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Acquérir des codes gestuels pour une meilleure aisance graphique

et un accès plus efficace à l’encodage

Acquérir des codes gestuels et spatiaux en PS, MS et GS

Introduction

Ce document fait suite à un atelier qui a eu lieu le 8 décembre 2010 dans le cadre d’un colloque
autour de la lutte contre l’illettrisme organisé par l’Académie de Nantes à Avrillé (49).
Il est réalisé en deux documents séparés pour être plus facilement téléchargeable : « acquérir des
codes gestuels et spatiaux », présent document et « écrire en GS : geste et encodage ».

Ecrire recouvre un vaste domaine ! Quand on demande à un élève de Grande Section (GS) d’écrire
des mots simples, deux compétences méta-cognitives sont en jeu. Il faut que l’élève ait compris que les
sons de la parole sont transcrits par 26 lettres romanes agencées selon un code spécifique à la langue du
pays mais aussi qu’il ait assimilé tout un système de codes graphiques et d’agencement de l’espace. Ces
deux compétences sont essentielles pour que l’écrit soit facilement lisible à tout lecteur.

Comment transmettre nos conventions d’écriture ? Quelles difficultés cela représente-t-il ?

Quelles astuces, quelles stratégies peut-on mettre en place pour faciliter l’apprentissage des gestes pour
écrire à des jeunes élèves d’école maternelle ? Telles sont les questions auxquelles un enseignant est
confronté et pour lesquelles il est nécessaire de mettre en place un enseignement. Avant de passer à la
pratique de classe, voici quelques constatations.

Constatations
Lorsque les élèves commencent à écrire des lettres, ils écrivent en script majuscule. Or en France,
nous écrivons en cursive, en «attaché». Ce geste n’est pas inné, il nécessite un apprentissage qui doit
commencer dès l’école maternelle afin de préparer le mieux possible l’entrée des élèves au CP.

Un de ces apprentissages est une double maîtrise gestuelle : celle du geste de préhension avec sa
main directrice et celle du geste postural et corporel.

L’élève doit également découvrir un autre espace que celui où il vit quotidiennement dans son
monde d’enfant : l’espace de la feuille avec ses codes spécifiques de transcription de l’oral à l’écrit. Tout
cela vaut bien un apprentissage structuré !

Constatations de société
Dans notre civilisation, l’accent est mis plus sur le sens et la pensée de l’écriture plutôt que sur le
geste qui est considéré comme une capacité de moindre importance.
Beaucoup de personnes ont une écriture de plus en plus illisible.
L’invasion des ordinateurs ne nécessite plus d’avoir une écriture irréprochable pour que son écrit
soit lisible par tout le monde.

Nathalie Quillet – PEMF Inspection Académique de la Sarthe 1

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Constatations physiologiques
Apprendre à maîtriser un geste pour dessiner, pour produire des graphismes, pour écrire permet
d’éviter des postures inadéquates. Celles-ci peuvent provoquer des tensions, des souffrances
physiologiques pouvant aller jusqu’à la crampe ou la tétanisation du membre scripteur.

Constatations : « le geste » au niveau des écrits publiés et des recherches

Trois auteurs ont retenu notre attention. Il s’agit de Liliane Lurçat «L’activité graphique à l’école
maternelle », de Liliane Baron «Du tracé au graphisme » et de Danièle Dumont «Le geste d’écriture ».
Ces livres insistent sur le respect des étapes du développement physiologique de l’enfant, l’importance du
vécu des gestes dans différentes manipulations et des espaces variés.

Parallèlement à ces livres pédagogiques, des écrits et des recherches ont montré qu’on apprend
mieux à écrire par une méthode visuo-haptique (vision et toucher). Enseigner à écrire c’est tout autant
s’attacher au tracé, au chemin des lettres qu’à la verbalisation de leur nom et à la prononciation du son
qu’elles encodent. in «Comprendre les apprentissages » 2004 sous la direction de Edouard Gentaz et
Philippe Dessus, article «Apprendre à tracer des lettres » 2010 de F. Bara et E. Gentaz
(www.sciencesdirect.com).

