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Paul Ricœur

Paul Ricœur, né le 27 février 1913 à Valence (Drôme) et mort le 20 mai 2005 à Châtenay-Malabry (Hauts-
de-Seine), est un philosophe français. Paul Ricœur
Il développe la phénoménologie et l'herméneutique, en dialogue constant avec les sciences humaines et
sociales. Il s'intéresse aussi à l'existentialisme chrétien et à la théologie protestante. Son œuvre est axée
autour des concepts de sens, de subjectivité et de fonction heuristique de la fiction, notamment dans la
littérature et l'histoire.

Sommaire
Biographie
Famille et formation
Seconde Guerre mondiale
Carrière
Fin de vie
Œuvre
Distinctions
Décorations
Philosophie
La phénoménologie Naissance 27 février 1913
Études bibliques Valence
Herméneutique Décès 20 mai 2005 (à 92 ans)
Analyse de la métaphore Châtenay-Malabry
Étude du récit Nationalité Français
Travaux sur l'histoire Formation Université de Rennes
Éthique Faculté des lettres de Paris
(doctorat en France)
Œuvres
Lycée Émile-Zola de Rennes
Notes et références Université de Paris
Voir aussi École/tradition Phénoménologie et
Bibliographie herméneutique
Ouvrages
Principaux Histoire, éthique, politique,
Articles intérêts linguistique, psychanalyse,
Articles connexes littérature, théologie
Liens externes Idées Herméneutique, théorie de
remarquables l'interprétation, métaphore
vive, histoire comme temps
Biographie raconté
Œuvres La Métaphore vive ; Temps et
principales récit ; Soi-même comme un
Famille et formation
autre ; Le Conflit des
Né en 1913, Paul Ricœur, orphelin de mère, perd son père à la guerre en 1915. Il découvre la philosophie au interprétations
lycée Émile-Zola de Rennes avec Roland Dalbiez. Il est de confession protestante. En 1935, il épouse Distinctions Liste détaillée [afficher]
Simone Lejas à Rennes. Trois enfants naîtront avant la guerre, deux après les années de captivité.
Longtemps partisan du pacifisme et d'une théologie de gauche radicale, il se résout tardivement à
l'importance des institutions étatiques.

Il réside aux Murs blancs, lieu communautaire personnaliste fondé par Emmanuel Mounier à Châtenay-Malabry, où vivaient aussi Paul Fraisse et Simone
Fraisse. Il écrit régulièrement dans la revue Esprit et dans celle du christianisme social.
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Licencié en philosophie à l'université de Rennes à vingt ans, il est reçu deuxième à l'agrégation en 1935 .

C'est à Paris, dans les années 1930, qu’il poursuit son apprentissage philosophique avec Gabriel Marcel. Il y découvre les écrits d'Edmund Husserl, travail
qu'il poursuivra en traduisant en cachette Ideen I, au cours de sa captivité en Poméranie orientale, à l'Oflag II-B, de 1940 à 1945. Dans les années 1934-1938,
il est proche de l'économiste socialiste André Philip : « Cette liaison me marquera pour toujours », explique-t-il en 2003 lors d'un colloque, en précisant que
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c'est à lui qu'il doit « de ne pas [s]'être trompé sur Munich en 1938 » .

