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1
Onyx ouvrit les yeux avant l’aube, après avoir rêvé qu’il
participait à un repas de famille à An-Anshar. Il se redressa
sur ses coudes et regarda autour de lui cette grotte
faiblement éclairée par les pierres de rivière, dont l’énergie
semblait inépuisable. Il mit un moment avant de se rappeler
où il se trouvait. Puis, les événements de la veille lui
revinrent en mémoire. « Je me suis réveillé dans un si grand
nombre d’endroits différents depuis ma première
incarnation que j’ai de plus en plus de difficulté à savoir où
je suis. » Il se leva et décida d’aller soulager sa vessie à
l’extérieur. Ses compagnons dormaient encore à poings
fermés.
Il trouva un buisson isolé, amusé de savoir qu’un Télal l’y
avait suivi. Mais il ne s’en formalisa pas. Dans l’armée, il
avait souvent manqué d’intimité et même connu des
situations bien plus embarrassantes, qui avaient fini par le
rendre insensible à ce que les autres pensaient de lui. Au
lieu de retourner à l’intérieur, il profita de la quiétude du
matin pour examiner les alentours. Son regard s’arrêta
finalement sur une haute falaise qui dominait le paysage, au
nord-est. « Il y a longtemps que je n’ai pas fait d’exercice,
mais en l’absence de cartes géographiques, rien ne vaut la
bonne vieille observation. »
Tout en demeurant très prudent, car il n’avait plus le
pouvoir de guérir magiquement une blessure potentielle, il
se rendit jusqu’au pied de la falaise et en escalada la partie
la moins abrupte. « Si je pouvais adopter ma forme de loup,
je serais déjà en haut… » grommela-t-il intérieurement en
cherchant de bons appuis. Lorsqu’il arriva enfin au sommet,
épuisé et en sueur, le soleil avait commencé à se lever. Il ne
put que constater qu’il n’était plus aussi en forme qu’avant.
« Et ils veulent que je m’attaque à toute une armée… »
songea-t-il.
Il prit le temps de reposer les muscles de ses jambes,
puis se redressa au milieu des pics pointus afin de regarder
au loin. Il fut étonné non seulement par l’étendue des terres
des Lou-Sîn, mais aussi par l’immense mur qui semblait
couper tout le pays en deux. Le soleil qui se levait le faisait
reluire comme un immense bouclier. Curieusement, cet
obstacle ne décourageait pas Onyx. Au contraire, il
représentait un défi auquel il avait envie de se mesurer. « Je
suis bel et bien un homme d’action… » découvrit-il. Il
adorait sa vie de famille et son rôle d’empereur d’An-
Anshar, mais il se rendait compte pour la première fois que
c’était beaucoup moins stimulant que son ancienne vie de
soldat.
– Les Dingirsigs se cachent de l’autre côté.
Onyx fit volte-face et vit Koumar, qui se tenait à quelques
pas de lui.
– Tu m’as suivi jusqu’ici ?
– C’est mon travail. La grande prêtresse a demandé aux
Télals de s’assurer que rien ne vous arrive pendant que vous
formulez votre plan d’attaque. Nous vous surveillons donc à
tour de rôle. Ce matin, c’est moi qui suis chargé de ta
sécurité.
– Alors, soit.
Il s’assit en tailleur sur le roc et Koumar en fit autant. Il
n’était pas question qu’il parte avant que son protégé soit
prêt à redescendre.
– Quelle sorte de pierre brille ainsi au soleil ? demanda
Onyx en lui pointant le mur. Les mêmes qui se trouvent au
fond des rivières ?
– Non. Je pense plutôt que le mur est fait du même
matériau que tes armes.
L’empereur se rendit alors compte qu’il était parti sans
prendre son épée et son poignard.
– Du métal, donc, comprit-il. J’ignorais qu’on pouvait en
produire autant et surtout s’en servir pour ériger une telle
muraille. Sa construction a dû nécessiter des années.
– Une seule nuit, en fait.
