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DEUX FATWĀ-S DU ŠAYḪ ʿABD AL-ĠANĪ AL-NĀBULUSĪ (1143/1731): PRÉSENTATION ET

ÉDITION CRITIQUE
Author(s): BAKRI ALADDIN
Source: Bulletin d'études orientales, T. 39/40 (1987-1988), pp. 7-37
Published by: Institut Francais du Proche-Orient
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41604719
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DEUX FATWA-S
DU ŠAYH ABD AL-GANI AL-NÄBULUSI
(1143/1731)
PRÉSENTATION ET ÉDITION CRITIQUE
PAR

BAKRI ALADDIN

INTRODUCTION

Le titre du premier texte édité ici figure dans une liste (,) de dix-huit autres titres de fatwã- s (2)
(avis ou consultation juridique) que Nâbulusï rédigea à la fin de son registre de fatwã- s. De son
côté le Patriarche, dans sa lettre adressée à Nâbulusï, fait usage de la formule coutumière : aftùnà
(donnez-nous une fatwã). Bien que le deuxième titre ne figure pas dans cette liste établie par
Nâbulusï même, son contenu présente toutes les caractéristiques d'une fatwã.
D'autre part, ces deux fatwã-s sont rédigées avant que Nâbulusï n'accède au poste de mufti. Il
se trouve que celui-ci était vacant à Damas au début de l'année 1723. Nâbulusï l'occupa après une
consultation locale entre les savants et les Áyãn (notables). Le gouverneur de la ville Utmàn Paša
Abù Tùq (m. 1139/1726) (3) y consentit, et fit état de l'affaire auprès du pouvoir central à Istanbul.
Nâbulusï exerça pendant six mois, sans que jamais sa nomination locale ait été ratifiée par le Šayh
al-Islãmt4). A la surprise de tout le monde, ce dernier envoya d'Istanbul un document portant la
nomination d'un disciple très proche de Nâbulusï.
Bien longtemps avant cette affaire, Nâbulusï considère que le mufti digne de ce nom est un
« docte initiateur » (mugtahid). « Il n'existe pas en ce moment, écrit Nâbulusï, car les qualités que
mentionnent les théoriciens de la Loi (usûliyyûn) font défaut aujourd'hui. La fatwã , à notre
époque, est soit une simple imitation et répétition, soit une compréhension et une annotation des
questions juridiques de nos maîtres » (5). Cette dégradation de l'état de Y if ta est due au
rabaissement de la recherche juridique et intellectuelle et à la corruption des savants et des
fonctionnaires^.

(1) Cf. B. Aladdin, Abd al-Gani al-Nàbulusl, (4) Le registre prévu pour noter et consigner le texte
Œuvre , Vie et doctrine , thèse dactylographiée, en 2 vol., des fatwã- s se trouve à la B.N. Damas, cf B. Aladdin,
Paris, I (Panthéon-Sorbonne), 1985, Vol. I, pp. 76-77 Thèse, I, p. 75 : sur le Šayh al-Islãm, cf. infra , p. 12 et
(désormais cité : Thèse). note 74.

(2) Sur ce terme arabe et ses dérivés, cf. E.I. 2, II, (5) Cf Al-Radd al-wafi... Ms. B.N. Damas, n° 177,
P 98a.
p. 886 sqq.
(3) Il fut plusieurs fois gouverneur de Saydâ et de (6) Ibid. , En ce qui concerne la critique des mufti- s
Damas, cf. Adnãn Bahît, « Hayfá fi al- ahd al- Utmânî et des docteurs de la Loi, cf. Nâbulusï, Idàh al-dalalàt fi
al-Awwal », in al-Mutamar al-dawñ al-tarii li-Tarih В i la d sama al-'àlàt, éd. A.R. Hammuš, Damas, 1981, pp.
al-Šám , Damas, 1978, t. I, p. 307. 17-29; ouvrage daté du mardi 27/10/1677.

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8 BAKRI ALADDIN [2]
Le Sultan n'a pas le droit d'officialiser cette activité et de la rendre spécifique à un nombre
précis de personnes. « Un efatwâ, ajoute Nâbulusï, est la réponse à une question, que peut fournir
quiconque est apte en matière de jurisprudence; soit, pour le docte initiateur ( mugtahid ), par une
création, soit par répétition pour l'imitateur (muqallid). L'activité qui consiste à donner des
fatwâ-s n'est pas semblable à la magistrature. Car pour celle-ci, le Sultan doit choisir une personne
chargée de l'exercer. Comparer les deux activités est une prétention des gens de notre temps » (7).
Nombreux sont les mufti- s, en Syrie comme ailleurs dans les provinces arabes, à avoir exercé leur
activité sans investiture officielle. Nâbulusï perpétue cette tradition (&).
Voici successivement ces deux fatwã-s , leur présentation sera suivie de l'édition critique de
leur texte arabe.

PRÉSENTATION DES DEUX FATWÂ-S

I- RÉPONSE A UNE QUESTION DU PATRIARCHE DES CHRÉTIENS

Cette correspondance entre le Patriarche d'Antioche et Abd al-Ganï al-Nâbulusï(9) constitue


un document de grande valeur. L'échange d'idées qu'il nous rapporte intéresse en effet également
les historiens sensibles à l'importance de Nâbulusï, ceux qui se consacrent à la promotion d'un
dialogue islamo-chrétien (10) - il leur sera loisible d'en dégager la valeur dans un contexte plus
large - mais également les spécialistes de l'histoire de l'Eglise d'Antioche (11).
Vu la date de la réponse écrite par Nâbulusï (début dù al-Qada 1124/début décembre 1712)
et, surtout, les qualités intellectuelles de son correspondant, on est amené à l'identifier comme
étant le Patriarche melkite d'Antioche, Athanase Dabbãs (m. 1724 ère chrétienne = 1136 de
l'Hégire). « Homme habile qui avait su se concilier les personnes dont il avait besoin, (...)
Athanase a un mérite que l'on reconnaît sans peine. Prélat instruit, connaissant bien le grec et
l'arabe, il a eu une activité littéraire remarquable et mérite une place à part dans l'histoire de
l'imprimerie arabe » (12). D'autre part notre prélat était originaire de Damas et fut patriarche à
deux reprises : de 1686 à 1694 et de 1720 à 1724 (13). La lettre que le Patriarche a dû envoyer à

(7) Al-Radd al-wafi, op. cit , f 100b. naire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastique , Paris,
(8) Cf. E.I. 2, II, p. 887 A-B. 1930, t. IV, Col. 1372. « En 1704, il rentre en Syrie
(9) Il mourut à Damas en 1143/1731. Cf. B. Alad- apportant tout un matériel d'imprimerie et monte à Alep
din, Thèse, II, p. 73 sqq. la première imprimerie arabe qui débute en 1706 », id .,
(10) Cf. p. ex., Islamochristiana, Rome (C.E.D. Ie Col. 1370. Pour plus de détails sur ses relations avec
ch.) 1975 el années suivantes. Constantinople, sur son œuvre, cf. Graf, G.C.A.L. III,
(11) De plus, cette correspondance pourrait être p. 127 sqq, cf. aussi le Père Nasrallah, L'Eglise Mel-
mieux comprise dans le contexte de la rivalité entre chite..., Paris, 1976 et le même Père Nasrallah, « Histo-
Rome et Istanbul, notre Patriarche étant tiraillé entre ces riens et chroniqueurs Melchites », in BEO XIII, Damas,
deux forces. Les Ottomans affaiblis manifestent de plus 1951, p. 146-147.
en plus de tolérance vis-à-vis des chrétiens, cf. J. Haj jar, (13) Cf. Ch. Papadopoulos, Tàrih Kanisat Antakiya,
Le Christianisme en Orient (1684-1968), Beyrouth 1971. trad, en arabe par A. Haddad, Beyrouth, 1984, p. 783.
p. 3 sqq. Cf. aussi H. Zayat, Les Grecs melkites en Islam , cf. aussi F.Taoutel, Contribution à l'Histoire d'Alep (I,
t.I, Harissa 1953, p. 74 sqq. 1606-1827), Beyrouth, 1958, pp. 47, 49, 50, 119, 138.
(12) Cf. Levenq, L'article « Antioche » in Diction-

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[3] DEUX FA TWÀ-S D' AL NÂBULUSÏ 9
Nâbulusï tombe dans la période de vacation qui dura quelque vingt-six ans; et il signa
« Гех-Patriarche d'Antioche »(14). Durant cette époque, le Patriarche voyagea beaucoup (15),
pourtant il est fort probable que les deux hommes séjournaient tous deux à Damas, leur ville
natale, lors de cette correspondance.
La lettre adressée par Athanase Dabbãs à Nâbulusï et dont celui-ci ne reproduit dans sa
réponse que les questions qui lui étaient posées, soulève, sous forme de dilemme, des
interrogations paradoxales sur trois des problèmes fondamentaux de toute théologie (16). Malgré
l'apparence de défi lancé à Nâbulusï, on devine une courtoisie réciproque entre les deux savants.
Dans les questions du Patriarche, on remarquera que celui-ci cite un verset coranique et multiplie
les formules de politesse. Nâbulusï de son côté qualifie le Patriarche, au début de sa réponse,
comme étant l'un des « frères de l'exercice spirituel, dont les âmes nobles et les essences subtiles
sont devenues des lunes dans le ciel de la théologie ». Comme si le Patriarche voulait, par-delà
l'intention théologique, nouer amitié avec l'une des dignités religieuses, respectée de la population
et du pouvoir ottoman à Damas.

