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pastorale liturgique
LE RENOUVEAU
LITURGIQUE
DANS LE MONDE
J.-B. MONTINI
NOTRE PAQUE
74
2* trimestre 1963
LA MAISON-DIEU
Revue trimestrielle
du Centre de Pastorale Liturgique 1
1
O
Directeurs
A.-G. MARTIMORT, A.-M. ROGUET
Secrétaire de rédaction
M.-D. BOUYER, o. p.
Principaux collaborateurs
B. BOTTE, o.s.b.; F. BOULARD; L BOUYER; A. CHAVASSE; Y. CONGAR,
o.p.; I.-H. DALMAIS, o.p.; J. DANIELOU, sj.; Dom J. GAILLARD, o.s.b.j
J. GELINEAU, s.j.; P.-M. GY, o.p.; J.
HILD, o.s.b.; J.-M. HUM, o.p.; P. JOUNEL;
J. LECLERCQ, o.s.b.; J. LECUYER, c.s.sp.; F. LOUVEL, o.p.; F. MORLOT;
O. ROUSSEAU, o.s.b., et un groupe de curés.
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9
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1
CENTRE DE PASTORALE LITURGIQUE
LA MAISON-DIEU
LE RENOUVEAU LITURGIQUE
DANS LE MONDE
SOMMAIRE
: ?
Où en est, à travers le monde, le renouveau liturgique On
lira les rapports que voici avec plus que de l'intérêt émouvan-
tes sont les descriptions de l'effort déjà accompli à peu près
partout; émouvant aussi,lebilan de ce qui reste à faire pour
que la liturgie soit pleinement rendue au peuple.
P. JOUNEL. De Jean XXIII à Paul VI 5
*
P.-M. Gy, Le renouveau liturgique
Institut supérieur dans le monde 39
de Liturgie, Paris.
j.,Extrême-Orient.
PAUL BRUNNER, s.
j.,Inde.
East Asian Pastoral Institute,
Manille.
E. R. HAMBYE, s.
St Mary's Theological College,
Kuresong.
140
155
Opera della Regalità di N.S.G.C.,
Milan.
XAVIER SEUMOIS, P. BI., Rwanda et Burundi. 170
Directeur du Centre International
de pastorale liturgique
et catéchétique d'Astrida.
BIBLIOGRAPHIE
JEAN XXIII
L'apport de Jean XXIII à la pastorale liturgique s'harmonise avec l'en-
semble de son pontificat. Il est à la fois l'apport d'un pasteur et celui
d'un législateur.
Ce dont nous sommes reconnaissants au pape Jean, c'est d'avoir été
d'abord un célébrant de la liturgie. Angelo Roncalli allait avoir vingt-
deux ans lorsque parut le Motu proprio Tra le sollecitudini (22 novembre
1903) et il se préparait au sacerdoce, qu'il reçut le 10 août 1904. Il
appartient donc à cette génération sacerdotale qui entra avec joie dans le
renouveau liturgique voulu par saint Pie X. Le pape qui se présenta,
lors de son intronisation au Latran, comme l'évêque soucieux de réunir
son peuple autour du Livre et du calice (23 novembre 1958) avait saisi
dès ses prémices sacerdotales que « le prêtre est fait pour la liturgie :
pour en vivre et en faire vivre les fidèles1 ». Aussi prit-il soin, après son
accession au Siège Apostolique, de restaurer la liturgie papale, entrée en
léthargie depuis 1870. Comment ne pas évoquer la joie de nos séjours
romains des années 1959-1960, où nous voyions le pape participer avec
simplicité aux stations de carême, présider les offices de la semaine sainte
à Saint-Pierre, à Saint-Paul, à Sainte-Croix, au Latran, célébrer les vêpres
de Pentecôte et celles des saints Apôtres au soir du 28 juin?
Mais Jean XXIII, curé du monde, se trouvait aux prises avec les diffi-
cultés que rencontrent beaucoup de curés pour restituer au peuple son
rôle dans la célébration de la liturgie solennelle. Comme eux il aima, en
attendant une réforme plus profonde, à célébrer la missa lecta, fût-ce au
milieu de vingt mille fidèles. Ces messes dominicales de Saint-Pierre, où
le pape faisait appliquer intégralement l'Instruction De Musica sacra,
promulguée à la veille de son avènement, furent une révélation pour le
peuple de Rome et pour beaucoup de pèlerins. Elles ont largement con-
tribué à l'application et à la diffusion de l'Instruction de Pie XII. Dans
PAUL VI
Lorsque Mgr Montini fut élu au siège de saint Ambroise, la revue
Milan:
Ambrosius le salua d'une acclamation adressée jadis aux archevêques de
Dignus es, iustus es, Iohannes Baptista Montini, papa tu eris2.
Que de fois l'acclamation a chanté en notre mémoire comme une pro-
phétie, depuis 1954 jusqu'en cette matinée du 21 juin où, sur la place
Saint-Pierre, nous attendions la grande nouvelle !
Notre tâche n'est pas de prolonger ici la prophétie, en annonçant quel
sera l'apport de Paul VI au renouveau liturgique, mais seulement d'asso-
cier La Maison-Dieu à l'immense joie de l'Église. Du moins pouvons-
nous relever le souci que le pape a manifesté d'associer le peuple à la
messe de son couronnement, le soir du 30 juin, non seulement en lui per-
mettant de voir le déroulement des rites, mais en l'invitant à chanter le
Gloria, le Credo et le Sanctus.
:
époque donnée; en cette année de joie, ce sera celui-ci,
usuel et populaire, mais toujours grand et riche la Pâque
chrétienne.
L'importance de la Pâque.
C'est un mot d'où part et où aboutit notre vie religieuse
et morale; c'est une source et une règle; c'est un principe et
une fin. Il n'est pas étranger à la multiplicité et à l'urgence
des questions qui, en des domaines divers, engagent notre
expérience et notre intérêt, parce que, si tout doit être réca-
pitulé dans le Christ (cf. Eph., i, 10), tout se réfère
à ce moment central et vital de nos relations avec lui.
Et ce n'est pas même, pensons-nous, sans l'attraction de
quelque nouveauté mystérieuse et inépuisable, si vraiment
la Pâque est célébration d'une réalité — la Rédemption ^—
qui transcende le temps et la forme sous laquelle annuelle-
ment, nous cherchons à l'approcher, à la comprendre et à
la faire nôtre. L'habitude ne la mesure pas, ne l'épuisé pas;
elle devrait plutôt nous offrir l'occasion, chaque année, de
découvrir à nouveau, d'expérimenter de façon originale, un
bienfait vital.
à
et méditer, une nouveauté à admirer joyeusement fai-
sons bien nos Pâques!
:
Écoutez donc, comme si c'était un Évangile à découvrir
INVITATION A LA PAQUE
:
relevant la tête au-dessus de leurs outils de labeur; et peut-
être se sentent-ils envahis par une sorte de vertige le pro-
blème religieux arrive jusqu'à eux.
Existe-t-il un problème religieux? Est-il compatible avec
toutes les choses de la vie moderne ? Avec cet effort,spécia-
lement, que la technique moderne est en train de faire pour
maîtriser les lois de la nature et pour les rendre dociles
dans les mains de l'homme?
Le programme humain n'est-il pas rempli par cette trans-
formation des matières premières et inertes en biens utiles,
en richesses économiques, en sources de bien-être et de
plaisir?
?
Que nous fait le problème religieux Le monde du travail
n'est-il pas un monde qui se suffit à soi-même? Est-ce que,
même, le travailleur n'est pas exclu des expériences spiri-
tuelles raffinées du monde religieux? Et si, en outre, la
religion se revêt de rites qu'il ne saisit pas, de langues qu'il
ne comprend pas, de chants qu'il ne connaît pas, de gestes
qu'il ne sait pas faire, comment la Pâque peut-elle exiger
du travailleur qu'il la célèbre lui-même et avec les autres?
Et derrière cette célébration annuelle, est-ce que ne se
cache pas l'immobilisme d'une tradition qui veut le main-
tenir dans l'esclavage et l'empêcher de jouir des formes
supérieures de la vie? N'est-ce pas là le fameux stupéfiant,
« l'opium du
peuple » qui détourne de revendiquer les
biens positifs et immédiats, et entraîne dans les songes d'un
mysticisme irréel et traître?
la souffrance :
sur elles pèse et resplendit le mystère de la pauvreté et de
« Heureux, vous, les pauvres, parce que le
royaume des cieux est à vous » (Le 6, 20). « Venez à moi,
vous tous qui êtes las et accablés, et je vous consolerai »
(Mt 11, 28).
:
mas qui met la main dans le côté percé du Christ ressuscité
en s'écriant « Mon Seigneur et mon Dieu! » (Jn, 20, 28).
Parce qu'une étude positive et sans passion de l'inévita-
ble problème du Christ aura rendu au moins prudente et
incertaine toute négation à son égard, et parce qu'une expé-
rience du drame humain, de votre part, si elle est vue avec
une intelligence passionnée et droite, aura découvert quel-
que relation secrète et douloureuse entre ce qu'il y a de
plus authentique dans votre vie et Lui, le Christ, en arra-
chant pour Lui, de vos lèvres inquiètes, un soupir, un cri,
une exclamation, ou peut-être une imprécation; oui, pour
Lui.
Si un gémissement de prière est sorti du cœur et des
lèvres et qu'un rayon de la divine faveur vous a été gratui-
tement accordé, personne comme vous, hommes de pensée
et d'autorité, ne pourra mieux comprendre la vérité pro-
fonde de ce que saint Paul dit au sujet du Christ crucifié :
« C'est lui qui, de par Dieu, est devenu pour nous justice,
»
sanctification, et rédemption (i Cor., i, 30).
LE MYSTÈRE PASCAL
quelque chose :
pain et le vin; et par là il manifesta qu'il donnait à Dieu
non pas ce qui apparaissait, mais ce qui
était caché; non pas. le pain, mais ce que, à la place du
pain, il affirmait qu'il portait dans ses mains, à savoir son
propre corps; non le vin, mais ce qu'il affirmait avoir pré-
paré dans le calice à la place du vin, c'est-à-dire son sang;
séparément l'un de l'autre, quant au mode de signification
inclus dans les espèces et les paroles. Il se donnait en image
de mort; il se donnait pour nous à la mort, et par la mort
»
il se donnait à Dieu en hostie (M. DE LA TAILLE, Mysterium
fidei, 1931, p. 39).
volonté :
Il créait un rite, il manifestait pratiquement une double
celle de se sacrifier, et celle de vouloir sceller,
dans les signes du pain et du vin, rendus sacramentels, la
façon d'y représenter sa passion jusqu'à la fin du monde,
jusqu'à la « Parousie ».
« Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez
cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce
»
Il n'est pas une simple commémoration :
qu'il vienne nous enseigne l'Apôtre (i Cor., n, 26).
Là nous sommes au cœur du mystère pascal.
une relation
essentielle, et non purement commémorative, l'unit à la
Passion et à la Rédemption du Christ.
Il n'est pas seulement une représentation symbolique de
ce que le Christ a souffert et accompli sur la Croix; il actua-
lise la présence réelle et vivante du Christ, et reproduit par
voie d'identité son sacrifice, en le renouvelant par la répéti-
tion d'une offrande représentative, ou sacramentelle; selon,
précisément, la définition du Concile de Trente, parlant du
rapport entre le sacrifice de la Croix et celui de la messe
« Unique et identique est
:
l'hostie, le même (le Christ) offre
aujourd'hui, par le ministère des prêtres, qui s'offrit alors
lui-même sur la Croix; la manière d'offrir étant seule diffé-
»
rente (Denz. 940).
:
A présent et alors éloignement dans le temps, diversité
dans la manière dont s'accomplit l'oblation sacrificielle, le
Christ prêtre agissant par le ministère d'autres hommes
rendus participants de son sacerdoce; mais identité du
Christ premier prêtre; identité du sacrifice lui-même.
:
(cf. Eph. 1, 9; 3,9), ce que saint Paul, dans un merveilleux
élan spirituel, synthétise et chante ainsi « Il est grand, le
mystère de la piété (divine)! Il a été manifesté dans la
chair, justifié dans l'Esprit, vu des Anges; proclamé chez
les païens, cru dans le monde, enlevé dans la gloire»
(1 Tim 3, 16). Et c'est « l'Église du Dieu vivant, colonne et
»
fondement de la vérité (i Tim 3, 15) qui porte avec elle
et dispense un aussi grand trésor de lumière et de salut.
Le mystère pascal, synthèse de nos suprêmes raisons
devivre.
Nous aimerons donc écouter l'enseignement de l'Ency-
:
clique de Pie XII Mediator Dei, sur la liturgie, où il est
dit « L'année liturgique, qu'alimente et accompagne
la piété de l'Église, n'est pas une représentation froide et
sans vie d'événements appartenant à des temps écoulés; elle
n'est pas un simple et pur rappel de choses d'une époque
révolue. Elle est plutôt le Christ lui-même, qui persévère
dans son Église et qui continue à parcourir, la carrière de
son immense miséricorde; il la commença sans doute dans
sa vie mortelle, alors qu'il passait en faisant le bien, dans
le miséricordieux dessein de mettre les hommes en contact
avec ses mystères et par eux de leur assurer la vie. Or, ces
mystères restent constamment présents et opèrent. »
(A. A. S. 1947, p. 581; S 160).
Et si cela est vrai pour l'année liturgique, combien da-
vatage pour le moment suprême qui l'engendre, c'est-à-
dire la célébration pascale!
Notre religion s'exprime ainsi; c'est ici qu'elle a ses
racines, sa vérité, sa réalité.
Si notre vie trouve dans la religion ses raisons suprêmes,
c'est ici, dans le mystère pascal, qu'elle doit finalement les
découvrir et les réaliser.
Ainsi est rendue plus nécessaire, pour tous, une médita-
tion plus attentive de ce thème central de la foi et de la
vie, soit pour découvrir ce que Dieu, dans le Christ Rédemp-
teur, nous a révélé de Lui-même, soit pour mieux compren-
dre en quoi la vie chrétienne doit essentiellement consis-
ter, du fait qu'elle découle de cette révélation et de cette
action rédemptrice.
révélation et cette action divine :
Nous n'avons pas l'intention maintenant d'explorer cette
celui qui étudie, qui
pense, qui prie, sait bien qu'il se trouve devant un thème
d'une immense richesse; nous nous bornons ici à exhorter
tous les hommes à sa conquête.
La Pâque, force immense de rénovation morale.
:
Il sera bon de se rappeler l'enchaînement des vérités que
nous sommes en train de considérer Dieu veut nous sau-
ver dans le Christ (cf. Eph. I); le Christ nous sauve par sa
Passion et sa résurrection (cf. Rom 4, 25); la Rédemption
du Christ est présente et opérante dans le mystère pascal
(cf. Jn. 6, 54); l'Église est chargée de célébrer le mystère
pascal (cf. i Cor., II, 24-25); celui qui célèbre bien la
Pâque doit mener une vie qui y corresponde, purifiée et
rénovée (cf. 1 Cor., 5, 7).
* *
:
de la Pâque, de résumer pratiquement en trois mots usuels
la signification pastorale de ces célébrations liturgiques
profondes, complexes et dramatiques communion, contri-
tion, renaissance.
TROISIÈME PARTIE
LA SIGNIFICATION MORALE
DE LA LITURGIE PASCALE
:
Jeudi saint communion avec le Christ
et avec les frères.
:
communauté telle que le Christ la veut, hiérarchiquement,
sacerdotalement organisée l'Église.
On ne peut pas participer au Christ eucharistique, si ce
n'est à celui qui découle du ministère sacerdotal de l'Église.
Et il est connu que l'Eucharistie, qui est consacrée par le
Corps mystique du Christ et qui contient sacramentelle-
ment le Corps réel du Christ, est encore principalement
ordonnée au Corps mystique du Christ, comme sa nourri-
:
ture, son sacrifice, ayant pour terme de conduire ce Corps
à l'unité « res huius sacramenti est unitas corporis mys-
tici » (S. Th. III, 60, 3, ad 2) la res, la réalité, c'est-à-dire
:
l'efficacité sanctifiante de ce sacrement, est l'unité du Corps
mystique (S. Th. III, 73, 3). Saint Thomas nous enseigne
que « l'Eucharistie est le sacrement de l'unité ecclésiasti-
que» :
(S. Th. III, 73, 2), faisant écho à la célèbre exclama-
tion de saint Augustin «O sacramentum pietatis, o signum
unitatis, o vinculum caritatis » (In Jo. tract. 26).
Les relations entre le Corps mystique et le Corps réel
du Christ nous sont présentées par le sacrement pascal de
l'Eucharistie dans leur intention finale, qui est de conduire
les chrétiens d'une union profonde et consciente entre eux
à une communion plus profonde et voulue avec le Christ,
en vertu d'un suprême dessein divin d'unité, et pour y
obéir.
Le Jeudi saint nous parle principalement de cet aspect de
la célébration pascale.
Le rite du lavement des pieds, avec son impressionnant
symbolisme d'humilité et de service, et le souvenir de la
dernière Cène, avec son atmosphère de mystérieuse inti-
mité, comme pour lier la vie présente à la vie future par le
nœud tragique de la Passion figurée par l'Eucharistie, tout
cela n'est pas seulement enseignement, mais initiation à
la charité, à la communion avec les frères et avec le Christ,
prescrite par son « nouveau » commandement :« Aimez-
vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Personne n'a
plus d'amour que celui qui donne sa vie pour ses amis »
(Jn, 15, 12-13).
Il n'est personne qui ne voie quelle importance pratique
peut avoir cette sublime pédagogie.
La charité se manifeste comme un puissant et doux
devoir; la concorde, la capacité de comprendre, d'aimer,
de secourir les autres, de compatir à eux, jaillissent avec
une logique contraignante de l'école du Jeudi saint.
Le pardon des offenses, la réconciliation des ennemis, la
victoire sur les antipathies, l'éclatement de tout égoïsme,
les principes d'altruisme, le sens de la communauté, le
goût de la bienfaisance, le culte de l'unité ne nous sont
pas seulement enseignés, mais secrètement infusés, et de-
viennent doux et forts dans l'âme, non plus seulement
comme des devoirs, mais comme des besoins de l'esprit, si
nous aussi nous nous asseyons, avec simplicité de cœur, à
l'humble et grandiose Cène du Christ.
Nous ne pouvons plus dire que ces rites nous détournent
:
d'une vision positive de la vie et nous transportent dans le
songe de spiritualités ésotériques et lointaines ils offrent
à la vie leurs jeunes et fécondes racines qui fructifient en
réfection intérieure, en intelligence vraie des phénomènes
humains, en sociabilité bonne et constructive.
Le vendredi saint : esprit de contrition.
Le vendredi saint, en revanche, en nous présentant la
tragédie du Calvaire, tend à susciter un esprit de contrition.
Si nous avons pieusement suivi le rite qui évoque le
drame de la Passion et de la Mort du Seigneur, il nous
advient ce qui est advenu en cette soirée lugubre :
confession de la divinité du Christ et un sentiment de dou-
une
leur qui naît de la conscience indéfinissable mais incoerci-
ble d'avoir été un complice dans la mise à mort de ce
Juste, un besoin spontané de se frapper la poitrine. « Le
centurion et les hommes qui avec lui gardaient Jésus, à la
:
vue du tremblement de terre et de ce qui arrivait, furent
saisis d'une grande frayeur et dirent « Vraiment, celui-ci
était fils de Dieu! » (Mt., 27, 54) et « s'en retournaient en
se frappant la poitrine» (Le, 23, 48).
Telle est la suprême leçon, qui projette sur cette scène des
lumières éblouissantes.
Pourquoi le sens du péché naît de la Croix, ce n'est pas
le moment de l'expliquer; mais c'est ainsi. Et celui qui
sait quelle est l'origine profonde des plus graves boulever-
sements humains, est obligé de reconnaître qu'ils sont dus
précisément à la disparition, dans le monde, du sens du
péché, c'est-à-dire de la responsabilité transcendante de nos
actions et de la certitude d'une justice absolue.
Et les conséquences sont énormes et agissent dans les
domaines les plus vastes et les plus complexes de la vie
humaine. « L'abolition de la notion de péché, en deman-
dant l'abolition de la notion d'un Dieu transcendant, se
paye. par la perte de la personnalité sur terre, et par la
perte du destin immortel au-delà de la terre » (MONTANARI,
Il Peccato, Rome 1946, p. 17).
Au sens du péché se relient la nécessité de l'expiation et
la logique du sacrifice.
Expérience qui porterait l'homme au désespoir si, dans
l'acte même qui en perçoit la fatale nécessité, il ne décou-
vrait en même temps qu'elle est très heureusement sur-
montée par la rédemption du Christ.
Le Christ expie pour nous. Le Christ meurt pour nous.
Alors une autre révélation fait irruption dans l'âme Il:
nous a aimés! « Dilexit me et tradidit semetipsum pro me :
»
:
il m'a aimé, il s'est livré lui-même pour moi (Gal. 2, 20).
Rappelez-vous Pascal « J'ai pensé à toi dans mon ago-
nie, j'ai versé telle goutte de sang pour toi» (Le mystère de
Jésus)
C'est gratuitement qu'il nous a aimés, éperdument.
:
Voici que resplendit l'attribut divin qui nous donnera
quelque connaissance de Dieu l'amour, la bonté, mieux
la miséricorde.
:
« 0 Dieu, —
dit l'oraison de la messe du 10e dimanche
après la Pentecôte au rite romain — ô Dieu qui manifestes
ta toute-puissance surtout par le pardon et la miséricorde! »
:
Tout cela est splendide. Mais nous tourmente, nous tor-
ture. La contrition pascale est ainsi une douleur naît dans
notre cœur, d'autant plus sincère qu'elle est moins déses-
pérée. Une douleur qui nous régénère, nous donne la vision
vraie de ce que nous sommes, met en nous le juste crité-
rium de notre conduite.
Vérité et justice envahissent la conscience, l'éclairent,
l'éprouvent, la travaillent et, enfin, l'encouragent à
:
l'expression extérieure et sincère de sa malheureuse condi-
tion morale « Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi»
(Le, 10, 19); à cette expression qui libère de toute la misère
intérieure par l'humilité, la pénitence, la confession.
Une douleur qui n'aurait ni mesure ni consolation, parce
qu'elle a la gravité d'une offense faite au Dieu vivant, au
Dieu de la justice et de la bonté, — si justement, du seul
fait qu'elle se manifeste, elle ne provoquait immédiatement
le secours, le remède.
Dieu n'attendait que cette explosion d'amour pénitent,
ou de pénitence aimante, pour répondre aussitôt et pour
appliquer l'économie de la grâce, inespérée et boulever-
sante — « où le péché s'est multiplié, la grâce a sura-
bondé» (Rom. 5, 20); c'est ce qui accouple les deux termes,
la misère et la miséricorde, selon le raisonnement de saint
Augustin (De natura et gratia, 25), pour faire triompher
l'amour de Dieu pour nous;c'est ce qui suggère à l'Église,
l'Exsultet de la nuit pascale:
rendue audacieuse et enthousiaste, le chant fameux, dans
« 0 l'heureuse faute, qui
obtint d'avoir un si grand Sauveur! 0 felix culpa, quœ
talem ac tantum meruit habere Redemptorem! »
Et combien d'autres choses le vendredi saint, amer et
grandiose, peut nous apprendre à méditer par sa pédagogie
de la contrition.
de la Rédemption ?
