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Qui croit aux complots 

? Le 17 janvier 2019
Les individus ayant certains traits de personnalité et style cognitifs sont plus susceptibles de
croire dans les théories conspirationnistes.
L’atterrissage sur la Lune a été enregistré dans un studio, la CIA a tué JFK ou encore
les attentats du 11 septembre sont un complot du gouvernement, etc. Les théories de la
conspiration ont toujours existé à travers l’histoire, mais elles sont beaucoup plus visibles de
nos jours à l’ère des médias sociaux sur internet, mais aussi parce que certaines personnes
publiques n’hésitent pas à en faire publiquement la promotion et à les répandre comme
actuellement avec les gilets jaunes.
Étant donné que toute théorie particulière est peu susceptible d’être le sujet d’un
consensus dominant, qu’est-ce qui attire les gens vers ce genre de théorie ? Une recherche
de Josh Hart, professeur de psychologie, montre que des individus avec certains traits de
personnalité et certains type cognitifs sont plus enclins à croire aux théories de la
conspiration.
"Ces personnes tendent à être plus suspicieuses, peu confiantes, excentriques, elles
ont besoin de se sentir spéciales, avec une tendance à voir le monde comme un endroit
intrinsèquement dangereux," dit Hart. "Elles sont aussi plus susceptibles de détecter des
modèles significatifs là où il n’en existe pas. Les gens qui sont réticents à croire aux théories
conspirationnistes tendent à avoir les qualités inverses."
Les chercheurs ont étudié plus de 1200 adultes. Les participants devaient tous
répondre à des séries de questions relatives à leur personnalité, leurs parti pris et leur
conteste démographique. On leur demandait aussi s’ils étaient d’accord avec les déclarations
génériques de la conspiration telles que : "le pouvoir tenu par les dirigeants des états vient
en second face à des petits groupes dans l’ombre qui contrôlent réellement les politiques,"
et "des groupes de scientifiques manipulent, fabriquent ou suppriment des preuves afin de
tromper le public."
Des recherches précédentes avaient montré que les gens gravitent vers les théories
de la conspiration qui valident leurs points de vue politique. Par exemple, un adhérent des
partis d’extrême droite criera au complot quand l’un des dirigeants de son parti sera
impliqué dans une affaire de malversation financière, de même qu’un gilet jaune hurlera au
complot si un véritable attentat venait à couvrir les actualités concernant leurs
manifestations et revendications.
Certaines personnes sont aussi des conspirationnistes compulsifs qui reçoivent une
grande variété de théories génériques. Par exemple, ils croient que les politiques dans le
monde sont contrôlés par une cabale au lieu des gouvernements ou que les scientifiques
trompent systématiquement le public. Ceci indique que la personnalité ou d’autres
différences individuelles pourraient être à l’œuvre.
Les chercheurs voulaient partir de cette recherche en testant dans quelle mesure
chacun des traits précédemment identifiés pouvaient expliquer les croyances dans la
conspiration de base. En examinant simultanément de multiples traits, ils ont pu déterminer
lesquels étaient les plus importants.
"Nos résultats montrent clairement que les indicateurs les plus forts de la croyance
conspirationniste étaient composés d’une constellation de caractéristiques de la
personnalité qui font référence à la "schizotypie" dit Hart.
Ce trait emprunte son nom à la schizophrénie, mais il n’implique pas de diagnostic
clinique. Leur étude a aussi montré que les conspirationnistes ont des tendances cognitives
distinctes : ils étaient plus susceptibles que les non-croyants de juger que des déclarations
absurdes étaient profondes (une tendance connue comme étant la "réceptivité des
bêtises").
En retour, ils étaient plus susceptibles de dire que des objets non-humains - des
formes triangles qui se déplaçaient sur un écran d’ordinateur - le faisaient de façon
intentionnée. "En d’autres termes, ils inféraient des significations et des motivations là où
d’autres n’en trouvaient pas," dit le chercheur.
Alors qu’est-ce que cela veut dire ?
"D’abord cela permet de réaliser que les théories de la conspiration diffèrent des
autres visions du monde en ceci qu’elles sont fondamentalement sombres," dit Hart. "Cela
les met à part des messages typiquement exaltants des religions et des croyances
spirituelles". À première vue, c’est une énigme. Cependant, si vous êtes le type de personne
qui regarde le monde pour y voir un paysage chaotique, malveillant, plein d’injustice
insensée et en souffrance, alors peut-être y a-t-il un minimum de confort à trouver dans la
notion qu’il y a quelqu’un, ou un petit groupe de gens, qui sont responsables de tout ceci. S’il
se passe quelque-chose, alors il y a au moins quelque-chose qui pourrait être fait pour régler
ce problème.
Les chercheurs espèrent que leur recherche permettra d’avancer dans la
compréhension expliquant pourquoi certaines personnes sont plus attirées par les théories
de la conspiration que d’autres. Mais il dit qu’il est important de noter que cette étude ne
traite pas de la véracité ou non des théories conspirationnistes elles-mêmes.
"Après le Watergate, le public Américain a appris que des spéculations pouvant
sembler excentriques à propos de machinations d’acteurs puissants pouvaient être vraies,"
dit-il. "Et quand une conspiration est réelle, les personnes qui ont un état d’esprit
complotiste pourraient être les premières à le comprendre, tandis que d’autres se font avoir.
"De toute façon, il est important de réaliser que quand la réalité est ambigüe, nos
personnalités et nos biais cognitifs nous poussent à adopter les croyances que nous faisons.
Cette connaissance peut nous aider à comprendre nos propres intuitions."
http://www.charlatans.info/news/Qui-croit-aux-complots

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