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MMRGE DÈS LIVRES

JACQUES DE RICAUMONT

LES
TRADITIONALISTES

T1 y a plusieurs demeures dans la maison de mon


*' / Père », a dit le Christ. E n réalité, il n'y a jamais eu
autant de chapelles dans l'Eglise catholique que depuis le concile
Vatican II. Dans son introduction à Ylnstitutio gêneralis missalis
romani, donnée à Rome le 3 avril 1969 et traduite en français
par Préliminaires du missel romain (titre pour le moins approxi-
matif, puisque ce texte en fait décrit en 341 articles le dérou-
lement et le décor de la messe nouvelle), Paul V I avait pourtant
exprimé l'espoir que ce missel, tel jadis celui de saint Pie V ,
« serait reçu par la chrétienté comme un signe et un instrument
d'unité ». Or non seulement il comporte des variantes, les canons
officiels étant au nombre de quatre et les «personnels», dus à
la seule inspiration du célébrant, plus nombreux encore, mais
l'ambiguïté de maintes propositions conciliaires et la notion
même de « liturgie évolutive » introduite par Vatican II permet-
tent toutes les interprétations — et toutes les déformations.
Aussi n'est-il pas surprenant que les fidèles et le clergé
même aient adopté des positions très diverses. A côté de ceux
qui acceptent sans discuter YOrdo missae de Paul V I , il y a
ceux qui, comme Mgr Lefebvre, tiennent que sans être propre-
ment hérétique i l favorise l'hérésie, car au concept de sacrifice
non sanglant renouvelant et actualisant incessamment le sacri-
fice de la Croix — ce qui est l'essence même de la messe
— i l substitue insidieusement, selon eux, celui du mémorial : la
meilleure preuve en est qu'il est admis par les protestants.
D'autres, comme l'abbé de Nantes, vont jusqu'à contester la
légitimité du pape actuel sur le prétexte qu'il est l'élu de cardi-
naux dont la plupart ont été nommés par Paul V I , pontife que
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l'abbé considère comme franchement « suspect ». D'autres encore,


comme Michel de Saint Pierre, essaient de concilier leur atta-
chement à Mgr Lefebvre et leur vénération pour Jean-Paul II,
qu'ils estiment, sans doute avec raison, plus traditionaliste que
son attitude ouverte à l'égard de certains évêques français,
hollandais et américains, et cette petite phrase de la Lettre aux
évêques sur le mystère et le culte de la Sainte Eucharistie de
février 1980 : « une piété peut-être traditionnelle mais saine », ne
pourraient le laisser supposer. Il y a enfin tous ceux qui, à l'exem-
ple du Père Bruckberger, ne condamnent pas la messe conciliaire
mais lui préfèrent la messe tridentine.
Dans un tel foisonnement de tendances, i l est un peu malaisé
au profane de s'y reconnaître. D ' o ù l'utilité de l'album abon-
damment illustré qu'André Figueras, converti par le « phéno-
mène » de Saint-Nicolas-du-Chardonnet — splendeur des offices
et ferveur de l'assistance — , vient de consacrer aux Catholiques
de tradition (1). Il recense et caractérise leurs principaux repré-
sentants dont le lecteur, qui n'en avait la plupart du temps
qu'une idée abstraite, peut découvrir maintenant le visage.
Il présente d'abord ceux qu'il nomme les précurseurs :
l'abbé Georges de Nantes, théologien dont le bulletin mensuel
c
la Contre-réforme catholique au x x siècle tire à 40 000 exem-
plaires et qui, déclaré « suspens » dans l'Aube par Mgr Le Coué-
dic, s'installa avec sa communauté dans le même diocèse, à
Saint-Parrès-lès-Vaudes ; l'abbé Louis Coache, ex-curé de Mont-
javoux dans l'Oise, organisateur de tumultueux pèlerinages à
Rome et à Lourdes, éditeur du périodique Le Combat pour la
foi, fondateur enfin de la Maison Lacordaire à Flavigny-sur-
Ozerain, dans la Côte-d'Or, qui abrite les Sœurs de Saint-Fran-
çois-d'Assise, partisan enfin d'actions spectaculaires, qui fut
cité plusieurs fois en justice pour avoir déchiré dans des églises,
notamment en Bretagne, des publications jugées -par lui incom-
patibles avec la sainteté du lieu où elles étaient exposées, et qui
combina avec l'abbé Serralda, ancien vicaire de la paroisse, la
prise de Saint-Nicolas-du-Chardonnet en février 1977 ; Mgr Fran-
çois Ducaud-Bourget, ancien chapelain conventuel de l'ordre de
Malte, poète et pamphlétaire de talent qui, prié par le cardinal
Marty de prendre sa retraite d'aumônier de l'hôpital Laennec,

