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pastorale liturgique
t4
1 *
Vc
LA
DÉDICACE
des églises
70
LA MAISON-DIEU
Revue trimestrielle
du Centre de Pastorale Liturgique
9
Directeurs
A.-G. MARTIMORT, A.-M. ROGUET
Secrétaire de rédaction
M.-D. BOUYER, o. p.
Principaux collaborateurs
BOTTE, o.s.b.; F. BOULARD; L. BOUYER; A. CHAVASSE; Y. CONGAR,
B.
o.p.; I.-H. DALMAIS, o.p ; J. DANIELOU, s.j.; Dom J. GAILLARD, o.s.b.,
J. GELINEAU, s.j.; P.-M. GY, o.p.; J. HILD, o.s.b.; J.-M HUM, o.p.; P. JOUNEL;
J. LECLERCQ, o.s.b.; J. LECUYER, c.s.sp.; F. LOUVEL, o.p.; F. MORLOT;
O. ROUSSEAU, o.s.b., et un groupe de curés.
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Belgique
Renaissance, Bruxelles 4 155 fr. b.
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LA MAISON-DIEU
LES ÉDITIONS DU
CERF
29, boul. Latour-Maubourg,Paris-7e
Cumpermissusuperiorum,
ÉTUDES
:
ALPHONSE RAES, S. j.,
Préfet de la
Bibliothèque Vaticane.
La liturgie eucharistique en
Orient
tectural
son cadre archi-
49
deStrasbourg.
CYRILLE VOGEL,
Professeur à la Faculté de
Théologie catholique
Versus ad Orientem.L'orien-
tation dans les Ordines Ro-
mani du haut moyenâge.âge. 67
J-
SUGGESTIONS PASTORALES
BIBLIOGRAPHIE
L portant
rite
E de la dédicace des églises est de loin le plus im-
de ceux que contient le Livre II du Pontifical;
c'est même de beaucoup la plus longue, la plus solen-
nelle des actions liturgiques, la plus riche en formulaires
et en symboles1. Mais avec le temps, cette solennité et cette
richesse étaient devenues surcharge écrasante. Aussi les
évêques de naguère répugnaient à célébrer des dédicaces;
lorsqu'elles semblaient inévitables, ils les exécutaient en
toute hâte, sous la surveillance vigilante decérémoniaires
qui assuraient l'observance exacte des rubriques, mais en
l'absence de tout peuple et devant l'indifférence de quelques
assistants. A partir du moment où l'on a redécouvert la ri-
chesse spirituelle de ces rites et leur valeur éducative pour
:
les chrétiens, un effort pastoral a été tenté et souvent avec
un grand succès des édifices, célèbres ou modestes, ont été
consacrés ces dernières années avec le concours d'un peu-
ple priant, rendu attentif et actif grâce à une préparation
antérieure, à la présence d'un bon commentateur et au
style d'ensemble adopté. Mais c'est alors qu'on a senti le
:
plus vivement la nécessité et l'urgence d'une réforme du
rituel; que de doublets fastidieux gestes répétés à plusieurs
reprises, oraisons multiples pour un même rite ou reve-
nant sans cesse sur les mêmes demandes, tout cela aggra-
vant d'une fatigue psychologique le poids de la fatigue
:
chemin faisant, la Commission était obligée de décider des
choix difficiles des points de vue très divers, presque con-
tradictoires, devaient être pris en considération. La commo-
dité de l'évêque célébrant ne coïncide pas nécessairement
avec l'utilité du peuple qui participe, et d'autre part la
raison pastorale ne peut faire oublier la vénération que
méritent des usages plus que millénaires.
Le 2 juin 1951, le pape Pie XII consacra l'aulel majeur de
la basilique Saint-Eugène de Rome avec un cérémonial très
simplifié, dont le texte avait été remis aux prélats et aux
membres du Corps diplomatique. La sélection des rites
semblait n'avoir pas obéi à des critères bien définis. Mais
il s'agissait là d'un événement isolé. Porter la main au
Pontifical pour en faire une réforme définitive exigeait de la
méthode, un travail assidu, un cercle élargi de consultations
auprès de compétences diverses. Aucune de ces conditions
n'a manqué à la préparation du nouvel Ordo, publié le
13 avril 1961. Après l'avoir décrit de façon aussi précise que
possible et l'avoir comparé à l'ancien, nous essaierons de
l'apprécier à la lumière des principes mêmes qui ont présidé
à son élaboration.
:
saient traditionnellement la cérémonie de consécration des
églises les rites de l'eau, les rites de l'huile. Chacune de ces
deux parties se terminait par le chant d'une préface qui en
:
constituait comme le sommet. La séparation était facile à
percevoir par les fidèles maintenus hors de l'édifice durant
les rites de l'eau, ils étaient admis à entrer pour les rites de
l'huile; de plus, la solennelle procession et la sépulture des
reliques marquaient la fin de la première partie et inaugu-
raient la seconde. Mais ces articulations perdaient de leur
netteté pour ceux qui étaient occupés au détail de cérémo-
nies qui se suivaient, s'enchevêtraient et s'interrompaient
de nombreuses parenthèses; en outre la fatale erreur du
scribe qui, vers l'an 700, écrivit le Missale Francoram ou
son modèle, imposa jusqu'en 1961 le titre « Consecratio
altaris » aux gestes de l'eau sur l'autel. C'est pourquoi, aux
évêques qui demandaient de scinder la cérémonie en deux
:
séances, la Congrégation des Rites accordait généralement de
faire la coupure avant ce fameux titre le résultat était qu'on
s'arrêtait le premier jour après avoir béni de l'eau grégo-
riene qui ne servirait que le lendemain, et le second jour
les fidèles butaient encore désespérément devant une porte
fermée, se demandant si elle s'ouvrirait jamais. Pour la
consécration de l'église de Lourdes, nous avions obtenu par
induit que la cérémonie du second jour s'inaugurât par la
procession des reliques, ce qui apparut, à l'expérience, à la
fois très juste et très commode.
fical même :
Désormais, les articulations sont marquées dans le Ponti-
Première partie, Lustration et dédicace de
l'église; Deuxième partie, Déposition des reliques; Troisième
partie, Consécration de l'église et de l'autel. La seconde par-
tie, quoique le titre la distingue autant de la première que de
la troisième, est cependant liée de façon manifeste à la
troisième qui la suit sans interruption; elle est au contraire
bien détachée de la première par le changement de vête-
ments des célébrants et par le déplacement hors de l'église
qu'impose la procession. De plus, la symétrie entre le ser-
vice des lustrations et le service des onctions est accusée par
:
une meilleure ordonnance des grandes prières qui clôturent
chacun d'entre eux une monition du célébrant, un temps
de prière silencieuse à genoux à l'invitation du diacre, puis
une oraison et lechant d'une préface. Ces formules, parfois
dispersées, ont dû être regroupées, et on a supprimé toutes
les autres monitions et tous les autres Flectamus genua.
Je viens de mentionner le changement de vêtements.
Selon l'ancien rituel, le pontife était, durant toute la céré-
monie, en aube, étole et chape blanche, assisté d'un
diacre en aube et étole blanche, ainsi que d'un sous-
diacre en aube; c'est seulement pour la messe que lui et ses
ministres retournaient au secretarium en vue de s'y revêtir.
Désormais, pour la première partiede la dédicace les vête-
ments sont violets; l'évêque et le diacre prennent les vête-
ments blancs au moment de la procession. Ainsi est souligné
le parallélisme avec le rituel pascal et baptismal, la consécra-
tion d'une église rappelant les étapes de l'initiation chré-
tienne selon la remarque de Mgr Duchesne2. J'ai souvent
souhaité cette disposition pour le cas où la cérémonie se
déroulait en deux séances distinctes; mais si on accomplit
-
le rite en une seule séance (le nouveau Pontifical n'envisage
:
pas d'interruption), le changement de vêtements devient
alors fastidieux malheureusement les réformes opérées ces
dernières années n'ont fait qu'en multiplier les occasions,
ce qui n'est ni une simplification, ni un progrès.
I. La vigile de la dédicace.
Outre la préparation pastorale, qui peut s'échelonner sur
un temps assez long et dont nous reparlerons, la dédicace
comporte traditionnellement une vigile. La veille de la céré-
:
les), seront apportées avec faste jusqu'à laproximité de
l'église à consacrer on suggère des haltes dans les églises
voisines permettant d'élargir le cercle de la préparation à la
fête, d'associer dans la solidarité d'un événement d'Église les
fidèles d'une région ou de toute une ville et de corriger
l'esprit de clocher. Cela suppose d'ailleurs que la dédicace
qui doit avoir lieu mérite cet intérêt : il n'en serait pas ainsi
si l'on s'avisait — comme cela s'est produit trop souvent—
de faire consacrer un édifice construit et utilisé depuis des
siècles ou un oratoire ne répondant à aucune nécessité.
:
cathédrale même, ou bien à l'église paroissiale dont le nou-
vel édifice est comme une filiale après la veillée, un cortège
transporte alors les reliques à la chapelle où elles demeure-
ront jusqu'au lendemain.
La veillée liturgique consiste, comme toujours, dans les
Matines célébrées à trois nocturnes selon le rite festif. Pour
le choix des psaumes, antiennes et leçons, on suivra éven-
tuellement le propre des saints célébrés, sinon le commun
des martyrs. A cet office, le peuple sera invité -— ce qui veut
dire qu'on devra prévoir un bon commentateur et les autres
éléments nécessaires à la participation. Pour les clercs et
réguliers astreints à l'office, ces matines satisfont à leur
obligation (n. 5) saluons avec joie cette précision si libé-
:
:
Jadis, dans l'église consacrée, on commençait à partir de
tierce à célébrer l'office de la dédicace d'une part, cela
fixait de façon trop rigide l'heure de la cérémonie (mon
lecteur me pardonnera mes illusions), d'autre part, cet
office était dépourvu de ses nocturnes. Désormais, l'office
de la dédicace s'inaugure par les vêpres, après l'accomplis-
sement de la cérémonie, et se continue tout le lendemain
selon le rite de première classe; de cette façon aussi, tous les
prêtres reprendront le lendemain la messe propre qui, sans
cela, aurait été réservée a l'évêque seul.
La veillée liturgique est conditionnée par la clause « si
commode fieri potest ». Cette commodité se vérifie évidem-
ment pour une église cathédrale ou conventuelle au clergé
nombreux. Ailleurs, on sera souvent contraint d'organiser
seulement des pia exercitia en maintenant toujours ceux-ci
dans le style d'une vigile biblique, comme le sont les Mati-
nes. La veillée liturgique, d'ailleurs, là où elle aura
effectivement lieu, ne suffira pas, et sera précédée ou suivie
d'autres réunions auprès des reliques, par groupes plus ou
moins nombreux.
2. :
Première partie « lustration et dédicace de l'église ».
Au moment où commence la cérémonie, l'église est
fermée. Comme dans l'ancien rituel, personne ne peut y
demeurer, à l'exception d'un diacre, chargé d'accueillir
l'évêque au moment voulu.
Le clergé se réunit à la chapelle des reliques, où l'évêque
lui-même vient revêtir les ornements et où ont lieu des
prières préparatoires. On a heureusement supprimé les sept
psaumes et la litanie initiale dont nous avait accablés, un
peu dans tous les rites, Durand de Mende. On a maintenu
l'antienne Adesto avec l'oraison Actiones nostras : cela fait
tout demême encore préludes de dévotion, peu cohérents à
une action liturgique.
De la chapelle des reliques, l'évêque et le clergé se rendent
en procession devant la porte de l'église. Je suppose que c'est
là que le peuple attend, mais la rubrique aurait dû le préci-
ser. Le rite commence par la récitation du Deus in adjuto-
génuflexion :
rium avec Gloria Patri, sans chant, ni répétition, ni
il a été entraîné là par le formulaire de béné-
diction de l'eau grégorienne et maintenu sans doute par
égard pour l'Ordo 4r qui le mentionnait déjà au 9e siècle;
mais ces motifs ne persuadent guère de son utilité. En
-
revanche, il manque un chant d'entrée, qui eût été très
bien le vieux répons Fundata est (Isaïe, 2, 2) avec des versets
du psaume 125 (venientes autem venient cum exsulta-
tione.).
tinctes, avec mélange d'ingrédients différents :
L'ancien rituel prévoyait deux bénédictions d'eau dis-
pour les
lustrations extérieures, de l'eau mêlée de sel, bénite selon le
formulaire ordinaire du missel; pour les lustrations inté-
rieures, l'eau dite bien à tort « grégorienne »,
laquelle on mêle du sel, des cendres et du vin. Désormais,
dans
:
Avec cette eau, l'évêque fait toutes les aspersions au
moyen d'une branche d'hysope on a heureusement con-
servé l'usage de cette plante biblique, liée à tous les rites de
purification, et qui nous débarrasse, au moins en cette cir-
constance, de notre matériel banal de sacristie.
Au lieu de trois lustrations extérieures autour de l'édifice,
l'évêque n'en fait désormais plus qu'une; il asperge sans
:
de l'église. Il eût été bien d'arrêter la litanie après le triple
Agnus Dei les cinq invocations finales, quelque tradition-
nelles qu'elles paraissent, donnent la fâcheuse impression
d'un recommencement. On a bien fait de supprimer le Veni
Creator.
:
Des deux oraisons qui clôturaient la prière litanique, une
seule a été retenu Magnificare, du Sacramentaire gélasien,
préférable à l'autre qui s'y était ajoutée au 13e siècle. On
a supprimé la signation de la porte (elle faisait triple em-
ploi!) et la prière si critiquable qui l'accompagnait. Suivent
les aspersions de l'intérieur de l'église et de l'autel.
Dans l'ancien rituel, les gestes de l'eau et de l'huile
étaient toujours accomplis d'abord sur l'autel avant de se
prolonger sur les murs de l'édifice; cet ordre, résultat d'une
tradition millénaire, soulignait la place de l'autel, véritable
centre et lieu essentiel de l'église. Je ne vois pas comment
la nouvelle disposition se justifie.
:
On n'a conservé que deux des nombreuses aspersions que
:
83 (Quam dilecta), avec le refrain Non est hic aliud. Une
seule oraison clôture ces gestes et ces chants Deus sancti-
ficationum, tirée du Sacramentaire gélasien (l'oraison Deus
qui loca se retrouvera à une autre place).
Les gestes sur l'autel étaient fixés depuis le vieux Missale
Francorum du t-8 siècle; c'étaient ceux mêmes que
Moïse avait accomplis dans Ex., 29, 12-18 et Lev., 8, 11.
:
Il n'en reste désormais que deux l'évêque fait une fois (et
non plus sept fois) le tour de l'autel en l'aspergeant, puis,
avec le pouce trempé dans l'eau grégorienne, il trace cinq
croix sur la table. On a abrégé et simplifié4 la formule qu'il
doit réciter, attestéedès le IÙe siècle; mais n'aurait-on pu la
supprimer complètement, puisque les gestes et le chant sont
toujours suivis d'une prière du célébrant? Ici le chant est
tiré du psaume 42 et la prière est la formule Singulare illud
propitiatorium, attestée déjà au Sacramentaire de Gellone;
elle est très belle, mais elle pose des problèmes de critique
textuelle et suppose un cérémonial de consécration un peu
différent de celui qui a été retenu.
C'est après les aspersions que le nouveau rituel place le
geste de l'alphabet. Avec des cendres, selon la tradition,
- mais qu'on peut désormais remplacer par du sable, —
deux bandes diagonales ont été tracées, dans lesquelles
l'évêque, du bout de sa crosse, écrit successivement l'alpha-
bet grec et l'alphabet latin. Le refrain 0 quam metuendus
est accompagne toujours le geste, antiphoné non plus avec
le Benedictus, mais avec le psaume 47, qui est un psaume de
dédicace, heureusement introduit dans la cérémonie. Cepen-
dant, il faut faire deux remarques. Dans l'ancien rituel,
l'alphabet s'écrivait sur le sol d'un édifice vide, et pouvait
donc s'étaler aux dimensions même de la nef; la présence
nouvelle des fidèles va gêner et réduire singulièrement son
ampleur; les rubriques nous y résignent, en mesurant
« trois mètres environ » et en admettant que seul le pres-
byterium soit signé. Par ailleurs, l'alphabet se situait tradi-
tionnellement dès l'entrée dans l'église; pourquoi l'a-t-on
transporté après les aspersions? On pouvait objecter que les
aspersions, accomplies par-dessus les cendres, salissaient
le sol; mais les cendres, placées sur le sol mouillé, ne font
pas mieux. Plutôt a-t-on pensé que les aspersions, signifiant
purification et exorcisme, devaient précéder un geste inter-
:
sante, quoique finalement l'évocation de l'arpenteur soit la
plus parlante. On a bien fait de le conserver il est une des
choses qui suscitent, de la part du public, le plus de curio-
sité et d'intérêt.
Les prières que clôturent la première partie et en consti-
tuent le sommet sont introduites par la monition Deum
omnipotentem, qui était précédemment placée avant les
lustrations de l'autel. Mais le texte en a été entièrement revu
et restitué en la teneur qu'il avait au Pontifical du 10e siècle.
fical romano-germanique
Celle-ci a été remaniée
::
La prière du célébrant comporte d'abord l'oraison Deus qui
loca, du Sacramentaire gélasien 5, puis la préface du Ponti-
Vere dignum. adesto precibus.
l'addition ieque suppliciter exorare
rend la suite des idées plus cohérente (il serait souhaitable
que l'on retouchât de la même façon la préface des Apôtres
au, missel); en revanche on a supprimé les acclamations
trinitaires dont le lyrisme, voisin de la laus cerei, est peu
habituel dans les préfaces romaines, et les allusions à des
guérisons charismatiques.
5.
:
L'oraison Deus sanctificationum, qui lui est toujours associée
depuis le vieux Gélasien, s'en trouve désormais séparée nous l'avons
déjà signalé ci-dessus, p. 14.
:
rubrique témoigne, en tout cas, de leur hésitation « Si
tamen multitudo fideliummagna sit et praevideatur quod
non sine boni ordinis et devotionis detrimento ab ecclesia
exire possint. » Certains peuples sont peut-être plus
rebelles que d'autres au bon ordre et au recueillement; mais
les pasteurs qui ont l'habitude du maniement des foules
ne reculeront pas devant la peine, car la procession des reli-
ques est le plus grand moment de la dédicace.
L'ancien Ordo ne prévoyait aucun chant pour aller de
l'église à la chapelle des reliques. C'est durant ce trajet
que l'on chantera O quam gloriosum, Movete, Ecce popu-
:
lus, Via sanctorum. Mais la rubrique du n. 27 donne toute
liberté d'ajouter d'autres chants, même des cantiques « vel
etiam cantus popularis in honorem sanctorum ». A la cha-
pelle, l'évêque chante l'oraison Fac nos Domine (elle se
trouvait dans certains sacramentaires du 8e siècle); on a
supprimé Aufer a nobis, et avec raison, malgré son ancien-
neté. Au retour. on doit avoir perdu le peuple en chemin,
puisqu'il a été oublié dans la rubrique du n° 291 Sont pré-
vus, comme chants, le psaume Ill9 avec l'antienne Istorum,
le psaume 150 avec l'antienne Ingredimini, et éventuelle-
ment des cantiques. Je regrette — pour leur texte, non
pour leur mélodie qui était mauvaise — les chants suppri-
-
més : Cumjucunditate,Surgite sancti Dei, Ambulate sancti.
Il n'y a plus de station à la porte, comme dans l'Ordo
:
Corpora sanctorum. L'évêque clôture par l'oraison du Sa-
cramentaire grégorien Deus qui ex omni COAPTATIONE, selon
l'antique formule, maladroitement corrigée au moyen âge
et aujourd'hui heureusement rétablie. Il faut se réjouir que
tout le reste ait disparu, notamment les nombreuses onc-
tions du sépulcre et de sa pierre.
4. Troisième partie
tel».
: « Consécration de l'église et de l'au-
:
Il faut faire ici la même remarque que pour la première
partie l'ordre traditionnel a été inversé, l'onction des murs
précédant désormais l'onction de l'autel.
L'onction des murs demeure toujours l'un des grands
moments de la dédicace. Son symbolisme en est très obvie,
et le chant du Lauda Jerusalem facilement très populaire.
A chacune des douze onctions le geste s'accompagne d'une
formule — simplifiée certes parrapport à l'ancien rituel,
mais dont la suppression aurait été meilleure — et de l'en-
censement. Mais quelle innovation ridicule et blâmable de
faire essuyer l'onction par un prêtre! Cela énerve la portée
du signe, et constitue un vestige de la méthode qui a défi-
guré tant de gestes liturgiques, les rendant étriqués et for-
malistes.
