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Recommandations techniques générales applicables aux opérations de

rejets d'eaux pluviales et d'imperméabilisation


approuvées par le Conseil Départemental d’Hygiène du 7 mars 2002

Projet soumis à déclaration ou autorisation en application


des articles L.214-1 à L.214-6 du code de l’environnement
et relevant de la rubrique 2.1.5.0 de la nomenclature
annexée au décret n°93-743 du 29 mars 1993 modifié
le18 juillet 2006

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Préambule
L'imperméabilisation de surfaces naturelles ou agricoles conduit à un accroissement du
ruissellement des eaux pluviales et à une augmentation du débit en sortie de zone qui, faute de mesures
correctrices, augmentent le risque d'inondation en aval et risquent de mettre en péril le milieu récepteur
et la sécurité des personnes et des biens. De même, selon la nature et l’affectation des surfaces sur
lesquelles elles ruissellent, les eaux pluviales peuvent véhiculer une quantité importante de matières en
suspension, matières organiques et hydrocarbures. Cette pollution risque de remettre en cause les
objectifs de qualité du milieu récepteur et nécessite également que des mesures correctrices soient mises
en œuvre.

I - DISPOSITIONS GENERALES

Article 1 - Objet
La présente note a pour objet de fixer une règle générale pour la définition des mesures
correctrices à prévoir dans le cadre d’opérations d'imperméabilisation et de rejet d'eaux pluviales par
infiltration ou dans un cours d'eau. Cependant, l’élément déterminant pour la définition de ces
mesures reste le milieu naturel récepteur. Le dossier loi sur l’eau devra démontrer, à partir de
l’analyse du milieu récepteur, que les mesures prévues sont compatibles avec la sensibilité et les
objectifs de qualité de celui-ci.

Article 2 - Rubrique visée


Le demandeur d'installations, ouvrages, travaux soumis à la rubrique suivante :

2.1.5.0. Rejet d'eaux pluviales dans les eaux douces superficielles ou sur le sol ou dans le
sous-sol, la surface totale du projet, augmentée de la surface correspondant à la partie
du bassin naturel dont les écoulements sont interceptés par le projet, étant :

1° Supérieure ou égale à 20 ha : Autorisation


2° Supérieure à 1 ha mais inférieure à 20 ha : Déclaration.

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de la nomenclature annexée au décret n° 93-743 du 29 mars 1993 susvisé, est tenu de respecter les
prescriptions de la présente note technique, sans préjudice de l’application s’il y a lieu, de
prescriptions imposées au titre d’autres rubriques de la nomenclature précitée.

Article 3 – Définitions
Superficie totale desservie : l’ensemble de la surface collectée au travers du projet. Cela
signifie que la surface d’un bassin versant amont au projet et
dont les eaux de ruissellement seraient collectées avec les eaux
du projet, doit être prise en compte.
Bassin d’infiltration : ouvrage permettant la pénétration d’eau de pluie dans le sol et dans le
sous-sol.

Article 4 - Respect des engagements


Le pétitionnaire est tenu de respecter les engagements et valeurs annoncés dans son dossier
dès lors qu'ils ne sont pas contraires aux dispositions de la présente note technique.

II - DISPOSITIONS TECHNIQUES SPECIFIQUES

Article 5 - Pluie de référence


Pour le dimensionnement hydraulique des ouvrages de rétention, la pluie décennale de la
station météorologique la plus représentative constituera la pluie de référence. Celle-ci pourra être
plus contraignante en fonction du milieu récepteur.

Article 6 - Point de rejet


6.1 - eaux de toitures :
Sauf risque lié à une pollution industrielle, les eaux de toitures peuvent être évacuées par
infiltration directe dans la nappe ou rejetées dans un émissaire superficiel sans traitement
préalable.

6.2 - autres eaux :


Toutes les autres eaux pluviales seront rejetées dans un émissaire superficiel, sauf
impossibilité démontrée.
Les points de rejet dans les eaux superficielles doivent être implantés pour minimiser l'effet
sur les eaux réceptrices et assurer une diffusion optimale. Le choix de leurs emplacements
doit tenir compte de la proximité de captages d'eau potable, de baignades, de zones piscicoles.
L'ouvrage de déversement ne doit pas faire obstacle à l'écoulement des eaux. Toutes
dispositions doivent être prises pour prévenir l'érosion du fond ou des berges et éviter la
formation de dépôts.
Le rejet doit s'effectuer dans le lit mineur du cours d'eau.

