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NUMÉRO
1
3 ) Les domaines d’emploi
Les enrobés à module élevé s’utilisent en
construction neuve, en renforcement et en
réfection. Ils peuvent être utilisés pour tout
types de trafic et leur formule est spécialement
adaptée aux trafics les plus élevés.
1
P our ce type de géométrie, les joints doivent être réalisés à chaud ou avec un produit adhésif haute performance pour
joint afin de contrer les effets du cisaillement.
2
Il existe différentes appellations pour la norme du module complexe. Les normes américaines AASHTO TP-62-07 et
ASTM D 3497-79 déterminent le module dynamique tandis que la norme européenne EN 12697-26 parle de module
de rigidité. Les résultats présentés dans ce bulletin proviennent de la méthode d’essai récemment développée par le
ministère des Transports, soit la LC 26-700 Détermination du module complexe des enrobés.
2
Essieu: 8200 kg
NUMÉRO
09
Pression par pneu:
587 kPa
E1 v1 h1 couche de Zone de
roulement (collée) v = 0,35
1 compression
Revêtement
E2 v2 h2 couche v = 0,35
de liaison (collée) 2 Axe neutre
E3 v3 h3
couche v = 0,35 Zone de traction
de base 3
(collée)
E pƒ
couche de
fondation et v= 0,35 Effets des EME
sous-fondation
µdeƒ (εz )
Diminution des
granulaire déformations
0 20 40 60 80 100
µdeƒ (εt )
Figure 1 Distribution des contraintes sous chargement dans une structure de chaussée bitumineuse 3
MODÉLISATION
STRUCTURE CAS DE CHARGE MATÉRIAUX - Résistance en fatigue de l’enrobé en couche de base
E3 H3 v3 εt
déformation
NE =
Micro-
5 M ÉCAS
εz
10
1 x 10 4 1 x 10 5 1 x 10 6 1 x 10 7
Conditions aux interfaces
Nombre de cycles:
(collées ou glissantes) εt calculée < εt admissible NE = ÉCAS
Figure 2
Déformation sous chargement d’un essieu normalisé et admissible selon la résistance en fatigue de l’enrobé
3
Les unités de microdéformations s’identifient également en « µm / m ».
3
Les matériaux peuvent se rompre lorsqu’un Il existe différentes méthodes pour déterminer
grand nombre de sollicitations, dont le module complexe. En 2009, le MTQ a
l’amplitude est inférieure à leur résistance à instauré la méthode d’essai LC 26-700 5. L’essai
la rupture instantanée, leur sont appliquées détermine la contrainte pour une déformation
de façon répétée. C’est ainsi que se définit donnée d’un enrobé en appliquant une force
le phénomène de fatigue des matériaux ; en traction-compression directe sur une
phénomène applicable aux enrobés éprouvette ( figure 6 ). Dès le début, l’application
bitumineux subissant les passages soutenus de d’une contrainte provoque une déformation
véhicules lourds. de l’éprouvette due au comportement
viscoélastique du bitume ( figure 7 ). La figure 8
Les logiciels de dimensionnement 4 de chaussée illustre une presse hydraulique permettant de
permettent de calculer la contrainte en mesurer les modules complexes.
déformation-traction ( εt ) à la base des couches
bitumineuses et la contrainte en déformation Le ta b le a u 2 p ré s e n te le s s p é cifica tio n s
du sol support ( εz ). Les déformations sont suggérées pour les EME-10 et EME-14.
alors comparées et elles doivent demeurées Les graphiques de la courbe maîtresse
i n fé ri eures à la co n train te ad missible d e e t d e s co u rb e s is o th e rme s d e s E M E -1 0
cette même couche de la chaussée projetée et EME-14 sont p ré s e n té s d a n s la fig u re 9 .
( figure 2 ). La figure des courbes isothermes
montrent l’évolution du module complexe
5 ) L
a rigidité des enrobés d’un enrobé à différentes te mp é ra tu re s e t
( modules complexes ) à d i v e r s e s f r é q u e n c e s d e s o l l i ci ta ti o n .
