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De plus en plus de jobs sont proposés aux étudiants ayant le statut d'auto-entrepreneur
notamment pour des missions en entreprise. Livraison, vente, mais aussi comptabilité ou
développement web... Une façon d'arrondir ses fins de mois tout en musclant son CV.
Tim fait partie de ces bataillons de coursiers qui livrent des repas en vélo. Etudiant kiné à
Montpellier depuis septembre 2016, il roule pour Deliveroo et Foodora, deux plateformes
de livraison de repas à domicile.
"Tous les mardis après-midi, on reçoit le planning de la semaine suivante, explique-t-il. On choisit
ses créneaux et le jour même, l'application nous indique les restaurants où il faut aller..." Principal
avantage selon cet étudiant, la flexibilité : "En période de partiels, je ne bosse pas et pendant les
vacances, je peux travailler midi et soir. Et puis, j'aime faire du vélo et à Montpellier, il fait beau !"
Et la rémunération ? Tout dépend du nombre de livraisons effectuées, les livreurs étant payés à la
course. "A raison de 5 euros la course chez Deliveroo, cela peut aller de 100 euros à plus de 1000
euros par mois... Mais chaque mois je dois déclarer mes revenus et payer 22% de cotisations en
tant qu'auto-entrepreneur"...
Mais la bonne nouvelle est que le champ des jobs proposés aux étudiants auto-
entrepreneurs s'élargit. Des plateformes les mettent désormais en lien avec des entreprises
proposant des missions plus qualifiées.
C'est le cas de staffme.fr cofondée au printemps 2016 par Jean-Baptiste Achard, jeune diplômé de
la fac de droit puis de l'Essec. Lui aussi a connu les jobs de coursier pendant ses études. "Mais j'ai
pensé qu'on pouvait fournir aux étudiants des missions plus en phase avec leurs
compétences, qui leur permettraient de se professionnaliser".
- L'étudiant(e) voulant devenir "Staffer" s'inscrit en ligne et remplit un CV détaillé en indiquant son
parcours, ses compétences et surtout le type de mission qu'il ou elle est prêt(e) à remplir.
- S'il est déjà auto-entrepreneur, l'étudiant passe un entretien vidéo avec les équipes de Staffme
qui vérifient ses compétences et lui affectent une note. Les entreprises qui travailleront avec lui le
noteront également.
- L'étudiant reçoit ensuite par SMS des offres de missions qu'il est libre d'accepter ou de refuser. Le
Staffer réalise sa mission et indique sur le site le nombre d'heures réalisées.
Les jobs proposés par Staffme comportent des missions d'animation commerciale, de vente, de
logistique et de conditionnement, d'administration et de bureautique (comptabilité, gestion,
organisation), de graphisme et de développement web. Les étudiants de toute filière et tout niveau
peuvent donc postuler.
Pour certains, ce peut être une façon de découvrir l'activité d'entrepreneur. Pour d'autres,
une opportunité pour mettre le pied dans des entreprises et se faire un réseau. Pour tous,
une façon de muscler la partie "expérience professionnelle" de son CV. "Cela permet aussi à
certains étudiants de découvrir des métiers qu'ils ne connaissaient pas", dit Jean-Baptiste Achard.
Quelques-uns ont même été recrutés par l'entreprise où ils avaient fait des missions, au point que
Staffme pourrait ajouter le recrutement aux offres de service faites aux entreprises.
Cela peut être du design (création de logos, webdesign, design mobile, newsletters, animation...),
mais aussi du développement web ou informatique, du webmarketing, ou
du développement d'applications mobiles. Des secteurs dans lesquels les PME ont de gros
besoins et recherchent des devis intéressants.
Les étudiants s'inscrivent en ligne et leurs compétences sont passées au crible dans un entretien
téléphonique. L'équipe Werevo met ensuite en lien entreprises et étudiants mais suit de près la
réalisation de la mission. "Nous avons mis en place un suivi de qualité du côté des entreprises et
des étudiants car nous voulons que tout le monde travaille en confiance", explique Faouzi Annajah,
le fondateur de Werevo.
