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IEW Nts) rt , LES SO AVOCATS ‘aboré et moi . DpyNGTNL a) LES PLUS INFLUENTS IRE INTERNATIONAL N° 3049 DU 16 AU 22,UIN2019 FOOTBALL UNION AFRICAINE Spécial Les confidences CAN2019 && de Moussa Faki ue je crois Samedi 15 juin Béchir Ben Yahmed bby@jeuneafrique.com Dans trente ans lusde80% des Africains vivent au sud du Sahara, répartis entre quelque cinquante pays plus ou moins avancés, plus ou moins grands, mais comparables et tous membres de 'Union africaine. Presque tous ont été colonisés par des puissances européennes et se sont libérésily aune soixan- taine d’années Parmi eux, Afrique du Sud est un cas particulier. * Traitant de l'Afrique, un confiére anglo-saxon a distingué cing pays: Ethiopie, Angola, le Nigeria, la République démocra- tique du Congo (RDC) et Afrique du Sud. Ils rassemblent la moitié de la population subsaharienne et évoluent dans le bon sens. Et cette évolution pourrait rejaillir favorablement surles autres pays africains. Je pense qu'il a raison. Mais la cinquantaine de pays de ce Sud-Sahara qui abritent plus de 1 milliard d’hommes et de femmes forment un ensemble. Out en est cet ensemble? Est-il en train de se développer éco- nomiquement? Va-t-il vers la démocratie? Quelques pays subsahariens sont encore dirigés par des mili- taires arrivés & la magistrature supréme par un coup d’Etat. Le casest certes de plusen plus rare, mais il faut qu’il disparaisse et que nous arrivions & généraliser accession au pouvoir par une élection, ffit-elle contestable. Crest le lieu de rappeler que Yactuel président élu du Nigeria, Muhammadu Buhari, a occupé naguere la méme fonction grace aun coup Etat et a compris qu'il valait mieux se convertir A une forme de démocratie électorale. Bien luiena pris, puisqu’ila été éluet réélu. + En Ethiopie, l'actuel chef de Vexécutif, Abiy Ahmed, a été choisi pour le poste de Premier ministre par le parti dominant, qui exercait un pouvoir dictato- tial pour le compte d’une mino- rité ethnique. Aux affaires depuis un an, il méne pourtantson pays marche forcée vers la démocratie. Lactuel président de Angola, Josio Lourengo, alui aussi été dési- gné par l'ancien dictateur José Eduardo dos Santos, qui avait, avec les siens, pillé le pays pen- dant prés de quarante ans. Mais Joo Lourengo s’est vite affranchi deson mentor et conduit, depuis 2017, une politique de redresse- ment économique qui le rend populaire il pourrait se faire élire sans difficulté et ne tardera pas & en profiter. ° En Afrique du Sud, le méme parti, !ANC, est au pouvoir depuis vingt-cing ans. Méme sil a tardé ale faire, il a su écarter dela pré- sidence un Jacob Zuma incompé- tentetcorrompu. Ft, A travers des elections on ne peut plus démo- cratiques, I'a remplacé par Cyril Ramaphosa, qui, lui aussi, méne depuis deux ans une politique de redressement sur laquelle on fonde beaucoup d'espoirs. ‘Mémeen RD Congo, oit le résul- tatdeélection présidentielle est discutable, on espére un change- ment vers le mieux. Eton se féli- cite que l’élection présidentielle aitenfineu lieu. Cet immense pays au sous-sol trés riche pourrait commencer a sortir de Vorniére, connaitre la sécurité et voir son énorme potentiel hydroglectrique mieux exploité. Quant au Nigeria, 200 mil- lions d’habitants, premiére éco- nomie du continent africain, Frumeatique 308916522 un 2009 crois Sd tout indique que son président, ‘Muhammadu Buhari, fera mieux au cours de ce deuxiéme mandat que pendant le premier. Dans le reste de l'Afrique de l'Ouest - dont fait partie le Nigeria -,laCéted’Ivoire,leGhana et le Sénégal sont des quasi-clémo- craties, correctement gouvernées. Leurs citoyens sont en sécurité et connaissent un développement économique enviable. ° Mais ily a bien stir la Somalie, ou I’Etat s'est liquéfié en 1991 et quiest depuis divisée et sans gou- vernement. Etily aleSoudan, ot les militaires font la Loi. Iya la Centrafrique avec son Etat fantéme, le Soudan du Sud entré en guerre civile des la pre- miére année de son indépen- dance, la Guinée-Bissau, oi l'on, ne compte plus les coups d’Etat, et d'autres petits pays ott ni le développement économique ni la démocratie ne se profilent & Vhorizon. Etily aenfin une quasi-stagna- tion économique dans quinze pays dont la population croit trop vite. T1n’en demeure pas moins que YAfrique subsaharienne est une région du monde oit la démocra- tie progresse tout doucement, tandisqueelle régresseen Turquie, en Thailande, aux Philippines et dans bien d'autres pays. + Afrique subsaharienne, en particulierses nations les plus importantes et les plus peuplées, fait de petits pas vers la démocra- tie, des pasde tortue. Ellea besoin dedirigeants réformateurs, déter- mings et en plus grand nombre, ainsi que d'institutions plus solides. Laccord sur la création d'une zone de libre-échange signé en Jeunetrique 3049 41500 2juin2019 avril 2019, mais pas encore ratifié par le Nigeria, instaure un mar- ché unique de 1,2 milliard ’Afri- cains totalisant un revenuannuel supérieur 4 3000 milliards de dollars. Quand entrera-t-il en application? Combien d’années faudra-til pour que la centaine de milliards de dollars d’échanges interafticains qu'il devrait engen- drer se traduisent en un mieux- atre pour les Africains? rs Souvenons-nous de cet ancien ministre frangais, Jean-Louis Borloo, qui claironnait tous les mois que, dés lors qu'il sen char- geait, l’électrification de Afrique étaitun probleme pris en main et virtuellement résolu. C’était il y a cing ans et rien ne s'est passé depuis ses fanfaronnades. Mais, ilya pire: 'actuel président de la Banque africaine de développe- ment (BAD), Akinwumi Adesina, ajuré ily a quatre ans qui allait s‘attaquer a V’électrification du continent, dont il faisait la prio- rité des priorités, le préalable & toute industrialisation, Qu’est devenue cette pro- messe? Oubliée, puisque & ce jour600 millions d’Africains, tous, subsahariens, en sont encore & Vge de la lampe a pétrole... Les années passent et presque rien n'est fait pour en finiravecce signe d’arriération économique. + En conclusion, quitte & me répéter car je V’ai déja écrit, je dirais que ’Afrique - et sa partie subsaharienne, en particulier - ne décollera véritablement que lorsque la malaria aura été éradi- quée et V’électrification, menée a son terme. Aurythme des progrés évoqués ci-des faudra entre vingt et trente ans. C’est-A-dire presque A lamoitié dee siécle.m HUMOUR, SAILLIES ET SAGESSE Pout vous faire sourire, grincer des dents ou réfléchir— ici, chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui été dit ou écrit au cours des iecles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou drdles 4 nous dire. BBY. Laterre est ma patrie et 'huma- nité, ma fomill Lo valeur d'un homme tient dans sa capacité @ donner et non dans sa capacité a recevoir Coa Hvout mieux creuser satombe ‘vec sa fourchette qu’avec une pelle. Cest plus agréable et cest plus long Trop de richesses nuisent @ Vintelligence du sage, trop de richesses accroissent les erreurs de homme ordinaire Invest rien comme la jalousie our absorber un étre humain tout entier. Cera les femmes qui veulent étre 'égal de homme, elles voudront quoi ‘apres comme autre lubie Pra Notre plus grande gloire nest point de tomber, mais de savoir nous relever chaque fois que nous tombons, les mondanités consistent & parler quand on ‘aren a dire, avec des gens quion n'est pas obligé de rencontrer. Philippe Bouvard) Rien n’est jamais jous sit'on se refuse a subir: RIAL Marwane Ben Yahmed ‘Y@marwanesy Les hommes daffaires font-ils de bons politiques ? eTunisien Nabil Karoui est un sacré personage. Un concentré d’inépuisable énergie, toujours en mouvement, méme en fumant ses célébres cigares. Ce Zébulon tres sir de lui, parfois un peutrop, ne sencombre pasde précau- tions oratoires. Ilva droit au but, quitte Aagacer ou & froisser ses interlocu- teurs, Lauteur de ces lignes|e connait, assez bien, depuis une dizaine d'an- nées. Et il reconnait volontiers s'étre ‘trompé sur son compte. Début 2017, Nabil Karoui nous avait confidentiel- lement fait part de son intention de cer en politique. Lui, l'homme de médias, envisageait de sillonner le pays jusque dans ses villages les plus reculés afin d’établir un diagnostic juste que possible. Son constat était sans appel: la classe politique tunisienne étant, selon lui, totalement incompétente, un boulevard souvrait devantles gens audacieux, différents, porteurs de solutions novatrices. Lui, par exemple. Un nouveau monde était censé remplacer 'ancien. On Taura compris: ilsevoyait comme unesorte ’Emmanuel Macron tunisien. Karoui a subi un terrible trauma- tisme forsdu décés deson filsdans un accident de la route. Ce drame a-t-il jou un réle dans son évolution per- sonnelle? Le voyant a ce point pétri de certitudes, iconoclaste et presque arrogant, je m’étais dit al’époque que son chagrin affectait sans doute sa lucidité, qu’il cherchait une échappa- toire, un nouveau sensasavie. Etvoici que, deux ans plustard, son aventure Jenecfrgue 3049 41504 2jun20%9 fantasmatique prend forme (lire son interview p. 54). Certes, ce n’est pas parce quil est en téte dans certains sondages aux cétés de luniversitaire Kais Saied - autre ovni de la politique tunisienne -, que l'ancien patron de la chaine maghrébine Nessma ‘TV est assuré de conquérir le palais, de Carthage. Mais le seul fait qu'il se retrouve dans une position aussi favorable & quelques mois de la pré- sidentielle (et des légi latives) en dit long sur la vertigineuse défiance des ‘Tunisiensaégard de leur classe politique. Fraicheur Le constat est ailleurs le méme sous d'autres On peut réver d'un Macron africain et se réveiller face gestionnaires, plus proches duterrain, et de la réalité. IIs sont censés incar- ner a fraicheur et le dynamisme face aV’inertie et aux idées plus ou moins rances de leurs prédécesseurs. Avec eux, le chef de I’Etat devient PDG, les Conseils des ministres prennent des allures de conseil d'administration. Efficacité avant tout! Cerise sur le gateau, ils passent pour financiére- ment « rassasiés », donc peu enclins & siphonner leur profit les caisses de la nation. Attention quand méme aux effets de mode et aux réves éveillés! Qui prouveque cesdirigeants d’un nouveau genre ne cherchent pas a s’em- parer du pouvoir pour latitudes africaines. Dans inyec'un! Saffranchir des régles de nombreux pays, les nouveau au bénéfice de leurs élitespolitiquestradition-— Barlusconi, entreprises plutot que nelles sont contestées, rejetées, et de nouveaux personnages, souvent issus du monde de entreprise et du secteur privé, font leur apparition, Phénoméne récent, cette irruption des hommes d’affaires sur la scene politique pose évidemment question. Les Patrice Talon et Sébastien Ajavon (Bénin), les Mare Ravalomanana et Andry Rajoelina (Madagascar), les Eddie Komboigo (Burkina), Moise Katumbi (RD Congo) et Aliou Boubacar Diallo (Mali), pour ne citer que ceux-la, apparaissent aux yeux de beaucoup comme une séduisante alternative. On les suppose meilleurs de PFtat? Est-on assuré qu’ils ne confondent pas vitesse et précipita~ tion? Souvent, ils se comportent en monarques peu habitués a rendre des comptes. Et nombre d’entre eux ne doivent leurs fortunes qu’aux faveurs taux largesses des princes deYancien. monde, que, dans le passé, ils sou- tinrent parfois financiérement. Leur grand mérite est de secouer le coco- tier, de bousculer une classe politique en pleine léthargie. Mais ne soyons pas naif. On peut sendormir et réver d'unEmmanuel Macronafricain. Etse réveiller face avec un nouveau Silvio Berlusconi! sae Be Ceque je crois par Béchir Ben Yohmed Editorial par Marwane Ben Yahmed Confidentiel homme dela semaine Hakim Benchamach 10 choses & savoir su Comme le temps passe. Lematch Muhammady Sonus ll vs Muhammadu Buhari Esprits libres Lee White Franc CFA Ce quidoit changer Interview Yacouba isaac Zida, ancien Premier ministre durégime de transition du Burkina Faso RD Congo Francois Beyo, consiller tres spécial ‘Questions d... Mousse Faki Mahamat, président dela Commission de UA Tribune Quand IHistoire bégaie Football La CAN étoffe son jeu ‘Sénégal Fovori malgré lui Profils Nouvelles stars Entretien Nabil Karoui, candidat a laprésdentielle de Tunisie Vinfographie Tourisme Algérie Lhomme quine voulit pos atre président Tribune le périlcommuneutariste Ista Brutus a Tel-Aviv Seess 105 106 Classement Les 50 avocats datfires les plus influents Tetes datfiche Affaires déclossées Stratégie Amethis dépasse ses objectfs Tribune Pas de révolution technologique sans souveraineté numérique ‘Sécurisation documentaire Le marché de Vdentification biométrique littérature Algérie, la France et moi ‘Musique Entrez dons la transe Etilest comment le demier... Yasmina Khadro ‘Musique King Coltrane Style Lart est dans la formule Voyage De la propagande au débat Ginéma Vagues de révolte Essai Mal du pays Le courrier des lecteurs Post scriptum n, fioN MncaREE @ MOVER. jeune chr Ben Yohmed, Terraced 1960 61s fie por SFU Siege socal: 5), ruedAeul-750%6 Paris Tah433 Oaas0 196 Fax: +35 (145200069, Cue: ecocien [Bjeunecrge com Directeur général fen Yohmed ee prsidnts: Donile Ben aimed, Directeur (la publication: ‘wane Hen Yohired Directeur dea redaction jeurentiquecom artnet equine ‘de eune aque sont te jeunepaue com uisomenesn0s/ Venter: #33 0)1a4301823 -Abornements whi (on4a70 um Courie: 2bomnr (@jeunecign com DIFCOM (Agence internationale pourladfison Sela communiction) SA aucentl de 3 millon deus 57 re dau Teh ¥33 014230196 Fax: +22 (ojas200873 422 Cour; e536 ureokigv cor ACP’ OUD) en Imprimeut sien roe Commission partir 107130 Dépotlega2 parton en Abonnezvous a Découvrez toutes nos sfesabonnement sur jeuneafrique.com cuconladernousau “aponaa7o1a Vv 7 GABON . GROGNE A PORT-GENTIL Laren e Nol Mboumia oinite Soro prend conseil eee : En cause : /6viction, au profit de ce Punu de chez Kabila Thbongo (Sd), Psa Hoong bourve, ‘Myéné de 'Ogoou Maritime Les Port Centillais estiment avoir perdu leur principal eprésentant ou ‘gouvernement, mag Ia présence en son sein de Jean Fidéle Otondautt, naif de lavile, D'outant ‘que une des leurs, Carmen Ndaot (industri), celle ouss été imogee Lxprotégé d wes Fernand Manfoumbi et de Maivent Accrombessi, Mboumba est rpproché de' Association des jeunes émergents volontoires (Wed), de Brice Laccruche Alinanga, dont ilest ‘oujourdhu "un des présidentsd’honneur. Venu a Kinshasa assister aux funérailles de l'oppo- sant Etienne Tshisekedi, le 1" juin, Guillaume Soro a prolongé son séjour jusqu’au 10, multipliant les rendez-vous. L'ancien pré- sident de PAssemblée natio- nale ivoirienne, en froid avec les autorités de son pays, a notamment été recu par Joseph Kabila, qui lui a pro- igué quelquesconseils. Leur AFRIQUE-FRANCE entrevue, tres discréte, a eu relay lieu te 5 juin, felendemain de eee Vanniversaire de Yex-chef de Te Etat congolais, dansiequar- per) tier de La Gombe, oil réside. nee eet Lavelle, Soroavaitdiné avec faennwesmionnicnenne Pesce ise Félix Tshisekedi et Yavait Peete ace informé de cette rencontre. Enfin, toujours Kinshasa, ila eu deux cee rons téte-a-téte avec Denis Sassou Nguesso. Ce ee ea Le10, ils est envolé pour Rabat via Brazzaville, oit ila participéa reise une réunion de Assemblée parlementaire de la francophonie. CONTRE-POUVOIR RD CONGO Jean-Pierre Bemba font union desforces detoppos- | Bango Ondimba et membre CIDEE DE FAYULU loissé communiquer. ‘tion qui iroit de Succes Masra de 'UN (opposition), La Cour constitutionnelle Jusque-4a partisan d'une -oux rebelles de Timan Erdimi Sappréte 4 lancer & Paris cyont invaidé election de 23 | oppostion « républcaine », | Objectif: pousser N'Djamena __« Pour le Gabon », un think desesdéputés,ta coalition | Xatumbicvouluainsifeire | @orgoniserun dialogue owert tank qu pourrait se muer en Lomuka a suspendula passer le message quill ‘tous (y compris oux part. Franc macon initié au porticipation de ses élus au pourrait, @avenir, semontrer_| personnalités en exil),parrainé Grand Orient de France et Porlement. Surprise :ce nest. | moins conciliant. pparlaFrance, asollicté a membre du Supréme Conseil pas Moise Katumbi e mainteseprses le Quai lu Gabon}, cet exsoutien de coordonnateur de Lamuka, Orsay, en vain. Jean Ping, qui a foit carriere quiffaannoncé le 12\uin, TCHAD chev tfsous a protection rmaisson lig, Martin Fayulu. | ALLO, LE QUAI D’ORSAY ? André Taal, vit en ex en “nant d'une opposition Abokar Tom préscentdu | GABON Fronce et active ses rodicole, il est en effet a Conseil national de lo M’BA SUR ORBITE réseaux. II pourrait étre Vorigine de cette idée. Apres résistance pour la démocratie, Charles M’Ba, ex-ministre candidat @ lo prochaine Vovoir approuvé, Katumbi et ‘travaille depuis laFranceaune | déléguéauxFinancesd’Omar —_ présidentielle. ou2jun209 =O 10 Vv its DIPLOMATIQUE UA-FRANCE FAKI MONTE AU FRONT LUA entend rester unique médicteur dans le dossier soudanais. te Tjuin, au (Quai Ors, Moussa Faki Mahamat, le président de sa commission, aexhorté Jean-Wves Le Dran, le ministre fancais dos faire étrangéres, 6 ploidersa cause cu sein de UE. Lorganisction ponaf caine sinquite une initiative de Fallemagne, quelle considére comme parallel: ce poys souhaite organiser Une réunionsurle Soudan le 21 juin BAD CHERCHE VICE-PRESIDENT LaBAD a chargé le cobinet de recrutement cameéricain Russell Reynolds Associates de lui proposer des condidats pour le poste de vice-president chorgé de Energie. Celu-i est vacant depuis que son titulaie, ‘Amadou Hot, « t nommé ministre de I fconomie du Sénégol,en ov. La remise ddurapport Russel, imminente, sera suivie cfentretiens Abidjan, au siege de lo BAD. {avis /Akinwumi Adesina, son présient, qui briguera un second mandat en 2020 et dont les relations avec Hot rétaient pas au beau fixe, sera décist TUNISIE PETITS ARRANGEMENTS Lesamendements au code éectoral, encoursde discussion & "Assemblée des représentants du peuple (ARP), wont pos 6 préalablement examinés par la Commision du consensus de ARP, mois lors d'une dscréte réunion & Dor Dhiafa, le? juin. Y ont notamment partcips ‘Youssef Chahed, le chef cu gouvernement, par cilleurs président de Tohya