niers dignitaires de nomination épiscopale, de douze
ques d'Agen pendant le moyen âge. Cf. Antoine Loi- chanoines dont un était appelé théologal et de neuf
sel, La Guyenne, Paris, 1605, p. 105-128; Pithou, hebdomadiersou prébendés.Le chapitre nommait aux
Opera sacra, juridica, etc., Paris, 1606, p. 686-687; canonicats, aux hebdomades et aux prébendes. Le re-
Darnalt, Remontrance ou harangue solennelle faite en
la Cour., Paris, 1606; Labenazie, Hist. d'Agen,
2e part., p. 51; Gallia christ., t. n, col. 900. L'abbé
:
venu de la mense fut de 17 230 livres en 1789 et se
partageait en 19 portions un quart, savoir 13 portions
pour les chanoines (le prieur prenant deux parts), et
Barrère, Hist. relig. et mon. d'Agen, t. i, p. 202-203, 6 portions pour le bas-chœur. Le prieur avait en outre
paraît suivre l'opinion du Gallia christ. D'autres sa mense particulière d'un revenu de 4 924 livres. —
mieux informés, semble-t-il, reculent cette origine 5° Sur le territoire de l'ancien diocèse de Bazas, le
jusqu'à Arnaud de Beauville (1020-1049). C'est à ce chapitre de N.-D. de Casteljaloux.Fondé, en 1521, par
dernier que les ducs d'Aquitaine, par un acte de haute une bulle de Léon X, il était composé de quelques
politique, auraient concédé, pour la première fois, cet chanoines et prébendés sous la présidence d'un doyen.
ensemble de privilèges et de droits qu'on appelle la Son patronage s'étendait à 18 paroisses. En 1790, le
comitalie. Argenton-Labrunie, Mémoire sur la juri- revenu des chanoines était de 800 livres environ et
diction des évêques d'Agen; A. Ducom, op. cil., c. iv. celui des prébendés de 400 livres. — 6° Sur le territoire
Ces privilèges et ces droits d'abord personnels, oc- le
de l'ancien diocèse d'Auch, chapitre de Sos, composé
troyés à chaque évêque par une nouvelle charte, ne du doyen, de cinq chanoines, deux grands-prébendéset
devinrent l'apanage du siège que déjà amoindris, sous de deux petits-prébendés. En 1790, le revenu net de la
Arnaud de Rovinha en 1217. De ce pouvoir tem- mense fut de 8500 livres. Chaque chanoine était part
porel il ne restait guère aux évêques d'Agen, en 1789, prenant pour 4/34, chaque grand-prébendépour 2/34 et
que le titre purement honorifique de comtes d'Agen.
Cf. A. Durengues, Pouillé historique du diocèse d'Agen, 150 chapelleniespourl'ancien diocèse
- d'Agen et plus de
chaque petit-prébendé pour 1/34. En outre plus de
art. Saint-Étienne d'Agen. A cette date le revenu 50 pour celui de Condom étaient desservies dans les
églises del'Agenais.—7° Le chapitreactueldelà cathé- 1628; les bénédictines à Marmande en 1645 et à Cas-
drale. Créé par ordonnance de Mgr Jaco upy du 8 octobre telj aloux (celles-ci furent supprimées et leurs biens
1803, il se composait primitivement de huit chanoines réunis à l'hôpital en 1779); les dominicains à Agen
titulaires. Ce nombre fut augmenté d'une unité par or- en 1580 et au Mas; les religieuses de Notre-Dame à
donnance de Mgr deVesins, du 2 février 1862, pcrtant Agen en 1619, à Villeneuve en 1646 et à Mézin en
annexion de la cure de la cathédrale au chapitre. Il a 1657; les tertiaires de Saint-François à Agen en 1638;
été porté au chiffre de douze, en 1907, par Mgr Sagot les ursulines à Marmande en 1644 (supprimées en
du Vauroux. Le doyen, à la nomination de l'évêque 1762), à Port-Sainte-Marie en 1637, à Sainte-Livrade
comme tous les chanoines, est le seul dignitaire. en 1653, à Nérac en 1645; les visitandines à Agen en
2. Réguliers. — 1° Les cinq abbayes que renfer- 1642; les clarisses à Nérac avant 1357 et à Astafïort;
mait l'ancien diocèse d'Agen étaient celles des béné- les dames de la Croix à Aiguillon en 1656; les filles
dictins de Clairac, d'Eysses et de Saint-Maurin et de la Foi (dames de l'Union chrétienne, dames de la
celles des cisterciens de Gondon et de Pérignac. Sur la communauté des nouvelles catholiques, sœurs de
partie du diocèse de Condom annexée auj ourd'hui à l'Instruction des écoles charitables de l'Enfant Jésus)
celui d'Agen s'élevaient les importants prieurés béné- àVilleréal en 1713, à Sainte-Foy la Grande en 1694,
dictins de Layrac, de Moirax et de Mézin. Non seule- à Tonneins en 1689, à Clairac, à Nérac en 1720 et
ment ces grands monastères locaux mais encore d'il- à Casteljaloux; les orphelines de Saint-Joseph à Agen
lustres abbayes plus ou moins lointaines comme Sarlat, en 1641; les filles du Bon Pasteur à Agen en 1755;
Moissac, La Sauve, Saint-Géraudd'Aurillac, La Chaise- les sœurs de Charité à Agen en 1686, à Villeneuve
Dieu, le Bourg-Dieu, Grammont, Saint-Sever, Saint- vers 1710, à Lauzun en 1720, à Marmande vers 1710.
Jean dela Castelle,Saint-Serninde Toulouse, etc., essai- Pendant la période concordataire un monastère de
mèrent dans tout le pays une foule de prieurés secon- carmélites fut relevé à Agen en 1838 et celui des
daires et granges. Bon nombre de ces établissements, annonciades de Villeneuve vers la même époque.
tombés la plupart, il est vrai, à l'état de bénéfices La congrégation des filles de Marie fut fondée à Agen
simples, subsistaient encore au moment de la Révolu- en 1816 par le P. Chaminade. Une autre congréga-
tion, 50 environ en deçà du fleuve. — 2° Les templiers, tion,dite de Sainte-Anne, se forma à Feugarolles. Une
établis à Agen vers 1154, avaient fondé les comman- congrégation toute locale, lesdames de la Croix,
deries du Temple de Breuil, de Golfech, d'Argentens, rétablie a Aiguillon essaima a Villeneuve, a Casseneuil,
du Nomdieu, etc., on sait que leurs biens passèrent, à Monsempron, à Villeréal des maisons autonomes,
en 1312, aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem toutes placées sous la juridiction de l'Ordinaire. En
qui les gardèrent jusqu'à la Révolution. — 3° C'est 1903, au moment de leur suppression, les diverses con-
vers le milieu du XIIIe siècle que l'on doit placer l'arri- grégations enseignantesétablies en France entrete-
vée des religieux mendiants dans l'Agenais. Les domi- naient dans le diocèse d'Agen 128 écoles de filles avec
nicains s'établirent à Agen en 1249 et à Port-Sainte- un personnel de plus de 600 religieuses. La charité
Marie en 1333; les augustins à Agen en 1272, à Mon- s'exerce encore dans 34 maisons avec un personnel
flanquin en 1487 et à Mézin; les grands carmes à Agen d'environ 200 religieuses.
en 1272, à Aiguillon avant 1280, à Tonneins jusqu'à V. LISTE DES ÉVÊQUES. — Saint Caprais, mar-
la destruction de la ville en 1622 et à Marmande de- tyrisé en 287 ou 290 ou 303? — Saint Vincent? 313?
puis 1629; les cordeliers à Agen avant 1262, à Ville- — Ausibius? 312-345? — Saint Phébade, 348-400?
neuve en 1502, à Penne en 1238, à Sainte-Foy la — Gavidius vers 400. — Saint Dulcide, ve siècle. —
Grande jusqu'en 1561 et depuis 1639, à Marmande Lupus, Ve siècle. — Bébien, 549. — Polemius, 573. —
en 1265, au Mas d'Agenais avant 1450, à Nérac avant Sugillarius? 580? — Antidius, 585. — Flavardus, 615.
- -
1327, à Casteljaloux avant 1365; les capucins à Agen
en 1600, à Valence en 1666, à Villeneuve en 1619, à
Castillonnès en 1682, à Marmande en 1609, à Clairac en
642. — Siboaldus, 673. — Concordius, 850.
baud, 977. — Arnaud? 982? — Hugues, 1000-1020?
-
Asodoaldus, 628. Sallustius, 629. — Sebastianus,
Gom-

1762, à Port-Sainte-Marie en 1623, à Nérac en 1620 et — Sanctius? — Simon? — Arénat? — Gausbert? —


à Casteljaloux; les picpuciens à Agen en 1687, à Bon- Adebert ou Albert? — Arnaud de Beauville, 1020-
1049. — Bernard de Beauville, 1049-1060. — Osius?
Encontre en 1612, à Tournon en 1639, à Tonneins
en 1686, à Lamonjoie en 1622 et à Barbaste; les ré-
collets à Sainte-Foy la Grande en 1622, à Lauzun en
- Regino? — Guillaume, 1061-1068. — Arnaud? —
Donald, 1080-1083? — Élie, 1083. — Simon, 1083-
1623, à Beauville en 1623; les petits-carmes à Agen 1101. — Pierre? — Géraud, 1101-1104. — Isaard?
en 1658; les minimes à Agen aussi en 1658; les jé- — Raymond Sance? — Gausbert, 1105-1118. —
suites à Agen en 1591 et à Clairac en 1650; les ermites Sanctius? — Aldebert, 1118-1128. — Raymond-Ber-
à Agen en 1612, à Nicole en 1700. Les lazaristes s'éta- -
nard du Fossat, 1128-1149. Élie de Castillon, 1149-
blirent à N.-D. de la Rose en 1640 et à Agen en 1650, 1182. — Pierre? — Bertrand de Beceyras, 1182-1209.
les doctrinaires à Nérac en 1635, les oratoriens à — Guillaume? — Arnaud de Rovinha, 1209-1228. —
Agen en 1781. Pendant la période concordataire les Pierre? — Jean? — Arnaud? — Arnaud, 1228-1231.
ordres religieux furent représentés dans le diocèse — Géraud, 1231-1232. — Raoul de Peyrines, 1232-
d'Agen par les carmes déchaussés qui s'établirent
dans la ville épiscopale en 1846 et furent expulsés en
1882, par les passionnistes de Latané près de Tonneins,
Reims, 1245-1248. — Arnaud? -
1235. — Arnaud de Galard, 1235-1245. — Pierre de
Guillaume, 1248-
1263. — Guillaume, 1263-1264, patriarche de Jéru-
expulsés en 1903, par les maristes établis à N.-D. de salem en 1264. — Pierre Jerlandi, 1264-1271. — Ar-
Bon-Encontre en 1852 et au grand séminaire d'Agen naud de Goth, 1291-1313. Transféré à Langres en
en 1854, expulsés aussi de ces deux maisons en 1903.
En cette même année 1903, date de leur expulsion,
70 frères de diverses congrégations enseignaient dans
-
1306, revint sur le siège d'Agen le 4 juin de la même
année. — Bertrand de Fargis? Bernard de Fargis,
1306-1306. Transféré à l'archevêché de Rouen en 1306.
16 écoles de garçons. 1313-1357. — Déodat de Rot-
— Amanieu de Fargis,Raymond
4° Les plus anciens monastères de religieuses dans bald, 1357-1364. — de Salg, 1364-1375.
le diocèse d'Agen sont deux prieurés de l'ordre de Était patriarche d'Antiochelorsqu'il fut nommé admi-
Fontevrault : Fongrave et Paravis, fondé le pre- nistrateur de l'évêché d'Agen. — Richard? — Jean
mier vers 1087, le second en 1130. Les annonciades Belveti, 1375-1378, démissionnaire en 1379. —Jean,
se sont établies à Agen en 1533, à Villeneuve en 1379-1382. — Simon de Cramaux, 1382-1383, cardi-
1621, à Marmande en 1622; les carmélites à Agen en nal. Transféré à Béziers le 9 août 1383. — Jean, 1383-
1396. — Bernard, 1397-1398. — Imbert de Saint- inutile, le premier état n'avait pas besoin d'agents
Laurent, 1398-1438. — Jean? — Gaufridus? — Jean lorsque les deux autres s'en passaient, mais on leur
de Borgia, 1439-1461, se démet en 1461 et meurt le répondit que, seul, le clergé avait un traité avec le roi
10 décembre 1465. — Pierre de Bérard, 1461-1477. — pour les subsides qu'il lui fournissait et que d'autres
Jean de Monchenu, nommé par le roi, ne prit pas pos- intérêts collectifs étaient ainsi représentés. Les pro-
session. Transféré à Viviers en 1478. — Galéas de la testants n'avaient-ils pas, eux aussi, leurs députés
Rovère, 1478-1487. — Léonard de la Rovère, 1487- généraux auprès du roi et de ses conseils? Encore en
1519. Cardinal en 1505, se démet de l'évêché d'Agen 1605, le promoteur de l'assemblée, Turgot proposa de
•en 1519 et meurt le 28 septembre 1520. — Antoine de les supprimer à cause des troubles que leur élection
la Rovère, 1519-1538. — Jean de Lorraine, 1538-1550, avaient causés à Bordeaux, mais on ne voulut pas se
cardinal. — Mathieu Bandello, 1550-1555, démission- priver de leurs services et ils subsistèrent jusqu'à la
naire en 1555, mort en 1562. — Janus de Frégose, fin de l'ancien régime.
1555-1586. — Pierre Donauld, nommé en 1586 et On prit seulement quelques précautions, peut-être
transféré la même année à Mirepoix. — Nicolas de moins contre eux que contre le pouvoir royal, afin
Villars, 1587-1608. — Claude de Gélas, 1609-1630. qu'on ne pût les considérer comme représentant le
— Gaspard de Daillon du Lude, 1631-1636, trans-
féré à Albi en 1636. -
Barthélemy d'Elbène, 1636-
1663. — Claude Joly, 1664-1678. — Jules Mascaron,
clergé et capables de s'engager en son nom. Ils ne
furent que deux (ires faciunt capitulum); ils ne durent
;
rester en place que deux ans ils furent élus chacun par
1679-1703, transféré de Tulle à Agen, le 25 fé- une province ecclésiastique et non par l'ensemble du
vrier 1679. — François Hébert, 1703-1728. — Jean clergé ou l'Assemblée générale. On tira au sort, une
d'Yse de Saléon, 1729-1735, transféré à Rodez, en fois pour toutes, l'ordre dans lequel les provinces exer-
1735, mort archevêque de Vienne, le 10 février 1751. ceraient ce choix en associant, autant que possible,
— Joseph Gaspard Gilbert de Chabannes, 1735-1767. une province du nord de la Loire avec une du midi.
— Jean-Louis d'Usson de Bonnac, 1767-1802, révo- Enfin, ils ne purent être évêques.
qué à la suite du Concordat, mort à Paris le 11 mars La durée de leurs pouvoirs fut la seule de ces règles
1821. — Jean Jacoupy, 1802-1840, démissionnaire
en 1840, mort à Bordeaux le 27 mai 1848. — Jean
Aimé de Levezou de Vesins, 1841-1867. — Hector
:
qui fut changée régulièrement quand les assemblées Se
tinrent tous les cinq ans on ne changea les agents que
les années où elles curent lieu. De plus, de 1588 à 1595,
Albert Chaulet d'Outremont, 1871-1874, transféré au les troubles ayant empêché les provinces d'élire leurs
Mans, à la fin de 1874. — Jean-Émile Fonteneau, 1875- agents, ceux qui étaient en fonctions y restèrent jus-
1885, transféré à Albi. — Charles Cœuret-Varin, 1885- qu'à ce qu'on pût leur donner des successeurs, et
1905. — Charles-Paul Sagot du Vauroux, 1906. malgré des prétentions contraires, on rappela le tour
des provinces qui n'avaient pu exercer leur droit de
Labénazie, Histoire de la ville d'Agen, publiée par A.-G. de nomination.
Dampierre, Montauban, 1888, t. I; Annales d'Agen, Agen- A deux reprises le nombre des agents fut exception-
Paris, 1886. — Labrunie, Abrégé chronologique des anti- nellement porté à trois à la suite de difficultés, à pro-
quités d'Agen, Agen, 1892. — Barrère, Histoire religieuse et
monumentale du diocèse d'Agen, 2 vol., Agen, 1855. — pos de leur nomination et les assemblées s'attribuè-
Combes, Les évêques d'Agen, Agen, 1885. - Ph. Lauzun,
Les couvents de la ville d'Agen avant 1789, 2 vol., Agen,
1889-1893. A. Durengues, Pouillé historique du diocèse
rent à l'occasion le droit de nommer directement des
agents. Lorsque Paris fut érigé en archevêché, la nou-
velle province voulut, elle aussi, avoir un agent, et,
d'Agen pour— l'année 1789, Agen, 1894; Le diocèse de Lot-et- en 1635, Sens et Paris en nommèrent chacun un;
Garonne, Agen, 1903. — Du Tems, Le clergé de France, l'Assemblée décida de les maintenir provisoirement
1774, t. II, p. 268-299; t. III, p. 73-75. — Gallia christiana,
tous les deux concurremment avec celui d'Auch, mais
Gams, Series episcop., p. 479. -
1720, t. II, col. 891-936; Instrumenta, col. 427-438. —
Eubel, Hierarchia medii
ævi, t. I, p. 75; t. II, p. 93; t. III, p. 110. — L. Duchesne,
Fastes épiscopaux, t. II, p. 63-64.
avec cette condition que si l'un d'eux cessait ses fonc-
tions, il ne serait pas remplacé, et que, s'ils les ces-
saient tous les deux, il n'y aurait qu'un agent nommé
A. DURENGUES. pour les deux provinces sous la présidence de l'arche-
AGENSIS (Ecclesia). Voir AGBIA, col. 925. vêque de Sens. En 1670, il y en eut de nouveau trois,
élus par les mêmes provinces, mais, sur l'ordre du roi,
AGENT (Saint), martyr en Espagne, 11 janvier. les deux provinces du nord réunies nommèrent un seul
Ce saint figure en tête d'une des rares séries de mar- agent qui fût l'élu de Paris, l'abbé de la Hoguette.
tyrs espagnols (d'ailleurs sans aucune attache dans la En 1690, Albi ayant été érigé en archevêché, on décida
tradition) qui ont pénétré (II id. jan.) dans les mar- que cette nouvelle province prendrait son tour avec
:
tyrologes hiéronymiens.Voici, d'après le cod. Eptern.,
cette liste confuse In spanis agenti. donati. agustini.
salui. felicis. donati prb. flori. zemini. pati. pausalini.
Paris après Sens et Auch.
Enfin, en 1598, l'Assemblée pria l'agent sortant
Berthier, archidiacre de Toulouse, de rester en fonc-
eugenii. stelani. et aliorum XII. Le groupe, coupé en tion. L'Assembléeavait nommé elle-même un des deux
deux au surplus par le cod. Wissenb. après Felicis, ne agents entrants. Elle choisit un des deux qui se di-
saurait être primitif. Dans la seconde partie, se détache saient élus par Arles. La difficulté venait de cequ'O-
un zeminus où il faut sans doute reconnaître le zebinos range avait pris part à l'élection et de ce qu'on con-'
:
antiochien de la source syriaque (13 Canoun). Le ré-
sidu donnerait à peu près ceci In Hispaniis, Agenti
Donati, Augustini?, Salvii, Felicis.
testait que cet évêché fût situé dans le royaume.Plu-
:
sieurs fois les assemblées générales exercèrent ce droit
Berthier avait été nommé ainsi, en 1596, l'agent de
Acta sanctorum, 1643, januar. t. I, p. 674; 1894, nov. t. II, Toulouse s'étant démis à cause de ses infirmités. Dix
Martyrologium hieronymianum,p. 7. ans plus tôt, les troubles ayant empêché la même pro-
A. LAMBERT. vince de se réunir, on avait nommé Dadré « qui se
AGENTS GÉNÉRAUX DU CLERGÉ. Nom donné, trouve seul de ladite province pour faireladite charge. »
à deux prêtres chargés de veiller d'une façon perma- Autant que possible l'Assemblée du clergé se con-
nente sur les intérêts du corps du clergé, et qui rem- tenta de valider les élections douteuses. Elle le fit
placèrent les syndics généraux, lorsqu'en 1579,l'assern- en 1598 où la province de Sens avait été convoquée
blée du clergé de Melun résolut de les supprimer. Cer- par un grand-vicaire et non par un vicaire capitulaire,
tains membres prétendaient même qu'il fallait se con- l'archevêché étant vacant; cependant, en 1605, comme
tenter de garder les bureaux pour éviterune dépense l'élection de Bordeaux était contestée,les députés de
la province se réunirent sur l'invitation de l'Assem- semblent contraires à cette manière de voir, lorsque
blée et nommèrent un agent. les agents avaient prolongé leurs pouvoirs jusqu'à la
Il faut mentionner aussi un essai d'intervention du prochaine assemblée. Un règlement de 1655 décida.
pouvoir royal sous le ministère de Richelieu. En 1641, que s'ils étaient nommés en dehors du temps de réu-
la province d'Arles avait nommé l'abbé de Grignan et nion des assemblées ordinaires, ils seraient reçus par
celle d'Embrun, l'abbé d'Hugues; mais ce dernier les évêques présents à Paris réunis extraordinairement
ayant acheté 8 000 livres le désistement de Gassendi et que, s'ils ne pouvaient les réunir, ils entreraient em
son concurrent, le roi refusa de le reconnaître et vou- fonction sans autre formalité.
lut imposer Berland, prieur de Saint-Denis de La Une fois nommés et entrés en fonction, les agents
Châtre. Celui-ci eut d'abord une querelle avec les semblent chargés de toutes les affaires du clergé consi-
agents sortants, puis l'assemblée de Mantes refusa de déré comme le premier état de la nation et formant
le reconnaître et déclara élus les abbés d'Hugues et de
Grignan; ce dernier ne put exercersa fonctionqu'après
un certain temps et, jusqu'à la mort de Louis XIII,
:
corps, et en particulier de ses rapports avec le pouvoir
civil central et ses divers organes rapports financiers,,
politiques et judiciaires, ce qui entraînait une corres-
il fut seul à le pouvoir. On donna cette double charge pondance active avec les différents diocèses et surtout
comme raison, pour lui allouer, quand il fut nommé avec leurs syndics. Il faut ajouter à ces fonctions la
évêque, un don de 3 000 livres pour l'achat d'une cha- garde des archives.
pelle en plus de la gratificationpareille à celle de l'abbé Bien qu'ils n'aient plus à juger les contestations au
d'Hugues qui n'avait pas eu les mêmes dépenses. sujet des décimes, passées des syndics généraux aux
L'assemblée de Melun n'avait rien réglé sur les con- bureaux diocésains, les agents avaient à intervenir
ditions que devaient remplir les agents. Berthier qui dans ces matières. Ils avaient d'abord à défendre leur
fut maintenu dans ses fonctions d'agent était évêque corps contre les empiètements des juges royaux qui
nommé de Rieux; dès qu'il eut quitté l'agence, en voulaient toujours étendre leur juridiction, ainsi que
1606, on fit un règlement qui déclarait que tout agent contre le pouvoir royal lui-même. En 1585, ils pro-
nommé évêque devrait cesser ses fonctions du jour testent contre une tentative d'obtenir des nouveaux.
où il aurait accepté. Cette règle ne semble pas avoir décimes des prélats présents à la cour réunis extraor-
été observée et le recueil des Actes du clergé cite de dinairement. Les agents déclarent s'y opposer au nom.
nombreux cas d'évêques nommés qui restèrent en du clergé « pour n'avoir lesdits seigneurs aucun pou-
fonction jusqu'à leur sacre. Il semble que ç'ait été voir de représenter le clergé. »
l'usage. Ces empiètements de prélats réunis extraordinaire-
Le règlement de 1625 décide que les agents doivent ment étaient quelquefois spontanés. En 1645, l'Assem-
être prêtres et avoir un bénéfice dans la province qui blée du clergé s'était opposée à des gratifications
les a choisis; en 1635, on y ajoute qu'ils doivent rési- accordées par une semblable assemblée des évêques et
der depuis deux ans dans cette province et y avoir un avait déclaré qu'à l'avenir les agents seraient person-
bénéfice payant des décimes autre qu'une chapelle. En nellement responsables de telles dépenses irrégulières.
1698, l'abbé Desmaretz fut reçu par une assemblée Une seule exception est faite pour les ministres con-
extraordinaire qui jugea que sa qualité de grand-vi- vertis pensionnés par le clergé. Ceux-ci avaient besoin
caire suppléait à ce qui lui manquait comme béné- de leur visa pour toucher leur pension.
ficier; il n'avait qu'une chapelle. L'intervention des agents était nécessaire pour ob-
Ce fut une question de savoir s'ils pouvaient être tenir la décharge des décimes des bénéfices dont les
réélus. Le règlement de 1606, qui défend de les conti- titulaires n'avaient pu jouir par spoliation, occupation
nuerdans leur fonction et décide que les provinces qui de l'ennemi ou autre cause; ceux-ci devaient, après
y consentiraient perdraient leur tour, a été diverse- avoir fait constater le fait par un juge royal, faire pré-
ment interprété, et, malgré le texte plus clair de 1646, senter la réclamation par les agents qui poursuivaient
l'auteur du recueil des Actes du clergé prétend qu'une l'affaire devant le conseil du roi s'ils la jugeaientjuste.
réélection formelle est possible, et il en cite des exem- Cette procédure était exigée par les contrats mêmes-
ples. passés avec le roi. Ces décharges ne pouvaient plus
Il est d'un avis analogue pour ce qui regarde les donner lieu à une répartition sur les autres membres
fonctions de promoteurs ou de secrétaires des assem- du clergé. Au moment des troubles religieux elles pou-
blées et interprète le règlement qui les exclut de ces vaient avoir une grande importance, en 1703, par
places comme les empêchant seulement de les remplir exemple, le diocèse de Mende poursuivait un dégrè-
de droit et sans choix spécial. Et, enfait, les assemblées vement de 3 580 livres en conséquence des troubles des
les y nommèrent à l'occasion. Cévennes.
L'agent prêtait serment dans l'assemblée provin- Ils devaient recevoir tous les trois mois des rece-
ciale qui l'avait élu, puis il donnait avis de son élec- veurs particuliers du clergé l'état des recettes et des
tion aux syndics et s'en allait auprès des agents sor- versements à la caisse du receveur général, et assister
tants deux mois avant son entrée en charge afin de se aux redditions de comptes que les receveurs faisaient
mettre au courant des affaires. Il devait se présenter primitivement aux députés des diocèses tous les deux
à la plus prochaine assemblée qui, d'après le règle- ans, puis aux assemblées du clergé tous les cinq ans.
ment de 1646, pouvait faire renouveler le serment; Ils devaient veiller à ce que les paiements autorisés
mais il y a plusieurs exemples d'agents entrés en fonc- par les assemblées ou les contrats avec le roi fussent
tion avant de se présenter à l'assemblée. En 1583, seuls exécutés, et ils rendaient eux-mêmes leurs pro-
M. Le Roi, un chanoine, s'excuse de son retard sur les pres comptes aux assemblées du clergé.
devoirs de sa charge qui l'ont retenu à Fontainebleau. En dehors même des questions financières,ils étaient
En 1655, les agents sortant de charge, ayant voulu chargés de s'opposer à tout ce qui était contraire aux
rester en fonction jusqu'à l'assemblée qui avait été contrats, cahiers et lettres patentes et de « dire, dé-
reculée jusqu'au 25 octobre, on décida que les gages duire et remontrer » au roi et à son Conseil tout ce qui
depuis le 25 mai appartenaient aux nouveaux agents, serait utile pour le bien de la religion et du clergé, et
et on fit, en 1657, un règlement pour déclarer que les d'avertir les archevêques et syndics provinciaux de ce
anciens ne pouvaient désormais rien faire après la qui regardait leurs provinces. Ils devaient intervenir
date fixée pour leur départ et que ce qu'ils feraient dans les procès intéressant le clergé, mais ils ne pou-
serait considéré comme nul et fait sans pouvoirs. Il vaient cependant le représenter, défendre pour lui nL
y avait eu auparavant des continuations de gages qui recevoir d'assignations en son nom.
Leur intervention ne fut pas toujours admise sans 9 volumes in-fol., et un in-4°, celui des annonces de
contestation, surtout au parlement. En 1650, le garde décès. Il était recommandé aux syndics diocésains
des sceaux ayant refusé de recevoir leurs requêtes, d'avertir les agents aussitôt après leurs nominations,.
l'Assemblée lui députa deux évêques; mais comme il afin qu'ils sachent avec qui correspondre, et, en 1621,
ne voulait les recevoir qu'en tant que particuliers, on tout en allouant une indemnité aux deux agents pour
s'adressa à la reine et à Mazarin, et on obtint gain de leur voyage en Béarn, pour travailler à y rétablir le
cause. Après le règlement de 1673 qui ne les nommait catholicisme, l'assemblée décide qu'à l'avenir un seul
pas, ils s'abstinrent un certain temps d'entrer au Con- suivra la cour, l'autre restant à Paris pour « ouvrir
seil, mais en 1675, le roi le leur permit par un brevet, les paquets » et s'occuper des affaires du clergé en cet
ainsi que d'y parler toutes les fois que le chancelier endroit.
l'estimerait à propos. Pour les parlements, à plusieurs Ils avaient en outre la garde des archives et devaient
reprises et jusqu'en 1695, ils refusèrent de leur recon- posséder chacun une des deux clefs différentes ouvrant
naître le droit d'intenter une action ou d'intervenir leurs portes, ils devaient en délivrer des expéditionset
au nom du clergé, mais en avril 1695, un édit les au- n'en rien laisser emporter. A chaque changement ils
torise ainsi que les syndics diocésains à se présenter devaient les transmettre à leurs successeurs et en
devant les tribunaux comme partie principale ou inté-
ressante pour tout ce qui regarde « la religion, le ser-
vice divin, l'honneur et la dignité des personnes ecclé-
dresser un inventaire.
:
Elles ont été transportées aux Archives les livres
de la bibliothèque de l'agence sont à la Bibliothèque-
siastiques lorsque le clergé ne sera pas assemblé. » nationale.
Auquel cas ce n'est plus à eux de décider s'il convient
d'intervenir d'après les usages déjà suivis antérieure-
ment. Les frais d'intervention des agents étaient en
principe supportés par les parties qui les réclamaient;
pourtant, à plusieurs reprises, ils furent payés par le
;
Les agents, s'ils étaient curés ou chanoines, étaient
réputés présents à leur cure ou chapitre pour tout ce
qui regardait leurs émoluments ils avaient, en outre,
des gages; à leur institution on leur avait alloué
500 écus, dès l'année suivante on les porte à 2 000 li-
clergé, soit à cause des principes contestés, soit par vres à la condition qu'ils ne produiront pas de parties
égard pour les personnes. pour les voyages qu'ils seront obligés de faire. Ils pro-
Cette action sur les pouvoirs publics s'exerce sou- testent à plusieurs reprises qu'ils ne peuvent vivre à
vent auprès du roi et de ses conseils;ils interviennent la cour avec cette somme; en 1614, la Chambre ecclé-
pour l'édit de Nantes auxquel ils sont défavorables, siastique des États porte leurs gages à 4 000 livres, met
pour son interprétation, soit qu'ils défendent les ca- à leur disposition 3 000 livres pour les frais de l'agence
tholiques comme l'évêque de Pamiers (1602) que l'on et 500 écus pour les frais de justice, à charge d'en ren-
veut empêcher de reconstruire sa maison, soit qu'ils dre compte, mais elle défend à l'avenir les gratifica-
s'opposent aux sièges fleurdelisés et autres préroga- tions. Les gages furent ensuite portés à 15 livres par
tives des magistrats dans les temples protestants ou jour (5 500 livres), mais,malgré tout, les gratifications
au nombre des écoles qui paraît dépasser ce que per- continuèrent, pour services exceptionnels, voyages,.
mettait l'édit, soit qu'ils suivent la cour en Béarn cherté des vivres et atteignirentjusqu'à 18 000 livres.
pour le rétablissement de la liberté des catholiques. En plus, l'usage s'établit de donner à ceux qui étaient
En 1628, ils présentent leurs observations sur le code promus à l'épiscopat un présent de 3 000 livres pour
Michau. En 1584,le parlement de Grenoble, ayant enre- l'achat d'une chapelle. Lepremierqui l'eutfut l'abbé de
gistré les édits de Blois et de Melun avec des restric- Grignan et, malgré le soin que l'on prit pour lui d'ex-
tions, ils présentent requête au roi Henri III pour de- pliquer que c'était à cause des charges exceptionnelles
mander que les édits soient exécutés selon leur forme qui lui avaient été imposées, l'usage s'en continua.
et teneur et ils l'obtiennent.
Ils eurent souvent à intervenir à propos des arrêts Il n'y a guère de sources de renseignements spéciales aux
des parlements et à s'opposer à leurs empiètements agents généraux; leur histoire est mêlée à celle des assem-
blées du clergé, c'est dans les recueils de leurs procès-ver-
sur l'autorité religieuse. En 1583, ce sont le parlement baux, de leurs règlements et de mémoires de leurs membres
de Grenoble et les grands jours de Troyes qui veulent qu'il faut les chercher. Cependant mentionnons le t. vin
règler les visites des évêques dans leurs diocèses. En du Recueil des actes titres et mémoires concernant les affaires-
1636, c'est le parlement de Bretagne qui veut juger du clergé de France, in-fol. (de Lemerre), Paris, 1721, qui.
un prédicateur accusé d'opinions schismatiques. En contient entre autres choses ce qui a trait aux agents. Il y a
1645 et 1646, c'est le Conseil privé lui-même qui ré- leur liste qui se trouve aussi à la table du procès-verbal des
tracte des arrêts qui intervenaient dans des querelles assemblées. — Mémoires de Guillaume de Taix, in-4°,.
Paris, 1626. — Leurs circulaires cataloguées à la Biblio-
entre évêques et réguliers, puis ce sont les parlements thèque nationale, L d5. 41-49. — Les ouvrages modernes de
qui veulent juger les mêmes litiges pour Angers et M. Serbat, Les assemblées du clergé de France, Paris, 1906;
Bordeaux. Celui de Rouen, en 1700, qui prétend dé- Bourlon, Les assembléesdu clergé sous l'ancien régime, Paris,
cider de la validité des vœux d'un bénédictin. On en 1907; Cans, L'organisation financière du clergé de France à,
pourrait citer d'autres. Ils avaient aussi à veiller sur l'époque de Louis XIV, Paris, 1910, contiennent chacun un
les immunités ecclésiastiques;ainsi en 1637,par exem- chapitre sur les agents. — Il en est question aussi dans l'ar-
ple, ils font décharger les chartreux des convocations ticle de M. Maury, Revue des Deux Mondes, 1879, t. CCXLV
du ban et de l'arrière ban. et CCXLVI. — On trouve de même dans les manuscrits ceux
de l'abbé deVilliers à la bibliothèque Mazarine; dans le
Ils entretenaient avec les provinces et les diocèses portefeuille de Baluze, ms. Dupuy, DXLIII, à la biblio-
une correspondance très active; ils étaient chargés
d'avertir les archevêques des villes désignées par le
à
thèque nationale, dans le fondsGodefroid, la bibliothèque
de l'Institut et aux Archives dans les séries G8 et G8*.
roi pour les assemblées du clergé. Le règlement de la Philippe REGNIER.
Chambre ecclésiastique des États-Généraux de 1614 AGENULFUS, évêque de Mende, est un des si-
les en charge expressément. Ils convoquaient aussi gnataires du privilège de Tournus. En 876, il assista
les assemblées extraordinaires de prélats présents à la au concile de Ponthion, Monum. Germ. hisl., Capitul.
cour, ils envoyaient en outre des lettres circulaires reg. Francor., t. II, p. 349. En 878, le pape Jean VIII
pour toutes sortes de sujets; à propos des aliénations, lui adressa une lettre. Jaffé, Regesla, n. 3220.
pour rendre leur compte, pour informer les évêques de Gallia christiana, 1715, t. I, col. 88. — Devic-Vaissette,.
la mort de l'un d'entre eux; ce que les assemblées leur Hist. génér. de Languedoc, édit. Privât, t. i, p. 1117. —
recommandaient expressément à plusieurs reprises. Duchesne, Fastes épiscopaux, 1899, t. II, p. 55.
Leurs circulaires forment à la Bibliothèque nationale U. ROUZIÈS.
AGER (SAN PEDRO D'). L'abbaye nullius d'Ager, de la Torre, 1710. — Nicolas Estaun y Ciria, 1736.
dans les montagnes d'Urgel (Lérida) fut érigée au Juan Jerônimo Mateu y Mora, 1746. — Francisco —
XIe siècle par le vicomte de Castellbô, Arnaud Mir de Estebe y Ferrer, 1750. — Mariano Zabater, 1773.
Tost, dont les armes enlevèrent toute la contrée de Mariano Escudero, 178. — José Barnola y Puig, —
Montsech, et en grande partie celle de Balaguer, aux
principautés arabes de Huesca et Lérida. Lors de la
1791. - Antonio Ros, 1806.
Villanueva, Viage literario, Valencia, 1821, t. IX, p. 60.
conquête d'Ager, vers 1035, Arnau y trouva un mo-
nastère de clercs réguliers qu'il favorisa princièrement — Bofarull y Mascaro, Colecciôn de documentos inedilos del
archiva general de la Corona de Aragon, Barcelone, 1853,
et mit sous la dépendance directe du Saint-Siège, t. ix et x. — Miret y Sans, Investigaciôn histôrica sobre el
moyennant l'énorme somme de mille pièces d'or qu'il Vizcondado de Castellbô, Barcelone, 1900, p. 68.
offrit aux papes Nicolas II et Alexandre II. C'est en — Bolelin
de la Real Academia de la historia, t. XXXVI, p. 410.—
1067 que le monastère devint officiellement indépen- Torres Amat, Memorias para ayudar Ú formar un diccionario
dant de l'autorité épiscopale d'Urgel et qu'on lui assi- critico de los autores catalanes, Barcelone, 1836, p. 180.

gna comme territoire propre la petite ville d'Ager et Riera y Sans,Diccional'io geogràfico, historico de Espana,
bon nombre de communes dont la juridiction ecclé- Barcelone, 1881, t. I, p. 280. — Lamperez y Romea, Histo-
ria de la arquitectura cristiana espanola en la edad media,
siastique et civile serait exercée par l'abbé; et en plus,
quantité de domaines que le fondateur lui fit donner
-
Madrid, 1908, t. i, p. 400. Boletin de la Associacio cata-
lanista d'excursions cientificas, Barcelone, 1886, p. 315.
par son testament de 1071. L'abbaye fleurit du XIe L. SERRANO.
au XIVe siècle, sous la constante protection des vi- AGERADUS, 34eévêquedeChartres,àlafinduvii
comtes de Castellbô, ses patrons séculiers, augmentant siècle. Son nom a été identifié avec celui d'Aclaldus
son influence sur toute la contrée aussi bien que ses signataire d'une charte mancelle datée du mois de
dépendances, malgré les obstacles que les évêques juin 683 (cf. Julien Havet, Bibl. de l'École des chartes,
d'Urgel et Lérida y mettaient; au XIVe siècle, elle t. LV, p. 325) et des textes plus récents le nomment
avait en propre plus de quarante communes et pa- Agirardus, Aidradus, Airardus, Aicardus, Haigradus,
roisses et la suzeraineté de Baylio de Monmagastre; le et Haigrandus,mais le premier témoignage précis con-
pape Benoît XIII, Pierre de Luna, accorda à l'abbé cernant cet évêque date de l'année 688 ou 689, époque
Vincent Segarra, son ami, l'usage des pontificaux avec à laquelle il assista au concile de Rouen, où fut dé-
faculté de conférer la tonsure et les ordres mineurs livré le privilège pour l'abbaye de Fontenelle. Si les
aux clercs de sa juridiction. Ayant été sécularisée par documents concernant Ageradus sont rares, un seul,
Clément VIII, en 1592, à la prière de Philippe II qui par son exceptionnelle valeur, nous permet de re-
obtint du pape la suppression de tous les monastères gretter moins la perte de tous les autres.C'est une très
de chanoines réguliers de la Catalogne, l'abbaye d'Ager belle charte sur parchemin dont l'original est aujour-
devint collégiale nullius; l'archiprêtre ou recteur était
nommé par le roi de Castille, successeur direct des an-
ciens vicomtes de Castellbô, Ager et Pallas, et exer-
:
d'hui conservé aux Archives nationales à Paris (K 3,
n. 11, Musée AEII, n. 21), après avoir fait partie des
archives de l'abbaye de Saint-Denis avant la Révo-
çait la juridiction ordinaire des anciens abbés; le petit lution. Cette charte, qui représente le plus ancien
diocèse fut divisé en quatre cantons; mais nombre de document chartrain dont l'original soit parvenu
ses dépendances étaient assignées à l'entretien de jusqu'à nous, fut expédiée par ordre d'Ageradus, le
l'université ecclésiastique de Lérida. La collégiale 6 mars 696 et souscrite de la main d'un grand nombre
nullius d'Ager disparut lors du concordat de 1851; de métropolitains et d'évêques, réunis dans une loca-
elle et ses paroisses furent attribuées au diocèse d'Ur- lité appelée Captonaco, nom que l'on a traduit à tort
gel; la belle église romane du XIe siècle reste encore par Chatou et qui serait plus vraisemblablement re-
debout; ses riches archives devinrent la proie des présenté aujourd'hui par le vocable Chatenay. Ce
flammes lors de la guerre civile de 1838, époque où la document nous offre un beau spécimen de l'écriture
ville d'Ager fut presque entièrement détruite par les mérovingienne et le grand nombre de souscriptions
carlistes.
:
Nous signalerons au nombre de ses abbés Pierre
d'Urrea, archevêque de Tarragone (1445-1489), célè-
autographes qu'il renferme lui donne une valeur
unique; nous l'avons étudié et reproduit en photo-
typie et en grandeur naturelle dans un travail inti-
bre politicien et patriarche d'Alexandrie au temps de tulé : Documents chartrains du VIIe siècle et publié
CalixteIII, son ami; Barthélemy Marti, évêque de Se- en janvier 1909 dans la Revue des archives historiques
gorbe, compatriote d'Alexandre VI, et cardinal en du diocèse de Chartres.
1496; Laurent Pérez, évêque de Nicopolis, fondateur La charte d'Ageradusa pour objet la confirmation
d'un hôpital à Ager; Michel Marimon, évêque de Sol- d'un privilège concédé par son prédécesseur, l'évêque
sona et frère d'un autre évêque de Barcelone. Deodatus, à un monastèrefondé par la mère de celui-ci,
LISTE DES ABBÉS, d'après Villanueva : Lanfranc, nommée Adreberctana, et confié aux soins du diacre
1037. — Guillaume Ramon, 1056. — Pedro Guillem, Chrotcharius, moine de Saint-Denis, qui fut le pre-
1083. — Bernardo, 1115. — Arnaldo, 1124. — Guil- mier abbé de cette maison. Il résulte des travaux
lermo, 1157. — Raimundo, 1162. — Arnaldo, 1190. — dont cette charte a été l'objet qu'il s'agit du monas-
Raimundo Rubiô, 1201. — Bernardo de Tragô, 1226. tère de Notre-Dame de Bourgmoyen à Blois, jadis
— Arnaldo de Ager, 1257. — Andrés, 1295. — Hugo situé dans le quartier (bourg) central de Blois, d'où
de Cervellô, 1333. — Guillermo de Agullô, 1341. — son nom, entre le bourg Saint-Jean etle bourg du
Francisco de Monllor, 1348. — Bernardo de Vernet, Fort-Foix et dont les édifices claustraux sont aujour-
1395. — Vicente Segarra, 1407. — Juan Alonso, 1433. d'hui utilisés par le collège communal de Blois. Après
— Bernardo Guillem, 1442. — Pedro Calvo, 1455. — avoir abrité des moines observant la règle de Saint-
Pedro de Urrea, 1464. — Bartolomé Marti, 1466. — Benoît comme à Saint-Denis, Bourgmoyen reçut, au
Antonio de Provenza Aguilo, 1476. — Lorenzo Pérez, temps de Calixte II (1123), des chanoines réguliers
1503. - Juan Sobrino, 1542. — Bernardo Marles de
Mallo, 1557. — Jerônimo Cardona, 1566.
de l'ordre de Saint-Augustin,fut réformé en 1210 par
Manassès, évêque d'Orléans, et entra, en 1647, dans
ARCHIPRÊTRES. — Antonio Puigvert, 1605. — Je-
rônimo Roure, 1608. — Andres Pujol, 1623. Fran- - la congrégation de France. D'ailleurs, saint Dié (San-
ctus Dcodatus), évêque de Chartres, est l'objet d'un

-
cisco Broquetas, 1635. — Juan Tort, 1644.— Andrés
de Perpifiân, 1662. Francisco Ciscary de Gravalesa,
1662. — Miguel de Marimon, 1705. — Vicente Vinials
culte local particulier au Blésois et les auteurs du
Bréviaire de Blois ont tiré parti de la charte d'Agera-
dus pour faire connaître la légende de saint Dié. Bre-
viarium Blesense, Paris, 1737, pars æstiva, 26 juin, du Mans (27 mars 616), comme ayant passé un con-
p. 406-407. trat de vente avec ce prélat. Pardessus, Diplomata,
L'intervention de l'évêque de Chartres ne doit pas Paris, 1843, t. i, p. 206. Il mourut en 618 ou 619,
nous étonner puisque Blois faisait partie du diocèse après un épiscopat de 3 ans et 2 mois.
de Chartres avant 1697, date de la création de l'évê- A. Salmon, Recueil de chroniques de Touraine, Tours,
ché de Blois. Ageradus ne se contenta pas de con- 1854, p. 88, 175, 213, 297.— Gallia christiana, 1856, t. XIV,
firmer leprivilège de son prédécesseur Deodatus, et col. 26. — L. Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne
les donations d'Adreberctana qui étaient directement Gaule, Paris, 1899, t. II, p. 305.
soumises à sa surveillance conformément au droit U. ROUZIÈS.
ecclésiastique de l'époque mérovingienne. Il accorda 2. AGERICUS (Agricus, AEgiricius), abbé de Saint-
encore de précieux privilèges aux moines du nouveau Martin de Tours dans le dernier quart du VIle siècle.
monastère. Ceux-ci sont exemptés de tous les droits Il se rendit à Rome sous le pontificat d'Adéodat (672-
de gîte et de procuration et l'évêque de Chartres ve- 676), et obtint de ce pape une charte d'exemption
nant auprès d'eux ne devra pas tirer profit des consé- pour son monastère. L'authenticité de ce document,
crations et ordinations qu'il fera. De plus, à la mort conservé dans deux exemplaires s'écartant assez l'un
de leur abbé, les moines eux-mêmes éliront librement de l'autre, a été mise en doute à diverses reprises.
son successeur, toutefois ils devront avoir égard non Saint Ouen de Rouen raconte, dans sa vie de saint
à la naissance mais au mérite personnel. Enfin, nul Éloi, que, peu après la mort de ce saint, ses reliques
au monde ne pourra et ne devra jamais essayer de furent l'objet d'un miracle au cours duquel intervint
s'emparer des biens du monastère et exiger des moines Ægericus, « abbé de la basilique de Saint-Martin à
des redevances quelconques. Tours. » La date de la mort d'Agericus est inconnue.
Un grand nombre de métropolitains, ceux-ci por- Actasanct,1675, april.t.II, p.30-31.—Achery(D.Lucd'),
tant encore simplement le nom d'episcopus, et d'évê- Spicilegillm, Paris, 1723, t. II, p. 120 : Vila sanctiEligii
ques, approuvant les décisions d'Ageradus, signèrent episcopi, 1. II, C. LXVII. — Jaffé, Regesta pontif. roman.,
la charte après lui. Ces souscriptions sont toutes au- 1885, t. 1, p. 237.

