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USAID CAREER

CENTER
LE SECTEUR
AÉRONAUTIQUE AU
MAROC
ANALYSE SOMMAIRE

Document présenté à USAID/Maroc, Bureau de croissance


économique. Objectif de développement 1 : Amélioration de
l’employabilité des jeunes
Par FHI 360
Numéro de contrat : AID-608-C-15-00004 / Requête N°:
REQ-608-14-000023

AVIS
L’opinion des auteurs du présent document n’engage que la
responsabilité de ces derniers et ne reflète pas
nécessairement le point de vue de l’Agence des États-Unis
pour le développement international (USAID) ni celui du
Gouvernement des États-Unis.

USAID Career Center


35, avenue Lalla Meryem - Souissi
10170 Rabat
Maroc
Tel : (212) 05 37 65 58 15
Fax : (212) 05 37 63 62 92
COMMENT LE MAROC A-T’IL RÉUSSI ?
L’historique de la filière aéronautique et la façon dont elle a émergé, met en évidence le cercle vertueux
« des compétences à l’investissement », dans lequel un investissement initial engendre une accélération du
renforcement des compétences, ce qui en soi favorise l’investissement. Au cœur de ce secteur d’activité,
la filière des services de Maintenance, Réparation et de Révision (MRR) a émergé en premier, en apportant
une base de compétences et de connaissance des métiers pour le développement futur du secteur de la
production manufacturière. La filière des services de MRR n’a pas connu de croissance significative avant
1998, année où le Maroc a obtenu la certification américaine de la FAA lui permettant d’effectuer la
réparation d’avions. La certification de cette importante institution américaine a légitimé l’expertise de la
main-d’œuvre et placé le Maroc comme une plaque tournante de la réparation d’avions dans le monde
entier. Cela a accéléré la croissance des services de MRR et ouvert la voie à l’émergence du secteur de
fabrication aéronautique. À mesure que les premières entreprises étendaient leur offre de services dans
la filière MRR, établissant ainsi un peu plus la qualité de la réparation d’avions au Maroc, ces compétences
dans le domaine aéronautique ont également offert un potentiel d’expansion vers la production de pièces.
Par rapport à la construction dans d’autres secteurs comme l’automobile, l’industrie de fabrication
aéronautique en est à ses débuts, mais elle offre de fortes opportunités de croissance et des emplois de
qualité pour les travailleurs qualifiés. L’expansion des services de MRR vers la fabrication au début des
années 2000, avec des partenaires comme Maroc Aviation et Sogerma, a entraîné la création de nouvelles
entreprises comme SNECMA Morocco Engine Services (SMES). Ensemble, les pôles aéronautiques du
Maroc (services de MRR et fabrication) sont reconnus internationalement pour leur expertise technique
conforme aux normes de qualité européennes et américaines.

CROISSANCE DEPUIS 2009


En l’espace d’une décennie, ce secteur est passé d’une très faible croissance et d’une activité annexe à
l’entretien des avions militaires à un secteur qui emploie aujourd’hui 11 000 personnes réparties dans plus
de 106 entreprises. Elle a atteint ce niveau actuel de réussite en partie grâce à son environnement politique
favorable et à la compétence de sa main d’œuvre, mais aussi à sa situation idéale à proximité de l’Europe,
permettant aux entreprises de mettre facilement en place des sites de production. Des stratégies
politiques de grande ampleur ont attiré l’investissement et favorisé la croissance, comme le Pacte National
pour l’Emergence Industrielle (PNEI) (2009-2014) prônant la création de 22 zones de libre-échange et de
plateformes industrielles, puis son successeur, le Plan d’Accélération Industrielle (PAI) (2014-2020), dont
l’objectif est d’augmenter les effectifs de la main-d’œuvre à 24 000 personnes d’ici 2020.