Tounes; Selim Azzabi, le secrétoire général de ce port; etRached Ghannouchi le leader Ennchdha. En contrepartie de exclusion de'élection présidentiela du candidat indpendont Nabil Karoul, que rélamait Taye Tounes, Ennchdha a exigé qu Abir ‘Moussi la drigecnte du Parti destourien libre, sot elle aussi écartée duscrutin junctrigue 2049 41809 2) 2019 PROJECTEURS: CONFIDENTIEL Diplomatie & réseaux Ness Tshisekedi court-circuite Ekanga Felix Bhiseedi et Chen Xiaodong le vice-minstre cinos des Afores étrangéres (ou cent). En rivalité avec les Etats-Unis sur le continent africain, la Chine ne néglige pas ses relations avec la présidence congolaise, pourtant engagée dansun « partenariat s tégique » avec Washington. Chen Xiaodong, le vice-ministre des Affaires étrangéres, a discrétement rendu visite & Félix Tshisekedi, le 11 juin, a la Cité de PUA, et tui a remis une lettre du président Xi Jinping le conviant & Pékin. Lentretien, qui a duré plus d’une heure, sest dérouléen présence de Franck Mwedi Malila, le ministre congolais (parintérim) des Affaires étrangézes, et de Christian Atoki i eka, secrétaire permanent de ce méme ministere. Le chef de Etat congolais a fait savoir qu'il souhaitait revoir les modalités ela coopération bilaté- rale, Pourle moment, celle-ci passe essentiellement par le Bureau de coordination et de suivi du pro- gramme sino-congolais (BCPSC), une structure paraétatique opa- que que gere 'homme daffaires Moise Ekanga, proche de Joseph. Kabila. Tshisekedi s'est dit favo- rable & une coopération plus éta- tique et plus formelle, demande & laquelle les Chinois se sont mon- trés sensibles. 3 Qui informe IDI? Préoccupé par la situation qui prévaut au Soudan, Idriss Déby Itno (IDI) suit ce dossier de trés prés. Bichara Issa Djadallah, son chef d’état- ‘major particulier, estle cousin maternel de Mohamed Hamdan Dagolo, dit Hemetti, ex-leader des Djandjawid et aujourd'hui vice-président du conseil militaire au pouvoir a Khartoum. Le président tchadien dispose dans ce pays d’un autre informateur de premier plan: Hassan Borgo, qui le conseille officieusement. Le frére de ce dernier, Abakar Borgo, dirige la chaine de télévision et la radio Al Nasser, deux médias privés sis 4 N’Djamena. Les fréres Borgo sont les cousins d’Ismail Chaibo, Yex-patron de Agence nationale de sécurité tchadienne (ANS). VY Karim, Aliou et Macky En laissant El Hadj Hamidou Kassé, un proche collaborateur, affirmer que «lerapport del'IGE [Inspection générale d'Etat] propos du contrat Petro-Tim. sil existe, nest pas e résultat d’une lettre de mission du président dela République »et que ce dernier «nea dailleurs pas recu». ‘Macky Sall a ravivé la controverse née au Sénégal depuis la diffusion, au début de juin, d'un reportage de la BBC sur les conditions d'attribution de conces: hydrocarbures a homme d'affaires FrankTimis. Aussit6t, ce rapport, qui date d’oc- tobre 2012, afuité. Or, il se révéle embar- rassant pour le chef de I’Etat et pour Aly Ngouille Ndiaye, son ministre de Vintérieur, qui détenait le portefeuille de l’Energie au moment des faits. Les enquéteurs de IGE - rattachée ala pré- sidence - recommandaient en effet le «retraitdes permis octroyés en juin 2012) ‘4 Petro-Tim, en raison des irrégularités ‘quientachailent a validité dela conven- tion » conclue entre Etat et cette société. Celle-ci venait de recruter Aliou Sall, le frére du président. Avec pour mission, selon la BBG, d’obtenir des nouvelles autorités sénégalaises la décrets officialisant cet accord. ‘Macky Sall pouvaitilignorer existence et le contenu de ce rapport? En 2016, Aliou Sal ui-méme confiaitJA:«Macky Sallalancé une enquéte de IGE. » Quant Karim Wade, !1GE !'a auditionné en aotit 2013, quand il était incarcéré.a Dakar. Cesteneffet pendant qu'il était ministre del'Energieque le régime Wade avait posé lesbasesde la convention avec Petro-Tim, en janvier 2012, « LIGE a rédigé un rap- portdéfinitifalasuitede cetteaudition », assure Seydou Diagne, l'un de ses avo- cats, qui ajoute que « Macky Sall ne sau- rait ignorer son existence, puisque nous Iuiavonsadressé plusieurs courriers pour en demander la déclassification », 1 ALASSANE OUATTARA A moins dun an et demi de laprésidentille, le chef de Etat ivoirien est en confit ouvert avec ses exaliés du PDC etfrt planer le doute:briguera+ti un troisiéme ‘mandot? Dans cette période délicate, il‘oppuie sur son épouse, Dominique, autant premiére dame que conseilre, ainsi que sur des proches d'une loyauté sans fail. [AMADOU GON COUUBALY Premier ministre. A aussi la main sule parti présidentiel su d'une ‘grande famille sénoufo de Korhogo (Nord). Ministre de agriculture (2002-2010). Secétaire général deo présidence (201-2017). Le chet de Etat pourat en fore son dauphin pour Ia présidentielle de 2020. ‘TENE BIRAHIMA QUATTARA ‘Ministre chargé des Affoites président. Alias « Photocope » Fréve «cadet du chef de tat, quil seconde dans es dossersesplus sensibles. Discret émisscire a étranger, médateut. Supervise ausiles services de renseignements eles questions de séurté. HRMED BAKAYOKO Ministre de lo Défense, Maire Abobo, le bastion ADO & Abidjan. longtemps & intvieu. Mine des médations, 8 étranger ou aupres 4e Foppasiton. Avec Marcel Amor-Tanoh, le ministre des Affaires gigantesque rassemblement planifié, en février & Bamako, par des responsables d’organisations de la société civile, des altermondialistes, des responsables politiques et des patronsd'ONG pour appelerla tenued’états genéraux, du franc CFA? Dans ce contexte, les chefs d’Etat et les dirigeants de la zone franc peuvent-ils continuer de soutenir que le franc CFA, dans sa forme actuelle, est bon pour les économies de leurs pays respectifs, et de rejeter en bloc toutesles cri- tiques, fruit, selon eux, dela mauvaise foiet de ignorance? Arévidence, la réponse est non. La France elle-méme se déclare préte & accompagner toute réforme du systéme souhaitée par les dirigeants africains. Celle-ci pourrait, aller au-dela d'un simple changement de nom (lire p. 22) Selon nos informations, c’est en substance ce message d’Emmanuel Macron que Bruno Le Maire, le ministre francais de! Economie, atransmisa Mahamadou Issoutou, lors de la dernidre réunion de la zone frane, le 28 mars, & Niamey. Quant a Rémi Maréchaux, le directeur Afrique et océan Indien du ministére des Affaires étrangéres, il est de plus en plus actif dans les réunions consacrées & Afrique qui se tiennent dans PHexagone. Son objectif? Rencontrer beaucoup de détracteurs du franc CFA, tel Kako Nubukpo, et défendre la position de son pays face & ladiaspora africaine:« La France attend de ses partenaires des propositions qui ne viennent pas. Et elle commence a en avoir marre d’étre insultée », sest-il impatienté lors d'une récente réunion d'un think tank parisien, Il faut dire que le dialogue de sourds entre pro- et anti- CFA débouche sur un statu quo mortifére qui nvarrange personne. La question n’est plus de savoir si le systéme monétaire de I'Uemoa et de la Cemac est avantageux pour les pays qui en sont membres. Comme le décla- rait Abdourahmane Sarr dans nos colonnes, en 2018: « Toute personne raisonnable considére que modifier le fonctionnement de la zone CFA est nécessaite. » Il sagit, done de définir et de mettre progressivement en ceuvre des réformes permettant aux pays de la zone d’affronter les défis économiques et sociaux auuxquels ils seront iné- vitablement confrontés au cours des prochaines années. Letoutsur fond d’explosion démographiqueet de contes- tation transfrontaliére d'une jeunesse de plus en plus connectée et attachée & sa souveraineté ‘Au-dela delasuppression desymboles rappelantun peu. trop la colonisation, une question fondamentale se pose aux chefs d’Etat: que faire des unions monétaires exis- tantes? Fautil les quitter et partir chacun de son coté? Revenira des monnaies nationales? Lopération présente- raitde sérieux risques pour de nombreux pays, quiseraient vite confrontés a des situations de change dramatiques. Dailleurs, telle n'est pas forcément la revendication des détracteurs du franc CFA. Dans une note confidentielle rédigée en 2011 intention des huit chefsd’Etatdelazone ‘Uemoa, Kako Nubukpo et Jean-Michel Debrat (un ancien numéro deux de lAgence francaise de développement) proposaient certes de réformer le systéme monétaire, mais Jeanesfrgue 12049 160 2) 2019 ceninsistantsurla nécessité de préserver un acquis majeur: «la centralisation des réserves, qui suppose et traduit une grande solidarité politique entre les Etats de 'Union ». S‘il advenait que les unions monétaires soient mainte- nues, de nombreuses questions ne manqueraient pas de se poser. Quelles seraient leur identité et leur vision du développement? De quels moyens disposeraient-elles? Devraient-elles étre rattachées 4 une grande monnaie internationale stable? Autrement dit: quel régime de change faudrait-il mettre en place? Voici les réformes graduelles suggérées par JA. Trouver un nouveau nom, forger une nouvelle identité Pour ses défenseurs, inutile de changer le nom du franc CFA. Ce qui compte, selon eux, cest sa valeur, sa