Voici la traduction française de ces questions :

« Question I : (a) Son existence - qu'il soit exalté - est-elle surajoutée à Sa quiddité ?
(b) Ou Sa quiddité est-elle surajoutée à Son existence? (17)
Si Sa qiddité était surajoutée à Son existence, Il aurait besoin d'un lieu, et le localisé
( al-mutamakkin ) aurait besoin d'un localisateur, or il y aurait régression [à l'infini].
Si Son existence était surajoutée à Sa quiddité, celle-ci manquerait de la perfection d'être.
Question II : Cet effet, la lumière raisonnable, se manifestant par la Nature humaine (al-nàsùt),
est-il effet du Principe éternel ou d'autre chose ?
S'il était de Lui, on tomberait dans la division et la partition. S'il était d'autre chose, il serait
créé. Donc le créé ne subsiste pas avec l'Éternel car s'il subsistait, il serait l'associé de l'Éternel. Et
« Toute chose périt, sauf sa Face » (Coran, XXVIII, 88) S'il (l'effet) s'anéantissait par
l'anéantissement de sa nature humaine, la rétribution et le châtiment tomberaient en désuétude, et
les mœurs (al-qawà id) seraient dissolues. Que Dieu nous en préserve ! Moi, auprès de Dieu je me
réfugie !
Question III : Ces connaissances existeraient-elles en Son essence, avant qu'elles soient ? Elles
seraient donc éternelles, et elles le resteraient; on tomberait alors dans l'association. Si elles
n'étaient point, elles échapperaient à Sa science; et l'on dirait [de Lui] qu'il est impuissant !

(14) Cf. Y. al-Dibs, Tarih Sûriya , t. 4, vol. 8, concernant le problème ontologique a été remarqué par
Beyrouth, 1905, p. 469-70. Ibn Rušd dans son Tahafut.. (cf. le R.P. F. Jabre, « Etre
(15) Cf. Ch. Papadopoulos, p. 785-787. et esprit dans la pensée arabe » in Studia islamica , XXXII
(16) C'est sur le même genre de question que le (mémoratif J. Schacht), Paris, 1970, p. 170). Mais, depuis
célèbre théologien Fahr ad-Dïn al-Ràzï butait. Des trois Ibn Sina, on considère comme synonymes plusieurs
chapitres de la théologie : Essence, Attributs et Actes termes qui expriment différentes nuances de l'être (cf. R
divins, chacun a son uqda (nœud, énigme, paradoxe), cf. Arnaldez, article Mahiyya in E.l. 2, V, p. 1253 A). Selon
Ibn Taymiyya, Dar ta àrud al- aql wa al-naql, éd. M.R. Ibn Taymiyya (728/1328), contempteur de la philosophie,
Salem, Riyad, 1979, p. 469-470. ce qui s'applique au nom de l'être s'applique également à
(17) Les terme qu'emploie le Patriarche pour celui de dàt, ayn, nafs, mahiyya et haqiqa {op. cit. p.
exprimer l'existence et la quiddité sont al- ayn et al-dat. 293). Plus tard, al-Gurgânî (816/1413) redonnera dans ses
Nâbulusï précise dans sa réponse que ce sont là deux Tarifai à certains de ces termes et à leurs semblables une
synonymes. Toutefois, il ajoute que al- ayn signifie précision plus grande (cf. éd. Istanbul 1318 H., p. 130).
l'existence concrète des choses et al-dât, la quiddité. Ce Cf. également S. van Den Bergh, E.I. ' I, 808 (article
manque de précision des termes techniques arabes 'Ayn).

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10 BARRI ALADDIN [4]

Donnez-nous un avis (aftùnà) et vous serez récompensé par la générosité de Dieu, cela afin de
supprimer la perplexité et de faire venir la lumière dans la conscience profonde. Dieu est notre
meilleur secours. »

C'est sur un point complexe qui mériterait de longues explications que porte la première
question. Elle se subdivise elle-même en deux sous-questions, la seconde ne faisant qu'inverser les
termes de la première. La première sous-question est classique. Je n'ai retrouvé la seconde, posée
dans ces termes, nulle part, mais elle n'est pas étrangère à la pensée de Nâbulusl. Peut-être le
Patriarche, à la suite de la lecture des œuvres de son correspondant, voire de discussions de vive
voix (?) avec lui, fut-il conduit à la poser ainsi. Toutefois, avant d'examiner l'influence possible de
Nâbulusï sur le Patriarche, on remontera au début de ce problème dans la philosophie
arabo-musulmane .

Historique des relations entre être et quiddité

L'interrogation sur les origines de l'inversion des termes de la première question conduit à
faire précéder l'édition du texte arabe d'un rapide exposé sur l'historique du problème des
relations entre l'être et la quiddité en général.
Partant d'Avicenne et de sa postérité philosophique, on s'est arrêté aux théologiens du IXe
siècle del'hégire (XVe siècle après J.-C.). Au-delà de ce siècle, on ne trouve en effet que des gloses
sur les commentaires et des gloses de gloses. Cela forme une littérature difficile à défricher. Une
autre difficulté s'y ajoute : cette littérature est la plupart du temps manuscrite.
En philosophie arabe l'on doit à Avicenne (m.428/1037) (,8) la première démarche systémati-
que qui fixa les contours du problème des rapports entre la quiddité (màhiyya) et l'être (al-wugûd).
Sans doute, sous l'influence des Ismaïliens et celle des Mutazilites, exclut-il toute
détermination ou définition de l'Être suprême qui est Dieu (1,). Il le répète à maints endroits : « Le
Premier, l'Être nécessaire, n'a pas de quiddité »<20). La seule « quiddité » possible du Premier est sa
inniyya (21) (hecceité), c'est-à-dire son existence confirmée ,22). Ce qui exprime la vérité pronfonde
(al-haqïqa) du Premier est sa inniyya. Mais, « Celui dont la vérité profonde est son inniyya n'a pas
de quiddité »<23).

(18) Cf. R. Arnaldez in E l- 2, V, pp. 1252 sqq. Shifa'y Paris, 1985, t. II, p. 86). Cf. aussi d'Avicenne
(19) « D'une manière générale, Ibn Sînâ évite mà al-Risala al-aršiyya, Haydar Abad al-Dakkan, 1353 H.,
hiyya en parlant de l'essence divine parce que ce mot est p. 4. Al-Gazàlî (505/1111), résumant la pensée des
trop évocateur de l'objet d'une définition », cf. A. -M. philosophes et celle d'Avicenne, reprend les mêmes
Goichon, La Distinction de l'Essence et de l'Existence idées, cf. Maqasid al-Falàsifa, éd. Dunyâ, Le Caire,
d'après Ibn Sinà, Paris, 1937, p. 344. La même conception 1961, p. 173.
est confirmée par E. Gilson : « Le Dieu d'Avicenne est (21) S. Van der Bergh le transcrit anniyya, cf.
donc le necesse esse par définition. A ce titre, il possède E.l. 2, I, 529; pour d'autres renseignements, cf. G.Ana-
l'existence en vertu de sa seule essence (...). C'est wati,Lû Métaphysique du Shifã', t. II, 218 (334,10).
d'ailleurs pourquoi Dieu est indéfinissable et ineffable. Il (22) Avicenne précise : « Il est confirmé que la
est, mais si l'on demande ce qu'il est, il n'y a pas de inniyya de l'Être nécessaire est sa quiddité (...) et la
réponse, parce qu'il n'y a pas en lui de quid à quoi la nécessité de l'être pour Lui est comme la quiddité par
question quid sit puisse s'adresser. Le cas de Dieu est rapport aux autres (choses). » Cf. al-Risàla al- aršiyya,
unique.» Cf. La Philosophie du Moyen- Age, 2e éd., Paris, éd. Haydar Àbâd, 1353 H., p. 4, cf. aussi al-Taüqat, pp.
1947, p. 354. 36, 187 et al-Šifa', 1. 1, éd. Qanawati (en arabe). Le Caire,
(20) al-Šifa' (La Théologie), éd. M.Y. Musa, Le 1960, p.45.
Caire, 1960, t. 2, pp. 344-347, 350, 373 (cf.la traduction (23) Avicenne, al-Taliqat, éd. Badawï, pp. 185,
187.
française du R.P. G. Anawati, La Métaphysique du

