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Réhabilitation améliorée après chirurgie


L. Tran, M. Raucoules-Aimé

Les programmes de réhabilitation améliorée après chirurgie (RAC) ont pour but l’amélioration de
l’évolution fonctionnelle des opérés et la réduction de la morbidité postopératoire, grâce à un meilleur
contrôle de la physiopathologie liée à l’agression chirurgicale et à une organisation optimale des soins
périopératoires. Pour qu’un programme de RAC soit mis en place, il faut que la chirurgie soit suffisamment
agressive pour entraîner une perte d’autonomie du patient, que la prise en charge soit multidiscipli-
naire et que le patient jouisse d’une autonomie satisfaisante avant l’intervention. C’est un processus
essentiellement professionnel car aucune nouvelle thérapeutique n’est en réalité proposée. La démarche
consiste, d’une part, à améliorer en préopératoire les capacités fonctionnelles à l’aide de programmes
d’entraînements spécifiques et, d’autre part, à évaluer point par point tous les facteurs susceptibles de
retarder la reprise fonctionnelle : suppression de tous les agents médicamenteux susceptibles de retarder
la reprise du transit, éviction des sondes et drainages n’ayant pas fait la preuve de leur utilité, reprise
alimentaire orale précoce (dès les premières heures), analgésie efficace permettant le lever et la déambu-
lation précoces et rééducation fonctionnelle intensive débutée en phase postopératoire immédiate. Ces
objectifs sont atteints en réorganisant les soins au sein de l’équipe soignante et en obtenant l’adhésion au
projet d’une équipe multidisciplinaire (anesthésistes-réanimateurs, chirurgien, personnels non médicaux
et kinésithérapeutes). Une fois ces conditions réunies, la démarche s’inscrit dans un souci d’optimisation
et de rationalisation de la prise en charge hospitalière par l’élaboration d’une procédure de soins sous la
forme de chemins cliniques.
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Mots-clés : Réhabilitation améliorée après chirurgie (RAC) ; RRAC ; ERAS ; Préhabilitation ; Stress chirurgical ;
Chirurgie colique ; Analgésie

Plan meilleur contrôle de la physiopathologie liée à l’agression chirur-


gicale et à une organisation optimale des soins périopératoires.
■ Introduction 1 Pour qu’un programme de réhabilitation soit mis en place, il faut
que la chirurgie soit suffisamment agressive pour entraîner une
■ Historique et état des lieux 1 perte d’autonomie du patient, que la prise en charge soit multidis-
■ Base du concept : réduire le stress chirurgical et la réponse ciplinaire et que le patient jouisse d’une autonomie satisfaisante
physiopathologique à la chirurgie majeure 2 avant l’intervention [1] . Le modèle de réhabilitation améliorée a
Stress représenté par l’acte chirurgical 2 initialement été développé en chirurgie de résection colique élec-
Conséquences cliniques induites et/ou aggravées par l’acte tive. Ce modèle s’est progressivement étendu à d’autres types de
chirurgical 3 chirurgies. C’est un processus essentiellement professionnel, ce
■ Protocole de réhabilitation améliorée après chirurgie majeure : qui le différencie de la chirurgie ambulatoire, qui est avant tout
une approche multimodale et essentiellement professionnelle 3 un processus organisationnel (Tableau 1).
En préopératoire 4
En peropératoire 5
Mesures médicales postopératoires 6  Historique et état des lieux
■ Particularité en fonction de la chirurgie 9
Le constat que des mesures isolées étaient inefficaces pour
■ Particularités chez la personne âgée 9 résoudre le problème complexe de la morbi-mortalité périopéra-
■ Qualité et gestion des risques 10 toire a amené certaines équipes à mettre au point des programmes
■ Conclusion 10 de réhabilitation améliorée après chirurgie (RAC). Ces équipes ont
montré qu’il existe une relation entre le nombre d’items de la RAC
utilisés en chirurgie colorectale et la durée moyenne de séjour
(DMS) et la mortalité (Fig. 1). Ce concept, théorisé par l’équipe
danoise dirigée par Henrik Kehlet (réhabilitation rapide amélio-
 Introduction rée après chirurgie [RRAC] ou enhanced recovery after surgery [ERAS]
ou fast-track surgery [FTS]) [2] , a bénéficié de l’amélioration des
Les programmes de réhabilitation apparus dans les années 1990 techniques, tant anesthésiques et analgésiques que chirurgicales
ont pour objectifs l’amélioration de l’évolution fonctionnelle des (chirurgie mini-invasive), ainsi que d’une meilleure compréhen-
opérés et la réduction de la morbidité postopératoire, grâce à un sion de la physiologie du stress chirurgical. L’ensemble de ces

EMC - Anesthésie-Réanimation 1
Volume 16 > n◦ 1 > janvier 2019
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0289(18)75262-6
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Durée médiane de séjour (jours)

21

Taux de complications (%)


20
19 60
18
DMS Morbidité
17
PO
16 50
15
14
13 40
12
11
10 30
9
8
7 20
6
5
4
10
3
2
1
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Nombre de recommandations appliquées Nombre de recommandations appliquées
Figure 1. Relation entre le nombre d’items de la réhabilitation améliorée après chirurgie (RAC) colorectale et la durée moyenne de séjour (DMS) et la
mortalité (d’après www.grace-asso.fr) ; n = 1737 patients. PO : postopératoire.

Tableau 1. les prothèses totales de hanche (PTH), les DMS sont aussi variables
Les deux concepts de prise en charge (chirurgie ambulatoire et en fonction des établissements mais la quasi-totalité des établis-
réhabilitation améliorée après chirurgie ou réhabilitation rapide après chi- sements de santé ont une DMS entre dix et 20 jours. Pour Kehlet,
rurgie) [in: 4] . les DMS cibles pour la dépose/pose de PTH seraient à terme d’un
Prise en charge Durée de séjour Concept à deux jours d’hospitalisation [9] .
En 2014, la Société française d’anesthésie et de réanimation
Chirurgie Moins de Organisationnel sur tout le (Sfar) et la Société française de chirurgie digestive (SFCD) ont
ambulatoire 12 heures parcours (avant, pendant et après réalisé des recommandations formalisées d’experts sur la réhabili-
l’hospitalisation : optimisation de tation rapide après une chirurgie colorectale programmée [1] . Il a
la gestion des flux + élimination été créé en 2014, à l’initiative du Pr Slim, le groupe francophone
des temps dans la valeur ajoutée)
dédié à la réhabilitation améliorée (Groupe de réhabilitation
Concept déposé par Nicoll en
améliorée après chirurgie [GRACE]) où sont représentés toutes
1909, théorie du Lean
les spécialités ou corps de métiers impliqués dans cette prise
Management dans les années
1970
en charge moderne, que ce soit dans le domaine public ou
privé : anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens, nutritionnistes,
Récupération Plusieurs jours Professionnel sur le
infirmiers, kinésithérapeutes, administratifs (http://www.grace-
rapide après périopératoire : accélération du
asso.fr/).
chirurgie (RRAC) processus « lourde » ou
« majeure »
Concept déposé par Kehlet dans
les années 1990  Base du concept : réduire
le stress chirurgical et la réponse
physiopathologique à la chirurgie
mesures a fait l’objet en 2005 d’un consensus de l’European
Society of Clinical Nutrition and Metabolism (ESPEN) [3] .
majeure
La durée d’hospitalisation pour chirurgie du côlon en Stress représenté par l’acte chirurgical
France (base du programme de médicalisation des systèmes
d’information [PMSI] 2013, 40 codes de la classification commune Outre les facteurs propres au terrain sur lequel inter-
des actes médicaux [CCAM] correspondant à la famille d’actes vient le chirurgien (pathologies concomitantes, insuffisances
« chirurgie du côlon ») est en moyenne de 14,8 jours avec une d’organes, dénutrition, consommation d’alcool et de tabac) et
très grande disparité des pratiques entre les régions et les établis- qui représentent des facteurs de complications postopératoires
sements [4] . Grâce au protocole RAC, certaines équipes ont réussi et d’allongement de la durée d’hospitalisation, le geste chirur-
à obtenir des DMS ne dépassant pas trois jours sans augmentation gical constitue en lui-même une agression. L’acte opératoire est
du taux de réadmission, et cela sur un grand nombre de patients, responsable de la libération d’un certain nombre de médiateurs
y compris chez des patients âgés [5–7] . Il a été par ailleurs montré inflammatoires et d’une sécrétion importante d’hormones de
que l’application d’un programme RAC en chirurgie colorectale contre-régulation qui induisent une augmentation du catabo-
était associée à une réduction de la morbidité (OR : 0,6) [8] . Pour lisme [10] . Ces modifications commencent dès le début de l’acte

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Figure 2. Les conséquences cliniques induites et/ou aggravées


Hypothermie par l’acte chirurgical en chirurgie colique [1] . NVPO : nausées et
vomissements postopératoires.

