Vous êtes sur la page 1sur 5

 

» de Jean Giono
10 juillet 2017 ~ lepetitmondedevagabonde

« Le Grand troupeau » est un roman français écrit par Jean Giono et publié en 1931. Défini
par son auteur comme un « réquisitoire contre la guerre », il retranscrit fidèlement les
bouleversements opérés par la première guerre mondiale sur les hommes, les animaux et la
nature. Le récit se déroule des années 1914 à 1919 et  est se découpe en 3 parties: la première
retranscrit le départ des soldats au front, la seconde est centrée sur les combats et la dernière
aborde le retour des soldats à l’arrière. Le témoignage est très complet puisqu’il n’est pas
uniquement centré sur la vie des soldats au front. En effet, le récit alterne plusieurs points de
vue: la vie au front avec les soldats Joseph et Olivier et l’arrière avec les personnages de Julia
et de Madeleine ainsi que d’autres villageois. Le témoignage est d’autant plus authentique que
Giono a lui même vécu la guerre, ayant participé aux batailles tristement célèbres car très
meurtrières, Verdun, la Somme ou encore  le chemin des dames. On retrouve ainsi son
expérience personnelle de la guerre et le traumatisme qu’elle lui a laissé à travers le parcours
et l’évolution des personnages d’Olivier et de Joseph. 

Analyse du titre:

Le titre du roman « Le Grand Troupeau » peut se comprendre de deux manières différentes.
Il fait tout d’abord référence au grand troupeau de moutons qui descend des alpages et
traverse le village dans le premier chapitre. En effet les jeunes bergers sont mobilisés au front
et ne peuvent plus surveiller les bêtes d’où leur retour au village.

Dans un second temps, le titre est une métaphore qui renvoi au grand troupeau des hommes
partant à la boucherie de la guerre. D’autant plus que le passage du troupeau de mouton est
déjà annonciateur du sort que vont subir les hommes soit des morts, des blessures, de la
fatigue, de l’incompréhension, des veuves et des orphelins.

Témoignage des horreurs de la guerre: 

Le récit retranscrit de manière particulièrement complète et violente les multiples


conséquences de l’horreur de la guerre sur les hommes:

1. Au front:

 La mort, avec le personnage de Regotaz.


 La folie, avec les hallucinations d’Olivier et les monologues du capitaine.
 La désertion, avec un des soldats du régiment d’Olivier.
 Le deuil, avec la mort d’un des jeunes soldats du village au début du roman et le deuil
d’Olivier qui souffre de l’absence de Regotaz.
 La mutilation volontaire, d’Olivier pour être démobilisé et rejoindre Madeleine.
 L’amputation du bras droit de Joseph suite à une explosion d’obus.
 La solitude, avec  un soldat qui souffre de ne plus recevoir lettres de ses proches.
 Le délaissement des corps  des soldats morts dans le No man’s land, leur cadavre
dévorés par les vers, corbeaux et rats.
 La peur constante des soldats de mourir au front.
 Le manque du pays, de la maison de la nature avec les personnages de Regotaz et
Olivier qui souffrent de l’absence de la tranquillité de leur campagne du sud.

     2.  A l’arrière:

 Le deuil avec un couple de villageois qui perdent leur fils au front.


 La peur constante de recevoir une lettre annonçant la mort ou la disparition.
 La désorganisation de la vie de famille avec le trouble des femmes qui tentent de
combler la place vide du mari à table et dans le lit.
 Le travail des hommes aux champs ou dans les usines qui doit à présent être fait par
les femmes.
 La douleur de l’absence avec Julia qui souffre mentalement et physiquement de
l’absence de son mari et qui va combler ce manque en ayant une relation avec un
déserteur « Toine » et avec Madeleine qui souffre de l’absence d’Olivier.

Des personnages touchants et variés:

Nous suivons tout au long du récit la vie de deux familles sous la grande guerre:

 Celle de la ferme Chauranne avec Joseph, sa femme Olivia, sa jeune sœur Madeleine
et son père.
 Celle de la ferme des Gardettes avec Olivier, sa mère Delphine et son grand-père le
papé.

