Groupe Faire Gagner Marseille – Conseil municipal 4/04/2011

Budget primitif 2011 - Rapport 48

Intervention de Patrick Mennucci

M. le Maire, Chers collègues,

en septembre 2011, la quasi totalité des foyers marseillais

constateront que leurs impôts locaux sont en augmentation de plus de
150 euros, ceci principalement en raison de deux mesures décidées par
la ville. La première, la plus injuste, est la diminution de l’abattement
à la base, votée en septembre malgré notre opposition et qui
entraînera une augmentation de 105 euros de la taxe d’habitation pour
80% des foyers, quelles que soient leurs ressources. La deuxième
mesure, que vous vous apprêtez à voter aujourd’hui, est une
augmentation des taux de +1,5%, alors que la loi de Finances a déjà
procédé à une hausse de 2% pour compenser l’inflation.

Marseille est ainsi largement en tête des grandes villes qui

ont le plus augmenté leurs impôts depuis 8 ans, comme l’atteste
l’étude d’un cabinet indépendant. Cette augmentation de plus de 35%
en euros constants se double d’une profonde injustice qui consiste à
moins imposer les propriétaires que les locataires alors que ceux-ci
sont plus souvent des jeunes actifs, des étudiants et des foyers
modestes. Le niveau actuel de la taxe d’habitation risque ainsi de
conduire ces jeunes contribuables à aller habiter à l’extérieur de notre
ville comme semble le confirmer le dernier recensement. Car pour
eux, contrairement aux amis de M. Sarkozy, il n’y a pas de bouclier
fiscal !

Cette augmentation massive des impôts rapportera en 2011

44 millions € de plus au budget et, une fois passée leur colère, il est
logique que les contribuables se demandent à quoi servira cette
cagnotte.

Les écoles seront elles rénovées ou agrandies de manière

accélérée ? Des places supplémentaires en crèche municipales vont
elles être créées avec les moyens en personnel nécessaires alors que
notre ville est à la traîne? Les parcs publics seront-ils enfin gardiennés
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normalement ? Des logements bon marché seront-ils construits en

nombre dans TOUS les quartiers de la ville ?
Des policiers municipaux seront-ils enfin recrutés pour
atteindre le ratio des autres métropoles ? Les musées seront-ils ouverts
à des heures « normales » avec un personnel en nombre suffisant ? Le
budget culture sera-t-il en hausse ? Des piscines dignes de la 2ème ville
de France seront elles enfin construites et ouvertes avec des plages
horaires étendues ? Les habitants de St Antoine ou de St Loup verront-
ils enfin bâtir la médiathèque de leur rêve, promise depuis tant
d’années ? La L2 sera-t-elle terminée plus rapidement ?

Voilà un certain nombre de questions légitimes que se

poseront les marseillais quand ils recevront leur feuille d’impôt. Je
crains qu’ils ne soient extrêmement déçus des réponses qu’ils y
apporteront…Les 44 millions d’impôts supplémentaires vont en effet
servir, en priorité, à « boucher les trous » des finances municipales et
à faire face au montant démesuré des Autorisations de Programme,
des dettes et des engagements de toute sorte, pris depuis plus de 15
ans, sans véritable stratégie, sans cohérence et sans vision
pluriannuelle…

Comme l’a dit P. Chamassian tout à l’heure, les autorisations

de programme représentent aujourd’hui plus de 8 années de budget
d’investissement ; c’est une aberration qui a déjà été dénoncée par la
Chambre Régionale des Comptes ! La dette de la ville atteint 1,8
milliard auquel il faut logiquement ajouter 1 milliard de dette de la
communauté urbaine (celle qui a servi à financer le tramway ou
l’incinérateur et qui sera évidemment payée par les contribuables
marseillais). A ces 2,8 milliards, il faut additionner aujourd’hui,
conformément au décret du 16 décembre 2010, les 135 millions du
contrat de partenariat du stade payés sous forme de redevance et qui
sont un endettement déguisé. Au total la dette des contribuables
marseillais atteint quasiment 3 milliards d’euros soit 3400 € par
habitant ! La aussi nous sommes en tête de toutes les grandes villes.

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Plus d’impôts, plus de dettes, moins de service public, votre

politique est bien à l’image de celle de M. Sarkozy! Les Marseillais
sont ainsi condamnés à la double peine !