Hypercatabolisme, douleur,
iléus, NVPO,
immunodépression, VO2↑,
altération fonction pulmonaire
Complications cardiaques
Stimulation des
Chirurgie invasive Hypercoagulabilité afférences
Altération fonction neuronales
plaquettaire
Vasoconstriction
Oxygénation tissulaire ↓

Jeûne préopératoire prolongé


Hypoxie tissulaire

opératoire avec : une résistance à l’insuline qui apparaît dans cer- culaires intestinaux. Une analgésie postopératoire insuffisante
taines études comme un facteur indépendant de prolongement de augmenterait la morbidité et ralentirait la récupération [16] . La
la durée d’hospitalisation [11] , un catabolisme protidique préféren- douleur induit par ailleurs une vasoconstriction périphérique,
tiellement au niveau des muscles striés mais également au niveau une hypoxie des tissus sous-cutanés et serait un facteur de risque
des muscles lisses et d’autres phénomènes comme la lipolyse et d’infection du site opératoire (ISO) et d’augmentation de la durée
une rétention hydrosodée. Ces mécanismes sont à l’origine de d’hospitalisation [15] .
complications postopératoires. Il peut s’agir d’une augmentation Le stress chirurgical s’accompagne d’un état
des complications myocardiques sous l’effet des catécholamines, d’immunosuppression qui augmente le risque de mortalité et
d’une altération de la fonction pulmonaire, de la douleur, de de complications infectieuses [1] . Cet état d’immunosuppression
l’atteinte de la fonction gastro-intestinale avec des nausées et des s’accompagne d’une diminution de la réponse d’hypersensibilité
vomissements et un iléus, de modification des systèmes de coagu- retardée après stimulation antigénique, une diminution des
lation ou de l’immunosuppression (Fig. 2). anticorps lymphocytes T dépendants, une diminution de la
Cela a été à l’origine du concept de la « stress-free anaesthe- blastogenèse de cellules T [17] .
sia » développé aussi par Kehlet au début des années 1970 avec Les nausées et vomissements postopératoires (NVPO) et l’iléus
l’utilisation de fortes doses de morphiniques. Actuellement, le postopératoire limitent la mobilisation et la récupération fonc-
développement de l’anesthésie locorégionale répond à cette pré- tionnelle, augmentent la durée d’hospitalisation et les coûts. En
occupation sans exposer aux risques liés à l’utilisation de fortes chirurgie digestive, l’iléus est l’effet indésirable le plus fréquent. Il
doses d’opiacés pour limiter l’intensité du stress. Par ailleurs, dans est secondaire à de multiples facteurs : la stimulation de réflexes
la mesure où l’amplitude de la réaction endocrinométabolique est nerveux sympathiques inhibiteurs de la motilité intestinale, la
corrélée à l’intensité de l’agression chirurgicale, le concept de la sécrétion de médiateurs de l’inflammation, l’infiltration de la
chirurgie mini-invasive est tout aussi important pour réduire la paroi intestinale par les cellules macrophagiques et neutrophiles,
morbidité postopératoire. On parle plus volontiers actuellement la sécrétion de vasoactive intestinal peptide (VIP) et l’utilisation de
de « stress-free anesthesia and surgery ». morphiniques [18] .
L’hypoxémie est relevée de manière quasi constante pen-
dant deux à cinq jours après toute chirurgie thoracoabdominale
Conséquences cliniques induites et/ou majeure. Elle a une implication potentielle en postopératoire dans
aggravées par l’acte chirurgical les complications cérébrales (troubles des fonctions cognitives),
pariétales infectieuses et cardiaques (ischémies myocardiques
La chirurgie majeure est associée à un certain nombre d’effets et/ou arythmies) [13] .
délétères qui peuvent être à l’origine de complications postopéra- L’immobilisation : l’alitement préconisé traditionnellement
toires et retarder l’autonomie du patient et sa sortie. après une intervention augmente le risque de complications res-
L’hypothermie peropératoire augmente la réponse au stress piratoires et thromboemboliques. Il génère une intolérance à
chirurgical et les risques de complications cardiovasculaires et chi- l’orthostatisme et une diminution de la masse et de la fonction-
rurgicales [12–14] . L’hypothermie est fréquente, en particulier au nalité musculaire [19] et les hypoxémies postopératoires sont plus
cours de la chirurgie majeure. Cette hypothermie est associée à profondes en position allongée [20] .
une augmentation des concentrations sériques de noradrénaline
et à une vasoconstriction, responsable d’une diminution de la
pression partielle en oxygène dans les tissus sous-cutanés [15] . Ce
phénomène altère le processus oxydatif du principal moyen de  Protocole de réhabilitation
défense contre l’infection, la synthèse de radicaux libres par les améliorée après chirurgie
polynucléaires neutrophiles en présence d’oxygène, et entraîne
une perte en protéines et une diminution de la synthèse du col- majeure : une approche
lagène. L’hypothermie est également responsable de la survenue
de troubles de la coagulation, d’une altération de la fonction pla-
multimodale et essentiellement
quettaire et d’une augmentation de la morbidité cardiovasculaire professionnelle
lors du réveil [13, 15] .
La douleur postopératoire immédiate amplifie les réponses L’analyse des protocoles utilisés par les équipes utilisant la
endocrines et métaboliques, les nausées, l’iléus et les spasmes mus- RAC montre qu’aucune nouvelle thérapeutique n’est en réalité

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Tableau 2. associées participent à la survenue de complications postopéra-