Seconde Guerre mondiale

Officier de réserve à Saint-Malo, Ricœur est fait prisonnier après la défaite de juin 1940. Durant sa captivité à l'Oflag II-D, il rencontre Mikel Dufrenne. Entre
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1940 et 1941, il donne des conférences, notamment une sur le dévoiement de la pensée de Nietzsche par le nazisme et une autre dans le cadre d’un « Cercle
Pétain », dont le texte (passablement modifié par l’officier pétainiste qui le publie, faisant par exemple dire à ce protestant que la France est la « fille aînée de
l’Église ») est publié dans une revue vichyssoise pétainiste, L'Unité française. Certains évoquant un passage pétainiste de Paul Ricœur ; ce dernier s'explique
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sur cet épisode dans une note publiée en 1994, le présentant comme un moment de désarroi . À partir de 1942, l'historien François Dosse note que « le
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camp bascule et un esprit de résistance emporte l'adhésion de l'essentiel des prisonniers », soutenant les victoires des Alliés .
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Dans l’article Sur la passade pétainiste de Paul Ricœur : un bref épisode ? , Robert Levy critique la position défendue par le philosophe. D’une part, parce
que les propos de François Dosse « ne sont à la lettre que des reprises de ce que Paul Ricœur disait lui-même de lui-même dans La Critique et la Conviction »
en matière d’explication quant à cette période. D’autre part, parce qu’il conteste la soi-disant brièveté (automne 1940-fin de l’hiver 1941) de l’affiliation de
Ricœur à ces idées politiques (et avance l’hypothèse d’une extension avant et après ces dates) en s’appuyant sur trois faits. Tout d’abord, un article paru en
mars 1939 dans la revue Terre Nouvelle, intitulé Où va la France ? Perte de vitesse en réaction au discours d’Hitler prononcé le 30 janvier 1939 au Reichstag.
Ensuite, un voyage d’étude en Allemagne à Munich à l’été 1939 (lors même qu’il refusa de se rendre dans l’Espagne franquiste dès 1937 ainsi que le rapporte
François Dosse dans Paul Ricœur, les sens d’une vie). Enfin, le témoignage de Georges Gusdorf qui relate dans Le crépuscule des illusions : mémoires
intempestifs sa rencontre avec Ricœur fin mai 1944 à l’Oflag IIB. En septembre 2017, le philosophe Michel Onfray accuse publiquement Ricœur d'avoir été
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un « ancien pétainiste » .

Carrière

Après la guerre, il enseigne trois ans au Collège cévenol du Chambon, où il achève sa thèse sur la volonté. En 1948, il est nommé à l'université de Strasbourg,
avant de devenir professeur à la Sorbonne en 1956. Il enseigne parallèlement pendant dix ans à la Faculté de théologie protestante de Paris. Dans les années
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1950, il est, selon Louis Pinto, l'un des professeurs qui « concentraient entre leurs mains les chances de réussite à l'université ». En 1964, il rejoint le
département de philosophie de la Faculté de lettres de l'Université Paris-Nanterre.

Le 17 mai 1968, solidaire des étudiants en lutte, il démissionne de la direction du département de philosophie. Le 18 avril 1969, il est élu président du conseil
provisoire de gestion de la Faculté des lettres de Nanterre, sans s'être porté candidat. L'élection de Paul Ricœur est interprétée comme une victoire des
"progressistes" contre le courant conservateur, longtemps prépondérant à l'Université. Ricœur est connu comme un homme de gauche. Il a signé plusieurs
textes contre la guerre du Vietnam et "l'impérialisme". Il a fait partie, en janvier 1969 de l'équipe fondatrice de la revue Politique aujourd'hui, dont la
vocation est de " contribuer, par l'information et l'analyse, à définir le contenu et la stratégie d'un combat pour le socialisme ; de travailler donc en relation
étroite avec les expériences concrètes et les recherches révolutionnaires effectuées à la base dans les différents secteurs; d'entreprendre une critique radicale
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des pratiques politiques, des genres de vie, des modèles culturels (...) ". Depuis mai 68, il a pris fréquemment position contre toute forme de répression
pour motif politique.

L'ensemble universitaire de Nanterre est alors la proie d'une agitation entretenue notamment par des étudiants maoïstes de la Gauche prolétarienne et de
son émanation, la Nouvelle Résistance populaire. Ces groupes s'opposent physiquement aux autres mouvements estudiantins, à commencer par les étudiants
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communistes . Des incidents ont lieu fréquemment. À la tête du conseil, Paul Ricœur affirme ses intentions : ne pas pratiquer l'escalade, désamorcer les
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incidents et " augmenter le degré de tolérance d'un certain nombre d'abus mineurs, pour ne pas devenir soi-même un " flic " .

Le 23 janvier 1970, son bureau est envahi par une vingtaine d'étudiants qui l'insultent et le menacent. Trois jours plus tard, il est pris à partie dans un couloir
par un groupe d'une demi-douzaine d'individus qui, après l'avoir insulté et molesté, lui crachent à la figure et lui couvrent la tête d'une poubelle en le
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frappant à coups de pied . Anna Boschetti considère qu'il est pris à partie en tant que représentant du mode de pensée critiqué par le structuralisme . Cette
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agression est condamnée par plusieurs syndicats et universitaires . Paul Ricœur annonce qu'il a déposé plainte pour ces voies de fait .

