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CHAPITRE 1 : Introduction à l’Ingénierie de la Sécurité Incendie

1- Généralités

Dans beaucoup de pays, les incendies dans les bâtiments privés ou publics sont reconnues
comme des menaces majeures pour les vies humaines ainsi que les biens de leurs occupants.
L’incendie reste un risque permanent qui doit être pris en compte lors de la construction ou de
la réhabilitation de bâtiments.
Les accidents les plus tragiques, en Europe et aux Etats Unis, ont suscité l’intérêt de beaucoup
de spécialistes, afin de mieux comprendre le comportement des structures sous des conditions
d’incendie et d’assurer leur sécurité (figures 1 et 2).

Figure 1:Incendies-Madrid (Tour Windsor)- 13.02.2005


-Grande poste d’Alger
- Usine de Plastique (Zone Industrielle de Chlef)
()

Figure 2:Incendie et exemples d’endommagement par incendie d’une poutre et d’un poteau

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Quoique la manière la plus efficace de lutter contre les effets néfastes d’un incendie est
d’éviter son déclenchement, l’expérience montre que, malgré toutes les précautions prises, les
trois stades : prévention, détection et extinction, sont parfois dépassés et que les incendies
arrivent à se développer et à prendre une extension importante.
Les objectifs détaillés de la protection incendie sont les suivants :
 assurer des voies d'évacuation sûres et une lutte efficace contre l'incendie

 permettre une détection précoce des fumées ou de la chaleur

 maîtriser l'incendie et les fumées

 empêcher la propagation du feu

 empêcher l'effondrement prématuré de la structure principale

2- Sécurité Incendie
La sécurité incendie relève d'une considération de conception très importante pour
n’importe quel bâtiment. Il est nécessaire d'observer des exigences réglementaires minimales
pour assurer une protection adéquate contre toute perte de vies humaines en cas d'incendie.
Les objectifs de la sécurité sont la protection efficace contre les risques d’incendie des
personnes et des biens ou encore réduire les pertes d’ordre financier dues aux dommages
portés à l'environnement. Plus précisément, ils concernent :
- La sauvegarde des vies des occupants de l’immeuble ;
- La protection des vies des services d’intervention ;
- La protection de l’intégrité du bâtiment ;
- La sauvegarde des bâtiments adjacents.
Il est possible de prendre tout un éventail de mesures pour parvenir à ces objectifs en
faisant appel, lors de la conception de bâtiments, à une stratégie de sécurité incendie adaptée à
la nature du bâtiment. La figure 3 présente un organigramme qui permet de comprendre les
différentes stratégies qui permettent de sécuriser un bâtiment tout autre structure contre
l’incendie. Cette même figure montre où se situe l’intervention de l’ingénieur chargé de
concevoir la structure.

Par exemple, dans les bâtiments publics de grande taille, comme les centres
commerciaux, des systèmes de détection, de contrôle de la fumée et de sprinklers sont souvent
installés pour assurer la sécurité des vies humaines et ils peuvent en outre réduire la sévérité
d'incendies potentiels.

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Figure 3:Stratégies de la Sécurité Incendie

Gérer l’impact du feu (Sauvegarde des personnes)

 Le premier principe essentiel,


pour l’évacuation, est l’existence de
dégagements suffisants en nombre et
en dimensions, judicieusement répartis et
toujours libres d’accès.
En règle générale, tout établissement, tout bâtiment, tout immeuble doit être conçu, disposé et
construit de façon que l’évacuation des personnes puisse se faire par deux points différents au
moins.
La sortie unique présente, en effet, un très grave danger. Elle peut être bloquée non seulement
par les flammes, mais plus souvent encore, quand il s’agit d’un escalier, par les fumées. Dans
les bâtiments où peuvent se trouver rassemblées un grand nombre de personnes [locaux de
travail, établissements recevant du public (ERP), etc.], les règlements imposent des mesures
bien définies, en particulier l’existence de deux escaliers au-dessus de 100 personnes.
Il importe, en outre, de noter que les ascenseurs ne sont jamais considérés comme moyen
d’évacuation pour différentes raisons : débit limité, insécurité du fonctionnement mécanique
au cours des incendies, envahissement rapide par les fumées.

