Vous êtes sur la page 1sur 6

Hommes et Migrations

Chine-diaspora : vers l'intégration à l'économie mondiale


Yu-Sion Live

Résumé
Cinquante-cinq millions de Chinois vivent à l'extérieur de la Chine. Chinois de la diaspora, de Hong Kong ou de Taïwan, ils
conservent sous diverses formes des liens familiaux et culturels avec le pays de leurs ancêtres. Et, depuis une dizaine
d'années, ils ont tissé des relations économiques extrêmement prospères et jouent ainsi un rôle prépondérant dans l'intégration
de la Chine à l'économie mondiale.

Citer ce document / Cite this document :

Live Yu-Sion. Chine-diaspora : vers l'intégration à l'économie mondiale. In: Hommes et Migrations, n°1165, mai 1993. Migrants
acteurs du développement. Extraits d'un colloque organisé par l'Institut Panos et neuf associations de développement, Evry,
13-14 juin 1992. pp. 39-43;

doi : https://doi.org/10.3406/homig.1993.2020

https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1993_num_1165_1_2020

Fichier pdf généré le 27/02/2019


CHINE-DIASPORA :

VERS L'INTÉGRATION

Hong
cinq
des
économiques
deEt,
vivent
liens
millions
prépondérant
Chinois
Kong
depuis
familiaux
àou
l'extérieur
Àde
une
extrêmement
Taïwan,
L'ÉCONOMIE
dizaine
dans
et culturels
de
l'intégration
ils
la
d'années,
Chine.
conservent
prospères
avec Chinois
le
ils
de
pays
ont
et
la
sous
jouent
Chine
tissé
dediverses
la des
leurs
MONDIALE
à
ainsi
diaspora,
l'économie
mondiale.
ancêtres.
relations
formes
un rôle
de b0CI0l°9ue
Par Yu-Sion live )■

.
liste forment aussi une population de 55 millions de
personnes.
Cette contribution donne un aperçu des relations
économiques que les Chinois de l'extérieur entre¬
tiennent
tion de cette
avec ladernière
Chine età del'économie
leur rôle dans
mondiale
l'intégra¬
au
China Yearbook 1990-1991 , Taip
cours des dix dernières années. p. 244.

Bibliographie

Fondée
aux
nie
part
vinces
cinq
hou,
générale,
liens
de
et
ments
que
plus
qui
gine.
pent
économiques
d'habitants)
être
lions
permis
la
entités
connu
Chinois
pora"
1949.
Aprise
des
leurs
etaident
lafortunés
Amériques
restituée
de
les
ces
également
groupes
familiaux,
hakka,
d'individus
d'habitants)
0,3
Au
vivant
d'entrepreneurs
biens
"diaspora"
sud-orientales
une
aux
ces
géographiques
du
habitant
ancêtres.
œuvres
de
Chinois
%ils
cours
pouvoir
au
sur
Chinois
forces
véritable
Taïwan,
en
matériels
est
àhainanais,
en
conservent
constituent
de
ethnolinguistiques
développement
des
la
Afrique1
depuis
des
; dehors
culturels,
une
laphilanthropiques
Hong
1,8
Chine
Parmi
:chinoise
de
nationalistes
critères
une
par
Chine.
vingt
88,3
d'outre-mer
de
concession
%la
de
prospérité
àles
etprovince
quelques
Kong
en
Hong
du
"diaspora",
(voir
ces
leur
la
d'énormes
fujianais.
%dernières
d'hommes
sous
économiques
communistes
culturelles
Hong
ethniques
Europe
1997,
Chine
système
compte
vivent
liens,
famille,
tableau
et
Kong
de
diverses
deont
Taïwan
années
:chinoise
Kong
britannique
etéconomique.
leur
ets'y
cantonais,
l'envoi
;années,
en
des
environ
D'une
flux
Taïwan
émigré
politique
1,3
se
d'affaires
et
et/ou
s'ajoutent
p.les
réfugier
chinoises
Asie
région
(5,5
partagent
avec
de
42).
Chinois
en
%de
aux
formes
qui
investisse¬
des
culturels,
qui
en
Chine
la
ces
manière
capitaux
des
millions
(20
;progrès
30
La
partici¬
lequi
chaoz-
"dias¬
8,2
Océa-
socia¬
d'ori¬
fonds
après
avait
ainsi
deux
pays
pro¬
mil¬
plu¬
Les
des
ont
les
va
en
%
m
Live Yu-Sion,
Dictionnaire
l'Anthropologie,
China Yearbook
de"Lal'Ethnologie
Paris,
diaspora
1990-1991,
PUF,chinoise",
et1991.
de Taipei.