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[5] DEUX FATWÄ-S D'AL-NÀBULUSÎ Ц
Pourtant l'opposition de la mahiyya et de la inniyya (synonyme d'existence), n'a pas empêché
certains historiens de la théologie et de la philosophie islamiques d'attribuer à Avicenne
l'identification, au niveau du Premier, de l'existence (l'être) avec l'essence (la quiddité) (24).
Les premières confusions ou fluctuations de ces termes techniques viennent, en partie, des
traductions de la philosophie grecque en arabe (25). A la complication de la question en ontologie, il
faudrait ajouter le recoupement des mêmes problèmes chez les philosophes et les théologiens
musulmans. Donc, la facilité avec laquelle on attribue à Avicenne qu'en Dieu, al-wugùd (l'être) et
al-mahiyya (quiddité) sont unis, ne doit pas empêcher de se souvenir que Dieu (l'Être nécessaire),
initialement, n'a point pour lui de quiddité. S'il avait comme une quiddité, cela serait son être
même (26).

D'autre part, au niveau de l'être possible (al-mumkin) , l'existence est surajoutée à la quiddité
(al-màhiyya) . Dans ce cas : « Les quiddités, écrit Avicenne, ont toutes leur existence qui leur vient
de l'extérieur; l'existence leur est un accident »(27).
Selon Ibn Rušd (Averroès, m. 595/1198) (28), l'existence de toute chose est sa propre
quiddité (29). « L'être est un attribut qui est l'essence même » (30). Il serait donc d'accord avec
Avicenne en ce qui concerne l'identification, en Dieu, de l'être et de la quiddité. Mais il le critique
dans leur distinction, au niveau des possibles. « Quant à celui qui dit : « l'être est une chose
surajoutée à la quiddité, et l'étant (al-mawgùd) ne subsiste pas par lui dans sa propre substance »,
son énoncé relève fortement de la sophistique » (31). Il faudrait en déduire que l'existence n'est pas
adventice pour la quiddité.
Même lorsqu'il s'agit du sàdiq i32} (le vrai) qui a la fonction d'une rabita (copule) dans les
propositions catégoriques ( al-qadaya al-hamliyya ), l'être n'indique pas une addition. En effet, s'il
signifiait un sens surajouté à l'essence « c'est en supposant qu'il est un concept qui n'existe qu'en
puissance à l'extérieur de la conscience (al-nafs) » (33).
En même temps, Averroès critiquait les idées ď Avicenne (34) et attaquait violemment les
interprétations « tendancieuses » de la pensée de ce dernier telle qu'elle est présentée par
al-Gazâlï (m.505/1111). Celui-ci découvre, sans doute, une faille dans les arguments ď Avicenne
qui insistait trop, peut-être, sur la négation de la quiddité de l'Être nécessaire. Cela conduit aux
yeux de Gazâlï à la négation de la vérité (al-haqïqa). « La négation de la quiddité est une négation

(24) Cette contradiction mérite un éclaircissement al-Maqasid, éd. al -Matba a al-Hayriyya, Istanbul, s.d., p.
par une étude approfondie de l'évolution de ces termes et 111.
de leur imbrication. (27) al-Taíiqãt, p. 185.
(25) Cf. S. Van Den Bergh, E.I. 2, 1, 529 B; on y lit (28) Cf. R. Arnaldez, E.I. 2, III, p. 934 sqq.
également : « Nous trouvons les termes anniyya , wudjiid (29) Cf.G.Salîbâ, al-Mugam al-falsafi , Beyrouth,
et huwiyya souvent employés d'une façon interchan- 1973, Vol. II, p. 559 A.
geable. » (30) Ibn Rušd, Tahafut al-Tahafut, éd. Bouyges,
(26) La différence entre les deux propositions : a) Beyrouth, 1930, p. 331.
Sa quiddité est son être même, b) Le Premier n'a pas de (31) Ibid. , p. 304.
quiddité, est signalée par Sohrawardî d'Alep (m. 1191) (32) Le sens de ce terme est défini par Ibn Rušd, cf.
dans ses Muqàwamàt in Opera metaphysica et my s tica, ibid.,
éd. H. Corbin, Istanbul, 1945, p. 175; id, p. 398-399 où il (33) Ibn Rušd, Ibid., p. 392-93; plus précisément :
précise, afin de sauvegarder la nuance, que : « Le « L'étant qui a le sens du sàdiq est un être de raison »,
concept de quiddité qu'on lui retire, n'est pas celui qui jUiVi J ibid., p. 304.
Lui est confirmé.» Taftàzânî (m. 791/1389, cf. E.I. ' (34) Traitant de la question être/quiddité, Averroès
IV, p. 634) mentionne également cette nuance, cf. Sarh qualifie les idées d'Avicenne sur la même question de
« fausse doctrine », cf. ibid., p. 302.

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12 BAKRI ALADDIN [6]
de la vérité. Une fois que la vérité est niée, il ne reste de l'être que le nom. Il n'y aurait jamais de
nommé s'il n'était pas rattaché [mudãf) à une quiddité » (35).
Averroès qualifie la démarche d'al-Gazâl! qui consiste à surprendre Avicenne niant
totalement la quiddité de l'Être, de pure méchanceté étayée d'arguments sophistiques. « Car les
philosophes, écrit Averroès, n'ont jamais posé au sujet du Premier ni un être sans quiddité, ni une
quiddité sans être. Mais ils ont cru que l'existence au niveau du composé est un attribut surajouté à
son essence et qu'il acquiert cet attribut de l'Agent. Et ils ont cru en ce qui concerne le simple, qui
n'a pas d'agent, que cet attribut en lui n'est pas surajouté à la quiddité, et qu'il n'a pas de quiddité
qui se différencie de l'être. Non pas qu'il n'ait point de quiddité » (36).
Les théologiens musulmans ont subi fortement l'influence de ce problème tant débattu par les
philosophes. Longtemps avant Fahr-al-Dïn al-Râzï (m. 606/1209) (37), la théologie ( Ilm al-Kalãm)
s'est laissée imprégner des méthodes dialectiques de la logique et de la philosophie arabo-
musulmanes. Mais à partir du VIIe siècle de l'Hégire (XIIIe siècle après J.C.), c'est dans les
manuels du Kalàm qu'il faudrait rechercher la continuation et l'évolution du même problème.
A Samarkand, vers la fin du VIIIe et le début du IXe siècle de l'Hégire, on découvre, peut-être
pour la première fois, deux classifications des opinions de philosophes et de théologiens sur le
rapport de l'être et de la quiddité. La première est avancée par le théologien Mas'ùd al-Taftãzãní
(m. 792/1390) (38), d^ns le commentaire de son propre ouvrage al-Maqàsid (39) achevé quelques
années avant sa mort. La deuxième est celle ďal-Šarif al-öurgäm (m. 816/1413) (40), le célèbre
auteur des Ta rifât. L'intérêt de sa classification, largement influencée par celle de Taftãzãnl, est
qu'elle se base sur une présentation de tous les cas de figure dans le croisement des deux
distinctions entre être et quiddité d'une part et être nécessaire et être possible de l'autre. Toutes les
possibilités de distinction ou d'identification sont envisagées :

. nécessaire

1- L'être est identique à la quiddité du


possible

^ nécessaire
2- L'être est surajouté à la quiddité du ^
^ possible

3- L'être est identique à la quiddité du

surajouté à la quiddité du

4- L'être est surajouté à la quiddité du

identique à la quiddité du

(35) Tahàfut al-falàsifa , éd. Bouyges, Beyrouth, al-Dakkan, 1361 H. p. 4 sqq.