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 Un deuxième principe essentiel pour l’évacuation des personnes est l’obligation de
disposer d’un éclairage suffisant dans les escaliers, les couloirs, les dégagements.
Ainsi, dans les établissements recevant du public ou ERP, le règlement de sécurité impose un
éclairage de sécurité, appelé à pallier toute défaillance de l’éclairage normal, même et surtout
en cas d’incendie.

3- Ingénierie de la résistance au feu

En Algérie l’ingénierie de la résistance des structures au feu n’est pas largement


adoptée par la communauté des ingénieurs de génie civil et architectes. Ces derniers
confondent le plus souvent cette partie avec la protection incendie et la sécurité incendie.
L’ordre hiérarchique est montré dans le schéma de la figure 4 ci-dessous.

Ingénierie de la
Sécurité Incendie

Protection Incendie

Ingénierie de
la Résistance
au Feu

Figure 4: Ingénierie Incendie- Science multidisciplinaires

La sécurité incendie est une multi- discipline pour la détermination des stratégies de Sécurité
Incendie pour les bâtiments sous des conditions de feu. La stabilité structurale et le contrôle
de la progression du feu est assurée par des protections d’incendie dites actives et/ou passives.

L’Ingénierie de la résistance au Feu traite des aspects spécifiques à l’analyse des effets
thermiques des incendies sur les bâtiments et à la conception et la vérification de leurs
éléments structuraux selon les ‘’ Eurocodes-feu’’ pour une résistance adéquate en tenant
compte de ces actions.

Bien qu’elle ne soit pas capable, à elle seule, de répondre à l'ensemble des « objectifs de
sécurité incendie » fondamentaux, l’ingénierie de la résistance au feu de la structure constitue
normalement un élément clé de la stratégie de sécurité incendie d'un bâtiment.

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4- Aspect règlementaire: Les Eurocodes

En l’absence de DTR-Algérien en la matière, on utilisera donc les Eurocodes-feu qui sont


l’EC1-parties1.2 pour les actions et les EC3, 4, 5 - parties1.2. Ces derniers se basent sur les
mêmes principes qui gouvernent le comportement à température ambiante et plusieurs
procédures de calcul utilisent des équations auxquelles, les étudiants en fin de cycle de master
2 et ingénieurs ayant des connaissances du calcul en température ambiante, sont déjà
familiers.

 Calcul à température ambiante


EC1 : EN 1991 Eurocode 1: Bases de Calcul et Actions sur les Structures.
EC3 : EN 1993-1-1 Eurocode 3: Calcul des Structures en Acier: Partie 1.1 : Règles
générales et règles pour les bâtiments.
EC4 : EN 1994 -1-1 Eurocode 4: Calcul des Structures Mixtes Acier-Béton
EN 1993-1-4 Calcul des Structures en Acier ; Aciers inoxydables
EN 1993-1-5 Calcul des Structures en Acier ;
 Calcul au feu- Eurocodes-feu
EN 1990 Basis of structural design
EN 1991-1-2 Eurocode 1 Partie 1.2 : Actions sur les structures exposées au feu
EN 1993-1-2 Eurocode 3 Partie 1.2 : Règles générales Calcul du comportement au feu
EN 1994-1-2 Eurocode 4: Calcul des structures mixtes acier-béton - Partie 1-2: Règles
générales - Calcul du comportement au feu

L'Eurocode 1, partie 1-2, définit les actions à prendre en compte, en particulier l'action
thermique et les combinaisons d'actions mécaniques dans le cas de la situation accidentelle
d'incendie. Cette partie est destinée à être utilisée en liaison avec les parties relatives au calcul
de la résistance au feu.
Pour les structures métalliques, l'Eurocode 3, partie 1-2, décrit les propriétés de l'acier à
température élevée, et les différentes méthodes qui permettent d'analyser son comportement
au feu. Il présente notamment les méthodes de vérification de la résistance au feu
conventionnel d’éléments tels que les tirants, les poutres et les poteaux.

