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01 Conduite Projet Communication v6 (24979)
01 Conduite Projet Communication v6 (24979)
Peter Stockinger
Méthodologie et exemples.
Avant-propos
Ce document de travail introduit, discute et exemplifie une méthodologie générale de la conduite de
projets de communication. Nous nous concentrons ici plus particulièrement sur ce que nous appelons
les campagnes de communication. Ce sont des activités de communication, parfois très
complexes, qui servent à satisfaire un objectif fixé préalablement.
Première partie :
Le projet de communication - une vue d’ensemble
6
Les pratiques et activités de communication concernées sont celles qui sont conçues d’une
manière délibérée pour atteindre un objectif préalablement fixé. Ainsi, il est évident que la
problématique du projet de communication joue un rôle déterminant dans toutes les activités
économiques et financières d’une entreprise moderne – sous la forme par exemple de :
On pourrait facilement allonger cette liste. Elle montre que la problématique désignée sous le
terme « projet de communication » est centrale pour tous les types de communication à caractère
professionnel, possédant une dimension stratégique (i.e. réfléchie et élaborée sous forme d’un plan
selon lequel elle se met en place).
− projets de communication publicitaire médias, dont font partie, par exemple, les campagnes
publicitaires dans la presse écrite, dans la télévision et dans la radio ;
− projets de communication s’appuyant sur les possibilités des médias sociaux numériques et/ou des
médias mobiles ;
− projets de communication web sous forme de blogs, de sites, de web documentaires ou de séries de
films web ;
− projets de communication sous forme d’envoi direct aux destinataires visés de supports de type
« catalogue », « courrier », etc. ;
− projets de communication s’appuyant sur des personnes ou des groupes de personnes qui
peuvent influencer les destinataires visés (cf. le stratégie du vedettariat) ou qui s’activent
dans une stratégie de « bouche-à-oreille » (cf. la stratégie des « ambassadeurs » d’une marque,
d’une cause, d’un programme politique, …) ;
− projets de communication qui s’appuient sur les objets (gadgets, produits dérivés, cadeaux, prix,
trophées, mascottes, …) ;
− ou encore de projets de communication qui « habillent » des lieux, des immeubles, des moyens 8
de transports communs, des studios de télé, les pages de couverture des sites web de la
presse écrite, etc. pour communiquer l’image d’une marque.
Chacun de ces projets possibles de communication doit être conçu, planifié, réalisé et
évalué quant à son intérêt, à sa contribution à résoudre un problème, à satisfaire un objectif
donné.
Avant de considérer plus en détail l’architecture conceptuelle sur laquelle repose un projet de
communication, rappelons rapidement un ensemble de critères qui nous permettent d’appréhender
d’une manière systématique et globale ce qu’est un acte ou une action de communication.
9
1) Acte de communication
2) Action de communication
3) Intention de communication
4) Compétence de communication
5) Communication co-construite
6) Campagne de communication
7) Politique de communication
8) Stratégie de communication
9) Pratique de communication
10) Activité de communication.
Par acte de communication, il faut entendre tout fait, toute expression servant à transmettre ou à
partager quelque chose. Par exemple, demander à quelqu’un d’ouvrir la fenêtre est un acte de
communication, écrire à quelqu’un un sms est un acte de communication ; faire un signe de la tête
à une personne est également un acte de communication tout comme le fait d’envoyer à quelqu’un
une photo, etc.
Pour réaliser son objectif, l’auteur de la communication a besoin d’un savoir et d’un savoir-
faire appelé compétence. La compétence de communiquer est double :
− Elle est technique. L’auteur doit connaître les règles de réaliser un acte de communication
(il doit, par exemple, savoir s’exprimer oralement ; il doit savoir s’exprimer par des gestes
ou par une mise en scène personnelle).
− Elle est stratégique. L’auteur doit avoir l’habilité de persuader le destinataire de son
sentiment amoureux et de faire en sorte que l’autre accepte sa déclaration en choisissant,
par exemple, les mots avec lesquels il exprime son sentiment, une bonne mise en scène
de lui-même, des cadeaux et autres offrandes qui peuvent faire plaisir, etc.
En restant avec notre exemple, il n’y a pas seulement l’auteur d’une déclaration d’amour mais
aussi le destinataire – la personne à qui cette déclaration est adressée. Or, en montrant à l’auteur
comment il reçoit les premiers actes de sa déclaration amoureuse, ce qu’il en pense, le destinataire
lui signifie s’il ne vaut pas mieux modifier, adapter sa stratégie de communiquer ou même s’il ne
vaut pas mieux abandonner son objectif en faveur d’un autre objectif. Ces « va-et-vient » entre auteur
et destinataire (et autres acteurs éventuels qui peuvent intervenir – par exemple des concurrents
éventuels pour l’auteur, des amis plus ou moins bien intentionnés, etc.) montre qu’un acte de
communication et, a fortiori, qu’une action de communication est co-construit par l’ensemble des
acteurs qui y trouvent un intérêt, qui en sont les parties prenantes.
Par rapport à l’action de communication (constituée, elle, rappelons-le, d’un ensemble d’actes
coordonnés pour atteindre un objectif donné), la campagne de communication représente un niveau
encore plus complexe. En dehors des cas limite où une campagne de communication se réduit à
une seule action, une campagne s’appuie sur un ensemble d’actions de communication
coordonnées en vue de réaliser un objectif posé. Pour rester avec notre exemple, afin de déclarer
à quelqu’un son amour et de faire en sorte que cette entreprise fort délicate soit couronnée de
succès, l’amoureux peut se lancer dans une véritable campagne qui occupera une certaine durée
pendant laquelle l’auteur – l’amoureux - procède à tout un programme d’actions « ciblées » pour
tenter de gagner progressivement l’assentiment de l’autre : envoi régulier de messages sms, envoi
régulier de petits cadeaux, organisation de sorties au restaurant ou en boîte, etc. Bien sûr, un tel
programme d’actions prévu par l’auteur peut être de nouveau co-construit en fonction des réactions
et des souhaits du premier intéressé et des interventions d’autres parties prenantes de cette
campagne …
Ce petit exemple ad hoc, qui fait partie du domaine personnel et privé, est tout aussi pertinent
au niveau des campagnes de communication comprises comme des activités professionnelles :
une campagne de communication repose sur une intention, un ou des objectifs spécifiques, des savoir et
savoir-faire techniques et stratégiques et, enfin, une série d’actions de communication sciemment planifiées par
l’auteur de la campagne en fonction des intérêts et apports de tous les acteurs concernés par la
campagne (dont, bien sûr, de ceux du destinataire).
Typiquement, une campagne de communication fait partie d’une politique de communication. Une
politique de communication définit les grands objectifs et les objectifs à long terme, par exemple,
d’une institution, d’une entreprise, d’un organisme public. Elle se réalise à travers une ou, plutôt,
une série de campagnes et actions de communication. Autrement dit, c’est la politique de 11
communication (« communication policy », en anglais) qui définit les grandes stratégies de
communication qui se déclinent ensuite en campagnes et actions de communication spécifiques.
Sans pouvoir traiter ici davantage de ces questions à la fois terminologiques et théoriques,
nous nous appuierons par la suite sur ces quelques clarifications.
Précisons encore une fois que les formes et activités de communication qui nous intéressent
ici se situent surtout au niveau de la campagne de communication d’une part et des campagnes de
communication dans un contexte professionnel, d’autre part.
En décrivant une action ou une campagne de communication à l’aide de ces douze critères,
nous ne faisons rien qu’expliciter le savoir et le savoir-faire, autrement dit : la compétence
technique et stratégique qui est à l’œuvre dans l’activité décrite, qui nous semble être nécessaire
pour la réalisation de cette activité – activité comprise soit comme une action ou une campagne
de communication déjà réalisée, soit comme une action ou une campagne de communication encore
à réaliser.
Dans ce dernier cas – dans le cas d’une action ou d’une campagne de communication encore
à réaliser, encore à mettre en œuvre – les douze critères identifiés dans la figure 1 constituent
autant de problématiques, autant de questions auxquelles il faut répondre.
Définissons rapidement chacun de ces 12 critères. Nous les traiterons plus en détail dans les
prochains chapitres de ce document :
Les objectifs spécifiques définissent l’intention qui sous-tend une action ou une campagne de
communication ; les objectifs spécifiques sont les buts que l’on se propose de réaliser, les
problèmes que l’on se propose de résoudre à l’aide d’une action, d’une campagne de
communication. Dans le cas d’une campagne de communication électorale, l’objectif est, par exemple,
de faire élire un candidat à une fonction politique locale, régionale ou nationale.
L’objet (ou le domaine) c’est ce dont il est, ou sera question dans une action ou campagne de
communication, c’est l’élément sur lequel porte une action ou campagne de communication en
fonction de l’objectif posé. Dans le cas d’une campagne de communication sociale, l’objet de la
campagne peut être un certain type de comportement (tel que celui de se droguer) considéré
comme nuisible et qu’il faudra rectifier.
Les acteurs sont tous les participants dans, toutes les « parties prenantes » d’une action ou
d’une campagne de communication parmi lesquels on compte, plus particulièrement les auteurs
de la communication (appelés plus souvent « annonceurs ») et les destinataires de la
communication (appelés également « cibles »).
L’environnement est l’ensemble des facteurs d’ordre culturel, social, économique, politique,
juridique, technique, … qui peuvent peser sur une action ou une campagne de communication.
C’est un paramètre particulièrement important dans le cadre d’un projet d’action ou de campagne
de communication internationale et/ou se déroulant à un niveau multi- ou interculturel.
Les instruments et outils de la communication désignent tous les supports (oraux, écrits,
visuels, audiovisuels, …), événements, objets, etc. qui sont utilisés par l’action ou la campagne de
communication pour exprimer, mettre en scène, faire circuler et partager le ou les messages au
sujet de son objet (ou domaine).
1. L’interprofession du vin X veut lancer une campagne publicitaire pour faire connaître ses
gammes de vins auprès d’une nouvelle clientèle.
2. L’association X, active dans la lutte contre l’exclusion et le racisme, veut lancer une
campagne pour collecter des dons financiers pour ses projets concrets.
3. Le conseil régional X veut se lancer dans un projet de communication pour valoriser son
territoire auprès des entreprises susceptibles de s’y implémenter ainsi qu’auprès des
investisseurs et des touristes potentiels.
