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RÉUSSIR UN

PROJET INDUSTRIEL
EN PME:
L’ENJEU DES
CONDITIONS
DE TRAVAIL

EDITIONS
réseau
AVANT-PROPOS

Le travail au coeur de la conduite de projet


La question des conditions de travail et de l’investissement a toujours été une
préoccupation forte de l’ANACT, dès sa création en 1973, puis des ARACT, au fur et
à mesure de leur implantation en régions. L’investissement est un moment clé du
développement d’une entreprise. C’est l’occasion de repenser à la fois l’organisation
du travail, les questions de santé, l’évolution des métiers, la configuration des es-
paces et des équipements, Or, le constat demeure le même : les projets privilégient
les aspects techniques au détriment de l’intégration des dimensions socio-orga-
nisationnelles. Pourtant, tout le monde reconnaît aujourd’hui que les conditions
de succès de l’investissement reposent sur la prise en compte de l’ensemble de
ces dimensions. Pour ce faire, que l’investissement soit industriel, informatique ou
architectural, il est primordial de repartir de l’activité de travail réel pour enrichir, au
fil de l’eau, la conduite du projet.
Partant de son expérience et de celles de ses partenaires chercheurs et consultants,
le réseau ANACT met à disposition des TPE/PME trois guides d’aide à la conduite de
l’investissement :
- Réussir un projet industriel : l’enjeu des conditions de travail
- Réussir un projet système d’information : l’enjeu des conditions de travail
- Réussir un projet architectural : l’enjeu des conditions de travail*

Coordination : Pascale Bossard

Ce guide a été réalisé avec la contribution


de chargés de mission du réseau ANACT :

Les rédacteurs : Dominique Baradat (ARACT Aquitaine),


Ludovic Bugand (ARACT Pays-de-Loire), Marylène Coppi
(ARACT Picardie), Pascale Bossard (ANACT).

Un travail de relecture a été apporté par Daniel Depince (chargé de Mission,


Antenne ANACT Basse-Normandie), Bernard Jansen (délégué régional
ARACT Nord Pas-de-Calais), Jean-François Thibault (délégué régional
ARACT Aquitaine).

L’appui à l’édition a été assuré par Sylvie Setier et Christian Mahoukou


du Département Information Communication de l’ANACT.

Que tous en soient vivement remerciés.

(*) À paraître en 2008


sommaire
UN PROJET INDUSTRIEL, DES TRANSFORMATIONS
À ANTICIPER ET À GÉRER ........................................................................................ p. 2

1
DÉFINIR SON PROJET INDUSTRIEL ....................................................................... p. 4
Concevoir le projet en cohérence avec la stratégie ..................................................... p. 5
Enrichir les objectifs du projet d’investissement ......................................................... p. 5
Prendre en compte le contexte social et les savoir-faire de l’entreprise .................. p. 7
Intégrer la question de la santé .................................................................................... p. 7
Rechercher la performance du système ....................................................................... p. 8
Etablir le périmètre du projet ........................................................................................ p. 8
Mettre en place des indicateurs .................................................................................... p. 10
Définir le rôle des acteurs .............................................................................................. p. 11

2
MAÎTRISER LE CHANGEMENT ............................................................................... p. 12
Une démarche pilotée .................................................................................................... p. 12
Une démarche partagée ................................................................................................ p. 14
Une démarche concertée ............................................................................................... p. 16

3
STRUCTURER LA DÉMARCHE : LES ÉTAPES DU PROJET
ET LES PRINCIPAUX POINTS DE VIGILANCE ..................................................... p. 20
L’avant-projet : études d’opportunité et de faisabilité ................................................ p. 22
L’élaboration des cahiers des charges .......................................................................... p. 24
Les études de conception ............................................................................................. p. 26
Le démarrage, la mise au point .................................................................................... p. 27

4
COMMUNIQUER EN S’APPUYANT SUR DES OUTILS ........................................ p. 28
Guide de réflexion pour les études d’opportunité et de faisabilité ........................... p. 29
Les supports de communication ................................................................................... p. 31
Les plans .......................................................................................................................... p. 33
Les maquettes ................................................................................................................. p. 34
Dix critères de réussite ................................................................................................... p. 35

CONCLUSION .................................................................................................................... p. 36

1
UN PROJET INDUSTRIEL,
DES TRANSFORMATIONS
À ANTICIPER ET À GÉRER

Qu’il s’agisse de mettre en place de nouveaux les évolutions de l’entreprise, compte tenu du
équipements, une nouvelle ligne de produc- marché et de la concurrence, compte tenu éga-
tion ou de moderniser un atelier, tout projet lement des caractéristiques du personnel en
d’investissement industriel engage l’avenir termes de compétences et de santé ;
de l’entreprise. Lors de son déploiement, le - le choix concernant l’organisation du projet et
contenu de l’activité de travail des salariés, son pilotage ;
les compétences mobilisées, les conditions de - la prise en compte des contraintes d’exploita-
réalisation du travail sont modifiés, parfois, tion, des caractéristiques des produits et de la
profondément transformés. Ces conséquences matière première (variété, fragilité, évolution)
sont le plus souvent sous-estimées et peuvent et les besoins de réglage des équipements,
se traduire par de grandes difficultés, voire compte tenu de cette variabilité ;
aboutir à des conflits sociaux. - le choix et les relations avec les fournisseurs
Anticiper et gérer ces évolutions peuvent évi- qui facilitent ou non la prise en compte des ca-
ter bien des difficultés, surtout si l’on adopte ractéristiques et des contraintes d’environne-
une démarche-projet qui : ment de l’entreprise, les caractéristiques et la
diversité de ses produits ;
- intègre les dimensions organisationnelles,
humaines et sociales ; - la préparation du personnel, la mise en œu-
vre de la formation, l’anticipation des évolu-
- associe le personnel concerné par les trans-
tions de l’organisation du travail, des compé-
formations.
tences, des conditions de réalisation du travail,
Ce guide propose des conseils pratiques pour la consultation des instances représentatives
aider l’entreprise à engager une telle démar- du personnel (IRP) sur ces sujets…
che.
Faire l’impasse sur tel ou tel élément d’analyse
Le démarrage des installations, la montée - stratégique, des conditions d’exploitation,
en cadence sont des moments attendus et des conditions de réalisation du travail… – par
redoutés. La mise en service des nouveaux souci d’économie, peut constituer le premier
équipements sera-t-elle aisée ? Les opérateurs grain de sable dans les rouages du projet.
seront-ils suffisamment formés et en capacité
de conduire les nouvelles installations, de faire Un projet d’investissement est entendu ici
face aux défauts récurrents ? Les objectifs de comme un projet de transformation de l’entre-
performance seront-ils au rendez-vous ? prise qui doit atteindre des objectifs de perfor-
Les décisions prises aux différentes étapes du mance, de satisfaction des clients, de fiabilité
projet d’investissement vont s’avérer détermi- des installations, de préservation de la santé
nantes : des salariés, d’amélioration des conditions
- l’analyse stratégique, la définition des ob- de travail, d’évolution professionnelle pour les
jectifs du projet et les orientations concernant salariés.

2
P R O J E T D E T R A N S F O R M AT I O N D E L’E N T R E P R I S E

St r a t é g i e
P e r f o r m a n ce
Satisfaction
Projet du client
Objectifs de transformation Coût, qualité
initiaux
du projet

L’E N T R E P R I S E

Te c h n i q u e O rg a n i s a t i o n
Santé
Evolutions
Humain et social professionnelles
Re co n n a i s s a n ce
E n v i ro n n e m e n t : m a rc h é , co n c u r re n ce ,
ré g l e m e n t a t i o n , b a s s i n d ’e m p l o i

La démarche de conduite de projet d’investis- - Structurer le projet en étapes et jalons avec


sement permet, à partir d’objectifs clarifiés et une organisation spécifique, chargée de définir
en cohérence avec la stratégie, de concrétiser la réalité à venir de l’entreprise ;
méthodiquement et progressivement une réa- - Communiquer au sein de la structure de pro-
lité à venir de l’entreprise. Il s’agit de : jet, avec les salariés et leurs représentants,
- Définir le projet en fixant des objectifs et un avec les fournisseurs, sur la base d’outils
périmètre réalistes, à partir d’une analyse de la pratiques.
situation existante dans ses différentes dimen-
sions et en précisant les points d’évolution ;
- Maîtriser le changement grâce à une démar-
che pilotée, partagée et concertée ;

UN PROJE T INDUSTRIEL, DE S TR ANSFOR M ATIONS À ANTICIPER E T À GÉRER 3


1 DÉFINIR SON PROJET
INDUSTRIEL

Un projet se définit tout d’abord par une inten- - l’analyse stratégique ;


tion de faire, fondée sur une vision stratégique - l’analyse préalable de la situation de l’entre-
de l’avenir de l’entreprise avec ses différentes prise, tenant compte du contexte social, des
composantes : économique, technique, humai- caractéristiques de la population en termes de
ne et sociale. Nous attirons l’attention, dans compétences et d’état de santé ;
cette première partie, sur le risque de réduire - l’enrichissement et l’élargissement des ob-
un projet industriel à une volonté de dévelop- jectifs technico-économiques à des objectifs
pement essentiellement économique et tech- humains, sociaux et organisationnels ;
nique. Aussi nous insistons sur des incontour- - le pilotage des objectifs dans une perspective
nables à réaliser dès la première phase : de performance du système.

L E P R O J E T : U N E I N T E N T I O N D E FA I R E , PA R TA N T
D ’U N E A N A LY S E D E L’E X I S TA N T E T AU S S I D E S E N J E U X
P O U R L’AV E N I R S E LO N D I F F É R E N T E S D I M E N S I O N S

Straté gie V I S I O N D E L’AV E N I R :


Marché, technologie,
o rg a n i s a t i o n , p o p u l a t i o n

Analyse

PROJET
Analyser les enjeux
Définir les objectifs
SITUATION DE
L’ENTREPR IS E :
Dimension socio -
org anis atio n n e l le
S anté
Compétences

4
Concevoir le projet en cohérence Enrichir les objectifs du projet
avec la stratégie d’investissement
Bien qu’un projet soit défini par des objectifs Lorsqu’une entreprise décide d’investir, les
spécifiques et qu’il soit borné dans le temps, il objectifs affichés sont prioritairement écono-
ne peut pas être pensé comme une démarche miques : accroître sa compétitivité et/ou sa
isolée des autres projets et processus de l’en- productivité, afin de répondre aux évolutions
treprise. Il se construit dans la durée ; l’idéal du marché, de gagner des parts de marché.
est donc d’anticiper ses effets à court et à Une étude réalisée en Picardie auprès de qua-
moyen terme, mais aussi de les envisager au tre-vingt-quinze PME/PMI et portant sur des
regard des évolutions : projets d’investissement productifs1 le con-
- de l’entreprise : le projet s’inscrit dans le ca- firme. Ces entreprises visent en premier lieu
dre du schéma directeur de l’entreprise. Est-il l’amélioration de la performance économique
cohérent avec les orientations stratégiques de (56 %), puis l’outil de production (23 %), puis
l’entreprise ? Est-il cohérent avec les autres la stratégie commerciale (11 %). Beaucoup
projets de l’entreprise ? Permettra-t-il le traite- plus marginales sont les entreprises dont la
ment des nouveaux produits prévus dans deux priorité de l’investissement est l’amélioration
ans ? Quelles sont les contraintes spatiales des conditions de travail (5 %) ou l’améliora-
du site existant pour les futurs projets d’agran- tion de l’organisation du travail (3 %).
dissement ou d’implantation d’une seconde Bien que les entreprises n’affichent pas l’ob-
ligne ? jectif d’améliorer ou de faire évoluer l’organi-
- de la main-d’oeuvre : quel est le niveau de sation à l’occasion du projet, elles reconnais-
qualification et quels sont les compétences et sent a posteriori que les investissements ont
savoir-faire clés de l’entreprise ? Aurai-je tou- des impacts majeurs sur cette dimension. Le
jours dans cinq ans du personnel suffisamment constat est édifiant : 73 % des investissements
qualifié pour travailler sur ce type de technolo- industriels ont eu une incidence sur l’organisa-
gie ? Quelle est la structure des âges dans l’en- tion du travail, alors que cette dimension avait
treprise et quelle sera-t-elle dans cinq ans ? été définie comme un objectif prioritaire pour
- de la technologie : la technologie choisie seulement 3 % des entreprises, et comme ob-
ne risque-t-elle pas d’être obsolète dans trois jectif connexe pour à peine 18 % des entrepri-
ans ou, au contraire, manque-t-elle de matu- ses. Plus précisément, ces investissements ont
rité ? Sera-t-elle toujours compatible avec les eu des impacts sur les procédures et les pra-
exigences réglementaires de sécurité ? Son tiques de travail (77 %), sur les compétences
interface sera-t-elle compatible avec les fu- (70 %), sur la polyvalence (55 %), sur les
turs équipements à implanter ? Quelles dif- métiers (35 %), sur l’organigramme fonction-
ficultés pourrait-on rencontrer en termes de nel (30 %)2 .
maintenance ?

(1) Cf. La conduite d’investissement en PME-PMI : regards et perspectives,


coll. Etudes et Documents, ANACT, 2005
(2) Cf. id. CHEVALLET (R.), COPPI (M.)