Principales mesures préconisées dans le protocole de la réhabilitation toires et à l’allongement des durées d’hospitalisation. Des scores
améliorée après chirurgie (RAC) (exemple de la chirurgie colique pro- et des indices, ou des recommandations, ont été publiés ces
grammée) [1] . dernières années permettant de quantifier les risques cardiovascu-
Mesures préopératoires Information et éducation du patient laire, pulmonaire, infectieux ou thromboembolique. L’alcoolisme
Apport de carbohydrates liquides chronique a été identifié comme un facteur de risque opéra-
(≥ 2 heures) en préopératoire toire, même s’il n’existe pas d’atteinte dégénérative patente [22] .
Pas de jeûne préopératoire prolongé L’alcool induit une immunodépression, une altération infra-
Supplémentation nutritionnelle ≥ 7 j si clinique de la fonction myocardique et une augmentation de
perte de poids > 20 % en 6 mois la réponse endocrinométabolique à l’agression chirurgicale. Le
Pas de préparation colique systématique tabagisme périopératoire augmente le risque de complications
Antibioprophylaxie générales (triplement du risque infectieux et coronaire, double-
Thromboprophylaxie ment du risque d’être transféré en réanimation et de faire des
Pas de prémédication, sauf anxiété complications respiratoires immédiates). Le tabac augmente aussi
importante le risque de complications chirurgicales (deux à quatre fois plus de
Mesures Analgésie multimodale avec analgésie complications de cicatrice, de risque d’éventration après laparoto-
postopératoires péridurale mie, de médiastinite, de lâchage de suture digestive, de thrombose
Pas de sonde nasogastrique de prothèses vasculaires, de retard de consolidation osseuse) [23] .
Prévention des nausées et vomissements Cette augmentation des complications périopératoires allonge la
Ingestion d’aliments liquides très durée globale d’hospitalisation des fumeurs pour une chirurgie
rapidement sans attendre la reprise des gaz majeure d’une durée de deux à trois jours [24] . Si le délai de la chi-
Retrait précoce des cathéters, de la sonde rurgie le permet, un arrêt de la consommation d’alcool et du tabac
urinaire et de l’analgésie péridurale de six à huit semaines est préconisé.
Réalimentation précoce, lever précoce L’information en préopératoire est fondamentale car un
encouragé (après-midi de l’intervention si
consentement éclairé et l’adhésion du patient, en tant qu’acteur
son état le permet)
à part entière, sont indispensables à la réussite du programme.
Stimulation du transit intestinal (motilité)
Il est clairement démontré que la préparation psychologique et
Évaluation de la compliance des patients
et audit
l’information du patient en préopératoire sont des éléments qui
Sortie dès que l’état de l’opéré le permet et permettent de réduire la durée d’hospitalisation et les besoins
en l’absence de complication chirurgicale en antalgiques en postopératoire. L’information est au mieux
multidisciplinaire et doit aborder l’acte opératoire lui-même, les
Critères de sortie Une douleur contrôlée par analgésiques
expériences douloureuses antérieures, les modalités pratiques de
oraux
Une alimentation solide
prise en charge de la douleur et de la période postopératoire. Gillis
Pas de perfusion et al. [21] ont mis en place un apprentissage avec une psycho-
Mobilisation indépendante ou même logue des stratégies d’adaptation permettant de réduire l’anxiété
niveau qu’avant l’intervention (coping). Le programme commence par une visite d’évaluation au
Absence de signe infectieux cours de laquelle les patients sont vus par un kinésithérapeute,
(hyperleucocytose ≥ 10 000 globules une diététicienne et une psychologue. Ils reçoivent un livret rédigé
blancs/ml, fièvre ≥ 38 ◦ C) dans un langage clair décrivant tous les éléments du programme
Patient acceptant la sortie dans le détail. Cette brochure contient également un journal où
les patients sont invités à documenter toutes les activités liées
au programme. Afin d’encourager et de mesurer leur adhésion,
proposée. La démarche consiste à évaluer point par point tous les patients sont contactés toutes les semaines par téléphone ; un
les facteurs susceptibles de retarder la reprise fonctionnelle : sup- questionnaire standardisé permet d’évaluer le suivi du programme
pression de la prémédication et de tous les agents médicamenteux dans chacune de ses dimensions.
susceptibles de retarder la reprise du transit, éviction des sondes et
Préparation à la chirurgie
drainages n’ayant pas fait la preuve de leur utilité, reprise alimen-
taire orale précoce (dès les premières 24 heures), analgésie efficace Depuis le début des années 1990, plusieurs équipes ont
permettant le lever et la déambulation précoces et rééducation trouvé un lien entre capacités fonctionnelles en préopératoire
fonctionnelle intensive débutée en phase postopératoire immé- et survenue de complications postopératoires [25–28] . Ces équipes
diate. Ces objectifs sont atteints en réorganisant les soins au sein ont proposé l’amélioration des capacités fonctionnelles à l’aide
de l’équipe soignante et en obtenant l’adhésion au projet d’une de programmes d’entraînements spécifiques (kinésithérapie ou
équipe multidisciplinaire (anesthésistes-réanimateurs, chirurgien, rééducation préopératoire, voire la mise en place d’un programme
personnels non médicaux et kinésithérapeutes). Il s’agit de la de préhabilitation). Cette amélioration des capacités fonction-
mise en place de chemins cliniques avec une approche processus nelles permet de réduire la durée de la rééducation postopératoire
comme dans la chirurgie ambulatoire. et/ou la durée de séjour et/ou le taux de complications postopé-
ratoires. Plus spécifiquement, il a été prouvé que la préparation
respiratoire préopératoire réduisait le taux de complications respi-
En préopératoire ratoires postopératoires. L’éducation respiratoire (par manœuvre
d’expansion pulmonaire et entraînement à la toux), la kiné-
La réhabilitation améliorée commence en préopératoire sithérapie préopératoire ou l’optimisation du traitement d’une
par la sélection, l’information et l’éducation des patients, bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou d’un
l’entraînement physique, le soutien nutritionnel et la prise en asthme contribuent à diminuer le taux de complications respi-
charge psychologique (Tableau 2). Cette étape pouvant entrer ratoires [29–34] .
dans le cadre d’une préhabilitation est indispensable pour Les programmes de préhabilitation ont été développés en chi-
l’efficacité de la démarche [21] . rurgie cardiaque et pulmonaire [35] . Ils ont pour but d’améliorer
les capacités cardiopulmonaires en appliquant un entraînement
physique avant la chirurgie. L’entraînement physique, dont les
Semaines précédant l’intervention
modalités sont encore en discussion, doit idéalement être mis
Sélection et information des patients en place au moins quatre semaines avant la chirurgie [36] . Il
Il s’agit d’évaluer l’autonomie du patient, de rechercher des permet d’augmenter la réserve fonctionnelle en oxygène et de
comorbidités et d’optimiser la condition physique (adaptation supporter une diminution de celle-ci en postopératoire. Cette
des traitements, correction d’une anémie et d’une dénutrition, démarche en amont s’intègre totalement avec les programmes
sevrage du tabac et de l’alcool). Les pathologies dégénératives de RAC. L’objectif est d’optimiser la fonction cardiaque et