Constatations pédagogiques
L’enseignement du geste d’écriture est considéré comme allant de soi et n’ayant pas besoin d’un
enseignement spécifique, comme si la dextérité du geste était innée. Par ailleurs la recherche a constaté
que l’enseignement du geste est souvent visuel sans passer par d’autres formes de manipulation. Pour une
partie des élèves cela ne pose pas problème mais, un clivage d’inaptitude gestuelle se produit dès les
premières années d’école et peut favoriser des conditions d’illettrisme.
Le document d’application «Le langage à l’école maternelle » paru en avril 2006 aborde le sujet
du geste en fin du livret (pages 105 à 112).
Les programmes 2008 expliquent clairement qu’apprendre les gestes de l’écriture tout comme
aborder le principe alphabétique et distinguer les sons de la parole prépare l’élève à apprendre à lire et à
écrire. La finalité est de « copier en écriture cursive, sous la conduite de l’enseignant, de petits mots
simples dont les correspondances en lettres et sons ont été étudiées ». Les gestes doivent être associés à
l’encodage des lettres et des sons qu’elles produisent.

Constations au niveau de notre groupe scolaire

Les évaluations CE1 (copie & orthographe) et la posture des élèves en cycle 3 de notre groupe
scolaire montrent que ces items sont à travailler. Nous décidons d’harmoniser nos pratiques de geste
d’écriture à l’école maternelle afin de faire acquérir aux élèves des compétences techniques solides
nécessaires à l’acte graphique.

Exemples de pratiques pédagogiques dans une école maternelle

La finalité des pratiques pédagogiques présentées ci-dessous est d’aider le jeune élève à construire
les outils dont il aura besoin pour réaliser l’écriture de façon automatisée. Il s’agit bien à terme de
soulager la surcharge cognitive que nécessite l’encodage pour que les gestes en écriture cursive soient
maîtrisés ou tout du moins assez bien maîtrisés et que le vocabulaire propre à l’espace feuille soit acquis.
Un travail autour des fonctions de l’écrit, du principe alphabétique et des sons de la parole est fait
en parallèle afin d’arriver en fin de Grande Section à l’encodage de mots écrits en cursive.

Les activités mises en place ont concerné les trois niveaux de classe d’âge de nos élèves (PS, MS,
GS). Il y a des gestes qui sont véritablement plus faciles à acquérir à 3 ans qu’à 5 ans (lorsque l’élève n’a
pas eu d’enseignement dirigé). L’expérience montre qu’une gestion adaptée de l’espace graphique
(horizontalité, tenue de ligne, régularité des espaces, des dimensions et de la verticalité des productions
graphiques) est obtenue plus vite et plus facilement chez les PS que chez les GS.

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Travailler la latéralisation
Ecrire c’est tenir un crayon avec sa main directrice mais les jeunes enfants n’ont pas la force
musculaire pour maintenir cet effort très longtemps. C’est pourquoi beaucoup utilisent indifféremment les
deux mains. Les recherches au niveau des fœtus par le biais de l’échographie ont montré qu’ils étaient à
93 % droitiers puis lorsque le nourrisson grandit, il a été constaté que près de 10 % étaient gauchers. On
ne peut donc pas avoir une dizaine de gauchers dans une classe, deux ou trois pas plus !
Comment les repérer dans une classe de petite section lorsque les gestes des enfants ne sont pas
encore assurés ? Une observation au quotidien dans les gestes de la vie courante peut se faire. Il est facile
dans les coins jeux d’observer avec quelle main, l’enfant tourne la cuillère de sa tasse de café, avec quelle
main il se coiffe, avec quelle main il conduit la petite voiture jusqu’au garage, avec quelle main il
promène les figurines par terre, avec quelle main il récupère cette figurine sur une table à son niveau, sur
un meuble légèrement en hauteur… Ce travail d’observation est à noter pour les élèves pour lesquels on a
un doute, pas pour les droitiers affirmés.
A partir du moment où on sait quelle main est directrice, il faudra reprendre l’élève s’il change de
main dans les activités manuelles ou stopper cette activité car elle lui demande un effort musculaire trop
important. Il faudra aussi faire attention à la place d’un gaucher dans les groupes de table : ne pas mettre
un gaucher à côté d’un droitier mais bien à une place extérieure des groupes de table.

Exemples de moments dans la classe où on peut noter la préhension pour les élèves dont on a un doute.

Une des utilités de savoir quelle main est

directrice est de faire attention au placement
des élèves gauchers quand il est nécessaire
de laisser une trace graphique et écrite.
Cette gauchère (en GS) n’est pas bien
installée car elle n’avait pas suffisamment
d’espace pour dérouler son bras pour écrire
étant donné qu’elle est placée au milieu d’un
groupe de table et entourée de droitiers. Elle
a été obligée de se décaler vers la droite.