CRÉATION D’EMPLOIS
Depuis les années 2000, le Maroc s’est engagé à former une main-d’œuvre qualifiée à travers la création
d’instituts de formation par l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT).1
Il en résulte que la plupart des entreprises de ce secteur sont impliquées dans des activités à valeur ajoutée
telles que la fabrication de composants, l’ingénierie et la prestation de services.2 En 2012, pour la première
fois, la valeur totale des exportations de ce secteur d’activité a dépassé celle des importations (soit 296,3

1 Ahmad, Rami, et coll. "MOROCCO’S AERONAUTICS CLUSTER." [POLE AERONAUTIQUE DU MAROC] (2013): 14.
2 Ahmad, Rami, et coll. "MOROCCO’S AERONAUTICS CLUSTER." [POLE AERONAUTIQUE DU MAROC] (2013): 14.
millions de $ US d’exportations et 276,2 millions de $ d’importations). Ces efforts ont attiré l’entreprise
Bombardier, leader mondial dans la conception et la fabrication d’équipements aéronautiques. Le schéma
A ci-dessous souligne la croissance continuelle qu’a connue le secteur depuis 2010.

SCHEMA A : CROISSANCE CONTINUE DE L’EMPLOI DANS LE SECTEUR AERONAUTIQUE DEPUIS


2010

L’IMPORTANCE DES COMPÉTENCES DANS


LA CROISSANCE DU SECTEUR
Aujourd’hui, le Maroc dispose d’un large vivier d’employés techniquement compétents et qualifiés, à tel
point que de nouveaux fabricants ont annoncé leur intention d’implanter des usines de production de
pièces dans le pays. La capacité du Maroc à créer de nouveaux postes dans le secteur aéronautique est
attribuable à la présence d’employés « hautement qualificatifs », pas seulement dans le secteur
aéronautique, mais aussi dans les secteurs adjacents et connexes, comme l’automobile, lesquels se basent
sur des compétences partagées et des besoins en ressources humaines. L’expansion dans la construction
de sous-systèmes plus complexes sera la clé d’une croissance durable et de la création de la majorité des
emplois à moyen terme. Toutefois, pour rester compétitif sur le marché mondial, il faut pouvoir proposer
un haut degré de qualité. Un esprit critique et des aptitudes linguistiques en français et anglais sont des
compétences cruciales pour ce secteur.3 L’anglais est important parce que c’est la langue des manuels
techniques du secteur aéronautique.
En raison des normes internationales de qualité, les entreprises aéronautiques ont mis en place via le
Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques et Spatiales (GIMAS) un partenariat avec le
gouvernement pour créer l’Institut des Métiers de l’Aéronautique, IMA. Les standards de qualités sont
inculqués via ce centre de formation. De plus, au sein des activités de maintenance, réparation et révision
(MRR), les carrières calibrées sur des standards élaborés par l’Organisation de l’Aviation Civile
Internationale (OACI), qui exige l’obtention d’une certification ou licence pour chaque palier de carrière.
Cela a entraîné la création de l’Institut Spécialisé des Métiers de l’Aéronautique et de la Logistique Aéroportuaire
(ISMALA), qui assurera la formation nécessaire pour préparer les étudiants au test de certification de
Technicien A1, administré par le ministère des Transports.