Que dire de l'emploi de la douleur humaine dans l'œuvre
Que dire de la mort transfigurée en
source de vie? Que dire du sacrifice, qui porte au sommet
de la perfection et de l'efficacité l'héroïsme, immolé pour
les fins suprêmes de la gloire de Dieu et du salut de
l'humanité?
Ce sont aussi ces rayons lumineux et brûlants qui don-
nent à l'homme qui y expose son infirmité, un salut nou-
veau; et cette réalité extrêmement concrète que nous pour-
rions appeler esprit de pénitence; ce que nous, modernes,
:
avons presque entièrement perdu, et que même nous, les
fidèles, oublions davantage de jour en jour hous voulons
une vie sans douleur, sans effort, sans fatigue, sans expia-
tion; et nous allons à la recherche d'une religion commode,
sereine, consolatrice, privée souvent à l'intérieur de son
énergie ascétique, et dépouillée à l'extérieur de son habit
d'austérité et de pénitence.
Nous devons refaire le Chemin de la Croix : non seule-
ment avec la dévotion et l'émotion sentimentale, mais avec
la contrition qui assimilera notre vie à la Passion régéné-
ratrice de notre Sauveur.
La renaissance pascale.
SUGGESTIONS PRATIQUES
I. Catéchèse liturgique.
2.Homélie dominicale.
3. Prédication pascale.
:
Pâques, qu'on cherche à approfondir, au point de vue doc-
trinal et au point de vue ascétique, les thèmes qui introdui-
sent au foyer central de la Rédemption comme, par
exemple, Dieu créateur, la position de l'homme dans le
plan de la création et dans celui de son élévation surnatu-
relle; le péché et son châtiment dans le temps et dans l'éter-
nité; l'inéluctable nécessité d'une expiation; l'expiation du
Chef et le concept de Rédemption; l'obligation de participer
à la Rédemption; la conversion et la pénitence; la Résurrec-
tion du Christ; le Raptême, la Pénitence, l'Eucharistie, la
résurrection des corps, etc.
La prédication préparant aux Pâques ne devrait pas être
générale, et reliée d'une façon seulement extrinsèque au
mystère pascal; mais elle devrait regarder ce mystère direc-
tement comme son centre.
4. Catéchèse morale.
:
Mais le sont-ils vraiment? Si nous demandions, à notre
tour, à cette fière sagesse « Et qu'est-ce que la réalité? et
qu'est-ce que l'homme est vraiment? et quel est le sens
profond de la vie en société? et la cité dernière et véritable,
?
en quoi consiste-t-elle et
d'expériences conformes à
ce monde, qui croit se nourrir
la natures des choses et de la vie,
est-il vraiment sûr que de telles expériences suffisent à
l'homme, et qu'elles ne se résolvent pas demain en atroces
déceptions? et à l'inquiétude qui règne dans les esprits et
fait présager les plus terribles choses, qui saura donner une
explication, qui trouvera le remède? et cette paix irréalisa-
ble, où se trouve le fil caché qui y conduit? et la corruption
qui germe si facilement sous le vernis de l'art, de l'ordre,
de la richesse, de l'administration, de la politique, qu'est-ce
qu'on doit en penser? et l'angoisse qui aujourd'hui pousse
au désespoir la littérature, la jeunesse, l'amour, la pensée,
qu'est-ce que vous en dites »?
Long discours que nous abrégeons brusquement par cette
conclusion, empruntée à l'expérience spirituelle des siècles,
T mouvement
l'historique, le bilan actuel et les orientations du
RACER
liturgique catholique travers le monde,
à
n'est-ce pas une entreprise impossible, condamnée
à des résultats fragmentaires et imprécis au point d'en être
fallacieux et dérisoires? Et maintenant que le problème
liturgique se pose dans tous les pays du monde, la tâche
n'est-elle pas bien plus difficile encore qu'il y a quelques
années, lorsque les revues liturgiques du Mont César ou de
Maria Laach pouvaient raisonnablement dresser le tableau
complet des efforts accomplis et des résultats obtenus
tentative nous a cependant paru nécessaire, à cause de la
? La
sacré et du mystère :
l'Aufklärung et le romantisme, la catéchèse et le sens du
les deux tendances l'emportent tour
à tour, ou s'opposent en une même époque, comme on a pu
le voir de nos jours entre certains spécialistes des arts sacrés
et d'autres plus uniquement soucieux de pastorale. A pren-
dre du recul, il est pourtant clair que les deux tendances
se complètent, malgré leurs exagérations possibles, et qu'on
a beaucoup progressé vers leur synthèse.
Assez différente, initialement, d'un pays à un autre, l'his-
toire du mouvement liturgique est devenue, au cours des
dix dernières années, beaucoup plus semblable partout. La
plupart des pays ont vu se créer des commissions liturgi-
ques épiscopales, des centres liturgiques; on a publié des
rituels bilingues, des directoires de la messe; la pastorale
liturgique a fait naître les divers moyens et instruments de
travail qui lui sont nécessaires. On peut faire à ce sujet
trois remarques d'ordre pastoral.
En premier lieu, l'intervention de la hiérarchie n'est dé-
cisive que si elle est effectivement une impulsion pastorale.
C'est ainsi qu'en bien des cas la création des commissions
liturgiques diocésaines réclamées par Mediator Dei a été une
chose inutile, et parfois un obstacle, faute d'une impulsion
réelle dans le sens de la pastorale liturgique. En second lieu,
le progrès de la pastorale liturgique a été favorisé, plus que
jamais auparavant, par les contacts internationaux de toute
:
sorte, au risque de donner ici ou là au mouvement liturgi-
que l'apparence d'une importation étrangère il y a lieu
de veiller à ce que les formes de piété et de sensibilité reli-
gieuse de chaque peuple donnent à sa vie liturgique sa
couleur propre. Enfin, et c'est le point le plus important,
seules des enquêtes étendues, qui jusqu'à maintenant n'ont
pas été faites, permettraient de savoir dans quelle mesure
les éléments fondamentaux de la participation active et de
la piété liturgique atteignent actuellement la vie chrétienne
des masses catholiques. Le caractère éclatant de certaines
réalisations localisées ne doit pas faire oublier que le but
réel de la pastorale liturgique est de servir la prière et la
vie dans le Christ du peuple de Dieu tout entier. Dans
chaque pays, dans chaque grande ville, on constate aujour-
d'hui une certaine diversité dans la réalisation du renou-
veau liturgique. Ici, ce renouveau est un printemps qui ne
laisse apparaître que quelques timides bourgeons; ailleurs,
la maturité approche et l'on voit venir le moment où l'unité
pourra être demandée sur un minimum de réalisations pas-
torales communes, comme le bien des fidèles et la nature
communautaire de la liturgie le réclament.
Non moins frappante est la diversité des conditions
pastorales dans lesquelles le renouveau liturgique doit se
réaliser aujourd'hui. Pays de pratique religieuse intense où
le clergé, déjà surchargé par le ministère des sacrements,
:
est tenté de considérer la pastorale liturgique comme un
luxe ad bene esse « Nous n'arrivons déjà pas à faire ce
que nous avons à faire ». Ou, à l'inverse, mais avec des
conséquences identiques, cri d'angoisse de l'Amérique
latine devant l'immensité des besoins immédiats et l'insuf-
fisance dérisoire des moyens disponibles. Est-il vraiment
possible que lesmêmes livres liturgiques, avec des rubriques
identiques, règlent une liturgie réelle et effectivement pasto-
rale dans des conditions si différentes? Et n'y a-t-il pas des
cas où les trésors vénérables du patrimoine liturgique de
l'Église sont d'un poids presque écrasant, empêchant d'ac-
céder à l'essentiel une masse de baptisés sous-évangélisée ?
Le chant du peuple pose partout un problème. Malgré
l'immense effort du mouvement grégorien et les générosi-
tés que la parole de Pie X a mobilisées, il semble qu'en gé-
néral les catholiques ne chantent pas à la messe; soit que
dans le passé le chant ait été confié exclusivement à une
schola, soit que les fidèles aient, jusqu'à ces derniers
temps, récité pendant la messe le Rosaire ou des prières
comme celles que le P. Brunner signale pour l'Extrême-
Orient. Ou bien le peuple chante quasi continuellement,
mais sans rapport avec la structure de l'action liturgique,
utilisant un répertoire antérieur au mouvement liturgique.
Dans la majorité des cas, tout, ou presque tout, est à faire
pour que le programme fixé au chant vernaculaire par l'en-
cyclique Musicae sacrae se réalise partout. Mais partout on
s'est mis à l'œuvre.
Si l'on se tourne vers l'avenir, tous ceux qui sont enga-
gés dans le renouveau liturgique attendent les résultats du
Concile, spécialement en ce qui concerne une part plus
grande faite dans la liturgie romaine aux langues vernacu-
laires; à juste titre, car l'avenir de la participation active en
dépend. Mais deux raisons invitent les pasteurs à ne pas se
laisser immobiliser par une telle attente; la première est
que, comme tous les articles de ce cahier le montrent, il
n'est point de pays où le programme de pastorale liturgi-
que de Pie XII ait été mis enœuvre totalement, et que c'est
précisément cette mise en œuvre qui va conditionner l'ap-
plication des décisions conciliaires. La seconde est que, loin
de résoudre tous les problèmes de la pastorale liturgique,
:
on peut s'attendre à ce que l'usage des langues vernaculai-
res manifeste les problèmes réels et leur gravité on verra
mieux alors l'insuffisance de la catéchèse et les besoins de
l'adaptation.
La découverte de la pastorale liturgique par des pasteurs
qui n'y étaient pas tous préparés rendait sans doute inévi-
table que certains voient dans la liturgie un instrument
nouveau et facile pour une catéchèse à peine renouvelée
dans son contenu. Le vrai problème est celui d'une catéchèse
authentiquement biblique et liturgique, qui nourrisse effec-
tivement la foi du peuple fidèle par la Parole de Dieu enten-
due dans la liturgie, et qui recentre la piété chrétienne sur
le mystère pascal, présent et agissant dans l'eucharistie et
les sacrements. Sans un effort généralisé à cet égard, la
réforme liturgique serait infructueuse parce que inadaptée,
tournée vers l'homme d'hier et non celui d'aujourd'hui.
Les vocables mêmes d'apostolat liturgique,mouvement
liturgique, pastorale liturgique, employés tour à tour dans
ce cahier, expriment bien la progression du renouveau
liturgique dans les différents pays. Il a fallu d'abord, dans
un premier stade d' « apostolat», amener des élites (ou des
paroisses privilégiées) à redécouvrir la valeur spirituelle
de la liturgie; puis, donner au mouvement ainsi lancé son
plein développement et sa force, ce qui comportait des ris-
ques de tension avec d'autres mouvements.dans l'Église,
d'exagération même, contre lesquels l'encyclique Mediator
Dei constituait une mise en garde en même temps qu'elle
secouait les négligents et stimulait les inactifs. Mais le
temps est venu, comme La Maison-Dieu le suggérait déjà
après le Congrès de Lugano, et comme Pie XII l'a inscrit
dans les règles liturgiques par l'Instruction de 1958, où le
mouvement liturgique a cessé d'être l'affaire de quelques
élites laissant les autres puiser ailleurs leur inspiration spi-
rituelle ou leur orientation pastorale. Désormais, la parti-
cipation à la liturgie est due à tous les baptisés, et la pas-
torale liturgique fait partie des responsabilités de tous les
pasteurs. Du fait même, les problèmes liturgiques se trou-
vent posés au niveau d'une pastorale d'ensemble.
Le premier de ces problèmes est évidemment celui d'un
effort liturgique vraiment généralisé. Actuellement, la
diversité de la vie liturgique d'une église à une autre tient
beaucoup moins à la diversité des besoins des fidèles qu'à
l'absence d'une pastorale liturgique d'ensemble, par
laquelle les pasteurs poursuivraient ensemble des objectifs
communs. C'est sans nul doute l'une des responsabilités de
ceux qui collaborent à la fonction pastorale de l'évêque que
d'assurer à la liturgie sa fonction de communion, y com-
pris dans les parties pour lesquelles le Concile adopterait
l'usage des langues vernaculaires.
Il faut également que soit assuré un juste équilibre entre
la prière liturgique et tout le reste de la vie chrétienne,
entre la pastorale liturgique et les autres tâches du minis-
tère sacerdotal. Les travaux des théologiens sur la Parole et
l'Eucharistie et sur le sacerdoce y ont déjà beaucoup contri-
bué. Au niveau directement pastoral, il apparaît d'ailleurs
clairement, notamment en Amérique latine et dans les pays
de mission, que les artisans du renouveau liturgique et de
toutes les autres formes de renouveau apostolique sont à
peu près les mêmes, tant dans le clergé que dans le laïcat.
Plus délicat, en un sens, mais non moins indispensable,
:
est le problème du dialogue entre la liturgie et les formes
religieuses et culturelles des différents peuples réanimation
liturgique des dévotions traditionnelles dans les pays de
tradition chrétienne, adaptation à la liturgie de certains
éléments culturels dans les pays nouvellement évangélisés.
L'une et l'autre tâche s'imposent; mais elles ne peuvent être
improvisées. Elles réclament des prêtres, et éventuellement
aussi des laïcs, ayant non seulement un sens aigu des possi-
bilités religieuses de leur peuple, mais une vraie compé-
tence spécialisée en matière de liturgie. C'est d'ailleurs
l'une des exigences du progrès de la pastorale liturgique
dans tous les domaines, que les pasteurs des paroisses
puissent à la fois être bien préparés à leur tâche et trouver
appui, dans tous les pays, sur des spécialistes vraiment
compétents. Il y a beaucoup à faire dans ce sens.
P.-M. GY, o. p.
ALLEMAGNE
Nous avons dit que ces directives avaient été appliquées dès ce
moment-là par la plupart des évêques. C'est donc qu'elles ne le
furent pas par tous. Lorsque l'archevêque Grôber de Fribourg
::
lança son fameux cri d'alarme, en janvier 1943, il faisait suivre
son quinzième grief « L'importance exagérée donnée à la litur-
gie », d'un seizième « La tendance à rendre obligatoire la messe
communautaire sous ses différentes formes, au moyen de prescrip-
tions épiscopales valables partout. » La protestation véhémente
de l'archevêque qui, d'ailleurs, s'opposait à presque tout ce qui
nous est précieux aujourd'hui comme manifestation du renou-
veau ecclésial, ne fut pas seulement adressée aux évêques alle-
mands mais aussi à Rome, car peu de temps avant, le nonce
apostolique avait officiellement demandé à l'épiscopat allemand
un rapport sur l'état et les erreurs du mouvement liturgique, en
raison de fréquentes dénonciations contre ce mouvement. Mais
les évêques, en grande majorité, se déclarèrent non seulement
vigilants, mais aussi protecteurs du mouvement liturgique.
Après que l'archevêque de Vienne, le cardinal Innitzer, eut, le
premier, écrit à Rome pour réfuter les reprochés de l'archevêque
Gröber, le cardinal de Breslau envoya un mémorandum au Saint-
Père au nom de tous les autres évêques, en avril 1943. Ce mémo-
randum est une défense universelle et chaleureuse du mouvement
liturgique. Il appuie ce dernier sur les encouragements des papes
eux-mêmes, présente le désir du peuple, en particulier de la
jeunesse, de participer activement aux célébrations et juge la
liturgie exclusivement latine peu apte à favoriser cette partici-
pation. C'est pourquoi le mémorandum décrit et défend la messe
communautaire, la messe-communautaire-avec-chants et la
grand-messe en langue allemande. « Si quelques centaines de
fidèles, dit le cardinal à propos de cette dernière, savent chanter
le grégorien, il faut dire que des centaines de milliers et même
des millions ne le savent pas. » Finalement les reproches indivi-
duels contre le mouvement liturgique sont réfutés point par
:
point. Cependant le cardinal profite de l'occasion pour proposer
quelques réformes l'atténuation de la discipline du jeûne eucha-
ristique prolongée au-delà du temps de guerre, une nouvelle
traduction latine du psautier, un enrichissement du Rituel par
l'insertion de passages de la Sainte Écriture, le transfert des
cérémonies du jeudi saint et du vendredi saint au soir.
Le cardinal Maglione, secrétaire d'État, répondit le 24 décem-
bre 19433. Dans sa réponse, les observations critiques ne man-
quèrent pas, il est vrai; mais la décision sur la manière de
célébrer la messe communautaire et la messe-communautaire-
avec-chants est laissée à la discrétion des évêques, et la grand-
messe allemande est permise expressément. Cette lettre assurait
le développement ultérieur de la célébration de la messe dans la
ligne du mouvement liturgique, sous la protection des évêques.
Mais, d'autre part, la publication de l'encyclique Mystici corpo-
:
ris, précisément à ce moment (29 juin 1943), réaffirmait pour
toute l'Église une idée directrice du mouvement liturgique « la
3.L.J.,3(1953),108ss.
vie avec l'Église », et la vie tirée des forces profondes de l'Église
nouvellement découvertes et revivifiées.
:
en musique sacrée s'élevèrent vigoureusement contre cette opi-
nion). Relevons quelques-unes des prescriptions générales « Le
chant doit être soigneusement adapté au déroulement de la sainte
messe. La grand-messe allemande ne doit pas donner l'impres-
sion d'une célébration moins solennelle. » Les « prières d'usage
après le sermon » sont mentionnées en passant (en 1942 on n'en
parlait pas encore); « un lecteur (laïc) et un choeur (schola)
peuvent être employés ». Le rôle de l'orgue est réglé sévèrement.
:
Dans les prescriptions de détail, la cérémonie est décrite point
par point à la manière des rubriques. Voici un exemple
I. Prières au bas de l'autel et introït.
a) La communauté chante un cantique qui correspond soit au
texte de l'introït, soit au temps liturgique dans lequel on se
trouve, soit encore aux prières au bas de l'autel, ou b) Le chœur
exécute un chant d'introït en allemand auquel peuvent être joints
des versets de psaumes.
L'usage du psautier.
En 1950 parut une traduction du psautier faite par Romano
Guardini à la demande de la Commission liturgique; elle était
destinée à être l'unique traduction allemande officiellement
approuvée pour l'usage liturgique. Mais cela déclencha beau-
coup de discussions et de difficultés. Il faut reconnaître que le
Petit Office pour les congrégations de religieuses et de frères du
Père Hildebrand Fleischmann, utilisa la nouvelle traduction des
psaumes; que cette dernière fut également utilisée par certains
autres livres de prières et que les offices de Vêpres et Compiles à
l'usage des paroisses furent publiés dans ce texte. Néanmoins
cette traduction n'a pas remporté un plein succès. Il faut attri-
buer la cause principale de cet échec partiel aux objections des
5.L.J.,6(1956),ISS.
6. La Maison-Dieu, 47-48, p. 285.
musiciens. Car les psaumes doivent pouvoir être chantés, non
seulement pendant la célébration paroissiale de l'Office, mais
d'abord à la messe et à la grand-messe allemande. Le cantique
est loin de suffire aux exigences du culte. Pour les chants de
procession, on cherche la solution dans le chant de psaumes
exécuté par la schola ou les chantres tandis que le peuple chante
des antiennes ou des acclamations. On peut se réjouir de voir
les publications de tels essais se multiplier. Mais, à l'heure
actuelle, il n'y a ni unité de texte, ni unité de tons pour le chant
des psaumes (on emploie tantôt des tons grégoriens, tantôt des
tons basés sur ceux-ci, tantôt de nouvelles compositions). Un
essai prometteur en la matière fut publié simultanément par
deux maisons d'édition, parce que celle qui avait le droit sur
les mélodies refusait d'utiliser le psautier de Guardini.
7.L.J.,9(1959),119et 120.
8. Ibid.,121.
on s'en tint à l'essai d'une année. Il ne fut pas continué, et les
évêques suisses qui, eux aussi, sollicitèrent la même permission
l'année suivante, ne l'obtinrent pas.
9.L.J.,11(1961),243-256.
titude que le remplacement du célébrant par le commentateur
à l'Oraison, la Préface et la Postcommunion, n'était pas un
moindre mal. C'est pourquoi le nouveau directoire ne mentionne
lieu; en premier lieu il indique :
la récitation de ces textes par un commentateur qu'en deuxième
« le prêtre dit à haute voix
les prières de la messe qu'il chante dans la Missa in cantu.
Celles-ci peuvent être introduites par un commentateur (« Invita-
tion à la prière») ».
10. Cf. cardinal P.-M. GERLIER, Les rituels bilingues, dans La Mai-
son-Dieu, 47-48, p. 90.
II. Cf. J. WAGNER, Zum neuen deutschen Trauungsritus, dans
II
L.J., (1961),164-171.
le rituel put être publié en 1960 avec l'approbation de dix-sept
évêques12. Cette unité des deux tiers des diocèses allemands
n'avait pu être obtenue, il est vrai, que parce que quatre varian-
tes de la cérémonie avaient été inscrites dans l'Ordo.
12.L.J.,11(1961), 58ss.
tre et l'évangile directement en allemand, dans les messes com-
munautaires, sans que la lecture du texte latin ait précédé.
Les travaux du Congrès d'Assise ont eu un retentissement mondial.
Parmi les réunions internationales d'études les plus impor-
tantes, citons celle de Maria Laach sur la réforme du Missel et
celle de Lugano (avec le concours de membres élevés de la hiérar-
chie) sur la participatio actuosa des fidèles; cette dernière assem-
blée envoya au Saint-Père quatre conclusions concernant la
participation des fidèles en général, l'annonce des lectures de la
messe en langue nationale, le chant en langue vulgaire à la
grand-messe, et la réforme de la semaine sainte. Mentionnons, à
propos de la septième réunion d'étude, qu'elle se termina par
une séance solennelle dans le cadre du Congrès eucharistique
international. Au cours de cette séance, le cardinal Bea fit un
discours sur le prêtre « serviteur du sacrement et serviteur de la
parole».
On peut bien mentionner également ici le Congrès eucharisti-
que de Munich en 1960. Le cardinal Wendel, pasteur de l'Église
de Munich, en avait fait délibérément un congrès liturgique
plutôt qu'un congrès eucharistique d'ancien style. Il avait à
:
cœur de montrer devant le monde catholique les résultats déjà
acquis par le mouvement liturgique la préférence donnée à la
messe sur le salut et la procession, une large participation active
du peuple, même aux messes solennelles, à l'audition de la
parole de Dieu, au chant, au banquet eucharistique, tout en
rendant possible une vraie participation intérieure. Nous devons
être tout particulièrement reconnaissants au cardinal d'avoir
placé le congrès sous la devise « pro mundi vita », manifestant
ainsi qu'il le voulait foyer d'une charité sincère réunissant tous
les hommes, leur désignant des voies vers l'unité et posant les
fondements de la paix13.