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musculosquelettique [35] . Il est en effet établi qu’il existe une corré- tion postopératoire, même si cela n’a pas encore été formellement
lation négative entre les capacités cardiopulmonaires et la gravité démontré. Elle fait appel au fer en intraveineuse ou per os, l’ajout
des complications postopératoires et une limitation à l’effort d’érythropoïétine n’ayant pas fait la preuve de son efficacité en
en préopératoire immédiat est prédictive d’une morbi-mortalité chirurgie digestive [44] . Elle peut nécessiter une transfusion san-
accrue. Les capacités physiques préopératoires sont également pré- guine en pré- ou en postopératoire précoce.
dictives de la durée de séjour et du délai de la reprise du travail
après une chirurgie mineure comme une cholécystectomie pour Jour de l’intervention
lithiase, l’état général et les comorbidités du patient influençant
Préparation colique
la qualité et la durée de la convalescence [37] sans que l’on puisse
cependant préjuger de son impact à distance [21] . En chirurgie Tous les essais randomisés et méta-analyses [45] ont montré que
colorectale, Carli et al. [38] ont comparé deux modes de préhabi- la préparation mécanique du côlon par le polyéthylène glycol
litation : intensif versus « à la carte ». Paradoxalement, ils ont (PEG) avant chirurgie colorectale était inutile, voire délétère en
observé les meilleurs résultats dans le groupe où l’effort était termes de complications infectieuses et de désunion anastomo-
le moins intense et cela est probablement en relation avec une tique. Une préparation mécanique du côlon par les phosphates de
meilleure observance des prescriptions. À l’exception de la chi- sodium a montré l’absence d’utilité de cette préparation dans la
rurgie cardiaque pour laquelle il a été montré que les patients prévention des complications postopératoires en chirurgie colo-
bénéficient d’un programme de préhabilitation avec une diminu- rectale [45–47] . Le phosphate de sodium expose par ailleurs à des
tion significative de la durée de séjour à l’hôpital, les bénéfices de complications hydroélectrolytiques. Le cas spécifique de la chirur-
cette préparation ne sont pas démontrés (complications postopé- gie rectale n’a pas été évalué dans les méta-analyses du fait d’un
ratoires et durée de séjour) après une chirurgie colorectale ou une faible nombre de patients inclus. Enfin, en chirurgie abdominale
arthroplastie [21] . En revanche, les programmes de préhabilitation non colorectale, l’utilité de la préparation mécanique du côlon
peuvent parfaitement être associés à des programmes de réha- n’a pu être mise en évidence [46] .
bilitation postopératoire pour les populations les plus à risque. Jeûne et apport préopératoires de glucose ou plus largement
Cette prise en charge « globale » a fait l’objet de publications en en hydrates de carbone
chirurgie colorectale montrant des résultats encourageants [21] et L’apport de glucose en préopératoire réduit la résistance à
permettrait d’améliorer la qualité des résultats obtenus avec les l’insuline en postopératoire et entraîne une moindre diminution
programmes de RAC [39] . de la force musculaire et un meilleur maintien de la masse maigre
Le concept de préhabilitation est séduisant mais soulève grâce à un probable effet bénéfique sur le catabolisme protidique
de nombreuses questions. L’impact devrait logiquement être et la néoglucogenèse [10] . L’ingestion de 800 ml de liquide clair
meilleur chez les sujets les plus fragiles, or ce sont ceux-là qui enrichi en sucre (12,5 %) avant minuit, suivi de 400 ml deux à
ont le plus de difficultés à effectuer les programmes de préhabili- trois heures avant la chirurgie calme la satiété et l’angoisse sans
tation. Le type d’exercice à proposer n’est pas encore défini. Trop augmenter le volume ou l’acidité gastrique et le risque de régur-
modeste, la préparation est inefficace. Trop complexe, elle risque gitation [48] . Certaines situations comme l’existence d’un diabète,
de ne pas être appliquée et pourrait paradoxalement fatiguer les d’une gastroparésie ou d’un reflux gastro-œsophagien symptoma-
patients, aboutissant à des résultats qui paraissent paradoxaux. De tique nécessitent des durées de jeûne plus longues [49] .
nombreux travaux restent à faire dans ce domaine.
Prévention des infections
Supplémentation nutritionnelle Les soins cutanés préopératoires comprennent la toilette et la
Afin d’optimiser les capacités cardiopulmonaires du patient, dépilation préopératoires. L’utilisation de solutions moussantes
la correction des carences, qu’elles soient nutritionnelles ou antiseptiques lors de la toilette préopératoire est réalisée dans le
martiales (avec ou sans anémie), doit systématiquement être asso- but de diminuer la colonisation bactérienne au niveau cutané et
ciée. L’existence en préopératoire d’une carence nutritionnelle, de diminuer le taux d’ISO. Il est recommandé de pratiquer au
même modérée, majore significativement le risque de faire une moins une douche préopératoire avec une solution antiseptique.
complication postopératoire et de fait la durée d’hospitalisation. Il est recommandé de ne pas pratiquer de dépilation lorsque le
L’existence d’une dénutrition multiplie par un facteur 3 la mor- confort opératoire le permet. Si les conditions locales justifient la
talité. Ces carences sont particulièrement fréquentes chez les dépilation, il faut privilégier la tonte ou la dépilation chimique. Il
patients âgés ou chez ceux présentant une pathologie carcino- est fortement recommandé de ne pas faire de rasage mécanique la
logique. Chez les patients sévèrement dénutris (perte de poids veille de l’intervention. L’antibioprophylaxie n’est pas spécifique
supérieure ou égale à 20 % en six mois), une nutrition artifi- au protocole RAC. Elle est indiquée selon les recommandations
cielle orale ou entérale est recommandée pendant sept à dix jours des sociétés savantes et les protocoles des unités de soins. La mise
avant l’intervention [40] . Elle est à poursuivre de façon précoce en en place de kits d’antibioprophylaxie améliore significativement
postopératoire. Cette réalimentation de quelques jours peut être la qualité de la prescription [50] . Plusieurs auteurs [51, 52] , en venti-
suffisante pour corriger ces carences et réduire la morbi-mortalité lant leurs malades avec une fraction inspirée en oxygène (FiO2 )
postopératoire [41] . élevée, ont observé une diminution du taux d’infection de paroi
Les études menées avec des mélanges de pharmaconutri- après chirurgie colorectale de moitié par rapport à un groupe de
ments (immunonutrition) ont montré une diminution des patients ventilés avec une FiO2 à 30 %, sans augmentation du
complications infectieuses postopératoires, de la durée de séjour nombre d’atélectasies.
et secondairement de la mortalité pour certains sous-groupes de
patients [42] . En pratique, en chirurgie digestive oncologique pro-
grammée, que le patient soit dénutri ou non, il est recommandé de En peropératoire
prescrire en préopératoire pendant cinq à sept jours, un mélange Optimisation des apports liquidiens
nutritif per os. En cas de dénutrition, ces pharmaconutriments
sont poursuivis en postopératoire [40] .
per- et postopératoires et du débit cardiaque
La carence martiale est complétée par la correction d’une L’administration excessive des apports liquidiens durant la
éventuelle anémie qui aggrave la morbi-mortalité. L’existence en période périopératoire expose au risque d’œdème muqueux, à
préopératoire d’une anémie, même modérée, augmente de 40 % l’origine de troubles de la cicatrisation et d’altération de la fonc-
la mortalité et de 30 % la morbidité postopératoire [43] . De plus, tion digestive [53, 54] . Néanmoins, il convient d’éviter le piège
la probabilité de faire des complications postopératoires en asso- d’apports hydriques insuffisants, source d’hypovolémie et de dif-
ciation à une comorbidité (par exemple, une BPCO) est majorée ficultés au lever précoce [55] . Cela passe par l’amélioration du
par l’existence d’une anémie concomitante. La durée de séjour monitorage du remplissage vasculaire, même si actuellement
est également prolongée en cas d’anémie préopératoire modérée. aucune méthode n’est optimale. Chez les patients à haut risque
Comme la VO2 max est directement corrélée à l’hémoglobine, chirurgical, de nombreuses études ont démontré l’intérêt d’une
la correction de la carence martiale (objective ou fonctionnelle) stratégie d’optimisation hémodynamique peropératoire fondée
en préopératoire améliore probablement les capacités de récupéra- sur une optimisation du débit cardiaque. Il est actuellement