POSSIBILITÉS D’EMPLOI PAR MÉTIERS DANS


LE SECTEUR ET TYPES DE FORMATIONS
PROPOSÉES
Pour accompagner la croissance du secteur manufacturier, le Programme Career Center de USAID
souhaite apporter son aide aux filières MRR principales et connexes en formant les jeunes aux
compétences recherchées par les entreprises. L’appui au renforcement des compétences nécessaires à
l’évolution de la filière aéronautique (aujourd’hui et pour l’avenir) implique de bien comprendre la
structure et les intervenants du secteur, leur catégorie, les métiers recherchés par les ressources
humaines, et les compétences requises pour remplir ces fonctions. Les besoins sont généralement
ressentis dans toute la chaîne de valeur et à tous les niveaux, pas seulement dans les emplois de première
embauche, mais aussi pour les postes de cadres intermédiaires et supérieurs. Le schéma E1 ci-dessous
présent la chaîne de valeur aéronautique et les possibilités d’embauche.
Cette carte représente la chaîne de valeur aéronautique, divisée le long des axes verticaux par les
principales opérations qui ajoutent de la valeur au secteur aéronautique, en partant du bas avec les intrants
et la conception et en remontant vers les consommateurs du marché final. La chaîne de valeur est divisée
en deux canaux qui représentent deux différents marchés finaux, ceux pour les pièces aéronautiques
exportées et ceux des services de Maintenance, Réparation et Révision (MRR). La légende (partie
inférieure du schéma) utilise des symboles de couleur pour représenter les possibilités d’emploi dans les
services de MRR et de production manufacturière. Les symboles indiqués dans la légende ci-dessous font
référence aux possibilités d’embauche, tandis que les couleurs indiquent le niveau du poste. Ces postes
ne sont pas uniquement de niveau « débutant » ; certains sont des métiers de rang supérieur qu’une
personne pourra accéder, soit directement depuis l’extérieur, soit en interne, en gravissant les échelons
de l’entreprise. À noter que toutes les possibilités d’embauche et métiers présentés peuvent être tenues
par des femmes ou des hommes.
Les deux domaines qui ne sont pas présents actuellement au Maroc, le crédit-bail/financement et
assemblage d’avions prendront beaucoup plus de temps à se développer. L’assemblage d’avions se
concentre principalement vers des pôles plus « mûrs » en Europe et en Amérique du Nord. Cela ne
changera pas dans un avenir proche, mais le pourcentage de ces sous-assemblages produits au Maroc
augmentera en nombre et en complexité. L’émergence du crédit-bail et du financement se produira dans

3 Interview par l’équipe du Career Center. Entretien individuel, Casablanca Octobre 2015
un futur proche et pourrait se concentrer sur des fuselages destinés au marché de l’aviation régionale des
pays d’Afrique. Cette niche pourrait donner un avantage au Maroc face à des pays comme l’Allemagne et
l’Irlande, qui sont aujourd’hui les principaux acteurs en Europe pour tous les types de fuselages. Les
compétences requises en matière de crédit-bail/financement sont la vente, la négociation, la gestion de
contrats et de projets. Ces dernières compétences existent déjà au sein du système éducatif.
Comme indiqué dans la chaîne de valeur, il y a deux trajectoires professionnelles distinctes dans le secteur
aéronautique : la fabrication et MRR. Au sein de la fabrication, il y existe plusieurs moyens d’accéder au
poste d’Opérateur de premier niveau. Les postulants doivent posséder soit un niveau BAC + TVET
(délivré par un centre agréé par l’OFPPT ou à l’ISMALA) soit un BAC. Plus récemment, les étudiants
universitaires de première, seconde ou troisième année étudiant la chimie et la physique ont été ciblés
pour recevoir une formation de deux ans à l’Institut Spécialisé des Métiers de l’Aéronautique et la
Logistique Aéroportuaire (ISMALA) afin d’entrer comme Opérateurs. Toutefois, lorsqu’une personne
décide de suivre la formation complète aux métiers de la maintenance aéronautique de l’ISMALA, elle doit
tout de même achever la formation de l’IMA. Puisque le secteur est encore jeune, il manque encore
beaucoup d’employés qualifiés en tant qu’opérateurs Senior et de cadres intermédiaires.4 Les étudiant(e)s
en physique/chimie sont formé(e)s avec l’idée qu’ils ou elles seront amenées à évoluer dans leur carrière.
Il apparait même qu’ils ou elles feront de meilleurs cadres intermédiaires que les étudiant(e)s ayant suivi
une formation d’ingénieur, pourtant plus longue. Le fait de combiner un bagage universitaire à une
formation à l’ISMALA permet de mieux équiper les étudiants, à la fois sur le plan des compétences et de
l’expérience. Le fait qu’une formation complémentaire proposée par le secteur privé soit nécessaire pour
fournir des employés et des cadres intermédiaires plus efficaces prouve qu’il y a un décalage entre la
formation et les besoins dans l’emploi.