4. L’université X, spécialisée dans l’enseignement et la recherche sur les langues et cultures
« orientales », veut lancer un projet de communication visant à mettre en valeur son
expertise et son excellence en la matière.
5. La mairie d’une grande ville X envisage une série d’opérations de communication pour
inciter les habitants à végétaliser davantage leurs environnements quotidiens.
6. L’ONG X envisage une opération de communication pour promouvoir le dialogue social
et interculturel dans des quartiers urbains et péri-urbains multiculturels.
7. Le jeune diplômé X envisage des opérations d’autopromotion sur le web pour pouvoir se
lancer en tant qu’indépendant en communication internationale.
Les phrases 1 à 7 définissent d’une manière très synthétique des projets de communication à
caractère professionnel :
Peu importe la diversité de ces projets, peu importe les différences réelles qui existent entre
tous ces projets, on les conçoit et on les réalise en référence aux 12 critères que nous venons
d’introduire. Ces 12 critères constituent en effet un modèle conceptuel commun à tout type de projet
de communication.
En développant d’une manière un peu plus extensive le premier exemple, la figure 2 nous
montre un tableau qui contient les différents critères introduits dans le chapitre précédent pour
appréhender une communication (cf. figure 2, colonne de gauche). La colonne droite (figure 2)
fournit des informations relatives à chacun des critères. 15
Ensemble, les 12 critères nous offrent une approche méthodologique systématique pour
concevoir tout projet de campagne de communication.
En consultant les informations produites dans la figure 2, on peut en effet affirmer que l’enjeu
principal de la conception d’une action ou d’une campagne de communication est celui de
fournir, pour chaque critère, des informations aussi précises que possibles afin d’assurer sa
réalisation et son déploiement conformément aux attentes de toutes les parties prenantes et plus
particulièrement de l’annonceur. 17
Nous allons discuter chacun de ces 12 critères plus loin dans ce document. Mais d’abord nous
devons encore introduire le cadre méthodologique général pour conduire un projet de
communication. Il nous permettra de bien comprendre la place et la fonction de chacun de ces
12 critères dans un projet concret.
18
La figure 3 nous identifie les 6 grandes « tâches » suivant et à l’aide desquelles on peut
organiser un projet de communication. Certaines de ces tâches doivent être menées avant d’autres.
C’est le cas de la tâche de la définition des objectifs qui obligatoirement intervient avant la
définition du modèle conceptuel de l’action ou de la campagne de communication à mettre en
place. Mais d’autres tâches peuvent, voir même doivent être menées en parallèle. La planification
temporelle (l’échéancier) des différentes tâches doit être fixé par un diagramme de GANTT dont 19
la figure 5 nous montre un modèle qu’il faut adapter aux exigences et spécificités d’un projet
concret.
Tâche 1 : Objectifs de la
campagne de communication
Tâche 2 : Cadre de la
Tâche 5 : campagne de communication Tâche 6 :
Evaluation de la Management
campagne de du projet de
communication communication
Tâche 3 : Design conceptuel
des activités de la campagne
de communication
La figure 4 nous montre les principales dépendances fonctionnelles qui existent entre les
six grandes tâches. Ainsi :
2) Par rapport aux quatre tâches citées, les tâches 5 et 6 sont en quelque sorte transversales :
les activités d’évaluation (tâche 5) concernent en principe toutes les activités réalisées dans
les quatre premières tâches. Ainsi, cette tâche se trouvera normalement dispatchée sur
plusieurs dates ou périodes du diagramme de GANTT qui définit l’échéancier d’un projet
de communication. Enfin, la gestion du projet (tâche 6) est une activité qui concerne
l’ensemble des étapes d’un projet de communication. En conséquence, elle doit être
programmée sur toute la durée du projet.
20
Tâche/activité Date/ Date/ Date/ ….
Période Période Période
1 Tâche 1 : Définition des objectifs
spécifiques de la campagne de
communication
(Figure 5 : Structure générale d’un diagramme de GANTT définissant le déroulement d’un projet de
communication)
Considérons maintenant plus en avant la figure 3 ci-dessus. A priori, tout dépend, bien sûr de
l’importance stratégique, de l’environnement concurrentiel, des moyens techniques et financiers
d’un projet de communication : il va de soi que les différentes activités identifiées dans la figure 3
peuvent être entreprises avec plus ou moins de précision, avec plus ou moins de moyens, avec ou
sans l’aide de spécialistes et autres professionnels, etc. Mais en soi, il semble être clair, que tout
projet de communication mobilisera chacune des 6 grandes tâches. Tout projet de campagne de
communication, à minima, est censé :
Ce sont six conditions minimales dont tout projet de communication doit tenir compte – aussi
informel, aussi « marginal » qu’il puisse se montrer par rapport aux standards professionnels
existants.
Ensuite, comme déjà dit, ce sont plutôt les moyens humains et financiers disponibles, les
visions stratégiques de ce qu’est une « bonne communication », ce sont aussi les préférences et les
habitudes de communiquer d’une certaine façon, avec certains outils et certains supports, … qui
feront en sorte que telle tâche ou telle activité sera prise en considération, traitée davantage que
telle autre – la conception et la conduite d’un projet de communication étant plutôt un art, un
savoir-faire pratique acquis par l’expérience qu’une technologie à proprement parler, qu’une
technologie à « appliquer mécaniquement » ! 22
Dans les chapitres restants de ce document nous allons discuter plus en avant certaines de ces
tâches. Nous discuterons plus particulièrement les tâches 1 (définition des objectifs spécifiques),
2 (analyse du cadre de la communication), 3 (modèle conceptuel) et 5 (évaluation de la
communication). Les deux autres tâches seront décrites d’une manière plus succincte étant donné
que nous les avons déjà exposées dans plusieurs autres de nos supports de cours.
23
Voyons l’exemple proposé dans la figure 2 (chapitre 3). La première ligne du tableau (figure
2) introduit l’objectif spécifique d’une communication, donc la problématique qu’une action
de communication, qu’une campagne de communication doit prendre en charge. Pour notre
projet de la réalisation d’une campagne de communication dédiée à l’introduction d’une nouvelle
marque de vin sur le marché, la problématique est celle de la promotion de cette marque. Ici, il ne
s’agit pas prioritairement de stimuler la vente de la nouvelle marque. Il s’agit plutôt de la faire
connaître auprès du destinataire (de la « cible ») de cette campagne, de faire en sorte pour qu’elle
acquiert une réputation positive auprès d’une clientèle potentielle visée et, éventuellement, de
préparer le terrain propice pour des actions commerciales à venir …
D’une manière bien plus précise, « décrire l’objectif spécifique de la communication » veut
bien dire expliciter autant que faire se peut ce qu’on entend, dans le cadre du projet de
communication en question, par le terme « promotion » : faire connaître une nouvelle marque de
vins ? ; appuyer sa notoriété sur d’autres marques similaires ?; assoir son identité sur son goût, ses
origines, sa place symbolique dans la vie personnelle du consommateur ? ; préparer le terrain à des
actions commerciales à venir ?; positionner son image par rapport à d’éventuels concurrents ?; etc.
Prenons aussi l’exemple de l’association dont l’objectif est de collecter des fonds pour pouvoir
mener des actions humanitaires (cf. chapitre 3). La problématique générale est celle de la persuasion
des donateurs éventuels pour qu’ils décident de cofinancer des actions de l’association (même au
détriment des actions d’autres associations à cofinancer). La persuasion s’appuiera-t-elle sur la
réputation de l’association ? sur la nature et l’importance des actions à mener ? sur les avantages
qu’en tirent les bénéficiaires ? sur les avantages qu’en tire le donateur ? sur la conscience morale
ou l’éthique du donateur ? sur l’empathie du donateur ? sur le vécu personnel du donateur ?
On le voit bien : la définition de ou des objectifs spécifique(s) n’est pas du tout limitée au cas
d’une communication de marque à mettre en place – cette tâche concerne toutes les actions de
communication – à visée commerciale, sociale, culturelle, politique, etc.
2 L’association X, active dans la lutte … pour collecter des dons financiers pour ses
contre l’exclusion et le racisme, projets concrets.
veut lancer une campagne …
3 Le conseil régional X veut se lancer … pour valoriser son territoire auprès des
dans un projet de communication entreprises susceptibles de s’y implémenter ainsi
… qu’auprès des investisseurs et des touristes
potentiels.
L’identification de l’objectif auquel une (campagne de) communication doit répondre est un
moment indispensable dans tout projet de communication. Elle constitue une première étape pour
répondre au fameux « pourquoi ? » d’une communication et au « pourquoi ? » faire tant d’efforts
pour communiquer. Elle est complétée par deux autres étapes qui sont :
1. La définition du type d’objectif visé par une action ou une campagne de communication
2. La qualification de l’objectif visé, i.e. sa description plus détaillée.
26
N° Intention de Identification de Type d’objectif Qualification de
communiquer (de l’objectif l’objectif
« réaliser une
campagne de
communication »)
La figure 7 nous fournit pour ces deux autres étapes des exemples. Précisons simplement que
par type d’objectif, on entend le fait que les objectifs spécifiques à des projets de communication
les plus variés peuvent néanmoins partager une même visée. Par exemple, tous les jours des
milliers de projets de communication sont planifiés qui partagent tous une visée promotionnelle
voulant faire la promotion de quelque chose ou de quelqu’un. En considérant les exemples donnés
dans la figure 7, on peut se rendre compte de l’importance de certains types (plus généraux)
d’objectifs qui traversent en fait tous les secteurs et domaines de la communication – types
d’objectifs tels que :
− la promotion (d’un produit, d’une cause, une institution, d’une personne, d’un territoire,
etc.) et la création de conditions favorables pour des actions à venir ;
− l’obtention de l’adhésion intellectuelle, morale, affective, esthétique, etc. (à un produit,
une cause, une vision, une institution, etc.)
− l’obtention d’un bien ou d’un avantage sous forme d’une donation ou d’une
acquisition/d’une vente
− etc.
Cela dit, il n’existe pas une typologie des objectifs propres aux actions et campagnes de
communication. Ce n’est pas surprenant étant donné la diversité des actions et campagnes de
communication existantes.