Je ne voudrais pas paraître injuste en passant sous silence

quelques éléments positifs concernant notre ville.
L’opération Euroméditerrannée, bien évidemment, qui
semble repartir de l’avant, la création du Parc National des Calanques,
le regroupement de nos Universités, la perspective de Marseille 2013
(avec le formidable soutien de Mme Joissains), quelques grandes
opérations urbaines et le développement incontestable du tourisme. Il
y a là quelques raisons d’espérer. Mais qu’en est-il de la vie
quotidienne d’une immense majorité d’habitants de cette ville ?

Les parcs et jardins ne sont plus gardiennés. Les classes sont

surchargées et la surveillance des enfants, hors temps d’école, devient
problématique faute de personnel. Les musées de la ville sont dans un
état de quasi abandon. L’anarchie règne en matière de circulation et de
stationnement sauvage. L’insécurité et les incivilités sont en hausse
sur tout le territoire. Pauvreté et chômage s’accroissent plus vite que
partout ailleurs et le nombre de demandeurs d’emploi vient d’atteindre
le chiffre record de 75000. Pour couronner le tout, Marseille vient
aussi d’être classée parmi les villes « les plus polluées d’Europe» !

Face à un constat aussi alarmant, la presse s’interroge

« Marseille coule-t-elle ? » titre Les Echos. « Marseille bateau sans
pilote », écrit un éminent chercheur sur son blog. « Marseille est un
grand corps malade » explique le Président de la Chambre de
Commerce. « Marseille est en panne » affirme enfin votre ancien
Premier Adjoint, avec une lucidité qu’on ne lui connaissait plus depuis
longtemps.

Il y a aussi ce sondage qui indique que 50% des marseillais

souhaiteraient quitter leur ville, s’ils en avaient les moyens. Et puis il
y a enfin ce sondage, grandeur nature, que constituent les dernières
élections cantonales et qui donne au Front National plus de 40% des
voix sur de nombreux cantons. Ce vote est l’expression évidente d’une
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désespérance, d’une crispation et d’un repli sur soi qui nous interpelle
tous, mais qui devrait vous faire poser des questions sur l’état réel de
cette ville et sur l’état d’esprit alarmant qui y règne.

Evidemment, si j’écoute M. Tourret, tout va plutôt bien dans

le monde de « oui oui ». M. Moraine, qui maîtrise bien mieux l’art de
la rhétorique que la rigueur des statistiques, nous expliquera, lui aussi,
que nous sommes bien meilleurs que Lyon, Nantes ou Paris…
Et pour vous, M. le Maire, le constat est encore plus
lumineux : « Marseille accélère » ! C’est le slogan de votre dernière
campagne de communication. (A ce propos, je vous ai interrogé par
courrier sur le coût de cette publicité et je n’ai pas encore obtenu de
réponse. Quand je vous disais tout à l’heure qu’il y avait certainement
des économies à faire dans le fonctionnement de cette ville, je pensais,
entre autres, à ce genre de dépense, totalement surréaliste dans le
contexte actuel.)

M. Le Maire, chers collègues, Marseille connaît, depuis

plusieurs mois, une véritable situation de crise. Augmentation du
chômage et de la délinquance, affaires judiciaires, rumeurs de toutes
sortes, conflits sociaux à répétition, délitement du lien social et de
l’esprit civique, autant de symptômes d’une ville qui va mal et d’une
gouvernance archaïque, affaiblie, divisée, qui peine à rentrer dans la
modernité et l’équité.

M. le Maire, la situation au Sénat semble beaucoup plus vous

préoccuper que celle de notre ville et je le regrette profondément.
Dans la tourmente qu’elle affronte, Marseille aurait besoin d’un « vrai
patron » à plein temps, sachant faire preuve de courage, d’imagination
et d’une véritable autorité face à tous les lobbys et les conservatismes
qui divisent et affaiblissent notre métropole. Il est urgent d’écouter
plus attentivement les forces vives de cette ville, de tracer des
perspectives claires, de changer de pratiques politiques et de se réunir
sur une vision commune de l’intérêt général. C’est logiquement à vous
qu’incombe cette mission, M. Le Maire.

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Le budget que vous nous proposez aujourd’hui ne répond pas

à ces grands défis. Il pénalise fiscalement autant les foyers modestes
que les plus aisés, ce qui est injuste. Il accentue la rigueur budgétaire
dans l’ensemble des services municipaux sans aucune mesure
structurelle d’économie, ce qui est parfaitement inefficace. Il ne
dégage ni véritable priorité, ni projet d’ensemble, ce qui témoigne
d’une absence inquiétante de vision de l’avenir de notre ville.

Nous voterons contre.