Marine Le Pen a adressé un courrier à tous les préfets pour leur dire qu'elle s'opposait à la réforme de la haute fonction publique initiée par Emmanuel Macron.
Marine Le Pen a adressé un courrier à tous les préfets pour leur dire qu'elle s'opposait à la réforme de la haute fonction publique initiée par Emmanuel Macron.
Marine Le Pen a adressé un courrier à tous les préfets pour leur dire qu'elle s'opposait à la réforme de la haute fonction publique initiée par Emmanuel Macron.
Marine Le Pen Député du Pas-de-Calais à Mesdames et messieurs les membres du corps préfectoral.
Mesdames et messieurs les Préfets,
Après la décision prise par Emmanuel Macron de supprimer l’École Nationale
d’Administration, le gouvernement vient d’annoncer, par la voix du Premier ministre son intention de s’attaquer au corps préfectoral. Cette annonce, pour le moins provocatrice au moment même du bicentenaire de la mort de l’Empereur Napoléon, confirme une volonté méthodique de déconstruction d’un édifice administratif autour duquel s’est forgée la Nation, cette lente et patiente construction que le monde nous envie. Derrière cette politique du table-rase administratif, pointent le risque d’une politisation tant des recrutements que des nominations au sein de la haute fonction publique et la mise en place non avouée d’une logique de « spoil-system », très éloignée de notre pratique institutionnelle. Plus ponctuellement, ces projets de réforme heurtent notre conception partagée de la méritocratie républicaine et de la neutralité du service de l’État. Dans notre République française, ces piliers garantissent, en effet, les libertés publiques et l’accès de tous les citoyens aux services et protections publics. Derrière la suppression du statut se profile plus sourdement un véritable bouleversement qui vise à terme à une privatisation rampante des fonctions publiques. Le recours récent, mais de plus en plus fréquent à des cabinets de conseil privés pour des interventions publiques atteste de ce mouvement actuel sur fond de défiance à l’égard de l’administration française ou du principe même d’une administration étatisée et stable.
Comme élue de la Nation, je partage l’inquiétude, souvent muette, mais douloureuse, de
tous ceux qui sont habités par le « sens de l’État » et qui constatent l’affaissement des
Assemblée nationale, 126 rue de l'Université, 75355 Paris 07 SP, marine.lepen@assemblée-nationale.fr
moyens, de la considération et, partant, de l’autorité de l’État. Par la confusion supplémentaire que ses réformes ajoutent, le gouvernement va concourir à accélérer le processus de délitement de l’ensemble de la fonction publique et attenter encore davantage à sa légitimité d’action. Chaque jour, l’actualité nous rappelle, pourtant, combien les libertés des personnes et la sécurité de la Nation requièrent l’affirmation d’un État respecté et soutenu, un État assurant l’application impartiale des lois et la paix civile, un État protecteur du peuple français et défenseur de l’intérêt national. Je crois, pour ma part, au modèle administratif français qui, en mille ans, procède d’une œuvre lente, mais persévérante, réfléchie et aboutie. Bien évidemment, personne ne disconvient des nécessaires adaptations que l’état de la société, les progrès techniques ou la modification de rapports sociaux nous imposeraient. Ces évolutions auxquelles chacun est prêt ne justifient aucunement d’écrouler l’édifice. C’est pourquoi, à l’inverse des projets actuels, mon projet politique se donne comme priorité la restauration de l’autorité de l’État. Cette lettre n’a pas pour objet de vous mêler au débat politique qui nait de cette décision. Votre sens du devoir comme votre légitime attachement à la neutralité de la fonction publique vous l’interdiraient. Mais, comme responsable de la principale force d’opposition, je crois utile de vous informer que ces projets de réforme, si éloignés de nos traditions administratives et de l’intérêt supérieur du pays, seront démocratiquement combattus. Soyez sûrs que je m’y emploierai avec l’énergie que me donnent la force de mes convictions et la conscience, en défendant le corps préfectoral auquel vous avez l’honneur d’appartenir, de servir mon pays. Je vous prie de bien vouloir agréer, Mesdames et messieurs les Préfets, l’expression de ma haute considération.