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La dextérité motrice : la pince

La dextérité motrice peut être source d’enseignement. Certains élèves de PS tiennent
« naturellement » le crayon de façon efficace, pour les autres il est important que l’enseignant soit à côté
et lui montre comment tenir un crayon : pouce et majeur pinçant le crayon.

PS

GS
Bonnes préhensions

Une photo d’une bonne préhension du crayon

par la maîtresse est aussi très efficace pour
communiquer un geste adéquat, surtout si la
photo est prise en présence des élèves.

La dextérité motrice : travailler le vocabulaire des doigts

Prendre conscience et savoir nommer les doigts de ses mains pour savoir notamment quels doigts
sont utilisés pour la préhension des outils scripteurs, sont des activités pédagogiques qui peuvent être
organisées en découverte du monde du vivant, en voix et écoute avec l’apprentissage de comptines mais
aussi dans le domaine « Regard et Geste ».

Exemples de travaux réalisés en MS permettant entre autre de réutiliser le vocabulaire autour de la main
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Travailler la posture du corps

Il faut parfois enseigner à certains élèves comment positionner son corps pour avoir une position
efficace et la moins fatigante pour écrire : le tronc doit rester bien stable. Au niveau physiologique,
certains enfants jusqu’à 8 ans, n’ont pas encore une tonicité musculaire suffisante pour que le tronc reste
stable sans appui. Prendre un appui sur la table avec les côtes de la cage thoracique permet une stabilité
suffisante pour que l’élève puisse écrire sans se voûter et sans abaisser de façon excessive son cou.
Pour certains élèves il faut montrer et faire reproduire comment positionner sa main pour qu’elle
déroule de gauche à droite en fatiguant le moins possible l’épaule. Pour cela il est intéressant de travailler
le vocabulaire du corps et se mettre d’accord sur la définition de parties précises du corps telles que
« avant-bras » et « tranche de la main ».
En début d’année notamment de grande section, il est important de redire et faire ensemble
comment se positionner le mieux possible à son bureau pour dessiner et écrire : pieds par terre décroisés,
chaise le plus près possible du bureau. Ainsi avant de commencer à dessiner ou écrire, il suffit à
l’enseignant de rappeler aux élèves s’ils ont pensé à bien se placer.

Elève de grande section prise en aide personnalisée pour perfectionner les gestes et la gestion de
l’espace.

La gestion de l’espace
Ecrire c’est forcément gérer un espace spécifique. L’enfant dans sa vie de tous les jours est peu
confronté à l’espace feuille et certainement pas aux conventions d’écriture. Il est important de
programmer dans l’année scolaire des moments où l’enseignant devra apprendre un nouveau vocabulaire,
commun à la classe afin de pouvoir communiquer de façon plus efficace les gestes à effectuer ainsi que la
gestion de l’espace à respecter.

Espacer et aligner sont les deux premiers mots de vocabulaire à assimiler pour une meilleure
maîtrise du geste graphique et d’écriture. Ce vocabulaire devra être acquis durant la grande section en
période 1. C’est pourquoi il est utile que nombre de situations soit vécues en PS et MS en utilisant ce
vocabulaire dans des situations d’enseignement divers. «Aligner», «espacer» sont des mots qui ne
veulent parfois rien dire à un enfant ou font écho à dans d’autres situations de la vie courante. Il est
important que dans les activités de la classe en PS et MS, le professeur des écoles utilise, verbalise en
montrant, en faisant vivre ces deux notions en ayant comme objectif de préparer ces futurs élèves au
vocabulaire spécifique de l’espace feuille. Voici sous forme de photos commentées quelques exemples
d’activités dans lesquelles le vocabulaire peut être travaillé en situation ou en évocation, si des traces
subsistent.

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Exemples dans différents domaines pour vivre, nommer,

réutiliser le vocabulaire spatial

Dans les coins jeux, le vocabulaire est affiché pour préciser en comparant la définition des notions. Cet
affichage permet d’être utilisé avec les enfants par n’importe quel adulte présent durant l’activité ou
durant le rangement.

En motricité, organiser puis faire organiser un parcours en alignant, espaçant ou non le matériel.

Avec de la peinture à doigt, laisser une trace en alignant espaçant avec ou sans contrainte d’espace.

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En collage, aligner les papiers cadeaux pour décorer ; aligner les personnages d’une histoire en les
espaçant de façon régulière.

