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E. JOYAU
PROFESSEUR DE PII11.0SOl'IllF. A I.'UXI VERSITJÎ
DE CI.ERMONT
PARIS
FELIX ALOÎN, EDITEUR
108, BOÙLÈVAHÏ) SUINT-OERMAIN; 108
1910
LES GRANDS PHILOSOPHES
Collection dirigée par OLODIUS FIAT
Publiée ohou Félix Aloan
Volumes in-8° de 300 à 400 pages environ, chaque vol 5 fr. à 7 fr. 60
Ont paru t
SOORATE, par Glodius Plat, Agrégé do philosophie, Docteur es
Lettres,Professeur a l'ÉcoIo des Carmes {Traduit en allemand.) 1 vol.
in-8», 5 fr. •
E. JOYAU
PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE A l.'UNIVERSITÉ
DE CLERMON'T
PARIS
FÉLIX ALGAN, ÉDITEUR
108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 108
=
' 1910
BIBLIOGRAPHIE
CHAPITRE PREMIER
SOURCES
VIE D'EPICURE
ÈNCl'RE. 3
.
CHAPITRE 111
L ECOLE ET LE SYSTEME
1. PLATON, Ménédème.
42 ' ÉPICURE.
:
; Ï-AJDIOCINE: LAERCE, X, 8.
L'ÉCOLE ET LE SYSTÈME. 57
Tout d'abord, il faudrait savoir — ot nous n'y
pouvons parvenir — à quoi so réduisent au juste
ces plaisanteries dont on fait si grand bruit. De-
vons-nous y voir des propos qui lui étaient cou-
tumiers ou des bons mots qu'il a lancés au cours
d'une conversation familière, qui ont été répétés
par des auditeurs amusés, puis adroitement ex-
ploités par la malignité des adversaires ? Prenons
garde d'être induits en orrour par l'aoriste d'ha-
bitude : il peut nous présenter comme un langage
ordinaire d'Epicure co qu'en réalité il n'a dit
qu'une fois, awa? Xcyo'jAevov, et encore dans quelles
circonstances, voilà ce qu'il nous faudrait con-
naître. Do nombreux témoignages, en effet, nous
attestent qu'Epicure faisait un grand éloge de
Dèmocrite et déclarait qu'il s'en était souvent
inspiré; quant à Nausiphane, il avait peut-
être des raisons personnelles de lui en vouloir.
Il est très vraisemblable que, poussé à bout par
les tracasseries de ses adversaires qui lui rebâti.
tàiént les Oreilles du nom des anciens philo-
sophes, prétendant qu'il les avait pillés sans
merci, il/perdit patience et passant do la défen-
sive à l'offensive, Ser moqua 4'eux afin de séparer
sa^çàûso de la leur. Que les disciples aient* exa-
géré cotte tendance de leur maître et Qu'ils se
soient amusés à des^ plaisanteries encore plus
68 ÉPICURE.
.
irrévérencieuses contre des hpmmes.pour lesquels
la plupart de leurs contemporains professaient un
profond respect, c'est probable ; mais c'est là une
faute de,goût dont nous ne devons pas accuser
Epicure ldi-môme. On j>eut entendre dans un
sens favorable cette proposition qu'il n'avait rien
appris d'aucun maître i il disait— et il croyait
probablement que s'il soutenait telle ou telle
—
théorie, ce n'était pas parce que Démocrite ou
Aristippe la lui avait enseignée, mais parce qu'il
l'avait lui-même reconnue vraie; en quoi il se fai-
sait illusion ; il n'aurait pas trouvé toutes ces
idées si d'autres ne les avaient eues avant lui et
ne l'avaient mis sur la voie. Quand nous soute-
nons qu'Épicuro fut un grand homme, nous no
reconnaissons pas moins qu'il fut un homme et
,
CANONIQUE.
PHVSIQUK
ÉriciiiE. '. 7
98 Kl'ICLHK.
t. IACHÎXI;. I, ii.'l :
...
t'aci'ie ri ftiiigi ni»i corpus imlla polest re?,
Nec pru'bcro locuiii porro ni»i inane vacnnsque.
Krfjo plater Inane cl coipura, tertia per .se
Nulla poie^t îvriiiu in numéro nalura relimpii,
Nec qiiir £iib sonstis cadal ullo tempère iiostms,
Kvr ralioiie aiiiml quant qiiisquum po.v<it api-ci.
IMlYSUjrK. 101
;$. MAIIII.IIAV.