DÉFINIR SON PROJE T INDUSTRIEL 5


1 EXEMPLES
DES EFFETS CONSTATÉS A POSTERIORI
- Une entreprise constate après démarrage dans l’atelier depuis l’introduction du nouvel
- et de manière fortuite – que les salariés outil : les plus âgés n’arrivent pas à tenir les
ne sont pas formés pour faire fonctionner cadences et les jeunes doivent compenser.
les machines, ce qui se traduit par un taux - Enfin, dans une troisième situation, l’entre-
élevé de rebuts, par un nombre important prise constate que le nouvel équipement mis
d’arrêts-machine. en place n’est pas utilisé, car il ne s’adapte pas
- Cette autre entreprise signale une tension aux exigences de l’activité des opérateurs.
entre salariés de plus de 45 ans et les autres

2 UN PROJET DE RÉORGANISATION DE LIGNES DE FINITION :


UNE ÉVOLUTION BRUTALE DES MÉTIERS
Cette entreprise spécialisée dans la fabrication l’outil industriel par les salariés, comme sym-
de pièces plastiques pour le secteur automo- bole de toutes les difficultés rencontrées.
bile lance un projet de réorganisation de trois Ce dont il est question en réalité, c’est un scé-
lignes de finition. Ce projet se concrétise par nario de rupture sans implication des salariés,
la mise en place d’un convoyeur à bande pour une incompréhension des objectifs visés, et
améliorer la gestion des flux en termes de surtout, une évolution brutale des métiers avec,
quantité et de qualité. par exemple :
Les premiers essais sur la ligne prototype se - le passage d’un travail complet, où l’opéra-
traduisent rapidement par « une situation de teur traite la pièce dans son ensemble avec
blocage passionnel » selon la direction, stop- une relative autonomie dans la façon de pro-
pant net le projet de déploiement de cette céder, à un travail séquencé où la finition est
ligne. L’entreprise sollicite alors l’Aract pour décomposée en opérations élémentaires avec
améliorer l’aménagement des postes et ré- un mode opératoire standard et une répétiti-
pondre ainsi aux insatisfactions des opéra- vité accrue ;
teurs. - le passage d’un travail complet, avec un suivi
Les premières analyses menées au niveau de du produit et une responsabilité individuelle
cette ligne, montrent que la polarisation forte du travail réalisé, à un travail où l’opérateur se
du projet autour de sa seule dimension tech- voit confier des tâches élémentaires, où il perd
nique matérialisée par le convoyeur s’accom- le contrôle et le suivi de sa pièce.
pagne dans le même temps d’un rejet fort de

6
Certes, tout projet comporte dans son dérou- lière lorsque l’investissement est réalisé dans
lement, dans ses effets, une part d’imprévu. une entreprise qui a déjà fait l’objet de restruc-
Pourtant, travailler dès l’amont, sur les évo- turations accompagnées de plans sociaux.
lutions attendues/souhaitées concernant les
Les évolutions organisationnelles ne doivent
diverses dimensions (technique, humaine,
pas être une conséquence du projet d’inves-
organisationnelle et sociale) est un moyen
tissement matériel. Comme le montre l’exem-
de maîtriser le chemin à parcourir et donc de
ple ci-dessus, la redéfinition d’un processus de
réduire l’incertitude. L’analyse de la situation
production, qui réduit l’intérêt au travail et lui
de l’entreprise inclut l’état de santé, les com-
fait perdre tout son sens, peut provoquer des
pétences des salariés concernés (directement
réactions sociales fortes et, devenir contre-per-
ou pas) par l’investissement matériel. Il s’agit
formante. Une réflexion en parallèle sera donc
ainsi de s’assurer des possibilités internes
conduite sur la cible organisationnelle, sur les
d’appropriation et d’utilisation du nouvel outil
scenarii d’évolution et les règles de fonction-
industriel et de mettre en place une démarche
nement des équipes (modes opératoires, indi-
visant à favoriser l’adéquation entre le systè-
cateurs et modalités de gestion de la qualité,
me technique et les hommes.
rotations, rôle de l’encadrement…).
Prendre en compte le contexte
Intégrer la question de la santé
social et les savoir-faire
de l’entreprise Parmi les caractéristiques de l’entreprise sou-
vent sous-estimées à l’occasion d’un projet
À moins que l’investissement ait lieu dans le d’investissement, celles de la population sa-
cadre d’une création d’entreprise, il s’inscrit lariée en termes de compétences, mais aussi
dans l’histoire d’un site, avec ses caractéristi- d’âge et de santé, sont les plus fréquentes.
ques en termes de population (âge, ancienne- Tout projet d’investissement industriel est l’oc-
té, compétences), de savoir-faire, de relations casion de définir et de réaliser, à partir d’une
sociales. Il préexiste à l’introduction du nouvel analyse détaillée de l’état de santé de la popu-
outil, des registres de savoir et de compéten- lation et sur la base d’une évaluation des ris-
ces, des règles de travail (écrites ou non), des ques professionnels, des actions de prévention
relations au travail et une organisation du tra- et d’amélioration des conditions de réalisation
vail, qui conduisent à des positions identitai- du travail. Il s’agit par exemple :
res et sociales. Le nouvel outil industriel va, a
- de supprimer des risques avec le renouvel-
minima, modifier ces équilibres, mais il peut
lement du process ou des machines (faciliter
aussi transformer profondément le contenu
la surveillance des points critiques et l’antici-
du travail et ses règles et ainsi déstabiliser les
pation, permettre les interventions en toute
positions de chacun. Cette transformation ne
sécurité en cas de bourrage, faciliter l’accessi-
sera pas aisée, si elle n’a pas été préalable-
bilité et le changement des pièces d’usure) ;
ment pensée et outillée.
L’exemple 2 ci-contre permet de souligner la - de remplacer des produits dangereux par
nécessaire vigilance que l’on doit accorder aux d’autres qui ne le sont pas ou qui le sont
dimensions sociales et humaines dans l’entre- moins, d’anticiper les conditions de prépara-
prise afin d’éviter ce qui est souvent appelé la tion et d’application des produits, d’entretien
résistance au changement. Aussi, la commu- du matériel ;
nication sur le projet et la prise en compte, le - de limiter les manutentions manuelles de
plus en amont possible, des activités de travail matériaux, produits et outillages ;
et des compétences permettent d’éviter ces - de traiter les ambiances physiques de travail
difficultés. Ce sont des points clés d’un projet, (bruit, éclairage, poussières) en tenant compte
auxquels il faudra porter une attention particu- des exigences des activités (communications

DÉFINIR SON PROJE T INDUSTRIEL 7


verbales entre opérateurs, travail de précision Le travail des opérateurs ne consiste pas en
et nécessité de voir le détail) ; une succession d’opérations programmées.
- de permettre aux salariés de réaliser des tâ- Ils sont confrontés à la maîtrise concrète du
ches et une gestuelle diversifiées et cohérentes, système de production. Pour y faire face, ils
de favoriser un enrichissement des tâches avec procèdent à des ajustements entre eux, à des
des activités de contrôle, de suivi de production, réglages fins des machines pour tenir compte
de maintenance de premier niveau, afin de limi- de la variabilité de la matière première (voir
ter le plus possible les tâches répétitives ; exemple 4 ci-contre). Ils surveillent les points
- de faciliter la coordination entre les salariés critiques, anticipent les aléas pour agir au plus
(qu’ils puissent se voir et communiquer entre tôt sur le processus évitant ainsi des arrêts de
eux). production. La compétence des opérateurs se
Intégrer la question de la santé au projet, pré- révèle dans l’anticipation, la réactivité, l’in-
ciser les objectifs de prévention et d’améliora- tervention rapide sur aléa, ce qui contribue à
tion des conditions de réalisation du travail est l’efficacité du système de production. Souvent,
d’autant plus important que la population est ces actions ont un coût pour les opérateurs :
vieillissante et présente des cas de maladies ils courent pour redresser un produit et éviter
professionnelles ou des pathologies qui pour- un bourrage, cherchant ainsi à éviter un arrêt
raient conduire à des restrictions d’aptitude. de la production et à atteindre les objectifs de
Les objectifs de prévention des risques d’at- productivité ; ils adoptent des postures péni-
teinte à la santé des salariés orientent alors bles pour retirer un composant bloqué dans un
les choix techniques et organisationnels (voir barillet.
Lors d’un projet d’investissement, intégrer cet-
exemple 3 ci-contre).
te composante de l’activité des opérateurs (en
Rechercher la performance facilitant la surveillance de l’ensemble du pro-
du système cessus, la visibilité sur les moyens de produc-
tion et sur le produit en transformation, en fa-
Un projet industriel qui introduit des tech- cilitant les accès et les interventions sur aléas)
nologies innovantes repose souvent sur une ira dans le sens de l’efficience du système.
vision optimiste de l’efficacité de la solution La compétence des opérateurs à conduire le
technique. Pourtant, il n’existe pas de systè- système de production en tenant compte des
me technique fiable à 100 %, ne présentant facteurs de variabilité est décisif pour la per-
ni dysfonctionnement ni aléa, qui prenne to- formance de l’entreprise dont l’environnement
talement en compte la diversité des produits. évolue : modification des formes de concur-
L’efficacité du système de production tient da- rence avec une montée en puissance des exi-
vantage à la cohérence de choix techniques et gences de variété de produits et de qualité.
organisationnels et à la compatibilité entre ces
choix et les caractéristiques des produits, des Établir le périmètre du projet
activités et des contraintes d’exploitation. Elle
Le périmètre du projet d’investissement, de
réside aussi dans sa souplesse d’utilisation,
ses impacts, ne se réduit généralement pas
bien plus que dans sa capacité à tout gérer
au lieu dans lequel la machine est installée
automatiquement.
ou aux utilisateurs directs. Bien souvent, des
En termes d’ergonomie, la principale contrain- activités dans des ateliers/services, situées en
te à anticiper est la dépendance vis-à-vis d’un amont ou en aval ou bien intervenant comme
système technique, sur lequel il n’est plus pos- fonction support, sont indirectement concer-
sible d’intervenir (changement du programme nées, voire impactées, par l’introduction du
de production, gestion des urgences, travail en nouvel outil (voir exemple 5 p. 10).
mode dégradé, intervention sur bourrages, ré-
cupération des erreurs).
8
3 EXEMPLES
UN PROJET DE RESTRUCTURATION, DES OBJECTIFS DE MAINTIEN
DANS L’EMPLOI ET D’AMÉLIORATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL
Cette entreprise de 100 salariés fabrique Le médecin du travail a déjà alerté sur le risque
des équipements électroménagers, secteur d’une augmentation de cas de TMS. L’entreprise
soumis à une forte concurrence des pays dits décide donc d’investir dans une nouvelle
émergents. Pour maintenir sa place sur ce ligne de montage pour répondre à un double
marché, elle externalise certaines activités objectif : réaffecter les salariés en restriction
à faible valeur ajoutée. Cette externalisation d’aptitude sur des postes adaptés, maintenir,
conduit à la suppression de postes occupés voire renforcer, sa position sur son marché.
par des salariés en restriction d’aptitude, que De plus, dans la mesure où des équipements
l’entreprise souhaite reclasser en interne. Elle vétustes et facteur de TMS doivent être
sait qu’elle devra compter avec ses salariés remplacés, l’entreprise souhaite plus largement
actuels, dont la moyenne d’âge tourne autour poursuivre un objectif d’amélioration des
de 44 ans, avec une ancienneté moyenne de conditions de travail et de prévention des
21 ans. risques professionnels.

4 DES RÉGULATIONS COLLECTIVES QUI CONTRIBUENT


À L’EFFICACITÉ DU SYSTÈME
Cette entreprise du secteur agroalimentaire - Une part importante de l’activité des opéra-
souhaite se doter d’un nouvel atelier de pré- trices, liée à la gestion des commandes, né-
paration de commandes intégrant des proces- cessite un travail de régulation pour traiter des
sus innovants et fortement automatisés. urgences, gagner du temps et faciliter le travail
Voici quelques exemples d’observations réa- des collègues. Dans la situation de travail futur,
lisées en amont du projet qui ont permis de le risque identifié est la perte d’efficacité des
l’enrichir grâce à des recommandations tech- préparations si les opératrices n’ont plus la pos-
niques mais aussi organisationnelles. sibilité d’agir sur la gestion des commandes.
- Les opérations de déconditionnement /con- Ces régulations, qui s’appuient sur les échanges
ditionnement sont sollicitantes pour les arti- et les ajustements dans l’équipe, contribuent à
culations (poids des barquettes, répétitivité, l’efficience du système de production.
accès difficile aux cartons). Plusieurs préconi- L’association des opérateurs au projet devient
sations sont retenues pour être intégrées à la l’occasion d’identifier de telles contraintes et
conception de la future ligne : la dimension et d’anticiper les risques (écarts de charge pro-
l’emplacement de la caisse d’approvisionne- bables liés au nouveau type d’approvisionne-
ment, le sens de rangement des barquettes, ment par caisse, approvisionnement des car-
l’emplacement des équipements qui tiennent tons vides...).
compte des zones de confort, l’accessibilité et
la modularité du poste.