4 Interview par l’équipe du Career Center. Entretien individuel, Casablanca Octobre 2015
SCHEMA B : POSSIBILITES D’EMBAUCHE DANS LA CHAINE DE VALEUR DE L’AERONAUTIQUE AU
MAROC

Dans la filière MRR, les trajectoires de carrière sont beaucoup plus directes, car elles sont établies sur des
standards internationaux mis en place par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI). Des
certifications sont requises pour être admis comme Technicien A1 et des certifications supplémentaires
ainsi qu’une expérience spécifique sont nécessaires pour évoluer au rang de Technicien B1 et au-delà. Les
personnes sont formées à l’ISMALA ou dans un centre de formation agréé par l’OFPPT, puis doivent
passer le test de certification de Technicien A1 administré par le ministère du Transport à Rabat.

LES ÉTABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT ET


DE FORMATION AUX MÉTIERS DE
L’AÉRONAUTIQUE À TANGER
SCHEMA C : POSSIBILITES D’EMBAUCHE DANS LES CARRIERES AERONAUTIQUES ET
FORMATIONS CORRESPONDANTES.

.
Le schéma C ci-dessous met en évidence les choix de carrière disponibles dans la filière aéronautique et
les exigences de formations et/ou programmes pédagogiques. Comme le schéma l’indique, il y a plusieurs
possibilités d’embauche et plusieurs niveaux d’exigences sur le plan de la formation. En partant d’en haut
du schéma, une personne peut visualiser et déterminer le point d’embauche qui convient le mieux à ses
intérêts et qui est compatible avec son niveau d’éducation.
Aujourd’hui, la filière aéronautique du Maroc recrute ses employés auprès de trois grands établissements
d’enseignement et de formation reconnus. L’Institut des Métiers de l’Aéronautique (IMA) ; l’Office de la
formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), L’ISMALA (Institut Spécialisé des Métiers
de l’Aéronautique et de la Logistique Aéroportuaire), et les Universités, principalement les Facultés de
l’Université Hassan II à Casablanca (UH2C), qui proposent une gamme de diplômes de premier cycle, de
maîtrise et de diplômes d’ingénieur. Les postes de rang inférieur sont principalement fournis par le marché
local du travail alors que les postes intermédiaires et supérieurs sont pourvus parmi les travailleurs de
nationalité marocaine, employés dans d’autres secteurs comme l’automobile ou des entreprises comme
Coca-Cola et P&G, ou par des expatriés ayant un certain degré d’expertise technique.
Malgré l’existence de programmes de formation proposés par l’IMA et l’OFFPT et de diplômes scolaires
pertinents pour le secteur, les employeurs dans l’aéronautique, tout comme ceux de l’industrie
automobile, admettent qu’ils éprouvent des difficultés à trouver des candidats dotés de toutes les
compétences nécessaires (particulièrement le savoir-être, voir discussion ci-dessous). Lorsque nous avons
montré le Schéma D. (sur le secteur automobile) aux cadres du secteur aéronautique, ils ont convenu que
beaucoup des demandes de compétences et de contributions étaient à peu de choses près les mêmes que
celles que connaissaient leur secteur. Le schéma D ci-dessous établit une comparaison simple au niveau
de l’entreprise entre les compétences nécessaires pour les cadres supérieurs, intermédiaires et les niveaux
inférieurs et de quelle façon chaque besoin contribue à la croissance de l’entreprise.

SCHEMA D : METIERS DE L’AERONAUTIQUE ET BESOINS EN COMPETENCES.

