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l’érotisme, également partagé par G. Bataille qui gardait du Pop Art dans ce lien à la publicité, aux images phares et au
toujours avec lui la terrible photographie d’un supplicié média de diffusion dont l’Internet semble être un aboutissement.
chinois, entre mort et extase. Il disait y voir l’expression Cependant, c’est un Pop Art délavé. « Plus blanc que blanc »,
parfaite de l’éros. C’est ce qui est convoqué dans ces images, Brillo , la lessive de Warhol a fait son œuvre, voici les années
frôlant l’invisible et touchant à la connexion entre les vivants 90 !
et les morts, la jouissance et la souffrance… La publicité, la tradition, la mode, la star, la femme, le chic, le
glamour, le graphisme, le kitch sont les critères de sélection de
De cet érotisme inséparable de la question de l’attraction, ces images empruntées au « déjà-vu ». Il y a dans toute l’œuvre
Aïcha Hamu exalte la séduction par un double jeu plastique un rapport aux stéréotypes : l’esthétique baroque est attirante
et iconographique. Les matières sont choisies pour leurs mais frôle le cliché, un peu comme un téléfilm plein d’effets, trop
connotations sensuelles et leur lien au corps – qui du reste, d’effets ou une excellente série Z.
est absent. Toutes les représentations de femmes convoquées
dans l’œuvre de l’artiste le sont pour cette idée du summum Consommable, consumable, customisable, ses œuvres font acte
de la séduction, de femmes fatales – et tragiques : divas, de gimmicks, Aicha Hamu sample les images de notre quotidien
actrices, mannequins. Si le travail d’Aïcha Hamu est envisagé en une mise en scène qui relave leur identité première. Dans ce
comme un lavis, le rouge lui, s’éternise, puissant évocateur préfixe re il y a l’idée de répétition, de retour à un état antérieur,
de la passion, de la beauté et de la féminité. Les bouches sont d’appuyer la notion à tel point que « re ! », dans le langage,
rouges , les étoffes de la pièce Dream That Money Can Buy est devenu un substitut à un autre « bonjour ». Ici, l’artiste
, le sont aussi. Certaines installations se déploient dans reprend des images déjà existantes, éculées, passées et qui par
des demeures et lieux luxueux. Des draps ruissellent d’une son truchement se retrouvent convoquées dans un présent et
fenêtre tel un torrent de flux menstruels. Le lit, lieu du sexe fonctionnent comme un référentiel plastique. Cette idée du re est
et de l’amour mais aussi du sommeil et de la mort, mêle sa également un clin d’œil au mix musical ou au cinématographique
signification au carmin : déflorer la jeune vierge ou princesse remake et cela tombe bien puisque ce sont les principales
est-ce s’en prendre à la peinture ? La mariée est mise à nue, sources de l’artiste. Il s’agit de remasteriser les images, de les
défraîchie, usée et non peinte, sorte de désaveu de l’artiste « re quelque chose »… Cette méthode de travail nous amène
quant à ses envies de peinture et son impossibilité même à l’idée de recomposition d’un paysage culturel analogique aux
de réalisation. Cette idée est développée différemment dans paysages que pouvaient construire les peintres dans leur atelier,
une autre œuvre Step Back . Ici encore, les strates de lecture avant l’apparition du tube de peinture.
s’accumulent entre détournement d’une facture publicitaire
aux relents Pop de Lichtenstein et ces sanglants pompons Dans son œuvre, le rapport à l’image est assez énigmatique.
textiles propres à l’univers de l’artiste. En effet, toutes séduisantes qu’elles soient, nous pouvons nous
Capté et ravi, notre regard se laisse prendre au piège que poser la question de leur raison d’être, de leur fondement ?
sont les œuvres de l’artiste. Plastiquement réussi, son travail Finalement, comment l’ombre du Comte Orlock de Nosferatu en
tente de nous y faire croire… Jusqu’à ce que nous y regardions dentelle arrive t’elle à jouxter une image de J.F.K. brodée sur
à deux fois : voici qu’apparaît la contrefaçon ! Un mauvais skaï . Le rapport n’est pas évident à la première lecture et il
raccord a été repéré, l’angle de vue vient de changer, c’est serait facile de tomber dans le piège des images et de l’artiste
une autre saisie du réel. La fausse note, l’accro en leur surface : ne sont-elles pas seulement prétexte à faire des œuvres ou
entachent ces simulacres glamour. Aïcha Hamu joue des encore d’autres images ?
images et de ce qu’elles véhiculent. Elles sont accessibles ?!
Qu’à cela ne tienne, saisissons les !
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Voici l’article REVµ :
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