DÉFINIR SON PROJE T INDUSTRIEL 9


5 L’INTRODUCTION D’UNE NOUVELLE MACHINE :
DES INCIDENCES SUR L’AMONT, L’AVAL ET SUR LA LOGISTIQUE
Une entreprise de 120 salariés, spécialisée sionnellement aider les salariés de la nouvelle
dans la fabrication et l’impression de films ligne, pénalisant par là même, la qualité des
plastiques pour packs d’eaux et de sodas, in- produits sur la ligne la plus ancienne… ;
vestit dans une nouvelle imprimante. Son ob- - les effectifs à la logistique sont insuffisants
jectif : accroître la production grâce à un débit pour approvisionner le poste d’entrée de ligne.
deux fois plus élevé. L’entreprise a prévu la Ceci conduit parfois à des arrêts-machine ou à
formation de salariés à la conduite de cette des prises de risques des salariés qui se dépla-
nouvelle machine. Plusieurs incidents se pro- cent beaucoup (et rapidement) dans l’atelier
duisent, révélant un périmètre d’impact plus afin d’aller chercher les matières premières ;
large que prévu : - le service qualité n’a pas construit, en collabo-
- compte tenu du débit de la machine, un im- ration avec les salariés, d’indicateurs propres à
primeur et un aide-imprimeur ne suffisent pas la nouvelle machine. Un client mécontent de la
au bon fonctionnement de l’outil, dans les cas qualité des produits a retourné la commande
de productions en petites séries. En effet, alors et menacé l’entreprise de lui retirer le marché.
que l’imprimeur conduit la machine et que La direction du site a sanctionné l’équipe. Face
l’aide-imprimeur évacue le rouleau imprimé, à ce qui est apparu comme une injustice pour
il manque souvent une personne pour alimen- le collectif de salariés dans l’atelier impres-
ter la machine. Afin d’éviter des arrêts coûteux sion, un mouvement social – grève d’un jour
ou des défauts de qualité, un des trois salariés – a eu lieu.
travaillant sur l’autre imprimante doit occa-

Cet exemple met en évidence la nécessité de Quand il est question de qualité, ce critère ne
repérer d’entrée, les zones d’impacts du projet concerne pas uniquement la technique (capa-
afin de prévoir les mesures d’accompagnement cité, robustesse, fiabilité). L’évaluation de la
organisationnel et humain : augmentation des qualité du projet doit également porter sur :
effectifs, polyvalence, formation, construction - l’organisation : sa cohérence avec le besoin
d’outil de mesure de la qualité, réorganisation de réactivité et d’autonomie des salariés ;
plus globale du process… Il ne s’agit pas d’un - la formation : adaptée sur le fond et sur la
détour par l’organisation, mais bien de consi- forme, permettant une appropriation des nou-
dérer que l’organisation fait partie du projet, velles installations ;
en tant qu’objectif et moyen. - la prise en main par l’exploitant (la produc-
Mettre en place des indicateurs tion et la maintenance) qui reçoit le projet :
prise en compte de la variabilité de la matière
La définition des objectifs du projet est assor- première et des produits, facilité de change-
tie de la mise en place d’indicateurs de suivi, ment de l’outillage.
pour s’y référer en permanence au cours de sa En conséquence, le temps de cycle du projet
réalisation. Qualité, coût et délai sont les critè- (le délai) ne s’arrête pas à la réception de la
res de gestion de projet généralement utilisés. machine après montage. Les indicateurs sui-
Un projet, compte tenu des différentes dimen- vants seront donc retenus :
sions qu’il comporte, ne peut pas être évalué - le délai de démarrage et de montée en ca-
sur les seuls critères de capacité de production dence ;
de la machine pour un produit standard, de dé-
- le délai de mise en production série.
lai de livraison et de respect du budget.

10
Les coûts tiendront compte des modifications a personnel) : ils doivent être informés et
posteriori sur le processus de production, (con- consultés ;
cernant les nouvelles installations, également - les fournisseurs et prestataires : consultés sur
les aménagements en amont et en aval), de la la base des cahiers des charges ;
non-qualité, du taux d’arrêt-machine, de l’ab- - des institutionnels : ils apportent un soutien
sentéisme et du remplacement des salariés de technique et/ou financier.
l’entreprise, de l’évolution des accidents et des
maladies professionnelles. Dans un projet, il est courant de distinguer
deux fonctions :
Établir de tels indicateurs dès le démarrage du - la fonction de maîtrise d’ouvrage qui aura la
projet conduit à : charge de l’exploitation du futur site, qui dé-
- un élargissement de la responsabilité du chef finit les objectifs du projet, décide d’investir,
de projet à la mise en production-série en pas- choisit le maître d’œuvre ;
sant par la mise au point des installations et la - la maîtrise d’œuvre qui a la responsabilité de
montée en cadence, tenant compte des condi- la conduite et de l’aboutissement du projet,
tions d’exploitation ; conformément aux objectifs fixés par la maî-
- un partage du projet : le projet n’est pas l’af- trise d’ouvrage.
faire du seul chef de projet ; il associera notam-
ment l’exploitant. Selon la taille de l’entreprise, l’équipe pro-
jet est plus ou moins étoffée, des rôles sont
Définir le rôle des acteurs parfois cumulés. Dans une entreprise d’une
Un projet ne peut être l’affaire d’une seule per- dizaine de salariés, le chef d’entreprise est
sonne. Tout projet, parce qu’il est complexe, également chef de projet. Dans une entreprise
nécessite l’intervention coordonnée de plu- de plus grande importance, le chef d’entre-
sieurs compétences. Les différents acteurs y prise confie la charge de chef de projet à un
contribuent par leur expertise et leurs connais- ingénieur. Le chef d’entreprise peut alors se
sances. Ils ont également des rôles distincts : centrer sur sa fonction de maîtrise d’ouvrage,
- le commanditaire : définit les objectifs du pro- voire constituer un collectif maîtrise d’ouvrage
jet, passe la commande, le finance, l’arbitre. Il en associant le responsable de la production, le
s’agit généralement du chef d’entreprise ; responsable des ressources humaines, le res-
ponsable financier. L’ingénieur chef de projet
- le chef de projet : chargé de l’analyse, de la
porte alors la fonction de maîtrise d’œuvre en
conception des solutions, de la planification,
interne et une fonction d’assistance à la maîtri-
de la coordination des actions, négocie la cons-
se d’ouvrage lors de consultations auprès des
titution de l’équipe-projet, la met en place et
fournisseurs et prestataires externes.
l’anime ;
- l’équipe-projet : ses membres sont des ex-
perts techniques ou représentent un groupe
d’acteurs ; il est important que soient présents
le responsable de production (ou chef d’ate-
lier), le responsable de la maintenance, le res-
ponsable financier, le responsable ressources
humaines ;
- les opérateurs futurs utilisateurs, directement
concernés par le projet ;
- les instances représentatives du personnel
(CE et CHSCT, ou à défaut les délégués du

DÉFINIR SON PROJE T INDUSTRIEL 11


2 MAÎTRISER LE CHANGEMENT

Si le premier critère de réussite d’un projet


d’investissement passe par la définition des
bureau d’études, médecin du travail, consul-
tants...) ?
objectifs, le deuxième repose sur la capacité
Les risques d’un pilotage inadapté
de l’entreprise à maîtriser une démarche de
conception qui soit pilotée, partagée et con- Comme le montrent les exemples ci-après, le
certée. Nous insisterons sur : manque de précision dans la définition des
- l’importance de la fonction de maîtrise responsabilités et des rôles, la nomination de
d’ouvrage assurée par la direction de l’entre- chefs de projet sans pouvoir de décision quant
prise (le directeur ou un comité de direction) ; aux objectifs ou moyens à mettre en place…
- la participation du personnel qui apporte une bref, l’absence de dispositif clairement établi
réelle valeur ajoutée au projet, mais dont l’ani- de pilotage présente des risques d’échec non
mation nécessite quelques précautions ; négligeables.
- la mise en œuvre d’une démarche de con-
Dans les deux exemples cités, c’est directe-
certation pour garantir la faisabilité sociale du
ment le directeur général qui joue le rôle de
projet.
responsable projet. Cette situation est fréquen-
Une démarche pilotée te, notamment dans les PME. L’absence de dé-
légation en interne, auprès des acteurs du site,
L’intérêt d’une démarche pilotée
peut présenter plusieurs risques :
La mise en place d’une démarche pilotée per- - le manque de disponibilité pour respecter les
met de garder le cap, de tenir les objectifs du étapes et délais du projet ;
projet. Il s’agit d’orienter l’expression des so- - l’unilatéralité du projet et des objectifs peu
lutions selon les besoins et la problématique partagés ;
de l’entreprise, de préciser les compétences - la difficulté à envisager le problème dans
nécessaires. Il s’agit également d’arbitrer les toutes ses dimensions, et à enrichir le projet
points de vue et intérêts parfois divergents de différents points de vue et compétences ;
pour aboutir à des compromis satisfaisants.
- l’appropriation trop personnelle du projet et,
L’entreprise en précise l’organisation en se po-
du coup, le déficit d’implication des autres ac-
sant les questions suivantes :
teurs de l’entreprise.
- Qui est le chef de projet ? Quel est son rôle ?
Est-il dégagé à temps plein sur le projet ? L’absence d’équipe-projet interne se traduit
- Quelle est la position du chef d’entreprise souvent par une délégation trop forte auprès
dans le projet ? Que signifie son rôle de maître de la maîtrise d’oeuvre ou du fournisseur
d’ouvrage ? À quelle délégation peut-il consen- d’équipement avec, là encore, les risques de :
tir et auprès de qui ? - perdre la main sur le projet (son contenu, les
- Quels dispositifs de pilotage mettre en place aspects délais et coûts) ;
(comité stratégique avec l’équipe de direction, - appliquer des solutions standard du fournis-
relation avec le groupe projet, organisation de seur plutôt que des solutions adaptées aux be-
la concertation et de la participation, définition soins des utilisateurs ;
de groupes de travail) ? - choisir des équipements principalement sur
- Quels acteurs impliquer dans le projet (en- des critères de fonctionnement et non pas sur
cadrement, instances représentatives du per- des critères liés à l’utilisation et encore moins
sonnel, opérateurs, maintenance, marketing, à l’usage.
12
6 DES RISQUES LIÉS À UN PILOTAGE INADAPTÉ

Cette entreprise du secteur agroalimentaire Dans cette autre entreprise du secteur pharma-
avait pour projet la mise en place de deux ma- ceutique, chargée de la répartition des médi-
chines d’encartonnage automatique. Tradition- caments auprès des pharmacies de son secteur
nellement, le responsable travaux neufs et le géographique, le choix est fait d’investir dans
directeur industriel sont chargés de piloter de un nouveau site de préparation de comman-
tels projets. Le départ en retraite non anticipé des pour répondre à la croissance de l’activité.
de ces deux personnes a conduit le directeur L’organisation du projet est simple. Le directeur
général à prendre la responsabilité du projet. du site est chargé localement de mettre en
Au final, il s’agit d’un projet piloté à distance, oeuvre les choix d’implantation et d’organi-
les choix d’implantations finales ont été faits sation définis par le groupe, dans une logique
avec le fournisseur sans prise en compte des de standardisation. Le nouveau système de
conditions réelles d’exploitation. Aujourd’hui, travail, pourtant attendu par les salariés, se ré-
deux fois plus de personnel que prévu travaille vèle être un espace de crispation et de tension
dans cet atelier pour gérer des dysfonctionne- s’accompagnant des premières déclarations de
ments dans des conditions insatisfaisantes. TMS et d’une dégradation du dialogue social.

Recommandations complexité du projet, du manque de disponi-


bilité des collaborateurs ;
Piloter la démarche suppose d’anticiper et de
définir clairement l’organisation du projet et le - la mise en exploitation, étape lors de laquel-
rôle des différents acteurs à travers : le le maître d’ouvrage va réceptionner la nou-
velle installation et évaluer l’atteinte ou non
Une fonction de maîtrise d’ouvrage des objectifs. Les marges de manoeuvre dont
La fonction de maîtrise d’ouvrage est repré- il dispose alors sont généralement celles qu’il
sentée par la direction ou l’équipe de direction a su poser lors de la définition du projet et de
qui définit et pilote les objectifs. Cela implique sa contractualisation.
que la direction de l’entreprise tienne un rôle La constitution d’une équipe-projet capa-
de client exigeant. Cela signifie qu’elle n’aura ble d’intégrer plusieurs dimensions
pas tendance à faire confiance les yeux fermés
au maître d’oeuvre ou au fournisseur, séduit L’enrichissement du projet passe par la prise
par son expertise technique. en compte des dimensions techniques, socia-
La maîtrise du projet passe par l’implication du les et organisationnelles. La structure-projet
chef d’entreprise comme maître d’ouvrage aux doit être capable de porter l’intégration de ces
trois étapes clés du projet que nous proposons trois dimensions dans le temps du projet. Elle
de résumer à : peut prendre la forme d’une équipe-projet au
sein de laquelle viennent se croiser plusieurs
- la définition des objectifs, avec une lecture
points de vue, plusieurs compétences, plu-
précise du problème et des besoins de l’en-
sieurs services.
treprise ;
Une attention particulière doit être accordée :
- la mise en oeuvre du projet avec le choix de
- au choix du chef de projet : ce n’est pas
la maîtrise d’oeuvre, la définition des missions
seulement l’expertise technique qui fait sa
qui lui seront confiées, le suivi de l’avancée
qualité, mais plutôt sa capacité à mener une
des études et les modalités de régulation. Les
approche globale, à animer une équipe
études de conception peuvent être conduites
pluridisciplinaire (faire émerger les problèmes,
en interne ou sous-traitées en raison de la