Le secteur aéronautique est un secteur encore jeune au Maroc et, par conséquent, les employeurs ont
des difficultés à trouver des cadres ayant l’expérience nécessaire pour superviser les opérations. Par
exemple, Bombardier travaille actuellement avec l’IMA pour développer des cours de management pour
les meilleurs jeunes talents. Toutefois, ces étudiants manquent encore d’expérience. Ces entreprises sont
obligées de trouver des talents dans d’autres industries comme l’automobile. Les compétences en langues
constituent également des besoins importants, particulièrement pour les postes de cadre intermédiaire.
La compréhension du français est nécessaire à tous les niveaux d’emploi et l’anglais est nécessaire pour
les postes des échelons supérieurs. Les relations de travail sont un autre défi pour les entreprises. En
2015, les employés de Bombardier ont fait grève pour protester contre le nombre d’heures de travail. La
grève a été réglée, mais elle a permis de souligner l’importance et le besoin de renforcer les compétences
en négociation des cadres ainsi que le manque de compétences interpersonnelles de communication entre
la direction et les employés.

L’IMPORTANCE DES COMPÉTENCES EN


SAVOIR-ÊTRE
Le besoin de compétences en savoir-être dans le secteur aéronautique s’appuie aussi sur une étude
soulignant l’importance du savoir-être dans la réussite personnelle des employés. Dans le cadre de son
projet Workforce Connections, FHI 360 a publié une étude (de deux ans) sur les compétences en savoir-
être chez les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Le présent document s’appuie sur la définition
des compétences en « savoir-être » (« soft skills » en anglais) utilisée dans le cadre de l’étude. Elle
comprend cinq catégories fondamentales de compétences étroitement corrélées à la réussite de la
jeunesse dans le monde du travail. La capacité à vivre en société est l’une des cinq catégories de
compétences générales identifiées dans le cadre d’une étude menée dans le monde entier ; ces
compétences seraient directement liées à la forte performance de la main-d’œuvre. Les autres catégories
étant les compétences à communiquer, les aptitudes à la réflexion, la maîtrise de soi, et la confiance en
soi. Chacune de ces compétences en savoir-être contribue positivement à des activités spécifiques qui
améliorent la performance d’un(e) employé(e) et donc celle de la filière tout entière. Dans le schéma E ci-
dessous, les compétences sont associées à des qualités clés liées au travail.
SCHEMA E : BESOINS DE COMPETENCES EN SAVOIR-ETRE POUR L’AERONAUTIQUE
En analysant les interviews des principaux assembleurs aéronautiques comme Bombardier et d’autres
experts du secteur, il apparait que leurs entreprises ont souvent du mal à trouver des candidats qui
possèdent ces compétences générales en savoir-être. Ce concept est caractérisé au Maroc dans les
entreprises aéronautiques comme Bombardier, ainsi que dans d’autres secteurs manufacturiers tels que
l’automobile, comme un problème lié au manque de compétences en « savoir être. » Les sous-domaines
spécifiques mentionnés par les employeurs sont : le respect des valeurs et des objectifs de l’entreprise, la
ponctualité, la négociation, le travail en équipe et la gestion du stress. Le savoir-être est clé tant pour les
responsabilités managériales que pour les postes de rang inférieur. Selon les employeurs, les programmes
de formation actuels, comme ceux proposés par l’OFPPT, ne fournissent pas de cours susceptibles de
renforcer les compétences à encadrer des équipes et ces compétences « générales ». C’est pourquoi les
entreprises aéronautiques, à travers le Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques et Spatiales
(GIMAS), ont créé un programme de formation en management spécifique à leur secteur d’activité. Ce
fut la base de la mise en place de l’IMA, où les éducateurs offrent des programmes de formation interne
spécifiques à l’entreprise pour les compétences techniques et en management. Dans ces cours, chaque
employeur met l’accent sur un volet particulier des métiers qu’il propose : l’efficacité de mouvements, la
gestion du temps ou le travail d’équipe et à différents niveaux de complexité. Les formations sont
proposées sur une journée ou une semaine et combinent les cours en salle de classe et les travaux
pratiques.
Comme dans beaucoup de marchés du travail, les employeurs se fient aux diplômes comme une preuve
de « qualité » d’un candidat, mais ils s’intéressent aussi aux compétences et à l’expérience :
