Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le
domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978
:
- La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et
gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source des contenus telle que
précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ».
- La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation
commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service ou toute autre réutilisation
des contenus générant directement des revenus : publication vendue (à l’exception des ouvrages académiques ou
scientifiques), une exposition, une production audiovisuelle, un service ou un produit payant, un support à vocation
promotionnelle etc.
2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes
publiques.
- des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être
réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par
la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès
de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation.
4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du
code de la propriété intellectuelle.
5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue
dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays.
6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en
matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue
par la loi du 17 juillet 1978.
fin.
et cœtera, — et le tour serait joué ! Je pourrais encore rôme Trifouillard ne fut pas. de son vivant, le modèle
débuter de cette autre façon : des braves et dignes hommes, ainsi que son ci devant
www Avant d'aller plus loin, il faut que je vous fasse
L'Autriche vient d'essuyer une terrible défaite. jardinier l'atteste en son pittoresque langage, mais je une confidence.
—
Immédiatement le cœur du lecteur palpiterait et son prétends et je soutiens qu'accoupler le mot rose aux vo- Vous voyez en moi un mortel énormément perplexe.
regard ne pourrait plus s'arracher de la page du Monde cable Trifouillard est commettre le plus monstrueux et Plusieurs journaux, en effet, ont bien voulu m'apprendre
illustré, tandis que moi, courriériste perfide, je pour- le plus inexcusable des blasphèmes. qu'on donnait, au palais Pompéien des Champs-Élysées,
Que le congrès international des rosiéristes daigne sont
suivrais sans paraître m'apercevoir de l'émotion pro- des séances de musique orientale et antique. Ce
duite : prendre ma très-humble doléance en considération. deux adjectifs rêveries
ces qui me plongent dans des
- une terrible défaite à la salle Herz, L'amour-propre humain saura toujours se rattraper
rz, où
1
oÙ le concert sans
d'arriver à
du pianiste vienneis Bémolbergh a fait un fiasco com- assez sur autre chose. Hélas! j'ai beau rêver, il m'est impossible
plet. me rendre compte de ce qu'on peut entendre par
antique. Orientale
Vous le voyez, le procédé est des plus simples, et si Il n'y a, du reste, pas que les rosiéristes qui s'as-
'"v"v",- musique orientale et de la musique
je ne l'emploie pas, ce n'est pas faute de le connaître. semblent en de pacifiques conférences. Les joueurs d'é- faisa®^
encore pourrait s'expliquer à la rigueur, et en
J'ai même dans ma gibecière quelques anecdotes à côté
des événements politiques actuels que je pourrais sans
checs et les joueurs de boules en vont faire autant.
Pour ce qui concerne le jeu d'échecs, la nouvelle n'a
venir de Turquie ou d'Égypte quelques-uns des affreux
instrumentistes qui tourmentent là-bas le lympan
t
résultat
résulta
nul inconvénient vous raconter. Celle-ci, entre autres, rien de surprenant; mais pour le jeu de boules, c'est leurs
l bé
bénevoles auditeurs, on arriverait au
qui tient plus du vaudeville que de toute autre chose. autre chose. souhaité.
La scène se passe au Holstein, — le jour de l'entrée Le jeu de boules, pour la génération actuelle, n'est Quant à antique.
du corps d'occupation prussien. sans nous uS
presque plus qu'un mythe, et ils sont loin, bien loin, les Un Christophe Colomb aurait-il découvert,
Le président du gouvernement provisoire qui avait été beaux jours du carré Marigny. C'était là, en effet, que sin) ple-
en informer, la partition d'un opéra romain ou
constitué par l'Autriche voit entrer chez lui un des chefs les joueurs de boules se réunissaient autrefois,- et avec tibicinistes exécu-
ment la notation d'un des airs que les "'eira
de sa police, et allant à lui avec empressement : quelle passion, juste ciel ! Pour vous en donner une idée, taient devant les triomphateurs? J'en doute fort. Ils s'
donc de musique antique fabriquée à Paris, au second peut-être réduit à cette condition, j'ai entendu avec dou-
leur un des assistants, un gamin te Paris, s'écrier :
-- Moi-même.
! c'est vous.
Comment
Une foule immense stationnait sur la chaussée du fidèles le sens et l'esprit de la cérémonie qu'il présidait, »
gène-Louis-Jean-Joseph Napoléon et pour marraine
Maine et dans les rues voisines de l'église. Toutes les a appelé les bénédictions du Ciel sur Leurs Majestés et » l'Impératrice Eugénie.
maisons étaient pavoisées, et la garde nationale for- sur le Prince Impérial. » Eugène
Napoléon je m'appelle. »
mait la haie. Sur tout le parcours, Leurs Majestés ont La cloche porte cette inscription L'Empereur a fait remettre au maire du quatorzième
été constamment acclamées avec le plus chaleureux en- « Cette cloche a été prise au siége de Sébastopol par arrondissement une somme de 1,000 fr. pour les pau-
thousiasme. Elles ont été reçues à l'entrée de l'église par » le maréchal Pélissier, duc de Malakoff, le 8 septembre vres. Sa Majesté a ordonné en outre de dégager tous les
Mgr l'archevêque de Paris, entouré du clergé de la pa- » 1855. Elle a été reçue à Paris au muséede Cluny, le dépôts faits au Mont-de-Piété pour une valeur ne dépas-
roisse, et par le préfet de police, le maire du qua- » 5 mars 1856. Elle a été donnée à l'église de Plaisance sant pas la somme de 4 francs.
torzième arrondissement et ses adjoints. » par S. M. l'Empereur, le 17 mars 1866. Elle a été Leurs Majestés et le Prince Impérial sont rentrés à six
Pendant l'office, dans une allocution éloquente et pa- » bénite solennellement par Mgr l'archevêque de Paris, heures au palais des Tuileries.
thétique, Mgr l'archevêque, après avoir expliqué aux » le 14 juin 1866. Elle a eu pour parrain S. A. I. Eu- M. V.
ITALIE. — Plaisance. — Le général Della Rocca passe en revue son corps d'armée. (D'après le croquis de M. Pontremoli.)
et comme boutons de gants ; on avait le fer à cheval ces amateurs de pompes funèbres. Malheureusement il
Mariage de la princesse Mary pour nécessaires, porte cigares et porte-monnaies: on y eut quelque débat pour le mode de payement, leur
de Cambridge écrivait sur du papier à lettres fer à cheval: on endossait délicatesse en fut off nsée, et ils réduisirent leurs pré-
des chemises semées de fers à cheval sans nombre. et on tentions à la première classe, qui n'en produisit pas
ACTUALITÉ
se mouchait dans des mouchoirs cantonnés de fers à moins un effet énorme dans la localité. Tout le village
cheval ! y fut, et derrière le char empanaché marchait une foule
Le mariage de la princesse Mary de Cambridge et du de prolétaires ébahis, disant sur tous les tons :
prince de Teck a été célébré hier, non point à Windsor,
— Le pauvre bonhomme ! il n'aura jamais été si bien
UNE POMPE FUNÈBRE. — Un des préposés placés dans
mais à Kew, dans la même église où la princesse a été chaque mairie par l'entreprise des pompes funèbres re- logé!.
baptisée et où elle a fait sa première communion. La çoit la visite de deux hommes très-modestement vêtus. Comme beaucoup de riches avares, le défunt habitait
petite ville de K-Nv qui l'a vue naître et grandir, et qui
si souvent a éprouvé les effets de sa charité, s'était parée
« Vous venez pour une commande de convoi ?. un grenier et s'y nourrissait mal.
— Oui, monsieur. Ce dernier tic devait avoir aussi son éclatante répara-
d'arcs de triomphe, de drapeaux et de fleurs. Le chemin
— Est-ce le service ordinaire? fait l'employé en jetant tion. Après l'enterrement, il y eut donc repas. et, cédant
qui conduit de Cambridge Cottage à l'église était recou- un coup d'oeil sur la mise des visiteurs C'est six francs à de pressantes sollicitations, les croquemerts ont fait
vert de riches tapis. Là se trouvaient tous les élèves des et vous serez déchargés de la taxe si la famille est in-
écoles que la princesse protégeait, et, quand les fiancés aux héritiers l'honneur d'y assister. On a généralement
scrite au bureau de bienfaisance. regretté l'absence du maître des cérémonies, appelé sur
ont passé, ces enfants ont jeté des fleurs sous leurs — Oh ! pour cela, non ! monsieur, nous ne voulons
un autre point par des engagements antérieurs. Son
pas. rien d'ordinaire. claque, sa longue canne, son manteau flottant et son
Bien que la cérémonie ne se soit point faite avec l'éti-
— Alors, c'est la Neuvième classe : 3 francs de drap, grand air de dignilé avaient produit l'impression la plus
quette habituelle à la cour de Windsor, la reine y 6 francs de taxe. vive.
assistait avec les princes et les princesses ses enfants.
— Non monsieur. Allez toujours. Nous avons ce qu'il
Sa Majesté est arrivée dans l'église à midi moins quel- faut pour payer.