M AÎTRISER LE CHANGEMENT 13
gérer les conflits, arbitrer...) et à tenir les ob- - l’identification des dysfonctionnements ;
jectifs dans le temps ; - la mise à jour de savoir-faire, d’astuces à in-
- à la constitution de l’équipe : celle-ci doit por- tégrer à la conception du nouvel équipement
ter les différentes dimensions du projet. C’est et/ou à partager entre collègues ;
l’occasion de faire coopérer différents services - l’élargissement de la représentation du futur
(conception, fabrication, maintenance, achat, équipement non seulement sous l’angle de
ressources humaines, sécurité...). Lorsque ces son fonctionnement mais également de son
différentes fonctions ne sont pas représentées utilisation et de son usage ;
pour une raison de taille d’entreprise, la parti- - la construction d’un regard complémentaire à
cipation de l’atelier sera toutefois envisagée ; celui porté par le concepteur ;
- aux attributions de l’équipe : son autonomie - la prise en compte des dimensions organi-
(accès à l’information, négociation avec les sationnelles en complément des dimensions
fournisseurs, accès au terrain, implication des techniques.
utilisateurs...), son pouvoir (sa capacité à in-
La conduite partagée du changement
nover et à faire évoluer certains standards de
et l’appropriation du projet
l’entreprise) et les moyens (budgets, délais...)
Les changements liés à l’introduction d’une
qui lui sont accordés.
nouvelle ligne de production ou d’un nouvel
Une démarche partagée équipement s’accompagnent souvent d’une
modification des habitudes de travail ou de
Un projet n’est pas uniquement l’affaire de con- la remise en cause de certains savoir-faire ac-
cepteurs professionnels (ingénieur chef de pro- quis. Lorsque ces changements sont introduits
jet, bureau d’études). Parce qu’un projet d’in- brutalement, on rencontre parfois des compor-
vestissement se traduit par des changements tements de rejet par les salariés, voire même
(organisationnels, évolution des compétences par l’encadrement intermédiaire. Il s’ensuit
et des conditions de réalisation du travail), il assez rapidement l’expression d’idées reçues
est nécessaire de préparer la participation de telles que « la résistance au changement » qui
ceux qui vivront ces changements. toucherait principalement les salariés plus an-
L’intérêt d’une démarche partagée ciens. À y regarder de plus près, les salariés
ne résistent pas pour résister. Ils s’interrogent
La valeur ajoutée au projet : la remontée sur l’avenir, ils se demandent ce qu’ils ont à
de la réalité du travail gagner au changement qui se profile. La possi-
Une réflexion sur l’activité de travail et sur les bilité de mettre l’existant en discussion, de le
conditions de réalisation de celui-ci est néces- soumettre à la critique, de faire exprimer les
saire à l’enrichissement du projet ; les salariés attentes et les suggestions sont autant d’élé-
sont sans conteste ceux qui détiennent le savoir ments qui favorisent l’appropriation du projet
sur ce sujet. Leur participation doit s’envisager par les salariés.
aux différentes phases du projet (avant-pro- L’implication des salariés dans le projet permet
jet, cahier des charges, études de conception, alors de passer d’une démarche subie à une
réalisation, démarrage et mise au point). Elle démarche projective qui participe aussi de la
permet progressivement : formation des salariés.
- l’apport de connaissance sur le fonctionne-
Les risques d’une participation
ment réel du système de production, en tenant
improvisée
compte de la variabilité de la matière, de la
réaction du système de production à cette va- Si la participation apparaît comme un outil
riabilité et des ajustements que doivent opérer privilégié, les difficultés ne doivent pas être
les salariés ; sous-estimées.

14
EXEMPLES
7 APPORT POSSIBLE DE LA PARTICIPATION DES SALARIÉS

Cette entreprise du secteur agroalimentaire d’étude impliquant des opérateurs chargés de


veut réimplanter une ligne de conditionnement travailler sur :
de biscuits. L’analyse de la situation existante - la faisabilité de certaines solutions techni-
menée avec les opérateurs a permis d’iden- ques (notamment des stocks-tampons pour
tifier des difficultés renvoyant à des aspects faciliter la gestion des dysfonctionnements) ;
non seulement techniques, mais aussi organi- - l’évolution du schéma d’implantation ;
sationnels. Par exemple, l’absence de stocks- - les dysfonctionnements de la chaîne ;
tampons obligent les opérateurs à improviser - les modalités d’apprentissage.
dans l’urgence la constitution de stocks, dans La démarche engagée par cette entreprise a,
un espace inadapt,é avec des risques d’acci- au final, permis d’aboutir à des choix de con-
dent et de lombalgies. ception et d’organisation se traduisant par des
Elle a été prolongée lors de la phase de con- gains de productivité, de qualité et une nette
ception à travers la constitution de groupes amélioration des conditions de travail.

8 ILLUSTRATION DES DIFFICULTÉS DE LA PARTICIPATION

Dans ce projet de conception d’un poste de ment l’interdiction de communiquer entre eux
travail mécanique, l’objectif est d’améliorer dans l’atelier ;
les conditions de travail des opératrices qui - l’impossibilité, parfois, de sortir les person-
se trouvent sur des lignes de fabrication de nes de la production. Les groupes de travail
produits d’ameublement. Une intervention est fonctionnent le samedi matin… les négocia-
initiée par le CHSCT et ayant pour toile de fond tions sur les modalités de rémunération, de
les TMS. récupération ne sont pas aisées ;
Le projet associe différents acteurs : des repré- - le nombre limité de personnes qui partici-
sentants de l’exploitation, des acteurs internes pent au projet : 200 salariés concernés par le
ou externes de la santé et de la sécurité au projet, 5 seulement impliqués dans les grou-
travail et, bien entendu, des concepteurs pro- pes de travail ;
fessionnels. - la gestion de la confidentialité: que faire
Des difficultés de plusieurs ordres et de diffé- d’une information concernant un hypothétique
rents niveaux sont rencontrées : projet de délocalisation ?;
- le « choix » des participants avec absence - les difficultés face à des prises de position de
de critères préétablis. Les opératrices ont été principe: pas de participation à l’amélioration
choisies par l’encadrement de proximité sur de la productivité ;
des critères évidemment subjectifs ; - la maîtrise du temps d’intervention : modifi-
- la difficulté pour certains participants de s’ex- cations dans la constitution des groupes ou des
primer. Les salariés subissaient très fréquem- décideurs, vie privée, contexte économique.

M AÎTRISER
M AÎTRISER
LE CHANGEMENT 15 15
LE CHANGEMENT
Mettre en place la participation exige d’être L’animation d’une telle démarche par un
vigilant sur plusieurs points : intervenant extérieur est souvent indispensa-
- l’apparente simplicité de réunir des person- ble : au-delà des problèmes de disponibilité
nes et de les faire s’exprimer et le risque de que pose inévitablement la mise en oeuvre in-
passer à côté du problème ; terne, le recours à un conseil extérieur permet
- l’animation et la gestion de groupe nécessi- un apport de méthodes. D’autre part, il facilite
tent une réelle compétence afin d’atteindre les la prise de recul, la confrontation constructive
objectifs des séances et du projet ; des points de vue et la mise en perspective
- le risque d’une participation révélatrice d’un indispensable.
grand nombre de besoins et d’exigences ; La mise en place et l’animation d’un processus
- la faisabilité des besoins exprimés par les participatif nécessitent préparation, négocia-
participants ; tion, définition d’un ensemble les règles de
- le risque de devenir un espace de revendi- fonctionnement des groupes, règles à établir
cations ; avec les opérateurs et avec la hiérarchie.
- un sentiment d’inutilité et de perte de temps La préparation du processus participatif s’ap-
de la part des participants ; puie sur la définition d’une cible partagée issue
- la mise en marge de l’individu ou du collectif d’une analyse préalable de l’existant, la mise
de base ; en place d’un référentiel commun (langage,
formation…), permettant de construire une
- une responsabilité trop lourde parfois donnée
même approche de l’analyse de situations de
aux participants ;
travail.
- le risque d’une frustration des participants
quel que soit le résultat (voir que ce qui reste à Préparer le terrain permet d’éviter malenten-
faire et non pas ce qui a été fait). dus et conflits et notamment que les cadres
n’aient pas le sentiment d’être remis en cause,
La notion de « participation » dans une entre- que les salariés comprennent et adhèrent, que
prise où les salariés n’ont pas la possibilité ni le les syndicats ne se sentent pas court-circuités.
temps ni le droit de communiquer, où l’exigen- La participation est tributaire de la « prépara-
ce de rendement est telle qu’ils ne participent tion » qui aura été faite. Elle dépend en grande
pas au travail mais le subissent, devient un partie de la construction sociale qui l’aura ini-
véritable paradoxe. Il est illusoire d’envisager, tiée (par exemple, la définition claire des règles
dans ces conditions, une quelconque participa- du jeu avec les participants et les décideurs).
tion de leur part à la vie de l’entreprise...
Une démarche concertée
Les recommandations
Pour tout projet de transformation des situa-
La participation des groupes de travail néces-
tions de travail à l’occasion d’investissement,
site une réflexion sur son opportunité, mais
la consultation du CE et du CHSCT (ou à défaut
également sur les moyens à mettre en oeuvre
les DP) est une obligation légale.
pour que les participants puissent apporter
leur concours sans générer de frustration. Le CE est informé et consulté sur l’introduction
Le recours à la participation ne peut s’apparen- de nouvelles technologies, lorsque celles-ci
ter à une simple présentation/explication des sont susceptibles d’avoir des conséquences sur
choix sur lesquels plus personne ne peut plus l’emploi, la qualification, la rémunération, la
agir. Un groupe de travail a besoin de dispo- formation ou les conditions de travail du per-
ser d’un certain nombre d’outils et de marges sonnel (Code du travail, art L 432-2). Dans les
de manœuvre pour passer de la position de entreprises d’au moins trois cents salariés, le
source d’information à la position de ressource CE peut recourir à un expert en technologie.
pour la conception.
16
Le CHSCT est obligatoirement consulté et émet - l’implication de partenaires extérieurs (mé-
un avis sur toute décision d’aménagement im- decin du travail, organismes de prévention,
portant, modifiant les conditions d’hygiène et organismes de formation...).
de sécurité ou les conditions de travail.
Ensuite, considérant les attentes exprimées
Le CHSCT a le droit de faire appel à un expert : lors de ces consultations et tenant compte de
- en cas de constatation dans l’établissement la faisabilité technique et économique, des
d’un risque grave révélé ou non par un acci- compromis seront recherchés. Les décisions de
dent du travail ou une maladie à caractère la direction de l’entreprise seront alors présen-
professionnel ; tées et explicitées auprès des instances.
- en cas de projet important modifiant les con- L’implication des institutions représentatives du
ditions d’hygiène et de sécurité ou les condi- personnel est l’occasion d’améliorer la qualité
tions de travail ; du dialogue social dans l’entreprise. En effet,
- à l’occasion d’un projet important d’introduc- l’opportunité du projet permet d’évoluer d’une
tion de nouvelles technologies. logique de « revendication » pour la mise en
L’intérêt d’une démarche concertée place de mesures correctives, généralement
coûteuses tant pour les salariés que pour l’en-
L’implication des instances légales de repré- treprise, à une logique de « contribution » pour
sentation (CHSCT, CE) à l’occasion d’un projet la mise en place d’actions préventives.
d’investissement présente un réel intérêt qu’il
ne s’agit pas de minimiser. Enfin, c’est faire le choix d’une logique « ga-
gnant-gagnant » où les attentes des salariés
Tout d’abord, la consultation des instances pourront être exprimées permettant ainsi de
constitue l’occasion : repérer et de construire l’acceptabilité sociale
- de considérer les attentes du personnel en ce du projet.
qui concerne l’amélioration des conditions de
Les risques de sous-estimer
réalisation du travail, l’évolution des compé-
l’apport des IRP
tences, la formation ;
- d’analyser, en concertation avec ces ins- Le rôle des élus dans l’entreprise est souvent
tances (le CHSCT en l’occurrence), les risques considéré comme un point délicat. En effet, du
professionnels et les facteurs de risques sur point de vue de la direction, il y a souvent la
lesquels il est possible d’agir dans le cadre du crainte d’une complexification et d’un ralentis-
projet dans le but de mener des actions de sement du projet. Du point de vue des parte-
prévention ; naires sociaux s’exprime souvent un sentiment
- de questionner la faisabilité du projet sur le de frustration à ne pas être acteur du projet,
plan social, la faisabilité d’options techniques mais seulement informé lorsque tout est bou-
et organisationnelles au regard des conditions clé.
de travail.
Sous-estimer l’apport des IRP, les informer tar-
Lorsque cette consultation est réalisée en divement, maintenir le flou sur les priorités et
amont du projet, les instances peuvent jouer le sur les évolutions en ce qui concerne les con-
rôle de ressource, intervenir dans l’instruction ditions de travail peut conduire, assez rapide-
des choix sur des sujets précis : ment, à une dégradation du dialogue social.
- le plan de formation pour les nouvelles com-
pétences requises ;
- la prise en compte des questions de santé et
sécurité au travail ;