 Le secteur aéronautique au Maroc, puisqu’il doit s’aligner aux normes de qualité en matière
d’exportation, exige de hauts niveaux de certification et recherche des candidats de meilleure
qualité que ce qui est demandé dans les secteurs de production tournés vers le marché intérieur
(et dont le pourcentage d’entreprises informelles est souvent plus élevé). Pour s’assurer d’avoir
des candidats de meilleure qualité et, dans un sens, parce qu’elles peuvent se le permettre, les
entreprises du secteur aéronautique au Maroc ont tendance à exiger des niveaux d’éducation
supérieurs ou des certifications de formations plus précises. Cette exigence est plus marquée chez
les entreprises étroitement liées aux multinationales spécialisées dans l’assemblage.
 Les fabricants aéronautiques ont tendance à avoir une approche plus souple quant aux exigences
scolaires des postulants qui entrent à des postes de rang inférieur. Si, dans l’idéal, le candidat doit
avoir le baccalauréat, lorsque cette catégorie de postulants fait défaut, les entreprises engagent des
personnes possédant de l’expérience professionnelle ou celles qui démontrent un certain niveau
d’alphabétisme, de dextérité et de capacité à apprendre. Ce n’est pas le cas pour les services de
MRR, où tous les candidats doivent suivre un programme de certification de deux ans sanctionné
par l’OFPPT, peu importe leur cursus scolaire. Le programme de certification de l’OFPPT en MRR,
proposé par l’ISMALA est spécifique à cette filière bien précise et est conforme aux lignes
directrices de l’OACI. Ce programme est considéré de meilleure qualité que les cours de l’OFPPT
portant sur le volet « fabrication de composants ».
 Toute expérience similaire précédente est également un facteur important dans l’embauche des
employés. Dans les postes de niveau débutant, toute expérience professionnelle préalable dans le
secteur aéronautique, que ce soit dans la mécanique ou d’autres de qualification du secteur
secondaire comme l’aéronautique et l’automobile, est fortement recherchée et appréciée. Pour
certains processus de travail, il est nécessaire de savoir coudre ; les employeurs sont
particulièrement intéressés par des candidats ayant une expérience de travail dans le textile et la
confection. Pour les processus demandant un savoir-faire dans le travail du métal et l’assemblage,
les travailleurs possédant des compétences techniques comme la soudure sont appréciés.
Néanmoins, le fait d’avoir de l’expérience n’exclut pas que les employés doivent passer une
batterie de formations pour les mettre à niveau sur les normes de qualité.
CONCLUSIONS
Au Maroc, l’aéronautique est l’une des filières du secteur manufacturier qui enregistre l’une des plus fortes
croissances. Alors que le pays continue de démontrer son expertise dans les activités de MRR, le secteur
de la fabrication est encore jeune et assoit progressivement sa réputation dans le sous-assemblage. Il existe
un potentiel de croissance dans le secteur, notamment en élargissant le savoir-faire à des sous-systèmes
plus complexes. Le crédit-bail et le financement, volets de la chaîne de valeur encore absents au Maroc,
ont également un potentiel de développement dans l’avenir. Cette expansion exigera des compétences
dans la vente, la négociation, la gestion de contrats et de projets. Des programmes scolaires et de
formation existent pour ces deux pôles potentiels de croissance de ces secteurs (manufacturier et crédit-
bail/financement), mais le manque de compétences est encore trop important.
Dans ce contexte, les objectifs du Programme Career Center de USAID consistent à a) relier les jeunes
aux emplois potentiels qui s’ouvriront à mesure que le secteur grandit b) communiquer aux établissements
de formation sur la nature des besoins en compétences des employeurs de ce secteur, et c) intégrer les
offres de compétences en savoir-être dans les programmes de base des établissements partenaires
d’enseignement et de formation.
Cette étude propose une évaluation préliminaire de la filière en proposant un large éventail de possibilités
de première embauche pour les jeunes. Il faut, cela dit, la considérer uniquement comme un point de
départ que les établissements d’enseignement et de formation partenaires et les chefs de file de la filière
pourront utiliser pour approfondir leur réflexion sur les besoins de contenus éducatifs et de formation
pédagogiques. Si l’on veut que la filière aéronautique poursuive son essor durablement, il faut que les