Avec le chant traditionnel du Lauda Jerusalem et de
l'hymne Caelestis urbs, on a maintenu les répons Haec est
Jerusalem et Plateae tuae dont le texte, là encore, est excel-
lent mais dont la mélodie est peu en rapport avec la cir-
constance. Nous reviendrons plus loin sur les problèmes
du chant. Par ailleurs, au moment où l'évêque passe devant
la porte principale, il fait avec le saint chrême l'onction
desmontants qui se pratiquait jadissur la façade extérieure,
et l'on a maintenu par ce geste la formule, bonne à la
vérité, du Pontifical rhénan; mais le résultat navrant de
cette disposition nouvelle, c'est qu'elle fait interrompre le
chant, qui ne reprendra qu'ensuite; le rite des onctions des
murs se trouve donc scindé en deux, et l'interruption du
chant, dans le moment précis où il soulève le mieux la
masse des participants, est une grosse erreur du point de
vue technique comme du point de vue pastoral.
Gestes et chants sont conclus, comme toujours, par la
prière du célébrant; ici, c'estl'oraison Deus qui in omni
loco, qui était précédemment placée avant la sépulture des
reliques; elle a, des titres de noblesse par son ancienneté,
puisqu'elle figurait déjà dans l'Ordo 42, mais son contenu
demeure très en dehors de la magnifique perspective qu'ou-
vrait le rite de l'onction des murs.
L'onction de l'autel est sans doute la partie qui a subi
les plus radicales simplifications. Dans l'ancien rite, l'on
s'en souvient, quatre encensements, solennisés par le chant
du Dirigatur, précédaient chacun une prière, puis un geste
psaume:
d'onction accompli au chant d'une antienne et d'un
deux onctions des cinq croix avec l'huile des calé-
chumènes, une autre avec le saint chrême, enfin l'effusion
par toute la table des deux huiles mêlées. A des moments
ultérieurs de la cérémonie, s'ajoutaient l'onction du front
de l'autel et quatre onctions destinées à marquer la fixation
immuable de la table sur ses bases. Désormais, en un uni-
queet même rite, l'évêque fait, avec le saint chrême seul,
une onction sur chacune des cinq croix, puis l'onction sur
le front de l'autel et les quatre onctions sur la jointure de
la table avec les bases. A mon avis, le choix aurait dû être
meilleur; les dernières onctions pouvaient disparaître sans
laisser de regrets, sinon à quelques juristes qui se seraient
demandés quelle différence il restait entre l'autel fixe et
l'autel portatif; en revanche, la disparition de l'effusion
d'huile sur toute la table, difficile j'en conviens à réaliser,
est une perte très grave, sur laquelle je reviendrai..
Les onctions s'accompagnent de formules. C'était inu-
:
vite en effet à la prière solennelle, comme à la fin de la pre-
mière partie. La monition au peuple Dei Patris omnipotentis
misericordiam dilectissimi fratres, est mieux située que dans
l'ancien rituel; son texte a été revu sur le Sacramentaire géla-
::
sien d'où il provient. Après la monition, un temps de prière
silencieuse est annoncée par le diacre Flectamus genua;
il est suivi de la double prière du célébrant l'oraison Deus
omnipotens, qui remonte également au Sacramentaire géla-
sien (le texte en a été revu), et la préface Vere dignum.
et ut propensiori. Cette préface, comme la première, se
chante intégralement, y compris la conclusion l'usage mé-
:
:
diéval imposait à toutes les grandes prières consécratoires
une morne finale « submissa voce, ita tamen quod a cir-
cumstantibus audiatur », sans doute parce que le chant
in tono praefationis ayant été démarqué de la préface de la
:
messe qui ne comporte pas de conclusion, on ne savait pas
comment le compléter. Autre remarque les signes de croix,
qui étaient prescrits à l'évêque chaque fois qu'il employait
les verbes benedicere ou sanctificare, ontdisparu. Souhai-
tons que des réformes semblables s'étendent aux autres for-
mulaires liturgiques.
Après le sommet que constituent les prières, il reste à
procéder à la vêturede l'autel. Le nouveau Pontifical admet
que la bénédiction des nappes et autres objets7 ait lieu à
l'avance, ce que je déplore. Il prévoit surtout que la vêture
de l'autel se fera après que l'évêque aura quitté l'église
pour le secretarium, où il va se préparer pour la messe; je
suis un peu gêné pour critiquer cette manière de faire,
:
l'ayant moi-même a dmise en certains cas lorsque le rite
comportait la présence et l'intervention de plusieurs évê-
:
détail matériel, une affaire de sacristains, alors qu'elle est
un des rites de l'initiation l'autel, lavé et oint, est vêtu
de blanc et illuminé. Il est vrai que la nef n'est pas silen-
cieuse : on chante Confirma hoc Deus, antienne qui a ce-
pendant perdu son sens ancien, puisqu'elle accompagne
non plus son psaume 67, mais le 95, qui figure désormais
pour la première fois à la dédicace. Mais quel dommage de
n'avoir plus l'admirable répons Induit, provenant de l'An-
tiphonaire de Leénj
Avant de quitter l'église pour le secretarium., l'évêque
salue le peuple et le diacre chante Benedicamus Domino.
:
Cette acclamation était traditionnelle, mais elle ne semble
pas pour autant heureuse à cette place c'est la façon gal-
licane de congédier une assemblée; or, loin d'être congé-
:
diée, l'assemblée doit se rendre compte que l'essentiel est
encore attendu la messe.
5. La messe de la dédicace.
:
leurs, ce point de vue demeure accessoire et provoque des
déformations regrettables trop souvent, hélas, nous avons
tendance à aménager une cérémonie en fonction de notre
commodité ou de notre littéralisme, au mépris de l'assem-
blée et du vrai sens des rites.
Cependant, il nous reste à signaler, dans cette ligne, les
intéressantes rubriques introduites par le nouveau Ponti-
fical pour organiser l'intervention de plusieurs évêques,
consacrant les autels secondaires tandis que le célébrant
principal consacre l'autel majeur. La chose n'était pas pré-
vue par l'ancien Pontifical, mais les auteurs proposaient
diverses solutions, que chaque cérémoniaire complétait de
son expérience personnelle. Les rédacteurs du nouvel Ordo
ont cherché à faire de la présence de ces évêques une
vraie concélébration, évitant une simple juxtaposition de
cérémonies synchronisées. Ils prennent les vêtements pon-
tificaux dès le début du rite, ce qui est bien préférable; ils
n'interviennent pas pour la bénédiction de l'eau grégo-
rienne, faite par un seul; lorsque l'on est entré dans l'église,
ils viennent se mettre auprès du célébrant principal pros-
terné pour la litanie, mais celui-ci chante seul les formules
Ut locum istum.; ils se rendent à leurs autels respectifs
sions prévues:
après les aspersions de l'édifice, en vue d'y faire les asper-
ils disent submissa voce l'oraison Sin-
gulare illud, chantée par le principal consécrateur; durant
le tracé de l'alphabet, ils s'assoient près de leurs autels;
ensuite ils viennent se regrouper près du président
qui chante seul les prières terminales de la première par-
tie. Ils participent à la procession des reliques, mais la
:
rubrique concernant la distribution des coffrets après la
procession n'est pas bonne c'est le principal célébrant qui
devrait faire lui-même cette distribution à ses collègues,
comme le prévoyait Haegy et comme nous l'avons toujours
fait pratiquer; la courtoisie des mœurs doit s'étendre aux
actions liturgiques! Chaque évêque bénit le ciment (pour-
quoi pas une unique bénédiction ?) :
chacun dit, avec le
président qui la chante, l'oraison Deus qui ex omni coap-
tatione. Les évêques sont assis pendant l'onction des murs;
ils font, en même temps que le président, les onctions et
l'encensement de leurs autels respectifs; ils disent l'oraison
Dirigatur. Pour les grains d'encens, il semble que chacun
enfait la bénédiction, si elle n'a pas eu lieu à l'avance, et
disant :
le cas du verset Veni sancte est obscur, car la rubrique 48 a
«eadem peragunt et dicunt unusquisque ad suum
altare », je craindrais qu'elle ne vise le Veni sancte et ne
nous rejette dans la mauvaise habitude ancienne de dire
en aparté ce qui est chanté par le chœur. Pour les prières
solennelles de cette partie, le célébrant principal ayant fait
seul la monition au peuple, tous les évêques, chacun à son
autel, disent submissa voce en même temps que le prési-
dent, l'oraison et la préface. Si les nappes et autres orne-
ments des autels n'ont pas été bénits à l'avance, chaque
évêque y procède, après quoi on les perd de vue complète-
ment, ignorant quand et où ils quittent les pontificaux pour
reprendre l'habit de chœur. Bien sûr, il n'y a qu'une seule
messe. Mais je pense que, le surlendemain, on peut dire
sur ces autels secondaires la messe de leur titulaire avec
l'oraison In dedicatione altaris.
:
la dédicace sont les plus pauvres. Finalement, d'autres cri-
tères de discernement doivent être utilisés ceux mêmes que
les rédacteurs du nouvel Ordo se sont proposés.
:
rite exige non seulement une préparation matérielle, mais
aussi une préparation pastorale, prévue désormais dans les
rubriquespréliminaires l'essentiel de cette préparation,
pour la dédicace, consistera justement à expliquer les rites
et leur signification, à donner aux fidèles l'amour de leur
église, le souci de sa conservation et de sa beauté (n. 8).
C'est donc en fonction de cette préoccupation pastorale et
spirituelle qu'il faut étudier le nouvel
ché a-t-il été atteint?
:
Ordo le but recher-
:
des vieux Ordines Romani; j'avoue trouver plus belle la
tradition ancienne de l'Orient « ÀaÓs, le peuple », for-
~ô
b) La participation au chant.
La révision du répertoire des chants doit permettre une
participation plus grande des fidèles. Des chants populaires
sont prévus pour la procession des reliques, tant à l'aller
qu'au retour.
Ces chants populaires sont pratiquement à créer, en s'ins-
pirant des antiennes actuelles ou des anciennes qui étaient
si expressives; le style devra en être triomphant, mais les
refrains doivent permettre à une foule non exercée de s'y
joindre presque aussitôt.
La Commission a délibérément et à très juste titre main-
tenu, pour les psaumes, le texte de la Vulgate. En attendant
qu'une décision soit prise pour l'avenir, espérons que nous
ne verrons plus introduire dans les pièces chantées la ver-
sion de l'Institut biblique dont nous avons souvent dit les
inconvénients.
Relevons avec joie l'accent mis par les rubriques sur le
caractère fonctionnel des chants accompagnant les actions :
ce sont des psaumes, chantés à deux chœurs, mais avec
répétition de l'antienne chaque deux versets, formule qui
était un peu celle que prévoyait le Pontifical pour la con-
sécration des autels seuls. Lorsque l'action qu'il accom-
pagne est terminée, on arrête le chant, méthode que je fai-
:
sais moi-même pratiquer déjà. Mais les antiennes étaient
souvent, dans l'ancien Pontifical, mal choisies trop lon-
gues, trop ornées, elles consistaient parfois en remplois de
répons prolixes, de graduels ou autres pièces, inutilisables
comme refrains. On a donc choisi, autant que possible, des
formules brèves, capables d'être bien rythmées et mémo-
risées. Parfois, la mélodie en a été retouchée, et dans le cas
où une mélodie ad libitum était plus simple ou plus chan-
tante, cette dernière a été préférée. Par exemple, le répons
:
relégués, mais nous verrons tout à l'heure le dommage que
cela fait subir à la cérémonie le bon principe qui a gardé
les antiennes brèves et écarté les antiennes longues a en-
traîné la conséquence inattendue d'un appauvrissement du
sens des rites. Il aurait fallu s'arracher à la superstition du
répertoire traditionnel et créer, en vue des textes et de leur
fonction, des mélodies nouvelles lorsqu'on ne pouvait en
utiliser d'anciennes, comme l'a fait très bien Dom Pothier
en 1912 pour l'antiphonaire. Aucun progrès du chant litur-
gique n'est possible si l'on considère le répertoire comme
clos, et jamais l'Église romaine n'a accepté cette hypothèse.
Il faut reconnaître que la tradition musicale du Pontifical
romain était mauvaise depuis le moyen âge, et doit être
entièrement reconsidérée dans l'avenir.
c) L'intelligence des signes.
La simplification, qui a supprimé tant de surcharges,
devrait aider à mettre mieux en valeur les rites qui ont
été conservés. Il sera plus facile de donner l'intelligence
de signes moins nombreux. Parce qu'ils ne sont pas répé-
tés plusieurs fois, comme dans l'ancien rituel, on compren-
dra que leur accomplissement revêt plus d'importance.
Malheureusement, il faut constater que les rubriques ne
-
les ont pas seulement simplifiés, mais amenuisés. Jadis, au
cours de la dédicace, les signes étaient traités avec une
:
opulence qui faisait de la cérémonie une pédagogie hors
de pair encensements continuels en faisant le tour com-
plet de l'autel, qui remplissaient l'édifice de fumée odo-
rante; effusion du chrême par tout l'autel selon le geste de
:
ut fit in missa solemni.
L'effusion du chrême par tout l'autel est supprimée l'onc-
tion se réduit à faire cinq signes de croix avec le pouce
imbibé; le geste est donc définitivement dégradé en pure
« cérémonie ».
appauvrissement :
Aucun argument ne me paraît excuser cet
ni la difficulté qui comportait l'effusion
d'une grande quantité d'huile avec le risque de tacher le
:
sol et les vêtements; ni le fait qu'elle avait été introduite
tardivement dans le Pontifical romain Mgr Borella a mon-
tré que primitivement les cinq croix étaient faites non
pas avec le doigt imbibé, mais avec l'huile coulant de
l'urne, et que la même abondance se vérifiait dans les onc-
tions du baptême et du sacre de l'évêque1°. J'ai signalé plus
haut comment le tracé de l'alphabet s'était, lui aussi,
resserré dans un espace plus restreint.
D'autre part, comme nous l'avons déjà signalé, le nouveau
Pontifical prévoit que la bénédiction de l'eau grégorienne,
de l'encens et des vêtements de l'autel peut se faire au préa-
lable et même la disposition typographique invite à adopter
cette solution. C'est pourtant bien regrettable; en effet,
de maintenir la bénédiction
suffirait à les sanctifier.
:
symbolisme et du coup on ne voit plus pourquoi il y a lieu
l'usage liturgique des choses
:
laquelle se dégageait une admirable pédagogie. Ces thèmes
bibliques étaient présentés surtout par les chants psaumes
et antiennes. Or la réduction du rituel, entraînant la dis-
parition d'un grand nombre de ces chants, a obligé à faire
biblique :
un choix, mais ce choix est demeuré extérieur au contenu
on a choisi les chants les plus faciles à exécuter
comme refrains, se refusant à modifier la tradition mélodi-
que des pièces. Le résultat a été que des antiennes non
* Nous remercions les différents éditeurs qui ont bien voulu nous per.
mettre la reproduction des dessins dont ils sont propriétaires.
dent et de la communauté; et, pour créer les liens nécessaires
entre ces deux, il y a des fonctions intermédiaires. Il y a ceux
qui sont chargés de garder les portes et ceux qui veillent au
bon ordre, ceux qui entonnent psaumes et cantiques et ceux
dont le chant alterne avec celui de la communauté, ceux qui
font les lectures et ceux qui apportent la table sainte, ou
qui la préparent, si elle se trouve déjà d'avance à sa place;
il y a enfin ceux qui déposent sur l'autel le pain et le vin et
ceux qui aident à distribuer des dons consacrés et congédient
ensuite le peuple. Dans toutes les églises, ces fonctions sont les
mêmes; à commencer par celle duprésident. Celui-ci siège au
milieu d'un collège de presbytres, où il a préséance; il ouvre
etclôt la réunion, parle à l'assemblée, lui explique le contenu
des lectures et lui fait ses recommandations; il l'invite à la
prière et formule la collecte. C'est lui qui prononce l'Eucha-
ristie sur le pain et le vin, mange et boit les, dons eucharistiés
et les distribue ensuite à l'assemblée, en se faisant aider par
les diacres, ses « serviteurs » du degré hiérarchique le plus
haut. Quant à la communauté, répartie selon l'âge et le sexe,
elle écoute, répond par ses acclamations et sa prière, répète
les antiennes et participe au repas sacré.
Le local destiné à la réunion sainte est aménagé de façon
spéciale. Abstraction faite de toutes les variantes dues aux
:
circonstances, de temps et de lieu, ce local est toujours conçu
d'une manière uniforme il s'y trouve des sièges pour le col-
;
lège presbytéral, avec, au milieu, la chaire de l'évêque; le
;
pupitre du lecteur la table sainte pour ne citer que le mobi-
lier le plus essentiel qui est en même temps le plus ancien,
plus primitif que toute l'architecture chrétienne et l'artchré-
tien en général.
Ce mobilier est composé de pièces mobiles et il suffit de
« »
les placer comme il faut pour transformer
en oratoire n'im-
porte quel lieu et n'importe quel ensemble architectural, qu'il
s'agisse d'une maison privée ou d'un édifice destiné à des
réunions publiques. Ce mobilier crée tout une ambiance et
constitue de façoncaractéristique le lieu de culte, pourvu seu-
lement que les locaux en question se prêtent à une assemblée.
Au début, ces lieux n'ont pas exclusivement une destination
liturgique, ils servent plutôt à tous les usages qui se présen-
tent et où la table, le banc, la chaire et le pupitre ont un
rôle à jouer, bien que Minutius Felix (à la fin du 2e siècle)
emploie déjà l'expression de Sacrarium pour désigner un local
réservé à la réunion liturgique et organisé en vue de celle-ci,
précisément parce qu'on y trouve ce mobilier hautement tra-
ditionnel.
Longtemps, ce mobilier resta fait d'une matière facile à
détruire, et c'est ce qui explique pourquoi il n'en reste aucune
trace, même abstraction faite de l'injonction impériale de
Dioclétien ordonnant, en 303, de confisquer, spolier et détruire
les édifices ecclésiastiques dont il existe déjà à cette époque un
nombre considérable, en Orient comme en Occident. Plus
tard, on utilise en général une matière plus durable et le mo-
bilier liturgique est fait pour être installé de façon définitive.
Il prend alors des formes nouvelles, plus typiques de l'usage
liturgique et qui s'intègrent dans la construction elle-même et
:
finit par déterminer la disposition du lieu lui-même, sa forme
architecturale et sa décoration l'aménagement du plancher,
les mosaïques et les fresques des murs, du plafond et de l'abside.
Une église peut être aménagée et décorée de façon plus ou
moins riche, on peut y rencontrer des formes primitives ou
des formes évoluées, des particularités régionales et des traits
qui demeurent les mêmes d'une région à l'autre, des solutions
pratiques qui s'imposent ici et là : il n'empêche qu'une ordon-
nance y règne qui demeure typiquement uniforme partout.
C'est vraiment l'unité dans la variété, une unité réelle qui se
dégage d'une même disposition des lieux et reflète une même
conception des choses.
C'est seulement de façon progressive, avec la différenciation
des rites et de la mentalité sous-jacente, que cette conception
fondamentale et générale se transforme, et que l'Orient et
l'Occident aménagent leurs églises et disposent les choses de
telle manière qu'ils finissent par se sentir étrangers l'un chez
l'autre. Nous n'avons pas à déterminer le moment où, pour la
première fois, ce sentiment a opposé l'Est à l'Ouest et com-
ment il s'est manifesté :
il suffit d'esquisser à grands traits
comment la disposition et l'aménagement des lieux ont évolué
dans quelques églises d'Occident.
L'AFRIQUE
1955.
1. Fribourg, 1924, p. 402.
2. Das christliche Altareerat. Munich. 1930. D. 493. n. 5.
3. Archeologia Christiana, Rome, 1958, p. 706.
,
J
LA RÉGION DU NORD DE L'ADRIATIQUE
:
La même chose vaut pour le pupitre du lecteur et l'enceinte
où se tenait la schola autant que je sache, il n'en reste rien;
mais est certain que ce pupitre et cette enceinte ont existé. J
Les transformations que saint Grégoire le Grand fit faire
autour du tombeau de saint Pierre et dans l'abside (fig. 8) sont
d'une importance capitale pour l'histoire ultérieure de la dis-
position de l'autel. C'est sans doute pour mettre de l'ordre
dans l'affluence des pélerins que l'on suréleva davantage le
niveau de l'abside et que l'on pratiqua, sous cet exhaussement,
un passage circulaire permettant aux pèlerins de s'approcher
du tombeau sans passer par l'estrade de l'abside. C'est à par-
tir de cette époque, au plus tard, que disparut l'autel amovi-
ble, et à sa place on construisit un autel en pierre, exactement
au-dessus du tombeau, surmonté d'un ciborium.