Par qualification de l’objectif visé, on entend non seulement une description plus précise
de celui-ci mais aussi l’élaboration de critères qui permettent d’évaluer d’une manière aussi
objective que possible l’efficacité d’une action ou d’une campagne de communication. Ainsi, il ne
suffit pas seulement de dire que telle action ou telle campagne vise la promotion d’une nouvelle
marque de vins mais il faut également :
Parfois, ces critères sont désignés par l’acronyme KPI qui veut dire (en anglais) « key performance
indicator » (en français, « indicateur clé de performance »). Un KPI est censé permettre de mesurer
l’efficacité d’une action en fonction d’un objectif donné. Par exemple l’efficacité d’une action
commerciale peut être évaluée par rapport à un seuil établi de produits à vendre. Tel quel, un KPI
est difficilement applicable dans le domaine de la communication stratégique et professionnelle
mais l’important ici est de retenir l’exigence d’identifier et décrire des critères par rapport auxquels
on peut évaluer une action ou campagne dans son ensemble ou tel ou tel aspect particulier. 28
En consultant les exemples fournis dans la figure 7 (colonne « Qualification des objectifs »),
on peut se rendre compte qu’une qualification importante de l’objectif d’une campagne consiste
à faire en sorte pour qu’il y a des « répercussions dans les médias (traditionnels, numériques) », i.e.
de faire en sorte pour qu’on « parle » ou pour qu’on « commence à parler » de l’objet de la campagne
de communication dans les journaux, dans les magazines, dans les émissions radio ou télé, sur les
sites web, entre les « gens concernés » à l’aide de techniques de type de bouches-à-oreille, etc.
Mais comme les exemples de la figure 7 nous le montrent, il existe bien d’autres types de
qualification d’un objectif. C’est aux responsables du projet d’une campagne de bien identifier et
décrire ceux qui sont pertinents pour le projet.
Spécifique. Un objectif doit être aussi spécifique que possible. Par exemple l’énoncé
« promouvoir une nouvelle marque de vin » est très général par rapport à l’énoncé « faire connaître
la nouvelle marque du vin aux cavistes des grandes villes françaises ». Ainsi le deuxième énoncé est à privilégier.
Mesurable. Un objectif doit être, dans la mesure du possible, quantifiable. Ainsi l’énoncé « la
nouvelle marque du vin doit faire son entrée dans l’offre d’au moins NN (nombrer à préciser) de cavistes de XX
grandes villes françaises » semble répondre à cette deuxième exigence.
Acceptable (et Ambitieux). Un objectif doit être accepté par les parties prenantes (dont,
plus particulièrement, l’annonceur) et aussi montrer une certaine ambition, i.e. viser un état qui
dépasse d’une manière significative un état existant. Par exemple, l’énoncé suivant semble
répondre à ce critère : « le fait que la nouvelle marque du vin doit faire son entrée dans l’offre d’au moins
NN (nombrer à préciser) de cavistes de XX grandes villes françaises, ce fait est fortement souhaité par l’annonceur
et enregistré comme une exigence par l’agence responsable de la campagne de communication ; atteindre cet objectif
représente une entrée rapide de la marque dans un secteur de marché de consommation non-négligeable … ».
Réaliste. Il faut apporter des arguments qu’il est réaliste de penser que l’objectif en question
puisse être réalisé. Par exemple l’énoncé suivant semble pouvoir répondre à cette exigence : « le
fait de faire entrer la nouvelle marque dans l’offre d’au moins NN cavistes de XX grandes villes françaises semblent
être faisable étant donné les qualités particulières du produit pouvant compléter une offre encore peu développée en
direction d’un segment de consommateur qualifiable de citadin, plutôt jeune, enclin de découvrir un vin de terroirs
bio mais représentant un pouvoir d’achat encore relativement réduit ».
Temporellement défini. Un objectif doit posséder une ou plusieurs dates butoirs. Par
exemple, l’énoncé suivant remplit cette exigence : « la nouvelle marque du vin doit faire son entrée dans
l’offre d’au moins NN (nombrer à préciser) de cavistes de XX grandes villes françaises ; une première vague de
NN entrée doit être réalisée au plus tard vers TT ; une deuxième vague, etc. »
L’exemple donné est « ad hoc » et peut être développé davantage, avec davantage de précision.
Cela dit, la méthode SMART doit être utilisée plutôt comme un guide auquel on se réfère lors de
l’élaboration des critères qualifiant un objectif donné.
Il va de soi que pour beaucoup de projets de communication, cette méthode ne pourra
s’appliquer que partiellement. Ce qui importe ici de nouveau, c’est l’esprit qui sous-tend la méthode 29
SMART : être vigilant, très vigilant dans la définition des objectifs d’une campagne de
communication. L’objectif est la clé de voûte de toute action, de toute campagne de communication.
S’il est mal défini, si sa définition est floue, générale, approximative, irréaliste, non acceptée par
toutes les parties prenantes, alors on risque de bien mauvaises surprises tout au long d’un projet
de communication – peu importe ses qualités par ailleurs.
30
6.1) Introduction
Rappelons que la description du cadre d’une action ou d’une campagne de communication à
réaliser réunit typiquement les quatre activités suivantes :
Ensemble, ces quatre activités constituent typiquement une tâche commune (i.e. la tâche 2, cf.
figure 3). Remarquons qu’à la place de l’expression « cadre d’une campagne de communication »,
on utilise également celle de « contexte d’une campagne de communication » en y incluant le
contexte de communication existant, i.e. le contexte formé par l’ensemble des activités et projets
de communication déjà existants et que le projet d’une nouvelle action, d’une nouvelle campagne
doit prendre en considération.
Avant de présenter succinctement les quatre activités, soulignons qu’il est indispensable pour
tout design conceptuel du genre, des éléments du contenu, des outils et instruments d’une
campagne de communication de réfléchir d’abord sur l’objet de la campagne, sur les acteurs
concernés, sur le contexte socioculturel plus général ainsi que sur le contexte de communication
existant. Bien sûr, le fait comment et à quel degré de précision ce cadre doit ou peut être explicité
dépend de la spécificité du projet, de son importance, de sa singularité en tant que projet, en
comparaison aux projets de communication plutôt « standards » et des moyens mobilisables.
Mais attention, telle quelle cette description des propriétés de l’objet sur lequel nous
souhaitons communiquer est hors contexte et n’est donc pas pertinente. « Hors contexte » veut dire
ne pas prendre en considération le fait que cet objet – à travers, par les biais de ses propriétés, de
ses qualités – doit posséder une valeur (pratique, esthétique, émotionnelle, éthique, …) pour le
destinataire, pour la « cible » de la campagne de communication. Autrement dit, la description des
caractéristiques de l’objet sur lequel on veut communiquer doit obligatoirement tenir compte des éventuels
intérêts qu’elles présentent pour les différentes parties prenantes de la communication et, ici plus
particulièrement pour le destinataire de la communication. Ainsi, dans le cas d’une nouvelle
marque de vin à promouvoir, la question qui se pose ici est celle de savoir en quoi elle peut
répondre aux attentes (aux désirs, aux aspirations, …), aux aspirations du consommateur visé.
L’enjeu principal ici est de réunir toutes les données pertinentes qui pourraient être exploitées par
la tâche du design conceptuel de la communication (chapitre 7). Comme nous le verrons
encore, un aspect important dans le design d’une campagne de communication concerne le
contenu, le ou les messages que l’on souhaite faire passer au sujet de l’objet (dans notre cas : au
sujet de la nouvelle marque du vin) aux acteurs intéressés dans notre campagne. C’est la
problématique de ce qu’on appelle en anglais le « brand content » ou encore le « brand meaning », i.e.
la problématique du contenu, du sens de la marque ainsi que de ses atouts (en anglais « brand assets »)
en comparaison avec d’autres marques (concurrentes).
La présentation aussi précise que possible non seulement de l’identité, de la spécificité mais
aussi des atouts (en anglais : « assets », i.e. « brand assets ») du domaine ou de l’objet d’une
communication en fonction des acteurs concernés par la campagne de communication est une
activité incontournable dans tout projet de communication – et pas seulement dans le cadre d’un
projet de type « communication pour promouvoir une nouvelle marque de vin ».
Par exemple, dans le cadre d’une communication territoriale dont l’objectif est de persuader
les entreprises de s’implémenter dans la région ou d’attirer davantage de touristes, la question est
de savoir quelles sont les caractéristiques de la région qui pourraient convaincre les deux destinataires
cités – caractéristiques telles qu’infrastructure logistique, avantages fiscaux, main d’œuvre qualifiée
sur place pour les entreprises potentielles ; infrastructure pour tourisme familial, gastronomie,
terroir, espaces verts et parcs d’attraction, pour les touristes potentiels.
1) le marché existant qui peut avoir un impact sur la marque à lancer ainsi que les habitudes et
les pratiques (i.e. les cultures) de consommation de vin et
2) le consommateur visé, son ou ses profils de consommateur de vins et ses attentes et
aspirations de consommation.
La figure 8 nous offre des exemples d’objets ou de domaines de communication possibles ainsi
que des définitions ultra-rapides (et évidemment à développer davantage pour en faire des outils
réellement utiles) des atouts desdits objets …
(Figure 9 : Tableau proposant une structuration pragmatique de la description des atouts – (« brand assets »,
en anglais) l’objet d’une campagne de communication)
Le différents atouts (figure 9, première colonne) doivent être identifiés par l’analyste et offrent
autant d’aspects de l’objet ou du domaine sur lequel on peut envisager de focaliser une campagne
de communication. Cela dit, un atout n’est atout que si on peut apporter des arguments montrant
qu’il possède une pertinence pour les acteurs concernés de la campagne de communication et, ici,
plus particulièrement pour le destinataire. Nous devons à Jean-Noël Kapferer une grille de six types
de facettes qui est très largement utilisée dans le design du brand content, i.e. du contenu d’une marque
(de produits, d’institutions, de lieux, de personnes, etc.) et des atouts d’une marque en relation à la
fois au consommateur et aux éventuels concurrents (cf. notre support de cours « Place et fonction de
la marque dans la communication des organisations » (Stockinger 2016d)).