Poston D. L.,ofJr.,
Distribution the &Overseas
Mei Yu-Yu,
Chinese
"The in
the Contemporary World", International
Migration Review, 24, 1990.

Wang Sing-Wu, The Organization ofthe


Chinese Emigration (1848-1888), San
vers la Chine2. Par ailleurs, les Etats-Unis se met¬
tent tout simplement à les interdire après la Guerre
de Corée.
centre de Hong
transfert
Kongde devient
devisesdès
en lors
direction
le principal
de la
Chine. Le total des sommes expédiées par les Chi¬
nois de l'étranger dans leur pays chute ainsi de
60,10 millions de dollars à 44,9 millions entre
1950 et 19643. Ensuite, la Révolution culturelle,
commencée en 1964, aggrave encore davantage
cette situation.
Après la mort de Mao Zedong (1976), la Chine
populaire va désormais adopter une nouvelle poli¬
tique économique sous l'impulsion de Deng Xiao-
ping. En 1979, quatre zones économiques spéciales
(ZES) sont créées en Chine du Sud (Zhuhai, Shen-
zhen, Shantou, Xiamen) dans le but d'attirer les
capitaux et les techniques étrangers. En 1984, qua¬
torze villes situées sur la façade maritime (Shanghaï,
Tianjin, Beijing...) "s'ouvrent" aux investissements
étrangers en offrant aux entreprises des conditions
avantageuses (facilités fiscales, de douane...).
L'année suivante des grandes régions - celles du
delta du fleuve Yangzi (autour de Shanghaï) et du
delta de la rivière des Perles (autour de Canton), puis
l'île de Hainan (1987) - suivent le même chemin
que les ZES. L'objectif de Deng Xiaoping est d'arra¬
cher la Chine au sous-développement. On assiste dès
lors au retour des entrepreneurs chinois d'outre-mer
dans leur pays d'origine.