Joseph: Il est le mari de Julia, le frère de Madeleine et l’ami d’Olivier. Il est mobilisé dés le
début de la guerre en août 1914. Jeune et robuste, il symbolise la force et la vitalité de la
jeunesse. Au front, il fait preuve de courage, de persévérance et également d’humanité
lorsqu’il accompagne dans la mort un de ses camarades en lui racontant des histoires du
village. Il se fera amputé du bras droit suite à une explosion d’obus et se fera démobiliser peu
de temps après. A son retour du front, il parait néanmoins changé, paraissant froid et distant.
Il se montrera même cruel et violentera sa jeune sœur Madeleine lorsqu’il apprendra qu’elle a
eu une liaison avec Olivier et qu’elle attends son enfant. Les liens familiaux en seront brisés
plusieurs mois mais la fin du livre qui voit la naissance du second enfant de Madeleine et
d’Olivier marque la réconciliation entre les deux familles.

Olivier: Il est le fils de Delphine et le petit fils du papé, l’ami de Joseph et l’amant de
Madeleine. Contrairement à Jospeh qui est plus âgé que lui, Olivier n’est mobilisé au que
quelques mois après le début de la guerre en 1915. La découverte du front le plongera
immédiatement dans la terreur et la barbarie des combats. Apeuré, il perdra tout ses repères et
demeurera dans la peur constante de se faire tuer. Il liera des liens d’amitié étroits avec un
autres soldat Regotaz, qui mourra sous ses yeux dans des conditions atroces. Sa mort le
traumatisera tellement qu’il souffrira ensuite d’hallucinations. Lorsqu’il reçoit une lettre de
Julia sa belle sœur qui lui annonce que Madeleine attend un enfant de lui et que Joseph la
violente, il prendra la décision de se mutiler deux doigts de la main droite pour se faire
démobiliser. Il rentrera au village et épousera Madeleine avec qui il aura un deuxième enfant.

Julia : Âgée d’environ 18 ans, elle est la femme de Joseph et la belle sœur de Madeleine,
qu’elle considère comme une amie. Elle est décrite plusieurs fois comme une jeune femme
robuste et sensuelle avec des formes généreuses et une épaisse chevelure brune. Forte de
caractère, elle reprendra les travaux de la ferme, dans les champs et auprès des bêtes après le
départ de son mari au front et tentera comme elle peut de veiller sur Madeleine. Elle soufre
énormément de l’absence de son mari autant physiquement que mentalement. Malgré son
amour et sa fidélité envers Joseph, elle finira par avoir une liaison avec un déserteur « Toine »
qu’elle délaissera ensuite au retour de son mari. Elle se montrera également bienveillante et
attentionnée lorsqu’elle apprendra la grossesse de Madeleine. Devant la peur de l’enfant
d’être mère-fille, elle tentera de la faire avorter en vain et c’est elle qui préviendra Olivier de
la grossesse de Madeleine et des mauvais traitements que Joseph lui inflige en lui envoyant
une lettre au front.  Enfin, c’est elle qui viendra assister Madeleine dans l’accouchement de
son deuxième enfant.

Madeleine: Âgée de moins de 18 ans, elle est la jeune sœur de Joseph, la belle sœur de Julia
et l’amante d’Olivier qui deviendra son mari. Comme Julia, elle est présentée comme une
belle jeune femme aux cheveux châtains clairs et aux yeux clairs et profonds. Elle est plus
fragile et plus sensible que Julia  bien qu’elle travaille également à la ferme. Elle se rendra
compte qu’elle attend un enfant d’Olivier alors que celui-ci est soldat au front. Elle sera
confronté au peur d’être mère-fille et aux réprimandes de sa famille. Après avoir tenté
d’avorter en vain, son frère tentera de lui faire perdre l’enfant en lui donnant des coups de
pied dans le ventre. Elle donnera naissance à une fille vivante mais paralysée des jambes et
coupera les ponts avec sa famille pour aller vivre avec Olivier. Ce n’est que pour la naissance
de son second enfant que Joseph et elle se réconcilieront lorsque celui-ci autorise Julia à aller
lui porter de l’aide pour accoucher. Elle mettra au monde un fils rigoureux et en bonne santé
qui apportera une fin paisible et heureuse au roman.