Dans les jours qui suivent, d'autres incidents ont lieu au sein de l'Université de Nanterre. Au nom du conseil de gestion, Paul Ricœur publie un texte qui
constitue un cri d'alarme sur la situation à Nanterre et alerte sur « des groupes armés de matraques et de barres de fer (qui) manœuvrent sur le domaine et
dans les bâtiments, […] ; ils molestent leurs adversaires politiques, saccagent leurs locaux et suppriment pour tous la liberté d'expression ». Le texte pointe
également la délinquance juvénile : « Certains des jeunes adolescents, attirés à la faculté par des activités qui n'ont rien à voir avec l'enseignement
universitaire, se livrent au petit brigandage et exercent des menaces et des voies de fait, principalement sur des étudiantes. » Le conseil demande que les
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voies du domaine universitaire soient transformées en voies publiques, ce qui revient à confier à la police le maintien de l'ordre à l'intérieur du campus . La
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police intervient début mars, ce qui suscite les protestations d'enseignants et de syndicats étudiants .

Paul Ricœur démissionne le 9 mars 1970 de ses fonctions de doyen pour raison de santé. Dans sa lettre de démission il invoque des troubles liés au
surmenage, constatés par son médecin dès le 25 février. Il déplore également l'intervention trop rapide des forces de l'ordre sur le campus, ainsi que les
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problèmes qui affectent l'institution universitaire .

Il accepte un poste à l'université catholique de Louvain, qui abrite les archives Husserl ; il y enseigne pendant trois ans. Tout en animant un séminaire
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renommé aux archives Husserl à Paris , il entre en 1970 au département de philosophie de l’université de Chicago et partage alors son temps entre les États-
Unis et la France.

À partir des années 1980, Paul Ricœur alterne des œuvres et des recueils de textes où la philosophie dialogue avec le droit, l'exégèse, l'histoire, etc.

Paul Ricœur prend part, parmi de nombreux intellectuels, au mouvement social de 1995 en soutenant le projet gouvernemental défendu par Alain Juppé sur
les retraites et la Sécurité sociale. Il fait partie des signataires de l’Appel pour une réforme de fond de la Sécurité sociale initié par la revue Esprit et la
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fondation Saint-Simon en soutien au gouvernement . Il donne de plus une interview au Journal du dimanche le 10 décembre à propos de ce mouvement
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et de la réforme en cours . Le sociologue Pierre Bourdieu critique cette pensée technocratique qui met le peuple du côté des pulsions et les gouvernants du
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côté de la raison et épinglera le philosophe lors de son intervention de soutien auprès de cheminots le 12 décembre 1995 à la gare de Lyon (texte publié
dans Libération et L’Humanité le 14 décembre).

Après l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, de nombreux essais et articles tentent de mettre en avant les liens entre le philosophe
et l'homme politique pendant presque deux ans entre 1999 et 2001, Macron aidait Ricœur à la finalisation de son ouvrage La mémoire, l'histoire,
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l'oubli . Paul Ricoeur n'a jamais commenté.

Fin de vie

Le 7 janvier 1998, Simone Ricœur s’éteint, après soixante-trois ans de vie partagée avec son mari. Jusqu’à sa mort en 2005, le philosophe poursuit son œuvre.

Œuvre
L'œuvre de Paul Ricœur a commencé après la guerre sous le signe de la Philosophie de la volonté (1950) et de l'éthique sociale (Histoire et vérité, 1955). Son
parcours le conduit de la phénoménologie de l’agir à une herméneutique critique (De l'interprétation, essai sur Freud, 1966, et Le Conflit des
interprétations, 1969), puis à une poétique du temps et de l'action (La Métaphore vive, 1975, Temps et Récit, 1983-1985, Du texte à l'action, 1986), qui
rompt avec la clôture structuraliste du langage.

Soi-même comme un autre (1990) propose des variations sur le sujet sensible, parlant et agissant. On y trouve fortement articulée une philosophie morale et
politique, prolongée par plusieurs recueils de textes traitant du problème de la justice comme vertu et comme institution (Lectures 1 et Le Juste 1 et 2 entre
1991 et 2001). Il ne cesse cependant de rester en débat avec des sources non philosophiques de la philosophie, et notamment les textes bibliques (Lectures 3,
1994, Penser la Bible, 1998). En 2000, il publie La Mémoire, l'histoire, l'oubli sur la question d'une juste représentation du passé (c'est à cette occasion
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qu'Emmanuel Macron est son assistant éditorial ), et en 2004 encore un Parcours de la reconnaissance qui place celle-ci, avec ses incertitudes et ses
difficiles mutualités, au cœur du lien social.

