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Qu’est-ce qu’un recours pour excès de

pouvoir ?
par Steven | Définition juridique

SOMMAIRE [Masquer]
 1 Recours pour excès de pouvoir : Définition
 2 Recours pour excès de pouvoir : Les moyens de droit
o 2.1 L’illégalité externe de l’acte administratif
o 2.2 L’illégalité interne de l’acte administratif
 3 Les conditions de recevabilité relative à l’acte
o 3.1 Les actes préparatoires
o 3.2 Les circulaires non impératives
o 3.3 Les mesures d’ordre intérieur
 4 Les conditions de recevabilité liées au requérant
o 4.1 La capacité à agir
o 4.2 L’intérêt à agir
o 4.3 Les conditions de délai
 5 Le recours pour excès de pouvoir et ses effets

Le recours pour excès de pouvoir ou REP est un recours pour l’administré

qui lui permet de contester un acte administratif unilatéral devant une


juridiction administrative. Cette voie de re cours est un principe général du

droit qui permet le contrôle de toute décision administrative par un

juge depuis l’arrêt Dame Lamotte du 17 février 1950.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’avec le recours pour excès de pouvoir, le juge

effectue un contrôle de légalité en annulant ou en validant la décision

administrative. Le recours pour excès de pouvoir se distingue ainsi du

recours de plein contentieux en ce sens que pour ce dernier, le juge peut

se prononcer lui-même sur l’affaire. Par exemple : Pour accorder une

indemnisation basée sur une responsabilité pour risque ou pour faute.


RECOURS POUR EXCÈS DE POUVOIR :
DÉFINITION
Le recours pour excès de pouvoir est un recours dirigé contre des actes

administratifs, qu’il s’agisse d’un acte administratif unilatéral

(AAU),réglementaire ou individuel. Son objectif est le contrôle de la

légalité de l’acte et en cas d’illégalité, il sera annulé par le juge au niveau

d’une juridiction administrative : Tribunal administratif, Cour administrative

d’appel ou Conseil d’État.

À noter que parfois un recours gracieux ou hiérarchique auprès de

l’administration est obligatoire avant de saisir l e juge. Il en est ainsi en

matière de communication de documents administratifs pour laquelle il est

obligatoire d’exercer un recours préalable auprès de la Commission

d’accès aux documents administratifs ( CADA). Le silence gardé par

l’autorité administrative saisie d’une demande vaut décision de rejet.


RECOURS POUR EXCÈS DE POUVOIR : LES
MOYENS DE DROIT
Dans un recours pour excès de pouvoir, il existe 4 moyens de droit

regroupés en deux catégories que le requérant peut invoquer et que voici :


L’illégalité externe de l’acte administratif
L’illégalité externe peut être relative à l’incompétence ou au vice de forme.

 L’incompétence de l’auteur de l’acte : matérielle, territoriale ou temporelle ;

 Le vice de forme, le défaut de motivation et le vice de procédure.

L’illégalité interne de l’acte administratif


Ce moyen est lié au contenu et au fondement de l’acte.

 La violation de la loi

Il peut s’agir d’une erreur de fait, c’est -à-dire que les faits fondant l’acte

sont erronés, dénaturés ou simplement inexistants. Il peut également

s’agir d’une erreur sur la qualification juridique des faits. Enfin, il peut

s’agir d’une erreur de droit.

 Le détournement de pouvoir ou de procédure

C’est le cas lorsqu’une autorité publique a usé de ses pouvoirs ou d’une

procédure dans un autre but que celui pour lequel ces pouvoirs lui ont été

accordés.
LES CONDITIONS DE RECEVABILITÉ
RELATIVE À L’ACTE
En principe, peuvent faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir tous

les actes administratifs unilatéraux. Il s’agit des actes juridiques qui

émanent d’une autorité administrative et qui sont destinés à produire des


effets juridiques ; à savoir des droits et obligations. On dit alors que ce

sont des actes qui font grief.

Ainsi, les actes qui ne font pas grief sont insusceptibles de recours pour

excès de pouvoir devant le juge administratif. C’est le cas des actes

préparatoires, des circulaires non impératives et des mesures d’intérieur.


Les actes préparatoires
Il s’agit d’actes préparant une mesure qui interviendra ultérieurement. Par

exemple : la délibération prise par l’organe délibérant d’une collectivité

territoriale en vue d’émettre un vœu. Ils ne produisent pas d’effets

juridiques donc sont insusceptibles de recours pour excès de pouvoir.