De manière plus générale, les Eurocodes, fixent les exigences essentielles suivantes pour la
limitation des risques d’incendie :
« L’ouvrage doit être conçu et construit de manière que, en cas d’incendie :
- la stabilité des éléments porteurs de l’ouvrage puisse être présumée pendant une durée
déterminée ; « la résistance au feu »
- l’apparition et la propagation du feu et de la fumée à l’intérieur de l’ouvrage soient
limitées ;
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- l’extension du feu à des ouvrages voisins soit limitée ;
- les occupants puissent quitter l’ouvrage ou être secourus d’une autre manière ;
- la sécurité des équipes de secours soit prise en considération.
Il reste cependant, à expliquer le processus de conception et de calcul des structures sous
incendie, à ouvrir une parenthèse sur l’aspect du cadre règlementaire algérien de la sécurité
incendie des bâtiments régis par lois et décrets, à introduire les aspects de sélection des
coefficients et de facteurs à l’état limite ultime qui tiennent compte des variations des
propriétés du matériaux et des charges ainsi que de la réduction de résistance et rigidité en
fonction de l’augmentation de la température.

5- Définitions
5.1 Feu:
Un feu est une combustion. On le trouve en général dans des fours ou des chaudières sous
forme de combustion contrôlée. Dans le domaine de l’incendie, il devient une combustion
incontrôlée. Il prend alors une dimension telle qu’il peut provoquer un incendie. Il y a donc
une différence fondamentale entre feu et incendie.
Pour qu’un incendie puisse prendre naissance, il faut la présence conjuguée de trois éléments
qui constituent le TRIANGLE DE FEU (figure 5): le comburant (l’oxygène qui constitue 21%
du volume de l’air), des matériaux combustibles et une source de chaleur. La combustion du
carbone produit du gaz carbonique CO2 et si l’oxygène vient à manquer, elle produit le
monoxyde de carbone CO. L’absence d’un seul de ces éléments suffit pour empêcher le
déclanchement d’un incendie.

Oxygène (Oxydant)

Combustible + Oxygène
=
Produit de combustion
CH4 + O2 = CO2 + 2 H20

Combustible
Source de Chaleur
(Energie)

Figure 5 : Illustration de la théorie du triangle du feu

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Causes d’éclosion du feu
En premier lieu, il convient d’empêcher tout début d’incendie, c’est-à-dire pratiquement de
réduire le plus possible les causes d’éclosion. Au départ d’un incendie, on trouve toujours,
comme cause initiale, l’énergie sous sa forme calorifique. C’est pourquoi les sources de
chaleur, qu’elles soient chimiques, mécaniques, électriques ou lumineuses, doivent être
examinées avec soin pour déterminer les dangers qu’elles présentent.
 Causes naturelles
Elles comprennent le soleil, la foudre, la combustion spontanée qui provoquent des feux de
matières organiques et de produits chimiques.
 Causes dues à l’emploi de l’énergie
Sous quelque forme que ce soit : chaleur, lumière, force, électricité, cette énergie peut être à
l’origine des incendies : si elle est produite à proximité de matériaux combustibles
 Causes accidentelles
Elles relèvent de l’imperfection humaine et sont imputables à l’ignorance, à la négligence ou à
la malveillance. Ce sont hélas les plus fréquentes. Les statistiques montrent en effet que 60 %
environ des incendies sont imputables à une défaillance humaine.

Causes de propagation du feu


Il convient, en conséquence, de rechercher les mesures susceptibles de limiter les effets d’un
incendie, donc de maîtriser les causes de sa propagation, c’est-à-dire les flammes, le
rayonnement, la conductivité et, enfin, les transports de gaz, vapeurs ou produits de
distillation.

5.2 Combustible-chaleur-charge au feu


La première donnée nécessaire pour concevoir un bâtiment contre l'incendie est de définir
l'énergie qui va affecter la structure. Elle dépend du taux de croissance du feu et de sa taille
éventuelle qui est principalement une fonction du bâtiment, de son contenu, et des
dispositions de protection au feu existantes.
La plupart du potentiel combustible dans les feux de bâtiments est un matériau organique
dérivé des plantes, des animaux ou pétrochimiques.
Le matériau disponible comme combustible peut être partie intégrante de la structure,
revêtements intérieur, ou un contenu permanent ou temporaire du bâtiment.