stabilité eta convertibilité. ls soutiennent que la dénomination de cette monnaie est un « label de crédibilité » auprés des investisseurs dont il serait dommage de se priver. Soit. Reste que la monnaie n'est pas seulement une affaire économique et technique. Elle est aussi éminemment politique: la confiance quelle inspire - ou non ~ases uti- lisateurs est essentielle. Son nom doit inciter ces derniers Asel'approprier, ce qui est loin d'étre le casavec le CFA. Ce sigle a aujourd'hui deux sens: « Communauté financiére africaine », en Afrique de l'Ouest; « Coopération finan- ciére en Afrique », en Aftique centrale. Mais personne n'a oublié sa signification originelle: « Colonies frangaises d'Afrique ». Auprés des intellectuels et d'une large frac- tion dela jeunesse, cane passe pas. Davantage encore que Je mot « franc » (auquel l'ancienne puissance coloniale a elle-méme renoncé), c'est surtout le sigle CFA qui pose done probléme. Alors que la plupart des membres de la zone franc féte- ronten 20201e soixantiéme anniversaire de leur indépen- danee, il serait sans doute judicieux de saisir Poccasion pour refaire ce que les Ghanéens firent dés 1965: créer une nouvelle monnaie, en Yoccurrence le cedi (cauri, en langue akan), en lieu et place de la Ghana Pound, qui, cing ans plus t6t, avait elle-méme remplacé la British West African Pound. Ce geste aurait évidemment une por- tée symbolique forte — plusieurs chefs d’Etat de la zone franc n'y sont ailleurs pas opposés - et ouvrirait la voie Ad/autres réformes, & commencer par la disparition des deux zones CFA. Lexistence de deux monnaies — le frane CFA d'Afrique de POuest et celui d'Afrique centrale, por- tant le méme nom, ayant une parité fixe par rapport & Yeuro mais n’étant pas interchangeables - est en effet une aberration. Les dirigeants africains auraient alors le choix entre deux solutions: soit séparer définitivement les deux zones et laisser 'une et Pautre se forger leur propre iden- tité, soit renforcer 'intégration régionale en fusionnant les, deux zones eten créant une nouvelle monnaie commune, pourvue naturellement d’un nouveau nom. Dans les deux VY Ils animent le débat LES EXTREMISTES -acquescherinae, Imamadou fouls, fonder dy par seta eres denome eres: condita e207 Fae erie non te ie hore Dents aes \eS REFORMISTEs on ecnonee Seng ernie hn Coe pe, ako Nubutpo, eeonomit, eerie ou Togo et ncen © Nios Agbohou, directeur de Forcophone eeonomite, économique et numergue Cited ‘use delOF Abdourahmane Sar, conan erreprsentont (vf egoetou Bonn doh Kos! Amenourwe, recur genera! deo Bore orca esweurs motte (VW) cas, le changement de nom présenterait, selon les spécia- listes, Vavantage de faciliter la lutte contre le blanchiment et le commerce informel, puisqu’il contraindrait ceux qui ‘ont accumulé et dissimulé plus ou moins légalement des sommes colossalesa les remettreen circulation. En raison de sastabilité et de sa convertibilité, le CFA est en effet uti- lisé comme une monnaie refuge par nombre ¢’hommes dlaffaires et de commergants originaires de pays comme leGhana et le Nigeria, dont les monnaiessont un peu plus volatiles. Pour le reste, il appartiendra aux Africains de désigner des commissions constituées de citoyens représentatifs de la diversité sociale de chaque pays, afin de choisir le nom, et fembléme de la nouvelle monnaie. Cela ne devrait pas tre trop difficile, tant l'histoire monétaire africaine est riche. En Afrique de 'Ouest, « kauri» et «wari yontlacote chez les utilisateurs des réseaux sociaux. De méme, Factuel evseote ect conamgue des Natans anes pour Fiqae 5 odie Remove Bast, 2 ire reo Bs Wes Fons Dominique Srauss-than, De erect gee oF fy caer mse de leeonome des roees rane Kemi stto, fonda ‘rtetonalt, fron bernos) Jean Michel Sern, concen recur gent 20 fgttont divesnseus ot arenes, Fane fnonceretex emer nine ds nin symbole du franc CFA de cette région - qui représente un poisson-scie, animal pouvant peser jusqu’a 2,5 tonnes et que les peuples akans utilisaient autrefois comme valeur cléchange ~ ne fait 'objetd’aucun rejet dans la population, bien au contraire. Ouvrir ‘impression des billets a la concurrence Is‘agit, bien sir, de mettre fin au monopole de la Banque de France sur la fabrication des billets libellés en CFA. ‘Comme pour le nom, c’est un symbole trés politique, dont labolition contribuerait 4 renforcer l'adhésion des populations utilisatrices. Les Etats africains ne dis- posent assurément pas des technologies (souvent tres ‘onéreuses) qui leur permettraient de battre leurs propres emectrque 30494 644 2juin 20 | Urgences panics: (eotmasteet itn 23 2 FRANC CFA: CE QUI DOIT CHANGER monnaies. Mais la Banque centrale des Etats d'Afrique de ’Ouest (BCEAO), par exemple, a déja amoreé le pro- ccessus en confiant la sécurisation de ses billets a Ventre prise allemande Giesecke & Devrient, Pusine dela Banque de France & Chamaliéres n’étant plus chargée que de la finition. Il est aussi vrai que la BCEAO a obtenu de son imprimeur qu'il utilise exclusivement du coton produit parses Etats membres pour la fabrication des billets. Mais tout cela reste insuffisant Une petite dizaine de pays (parm lesquels V'Afrique du Sud, le Nigeria, le Maroc et YAlgérie) impriment deja leur monnaie localement. Il nest donc nullement farfelu dimaginer que les banques centrales de la zone puissent eur emboiter le pas. Ce n'est pas seulement une question de fierté nationale, d’affirmation de soit ’émaneipation, vis-a-vis de 'ancienne puissance coloniale. C'est aussi, et surtout, un enjeu économique. La fabrication des illets de banque est un marché public qui cofite cher aux banques centrales, Pourquoi celles-ci ne pourraient-elles procéder desappelsd offres afin defairejouerla concurrence? C'est ce que font déja la plupart de leurs consceurs africaines. Par ailleurs, les institutions émettrices des deux zones CFA pourraient mettre a profit le transfert detechnologies pour développer leur propre expertise. Cela passe par la création de coentreprises locales, comme 'ont montré les Kenyans avec le britannique De La Rue, ou les Marocains avec laméricain Crane Currency. Supprimer les comptes d‘opérations Ccréésen 1962, les comptes d’opérations sont au eceur du mécanisme grace auquel le Trésor francais garantit la convertibilité du franc CFA. Ils sont aussi a l’origine des plus ivescritiques, Concrétement, c'est la France qul,en lieu et place des deux banques centrales, défend la parité fixe du franc CFA parrapport al’euro. Et, en théorie, elle le fait méme quand la BCEAO et la BEAC ne disposent plus de réserves en devises suffisantes pour justifier cet art mage. En échange, les deux banques centrales déposent 50 % de leurs réserves sur des comptes rémunérés (0,75 %) ouverts a leur nom dans es livres du Trésor frangais. Pour Jes détracteurs du systéme, c’est autant d'argent que les banques centrales n’injectent pas dans les économies locales pour financer la croissance et créer des emplois En prés de soixante ans, ces comptes d’opérations ont rarement été débiteurs, Au debut des années 1990, la tres fortebalsse du niveau des réservesavaltconduit la brutale dévaluation de 1994. Cela signifie que la garantie frangaise n’a été que trés peu sollicitée. Et que la BCEAO. ula BEAC ont globalement bien géré, d'un point de vue comptable, les avoirs extérieurs des deux zones. Au fildes ans, elles ont acquis une certaine expertise en la matiére. ‘Tl parait donc évident que cette garantie francaise n'est plus vraiment indispensable et qu'une alternative pourrait Jeunectrque 30:9 4 16 0 2uin2 Denne Preeti erent aisément étre trouvée. Pourquoi ne pas, comme le sug- gérent nombre de spécialistes, lancer un appel d'offres Pour désigner un établissement financier international, chargé d'héberger les réserves des deux banques centrales etdemener a bien leurs opérationsavec le reste du monde? I va de soi que renoncer a la garantie francaise confére- raitaux banques centrales une plus grande autonomie et, obligerait celles-ci a davantage de discipline. « Pour mieux assulrer cette nouvelle gestion des réserves de change, la garantie de la France pourrait étre maintenue pour une période transitoire de cinq ans », suggerent Kako Nubukpo et Jean-Michel Debrat. Restera alors une question essentielle: s'assurer avec le ‘nouveau partenaire que les réserves continuent de produire desintéréts. Car c'est cette rémunération qui permetdecou- vrirlesdépenses de fonctionnement des banques centrales, lesquelles emploient quelque trois mille salariés chacune. Changer le régime des changes Les experts sont presque unanimes: il n’existe pas de régime de change idéal. Mais ilssont aussitrés nombreuxa, estimer quele taux de change fixe définientrele franc CFA et 'euroniest pas vraiment optimal et quil crée une rigidité contraignante pour les économies africaines concernées. Ete point de vue est largement partagé — fit-ce a demi- mot attsein des banquescentrales des deux zones. « Nous, niavons aucune marge de manoeuvre. Méme lorsque la conjoncture impose des ajustements, nous ne pouvons y procéder parce qu'il nous faut avant tout défendre notre parité fixe par rapport A ’euro », confie un cadre dirigeant. Explication: les banques centrales ne peuvent décider seulles d’ajuster le taux de change. La décision ne peut étre prise que par les chefs d’Etat, & Punanimité. Un processus que Dominique Strauss-Kahn, dans son étude intitulée «Zone franc. Pour une émancipation au bénéfice de tous (2018), juge« peu réaliste ».