13. Cf.L.J.,10(1960),215.
diocèses, sur la nouvelle Collectio Rituum, la réforme du Missel,
etc. Une autre réunion, avec un plus grand nombre de partici-
pants, eut lieu en 1954. Cette fois, les professeurs de liturgie des
universités et séminaires furent aussi invités. On discuta le plan
d'un manuel pratique de liturgie et le programme du deuxième
Congrès liturgique. La troisième réunion14, en 1957, traita
uniquement du renouveau de la semaine sainte; la quatrième
réunion, en 1959, fut consacrée spécialement à la préparation du
Congrès eucharistique international de Munich. On fit coïncider
la cinquième réunion avec l'inauguration du nouvel Institut
liturgique en 1961; cette fois l'ordre du jour comportait les
nouvelles « Directives » et l'organisation des cérémonies litur-
giques du Katholikentag allemand de Hanovre, qui était
imminent15.
Il serait prématuré d'affirmer que les Commissions liturgiques
des diocèses sont déjà une institution importante et efficace. Si
elles étaient ce qu'elles pourraient être en raison de la place émi-
nente de la liturgie, elles joueraient un rôle de premier plan dans
lapastorale et dans la vie de l'Église. En pratique, elles ne peu-
vent même pas imposer leur autorité dans le domaine qui leur
revient de droit d'après la conception même la plus pauvre de la
liturgie; car les autorités déjà existantes se jugent compétentes
en matière liturgique. Les décisions du Concile remédieront peut-
être à cette situation.
14.L.J.,7(1957),161SS.
15. L.J., 9 (1959),184SS. et 12 (1962), 62-64.
nouveau leur propre recueil de chants et de prières. Il est à re-
marquer que les derniers livres publiés depuis le milieu des
années 5o sont de mieux en mieux adaptés aux exigences de la
liturgie16. La plupart de ces ouvrages remplissent également le
rôle de missel populaire; ils favorisent la participation active
des fidèles aux cérémonies et offrent aussi une nourriture saine
à la prière privée. Les « pia exercitia », en particulier, on été re-
nouvelés : ils se rapprochent davantage de la liturgie, offrent des
lectures de la Sainte Écriture, utilisent les psaumes et tendent à
conduire à la méditation. Les sujets proposés s'inspirent davan-
tage des vérités centrales du salut. Tout récemment, la demande
d'un tel livre unique a été renouvelée; il y a donc là une tâche
importante pour un proche avenir.
:
les difficultés que cette traduction soulèvera. Cependant une
autre tâche encore s'offre à nous si l'on considère la grande
importance de l'Écriture pour les chrétiens protestants, et le dé-
veloppement du mouvement liturgique chez eux aussi, on a la
certitude qu'un texte allemand de l'Écriture commun pour les
catholiques et les protestants serait un acte d'unité et un pas
vers la réconciliation; par contre, un nouveau texte différent
renforcerait la séparation.
:
fit connaître du grand public fait partie de cette branche de son
activité Die Frohbotschaft in unserer Glaubens-verkündigung
(L'évangile dans notre annonce de la foi) (1936). Ce furent sur-
tout ses disciples, par exemple Klemens Tilmann, qui publiè-
rent (en 1955) le nouveau catéchisme unifié, que l'on
peut compter parmi les meilleurs fruits du mouvement liturgi-
que en Allemagne. Dans ce catéchisme, le culte et les sacrements
ont la place qui leur revient, car ils ne sont pas seulement des
distributeurs de grâces et encore moins des moyens pour obtenir
la vertu; le Christ apparaît non seulement comme fondateur mais
aussi comme minister principalis des sacrements qui font entrer
en participation de sa vie. La communauté des fidèles, le peuple
de Dieu, qui participe au sacerdoce, apparaît comme « co-minis-
tre » du culte, et spécialement de la célébration de la sainte
messe; en même temps les sacrements sont présentés en tant que
relation personnelle avec le Christ; et finalement, l'acceptation
totale du monde matériel comme création de Dieu et l'union de
la doctrine et de la vie traversent tout le catéchisme comme une
trame18.
La Semaine d'études internationale de « Mission et caté-
chèse », à Eichstâtt, en 1960, organisée par J. Hofinger,
disciple du P. Jungmann, manifesta tout spécialement l'unité du
mouvement catéchétique moderne et du mouvement liturgique.
Ses conclusions insistèrent sur la vis catechetica de la liturgie
et proposèrent des réformes importantes19, suivant en cela
l'exemple de la Semaine d'études de « Mission et liturgie»
(Nimègue 1959), organisée également par le P. Hofinger. Ces
propositions ont trouvé un écho au Concile.
:
œuvre recommencer à paraître. Deux publications prirent ensuite
la relève Archiv für Liturgiewissenschaft, édité par les moines
de Maria Laach depuis 1950, et Liturgisches Jahrbuch, édité par
l'Institut liturgique à partir de 1951, devenu revue trimestrielle
depuis 1955. L'Archiv est surtout au service de la science litur-
gique; le Jahrbuch s'appuie sur les recherches scientifiques pour
servir davantage la pastorale. Les bénédictins de Maria Laach
continuent la publication des Liturgiegeschichtlichen Quellen
und Forschungen (Sources et recherches d'histoire liturgique)
et la série Liturgie und Mönchtum; leurs confrères de Beuron
éditent les Texte und Arbeiten sur l'histoire de la liturgie an-
cienne. L'œuvre la plus importante parue après la guerre est cer-
tainement le Missarum sollemnia de Jungmann, qui est mainte-
nant connu dans le monde entier; il fut suivi par d'autres ou-
vrages, en particulier par Gottesdienst der Kirche, du même
auteur. Il faut signaler aussi les deux ouvrages publiés en l'hon-
neur du P. Jungmann Die Messe in der Glaubensverkündigung
(La messe dans l'annonce de la foi) et Paschatis Sollemnia. Les
Directives pratiques de Borgmann, publiées pendant la guerre,
furent suivies de Unser Gottesdienst de A. Kirchgassner, en 1960.
J. Pascher écrivit sur l'Eucharistie, la théologie des sacrements
:
et le Bréviaire; Th. Klauser, sur l'histoire liturgique de l'Occi-
dent. Citons encore d'autres auteurs connus H. Kahlefeld,
Th. Schnitzler, Balth. Fischer, J. Gülden, Th. Filthaut, W. Dü-
rig et E. Lengeling.
La limite entre les ouvrages d'ordre scientifique et ceux
d'ordre pratique est mal définie car le mouvement liturgique en
Allemagne est entièrement dévoué à la pastorale comme il l'a
toujours été d'ailleurs dans le passé20. Beaucoup de maisons
d'édition catholiques publient des œuvres se rapportant à la
liturgie; presque tous les périodiques catholiques favorisent le
mouvement liturgique. Lorsque de nouvelles œuvres sur le sujet
sont publiées à l'étranger, surtout en France, elles sont, la
plupart du temps, aussitôt traduites. Nous ne pouvons pas ne
pas mentionner au moins, ici, le mouvement liturgique très
20.Cf.L.J.,8(1958),45.
vivant de l'Église protestante, qui fait paraître depuis 1954 le
Handbuch des evangelischen Gottesdienstes : Leiturgia, œuvre de
haute tenue, comprenant une série de volumes imposants. Parmi
les nombreux ouvrages publiés, citons encore Jahrbach für
Liturgik und Hymnologie (depuis 1955) et l'agenda Die eucharis-
tische Feier. Die Liturgie der evangelischen Messe und des
Predigtgottesdienstes par K. B. Ritter21.
FERDINAND KOLBE,
8.Ainsisoit-il.
et la plus ancienne — de toutes les revues liturgiques d'Améri-
que latine, la Revista litúrgica Argentina, sans compter bien
d'autres ouvrages et publications de toutes sortes.
Il faut aussi faire mention de l'œuvre réalisée par l'Action
catholique d'Argentine, depuis sa fondation par l'Eme car-
dinal Antonio Caggiano. Ses campagnes en faveur du précepte
dominical, de la communion pascale, de la célébration chré-
tienne de Noël, de la participation active à la messe, de la sain-
teté du baptême, des exigences de la confirmation, de la gran-
deur du mariage et de l'excellence de la dignité sacerdotale, ont
donné au laïcat une conscience paroissiale, diocésaine et catho-
lique, et l'ont introduit à la participation active à la vie sacra-
mentelle de l'Église. De ce vaste effort, le cardinal Caggiano,
Mgr Rau et Mgr Segura furent les principaux promoteurs.
Rappelons pour finir l'influence considérable exercée sur le
renouveau liturgique d'Argentine par les Congrès Eucharisti-
ques, le Congrès international de Buenos Aires en 1934, puis les
congrès nationaux de Lujan, Buenos Aires, Rosario et Côrdoba,
tous nettement marqués, dans leur préparation et leur réalisa-
tion, par une orientation explicitement liturgique.
Non moins décisive, bien que limitée au clergé, fut l'influence
des cours de liturgie donnés dans les séminaires argentins, cer-
tains depuis plus de vingt ans, comme à La Plata. Il en fut de
même pour les sessions nationales de pastorale liturgique, grou-
pant des délégués de quasiment tous les diocèses d'Argentine, et
dont la première eut lieu en avril 1959. Enfin, on peut mainte-
nant considérer comme très prochaine la fondation d'un Centre
de pastorale liturgique qui se prépare depuis plusieurs années
et qui contribuera efficacement à la formation liturgique du
clergé. On trouverait de semblables réalisations au Chili, au
Mexique, en Colombie, etc. Mais nous sommes limités ici par la
place et le manque de documents. Mentionnons simplement, en
passant, le travail de formation accompli par l'Université catho-
lique de Santiago (Chili), par l'Institut de Pastorale et par l'Ins-
titut catéchétique latino-américain (I.C.L.A.) fondé par le
C.E.L.A.M., il y a trois ans, pour toute l'Amérique latine.
b) En ce qui concerne le Mexique, deux grands centres caté-
chétiques, dotés d'un matériel approprié, travaillent remarqua-
blement, de façon indirecte mais réelle, à éveiller les enfants, la
jeunesse et les adultes au véritable esprit liturgique. Au Mexique,
plus que dans n'importe quel autre pays sud-américain, le chant
et la musique sacrée, dans leurs formes les plus variées, tiennent
:
une grande place, et les écoles et instituts de formation artistique
abondent. L'intérêt pour l'art sacré, dans ses diverses expres-
sions, n'y est pas moindre architecture, vêtements liturgiques,
orfèvrerie, etc. A propos de lamusique et du chant, l'expérience
réalisée par le P. Fereira dans la paroisse de Claveria (Mexique)
est intéressante. Après avoir essayé d'implanter le chant grégo-
rien, il dut abandonner ce projet pour adopter la psalmodie dans
le style des psaumes du P. Gelineau. Au contraire, au monastère
bénédictin de Cuernavaca, on a commencé dans le style Geli-
neau, mais on a dû bientôt y renoncer, lassé qu'on était par la
pratique quotidienne et les nombreuses répétitions; on y a adopté
le chant grégorien.
Depuis 1950, ce monastère bénédictin est devenu un foyer de
rayonnement liturgique nettement orienté vers la pastorale. Dans
la messe conventuelle comme dans l'office divin, une place y est
faite à la langue vernaculaire; ce qui est bien normal, puisque ce
monastère a été fondé pour recevoir des moines laïcs, ignorant
évidemment le latin. Seuls les prêtres prient au chœur en latin.
Ce rayonnement liturgique est dû en premier lieu à l'impulsion
donnée par le Prieur, le P. Lemercier; mais tous les moines sont
:
aujourd'hui assez formés en la matière pour que le couvent tout
entier soit au service de la pastorale liturgique conférences,
publications, cours, etc.
c) En Colombie, le cas est typique. Le mouvement liturgique
a pris corps, il y a dix ans (1953) dans une paroise urbaine de
Medellin, sous le nom de Apostolado Litúrgico. L'œuvre de diffu-
sion a commencé par un petit hebdomadaire intitulé « Directorio
Liturgico »; et l'œuvre de formation, par des cours populaires de
liturgie donnés dans la paroisse. Ces cours s'étendirent ensuite
à l'Action catholique; et finalement il devint nécessaire de les
donner par correspondance. De là est sorti le Curso de Litúrgica
por correspondencia9 qui compte actuellement 720 élèves, et a
déjà accordé plus de 45 diplômes. Une équipe de professeurs
collabore avec le directeur pour la correction des examens et
l'octroi des diplômes.
Puis vinrent une série d'expériences et de réalisations dans les
paroisses et les collèges, diverses campagnes semblables à celles
énumérées plus haut, et la production d'un matériel liturgique
pour là formation et pour la pastorale. Parmi beaucoup d'autres,
il faut mentionner le Cantoral10 et le Cantate Dominum, des
veillées bibliques pour les divers temps liturgiques, Communi-
cantes, Comunidad orante11, la publication des encycliques
Mediator Dei et Mystici Corporis, ainsi que celle de l'Instruction
du 3 septembre 1958, divers fascicules contenant les messes
:
édition. Une série d'extraits en a été tirée à l'usage des prêtres
et des fidèles les rites du baptême, du mariage, des funérailles,
un manuel des fidèles, les prières pour les malades, etc. Toutes
ces publications, de même que celles mentionnées plus haut et
que les cours par correspondance, sont diffusées à travers toute
l'Amérique latine; elles ont fait de ce Centre l'un des premiers
foyers de rayonnement liturgique en Amérique du Sud.
Depuis le carême de cette année, l'Apostolado Litúrgico publie
la revue Amen, traduction et adaptation de la revue du même
nom dirigée par le Centre de pastorale liturgique de Paris et
éditée aux Éditions du Cerf, avec lesquelles a été signé un
contrat. Vingt mille exemplaires du numéro i et dix mille du
numéro 2 ont été distribués par avion à travers tout le continent.
6. Évaluation,statistiques, conclusion.
Nous nous rendons bien compte que cet exposé ne donne de
l'état actuel de la pastorale liturgique en Amérique du Sud
qu'une idée approximative. En cette matière, il n'est pas facile
de donner davantage de précisions ni d'avancer des chiffres.
Nous en indiquerons cependant quelques-uns, qui nous aideront
à préciser un peu ce bilan.
La communauté catholique latino-américaine, considérée sur
son territoire et dans les conditions qui lui sont propres, est une
Église sui generis. La population sud-américaine était, en 1960,
de deux cent six millions d'habitants. go d'entre eux ont été
baptisés à l'Église catholique et se considèrent comme catholi-
ques, bien que la pratique religieuse descende parfois jusqu'à
4 %, dans les campagnes en raison du manque de prêtres, et
dans les villes à cause de l'indifférence religieuse. Dans certaines
populations, cependant, elle remonte à 60 et même 80 J'ai là
quelques chiffres pour Villa-Pinzôn, en Colombie, une paroisse
rurale de dix mille habitants. Il y a deux mille communions
quotidiennes. Les offices doivent commencer à 2 et 3 heures du
Bogota, Colombie.
JAIRO MEJÍA GÓMEZ,
Secrétariat du C.E.L.A.M.
Premiers espoirs.
Il faut reconnaître néanmoins que le renouveau liturgique,
commencé en 1933, a déjà suscité un changement considérable
et produit d'heureux effets. A l'heure actuelle, l'idée en est
accueillie favorablement par tous. La grande majorité des évê-
ques et des prêtres est convaincue de sa nécessité. Le désir des
évêques de promouvoir le renouveau liturgique apparaît claire-
ment dans les directives promulguées à la suite des Conférences
épiscopales nationales2. Cette tendance s'est manifestée en parti-
culier à la dernière Conférence épiscopale, en avril 1962, où les
- évêques établirent un plan général pour la pastorale dans lequel
la liturgie tient une place importante. Cependant les recomman-
dations des évêques furent souvent inopérantes, faute d'avoir
abouti aux applications concrètes. Dans notre pays, il ne suffit
pas d'exhorter les prêtres à promouvoir la participation active
des fidèles aux cérémonies liturgiques, il faut d'abord familiari-
ser les prêtres eux-mêmes avec la liturgie, puis leur mettre entre
les mains des directives précises et pratiques. Dans la plupart
:
des cas, le prêtre exerçant un ministère n'est pas à même de
produire le matériel liturgique dont il a besoin temps, livres et
revues lui font défaut pour cette tâche.
:
grand-chose dans les librairies. Dans les grands séminaires on
emploie beaucoup les livres suivants J. A. JUNGMANN, Missarum
Sollemnia et C. VAGAGGINI, Il senso teologico della liturgia. Mais
ces oeuvres ne sont pas encore traduites dans notre langue na-
tionale. Il n'existe pas encore de littérature liturgique autoch-
tone. Si nous passons aux livres proprement liturgiques, il y a
déjà un plus grand choix; par exemple Missœ dialogatœ, Missœ
recitatœ (Messes pendant lesquelles le peuple paraphrase les
prières du prêtre), bien que tout ne soit pas de la meilleure qua-
lité. Pour la semaine sainte, il existe également une brochure
contenant toute la liturgie de cette semaine. Elle a été publiée
par les Bénédictins de Rio de Janeiro (A SemenaSanta). Je
publie moi-même une série de cahiers de pastorale liturgique
qui offrent du matériel concret aux prêtres qui sont dans le mi-
nistère actif. Jusqu'à maintenant, quatre cahiers ont été publiés
Como iniciar a renovação litúrgica (Comment commencer le re-
:
nouveau liturgique), Missas comunitárias (« Messes communau-
taires » — matériel pour le commentateur), Diálogo com Deus
(Dialogue avec Dieu), 0 mistério pascal (Le mystère pascal).
Pour le chant, également, des efforts ont été entrepris; mais
c'est certainement dans ce domaine qu'il ya le plus de déficien-
ces. Comme j'ai pu l'observer moi-même dans plusieurs parois-
ses, il arrive qu'on chante des mélodies qui ne conviennent pas
dans une église. De même, on chante encore souvent pendant la
sainte messe des chants qui n'ont rien à voir avec les différentes
parties de la messe. La maison d'édition Agir a publié le livret
Salmos e Cânticos (Psaumes et Hymnes) avec les mélodies du
P. Gelineau. Il est surprenant de voir avec quelle rapidité ces
psaumes se sont propagés parmi le peuple, spécialement parmi
la jeunesse. Les Franciscains de Petrôpolis, eux aussi, ont publié
une nouvelle édition d'un vieux livre de cantiques en les adap-
tant à la liturgie. Au cours de ces dernières années, le séminaire
de Viamão a répandu des milliers de feuilles avec des chants
dans des écoles et des paroisses. Récemment, à Rio de Janeiro,
on a commencé à publier des chants et des psaumes sur fiches.
Des sessions et des cours destinés à promouvoir le chant grégo-
rien ont été organisés par le Centro S. Pio X, spécialement à
Rio de Janeiro, São Paulo et Pôrto Alegre.
Une revue liturgique serait extrêmement nécessaire. Il y a
bien une Revista Gregoriana, publiée par le Centra S. Pio X, à
Rio de Janeiro; mais d'une part elle est insuffisamment connue,
et d'autre part elle a pour but premier le chant grégorien. Le
matériel qu'elle offre est excellent, mais les prêtres du ministère
auraient besoin de directives plus directement applicables. Quel-
ques revues étrangères, surtout La Maison-Dieu et Paroisse et
Liturgie ont une influence très marquée, mais la plupart du
temps seulement dans les séminaires.
Les sessions.
:
Au Brésil du Sud, les évêques et supérieurs d'ordres ont pris
une initiative particulièrement féconde l'évêque invite ses prê-
tres à une session de pastorale liturgique qui a lieu habituelle-
ment à l'issue de la retraite. Un spécialiste dirige les discussions.
Voici comment elles se déroulent :
Le plus souvent, ces sessions durent de deux à quatre jours.
le spécialiste initie les parti-
cipants à la liturgie par des conférences; ensuite tous discutent
l'application pratique des principes exposés. Au cours de la ses-
sion ont lieu aussi des démonstrations pratiques sur les différen-
tes manières de faire participer la communauté paroissiale à la
sainte messe, etc. Et à la fin de la session, l'évêque propose des
directives très générales. Pendant ces sessions, on peut cons-
tater très souvent la bonne volonté des prêtres et on peut discuter
avec eux des réalisations pratiques pour leurs paroisses.
Les différences entre les paroisses, ou entre le centre paroissial
et ses annexes, sont si grandes qu'il est souvent impossible de
donner des directives uniformément applicables. C'est d'ailleurs
la raison pour laquelle l'évêque ne peut donner que des directi-
ves très générales. Il y a par exemple des annexes où presque
personne ne sait lire. Comment célébrer la sainte messe dans ce
cas? Où trouver un commentateur? Quelqu'un capable d'en-
tonner un chant? Quelquefois des sessions similaires sont réser-
vées à un groupe de prêtres d'une même zone dont les paroisses
sont à peu près dans la même situation. Ce genre de travail a
rencontré un succès encore plus grand.
La messe.
Sil'on compare la situation actuelle avec celle d'il y a dix ans,
on constate un changement très net dans la célébration de la
sainte messe. Dans beaucoup de diocèses ou même de provinces,
on ne trouvera plus guère de paroisse qui n'ait pas évolué au
point de vue liturgique ces dernières années. La missa recitada
(messes pendant lesquelles un lecteur dit la première partie des
prières et la Communauté répond et où l'on récite des prières
qui paraphrasent celles du prêtre) célébrée avec des enfants et
même des adultes, est spécialement fréquente encore aujour-
d'hui. Elle peut être bonne pour le début; seulement, il me sem-
ble qu'on ne fait pas suffisamment d'efforts pour en venir à des
formes de participation plus satisfaisantes, telles que la missa dia-
logada. Pendant la missa recitada, on chante aussi quelques
cantiques populaires. Une autre formule qui, heureusement, se
:
propage de plus en plus, est celle de la missa comcntada (messe
commentée). On l'utilise souvent sous une forme mixte le peu-
ple répond au prêtre, le commentateur ajoute ses monitions,
les fidèles chantent ensemble et l'on dit l'une ou l'autre prière
dans la langue nationale. Le commentateur, quand il y en a
un, a un rôle à remplir dans la missa recitada, la missa dialo-
gada et la missa solene. L'usage de la missa dialogada est ré- y
pandu un peu partout, ou du moins on en fait des essais.
Il faut dire cependant qu'il y a encore des messes — surtout
dans les paroisses où plusieurs messes sont célébrées le diman-
che — auxquelles les fidèles ne participent pas en commun.
C'est surtout le dialogue entre le prêtre et les fidèles (les « accla-
mations ») qui n'est pas encore assez pratiqué. L'importance
du commentateur et du lecteur n'a pas encore été suffisamment
comprise. Dans beaucoup de paroisses où plusieurs prêtres sont
à l'œuvre le dimanche, il est d'usage que les prêtres qui ne
disent pas la messe entendent les confessions pendant toutes les
messes; et puisque les laïcs ne sont pas encore à même de bien
remplir le rôle de commentateurs, ceux-ci sont purement sup-
primés. Il ne faut pas se contenter de critiquer cette situation, il
faut s'efforcer aussi de la comprendre. Dans certains cas il est
pourtant frappant qu'aucun effort ne soit apparemment tenté
pour y remédier. On n'a pas non plus suffisamment compris à
quel point il est important de former des commentateurs et des
lecteurs qui pour la plupart soient des laïcs. Là encore il faudrait
discerner ce qui est primordial et ce qui est de moindre impor-
tance. On a cependant essayé de faire des cours pour des com-
mentateurs et des lecteurs, et plusieurs paroisses se sont réunies
à cet effet, par exemple à Rio de Janeiro et à Pôrto Alegre.