7. DUCHÊNE, 1, p. 172.
8. TH. CLAUSER, Die Konstantinischen Altäre der Lateranbasilika,
R.Q.S. 43, 1935, pp. 179-186.
Fig. 8. — LA CRYPTE CIRCULAIRE
DE L'ANCIENNEBASILIQUE SAINT-PIERRE DE ROME
AMÉNAGÉE VERS L'AN 600, SOUS GRÉGOIRE 1er
(WEYRES-BARTNING, Kirchen, p. 42).
Fig.10. -
L'ESPACE CEN-
TRAL DE L'ÉGLISE SAINT-CLÉ-
MENT DE ROME (WEYRES-
BARTNING, Kirchen, p. 38).
cette disposition classique des lieux a achevé son évolution au
cours du temps, créant une place à part pour la schola can-
torum et installant un deuxième ambon à côté du premier :
l'un est réservé à la lecture de l'épître et l'autre à celle de
l'évangile.
JEAN WAGNER.
LA LITURGIE EUCHARISTIQUE
EN ORIENT
Son cadre architectural
:
grandes assemblées. Par le fait même, l'endroit où on mettrait
l'autel fixe était tout indiqué l'abside; et nécessairement les
:
deux files de colonnes adossées,ou presque, aux murs longs du
rectangle structure reproduite par d'autres édifices sassani-
des. Tandis que dans l'église inférieure il est impossible de
déterminer la forme de l'extrémité de l'édifice, l'église supé-
rieure présente à son extrémité orientale un mur percé de trois
portes qui donnent accès à trois locaux rectangulaires allongés.
Le mur opposé, c'est-à-dire le mur occidental, est complètement
fermé, les portes d'entrée se trouvant sur le mur des côtés
longs; ici encore l'édifice sassanide a servi d'exemple. Même
lorsqu'on adoptera en Syrie le style basilical, on conservera les
entrées sur les côtés longs. Monneret de Villard cherche l'ori-
gine de ces structures dans le temple babylonien où, de la cour
intérieure, on pénétrait d'abord dans une anticella et de là
dans la cella où était conservée la statue de la divinité.
Il semble donc que dans tous les cas c'est le sanctuaire, c'est-
à-dire l'endroit réservé à l'autel, qui a déterminé le premier
conditionnement spatial de l'église chrétienne. Ce sanctuaire,
au moins selon son origine, aurait été fermé dès le début, dans
l'Empire perse, mais non en sa forme basilicale dans l'Empire
romain.
Un mur séparait donc radicalement, dans l'Empire perse, le
sanctuaire du reste de l'église, les célébrants des fidèles, et
cachait un culte mystérieux même aux yeux des initiés; seuls
les prêtres avaient accès au sanctuaire, pour le service de l'au-
:
tel nous ne sommes pas loin du sancta sanctorum du temple
de Jérusalem. Je ne connais cependant pas de documents litté-
raires anciens qui nous auraient transmis les sentiments de
:
tale, septentrionale, méridionale et occidentale du sanctuaire.
Et le Pontifical chaldéen ajoute s'il y a un beth gaza, c'est-à-
dire un gazophylacium, l'évêque fait l'onction d'abord sur le
toit comme il l'a fait sur l'autel, puis sur les quatre parois;
:
cela montre combien intimement ces parois sont unies à l'au-
tel elles forment avec lui, pour ainsi dire, une seule chose
sacrée.
:
à l'heure de l'encens. » Ici, le prêtre debout devant l'autel,
pendant qu'il encense, chante « Que ma prière soit devant ta
face comme l'encens, et l'élévation de mes mains comme l'of-
frande du soir. » La foule, qui s'était mise à genoux, se lève et
répète le même verset pendant que le prêtre avec son diacre
:
crie vers toi. » Même agenouillement de la foule; puis répéti-
tion du refrain « Que ma prière soit devant ta face comme
l'encens. » pendant que le prêtre s'agenouille. Le même rite
est répété devant le côté oriental de l'autel avec le chant du
verset suivant, devant le côté nord de l'autel et encore une fois
devant le milieu de l'autel. Ces alternances d'oblation de l'en-
cens et d'agenouillement priant de la part duprêtre et de la
part de la foule sont une des cérémonies les plus émouvantes
du rite byzantin.
Faut-il rappeler que dans les rites orientaux, ce qu'on
appelle la dédicace de l'église est formé uniquement, ou pres-
que uniquement, de la consécration de l'autel, la bénédiction
?
du reste, là où elle existe, n'étant qu'un accessoire Aussi ces
rites ne connaissent-ils pas un office correspondant à celui
d'une simple bénédiction de l'église, telle que la conçoit le
rite romain.
Le sanctuaire, avec son autel, est vraiment le cœur de l'église
orientale. On peut même affirmer qu'il est réservé exclusive-
ment, ou presque, à la célébration du sacrifice eucharistique
pris au sens strict. Non seulement l'administration du baptême,
de la confirmation, du mariage, de la pénitence et de l'onction
des infirmes, la bénédiction des rameaux et d'autres béné-
dictions similaires, mais même la partie psalmodique et scrip-
turaire de la messe se célèbrent hors du sanctuaire, du moins
en principe. Tandis que les stalles des chanoines latins et le
chœur des moines latins se trouvent dans le sanctuaire, et par-
fois enveloppent l'autel, chez les Orientaux stalles et chœur
se trouvent en dehors du sanctuaire, et il est parfaitement pos-
sible de chanter l'office sans que le président dela communauté
soit obligé d'entrer dans le sanctuaire. Celui-ci est fait pour
l'autel et l'autel est fait pour lesacrifice. Aussi ne peut-on ima-
giner, en Orient, qu'une femme entre dans le sanctuaire; cette
prohibition s'étend même aux hommes, aux laïcs. C'est logi-
que.
Dans le sanctuaire, les Orientaux placent le trône épiscopal
et des sièges pour les célébrants et pour les ministres; ils les
occupent pendant là lecture de l'Écriture Sainte, évangile
excepté. Ils ne connaissent pas l'exécution de longs morceaux
musicaux pour l'audition desquels les Latins vont s'asseoir.
Le catéchuménat et la pénitence publique ont existé en Orient
du 2e-3e siècles au 56_66 siècles. Ces catéchumènes et ces péni-
tents, au moins certaines classes parmi ces derniers, ne pou-
vaient assister qu'à la première partie de la messe; après quoi
le célébrant procédait à leur renvoi. On leur réservait une
place particulière au fond de l'église; les églises byzantines,
tout au moins, employaient à cet effet le narthex. Dans le
déroulement du sacrifice eucharistique, le narthex ne joue plus
aucun rôleaujourd'hui. Mais il en joue un pour d'autres
fonctions liturgiques, par exemple la récitation des Petites
Heures et le rite de la litia ou supplication à la fin des vêpres,
à certains jours, dans lerite byzantin.
Aux laïcs est réservée la partie la plus grande de l'église, la
femmes;
nef. Les Orientaux, comme les Latins, séparent les hommes des
quelquefois en mettant comme eux les uns à droite, les
autres à gauche; d'autres fois en plaçant les hommes en avant et
les femmes en arrière. Dans les pays du Proche-Orient, la
séparation des sexes est appliquée d'une manière stricte, par-
fois même exorbitante. Ainsi, chez les Coptes, encore jusque
dans les derniers temps, une cloison de bois s'élevant très haut
empêchait les femmes de voir quoi que ce soit de ce qui se
passait devant eux, dans la section des hommes; évidemment,
impossibilité absolue de voir le sanctuaire. Voici comment se
déroulait le rite du mariage chez les Coptes au 15e siècle, selon
l' « Ordonnance » du patriarche Gabriel V. Après l'office de
minuit les prêtres et les diacres se rendaient à la porte de
l'église, et là, attendaient l'arrivée de l'époux. Il arrive; on
chante, on prie; puis, avec des cierges allumés et au son des
cloches, on le conduit à l'endroit où d'ordinaire a lieu la béné-
diction nuptiale, c'est-à-dire la partie de la nef réservée aux
hommes. Ensuite le clergé se rend de nouveau à la porte de
l'église et y reçoit l'épouse; on chante un Ave Maria et on la
»
conduit au «gynécée ou endroit de l'église réservé aux femmes.
Après la première partie de la messe, qui est passablement lon-
gue chez les Coptes, le célébrant bénit les habits de l'époux que
celui-ci revêt immédiatement, et ensuite, il l'amène dans l'en-
droit réservé aux femmes. Il lui ordonne de passer l'anneau d'or
à la femme; si celle-ci le prend, elle signifie par ce geste qu'elle
accepte cet homme pour son mari. Alors le célébrant dit à la
:
marraine de « la produire devant le peuple » (je suppose chez
les hommes); et la cérémonie continue; la femme doit s'asseoir
à côté de son mari, puis a lieu la cérémonie du couronnement.
A la fin de la messe, les époux sont conduits jusqu'à la porte
du chœur pour recevoir une dernière bénédiction du prêtre;
on les reconduit à la porte de l'église d'où les paranymphes
les accompagnent à la maison.
Dans ces églises coptes, non seulement une cloison séparait
les hommes des femmes, mais une autre cloison tout aussi
élevée séparait les hommes du chœur, c'est-à-dire de l'endroit
occupé par les chantres devant le sanctuaire.
Chez les Chaldéens également, la séparation des deux sexes
était nettement marquée, non seulement par l'ambon qui occu-
pait le milieu de la nef, mais aussi par un muret qui joignait
les côtés droit et gauche de l'ambon aux murs correspondants
de l'église. Comme dans les églises mésopotamiennes, l'entrée
àl'église se fait sur le côté. Hommes et femmes ayant leurs
portes respectives, c'était marquer leur séparation dès l'entrée.
Dès le début, sans doute, les chrétiens ont séparé les sexes
dans leurs assemblées; peut-être n'était-ce là qu'une continua-
tion de la coutume juive; la Didascalie des Apôtres atteste le
fait pour la Syrie du 3*" siècle. Mais il n'y a aucun doute que
cette séparation, devenue presque une claustration, n'a été
poussée si loin qu'en raison de l'ambiance musulmane. Jusque
dans ces derniers temps, ce n'étaient pas uniquement des
femmes musulmanes qui se voilaient le visage en sortant en
rue, mais des chrétiennes agissaient de même. Aujourd'hui, le
voile a disparu, et les femmes s'engagent dans les carrières libé-
rales. Les chrétiens ont été les premiers à reconnaître la dignité
de la. femme. Je croirais volontiers que les hautes cloisons qui
séparaient les femmes des hommes dans les églises coptes ont
disparu ou sont en train de disparaître. N'empêche qu'une
certaine distinction, ou même une séparation, existe encore,
mais plutôt à la manière occidentale, par les côtés droit et gau-
che de l'église. Chez les Chaldéens et les Syriens, l'ambon
n'existe plus, et par le fait même les murets ont disparu.
Il faut avouer que pendant les siècles où ces séparations
exorbitantes ont existé en pays musulman, les fidèles étaient
:
privés du moyen le plus communicatif pour participer à la
liturgie la vue des cérémonies liturgiques. Ils ne pouvaient
se guider que par l'ouïe. Il ne faudrait pas oublier ces faits
quand on invoque les liturgies orientales comme un exemple
de participation active et réelle à la liturgie,
Les Orientaux y apportaient cependant un remède :
placé au milieu de la nef dans leséglises mésopotamiennes
l'ambon
(Iraq et Syrie septentrionale), et le beau pupitre de marbre
perché sur de longues colonnettes dans les églises coptes.
Il semble bien que l'usage de l'ambon, ou bêma, est un
emprunt à la synagogue. « C'est l'estrade sur laquelle se tenait
le président, et du haut de laquelle on faisait la lecture et le
commentaire des Écritures3. »
Si, aux) premiers siècles, le siège épiscopal était encore dans
l'abside, déjà avant le 7e siècle l'évêque chaldéen et son
clergé prenaient place sur l'ambon pour toute la première
partie de la messe. Lectures, admonitions, litanies avaient
donc lieu au milieu de la nef, où les hommes se trouvaient
d'un côté et les femmes de l'autre. L'arrivée du clergé sur
l'ambon et son retour dans le sanctuaire se faisaient en pro-
reprenait le refrain :
cessions accompagnées du chant des onyatha, dont la foule
ici la participation des fidèles était
-
totale.
Chez les Coptes elle était moindre; mais j'aime à croire
que la hauteur insolite des pupitres d'où se faisaient les lec-
tures était établie pour que les femmes puissent apercevoir les
lecteurs. Les dimensions des cloisons et des pupitres étaient
sans doute variables;au Caire, à Deir-Abu-Sifain la cloi-
son des femmes mesurait quatre pieds de haut (environ 1,20 m)
et à l'église de Muallakah l'escalier conduisant à l'ambon
comptait douze marches, ce qui donne une hauteur sensible-
ment égale4. Le remède malgrétout n'était que partiel.
Latins, nous sommes habitués à voir dans la nef de nos
églises des confessionnaux; inutile de dire que ce meuble
n'existe en Orient que dans les églises de certains Orientaux
catholiques; même en Occident, on ne les connaissait pas
avant le 16e siècle.
A la question de savoir à quelle époque l'usage du bêma
:
est tombé en désuétude chez les Chaldéens, J. Dauvillier
répond ainsi « On peut seulement conjecturer que lors de
:
L'attitude des Orientaux est, si je ne me trompe, bien
diverse ils reçoivent, et ils sentent qu'ils reçoivent, et ils
sont remplis de joie comme celui qui a reçu de bonnes
choses, cette fois non pas matérielles, mais spirituelles. Le ser-
vice eucharistique les nourrit et ils sortent de l'église comme
des gens qui se sentent devenus plus riches. Que reçoivent-ils?
Les dons divins et célestes. Cette réception, précisément, ne se
fait pas sur la terre mais comme au ciel. Pendant le trans-
Chérubins :
fert des oblats sur l'autel, les Byzantins chantent l'hymne des
cc
Nous qui figurons mystiquement les Chérubins
et chantons à la vivifiante Trinité l'hymne trois fois sainte,
laissons tous les soucis de ce monde afin de recevoir le Roi
de l'univers, invisiblement escorté des chœurs angéliques. »
Loin de nous donc les soucis de tous les jours en ces quelques
moments de dévotion fervente, au moment où les anges et
les Chérubins escortent notre Roi céleste!
Cet oubli des soucis temporels est le complément de la vie
liturgique qui nous transporte au ciel; car à l'église on est au
ciel, avec Dieu, avec ses anges, et avec ses saints. Et c'est dans
ce cadre que l'iconostase, pour les églises qui en ont une, prend
toute sa valeur, surtout si on peut y ajouter les peintures de
scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament qui couvrent l'ab-
side, la coupole, tous les murs du sanctuaire et même de l'église.
Au ciel, le nombre des saints et des anges est innombrable.
En somme, tout cet ensemble fait percevoir à l'âme reli-
gieuse la transcendance, la grandeur et la puissance du Père,
son amour envers le monde, pour lequel Il a rlonné son Fils,
son amour persévérant qui nous a donné l'Esprit-Saint sanctifi-
cateur. C'est de la miséricorde et de la cc philanthropie » de ce
Père, de qui descend tout bien, que les fidèles priants atten-
dent les bienfaits temporels et les dons célestes. Sortant du
sacrifice eucharistique, ou mieux de la liturgie, ils emportent
avec eux le sentiment de s'être approchés de Dieu et d'avoir
obtenu ses grâces. Encore une fois, si je ne me trompe, c'est
là l'origine de ce contentement qui remplit les fidèles orien-
taux après que, à l'église, ils ont pris part à la Liturgie. Qu'ils
n'aient pas pu jeter un regard sur l'autel dans le sanctuaire,
qu'ils n'aient pas pensé à ajouter leur offrande à celle du Cru-
cifié, cela n'est pas grave; mais ils ont été en contact avec
les lecteurs venus près d'eux, avec le diacre qui les a fait
prier, avec les chœurs dont ils ont compris lés chants habi-
tuels, avec le prêtre qui a parcouru leurs rangs en les encen-
sant et leur a montré les dons qui seront offerts sur l'autel,
surtout avec les saints et les anges du ciel, et Dieu lui-même,
dans la compagnie desquels ils se sont trouvés pendant une
heure. Et j'oserais conclure que si la disposition des différents
endroits constituants, par leur ensemble, l'église comme lieu
du culte n'est qu'un élément secondaire pour une participa-
tion active des fidèles à la célébration du sacrifice eucharisti-
que, son importance est grande en tant qu'elle aide à exciter
la foi et la charité théologales qui sont les conditions primor-
diales de tout culte chrétien.
Au début de cet article nous avons parlé de l'église à forme
basilicale, en usage dans l'Empire romain, et de l'église formée
d'une anticella et d'une cella rectangulaires dans l'Empire sas-
sanide de Perse. Maintenant, il nous faut dire un mot des
églises à forme circulaire. Je me suis laissé dire que l'Occident
a toujours recherché la ligne longitudinale, sans doute plus en
rapport avec son idéal d'infini qui, en avançant toujours sur
la même ligne droite, se perd dans le lointain inconnu; l'Orient
aurait préféré le cercle comme répondant davantage à son
idéal de perfection, puisque les tours faits sur un cercle ne
trouvent nulle part une cause d'arrêt. Lorsque les chrétiens
de Rome ont changé le Panthéon en église, ils n'ont pas
mis l'autel au milieu mais ils l'ont accolé à une des parois,
alors que rien n'attirait le regard vers cet endroit plutôt que
vers un autre. Les Grecs, construisant Sainte-Sophie à Cons-
tantinople, ont agi de la même façon. Au contraire, ce sont
les Éthiopiens qui, à côté d'églises à forme basilicale, en ont
construit d'autres en forme de cercle, et ils y ont placé l'autel
au milieu. Cet autel se trouve dans un sanctuaire entouré
d'une cloison circulaire haute percée d'une seule porte basse.
Dans l'enceinte suivante ne prennent place que les ministres
et les chantres. Une autrecloison circulaire, avec quatre portes,
sépare complètement ces derniers des fidèles, dont un grand
nombre du reste n'entre pas même dans la troisième enceinte,
mais reste dehors, sous l'abri descendant du toit, tout autour
de l'édifice. Il est évident que les fidèles ne voient du sacri-
fief eucharistique que la procession venant de la maison-
nette appelée « Betléem » où le pain pour la messe est cuit,
et peut-être quelque encensement. Mais jusqu'au-dehors ils
peuvent entendre les chants accompagnés par le son des tam-
bours et le clic mesuré des sistres. C'est peu de chose pour
obtenir une participation active à la célébration du sacrifice
chrétien.
Si parfois on met, chez les Latins, l'autel au milieu d'une
rotonde, ce sera précisémentafin que tous les assistants puis-
sent suivre facilement les mouvements et les prières du prê-
tre célébrant. Mais chez les Éthiopiens qui entourent l'autel
d'une triple cloison, il faut sans doute chercher l'explication
d'un tel phénomène dans le désir d'imiter le plus possible
le temple juif de Jérusalem. Depuis que la croyance s'est
enracinée que la reine de Saba, après sa visite à Jérusalem
auprès du roi Salomon, a fourni à l'Éthiopie la famille royale
des Salomonides, l'imitation du culte juif a pris chez eux une
importance capitale qui, malheureusement, dans le cas que
nous étudions comme dans d'autres, n'a pas eu les effets les
meilleurs.
Rome. A. RAES, s.j.
VERSUS AD ORIENTEM
T de donnerreligions
OUTES les antiques prescrivent leurs adeptes
au corps une direction déterminée pendant
à
:
logie paléochrétienne de Strasbourg (courant 1963).
I. En ce qui concerne l'orientation, les grandes religions histo-
riques se répartissent en deux catégories les cultes adoptant une
orientation « géographique », tel le Judaïsme (Temple de Jérusa-
orientation «cosmique »
lem) et l'Islam (la Kaaba de La Mecque), et les cultes adoptant une
ou solaire, tel les religions de l'antiquité
classique et le christianisme. La différence entre les deux types
d'orientation est fondamentale et irréductible. L'orientation dans
le christianisme s'affirme par opposition à l'orientation juive; cf. sur
ce point E. PETERSON, Die geschichtliche Bedeutung der jüdischen
Gebetsrichtung, in Theologische Zeitschrift, 1947, p. 1 et suiv.; et
La croce e la preghiera verso Oriente, in Ephemerides Liturgicae,
LIX (1945), pp. 52-68; les deux articles sont repris et complétés dans
E. PETERSON, Frühkirche, Judentum und Gnosis, Rom-Freiburg-
Wien, 1969, pp. 1-35. Bibliographie d'ensemble ci-dessous; n. 4.