Ceci n'est pas un conte et vient de se passer aux
ques minutes, et quelques secondes après le prince de — Il y a la Huitième avec corbillard à panneaux ver-
Teck a fait son entrée accompagné du comte Apponyi, portes de Paris.
nis et drap galonné en fil. Vingt-cinq francs; — la
du comte de Wimpfen et du baron Warembuhler. Le Septième avec drap frangé, avec housses pour les che- Le comité de la société
AUTEURS ET LIBRAIRES. —
prince, après avo r baisé les mains de la reine, s'est vaux; avec tenture de porte. Soixante-deux francs; des gens de lettres semble animé d'une vie nouvelle.
assis devant l'autel où se tenaient déjà le recteur de — la Sixième avec franges et galons d'argent. quatre- Un bulletin publié chaque mois tient au courant des
Kew, l'évêque de Winchester, l'archevêque de Cantor- vingt-onze francs; — la Cinquième avec corbillard à faits accomplis et des améliorations à tenter. Parmi ces
béry. Tous les yeux se sont tournés vers la porte de galerie bronzée, et panneaux drapés et grand'messe. dernières, je remarque la recherche des meilleures for-
l'église, on n'attendait plus que la fiancée. L'attente n'a deux cent vingt et quelques francs; vingt francs de plus mules à adopter pour les traités entre auteurs et libraires.
pas été longue De bruyantes acclamations venues du si vous faites chanter en faux bourdon et deux francs La commission chargée de ce soin cherche à réunir toutes
dehors ont bientôt annonré son arrivée, le chœur a cinquante par volée de cloche, — plus quatre francs par les variétés de traités existant, afin d'arriver par leur
entonné un hymne de mariage de Keble, et la pruncesse homme et par manteau de deuil. comparaison à des types de contrats-modèles. — C'est là
Mary est entrée appuyée sur le bras du prince de Cam-
— Et puis après?. sans plaisanter, vous savez! Nous une excellente idée.
bridge, et suivie de lady Suzan Hamilton, de lady Cor- pouvons y mettre une bonne somme. Que d'anecdotes curieusas ne rassemblerait pas la com-
nelia Maria Churchill et de lady Hariett Yorke, ses Après Vous avez la Quatrième classe, avec maître mission si on lui apportait en même temps l'histoire
demoiselles d'honneur. des cérémonies, guides argentées, aiguillettes pour les secrète de plus d un contrat entre auteur et libraire?
Après un office très-court, la nouvelle mariée est allée cochers; — la Troisième, avec drap de velours, cata- Que d'auteurs, se disant payés mille et quinze cents
saluer la reine, qui l'a embrassée fort affectueusement. falque, chant de contre-point, tenture intérieure et exté- francs, se trouvent tarifés sur le papier timbré à cent
Les membres de la famille royale se sont alors levés de rieure, qui passe les deux mille francs; — la Seconde, et à cent cinquante francs ! Combien d'autres reçoi-
leurs siéges pour complimenter les deux époux, et le qui va dans les trois mille quatre, avec candélabres,
cortège est sorti de l'église pendant que l'orgue exécutait vent en exemplaires de leurs livres (cotés au prix fort)
lustres, girandoles et draperies à l'antique. la valeur de la somme convenue! Combien d'autres en-
la symphonie de Beethoven: Chant au bonheur, expressé- la Première, ce doit être mieux?
— Et core n'ont pas dû verser la moitié de la somme remise
ment demandée par la reine. — Nécessairement! D'abord, le corbillard est attelé
Un grand lunch donné à Cambridge Cottage a réuni
entre les mains du confrère (je veux dire du courtier)
de quatre chevaux, avec cocher et postillon; il porte qui leur a procuré l'affaire! — Je n'invente pas.
près des nouveaux époux la reine, la famille royale, ce une galerie argentée surmontée de cinq plumets à pa- Il faut bien le dire, ce qui a rendu peu fructueux les
que l'Angleterre compte de plus distingué parmi sa naches, une garniture avec broderies, glands et brides
noblesse et parmi les étrangers. On sait que c'est ainsi rapports de la librairie et de beaucoup d'auteurs, c'est
d'argent, il est suivi de dix voitures, — ce qui vous fait la vanité de ceux-ci, qui ont toujours beaucoup sacrifié
que se terminent ici ces fêtes, et qu'il n'y a ni soirées, 1,298 francs. — Le catafalque en vaut 670; la cérémonie à l'espoir de faire croire au prochain qu'un éditeur connu
ni bals, comme sur le continent. Après le repas, les religieuse, 786; la tenture de porte de la maison mor- les subventionne. Je connais tel libraire qui la connaît
époux montent en voiture. Mais leur départ est guetté, tuaire, 459 ; la tenture du portail de l'église, 168; la si bien, cette vérité, qu'il s'est toujours refusé à donner
et quand ils sortent da la maison, les convives sont déjà tenture intérieure, 555. — Total quatre mille neuf cent
un sou pour un manuscrit. — Si des auteurs imprudents
aux fenêtres, pour faire tomber sur eux une pluie de trente-six francs. parlent d'espèces monnayées :
bouquets, où se mêtent toujours qutlques vieilles paires
— Et c'est
beau ?
de souliers. Oh ! c'est très-beau. «— Quelle prétentions sont les vôtres ! fait-il superbe-
— ment. Je consens à bien imprimer votre votre volume.
Le rang des nouveaux mariés ne leur a point permis
d'échapper à cet usage aussi ancien que la vieille Angle-
-- n'y
Il a pas moyen de monter au-dessus?
Non ! à moins que vous ne preniez le Supplément,
Croyez vous que cela ne soit rien? Votre papier sera de
première force, vos caractères seront neufs, vos fleurons
terre. Aussitôt que le prince et la princesse ont paru au à-dire
c'est six chevaux au lieu de quatre, quatre voi-
dehors et avant qu'ils aient eu le temps de se jeter dans et vos têtes de lettres ornées seront du dernier goût. Et
tures en plus, un baldaquin, un plus gros luminaire,
leur voiture, toutes les mains royales des Altesses, leurs vous demandez encore quelque chose. A moins que je
quatre candélabres au lieu de deux pour la porte de la
parents, ont fait tomber sur eux une grêle de souliers ne vous cartonne élégamment à l'anglaise. je ne puis,
maison, des palmes, des stalles couvertes et des tapis
de satin. en vérité, plus rien pour vous. »
pour l'intérieur de l'église; — soit deux mille quatre J'ai connu un autre libraire bien différent de celui-là.
M. V. cent vingt-huit, ce qui ferait en tout sept mille trois Il payait sans se faire prier. Il était généreux même et
cent soixante-quatre francs.
que vous dites, on n'aura ja- ne craignait pas de donner deux mille francs pour cinq
— Alors, en payant ce cents pages d'un jeune auteur non coté sur la place. —
mais fait mieux?
REVUE ANECDOTIQUE Seulement, ces deux mille francs étaient représentés
— Dame ! fait
l'employé trop surpris pour pouvoir
perdre patience, — il n'y a rien au-dessus de ce que par une action d'égale valeur sur salibra rie, qu'il ava.t
WNA
placée en commandite. Inutile de dire que les dividendes
GRANDEUR ET DÉCADENCE DU FER A CHEVAL. je viens de vous détaille. Maintenant, il y a sans
etaient inconnus.
doute des articles de supplément plus variés, plus
Mais ces petits commérages m'ont mené un peu loin
Mon patriotisme ne m'a point empêché de voir avec chers, mais ça n'est pas porté sur le tarif. Il faudrait
d" perfectionnements auxquels le comité de la société
un certain plaisir les Anglais prendre leur revanche de vous entendre avec l'administration centrale. des gens de lettres marche d'un pas si ferme. On dit
Gladiateur. Un triomphe de plus pour la France et le fer — Eh bien! nous allons aller à l'administration En même qu'il va prochainement délibérer sur une demande
à cheval achevait de ridiculiser les modes. vous remerciant bien de la politesse. » tendant à soumettre les propositions pour la croix de la
Un spéculateur préparait déjà un fer à cheval-hapeau Et ils partirent après avoir pris l'adresse du bureau. Légion d'honneur au suffrage de tous les membres de la
qui aurait été juché sur les tètes féminines comme les Ces ambitieux étaient-ils de simples farceurs, comme
société. On sait que ces propositions ont jusqu'ici été faites
chapeaux-tartelettes d'aujourd'hui, avec cette différence on pourrait le supposer ? Non ! c'étaient de vrais héri- chaque année au Ministre après délibération du comité
qu'au lieu de brides il eût été retenu par une gourmette tiers, résolus à bien faire les choses pour un vieil avare seul. Je ne sais si ceux de mes confrères qui en appellent
en acier poli dont la fraîcheur eût conquis cet été toutes qui les avait institués ses légataires.
les petites dames Le corollaire de ce chapeau devait Ils allèrent donc à l'administration, où les mêmes au suffrage universel seront prêts à le pratiquer avec toute
la dignité et tout l'ensemble requis, mais je souhaite vi-
être un corsage à gorge taillée en fer à cheval, avec bande demandes amenèrent les débats les plus curieux. Non
de velours noir relevée, pour plus de réalité, par une vement les voir entrer en exercice, ne fût-ce que pour
contents de la décoration de l'église et de la maison, les savoir s'il en sera de la croix des gens de lettres comme
garniture de tête de clous d'argent. héritiers voulaient faire tendre tout le village qu'ils de la médaille des peintres, qui n'a pu être décernée cette
Ces deux inventions méritent d'autant plus un souve- habitaient, et régler l'itinéraire du convoi de telle ma- année, faute de votants.