M AÎTRISER LE CHANGEMENT 17
9 SOUS-ESTIMER L’APPORT DES IRP : LES CONSÉQUENCES POSSIBLES

Le cas de cette entreprise est assez représenta- aussi, limitées. Pris au dépourvu et ne dispo-
tif des relations difficiles avec les IRP et de ses sant pas de tous les moyens pour interroger
conséquences. le projet (information, historique, support, avis
L’association des représentants du personnel d’expert...), seules de simples questions tech-
en amont du projet est perçue comme inutile niques sont posées maladroitement.
par la direction. Les études de faisabilité sont L’incompétence des partenaires sociaux est
réalisées par un nombre restreint de personnes alors retenue par la direction industrielle
(méthodes, bureau d’études), dans le secret et pour justifier de la non-pertinence de leur im-
centrées essentiellement sur la volonté politi- plication.
que du groupe et la faisabilité technico-écono- L’inadaptation des équipements est soulignée
mique de l’investissement. par les partenaires sociaux pour faire l’objet de
L’implication des salariés intervient lorsque revendication.
les décisions sont déjà prises et cantonnées Cette dégradation du dialogue social se traduit
aux champs d’intervention (sécurité). Celle-ci alors en boucle par une dégradation des mo-
a lieu dans le cadre du CHSCT, présidé par le dalités de conduite de projet et un déficit de
DRH, dont les coopérations avec les fonctions prise en compte des conditions de travail.
industrielles en charge des projets restent, là

Poser et traiter très en amont les questions en groupes de travail pour faire valoir le point de
lien avec l’emploi, les effectifs, l’organisation, vue du travail des salariés.
la santé et la sécurité, présente un réel intérêt Selon la complexité du projet, il peut être sou-
pour la réussite du projet. Il apparaîtrait légiti- haitable d’impliquer les partenaires sociaux
me que celles-ci puissent être discutées, négo- dans le cadre d’une structure ad hoc où :
ciées avec les représentants des salariés dans - l’information directe par le responsable de
le but d’enrichir les objectifs et de favoriser la projet pourra se faire ;
construction des enjeux communs. À vouloir - leur consultation sera possible en amont ;
éviter ces débats, le risque est fort d’en faire
- les objectifs, puis l’avancement du projet se-
une occasion de conflit.
ront présentés ;
Recommandations - leur implication sera planifiée en fonction des
La participation des IRP passe par une cons- différentes étapes du projet.
truction sociale et une structuration rigoureuse Il convient de distinguer démarche concertée
du projet. Cette participation suppose une pré- et démarche participative, de différencier le
paration des représentants des salariés et une statut d’opérateur et celui de son représentant
relative transparence et confiance entre les élu.
acteurs. Ce qui est attendu d’un opérateur dans le cadre
Évitant de rester dans une démarche d’informa- d’une démarche participative est l’expertise
tion descendante, il s’agit plutôt de leur donner d’une situation de travail et l’expression d’un
une place dans les projets et les moyens d’y point de vue personnel sur cette situation. C’est
contribuer. Ils peuvent intervenir par la négo- la confrontation de ce point de vue avec celui
ciation et la concertation grâce à leur implica- d’autres acteurs (opérateurs, encadrement,
tion dans un groupe de suivi de projet. Au ni- concepteur) qui va permettre l’enrichissement
veau opérationnel, ils peuvent participer à des du projet.

18
Il n’est pas attendu d’un représentant des sa- salariés...) qu’un rôle opérationnel. Ils ne sont
lariés d’être expert du travail de chacun. Il se pas dans l’action (analyse de l’existant, recher-
fait le porte-parole d’un collectif pour exprimer che de solutions), mais dans la négociation des
les attentes des salariés sur les conditions de modalités d’action (définition d’objectifs en
travail et l’organisation. Dans ce contexte, les termes de condition de travail, démarche de
représentants des salariés jouent davantage conduite de projet ouverte aux salariés...).
un rôle politique (questionnement des enjeux
sociaux du projet, mise en place de démarche
partagée, prise en compte des attentes des

P R É S E N TAT I O N G É N É R A L E D E L A D É M A R C H E D E
P R O J E T P I LOT É E , PA R TAG É E , CO N C E R T É E

Directeur d’entreprise Maîtrise


(ou comité de direction) d ’o u v r a g e Décision

Information,
concertation

CE , CHSCT Objectifs
(à d éfau t : DP ) décision,
O pt i o n s d e arbitrage
co n ce p t i o n
Repor ting

Consultation Élaboration
Équipe pro jet de
co m p ro m i s
Fourniss eurs

Organis ation de Maîtrise


la participation d ’œ u v re

Prestataires

Groupe de
travail Instruction
des choix

M AÎTRISER LE CHANGEMENT 19
3 STRUCTURER LA DÉMARCHE :
LES ÉTAPES DU PROJET ET LES
PRINCIPAUX POINTS DE VIGILANCE
Les professionnels du management de projet L’incertitude, concernant la situation future et
mettent l’accent sur la structuration du pro- touchant les différentes activités et par con-
cessus de conception et le soulignent dans séquent la situation des salariés, est forte au
une norme. «Le projet se définit comme une début du projet. Cependant, prévoir, dès les
démarche spécifique, qui permet de structurer premières étapes, les changements organi-
méthodiquement et progressivement une réa- sationnels tout en précisant ce qui doit être
lité à venir». (norme Afnor X50-105) amélioré sur le plan des conditions de travail,
va donner une orientation technique et sociale
Le projet est une démarche spécifique qui ne
au projet, lever ou diminuer les craintes du
se confond pas avec les activités fonctionnel-
personnel et faciliter l’appropriation et donc le
les. Il tend vers un but et est orienté vers une
démarrage des nouvelles installations par le
nouvelle configuration de l’entreprise (nou-
personnel.
veaux équipements, évolution de l’organisa-
tion et des compétences). Par opposition, les Il s’agit d’aider l’entreprise à dépasser l’appro-
activités fonctionnelles cherchent à stabiliser che fonctionnelle et technique pour appréhen-
les processus de l’entreprise. Borné dans le der une démarche «utilisation» des machines
temps, le projet nécessite une organisation en et équipements de production. Il s’agit donc de
étapes et jalons pour définir progressivement structurer le projet dans la perspective d’avoir
la réalité à venir. Il va modifier, plus ou moins une représentation de l’entreprise future avec
profondément, les activités de l’entreprise, leur ses différentes dimensions : technique, organi-
organisation, les conditions de leur réalisation, sationnelle, humaine et sociale.
autant d’évolutions à anticiper aux différentes
étapes.

P R O J E T D E T R A N S F O R M AT I O N D E L’E N T R E P R I S E

St r a t é g i e
P e r f o r m a n ce
Satisfaction
Projet du client
Objectifs de transformation Coût, qualité
initiaux
du projet

L’E N T R E P R I S E

Te c h n i q u e O rg a n i s a t i o n
Santé
Evolutions
Humain et social professionnelles
Re co n n a i s s a n ce
E n v i ro n n e m e n t : m a rc h é , co n c u r re n ce,
ré g l e m e n t a t i o n , b a s s i n d ’e m p l o i

20
Après avoir défini les objectifs du projet, l’en- - l’avant-projet avec les études d’opportunité
treprise s’organise, constituant une équipe- et de faisabilité ;
projet avec un responsable de projet et divers - les études de conception avec les études de
contributeurs. Elle précise les échéances, struc- base et les études de détail ;
ture le projet en étapes et jalons. Il convient, - la réalisation ou le chantier ;
pour chacune des étapes, de préciser les ac- - le démarrage et la mise au point.
tions, les acteurs qui y contribuent, la durée
prévisionnelle. À l’issue de chaque étape, les Ces étapes ne sont pas organisées de façon
résultats font l’objet d’un dossier qui donne séquentielle ; elles se chevauchent. En effet,
lieu à un jalon. À chaque jalon, les résultats ob- l’avant-projet ne peut être exhaustif. Lors des
tenus et les moyens employés sont examinés études de conception, des analyses complé-
au regard des objectifs fixés. mentaires sur le système de production exis-
tant, des études de faisabilité s’avèrent le plus
Le projet est généralement structuré autour souvent nécessaires.
des étapes suivantes :

D É R O U L E M E N T D U P R O J E T : D E S É TA P E S Q U I S E C H E VA U C H E N T

Av a n t- p r o j e t

Ét u d e s d e co n ce p t i o n

Réalisation

Démarrage et mise au point

Ci-après, pour chacune des étapes du projet, - renseigne sur les objectifs et principes ;
des repères et recommandations sont propo- - indique des risques ;
sés afin d’anticiper et gérer les changements - propose des recommandations ;
qui interviendront dans l’entreprise dans le ca- - mentionne les acteurs principaux et leurs
dre d’une démarche structurée. rôles respectifs ;
À chaque étape, ou moment clé du projet, cor- - renvoie à des outils pratiques.
respond une fiche qui :

STRUC TURER L A DÉM ARCHE : LE S É TAPE S DU PROJE T E T LE S PRINCIPAUX POINTS DE VIGIL ANCE 21
L’AVANT-PROJET : ÉTUDES D’OPPORTUNITÉ ET DE FAISABILITÉ
Objectif d’opportunité et de faisabilité, il sollicite le
Fiche projet 1

L’objet de cette étape est de clarifier les ob- personnel de production et de maintenance, le
jectifs, les besoins auxquels doit répondre le responsable du personnel…
projet. Il s’agit d’en évaluer l’opportunité et la Afin d’approfondir l’analyse de l’existant et
faisabilité. les exigences réglementaires, les possibilités
L’opportunité : d’appui technique, le chef d’entreprise pourra
recourir à des institutionnels (Drire, Cram, Con-
Avant le lancement du projet, il convient, au
seil régional), au service de santé au travail, à
préalable, de :
des consultants spécialistes dans le domaine
poser le problème initial : Quelle est la situa- du travail (ergonomes par exemple)…
tion actuelle ? Quels sont le(s) problème(s) à
Risques
résoudre ?
Risque de difficultés de mise en exploitation,
clarifier les enjeux et les objectifs du projet :
d’atteinte à la santé des salariés, de conflit so-
Quels sont les objectifs à atteindre ?
cial au terme du projet si le projet part de cons-
d’anticiper les «impacts» : Quelles consé- tats généraux et si les objectifs du projet sont
quences en termes de positionnement sur le définis uniquement en termes de productivité,
marché ? Quelles évolutions de l’organisation de qualité.
interne de l’entreprise, des relations avec les
Risque d’inadéquation entre la solution tech-
partenaires ? Quelles incidences sur les em-
nique et les caractéristiques des produits (leur
plois, les compétences, la santé et la sécurité
variabilité) et de l’entreprise (ses différentes
des salariés ?
dimensions), si à cette étape :
La faisabilité : - l’analyse est faite sur le plan technico-écono-
Une fois les objectifs du projet clairement défi- mique par le responsable d’entreprise seul ;
nis, il s’agit de préciser les moyens pour les at- - le projet va trop rapidement à la solution
teindre, d’explorer les solutions envisageables technique, avec une délégation trop forte aux
et pertinentes au problème posé. fournisseurs ;
Quels moyens mobiliser pour atteindre les ob- - l’analyse reste sur un plan fonctionnel
jectifs ? Quelles sont les solutions envisagea- oubliant l’utilisation par les personnels (pro-
bles et pertinentes pour répondre au problème duction, entretien).
posé ? Nos recommandations
Les résultats de l’avant-projet permettent au Détailler et élargir les objectifs à la gestion
commanditaire de donner une priorité à ce prévisionnelle des emplois et compétences, à
projet, de décider de le lancer et d’engager des l’amélioration des conditions de réalisation du
ressources travail et des conditions d’exploitation.
Acteurs impliqués Analyser l’existant : la variabilité des produits,
L’avant-projet est réalisé par les acteurs inter- de la matière première et des modes opératoi-
nes à l’entreprise. Si des fournisseurs potentiels res correspondants, les dysfonctionnements et
sont consultés, c’est dans le but d’explorer des aléas liés notamment à cette variabilité avec
solutions possibles, d’en évaluer l’adéquation pour objectif de trouver des solutions dans la
par rapport au besoin de l’entreprise, d’en es- situation future.
timer le coût et de constituer le dossier d’in- Préciser ce qui doit évoluer : les réglages
vestissement. difficiles et dysfonctionnements pour telle
Le projet n’est pas uniquement l’affaire du res- gamme de produit, les dangers que l’on veut
ponsable de l’entreprise et/ou de l’ingénieur supprimer, les risques d’atteinte à la santé et à
nommé responsable de projet. Pour les études la sécurité des salariés que l’on veut prévenir.
22
22
Analyser l’organisation existante, préciser les Des outils (proposés ci-après dans la
évolutions souhaitables, définir une cible orga- quatrième partie du guide)
nisationnelle et pas seulement les moyens et Le guide de réflexion pour les études d’oppor-
processus techniques de production. tunité et de faisabilité ;
Mettre en place une démarche de projet qui La fiche-projet comme support d’information
prévoit l’information/concertation avec les IRP, sur le projet ;
la participation du personnel.
Le plan directeur du projet.

Exemples
• De difficultés qui pourraient être évitées
Dans cet atelier de conditionnement d’une entreprise agroalimentaire, la nouvelle ligne
atteint les objectifs de performance pour la gamme de produit standard. Par contre, lors-
qu’il s’agit d’un produit plus fragile, de fréquents incidents interviennent et se traduisent
parfois par 60 % de temps d’arrêt pour une équipe. Les opérateurs font des tentatives
pour résoudre le problème, procèdent à des réglages. Pour ce faire, ils adoptent des pos-
tures inconfortables, voire dangereuses. L’atteinte et le démontage de l’outillage est long
et difficile du fait des caractéristiques des machines.
• De projets intégrant la réflexion sur le travail et ses conditions de réalisation
Pour son projet d’implantation d’une nouvelle machine de conditionnement, cette autre
société agroalimentaire a poursuivi un objectif prioritaire, celui de la prévention des ris-
ques de troubles musculo-squelettiques (TMS). Après analyse des facteurs de risques, des
choix techniques ont été opérés afin de réduire les sollicitations physiques des membres
supérieurs.