« Pourbien fonctionner, éerit-il, des changes fixes doivent étre, en cas de nécessité durable et avérée, ajustables. » Dans le cas de la Cemac, engluée depuis plusicurs années dans une sévére crise financiére, «une dévaluation du frane CFA, das 2014, aurait pu aider les économies a s'ajuster & une baisse durable du prix du pétrole », estimait pour sa part, l'an dernier dans Abdourahmane Sarr, 'ex-économiste du FML I1faut savoir que les pays de la zone CFA sontessentielle- ment exportateurs de matieres premieres, lesquelles sont, pour la plupart cotées en dollars. Et que, leurs monnaies étant arriméesa euro, une baisse des prix des matiéres pre- mires couplée a une baisse du dollar par rapport al'euro lespénalisent lourdement: perte de recettes d’exportations, perte de compétitivité et donc handicap a exportation, our les produits transformés. Quel régime de change fat- drait-il mettre en place pour réduire ces risques et mieux faire face a la conjoncture internationale? Plusieurs solu- tions sont envisageables. Elles vont de linstauration du. change flexible sans garantie extérieure (qui autoriserait la fluctuation temporaire de la monnaie)a'arrimage &.un panier de devises comprenant leuro, le dollaret, pourquoi pas, le yuan. Il reviendra aux dirigeants afticains de choi: sir. Un seul régime est a proscrire absolument:: le change flottant soumis aux seules lois du marché 25 26 Interview FRANC CFA : CE QUI DOIT CHANGER Dominique Strauss-Kahn « Le systéme actuel doit étre sérieusement dépoussiéré » ropes ecvills par STEPHANE BALLONG rudence! Tel semble étre le maitre mot de Dominique 52) Bi Strauss-Kahn lorsqw’il regoit Jewne Afrique dans une célebre brasserie parisienne par un bel aprés-midi de printemps. Il y aun an, ancien ministre francais de I'Economie, des Finances et de Pindustrie publiait, via Parnasse International, son cabinet de conseil, une étude intitulée « Zone franc. Pour une émancipation au bénéfice de tous ». Ce document d'une trentaine de pages préco- nise douze pistes pour réformer la coopération monetaire entre la France et quatorze pays d'Afrique de l'Ouest et d’Afrique centrale. Ce qui n'a pas manqué de susciter des critiques. Celles notamment de Kako Nubukpo, Pancien ministre togolais de la Prospective, qui salue certes le «louable travail d’économiste uni- versitaire » de Vex-directeur général du FMI, mais lui reproche aussi de définir « les modalités de sauvetage de influence francaise en Afrique » On comprend que « DSK », qui conseille désormais les chefs d’Etat du Congo-Brazza et du Togo (une activité dont il refuse de parler au nom du « secret professionnel »), pése ses mots avec soin et insiste surle faitque «c’est aux Africains de choisirce quiestle mieux pour eux». Jeune Afrique: Vous avez publié en 2018 une étude proposant plu- sieurs pistes pour réformer la zone franc. C'est Ia premidre fois qu'une Jeuneofrgue 3049 41508 22jun2019 personnalité francaise ayant dans Jepasséjoué un role de premicrplan briseletabou du franc CFA. Quiest-ce qui vousa décidéa franchir le pas? Dominique Strauss-Kahn: I est difficile de prétendre s'intéresser au développement deI’Afrique - franco- phone, notamment -sans se poser la question de son systéme monétaire, surtout quand celui-ci fait objet de critiques, parfois fondées et parfois un peu moins. Il m’a semblé que le moment était venu d'essayer d'apai- seret d’élargir le débat. Hest ici tion du rattachement du franc CFA euro. Le sujet devrait donc concer- ner l'ensemble des Européens, et pas seulement les Francais. D'une maniére ou d'une autre, il fallaits’en- ‘gager, prendre position. Le fait que vous soyez le conseiller de certains chefs d’Etat africains en matiére budgétaire - et d’en- dettement - a-t-il pesé dans votre décision? Bien sr, mais moins que 'intérét que j'ai toujours porté a V'Afrique. Lorsque j’tais au FMI, fai ainsi pro- cédé, dans le prolonge- ment de la conférence de Dar es-Salaam, en 2009, a une refonte expérience, d’apporter un point de ‘vue aussi ouvert et désintéressé que possible. Certains considérent que le franc CFA a nui aux pays africains et qu’il doit disparaitre. Je pense qu'ils exagérent. D’autres estiment au contraire qu'il a joué un réle formidable. Je pense qu’eux aussi exagerent. La réalité est qu'il a eu des avan- tages et des inconvénients, mais Yimportant est désormais de se demander ce qui est le mieux pour Vavenir. Et ¢a, c'est avant tout aux Africains de le dire. Je pense que leurs responsables politiques et de nombreux économistes africains connaissent parfaitement le sujet. Mais je suis heureux de pouvoir contribuer 4 cette réflexion. ‘Vous proposez la tenue d'un som- met des chefs d’Etat dela zonefranc, incluant le président frangais. Une sorte de sommet dela Francafrique, en somme. N’est-ce pas en contra- diction avecl’émancipation que, par ailleurs, vous pronez? ‘Mon objectif était simplement de réunir toutesles parties prenantes au plus haut niveau. Mais j'ai égale- ment dit, & plusieurs complete des rela- (ES 7ELATEURS reprises, qu'il fallait tions entre le Fonds et y associer d’autres les pays africains. En DU FRANC CFA Européens, acommen- protest ene ge; EXAGERENT, «AF Aled pas de faire a tout MAIS SES internationaux non prix la promotion de mes idées. Mais, en me fondant sur mon AUSSI! DETRACTEURS européens devaient siéger dans les conseils administration des Sd banques centrales, afin d’ouvrir et d’élargir le débat. Vous savez que l'ac- tualité politique et militaire donne, hélas, Poccasion aux responsables frangais et africains de se rencontrer fréquemment.Lamonnaie aussi vaut bien une réunion! Quel serait alors le but d’une tele rencontre? Je pense qu'il faut pp sortir du non-dit, De se OE quéelle pourrait y déposer sans aucun probléme Iintégralité deses réserves. Contrairement a ce que prétendent nombre de ses détracteurs, le fameux compte d'opérations n’est nullement un avantage pour le Trésor francais. Cela a pu étre le cas, dans une cer- taine mesure, dans le passé, quand le franc devait se défendre tout seul et que toute réserve était bonne a prendre, mais ¢a la fagon la plus calme, REGIME DE ne I’est plus du tout pacifique et construc- aujourd’hui avec tive possible, les par CHANGESOUPLE _ |ruro. Il ya ensuite Mesccucen els QUFLOTIANT? austen concernée - doivent ILN’YAPAS reposer uniquement trouver la solution la UT! sur la France mais plus avantageuse pour DESO! 10N sur l'ensemble des tout le monde. Le sys- MIRACLE! pays européens. Ces teme actuel doit étre sérieusement dépous- siéré, des rigidités doivent disparaitre. Si lon y parvient, le maintien d’une zone monétaire lige 4 ’euro présente, selon moi, de nombreux avantages. Yous recommandez la suppression de ce que ‘vous appelez des «sym- boles peu défendables ». En particulier, lenom et Ie ew d’impression du franc CFA. Vous dites aussi que les comptes Wopérations auprés du Trésor francais pourraient étre avanta- geusement remplacés par d'autres comptes ouverts a la Banque des reglements interna- tionaux (BRI). Mais 1a BCEAO, par exemple, a dé) un compte la BRI faut distinguer deux choses. D’abord, l'en- droit of les banques centrales déposent leurs réserves. Le fait quelaBCEAOait déjiun compte la BRI montre rae co Pern os derniers doivent se sentir concer- nés par l'importance de fournir un ancrage a une monnaie unique africaine. ‘Vousproposezaussiderevoirlaparité fixe quiliele CA areuro... est un régime de change qui, & long terme, crée une rigidité nulle~ ment profitable aux pays concernés. Cest si vrai quem 1994 il a fallu pro- céder & une dévaluation violente, parce que cette parité fixe ne pouvait étre maintenue au niveau qui était le sien, Peut-étre aurait-il mieux vaht disposer d'un systéme plus souple permettant une évolution réguliére dela parité. Ceci dit, que le régime de change soit fixe ou flottant, iI n'ya pas de solu- tion miracle. Tout régime de change a ses avantages et ses inconvénients. Méme si ce n’est pas Vavis de tous, je pense que le lien du CFA avec leuro pré- sente un certain nombre davantages pour les Africains, & condition quills retrouvent la mai- trise de leur monnaie, Etce mest paste cas? Ge que les Africains reprochent au rattache- ‘ment du CFA a euro, cest une sortedenéoco- lonialisme. Le fait que certains administra teurs des banques cen- trales africaines soient frangais, et que, lorsque survient une difficulté, il leur faille en discu- ter avec la France, leur donne le sentiment quills ne sont pas com- plétement autonomes en matiére monétaire. On pourrait trés bien, et crest lévoluti propose, faire en sorte que cette autonomie soit affirmée et fondée sur une coopération nouvelle. euneatiqu 5049 du 