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LE LIBRE-ECHANGE EURO-MAGHREBIN :
UNE ÉVALUATION MACRO-ÉCONOMIQUE
* Université de Paris 8.
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748 Gérard Kébabdjian
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Le libre-échange euro-maghrebin 749
1. ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE
ENTRE PAYS DE NIVEAU INÉGAL DE DÉVELOPPEMENT :
ENSEIGNEMENTS ET INCERTITUDES
Les effets potentiels de I'alena sur l'économie mexicaine ont été exa
minés à partir de simulations mettant en œuvre des modèles d'équilibre
général calculable1. Cette méthodologie est actuellement seule dispo
nible pour évaluer quantitativement les effets globaux d'un changement
de politique économique dans un pays en développement2. Les simula
tions montrent que le Mexique doit bénéficier de la création d'une zle
du fait de la croissance de ses exportations3 .Cette conclusion a été criti
quée par une mise en cause du modèle théorique. Nous verrons, pour
notre part, qu'il n'est pas nécessaire, concernant les pays du Maghreb,
de sortir de la logique des modèles d'EGC pour contester les effets posi
tifs de la création d'une zle pour le pays le moins développé.
Nous retiendrons cependant des études quantitatives menées outre
Atlantique le rôle crucial des hypothèses complémentaires. Les simula
tions faites à partir des modèles d'egc montrent, en effet, que les
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750 Gérard Kébabdjian
1. Variable explicitement prise en compte dans certaines simulations et dont la croissance améliore
significativement le bilan pour le Mexique, comme le soulignent Berthélemy et Girardin, 1993.
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Le libre-échange euro-maghrebin 751
1. A part quelques exceptions comme les pantalons, les tissus de coton, les sardines en conserve, et quel
ques produits plus mineurs. En fait, il s'agit principalement de contingements, ou de limitaions volontaires,
concernant les produits textiles (AMF), des barrières non tarifaires qui sont appelées à disparaître à la suite
des accords de l'Uruguay Round. Cependant ces limitations ont été peu contraignantes si on en juge par
l'existence de quotas d'importations sous-utilisés, ou surutilisés sans sanction.
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752 Gérard Kébabdjian
France) et le Maghreb, où les pays les plus petits et les moins dévelop
pés, qui sont des économies très ouvertes, sont appelés à un démantèle
ment unilatéral de leur système de protection tarifaire.
La situation du Mexique par rapport à l'ensemble Etats-Unis -
Canada n'est donc pas directement comparable. Cette considération
n'est pas de pure forme car le lancement de l'idée d'une « zone de libre
échange » Europe/Maghreb semble, pour une part, un effet d'imitation
lié à l'initiative américaine et à la panne des idées économiques de I'ue
concernant la Méditerranée. La remarque ne vise nullement à disquali
fier une stratégie qui cherche à renouveler les relations Europe-Maghreb
en s'appuyant sur le libre-échangisme régional ; elle vise à souligner la
nécessité d'inscrire la logique de cette démarche dans l'histoire et la géo
graphie du bassin occidental de la Méditerranée.
Sur le plan économique, plusieurs éléments doivent entrer en compte.
Un premier aspect a été précisé : les pays du Maghreb bénéficient déjà de
relations commerciales privilégiées avec « leur Nord ». Un second aspect
tient au fait que se sont développées, entre les pays du Maghreb et I'ue, des
structures de « coopération » et de « partenariat » ayant vocation à aller
plus loin que le libre-échangisme commercial, couvrant notamment les
domaines financiers (protocoles), techniques, scientifiques, culturels, etc.
Il existe, de plus, un réseau dense d'accords d'association entre I'ue et son
espace géographique naturel au sud et à l'est de la Méditerranée. Neuf
pays ont engagé un processus d'association avec I'ue. Il s'agit de l'Egypte,
de la Jordanie, d'Israël, du Liban, de la Syrie, de la Turquie, de Chypre, de
Malte et (avant la guerre civile) de l'ex-Yougoslavie. Dans certains cas, les
accords ont abouti à la signature d'accords d'Union douanière (Turquie,
1995 ; Chypre, 1972 ; Malte ; 1970), voire à l'engagement d'un processus
d'adhésion (Chypre, Malte)1.