1927, pp. 198-199.
(38) Cf. E.I. 2, IV, 634 sqq.
(36) Cf. Tahàfut al-Tahàfut, p. 398.
(39) Cf. Šarh al-Maqàsid, éd. al-Matbaa al-
(37) Cf. G. Anawati, E.L 2, II, 770 sqq. Les Hayriyya, Le Caire s.d. pp. 111, 131, 132, 151. Il a dû
opinions d'al-Râzî sur la question du rapport entre être et être influencé par al-Baydâwî et son commentateur Mah.
quiddité, ont évolué avec le temps, et changé plusieurs b. °Ar. al-Isfahànï, cf. Matàli al-anzar alà Tawali
fois, voir M.S. al-Zarkãn, Fahr-al-Din al- Razí... Damas, al-anwàr, éd. Dãr al-Tibâ°a al- Amira, Istanbul, 1311 H.
1963, pp. 170-174. Cf. également la lettre d'Ibn cArabi Vol. 2 t. 1, p. 108.
adressée à al-Râzï, où il est question de l'impossibilité
qu'a l'intellect de connaître la paix dans le domaine de la (40) Cf. E.L ' II, 617.
connaissance de Dieu et de sa quiddité. Cf. R. al-Sayh ila (41) Sarh al-Mawàqify éd. Dãr al-Tibã a al- Àmira,
al-imàm al-Râzï, in Rasâ'il Ibn * Arabi , Haydar 'Àbaci Istanbul, 1311 H., Vol. I, t. 1, p. 256.

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[7] DEUX FATWÀ-S D'AL-NÀBULUSÎ 13
- La première possibilité est professée par ai-Asari (42) et Abù al-Husayn al-Basri (43).
- La deuxième l'est par les Mutakallimùn (théologiens musulmans).
- La troisième représente la doctrine des philosophes*44*.
- Personne ne s'est prononcé en faveur de la quatrième thèse.
Ce schéma, comme les autres classifications, reste très général. Il ne s'occupe pas des nuances
propres à chaque penseur(45). En outre, l'école de la Wahdat al-wugùd, (l'Unicité de l'être) ne peut
y trouver place. Il a fallu attendre Ar. al-ôâmï (m. 898/1492), qui reprend la classification des trois
premières possibilités auxquelles il ajoute, en quatrième position les opinions de cette école, mais
¿n se référant uniquement à Ibn Arabi (m. 638/1240) (46).
Quant aux idées d'Ibn Sabin (669-1271) (47) qui professe l'Unicité absolue, on ne les trouve
dans aucune classification. Avec des phrases courtes et tranchantes, Ibn Sab in répète à l'infini
qu'il n'y a que Dieu. Dans le commentaire du « pacte d'Ibn Sab in à ses disciples » on peut lire :
« Dieu est la quiddité de chaque étant », et ailleurs : « Il est l'être dans chaque étant » (48). Dans le
but de garantir l'unicité absolue de l'être, Ibn Sab'ïn forçant la logique aristotélicienne, écrit :
« L'Être est une proposition dans laquelle toute chose est présente» (49).

Le Patriarche a-t-il recueilli dans l'œuvre de Nábulusi l'inversion dans les termes de la première
question, ?

Il est très difficile d'imaginer que le Patriarche ignorait l'œuvre de Nâbulusï, avant de lui
demander un avis (fatwà) sur ces trois questions philosophico-théologiques. A l'époque de leur
correspondance, Nàbuhfsï avait soixante quatorze ans et avait déjà rédigé près de deux cents
ouvrages d'ampleur diverse, allant d'un simple cahier à trois gros volumes de textes (50). Il était
incontestablement l'une des plus grandes figures de la ville de Damas ainsi que l'autorité spirituelle
la plus respectée (51).
Sans doute, le Patriarche avait-il lu le livre le plus représentatif de la pensée de Nâbulusï :
al-Wugùd al-haqq (l'Être vrai) (52). C'est dans ce livre que l'on découvre, pour la première fois
peut-être, ce renversement de situation au terme duquel l'Être se voit reconnu, sur les quiddités,
un privilège ontologique. « Les quiddités, écrit Nâbulusï, sont toutes subordonnées à l'être et

ce problème, cf. à titre d'exemple les Futùhat , éd. O.


(42) Il faudrait plutôt penser ici au disciple d'al-
Ašcari (m. 324/935, d.E.L ' I, 715) cf. M.S. al-Zarkàn, Yahya, Le Caire, 1972, 1. 1, pp. 202 et 212; cf. plus loin :
Fahr al- Din al-Ràzi, Damas, 1963, p. 167 et note 1. « La réponse de Nâbulusï au Patriarche ».
(43) (m. 436/1044), cf. Kitab al-Mutamad, éd. M. (47) Cf. E.I. ' III, 945 sq.
Hamidullah, Damas 1964-65 en 2 tomes (introduction et (48) Cf. Rasä'il Ibn Sabin, éd. Badawi, Le Caire,
biographie dans le 2e tome). 1956, pp. 113 et 192.
(44) A comprendre ici : Avicenne et ses disciples. (49) Ibid. p. 194 : « »
(45) Il est difficile de ranger, dans ce schéma, (50) Cf. В. Aladdin « al-Masrad al-naqdi bi-asmã'
mu'allafát... », Magallat Ma¿ma al-luga al-arabiyya bi
al-Gazâlï avec les aS°arites; ou Ibn Hazm (m. 456 H.) avec
Dimašq , t. LIX, Damas 1984, Vol. I, p. 107.
les philosophes, bien que ses idées ressemblent à celles
(51) Ibid., p. 105; et Thèse , Vol. II, « La vie de
d'Avicenne, cf. al-Fisal ..., Le Caire, 1317 H., Vol. II, Nâbulusï ».
p. 173 sq.
(52) Ibid., Vol. II, p. 166 sqq. Ce livre fut rédigé
(46) al-Durra al-Fahira , Le Caire, 1935 (Imprimé quelque vingt ans avant leur échange de lettres, et on en
avec Asas al-taqďis de Ràzî), p. 204-205; mais il faudrait trouve actuellement 18 copies Mss., cf. id. Vol.I, pp.
une étude spéciale pour dégager les idées d'Ibn °Arabï sur 233-234.

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14 BAKRI ALADDIN [g]

subsistent par lui. L'être ne leur est pas subordonné et ne subsiste pas par elles » (53). De même,
dans un petit traité écrit quelque quatre ans plus tard (le mardi 27.02.1108/25.09.1696), Nàbulusi
reprend les mêmes idées, et forme l'énoncé selon lequel la quiddité se trouve surajoutée à l'être !
Nous lisons dans le Haqq al-yaqin wa hidàyat al-muttaqïn (La véritable certitude et le guide des
pieux) : « Que la quiddité des étants soit surajoutée à leur être commun, cela est une évidence.
Car ce par quoi toutes les quiddités des étants se distinguent entre elles selon des déterminations
(taqàdir) de la Science (divine), est distinct de ce à quoi toutes participent en commun : la
qualification de l'être (...). Toutes les quiddités des étants sensibles ou intelligibles, sont des
déterminations pour le non-être ( adamiyya), selon leur ordre de précédence et d'antécédence
dans la Science et la Volonté du Vrai.

L'Être qui, pour l'intellect et les sens, les qualifie toutes est véritable et ne change pas. Quant
à elles, elles ne se différencient nullement les unes des autres sous le rapport de sa qualification. Il
est faux qu'il leur soit identique. Il est catégoriquement autre. Il est plus juste et plus adéquat,
selon les sens et l'intellect, de juger qu'elles Lui adviennent, et non que lui-même leur advient. En
effet, quelques unes d'entre elles disparaissent et s'anéantissent. Or l'Être ne disparaît ni ne
s'anéantit dans les autres étant » (54).

Cette citation ne contient pas, textuellement, l'inversion qu'opère le Patriarche sur la


première question. D'autant plus qu'il la pose au sujet de Dieu, chose que Nàbulusi qualifie de
procédé d'analogie entre l'Éternel et le créé. Il ne faut pas prétendre donc que cette citation
constitue une preuve irrévocable de l'influence des lectures de Nàbulusi sur le Patriarche. Mais,
faute d'autres renseignements, on peut la tenir pour plausible. Il est possible d'ailleurs que le
Patriarche ait subi l'influence d'autres lectures dont la connaissance nous aura échappée <ss>.
Malheureusement la réponse de Nàbulusi ne fournit pas de détails sur ses ouvrages précédents et
ne laisse pas entrevoir d'éventuelle rencontre entre les deux savants.

La réponse de Nàbulusi à la première question du Patriarche.