Pour obtenir une présentation explicite et systématique, chaque facette utilisée pour définir
contenu et atout de l’objet sur lequel on a l’intention de lancer une campagne de communication, 34
devrait être décrite et documentée (figure 9, deuxième colonne). Description et documentation
d’une facette doit être réalisée en fonction de l’acteur/des acteurs visés (de l’acteur ou des
acteurs qui occupe(nt) le rôle du destinataire de la communication). L’identification et la
présentation (notamment du profil et des attentes) de l’acteur (figure 9, troisième et quatrième
colonne) se fait, bien sûr, à l’aide de l’activité « Description des acteurs de la campagne de communication »
(cf. ci-après, chapitre 6.3).
On pense ici, bien sûr, aux innombrables produits dans l’alimentation, l’habillement, les soins
personnels, le ménage, etc. La « marque » doit permettre de différencier tous ces innombrables
produits de consommation. Ce qu’on appelle alors en anglais le brand object (l’objet/le domaine
d’une marque) est un objet dont le sens, la valeur constitue une référence (un repère ; cf. Lewi
& Rogliano 2006) pour un certain public qui est le consommateur. Dans le cadre de la
communication de produits de consommation, on rencontre ainsi différents grands types de
marques comme, par exemple :
1. Les marques de produits spécifiques et de familles/de gammes de produits (comme, par exemple,
les marques de boissons tels que Red Bull, Coca Cola, Sprite, etc.) ou encore d’un ensemble
de produits souvent appelées « marque ombrelle » (telle que, par exemple, la marque
ombrelle « LU ») ;
2. Les marques corporate ou institutionnelles : entreprise (par exemple : L’Oréal, Benetton,
Microsoft, …), distributeur, banque, etc. ;
3. Les griffes que sont les signatures d’une création originale liée à un savoir-faire personnel
reconnu (exemple : les griffes Jean-Paul Gaultier, Christian Lacroix, … dans le secteur de
la mode) ;
4. Les licences que sont des « … autorisation(s) à exploiter une marque pour commercialiser
des produits » (Lewi & Rogliano 2006) comme, par exemple le nom « Ushuaïa » de TF1
exploité par L’Oréal …
Mais la problématique du brand content est beaucoup plus générale et en aucun cas limité aux
secteurs des produits et des services de consommation quotidienne. D’une manière plus générale,
nous retrouvons cette même problématique lorsque … :
1. L’objet est un acteur (une personne, une institution, un groupe, un mouvement, …).
C’est le cas du personal branding, du branding de personnalités politiques, du branding de
personnalités du show-business, de personnalités du monde économique, etc. On retrouve ici de
nouveau le corporate branding dont l’objet ne sont pas seulement les entreprises mais toutes
les organisations sociales : associations, ONG, universités, musées, fondations, églises,
etc. 35
2. L’objet est une idée, une doctrine, une pensée. Il s’agit du branding d’un mouvement
politique, d’un mouvement social, d’un mouvement spirituel (« faith branding », en anglais), d’une
cause (lutte contre la maladie, lutte contre le tabagisme, …), etc. On voit que le branding
rejoint ou peut rejoindre ici la technique du « social advocacy ».
3. L’objet est un artefact à statut culturel particulier. Il s’agit ici du branding de « références
culturelles » (d’un pays, d’une civilisation, d’une aire géopolitique, etc.) tels que le branding
de monuments (ex. : le château de Versailles), d’édifices religieux (ex. : Notre Dame de Paris),
de constructions remarquables (ex. : la Tour Eiffel), d’œuvres d’art (ex. La Mona Lisa), etc.
4. L’objet est un lieu. C’est le cas du (en anglais) « territory branding » qui désigne en fait une
problématique générique couvrant des problématiques plus spécialisées telles que le « city
branding », le « country branding », le « street branding », le branding d’installations telles que
parcs d’attraction, parcs naturels, etc.
5. L’objet est un moment, une période. C’est le cas, par exemple, du branding de certains
anniversaires (en anglais, « commemorative branding ») tels que le 14 juillet en France et le 1er
mai dans un certain nombre de pays du monde. On trouve également ici le branding
d’époques et d’événements historiques ou légendaires saillants (cf., par exemple, l’actuel
branding du Moyen Âge et des temps de guerre qui font le « bonheur » de multiples jeux
vidéo autour du monde …).
6. L’objet est une expression verbale ou non-verbale, un signe qui réfère à une culture, à
un style de vie, … Il s’agit ici, par exemple, du branding de certains mots que l’on peut
retrouver autour du monde et qui suggère un style de vie, une culture particulière. Ainsi,
on peut retrouver autour du monde, des noms communs tels que « restaurant » (en
français), « pâtisserie » (en français), « croissant » (en français), « grand cru » (en français),
« millésime » (en français), etc. qui suggèrent des références à un style de vie « à la
française », un style de vie qui suggère le luxe, l’élégance, le « French way of life » …
Mais d’autres parties prenantes peuvent s’y ajouter : journalistes et autres « influenceurs »
(dont blogueurs) susceptibles d’écrire sur cette nouvelle marque de vin ; partenaires économiques
et commerciaux (distributeurs et/ou surfaces commerciales susceptibles de vendre la ou les
gammes de vins), etc. 36
D’une manière plus générale, une action ou une campagne de communication agrège – pas
obligatoirement mais assez typiquement – un ensemble de rôles qui sont ensuite occupés par des
personnes, groupes de personnes, institutions ou organisations, etc. Parmi ces rôles, on trouve,
par exemple :
1. Les deux rôles déjà cités de l’auteur et du destinataire (de la « cible ») d’une action ou
campagne de communication. En ce qui concerne les activités de communication qui
nous intéressent ici, on parle plutôt d’« annonceur » au lieu d’auteur ». Comme déjà dit,
l’annonceur est en règle générale une organisation sociale – une entreprise, une institution
publique, une collectivité territoriale, une université, une ONG, une association, etc. Le
rôle du destinataire est occupé, selon le cas, par le consommateur (dans le cas d’une
communication publicitaire externe), par le personnel d’une organisation sociale (dans le
cas d’une communication interne), par les partenaires économiques ou autres (dans le cas
d’une communication « B-to-B »), par une population « à risque » ou « à problème » (dans
le cas d’une communication visant à modifier un certain type de comportement), par une
population prête à s’engager pour une certaine cause (dans le cas d’une communication
associative, engagée, militante, …) ; etc.
3. Une troisième catégorie d’acteurs est composée par les éventuels concurrents, i.e. par
tous les acteurs (individuels ou collectifs) qui occupent le même domaine, qui souhaitent
communiquer sur un objet similaire avec le même destinataire.
4. Une quatrième catégorie d’acteurs est formée par tous ceux qui possèdent un certain
pouvoir sur la communication, par tous ceux qui peuvent exercer soit une fonction de
contrôle soit une fonction d’influence sur le déroulement d’une action ou d’une
campagne de communication. Une fonction de contrôle peut être exercée par le
législateur, le pouvoir politique, l’administration et toute autre structure décisionnaire
pouvant intervenir dans une campagne de communication, pouvant la modifier, voire
l’arrêter ou interdire. Une fonction d’influence est exercée par des personnes et des
organisations qui, comme l’expression l’indique déjà, peuvent influencer l’attitude du
destinataire, son comportement vis-à-vis d’une campagne de communication.
La description de ces trois moments – profil, attentes et intérêts, apports et obstacles – est
bien évidemment très importante pour une bonne compréhension du destinataire (de la « cible »)
d’une campagne de communication.
Par exemple, pour identifier une « nouvelle clientèle » visée comme consommateur potentiel
d’une nouvelle marque du vin (pour revenir à notre exemple de projet de campagne de
communication promotionnelle), on devrait se poser les questions suivantes :
− Quel est le segment visé dans une population donnée ? Segment au sens de niveau de
vie ? au sens de style de vie ? au sens d’origine (culturelle) ? au sens de niveau
d’éducation ? au sens de tranche d’âge ? etc.
− Quelle est sa taille approximative ?
− Où est-elle principalement localisée ?
− Par rapport à l’objet de la communication : quels sont ses éventuels intérêts ? ses
éventuelles attentes et réticences ? ses habitudes actuelles et traditions ?
La première colonne (figure 10) est réservée à l’identification de tous les acteurs associés à
une action ou une campagne de communication. La deuxième colonne précise le ou les rôles que
l’acteur identifié est supposé jouer dans l’activité de communication concernée. La troisième
colonne est réservée à la description du profil de l’acteur (segment, tailler et localisation). Enfin,
les colonnes quatre, cinq et six sont réservées à la description de l’attitude de l’acteur face à
l’objet/au domaine de la campagne de communication : ses attentes, ses éventuels apports et ses
réserves pouvant constituer un obstacle à la réalisation des objectifs préalablement définis.
Par exemple, en ce qui concerne la promotion d’une nouvelle marque de vin, le contexte
culturel concerne surtout les traditions et habitudes de consommation du vin auxquelles il faut
être sensibles. Le contexte économique concerne la structure de l’offre (dans notre cas : de
marques de vin comparables) et les « chiffres » et évolutions de la consommation. Si on veut
communiquer sur une marque de vin en France, il existe une législation particulière qui réglemente
la communication sur les boissons alcoolisées qu’il faut, bien évidemment, prendre en
considération.
De même si, par exemple, on souhaite lancer des opérations de communication pour faciliter
le dialogue interculturel dans certains quartiers urbains ou périurbains, il est évident qu’il faut
prendre en compte le contexte économique et social local ainsi que les références culturelles des
communautés qui habitent ces quartiers, etc.
1. La structure du marché : diversité des produits et marques existants ; les principaux acteurs
économiques (offrants, distributeurs, …) ; structure des consommateurs (dont fait partie
le destinataire de la communication) ; traditions et habitudes de consommation (dont
celles du consommateur qui est destinataire de la communication) ; structure des coûts et
des prix ; conditions d’accès au marché (conditions financières, techniques, politiques,
…).