Cette observation amène à une remarque : Il sera à l'avenir de plus
en plus difficile de raisonner sur les relations économiques euro-maghré
bines comme un ensemble ayant sa logique propre du fait de l'élargisse
ment inévitable de l'espace pertinent à l'ensemble méditerranéen. Le
projet récent de zle pour tous les ptm (Conférence de Barcelone) rend
même un peu obsolète la question d'une zle Europe/Maghreb. L'évolu
tion vers une plus grande « banalisation » des rapports Europe/Magh
reb est en tout cas largement amorçée. En 1992, la Commission des
1. Le cas de Chypre est particulièrement intéressant pour les pays du Maghreb. Chypre a, en effet,fran
chi en 1988 une étape importante en signant un accord qui l'engage à éliminer les barrières douanières à
l'égard des produits en provenance de la CEE et à appliquer le tarif extérieur commun de la CEE dans un
délai de dix ans. On ne comprend d'ailleurs pas très bien les raisons pour lesquelles la formule retenue pour
les négociations avec les pays du Maghreb a été la formule du libre-échange et non celle de l'Union doua
nière (les pays du Maghreb ont, semble-t-il, un net intérêt commercial à préférer la seconde formule à la
première).
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Le libre-échange euro-maghrebin 753
1. C'est la conclusion à laquelle parvient l'étude de Fontagné et Péridy (1994) : la baisse des marges de
préférences européennes à l'égard des pays du Maghreb (au profit d'autres pays) devrait se traduire par une
perte de revenu de 2,5 % du PIB (Maroc) à 9 % du PIB (Tunisie).
2. Fin 1994, s'est achevée une étude d'impact nouvelle sur le Maroc et la Tunisie qui n'a pu être intégrée
ici ; les résultats des simulations corroborent cependant les conclusions auxquelles nous sommes parvenus.
Cf. Tapinos, 1994.
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754 Gérard Kébabdjian
Le bilan est donc très douteux si on raisonne sur une zle excluant
les produits agricoles de la négociation, comme le stipule le mandat
donné à la Commission par le Conseil européen et comme l'indiquent
les termes de l'accord signé avec la Tunisie. La pertinence du diag
nostic doit toutefois être appréciée à la lumière du fait que les données
qui président à l'estimation (la « matrice de comptabilité sociale » au
sens des modèles d'EGC) datent de 1980, ce qui fragilise sérieusement
la portée de l'ensemble de l'exercice. Pour notre part, nous tirerons de
cette analyse une conclusion « en creux » : le caractère modeste du
gain, voire l'effet négatif avec exclusion des produits agricoles, si on
raisonne « toutes choses égales par ailleurs » et en « évolution
spontanée ».
La spécificité des pays du Maghreb implique une étude quantitative
prenant en compte différents scénarios possibles. La question seconde,
mais finalement la plus importante, est celle de savoir s'il existe, parmi
tous ces scénarios, une configuration permettant d'identifier une bonne
stratégie dans laquelle les coûts de la transition sont maîtrisés et les
effets positifs éventuels de la création d'une zle sont valorisés. Ceux-ci
proviennent nécessairement des importations de biens (et des éventuelles
entrées de capitaux extérieurs, comme on le verra plus loin) et non direc
tement des exportations, comme dans le cas nord-américain. Cette donnée
conduit à une politique d'accompagnement spécifique. La baisse du prix
des intrants importés est, en effet, le vecteur principal par lequel les pays
du Maghreb peuvent espérer tirer profit de la création d'une zle sur le
plan industriel et commercial. Cette baisse résulte mécaniquement de
l'abaissement des droits de douane et est susceptible d'améliorer la pro
fitabilité et la compétitivité des économies du Maghreb. Parallèlement,
la déprotection de ces économies est susceptible de stimuler la producti
vité du fait de la concurrence accrue par les produits importés. Les
exportations pourraient donc être activées via l'amélioration des coûts
et des conditions de l'offre. Ces effets d'offre restent cependant lointains
et problématiques (en raison des problèmes de reconversion, notam
ment de main-d'œuvre). A court terme, la rationalisation par la concur
rence extérieure impliquera des baisses d'activité et des disparitions iné
vitables d'entreprises. Le bilan global n'est donc pas sans ambiguïté
puisqu'un solde positif suppose que les secteurs bénéficiant d'un avan
tage comparatif connaissent une croissance suffisante pour compenser
les abandons d'activité dans les secteurs condamnés par la concurrence
extérieure.