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 Énergie-Chaleur - Valeur Calorifique :
Le terme énergie est utilisé pour exprimer une diversité de sources de provenance : chimique
par combustion, par réaction chimique exothermique, ou par action mécanique (étincelles par
frottements ou mouvements de molécules).
Le taux de chaleur émis de la réaction de combustion dépend de la nature du matériau
enflammé, de la taille du feu, et de la quantité d’air disponible.
La valeur énergétique (calorifique) nette ou chaleur de combustion est la quantité de chaleur
dégagée pendant la combustion complète d’une unité de masse de combustible.
La plupart des combustibles solides, liquides, et gaz possèdent une valeur calorifique allant de
17 à 50 MJ/kg. Les valeurs calorifiques nettes Hu (MJ/kg) pour une série de combustibles
conventionnels selon EC1 (annexe E, tableau E.3) sont données dans le tableau 1.

Tableau1 : Valeurs énergétiques nettes pour différents types de matériaux combustibles


(Recommandées pour le calcul de la charge calorifique)

Solides Hu(MJ/kg) Plastiques Hu(MJ/k


g)
Bois 17.5 Polyester 30
Polyuréthane 25
Matériaux Cellulosiques ; 20 PVC 20
Vêtements, papier, Liège
Coton, laine …

Charbon de bois
30
Liquides MJ/kg Gaz MJ/kg
Bitume, (Asphalte ; Goudron) 40 Butane ; Propane 50

 charge au feu - densité de charge calorifique caractéristique


La charge calorifique E dans un compartiment est définie comme l'énergie totale susceptible
d'être dégagée en cas d'incendie. Une partie de l'énergie totale sera utilisée pour échauffer le
compartiment (parois et air interne) ; le reste de l'énergie sera évacué par les ouvertures. Les
composants du bâtiment tels que les revêtements des murs et des plafonds, et son contenu, tel
que le mobilier, constituent la charge calorifique.
Si on divise la charge calorifique E par la surface au sol, on obtient la densité de charge
calorifique qf ou charge au feu dans un bâtiment (densité de charge énergétique du feu par

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mètre carré de surface par étage). Cette charge peut être exprimée selon la formulation de
l’EC1 (annexe E.2.2) par :
qf ,k= ∑( Mi .Hui.mi.i) /Af (MJ/m²)

Mi- masse du matériau i (kg)


Hui- valeur énergétique nette du matériau i (MJ/kg) (voir tableau ci-avant)
mi- facteur (sans dimension) décrivant le comportement de combustion du matériau i dont la
valeur est comprise entre 0 et 1, représentant l'efficacité de combustion ;
(ex : m = 1 correspond à la combustion complète ; m = 0,8 en l'absence de données précises)
i- facteur d'évaluation de la charge calorifique protégée du matériau i
Af- surface au sol du compartiment [m2]
L’énergie maximum dégagée lorsqu’un combustible brule est :
E= Hui. Mi
Qui représente la quantité totale d'énergie contenue dans le matériau i et évacuée supposant
une combustion complète.
Une autre formulation pratique est d’exprimée qf ,k comme une masse équivalente de bois
donné par :
qf ,k= (∑ Mu .Hu) . /(AfH0)

où H0 est la valeur calorifique standard du bois égale à 18.4 MJ/kg


-Estimation empirique selon des classifications de EC1 ; pour des valeurs 250÷2000 MJ/m2
Des valeurs typiques de valeurs de densité de charge énergétique sont données dans le
tableau 2 ci-après en MJ/m2 de surface d’étage.

 Puissance du feu :
Une fois que la charge calorifique E a été caractérisée pour n’importe quel feu, la puissance
de ce dernier, représentant le taux de chaleur émise en MW peut être calculé comme la
quantité de chaleur dégagée en MJ en un certain temps (en secondes).
D’où la valeur moyenne du taux de chaleur dégagée Q (MW) est donnée par :
Q=E/t
Où E est l’énergie totale contenue dans le combustible (MJ) et t est le temps (s) de
combustion).
Sachant que : 1W=1Joule/seconde (1Joule correspond à l’énergie utilisée pour une
consommation d’une puissance de 1 Watt pendant 01 une seconde).
Pour un compartiment suffisamment ventilé, l’incendie est contrôlé par combustible et le taux
de chaleur émise dépend de la surface du feu.