Dans les paroisses où il y a un commentateur, les leçons sont
lues dans la langue nationale au moins aux messes du dimanche.
Le plus souvent, le commentateur lit aussi l'épître et l'évangile,
à moins que le prêtre officiant ne désire lire celui-ci lui-même,
avant le sermon. Seulement, nous manquons d'un livre qui
donne un texte unique pour tout le territoire. Dans presque
toutes les paroisses que je connais, les fidèles se conforment aux
attitudes qui ont été prescrites par les évêques, ou simplement
dictées par le curé au cours de répétitions. En cela il n'y a pas
de règle uniforme. Parfois, on a contraint le peuple à adopter
certaines attitudes uniquement parce que l'évêque les avait pres-
crites, sans expliquer leur signification.
Les catéchismes.
Il faut reconnaître, cependant, que l'influence de la liturgie
s'est fait plus profondément sentir dans les catéchismes der-
nièrement publiés. Mais dans ce domaine un grand travail reste
à faire. Il faudrait que les catéchismes fassent une plus grande
place à l'histoire du salut et à la liturgie. La formation litur-
gique des catéchistes est particulièrement importante. Il faut
leur inculquer que la célébration de la liturgie fait aussi partie
Les séminaires.
Dans tous les séminaires, on a le souci de la formation litur-
gique des séminaristes et de la célébration convenable de la
liturgie. Dans les réunions et les congrès de supérieurs et de
directeurs de séminaires, ce problème est continuellement re-
pensé et discuté. Dans les petits séminaires (secondaire classi-
que), on cherche non seulement à instruire les garçons mais
aussi à adapter les cérémonies religieuses à leur stade de déve-
loppement psychologique. De temps en temps ont lieu égale-
ment dans quelques-uns de ces séminaires des veillées et des
paraliturgies. Voici comment on organise le travail liturgique
dans notre Grand séminaire de Viamao (philosophie et théolo-
gie). Pendant toute la troisième année de théologie, les sémina-
ristes suivent deux cours par semaine sur ce sujet. Le pro-
gramme officiel des séminaires ne prévoit pas davantage, et
aurait certainement besoin d'être revisé sur ce point. Presque
chaque semaine, le professeur de liturgie donne une conférence
aux séminaristes. Cette conférence a lieu habituellement le
samedi soir et sert de point de préparation pour la méditation.
On y étudie normalement les textes de la messe du dimanche.
De plus, les professeurs donnent des conférences sur la liturgie,
suivant leur programme.
La semaine sainte est aussi préparée avec un soin particulier.
L'année dernière, une conférence sur le mystère pascal a été
faite chaque semaine au cours du Carême, et, pendant la
semaine sainte, il y eut une journée de récollection sur la célé-
bration liturgique du Triduum Sacrum. En plus de tout cela, on
s'applique à bien célébrer les cérémonies liturgiques telles que
la messe quotidienne, la grand-messe du dimanche, les vêpres.
Tous les jours, Prime et Complies sont dites comme prières du
matin et du soir.
Le dimanche, plusieurs séminaristes, surtout ceux des derniè-
res années, vont dans les paroisses pour remplir le rôle de com-
mentateurs ou de lecteurs soit à la messe soit aux baptêmes.
Plusieurs paroisses ont demandé un autre groupe pour présider
à la formation des enfants de choeur. De temps en temps, les
professeurs de pastorale et de liturgie revisent avec les commen-
tateurs leur activité dans les paroisses. De même pour les dia-
cres et sous-diacres qui aident dans les paroisses pendant la
semaine sainte. Avant les grandes fêtes surtout, on célèbre quel-
quefois des paraliturgies et des veillées.
La semaine sainte.
Après la réforme de la semaine sainte, on a pu observer un
grand progrès sous le double rapport du nombre d'assistants et
de la participation des fidèles aux cérémonies liturgiques. Le
dimanche des Rameaux, le jeudi saint et le vendredi saint, les
églises sont la plupart du temps bondées. Le samedi saint, les
églises ne se remplissent que vers le début de la messe. Mais
nous sommes loin encore d'avoir tout fait. L'initiation des fidè-
les à la liturgie de la semaine sainte est loin d'être parfaite et la
cérémonie liturgique elle-même n'est pas encore suffisamment
préparée, ni célébrée d'une façon assez pastorale.
Viamâo, Brésil.
ALBANO KREUTZ,
*
Il est évident que dans ces conditions, il a été difficile de
faire une constante recherche d'adaptation catéchétique et li-
turgique. Les études sur la prière traditionnelle de l'Église, sur
les sacrements, étaient encore bien réduites en 1920, et les expé-
riences en ce domaine, mal connues. les missionnaires ont fait
comme on leur avait appris et comme ils avaient vu faire.
1. Centre local de préparation des jeunes filles au mariage.
Mgr Graffin continuait la ligne tracée par Mgr Vogt et, au plan
:
liturgique, créa, sur la base de la pratique européenne, une réelle
participation collective à la liturgie eucharistique tous les fidè-
les chantent le grégorien; ils connaissent par cœur le propre des
fêtes et des dimanches; tous récitent, aux messes basses, la plu-
part des prières de la messe en traduction; tous chantent des
cantiques allemands et français traduits en ewondo ou en bassa.
Les visiteurs occasionnels témoins de nos assemblées liturgiques
si nombreuses et si actives, ne taisent pas leur admiration, leur
ébahissement.
Les autres sacrements étaient et sont encore administrés sui-
vant le rituel latin. La participation du peuple fidèle est infime.
Au village, la prière, dirigée par les catéchistes, se fait sur le
schéma de nos anciennes prières du matin et du soir. Le diman-
che, on récite quelques prières de la messe; le catéchiste fait les
lectures du missel; on chante certaines pièces grégoriennes du
jour. Il n'y a guère que deux ans qu'on parle de liturgie de la
Parole ou de célébration dominicale sans prêtre.
:
tamment en face de la grande masse, il faut veiller à une bonne
marche générale. Et lorsqu'en 1959 l'archevêque écrivait « Par
ailleurs je crois que nous sommes ici en bonne position quant à
la participation des fidèles, tant à la messe basse qu'à la messe
»,
chantée il ne voulait assurément pas principalement s'opposer
au mouvement liturgique!
Cependant les chiffres peuvent tromper; les habitudes peuvent
laisser échapper l'âme qui leur avait donné vie; la quantité peut
donner le change sur la qualité. En pastorale et en liturgie, ce
qui compte aussi c'est la manière, la hiérarchie des valeurs,
l'orientation de base, l'intérieur, la réalité de foi.
On a pu écrire que les catéchistes sont d'admirables mission-
naires laïcs; chacun reconnaît cependant que leur formation est
maintenant insuffisante; et s'ils ne jouissent plus de la considéra-
tion de jadis, ce n'est pas seulement par suite d'un manque de
foi du peuple chrétien. Leur formation, la pauvreté de leurs
moyens d'action en sont la cause également. Quel catéchiste
d'Europe pourrait remplir sa tâche avec les quatre évangiles,
quelques extraits de l'A. T., un catéchisme qui date déjà, un
petit livre de prière de 1937, un journal et quelques conseils?
C'est notre seul matériel, et personne ne soutient qu'il est
parfait. 3
La Sœur ou le catéchiste de confiance chargé du Sixa peut-il
:
vraiment, même avec toute sa meilleure volonté, faire atteindre
à cette école de fiancées son objectif constituer des foyers chré-
tiens? Le temps de cette préparation au mariage est déjà très
court, et les garçons ne reçoivent pas une formation équivalente.
Depuis longtemps on déplore le manque de personnalité hu-
maine des fidèles, le peu de profondeur de leur vie spirituelle et
la carence de convictions chrétiennes solides. Peu de chrétiens
osent mettre leur vie concrète en rapport avec leur foi, surtout
dans les occasions qui exigent une franche rupture avec les
traditions païennes encore vivaces. Les réactions individuelles
devant les problèmes de la vie restent païennes; la conception
qu'on a du mariage, de la famille, de la vie professionnelle et
sociale, de la mort restent païennes.
On impute peut-être trop volontiers ces déficiences aux jeunes,
qui se sont émancipés des usages traditionnels et qui, nés de
parents chrétiens, n'ont pas connu, pour leur formation reli-
gieuse, l'épreuve bienfaisante du long catéchuménat des adultes
de jadis. Il est vrai, par ailleurs, qu'il y a beaucoup de déracinés
qui désertent la brousse pour affluer dans les quartiers indigènes
des grands centres, principalement de Douala et de Yaoundé, où
ils vivent dans des conditions matérielles et morales lamentables.
Mais alors pourquoi, au niveau du village, ou du clan familial,
les questions vitales (mariage des jeunes, famille, polygamie,
dot, palabres de terrain ou de travail) sont-elles si souvent très
mal tranchées? Ceux qui tiennent les commandes et qui déci-
dent ne sont-ils pas les anciens qui ont vécu l'épreuve du caté-
chuménat, qui ont participé à l'activité de la mission, qui fré-
quentent les sacrements depuis longtemps, et souvent aussi régu-
lièrement que les autres chrétiens?
Voilà des questions qu'il faut se poser; et il y en a d'autres.
Dans la pratique il est difficile de chercher une solution sans
donner à croire que l'on condamne la pastorale traditionelle.
Chacun prend conscience que le point délicat est la manière,
l'orientation, l'objectif poursuivi; c'est à ce niveau que commen-
:
cent la purification et le renouveau. Surgit alors au cœur du
missionnaire un problème délicat quels sont les critères qui
lui permettront de juger de façon valable sa pastorale et de
l'adapter aux circonstances nouvelles sans commettre de graves
erreurs? La loyauté, la sincérité, le zèle ne suffisent pas tou-
jours pour voir clair, trouver l'action à suivre ou la manière.
Les premiers missionnaires ont créé un style missionnaire;
ils ont fait preuve d'imagination et d'audace; on comprend
qu'on puisse hésiter à abandonner leur façon de faire avant
de savoir ce que l'on pourra faire de mieux. Les plus jeu-
nes, témoins de la prudence et du sérieux que les spécialistes
exigent dans ce renouveau du mouvement liturgique et pastoral
dans la chrétienté d'Europe, n'osent pas se fier à leur seule ima-
ginationl Tous veulent implanter l'Église, la désoccidentaliser,
l'adapter à l'humus africain; mais ils savent un peu que le Con-
cile a senti la complexité de ces problèmes. C'est pourquoi les
missionnaires, les prêtres africains également, plus ou moins
gagnés de vitesse par l'évolution, presque toujours surchargés
de besogne et de responsabilités, attendent les principes direc-
teurs et espèrent le secours de ceux qui ont le courage, le cha-
risme, le temps et les moyens pour réfléchir longuement sur la
mission de l'Église et les moyens d'évangélisation adaptés au
temps qui est le nôtre. Tout comme jadis, les missions restent
tributaires de la chrétienté d'Europe.
Ainsi, avec l'approfondissement théologique de certaines ques-
tions fondamentales, comme celles de l'Église, du laïcat, de la
vie sacramentelle, de la Parole de Dieu, de la Communauté
chrétienne, de la Foi, de la réalité humaine, nous avons été
amenés, peut-être avec un certain nombre d'années de retard, à
repenser nos missions et leur organisation. Lentement surgissent
il y a quelques années:
une organisation du laïcat et des services diocésains, inexistants
mouvement d'Action catholique, Infor-
mation catholique, Unitas (mouvement regroupant toutes les
congrégations de religieuses), secteurs apostoliques avec des
équipes sacerdotales, commissions liturgiques, bibliques, caté-
chétiques.
:
Un premier travail a été fait sur le Carême en 1960. Notre désir
était double permettre aux baptisés de mieux vivre ce temps
privilégié que l'Église avait institué et nous offre encore pour
replonger le peuple chrétien dans les eaux du baptême et les faire
passer, à la suite du Sauveur, à la Vie Nouvelle; faire de cette
période une véritable initiation baptismale des catéchumènes; et
tout cela, en commençant, grâce à des traductions de textes
(mercredi, vendredi et triduum) à mieux écouter la Parole de
Dieu. S'appuyant sur cette Parole et sur la catéchèse l'accompa-
:
gnant (tout un dossier doctrinal avait été fourni) nous avons
cherché une meilleure réalisation de la vie chrétienne réconci-
liation de familles, charité envers les malades transportés à la
messe, dons en nature, prières communes au village, tam-tam
battu dans tous les villages à une heure précise du samedi pour
éveiller le sens de l'unité de la Communauté chrétienne et les
convoquer à l'Assemblée du dimanche.
Depuis, nous avons chaque année cherché une adaptation nou-
velle du Carême, proposant la catéchèse à faire et quelques
suggestions de réalisations pratiques.
Un deuxième effort porta sur la messe. Dans trois centres,
comprenant une quinzaine de missions, les prêtres se sont frater-
nellement réunis pour réfléchir sur le mystère, la doctrine et le
prévues, à six ou sept semaines d'intervalle :
déroulement de la liturgie eucharistique. Cinq rencontres étaient
1) l'Assemblée,
2) le rite d'entrée et la Liturgie de la Parole, 3) l'Offertoire, 4) le
Canon, 5) la Communion. Chaque réunion commençait par un
exposé doctrinal; un texte assez détaillé était remis à chaque
prêtre présent. Ce texte devait servir de base pour la réalisation
du plan de sermons (4 ou 5 par étape); ces sermons, ébauchés
d'avance, étaient réexaminés par toute l'équipe sacerdotale du
centre. Ensuite nous cherchions les transformations à introduire
dans la célébration de la messe. A tout cela s'ajoutaient quelques
références bibliques qui pouvaient servir, dans les villages, aux
catéchistes pour reprendre la catéchèse du dimanche. Aux
réunions suivantes la discussion portait, en outre, sur la réalisa-
tion du travail accompli pendant la période précédente (difficul-
tés, adaptations, initiatives). Pour faciliter la mise en route des
commentaires de messe et des litanies d'intentions, des exemples
ont été donnés à certaines occasions (dimanche de l'Avent et du
Carême, célébrations de la semaine sainte).
Pour éviter trop de divergences dans les célébrations, un texte
fut élaboré, récapitulant les différents déroulements de la messe
lue et de la messe solennelle. En tout cela nous n'avons pas fait
une œuvre originale d'adaptation africaine; nous avons suivi les
indications du renouveau liturgique tel qu'il est vécu en Europe.
Dans plusieurs de ces missions apparaît une communauté plus
proche des communautés apostoliques. Elle s'exprime et s'édifie
par une prière plus vraie (respect de la structure de la prière
chrétienne; respect de la place et du rôle des fidèles et du prêtre;
utilisation du chant des psaumes sur mélodies africaines), plus
vivante (contact plus direct avec la Parole de Dieu, lectures et
homélies; litanies d'intentions et processions de dons; dialogue
avec le prêtre) et plus variée (commentaire proche de la liturgie
et de la vie de la communauté; équipe liturgique).
Yaoundé.
BERNARD FOY, LÉON AMAN.
CANADA FRANÇAIS
français :
de toutes les transformations actuellement en cours au Canada
l'urbanisation. Depuis les cinquante dernières années,
le rapport entre la population rurale et la population urbaine
s'est inversé; les trois quarts des Canadiens français habitent
maintenant la ville. Les répercussions de ce phénomène dans la
vie religieuse du peuple sont déjà perceptibles. Le mouvement
liturgique, maintenant plus qu'amorcé, n'aura donc pas pour
tâche unique de renouveler une pratique ancienne; il devra
surtout amener les fidèles, devenus en majorité citadins, à redé-
couvrir lucidement les valeurs fondamentales de leur foi, et à
passer ainsi d'un christianisme traditionnel à un christianisme
plus conscient et plus adulte.
A la faveur de cette évolution sociologique, la mentalité des
fidèles et des pasteurs n'est pas sans évoluer elle aussi. Malgré
des habitudes religieuses héritées d'une tradition rurale et encore
fortement enracinées, les uns et les autres se font assez accueil-
lants à toute forme d'innovation. En ce sens, la conjoncture
pourrait paraître favorable à l'essor du renouveau liturgique. Il
est toutefois à craindre que l'accueil réservé aux éléments nou-
Le vrai départ.
sur le thème :
large part l'activité, tient régulièrement, depuis sa fondation,
des sessions d'études. La première, à Sherbrooke (août 1957),
Messe dominicale et communauté paroissiale,
rassemble plus de 150 participants3. La deuxième, réservée aux
supérieurs des maisons d'études théologiques et aux professeurs
de liturgie, se tient à Drummondville (février 1958) et est consa-
crée à la vie et l'enseignement liturgiques dans les maisons de
formation du clergé4. En mai de la même année, une session
plus large étudie, à Sainte-Anne-de-Beaupré, la célébration du
baptême5. Les dernières sessions sont organisées pour des
groupes plutôt restreints (40 à 60) : à Sainte-Marguerite en 1959
(le bréviaire) 6, à Sherbrooke en 1960 (la messe) 7, à Montréal en
1961 (l'assemblée) 8, et à Ottawa en 1962 (la pénitence) 9. La
session de 1963 se tiendra à Québec et portera sur le Jour du
Seigneur.
Entre-temps, au début de 1961, la Conférence catholique cana-
dienne, sur les instances de sa Commission épiscopale de liturgie
et de pastorale, nomme une Commission sacerdotale nationale
de Pastorale liturgique (secteur français) qui prend la relève
de la commission créée par les archevêques et évêques de
la Province de Québec. Un secrétariat national (secteur français)
est établi à Montréal, dont le directeur est le P. Fontaine. Ce
secrétariat a pour fonction d'assurer la coordination du travail
et la mise en œuvre des décisions de la Commission sacerdotale;
il veillera en particulier à la publication de collections d'ouvra-
ges liturgiques et mettra à la disposition des pasteurs et des
chercheurs une bibliothèque de consultation.
Depuis la promulgation de l'Instruction De musica sacra et
sacra liturgia du 3 septembre 1958, plusieurs évêques en ont
précisé l'application pour leurs diocèses respectifs. Le même souci
pastoral devait conduire à la publication, en février 1960, par
Orientations.
A l'heure où le Concile s'apprête à imprimer un nouvel élan à
la vie liturgique de l'Église, quelles semblent être les grandes
orientations et les urgences du renouveau liturgique canadien ?
10. Liturgie et Vie chrétienne a consacré un numéro double (32/33)
à l'étude du directoire et de son application.
11. Un bulletin, également publié par les Chanoines Réguliers de
l'Immaculée Conception, avait précédé dès 1953 Liturgie et Vie chré-
tienne. Notons ici que la Revue dominicaine avait publié en 1955
deux numéros sur Pâques et sur Noël; l'effort demeura sans lende-
main.
ia. En collaboration avec le Studio R.M.(Cap-de-la-Madeleine), les
Chanoines Réguliers de l'Immaculée Conception viennent de lancer
une nouvelle collection de disques; le premier présente la messe lue
avec chants français.
Un trait du renouveau liturgique actuellement en cours au
Canada français se détache au-dessus de tous les autres
renouveau apparaît lié de plus en plus à l'ensemble de la pasto-
:
ce
rale. Ainsi en plusieurs diocèses (Saint-Jean-de-Québec, Montréal,
Saint-Jérôme, Chicoutimi, Sainte-Anne-de-la-Pocatière), la prati-
que de la messe communautaire a-t-elle été instaurée à la .faveur
d'un effort de planification de la pastorale. Dans quatre de ces
diocèses, la mise en place de la messe communautaire a été
opérée au moment d'une mission générale ou régionale qu'une
enquête sociologique avait préparée13.
La préoccupation de lier la pastorale liturgique à l'ensemble
de la pastorale anime l'enseignement donné dans les divers
instituts de pastorale (Ottawa, Montréal, Québec). Le même souci
apparaît évident dans les deux revues Liturgie et Vie chrétienne
et Communauté chrétienne, bien que la première soit plus spéci-
fiquement liturgique alors que la seconde est justement préoccu-
pée de pastorale d'ensemble. D'autre part, il est remarquable
que les sessions de prédication tenues depuis huit ans à la
maison Montmorency (près de Québec) accordent toujours une
large place à la liturgie. La même volonté de ramener la prédi-
cation dominicale à ses sources et à sa fonction liturgiques
inspire présentement le Service homilétique publié par le Centre
catholique de l'Université d'Ottawa. Enfin, un phénomène dû
:
Le chant étant l'un des modes d'expression les plus impor-
tants, il y en a pour toutes les grandes circonstances la semaine
sainte, les différents sacrements, la messe, la prière du matin.
Ce ne sont pas des chants pour la célébration liturgique; mais
ils constituent une sorte de commentaire catéchétique de la
liturgie.
LES « FISCALES »
Les missionnaires espagnols, aux 17e et 18e siècles, établirent
le culte dans toutes les petites communautés chrétiennes. L'ex-
tension du territoire et le petit nombre de prêtres les obligea à
:
créer une institution originale pour faire vivre ces communau-
tés ce sont les Fiscales, des laïcs chargés de présider l'assem-
blée dominicale, faire la catéchèse, baptiser, présider les maria-
ges, organiser des processions, etc. Aujourd'hui, dans les îles
des régions de Llanquihue et Chiloé, les Fiscales fonctionnent
à plein pour organiser le culte dominical. Dans les villages de
la pré-Cordillère et de la côte, il y a des laïcs chargés du
baptême.
en quatre sections :
le pays et reflète une bonne théologie liturgique. Il est divisé
a) fondements théologico-pastoraux du Di-
rectoire; b) normes générales pour la célébration; c) normes
pour la célébration de la messe communautaire; d) les cas spé-
ciaux; recueil des textes patristiques et du magistère en vue de
l'étude personnelle et de la catéchèse liturgique.
Ce n'est malheureusement, qu'après la parution de ce Direc-
toire, que la S. Congrégation des Rites autorisa la récitation
du Confiteor, du Gloria, du Credo, du Sanctus, du Pater, de
l'Agnus Dei et du Domine non sum dignus en langue vivante8.
Le Directoire, conformément à une réponse négative antérieure
de Rome, avait prescrit de s'en tenir à des paraphrases, en
excluant les traductions, qui sont bien connues des fidèles.
Outre la Commission Nationale de Liturgie, il existe six Com-
missions Diocésaines9, qui se chargent spécialement de la forma-
tion d'équipes liturgiques paroissiales, de la préparation des lec-
teurs et animateurs laïcs, de l'organisation des journées d'étude,
et qui fournissent aux paroisses des éléments de catéchèse et de
prédication.
Le Plan pastoral national, qui vient d'être approuvé, fait une
grande place à l'application du Directoire pour la messe, y com-
pris à la formation d'équipes paroissiales, à la pastorale des sacre-
ments, et à la catéchèse liturgique. Dans la même ligne se si-
tuent les conclusions du 4e Congrès Catéchétique National10.
DEUX EXPÉRIENCES.
:
res. Le P. Rojo eut pour étroit collaborateur le P. L. Serrano,
dont l'ouvrage iqué es el canto gregoriano? (Barcelona, 1905)
suscita une intéressante controverse. Ce travail fut prolongé par
les nombreuses conférences qu'ils donnèrent l'un et l'autre à
diverses associations musicales3. En 1928, les PP. Rojo et
Prado éditaient leur El canto mozarabe.