nir qu'il restait peu de chose à tenter en fait de maré- nière que chaque rue et chaque ruelle en eussent leur
chalerie appliquée à la toilette, 0.. avait déjà des petits part. Bref, les folies historiques du marquis de Brunoy Le nouveau prophète. Tremblez, somnambules, de-
—
fers à cheval comme pendants d'oreille, comme broches furent sur le point d'être dépassées par la fantaisie de vins et tireuses de cartes) La concurrence terrible d'une
école nouvelle menace tous vos petits bénéfices. Depuis leux et susceptible conséquemment de toutes les contor- plinés, aux plus nombreux, aux mieux commandés san
quelques jours, de nombreux émissaires parcourent le sions qu'excite ce genre de titillation. Cette aptitude à. faire tort à d'Autichamp, à Talmont à d'Herbault à
faubourg Montmartre et ses dépendances, pays d'élec- l'amusement du dauphin enfant avait valu à ce subal- Scepeaux à Martin la Poméraie, à Mercier la Vendée,
tion, comme on sait, des femmes les plus superstitieuses terne une pension de 1,500 livres qu'il lui a conservée à Cadoudal, et sourtout à La Rochejacquelein. Le matin
de Paris.— Sur les boulevards, dans les passages, devant depuis qu'il est monté sur le trône. Sans doute, Sa Ma- du 13, les grenadiers barbus de Kleber, entrant au pas
les magasins, vous entendez murmurer à votre oreille : jesté, toujours bonne dans son intérieur pour ses domes- de course (depuis dix lieues) dans la ville en feu, avaient
Prenez ! ceci mérite votre attention, tandis, qu'une main tiques, ne se livre plus à une telle familiarité et goûte ranimé l'ardeur des assaillants, et mis celle des assiégés
mystérieuse glisse dans la vôtre un papier vert plié, sur des amusements plus proportionnés à son âge. Cepen- à une suprême et décisive épreuve. Devant ces murailles
lequel se lisent ces mots : On se charge de dévoiler l'ave- dant, par une adulation de courtisan, le fils du serviteur ambulantes, hérissées de poil et de fer, les barricades
nir le plus obscur. — On déplie le petit papier et on se Grau ayant été présenté au roi en survivance du père, le étaient tombées une à une, et le feu des maisons s'était
trouve vis-à-vis du plus singulier morceau d'éloquence le maréchal duc de Duras. éteint sur leur passage étouffé dans le sang des derniers
fatidique. Edmond, le grand Edmond lui-même est dé- Le recueil, auquel nous empruntons cette anecdote, tirailleurs. Bientôt, le sauve qui peut dont Stofflet donna
passé. Lisez et méditez. C'est le dernier mot de la révé- vient d'être publié par M. Ludovic Lalanne, qui a eu la le signal en emportant ses drapeaux, commença, avec
lation moderne. bonne pensée, en un moment où on se passionne beau- ses entraînements irrésistibles, ses terreurs stupides,
A TOUT LE MONDE
coup pour et contre Marie-Antoinette, de réunir, sans ses fureurs aveugles, ses lâches abandons, et la masse
commentaire aucun, toutes les historiettes qui se débi- de l'armée vendéenne, chassée comme un troupeau,
Plein de foi dans l'avenir, depuis dix ans je me suis tenu à taient chaque jour sur la famille royale. C'est une suite à coups de sabre, par les bouchers de Westermann, se
l'ombre, accomplissant mon œuvre dans le silence. Des sym- de faits divers fort intéressante et fort utile à qui veut rua éperdue sur l'avenue de la Flèche, plantée de
pathies et des croyances sont veuues, une à une, se grouper se rendre compte des causes secrètes de si hautes infor- peupliers, et surtout sur la route de Laval, semant et
autour de moi. Heureux et reconnaissant de la confiance que tunes. Elle sert aussi à replacer à leur vrai jour des per obstruant sa fuite d'armes, de bâtons, de chariots, de
j'ai su inspirer et justifier, je viens demander à tous ceux qui sonnages moins émus pendant ces terribles journées caissons de hardes, de vivres, de morts, de mourants, de
me connaissent l'appui de leur bienveillance près de ceux qui qu'on est porté à le croire aujourd'hui. S'imaginerait-on, blessés.
ne me connaissent pas. exemple, que la famille royale ait pu rire au retour. La Rochejacquelein, reconnaissable à
Je ne prétends pas me servir des dons que j'ai reçus de la
par sa grande taille,
de ce voyage à Varennes, qui devait lui être si fatal? à. son air martial et désespéré et à son mouchoir rouge
Providence pour amasser des richesses; je suis indépendant, Mme Élisabeth de France; — lettre vendue
cela me suffit ; tous mes vœux se bornent à remplir la mission
Une lettre de de Chollet, noué autour de sa tête, s'élançaitau galop
qui m'a été donnée, celle de tenir le flambeau divin de la. Ré- 65 francs cet hiver, va nous édifier sur ce point : au-devant des fuyards cherchant à les rallier,- à les
vélation. Il a plu au Créateur de toutes choses de mettre en « Depuis le voyage de Varennes, écrit-elle à Mme de refouler dans cette rue Dorée qui le vomissait à flots
mes mains ce flambeau pour éclairer mes semblables et leur Raigecourt. je suis encore un peu étourdie de la se- dans toutes les directions. Mais c'est en vain qu'il em-
être utile. cousse que nous venons d'éprouver. Il faudrait pouvoir ployait tour à tour les prières et les menaces. En vain,
Loin de me croire un être privilégié, je confesse mon humi- passer qutlques jours bien tranquille, éloignée du mou- l'abbé Jagault, debout auprès de lui dans sa robe blanche
lité et je ne considère mes efforts que comme une soumission vement de Paris, pour remettre ses sens; mais Dieu ne le de dominicain, souillée de sang et de poudre, demandait,
aux ordres du Tout-Puissant. permettant pas, j'espère qu'il y suppléera. Hier encore l'
à mains jointes, aux pères, aux frères, aux maris, heure
Honneur aux hommes élevés, aux intelligences supérieures
j'ai beaucoup ri, en me rappelant les anecdotes ridicules de résistance qui devait assurer la retraite et le salut
qui, au milieu du grand naufrage de la foi,ont conservé des de
qu'elles trouvent ici l'expression de profonde notre voyage, mais je suis encore dans l'efferves- des mères, des femmes, des sœurs, des enfants. Empor-
croyances; ma
reconnaissance. Recevez les témoignagés de ma gratitude infi- cence. » tés eux-mêmes par l'inexorable tourbillon, La Roche-
nie, mânes des Prophètes des temps antiques, disciples de Py- Trois mois après, Mme Élisabeth portait sa tête sur jacquelin et son cheval blanc, et son mouchoir rouge,
thagore.et de Zoroas're, grands prêtres d'Osiris, augures et l'échafaud. et l'abbé Jagault, avec sa blanche robe disparurent
devins de l'ancienne Rome; vous renaîtrez, et le temps est LORÉDAN LARCHEY-.
bientôt, heurtés, poussés, pressés roulés par ce brutal
proche où la trace à demi effacée de vos traditions nous éclai- ouragan de têtes, de bras, de jambes, de cris, de colère,
rera triomphante, agrandie encore par les lumineuses décou-
I
<i— n nft"'a de peur, de désespoir. L'armée vendéenne, sentant son
vertes de la science moderne. dernier jour venu, voulait mourir chez elle, à la vue du
Oh ! Anaël ! mon bon Génie, je t'en conjure, commande aux
grands esprits qui environnent ton trône de me soûtenir et de MADElMOISEIiLiB! DES MESLIERS foyer, du clocher, cet autre foyer, à la vue des marais,
des bois, des chaumières, des croix, dont il lui semblait
me fortifier dans la voie prophétique où la volonté Toute-Puis- 4
sante du Maître de l'Univers m'a placé. espérer en ce moment, par la défaite, l'ingrat aban-
Ne vous obstinez pas à demeurer sourds et aveugles au mi- don.
lieu des mystères qui vous environnent, tous les peuples de Le Mans fut la dernière étape de ce retour désespéré
prédictions frap- Un ciel gris et lourd, à peine éclairé d'un soleil blafard,
l'Univers avaient jadis leurs savants dont les de la campagne d'outre-Loire, sur ces plages stériles où
paient grands et petits de toutes nations. que voilent de rouges fumées; chaque maison vomissant,
à pleine fenêtre, la flamme et la mort; chaque église l'on s'était flatté en vain du renfort d'une armée d'émi-
Consultez-moi >ouvent, et j'en augurerai que l'urne du des-
transformée en forteresse, et le canon hissé à bras grè, commandée par des princes. Chose remarquable t
tin m'aura montré l'avenir sous un aspect favorable.
J'attends en paix dans l'avenir les témoignages de ceux qui d'hommes remplaçant par son tonnerre, sur les contre- la vue de la mer et de son infini étonna, troubla, effraya
auront interrogé mes oracles. r forts crénelés de la cathédrale de Saint-Julien, la voix des cette multitude de frustes soldats, au lieu de les récon-
cloches muettes, chaque place retranchée comme un forter, de les enivrer, de les enchanter. Ils revinrent
depuis la grande place des Halles jusqu'à celle de découragés, ahuris, défaits d'avance de cette promenade
Par Mr. GRAILLAT camp,
l'Eperon, garnie de palissades et encombrée d'artillerie ; à travers les brises salines, sur les côtes arides, pour-
(Nous supprimons le nom de la rue.) chaque rue devenue une boucherie, où l'on s'égorge, suivant le mirage de décevants signaux. L'impatience de
En face les Tuileries, au 5me étage puisant la cartouche, des deux côtés, aux mêmes caissons, revoir le champ natal, le clocher familier, les petits
Le nom est sur la porte à travers les roues des chariots renversés et les jambes chemins escarpés, aux échalliers moussus, aux voûtes
des bœufs mugissants. Des troupes d'hommes, les uns de branches entrelacées, saisit tout d'un coup au cœur,
VISIBLE TOUS LES JOURS
en guêtres, en trioorne au pompon tricolore, en longs avec une indomptable énergie, ces paysans désorientés.