:
tographes et nous connaissons la plupart des évêques
qui ont signé. Ce sont Gœricus, de Sens, Gripho, de
Rouen, Ansebercthus,d'Autun, Ebarcis, de Tours ou
U. ROUZIÈS.
3.AGERICUSou AGARICUS, évêque d'Embrun,
convoqué, en 828, au concile de Lyon, présidé par
peut-être de Nevers, Ayglibercthus, du Mans, Tre- Agobard et dont les actes sont perdus. Bohmcr-Mühl-
tecor, d'Auxerre, Ansoaldus, de Poitiers, Ermeno, bacher, Die Regeslen der Karolinger, 1889, t. i, p. 303.
de Limoges, Soabericus, d'Orléans, Turnochaldus, de Gallia christiana, 1725, t. III, col. 1066.
Paris, Constantinus, de Beauvais. Plusieurs de ces U. ROUZIÈS.
souscriptions sont suivies de notes tironiennes ce qui 4. AGERICUS, évêque de Verdun. Voir AIRY
nous montre que les évêques étaient choisis parmi les (Saint).
clercs instruits et que l'étude des notes tironiennes
:
était en honneur dans la plupart des écoles monas-
tiques. La mention Gratias verboDomini in omnibus,
placée par Soabericus, évêque d'Orléans, après sa
MÈS
AGGÆUS (Saint), martyr,
(Saint).
4 janvier. Voir HER-

souscription, témoigne d'une certaine habitude de


l'écriture tironienne. Chaino, abbé de Saint-Denis, a
souscrit le dernier au bas du parchemin.
:
AGGAR. Évêché d'Afrique, plusieurs fois men-
tionné dans les documents ecclésiastiques 1° à la con-
férence entre les catholiques et les donatistes, tenue à
On voit que la charte d'Ageradus, expédiée le Carthage en 411, prit part, du côté catholique, Emi-
6 mars 696, sous le règne de Childebert III, mérite à lianus episcopus AGGÉRITAIS'US (col. 655); il avait
tous égards d'attirer l'attention des historiens et des un compétiteur donatiste, Candorius cpiscopus AGGE-
paléographes. RITAXUS. Gesta collationis habitœ inicr episcopos catho-
Gallia christiana, 1744, t. VIII, col. 1101-1102. — L. Du- licos et donatistas, i, c. cxxvi, CXLIX, CLXIII, Mansi,
chesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, Paris, 1899, Sacr. concil. nova et ampliss. collect., t. iv, col. 100,
-
t.II, p. 425. A. Dupré, La plus ancienne charte du Blésois, 128, 130, 265, 270; — 2° Filtiosus AGGARITANUS et
-
dans Le Loir-et-Cher historique, archéologique, scientifique,
artistique et littéraire, 1895, col. 289-292. Ch. Hardel,La
charte d'Agirard (évêque de Chartres, 696), relative à la fon-
Donatus AGGARITANUS assistèrent l'un et l'autre à l'as-
semblée qui se tint à Carthage, sous Hunéric, en 484;
ils appartenaient à la Byzacène. Notitia provinciarum
dation del'abbaye deNotre-Dame de Bourgmoyende Blois,
ibid.,col. 368-372.-—MauriceJusselin, Documents chartrains et civitcitum Africoe, Byzacena, 29, 108, édit. Halm,
du vite siècle,dans la Revue des archives historiques du diocèse p. 67, 68, 73; P. L., t. LVIII, col. 272, 273,319, 333.
de Chartres, Chartres, 1909, p. 1-11. Leur présence simultanée prouve l'existence de deux
M. JUSSELIN. évêchés du même nom dans cette province. Les ten-
AGERAN (Saint), martyr. Ageran, dit aussi Ayran, tatives faites pour les identifier n'ont abouti jusqu'à
Ayramne et Ayrman, était moine à Bèze (Côte-d'Or). présent qu'à des résultats bien problématiques. On
Lorsque les Normands, sur le conseil de Charles le peut toutefois supposer, avec Tissot, Géogr., t. II,
la
: :
Gros, envahirent la Bourgogne (886 à 889), plupart
des moines de Bèze se cachèrent ou s'enfuirent. Seuls
demeurèrent dans le monastère un prêtre, Ansuin;
cinq moines Ageran, Genez, Bérard, Sifrard, Rodron,
et un tout jeune enfant, Adalric. Tous les sept furent
p. 744, quel'une de ces villes—celle dont parle Hirtius,
Bell. Afr., c. LXVII, 1, et LXXIX, 1 — correspond à
Beni Hasseïn, à 25 kilomètres au sud-ouest des ruines
de Thapsus; puis, avec M. Cagnat, dans Tissot, ibid.,
p. 577, et M. Monchicourt, Bull. arch., 1909, p. 112-
égorgés, en 888, par les pillards et le monastère fut à 115, que l'autre se trouve à Henchir Sidi Amara, au
peu près anéanti. Cet événement est rapporté par la nord-ouest de Kairouan, dans la région d'Uzappa.
Chronique de Bèze. Ageran et ses compagnons sont Quant à l'oasis de Nefta (Aggarsel Neple), tout au
honorés comme martyrs le 21 mai. sud de la Byzacène, je ne sais trop pourquoi on l'a
P. L., t.CLXII, col. 888 (dates fautives). — Roussel, Dio-
fait entrer en ligne de compte. De toute façon, il
cèse de Langres, Langres, 1873, t. i, p. 141. Cf. Klein- n'est pas possible d'assigner aux deux évêques l'un
clausz, Histoire de la Bourgogne, Paris, 1909, p.—66. de ces sièges plutôt que l'autre.
P. FOURNIER. Morcelli et, à sa suite, Mgr Toulotte distinguent
1. AGERICUS ou AIGIRICUS, évêque de Tours, Aggar et Agger, sans motif suffisant. Aggeritanus doit
mentionné dans le testament de saint Bertram, évêque être une simple erreur de copiste; c'est pourquoi je
n'ai pas hésité à inscrire ici Æmilianus et Candorius Il prononça ses vœux chez les carmes, à Malines, le
de la conférence de 411. On peut en dire autant des 9 septembre 1456, puis étudia la théologie à leur
formes Accaritanus, Accharitanus et Acharitanus. collège de Louvain, sous le savant P. Godefroy de
Toutes trois sont des corruptions de l'ethnique Loe; il prit ensuite ses grades à l'université, jusqu'au
Aggaritanus. Voir les variantes de Pline, Nat. hist., doctorat, qu'il obtint en 1474. Nommé régent des
v, 4, édit. C. MayhofI, Teubner, 1906, t. i, p. 372; études au couvent de Grammont (1477). prieur de
et Tissot, Géogr., t. ir, p. 770, n. 1. celui de Bruxelles (1490), il renonce à cette charge
Corpus inscriptionum latinarum, t. VIII,suppl.,p. 1250. pour aller fonder le couvent d'Anvers, où il demeure
-Morcelli,Airica christiana, Brescia, 1816-1817, t. 71-
72. -Notitia dignitatum,Gams, i, p.
édit. Bôcking, Bonn, 1839-1853,
comme régent et définiteur provincial. Il mourut
:
à Malines, en 1496. On a de lui Oratio latina ad

bonne, 1873, p. 464.


la -
t. II, Annot., p. 647. — Series episcoporum, Ratis-
Ch. Tissot, Géographie comparée de
provinceromained'Afrique, Paris, 1884-1888, t.II, p. 577,
Universitatem Coloniensem; Conciones ad populum;
Commentarii in Magistrum Sententiarum, lib. IV,
Ms.; Prima fundatio conventus Antwerpiensis Carme-
685, 744, et l'index p. 823, atlas pl. x et xix. — Cagnat, litarum.
(IVe) Rapport sur une mission en Tunisie, dans les Archives
des missions scientifiques et littéraires, 188S, t. XIV, p. 33. Valère André, Fasti academici Studii generalis Lovanien-
1886, p. 82; Trésor de chronologie, 1889, col. 1865. -
— De Mas-Latrie, dans Bulletin de correspondance africaine,
lotte (Mgr), Géographie de l'Afrique chrétienne, Rennes-
Tou-
sis, Louvain, 1650, Doctores, promotio 1474, p. 93. —
Paquot, Mémoires pour servir à l'histoire littéraire des Pays-
Bas, Louvain, 1768, t. XII, p. 307-309. — Ul. Chevalier, Bio-
Paris, 1892-1894, Byzacène, p. 40-43. — Joh. Schmidt,
;
Aggar, dansPauly-Wissowa, Real-Encyclopiidie, t.I,col. 807.
-Ch. Diehl, L'Afrique byzantinc, Paris,1896 index, p. 622.—
Toutain,Les cités romaines de la Tunisie, Paris,1896,p.401.—
bibl., t. i, col. 66. — De Villiers, Bibliot. carmelit., Orléans,
1752,1.1, col. 565. — Daniel a Virgine Maria, Spec. carmelit.,
Anvers, 1680, p. 970, n. 3409.
P. MARIE-JOSEPH.
Allasarchéologiquedelà Tunisie,9elivraison,1903,feuillede
Djemmal, n° 80. — Monchicourt, Note sur la position de la AGGLETRUDE. Voir ADELTRUDE (Sainte),
ville d'Aggar ou Agger (Tunisie), dans le Bulletin archéo- col. 532.
logique du Comité des travaux historiques, 1909, p. 112-115.
Aug. AUDOLLENT. AGGSBACH ou AXSPACH et AXPACH. Char-
AGGAR ou AGGARUS. Évêque d'Afrique men- treuse de la basse Autriche, située sur la rive gauche
tionné dans une lettre du pape saint Léon Ier, du du Danube, au diocèse de Vienne, appelée la maison
10 août, probablement de l'année 446. Cette lettre de « la Porte de la Vierge Marie ». Bien que la première
est adressée aux évêques de Maurétanie Césarienne; charte de la fondation soit de l'année 1380. octava die
Aggar devait donc appartenir à cette province. Le post cœnam Domini, D. Charles Le Couteulx dans ses
;
pape a appris qu'il existait en ce pays certains évêques
indignes de leurs fonctions il se prononce immédia-
tement sur les différents cas qui lui ont été signalés.
Annales ordinis Cartusiensis, t. VI, p. 257-258, cite le
texte d'une disposition du chapitre général de la
même année, qui démontre que la maison d'Aggsbach
Il en excepte deux pourtant, ceux d'Aggar et de son était déjà habitée par une communauté sous la direc-
collègue Tyberianus; non point parce qu'ils ont tion d'un prieur. Le fondateur Heydenric de Meyssaw
été promus à l'épiscopat, de simples laïques qu'ils mourut en 1382 et sa femme Anne, co-fondatrice, ter-
étaient — d'autres ont été aussi exemptés des degrés mina sa vie en 1386. Leurs enfants, Jean et Georges de
inférieurs de la hiérarchie —mais à cause des troubles Meyssaw complétèrent, en 1387,l'œuvre commencée
qui ont accompagné leur ordination. Les évêques de par leurs parents. Cf. op. cit., p. 392-395. En 1386, le
Maurétanie, après enquête, indiqueront au pape chapitre général nomma un nouveau prieur, dom Mi-
leur opinion sur ces faits; il se prononcera ainsi en chel, religieux de la maison de Prague. Ibid., p. 377-
connaissance de cause. Cap. VII : De Aggaro vero et 378). Vers 1450-1460, était prieur d'Aggsbach un cer-
Tyberiano, quorum a ceteris, qui ex laicis ordinati tain D. Vincent, savant écrivain ascétique dont on a
sunt, in hoc caussa diversa est, quod eorum ordina- un Dialogue sur les occupations d'un chartreux dans sa
tioni atroces tumultus et sævæ seditiones memorantur cellule, imprimé dans le t. IX de la Bibliotheca ascetica
esse famulatæ, vestro judicio cuncta commisimus : ut de Pez, et plusieurs lettres imprimées dans le t. VI
relata habiti apud vos examinis fide, quid de supra- du Thesaurus anecdotorum du même auteur. L'abbaye
dictis statuendum sit scire possimus. de Mœlch, en Autriche,possédait encore au XVIlIC siècle
Mansi, Sacrorumconciliorum nova etamplissima collectio, plusieurs autres ouvrages mss. de D. Vincent. Cf. Bi-
1761, t. v, col. 1257-1273. — P. L., t. LIV, col. 645-656, blioth. ascetica de Pez, t. VII, n. 20. Dans les Ephe-
1515.—Jafïé,Regesta pontificumromanorum,Leipzig, 1885, merides ord. cart. de dom Le Vasseur, on trouve
t. I, n. 410, p. 60-61. des renseignements biographiques sur trois autres
Aug. AUDOLLENT. prieurs d'Aggsbach, dom Jean Span, + 3 février 1460;
AGGARBATI (GIUSEPPE), augustin, né à Civita- D. Guillaume Triphseus, + 31 août 1600; D. Georges
nova, dans la Marche d'Ancône, le 13 février 1813. En Hayd, + 27 avril 1634. Dom Thomas était prieur le
1828, il embrassa la vie religieuse dans le couvent de 15 juillet 1523; Dom Étienne était prieur le 17 mai
Tolentino,et après avoir achevé ses études à Fermo et
à Pérouse, obtint le diplôme de magister theologiæ, en
et le 4 décembre 1533, dom Jean était prieur le
12 mars 1553; dom Jean Hancius mourut prieur en
1849. En 1852, il fut nommé professeur de philosophie 1592, il avait exercé la même charge à Würzbourg.
morale à l'université de Pérouse, en 1859, provincial Dom Georges Gingland fit le sermon au chapitre
de l'Ombrie, et en 1865, procureur général de son général de 1650, et son obit fut dénoncé en 1653.
ordre. En 1867, Pie IX l'éleva au siège épiscopal de Dom Matthias Thanner, + 1648, écrivain ascétique, ap-
Sinigaglia. Une grave maladie l'obligea à renoncer à partenait à la chartreuse d'Aggsbach. Cette maison
son siège en 1879. Sa mort eut lieu l'année suivante. fut supprimée en 1782 par l'empereur Joseph II. Le
Lanteri, Eremus sacra augustiniana, Rome, 1874, t. i, docteur Lampel a publié une liste des prieurs, 1377-
p. 164-166. — Sbardelli, Elogio funebre di Mgr Giuseppe 1714, et des documents historiques, sur la chartreuse
Aggarbati, vescovo di Senigallia, Civitanova, 1880. d'Aggsbach dans les Blcitter des Vereines fur Landes-
A. PALMIERI. kund von Niederôsterreich, Vienne, 1899, t. XXXIII,
AGGERITANA (Ecclesia). Voir AGGAR, col. 950. p. 351-361.
S. AUTORE.
AGGERMANN ou DE CATTENDYCK (JEAN) AGGUS, évêque de Périgueux, non signalé dans le
naquit, vers 1438, dans l'île de Beveland-Sud (Zélande). Gallia christiana, n'est connu que par les suscriptions
du concile de Paris de 614 où son nom figure vers la fin. part des chefs religieux de son pays, Grigoris resta
Jionum. German. hist., Concilia, t. I, p. 192. célibataire. Faustus, Moïse de Kh., loc. cit. Assez
Duchesne, Fastes épiscopallx. 1899, t. I, p. 88. longtemps, les catholicos albanais résidèrent à Bar-
U. ROUZIÈS. dav sur la rive gauche de la Terter, affluent droit du
AGGYA. Voir AGBIA, col. 925. Kour. Les Aghouans prirent part aux luttes héroïques
AGHADOE. Voir KERRY. ;
soutenues contre les Perses par les Arméniens (an-
née 450 et suiv.) Elisée Vartabed et Lazare de Pharbe,
trad. franç. dans la Collect. des histor. arméniens,
AGHBIANOS (AGHPIANOS, ALBIANOS, de Langlois, t. II, Paris, 1869. En 488, sur l'initiative
ALBIN), ancien prêtre des idoles l'un des pre- du pieux roi Vatchagan, un important synode fut
miers prêtres et évêques consacrés au début du tenu à Bardav. Voir Fr. Tournebize, Hist. polit. et
IVe siècle,par saint Grégoire l'Illuminateur, l'apôtre relig. de l'Arménie, p. 357-360.
de la Grande Arménie. Voir Agathange, dans Acta Le catholicos arménien Nersès II, vers 554, ayant
sanci., sept. t. vin, n. 154; Langlois, Collect. des rompu avec l'Église universelle, son successeur
hist. de l'Arménie, I; version arabe du Codex sinaï- Jean II (557-574) entraîna le catholicos d'Albanie,
licus, n. 460, avec trad. russe par N. Marr, dans Zll- Ter Abbas, dans son parti. Plus tard, le catholicos
piski, 1905, t. XVI, fasc. 2-3, p. 136-137. Aghbianos arménien Élie ou Eghia Ardzichetsi (703-717) déter-
fut envoyé par Grégoire à Pakrévant et dans les mina le calife à emprisonner le catholicos Nersès
régions voisines du haut Euphrate (Bagranvedène Pagour, rallié au concile de Chalcédoine. Il réunit
dans l'Ararat). Sa principale charge fut celle d'au- ensuite un synode à Bardav et fit élire le successeur
mônier de la cour et de l'armée (n. 155). Deux satrapes de Pagour. Voir Étienne Açoghig, Hist. d'Arménie,
arméniens qu'il avait inutilement essayé de réconci- 1. II, c. ii, trad. allem. de Gelzer etBurckardt, Leipzig,
lier ayant été exterminés, le roi Khosroès le Petit 1907, p. 74. Jean Catholicos, trad. Saint-Martin, c.XIII.
lui donna les possessions du chef des Manavazian, A partir de ce moment, les divergences religieuses
Manazguerd et ses alentours. Cf. Faustus, 111, 4. Ses officiellement proclamées par le catholicos Nersès II

:
descendants devinrent les rivaux de la famille de
Grégoire plusieurs furent catholicos et représen-
tèrent le parti royal, visant à l'autonomie, à l'opposé
au synode de Dovin (554) se maintinrent chez les
Aghouans. Elles n'ont point disparu au XIIe siècle,
quand le catholicos est venu siéger au monastère
des grégorides, qui, plus indépendants des rois, vou- de Gantsassar, près de Kantsag ou Gandjah (Eli-
laient d'ordinaire l'union avec les grecs et l'Église r sabethpol) sur la Gandja-tchaï, affluent de droite
universelle. du Kour. Les évêques du dernier synode catholique
de Sis (1344-1345) signalent encore dans l'Église
Faustus,Biblioth. hist. ouHist. des Armén., Venise, 1889, d'Aghouanie ces divergences et l'usage de trans-
en arménien; trad. franç. dans Langlois, Collect. des hist. mettre d'oncle à neveu les hautes charges ecclésias-
de l'Arménie, Paris, 1867, t. I, p. 228, 293, 307, 308. —
Moïse de Khorène, Histoire d'Arménie, texte armén. et tiques. En raison de son peu d'importance, le catho-
c.
trad. franç., 2 vol., Venise, 1841, 1. III, XXXIX et XL. licat d'Aghouanie a été supprimé par les Russes, au
Fr. TOURNEBIZE. commencement du XIXe siècle.
AGHOUANIE (ALBANIE DU CAUCASE),
ainsi appelée, prétendent Moïse de Khorène (II, 8) et Guiragos de Kantsag, Hist. d'Arménie, trad. Brosset,
Saint-Pétersbourg, 1870, p. 99. — Mansi, Concil. ampl.
Açoghig (I, 5), en souvenir d'un chef de la maison de
Sissag, surnommé Aghou, le doux ! Les latins de -
collect., t. xxv, col. 569-577. Ilist. des crois., docum. arm.,
t.II, p. 593, note, et p. 628. — Indjidjian, Géogr. anc., p. 301.
leur côté appelèrent souvent catholicos des colombes
le catholicos des Aghouank, à cause de la ressem-
- Nloïse Gaghangadovatsi,Hist. des Aghouans, Paris, 1860,
2 vol. in-8°, extraits traduits par E. Boré dans Xoiw.
blance entre le terme Aghouans et le mot arménien
Aghavni qui signifie colombe. L'Aghouanie s'étendait
-
ann. de voyages, Paris, 1848, t.n, p. 53-93. Hist.du pays
des Aghouans par le vartabied Johannès de Dzar (XVIIIe
à l'est de l'Ibérie, sur les bords du Kour ou Cyrus, siècle), c. LIV du livre d'Histoires par Arakel de Tauris,
jusqu'à la mer Caspienne. Elle ne comprenait que les traduct. et annot. de Brosset dans sa collect. d'Hist. armén.,
régions appelées aujourd'hui Chirvan avec une par- Saint-Pétersbourg,1874, t. i, p. 553-562. — Hist. d'Agho-
uanieparlecatholicos Esaï Hasan-Dchaliantz (xvinesiècle),
tie du Daghestan. Géogr. attribuée à Moïse de Kho- dans Brosset, t. il, p. 191-220. — Brosset, trad. de
rène, Venise, 1881, éd. Soukry, n. 21, p. 39; Ptolé- l'Hist. de Siounie d'Étienne Orbélian (in-4°), Saint-
mée, v, 12; Pline, VI, 29, 39. Elle a été parfois com- Pétersbourg, 1864 et 1866. — Barkoutariants Macaire,
prise en partie sur la droite du Kour, ou même con- Histoire des Aghouans ou Albaniens, Edschmiadzin, 1902,
fondue partiellement avec l'Ibérie, ou pays de Virk
des Arméniens. Voir Faustus de Byzance, Biblioth.
hisior., 1. V, c. XV; Saint-Martin, IIém.stir l'Arménie,
ménie,1909, t.
224 p. — Fr. Tournebize, Hist. polit. et relig. de l'Ar-
i, p. 59,80,99,103,114,118,124,125,133,
140, 153, 210, 276, 346-348, en note, 356-360 en note.
Rev. de l'Orient chrétien, 1906, n. 3, p. 275-279, en note;
t.1, p. 149,213, etc. L'Aghouanie, c'est-à-dire la région 288,292,299, etc. — P. Petit, Dictionn. de théol. de Vacant,
du bas Cyrus paraît avoir été évangélisée très peu de art. Arménie, t. i, col. 1097.
temps après l'Arménie. Voir ce nom. Suivant Moïse Fr. TOURNEBIZE.
Gaghangadovatsi citant un document du Ve siècle,un
évêque consacré dans « la ville de Rome »
aurait été
envoyé chez les Aghouans par l'intermédiaire de Tiri-
AGHTHAMAR, dans l'une des deux îles du lac
de Van, à l'angle sud-est de ce lac, et siège d'un ca-
tholicos de l'Église arménienne non-unie. Ce fut David
date et les aurait convertis. Cf. Moïse Gagh., i, 11, Thorniguian qui érigea son siège épiscopal en catho-
p. 14-22, lettre du catholicos Kioud, 461-478, au licat, l'an 1113. Grégoire III Bahlavouni, alors seul
roi aghouan Vatché; A. Manandian, Beilrdge zur catholicos pour toute l'Arménie, excommunia son
alban. Gesch., Leipzig, 1897, p. 24. Quoi qu'il en soit, rival dans un synode tenu dans un couvent de la
l'Église des Aghouans fut, dès le premier quart du Montagne-Noire (Siav Liarn). Grégoire VII d'Ana-
IV siècle, unie avec celle des Arméniens. Grigoris, fils zarbe, catholicos de Sis (1293-1307) leva l'excommu-
de Verthanès, fils lui-même de Grégoire l'Illuminateur nication. La restauration du catholicat d'Edsch-
(v. ces noms), occupa, dès sa seizième année, le siège miadzin par Guiragos Virabetsi en 1441, la fondation
épiscopal dans les pays des Ibériens et des Aghouans. du patriarcat arménien de Constantinople en 1461,
Faustus de Byzance, Bibl. hist., III, 5; Moyse de
1. par Joachim évêque de Brousse, firent tomber les
Khor., III, c. III; Moïse Gagh, t. i, c. XIV, XXI, dernières oppositions contre le siège d'Aghthamar.
Paris, 1860, en arménien. A la différence de la plu- Mais ce catholicat fut dès lors sans importance.
Aujourd'hui, le siège vacant, depuis 1895, par la à l'une des premières places de la magistrature, tous
mort du catholicos Khatchadour (Poghonistsi),Chi- les gouvernements. D'abord président du tribunal
rozian 1864-1895, reste encore occupé seulement par révolutionnaire régénéré qui condamna Fouquier-
un vicaire. La juridiction de ce siège s'étend sur Tinville et disparut après trois mois, juré suppléant
le diocèse d'Aghthamar qui compte 193 églises et à la haute-cour de Vendôme qui jugea Babeuf, il de-
41 couvents et sur le diocèse de Khizan comprenant vint, sous le Consulat, juge à la cour d'appel de la
109 églises et 17 couvents.
F. Tournebize, Hist. politiq. et relig. de l'Armén., Paris,
1909, p. 145, 150, 235-236, 307,317, 366, 373-374, 380.
Seine; en 1802, il y succéda à Treilhard comme pré-
sident. La Restauration le laissa à ce poste il est
vrai qu'il avait donné comme gage au nouveau régime
:
d'organiser la cour prévôtale de la Seine; il mourut
— Brosset, Collect. d'hist. armén., Saint-Pétersbourg, 1874, à ce poste en 1823. Agier appartient à l'histoire reli-
t. i, p. 257, 262. — Pour les titulaires du siège, 1113- gieuse. Comme Camus, Treilhard et beaucoup d'autres
1895, cf. Entarzag oratsoits (Calendrier général de l'Hô-
pital des Armén.), Constantinople, 1908, p. 180-181, légistes de son temps, il était gallican et janséniste. Il
345-347. fit partie de ce conseil d'avocats qui, sous la prési-
Fr. TOURNEBIZE. dence de Faure, rendit une Consultation sur une ques-
AGIA, mère de saint Loup, archevêque de Sens,est tion importante relative à l'article I du rapport du Co-
aussi connue sous le nom d'Austregilde. Elle était mité ecclésiastique sur la Constitution civile du clergé.
sœur de saint Austrène, évêque d'Orléans, et de saint Il s'agissait de cette question posée par Saurine : « La
Aunaire, évêque d'Auxerre, et habitait, suivant une puissance spirituelle peut-elle contester à l'Assemblée
tradition orléanaise, avec son mari Betton ou Bernon, nationale le droit d'ériger et de supprimer les évêchés?»
issu comme elle de sang royal, un château situé sur les Le conseil répondit par la négative et cela valut à
bords de la Loire, au lieu où s'éleva plus tard l'abbaye
de Saint-Loup-des-Vignes. Elle fut après sa mort
l'objet d'un culte et ses reliques déposées à Orléans,
,
Agier une Lettre de Jabineau soutenant la thèse con-
traire. Cf. Barruel, Collection ecclésiastique 5e vol.,
Paris, 1791, p. 536-558. En 1800, membre d'une com-
dans l'église de Saint-Aignan, y furent longtemps
vénérées. :
mission consultative sur les projets du code civil, il
publia à cette occasion un livre intitulé Du ma-
riage dans ses rapports avec la religion et avec les
Acta sanctorum, 1746, sept. t. I, p. 266. — La Saussaye, 2
lois nouvelles de la France, frimaire an IX, in-12, « ou-
Annal. eccl. Aurel., Paris, 1615, t. II, p. 42; t. VIII,p. 32.
— Hubert, Antiq. hist. de l'église royale de Saint-Aignan
»
vrage touffu, très détaillé, peu intéressant (Sagnac)
mais très janséniste. Agier y soutient avec force ar-
d'Orléans, Orléans, 1661, p. 33, 42.
C. COUILLAULT. guments la thèse du mariage, contrat civil. De 1818
AGIA(MIGUELDE), né à Valence, en Espagne, fran- à 1822, il collabora avec Grégoire, Tabaraud, Lanjui-
ciscain missionnaire au Guatémala, publia De exhiben- nais, etc., à la Chronique religieuse, journal mensuel.
dis auxiliis, sive de invocatione utriusque brachii, in-4°, Cejanséniste connaissait bien l'Écriture sainte, sa-
Madrid, 1600; Tratado y pareceres sobre la cedula real
del servicio personal de los Indios, in-fol., Lima, 1604.
Ce traité fut attaqué sous le voile de l'anonymat,par
vait l'hébreu et donnait dans le millénarisme. Aussi
publia-t-il successivement les ouvrages suivants
1° Psaumes nouvellement traduitsen français sur l'hé-
:
Michel de Aguayo, franciscain de la province de Cas- breu et mis dans leur ordre naturel, avec des explications
tille, étudiant à l'université d'Alcala. et des notes critiques, et auxquels on a joint les Can-
Antonio, Bibliotheca hispana nova, Madrid, 1783, t. II, tiques évangéliques., 3 in-8°, Paris, 1809; 2° Psalmi
p. 129, 165. — Joan. de Sancto Antonio, Bibliotheca fran- ad hebraicam veritatem translati., in-16, Paris, 1818,
ciscana, Madrid, 1732, t. II, p. 363. version latine des Psaumes; 3° Vues sur le second avè-
ANTOINE de Sérent. nement de Jésus-Christ ou Analyse de l'ouvrage de La-
AGIENSIS. Voir HAGIA. curza, jésuite, in-8°, Paris, 1818; 4° Prophéties concer-
nant Jésus-Christ et l'Église, éparses dans les Livres
AGIETON (GUILLAUME), dominicain français. Il saints avec des explications et des notes, in-8°, Paris,
appartenait au couvent de Bornheim dans les Flan- 1819; 5° Les Prophètes nouvellement traduits sur l'hé-
dres. Nommé évêque in partibus de Dano, en Dalma- breu, avec des explications et des notes critiques, 8 in-8°,
tie, par Léon X, le 1er juillet 1520, avec la faculté Paris, 1820-1822; 6° Commentaire sur l'Apocalypse,
d'exercer les pontificalia dans tout le diocèse de Win- 2 in-8°, Paris, 1823.
chester. L'Annuaire nécrologique de Mahul pour 1823 consacre à
Fontana, Teatro dominicano, P .
I, c. v, tit. CCXVII,
Cavalieri,Galleria de' Sommi Pontefici,
Agier une Notice qui est de Dupin jeune; un Aperçu sur sa
vie et ses ouvrages se trouve également dans le Catalogue des
p. 185. — etc., t. I,
p. 333,n. 13.—Bernard de Jonghe,Belgium dominicanum, ouvrages de la bibliothèque de feu M. Agier, in-8°, Paris,
p. 444. — Brémond, Bullar. ord. Præd., t. II, p. 238. 1824.
R. COULON. C. CONSTANTIN.
AGIER (PIERRE-JEAN), magistrat français, né à 1. AGILBERT (Saint). Voir AGOARD (Saint).
Paris, le 28 décembre 1748, mort à Paris, le 22 décem-
bre 1823. Avocat au Parlement en 1769, il se signalait 2. AGILBERT (Saint), évêque de Winchester, puis
aussitôt par son opposition à Maupeou. Il accepta la de Paris. Agilbert, né enFrance, partit pour l'Irlande

:
Révolution, en défendit les idées et les réformes, écri-
vit à ce sujet Le jurisconsulte national en principes
sur les droits les plus importants de la nation, in-8°,
afin d'y étudier les saintes Écritures. Vers 650, le roi
de Wessex, Coinualch, le fit promouvoir à l'évêché
de Winchester. Mais le prélat ne tarda pas à avoir des
nouvelle édition, Paris, 1789, ouvrage fait de trois difficultés, en suite desquelles il'rentra dans son pays,
brochuresprécédemmentparues, et Vues sur la réforma- Il n'y arriva pas avant 664, puisqu'en cette année il
tion des lois civiles suivies d'un plan et d'une classifi- assista encore au concile de Whitby, en Northumbrie.
cation de ces lois, in-8°, Paris, 1793; et joua un rôle Nous le trouvons bientôt sur le siège de Paris. La date
actif. Député suppléant de Paris aux États-Généraux, de son élévation à cette nouvelle dignité est assez
membre de la première Commune et de son comité facile à déterminer.En 667, le prédécesseur d'Agilbert,
des recherches, membre puis président du tribunal Importunus, est encore vivant; il appose sa signature
criminel de Paris, il disparut un moment de la scène, au privilège de Drauscius. D'autre part, dès l'automne
de la fin de 1792 au 9 thermidor. Il reparaît après 668, Théodose, consacré à Rome archevêque de Can-
la chute de Robespierrepour servir, jusqu'à sa mort, torbéry, rencontre, en passant à Paris, Agilbert, déjà
Ébroïn posés au XIe siècle et rapportent les miracles de saint
en fonctions. Vers 680, Agilbert fut chargé par
d'aller, avec Réolus de Reims, à Laon, porter au duc Agile « sous le roi Robert qui régnait dans la Méro-
Martin le fameux message qui devait livrer celui-ci à vingie autrement appelée France; » les six chapitres
la merci de son adversaire. Agilbert mourut le 11 octo- suivants datentdu XIIe siècle, après la mort d'Adèle,
~e, et fut enterré à l'abbaye de Jouarre. Son succes- comtesse de Blois (col. 525) sur laquelle est opéré le
seur Sigofridus est mentionné en 691. dernier miracle. Ces onze chapitres forment un
l.
Liberhistoriæ Francorum ,
Bède, Hist. eccl., III, c. VII, P. L., t. xcv, col. 126. —
c. XLVI,P. L.,t.XCVI, col. 1461.
— Continuateur de Frédégaire, p. 2, P. L.,1748,
Britan.-Hibern.,
t. LXXI, col. 669.
p. 13. —
Ier livre. Le Ils livre, écrit vers 1162 à 1164, peut-être
par un moine de Rebais, est antérieur au procès de
1166, où les moines de cette abbaye furent excommu-
niés pour avoir cherché à se soustraire à la juridiction
— Tanner, Bibliotheca de l'évêque.Mabillon,Act. sanct. ordin. S.Bened., 1669,
L. Duchesne, Fastes épiscopaux, 1900, t. II, p. 468.
M. BESSON. t. II, p. 326, moins correct que dans Act. sanct., aug.
3. AGILBERT. Nous ignorons la date précise de la t.III,p.587.
nomination de cet évêque au siège de Béziers. On a
voulu voir un vide dans la succession des évêques de Hist. litt. de la France, t. III, p. 437, 448, 625; t. XIII,
Béziers entre Alaric (voir ce mot) et Agilbert; bien
plus, les annotateurs de l'Hist. gén. de Languedoc,
Le diocèsedeLangres,1879, t. IV,p. 179. -
p. 600. — Act. sanct., aug. t. 111, p. 572, 587. — Roussel,
Toussaints du
Plessis, Histoire de l'Église de Meaux, 1731, t. I, p. 45-50. —
voudraient introduire un nouvel évêque de Béziers, Hefele, Hist. des conciles, édit. dom Leclercq, t. III,
Airbert (voir ce mot), pendant l'épiscopat d'Agil- p. 278, not. 1.
bert. Il est hors de doute que celui-ci était évêque de P. FOURNIER.
Béziers en l'année 885; cette année-là il assista à 2. AGILE. Voir AGYLE.
l'élection de saint Théodard, évêque de Narbonne,
et fut même l'un des évêques consécrateurs. En 887, AGILEUS. Martyr africain, mis à mort à Car-
il assista au premier concile de Port, que nous consi- thage, sans doute avant l'édit de Milan, et honoré le
dérons comme historique. Cf. Hist. gén. de Languedoc, 25 janvier. Il est parfois nommé Ageleus, Agilegius
éd. Privat, t. IV, p. 10. En 889, Ansemond et sa femme et même Galeus. Son souvenir était cher à l'Église
lui donnent certaines possessions qu'ils possédaient d'Afrique, surtout à celle de la capitale. Non seu-
dans le diocèse de Béziers, charte citée dans Hist. lement il est mentionné dans le vieux calendrier
gén. de Languedoc, t. v, col. 81. de cette ville, mais une basilique avait été bâtie sous
Nous le trouvons ensuite au concile de Meung-sur- son vocable, basilica sancti Agilei. On peut se de-
Loire (891), où il a suivi son métropolitain Théodard, mander si ce n'est pas là que saint Augustin pro-
concile convoqué par le roi Eudes pour le rétablisse- nonça son discours Per natalem sancti Agilsei; Possi-
ment de la discipline ecclésiastique. Enfin, le 19 avril dius, Indiculus opusculorum S. Augustini, 9, P. L.,
897, nous le trouvons présent à l'ouverture du second t. XLVI, col. 19. C'est en tout cas dans cette église
concile de Port. Il dut mourir pendant la tenue de ce
;
que fut sacré, après la persécution des Vandales,
concile, car c'est son successeur Fructuarius qui en
souscrivitlesactes, et celui-ci était certainement évêque
de Béziers en juillet 897, comme le témoigne une charte
du 16 juillet 897.
,
en523,l'évêque Bonifacius Laterculus regum Wanda-
lorum, éd. Mommsen, Chronica minora, III, p. 459,
Monumenta Germaniæ Auclores antiquissimi t. XIII; ,
cf. P. L., t. LI, col. 608, et que, un peu plus tard, le
Andoque (Pierre), Catalogue des evesques de Beziers, Bé-
ziers, 1650, p. 44-45. — Gallia christiana, 1739, t. VI,
col. 300. Hist. gén. de Languedoc, loc. cit. — Sabatier,
Hist. dela—ville et desévêques de Béziers, Paris, 1854, p. 164.
:
peuple conduisit en triomphe saint Fulgence de
Ruspe, et les évêques, ses compagnons d'exil, à leur
retour à Carthage S. Fulgeniii episcopi Ruspensis
vita, 29, 56, P. L., t. LXV, col. 145. Deux ans après
(5 février 525), un important synode de soixante
J. ROUQUETTE.
AGILBERTE ou AGLIBERTE (Sainte), deuxième membres se tint dans ses dépendances, in secretario
abbesse de Jouarre, succéda à Théodechilde vers 660. basilicæ sancti martyris Agilei. Mansi, Sacr. concil.
Nous n'avons pas de renseignements sur sa vie. En nova et ampliss. collect., t. VIII, col. 636. Confisquée par
1627, ses reliques furent réunies à celles de sainte les Vandales, avec le cimetière attenant, sans doute
Théodechilde. sous Genséric, elle avait été rendue aux catholiques
Acta sanctor., 1735, aug. t. II, p. 656. par Guntamund.Laterculus, loc. cit., P. L., t. LI,
U. ROUZIÈS. col. 606. Le culte de ce saint personnage se perpétua
1. AGILE(Saint),Aile,Ayeul,ouEl,abbé deRebais. longtemps en Afrique. En l'année 601, le pape saint
Né vers 580, probablement en Franche-Comté,il reçut Grégoire remerciait Dominicus, archevêque de Car-
à sept ans, d'après les hagiographes, la bénédiction de thage, de lui avoir envoyé des reliques « du bienheu-
saint Colomban et fut guéri par saint Eustase. Moine reux martyr Agilegius. » Greg.,Epist., XII, 1, édit.
à Luxeuil, vers 590, il fut, après l'exil de saint Colom-
ban en 610, choisi pour aller apaiser Théoderic et
Ewald, p. 348; P. L., t. LXXVII, col. 1220.
Brunhilde irrités contre ce monastère. Ordonné prêtre, Ruinart, Acta primorum martyrum sincera, Amsterdam,
il fut, à la suite du synode de Bonneuil, envoyé, vers 1713, p. 619. — Martyrologium hieronymianum, édit. De
617, avec saint Eustase, porter l'Évangile chez les Va- Rossi et Duchesne, p.LXXI, 13. Extrait des Acta sanctorum,
rasques et les Bavarois dont il devint l'apôtre. Élu nov. t.II, part. 1, Bruxelles, 1894.—Acta sanctorum, octob.
évêque de Langres en 628, à la mort de Modoalde, il t. VII, p. 7-10.— Aug. Audollent, Carthage romaine, Paris,
1901, p. 315,553.—Monceaux,Histoire littéraire del'Afrique
semble avoir refusé, car cette élection resta sans effet. chrétienne, Paris, 1905, t. III, p. 33, 536. — Hefele, His-
En 636, il devint premier abbé deRebais, fondé en 634 toire desconciles, édit. H. Leclercq, t. II,p.1069.
au diocèse de Meaux. C'est là qu'il mourut vers 650. Aug. AUDOLLENT.
Il est honoré le 30 août. AGILFRIDE, évêque de Liège. Moine de Saint-
Il existe deux Vies de saint Agile, l'une, écrite pro- Amand, abbé de Saint-Bavon de Gand, où il apporta
bablement au VIle siècle, entre 684 et 690, d'après les de Lotharingie les reliques de sainte Pharaïlde (Acta
bollandistes, serait en partie copiée de la vie de saint sanct, 1643, januar. t. i, p. 172), abbé de Saint-
Eustase par Jonas de Bobbio. Éditée d'abord par
Chifflet, Hist. de Tournus, Dijon, 1664, puis par
Amand (Series abbat. S. Amandi Elnon., dans Mon.
Germ. hist., Script., t. XIII, p. 386), évêque de Liège
Mabillon, Act. sanct. ord. S. Bened., 1672, t. III, p. 315. vers 769 (Annal. Lobienses, Monum. Germ., loc. cit.,
De l'autre, les cinq premiers chapitres ont été com- p. 228; Annal. Laub. et Leod., ibid., t. IV, p. 13; Ma-"
billon, Annales, t. II, p. 263), aurait, d'après la tradi- aurait été formé à la vie monastique à Stavelot (Mal-
tion liégeoise, reçu à Liège Didier, roi des Lombards, medy) sous l'abbé Anglin auquel il aurait succédé, et,
et son épouse Ansa, exilés par Charlemagne (Annal. tout en gardant l'administration de son monastère
Lobien., loc. cit., p. 229; Annal. Laubien. et Leod., serait monté sur le siège épiscopal de Cologne. L'évê-
t.hist. Script.,t.
ibid., IV, p. 13; Anselme, Gestaepisc.Leod., Monum.
d'Orval, Gesta
que de Cologne, Agilolphe, occupa ce siège à partir
de 747, peut-être même de 745 et, d'après la Bibl. hag.
Germ. VII, p. 198; Gilles
episcop. Leod., loc. cit., t. XXV, p. 47), tandis que lat., t. I, p. 25, serait mort le 9 juillet 751-752. Comme
d'autres sources les font reléguer à Corbie. Simson croit l'abbé Anglin gouvernait encore Stavelot en 751, il est
qu'on pourrait admettre que l'exil commença à Liége clair que l'Agilolphe de Cologne est différent de celui
et finit à Corbie. Abel-Simson,Jahrbiicher des frankis- de Stavelot. On ne peut guère supposer que l'évêque
chen Reichs unter Karldem Grossen, t. I, p. 194-195. se soit retiré à Stavelot après avoir abdiqué et qu'il y
C'est par erreur que les écrivains liégeois Anselme,Ni- ait occupé le siège abbatial, par exemple de 765 à 770,
colas et Sigebert lui attribuent la pensée de faire écrire durée que lui suppose le Catalogus abbatum. Mon. Germ.
par le diacre Godescalc la première vie de saint Lam- hist., Script., t. XIII, p. 293. D'ailleurs dans sa Vita
bert, puisqu'il existait déjà une vie plus ancienne. Acta Agilolphi, l'auteur des Miracula S. Quirini abandonne
sanct., 1755, sept. t. v, p. 518-519. Il n'y a pas lieu non cette tradition et fait d'Agilolphe un simple moine de
plus de lui attribuer l'inspiration du Vita Bavonis.De- Malmedy martyrisé à Amblève en 716. Ou bien l'au-
marteau, dans Bull. de la Soc. d'art et d'hist. du dioc. de
Liège, t. XIII, p. 126; Balau, Sources de l'hist. de Liège,
Bruxelles, 1903, p. 39-40, 53,128. Un diplôme de Louis
(Act. sanct.,1867,oct. t.
teur avait mieux étudié la tradition de son monastère
XII,p. 713-714),ou, ce qu'il est
préférable d'admettre, son œuvre n'a pas de valeur
le Germanique du 10 novembre848, dont l'authenticité historique. Balau, Sources de l'histoire de Liège,
n'est pas admise, parle de la consécration d'une église Bruxelles, 1903, p. 226. Le Catalogus abbatum doit
à Osnabrück par Égilfride; y a-t-il lieu de supposer avoir puisé le nom d'Agilolphe dans le Miracula
qu'il aurait pris part à l'œuvre d'évangélisation des S. Quirini. En 1065, saint Annon, archevêque de Co-
Saxons? Böhmer-Mühlbacher,Regesta, n. 1349; Abel-
d'Orval ,
Simson, op. cit., p. 351,676. Il mourut en 784 (Gilles
Mon. Germ. hist., Script., t. xxv, p. 47) ou
787. Annales Lobien., ibid., t. XIII, p. 229.
logne, obtint des moines de Malmedy le corps de saint
Agilolphe et le transféra à Cologne dans l'église de
Notre-Dame-aux-Degrés. TriumphusS.Remacli, dans
Mon. Germ. hist., Script., t. XI, p. 438-439; Vita
Gallia christ., 1725, t. III, col. 256,831-832; 1731, t.v, Annonis, ibid., p. 482.
-col. 175.
U. BERLIÈRE. Acta sanct., 1721, jul.t.II, p. 714-720.— A. de Noüe,
dans Biogr. nation., de Belgique, 1866, t. i, col. 125-126.—
1. AGILMAR ou AGLIMAR, archevêque de A. Steffens, Der hl. Agilolphus, Bischof von Köln und Mär-
Vienne. D'abord moine, puis abbé au monastère de tyrer, Cologne, 1893. — Halkin et Roland,Recueildes chartes
Saint-Claude,qui portait alors le nom de Saint-Oyend, de l'abbaye de Stavelot,Bruxelles, 1909, t. I, p. XXIX-XXX.
Sancti Eugendi Jurensis, il fut promu vers 842 (après U. BERLIÈRE.
,le 22 janvier 841), à l'archevêché de Vienne. Le pre- AGILULFE, évêque de Valence, envoyé avec le
mier acte qui le mentionne comme exerçant cette fonc- comte Gison, en 641, auprès de Clovis II par le patrice
tion est un diplôme en faveur de Romans (842). Nous Willibad, fut retenu à Autun par Flaochat, qui pour-
le trouvons encore, en 855, au concile de Valence et, suivait Willibad. Fredegarii Chronicum, dans D. Bou-
en 859, à ceux de Langres et de Savonnières. Agilmar, quet, Hist. des Gaules, t. II, p. 448; Aimoini Gesta
qui exerça aussi la charge d'archichancelier de l'em- regum Francorum, ibid, t. III, p. 137. On a voulu,
pereur Lothaire, demeura abbé et archevêque jusque sans preuve certaine, l'identifier avec l'évêque Aviulfe
vers 850. A partir de cette date, au moins dès 852, il dont on possède une lettre à Didier, évêque de Cahors.
se contenta de son archevêché, et résigna ses fonc- Ibid., t. IV, p. 43.
tions abbatiales, en faveur de saint Rémi. A celui-ci U. CHEVALIER.
devait succéder l'illustre abbé Manon, déjà prieur du
temps d'Agilmar.
Agilmar mourut le 6 juillet 859 ou 860. Il fut en-
terré dans l'église Saint-Pierre, auprès du tombeau
AGINULFE, moine de l'abbaye de Montmajour-
:
lez-Arles, vivait au XIe siècle. Il apparait, comme
scribe, dans deux chartes de son monastère l'une est
une donation faite en 1008, à Arles, par Aicard, de la
de saint Naamat. famille des vicomtes de Marseille; l'autre, écrite vers
Dom Benoît, Histoire de l'abbaye de Saint-Claude, 1890, 1030, concerne des biens sis dans le diocèse de Sisteron.
t. I, p. 343-344. — L. Duchesne, Fastes épiscopaux, 1907, Enfin son nom se retrouve dans un poème acrostiche
t. I, p. 210. servant d'épitaphe à Benoît, abbé de Montmajour,
M. BESSON. dont la mort se place entre 1040 et 1050. Aginulfe est
2. AGILMAR, évêque de Clermont. Voici les prin- le seul auteur d'inscriptions, fort nombreuses au

nage:
cipaux documents où se trouve le nom de ce person-
le privilège de Tournus (875), les actes du con-
cile de Ponthion (876), un diplôme de Charles le
XIe siècle à Montmajour, qui ait fait connaître son
nom.
Chantelon (dom), Histoire de Montmajour, édit. du Roure,
Chauve (877), les actes du concile de Troyes (878). en appendice à la Revue historique de Provence, année 1890-
Lorsque le pape Jean VIII, après avoir présidé cette 1891,p.122,128,133.
dernière assemblée, rentra à Rome, Agilmar fut au L. ROYER.
nombre des évêques qui l'accompagnèrent. Une lettre AGION, archevêque de Narbonne. A la mort d'Ar-
écrite par le souverain pontife à Louis le Bègue en dé- nuste, des compétitionssurgirent pour le choix de son
cembre 878, et datée de Pavie, recommande notre successeur sur le siège de Narbonne. Alors que les
prélat à la bienveillance du prince. Le dernier docu- évêques suffragants avaient légitimement élu Agion,
ment où figure Agilmar est le privilège de Mehun abbé de Vabres, en Rouergue, l'archevêque d'Arles,
pour Saint-Pierre-le-Vif(891). Rostang, d'accord avec Amélius, évêque d'Uzès, avait
Jaffé,Regesta, 2e édit., n. 3208. — L. Duchesne, Fastes
épiscopaux, 1900, t. II, p. 39.
choisi Gérard, neveu d'Amélius, qu'ils prétendaient
substituer à Agion. A son retour de Rome, où il avait
M. BESSON. vainement tenté de faire approuver son élection par
AGILOLPHE (Saint), d'après les Miracula S. Qui- le pape Jean X, Gérard, sous le couvert de fausses
rini (Act. sanct., 1786, oct. t. v, p. 555,559), composés lettres apostoliques, envahit le diocèse de Narbonne et
vers la fin du XIe siècle par un moine de Malmedy, empêcha Agion d'accomplir son voyage à Rome.
Informé de cette conduite indigne, le pape envoya aux
évêques de la province de Narbonne une lettre, par
laquelle il leur enjoignait de repousser Gérard; en paux,t.II, p.459. -
d'Orléans, dans les Mém. de la Soc. arch. de l'Orléanais, Or-
léans, 1868, t. XI, p. 448-536. Duchesne, Fastes épisco-
C. COUILLAULT.
même temps, il adressait le sacré pallium à Agion.
Ceci se passait vers 914. D'autre part, continuant ses 2. AGIUS, prêtre et moine de Corvey.Agius eut pour
agissements, Gérard fut frappé d'excommunication. père le pieux comte Ludolf, aïeul des rois allemands
En 915, Agion assista, avec les archevêques de Lyon de la dynastie saxonne. Il fut ainsi appelé ou sur-
et de Besançon, au concile tenu dans l'abbaye de nommé (~ayioc, saint), soit à son baptême, soit en
Saint-Marcel au diocèse de Chalon-sur-Saône. En 922, qualité de puer oblatus, soit à cause de ses sentiments
Agion reçut de Charles le Simple une charte, par religieux. Il fut moine et prêtre dans le monastère de
laquelle ce roi faisait donation à l'Église de Narbonne
de l'abbaye de Saint-Laurent. Le 17 décembre. 924,
Agion donna son consentement à la donation que firent
,
Lammspringe (selon Ebert), ou dans celui de Corvey
(selon Dümmler). Ses sœurs au nombre de cinq, em-
brassèrent aussi la vie monastique. L'une d'elles, Hatu-
à l'abbaye de Montolieu Odon, vicomte de Narbonne, moda, prit le voile au couvent de Herford, où elle
et sa femme Richilde, d'un aleu appelé Aqueduc situé avait été élevée dès son enfance, puis fut élue, très
près de Sallèles-d'Aude. Il est encore fait mention jeune encore, abbesse d'un couvent fondé par son
d'Agion dans l'acte de donation faite, en 926, à père, vers 850, à Brunshausen, mais qui fut bientôt
l'Église de Narbonne, par Teudéric et son épouse transféré à Gandersheim. Elle y mourut victime d'une
Sposia, de tous les biens qu'ils possédaient dans la épidémie, à l'âge de 34 ans, le 29 décembre 874. Agius
ville de Sigean. la chérissait particulièrement et en était aussi parti-
Agion mourut à la fin de 926 ou au commencement culièrement aimé. Aussi vint-il, sur - sa demande, de
de 927. Un vieux nécrologe de l'abbaye de Lagrasse son monastère,qui n'était pas très éloigné, pour l'as-
l'appelle Aidagius. C'est mal à propos que dans le sister dans sa maladie et ses derniers moments.
Gallia christ. il est confondu avec Anno, archevêque A la prière des religieuses de Gandersheim, pour
d'Arles. On a attribué à Agion le court fragment sur leur garder une image de leur pieuse abbesse et leur
l'histoire de la fondation de l'abbaye de Vabres, pu- accorder une consolation dans leur douleur, il écrivit
bliédans la P. L., t. CXXXIl, col. 781-789 et dans
l'Hist. gén. de Languedoc. éd. Privat,
col. 323-331.
t.
t.
II, Preuves,

Gallia christiana, 1739, VI, col. 24-27; ibidem, Instrum.,


sa mort.
,
d'abord la vie de sa sœur, puis une élégie en vers sur
Dans sa vie,Vita Hathumodæ il la suit à Herford,
où elle avait passé délicieusement sa jeunesse, puis à
Gandersheim où elle avait édifié ses filles par ses exem-
p. XIV, XV.—Devic-Vaissette,Hist. deLanguedoc,édit. Privat, ples autant que par ses discours et, à cette occasion, il
t.II, preuves, p. 40,46, 47,50, 52. — Jean-Baptiste Lher- fait un beau portrait des vertus qu'elle pratiqua
mite des Soliers, Les présidents-nés des Estats de la province comme religieuse et comme abbesse. Il s'étend longue-
de Languedoc, Arles, s. d., p. 47. — Hist. litt. de la France, ment sur sa maladie, relatant avec détails les soins
1742, t. VI, p. 199-201. — A. Molinier, Les sources de l'his- délicats dont elle fut entourée par sa mère et ses
toire de France, t. II, p. 122.
A. SABARTHÈS. sœurs, les sacrements de l'extrême-onction et du
1. AGIUS, évêque d'Orléans.D'abord chapelain du saint viatique qu'elle reçut de l'évêque Marquart, les
palais de Charles le Chauve, il succéda, en 843, sur le visions dont elle parut favorisée à plusieurs reprises,
siège d'Orléans, à l'évêque Jonas. Il prit part, l'année les paroles imprégnées de douceur et de piété qui
même de son élection, au concile de Germigny, puis, tombèrent de ses lèvres. Agius a tracé tout le tableau
de cette vie et de cette mort avec une émotion frater-
en 844, à celui de Verneuil, où les évêques présents
demandèrent à Charles le Chauve de ratifier son élec- nelle, très sincère et très sympathique qui lui donne
tion. On le voit ensuite à de nombreux conciles, no- un véritable charme, et dans un style qui, malgré
tamment à celui de Tours (849), à celui de Soissons quelques incorrections, n'est pas dépourvu de grâce.
(853), où il est chargé avec plusieurs autres prélats Peu de temps après avoir écrit cette vie en 875,
Agius rédigea en vers latins, sous forme d'élégie, un
d'enquêter sur l'évêque nommé de Chartres, Burchar-
dus, à celui de Savonnières (859), aux deux conciles
de Pistes (862-864). En 848, il avait assisté dans sa
cathédrale de Sainte-Croix au sacre de Charles le
:
dialogue qu'il avait eu sur sa chère sœur défunte avec
les religieuses Dialogus Agii de obitu sanctæ Hathu
modæ abbatissæ. Dans cette pièce, il s'inspire des églo-
Chauve par l'archevêque de Sens, Wenilon. En 852, gues de Virgile, prenant tantôt la parole, tantôt la
il obtient du roi un diplôme confirmatif des biens laissant aux religieuses elles-mêmes. Celles-ci disent
possédés par le chapitre de la cathédrale et, quelques leur douleur inconsolabled'avoir perdu leur mère; lui,
années plus tard, est chargé d'une enquête sur la ges- les invite à sécher leurs larmes par la pensée du bon-
tion des biens de l'abbaye de Fleury-sur-Loire. En heur céleste où elle est entrée. Comme elles disent
854, il donne aux chanoines de Saint-Aignan une qu'elle pourra prier pour son père, il en profite pour
charte pour l'établissement d'une chapelle et d'un faire un bel éloge de la vie du comte Ludolf. Il leur
cimetière. Bordier, Charte d'Agius, évêque d'Orléans, promet ensuite de leur continuer ses visites et ses en-
Paris, 1867. Sous l'épiscopat d'Agius, les Normands seignements, et termine en les exhortant à élire
vinrent à plusieurs reprises attaquer Orléans. Vers 855, comme abbesse, son autre sœur Gerberge, élève d'Ha-
ils ravagèrent et incendièrent une partie de la ville; tumoda et désignée par elle pour lui succéder. Sans
l'évêque, qui avait vainement organisé la résistance, plus attendre, d'ailleurs, il fait l'éloge de Gerberge et
parvint à acheter leur départ au prix d'une forte ran- invite les religieuses à lui obéir.
Les auteurs de l'Histoire littéraire ont été un peu
çon. Dix ans plus tard, ils revinrent à nouveau; la ville
entière fut pillée et la plupart des églises et des mo- trop sévères pour cette élégie, en disant que c'était
nastères furent dévastés. En 867, le nom d'Emmon, « une mauvaise prose mise en une mesure assez irré-
représentant d'Agius, figure sur les actes du concile gulière. » Les quelques bons vers qu'on y rencontre
de Troyes. La mort de l'évêque survint peu après, prouvent chez leur auteur une culture assez sérieuse.
puisque,en 868, nous voyons son successeur, Wauthier, Quoi qu'il en soit de leur mérite littéraire, les deux
assister au synode de Bou (près Chécy, Loiret). écrits d'Agius, à cause des renseignements qu'ils ren-
ferment sur les différents membres de sa famille, pré-
Gallia christiana, 1744, t. VIII, col. 1424-6. — Symph. sentent un véritable intérêt historique.
Guyon, Hist. de l'Église et diocèse d'Orléans,Orléans, 1647,
p. 223-233.—Boucher de Molandon, Charte d'Agius, év. La Vila Hathumodæ se lit dans Pertz, Monumenta Ger-
man. ,
historica Script., t. IV, p. 165; Dümmler, Neues
Archiv, 1879, t. IV, p.527;P.L., t. CXXXVII,col.1169-1184, ;
Hierarchia catholica medii ævi, Munster, 1901, t.II, p. 170.
243,297 —Ughelli, Italia sacra, t.III, col. 262 t. VII, col.
d'après Pez, Thesaur. anecd. nov., t. III, p. 288. — LeDia-
logus est dans P. L., loc. cit., col. 1193-1196, et dans Traube,
— Crescimbeni, Istoria della volgare poesia, t.III, p. 264.
Negri, Istoria degli scrittori fiorentini, Ferrare, 1722
-
1459.

p. 52.
Poet.lat., t.III, 2, p. 369-388. —Wattembach,Deutschegesch., — Manni, Osservazioni istoriche sopra i sigilli antichi, t. XII,
1896, t. i, p. 255. — A. Ebert, Hist. génér. de la littérat. du p. 102; t. XVII, p. 64. — Quadrio, Della storia e della ra-
moyen âge, trad. Aymeric et Condamin, Paris, 1884, t. n, gione d'ogni poesia, t. II, p. 205. Cappelletti, Le Chiese
p. 324-328. — Hist. litt. de la France, 1740, t. v, p. 448. d'Italia, t. XVII, p. 58; t. XVIII, p.—251. —Mazzuchelli, Gli
A. CLERVAL. scrittori d'Italia, t. I,1re part., p. 185-186.
AGLAÉ (Sainte). C'est le nom donné par l'auteur Raccolta di notizie storiche riguardanti le Chiese — L. Santoni,
dell' arci-
de la légende de saint Boniface de Rome, martyrisé à diocesi di Fireme, Florence, 1847, p. 315.
— Giornale slo-
rico della letteratura italiana, 1889, t. XVI, p. 28;
Tarse, à la grande dame romaine, au service de la- 1891, t. XVIII
quelle Boniface était attaché comme intendant en p.387.
chef. Voir l'art. BONIFACE DE TARSE. D'après ce récit J. FRAIKIN.
2. AGLI Crémone, humilié, vers
(STEFANO D'), de
purement légendaire, Aglaé aurait vécu en concubi- 1485. A écrit deux traités De hospitalitate et De horis
nage avec son intendant. Touchée par la grâce de
;
Dieu, Aglaé chercha à trouver le pardon de ses péchés
par l'intercession des martyrs elle envoya Boniface en
Orient pour lui rapporter des reliques, c'est-à-dire les
canonicis.
,
Arisius, Cremona literaria Parme, 1702, t. i, p. 340. —
Fabricius, Bibliotheca mediæ æbt., 1858, t. VI, p.98.