La réponse de Nàbulusi doit être comprise dans la doctrine de l'Unicité de l'être. Nàbulusi
étudia cette doctrine dans sa jeunesse, à travers ses grands représentants. Parmi les plus célèbres, il
faut signaler Ibn Sab in <эд qui a une vision spéciale, celle de l'Unicité absolue. Mais l'influence
d'Ibn 'Arabi sur Nàbulusi reste la plus importante <J7), bien que ce dernier garde son originalité en

(53) al-Wugàd al-haqq, Ms. Copié par M. Tandatâ'î et examine le rapport entre l'être et la quiddité dans
al-Azhari en 1282 H. (collection privée de M.-R. plusieurs chapitres, cf. ibid . ch. VII, XI, XIV, XXII.
al-Mâlih, Damas), chapitre XXII, (p.81). En critiquant (54) Cf. Ms. Sûleymaniyé kûtûphanesi, Istanbul,
les idées des philosophes musulmans, Nàbulusi attribue à fonds Halet Efendï, №759, (ff. 178M8 0", 1123H.) f. 179
la raison philosophique cette argumentation: « L'être est b, cf. aussi B. Aladdin Thèse , Vol. I, pp. 101-102.
subordonné aux quiddités, à cause de l'éminence que la (55) Une autre éventualité peut être envisagée, celle
raison leur attribue, de leur nombre et de leur noblesse; d'un croisement de connaissance de la théologie et de la
et de même parce qu'elle trouve l'être vil. C'est ainsi philosophie islamiques d'un côté, avec la théologie et la
qu'elle le nomme « être causé », et le rend subordonné philosophie chrétiennes de l'autre. On pense également
aux choses [qui ont une quiddité]. Elle estime l'être ici à ses lectures en langue grecque (?).
comme moindre et indigne par rapport à la multiplicité et (56) Quelques citations d'Ibn Sabin figurent dans
à la grandeur des choses. Elle juge qu'il dépend d'elles, et al-Wugùd al-haqq de Nàbulusi, op. cit., pp. 69, 134, 164.
non qu'elles dépendent de lui.» ibid. Nàbulusi critique (57) cf.B. Aladdin Thèse , Vol. II, pp. 146-156.
également les théologiens comme Isfahànï et Taftàzànï;

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[9] DEUX FATWÀ-S D'AL-NÀBULUSÎ 15
ce qui concerne sa conception des rapports entre l'être et la quiddité. Tout d'abord il récuse dans
sa réponse au Patriarche toute comparaison entre Dieu, l'Être vrai, et les choses créées car tout ce
qui n'est pas être est néant (58).
Cependant les êtres créés ont, chez Nâbulusï comme chez Ibn 'Arabï, une fonction
cosmologique qui consiste à voiler l'Être divin. C'est par une dialectique de jeu de miroirs que l'on
peut se représenter le rapport entre la Manifestation (Zuhûr) de l'Être et l'occultation des étants.
« Ce n'est que pour nous-mêmes, écrit Nâbulusï dans sa réponse au Patriarche, qu'il se manifeste
et qu'il s'occulte. Lorsqu'il parait, toute chose s'occulte. Lorsqu'il s'occulte, les choses paraissent
par Sa manifestation. Les insouciants rapportent celle-ci aux choses »
Nâbulusï termine sa réponse sur la première question par la négation, au niveau de Dieu, de la
distinction entre être et quiddité. « Sachant que la quiddité et l'être (l'existence) sont en Dieu une
seule chose, car II est une essence unique, l'universel et le particulier ne sont compris en aucune
façon ni d'aucune manière dans cette Essence, et on n'affirme rien de tel. De même, l'unicité du
Vrai et l'unicité de l'Être sont une seule et mcme chose, une seule et même vérité qui implique
l'anéantissement de l'intellect, de celui qui intellige et aussi de l'intelligible » <60).

La réponse de Nâbulusï à la deuxième question du Patriarche.

Toutes les réponses que Nâbulusï donne au Patriarche sont improvisées. Il ne cite aucune
référence, comme c'est le cas dans d'autres traités. Il signale à la fin de sa « lettre » qu'il est
toujours prêt à donner au Patriarche d'autres renseignements sur les points qui lui paraîtraient
encore obscurs.

Sa réponse à la deuxième question n'ajoute rien de nouveau à notre connaissance sur les
polémiques islamo-chrétiennes à propos de la nature du Christ. Le Patriarche demande : « Cet
effet, la lumière raisonnable, se manifestant par la Nature humaine (al-nâsùt), est-il effet du
Principe éternel ou d'autre chose ?... » Le Christ n'est pas nommé, mais le terme nàsùt (terme
opposé à Làhùt : Nature divine) qui appartient au vocabulaire de la théologie melkite y renvoie
évidemment. Le Patriarche pose plutôt la question sur un plan philosophique; elle entre dans la
rubrique du problème du rapport entre l'Un et le multiple, entre Dieu et l'homme.
La réponse de Nâbulusï aborde le problème d'un point de vue théologique fidèle au Coran.
Elle s'inspire également d'Ibn Arabï à propos de la notion de Halq gaďid (la création
récurrente) (61).

(58) Nâbulusï écrit dans le Haqq al-yaqin : « Il n'y a dans lequel il écrit : « La connaissance que nous avons de
aucun être véritable hormis son Être, Lui, le Très-Haut. Lui repose sur sa Théophanie et sa Manifestation. Il nous
Toutes les choses sensibles et intelligibles sont, par Lui, apparaît sous les formes de chaque intelligible comme de
déterminées et formées. C'est par Lui qu'elles subsistent, chaque sensible. Si le Vrai se manifeste sous une forme,
la forme s'occulte. S'il s'occulte derrière une forme,
qu'elles se précèdent et se succèdent, conformément à
l'ordre qu'il leur prescrit. Il est le Manifeste (al-zâhir) celle-ci apparaît. S'il se manifeste sous une forme à un
dans chacun des atomes des mondes créés (al-akwan)y gnostique, celui-ci Le voit, sans voir la forme, encore
sans s'y mélanger ni s'y confondre. Car tout est néant, qu'il ne voit qu'elle. S'il s'occulte aux yeux de l'insou-
hormis sa Face. C'est par Lui que les étants sont. Si tu te ciant, derrière une forme, celui-ci voit la forme mais il ne
tournais vers Lui et méditais sur ce qu'il est, [tu Le voit pas (...) alors qu'il Le voit; voilà qui est
trouverais] que tout est non-être, et que Lui seul est prodigieux ! », cf. ch. XI (pp. 15-16).
l'Être vrai. » Cf. f. 180a. (60) Cf. le texte arabe p. 24.
(59) cf. le texte arabe infra , p. 24. Pour mieux (61) Sur la notion de « récurrence de la création »
comprendre cette idée très condensée dans la réponse de chez Ibn Arabï, cf. H. Corbin, Imagination créatrice dans
Nâbulusï, on peut se référer à son livre al-Wugud al-haqq le soufisme d'Ibn 'Arabi, 2e éd. Paris, 1976, p. 155 sqq.

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16 BAKRI ALADDIN [10]

Il appartient aux historiens qui se penchent sur l'étude de la polémique islamo-chrétienne


d'analyser le contenu de cette réponse, et de la resituer dans un cadre plus approprié afin d'en tirer
profit.

La réponse de Näbulus! à la troisième et dernière question du Patriarche.

La connaissance que Dieu a des choses constitue l'un des points les plus débattus de la
théologie et de la philosophie islamiques. Le problème de la Science divine est examiné sous le
rapport de l'essence et des attributs de l'Être suprême. La science fait partie des sept attributs
essentiels(62), selon les mutakallimùn. Les philosophes arabes qui ont subi l'influence d'Aristote ont
nié que les particuliers, choses en devenir (sensibles, matérielles, contradictoires), soient connus
comme tels par Dieu. En effet Avicenne pense que la Science de l'Être nécessaire se fonde selon
un mode universel : « Il saisit donc les choses singulières en tant qu'elles sont universelles » (63).
L'impossibilité pour Dieu d'intelliger directement les choses, sans passer par les universaux,
choque les théologiens musulmans et conduira al-Gazâlï à critiquer Avicenne. Dans son Tahàfut , il
qualifie d'infidèles ceux qui déclarent que Dieu est incapable de connaître les choses particulières.
A propos de cette question, Ibn Rušd ne réussit pas à contrarier l'influence de Gazâlï sur la
théologie postérieure (64).
L'école de la Wahdat al-wugùd (l'Unicité de l'être) recourt, avec Ibn Arabï à la notion des
ayàn tàbita (hecceités éternelles) afin d'échapper à cette contradiction entre éternel et créé dans la
Science divine.