Lith. Butot, Paso. du Caire, 22 Ils ne pouvaient vaincre que chez eux. Ils le sentaient
habits à revers ; les autres, en veste, aux larges raies,
UN
COMPLIMENT. — Il n'y a qu'un homme à Paris pour coiffés de grands chapeaux ou de simples mouchoirs et comme une marée humaine, agitée par le souffle de
savoir murmurer le mot de maquillage devant une jolie s'entre-choquant furieusement, aux roulements rauques cette passion commune; de cet unanime regret, l'amour
femme, sans que celle-ci puisse y voir autre chose qu'un du tambour républicain traversé par les appels du pays, la nostalgie du Bocage ou du Marais, la grande
compliment. Cet homme est M. Théodore de Banville. aigus du fifre du Bocage; les cria de Vive le Roi! ré- armée vendéenne rebrousse chemin, sans vouloir at -
Écoutez le dire à Mme M. S. : tendre plus longtemps les Anglais et les princes, et se
« pandant au milieu de ces foudres, de ces jurons de ce
C'est une de ces perfections conscientes, une de ces sang, de cette boue, aux cris de: Vive la République! précipita en désordre vers le premier théâtre de ses ex-
ploits.
femmes de Balzac qui se veulent telles qu'elles sont, et, et s'éteignant le plus souvent, dans un râle ; la lutte à
créatrices d'elles-mêmes, se complètent miraculeusement l'arme blanche, remplaçant par le bruit du fer contre le Quelle différence de ce voyage maudit, de ce retour
à force d'intuition, ordonnant à leurs cheveux châtains fer, celui dessourdes détonations, et les gars, répliquant, désespéré, avec les anciens retours triomphaux ! Autre-
pour obtenir une antithèse à des yeux noirs, et par une ,à coups de tronçon de fusil ou de trique de coudrier, fois, le samedi, après une semaine de combats et souvent
inspiration hardie, donnant l'harmonie absolue de la aux coups de sabre ou de baïonnette des patauds par- ; de victoire, au cri célèbre: « Égaillez-vous! » le con-
grâce à des traits que la nature avait seulement dessinés tout la haine, partout la douleur, partout la mort, et au tingent de chaque village, précédé de son capitaine de
délicats et expressifs. » - delà de cette enceinte de barricades noircies et souillées, paroisse, au plumet blanc ébréché. regagnait joyeuse-
Étudiez à loisir cette savante manœuvre d'adjectifs, théâtre étroit de luttes sauvages et désespérées, la Sarthe ment son lieu de rendez-vous. On allait embrasser les
et, s'il vous plaît de savoir où je les, ai pris, sachez que et l'Huisne roulant silencieusement des charges de ca- femmes, mettre une chemise blanche, prier Dieu dans sa
c'est dans un livre intitulé : Camées parisiens. Le mot davres et des monceaux des débris. Tel est le hideux, petite église, entendre la messe d'un prêtre insermenté,
de camée convient à cette prose fine, transparente, déli- le magnifique, l'horrible, le sublime spectacle que boire le broc de clairet, manger du pain cuit au four,
catement ciselée, et polie avec un soin de poëte. présenatit les 12 et 13 décembre 1793 (22 et 23 frimaire tremper dans la bouillie du ménage la cuillère de bois
Croira-t-on qu'être cha- an 1er) la ville du Mans, quartier général précaire de la passée à la boutonnière, et même danser le soir, au son
LE VALET CHATOUILLEUX. —
des galoubets, le piche frit national.
touilleux fut jamais un titre à la faveur royale? Rien de Grande-Armée. Vendéenne en déroute, poursuivie et
plus réel cependant, si nous en croyons des Mémoires serrée comme dans un étau de murailles et de maisons Maintenant, après deux jours de combat dans les
secrets de juin 1775. par les quatre corps convergents de Chabot, de Wester- rues, poursuivie par le massacre, l'armée vagabonde,
Louis XVI, étant dauphin, affectionnait beaucoup un mann, de Marceau- et de Kléber. désorganisée, affamée, désespérée, sourde à la voix des
:
de ses valets de garde nommé Grau ce qui réjouissait Enfin, la victoire resta, non aux plus braves, ni aux chefs, sourde à la voix des femmes, sourde même à la
beaucoup le jeune prince, c'est que ce personnage, d'un plus convaincus (car, des deux côtés, ce fut une héroïque voix des prêtres, se dispersait, la nuit aidant, à travers
volume monstrueux, était en même temps très-chatouil- débauche de courage et de foi), mais aux plus disci- les champs, les prés et les bois, dans ce vaste triangle
Russie.)
de
Marie
grande-duchesse
la
de
l'honneur
en
impérial
l'Elysée
à
l'Empereur
par
donnée
intime
Fête
PARIS.
Stockholm.
de
ville
la
de
genérale
Vue
SUÈDE.
de quatorze lieues qui forment les routes de Laval à On a surtout applaudi Plaisir d'amour, de Martini ; Dans de la ruine du patron courait parmi les ouvriers. Le tra-
Sablé et de Sillé à Sab'é. — Et tandis que dans la ville ce doux asile, de Rameau, et la barcarolle d'Haydée Cor-: vail se ralentit. Il fallut l'argent de Dereux pour rassurer
les Jacobins et les tricoteuses, ivres de sang et de vin vette coquette, chantée par M. Collin, qui a eu les hon- tout le monde. D'Epernien resta deux mois au lit. Un
pillaient, violaient, tuaient, brû'aient, que Kleber et neurs du bis. changement immense s'était opéré en lui. Ses cheveux
Marceau, à la tête des braves grenadiers d'Aunis et » Le concert, qui avait commencé à dix heures du avaient blanchi, son front était ridé, ses joues étaient
d'Armagnac, se multipliaient, cherchant parfois en vain, soir, a fini à minuit. maigres et pâles. Il avait l'aspect d'un vieillard. Del-
à disputer le sabre à la main, ses victimes à une popu- » Les
invitations, nous le répétons, étaient très-res- phine ne s'aperçut pas sans un effroyable déchirement de
lace en délire — pendant ce temps le massacre continuait treintes ; en dehors des membres de la famille impériale, cœur des ravages que la maladie lui avait fait subir.
dans la campagne, libre et impunie, et la semait il n'y avait guère que les membres du corps diploma- Tantôt il parlait avec volubilité, il mettait en avant
d'embuscades meurtrières, de chasses féroces au fuyard, tique, les ministres, les membres du conseil privé, les mille projets insensées, il montrait une ardeur et une
de luttes désespérées, d'épisodes touchants ou terri- grands dignitaires, toutes les personnes appartenant aux animation étranges, — tantôt il tombait dans un abatte-
bles. maisons de l'Empereur, de l'Impératrice et des princes, ment vraiment sinistre et dont rien ne pouvait le tirer.
Ici, un sans-culotte, Monceau, dont la haine n'était quelques sénateurs et députés, une douzaine de jeunes Plus d'une fois Justin surprit des larmes dans les yeux
de sa cousine, et toujours il lui offrit des consolations. Il
pas encore éprouvée, attirait par ses offres et ses pro- gens.
messes, les fugitifs dans une ferme où la mort les atten- » Une des personnes les plus remarquées
était la reine résolut de sauver sa cousine, de l'arracher au malheur,
dait sans se douter que sa jeune et généreuse fille, en de Hawaï; c'est une femme jeune, à la chevelure noire d'employer sa fortune pour reconstruire la sienne.
sentinelle à quelques pas de lui, cherchait, en les aver- et abondante d'une physionomie intelligente et agréable, M. Renaud venait à Lairé On le recevait comme un ami.
tissant du piége, à dérober quelques victimes à son père. au teint coloré, et possédant un pied à rendre jalouse la Ces braves gens n'oubliaient pas que, malgré ces bruits
Là, l'abbé Jagault, à la tête d'une troupe de gars, ral- plus jolie fille de l'Andalousie. Elle portait une robe de de ruine, il n'avait pas fait une seule démarche pour être
liés enfin par ses cris et son exemple, combattait avec satin blanc à traîne, et un superbe diadème de diamants remboursé. Justin lui proposa de le payer,
eux, pour protéger la retraite d'une soixantaine de dans les cheveux. A minuit tout était terminé. » — Vous avez le temps, mon cher ami, lui dit-il.
J'ai
femmes échevelées. Et il tombait à côté d'eux, enseveli Pour extrait : pleine confiance dans la probité de d'Épernien.
sous un monceau de morts, d'où il se dégageait pénible- MAXIME VAUVERT. D'Epernien se remit au travail. Seul il voulut agir.
ment le lendemain, couvert de boue et de sang. De temps Dereux lui céda facilement la place. Justin paya cent
en temps, une voiture fermée passait exhalant des sou-
pirs ou des sanglots étouffés. C'était un chef mourant, — —- quatre-vingt mille francs de dettes, et laissa son cousin.
Le fabricant fut étonné du dévouement de Dereux. Il en
une brigande qui sauvait un reste de vie, une mère qui était froissé. Il se promit de lui prouver à lui comme à
accouchait d épouvante. Plus d'une fut massacrée ainsi, EXPOSITION DE STOCKHOLM ceux qui pouvaient douter desa capacité pour les affaires,
trahie par ses cris de douleur, par ses vains appels à un <V\, * V w qu'on l'avait mal jugé.
parent ou à un ami. Tous les chemins étaient sillonnés Les bienfaits des expositions sont tellement incontes- Il songea à consolider son crédit fort ébranlé par les
de ces groupes de fuyards, courant en avant ou épuisé, tables, qu'à l'exemple des nations qui les ont précédées calomnies qui avaient couru sur son compte. Son moyen
de fatigue, se cachant dans les haies et dans les fossés. dans cette voie, la Suède et la Norwége ont voulu en fut de dépenser de l'argent pour démontrer qu'il en
D'autres marchaient moins vite, courbés sous le poids avoir une comprenant les arts et l'industrie. gagnait. Il fit venir un tapissier de Paris, le fameux
d'une femme évanouie ou d un vieillard malade. M. de C'est le 15 juin que l'exposition Scandinave a été inau- Vernon, pour meubler ses appartements. Il acheta les
Sanglier, par exemple, veuf de la veille, blessé du jour, gurée; la Suède, la Norwége et la Finlande y étaient plus beaux chevaux et bientôt il étala un luxe bien fait
emportait sur un cheval gans bride, ses deux petites représentées.