Quentin, 23 ans, a apprécié de trouver sur la plateforme ses premières missions de consultant
communication et graphiste : "Créer le statut d’auto-entrepreneur ne prend que quelques minutes,
mais démarcher ses premiers clients est beaucoup plus long, surtout si l'on manque encore
d’expérience."
De nombreux sites de "jobbing" mêlent aussi les jobs proposés par des entreprises ceux des
particuliers. C'est ainsi que des sites spécialisés dans le baby-sitting comme Yoopies ou le bricolage
comme Frizbiz comportent des offres pour les auto-entrepreneurs
Si vous êtes étudiant, regardez à deux fois avant d'accepter une offre pour un particulier sous le
statut d'auto-entrepreneur. En effet l'emploi pour les particuliers se fait normalement sous un
statut salarié avec paiement en CESU (chèque emploi-service universel).
Accepter le statut d'auto-entrepreneur signifie donc renoncer aux avantages de l'emploi
salarié : cotisations retraite, congés payés, droit à l'allocation chômage.
Si le jeu en vaut la chandelle pour accéder à des missions en entreprise, cela peut être moins
intéressant pour des jobs réguliers chez des particuliers surtout pour des emplois peu
qualifiés non liés à vos études.
Les nombreux étudiants coursiers qui travaillaient pour la startup Take it Easy (livraison de repas)
en savent quelque chose. Fin juillet 2016, elle a mis la clé sous la porte sans leur payer les courses
du mois. "Personnellement, j'ai perdu 250 euros de courses plus les 250 euros de caution pour le
matériel", dit Tim qui était alors sur Paris. Une perte modérée comparée aux livreurs dont c'était le
travail principal qui se sont trouvés sans ressources ni indemnités chômage.
Si vous hésitez à vous lancer, rassurez-vous cependant : si vous ne gagnez rien comme auto-
entrepreneur, vous ne payerez aucune cotisation. L'inscription est gratuite, rapide, et si vous
souhaitez pas poursuivre, vous pouvez sortir de ce régime par une simple déclaration sur internet.
Un auto-entrepreneur, c'est quoi ?
- Le statut d'auto-entrepreneur a été créé en 2008 pour simplifier les démarches des petits
créateurs d'entreprise. Il est ouvert aux salariés, aux étudiants ou aux demandeurs d'emploi. On
peut exercer son activité à domicile.
- Vous devez précisez votre régime d'assurance maladie : si vous êtes étudiant, il suffit d'indiquer
Smérep ou LMDE. Vous conservez votre Sécurité sociale étudiante tout en exerçant comme auto-
entrepreneur.
- C'est fait : vous avez votre "p'tite entreprise". Vous recevez son numéro SIRET. Fiscalement,
c'est une "micro-entreprise", vous être "micro-entrepreneur". Cela n'empêche pas de rester dans le
foyer fiscal de ses parents.
- Comme auto-entrepreneur, vous vous faites payer en établissant des factures. Vous êtes
dispensé de la TVA. Vos factures n'ont pas à distinguer le "hors taxe" et le "taxe comprise".
- Chaque mois, vous devez déclarer le montant de votre chiffre d'affaires. Là-dessus, vous payez
une cotisation sociale unique en pourcentage du chiffre d'affaires (de 13% à 22% selon l'activité).
- Intéressant : si vous avez entre 18 et 25 ans, vous pouvez bénéficier de l'ACCRE, une allocation
pour les jeunes créateurs d'entreprise : durant trois ans, vous ne versez qu'un taux de cotisations
sociales très réduit (de l'ordre de 5-6%) sur votre chiffre d'affaires.
- Si vous souhaitez arrêter votre activité de micro-entrepreneur, vous faites une déclaration sur le
site. Si votre chiffre d'affaires dépasse un certain montant, vous ne pouvez plus bénéficier de ce
statut.
- Le statut d'auto-entrepreneur, ouvert aux étudiants, n'a rien à voir avec le statut "étudiant-
entrepreneur" créé par le ministère de l'Enseignement supérieur en 2014. Celui-ci offre un
accompagnement et des aménagements de cursus aux étudiants ou jeunes diplômés souhaitant
créer une entreprise. Néanmoins on peut postuler au statut d'étudiant-entrepreneur en ayant déjà
une micro-entreprise, dans le but de la développer.