Le rôle du capital chinois


des "petits dragons" et des NPI

En Asie du Sud-Est, depuis la fin du XIXe siècle,


il existait déjà des marchands chinois très pros¬
I pères. Ce n'est toutefois qu'après la Seconde
Guerre mondiale qu'ils ont acquis un poids écono¬
mique dans les secteurs de l'industrie, du com¬
merce et de la finance, et ont de ce fait contribué au
développement et non à l'exploitation de leur pays
d'adoption ou de naissance. Ces pays que l'on
De l'économie planifiée désigne les uns comme des "petits dragons" (Sin¬
à l'économie de marché gapour, Hong Kong, Taïwan) et les autres comme
des NPI (nouveaux pays industrialisés : Thaïlande,
Les années qui ont suivi la victoire des commu¬ Malaisie,Avec
d'Asie. Indonésie)
un tauxsont
de parmi
croissance
les plusannuelle
prospères
de
nistes (1949)
entrées des devises
sont marquées
en Chine.parLaunesituation
baisse des
de
l'ordre de 7 à 8 % en moyenne, ils souffrent d'une
celle-ci (échec du Grand bond en avant, instaura¬ pénurie de main-d'œuvre qui s'est traduite par des
tion des communes populaires...), son attitude par¬ augmentations de salaires. Taïwan dispose d'une
300
restée
leWu
autres
n'autorisa
Remittances
Stanford
Japon
mois,
millions
Chun-Hsi,
Siand
enUnis
pays
on70
Chine
laLaDogma.
compare
Malaisie
possèdent
U.P.,
milliards
Thaïlande,
l'envoi
deindustrialisés,
detodollars
que
Dollars,
dollars
Hoover
Communist
Overseas
deàces
etetchaque
7650(mai
Singapour
par
1967,
réserves
500
Dependents
(juin
milliards
Institution,
dollars
exemple,
les
Chinese
1992)
millions
dollars.
p.famille
China,
Etats-
1992).
142.
aux
par15et43 fois hostile (1950-1952, Révolution culturelle...) à réserve de devises étrangères de 86 milliards de
l'égard des émigrés revenus au pays n'encoura¬ dollars (juin 1992) et Hong Kong de 29 milliards
gent guère les investissements, ni les envois de (fin 1991)4.
(Taïwan), Kwok Frères (Hong Kong), Zhang Rongfa ments et des biens introduits par les Chinois de
(Taïwan), Gu Zhenfu (Taïwan), Fok Ying-Tung l'étranger en Chine représentait deux milliards de
(Hong Kong), Robert Kuok (Malaisie), etc. La for¬ dollars. En 1988, ils ont créé plus de 1 200 entre¬
tune des cinq premiers est évaluée chacune à plus de prises et hôtels5, en particulier à Shenzhen, non loin
3,5 milliards de dollars, et celle des quatre derniers de Hong Kong. Attirés par des coûts de main-
entre 1,5 et 2 milliards. Le retour au pays de leurs d'œuvre très avantageux et un marché en pleine
ancêtres ne leur pose guère de problèmes linguis¬ expansion,
mer investissent
les hommes
dans diverses
d'affaires
branches
chinoisd'activités
d'outre¬
tiques et culturels, puisqu'en réalité ils n'ont jamais
coupé les contacts avec la ville ou le village que industrielles (textile, cimenterie, agro-alimentaire,
leurs parents ou eux-mêmes avaient quitté avant le matériaux de construction...) ou commerciales
changement de régime politique en Chine en 1949. (immobilier commercial : hôtels, bureaux ; importa¬
Dès 1984, à un moment où les ZES n'étaient tions des machines-outils, des matériels de bureau¬ L'Etat
Découverte,
du Monde
Paris,1988-1989,
p. 529. La
encore qu'en période d'essai, le total des investisse¬ tique, de télécommunications...). De la PME aux