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recommandé d’utiliser une telle stratégie en chirurgie majeure retrouvé de différence pour le délai de récupération et le taux
pour diminuer la morbidité peropératoire [56] , même si certaines de complications [76] . En revanche, la place de la chirurgie mini-
études ne semblent pas confirmer ces effets d’une optimisation invasive dans la RAC en chirurgie colorectale est désormais établie
hémodynamique sur la morbi-mortalité [57–59] . Une méta-analyse avec un bon niveau de preuves [77, 78] . Elle permet via la petite taille
retrouve un manque de bénéfices sur la mortalité mais suggère des incisions et la manipulation moindre des anses intestinales de
cependant que les complications et la durée d’hospitalisation sont diminuer la réponse inflammatoire, la douleur et le catabolisme
réduites [60] . Ces résultats peuvent être expliqués par une amélio- postopératoire [79] . Cependant, l’impact de la seule laparoscopie
ration des pratiques anesthésiques et des techniques chirurgicales, sur les résultats est insuffisant car, à l’exception des infections de
qui ont diminué la mortalité périopératoire. Il pourrait s’agir aussi la plaie opératoire, l’incidence des complications médicales et chi-
de patients avec un seuil anaérobie bas [58, 59] . D’autres études rurgicales postopératoires n’est pas significativement différente
sont nécessaires pour déterminer quels types de patients pour- de la chirurgie ouverte. L’essai thérapeutique LAFA, comparant
raient bénéficier de cette optimisation hémodynamique pour des l’ajout de la stratégie de RAC à la laparoscopie versus laparosco-
chirurgies à haut risque de complications. pie et prise en charge traditionnelle a montré sa supériorité dans
tous les domaines, en soulignant l’importance d’une approche cli-
Prévention de l’hypothermie peropératoire nique complète et intégrée [80] . Il n’y a, à ce jour, que de très peu
de données publiées sur la chirurgie robotique.
Le maintien d’une normothermie réduit les complications post-
opératoires, tant médicales que chirurgicales [13, 14] . Le maintien Prise en compte des complications potentielles
d’une température corporelle supérieure à 36 ◦ C diminuerait la fré- de la chirurgie
quence des abcès de paroi après chirurgie colique réglée [15] , même L’aspiration digestive par sonde nasogastrique (SNG) a théo-
s’il peut sembler difficile de conclure, les infections postopéra- riquement pour but de pallier les conséquences de l’iléus
toires étant de principe multifactorielles et les études difficilement fonctionnel postopératoire (distension gastrique, vomissements)
comparables. Néanmoins, le maintien durant la chirurgie d’une et de protéger une suture digestive sous-jacente pour réduire le
température corporelle la plus proche de la normale doit être une risque de désunion anastomotique. En pratique, une méta-analyse
priorité et un réchauffement peropératoire actif est nécessaire lors incluant près de 4000 patients a montré que la SNG était à l’origine
des chirurgies à risque comme la chirurgie digestive par laparoto- de retard de reprise d’alimentation orale, de fièvre, d’atélectasies et
mie ou la chirurgie de longue durée. de pneumonies. Parallèlement, elle ne diminuait pas le risque de
fistule, d’éviscération et d’abcès de paroi [81] . L’aspiration gastrique
Analgésie peropératoire et épargne à titre systématique n’a donc aucun intérêt [1] .
des analgésiques morphiniques En chirurgie digestive, le drainage de la cavité péritonéale
empêche la mobilisation rapide du patient. Plusieurs méta-
Elle repose sur une approche multimodale et une épargne des analyses n’ont pas montré de bénéfice en termes d’incidence ou
morphiniques, associée selon la chirurgie à une analgésie péri- de sévérité des fistules anastomotiques ou d’autres complications
durale. L’hyperalgésie postopératoire liée aux morphiniques peut après anastomoses coliques intrapéritonéales ainsi que d’autres
être réduite par l’utilisation de kétamine après l’induction. La procédures sur le tractus digestif [81–83] . Il pourrait aussi être inutile
dexaméthasone en dose intraveineuse lente en début de chirurgie en cas d’anastomoses sous-péritonéales mais avec un plus faible
(8 mg) possède plusieurs propriétés intéressantes pour la RAC : niveau de preuves. Dans une méta-analyse [83] , le drainage ne per-
effet antiémétique, effet antalgique et réduction de la fatigue par mettait le diagnostic de fistule anastomotique que dans 5 % des
diminution de la réponse inflammatoire [2, 61, 62] . L’utilisation de cas. L’absence de drainage est en revanche discutée pour les hépa-
corticoïdes, y compris à fortes doses et en chirurgie orthopé- tectomies chez les patients cirrhotiques, les œsophagectomies et
dique majeure (125 mg de méthylprednisolone à l’induction), les pancréatectomies [84–86] . En obstétrique et en chirurgie mam-
ne semble pas augmenter le risque infectieux à court et long maire, la suppression des drains s’accompagne d’une réduction de
termes [63] . Enfin, l’infiltration des incisions chirurgicales par des la durée d’hospitalisation [87, 88] .
anesthésiques locaux participe à la diminution de la douleur post- Le drainage vésical gêne la mobilisation précoce du patient et
opératoire. favorise la survenue d’infections urinaires. Les facteurs de risque
En chirurgie digestive par laparotomie, l’analgésie péridurale de rétention urinaire (RU) postopératoire sont bien connus : anté-
est nécessaire dès le peropératoire afin de diminuer les besoins cédents de RU, anesthésie médullaire, chirurgie pelvienne ou
en morphiniques, la résistance à l’insuline et le catabolisme proti- urologique et pose d’une sonde urinaire en peropératoire et chez
dique et d’améliorer l’oxygénation tissulaire [64, 65] . Le niveau idéal ces patients à risque, seuls 10 % feront une RU. En revanche,
de la mise en place du cathéter semble être en position thora- l’incidence des infections urinaires associées à un drainage vésical
cique basse. Plusieurs méta-analyses ont confirmé la supériorité varie dans la littérature de 2 à 3 % et place celles-ci au premier rang
de l’analgésie péridurale sur les autres méthodes d’analgésie en des infections nosocomiales. Il ne faut donc pas drainer la vessie
termes d’analgésie et d’effets indésirables [66–72] , que cette analgésie de façon systématique mais plutôt sélectionner les indications en
péridurale soit débutée avant l’incision chirurgicale ou à la ferme- fonction du terrain et de la nécessité de surveillance de la diu-
ture de la paroi. Cependant, le blocage péridural avant l’incision rèse. Le drainage transuréthral se fait selon des règles d’asepsie
diminue le besoin postopératoire en analgésique de complément. rigoureuse, aucune autre mesure associée n’a montré de réelle
efficacité (imprégnation des sondes par des antiseptiques, procé-
Prévention des nausées et vomissements dés d’irrigation vésicale, instillation d’antiseptiques dans le sac de
postopératoires drainage, utilisation d’un système clos, antibioprophylaxie). Le
sondage urinaire transuréthral, nécessaire en cas d’analgésie péri-
Elle est essentielle pour permettre une alimentation précoce.
durale, peut être retiré à J1 si l’analgésie péridurale utilise des doses
Une prophylaxie s’impose en monothérapie si le risque est faible,
faibles d’anesthésiques locaux et sans risque surajouté (risque de
ou multimodale si le risque est élevé (ondansétron, dexamétha-
rétention aiguë d’urine à 9 % et d’infection urinaire à 4 %) [89] .
sone ou dropéridol à très faible dose) [73] .

Optimisation des facteurs chirurgicaux Mesures médicales postopératoires


Techniques d’abord chirurgical mini-invasives Prévention du stress chirurgical
Comparativement à une chirurgie conventionnelle, la chirurgie
et des complications postopératoires
mini-invasive permet un gain en termes de réduction des douleurs
postopératoires, de durée de l’iléus postopératoire et de la durée Prise en charge de la douleur par une analgésie multimodale
de séjour. L’épargne morphinique est essentielle en postopératoire afin
Des essais randomisés et une méta-analyse ont montré que d’éviter ses effets indésirables sur la somnolence postopératoire,
les incisions transverses ou curvilignes réduisaient la douleur et les NVPO, l’iléus et afin d’améliorer la récupération du patient.
les troubles respiratoires postopératoires [74, 75] , mais il n’est pas En chirurgie colique par laparotomie, l’analgésie péridurale

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Figure 3. Effets systémiques de la lidocaïne par


voie intraveineuse. SSPI : salle de surveillance
post-interventionnelle ; NVPO : nausées et vomis-
sements postopératoires [95] .

NVPO-SSPI

NVPO - De survenue tardive (0 à 72 heures)

Douleur - chirurgie abdominale ouverte

Douleur - chirurgie laparoscopique abdominale

Iléus

Temps de reprise des gaz

Temps de reprise du transit

Niveau de preuve

Moyen

Bas

permet une reprise plus précoce des gaz et une réduction moyenne gie »). Cela nécessite cependant la mise en œuvre de protocoles
de 24 heures de la durée d’hospitalisation. Elle réduit les NVPO, de RAC normalisés, spécifiques à la procédure et l’introduction de
la durée de l’iléus en chirurgie digestive et la gastroparésie [1, 2] . techniques d’analgésie alternatives et efficaces, telles que les blocs
L’addition d’un morphinique pour l’analgésie péridurale ralen- nerveux périphériques, les infiltrations d’anesthésiques locaux, la
tit la convalescence, notamment la reprise du transit digestif, perfusion intraveineuse de lidocaïne avec des débits d’infusion
par comparaison à une analgésie péridurale utilisant unique- faibles (Fig. 3, 4) qui reproduisent les concentrations proches de
ment un anesthésique local. En chirurgie thoracique, l’analgésie celles observées lors de la résorption systémique de la lidocaïne
péridurale est plus efficace que l’analgésie autocontrôlée aux mor- administrée par voie péridurale (1 ␮M) [95] . L’utilisation de cathéter
phiniques pour diminuer la douleur postopératoire. La mise en cicatriciel multiperforé avec infiltration continue d’anesthésique
place de l’analgésie péridurale avant l’incision chirurgicale per- local [96] comparée à la péridurale thoracique en chirurgie digestive
met de réduire de façon significative la douleur postopératoire lourde permettrait une analgésie équivalente avec moins d’effets
par rapport à une anesthésie péridurale mise en place après chi- indésirables pour un coût inférieur [97] . Cependant, si cette tech-
rurgie. L’analgésie péridurale diminue aussi en postopératoire nique est efficace en termes d’analgésie, la récupération et la sortie
les complications cardiaques et bronchopulmonaires chez les sont plus rapides avec l’anesthésie péridurale [98] .
patients à haut risque respiratoire [90–93] et participe ainsi à une Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont suspec-
réhabilitation rapide. L’analgésie péridurale améliore la qualité de tés d’augmenter le risque de fuite anastomotique après chirurgie
vie, la satisfaction et la capacité à l’exercice lors de la convales- colorectale. L’analyse de la littérature ne permet pas de lever
cence du patient [94] . l’incertitude pour la chirurgie colorectale programmée. Pour le
Bien qu’une analgésie péridurale reste la meilleure technique groupe GRACE, les AINS sont probablement recommandés dans
pour la chirurgie ouverte, la chirurgie mini-invasive n’est pas une les 48 heures après la chirurgie colorectale, mais il persiste un
indication formelle (cf. « Particularité en fonction de la chirur- doute sur le risque de survenue d’une fistule digestive. Les AINS