Les circulaires non impératives
Il s’agit de notes d’organisation interne à un service prises par le chef de

service. Elles ont pour objet d’interpréter le droit existant en permettant

aux agents de connaître l’application d’une loi ou d’un règlement. Ces

circulaires ne modifient pas le droit, donc elles ne produisent pas d’effets

juridiques et échappent ainsi au recours pour excès de pouvoir.

Toutefois, les circulaires qui modifient le droit c’est -à-dire celles qui

donnent une interprétation impérative du droit existant peuvent être

attaquées devant le juge administratif comme il a été jugé dans l’arrêt

Duvignère du 18 décembre 2002.


Les mesures d’ordre intérieur
Il s’agit de mesures internes à une administration. Elles sont

insusceptibles de recours pour excès de pouvoir sauf si elles touchent à

une liberté fondamentale.


LES CONDITIONS DE RECEVABILITÉ LIÉES
AU REQUÉRANT
Pour pouvoir contester un acte administratif devant le juge de l’excès de

pouvoir, le requérant doit avoir la capacité et l’intérêt à agir. Le requérant

peut être une personne physique, mais aussi une personne morale. Du fait

de son accessibilité, le recours pour excès de pouvoir ne nécessite pas la

représentation par un avocat ( le mandat ad litem).


La capacité à agir
Il s’agit de l’aptitude à faire valoir lui -même ses droits devant la justice.

Ainsi, les mineurs et les majeurs incapables n’ont pas la capacité pour agir

en justice et doivent être assist és par leur représentant légal.

Tout comme la personne physique, la personne morale a la capacité

d’agir (la définition ici). Les groupements, les syndicats et les

associations peuvent intenter un recours pour excès de pouvoir. Mais ils

doivent aussi justifier d’un intérêt à agir qui soulève parfois certaines

difficultés.
L’intérêt à agir
Le requérant, qu’il soit une personne physique ou morale, doit justifier

d’un intérêt à agir. C’est-à-dire que l’acte doit atteindre ses intérêts et lui

faire grief. C’est le cas par exemple d’un acte décisoire faisant grief c’est -

à-dire une décision modifiant la situation juridique d’une personne.


L’atteinte aux intérêts peut être de nature économique, financière ou

encore morale.

Par exemple, peuvent justifier d’un intérêt à agir :

 Le requérant contribuable communal a un intérêt pour contester les

mesures financières ou fiscales qui intéressent la commune (CE, 29 mars

1901, Casanova).

 Un hôtelier d’une station touristique a intérêt à contester un arrêté fixant la

date des vacances scolaires à une date qui risque de lui faire perdre une

partie de son chiffre d’affaires.

 Un usager d’un service public peut contester les mesures d’organisation et

de fonctionnement du service public concerné.

Concernant les personnes morales, elles ne peuvent contester que les

actes touchant aux intérêts collectifs des membres et non les intérêts

individuels. Ainsi, seuls les actes ayant un impact direct sur les intérêts

qu’un groupement a pour mission de défendre peuvent être contestés en

recours pour excès de pouvoir (CE, 7 mars 2018, Association collectif

danger aérodrome Aix-les-Milles).


Les conditions de délai
Le Code de justice administrative prévoit les conditions de délai dans son

article R421-1. L’exercice d’un recours pour excès de pouvoir contre un

acte administratif est de deux mois à compter de la notification ou de la

publication de cet acte.


Ce délai de droit commun court à partir de la publication s’agissant d’un

règlement et à partir de la notification s’agissant d’un acte individuel. Si la

notification ne mentionne pas les délais de recours ou les voies de recours

possibles, le délai sera d’un an et non pas de deux mois. Passé ce délai, il

n’est plus possible de déférer l’acte au juge de l’excès de pouvoir.


LE RECOURS POUR EXCÈS DE POUVOIR ET
SES EFFETS
Lorsque le juge est saisi d’un recours pour excès de pouvoir, soit il valide,

soit il annule l’acte porté devant lui. L’annulation d’un acte est valable non

seulement pour le requérant, mais aussi pour tous les administrés. Elle est

rétroactive, c’est-à-dire que l’acte annulé est considéré comme n’ayant

jamais existé.

Le principe de la nullité rétroactive connaît cependant certaines

inflexions. C’est ainsi que le juge peut moduler les effets de l’annulation

dans le temps. Cela est possible dans le cas où l’annulation rétroactive

risque d’engendrer des conséquences manifestement excessives en

raison :

 Des effets produits par l’acte ;

 Des situations qui ont pu se constituer quand l’acte était en vigueur ;

 De l’intérêt général qui pourrait s’attacher à un maintien provisoire des

effets de l’acte.

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