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Séance 3

CHAPITRE 2 : LA SOCIOLOGIE DE LA CONNAISSANCE, SA

GENESE ET SON EVOLUTION

Activité :

Après avoir lu le cours, faites un aperçu des principales étapes de l’histoire de la sociologie
de la connaissance

COURS

1. Origine et étapes

L’histoire de la sociologie de la connaissance remonte plus loin que l’invention


du terme. Dès le début du XVIIe siècle, par exemple, Francis Bacon, dans son
Novum Organum, cherchait l’origine des erreurs et notions fausses dans ce qu’il
nommait les idoles de la tribu, de la caverne, du marché du théâtre. Comme le
remarque Karl Mannheim, on peut trouver là une anticipation de la conception
moderne de l’idéologie, puisque ces obstacles à la connaissance vraie, signale
Bacon, peuvent être en grande partie attribués à la société. On voit que, par
cette approche, c’est la validité de la connaissance qui est d’emblée impliquée
dans le rapport avec l’influence du cadre social.

L’autre étape dans l’histoire de la sociologie de la connaissance est marquée


par l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (1975) de
Condorcet qui, au contraire, trouve une confirmation de la légitimité des
connaissances dans leur parfaite adéquation avec l’évolution sociale en
général. C’est dans la même ligne de pensée, mais plus systématiquement, que
s’inscrit ensuite la « loi des 3 états » développée après Saint-Simon par Auguste
Comte, le fondateur du néologisme sociologie. D’après lui, la pensée, au cours
des âges passe par une première phase théologique, puis métaphysique avant
de parvenir à la science véritable qui est positiviste. Et, c’est, selon lui, cette
progression qui conditionne le progrès social dans son ensemble.

A la suite du positivisme comtien, le marxisme fera prendre un tournant décisif


à la sociologie de la connaissance en soulignant les rapports entre l’idéologie
et la lutte des classes. Par là, l’idée d’évolution sera aussi bien liée à la mise en
question de la validité des connaissances et à son relativisme qu’à celle de
l’évolution de l’épistémologie, mais c’est beaucoup moins la pensée purement
scientifique qui est en cause, comme précédemment, que la culture en général,
et plus précisément les idées politiques et sociales. Ce point de vue fut celui de
Mannheim qui exerça une influence décisive sur le développement de la
sociologie de la connaissance. Car selon lui, l’objet véritable de la sociologie de
la connaissance ne peut pas être mis à l’écart des conditions existentielles
étudiées par les sociologues.

Ce bref aperçu sur les principales étapes de l’histoire de la sociologie de la


connaissance suffît pour montrer que son objet est controversé et que ce sont
les problèmes les plus vastes du rapport entre savoir et société qui y sont
débattus. C’est pourquoi, à l’inverse de ces grandes théories développées en
Europe, le pragmatisme empirique anglo-saxon s’est efforcé de poser les
problèmes les plus précis et concrets. Comme le constate Robert King Merton,
la tradition américaine en cette matière, est centrée sur l’étude des opinions et
des croyances populaires. Elle a préféré abandonner les préalables
philosophiques du rapport entre connaissance et société pour étudier avec des
méthodes statistiques des faits précis et bien délimités par exemple ce qui
concerne la diffusion du savoir dans le public. Des techniques d’observation
sont mises au point, à cet effet, par des psychologues sociaux.

Comme on le voit, la sociologie de la connaissance dès lors cherche


difficilement sa voie dans l’antinomie entre le relativisme des situations sociales
et la transcendance de la vérité, cependant que des recherches empiriques se
développent pour aborder plus directement les problèmes restreints dans des
cadres déterminés.

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