(1) A n d r é Figueras : Catholiques de tradition, é d i t i o n s de l'Orme rond,


140 p.

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officia dans différentes salles avant de se fixer salle Wagram,


puis d'occuper Saint-Nicolas-du-Chardonnet ; Mgr Marcel Lefeb-
vre, ancien archevêque de Dakar puis de Tulle, ancien supérieur
des Pères du Saint-Esprit qui, en 1970, créa le séminaire d'Ecône
en Suisse, ordonna le 29 juin 1976, malgré l'interdiction ponti-
ficale, 13 prêtres et 10 diacres, fut aussitôt déclaré « suspens a
divinis », et le 29 août de la même année n'en célébra pas moins
à Lille une messe solennelle de rite tridentin qui fit quelque
bruit : i l apparaissait dès lors comme le chef de file des tradi-
tionalistes, bien qu'il se soit toujours défendu d'y prétendre.
Parmi les laïcs, André Figueras cite Michel de Saint Pierre,
romancier célèbre, auteur entre beaucoup d'autres ouvrages des
Nouveaux Prêtres et de l'admirable Passion de l'abbé De lance,
fondateur du mouvement et du mensuel Credo qui compte envi-
ron 10 000 adhérents, dénonciateur dans les Fumées de Satan
et Le ver est dans le fruit de toutes les extravagances liturgiques
comme des déviations dogmatiques qui ont ravagé la France
depuis le concile, mais qui n'en a pas moins été reçu par le Saint-
Père dont il obtint la bénédiction pour lui et pour tous les
membres de son mouvement ; Jean Madiran, écrivain spécialisé
dans l'exégèse religieuse, fondateur en 1956 de la revue Itinéraires
et cofondateur en 1982 du quotidien Présent, dont l'une des devi-
ses est « Dieu premier servi » ; Pierre Debray, d'abord animateur
des Silencieux de l'Eglise puis rédacteur du Courrier de Pierre
Debray, où i l fut le premier à signaler qu'une partie des fonds
collectés par le Comité contre la faim dans le monde alimentait
la subversion en Amérique du Sud et aidait le régime d'Hanoi ;
Louis Salleron, économiste et canoniste, éditorialiste de l'hebdo-
madaire catholique l'Homme nouveau ; enfin le philosophe Gus-
tave Thibon qui, écrit l'auteur, « apporta toujours un soutien sans
restriction aux diverses nuances de la tradition ».
Après un chapitre sur « l'été chaud » de 1976 qui fut inau-
guré au début de juillet par la messe de l'abbé du Chalard aux
arènes de Lutèce et s'acheva par la véritable opération de com-
mando que fut la prise de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, André
Figueras passe en revue la « pléiade de sanctuaires » dont il
indique l'emplacement par des points sur une carte de France.
A Paris, officiellement, la messe de saint Pie V n'est célébrée qu'à
Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à la salle Wagram et à la chapelle
Sainte-Germaine, les trois fiefs de Mgr Ducaud-Bourget, mort
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récemment, auquel a succédé l'abbé Laguérie. Mais il y aurait,