Mazzuchelli,Gli scrittori d'Ilalia, t. I,1repart., 1753, p. 187.
corps de martyrs. Boniface se rendit à Tarse, où il —V. Lancetti, Biografia cremonese, Milan, 1819, t. i, p. 92.
fut lui-même exécuté comme chrétien. Ses serviteurs
rapportèrent son corps à Rome. Aglaé, avertie par un J. FRAIKIN.
AGLIARDI (BONIFAZIO). Né, le 20 mai 1612, à
ange, alla à la rencontre du saint corps du martyr avec Bergame, d'une famille noble de cette ville, il entra
des clercs et des hommes religieux, et enterra la dé-
pouille mortelle de Boniface à 50 stades de Rome, sur dans l'ordre des théatins, où il fit profession le 10 avril
la voie Latine. Elle renonça au monde, distribua ses 1628,et dont il devint général en 1653 (et non 1652,
richesses aux pauvres, donna la liberté à tous ses comme le dit Ughelli), puis fut préconisé, le 2 ou 3 août
1655, évêque d'Adria et fit son entrée solennelle dans
esclaves et mena pendant 13 ans qu'elle vécut encore
la vie austère d'une religieuse. Dieu lui accorda le pou- cette ville le 20 mars 1656. Il réunit, le 24 mai 1657, le
synode diocésain, dont il publia les constitutions à
voir de chasser les démons et de guérir les malades. Venise en 1664, et accrut de deux membres tant le
Tout ce récit semble bien être d'origine grecque; il fut chapitre d'Adria que la collégiale de Rovigo. Il mou-
répandu à Rome et traduit en latin lorsqu'on rattacha rut dans cette dernière ville, le 1er février 1667 et fut
le culte de ce martyr Boniface à l'église de l'Aventin
qui porta le nom de Saint-Boniface. Nous ignorons enterré dans la collégiale. Konig dit de lui (Biblio-
si un martyr de ce nom a réellement existé ou si tout
le récit, même quant aux personnages qui y figurent,
est purement légendaire. Aucun des anciens calen-
driers des saints ne contient le nom d'Aglaé; celle-ci
imprimés :
theca vetus et nova, p. 16) : edidit diversarum scientia-
rum lectiones. Il a laissé, en effet, plusieurs ouvrages
Cleopatra orans, non exorans, in-12, Ber-
game, 1635. — Il Mosè di Facibonio Galiardi, in-12,
Parme et Venise, 1638.— Fiori di Passione apparec-
n'est connue que par la légende de saint Boniface, et chiati alle delizie dell' anime oranti, in-12, Bergame,
les notices des martyrologes historiques du moyen âge
;
dépendent de la légende. Le nom grec ~'AyXo,«t'ç est le
même que 'AyXaia on sait que la mythologie grecque
désigna par ce dernier nom une fille de Jupiter. Voir Martinoni ,
1646. — Saggi sacri ed accademici, in-4°, Bergame,
1647-1648. — Orazione funerale per la morte d'Andrea
in-4°, Venise, 1649 et divers essais impri-
més dans I Giovedi estivi de l'académie des Eccitati
par exemple, Pape,Wörterbuch der griechischenEigen-
namen, t..I,p.12. Il estforméde~àyXaoç,brillant,beau
le substantif &y).odex est employé par Homère pour dé-
; de Bergame dont il avait été un des fondateurs.
Silos, Historiarum clericorum regularium, t. III, p. 553-
signer la beauté de Pénélope. Ceci expliquerait pour- 554. — Cerasoli, Tritonis buccina, Milan, 1682, p. 32. —
quoi l'auteur de la légende a donné le nom d'Aglaé à Ughelli, Italia sacra, t. II, col. 408; t. III, col. 262 et

:
la maîtresse de Boniface. D'après les bollandistes,
Aglaé est vénérée sous des dates différentes 14 mai
(avec saint Boniface), 25 février et 5 juin. Acta sanct.,
1459.— Quadrio,Della storia e ragione d'ogni poesia, Bo-
logne, 1739, t. I, p. 55. — Mazzuchelli, Gli scrittori d'Italia,
t. I,1re part., p. 187-188. — Crescimbeni, Istoria della vol-
gare poesia, t. V, p. 196. — Speroni, Adriensium episcopo-
maii t. III, p. 284, note.
rum series, Padoue, 1788, p. 294-295. — De' Lardi, Serie
1. AGLI (ANTONIO).
J. P. KIRSCH.
Né à Florence, d'une grande
cronologica dei vescovi di Adria, Venise, 1851, p. 42-43.
Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. x, p. 74.
-
famille de cette ville, en 1399 ou 1400, il fut d'abord J. FRAIKIN.
curé à l'Impruneta (aujourd'hui province et arron- AGLIBERT. Voir AIGLIBERT.
dissement de Florence),puis chanoine de la cathédrale
de Florence. Préconisé, le 24 décembre 1465, arche- AGLIMAR. Voir AGILMAR, col. 959.
vêque de Raguse, siège dont il ne prit jamais posses-
sion, puis évêque de Fiesole, le 4 mai 1467, et deVol- AGLIONI ouALALEONI (BARTOLOMEO), fils d'An-
terra le 30 avril 1470 (et non le 1er comme le dit Gams),
il mourut dans sa ville natale, en 1477 et fut enterré
gelo Aglioni, noble de Fermo,
bénédictin de San
i
Savinoà
l fut abbé du monastère
Fermo, puis de San
dans l'église de l'Impruneta (épitaphe dans Ughelli et Paterniano près de cette ville (il y a une erreur à ce
Mazzuchelli). sujet dans Ughelli). Préconisé évêque de Todi, le
Une lettre écrite par lui, en latin, au cardinal Jacopo 12 décembre 1435, il fut sacré, semble-t-il, le 12 jan-

,
Piccolomini, dit le cardinal de Pavie, est imprimée
dans les Epistolæ testamentum et commentariorum
libri VII de ce cardinal, Milan, 1506, p. 9; cf. ibid.,
vier 1436, et fit son entrée solennelle dans sa ville
épiscopale le 7 juillet de cette même année. Un arrêt
des prieurs et du Conseil secret l'appelle e homme d'une
éloquence célèbre, savant dans les lettres et d'une
p. 187. Il a laissé, en outre, plusieurs ouvrages ma-
nuscrits (vies de saints, poésies latines et italiennes) âme vigoureuse. » Il réforma les mœurs du clergé et,
conservés dans diverses bibliothèques de Rome et de en 1440, donna de nouvelles constitutions au chapitre
Florence. de la cathédrale. Les prieurs et le Conseil secret, ayant
Marsile Ficin, Lettere, Venise, 1495, t. XI, p. 182. — AL décidé l'érection d'une université à Todi, l'en nommè-
calci, Indicede' poeti antichi, Naples, 1668, p. 44. — Eubel, rent chancelier. Il reçut Pie II, avec 14 cardinaux,
en 1462, et, en 1464, le cardinalévêque de Coutances, 1659, t. VI, col. 76 et 120. —Barth. Capasso, Monumenta ad
Richard Olivier de Longueville, légat de l'Ombrie. Ses Neapol. ducatus hist.pertinentia, Naples, 1881-1892, t. I,
diocésains ne furent pas interdits moins de trois fois p. 307. —Bibliothecahagiographicalatina, 1898, p. 26,1309.
P. FOURNIER.
par le Saint-Siège sous son épiscopat, et trois fois il
obtint leur absolution. Lui-même eut beaucoup à 2. AGNEL, de la noble famille napolitaine de Men-
souffrir des attaques des Gibelins et fut emprisonné dozza, embrassa la vie religieuse chez les carmes,
par eux avec son neveu. Il mourut aveugle, le 4 ou le devint un maître en théologie renommé, fut élu pro-
6 janvier 1647, et fut enterré dans sa cathédrale (épi- vincial de la province romaine par le chapitre géné-
taphe dans Ughelli). ral de Bologne, en 1405. Martin V le créa évêque
d'Acci, en Corse, le 30 mai 1421. Il gouverna son dio-
Ughelli, Italia sacra, t. i, col. 1355. — Cappelletti, Le
Chiese d'Italia, t. v, p. 234-235. — Lorenzo Leônij, Cronaca
dei vescovi di Todi, Todi, 1889, p. 109-127.
J. FRAIKIN.
:
cèse avec zèle durant vingt années et mourut l'an 1441.
Il avait écrit deux ouvrages
, ,
In quosdam sacræ Scrip-
turæ libros commentaria, et : In Magistrum sententia-
AGLIOTTI (SIMON PAOLO). Né à Forli, d'une fa- rum elucidationes qui sont demeurés manuscrits.
mille noble de cette ville, il fut d'abord gouverneur Eubel, Hierarchia cath. med. ævi 1898, t. I, p. 66. —
de Cività Castellana,puis en devint évêque, le 26 fé- Ughelli, Italia sacra, Rome, 1652, t. IV, col. 1259. — Nie.
vrier 1698. Il releva le séminaire, qui était tombé en Toppi, Bibliotheca Napolitana, Naples, 1678, p. 16. — De
décadence, et mourut le 30 septembre 1704. Son tom- Villiers, Bibliot. carmelit., Orléans, 1752, 1.1, col. 99; t. u,
beau est dans la cathédrale. col. 892. — Daniel a Virgine Maria, Spec. carmelit., An-
Ughelli, Italia sacra, t. I, col. 603. — Servanzio, t. III, vers, 1680, p. 910. — Mariano Ventimiglia, Uomini illustri
del Carmine di Napoli, Naples, 1756, p. 86-110.
p. 426-427. — Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. VI, p. 60. P. MARIE-JOSEPH.
J. FRAIKIN. 3. AGNEL ANTIGNANO, carme, naquit à Terra di
AGMER (Saint), Agomarus, Agmarus, évêque de Pomigliano, diocèse de Nole, devint profès de la pro-
Senlis. Il assista au concile de Clichy (626). Maassen, vince napolitaine et fut reçu, le 7 juin 1625, dans le
dans Monum. German. histor., Concil. sévi meroving., célèbre couvent des carmes de Naples. Ses vertus lui

,
dessus Diplomata
7 novembre.
.,
t. I, p. 201. Son nom se trouve au bas de la prétendue
charte de fondation de Saint-Maur-des-Fossés. Par-
Paris, 1849, t. II, p. 63. Fête le
U. ROUZIÈS.
firent attribuer plusieurs années la charge de maître
des novices, puis celle de prieur de ce même couvent.
Sa mort survint le 17 janvier 1639. Artiste de talent,
il a fait imprimer à Naples diverses œuvres musicales,
AGNAN. Voir entre autres des Canzoni sacre, réputées excellentes.
AIGNAN.
Mariano Ventimiglia, Degli uomini illustri del Carmine
1. AGNEAUX (JEAN-BAPTISTE). Voir DEVIENNE maggiore di Napoli, Naples, 1756, p. 147. — Cosme de Vil-
D'AGNEAUX. liers, Bibliothecacarmelitana, Orléans, 1752, t. i, col. 99. —
Daniel a Virgine Maria, Speculum carmelitanum, Anvers,
1680, pars V, p. 1074, n. 3755.
2. AGNEAUX (LÉONARD D'), de Beauvais, fit pro- P. MARIE-JOSEPH.
fession à l'abbaye de Vendôme, le 26 avril 1670 et mou- 4. AGNEL ROSSO, carme, né en 1645, d'une famille
rut à Saint-Martin-de-Fives,le août 1707. Il aurait,
5 patricienne napolitaine, entra au Carmel, passa maître
dit-on, collaboré pendant quelque temps à l'édition et docteur en théologie, qu'il enseigna brillamment
bénédictine de saint Basile. ensuite à Florence et à Naples. Son éloquence le faisait
Vigneul-Marville,Mélangesd'hist. et de litt., Paris, 1713, considérer, dans toute l'Italie, comme le premier pré-
t. i, p. 88.— U. Berlière, Nouveau supplément à l'hist. litt. dicateur de son temps. Régent des études, puis prieur
de la cong. de Saint-Maur, Paris, 1908, t. I, p. 9. du grand couvent de Naples, il fut créé évêque de Po-
U. BERLIÈRE. tenza, dans la Basilicate, le 2 mai 1695, et choisi par
AGNEBERTUS, évêque de Saintes qui n'est pas Charles II, roi d'Espagne et de Naples, comme conseil-
mentionné par le Gallia christiana. Il nous est connu ler royal. Il s'employa durant les douze années de son
par sa suscription au concile de Bordeaux de 673- épiscopat à relever de ses ruines son diocèse désolé par
675. Monum.German. hisior., Concilia ævi meroving ., le terrible tremblement de terre de 1694. Il mourut le
p. 216. :
30 avril 1707. On a de lui 1° Panegirico della B. Cata-
L. Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienneGaule, Paris
1899, t. II, p. 74.

1. AGNEL (Saint), à
U. ROUZIÈS.
abbé Naples.Névers 530 ou535 ,
,
rina di Bologna, Bologne, 1680, in-4°; 2° La Moneta
nuova ovvero Panegirico di S. Teresa, Naples, 1682,
in-4°, traduit en espagnol par le P. Emmanuel Soto,
à Naples, Agnel, d'après les vies très postérieures qui
en ont été écrites, se fit moine vers sa quinzième année,
puis fonda un hôpital près de sa ville natale. Après
s'être retiré quelque temps dans la solitude, il entra
carme; 3° Oratio de qualitatibus probi Prælati habita
Naples, 1682, in-4° ;
in Comitiis gencralibus Romæ celebratis anno 1680,
,
5° Cursus theologiæ ms.
4° Cursus philosophiæ ,
ms.;

dans le monastère qu'avait élevé saint Gaudiose,


évêque d'Abitine, et fut contraint d'accepter le titre maggiore di Napoli, Naples, 1756, p. 184-186. -
Mariano Ventimiglia, Degli uomini illustri del Carmine
Nicolas
d'abbé. D'après Trithème, ce monastère aurait été
bénédictin; Ughelli et les auteurs italiens croient
plutôt qu'il était basilien. Agnel y mourut vers l'âge
de 60 ans, en 596. Ses reliques sont conservées à
Toppi, Bibliotheca Napolitana,
Villiers,Bibliotheca carmelitana ,Naples,
Orléans,
1678, p. 16.
Ughelli-Coleti, Italia sacra, t. VII, col. 144. — Cosme — de
1752, t. I, col. 100.
P. MARIE-JOSEPH.
1. AGNELLI, FRA GUGLIELMO, célèbre artiste do-
Naples dans l'église qui porte son nom. Il est honoré minicain. Né vers 1238 à Pise, il se mit sous la
le 14 décembre, et regardé comme le protecteur de la direction artistique de Niccola Pisano. Il entra
ville. dans l'ordre des Prêcheurs vers 1257, au couvent de
Ses Miracles ont été racontés par Pierre, sous-diacre Sainte-Catherine, à Pise, où il prit rang parmi les
de Naples, qui mourut vers 960. frères convers. Si l'on ne peut affirmer avec certitude
Mabillon, Acta sanct. O. S. Bened., 1668,t.I, p. 353 (court que fra Guglielmo travailla à l'érection de la vaste
résumé de la vie du saint). — Baluze, Miscellanea novo or- église de Sainte-Catherine, il est certain par la chro-
dine digesta, édit. Mansi, 1764, t. IV, p. 71 (vie d'après un nique du couvent de Sainte-Catherine qu'il s'employa
manuscrit de Lucques). — Isidoro da Guarcino, Vita di activement à la reconstruction du monastère, terminé
S. Agnello, in-8°, Sorrento, 1877. — UghelIi, Italia sacra, en grande partie en 1272. En 1270, il sculpta la chaire
de San Giovanni Fuorcivitas, à Pistoia. Quand il s'agit 566 (alias 569). Son tombeau est dans la basilique de
d'ériger un tombeau monumental à saint Dominique, Sant' Agata, et son épitaphe (la voir dans Ughelli,
les Pères de Bologne s'adressèrent au plus illustre Mazzuchelli, etc.) le qualifie d'archevêque, bien que
sculpteur d'alors, Niccola Pisano; fra Guglielmo certains auteurs ne fassent remonter l'attribution de

:
devint naturellement son collaborateur (1267). Le
fait est mis hors de doute par ce passage des Annales
du couvent de Sainte-Catherine Frater Guillelmus
conversus, sculptor egregius, cum Nicholaus pisanus
patris nostri Dominici sacras reliquias in marmoreo,
ce titre aux pasteurs de Ravenne qu'au pontificat de
saint Grégoire le Grand. Le pape Pélage Ier lui a adressé
une lettre dont il reste unfragment. Baluze, Miscel-
lanea, Paris, 1700, t. v, p. 464; Mansi, Supplement. ad
Concil., t. I, p. 431; P. L., t. LXVIII, col. 381-382. Lui-
vel potius alabastrino sepulcro a se facto collocaret, même a laissé une Epistola de ratione fidei ad Arme-
præsens erat, et ipse adiuvabat anno 1267. Fra Gu- nium, qui se trouve dans l'Antidotum contra hæreses
glielmo sculpta la partie postérieure du monument, de Siccardo, in-fol., Bâle, 1528, dans l'Hæreseologia
sur les dessins de Niccola Pisano. Vers 1273, il est d'Evoldo, in-fol., Bâle, 1556, dans les diversesédi-
occupé à Orvieto, en compagnie d'Arnolfo, à sculpter tions de la Bibliotheca Patrum de Paris, Cologne,
quelques bas-reliefs du Duomo. En 1304, il est de Lyon, etc., et dans P. L., loc. cit., col. 381-386, et a
retour à Pise. Les dernières années de sa vie furent été publiée à part à Helmestadt, 1613, par G. Fugger
occupées par la reconstruction de la façade, du toit et Hale, 1663.
et d'une partie de l'église de San Michele in Borgo, Possevino, Apparatus sacer, Venise, 1606, t. I, Append.,
appartenant aux moines camaldules. Fra Guglielmo 2", p. 6. — G. Fabri, Le sagre memorie di Ravenna antica,
mourut en 1312. Venise, 1664, t. I, p. 64, 210; t. II, p. 430-433. — Effe-
meride sagra et istorica di Ravenna antica, 1675, p. 213-
Chronica antiqua Conv. S. Katharinæ Ord. Prædic. Pisa- 214. — Hier. Rubeus (Girolamo Rossi), Historiarum
rum, édit. Bonaini, dans l'Archivio storico italiano, t. VI, Ravennatum libri decem, p. 169 sq. — Giornale de' let-
p. 467.— Annalia Conv. S. Catharinæ de Pisis, A foi. 35. terati d'Italia, Venise, 1710, t. I, p. 81. — Agnello (l'his-
— Vicenzo Marchese, Memorie dei più insigni pittori,On scul- torien, voir l'art, suivant), Liber pontificalis, 2e part.,
trouve la littérature antérieure. -
tori e architetti domenicani, Gênes, t. I, p. 108-151. y
J.-J. Berthier, Le tom-
beau de saint Dominique, Paris, s. d. (avec tous les doc.
p. 119 sq. et 129. — Sandio, Notæ et animadversiones ad
Vossilibros IIIde historicis latinis, p. 290. —Oudin, Com-
mentarium de scriptoribus Ecclesiæ, Leipzig, 1722, t. I,
relatifs à l'histoire du tombeau et de magnifiques repro-
ductions). — Em. Bertaux, La sculpture du XlV. siècle en p. 1433-1444. — Ughelli, Italia sacra, t. II, col. 337. —
Italie et en Espagne, dans Histoire de l'art d'André Michel, Girol. Bonoli, Storia di Lugo ed Annessi, Faenza, 1732,
t. II, p. 598. — Venturi, Storia dell'arte italiana, t. III, p. p. 11-15. — Fabricius, Bibliotheca latina mediæ et infimæ
59-66. — Lod. Ferretti, Manuale di storia delle arti belle in ætatis, Hambourg, 1734-1746, t. I, p. 75, 2e édit., Padoue,
Italia, Florence, 1908, p. 31, 32, 33, 120. 1754, p. 30. — Magna bibliotheca ecclesiastica, Cologne,
R. COULON. 1734, t. i, p. 143. — Cave, Scriptorum ecclesiasticorum
historia literaria, Bâle, 1741-1745, t. i, fol. 342 v°, 529 v°.
2. AGNELLI (GIUSEPPE), jésuite italien, naquit à
Naples, le 1er avril 1621, et fut reçu au noviciat de — Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, Paris,
1729-1754, t. XVI, p. 622-623; 2e édit., t. XI, p. 349. —
Rome le 31 décembre 1637. Il professa cinq ans la Mittarelli et Costadoni, Annales camaldulensium, 1751-
théologie morale et gouverna les collèges de Monte-
pulciano, de Macerata et d'Ancône; il exerça aussi
,
1773, t. col. 91; t. II, col. 21. — Mazzuchelli, Gli scrittori
d'Italia, t.I, 1re part., p. 195-196. — Ginanni, Memorie
dans cette dernière ville les fonctions de théologien- storico-critiche degli scrittori ravennati, Faenza, 1769, t. I,
consulteur du saint-office. Il passa les trente der- p. 13-16.-Amadesi, In antistitum ravennatum chronotaxim
disquisitiones, Florence, 1783, t. I, p. 153-156, 162. —
nières années de sa vie dans la maison professe de Bertoldi, Notizie istoriche dell' anticase lva di Lugo, Ferrare,
Rome, où il mourut le 8 octobre 1706. On a de lui : 1794, p. 46. — Soriani, Supplemento storico sulla origine e
:
Il cathecismo annuale, in-4°, Macerata, 1657 (Sotwel
dit à tort 1637), 1671 et 1673; 2 in-4o, Rome, 1677,
progressi della città di Lugo, Lugo, 1834, p. 12-13.—
Tarlazzi, Memorie sacre di Ravenna, Ravenne, 1852, p. 88-

réédité : Il
avec ce nouveau titre sous lequel il a été souvent
parrocchiano instruttore; plusieurs ouvrages
estimés sur les Exercices spirituels de saint Ignace,
89, 91, 223, 257, 421, 424. —Cappelletti, Le Chiese d'Italia,
t. II, p. 48-49. — Ed. Ridolfi, L'arte in Lucca studiata nella
sua cattedrale, Lucques, 1882, p. 105, 225, 368 (signale un
portrait d'Agnello dans une lunette et sur un bas-relief de
avec des gravures signées par Arnold von Wester-
houdt.
-
la sacristie de cette cathédrale). L'ambone dell' arcivescovo
sant' Agnello nella melropolitana di Ravenna descritto ed
illustrato, Ravenne, 1888.
Sotwel, Biblioth. script. S. I., Rome, 1676, p. 519. — J. FRAIKIN.
Oudin, dans Moréri, Dictionnaire historique, Paris, 1759, 2. AGNELLO. Appelé encore Andreas. Né à Ra-
t. I, p. 199. — Sommervogel, Biblioth. de la Compagnie de venne, d'une famille noble, il fut dès l'âge de cinq ans,
Jésus, Bruxelles, 1890, t. I, col. 65-68 et append.; 1898,
t. VIII, col. 1573. — P. Tacchi Venturi, Leltere inedite di vers 810, abbé de Notre-Dame ad Blachernas (aujour-
Paolo Segneri, di Cosimo III e di Giuseppe Agnelli intorno d'hui S. M. di Palazzolo), puis, en 841, de S. Bartolo-
»,
la condanna dell'opera segneriana la«Concordia Florence,
1903.
meo a palata, qui lui fut cédé par son oncle; ces deux
monastères sont situés près de Ravenne. Il semble,
E.-M. RIVIÈRE. d'ailleurs, être resté toujours prêtre séculier. Plusieurs
1. AGNELLO (Saint). Né vers 483, d'abord marié auteurs le confondent à tort avec saint Agnello, arche-
et soldat, il devint veuf et entra dans les ordres vers vêque de Ravenne (voir l'article précédent). Cf. San-
527. Simple diacre et gardien de la basilique de Sant' dio, Notæ et animadversiones in G. Vossi libros III de
Agata à Ravenne, il fut élu, le 22 ou 24 juin 556 (alias historicis latinis. Il a laissé un recueil de vies des évê-
553 ou 558) archevêque de cette ville en remplacement ques et archevêques de Ravenne, dont le manuscrit
de saint Maximin. Il obtint de l'empire grec la resti- est conservé à la bibliothèque Estense de Modène
tution à sa cathédrale du territoire d'Argenta, où il (autre exemplaire à la Bibliothèque Vaticane, n. 5834)
érigea une église à saint Georges, et la donation de la
forêt de Lugo, où s'éleva plus tard la ville de ce nom.
Il orna de mosaïques le monastère des SS. Matteo et
:
et a été publié en 1708, à Modène, en 2 vol. in-8°, par
l'abbé Bacchini, sous ce titre Agnelli qui est Andreas
abbatis S. Mariæ ad Blachernas et S.Bartholomæi
Giacomo à Classe, et il reste encore de lui, dans la ca- Ravennatis Liber pontificalis, sive vitæ pontificum
thédrale de Ravenne, un ambon de marbre et une croix Ravennatum D. Benedictus Bacchinius abbas S. Ma-
d'argent. Adversaire acharné de l'arianisme, il récon- rise. de Lacroma O. S. B. congregationis Cassinensis
cilia les églises qui avaient été souillées par les Goths ex bibliotheca Estensi eruit, dissertationibus et observa-
ariens. Il mourut le 23 ou 30 juillet (alias 1er août) tionibus, nec non appendice monumenlorum illustravit
et auxit, ac Sereniss. Raynaldo Estensi Mutinæ, Re-
gii, etc., Duci obt. Cet ouvrage a été réimprimé, en
Sbaralea-Eubel, Bullarium franciscanum, t. I, p. 106, 225.
444; t. v, p. 608. — Eubel, Hierarchia catholica medii ævi,
outre, avec préface biographique, dans Muratori, t. n, t. i, p. 341.— Wadding, Annales Minorum, t.II, p. 351; t. v,
1re part., des Scriptores rerum italicarum, P. L., t. CVI, p. 58. — Potthast, Regesta pontif., t. I, n. 9207, 10403,
10404. — Arthurus a Monasterio, Martyrol. francisc., Paris,
col. 459-752, 752-840; Monumenta Germaniæ histo- 1653,p.124.— D.de Gubernatis,Orbis seraphicus (De mis-
rica, Scriptores rerum Langobardicarum, p. 275-391; sionibus),in-fol.,Rome, 1689, t. I, p. 532-533. — Hebrera,
et la vie de saint Apollinaire a été publiée à part dans Vidadel B. Agno obispo de Marruecos, Saragosse, 1697.
les Acta sanctorum, 1727, julii t. v,p.350-351. Extraits Manuel Castellanos,Apostolado serafico en Marruecos, Ma- —
dans Bouquet, Recueil des historiens des Gaules, t. VI, drid et Santiago, 1896, p. 130.
p. 306-307; t. "VII, p. 340-341; Mommsen, Monu- ANTOINE de Sérent.
menta Germ. hist., Script., t. IX, p. 301-303, 313-314, 4. AGNELLO à
MAFFEI (SCIPIONE). Né Mantoue,
d'une grande famille de cette ville (cf. Gli Annali di
319, 321, 331, 333-336.
On reproche au Liber pontificalis d'être écrit en un p.
Mantova, 555-558). Sacré, le 17 février 1624, évêque
style barbare et d'admettre un certain nombre de de Casal, il résida
y peu, cause ses nombreuses
à de
légendes. Il ne manque pas cependant de critique, charges, tant ecclésiastiques que civiles, et mourut
et l'auteur s'est servi des inscriptions et des monu- le 1er octobre 1653.Outre des Disceptationes de ideis in
ments. Il y montre une véritable hostilité contre les tres libros distributæ, in-4°, Venise, 1615, il a laissé un
papes, à cause, sans doute, du schisme qui séparait ouvrage manuscrit, publié par son neveu Lepido Maria
alors l'Église de Ravenne de celle de Rome, et aussi, Agnello Maffei sous le titre de Gli Annali di Mantova,
parce que son oncle, accusé de conspiration contre in-fol., Tortona, 1675.
Étienne IV, était mort en prison à Rome. Cet ouvrage
n'en est pas moins une source d'un prix inestimable Ughelli, Italia sacra, t. IV, col. 576. — Fr. Aug. ab Eccle-
sia (Agost. Della Chiesa), S.R. E. cardinalium, archiepisco-
pour l'histoire des premiers siècles de l'Église de
Ravenne. porum, episcoporum et abbatum Pedemontanæ regionis chro-
nologica historia, 1645, p. 113. — Cappelletti, Le Chiese
Vossius, De hisloricis latinis, Lyon, 1651, t. III, p. 688- d'Italia, t. XIV, p. 587.
689, 757.. — Giornale de' leflerati d'Italia, Venise, 1710, J. FRAIKIN.
t. I, p. 69; 1711, t. II, p. 356.—Acta eruditorum, Leipzig, 5. AGNELLO DE PISE (Bienheureux), né en 1194,
;
ann. 1710, p. 330 sq. ann. 1724, p. 49 sq. — Journal des
savants, ann. 1710, p. 567. — Hier. Rubeus (Girolamo
fut admis dans l'ordre des frères-mineurs vers 1212,
Rossi), Historiarum Ravennatum libri decem, p. 61, 108, par saint François de passage à Pise. Envoyé en France,
133, 171, 238. — Oudin, Commentarium de scriptoribus en 1219, pour fonder le couvent de Paris, il fut désigné
Ecclesiæ antiquis, 1722, t. II, p. 156-167; t. I, p. 145. — pour être le custode ou supérieur du groupe de mai-
Ughelli, Italia sacra, t. II, col. 377 sq. — Fabricius, Biblio- sons qui s'établiraient dans la région de l'Ile-de-
theca latina mediæ et infimæ ætatis, 1734, t. I, p. 75, 236. France. Il se fixa d'abord près de l'abbaye de Saint-
—Cave,Scriptorum ecclesiasticorum historia literaria, 1743, Denis. Au chapitre de 1223, saint François l'envoya
-
t. II, fol. 22-23. — Ginanni, Memorie slorico critiche degli
en Angleterre comme premier ministre provincial. Il
scrittori Ravennati, 1769, t. I, p. 16-22, 38. — Mittarelli et
Costadoni, Annales camaldulensium, t. I, passim,. t. n, s'embarqua à Fécamp; aborda à Douvres, le 10 sep-
col. 20, 62, 69, etc.; t. III, col.371. — Amadesi, In an- tembre 1224, avec huit compagnons, n'étant encore
tistitum Ravennatum chronotaxim disquisitiones, t. I, 1783, que diacre et âgé de trente ans. Avant la fin de l'année
passim. — Tiraboschi, Storia della letleraiura italiana, 1833, deux couvents étaient fondés, à Cornhull près de Lon-
t. I, p. 473-474. — Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. n, dres et à Oxford. Les monastères se multiplièrent ra-
p. 33, 57, 59, 66,84.—Tarlazzi, Memorie sacre di Ravenna, pidement et bientôt, au premier chapitre de Londres,
p. 157, 219, 329,417,494,496-500. —Piepers, Einleitung on dut les diviser en six custodies : Londres, Oxford,
in die monumentale Theologie, Gotha, 1867, p. 349-363.
Cambridge, York, Salisbury, Worchester.
— Wattenbach, Deutschlands Geschichlsquellen, 3e édit., Cet humble qui n'accepta la prêtrise que sur l'ordre
Berlin, 1873, t. i, p. 227. — Holder-Egger, art. dans Neues
Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichlskunde, exprès du chapitre général, comprit l'importance des
1876, t. I, p. 309-316, 338-343.—Bähr,Geschichte der rôm. études pour l'avenir de sa province.Dans ce but, il fit
Literatur im karoling. Zeitalter, p. 220. — Dümmler, art. bâtir à Oxford une grande école et demanda au chan-
dans Neucs Archiv, 1879, t. IV, p. 513-514.—Ebert,Allge- celier de l'université, Robert Grossetête, d'y donner
meine geschichte der literatur des Mittelalters, Leipzig, 1880, des leçons de théologie. Ce fut le point de départ de
t. II, p. 375-377; trad. franç., p. 411-413. — Wiehhoff, Die l'énorme influence des franciscains en Angleterre jus-
«monasteria»beiAgnellus, dans Mittheilungen des Instituts
für osterr. Geschichtsforschungen, 1888, t. IX, p. 34-45.
il
L.A.Ferrari, AgnelloRavennate e PontificaleAmbrosiano,
dans Archivin storico lombardo, 1895, p. 277,302. — Duilio
- qu'au schisme d'Henri VIII.
Agnello se trouvait à Assise au mois de mai 1230, à
l'occasion du chapitre général où devait se faire la
Giani, Alcune osservazioni su la cronologia di Agnello ra- translation du corps de saint François. Peu de temps
vennate, dans Studi storici, 1898, t. VII, p. 399-409, 461- après son retour en Angleterre, il dut entreprendre un
479. — Balzani, Le cronache italiane nel medio evo, 2e édit.,
Milan, 1900, p. 93-98.—F.Lanzoni, Il « Liber pontificalis» nouveau voyage en Italie, avec Pierre deTenkesbury,
Ravennate, dans Rivista di scienze storiche, 1909, fasc. IV gardien de Londres et deux dominicains. Il s'acquitta,
et V. —Testi-Rasponi, Note marginali al « Liber pontifi- à la satisfaction générale, de l'affaire que les évêques
calis » di Agnello Ravennate, dans Alti e memorie della anglais l'avaient chargé de traiter avec la curie ro-
R. Deputazione di Storia Patria per le provincie di Roma- maine. C'est peut-être en cette circonstance qu'il
gna, 1909, p. 80-104. obtint de Grégoire IX la décrétale Nimis iniqua,
J. FRAIKIN. datée de Riéti, 21 août 1231, qui mettait les frères-
3. AGNELLO,franciscain, évêque de Fez, originaire mineurs à l'abri de certaines vexations du clergé.
d'Aragon, paraît avoir succédé au frèreprêcheur Do- Henri III lui témoigna beaucoup d'affection et en
minique, martyrisé le 16 septembre 1232. Le 27 mai fit son conseiller. Il contribua généreusement aulf
1233, Grégoire IX le recommandait au sultan du Ma- frais des bâtiments d'Oxford. De son côté, Agnello
roc. Le 12 juin 1237, le même pape l'établissait pre- servit fidèlement la cause du prince. Peu de temps
mier évêque de Maroc, le recommandait aux fidèles de avant sa mort, il travaillait à rétablir la paix entre le
cette contrée et à Thibaut, comte de Champagne. Il roi et son maréchal du pays de Galles. Dans les courses
mourut vers 1246.— Il a été confondu avec son suc- qu'il dut faire alors à travers l'Angleterre il contracta
cesseur Lope également frère-mineur, mort vers 1266, la maladie qui l'emporta.
à Saragosse, dont le pape aurait changé le nom de Il mourut au couvent d'Oxford, le 13 mars 1232,
Lupus en celui d'Agnus ! selon l'éditeur de la chronique d'Eccleston, mais (plus
vraisemblablement),en 1235. Plusieurs années après, Rome, 1899, p. 76. Rôm. Quart. für christliche Alter-
quand on voulut transférer son corps dans la nouvelle thumskunde, X, suppl. — De ces quatre versions,
église du couvent, il fut trouvé sans corruption et je rapproche l'hymne attribué à Ambroise. P.L.,
répandant une huile odorante. — Le 30 août 1892, t. XVII, col. 1210-1211. Agnès est la jeune fille que
Léon XIII confirma le culte immémorial rendu au nous savons, (c elle est en vain courtisée par le fils du
bienheureuxAgnello en Angleterre jusqu'à HenriVIII, préfet de Rome, Sempronius; dénoncée par un para-
à Pise, et dans l'ordre des frères-mineurs jusqu'à nos site, elle refuse d'entrer parmi les vestales et est
jours. exposée nue dans un mauvais lieu, mais ses cheveux la
Eccleston, De adventu Fratrum minorum in Angliam, couvrent; elle ressuscite le fils du préfet qui l'a osé re-
dans Analecta franciscana, Quaracchi, 1885, t. I, p. 217 sq.; garder; miraculeusement préservée des flammes — le
Chronica Nic. Glassberger, ibid., 1887, t. II, p. 14, 61;
Chronica XXIV Generalium, ibid., 1897, t. III, p. 24,
26, 27, 233; Bartholom. Pisanus, Liber conformit., ibid.,
vicaire Aspasius l'a condamnée à être brûlée vive
elle est égorgée et enterrée sur la terre de ses parents,
voie Nomentane. Émérentienne, sa sœur de lait, tuée
-
1906, t. IV, p. 329-331,517, 546.— Matthieu de Paris, Chro-
nica majora, édit. Luard, 1872-1883, t. III, p. 257. — Lem- sur son tombeau, est enterrée auprès. Constantina, fille
de Constantia, y va prier, guérie par la sainte; elle y
mens, Catalogus sanctorum Fratr. min., Rome, 1903, p. 44. fait élever une basilique et bâtir son mausolée. J'ai
— Wadding, Annales Minorum, t. I, p. 115,303, 310, 364,
365. — Arthurus a Monasterio, Martyrolog. francisc., Paris, trouvé tout ceci in voluminibus abditis; je l'ai copié
1653, p. 112.— Denifle et Châtelain, Chartular.Universit., pour votre édification, vierges du Christ, moi Am-
Paris, t. I, p. 135.— Eubel, Provinciale ord. Min., Qua- broise, évêque.
racchi, 1892, p. 4, 8, 227. — Little, The Grey Friars in Le second texte anonyme est écrit en grec. Franchi
Oxford, Oxford, 1892, passim. — C. Mariotti, Il B. Agnello de' Cavalieri, op. cit., p. 71-75. Ici Agnès est une -
da Pisa, Rome, 1895. — Hilarin de Lucerne, Histoire des
études dans l'ordre de Saint-François, Paris, 1908, p. 170, vierge âgée dont les matrones romaines accourent en-
180, 265-273, 289, 318. — Archivum franciscanum histo- tendre les leçons; c'est au milieu de l'interrogatoire,et
ricum, Quaracchi, 1908, t. I, p. 468. pour un temps, qu'elle est mise à nu; exposée au lu-
ANTOINE de Sérent. panar elle ressuscite le libertin qui la veut toucher; elle
1. AGNÈS (Sainte). Martyre vénérée à Rome, voie meurt brûlée.
Nomentane, le 21 janvier, d'après la depositio marty-
rum du Chronographe de 354 comme d'après le férial
hiéronymien. L'importance de son culte est attestée
par tous les documents, par l'antiquité et le nombre
des textes qui la célèbrent. A la fin du IVe siècle, le
pseudo-Ambroise :
D'après M. Pio Franchi de' Cavalieri, notre second
texte, écrit en grec, est antérieur au texte latin du
pseudo-Ambroise a puisé au texte
grec et à l'épigramme de Damase. — D'après le R. P.
Jubaru, S. J., Sainte Agnès, vierge et martyre de ta
papeDamase(366-384) conte qu'une jeune fillenommée
:
voie Nomentane d'après de nouvelles recherches, Paris,
Agnès s'offrit au martyre et fut brûlée vive, toute nue, 1907, il y a eu deux martyres romaines appelées
se couvrant de ses cheveux. Ihm, Damasi Epigram- Agnès celle qu'ont célébrée Damase et Ambroise;
mata, Leipzig, 1894, n. 43, p. 43-44. En 377, l'évêque elle qu'ont célébrée Prudence et le texte grec et le
de Milan saint Ambroise croit savoir qu'Agnès avait ménologe de Basile. Pseudo-Ambroise les a confon-
douze ans lorsqu'elle fut demandée en mariage et dues toutes deux.
périt décapitée, victime de sa pudeur et de sa foi.
De virginibus, J, n, 7. P.L., t. XVI, col. 189-190; De
officiis, I, XLI, 203, P. L., t. XVI, col. 84. Selon l'Espa-
grec soient inexactes :
Il semble que les deux théories qu'a suscitées le texte
ce texte lui-même date sans
doute du VIle siècle et représente un remaniement

bile chez les Romains :


gnol Prudence qui vint en pèlerinage à Rome, Agnès
avait environ douze ans (limite extrême de l'âge nu-
Lécrivain, article Matrimo-
nium, dans Daremberg-Saglio, Diction. des anliquit.
byzantin (voir la mosaïque de l'église de la voie
Nomentane), opéré dans un des monastères grecs de
Rome; l'existence d'une seconde martyre romaine
nommée Agnès est problématique; notre premier texte
grecq. et romain.), lorsqu'elle fut exposée dans un pseudo-ambrosien est la source principale des autres;
mauvais lieu; elle guérit le débauché qui l'avait voulu il combine et développe la légende antérieure qu'on
toucher et que Dieu avait puni; elle fut décapitée. voyait déjà naître dans les écrits d'Ambroise et de
t.
Peri Stephanon, XIV,P.L., LX,col.580-590.La tradi- Prudence. Ce texte pseudo-ambrosien est apparenté
tion de Damase, curieux de l'histoire des martyrs, ne
heurte aucun fait; il faut s'y tenir jusqu'à nouvel ordre :
à d'autres gestes, ceux de Gervais et Protais, de
Jean et Paul, par exemple il émane sans doute d'un
broise et les imaginations poétiques de Prudence ne :
et rejeter les légendes populaires recueillies par Am-
croit-on pas saisir dans un détail de la tradition dama-
sienne (la martyre brûlée nue), la racine du thème qui
groupe de prêtres romains, amis de Sirice, d'Ambroise
(
et d'Innocent Ier 401-417), Leopardus, Ursicinus, la
matrone Vestina, etc., il fut sans doute remanié à
l'époque ostrogothique (au moins quant à la teneur
se développe dans les récits d'Ambroise et de Prudence? des discours) vers l'an 500.
Agnès fut brûlée sans doute sous Dioclétien. — Noter

inconnu :
que le nom véritable de la martyre nous est peut-être
si le nom d'Agnès est bien attesté, De Rossi,
Roma sotter., t. II, pl. XLV, n. 68; Nuovo Bull., 1901,
Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésias-
tique, Paris, 1702, t. v, p. 344, 723. — Allard, La persé-
cution de Dioclétien et le triomphe de l'Église, 1908, t. I,
p. 407-424; article Agnès (Sainte) dans le Dictionnaire
p. 223, il est aussi possible que ce soit un simple sur-
nom chrétien àyvr) = pure. Voir De Rossi, Roma sot- -
d'archéologie chrétienne et de liturgie, 1907, t. I, col. 905.
Albert Dufourcq, Étude sur les gesta martyrum romains,
ter., t. I, p. 315.
Des trois textes cités dont l'origine est connue, il
fautrapprocherdeux autres dont leur auteur estignoré.
;
Paris, 1900, t. I. Vue d'ensemble. Le mouvement légendaire
ostrogothique,p. 23, 26, 28-29, 214-217 t.II, Le mouvement
légendaire lérinien, Paris, 1907, p. 53-60. — Les ouvrages
Le premier nous est parvenu dans quatre versions
P. L., t. XVII, col. 735.1° Ambrosius episcopus servus
: cités, dans le corps de l'article et un article duR. P. Jubaru,
dans la Revue des questions historiques, janvier 1909,
Christi virginibus sacris. Diem festum sacratissimæ p.169.— Sur la catacombe de la voie Nomentane, voir l'ar-
ticle de Leclercq, Agnès (Cimetière de Sainte-), dansleDic-