Onyx lui décocha un regard incrédule, qui fit presque
sourire le Télal.
– Tu ne me crois pas ?
– Il n’y a rien que j’aimerais plus que te croire, mais je ne
vois pas comment c’est possible, à moins que…
« S’il s’agit de sorciers, il n’y a rien que nous pourrons
faire contre eux sans notre magie. »
– À moins que quoi ? demanda Koumar pour qu’il termine
sa phrase.
– Qu’il s’agisse de créatures divines.
– Sîn n’aurait pas permis qu’elles s’installent dans ce
paradis qu’elle a elle-même créé.
– Arrêtons de parler de religion et abordons le problème
de façon plus concrète, si tu veux bien. Plus personne ici ne
possède de magie, alors il faut penser autrement.
– Est-ce que ton bâton qui brille peut transpercer ce mur
?
– Tout dépend de son épaisseur, que nous ignorons
également. Si ce n’est qu’une mince pellicule, nous
pourrons y percer des ouvertures, mais s’il est aussi large
que la longueur de mon bras, alors non. Les épées ont des
limites. Qui l’a vu s’élever ?
– Les Dingirsigs, c’est certain. La nuit est tombée et le
lendemain matin, il était là.
– Je vois.
– Tu ne sembles pas découragé d’apprendre qu’il est
peut-être infranchissable.
– Je suis un homme plein de ressources, Koumar. C’est la
raison pour laquelle je suis toujours en vie, d’ailleurs. Il faut
aussi dire que j’ai servi sous les ordres d’un homme qui me
répétait sans cesse qu’à tout problème, il y a une solution. Il
suffit de se torturer l’esprit un peu plus longtemps pour la
trouver.
– Tu m’intrigues beaucoup, Onyx. Ta personnalité
ressemble à celle d’un de mes premiers timmis.
– C’est le titre que vous donnez à vos maîtres d’armes ?
– Un professeur expert du bâton que personne n’arrivait à
imiter et qui ne se décourageait jamais.
– Tout à fait moi, plaisanta l’empereur.
– Je t’en prie, parle-moi de ta vie.
– Je ne suis pas certain que tu es prêt à l’entendre, mon
ami.
– Parce que tu as déjà commis des crimes ?
– Je n’ai pas toujours été vertueux, en effet, mais ce que
je suis vraiment n’existe pas dans ton monde. Je ne voudrais
surtout pas te perturber avec cette étrange vérité.
– Je suis beaucoup plus coriace que j’en ai l’air.
– Tu crois ? Bon, d’accord, je vais t’en dresser les grandes
lignes, à condition que tu en fasses autant après.
– C’est un marché acceptable.
– Alors, voilà, commença Onyx. Je suis né il y a plusieurs
centaines d’années.
Même s’il s’était promis de demeurer imperturbable, peu
importe ce que l’étranger lui révélerait, Koumar ne put
s’empêcher d’écarquiller les yeux avec étonnement.
– Je te dis la vérité.
– Ici, les personnes qui atteignent l’âge vénérable de cent
ans sont très rares, avoua le Télal.
– Par chez moi, nous vivons plus longtemps, mais je suis
une exception.
– Tes compagnons sont-ils aussi vieux que toi ?
– Wellan doit bien avoir la soixantaine, maintenant. Quant
à Sierra et Dashaé, je n’en sais rien. Je viens à peine de les
rencontrer. Mais je ne pense pas qu’elles aient plus de
trente ans.
– Tu n’as vraiment pas le visage de quelqu’un qui a un
âge aussi avancé.
« Si je lui explique que j’ai changé plusieurs fois de corps,
il risque de tomber de la falaise », songea Onyx.
– Je suis bien conservé, c’est vrai, dit-il plutôt.
– C’est vraiment difficile à croire.
– Et le reste est pire encore. Préfères-tu que je me taise ?
Koumar secoua vivement la tête. Il était bien trop intrigué
pour en rester là.
– Je suis le septième fils d’un meunier.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Un homme qui moud le grain pour en faire de la farine.