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Exemple : pour un compartiment d’un bâtiment résidentiel, la durée de l’incendie est
généralement de 1200 s, d’où un taux de chaleur émise à calculer comme :

Qcombustible = E / 1200
Cependant pour un calcul pratique de la puissance du feu, il est nécessaire de savoir à quelle
vitesse la charge calorifique va brûler. Ceci va conduire au débit calorifique (RHR) dont
dépend la température des gaz chauds lors d'un incendie.
La charge calorifique définit l'énergie disponible mais la température des gaz chauds lors d'un
incendie dépend du débit calorifique Q (RHR) (figure 6). La même charge calorifique brûlant
très rapidement ou bien lentement peut conduire à des courbes température-temps des gaz
complètement différentes.
L’Eurocode1 partie1-2 (annexe E.4) adopte une valeur maximale du débit calorifique donnée
par :
Q = RHR = (t / tα) ²
RHR = débit calorifique du feu pendant sa phase de croissance (MW)
t = temps (s)
tα = constante de temps donnée exprimant le temps (s) nécessaire pour atteindre un taux de
chaleur émis de 1 MW.
L’EC1 donne des valeurs de débit calorifique du feu maximal par mètre carré RHRf selon
le type d’usage de bâtiment et le paramètre tα (voir tableau 2 ci-après) telles que :

RHR =Af .RHRf

RHR (MW)
Débit Calorifique Limitation du débit par le
d’incendie combustible ou la ventilation

Embrasement généralisé
Régime
stationaire

Phase de
Phase de décroissance
croissance
temps

Figure 6: Taux de chaleur émis ou débit calorifique en fonction du temps

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Le débit calorifique est la source de croissance de la température des gaz chauds, et la cause
principale de la propagation des gaz et de la fumée.
L’aire de la surface sous la courbe débit calorifique-temps représente l’énergie dégagée.
Tableau2 : Données de densité de charge calorifique, taux de croissance
et débit calorifique pour différents type de bâtiments (Annexe EC1-1.2 tableau E.4)

Densité de Charge
Calorifique (qfk)
Type Taux de
MJ/m2 Kg tα RHRf
d’occupation
(EC1) bois/m croissance temps (sec.)
2 (kW/m²)
80 fractile

Appartement 948 45 moyen 300 250

Hôpital 280 13 moyen 300 250

Hôtel 377 18 moyen 300 250

Bibliothèque 1824 86 rapide 150 500

Bureau 511 24 moyen 300 250

École (Classe) 347 16 moyen 300 250

Centre 730 34 rapide 150 250


Commercial

Théâtre (Ciné.) 365 17 rapide 150 500

Transport 122 6 lent 600 250


(Espace public)

6- Incendie-Feu de Compartiment:
Un incendie (feu) réel dans un bâtiment se développe et décroît en fonction de l'équilibre de
masse et d'énergie existant dans le compartiment où il se produit (Fig. 7). L'énergie produite
dépend de la quantité et du type de combustible disponible et de conditions de ventilation.
L’incendie dans un bâtiment peut être divisé en un incendie de compartiment et en incendie
en vaste espace de bâtiment en post ‘’ embrasement généralisé’’ respectivement.
On entend par compartiment un espace clos de volume inférieur à 100 m3 avec un rapport
longueur-largeur modéré. Des compartiments de grandes hauteurs ou possédant des surface de
plancher supérieurs à 500 m2 ; tel que les hangars industriels, les centres commerciaux et les

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aéroports ne sont pas sujets aux incendies en embrasement généralisé car ils sont considérés
comme des espaces vastes de bâtiments.

Figure 7 : Modèle de Feu de


compartiment.

Phases de développement d’un incendie de compartiment

Il est possible de considérer qu'un incendie réel est composé de trois phases, que l'on peut
définir comme la naissance, le plein développement (intensité) et le déclin (décroissance).
L'augmentation de température la plus rapide se produit dans la période suivant l'embrasement
généralisé (“ flash-over ”), qui est le point auquel tous les matériaux organiques situés dans le
compartiment brûlent spontanément. L’embrasement généralisé représente le passage de la
phase de la naissance à la phase de plein développement (intensité), marquant ainsi la
transition d'un feu localisé à un feu impliquant tout le combustible exposé dans le
compartiment (voir figure 8 ci-après).

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Température

Embrasement généralisé (‘flashover’)


1100°C Tgmax

0.8(Tgmax- T0)
Contrôlé par
500°C
Contrôlé par Ventilation ou
Combustible par Combustible

Contrôlé par
T0 Combustible
Temps
Naissance plein développement Décroissance
(ignition+propagation) (Pleine intensité) (extinction)

Réaction au feu Résistance au feu

Figure 8: Différentes phases d’un incendie- Elévation de


température pour un feu naturel.