STRUC
STRUCTURER
TURER LLAA DÉM
DÉMARCHE
ARCHE :: LE
LESS ÉÉTAPE
TAPESS DU
DU PROJE
PROJETT EETT LE
LESS PRINCIPAUX
PRINCIPAUX POINTS
POINTS DE
DE VIGIL ANCE 23
VIGILANCE 23
L’ÉLABORATION DES CAHIERS DES CHARGES
Objectif L’absence d’exigence sur les caractéristiques
Fiche projet 2

L’élaboration des cahiers des charges permet du poste opérateur, des systèmes de contrôle
de préciser aux fournisseurs les besoins et et de commande, sur la facilité d’atteinte de
les contraintes du projet de l’entreprise, éga- l’outillage et points de réglage peut rendre dif-
lement les relations entreprise/fournisseur ficile la mise en exploitation et aboutir à des
pendant les études de conception et lors de la situations de travail pénibles.
réception des installations. Une analyse fonc- La complète délégation de la réalisation des
tionnelle du futur système de production et études au fournisseur et la découverte des ins-
une analyse des difficultés d’exploitation dans tallations lors de la livraison peut aboutir au
la situation existante auront préalablement constat de moyens techniques peu adaptés
permis de préciser les contraintes et exigences aux besoins de l’entreprise et aux exigences
de l’entreprise. de production.
Le cahier des charges ne peut être exhaustif Cahier des charges trop précis sur le plan tech-
quant à la définition du besoin de l’entreprise. nique qui limite l’exploration des solutions
L’énoncé initial du besoin ou de la probléma- possibles et qui empêche la construction col-
tique de l’entreprise tient lieu d’informations lective (avec le fournisseur) de la solution la
mises à la disposition des concepteurs (pres- plus adaptée.
tataires ou fournisseurs) et donne naissance Nos recommandations
à une ébauche de solution. Cette ébauche de
Ne pas aller trop rapidement à LA solution
solution va à son tour permettre de préciser
mais réaliser en interne l’analyse, l’explora-
davantage les besoins de l’entreprise au re-
tion et l’étude comparative DES solutions pro-
gard des orientations de la solution. La solution
posées par des fournisseurs potentiels sur la
adaptée est donc construite entre l’entreprise
base de différents critères (coût, adaptation
(qui précise ses attentes, valide les options) et
aux produits et à leurs évolutions, accessibilité
le fournisseur (qui détaille, ajuste, adapte au
des consommables et des commandes pour
cours des études de conception).
les opérateurs, facilité de réglage, possibilité
Acteurs impliqués de travail en partenariat avec le fournisseur).
Le chef de projet élabore le cahier des char- Cette démarche permet de définir, à partir de
ges après analyse partagée de l’existant et l’analyse des besoins de l’entreprise d’une
des solutions possibles avec les membres de part, et de l’étude des options techniques dis-
l’équipe-projet. Il prévoit, au cours de la con- ponibles d’autre part, la solution la plus adap-
ception des futurs équipements, des points de tée à l’entreprise.
rendez-vous avec le fournisseur, organise des Avant contractualisation, prévoir un ou des
simulations de l’activité future sur la base de point(s) de rendez-vous avec les prestataires
plan et/ou maquette de l’installation. ou fournisseurs pour :
Risques - Analyser les orientations possibles, les solu-
Des spécifications fonctionnelles trop sommai- tions proposées,
res, une présentation des produits insuffisam- - Etudier les interfaces de ces solutions techni-
ment détaillée (variabilité, fragilité, évolutions ques proposées avec l’environnement de l’en-
possibles), l’impasse sur les caractéristiques de treprise (amont, aval, énergies, informatique)
l’environnement des installations à concevoir,
Prévoir d’inscrire, dans le cahier des charges,
notamment les contraintes amont/aval, ris-
l’organisation de points de rendez-vous aux
quent de laisser le fournisseur faire des choix
étapes clés de la conception (fin des études de
qui s’avèreront inadaptés aux exigences de
bases et en cours d’études de détail) pour :
production de l’entreprise.

24
24
- valider les options techniques, les plans ; opérateurs sur le plan d’implantation du futur
- organiser des séances de simulation sur plan système de production, les exigences de visibi-
et/ou maquettes, lité et d’accessibilité des dispositifs de conduite
et de commande, les exigences d’accessibilité
- orienter les spécifications techniques compte
des pièces d’usure.
tenu des résultats de ces simulations.
Des outils
Préciser, sur la base des simulations, les
exigences des caractéristiques des interfaces Grille d’analyse des solutions techniques
opérateurs (dispositifs de contrôle et de com- proposées ;
mande, informations sur écran), la localisation Plans et/ou maquettes pour simulations.
de ces dispositifs de commandes et interfaces

Exemples
• Dans le cadre de son projet de nouvelle ligne d’embouteillage, le directeur de cette en-
treprise de treize salariés, qui est également le responsable du projet, a tenu compte des
difficultés de transfert et de mise en place des pièces et outillages nécessaires à chaque
changement de série pour orienter ses choix vers une configuration de processus en U
qui intègre le magasin d’outillage dans sa zone centrale. Les contraintes d’alimentation
en consommables (alimentation fréquente et en hauteur des bouchons par exemple) l’a
incité a intégrer des girafes pour une élévation automatique des consommables, laissant
ainsi plus de place à l’activité de supervision du processus et à l’organisation du program-
me de production. Le conducteur de la ligne, associé dès le départ au projet, a orienté les
choix sur les options techniques selon son expérience d’exploitation de la ligne.
• À la suite d’expériences antérieures, où la mise en œuvre de nouveaux équipements ne
s’était pas faite dans des conditions de sécurité et/ou avec des incidences fortes sur les
conditions de travail, cette autre entreprise du secteur industriel prévoit systématique-
ment de réaliser une simulation de l’activité sur la base d’une maquette en bois et carton.
La maquette à l’échelle 1 détaille les zones d’intervention et de contrôle de l’opérateur
avant de passer commande.

STRUC
STRUCTURER
TURER LLAA DÉM
DÉMARCHE
ARCHE :: LE
LESS ÉÉTAPE
TAPESS DU
DU PROJE
PROJETT EETT LE
LESS PRINCIPAUX
PRINCIPAUX POINTS
POINTS DE
DE VIGIL ANCE 25
VIGILANCE 25
LES ÉTUDES DE CONCEPTION
Objectif Effectuer des simulations sur la base de plans
Fiche projet 3

Les études de conception consistent en une et/ou maquettes. Objectifs : matérialiser le


définition plus fine de la solution retenue. choix technique, analyser les conditions de
Elles sont réalisées par une équipe d’ingénieurs conduite, de réglage et de maintenance de
et de techniciens du fournisseur et s’appuient l’installation, vérifier les zones d’atteinte pour
sur le cahier des charges et sur des décisions l’opérateur, s’assurer que les moyens de com-
prises à l’occasion des points de rendez-vous mandes sont adaptés. La simulation est une
avec le fournisseur. Même si le cahier des étape dans l’appropriation de la future instal-
charges présente les exigences de l’entreprise lation par les opérateurs, à condition toutefois
cliente, les ingénieurs et techniciens prennent qu’il y ait eu une présentation préalable.
quotidiennement des décisions qui détermi- Prévoir le suivi de l’installation et du démar-
nent la configuration et les caractéristiques du rage (la mise au point est inévitable) et prévoir
futur système de production. une montée en cadence progressive.
Acteurs impliqués Réaliser une évaluation du projet.
Le chef de projet organise le partenariat avec le Des outils
fournisseur, rend compte des options techniques Dossier de conception ;
auprès du commanditaire, organise les séances Tableau de bord de suivi de projet ;
de simulation avec les opérateurs, informe l’en- Plans, maquettes.
cadrement et les salariés sur le projet.
Risques Exemples
La délégation complète de la conception au • Les visites de situations de référence par le
fournisseur risque d’aboutir au constat d’une chef d’entreprise (également chef de projet)
inadéquation entre la solution technique conçue de cette société agroalimentaire de treize sa-
et les exigences de production, au constat de lariés avec le conducteur de ligne d’embou-
conditions de réalisation du travail dégradées. teillage ont permis des échanges avec les res-
ponsables et opérateurs de production et de
Des ajustements, voire des modifications impor-
maintenance quant aux difficultés rencontrées.
tantes, peuvent avoir lieu a posteriori si l’instal-
Ces visites ont ensuite orienté les choix sur les
lation industrielle n’est pas adaptée à la fabrica-
options techniques et sur l’implantation de la
tion de certaines gammes de produits ou si les
future ligne, et facilité une appropriation des
conditions de sécurité ne sont pas remplies.
équipements par le conducteur de ligne asso-
Une intégration difficile des différents équi- cié au projet.
pements par manque de suivi de chacun des
• Pour cette entreprise industrielle, avant
sous-projets et de la cohérence d’ensemble, par
d’opérer les choix techniques et de lancer la
manque de pilotage de la part de la maîtrise
commande des installations, l’activité est si-
d’ouvrage.
mulée avec des opérateurs dans les conditions
Nos recommandations de cadence prévue dans la situation cible sur la
Visiter des situations de référence proposées base d’une maquette. Cette maquette repré-
par les fournisseurs (situations se rapprochant sente le poste opérateur, les moyens d’appro-
de la situation future de l’entreprise avec des visionnement en produits et consommables
installations équivalentes) pour orienter les et les différents outillages à changer lors des
choix techniques et formuler de nouvelles exi- changements de série. Après analyse de la si-
gences. tuation de simulation, notamment au regard
Organiser des points de rendez-vous avec les des risques d’atteinte à la santé, à la sécurité
fournisseurs pour valider les choix techniques et aux conditions de travail, les spécifications
et les plans. Cela permet de vérifier la compa- techniques sont revues, ajustées et détaillées.
tibilité entre la solution technique proposée et
26
26 le besoin de l’entreprise.
LE DÉMARRAGE, LA MISE AU POINT
Objectif Penser l’implantation des équipements bien
Fiche projet 4

Après la réalisation, qui est généralement du avant la réception : les opérateurs ont-ils la
ressort des fournisseurs, la mise en exploita- place pour réaliser l’activité de conduite ?
tion n’est pas immédiate, surtout dans le cas L’acheminement de la matière première, des
de la modernisation d’un site de fabrication outillages, des produits avec les moyens de
avec différents moyens techniques et informa- manutention nécessaires ?
tiques. Vérifier que l’entreprise dispose des moyens
et ressources nécessaires pour à la fois : con-
Les moyens installés sont testés selon des pro-
tinuer à produire, mettre en place les forma-
cédures de recettes définies dans les cahiers
tions, gérer et organiser la réception, la mise
des charges. La réception sécurité permet de
au point et la montée en cadence.
s’assurer que l’installation ne présente pas de
risque d’atteinte à la santé du personnel. Des outils
Acteurs impliqués Outil de suivi et d’évaluation.
L’exploitant avec le soutien du chef de pro- Exemples
jet qui a la responsabilité du projet jusqu’à la
• À la suite d’un projet de modernisation et de
montée en cadence et la mise en série.
déménagement de son activité de préparation
Risques des commandes, conduit sans participation des
Des difficultés peuvent intervenir au démar- salariés, un conflit social est intervenu dans
rage si les contraintes d’exploitation, et plus cette entreprise du secteur de la logistique.
globalement les activités de production et de Avec l’appui d’un conseil extérieur, une démar-
maintenance, n’ont pas été anticipées, si le che a ensuite été engagée pour renouer le dia-
personnel n’a pas été préparé et formé conve- logue social, pour procéder à des ajustements
nablement à la conduite et à l’intervention sur techniques, organisationnels et managériaux.
défauts récurrents. • Dans cette entreprise du secteur agroali-
Des modifications peuvent s’avérer nécessaires mentaire, le projet de mise en place de ma-
a posteriori si les caractéristiques et la varia- chine automatique d’encartonnage est piloté
bilité des produits n’ont pas été suffisamment à distance sans analyse préalable des condi-
analysées, si la sécurité n’a pas été intégrée tions d’exploitation. Des problèmes de retard
en amont en tenant compte des activités de au démarrage et de fiabilité surviennent. Les
conduite, de réglage et de maintenance à ef- objectifs de productivité ne sont pas atteints,
fectuer. des incidences fortes sur la qualité ont lieu. De
Nos recommandations plus, en raison d’une implantation inadaptée
au regard de l’activité des opératrices, tension,
Analyser, en amont du projet, les caractéristi-
fatigue et risque d’accident sont fortement
ques et la variabilité des produits.
présents.
Anticiper les conditions de réalisation des
différentes activités lors des étapes de simu-
lation.