Les ouvrages et les conférences proprement liturgiques à l'in-
tention des divers groupements et à l'intention de tout le peuple,
ne vinrent que plus tard. Cependant on avait à Silos le souci
d'expliquer la messe au peuple, comme en témoignent les livres
de Villanueva : La santa Misa o su liturgia (Barcelone, 1908)
et V. Gonzáles : La santa Misa y sus ceremonias (Fribourg en B.,
1912). A cette tâche de divulgation contribuèrent le bulletin
mensuel de la Cofradía de Animas, à partir de 1898, transformé
en Boletin de Silos à dater de 1922, et la Revista Eclesiástica de
Valladolid (1907-1928).
Pendant les années qu'il passa à Silos (1881-1900), Dom Beda
Plaine commença ses études sur l'office divin, qui furent conti-
nuées par Alamo, Alameda, Prado et Rojo del Pozo. Dès 1892,
Dom J.-M. Parissot achevait de préparer un Oficio Parvo pour
les oblats, en grec et en latin; et Dom Pierdet, un bref traité
intitulé El rezo eclesiástico (Valladolid, 1910), continué par le
P. Alamo dans son livre Oficio Parvo de la santisima Virgen,
Rito de las exequias y Salmos penitenciales (Fribourg-en-B.,
1904).
Aux offices du monastère de Silos, viennent, dès le début du
siècle, des groupes de fervents, spécialement les dimanches et
jours de fête. A partir de 1908, des groupes d'étudiants français
accompagnés de leurs professeurs, viennent en été passer quel-
--
ques jours dans le grand monastère castillan4.
L'autre grand centre monastique qui a eu une profonde in-
fluence sur le mouvement liturgique espagnol est Montserrat.
Restauré en 1835, il appartenait depuis 1862 à la Congrégation de
Subiaco. Cette congrégation, comme celle de Valladolid, avait
1915:
quasi-totalité de l'Espagne ces paroles du nonce Ragonesi en
« J'ai parcouru une grande partie de l'Espagne, j'ai assisté
aux fêtes religieuses des grandes villes et des petits villages et,
sauf d'heureuses exceptions, j'ai constaté avec peine que les
fidèles ne prenaient aucune part au chant de la messe, comme l'a
toujours voulu l'Église, comme le demande avec insistance le
pape et comme s'efforce de l'obtenir par tous les moyens chaque
11.
évêque »
Parmi tous les évêques espagnols, celui peut-être qui s'est le
plus distingué, dans les années qui ont précédé la guerre d'Espa-
gne, dans le domaine liturgique, quoique sans préparation parti-
culière, fut D. Manuel Gonzalez, évêque de Málaga et de Palencia.
En 1927, alors qu'il construisait le séminaire de Málaga, il
affirmait résolument sa préoccupation pastorale en ces termes
« Donner à la Mère Église des prêtres-hosties qui consolent le
:
cœur eucharistique de Jésus, pour sauver les âmes et donner aux
hommes le bonheur. » N'oublions pas que se développait alors en
Espagne une piété eucharistique animée par une dévotion intense
et profonde pour la « réparation »et la « présence réelle».
38 anthologies, on trouve :
du répertoire populaire espagnol, tous traditionnels, provenant de
13 chants d'entrée pour la messe, 9 chants
d'offertoire, 37 chants de communion, 9 chants d'action de grâces,
aucun psaume, 6 textes bibliques, 126 chants consacrés à la présence
réelle (eucharistie), aucun chant pour les autres sacrements, 3 chants
pour l'Avent, 60 pour Noël, 29 pour le Carême et la Passion, aucun
pour Pâques ni l'Ascension, 3 pour la Pentecôte et l'Église, 72 pour le
Christ-Roi, 282 pour les fêtes de la Vierge, 44 pour les fêtes des anges
et des saints, aucun sur le dimanche, 5 sur le pape et l'évêque,
37 sans thème particulier.
diocésain pour la messe, qui fut édité ad experimentum au début
de 1957. Au cours du Congrès, cinq groupes d'étude travaillè-
rent sur la messe. On projeta de publier un livre de chant, d'en-
courager la création de chorales (petits chanteurs), de favoriser
de toutes les manières la participation des fidèles à la messe, de
former des lecteurs laïcs et de mettre la messe paroissiale au
centre de toute la pastorale liturgique.
A la fin de 1958, le Centre de Pastorale liturgique de Barce-
lone, récemment fondé sous la direction de Pedro Tena, fit
paraître Monitions et Prières, le premier ouvrage espagnol visant
à offrir aux prêtres un bon répertoire de monitions21. En janvier
1961, le C. P. L. de Barcelone commença de publier le Boletin
de Pastoral liturgica, qui devint, deux ans plus tard, la promet-
teuse revue de pastorale liturgique Phase.
A l'instigation du C. P. L. de Paris, du Liturgisches Institut
de Trèves et de la Junta espagnole, eut lieu à Montserrat, en
octobre 1958, le 4e Congrès International des Études liturgiques,
consacré à l'initiation chrétienne, dans ses aspects théologique,
historique et cultuel. Ce Congrès contribua à développer en
Espagne le souci d'un travail liturgique fondé sur une recherche
scientifique sérieuse.
Par ailleurs, outre les cours de grégorien, qui commencèrent à
Montserrat en 1940, et les activités de l'École Supérieure de
musique sacrée depuis 1952, le Conservatoire de musique de
Pampelune inaugura, en septembre 1952, une Semaine Grégo-
rienne annuelle, avec la collaboration de grégorianistes éminents
tels que Dom Gajard et Potiron. Le monastère de Valle de los
Caidos, cédé aux moines de Silos, et placé sous la direction de
l'Abbé Pérez de Urbel, organisa également, à partir de 1961, un
Cours de liturgie et de chant grégorien qui se donne chaque
année avec plein succès.
On peut considérer comme un véritable Congrès national de
Pastorale les trois Semaines nationales de la paroisse tenues à
Saragosse (1958), Séville (1960) et Barcelone (1962), au cours
desquelles la liturgie fut au premier plan.
L'Université pontificale de Salamanque contribua à ce travail
liturgique en créant, en 1955, l'Institut de Pastorale, qui fut
dirigé par C. Sanchez Aliseda durant les cinq premières années,
22. Les thèmes les plus récents ont été la paroisse (1961), la semaine
sainte (1962) et liturgie et spiritualité (1963), avec une assistance
d'une centaine de prêtres et religieux. A Madrid, à partir de 1958,
la Confederacion de Religiosos organisa un cours de pastorale d'une
durée de quatre mois.
23. Le recueil Cantemos al Senor, édité par les Frères des Ecoles
Chrétiennes de Salamanque, a paru en 1961. Il a été tiré à
22.000 exemplaires en espagnol et 8.000 en catalan, et cette édition
fut épuisée en à peine plus d'un an. Une seconde édition a vu le
jour récemment. Depuis 1961, on a édité 150 fiches en espagnol et
3o en catalan. 22 psaumes du P. Gelineau ont ainsi paru, et 60 autres
sont sur le point de paraître.
24. La Propaganda Popular Catôlica édite trois collections de livres,
trois très importantes séries de brochures, cinq revues, des pro-
grammes radiophoniques, et une multitude de disques et de films
religieux. Elle a été fondée en 1955.
25. Cf. Pastorale liturgique en Espagne, dans La Maison-Dieu, 62
(1960), 142-150; cf. également le numéro de décembre 1961 de Incu-
nable consacré au mouvement liturgique espagnol, et le numéro
d'avril 1962 dédié à la mémoire de Mgr Miranda et de Sânchez Aliseda,
lequel était sous-directeur de cette revue.
d'une «Commission épiscopale de liturgie, de pastorale, et d'art
sacré », présidée par Mgr S. Garcia de la Sierra, archevêque
d'Oviedo qu'assistaient cinq évêques. L'un d'eux, Mgr Jesús
Enciso, évêque de Majorque, fut nommé président de la Junta
Nacional de Apostolado Litúrgico. On organisa aussitôt un nou-
veau secrétariat, dont le siège fut à Madrid (Alfonso XI, 4), avec
comme directeur J. M. Sustaeta, et comme membres P. Tena,
I. Onatibia, J. A. Gracia, J. M. Eguaras. I. Garcia, A.Franquesa
et C. Floristan. En raison de l'approche du Concile, il parut
nécessaire de reporter à plus tard le Congrès national de liturgie.
Mais on acheva la rédaction du Rituel bilingue
— son approba-
tion officielle est attendue incessamment — et l'établissement
des grandes lignes du Directoire national pour la Pastorale de la
messe, qui n'est pas encore promulgué.
Les 3 et 4 janvier 1962 se tint à Madrid la 2e Assemblée natio-
nale des représentants des Commissions diocésaines et des délé-
gués des religieux pour l'Apostolat liturgique. Mgr Enciso en
était le président. Il exposa les lignes directrices de l'action
liturgique de l'avenir, qui ont été résumées dans un récent
numéro du Boletin del Secretariado, dont le premier cahier a
paru en 1962. La campagne de 1962 et 1963 fut consacrée à la
célébration de la semaine sainte. En ce domaine, comme pour
tout ce qui concerne la liturgie, les diocèses les plus actifs furent
ceux d'Astorga, Barcelone, Bilbao, Vitoria, Vich et Valence,
précisément ceux dans lesquels il existe un Secrétariat diocésain
efficace, dirigé par un prêtre compétent. Les participants de la
2e Assemblée des Commissions diocésaines exprimèrent le vœu
que le mouvement liturgique suive la voie tracée par la première
Junta.
En mai 1961 eut lieu à Barcelone une Journée sacerdotale sur
le thème « Cinq ans de pastorale liturgique ». On y fit un bilan
loyal du mouvement liturgique catalan. Une enquête fut menée
auprès du clergé, et elle révéla un niveau liturgique comparable
à celui de la France ou de l'Allemagne26. Les efforts des Béné-
dictins de Montserrat, bien que limités à la Catalogne, portent
des fruits abondants en l'ancienne province ecclésiastique de
Tarragone. Depuis 1952, l'Asociaciôn San Gregorio, sous la
direction du P. Altisent, de l'Ordre de saint Joseph Calasanz,
travaille au développement du chant grégorien et des scholae
cantorum, très nombreuses en Catalogne. D'autre part, à Barce-
lone, il existe pour les laïcs des cours de formation qui sont
soigneusement organisés et très efficaces27.
36. Cf. Boletin de Pastoral Litûrgica, 4 (1961), 21-27.
,.. -' ,--
27. Le diocèse de Barcelone a publié des notas para ta participacion
litúrgica de las exequias (1959); celui de Vich, des Normas para la
La très riche enquête menée par A. Beltran en 195628 permit
un examen objectif de la situation liturgique dans les séminaires
espagnols. Un grand chemin avait été déjà parcouru, mais il
restait encore des étapes à franchir.
A la fin de la dernière guerre mondiale, la production liturgi-
que espagnole connut un renouveau avec des ouvrages de pre-
mier plan tels que la section liturgique des MonumentaHispaniae
Sacrae du C.S.I.C. Son premier volume est l'Oracional Visigô-
tico (Barcelone, 1946), édité par J. Vives, bien connu pour la
qualité de ses recherches et directeur de l'Institut d'Histoire
ecclésiastique Enrique Flôrez. Les volumes II et III forment les >
deux tomes duLiber Comicus (Madrid, 1950) édité par J. Pérezde
Urbel et Ruiz Zorrilla. Le volume IV contient le Sacramentario
de Vich, édité par A. Olivar (Madrid-Barcelone, 1953). Le volume
V est consacré à l'Antifonario visigotico-mozarabe de la catedral
de Léon (Ediciôn facsimil, Madrid, 1953; texte de l'édition de
L. Prou et J. Vives, Madrid-Barcelone, 1959). Enfin, dans les
volumes VI et VII, A. Fabregas Grau a publié le Pasionario
Hispanico29.
D'une manière générale, depuis 1940 les études liturgiques de
divulgation sont, sauf de rares exceptions, de qualité médiocre.
Mais à partir de 1945, on commence à traduire des ouvrages
étrangers de valeur; ces traductions se multiplient à partir de
1956-1958. Les principaux auteurs traduits sont J. A. Jungmann,
L. Eisenhofer, L. Fischer, A.-G. Martimort, M. Righetti,G. Vagag-
gini, M. Zundel, L. Bouyer, 0. Casel, J. Daniélou, R. Guardini,
I. Herwegen, B. Baur, E. Lôhr, P. Parsch, J. Gaillard, J. de Ba-
ciocchi, M. Philipon, A.-M. Roguet, E. Walter, Th. Maertens,
etc. 30.
4. Conclusion.
CASIANO FLORISTAN,
Professeur à l'Université Pontificale
de Salamanque.
32. Editorial de Liturgia, n° 9 (1954), 257.
EXTRÊME-ORIENT
I.Voirp.108-122.
là une date importante dans l'histoire du mouvement liturgique
en Extrême-Orient. Le Directoire de l'Épiscopat philippin2 est
un fruit du Congrès Eucharistique de Munich en 1960. Au
retour du Congrès, le cardinal de Manille parla plusieurs fois
avec enthousiasme du spectacle donné par la participation des
foules au cours de la messe, dont il avait été témoin. Il demanda
au P. Camilo Marivoet, C.I.C.M., Recteur du petit Séminaire
de l'Archidiocèse et ancien élève de Lumen Vitœ, de rédiger un
Directoire en vue de promouvoir cette participation chez nos
fidèles. Le travail fut approuvé par tous les évêques et publié le
6 août 1961. Les catholiques des Philippines se trouvaient ainsi
dotées d'un des directoires les plus adaptés à notre époque. En
effet, il incorpore tout ce que les autres directoires publiés avant
1960 contiennent de meilleur. Il se distingue en particulier par
le souci d'épuiser toutes les possibilités d'employer la langue
vivante laissées ouvertes par l'Instruction de la Congrégation des
Rites de 1958. La forme de célébration idéale, au point de vue
pastoral, proposée par le Directoire est celle où les acclamations
des fidèles données en latin alternent avec des prières et des
hymnes en langue du pays.
Ce furent surtout les religieuses qui répondirent avec enthou-
siasme à l'appel de la Hiérarchie. Dans les nombreuses écoles
qui leur sont confiées, elles se mirent immédiatement à appli-
quer les directives dans toute la mesure que leur permettaient
leurs aumôniers. En peu de temps, les messes scolaires devin-
rent un peu partout de belles célébrations communautaires. Là
où elles trouvent une aide compréhensive de la part du curé,
les soeurs forment leurs élèves à agir comme un ferment dans la
communauté paroissiale. Dans plus d'un endroit, la messe
dominicale est devenue ainsi une célébration vivante pendant
laquelle le peuple ne s'ennuie plus. Après les religieuses, ce sont
les membres du Christian Family Movement, les jeunes ménages
et leurs nombreux enfants, qui ont fait le plus pour appliquer les
directives épiscopales dans les paroisses. Pendant l'été de 1962,
l'Action Catholique de l'Archidiocèse de Manille, et les Knights
of Columbus ont demandé à l'East Asian Pastoral Instituts de
donner des cours de formation à des commentateurs. Parmi les
deux cent laïcs qui bénéficièrent de ces cours, malheureusement
trop brefs, un bon nombre exercent fidèlement, depuis, leur
fonction à l'église paroissiale.
:
5. P. BRUNNER, S.J. : These are the Holy Words, Manille, 1962.
Édition chinoise A. CHAO, Ch'ing chon t'ong-tao, Taichung, 1962.
Édition Filipino S. RAMIREZ, Paliwanag sa Misa, parait chaque se-
maine dans l'hebdomadaire Filininas. Manille.
6.Uneéditionsurdisques est en préparation. ,..
7. Voir cet article dans Boletin Eclesiastico, décembre 1962,
pp. 778-780 et la réponse — tronquée — de l'auteur du Directoire
dans la même revue, janvier 1963, pp. 48-52.
CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE TRADITIONNELLE.
:
8. Le Directoire publié par la Conférence épiscopale le Ier septem-
bre 1960 s'appelle Misteri Ibadat.
9. Sur les prières chinoises, cf. P. BRUNNER, The Prayerbook of
China dans Mission Bulletin (Asia), Hong-Kong, juin 1960, pp. 588-
597.
Pas un chant, pas un morceau d'orgue, pas une réponse de la
part des fidèles. D'un bout à l'autre, la foule qui se pressait et
débordait par toutes les portes, se tint dans un silence morne,
fidèle jusqu'au bout à remplir le précepte dominical. Une heure
auparavant, la même foule avait célébré avec exubérance le
mère. Deux statues sont portées en procession :
traditionnel Salubong, rencontre du Christ ressuscité avec sa
celle du Christ
glorieux, escortée par les hommes, celle de la Mère des Douleurs,
recouverte d'un voile violet, accompagnée par les femmes.
Quand les deux cortèges, qui prennent des rues différentes, se
rejoignent, les deux statues sont placées face à face, au pied
d'une tour ou d'un portique. Au haut de la tour, une petite fille
habillée en angelot chante le Regina Cœli. Puis on la laisse glis-
ser à l'aide d'une corde jusqu'à la hauteur de la statue de la
Vierge dont elle enlève le voile. Le tout est accompagné de chants
de la foule, de morceaux d'orchestre, de lâchers de pigeons et
de pétards. Que la liturgie romaine parait morne à nos braves
gens à côté de ces manifestations de la dévotion populairel
La messe dialoguée, où la participation des fidèles se réduit
aux réponses du servant, a fait quelques timides essais ici et là.
Le nombre de ceux qui y prennent part active se limite en géné-
ral aux trois ou quatre premiers bancs occupés par les membres
de quelque pieuse association. Cette forme n'a jamais été popu-
laire et ne peut pas le devenir.
RITUELS BILINGUES
10.~ :
Japon CollectioRituum ad instarAppendicisRitualis Romani
ad usum Ecclesiae in Japonia, 1958, latin et japonais. Voir une des-
cription du Rituel dans Liturgisches Jahrbuch (Trier), 1960, pp. 110-
deutung).
::
112 (Franz X. TSUCHIYA, S.J., Das Japanische Rituale und seine Be-
CHANT POPULAIRE
CENTRES LITURGIQUES
SÉMINAIRES
19. Les :
deux livres fondamentaux sont HOFINGER-KELLNER, Pasto-
rale liturgique en chrétienté missionnaire,Édit. Lumen Vitae,
Bruxelles, 1959 (exite aussi en allemand, anglais, italien); HOFINGER,
Missions et Liturgie (La Rencontre de Nimègue), Desclée, 1960 (existe
aussi en anglais et en allemand).
On observe en général que les cérémonies sont accomplies avec
beaucoup de soin et de solennité, que les séminaristes y
prennent goût, et que le chant grégorien est suffisamment cul-
tivé. Mais on déplore que la liturgie du séminaire prépare trop
peu le jeune prêtre à son apostolat de paroisse. A côté de la
liturgie solennelle, il faudrait l'initier à la liturgie populaire
telle qu'elle est réalisable avec les moyens simples d'une paroisse
ordinaire ou d'une communauté encore plus démunie, au fond
des campagnes. On souhaite que les autorités se montrent plus
larges à accorder aux séminaristes la permission de s'initier à
la vie paroissiale, le dimanche matin, par exemple à titre de
commentateur. Cela fait partie de la formation pastorale. On
observe également dans les séminaires l'embarras de certains
directeurs spirituels qui ne voient pas comment utiliser les res-
sources de la liturgie dans leurs exhortations et préparations de
méditation. Enfin, on rencontre encore certains séminaires tota-
lement fermés à la pastorale contemporaine. Dans un séminaire
pontifical, on enseignait en 1959 que pour des raisons « liturgi-
ques, ecclésiastiques et théologiques» (sic) la récitation du chape-
let est une meilleure manière de participer à la messe que l'usage
du missel. En fait, dans ce séminaire, le chapelet continue à être
récité publiquement pendant la messe en certaines occasions,
en dépit de l'Instruction de la Congrégation des Rites de 1958.
REVUES
,
:
Pourtant je ne pense pas qu'il y eût des illettrés dans cette
foule c'était l'élite de la paroisse qui assistait à l'office de nuit.
C'est que, à la différence des Japonais, nos gens n'aiment pas
lire. De plus, nos fidèles ont été tellement habitués à être sépa-
rés de l'autel par le mur du latin, qu'ils ont perdu jusqu'à l'en-
vie de savoir ce qui se passe de l'autre côté!
Ce qui a freiné le plus le renouveau liturgique jusqu'à pré-
sent, c'est l'impression persistante dans une bonne partie du
clergé que c'est là, malgré tout, un mouvement d'avant-garde,
qui devance les directives de l'Église et s'aventure sur des voies
dangereuses. Si la deuxième session du Concile suit la direction
de la première, il n'y a aucun doute que ceux-là mêmes qui, par
fidélité à l'Église, se sont montrés à son égard les plus réticents
en deviendront, en raison de cette même fidélité, les plus ardents
promoteurs.
Manille.
PAUL BRUNNER, S. j.,
East Asian Pastoral Institute.
INDE
:
qu'une petite minorité. Une autre raison doit nous mettre en
garde contre toute généralisation hâtive c'est la diversité des
communautés chrétiennes, telles qu'elles existent à l'heure
actuelle.
: et
la côte est. On y rencontre les plus anciennes communautés chré-
tiennes, qui appartiennent à plusieurs époques de la prédication
évangélique d'une part les Églises dites syriennes (de rites
chaldéo-malabar syro-malankar),qui forment le groupe le plus
important et sans doute aussi le plus homogène (environ
1.700.000); d'autre part les Églises de rite latin, formées soit sous
l'égide du patronat portugais, soit, plus récemment, par les
missionnaires travaillant sous la direction de la S. Congré-
gation de la Propagande. Ces catholiques, qu'ils soient de langue
konkani (Goa et Mangalore), tamoul (État provincial de Madras),
télougou (État d'Andhra-Pradesh), malayalam (Kérala), ou ka-
nada (État de Mysore), sont au moins 2.400.000.
Dans les régions septentrionales, les plus étendues et les plus
habitées de l'Inde, se trouvent dispersés environ 2.500.000 catho-
liques. Certains se sont aussi trouvés sous la mouvance portu-
gaise, comme à Bombay et ses environs, au nord. (Gujerat) et au
Influences traditionnelles.
:
du 19e siècle, sont restées fortement marquées par la spiritualité
des temps baroques et du siècle passé piété individualiste bien
que profonde — la dévotion à la sainte Eucharistie est intense et
la communion fréquente, remarquablement développée —, abon-
dance de dévotions, multiplication des statues et des petits sanc-
tuaires, sans compter le succès toujours considérable des grands
pèlerinages, surtout ceux à la Vierge Marie. Fait défaut, par
exemple, le sens de l'assemblée réunie pour une célébration
commune; encore que certains grands rassemblements, pour
telle ou telle fête, montrent que ce sens n'a pas complètement
disparu.
L'assistance à la messe basse consistait souvent dans la récita-
tion du chapelet, ou dans le chant d'hymnes, en anglais ou en
langue locale, qui n'étaient que rarement appropriées aux diffé-
rentes parties de la célébration. La messe dialoguée, même dans
les communautés religieuses, était rare, sinon inexistante. Une
messe communautaire avec des dialogues en. langue vivante, cela
ne se rencontrait guère que dans des cas exceptionnels, par
exemple des messes pour enfants, généralement le samedi.