– Nous le faisons aussi, mais je ne savais pas que ça
s’appelait ainsi.
– Puisqu’il n’aurait rien à me léguer à sa mort, il m’a
envoyé étudier loin de mon village. J’ai fait tout ce qu’il m’a
demandé et je ne le regrette pas. Grâce à lui, je sais lire et
écrire plusieurs langues. En plus d’avoir appris à compter, je
me suis intéressé à la géographie, à l’histoire, à
l’astronomie et à la philosophie.
– Que veut dire « écrire » ?
– C’est l’art de dessiner nos pensées sur un matériau
quelconque afin que les générations futures puissent les
consulter.
– Montre-moi.
Onyx prit un morceau de roc pointu et écrivit un mot dans
la poussière.
– C’est mon nom. Vous ne mettez rien par écrit, ici ?
– Non.
– Alors comment communiquez-vous l’histoire de vos
ancêtres à vos descendants ?
– Avec des chants que les prêtresses enseignent aux
apprenties depuis des milliers d’années.
– J’imagine que toutes les méthodes se valent.
– Comment es-tu devenu un guerrier ? s’enquit Koumar.
– À la mort de mon père, j’ai été enfin libre de faire ce
que je voulais, alors je me suis enrôlé dans l’armée et j’ai
gravi les échelons un à un jusqu’à ce que je devienne un
grand chef.
– C’est sûrement pour cette raison que la lune vous a
choisis, tes compagnons et toi. Sont-ils aussi des chefs ?
– Wellan a jadis commandé une armée et Sierra est
toujours la grande commandante d’un groupe de soldats
encore plus important. Quant à Dashaé, elle n’a jamais
mené de guerriers au combat, mais elle a appris à manier
une arme unique qui la rend très dangereuse.
– Alors, tout s’explique.
– Personnellement, j’ai encore du mal à croire qu’une
déesse d’un autre univers ait eu vent de ces détails, mais
bon. Les Télals ont-ils tenté un assaut ?
– Ils apprennent à manier leur bâton, mais ils ignorent
comment repousser l’envahisseur.
– Nous pourrions certes mettre au point une stratégie,
mais apparemment, vous n’avez pas les ressources qu’il
nous faut pour vous en débarrasser.
– Tu n’as qu’à me dire ce que je dois te procurer.
– Pour vaincre les Dingirsigs et libérer ton peuple, il nous
faudrait une véritable armée, donc convaincre tous les Télals
de s’unir, d’accepter nos ordres et de nous suivre jusqu’à ce
mur pour le prendre d’assaut.
– Cela pourrait nécessiter du temps, car il faudrait
envoyer des messagers dans tous les temples.
– Ouais, j’imagine, puisque vous ne communiquez pas par
la pensée et que vous ne pouvez pas utiliser des signaux de
fumée ni des messages codés sur des tam-tams sans
risquer que les Dingirsigs vous localisent. Mais puisque nous
sommes forcés de rester ici jusqu’à ce que Wellan réussisse
à se rappeler comment nous ramener chez nous, j’imagine
que nous pourrions attendre que tous les Télals soient
réunis.
Sans avertissement, Koumar tendit le bras et renversa
Onyx sur le dos en même temps que lui.
– Ne bouge plus.
– Qu’est-ce que tu as vu, un serpent ?
Un vrombissement fit alors trembler la montagne et sept
triangles dorés passèrent au-dessus d’eux. Ils étaient
vraiment très près, mais l’immobilité des deux hommes les
rendrait invisibles à leurs yeux.
Le son d’un gong résonna en bas de la falaise, signalant
la présence de la patrouille au-dessus d’Azakhou. Dès que
les appareils se furent éloignés vers l’est, les deux hommes
se redressèrent.
– Si nous descendons de la falaise maintenant, ils nous
verront, indiqua Koumar.
Ils allèrent plutôt se dissimuler derrière les pics qui
ressemblaient à des dents de loup. Onyx s’étira le cou pour
voir où étaient rendus les vaisseaux.