STRUC
STRUCTURER
TURER LLAA DÉM
DÉMARCHE
ARCHE :: LE
LESS ÉÉTAPE
TAPESS DU
DU PROJE
PROJETT EETT LE
LESS PRINCIPAUX
PRINCIPAUX POINTS
POINTS DE
DE VIGIL ANCE 27
VIGILANCE 27
4 COMMUNIQUER EN S’APPUYANT
SUR DES OUTILS

La maîtrise du changement nécessite la mise et le suivi des décisions, la communication sur


en place d’outils d’analyse, de pilotage et de le projet en interne et vis-à-vis de l’externe ;
communication. - des méthodes et moyens permettant d’anti-
La priorité est donnée ici à des outils utiles ciper le fonctionnement futur du système de
au maître d’ouvrage et au chef de projet pour production et de l’atelier en cours de moderni-
approfondir sa réflexion en s’appuyant sur ses sation, mais aussi et surtout, d’anticiper l’utili-
collaborateurs lors de la définition du projet sation du futur outil industriel en associant les
d’une part, pour obtenir une représentation futurs utilisateurs, avec une réflexion sur les
progressive de la situation future de l’entrepri- futures situations de travail. Nous parlons ici
se en anticipant l’utilisation des équipements des plans et des maquettes ;
industriels en cours de conception, d’autre - des critères de réussite d’un projet qui favo-
part. risent la réflexion du chef d’entreprise et du
chef de projet, en relation avec les collabora-
Dans les fiches qui suivent, sont proposés : teurs de l’entreprise sur les différentes dimen-
- un outil pratique de conduite de la réflexion sions du projet, dès les premières étapes de
sur l’opportunité et la faisabilité du projet, en celui-ci.
l’enrichissant aux aspects conditions d’exploi-
tation et conditions de travail, développement L’outil de conduite de la réflexion sur l’oppor-
de l’organisation et évolution de l’entreprise ; tunité et la faisabilité du projet est inspiré d’un
pour cet élargissement de la réflexion, le chef outil pratique défini et utilisé dans le cadre
d’entreprise et le chef de projet font appel aux d’une approche sociotechnique par O. du Roy3.
compétences et savoir-faire des collaborateurs Les méthodes et moyens utilisés pour antici-
en charge de la production, de la maintenance, per l’utilisation d’un futur outil industriel, les
de la gestion des ressources humaines ; méthodes de simulation du travail futur et le
maquettage en particulier, sont utilisés par les
- des outils facilitant la formalisation des
ergonomes.
orientations du projet, le suivi d’avancement

(3) Du ROY (O.), Gérer la modernisation, clés pour un management sociotechnique


du changement, Les Editions d’Organisation, 1989
28
GUIDE DE RÉFLEXION POUR LES ÉTUDES
D’OPPORTUNITÉ ET DE FAISABILITÉ
Fiche projet 5

L’intérêt
Une réflexion approfondie sur l’opportunité et permettre un enrichissement de la réflexion
la faisabilité d’un projet de conception permet aux dimensions organisationnelles, humaines
de bâtir sur des bases solides. Il s’agit ici de et sociale.

P R O P O S I T I O N D E S U P P O R T (inspirée de O. du Roy)

Axes d’approfon- Paramètres à étudier Quels Apports et Solutions


dissement problèmes limites du complémentaires
sont projet ? pour les résoudre
identifiés
aujourd’hui ?
Conditions 1-Qualité
d’exploitation 2-Flexibilité
3-Productivité de la main-
d’œuvre
4-Productivité matière
5-Conditions de maintenance,
entretien
Conditions de 7-Sécurité et confort
travail 8-Ambiances physiques
9-Charge de travailphysique,
mentale et psychique
(prescrite, réelle et ressentie)
10-Contenu et intérêt du
travail
11-Communication
coopération
12-Progression /
apprentissage
Relation de travail 13-Structures de main-
et organisation d’œuvre (âge, qualification,
statut)
14-Systèmes hiérarchiques
15-Systèmes d’information et
de gestion de production
16-Rapport avec les services
amont et aval
17-Flux, circulations, stocks
18-Rapports avec
l’environnement
Evolutions 19-Évolution produit et
marché, matières premières,
énergie
20-Évolution technologie
21-Évolution main- d’œuvre,
environnement
22-Évolution de la législation

COMMUNIQUER EN S’APPU YANT SUR DE S OUTIL S 29


E X E M P L E D ’U T I L I S AT I O N : A M É N AG E M E N T D ’U N E S A L L E D E R E P I Q UAG E
Seuls quelques paramètres sont repris ici
Fiche projet 5

Axes d’approfon- Paramètres à Quels problèmes Apports et limites Solutions


dissement étudier sont identifiés du projet ? complémentaires
aujourd’hui ? pour les résoudre
Conditions Qualité Des pertes, surtout Maîtrise des Possibilité
d’exploitation pour l’acclimatation conditions d’endurcir les
(taux de réussite environnementales plants au labo.
60-80 % produit (hygrométrie). Transmission
A) en raison d’écart savoir-faire de
s/situation idéale repiquage aux
(hygrométrie). saisonniers.

Conditions de Impossibilité de Séparer les zones. Penser et organiser


maintenance, faire du repiquage Points d’arrivée le nettoyage.
entretien pendant les d’eau séparés Anticiper l’impact
traitements (produits (usage pour de l’atmosphère
phytosanitaires nettoyage des contrôlée.
dangereux). mains/ plants).
Absence de point Nettoyage de
d’eau réservé au l’atelier : autre que
personnel (eau le jet.
traitée ! ).
Conditions de Sécurité et Exposition Séparation zone de Traitement le
travail confort aux produits travail et zone de vendredi soir
phytosanitaires. culture.

Contraintes liées aux Éviter les marches Conception


déplacements des et les pentes (de des postes de
caisses (marches, plain pied). repiquage,
pentes), contraintes Accessibilité avec bouturage,
posturales aux les caisses (largeur acclimatation
postes de repiquage, des portes) en traitant les
bouturage, contraintes
acclimatation (pas (études de détail à
de réglage possible, réaliser).
manque de place
pour poser le
matériel.

Contenu et Gestes répétitifs, Attention aux Gestion de


intérêt du en particulier à évolutions de production : éviter
travail l’acclimatation. l’organisation les longues séries
Différence de (spécialisation), à d’acclimatation.
gestuelle entre l’accroissement de Organisation :
bouturage et l’acclimatation/ polyvalence
acclimatation. bouturage. entre acclimatation
et bouturage;
préserver
des temps de
récupération
(dépose des
plaques).

30
LES SUPPORTS DE COMMUNICATION
L’intérêt
Fiche projet 6

Tout projet traite une masse de données con- les productions des autres. Il favorise la cohé-
séquente et il produit des connaissances sur le rence. Il facilite les arbitrages.
projet. De nombreuses décisions sont prises au Le type de support et le contenu de l’informa-
fur et à mesure de l’avancement du projet. tion varient selon l’acteur qui en est le destina-
Tout projet de modernisation d’une entreprise, taire. On distingue :
d’un atelier suscite des interrogations de la part - les informations communiquées aux salariés,
des salariés : mon poste actuel est-il menacé ? à leurs représentants élus ;
Quelle sera mon activité future ? Serai-je capa- - les informations communiquées à l’environ-
ble de tenir le nouveau poste ? nement de l’entreprise (institutions, clients,
La définition de supports et de modalités d’in- fournisseurs) ;
formation/communication auprès du person- - les informations reportées au commanditaire
nel permet de répondre (au moins en partie) pour arbitrage et prise de décision ;
aux interrogations. Au niveau de l’équipe pro- - les informations échangées au sein de
jet, la définition et la mise à jour des supports l’équipe-projet : la production des différents
d’information contribuent à l’efficacité du pro- contributeurs, les décisions prises, les actions
jet : il permet à chaque contributeur au projet à réaliser.
d’avoir les données du projet et de connaître

Q U E LQ U E S S U P P O R T S

Type Utilité

Fiche-projet destinée à l’interne Document synthétique, établi par la maîtrise d’ouvrage, sur les
objectifs, l’organisation du projet, les échéances, l’avancement,
les options techniques et organisationnelles retenus ;
Socle, base partagée dans l’entreprise.
Fiche-projet destinée à l’externe, Document synthétique sur les objectifs, les échéances,
en particulier aux partenaires l’avancement, les options techniques et organisationnelles
de l’entreprise (prestataires, retenus.
administrateurs…)
Plan directeur du projet Document émis par le chef de projet à l’intention des membres de
l’équipe constituée. Il définit :
- les objectifs du projet ;
- l’organisation en place (rôle et responsabilités) ;
- les circuits d’information et de décision ;
- le format des comptes-rendus ;
- le découpage du projet en sous-ensembles et les interfaces
entre les éléments.

COMMUNIQUER EN S’APPU YANT SUR DE S OUTIL S 31


Dossier de conception Un dossier type comprend :
- un résumé à l’usage du décideur du lancement ;
- le justificatif du projet : définition des besoins à satisfaire,
référence aux études réalisées sur les plans technique,
organisationnel, humain et social, calcul et justification
économique ;
- une description technique ;
- une description de l’organisation cible ;
- les conditions d’exploitation : analyse détaillée des coûts
d’exploitation, estimation des frais préopératoires et de
démarrage, courbe prévisionnelle de la production jusqu’à
atteindre le régime de croisière, organisation prévue pour
l’exploitation ;
- programme de réalisation : étapes clés ;
- coûts d’investissement.
Tableau de bord Moyen de pilotage et de suivi qui permet de vérifier le
positi onnement du projet à l’instant t par rapport aux objectifs
initiaux, d’identifier les actions faites et celles à réaliser.
Moyen d’échange avec le commanditaire pour la validation
des étapes, pour des décisions d’ajustement ou réorientations
éventuelles en cas de dérive de coût, de délai…
Compte-rendu de réunions du Avoir une trace des travaux réalisés aux différentes étapes, des
groupe projet, du comité de décisions prises, des orientations données.
pilotage
Plans, maquettes Objets intermédiaires de la conception qui représentent une
(des) option(s) de conception : support de communication sur les
options, mais aussi et surtout, support pour anticiper et définir les
situations de travail futur (fiches suivantes).

32
LES PLANS
Intérêt avec des opérateurs sur la base de ces plans
Fiche projet 7

Les plans du nouveau processus de production, permet de s’assurer de la compatibilité des fu-
des nouveaux moyens, les plans d’implanta- tures situations de travail et implantations pro-
tion sont des représentations d’options tech- posées avec les activités, les circulations des
niques et d’aménagement. Ils constituent des personnes, le transport des produits, matières
objets intermédiaires de la conception à discu- premières, outillage…
ter, à travailler avant validation. Il s’agit d’une Précautions d’emploi
traduction par le concepteur, de la compréhen- Le travail sur les plans n’est en aucun cas une
sion de la problématique de l’entreprise à par- simple présentation pour validation. Ce travail
tir du cahier des charges et des échanges entre nécessite préparation et méthodes. La codifi-
l’entreprise et le prestataire. C’est une solution cation utilisée est rarement familière pour les
technique ou d’implantation/de conception personnes à qui les plans sont présentés.
proposée à un moment donné du projet. La lecture de plan ne va pas forcément de soi.
Organiser et animer des réunions de travail Une formation peut s’avérer nécessaire.

MODALITÉS D’UTILISATION : L’ORGANISATION ET L’ANIMATION DE SIMU LATIONS

Des étapes Les actions


Préparation - Identifier des situations d’actions caractéristiques : conduire
le process ou l’installation pour telle et telle gamme de produit
et dans tel contexte de production, remplacer les outillages, faire
les réglages, transférer les produits, la matière et outillages ;
- Repérer, pour ces situations, les espaces de travail nécessaires,
les accès pour faire les réglages et changer les pièces, les besoins
de visibilité des postes amont/aval, la visibilité sur le processus ;
- Préciser les déplacements et les espaces nécessaires pour les
circulations des personnes, le transport des produits, matières
premières, déchets en tenant compte de la variabilité des
références et des contenants.
Animation des simulations - Représenter avec les opérateurs, les zones d’activités, les
besoins d’accessibilité, les circulations des personnes et
les transports des produits et matières premières dans leur
continuité ;
- Réaliser la projection en tenant compte de la diversité des
références fabriquées, en considérant les périodes hautes et
basses pour tenir compte d’encombrements plus ou moins
importants en produits et matières.
Synthèse Rédiger un compte-rendu : préciser les incompatibilités relevées
entre les implantations et les besoins d’espace de travail pour la
réalisation des activités ou de circulation.

COMMUNIQUER
COMMUNIQUER EN
EN S’APPU
S’APPUYANT
YANT SUR
SUR DE OUTILSS 33
DESS OUTIL 33
Fiche projet 8 LES MAQUETTES
Intérêt Une maquette physique d’implantation d’un
Les maquettes sont des représentations en 3D atelier peut également être réalisée. Elle est
qui permettent de vérifier la compatibilité en- plus aisée à analyser qu’un plan. Cette ma-
tre la configuration physique d’un processus de quette peut être faite à l’échelle 1/20 par
production ou d’une machine et les activités exemple. Pour les besoins de la simulation,
de l’opérateur, notamment les possibilités d’at- on représentera également les moyens, mais
teindre aisément les moyens de commande, aussi les personnes, les chariots, les stocks…
mais également les zones prévues pour intro- Précautions d’emploi
duire les composants et la matière, les pièces Une présentation des options du projet,
d’usure à changer, l’outillage à régler. Elles per- pour les opérateurs membres du groupe de
mettent une mise en situation dans sa dyna- travail est un préalable aux simulations sur
mique. Le travail sur maquette sert également maquette.
à l’élaboration des modes opératoires, du plan
de formation.

