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Cette conceptualisation part de l’argument selon lequel le monde dans lequel nous vivons

peut-être vu plus comme étant façonné par l’homme, c’est-à-dire « artificiel », que comme un
monde naturel.

Par exemple Les organisations sociales telles que les entreprises, les administrations, les
associations à but non lucratif peuvent être considérées comme des artefacts au sens de
Simon. En effet, une entreprise n'émerge pas comme un phénomène naturel, comme un objet
créé par la Nature, à l'instar des planètes ou des montagnes. Lorsqu'une organisation de type
entreprise ou administration se crée, c'est sous l'impulsion d'un certain nombre d'individus,
pour certains buis, dans un certain contexte qui impose un certain nombre de contraintes sur le
fonctionnement de cette organisation. Ainsi, une organisation n'est pas séparée de la nature :
rien ne la dispense de respecter les « lois de la nature » telles que les besoins physiologiques
de ses employés et les contraintes physiques dans ses activités de production et de
distribution.

Les causes de la création

Ainsi que nous l'avons précisé précédemment, la question d'un paradigme de référence pour
les sciences humaines et sociales (et plus largement pour les disciplines de recherche et
sciences autres que celles de la Nature) pose problème. De longs débats ont animé les
communautés de chercheurs de ces « autres » sciences, afin d'essayer de déterminer la
conduite à tenir entre un rejet total des paradigmes des sciences naturelles imposés aux autres
champs de recherche, et un suivisme complet, malgré des difficultés récurrentes à appliquer
certaines règles et certains principes dans un contexte humain et social. Au sein même des
sciences de gestion, les chercheurs sont encore partagés, d'ailleurs souvent en fonction de leur
spécialité : il est peut-être plus facile, en finance, de se placer dans un cadre épistémologique
proche de celui des sciences naturelles. En revanche, dès que la dimension humaine, le
contexte, les relations entre le chercheur et son sujet deviennent des éléments d'importance, le
strict respect du paradigme des sciences de la Nature devient difficile, voire impossible.
Diverses propositions ont ainsi été faites par des chercheurs en sciences humaines et sociales,
et diverses positions adoptées sans que soit dégagé, cependant, un consensus plein et entier
sur cette question. Dans ce cadre encore un peu flou et mouvant, une approche s'est toutefois
affirmée petit à petit, même si elle n'est pas encore connue et reconnue par le plus grand
nombre. Elle nous semble pourtant être digne d'intérêt et apporter des développements
pertinents sur la manière d'envisager une démarche scientifique dans un contexte de sciences
étudiant des phénomènes perçus non pas comme complètement « naturels », mais comme
partiellement façonnés par l'homme, autrement dit « artificiels », d'où leur appellation «
sciences de l'artificiel ».

La distinction entre

Distinguer les sciences naturelles des sciences de l'artificiel permet de dépasser un certain
nombre de clivages révélés par des intitulés qui portent en eux-mêmes un jugement de valeur :
« sciences dures ou exactes » versus « sciences molles » ; « sciences fondamentales » versus «
sciences appliquées » ; « sciences » versus « humanités », par exemple. Dans toutes ces
appellations, les « vraies » sciences s'opposent aux autres sur la base de la référence constante
- le plus souvent implicite - à un seul et même paradigme scientifique, celui des sciences
naturelles. Or, celui-ci, comme argumenté précédemment, s'avère plus ou moins adéquat
selon le domaine d'étude considéré. Le paradigme des sciences de l'artificiel présente donc
l'intérêt d'offrir un autre modèle de science, bien adapté là où le paradigme des sciences
naturelles s'avère inadapté.

Les arguments :

La conceptualisation des sciences de l'artificiel part de l'argument selon lequel pratiquement


tous les éléments de notre environnement donnent des témoignages de l'artifice humain. Le
monde dans lequel nous vivons peut davantage être considéré comme façonné par l'homme,
c'est-à-dire « artificiel », que comme naturel. Artificiel étant alors pris dans le sens donné par
Simon 199630 (voir encadré 1.2) : « [les phénomènes artificiels, ou artefacts,] sont comme ils
sont parce qu'un système est façonné par ses buts ou par ses intentions, de manière à
s'adapter à l'environnement dans lequel il vit. »

Pourquoi il est assez peu connu :

La conceptualisation des sciences de l'artificier n'a pas encore reçu toute l'attention qu'elle
mérite malgré le potentiel de développement qu'elle offre à de nombreuses sciences, en
particulier aux sciences de gestion. Probablement, l'appellation insolite « sciences de
l'artificiel » n'a pas aidé à la diffusion de cette conceptualisation « révolutionnaire » (au sens
de Kuhn, 1972). En effet, le terme « artificiel » semble contraire à la notion de science, il a
une résonnance péjorative, et il évoque des artefacts physiques ou encore l'intelligence
artificielle plutôt que des organisations humaines.

Objectif :
La préoccupation centrale des sciences de l'artificiel est alors de développer des moyens pour
comprendre l'enchevêtrement de multiples projets humains évolutifs, leurs interrelations et
leurs rapports avec des régulations perçues comme naturelles, en vue de la conception
d'artefacts (objets artificiels) évolutifs destinés à fonctionner dans des environnements eux-
mêmes susceptibles d'évoluer (voir encadré 1.3).

Quatre indices distinguent l'artificiel du naturel

1. « Les objets artificiels sont synthétisés par les êtres humains (bien que ce ne soit pas
toujours ni même habituellement avec une claire vision anticipatrice).

2. Les objets artificiels peuvent imiter les apparences des objets naturels, bien qu'il leur
manque, sous un ou plusieurs aspects, la réalité de l'objet naturel.

3. Les objets artificiels peuvent être caractérisés en termes de fonctions, de buts,


d'adaptation.

4. Les objets artificiels sont souvent considérés, en particulier lors de leur conception, en
termes d'impératifs tout autant qu'en termes descriptifs. »

Par conséquent, alors que les sciences naturelles sont concernées par l'étude de phénomènes
naturels, tel le mouvement des planètes de l'univers, les sciences de l'artificiel sont
concernées par l'étude de projets conceptuels, à savoir, les projets enchevêtrés de multiples
êtres humains qui interviennent dans la construction et les évolutions de l'artefact étudié (voir
encadré 1.3). Les sciences de l'artificiel ont pour but à la fois de faire progresser la
compréhension du fonctionnement et de l'évolution des artefacts dans leur environnement et
de développer des connaissances pertinentes pour la conception et la mise en oeuvre
d'artefacts évolutifs ayant des propriétés désirées, tels que, par exemple, un outil de gestion
nouveau - comme un ERP -, qui posséderait des caractéristiques susceptibles de favoriser son
appropriation et son usage effectif par les membres de l'organisation. À titre d'illustration, et
non de modèle à adopter dans toute recherche menée dans le paradigme des sciences de
l'artificiel, l'encadré 1.4 offre un exemple de recherche menée dans le cadre de ce paradigme.

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