À titre informatif, la norme européenne EN-
Les enrobés présentent une susceptibilité
12697-26 sur les EME spécifie des exigences
thermique et cinétique : cela signifie que leur
de fatigue à 15°C et 10 Hz.
module évolue suivant la température et la
fréquence de sollicitation. Cette propriété
leur provient du bitume caractérisé par la
combinaison de ses comportements visqueux e t
é l a s t i q u e s ( f i g u re 3 ) . L a p a r t i c u l a r i t é
viscoélastique du bitume est conséquemment
transmise à l’enrobé ( figure 4 et tableau 1 ).
L’approche analytique du module complexe
permet d’évaluer la rigidité de l’enrobé en
fonction de la température et du temps de
chargement ( fréquence ).
4
Il existe différents logiciels de dimensionnement mécanistique. Au Québec, l’ÉTS a développé le logiciel OPECC
disponible au www.opecc.etsmtl.ca. Aux États-Unis et au Canada, le logiciel DARW in-ME est disponible
au www.darwinme.org. En France, le logiciel Alizé est utilisé; il est disponible au www.itech-soft.com/alize.
5
R éférence n°2.
4
TABLEAU 1
Résumé des relations des différents modules
NOM FORMULES
NUMÉRO
09
1. Module d’Young d'un matériau purement élastique E = Contrainte / Déformation
3. N
orme du module complexe des enrobés (module dynamique) | E* | = (E’) ² + (E’’) ²
TABLEAU 2
Spécifications des modules complexes des EME
EME-10 et EME-14
Module complexe | E* |
> 14 000
Traction-compression directe, 10°C et 10 Hz ( MPa ) *
bitume A
G''A
Composante visqueuse (G'')
bitume B
G''B
°
65
=
δ
δ = 25°
5
enrobé A
E''A
Composante visqueuse (E'')
enrobé B
E''B
°
65
=
δ
δ = 25°
Matériaux de chaussée
EME
Plexiglass Enrobés Béton Verre Bronze Acier MPa
6
Cette figure est inspirée d’une diapositive présentée par M. Laurent Porot.
6
NUMÉRO
09
Figure 6 Figure 8
Installation d’une éprouvette pour subir Presse hydraulique permettant
des cycles de traction-compression directe de mesurer les modules complexes
σ sin (ωt)
σ
Déformation, ε(µdeƒ)
Contrainte, σ (kPa)
ε sin (ωt - Φ) ε
tlag
ω = 2π / t total
Figure 7
Déphasage entre
la contrainte et
0,25 0,5 0,75 1,0 1,25 la déformation
d’une éprouvette
Temps, t (sec) d’enrobés
7
Figure 9 Exemples de résultats graphiques d’un EME-14
8
6 ) La résistance en fatigue
La fatig u e est u n phén o mèn e d ’ e n d o m- •u
n suivi de la force est effectué durant l’essai
magement observé pour les matériaux soumis afin de déterminer le critère de rupture.
NUMÉRO à des chargements cycliques de sollicitation La fo rce in itia le Fi e s t me s u ré e a u d é b u t
09
qui se traduit par une perte progressive de leur d e l’essai et l’éprouvette est considérée
module de rigidité. Pour un enrobé bitumineux, rompue à Fi / 2. C’est alors que le nombre de
cycles Nf 50 % est noté ( figure 11 ) ;
la fatigue se manifeste par le passage répété
de poids lourds sur la chaussée qui provoquent • le chargement cyclique et les déformations
l’accumulation de multiples déformations dans imposées sont mesurés à 10°C et 10 Hz.
le revêtement, notamment de traction dans sa
partie inférieure. La tenue en fatigue d’une Il est à noter que cet essai se réalise sur
couche d’enrobés bitumineux est assurée par : plusieurs jours et que la fabrication des
éprouvettes est délicate. Le résultat de l’essai
•u
n film de liant plus épais autour des s’exprime en microdéformations (µdef) pour
granulats ;
un nombre donné de cycles à la rupture. Les
• une compaction élevée ; valeurs typiques des enrobés bitumineux se
•u
ne répartition granulaire dense ( optimisation situent entre100 et 200 µdef à 1 million
granulaire ). de cycles de sollicitations ( à 10°C et 10 Hz ).