La "diaspora" bouleversements politiques et


économiques, ainsi que les rivalités en
chinoise Asie du Sud-Est entre les grandes
puissances (Chine, URSS, USA) durant
les décennies 50-70, ont contraint des
centaines de milliers de Chinois et de
descendants de Chinois établis au
Cambodge, au Vietnam et au Laos à
quitter leur pays pour se réfugier en
Amérique du Nord, en Australie et en
Europe.
l'essentiel
Les Chinois
desd'outre-mer
communautésforment
marchandes
pour
et artisanales, et tendent à se regrouper
pour exercer des activités de même
nature. Dans certains pays de l'Asie du
Sud-Est (Indonésie, Malaisie, Thaïlande,
Philippines), ils détiennent un pouvoir
économique dans les secteurs du
commerce, de la finance et de l'industrie.
Leur organisation sociale se fonde sur
l'observance des fêtes traditionnelles, sur
l'existence des associations (claniques,
chrétienne.
implantées
conquêtes
persécutions
changements
temps,
populations
siècle,
accomplie
monde
sociales,
secouèrent
étrangères
et
démographiques,
civiles,
colonies
Amériques,
expédiés
continents
000
Caraïbes
aux
Zélande
monde.
XXe
avec
économique
invasion
des
résultent
Entre
A1856-1860),
Dans
partir
communistes
petites
en
Etats-Unis,
siècle,
Les
ont
la1840
l'émigration
letrafics
elles
en
Asie,
désorganisation
eteuropéennes
japonaise,
commencé
migrations
des
de
politiques
ous'élève
et
courant
àmilitaires
raison
dans
colonies
en
(guerres
les
etdes
Dès
l'Empire
autochtones.
en
laexpatriés
se
grande
de
400
consécutives
échanges
de
1900,
Asie
seconde
exodes
pressions
Amérique
sont
en
la
îles
led'autres
main-d'œuvre
dynastie,
des
000
fléaux
de
au
société
àAustralie,
IIe
chinoise
etguerre
duchinoises
échelle
avant
2lede
chinoises,
assimilées
chinois
lapouvoir.
siècle
convulsions
dans
économiques
355
d'Asie,
dans
Sud-Est.
nombre
se
première
l'océan
l'opium
commerciaux,
moitié
politique
sociaux,
parties
du
sont
chinoise
l'ère
000
civile,
aux
etc.
les
avant
às'est
les
: Sud,
en
agressions
travers
Enfin,
des
outre-mer
se
du
îles
poursuivis
des
Avec
de
dont
1840-1842
Indien,
cinq
aux
pour
Elles
Nouvelle-
du
moitié
etguerres
arrivée
sont
XIXe
J.-C.,
Chinois
410
:des
qui
1 les
les
lele545
000
des
etc.
du économiques, culturelles...), des temples,
des écoles, des journaux...
Selon les pays et les situations dans
lesquelles ils se trouvent, les uns sont
biologiquement
locales ou assimilés
mélangés
aux cultures
aux populations
autochtones, d'autres ont conservé leur
langue, leurs traditions, leur organisation
sociale ou leur nationalité malgré le séjour
de plusieurs générations dans les pays
d'immigration. leurs
industrialisés, Dans enfants
les paysconnaissent
une ascension sociale par les études,
et excellent dans les disciplines
scientifiques.
chinoise
La grande
est majorité
concentrée
de laendiaspora
Asie du Sud-
Est où 70 % de ses membres sont nés.

N° 1165 /MAI 1993 41


grands groupes, ils y font fructifier leurs activités Les investissements extérieurs s'effectuent non seu¬
commerciales. Le trait qui caractérise ces chefs lement par le biais des PME privées ou dépendantes
d'entreprises est l'établissement de relations spéci¬ des collectivités locales mais également par des hol¬
fiques entre acteurs économiques : réseaux de dings telles que la CITIC (China International Trust
parenté, de solidarité, relations de confiance, senti¬ & Investment Corporation).
ment d'appartenance à un groupe régional, dialectal Celle-ci, fondée en 1979 avec un capital de l'Etat
(à une culture, à des traditions, à une histoire com¬ de 5 millions de dollars, est devenue aujourd'hui un
mune...)6. empire qui coiffe 30 filiales chinoises et étrangères
En données chiffrées, les investissements des Chi¬ (Mexique, Etats-Unis, Canada, Australie, Hong
nois de Singapour en Chine s'élèvent à 22 millions
de dollars en 1987 ; 28 en 1988 ; 84 en 1989 et 50 en
19907. La baisse de l'année 1990 est due aux consé¬
quences du massacre de la place Tian An Men Répartition des Chinois
(1989). En 1992, les investissements en provenance par régions du monde
de Hong Kong montent à 16 milliards de dollars. A
ceci, il faudrait ajouter le capital imparti aux œuvres
philanthropiques estimé à 4 milliards8. En ce qui Asie (88,3 %)
concerne Taïwan, les échanges avec le continent
s'effectuent par l'implantation de 25 000 entreprises, Indonésie 7 200 000
dont la moitié est établie dans la province du Fujian Thaïlande 5 800 000
Malaisie 5 400 000
d'où proviennent
commerce avec la 85
Chine
% des
se chiffre
Taïwanais.
à 5 ouEn7 milliards
1992, le Birmanie 1 500 000
de dollars9. Cet afflux de capitaux et d'activités vers Philippines 800 000
la mère-patrie inquiète les autorités de l'île nationa¬
liste qui tentent d'endiguer ces émigrations par des
mesures juridiques. Amériques (8,2 %)
Etats-Unis 1 800 000
Canada 600 000
Deux symboles de l'intégration Pérou 500 000
de la Chine dans l'économie mondiale : Brésil 100 000
la CÏTIC et Chinagora Panama 100 000