Phase1 -naissance: pré-embrasement


Une source de flamme provoque le début d’incendie d’une quantité de matériaux. Les
premiers gaz et la fumée apparaissent. Durant cette première phase l’incendie reste localisé et
sous l’action de la chaleur croissante, la fumée s’élève en panache jusqu’à heurter le
plafond et le produit de combustion s’accumule en dessous en formant une couche chaude.
Selon la disponibilité de l’oxygène pour la combustion, la phase de naissance peut être
caractérisée par l’allumage ou par un feu couvant (smouldering). C’est une phase cruciale et
déterminante pour la sécurité des vies humaines vis-à-vis des émanations de monoxyde de
carbone et autres gaz toxiques. En l’absence de mesures actives ou d’intervention du
personnel des services de protection, l’incendie va continuer à s’accroitre si l’énergie émise
du premier item-combustible est suffisante et si l’oxygène est disponible.

Phase2 –plein développement (pleine intensité): post-embrasement


A ce stade tout le combustible disponible brule. Le taux de chaleur émise est maximum et
dépend de la disponibilité de l’oxygène (contrôle par ventilation) ou de la quantité et la nature
du combustible disponible (contrôle par combustible). C’est la phase la plus critique de
l’incendie par rapport qui peut provoquer l’endommagement de la structure et la ruine du
compartiment.

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Phase3 -le déclin : refroidissement
Après une période bien soutenue de chauffe ou approximativement 70 % du combustible a été
consommé, l’incendie va décroitre avec une diminution de la température en fonction du
temps.
7- Notions de Réaction et de Résistance au feu
La réaction au feu s’applique aux matériaux de construction. Elle mesure l’ensemble des
propriétés des matériaux de construction en rapport avec la naissance et le développement
d’un incendie. La réaction au feu caractérise l’aliment qu’un matériau peut apporter au
démarrage et au développement du feu.
La résistance au feu s’applique aux éléments de construction. Elle constitue une mesure de
leur aptitude à continuer à assurer leur fonction porteuse ou de compartimentage malgré
l’action d’un incendie.

7.1Réaction au feu - Critères de Classification


 Classification ancienne (norme NF P. 92.507)
Elle était composée de 5 catégories qui définissaient la réaction au feu des matériaux : ils vont
de M0 pour l'ininflammable à M4 pour désigner les matériaux les plus inflammables jusqu'à
leur propension à la propagation du feu. Cette classification, qui correspond au temps de
résistance d'un matériau à une température donnée, est établie par des laboratoires agréés (ex :
CNERIB-Algérie, CSTB- France) (Tableau 3).

Tableau 3 Classification de la réaction au feu des matériaux

Combustibilité Inflammabilité Exemples


M0 Incombustible pierre, brique, ciment, tuiles, plomb,
acier,
ardoise, céramique, plâtre, béton, verre,
laine de roche
M1 Combustible non inflammable matériaux composites, PVC,
dalles minérales de faux-plafonds,
polyester, coton, bois ignifugé
M2 Combustible Combustible moquette murale, panneau de particules
M3 Combustible moyennement bois (y compris lamellé-collé),
inflammable revêtement sol caoutchouc,
moquette polyamide, laine
M4 Combustible facilement papier, polypropylène,
inflammable tapis fibres mélangées
NC non classé non classé

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 Classification nouvelle (Euroclasses)
Les « Euroclasses » de réaction au feu, définissent la combustibilité et l’inflammabilité des
matériaux de façon plus complète que la norme NF P.92.507 car ils prennent en compte les
fumées dégagées ainsi que d'éventuelles gouttelettes projetées. Les références sont listées RT
2005 (Règlementation Thermique 2005). Cette classification n'est valable toutefois que pour
les produits de construction sous deux distinguos, les matériaux de sols (indice fl pour
« floorings ») et les autres éléments de construction.
La norme de référence européenne, les Euroclasses intègrent un système de classement en
cinq catégories d’exigence : A1, A2, B, C, D, E, F (F correspondant au NC du classement M).
Les Euroclasses tiennent donc aussi compte de deux autres critères essentiels (après tests en
laboratoire) :
 l’opacité des fumées (quantité et vitesse) notée s pour smoke
o s1 : faible quantité/vitesse
o s2 : moyenne quantité/vitesse
o s3 : haute quantité/vitesse
 les gouttelettes et débris enflammés noté d pour droplets
o d0 : aucun débris
o d1 : aucun débris dont l'enflammement dure plus de 10 secondes
o d2 : ni d0 ni d1
Voir tableau (ci-dessous) de correspondances (imparfaites) entre le classement M et les
euroclasses (Tableau 4) :

