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CENTER
LE SECTEUR
AÉRONAUTIQUE AU
MAROC
ANALYSE SOMMAIRE
AVIS
L’opinion des auteurs du présent document n’engage que la
responsabilité de ces derniers et ne reflète pas
nécessairement le point de vue de l’Agence des États-Unis
pour le développement international (USAID) ni celui du
Gouvernement des États-Unis.
CRÉATION D’EMPLOIS
Depuis les années 2000, le Maroc s’est engagé à former une main-d’œuvre qualifiée à travers la création
d’instituts de formation par l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT).1
Il en résulte que la plupart des entreprises de ce secteur sont impliquées dans des activités à valeur ajoutée
telles que la fabrication de composants, l’ingénierie et la prestation de services.2 En 2012, pour la première
fois, la valeur totale des exportations de ce secteur d’activité a dépassé celle des importations (soit 296,3
1 Ahmad, Rami, et coll. "MOROCCO’S AERONAUTICS CLUSTER." [POLE AERONAUTIQUE DU MAROC] (2013): 14.
2 Ahmad, Rami, et coll. "MOROCCO’S AERONAUTICS CLUSTER." [POLE AERONAUTIQUE DU MAROC] (2013): 14.
millions de $ US d’exportations et 276,2 millions de $ d’importations). Ces efforts ont attiré l’entreprise
Bombardier, leader mondial dans la conception et la fabrication d’équipements aéronautiques. Le schéma
A ci-dessous souligne la croissance continuelle qu’a connue le secteur depuis 2010.
3 Interview par l’équipe du Career Center. Entretien individuel, Casablanca Octobre 2015
un futur proche et pourrait se concentrer sur des fuselages destinés au marché de l’aviation régionale des
pays d’Afrique. Cette niche pourrait donner un avantage au Maroc face à des pays comme l’Allemagne et
l’Irlande, qui sont aujourd’hui les principaux acteurs en Europe pour tous les types de fuselages. Les
compétences requises en matière de crédit-bail/financement sont la vente, la négociation, la gestion de
contrats et de projets. Ces dernières compétences existent déjà au sein du système éducatif.
Comme indiqué dans la chaîne de valeur, il y a deux trajectoires professionnelles distinctes dans le secteur
aéronautique : la fabrication et MRR. Au sein de la fabrication, il y existe plusieurs moyens d’accéder au
poste d’Opérateur de premier niveau. Les postulants doivent posséder soit un niveau BAC + TVET
(délivré par un centre agréé par l’OFPPT ou à l’ISMALA) soit un BAC. Plus récemment, les étudiants
universitaires de première, seconde ou troisième année étudiant la chimie et la physique ont été ciblés
pour recevoir une formation de deux ans à l’Institut Spécialisé des Métiers de l’Aéronautique et la
Logistique Aéroportuaire (ISMALA) afin d’entrer comme Opérateurs. Toutefois, lorsqu’une personne
décide de suivre la formation complète aux métiers de la maintenance aéronautique de l’ISMALA, elle doit
tout de même achever la formation de l’IMA. Puisque le secteur est encore jeune, il manque encore
beaucoup d’employés qualifiés en tant qu’opérateurs Senior et de cadres intermédiaires.4 Les étudiant(e)s
en physique/chimie sont formé(e)s avec l’idée qu’ils ou elles seront amenées à évoluer dans leur carrière.
Il apparait même qu’ils ou elles feront de meilleurs cadres intermédiaires que les étudiant(e)s ayant suivi
une formation d’ingénieur, pourtant plus longue. Le fait de combiner un bagage universitaire à une
formation à l’ISMALA permet de mieux équiper les étudiants, à la fois sur le plan des compétences et de
l’expérience. Le fait qu’une formation complémentaire proposée par le secteur privé soit nécessaire pour
fournir des employés et des cadres intermédiaires plus efficaces prouve qu’il y a un décalage entre la
formation et les besoins dans l’emploi.
4 Interview par l’équipe du Career Center. Entretien individuel, Casablanca Octobre 2015
SCHEMA B : POSSIBILITES D’EMBAUCHE DANS LA CHAINE DE VALEUR DE L’AERONAUTIQUE AU
MAROC
Dans la filière MRR, les trajectoires de carrière sont beaucoup plus directes, car elles sont établies sur des
standards internationaux mis en place par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI). Des
certifications sont requises pour être admis comme Technicien A1 et des certifications supplémentaires
ainsi qu’une expérience spécifique sont nécessaires pour évoluer au rang de Technicien B1 et au-delà. Les
personnes sont formées à l’ISMALA ou dans un centre de formation agréé par l’OFPPT, puis doivent
passer le test de certification de Technicien A1 administré par le ministère du Transport à Rabat.