filles malades de la petite vérole, et expirait de fatigue pour éblouir ses visiteurs. Il y eut des fêtes, des bals,
Cette exposition a lieu à Stockholm; elle a été orga- des soirées à Lairé. La noblesse se hasarda dans ses sa-
dans cette course désordonnée, laissant seulement une nisée par les ordrps du roi Charles XV, et confiée à la lons, à la suite de la belle-fi le de la marquise de Bellay
de ces infortunées vivante. M. Forestier, blessé, traînait direction d'une commission placée sous la présidence de qui y fut attirée par les récits qu'on lui fit de la splen-
par la bride son cheval, blessé comme lui, sur lequel il S. A. R. le prince Oscar, ayant pour vice-président M. le deur des fêtes données par d'Éparnien. Le crédit revint,
avait hissé Mme de L Epinay et ses deux enfants. Plus baron Kunt-Boude et pour secrétaire général M. Gus- mais à quelle condition ! D'Épernien ordonna de vendre
loin, Mlles de Sapinaud et de Lézardière, Mme de Beau-
tave de Fahnehjelm, chambellan du roi, que ses connais- les papiers à un prix infime, il perdit quarante pour
vollier dont nous raconterons ailleurs la curieuse his-
sances spéciales recommandaient à l'attention. Cette ex- cent sur toutes les ventes. Il payait les fournisseurs en
toire, Mmes Boguais se glissaient dans l'ombre à divers position répond dignement à la pensée qu'en a conçue empruntant de l'argent à un taux usuraire. Qu'espérait-
points de cette funèbre route, celle-ci à sied, celle-là sur le projet, et certainement elle ne restera pas stérile. il ? se soutenir par le crédit, arriver petit à petit à rele-
un cheval boiteux, et s'égaraient dans les sentiers de Un magnifique palais, érigé sur la place Charles XIII,
traverse à la recherche de leur père ou de leur mari. ver le prix de ses papiers, trouver de bons débouché
d'une construction toute particulière, dans lequel le bois pour ses produits, inspirer de la confiance à tout le monde.
M. DE LESCURE. prédomine, a reçu les produits de l'industrie, ceux du Renaud et la marquis de Bellay lui prêtèrent, indirec-
—
(La suite au prochain numéro.) sol, des mines et des forêts; ils attesteront que, moins tement, — cinquante mille francs ; —ouvertement, Re-
favorisés par la nature, ces pays renferment de grandes naud lui avança vingt mille francs. L'argent glissé par
richesses naturelles. eux à d Épernien était garanti par des billets et des let-
Le nombre des exposants suédois qui se sont rendus à tres de change. Les échéances des billets arrivèrent au
Fête intime au Palais de l'Élysée. cette fête de l'intelligence et du travail s'élève à 2 600; milieu des plus belles illusions du fabricant. Hélas ! LeS
ACTUALITÉ les trois autres pays réunis sont évalués de 13 à 1,400. illusions disparurent et d'Épernien se trouva en face
L'appel qui leur a été fait a donc été bien compris, et d'une écrasante réalité. Les créanciers devinrent froids,
Nous empruntons à la Gazette des Etrangers le récit évidemment, en présence de ces résultats, la commission menaçants et grossiers quand ils furent certains de
de la fête intime dont M. Morin a reproduit dans son royale de l'exposition voit déjà en partie ses efforts cou- l'insolvabilité de d'Épernien. La secousse fut terrible, et,
dessin un des plus brillants épisodes : ronnés de succès ; ils témognént qu'elle saura conduire cette fois, le malheureux fabricant ne devait pas se rele-
« Lundi soir, il juin, a eu lieu as Palais de l'Élysée,
à bonne fin la mission qui lui a été confiée. ver. Il fallut l'amour de sa femme pour l'empêcher de se
une soirée intime, donnée par Leurs Majestés à quelques En même temps que l'Exposition industrielle, a lieu brûler la cervelle quand on parla d'une déclaration de
invités, parmi lesquels S. A. I. la princesse Mathilde, celle des Beaux-Arts pour inaugurer aussi le nouveau faillite. Il eut honte en pensant que le secours de Dereux
S. A. I. le Prince Napoléon, la grande duchesse Marie musée placé sous la direction de M. F. de Dardel, sur- lui devenait nécessaire. Il lui semblait qu'on devait jaser
de Russie, le comte Strogonoff, la jeune princesse Marie intendant des Beaux-Arts, chambellan du roi, artiste des sur son dévouement et sur sa générosité à son égard ; les
et presque tous les ambassadeurs présents à Paris, entre plus distingués, élève de M. Léon Cogniet et à laquelle tiens de parenté qui les unissaient ne pouvaient même
autres le prince de Metternich qui a été favorisé, dit-on, ont pris part les mêmes pays. pas les motiver à ses yeux. La honte lui inspira de la
d'un long entretien avec l'Empereur. Nous devons évidemment considérer ces expositions haine.
>> Il y a eu
diner, réception, puis promenade dans les comme les préludes de l'Exposition universelle de 1867. Il y eut un jour à Lairé une réunion de créanciers-
jardins. Le roi Charles XV au nombre des invitations qu'il a Renaud et Justin étaient présents. D'Épernien, P^1®'
» Le nombre des couverts était fixé à 30, les invitations
adressées en France pour l'inauguration de ces deux tremblant, timide, supporta difficilement les regards
pour la soirée ne dépassaient pas 350. Palais, en a fait parvenir une à M. Jules Bianc, commis- insolents de cenx qui l'entouraient. Il s'excusa, il parla
» Les jardins avaient été éclairés au moyen de la lu-
saire délégué adjoint pour la Suède et la Norwége près de son honneur, il réclama un peu d'indulgence, malr
mière électrique. Trois foyers lumineux étaient disposés la commission impériale de l'Exposition de 1867, afin quelqu'un lui répondit: — Ce n est honneur
pas votre dettes,
l'un au centre et les deux autres de manière à projeter de procéder au choix des produits qui devront figurer qui nous payera, monsieur. Vous connaissiez vos
leurs rayons du côté de l'avenue Gabriel et de l'avenue plus dignement à 1 Exposition universelle et faire appré- or, homme d'honneur, vous avez eu tort d'étaler artoU
Marigny. cier les résultats obtenus depuis la dernière exposition. Ce luxe insultant.
1) Pendant
le dîner, la musique de la gendarmerie de LÉON RICHE. D Epernien frémit de rage. Il répondit avec colèr0>
la garde s'est fait entendre ; pendant la promenade, les mais il reçut des menaces et il se tut.
chœurs du Conservatoire, placés dans les salons de De phme, en larmes, supplia Justin et Renaud de sou-
l'Élysée, ont chanté plusieurs morceaux d'opéra. tenir son mari. Renaud lui dit -
ITUï THÉ CHEZ LA MARQUISE dévouéé
» Entre autres morceaux exécutés par la musique de — Vous savez, madame, combien je vous suis
la gendarmerie de la Garde, nous pouvons citer le Salut mais les affaires sont graves!.
s'écria
'écria
impérial d'E wart. — Eh bien ! moi, je saurai protéger ton
mari!
IV
» Les chœurs du Conservatoire, accompagnés sur Justin. J'empêcherai qu'on l'insulte.
l'harmonium par M. Bazile, de 1 Opéra Comique, ont
chanté, sous la direction de M. Jules. Cohen, une suite de
morceaux choisis avec un goût parfait par M. Auber. —
Tout fut payé. L'activité déployée par Dereux fit une
heureuse impression. Quelques indiscrétions avaient été un des
commises par les employés de bureaux et déjà le bruit
créanciers.
— De quel droit voulez-vous nous imposer
aussi, et
fit
pour
our
une somme plus importante que la vôtre, répliqua Jus- pour racheter la fabrique. Mais non, je suis fou. Ah! entra. Les pas s'approchaient du bureau. Un moment il
tin. votre douleur me fait perdre l'esprit! Racheter la fa- attendit. Puis, fou de rage à la pensée d'un vol, il ferma
Renaud attira Dereux dans un coin du salon et lui brique? Elle ne vaut pas cent mille francs. la port, il fit jaillir la lumière et il vit devant son bu-
dit :
— — Au nom du ciel. monsieur, dit Delphine suppliante, reau d Éoernien tremblant et pâle d'épouvante. Dereux
Pas un mot de plus ! Vous perdez votre cousin. Vous sauvez-nous ! sauvez 1 honneur de mon mari ! recula, atterré, poussa un cri et tomba roide sur le par-
vous posez comme principal créancier; mais avez-vous Eh bien ! quand Renaud sembla céder à un excès de quet. Quand il reprit connaissance le jour était venu. En
des preuves à fournir? pitié en proposant d'arranger les créanciers, à la condi- le voyant, Delphine fut frappée de la lividité de son
— Mon cousin sait qu'il me doit cent quatre-vingt tion que la fabrique lui reviendrait, Dereux se sentit fou visage. Elle se précipita vers lui et lui demanda d'une
mille francs.
1
de joie, et la comtesse fit un mouvement -pour porter à voix inquiète :
— Ceci ne prouve rien, mon cher monsieur. Avez- ses lèvres les mains de ce prétendu bienfaiteur. Renaud — Justin, que t'est il arrivé? Tu souffres !
vous des créances, des titres? fut embarrassé, honteux. Il se sauva en disant : Justin ne répondit pas. La pauvre femme se mit à
- Mais — Rappelez vous, madame, que
d'Épernien ne sera pleurer.
- Il n'y a pas de mais! Avez-vous des titres? D'É-
pernien vous a-t-il donné des reconnaissances, vous a-
pas malheureux, ni vous non plus, noble jeune homme.
A vous deux, vous dirigerez les bureaux, vous resterez
— Réponds-moi, mon ami, lui dit-elle. Un malheur
nous menace encore? Tu souffres? Tu es malade, peut-
t-il souscrit des billets? ici, vous serez mes amis. être? Mais réponds-moi! réponds-moi! s'écria-t-elle en
— Des billets? s'écrie Justin.
Êtes-vous fou? Exiger Renaud réunit chez lui les créanciers. Après avoir ra- s'agenouillant devant lui, en joignant les mains pour le
des billets de
mon cousin, moi ! Ah 1 ah ! conté l'attentat fait pard'Épernien contre ses jours, après supplier.