Les migrations humaines et financières depuis les


LiveenYu-Sion,
France, LaThèse
diaspora
de doctorat
chinoiseen "petits dragons" et les NPI ne s'opèrent cependant Europe (1 ,8 %)
sociologie, EHESS, Paris, juin 1991, pas de façon unilatérale. En une douzaine d'années
chapitre XIV, tome II. 230 000
7 (1979-1992), la Chine a entrepris son décollage éco¬ Grande-Bretagne
France 150 000
Jetro White Paper 1991. Volume on nomique en entrant de plain-pied dans l'économie 70 000
Pays-Bas
Direct Overseas Investments, Tokyo, mondiale. Avec un taux de croissance exponentielle Allemagne 40 000
p. 197. de 7,3 % en 1991 ; 11,3 % en 1992 et 12,2 % pour 15 000
8 Espagne
le premier trimestre de 1993 10 et une réserve de
Le promoteur de l'immobilier
hongkongais Li Ka Shing a offert à devises étrangères de 43 milliards et 400 millions de
sa région d'origine (l'est du dollars, elle se place au niveau des NPI. La poli¬ Océanie (1,3 %)
Guangdong) l'université de Shantou, tique économique favorable aux initiatives privées
et l'armateur Y. K. Pao a fait Australie 330 000
construire pour la province du et aux investissements de capitaux étrangers est
Zhejiang l'université de Ningbo. Ce d'une part réaffirmée par la visite, en janvier 1992, Nouvelle-Zélande 30 000
n'est pas non plus un hasard que ce de Deng Xiaoping dans les provinces méridionales, Polynésie française 15 000
soit à l'université de Shantou que se Nlle Guinée-Papouasie 6 500
déroulera, du 27 novembre au 2 et d'autre
Parti communiste
part consolidée
chinois lors
en octobre
du XIVe deCongrès
la même
du Iles Fidji 4 700
décembre 1993, le premier
symposium international (en Chine) année.
qui aura pour thème "Ethnie Chinese
Economy" Depuis son "ouverture" en 1979, la Chine com¬ Afrique (0,3 %)
9 muniste s'est mise à son tour à investir à l'étranger,
.

L'Année Internationale 1993, Seuil, et en particulier par l'intermédiaire de Hong Kong. Maurice 30 000
Paris, p. 197. La Bank of China y possède 294 agences et contrô¬ Réunion 20 000
10 lerait 20 % des dépôts de la concession Afrique du Sud 15 000
L'Etat du Monde 1993, La 10 000
Découverte, Paris, p. 78-79. britannique11. Dans cette dernière, le capitalisme Madagascar
11 chinois a implanté plus de 900 sociétés dans les sec¬ Seychelles 1 100
Le Monde, 21 mai 1991. teurs de l'industrie, de l'immobilier et des services.