L’étude de fatigue permet de déterminer :
Au Québec, présentement, il n’existe aucun • la valeur de référence d’epsilon « ε6 » ( niveau
essai de résistance en fatigue normalisé pour de déformation correspondant à la résistance
les enrobés. Le Laboratoire sur les Chaussées à 1 million de cycles de sollicitations,
et les Matériaux Bitumineux ( LCMB ) de l’ÉTS soit 106 cycles ) ;
a implanté récemment une nouvelle méthode • l a p e n te d e la d ro ite d e fa t i g u e ( - 1 / b )
d’essai pour évaluer la résistance en fatigue de la courbe de Wöhler ( nombre de cycles
des enrobés à partir d’un essai de traction- en fonction du niveau de déformations sur un
compression simple 7. Les principes sont les graphique en échelle log-log ) ( figure 11 ) ;
suivants : • l a d is p e rs io n d e s va le u rs e xpr i m é e s p a r
• l’essai est pratiqué sur les mêmes formats l’écart-type des mesures Sn.
d’éprouvette que ceux retenus pour la mesure
du module complexe de l’essai LC 26-700, Au même titre que la norme du module
soit des éprouvettes cylindriques de 150 mm c o m p l e x e | E* |, ces trois valeurs ( ε6 -1/b et Sn)
de hauteur et de 75 mm de diamètre ; servent au calcul de dimensionnement des
• le mode de sollicitation est le même que celui chaussées. Le tableau 3 présente les valeurs
imposé pour la mesure du module complexe spécifiées pour les EME.
( LC 26-700 ), soit des sollicitations cycliques
sinusoïdales centrées en déformation autour
de zéro ;
• a u moins trois niveaux de déformations,
normalement entre 90 et 210 µdef, sont
imposés en traction-compression en vue de
définir la relation entre les déformations
imposées et la durée de vie en fatigue 7
ette méthode d’essai a été développée au
C
( figure 10 ). Cette relation exprimée dans département de génie civil et de bâtiment ( DGCB )
un domaine log-log permet de déterminer de l’École Nationale des Travaux Publics ( ENTPE ) de
la droite de fatigue de l’enrobé ( droite de Lyon en France. La méthode consiste à imposer une
Wöhler- figure 11 ) ; déformation cyclique sur une éprouvette cylindrique et
à mesurer l’évolution de son module dynamique afin
de déterminer sa durée de vie en fatigue ( N f ) selon
différents critères de rupture ( référence n°5 ).
9
EME-10 et EME-14
TABLEAU 3
Exigences de résistance
ε6 ( traction – compression, 10°C, 10 Hz )* > 130
en fatigue des EME 1 million de cycles, N f 50% ( µdéf )
7,20
7,00
6,80 Pente -1/b = 5,1646 y = -5,1646 x + 17,456
6,60 b = -0,194 R2 = 0,8647
Log Nombre de cycle (log Nƒ50%)
6,40
6,20
6,00
5,80
5,60
5,40
5,20
ε6 = 165 µdeƒ
5,00
4,80
2,10 2,20 2,30 2,40
Log µdéformation (log ε)
La déformation admissible initiale en traction ( εt adm ), que peut subir la couche inférieure en
enrobé est déterminée à partir du trafic équivalent ( NE ) ( figure 2 ). Le NE représente le nombre
d’équivalent charge axiale simple ( ÉCAS ) sur la voie la plus sollicitée pour la chaussée à l’étude.
Cette valeur est établie lors du calcul de dimensionnement d’une chaussée, selon le trafic et la
durée de vie recherchée. Quant à la déformation admissible, elle se calcule à partir de l’équation
suivante 8 : εt adm =εε6 ( NE / 106 ) b
8
ette formule est générale et exclue les coefficients d’ajustements de calage, de risque, de capacité portante
C
et de température d’essai.