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Tableau 4 Classification de la réaction au feu des matériaux selon la norme européenne

7.2 Résistance au feu - Critère de Classification


La « résistance au feu » indique le temps durant lequel, lors d'un incendie, un élément de
construction (poutre, poteau, plancher, …) conserve ses propriétés physiques et mécaniques
sous l’effet d’une charge appliquée. Lorsque l’élément structurel fait également partie d'une
limite de compartiment, des critères d'isolation et d'intégrité doivent également être satisfaits.
Il existe deux types de classifications et on distingue trois catégories critères de résistance :
 Classification ancienne ;
- Stable au feu SF : l'élément de construction conserve, durant le temps indiqué, ses capacités
de portance et d'auto-portance.
-Pare-Flammes PF : l'élément est stable au feu et évite, durant le temps indiqué, la
propagation, du côté non sinistré, des gaz de combustion et des fumées.
-Coupe-Feu CF : l'élément est pare-flammes et évite, durant le temps indiqué, la propagation
de la chaleur du côté non sinistré.
L'isolation thermique correspond à un maximum de 180 °C en un point précis, et de 140 °C
sur l'ensemble de la surface (une porte par exemple). Les critères SF, PF, et CF sont notés en
fractions d’heures (1/4h,1/2h, 3/4h, 1h, 1h1/2, 2h, 3h, 4h, 6h).
Exemple : « SF 2h » (stable au feu pendant 2 heures).

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 Resistance au feu des éléments- Classification nouvelle -Euroclasses (REI) :
Trois critères qui s’appliquent à la majorité des éléments de construction à savoir, la stabilité
R (capacité portante), l’étanchéité aux flammes E et l’isolation thermique I sont utilisés.

Elle définit le degré de résistance REI de l’élément qui est le temps immédiatement inférieur à
la durée observée, choisi parmi les valeurs de 15, 20, 30, 45, 60, 90, 120, 180, 240, 360
minutes (figure 9).

Charge Charge Charge

Figure 9 Résistance au feu –Classification européenne


R- Résistance mécaniques ou force portante
E- Étanchéité aux flammes et aux gaz chauds
I-Isolation thermique
Charge seule : résistance mécanique critère R
Chargement et Séparation : critères R, E et I si nécessaire

8- Procédés de Conception: Comment Faire?


On doit d’abord établir des scénarios d’incendie en fonction de la nature du feu qui
permettront de modéliser l’incendie et ensuite d’évaluer les températures dans les éléments
étudiés. Cette première partie qui sera développée dans les deux chapitres suivants est
résumée dans la figure 10.

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Figure 10 : Etapes de conception par l’Ingénierie Incendie

On peut résumer le comportement d’une structure en situation d’incendie comme suit :


- Une montée en température induite par le transfert de chaleur provenant du feu,
appelée également réponse thermique de la structure,
- Quand la structure est échauffée, elle se déforme en fonction d’un coefficient de
dilatation thermique,
- Cette montée importante en température conduit à l’adoucissement des matériaux et,
par conséquent, à la perte à la fois de raideur et de résistance de la structure, créant
ainsi une déformation additionnelle,
- Lorsque la perte de raideur et de résistance devient telle que la structure n’est plus
capable de supporter les charges appliquées, un effondrement d’une partie ou de
l’ensemble de cette structure devient ainsi inévitable
Dans l’ingénierie de la sécurité incendie actuelle, il existe deux approches majeures
d’évaluation pour le comportement thermomécanique de la structure ou des éléments de la
structure exposés au feu :
- les essais au feu au moyen de fours d’essai,
- l’utilisation de calculs simplifiés ou des modèles avancés.