Ricœur se situe à la croisée de trois grandes traditions philosophiques : l'existentialisme, la phénoménologie et son ouverture vers l'herméneutique, et la
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philosophie analytique .

Distinctions
Médaille Grand Vermeil de la Ville de Paris.
Prix Hegel à Stuttgart.
Grand prix de l'Académie française.
Prix de l'Académie des sciences morales et politiques.
Prix Balzan (1999).
Prix Kyoto (2000).
Prix Paul VI (2003).
Prix John-Werner-Kluge, Washington (2004).
Docteur honoris causa de l'Université catholique de Louvain.
Docteur honoris causa de l'université de Chicago.
Docteur honoris causa de l'Université d'Ottawa. Place Paul-Ricœur à Paris.
Docteur honoris causa de l'Université de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Docteur honoris causa de l'Université de Padoue.

Décorations
Chevalier de la Légion d'honneur
Commandeur de l'ordre des Palmes académiques

Philosophie

La phénoménologie

Ricœur s'est intéressé à la phénoménologie husserlienne et contribua à l'introduire en France. Il traduit notamment les Ideen I d'Edmund Husserl et produit
un travail sur l'héritage phénoménologique en général en 1986, intitulé À l'école de la phénoménologie.

Sa thèse de doctorat qui date de 1950 et porte sur la Philosophie de la volonté est imprégnée de pensée phénoménologique. Elle consiste (pour le premier
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volume) en une eidétique de la volonté, dans le prolongement de la théorie husserlienne de l'eidétique.

La phénoménologie n'est cependant pas l'horizon complet de la méthodologie de Ricœur. Le paragraphe intitulé « La méthode descriptive et ses limites »,
que l'on trouve dès les premières pages de la Philosophie de la volonté, en appuyant les limites de la méthode descriptive, soit de la phénoménologie, marque
le caractère limité de ce qui ne peut combler l'aspiration du philosophe à l'inconditionné, c'est-à-dire à l'unité. C'est pourquoi la méthode phénoménologique,
qui ne décrit les phénomènes que pour autant qu'elle les « brise », qu'elle en montre la dualité d'intelligibilité, est appelée à un dépassement.

Le titre du premier tome de la Philosophie de la volonté marque cette dualité (Le volontaire et l'involontaire) : la phénoménologie appliquée à l'étude de la
volonté échoue à fournir une intelligibilité totale ou du moins unifiée de ce phénomène, tendu entre le pôle volontaire et le pôle involontaire. C'est pourquoi
Ricœur s'efforce en permanence de trouver l'unité du phénomène de la volonté à un plan non phénoménologique, à un plan ontologique.

Pourtant, cette ontologie, comme en témoigne la conférence que Ricœur prononça devant ses maîtres L'unité du volontaire et de l'involontaire comme idée
limite, reste une marge, un résidu, de la phénoménologie. La réflexion n'atteindrait ainsi l'être que par le détour de la phénoménologie, en tant que la
phénoménologie éclaire, par la dualité même qu'elle révèle dans les phénomènes, sur la nécessité de trouver une unité au-delà d'un plan strictement
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ontique .

Selon Paul Ricœur, la fonction centrale de l'herméneutique est de récupérer et de restaurer le sens. Il choisit le modèle de la phénoménologie de la religion,
en soulignant qu'elle est caractérisée par la préoccupation sur l’objet. Il écrit sur quelques auteurs dans le domaine comme les suivants : Rudolf Otto,
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Gerardus van der Leeuw, Maurice Leenhardt et Mircea Eliade. Selon Rudolf Otto, le sacré est le mysterium tremendum et fascinans . Gerardus van der
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Leeuw l’envisage comme une autocratie . Cette autocratie devient une théorie de la kratophanie chez le phénoménologue néerlandais de la religion et de la
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hiérophanie chez le phénoménologue roumain de la religion, Mircea Eliade . L’objet de la religion, le sacré, est vu en relation avec le profane . Mircea
Eliade suit le modèle proposé par Paul Ricœur, en dégageant ce qu'il définit comme les trois grands réductionnismes : celui de Karl Marx, qui aurait selon lui
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réduit la société à l'économie, en particulier aux rapports de production ; celui de Friedrich Nietzsche, qui aurait réduit l’homme à un concept arbitraire
du surhomme, et celui de Sigmund Freud, qui aurait réduit la nature humaine à un instinct sexuel. Paul Ricœur les a appelés les trois grands destructeurs, les
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maîtres de la suspicion .