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En peropératoire En SSPI J1 postopératoire J2 postopératoire

Induction de Apport en continu Apport continu de Apport continu de Arrêt de la perfusion


l’anesthésie : de lidocaïne par lidocaïne à la dose lidocaïne à la dose de lidocaïne
1 mg/kg de lidocaïne seringue de 0,5-1 mg/min. de 0,5-1 mg/min.
en bolus lors de autopousseuse à la Apport d’analgésique Surveillance du
l’induction de dose de per os dès que le patient en
l’anesthésie 40 μg/kg/min patient tolère la recherchant
pendant la chirurgie. voie orale (célécoxib systématiquement
Diminution de la et/ou oxycodone) des signes
dose à 0,5-1 mg/min d’intoxication : goût
à la fin de la métallique,
chirurgie et en SSPI dysarthrie, vertiges,
nausées,
acouphènes,
secousses
musculaires,
malaise,
dysesthésies
buccolinguales
(si présents, arrêt
immédiat
de la perfusion)

Figure 4. Proposition de protocole pour l’analgésie postopératoire par la lidocaïne par voie intraveineuse. Protocole de l’Université de Virginie dans
le cadre d’une prise en charge de la réhabilitation améliorée après chirurgie (RAC) pour chirurgie colique programmée [95] . SSPI : salle de surveillance
post-interventionnelle.

doivent être évités lorsqu’il existe un facteur de risque de lâchage information détaillée des patients lors de la consultation préopé-
de suture : un âge avancé, une malnutrition, des comorbidités ratoire concernant la période postopératoire a également fait ses
sévères associées et des difficultés rencontrées en peropératoire [99] . preuves.
Lever et mobilisation précoces Alimentation orale précoce (moins de 24 heures)
Outre son intérêt pour prévenir les complications du décu- La faisabilité d’une alimentation précoce liquide et/ou solide
bitus, la mobilisation précoce réduit la fonte musculaire et la même après chirurgie colique a été démontrée dans plusieurs
fatigue ressentie pendant la convalescence. La déambulation pré- études. L’alimentation précoce réduit le risque infectieux et la
coce joue très vraisemblablement un rôle clé dans la réussite des durée d’hospitalisation de façon significative. En revanche, elle
programmes de réhabilitation et doit être un objectif prioritaire. augmente le risque de vomissement [103–105] . Associée à une charge
Cela implique de contrôler la douleur au mouvement, d’assurer orale préopératoire en hydrates de carbone et à une analgésie
un apport calorique précoce et de motiver les patients. Les résul- péridurale, la nutrition orale précoce permet une réduction du
tats d’une enquête effectuée en Europe et aux États-Unis sur plus catabolisme et l’équilibre de la balance azoté. La majorité des
de 1000 patients opérés d’une chirurgie colique montrent qu’aux patients (quatre sur cinq) tolèrent la reprise d’un repas nor-
États-Unis plus de 70 % des patients marchent au moins une mal avant d’avoir repris leur transit sans augmenter le taux de
dizaine de mètres au deuxième jour postopératoire, en Europe, complications [106] .
il faut attendre les troisième et quatrième jours pour observer le
même pourcentage [100] . Prévention des complications thromboemboliques
En dehors du lever précoce, l’utilisation de bas antithrombose
Stimulation du transit intestinal
et l’administration d’héparines de bas poids moléculaire, si néces-
Tous les agents anesthésiques ont une action inhibitrice sur le saires, n’ont pas de spécificités et obéissent aux recommandations
transit intestinal, la zone la plus vulnérable à l’iléus étant le côlon. des sociétés savantes et aux protocoles de soins.
Plusieurs mesures déjà citées participent à la prévention de l’iléus
(éviter l’hyperhydratation, le jeûne postopératoire, l’aspiration
gastrique et l’administration d’opiacés par voie systémique et Préparation de la sortie
recourir à l’analgésie péridurale). L’utilisation de chewing-gum Préparer la sortie avant l’entrée
(stimulant la sécrétion de salive, de sucs pancréatiques et des hor- La diffusion des programmes de RAC a fait émerger la notion
mones intestinales) est une méthode simple et peu coûteuse pour d’accompagnement du retour à domicile des patients bénéficiant
stimuler la motricité digestive et réduire la durée de l’iléus sans de cette prise en charge. Cette sortie précoce nécessite de mettre
exposer au risque de vomissements [101] . Plusieurs moyens sont à en place une organisation optimale de la sortie dès les consul-
notre disposition pour limiter la durée de l’iléus postopératoire. tations préopératoires afin de ne pas être confronté à un séjour
Cependant, seule la mise en place d’une anesthésie péridurale inutilement prolongé (c’est le concept de « préparer la sortie avant
semble avoir une réelle action bénéfique sur l’iléus postopératoire l’entrée ») ; d’assurer un suivi post-hospitalisation associé à une
après laparotomie, par blocage des réflexes nerveux afférent et gestion des risques liés à une chirurgie souvent majeure dans la
efférent [71] . Le bénéfice est meilleur si les anesthésiques locaux RAC [107] . Dans la pratique quotidienne, il n’est pas exceptionnel
sont utilisés sans morphiniques ajoutés, la quantité totale de mor- de se retrouver avec des patients remplissant toutes les condi-
phine étant corrélée au délai de réapparition des gaz. Le tractus tions de sortie mais ne pouvant pas sortir faute d’une organisation
digestif possède des récepteurs aux opioïdes, dont la stimulation anticipée.
déclenche une inhibition de la motilité intestinale. L’adjonction
d’AINS avec les incertitudes sur leur innocuité a un effet béné- Programme de retour à domicile après chirurgie
fique en réalisant une épargne morphinique et en diminuant le Le programme de retour à domicile après chirurgie (PRADO) a
degré de l’inflammation locale causée par l’acte chirurgical. Enfin, été mis en place par l’assurance maladie en 2010 pour anticiper les
dans une étude prospective, Basse et al. ont observé une reprise besoins du patient lors de son retour à domicile et fluidifier ainsi
rapide du transit dès la 48e heure postopératoire chez les patients le parcours hôpital-ville (https://www.ameli.fr/medecin/exercice-
qui bénéficiaient de l’association analgésie péridurale, laxatifs, liberal/services-patients/prado). Le PRADO chirurgie a été initié en
nutrition et mobilisation postopératoires précoces [102] . Une 2012 en orthopédie puis a été étendu mi-2016 à toute chirurgie,