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paraît-il, dans le IV ' arrondissement une chapelle où des prêtres
continueraient sans bruit de la dire telle qu'elle a été (légèrement)
modifiée par Jean X X I I I . E n province ces lieux de culte sont
nombreux. Impossible de les énumérer tous. Figueras distingue
les églises «en situation», où des curés courageux, qui « ont
refusé de se plier aux directives episcopales », imposent « la messe
de toujours » (l'abbé Sulmont, desservant de sept paroisses dans
la Somme, rendu fameux par le livre de Bernard Gouley, Un curé
picard en campagne, et par son bulletin paroissial diffusé à
travers tout le pays ; l'abbé Le Perdriel, curé de Garges-lès-
Gonesse, dans le Val-d'Oise ; l'abbé Espitalier, curé de Serres
dans les Hautes-Alpes ; l'abbé Charron, curé de Saint-Léger-
Vauban dans l'Yonne, auteur du Sacerdoce catholique ; l'abbé
Lecareux, curé de Mérigny dans l'Indre, qui fut menacé par
l'archevêque de Bourges d'être relevé de son ministère et qu' « une
petite jacquerie » de la population obligea le prélat à maintenir
à son poste). Puis les églises « achetées » (l'ancien séminaire de
Flavigny où Dom Augustin Marie a installé son monastère béné-
dictin ; le bâtiment abbatial de Sauvelade dans les Hautes-Pyré-
nées où officie l'abbé Donner); les églises «obtenues », comme
Saint-Euverte à Orléans, la plus vaste de la ville après la cathé-
drale, remise par la municipalité à M . de Laprade qui dirige
l'association traditionaliste de l'Orléanais ; l'église de Jouy-Mau-
voisin, près de Mantes ; celle dite « du Tapis vert », en plein centre
de Marseille, octroyée par Gaston DefEerre à l'abbé Aulagnier.
supérieur pour la France de la Fraternité-Saint-Pie-X fondée par
Mgr Lefebvre, et récemment — si récemment que Figueras ne
la mentionne pas — la chapelle des Pénitents noirs à Avignon,
offerte par le maire à Dom Gérard Calvet, supérieur de la commu-
nauté bénédictine intégriste de la Madeleine ; les églises « cons-
truites», dont la plus connue est la grandiose crypte du monas-
tère « sauvage » édifiée au Barroux par ce dernier, mais qui
comprennent aussi la chapelle de l'abbé de Nantes à Saint-
Parres-lès-Vaudes, le couvent des moniales de Saint-Michel-de-
Brenne dont la supérieure est la Révérende Mère Marie-Gabrielle,
sœur de Mgr Lefebvre, celui des Sœurs du Clos-Nazareth dans
la Nièvre, et les prieurés édifiés à travers toute la France par
des prêtres d'Ecône ; enfin les « lieux anciennement ou couram-
ment profanes», comme les diverses salles de conférences où
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Mgr Ducaud-Bourget officia après son départ de l'hôpital


Laennec, les arènes romaines de Lyon et de Paris et de nom-
breux salons, cinémas, musées, granges même qui, d'un bout
à l'autre du territoire, abritent, comme sous la Terreur, des offices
traditionnels.
Figueras énumère quelques-unes des autorités spirituelles
les plus marquantes du traditionalisme : le Père de Chivré et le
Père Auvray, O.P., le chanoine Poncelet, l'abbé Luc Lefebvre,
le Père Réveilhac, auteur de l'Identité sacerdotale, le Père Mar-
ziac, l'abbé Raffaeli, l'abbé Dubosq, Dom Guillou, présentateur
du Livre de la messe, superbement illustré, l'abbé Simoulin,
recteur de l'Institut universitaire Saint-Pie-X, créé par Mgr Lefeb-
vre et installé 21, rue du Cherche-Midi, dont les diplômes sont
homologués par la Faculté.
L'auteur note au passage que les traditionalistes ont repris
les exercices de saint Ignace et le pèlerinage à pied de Paris à
Chartres. Puis il retrace l'historique de la Fraternité-Saint-Pie-X,
qui actuellement possède cinq séminaires, tous en dehors de
France, et en France seulement quinze prieurés. Il évoque ensuite
les principales communautés, projetant de traiter le sujet dans
un second album : outre celles déjà citées, le carmel de Quié-
vrain en Belgique, rattaché à la Fraternité, íes bénédictines
d'Uzès et de Saint-Joseph de Chartres, les dominicaines de
Fanjeaux et de Brignole, les dominicains de L a Haye-aux-Bons-
hommes près d'Angers, les Ancelles de Jésus-Christ au Roc béni.
Parmi les associations laïques régies par la loi de 1901 qui
ont — un peu trop — proliféré : Credo, Una Voce, Association
Noël-Pinot, Mouvement de la jeunesse catholique de France,
Centre Henri et André Charlier, Défense des familles chrétiennes.
Tradition et progrès, les Amis de la clarté, Comité pour la
justice dans l'Eglise, S'unir et vouloir, Aide et progrès spirituel.
Comité international de défense de la tradition catholique, Eco-
logie et Evangile, Amitié française et, circonscrits à Marseille,
les Amis de Notre-Dame de la Garde.
Les maisons d'édition traditionalistes sont moins nombreu-
ses : Dominique Martin Morin, les Nouvelles Editions latines, les
éditions du Cèdre, les éditions de Chiré-en-Montreuil. L a presse
en revanche est assez abondante : outre les publications déjà
mentionnées, Monde et vie, Lecture et tradition, Savoir et servir,
organe du M . J . C . F . , Fideliter, publié par Mgr Lefebvre, Chré-
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tienté solidarité, Borutm Certamen, Mysterium fidei. Lumière,