2. L'orientation dans le christianisme pose un problème, du fait
que les écrits néotestamentaires ignorent toute direction déterminée
:
pendant la prière ou même l'excluent formellement, ainsi Mt., 6, 6;
loh., 4, 21-23; cf. aussi les textes affirmant que Dieu n'habite pas
dans les temples Actes, 17, 24; Ioh., II, 19; 1 Cor., 3, 16; II Cor., 6,
but du second siècle, tant en Orient qu'en Occident, le
chrétien priait vers le soleil levant, vers l'est, et très tôt,
depuis Origène (t 253-254) au moins, la direction versus
orientem l'emporte, en cas de conflit, sur une autre exi-
gence, celle de se tourner pendant l'oraison vers l'air libre
et le ciel découvert3
:
La loi de l'orientation cultuelle commande essentielle-
ment trois domaines la prière privée, la prière collective
ou liturgique proprement dite et l'architecture des édifices
16; Apoc., 21, 10. Cette constatation implique que le fait de l'orien-
tation chrétienne provient du milieu dans lequel le christianisme
s'est développé, non par emprunt direct aux cultes solaires propre-
ment dits auxquels le christianisme s'est constamment opposé, mais
par influence diffuse de tout le milieu culturel antique. Les motifs
allégués par les auteurs ecclésiastiques pour imposer l'orientation
:
nat., IV, 5 (C. S. E. L., IV, 145), AUGUSTIN (387-43O), Tract. in
Ioh., X, I (P. L., 35, 1467) (malgré d'autres textes formels du même
,
auteur attestant l'orientation p. ex. De serm. Dom. in monte, II,
5, 18 = P. L., XXXIV, 1277) et Léon Ier (440-46I)
nat. Dom., VII, 4 (P. L., LIV, 218).
Serm. 27 (26) = In
3. TERTULLIEN, Ad nationes, I, 13 (C. S. E. L., XX, 83); Apologe-
ticum, XVI, 9-11 (Corpus Christianorum, I, I, p. 116). CLÉMENT
D'ALEXANDRIE, Paedagog., II, 8, 61 (G. C. S. Clem., I, 194). L'on peut
remonter jusque vers les années 100, si l'on admet l'interprétation
de Fr. J. DOELGER, d'un passage de Epiphane sur Elchasai; EPIPHANE,
Panarion, XIX, 3, 5-6 (G. C. S., Epiphan., I, 220); cf. Fr. J. DOELGER,
Sol Salutis, Muenster-Westf., 1925, pp. 194-198. — ORIGÈNE, De ora-
:
logica de conversione orantium ceu ritu Ecclesiac iam olim usitato,
Königsberg, 1673; J. BoNA, Rerum liturgicarum libri duo, Cologne,
1674 (orientation 1. I, pars II, c. XX, § 4, pp. 244-247); C. AUBER,
Histoire et théorie du symbolisme religieux avant et depuis la chris-
tiànisation, t. 1-4, Paris, 1884 (orientation : t. 3, pp. 66-100);
G. LOESCHEE, Judisches und Heidnisches im christlichen Kult, Bonn,
1910; Fr. J. DOLGER, Sol Salutis. Gebet und Gesang im christlichen
Altertum mit besonderer Rücksicht auf die Ostung in Gebet und
Liturgie (Liturgiegeschtl. Quellen und Forschungen, XVI-XVII),
26 éd., Münster-Westf., 1925 (fondamental); du même, Die Sonne
der Gerechtigkeit und der Schwarze (Liturgiegeschtl. Quellen und
Forschungen, XIV), Munster-Westf., 1919; L. GOUGAUD, Dévotions et
pratiques ascétiques du moyen âge, Paris, 1925; E. PETERSON, La
croce e la preghiera verso Oriente cit. et Die geschichtliche Bedeu-
tung der jüdischen Gebetsrichtung cit., les deux articles repris et
complétés dans E. PETERSON, Frühkirche, Judentum und Gnosis,
Rom-Freiburg-Wien, 1939, pp. 1-35 (fondamental); L. VOELKEL,
Orientierung im Weltbild der ersten christlichen Jahrhunderte,
dans Riv. di archeol. cristiana, XXV (1949), pp. 155-170; A. KrncH-
GASSNER Die mitchtigen Zeichen. Ursprünge, Formen und Gesetze des
Kultus, Freiburg-Basel-Wien, 1959. b) Orientation des édifices sa-
crés : J. A. ALBËRDINGK THIJM, Lettre sur la ligne sacrée à M. le
Conseiller Auguste Reichensperger, Amsterdam, 1858; du même,
De heilige Linie. Proeve over de oostwardsche Richting van Kerk en
Altaar als Hoofjbedinsel der kerklijke Bouwkunst, Amsterdam, 1858;
H. DTm, Handbuch der kirchlichen Kunst-Archoologie des deuischen
Mittelalters, Leipzig, 1868; H. NISSEN, Orientation. Studien zur Ges-
chichte der Religion, Hefl-3 (seuls parus; pagination continue), Ber-
lin, 1906, 1907, 1910; 0. MOTHES, Die Basilikenformen bei den Chris-
ten der ersten Jhh., 2e éd., Leipzig, 1869; du même, Die Baukunst
des Mittelalters in Italien, 1 (seul paru), Jena, 1884; F. X. KRAUS,
Orientierung (Real-Encyklopaedie der christlichen Altertumer. II,
pp. 559-561), Freiburg-Br., 1886; G. DEHIO-G. V. BEZOLD, Die kirchli-
che Baukunst des Abendlandes, I, Leipzig, 1892, pp. 91-92;
TH.SCHERMANN, Christliche Ostung, dans Archiv. f. christliche
Kunst, XIX (1901), pp. 33-35; 43-46; 49-52; 57-60; J. SAUER, Symbo-
lik des Kirchengebaudes und seiner Ausstattung in der Auffassung
des Mittelalters, Freiburg-Br., 1902; K. LIESENBERG, Der Einfluss der
Liturgie auf die frühchristliche Basilika, Neustadt a. d. Hard, 1928,
PP. 37-42; A. M. SCHNEIDER, Liturgie und Kirchenbau in Syrien,
dans Nachrichten d. Akad. d. Wissenschaften i. Gottingen, Phil.-
Hist. KI. 1949, pp. 45-68; G. KUNZE, Lehre, Gottesdienst in ihren
gegenseitigèn Beziehungen, I (seul paru), Göttingen, 1949; J. A.
JUNGMANN-E. SAUSER, Symbolik der katholischen Kirchc (Symbolik
der Religionen,VI), Stuttgart, 1960; F. WEIGAND, Die Ostung in der
Il ne sera question ici que du culte chrétien durant le
haut moyen âge tel qu'il nous est connu par les Ordines
Romani 5.
I. — VERSUS AD ORIENTEM ».
«
LA POSITION DU CÉLÉBRANT AL'AUTEL
:
interpréter en fonction du cardo et du decumanus des agrimensores
romains, mais à partir du rituel celtique qui attribuait une vertu
bénéfique à l'alphabet inscrit sur une croix oblique cf. H. THURS-
TON, The Alphabet and the Consecration of Churches, dans The
Month, 1910, pp. 621-631.
6. En ce qui concerne l'orientation dans le culte dans la liturgie
orientale citons ici : a) les Canones Basilii (v. 400), c. 97 (éd. W. RIE-
DEL, Die Kirchenrechtsquellen des Patriarchats Alexandrien; Leipzig,
1900, p. 274 et I. E. RAHMANI, I fasti della Chiesa patriarcale Antio-
chena, Roma, 1920, pp. XVI-XVII), au début de la préface; b) la
Didascalià (fin 3e s.), II, 57, 5 et les Constitutions Apostoliques
(v. 38o), II, 57, 5 (éd. Fr. X. FUNK, Didascalia et Constitutiones
Apostolorum, I, Paderborn, 1905, pp. 158-166; sur le texte syriaque
de la Didascalia et la reconstruction de l'original grec par P. nE LA-
GARDE, voir A. M. SCHNEIDER, Liturgie und Kirchenbau in Syrien,
dans Nachrichten d. Akad. d. Wiss. in Göttingen, Phil.-Hist. Kl.,
19119, p. 48), d'après le contexte, pour l'oratio fidelium et la prière
eucharistique (sur l'interprétation erronée du célèbre passage des
Constitutions Apostoliques, II, 57, 2 : « Que l'édifice (sacré) soit
tourné vers l'orient », donnée par exemple dans KUNZE, Kirchenbau,
pp. 28-29, voir SCHNEIDER, op. cit., p. 50); c) l'Anaphore coptede
Les témoignages latins, avant les Ordines Romani, sont
au nombre de trois.
a) Le deuxième sermon de saint Augustin (354-430) en
l'honneur de saint Cyprien, prononcé vraisemblablement
:
XXXIV, 1277) : « Cum ad orationem stamus, ad orientem conver-
timur. » Dans le même sens deconversio vers l'orient VITRUVE,
De architect., IV, 5, 2; HYGIN, De limitibus constituendis (éd. Blume-
Lachmann, Die Schriften der rômischen Feldmesser, I, Berlin, 1848,
p.169); OVIDE, Fasti, IV; LÉON l'sr, Serm. 26 (26) = In nat. Dom.,
7, 4 (P. L., LIV, 218) : « Converso corpore ad nascentem solem se
refleètant »; WALAFRID STRABON, Lib. de exord. et increm., etc.
vertamus. »
(M. G. H., Capit., II, 477) : « Ut orientem versus facies orando
Il convient de citer également un passage des Acta
Pionii (t 250) (éd. Ruinart, p. 197); « ad orientem oculis animoque
conversis ».
b) Le Sursum corda — Habemus ad dominum » du dia-
«
logue introductoire à la praefatio ou contestatio et donc à
l'action eucharistique proprement dite, contient un aver-
tissement aux fidèles de se tenir immobiles et attentifs. Or
la concentration religieuse se traduit extérieurement par la
station debout, la fixité du regard et, pour le célébrant du
moins, par l'orientation du corps vers l'est; en effet, l'en-
droit où réside le Seigneur est l'est11. -
c) Un passage célèbre d'un sermon de saint Léon le Grand
(440-461), à notre avis, atteste e contrario l'usage de la con-
versio versus orientem, à certains moments de la prière litur-
gique. Voici ce passage :
Certains chrétiens agissent de même (en se tournant vers le
soleil levant) et croient par là accomplir un acte religieux. En
effet, avant d'entrer dans la basilique du bienheureux apôtre
Pierre, laquelle est dédiée au seul et vrai Dieu et après avoir
gravi les degrés qui mènent à la terrasse supérieure
( =l'atrium), ils se tournent vers le soleil levant et, la tête
baissée, s'inclinent pour honorer le soleil radieux. Leur
manière d'agir est imputable en partie à leur ignorance, en
partie à leur esprit païen; nous en sommes péniblement affec-
tés. Même si quelques-uns d'entre eux vénèrent davantage le
créateur du beau soleil que le soleil lui-même, qui n'est qu'une
simple créature, il faut cependant se garder de l'apparence
même d'un pareil culte. Si en effet un nouveau converti du
paganisme retrouve chez nous un élément de l'ancienne
croyance, ne le retiendra-t-il pas comme acceptable, puisqu'il
voit qu'il est commun aux chrétiens et aux païens12.
la numérotation de M. Andrieu :
Entrent en ligne de compte les Ordines suivants, dans
Ordines I, IV, V, VI, IX,
X, XV, XVII, XIX, XXII, XXIV, XXVII, XXVIII, XXXI.
La chronologie de nos documents s'établit comme suit :
Ordo I, rédigé à Rome fin 7e s. début 86 s. est connu en Gaule
vers 750 certainement, peut-être déjà vers 700-750, dans sa
double recension, primitive et retouchée15.
Ordo XV, rédigé vers 750-787 par un moine burgonde ou
austrasien, et non par « Jean archicantor » de la basilique
Vaticane16.
:
10) pendant l'oraison précédant la bénédiction des fonts
baptismaux le samedi saint Ordo XXVIII, Appendix, 1129.
préalables:
La répartition opérée ci-dessus appelle deux remarques
a) la prescription de se tourner versus orien-
tem ne concerne que le célébrant (avec les ministres qui
l'entourent) et b) elle n'est pas renouvelée au moment de
l'action eucharistique proprement dite (à partir de la prae-
fatio). Il y a à cette anomalie une raison très simple. Le con-
texte de nos Ordines. suppose — nous le dirons — que l'édi-
fice sacré est orienté chevet (et autel) en est, la façade (et
l'entrée) en ouest et que, dans ces églises, le célébrant ne
se tient pas versus populum, mais devant l'autel, le dos
tourné aux fidèles et donc ipso facto versus orientera31. Pour
:
les assistants, le problème d'orientation ne se pose pas non
plus ils sont normalement tournés vers l'autel, donc vers
l'abside (ou le chevet) en est.
Au surplus, durant l'action eucharistique proprement
dite (de la préface à la doxologie finale), le principe de
l'orientation vers l'est, même dans les églises ayant le che-
vet et l'autel en ouest, ne s'est jamais appliqué aux fidèles
ils ont regardé la mensa quelle que soit la position de celle-
:
ci (en est ou en ouest). Tourner le dos à l'autel, même sous
le prétexte de s'orienter versus- orientem eût été un acte
30. Sur ce point FR. J. DOLGER, Die Sonne der Gerechtigkeit und
der Schwarze. Eine religionsgeschichtliche Studie zum Taufgelöbniss
(Liturgiegeschtl. Quel. u. Forschung., XIV), Münster-Westf., 1919 et,
du même, Sol Salutis, p. 334. Des rites d'orientation lors du baptême,
découle la position du baptistère qui dans les basiliques constanti-
niennes est situé à l'ouest, c'est-à-dire derrière l'abside. Au moment
de l'abrenuntiatio satanae en effet, le baplizandus se tourne vers
l'ouest, habitation des démons. L'entrée du baptistère est en ouest,
à l'opposé de l'entrée de l'édifice sacré en est; sur ce point G. Po-
DHRADSKY, Aniange der symbolischen Betrachtung des Kirchengebau-
des (Referat anlässl. der Disputatio publica z., Thomasfest, 1955 an d.
Theol. Fak. d. Univers. Innsbruck; inédit) cité dans JUNGMANN-SAUSER,
Symbolik, p. 58.
31. Il faut remarquer ici que l'expression « célébrant tourné dos
au peuple » est très mal choisie; il n'a jamais été question de faire
tourner au prêtre le dos aux assistants, mais d'orienter le liturge avee
les fidèles versus orientem,
irrespectueux grave vu la sainteté de l'autel, et ceci a for-
tiori quand s'y accomplissait le mystère le plus auguste du
culte chrétien32.
A cela s'ajoute le fait que très tôt la croix prend place sur
l'autel ou sur les murs de l'hémicycle absidal (croix escha-
tologique) et concrétise ainsi la direction de la prière83.
34. Sur l'Ordo I, voir Les Ordincs Romani, II, pp. 3-64 (texte de
I,
l'Ordo ibid.,pp.64-108).
35. Ed. ANDRIEU, Ordines Romani, M, p. 84.
36. Ibid. (avec mise en évidence de l'interpolation).
38. Et ceci dans tous les cas, que la cathedra épiscopale soit au
fond de l'hémicycleabsidal ou qu'elle soit latérale ou que l'on
imagine le célébrant à l'autel. Notre passage avec ses indications sur
les mouvements rotatoires suppose nécessairement un édifice sacré
ayant son chevet (et l'autel)en est.
39. Les édifices
- sacrés de l'époque constantinienne (les plus
- anciens
-
qui soient conservés) ont leur axe, dans la mesure où il s'agit de
plans basilicaux, orientés d'est en ouest, en conformité avec le decu-
dominante :
manus des agrimensores romains. Il est certain que dans un premier
temps, la position de l'abside en ouest et l'entrée en est était pré-
sur 20 édifices constantiniens, 10 ont l'abside en ouest
(Saint-Sépulcre à Jérusalem, la basilique de Paulin à Tyr, l'Octogone
d'Antioche, l'Ecclesia Magna d'Héliopolis; la Memoria Apostolorum
sur la via Appia, Saint-Sauveur au Latran, Saint-Pierre au Vatican,
Saint-Paul sur la voie d'Ostie (= la basilichetta primitive), Saint-
Laurent-hors-les-murs (= 1re construction), l'église des Apôtres à
Capoue), 7 ont l'abside en est (l'église de la Nativité à Bethléem,
l'Oratoire du Mont-des-Oliviers, la basilique de Mambra, les Saints-
Apôtres à Constantinople, Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome, Saint-
Jean-Baptiste à Albano, Saints-Pierre-et-Marcellin sur la via Labicana)
et 3 sont aberrants, non orientés dans l'axe est-ouest (Sainte-Agnès-
hors-les-Murs, Saints-Apôtres à Ostia, la basilique de Naples). En te-
nant compte des relevés de Mothes et de Nissen, sur un total de
53 églises antérieures à 420 environ, 37 ont l'abside en ouest, II l'ab-
side en est, 2 l'abside au nord et 3 sont indéterminées. Depuis le
milieu du 5e siècle environ, la proportion se renverse en faveur du
type abside en est, façade en ouest qui sera le type à peu près exclusif
au moyen âge, au nord des Alpes. D'après les mesures de O. Mothes,
sur 68 églises construites entre 4ao environ et l'an mille, 44 ont
l'abside en est, 17 l'abside en ouest ou dans une autre direction (cas
souvent explicables par les conditions de lieu). Des relevés complets
et sûrs font défaut; voir la bibliographie donnée note 4. A nous en
tenir aux sources littéraires en Occident, notre documentation se
présente comme suit. PAULIN DE NOLE (~ 431) s'excuse encore de n'avoir
pas respecté, dans sa nouvelle construction attenant à S. Felix in coe-
meterio, la position, traditionnelle à son époque, de l'abside en ouest
et de l'entrée en est (PAULINUS NOLANUS, Ep., 32, 13 : « Prospectus
note que c'est là l'usage le plus rationnel, c'est-à-dire le plus
conforme aux exigences cultuelles de l'orientation versus
orientem : « usus frequentior et rationi vicinior40 ». Le
:
moyen âge se tiendra à ce principe d'architecture sacrée;
les documents ajoutent toutefois une précision l'orientation
se fera vers le lever du sol aequinoctialis et non vers les
points solsticiaux41. Les auteurs médiévaux ont renoué ainsi
avec la technique des agrimensores romains, tout en déve-
:
loppant à propos de l'orientation équinoxiale un symbo-
lisme spécifiquement chrétien équinoxe de printemps (in-
mus48.
eis faciem praesentamus.
4. Deinde revertitur episcopus ad orientem et dicit Ore- :
Le même Amalaire corrobore l'opinion exposée plus haut
qu'au moment où se déroule l'actio eucharistique, nul souci
d'orientation ne saurait l'emporter sur l'impossibilité de
tourner le dos à l'autel :
Quando dicimus : Pax vobiscum sive Dominus vobiscum.
:
ad populum sumus versi. excepto in uno quod est in prae-
paratione ymni (= salutation qui introduit le dialogue initial
de la préface) ante Te igitur. Ibi iam occupati circa altare ita
ut congruentius sit uno modo versos esse nos, quam retro
aspicere, ad insinuendam intentionem devotissimam quam
habemus in offerendo sacrificio, nec debet arator, dignum
opus exercens, vultum in sua terga referre44.
:
Que le déplacement du célébrant se soit opéré la première
fois en pays franc ne fait pas de doute il suffit de comparer
la recension interpolée de l'Ordo I, 53, au texte primitif où
il n'est pas question des mouvements rotatoires du liturge46.
Il apparaît dans nos pays dans un contexte architectural
défini (abside en est, façade en ouest), entre 750 et 787,
puisque l'Ordo 1 à son départ de Rome (avant 750) ne con-
tient pas encore cette interpolation et qu'en 787 le rédacteur
du Capitulare ecclesiastici ordinis (= Ordo XV) utilise déjà
le passage remanié de l'Ordo I, 5347. La même divergence
entre recension primitive et recension élargie se remarque
dans les autres passages de l'Ordo I, relatifs à l'orienta-
tion48.
:
Rappelons cependant que la législation cultuelle d'aujour-
d'hui prévoit encore les deuxcas si l'abside et l'autel sont
tus ad orientem; nam in isto loco cum Dominus vobiscum dixerit,
non se dirigit ad populum (Ordo I, 123, recension franque; éd. AN-
DRIEU, Ordines, II, 107). Nous apprenons par le même texte que pour
la postcommunio le pontifex franc reste face à l'orient, donc à l'ab-
side, sans se retourner, en raison, semble-t-il, de la communion qui
vient d'avoir lieu.