10
7) Le retrait thermique empêché
Le climat froid du Québec provoque des Par contre, il est possible de chercher
contractions dans les enrobés ( r e t r a i t l’adéquation de rigidité élevée et de résistance
thermique ), souvent responsables des pre- au retrait thermique afin de fabriquer des
NUMÉRO
09
mières fissures transversales qui apparaissent enrobés à module élevé. La formulation des
d a ns les e n r o b é s d e s u r f a c e . E n e f f e t , EME-10 et EME-14 est caractérisée par l’emploi
lors de baisses de la température, le bitume d’un bitume polymère à haut module, aux
se contracte alors que les granulats résistent températures élevées mais résistant également
à cette variation volumétrique provoquant au froid ; ce bitume présente donc une très
ainsi le retrait thermique. grande plage de performances thermiques H-L
( tableau 4 ).
L’essai de retrait thermique empêché évalue
donc la susceptibilité des enrobés La méthode d’essai permettant de déterminer
à l a fissuration aux basses températures le retrait thermique empêché est celle de
( figure 12). Cet essai est donc très important l’AASHTO TP10-93 Thermal Stress Restrained
en milieu québécois. Présentement, les enrobés Specimen Test ( TSRST ) 9 ( figure 13 ). Cet
bitumineux du Québec sont formulés avec des essai permet de confirmer la performance
bitumes « relativement mous » afin de s’adapter « L » du bitume dans l’enrobé.
aux contraintes de retrait thermique sévères
induites par le refroidissement de l’enrobé lors
des températures hivernales.
5,0
4,5
Température de fissuration
4,0
3,5
Contrainte (MPa)
Rupture
3,0
Pente
2,5
Température de transition
2,0
Accumulation
1,5
des contraintes
1,0
Relâchement
0,5
des contraintes
0,0
-40,0 -30,0 -20,0 -10,0 0,0
Température (°C)
Figure 12 Courbe de résultat d’un essai de retrait empêché 10
9
Cet essai de l’AASHTO n’est plus mis à jour.
10
Cette figure est une reproduction de celle présentée dans la référence n°3.
11
EME-10 et EME-14
TABLEAU 4
Exigences des EME au retrait TSRST, Température de rupture ( °C )* ≤ - 28,0
thermique empêché
( * ) Norme : AASHTO TP-10-93 Thermal Stress restrained Specimen Test ( TSRST )
L e b i t u m e . L’ u t i l i s a t i o n d ’ u n b i t u m e d e
haute performance permet de combiner les
performances d’une rigidité élevée et d’une
grande résistance à la fatigue tout en résistant
a u s si aux eff et s n éfastes des c o n d itions
climatiques du Québec. Ainsi, un bitume de
haute performance a été développé. Figure 13
Ses propriétés s’apparenteraient à un grade Éprouvette d’enrobés ayant subi l’essai
de retrait thermique empêché
de bitume PG 88-28. La teneur en bitume des
EME varie entre 4,0 à 5,0 %.
11
U ne méthode d’optimisation granulaire a été développée par l’ÉTS ( référence n°4 ).
12
Les viscosités dynamiques et les valeurs Les résultats très faibles de déformations
de température élevée obtenues ( Te ) sont cumulées pour ces deux bitumes assurent
comparables entre les bitumes 10-20 et aux EME des résistances exceptionnelles
le PG 88-28. Il y a cependant une différence à l’orniérage. De plus, l’excellente recouvrance
NUMÉRO appréciable de leur performance aux basses é l a s t i q u e d u P G 8 8 - 2 8 ( e s s a i M S C R ) ,
09
températures ( Tb ) explicable pour le bitume démontre l’effet de la modification par l’ajout
PG 88-28 par la sélection du bitume de base de polymère de ce bitume haute performance
qui le compose et par l’ajout de polymère. comparativement au bitume pur 10-20 non-
mo d ifié . Fin a le me n t, l’ a jo u t d e p o l y m è re
De même, selon la nouv elle a p p ro ch e d e au bitume améliore la résistance en fatigue
caractérisation des performances à haute des EME.
température, soit l’essai MSCR, les résultats
révèlent des performances remarquables sous
déformation par fluages répétés (Jnr) pour ces
deux bitumes ( 10-20 et PG 88-28 ).