D’une manière générale, tout objet de communication doit être obligatoirement positionné dans
l’environnement (social, économique, …) qui est le sien. Et c’est cela l’objectif principal d’une
description PESTEL. Si nous prenons, par exemple, le cas de la communication d’une ONG
visant à obtenir un certain capital financier sous forme de dons à l’aide desquels des projets
humanitaires pourraient être mis en route, l’environnement pertinent devrait être explicité comme
suit :
− Quels sont les facteurs politiques qui peuvent influencer d’une manière positive ou négative
une telle campagne ? Institutions favorables ou hostiles à un certain type d’actions
humanitaires ? Groupes de pression à prendre en considération ? Intérêts de certains élus
à prendre en considération ? etc. ;
− Quels sont les facteurs sociaux et culturels à prendre en considération ? Idéologie ambiante
hostile à un certain humanitarisme ? Hostilité envers les populations concernées par les
actions humanitaires ? Engagements pour ou contre d’influenceurs et de vedettes ? etc. ;
La définition du cadre médiatique d’une communication au niveau d’un projet d’une action
ou d’une campagne de communication particulière, doit tenir compte des deux paramètres
suivants :
Pour bien pouvoir délimiter le cadre médiatique d’un projet de campagne de communication,
il faut tout d’abord se faire une « idée » précise du cadre médiatique existant … :
La médiasphère dans laquelle se réalise toute communication est à priori constituée des trois
champs, à savoir :
Le champ « hors médias » réunit, comme déjà dit, tout un ensemble d’actions et d’opérations
hétéroclites de communication dont une caractéristique commune est celle de transmettre, de faire
connaître directement au destinataire visé un message au sujet d’un objet donné (i.e. de transmettre
une information à son destinataire sans passer par les médias dits traditionnels : presse, radio,
télévision, …) en utilisant des lieux ou des endroits choisis qui servent de « touchpoints » (des lieux de
contact) entre annonceur et destinataire. Parmi les différentes actions et opérations « hors
médias », on compte, par exemple, la communication événementielle, les opérations de marketing
direct (qui établit un contact directement avec le destinataire sans passer par les médias
traditionnels en utilisant la boite mail, la boîte postale, le téléphone, … du destinataire visé), les
opérations de marketing dans des lieux et endroits choisis (tels que lieux de vente, lieux de
rassemblement, lieux de passage quotidien, etc.), les opérations de relations publiques (dont les
relations presse), les opérations de sponsoring et de mécénat, etc.
Enfin, le champ des médias numériques « grignote » en quelque sorte sur les deux premiers
champs – il n’existe pratiquement plus aucun média classique qui n’aurait pas une présence dans
l’espace numérique et, comme on le sait, le numérique, rend possible non seulement la
personnalisation « sur mesure » des messages (i.e. l’adaptation des messages aux profils variables d’un
destinataire) mais aussi l’établissement d’un lien direct avec chaque individu qui fait partie du
destinataire d’un message. Mais l’espace numérique offre également des lieux de communication
qui lui sont plus ou moins propres. Il s’agit, par exemple, des grandes plateformes du web 2 (les
plateformes des médias dits sociaux) : Facebook, YouTube, Instagram, etc. ainsi que de la
blogosphère, de la sphère des blogs et des microblogs qui peuvent jouer les rôles d’« influenceurs »,
de « trend setters », d’« ambassadeurs » dans une stratégie de bouche à oreille, voir le rôle classique
d’un média d’information. Il ne faut pas non plus oublier que l’espace numérique ne recouvre pas
seulement l’Internet et le web mais aussi les médias mobiles, les environnements numériques et
les objets connectés.
1) obtenir une idée claire des supports et autres dispositifs (médias, hors-médias,
numériques) habituellement utilisés dans le secteur de communication concerné ;
2) identifier les « bonnes pratiques » de diffusion, de circulation des messages de
communication dans le secteur concerné ;
3) connaître les « stratégies » médias des éventuels concurrents (ou autres acteurs tels que
« leader », … à prendre en considération) ;
4) servir d’input fiable à la spécification du plan média (cf. troisième partie) du projet de
communication.
43
Support, Vecteur Périmètre Caractéristique Rôle ;
Campagne/ outil, lieu (média, hors- Commentaire
action média,
numérique)
Campagne Annonce Journal Quand ? Où ? Présentation
pub. (…) vecteur
Spot Chaîne Quand ? Où ? Présentation
vecteur
Mailing Message écrit Boîte postale Quand ? Où ? Présentation
(…) vecteur
Sponsoring Message Télévision
(…) Stades, …
Visite Entreprise Entreprise
entreprise
…
(Figure 12 : Description de la médiasphère existante)
Le travail d’expertise peut se faire à l’aide du tableau ci-dessus (figure 12). Les colonnes de ce
tableau offrent les informations suivantes :
Dans les milieux publicitaires on utilise souvent l’expression « copie stratégie » pour désigner
le « concept » de la communication qui guide le travail créatif de réalisation des supports ou des
actions (événements) de communication conformément aux souhaits exprimés par l’annonceur
dans son « brief »1.
Certaines agences de communication ont même forgé des termes plus spécifiques pour parler
de la « copie stratégie » d’une communication - termes tels que « plan de travail créatif », « stratégie
de disruption », « star stratégie », etc. Ces expressions désignent des approches et des visions
spécifiques de marketing de ce qu’est ou de ce que doit être une communication « efficace », i.e. une
communication pouvant satisfaire les objectifs (de marketing). Mais, fondamentalement, ces termes ne
disent rien d’autre que la simple évidence : toute réalisation d’une communication – d’un support,
d’un événement, d’une campagne, etc. – repose obligatoirement sur un modèle conceptuel. Ainsi dans
le cas d’une approche de type « star stratégie », on privilégie la fonction du vedettariat dans le
1 Pour plus d’informations au sujet du « brief », cf. Stockinger, Peter : Le plan de communication. Paris.
Inalco 2017 (https://hal.archives-ouvertes.fr/cel-01540193)
design d’une campagne ou d’un événement promotionnel en ayant recours soit à des personnes
possédant le statut de vedette pour le public visé d’une campagne, soit en transformant l’objet sur 45
lequel on communique en un « objet-vedette », « objet-fétiche », etc. pour le public visé, soit en
s’appuyant sur les deux méthodes en même temps. Dans le cas d’une approche de type « stratégie
de disruption », on privilégie plutôt des idées, des images qui interpellent, parfois d’une manière
choquante et violente, le destinataire d’un spot ou d’une affiche publicitaire.
Dans tous les cas, et d’une manière générale – peu importe le domaine et le type de
communication (publicitaire, politique, sociale, …) – toute activité de communication à caractère
professionnel visant à satisfaire un objectif préalablement posé présuppose un modèle
conceptuel, un scénario à partir duquel elle est réalisée et déployée concrètement.
Le modèle, ou scénario, possède un statut de référence pour tous les acteurs engagés dans
la réalisation, la mise en œuvre et l’évaluation de l’activité ou des activités de communication que
le modèle décrit et spécifie. Prenons comme exemple une campagne de communication dans les
médias traditionnels et/ou numériques (i.e. se déployant à travers la presse écrite, la radio, la télévision,
les médias sociaux, les dispositifs mobiles, …), le modèle de cette campagne doit préciser :
Les quatre spécifications sont, en règle générale, fixées dans un document technique que
l’on appelle tantôt « cahier de charge » ou « cahier technique », tantôt « dossier de présentation »2,
tantôt encore (si la spécification reste très succincte) « note créative », « synopsis créatif ». Ce
document technique – pratiquement toujours limité à une circulation restreinte et confidentielle
– sert ensuite de base à toutes les activités liées à la « bonne » réalisation de la communication.
Ainsi, il est indispensable :
a. … pour les discussions et négociations entre les parties prenantes concernées par la réalisation de
la communication, notamment, entre l’annonceur et l’agence ou les agences, voire les
personnes (indépendants, …) en charge de la réalisation de la communication ;
b. … pour le travail créatif de réalisation des supports et autres outils de communication ;
c. … pour le suivi (le monitoring) du déploiement de la campagne de communication (de son
déroulement, de sa diffusion dans les médias ou hors médias) ;
d. … pour le travail d’évaluation de la campagne de communication ;
e. … pour le travail prospectif concernant les actions et campagnes de communication à venir.
Nous allons présenter et discuter très succinctement dans ce chapitre les quatre tâches qui
constituent les différentes facettes du design conceptuel, du modèle conceptuel des activités d’une
campagne de communication. Pour terminer cette introduction, notons encore que le processus
lui-même de la spécification (du design) d’une communication peut revêtir des formes et des
techniques fort différentes – tout dépend ici de l’ampleur du projet de communication, des acteurs
2Cf. Stockinger, Peter : Rédiger un dossier technique (DDP). Paris : Inalco 2014 (version en ligne sur
Academia edu)
et des moyens engagés ou simplement disponibles et, enfin, aussi de l’ingéniosité, de l’esprit créatif
des parties concernées. 46
Le cas typique et « standard » est celui qui voit une agence de conseil en communication
prendre en charge pour un annonceur (une entreprise, une collectivité territoriale, une ONG, etc.)
l’élaboration du modèle de communication (puis, sa réalisation). Selon l’expérience et/ou l’attitude
de l’annonceur, ce processus peut posséder un aspect plus ou moins « directif » au sens que l’agence
se contente/doit se contenter de mettre en œuvre les souhaits de l’annonceur. Mais l’inverse est
tout aussi possible, à savoir qu’une agence élabore assez librement un modèle de communication
auquel souscrit l’annonceur.
Enfin, depuis une quinzaine d’années, on voit apparaître de toutes nouvelles techniques
d’élaboration de modèles ou scénarios de communication qui reposent, toutes, sur une approche
participative et collaborative. Autrement dit, on donne ici la parole aux acteurs intéressés (et, en
premier lieu, aux bénéficiaires d’une communication : consommateurs, citoyens, personnels de
l’organisation, partenaires économiques, …) pour qu’ils élaborent ou, plutôt co-élaborent le
scénario d’une communication (d’un support, d’un événement, d’une campagne, …). Cette
approche de la co-construction du modèle, du scénario d’une communication a été élaborée dans
une perspective anthropologique et sémiotique de la communication et techniquement
expérimentée d’abord dans le cadre de la communication au service du développement 4. Il s’est ensuite
popularisé, entre autres, grâce aux possibilités techniques offertes par les médias sociaux
permettant d’expérimenter concrètement un travail participatif et collaboratif dans le design
conceptuel d’une communication. Il nous semble qu’on peut parier que cette approche redéfinira
profondément la compréhension des rôles classiques tels qu’annonceur, agence de conseil en
communication, agence média et professionnel indépendant ainsi que les rapports économiques et
professionnels actuels entre ces rôles.
3Cf. Stockinger, Peter. (2007). La pratique de la communication sociale. Paris, INALCO ; DOI : 10.13140/2.1.4232.2888
4Cf. Stockinger, Peter. (2007). La communication au service du développement (durable et équitable). Paris, INALCO ; DOI :
10.13140/2.1.2659.4245.