;
virginiscelebremus; hincpsalmi resonent.; 2° second
sermon attribué à Ambroise, P. L., t. XVII, col. 701 :
Cum in toto mundo virgineusflosMariæ. 3° une
homélie attribuée à Maxime de Turin, P. L., t. LVII,
col. 643; 4° une traduction grecque, Franchi de' Ca-
tionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, 1907, t. I,
col. 918-965.
A. DUFOURCQ.
2. AGNÈS (Sainte), martyre, d'après divers mém-
loges grecs (5 juillet). Nous ne savons rien du lieu ni de
valieri, S. Agnese nella tradizione e nella leggenda, l'époque de cet événement. Le Synaxaire de Constan-
tinople rapporte qu'avant son arrestation Agnès avait tard honorée comme sainte et, dans le diocèse de Poi-
retiré de leur vice et converti à la foi du Christ un tiers, on célèbre encore sa fête le 13 mai, sous le rit
grand nombre de femmes de mauvaise vie. double.
Acta sanct., 1721, jul. t. II, p. 228. — Delehaye (H.),
Synaxarium eccles. Constantinop.,Propylæum ad Acta sanct.,
novemb., Bruxelles, 1902, col. 797,799. les Miscellanea de saint Fortunat,l.
Les lettres de Fortunat à sainte Agnès se trouvent dans
XI et appendice, édit.,
Leo; dans Monum.Germ.hist., Auct. ant., t. IV, p. 258 sq.,
U. ROUZIÈS.
3. AGNÈS. Martyre africaine, honorée le ou P. L., t. LXXXVIII,col. 351 sq. Voir aussi S. Greg. Turon,
IV des Hist.Franc., IX, 39-42, dans Monum. Germ. hist., Script.
nones de décembre (2 décembre), dans un groupe de rerumMeroving., t. I, p. 393-404, ou P. L., t. LXXII, col. 515-
saints nombreux; le Martyrologe hiéronymien l'attri- 525, et parmi les historiens modernes, Aug. Thierry, Récits
bue à la Maurétanie. mérovingiens, 1840, 5e récit. — Gorini, Défense de l'Église,
5e édit., 1869, t.II, p. 517-518. —DeChergé, Vie des saints
Martyrologium hieronymianum, édit. De Rossi et Du- du Poitou, 1856, p. 130-131. — Charles Nisard, Des rap-
chesne, p. 149. — Extrait des Acta sanctorum, nov. t. n,
-
part. 1, Bruxelles, 1894. Monceaux, Histoire littéraire de
l'Afrique chrétienne, Paris, 1905, t. III, p. 536.
ports d'intimité entre Fortunat, sainte Radegonde et l'abbesse
Agnès, Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres,1889, t. XXV, p. 30-49. — W. Meyer aus Speyer,
Aug. AUDOLLEXT. Der GelegenheitsdichterVenantius Fortunatus, Berlin, 1901,
4. AGNÈS (Sainte), nom de deux compagnes de p. 17-20,27,32, 69,139.
sainte Ursule. Ce nom, comme d'ailleurs celui de la P. DE MONSABERT.
plupart des autres compagnes de sainte Ursule, se ren- 6. AGNÈS Ire, abbesse de Gandersheim, fille de
contre pour la première fois dans les révélations Ladislas Ier, duc dePologne, et de sa seconde épouse
écrites en 1187 et attribuées par le P. V. de Buck (Acta Judith, sœur de l'empereur Henri IV, née vers 1089,
sanctorum, octobris t. IX, p. 90-93) au bienheureux devint peut-être déjà dès 1095 abbesse de Ganders-
Hermann Joseph. D'après ces révélations la première heim et, vers 1110, abbesse de Quedlinburg. La chro-
Agnès aurait été fille de la reine Agathe et nièce des nologie des deux abbayes pour cette époque est des
saintes Colombe et Cordule et aurait fait partie avec plus embrouillées.
sa sœur Agathe d'un groupe de 60 vierges. L'autre J. Ch. Harenberg,Historia Ecclesiæ Gandersheimensis
Agnès, nièce de sainte Natalie et petite nièce du roi diplomalica, Hanovre, 1734, p. 697-701. — L. Weiland,
Arthur, aurait fait partie d'un groupe de 308 vierges, Chronologie der Æbtissinnen von Quedlinburg und Gan-
conduit par Natalie. Revelatio, l. II, c. II, XIV, XXIII.
D'après H. Crombach, S. Ursula vindicata, Cologne,
t.
dersheim, dans la Zeitschrift des Harz-Vereins,1875, VIII,
p. 480-487.
1647, t. I, p. 745, le corps entier d'une sainte Agnès, G. ALLMANG.
compagne'desainte Ursule, reposait à l'abbaye cister- 7. AGNÈS, première abbesse du Puits-d'Orbe, alliée
cienne de Himmerode et quelques parcelles de reliques ou parente de saint Bernard et sœur de Godefroid,
se trouvaient à Saint-Géréon de Cologne. évêque de Langres (Charte de 1212, Archives de la
Acta sanctorum, 1858, octobris t. IX, p. 187, 193, 198, Côte-d'Or, Puits-d'Orbe, H. 1028). Vers 1127, elle fait
258. consacrer l'église de son monastère par Guilenc,
G. ALLMANG. évêque de Langres. Le jour même, elle fit ratifier par
5. AGNÈS (Sainte).Première abbesse dumonastère Bernard, seigneur de Montbard, la donation de cei-
de Sainte-Croix de Poitiers. Élevée par sainte Rade- taines terres à Cestre et quelques droits, auxquels
gonde qui l'aimait comme sa fille (lettre de sainte Bernard ajouta de nouvelles concessions en mémoire
Radegonde, Greg. Tur., Hist. Franc., IX, 42), elle sui- de son frère Milon, qui venait d'être enterré dans
vit sa bienfaitrice lorsque celle-ci quitta son époux l'église de l'abbaye, Gallia christiana, 1876, t. IV,
Clotaire Ier et fonda à Poitiers, un peu après le milieu Instrum., col. 161. En 1129, Agnès obtint de Guilene
du vie siècle, un monastère de femmes connu plus tard la confirmation de son monastère, et de la donation
sous le nom de Sainte-Croix. Radegonde ne voulant des droits paroissiaux de Cestre, avec Fontaines, Le
pas être supérieure fit désigner comme abbesse Agnès Breuil et la chapelle de Verdonnet, qui avait été faite
qui fut consacrée par saint Germain de Paris en pré- par l'évêque Jocerand. Ibid., col. 160. Guilenc lui
sence de plusieurs évêques. Ibid. Quelques années donne encore, en 1136, l'église de Montfort. C'est elle,
plus tard, lorsque Marovée, évêque de Poitiers,rompit et non Alète, comme le dit à tort le Gallia christiana,
toutes relations avec le monastère, Agnès se rendit ibid., p. 749, qui reçut, en 1150, d'Eudes, duc de
à Arles avec Radegonde et à son retour introduisit Bourgogne, les dîmes que ce princepossédait à Aignay,
à Sainte-Croix la règle donnée par saint Césaire à sur les terres qu'il avait inféodées à Rainier de la
l'abbaye de Saint-Jean d'Arles. Greg. Tur., Hist. Roche, frère d'Agnès. Celle-ci cède, le 10 avril 1151,
Franc., IX, 40. Agnès est surtout célèbre par ses à Guillaume, abbé de Fontenay, une vigne et un pré
rapports avec le poète Fortunat qui s'était fixé défi- situés près de Fains; on ignore la date de la mort
nitivement à Poitiers vers l'an 567, et était devenu d'Agnès, qui n'était plus abbesse en 1165.
ami intime de Radegonde. Il entra naturellement Jobin, Saint Bernard et sa famille, Paris, 1891, p. 286-
en relations avec l'abbesse Agnès et lui voua bientôt 290,603. — Gallia christiana, 1876, t. IV, col. 749; Instru-
« »
une affection très vive. Il l'appelait sa mère et « sa menta, col. 160-161.
sœur », glissait ordinairement un mot aimable à son R. TRILHE.
adresse dans les lettres à Radegonde, et lui écrivait des 8. AGNÈS, abbesse de Sainte-Glossinde de Metz,
billets en vers en échange desquels il recevait des XIIe siècle. On trouve la liste chronologique des ab-
volailles, des légumes au miel, des crèmes et des sucre- besses de Sainte-Glossinde dans le Gallia christiana,
ries de toute sorte. De telles familiarités parurent sus- 1786, t. XIII, col. 929 sq., et, avec notes à l'appui, dans
pectes à quelques-uns et Fortunat se crut obligé de N. Dorvaux, Les anciens pouillés du diocèse de Metz,
protester en termes émus de la pureté de ses sentiments Nancy, 1902, p. 297 sq. Dans laGallia il est dit d'Agnès,
envers Agnès. Fortunat, Miscellanea, XI, 6. En réa- que son nom figure dans divers actes de l'année 1120.
lité il n'y avait là qu'un « amour exempt de mal, assu- Douze ans plus tard, en 1132, au jour de la fête cé-
rément, mais fort précieux de forme et quelque peu lébrée alors, comme déjà d'ailleurs au IXe siècle (cf.
sensuel pour le fond. » Malnory, Saint Césaire, D. Quentin, Les martyrologes historiques du moyen âge,
évêque d'Arles, p. 277. Agnès mourut avant 589, puis- Paris, 1908, p. 242), le 23 juillet (aujourd'hui le 27),
qu'à cette date Leubovère était déjà abbesse de Sainte- elle faisait entrer au monastère, à des titres divers,
Croix. Greg. Tur., Hist. Franc., IX, 39. Elle fut plus douze personnes de sa famille, des deux sexes. Vers la
même époque, les templiers recevaient d'elle un em- 12. AGNÈS, d'abord religieuse, puis pénitenter
placement pour s'y installer. « L'ordre des templiers, vécut dans le diocèse de Cologne. Guérie miraculeu-
qui se rattachait à Cîteaux par sa nouvelle règle reçue la
sement par sainteVierge de trois blessures mortelles.
de saint Bernard, s'établit à Metz vers 1133. Il se que lui porta un juif, elle aurait survécu encore plu-
réunit d'abord dans une chapelle dédiée à saint Mau- sieurs années jusqu'en 1265. Elle ne nous est connue
rice, qui lui fut cédée par l'abbesse de Sainte-Glos- que par Thomas de Cantimpré qui en raconte les aven-
sinde. » Revue ecclés. de Metz, 2e année, p. 653, note. tures tout au long.
En 1139, Agnès obtenait du pape Innocent II la bulle Thomas de Cantimpré, Bonum universale de apibus ou
Sicut infusta poscentibus (cf. Jaffé, Reg. pontif. Rom., Liber memorabilium et exemplorum, II, xxix, 15, reproduit
t.1, p. 889), datée du 28 avril et confirmant les droits dans O. Raynaldi,Annales ecclesiastici, ad annum 1265, n. 59
et possessions du couvent. Ils étaient contestés quel- et 60, édit. Mansi, 1648, t. m, p. 176-177.
quefois; des difficultés s'élevèrent entre Agnès et G. ALLMANG.
l'abbé Manegaudus Ier, du monastère de Saint-Michel 13. AGNÈS (Bienheureuse), fillede Louis IV, duede-
au diocèse de Verdun, au sujet des dîmes de la cella Bavière et roi de l'empire germanique, et de sa seconde-
Asmantia. Cf. Gallia christ., t. XIII, col. 1277. épouse, Marguerite de Hollande, née en 1345, deux ans
Du temps d'Agnès, quelques ecclésiastiques de avant la mort de son père, fut élevée,dès l'âge de 4ans,
Metz eurent la pensée de fonder une collégiale. En chez les clarisses de Saint-Jacques de Münich et mou-
quête d'un oratoire à leur convenance, ils jetèrent les rut, à peine âgée de sept ans, le 11 novembre 1352.
yeux sur l'église Saint-Thiébault. Comme elle était Quand on rouvrit la tombe, en 1375, le corps était
construite sur un fond appartenant à l'abbaye, que encore intact.
par ailleurs les terres avoisinantes étaient soumises à Math. Rader, Bavaria sancta, Munich, 1625, t. n, p. 352-
une redevance de six sous (d'or) messins, sex solidos 355.
Messes, on s'adressa à Agnès pour obtenir et l'église G. ALLMANG.
et la remise, au moins partielle, de la somme à verser. 14. AGNÈS Il, abbesse de Gandersheim,filledu duc
:
La requête fut favorablement accueillie, aux condi-
tions suivantes les chanoines payeraient annuelle-
Éric de Brunswick, succéda, en 1412, comme abbesse,
à sa sœur Sophie. Elle obtint du concile de Bâle, le
i
ment un écu d'or, de douze deniers messins; pour
l'électio du prévôt, ils prendraient l'avis de l'ab-
besse; si, l'élection faite, ladite abbesse trouvait dans
6 décembre 1433, la [confirmation des possessions et
libertés de son église et du territoire soumis à l'abbaye.
A la mort du duc Casimir de Stettin, en 1430, sa veuve
le personnage choisi les aptitudes requises pour l'em- Élisabeth, sœur d'Agnès, vint prendre le voile à Gan-
ploi, elle lui donnerait l'investiture, sinon elle annule- dersheim et y obtint bientôt la charge de prévôté.
rait l'élection et, au cas où, passé quarante jours à J. Ch. Harenberg, Hist.Eccl. Gandersheim. diplomate
partir du décès, une élection nouvelle n'avait pas eu Hanovre, 1734, p. 873-890.
lieu ou pas abouti, elle nommerait d'office. La charte G. ALLMANG.
qui fournit ces renseignements est d'Étienne de Bar, 15. AGNÈS III, abbesse de Gandersheim, fille de
évêque de Metz, mort le 30 décembre 1163. Cf. Meu- Georges, prince d'Anhalt, élevée dans le monastère de
risse,Hist. des évêquesdeIlclz,p.400sq. Elle est datée Quedlinburg, fit profession comme chanoinesse à
du 22 mars de la même année. L'antipape Victor IV Gandersheim. En 1485, elle était élue abbesse de ce
l'a confirmée par une bulle du 17 octobre, Adhoc auc- monastère comme nous l'apprend la bulle de confir-
tore Domino. Cf. Jaffé, loc. cit., t. II, p. 425. mation du pape Innocent VIII, datée du 30 avril de
J. DALSTEIN. cette même année. La nouvelle supérieure fit quelques
9. AGNÈS U, abbesse de Quedlinburg,fille du mar- efforts, d'ailleurs infructueux, pour réformer la disci-
grave Conrad Ier de Meissen, élue abbesse en 1184 et pline de la collégiale et du chapitre de Gandersheim.
confirmée par une bulle du pape Lucius du 5 novem- Elle fut bientôt encore chargée de l'abbaye de Herse
bre 1184, s'attacha à relever les finances de l'abbaye dans le diocèse de Paderborn(Herse estune localité qui
et à réparer les ruines et dégâts amoncelés plus tard ne se laisse guère identifier) et, à la
mortd'Élisabeth
dans la lutte entre Philippe de Souabe et Othon de de Waldeck, abbesse de Kaufungen (près de Cassel,
Brunswick.Ce dernier s'empara par deux fois, en 1199 en Hesse), morte le 25 avril 1495, elle fut élue pour lui
et 1204, de l'abbaye et de son territoire. Dans le trésor succéder. Cette élection fut confirmée d'abord par
de l'église du château on montre encore trois tapis et l'archevêque de Mayence, le 12 juin 1495, et, dans le
un missel datant du temps d'Agnès et regardés comme courant de l'année 1497, par le pape Alexandre VI,
des produits de sa propre industrie et de son travail après qu'Agnès eut renoncé à l'abbaye de Herse. Elle
personnel. garda l'abbaye de Gandersheim, mais semble avoir
résidé à Kaufungen où elle mourut le 15 août 1504
Fritsch, Geschichte des vormaligen Reichsstifts Quedlin- (non le 9 janvier) comme nous l'apprend non seule-
burg, Quedlinburg, 1828, t. I, p. 118-124. — L. Weiland,
Chronologie der Æbtissinnen von Quedlinburg und Ganders- ment une charte adressée à l'abbesse qui lui succéda,
heim, dans Zeitschrift des Harzvereins, 1875, t. VIII, p. 480- mais aussi la pierre sépulcrale encore conservée et
487; cf. la même revue, t. III (1870), p. 183-184, et t. VII adossée à l'extérieur du mur septentrional de l'église
(1874), p. 227-228. d'Ober-Kaufungen.
G. ALLMANG. J. C. Harenberg, Hist.Eccl.Gandersheim.,p. 933-940.—
10. AGNÈS. Succède, en l'abbaye de Nyoiseau(can- H. von Roques, Urkundenbuch des Klosters Kaufungen in
ton de Segré, Maine-et-Loire), à l'abbesse Juliana et Hessen, Cassel, 1902, t. n, p. 186-218.
meurt le 28 septembre vers 1230; l'abbesse Françoise G. ALLMANG.
lui succède. 16. AGNÈS D'ASSISE (Sainte), née en 1198, eut
C. Port, Dict. de Maine-et-Loire, Angers,1878, t. 1, p. 4; pour père Favorino Scifi, comte de Sasso Rosso, et
t. III, p. 28. pour mère Ortolana. Le 4 avril 1212, elle rejoignait au
Louis CALENDINI. monastère bénédictin de Saint-Ange de Panso près-
11. AGNÈS, abbesse du monastère des clarisses de d'Assise, sa sœur aînée la future sainte Claire qui avait
Zawichost en Pologne, massacrée par les Tartares, le furtivement quitté la maison paternelle, pour embras-
2 février 1259, avec soixante de ses religieuses et douze ser la vie religieuse sous la conduite de saint François,le
frères-mineurs.
Wadding, Annales Minorum, 1731, t. 1, p. 120.
ANTOINE de Sérent.
19 mars précédent. Les mauvais traitements dont son
père et plusieurs de ses parents usèrent à son égard
car elle était déjà fiancée et le jour des noces fixé
--
furent impuissants à changer sa résolution. Quelque sœur d'André II, roi de Hongrie, naquit à Prague, en
temps après, saint François transférait les deux sœurs 1205. A l'âge de trois ans, elle fut fiancée àBoleslas,
dans les dépendances de l'église de Saint-Damien qui fils de sainte Hedw.ige et de Henri le Barbu, duc de
devait donner son nom au nouvel ordre. En 1219, les Silésie,et envoyée au monastère deTrebnitz, enSilésie,
bénédictines de Monticelli à Florence ayant témoigné pour y être élevée par les cisterciennes. Le fiancé
au cardinal Hugolin (le futur Grégoire IX), le désir d'Agnès étant mort vers 1211, on la ramena chez son
d'embrasser la règle franciscaine, Agnès leur fut en- père et peu de temps après elle fut placée à Doxane
voyée en qualité d'abbesse. Elle écrivit à la commu- chez les religieuses de l'ordre de Prémontré. L'empe-
nauté d'Assise une lettre déchirante, insérée dans reur Frédéric II demanda sa main pour son fils, le
Wadding. Elle établit encore l'institut séraphique prince Henri; la jeune princesse âgée de neuf ans fut
dans deux monastères, à Mantoue et à Venise. Appre- envoyée à la cour du duc d'Autriche pour s'initier à
nant la maladie de sa sœur Claire, elle quitta Monti- la langue et aux mœurs allemandes. Ce projet de ma-
celli en 1253, arriva à Saint-Damien, fut témoin de riage fut différé, puis abandonné, et Agnès retourna
ses derniers jours, 10 août, et elle-même mourut le en Bohême.
16 novembre de la même année. Son corps inhumé Plus tard, l'empereur Frédéric II étant devenu veuf
à Saint-Damien fut transféré en 1260 et repose dans de sa deuxième femme Yolande, morte en 1228,
une chapelle de la basilique Sainte-Claire à Assise. demanda Agnès en mariage, et en même temps
De nombreux miracles s'étant accomplis à son tom- elle était sollicitée pour Henri III, roi d'Angle-
beau, Benoît XIV, en 1751, autorisa son culte qui terre. L'empereur eut la préférence. Mais la princesse
se célèbre chez les frères-mineurs le 16 novembre. qui avait résolu de garder la virginité ne donna pas
Chronica XXIV Generalium, dans Analecta francise., son consentement aux fiançailles impériales. Quand,
Quaracchi, 1897, t. III, p. 173-182. — Cristofani, Storia en 1233,-Frédéric voulut l'épouser, elleécrivit au pape
della chiesa e chiostro di S.Damiano, Assise, 1882. — Wad- Grégoire IX, en le suppliant d'empêcher cette alliance.
ding, Annales Mïnorum, t.1, p. 127; t.II, p. 15; t.III, p. 308- Le pontife envoya un légat en Bohême pour prendre
309. — Arthurus a Monasterio, Martyrologium francisca- sa défense. Wenceslas qui avait succédé à son père,
num, Paris, 1653, p. 561. — Léon de Clary, Auréole séra- en 1230, dut faire connaître à l'empereur, malgré sa
phique, Paris (1882), t. III, p. 155, 162, 175; t. iv, p. 246, répugnance, la résolution de sa sœur.
-
248.— Histoire de l'ordre de Sainte-Claire. Paris-Lille, 1906,
1.1, p. 9-10,41-45. Davidsohn, Forschungen zurGeschichte
Devenue libre, Agnès ne songea plus qu'à faire des
bonnes œuvres. Elle fonda à Prague, en l'honneur de
-
von Florenz, Berlin, 1908, t. iv, p. 411. — Locatelli, Sainte
Claired'Assise,trad. franç,, Rome, 1900. Actasanctorum, saint François, un hôpital pour les pauvres de la ville,
-
1735, augusti t.il, p. 759-60,753-764. Sbaralea, Bullarium
iranciscanum, t. i, p. 3-5. :
avec un monastère y attenant où elle se proposait de
passer ses jours dans la vie religieuse hôpital et mo-
ANTOINE de Sérent. nastère que Grégoire IX prit sous le domaine et la
17. AGNÈS BLANNBEKIN, béguine au couvent garde de l'Église romaine, le 30 août 1234. Pour des-
de Sainte-Croix à Vienne, en Autriche, morte en 1315. servir l'hôpital, un ordre de croisiers fut institué à
Son nom manque dans le nécrologe du couvent et tout l'instigation de la princesse par les frères-mineurs.
ce qu'on sait d'elle repose sur la vie et les révélations Elle acheva de bâtir le couvent de ces derniers, et fit
écrites par un franciscain son confesseur, quise nomme venir plusieurs religieuses de l'ordre de sainte Claire
Ermenric. Le bénédictin Bernard Pez découvrit cet d'Assise, qui vivait encore.
ouvrage dans le couvent de Neresheim et le publia, en Albert de Stade, cité par les bollandistes, a écrit que
1731 en même temps qu'un livre des miracles de la la bienheureuse Agnès prit l'habit de sainte Claire le
sainte Vierge par le moine Pothon. Cette publication jour de la Pentecôte, 18 mai 1236. Il est plus vraisem-
causa du scandale, et, à l'instigation du bibliothé- blable de s'en tenir aux autres biographiesinsérées dans
caire impérial, P. N. Garelli, le volume fut confisqué les Acta sanctorum qui donnent la date du 25 mars
par le gouvernement et est aujourd'hui presque in- 1234, date qui cadre mieux avec les termes de la bulle
trouvable. La vie d'Agnès contient, de fait, certains du 30 août suivant. D'ailleurs, à la même époque, le
:
passages offensant la bienséance, pour ne pas dire
davantage (ch. xxxvii De prœpulio ,Domini; CXCIII
et cxciv : De partu B. Virginis, quomodo de ea nasce-
pape mandait à Jean de Plan Carpin, provincial
des frères-mineurs de Saxe, et à Thomas custode de
Bohême, de constituer Agnès abbesse du monastère
relur Christus), il faut en dire autant de certains mi- de Saint-François de Prague. Le 18 mai 1235,
racles racontés par Pothon. Grégoire IX lui promettait que l'hôpital ne serait
Ven.AgnetisBlannbekin quæ sub Rudolpho Habspurgico jamais séparé du monastère et que ses revenus ser-
et Alberto I, Austriacis Imp. Wiennee floruit vita et revela- viraient à la subsistance des religieuses. Tout autres
tiones, auctore anonymo ord. fr. minorum e celeb. conv. étaient les pensées de l'abbesse qui voulait vivre
S. Crucis Wiennensis eiusdem virginis confess. Accessit selon l'esprit de pauvreté de saint François. Le
Pothonis, presbyteri et monachi celeberr. Monast. Prunve- 15 avril 1238, le pape accepta sa renonciation à l'hô-
ningensis, nunc Priflingensis prope Ratisbonne (Prüfening), pital et à ses revenus, mais il refusa de confirmer la
Liber de miraculis sanctœDei Genitricis Mariseexmss.codd. règle qu'elle lui présentait selon le modèle de la règle
primum edidit R. P. Bernardus Pez, benedictinus et biblio-
thecarius Mellicensis, Viennse, P. C. Monath, 1731, in-8°,
456pages. - Pontius Hadr., Epistola ad amicum, qua.
historiam libri rarioris exponit qui inscribitur venerabilis
;
primitive de Saint-Damien.Dansla suite il lui accorda
d'autres privilèges néanmoins elle dut attendre l'avè-
nement de son successeur, Innocent IV, pour dissiper
Agnetis Blannbekin. Adiectee sunt. R. P.Pezi Epistolaapo- ses scrupules relativement à la règle franciscaine.
logetica, et illustris Garelli, bibliothecar. cees. Epistolæ,Fran- Sainte Claire lui écrivit quatre lettres et lui envoyaune
cofordii-Leipzig, 1735. — J. A. Fabricius, Bibliotheca latina croix de bois, des patenôtres, un voile et l'écuelle de
mediœ et infimœ ætatis, Padoue, 1754, t. VI, p. 10.
Suttner, Die Garelli, Vienne, 1885,
- G. von
p. 49-56. — Chomel, Pez,
bois qui lui servait pour boire.
On lui attribue plusieurs miracles de son vivant,
Das Leben und die VisionenderAgnes Blannbekin,dans les entre autres, celui d'avoir ressuscité sa sœur Lud-
Sitzungsberichte der kaiserl. Akademie der Wissenschaften zu
Wien,Philos.-Iiistor. Classe,1849, t. n, p. 46-102 (donne une mille, morte à quinze ans. Elle mourut elle-même le
analyse complète de tous les chapitres avec de nombreux et vendredi 6 mars 1282. Ses funérailles furent présidées
larges extraits des passages les plus intéressants). par le général de l'ordre Bonagratia. Elle fut enterrée
G. ALLMANG. dans la chapelle de la Sainte-Vierge de l'église du mo-
18. AGNÈS DE BOHÊME (Bienheureuse), fille de nastère. En 1643, on y découvrit un corps qu'on crut
Primislas OttocarIer, roi de Bohême, et de Constance, être celui de la bienheureuse. Pie IX a confirmé son
culte immémorial. Sa fête est fixée au 2 mars dans le Caussin, La vie de sainte Isabelle, sœur du roi saint Loiiis,
bréviaire franciscain. Paris, 1644, in-12; ibid., 1647, in-8°. — Gaston Duchesne,
Histoire de l'abbaye royale de Longchamp, 1255 à 1789, Paris,
Chronica Nie. Glassberger, dans Analecta jranciscana,
Quaracchi, 1887, t. II, p. 56, 57, 61, 95; Chronica XXIV n.15203
-;t. n, n. 16850,25374. A.Molinier etlaFrance,
1906. Lelong, Bibliothèquehistorique de t.
Longnon,
1,
Generalium, ibicl, 1897, t. m, p. 183-186; Bartholom. Pisa-
-
nus, Liber conformit, ibid., 1906, t. iv, p. 357. Wadding,
Annales Minorum, t. ir, p. 366, 367, 396, 614, 615, 624, 625,
— A.
Obituaires de la province de Sens, t. 1, 2e part., p. 665. -
Moreri, Le grand dictionnaire historique, 1759, t. II, p. 128.
- Paris (P.), dans Hist. litt. de laFrance, 1842, t. xx, p.98-
632, 645, 646; t. m, 9,10,95,401,402,408,426; v,
p. t.
p. 122, 123. - Arthurus
a Monasterio, Martyrol. francise.,
Paris, 1653, p. 101. — Léon de Clary, L'auréole séraphique,
103. — Acta sanct., 1743, aug. t. vi, p. 787.
Louis CALENDINI.
22. AGNÈS DE HOHENSTEIN, dominicaine,
Paris (1882), t. 1, p. 507-515. — Histoire de l'ordre de Sainte-
Claire, Paris-Lille, 1906, t. 1, p. 91-105, 359-364. — Acta sous-prieure du couvent de S. Marxkloster (1289).
-
sanctorum,1668, martii t. 1, p. 502-532. Sbaralea, Bulla-
rium franciscanum,t. i, p. 134,135, 156-159, 213,215-217,
Finke (H.), Ungedruckte Dominikanerbriefe des 13 Jahr.
(1891), p. 132.
236,241,242,314,315. — U. Chevalier, Répertoire des sources R. COULON.
histor. du moyen âge, Bio-bibl., t. 1, col. 70.
ANTOINE de Sérent.
23. AGNÈS DE L'INCARNATION, vénérable de
l'ordre de Saint Augustin, née à Genestosa, province
19. AGNÈS DE SÜREN,abbesse des religieusescis- de Léon. Elle embrassa la vie religieuse dans le mona-
terciennes de Gnadenthal, canton d'Argovie (Suisse). stère de Valladolid.Ses biographes racontent qu'elle
Fille de Nicolas de Buren, patricien bernois, qui, vers opéra plusieurs miracles, entre autres qu'elle rappela à
la fin de sa vie, devint moine bénédictin et reçut le la vie un enfant déjà mort. Par ordre de son confes-
sacerdoce, elle entra jeune dans l'ordre de Cîteaux. seur, le P. Gasparo de Vega, elle écrivit son autobio-
Élue abbesse, vers 1400, elle donna à ses religieuses graphie, que le P. Alphonse Villerino a insérée dans
l'exemple de toutes les vertus, affermit l'excellente l'ExclarecidoSolar de las religiosas recoletas de nuestro
réputation de son monastère et mourut en odeur de P. S. Augustin, Madrid, 1690,1.1, p. 193 sq. Sa mort
sainteté. La date de sa mort n'est pas connue. Les eut lieu le 19 avril 1634.
contemporains la vénérèrent comme une sainte cano-
nisée. Son tombeau qui existait encore vers la fin du Crusenius-Lopez,Monasticon augustinianum,t. ii,p. 387.
A. PALMIERI.
XYlIe siècle attirait de nombreux pèlerins. 24. AGNÈS DE JÉSUS ou INÈS DE TAPIA, cou-
t.
Burgener, I-leluetia sancla, t. III, p. 13-16. — Mülinen,
Helvctiasacra, II, p. 113.
A. FAVIER.
sine germaine de sainte Thérèse, placée tout enfant au
monastère des carmélites mitigées de l'Incarnation
20.AGNÈS CORREYTS,carmélite, d'Avila, fut formée à la vertu et à l'oraison par la
que ses hautes sainte. Elle la rejoignit à Saint-Joseph d'Avila, la
vertus font qualifier de vénérable par les annalistes du suivit à la fondation de Medina del Campo, dont sainte
Carmel, fut la première prieure du monastère de Sion, Thérèse l'installa prieure (1567) et s'acquit un grand
à Bruges, fondé en 1487, selon la réforme du bienheu-
renom dans la réforme du Carmel par ses qualités de
reux Jean Soreth. Agnès Correyts et sa mère, Agnès supérieure accomplie, au jugement de la sainte réfor-
van de Walle, devenue veuve, reçurent le voile, en matrice, par son amour héroïque des souffrances et sa
1488, des mains de l'évêque suffragant de Tournai,
Gilles de Baerdemakere. La vénérable Agnès mou-
haute contemplation. Elle mourut le jour de Pâques,
22 avril 1601.
rut en réputation de sainteté, l'an 1497, laissant
Joseph de Sainte-Thérèse, Reforma de los Descalzos de
une communauté établie en grande ferveur de vie pé- nuestra Sehora del Carmen, Madrid, 1683, t. III, p. 342-
nitente et qu'illustrèrent encore la vénérable mère
(f
Jeanne de la Croix 1653), avec sa disciple, la véné- 344. — François de Sainte-Marie, Histoire générale des
carmes et des carmélites de la réforme de sainte Thérèse, tra-
rable mère Marguerite de la Mère de Dieu (j-1649). duction du P. Marie-René de Jésus crucifié, Lérins, 1896,
Daniel a Virgine Maria, Spéculum carmelitanum, Anvers, 1. I, p. 319; t. II, p. 33,43,72. — Daniel a Virgine Maria,
1680, pars V, p. 1057, n. 3654. — Cosme de Villiers, Biblio- Speculum carmelitanum, Anvers, 1680, pars V, p. 1061,
theca carmelitana, Orléans, 1752, t. II, col. 1021. — Jean- n. 3674. — Sainte Thérèse, Le livre des fondations, c. III.
Baptiste de Lezana, Annales carmelitarum, Rome, 1656, P. MARIE-JOSEPH.
-
t. IV, p. 967. Pierre.Wemmers, O. C.,Chi-onUchedei- Orden
van deH. MaghetMaria des Berghs Carmeli, Anvers, 1666,
25. AGNÈS DE JÉSUS, carmélite déchaussée,née
en Espagne, à Tarazona, de la noble famille de Casa-
t. n,p. 1025-1026. nate, entra au monastère de Saragosse, où venait
P. MARIE-JOSEPH. de mourir sa sœur, la mère Paule de Saint-Albert.
21. AGNÈS D'HARCOURT. Fille de Jean, pre-
mier seigneur d'Harcourt, seigneur d'Elbœuf, d'An-
vers, etc., qui suivit le roi saint Louis à son premier
:
Dès le principe, elle montra une ferveur angélique.
Tout se soutenait en elle l'amour de son ordre,
l'observance des constitutions, une pénitence gaie,
voyage en Terre Sainte, et de Blanche d'Avaugour une humilité profonde, une dévotion singulière au
(aliàs Avancourt), sa troisième femme. Elle entra à mystère de la sainte Trinité, les faveurs d'une su-
l'abbaye de Longchamp, et en fut la troisième abbesse, blime oraison, le don des miracles et celui de prophé-
de février 1263 à février 1274. Elle mourut, en la fête :
tie aussi fut-elle choisie comme maîtresse des novices.
de sainte Catherine (25 novembre) 1289, et non 1291,
comme le veulent Moreri, U. Chevalier et d'autres.
« Suer Agnès de Harrecourt, XIX [la dix-neuvième
morte]. Elle fut la tierce abbesse et le fu par 11 fois,
sance :
Elle mourut le 18 juin 1620. Elle avait écrit, par obéis-
Une relation de l'état de son âme, de son orai-
son et des faveurs qu'elle y recevait de Dieui, le cheva-
lier don Michel Baptiste de Lanuza l'a publiée, avec
[morte] à la S. Kateline. » Ainsi s'exprime l'obituaire sa Vie, Madrid, 1638.
du monastère.
Une de ses sœurs, du même lit, fut aussi religieuse De Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, t. i,
col. 11. — Joseph de Sainte-Thérèse,Reforma de los Descal-
de Longchamp et abbesse, Jeanne de Harcourt, qui
zos de nuestra Sefiora del Carmen, Madrid, 1683, t. III, p. 855;
mourut avant elle. Moreri la fait mourir en 1312. t. iv, p. 220-224.
Agnès a écrit l'histoire d'Isabelle de France, fille P. MARIE-JOSEPH.
de Louis VIII, fondatrice de Longchamp. Son ma- 26. AGNÈS DE JÉSUS (Vénérable), religieuse de
nuscrit est conservé en partie aux Archives nationales: l'ordre de Saint-Dominique et prieure du monastère
L, 1021; K, 35, n. 4 et 42 K n. 54. de Sainte-Catherine de Sienne à Langeac, naquit au
U. Chevalier, Répert. des sources histor. du moyen âge, Puy, le 17 novembre 1602, et reçut au baptême
Bio-bibliographie, 1905, t. I, col. 71 et 2275. — Nicolas le nom d'Agnès qu'elle devait illustrer dans la vie
religieuse. Adonnée dès sa première enfance aux Sainte-Trinité, Décor Carmeli religiosi, Lyon, 1665,
plus effrayantes pratiques de la pénitence et pré- Ille part., p. 238-239. —Ferdinandde Sainte-Thérèse, Mé-
nologe du Carmel, Bruges et Lille,1879, t. 1, p. 281-282.
venue des grâces les plus extraordinaires du Ciel, P. MARIE-JOSEPH.
elle obtint, le 4 octobre 1623, son admission au cou- AGNÈS JÉSUS-MARIA,
vent de Langeac comme simple sœur converse. Dès 28. DE dans le monde
l'année suivante, elle fut introduite, malgré les résis- Judith Gigault de Bellefonds, naquit en 1611, à Caen,
dont son père était gouverneur.La maréchale de Saint-
tances de son humilité, parmi les religieuses de
chœur et fit profession en cette qualité le 2 février
1625. Tel était l'éclat de sa vertu qu'on lui confia
presque immédiatement les fonctions de maîtresse
:
Géran, sa tante, la produisit fort jeune à la cour de
Marie de Médicis mais de bonne heure elle connut
le Carmel par la mère Madeleine de Saint-Joseph
des novices, et que, deux ans après, elle était élue (Mlle de Fontaines) et sa parente la mère Marie
prieure par le suffrage unanime de ses sœurs. Cette de Jésus (Charlotte de Harlay Sancy, marquise de
unanimité n'empêcha pas son gouvernement d'être Bréaut. M. de Bérulle la détermina à entrer chez les
traversé par mille difficultés diverses, qui semblèrent carmélites de la rue Saint-Jacques, à Paris. Elle y
venir au-devant de ses vœux en lui ménageant fut reçue le 20 janvier 1629, veille de la Sainte-Agnès
l'occasion de se démettre de sa charge. Mais elle et fit profession en 1630, Son caractère gai, égal et
dut bientôt en reprendre le fardeau, qu'elle ne porta doux, uni à un jugement droit, offrait une heureuse
pas longtemps; car sa mort bienheureuse arriva nature, malléable, que la discipline religieuse devait
peu de mois après,sa seconde élection, le 19 octobre affermir et compléter. La vénérable Mère Madeleine
1634. de Saint-Joseph y mit tous ses soins, et, durant neuf
Du fond du cloître où sa courte vie s'écoula, le années, la forma à l'oraison et à la pratique de toutes
les vertus. Nommée sous-prieure, en 1641, elle ne
renom de sa sainteté avait eu le temps de remplir
l'Auvergne et même la France entière; car, au milieu cessa pas, durant plus de trente ans, de remplir, ou
de ses extases, son cœur, comme celui de sainte Cathe- l'office de prieure ou celui de sous-prieure. Son ne-
rine, la patronne de son couvent, s'intéressait à tous veu, le maréchal de Bellefonds, aussi remarquable
par sa piété que par ses talents militaires, était pour
lesbesoins de l'Église, mais à aucun plus vivement
et plus efficacement qu'à celui qui était considéré,
à cette époque, comme le plus urgent, la réforme
du clergé par l'éducation ecclésiastique. Dans une
;
Bossuet un ami « fidèle et sûr ». Ce lien rapprocha
Bossuet du carmel de la rue Saint-Jacques il y prêcha
souvent et notamment son grand carême de 1661.
Lorsque le maréchal deBellefonds, en 1672, encourut la
des nombreuses apparitions dont elle était journel-
lement favorisée, la sainte Vierge l'avait invitée à disgrâce de Louis XIV, Bossuet continua de corres-
prier pour M. Olier, le jeune abbé de Pébrac, qu'elle pondre avec lui par l'entremise de sa tant.Le maré-
venait de convertir dans son sanctuaire de Lorette, chal de Bellefonds soutint Mme de laVallière dans ses
et que Dieu destinait à être, par la fondation des désirs de conversion et prépara avec Bossuet son en-
séminaires, le principal ouvrier de la réforme tant trée au carmel. Mère Agnès, qui était prieure, reçut
désirée. Ce fut pour elle comme le signal d'une cam- celle qui, à trente ans, ne devait plus s'appeler que sœur
pagne de prières et de mortifications qui dura trois Louise de la Miséricorde, et dont Bossuet prêcha la
années, au bout desquelles Dieu permit que, par profession en 1675. Tout ce qu'il y avait de plus grand
à la cour et dans Paris venait auprès de Mère Agnès
un miracle qui se rencontre dans la vie de plusieurs chercher lumière ou consolation. En 1670, M. de Pont-
saints (saint François-Xavier, saint Alphonse de
Liguori, et d'autres), elle apparût, dans la maison de château, le fameux ermite de Port-Royal, voulut
Saint-Lazare où il était en retraite, à celui pour s'enquérir de la façon dont on priait au carmel. Il
qui elle avait tant prié, afin de lui confirmer les le fit par l'intermédiaire de l'abbé Le Camus et ce
desseins que Dieu avait formés sur lui. fut la mère Agnès de Jésus-Maria qui répondit. Elle
On sait l'influence qu'exerça sur la destinée de a été l'amie de Mm" de Sévigné, d'Henriette de
J.-J. Olier cette apparition qui se reproduisit deux France, de Le Tellier qui la consulta plus d'une fois.
fois, et dont la réalité a été reconnue dans le procès Elle était aussi la tante du maréchal de Villars. Elle
pour la béatification de la vénérable prieure. Ce avait un grand esprit capable de saisir les questions
les plus difficiles, et une humilité qui la faisait
procès, commencé en 1697, et plusieurs fois inter-
rompu pour diverses causes, a abouti au décret par
lequel Pie VII a proclamé, le 19 mars 1808, l'héroïcité une âme innocente, toujours unie à Dieu, et puisant
;
converser plus volontiers avec les petits et les pauvres

de ses vertus. près de lui une prudence surnaturelle; une vertu ferme
et douce, unie à un exquis bon sens, « ce maître de la
J. Branche, La vie des saincts et sainctes d'Auvergne, 1652, vie humaine, » qui lui faisait trouver ces mots qui font
p. 858-954.— La vie de la vénérable Mère Agnez de Jésus, céder les volontés. Elle veillait à ce que « ce bruit que
religieuse de l'ordre de Saint-Dominique au dévot monastère
de Sainte-Catherine de Langeac, par un prestre du clergé
(M. de Lantages), un vol. in-4° de 666 pages, 1665 : ouvrage
plusieurs fois réédité,même du vivant de l'auteur; en 1808,
par M. Émery, et finalement en1863, avec de nombreuses
:
l'opulence traîne toujoursaprès elle»ne franchît pas la
limite du parloir et n'apportât aucune atteinte à
l'esprit de sa communauté ainsi elle refusa une riche
et noble bienfaitrice, parce qu'elle prévoyait que ce ne
-
additions, par l'abbé Lucot, en 2 vol. in-8°. La vénérable
Mère Agnès de Jésus, de l'ordre de Saint-Dominique, par
pourrait être qu'en faisant brèche à la régularité.
Son exemple, sa pauvreté, sa charité, sa pénitence,
la vicomtesse a'Ussel, 1889. entraînait ses filles et faisait régner l'union et la paix
F. MONIER. autour d'elle. La fin de sa vie fut éprouvée par des
27. AGNÈS DE JÉSUS, nommée dans le monde souffrances vives et continuelles, qu'elle supportait
Febronia Buselli, née en 1579, en Apulie, fut la pre- sans jamais proférer de plainte. Elle mourut le
mière qui prit l'habit de carmélite déchaussée à Rome, 24 septembre 1691. Bossuet écrivit aussitôt à la
le jour même de la fondation du monastère de Saint- Mère Anne-Marie (d'Épernon), prieure, ses regrets et
le
Joseph,au mont Pincio, 14 avril 1598; elle y mourut
le 28 mars 1651; sa pénitence héroïque et la perfec-
son estime pour la vénérée défunte.
tion de sa vie ont rendu sa mémoire vénérée. Chroniques de l'ordre des carmélites de la réforme de
Sainte-Thérèse, Troyes,1850, t. n, p. 104-115. —Bossuet,
Isidore de Saint-Joseph etPierre de Saint-André, Histo-
ria generalis carmelit. discalceat. congregat. S. Elise, Rome,
i,
Correspondance, édit. Urbain-Levesque, t. p. 235, 238.
1668, t. i, p.132, 133, 138, 139. — V. Cousin, Mme de Sablé, p. 254 sq.; La jeunesse de
— Philippe de la Très- Madame de Longueville, p. 95, 346, 498. — Sainte-Beuve,
Port-Royal, t. iv, p. 532. — M. Houssaye, Le cardinal de attirées surtout par la sainteté et la grâce de sœur
Bérulle et le cardinal de Richelieu, Paris, 1875, p. 320-323. Agnès, un grand nombre de jeunes filles viennent se
P.
MÉRANIEou
MARIE-JOSEPH. grouper; bientôt les habitants de Procena demandent
29. AGNÈS DE d'Orlamunde, très à ce que la sainte soit placée à la tête du monastère;
connue sous le nom de La Dame blanche; c'est elle qui, le Saint-Siège accorde la dispense d'âge et Agnès
d'après la légende, annonce les grands événements de se trouve abbesse à quinze ans. A Procena et durant
la maison des Hohenzollern. Issue de la famille cé- quinze ans les mêmes prodiges ne cessent de se pro-
lèbre de Méranie, Agnès épousa le comte Otto d'Or- duire en faveur de notre sainte; souvent, en particu-
lamunde, avec lequel elle fonda, en 1280, le monastère lier, elle apparaît couverte de manne semblable à de
des religieuses cisterciennes d'Himmelscron, au dio- la neige et divisée en une multitude de grains ayant
cèse de Bamberg, en Bavière. Après la mort de son tous la forme d'une croix. Le jour, en particulier, où
mari (1293), elle conçut un amour coupable pour Al- la sainte reçut, en qualité d'abbesse, la bénédiction
breclit,burgrave de Nuremberg; et, sous l'empire de sa de l'évêque, le miracle de la manne se produisit d'une
funeste passion, elle tua ses enfants. Pour expier ce manière éclatante. Les assistants eux-mêmes se trou-
crime, elle se retira dans le monastère d'Himmelscron, vèrent couverts de cette substance mystérieuse. La
où, devenue abbesse, après une vie de pénitence, elle table de l'autel disparaissait sous la manne etles clercs
mourut en 1343. la recueillaient à pleines mains et observaient avec
Kraussold, Die weisse Frau, 1866. — Schrammen, Schick- admiration que chaque grain affectait la forme de
sals und Totenfrau der Hohenzollern, 1888. croix. Les autres prodiges caractéristiques de la vie
E. HOFFMANN. de la sainte sont la vision au cours de laquelle la sainte
30. AGNÈS DE LA MÈRE DE DIEU, religieuse de Vierge lui remet entre les bras l'enfant Jésus et, ne
Port-Royal qui s'appelait dans le monde Mlle Chouy voulant plus le rendre à sa divine mère, Agnès arrache
de Pensières. Elle naquit en 1609 et entra, à une date la petite croix d'or suspendue au cou de l'enfant; de
ignorée, à Port-Royal où elle n'occupa aucune fonc- même ses communions miraculeuses de la main d'en-
tion importante. Ce fut une des douze religieuses que voyés célestes; elle délivre aussi les possédés, mul-
l'archevêque de Paris, Hardouin de Péréfixe, fit en- tiplie les provisions du monastère, etc. Cependant
lever en 1664. Enfermée à l'hospice de la Crèche au jusqu'ici Agnès n'avait jamais été en rapport avec
faubourg Saint-Victor, elle refusa obstinément de si- l'ordre de Saint-Dominique et demeurait religieuse
gner le formulaire arrêté par l'assemblée du clergé de du Sac. Elle gouvernait depuis dix-sept ans le monas-
1661, malgré les avances charitables de l'archevêque tère de Procena quand les habitants de Montepulciano
qui ne lui demandait, comme condition,pour lui rendre lui demandèrent de se fixer au milieu d'eux. Au cours
l'usage des sacrements, que l' « indifférence ». Elle d'une vision, il lui fut montré qu'elle devait se mettre
retourna, avec les autres religieuses exilées, à Port- sous la direction des prêcheurs et prendre leur habit,
Royal des Champs, le 4 juillet 1665, et mourut dans malgré qu'il n'y eût pas de couvent de l'ordre à Mon-
cette maison, en 1687. tepulciano.La sainte établit son monastère juste sllr
Maulvault, Répertoire alphabétique des personnes et des
la colline où elle avait eu autrefois à se défendre contre
choses de Port-Royal, Paris, 1902, p. 97-98. — Clémencet,
les corbeaux, après avoir fait tomber la maison de
Histoire générale de Port-Royal, Amsterdam, 1755-1757, péché. Au début le monastère adopta larègle de Saint-
t. vin, p. 142-150. — Cerveau, Nécrologe des plus célèbres Augustin, un peu plus tard Agnès obtint de l'évêque,
défenseurs, 1760, t.I, p. 241. puis du cardinal-légat, que le soin du monastère fût
A. VOGT. entièrement confié à l'ordre de Saint-Dominique. Au
31. AGNÈS DE MITTELNHEIM, fondatrice au jour de son incorporation à l'ordre, elle laissa le titre
XIIIe siècle du célèbre couvent des dominicaines d'Un- d'abbesse pour prendre celui de prieure, seul permis
terlinden de Colmar dont elle fut la première prieure. par les constitutions. A partir de ce moment-là, elle
Cf.Alsatia sacra, t. n, p. 179; Ingold, Le monastère abandonna tout à fait la direction du monastère de
des Unterlinden, au XIIie siècle. I. Fondations. Regestes, Procena. Au milieu des discordes civiles qui divisaient
Strasbourg, 1896, p. 1-2. alors la Toscane, sainte Agnès s'efforçait de soutenir
A. INGOLD. le courage de ses concitoyens. Sur la fin de sa vie, la
32. AGNÈS DE MONTEPULCIANO (Sainte) na- sainte fut cruellement éprouvée par la maladie; s'étant
quit, vers 1268, à Gracciano-Vecchio, à quatre kilo- rendue aux bains de Montepulciano, le même miracle
mètres de Montepulciano (Toscane). Son père, Laurent de la manne se reproduisit plusieurs fois. De plus, une
Segni, occupait un certain rang parmi ses concitoyens. source jaillit d'un merveilleux effet, qui prit le nom
L'enfance d'Agnès fut entourée de prodiges extraordi- de bain de sainte Agnès. Son séjour fut signalé sur-
naires et, dès l'âge le plus tendre, elle demanda à être tout par la résurrection d'un enfant qui s'était noyé
conduite dans un monastère. Elle n'avait que neuf ans, dans le bain. Cette cure ne lui ayant apporté que peu
lorsque, à la suite d'un événement singulier, survenu en de soulagement, la sainte réintégra son monastère
-
présence de ses parents elle avait failli être mise en
pièces par une troupe de corbeaux en passant devant
où elle mourut peu après le 20 avril 1317, dans la nuit
du mardi au mercredi. Le corps de la sainte, miracu-
une maison habitée par des femmes de mauvaise vie — leusement conservé, fut, dès ce moment, l'objet d'une
elle leur expliqua que Dieu avait permis cette attaque vénération qui n'alla que grandissant. On sait com-
parce qu'ils mettaient obstacle à son entrée au monas- ment Catherine de Sienne, au cours d'un pèlerinage
tère. Ils cédèrent et Agnès entra au monastère des qu'elle fit, en 1374, au tombeau de la sainte, fut l'objet
religieuses du Sac, ainsi appelées à cause de leur vête- d'un miracle. En effet, alors que la sainte de Sienne
ment affectant la forme d'un sac. Elle n'avait guère s'inclinait pour baiser le pied de la sainte de Monte-
que dix ans. A partir de ce moment le surnaturel
envahit sa vie sous ses formes les plus merveilleuses
visions, extases, etc. A quatorze ans elle est chargée
: pulciano, le pied se souleva de lui-même. Le prodige
de la manne se répéta également. En 1435, en vertu
d'une constitution d'Eugène IV (20 juin), le monas-
par la prieure de veiller au temporel du monastère. tère des sœurs de Montepulciano fut cédé aux reli-
Les gens de Procena, près d'Orvieto, ayant demandé gieux de l'ordre et à partir de ce moment le culte de la
aux religieuses du sac de Montepulciano de fonder un sainte se répandit rapidement. Les religieuses, elles,
couvent chez eux, la maîtresse d'Agnès, sœur Margue- avaient été transférées au monastère de Saint-Paul,
rite, fut chargée de cette fondation, mais elle ne voulut à Orvieto. Ce ne fut pourtant que le 28 mai 1532 que
partir qu'accompagnée de sœur Agnès. Autour d'elles, Clément VII accorda, à la demande du provincial de
la province romaine, Fr. Diaceti, l'autorisation, pour Ferté-Milon, le 30 août 1626 (et non 1627, cf. acte
Montepulciano seulement, de célébrer solennellement de baptême, Œuvres de Racine, édit. Mesnard, t. i,
la fête de la sainte. Le 18 octobre 1594, une bulle p. 173). A l'âge de douze ans, en 1638, ses parents
de Clément VIII approuve les leçons de l'office ex- la placèrent à Port-Royal pour y faire son éducation.
traites de sa vie par le B. Raymond de Capoue. Le Dès cette époque des relations étroites existent entre
23 février 1601, l'office est étendu à l'ordre tout les familles alliées, Racine, Desmoulins, Vitart et
entier par l'intermédiaire d'Éléonore de Bourbon, le monastère. Un cousin germain d'Agnès, Nicolas
prieure du monastère de Prouille et sur les instances Vitart, est à cette époque aux « petites écoles », une
de son neveu, Henri IV, roi de France. La bulle so- sœur de Marie Desmoulins, grand'mère paternelle de
lennelle de canonisation fut signée par Benoît XIII le Racine, Sœur Suzanne, y est religieuse en 1625; en
10 décembre 1726. 1638, les solitaires chassés de leur retraite, se réfugient
à la Ferté-Milon chez les Vitart et Agnès remplacera,
ACTES. — Acta sanctorum, 1675, april. t. 11, p. 791-792,
813-817. — Bibl. liag. lat., 1898, p. 26.— S. Rituum Con- comme marraine, Catherine Arnauld, au baptême
gregat. Montis Politiani, canonizationis b.Agnelis, virginis
d'Antoine Vitart. En 1639, M. Vitart père suit les soli-
ordinis S. Dominici, Roms, 1707,4°, 1f. -10-68-6-12-8p.; taires à Port-Royallorsqu'ils rentrent au monastère.
1713, 1 f., 6-24-4-11 p.; 1720, 1 f., 25-52-8 p. ; 1723, 1 f. Agnès, à son tour, lorsqu'elle eut grandi, se rappelant
38-308-12-16 p.; 1725, 1 f., 7-171-10-46-12-10 p.; 1726, qu'en son enfance Saint-Cyran s'était plu maintes fois
3 f., 16p.;1f.,4-6p.; 1727,4 f.,9 p.;-1f.-4 p.- Bull. à la bénir, ne put pas moins faire que de demander
Ord., t. III, p. 42; t. iv, p. 506; t. v, p. 526,577; t. YI, p. l'habit de saint Bernard qu'elle reçut le 21 janvier 1647.
587, 590, 602. Elle fit profession le 26 janvier 1648, après deux ans de
VIEs. — Raymond de Capoue, Legenda B. Agmlis de
Montepolitiano virginis Ordinis Prsedicatorum, écrite vers noviciat, suivant l'usage de Port-Royal. Dès lors, la
1365 ou 1366, alors que l'auteur était confesseur au monas- famille Racine est tout entière port-royaliste. Marie
tère même de sainte Agnès. Ce ms. était précieusement con- Desmoulins,mère d'Agnès, entre à Port-Royal en 1649
servé dans le trésor de l'église. Ilaétééditéparlesballan- et y meurt en 1663. Racine, à son tour, y arrive en
clistes, toutes les autres vies de sainte Agnès en dérivent. — 1655, puis ce fut une de ses cousines, nièce de Mère
André de Pise, La sacra historia di S. Agnese da lHontepo- Agnès, Marie de Sainte-GenevièveRacine qui mourra
lician. dell Ordine de' Predicatori,ms. Cet ouvrage, en italien,
n'est que la traduction de celui de Silvester de Prieras. — religieuse le 31 mai 1687.
Nie. Barbieri, Vita di S. Agnese Segni di Moniepulcianodell' Quand Mère Agnès devient religieuse à Port-
ordine de' Predicatori, in-80, Rome, 1677. — Guglielmo Royal, le monastère est encore dans tout son éclat.
Bartoli, Istoria di S. Agnese di Mont. con delle Memorie della Mère Angélique, en cette année 1648, est abbesse et
medesima città e suoi uomini illustri, Sienne, 1779. — Raf- gouverne plus de cent religieuses. Port-Royal de Paris,
-
faele delle Colombe, Vita ammirabile di S. Agnesa Poli-
ziana, Florence, 1602. Jos. Leroux, La vie de S. Agnès de
Montpolitien, dominicaine, Paris, 1728. — Seraf. Mar.
trop à l'étroit, est obligé d'essaimer de nouveau et une
partie de la communauté doit retourner à Port-Royal
des Champs. Quand elle meurt, le 19 mai 1700, neuf
Loddi,Ristretto della vita della glor. verg.S. Agnese di Mont.
Florence, 1726. — Lor. Mariani, Vita di S. Agnesa Verg. ans seulement la séparent de la destruction de Port-
di Mont., Florence, 1606. — Mas Diego, Historia de la Royal (octobre 1709). Elle a donc assisté à toute la
vida y milagros de la bienavent.S. Ynes de Montepoliciano., grande époque de son monastère.
Valencia, 1601. — Vinc. Montini, S. Agnese Segni, vergine Figure de second plan, illustrée surtout par son
PoliziarÍa, dell' ordine di san Domenico, leggenda trad. del neveu, Mère Agnès n'a pas joué de rôle important,
lat. (de Raymond de Capoue),Pescia, 1887.—Domen.Ponsi, malgré les charges auxquelles elle fut
Vita di S. Agnese vergine di Montepulciano, dom., Rome, promue. Long-
1726. — Silvester de Prieras, qui écrivit en latin l'ouvrage temps préposée à l'infirmerie et au cellier, elle ne fit
-
traduit par André de Pise. Bern. Stephonius, De laudibus point parler d'elle et se contenta de suivre en tout les
directions de MèreAngélique jusqu'au jour où, en 1684,
-
B. Agnetis Politianse virg. ex familia S. Dominici, Rome,
1601. Année cltrininicaine, 1889, t. iv,p. 519, 46. — Mira- par suite de la mort de cette mère, elle fut désignée
colo nuovo ed illustre occorso in Mugello nel monastero delle comme prieure de Port-Royal des Champs, tandis que
monache del borgo di S. Lorenzo, dell' ord. del patriarca S. Do- la Mère de Fargis, l'ancienne prieure, devint abbesse.
menico per intercessione della B. Agnese di Montepulciano Elle demeura dans
del medesimo Ordine il di 1 Luglio, che cadde in Domenica sa charge jusqu'au 2 février 1690,
l'anno 1703, in-4°, Florence, 1704.— Ul. Chevalier,Répert. époque où la mère de Fargis, par suite de ses infirmités,
bio-bibliog., 1905, t. I, col. 72. dut se démettre de ses fonctions. La communauté
R. COULON. élut à sa place Mère Agnès qui demeura en charge
33.AGNÈS DE SAINTE-BLANDINE. Voir ANNE jusqu'en 1699. A cette date elle redevint prieure et
DE SAINTE-BLANDINE. mourut le 19 mai 1700. Elle fut ainsi l'avant-dernière
abbesse de Port-Royal.
34. AGNÈS DE SAINT-ÉLISÉE, carmélite dé- Aucun événementhistorique ne s'accomplit sous son
chaussée espagnole, du monastère de Séville, fut formée gouvernement. A cette époque, M. de Noailles venait
aux vertus religieuses par la célèbre mère Marie de d'arriver à Paris (1695) comme archevêque et parais-
Saint-Joseph qui l'emmena à la fondation du carmel de sait fort bien disposé en faveur de Port-Royal. C'est,
Lisbonne en 1584; elle devint ensuite prieure de ce peut-être, cette accalmie momentanée qui empêcha
carmel et mourut à Lisbonne le 15 janvier 1608. Les Mère Agnès de se révéler tout entière car il n'est pas
Annales de la réforme de l'ordre lui donnent le titre de douteux que si c'était « une très bonne fille qui a bien
vénérable. Sa vie a été écrite par une Portugaise, répandu des larmes étant si humble qu'elle ne croyait
sa contemporaine, sœurLouise de Jésus, carmélite point du tout qu'on pensât à elle pour cette charge
déchaussée. [celle d'abbesse] » (lettre d'Arnauld à du Vaucelles,
24 février 1690), elle devait être fort intelligente et cul-
Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, tivée. Sa correspondance et surtout l'admirable
t. il, col. 266. — Bibliotheca carmelitico-Lusitana, Rome, lettre qu'elle adressa à son —
-
1754, p. 165. Ferdinand de Sainte-Thérèse, Ménologe du
Carmel, Bruges et Lille, 1879, t. i, p. 47. — Ludovicus
neveu Racine, au moment
où ce dernier oubliant tout ce qu'il devait à Port-
Jacob, Bibliotheca carmelitana, Mss., p. 280.— François de Royal, se moquait de façon assez peu décente de ses
anciens maîtres et de Mère Angélique et se jetait dans
Sainte-Marie, Reforma de los descalzos de Nuestra Senora
il,
del Carmen, Madrid, 1655,t. p. 131.
P. MARIE-JOSEPH.
tous les désordres-prouve qu'elle avait de qui tenir
elle avait le langage et la plume de « la maison ».
:
35. AGNÈS DE SAINTE-THÈCLE RACINE, Maulvault, Répertoire alphabétique des personnes et des
tante de Racine, religieuse de Port-Royal, naquit à la choses de Port-Royal, Paris, 1902, p.100.— Clémencet,iZïs-
toire générale de Port-Royal, Amsterdam, 1755-1757, t. iv; que grec-latin. A dix ans, en 1758, elle soutenait, dans
t. vin, passim. — D. Rivet, Nécrologe de Port-Royal, la maison de son père, contre les plus grands savants
p. 204-205. — Racine, Abrégé de l'histoire de Port-Royal,
éd. Gazier, Paris, 1908, p. 215-216,280. — Sainte-Beuve,
Port-Royal,t. v et vi (voir la Table, t. VII. p. 4).
A. VOGT.
:
de l'époque, 191 thèses de philosophie, publiées sous ce
titre Propositiones philosophicæ, in-4°, Milan, 1738.
Elle pensa alors à entrer dans l'ordre des sœurs bleues
36. AGNÈS DE LA SAINTE-TRINITÉ (MYsz- de Milan, mais renonça à ce projet pour ne pas con-
KOWSKA), carmélite déchaussée polonaise, entra au trister son père et se borna à mener, depuis ce mo-
carmel de Lublin en 1628, fit profession l'année sui- ment, une vie des plus retirées. Elle s'appliqua presque
vante et mourut le 29 novembre1632, à l'âge de 22 ans, uniquement aux mathématiques et composa un com-
mentaire, demeuré manuscrit, du Traité des sections
en réputation d'éminente vertu. coniques du marquis de l'Hôpital et des Istituzioni ana-
Daniel a Virgine Maria, Spéculumcarmelitanum, Anvers, litiche ad uso della gioventù italiana, 2 in-40, Milan,
1680, pars V, p. 1061, n. 3674. — Philippe de la Très-
Sainte-Trinité,DécorCarmelireligiosi,Lyon, 1665,IIIepart., 1748, traduites en français par d'Antelmy et Bossut
-
p. 98-99. Ferdinand de Sainte-Thérèse, Ménologe du Car-
mel, Bruges et Lille, 1879, t. m, p. 311.
sous le titre de Traités élémentaires du calcul diffé-
rentiel et du calcul intégral, in-8°, Paris, 1775, et en
P. MARIE-JOSEPH. anglais par Colson, 1801. Élue, en 1148, membre de
1. AGNESI (ASTORGE) naquit, en 1391, d'une l'Académie des sciences de Bologne, elle fut appelée
famille patricienne de Naples. Il occupa successive- en 1750, à suppléer son père, qui mourut deux ans
ment divers sièges épiscopaux, ceux de Mileto (18 après, mais, malgréles exhortations de Benoît XIV, qui
septembre 1411), de Ravello (15 février 1413), de lui faisait observer que d'autres femmes avaient illus-
Melfi (25 janvier 1418), d'Ancône (6 mars 1419). tré parleurs leçons l'université de cette ville, elle n'en-
Transféré le 26 août 1422 à Ascoli, il n'accepta pas seigna pas. Les principaux personnages de l'époque
cette nouvelle dignité qui échut à l'évêque d'Ajaccio, l'honorèrent de leur amitié. L'impératrice Marie-Thé-
Paul Alberti, désigné pour son successeur. A cette rèse lui fit don d'une boîte de cristal de roche ornée d'un
V
occasion, Martin déclara que dorénavant ce
serait brillant, et Benoît XIV, d'une couronne de pierres pré-
une coutume du consistoire de nommer au siège cieuses et d'une médaille d'or. Le président de Brosses,
refusé par un évêque le prélat désigné pour lui succé- qui la vit en 1709, parle avec enthousiasme de sa
der s'il avait accepté son transfert. Ce fut sous l'épis- conversation étincelante (Lettres familières écrites
copat d'Agnesi que l'église d'Umana fut unie à celle d'Italie, Paris, 1869, t. i, p. 105-107), et Goldoni fait
d'Ancône (19 octobre 1422). Le 19 novembre 1426, allusion à elle dans sa comédie Il medico olandese.
il s'intitule commissaire pontifical et trésorier géné- Dans son âge mûr, elle s'adonna presque exclusive-
ral de la Marche d'Ancône, de Massa Trabaria et ment aux œuvres de charité; elle réunit un certain
autres lieux dans un acte par lequel il charge le frère- nombre de malades, d'abord chez elle, puis dans une
mineur Jacques de Montebrandone d'instrumenter maison près de l'église de San-Bernardo,et prit enfin
contre les fraticelles. Wadding, Annales Minorum, la direction d'un hôpital fondé par le prince Antonio
Rome, 1734, t. x, p. 103-104. En 1435, il devint gou- Tolomeo Trivulzio. Elle mourut, le 9 janvier 1799,
verneur des Romagnes. Fantuzzi, Monumenti Raven- d'une hydropisie de poitrine.
nati, Venise, 1801-1804, t. III, p. 359. Le 8 février Outre les ouvrages cités, elle a laissé deuxparaphrases
1436, l'archevêché de Bénévent lui fut conféré et plus du traité de saint BernardDe Passione Christi et de
tard, le 16 juin 1445, l'administration de l'église de celui de saint Laurent Justinien De sacro connunbio.
Canna. Élevé à la dignité cardinalice, il reçut le titre Une de ses sœurs, Maria Teresa, musicienne de talent,
presbytéral de Saint-Eusèbe (20 décembre 1448) et composa plusieurs opéras et mourut en 1780 en lé-
résigna l'administration de l'église de Canna dont le guant tous ses biens à la congrégation des Fatè-Bene-
nouvel évêque dut lui servir une pension (25 mai Sorelle de Milan. Cf. de Brosses, loc. cit., p. 107.
1449). Dit Beneventanlls, il fut nommé camerlingue
Novelle litterarie publicate in Firenze, ann.1749, col. 492,
du Sacré-Collège, le 27 octobre 1449, pour un an. Il 586. — Novelle della repubblica delle Lettere publicate in
mourut le 10 octobre 1451 et fut enterré dans le Venezia, ann. 1750, p. 180. — Storia letteraria d'Italia,
cloître de Santa-Maria-sopra-Minerva à Rome. Venise, 1750, t. i, p. 114. — Mazzucchellii, Gli scrittori
d'Italia, t. l,1re part., p. 198-201. — Frisi, Elogio storico
Ciaconius, Vitœ et res geslœ pontificum romanorum, Rome, di Maria Gaetana Agnesi, Milan, 1799, traduit en français
1677, t. II, col. 970. — Compagnoni, La Reggia Picena par Boulard et publié dans Bienfaits de la religion chré-
ovvero de' Presidi della Marca, Macerata, 1661, p. 313,314, tienne, Paris, 1807. — Carcano, art. dans Rivista europea,
317. — Eubel, Hierarchia catholica medii sévi, t. i, p. 87, ann. 1846. — Milesi Majon, Vita di M. G. Agnesi, Milan,
113,351, 357,435; t.n, p.11, 31,32,130. — Ughelli, Italia 1836. — Anzoletti, Maria Gaetana Agnesi, Milan, 1903.
sacra, Venise, 1717, t. i, col. 337; t. VII, col. 799, t. VIII; — J. Boyer, Une savante milanaise au xvm" siècle : la
col. 162., mathématicienne Agnesi, dans Revue catholique des Revues,
G. MOLLAT. 1897, t. iv, p. 451-458 (avec portrait).
2. AGNESI(MARIA GAETANA),née à Milan, le 16 mai J. FRAIKIN.
(et non mars, comme le disent Frisi et la Biographie AGNESIUS ou ANIES (JUAN-BAUTISTA),prêtre
Michaud)1718. A l'école de son père, professeur de de Valence, né dans cette ville le 30 mars 1480.
mathématiques à l'université de Bologne, elle devint La famille était d'origine génoise et prétendait des-
un enfant prodige. A l'âge de cinq ans, elle connais- cendre de celle de sainte Agnès, dont à cause de cela
sait le français; à neuf ans, elle parlait couramment elle prenait le nom. Il étudia dans sa jeunesse les lan-
le latin et écrivait une Oratio qua ostenditur arlium gues latine et grecque, les humanités et la poésie avec
liberalium studia femineo sexu neutiquam abhorrere, grandprofit. Laissant ensuite la carrière des lettres, il
in-4°, Milan, s. d., mais de 1727, réimpriméedans Dis- se fit clerc et apprit la philosophie et la théologie, sous
corsi accademici di varj autori viventi intorno agli studj la direction du professeur Jean Barri. Ordonné prêtre,
delle donne, Padoue, 1729. Quelques années après, il édifia toute la villepar la sainteté de sa vie et sa
elle connaissait à fond l'hébreu, le grec, l'allemand, l'es- modestie, qui lui attira l'amitié de personnages aussi
pagnol, et, du moins suivant certains auteurs, tradui- célèbres que Georges d'Autriche, saint Thomas de
sait en grec le Combattimentospirituale du P. Scupoli Villeneuve, archevêque de Valence, le saint duc de
et un ouvrage sur la mythologie,en italien, français, Gandie, François de Borgia, le duc de Calabre, D. Fer-
allemand et grec, les deux livres latins de supplément dinand d'Aragon, et sa femme Da Mencia de Mendoza
à Quinte-Curce de Freinshemius, et composait un lexi- et Alphonse d'Aragon, duc de Segorbe. Son esprit de
pauvreté était tel qu'il n'accepta jamais autre chose Charles Vet les ministres qui la composaient; 9.Se-
qu'un petit bénéfice ecclésiastique dans la cathédrale cunda apologia, in laudem illustrissimi magnanimique
de Valence. Il prêchait fréquemment dans les églises domini Roderici, Zeneti quondam Marchionis inque
de cette ville, et, en 1538, il entreprit l'évangélisation laudem omnium equitum Valenanatum, Valence, 1543;
10. Apologia in venatores pro avibus, ad illustrem
;
des mauresques de la vallée d'Ayora, vassaux de son
ami le comte d'Oliva, et il l'accomplit d'une manière Olivæ comitem, cum expositione multarum avium
presque miraculeuse. Il passa la plus grande partie de sermone græco, latino alque valentino, Valence, 1543;
sa vie retiré dans une maison d'un faubourg de Va- 11. Horarum officium pœncirum Domini nostri Jesu
lence que le comte d'Oliva lui avait cédée et qui était Christi, carptim universos totius ejus labores continens
voisine du monastère de Saint-Julien, habité par des a nativitate usque ad illius sepulturam, secundum
religieuses augustines. Il était grand admirateur de usumEcclesiæSegobricensis, Valence, 1544; 12. Alia
saint Jérôme, dont il étudiait constamment les écrits
et, comme à l'étude des lettres sacrées il ajoutait celle
des lettres profanes, plusieurs familles de la ville lui
:
opuscula noninjucunda lectu, Valence, 1543.Parmi ces
opuscules, il s'en trouve un qui a pour titre Pro aga-
renis neophytis, écrit pour défendre et pour louer les
confièrent l'éducation de leurs enfants, entre autres mauresques de la vallée d'Ayora, ses fils dans la foi
le comte d'Oliva, D. Serafino Centelles, auquel il dédia catholique. 13. Missa de vigilia et custodia divæ llIa-
plusieurs de ses ouvrages. Agnesius peut être consi-
déré comme un précurseur de saint Philippe de Néri,
auquel il ressemble par plusieurs points de sa vie,
;
riœ virginis ad postulanclam ejus custodiæ protectio-
nem, Valence, 1544 14. Summa brevis de SS. Tri-
nitate et catholica fide.Magni apostoli Pauli vitæ
en particulier par son zèle sacerdotal et par son estime laudumquesumma brevis,perepigrammata ad singulas
des lettres profanes que, bien loin de dédaigner, il vou- horas more ecclesiastico adaptatas. Brevis totius vUæ
lait faire servir à l'avantage de la religion. Il mourut et laudum divi Lucæ. Laudes divæ Mariæ Magda-
en odeur de sainteté en 1563. La cause de sa béatifica- lenæ, quibus pene œquatur magno Joanni Baptistæ.
tion fut introduite pendant le XVIIIe siècle, mais de- Summa brevis vitæ laudumque divi Martini. Compen-
puis cette époque, rien n'a été fait, que nous sachions, diosadivi Christophori vilæ et laudum summa,perepi-
pour la pousser en avant. Ses œuvres sont nombreuses grammala lyrica ad singulas dieihoras ordine ecclesia-
Les principales ont été publiées durant la vie de l'au- stico concinnata, Valence, 1545; 15. Duo epistolarum li-
teur. La majeure partie de ses poésies profanes et sa- belli Joannis Baptistæ Agnesii, valentini, poetæ atque