160422 juin 2019 a AROLES DE PATRONS a Que faire de la zone franc ? U3 Ne jetons pas le bébé CFA avec eau du bain Dees eece eee cence des débots autour de lazone franc et du franc CFA. Parfois empreints de passion, ils conduisent a des mouvements sociaux et méme a des crises diplomo- tiques, comme ce fut récemment le cas entre la France et I'italie. Les critiques sont nombreuses : certaines viennent d’hommes politiques ou de partis en mal de Publicité; d’autres, plus sérieuses, éma: nent d’universitaires et d'économistes, Mais, qu’elles soient de bonne ou de matuvaise foi, beaucoup de contre-vérités, circulent. Ine faut pos bolayer d'un revers de main ces oppositions. Certes, le franc CFA, créé en décembre 1945, a déja connu beaucoup de réformes: africani- sation de la gouvernance des banques de certaines bonques centrales, En qualité dancien cadre dirigeant de la BCEAO et d'ex- membre des conseils des mministres de I'Umoa et de I'Uerioa, je peux soluer leur ‘apport technique. Leur présence est considérée comme la contrepartie de la garantie de corvertbilité et n’a pas pour but de donner la France le powvoir d'influer sur la gestion monétaire courante, en particulier, et celle des bangues centrales, en général. Malgré des discussions parfois houleuses entre représentants francais et africans, jamais «es demiers ne se sont aissé imposer quoi que ce soit. Les rapports sont toujours restés cordiaux, et les intéréts des Etats du continent ont toujours été préservés. Ilfaut néanmoins admettre que, méme minoritaire, cette présence francaise ne semble pas opportune et est exploitée centrales en 1972-1973, création des Théophile 4 des fins de dénigrement du franc CFA. unions économiques et monétaires en Ahoua N’‘Doli Dans la méme veine, i est aussi possible 1994, contréle sur les mouvements de Economiste, envisager un mécanisme qui remplace- capitaux en 1996, substitution de euro tu franc francais en 1999, renforcement contien contréleur général et ancien rait celui du compte d’opérations, abrité par le Trésor francais. Le systme financier de I'indépendance des banques cen conseillerspécial offre, en effet, plusieurs alternatives trales en 2010... On peut donc claire- du gouvemeur ment affirmer aujourd'hui que le franc de la BCEAO | importe toutefois de faire trés atten- CFA des débuts n'est pas le méme que celui aujourd'hui, Mais d'autres réformes fondamentales peuvent encore étre entreprises. A commencer, bien sr, par le changement du nom de la monnaie, Cela ne devrait pas susciter dopposition franche, fat-ce de la part de nos partenaires. Mais Vopération aurait un colt financier non négligeable, en raison notamment du retrait des billets en circulation et de leur remplace- ment par d'autres. eméme, nous pourrions revenir sur le fit que des représentants francais siggent dans les conseils d’administration et les comités de politique monétaire tion et de ne pas succomber @ la critique facile sans prendre d’indispen- sables précautions. Car la monnaie est tune question sensible et un secteur trés fragile. Une muvaise gestion peut entrainer des chamboulements difficiles 6 maitriser, économie, 'équilibre social et sécuritaire peuvent sn trouver fortement affectés. Ne Youblions jamais : Ja monnaie implique une notion de confiance, Or celle-i pourrait étre mise en question en casde changements a /emporte-piéce, opérés sans une réflexion profonde sur les contours réels du probleme et les graves conséquences qui seraient susceptibles de sensuivre. Alors, attention : ne jetons surtout pas le bébé CFA avec eau du bain 23 Feuneatiqu 3049s 16422 uin 2019 29 30 Venquéte FRANC CFA: CE QUI DOIT CHANGER Sd fs & Cedeao Le serpent de mer de la monnaie unique Son lancement a été repoussé au moins quatre fois depuis 1983. La prochaine échéance a été fixée en 2020. Sera-t-elle respectée ? Rien n’est encore jou, JOEL TEAESSIAASSOKO buja, le 1® avril. Une ving- taine d'universitaires et de dirigeants des banques cen- trales des quinze pays de la Cedeao sont réunis autour du Ghanéen Kofi Konadu Apraku, commissaire pour la politique macroéconomique de Vinstance régionale, et du Gambien Momodou Bamba Saho, directeur général de Agence monétaire de VAtrique de POuest. Lobjectif de la rencontre est double. 4. Réfléchir a « la sélection d’un consultant en vue de développer le design et le symbole de la monnaie unique dela Cedeao » 2. « Discuter du nom » de cette devise, censée refléter les valeurs de laCommunauté. Autrement dit:4.un anet demi de lentréeen vigueursup- posée de la nouvelle devise, en 2020, son nom (envisagé il y a quelques années, « éco» sembleavoir été aban- donné), son aspect, et méme l'iden- tité de la personne qui sera chargée de faire des suggestions a ce sujet restent inconnus. Un appel a propo: sitions a pourtant été lancé a ‘adresse du grand public Plusgrave, lesretardss'accumuulent etlescafouillages se multiplient. Alors que les chefs d’Etat de la zone main- tiennent officiellement l’échéance de 2020, seuls une poignée de pays sont préts, comme I'a laissé entendre, Van dernier, le Nigérien Mahamadou Issoufou. Censée parachever lin gration économique ouest-afticaine aprés l'instauration d'une zone de libre-échange, puis,en2015,lamise en place progressive d'une union doua- niere, le lancement d'une monnaie Jeueafrigue 1049 150 2 in 7039 unique a déja été repoussé au moins quatre fois depuis 1983. D’oit linsis- tance des promoteurs de lopération surle respect de 'échéance de 2020. Les gouverneurs des banques cen- trales ont, en principe, recu le mois dernier les résultats d’une étude concernant trois points clés de la réforme. 1. Le régime de change dela future devise commune sera-t-il fixe, commete franc CFA; flexible, comme Je naira nigérian et le cedi ghanéen: hybride, comme le franc guinéen? 2. La future banque centrale sera- telle indépendante des Etats et des Parlements, interventionniste ou res- tera-telle plusen retrait? 3. La politique monétaire qui sera mise en ceuvre donnera-t-elle, par exemple, la priorité & la stabilité des prix ou a la croissance? Comme I’a rappelé, en février, Tiémoko Koné, gouverneurde la BCEAO, ce rapport a UNE GRANDE DISPARITE REGIONALE Tux infation onnuel (en) a, 98 Ww om Nigeria chara Sénégal. Mali cite de mere 2 OB 2 Burkina cote oso divore 34 -47 45 -7 Deéfict public (en % du PIB) pourseul objectif de fournirdes «élé- ments d’appréciation » en vue d'un « approfondissement de nos propres téflexions et de la mise en place de solutions consensuelles ». Pour compliquer un peu plus la prise de décision, le Parlement de la Cedeao a, au début de mars, exigé de l'lvoi- rien Jean-Claude Brou, président de la Commission de la Gedeao, qu'il s‘implique davantage dans le projet de monnaie unique. ‘Au demeurant, les principaux cri- teres de convergence (réserves de change couvrant au moins trois mois, dimportations; déficit budgetaire nféricur 43% du PIB; inflation infé- rieure & 10 %) ne sont pas respectés par la majorité des utilisateurs de la future monnaie commune (voir graphique). Les défenseurs de cette derniére soulignent l’existence de distor- sions comparables au sein dela zone euro, Acela prés qu’ilexiste une plus grande hétérogénéité des réactions aux choes macroéconomiques entre les pays de la zone CFA et leurs voi- sins du reste de la Cedeao, ce qui ne simplifie certes pas ladoption d'une monnaie commune. C’est l'un des principaux arguments développés par des études récentes parues dans, des publications aussi différentes que Investigacién Econdmica (quidépend de Université nationale autonome de Mexico), en avril, et la Revue éco- nomique et monétaire de la BCEAO, en décembre 2018. L'une et Pautre préconisent le lancement de pro- fondes réformes économiques avant Vinstauration de la monnaie unique. Reste & savoir si ces avertissements seront entendus par les chefs d’Etats delarégion. Le siege de a BEAC, ‘8 Yooundé Les devises se font rares En dépit des apaisements de Ia BEAC, la pénurie de monnaies étrangéres est préoccupante. Et les rumeurs de dépréciation du franc CFA de cette zone n‘arrangent rien. OMER MBADL,& Yaoundé € Gicam a tiré la sonnette S0—m 36 bsaharienne BURKINA FASO > adécouvert en nous une valeur politique stire, et, en. cela, nous risquions de faire de fombre & ceux qui venaient, artiverau pouvoir. Mais, surle fond, que répondez-vous.ces accusations? ‘Cesont desallégations mensongeres. J'ai donné des ins- tructions pour effectuer des dépenses qui étaient destinées ‘assurerle bon fonctionnement des organes de la transi- tion. Un rapportde la Cour des comptes, quiestl'instance supérieure de controle de la gestion financiére de Etat, a confirmé que tout avait été totalement conforme. In'y a eu aucun détournement. Nous avons géré les ressources qui ont été mises & notre disposition de maniére intégre. Pourquoi ne pas rentrer si vous n’avez rien & vous reprocher? Je souhaite revenir, mais pas dans n’importe quelles conditions. Je veux d'abord que la lumiére soit faite sur tout ce quia été dit sur mon compte. Pouvez-vous prouver votre innocence? ‘Tous les acteurs concernés sont