La nature de la politique d'accompagnement suivie est donc cen
trale. Cette considération rejoint non seulement la question de la poli
tique des investissements publics et plus généralement de la politique
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Le libre-échange euro-maghrebin 755
Les effets de demande doivent être conjugués avec les effets d'offre
(effets-coûts) pour déterminer l'impact final. A niveau d'activité
inchangé, les effets d'offre peuvent être jugés « positifs » car ils doivent
se traduire par une action dans le sens d'une baisse des coûts de pro
duction, soit directement par celle des prix des biens d'équipement et
des intrants importés, soit indirectement par l'amélioration de la pro
ductivité moyenne, soit encore par la baisse du coût du travail liée à
celle des prix des biens de consommation importés. Le problème est
que l'hypothèse d'un niveau d'activité inchangé ne peut être admise.
Les effets d'offre, qui sont principalement des effets sectoriels et des
effets de caractère micro-économique, peuvent avoir plus ou moins
d'importance selon les variantes de politique économique envisagées
car il existe des marges de manœuvre importantes dans la mise en
œuvre d'une stratégie de libéralisation du commerce extérieur. L'ou
verture au libre-échange a une dimension macro-économique, notam
ment par ses implications sur la demande globale. Les impacts qui lui
sont associés en termes de politique économique ne sont généralement
pas pris en compte, peut-être parce que les utilisateurs habituels des
modèles d'EGC se rattachent à une tradition peu ouverte à l'étude des
effets des politiques macro-économiques, notamment des politiques de
régulation de la demande. Du point de vue de l'analyse quantitative,
cette prise en compte peut se faire par le jeu des variables exogènes.
Les modèles d'EGC, en tout cas celui utilisé ici, comportent deux varia
bles exogènes utilisables à cet effet : les dépenses publiques et le déficit
courant extérieur (ainsi que le taux de change), d'où la possibilité de
simuler le démantèlement tarifaire conjointement avec des politiques
d'accompagnement interne et externe.
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756 Gérard Kébabdjian
1. Fontagné et Péridy, 1995, montrent notamment que le Maroc et la Tunisie voient émerger une nou
velle spécialisation et des avantages comparatifs croissants dans les industries électriques.
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Le libre-échange euro-maghrebin 757
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758 Gérard Kébabdjian
Soit un cas imaginaire, peu réaliste, mais qui présente l'intérêt d'ex
pliciter les enchaînements macro-économiques. Imaginons que la
variable de bouclage soit les entrées de capitaux en supposant, cas
d'école, qu'une économie du Maghreb peut s'offrir un endettement illi
mité en maintenant constant son taux de change à l'égard de l'extérieur.
L'hypothèse est absurde mais présente des vertus pédagogiques. Que se
passe-t-il ? Il doit en résulter : 1 / Une baisse des prix intérieurs (de la
demande intérieure) du fait de la baisse des prix des biens importés.
2 / Une explosion des importations du fait de l'absence de contrainte
extérieure, un déficit commercial massif et une entrée nette de capitaux
du même montant (dans le cadre du modèle d'EGC où la balance des
capitaux est la contrepartie passive de la balance des opérations cou
rantes). 3 / Une augmentation de la consommation et de l'investisse
ment intérieurs. 4 / Un bond en avant de la production intérieure, sti
mulée par l'entrée de capitaux et notamment par l'investissement direct,
donc une croissance vertigineuse du revenu intérieur. 5 / Une stagnation
des exportations du fait du développement du marché intérieur et de
l'orientation de la production en direction des débouchés intérieurs qui
s'élargissent plus fortement que les débouchés extérieurs. 6 / Un solde
budgétaire qui doit, selon toute vraisemblance, se révéler largement
excédentaire malgré la baisse des droits de douane (effet croissance qui
augmente les rentrées fiscales).
On peut envisager l'autre cas dans lequel le déficit commercial et
donc les entrées de capitaux ne pourraient augmenter ; le solde com
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ENCADRÉ 1. — Effets théoriques de l'ajustement par l'extérieur
à la suite d'un choc de démantèlement tarifaire
Le signe (-) indique une variation à la baisse par rapport à l'année de base et le
signe (+) une variation à la hausse.
Le tableau A indique le sens de variation de l'effet entre les deux configurations
extrêmes, c'est-à-dire le comportement variantiel de l'effet lorsque les entrées de capitaux
(exogène) sont de moins en moins importantes (en se déplaçant de gauche à droite) et
donc lorsque les ajustements de change sont de plus en plus importants.
Les signes des effets et les sens de variation du tableau A ne dépendent pas des
valeurs des paramètres du modèle (sauf pour le PIB). L'importance numérique des effets
dépend évidemment des valeurs des paramètres.