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en débutant par la chirurgie digestive et par les autres ser-


vices chirurgicaux qui en font la demande (contractualisation
 Particularités chez la personne
avec l’établissement). Cette extension à la chirurgie est apparue âgée
nécessaire, compte tenu du développement de la RAC et afin
d’accompagner la baisse de la DMS. L’application de programmes de RAC aux sujets âgés a démontré
Le PRADO s’adresse aux patients adultes en sortie son intérêt à la fois en termes de réduction des complications post-
d’hospitalisation pour chirurgie pour lesquels l’équipe médi- opératoires, mais aussi pour permettre aux sujets âgés de récupérer
cale hospitalière estime qu’un accompagnement au retour à leurs capacités fonctionnelles antérieures et retourner au domicile
domicile est pertinent. L’accompagnement s’adresse en priorité sans perte d’autonomie.
aux patients âgés pour lesquels l’enjeu de la fluidité du retour Le principe de réhabilitation est ancien chez la personne âgée
à domicile, de l’organisation du relais par les professionnels de puisque, dès 1956, il était précisé que « chez le vieillard, il fallait
santé de ville et l’accompagnement social sont majorés. encourager le lever et la reprise précoce des activités normales.
Pour les actes de chirurgie programmée, la préinscription au Une alimentation à haute teneur en calories devait être également
moment de la consultation préopératoire permet de planifier la reprise précocement. Il fallait également encourager les exercices
prise en charge en ville. L’éligibilité est ensuite confirmée pen- respiratoires et le drainage postural » [113] .
dant l’hospitalisation. En pratique, l’équipe médicale hospitalière Les patients âgés sont fréquemment porteurs de pathologies
détermine l’éligibilité du patient au service PRADO chirurgie, et chroniques cardiorespiratoires, rénales ou neurologiques qui com-
définit les besoins en soins infirmiers et/ou séances de masso- pliquent la prise en charge périopératoire et sont source d’une
kinésithérapie ainsi que les besoins en aide à la vie (portage de morbi-mortalité augmentant avec l’âge [114, 115] . Le temps des
repas et/ou aide-ménagère). Le conseiller de l’assurance maladie soins, particulièrement l’hospitalisation, représente une période
(CAM) aide le patient à choisir les professionnels de santé en lui à risque, avec l’immobilisation prolongée et la résorption osseuse.
présentant l’offre qui correspond à ses besoins et en informe le Du fait du déficit de synthèse protéique et de la fonte musculaire,
médecin traitant. Il prend ensuite le premier rendez-vous avec la récupération de la force musculaire est altérée en postopératoire
chaque professionnel et initie l’aide à la vie s’il n’existe pas de ser- comparativement au sujet jeune. De 30 à 50 % des patients hos-
vice social dans l’établissement. Le CAM appelle le patient pour pitalisés vont garder une atteinte d’une grande fonction, voire
s’assurer de la réalisation des premiers rendez-vous et réalise un un handicap définitif. Plus que l’âge en lui-même, c’est le sta-
bilan de satisfaction à 15 jours. Cette organisation des soins pério- tut physiologique et les antécédents médicaux du patient qui
pératoires a déjà été initiée aux États-Unis sous la dénomination comptent. Ainsi, un âge supérieur à 75 ans, des comorbidités asso-
de « Perioperative Surgical Home » (PSH) grâce aux travaux de ciées, l’altération du statut fonctionnel, la polymédication, une
l’American Society of Anesthesiologists (ASA) en 2012 et déve- dysfonction cognitive ou un cancer sont des facteurs prédictifs de
loppé depuis avec succès dans plusieurs États [108] . baisse fonctionnelle après hospitalisation du sujet âgé [116] .
L’évaluation préopératoire est particulièrement importante
dans cette population et différents scores peuvent être utili-
sés [116, 117] . L’objectif de cette évaluation préopératoire est de
 Particularité en fonction dépister les sujets âgés dits « fragiles » qui sont à risque
de complications postopératoires. Cette fragilité résulte d’une
de la chirurgie perte des capacités d’adaptation au stress par la baisse des
réserves fonctionnelles de l’organisme en raison d’une atteinte
Décrite initialement dans le cadre bien délimité de la chirur- multisystémique distincte du processus de vieillissement nor-
gie colorectale, la RAC peut être appliquée en totalité ou en mal [117] . Outre l’évaluation globale de l’état physiologique et des
partie à d’autres types de chirurgie comme l’urologie, la chirur- grandes fonctions, une évaluation fonctionnelle est nécessaire
gie vasculaire, l’orthopédie ou en obstétrique avec la césarienne pour juger des possibilités d’adhésion du patient au programme
(http://www.grace-asso.fr/). de réhabilitation. Cela passe au minimum par l’évaluation du
En chirurgie orthopédique majeure (PTH et prothèse de genou), niveau d’autonomie dans la vie quotidienne (ADL), des capa-
l’efficacité de l’analgésie postopératoire garantit une rééducation cités physiques et l’adaptation à l’effort (test de marche) et
fonctionnelle intensive et précoce dont le but est d’autoriser une du statut neuropsychologique (Mini Mental State). Un outil de
reprise biomécanique efficace (amplitudes articulaires) et sûre mesure adapté au sujet âgé (Comprehensive Geriatric Assess-
(verrouillage articulaire). Elle s’oppose ainsi aux conséquences ment), regroupant des données fonctionnelles, nutritionnelles
pathologiques de l’immobilisation : amyotrophie et réduction et psychosociales préopératoires permettrait de prédire la morbi-
de la masse ostéocalcique, altérations des cartilages articulaires, mortalité postopératoire et de maintenir les conditions physiques
fragilisation ligamentaire, adhérences musculotendineuses. Ces dans le cadre de soins spécialisés, organisés et coordonnés par une
altérations apparaissent précocement et compromettent grave- équipe spécialisée en soins gériatriques [118, 119] . Les sujets âgés
ment le pronostic fonctionnel [109] . Cette analgésie doit être sont capables d’améliorer leur statut fonctionnel et musculaire
efficace tout en évitant les chutes [110] . Les anesthésiques locaux grâce à l’exercice physique (amélioration de la VO2 max, de la
doivent être utilisés en première intention [111, 112] . Les techniques force de préhension, etc.) et de réduire la morbimortalité pério-
d’anesthésie locorégionale ont des répercussions sur la fonction pératoire [120] . En revanche, faute de travaux, le lien entre la
motrice et vont nécessiter la mise en place de précautions pour préparation préopératoire et la morbidité postopératoire, le type
limiter les risques, notamment de chute lors de la reprise de la et la durée de cette préparation ne sont pas encore démontrés.
marche. Il est donc essentiel d’identifier les patients à risque élevé Toutes les mesures et stratégies utilisables chez l’adulte jeune en
de chute. Les moyens de prévention passent par l’information du per- et postopératoire sont applicables chez la personne âgée, sous
personnel soignant, du patient et de son entourage. Cela impose réserve de sa participation active et de l’absence de dysfonction
d’identifier la population à risque de chute (reprise chirurgicale, cognitive postopératoire. Cela repose sur un contrôle optimum
antécédents de chute, sujet âgé, obèse, cathéter périnerveux fémo- de la douleur et une mobilisation précoce, faute de quoi la conva-
ral), d’informer le patient de ne pas se lever seul et sans aide, de ne lescence sera retardée avec une morbi-mortalité plus élevée. Dans
pas appuyer sur le membre endormi jusqu’à la levée complète du une étude chez des sujets âgés traités pour une fracture du col
bloc périnerveux, de réaliser un testing musculaire [110] et de for- fémoral, une douleur élevée était associée à une augmentation
mer le personnel soignant. L’absence d’attelle d’immobilisation de la durée de séjour, un retard de déambulation et à un mau-
du genou et de cannes anglaises augmente le risque de chute. vais résultat fonctionnel à six mois [121] . Tout en étant la plus
L’équipe de kinésithérapie a un rôle majeur et doit permettre de efficace possible, la stratégie analgésique doit limiter le recours
coordonner la prise en charge des patients pour optimiser la réédu- aux morphiniques systémiques du fait de leurs effets indésirables
cation à la marche. L’infiltration d’un anesthésique local au site particulièrement fréquents chez le sujet âgé et repose essentielle-
chirurgical semble moins exposer au risque de chute lors de la ment sur l’analgésie multimodale, avec les précautions habituelles
reprise de la marche (1 % environ) et pourrait être une alternative chez les personnes âgées vis-à-vis de certains médicaments. Ce
intéressante [110] . qui fait de l’anesthésie locorégionale la base de l’analgésie chez la