vivants. Tout ce que je dis est vérifiable. tes-vous préta témoigner devant lajustice burkinabe? Oui, mais encore faut-il quelle ait un motif pour me demander de témoigner. ‘Votre femme a étéinterpelléele9 septembre 2017iI'aéro- portd’Ottawa avec 208 000 euros en espéces. D’oit prove- nait cette somme et pourquoi ne 'avait-elle pas déclarée? ‘Mon épouse avait des économieset avait recu de argent de sa famille. Elle voulait amener ces fonds au Canada pour s'occuper de notre foyer. Elle nvavait jamais trans- porté autant d'argent sur elle et a fait erreur de ne pas Je déclarer a son arrivée, ce qui constitue une infraction. Ellea été interpellée. Les enquéteurs ont interrogée. lisse sont rendu compte que cet argent ne provenait pas d'une source criminelle. Elle a été blanchie, et le dossier est clos. Dans un courrier du 23 novembre 2017, lagendarmerie canadienne sollicitait la coopération des autorités burki- nabé dans une enquéte sur des « tran- lorsque vous étiez le chef de corps adjoint du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Pourquoi refusez-vous deleurrépondre? Je n’ai jamais recu de convocation de sa part sur cette affaire. Je mets ca sur le compte de la cabale politico- judiciaire que les autorités burkinabé ont lancée contre moi. Ils me pergoivent comme un challenger politique. Pour eux, il faut anéantir les personnes qui ont retenu at tention du peuple et éviter quielles ne reviennent prendre Ie pouvoir. ‘Qu‘aver-vous ressentile 31 octobre 2014,lorsquevousaver, compris que Blaise Compaoré allait quitter le pouvoir ‘Vai été soulagé. Un carnage avait été évité, J'ai long- temps été attaché au service du président Compaoré. Il ma confié des missions personnelles, et 'ai eu beaucoup Festime pour lui, Mais son pouvoir sest usé avec letemps. Apres les mutineries de 201, j'ai cherché ale mettre en garde, mais il n'a jamais pris ¢a au sérieux. J'ai senti que les choses commengaient 4 lui échapper. ‘Comment vous étes-vous retrouvé ila téte du pays aprés son départ? Est-ce le général Gilbert Diendéré qui vous y aplacé, comme beaucoup ont affirmé? Le général Diendéré ne m’a envoyé nulle part. Le 30 octobre 2014, je suis allé moi-méme rencontrer Honoré Traoré, alors chef d'état-major général des armées, pour faire le point. En tant que chef de corps adjoint du RSP, je me devais de m'investirdans le réglement de la situation. Jai informé le général Diendéré de cette rencontre. Mais, il n’arien voulu décider ni assumer. Le lendemain, je suis retourné & P’état-major pour essayer de trouver une solu- tion. J'yai trouvé les chefs militaires, des responsables de lasociété civile et une foule immense. J'ai appelé Diendéré pour lui dire que les manifestants menacaient de mon- ter sur Kosyam et qu'il fallait que le président Compaoré démissionne en urgence. J'ai directement piloté son départ depuis l’état-major. Le chef de sa sécurité rappro- chée voulait qu’ilse replie sur iniaré, mais moi, jaiinsisté pour que le convoi ne traverse pas la ville et qu’il quitte Ouagadougou par le sud pour rejoindre PG. Les choses ont vite dégénéré, et plus aucune localité ne semblait sare pour le président Compaoré, Cest ace sactions financiéres suspectes » vous J moment-la queles Prangais sontinterve- impliquant, Aver-vous été interroge A Hee CR AE hus pour exfiltreren Coted Wore cessujet? Jen'ai été informé aucune enquete Une fois au pouvoir, pourquoi “hese tuneenite COMPAORE MASSON ns lt pawl, poral &é interpellé nientendu surce dossier. POUVOIR S'ETAITUSE vous tiez pourtant le numéro deux et 1a procurenre da rato aaffirméque AWECLE TEMPS. JE centiremiliaie? vous n’aviex jamais donne suite aux LAVAIS MIS EN GARDE, Je n'ai pas souhaité démanteler le Srrcemcattdamateas MNMMMASPRSCA EG Salt manifestationsdes30et3ioctobre2014, AU SERIEUX. au régiment qu’il ne pouvait pas, dans Jeunectrique 30:9 4150 220 ce contexte postinsurrectionnel, continuera existersans subir des mutations. Tout le monde était alors d’accord avec ¢a. Comment expliquez-vous que vos hommes se soient retournés contre vous durantla transition? Certaines personnes leur ont mis des idées dans la téte dans le but de les encourager a adhérer au projet de coup Etat. Il Sagissaitd’un plan mori etréfléchi. Les partisans de Blaise Compaoré voulaient absolument reprendre le pouvoir par tous les moyens. ‘Yous doutiez-vous que certains éléments duRSPetlegéné- ral Diendéré tenteraient un coupavantles élections? Ce coup d'Etat a été concu et organisé par le général Diendéré. ai eu des discussions avec lui pendant la tran- sition et ai compris que rien ne I'intéressait dans ce que nous étions en train de faire pour le pays. Ce qu'il voulait, c’était reprendre le pouvoir. Peut-étre avait-il 'impres sion d'avoir failli a protéger Blaise Compaoré et qu'il lui fallait agir parce qu'il était le sauveur sur lequel certains comptaient. ‘vec président Roch Mare Christan Kabor, lors de inauguration de evenue NorbertZonao, 8 Ouagadougou, en décembre 2015, ‘Quels étaient vos liens avec le général Diendéré? était un mentor, un officier auprés de qui jai beau- coup appris. 11 était d'une loyauté irréprochable. Mais il acommis des erreurs, dont la principale a été sa tentative decoup d'Etat. ‘Que vous ont dit les militaires du RSP qui vous ont arrété Je16 septembre 2015 en Conseil des ministres? Lorsquils sont venus dans la salle du Conseil, ils nous ont chahutés, mais aucun na osé me regarder en face. Durant ma détention, jaisubi des insultes et des menaces. ‘Mais javais de la compassion pour ces jeunes soldats. Je savais qu’ils étaient manipulés. Qu'avez-vous faitune fois libéré? Commentavez-vous par- ticipé la contre-offensive visant les putschistes? Une fois libre, je suis allé. la résidence dela primature. ‘Jai passé quelques coups de téléphone et regu certaines. personnes. J'ai ensuite rejoint des collegues officiers pour voir comment gérer cette crise. J'ai aussi fait passer un. ‘message & la radio pour appelerle RSP a déposer les armes. Le coup de force n’avait aucune chance de réussir. eumestrique 7 38 bsaharienne BURKINA FASO Est-ce que ce sont vos hommes qui ont réalisé les écoutes téléphoniques aujourd’huiauccrur du proces dece putsch ‘manqué? Quiles enregistrées et comment? Je voudrais étre clair une bonne fois pour toutes: ces écoutes téléphoniques ont été réalisées par les renseigne~ ments burkinabe, Un service du ministére de la Sécurité en était chargé, Ces écoutes sont authentiques. Etceux quiles contestent le savent parfaitement. La responsabilité de Djibrill Bassolé, ancien ministre burkinabe des Affaires étrangéres, et celle de Guillaume Soro, désormais ex-président de ’Assembiée nationale ivoirienne, ne fontdoncaucun doute? Leur responsabilité est indéniable. Aver-vous été surpris parimplication de Guillaume Soro? ‘Oui, car nous étions proches. Nous nous connaissions depuis 2000, quand j&tais officier de liaison auprés de la rébellion des Forces nouvelles. Nous étions en contact pen- dant latransition. J'ai apprisson implication dans le putsch ensortant de détention, dés que les différents éléments ont été mis & ma disposition. Je ai immédiatement appelé. Je luiai demandé: « Guillaume, je ne comprends pas: tu es dans cette affaire?» II nya répondu que cétait faux. Jeluiai déclaré que nousavions suffisamment d’éléments prouvant son implication, sans lui expliquer qu'il avait été enregis- 116, Jelui ai aussi demandé de faire un communiqué pour condamner le coup d' Etat, pour que nous puissions consi- dérer qu'il regrettait d’y avoir été mélé. Tl a refusé. Avez-vous des éléments prouvant implication d'autres hhautes personnalités civiles ou militaires ivoiriennesdans cecoupd’'Etat? ‘Oui, notamment des officiers, y compris le chef d’état- iculier d’Alassane Ouattara. Il a envoyé des ‘moyens matériels et financiers au général Diendéré pen- dant le coup d’Etat. Mais je ne pense pas que cela ait été sur instruction du président ivoirien, Un officier, qui plus est un général, bénéficie toujours d'une certaine marge de manoeuvre. ‘Vous étes trés critique a 'égard de Roch Marc Christian Kaboré. Pourquoi nourrissez-vous ce res- sentiment son égard? CestlechefdeT’Etat, etjelui dois considé- ration et respect. Ma critique n'est pas per- sonnelle. Elle porte sursa gouvernance, que ‘Comment jugez-vous son action a la téte du pays? La situation est terrible. La gouvernance du président Kaboréest pire que tout ce que le Burkinaa connu jusqu’a présent. Outre l’échec de la réconciliation nationale, la corruption et la gabegie sont partout. Le train de vie de Etat, que nous avions réduit sous Ia transition, a aug- menté, Vous ne pouvez pas dire que le pays a des dificul- tés et augmenter les fonds de souveraineté dont la gestion est laissée a la diserétion de quelques-uins Quels sont vos rapports avec lui? Avez-vous échangé depuis ses derniers SMS vous demandant de rentrer au Burkina Faso, en 2016? Non, nous avons totalement coupé les pont. Imaginiez-vous que la situation sécuritaire puisse ainsi sedégrader? ‘Des menaces planaient déja sur le Burkina souslatran- sition. Tous les facteurs