— Ah ! ah ! tant que vous voudrez, monsieur. Mais avoir narré la désolation de cette famille, après avoir Delphine vit alors des larmes dans les yeux de son
ces messieurs ont le droit de vous mettre à la porte cherché à sensibiliser les créanciers les plus durs, il cousin. La souffrance était peinte si cruellement sur le
d'ici.
Vous n'avez pas de titres, vous n'avez pas de chercha encore à leur prouver qu'en déclarant d'Épernien visage de Dereux, qu'elle se sentit prise d'une commisé-
créances, vous n'êtes pas créancier. en faillite, ils ne toucheraient pas vingt pour cent, tan- ration immense pour lui.
Votre Mon cousin n'est-il pas là? dis que lui, Renaud, venait leur en offrir quarante. Un — Justin, mon ami, mon
frère, parle-moi!
cousin peut dire, s'il lui plaît, qu'il vous doit peu par pitié, beaucoup par intérêt, les créanciers signè- Et ses bras entourèrent le cou de Justin, et elle donna
quatre cent mille francs; aussi ne croira-t-on pas à sa rent le concordat préparé par l'ex-notaire. le plus chaste et le plus doux des baisers à ses joues en-
Le passif de d'Épernien se montait à cinq cent quatre- core humides de larmes. D Épernien parut sur le seuil de
-
parole.
— D'Épernien est un homme d'honneur. vingt mille francs, et, avec l'argent sacrifié par Dereux, la porte. Ses yeux injectés de sang regardaient avec stu-
L'honneur ! répondit Renaud en riant aux éclats. son actif allait à trois cent cinquante mille francs. Mais peur sa femme agenouillée aux pieds de Justin. Ses
que vous êtees ! l'honneur sans crédit. Il y a les
Enfant Renaud se trouvait, directement ou indirectement, pos- mains serraient avec rage un pistolet. Il eut un rugisse-
.%ts, les lettres de change, la loi, ce que veut la loi, sesseur de 150,000 francs de créances qui lui avaient ment de bête fauve, un mouvement plein de fureur, puis
—
en nu mot. rapporté déjà, grâce au taux usuraire qu'il s'était fait il leva ses mains armées: deux détonations retentirent.
Justin Justin et Delphine tombèrent l'un près de l'autre, bai-
eut le vertige en entendant ces paroles. Sa cou- payer d'avance, plus de trente pour cent.
ne le vit chanceler et pâ ir, et elle quitta son mari L'ex-notaire, comme on le voit, en quittant son étude, gnés dans leur sang.
pour aller à lui. n'avait pas perdu l'habitude des affaires. 1.
- t'arrive-t-il, Justin?
Que
Justin la regarda d'un air hébété, et ne lui répondit
V
VI
~ien. Par une délicatesse que Delphine sut apprécier, Re- Le lendemain, Renaud se trouvait, comme au com-
mencement de cette histoire, en soirée chez la marquise
Réponds-moi, mon ami, mon frère, s'écria-t-elle, naud avait réservé un bureau à part à l'ancien fabricant
et à Dereux. de Bellay. Il était pâle, défait et parlait beaucoup. Il
serrant la main de Justin dans les siennes.
Dereux vit les yeux de sa cousine s'emplir de larmes. Justin conduisait son cousin à son bureau, et il se venait de faire un récit aussi faux qu'émouvant sur les
laissait conduire sans dire mot. D'Épernien ne parlait événements arrivés à Lairé depuis vingt-quatre heures.
Tu pleures, et pourquoi ? demanda-t-il.
Mais parce que je vois ton chagrin, mon ami. pas et ne travaillait pas. Justin accomplissait sa tâche. — Ah çà! Renaud, mais c'est épouvantable ce que
est-ce pas, tout est perdu ? D'Épernien est.. est. Il avait Joué une petite maison à cent mètres de la fa- vous nous racontez là! s'écria la marquise de Bellay.
- Perdu 1 brique, entourée d'un assez vaste jardin où d'Épernien — Horrible! ajouta la baronne de Marennes.
Les joues de la comtesse devinrent d'une pâleur ef- se retirait dès qu'il était libre. Delphine se montra
- Tellement horrible, mesdames, que je n'ai pas eu le
ayante. Justin eut peur. Il soutint Delphine, car la grande et forte devant l'infortune. La pauvre femme, courage de rester à Lairé.
malheureuse était prête à tomber. parfois à table, plaisantait doucement sur elle-même : à — Mais enfin comment vous êtes-vous aperçu de cela?
~compris, lui fut-il répondu. pris profond pour l'homme qui avait abusé de leur infor- l'ai dit déjà, plein de boue et de sang. Il était affreux. —
tune. Il dit à Renaud : Mais il tenait des armes et je me suis retiré.
Et son passif?
A cent quatre-vingt mille francs.
,Juqin recula épouvanté. Renaud alla à lui :
— Cette mauvaise affaire qui ne valait pas cent mille
francs vous rapporte de jolis bénéfices.
-Mais avant-hier vous l'avez vu, et il n'était pas
fou, fit la marquise.
é.
— Il se
portait à merveille, madame. Vous comprenez,
A quel propos demandez-vous ces chiffres? dit-il. — Mon Dieu 1 mon cher, répondit M. Renaud piqué au
vif, tout dépend de la manière dont les affaires sont c'est quand il se sera aperçu de la fuite de sa femme
Je voulais offrir cent mille francs, tout ce que je
%le. dirigées. avec son cousin que le pauvre homme aura perdu
Ce dévouemennt vous fait honneur, monsieur, s'é- Renaud le prit en haine. Justin le gênait, Justin s'en l'esprit.
* Renaud, qui montra une sensibilité que Justin crut aperçut et il eut peur, — peur que M. Renaud le ren- — Avez-vous
prévenu M. de Lailly, le procureur
voyât. C'était la misère pour sa cousine et pour son cou- du roi?
10®re. Mais
les affaires sont tellement graves !
Renaud lui fit voir la position de d'Épernien — Il a dû aller à Lairé aujourd'hui.
1:
sous les sin. Il ne pensait pas à lui. Dereux avait une douleur
secrète au cœur qui le tuait. Lui seul avait reconnu — Ah! que je voudrais voir d'Astorg!
s'écria la mar-
6 l? sombres couleurs; il parla
sans ménagement; il
la ra h~ même
ê ett finit
fi par dire
d : l'horreur que sa présence causait à d Épernien. Toute la
d'Épernien semblait se' concentrer dans une
quise. Lui qui a osé soutenir cette femme!
La marquise fut servie à souhait. On annonça le
18
Vous sacrifiez votre fortune, c'est bien! mais folie de
~yez-vous les créanciers consentiront, eux aussi, aversion immense pour lui. comte d'Astorg.
que 1
u
~va à
temps pour le secourir et le sauver. La désola- verte, c'est
Delphine sembla toucher M. Renaud.
impossible. Il eut le vertige. Il sentait sa
raison s'égarer devant ce nouveau malheur, car, ne pou-
Tenez, dit-il en essuyant ses yeux comme s'il eût vant le réparer, il en prévoyait les conséquences. Que
signant l'ex-notaire, qui vous a rapporté des nouvelles.
de fausses.
Jré, - tenez, je donnerais. je ne sais quoi pour vous dirait Renaud? Ne l'accuserait-il pas d'un vol? Il revint — De fausses! répétèrent la marquise et la baronne.
l@'
de là! Mais comment faire? Je sais bien que M De- le soir à son bureau bien résolu à passer la nuit à la re- -Certes, oui.
donne cent mille francs. Cette somme, ajoutée à cherche de cette erreur. — Vous vous trompez, monsieur,
j'ai dit est vrai.
dit Renaud. Ce que
¡I lir) cela
ne fdit jamais que trois cent mille francs. Vers le milieu de la nuit, il entendit un bruit de pas.
Pendant, si vous vouliez. Non! non! je suis trop Il craignit d être surpris. Sa présence à cette heure Qu'avez-vous dit?
—
d'Épernien est fou, que sa femme est
au bureau pourrait donner lieu à de bien méchantes Mais
fit que
—
Parlez ! parlez! s'écrièrent Delphine et Justin.. interprétations, surtout si cette erreur n'était pas partie avec son cousin, que ce Dereux m'a vo é trois
Voilà. Voilà. pensais- que, Il
Je pensais.
Je que, pour sauver d'Épernien, il retrouvée.
rait que quelqu'un s'arrangeât avec les créanciers éteignit la lumière. La porte s'ouvrit et quelqu'un
mille francs.
-Vous voyez cet homme, mesdames? s'écria d'As-
torg. Eh bien ! c'est le plus vil impos- MÉRY
teur que je connaisse. Méry est mort le dimanche 17 de ce
— D'Astorg ! cria la marquise. mois; le poëte si coloré et si harmonieux,
- Monsieur, cette inj ure!. fit Re- l'improvisatenr infatiguable, le spirituel
naud tremblant et pâle. romancier s'est éteint à l'âge de 68 ans.
— Calmez-vous, mesdames. Ce que Méry était né le 21 janvier 1798, aux
j'ai dit, moi, est vrai : cet homme est un Aygades, et fit ses études à Marseille. Il
imposteur ! débuta dans la carrière des lettres par le
— Monsieur d'Astorg, dit l'ex-notaire, journali me et prit part à la guerre ar-
e sais mieux que vous ce qui se passe dente et passionnée que les écrivains
chez moi ! libéraux de 1825 et 1826 firent au minis-
— Ecoutez, dit le comte.