Études bibliques
Ses études consacrées à l'herméneutique et à l'exégèse biblique sont un autre aspect de sa philosophie. Lui-même protestant, Paul Ricœur a accordé une
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importance au dialogue entre philosophie et religion (voir par exemple L'herméneutique biblique in Lectures tome III) . Il s'est intéressé entre autres à la
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théologie, à l'histoire des religions et aux études bibliques .

Herméneutique

L'herméneutique pour Ricœur est soutenue par la question de l'interprétation (interprétation des Écritures qui sont les textes bibliques), interprétation des
symptômes psychanalytiques (comme dans De l'interprétation : essai sur Freud), dans ses fondements et dans ses fins. L'herméneutique se développe en
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passant notamment par une analyse du symbole, ce qui l'amène à une discussion avec la psychanalyse dans son essai sur Freud : De l'interprétation .

Il expose dans les termes suivants la fonction de l'herméneutique :

« Pour une sémiotique, le seul concept opératoire reste celui de texte littéraire. L'herméneutique, en revanche, s'efforce de reconstruire l'arc
entier des opérations grâce auxquelles l'expérience pratique se donne des œuvres, des auteurs et des lecteurs (...) L'enjeu, c'est donc le
processus concret à travers lequel la configuration textuelle sert de médiateur entre la préfiguration du champ pratique et sa refiguration grâce
à la réception de l'œuvre. »

La finalité de l'herméneutique préoccupe Ricœur, c'est-à-dire son rôle dans la constitution de la subjectivité. L'herméneutique est ainsi limitée, elle n'est pas
une fin en soi, mais l'objet d'un détour dans le « retour à soi ». C'est la raison pour laquelle la réflexion herméneutique est liée à un souci ontologique. L'être
n'est pas seulement interprété ; il est retrouvé par l'interprétation, mais le déborde. Cet effort de retrouver l'être qui fonde l'interprétation se déploie
notamment dans le dernier chapitre de Soi-même comme un autre, dans lequel Ricœur s'efforce de manière « exploratoire » de décrire en termes de conatus
l'origine du soi.

Analyse de la métaphore

L'étude de la métaphore est un élément significatif dans son travail. Dans La Métaphore vive, parue en 1975, Ricœur étudie en effet la fonction poétique de la
langue et plus précisément le concept de trope qui est analysé sous l'angle linguistique, poétique et philosophique. Car la figure de style, et en particulier la
métaphore, est pour Ricœur un procédé cognitif original et avec sa propre valeur.

« La fonction de transfiguration du réel que nous reconnaissons à la fiction poétique implique que nous cessions d'identifier réalité et réalité
empirique ou, en d'autres termes, que nous cessions d'identifier expérience et expérience empirique. Le langage poétique tire son prestige de
sa capacité à exprimer des aspects de ce que Husserl appelait Lebenswelt et Heidegger In-der-Welt-Sein. De la sorte il exige que nous
critiquions notre concept conventionnel de la vérité, c'est-à-dire que nous cessions de le limiter à la cohérence logique et à la vérification
empirique, de façon à prendre en compte la prétention de vérité liée à l'action transfigurante de la fiction. »

Il écrit même :

« La métaphore, c'est la capacité de produire un sens nouveau, au point de l'étincelle de sens où une incompatibilité sémantique s'effondre
dans la confrontation de plusieurs niveaux de signification, pour produire une signification nouvelle qui n'existe que sur la ligne de fracture des
champs sémantiques. Dans le cas du narratif, je m'étais risqué à dire que ce que j'appelle la synthèse de l'hétérogène ne crée pas moins de
nouveauté que la métaphore, mais cette fois dans la composition, dans la configuration d'une temporalité racontée, d'une temporalité
narrative. »

Cette découverte de la fonction cognitive de la métaphore repose sur le dépassement du traitement habituel de la métaphore qui voit en elle un simple
phénomène linguistique de « transport de sens ». Pour comprendre cela, Ricœur propose de voir que la métaphore ne prend tout son sens que restituée dans
le texte dans son ensemble.

Étude du récit

En 1983, suivent les trois volumes de Temps et Récit dans lesquels il met en avant les proximités entre la temporalité de l'historiographie et celle du discours
littéraire. On retrouve ici la volonté de Ricœur de lier la réflexion philosophique sur la nature du récit avec l'approche linguistique et poétique.