Regotaz: Il est un soldat du même régiment qu’Olivier et devient rapidement son ami.
Comme lui, il est un homme de la terre qui prend soin de la nature qui l’entoure. Il est dévasté
par les destructions de la nature opérée par la guerre, horrifié de voir la terre transformée en
tranchée et les champs en lieux de combats. Il mourra suite à une explosion d’obus qui lui
emportera le visage, dans la boue, avec une motte de terre et un petit brin d’herbe dans la
main. On retrouve Regotaz dans une hallucination d’Olivier, dans laquelle il se couche contre
lui et lui fait cadeau d’une pomme de pin, en souvenir de la campagne qu’ils aiment temps
tout les deux et rappelant le contact charnel et intense des hommes du sud avec la nature

Le grand troupeau
par Jean Giono

Résumé

En août 1914, la mobilisation générale appelleles hommes sous les drapeaux, jusque dans
les plus petits villages et sur lesplateaux où paissent les grands troupeaux de moutons. Un
jour, à Valensole, nonloin de Manosque, une rumeur sourde appelle les habitants sur le pas de
leurporte, et les fait descendre vers la route où passe un immense troupeau, menépar un fort
bélier au ventre sanglant, et guidé par trois bergers seulement.Pendant des heures le flot des
bêtes coule sous le regard des gens du village,rassemblées par les trois derniers pâtres, car
tous les autres sont partis à laguerre, ont rejoint cet autre grand troupeau, mais fait d’hommes
que l’on mèneà la boucherie. Ce soir-là, alors que bêtes et hommes, exténués, font haltepour
la nuit, le berger Thomas confie son beau bélier blessé au papé, legrand-père d’Olivier
Chabrand. Qu’il le garde, le temps que l’animal soit remisde ses blessures, et que les hommes
soient revenus de leur folie. Il reviendrale chercher, un jour.
Le narrateur porte alternativement son regardsur le village, ceux qui sont restés à l’arrière –
les moins valides, lesvieux, les femmes et les enfants –, et ceux qui sont partis. Ce sont
deuxmondes, deux sphères qui vivent deux réalités différentes mais partagent unmême
chagrin. Joseph a quitté la maison et a laissé derrière lui sa femme,Julia, sa sœur Madeleine et
son père. Ce qu’il vit est indicible, c’est une suitede drames sanglants qui le bouleversent au
plus profond de son être. Ainsi, toutun jour et toute une nuit, il veille deux camarades blessés,
attendant une voiturequi doit venir les ramasser – on le leur a promis –, et qui jamais ne
viendra.Il calme la peur de son camarade Jules, lui parle comme à un enfant, tandis quela vie
coule hors de lui par sa blessure qui putréfie la chair vivante. Ilfinit par s’effondrer, terrassé
par la fatigue, et s’éveille juste à temps pourassister Jules dans sa douloureuse agonie.
À la ferme, Julia et Madeleine l’ont remplacépour les dures tâches qui incombent au
travailleur. Julia est une femme pleinede vie, riche d’un sang puissant qui crie sa frustration
depuis que son hommeest au loin. Elle a eu si peu de temps pour le connaître ! Les rareslettres
que le soldat envoie ne remplacent pas son corps solide et rassurant.La nature tout entière
chante l’amour ; les herbes et les bêtes charrientde puissants parfums qui la troublent jusqu’à
lui faire perdre le sens. Elleest fidèle et lutte contre cet instinct qui l’attire vers l’homme,
commelorsque l’apprenti du boucher venu tuer une truie éveille en elle des désirsinterdits. En
désespoir de cause, elle tentera d’éteindre le feu qui la dévoreen s’offrant à Toine, le déserteur
revenu de la guerre qui se cache dans lacolline. Madeleine, elle, est plus jeune, et son cœur
s’éveille à peine àl’amour. Celui qu’elle aime, Olivier, va partir lui aussi, et son frère
Josephvoit cette amourette d’un mauvais œil.