:
crées, reste inédite. Nous notons ici ses œuvres les
plus intéressantes 1° Gemmatus aivæ Mariævirginis
Assumptionis triumphus, Joannes Baptista Hieronymus
theologi eruditissimi, et Nicolai Biesii, alias Scirpi,
Gandavensis, viri utraque lingua et musis clarissimi
inter quos quæsiio ventilatur cognitu perjucunda, sintne
Agnesius presbiler, alias castulus, ad ingenuam illu- prospera affectanda ut bona, fugienda adversa ut mala,
stremvirginitatis alquehonestatis insigne dominamHie- Valence, 1546; 16.ApologeticumpanegyriconJoannis
ronymam Exarcham, quam mulato nomine appcllat BaptistæAgnesii sacerdotisatquetheologi valentini, in
Gemmam in gemmatum divæ Virginis; Assumptionis vitam laudes et scripta magni Patrum Patris Hieronymi
triumphum, Valence, 1527. Elle est écrite en vers adversus ejus detractores mastigias, illius negantes vir-
héroïques; 2. Egloga in Nativitate Christi,'excellen- ginitatem et raplum, somnium alque commenlum asse-
tissimo Principi D. Ferdinando Calabriæ, serenis si- rentes, Valence, 1550. Ouvrage en vers héroïques, di-
mæque Augustæ Aragonum Germanæ dicta., Valence, rigé spécialement contre Érasme. L'auteur y montre
1527, avec des notes et des illustrations d'Agnesius une connaissance profonde de saint Jérôme, et une
lui-même; 3. Officium nocturnum diurnumque cum
missa divi martyris Juliani et Basilissæ,ejus conjugis
grande habileté dans le maniement de la langue latine
17. Officium horarium diurnum nocturnumque diuæ
;
et matris multarum virginum., Valence, 1528. Ce Virginis Sapientiæ, ritu Ecclesiæ Vcilenlinoe, celebra-
travail ne porte aucune indication d'imprimerie, tum quotannis in generali studiovalentinodominicater-
mais on sait par ailleurs la date et le lieu de son im- tiaJulii, Valence, 551; 18. Officiumhorarium aà sacra-
pression; 4. Officium missæ quomodo beatus Joseph tissimum Cor Domini nostri Jesu Christi. Vita et laudes
ab Arimathia petiit corpus Jesu et depositum de divæ Mariæ virginis, Valence, 1550; 19. Panthaliæ
cruce suo sepelivit sepulchro, editum per Joannem libri XXVII (s. l. n. d.) ou la vie de sainte Agnès en
Baptistam, sacri verbi concionatorem ad observandam vers latins; 20.Libro de advertencias para los edifi-
abbatissam et moniales divæ Clarae per R. de Ruvium, cios y fabricas de los templos y para las diversas cosas
Valentinum officialem publicæ concessum celebrationi que en ellos sirven al culto divino y otros minis-erios,
Mciii 28, 1528,1528; 5. In natale divimartyrisJuliani Valence, 1624; Agnesius écrivit aussi des notes sur la
et Basilissæ virginis et sociorum eorum officium ad fondation de l'église de Saint-Christophe de Valence.
utrumque ritum romanum et valentinum, quod sacris
efusdem monialibus adprobavit etpublicæ celebrationi Ximeno, Escritores del reyno de Valencia chronologicamente
concessit provinciale capitulum augusiianorum il- ordenados desde el arl0 MCCX.X.XUIde la christiana era de
lerdæ habitum Maii 21 anno salutis 1527, Valence, la misma ciutad hasta el de MDLCXLVH, Valence, 1747, t. 1,
1528; 6. La vida de Sant Julia abat y martyr y de p. 133. —Fuster, Biblioteca valenciana de los escritores que
Santa Basilissa verge, daquell sposa, abadessa de mil
santés donzelles, als quels es dedical lo monestir de les
de Vincenle Ximeno, Valence, 1827, p. 94. -
florecieron hasla nuestros dias con adiciones y enmiendas à la
Nicolas Anto-
nio, Bibl. Hisp. nova, t. i, p. 644. — Diego, Anales de Va-
monges del cami de Monvedre, novamente vulgada y lencia, 1. II, c. XIX.
sumada en cobres, Valence, 1528; 7.La vida, martiri L. SERRANO.
y traslaccio dels gloriosos martirs e reals princeps Sant 1. AGNI ou AGNELLI (JEAN), célèbre prédicateur
e
Abdon y Senen, la vida del glorios bisbe e martir Sant
Ponç, advocats dels llauradors contra la pedra y tem-
dominicain du xrac siècle, connu aussi sous le nom
à
flamand de Lammens. Né Gand etprofès du couvent
pestats, Valence, 1542; 8. Apologia in defensionemviro- des Prêcheurs de cette ville, il fut envoyé à Saint-
rum illustrium equestrium bonorumque civium Valenti- Jacques de Paris pour y achever ses études. En 1273,
norum in civilem Valentini populi seditionem, quam il est nommé parmi les prédicateurs de la faculté de
vulgo Germaniam olimappellarunt. anno 1521,Valence, théologie. De retour à Gand, il s'adonna avec le plus
1543. Ce travail est d'une grande valeur histo- grand succès au ministère de la parole. Il mourut
rique parce qu'il a été écrit par un témoin oculaire et en 1296, après avoir été prieur de son couvent. Dans
impartial. Il présente en outre l'esprit du clergé un ms. de la bibl. de la ville de Gand, n° 531 (207),
dans le soulèvement de Valence contre la cour de Humberti vita SS. fratrum Prædicatorum (XIIIesiècle),
une main plus récente a ajouté quelques détails sur
Joannes Agnus. Il avait composé un livre intitulé : rum et cardinalium, 1677, t. II, col. 1111. - Ughelli, Italia
sacra, t. 1, col. 391. — Cardella, Memorie storiche dei cardi-
nali, 1792-1797, t. III, p. 172-173. — L. A. Antinori, Histo-
Formula viiæ cujuslibet christiani. De même dans le
cod. conservé à la Nat. à Paris, lat. 16481, p. 78, on a ria Aquilana, dans Muratori, Antiquitates italicæ medii ævi,
Rerum italicarum scriptores, t. VI, 1742, col. 936-942. -
un sermon de Joannes Agnelli, In die natalis Domini
post prandium, Filius datus est nobis.
Marini,Degliarchiatri pontifici,Rome, 1784,
note 27.—- Garimberto, Vite ovvero
t. II, p. 193, 202,
fatti memorabilid'alcuni
Quétif-Échard, Scriptores Ord. præd., Paris, 1719, t. 1, papi e di tutti cardinali passati, Venise, 1567, p. 206, 337,
p. 268 a, 449 a. 427. — Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t. XXI, p. 421-422.
Eubel, Hierarchia medii ævi, t. II, p. 15. — Drognetti, Le —
R. COULON.
2. AGNI DE LENTINI (THOMAS), dominicain. vite degli illustri Aquilani, Aquila, 1847, p. 241-243.

Gius. Rivera, Catalogo degli scrittori appartenent' alla con-
Né à Lentini, en Sicile, vers le commencement du fraternité di S. Maria della Pietà nell' Aquila, dans Bollet-
XIIIe siècle. On ne sait où il reçut l'habit de l'ordre. Il tino della Società di storia patria negli Abruzzi, t. XVII,
fut envoyé par Grégoire IX à Naples pour y prêcher p.18-20.—Pastor,Hist. des papes depuis la fin du moyen âge,
contre les hérétiques. Vers 1231, Agni fonda le cou- trad. franç., Paris, 1903,t.III, p. 61,113, 114,183,186,379.
vent de Naples, Saint-Dominique le Majeur.Les écri- J. FRAIKIN.
vains sont d'accord pour affirmer que Thomas d'Aquin AGNINI (FRANCESCO). Né à Gênes, le 25 septem-
reçut l'habit des mains d'Agni. Il enseignait tout en bre 1781, il fut d'abord, le 14 août 1828, prévôt de la
prêchant; en 1255, il est nommé provincial. La même collégiale de N. S. delle Vigne (N.-D. des Vignes), à
année (4 septembre), Alexandre IV le nomme évêque Gênes, puis fut nommé en 1836, par le roi de Sardaigne,
de Bethléem et son légat en Orient. Il ne partit ce- évêque de Luni-Sarzana et Brugnato et préconisé le
pendant que sous Urbain IV, en 1261. En 1267, le 19 mai 1837. Il se distingua par son zèle pendant une
18 avril, Clément IV le nomme évêque de Cosenza, épidémie de choléra, restaura les deux palais épisco-
malgré les sollicitations du peuple de Messine qui paux de Sarzana et de Brugnato et agrandit le sémi-
réclamait Agni pour archevêque. Le 19 mars 1272 naire. Il mourut le 8 mars 1853 (longue épitaphe dans
Grégoire X le nomma patriarche de Jérusalem et le Cappelletti).
21 avril son légat pour tout l'Orient. A cause de l'oc- G.-B. Semeria, Secoli cristiani della Liguria, Turin, 1843,
cupation de la ville sainte par les infidèles, Agni ne t. II, p. 116-117 et 184. — Cappelletti, Le Chiese d'Italia,
put jamais prendre possession de son siège. Il mourut t. XIII, p. 477-481.
à Saint-Jean d'Acre en 1277. Il avait composé une J. FRAIKIN.
Vie de saint Pierre Martyr. AGNISIO, évêque dominicain dePergame, en Mysie
Eubel, Hierarchia cath. med. ævi, t. 1, p. 138, 228, 286, sa patrie, vers 1297, suffragant d'Éphèse. Nommé
353. —Fabricius, Bibl. med. et infim. ætat., 1735-1746, t. IV, par Boniface VIII. On le confond quelquefois avec
p. 747-748 (2e p. 254); t. VI, p. 658-659(2° p. 235). — Le Fr. Aloisio qui fut évêque de Bergame en 1250.
Clerc (V.), dans Hist. de la litt. France, 1847, t. XXI, p. 727- L'erreur vient sans doute de ce que les évêques de
728. — Mazzuchelli, Scrittori d'Italia, 1753, t. 1, 1re part., cette dernière ville sont nommés pergamenses.
p. 201. — Mongitore, Bibl. Sicula, 1714, t. II, p. 252-253.
-
— Quétif-Échard, Scriplores ord. præd., 1719, t. 1, p.358-
360. Masetti,Monumenta et antiq.,t.1, p. 222-224. La- -
vazzuoli (V.), Catalogo degliuomini illustri. di S.Domenico
Bullar. Ord., Rome, 1730,t.II, p. 73. —Vinc.-M. Fontana,
Sacrum theatrum dominicanum, pars I, c. v, p. 262. —Giov.-
Mich. Cavalieri, Galleria dei sommi pontefici, etc., Bénévent,
Maggiore, 1777, p. 5. 1696, p. 53.
R. COULON. R. COULON.
AGNIFILO DELLA ROCCA(AMICO).Né Rocca-
dimezzo, dans les Abruzzes, d'une famille illustre,
à AGNIUS (ÉDOUARD-EUGÈNE-JOSEPH),né le 27 sep-
tembre 1874 à Haubourdin (Nord), entra au sémi-
suivant les uns, si pauvre, au contraire, suivant d'au- naire des Missions-Étrangères, y fut ordonné prêtre
tres, qu'il garda les troupeaux dans son enfance, il fit le 27 juin 1897. Envoyé missionnaire en Mand-
ses études à l'université de Bologne, puis fut succes-
sivement chanoine de la cathédrale d'Aquila, et ar-
chourie,ilpartit le 28 juillet 1897. En 1898, il fit partie
du vicariat de Mandchourie méridionale, créé cette
chiprêtre de S. Paula della Barete dans cette même même année. Il fut massacré le 11 juillet 1900 à Ia-tse-
ville, chanoine de Sainte-Marie-Majeure à Rome, et tchang (province de Leao-tong) par les Boxeurs.
évêque d'Aquila le 23 (alias 4) mai 1431; il résigna son Édouard Agnius, missionnaire apostolique, massacré en
évêché le 31 mars 1472 (alias 1473), en faveur de son Mandchourie, 1874-1900. Notes et souvenirs avec portrait,
neveu Niccolô, et le reprit trois ans plus-tard, à la Lille, in-12 de 120 pages.
mort de celui-ci. Créé par Paul II, dont il avait été le A. LAUNAY.
précepteur, cardinal-prêtre de Sainte-Balbine, aux AGNOÈTES ou AGNOÏTES ~('AyvoYïrat, de ayvo-.a,
Quatre-Temps de septembre 1464 (du moins d'après « ignorance »), ceux qui ont attribué au Christ l'igno-
quelques-uns et simplement in petto, publié seulement rance permanente ou temporaire de quelques vérités
le 18 septembre 1467), et de Sainte-Marie-du-Transté- ou événements. L'âme humaine du Christ n'aurait
vère le 13 octobre 1467, il fut également abbé com- donc pas participé à la science surnaturelle et divine,
mendataire du monastère des SS. Quirico et Giulitta à qui était parfaite dès le premier instant et à laquelle
Rieti et, le 30 octobre 1467, de celui de Saint-Laurent rien n'était caché. Cette dénomination est pour la pre-
O. S. B. àAversa. D'une grande activité, il joua un rôle mière fois appliquée aux eutychiens, qui attribuaient
politique important, aussi bien dans le royaume de au Christ, considéré comme homme, une science bor-
Naples, où, membre du Conseil privé d'Alphonse et V née. C'est saint Grégoire le Grand qui désigna ainsi
de Ferdinand le Catholique, il ramena plusieurs villes à les disciples d'Eutychès dans une lettre à Euloge, pa-
l'obéissance envers leurs souverains, que dans les États triarche de Constantinople.Epist., 1. X, epist. xxxv,
romains, où il fut successivement légat dans la Tos- P. L., t. LXXVII, col. 1091 :.quosdam monachos. qui
cane pontificale (donation de la comtesse Mathilde), a me aliquid de agnoitarum errore requirerent. Dans
en 1440, et dans l'Ombrie, puis trésorier de la Marche une autre lettre au même personnage, saint Grégoire
d'Ancône en 1462; il y comprima plusieurs révoltes et revient sur cette appellation.Epist.; XXXIX, ibid.,
fortifia Civitavecchia en 1476. Il mourut, le 28 octo-
bre ou 9 novembre 1476 à Aquila et fut enterré dans la
col. 1096 :. quid de scriptis vestris quæ contra hæreiicos
agnoitas edidistis senserim. Saint Jean Damascène ap -
cathédrale. plique cette expression aux thémistiens, disciples du
Palatius, Fasti cardinalium, 1503, t. II, col. 350-352.
Ciacomus-Oldoin, Vitæ et res gestæpontificum Romano-
- :
monophysite Thémistius, diacre d'Alexandrie;De hæ-
res., n. 85, P. G., t. XCIV, col. 756 'AyvoYjTai, ~oi xal
0ejAt«7-tavo\. Saint Grégoire s'en sert un peu plus gène observe, In Matth., XIII, 51, t. X, n. 14, P. G.,
loin pour désigner les nestoriens; Epist. XXXIX, ibid., t. XIII, col. 865, que le Christ, quoique connaissant les
col. 1098 : quisquis Nestorianus non est, agnoita pensées secrètes des cœurs, interrogeait ceux qui l'en-
esse nullatenus potest. Pour soutenir leur théorie, les
:
touraient, uniquement pour se conformer aux habi-
agnoètes s'appuyaient en général sur Matth., XXIV, tudes des hommes, parce que lui-même s'était fait
36; Marc, XIII, 32 (ignorance du jour du jugement); homme oùx. àyvoôiv ~èpwra, àn' eXnod; àvaXaêwv àv0pw-
sur Luc, 11 52 (progrès de Jésus dans la sagesse), et 7Tov,)(P7)xat xalTOI; auroû itacrcv,»v sv XOft TO Èpwrav. Dieu
Il
sur certains textes, tels que Matth., XX, 32; XXI, 19; ne faut d'ailleurs pas s'en étonner, puisque lui-
Marc, v, 9; Luc, VIII, 30; Jean, XI, 34, où Jésus pose même s'était conduit de la sorte en disant, Gen., m,
des questions, comme pour s'instruire. 9 : « Adam, où es-tu? »
Dans l'histoire des dogmes, les agnoètes ne con- Dans la lutte contre l'arianisme, les Pères distin-
stituent pas un groupe isolé et indépendant. Ils s'in- guent d'ordinaire entre la divinité et l'humanité du
filtrent un peu partout, et on en trouve dans divers Christ. Aux objections scripturaires des ariens, ils
partis et factions, dont il suffira d'énumérer les plus répondent que l'ignorance, dont il est question dans
importants. Pour prouver que le Fils était inférieur certains textes de l'Évangile, se rapporte, non à la
au Père, les ariens alléguaient qu'il avait ignoré le divinité, mais à l'humanité. Pour saint Athanase,
jour du jugement, cf. saint Athanase, Cont. Arian. Cont. arian., Orat. 111, 43, P. G., t. XXVI, col. 416,
Orat., III, 42, P. G., t. XXVI, col. 412; S. Grégoire de le Christ montre, dans ces passages cc qu'il connaît
Nazianze, Oral., XXX, 15, P. G., t. XXXVI, col. 124; comme Verbe, mais qu'il ignore comme homme,
qu'il avait interrogé pour apprendre, et qu'il avait l'heure où se produira la fin des choses; car c'est le
progressé en sagesse; cf. saint Athanase, loc. cit., propre de l'homme d'ignorer surtout des choses de
col. 429. — En attribuant au Christ une âme humaine cette nature. » Cf. aussi la seconde Épître à Séra-
privée d'entendement, les apollinaristes étaient obli- pion, n. 9, P. G., t. XXVI, col. 621; S. Grégoire de
gés de conclure qu'elle avait été sujette à l'ignorance. Nazianze, Orat., XXV, XV, P. G., t. XXXVI, col. 124;
— Nous savons déjà par saint Grégoire que les nesto- S. Cyrille d'Alexandrie, Thesaur. de Trinit., XXII,
riens étaient agnoètes. Mais nous avons des détails P.G., t. LXXV, col. 368-380. Saint Ambroise, De incar-
précis; Théodore de Mopsueste soutenait que Jésus nat., VII, 72, 73, P.L., t. XVI, col. 837; saint Fulgence,
n'avait même pas su qui l'avait tenté au désert. Ad Trasim., I, VIII, P. L., t. LXV, col. 231, et saint
Cf. Léonce de Byzance, Cont. Nestor., III, XXXII, P. G., Cyrille d'Alexandrie, Quod unus sit Christus, P. G.,
t. LXXXVI, col. 1373.Nestorius déclarait que le Christ, t. LXXV, col. 1332; Hom. paschal., 17, P. G., t. LXXVII,
en avançant en âge, avait appris des choses qu'il igno- col. 780, appliquent à la sagesse humaine du Sauveur,
rait, cf. Cyrille d'Alexandrie, Cont. Nest., III, IV, P. G., et non à sa sagesse divine, le progrès dont parle
t. LXXVI, col. 153; Leporius, prêtre d'Hippone, imbu saint Luc, II, 52. A la même époque, saint Épiphane,
des doctrines nestoriennes, avait commencé par en- Hær., LXXVII, 26, P. G., t. XLII, col. 677; saint Proclus,
seigner la même erreur; mais, dans la suite, il se ré- Epist., II, Ad Armenios, XIV, P. G., t. LXV, col. 869,
tracta; cf. Libel. emend., n. 10, P. L., t. XXXI, col. 1229; prouvent contre les apollinaristes, par le fait même
pour Félix d'Urgel, Jésus ignorait le lieu où était le de l'ignorance, que le Christ avait eu une âme hu-
corps de Lazare, le jour du jugement, les discours maine. Cf. saint Ambroise, De Incarn., VII, P.L.,
des deux disciples d'Emmaüs; il n'avait pas su, t. XVI, col. 834; saint Fulgence, Ad. Trasim., VIII.
non plus,si Pierre l'aimait plus que les autres apôtres. P. L., t. LXV, col. 231.
Cf. Agobard, Adv. Felic. Urgel., n. 5, P. L., t. CIV, Ces affirmations des Pères sont un peu équivoques.
col. 37. — Sous la conduite de Sévère, quelques mo- Aussi ont-elles donné lieu à des interprétations di-
nophysites fondèrent la secte des phthartolâtres ou verses. Cf. Petau, De Incarnat., l. XI, c. 1, n. 15, dans
corrupticoles, qui enseignaient que la chair du Christ les Dogmata theol., Paris, 1866, t. VI, p. 417; Diction-
avait été corruptible. Le diacre Thémistius, dont nous naire de théologie catholique, t. 1, col. 590-591. Mais ces
avons déjà prononcé le nom, qui appartenait à cette mêmes Pères ont précisé leur pensée et enseigné que
secte, en forma, après la mort de Sévère, une nou- le Sauveur, même comme homme, a connu l'heure du
velle, dont les adhérents soutenaient que le Christ, jugement, et que ses progrès en sagesse n'étaient
comme homme, avait ignoré le jour du jugement. qu'apparents. Qu'il nous suffise de citer les paroles de
Pour Photius, Biblioth., cod. ccxxx, P. G., t. CIII, saint Fulgence,Epist., XIV, 26, P. L., t. LXV, col. 416 :
col..1079, les thémistiens étaient surtout des moines Perquam durumest et a sanitale fidei penitus alienum,
de Palestine. — Au dire de Bellarmin, De Christo, ut dicamus animam Christi non plenam suæ deitatis
1. IV, cod. 1, Lyon, 1590, p. 393, Zwingle, Bucer, Cal- habere notitiam cum qua naturaliter unam creditur
vin et Théodore de Bèze auraient été partisans de habere personam. Cf. S. Athanase, Cont. arian. Orat,
l'agnoétisme. — Dans les temps modernes, certains 111, 51 sq., P. G., t. XXVI, col. 429; S. Grégoire de
auteurs, Klée, Manuel de l'histoire des dogmes chré- Nazianze, Orat., XLIII, XXXVIII, P. G., t. XXXVI,
tiens, c. IV, § 2, n. 7, trad. franc, par Mabire, Paris, col. 548; Epist. ad Cledon., P. G., t. XXXVII, col. 184;
1848, t. n, p. 67; Bougaud, Le christianisme et les S. Cyrille d'Alexandrie, Cont. Nest., III, IV, P. G.,
temps présents, Paris, 1878, t. III, p. 445-462, se sont t. LXXVI, col. 153; Thesaur., XXVIII, P. G., t. LXXV,
ralliés, d'une manière plus ou moins accentuée, à la col. 421; In Joa., 1, 14, P. G., t. LXXIII, col. 164,165;
thèse de l'agnoétisme. S.Ambroise,De fide,V, XIV, P. L., t. XVI, col. 682;
Beaucoup de Pères ont été mêlés de façon ou d'au- S. Épiphane, Ancor., XXI, P. G., t. XLIII, col. 56-57.
tre, à la question de la science du Christ. Il reste donc D'autres Pères de la même époque grossissent le cou-
à voir quelle position ils ont prise sur ce terrain. Les rant favorable à cette interprétation. Contre les héré-
Pères, antérieurs du IVe siècle, n'ont pas sur la ques- tiques ariens et nestoriens,on affirme que Jésus, comme
tion des vues bien nettes et n'émettent que des appré- homme, connaissait le jour du jugement et qu'il ne
ciations générales. Saint Irénée nous dira, Adv. hæres., progressa qu'en apparence. Cf. S. Basile, Adversus
II, XXVIII, 8, P. G., t. VII, col. 811, que, si le Fils, Eunom., IV, P. G., t. XXIX, col. 696; S. Chrysostome,
quoique communiquant en tout au Père, a déclaré Hom., LXXVII, In Matth., P. G., t. LVIII, col. 703;
que le Père seul connaît l'heure et le jour du juge- S. Hilaire,DeTrinit., IX, 62 sq., P. L., t. x, col. 331-
ment, il avait en vue de montrer que le Père est au- 341; S. Jérôme, InMatth., XXIV, 36, P. L., t. XXVI,
dessus de tout, super omnia esse Patrem, et de nous col. 181; S.Augustin, In Ps. VI, 4, P. L., t. XXXVI,
détourner de scruter les abîmes de la divinité. Ori- col. 90; De diversis quæst., LX, LXV, P. L., t. XL, col. 48-
60. L'Occident nous offre un document décisif en fa- AGNOFLÈDE (Sainte), aussi appelée Agneflette,
veur de cette interprétation dans la rétractation du Anoflète et Noflette. Cette vierge vivait vers le
moine. gaulois Leporius, réfugié à Hippone. Cette ré- VIIe siècle, et mourut, croit-on, à Saint-Cosme-de-
tractation fut souscrite par Leporius lui-même, par Vair (Sarthe). Elle fut l'amie de saint Longis, solitaire
Aurelius, évêque de Carthage, par saint Augustin et du Maine, qui ensevelit son corps dans le cloître de
Saint-Pierre de la Boissellière (Mamers?). Fête, le
par d'autres évêques. Elle contient le passage suivant,
quiest une réprobation formelle delà doctrine agnoïte
Ut autem et hinc nihil cuiquam in suspicione derelin-
: 31 août.
Anal. bolland.,1884, t. III,p. 159-166.—Dom Piolin, Hist.
quam, tuncdixi, immo ad objecta respondi, Dominum
nostrum Jesum Christum secundum hominem ignorare.
-
de l'Église du Mans, Paris, 1853, t. i, p. 338-340. J.-J.-A.
Vavasseur, Monographie de la commune de Saint-Cosme-de-
Sed nunc non solum dicere non præsumo, verum etiam Vair, 1897, p.12-13.
priorem anathematizo prolatam in hac parte sententiam; Louis CALENDINI.
quiadici non licet, etiam secundumhominem, ignorasse AGNOLETTO (ANGELO), théologien et historien
Dominum prophetanzm. P. L., t. XXXI, col. 1229. Sur italien, 1745-1831. Il a laissé un Specimen uitæ Fride-
cette rétractation, cf. Cassien, De Incarnat., I,VI, P.L., rici Mariæ Giovanelli patriarchæ Venetiarum, in-4°,
t. L, col. 29; Jean II, Epist., III, P. L., t. LXVI, col. 23. Padoue,1843.
La doctrine antiagnoïte progresse du vie au XIIe Ant. Cicogna, Saggio di bibliografia veneziana, Venise,
siècle. Dans son traité Cont. agnoetas, Euloge, patriar- 1847, p. 429.
che d'Alexandrie, avait réfuté Thémistius. Cf. Pho- J. FRAIKIN.
tius, Biblioth., cod. ccxxx, P. G., t. CIII, col. 1081. AGNOSIUS. Évêque donatiste d'Afrique, dont
Dans une lettre très élogieuse à Euloge, le pape saint le nom figure parmi les signataires de la lettre syno-
Grégoire déclare que le Christ connaissait le jour du
jugement dans sa nature humaine, mais non par les
lumières de la nature humaine. Epist., 1. I, epist.
dale des maximianistes réunis à Cabarsussi, en 393.
Mais on peut se demander s'il assista au concile
la phrase qui le concerne permet de supposer qu'il
:
XXXV, XXXIX, P. L., t. LXXVII, col. 1092, 1096. D'au-
tres écrivains marchent dans le même sillage. Dans
une lettre à Sergius, patriarche de Constantinople,
saint Sophrone de Jérusalem mentionne Thémistius
signer lui-même :
avait donné mandat de le représenter à un de ses
collègues, ou bien qu'une infirmité l'empêchait de
Victorianus jubente collega Agnosio
episcopo subscripsi. Mansi, Sacr. concil. nova et
au nombre des hérétiques, parce qu'il avait eu la folie ampliss. collect., t. III, col. 847; Augustin, Enarratio
de dire que le Christ avait ignoré le jour du jugement in psalmum XXXVI, serm. II, 20, P. L., t. XXXVI,
selon son humanité. Epist.synod. ad Sergium, P. G., col. 380. Son siège n'est pas indiqué.
t. LXXXVII, col. 3192. Cette lettre fut lue au sixième Aug. AUDOLLENT.
concile général, troisième de Constantinople.Cf. Mansi, AGNOSTIQUES. — DÉFINITION. — Étymologi-
Sacr. conc. ampl. collect., t. XI, col. 850. Déjà, le cin- quementl'agnostique est celui qui regardetoutes choses
quième concile général, second de Constantinople, comme «inconnaissables », il ne se distingue donc pas
avait posé un jalon, en condamnant Théodore de du sceptique proprement dit qui affecte de ne rien
Mopsueste, qui admettait un progrès dans le Christ. savoir. En fait cependant ceux qu'on appelle ainsi
:
Mansi, ibid., t. IX, col. 384. Saint Jean Damascène est
très explicite nous l'avons déjà vu. Il convient
d'ajouter qu'il regarde comme des hérétiques ceux
communémentne professent point un scepticisme uni-
versel : ils ne mettent point en doute l'objectivité des
données expérimentales; c'est seulement au sujet de ce
qui admettent que la sagesse du Christ a réellement qui ne tombe point sous l'expérience, et principale-
progressé, parce qu'ils affirment par là même ou que ment de Dieu et des choses divines, qu'ils font pro-
son humanité n'a pas toujours été unie à sa divinité, fession de tout ignorer.
ou qu'elle ne lui étaitpas unie hypostatiquement.De ANTIQUITÉ. — Déjà bien avant l'apparition du

lange d'autres écrivains partagent ces idées


teur des Scholia vetera in Lucam, II, 52, P.
:
fide orthod., III, XXII, P. G., t. XCIV, col. 1088. Une pha-
cf. l'au-
G., t. cvi,
christianisme quelques penseurs avaient mis en doute
l'existence de la divinité. «Je ne sais rien des dieux, ni
s'ils sont, ni s'ils ne sont pas, » disait Protagoras. Dio-
II,
col.1189;Théophilacte,InLuc., 40, P. G., t. CXXIII,
col. 732; Bède, Hom.XII, in Dom. post Epiph., P.L.,
gène Laërce, IX, 51. Mais sur ce point particulier le
scepticisme ne semble pas avoir jamais pris une forme
t. 65; Alcuin, De fide S. Trinit., II, XI, P. L.,
XCIV, col. bien arrêtée, ni s'être particulièrement imposé à
t. CI, col. 30; saint Anselme, Cur Deus homo, II,XIII, l'attention chez les anciens.
P. L., t. CLVIII, col. 413; l'auteur de la Summa Sen- Les néoplatoniciens au contraire ont beaucoup
tent., I, XIV, P.L., t. CLXXVI,col. 73; saint Bernard, étudié le problème religieux et, tout en affirmant net-
De grad. humil., 111, 9, P. L., t. CLXXXII, col. 946; tement l'existence de Dieu, déclaré bien souvent que sa
Pierre Lombard, III Sent., dist. XIII, XIV. nature est pour nous inconcevable. D'après eux, nous
A partir du XIIIe siècle on s'applique surtout à ana- savons qu'il est, mais non pas ce qu'il est. Cette idée qui
lyser la science du Christ. Il n'appartient pas à l'his- se dessine déjà chez Philon et qui s'est précisée surtout
toire d'enregistrer les considérations philosophiques chez Plotin, a pris une forme chrétienne, hétérodoxe
auxquelles se livre la théologie de cette époque. Qu'il tout d'abord avec les gnostiques, et plus orthodoxe
nous suffise de dire qu'on distingue généralement une ensuiteavec certains écrivains ecclésiastiques, surtout
triple science dans l'âme du Christ, quoiqu'on ne avec le Pseudo-Aéropagite, dans lequel on s'accorde
s'entende pas, quand il s'agit d'en préciser les détails
1° la science des bienheureux au ciel, ou la vision in-
: aujourd'hui à voir un disciple de Proclus. Toutefois si
on examine un peu attentivement la doctrine théolo-
tuitive; 2° la science infuse, qu'avait Adam dans gique de ces divers auteurs on remarque bien vite que
l'état d'innocence; 3° la science expérimentale, qui les négations qu'ils formulent au sujet de l'être divin
est la science habituelle deshommes dans l'état actuel. équivalent dans leur pensée à de véritables affirma-
Cf. Albert le Grand, III Sent., dist. XIII, a. 10, 12; tions et ne tendent qu'à montrer sa transcendance, en
dist. XIV, a. 1, 3, 4; S. Bonaventure, III Sent.; faisant ressortir l'impossibilité dans laquelle nous
dist. XIV, a. 2, q. I, II, III; a. 3, q. II, III; S. Tho- sommes de le bien concevoir. Ils ne sont agnostiques
mas, Sum. theol., IIIa p., q. IX, a. 2; Duns Scot, qu'en apparence et leur théologie est au fond très dog-
III Sent., dist. XIV, q. II, n. 16,20; q. III, n. 7, 8. matique.
Dictionnaire de théologie catholique, t. I, col. 586-596. On peut dire la même chose des doctrines analogues
V. ERMONI. que nous retrouvons chez divers auteurs du moyen
âge, chez Scot Origène, par exemple, au IXe siècle, ou pour résoudre l'énigme de l'univers. Comme il était
-chez le juif Maimonide au XIIe siècle. En somme convaincu que le problème est insoluble et que sur ce
l'agnosticisme,qui existait pourainsi dire en germe de point toute gnose reste radicalement vaine, l'idée lui
très bonne heure, n'a apparu bien caractérisé et dans
sa forme propre que très tardivement.
TEMPS MODERNES. — Le premier de ses grands théo-
:
vint, pour se donner un titre qui le distinguât des
autres, de se dire agnostique « J'en fis donc parade,
dit-il, à la Société de métaphysique, pour montrerque
riciens est Emmanuel Kant. Dans sa Critique de la moi aussi, comme les autres renards, j'avais une queue,
raisonpure il s'attache à montrer que l'esprit humain et, à ma grande satisfaction, le mot, qui eut pourpar-
ne peut par lui-même dépasser le monde des « phéno
mènes » et atteindre celui des réalités proprement dites
- »
rain le Spectator, réussit. Huxley, Agnosticism, 1809,
cité par le P. Chossat dans le Dict. d'apolog., col. 1.
ou des « noumènes», qu'à ce point de vue Dieu se pré-
»
sente à nous comme un « idéal sublime auquel rien
L'agnosticismespencérien,ainsi baptisé par Huxley,
se retrouve au fond du pragmatisme contemporain de
peut-être ne correspond en fait. Mais dans saCritique William James et de Schiller, qui, par son caractère
de la raison pratique il ajoute que, si nous ne pouvons essentiellement « pratique », reste, d'une manière géné-
»
rien « savoir sur lui, nous devons malgré tout cccroire» rale, dans le courant de la pensée anglaise.
en lui, que l'observation de la loi morale librement Celui de Comte se survit particulièrement dans
acceptée donne droit au bonheur et oblige par cela l'école sociologique de Durkheim, qui, comme l'auteur
même à admettre l'existence d'un Être tout-puissant, du Cours de philosophie positive, ne voit dans la religion
Souverainement sage, absolument bon et parfaitement et dans l'idée même de Dieu qu'un fait social.
juste, capable de donner aux gens de bien une félicité Celui de Kant enfin a été signalé comme le point de
correspondante à leurs mérites. Ainsi Kant n'admet départ du modernisme, pour lequel, selon le témoi-
spéculativement l'agnosticisme que pour le rejeter gnage de Pie X, « la raison humaine, enfermée rigou-
ensuite au nom de la morale. reusement dans le cercle des phénomènes, c'est-à-dire
Auguste Comte se montre plus radical dans son Cours des choses qui apparaissent et considérées en tant que
de philosophie positive. Pour lui il n'y a de ccpositif » telles, n'a ni fa faculté, ni le droit d'en franchir les
que ce qui est objet d'expérience. Toute idée d'une limites et n'est donc pas capable de s'élever jusqu'à
cause première ou d'une fin dernière, d'un être qui Dieu, même pour en connaître, par le moyen des créa-
dépasse le monde expérimental, tout en le dirigeant, tures, l'existence. » Encycl Pascendi.
doit être écartée parce qu'elle est invérifiable. Le vrai Déjà cette dernière doctrine avait été expressément
savant, le philosophe positiviste, se contentera d'en condamnée au concile du Vatican. Celui-ci, en effet,
étudier les manifestations comme des faits sociolo- déclare anathème quiconque « dit que la lumière natu-
giques,sans la croire objective en elle-même. Cela ne relle de la raison est incapable de faire connaître avec
veut pas dire, explique Littré, qui adopte la doctrine certitude, par le moyen des choses créées, le seul et vrai
générale de Comte en l'interprétant, que Dieu n'existe Dieu, notre créateur et maître. »Derevel., can. 1. En
pas. « Ceux qui croiraient que la philosophie positive condamnant les modernistes, Pie X a montré que
nie ou affirme quoi que ce soit là-dessus se trompe- l'agnosticisme, même sous la forme où il a été proposé
raient; elle ne nie rien, n'affirme rien, car nier ou affir- par eux, demeure absolument inconciliable avec la
mer ce serait déclarer que l'on a une connaissance quel- doctrine catholique.
conque de l'origine des êtres et de leur fin. Ce qu'il y a
d'établi présentement, c'est que les deux bouts des Voir pour la bibliographie générale du sujet, art. Agnosti-
choses nous sont inaccessibles, et que le milieu seul, ce cisme, par A. de la Barre, dans le Dict. de théol., t.
col. 604. — Ajouter aux ouvrages qui s'y trouvent signalés:
I
qu'on appelle en style d'école le relatif, nous appar-
»
tient. Paroles de philosophie positive, Paris, 1863, Boutroux, Science et Religion, Paris, 1908. — Michelet,
Dieu et l'agnosticisme contemporain, Paris, 1908. — Dict.
p. 52-53.Le positivisme ainsi entendu est foncièrement apolog. de la foi chrétienne, Paris, 1909, art. Agnosticisme,
agnostique. t.1, col. 1-76.
C'est chez les Anglais que l'agnosticisme a pris sa U. ROUZIÈS.
forme la plus accentuée et en quelque sorte classique. AGOARD (Saint), martyr à Créteil, avec saint
Continuant et dépassant la critique de Kant, le philo- Agilbert. Ils semblent avoir vécu entre l'invasion
sophe Hamilton enseigne que non seulement on ne franque et l'invasion normande, probablement sur les
peut démontrer l'existence de l'absolu ou de l'infini, confins du ve et du vie siècle. Ils sonthonorés le 24juin.
mais encore on ne peut même en concevoir l'idée sans Leurs Actes, dont la date peut être placée entre
se contredire, et que d'autre part « cette conscience le xe et le XIIe siècle, sont une amplification sans va-
de notre impuissance à rien concevoir au delà du fini leur historique.
et du relatif nous inspire par une étonnante révélation, Acta sanctorum, 1707, junii t. IV, p. 814. — Histoire litté-
la croyance à quelque chose d'inconditionnel au delà raire de la France, 1742, t. VI, p. 411. — Bibliotheca hagio-
de laréalité compréhensible. »Hamilton, Fragments de graphica latina, 1898, p. 28.
philosophie, trad. franc, de L. Peisse, Paris, 1840, p. 21. P. FOURNIER.
—Mansel, son disciple, reprend et développela même AGOBARD, archevêque de Lyon.
doctrine, non pour conclure simplement à la nécessité I. VIE. — Né en Espagne (779), Agobard fut
d'une foi naturelle plus ou moins religieuse, mais pour conduit, encore petit enfant, en Gaule Narbonnaise.
faire l'apologie de la théologie chrétienne, en établis- Il y fit, quelques années après, la connaissance de
sant qu'au fond on ne sait ce qu'on veut dire quand Leidrade (Laidradus), le célèbre archevêque de Lyon,
on la critique au nom de la raison. — Enfin, s'inspi- qui devait être son protecteur, et exercer sur sa vie
rant de l'un et de l'autre, Herbert Spencer enseigne une si puissante influence. Leidrade ne tarda pas à re-
dans son livre des Premiers principes que toutes les cevoir au nombre de ses prêtres le jeune Agobard, déjà
sciences comme toutes les religions s'accordent à ad- remarquable autant par son esprit large et ouvert que
mettre l'existence d'une réalité qui surpasse l'intel- par son érudition (804). Le même pontife donna, en 813,
ligence et qui est en elle-même absolument « incon- la consécration épiscopale à son protégé, sans doute à
naissable ». C'est surtout cette dernière doctrine qu'on titre de chorévêque ou d'auxiliaire, et le laissa l'année
désigne d'ordinaire sous le nom d'agnosticisme. suivante pour le remplacer, tandis que, vieux et in-
Le mot lui-même vient d'un autre anglais, de Huxley. firme, il cherchait lui-même une retraite dans un cloî-
Celui-ci faisait partie d'une sorte de club philosophique tre, à Soissons. Quand Leidrade mourut (816), Ago-
dont tous les membres avaient un système déterminé bard lui succéda. Naturellement, les protestationsqui
s'étaient élevées nombreuses lors de la promotion de sentement de son maître. Agobard s'éleva contre cette-
813 redoublèrent en 816; mais pourtant Agobard put décision, dans un manifeste intitulé Consultatio et sup-
conserver sa dignité. plicatio de baptismo Judaicorum mancipiorum, et
Les principaux événements qui donnent du relief à adressé aux grands fonctionnaires Adalhard, Wala,
son épiscopat sont les assemblées auxquelles il assista Hélisachar. Un décret impérial ayant interdit de nou-
et les polémiques auxquelles il prit part. Nous le trou- veau le baptême en question, Agobard envoya à Hil-
vons présent à l'élection de l'abbé d'Aniane (821), aux duin et à Wala un second mémoire, Contra præceptum
assemblées d'Attigny(822), de Compiègne(823 et 833),
de Paris (825), de Lyon (829), de Langres (830), de

:
Quercy (838). Ses nombreux ouvrages, dont nous
allons donner une idée, montrent quelles furent les
questions qui le passionnèrent l'adoptianisme, la
:
impium de baptismo Judaicorum mancipiorum. Mais
la situation ne changea pas. Un troisième traité fut
adressé au souverain lui-même De insolentia Judæo-
rum. Agobard s'y justifiait. Son crime, disait-il, c'était
« de prêcher aux fidèles de ne pas vendre aux Juifs des
réforme liturgique, la lutte contre les Juifs et contre esclaves chrétiens, de ne pas permettre aux Juifs
certaines pratiques populaires de dévotion regardées d'emmener des chrétiens en Espagne ou de les avoir
par lui comme superstitieuses, enfin et surtout, les comme domestiques, de dire que les femmes chré-
difficultés survenues entre l'empereur Louis le Pieux tiennes ne doivent point fêter le sabbat avec eux, ni
et ses fils. Lorsque, après avoir été déposé, le mo- travailler pour eux le dimanche, ni prendre avec eux
narque revint au pouvoir (835), il exila Agobard, son leurs repas les jours de jeûne; c'est d'empêcher qu'au-
grand adversaire, qui dut se retirer en Italie, cédant cun chrétien n'achète chez eux ni vin, ni viande, pour
la place à Amalaire le liturgiste. Agobard rentra en la raison que les juifs ont coutume de vendre ce qu'ils
grâce dès 838; mais il mourut peu après, le 6 juin 840, trouvent d'impur et qu'ils l'appellent même viande de
à Saintes, au cours d'un voyage qu'il faisait avec l'em- chrétiens, etc. » Agobard publia encore peu après le
pereur. De judaicis superstitionibus, et la lettre à Nibridius,.
Le nom d'Agobard figure dans le Liber confraterni- évêque de Narbonne, De cavendo convictu et societate-
tatum de l'abbaye de Reichnau, et en tête du Codex Judæorum. On voit, par ces écrits que les mesures
Agobardinus,le meilleur manuscrit de Tertullien, con- énergiques prises par l'évêque de Lyon avaient moins
pour but de vexer les Israélites, que de les empêcher
:
servé à la Bibliothèque nationale, à Paris. On lit, au
premier feuillet de ce livre Liber oblatus ad altare de nuire aux fidèles, et qu'Agobardvoulait avant tout
sancti Stephani ex voto Agobardi episcopi.
:
Le peuple a rendu jadis un culte à Agobard les mar-
tyrologes de Lyon et de Saint-Claude, par exemple,
prévenir les dangers que courait la foi de ses diocé-
sains.
3. Parmi les ouvrages qui rentrent dans le domaine
l'attestent. Le bréviaire lyonnais contenait un office de la théologie pastorale, et sont destinés soit à dé-
de neuf leçons consacré à notre personnage, vénéré fendre les droits du clergé, soit à instruire le peuple,
naguère encore sous le nom de saint Aguebaud. Mais nous pouvons citer le De privilegio et iure sacerdotii, le
l'Église n'a jamais ratifié ce culte. De dispensatione ecclesiasticarum rerum, la lettre à
II. ÉCRITS. — Agobard est avant tout un Matfred, le De modo regiminis ecclesiastici, le De fidei
homme de combat. Ses ouvrages ont les qualités et les veritate.
défauts des écrits de polémique. Son style est vif, vi- 4. Agobard fut l'un des hommes de son temps qui
goureux; mais il n'évite pas toujours l'exagération. combattirent avec le plus d'énergie la superstition,
D'ailleurs, quand on met Agobard dans son milieu, on sous toutes ses formes. A ce point de vue, son traité
ne peut lui refuser, malgré tout, une réelle sympathie. le plus intéressant est le Contra insulsam vulgi opi-
Il est un des grands écrivains, un des hommes inté- nionem de grandine et tonitruis. Beaucoup croyaient
:
ressants de son siècle. Ses œuvres peuvent se répartir
en six classes la réfutation de Félix d'Urgel, les livres
contre les Juifs, les traités de pastorale, les traités
que la grêle et le tonnerre pouvaient être produits par
le caprice de certains hommes malfaisants. On pensait
même que ceux-ci vendaient à des personnages mysté-
contre la superstition, les écrits politiques et les tra- rieux, venus, à travers les airs, d'un pays lointain
vaux liturgiques. nommé Magonia, les fruits que le mauvais temps avait
1. Élipand, archevêque de Tolède, et Félix, évêque fait tomber. Agobard réfute cette superstition, et
d'Urgel, avaient ressuscité lenestorianisme sous le nom quelques autres de même genre. On peut ranger dans
d'adoptianisme. Voir col. 586. Ils furent réprouvés la même classe l'Adversus legem Gundobadi et impia
par le pape Adrien Ier et par plusieurs conciles con- certamina, contre le duel judiciaire, et le De divinis
voqués sur l'ordre de Charlemagne. A Aix-la-Chapelle, sententiis, contre les ordalies. C'est encore la supersti-
notamment, après d'assez longs débats, Félix fut con- tion que notre évêque prend à partie dans son Contra-
vaincu, et promit de s'amender. Il passa ses dernières eorum superstitionem qui picturis et imaginibus sanc-
années à Lyon où il mourut en 818. Mais un écrit qu'il torum adorationis obsequium deferendum putant, ou-
laissa fit bien voir qu'il avait fini dans l'impénitence. vrage célèbre, dirigé moins contre le culte orthodoxe,
Agobard qui s'était déjà signalé au cours de la polé- que contre l'adoration proprement dite des images.
mique contre l'adoptianisme, reprit la plume, et com- Bien qu'il emploie parfois des termes obscurs ou am-
posa, basé sur les livres des Pères, une nouvelle réfu- bigus, il paraît bien qu'Agobard n'était pas un icono-
tation. Voir col. 589. claste. II a été plutôt victime du malentendu qui ré-
2. Au début du IXe siècle, il y eut dans le royaume gnait alors dans les Églises des Gaules sur cette ques-
franc, une ère de tolérance en faveur des Juifs. Les uns tion.
disent que Louis le Pieux leur laissait la paix par res- 5. Il semble moins facile d'excuser Agobard de son
pect pour les patriarches.; d'autres assurent qu'en attitude à l'égard de Louis le Pieux, son bienfaiteur.
réalité l'entourage de l'empereur avait été gagné par Dans la lutte entre l'empereur et ses fils, il prit nette-
l'or des fils d'Israël. Quoi qu'il en soit, le prosélytisme ment parti pour ces derniers. C'est dans ce sens qu'il
judaïque offrait un réel danger pour les chrétiens. Et publia le De divisione imperii inter filios Ludovici, le
c'est sans doute la raison qui poussaAgobard à se mon- Liber apologeticus pro filiis Ludovici, la Cartulade
trer sévère dans ses mesures défensives et offensives.
Les esclaves païens des Juifs, une fois convertis au
christianisme, se croyaient libres, et autorisés à s'en-
;
pænitenia ab imperatore acta. Agobard s'y montre
favorable à l'unité de l'empire il proteste contre l'abus
du serment politique; il accuse Louis de se laisser
fuir. Pour prévenir les abus, on avait décidé qu'on ne guider par de mauvais conseillers, et surtout il en veut
donnerait point le baptême à un esclave sans le con- à Judith, l'épouse de l'empereur, laquelle, dit-il, dés-
honore la cour et cause un mal immense par ses in- phique et biographique de la Mayenne, Laval, 1900, t. II,
trigues. p. 135-139. — Busson et Ledru, Actus pontificum Ceno-
6. A ces difficultés survenues entre Louis et ses fils, mannis in urbe degentium,Le Mans, 1901.
Paul CALENDINI.
se rattache en somme l'origine des ouvrages liturgiques
d'Agobard. Malgré les efforts des premiers carolin- 2. AGOBERT, évêque de Chartres. Agobert (Ago-
giens pour faire accepter par les églises franques la bertus, Agenertus, Adevertus, Aivertus) succéda sur
liturgie romaine pure et simple, l'unité liturgique le siège de Chartres à Thierry (1028-1048) et l'occupa
laissait encore beaucoup à désirer vers 830. Amalaire, lui-même, de 1048 à 1060.
le chorévêque de Metz, fut chargé par l'empereur d'une Il apparaît successivementcomme capellanus (Car-
revision qu'il accomplit en combinant les traditions tul. de la Trinité de Vendôme, t. i, p. 85), comme sous-
romaines, les usages messins, et ses propres composi- chantre après Arnoul, en 1045 (charte de fondation de
tions. Quand Amalaire remplaça sur le siège épiscopal l'abbaye de Saint-Avit, inédite, Archives d'Eure-et-
de LyonAgobard exilé, il profita de son séjour en cette Loir) et, en 1048, le 17 avril (Cart. de N.-D. de Char-
ville pour y introduire sa réformeliturgique. A son re- tres, t. I, p. 99 et Cart. de Saint Père, p. 151),
tour, Agobard entra en campagne contre ce mouve- comme archipresbyter à l'élévation du corps de saint
ment; il n'eut dailleurs qu'à continuer la lutte déjà Romain, dans l'église de Brou.
commencée par son clergé, et notammentpar le diacre Il avait été fort lié avec l'abbé Albert, doyen du
Florus. Au cours de cette polémique, dans laquelle chapitre sous Fulbert, qui, après avoir failli être
l'antipathie bien compréhensible d'Agobard pour évêque de Chartres au lieu de Thierry, se retira à
:
Amalaire joua sans doute un certain rôle, l'évêque de
Lyon publia les écrits suivants De divina psalmodia,
De correctione aniiphonarii, Contra libros IV Ama-
Marmoutiers, dont il devint abbé en 1032. Aussi,
quand il fut évêque de Chartres lui-même, Agobert
permit aux chanoines de Notre-Dame de faire une
larii abbatis. Agobard vise surtout à retrancher de alliance de confraternité avec les religieux et l'abbé
l'office divin tout ce qui n'est pas un pur extrait de la de Marmoutiers, et de leur donner à perpétuité le re-
sainte Écriture, et à rejeter en bloc les interprétations venu d'une de leurs prébendes, à condition qu'ils fe- <-
mystiques d'Amalaire. Ses traités liturgiques sont par- raient des prières pour chaque chanoine décédé. Cari.
ticulièrementutiles parles citationsqu'ils contiennent; de Notre-Dame, t. I, p. 92. Il confirma aux mêmes re-
nous y trouvons maint renseignementintéressant sur ligieux, contre les revendications de l'archidiacre
la liturgie lyonnaise au IXe siècle. Hugues Doubleau, la donation qui leur avait été déjà
faite de l'église de Naveil, dans le Vendômois (Cart.
Les œuvres d'Agobard ont été éditées par Papire Masson deMarmoutierspour p.4), etleurpermit,
le Vendômois,
à Paris e~ 1605, et par StéphaneBaluze, également à Paris, le 25 novembre 1060, d'élever une église en l'honneur
en 1666. Elles se trouvent dans toutes les grandes collec- de saint Barthélemy dans leur prieuré d'Orchaize,
tions : Bouquet, Hist. des Gaules, t. VI; Gallandi, t. XIII;
de la Bigne, t. IX; P.L., t. CIV. Le Liber apologeticus a été dans le Blésois. Cart. de Marmoutiers pour le Blésois,
réimprimé par Waitz, dans Monumenta Germanise historica, charte 36. De plus, il consacra pour eux l'église de
Scriptores, t. xv, p. 274-279; la Cartula de pænitentia ab Chuisnes, près Courville, sous le vocable des saints
imperatore acta, par Boretius, op. cit., Capitularia regum Gervais et Protais et contre les prétentions des cha-
Francorum,t.II, p. 51-55; les épîtres, par Dümmler, op. cit., noines, il leur maintint la possession du prieuré de
Epistolæ, t. v, p. 150-239. Vieuvicq. Un manuscrit chartrain du XIesiècle, p. 189.
La bibliographie complète se trouve dans le Répertoire
:
de Uly. Chevalier, 2e édit., t. i, col. 74.Voici les travaux
les plus récents Chevallard, L'Église et l'État en France au
IXe siècle. S.Agobard, archevêque de Lyon, sa vie et ses écrits,
Le 2 septembre 1058, il accorda à Geoffroi, abbé de
Coulombs, les églises de Bouconville et de Saint-
Aignan de Senantes. Dignitaires de l'église de Notre-
Lyon, 1869. — Dümmler, dans Neues Archiv, 1879, p. 263- Dame de Chartres, p. 8, d'après le Grand cartulaire de
264. — Ebert, Histoire de la littérature chrétienne au moyen Coulombs, Arch. d'Eure-et-Loir, p. 43.
248.-
âge, traduction Ayméric et Condamin, 1884, t. II, p. 234-
Gundlach, dans Neues Archiv, 1886, p. 271-273. —
Enge, De Agobardi archiepiscopi lugdunensis cum Judæis
Aux chanoines de Saint-Liphard de Meung, il céda
l'église d'Oinville en Beauce, vers 1055, en retour de
différents droits que l'évêque et l'archidiacre d'Or-
sa vie et ses écrits, Montauban, 1891. -
contentione, Fribergæ, 1888. — Rozier, Agobard de Lyon,
Foss, Leben und
.zur Schriften Agobards Erzbischofs vonLyon,dans Beitrüge
léans conservaient sur l'église d'Ingré que le roi
Henri Ier avait donnée au chapitre de Chartres, sous
l'évêque Thierry en 1048. Cart. de Notre-Dame de
Förder. christl. Theologie, 1897, p. 101-144. — Eichner,Ago-
bard, Erzbischof von Lyon, dans Zeitschrift für wissen- Chartres, t. I, p. 93.
tion théologique de l'Église de Lyon :
schatt. Theologie, 1898, p. 526-588.-Martin, Une manifesta-
l'adoptianisme et les
archevêques Leidrat et Agobard, dans L'Université catho-
lique, 1898, p. 594-602. — Analecta bollandiana, 1899, p. 74-
Vers la même année 1055, il abandonna l'église
d'Épône au chapitre de Notre-Dame de Paris, moyen-
nant 100 pains blancs, 2 muids de vin, 5 pièces de
75. — Martin, dans le Dictionnaire de théologie catholique, lard, muid d'avoine, que ce chapitre devrait à l'évê-
1
1900, t. I, col. 613-615. — Duchesne, Fastes épiscopaux que de Chartres, quand il viendrait dans la capitale.
1900, t. II, p. 172. — Debroise, dans le Dictionnaire d'ar- Cart. de Notre-Dame de Paris, t. i, p. 319.
chéologie chrétienne et de liturgie, 1904, t. I, col. 971-979. En 1058, il souscrivit au diplôme d'Henri Ier accor-
M. BESSON. dant l'église de Dreux aux moines de Saint-Germain-
1. AGOBERT, premier abbé d'Évron. Dans son des-Prés. C'est peut-être alors qu'il donna une charte
testament de 642, saint Hadouin, évêque du Mans, au chapitre de Saint-Étienne de Dreux. Dignitaires
« donne à la basilique de Notre-Dame et Sainte-Marie de l'église de Notre-Dame de Chartres, p. 8; d'après le
le bourg d'Évron queAgobert, abbé de Diergé (abbas Cartulaire inédit de Saint-Étienne de Dreux, Bibl. nat.,
.Diriaginsis) a bâti en même temps. » Aclus pontifi- ms. 1006.
cum Cenomannis in urbe degentium, édit. Busson- Étant à Dreux, près du roi Henri qui y tenait sa
Ledru, p. 159. Dom Piolin dit qu'Agobert était cour, il accepta la demande que lui faisait l'abbé de
auparavant à latête d'une abbaye située à Douçai, Saint-Père, Landry, au sujet de l'église de Brezolles,
près Jublains; c'est à tort, répond l'abbé Angot, car qu'un certain Albert de Ribauld, qui la possédait du
Agobert était simplementfondateur
non pas d'Évron
et
premier abbé,
qui n'existait pas, mais de Diergé
fait de son père, voulait donner à ce monastère. Cart.
de Saint-Père, p. 127. De même, en 1059, il fut témoin
qui était le nom primitif d'Évron. de la donation de l'église de Villevillon à Saint-Père
Dom Piolin, Histoire de l'Église du Mans, Paris, 1863, par un certain Eudes Odo. Cart. de Saint-Père,p. 163.
t. I, p. 341-342. —Angot,Dictionnaire historique, topogra- Le moine Paul, rédacteur du cartulaire de Saint-
Père, lui reprocha d'avoir permis aux chanoines de les anciens catalogues des évêques de cette ville. Du-
Notre-Dame d'usurper une parcelle de terre du côté chesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, t. II,.
de Champhol (Campi Fauni), que son monastère pos- p. 75-87. Mais aucun document ancien ne parlant de
sédait depuis longtemps sans contestation. Cart, de son épiscopat, on ne peut enregistrer cette tradition,
Saint-Père, p. 31. que sous bénéfice d'inventaire. Avant la Révolution
Pourtant, Agobert fut inscrit au nécrologe de cette on voyait à Poitiers,près de l'ancienne église de Sainte-
abbaye (Bibl. de Chartres, ms. 1032, inédit) à la date Triaise, une chapelle dédiée à saint Agon et on
du 5 décembre, et à celui du prieuré de Juziers qui en fit mémoire de ce saint, le 18 août, dans le diocèse de
dépendait, au 9 décembre. Gallia christiana, 1744, Poitiers jusqu'à l'adoption de la liturgie poitevine de-
t. VIII, col. 1120. Il fut porté de même au nécrologe de 1765.