– Survolent-ils la région tous les jours ?
– Non, mais ils le font plus souvent qu’avant. Ils doivent
être à la recherche de nouvelles cités.
– Heureusement qu’elles ne sont pas visibles à partir des
airs, fit Onyx en jetant un œil en bas. Est-ce qu’ils prennent
seulement les gens ou aussi leurs possessions ?
– Nous n’en savons rien.
Les triangles dorés sillonnèrent la région pendant presque
une heure, mais jamais assez près pour que les deux
hommes puissent voir qui se trouvait à bord. Puis, ils
repartirent en direction du mur derrière lequel ils
descendirent.
– Il serait plus prudent de retourner à la cité, suggéra
Koumar.
– J’allais justement le proposer.
Onyx suivit Koumar dans la descente, car il semblait plus
expérimenté que lui. Il posait les mains et les pieds dans les
mêmes anfractuosités que lui en se concentrant pour ne pas
tomber. Bientôt, ils se retrouvèrent dans la forêt tropicale au
pied de la falaise.
– Est-ce que ça va ? demanda le Télal.
– J’ai besoin d’un bon bain et de quelques heures de
repos, mais je suis encore en un seul morceau. Tu voulais
savoir comment nous aider. Eh bien, si tu pouvais trouver
une image de ton pays avec les montagnes, les rivières et
les différentes sortes de terrain, ce serait vraiment utile.
– Rien de tel n’existe ici, mais je pense que je pourrais
t’en donner une bonne idée. Il y a quelques années, Ereshki
m’a montré à quoi ressemblait le continent et où se
trouvaient les cités.
Ils retournèrent devant le logis des étrangers, où, à l’aide
de l’extrémité de son bâton, Koumar dessina le continent
sur le sol, de la même façon qu’il avait vu Onyx écrire son
nom.
– Attends, je reviens tout de suite.
L’empereur se précipita à l’intérieur de la grotte, où ses
amis étaient déjà en train de manger des fruits.
– Te voilà enfin ! s’exclama Wellan, soulagé. Où étais-tu
passé ?
– Je suis allé faire un peu d’exploration et j’ai besoin de
toi tout de suite. Apporte ton journal et ta plume, et rejoins-
moi dehors.
Sierra et Dashaé échangèrent un regard inquiet et
suivirent Wellan à l’extérieur dès qu’il eut récupéré ses
affaires. Onyx se trouvait à quelques pas de l’entrée, en
compagnie de Koumar.
– Regarde bien ce qu’il va faire et reproduit le tout dans
ton journal, le pria Onyx.
Toujours avec son bâton, Koumar dessina ce qui
ressemblait à des montagnes au milieu de la partie
orientale du continent, puis il en planta le bout aux deux
tiers, vers le sud-est.
– Ici, c’est Azakhou.
Wellan trouva une page vierge et se mit à dessiner
rapidement tout ce qu’il voyait sur le sol. Puisque les Lou-
Sîn ne possédaient pas d’écriture, il écrivit le nom de la ville
comme il l’entendait dans sa propre langue. Koumar refit la
même chose pour les cités d’Amarrou et de Sidouri,
complètement au nord-est.
– Ici, c’est Soumoukhan, qui se situe au centre des quatre
montagnes des sages, leur dit Koumar.
Il traça ensuite une grande ligne du nord au sud, dans
l’ouest, pour indiquer l’emplacement du mur, devant les
cités d’Antoum, de Telloh et de Lagash.
– Et de l’autre côté du mur ? demanda Onyx.
Koumar appuya le bâton au nord, à l’ouest puis au sud de
la partie envahie de son pays.
– Ce sont les villes de Dagan, d’Elish et de Zabarnit, mais
nous ignorons si elles existent encore.
– Se situaient-elles sous terre comme Azakhou ? demanda
Sierra.
– Pas à l’époque où sont arrivés les Dingirsigs.
– Merci, Koumar. Nous avons maintenant une bonne idée
de ton pays.