Bientôt, le maire de Valensole commence àvisiter les familles pour annoncer les premiers
morts. Les vieux pleurent leurspetits, les femmes leurs hommes, les enfants contemplent à
table la place videoù s’asseyait le père. Ainsi, Félicie et Albéric apprennent que leur Arthur
aété tué. On organise une veillée funèbre, sans le corps d’Arthur, resté là-hautdans les brumes
froides et humides. C’est une grosse poignée de sel qui lereprésente, et le village se rassemble
chez les parents pour assister à un ritechrétien aux relents de paganisme. Olivier est présent
bien qu’il doive partirle soir même. Il a revêtu son uniforme et son regard croise celui de
Madeleine.Ils échangent un silencieux au revoir, avant que le soldat ne prenne la route,à pied,
accompagné jusqu’à la rivière par le papé.
Tout de suite le jeune provençal découvre lapeur et l’horreur, et son unité est massacrée : il
ne sont plus que troisvivants. Parfois une bouffée d’air frais dégage son esprit, comme
lorsqu’ilcroise la route de Regotaz, un gars dont le métier est de soigner les arbres,et dont le
cœur saigne quand il voit ses arbres tant aimés ravagés par lesobus. On tire, il doit s’abriter,
les chairs volent, les blessés au ventreouvert par la mitraille comme par une faux tiennent
leurs entrailles à pleinesmains. Les cris, les odeurs fétides, le sang chaud qui coule et qui
caille envastes flaques, le ciel rougi par l’orage de feu qui tombe sans trêve nifatigue, voilà le
quotidien d’Olivier. Les quelques jours de repos à l’arrière,quand on relève la troupe, passés
en compagnie d’un capitaine qui, lentement,devient fou, et du camarade la Poule, lui
permettent de tenir. Et puis, aprèsdes mois, il y a la permission, qui le ramène pour quelques
jours parmi lessiens, vêtu de son nouvel uniforme bleu horizon. Il retrouve Madeleine, elle
sedonne à lui, pleine d’un amour pur et bon comme du bon pain. Pour quelque
tempsseulement il aura rejoint le monde des hommes.
Pendant ce temps, on mobilise tout le monde,même les ventripotents, même les myopes,
même les malades. L’insatiable bouchede feu réclame de nouvelles victimes. Joseph est
blessé, il découvre l’enferdes postes de secours où un chirurgien épuisé tranche dans la chair
vive tandisque les moribonds s’entassent. À Valensole, un autre drame se joue :Madeleine est
enceinte, et elle n’est pas mariée. En ce temps-là, c’est ledéshonneur assuré pour la famille. Et
que dira Joseph ! Alors Julia luidonne les herbes que broutent les chèvres qui veulent perdre
leur petit, ellelui plaque des cataplasmes caustiques sur la chair, elle lui donne des coups
depied dans le ventre, mais rien n’y fait : une petite fille va naître,vivante mais les jambes
mortes. Quant à Joseph, on lui a coupé le bras. Iln’étreindra plus Julia, il ne pourra plus semer
le blé comme avant, il ne seraplus que la moitié de l’homme qu’il était. Mais au moins il
revient vivant.
Quant à Olivier, il lui sera donné d’aller aubout de ce qu’on peut voir : il va connaître
Verdun, Santerre, il va vivrel’écœurante promiscuité des tranchées, il marchera au bord de la
folie quand lefantôme de Regotaz lui apportera une pomme de pin. Nulle échappatoire,
nulespoir, la mort assurée, à moins d’agir et de ne plus subir, fût-ce au prixd’un sacrifice : au
cœur de la bataille du mont Kemmel, en Belgique,Olivier tend la main devant le fusil de la
Poule qui, d’un coup de feu, luiarrache deux doigts. La guerre va enfin finir, et les hommes
vont rentrer. Lasérénité revient sur Valensole. Un soir, le berger Thomas vient reprendre
sonbélier guéri, alors que Madeleine donne naissance à un beau garçon, symbole dela vie qui
reprend ses droits. Le temps du grand troupeau est révolu.

Vous aimerez peut-être aussi