:
Notre-Dame de Chartres, au 9 décembre avec cet
éloge miræ simplicitatis vir et innocentiæ. Cart. de
Notre-Dame de Chartres, t. III, p. 219. Il fut inhumé
Acta sanctorum, 1743, augustit.VI, p.826.— DeChergé,
Les Vies des saints du Poitou, 1856, p. 24. — D. Chamard,
Origines de l'Église de Poitiers, dans Mém. de la Soc. des
comme ses prédécesseurs, à Saint-Père, au pied du antiquaires de l'Ouest, 1873, t. XXXVII, p. 85-86. —
grand autel. Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, t. ii,
Cet évêque, on l'a vu, rencontra plusieurs fois le roi p. 75-87.
Henri Ier. En 1052, il servit de témoin à la charte par P. DE MONSABERT.
laquelle ce roi fondait et dotait l'abbaye de la Chaise- AGONTZ (AKONTZ) (ÉTIENNE-GUVERAMIRA),.
Dieu. troisième abbé général de la congrégation armé-
il garda près de lui, comme le prouvent les souscrip- nienne des méchitaristes. Né à Saint-Nicolas, dans
tions des chartes de son temps, tous lés disciples de la Transylvanie, en 1740, il mourut au monas-
Fulbert et se mêla de leur controverse avec Bérenger, tère de Saint-Lazare de Venise, en 1824. A son entrée
comme le témoigne une lettre de celui-ci à Drogon de à Saint-Lazare, il reçut le nom d'Étienne que portait
Paris, vers 1054. Südendorf, Berengarius Turonensis, le second abbé général Stéphané Ier Melchior. Prêtre
1850, p..127, 215. et supérieur en 1763, il devint, en 1785, le coadjuteur
Métais, Carlulaire de l'abbaye de la Trinité de Vendôme,
;
de Stéphané Ier et à la mort de ce dernier, on le choisit
d'une voix unanime pour abbé général (1800). En
1893-1900. — Lépinois et Merlet, Carlulaire de Notre-Dame
de Chartres, 1862, loc. cit. — Guérard, Cartulaire de Saint- 1804, il était nommé archevêque in partibus de Siou-
Père, 1840, loc. cil. — Métais, Cartulaire de Marmoutiers nie (au nord-est de la Grande-Arménie). Il agrandit
pour le Blésois, 1889-1891, loc. cit. — ClervaJ et Merlet, Un le monastère de Saint-Lazare et, par son habileté
manuscrit chartrain du xie siècle, 1893. — R. Merlet, Di- le sauva de toute atteinte au temps de l'occupation
gnitaires de l'Église de Notre-Dame de Chartres, 1900, loc. de l'Italie par Napoléon Ier. Prédicateur, écrivain,
cil. — Grand cartulaire de Coulombs, Arch. d'Eure-et-Loir, érudit, remarquable par son esprit d'initiative comme
1261, et Cartulaire de Saint-Étienne de Dreux, n. 10106,
inédits, Bibl. nat., fonds latin. — Guérard, Cartulaire de par sa science et ses vertus, il donna aux méchita-
Notre-Dame de Paris. — Gallia christiana, 1744, t. VIII, ristes une nouvelle impulsion vers les travaux de
l'érudition et de l'apostolat.
-
coL 1120. — Südendorf, Berengarius Turonensis, 1850, loc.
cit. Martène, Histoire de Marmoutiers, 1874, t. i, p. 335
(Mémoires de la Sociélé archéologique de Touraine, par Cheva-
Il a écrit une Géographie des quatre parties du
monde, en 11 vol., en arménien, Venise, 1802, 1804,
lier). 1805, les derniers avec la collabor. de son disciple
A. CLERVAL. Luc Indjidjian. — Histoire de l'abbé Méchitar, Ve-
ÂGGDiNO (EVASE-VICTOR-SECOD). Né àTurin, nise, 1810, en arm. Commentaire sur l'ancien Testa-
le 26 août 1767, fut d'abord curé de la paroisse du ment,4vol., en arm., Venise, 1819; Comment, sur le
Corpus Domini dans cette ville et fut préconisé évêque Nouveau Testament, 4 vol., Venise, 1824. Plusieurs
d'Aoste, le 12 juillet 1794. Il y fit son entrée solennelle de ses écrits sont inédits.
le 24 octobre de la même année. Il établit dans son Biographie par Pianton, Venise, 1825, et Notice par le
diocèse la liturgie romaine et mourut le 24 avril 1831. P. Sethianen latin eten arménien, Venise, 1825.
Il a laissé plusieurs circulaires et lettres pastorales. FR. TOURNEBIZE.
P.-E. Duc, Le clergé d'Aoste du xvui*siècle, Turin, 1881, AGOP (JEAN), ou Jean-Jacques Hollov, prêtre et
p. 5-9. vartabed catholique arménien, né à Constantinople,
J. FRAIKIN. un peu avant le milieu du XVIIe siècle. Il se signala bien
AGOLENUS ouAGOSENUS, évêque de Bourges moins par l'excellence et la pureté littéraire de ses
(682-696). En 682, il signe, sous le nom de Gosenus œuvres, que par son activité comme écrivain et tra-
la charte accordée par l'évêque du Mans, Aiglibert,
à l'abbesse de Sainte-Marie du Mans, Adrehilde
ou Ade. Voir col. 513.
Bibliothèque de l'École des chartes, t. LV, p. 40, 325.—
leur ordre chronologique :
ducteur et par son zèle à défendre la foi catholique con-
tre des compatriotes,non-unis. Voici ses ouvrages dans
Petit traité de Rhétorique,
Marseille, 1674, en arménien; traduction arménienne
de l'Imitation du Christ, de Thomas à Kempis; Rome,
Busson-Ledru, Actus pontificum Cenomannis in urbe degen-
tium, Le Mans, 1902, p. 213. 1674, éditions suivantes, Rome, 1705; Amsterdam,.
U. ROUZIÈS. 1696; Venise, 1737; Nouvelle fleur des Vertus (Nora-
AGOLLA (MATTHIAS), augustin, célèbre orateur qoïn dzaghig zorouthiantz), Rome, 1675; Puritas
belge du XVIIe siècle. Son apostolat s'exerça surtout linguæ armenicæ, Romæ, 1674; Puritas Haygica,
dans la province de Brabant. Il appartenait au cou- seu Grammatica Raygica, seu Grammatica armenica,.
vent de Diest. Les bibliographes de l'ordre citent plu- Rome, 1675; Grammatica Latina armenice explicata.
:
sieurs recueils de sermons écrits par lui et encore iné-
dits 1. Conciones et sermones in omnes dominicas et
festa totius anni, ad magnam legentium utilitatem;
Au dire de Somal, le premier de ces ouvrages aurait dû
être plus justement appelé Perversitas que Puritas
linguæ armenicæ. Quadro della storia letteraria di
2. Meditationes de passione Christi; 3. Conciones pro Armenia, Venise, 1829, p. 163. Jean Agop, en effet,
Adventu et Quadragesima. ne respectait pas assez le génie propre de la langue
arménienne et voulait, bon gré, mal gré, l'assujettir
Nicolas Le Tombeur, Provincia belgica augustiniana,
Louvain, 1727, p. 183.
A. PALMIERI.
AGON (Saint). Inscrit comme le quatrième évêque de
:
aux règles et aux formes du latin. La lyre de la B.
vierge Marie, Novaqaran Goussin, mot à mot L'ins-
trument de musique de la Vierge, Marseille, 1676;
Poitiers (saint Hilaire, vers 350, est le neuvième) dans Speculum veritatis continens peculiarem quamdam
instructionem fidei catholicæ, aposlolicœ ac romanæ, que de Chioggia, le 27 octobre 1871, il devint pa-
Venise, 1680, en arménien. L'objet de ce traité est triarche de Venise, le 22 juin 1877 et cardinal, le 27 mars
d'amener les Arméniens à reconnaître que l'Église ca- 1882, avec le titre de Saint-Eusèbe qu'il changea plus
tholique romaine est seule othodoxe et le pape seul tard avec celui de Santa Maria della Pace. Il mourut,
successeur de Pierre. Cf. mss. 27. Verzeichniss der le 31 décembre 1891, vénéré de tous pour ses vertus,
armenischen Handschriften der Kœnigl. Biblioth. zu en particulier pour son exquise affabilité.
Berlin, par N. Kavramianz; Missel arménien, Di- J. FRAIKIN.
chiarazione della Liturgia armena fatta in italiano, 2. AGOSTINI (FRANCESCO). Né à Fano, le 4 juin
Venise, 1690; Méditations chrétiennes pour chaque 1807,fut promu évêque de Nocera Umbra, le 14 avril
jour du mois, Venise, 1136-1687, en arménien; La 1848, et mourut en 1863.
confession ou l'accusation, suivant l'ordre des dix com- J. FRAIKIN.
mandements. des sept péchés capitaux, Constantinople, 3. AGOSTINI ZAMPEROLI (PAOLO ANTONIO),né
1701, traduction arménienne de l'œuvre italienne de à Cagli, fut préconisé évêque de Sant' Angelo inVado
Marc de Palerme. et Urbania, le 20 décembre 1779. Il fut déporté par le
La Bibliothèquenationale de Paris possède une copie gouvernement du royaume d'Italie et mourut en exil
manuscrite de la traduction arménienne de l'Imita- en 1809.
tion de Jésus-Christ, parue à Rome en 1674. Cette co- Cappelletti, Le Chiese d'Italia, t.III, p. 438.
pie, faite en 1711, est de la main du fameux patriarche J. FRAIKIN.
arménien Avédik, alors détenu à la Bastille. Catalogue 1. AGOSTINO DEL MUGELLO, peintre domini-
des manuscrits arméniens et géorgiens de la Biblio- cain (XVIe siècle). Disciple de fra Bartolomeo, il le
thèque nationale de Paris, par F. Macler, 1908, mss. secondait dans des travaux de moindre importance.
n. 159. Ibidem, autres copies de la traduction de l'Imi- En 1516, il peignit de société avec fra Paolino da

;
tation, n. 139 et 140. copies du Jardin spirituel,
Marseille, 1683, n. 154 et 155 des mss. copies du Traité
contre ceux qui croient que J.-C. n'a pas souffert, n. 142
Pistoia, autre élève de fra Bartolomeo, dans l'église
dominicaine de San Spirito, à Sienne, la fresque repré-
sentant le Christ en croix, assisté de la Vierge, de
et 313 des mss. saint Jean, de sainte Marie-Madeleine et de sainte

1829, p. 162-163.-
Somal, Quadro della storia letteraria di Armenia, Venise,
Karékin Zarphanalian,Histoire de la
littérature arménienne moderne, en arménien, Venise, 1905,
Catherine de Sienne. Pendant assez longtemps l'on
crut que cette peinture était de fra Bartolomeo
lui-même.
p.348;Histoire de l'imprimerie arménienne, en arménien, P. Vicenzo Marchese, Memorie dei piu insigni pittori,
ibid., 1895, p. 119, 132-133, 135, 257, 258; Bibliographie scultori ed architetti domenicani, 3e éd., Gênes, 1869, t.
arménienne, en arménien, Venise, 1883, p. 470-471.—Fred. n,
Macler, Catalogue des mss. arméniens et géorgiens de la p. 268-272.
Biblioth. nationale de Paris, 1908, n.138, 139, 140, 142, R. COULOX.
154, 156, 313. —- P. Jacques Dashian, Catalogue des mss. 2. AGOSTINO(GIUSEPPE),jésuite sicilien, théolo-
arméniens de la Biblioth. des méchitaristes de Vienne, gien d'un grand mérite, né à Palerme le 18 mars 1575
Vienne, 1895, 1re partie, en allemand, n. 262, 163, 418, et mort dans la même ville le 29 mai 1643. Admis le
-
p. 139, 140, 199; 2e partie, en arménien, mêmes numéros
p. 668-669, 872, etc. La revue arménienne, Hantess Am-
soriah des méchitaristes de Vienne contient des fragments,
14 avril 1590,il enseigna six ans la philosophie à Rome,
puis la théologie avec un remarquable succès à Lyon
et à Avignon, attirant à ses cours de nombreux audi-
ch. XIII et XIV de la Physiognomonie et de la chirognomonie
de J.-B. Porta, abrégée par F. Stelluti et traduite par Agop, teurs. De retour à Palerme, il professa encore trois
1893, p. 282-283. Voir le deuxième article de Thoromian ans la philosophie, dix ans la théologie, et fut dix-
sur Agop, Hantess, 1893, p. 369-370. huit ans préfet des hautes études. Son manuel de cas
FR. TOURNEBIZE. de conscience, paru d'abord avec le titre de Nucleus
AGOSENUS. Voir AGOLENUS, col. 1003. casuum conscientiæ, in-16, Palerme, 1638, n'eut pas
moins de sept éditions en deux ans à Palerme, Mes-
à
AGOSTI (GIUSEPPE), jésuite italien, né Belluno, sine, Venise et Rome, sous le pseudonyme de Decius
le 10 février 1716 et admis au noviciat de la province
d'Autriche, à Vienne, le 27 octobre 1735. Professeur
Cyrillus typographus, ou bien anonyme; il l'aug-
menta d'un tiers et le publia sous son nom Brevis :
:
de rhétorique à Graz, il publia un poème contre les
détracteurs de la philosophie scolastique Satyra in
eos philosophos, qui scholasticam philosophiam contem-
notitia eorum, quæ scitu vel necessaria, vel valde utilia
sunt confessoribus, in-32, Palerme, 1641; Dillingen,
1642, 1645, 1647; Crémone, 1643; Douai, 1644, 1645;
Cologne, 1644, etc., plus de cent éditions en moins
nunt, in-8°, Graz, 1749. Il enseigna la philosophie à
Agram et à Goriz, puis, durant plusieurs années, la
théologie morale à Borgo San Donnino, étant passé,
en 1757, dans la province de Venise, à laquelle il ap-
également publié :
d'un siècle, au témoignage de Mongitore. Agostino a
Commentarii in Primam partem
SLlmmæ S. Thomæ, 2 in-fol., Palerme, 1639-1643.
partenait par sa naissance. Il mourut dans sa ville na-
Mongitore, Biblioth. Sicula, Palerme, 1707, t. I, p. 372.
tale, où il s'était retiré après la suppression de la Com-
pagnie de Jésus, le 10 septembre 1786. On a de lui un - Aguilera, Provinciœ Siculæ S. I. ortus et res gestæ,
Palerme, 1740, t. n, p. 416-418. — Sommervogel, Biblioth.
volumineux traité de botanique, où il étudie spéciale-
ment les plantes du territoire de Belluno et de Borgo
San Donnino : De re botanica tractatus, in quo præter
;
de la Compagnie de Jésus, Bruxelles, 1890, t. i, col. 69-73
et append. 1898, t. VIII, col. 1573. — J.-Eug. de Uriarte,
Obras anônimas y seudônimas S. J., Madrid, 1905, t. n,
generalem melhodum et historiam plantarum, ete stir- n. 3490.
pes peculiariler recensentur quæ in agro Bellunensi et E.-M. RIVIÈRE.
Fidentino vel sponte crescunt, vel arte excoluntur, gr. in- 3. AGOSTINO (PIETRO-MARIA D'), né en 1755, à
8°, Belluno, 1770. Sciacca, profès au monastère bénédictin de Saint-
Stôger, Scriptores prov. Austriacœ S. I., Vienne, 1856, Nicolas d'Arena, à Catane, le 25 juin 1775, élève du
collège de Saint-Anselme à Rome, sous le futur pape
P. 7. — Sommervogel, Biblioth. S. I., Bruxelles, 1890, t. i:
col. 68. — Aug. Buzzati, Bibliografia Bellunese, Venise, Pie VII, professeur de philosophie et de mathéma-
1890,p.148. tiques à Subiaco. Plus tard il fut nommé représentant
E.-M. RIVIÈRE. du roi des Deux-Siciles près de Pie VII et nommé
1. AGOSTINI (DOMENICO). Né àTrévise, le 31 mai évêque d'Agrigente (Girgenti) le 17 novembre 1823;
1825, il fut d'abord professeur au séminaire de cette il mourut en 1835.
ville, puis pro-vicaire général du diocèse. Promu évê- Circulaire mortuaire adressée par l'abbé Vincent Bini
aux monastères de la congrégation du Mont-Cassin, le
7 août 1835. Bibl. de l'abbaye de Saint-Paul à Rome.
AGOSTON(PIERRE),jésuite
le 1er août 1616, embrassa la vie religieuse à
àl'âge
transylvain,né Telek,
de
U. BERLIÈRE. 22 ans, exerça le saint ministère en Transylvanie et en
AGOSTINUCCI (CRISPINO). Né à Urbino le 25 Hongrie, et publia en hongrois plusieurs ouvrages
octobre 1797, il fut promu évêque de Montefeltro le ascétiques, dont une traduction du De æterna felici-
5 novembre 1849 et mourut en mai 1856. tate sanctorum, de Bellarmin, in-8°, Tyrnau, 1674. Il
J. FRAIKIN. mourut à Tyrnau, le 13 ou 23 avril 1689.
1. AGOSTO (GIOVANNI-BATTISTA),oudeAUGUS-
TIS, religieux théatin du XVIIe siècle, mort en 1709. Cé-
lèbre prédicateur, ilexerça son ministère avecbeaucoup
de fruit à Rome, Florence et Venise. Arisi le cite parmi
col. 73 et append. ;
Sommervogel, Bibliothèque S. I., Bruxelles, 1890, t. I,
1898, t. VIII, col. 1573.
E.-M. RIVIÈRE.
1. AGOULT (CHARLES-CONSTANCE-CÉSAR-LOUP-
les écrivains de Crémone. Il laissa inédits deux vo- JOSEPH-MATHIEU D') de Bonneval, évêque de Pamiers
lumes de sermons de carême et de panégyriques, con- et économiste. Né à Grenoble, le 15 janvier 1749, de
servés à la bibliothèque de San-Abondio de Crémone. la noble et ancienne famille d'Agoult, il fit ses études
Arisi, Cremona literala, Crémone, 1741, t. III, p. 126. — à Saint-Sulpice, à Paris. Vicaire général de Rouen
Vezzosi, I scrittori dei chierici regolari detti teatini, Rome, sous le cardinal de La Rochefoucauld, il fut nommé à
1780, p. 25. l'évêché de Pamiers en 1786, et sacré le 13 mai 1787.
A. PALMIERI. L'année suivante, aux États du pays de Foix, dont il
2. AGOSTO (HIPPOLYTE-LOUIS),évêque de Nico- était le président, il révéla une compétence spéciale en
polis, dans la Bulgarie du Nord. Né le 29 juin 1838 à matière d'administration et d'économie politique.
San-Bartolomeo, paroisse de la commune d'Andora, Son Rapport sur la situation des routes el chemins du
au diocèse d'Albenga, en Italie, Louis-Pierre-Eléazar pays de Foix (Archives départ, de l'Ariège, Procès-
Agosto entra tout jeune au séminaire d'Albenga; mais verbaux, 1788), fut très remarqué. Il joua un rôle
attiré vers la vie religieuse, il se fit admettre au mois important dans l'élection des députés aux États-
de mars 1854, dans la congrégation des passionistes. Généraux; mais ni le clergé, dont il avait formulé les
Au bout d'un an de séjour, au noviciat de l'Ange doléances, ni la noblesse ne voulurent de lui comme
près de Lucques, il prononça ses vœux, le 30 mars représentant. Ses manières hautaines, ses intrigues
1855, en prenant le nom d'Hippolyte-Louis. Ordonné et ses procédés parfois répréhensibles lui aliénèrent
prêtre à Viterbe, le 21 septembre 1861, il enseigna la plupart des esprits. Aigri et découragé, il abandonna
quelque temps la philosophie au scolasticat de sa con- son église, dès 1789 et séjourna d'abord en Suisse
grégation à Rome, et, en septembre 1867, il partit (Soleure), puis en Angleterre. Il ne perdit pas tout à
pour la mission d'Orient, qu'il ne devait plus quitter. fait contact avec son diocèse. Il intervint aux heures
Chargé d'évangéliser avec ses confrères la Bulgarie du graves, par des mandements ou des manifestes pour
Nord et la Valachie, le P. Hippolyte occupa tour à tour protester contre les actes de persécution. Signalons
les stations de Rimnik-Vulceo, au pied des Car- son Avertissement pastoral au clergé et aux fidèles pour
pathes, de Roustchouk, sur la rive droite du Danube les prévenir contre le schisme, et son Ordonnance sur
et de Braila, en Valachie. Revenu à Roustchouk l'élection de Bernard Font, curé de Serres, au siège de
au mois de septembre 1873, il y créa une importante l'Ariège, deux documents tous deux datés de Soleure,
mission, tout en continuant à donner ses soins comme le premier du 19, le second du 9 mai 1791. Il fit aussi
vicaire forain aux contrées voisines. Arrêté dans ses de la politique et des intrigues. Il complota avec Bre-
travaux par le bombardement de Roustchouk et la teuil, qui lui confia, en 1790, le plan d'évasion du roi
terrible guerre russo-turque (1877-1878), il se rendit pour le porter en France. Louis XVI le chargea de
en Italie, mais, la paix une fois signée, il se hâta de remettre la réponse. Puis notre prélat s'aboucha avec
revenir au milieu des siens. Dès le mois de septembre Dumouriez. Il s'agitait beaucoup et il espérait avoir
1878, il ouvrit la mission deBéelini, l'une des plus im- un rôle lors de la prochainerestauration. On dit aussi
portantes et des plus épineuses aussi de tout le dis- que sa conduite privée laissa quelque peu à désirer
trict. Une nouvelle ère s'ouvrit pour lui, quand, le durant l'exil. Celui-ci finit pour lui en 1801. Il se
27 avril 1883, il fut nommé évêque de Nicopolis, avec démit alors de son siège et vécut à Paris, n'exerçant
résidence à Roustchouk. Le nouveau diocèse, dont la aucune fonction publique. Il occupa ses loisirs à re-
création avait été rendue nécessaire par l'érection voir et à éditer divers travaux sur des sujets d'écono-
:
de Bucarest en archevêché, embrassait toute la Bul- mie politique et sociale qu'il avait composés durant
garie du Nord il avait pour limites le bras méridio- sa jeunesse, et il en élabora et publia de nouveaux.
nal du Danube, la mer Noire, les Balkans et l'extré- Voici les titres des uns et des autres Projet d'une :
mité orientale de la Serbie. Dix années durant, banque nationale, mémoire présenté à Louis XVI,
Mgr Agosto se dévoua à la tâche souvent ingrate de édité à Paris en 1815; Eclaircissement sur le projet
l'apostolat en pays d'Orient, ouvrant sur divers d'une banque nationale (réponse aux objections faites
points églises et écoles avec des ressources modestes contre ce projet), Paris, 1816; Conversation avec
et une affligeante pénurie de sujets. Il faut signaler M. Burke sur l'intérêt des puissances de l'Europe,
parmi ses œuvres les plus importantes, la création Paris, 1814; Lettres à un Jacobin, ou réflexions poli-
d'un séminaire et d'une maison de retraite pour les tiques sur la constitution d'Angleterre et la charte
missionnaires infirmes, l'organisation des communau- royale, Paris, 1815; Essai sur la législation de la presse,
tés de Bulgares catholiques revenus du Temesvar, Paris, 1817; Des impôts indirects et des droits de con-
où ils étaient réfugiés au XVIIe siècle, et enfin la con- sommation, ou Essai sur l'origine et le système des
struction d'une vaste cathédrale à Roustchouk. impositions françaises, Paris, 1827. Le prélat écono-
Abreuvé d'amertume par les fidèles de Béelini ré- miste mourut à Paris, le 21 juillet 1824, âgé de 75 ans.
voltés contre son autorité, il mourut au milieu d'eux,
Le Moniteur, 1824, p. 1039. — Quérard, La France litté-
le 3 décembre 1893, au cours d'une suprême tenta-
tive pour les ramener dans le devoir. Son corps fut raire ouDictionnaire bibliographique,Paris,1827, t.Ii,
p. 15.
ramené à Roustchouk, où il fut enseveli le 9 décembre. — Feller, Biographie universelle, Paris, 1851, t. I, p. 56. —-
Nouvelle biographie générale (Didot), Paris, 1862, t. I,

polyte-Louis Agosto, évêque de Nicopolis, passioniste,


-
Emmanuel de Saint-Louisde Gonzague, Vie de Mgr Hip- col. 404. GrandeEncyclopédie, art. Agoult. — De Lahon-
dès, Annales dePamiers, Toulouse, 1882, t. II. -
Duclos,
in-8°, Roustchouk, 1906, XXVIII, 49 p. Histoire des Ariégeois, Paris, 1883-1887, t. IV, p. 221,261.
L. PETIT. A. Jean, Les évêques et les archevêques de France depuis 1682
jusqu'à 1801, Paris, 1891, p. 390. — G. Arnaud, Histoire 1. AGRA. Sur la foide certains mss., qui relatent,
de la Révolution dans le département de l'Ariège (1789-1795), parmi les assistants au concile du 1er septembre 256,
Toulouse, 1904; le même, Mémoire sur les États de Foix,
Armorial des évêques de Pamiers, Foix, 1902. -
(1608-1789). Toulouse, 1904. — Lafont de Sentenac,
Forneron,
Histoire des émigrés, Paris, 1884,t.I, p. 325; t.II. p. 407.—
Sicard, L'ancien clergé de France, t.III, Les évêques pendant
à Carthage, Libosus ab AGRA, on a souvent men-
tionné dans les listes épiscopales d'Afrique une
Ecclesia AGRENSIS. Il y a lieu de la supprimer car
a
de nombreuses leçons, telles que Baca, Mansi,
;
Sacr. concil. nova et ampliss. collect., t. I, col. 957;
la Révolution, Paris, 1903, p. 208. — E. Daudet, Histoire
de l'émigration, Paris, 1905, t. I, p. 43. a Gava, Cypr., Opéra, édit. Hartel, t. I, p. 448, note;
J.-M. VIDAL. surtout a Vaga, ibid.; P. L., t. III, col. 1064; Aug.,
2. AGOULT (JEAN D'), clerc minoré et prévôt de De baptismo contra donatislas,VI,37,71, P. L., t. XLIII,
l'église de Riez, fut nommé archevêque de Riez, le col. 220; et Vagensis, ibid., III, 6, 9, col. 143, ou Va-
1er juin 1379, non par Urbain VI, comme le dit le gentis, P. L., t. III, col. 1091, démontrent clairement
Gallia christiana, t. I, col. 324, mais par le pape qu'il s'agit ici d'un évêque de Vaga. Voir ce mot.
d'Avignon, Clément VII. Le 13 septembre 1386,
Clément VII adressait une bulle à l'évêque de Siste- Morcelli, Africa christiana, Brescia, 1816-1817, t. I, p. 72-
ron, à l'abbé de Silvecane et au doyen de Saint-Agri- 73. — Gams, Series episcoporum, Ratisbonne, 1873, p. 464.
col d'Avignon pour accorder à Jean d'Agoult l'abso- — De Mas-Latrie, dans Bulletin de correspondance afri-
lution des censures qu'il avait encourues dans la caine, 1886, p. 96; Trésor de chronologie, 1889, col. 1873-
1874. — Toulotte (Mgr), Géographie de l'Afrique chrétienne,
guerre entre les partisans de Louis d'Anjou et de Rennes-Paris, 1892-1894, Proconsulaire, p. 354, 361. —
Charles de Duras. L'archevêque avait dû prendre une Joh. Schmidt, Agra 3, dans Pauly-Wissowa, Real-Ency-
part assez vive à la lutte qui divisait alors la Pro- clopädie, t. I, col. 887.
vence car, le 6 mai 1387, une bulle de Clément VII Aug. AUDOLLENT.
déclarait qu'à cause du rôle joué à Aix par Jean 2. AGRA. Avec sa population de 190000 habitants
d'Agoult, il serait transféré ailleurs et, en attendant, environ (188022 au recensement de 1901), ses vieux
le pape prenait en main l'administration du diocèse. monuments mongols et ses récents édifices, Agra,
Gallia christiana, t. I, Instrum., p. 69. Ce projet ne située sur la rive droite de la Djumnah ou Djaôun, le
reçut pas d'exécution, car dans divers documents, puissant affluent droit du Gange, n'est pas seulement
on trouve des actes par lesquels Jean d'Agoult con- une des villes les plus importantes et les plus peuplées
tinue à administrer le diocèse d'Aix jusqu'à sa mort de l'empire anglais des Indes, et la capitale des Pro-
qui dut arriververs 1395. vinces-Unies d'Agra et d'Aoude; c'est également une
Albanès-Chevalier, Gallia christiana novisstma, t. I, des métropoles catholiques de l'Hindoustan.
col. 92-94; Instrum., col. 67,69. Bien que l'histoire de la mission catholique d'Agra
U. ROUZIÈS.
ne remonte pas plus loin, en réalité, que la seconde
3. AGOULT (JEAN-ANTOINE-PAUL D'), grand-vi- moitié du XVIIIe siècle, au moment où le pays com-
caire de Mgr Louis de Grimaldi, évêque du Mans, ne- mença d'être évangélisé de manière vraiment systé-
veu de l'ancien doyen du diocèse de Paris, vint du matique par des religieux capucins, il importe de ne
diocèse de Sisteron. Déjà chanoine du Mans par nomi- pas oublier qu'auparavant déjà,le christianisme y fut,
nation royale, il avait pris possession le 6 novem- à différentes reprises, prêché ou confessé. Des prêtres
bre 1771; il était encore prieur commendataire de portugais tels que le P. Antonio de Monserrate, un
Sainte-Radegondeet titulaire d'une pension royale des compagnons du P. Acquaviva auprès d'Akbar
de mille écus. Tous ses revenus ne suffirent pas à ses (col. 361), et que le P. Antoine Machado, y parurent
besoins et le gros chiffre de ses dettes, joint à toutes et y séjournèrent plus ou moins longtemps dans les
ses excentricités, causa beaucoup de scandale au dernières années du XVIe siècle ou au début du siècle
Mans. Son frère, le marquis d'Agoult, le fit mettre en suivant, après que le célèbre empereur mongol Akbar
prison pour dettes, mais les autres vicaires généraux, eut choisi le village d'Agra pour en faire sa résidence
ses collègues, obtinrent sa liberté. Il se retira alors à et eut commencé d'y élever les monuments qui valent
Sainte-Radegonde avec son autre frère le baron à cette ville, aujourd'hui encore, une renommée uni-
d'Agoult, mais le roi l'envoya aux capucins d'Autun. verselle; mais ces missionnaires ne semblent pas y avoir
Dom Piolin, Histoire de l'Église du Mans, Paris, 1863, fait œuvre importanteni durable d'évangélisation. De
t. VI, p. 523-524. — Em. Chambois, Répertoire historique, là encore partirent, en 1624, les PP. d'Andrada et
et biographique de la Semaine du Fidèle, Le Mans, 1895, Marquez à destination du Thibet. Un peu plus tard,
t. I, p. 2. quelques prêtres portugais confessèrent courageuse-
Paul CALENDINI.
4. AGOULT (LAUGIER D'), évêque d'Apt, 1103- mentleur foi dans la même cité d'Agra. Lorsqu'en effet
1143 (?). Il était fils de Rostan, connu pour ses libéra- il se fut emparé de la ville alors portugaise d'Hougly
lités à l'égard de Saint-Victor de Marseille. Guérard, (1631), Shah Jehan ramena dans sa capitale, parmi
Carlulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, d'autres prisonniers européens, quatre prêtres auxquels
Paris, 1857, t. I, n. 427, 428, etc. En 1108, le pape il intima bientôt l'ordre de se faire musulmans. Pour
Pascal II lui écrivit ainsi qu'à Bérenger, évêque de les amener à lui obéir, c'est en vain qu'il recourut
Fréjus, pour leur reprocher de s'être unis avec Ber- d'abord aux mauvais traitements, puis à la séduction;
trand, comte de Toulouse, contre le monastère de aussi résolut-il finalement de faire écraser les mis-
Saint-Gilles. Jaffé, Regesta pontif.roman., n. 6199. sionnaires sous les pieds de ses éléphants. C'est ce qui
En 1112, nous voyons Laugier assister au concile allait être exécuté lorsque Shah Jehan, impressionné
tenu à Aix par l'archevêque Pierre. Mansi, Concil. par les prières de son beau-frère et par l'idée de la
ampl. collect., t. XXI, col. 23. Le 13 janvier 1124, le possibilité de, représailles exercées par les Portugais
pape Pascal II confirma les arrangements pris par sur ses propres sujets, se détermina à laisser la vie
l'évêque pour reconstituer le patrimoine de son église. à ses prisonniers. Deux d'entre eux, le P. Manuel
Jaffé, op. cit., n. 6370. Nous retrouvons encore le Garcia (un Bengali de Serampour) et le Père portugais
nom de Laugier d'Agoult en 1118 et en 1122. On ne Manuel Danhaya, moururent d'ailleurs en prison peu
lui connaît pas de successeur avant 1143. de temps après; c'est par leurs prières, leurs souf-
Albanès, Gallia christiana novissima, t. I, p. 223-225; frances et leur mort que la ville d'Agra a été préparée
instrum., col. 9. à recevoir le christianisme, que lui apportèrent un
U. ROUZIÈS. peu plus tard (1703) des missionnaires capucins.
Durant près d'un demi-siècle,'et jusqu'au jour où des septentrionaux du Deccan au sud. De cet immense
persécutions suscitées par le Grand Lama, qui venait territoire, le diocèse même d'Agra n'occupe plus
de chasser du Thibet leurs confrères, les obligèrent qu'une partie relativement minime, au nord-est;
d'abandonner leur œuvre, ces missionnaires évangé- tandis qu'en 1886, il confinait aux circonscriptions
la
lisèrent contrée. A quels résultats étaient-ils arrivés? ecclésiastiques du Pendjab, du Thibet, de Patna, de
Les efforts tentés, les sacrifices prévus et vaillamment Vizagapatam, de Pounah et de Bombay, il est actuel-
acceptés furent-ils couronnés de succès? Il ne le lement délimité par les territoires de Lahore, du Thi-
semble guère, car c'est vraiment à pied-d'œuvre que bet, d'Allahabad et d'Adjmere. C'est un diocèse
le travail de prédication de la foi catholique fut repris peuplé de plus de 28 millions d'âmes, et s'étendant
en l'année 1773. en majeure partie sur les territoires des Provinces-
Cette date de 1773, à laquelle la Propagande envoya Unies et de Lahore, empruntant le reste de sa super-
quatorze missionnaires sur les bords du Gange, marque ficie au Radjpoutana et aux royaumes indigènes de
la prise de possession définitive du territoire d'Agra Goualior, de Bhartpour et de Dholpour.
par l'Évangile. Jusqu'alors, le christianisme n'avait Vicaires apostoliques d'Agra. — Après le R. P. Louis
pas pu s'y maintenir; il n'a cessé au contraire depuis Micara, mineur capucin, qui fut chargé en 1820 de la
ce moment d'y subsister et de s'y développer, non direction du vicariat apostolique d'Agra, mais ne
d'ailleurs sans de très grandes difficultés suscitées par remplit jamais ses fonctions, les titulaires de ce poste
les populationsbrahmaniques et musulmanes du pays;
mais, en comparaison de tous les efforts tentés parles
ont été les suivants:
Zénobie-Marie Benucci, évêq. titul. d'Hermia
missionnaires capucins qui ont la tâche de poursuivre (1822 +1824); Antoine Petzoni, évêq. titul. d'Hésé-
l'œuvre commencéepar leurs prédécesseurs il y a main- bon (1826-démiss. en 1841); Joseph-Antoine Borghi,
tenant deux siècles, bien maigres sont en réalité les évêq. titul. de Bethsaïde, coadjuteur depuis 1838
résultats obtenus 1 (1841-démiss. en 1847); Gaëtan Carli, évêq. titul.
C'est presque exclusivement aux difficultés résultant d'Almire, coadjuteur depuis 1843 (1847-démiss.
de l'état religieux des populations indigènes que se en 1854); Ignace Persico, évêq. titul. de Gratianople
réduit, en somme, l'histoire de la mission d'Agra, que, (1854-démiss. en 1860); R. P. Louis, pro-vicaire,
sur l'ordre du pape Pie VI, Mgr Champenois, le administrateur du vicariat (1860-1862); Angélique
supérieur français de la mission de Coromandel de- Benedik, évêq. titul. de Leuca (1861-1865); Paul-
puis 1791, vint visiter dès la fin du XVIIIe siècle, et Michel-Ange-Louis Jacopi, évêq. titul. de Pentaconie
que, en l'an 1808, le pape Pie VII érigea en vicariat (1868-devenu archev. d'Agra en 1887).
apostolique. Agra, qu'un décret pontifical de Pie VI Archevêques d'Agra. — Paul-Michel-Ange-Louis
avait, à la date du 17 mai 1784, séparé du vicariat Jacopi de Savarezza (1887-+ 1891); Emmanuel Van
du Grand Mongol (Bombay) en même temps que les den Bosch (1892-démiss. en 1897); Charles Gentili
régions septentrionales dé l'Inde, pour former avec (1897).
— Sur les 28086 364 indi-
le Thibet la mission indépendante du Thibet-Hin- 1 SITUATION
ACTUELLE.
doustan, confiée aux RR. PP. capucins, Agra ne fut gènes que compte le diocèse d'Agra, il en est bien peu
toutefois pourvu de manière effective d'un titulaire qui ne soient pas de croyance hindoue ou musul-
qu'en 1822; mais depuis cette époque, grâce à l'impul- mane; les Missiones catholicæ de 1907 déclarent, en
sion et aux efforts de ses pasteurs, ce vicariat apos- effet, contre plus de 28 millions d'individus appar-
tolique a pris suffisamment d'importance pour être tenant à ces religions, 70371 protestants anglicans, ou
érigé en archevêché par le pape Léon XIII en méthodistes et seulement 8866 catholiques auxquels il
l'année 1867, à la suite d'un concordat conclu avec convient d'ajouter 302 catéchumènes. Ce petit groupe
le Portugal, organisant la hiérarchie et remaniant de catholiques est entretenu dans sa foi par un clergé
toute l'organisation ecclésiastique de l'Inde (Voir qui, à la même date de 1907, se composait de 50 mis-
INDE). sionnaires, dont 12 étaient des prêtres séculiers (1 étran-
ÉTENDUE GÉOGRAPHIQUE. — Quand, en l'année ger, 11 indigènes) et 38 des prêtres réguliers (34 étran-
1808, la mission d'Agra avait été érigée en vicariat gers, 4 indigènes) appartenant à cet ordre des mineurs
apostolique, elle comprenait un énorme territoire; capucins qui, depuis 1784, a succédé sur le territoire
elle englobait, en effet, la majeure partie du Thibet, le d'Agra aux carmes déchaussés et défrichent sans inter-
Cachemire, le Pendjab, le Goualior et environ la ruption ce champ d'apostolat. 27 catéchistes, 10 Frères
moitié orientale des provinces du Nord-Ouest. Des de Saint-Patriceet 10 religieuses de Jésus-Marie de Lyon
démembrements successifs en réduisirent l'étendue (introduites dans le vicariat dès 1842) collaborent à
et en détachèrent temporairement le Sirdanach l'œuvre difficile et ingrate d'évangélisation du pays,
(de 1834 à 1836) et définitivement le vicariat apos- ainsi que quelques sœurs de Lorette et quelques sœurs
tolique de Patna en 1845, le Thibet en 1846, enfin franciscaines. On compte dans l'archidiocèse d'Agra
le Kamaon (rattaché au vicariat de Patna) et le 27 quasi-paroisses pourvues chacune de prêtres rési-
Pendjab, érigé en vicariat particulier en 1880. Depuis dants, 6 églises sans prêtre résidant et 21 chapelles;
son érection en archidiocèse par le pape Léon XIII, parmi les monuments consacrés au culte, mention
le 8 mai 1887, le territoire d'Agra a encore été réduit doit être spécialement faite de la cathédrale d'Agra
par la constitution à ses dépens des préfectures apos- qui est, dit-on, la plus belle église catholique de l'Inde
toliques du Kafiristan et Cachemire en 1887, du entière. Un petit séminaire (Sardliana) comptant
Radjpoutana et de Bettiah en 1892. 18 élèves. 2 collèges pour garçons (Agra, fondé par
Comme les évêchés dAllahabad (ancien vicariat de Mgr Borghi, et Saint-Georges de Mussoore, au cœur
Patna) et de Lahore (ancien vicariat du Pendjab), des montagnes de l'Himalaya), et 1 collège pour filles,
les préfectures apostoliques du Kafiristan et Cache- 11 écoles paroissiales, dont 5 mixtes fréquentées
mire, du Radjpoutana et de Bettiah relèvent du siège par 142 garçons et 55 filles, 12 autres écoles pour
archiépiscopal d'Agra, qui s'étend par conséquent sur enfants des deux sexes fréquentées par 638 élèves,
presque toute la partie septentrionale et continentale - 7
telles sont avec établissements hospitaliers, dont 1
de l'Hindoustan, sur celle qu'arrosent l'Indus moyen (à Goualior) pour les adultes et les enfants infidèles et
et le Gange supérieur et moyen, depuis les confins 8 orphelinats peuplés de 862 orphelins — les œuvres
du Beloutchistan et de l'Afghanistan à l'ouest essentielles créées par les vaillants missionnaires de
jusqu'au Sikkim à l'est, depuis le Pamir et les pentes l'archidiocèse d'Agra, dont le zèle soutenu et les
méridionales de l'Himalaya au nord jusqu'aux talus efforts persévérants sont loin d'avoir encore, au point
de vue de la conversion des âmes, obtenu leur récom- gnes qu'il composa son Allegatio theologica physico-
pense. polemica pro unione eucharistica, in-4°, Valence,
1732, sous l'anagramme d'Ascanius Perea Viegas et
Historique des vicariats apostoliques des Indes orientales, Hontemar, pour défendre une opinion du cardinal
dans Les missions catholiques, 9 août 1887, p. 371-373;
cf. ibid., 29 mai 1886, p. 261. — Missiones catholicæ, 1907,
p. 186-188.
H. FROIDEVAUX.
Cienfuegos malmenée par le dominicain Tomàs Mada-
lena y Dominguez. Il publia encore dans le même but
Varii dialogi, et catecheses de intima, reali, et
:
mutua
AGRÆ, ~'Aypcd, évêché en Pisidie, métropole An- conjunctione digne communicantis cum Anima Christi
tioche. Vers 940, les Noua Tacita (Gelzer, Georgii Domini, etiam destructis speciebus cucharisticis, in-4°,
Cyprii descriptio orbis romani, p. 73), les Notices Valence, 1735, sous le nom de Fr. Ludovicus Flandren-
10 et 13 de Parthey, qui datent, l'une de 1170-1179, sis, ord. capuc.; mais Ximeno prétend que, seul, le