On donne, à titre indicatif, dans le tableau B les valeurs numériques tirées des simu
lations présentées dans la section 4 (variations par rapport à la base 1990) et qui sont
relatives à la Tunisie.
Configuration
d'ajustement Configuration
par les capitaux d'ajustement par
extérieurs seuls
exterieurs le change seul
Tableau A
Variations du change 0
(en % par rapport àa 1990)
Tableau B
Variation des
Variation des prix de
prix de X -- 2,8
2,8 %
%
la demande intérieure
interieure
-
(en % par rapport aà 1990) 3,9 %
//
Les deux données suivantes permettront au lecteur de mieux mesurer la valeur des
chiffres : le PIB de la Tunisie se montait approximativement à 10 milliards de dinars
en 1990 ; 1 DT vaut à peu près 1 dollar ; MDT : milliers de dinars tunisiens.
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Le libre-échange euro-maghrebin 761
gus, sauf un : l'effet sur l'activité économique. Celui-ci est toujours posi
tif dans la configuration d'ajustement par les capitaux extérieurs, mais
on ne sait pas quel est le signe de l'effet lorsque l'on se rapproche de la
configuration d'ajustement par le change. Il est possible que l'on rentre
très rapidement dans la zone des effets ayant un signe négatif, même si
l'effet est nettement positif lorsque l'on reste proche de la configuration
d'ajustement par les capitaux extérieurs seuls. Le signe dépend de l'im
portance relative de l'effet-importations sur l'effet-exportations. Seule
l'étude quantitative permet de lever l'indétermination. On verra dans la
partie économétrique que l'effet est pratiquement toujours positif pour
la Tunisie (mais, comme on le verra plus loin, l'ajustement implique
alors une dépréciation importante du change et une dégradation specta
culaire des comptes publics).
3. L'INVESTISSEMENT EXTÉRIEUR,
SECONDE VARIABLE CRUCIALE
Pour des pays comme ceux du Maghreb, la création d'une zle avec
I'ue implique des coûts d'ajustement, donc la nécessité d'un financement
pour assurer la transition et rendre ainsi le bilan de l'opération éventuel
lement positif. Le diagnostic sectoriel vient conforter le diagnostic
macro-économique : une croissance des investissements est nécessaire
non seulement pour assurer les améliorations de compétitivité rendues
impératives par le nouveau contexte concurrentiel, mais également pour
assurer un niveau de demande intérieure favorable à la croissance. Cette
relance des investissements passe par l'apport de capitaux extérieurs. La
variable stratégique est ici l'investissement privé. Une politique de pro
motion des investissements directs extérieurs fait donc partie intégrante
du dispositif à mettre en œuvre sur le plan de la politique économique.
La question qui reste posée est celle de savoir si la création d'une zle est
par elle-même en mesure de provoquer un retournement significatif dans
les flux d'entrées de capitaux. Malgré l'absence de théorie, quelques
pistes peuvent être suggérées.
Un élément essentiel qui ressort des travaux récents est le rôle cru
cial de la « crédibilité ». Une libéralisation commerciale qui s'inscrit
dans un traité de droit international, comme un accord de zle avec
I'ue, peut être l'indication que le gouvernement a tourné le dos aux
politiques passées, et s'est engagé de façon irrévocable dans une poli
tique d'ajustement macro-économique (Rodrik, 1989). L'ouverture
commerciale serait ainsi un moyen de signaler au secteur privé la
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762 Gérard Kébabdjian
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Le libre-échange euro-maghrebin 763
sion au GATT, adoption d'un pas...). Ces valeurs ne sont pas irréalistes
au plan macro-économique (elles représentent respectivement 15 % et
44 % de la fbcf de 1992) mais supposent un véritable big bang dans le
comportement des investissements étrangers compte tenu de la faiblesse
de leur niveau actuel.
1. Cette partie repose sur l'étude faite pour le ministère de l'Economie tunisienne par Ennaifer et
Kébabdjian (Comete Engineering, 1994). Le modèle d'EGC utilisé est issu du modèle générique établi par
Drud, Grais et Payatt (1985), qui est lui-même une variante du modèle construit par Dervis, De Melo et
Robinson (1982) pour la Turquie. Le modèle de Drud, Grais et Payatt a été appliqué à la Tunisie par Bous
selmi, Delacuwé, Ennaifer et Monette (1987). Une première version du modèle était fondée sur une « matrice
de comptabilité sociale » datant de 1983. Elle a été actualisée par Ennaifer avec certaines données de 1990
pour les besoins de l'étude de simulation demandée par le gouvernement tunisien. Le modèle a été simulé sur
l'optimisateur GAMS (General Algebric Modeling System) développé par Drud et Kenderick.