Travaux sur l'histoire

Ricœur sans pratiquer la philosophie de l'histoire s'intéresse à l'histoire dans une perspective philosophique. Dans Histoire et vérité (1955) il tente de définir
la nature du concept de vérité en histoire et de différencier l'objectivité en histoire de l'objectivité dans les sciences dites exactes.

Bien des années plus tard, il se consacre à des questions culturelles et historiques dans une approche phénoménologique et herméneutique. Il nourrit la
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discussion portant sur la mémoire, le devoir de mémoire et la mémoire culturelle dans La mémoire, l'histoire, l'oubli (2000).

Éthique

L'éthique a été une des préoccupations de Ricœur.

« Faut-il faire une distinction entre morale et éthique ? À vrai dire, rien dans l'étymologie ou dans l'histoire de l'emploi des mots ne l'impose :
l'un vient du latin, l'autre du grec ancien, et les deux renvoient à l'idée de mœurs (ethos, mores). On peut toutefois discerner une nuance, selon
que l'on met l'accent sur ce qui est estimé bon ou sur ce qui s'impose comme obligatoire. C'est par convention que je réserverai le terme
d'« éthique » pour la visée d'une vie accomplie sous le signe des actions estimées bonnes, et celui de « morale » pour le côté obligatoire,
marqué par des normes, des obligations, des interdictions caractérisées à la fois par une exigence d'universalité et par un effet de contrainte.
On reconnaîtra aisément dans la distinction entre visée de la vie bonne et obéissance aux normes l'opposition entre deux héritages : l'héritage
aristotélicien, où l'éthique est caractérisée par sa perspective téléologique (de telos, signifiant « fin ») ; et un héritage kantien, où la morale est
définie par le caractère d'obligation de la norme, donc par un point de vue déontologique (déontologique signifiant précisément « devoir »). »
— Soi-même comme un autre, septième étude, 1990, Points Essais no 330, p. 200.
Ricœur propose donc de placer l'éthique, c'est-à-dire la question de la visée de la vie, avant la morale, la question des normes. L'éthique permettra, dans les
pages suivantes de Soi-même comme un autre, au philosophe de penser l'estime de soi, alors que la morale interrogera sur le respect de soi. Si Ricœur se
garde de définir trop précisément la vie bonne, il suggère que chacun doive y réfléchir, en partant d'une réflexion sur ce qu'est la vie d'un homme.

Cette pensée le conduit rapidement à la sollicitude envers l'autre. La visée éthique est « avec et pour l'autre ». Toujours grâce à Aristote, il propose de prendre
l'amitié comme médiateur entre la visée de la vie bonne et la question de la justice. En effet l'estime de soi serait manque sans sollicitude, qui trouve son
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modèle dans l'amitié . Mais la rencontre de l'autre ne peut toujours être amicale car elle ne s'opère pas toujours dans des relations entre égaux désirant le
vivre-ensemble. Cette situation ne couvre pas toutes les situations de rencontre de l'autre. C'est là que la réflexion d'Emmanuel Levinas sur l'autre qui donne
une injonction d'amour et l'autre qui est souffrant permet à Ricœur de pousser la recherche de l'égalité dans des contextes d'inégalité. L'égalité n'est
retrouvée dans ces situations que par « l'aveu partagé de la fragilité, et finalement de la mortalité ». Cela conduit le philosophe à introduire les concept de
réversibilité des rôles, d'insubstituabilité des personnes et, finalement, de similitude entre elles. Ce dernier concept lui permet d'émettre, comme fondement
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éthique : l'estime de l'autre comme soi-même est équivalent à l'estime de soi-même comme un autre .

C'est alors que se pose la question des institutions. Car il n'y a pas qu'une relation de face à face, il y a aussi un « il », qui suggère une idée de pluralité. Le
vivre bien ne se limite donc pas à soi et aux relations interpersonnelles, mais s'étend aussi aux institutions. Au terme de sa réflexion sur les institutions justes
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(toujours dans son volet éthique et non moral), Ricœur détermine que le vis-à-vis de soi dans chaque humain est donné par l'idée d'égalité . Cette égalité
permet des "institutions justes".