Le dimanche, dans les paroisses urbaines principalement, on
avait comme messe type la messe chantée; mais le chant y était
réservé à un chœur plus ou moins bien formé. Sous l'influence
des pays méditerranéens, la polyphonie était en vogue pour les
célébrations les plus importantes. On peut même affirmer que le
chant grégorien, qui n'est pas si facile à exécuter, quoi qu'on en
dise, était peu ou prou le parent pauvre. Jusqu'à ces derniers
temps, surtout dans les paroisses d'influence portugaise, comme
à Mangalore, Goa, etc., la célébration des vêpres du dimanche
était assez fréquente, suivie, évidemment, du salut du Saint-
Sacrement, qui existe presque partout.
Les causes proches ou lointaines de cette atonie liturgique sont
à rechercher surtout dans les influences qui ont présidé à la
formation des communautés catholiques les plus anciennes. Ces
influences provenaient surtout du Portugal, puis de l'Italie, voire
de l'Irlande, pays tous fortement marqués par la spiritualité
individualiste des temps baroques. Il est possible aussi, quoique
ce soit difficile à établir concrètement, que la tradition religieuse
hindoue, d'où sont sortis la plupart de ces chrétiens, ne connaisse
guère le culte communautaire. Comme l'a écrit le P. Denis
Rutledge, O.S.B., « s'il était vraiment nécessaire, il y a quatre
cents ans, de former les Indiens selon un moule européen, alors
c'était peut-être la présentation portugaise de la foi qui se con-
formait plus immédiatement que d'autres aux instincts propres
de l'Inde2 ».
La description que nous venons de faire ne s'applique pas aux
chrétientés de formation plus récente, notamment celles qui,
comme dans l'archidiocèse de Ranchi ou les diocèses de Sambal-
pur et Indore, ont été formées par des missionnaires venus de
pays où le mouvement liturgique faisait déjà ses débuts. Non
seulement ils ont pu y introduire une pratique liturgique plus
vécue, mais ils ont aussi tenu compte des progrès des méthodes
missionnaires. Ils se sont souvent efforcés de conserver les habi-
tudes ancestrales de leurs chrétiens, et même d'adapter ces cou-
tumes à une vie liturgique plus saine.
2. D. RUTLEDGE, In Search of a Yogi : Himalayan Pilgrimage, Lon-
don,1962,p.90.
Nous ne pouvons passer sous silence les syriens catholiques de
l'Inde. La majorité d'entre eux appartient à la tradition syrienne
orientale, ou chaldéenne. Mais, il y a quelques années, la latini-
sation avait tellement affecté leur liturgie qu'elle était devenue
chose morte. Morte deux fois, pourrait-on dire, puisque non
seulement elle se servait du syriaque, langue bien morte, surtout
en Inde, mais elle avait traduit un bon nombre de textes latins
dans cette langue. Aussi ces excellents catholiques s'étaient-ils
lancés à corps perdu dans toutes les expressions possibles et
imaginables des dévotions secondaires, qu'elles fussent italien-
nes, espagnoles, ou françaises. La récitation du chapelet au
cours des célébrations était devenue presque générale.
Après sa conversion au catholicisme, en 1930, Mar Ivanios
amena bientôt à l'Église un nombre considérable de « frères
séparés ». Mais il y fit aussi entrer une liturgie syrienne (rite
syrien d'Antioche) extrêmement vivante, employant abondam-
ment la langue locale, et bien faite pour une participation active.
Souvent, ces catholiques, connus sous le nom de Syro-Malankars,
possédaient aussi une connaissance intime de la Bible, en vertu
de certaines influences d'origine protestante mais bien intégrées
à leur vie liturgique orientale. On peut affirmer que, jusqu'à ces
derniers temps, eux seuls possédaient une véritable vie liturgique,
et elle n'a pas été sans influencer une certaine prise de conscience
chez les laïcs cultivés de l'autre tradition rituelle. Ces derniers
ont pu ainsi se rendre compte du vide liturgique dans lequel ils
se trouvaient. Malheureusement, l'influence de l'Église malan-
kare est restée limitée à une région, le Kérala, et à un groupe
linguistique, le malayalam.
En outre cette influence s'est trouvée réduite par le manque
de formation liturgique dans les séminaires. Ce fait nous invite
à parler de la préparation liturgique dans les séminaires de
l'Inde. Elle était encore, il y a quelques années, des plus rudi-
mentaires, tant chez les clercs diocésains que chez les religieux.
Même la pratique liturgique la plus traditionnelle était fort
déficiente, puisque dans beaucoup de séminaires on n'avait le
dimanche ni messe chantée, ni vêpres chantées. On se contentait
de chanter la messe pour les grandes fêtes, notamment les fêtes
pascales. En 1948, Mgr J. Léonard, S.J., archevêque de Madurai,
et président de la commission des séminaires du C.B.C.I. (Catho-
lie Bishops Conference of India, avec son Standing Committee ou
Comité Permanent) suggérait les moyens d'obtenir une vie litur-
gique plus intense et donc une éducation liturgique plus régu-
lière et plus profonde3. Quatre ans plus tard, il devait revenir à
Progrès récents.
the C.B.C.1. (que nous désignons désormais par le mot Report), Banga-
lore,1948,p.41.
4.Report,1952, 121-122.
5. ApostolicApproach, Souvenir of the first Inter-Diocesan Con-
férence of Priesis, Pachmarhi, 12th to 171h June 1956, Nagpur, 1956,
pp. 44-45.
l'adaptation liturgique, dont on recueillit les premiers fruits
l'année suivante, car ses suggestions furent adoptées par la
Conférence de 1957. Les sujets étudiés étaient toutefois les
mêmes qu'en 19566.
thème :
La semaine d'études qui eut lieu à Madras en 1956 avait comme
la culture indienne et la plénitude du Christ. Bien que
centrée principalement sur l'art et ses expressions visibles dans
l'Inde moderne et traditionnelle, sur la philosophie et l'éduca-
tion, elle n'évita pas pour autant les problèmes soulevés par la
liturgie et son adaptation. On y parla de la relation entre symbo-
lisme et liturgie, des coutumes socio-religieuses, de la musique
liturgique adaptée à l'Inde, de paraliturgie et de messe commen-
tée, et même de liturgies orientales. On y insista fréquemment
sur l'importance d'une liturgie renouvelée et adaptée pour rendre
l'Église en Inde pluscapable de s'incarner véritablement7. Enfin,
c'est à cette semaine d'études que fut préparée celle de 1958, plus
directement reliée au mouvement liturgique, et dont nous avons
déjà parlé précédemment.
C'est donc dans une atmosphère très favorable qu'en novem-
bre 1957 le C.B.G.I. décida d'établir une Commission Nationale
d'Apostolat Liturgique, complétant d'ailleurs la commission de
catéchétique, puisqu'elle ne faisait que prolonger la tâche de
cette dernière. Selon les paroles mêmes de son président,
Mgr Marc Gopu, archevêque d'Hyderabad, l'objectif principal
de cette Commission était « la participation active du laïcat à la
liturgie de l'Église, en particulier au saint Sacrifice de la
messe8 ». Mgr Gopu, d'ailleurs, ne se faisait guère illusion sur
l'immensité du travail à accomplir; en 1960, il signalait à la
réunion annuelle du Comité permanent du C.B.C.I. « le lent
réveil en Inde concernant l'importance de la liturgie. il reste
beaucoup à faire pour promouvoir l'apostolat liturgique9 ».
Mgr Gopu n'était pas le seul évêque à comprendre qu'il fallait
partir presque à zéro. En 1956, Mgr Léonard, de Madurai, était
revenu sur le sujet de la formation liturgique des futurs prêtres,
en suggérant des cours plus approfondis et une documentation
plus abondante mise à la disposition des séminaristes10. A la
même réunion, Mgr W. Bouters, évêque de Nellore, exposa les
résultats d'une enquête faite auprès des évêques sur les relations
entre la liturgie et l'apostolat. Il affirma que la majorité des
:
Calcutta et Krishnagar) jouissaient déjà d'induits qui se ressem-
blent de très près et peuvent se résumer ainsi commun de la
messe chanté en langue vivante (l'induit incluant souvent.
l'anglais) sans restriction apparente quant à la traduction litté-
rale; lectures de la messe, de même, après la proclamation en
-
latin; lectures bibliques des trois derniers jours de la semaine
sainte à proclamer directement en langue vivante, excepté la
Passion du vendredi saint, si elle est chantée (ceci semble bien
17.Report,1962,p.36.
gues, sur des modes indiens, soit dans la tradition septentrionale,
dite hindoustani, soit dans celle du Sud, appelée carnatique. On
peut noter, dans ce domaine, un vigoureux effort de renouvelle-
ment. C'est le cas des publications du regretté P. Edmond,
capucin d'origine canadienne-française, qui a aussi à son actif la
fondation et le développement de cours d'été pour la musique
hindoustanie, dont le succès reste remarquable. Le P. G. Proksch,
S.V.D., a fondé un centre de musique indienne près de Bombay;
il est aussi fort connu pour ses chants bien enlevés, et pour avoir
mis à contribution la riche tradition chorégraphique de l'Inde.
On a même été jusqu'à préparer et publier un texte complet du
commun de la messe en sanscrit (traduction du P. R. Antoine,
S.J., de Calcutta) mis en musique indienne par le P. Edmond.
Il faut surtout mentionner les chants mieux adaptés aux par-
ties successives de la messe, comme ceux contenus dans le
recueil hindi publié en 1957 par le P. R. Sah, S.J., ou utilisant
les langues et la musique de certaines tribus, comme les recueils
ouraons et santalis.
Le Pays Tamoul possède une riche tradition artistique et musi-
cale, et, sans nier le fait d'infiltrations européennes, c'est sans
doute dans le Sud que l'on trouve les recueils les plus anciens,
ne fût-ce qu'en raison de l'ancienneté de ces communautés. Plus
récemment, l'abbé Mariarokianathan, de Coimbatore, a publié
une série d'hymnes composées par lui, en vers, sur des mélodies
de sa région. C'est un effort remarquable de renouvellement de
l'hymnodie traditionnelle. Mentionnons aussi l'abbé Swami
Amaladasan, qui est connu même en Europe pour ses publica-
tions hymnodiques fortement marquées par le renouveau litur-
gique.
Quelques psaumes traduits en tamoul et adaptés sur des
modes indiens ont été publiés, en 1955, par le centre catéchétique
de Tindivanam. Ils font pendant à la publication par le
P. Edmond de 12 psaumes en traduction poétique hindie; six
sont chantés comme hymnes, et les autres, comme récitatifs.
C'est en 1960 que les Pères du Verbe divin offraient une belle
traduction en hindi des offices de Prime et de Complies, avec
certains allégements, par exemple, pour le nombre de psaumes.
Déjà avant la fameuse Instruction de la Sacrée Congrégation
des Rites de 1958, on avait publié, ici et là, des essais pour ren-
dre la participation à la messe plus communautaire. C'était le
cas par exemple de Krist-Yag (« Le Sacrifice du Christ »), pu-
Ranchi en 1953,
blié à Pian.ciii 14 qui donne six séries de prières en hindi
pour accompagner le déroulement de la messe basse. On
tenta déjà de pourvoir au besoin d'offices dominicaux sans prê-
tres, comme le montre le livret mahratti publié à Poona en 1957,
A la suite de la réforme de la semaine sainte et de l'Instruc-
tion de 1958, on assista à une véritable floraison de publications.
Certaines donnaient un texte commenté des nouvelles cérémo-
nies, soit en anglais, soit en langue du pays. La plupart avait
un but plus général; tantôt elles veillaient à éduquer le sens
liturgique, surtout chez les jeunes, tantôt elles devaient servir
d'aide pour promouvoir la participation active. Un des livrets
les plus intéressants est celui publié par le diocèse de Jabalpur
(Madhya Pradesh) en 1958. Il offre un essai de messe commu-
nautaire, avec traduction anglaise et hindie, à laquelle on a
ajouté les répons et les textes notés du Commun latin de la
messe chantée. Du centre de Tindivanam est sortie en 1961 une
courte Introduction à la liturgie destinée aux écoles primaires du
pays tamoul. Les brochures publiées par celui de Poona s'effor-
cent aussi de répandre la connaissance et l'esprit de la liturgie
vivante. Ajoutons que le nouveau catéchisme allemand a été
publié en Inde dans une traduction anglaise adaptée (1959), et
que des adaptations en langues indiennes sont en cours de publi-
cation. Celles en malayalam et en hindi sont déjà parues durant
ces huit derniers mois. On peut en attendre beaucoup pour pro-
mouvoir le renouveau biblique et liturgique.
Un événement capital pour le renouveau liturgique s'est pro-
duit, dans l'Église chaldéo-malabare, le 3 juillet 1962. Les
archevêques et évêques de ce rite ont promulgué l'édition réfor-
mée du missel en langue malayalam. Il s'agit essentiellement de
l'Anaphore des Apôtres Addai et Mari, avec l'ensemble de
l'Ordinaire tant pour le célébrant que pour les servants et les
fidèles. A part quelques morceaux conservés en syriaque, desti-
nés à la récitation à voix basse (excepté le récit de l'institution)
tout le reste est en langue vivante. Les livrets destinés aux fidè-
les ont été répandus à profusion, bien que leur introduction dans
toutes les paroisses ne se fasse qu'assez lentement. En 1961, le
P. Abundius C.M.I. (Carme de Marie Immaculée, congrégation
de ce rite) avait publié un beau volume qui contenait une excel-
lente introduction à cette liturgie restaurée.
la prière suivante :
Après le signe de croix tous s'agenouillent, et la mère prononce
« 0 Père céleste, nous souvenant du saint
Sacrifice de la messe, je mets de côté un peu de riz. De grâce,
regarde-nous, grands et petits, et vois notre pauvreté
répondent « Amen », Tous ».
et se relèvent après avoir fait le signe de
croix. Le dimanche suivant, le riz mis de côté par les familles
est rassemblé dans de grands paniers et, au moment de l'Offer-
toire, deux représentants de la paroisse les portent au célébrant
en signe de participation au sacrifice.
Je n'ai qu'une expérience fort réduite de ce qui se fait actuel-
lement dans le domaine de la participation, et de l'adaptation.
Sur le territoire du diocèse de Darjeeling, où je vis habituelle-
ment, un certain degré de participation a été encouragé depuis
dix ou quinze ans grâce au zèle des Chanoines réguliers de
Saint-Maurice-en-Valais (Suisse) et des Jésuites canadiens-anglais
qui se partagent l'apostolat dans ce diocèse. C'est ainsi qu'il est
presque devenu normal dans plusieurs paroisses de chanter en
Problèmes actuels.
Bien que très désirable, et généralement fortement désiré,
l'usage de la langue vivante n'est pas la panacée envisagée par
certains. Il resterait encore à éduquer les fidèles, et aussi à pro-
poser une liturgie plus simple, plus vivante, plus adaptée aux
conceptions religieuses de l'Inde.
E. R. HAMBYE, s. j.
ITALIE
I. — L'ORGANISATION
1. :
Décisions de l'Êpiscopat
giques diocésaines.
Directoires et Commissions litur-
:
séminaristes et enseignants des écoles publiques. Deux sessions
ont connu un vif succès l'une pour les professeurs de liturgie
des séminaires, commencée en 1957; l'autre pour les religieuses,
commencée en 1961 et qui s'est tenue l'an dernier à Turin,
Naples et Rome.
: :
En 1959, le siège du C.A.L. était transféré de Gênes à Rome.
En 1962, le C.A.L. fondait une collection Liturgica. Les deux
livres déjà parus sont Introduzione agli studi liturgici, ouvrage
collectif (Rome, 1962) et Introduzione alla storia della liturgia
occidentale de E. Cattaneo (Rome, 1962). Trois autres volumes
paraîtront prochainement. Une Rivista di Pastorale liturgica est
en préparation à l'intention des pasteurs. Le C.A.L. est présidé
par Mgr Rossi, évoque de Biella, et son conseil réunit des mem-
bres de divers centres liturgiques, des spécialistes et quelques
curés.
Sur l'initiative du C.A.L., fut constituée en 1959 la Federazione
dei Centri diocesani del piccolo clero, comme organe de coordi-
nation et d'information. Cette fédération obtint l'adhésion de
100 diocèses. Elle groupe les servants à l'autel, appelés vulgai-
rement « chierichetti ». Une enquête fut faite en 1960; sur
275 lettres on obtint 13o réponses. D'après ces réponses
8.000 groupes paroissiaux réunissent 175.000 enfants; en fait ce
chiffre est à doubler.
Environ 3o diocèses ont un bulletin pour les petits clercs. Par
ailleurs les instruments ne manquent pas, grâce au délégué na-
tional, Mgr Zanoni.
Les délégués diocésains reçoivent le bulletin trimestriel Pic-
colo Clero; et les enfants, la revue mensuelle Il Chierichetto,
fondée en 1938, œuvre des Bénédictins de Parme, et, pour le rite
ambrosien, All'Altare.
Parallèlement, il faut signaler le mouvement Collegio dei Let-
tori qui se propose de préparer les jeunes à commenter la messe
et proclamer la Parole de Dieu. Née à Rome grâce à D. Balboni,
:
l'organisation, à base paroissiale et diocésaine, compte de nom-
breux groupes un peu partout Rome, Ferrare, Naples, Trévise,
Alba, Crémone, Bologne, etc.
:
diocésaines. Présidé par le cardinal, ce centre comporte trois
sections étude, musique, apostolat.
En plus de l'animation pastorale de tout le diocèse, le centre
accomplit aussi un grand travail pour la formation des prêtres
et des laïcs, et cela, en collaboration avec d'autres centres éga-
lement fondés par le cardinal.
En plus du Directoire dont nous avons parlé, nous lui devons
un Lectionnaire, traduction des textes bibliques de la messe pour
leur proclamation liturgique (1960), une série de livrets pour les
stations du Carême, la semaine sainte, etc.
e) Le centre de Bénévent.
Près de Montecalvo Irpino se trouve le siège du centre Movi-
mento liturgico popolare, constitué en 1956 par l'Épiscopat de la
région de Bénévent pour l'éducation liturgique de ces popula-
tions. Confié à un groupe de Franciscains, le centre, dont l'actuel
secrétaire est le P. Ciccarelli, exerce un apostolat très actif sur
le plan paroissial par la prédication de semaines liturgiques, et
sur toute la région par des semaines et sessions d'étude pour
prêtres, religieuses et laïcs.
Il faut mentionner aussi le groupe des Franciscains de Salerne,
dirigé par le P. Caruso, qui travaillent dans l'Italie méridionale
par la prédication de semaines liturgiques, selon la méthode de
l'Opera della Regalità.
f) Le centre diocésain de Milan.
Dans le diocèse de Milan et dans quelques paroisses de Côme,
on suit le rite ambrosien, appelé encore « rite milanais».
La cité de Milan a écrit de belles pages dans l'histoire de la
science liturgique. Au nom de ceux qui œuvrèrent au début du
siècle, comme Ceriani, Magistretti, Ratti, on peut ajouter aujour-
d'hui ceux de Paredi, Marcora, Borella, Cattaneo.
Le renouveau pastoral, dû à Mgr Dotta qui, en 1925. fonda la
revue Ambrosius et, par la suite, dirigea d'autres publications
populaires encore valables, se poursuivit durant les années où
fut archevêque le cardinal Schuster. En 1960,96o, à la suite de la
lettre pastorale du cardinal Montini « Sa l'educazione liturgica »
dont nous avons déjà fait mention, fut constitué un bureau
d'étude, Ufficio studi, pour l'organisation du mouvement diocé-
sain.
Rappelons enfin deux apôtres qui ont bien mérité du renou-
:
veau liturgique, spécialement par la prédication de semaines
liturgiques
Mgr Girardi.
Mgr Mistrorigo, aujourd'hui évêque de Trévise, et
3. Revues et livres.
:
à l'autre, mais à l'intérieur d'une même ville et jusque dans la
même paroisse par exemple entre la messe du curé et celle du
vicaire.
Certes, il est des diocèses et des paroisses où, avec persévérance
et coordination, on a cherché, et non sans résultat, à amener les
fidèles non seulement à la participation active à la messe mais
encore à une célébration vivante et exemplaire des sacrements et
de l'année liturgique, en particulier du Mystère pascal. Mais, en
général, les efforts se sont portés surtout sur la messe et notam-
ment la messe lue.
?
Quelles sont les causes de cette situation Elles sont multiples
et nous nous contenterons de les signaler.
C'est d'abord l'absence dedirectives générales et d'une action
stimulatrice de la part des autorités. En divers diocèses, de
louables initiatives ont été prises, mais qui n'ont pas eu de suite.
Il n'est pas rare que des lettres pastorales, directives et même
directoires soient restées sans fruit.
L'enseignement et la formation liturgique dans les séminaires
n'ont pas toujours atteint le niveau désirable. On attend beaucoup
des futurs professeurs de liturgie provenant de l'Institut supé-
rieur de liturgie de Paris ou de l'Institut liturgique pontifical de
Saint-Anselme, créé à Rome en 1961. En attendant, l'évolution
est lente dans les séminaires où, malgré les progrès accomplis, la
dévotion moderne prévaut sur la piété liturgique.
On peut signaler aussi le peu de sensibilité du clergé, comme
le montre la maigre participation aux manifestations liturgiques
nationales, à la différence des autres manifestations pastorales.
Dans une année, le nombre des participants n'a pas dépassé les
300; quand on pense que les paroisses en Italie sont environ
24.000! Le clergé régulier ne se montre guère plus sensible que
le clergé séculier ou diocésain. A part, évidemment, des excep-
tions et des cas particuliers, les Ordres et les Congrégations
religieuses sont restés plutôt en marge du réveil liturgique, tant
pour la piété que pour l'action pastorale. La liturgie est considé-
rée généralement comme « une activité parmi d'autres », et on
arrive vite à la mettre au dernier rang, parce que les autres
secteurs, de caractère social, récréatif, politique, etc. sont
davantage urgents et ont une incidence plus immédiate ou plus
facilement traduisible en termes de réussite4. Pourtant, quand il
est convenablement préparé, le clergé manifeste un réel intérêt.
Ce qui, surtout, fait obstacle au mouvement liturgique, c'est
l'action pastorale :
l'absence de coordination entre les divers cadres nationaux de
Centre d'Action liturgique, Association ita-
lienne de Sainte-Cécile, Centre d'orientation pastorale, Office
catéchétique national, Association biblique italienne. Le mouve-
ment liturgique est loin d'être intégré dans une vue d'ensemble
de l'action pastorale. Il n'est pas rare de voir ces diverses orga-
nisations agir sur des plans parallèles. Il en résulte évidemment
une dispersion des forces et une désorientation de l'action pasto-
rale. Alors qu'en prédication on présentera la messe comme
action communautaire et mystère du salut, en classe de caté-
chisme on continuera à servir aux enfants de vieux schémas de
style apologétique et on les préparera à la première communion
comme à une dévotion privée, sans aucune relation avec la
messe. Le rapport entre la Bible et la Liturgie est pratiquement
ignoré, malgré les récentes et nombreuses traductions de la Bible
et sa diffusion parmi le peuple. Séparée d'une perspective bibli-
que, la catéchèse liturgique est vite réduite à un simple exposé
des rites.