En atelier de manipulation d’objets, après des moments de découverte mettre en évidence la ligne des
objets en vert. Demander de créer une autre ligne en guidant la main pour que l’élève de PS commence à
gauche.

Progressivement on peut passer à un alignement sans support puis à plusieurs alignements sans support
guidant.

On peut aussi espacer les objets avec ou sans le support et demander de reproduire en alignant espaçant.

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On s’attend à un alignement bien droit et non arrondi.

La notion de ligne est arbitraire car dans notre discours nous sous-entendons ligne rectiligne. Il est
intéressant de prendre des repères avec les bureaux et mettre en évidence le côté rectiligne d’une table ou
bien dans cet exemple montrer qu’on s’attend à ce que l’alignement soit bien droit et non arrondi comme
la forme de la table.
Les photos sont des traces intéressantes car elles peuvent être à nouveau présentées ultérieurement
au reste de la classe sur l’écran de l’ordinateur, s’il est situé près du coin regroupement.

En moyenne section ce travail de manipulation est repris avec du matériel plus petit car la
dextérité des enfants est plus fine. Voici des exemples de travail dirigé demandé après une période de
manipulation libre du matériel. On peut passer à une trace écrite du travail réalisé et aborder les mots
«haut» «bas».

en haut, en bas

La photo du milieu est la reproduction du travail de l’élève de la photo de gauche. A partir de ce travail
venant de l’élève, il est plus facile de communiquer les attentes de la maîtresse puis de comparer.

Travailler le geste d’écrire de gauche à droite est aussi une activité dirigée à mettre en place afin
que l’enseignant verbalise les actions puis dans un deuxième temps, que ces actions soient verbalisées par
les élèves. Dans cet exemple les maisons de la rue sont alignées et espacées selon un modèle, il est
demandé d’aligner des blocs maisons de l’autre côté de la rue, puis de faire d’autres rues en commençant
toujours le travail de gauche à droite. Au fur et à mesure de l’année, le modèle est supprimé mais la
consigne est toujours la même : aligner en espaçant des objets de gauche à droite.

Alignement de maisons espacées à

reproduire (bande positionnée par la
maîtresse) pour induire le mouvement de
gauche à droite.

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Travailler le nom des couleurs est une activité de PS et MS. Dans cet exemple de classe de MS,
les élèves avaient à présenter des couleurs qu’ils savaient nommer et à les organiser comme bon leur
semblait dans leur feuille. Un travail autour de l’alignement et de l’espacement avait été fait auparavant.

Affichage dans la classe de travaux autour des couleurs. Outre le fait de pouvoir renommer les couleurs
régulièrement, on peut renommer le vocabulaire spatial.

L’activité graphique peut être dirigée, l’affichage organisé par l’enseignante met en évidence la
consigne dirigée demandée à tous les élèves et permet de réutiliser le vocabulaire dans la classe.

Travail individuel regroupé pour mettre en

évidence le côté rectiligne et les espaces à
respecter entre chaque trace graphique
tamponnée.

Dans les activités rituelles du matin, le placement de son étiquette prénom peut être organisé pour
que des espaces soient mis entre les étiquettes. Un guidage en début d’année de MS est mis en place pour
que les élèves s’organisent de façon plus autonome : il faut placer étiquette prénom sous un chiffre. Au
cours de l’année en PS, la maîtresse avait pris l’habitude de montrer et disposer les étiquettes des absents
en présentant et en utilisant le vocabulaire «étiquettes alignées, espacées » durant le regroupement
d’accueil du matin.

Guidage d’étiquettes chiffre pour rappeler qu’il faut

mettre un espace entre chaque prénom quand on place
son étiquette en arrivant en classe le matin.

Un élève vérifie en autonomie qu’il y a bien un espace

entre toutes les étiquettes avant de compter les présents.

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En grande section, des manipulations sont reprises en période 1 avec comme objectif explicite et
verbalisé à l’intention de tous les élèves de retenir ce vocabulaire spatial car il servira dans les activités
d’écriture et de lecture des mots. La règle devient un outil qui permet de vérifier l’alignement.

L’alignement et l’espacement peuvent être travaillés en même temps que les algorithmes.

Pour conclure sur la gestion de l’espace, un projet de décoration du couloir d’entrée de l’école
peut être envisagé pour l’ensemble des classes sur n’importe quelle représentation picturale mais en
imposant les notions d’espace.

Projet d’école : Décorons le couloir de l’école sur le thème de l’ours pour fêter la période de Noël

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