Œuvres
(avec Mikel Dufrenne) Karl Jaspers et la philosophie de l'existence, Le L'Idéologie et l'Utopie, Le Seuil, 1997
Seuil, 1947 Amour et justice, PUF, 1997
Gabriel Marcel et Karl Jaspers. Philosophie du mystère et philosophie Autrement. Lecture d’Autrement qu'être ou Au-delà de l'essence
du paradoxe, Le Seuil, 1948 d’Emmanuel Levinas, PUF 1997
Philosophie de la volonté. Tome I : Le volontaire et l'involontaire, (dialogue avec Jean-Pierre Changeux) Ce qui nous fait penser, Odile
Aubier, 1949 Jacob, 1998
Histoire et vérité, Le Seuil, 1955 (avec André LaCocque) Penser la Bible, Le Seuil, 1998
Philosophie de la volonté. Tome II : Finitude et culpabilité, Aubier, 2 Lectures
volumes, 1960
De l'interprétation. Essai sur Sigmund Freud, Le Seuil, 1965 Tome I : Autour du politique, Seuil, 1999 (ISBN 2-02-036488-3) ;
(ISBN 978-2-02-036488-1)
Entretiens avec Gabriel Marcel, Aubier, 1968
Tome II : La Contrée des philosophes, Seuil, 1999
Le Conflit des interprétations. Essais d'herméneutique I, Le Seuil, 1969 (ISBN 2-02-038980-0) ; (ISBN 978-2-02-038980-8)
La Métaphore vive, Le Seuil, 1975
Tome III : Aux frontières de la philosophie, Seuil, 1999
Temps et récit (ISBN 2-02-085502-X) ; (ISBN 978-2-02-085502-0)

Tome I : L'Intrigue et le récit historique, Le Seuil, 1983 L'Herméneutique biblique, Le Cerf, 2000
Tome II : La Configuration dans le récit de fiction, Le Seuil, 1984 Le Juste II, Esprit, 2001
Tome III : Le Temps raconté, Le Seuil, 1985 Histoire et vérité, Points Essais, 2001 (ISBN 978-2020410946)
Du texte à l'action. Essais d'herméneutique II, Le Seuil, 1986 La Mémoire, l'histoire, l'oubli, Le Seuil, 2003 (ISBN 978-2020563321)
À l'école de la phénoménologie, Vrin, 1986 Parcours de la reconnaissance. Trois études, Stock, 2004
Le Mal. Un défi à la philosophie et à la théologie, Labor & Fides, 1986 Sur la traduction, Bayard, 2004
Soi-même comme un autre, Le Seuil, 1990 Amour et justice, Points Essais, 2008 (ISBN 978-2757811245)
Réflexion faite. Autobiographie intellectuelle, Esprit, 1995 Écrits et conférences
La Critique et la Conviction. Entretiens avec François Azouvi et Marc Tome I : Autour de la psychanalyse, Seuil, 2008
de Launay, Calmann-Lévy, 1995
Tome II : Herméneutique, Seuil, 2010
Le Juste I, Esprit, 1995
Tome III : Anthropologie philosophique, Seuil, 2013

Notes et références
1. http://rhe.ish-lyon.cnrs.fr/? 6. François Dosse, Paul Ricœur : les sens d’une vie (1913-2005), édition
q=agregsecondaire_laureats&nom=&annee_op=%3D&annee%5Bvalue% revue et augmentée, Paris, La Découverte , 2008 « Chapitre 8 : Du cercle
5D=1935&annee%5Bmin%5D=&annee%5Bmax%5D=&periode=All&conc Pétain à la "Résistance" » (http://www.fondsricoeur.fr/uploads/medias/doc/
ours=14&items_per_page=10. biochap8.pdf), consulté le 10 novembre 2017.
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Discepolo, édition Agone, collection Contre-feux, Marseille, 2002, page et la reproduction de la vie réelle. Ni Marx, ni moi n'avons jamais affirmé
329. davantage. Si, ensuite, quelqu'un torture cette proposition pour lui faire
dire que le facteur économique est le seul déterminant, il la transforme en
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une phrase vide, abstraite, absurde. » Lettre à Joseph Bloch, 1890 (http
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s://www.marxists.org/francais/engels/works/1890/09/18900921.htm)
contre-bourdieu-il-y-a-23-ans.
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24. « Ce qui me frappe dans cette crise, c’est l’énorme distance, le gouffre
du Seuil, 1965.
qui existe entre la compréhension rationnelle du monde, que ce soit
l’économie de marché, les télécommunications, etc., et le désir profond 43. Référence nécessaire à Ricœur !
des gens. […] La grève, ce n’est pas tellement leur intérêt, mais comme 44. Herméneutique philosophique et herméneutique biblique dans l'œuvre de
on les entraîne dans un monde qui n’est pas celui de leur attente, ils Paul Ricœur. Bernard Stevens, Revue théologique de Louvain, année
comprennent les grévistes qui le refusent. […] Mais les chemins de 1989, volume 20, numéro 2, pp. 178-193. [4] (http://www.persee.fr/doc/thl
l’acceptation ne voisinent pas avec ceux de la raison. » Paul Ricœur in le ou_0080-2654_1989_num_20_2_2369). site Persée, consulté le 19 mai
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politique, ibidem page 330. juillet-août 1913, p. 28
26. « Je suis ici pour dire notre soutien à tous ceux qui luttent depuis trois 46. De l'interprétation, introduction .
semaines contre la destruction d’une civilisation […] ceux qui ne le 47. Traduction d’une conférence écrite et prononcée en anglais par Paul
comprennent pas, tel ce philosophe qui, dans le Journal du Dimanche du Ricœur le 8 mars 2003 à Budapest sous le titre « Memory, history,
10 décembre, découvre avec stupéfaction "le gouffre entre la oblivion », lors d'une conférence internationale « Haunting Memories ?
compréhension rationnelle du monde" incarnée selon lui par Juppé — il le History in Europe after Authoritarianism. », publiée dans la revue ESPRIT
dit en toutes lettres — "et le désir profond des gens" ». « La pensée Ricœur », mars-avril 2006 (http://www.fondsricoeur.fr/photo/
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pour-dire-notre-soutien_152432
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Voir aussi