TABLEAU 5
Caractéristiques structurales
d’enrobés bitumineux
Pénétration ( dmm ) 16 28 47 50 57
T élevée
88,24 80,6 71,7 69,3 90,7
( °C )
Grade PG T basse
-14,6 -18,8 -21,2 -22,7 -29,2
( °C )
13
10) C
omparaison de différentes
structures de chaussées
Grâce à leur fonction structurante, l’utilisation
d’EME dans une structure de chaussée permet
des diminutions considérables de l’épaisseur
des couches d’enrobés pour une même durée
de vie de la chaussée ( tableau 6 ). À titre
comparatif, trois différentes structures ont
9 ) Pa
rticularités lors de la mise été analysées 12 , soit une structure rigide
en œuvre en dalles de béton, une structure bitumineuse
co mp o s é e d ’ u n e co u ch e d e g ra ve -b itu me
La maniabilité des EME en chantier est plus et une structure bitumineuse en EME. L’exercice
difficile que celle des enrobés conventionnels simule une autoroute à forte circulation, d’une
étant donné la présence d’un bitume à haute durée de vie de 30 ans et avec les données
performance dans le mélange. Pour une même de trafic suivantes :
température, les EME sont moins maniables
• 2 x 3 voies ;
que les enrobés avec un bitume usuel.
P a r cont re, l a co mpacité en chan tier est • 50 000 DJMA et 25 % de poids lourds ;
assurée par l’optimisation granulaire de la
• soit 149 millions d’ÉCAS.
formulation. Afin d’obtenir une forte résistance
à la fatigue, des compactions élevées sont À partir de ces données de calcul hypothétiques,
fortement souhaitées, de l’ordre de 96 % le s tro is s tru ctu re s d e ch a u s s é e obtenues
et même 98 %. ( figure 14 ) ont les épaisseurs suivantes :
Au début de novembre 2012, Bitume Québec •3
7,5 cm d’épaisseur pour la dalle courte
a réalisé une première planche expérimentale goujonnée de la structure rigide ;
en EME-14 sur une chaussée urbaine réhabilitée
•3
2,0 cm d’épaisseur d’enrobés pour les trois
( rue Bourgogne à Brossard ). L’EME-14 a été
posé en 60 mm d’épaisseur et recouvert d’une couches de la structure en grave-bitume ;
c o u c he de s ur f ace d ’en ro b és à c h aud de •2
3,0 cm pour les deux couches d’enrobés
40 mm. La compacité obtenue était de l’ordre de la structure à base d’EME.
de 98 %. Des jauges de déformations et de
température ont été installées sous l’enrobé Ainsi, la structure en EME permet des diminu-
EME ainsi que sur une section témoin afin tions d’épaisseur appréciables comparati-
d e c om parer l es résu ltats et de suivre les vement à une structure grave-bitume, de
performances ( apport structural ) des deux l’ordre de 9 cm ( 28 % ) dans le cas présent.
enrobés. Après deux hivers où la température La réduction devient de l’ordre de 14,5 cm
minimale enregistrée était de -28,2°C, ( 39 % ) lors d’une comparaison avec une
la section en EME n’a aucune fissure. structure rigide.