47
7.2) Le design du genre de campagne de communication
Comme on le sait, il existe une très large diversité de stratagèmes concrets de communication pour
promouvoir une marque, pour inviter des donateurs individuels ou institutionnels à cofinancer
des projets d’une association ou d’une ONG, pour convaincre les personnes d’origine culturelle
différente de mieux s’entendre et de mieux apprécier les apports de chacun à la vie sociale
commune de tous les jours, pour valoriser l’expertise et l’excellence scientifique et pédagogique
d’une université ou encore pour faire adhérer des milliers et des milliers d’individus à une idée
politique ou une cause sociale.
Toute cette grande diversité existante de manières, de façons de communiquer relève de types
ou de genres spécifiques. Par « genre », nous entendons d’une manière très générale :
Ainsi, le choix de vouloir promouvoir une marque de vin à l’aide d’une série de films courts
sur le web, est un genre particulier de communication qui peut être défini et décrit comme suit :
La promotion d’une nouvelle marque de vin à l’aide d’une série d’événements (de dégustation,
…) chez un certain nombre de cavistes, est un autre genre de communication qui est défini et
décrit comme suit :
48
1. Action de communication : Evénement promotionnel (dégustation, …)
2. Instruments, moyens : Différents éléments propres à une
dégustation (représentant/vendeur, vins, …) ; supports de communication (dépliants,
…), objets (mini-bouteilles promotionnelles, …) ;
3. Cadre médiatique : caves à vins sélectionnées, clients (locaux), périodes : …
Les deux définitions-descriptions fournies ci-dessus doivent être, bien sûr, détaillées
davantage pour devenir réellement opérationnelles dans un projet de conception d’une campagne
de communication.
Il n’existe pas de typologie complète et pouvant être considérée comme définitive de genres
de communication. Mais on a l’habitude de recourir à des formes « standards », typiques pour
préciser le profil particulier d’une campagne de communication ce qui n’exclut pas le fait que
beaucoup de campagnes concrètes montrent une réelle ingéniosité en inventant de nouvelles
formes pour faire passer un message au destinataire, à la cible d’une campagne. Voici une
classification des genres qui possède une certaine utilité et qui a le mérite d’être connue par tout
le monde :
1. La communication de messages sous forme d’un échange oral : conférence, exposé, … ; discussion,
entretien, suggestion, conseil, etc. sous forme d’échanges de face-à-face ou médiatisés à
l’aide de dispositifs techniques (téléphonie, …).
3. La communication de messages à l’aide des techniques sous forme d’événements et d’actions spécifiques :
festivals, expositions, foire, mises en scène ; sponsoring, mécénat, opérations
commerciales ; opérations relations presse, opérations relations publiques (ou
publics) etc.
Par exemple, le projet de promotion d’une marque de vin peut reposer sur une seule action,
qui consiste dans la diffusion d’une annonce publicitaire dans des magazines dont le destinataire
(le consommateur) visé constitue le lectorat principal. Cette action exige notamment :
1) outre la réalisation de l’instrument, i.e. de l’annonce publicitaire, 49
2) une définition du moment et de la période de diffusion en fonction de l’éventuel intérêt du
destinataire de la communication pour la marque,
3) ainsi que l’achat d’un espace de publication (d’une page ou d’une partie d’une page) dans un ou
un ensemble de magazines soigneusement sélectionnés en fonction du destinataire de la
communication qui doit être également le lecteur des magazines choisis.
Mais le projet de promotion d’une nouvelle marque de vin peut être constituer à la fois par
une action (répétée ou pas), par une annonce publicitaire dans la presse magazine ET par d’autres
actions – comme par exemple :
Dans ce deuxième cas, les différentes actions doivent s’intégrer et contribuer ensemble à
la réalisation d’une campagne efficace qui répond aux objectifs préalablement définis. En tenant
compte de cet exemple, la figure ci-après (figure 13) identifie une liste de questions qui peut servir
pour le design du genre d’une campagne de communication. Cette liste peut, bien sûr, être adaptée, aux
spécificités d’un projet concret :
1) Campagne : intitulé
1.1) Période de déroulement des activités de la campagne ?
1.2) Une action ou plusieurs actions ?
1.3) Si une action :
a. type + intitulé ?
b. explication ?
c. argumentaire (intérêt en fonction de l’objectif préalablement défini) ?
d. public visé (cf. description des acteurs concernés et notamment du destinataire) ?
e. instrument(s), moyen(s) utilisés ?
2) Si plusieurs actions :
Liste : Type + intitulé ?
1) D’abord, bien sûr, les thèmes qui identifient I) la spécificité et II) les atouts de l’objet
ou du domaine de la communication (cf. chapitre 6.2) en fonction des parties prenantes
(et notamment en fonction du destinataire, de la cible ; cf. chapitre 6.3) ;
2) Ensuite la mise en discours des thèmes sélectionnés sous forme, par exemple, de récits,
d’argumentaires, de mises en scène qu’on déploie dans un univers et un décor (imaginaire,
de fiction, « décalé, « de rêve », ou, au contraire, de tous les jours, professionnels, etc.) ;
La sélection des thèmes à l’aide desquels on construit le ou les messages d’une campagne
et/ou d’une de ses actions particulières s’appuie, bien sûr, sur la description de l’objet de la
campagne de communication à l’aide, par exemple, de la grille de Jean-Noël Kapferer (cf. chapitre
6.2). Comme déjà dit à plusieurs reprises, la description de l’objet de la communication essaie
d’identifier deux grands types de thèmes (toujours en fonction des acteurs concernés, de
l’environnement et du contexte de communication donné), à savoir :
1) Les thèmes à l’aide desquels on peut développer, mettre en scène la spécificité de l’objet
de la communication (d’un produit, d’une cause, d’une idée, d’une institution …) ;
2) Les thèmes à l’aide desquels on peut développer, mettre en scène plus particulièrement
les atouts de l’objet de la communication – atouts notamment relatifs aux attentes, aux
besoins, aux désirs, aux aspirations, … du destinataire (de la cible) de la campagne de
communication.
Ainsi, par exemple, le design du contenu dans le cadre d’un projet de promotion d’une
nouvelle marque de vin s’efforcera de spécifier tous les grands thèmes qui seront développés
dans la campagne de communication sous forme de messages publicitaires, d’événements promotionnels
chez les cavistes, d’actions de marketing direct, etc. La nouvelle marque du vin sera probablement
thématisée en référence (cf. chapitre 6.2) : 51
1) à ses caractéristiques spécifiques (propriétés gustatives, origine, cépage, renom, histoire, position
par rapport à d’autres marques de vin, …) ;
2) à son rôle dans la consommation, dans la culture culinaire, gastronomique, personnelle, … du
consommateur visé.
Ces exemples ad hoc nous montrent clairement l’importance de la prise en compte du profil,
des attentes et surtout des aspirations du destinataire – de la « cible » - d’une campagne de
communication. On s’interrogera ainsi plus particulièrement :
2. sur le cadre symbolique ou imaginaire plus abstrait qui caractérise les aspirations
axiologiques (de valeurs éthiques, esthétiques, hédoniques, …) du destinataire. Ainsi, dans
le cadre d’un projet de promotion d’une nouvelle marque de vin, on s’interrogera, par
exemple, sur le souhait du destinataire visé de se distinguer socialement, sur son goût
esthétique, sur sa sensibilité pour les produits bio, etc. ; dans le cadre d’un projet pour
lever des fonds pour financer des projets humanitaires, on s’interrogera sur les
engagements du destinataire en faveur des causes humanitaires, sur ses convictions
politiques ou religieuses, sur son empathie pour la souffrance de l’autre, etc.).
Ainsi, la communication sur une marque du vin à promouvoir peut se développer autour du
thème « un vin pour deux » ou du thème « un vin pour recevoir en toute simplicité », ou encore autour du
thème « un vin qui apporte les valeurs de son terroir d’origine », etc. De même une campagne visant à
collecter une multitude de donations individuelles pour financer des projets humanitaires pourra 52
choisir, par exemple, de développer ses thèmes en faveur de l’humanitaire sous forme de
témoignages poignants, sous forme d’une chronologie de catastrophes humanitaires, sous forme
aussi d’interventions d’experts, etc.
Simplement dit, les éléments de discours recouvrent, entre autres, le choix d’une narration et
d’un univers narratif :
1) Définir la ou les narrations à privilégier dans une campagne de communication veut dire
opter plutôt, pour reprendre notre exemple de la promotion d’une nouvelle marque de
vin, pour un récit qui met en valeur le terroir et le travail soigneux ou plutôt pour un
argumentaire comparatif qui explique la qualité supérieure de la marque par rapport à ses
concurrents, etc.
2) Définir l’univers narratif à privilégier veut dire, si on prend l’exemple du récit qui met
en valeur le terroir, décider à la fois de la manière selon laquelle et du « décor » dans lequel
ce récit se déroule : récit grave et épique qui utilise la longue histoire du terroir pour mettre
en valeur l’objet de communication ou, au contraire, récit décalé et drôle qui fait appel à des
imaginaires propres aux groupes de destinataires visés, et ainsi de suite.
Sous le sigle « éléments de langage » on réunit, dans le cadre du design conceptuel d’une
communication, un ensemble de choix qui portent sur l’usage réfléchi d’éléments linguistiques,
visuels, acoustiques, comportementaux, etc. pour exprimer, mettre en scène le ou les messages
d’une campagne de communication, pour les partager parmi les parties prenantes de la
communication en question, etc. Il faut distinguer entre :
1. Les éléments de langage qui sont utilisés dans tous les projets de communication d’une
organisation (entreprise, université, collectivité territoriale, …).
2. Les éléments de langage qui sont plus particulièrement forgés dans le cadre d’un projet de
campagne de communication particulier.
Les éléments qui sont utilisés dans tous les projets de communication d’une organisation
assurent ce qu’on appelle l’identité visuelle ou, plutôt, l’identité polysensorielle de
l’organisation concernée dans ses diverses activités de communication. Parmi les différents
éléments qui assurent l’identité visuelle ou polysensorielle de la communication d’une organisation
on trouve, par exemple, le logo, le ou les slogans, le graphisme, certains signes iconiques, etc. Tous ces
éléments et leur usage sont consignés dans un document qui s’intitule « charte graphique ». Dans
notre support de cours « L’identité visuelle de la communication d’une organisation »5 on trouvera
une présentation plus détaillée et systématique de la problématique centrale de l’identité visuelle pour 53
tout projet de communication.