42 HOMMES & MIGRATIONS


Kong, Europe) consacrées aux activités écono¬ # En second lieu, malgré des indices écono¬
miques diverses : hôtellerie, tourisme, immobilier, miques favorables depuis une décennie (le PNB
commerce, etc. Elle est également présente dans les était de 294,3 milliards de dollars en 1980 et
places financières de Tokyo, Londres et Hong Kong. 422,4 milliards en 1991 ; la croissance annuelle de
En 1993, la CITIC pèse 45 milliards de renminbi12 ; 7,8 % en 1980 et 7,3 % en 1991 ; le taux d'inflation
elle symbolise
crédibilité internationale
la nouvellede puissance de 7,4 % en 1980 et 3,4 % en 1991), l'essor de la
la Chine13.financière et la
Chine s'est toutefois limité dans les provinces méri¬
Une autre réalisation chinoise à l'étranger est un dionales, le reste du territoire chinois demeurant
complexe commercial de 46 000 mètres carrés sous-développé. En outre, cette économie nouvelle
implanté à Alfortville en région parisienne, le pre¬ reste fragile. La plupart des sociétés implantées dans
mier du genre en Europe. Construit avec des capi¬ cette région sont créées avec des capitaux étrangers
taux de la province du Guangdong et de l'Etat chi¬ (Hong Kong, Taïwan, Singapour, Japon, Europe,
nois avec une participation des hommes d'affaires Etats-Unis...). Une mauvaise conjoncture écono¬
chinois de Paris, cette holding appelée Chinagora est mique régionale ou mondiale ou bien un change¬
destinée aux échanges économiques et technolo¬ ment de politique à Pékin pourraient entraîner le
giques entre l'Europe et la Chine. Elle comprend un retrait de ces capitaux, et par là, la fermeture des
hôtel de 200 chambres, un hall d'exposition entreprises. Par contre, si le processus de développe¬
(750 m2), deux restaurants panoramiques, une gale¬ ment continue en Chine du Sud et se poursuit vers
rie marchande, des salles de séminaires, etc. Le coût les régions septentrionales dans les prochaines
total de l'opération s'élève à 400 millions de francs. décennies, peut-être assisterons-nous à la formation
Il a fallu six années pour que le site voit le jour14. réelle d'un gigantesque marché chinois, comme
Chinagora se présente dès lors comme la vitrine de l'avaient jadis rêvé les puissances étrangères qui
la Chine en Europe. "ouvrirent" l'Empire du Milieu à coups de canon¬
La CITIC et la Chinagora, si différentes soient- nières (guerres de l'opium 1840-1842 et 1856-
elles, demeurent deux exemples de réalisations,
parmi d'autres, qui symbolisent l'entrée en scène de
la Chine dans l'économie mondiale. L'élément qui
caractérise le plus cette irruption est l'association,
en Asie du Sud-Est, des grands groupes chinois Les Chinois d'outre-mer partici¬
d'outre-mer (Li Ka-Shing de Hong Kong, Robert
pent activement à l'essor indus¬
Kuok de Malaisie, Frank Tsao de Hong Kong) avec
la holding CITIC et les filiales étrangères de la triel de la Chine méridionale
CITIC, ou encore l'union de grands groupes tels
que Cheung Kong de Li Ka Shing, Hopewell Hol¬
ding de Gordon Wu et Sun Hong Kai de la famille
Kwok pour créer des infrastructures industrielles en chinoise".
que$ les
pays En
d'origine,
Chinois
dernier
Cetted'outre-mer
etlieu,
dernière
cellese de
pose
a-t-elle
lamaintiennent
lanotion
question
encore
de "diaspora
avec
des
un liens
sens
leur
Chine méridionale. Il y a ainsi un mouvement
d'osmose économique et financière entre les entre¬
prises chinoises du continent et celles de la dias¬ dans la mesure où les contacts n'ont jamais été réel¬
pora chinoise. Ce rapprochement conduit certains lement rompus. La période des trente années de
esprits à imaginer la mise en œuvre d'un marché "fermeture" de la Chine (1949-1979) ne représente¬
commun puissant ou d'une immense zone écono¬ rait ainsi qu'une parenthèse dans l'histoire des rela¬
mique chinoise appelée la "Grande Chine" qui tions entre la Chine et les Chinois de l'étranger.
regrouperait la Chine populaire, Taïwan et la dias¬ L'emploi de l'expression "diaspora chinoise" ne
pora chinoise. peut, par conséquent, s'appliquer que si on la com¬ Le 12 renminbi est la monnaie de la
prend dans le sens de "dispersion", révélateur du Chine populaire. 108 renminbi val
100 francs.
phénomène d'ubiquité des Chinois dans le 13
monde15.
Vers la formation d'une grande zone Far Eastern Economie Review, 21
économique chinoise ? Finalement, les forces économiques n'influent jan. 1993, pp. 48-50.
qu'en partie sur le destin d'un pays. Les considéra¬ 14
Chinagora a été inaugurée le 15
constats : brève analyse se dégagent plusieurs tions politiques ont, de façon permanente, pesé dans octobre 1992.
De cette
les enjeux économiques, sociaux, culturels de la 15

Vous aimerez peut-être aussi