6.3 – Aménagement du bassin d’infiltration :


Le dispositif d’infiltration ne doit pas permettre le contact direct des effluents rejetés avec
l’eau de la nappe. Pour cela, le bassin d’infiltration doit être rempli de matériaux filtrants
(sable, gravier,…) jusqu’à un niveau supérieur au niveau des plus hautes eaux de la nappe.

Article 7 - Traitement avant rejet


A l'exception des eaux de toitures, toutes les eaux seront traitées avant rejet avec au minimum
décantation et déshuilage. L’objectif d’abattement de la pollution sera calculé pour une pluie de
fréquence 2 ans.
Les contraintes suivantes devront être respectées :
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• Les déversements observés par temps de pluie ne doivent pas engendrer à eux seuls un
déclassement de qualité d’un rang pendant plus de 10 % du temps annuel et de deux rangs
pendant plus de 5 % du temps annuel. Les calculs seront effectués en supposant que la qualité
du cours d’eau est conforme à l’objectif fixé par la carte départementale des objectifs de
qualité des cours d’eau.
• Les déversements ne doivent pas remettre en cause la vocation ou les usages du cours
d’eau ; dans le cas général, en l’absence d’usages spécifiques, il s’agit en pratique de limiter
les risques de mortalité piscicole.
• L’objectif que l’on s’efforcera d’atteindre sur les concentrations des eaux traitées est le
suivant : MES ≤ 30 mg/l
Hydrocarbures ≤ 5 mg/l.
L’annexe 1 présente, pour information, les quantités de polluants pouvant être véhiculées par
les eaux pluviales en moyenne annuelle et pour les évènements les plus pollués.

Article 8 - Evacuation
Sauf exception, le débit de rejet ne devra pas dépasser le débit naturel du bassin versant avant
l’aménagement ayant conduit à l’imperméabilisation de tout ou partie de la surface. Les éléments de
calcul du débit naturel avant aménagement figurent en annexe.
En fonction des capacités de réception du milieu récepteur (sensibilité du cours d’eau, risques
d’inondation existants à l’aval), un débit de rejet plus contraignant pourra être fixé par le service de la
police des eaux.
Un accès au rejet permettant le prélèvement et le contrôle par le service de police de l’eau,
devra être aménagé en sortie de l’ouvrage de traitement.

Article 9 - Stockage
La vérification du dimensionnement des ouvrages de stockage sera effectué par le service
de police des eaux sur les bases de l' "instruction technique relative aux réseaux d'assainissement des
agglomérations" – circulaire n° 77-284 du Ministère de l'Intérieur (voir extrait en annexe 2).
Le stockage pourra être réalisé à l'initiative du maître d'ouvrage, dans un bassin
spécifique, dans les réseaux ou sur des surfaces imperméabilisées rendues submersibles, de façon à
garantir la maîtrise des rejets jusqu'à concurrence d'un événement décennal.

Article 10 – Pollutions accidentelles


Pour tout site présentant des risques de pollution accidentelle importants (zone industrielle,
rond point, voirie à fort trafic,…), un dispositif d’obturation doit être prévu permettant le stockage et
le pompage ultérieur des eaux polluées.

Article 11 - Suivi
Les ouvrages devront être régulièrement entretenus de manière à garantir leur bon
fonctionnement en permanence. En particulier, la vidange des huiles, graisses et des sables, sera
effectuée régulièrement afin d’éviter tout risque de relargage dans le milieu naturel.
Un cahier d’entretien sera tenu à jour par le pétitionnaire. Sur ce cahier figurera la
programmation des opérations d’entretien à réaliser ainsi que, pour chaque opération réalisée, les
quantités et la destination des produits évacués.
Au cas par cas, la mise en place d’un dispositif d’alerte pourra être demandée .
Un dispositif de suivi analytique pourra également être fixé au cas par cas.