1 0V KlUClltK.
ment tant do fois opposé ;'t cette hypothèse. 8elon lui, ce qui
est dans l'ellet se trouve déjà dans les causes : si donc nous
avons des mouvements spontanés c'est «pie dans tout mouve-
ment il peut y avoir quelque spontanéité; si nous sommes
vraiment libres de. nous porter volontairement vers mille
directions, il faut que toutes les parties do notre être, qui
nous ont formés en s assemblant, possèdent un pouvoir ana-
l'IIYSIQUK. 107
J. «
Il semble d'abord que les chocs désordonnés de celte
innombrable poussier» ne peuvent engendrer qu'un chaos inex-
1
LES DIEUX.
lia
1. Si'M.yil:, De benef.. IV,
2. OASSKMII, />c fila <t morilnts
Epicuri, lib. IV. cap. ni :
<
hupliccin solcinus assignare causant quaic Deum domines
colant : unam dicimus excellentem supretnamque Dei nnlu-
LES 1)1 EL X. 155
MOIULE.
cure est très grec par cet endroit, son idée est
celle-ci : établissez la nature dans l'harmonie; et
le bonheur en jaillira comme une fleur de sa tige.
Pourquoi l'effort? La nature est bien faite: il suflil
que l'ordre n'en soit pas troublé, [tour qu'elle
donne son fruit de joie. Epicure croit donc epic les
plaisirs ne diffèrent pas en quantité, mais seule-
ment par la qualité, y:r, ô\y.Oc':av v,oV//;v r/ïovr.ç, O.Y/ÎÎ
r/ïio'v 71 sivai... VJY. ir.y:')\i-y\ r/ïovv; ÈV 77, çaç/.i, i-a'ïav
y-y}. 7Ô /.y.-: ivrîîiav à/.yoOv iiaicîOr,, à/./à o.o'vov r.'A/Xt.-
>.£7ai '. Plutarquc montre par l'exemple des oiseaux
et de tous les animaux (pic la cessation de la dou-
leur n'est pas le plus grand bonheur, qu'au-dessus
de ce que nous appelons le plaisir négatif il y a
des plaisirs positifs qui ont pour nous bien plus
de charmes 2. Les psychologues modernes discti-
seillc aux princes qui ont du goût pour les lettres de se faire
plutôt conter dus récits do batailles et des histoires bougonnes
que de s'entretenir de poésie et de musique. » — Voir C. Bi>
NAIID, L'esthétique d'Aristolc et de ses successeurs, I8S'J.
MORALE. 175
vous après tout ce qui f;tit le sujet de vos peines? Vous êtes
insatiables pour l'acquisition des richesses, vous les recher-
chez parmi les querelles et les combats, quoique néanmoins
la nature les ait bornées et qu'elle soit contente de peu pour
sa conservation; mais vos désirs n'ont point de bornes. Con-
sultez sur cette matière le sage lilsdeXéoelès; il n'eut d'autres
maîtres que les Muses, ou le trépied d'Apollon. >
18(» ll'ICIRE.
l'impatience avec laquelle nous nous efforçons de
les contenter. Sénèque raconte dans ses lettres
qu'Epicure s'était fixé certaines périodes pondant
lesquelles il s'astreignait au jeune et à la vie la
plus austère, afin de se rendre compte par l'expé-
rience de ce qui est absolument nécessaire et
néanmoins suffisant pour produire un plaisir na-
turel; nous ne savons si le témoignage de Sé-
nèque repose sur des faits historiquement établis
ou sur une légende formée après coup.
La pauvreté n'est pas un bien, mais elle n'est pas
non plus un mal; le meilleur moyen de jouir de la
richesse, c'est de savoir être heureux avec une
fortune médiocre '. Le sage ne peut méconnaître
l'existence des besoins naturels ; il mènera à bien
ses affaires, épargnera, amassera en vue de l'avenir
et de la vieillesse (X.T/'ÇSW; ^OGVO/'SS'SOKI -/.ai 70O y.û.~
>OVTO;) ; il fera en sorte de se suffire à lui-même et
—
Numquam parant est quod satis est et nun-
quam multum est quod salis non est '. — La
richesse n'est pas un mal, mais ce n'est pas non
plus un bien que nous puissions envier et qui vaille
la peine d'être recherché. De même la royauté
n'est pas un mal en soi, mais le sage s'accommode
tout aussi bien d'une condition privée.
Il y a donc bien loin de la véritable doctrine
d'Epicurc à la recherche de la volupté. « Quand
je disque le plaisir est la i\n de la vie, je n'entends
rXi['i'.rii-.%yxyfti yi.tiwi,
-- CLÉMENT I>'AM:\\M>IUK, Stromates, VI,
il, 2î : Ai/.ato-jvr,; xajnôj jjL{yiiîo; àïsoï;!*.
M011ALE. 100
1. ATIIÉNKK. VIL
M. p. 280.
2. DIOW'NI: LSEUU:. X. <>.
o. CicÈitox, 't'useulanes, 111. win. il.
t'.PK.LIlE. li
210 EPICURE.
JATJ
T.%^xr/.i\>iX,rt, yjxlpnv SXTÎ'OV.
212 EPICURE.
r.i.-e».
IhiiMoiani'iin: \
OIAPIIIIE PREMIER. — Sources I
CHAPITRE V.
— Physique 87
CHAPITRE VI. — De la nature de lame. De la mort 121
CHAPITRE VIL
— Les Dieux 137
CHAPITRE VII1.
— Morale 157
CONCLUSION '215