49. Ordo IV, 21; éd. ANDRIEU, Les Ordines Romani, II, pp. 159-160.
50. Ordo XV, 17-18; ibid., III, p. QQ.
51. Ordo XVII, 28-30; ibid., III, p. i7q.
52. Ordo XXII, 4; ibid., III, p. 260.
53. Ordo X, 22; ibid., II, p. 355.
54. Ordo XXVIII, Appendix II; ibid., III, p. 413. Ajoutons que la
direction versus orientem est prévue lors de la communion du pontife
(Ordo IX, 40; ibid., II, p. 335), à l'appel diaconal : Humiliate capita
vestra Deo (Ordo XXII, 14; ibid., III, p. 261), à la consécration du
saint chrême (Ordo, XXIV, 17; ibid., III, p. 291; Ordo XXVII 30;
Ibid., III, p. 254; Ordo XXVIII, 20; ibid., III, p. 396; Ordo XXXI, 25;
ibid., III, p. 495).
55. Nous avons rapporté plus haut le texte d'Amalaire confirmant
les données des Ordines sur les mouvements rotatoires et la position
à l'autel du célébrant. Pour la période postérieure on peut citer encore
les Statuta synodalia de Cahors, de Rodez et de Tulle (France) (1289),
c. XVI (éd. MARTÈNE, Thesaurus Anedcdot., IV, 710 et MANSI, Concilia,
XXIV, 1001 B, et un passage de CHARLES BORROMÉE (t 1584), Della
fabrica della chiesa, I, 10 (cité dans NISSEN, Orientation, p. 413).
56. La première attestation sûre des retables sur les autels est du
11e siècle (l'Historia Walciodorenmonast., c. 43, signale que l'abbé
Erembertus Ct 1033) du monastère de Waulsort, d. de Liège, fit cons-
truire un retable;éd. M. G. H.,SS., XIV, 524);les premiers retables con-
servés sont du 12e siècle (Carrières-Saint-Denis, en Seine-et-Oise; chapelle
de Quirinus, Luxembourg; Saint-Castor à Coblence). Les chandeliers sur
les autels apparaissent dans les monuments figurés seulement à la fin
du Hé siècle. Sur ces documents voir J. BRAUN, Der christliche Altar,
II, pp. 277-540.
: cathedra episcopalis.
: mensa.
: célébrant.
cule chrétien :
aux fidèles, entraîna très tôt un autre aménagement dans
le déplacement de la cathedra épiscopale,
dont il nous faut maintenant parler.
le
I,
64. Ordo 53: ibid., p. 83.
65. Ordo V, 21; ibid., II, 213. L'Ordo V, 21, est conforme aux Eglo-
gae de Ordines Romano; de statione episcopi (P. L., CCV, 1319 C) et
à AMALAIRE, Liber officialis, III, 5 (P. L., CV, 1113 A).
66.Ordo X, 18 (élargissement de l'Ordo V, 21); éd. ANDRIEU, Les
Ordines Romani, II, p. 355. L'on peut citer encore l'Ordo V, 91 (redit
ad sedem sans autre précision); ibid., II, p. 226; l'Ordo VI, 23 (accedit
ad sedem et stat versus orientem, après l'introït; ibid., II, p. 245.
L'Ordo XV, 16 (v. 750-787; rédigé en pays franc) mentionne la sedes
post altare; c'est un archaïsme ou un romanisme voulu; ibid., III,
p.98.
67. Ordo XIV de Mabillon, n. 53; éd. MABILLON, Museum Italicum,
II, Paris, 1689, p. 296 (P.L., LXXVIII, 1159 D). L'attribution tradi-
tionnelle de l'Ordo XIV de Mabillonau cardinal Gaetano Stefaneschi
(c. 1270-1343) doit être maintenue; cf. M. ANDRIEU, L'Ordinaire de la
chapelle papale et le cardinal Jacques Gaetani Stefaneschi, dans Ephe-
merides liturgicae, XLIX (1935), pp. 230-260.
68. Ordo IV, 18 : « [pontifex] vadit de dextra parte altaris ad sedem
suam et diaconi cum ipso hinc et inde, stantes et aspicientes contra
orientem » (éd. ANDRIEU, II, 159).
les chandeliers après l'évangile dans l'espace libre de l'hé-
micycle absidal pour dégager la place devant l'autel lors
des allées et venues accompagnant les oblations69. La schola,
à
logée jusque-là dans la nef centrale la hauteur à peu près
de l'arc triomphal ou au niveau des ambons, se déplace
sur le côté gauche du presbyterium, face au célébrant70.
Les diverses modifications introduites dans le culte en
pays franc s'enchaînent donc assez rigoureusement dépla-
cement de l'officiant sur le devant de l'autel face à l'hémi-
:
cycle absidal, localisation de la cathedra sur le côté latéral
droit, montée de la schola vers le côté gauche de l'hémi-
cycle absidal et réutilisation nouvelle du presbyterium. Tous
ces regroupements, nos documents en font foi, datent des
années 700-850 environ.
* Nos textes pour désigner la place de la sedes latérale in-
:
Epistolae. — Le principe de la sedes épiscopale au fond de l'abside ou
côté évangile, la sedes sacerdotale du côté épître, est donnée comme
la règle dans un récent manuel de construction W. WEYRES-O. BART-
ning et autres, Kirchen. Handbuch f. d. Kirchenbau, München, 1959,
p.416.
jusqu'à son époque. Peut-être a-t-il raisonné en fonction du
célébrant orienté versus populum et versus orientem dans
- les plus anciennes églises romaines. Plus probablement il
aura pris comme point de départ la croix ou mieux le cru-
cifix de l'autel. L'on savait en effet, depuis saint Jean Da-
mascène ~(t v. 754) que le Christ sur la Croix a regardé vers
l'ouest76. L'erreur a été de transposer ce symbolisme à l'édi-
fice sacré, où il impliquait que la droite était le côté de
l'évangile, la gauche le côté de l'épître.
En ce qui concerne la droite et la gauche, le moyen âge
a connu des symbolismes contradictoires. Tantôt le côté
droit du Christ est le symbole de l'Église (ou Marie, le por-
teur de la lance, le bon larron, le soleil), le côté gauche le
symbole de la Synagogue (ou saint Jean, le larron endurci,
se superposera un autre :
le porteur de l'éponge et du fiel, la lune); à ce symbolisme
le Sauveur sur la croix est juge
et les élus sont à droite, les réprouvés à gauche. Tantôt la
droite symbolise le monde judaïque, la gauche l'Ecclesia ex
gentibus; Sicard de Crémone et Guillaume Durand ont sur
ce point des formules contradictoires77. Le même Durand
assimile l'édifice sacré avec son transept à un corps humain
suivant un plan qui figure déjà dans les Gesta abbatum
Trudonensium78.
76. JEAN DAMASCÈNE (F av. 754), De fide orthodoxa, IV, 12; De ima-
I,
ginibus, 23-2, 16.
77. SICARD, Mitrale, III, 2 (P. L., CCXIII, 102 A) : « Dextera Iudaeos,
Gentiles laeva figurat. » GUILLAUME DURAND, Rationale, IV, 23 (Juifs à
droite, païens à gauche), mais Rationale, I, 6 (Juifs à gauche, païens
à droite). Sur ce point voir J. SAUER, Symbolik des Kirchengebdudes
und seiner Ausstattang in der Auffassung des Mittelalters, Freiburg-
Br., 1902, pp. 87-07 (entre autres).
78. GUILLAUME DURAND, Rationale, I, I, 14 (éd. 1584, p. 6) : « Dispo-
sitio autem ecclesiae materialis, modum humani corporis tenet. Can-
cellus namque sive locus ubi altare est, caput repraesentat et crux ex
utraque parte, brachia et manus; reliqua pars ab occidente (nef) quic-
quid corpori superesse videtur. » On notera cependant que ce sym-
:
bolisme n'a pas conduit G. Durand à identifier l'Evangile avec la
droite cf. Rationale, IV, 11; IV, 15, 3. — Gesta abb. Trudonensium
(12e siècle) : « Nam habebat [ecclesia] cancellum qui et sanctuarium
pro capite et collo, chorum stallatum pro pectoralibus, crucem ad
utraque latera ipsius chori duabus manicis seualis protensam
(= transept) pro brachiis et manibus, navim vero monasterii pro
utero et crucem inferiorem eque duabus alis versus meridiem et
Il faut répéter cependant que tous ces développements,
bien ou mal venus, n'ont pas conduit les gens du moyen
âge à modifier la signification primitive de gauche et de
droite dans les livres liturgiques; l'inversion est le fait de
Burchard de Strasbourg.
usages:
L'Ordo V, 36, vers la fin du p-6 siècle connaît donc deux
le diacre se tourne normalement vers le midi ou,
selon d'autres, vers le nord (« alias autem ad septentrio-
nem »). L'Ordo I, 62, dans sa couche romaine primitive, au
même endroit, ne connaît ni l'une ni l'autre de ces direc-
à
tions; le diacre pour lire l'évangile monte l'ambon; il se
tient donc tourné versus populum.
81.
:
Primitivement la place des sexes dans les assemblées était fixée
comme suit de l'est vers l'ouest, d'abord les membres du presby-
terium, puis les hommes, ensuite les femmes derrière les hommes.
La répartition se faisait donc non de part et d'autre de l'axe longitu-
dinal de l'édifice basilical comme au moyen âge et maintenant, mais
d'est en ouest sur toute la largeur. Ainsi dans la Didascalie (c. 12 de
l'éd. de LAGARDE; II, 57, 2-11 de l'éd. de FUNCK), les Constitutions
Apostoliques, II, 57, 2-11 (éd. FUNCK) et le Testamentum Domini
(5E siècle), I, 19 (éd. E. H. RAHMANI, Testamentum Domini nostri Iesu
Christi, Mayence, 1899, p. 22). Voir sur ce point A. M. SCHNEIDER,
Liturgie und Kirchenbau in Syrien, dans Nachrichten d. Akad. d.
Wiss. in Göttingen, Phil. Hist. Kl., 19/19, pp. 48-55. Au moyen âge, la
:
répartition des.sexes se fait comme maintenant, de part et d'autre de
l'axe longitudinal de l'église les hommes côté sud (= côté de l'é-
pître), les femmes côté nord (= côté de l'évangile); ainsi dans
l'Ordo V, 36, cité plus haut; AMALAIRE, Liber oflicialis, III, 2, ro
(HANSENS, II, p. 264; P. L., CV, 1105) « Masculi stent in australi
parte (= sud) et feminae in boreali (= nord) ut ostendatur per
fortiorem sexum firmiores sanctos semper constitui in maioribus
temptationibus mundi huius et fragiliorem sexum infirmiores in
aptiore loco » (le symbolisme allégué par Amalaire d'après ACGUSTlN,
De civit. Dei, II, 28); HONORIUS D'AUTUN, Gemma animae, III, 36
(P. L., CLXXII, 661 A), et I, 145 (ibid., 589 B) : « In ecclesia masculi
in Australi parte stant quod fortiores in fide ardore Spiritus Sancti
fervidi. Feminae vero in boreali parte. quod fragiliores subesse
debeant quae aestum tentationum ferre nequeant atque nuptiali
medicamine aestum carnis temperare »;SICARD, Mitrale, VI, 8 (P. L.,
CCXIII, 279 C) : « Seorsum mares ad Austrum, seorsum feminae
ad Aquilonem exorcizantur, quia maiora magis intelligentibus et
minora minus capientibus et frigidis sunt propinanda » (à propos
des exorcismes précédant le baptême).
82. Eglogae de Ordine Romano (de peu antérieures à l'Ordo V)
(P.L., CV, 1822 A) : « diaconus vero stat ad meridiem ad quam
partem viri soient confluere »; texte parallèle dans l'Expositio missae
du ms. de Zurich, cod. 102 (éd. HANSSENS, Ephemerides Liturgicae,
r927, pp. 153-185).
Le nouvel usage, ne fut pas immédiatement accueilli
partout. Deux siècles après la confection de l'Ordo V,
Bernold de Constance ~(t 16. 9. 1100) dans son Micrologus
ne veut encore connaître que l'orientation versus meri-
diem, vers le côté des hommes; il qualifie la coutume de se
tourner versus Aquilonem (nord) d' « inhonesta, contra
Ordinem Romanum ».
Diaconus cum legit evangelium iuxta Ordinem Romanum
in ambone, vertitur ad meridiem ubi et masculi conveniunt,
non ad aquilonem ubi feminae consistunt. Hinc utique ilia
usurpatio emersisse videtur ut etiam diacones in ambone con-
tra Ordinem Romanum se vertant ad aquilonem potiusque se
ad partem feminarum quam masculorum vertere non verean-
tur. Quae usurpatio adeo inolevit ut apud plerosque quasi pro
ordine teneatur. Sed quia certissimum contra Ordinem est et
inhonesta, a diligentioribus Ordinis servatoribus merito refu-
tatur83.
:
ad meridiem à la direction ad septemtrionem s'explique
d'une manière fort simple il a suivi l'exemple du célébrant
qui récitait depuis toujours l'évangile au côté nord de l'au-
tel, afin que la partie sud restât libre pour les oblations. Les
liturgistes du moyen âge ont déjà signalé ce parallélisme86.
*
* *
Telle est la contribution que fournissent les Ordines à la
solution du problème complexe de l'orientation durant la
liturgie. Étant donné la valeur exceptionnelle de ces docu-
ments, cet apport nous paraît digne d'intérêt pour l'histo-
rien du culte chrétien au moyen âge autant que pour l'ar-
chéologue.
Le déplacement du célébrant à l'autel, entraînant en
chaîne les autres regroupements dans le culte, est apparu,
vers le 8e siècle, en pays franc, où les exigences de l'orien-
tation vers l'est paraissent avoir été plus vivantes qu'à Rome
vers la même époque. Le contexte architectural est lui aussi
plus uniforme que dans la cité papale; au nord des Alpes,
depuis Walafrid Strabon certainement, les édifices sacrés
sont normalement orientés chevet et autel en est, entrée en
ouest. Cette constante monumentale aura engagé les compi-
lateurs francs des Ordines Romani à fixer plus rigoureuse-
ment qu'ailleurs l'orientation dans le déroulement des
cérémonies sacrées.
CYRILLE VOGEL.
-
p. 39.
:
drale de Saint-Maurice, au milieu de la muraille au fond de l'abside
une chaire de pierre belle comme du marbre blanc, élevée sur trois
degrés, avec ce passage tiré du Pastoral de saint Grégoire Desinat
locum docendi suscipere, qui nescit docere. Sieur DE MOLÉON, op. cit.,
et
8. Jean SONNIER, Dégagement présentation du chevet de l'ancienne
cathédrale de Vaison-la-Romaine, Les Monuments Historiques de la
France, 1958 (I), pp. 18-25.
9. Jean HUBERT, L'architecture religieuse du haut Moyen Age en
France, Paris, 1952, pp. 50-51.
lées d'une église antérieure, que M. Jean Hubert date du
10e siècle, présentaient au fond de l'abside un petit hémicycle
apparemment destiné aussi au siège épiscopal 10.
Les exemples précédents, auxquels on pourrait joindre celui
de Notre-Dame-des-Doms d'Avignon, qui conserve un trône
épiscopal célèbre, du milieu du 12e siècle, montrent l'existence
d'une tradition constante, maintenue au moins jusqu'au début
du 13e siècle, en ce qui concerne l'emplacement liturgique des
chaires épiscopales dans les cathédrales de la vallée du Rhône.
Lorsqu'on reconstruisit ces édifices à l'époque romane ou au
début de l'époque gothique, on continua à installer le trône de
l'évêque au fond de l'abside, au centre du banc des chanoines.
Les exemples auxquels nous allons maintenant faire appel
montrent que cette pratique fut même conservée plus long-
temps dans les pays catalans, puisqu'elle y était encore géné-
ralement de règle dans la première moitié du 14e siècle.
Évoquons d'abord le cas de l'abside de la cathédrale de
Palma de Majorque, reconstruite à partir de 1314 et qui reçut
un nouveau mobilier liturgique dans le second quart du 14e siè-
cle11. Le trône épiscopal lui-même, sculpté en marbre blanc,
fut installé au fond du cap nou, dans une sorte de niche ornée
d'un magnifique arc trilobé à redents, que surmonte un gâble
hérissé de crochets. Cette œuvre fut commandée par l'évêque
Bérenger Batlle avant la consécration du maître-autel qui eut
lieu le 1er octobre 1346.
Le trône épiscopal s'accompagnait de stalles en bois, que
confectionnèrent en deux fois les menuisiers Pierre Johan et
Bérenger Ostales de Majorque et que décora le sculpteur perpi-
gnanais Antoine Camprodon entre 1329 et 1333 et de 1337 à
1339.
Peu de temps auparavant, à partir de 1298, on avait égale-
ment entrepris de reconstruire l'abside de la cathédrale de
Barcelone et on avait renouvelé son mobilier liturgique,
notamment avec l'exécution, au début du 14e siècle, d'un trône
MARCEL DURLIAT.
Duekklèsia,
moment où l'on avait donné le nom d' église
lieux où fidèles s'assemblaient pour
les
« »,
aux
le culte1, il était normal qu'on rappelât souvent que le
même mot ekklèsia désignait, par priorité, l'assemblée des
:
fidèles elle-même. S'il est une idée familière aux Pères, c'est
bien celle-ci l'Église consiste dans les hommes, elle-est
:
ses membres9. » Chrysostome mettait en pratique l'adjura-
tion de saint Hilaire il plaçait la liberté de sa parole et la
fidélité de sa foi au-dessus de tout attachement à des murs :
:
pour elles, il acceptait l'exil dans un pays désert.
Saint Jérôme aimait notre topos «Ecclesia non in parieti-
bus consistit, scd in dogmatum veritate. Ecclesia ibi est ubi
fides vera est10.»; « Parictes non faciunt christianos11. »
Saint Augustin nous rapporte, de son côté, le cas de Victo-
rinus qui, converti par la lecture des Écritures, se considérait
comme chrétien de ce fait, bien qu'il n'ait pas reçu le bap-
tême. Comme Simplicianus lui disait qu'il ne le considérait
pas comme tel tant qu'il ne le verrait pas parmi les fidèles
dans l'église, Victorinus avait répondu ironiquement
« Ergo parietes faciunt christianos ?», ce sont donc les murs
:
?
qui font les chrétiens12 Augustin lui-même devait appli-
quer un principe analogue à la ville même de Rome et à ce
qu'elle représentait, quand elle tomba sous l'assaut des
:
Barbares : « Civitas in civibus est, non in parietibus », écri-
vait-il13; et il redisait « Forte Roma non perit si Romani
9.
n'est pas pour les murs que le diacre proclame : :
P. G., 52, 429. Jean disait aussi des choses comme ceci « Ce
Prions pour les
catéchumènes. » (In 2 Cor., hom. 2 : P. G., 61, 404). On trouvera
d'autres textes dans VANDENBERGHE, Saint Jean Chrysostome, Paris,
Cerf. 1961, pp. 159-160 et 172.
10. InPs.133 (P.L., 26, 1223 A).
II. Tract. in Psalm. 123 (éd. G. MORIN, Anal. Maredsol., III, 2,
p. 292). Jérôme exprime aussi le thème « vera Ecclesia, verum tem-
plum » : Tract. in Ps. 86 (éd. cité, p. 104) : « Vera Ecclesia, verum
templum Christi non est nisi anima humana »; Epist. 58, 7 (P. L.,
22, 584) : « Verum Christi templum anima credentis est. Quae
utilitas est parietes fulgere gemmis et Christum in paupere fame
?
periclitari »
12. Confess., VIII, 2, 4 : P. L., 32, 750.
13. Sermo de Urbis excidio, 6 : P. L., 40, 721. La formule devait
être classique, car nous la retrouvons chez saint ISIDORE, Etym.,
XV, c. 2, n. i : a Civitas est hominum multitudo societatis vinculo
adunata, dicta a civibus, id est ab ipsis incolis urbis. Nam urbs
ipsà moenia sunt, civitas autem non saxa, sed habitatoresvocantur »
(P. L.; 82, 536 BC). Cependant, nous n'avons rien trouvé de ce genre
chez les auteurs classiques : ni Forcellini, ni Otto (Sprichworter u.
sprichwdrtlichen Redensarten der Römer, Leipzig, i8go) n'indiquent
quoi que ce soit qui approche, ou même intéresse, notre topos.
nonpereant. Roma enim quid est, nisi Romani? Non enim
de lapidibus et lignis agitur, de excelsis insulis et amplis-
simis mœnibus14. »
:
On cite parfois un texte de saint Cyrilled'Alexandrie,
mais nous n'avons pu en vérifier l'exactitude « Cum dici-
Inus Ecclesiam, non circuitu murorum vim hujus dictionis
accommodamus, sed piorum potius in ea sanctissimam
multitudinem significamus15. » Nous terminerons, comme
il se doit, la série des témoignages- patristiques par Grégoire
le Grand. Il se plaignait du fait que tous ceux qui remplis-
sent les murs (parietes) de l'église à l'occasion d'une grande
fête n'appartiennent cependant pas au troupeau des élus de
Dieu16.