MODAL I T É S D ’ U T I L I S AT I O N

Des étapes Les actions


Préparation Identifier les situations d’actions caractéristiques
concernant : les activités de conduite de la machine, la
surveillance des points critiques, les réglages, les interventions
sur aléas, les changements de série, la maintenance.
Animation des simulations - Vérifier pour chacune des activités, et pour des références de
produits différentes, l’accessibilité en toute sécurité, la visibilité
sur le processus, la cohérence du cycle de production prévu avec
l’ensemble des activités à réaliser y compris le contrôle ;
- S’assurer que l’amplitude des mouvements, les efforts à
exercer, le transfert des produits et composants sont compatibles
avec les caractéristiques des personnes (en tenant compte des
caractéristiques différentes en termes d’âge, de taille…).
Synthèse Les séances d’animation font l’objet d’un compte-rendu. Les
incompatibilités :
- entre les caractéristiques physiques du processus, des machines
et les besoins d’atteinte pour la réalisation des activités ;
- entre le temps de cycle objectif prévu par le projet et les
contraintes de réalisation de l’ensemble des activités pour les
différentes références de produits par exemple, sont soulignées.
Les aspects du processus et des installations à faire évoluer seront
discutés avec le fournisseur qui proposera de nouvelles solutions
qui elles-mêmes seront maquettées si besoin.

34
Fiche projet 9 DIX CRITÈRES DE RÉUSSITE
Un projet réussi présente les caractéristiques 7. il évalue l’impact sur les situations en-
suivantes : vironnantes répondant aux questions : Quel-
1. les objectifs et les indicateurs de suivi les peuvent être les contraintes sur les postes
et de l’évaluation de l’atteinte de ces objectifs amont et aval (écart de charge, par exemple) ?
sont définis, construits dès la phase de prépa- Quelles sont les relations avec les autres servi-
ration du projet. ces (approvisionnement, logistique, achat...) ?
2. les objectifs prennent en compte la réalité 8. il prévoit des modes d’ajustement possi-
multiple de l’entreprise : économique, techni- bles et ceci dans la mesure où le déroulement
que, sociale, organisationnelle et humaine. De du projet n’est pas linéaire et où tout n’est pas
fait, les indicateurs seront aussi multiples : pro- prévisible.
ductivité, qualité, mais aussi délai de démar- 9. il intègre la santé des salariés : ceci re-
rage des installations, coût des modifications couvre la prise en compte de la sécurité, mais
a posteriori… mais encore panne-machine, dé- également la compatibilité des caractéristiques
chet, absentéisme, accident du travail. des installations (y compris les cadences) avec
3. il anticipe les évolutions de l’entreprise les caractéristiques de l’homme au travail (sur
(évolution des modes de production), de l’ate- les plans physique, psychique et cognitif).
lier (gestion de l’espace) et des caractéristiques 10. il ne conduit pas à des processus d’ex-
de la population (vieillissement, formation...). clusion interne ou externe : en effet, l’objec-
4. il prend en compte les conditions réelles tif est ici aussi de ne pas écarter certains sa-
d’exploitation pour identifier de manière réalis- lariés de la dynamique de changement. Pour
te tous les facteurs qui contribuent à l’atteinte ce faire, la préparation du projet doit prévoir
des objectifs de performance (pas seulement et permettre l’appropriation par les salariés
le rendement machine mais aussi les savoir- des nouvelles situations grâce à la recherche
faire individuels et collectifs dans la gestion constante d’adaptation des moyens aux ca-
des dysfonctionnements, par exemple). ractéristiques des activités de travail : plan de
formation, ingénierie pédagogique, évolution
5. il anticipe les conditions du démar-
des classifications.
rage des installations par une adaptation des
moyens techniques et organisationnels aux
hommes et par la préparation du personnel.
Nous parlons davantage de projet de trans-
formation des situations de travail où les opé-
rateurs et l’encadrement auront la charge de
conduire et d’entretenir les futures installations
dans le contexte d’une organisation qui aura
évolué.
6. il définit progressivement le contour des
situations de travail futures (avec une antici-
pation et une maîtrise des effets possibles du
changement sur le travail).

COMMUNIQUER EN S’APPU YANT SUR DE S OUTIL S 35


CONCLUSION

Un projet d’investissement industriel engage ques et la variabilité de la matière première


l’avenir de l’entreprise, en particulier lorsqu’il permet de préciser des exigences dans le ca-
s’agit de moderniser une ou plusieurs lignes de dre de la conception ou de la modernisation du
production ou de construire un nouveau site. système productif. Parce qu’un projet est com-
La réussite du projet tient, bien sûr, à un pi- plexe et qu’il ne peut être l’affaire du seul chef
lotage qui aura permis de tenir les objectifs. d’entreprise, celui-ci délèguera en interne la
Encore faut-il que les objectifs soient définis gestion du projet tout en gardant le cap, c’est-
avec précision après une analyse de l’exis- à-dire le respect des objectifs. Le projet va ain-
tant en ce qui concerne les causes racines des si intégrer différentes compétences, exigences
défauts qualité, les raisons des difficultés de et contraintes connues par différents acteurs
production rencontrées et que l’on souhaite de l’entreprise. Le chef de projet qui aura dé-
voir résoudre, tenant compte également des légation du chef d’entreprise se verra confier
savoir-faire et compétences disponibles, de l’animation d’une équipe pluridisciplinaire en
l’âge et de l’état de santé du personnel. Les faisant émerger l’analyse des problèmes, en
objectifs sont économiques (positionnement gérant les divergences de points de vue. Cette
sur le marché, amélioration de la qualité, crois- équipe pluridisciplinaire constituera le socle
sance de l’efficacité du système productif). Ils d’une démarche partagée et concertée.
concernent aussi les dimensions humaines et
La démarche-projet, complexe et spécifique,
sociales (évolution des compétences, préven-
nécessite souvent le recours à des expertises
tion des risques, maintien du personnel qui
externes (consultants, maîtrise d’œuvre, SSII,
présente handicaps ou restrictions d’aptitu-
fournisseurs, concepteurs de machines spécia-
des). En effet, un projet d’investissement est
les…). Ces interlocuteurs apporteront leur con-
l’occasion d’améliorer les conditions de travail
cours pour la recherche de solutions possibles
du personnel. Il nécessite une réflexion sur les
sur les plans technique et organisationnel. Ce-
évolutions des compétences, les formations à
pendant, le chef d’entreprise tiendra son rôle
mettre en place, les parcours professionnels.
de maître d’ouvrage en recherchant l’adéqua-
Lorsque cette réflexion est menée en amont
tion entre les solutions et les besoins spécifi-
du projet, le démarrage a plus de chance de
ques de l’entreprise, et ceci, tout au long du
se passer dans de bonnes conditions avec un
projet. Pour arriver à cette adéquation, l’ana-
personnel préparé.
lyse préalable de l’existant en interne, éga-
Les objectifs du projet sont définis par le chef lement la conduite des études de faisabilité
d’entreprise, qui aura conduit une analyse de et d’opportunité du projet sur les plans tech-
la situation existante en s’appuyant sur les niques, organisationnels, humains et sociaux,
connaissances et expertises de ses collabora- l’exploration des solutions sur la base de ma-
teurs (responsable de production, responsable quettage et simulation avec le personnel sont
industriel, responsable du personnel). La prise indispensables.
en compte des conditions de travail (avec no- En complément des conseils proposés dans ce
tamment ce que peuvent en dire le CHSCT ou le guide, les chefs d’entreprises et chefs de pro-
médecin du travail), des difficultés rencontrées jets pourront s’appuyer sur le réseau de l’Anact
par les opérateurs en production, mais aussi de et en particulier sur les équipes des associa-
leurs savoir-faire pour pallier les aléas techni- tions régionales.

36
LE RÉSEAU ANACT
ANACT CENTRE LANGUEDOC-ROUSSILLON PICARDIE
4, quai des Etroits ARACT Centre ARACT Languedoc-Roussillon CESTP-ARACT Picardie
69321 Lyon Cedex 05 Le Masséna 1350, avenue A. Einstein 19, rue Victor Hugo
Tél. : 04 72 56 13 13 122 bis, Fbg St-Jean Le Phénix Bâtiment 9 BP 924
Fax : 04 78 37 96 90 45000 Orléans 34000 Montpellier 80009 Amiens Cedex 1
www.anact.fr Tél. : 02 38 42 20 60 Tél. : 04 99 52 61 40 Tél. : 03 22 91 45 10
Fax : 02 38 42 20 69 Fax : 04 67 22 57 16 Fax : 03 22 97 95 97
ALSACE
ACTAL CHAMPAGNE-ARDENNE LIMOUSIN POITOU-CHARENTES
68, av. de la République ARACT Champagne-Ardenne ARACT Limousin ARACT Poitou-Charentes
68000 Colmar Rue Charles Marie Ravel 46, avenue des Bénédictins 15 ter, rue Victor Grignard
Tél. : 03 89 29 29 50 51520 Saint-Martin- Immeuble le Capitole ZI de la République II
Fax : 03 89 29 29 59 sur-le-Pré 87000 Limoges 86000 Poitiers
Tél. : 03 26 26 26 26 Tél. : 05 55 11 05 60 Tél. : 05 49 52 25 78
AQUITAINE Fax : 03 26 26 94 74 Fax : 05 55 11 05 61 Fax : 05 49 52 26 83
ARACT Aquitaine
67, rue Chevalier CORSE LORRAINE PROVENCE-ALPES-
33000 Bordeaux ARACT Corse ARACT Lorraine CÔTE D’AZUR
Tél. : 05 56 79 63 30 Résidence Castelvecchio 24, rue du Palais ACT Méditerranée
Fax : 05 56 81 16 50 Immeuble Les Lauriers 57000 Metz Europarc de Pichaury
Rue du 1er bataillon de choc Tél. : 03 87 75 18 57 1330, rue G. de la Lauzière
AUVERGNE 20090 Ajaccio Fax : 03 87 75 18 84 Bât. C1
ARACT Auvergne Tél. : 04 95 10 94 20 13856 Aix-en-Provence Cedex 03
2, avenue Léonard de Vinci Fax : 04 95 25 46 06 MARTINIQUE Tél. : 04 42 90 30 20
Parc technologique ARACT Martinique Fax : 04 42 90 30 21
de la Pardieu FRANCHE-COMTÉ Immeuble La Verrière
63000 Clermont-Ferrand FACT 20, avenue des Arawaks RÉUNION
Tél. : 04 73 44 35 35 8, rue Alfred de Vigny 97200 Fort-de-France ARVISE
Fax : 04 73 44 35 39 Espace Lafayette Tél. : 05 96 66 67 60 61, rue des vavangues
25000 Besançon Fax : 05 96 66 67 61 ZAC Finette
BASSE-NORMANDIE Tél. : 03 81 25 52 80 97490 St-Clotilde
Antenne ANACT Fax : 03 81 25 52 81 MIDI-PYRÉNÉES Tél. : 02 62 41 52 32
Basse-Normandie MIDACT Fax : 02 62 41 90 42
Unicité - 4, rue Alfred Kastler GUYANE 25, rue Roquelaine
14000 Caen ARACT Guyane 31000 Toulouse RHÔNE-ALPES
Tél. : 02 31 46 13 90 6, rue du Capitaine Bernard Tél. : 05 62 73 74 10 ARAVIS
Fax : 02 31 46 13 91 97300 Cayenne Fax : 05 62 73 74 19 14, rue Passet
Tél. : 05 94 25 23 63 69007 Lyon
BOURGOGNE Fax : 05 94 25 23 73 NORD-PAS-DE-CALAIS Tél. : 04 37 65 49 70
Antenne ANACT Bourgogne ARACT Nord-Pas-de-Calais Fax : 04 37 65 49 75
Immeuble Grama HAUTE-NORMANDIE 197, rue Nationale
11, rue Mably 21000 Dijon ARACT Haute-Normandie 59000 Lille
Tél. : 03 80 50 99 86 Immeuble Le Rollon Tél. : 03 28 38 03 50
Fax : 03 80 50 99 85 108, avenue de Bretagne Fax : 03 28 38 03 51
76100 Rouen
BRETAGNE Tél. : 02 32 81 56 40 PAYS DE LA LOIRE
Antenne ANACT Bretagne Fax : 02 32 81 56 41 ARACT Pays de la Loire
10, rue Nantaise 10, rue de la Treillerie
35000 Rennes ILE-DE-FRANCE BP 23
Tél. : 02 23 44 01 44 ARACT Ile-de-France 49071 Beaucouzé Cedex
Fax : 02 23 44 01 45 35, rue de Rome Tél. : 02 41 73 00 22
75008 Paris Fax : 02 41 73 03 44
Tél. : 01 53 40 90 40
Fax : 01 53 40 90 59
Ce guide pratique permet de s’approprier
rapidement les fondamentaux d’une
démarche de projet d’investissement
industriel en PME. Sa valeur ajoutée : montrer
comment on peut intégrer les dimensions
organisationnelles et sociales, souvent
oubliées au profit des aspects techniques.
Amélioration des conditions de travail,
développement des compétences et dialogue
social sont pourtant des facteurs clés de la
réussite.

Illustré de cas concrets, il propose des outils


et repères pour :
- définir et piloter les objectifs du projet,
- tenir la fonction de maîtrise d’ouvrage
face aux fournisseurs,
- mettre en place une démarche partagée
et concertée.

Pour la réalisation de ce guide, les rédacteurs


du Réseau ANACT se sont appuyés sur :
- leurs expériences d’intervention en
entreprises, en particulier en PME/PMI, à
l’occasion de projets d’investissement ;
- leur travail d’analyse et d’évaluation de
démarches de conduite de projet.

Ce guide s’adresse plus particulièrement


aux acteurs de PME : dirigeants, chargés de
projets, responsables de ressources humaines.
Il peut aussi être utile aux représentants du
personnel amenés à se prononcer sur ces
projets. Enfin, il intéressera les partenaires
des PME : consultants, institutionnels et
fournisseurs d’équipements.

WWW.anact.fr

ISBN : 978-2-913488-47-2

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