étaient réunis pour que la situa- tion se dégrade. Voil& pourquoi nous souhaitions que le chef de I'Etat s'entoure de personnes compétentes pour diriger Pappareil sécuritaire. Mais la présidence a voulu tout politiser. Le résultat est la. Les attaques sont quoti- diennes, et des centaines de personnes sont mortes. ‘Yous necachez pas vos ambitions. Comptez-vousétrecan- didatala présidentielle de2020? Sije dois servir mon pays, je le ferai par devoir patrio- tique. Notre jeunesse réclame un changement, quine peut se faire qu’a travers un renouvellement de la classe poli- tique. Les gouvernants actuels étaient déja aux affaires quand la plupart de ces jeunes sont nés. Quand jécoute cette jeunesse, cela m‘amene a réfléchir. Rien nest décidé pour'instant, mais, oui, je n'exclus pas la possibilité d’étre candidat en 2020. Tivous faudra également rentrerauBurkinad’icila...2tes- ‘vous prét a prendre ce risque? Si je dois rentrer pour étre candidat, je serai prét & affronter tous les risques qui pourront se présenter. Revendiquez-vous un c6tésankariste? ‘Thomas Sankara est arrivé au pouvoir en 1983, quand je venais datteindre la majorité. J’étais au Prytanée militaire de Kadiogo. I a toujours été notre idole. Nous avons jeconsidérecommecatastrophiquepourle RIEN N’EST ENCORE grandi avec le projet de Sankara en pays, Faldiscutéavecluiavantetaprésson DECIDE, MAIS, OUI, téte Sije dois me revendiquer d'une élection..le lui ai toujoursconseilléd’euvrer i personnalité politique, ce serait bien Alaréconciliation nationale. Maisce était JE N'EXCLUS PAS de lui pas une priorité pour lui. Aujourd’hui py’ ETR encore malgrlarécenteletredu président D'EVRECANDIDAT 14, xe croyant. Quelle place Blaise Compaoréappelantal'apaisement, il EN 2020. JE SUIS PRET —occupeDieudans votre vie? nesemblepascomprendrequecestlaseule | PRENDRELERISQUE. —__“*D"miére.Dieuesttour pourmot voie de salut pour le Burkina Faso. Jeunetrique 3049 41500 2juin2019 ‘Tout le reste vient aprés Dieu. Coupe d'Afrique des Nations 2019 Profils Nouvelles stars [n'y a pas que Leroy Sané, Mohamed Salah ou Riyad Mahrez. Coup de projecteur 52 sur des talents prometteurs qui pourraient crever I’écran ALES BULEBAUIT ané, Salah, Khazti, Ziyech, ‘Mahrez ou Bakambu... Tous les regards se tournerontfor- cément vers ces grands joueurs lors du lancement de la CAN en Egypte. Mais les meilleurs ne sont pas tou- jours au rendez-vous des grandes compétitions, fatigués, mal remis d'une blessure ou simplement lestés d'un poids finalement trop lourd pour eux. Etinversement, ces événements, sont régulirement un tremplin pour d/autres, moins connus ou moins cotés, qui donnent alors a leur car- riére une autre tournure. En2017, un Camerounais inconnu, Christian Bassogog, avait remporté le titre de meilleur joueur de la CAN au Gabon. Une distinction qui lui avait permis de passer d’Aalborg, au Danemark, au Henan Jianye, en Chine. Et de monnayer son talent najssant de 10000 euros par mois & 7 millions d’euros par an. Bassogog sera présent en Egypte, sans bénéficier cette fois de lefet de surprise. Mais lanature ayant horreur du vide, dautres prendront la place, et, dans un peu plus d’un mois, on parlera, peut-étre, de ce défenseur Jenectrque 30:9 4 1504 2)uin2019 béninois plein d’assurance, de ce milieu de terrain mauritanien sur- prenant de maturité ou de cet atta- quant namibien qui avait échappé & Ja vigilance de tous les recruteurs du monde, Courtisé par les grands Nous n’en sommes pas encore 1a, et aujourd'hui, outre les stars déja énumérées, le plus sage est encore de miser sur ceux qui semblent deja avoir de quoi faire parler d’eux en bien pendant ces quatre semaines égyptiennes. Dans cette liste non exhaustive, difficile de ne pas penser 4 Vattaquant sénégalais Ismaila Sarr, 21. ans, sous contrat a Rennes, mais courtisé par de grandes formations européennes et présenté comme Tun des plus doués de sa génération. Parmi les joueurs & vocation offen- sive, il sera évidemment difficile de passer a cdté de I'Ivoirien Nicolas, Pépé, 24 ans, évoluant a Lille, dont la valeur marchande est estimée 4 80 millions d’euros, grace a ses impeccables performances en club (22 buts, 11 passes décisives), ou du Camerounais Stéphane Bahoken, en partance pour l’Angleterre, et dont le pére, Paul, a porté le maillot des Lions indomptables & plus de 80 reprises. Onattend également de voir siAlgé- rien Baghdad Bounedjah, auteur de 39 buts avec Al-Sadd, au Qatar, par- viendra a faire soutfrir les défenses africaines, Certains gardiens, défenseurs ou milieuxde terrain méritent également diétre cités. Dans la premiére catégo- rie, le Sénégalais Edouard Mendy, qui veille sur les buts de Reims, est vent rassurer ceux qui voyaient dans ce poste la principale faiblesse des Lions. On a aussi envie de voir si le défen- seur marocain Noussair Mazraoui confirmera avec sa sélection toutes les belles choses qu'il a montrées avec PAjax Amsterdam, si 'Algérien. de Nice, Youcef Atal, a bien franchi un cap cette saison et sile Sénégalais Moussa Wagué a vraiment progressé au FC Barcelone. Enfin, parmi les milieux de ter- rain, on peut citer le Kényan Victor ‘Wanyama (Tottenham), les Ivoiriens. Franck Kessié (Milan AC) et Ibrahim Sangaré (Toulouse), le Ghanéen ‘Thomas Partey (Atletico Madrid), Je Malien Diadié Samassékou (RB Salzbourg) ou le Guinéen Amadou Diawara (Naples). Et la liste ne demande qu’a sallonger... 106 Voulons-nous étre chinois ? nh peut détester quelqu'un (OM et luiaccorder qu'il araison quand il a raison. Méme une horloge arrétée donne l'heure exacte deux fois par jour. Il faut done admettre que l'ignoble Trump, que tout honnéte homme devrait hai raison dans son bras de fer avec la Chine. a fait mal de 'écrire mais ser- ronsles dents et continuons. Rappelons que cet olibrius mal coiffé a déclenché une guerre com merciale pour obliger les Chinois & ‘ouvrir leur marché et a respecter les droits de propriété intellectuelle. Les économistes sont divisés. Les uns Vapprouvent: lelibéralisme ne fonc- tionne que si tout le monde respecte les régles du jeu ~ ce que ne feraient pas les maitres de Pékin, Les autres estiment que Trump a tort et qu’il faut laisserles Chinoistravailler pour les Américains (cst leur interpréta- tion du déficit commercial). ‘Mais ces vues étroitement « écono- mistes » ratent lessentiel. Ine sagit, ni plus nimoins, que de notre fagon de vivre. Sila Chine atteint son objec- tif - devenir la premiére puissance ‘mondiale en 2050 - ne risque-telle pas d'imposer, par le soft power ou parla force, sa conception du monde et de la vie, sa weltanschauung, ‘comme disent les philosophes? Cest cela qui esten jet danslaguerre com- merciale qui fait rage en ce moment. (On se souvient qu’Edith Cresson, éphémere Premiere ministre de Jeaeafrgue 049 150 2 un 2039 Mitterrand, avait traité en 1991 les Japonaisde « fourmis». Lexpression avait soulevé un tollé et Iui avait valu d’étre briilée en effigie& Tokyo. A juste titre: c’était pour le moins maladroit, sinon raciste - encore que La Fontaine avait chanté autre- fois les louanges de la fourmi. En réalité, ce que la belle gaffeuse voulait dire, e'était que le libre- échange allait obliger les Européens, pour rester compétitifs, & saligner sur un mode de vie qui m’était pas le leur, un produe- tivisme qui ne lais- sait que peu de place a la flanerie, alla culture, a ’hédonisme, Hier le Japon, aujourd'hui la Chine: le pro blémeest le méme. Sila conception américaine du monde a aussi des aspects détes tables il n'y apas de sécurité sociale au pays de l'individualisme exa- cerbé -, iJ n’en reste pas moins que les Péres fondateurs, les Franklin, les Jefferson, avaient une vision du monde qui sarticulait autour d’une valeur fondamentale:: la liberté. Neest-ce pas lila définition mémede Yhomme? Dans l'immeuble parisien ott je loge quand je suis en France, mes voisins de palier sont chinois. On ne peut réver meilleurs voisins: dis- crets, quasiment furtifs, ils ne posent Ine s‘agit, ni plus ni moins, que de notre facon de vivre. Fouad Laroui jamais de probléme. Un sourire dis- ret quand nous nous croisons, un hochementdetéte, voila les parents. La jeune fille de la famille parle un francais parfait - quand elle parle. Sans doute fait-elle d'excellentes études. Le gargon vogue quelque part dans le cyberespace: je Vai vu une foisen cing ans. « Soft power » Pour autant, cette famille modéle ne participe pas a la vie de la résidence. Féte des voisins, apéros, assemblée des copropriétaires: ott sont-ils? On nesait. Ne reste des parents que leur sourire, comme le chat du Cheshire, fifille joue ’Arlésienne, le fils est virtuel. Les ‘sinologues nous disent quecette attitude vient d'une méfiance multi- séculaire envers |'Etat et envers Autre. Le repli sur la famille est autant une valeur confucéenne qu’un mécanisme de défense Si c'est cet ethos que diffuse le soft power de la Chine, est-il ce que nous voulons? Voulons-nous étrechinois? Je pose la question ~ en frangais. J’espére que nos enfants ne la pose- ont pasen chinois...15

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