Saint Grégoire se tient, avec son contemporain saint Isi-
dore, à la soudure du monde antique et du haut moyen âge.
Celui-ci a connu, évidemment, l'espèce de tension entre
l'église-édifice matériel et l'Église-assemblée des fidèles
ainsi Raban Maur Ct 856) 17, tandis que, vers la fin du
:
9e siècle, un poème anti-romain, les Versus Romae, jouait
:
C'est le concile d'Arras de 1025, dont le texte est tellement
significatif et instructif, qui reprenait le thème l'Église, ce
sont les fidèles plus que les murs20.
Dès lors, les emplois de notre topos vont être conditionnés
par un certain sens juridique du mot ecclesia. L'origine de
15. Cité
:
14.Sermo 81,9 P.L.,38, 505.
par J. LAUNOI, Opera, t. V, 2, p. 671, avec pour référence
Orat. IV sup. Isaiam.
16. Hom. in Evang., 19, 5 : P. L., 76, 1157.
17. En. in Epist. Pauli, lib. XXIII, in epist. 1 ad Tim., c. 3 (P. L.,
112,607B) : « Id vero cognoscendum, quoniam domum Dei Eccle-
siam, non domum orationis dicit, secundum plurimorum opinio-
nem, sed fidelium congregationem. »
18. « Moribus et muris,Romavetusta, cadis » : cité par E. H. KAN-
TOROWICZ, The Kinq's two Bodies, Princeton, IQ5'7. p. 82, n. qq.
19. Libell. depressuris Ecclesiae, 1 (P. L., 134, 53C).
20. Can. à MANSI, XiX, 437 G.
ce sens doit être cherchée dans les dispositions prises pour
que des moyens normaux d'entretien soient assurés aux
clercs. Il existait, à cet égard, une législation portée par
Justinien, qui interdisait d'ordonner des clercs sans que
leur vie soitassurée21. Ces dispositions accentuaient le lien
entre ordination et moyen de subsistance, entre un clerc et
un titulus ou une ecclesia, au sens où cesmots désignaient,
dès lors, non plus seulement une communauté donnée
d'hommes — c'était leur premier sens —, mais certains
moyens de subsistance, un ensemble de biens et de droits. La
fréquence de ce sens du mot ecclesia a été favorisée, en
Occident, par le système des « églises privées »,
que l'in-
fluence germanique n'a pas créé, mais développé. A partir
du 9e et surtout du 10e siècle, ecclesia désigne fréquemment
l'édifice du culte et ses appartenances en droits (dîmes, etc.)
et biens temporels22. Dans la collation d'un bénéfice par son
propriétaire, il y avait « investiture »
avec la formule
« Accipeecclesiam23. » Notons que, dans le même climat
:
des institutions et du vocabulaire féodal, parietes, un des
termes de notre topos, désignait parfois l'hommage féodal
ou les revenus d'un fief24 détail à retenir pour apprécier
:
temporel :
sammment dotée, privilégiée, engagée dans le poids du
toute une série de mouvements spirituels, à partir
21. Sur ce point, et pour ce qui suit, cf. V. FUCHS, Der Ordina-
tionstitel von seiner Entstehung bis auf Innocenz III. (Kan. St. u.
Texte,4), Bonn, 1930,pp. 138-195.
22. P. HINSCHIUS, Zur Gesch. der incorporation
- u. des
- Patro-
- -
natsrechts, dans Festgaben Heffter, Berlin, 1873, pp. I s.; P. THOMAS,
Le droit de propriété des laïcs sur les églises et le patronage laïque
au moyen âge, Paris, 1906, pp. 17 s., 76 s.; V. FUCHS, op. et loc. cit.
23. Voir A. HAUCK,Kirchengeschichte Deutschlands, t. III, pp. 52-
69; P. IMBART DE LÀ TOUR, Les élections épiscopales dans l'Église de
France du 9B au 11e siècle, Paris, 1891, pp. 74 s.
24. Parietes = Pariae. Cf. Du CANGE, S. V., avec citation d'une charte
de 845.
de la fin du 11e siècle, s'appliquèrent à critiquer cet état de
choses et à rompre avec lui, en y dénonçant quelque chose-
d'anti-évangélique.
C'est cette situation, c'est cet usage du mot ecclesia, qui
commandent les deux grands groupes de textes que nous
allons rencontrer et qui, eux-mêmes, répondent à deux
grands moments d'utilisation de notre topos :
I) dans le
chapitre des mouvements ou des sectes anti-ecclésiastiques
du 12e siècle; 2) chez les canonistes ou en dépendance d'eux.
:
formes extérieures du culte30, ou encore, en 1242, sous la
plume de Moneta de Crémone « Ecclesia dicitur dupliciter.
Vel congregatio fideliumconstans ad minus ex episcopo,
presbytero, diacono et subdiacono, vel domus materia-
lis21. »
Une réponse, non plus apologétique ou critique, mais
:
toute positive, a été donnée aux mouvements spirituels, dans
l'Église, par les hommes vraiment spirituels saint Bernard,
qui savait combien les murs de l'Église sont toujours à
rebâtir par lacohésion de
la charité et par des hommes qui
doivent sans cesse triompher de l'esprit charnel32; Hugues
de Saint-Victor et d'autres, qui prêchaient le thème tradi-
tionnel du vrai temple dontles pierres et les murs sont faits
des fidèles unis par la charité83. La réponse « catholique »,
finalement, devait être donnée par François d'Assise. La
vision qu'on prête à Innocent III est peut-être une légende
celle d'hommes (François, Dominique) soutenant les murs
:
29. Op. cit., col. 762.
30. De fide catholica contra haereticos, lib. I, c. 69 : « Non desunt
qui dicunt locum materialem non esse Ecclesiam, sed conventum
fidelium tantum. »" (P. L., 210, 571); il répond àcela, c. 70; c. 71,
col. 573 : « Quod locus materialis dicatur domus Dei ad quam conve-
niunt fideles ut orent, variis probatur auctoritatibus. Sciendum
ergo quod tam locus materialis quam conventus fidelium dicitur
Ecclesia Dei. »
31. Summa adv. Catharos et Valdenses, lib. V, c. 8, § 3 : éd. Ri-
OHINI, Rome, 1743, p. 456. Moneta répond aux critiques des Cathares
n'admettant pas qu'il existe des temples matériels (§ 1, p. 454) ni
qu'on les appelle « églises » (S III. p. 455).
32. Cf. Infesto S. Michaelis sermo 2, n. 2 (P. L.. 183. 452).
33. HUGUES DE SAINT-VICTOR, Sermo 3. In dedic. eccles.(P.L,., 177,
905) : « Jerusalem civitas sancta et civitas Sancti, Ecclesia est. Habet
haec civitas sancta, id est Ecclesia, lapides suos, murum suum,
turres suas, aedificia sua, portas suas. Habet lapides, scilicet fideles,
:
qui sicut per caementum lapis jungitur lapidi, sic par charitatem
junguntur sibi. » Ce genre de texte est fréquent alors cf. J. SAUER,
Symbolik des Kirchengebâudes, 2e éd., Freiburg, 1924, p. 104;
Fr. HEER, Die Tragödie des hl. Reiches, Vienne et Zurich, 1952, p. 193,
avec les notés correspondantes.
lézardés et branlants de sa cathédrale du Latran. Mais la
légende traduit assez bien la réalité. C'est un fait, en tout
cas, que François d'Assise, qui poussa au plus haut degré le
dégagement à l'égard des conditions matérielles et des biens
temporels, eut la plus souveraine vénération pour le Saint-
Sacrement, pour les prêtres et pour les églises de pierre ne
commença-t-il pas par relever Saint-Damien et par réparer
:
ou nettoyer bien d'autres petites églises de la campagne des
environs d'Assise34?
Le thème des sectes du 12e siècle a été repris, au 1 7e, par
Georges Fox, pour lequel l'église matérielle, qu'il affectait
:
d'appeler « la maison à clocher », était le symbole de toute
une conception du christianisme qu'il écartait car il le
ministre anglican :
voulait tout intérieur et spirituel. Aussi demandait-il à un
« Qu'appelles-tu une église? Le bâti-
ment ou cette multitude35? » Il posait ainsi, évidemment,
un dilemme qui n'en est pas un.
:
Les canonistes opérèrent, à leur manière, une union des
deux idées ils le firent en répon dant à la question de savoir
à qui appartiennent les biens d'Église. La seconde moitié du
12e siècle et le début du 138 baignent dans le climat des idées
corporatives analysées en particulier par M. Br Tierney
(Foundations of the Conciliar Theory. The Contribution of
the Medieval Canonists from Gratian to the Great Schism.
Cambridge, 1955). On s'appliquait à définir la situation res-
:
pective d'un prélat et de la communauté dont il était le chef,
à l'égard de la propriété des biens. Le vraipropriétaire était
« illa bona competunt ecclesiae catholico-
la communauté
:
d'Humbert de Romans chez Agostino Trionfo d'Ancône, qui
allait jusqu'à dire Si l'on entend par « église les murs,
villes et biens temporels, on ne peut pas dire que le Christ
»
soit mort pour l'Église42 on sent là une réaction contre un
:
point de vue tout extérieur, qui pouvait bien être celui des
canonistes. Même réaction, vers 1312, chez Jean du Mont-
Y. M.-J. CONGAR.
:
Mgr Sergio Mendes Arceo, évêque de Cuernevaca, se présenta à
la suite d'une conférence « Je crois pouvoir vous montrer, inté-
gralement réalisée dans ma cathédrale, l'application des prin-
cipes ici exposés. » Une séance de projection permit à tous les
sessionnistes d'apprécier la restauration intérieure de la cathé-
drale de Cuernevaca, inspirée et dirigée par son évêque.
Une telle entreprise souleva dans le nouveau monde quelque
émotion. La presse .en parla, ce qui donna l'occasion à l'évêque
de Cuernevaca de justifier son œuvre (Interview dans Impacto,
n° 561, du 23 novembre 1960; article dans le périodique Excelsior)
du 18 décembre 1960). Nous utilisons ces documents.
Il s'agissait d'aménager une église conventuelle franciscaine
du 16* siècle en une cathédrale adaptée aux exigences actuelles
de la célébration liturgique. L'architecture extérieure et inté-
rieure, témoin de la première période de l'art espagnol du
Mexique, est noble. Mais les siècles postérieurs (surtout le 19e siè-
cle) avaient encombré la nef unique d'innombrables œuvres
d'inégale valeur. Entouré des conseils de techniciens et d'artistes,
l'évêque n'hésita pas à ôter les retables du 19e siècle, autels se-
condaires, tableaux, statues et peintures, pour restituer à la nef
son unité. « Je pense, observe-t-il, que l'église est le lieu de
l'assemblée des fidèles, toujours vivant et actif, et non un mu-
sée. » Ainsi réapparut un vaisseau d'une austère mais réelle
grandeur.
:
Puis vient l'aménagement de l'espace pour le culte « On a fait
une réalisation liturgique fonctionnelle, qui, bien qu'elle paraisse
typiquement moderne, suit la tradition des plus anciens tem-
ples chrétiens. » Au fond du sanctuaire, se trouve le siège de
l'évêque, surmonté de ses armes. Au milieu, un autel de pierre,
simple parallélépipède, avec, au centre, la grille du tombeau des
:
reliques. Du côté du célébrant, face au peuple, est inscrit en
espagnol « Je suis mort, et maintenant je vis »; côté fidèles
« Je suis le premier et
le dernier. » Un ciborium, où pendent
:
quelques lampes à huile, surmonte l'autel. Son plafond est décoré
de deux mains et de diverses inscriptions (Sanctus, Doxologie de
l'apocalypse, etc.). En avant, de chaque côté et se faisant face
(car la lecture s'adresse non seulement au peuple, mais à toute
l'assemblée, dontl'évêque et les ministres font partie) deux am-
bons de pièrre, portant respectivement les noms des évangélistes
et des apôtres. Plus en avant encore, et plus à l'extérieur, on
JOSEPH GELINEAU.
LA CÉLÉBRATION DE LA DÉDICACE*
1. La préparation pastorale.
2. La catéchèse préparatoire.
l'évêque :
qui est conseillé à toute la communauté chrétienne ainsi qu'à
« Le jour qui précède la dédicace, il convient de
jeûner, aussi bien pour le Pontife consécrateur que pour le
clergé et les fidèles relevant de cette église », déclare l'Ordo
(n° 4). Bien qu'il ne s'agisse que d'une invitation et non
d'une prescription, on ne saurait la prendre à la légère. Le
jeûne sera l'expression tangible de l'effort spirituel accompli.
en aumône :
Il pourra peut-être, comme celui du carême, se concrétiser
ce dont la communauté paroissiale se sera privé
en jeûnant la veille de la dédicace permettra d'associer les
pauvres, les vieillards et les malades à la joie de la fête. N'ou-
blions pas que la liesse populaire de nos kermesses est née de
la fête de la dédicace, de la « messe de l'église » (flamand
kerkmisse), si l'on s'en rapporte à l'étymologie. Que la joie
des déshérités soit payée de quelques privations volontaires de
leurs frères, tout chrétien est capable de le comprendre.
La soirée comporte normalement deux célébrations litur-
giques : la réception solennelle des reliques des saints martyrs,
puis la veillée près d'elles.
« Sur le soir du jour qui précède la dédicace, il convient
d'amener les reliques par une procession solennelle dans les
rues avoisinant l'église, dans la manière et la forme qui est
décrite au Rituel romain » (Ordo, n° 4). Le Rituel prévoit que
les rues par lesquelles passera la procession soient autant que
possible décorées et que tout le peuple accompagne les reli-
ques avec des cierges allumés, en chantant les Litanies des
Saints ou quelques chants appropriés (tit. X, ch. 14). « Puis,
continue l'Ordo, les reliques sont placées dans un lieu hono-
rable, disposé hors de l'église à consacrer, décoré à cette fin
de tentures, de fleurs et de lumières, et c'est devant ces reli-
ques qu'on célébrera les Vigiles (n° 4). Il est évident que la
processi on est fonction, dans son déploiement, des conditions
locales. Dans un pays dont les structures sociales sont demeu-
rées chrétiennes, elle pourra connaître l'ampleur de celles
des Rameaux ou de la fête du Saint-Sacrement. Ailleurs elle
aura des proportions beaucoup plus modestes ou même on
devra l'omettre.
Par contre, on pourra célébrer partout avec splendeur la
veillée sainte près des reliques des martyrs. L'Ordo prévoie
« qu'on célébrera les Vigiles, si on le peut commodément, et
qu'on chantera et récitera Matines, avec trois Nocturnes, en
l'honneur des saints martyrs dont les reliques vont être en-
sevelies. On invitera aussi les fidèles à participer à ces vigi-
les » (n° 5). En réalité le si commode fieri potestconcerne da-
vantage dans la pratique le mode de participation des fidèles
à la veillée que le fait de cette veillée. Il est hautement sou-
haitable que la veillée près des reliques rassemble le plus
grand nombre possible de fidèles et qu'elle constitue en quel-
que sorte le couronnement de la préparation communautaire.
Souvent le souci de faire participer activement le peuple à la
célébration amènera à organiser une veillée en langue vivante
de préférence à la psalmodie latine de l'office nocturne des
martyrs. Cette veillée pourra s'inspirer de la liturgie des mar-
tyrs, en utilisant les chants populaires qui sont donnés en
appendice du présent volume. Les Actes des martyrs ou la
Vie des saints y seront largement utilisés. Voici un schéma
possible.
Chant d'entrée :
Première partie des Litaniesdes Saints (jusqu'à In die iudi-
cii). On nomme à leur rang, en doublant l'invocation, les
saints dont on honore les reliques.
Première lecture :
Soit un passage des Actes des martyrs ou de la Vie des saints,
soit le sermon de saint Césaire d'Arles, que le Bréviaire donne
de plusieurs martyrs :
sous le nom de saint Augustin au second nocturne du Commun
Chaque fois, frères très chers, que nous
célébrons les fêtes des saints martyrs.
Chant psalmique : Psaume 125, Quand le Seigneur ramena
nos captifs.
:
Deuxième lecture Rom., 8, 12-19 et 28-39, au premier noc-
turne du Commun de plusieurs martyrs.
Chantpsalmique : Psaume 23, Au Seigneur la terre et sa
plénitude.
Évangile : Matth., 5, 1-12 (Évangile de Toussaint).
Homélie.
:
Vénération des reliques au chant du cantique Dieu, nous
te louons.
Prière litanique : Seconde partie des Litanies des Saints
(peccatores)
:
Prière sacerdotale Fac nos Domine (Ordo, n° 28).
Benedicamus Domino, Deo gratias.
4. La liturgie de la dédicace.
:
mune. Comme la veillée pascale, la dédicace est une liturgie
ascensionnelle elle part du plus exceptionnel qui peut sem-
bler le plus pittoresque (aspersions multiples, inscription des
alphabets) pour atteindre le plus quotidien (la messe), et
c'est précisément le plus quotidien qui est le plus sacré, le
rite qui sollicite l'engagement le plus profond de l'assemblée.
La tâche du commentateur est lourde. Nous avons essayé
de l'alléger en insérant dans le texte même de l'Ordo, une
série complète de monitions. Elles ne sont évidemment pro-
posées qu'à titre de suggestions. Il est souhaitable qu'elles ne
soient pas toutes données par la même personne. On pourrait
confier les invitatoires d'oraisons au diacre, tandis que le com-
mentateur se contenterait d'expliquer le déroulement des rites
et d'introduire les chants.
Au sujet du commentateur nous n'hésitons pas à préciser
qu'il ne doit pas apparaître, comme une sorte d'intrus parmi
les acteurs de la célébration. Si l'on accepte sa présence, on
doit accepter qu'il remplisse sa fonction, telle que la définit
l'Instruction De Musica sacra (n° 96). Souvent il semble avoir
à se faire pardonner de prendre la parole pour placer ses
monitions.
5. La fête de la dédicace.
:
tandis que tous chanteront le Hallel : Rendons grâce au Sei-
gneur, car il est bon éternel est son amour (Ps. 117).
Chaque année, au jour anniversaire de la dédicace, l'Église
commémore l'événement par une fête de 1re classe. En beau-
coup de paroisses on aimera à rappeler le souvenir des grandes
heures vécues dans l'allégresse et à renouveler dans une solen-
nelle messe du soir la consécration de la communauté au ser-
vice du Seigneur avec la dédicacedel'âme de chacun de ses
membres.
PIERRE JOUNEL.
Le livret de la Dédicace
P. J.
PRÉPARATION D'UNE PAROISSE
A LA DÉDICACE
:
gneur. Les rites préliminaires de la consécration mettront en
valeur cet aspect les aspersions extérieure et intérieure, la
nef marquée par la croix (ce lieu est « mis à part » pour le
Seigneur)
Mais si cet édifice est la maison de Dieu, pourquoi est-elle
?
si grande Les temples religieux des païens, celui même du
peuple juif, étaient de petites dimensions. C'est que les édi-
fices religieux des chrétiens ne sont pas seulement des mai-
sons de Dieu, ils sont un lieu de rencontre entre Dieu et son
peuple, le lieu où se fait, où se renouvelle activement, où
s'approfondit, d'une célébration à l'autre, la rencontre des
baptisés avec leur Seigneur, où se noue leur Alliance.
Avez-vous pensé qu'un même mot église désigne à la fois un
?
édifice matériel et la société des croyants De même la litur-
gie de la Dédicace passe constamment d'un plan à l'autre.
?
Mais que veut dire ce mot église Elle dit convocation, ras-
semblement des appelés. Chrétiens, nous savons que nous
sommes des appelés, comme le furent déjà Abraham, Moïse,
les prophètes, les apôtres, saint Paul. Si nous sommes bapti-
sés, c'est parce que Dieu nous a appelés. Appelé à quoi ? A
:
nous rassembler. Il existe un signe sensible de cet appel di-
vin les cloches qui sonnent.
1) L'Église est le lieu du rassemblement.
Chant:
Écoutons-en la description (lecture de l'Apocalypse, ch. 7).
0 Seigneur, rassemblez dans votre Église.
même:
ment à l'Évangile les hommages qui sont rendus au Christ lui-
à la procession d'entrée du célébrant, correspond la
procession de l'évangile (chœur, flambeaux, encens, livre). Un
lieu spécial est prévu pour la proclamation de la Parole, c'est
l'ambon. La lecture publique est confiée à un lecteur (un diacre
pour l'évangile), mais l'homélie revient à l'évêque ou au prê-
tre.
Cette parole nous appelle, elle nous « provoque », elle nous
purifie, elle nous réunit dans la foi, l'espérance et l'amour.