d’établissements d’enseignement et de formation soient en mesure de s’adapter en dialoguant
continuellement avec les acteurs clés du secteur sur l’évolution des besoins en compétences. La croissance
des sous-structures d’assemblage plus complexes et l’émergence du crédit-bail et du financement
dépendent aussi de la capacité d’adaptation des institutions d’éducation et de formation. Les arguments
suivants peuvent aider les responsables pédagogiques et les chefs de file du secteur à investir à Casablanca
de manière éclairée et alimenter ainsi au cercle vertueux des « compétences à l’investissement » en
contribuant à l’offre de compétences :
 Si la conception des cours était plus étroitement alignée sur les considérations et les exigences
des acteurs du secteur privé sur la façon dont ils conçoivent les métiers et l’avancement
professionnel, cela faciliterait le rapprochement entre l’offre de cours, les descriptions de postes
et les compétences demandées par les entreprises, créant un point d’accès plus tangibles pour les
jeunes souhaitant intégrer la filière. Par exemple, dans le cas de Bombardier, les postes ne sont
pas répartis en fonction des filières classiques de formation secondaire ou tertiaire. Ils se
concentrent plutôt sur les compétences et les qualifications et l’expérience pré-requises. Ceci est
également vrai pour les postes relevant des services de MRR. Les possibilités d’embauche à travers
cette filière de formation se basent uniquement sur les certifications, et l’avancement
professionnel est possible grâce à l’expérience acquise et les performances des employés. Sur cet
aspect, les acteurs locaux, les employeurs de la filière et les partenaires dans l’éducation et la
formation feraient mieux de penser leurs offres en termes de regroupements de compétences ou
de qualifications plutôt qu’en termes de diplômes.
 Il est également important de reconnaître que les compétences s’appuient sur d’autres
compétences qui se complètent. Les cours de formation et les établissements d’enseignement et
de formation devront assurer le renforcement des compétences acquises par le passé. La grande
part du travail consistera à identifier plusieurs « groupes » de compétences et leurs interactions
mutuelles, de manière à établir un ordre de priorité sur les compétences à enseigner. Par exemple,
les compétences liées à la résolution des problèmes sont fondamentales ; ce sont celles que les
enfants apprennent dès leur plus jeune âge, les utilisent au quotidien et les renforcent tout au long
de leur vie. Par contraste, les compétences qui relèvent de l’accomplissement et de la motivation
se développent plus tard.
 Plusieurs facteurs déterminent le nombre et le type de postes de niveau débutant dans un secteur
donné : les signaux du marché (p. ex. : la demande globale), la structure du secteur et ses besoins
connexes (p. ex. : les métiers et compétences requises pour y accéder) ainsi que les dynamiques
humaines (p. ex. : la manière de mener le recrutement et l’embauche).

Le Programme Career Center de USAID aidera les institutions partenaires à concevoir des mécanismes
de rétroaction des employeurs quant à la performance effective des diplômés, à identifier les nouveaux
cours en demande, ainsi que les méthodologies à adopter par es établissements d’enseignement et de
formation pour maintenir le dialogue avec les employeurs dans le processus d’apprentissage. Les étudiants
et les conseillers d’orientation doivent travailler à améliorer l’analyse de la filière à l’image du mode
opératoire de cette étude, en se concentrant particulièrement sur les besoins en compétences et sur la
façon dont leurs institutions sont en mesure de répondre aux besoins des employeurs. Le Programme
Career Center de USAID apportera du financement et son savoir-faire dans la conception des trajectoires
professionnelles du secteur aéronautique. Enfin, des campagnes d’information et des témoignages
d’expériences s’adresseront aux étudiants pour leur montrer que la demande en compétences évolue
constamment, et qu’il est essentiel d’actualiser et de renforcer ses compétences tout au long de sa carrière
professionnelle. Les universités marocaines et les centres de formation professionnelle que sont les Career
Center doivent servir de relais durables pour assurer ces investissements dans l’apprentissage tout au long
de la vie et de l’avancement professionnel.

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