TABLEAU 6
Caractéristiques structurales d’enrobés bitumineux
Matériaux bitumineux
Structure grave-bitume Structure EME ( EME-14 )
Caractéristiques
( GB-20 ) PG 58-28 PG 88-28
Modules complexes 10°C - 10 Hz > 6 000 ( MPa ) ≥ 14 000 ( MPa )
( Traction compression directe ) 15°C – 10 Hz > 3 000 ( MPa ) ≥ 11 000 ( MPa )
Résistance en fatigue
Déformation correspondant à 1 million de cycles, de 80 à 100 µdef > 130 µdef
ε6 ( 10°C, 10 Hz )
12
L es logiciels de calculs de dimensionnement utilisés sont W inpass pour la structure rigide, Chaussée 2 pour
la structure en grave-bitume et Alizée pour la structure en EME.
14
STRUCTURE RIGIDE STRUCTURE
DALLE COURTE GOUGEONNÉE, GRAVE-BITUME
DCG
NUMÉRO STRUCTURE EME
09
ESG-10 5cm EME-14, BITUME PG 88-28
ESG-14 6cm
ESG-10 5cm
BÉTON DCG
DCG / 37,5cm GB-20 21cm EME-14 18cm
FONDATION FONDATION
FONDATION GRANULAIRE GRANULAIRE
GRANULAIRE MG-20 / 25cm MG-20 / 25cm
MG-20 / 25cm
SOUS SOUS
SOUS FONDATION FONDATION
FONDATION GRANULAIRE GRANULAIRE
GRANULAIRE MG-56 / 60cm MG-56 / 60cm
MG-56 / 55cm
CONCLUSION
L’ a p p r o c h e d e f o r m u l a t i o n p e r m e t t a n t Le s p ro ch a in e s e xp é rie n ce s e n c h a n t i e r
d’obtenir des enrobés bitumineux avec de permettront d’établir des corrélations précises
très bonnes performances rhéologiques tels entre les propriétés mécaniques des EME
que les EME-10 et EME-14 représente une et leur espérance de vie dans les conditions
très grande avancée dans le domaine des particulièrement contraignantes du climat
chaussées bitumineuses en région froide. québécois. C’est donc essentiellement l’impact
économique que représentent les EME combiné
L’utilisatio n d es enrobés à mo d u le é le vé à une très vaste gamme d’utilisation qui en
permettra de réaliser des structures adaptées assureront le développement.
au trafic très sévère rencontré sur le réseau
autoroutier supérieur, des boulevards industriels
à f orte c irc u latio n de poid s lo u rd s e t d e s
configurations particulières telles que les
corridors d’autobus et les carrefours giratoires.
15
ENROBÉ À MODULE ÉLEVÉ EME-10
L’enrobé à module élevé EME-10 a une granulométrie dense et continue. Il est composé à partir d’un
DÉFINITION bitume modifié lui permettant de résister aux sollicitations sévères de la surface, engendrées par les
déformations indues à la suite du passage des poids lourds.
• Offre une couche de surface très performante. Le module de rigidité, de deux à trois fois plus élevé
que les enrobés à chaud, confère un excellent comportement aux efforts superficiels sévères.
• Démontre une très bonne résistance à l’orniérage et au fluage.
AVANTAGES • Apporte une très bonne résistance à la fatigue à la structure ( déformations répétées produites par le
trafic lourd ), lorsqu’il est utilisé en couche de liaison.
•R ésiste aux efforts de cisaillement ( ex. : carrefour giratoire ).
• Apporte une bonne résistance aux contraintes de retrait thermique ( à basse température ).
• Toutes les centrales d’enrobage continues ou discontinues peuvent produire l’enrobé EME-10.
FABRICATION • L’EME-10 est un enrobé à granularité 0-10 mm dense.
• L’EME-10 peut contenir jusqu’à 15 % de granulats bitumineux recyclés ( GBR ).
La quantité de liant d’accrochage recommandée ( avec 60 % de résiduel ) selon le type de support est de :
• 0,35 l / m2 pour des enrobés neufs ( au taux de bitume résiduel de 0,21 l/m2 ) ;
• 0,50 l / m2 pour de vieux enrobés et une surface fraisée ( au taux de bitume résiduel de 0,3 l/m2 ).
LIANT
Le type de liant d’accrochage à utiliser lors du recouvrement d’un support en béton est une émulsion
D’ACCROCHAGE de bitume polymère de type CRS-1hP à un taux de 0,85 l / m2.
