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SI LES ARBRES sont relativement rares sur l’île d’Yeu – et nous en prenons soin comme
de la prunelle de nos yeux -, leur présence a tout de même évolué depuis le XIXe siècle.
L’image que donnait alors les géographes de la végétation et en particulier des arbres
sur l’île est à première vue désolante :
Le sol nu, d'un gris terne, des pierres éparses entre des plaques d'herbe courte et
rare, tout cela donne à ces lieux solitaires une apparence désolée qui rappelle l'aspect
attristant des hauts plateaux des montagnes. L’ile d'Yeu est peu cultivée et
absolument nue, sauf en quelques parties d’étendue médiocre… On a songé à
ressusciter l'ancienne forêt qui se trouvait autrefois à la pointe Gauthier et dont toutes
les chartes font mention. Mais le succès n'a pas récompensé ces efforts. Si la plantation
de pins dans le port de la Meule a parfaitement réussi1, d'autres tentatives n'ont donné
que de médiocres résultats. Tous les arbres sont inclinés du côté N-E par la force des
vents, et meurent au bout de quelques années. Il n'y a guère que les saules du
ruisseau de Saint-Hilaire, situés dans un bas-fond, et un certain nombre d'ormeaux
sur le bord des flaques d'eau qui aient résisté à la violence des vents. Quelques
plantations d'yeuses et de verniers du Japon ont rapidement péri. Le reste de l'île est
dénudé ou couvert de bruyère. (L’Île d’Yeu, C. GUY, 1892).
Un article de la revue « YEU DEMAIN » dresse
un portrait « arboricole » plus actuel, même s’il se
concentre sur les « yeuses » ou « chênes
verts ». Après avoir disparu, comme l’indique
Camille GUY, ce sympathique végétal qui verdit nos
paysages en toute saison a semble-t-il « pris trop
de place ». La disparition progressive de
l’agriculture et de l’élevage au XXe siècle ont
favorisé son développement et il peuple désormais
les « friches » caractéristiques de l’île : Il est
souvent considéré (à cause de son autre nom :
yeuse) comme l’arbre emblématique de l’île d’Yeu
à protéger. Et pourtant, agriculteurs, éleveurs,
naturalistes défenseurs de la biodiversité n’hésitent
pas à le trouver invasif, dominant, et destructeur du sol, donc à réguler. Le bulletin
« écologique » conclut : Alors ami ou ennemi, le chêne vert ? Si nous apprenons à contrôler
son développement et à le réguler, il continuera à nous réjouir et demeurera notre ami !
Notons au passage que la maison de retraite créée à Port Joinville, il y a 50 ans déjà, a pris
le nom de « Chênes verts » : belle appellation pour cette résidence où nos anciens, toujours
verts et solides comme des chênes, coulent un paisible séjour au milieu de leur île sans être
déracinés !
1
Cette modeste plantation de La Meule a été récemment à l’origine d’une
œuvre originale d’un sculpteur sur bois, qui a redonné vie aux arbres
morts en les transformant en personnages des légendes islaises. La
fameuse « Gargourite » a disparu malheureusement l’an dernier, sans
espoir de retour…
2Lors d’une de leurs incursions sur l’Île d’Yeu, les Anglais brûlèrent un jour
A partir de 1792 toutes les communes de France furent tenues de planter « l'arbre de la
liberté » qui symbolise aussi la vie, la continuité, la croissance, la force et la puissance. Il est
devenu au cours du XIXe siècle un des symboles de la République française
avec Marianne ou la semeuse. Il figure depuis 2002 sur les pièces
françaises d’un euro et de deux euros.