Chaque être a deux niveaux d'existence, le premier est éternel dans la Science divine, le
deuxième est sa réalisation dans le monde sensible. L'hecceité éternelle, ayn tàbita est l'archétype
de chaque individu créé; et le passage dans le monde n'enlève pas à l'archétype sa force et sa
plénitude ontologique première. Au contraire, selon Ibn Arabi les êtres créés sont de pures
contingences, et les archétypes ne varient pas dans la Science divine(65).
Il est difficile de rendre compte de cette question complexe en quelques mots, mais ces courtes
remarques suffiront à suggérer que le Patriarche aura pris, peut-être, connaissance (directement,
ou par Nâbulusï) de la doctrine d'Ibn Arabi relative aux ayan tàbita. La première partie de sa
troisième question y fait penser : « Les connaissances existeraient-elles en Son essence, avant
qu'elles soient ? Elles seraient donc éternelles et elles le resteraient; on tomberait alors dans

(62) Al-ôuwaynï (m. 478/1085) divise les attributs Gauthier, 3e édition, Paris, 1983, pp. 34-38. On trouve un
divins en deux sortes : des attributs d'essence (sifàt résumé de la question dans cAk. Šahrastáni, Nihayat
nafsiyya), et des attributs ajoutés à l'essence (sifàt al-iqdàm , éd. A. Guillaume pp. 215-237. En théologie,
manawiyya), attributs qualificatifs. Les premiers sont : on peut consulter le Šarh al-Mawàqif de ôurgânï, tome 3,
la vie, la science, la puissance, l'ouïe, la vue, la volonté et (éd. Dar al-Tibà a) pp. 53-66.
la durée, cf. Ar. Badawi, Histoire de la philosophie en (65) Sur les ayàn tàbita , cf. Ab. Afîfï in al-Kitàb
Islam, Paris, 1972, Vol. I, p. 368 et p. 327. al-tadkàri (livre du mémorial du 8e centenaire d'Ibn
(63) Cf. Ibn Sînà, Šifa' (Ilàhiyyàt), 2 Vol., Le Caire, cAraÎ>i), Le Caire, 1969, pp.209 sqq, cf. aussi S. Hakïm,
1960, p. 360; et traduction française par G. Anawati, al-Mugam al-sufi, Beyrouth, 1981, p. 831 sqq. Ayn tàbita
Paris 1985, t.IIt p. 98. peut signifier : essence (individuelle) invariable dans son
(64) Cf. al-Gazâlï, Tahàfut al-falàsifa, éd. Bouyges, être qui est celui de l'Être suprême et invariable dans la
Beyrouth, 1927, pp. 210-218; et Ibn Rušd, Tahàfut Science divine; même dans sa manifestation au monde
al-Tahàfut , éd. Bouyges, Beyrouth, 1930, pp. 424-446. sensible sous le commandement d'un nom divin. A
D'autre part, Ibn Rušd consacre un petit chapitre à propos de la traduction de ce terme : « hecceité éter-
l'étude du problème de la Science divine, cf. L'Appen- nelle », cf. H. Corbin, Imagination créatrice..., p. 271,
dice du Fasi al-maqàl (Traité décisif), éd. et traduction L. note 163.

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[H] DEUX FATWÀ-S D'AL-NÀBULUSÎ 17
l'association ! » L'éternité que cette théorie reconnaît aux « hecceités éternelles » ne revient-elle
pas à les diviniser ? En effet la doctrine de l'Unicité de l'être répond par un demi-oui. Elle
reconnaît que l'Être est un dans l'ensemble des étants, mais ces derniers ne sont pas l'Être vrai qui
est Dieu. Parce qu'ils tiennent leur être de l'Absolu, les étants, au niveau des « hecceités
éternelles » ne font qu'un avec Lui. « L'Essence originelle est une pour la totalité et dans la
totalité et dans la totalité » (66). Mais eux-mêmes, non-êtres et pures contingences, ils ne Le
composent pas; leur ensemble ne l'égale pas. Selon une formule d'Ibn Arabi : « Les hecceités
éternelles n'ont jamais senti l'odeur de l'existence ! »(67).
Sous l'influence d'Ibn Arabi, Nãbulusi faisant appel à l'expérience mystique afin de résoudre
le paradoxe résultant du rapport des choses créées avec l'Être absolu, écrit : « Si la raison
approfondissait la question, elle trouverait que les choses sont toujours à l'état de non-être originel
et que l'Être est toujours ce qu'il est. Aucun changement n'affecte leur réalité foncière. Car le
non-être ne sera jamais la qualification de l'Être et de même, l'Être ne sera jamais qualification du
non-être. C'est en cela que réside le sens de l'anéantissement sur la voie mystique, le sens du
témoignage (šuhiid) et de la vision directe ( iyan ). Ainsi lorsque l'être paraît à l'être, la vision et le
témoignage se confirment après que toutes les formes extérieures ( rusùm ), et toutes les limites
(hudùd) ont disparu » m).
La réponse de Nãbulusi sur la troisième question est très courte. Elle ne s'appuie sur aucun
développement historique du problème, et ne s'inspire d'aucune « somme » théologique, mais elle
adopte plutôt le ton de l'improvisation et de la réponse « du tac au tac » î En ce qui concerne la
première partie de la question Nãbulusi réplique : « Les choses connaissables ne sont pas
indépendantes quant à leur être dans la science de celui qui les connaît. Sinon elles ne seraient pas
connaissances [contenues], mais bien contenantes (mazrùfàt). Lorsque dans la science de celui qui
les connaît, c'est par son existence et non par quelqu'autre existence que les connaissances
existent, elles sont par elles-mêmes non-existantes. » Il ajoute pour répondre à la seconde partie
de la question : « C'est un argument très faible. Comment pourraient-elles échapper à Sa science,
si elles étaient ses propres connaissances? »
Malgré la concision dans les réponses de Nãbulusi, cet échange d'idées entre lui et le
Patriarche garde toute sa valeur et mérite une place particulière dans l'histoire des idées de la fin
du XVIIe siècle dans la ville de Damas. Ce document témoigne, à une époque de relatif
assoupissement intellectuel, d'une curiosité philosophique qui suscite l'admiration. L'infatigable
activité de polygraphe de Nãbulusi perpétue la tradition philosophique et théologique en Islam.
Quant aux mérites du Patriarche, on les découvre dans cette ingénieuse formulation des questions
théologico-philosophiques les plus ardues, et dans sa connaissance de la pensée musulmane écrite
en arabe. Ses qualités ne sont pas moindres que celles de son correspondant et c'est aux historiens
de l'Eglise melkite en Syrie qu'il convient de mieux les faire ressortir.

(66) Cf. Ibn Arabi, Fusûs al-hikam, éd. Afifî, même. Même son existence concrète ne lui appartieni
Beyrouth, 1982, p. 76. pas. Elle appartient plutôt à Celui qui la fait paraître. Or,
(67) ibid. Sur le même problème de la Science il n'y a là rien d'autre que Lui. Car le souffle du
divine des choses créées chez Ibn Arabi, référons nous à Miséricordieux ( nafas al- Rahman) est l'essence des êtres
une autre conception de la doctrine de l'Unicité de l'être, existants (al-kainat). » Cf. al-Futuhat al-makkiyya , Le
celle de Kalimat Allah (les Verbes de Dieu) : « Que sont Caire, 1329 H., II, p. 404. Cf. aussi id. I, 366; II, 400,
les choses créées ? Dans l'Être il n'y a que Dieu. Les 402; III, 230; IV, 5, 65, 166.
étants ( al-mawgùdat ) sont ses Kalimat (Verbes) (...) Ce (68) Cf. Ms. al-Wugiid al-haqq, chapitre XIX,
qu'elle possède, la chose créée ne le tient pas d'elle- (p.47).

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18 BAKRI ALADDIN [12]

II - LE LIBRE CHOIX DES HOMMES D'HABITER DANS TOUTES LES CONTRÉES.