– Va te reposer. Je monte la garde.
Onyx suivit ses amis à l’intérieur.
– Vous n’allez pas croire tout ce que j’ai appris, ce matin,
leur dit-il, enthousiaste.
– Raconte, le pressa Dashaé en poussant le plateau de
fruits devant lui.
– J’ai escaladé la falaise derrière la chute et j’ai vu le
mur…
8
Une fois que Rami eut rangé toutes les armes que sa
douce et lui avaient utilisées pour leur entraînement, il
décida de surprendre Cornéliane en allant la rejoindre dans
la rivière pour s’y détendre avec elle. Il la trouva couchée
sur le sable et crut qu’elle se reposait. Il s’allongea donc
près d’elle et l’embrassa sur la joue. Sa peau était glacée !
– Cornéliane ! s’écria-t-il en se redressant.
Il l’attira dans ses bras. Elle était aussi molle qu’une
poupée de chiffon. Il lui tapota les joues sans réussir à la
réveiller, alors il la souleva et la ramena en courant à
l’étage royal. Il fonça dans sa chambre en hurlant aux
servantes d’aller chercher le guérisseur avant de la déposer
sur son lit. Craignant qu’elle soit morte, il s’agenouilla près
d’elle et pleura sur sa main inerte. Nidalan, qui traitait le roi
depuis de nombreuses années, arriva rapidement au chevet
de la princesse.
– Que s’est-il passé, Rami ?
– Je n’en sais rien, répondit-il d’une voix étranglée. Je l’ai
trouvée dans cet état sur la plage. Ses cheveux sont encore
trempés, alors elle s’est sûrement baignée.
– Laissez-moi seul avec elle, Votre Altesse, et faites entrer
ses servantes pour la dévêtir.
Il se précipita dans le corridor et transmit les ordres du
guérisseur. Puis il se mit à faire les cent pas pendant de
longues minutes. Finalement, une des femmes mit le nez
dans la porte.
– Vous pouvez entrer, maintenant. La princesse a repris
connaissance.
Le prince revint au chevet de sa femme, à qui on avait
passé une robe de nuit.
– Que s’est-il passé, mon amour ?
– Je me suis évanouie, je crois…
– Le choc de l’eau froide, à mon avis, supposa Nidalan.
Les servantes me disent qu’elle venait de se soumettre à un
entraînement intensif.
– Je l’ai mise en garde à plusieurs reprises.
– Alors, c’est moi qui lui demande maintenant de ralentir
la cadence et je m’attends à ce qu’elle m’obéisse.
Cornéliane se contenta de lui décocher un regard chargé
de défi.
– C’est un ordre, Votre Altesse.
– Elle fera ce que vous demandez, lui promit Rami.
– Je vous recommande aussi le repos complet pendant au
moins une semaine.
– Je ne la laisserai pas sortir de ce lit.
Nidalan se courba respectueusement et quitta la chambre
en même temps que toutes les servantes.
– J’ignore ce qui m’est arrivé, mais il a tort. Ça n’a rien à
voir avec notre entraînement.
– Tu vas devoir faire ce qu’il dit, même si ça ne te plaît
pas.
– Par ordre du roi, ajouta le Roi Lugal en entrant dans la
pièce.
– Votre Majesté, je me sens beaucoup mieux…
– Ta santé m’importe, jeune fille. Vous allez cesser ces
combats ridicules et vous concentrer plutôt sur ce qu’un roi
et une reine doivent apprendre pour diriger convenablement
un pays aussi grand que le mien.
Rami baissa la tête en signe d’obéissance. Mais
l’impétueuse princesse lui offrit un air rebelle.
– Je t’en prie, mon amour…
Elle murmura quelque chose d’incompréhensible.
– Elle est d’accord, interpréta le prince pour son père.
– Je ferai porter votre repas ici. Qu’elle se repose.
Le roi tourna les talons.
– Il n’est pas question que…
Rami l’empêcha de poursuivre en plaquant ses lèvres
contre les siennes pour l’embrasser.
13