:
l'autre du XIIIe ou du XIIe siècle, unissent l'évêché
d'Agræ à celui de Séleucie Ssî.s-jxetocc-tvi; ~mbt]piç i'-ro;
'A ypwv. Nous ne savons pas autre chose de cette loca-
dialogue 19 : Ad recentes Præanonymi inslantias po-
strema responsio, p. 313-343, est du P. Agramunt.
Ximeno, Escritores del reyno de Valencia, Valence, 1749,
lité; c'estaujourd'hui un village que les Turcs appellent
t. II, p. 262. — Sommervogel, Bibl. S. I., Bruxelles, 1890,
Aghras, à quelque 4 kilomètres au nord de Selef (Sé-
leucie), vilayet d'Adana.
-
t. I, col. 74; 1898, t. VIII, col. 1574. Uriarte, Anônimos
t.
y seudónimos S. I., Madrid, 1906, III, n. 3716,4534.
Ramsay, Historical geography of Asia minor, p. 406. E.-M. RIVIÈRE.
S. PÉTRIDÈS. AGRAT (Saint). Inconnu à Adon, il figure au
AGRAIT SALVADOR (VICENTE). Fils de François 14 octobre dans l'hagiologie de l'Église de Vienne.
AgraitetdeThérèse Salvador, il fut baptisé, le1eravril Chevalier, Docum. inéd. publ. p. l'acad. Dclph., t. I,
1688, dans l'église Sainte-Catherine de Valence. Dès part. 5, p. 10. Cet évêque aurait vécu sous le roi
son enfance, il se consacra tout entier àl'étude et sui- Childebert, le maire du palais Grimoald et les empe-
vit les cours de l'université sous la direction du domi- reurs Léon et Anastase, soit entre 711 et 717. Le bol-
nicain Pierre Soler. Dans les premiers concours aux- landiste Stalz le place vers 691. Acta sanctor., 1814,
quels il prit part il obtint le grade de maître ès arts et octob. t. VI, p. 545-556.
celui de docteur en théologie. Il occupa, six années U. CHEVALIER.
durant, la chaire de philosophie à l'université, et après 1. AGRECIUS ou AGRICIUS (Saint), évêque de
un brillant concours il devint chanoine pénitencier de Trèves, assista au concile d'Arles en 314, et eut comme
la cathédrale et finalement il gouverna, comme grand successeur saint Maximin. C'est tout ce qu'on peut
vicaire, les églises de Sainte-Marie et de Sainte-Cathe- dire de certain sur lui. D'après une vie entièrement
rine à Alcira. légendaire, composée au XIe siècle, il aurait d'abord été
Le 23 septembre de l'année 1744, il fut chargé patriarche d'Antioche et ensuite, à la demande de
d'examiner si la guérison de la sœur Marie-Gertrude l'impératrice Hélène, le pape saint Silvestre l'aurait
Rubio d'Alcira, obtenue, disait-on, par l'intercession placé sur le siège de Trêves. De concert ayec l'impé-
de saint Bernard avait un caractère surnaturel. Le ratrice il aurait construit plusieurs églises à Trèves,
procès, publié plus tard, comprenait trente-six pages entre autres la cathédrale et le monastère de Saint-
in-folio.
:
De plus il est l'auteur des ouvrages ci-après 1° Ora-
cion panegirica en las testivas aclamaciones que el Reve-
Maximin et enrichi ces saints lieux des reliques les
plus insignes parmi lesquelles on nomme un clou de la
sainte Croix, le couteau de la sainte Cène, la robe sans
rend Clero de la villa de Alcira consagró. a su insigne couture de Notre-Seigneur,les corps de saint Lazare et
tiiular Santa Catalina virgen y martir, dia 27 de no- de sa sœur, sainte Marthe. Étant venu plus de 200 ans
viembre de 1735, in-4°, Valence, 1736; 2° La Rosa de après les trois premiers apôtres du diocèse, Eucharius,
Alexandria Santa Catalina virgen y martir, doctora, Valerius et Materne, il aurait trouvé le pays retombé
reyna y singular Esposa de Jésus, in-4°, Valence, 1739; dans le paganisme et aurait réussi à convertir toute la
3° Oracion panegirica en la solemnidad de camonizacion contrée. En souvenir du bâton de saint Pierre donné
de los gloriosos santos capuchinos San Fidele de Sig- à saint Eucharius, le pape Silvestre aurait donné à
maringa, prolomartir dePropaganda Fide y San Joseph Agricius et à ses successeurs le privilège de la primauté
de Leonissa, penitentissimo confessor, que consagró el
Reverendo Clero de la villa de Alcira, dia 3 de setiembre sur les évêques de la Gaule et de la Germanie. Le pri-
vilège inséré dans la biographie est certainement apo-
de 1747, in-4°, Valence, 1747; 4° Oracion panegirica en cryphe et ne remonte pas beaucoup avant le milieu
los solemnes cultos y festivos aplausos a Maria Santi- du xe siècle; il servit probablement à l'évêque Thierry
sima, divina aurora, que consagrö la juventud de la (965-977) qui obtint du pape Jean XIII un pareil pri-
villa de Alcira, alistada en una congregacion nueva- vilège, daté'du 22 janvier 969. Une édition du texte
mente erigida, y empleada los dias festivos en el primero de la légende avec une longue introduction et un
egercicio del Rosario de Maria santisima al amanecer,
celebrados en su parroquial iglesia de santa Catarina examen approfondi du contenu a été publiée par
V. Sauerland, dans les Trierer Geschichtsquellen des
xi Jahrhunderts, Trèves, 1889, p. 55-212.Cette
virgen y martir, dominica segunda de nouiembre, dia lé-
del patrocinio de nuestra Senora, año 1750, in-4°, gende a une certaine valeur pour l'histoire de l'Église
Valence,1751. de Trèves du xe siècle, mais est de valeur absolument
Vicente Ximeno, Escritores del reyno deValencia,Valence, nulle pour la vie et l'époque de saint Agricius.
1799, t. II, p. 303. — Biografia universal, Madrid, 1848,
t. i, p. 215. Acta sanctorum, 1643, januar. t. I, p. 772. — Biblioth-
A. ANDRÉS. hagiog. latina, 1898, t.I, p. 30.—Kirchenlexikon, Fribourg,
AGRAM. Voir ZAGRAB. 1882, t. i, col. 353. — St. Beissel, Geschichte der Trierer Kir-
chen, Trèves, 1887, t. i, p. 71-82, 196-199. — J. Marx, Der
AGRAMUNT(PASCUAL), jésuite espagnol et théolo- Biograph des Bischofs Agricius von Trier, dans la Westdeut-
gien, naquit à Valence le 3 mai 1688 et mourut dans la sche Zeitschrift fiir Geschichte und Kunst, 1893, t. XII, p. 37-
même ville le 27 mai 1738. Admis au noviciat de Tar- 50 (démontre que l'auteur de la vie est un chanoine de la
cathédrale, et a écrit entre 1030 et 1045, contre Sauerland,
ragona, le 27 février 1704, il enseigna la philosophie d'après lequel l'auteur serait un moine de Saint-Maximin,
à Gandie, la théologie à Valence, et se consacra en- probablement l'abbé Berengoz, et aurait écrit vers 1070-
suite au saint ministère. Doué d'une remarquable éru- 1090).
dition, c'est durant ses missions à travers les campa- G. ALLMANG.
2. AGRECIUS, évêque d'Antibes, assista au con- Pio (Gio-Mich.),Delle vile degl' uomini illustri dell' ord.
cile, convoqué àAgde, en 506, par saint Césaire d'Arles di S. Domenico, Padoue, 1613, 2epart. —Lopez-Caparroso,
(ci-dessus, col. 929). Mansi, Sacror. concil. ampl. coll., Cuarta parte de la historia de santo Domingo y suorden de
t. VIII, col. 336. En 524, il était représenté au concile Predicadores, Valladolid, t.II, c. II. — Fontana, Sac. theatrum
tenu à Arles. Monum.German. hist., Concil ævi mero-
dominicanum, Rome, 1666, 1repart., p. 718; ex Actis consi-
-
storialibus. Cavalieri (Jo.-Mich.)Galleriade'SommiPonte-
ving., p. 39. Ce concile ordonna que personne ne serait
ordonné diacre ou prêtre avant une année de pro- t.
133, v,p.104.
-
fici,etc.,Bénévent, 1696, t. I, p. 464. Bullar.ord.,Rome,
bation. Concil sevi merov., loc. cit., p. 37. Agrecius, R. COULON.
quoiqu'il eût approuvé ce décret par son délégué, y 3. AGREDA (MARIE D'). Voir MARIE D'AGREDA.
manqua dans l'ordination d'un certain Protadius.
Césaire convoqua à Carpentras (527) un concile et, au AGRENSIS (Ecclesia). Voir AGRA 1, col. 1010.
nom de cette assemblée, écrivit à Agrecius pour lui
reprocher d'avoir transgressé un canon qu'il avait AGRESTA (JACOPO), théatin, né dans la petite
approuvé lui-même et d'avoir refusé de venir expli- ville d'Atri, royaume de Naples. Il prononça ses vœux
quer sa conduite. Comme pénitence il le suspendait
pour un an du droit de dire la messe. Concil. ævi me-
:
à Milan le 19 mars 1615. On a de lui Orazione pane-
girica in lode dei santi marliri del Giappone, Ra-
roving., p. 42-43. venne, 1628.
Malnory, Saint Césaire, évêque d'Arles, Paris, 1894, p. 136. Silos, Historiœ clericorum regulàrium a congregatione
t.
— L. Duchesne,Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, Paris,
1894, i, p. 279.
U. ROUZIÈS.
condita, Palerme, 1666, t. III, p. 580. — Toppi, Biblioteca
napoletana, Naples, 1678, t. I, p. 106. — Mazucchelli, Gli
scrittori d'Italia, t. I,1re partie, p. 220-221. — Vezzosi, I
3. AGRECIUS, évêque de Troyes, représenté au scrittori dei chierici regolari detti teatini, Rome, 1780, t. i,
concile de Mâcon de 585. Monum. Germ. hist., Concil. p.26.
œvi merov., p. 173. Il fut, avec Artemius, évêque de A. PALMIERI.
Sens, et Veranus, évêque de Cavaillon, envoyé en 1. AGRESTIUS, évêque de Lugo, n'est connu que
ambassade, par le roi Gontran, à Clotaire II, au sujet
du meurtre de saint Prétextât. Greg. Turon., Hist.
Francor., VII, XXXI, P. L., t. LXXI, col. 471.
:
par le passage de la chronique d'Idace, à l'année433,
dans lequel il est dit « Dans le district (ou l'assem-
blée?) de Lugo, Pastor et Syagrius sont établis
évêques contre le gré d'Agrestius, évêque de Lugo. »
Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule,Paris, JHonum. german. hist., Auct. antiquiss., t. XI, p. 22.
1899, t. 11, p. 450. L'opposition d'Agrestius venait probablement de ce
U. ROUZIÈS. qu'il était favorable aux priscillianistes (Duchesne,
4. AGRECIUS, évêque de Glandève, n'est connu Hist. ancienne de lÉglise, Paris, 1910, t. III, p. 587,
que par sa suscription au concile de Mâcon de 585. note 2), condamnés dans un formulaire dont Pastor
Monum. Germ. hist., Concil. ævi merov., p. 173. L. della serait l'auteur d'après dom G. Morin, dans la Revue
Chiesa, Istoria di Piemonte, 2e édit. Turin, 1777, p. 5, bénédictine, 1893, t. x, p. 386.
signale aussi sa présence au concile d'Embrun de 588. U. ROUZIÈS.
Mais l'existence de ce concile n'a guère de fondement
historique. Cf. Labbe, Concilia, Paris, 1671, t. v, 2. AGRESTIUS. D'abord notaire du roi Thierry II
col. 996-997. (596-613), Agrestius quitta le monde et prit l'habit
monastique à Luxeuil, du temps de saint Eustase, le
L. Duchesne, Fastes épiscopauxde l'ancienneGaule, Paris, successeur de saint Colomban. Bientôt, pris par la
i,
1894, t. p. 284. - fièvre de la prédication, il se rendit, contre le gré de
U. ROUZIÈS. son abbé, au milieu des Baioarii, où il n'obtint aucun
1. AGREDA (ANTONIO DE), jésuite espagnol, qui a succès, nullum fruclum exercens, velut alla platanus
laissé en manuscrit une Arte para aprender con alguna garrula ventorum folia tremulas quatit ad auras, fructuum
facilidad la dificuliosa lengua Otomi, conservée à la bi- copiam nescit. Il passa à Aquilée, dont le clergé se
bliothèque de Santiago du Chili. Sommervogel se de- trouvait en désaccord avec Rome au sujet des trois
mande si ce n'est pas cet ouvrage qui a été publié par
:
D. Eustaquio Buelna, membre de la Société mexi-
caine de géographie Luces del Otomi, 0 gramatica del
idioma que hablan los indios otomies en la Republica
chapitres, et tomba lui-même dans le schisme. Excom-
munié, Agrestius envoya Aureus, notaire d'Adalwald,
roi des Lombards, porter une lettre pleine de fiel à
saint Attale, abbé de Bobbio; puis il rentra à Luxeuil.
Mexicana, compuesta por un padre de la Compañia de Mais Eustase le sépara de la communion des frères.
Jésus, in-4°, Mexico, 1893; le P. deUriarte ne lepense Alors Agrestius se mit à la tête d'un parti anticolom-
pas.-Né à Torijo, province de Saragosse, le 9 février banien, dont l'un des membres les plus actifs fut son
1714 et entré chez les jésuites le 2 août 1735, Agreda parent Abélène, évêque de Genève (ci-dessus, col. 91),
partit, tout jeune encore, pour le Mexique. Déporté en Au synode convoqué à Mâcon par Clotaire II (vers
le
Italie sous Charles III, il mourut à Imola, 2 février 626), la majorité des évêques se prononça contre
1785. Agrestius. Celui-ci n'en continua pas moins sa propa-
gande, attirant à lui des hommes de valeur, tels que
Sommervogel, Bibliothèque S. I., Bruxelles, 1890, t. I.
col. 75; 1898, t. VIII, col. 1574; 1900, t. IX, col. 1159. — Romaric et Amé, 'moines de Luxeuil. Cette affaire
Uriarte, Obras anónimas y seudônimas S. I., Madrid, 1904, causa beaucoup d'ennuis aux disciples de saint Co-
n.1211. lomban. Mais Agrestius étant mort assassiné — un
homme dont il avait, dit-on, outragé la femme, le
2. AGREDA, AGREDO, AGREZA
E.-M. RIVIÈRE.
(PEDRO DE),
évêque dominicain de Coro, dit aussi de Venezuela.
frappa d'un coup de hache -
ses partisans revinrent
peu à peu à de meilleurs sentiments et se réconcilièrent
Il était fils du couvent de Salamanque. Il s'était avec saint Eustase.
d'abord consacré à l'enseignement et avait occupé Jonas de Bobbio, Vitæ sanctorum Columbani, Vedastis,
plusieurs chaires en Espagne. De même il avait déjà Iohannis ; édit. Krusch, dans Scriptores rerum Germanica-
gouverné plusieurs couvents de son ordre, lorsqu'il rum in usum scholarum, Hanovre, 1905; Vita Columbani,
fut nommé évêque de Coro par Paul IV, le 27 juin 1. II, c. IX-X, p. 246-257.
1561. Il fonda dans sa ville épiscopale une école de M. BESSON.
grammaire pour enseigner le latin aux Indiens. Il AGRÈVE (Saint), le seul des évêques du Puy ins-
mourut dans l'année. crit au martyrologe, vivait au VIle siècle. Tous les au-
teurs placent sa mort au 1er février, mais sont loin de jun. t.II, p. 687. — L. Duchesne, Fastes épiscopaux, 1900,
s'accorder sur l'année. t. I, p. 27, 411. — H.Bouvier, Histoire de l'Église de Sens,

:
Son nom s'écrit à peu près toujours en latinAgrip-
panus, d'où par dérivation oupar corruption Agrève.
D'après sa légende qui, outre lesanachronismes qu'elle
1906, t. I, p. 62.
M. BESSON.
AGRICOL (Saint), évêque d'Avignon, très honoré
enferme, est trop tardive pour qu'on puisse y ajouter dans cette ville, qu'au dire de ses hagiographes il a
une foi entière, Agrève naquit en Espagne d'une fa- comblée de bienfaits insignes.
mille noble. Pour se soustraire aux obsessions de ses D'après la tradition, en effet, Agricol, fils de Magne,
parents qui voulaient le marier, il s'enfuit à Rome. également évêque d'Avignon, et d'Austadiala ou Gan-
Témoin de ses talents et de ses vertus, le pape Mar- daltrude, d'origine franque, appartenait à l'illustre
tin 1er le sacra évêque du Velay. famille des Albini, établie en Provence depuis le
Agrève trouva son diocèse infestépar le paganisme vesiècle. Né vers 630, il serait entré, à l'âge de 14 ans, à
et par les hérésies d'Arius et d'Helvidius. Après avoir l'abbaye de Lérins; il passa dans cette solitude environ
travaillé longtemps à la conversion de son peuple, il seize années, consacrées à la pratique des vertus chré-
se rendit à Rome pour rendre compte au souverain tiennes. Puis, saint Magne le prit pour coadjuteur, lui
pontife de son ministère pastoral. Il revenait et tou- conféra les saints ordres et lui donna le titre d'archi-
chait presque à son diocèse, lorsqu'il s'arrêta à Chiniac, diacre. Vers l'an 660, sur la demande pressante de son
en Vivarais, pour convertir les idolâtres. La dame père, de plus en plus écrasé par sa charge épiscopale,
païenne du lieu fit jeter l'apôtre dans une prison, où, il aurait été acclamé évêque d'Avignon par le peuple
après trois jours de torture, il fut décapité.
Les restes de saint Agrève reposèrent d'abord dans
un modeste oratoire élevé en ce lieu, qui échangea son
:
rassemblé. C'est l'époque des grandes œuvres d'Agri-
col construction de l'église qui lui est encore dédiée,
érection d'une abbaye, introduction de l'usage de
nom primitif contre celui du glorieux martyr. Dulci- chanter l'office à deux chœurs, mise en liberté de tous
dius, son successeur sur le siège du Puy, les fit trans- les serfs qui étaient à son service personnel,etc. Enfin,
porter, du consentement de l'évêque de Viviers, dans après quarante années d'épiscopat, le pieux évêque
la crypte de l'église Saint-Étienne, au Puy. Transfé- ayant réuni son clergé et son peuple aurait nommé lui-
rées plus tard dans l'églisecathédrale, puis dans l'église même son successeur dans la personne de Vérédème,
collégiale de Saint-Agrève qui fut bâtie en son hon- fervent solitaire, qui menait dans un ermitage près
neur, enfin, à la disparition de la collégiale, dans d'Avignon une vie de vertus et de pénitences; puis,
l'église Saint-Georges qui devint la chapelle du sémi-
naire, les précieuses reliques du martyr furent véné-
il s'endormit dans le Seigneur, le 2 septembre 700.
Son corps fut inhumé dans la chapelle de Saint-Pierre
rées en ce dernier sanctuaire jusqu'à la Révolution, où de l'église cathédrale, d'où il fut probablement
elles furent en grande partie profanées et détruites. transporté au XIVe siècle dans l'église qui lui est con-
Acta sanct., 1658, febr. t. I, p. 204-205.- Gallia chri-
stiana, 1720, t. II, col. 691. — Devic-Vaissette, Hist. génér.
sacrée.
Tels sont les grands traits de la tradition avignon-
de Languedoc, édit. Privât, t. I, p. 696. — Odo de Gissey, naise sur saint Agricol; mais il est juste de remarquer
Discours historique de la très ancienne dévotion à Notre-
Dame du Puy., Le Puy, 1644, p. 169-173. — F. Mandet,
Histoire du Velay, Le Puy, 1860, t. xi, p. 41-45. — H. de
Surrel de Saint-Julien, Les évêques du Puy et la collation des
:
que les documents sur lesquels elle repose ne sont pas
antérieurs au xve siècle le premier en date est une
Vitasancti Agricoli, éditée par Vincent Barral dans
bénéficesdece diocèse, Rome, 1897, p.10. sa Chronologia sanctorum insulæ Lerinensis, Lyon,
R. PONTVIANNE. 1613, 1repartie, p. 321-327, qui paraît être la repro-
AGREVOLO (BERNARD DE), évêque dominicain de duction à peu près exacte de deux offices de saint
Agricol en usage à Avignon à la fin du XVIe siècle et au
-
Cotrone, province de Calabre ultérieure, de la pro-
vince ecclésiastique de Reggio-di-Calabria. Il fut commencementdu XVIIe (1598 et 1608). Tous les au-
nommé par Innocent VI, le 25 janvier 1358. Il tra- teurs, qui ont étudié ce document, se basant sur son
vailla beaucoup à l'embellissement de l'église cathé- caractère général, sur sa forme, sur les faits rapportés,
drale et mourut en 1365. sur certains détails topiques, etc., n'hésitent pas à le
Bullar. Ord., Rome, 1730, t. II, p. 254. — Ughelli, Italia rapporter à une date très rapprochée (Mabillon, Anna-
lium, t. i, p. 598 : « recentioris auctoris »; Gallia chri-
sacra, 1662, t. IX, col. 385. — Fontana, Sac. theatr. do-
minicanum, pars I, c. v, p. 181. — Cavalieri (Jo.-Mich.),
Galleria dei sommi Pontefici, Bénévent, 1696, t. I, p. 152.
Eubel, Hierarchia-medii ævi, t.I, p. 221.
sanctorum, septembr., t. I, p. 446-447 : :
stiana, t. I, col. 801 : « recentem esse scripiorem »; Acta
cc sub finem
sæculi XVI»), certains même précisent davantage la
R. COULON. premièrepartie serait du commencement ou du milieu
AGRIA. Voir ERLAU. du XVIe siècle, la seconde pourrait se placer vers l'an
1574. Duprat, Les origines de l'Église d'Avignon,
AGRICE ou AGRŒCIUS (Saint), évêque de Sens. Paris-Avignon,1909, p. 88-89. Cette Vita est d'ailleurs
Une lettre de Sidoine Apollinaire invite, vers 472, remplie d'erreurs chronologiques et d'erreurs de faits,
ce personnage à prendre part à l'élection de l'arche- qui rendent nécessaire un contrôle sérieux. Cf. Acta
vêque de Bourges (Simplicius). Nous ne savons rien sanct., loc. cit., passim; Duprat, op. cit., p. 73-79.
d'autre sur son compte. Il mourut vers 487 et fut in- Enfin, il ne faut pas oublier que le culte même de
humé dans la basilique de Saint-Gervais; un de ses saint Agricol paraît aussi être relativement récent.
successeurs, Ansegise, transféra ses reliques à Saint- Avant 1321, date de la bulle de Jean XXII portant
Pierre-le-Vif. On fait aujourd'hui la fête de saint reconstruction de son église et son élévation au rang
Agrice le 15 juin; mais on la célébrait jadis le 13 du de collégiale, les textes officiels, missels, bréviaires,
même mois. Il paraît d'ailleurs que ce jour est plutôt
l'anniversaire de la translation que celui de la mort.
Nous lisons, en effet, dans le sacramentaire de Stock-
:
martyrologes locaux et régionaux sont fort peu expli-
cites le nom d'Agricol, la certitude qu'il fut évêque
d'Avignon, l'existence d'une abbaye, qui lui était
holm : Id. Iun. Senones, depositio sancti Agritii epis- dédiée, son inhumation dans la chapelle de saint
copi et confessoris qui sepullus fuit in monasterio sancti Pierre, c'est tout ce qu'ils nous apprennent. Cf. Brevia-
Petri ab Ansegiso venerabili episcopo. Anségise fut rium Aptensis Ecclesiæ, Biblioth. d'Avignon, ms. 126,
évêque de Sens de 871 à 883. fol. 6; Martyrologe d'Avignon, Biblioth. d'Avignon,
Sidoine Apollinaire, Epist., 1. VII, c. v, éd. Luetjohann, ms. 98, fol. 115; charte de 919, aux Archives dé-
t. p. -
dans Mon. Germ., Auct., VIII, 107. Acta sanct., 1698, partementales de Vaucluse, G, archevêché, 257, fol. 1;
donation de 1096-1110, Arch. départ, G, chapitre loge romain. Mais, outre cette différence de dates pour
métropolitain, 27, fol. 12, etc. Certains documents leur mention commune, les deux martyrs de Bologne
ctarium Avenionense, de la fin du XIVe siècle, biblioth.
d'Avignon, ms. 177, fol. VI; Ms. de Madrid, Ee, 40,
fol. 26; Missel romain de Saint-Didier de 1390,
:
postérieurs n'apportent pas plus de détails. Cf. Colle- se trouvent mentionnés séparément à des jours diffé-
rents dans les mêmes martyrologes au 3 décembre,
saint Agricola; au 29 avril, saint Vital. Ce qui a amené
le bollandiste G. Van Hoof à conclure que le saint
biblioth. d'Avignon, ms.138, fol. 358; Bréviaire de Agricoladu 3 novembre est distinct de
Cavaillon de 1513, biblioth. d'Avignon, fol. 465. Mais son homonyme

:
à partirduxve siècle, on suittrès bien lamarche ascen-
dante de la dévotion populaire en 1393, réfection du
de Bologne.
G. Van Hoof, De sancto Agricola martyre, dans Acta san-
buste-reliquaire; en 1458, translation des reliques sur Rossi novembr. t. I, Paris, 1887, p.hieronymianum,
ctorum,
et L. Duchesne,
604-605.— J;-B. De
place; en 1480, miracle de Cassagne; en 1505, érection dans Acta sanctorum,Martyrologium novembr.
édité
d'une confrérie; en 1539, nouveau transfert dans des p. [139]. t. II, Bruxelles, 1894,
châsses en plomb; en 1594, saint Agricol commence à S. SALAVILLE.
paraître parmi les protecteurs de la ville; en 1598, pu- 2. AGRICOLA de Bologne (Saint). Voir VITALIS
blication de l'office complet; en 1612, agrandissement et AGRICOLA (Saints).
du chœur de l'église et nouveau transfert sur place;
en 1613, Vincent Barral publie sa vie; en 1643, gué- 3. AGRICOLA (Saint). Naquit, en 498, d'une
rison miraculeuse d'une fièvre maligne; en 1647, Agri- famille sénatoriale et reçut une éducation fort dis-
col est proclamé officiellementpatron de la ville d'Avi- tinguée. Sacré évêque de Chalon en 532, il continua
:
gnon; et depuis lors, la confiance des Avignonnais n'a à mener une vie rigoureusement austère. Il travaillait
pas diminué elle a même pris une forme spéciale, on en même temps à embellir sa ville épiscopale, en bâ-
l'invoque pour demander la pluie ou le beau temps, tissant des maisons, des édifices et une église qu'il
suivant que les produits de la terre ont besoin de l'une orna de mosaïque et de marbres. C'est à cette époque
ou de l'autre (cf. Acta sanctor., loc. cit., p. 445-446, que vivait à Gourdon (diocèse de Chalon), Didier,
textes et cérémonies); des offices nouveaux ont été saint reclus, thaumaturge célèbre dans la contrée; à sa
publiés, les panégyriques se sont multipliés, mais mort, Agricola fit transporter son corps à Chalon. On
Barral. :
toujours inspirés de la même source, la Vita de Vincent retrouve souvent le nom d'Agricola dans les actes
de conciles Orléans, IIIe, 538, où il est représenté
Assurément, à moins que l'on ne pense que l'au- par le prêtre Avolus; même ville, IVe et Ve, 541 et
teur anonyme de cette Vita ait créé les événements 549; Paris, IIe; 552; Lyon IIe, 570, et Chalon, 570.
de toutes pièces et mérite ainsi le nom de faussaire, Mansi, Sar. concil. ampl. collect., t. IX, col. 21, 120,
on peut supposer l'existence d'un fonds ancien ou 136, 740, 788. Il mourut en 580. Le martyrologe
d'un vieux document, perdu depuis et sur lequel romain et l'Église de Chalon célèbrent sa fête le
aurait travaillé la tradition populaire. 17 mars.
Voilà pourquoi, parmi les faits rapportés sur saint
Agricol, il paraît nécessaire d'établir plusieurs caté- Grégoire de Tours, Hist.Franc., V, XLVI, Glor. conf.,
gories : d'abord les affirmations des documents au- LXXXVI, P. L., t. LXXI, col. 362, 895. — Perry, Hist. civ.
ecclés. de la ville et cité de Chalon, 1659, p. 35,44. —
thentiques, puis les détails traditionnels, qui ne sont et L. Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienneGaule, Paris,
pas incompatibles avec la chronologie ou l'histoire 1899, t. 11, p. 193.
générale, ensuite ceux qui sont manifestement erronés, M. FALCONNET.
enfin les faits tout à fait inusités dans le cours ordi- 4. AGRICOLA, évêque de Martigny (Suisse). Le
naire des événements et qui exigeraient des preuves chroniqueur Marius d'Avenches marque à l'année 565
mieux établies. le fait suivant. Les moines d'Agaune (Saint-Maurice),
Achard, Saint-Agricol d'Avignon, son église, son chapitre irrités contre leur évêque Agricola, envahirent la mai-
et son état actuel, par un paroissien, Avignon, 1873. — Bar- son épiscopale, et tentèrent de tuer le prélat, ainsi que
javel, Dictionnaire historique, biographique et bibliogra- les prêtres et les citoyens qui prenaient sa défense. Ces
phique du département de Vaucluse, 1841, t. I, p. 16-17. - derniers reçurent de graves blessures.Hoc anno mo-
Barral Vincent, Vita sancti Agricoli. reproduite, dans les nachi Agaunensi, iracundiæ spiritu incitati,noctis tem-
Actasanct., loc. cit., p. 450 sq., avec étude et appréciation de pore episcopum suum Agricolam cum clero et cives qui
la Vita, p. 444-450. — Canron, Vie de saint Agricol cumipso
(avec office liturgique et prières pour la pluie), in-8°, Avi- erant occidere nitentes, domum ecclesiæ effre-
gnon, 1861, 104 pages. — Chevalier, Bio-Bibliographie, gerunt, et dum episcopum suum clerici vel cives defen-
t. i, col. 76-77. — Clément, La vie de saint Agricol, évêque sare conati sunt, graviter ab ipsis monachis vulnerati
d'Avignon, Avignon, 1771, 133 pages. — Clément, Saint sunt. Ce trait peu édifiant est tout ce que nous savons
Agricol, son œuvre et son siècle, in-8°, Avignon, 1882, d'Agricola.
36 pages. — Duprat, Les origines de l'Église d'Avignon (des
origines à 879), Paris-Avignon, 1909, p. 73-93 (capital).— Marius d'Avenches, Chronicon, édit. Mommsen, p. 237.
Eusèbe Didier (le P.), Panégyrique de saint Agricol avec des — L. Duchesne, Fastes épiscopaux, 1907, t. i, p. 246. —
notes sur les actes et le culte de ce saint, in-4°, Avignon, 1755, M. Besson, Recherches sur les origines des évêchés de Genève,
80 pages (avec la controverse Cambis-Velleron). — Mou- Lausanne et Sion, 1906, p. 43.
tonnet, Notice historique et artistique sur l'église paroissiale M. BESSON.
de Saint-Agricol, Avignon, 1882, 192 pages. 5. AGRICOLA, évêque de Mende. Nous trouvons
J. SAUTEL. son nom au concile de Paris de 614 et au concile de
1. AGRICOLA(Saint),martyrinscritau 3 novembre Clichy de 627, Monum. Germ. hist., Concil. œvi merov.,
dans le martyrologe hiéronymien, après un groupe
de martyrs cappadociens, sous cette forme Et alibi : p.192,201.
L. Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule,

:
passio sancti Agricole ou Agriculi. (Le codex Cor-
beiensis écrit par erreur Et alibi Agriculæ virginis
et martyris.) Comme le groupe des martyrs cappado-
Paris, 1899, t. II, p. 55.
U. ROUZIÈS.
6. AGRICOLA PELAGIANUS, pélagien de la
ciens comprend un Vital, on serait porté à supposer ici Grande-Bretagne. On ne le connaît que par saint
une confusion avec les saints Agricola et Vital de Bo- Prosper d'Aquitaine, dont il convient detranscrire la
logne, lesquels sont mentionnés ensemble au 27 no- courte notice, Chronicum, à l'année 429, P. L., t. LI,
vembre dans certains exemplaires du martyrologe col. 594-595: Agricola Pelagianus,SeverianiPelagiani
hiéronymien, et au 4 du même mois dans le martyro- episcopi filius, Ecclesias Britanniæ dogmatis sui insi-
nuatione corrupii. Sed ad actionem Palladii diaconi, sion qui ne se rencontrent que chez les plus grands
episco- musiciens. Son Regina cæli, à quatre voix, ses messes
papa Cœlestinus Germanum Antissiodorensem Le serviteur, — Je ne demande, — sont des pièces très
pum vice sua mittit, et deiurbatis hæreticis, Britannos remarquables.
ad catholicam fidem dirigit.Caspari,dans son ouvrage,
Briefe, Abhandlungen und Predigten aus den zwei Van der Straeten, La musique aux Pays-Bas, Bruxelles,
letzten Jahrhunderten des kirchlichen Allertums und
dem Anfang des Mittelalters, Christiania, 1890,
p. 1-167, a publié cinq lettres anonymes et un traité
Breslau, 1868, t. III, p. 243-246. -
1888, t. VII, p. 131 sq. — W. Ambros, Geschichte der Musik,
R. Eitner, Biograph.
Bibliograph. Quellen-Lexicon d. Musiker, Leipzig, 1900,
De diviiiis, qui sont sûrement d'origine pélagienne et p. 56-57. —Fétis,Biographie univers. desmusiciens, 2e édit.,
qui ont été écrits entre 413 et 430. Il a démontré que Paris, 1860, p. 33-34.
ces six pièces proviennent d'un seul et même auteur: M. BARGE.
Pélagien, et il a supposé avec beaucoup de vraisem- 8. AGRICOLA (DANIEL), franciscain observant (et
blance que cet auteur est identique à Agricola, men- non pas conventuel),né probablement à Bâle, membre
tionné par saint Prosper. La première lettre nous de la province observante de Strasbourg (Alemanniæ
donne, p. 3 sq., quelques renseignements, qui com- superioris). Il était humaniste, poète et prédicateur
plètent la biographie du personnage. Contre le gré des de renom. Il fut longtemps lecteur de théologie à
siens, il quitta sa patrie pour se rendre en Orient en Bâle. Au chapitre provincial de Tubingue, en 1510, il
vue d'y apprendre la véritable vie ascétique. Au cours fut chargé du discours de circonstance. En 1515, il
de son voyage, il s'arrêta en Sicile, où une noble Ro- aida à l'édition du Liber moralium de saint Grégoire
maine avec laquelle il était entré en relation, en fit un le Grand, parue à Cologne et ensuite à Bâle. Agricola
zélé partisan de l'ascèse pélagienne. Écrivant à un de y ajouta le Duplex dictionnarium,c'est-à-dire la table
:
ses compatriotes, il lui dit Non ergo segre ferai dile-
ctio tua me ad peregrinaprofectum, cum per ipsius pere-
des matières. Cette édition fut réimprimée à Lyon,
en 1546, par les soins du franciscain Jean Lagrène.
grinaiionis occasionem notitiam veritatis invenerim. Son Tractatus de passione Dominiparut à Bâle en 1514.
Nunc primum scire cœpi, quomodo verus christianus On ne sait s'il faut lui attribuer la Corona doctorum
esse possim. On voit par sa lettre qu'il se montra, ex millibus unus, ainsi que d'autres ouvrages, écrits
parmi ses amis, très attaché à ses nouvelles convictions. comme celui-ci, en faveur de l'Immaculée-Conception.
Ses autres écrits paraissent également avoir été com- Il en est de même de la Corona XII coronarium B. M.
posés avant son retour dans sa patrie. La deuxième Virg. et de la Corona mysticaB. M. V., ouvrages ano-
lettre enseigne que l'ignorance de la volonté de Dieu nymes, plusieurs fois édités. Cf. Hain, Rép. bibl., t. II,
n'excuse pas le pécheur, mais en double la punition. n.5745 sq. Vers 1528, Agricola composa au couvent
Il faudrait donc s'efforcer de connaître la volonté de de Kreuznach, situé alors dans le Palatinat, une réfu-
Dieu et se convaincreque l'on n'est vraiment chrétien tation de la doctrine de Luther conservée manuscrite
que lorsqu'on observe tout ce que Dieu commande. à Munich (clm 9062). Il mourut vers 1540.
Dans le De diviiiis, l'auteur condamne les richesses;
puisque la richesse vient, non de Dieu, mais du péché,
on ne peut la conserversans péché. L'exemple de Jésus- p. 209, 2e édit., Rome, 1908, t.I, p. 323.
Das Chronikon des Conr. Pellikan, Bâle,
-
Sbaralea, Supplementumad ScriptoresMin., Rome, 1806,
1877,
Riggenbach,
p. 41. —Nic.
:
Christ et des apôtres nous oblige à la pratique de la
pauvreté. Les trois autres lettres ont pour titres De
malis doctoribus et operibus fidei et de judicio futuro; De
Paulus, Kaspar Schatzgeyer, Fribourg-en-Br., 1898, p. 137.
— Ch. Schmidt, Histoire
et au commencement du
littéraire de l'Alsace A la fin du XVe
-,"ne siècle, Paris, 1879, t. I, p. 197.
possibilitate non peccandi; De castitate. Ces écrits sont M. BIHL.
surtout intéressants dans ce sens qu'ils jettent une 9. AGRICOLA (FRANZ), controversiste du
certaine lumière sur la doctrine morale du pélagia- XVIe siècle. On n'a guère de renseignements sur sa vie.
nisme. Il naquit à Lohn, dans l'ancien duché de Juliers, sans
Bardenhewer, Patrologie, Fribourg-en-B., 1894, p. 474- qu'on sache la date de sa naissance ni son nom de fa-
475. — Realencyclopädie für die protest. Theol., 3e édit., mille, car Agricolan'en est que la forme latinisée. Il
I,
Leipzig, 1896,t. p. 249.
V. ERMONI.
étudia d'abord à Cologne, puis à Louvain. L'évêque
Gérard de Liége (1563-1580)l'ordonnaprêtre. En 1570,
7. AGRICOLA (ALEXANDRE),un des musiciens les il devint curé de Rodingen au diocèse de Cologne, puis
plus remarquables qu'aient produits les Pays-Bas au entre 1581 et 1583 curé et chanoine de Sittard; en
xve siècle. Né, vers 1446, probablement aux environs 1599, il obtint aussi la dignité de doyen de Süsterene.
de Gand. Après avoir été employé comme chantre à la Il mourut à un âge avancé, le 4 décembre 1624. Ses
chapelle ducale de Sforza à Milan, il quitta ce poste, nombreux écrits latins et allemands s'occupent d'as-
et
en 1474, vint s'installer avec sa famille«plus au sud». cétisme, de théologie morale et de polémique contre
On croit qu'il séjourna quelque temps à Florence. les luthériens et les calvinistes.
En 1491, on le trouve au service de Philippe le Beau. Kirchenlexikon, 2e édit., t. I, p. 353-356. On y donne la
Les archives de Bruxelles attestent que de 1500 à 1505 longue liste de ses ouvrages.
il exerça dans cette ville les fonctions de maître de J. PIETSCH.
chapelle et de chantre. Il suivit Philippe le Beau en le
10. AGRICOLA (GEORG), «père de la minéralo-
Espagne, en 1505, et mourut à Valladolid en 1506, gie». Son nom allemand était Bauer. Il naquit le 24
ainsi que l'atteste l'épitaphe en musiquequ'on lui com- (ou le 14) mars 1494 (et non 1490, ou 1492, comme on le
posa (citée par Van der Straeten, t. VII, p. 133). trouve souvent) à Glauchau (Saxe). Après de brillantes

: :
Les œuvres d'Alexandre Agricola peuvent se répartir études il était à 20 ans professeur de grec à Zwickau
en deux groupes les chansons et les messes. Au dire et fit paraître ses premiers ouvrages. Il préféra ce-
d'Ambros, il n'a réussi que médiocrement dans la pendant continuer ses études à Leipzig où il s'adonna,
chanson il manque de cc bonne humeur et de grâce en dehors des études philologiques, à la médecine, la
légère ». Il s'y montre même parfois d'une bizarrerie physique et la chimie.Au cours d'un voyage en Italie,
étonnante. Il y a cependant parmi ses chansons des il fut créé docteur. A son retour, il exerça la médecine
pièces mieux pondérées et de facture plus correcte, dans le district minier de Joachimsthal et s'y livra à
par exemple, Le mieulx me vient; quelques-unes sont des études approfondies de minéralogiedont il publia
:
même tout à fait sérieuses. — Ses messes et ses com- les résultats dans un grand nombre d'ouvrages. Les
positions religieuses, par contre, sont d'un maître. On plus célèbres sont Bermannus, sive de re metallica
y remarque une hauteur de style et une clarté d'exp res- dialogus, Bâle, 1530; De ortu et causis subterraneo-
rum, Leipzig, 1544; De natura eorum quæ effluunt ex
terra, libri IV, Leipzig, 1545; De natura fossilium
libri X,Leipzig, 1546; Dere metallica libri XII, Leip-
zig, 1456. Ces ouvrages furent longtemps regardés
XVIe siècle. On a de

:
lui quelques écrits théologiques,
entre autres un catéchisme rimé pour les enfants et
un essai biographique sur les réformateurs Wahr-
haftige Bildnisse etlicher gelahrten Männer, durch
comme une encyclopédie de la minéralogie; ils restè- welche Gott die reinen Lehren des hl. Evangeliums
rent classiques jusqu'en plein XVIIe siècle et eurent erwecket hat, Wittenberg, 1562. Dans ce recueil on
de nombreuses éditions. Le duc de Saxe le nomma son
historiographeet l'appela à Chemnitz dont les citoyens
le nommèrent maire. Regardé par ses contemporains
mise dans la bouche de Huss mourant :
trouve pour la première fois la fameuse prophétie

Ihr bratt ein Ganss, und das is wahr


comme un prodige de science, il a fait faire des progrès Ueber hundert Jahr, nehmt eben waar
considérables à la minéralogie et à la géologie. Ce qui le Wird kommen ein schneeweisser Schwan
distingue, ce fut son attachement inviolable à la Den werdet ihr ungebraten lan.
vieille foi catholique, même quand toute la ville de
Chemnitz eut passé à l'hérésie. En haine de la foi ca- «Vous rôtissez une oie (Huss signifie «oie» en tchèque),
tholique, il fut déposé de sa charge et, dans son fana- c'est vrai, mais sachez bien que dans cent ans viendra
tisme, la ville lui refusa même un lieu de sépulture un cygne blanc comme la neige (Luther) que vous ne
quand il mourut inopinément le 21 novembre 1555. rôtirez pas. »
Son corps dut être transporté à Zeitz, où l'évêque le Gôdeke, Grundrisszur GeschichtederdeutschenDichtung,
fit ensevelir dans la cathédrale. 2e édit., t. II, p. 284, 312.
Jacobi, Georgius Agricola und sein Verhällniss zur Wis-
J. PIETSCH.
senschaft seiner Zeit, Werdau, 1889. -Hoffmann, Georg
Agricola, ein Gelehrienleben aus den Zeiten der Reformation,
14. AGRICOLA(JOHANNES), théologien luthérien.
Naquit à Eisleben (d'où son surnom Islebius), le
20 avril 1494, comme il le dit lui-même, tandis que des
Gotha, 1905. — 'Janssen, Geschichle des deutschen Volkes,
Fribourg, 1893, t. VII, p. 319-326. auteurs le font naître en 1492 ou 1496. Après avoir
J. PIETSCH. étudié la médecine, il fit à Wittenberg la connaissance
11. AGRICOLA (GEORGES II), évêque de Lavant. de Luther qui, dans les premiers temps, l'affectionnait
Nommé d'abord curé de la cathédrale de Saint-Bar- beaucoup. Dans ses ouvrages, il le désigne souvent du
thélémy à Friesach, archidiacre de la Carniole infé- nom de Grickel, terme d'amitié qui devint plus tard
rieure, membre du Consistoire de Salzburg, il fut con- terme de mépris. En 1525, il fut appelé par les ma-
sacré évêque par Mgr Jean-Jacques von Kuen, gistrats de Francfort-sur-M. pour introduire la réforme
archevêque de cette dernière ville, le 7 mai 1570. Il se dans cette ville. Dès 1527, il se brouilla avec Luther et
distingua par son zèle et sa charité durant la peste, Mélanchthon en répandant ses opinions antinomisti-
qui sévit à Lavant en 1572. La même année, il fut ques, rejetant l'Ancien Testamentl'Église
avec ses préceptes
transféré au siège de Seckau,mais il garda l'adminis- moraux et les commandementsde comme con-
tration du diocèse de Lavant jusqu'à sa mort, qui eut traires à la liberté évangélique. Nommé professeur à
lieu en 1584. l'université de Wittenberg en 1536, ses doctrines con-
Tangl, Reihe der Bischöfe von Lavant, Klagenfurt, 1841, tinuèrent de troubler les théologiens de la réforme.
p. 228-229. Luther l'amena à une rétractation en 1540, mais Agri-
A. PALMIERI. cola dut quitter Wittenberg. L'électeur Joachim II
12. AGRICOLA (IGNACE), jésuite allemand, his- l'appela alors à Berlin et le nomma prédicateur de la
torien de son ordre, naquit à Zusamaltheim, dio- cour et surintendant de toute la marche de Brande-
cèse d'Augsbourg, le 31 juillet 1661, embrassa la \Vie bourg, jusqu'à sa mort, le 22 septembre 1566. En 1547,
religieuse le 29 septembre 1677 et enseigna les belles- il avait pris part à la rédaction de l'Intérim, réglant
les relations de la Réforme avec les catholiques, ce qui
:
lettres et la philosophie. Il mourut à Munich le 23 jan-
vier 1729. On a de lui Hisloria provinciœ Societatis lui attira beaucoup de persécutions. Ses mœurs ne
Jesu Germaniæ superioris, quinque primas annorum
complexa decades, in-fol., Augsbourg, 1727, compre-
nant l'histoire des années 1541-1590; Pars secunda, ab
:
semblent pas avoir été à l'abri de tout reproche. Lu-
ther disait de lui Nam si velis scire quidnam ipsa
vanitas sit, nulla certiore imagine cognosces quam Isle-
anno 1591 ad 1600, in-fol., Augsbourg, 1729. Agricola bii (lettre du 6 décembre 1540). Ses nombreux écrits
n'acheva pas ce second volume, son travail s'arrête s'occupent de toutes les querelles théologiques de la
Réforme et de polémique contre le catholicisme; une
au n. 989 inclusivement, vers la fin de l'année 1599.
Le P. Adam Flotto termina le volume et publia : iste complète s'en trouve dans B. Kordes, Joh. Agri-