C'est pourquoi il est tellement important de l'annoncer dans
la langue des fidèles et de l'écouter ensemble (« l'Église n'est
pas un restaurant, mais la table de famille », selon l'expression
du cardinal Lercaro).
:
Célébration
Nous allons l'écouter et l'acclamer. Alleluia, Laudate Dominum
omnes gentes.
Évangile du lundi de Pâques. Je crois en Dieu.
Célébration:
Lire dans le Pontifical romain un passage de la prière de consécra-
tion de l'autel où se développe magnifiquement tout le symbolisme de
:
l'Ancien Testament et toute sa signification spirituelle.
Puis, chant du cantique Tu es, Seigneur, le lot de mon cœur.
:
(Marc, 14, 17-25).
Pour conclure Pater Noster.
Bénédiction du célébrant, qui va baiser l'autel avant de nous bénir,
pour nous faire comprendre que tout nous vient par l'autel.
PIERRE JOUNEL.
Le rite byzantin de la consécration
et dédicace d'une église
ANDRÉ K. FYRILLAS,
de l'Institut « Saint-Serge ».
Construction de l'autel
Pour cette ville et pour toutes les villes, les régions et les fidèles qui y
habitent. Prions le Seigneur.
Pour un climat tempéré. Prions le Seigneur.
Pour les navigateurs. Prions le Seigneur.
Pour que nous soyons préservés de tous tourments, châtiments et
nécessités. Prions le Seigneur. -
Lustration de l'autel
Après l'amen, on donne au patriarche des linges blancs, qu'il met sur
le saint autel en forme de croix; et ensuite on présente un récipient plein
d'eau du saint baptême; le patriarche incline la tête au-dessus de l'eau,
en priant ainsi:
Seigneur, notre Dieu, vous avez sanctifié les eaux du Jourdain par votre
manifestation salvatrice; envoyez aussi à présent la grâce de votre Saint-
Esprit et bénissez ces eaux par votre Esprit sanctifiant et bénissant. Car
vous êtes béni dans les siècles des siècles. Amen.
:
nettoie et essuie avec un nouveau linge ce qui reste de l'eau. Ce faisant,
il entonne le psaume Que tes demeures sont désirables, que tous
chantent avec lui, une ou plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il ait fini de
:
nettoyer l'autel.Alors il rend gloire et supplie, en disant
Gloire à notre Dieu dans les siècles des siècles. Amen.
en disant:
Après quoi il prend un vase et il fait trois ablutions en forme de croix,
:
Aspergez-moi, etc.; et il le répète trois fois. Et cela fait, il
achève le psaume. Puis il rend gloire et supplie Dieu Béni soit Dieu
dans les siècles des siècles.
Il prend alors un nouveau linge qu'il met sur l'autel, puis l'essuie, en
Onction de l'autel
-
:
Et pendant que le diacre dit Soyons attentifs, le patriarche prend le
saint myron, qu'il répand sur l'autel en forme de croix, faisant trois
croix, une au milieu, et une de chaque côté, en même temps qu'il dit
trois fois l'alleluia, comme pour le baptême; et lorsqu'il a rendu le
myron, il fait une onction d'huile avec la main sur toute la surface de
l'autel, en partant de ces trois croix qu'il a faites; il trace aussi des croix
sur les colonnes de l'autel en disant tout le psaume 132, et il rend gloire
:
en terminant Gloire à la sainte Trinité, notre Dieu dans les sièclesdes
siècles. Ceci fait, il se lave les mains, prend la nappe, et la déploie sur
le saint autel en disant le psaume 92 : Dieu règne, vêtu de majesté, une
ou plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il soit complètement recouvert; puis il
rend gloire.
:
Et après avoir dit amen le patriarche reçoit l'encensoir et encense le
saint autel, le sanctuaire et tout le peuple, en disant le psaume
pour moi, Seigneur, une ou plusieurs fois, jusqu'à ce que tout soit
Justice
encore:
le diacre fait la prière collective; et après le Agréez-nous, etc., il dit
Faisons mémoire de notre très sainte et immaculée Mère de
Dieu, notre Dame, et du Saint en l'honneur duquel ce temple est
dédié, etc.
Prière de dédicace
Le patriarche s'incline auprès du saint autel mais il ne s'agenouille
pas, et il prie ainsi :
Seigneur du ciel et de la terre, qui dans votre indicible sagesse avez
fondé votre sainte Église et avez établi sur terre l'ordre du sacerdoce
comme une image du mystère exercé au ciel par les anges, Seigneur riche
en bienfaits, accueillez-nous, tandisqu'à présent nous vous prions, non
que nous soyons dignes de demander ces choses, mais pour que vous
nous manifestiez l'excès de votre bonté. En effet, vous n'avez cessé —
et de diverses manières, — de faire du bien au genre humain. Mettant le
comble à vos bienfaits, vous nous avez donné la présence dans la chair
de votre Fils unique. Il s'est fait voir sur terre et a fait lever pour ceux
qui étaient dans les ténèbres la lumière du salut; il s'est offert lui-
même en sacrifice pour nous et s'est fait propitiation pour le monde
entier, en nous donnant de participer à sa propre résurrection. Il est
monté aux cieux, et de là, selon sa promesse, il a revêtu ses disciples et
apôtres de la force d'en haut, qui n'est autre que cet Esprit-Saint, ado-
rable, tout-puissant, procédant de vous, Dieu le Père. Rendus par lui
puissants en œuvres et en paroles, ils nous ont transmis le baptême
d'adoption des fils; ils ont élevé des églises, fondé des autels et établi
les canons et les lois du sacerdoce. Et nous, tout pécheurs que nous
soyons, nous gardons leur tradition, nous nous prosternons devant
vous, Dieu éternel, et nous vous prions, vous qui êtes miséricordieux.
Ce temple, bâti pour qu'on y chante votre louange, remplissez-le de
votre divine gloire; cet autel que nous avons érigé, faites-en un lieu
très saint, de sorte que nous, qui nous tenons ici devant lui comme
devant le trône redoutable de votre royauté, vous servions sans con-
damnation, vous présentant des supplications pour nous-mêmes et pour
tout le peuple, et offrant à votre bonté le sacrifice non sanglant pour
nos fautes volontaires et involontaires. Accordez-nous votre pardon, une
conduite qui vous plaise, l'amendement de notre vie et la plénitude de
la justice. Car béni est votre très saint Nom, Père, Fils et Saint-Esprit,
maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.
: : :
Et après l'amen, il dit Paix à tous. Le diacre dit Inclinez vos têtes
devant le Seigneur; et alors l'évêque prononce cette prière
Nous vous rendons grâces, Seigneur, Dieu des Puissances, de ce que,
ayant répandu votre grâce sur vos saints apôtres et sur nos vénérables
Pères, vous avez daigné, dans votre amour des hommes, l'étendre jus-
:
qu'à nous, vos serviteurs pécheurs et inutiles. Nous vous en prions,
Maître grand en piété remplissez de gloire, de sainteté et de grâce cet
autel, afin que les offrandes non sanglantes que l'on vous y offrira soient
changées au corps très pur et au sang précieux de votre Fils unique,
notre Seigneur, Dieu et Sauveur, Jésus-Christ, pour le salut de tout
votre peuple ainsi que de notre indignité. Car vous êtes notre Dieu, le
Dieu qui aime et qui sauve, et nous vous rendons gloire, Père, Fils et
:
Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.
Et ayant dit amen, le diacre dit sortons en paix.
f
**
Note sur la messe de la Dédicace
Les Euchologes, tant grecs que slaves, renvoient pour l'Épître et rÉ.
vangile de la liturgie de la Dédicace à la fête du 13 septembre, qui com-
mémore la dédicace de l'Anastasis à Jérusalem (335). Or ces deux lectures
consistent dans Hébreux, 3, 1-4 et Matthieu, 16, 13-18 (Tu es Pierre et sur
cette pierre je bâtirai mon Église). L'Euchologe édité par Goar ne con-
naît pas encore d'autre formulaire. Mais nombre d'exemplaires orthodoxes
de l'office de la Dédicace de date plus récente ont substitué à la lecture
de Matthieu, 16 celle de Jean, 10,22-30, qui commence par ces mots :
On célébrait à Jérusalem la Dédicace 1
P. J.
1. S. SALAVILLE, Cérémonial de la consécration d'une église selon le
rite byzantin, Tipografia poliglotta vaticana, 1937, pp. 48-53.
La dédicace de la basilique ambrosienne
par saint Ambroise
Lettre 22 de saint Ambroise à sa sœur Marcellina
A Madame ma sœur,
plus chère que ma vie et mes yeux,
-
son frère.
Puisque j'ai l'habitude de ne laisser ignorer à votre sainteté
rien de ce qui se passe ici en votre absence, sachez aussi que
nous avons découvert des saints martyrs. Car, comme j'avais
» Je répondis :
peller comme d'une seule voix et à me dire « Consacre comme
« Je le
ferai si je trouve des corps de martyrs. » Et aussitôt je fus envahi
par une sorted'ardeur prophétiqne.
:
Bref, le Seigneur donna sa grâce j'ordonnai aux clercs, eux-
:
quels sont les cieux qui racontent la gloire de Dieu. Regardez à ma
droite, regardez à ma gauche les reliques très saintes voyez ces hommes
:
la grâce de l'action divine qui les a élevés au firmament d'une passion
très sainte et bien auparavant, par la louange de leurs mœurs et de leurs
vertus, (Dieu) a annoncé qu'ils subiraient le martyre, c'est-à-dire que
contre les séductions de ce monde ils devaient demeurer inébranlables.
:
à son Église les reliques des saints martyrs cachées sous un terre-plein
vulgaire, dont les âmes sont au ciel, et le corsp dans la terre Relevant
l'indigent au-dessus de la terre, il retire le pauvre de son fumier (ibid.,
7); et vous voyez comment il les a établis avec les princes de son peuple.
Qui devons-nous appeler princes du peuple sinon les saints martyrs, au
nombre desquels sont maintenant en bonne place Protais et Gervais,
longtemps ignorés auparavant, qui ont fait que l'Église de Milan, stérile
en martyrs, se réjouisse désormais de l'honneur et des exemples de leur
pression comme la mère de nombreux enfants?
Et cette autre explication ne répugne pas à la vraie foi : le jour au
jour profère la parole (Ps. 18, 2), l'âme à l'âme, la vie à la vie, la
résurrection à la résurrection. Et la nuit à la nuit transmet la connaissance,
c'est-à-dire la chair à la chair, chez ceux dont la passion a transmis à tous
:
la vraie connaissance de la foi. Nuits bienfaisantes, nuits lumineuses, qui
ont des étoiles. Car une étoile, diffère en éclat d'une autre étoile ainsi
en va-t-il de la résurrection des morts (1 Cor., 15, 41).
Ce n'est pas sans raison que beaucoup appellent cette invention des
martyrs une résurrection. On peut cependant se demander si les martyrs
ont ressuscité pour eux-mêmes, quand il est certain qu'ils ont ressuscité
pour nous. Vous avez appris, ou plutôt vous avez vu par vous-mêmes que
plusieurs ont été délivrés du démon; et que plusieurs, dès qu'ils tou-
chèrent de leurs mains le vêtement de ces saints, furent délivrés des
infirmités dont ils souffraient; voici renouvelés les miracles de cet ancien
temps où, par l'avènement du Seigneur Jésus, une grâce plus abondante
se répandait dans le monde, puisque vous voyez que beaucoup ont été
guéris comme par l'ombre des saints corps. Combien jette-t-on de linges!
combien d'étoffes sur ces saintes reliques, et par cet attouchement même
on en attend la guérison! Tous se plaisent à toucher l'extrémité du linge;
et celui qui touchera sera sauvé.
Je te rends grâces, Seigneur Jésus, de ce que tu réveilles pour nous les
esprits des saints martyrs, en ce temps où ton Église a besoin de plus
puissantes protections. Que tout le monde sache quels combattants je
cherche, qui puissent combattre, et qui n'aient pas coutume d'attaquer.
Je te les ai procurés, peuple saint, capables de servir tout le monde et de
:
ne nuire à personne. Voilà les défenseurs que je désire, voilà les soldats
que je possède non pas des soldats du siècle, mais des soldats du Christ.
Je ne crains pas que de tels défenseurs attirent sur moi l'envie, alors
que leur patronage est d'autant plus sûr qu'ils sont plus hauts placés.
Je souhaite leur protection envers ceux-là même qui me portent envie.
:
l'armée des Syriens, disait à son serviteur effrayé, pour dissiper sa
crainte nous en avons davantage pour nous que contre nous (4 Rois, 6,
16); et pour le prouver, il demanda que les yeux de Giezi s'ouvrissent;
ils s'ouvrirent, il vit que le prophète était assisté par d'innombrables
armées angéliques. Quant à nous, si nous ne pouvons pas les voir, nous
sentons leur présence. Vos yeux étaient fermés aussi longtemps que les
corps des saints étaient cachés et recouverts. Le Seigneur a ouvert nos
yeux; nous avons vu les renforts qui nous ont souvent défendus. Nous ne
le croyions pas, mais nous ne les avions pas moins. C'est pourquoi le
Seigneur, pendant que nous tremblions, nous a dit en quelque sorte
Voyez quels martyrs je vous ai donnés. Ainsi, nos yeux étant dessillés,
:
nous contemplons la gloire du Seigneur, celle que lui donna jadis la
Les saintes vigiles près des reliques des martyrs, leur triomphale trans-
lation dans la nouvelle basilique, leur déposition sous l'autel, tous ces rites
de la dédicace que décrit saint Ambroise à la fin du 4e siècle n'étaient pas
célébrés uniquement dans l'Église milanaise. Grégoire de Tours ~(t 594)
fait allusion à plusieurs reprises à la procession des reliques, qui marquait
également en Gaule la dédicace d'un nouveau lieu de culte. C'est ainsi
qu'il raconte comment l'évêque Namatius de Clermont (-¡- vers 460)
accueillit les reliques des saints Vital et Agricol, que l'on apportait de
Bologne, et les déposa dans la basilique qu'il consacra en leur honneur
(dédicace que le martyrologe hiéronymien commémore au 14 mai). Gré-
goire de Tours rapporte également comment il célébra lui-même la dédi-
cace de son oratoire privé, en y déposant les reliques de son prédéces-
seur saint Euphrone ~(t 573) avec celles de saint Saturnin et de saint
:
Martin. Les deux récits ne manquent pas de couleur. Le second présente
par ailleurs un double intérêt il nous montre la transformation en lieu
de culte d'une pièce domestique et il atteste qu'au 6e siècle on ajoutait
déjà volontiers les reliques des confesseurs à celles des martyrs.
La dédicace de la basilique des saints Vital et Agricol à Clermont
:
reliques de ces martyrs dans l'église que lui-même avait cons-
truite et il envoya là-bas un prêtre qui, partant avec la grâce de
Dieu, rapporta ce qu'il avait demandé. Sur le chemin de retour, avec
ses compagnons, ils firent étape à cinq milles de Clermont, et ils en-
voient des émissaires à l'évêque, pour qu'il daigne leur ordonner ce
qu'ils doivent faire.
Le matin venu, l'évêque, qui avait alerté les citoyens, s'avance très
dévotement à la rencontre des saintes reliques avec les cierges et les
:
croix. Et comme le prêtre lui offrait de regarder les saintes reliques, s'il
le voulait, il dit « Je préfère les croire que les voir; ainsi lisons-nous
dans les saintes Écritures que le Seigneur lui-même juge bienheureux
ceux qui ont cru en lui sans l'avoir vu » (Jean, 20, 29).
L'évêque ayant ainsi manifesté sa foi, Dieu glorifie ses saints par un
miracle. Car, comme ils approchaient, le ciel s'obscurcit subitement,
et voici qu'une pluie noire tomba sur eux; et cette pluie était si abon-
dante qu'on aurait cru les routes changées en fleuves. Cependant, autour
des saintes reliques, sur l'espace d'un bon arpent, on ne vit pas tom-
ber une seule goutte. Et comme ils avançaient, la pluie les suivait de
loin, comme pour leur rendre hommage, enveloppant la foule, mais ne
touchant pas les porteurs de reliques.
En voyant cela le pontife rendit gloire à Dieu qui, par égard pour
sa foi, daigna opérer de si grandes choses pour la gloire des saints. Et
devant les citoyens rassemblés avec beaucoup de joie et de dévotion, il
consacra l'église sainte honorée par ces reliques.
(A la gloiredes Martyrs, 44; P. L., 71, col. 746.)
A u sujet. de notre oratoire, dans lequel ont été installées les reliques
de saint Saturnin martyr et de l'évêque Martin avec le confesseur
:
Illidius et d'autres saints, je raconterai volontiers quelque chose
pour l'instruction des fidèles comment la puissance de saint Martin se
manifesta, si bien qu'apparut à beaucoup ce terrible globe de feu qui
jadis s'était élevé au-dessus de lui pendant qu'il célébrait la messe,
jaillissant au sommet de sa tête, mais visible à peu de spectateurs.
Mon esprit, inspiré par l'instinct de la piété divine, eut l'idée de con-
sacrer fidèlement pour en faire un oratoire la cellule gracieuse que saint
Euphrone avait possédée comme appartement. Lorsque celle-ci eut été
aménagée avec diligence, et l'autel placé comme de coutume, nous
passâmes une nuit en vigiles à la sainte basilique et le matin, venant à
la cellule, nous consacrâmes l'autel que nous avions érigé. Nous retour-
nâmes à la basilique et solennellement, précédés par les croix et les
cierges brillants, nous apportâmes les reliques de ce saint avec celles des
martyrs Saturnin et Julien, et aussi du bienheureux Illidius. Il y avait un
groupe considérable de prêtres et de diacres en vêtements blancs, et la
classe illustre des fonctionnaires civils, et encore un grand rassemblement
du peuple de la classe inférieure. En portant hautement les saintes
reliques dans des étoffes et des cassettes décorées, nous parvînmes à la
porte de l'oratoire. Tandis que nous entrions, tout à coup un éclair
terrible remplit cette cellule, au point que les spectateurs, effrayés et
éblouis, fermaient les yeux. C'était comme un éclair qui parcourait la
cellule, nous inspirant une grande crainte; personne ne pouvait savoir ce
que c'était et tous, abattus par la frayeur, gisaient sur le sol. Alors je
leur dit : « Ne craignez pas. C'est un miracle des saints que vous voyez;
et surtout, rappelez-vous le livre de la vie de saint Martin, et souvenez-
:
vous comment, tandis qu'il prononçait les paroles sacrées, un globe de
feu sortit de sa tête et parut s'élever jusqu'au ciel par conséquent, ne
soyez pas effrayés, mais croyez qu'avec les saintes reliques il nous a
visités. » Alors, ayant chassé la crainte, nous glorifiâmes Dieu, en disant
Béni celui qui vient au nom du Seigneur, le Seigneur Dieu, et il nous
:
illumine (Ps. 117, 26-27). Mais jadis ce miracle fut vu d'un petit nombre,
aujourd'hui il apparut à tous les peuples; jadis il fut le signe d'un
mystère, aujourd'hui il est un débordement de grâce; jadis il fut caché
pour éviter la vantardise, aujourd'hui il est montré à tous en vue de la
gloire; alors, selon la coutume, les mystères accomplis avec foi sont
proclamés à Dieu, ici, dans l'inauguration de cet oratoire, est consacré
par la glorification des saintes reliques ce qui peut servir à la louange de
Dieu. Il faut donc qu'avec la foi qui convient, nous demandions et priions
que visite ce peuple, celui qui plusieurs fois, par ce feu sacré, a élevé
vers le ciel les aspirations de la prière. Ce feu, soit lorsque j'ai raconté
qu'il (sortait du) moine en prière, soit lorsque j'ai rapporté que l'abbé
Brachio l'a vu sortir des reliques des saints, je pense que c'est un feu
mystique, parce qu'il ne brûle pas, mais illumine; et ce n'est pas sans
une faveur de la majesté divine qu'il peut soit se montrer, soit apparaître
à quelques-uns (seulement).
:
groupes de pièces du Kyriale dans l'édition Vaticane ne corres-
pondaient à aucune tradition solide ilfallait donc les supprimer,
non les corriger, de même qu'on aurait dû faire disparaître les
préfaces solemniores, si décadentes.