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ANNEXE 1

I – Masses annuelles rejetées


Les masses polluantes annuellement rejetées à l’aval des collecteurs pluviaux sont très
variables. Le tableau suivant fournit des ordres de grandeur des masses moyennes produites
annuellement par hectare actif. Ces données de [Chebbo & al., 1995c] et de [Chocat & al., 1994c]
proviennent de l’ « Encyclopédie de l’Hydrologie Urbaine et de l’Assainissement », B. Chocat, 1997.

Paramètres de pollution En collecteurs pluviaux


MES 1000 à 2000
DCO 1000 à 2000
DBO5 100 à 500
Hydrocarbures 4 à 35
Plomb 0,6 à 1,8

Valeurs moyennes des masses annuellement rejetées, (en kg/ha imperméable),


à l’aval de bassins versants pluviaux.

II – Concentrations et charges pour un événement


Le tableau suivant extrait de [Chebbo & al., 1995c] fournit des ordres de grandeur de
différents ratios de masses ou de concentrations rejetées pour un événement.

Nature du polluant Ratio considéré Séparatif strict


kg/ha act. 80 à 550
MES mg/l 645 à 3800
kg/kg/an (* 100) 6% à 27%
kg/ha act. 56 à 310
DCO mg/l 500 à 1500
kg/kg/an (* 100) 5% à 28%
kg/ha act. 1 à 90
DBO5 mg/l 50 à 750
kg/kg/an (* 100) 5% à 15%

Domaine de variation des masses par événement les plus grandes, ramenées à la
surface active ou à la masse annuelle et des concentrations correspondantes.

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ANNEXE 2

METHODE DE CALCUL

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I – Hydrométrie
Sauf justification particulière, les données pluviométriques retenues pour le département
du Haut-Rhin seront celles de la station météorologique la plus représentative estimées à partir de la
formule de MONTANA.

ainsi à partir des coefficients de MONTANA de la Région I figurant à l’instruction


technique de 1977 relative aux réseaux d'assainissement des agglomérations :

I10 = 983 tc-0,59 en l/s/ha

où : I10 (en l/s/ha) représente l'intensité moyenne par hectare occasionnée par une pluie
décennale d'une durée tc.

tc (min) correspond au temps de concentration du bassin versant concerné par le


projet.

II – Estimation de l'écoulement naturel et détermination du débit de fuite


Sur la base des estimations de l'intensité de la pluie décennale, une estimation du débit de
ruissellement (Qf) de la surface naturelle avant imperméabilisation arrivant à l'exutoire peut être
obtenue par la formule suivante :

Qf = CI10S en l/s

où : C est le coefficient de ruissellement d'un terrain naturel pris égal à 0,1

S (ha) est la surface de l'emprise du projet.

Ainsi Qf constituera (sauf justification particulière) le débit de fuite à ne pas dépasser


après imperméabilisation. Un ouvrage permettra de limiter physiquement le débit restitué au milieu
naturel.

III – Mesures correctrices


Les mesures correctrices consistent à prévoir le stockage des eaux pluviales qui seront
restituées de façon différée au milieu naturel afin de ne pas dépasser la valeur du débit de fuite.

Le dimensionnement des ouvrages sera effectué, sauf justifications particulières, sur les
bases de l' "instruction technique relative aux réseaux d'assainissement des agglomérations" –
circulaire n° 77-284 du Ministère de l'Intérieur (voir abaque ci-joint).

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Rappel :
On détermine le débit de fuite en hauteur équivalente q

q = (360 Qf / Sa)

avec : q (mm/h)
Qf (m3/s)
Sa = C’ S (surface active après aménagement en ha)

L’abaque donne la hauteur spécifique de stockage ha

On en déduit le volume de stockage :

V = 10 ha Sa
avec : V (m3)
ha (mm)
Sa (surface active après aménagement en ha)

Les coefficients de ruissellement admis sont :

• C’ = 0,4 à 0,5 pour un lotissement d'habitations (à adapter au projet présenté),


• C’ = 0,6 à 0,8 pour une zone d'activités, zone industrielle (à adapter au projet présenté),
• C’ = 0,9 à 1 pour la voirie.

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ÉVALUATION DE LA CAPACITE SPECIFIQUE DE STOCKAGE
DES BASSINS DE RETENUE
CAPACITÉ SPÉCIFIQUE DE STOCKAGE : ha (mm)

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DÉBIT DE FUITE : q (mm/h)

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