quarta, ab anno M. DC. XI. ad annum M. DC. XXX.,


:
Pars tertia,ab anno 1601 ad 1610, in-fol., Augsbourg,
1734. Le P. François-Xavier Kropf composa Pars
et Pars quinta, ab anno 1631 ad annum 1640, 2 in-fol.,
colas von Eisleben Schriflen, Altona, 1817.
Döllinger, Die Reformation, Regensburg, 1848, t. III,
p. 372-397. — G. Kawerau, Joh. Agricola von Eisleben, Ber-
in, 1881.
Augsbourg, 1746-1754; mais il mourut avant l'achè- J. PIETSCH.
vement du dernier volume qui fut continué par les 15. AGRICOLA (JOSEPH), cistercien. Né à Sarre-
PP. Georges Kolb, n. 669-736, p. 379-426, et Ignace guemines, il portait dans le monde les noms de Jean
Weitenauer. Agricola, comme ses continuateurs, in- Jacob. Pendant neuf ans, il fut moine de Bildhausen,
:
dique suffisamment ses sources et reproduit des do-
cuments dans leur intégrité c'est ainsi qu'il nous a
conservé des lettres d'Ignace de Loyola, de Canisius
où il remplissait les fonctions de sous-prieuren 1638. Il
alla à Ebrach en 1645, comme hôte de ce monastère,
dont il devint, profès deux ans après, le 21 mars 1647.
et d'autres personnages. A Ebrach, il fut successivement prieur, official de
Würzbourg et de Sulzheim, maître des novices, bour-
sier et chancelier. Le P. Agricola mourut à Würzbourg
-
Schlosser, dans Kirchenlexicon, 2e éd., Fribourg-en-
Brisgau, 1882, t. I, col. 357. Sommervogel, Biblioth. de
la Compagnie de Jésus, Bruxelles, 1890, t. I, col. 75-76; le 5 novembre 1680; il fut enterré au monastère
d'Himmelpforten,etil écrivit en 1648, un Cæremoniale
1898, t. VIII, col. 1574; cf. t. III, col. 812, n. 4; t. IV,
col. 1174; t. IX, col. 1052, n. 10. divini officii, qui a été publié dans la Cistercienser-
E.-M. RIVIÈRE. Chronik (1903), t. xv, p. 24 sq. Dom Agricola composa
13. AGRICOLA (JOHANN), théologien luthérien encore une chronique du monastère d'Ebrach (Au-
dont la patrie et la vie sont inconnues. Il vint à Sprem- clariumsivecontinuatio Chronici.), en quatre volumes,
berg (Basse-Lusace) dans la seconde moitié du encore inédite, mais souvent citée par Selner et par
tous ceux qui ont écrit sur Ebrach; elle se trouve ac- Frisius. Après de brillantes études à Louvain, il fit un
tuellement à Würzbourg, Kreisarchiv, Mss. 23.
Dr. Jâger, Series abbatum et religiosorum exempti mo-
nasterii Ebracensis, dans Cistercienser-Chronik, 1902,
;
voyage en Italie et y resta sept ans (1473-1480). Toute
sa vie, du reste, fut une suite de voyages il ne voulut
jamais accepter une charge, quelque honorable qu'elle
t. XIV, p. 237. — Cistercienser-Chronik,1903, t. XV, p. 23.— fût, pour ne pas se priver de sa liberté. Une connais-
Selner, Brevis notitia monasterii B. M. V. Ebracensis,Rome, sance profonde de la langue et delà littérature latines
1739,p.24,27,98 sq. lui avait valu le surnom d'aller Virgilius; il était égale-
G. MÜLLER. ment versé dans les sciences naturelles, la médecine,
16. AGRICOLA (JOSEPH), jésuite prussien, qui en- la musique, la théologie, la langue hébraïque et s'oc-
seigna longtemps la philosophie, les mathématiques cupait aussi de la littérature allemande. Sa renommée
et la physique à Heiligenstadtet à Heidelberg, et et ses mérites reposent moins sur son activité litté-
:
laissa plusieurs ouvrages sur ces matières, entre
autres Disquisitio philosophica de certitudine ex rela-
tione sensuum contra idealistas et egoistas, in-8°,
raire que sur ses influences personnelles en faveur des
études classiques en Allemagne et d'une conception
chrétienne des auteurs païens. Les anciens humanistes
1768. — Theoria fulminum per electricitatem illu- allemands,Hegius, Murmellius, Dringenberg,Wimphe-
strata, in-8°, 1771. — Theoria motus in conflictu cor- ling, le regardèrent comme leur maître et ce n'est que
porum physice et algebraice exposita, in-8°, 1773. — plus tard que l'esprit frivole et impie des humanistes
Systema terræ motæ, in-8°, 1775, tous imprimés à italiens infecta aussi l'Allemagne et conduisit à la ré-
Heidelberg. Né à Hüpstadt, le 25 octobre 1729, Agri- volte contre l'Église. Les idées d'Agricola sur l'anti-
cola était entré dans la Compagnie de Jésus, le 14 sep- quité classique sont surtout exposées dans son traité De
tembre 1749; il mourut à Ladenburg, le 7 janvier 1777. formando studio, souvent réimprimé. Il y recommande
l'étude des auteurs classiques, philosophes, historiens,
t. II, p. 316-318. -
Schwab, Quatuor sœculorum syllabus rectorum Heidelberg.
Sommervogel, Bibliothèque S. I.,
Bruxelles, 1890, t. I, col. 76-77.
orateurs, poètes; mais il ne faut pas se contenter des
auteurs païens qui ne connurent point du tout ou seu-
lement imparfaitement le but de la vie humaine. Il
E.-M. RIVIÈRE.
17. AGRICOLA (MAGNUS), bénédictin, né à Augs- faut s'élever plus haut jusqu'aux saintes Écritures
bourg, profès de l'abbaye de Saint-Ulric dans cette qui dissipent tous les doutes et nous préservent d'er-
ville, fut appelé en 1672 à enseigner la philosophie à reurs; leurs enseignements doivent servir de loi à notre
l'université de Salzbourg. Rappelé à Augsbourg, il vie. L'étude des auteurs classiques doit nous conduire
continua à s'occuper de théologie. Il mourut à Saint- à mieux comprendre les saints Livres. Outre cette
conception élevée de l'antiquité classique, il se dis-
:
Ulric, le 22 mai 1688.
On a de lui Sententiæ philosophicæ, 1671; Quæ-
stiones naturales mixtæ de principiis et causis, 1674;
tingua aussi avantageusement des humanistes ita-
liens par la pureté de ses mœurs et sa piété. Il mourut
Tractatus de actibus humanis, 1679; Tractatus de my- à l'âge de 43 ans, à Heidelberg, le 27 octobre 1485 et
steriis S. Trinitatis, 1679. fut enseveli avec l'habit du tiers ordre de Saint-Fran-
çois. Une édition complète de ses ouvrages en deux
François, Bibl. gén. des écrivains de l'Ordre de S. Benoit,
1777, t. I, p. 20. volumes est due aux soins d'Alardus, Cologne, 1539.
— Magn. Sattler, Collectaneen-Blätter zur
Gesch. der ehemal. Bened.-Univ. Salzburg, Kempten, 1890, Tresling, Vita et méritaRudolphi Agricolœ, Groningue,
p.206. 1830. — Ihm, Der Humanist Rudolf Agricola, sein Leben
U. BERLIÈRE. und seine Schriften, Paderborn, 1893. — Allgemeine deut-
18. AGRICOLA (MICHAEL), évêque d'Abo. Voir sche Biographie, Leipzig, 1875, t. I, p. 151-156.
col. 141. J. PIETSCH.
21. AGRICOLA (STEPHAN), théologien luthérien.
19. AGRICOLA (OTHON-JÉRÔME), évêque de Bri- Son vrai nom était Castenpauer. Il naquit, à une date
xen (1625-1627). Il naquit le 30 septembre 1571, à inconnue, àAvensberg (Bavière) et entra dès sa jeunesse
Dillingen. Il étudia à Pise, où il reçut le diplôme dans l'ordre des augustins. Les anciens auteurs pro-
de docteur utriusque juris en 1598, et en 1600, l'é- testants ont entouré sa vie d'une auréole de légendes.
vêque André d'Autriche (1591-1600) le nomma cha- Cf. Realencyclopädie fürprot. Theologie, 3e édit., t. I,
noine. En 1601, il fut choisi comme vicaire géné- p. 253-255. Dès 1520 il commença à prêcher dans le
ral par Mgr Christophe IV André, baron de Spaur sens de Luther. L'archevêque de Salzbourg, voulant
(1601-1613). Il prit une part très active aux réformes préserver son diocèse de l'hérésie, le fit interner à
que le même évêque effectua dans son diocèse. On Mühldorf de 1522-1524. Il répandit ensuite la réforme
y tint plusieurs synodes; les couvents furent déli- à Augsbourg, se maria, devint, en 1532, prédicateur à
vrés des moines aux mœurs relâchées; les capucins Hof, souscrivit les articles de Schmalkalden, intro-
purent s'établir à Brixen; on institua des maisons duisit la réforme à Sulzbach et mourut pasteur d'Eis-
paroissiales pour le clergé. Toutes ces réformes furent leben en 1547. Il a laissé quelques écrits en allemand
suggérées par Agricola.En 1615, l'évêque Charles Ier dont laliste se trouve dans le Kircheiilexikon, 2e édit.,
d'Autriche le nomma doyen du chapitre, mais il t.i, p. 361.
continua à exercer ses fonctions de vicaire général
jusqu'à l'an 1620. Consacré évêque le 24 juin 1625, Cyr. Spangenberg, Wider die böse Sieben in TeufelsKar-
il travailla à améliorer les conditions économiques nöffelspiel, Francfort, 1562. — Schelhorn, Amœnitates li-
terariæ, t. IV, p. 41. — N. Paulus, Ein Gutachten des Stau-
de son diocèse, qu'il visita en véritable apôtre. Il pitz alIS dem Jahre 1523, dans Hist. Jahrbuch, 1891, t. XII,
mourut le 7 mars 1627, et fut enseveli dans la cathé- p. 773 sq.
drale de Brixen. J. PIETSCH.
Simmacher, Beiträge zur Geschichte der bischöfli- 22. AGRICOLA (STEPHAN), théologien luthérien,
chen Kirche Säben und Brixen in Tyrol, Brixen, 1832, converti au catholicisme. Fils du précédent, il naquit à
t.VIII, p. 280-313. — Tinkhauser, Topographisch-histo- Augsbourg et semble avoir étudié à Wittenberg. Mélan-
chthon le recommanda, en 1552, comme prédicateur
risch-statistische Beschreibung derDiöcese Brixen, Brixen,
1855, t. i, p. 25. aux magistrats d'Augsbourg, mais il ne semble pas
A. PALMIERI y être resté longtemps, car l'année suivante nous le
20. AGRICOLA (RUDOLF), humaniste allemand. trouvons pasteur à Helbra dans le pays de Mansfeld.
Son vrai nom était Rœlof Huysmans; il naquit, en 1442, Ily prit part à la dispute majoriste en défendant la
à Baflo, près Groningue (Hollande), d'où son surnom nécessité des bonnes œuvres et bien qu'il se déclarât
prêt à ne jamais plus prêcher sur cette doctrine, il dut de Césarée de Cappadoce, tandis que d'autres listes
quitter le théâtre de son activité. Il suivit son maître l'appellent simplement évêque de Césarée. H. Valois,
Georges Major à Mersebourg, y obtint une cure et y cité par Le Quien, Oriens christianus, t. III, col. 548;
traduisit plusieurs ouvrages de Luther du latin en Preuschen, art.Eusebius, dans Herzog-Hauck, Real-
allemand. Ses opinions sur les bonnes œuvres cepen- encyclopädie, 1898, t. v, p. 608; Lightfoot, art. Euse-
dant le forcèrent encore à quitter son poste. En 1557, bius, dans Dictionary of christian biography, Londres,
il fut prédicateur à Naumburg. En 1560, à Ingolstadt 1880, t. II,p. 312. Cependant Baronius (Annales eccle-
il passa au catholicisme, grâce aux soins du bien- siastici, ad annum 314, § 77) et Tillemont (op. cit.,
heureux Canisius. L'évêque Jules Pflug de Naum- t. VI, p. 201; t. VII, p. 42), tout en faisant des réserves
bourg se chargea de sa famille; sa femme, ses enfants sur la valeur des souscriptions du concile d'Ancyre,
et un frère se rendirent à Augsbourg et y revinrent admettent comme probable qu'Agricolaos ait été
également au catholicisme en 1561 ou 1562. Le car- évêque de Césarée de Palestine. Quant au silence
dinal Otto Truchsess engagea Agricola à venir à Rome, d'Eusèbe ausujet d'un prélat qui aurait été son pré-
mais auparavant il publia l'ouvrage de Gilbert de No- décesseur immédiat, Tillemont l'explique en disant
gueras, évêque d'Alife:De Ecclesia Cliristi ab hæretico- qu'il « peut avoir eu des raisons de ne point parler
rum conciliabulis dinoscenda, authore Jacobo Noguera, d'Agricolaos ou n'avoir pas eu occasion d'en parler.
ÙiIingæ, 1560, et y ajouta une préface. Vers la fin de
1560, il arriva à Rome et s'acquit beaucoup de sym-
pathies parmi les cardinaux. Bientôt cependant il eut
papes qui ont succédé à Marcellin :
Il ne parle point non plus de Vital d'Antioche, ni des
et il ne parle
d'Achillas d'Alexandrie que par occasion et hors de son
lieu, sans rien dire de saint Alexandre qui lui succéda
des accès de mélancolie si graves qu'il faillit tomber
en démence. Le cardinal Truchsess le renvoya en Alle- dès l'an 312 ou 313. Ainsi il paraît qu'il n'a point pro-
magne, espérant que l'air natal le rétablirait. En prement eu dessein de faire l'histoire du temps qui a
route, Agricola s'arrêta trois jours à Lorette qu'il suivi la persécution. Tillemont, op. et loc.cit.
passa presque entièrement dans la sainte maison. Il Mansi, Conciliorum omnium amplissima collectio, t. il,
s'embarqua à Ancône pour se rendre à Venise. Dans
un accès de folie, il sauta dans la mer, croyant, comme
col. 528, 534, 539, 540.
t. - Le Quien, Oriens christianus,
Paris, 1740, III, col. 547-548. — Tillemont, Mémoires pour
il l'avait dit lui-même auparavant, devoir expier ses t.
péchés de cette manière. Pénétré de cette idée, il re-
fusa de saisir la corde qu'on lui jeta pour le sauver.
Paris, 1706, t. VII, p.42. -
servir à l'histoire ecclésiastique,Paris, 1704, VI, p. 198-201;
Ceillier, Histoire générale des
auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1865, t. II, p. 635;
Tel est le récit de sa mort d'après le P. Oliv. Mana-
reus S. J., recteur de Lorette, dans son ouvrage De : t. III, p. 169, note 4; p. 170, note 2.
S. SALAVILLE.
1.AGRICOLE(Saint), prêtre de Soissons.Molanus
à Alph. Salmeron :
rebus societatis Jesu commentarius, écrit en 1600 et
publié en 1886 à Florence. Canisius écrit, le 4 mai 1562,
Nunc adsunt ex urbe fratres,. qui
tristem exitum M. Stephani nuntiant, cui Dominus
ignoscat et parcat.
rapporte, dans ses additions au martyrologed'Usuard
(1er juin), que les restes de ce saint furent exhumés
le 1er juin en même temps que ceux des évêques Prin-
cipius et Lupus, et du martyr Gaudinus. On n'a sur
Agricole aucun renseignement direct. On l'a parfois
Kirchenlexikon, 1882, t. I, p. 362-364. — Petri Canisii, identifié avec Agricole, le neveu et l'héritier de saint
Epistolæ, édit. O.Braunsberger,Fribourg, 1895, t. II, p. 909-
Rémi de Reims. Dans ce cas il aurait vécu vers 532.
914; t. III, p. 431-433.
J. PIETSCH. Mais cette conjecture manque de preuves. Certains
23. AGRICOLA (WOLFGANG). Chroniqueur catho- indices relatifs au lieu de sa sépulture font croire au
lique né le 16 février 1536, à Spalt (Franconie cen- bollandiste Victor de Buck qu'il faut le reporter au
trale), mort, le 15 mai 1601, au couvent de Marienberg, delà du IXe siècle, mais sans qu'il soit possible de pré-
près de Nuremberg. Après des études aux universités ciser davantage. On ignore à quelle date eut lieu la
d'Eichstätt, deVienne et d'Ingolstadt, il fut ordonné translation dont parle Molanus.
prêtre, en 1557, nommé curé, en 1560, et doyen du Acta sanct., 1853, octobr. t. VIII, p. 885-887. — Usuard,
chapitre collégial de Saint-Nicolas, à Spalt, en 1573. Martyrologium, cum additionibus J. Molani, Louvain,
Suivant la mode de son époque, il latinisa son nom 1573, p. 92.
de Bäuerlein en celui d'Agricola. Il a laissé en ma- U. ROUZIÈS.
nuscrit, aujourd'hui à Eichstätt, une chronique alle- 2. AGRICOLE (Saint), serait le onzième évêque de
mande (1290-1576), jusqu'ici restée inédite. Tongres, d'après une liste épiscopale attestée depuis
le xe siècle et qui serait la reproduction d'un ancien
A. Strauss, Viri, scriptis, eruditione ac pietate insignes diptyque. On ignore l'époque de son épiscopat qu'on
quos Eichstadium vel genuit, vel aluit, Eichstätt, 1799. devrait placer à la fin du IVe siècle.
L. BOITEUX.
AGRICOLAOS, évêque mentionné parmi les Hériger, Gesta episcop. Leodien., dans Mon. Germ. hist.,
souscripteurs du concile d'Ancyre de 314, comme titu- t. VII, p. 176; t. XIII, p. 290. — Acta sanct., 3e éd., febr.
laire de Césarée de Palestine dans certaines listes, de t. I, p. 665-666. — Gallia christ., 2e éd., t.III, col. 812. —
Césarée de Cappadoce dans d'autres. Mansi, Conci- Acta sanct. Belgii, 1784, t. II, p. 439-440. — F. Driessen,
dans Biog. nation. de Belgique, 1866, t. I, col. 129-130. —
liorum omnium amplissima collectio, t. II, col. 528,
534, 539, 540. Sur ce concile d'Ancyre et ses souscrip-
De Ram, Hagiogr. nation.,1867, t.II, p. 135-136. — G. Mon-
champ, dans Bull. de la Soc. d'w.t et d'hist. du dioc. de Liège,
tions, voir Hefele, Histoire des conciles, édit. Leclercq, 1906, t. XV, p. 139-140.
;
Paris 1908, t. I, p. 298 sq. Tillemont, Mémoires pour
servir à l'histoire ecclésiastique, Paris, 1704, t. VI,
U. BERLIÈRE.
3. AGRICOLE (Saint), évêque de Nevers.La durée
p. 198, 200-201. Si Agricolaos était réellement évêque de son épiscopat ne peut être déterminée qu'approxi-
de Césarée de Palestine, il fut le prédécesseur immédiat mativement. Son prédécesseur vit encore en 570; son
d'Eusèbe sur ce siège. Or, le dernier évêque de Césarée successeur est déjà nommé en 614. Nous trouvons
dont parle Eusèbe est Agapios (col. 891). D'où plu- Agricole aux conciles de Lyon (581), de Mâcon (581
sieurs ont conclu qu'il devait y avoir erreur dans l'at- et 585). Lorsque le monastère de Sainte-Croix de Poi-
tribution de ce siège à Agricolaos dans les souscrip- tiers fut troublé par les agissements de Basine et de
tions du concile d'Ancyre tenu en 314. D'autant que la Chrodielde, en 590, Agricole prit place parmi les évê-
liste grecque du libellus synodicus (Mansi, op. cit., ques chargés de l'enquête canonique. Il mourut le
col. 539, 540) et une liste syriaque (Cowper's, Syrian 26 février. On célèbre ce jour-là sa fête, que le peuple
Misccllanies,p.41) mentionnent ceprélatcomme évêque appelleparfois la Saint-Arille.
Grégoire de Tours, Historia Francorum, 1. IX, c. XLI, éd. Il composa un ouvrage, malheureusementperdu, où il
Arndt, dans Mon. Germ., Script. Merov., t. I, p. 399. — exposait et réfutait les 24 livres d'exégèse, que Basi-
Actasanct., 1658, febr. t.III, p. 663. — L. Duchesne, Fastes lide avait composés contre l'Évangile. Eusèbe, qui
épiscopaux, Paris, 1900, t. II, p. 479. l'appelle un illustre écrivain ('{'Iwpq.I.wt(hClv ~(7-jyypa-
M. BESSON.
~cpÉwç),affirme que son ouvrage était une très habile ré-
4. AGRICOLE. Un évêque de ce nom figure parmi futation de Basilide (IXOCVMTaroç XA-ràBatfi^etSoueXe?-
les signataires du concile général tenu à Paris, le 'Zoç), dévoilant les rêveries de son adversaire (TYJVSe:-
10 oct. 614 Ex civitate Trigassinum Agricola epis-
: V0TV]Ta"¡IÇ T-àvôpoç aTroy.aX-JTtTwv yoYjTEtâç)." H. E., IV, VII,
copus. On sait que les souscriptions de cette assem- 6, P. G., t. xx, col. 317. Eusèbe a puisé, dans cet ou-
blée, publiées dès 1757 par Eusèbe Amort (Elem.
juris canon., t. II, p. 410), n'ont été utilisées pour vrage, beaucoup de renseignements sur les doctrines
compléter les listes épiscopales de France qu'à la d'un certain nombre de gnostiques, et sur leurs deux
prophètes Barcobbas et Barcoph. D'après Théodoret,
suite de l'opuscule de J. Friedrich, Drei unedirte Hær. fab., I, IV, P. G., t. LXXXIII, col. 349, Agrippa
Concilien aus der Merovingerzeit, Bamberg, 1867, p. 9.
Le dernier éditeur Maassen, Concilia ævi Merovingici, aurait également réfutéles théories d'Isidore, fils de'
1893, p. 192, attribue cet Agricole au siège de Troyes. Basilide.
11 est cependant à remarquer que dans les souscrip-
S. Jérôme, De vir. ill., 21, P. L., t. XXIII, col. 640.
V. ERMONI.
tions il précède les évêques deVaison, d'Embrun, Gap, 2. AGRIPPA DE NETTESHEIM (HENRI-COR-
Venasque, Antibes et Apt, tous provençaux; il est
donc vraisemblable qu'il était évêque de Saint-Paul- ElLLE), théologien et cabaliste. Son vrai nom semble
Trois-Châteaux.Albanès et Chevalier, Gallia christiana avoir été Henri Cornélis ou Cornille; il prit le surnom
d'Agrippa en souvenir de son lieu de naissance (Colonia
novissima, t. IV, col. 34. Agrippina)et plus tard celui de Nettesheim,nom d'un
Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, Paris, village voisin de Cologne, sans que l'on puisse savoir
1894, t.I, p. 256.
U. CHEVALIER. au juste s'il avait quelque droit à un titre quelconque
de noblesse.
AGRIGENTUM. Voir GmGENTI. Cet homme, d'une intelligence supérieure mais d'un
tempérament mobile à l'excès, eut parmi ses contem-
AGRILLA ou AGRO (SS. PIETRO E PAOLO DE). porains des admirateurs et des détracteurs également
Ancienmonastère debasiliens,sur le bord de la rivière passionnés. Dès la fin de sa vie, la légende se mêlait à
Agrilla,près de Messine. Fondé, au début du XIIe siècle,
son histoire de la façon la plus singulière. C'est la lé-
par le moine Gerasimo, sous le règne de Roger Ier, sa gende qui nous le montre évoquant à la prière du
fondation fut, si l'on peut dire, parachevée par Roger II poète Henri Howard, comte de Surrey, la belle Gé-
en octobre 1117 (diplôme dans Pirri). L'abbaye raldine, fille de lord Kildare, payant l'hôtelier qui l'a
actuelle date de 1178. Elle dépendit de l'archimandrite hébergé en bel or sonnant, qui se change en ordure
du San Salvatore dei Greci de 1130 à 1446, puis après son départ, conduisant avec lui un chien du nom
passa à la nomination royale. de Monsieur en qui se cache un démon. Les éléments
Voici, d'après Pirri, la liste de ses abbés jusqu'en de cette légende se rencontrent dans Walter Scott,
1710 : Paulus Furfullus, 1202. — Anelinus, 1390. — Del Rio, Jean Bodin, et JeanWier, disciple d'Agrippa,
Barnabas,1398. —Barsanophrius de Comite, 23 mars qui s'efforce de combattre ces calomnies. C'est sous cet
1425. — Filogatius. — Simon de Blundo, O. P., aspect légendaire qu'Agrippa est devenu le Her Trip-
ensuite archevêque de Santa Severina, 23 mai 1446.
pa de Rabelais, au livre III du Pantagruel, c. xxv. Il
— Card. Bessarion, 23 avril 1480, résigne 20 mars n'avait d'ailleurs que trop contribué lui-même à cette
1452. — Card. Pietro Colonna, 15 avril 1452. — réputation de médiocre aloi en se gratifiant des titres
Angelo Stayti, 1478. — Giovanni Gatti, O. P., 1463, de « Nouveau Faust, mage, astrologue, source des né-
nommé sans l'assentiment du roi, et Ægidius ou cromants. »
Gilus Romanus, 15 décembre 1460. — Alfonso d'Ara- Par contre, les sept livres de sa correspondance con-
gona, résigne 1488 en faveur du suivant. — Juan tiennent les éléments épars d'une biographie exacte.
de Spes, espagnol, 1490, résigne 19 décembre 1506. 11 a lui-même donné un abrégé de sa vie dans deux
— Martino deGurrea, 17 avril 1507, promu évêque de lettres, l'une de 1531, au Conseil de Malines (Ep., VI,
Huesca etBadajoz en Espagne en 1534. — Ferdinando 22), l'autre de 1532, à la reine Marie, gouvernante des
de Villanova,de Valence (Espagne), 18 janvier 1545- Pays-Bas. Ep., VII, 21.
† 1559. — Girolamo Branciforti, 1560. — Mariano Né à Cologne, en 1486, Agrippa y fit ses premières
de Manuo, 27 février 1562. — Vincenzo La Farina, études qu'il alla bientôt continuer à l'université de
31 juillet 1576-† 1583. — Alessandro Gloriero, Espa- Paris. Il s'y lia à des sociétés secrètes d'étudiants dont
gnol, prend possession par procureur 25 mars 1586. —
Michelle Zara, 1604-† 1612. — Didaco Salvaterra, de le but était sans doute l'étude de l'alchimie. Vers sa
vingtième année, il est de retour à Cologne, mais en
Séville, 20 octobre 1615.-'-- Carlo di Napoli,1erjanvier repart aussitôt, poussé par cette incurable instabilité
1641-† 1697. — Pietro Regis, 13 jun. 1697, †17 no-
vembre 1709. — Niccolo del Giudice di Cellamare, des qui troublera toute sa vie, autant que par l'ambition et
princes de Giovenazzi,30 avril 1710, créé cardinal-diacre le goût des aventures. Il va servir le roi d'Aragon,
du titre de Sainte-Marie-des-Martyrsle23 juillet 1725. en 1508, mais bientôt, las du métier des armes, quitte
l'Espagne et revient vers sa patrie par la Provence,
t.II, p. 1039-1042.
Pirri, Sicilia sacra, Palerme, 1733, Lyon et la Bourgogne. Il s'arrête à Dôle et, en 1509,
J. FRAIKIN. sur l'invitation du doyen de l'église de cette ville, y
AGRIPIANUS ou AGRIPPIANUS. Martyr afri- ouvre des cours au titre de lecteur de l'université, sur
cain, honoré le XIII des calendes d'août (20 juillet), les sciences occultes et l'hermétisme. Il débute par un
dans un groupe de trente-deux confesseurs de la foi. éloge enthousiaste et habile de Marguerite d'Autriche,
Martyrologium hieronymianum, édit. De Rossi et Du- qui gouvernait alors la Franche-Comté, et, profitant
chesne, p. 94. Extrait des Acta sanctorum, nov. t.II,1re part. de la tolérance momentanée dont la Renaissance
Bruxelles, 1894. — Acta sanctorum, jul. t. v, p. 45. faisait bénéficier les sciences occultes, prend comme
Aug. AUDOLLENT. texte de ses leçons le dialogue, alors fameux, pu-
1. AGRIPPA CASTOR, auteur chrétien, qui vécut blié par Reuchlin, en 1494, De Verbo mirifico. Son
sous le règne d'Hadrien, vers 130, le premier qui ait succès fut énorme et ses débuts dans le professorat
combattu les gnostiques et particulièrement Basilide. si heureux que l'université de Dôle s'apprêtait à
lui offrir une chaire permanente. L'eût-il occupée défend ardemment la malheureuse contre ses accusa-
longtemps? On a peine à le croire. Les violentes atta- teurs et en profite pour attaquer l'inquisiteurNicole
ques de Jean Catilinet, provincial des franciscains de Savini. Finalement l'accusée est absoute et ses accusa-
Bourgogne, ne permirent pas a Agrippa un plus long teurs sont condamnés à 100 francs d'amende. Mais
séjour. C'est de Gand, pendant le carême de 1510, que l'opinion est surexcitée contre Agrippa et le mécon-
le P. Catilinet, devant Marguerite d'Autriche elle- tentement n'attend que l'occasion d'éclater. Cette
même, reprocha vivement au jeune lecteur d'avoir occasion lui fut fournie par l'écrit d'Agrippa sur la
introduit dans les écoles les doctrines de la cabale et Monogamie de sainte Anne. Sainte Anne était cou-
de préférer l'autorité du Talmud à celle des Pères, en ramment regardée comme la mère des trois Marie,
un mot d'être « un hérétique hébraïsant ». On voit du qu'elle aurait eues de trois époux successifs, Joachim,
moins par là le retentissement considérable qu'avaient Cléophas et Salomé. Lefèvre d'Étaples, qui s'était
eu les leçons du professeur de vingt-trois ans. L'accu- élevé contre cette opinion, avait été censuré. Ce qui
sation parut si redoutable à Agrippa qu'il s'enfuit n'arrêta pas Agrippa ou, plus justement, ce qui l'in-
aussitôt de Dôle et gagna l'Angleterre. cita à la reprendre tout aussitôt. Mais il trouva dans
De Londres,la même année, il adressait à Jean Cati- Claude Salini, prieur des dominicains de Metz, Nico-
linet des reproches pleins d'ironie et d'amertume, se las Ory et Dominique Dauphin, des contradicteurs re-
plaignant d'avoir été repris trop durement, et pro- doutables, si bien que, découragé, il quitta la partie et
testant en même temps de ses sentiments chrétiens laissa les discussions publiques se continuer là-dessus
et de son attachement au Christ. A Londres encore, il après son départ. Il avait passé deux années à Metz et
parle d'une mission secrète dont il aurait été chargé, y avait perdu sa première femme. Il obtint son congé
mais sur laquelle on ne sait rien de plus. La même le 25 janvier 1520.
il à
année, revient Cologneetpart aussitôt pour l'Italie.
Est-ce à ce dernier séjour à Cologne ou plutôt au pré-
De Metz, il gagne Cologne, puis la Suisse et se re-
marie à Genève en 1521. A cette même date, il prend
cédent, en 1508, qu'il fut mis en relations avec l'il- l'état de médecin, avec la même facilité et la même
lustre Tritheim, alors abbé de Würzbourg? En tout préparation que précédemment celui de théologien,
cas. cette rencontre eutune influence considérable sur ce qui, du reste, ne l'empêche pas de publier un écrit
la pensée d'Agrippa et l'incita à composer, bien qu'il contre un docteur de Sorbonne. Le 11 juillet 1522, il
exagère sans doute en disant qu'il l'entreprit à la de- est reçu bourgeois de Genève et peu après il essaie de
mande du savant abbé, son ouvrage sur la Philosophie se fixer à Fribourg, puis à Lyon où, en 1524, il se voit
occulte. attaché au service de Louise de Savoie. Il la suit à
Le séjour d'Agrippa en Lombardie fut de sept an- Paris, s'y fait des relations, se flatte de l'espoir d'une
nées (1511-1517) : c'est le plus long qu'il ait fait de pension, quand tout à coup il se voit disgracié et se
toute sa vie en un seul endroit. Encore y fut-il succes- retrouve à Lyon dans une situation fort précaire.
sivement au service de Maximilien, puis professeur Qu'avait-il fait? La légende s'est emparée de cet épi-
d'hermétisme, à Pavie d'abord, à Turin ensuite. Au sode de sa vie. Il semble qu'en réalité les relations
concile schismatique convoqué à Pise, en 1511,et trans- d'Agrippa avec le connétable de Bourbon furent la
figurer dans un rôle nouveau :
férébientôt à Milan, on a la surprise de voir Agrippa
il y fut appelé par le
cardinal de Sainte-Croix, Carvajal, à titre de théolo-
gien. Théologien de fantaisie, car on ne voit pas qu'il
principale cause de ce dernier revers de fortune.
Ilquitte donc Lyon et va s'établir à Anvers, en1528.
C'est là, déchu de ses espérances, l'âme profondément
ulcérée, violemment irrité contre la reine-mère, contre
ait fait des études régulières de théologie, il ne put les courtisans, un peu contre tous les hommes en gé-
d'ailleurs qu'assister à quelques séances du concile et néral, qu'il compose ce De incertitudine et vanitate
n'y joua aucun rôle. Quelques années après (1513), on scientiarum qui n'est pas sans analogie avec le discours
a la surprise plus grande encore de le voir félicité par de Rousseau sur les sciences etles arts.
le cardinal Bembo, au nom de Léon X, pour les ser- En 1529, au cours d'une peste où il proteste avoir
vices qu'il a rendus au Saint-Siège et l'on pense, dans consciencieusement joué son rôle de médecin, il per-
cette mêlée de faits déconcertants, qu'il s'agit là de dait sa seconde femme, qui lui avait donné six enfants
quelque service rendu au nonce pendant les guerres et se voyait ensuite contraint de renoncer à la méde-
d'Italie. Vers le même temps, Agrippa s'était marié cine, sans doute faute de titres réguliers. Il obtient
à Pavie et avait eu le premier de ses sept enfants. bientôt un office à Malines et se trouve investi des
Vers 1517, au début d'une courte période de paix, fonctions d'historiographe impérial à la cour de la
Agrippa quitte l'Italie et, par Chambéry, se dirige gouvernante des Pays-Bas. En cette qualité il com-
vers sa patrie. L'année suivante, nous le trouvons à posa quelques courts écrits et prononça plusieurs dis-
Metz, dans l'office de conseiller stipendié et d'orateur cours de circonstance.
de la cité. Comme tel, il était chargé des affaires con- Mais ce fut aussi le temps où éclatèrent contre lui
tentieuses de la ville et jouait un rôle officiel dans les les plus violentes tempêtes. Poursuivi et emprisonné
relations de l'État avec les étrangers. A cette époque par ses créanciers, il est presque simultanément en
de sa vie, un grand changement s'est accompli dans butte aux violentes attaques que souleva la publica-
la pensée d'Agrippa. Il ne montre plus guère que du tion, coup sur coup, du De incertitudine, en septem-
dédain pour les sciences occultes, qu'il avait étudiées bre 1530, et celle du De occulta philosophia, en fé-
et enseignées dans sa jeunesse, et commence à s'inté- vrier 1531. Le premier de ces ouvrages avait paru, à
resser aux luttes religieuses. Il suit avec sympathie le quelques mois de distance, à Anvers, à Cologne et à
mouvement de la Réforme et passe même, auprès de Paris. L'édition de Paris fut aussitôt brûlée par ordre
quelques-uns, pendant les deux ans de son séjour à de la faculté de théologie (2 mars 1530-1531 n. s.). Les
Metz, pour adhérerpleinement aux nouvellesdoctrines. théologiens de Louvain relevèrent quarante-trois pro-
Mais il proteste en même temps dans ses lettres et
réprouve les excès auxquels se laissent entraîner les
partisans de Luther. C'était à peu près la position
:
positions dont ils réclamaient le désaveu. Les prin-
cipaux points incriminés étaient le danger de la
science, les scandaleuses invectives contre le clergé,
d'Érasme. les attaques contre le célibat, contre les cérémonies,
Bientôt cependant il est en querelle ouverte avec extérieures, contre le caractère divin des prophéties
les inquisiteurs et les théologiens. Il s'attaque aux et des évangiles, enfin l'invention du capuce monacal
premiers à propos du procès criminel intenté à une attribuée au démon. Contre la faculté de Louvain,.
vieille femme de Woippy, du chef de sorcellerie. Il Agrippa se fit protéger par le légat du pape, l'évêque
de Liége et l'archevêque de Cologne. Celui-ci offrit 4° De incertitudine et vanitate scieniiarum et artium
même à l'écrivain un asile sur ses terres, à Bonn, et atque excellentia Verbi Dei, imprimé à Anvers, en sep-
-Agrippa s'y installa en 1532. Pour se défendre, il tembre 1530, et l'année suivante à Cologne et à Paris.
écrivit, sous la protection du cardinal légat, une Apo- C'est l'un des deux ouvrages capitaux d'Agrippa. Il
logie en 43 chapitres où il reprenait chacun des griefs est écrit dans un parti pris de scepticisme qu'expli-
de la faculté et se disculpait de son mieux. quent lescirconstances où il fut composé, au lende-
Sa correspondance cesse en 1533. On n'a plus alors main d'une douloureuse disgrâce, mais aussi avec des
sur lui que des renseignements espacés. Il termine la intentions agressives où perce l'esprit de la Réforme.
publication de ses ouvrages, répudie sa troisième Il y faut faire la part d'une exagération de langage
femme, épousée à Malines et, en 1535, reprend le che- qui n'est sans doute pas un simple jeu d'esprit, mais
min de la France. Il est emprisonné à Lyon, nous bien plutôt un artifice destiné à déguiser la véritable
ignorons pour quel motif, accueilli à Grenoble avec portée du sujet. En cela, il porte la marque de son
faveur, et meurt dans cette ville, cette même année époque.
1535, à l'âge de quarante-neuf ans. Il y est enseveli La thèse en est que les sciences et les arts ne peu-
-dans l'église des dominicains, ce qui témoigne des sen- vent être que nuisibles à l'homme, aussi bien pour
timents dans lesquels il est mort. l'esprit que pour le corps. On passe successivementen
Existence plus douloureuse encore qu'aventureuse, revue les lettres, la philosophie, les mathématiques,
au cours de laquelle Agrippa fut involontairement et les sciences, les beaux-arts, l'astronomie, l'astrologie,
incessamment sa propre victime, avant d'être celle l'art divinatoire, la politique et la médecine, et par-
des événements ou des hommes. Il est bien l'un des tout Agrippa ne découvre qu'erreurs, abus et hérésies.
esprits les plus étonnants de l'étonnant XVIe siècle. De Rien n'est sùr que la parole de Dieu. La grammaire
ses qualités, la plus grande fut sans doute le prestige et la rhétorique sont des moyens de mieux tromper
qu'il exerçait sur quiconque l'approchait et dont té- les hommes; grâce à elles l'hérésie ne cesse de se ré-
moignent l'enthousiasme de ses amis et de ses disci- pandre et les nouvelles doctrines se multiplient, depuis
ples, le retentissement de ses leçons, le souvenir pro- Luther, à tel point que chaque ville a presque la sienne
fond qu'a laissé son passage dans les villes où il s'est propre. La dialectique ajoute ses artifices à l'obscurité
établi. Le plus connu de ses disciples, fut le médecin des sciences. L'observation même est incertaine, car
Jean Wier. nos sens sont trompeurs. Les mathématiques sont de
Les œuvres d'Agrippa comprennent, par ordre de pures opinions subjectives et la science des nombres,
publication : une connaissance vaine et superstitieuse. Mensongère
1° De sacramento matrimonii declamatio, adressé à aussi la géomancie, « dont j'ai écrit, ajoute Agrippa,
Marguerite d'Alençon. Dans ce plaidoyer en faveur du
mariage,Agrippa expose les trois fins de ce sacrement
Adfutorium, propagatio, vilanda fornicatio et le pro-
: un traité tout aussi mensonger. » Plus sérieuse, la
:
géométrie est cependant le fondement de divers arts
pernicieux la pyrographie ou science des armes à feu,
pose comme un devoir prescrit par Dieu. « Malheur, inhumaine et destructrice, la perspective menteuse,
dit-il, à qui s'y soustrait. » Outre cette attaque dé- et la licencieuse peinture. Vaines et superstitieuses,
guisée contre le célibat, ce traité contient des vues toutes les pratiques de divination, sans négliger la
erronées comme celle-ci, que la débauche dissout le cabale et les sciences occultes. Dans la conduite des
20 :
mariage. Il fut publié sans lieu ni date, vers 1526.
Les petits traités De nobilitale et præcelletia
fæminei sexus, dédié à Marguerite d'Autriche, la tante
choses humaines, la république apparaît comme la
meilleure forme de gouvernement, mais elle est con-
finée dans quelques petits pays tandis qu'ailleurs
paternelle de Charles-Quint. Dans cette amplification fleurit l'absolutisme royal. La religion elle-même est
érudite Agrippa établit, avec force citations de l'Écri- viciée par une foule d'abus, spécialement dans le culte
ture, des Pères et des écrivains profanes, qu'il n'y a des reliques et des saints, la multiplicité des fêtes, la
entre les deux sexes aucune différence essentielle, profusion et le luxe des édifices, les vaines cérémonies
quant à l'âme, à l'esprit, à la raison ni aux destinées
:
éternelles, mais que la femme est supérieure par cer-
taines qualités chasteté, éloquence, beauté. Le péché
:
et la vie désordonnée des clercs. Autant que la reli-
gion, la morale est atteinte les crimes se multiplient,
le commerce est un vol organisé, à Paris la pudeur est
originel, dit-il, retombe non sur Ève, qui fut le jouet presque inconnue. L'alchimie n'est qu'une grande
.(lu démon, mais sur Adam qui agissait en pleine con- imposture, la jurisprudence que la consécration de la
naissance de cause. Commencé à Dôle, en 1509, ce force, et la médecine n'a pour bases que la fraude des
traité fut la première leçon d'ouverture d'Agrippa. uns et la crédulité des autres. Et la théologie? A côté
Exspostulatio super expositione libri De Verbo miri- de la vraie, la Sorbonne a fabriqué la scolastique qui,
fico Joannis Capnionis. Rédigé à Londres en 1510 et depuis saint Thomas et Albert le Grand, est tombée
adressé à Jean Catilinet, cet écrit est une apologie dans la pure sophistique et la logomachie. A la sco-
personnelle où Agrippa proteste de son orthodoxie. lastique, Agrippa fait encore ce singulier reproche
De triplici ratione cognoscendi Deum. Ce traité de d'être une sorte d'idolâtrie, parce que, pour elle, ((la
la connaissance de Dieu, en 6 chapitres, est adressé lettre tue, » et en cherchant l'esprit, qui est le sens
-au P. Chrysostome, carme de Verceil, un des amis caché, elle s'égare dans des recherches ridicules. La
:
qu'Agrippa s'était fait en Italie. Trois voies, dit-il, sont
ouvertes à l'hommepour connaître Dieu le livre delà
nature, le livre de la loi, le livre des Évangiles. Le livre
seule théologie est la parole de Dieu, et, comme on ne
peut l'interpréter sans erreur, seul l'Esprit-Saint pos-
sède la science divine. La théologie n'offre donc pas
de la loi est double, pour une part consigné par écrit plus de certitude que le reste. Agrippa conclut qu'il
dans la Bible, pour l'autre part transmis par tradition n'y a rien de pire pour l'Église que la science. Le sa-
orale et ésotérique à soixante-dix sages qui ont con- vant est impropre à recevoir la doctrine du Christ.
stitué la science de la cabale. Dehortatio gentilis theo- Aussi les prêtres et les docteurs de l'Église sont-ils des
logæ ad episcopum Vasaiensem, ouvrage relatif à des ignorants à qui la Bible doit tenir lieu de science. Tel
démêlés personnels.De ôriginalipeccato. Pour Agrippa, est cet ouvrage singulier rempli d'attaques contre
le péché originel consista dans l'union charnelle. Ces l'Église. Combattre le culte des images, qu'il appelle
petits traités ont été publiés ensemble, à Anvers, une idolâtrie, le trafic des reliques, les cérémonies du
vers 1529, puis à Cologne, en 1531. culte, (r il faut s'en tenir au sacrement du corps de
3° Caroli V coronationis historia, bref récit de l'his- Jésus-Christ, » rabaisser le prêtre et exalter la Bible
toriographe impérial, publié à Anvers, 1530. au-dessus des décisions des papes et des conciles, tel
étaitle but caché d'Agrippa. S'il ne ménage point le de bon; elles ne diffèrent guère que par les rites et
clergé, à qui il reproche l'avarice et l'ignorance, il a souvent par les mots. C'est ainsi que les dieux des
pour les moines une véritable haine, et surtout pour
les dominicains,« qui ne discutent qu'avec le fagot»
et étendent leur juridiction à tout ce qui est erreur ou
:
gentils correspondent aux attributs de la divinité.
L'âme se compose de trois parties mens, d'émana-
tion divine; ratio, l'intelligence; idolum, source de la
scandale. C'est ici un écho de ses démêlés avec l'inqui- vie et de la sensibilité. On agit sur elle par l'art de la
sition de Metz. nécromancie.
Le De incertitudine se rattache à la littérature com- Tout cela, dans l'exposé d'Agrippa, est peu lié,
bative de la Réforme. Il a en même temps une portée confus et indigeste et se résout en une sorte de pan-
philosophiqueplus générale qui fait de son auteur un théisme grossièrement spiritualiste.
véritable précurseur de Rousseau. Enfin, il a un intérêt 6° Oratio in funere Margaretæ, oraison funèbre de la
historique qui n'est pas négligeable par de curieux princesse Marguerite d'Autriche, imprimée à Anvers,.
développements,par exemple, sur l'astronomie de son en juin 1531.
temps, sur les anciens historiens français, et sur les 7° In artem brevem Raymundi Lulli commentaria,
mœurs et la société contemporaine. imprimé à Cologne, en 1531, résumé des leçons pu-
5° Deocculta philosophia libri tres, imprimé à An- bliques d'Agrippa.
vers, en février 1531, et la même année à Paris, mais 8° Apologia adversus calumnias propter declama-
commencé dès 1509, après une visite à l'abbé Tri- tionem de vanitate scientiarum sibi per aliquos Lova-
theim. Cet ouvrage est donc antérieur au précédent nienses theologistas intentatas, publié sans lieu ni date,
dans le développement de la pensée d'Agrippa. Tandis en réalité à Cologne, en 1533. Agrippa y défend, en
que le De incertitudine est orienté vers les temps mo- 43 chapitres, les différents points incriminés par les
dernes, le De occulta philosophia l'est vers le passé
c'est la dernière des sommes ou encyclopédies du
: théologiens.
9° De Beatæ Annæ monogamia ac unico puerperio,
moyen âge. publié en 1534, avec une Defensio contra quemdam

avec un plan plus nettement conçu que réalisé le


monde terrestre et la magie naturelle, le monde cé-
:
Cet ouvrage comprendtrois livres et 199 chapitres, dominicastrum et une Épître sur le même sujet.
10° Orationes decem, comprenant une leçon d'ou-
verture faite à Pavie, en 1515, sur le De potestaie et
leste et la magie céleste, le monde intellectuel et la sapientia Dei d'Hermès Trismégiste, une autre sur le
magie cérémoniale, ou religion. Dans le premier livre, Banquet de Platon, et divers discours officiels pro-
l'auteur étudie la nature et les propriétés de la ma- noncés à Metz.Le tout, suivi de diverses Épigrammes,
tière dans les astres, les plantes, les animaux et a paru à Cologne en 1535.
l'homme, puis les relations de ces êtres entre eux; dans 11° Les œuvres d'Agrippa contiennent en outre un
le second livre, les relations entre les choses maté- Prognosticum, paru vers 1526, une lecture sur la géo-
rielles et l'ordre spirituel, bases de l'astrologie, de mantique, deux sermons sans date, dont l'un au moins
l'arithmétique, de la géométrie et de la musique, puis
les relations entre corps célestes, bases de l'art divina-
toire; dans le troisième livre, il décrit les pratiques
:
fut composé pour un religieux de l'ordre de saint An-
toine Sermo de vita monastica et Sermo de inventione
reliq. sancti Antonii.
religieuses des divers pays et des différentes époques, 12° Epistolarum libri VII, comprenant environ
et, tout en protestant de son orthodoxie, insiste sur 250 lettres d'Agrippa à divers correspondants, lettres
les points communs entre le paganisme et le christia- familières ou officielles, et environ 200 qui lui sont
nisme, puis il expose la nature de l'âme, sa destinée, adressées. Elles s'échelonnent de 1507 à 1533.
l'art d'agir sur les âmes séparées, par la nécromancie. Agrippa avait enfin composé un certain nombre
Un quatrième livre, De cæremoniis magicis, publié d'ouvrages dont les manuscrits ont été perdus au cours
sous le nom d'Agrippa après sa mort ne semble pas de ses voyages et surtout pendant les guerres d'Italie :
authentique. un Commentairesur sa philosophie occulte, égaré après
La philosophie exposée dans cet ouvrage, la plus la bataille de Marignan, un Dialogus de homine Dei
étendue des œuvres d'Agrippa, repose sur une relation imagine, dont il ne reste que l'épître dédicatoire, une
universelle entre tous les êtres, par exemple, entre les Pyromachia sur les machines de guerre, un Liber de
astres et les hommes, entre les différents corps de la fratrum prædicatorum sceleribus et hæresibus, écrit
nature. Connaître ces rapports constituera la science vers 1533, De mineris specialis liber, sur les mines et
universelle ou magie, science qu'il faut cacher au vul- minerais, et même une histoire universelle, Regnorum
gaire et tenir occulte, pour éviter de grands dangers omnium initia.

:
sociaux. Voici quels en sont les principes. Les quatre
éléments peuvent passer par trois états pureté, im-
pureté, transformation. De ces transformations nais-
Les œuvres d'Agrippa ont été réunies et souvent
publiées. Mais on ignore la date précise des premiers
recueils dont il ne reste rien ou seulement des exem-
sent les corps suivant les lois des nombres. Ces corps plaires douteux et isolés. La première édition certaine
ont des vertus primaires, secondaires, tertiaires et des des Opera est celle de Lyon, sans date, en deux vo-
vertus occultes, comme l'attraction magnétique. La lumes in-12, « per Beringos fratres », vers 1550.
matière est partout animée, mais l'âme n'est discer- A. Daguet, Agrippa chez les Suisses, dans Archives de la
t.
nable que dans l'animal et l'homme. Elle agit sur le Soc. d'hist. du canton deFribourg, 1858, n. — L. Charvet,
Correspondance d'Eustache Charuys et de H. Corneille
corps, qui réagit à son tour, par la volonté et par la
foi. Celle-ci, lorsqu'elle est ferme, peut produire de Agrippa, 1875.— A.Prost,Corneille Agrippa, Paris, 1881,
merveilleux résultats et des guérisons surprenantes. 2 vol. — Meiners, Lebensbeschreibungenberühmter Manner
C'est par elle, dit Agrippa, que beaucoup expliquent rich, aus den Zeiten der Wiederherslellung der Wissenschaften, Zu-
1795. — Herminjard, Correspondance des Réforma-
les stigmates de saint François. On peut même agir teurs,
en particulier, t. 1, passim. — Bayle, Dictionnaire,
le
sur corps et les maladies des autres, et si l'on est Amsterdam, 1734, t. i, p. 151-162. — Morley, The life of
soutenu par une passion puissante sur les objets exté- H. C. Agrippa von Nettesheim, Londres, 1856, 2 vol.
rieurs en général. Une puissance semblable est atta- P. FOURNIER.
chée au langage, surtout à la langue hébraïque. AGRIPPANUS. Voir AGRÈVE (Saint), col. 1016.
Dans les choses de la religion, le mystère est essen-
tiel, c'est pourquoi les œuvres sont bonnes, même AGRIPPAS, évêché suffragant de Sergiopolis dans
sans une nette intelligence chez celui qui les accom- le patriarcat d'Antioche. Ce diocèse est signalé pour
plit. Toutes les religions ont d'ailleurs quelque chose la première fois dans la Notitia episcopatuum du
patriarche Anastase Ier, au vie siècle, Échos d'Orient, inscription en vers latins (28), gravée sur une pierre
1907, t. x, p. 145. Les recensionspostérieures de cette qui, après avoir longtemps servi de table d'autel,
même Notitia, Échos d'Orient, t. x, p. 96, et Byzan- fut plus tard insérée dans le mur de l'église de
tinische Zeitschrift, 1892, t. 1, p. 264, le signalent Sainte-Eufemiad'Isola. Cette inscription nous apprend
également. On n'en connaît aucun évêque et, du qu'Agrippin avait été établi évêque de Côme par Jean,
reste, l'évêché lui-même ne figure pas dans l'Oriens le patriarche schismatiqued'Aquilée, qui avait usurpé
christianus de Le Quien. Dans la Vie de Mar Muain, le siège de cette métropole en 607. Agrippin était donc
qui vivait sous Sapor II, un peu après la moitié du du nombre de ces évêques de la Haute-Italie qui refu-
IVe siècle, il est également question de cette localité, saient la communion de l'Église de Rome, parce qu'ils
qui était située, d'après ce document, non loin de jugeaient que le pape Vigile (537-555) et le Ve concile
l'Euphrate. Hoffmann, Auszüge aus syrischen Akten œcuménique (Constantinople, 553) s'étaient mis, au
persischer Märtyrer, Leipzig, 1880, p. 29, 31. Hoff- sujet des Trois Chapitres, en contradiction avec le
mann, op. cit., p. 161, a eu tort de la confondre avec concile œcuménique de Chalcédoine (451). L'inscrip-
Europus, aujourd'hui Djérabis, car cette dernière tion loue ensuite les habitants de Côme d'avoir en-
ville, évêché suffragant d'Hiérapolis dans l'Euphra- duré de longues persécutions pour leur foi et d'av )ir
tensis, figure en même temps qu'Agrippias dans la toujours refusé de mettre le Ve concile œcuménique
Notitia episcopatuum du vie siècle. Échos d'Orient, au rang des quatre premiers. La postérité perdit le
t. x, p. 145. Gelzer, qui s'est occupé aussi de ce siège souvenir de cette attitude schismatique, et, de même
épiscopal, Byzantinische Zeitschrift, t. 1, p. 265 sq., que tous ses prédécesseurs sur le siège de Côme,
n'a pas réussi à l'identifier. Agrippin fut mis au nombre des saints. Certains in-
S. VAILHÉ. dices auraient pu cependant, en dehors de l'inscrip-
1. AGRIPPIN, 'Aypt7t7itvo<;(Saint),neuvième évêque tion de Sainte-Eufemia, faire soupçonner à quel parti
d'Alexandrie après saint Marc, suivant la liste de Jules avait appartenu l'évêque de Côme, durant le schisme
l'Africain utilisée par Eusèbe. Celui-ci nous apprend d'Aquilée. Ainsi saint Grégoire le Grand, dans une
qu'Agrippin gouverna l'Église d'Alexandrie depuis la lettre adressée, en 599, à Constance, évêque de Milan,
sixième année de Marc-Aurèle jusqu'à la dernière du écrit que les clercs de Côme s'étaient rangés parmi les
même empereur (Chronic., 1. II, P. G., t. XIX, col. 562), schismatiques. On ne trouve néanmoins dans aucun
c'est-à-dire sans doute de 167 à 179 ou 180. Ailleurs le concile schismatique la signature d'un évêque de
même historien nous dit que, après douze ans accom- Côme. Dans une lettre de saint Colomban au pape
plis d'épiscopat, ce prélat eut pour successeur Julien. Boniface IV, le saint raconte qu'il a reçu, étant près
Hist. eccl., V, IX, P. G., t. xx, col. 453. Agrippin de Bregenz, une lettre l'invitant à rompre avec l'Église
avait lui-même succédé à Céladion. Hist. eccl., IV, XIX, romaine, qu'avait corrompue l'erreur nestorienne.
P. G., t. XX, col. 377. Saint Agrippin est fêté par les Saint Colomban ne nomme pas ici son correspondant,
Coptes le 5 emsir = le 30 janvier. Nilles, Kalendarium mais au début il déclare avoir été déterminé à écrire
manuale utriusque Ecclesiæ, Innsbruck, 1897, t. II, par Agripp. C'est ainsi que les éditeurs de la Biblio-
p.714. theca Patrum donnent ce nom, tandis que dom Ceillier,
Eusèbe, Chronic., 1. II, P. G., t. XIX, col 562; H. E., IV, qui disposait peut-être d'autres sources, l'écrit en en-
XIX; V, IX, P. G., t. XX, col. 377, 453. — Le Quien, Oriens tier : Agrippin. Oltrocchi, se basant sur cette lecture,
christianus, Paris, 1740, t. II, col. 390. — J.-B. Sollier, Tra- identifie ce personnage avec l'évêque de Côme.
ctatus de patriarchis Alexandrinis (Anvers, 1708), dans Acta Les diverses notices que l'on a sur Agrippin sont
sanctorum, Paris, 1867, jun. t. VII, p. 16, 17. — Tillemont, toutes tardives et méritent peu de confiance. C'est
à
Mémoires pour servir l'histoireecclésiastique, Paris, 1694,
-
zeichnisder Patriarchen von Alexandrien, dansKleineSchrif-
sans aucune preuve qu'elles donnent Cologne comme
t. 11, p. 444; Paris, 1695, t. III, p. 62. A. Gutschmid, Ver- partie de notre saint. En général elles placent son
épiscopat une vingtaine d'années trop tôt. Puisque
ten, édités par Franz Rühl, Leipzig, 1890, t. II, p. 423. —
Butscher, The Storyof the Church of Egypt, Londres, 1897, Agrippin fut sacré par Jean d'Aquilée, ce ne put être
-
t. i, p. 45. B. Evetts, History of the Patriarchs of the avant 607. Quant à la date de sa mort, elle est incon-
coplic Church of Alexandria, dans Patr. orient., t. 1, nue. On met en 615 le sacre de Martinien, mais il n'est
:
p. 153. Sur la valeur de l'ancienne liste épiscopale pas sûr que ce dernier lui ait succédé régulièrement.
d'Alexandrie on peut voir J. Flamion, Les anciennes
listes épiscopales des quatre grands sièges, dans la Revue Acta sanct., 1701,jun. t. III, p. 377-379.- Sancti Colum-
d'histoire ecclésiastique, Louvain, 1901, t. II, p.503, 504, bani Epist., IV, Ad Bonifacium papam, dans Maxima
et A.Harnack, Die Mission und Ausbreitung des Chrisien-
tums in den ersten drei Jahrhunderten, Leipzig, 1902, p. 450.
S. SALAVILLE.
2. AGRIPPIN (Saint). Fut évêque d'Autun dans la
sancta, Einsiedeln, 1860, t. 1, p. 19-20. -
Biblioth. vet. Patrum, t. XII, p. 29. — Burgener, Helvelia
Cesare Cantù,
Storia della città e diocesi di Como, 3e édit., Côme, 1900,
t. 1, p. 115-125. — Ceillier, Hist. gén. des aut. sacrés, Paris,
première moitié du VIe siècle (postérieur à 517). For-
tunat nous apprend (Vie de saint Germain de Paris,
t.
1862, XI, p. 627. — Gams, Series episcoporum, Ratisbonne,
1873, p. 786. —Mülinen (E. F. von), Helvelia sacra, Berne,
III, P. L., t. LXXII, col. 57), qu'il conféra le diaconat 1858, t. 1, p. 4. — Balthasar Oltrocchi, Ecclesiæ Mediola-
nensis historia ligustica, Milan, 1795, t. IIp. 456-458, 474,
et la prêtrise à saint Germain de Paris. Il assista aux
IIe et IIIe concilesd'Orléans. L'Église d'Autun célèbre -
480-489. Ughelli,Ilalia sacra, Venise, 1720, t. v, col. 261,
U. ROUZIÈS.
sa fête le 9 juillet. AGRIPPINE (Sainte), martyre à Rome, sous
L. Duchesne, Fastes épiscopaux, 1899, t. II, p. 178.
M. FALCONNET.
Valérien (?). Elle est grandement honorée en Sicile,
3. AGRIPPIN ou AGRIPPIUS, évêque de Lo- et en particulier à Mineo. Les grecs aussi lui rendent
dève, assiste, en 589, au troisième concile de Tolède; un culte particulier et lui ont consacré un canon
puis la même année au concile de Narbonne, dans spécial. Il n'est pas nécessaire, semble-t-il, pour
lequel il fut, d'après Bernard Guidonis, un des plus expliquer ce culte de supposer, comme l'a fait le
la
ardents pour réforme de la discipline ecclésiastique. bollandiste Papebrock, que son corps aurait été
transporté à Constantinople, au commencement du
Plantavit de la Pause, Chronologia prœsulum Lodo- XIe siècle.
vensium, Aramontii, 1634, p. 17.
épiscopaux, 1898, t. i, p. 303.

4. AGRIPPIN (Saint), évêque de


— Duchesne, Fastes
J. ROUQUETTE.
*
; -
Acta sanctor., 1707, jun. t. IV, p. 458-470 1864,oct. t. XI,
p. 157-158 (Annus græco-slavicus de Martinov). L. Dele-
Côme (Italie) vers haye, Synaxarium Eccles. Consiantinop., p. 706, 763.
le début du VII" siècle, nous est surtout connu par une U. ROUZIÈS.
1. AGRIPPINUS (Saint), martyrisé à Sirmium duit dans l'Église la doctrine de la non-validité du
(15 juillet), d'après le Martyrologe hiéronymien, en baptême hétérodoxe. L'affirmation de Vincent de
compagnie des saints Secundus, Maximus, Fortu- Lérins est encore plus formelle, Commonitorium 1, 6,
natus et Martial. La date de cet événement est in- P. L., t. L, col. 645: Quondam igitur venerabilis me-
connue. moriæ Agrippinus, Carthaginensis episcopus, primus
Acta sanctor., 1725, jul. t. IV, p. 28.— J.-B. De Rossi et omnium mortalium contra divinum Canonem, contra
L. Duchesne, Martyrol. Hieronym., p. 91. universalis Ecclesiæ regulam, contra sensum omnium
U. ROUZIÈS. consacerdotum, contra morem atque instituta majorum,
2. AGRIPPINUS.Évêque de Carthage, cité deux rebaptizandum esse censebat. L'erreur évidente contra
fois dans la correspondance de saint Cyprien. Epist., sensum omnium consacerdotum rend suspecte l'affir-
LXXI, 4, édit. Hartel, t. 1, p. 774; P. L., t. IV, col. 411
ut. sciamus remissam peccatorum non nisi in Ecclesia
: mation dans son ensemble. Quant à saint Augustin,
entraîné peut-être par sa dialectique ardente, il ne
dari posse nec posse adversarios Christi quicquam sibi prend pas suffisamment soin de distinguer entre
circa ejus gratiam vindicare. Quod quidem et Agrippi- l'Afrique et l'Église universelle. L'usage pouvait être
nus bonæ memoriæ vir cum ceteris coepiscopis suis qui déjà ancien en Afrique et apparaître comme une nou-
illo tempore in provincia Africa et Numidia Ecclesiam veauté pour les autres pays, le jour où il fut pro-
Domini gubernabant statuit et librata consilii commu- clamé de façon solennelle par soixante-dix évêques.
nis examinatione firmavit. — Epist., LXXIII, 3, édit. Aussi Mgr Duchesne a-t-il écrit, Hist.anc. de l'Église,
Hartel, t. 1, p. 780; P. L., t. III, col. 1111 : Apud nos t. i, p. 422 : « A Carthage la répudiation totale [du
autem non nova aut repentina res est ut baptizandos baptême hérétique] s'autorisait d'une tradition assez
censeamus eos qui ab hsereticis ad Ecclesiam veniunt, longue. Tertullien, dans son traité du baptême, l'in-
quando anni sint jam multi et longa ætas ex quo sub culque expressément. Vers 220, elle avait été sanc-
Agrippino bonæ memoriæ viro convenientes in unum tionnée par un grand concile des évêques d'Afrique
episcopi plurimi hoc statuerint adque exinde in hodier- »
et de Numidie, réuni par Agrippinus. En réalité la
num toi milia hæreticorum in provinciis nostris ad difficulté se ramène à une question de date. Exami-
Ecclesiam conversi non aspernati sint neque cunctati, nons-la brièvement.
immo et rationabiliter et libenter amplexi sint, ut la- 3° Pour démontrer qu'Agrippinus avait innové,
vacri vitalis et salutaris baptismi gratiam consequeren- on a parfois cité un passage du De baptismo de Ter-
tur. Son nom revient aussi à diverses reprises dans
les œuvres de saint Augustin. De unico baptismo contra
Petilianum, 13, 22; P. L., t. XLIII, col. 606 : Nam
:
tullien. De bapt., 15, édit. Reifferscheid, t. 1, p. 213;
P. L.,t.i,col. 1216 Unus omnino baptismus est nobis,
tam ex Domini evangelio quam ex apostoli litteris,
illud quod adjungit [l'adversaire donatiste] de episcopo quoniam unus Deus et unum baptisma et una ecclesia
Carthaginiensi Agrippino, de inclyto martyre Cypriano, in cælis. Sed circa hæreticos sane quid custodiendum
de septuaginta præcessoribus Cypriani, quia hoc fece- sit, digne quis retractet. Ad nos enim editum est. Hæretici
-
runt et fieri præceperunt [considérer le baptême des
hérétiques comme nul]. De baptismo contra donati-
stas, II, VII, 12; P. L., t. XLIII, col. 133 : saluberrimam
autem nullum habent consortium nostræ disciplinæ,
quos extraneos utique testatur ipsa ademptio commu-
nicationis. Non debeo in illis agnoscere quod mihi
consuetudinem tenebat Ecclesia, in ipsis quoque schis- est præceptum, quia non idem Deus est nobis et illis,
maticis et hæreticis corrigere quod pravum est, non nec unus Christus, id est idem, ideoque nec baptismus
iterare quod datum est. hanc ergo saluberrimam con- unus, quia non idem; quem cum rite non habeant,
suetudinem per Agrippinum prædecessorem suum dicit sine dubio non habent, nec capit numerari quod non
sanctus Cyprianus quasi cœpisse corrigi. verius cre- habetur; ita nec possunt accipere quia non habent.
:
ditur per Agrippinum corrumpi cœpisse, non corrigi.
-dentis concilii quod
viii, 13, col. 134 cum fatigatum (Cyprianum) præce-
per Agrippinum actum est exce-
;
Il n'est pas possible de se méprendre sur la portéede
ces lignes c'est la même doctrine qui sera enseignée
par saint Cyprien et proclamée par les quatre-vingt-
pisset auctoritas, maluit prædecessorum suorum tan- sept évêques réunis à Carthage, le 1er septembre 256 :
quam inventum defendere, quam in quærendo amplius le baptême conféré par les hérétiques est sans valeur.
Sententiæ episcoporum numero LXXXVIIdehæreticis
laborare; cf.
col. 145; :
IX, 14, col. 135; III, II, 3, col. 140; XII, 17,
IV, VI, 8, col. 159 ut cum. auctoritatemquam
sequeretur vir tanta scientia prseditus (Cyprianus) quæ-
baptizandis, Cypriani Opera, édit. Hartel, t. i, p. 435-
461; P. L., t. III, col. 1052-1078; Mansi, Sacr. concil.
reret, nonnisi in Africa sola factum paucis ante se annis nova et ampliss. collect., t. 1, col. 951-965. Cf. d'Alès,
Agrippiniconcilium reperiret. Cf. Epist.,XCIII, 10, 35, La théologie de Tertullien, p. 329; je ne fais pas usage
édit. Goldbacher, II, p. 480; P. L., t. XXXIII, col. 338; du De pudicitia, 19, qui est un ouvrage montaniste
Facundus d'Hermiane, Pro defensione trium capi- et ne prouverait rien ici.
tulorum, x, 3, P. L., t. LXVII, col. 775. De ces textes, Du texte que nous venons de transcrire on retient
dont j'ai tenu à citer intégralement les plus impor- la phrase adnos enim editum est, qui semble, dit-on,
tants, il résulte qu'Agrippinusétait évêque de Carthage se rapporter à une promulgation faite antérieurement
avant saint Cyprien et qu'il réunit un concile dans par l'autorité compétente, au sujet du traitement
sa ville épiscopale pour examiner la validité du bap- à réserver aux hérétiques, et on les applique au
tême conféré par les hérétiques; ce concile en décida concile d'Agrippinus : il aurait donc précédé la publi-
la nullité. Sur le fait même aucun doute n'a jamais cation du De baptismo que M. Monceaux, Hist. litt.,
été élevé; mais sur les circonstances dans lesquelles p. 208, et M. d'Alès, op. cit., p. XIII, placent198 entre
il s'est produit, l'accord cesse entre les auteurs. La 200 et 206; M. Harnack, Chronol., p. 295, entre et
bibliographie mise à la fin de cet article éclairera 202 ou 203. Mais il est peu probable qu'il faille inter-
les références succinctes qui vont suivre. préter ainsi le verbe editum. M. d'Alès ne l'entend
1° Saint Augustin dit simplement que soixante- certainement pas de cette manière, puisqu'il parle,
dix évêques assistèrent à l'assemblée; de Ceuleneer,
Essai, p. 211, ajoute « dont dix-huit de la Numidie »;
cf. dom Leclercq, art.Afrique, col. 580. Les passages de
saint Cyprien auxquels il renvoie ne contiennent
rien de tel. Il confond avec les dix-huit évêques nu-
::
p. 329 « du silence de Tertullien sur cette décision»
synodale. Ailleurs, La question baptismale, p. 355,
il traduit même nettement « car c'est à nous seuls
que s'adressent les Écritures »opinion déjà 634,
mellement indiquée par Oehler, édit., t. II, p.
for-

mides qui consultèrent le concile de 255. Epist., LXX. qui expliquait ad nos 'catholicos directum est quod in
2° D'après saint Augustin, Agrippinus aurait intro- sacrislitterispræscribitur,à laquelle se rallie également
Lupton, édit. du De baptismo,Cambridge, 1908,p.42.Ad ception de Mgr Toulotte qui reporterait volontieis
nos enim editum est vise donc sans doute les citations l'assemblée à la fin du 1er siècle;
scripturaires ex Domini evangelio, ex apostoli litteris, 186-187, Benson (Agrip.);
qui viennent immédiatement avant. L'allusion à 197 ou peut-être avant, Morcelli (Agrippinus siège
l'acte d'Agrippinus, qu'on prétend trouver dans ces de 197 au plus tard jusqu'en 200);
mots, serait vraiment bien obscure, si Tertullien avait 197 ou 198, Leclercq (Afr. chrét. et Conciles);
voulu l'y mettre. 200,Allard;
On fait aussi état du passage suivant de la lettre vers la fin du n* siècle,

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