.
Le schéma C ci-dessous met en évidence les choix de carrière disponibles dans la filière aéronautique et
les exigences de formations et/ou programmes pédagogiques. Comme le schéma l’indique, il y a plusieurs
possibilités d’embauche et plusieurs niveaux d’exigences sur le plan de la formation. En partant d’en haut
du schéma, une personne peut visualiser et déterminer le point d’embauche qui convient le mieux à ses
intérêts et qui est compatible avec son niveau d’éducation.
Aujourd’hui, la filière aéronautique du Maroc recrute ses employés auprès de trois grands établissements
d’enseignement et de formation reconnus. L’Institut des Métiers de l’Aéronautique (IMA) ; l’Office de la
formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), L’ISMALA (Institut Spécialisé des Métiers
de l’Aéronautique et de la Logistique Aéroportuaire), et les Universités, principalement les Facultés de
l’Université Hassan II à Casablanca (UH2C), qui proposent une gamme de diplômes de premier cycle, de
maîtrise et de diplômes d’ingénieur. Les postes de rang inférieur sont principalement fournis par le marché
local du travail alors que les postes intermédiaires et supérieurs sont pourvus parmi les travailleurs de
nationalité marocaine, employés dans d’autres secteurs comme l’automobile ou des entreprises comme
Coca-Cola et P&G, ou par des expatriés ayant un certain degré d’expertise technique.
Malgré l’existence de programmes de formation proposés par l’IMA et l’OFFPT et de diplômes scolaires
pertinents pour le secteur, les employeurs dans l’aéronautique, tout comme ceux de l’industrie
automobile, admettent qu’ils éprouvent des difficultés à trouver des candidats dotés de toutes les
compétences nécessaires (particulièrement le savoir-être, voir discussion ci-dessous). Lorsque nous avons
montré le Schéma D. (sur le secteur automobile) aux cadres du secteur aéronautique, ils ont convenu que
beaucoup des demandes de compétences et de contributions étaient à peu de choses près les mêmes que
celles que connaissaient leur secteur. Le schéma D ci-dessous établit une comparaison simple au niveau
de l’entreprise entre les compétences nécessaires pour les cadres supérieurs, intermédiaires et les niveaux
inférieurs et de quelle façon chaque besoin contribue à la croissance de l’entreprise.
Le secteur aéronautique est un secteur encore jeune au Maroc et, par conséquent, les employeurs ont
des difficultés à trouver des cadres ayant l’expérience nécessaire pour superviser les opérations. Par
exemple, Bombardier travaille actuellement avec l’IMA pour développer des cours de management pour
les meilleurs jeunes talents. Toutefois, ces étudiants manquent encore d’expérience. Ces entreprises sont
obligées de trouver des talents dans d’autres industries comme l’automobile. Les compétences en langues
constituent également des besoins importants, particulièrement pour les postes de cadre intermédiaire.
La compréhension du français est nécessaire à tous les niveaux d’emploi et l’anglais est nécessaire pour
les postes des échelons supérieurs. Les relations de travail sont un autre défi pour les entreprises. En
2015, les employés de Bombardier ont fait grève pour protester contre le nombre d’heures de travail. La
grève a été réglée, mais elle a permis de souligner l’importance et le besoin de renforcer les compétences
en négociation des cadres ainsi que le manque de compétences interpersonnelles de communication entre
la direction et les employés.
Le Programme Career Center de USAID aidera les institutions partenaires à concevoir des mécanismes
de rétroaction des employeurs quant à la performance effective des diplômés, à identifier les nouveaux
cours en demande, ainsi que les méthodologies à adopter par es établissements d’enseignement et de
formation pour maintenir le dialogue avec les employeurs dans le processus d’apprentissage. Les étudiants
et les conseillers d’orientation doivent travailler à améliorer l’analyse de la filière à l’image du mode
opératoire de cette étude, en se concentrant particulièrement sur les besoins en compétences et sur la
façon dont leurs institutions sont en mesure de répondre aux besoins des employeurs. Le Programme
Career Center de USAID apportera du financement et son savoir-faire dans la conception des trajectoires
professionnelles du secteur aéronautique. Enfin, des campagnes d’information et des témoignages
d’expériences s’adresseront aux étudiants pour leur montrer que la demande en compétences évolue
constamment, et qu’il est essentiel d’actualiser et de renforcer ses compétences tout au long de sa carrière
professionnelle. Les universités marocaines et les centres de formation professionnelle que sont les Career
Center doivent servir de relais durables pour assurer ces investissements dans l’apprentissage tout au long
de la vie et de l’avancement professionnel.