Les Ordinationes concernant l'édition du missel romain appor-
tent des Variationes jusque dans le texte du Ritus servandus in
celebratione missae. Ce sont ces dernières qui nous retiendront
successives :
actuellement. Mais elles ont fait l'objet de deux rédactions
la première, communiquée au mois d'octobre 1961,
a été décrite aussitôt dans diverses revues, notamment Paroisse
:
L'un d'entre d'eux est bien significatif et vient combler le vœu
que nousexprimions dans La Maison-Dieu, 63 bis il s'agit de la
place et de l'attitude du célébrant pendant l'épître de la messe
solennelle ou chantée. Le Codex rubricarum, au n° 523, ne
prévoyait pas que le célébrant pût s'asseoir à ce moment-là; il
l'excluait même, comme le montre le n° 524. En cela cependant,
il ne faisait que reproduire le texte des anciennes Rubricae gene-
rales Missalis, tit. 17, n. 6-7. Était-ce distraction? Car il était
normal, selon les anciennes rubriques, que le célébrant demeurât
à l'autel, puisqu'il devait lire privément à voix basse dans son
missel le texte sans se soucier de la proclamation qu'en faisait
le ministre auquel il tournait même le dos (comme d'ailleurs
celui-ci, en vertu d'une mauvaise traduction de la rubrique,
tournait souvent le dos au clergé et aux fidèles à qui il était censé
faire entendre la lecture). Un changement considérable a été
introduit par le n° 473 du Codex rubricarum qui étend à toute
l'année l'heureuse disposition que l'on avait tant appréciée pen-
dant la semaine sainte depuis la réforme de 1956 : désormais le
célébrant ne lira plus en aparté à l'autel les leçons et l'épître que
proclament à la messe solennelle ou chantée les ministres com-
pétents. Heureusement déchargé de sa lecture privée, il faut que
le célébrant écoute la lecture faire par le ministre, donc qu'il
soit tourné plutôt vers lui et, puisque toute l'assemblée est
assise, qu'il soit lui-même assis à son siège selon le magnifique
»
principe « sedentes auscultant inscrit dans la Vigile pascale dès
1
951. Ajoutons que les anciennes rubriques du samedi saint,
prévoyant que le chant des leçons était plus long que leur lecture
à voix basse, envoyaient le prêtre, par le plus court chemin,
s'asseoir à la banquette avec ses ministres dès qu'il avait terminé
cette lecture. Eh bien, non seulement cette solution a été ignorée
dans la rédaction du n° 523 du Codex rubricarum, mais elle était
exclue nommément par divers commentateurs dans leurs articles
:
cérémoniaire, avec force saluts et cérémonies? Outre la blâmable
complication que cela entraîne, deux éléments de symbolisme
liturgique en sont compromis car les ministres ne doivent pas à
leur tour être servis au risque d'être confondus avec l'unique
célébrant, et le livre mérite le même respect que sa lecture.
Mais j'aurais trop de développements à faire sur ce sujet. Lors-
que enfin on dit que le sous-diacre « vadit ad partem epistolae
contra altare », cette formule s'entend tout autrement qu'elle ne
sonne à nos oreilles, puisque, plus loin, pour l'évangile, le diacre
sions anciennes:
tis simul iunctis », est-il dit simplement, au lieu des préci-
« ita ut palma unius manus respiciat alteram,
et digitis simul junctis, quorum summitas humerorum altitudi-
nem, distantiamque non excedat »; le célébrant n'est pas un
robot, les gestes qu'il fait sont des gestes humains, naturels,
admettant la part de personnalité qui ne nuit pas au hiératisme.
Enfin, pour la distribution de la communion, que les hosties
consacrées soient sur le corporal, dans un ciboire ou dans le
tabernacle, il n'y aura jamais plus d'une génuflexion à faire
avant Ecce agnus Dei ni plus d'une également si l'on rapporte
des hosties à l'autel après avoir communié les fidèles.
Je trouve moins heureuse la rubrique du Flectamus genua :
« manibus super altare extensis, ut se ipsum sustineat, utrum-
que genu flectit ac, - junctis manibus, per aliquod temporis spa.
tium in silentio orat; deinde dicit : Levate, surgit et, manibus
extensis, dicit orationem ». Je ne vois pas bien pourquoi, une
fois à genoux, on change la position des mains, d'autant que les
:
voyant que celui qui dit Levate se lève d'abord, était aussi plus
naturelle on ne donne pas un ordre en demeurant à genoux.
Apporter des corrections au Ritus était sans doute utile, voire
nécessaire, mais c'était également très dangereux. Nous ne pou-
?
vieilles
:
vons que répéter la question que nous posions dans La Maison-
Dieu, 63 bis peut-on mettre du vin nouveau dans des outres trop
A partir du moment où l'on fait quelques retouches,
l'attention est attirée sur une foule d'anomalies que le progrès
de la vie liturgique a fait découvrir depuis une vingtaine d'an-
nées dans ces textes dont l'auteur n'eût jamais imaginé qu'ils
lors on se demandera :
traverseraient trois siècles sans être remaniés et qu'ils dussent être
interprétés avec la rigidité qu'y ont mise les rubricistes. Dès
pourquoi avoir fait telle correction et
n'avoir pas accompli telle autre? A quoi il faut apporter une
double réponse. D'une part, la méthode qui consiste à procéder
par réformes progressives est la meilleure actuellement; elle
évite les trop grands bouleversements d'habitudes chez les prê-
tres et chez les fidèles; elle permet aux esprits de s'ouvrir à une
:
mentalité différente, ce qui ne peut se faire sans un certain
délai les nouvelles rubriques de 1960 n'ont pu être accueillies et
comprises que parce qu'elles avaient été précédées par le décret
de 1955, et à leur tour elles permettront de désirer et compren-
:
dre d'autres réformes ultérieures. Mais d'autre part, le Ritus ne
pourra être indéfiniment corrigé la méthode avec laquelle il a
été conçu était mauvaise dès le départ; en effet, ce n'est pas de
la messe « privée » qu'il fallait partir,- celle que célèbre un
prêtre seul avec son ministre dans l'alcôve d'une chapelle laté-
rale, - mais de la messe épiscopale et même papale, dont la
messe solennelle et la messe lue ne sauraient être que des réduc-
tions : c'est une chose que Mme Boulet a magnifiquement mon-
trée dans l'Eglise en prière8. Ainsi, faudrait-il partir d'une ré-
forme du Caeremoniale episcoporum, dont la réforme du Ritus
serait la suite logique.
Cependant, après les retouches qui viennent d'être faites, le
Ritus demeure encore en désaccord sur bien des points avec la
législation en vigueur. M. Jounel a noté très justement que, en
le lisant, on ne pourrait soupçonner l'existence de l'Instruction
du 3 septembre 1958, canonisée cependant par le Codex rubri-
carum. Jem'associe pleinement à ses critiques9. Sans doute,
cela vient de ce que, le Ritus ignorant le cas d'une messe lue
à laquelle un peuple serait présent, il eût fallu en ajouter la des-
cription complète. Mais le mal est plus profond, puisqu'on
affirme toujours nécessaire l'usage de la sonnette (campanula)
pour avertir les fidèles do certains moments de la célébration
cela suppose qu'ils ont de la peine à voir et entendre ce qui se
:
passe à l'autel et qu'on en prend son parti. Or, la sonnette, ins-
trument assez ridicule et de surcroît fort malmené par les enfants
de chœur, n'était à l'origine qu'un substitut de la sonnerie des
cloches au clocher, comme en témoigne l'usage, heureusement
maintenu, des Cisterciens et de beaucoup d'églises pyrénéennes.
Dans une célébration vraiment communautaire, la sonnette de-
:
prit de l'Instruction du 3 septembre que le Ritus demeure sou-
vent en désaccord on a oublié de corriger VI, 6 : « si autem sit
: :
praedicandum. », qui ne correspond guère au n. 474 du Codex
rubricarum. Plus grave on a refait X, 6, en laissant subsister
le si blâmable début « Si qui sunt communicandi in missa »
l'hypothèse était bien nécessaire au i68 siècle, mais après saint
Pie X, après Mediator Dei et Sacram communionem, après l'Ins-
truction du 3 septembre 1958 (n. 22 c) et le n. 502 du Codex
rubricarum, c'est l'hypothèse contraire qui devrait être formu-
lée : si forte nemo sit qui communicet.
Toutes ces remarques font souhaiter que la réforme des rubri-
ques, si heureusement entreprises par Pie XII et continuée avec
ténacité sous le pontificat de Jean XXIII, soit poursuivie encore
pendant longtemps, à la lumière de la tradition que les siècles
nous ont léguée et de l'expérience des assemblées vivantes d'au-
jourd'hui. En attendant, puissent les prêtres d'aujourd'hui
apporter à l'observance du Ritus le même soin religieux que leurs
devanciers, qui en relisaient le texte, chaque année, durant leur
retraite sacerdotale.
AIMÉ-GEORGES MARTIMORT.
Une chaire Dom Lambert Beauduin
à l'Institut supérieur de Liturgie de Paris
:
Pour le Conseil
Compte-chèque :
B. BOTTE, O. S. B., directeur.
Paris 12792.45
Centre de Pastorale Liturgique,
11, rue Perronet, Neuilly-sur-Seine
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IX Semaine d'étude
pour professeurs de liturgie
16-21 juillet 1962, abbaye du Mont César (Louvain)
Dom B.
Programme
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BOTTE
: Les liturgies non romaines
: :
seront attendus dès le dimanche 15 dans l'après-midi.
Frais d'inscription aux cours 100 fr. belges.
Frais de séjour à l'abbaye 500 fr. belges.
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Pour les inscriptions, s'adresser à Dom B. BOTTE,
abbaye du Mont César, Louvain.
LITURGIE ET VIE SPIRITUELLE
4e Congrès du Centre de Pastorale Liturgique
Angers, 10-13 juillet 1962
Mardi 10 juillet
Nous avons tous besoin, en 1962, d'une vie spirituelle.
Conférence par le R. P. J. LAPLACE, S. j.
Liturgie et vie spirituelle des laïcs.
Témoignages présentés par M. le chanoine J. HÉON, de
l'aumônerie nationale de l'A.C.I.
La participation à la liturgie, source de la vie spirituelle.
Conférence par S. Exc. Mgr P. VEUILLOT, archevêque
coadjuteur de Paris.
Mercredi 11 juillet
Peut-on prier dans la célébration liturgique?
Conférence par S. Exc. Mgr J. GUYOT, évêque de Cou-
tances.
Liturgie et viespirituelle dans les Églises d'Orient.
Communication par le R. P. M.-J. LE GUILLOU, o.p., du
«
Centre Istina ».
La liturgie et les dévotions.
Communication par le R. P. A.-M. ROGUET, o. p.
Liturgie et prière personnelle.
Conférence par le R. P. LUCIEN, o. c. d.
Jeudi 12 juillet
,
Vendredi 13 juillet
ment:
de recourir aux leçons de l'histoire et de se documenter sérieuse-
les considérations qu'on y lit ne sont pas de pures spé-
culations ni des anticipations pastorales oublieuses des réalités,
canoniques et autres, qui entrent en ligne de compte en ce do-
:
maine. La partie proprement théologique présente la liturgie
dans une vision très sûre de l'économie chrétienne le Christ,
puis l'Église et toute l'économie sacramentelle de celle-ci, vien-
nent tour à tour circonscrire le problème de la place de la litur-
gie dans toute cette économie. On remarque ensuite les pages
consacrées par Dom Verheul aux rapports entre liturgie et piété
populaire, entre Bible et liturgie, et finalement aux perspectives
œcuméniques du mouvement liturgique. Les bibliographies
données régulièrement tiennent compte des lecteurs, belges et
néerlandais, auxquels l'auteur s'adresse. Ils trouveront en ce
volume un bel instrument de travail et une occasion excellente de
réflexion théologique.
F. VANDENBROUCKE, o.,s.b.
Collection « UNAM SANCTAM » .h-
N°39
Collaborateurs :
L.-C. BAAS; B. BAZATOLE; R. CARPENTIER, s. j.; M. CLÉMENT;
J. COLSON; Y. CONGAR, o.p.; G. DEJAIFVE; \V. DEWAN;
B.-D. Dupuy, o.p.; S. Exc. Mgr ELCBlNGER; Fr. HOUTART;
A.-M. JAVIERRE; Archimandrite O. KERAME; J. LEClTYER; H. MA-
ROT, o.s.b.; Mgr O. PERLER; K. RAHNER, s. j.; O. ROUS-
SEAU, o.s.b.; Th. STROTMANN, o.s.b.; G. THILS; C. VOGEL.
:
Depuis quelques décennies, on assiste à un important développement
a
des recherches sur l'Eglise, Corps mystique du Christ. Cerenouveau été
rendu nécessaire par les acquisitions de l'époque contemporaine retour
à la Bible et aux Pères, Action catholique, œcuménisme, distinction
plus précise des compétences propres de l'Eglise et de l'Etat. Un do-
années :
maine, cependant, demeurait à peine abordé jusqu'à ces dernières
la théologie de l'évêque. Lacune paradoxale et regrettable, si
l'on songe que les évêques sont le fondement de l'Eglise : « L'évêque
est dans l'Eglise, et l'Eglise est dans l'évêque Il (saint Cyprien).
Le présent ouvrage rassemble les contributions d'une vingtaine d'au-
teurs, choisis parmi les plus compétents, et constitue, par son enver-
gure, par sa richesse en données de tradition, par son attention à la
situation actuelle, une véritable Somme théologique sur l'évêque.
Sans chercher à être davantage qu'un instrument de travail, et sans
prétendre à faire œuvre définitive, il offre cependant la base d'infor-
mation la plus solide et la plus complète parue à ce jour.
Au moment où va s'ouvrir le prochain concile œcuménique, qui réu-
nira les évêques du mondeentier, une enquête approfondie sur la place
et le ministère des évêques dans l'Eglise universelle ne pouvait qu'inté-
resser le peuple chrétien tout entier. C'est cette enquête que ce livre
lui offre.
1.
Non 83-84-85
DIDYME L'AVEUGLE
SUR ZACHARIE
Texte inédit d'après un papyrus de Toura.
Introduction, texte critique, traduction et notes
de Louis DOUTRELEAU, s.j.
3 volumes in-8° écu, 1210 pages 84 NF + t.1.
n° 86
« Textes monastiquesd'Occident »
DEFENSOR DE LIGUGÉ
LIVRE D'ÉTINCELLES
TOME II
Texte latin. Traduction et notes de H.-M. ROCHAIS
Un volume in-8* écu de 352 pages 15,00 NF + t. 1.
n° 87
ORIGÊNE
HOMÉLIESSURSAINT LUC
,"'tt!'f"IV'.
CATÉCHISME
BIBLIQUE
DES ENFANTS
Le Catéchismebiblique des enfants qui paraît aujourd'hui,
traduction du livre paru aux Éditions Herder, constitue l'année
préparatoire au Grand Catéchisme (Catéchisme biblique).
Il est plus simple, plus court, que le Catéchisme biblique et
s'adresse à des enfants plus jeunes. Il présente néanmoins toute
la matière du catéchisme, et s'il le fait d'une manière plus suc-
cincte, il n'en est pas moins complet. Il accorde plus de place
à la participation au sacrement de l'eucharistie, les récits bibli-
ques et évangéliques sont plus nombreux. Il n'est donc nulle-
ment un simple résumé du Catéchisme biblique, bien qu'il en
soit une préparation et que le passage de l'un à l'autre doive
se faire tout naturellement.
Par sa valeur, par son adaptation aux jeunes enfants, ce
Catéchisme biblique des enfants est appelé à trouver auprès du
public français un succès équivalent à celui déjà obtenu par le
Catéchismebiblique.
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Catéchisme biblique 9,00 NF+LI.
Manuel du Catéchisme biblique,
tome 12,00 NF+t.l.
tome 1/2 12,60NF4-t.l.
tome IIIII
H. FISCHER :Histoire et significa-
tion du Catéchisme biblique,
15,00 NF+t.l.
4 hors-texte et 2 cartes.
Un volume in-8° raisin de 158 pages avec
16,50 NF +
Parmi les hagiographes du Ve et du VIe siècle, Cyrille de Scytho-
t. 1.
polis est sans doute le plus sérieux, si sérieux que l'un des meilleurs
historiens de notre temps, Eduard Schwartz, a pris la peine, malgré
son énorme travail sur les Conciles, d'éditer lui-même l'original grec
des Vies des Moines Palestiniens. On trouvera la traduction française
de ce texte dans les trois fascicules de Moines d'Orient, t. III.
La traduction est ici précédée d'une introduction sur l'auteur,
Cyrille, et les sources qu'il a utilisées, de notes sur sa langue et son
style, d'une chronologie complète de toutes les vies, d'une brève
introduction géographique due au R. P. Du Buit. Des cartes et des
photographies illustrent le volume. Des index détaillés le complètent.
Précédents volumes :
Les Moines d'Orient. Tome Culture ou
? 1
:
sainteté Introduction au monachisme orien-
tal, 98 pages et 2 hors-texte 9 NF + t. 1.
ji
LES ŒUVRES DE PHILON D'ALEXANDRIE
•J Traduites en français sous la direction de J»
JI R. ARNALDEZ, C. MONDÉSERT, J. POUILLOUX iJ
i[ Tome
V
JI
l'ome 26.
2. Legum allegoriae, par Claude
pages24,60NF+
MONDÉSERT, s.
320
j. Un volume de
Swwwwv
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génération qui a fait la guerre d'Algérie et qui demain, qu'on le
veuille ou non, fera la France.
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A l'heure où le contingent se trouve pris entre le plastic des uns et
la propagande des autres, à l'heure où il est la clé et le témoin et
la victime d'un nationalisme qui se perd et d'un autre qui se crée,
nous avons jugé bon de publier l'enquête faite par un grand magazine
français en dehors de toute querelle politique.
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considère pas la liturgie comme une spécialité, comme un monde
clos il la replace dans le milieu de culture où elle a évolué, il la
montre influencée par la lutte doctrinale contre les hérésies, par des
p.
coutumes païennes en elles-mêmes indifférentes, par le rayonnement
des grands centres de civilisation.
Ajoutons que ce livre, né d'un cours professé aux Etats-Unis,
garde la trace de ses origines parlées et ne fait jamais étalage d'éru-
dition : on comprendra que sa lecture soit très attrayante pour
tout catholique un peu curieux des origines de sa prière.
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Des lois de la célébration liturgique,
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travail dans une étroite collaboration.
Son objet Par l'étude des thèmes que signalent les mots clefs de
la Bible (300 notices), tenant compte des résultats, anciens et récents,
de l'archéologie, de l'histoire, de la philosophie et de la critique lit-
téraire et de façon accessible aux non-spécialistes, servir une intelli-
gence authentique de la foi.
SM 45-93 (A)
LITANIES ET BÉATITUDES J. GELINEAU
I
CHORALE HOSANNA direction J. GELINEAU
Les quatre chants inclus dans ce disque comportent quatre des plus
grands textes lyriques du culte chrétien. Ils sont nés de besoins con-
« Hosanna »
crets, ressentis dans la vie de communauté de prière. La chorale
:
de l'Eglise Saint-Ignace de Paris, pour laquelle trois
d'entre eux furent créés, les interprète
Jean..
io LES LITANIES DES SAINTS (fiche W 12) : la transposition fran-
çaise a été faite d'abord pour les Rogations, conformément à une
mention du Nouveau Code des Rubriques.
2° ANAMNESE ET DOXOLOGIE (fiche C 56).
30 BEATITUDES (fiche Y 7) : le texte ici retenu est le texte officiel
du « Lectionnaire » français.
40 HYMNE AU VERBE DE VIE : prologue de l'Evangile de saint
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notre n° 100
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SCHOLA DES PÈRES DU
SAINT-ESPRITDECHEVILLY
nrAi/^rr
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{HpraB- Ma R
GA DEZMON
888'h*
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chrétienne et merveilleux.
Sur les conditions de la connaissance de
Dieu, d'après les Pères.
C. BOURBONNAIS Une pastorale missionnaire au Venezuela.
J.-M. DÉCIIANET En* marge du monachisme africain, la
Jamaa.
A.-M. CATHERIN Jeunes laïcs envoyés en mission, etc.
Abonnement. France :
Le numéro:
Chroniques, documents, courrier des lecteurs, bibliographie
10 NF.
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F£TES ET SAISONS
LES SEPT SACREMENTS
« NEFS ET CLOCHERS
JEAN TARALON
Inspecteur principal des Monuments Historiques
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Une plaquette de 44 pages en héliogravure,
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La Sainte Chapelle, par Denise JALABERT,
Conservateur des Musées nationaux. 24 pp.,
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FÊTES ET SAISONS
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Lecteurs de la Maison-Dieu
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Cette petite revue d'initiation liturgique pour les fidèles est le pro-
longement direct de La Maison-Dieu et des Notes de Pastorale Litur-
gique.
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pour une large initiation des chrétiens à la prière de l'Eglise.
Fous savez l'importance de cette initiation tant pour la par-
ticipationactive des fidèles que pour son bénéfice spirituel en
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l'ous savez ses difficultés, dues au manque de temps comme
aux exigences de langage, à la complexité historique des rites,
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