Les éléments de langage forgés dans le cadre d’un projet de campagne particulier doivent, bien
sûr, prendre en compte les éléments communs de langage mais leur fonction principale est, bien
évidemment, de mettre en valeur la spécificité et les atouts de l’objet sur lequel on a l’intention de
lancer une campagne de communication.
Il n’existe pas une typologie des différents éléments de langage dont il faut tenir compte – soit
en tant qu’éléments invariants, soit en tant qu’éléments propres à une campagne de
communication – mais voici une liste (tout à fait empirique) d’une certaine diversité de types de
tels éléments dont on peut s’inspirer lors de la tâche du design des éléments de langage d’une
campagne de communication :
5 Cf. Peter, Stockinger : L’identité visuelle de la communication d’une organisation. Séminaire M2 (Séminaire CIM5A03A). Paris
- INALCO 2015 – 2016 (https://hal.archives-ouvertes.fr/cel-01202481)
7.3.5) Suggestions méthodologiques
54
Concrètement parlant, lors de la conception d’une campagne de communication, le design
des éléments de contenu, de discours et de langage d’une campagne de communication ou d’une
des actions spécifiques qui la compose, se base … :
La figure 14 montre un tableau qui nous précise que, idéalement parlant, pour chaque action
qui fait partie d’une campagne de communication, il faudra procéder – au moins synthétiquement
– à la définition et description du ou des messages en prenant en compte :
La figure 15 montre un tableau plus complet pour le design conceptuel de toutes les activités
(actions) qui forment une campagne de communication.
1) Campagne : intitulé
1.1) Période de déroulement ?
1.2) Une ou plusieurs actions ?
1.3) Si une action :
f. type + intitulé ?
g. explication ?
h. argumentaire (intérêt en fonction de l’objectif préalablement défini) ?
i. public visé (cf. description du destinataire, de la « cible » de la communication) ?
j. instrument(s), moyen(s) ?
k. thèmes principaux mis en avant (cf. « brand content »)
l. éléments de discours : (narration, rhétorique, style, …)
m. éléments de langage utilisés : éléments communs (identité visuelle, charte
graphique) ; éléments spécifiques
2) Si plusieurs actions :
Liste : Type + intitulé ? 55
(Figure 15 : Design du genre d’une campagne de communication complété par les éléments du
contenu à prendre en considération)
Par exemple, si on opte pour une diffusion via les médias dits traditionnels tels que la presse,
la télévision, la radio, le cinéma ou encore l’affichage, les instruments les plus classiques dont on
se sert pour diffuser un message, sont les annonces, les spots publicitaires, les placements (d’un produit,
d’une marque, d’une institution, …) dans une émission ou une œuvre ainsi que les affiches. Ces
instruments classiques (appelés aussi parfois « supports » ou « formats de diffusion ») sont
complétés par tout un arsenal d’autres instruments plus récents tels que les publi-reportages, les
infopublicités, les storytelling publicitaires, les advertainments ou encore l’habillage visuel et/ou sonore d’un
plateau télé, d’une émission télé ou radio, d’une salle de cinéma, etc.
La diffusion et le partage de messages hors médias classiques s’appuient également sur toute
une diversité d’outils parmi lesquels on compte, par exemple :
− les supports édités (brochures, prospectus, catalogues, courriers, flyers, affiches, dépliants,
etc.) ;
− les actions au sens d’un « format de diffusion spécifique » qui font partie de la
communication événementielle, de la communication directe, des relations publics, des
opérations de marketing, des opérations de sponsoring, etc.) ;
− les objets (les gadgets, les cadeaux, les prix, etc.) ;
− les personnes (vedettes, « ambassadeurs », « amis », …) :
− les figures « anthropomorphes » (mascottes, …) ;
− les symboles (logos, emblèmes, …) ;
− les lieux (de l’espace extérieur ou intérieur) qui servent de support de diffusion, de partage
de messages ; 56
− etc.
Enfin, le champ des médias numériques possède de son côté toute une diversité d’outils et
d’instruments qui servent à la diffusion, au partage de messages à propos d’un objet (d’un produit,
d’une cause, d’une institution, …) sur lequel on mène ou souhaite mener une campagne de
communication :
− plateformes sociales,
− portails, sites et blogs, …
− composants spécifiques tels que bannières
− messagerie (emails, sms)
− objets connectés
− environnements pervasifs,
− …
etc. etc.
(Figure 16 : Liste représentant une certaine diversité d’instruments et d’outils de communication
regroupés par grandes techniques de communication)
I. La première colonne identifie le ou les outils et instruments qui peuvent appartenir à une ou
plusieurs actions.
II. La deuxième colonne identifie l’action ou l’activité qui fait partie d’une campagne – action
telle que, comme nous l’avons déjà vu dans le chapitre 7.2, diffuser un message à l’aide de
dépliants sur un lieu de vente ou sous forme d’une action de distribution dans des endroits
préalablement choisis ; faire accepter un message à l’aide d’une conférence de presse dans
le cadre d’une action de relations presse, etc.
III. La troisième colonne enfin concerne la spécification du scénario – du modèle – de
l’instrument ou de l’outil de communication. Cette colonne se divise en deux colonnes
plus spécialisées :
1. une première sous-colonne qui est réservée à la spécification des éléments de
contenu, de discours et de langage qui qualifient un outil ou un instrument 58
particulier (par exemple un dépliant ou une affiche ou encore un événement
promotionnel) ;
2. une deuxième sous-colonne qui est réservée à la spécification de la structure, de
l’organisation formelle et physique modèle de l’instrument ou de l’outil. Ainsi,
dans le cas d’un support édité tel qu’un journal (d’entreprise, municipal, …), d’un
livret ou d’un catalogue on définit ici la maquette et le chemin de fer ; dans le cas
d’une annonce publicitaire, d’une affiche, d’un flyer, etc., on définit la
maquette 2D; dans le cas d’un sport publicitaire ou d’un document audiovisuel en
général, on définit le storyboard et le scénario ; dans le cas d’une action ou d’un
événement, on définit la scénographie et le conducteur ; dans le cas d’un objet
publicitaire ou d’un packaging, on définit le rough 2D ou le modèle 3D à dimension
réduite ; et ainsi de suite.
(Figure 17 : Design des instruments et outils à mobiliser dans les activités d’une campagne de communication)
1. dans les médias traditionnels (par exemple, dans la presse, dans la radio, par affichage, …) ;
2. dans les médias du numérique (par exemple via les plateformes sociales, dans la blogosphère,
sur les divers sites et portails web, via les supports mobiles et/ou connectés, etc.) ;
3. ou encore dans l’espace « hors-médias » traditionnel sous-entendu ici en utilisant des supports
autres que les médias de masse traditionnels - supports autres tels que les lieux (publics, 59
commerciaux, de rassemblement, …), les personnes, les artefacts, etc.
− des magazines ou journaux qu’on choisit pour faire passer une annonce et dont on
suppose qu’ils sont lus par le destinataire – la cible - visé ;
− des émissions radio qu’on choisit pour placer un message et dont on suppose qu’elles
sont régulièrement suivies par le destinataire ;
− des lieux où on veut réaliser des événements pour diffuser un message et dont on sait
qu’ils sont également fréquentés par le destinataire visé ;
− des pratiques (culturelles, sportives, …) qu’on envisage de co-financer pour faire passer
un message et dont on sait qu’elles intéressent également le destinataire visé ;
− des personnes ou groupes de personnes qu’on « embauchent » (lato sensu) pour faire
passer un message et dont on sait ou suppose qu’ils possèdent la confiance du destinataire
visé ;
− etc.
La définition d’un plan média est une tâche qui peut se révéler être fort complexe exigeant
une excellente connaissance de la médiasphère en général – et du domaine, du secteur dans lequel
on communique. C’est pour cette raison que annonceurs et agences de conseil en communication
font souvent appel à des spécialistes de ce domaine pour la réaliser. Ces spécialistes appelés média-
planneur travaillent soit en tant qu’indépendants soit dans des agences spécialisés que sont les agences
média (qui peuvent posséder un profil tantôt généraliste tantôt spécialisé soit dans un secteur de
communication particulier soit dans un champ circonscrit dans les médias traditionnels/dans les
hors médias/dans les médias numériques). Le média-planneur et l’agence média se chargent
également de l’achat des espaces dans les médias traditionnels et numériques pour la diffusion des
messages (auprès une régie publicitaire ou d’une centrale d’achat d’espace publicitaire) et peut
accompagner (souvent, ensemble avec une agence spécialisée dans l’événementiel) la réalisation
d’une campagne de communication hors média. 60
Diffusion
affiche
Diffusion
spot web
Réalisation
événement
Diffusion
brochure
Placement
produit
…
(Figure 18 : Tableau permettant de standardiser le processus du design de la médiasphère et du plan média
d’une campagne de communication)
Le tableau ci-dessus (figure 17) est composé de 8 colonnes qui identifient les points essentiels
d’un bon plan média (lato sensu, incluant également les hors médias) :
3) Dans la colonne « Média ; Hors média », on précise soit le vecteur de diffusion (journal,
magazine, radio, télévision, cinéma, affichage, web, médias sociaux, mobile, …) soit les
supports hors-médias (lieux, pratiques, personnes, objets, etc.) qui seront utilisés pour réaliser
l’action de communication.
4) Dans la colonne « Moment, période », on précise la date et la durée prévue pour l’action de
communication.
5) Dans la colonne « Public visé », on précise le destinataire ou la partie du destinataire qui est
particulièrement visé par l’action en se référant, bien sûr, à l’étude préalable des parties 61
prenantes de la communication.
6) Dans la colonne « Message-clé », on précise le ou les messages qui est/sont prioritaires dans
cette action.
7) Dans la colonne « Rôle », on précise le rôle que joue cette action dans l’ensemble de la
campagne (par rapport aux autres actions prévues).