Et que dire des manuels d'ascétique ou des livres de médita-
tion pour prêtres, religieux ou laïcs, vides de toute orientation
liturgique! La vie de piété reste ancrée sur. des positions et des
formes bien éloignées de l'esprit liturgique. Pourtant on doit
souligner la diffusion parmi les laïcs de bréviaires des fidèles et
le bon accueil qui leur a été réservé. Une certaine estime pour
la prière liturgique commence à pénétrer parmi les catholiques
cultivés.
Mais observons de plus près la participation aux mystères
liturgiques.
*
Quand on parle de mouvement liturgique, la grande masse des
prêtres pense uniquement à la messe. Bien rares sont les pasteurs *
qui se sont préoccupés d'éduquer à une participation plus vivante
et plus riche aux sacrements. A part quelques formules de dialo-
gue pour le baptême et l'échange des consentements de mariage,
tous les sacrements se déroulent entièrement en latin. Les seuls
efforts faits dans quelques paroisses consistent dans la célébra-
tion commune du baptême avec un commentaire du rite.
4. Cette juste remarque est de M. Mignone, dans Paroisse et liturgie,
/iort958), p. 210.
Dans un certain nombre de paroisses, surtout à la campagne,
reste encore vivace l'usage des vêpres chantées; mais l'introduc-
tion de la messe du soir leur a porté un grand coup et menace
de les faire disparaître complètement. Ici ou là, on cherche à les
maintenir grâce à un commentaire adapté.
La participation au Mystère pascal fut, immédiatement après
la réforme de 1955, quasi unanime. On constate aujourd'hui
une baisse, spécialement pour la veillée pascale. Cela est dû, en
grande partie, à l'absence d'une catéchèse adaptée et à l'horaire
nocturne, que le clergé lui-même cherche à anticiper. Plus four-
nie au contraire, est l'assistance à la messe du « Repas du Sei-
gneur » et à l'action liturgique du vendredi saint.
De louables efforts, par contre, ont été accomplis un peu par-
tout pour amener les fidèles à une participation active et commu-
nautaire à la messe.
Quant à la réaction des fidèles, on peut dire que même s'ils
:
ne sont que superficiellement avertis, ils répondent docilement
et participent avec une relative facilité la découverte du Mystère
de la messe leur fait visiblement plaisir. Encore qu'il faille
faire la distinction entre les populations des villes et celles des
campagnes; celles-ci, bien que de culture inférieure, se montrent
plus disponibles. De même, il faut distinguer entre jeunes et
anciens. Ces derniers, habitués à une piété individuelle, se mon-
trent plus réticents que les premiers. Enfin on rencontre souvent
de grandes difficultés auprès des religieuses, à cause des us et
coutumes entérinés par les Constitutions des Congrégations, et
auprès des fidèles qui recherchent les messes tardives du diman-
che matin. Beaucoup de fidèles, surtout des jeunes, vont à la
messe avec leur missel; dans certaines églises on distribue des
fascicules avec la messe du jour. Il s'est même constitué ici et là,
par exemple à Milan, des groupes de laïcs qui préparent la messe
dominicale lors de rencontres où ils étudient les textes de la
messe.
Pour le mode de participation, la messe dialoguée est désor-
mais répandue à peu près partout; tous les curés qui ont cherché
à l'introduire ont obtenu presque toujours de bons résultats. Les
fidèles répondent et dialoguent en latin avec le célébrant toutes
les prières de l'Ordinaire, et cela avec assez de facilité.
La messe commentée est également répandue. On note toute-
:
fois des signes de fatigue, ici ou là, de la part des fidèles. La
raison en est simple en beaucoup d'endroits, l'office de com-
mentateur est confié à des enfants qui se contentent de lire et,
par conséquent, ne réussissent pas à guider l'assemblée; dans
d'autres cas, ce sont des prêtres qui, improvisant, transforment
le commentaire en bavardage. Mais la plupart du temps les prê-
la
très, durant messe, entendent les confessions; très peu se ren-
dent compte du dommage qui s'ensuit pour la participation de
l'assemblée, ou considèrent ce dommage de peu d'importance en
face des confessions quiseraient- manquées. Dans quelques pa-
roisses, comme à Alba, Bergame, Bénévent, Brescia, Gènes,
Milan, Rome, etc., se sont constitués des groupes et des écoles de
commentateurs, et les résultats sont intéressants.
Là proclamation de la Parole de Dieu en langue italienne est
faite seulement aux messes lues; cependant, il y a toujours la
proclamation de l'évangile. Mais on manque d'une traduction
uniforme. Le Lectionnaire de Bologne a été adopté seulement par
le Diocèse de Trente. L'homélie est donnée régulièrement, mais
elle est rarement strictement liturgique. Quand on ne commente
pas l'évangile, on développe un plan de catéchèse ou de doctrine
chrétienne que beaucoup d'évêques imposent pour remédier à
la grande ignorance religieuse.
Sur le plan rituel on n'a pas atteint une complète uniformité
pour tous les diocèses. Les mouvements de l'assemblée sont sou-
vent gênés par la disposition des vieilles églises et l'affluence à
certaines messes; tout cela est plus simple dans les églises
récentes.
La participation aux chants n'a pas encore remporté l'adhésion
totale des fidèles, soit parce qu'ils préfèrent le silence, soit à
cause du manque de chants populaires. Depuis quelques années,
on a commencé à créer des mélodies faciles et des chants res-
ponsoriaux pour remplacer les vieux cantiques populaires eucha-
ristiques; presque tous d'adoration. La production de disques en
a facilité le succès. L'effort dans ce secteur s'est porté de préfé-
rence sur l'introduction de chants dans la messe lue; la chose est
réalisée, dans les meilleures paroisses, au moins à une ou deux
messes dominicales. Là où existe un groupe de petits chanteurs,
l'assemblée participe unanimement.
La messe chantée est bien plus rare. La plupart des paroisses
ne l'ont jamais, souvent parce que le curé manque de l'aide né-
cessaire. Là où elle existe, il n'est pas rare que la Schola canto-
rum exécute des chants- polyphoniques, et l'assemblée n'y a
point part.
Par contre, la participation sacramentelle à la messe est bien
plus fréquente et répandue; quoique, là encore, la communion
soit généralement vue moins en vraie participation au sacrifice
eucharistique que comme un acte de piété privée. De Pie X à
:
nos jours, le mouvement eucharistique a suivi le mouvement
liturgique. Il subsiste toujours de déplorables abus dans beau-
coup de paroisses du nord de l'Italie, le dimanche, on s'abstient
systématiquement de distribuer la communion durant la messe.
*
Milan.
I-
— LES INTERVENTIONS DE LA HIÉRARCHIE
:
Le directoire comprend deux sections. La première traite des
principes généraux, en cinq chapitres la célébration (20 arti-
cles), les acteurs de la célébration (75 art.), l'équipe liturgique
(8 art.), le lieu de la célébration (7 art.), les vêtements liturgi-
ques (3 art.). La seconde section a pour objet les directives
d'application. Un premier chapitre traite de la messe chantée
après des considérations générales sur la messe pontificale
:
(3 art.), la messe chantée solennelle (4 art.), la messe cum dia-
cono (5 art.), et la messe simplement chantée (6 art.) le direc-
L'année de la messe.
Comme on l'a signalé plus haut, les efforts entrepris par
certaines paroisses durant l'année 1960-1961 montrèrent que le
mouvement liturgique avait atteint suffisamment de maturité au
Rwanda et au Burundi pour que l'épiscopat songeât à l'étendre
à toutes les paroisses. Dans ce but, il voulut que les curés reçoi-
vent la préparation nécessaire; aussi les convoqua-t-il tout spécia-
lement aux sessions générales organisées pour le clergé, l'une au
Burundi, l'autre au Rwanda. Ces sessions furent à la fois doctri-
nales et pratiques. Le sommet de chaque journée était la célébra-
tion de la messe, selon le style communautaire préconisé pour
les paroisses. A ces sessions, il apparut que le point le plus
important était d'inculquer aux fidèles le véritable esprit litur-
gique. Pour y arriver, on formula le souhait de consacrer, une
année durant, la majorité des prédications à la catéchèse
liturgique de la messe.
Suite à ces vœux, les évêques décidèrent une « année de la
messe». Elle fut inaugurée au mois de septembre 1961, par la
lecture d'une lettre pastorale commune. Le Centre de Pastorale
liturgique et catéchétique était chargé de fournir des schémas de
prédication pour chaque dimanche.
Plusieurs feuilles officielles diocésaines, adressées par les chan-
celleries épiscopales aux prêtres, religieux et religieuses, consa-
crèrent dès lors une rubrique régulière aux questions de pastorale
liturgique. Elles abordaient tantôt un point spécial de doctrine,
tantôt l'explication de certains articles du directoire; elles don-
naient des conseils en vue d'aider le clergé à promouvoir la
participation des fidèles. Cette initiative fut hautement appréciée;
ces instructions directes eurent une influence décisive sur beau-
coup de prêtres.
I.
essor.
Les commissions diocésaines se constituèrent insensiblement,
2. :
Adresse Centre international de Pastorale liturgique et caté-
chétique, B. P. 49, Astrida, République du Rwanda. Le directeur
du Centre d'Astrida tient à signaler combien il a été aidé par les
conseils du C. P. L. de Paris. Pour ce qui concerne l'activité catéché-
tique du Centre, une chronique est prévue dans la revue Lumen Vi-
tae, 1963,
à partir de la vie: A leur réunion de novembre 1959, les évêques
décidèrent de désigner chacun deux ou trois paroisses où le
clergé s'appliquerait à promouvoir la participation active à la
messe suivant les orientations arrêtées par la Conférence épisco-
pale. On réunit ces prêtres à l'échelon de chaque diocèse, dans le
but d'étudier, avec le responsable du Centre, la pastorale litur-
gique de la messe et de fixer de commun accord les premiers
:
objectifs à atteindre. Ces réunions se tinrent sous la présidence
de l'évêque
:
elles étaient les embryons des futures commissions
diocésaines. Elles se répétèrent les années suivantes y partici-
paient les prêtres qui révélaient des aptitudes pour l'apostolat
liturgique. En octobre 1961, la Conférence épiscopale examina un
projet de statuts pour les commissions diocésaines, établi sur les
bases d'échanges de vues qui eurent lieu à la Commission inter-
diocésaine. En août 1962, les diocèses avaient, en grande majo-
rité, érigé officiellement leur commission pour la liturgie. Les
statuts prévoient que chaque commission diocésaine étudie avec
l'évêque les moyens de faire entrer en application les orienta-
tions prises par la Commission interdiocésaine et ratifiées par la
Conférence épiscopale. De plus, il leur revient de promouvoir
l'apostolat liturgique. Dans ce but, tantôt les membres de la
commission se sont réparti les différentes régions du diocèse en
vue d'y exercer une animation liturgique, tantôt l'évêque a
détaché complètement un prêtre comme responsable du renou-
veau liturgique et catéchétique. Chaque commission comprend
un représentant de l'enseignement secondaire, chargé de suivre
ce secteur. A sa réunion d'octobre 1962, la Commission interdio-
:
césaine a insisté sur le rôle des commissions diocésaines en vue
de pallier les difficultés actuelles elles doivent pourvoir aux
moyens d'aider les paroisses, en suscitant une entraide, princi-
palement pour la formation des équipes liturgiques et pour
l'enseignement des chants fonctionnels; on souhaita, de plus,
qu'elles encouragent l'organisation, à l'échelon de la paroisse,
de petites sessions liturgiques pour catéchistes et de « semaines
»
liturgiques pour la communauté chrétienne. Des expériences
récentes dans ces domaines en avaient révélé tout le fruit.
:
L'attention fut également attirée sur la constitution effective des
conseils paroissiaux tout effort semble d'avance voué à l'échec
s'il n'y a pas unité de vues et d'action dans l'équipe sacerdotale
paroissiale, et si le clergé ne travaille pas fraternellement en
équipe avec les religieux, les religieuses et l'élite laïque chré-
tienne.
La Commission interdiocésaine réunit plusieurs fois par an les
membres des différentes commissions diocésaines, désignés par
l'évêque pour participer à ces réunions. Elle relève directement
de la Conférence épiscopale qui, à l'examen des rapports de ses
travaux, adopte des orientations communes. Grâce à cette relation
avec l'Épiscopat et grâce à sa composition, la Commission
interdiocésaine a été, de fait, la cheville ouvrière du renouveau
liturgique. C'est à ses réunions que les différentes expériences se
sont confrontées, que les nouvelles compositions ont été connues
et appréciées3, que les mesures ont été envisagées pour surmon-
ter les difficultés. La principale de ces mesures fut l'établissement
de sous-commissions, deux pour les chants et deux pour les
textes, en fonction des deux langues parlées, le kirundi et le
kinyarwanda; ces sous-commissions étaient chargées de susciter
une large collaboration en vue de constituer le lectionnaire, les
répertoires de chants et les monitions. C'est grâce au travail des
membres de ces sous-commissions que l'on est arrivé à réunir
le matériel nécessaire au renouveau4.
méditation :
déjà de plusieurs formulaires pour l'ordinaire de la messe, de nom-
breux psaumes, de chants de communion et de quelques chants de
kinyarwanda; le
trentaine de fiches de chant ont été éditées en
une Burundi
a surtout des polycopies, trois séries de
huit fiches imprimées, et un manuel de chants édité par le Grand
Séminaire de Burasira. Tous ces nouveaux chants sont construits sur
les modes musicaux traditionnels dans le pays.
5. Les écoles secondaires, en régime d'internat, ont fait de grands
efforts pour la participation active à la messe et pour les célébrations
bibliques aux temps forts de l'année liturgique. Les messes de style
communautaire y ont une fréquence qui va de deux à six par semaine.
Certains instituts ont vraiment renouvelé leur esprit, grâce au
renouveau liturgique, conjointement à la prise de conscience des
responsabilités apostoliques chez les élèves.
rien (surtout le formulaire VIII du Kyriale); une schola assurait
les chants du Propre; tous répondaient aux salutations et aux
prières présidentielles. Aux messes lues, les fidèles récitaient à
l'unisson les formules de prières qu'ils trouvaient dans leur
Manuel des chrétiens, formules reprises des livres de piété en
usage en Europe avant que se répandissent les missels. Le caté-
chiste entonnait ces prières au moment voulu et toute l'assem-
blée en poursuivait la récitation; des attitudes communes étaient
observées; cependant l'assemblée n'intervenait pas dans les
»
dialogues avec le célébrant, qui « disait sa messe comme coupé
de l'assistance.
:
6. Psaumes 23, 42, 66, 94, etc. Pendant l'avent
le carême
ps. 24; pendant
ps. 90. Ou bien tel cantique adapté au temps liturgique
ou à la fête.
pénitentielle, parfois clairement exprimée dans la paraphrase :
7. La transposition du Kyrie en langue du pays revêt une nuance
« Sei-
gneur, ayez pitié, car nous avons péché. » Ce n'est certes pas le sens
originel du Kyrie, mais une telle nuance est appelée par l'usage chré-
tien des mots employés pour rendre « eleison ». Le même mot, en lan-
gage africain chrétien, signifie pitié, indulgence, miséricorde, pardon.
De plus, les fidèles semblaient beaucoup tenir à exprimer leur repen-
tir au début de la cérémonie, ce qu'ils faisaient auparavant en réci-
tant le Confiteor dans leur langue pendant les prières au bas de
l'autel; leur piété est donc satisfaite par la tournure pénitentielle du
Kyrie. Enfin l'Episcopat préféra réserver pour l'offertoire les prières
litaniques d'intentions; revaloriser le Kyrie par des intentions devien-
drait dès lors un doublet malencontreux et allongerait inutilement
la cérémonie.
tion 8.
Le célébrant proclame lui-même l'évangile en langue vi-
-
8. Pour le moment, le répertoire des chants de méditation est
encore très maigre. Le peuple chante un triple alléluia; la schola
chante deux versets avec de nouveau le triple alléluia au milieu et
à la fin. Les versets sont inspirés du psaume 118 et de la deuxième
:
par l'évêque de l'endroit à rechercher comment adopter dans le
culte les moyens locaux d'expression, traitent également le Sanctus
de cette manière cela crée un climat intense de joie et de louange.
Durant la consécration, ils ont. introduit un battement très solen-
nel du gros tambour. Par ces mêmes procédés, ils sont parvenus à
entourer d'une orchestration vraiment suggestive la doxologie finale
du canon.Mais ceci n'a pas encore été expérimenté en paroisse.
pour un chant d'anamnèse ou pour mieux introduire la ratifica-
tion par les fidèles de la grande prière eucharistique n'ont encore
rien proposé de satisfaisant. Une monition précède en général le
Pater, qui est récité par l'assemblée en sa langue10. L'Agnus Dei
est chanté par le peuple après intonation par la schola, selon
diverses paraphrases. Les pasteurs n'ont pas encore trouvé le
moyen de faire participer le peuple aux rites du cycle de la
communion d'une manière suffisamment vécue pour qu'ils
communion »
puissent supprimer la récitation en commun des « actes avant la
dont, hélas! la formulation est très individualiste
et sans référence au sacrifice offert. Durant la distribution de la
communion, l'assemblée chante soit des chants d'action de
grâces récemment composés selon la structure responsoriale
— ce qui est vraiment adapté à la culture locale — soit d'anciens
cantiques. Le commentateur prononce un invitatoire à la post-
communion, tout comme il l'a fait pour la collecte. Avant la
bénédiction finale, se font les annonces; à certains endroits, on a
préféré les mettre avant la messe; on évite donc de plus en plus
de les placer au moment de l'homélie. Sitôt la bénédiction reçue,
l'assemblée exécute un chant final, parfois accompagné de batte-
ments de mains et de tambour.
A la grand-messe du dimanche, lecteur et commentateur
interviennent. Les chants de l'ordinaire sont chantés par le
peuple dans la langue du pays, de même qu'un chant d'entrée.
une litanie d'intentions à l'offertoire, les chants de communion
et le chant final d'action de grâces. L'introït et les autres cbants
du Propre sont chantés ou psalmodiés en latin.
Réflexions.
Les fidèles de ces paroisses avouent que ces célébrations
vivantes leur ont fait découvrir ce qu'est la messe. Ils sont très
attentifs à la proclamation de la Parole de Dieu; apprécient les
monitions qui les aident à prier avec l'Église et à s'unir au
déroulement de l'action sainte; ils sont particulièrement heureux
de chanter leur foi et la louange de Dieu dans leur langue, et
avec les ressources de cet art musical qui est le leur et le plus
apte à vraiment les émouvoir.
Au début, le clergé avait maintenu, le dimanche, une messe
lue avec récitation commune de prières comme auparavant, afin
de laisser aux chrétiens qui n'apprécieraient pas les innovations
vivante.
« immémoriale » on vigueur à toutes les messes lues; une même
coutume a joué en faveur du Domine non sum dignus en langue
la possibilité d'une messe à leur goût. D'eux-mêmes, les fidèles
ont demandé que toutes les messes dominicales — à part la
grand-messe — soient célébrées dans le style communautaire
détaillé plus haut. Ils ont demandé que la même manière de
célébrer soit introduite en semaine, ce qui a été réalisé selon un
style de célébration un peu plus simple. Les chrétiens des suc-
cursales sont intervenus pour que, lors du passage du prêtre chez
eux, la messe soit aussi célébrée de cette manière. En consé-
quence, plusieurs missions ont leur équipe liturgique dans les
succursales importantes.
Le clergé constate les bienfaits de cette vie liturgique :
l'assis-
tance est plus pieuse et plus recueillie; les chrétiens arrivent à
temps et sortent beaucoup moins durant la célébration; la vie
chrétienne de l'ensemble de la communauté paroissiale monte
sensiblement.
Dans l'état actuel de la législation liturgique, il est sans doute
difficile de faire davantage. Et pourtant, le clergé de ces paroisses
se dit insatisfait. Le cœur même de la messe, la grande prière
eucharistique, est presque comme un moment qui manque de
vie. Bien sûr, les fidèles croient que le Christ renouvelle son
Sacrifice, mais les rites ne les entraînent pas suffisamment dans
une union intense à l'action sacerdotale. Les monitions n'y
suffisent pas, ni non plus le fait de célébrer face à l'assistance.
Pour des peuples de civilisation orale, la prière du prêtre devrait
être dite à haute voix, si elle n'est pas chantée, et dans une
langue intelligible à l'assistance. Sans cela, on ne sortira pas
d'une passivité qui équivaut trop à de l'inertie spirituelle. Étant
donné les caractéristiques des civilisations orales, il est illusoire
de vouloir suppléer à cette lacune par des livrets de participa-
tion : un style direct est nécessaire, audio-visuel, le célébrant
entraînant, par sa prière exprimée à haute voix, par ses gestes
et son attitude, la piété respectueuse et attentive de l'assemblée.
IV. — LE RITUEL
ment populeuses :
(accession à l'indépendance) avec, comme conséquence, l'instabilité
des esprits et parfois une inquiétude profonde; paroisses démesuré-
parfois 4o.ooo fidèles pour trois prêtres seule-
ment qui doivent en outre s'occuper des catéchumènes et des non-
chrétiens.
exprimée par les fidèles du fait qu'ils comprennent désormais
les prières de l'Église et le sens des rites, totalement impénétra-
bles pour eux auparavant.
:
des baptêmes solennels d'adultes et des baptêmes d'enfants.
— Pour la veillée pascale conférer quelques baptêmes d'adul-
tes et mettre bien en relief, par la catéchèse et les monitions, le
symbolisme de l'eau, du cierge, du vêtement blanc et de
l'onction.
— Pour le carême: en principe, il constitue l'itinéraire spiri-
tuel vers Pâques et le baptême de ceux qui s'y préparent (com-
munauté catéchuménale) et de ceux qui s'y renouvellent
(communauté eucharistique). L'effort durant les retraites pasca-
les, prêchées pendant tout le carême dans les succursales, devra
porter tout autant sur la préparation du Triduum sacré, et
spécialement de la veillée pascale, que sur la satisfaction du
précepte pascal. Il est souhaitable que le prêtre se rende dans les
succursales le jour de Pâques. Pour le Triduum sacré, à célébrer
dans les succursales en l'absence du prêtre, des célébrations
devront être étudiées.
— Pour les baptêmes d'adultes : y intéresser la communauté
des fidèles: utiliser comme préparation spirituelle les thèmes du
dot coutumière :
les anciens rituels germano-francs); cela contribuerait à assumer
dans le christianisme les valeurs profondément humaines de la
alliance des familles, témoignage de recon-
naissance aux parents, responsabilités des familles vis-à-vis de
la bonne entente et du bonheur du jeune foyer13.
Astrida.
XAVIER SEUMOIS, P. Bl.,
Directeur du Centre International
de pastorale liturgique et catéchétique.
o N
:
trouvera dans cette chronique un état — sommaire mais
significatif — du chant religieux populaire dans treize
pays du monde Europe occidentale. Amériaue du Nord
et du Sud, Inde, Indonésie. Japon et Australie.Nous n'avons pas
pu, malheureusement, rassembler une documentation suffisante
sur l'immense effort de création qui s'accomplit actuellement en
Afrique. Elle mériterait à elle seule une chronique à part.
Des documents que nos correspondants ont bien voulu nous
communiquer — que nous citons ou résumons — se dégagent
quelques constatations générales.