Bibliographie Sur les autres projets Wikimedia :

Ouvrages
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(ISBN 978-0792312444)
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Gérard Bollon, Paul Ricœur (1913-2005), un philosophe dans la Montagne vellave : in Cahiers de la Haute-Loire 2018, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la
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Articles
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Jean Greish, « Ricœur Paul (1913-2005). 1, Un cogito militant et blessé » (http://www.universalis.fr/encyclopedie/paul-ricoeur/1-un-cogito-militant-
et-blesse/).
Jean Greish, « Ricœur Paul (1913-2005). 2, Le symbole donne à penser » (http://www.universalis.fr/encyclopedie/paul-ricoeur/2-le-symbole-donn
e-a-penser/).
Jean Greish, « Ricœur Paul (1913-2005). 3, Le monde du texte » (http://www.universalis.fr/encyclopedie/paul-ricoeur/3-le-monde-du-texte/).
Jean Greish, « Ricœur Paul (1913-2005). 4, Du texte à l'action » (http://www.universalis.fr/encyclopedie/paul-ricoeur/4-du-texte-a-l-action/).
Jean Greish, « Ricœur Paul (1913-2005). 5, La vie bonne, la norme morale et la sagesse pratique » (http://www.universalis.fr/encyclopedie/paul-ri
coeur/5-la-vie-bonne-la-norme-morale-et-la-sagesse-pratique/).

Articles connexes
Autrui
Éthique
Phénoménologie
Lexique de phénoménologie
Istituto Italiano per gli Studi Filosofici
Esprit

Liens externes
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Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes : Brockhaus Enzyklopädie (https://brockhaus.de/ecs/enzy/article/ricoeur-paul) •
Encyclopædia Britannica (https://www.britannica.com/biography/Paul-Ricoeur) • Encyclopædia Universalis (https://www.universalis.fr/encyclopedie/paul
-ricoeur/) • Gran Enciclopèdia Catalana (https://www.enciclopedia.cat/EC-GEC-0055548.xml) • Swedish Nationalencyklopedin (https://www.ne.se/uppsl
agsverk/encyklopedi/lång/paul-ricoeur) • Munzinger Archiv (https://www.munzinger.de/search/go/document.jsp?id=00000019388)

Ressources relatives à la recherche : Canal-U (https://www.canal-u.tv/auteurs/ricoeur_paul) · Persée (https://www.persee.fr/authority/67202) ·


(en) Internet Encyclopedia of Philosophy (https://www.iep.utm.edu/ricoeur/) ·
(en) Stanford Encyclopedia of Philosophy (https://plato.stanford.edu/entries/ricoeur/)
Ressource relative à la religion : Angelicum (https://pust.urbe.it/cgi-bin/koha/opac-authoritiesdetail.pl?authid=213)
Site du Fonds Ricœur de Paris (http://www.fondsricoeur.fr/)
Études ricœuriennes/Ricœur studies (http://ricoeur.pitt.edu)
Article sur le parcours de Paul Ricœur sur le site de la revue Esprit (http://esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=10977)

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