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personne âgée. Mais plus que la technique d’analgésie utilisée,  Références


ce sont les bénéfices procurés (mobilisation possible, reprise plus
rapide du transit, etc.) et surtout le programme de réhabilita- [1] Alfonsi P, Slim K, Chauvin M, Mariani P, Faucheron JL, Fletcher D,
tion associé qui est important. L’alitement avec l’absence de lever le groupe de travail de la Société française d’anesthésie et réanimation
précoce peut être à l’origine de complications générales (throm- (Sfar) et de la Société française de chirurgie digestive (SFCD). Gui-
boses, désorientation) ou locales (résorption osseuse, escarres, delines for enhanced recovery after elective colorectal surgery. Ann Fr
fonte musculaire) qui peuvent rapidement entraîner l’apparition Anesth Reanim 2014;33:370–84.
d’un déficit, une perte d’autonomie compromettant la sortie et [2] Kehlet H. Enhanced Recovery After Surgery (ERAS): good for now,
le retour à domicile et une surmortalité. Après chirurgie pour but what about the future? Can J Anaesth 2015;62:99–104.
fracture de hanche, il est démontré que la mobilisation postopé- [3] Fearon KC, Ljungqvist O, Von Meyenfeldt M, Revhaug A, Dejong CH,
ratoire à la phase précoce est un facteur indépendant qui permet Lassen K, et al. Enhanced recovery after surgery: a consensus review
de limiter le déclin postopératoire du patient [122] . Une approche of clinical care for patients undergoing colonic resection. Clin Nutr
interventionniste dans laquelle s’intègre le concept de réhabilita- 2005;24:466–77.
tion, même suivie de façon imparfaite, permet une réduction d’un [4] Bontemps G. Récupération rapide après chirurgie : situation actuelle
tiers de l’incidence des délires postopératoires [123, 124] . en France. Anesth Reanim 2015;1:401–8.
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[7] Bardram L, Funch-Jensen P, Jensen P, Crawford ME, Kehlet H.
L’introduction de la RAC nécessite un certain nombre Recovery after laparoscopic colonic surgery with epidural analge-
de prérequis : mettre à contribution le patient, se débar- sia, and early oral nutrition and mobilisation. Lancet 1995;345:
rasser de certaines habitudes, remettre en question certains 763–4.
dogmes, réorganiser les soins au sein de l’équipe soignante [8] Greco M, Capretti G, Beretta L, Gemma M, Pecorelli N, Braga
afin d’aboutir à la sortie du patient dans les meilleures condi- M. Enhanced recovery program in colorectal surgery: a meta-
tions [1] . Elle nécessite l’adhésion au projet de l’ensemble d’une analysis of randomized controlled trials. World J Surg 2014;38:
équipe multidisciplinaire et multiprofessionnelle coordonnée : 1531–41.
anesthésistes-réanimateurs, chirurgien, personnels non médicaux [9] Kehlet H. Rapid Recovery symposium. Berlin; 2011. www.
et kinésithérapeutes. L’implication du kinésithérapeute dans la rapidrecovery.eu.
RAC concerne l’ensemble des spécialités chirurgicales. Il occupe [10] Desborough JP. The stress response to trauma and surgery. Br J Anaesth
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une place importante dans l’entraînement physique du patient,
[11] Thorell A, Nygren J, Ljungqvist O. Insulin resistance: a marker of
que ce soit dans le cadre d’une préhabilitation ou d’une mobi-
surgical stress. Curr Opin Clin Nutr Metab Care 1999;2:69–78.
lisation précoce postopératoire. Il intervient dans la gestion [12] Kurz A, Sessler DI, Lenhardt R. Perioperative normothermia to reduce
respiratoire du patient, en surveillant notamment l’apparition the incidence of surgical-wound infection and shorten hospitalization.
de déficiences pulmonaires qu’il peut traiter et participe à Study of Wound Infection and Temperature Group. N Engl J Med
l’optimisation de l’analgésie. Une fois ces conditions réunies, la 1996;334:1209–15.
démarche s’inscrit dans un souci d’optimisation et de rationali- [13] Bäcklund M, Lepäntalo M, Toivonen L, Tuominen M, Tarkkil P, Pere
sation de la prise en charge hospitalière par l’élaboration d’une P, et al. Factors associated with post-operative myocardial ischaemia
procédure de soins sous la forme de chemins cliniques [107] . Elle in elderly patients undergoing major non-cardiac surgery. Eur J Anaes-
détermine des critères et des modalités d’inclusion au programme, thesiol 1999;16:826–33.
des règles de prise en charge pré-, per- et postopératoires, les élé- [14] Wong PF, Kumar S, Bohra A, Whetter D, Leaper DJ. Randomized clini-
ments de surveillance, les outils d’évaluation et la mise en place cal trial of perioperative systemic warming in major elective abdominal
d’indicateurs de suivi et de résultat [107] . Elle désigne, enfin, des surgery. Br J Surg 2007;94:421–6.
référents responsables du suivi et de l’évaluation du programme. [15] Sessler DI. Perioperative thermoregulation and heat balance. Lancet
La communication entre ces différents personnels soignants doit 2016;387:2655–64.
se faire à travers des réunions d’évaluation des résultats (durée [16] Joshi GP, Ogunnaike BO. Consequences of inadequate postoperative
moyenne de séjour, mortalité, morbidité, etc.) et de rédaction pain relief and chronic persistent postoperative pain. Anesthesiol Clin
North Am 2005;23:21–36.
de protocoles ou de plans de soins. Avant sa mise en route
[17] Lin E, Calvano SE, Lowry SF. Inflammatory cytokines and cell res-
effective, ce programme nécessite la formation renouvelée des ponse in surgery. Surgery 2000;127:117–26.
personnels, notamment paramédicaux à la surveillance et la ges- [18] Ogilvy AJ, Smith G. The gastrointestinal tract after anaesthesia. Eur J
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d’hospitalisation. GRACE met à disposition de ses membres la pos- [19] Harper CM, Lyles YM. Physiology and complications of bed rest. J
sibilité de renseigner les données de leurs patients opérés dans le Am Geriatr Soc 1988;36:1047–54.
cadre d’un programme de RAC, d’avoir accès à leurs statistiques, [20] Mynster T, Jensen LM, Jensen FG, Kehlet H, Rosenberg J. The
de pouvoir exporter les données et de bénéficier de recommanda- effect of posture on late postoperative oxygenation. Anaesthesia
tions révisées. 1996;51:225–7.
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 Conclusion [22]
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Le protocole RAC constitue probablement l’avancée la plus tion following open carpal tunnel release: an analysis of over 450,000
Medicare patients. J Hand Surg [Am] 2018;43:214–9.
significative en chirurgie depuis l’avènement de la laparoscopie.
[23] Sharma A, Deeb AP, Iannuzzi JC, Rickles AS, Monson JR, Fleming FJ.
Des données factuelles démontrent que la RAC est faisable, sûre
Tobacco smoking and postoperative outcomes after colorectal surgery.
et efficace pour raccourcir la durée d’hospitalisation et amélio- Ann Surg 2013;258:296–300.
rer la convalescence des patients. La réussite d’un programme [24] Musallam KM, Rosendaal FR, Zaatari G, Soweid A, Hoballah JJ,
de RAC réclame une collaboration multidisciplinaire et multi- Sfeir PM, et al. Smoking and the risk of mortality and vascular and
professionnelle. Chez les personnes âgées, ayant souvent des respiratory events in patients undergoing major surgery. JAMA Surg
comorbidités importantes, la RAC a montré son efficacité sans 2013;148:755–62.
risque d’augmentation du nombre de réadmissions. [25] Kehlet H, Dahl JB. Anaesthesia, surgery, and challenges in postopera-
tive recovery. Lancet 2003;362:1921–8.
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Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs n’ont pas transmis de liens d’intérêts capacity is associated with all-cause mortality after major elective intra-
en relation avec cet article. abdominal surgery. Br J Anaesth 2010;105:297–303.

10 EMC - Anesthésie-Réanimation

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Réhabilitation améliorée après chirurgie  36-398-A-10

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12 EMC - Anesthésie-Réanimation

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Réhabilitation améliorée après chirurgie  36-398-A-10

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L. Tran (tran.l@chu-nice.fr).
M. Raucoules-Aimé.
Pôle anesthésie réanimations urgences, Samu-Smur, Hôpital Pasteur 2, 30, voie Romaine, 06000 Nice, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Tran L, Raucoules-Aimé M. Réhabilitation améliorée après chirurgie. EMC - Anesthésie-Réanimation
2019;16(1):1-13 [Article 36-398-A-10].

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