La deuxième fatwã fut rédigée entre 1105 et 1126 H./1693 et 1714. Le point de départ est une
question posée au mufti hanbalite de Damas, Abù al-Mawâhib al-Hanbalï (m. 29 sawwãl 1126
H.) m et au mufti šafiite Ahmad al-Gazzï (m. 1143/1730) (70). La même question fut reposée à
Nâbulusï en tant que représentant de l'école (rite) hanafite. Le mufti hanbalite donna une fatwã
très courte, de quelques lignes, et le mufti Šáfiite l'adopta et la confirma. Nâbulusï les reproduit
dans son épître.
La réponse de Nâbulusï est beaucoup plus longue, plus détaillée, et procède à une
comparaison historique avec d'autres cas du même problème. Bien que les trois savants
damascènes soient d'accord pour dénoncer l'injustice, Nâbulusï s'étend pour défendre le droit de
chaque être humain, nonobstant sa religion, à retrouver sa patrie ou sa terre natale.
Il s'agit de deux paysans originaires du village Asqùfiyya (Suqùfiyya) dans le Golan en Syrie.
Suite à une destruction qui frappa leur village, ils émigrèrent vers un autre village : al-Sùq dans la
vallée du Baradã (7,). Après un très long séjour à al-Sùq, ils décidèrent de rentrer chez eux afin
d'exploiter leur terre et le bien qu'ils avaient abandonnés. Mais le Sipahi (72) du village (al-Sûq) les
empêche de partir. Sans doute craignait-il de perdre deux contribuables. Attendant de la justice
qu'elle légitime son opposition à leur décision, il consulte un juge appliquant la Loi islamique
hãkim al-šar . Or non seulement celui-ci lui donna tort, mais il délivre contre lui une hugga (arrêt),
inspiré d'une ancienne fatwã , lui interdisant... de leur interdire de se déplacer librement (73).
Dépité, le Sipahi choisit d'aller plus haut et fait appel auprès du hãkim al-urf (74) (sans doute le
gouverneur Ottoman de la province de Damas). Il commet des soldats « sukbãn » (75) pour se saisir
des hommes et les faire comparaître devant ce hãkim. Dès qu'ils lui sont amenés celui-ci ordonne
de les embastiller. Arrêtés, ils sont désormais à la merci du Sipahi, lequel, à l'insu du hãkim al-urf '
les menace de mort s'ils refusent de s'acquitter du paiement d'une amende (g arima ) (76) dont il leur fait
croire que c'est le hãkim al- urf lui-même qui l'exige pour leur libération.

(69) Cf. Murâdî, Silk ad-durar , I, pp. 67-69. qànûn, cf. id., 1. 1, p. 91 : S? ^ *
(70) Cf. U. Kahhâlah, Mu ¿am, I, pp. 280-281. « jjJUJl L'opposition entre hakim al-šar et hakim
(71) Les deux villages sont à une cinquantaine de al-urf est celle qui existe entre la Loi religieuse et
kilomètres chacun de Damas, le premier à l'ouest, le l'intérêt politique ou la raison d'État. Pour la première
second au nord-ouest. fonction, le terme de hakim est synonyme de qadi. Ce
(72) Cavalier possesseur d'un fief. cf. Ak. Râfeq, « juge » tient son autorité du Šayh al-islâm nommé par le
Buhût fi al-târih al-iqtisaďi .... Damas, 1985, pp. 138-140. Sultan pour appliquer la loi islamique. Quant au hakim
Dans le texte autographe de Nâbulusï, le mot sipahi est al-urf, c'est le « juge » en matière de politique. Il est le
souvent suivi du mot al-Zdim barré. Il s'agit du plus haut gouverneur, le représentant du Sultan dans les provinces,
grade des Sipahis. Sur ces termes cf. N.R. al-Hmud, The son agent militaire et administratif lorsqu'il s'agit de
Military in Syria , Beyrouth. 1981 (éd. arabe), pp. 56, 59, rétablir la sécurité et de collecter les impôts. Sur ces deux
60, 203 sqq. points, son autorité dépasse celle du qàdi. Au sujet du
(73) Sur la différence entre la fonction du juge et conflit entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif,
celle du mufti , cf. M. A. Bakhit, The Ottoman Province of cf. U. Heyd, Studies in old Ottoman Criminal Law ,
Damascus in the sixteenth Century, Beyrouth, 1982, pp. Oxford, 1973, et, particulièrement, pp. 168-171, sur le
119-134. sens du terme « urf ».
(74) Nâbulusï, dans cette fatwã , emploie les deux (75) Sur les Sukbàn comme force militaire cf. N.R.
termes hakim al-urf et hakim al-siyasa comme syno- al-Hmud, op.cit ., pp. 152 sqq. et 173 sqq, et Ak. Râfeq,
nymes, de même que Ramli auquel il se réfère fréquem- op. cit, pp. 138-140
ment, cf. al-Fatawa al-hayriyya , Le Caire, (éd. Bulâq) (76) cf. R. Dozy, Supplément aux dictionnaires
1273/1857, t. II, p. 138 sq. Sur al- urf synonyme de arabes, Leyde, 1881, I, p. 188B.

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[13] DEUX FATWÀ-S D'AL-NÀBULUSÎ 19

Les paysans, libérés et ramenés à al-Sûq, consentent à en payer une partie et à signer au
Sipahi, pour le reliquat, un « billet » (tamassuk)01).
Une fois sortis de prison et après que le Sipahi leur ait représenté leur dette, ils consultent les
mufti- s. Voici les questions auxquelles ils demandaient une réponse écrite sous forme de fatwà:
1. Sont-ils obligés de payer le reliquat de l'amende ?
2. Le Sipahi doit-il leur rembourser la somme qu'il avait touchée ?
3. Le Sipahi a-t-il le droit de s'opposer à leur départ et de les forcer à rester dans son village ?
4. Peut-on mettre en application « l'arrêt » du juge (qaďi al-šar)> lui interdisant... l'interdiction de
les laisser partir ?
L'essentiel de la fatwà de Nâbulusï revient à dénoncer l'action du Sipahi et des représentants
du pouvoir qui le soutiennent. Il juge que l'incapacité du juge à faire appliquer ses décisions
constitue un symptome de la faiblesse de l'Islam à cette époque. Nâbulusï pense que l'amende
perçue par le Sipahi évoque le kasr al-faddàn <78) (le fait de « briser » l'exploitation de ses terres ou
de les laisser en friche), et que l'argent touché par le Sipahi est illicite du point de vue de la
jurisprudence islamique. Ainsi le « billet » est illégal et le Sipahi doit rembourser aux deux paysans
la partie perçue de l'amende.
L'affaire de ces deux paysans est plus grave encore que l'amende appelée kasr al-faddàn ,
frappant les paysans de l'époque. Car les paysans qui abandonnent leur terre cultivée, lç font pour
des raisons multiples : fuir l'injustice, travailler dans la ville ou y faire des études. Dans certaines
circonstances sociales ou politiques, l'Islam encourage l'émigration (higra) suivant l'exemple du
Prophète. Le fait d'empêcher quelqu'un de rentrer chez lui est pire que l'obliger à y rester pour
cultiver ses terres. Priver un homme de regagner sa patrie ou sa terre natales équivaut au crime de
meurtre. Afin de prouver cette parenté entre les deux crimes, Nâbulusï se réfère au verset
coranique : « Et si nous leur avions prescrit : 'Entre-tuez-vous !' ou bien : 'sortez de vos
maisons !'; ils ne l'auraient pas fait (...) » (IV, 66).
Le Sipahi, selon Nâbulusï, doit être puni pour servir d'exemple. Il mérite un châtiment qui va
du ta zir (réprimande en public)(79) jusqu'à l'incarcération. Quant à sa foi, elle est mise en doute. Ce
qu'il fait, s'il le fait consciemment, amènerait à le considérer comme infidèle (kàfir).
Dans le développement de ses idées, Nâbulusï s'inspire largement de Hayr al-Dïn al-Ramlï
(1081/1670), et cite de nombreux passages de ses Fatàwà (80). De même, il se réfère à d'autres
auteurs de Fatwà ou de tafsir (exégèse du Coran) pour étayer ses arguments.
L'essentiel de la réponse tient dans cette condamnation du Sipahi : Il est illicite d'empêcher
un homme de se déplacer librement.
Il est certain que c'est une force morale qui donne au document publié ici un sens de justice et
de piété digne d'un savant comme Nâbulusï. Le sort des deux paysans est inconnu dans le texte de
la fatwà. Car celle-ci n'a pas l'autorité exécutive qui revient au pouvoir juridique ou politique. Par
ailleurs, on ne peut pas juger l'histoire d'une province ou d'un empire à partir d'un document, bien

(77) Ibid. , II, p. 601 A. d'un Qanunnama relatif au Bilâd Aš-Šám du temps de
(78) Sur ce terme cf. S.M. Seikaly, « Land tenure in Salim II (1566-74)? », in Revue d'Histoire maghrebine ,
17th century in Palestine, The Evidence from the 12e Année, №* 37-38 Tunis, 1985, pp. 58-59.
al-Fatawa al-Khairiyya », in Land tenure and social (79) Au sujet du ta' zir et des autres punitions, cf.
transformation in the Middle East , éd. by T. Khaiidi, U.Heyd, Studies in Old Ottoman Criminal Law , pp.
Beyrouth, 1984, p. 405; cf. également id., J. -P. Pascual, 259-311.