N. B. : Pour obtenir plus d’information sur les bonnes pratiques de l’utilisation des liants
d’accrochage, consultez le Techno-Bitume n°2.
L’EME-10 est un produit spécialisé qui demande des précautions supplémentaires lors de sa mise en
œuvre. Voici les recommandations :
• la température extérieure doit être de 10° C et plus lors de la pose ;
• l’utilisation d’un véhicule de transfert des matériaux ( VTM ) est recommandée, car la pose d’un
enrobé utilisant un liant à haute viscosité entraîne un raidissement rapide et une diminution de la
maniabilité du mélange ;
• la vitesse d’avancement du finisseur doit être ajustée au débit de la centrale de production ;
MISE EN ŒUVRE • la température de l’enrobé dans les vis du finisseur doit être supérieure à 150°C ;
• le compactage s’effectue à l’aide de rouleaux compacteurs de grande capacité et ceux-ci doivent
circuler le plus près possible du finisseur ;
• le compactage s’effectue principalement en mode vibration. La vibration doit être à grande amplitude
et adaptée à l’épaisseur de pose lors des premiers passages ;
• les joints froids sont à éviter. Sinon, il faut effectuer un collage à l’émulsion ou réchauffer les joints ;
• les interventions manuelles doivent être minimisées ;
• l’épaisseur de l’enrobé doit être entre 40 à 70 mm par couche ( après compactage ).
En production :
• Analyse granulométrique. • T eneur en bitume par ignition.
• Densités brutes et maximales. • P ourcentage de vides.
contrôle
de qualité En chantier :
• Compacité ≥ 93 %. Cette spécification est un essai de contrôle important.
• Température de l’enrobé.
• Taux de pose.
AOÛT 2014
COMPOSITION TYPE ET PERFORMANCES
DE L’ENROBÉ À MODULE ÉLEVÉ EME-10
AOÛT 2014
COMPOSITION TYPE ET PERFORMANCES
DE L’ENROBÉ À MODULE ÉLEVÉ EME-14
1 ) M
inistère des transports du Québec 4 ) D
aniel Perraton, Mathieu Meunier et
( mai 2010 ). Matériaux et infrastructures. Alan Carter (oct/nov/déc 2007). Application
Études et recherches en transport. Détermination des méthodes d’empilement granulaire à la
du module complexe des enrobés au ministère formulation des Stones Matrix Asphalts ( SMA ).
des Transports du Québec, Québec. Bulletin des Laboratoires des Ponts et Chaussées,
n°270-271, France.
2 ) M
inistère des transports du Québec
( d é c e m b r e 2 0 0 9 ) . LC 26-700 - 5 ) D
aniel Perraton et Radouen Touhara
D é termin atio n du module complexe des (mars 2013). Détermination de la durée
enrobés, Recueil des méthodes d’essai LC, de vie en fatigue d’une éprouvette d’enrobés
Laboratoire des chaussées. Les publications bitumineux. Via Bitume Vol 8 N°1, Québec.
du Québec.
6 ) M
arc Proteau et Catherine Lavoie
3 ) M
inistère des transports du Québec (mars 2014). Les enrobés à module
( a v r i l 2 0 0 4 ) . M e s u r e e n l a b o r at o ir e é l e v é ( E M E ) a d a p t é s a u c l i m a t n o r d i q u e .
de la résistance au retrait thermique Via Bitume Vol. 9 N°1, Québec.
des enrobés. Info DLC, Vol. 9, n°4, Québec.
Mise en garde :
Les informations présentées dans ce bulletin sont
réalisées à titre d’information par les mandataires
de Bitume Québec en toute bonne foi et au meilleur
de leur connaissance. Ces informations ne doivent
en aucun cas se substituer à l’opinion d’un professionnel
du domaine des enrobés et elles ne sauraient lier leurs
auteurs, l’association et ses mandataires.
Août 2014
ISBN 978-2-923714-30-1
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