Pour l'unité, Introibo, Matines et, oubliés par l'auteur, les Cahiers
de Cassiciacum. Figucras termine par les ateliers traditionalistes
dont le plus important est celui de la Sainte-Espérance qui brode
des chasubles romaines. On le voit, c'est un véritable bilan.
André Figueras affirme se borner à être « t é m o i n » , mais
il est contraint de constater « la vitalité de l'attachement profond
des Français à la tradition religieuse » et il ne peut se défendre
d'une légitime admiration pour ces prêtres et ce prélat qui n'ont
pas « de gaieté de cœur » choisi la révolte, pour ces fidèles qui
parcourent souvent une centaine de kilomètres afin d'avoir un
office à leur goût.

O n peut cependant lui adresser deux reproches. Le


premier concerne son titre, le second son igno-
rance des traditionalistes fidèles au concile Vatican II. Le livre
aurait dû s'intituler non pas les Catholiques de tradition, mais
— du nom communément donné aux traditionalistes qui s'accro-
chent à la messe tridentine — les Intégristes. Car, d'une part,
ces derniers n'ont pas le monopole de la tradition, de l'autre,
la tradition exige qu'on soit fidèle au pape et à la hiérarchie.
Or le texte de la constitution apostolique promulguant le missel
romain, restauré par un décret du II'' concile œcuménique du
Vatican, est formel : « Nous voulons, a écrit Paul V I , que ce
que Nous avons établi et prescrit soit tenu pour ferme et efficace
maintenant et à l'avenir nonobstant, si c'est nécessaire, les consti-
tutions et ordonnances apostoliques données par Nos prédéces-
seurs et toutes les autres prescriptions, même dignes de mention
spéciale, et pouvant déroger à la loi. »
L a « coexistence pacifique » préconisée par l'abbé Bryan
Houghton (descendant de l'un des catholiques anglais martyrs
de leur foi) et adoptée dans son diocèse par le héros fictif de
sa Paix de Mgr Forester — la messe de saint Pie X pour les
ecclésiastiques qui y sont attachés et la messe de Paul V I en
langue vernaculaire pour les jeunes prêtres qui n'ont pas appris
le latin au séminaire — est sans nul doute la solution idéale.
Mais c'est l'intransigeance de Mgr Lefebvre qui la rend impos-
sible, puisque le Souverain Pontife est prêt à lui accorder l'Induit
autorisant la messe tridentine à la condition que le prélat dissi-
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dent reconnaisse l'autorité du concile et l'orthodoxie de la messe