« The Janissaries and the Damascus Countryside » p. (80) Sur al-Ramlï et ses Fatàwà, Cf. S.M. Seikaly,
561 sqq. Sur le faddan , le même « Une traduction arabe op. cit. pp. 397-408.

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20 BAKRI ALADDIN [14]

que ce document jette de la lumière sur le problème de l'agriculture dans l'empire ottoman et dans
la Syrie plus particulièrement. Ce qui nous intéresse ici, c'est le mot de Nâbulusï et sa prise de
position humaniste.

ÉDITION CRITIQUE DES TEXTES


ARABES DES DEUX FATWÀ-S

Les manuscrits

I - Le premier traité , dont on publie ici le texte arabe est la correspondance entre Nâbulusï et un
destinataire qu'on peut vraisemblablement identifier au Patiarche melkite Athanase Dabbãs (m.
1724). On en possède quatre copies :

A) ( f ) Celle du fonds de l'école Ahmadiyya, à Alep, № 834 (81). Elle est écrite par le
secrétaire de Nàbuulsî (son disciple le plus proche qui copia une grande partie de l'œuvre de son
maître), Muhammad al-Dakdakgí (m. 1131 H./1719)(82). C'est également cette copie qui servira de
base pour l'édition critique du texte en question. Elle porte une date très proche (identique ?) à
celle de la rédaction originale. La datation de l'arrivée de la lettre du Patriarche à Nâbulusï
correspond au début du mois de Du al-Qada 1124 H. Plus précise encore est la date donnée par le
copiste (Dakdakgï) : le 8 al-Qada 1124 H. (Mer. 7/XII/1712).
Donc la valeur de cette copie est incontestable par rapport aux autres qui comportent,
d'ailleurs, un certain nombre d'erreurs et de contresens.
On imagine, enfin, que la copie autographe de l'auteur devait être envoyée au Patriarche(83).
Car lorsque Nâbulusï n'envoyait pas d'autographe à ses correspondants, il mettait une note et
apposait son sceau personnel à la fin du document écrit par son secrétaire(84). Ce qui n'est pas le cas
ici.

L'édition critique donnée ici-même, tant pour le premier traité que pour le second, respecte
les règles ďorthographe en usage aujourd'hui (85).

B)(^) La copie de la bibliothèque Süleymaniye , à Istanbul, fonds Bagdatli vehbe Efendi, №


2112, ff. 16b-19a, ne comporte pas de date de rédaction. Mais on déduit facilement de la formule
coutumière précédant le traité de l'auteur, que le copiste écrivit du vivant de celui qu'il nomme
« notre maître », c'est-à-dire Nâbulusï (86). Bien que cette copie contienne quelques erreurs ou
faux-sens par rapport à la première, elle reste la meilleure par rapport aux autres copies existantes.
C'est pour cette raison qu'on l'adopte ici comme seconde copie pour l'édition critique du texte
arabe (87).

(81) Ce fonds se trouve à la B.N. de Damas. qu'il ne possède pas de pareil manuscrit.
(Maktabat al- Asad = ex-Zahiriyya) , il sera incorporé dans (84) Cf. B. Aladdin, Thèse, Vol.I, pp. 280-281.
le catalogue général, en cours de préparation. On peut (85) L'écriture et l'orthographe de l'arabe du XVIIe-
lire sur le sceau se trouvant au début de cette copie : XVIIIe siècle (et jusqu'à nos jours) sont presque identi-
olj WW ^ ¿^1 ques. Les seuls changements introduits ici sont, la plupart
, *'o A j -*-4 ôJLÇ Ut-lit du temps, la place de la hamza , ou sa conversion en î.
(82) Cf. CU. Kahhàla, Mu£am...y Damas 1959, (86) Le début du texte arabe des deux copies A et В
VIII, 214. signifie que Nâbulusï était encore en vie.
(83) Le service de documentation de l'Archevêché (87) En marge de cette copie, on trouve quelques
d'Antioche (grec orthodoxe) à Damas, nous a affirmé notes explicatives sans importance.

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j15j DEUX FATWÀ-S D'AL-NÁBULUSÍ 21
С) Il reste deux copies dont nous n'avons pas tenu compte. Nous les avons écartées après les
avoir consultées, de peur d'encombrer cette édition d'un grand nombre de notes qui
n'amélioreraient pas l'état du texte.
a) Le manuscrit de la première copie se trouve à la Süleymaniye à Istanbul , fonds Esad
Efendi, № 1730, ff. 99a- 103a. Le nom du copiste n'y figure pas; toutefois elle est datée du samedi
11 Rabť I, 1164 H.
b) Le manuscrit de la seconde se trouve à Princeton, fonds : Garret Collection № 5181, ff.
15b-22b. (cf. R. Mach, Catalogue of Arabie Mss., Princeton 1977, № 2418). On ne connaît pas le
nom du copiste. Elle fut écrite en 1282 H.

II - Le deuxième traité est intitulé « Le libre choix des hommes d'habiter dans toutes les
contrées ». On publie ici la copie autographe de Nâbulusl. Elle est à la Bibliothèque Nationale de
Damas : Maktabat al-Assad (ex-Zâhiriyya), № 4008, ff. 42a-44b. Il y a deux autres copies dans la
même bibliothèque (88> : № 7177 (ff. 268a-271b, 1155 H.) et 5316 (ff.292b-299b, copiée en 1144
H.). Ce dernier manuscrit nous a aidé à suivre la lecture du texte autographe. Nâbulusï ne donne
aucun renseignement sur la date de rédaction. Une estimation basée sur l'étude des listes
bibliographiques écrites par Nâbulusï même (89), et sur la connaissance de la date de la mort de Abù
al-Mawähib al-HanbalT (1126 H.) (Cf. supra) permet de l'insérer entre 1105 et 1126 H./1693 et
1714.

(88) A la bibliothèque Süleymaniye, Istanbul, il y a (89) Cf. В. Aladdin, al- Masrad al-naqďi, op. cit. I,
une quatrième copie, celle du fonds ôelebi Abdullah pp. 97-115, II, pp. 334-338.
Efendi, № 385 (ff. 264a-270a).

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TEXTE DES FATWÀ-S

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[17] DEUX FATWÁ- S D'AL-NÀBULUSÎ 23
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24 BAKRI ALADDIN [18]
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J 19] DEUX FATWÁ-S D'AL-NÀBULUSÎ 25
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26 BAKRI ALADDIN [20]

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[21] DEUX FATWÂ-S D'AL-NÀBULUSÍ 27
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28 BAKRI ALADDIN [22]

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[23] DEUX FATWÀ-S D'AL-NÀBULUSi 29
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30 BAKRI ALADDIN [24]

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[25] DEUX FATWÀ-S D'AL-NÀBULUSÌ 31
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j4>- c-aJjII J y>- . nv T ^ с ^Лû V / ^ TVV (c3 Xtí) ' a¿jJí . j- ^


Samir M. Seikaly, « Land tenure in 17 th Century Palestine... » in land tenure and social . j •LM* ò*^
transformation in the Middle East , éd. by T. Khalidi, Beirut 1984, pp 397-408. '

JUL* ^JÜiSj 405 ^jP (. JjLJI ^iaJl «jlJbÜI j~S)) J j>- - T


J. -P. Pascual, «The Janissaire and the Damascus Contryside », Ibid., pp. 364-365 -r 369 (notes : 51,54).

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Õ ja J5 . L^oLS^ JOo Ãjjla >t д Ц^-jPjj 4^IS с I (Ц-^ř^Jj) ci ■ ^
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32 BAKRI ALADDIN [26]
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AÍy lili 0).((jU^I ¿y» ¿^jJl c-^)) : J^' (J ¿JJ lii»J . ¿p^Udl ¿J» A-¿ le i Ajip
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J^J ^jJl ^L~-Vl ^ lLU¿ ^¿J t t j^>- : ^-jcül ÃJIp aJ <^x^J
I jJbil jî j%^JLp Lj5 UÎ jJ j» : JU; aJLJI JÜ IÍAj . -cSL-j <Ы yL-l j t <cbj ÃijUe aJLP
. [14 : i] ¿Vi -((... ¿y* j' c jt^wAíi
Jp Ülll Jl>-^l J U^UjJ t (J-aJI ¿^jJl ¿/» gj ý~' 4jUc^
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[27] DEUX FATWÀ-S D'AL-NÀBULUSÏ 33

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34 BAKRI ALADDIN [28]

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[29] DEUX FATWÁ-S D'AL-NÀBULUSi 35

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36 BAKRI ALADDIN [30]

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[31] DEUX FATWÀ-S D'AL-NÁBULUSi 37
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