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Il n’est pas difficile de comprendre, de manière générale, le comportement d’une structure
soumise au feu. Mais il est extrêmement important pour un étudiant de fin de cycle de master
en bâtiment et ingénieur d’être en mesure de prédire de façon précise le comportement de la
structure d’un bâtiment afin de connaître exactement son niveau de sécurité structurel.
9- Etapes de conception de la résistance au feu d’un élément:
L'évaluation de la performance au feu d'un élément structurel se fait en quatre étapes,
résumées ci-dessous :
 Evaluer l'action thermique, c'est-à-dire l'intensité du feu auquel sera exposé l'élément
structurel.
 Evaluer la réponse thermique, c'est-à-dire l'évolution température-temps de l'élément
pour une action thermique donnée.
 Evaluer l'action mécanique, c'est-à-dire la charge que l'élément est susceptible de
devoir supporter lors d'un incendie.
 Evaluer la réponse mécanique, c'est-à-dire la résistance de l'élément d'après
l’évolution de sa température-temps.
La démarche d’un calcul de résistance au feu d’un élément peut être schématisée dans la
figure 11comme suit :

19
P pour un élément de structure : -
poteau, poutre, diagonale…

Calcul des charges appliquées Sélection de la durée de résistance


avec coefficient de pondération au feu recherchée

Acier non protégé Type d'incendie:


Conventionnel ou naturel

Calcul de la température Calcul


Acier protégé atteinte par l'acier T thermique

Détermination de la capacité Calcul


de résistance de Mécanique
l'élément de structure
N Non

Ou

Fin

Figure 11 Organigramme de calcul de la résistance au feu d’un élément de structure

Bibliographie :
1. Jean-François Denoël, Sécurité incendie et constructions en béton,
2. Marc Landowski, Bertrand Lemoine, Concevoir et construire en acier,
3. Loïc Thomas, Guy Archambault, Sécurité incendie,
4. EN 1991-1-2:2002 Eurocode 1: Actions sur les structures au feu - Partie 1-2: Actions
générales – Actions sur les structures exposées
5. EN 1993-1-2:2003 Eurocode 3: Eurocode 3 - Calcul des structures en acier - Partie 1-2:
Règles générales - Calcul du comportement au feu
6. EN 1994-1-2:2005 Eurocode 4: Calcul des structures mixtes acier-béton - Partie 1-2:
Règles générales - Calcul du comportement au feu

20
ANNEXE au Chapitre 1 : Durées de résistance au feu des bâtiments

Elles sont données selon la classification des bâtiments à l’incendie.

a) Logements:
Le code Français de la construction et de l’habitation et l’arrêté du 31 janvier 1986 classent
les types d’habitations en familles comme suite :

1re famille
1re famille 2me famille 2me famille 2me famille 3me famille 4re famille
Famille individuel
en bande individuel en bande collectif h < 28m 28m<h<50m
ou jumelé
ou jumelé

Exigence
SF 1/4h SF 1/4h SF 1/2h SF 1/2h SF 1/2h SF 1h SF 1h 1/2
structure

1re FAMILLE: Habitations individuelles

(i) isolées (ii) jumelées (iii) en bande

(a) indépendantes (b) en bande à structures

2e FAMILLE :

(i) isolées (ii) jumelées (iii) en bande

a) Habitations individuelles

b) En bande à structures indépendantes c) Immeubles Collectifs :

h= R + 3 maximum
21
3e FAMILLE 4e FAMILLE

h h

a) Immeubles collectifs :

h = R + 7 max b) Immeubles collectifs :

28 m  h  50 m

b) Bâtiment de bureaux :

La stabilité au feu de la structure pour les immeubles de bureaux est définie comme suite:

Hauteur de plancher haut h≤ 8 m 8 m <h≤ 28 m

Exigence structure Pas d’exigence SF 1 h

Exigence plancher Pas d’exigence CF1h

22
c) Parcs de stationnement ouverts :

En France, les parcs de stationnement publics ou privés d’une capacité supérieure à deux cent
cinquante places sont soumis à l’instruction technique du 3 mars 1975. Cette dernière peut
être résumée par le tableau suivant :

Pars plus de 250 places Exigence actuelle

R+1 SF ½ h

R+2 SF 1 h

Parcs au-dessus de R + 2 jusqu’à 28 m SF 1 h ½

Parcs de hauteur> 28 m SF 2 h

23

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