Bien évidemment, la qualité des informations données dépend entièrement des connaissances
que l’on a de la médiasphère à utiliser pour diffuser, partager et faire accepter les messages d’une
action ou d’une campagne de communication. En tout cas, la rédaction des huit colonnes doit
être basée :
1) sur les résultats de l’analyse du cadre de la communication à mettre en place et, plus
particulièrement de la médiasphère existante (cf. chapitre 6.5)
2) et bien évidemment, sur le design conceptuel des activités de la campagne de communication et, ici
plus particulièrement, sur le choix du ou des genres de communication ainsi que du ou des
messages que la campagne de communication est censée de délivrer à son destinataire (à sa
cible).
62
Le projet créatif dans le montage d’une campagne de communication est exécuté par des
spécialistes (selon le cas, graphistes, webdesigners, réalisateurs audiovisuels, organisateurs
d’événements, etc.) qui travaillent soit dans des agences (« créatives ») soit à leur compte. Mais ce
travail « créatif », peu importe s’il est réalisé « en interne », par une agence ou par des
professionnels indépendants, est obligatoirement encadré par le cahier des charges contenant
tous les éléments du design conceptuel (du modèle) des activités de la campagne de communication (cf.
chapitre 7). Le cahier des charges sert à la fois comme guide et comme référentiel, comme
norme pour évaluer le travail en cours et/ou fourni.
En principe, un projet créatif se différencie en plusieurs phases dont la spécificité varie, bien 63
sûr, en fonction du type d’instrument ou d’action à réaliser. Ainsi, par exemple, dans la création
d’un support édité (livret, brochure, affiche, …) on distingue souvent entre les cinq phases suivantes :
Cette structure des activités qui caractérise le projet créatif d’un support édité, on le retrouve –
avec les adaptations indispensables compte tenu de la spécificité de l’outil ou de l’instrument à
réaliser – aussi dans la réalisation des supports audiovisuels, des supports numériques (tels que sites web)
ainsi que des objets, des lieux, des événements et autres actions ciblées de communication (telles que
les actions du street-marketing, etc.). Ainsi, la figure 19 nous montre les phases typiques qui
ponctuent la réalisation d’objets publicitaires pouvant être mobilisés dans une campagne de
communication – de son design conceptuel jusqu’à sa distribution dans le cadre d’une campagne
donnée.
(Figure 19 : Phases typiques dans la réalisation d’un objet servant à des objectifs d’une campagne de
communication)
La figure 20 nous montre les différentes phases typiques dans la réalisation d’un projet
événementiel. Bien sûr, des adaptations de ce modèle standard aux spécificités d’un projet 64
événementiel concret sont tout à fait possible.
(Figure 20 : Phases typiques dans la réalisation d’un événement servant à des objectifs d’une campagne de
communication)
On le voit : tout projet créatif présuppose la définition et la description d’un cadre de conduite
qui précise notamment :
La figure 21 propose un tableau simple à l’aide duquel un projet créatif peut être précisé. Ce
tableau peut être complété par un diagramme de GANTT.
Liste de tâches Descriptif Référence Qui Quand
(Figure 21 : Tableau permettant de spécifier un plan d’action pour mener à bien un projet créatif)
Enfin, pour terminer cette présentation générale de la phase de la réalisation des outils et
instruments de communication dans le cadre d’un projet de campagne de communication, il ne
faut pas oublier une activité particulière et particulièrement importante qui est celle de l’achat de
l’espace médias.
Le plan média (chapitre 7.5) nous précise la médiasphère propre à une campagne de
communication, i.e. les médias (lato sensu) qui serviront de vecteurs pour diffuser des messages, 65
pour les faire circuler auprès leur destinataire. En suivant donc les précisions données dans le plan
média, il faut s’assurer, bien sûr, que les médias – la médiasphère identifiée – soient disponibles
pendant toute la période de la campagne de communication et notamment aux moments où une
activité, une action concrète de communication doit être réalisée. Autrement dit, il faut s’assurer
(en achetant, en louant, en réservant ... l’espace média) que pour une période déterminée et pour
des moments bien identifiés ont peut faire passer un message :
L’expression « achat de l’espace média » doit donc être comprise ici dans un sens plus large.
Il signifie d’abord, l’achat d’une page (d’une demie-page, …) dans un journal ou un magazine pour
une certaine période ou pour certains moments en vue d’y insérer une annonce publicitaire ; il
signifie également l’achat à une chaîne télé ou radio d’un petit moment pour diffuser, entre deux
émissions ou pendant une émission un spot publicitaire.
Mais, cette activité a une portée bien plus générale et concerne comme les exemples ci-dessus
le montre, la prise de possession temporaire de tous médias (dont lieux, bâtiments, façades de
bâtiments, véhicules, etc.) pour la diffusion ou l’échange de messages dans le cadre d’une
campagne donnée.
Ainsi, aussi l’expression « achat » doit être pris ici dans un sens plus large : cette prise de
possession temporaire peut signifier en effet qu’on paie au propriétaire une somme pour pouvoir
disposer d’un espace de diffusion. Mais il existe évidemment d’autres manières pour pouvoir
disposer temporairement d’un espace dont on a besoin pour communiquer : don, mécénat, …
voire (ce qu’on observe malgré son caractère juridique discutable) appropriation sauvage de
l’espace …
La figure 22 montre un tableau simple qu’on peut utiliser pour bien spécifier toutes les activités
et responsabilités pour cette phase particulière qui est la mise en œuvre concrète d’une campagne
de communication.
1) … les études de communication stricto sensu (i.e. études qui porte sur une campagne,
une action précise, un support, un instrument, etc.)
2) … les études de marché qui servent à une meilleure compréhension de l’environnement
économique, réalisées pour déterminer une politique (une stratégie) du marché d’une
entreprise ou d’une organisation;
3) … les études qui portent sur l’environnement social, politique, culturel, … pour mieux
déterminer les macro-facteurs pouvant influencer une campagne de communication (cf.
chapitre 6.4)
En ce qui concerne la place et la fonction de l’évaluation dans un projet de campagne de
communication, on distingue habituellement entre : 68
Les études de communication sous forme de pré-tests de tests qui accompagne la mise en
place d’une campagne ou encore sous forme de post-tests peuvent être menées sous forme :
Enfin lorsqu’on planifie les activités d’évaluation dans le cadre d’un projet de communication,
de conception et de réalisation d’une campagne de communication, il faut encore distinguer entre
les différentes méthodes et approches dont nous avons déjà parlé et dont nous ne faisons que
mentionner ici les plus utilisées :
1. Techniques d’enquête
• sondage (en ligne, par téléphone, par mail, « à la rue », …)
• entretien individuel ou de groupe (face-à-face, à distance, …)
• focus group (face-à-face, à distance)
• « visites mystères »
2. Technique d’« observation sur terrain » (en contexte SHS, aussi appelée
« participante »)
• Visite-mystère,
• Ethno-étude,
• Audit interne (dans une organisation)
Réaliser l’activité de
l’évaluation
Produire un rapport et de
recommandations
Dans ce dernier chapitre, nous allons présenter succinctement ces différentes activités que
nous avons présentées déjà ailleurs6.
(Figure 24 : Structure générale d’un diagramme de GANTT définissant le déroulement d’un projet de
communication)
Dans la liste des tâches ci-dessus (figure 24), on sélectionnera les tâches pertinentes à la
réalisation du projet et on procédera une description plus en détail de chaque tâche. La figure 25
présente un tableau qui offre une aide précieuse pour la description détaillée et structurée d’une
tâche, de ses différentes activités et du ou des livrables à réaliser.
Enfin, une fois toutes les tâches identifiées et décrites selon le modèle représenté dans la
figure 3.16, les principales tâches, activités et moments cruciaux (« jalons ») doivent être présentés
à l’aide d’un diagramme GANTT8 qui visualise le conducteur et le calendrier du projet.
8
Il existe une diversité d’outils gratuits en ligne pour la création de diagrammes de GANTT ; cf. , par
exemple : http://www.commentcamarche.net/download/telecharger-161-ganttproject
73
Coordonnées
(Figure 26 : Schéma pour présenter le porteur d’un projet de communication)
1. la définition d’une charte de qualité pour le projet. Prenant la forme d’un mini-guide de
quelques pages à destination de toutes les parties prenantes, cette charte de qualité précise, par
exemple, comment le porteur/l’équipe s’assure et assure toutes les parties impliquées
dans le projet que le projet avance bien, avance conformément au plan d’actions défini et
écrit dans le dossier technique, le dossier de présentation.
2. la mise en place d’un système de réunions (de travail, de gestion du projet, …) en
présentiel ou à distance (visio-conférence, skype, …) entre les différentes parties
impliquées dans le projet. Ce système de réunions prend la forme d’un calendrier prévisionnel
qui, suivant les besoins du projet, peut être modifié, adapté. Chaque réunion doit être
documentée par un compte rendu et une liste d’actions (« to-do list ») précisant ce que chaque
partie impliquée dans le projet est censée de faire jusqu’à une réunion suivante.
3. la mise en place d’un système de documentation/de reporting (du travail effectué, des
résultats des réunions, de gestion administrative et financière, …). Un tel système
présupposé, entre autres, la définition et l’adoption de modèles documentaires (de
rapport, de comptes rendus, …) par toutes les parties impliquées dans le projet, la création
d’un espace partagé pour le stockage, la diffusion et le travail collaboratif et la mise en
place d’une archive physique de la documentation.
9 Il existe un nombre important d’outils et de services en ligne (parfois gratuits) qui peuvent fournir une
aide précieuse dans la gestion (parfois à temps réel) de projets individuels ou collectifs.
75
Références bibliographiques
Pour terminer ce support, voici quelques références biblio- et webographiques pour une
compréhension plus approfondie des différentes tâches et activités composant un projet de
communication.
Pour une meilleure compréhension des différentes tâches impliquées dans la définition et la
conduite d’un projet de campagne de communication, nous recommandons la
consultation/lecture des ouvrages suivants :
8) Alina Wheeler : Designing Brand Identity. Hoboken, John Wiley & Sons 2013 (excellent
ouvrage pour une approche à la fois créative et méthodologiquement rigoureuse des six
tâches constitutives d’une campagne de communication)
9) Laura R. Oswald : Creating Value. The theory and practice of marketing semiotics research.
Oxford, Oxford University Press 2015 (également excellent ouvrage, très didactique et
illustré permettant de mieux comprendre les enjeux décisifs des tâches 2, 3 et 5 dans un
projet de campagne de communication)