2. Le PIB de la Tunisie se montait à approximativement 10 milliards de dinars en 1990 ; un DT valait à
peu près un dollar.
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764 Gérard Kébabdjian
Données
Donnees de Données
Donnees de
l'année
l'annee de base l'annee finale
l'année
(en millions (en millions Variation
Variables de dt) de dt) (en %)
piB aux
pib prix du
marché
marche 10 798 10 874 + 0,7
Emploi total* 3 800 3 907 + 2,8
Importations totales 5 473 5 922 + 8,21
Exportations totales 4 660 5015 + 7,6
Deficit commercial
Déficit -813 -907 + 11,5
Recettes fiscales 2 041 1 774 -13,1
3 616 3 410 - 5,7
Depenses publiques
Dépenses
Demande interieure
intérieure 11 611 11 781 + 1,5
Investissements 2 976 2 900 - 2,6
Prix interieurs
intérieurs 1,00 0,97 - 3,00
Taux de change/uE** 1,00 1,09 + 9,00
dt : dinar tunisien.
DT
*
L'emploi est exprime
exprimé par la masse salariale correspondante (ime
(une variation de la masse salariale
représente un changement du volume de l'emploi car le salaire nominal est fixe
repr6sente fixé dans le modele).
modèle).
** Valeur de l'ECU
par rapport au dinar tunisien (dt).
(DT).
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Le libre-échange euro-maghrebin 765
Donnees de Donnees de
l'annee de base l'annee finale
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766 Gérard Kébabdjian
Il est clair que seuls les effets de croissance sont susceptibles d'assu
rer une base soutenable au choix du libre-échange en Tunisie. Par
exemple, nous venons de montrer que face au processus de démantèle
ment tarifaire, le maintien des recettes fiscales et des dépenses publi
ques est essentiel ; or la politique macro-économique associée à cet
objectif implique de ne pas chercher à résoudre le dilemme en aug
mentant les taux de TVA mais d'espérer une augmentation plus que
proportionnelle des rentrées fiscales provenant de l'élargissement de la
base d'imposition. Les effets de croissance seraient inexistants si les
entrées de capitaux extérieurs ne devaient pas augmenter, tel est le
constat amer de l'exercice présenté.
Envisageons maintenant les scénarios dans lesquels on suppose une
croissance exogène des flux d'entrées de capitaux extérieurs. Les simula
tions suivantes montrent que le bilan s'améliore progressivement à
mesure que ces entrées s'accroissent (cf. tableau 3).
En va En va En va
Annee
Année En riation En riation En riation
Variables de base niveau (en %) niveau (en %) niveau (en %)
DT : dinar tunisien.
*
L'emploi est exprimc
exprimé par la masse salariale correspondante (une variation de la masse salariale
représente un changement du volume de l'emploi car le salaire nominal est fix£
reprfesente fixé dans le module).
modèle).
** Valeur de l'ECU
par rapport au dinar tunisien (DT).
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768 Gérard Kébabdjian
doit donc interpréter les résultats comme des maximum en termes de per
formances dans la croissance. L'exercice livre néanmoins des enseigne
ments intéressants : la création d'une zle, même sous les hypothèses les
plus favorables, n'est pas en mesure de provoquer de façon mécanique un
gain net de revenu pour le pays étudié (la Tunisie) ; l'orientation de la poli
tique économique, ainsi que les effets indirects sur les entrées de capitaux
extérieurs, peuvent seuls être en mesure de rendre l'opération positive ;
dans tous les cas de figures, les pouvoirs publics doivent s'attendre à cer
taines évolutions inévitables et y adapter la politique macro-économique :
baisse des prix intérieurs, dépréciation de la monnaie nationale, déficit
accru de la balance commerciale.
Ajustement par
Taux de change
Apport extérieur illimite
exterieur illimité (flottant avec l'UE)
Varia Varia
Annee
Année En tion En tion
Variables de base niveau (en %) niveau (en %)
DT : dinar tunisien.
*
L'emploi est exprime
exprimé par la masse salariale correspondante (une variation de la masse salariale
représente un changement du volume de l'emploi car le salaire nominal est fixe
represente fixé dans le modele).
modèle).
** Valeur de l'ECU
par rapport au dinar tunisien (DT).
CONCLUSION
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RÉFÉRENCES
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770 Gérard Kébabdjian
avril-juin 1995.
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