conciliaire.
Les intégristes brandissent les chiffres du sondage réalisé par
la Sofres pour le Progrès de Lyon au lendemain de la messe de
Lille : 57 % des catholiques interrogés sont « plutôt favorables »
à la tradition. Ils récusent à juste titre (pour la raison qu'aucun
membre d'une association traditionaliste n'a été consulté) les
résultats de l'enquête demandée en juin 1980 aux évêques du
monde entier par le cardinal Knox, préfet de la Congrégation
pour les sacrements et le culte divin, décédé peu après, et publiés
en décembre de la même année, enquête à laquelle 82 % avaient
répondu que dans leur diocèse la messe en latin n'était réclamée
par personne et 98,68 % que, pour leurs diocésains, le « problème
des messes était résolu ». Mais ils refusent d'admettre que, si c'est
l'impatience des clercs à se débarrasser de tout ce qui représentait
pour eux un fardeau, comme la soutane, le latin ou la confession
qui a rendu nécessaires certaines réformes de Vatican II, beau-
coup de laïcs préfèrent les offices en français, adorent chanter
des cantiques dont la plupart sont pour le moins discutables et
se disputent, surtout les femmes, l'honneur de lire les Epîtres —
bien qu'aucun article des décrets conciliaires ne prévoie leur
emploi à cette fin. D'ailleurs Pie X I I lui-même, dès 1942, avait
rappelé dans l'encyclique Divino afflante spiritu que « le décret du
concile de Trente n'empêche même pas que, pour le bien des
fidèles, en vue de leur faciliter l'intelligence de la parole divine,
des versions en langue vulgaire soient composées, précisément
d'après les textes originaux ».
Rares, malheureusement, sont ceux qui ont lu les consti-
tutions, même les deux seules qui soient dogmatiques, et les
décrets de Vatican II. C'est de leur lecture attentive que naquit
en 1977 ma décision de fonder avec quelques amis, dont Michel
Droit, Armand-Louis de Polignac et Ghislain de Diesbach, les
traditionalistes conciliaires auxquels — et c'est le second repro-
che qu'il encoure — Figueras n'accorde aucune place. J'avais
cherché en vain un moyen de sortir de l'impasse que représentait
Saint-Nicolas-du-Chardonnet traditionaliste et rebelle. Mais Vati-
can II et YInstitutio generalis missalis romani (très difficile à
trouver en librairie) autorisent tout ce que souhaitent les tradi-
tionalistes : célébration dos au public de la messe en latin,
aspersion et encensement, canon de saint Pie V , présence aux
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messes solennelles d'un diacre et d'un sous-diacre, suppression


de la prière universelle, emploi de la chasuble romaine. Ayant
pris pour devise « Tout le concile mais rien que le concile », nous
obtînmes aisément du cardinal Marty, de Mgr Gilson, alors
évêque auxiliaire de Paris, et de Mgr Hiret, vicaire général et
chancelier de l'archevêché, malheureusement disparu depuis lors,
ce que nous réclamions. Ces traditionalistes conciliaires ont
actuellement des messes à Notre-Dame-du-Lys, à l'église de la
Mission polonaise, à la chapelle du Val-de-Grâce, à la chapelle
des Bénédictins de la rue de la Source, à la chapelle des Servan-
tes des Pauvres de la rue L a Fayette, à Sainte-Clotilde, à Saint-
Eugène-Sainte-Cécile, sans compter Notre-Dame. Il est regrettable
que l'auteur ne les ait pas signalés dans son précieux ouvrage —
même s'ils sont moins bruyants et certainement moins combatifs
que les intégristes — , car alors son inventaire des « catholiques
de tradition » eût été complet.

e qui distingue et, malgré leurs divisions, unit les


C traditionalistes, c'est leur attachement à la beauté
de la liturgie, sur quoi leurs adversaires les accusent de s'hypno-
tiser, alors que la catéchèse, par exemple, ou la liberté de l'ensei-
gnement sont sans conteste des problèmes plus graves. C'est
oublier que la liturgie peut être le véhicule de l'hérésie, car,
comme le rappelle magnifiquement l'abbé Décogné, aumônier
des Invalides, dans son bulletin de décembre 1983, elle se situe
au « centre de la vie chrétienne » et elle est « une véritable école
pour la foi ».
J'ai parlé du devoir d'obéissance, inséparable de la tradi-
tion. Mais les prêtres et les prélats eux-mêmes l'observent-ils à
l'égard de leur supérieur? Quand le 16 septembre 1977 le
cardinal Marty demanda aux curés rassemblés en conseil presby-
téral de « comprendre » les chrétiens « qui s'appellent volontiers
traditionalistes » et qui ont « leur place dans les églises pari-
siennes», annonçant en même temps qu'il avait déjà prié
Mgr Hiret « de réunir autour de lui quelques traditionalistes, de
les entendre et de préciser avec eux quel style de célébration
eucharistique ils désirent » — ce qui était le fruit de nos efforts
de plusieurs mois — , deux curés seulement répondirent à l'appel...
JACQUES DE RICAUMONT

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