J'arrive de tère Villèle. En 1826, il publia avec Bar-
Lairé avec M de Lailly et le juge d'in- thélémy la villéliade, qui contribua à la
struction. A la nouvelle que vous avez chute du ministère.
si rapidement répandue, monsieur, que Méry donna encore avec le même écri-
d'Épernien était fou, j'ai voulu aller le vain Nopoléon en Egypte, collabora à la
voir. En somme, il était mon ami. Nous Némésis et prit part à tous les mouve-
avons trouvé d'Épernien dans sa mai- ments politiques de l'époque.
son. Il nous menaça de ses pistolets quand Méry renonça bientôt à la satire, il
nous voulûmes pénétrer chez lui, mais en- écrivit un grand nombre de romans, Par
fin on parvint à se rendre maître de ce mi lesquels, la Guerre du Nizam la Flo-
pauvre fou. Nous remarquâmes des traces ride, Héva sont regardés comme des plus
de sang et nous les suivîmes jusqu'au jar- remarquables de notre temps.
din, près d'un arbre. Là, la terre parais- Méry se distinguait par une rare fa-
sait être fraîchement remuée; là aussi inépuisable. C'était
cilité et une verve
s'arrêtaient les traces. On fit creuser et illl"
un causeur des plus amusants, il
on trouva. provisait à volonté un roman ou un dra-
— Et on trouva ? Dites donc vite, comte ! me et avait le talent de ne jamais
lasser
s'écria la marquise. MÉRY, littérateur français, décédé le 17 juin. son auditoire.
— On trouva, monsieur Renaud, reprit (D'après la photographie de M. Carjat.) Il a succombé à une maladie du larynx.
le comte, on trouva trois billets de mille
francs, et puis.. «GAOOQAQQMUA^
— Ah! et puis? auriez dû attendre avant de faire courir vos noires REVUE LITTÉRAIRE
— Et puis deux cadavres, celui de Mme d'Épernien et calomnies sur ces pauvres gens. Adieu, marquise, adieu, vwvvv
celui de M Dereux. baronne. Le roman vit de redites. Une douzaine de situations
— Ahv ! c'est affreux! cria Mme de Bellay. CAMILLE ETIÉVANT. principales forment tout le fonds du drame humain. l'lais
— Ce pauvre fou a tué sa femme et a tué son cousin, FIN. ici la pauvreté fait la richesse. Quelles combinaisons
dit M. d'Astorg. Vous voyez, monsieur Renaud, que vous découlent
variées, quelle source inépuisable d'émotions
de la différence des caractères, du plus ou moins d'in- et s'atténueront avec le temps, car M. Zola est jeune et
tensité et de la direction des passions? M. Jules Richard la jeunesse, on le sait, est impatiente, intolérante et
a pris un sujet bien connu, le malheur dans le mariage exclusive.
quand les époux n'ont pas la volonté d'être heureux par J'ai été l'un des premiers à applaudir aux débuts de
eux-mêmes et pour eux- mêmes, quand le lien conjugal M. Emile Zola. Loin de détruire mon opinion, la lecture
n'a pas
pour appui et pour sanction l'union de deux in- de Mes Haines — un titre infiniment plus
sauvage qu'il
telligences et de deux cœurs, et il a failli écrire un beau
ne convient, — l'a confirmée en me montrant un talent
livre.
passionné, mais sincère, équitable au fond et qui,
Je dis a failli, parce que, soit négligence, soit lassitude, en
s'épurant, acquerra toute sa valeur. L'erreur, capitale
soit faute d'un loisir suffisant, il n'a pas conduit son à mes yeux, de M. Zola, c'est de croire que l'originalité,
idée jusqu'au hout. La première partie de La galère
con- le caractère propre d'un homme ou d'une œuvre, ont
jugale est bien supérieure à la seconde. L'observation
pour vêtement indispensable l'excentricité. Tel talent,
et l'analyse des caractères, la vérité des détails, le mou- fait de modération, de douceur, dedelicatesse, d harmonies
vement du récit, tout au début fait bien augurer de l'ou- voilées, n'est pas moins original, pas moins vrai,
vrage. Ce musicien, médiocre dans son art, mais doué
pas
moins digne d'étude que tel autre, composé de bizar-
de toutes les qualités où peut s'asseoir
une affection rerie, d'exagération, de fièvre. La vie n'est pas nécessai-
solide, et que sa femme met impérieusement en demeure rement la maladie. Il y a des personnalités partout, le
d'avoir du génie et de le montrer, est intéressant et difficile est de les bien voir et de les analyser
avec
vrai. Les choses vont bien jusqu'au suicide du pauvre patience. M. Corot me parait, certes, aussi original
homme. Mais à partir de là tout que
se gâte, à mon sens du M. Manet et. pour ne parler que des choses de
mon
moins. Le second mariage de la jeune femme, aussi domaine, M. Mérimée a un talent aussi personnel que
malheureux que le premier, mais par des causes vul- M. Barbey d'Aurevilly. — « Mon Salon » pourrait dire
gaires, le dénoûment, eù se rencontrent pourtant une aussi avec justesse Mme Virginie Ancelot, l'auteur de
pensée juste et une mélancolie d'un genre particulier, Un Salon de Paris, 1824-1864, si cette modeste et aimable
font dévier le roman de la voie que commandait le plan personne n'avait constamment pris à tâche de s'effacer
Primitif. devant tout le monde. Même l'excellente femme a voulu
M. Jules Richard a de l'esprit, un talent très sympa- faire profiter son mari d'une double gloire. Vainement
thique. S'il veut être sévère envers lui-même, il écrira, l'académicien n'a pas eu d'auréole, l'astre est demeuré
l'en suis certain,
un livre tout à fait remarquable. Une amazone. — M. Klagmann. sans rayons, et l'on a toujours appelé M. Ancelot « le
Une fortune littéraire, par M. Vigneau, est aussi une mari de Mme Ancelot. »
Le valet de chien.
Un cavaiier romain. — M. Frémiet. — M. Jacquemart.
t
de ces lointaines entreprises appartient à la persévérante de la Haute-Saône. Une belle-mère déteste projet
son desleil
aimons mieux nous émouvoir de ce qui est vrai que de
race saxonne. On ne rencontre guère de Français sur les un pauvre ouvrier maçon, et elle fait le
rives du Zambèse. Le Français né malin, reste chez lui. ce qui est plus ou moins bien imaginé ! débarrasser. Cette belle-mère, c'est la femme Pelet ; a-t-
t
Il explore Hombourg. Bade et Monaco. Au besoin il se Et ils ont raison, je n'en veux pour preuve que ces
elle communiqué son dessein à son mari et à sa
contente des découvertes qu'il peut faire sur le boulevard
deux petits procès jugés par le tribunal correctionnel ; voilà ce qui est à peu près certain ; mais quelle P
des Italiens. ce sont des tableaux de mœurs, désolants, si vous voulez,
complets. ceux-ci ont-ils prise dans l'assassinat?
Le voyage du docteur Livingstone est aussi amusant mais Un soir, Pelet (le beau-père de la victime ami»!
c0!^
Entre ces deux prévenus, on n'a que l'embarras du par c,egt
qu'un conte des Mille et une Nuits, il a en outre, cet quent) va passer sa soirée au café avec-ses
invincible attrait qui s'attache à « ce qui est arrivé. » choix, et, en vérité, le choix serait difficile: ce sont deux c Ltj
son habitude. Pendant ce temps la mère et la fille
Exact et précis, comme tous les livres anglais de ce pères; auquel donneriez-vous la préférence, de Rocques. duisent le mari de celle-ci au bord de la rl"Ièra.
ce père supposé qui exploite le titre sacré qu'il s'attri- persua dét
genre, il a aussi la froideur et la sécheresse anglaises. gendre est naïf, crédule; la belle-mère lui a
Il y manque la chaleur et le sentiment du pittoresque, bue pour soutirer de l'argent à sa prétendue fille, ou de qu'elle a connaissance d'un trésor au fond de l'eau,
es
qu'il fît Rincroch, ce père véritable qui a dressé sa fille de douze certaIlIeIl
pour sensation, il faudrait que telle plume fran- qu'elle peut le faire découvrir au moyen de
ans aux subtilités du vol à la tire, et qui, pour en re- consistent
çaise que je sais bien l'eût écrit.
Puisque je parle de voyages, c'est le lieu d'annoncer cueillir le produit, se tient, dans les rues, à quelques pas
l'Itinéraire en Espagne et en Portugal, par M. Germond derrière elle?
de Lavigne, qui fait partie de la très-utile collection des Mlle Pauline a aujourd'hui la trentaine, ce qui
ne
conjurations. Les cérémonies préalables
ceci : il faut que le maçon se couche sur le dos au
de la rivière, qu'il se laisse attacher les bras et les
Le pauvre malheureux consent à tout cela et, qùantête
J. bord
Guides-Joanne. Ce n'est pas là une œuvre littéraire, l'empêche pas d'être fort jolie, elle n'avait qu'un an est ainsi livré sans défense, la belle-mère lui fend la
les Guides n'ont d'autre prétention que de fournir au lorsque Roaques épousa sa mère et elle a grandi dans la
croyance que Rocques était son père; celui-ci, qui pa- avec un merlin qu'elle a apporté sous sa robe.gorge doleS
voyageur les renseignements les plus complets et les Pelet, inculpé de complicité, s'est coupé la d~o
plus récents sur les pays qu'il veut parcourir. L'itiné- raît être un homme plein de prévoyance, entretanait prison ; fille, cré
sa sa veuve et sa de la trop
raire en Espagne et en Portugal remplit ce but à mer- avec soin cette illusion. Il avait sans doute comme un veuve
victime comparaissaient seules sur le banc de la GO
r
forcés.
veille. pressentiment que cette jolie enfant ferait furtune, sur-
d'assises. Le jury a rendu un verdict d'acquittement
OfiIl
La publication des Journaux et Journalistes, par M. tout bien décidé qu'il était probablement à n'y apporter condarDII
faveur de l'épouse; mais la belle-mère a été
Alfred Sirven, se continue par la Gazette de France, aucun obstacle quels que fussent les moyens. En effet,
bien que Mlle Pauline n'ait pas de profession bien déter- aux travaux
cette bonne viei le, l'appelle familièrement En présence du riche butin qui doit m'échoir la seIIJ1
e
comme le
Charivari. Vieille en effet puisque le premier numéro porte minée elle a pu prêter à son papa Rocques jusqu'à prochaine, je ne me sens plus le courage de vous par
la date respectable du 30 mai 1631. « Le vieux Théo- 50,000 fr. Elle n'a pas fourni d'un seul coup cette grosse de choses indifférentes. Brest m'appelle, je pars.
phraste Renaudot mourut ici le mois passé. gueux somme, elle est arrivée là mille francs à mille francs.
