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Origine de la crise financière[modifier 

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Raisons conjoncturelles[modifier | modifier le code]
La crise financière qui débute en 2007 tient principalement son origine de la politique
monétaire trop accommodante de la Réserve fédérale américaine (la Fed) au cours des années
2000 sous le mandat d'Alan Greenspan5,6,7 et d'innovations financières mal maîtrisées. Parmi les
responsables politiques ayant favorisé directement les conditions de cette crise par des mesures
économiques et sociales, le Guardian cite Bill ClintonNote 1, George W. Bush, Gordon Brown, ainsi
que, dans le domaine de la finance, les PDG anciens et actuels de la compagnie
d'assurance American International Group, des banques Goldman Sachs, Lehman
Brothers, Merrill Lynch, Halifax-Bank of Scotland, Royal Bank of Scotland, Bradford &
Bingley, Northern Rock, Bear Stearns, Bank of England et des personnalités telles que le
financier George Soros, le milliardaire Warren Buffett et le président d’un fonds d’investissement
américain John Paulson8.
Lors de la récession qui a suivi l'éclatement de la bulle Internet en 2000-2001, la Fed a abaissé
son taux directeur jusqu'à 1 %, puis l'a maintenu à un niveau trop bas, provoquant une création
monétaire trop forte et un gonflement de bulles sur les marchés immobiliers (bulle immobilière
américaine des années 2000) et sur les matières premières.
En 2006, la Fed, au début du mandat de Ben Bernanke, a augmenté son taux directeur de 1 % à
5 % afin de réduire les pressions inflationnistes grandissantes. Cette hausse du taux directeur a
provoqué un dégonflement de la bulle immobilière américaine des années 2000, et a entraîné un
renchérissement des mensualités de remboursement des crédits immobiliers (les crédits étant
souvent à taux variables).

Bâtiment saisi pour défaut de paiement en septembre 2008. Le panneau indique que la tuyauterie
en cuivre a été retirée, pour éviter les cambriolages.

Près de trois millions9 de foyers américains étaient en situation de défaut de paiement et ont dû
quitter leur bien immobilier, saisi puis mis en vente par les établissements de crédit, entraînant
une augmentation de l'offre sur le marché immobilier, et faisant donc encore baisser les prix. Du
fait de la baisse des prix, les établissements ne récupèrent que partiellement la somme prêtée.
Les effets du dégonflement d'une bulle immobilière se limitent généralement à des faillites
personnelles et à des pertes réduites pour les établissements financiers. La crise de 2007-2008
est différente car les établissements de crédit immobilier n'ont pas conservé les créances
immobilières dans leurs bilans, mais les ont regroupées dans des véhicules de placement, des
fonds hypothécaires, pour les revendre notamment à des fonds de pension et à des grandes
banques américaines. Les fonds hypothécaires perdant de la valeur avec la fin de la bulle
immobilière, et, surtout, la complexité et l'enchevêtrement des véhicules de placement rendant
très difficile l'estimation de leur valeur, le bilan des établissements financiers s'est dégradé. Du
fait des normes comptables de mark-to-market, ceux-ci ont dû provisionner d'importantes
dépréciations d'actifs. Ceci a provoqué un effet de contagion et une perte de confiance
généralisée entre établissements financiers, ce qui a asséché le marché interbancaire (crise de
liquidité). Les institutions financières, en particulier les banques d'investissement, ont été
fragilisées.
Raisons structurelles[modifier | modifier le code]
D'une part, les années antérieures à la crise ont vu se multiplier des innovations financières qui
ont débouché sur un marché de « 680 000 milliards de dollars »10 peu ou pas régulé appelé aussi
« shadow market ». Ces innovations financières visaient à réduire les risques et ont pris
notamment la forme de « produits dérivés » dont deux types ont été au cœur de la crise
financière : « les produits liés à des crédits immobiliers et les produits destinés à assurer contre
leur risque de défaut les credit default swaps 10 ».
Par ailleurs, la montée des profits et la baisse du poids des salaires ont provoqué
un « désajustement entre l'offre et la demande »11. En particulier aux États-Unis, les prêts
« subprimes » ont incité une partie de la population à consommer au-dessus de ses moyens, ce
qui permettait en retour d'assurer la rentabilité du secteur immobilier. Les inégalités de revenus
sont devenues très fortes: « l'écart de rémunération entre un PDG et un salarié aux États-Unis de
1 à 40 en 1980, est passé de 1 à 411 en 2005 »12, la création de richesse ayant été captée pour
l'essentiel par une petite partie de la population, au détriment de l'efficacité économique13.
Enfin, l'outil mathématique qui a partiellement servi à justifier la financiarisation de l'économie ne
semble pas avoir été le bon. En effet, il suppose que les cours financiers suivent un “hasard
sage”, du type du pollen dans le mouvement brownien et non « un “hasard sauvage” qui, comme
son nom l'indique, est beaucoup plus insaisissable »14,15. Les financiers en grande majorité sont
partis de l'hypothèse que les cours financiers suivaient un “hasard sage”, d'où l'application d'un
certain type de mathématiques financières et l'adoption à partir de 1993 à l'initiative de la
banque JP Morgan16 de la VaR (Value at Risk) pour mesurer les risques financiers reposant sur
des probabilités respectant la loi normale. Cet instrument a favorisé l'innovation et permis aux
banques d'« échapper le plus possible à toute forme de régulation contraignante » et
de « pouvoir profiter à plein de la période d'euphorie financières des quinze dernières années ».
Pour d'autres, les cours financiers suivent un « hasard sauvage ». Dès 1973, partant d'une
hypothèse de « hasard dur », Benoît Mandelbrot a développé la théorie des fractales et
du Mouvement brownien fractionnaire qui a été mal intégrée par les praticiens des marchés
financiers. Avec la crise, la théorie du « hasard sage » en finance est de plus en plus remise en
question. David Viniar, alors directeur financier de Goldman Sachs, a vu au moment de la crise
de 2007-2010 des « choses qui étaient à 25 écarts-types, pendant plusieurs jours »16 ce qui, [au
regard du modèle classique (lois normales)], « a la même probabilité que de gagner 20 fois de
suite au Loto »17.
D'autres économistes posent encore plus radicalement le problème de la mathématique
financière. Par exemple, pour Jon Danielsson de la London School of Economics, la « finance
n'est pas la physique ; elle est plus complexe »18 et les financiers jouent avec les modèles, ce que
ne fait pas la nature.

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