1° Le renouveau du chant est fonction du renouveau litur-
gique dans chaque pays.
2° Dans la mesure où le renouveau liturgique s'est fait sentir,
on constate l'insuffisance ou l'indigence des cantiques tradition-
nels pour une prière qui réponde à la célébration de la liturgie.
Le besoin apparaît de chants nouveaux adaptés dans leur forme,
leur contenu et leur style aux diverses fonctions du culte.
3° En dehors de quelques réalisations isolées, le chant grégo-
rien n'a pas gagné les fidèles, même pour la part qui leur reve-
nait : les pièces de l'Ordinarium missœ (exception faite pour une
partie de la France, Belgique et Hollande non représentées ci-
dessous)
4° Les psaumes font à peu près partout l'objet d'un intérêt
spécial et de bonnes expériences.
5° Plus difficile et moins cohérente semble la création de tex-
tes dignes de la prière liturgique, s'imposant par leur contenu,
leur langage et leur qualité littéraire. L'absence d'une hymnodie
populaire dans la liturgie romaine rend ici la tâche difficile. Elle
:
est néanmoins de tout premier plan pour la vie cultuelle (par
exemple les processionnaux de la messe introït, offertoire, com-
munion — ou les temps liturgiques), et le développement d'une
« piété liturgique».
6° L'utilisation ou la création de mélodies adaptées ne consti-
tue pas un problème majeur, bien que les musiciens d'Église
soientencore peu nombreux ou restent trop étrangers à ce
renouveau.
Nul doute que les orientations attendues du Concile ne vien-
nent donner cohésion et force à ces manifestations déjà impres-
sionnantes de vitalité dans l'Église.
ALLEMAGNE
:
-
ANGLETERRE
ARGENTINE
AUSTRALIE
BRÉSIL
:
religieux la semence est jetée, la terre est bonne, la germination
se fait. Mais ily a de grandes difficultés manque de musiciens
compétents, car peu de séminaires ont un professeur de musique
spécialisé. Il n'y a pas d'école de musique sacrée, ni de moyens
de divulgation. D'autre part, bien que les moyens de communi-
cation se perfectionnent toujours plus, les grandes distances terri-
toriales isolent les initiatives.
:
Mais on peut déjà constater des résultats positifs la musique
pastorale commence à intéresser le clergé, ce qui fait espérer
une authentique rénovation du chant populaire. Dans les milieux
où elle s'est déjà opérée, on a remarqué qu'elle a été reçue avec
un grand enthousiasme.
Les cours de vacances ont contribué à cette rénovation. Depuis
1958, dans divers États, des sessions ont lieu, et suscitent un
intérêt extraordinaire. Les publications de fiches, chants, offices
paraliturgiques et même de chansons religieuses vont se multi-
plier au cours de l'année.
Renseignements fournis
par Dom AMARO CAVALCANTI DE ALBUQUERQUE,
de la Commission archidiocésaine
de musique sacrée de Rio de Janeiro.
CANADA
ESPAGNE
:
et un disque en a été gravé (33 t., Discoteca Popular Catolica).
Signalons aussi un parolier Cantemos, contenant l'Ordinaire
de la messe, le texte castillan d'une douzaine de messes, le texte
des 22 psaumes, et divers chants. On en a fait une édition en
fiches, avec, à part, les accompagnements correspondants.
D'autres fiches ont été éditées par le Centre de Pastorale litur-
gique de Barcelone, par les Éditions Herder de Barcelone (messe
en castillan de Goicoecha Aizcorbe). M. Manzano, le F. Jordan,
le F. Arragües, ont aussi composé des messes ou des chants qui
ont été édités en fiches.
A côté de ces réalisations en castillan, il y a eu aussi un
renouveau du chant en langue basque. Le centre d'études litur-
giques et pastorales du Séminaire de Saint-Sébastien a fait des
éditions bilingues (texte et musique), comme Mesa santurako
Abestiak. Certaines de ces mélodies sont d'origine populaire;
d'autres sont dues à un bénédictin de Belloc, Dom Lerchunchi.
Cette abbaye de Belloc a aussi publié le Kantikak, déjà épuisé.
Dans l'élaboration de la musique religieuse populaire en
Espagne, on a suivi le critère de Mgr Miranda qui disait qu'on
devait laisser aux musiciens religieux toute liberté de composer
spontanément, de manière que se fasse une sélection à partir de
cette abondance. Le peuple se chargera de rendre vraiment popu-
laires les chants qui conviennent à sa manière d'être.
ÉTATS-UNIS
:
Un autre compositeur a eu une bénéfique influence sur le
renouveau du chant c'est M. Alexander Peloquin, qui a publié
de nombreuses pièces (processionaux, motets, chorals, messes)
en langue vernaculaire.
C'est dans le Midwest, là où le mouvement liturgique est le
plus introduit, que la musique liturgique s'est développée le plus
largement. Dom Ermin Vitry fit un travail salutaire, notamment
dans des cours d'été à l'université Notre-Dame. Les PP. Joseph
Nolan et Martin Hellriegel ont aussi été des chefs de file dans le
renouveau liturgique en général, et le chant en langue vernacu-
laire.
Les psaumes Gelineau, publiés à Grailville (Loveland, Ohio),
ont suscité la création de psalmodies analogues, parmi lesquelles
on peut noter celles de Denis Fitzpatrick, de Chicago, qui a
composé d'autre part un recueil encore inédit, comprenant des
psaumes et des hymnes pour diverses parties de la liturgie.
Le Gregorian Institute of America (Toledo, Ohio) sous la direc-
tion du Dr Clifford Bennett a fait une œuvre de pionnier en
publiant nombre d'oeuvres en latin et en langue vernaculaire, et
en organisant des cours de musique sacrée.
:
Signalons en- conclusion l'effort récent pour renouveler les
Recueils de chants
— Our parish prays and sings, Éd. St John's Abbey, College-
ville, Minnesota, dont un million d'exemplaires ont déjà été
vendus;
— le nouveau St Basil Hymnal, aussi excellent que l'ancien
était mauvais; ,
INDE
3. Les psaumes.
Ils méritent une mention à part, soit pour l'importance qu'ils
:
prennent dans la vie liturgique italienne, soit pour l'accueil qui
leur a été réservé. Signalons
— L. PICCHI, Tre cantici spirituali (Psaumes 22, 94 et 135),
Éd. Schola, Côme, 1960.
— Trenta salmi e un cantico,
Éd. L.D.C., Turin, 1962. Adaptation italienne de la psalmodie
Gelineau, avec des antiennes composées pqr des musiciens ita-
liens.
(Les conclusions de l'auteur sont reproduites à la fin de cette
chronique.)
Renseignements fournis par DON BORELLO,
Salésien de Turin.
JAPON
PHILIPPINES
PORTUGAL
*
* *
J. GELINEAU.
BIBLIOGRAPHIE --.
:
M.-F. LACAN, Paris, Ed. du Cerf, 1962, XXVIII pp.1158 col. Broché
34,5o F; relié & F.
:
La vogue dont jouissent aujourd'hui les thèmes bibliques ne va
pas sans quelques dangers. Le plus grave, sans doute, est de réduire
les réalités dont parle la Bible à des schèmes mentaux ou symboli-
ques et, par exemple, en traitant du « thème du Pneuma », d'oublier
que l'Esprit de Yahvé, le Saint-Esprit ne sont pas seulement ni
d'abord des thèmes. On peut aussi s'attacher excessivement à un
thème ou à un groupe de thèmes en négligeant bien d'autres choses
importantes, sans savoir même ce qu'est la Bible. Ou parfois, en
s'intéressant à un thème, on groupera vaille que vaille des éléments
de provenance hétéroclite sans respecter la richesse des contextes et
sans posséder un seul point ferme pour tracer la courbe du déve-
loppement. Il est des gens très forts en thème qui se sont rendus
incapables de même se demander ce que veut dire un texte donné.
Pourtant l'étude des thèmes est recommandée, si elle est menée
sérieusement. Elle ne s'improvise pas. Elle suppose des travaux pré-
paratoires, un minimum de temps et de bonne volonté, un esprit
docile et un cœur simple. Cela est vrai, entre autres, pour les litur-
gistes, s'ils ne veulent se contenter d'approximations verbales et
de correspondances de surface. Si l'Eglise jouit d'une grande aisance
dans sa lecture de la Bible, ce n'est pas qu'elle fait fi des contraintes
exigeantes de la science; mais elle peut s'en dégager en une certaine
mesure parce, qu'elle est contrôlée par une sûre familiarité avec
l'essence des choses. A ce prix, la lecture des textes sacrés dans
l'action liturgique pourra tenir compte du vrai progrès d'une idée,
des différentes valeurs que lui ont données ses transpositions suc-
cessives, et donc aussi de l'actualité qu'elle garde dans l'Eglise d'au-
jourd'hui.
Ceux qui se serviront du nouveau Vocabulaire ne le feront donc
pas sans s'être dûment informés de l'esprit dans lequel il a été com-
posé.. Il n'entend pas dispenser d'un travail réfléchi sur les textes,
mais y conduire. Les soixante-dix collaborateurs sont tous des pro-
fesseurs, les vétérans encadrant les plus jeunes,. Tous ont bien voulu
que leurs contributions fussent soumises à un contrôle en vue de
l'harmonie générale, et ce principe demandait autant de désintéres-
sement aux réviseurs de l'équipe centrale et aux auteurs. Qui prendra
la peine de relever les initiales figurant après les articles ne peut
manquer d'en être frappé.
Il y a 287 articles. Ils vont d'une ou deux colonnes jusqu'à dix
ou douze. On y trouve une dizaine de noms de personnes (dont
Jésus, « délibérément bref », se bornant au sens du nom). Et puis
les principales notions en jeu dans les deux Testaments, qu'elles
concernent Dieu, ses initiatives, ses attributs ou l'histoire du salut
en ses différentes étapes, ou encore l'homme, avec ses éléments,
ses activités, ses attitudes en face de Dieu et des autres hommes, ou
encore les créatures dans l'usage que l'homme en fait et surtout dans
leur valeur de symboles religieux. Les mots-vedettes ont été choisis
avec soin. Une table finale comporte beaucoup de mots usuels avec
le renvoi aux notices où la matière est traitée. On appréciera aussi
les très nombreux renvois d'un article à d'autres.
Les auteurs ont travaillé dans une perpective pastorale et pris le
parti de tenir compte de leur science sans en faire état. Ils ont peu
mis en œuvre les comparaisons extérieures à la Bible. Ils ont presque
toujours suivi les étapes successives de leur thème, aussi bien le
déroulement du dessein de Dieu à travers l'histoire que celui de
l'idée qu'on s'en est faite. Les intentions des auteurs sont du reste
exprimées dans une double introduction qu'on lira avec attention.
Le P. Léon-Dufour, dans Théologie biblique et vocabulaire (pp. XIII-
xix, montre comment une présentation analytique fait fond sur
« l'unité de l'œuvre divine et la synthèse du regard divin », si bien
que des données éparses en apparence sont quand même liées par un
ordre véritable, sensible dès qu'on « circule d'une notice à l'autre»
(p. xv). Puis l'abbé Grelot présente une brève Histoire littéraire de
la Bible (pp. XX-XXVIII) : cette esquisse de la formation du recueil
des Ecritures sert de toile de fond à toutes les évolutions de détail
dont les articles ont à faire état.
Les réserves du début de ce compte rendu mettaient le lecteur
en garde contre certains périls. Qu'on veuille n'y voir aucune cri-
tique adressée ou même insinuée à l'égard du Vocabulaire. Ce nou-
vel ouvrage,tout au contraire, invite à la recherche, loin d'en exemp-
ter. Les pasteurs, les fidèles et même les techniciens, s'ils acceptent
de sortir un peu de leur technique, y trouveront l'aliment de lec-
tures et de réflexions renouvelées. Sa publication est le fruit d'un
renouveau déjà confirmé de spiritualité biblique auquel il apporte
à son tour une contribution généreuse. Tous les lecteurs de l'Écri-
ture, catholiques ounon, s'ils s'en servent de la manière voulue, y
pourront trouver de quoi satisfaire et alimenter leur faim et leur
soif de la parolede Dieu.
en liturgie :
à tout ce qui fait la formation et l'ouverture d'esprit d'un étudiant
l'ouvrage est présent aux questions théologiques ac-
tuelles, cite avec bonheur des textes patristiques, s'intéresse même
au renouveau liturgique des chrétiens séparés. L'A. travaille depuis
de longues années au renouveau liturgique et il a publié de nom-
breux articles dans la revue Liturgia de l'abbaye de Silos. Il connaît
bien la littérature liturgique des différents pays. Quelquefois l'infor-
mation historique n'est pas complètement à jour.
:
culier dont le plus ancien témoin est l'édition de 1512. A vrai dire,
l'histoire de ce rituel est discontinue aux 16e et 17e siècles, Spire
adopte deux éditions du rituel de Mayence, sa métropole, et les édi-
tions postérieures du rituel de Spire prennent leur bien un peu par-
tout. L'édition de 1893 est la première pour laquelle l'évêque de-
mande l'approbation de la Congrégation des Rites.
:
paléo-testamentaire, attestée au temps de saint Ambroise, et qui
constitue l'une des richesses de la liturgie milanaise. Autre sujet
d'étonnement la présence de formulaires pour la messe du vendredi
en Carême. On aimera surtout à s'attarder dans une lecture attentive
des préfaces, qui varient pour chaque messe. Il y a là une des sources
les meilleures de l'eucologie occidentale.
Signalons enfin que le volume s'achève sur une concordance des
sacramentaires ambrosiens et romains établie par G. Fassi (pp. 379-
555), qui facilite beaucoup l'étude comparée des deux liturgies de
Rome et de Milan. On comprend dès lors que S. Em. le cardinal Mon-
tini ail tenu à présenter lui-même ce joyau de son Église.
P. JOUNEL.
:
à descendre dans les eaux
louange
:
avec son chant baptismal, dont la première partie est une invitation
Currite sicut cervi, et la seconde une
Gaudete baptizati (étude, pp. 38-39; transcription, p. 101).
Par ailleurs l'office pascal, avec ses trois litanies et ses douze lec-
tures, est déjà celui de la liturgie romano-franque.
SYNOPSE ÉVANGÉLIQUE
DE LA
BIBLE DE JÉRUSALEM
est en préparation
POUR L'UNITÉ
DES CHRETIENS
Rappel :
F. BIOT: De la polémique au dialogue.
1. L'Église face aux chrétiens séparés. 3,90 F + t. 1.
H. Les chrétiens séparés face àl'Église. 3,90 F + t. 1.
SAINTE ÉGLISE
Etudes et approches ecclésiologiques
Un volume in-8° carré de 720 pages 37,20 F + t. 1.
:
qu'elle est définie et située. Ses propriétés, ou notes, sont ensuite
étudiées, au moins sous quelques aspects décisifs unité, catholicité,
p.p.p.
du laïcat, de l'œcuménisme, de la théologie, de l'histoire, qui carac-
térise notre époque. Approchant de 1962 et du Concile, on aborde les
grands sujets qui vont être traités dans cette grande assemblée, en
p.
particulier celui de l'épiscopat.
« Le XXe siècle sera le siècle de l'Eglise » (M. Dibelius). Le
P. Congar a largement contribué à ce que ce beau programme de-
vienne une réalité.
L. M. DEWAILLY
LA JEUNE ÉGLISE
DE THESSALONIQUE
Les deux premières Épîtres de saint Paul
Un volume in-8° carré de 160 pages 8,40 F. + t. 1.
LA PRIÈRE
DES HEURES
Un volume in-8° ecu de 336 pages 15 F + t. 1.
p.
elles-mêmes (on remarquera la contribution du prof. B. Fischer, Les
psaumes, prière chrétienne). Mgr Cassien et le prof. Jeremias explorent
la prière du Christ et de la communauté primitive.
Un livre très opportun, en cette période de concile et de réforme
de l'Office divin.
:
P.
D.
SALMON
RIMAUD
250
:
formation du bréviaire,
et J. GEUNEAU :
256
8,40 F + t.
1. 1.
1.
FRANÇOIS BIOT
DE LA POLÉMIQUE AU DIALOGUE
II. LES CHRÉTIENS SÉPARÉS FACE A L'ÉGLISE
Le désir de dépasser le stade de la polémique et la volonté efficace
de dialogue sont aujourd'hui le fait de tous, aussi bien de l'Eglise
catholique que des autres communautés chrétiennes. Ce deuxième tome,
qui retrace le cheminement des chrétiens séparés jusqu'à l'envoi d'ob-
servateurs au Concile, est le complément indispensable du premier.
Tome I. L'Église face aux chrétiens séparés.
136 pages
Chaque volume in-8° couronne de 144 et
3,90 F + t. 1.
JEAN MAURICE
VOYAGES CHEZ LES PROTESTANTS
p.
directs de la Réforme du XVIe siècle Comment vivent-ils aujour-
d'hui après quatre siècles de rupture?
Luthériens en Scandinavie, anglicans en Grande-Bretagne, ressem-
?
blent-ils encore à leurs frères chrétiens demeurés fidèles à Rome
N'est-il pas indispensable de répondre à ces questions pour mieux
suivre le dialogue œcuménique ?
p.
La recherche d'une réponse vaut le voyage.
p.
Dans la même collection :
CADET: L'Église et son organi-
1. JEAN
sation, 176 4,50F+ 1. t.
2. JOSÉ DE BROUCKER : L'Église à l'Est
1. La Pologne, 128
:
3,60 F + 1.1.
3. Y. CONGAR : Vatican II : Le Concile au
jour le jour, 144 3,90 F + t. 1.
UN CHRÉTIEN AU SERVICE
DE
L'ENSEIGNEMENT PUBLIC
Le témoignage d'un homme, professeur de lettres, puis inspecteur
de l'enseignement public, animateur de la Paroisse Universitaire, qui
a su unir en toute sa vie la culture et la foi, un christianisme sans
équivoque et un intransigeant respect de la conscience d'autrui.
PROPOS
SUR
LA PRÉDICATION
40.000 tribunes sont offertes chaque dimanche aux prédicateurs de
l'Evangile. Les fidèles ont besoin d'une nourriture forte, et beaucoup
la réclament. Les pasteurs répondent-ils à ce besoin et à cette faim ?
L'Evangile est-il vraiment prêché au XXe siècle? Est-il encore
?
(( annoncé aux pauvres»
:
vol.
Chaque volume 11,70 F + t. 1.
Déjà parus :
P. A. LIÉGÉ : Jeune homme, lève-toi! 8,70 F + t. 1.
R. VOILLAUME : Lettre aux fraternités,
2 19,80 F + t. 1.
Y. GOBRY :
La pauvreté du laïc 8,70 F + t. 1.
N° 7
OLIVIER A. RABUT, o. p.
VALEUR SPIRITUELLE
DU PROFANE
Un volume in-8° carré de 144 pages 7,80F+
Que l'humanité réalise par voie évolutive son achèvement, c'est l'es
tiel de cette « foi au monde » qui anime bien des esprits aujourd
p.p.p.
Mais s'agit-il de son achèvement, ou d'un certain achèvement? L'aci
plissement spirituel de l'homme - -
le salut est-il dans la ligne du
p.
grès évolutif?
Cette distinction de deux achèvements, et leur ajustement, prend
valeur dramatique pour chacun. Le P. Rabut accepte la question
toute son urgence; à force de familiarité avec elle, et d'honnêteté criti
il éclaire la voie d'une vie spirituelle accordée à la condition humaine
N° 8
CONNAISSANCE
DE LA FOI
paraître:
:
A
:
Chacun peut trouver dans ces conférences spirituelles une solide
nourriture il s'agit d'une doctrine optimiste mais profonde, simple et
équilibrée, authentiquement chrétienne, qui convient à tous.
Tome 10
DE PLANTATIONE
Par JEAN POUILLOUX, professeur à l'Université de Lyon
L'ATHÉISME
TENTATION DU MONDE
RÉVEIL DES CHRÉTIENS ?
Un volume in-8° écu de 256 pages 8,40 F + t. 1.
p. p.
diversité des athéismes, du Japon à l'Amérique du Sud, du monde
ouvrier au monde scientifique.
Ce volume nous livre de profondes analyses, une ample moisson de
faits pour nourrir une réflexion d'ensemble sur l'athéisme.
p.
Rappel
Journée des I.C. I. 1961 :
Un concile pour
notre temps, 256 7,20 F + t. 1.
p.
148
Collectif L'annonce de l'Évangile aujour-
d'hui, 368 9,90 F + t. 1.
J. LOEW et G. M.-M. COTTIER : Dynamisme
de la foi et incroyance, 136 6,60 F + t. 1.
TOME II
Le bonheur se construit
Un volume in-8° couronne de 216 pages 6,90 F + t. 1.
Paru voici quelques mois, le premier recueil des chroniques de
Camille Destouches était consacré à des problèmes de jeunes centrés
autour de deux thèmes : les Jeunes Filles, la Mère et les Enfants.
Voici à présent des problèmes d'adultes.
Ces nouvelles confidences, Camille Destouches les accueille avec
le même cœur, la même sollicitude, le même désir d'aider, de dénouer
ce qui est crispé, d'apaiser ce qui est anxieux.
Et ces lettres, l'une après l'autre, témoignent que le bonheur n'est
pas donné une fois pour toutes et qu'il ne supporte pas d'être laissé
au hasard. Jour après jour, par-delà les soucis, les peines et les dé-
couragements, il se conquiert, il se façonne, il se construit.
Un livre d'espoir, d'optimisme et de courage.
Du même auteur :
Une femme répond à des femmes, I. Jeu-
l'Y'.
nes d'aujourd'hui et de toujours, 264
» w
R. OMEZ, o. p.
L'occultisme
devant la science
Un volume in-8° couronne de 128 pages 4,80 F + t. 1.
L'IMITATION
DES APOTRES
Un volume in-8° écu de 96 pages 5,70 F + t. 1.
Être apostolique :
un des maîtres mots du temps présent. On sur-
milieu où est né cet idéal:
prendra encore bien des militants et des prêtres en leur apprenant le
ce sont les moines qui les premiers ont
revendiqué de mener la vie apostolique. Au XIIe siècle les chanoines
se veulent à leur tour descendants directs de l'Eglise primitive. Une
nouvelle mutation s'opère au tournant des XIIe et XIIIe siècles, avec
l'apparition des prédicateurs itinérants et la naissance des Ordres
mendiants.
La méditation des Actes des Apôtres, présentant la première com-
munauté chrétienne, n'a pas fini d'être une source de rajeunissement
pour l'Eglise.
Mai 1963
Pour la Pentecôte
Pour aider à comprendre l'action de l'Esprit Saint
dans l'Église en état de Concile
Comment lire
LES ACTES DES APOTRES
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des Actes des Apôtres.
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La Messe, La Confession, Le Mariage,
Quel est cet homme, Jésus-Christ?
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trouvons la réponse dans le Sermon sur la montagne : ? Nous
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sans de paix, les doux, les persécutés pour la justice, les cœurs
purs accèdent à la vraie liberté des fils de Dieu. De cette ré-
ponse, si actuelle, le R. P. Carré a fait l'objet de son enseigne-
ment à Notre-Dame de Paris durant le dernier Carême.
L'audience exceptionnelle que ces Conférences ont obtenue
prouve à quel point les milieux les plus divers sont sensibles à
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