Que voulez-vous? Rocques avait la manie de bâtir, manie PETIT-JEAN.
peintre, écrivait Patin en 46,f53 » Lisez :
comme un Guy
le fondateur du journalisme en France fut un honnête très-coûteuse, comme chacun sait ; il lui manquait tou- MONDE I
homme. Les journalistes de notre temps ne sont pas jours quelque chose, tantôt pour les pierres, tantôt pour
moins honnêtes, mais heureusement ils sont moins la menuiserie, tantôt pour la main-d'œuvre. Bref ! la
gueux. Et les peintres aussi.
maison était bâtie quand Mlle Pauline apprit, un peu tard,
L'ESPRIT DE TOUT LE
-
On causait au foyer d'un théâtre, le docteur
1
Iloget
que Rocques, qui savait si bien faire valoir les devoirs présent. entraj
IIt
PHILIPPE DAURIAC. de la tendresse filiale, n'était que le mari de sa mère.
— Le docteur R. est mort, dit quelqu'un en
Nous n'avons pas le courage de mettre en relief les dé- brusquement.
v°u)u se
èe
tails de cette odieuse parodie de paternité ! M lia Pauline,
— Ah ! diable, répondit M. Rogez, il aura
(Fi!JMO,)
qui peut-être n'a mis de côté pendant ses jours de splen- soigner lui-même.
Richard III n'aura pas duré longtemps à la Porte- fait l'opéra-comique qu'ils appellent la Colombe. Mais ce
Saint-Martin. Il est remplacé depuis lundi par la Jeu- changement d'oiseau n'est pas la seule variante qu'ils se
soient permise. Dans le modèle, la dame Clitie s'en vient
nesse des Mousquetaires. Jeunesse éternelle ! chez l'amant qu'elle a ruiné réclamer un faucon dont son
CHARLES MONSELET. fils s'est envié au plus fort de la fièvre qui le tient.
Car
Quoi qu'on lui propose -
dition.
un mezzo-soprano. Je ne sais, par exemple, si de son qu'elle aurait peut-être la médaille.
vivant M yerbeer eût permis que Mme Gueymard chantât
pas.
batailles sur les banquettes de l'Odéon. Il a fait des
journaux, un volume de poésies, des pamphlets. Partout le rôle de Fidès, écrit pour Mme Viardot ? Mais le maes- ALBERT DE LASALLE.
*
Présent ECHECS
de noces, appartient au genre simple, gracieux, diesse par le succès. Vous m'en voyez ravi pour une
idyllique. Il était à craindre qu'elle n'échouât devant le cantatrice animée d'un si beau feu dramatique et que, Problème numéro 215, composé par M. Wormald.
public des Bouffes-Parisiens, public habitué aux lazzis des circonstances diverses tenaient à l'écart depuis
quelque temps. ,
les plus désordonnés de la parade. Mais dès les premières .- Dès le second acte du Prophè e, dès surtout l'air : NOIRS
scènes, on s'est senti en présence d'une œuvre conscien- O mon fils. Mme Gueymard avait conquis les dilet-.
cieusement travaillée ; et le respect, sinon l'intérêt, tout tantes qui étaient venus l'entendre avec une curiosité
a mênée de défiance. La voix, comme on pouvait s'y at-
de suite été acquis à M. Ponroy. — Le présent de noces tendre, ne répond pas à toutes les exigences matérielles
en question consiste dans une couple de chevreaux don- du rôle, mais le talent y a suppléé. En somme, Mme Guey-
nés par le jeune maître d'école Phémius à la belle Cochly s. mard a maintenu le caractère auguste de la figure de
Fidès qui est une des belles conceptions de Meyerbeer.
Dès le second acte, Cochlys, aussi étourdie que belle, a M. Gueymard n'a pas été aussi bien accueilli, tant s'en
égaré ses chevreaux. Elle n'hésite pas à aller les chercher faut. On lui a même fait de cruelles avanies.défense,
Mais, dans :
jusqu'au fond d'une grotte consacrée à Vénus, où elle ren- je ne sais plus quel journal qui prenait sa j'ai
contre le bergerDorion, une sorte de satyre, qui se
montre d'une exigence incroyable au sujet du rachat des
deux animaux. Cochlys rentre en possession de son pré-
lu qu'il était
ou à la
des muscles,
revenu santé.
malade d'une affection du poignet, je crois,
extenseurs du bras, et quedepuis il était
— La
teurs. à soulever les tempêtes de la discussion; c'est une œu-
L Le Présent de noces sort tellement des habitudes théâ- vre de médiocre importance qui n'excite ni colère ni en-
thousiasme. Ainsi nous en épargnerons au lecteur le
RÉBUS
trales de notre temps que j'ai besoin, non pas de le re- récit détaillé. Car ce serait mal reconnaître la complai-
voir, mais de le lire avant de m'en former une opinion. sance des personnes qui parcourent cette chronique et
Le premier acte et le cinquième me paraissent les meil- qui veulent bien nous demander compte de nos impres-
leurs, le cinquième surtout, où se pressent des situations sions que de les accabler de tirades sur les charmes
nouvel opéra.
pathétiques trop longtemps attendues. Le tort principal absents du d'attention
Le peu que le public prête à la Colombe
de l'œuvre, selon moi, est de participer de l'étude plutôt était d'ailleurs prévu. Les éehos de Bade (où fut exécu-
ue du drame. tée pour la première fois la partition de M. Gouned),
improvisée s'est courageusement et intelli- n'avaient répercuté aucun bruit flatteur. On cite même
La troupe
succès (faut-il dire le succès?) de des touristes mélomanes qui sont revenus de la fête en
gemment employée au prononçant le mot fiasco. Et puis, autre signe précur-
M. Arthur Ponroy. En tête, Mme Karoly. très-sobre de seur de l'insuccès, 1 auteur de Philémon et Baucis, pesé-
gestes et d'attitudes, a composé avec sensibilité la figure comme il l'est, qui n'obtient pas son tour de représen-
de Crithéis, la mère du divin Mé ésigène. Mlle Clara P.l- tation pendant la saison propice ! e
Il est vrai, comme nous l' avons dit, que la partition
vois, qui commence une nouvelle carrière, s'était chargée de M. Gounod. n'affiche que des prétentions modérées;
du rôle de
Cochlys; elle y a été brillamment évaporée ; c'est un croquis plutôt qu'un tableau et nous sommes
voilà un comédienne de plus pour le Gymnase, qui raf- loin de la Nonne sanglante et de la Reine de Saba qui
ole des danseuses, — témoins Mmes Delphine Marquet affectaient des dimensions épiques. Aussi les amis du
compositeur se consoleront de sa défaite en raison de
et Fanny Génat. Le coté barbu était représenté par ses visées modestes.
M. Eugène Monrose, qui a des planches, et qui dit juste, Mais toutes œs raisons ne valent pas une bonne et
sa qualité de lecteur de Sa Majesté le roi de Hollande. franche mélodie que je cherche en vain dans la Colombe.
en
Je souviens d'avoir instant M. Eugène Mon- L'ensemble de l'œuvre est froid et décoloré; le morceau
me vu, un symphonique exécuté pendant l'entr'acte est la seule
rose à la Comédie-Française, à côté de son frère, dans partition dont le souvenir pourra rester. Ce
Don
Juan d'Autriche. - page de la
Ménalippe, c'est 1$L Panot, un n'est pas que la marque du génie y apparaisse en traits
rtiste exercé lui aussi, venu de l'ancien Cirque. — Do- de feu, mais au moins on y reconnaît une main adroite
EXPLICATION DU DERNIER RÉBUS
GENÈVE. — Le cortége officiel se rend à l'ouverture du tir de Carouge. (n'après le coquis de M. Aug. Meyland.)
Tir fédéral de Genève joyeux et la joie immense. Les discours les plus chaleu- circonstance les liens d'amitié qui unissent Genève à la
reux ont été prononcès, la foule circule sous les arcs de Savoie. A. M.
Monsieur le Rédacteur, triomphe élevés comme par enchantement, et tout le
monde est ému à la lecture de ces devises simples et tou- Le dessin qui accompagne cette lettre, était déjà à
Le 3 juin 1866, s'est ouvert notre grand tir cantonal.
chantes, composées par le cœur telles que celle-ci : Dieu, la gravure quand nous avons reçu un autre croquis de
A l'appel du comité, les sociétés de tireurs de toute la M. Champod, dont nous avons fréquemment reproduit
Suisse ont répondu en se rendant avec empressement patrie. liberté Jeudi une illumination splendide attirait
à Carouge au moins 30,000 personnes, dans la soirée la les intéressantes communications; la similitude du sujet
sur le terrain de la lutte, lutte toute d'adresse et de ne nous a pas permis de tirer parti de son envoi, nous
~sang-froid, contraste émouvant avec le spectacle qui colline qui domine le tir s'est soudain illuminée, et une
lueur pareille à une aurore boréale a tout à coup soulevé ne lui en sommes pas moins reconnaissants.
nous est offert au dehors Nous profitons de cette occasion pour remercier nosnOS
La fête dure depuis dimanche 3 juin, et l'affluence des les cris de joie de cette foule.
correspondants genévois et leur transmettre l'expression
tireurs a forcé le comité de prolonger le tir jusqu'au Les tireurs français de Saint-Julien sont accourus et
de notre sympathie. A. M.
lundi soir 11 juin. leur drapeau a été accueilli avec la plus grande sympa-
Favorisés par un temps magnifique, les cœurs sont thie. M. l'avocat Pujet, de Saint-Julien, a rappelé en cette
Paris. — Imprimerie VALLÉE, 15, rue Breda