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THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 27 juillet 2015
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
Marjolaine RIVORY
Née le 6 février 1991
à Lyon (69)
2
LISTE
DES
ENSEIGNANTS
DU
CAMPUS
VÉTÉRINAIRE
DE
LYON
Mise
à
jour
le
09
juin
2015
3
4
REMERCIEMENTS
À
Monsieur
le
Professeur
Tristan
FERRY
De
la
Faculté
de
Médecine
de
Lyon,
Qui
m’a
fait
l’honneur
d’accepter
la
présidence
de
ce
jury
de
thèse,
Pour
sa
disponibilité
et
l’intérêt
porté
à
ce
travail,
Hommages
respectueux.
À
Madame
le
Docteur
Maria-‐Halima
LAABERKI
De
Vetagro
Sup,
Campus
vétérinaire
de
Lyon,
Qui
a
accepté
d’encadrer
et
de
corriger
ce
travail.
Pour
m’avoir
proposé
ce
sujet
passionnant,
Pour
son
aide
et
ses
précieux
conseils,
Pour
sa
disponibilité
et
sa
gentillesse,
Qu’elle
trouve
ici
l’expression
de
mon
profond
respect
et
qu’elle
perçoive
mes
sincères
remerciements.
À
Madame
le
Docteur
Marine
HUGONNARD
De
Vetagro
Sup,
Campus
vétérinaire
de
Lyon,
Qui
a
accepté
d’être
membre
de
ce
jury
de
thèse.
Sincères
remerciements.
5
6
A
mes
parents,
A
Alexei
et
Paul,
A
mes
frères,
A
ma
grand-‐mère,
A
toute
ma
famille
et
mes
amis,
Merci
pour
tout.
7
8
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
...............................................................................................................
5
SOMMAIRE
........................................................................................................................
9
Table
des
figures
...............................................................................................................
10
Table
des
tableaux
............................................................................................................
11
Table
des
abréviations
......................................................................................................
12
Introduction
......................................................................................................................
13
1ERE
PARTIE
:
PRESENTATION
DE
CAPNOCYTOPHAGA
CANIMORSUS
ET
CAPNOCYTOPHAGA
CYNODEGMI
.....................................................................................................................
14
A.
Présentation
du
genre
bactérien
Capnocytophaga
...................................................
14
B.
Caractéristiques
culturales
des
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
....
19
C.
Méthodes
d’isolement
et
d’identification
de
Capnocytophaga
spp.
..........................
23
D.
Application
des
méthodes
d’identification
dans
la
détermination
du
portage
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
par
les
animaux
domestiques
........................................................
32
2EME
PARTIE
:
ETUDE
MOLECULAIRE
DE
LA
VIRULENCE
ET
DE
LA
RESISTANCE
ANTIBIOTIQUE
CHEZ
C.
CANIMORSUS
ET
C.
CYNODEGMI
..................................................
35
A.
La
sialidase
et
le
complexe
gpd
:
des
facteurs
de
virulence
.......................................
35
B.
Mécanismes
d’échappement
et
de
contrôle
des
réponses
immunitaires
de
l’hôte
....
43
C.
Production
de
β-‐lactamases
......................................................................................
49
9
TABLE
DES
FIGURES
Figure
1:
Morphologie
après
coloration
de
Gram
de
C.
canimorsus
isolée
chez
un
lapin
mordu
par
un
chien
(Gaastra,
Lipman,
2010).
........................................................................
16
Figure
2:
Chromatogramme
représentant
la
composition
en
acides
gras
de
C.
canimorsus
obtenu
par
chromatographie
en
phase
gazeuse
(Dees,
Powell
et
al.,
1981).
.........................
17
Figure
3:
Aspect
des
colonies
convexes
à
bord
étroits
de
C.
canimorsus
en
culture
sur
une
gélose
chocolat,
grossissement
x10
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008).
.......................................
21
Figure
4:
Aspect
pléomorphe
des
colonies
de
C.
canimorsus
après
vieillissement
en
culture
sur
une
gélose
chocolat,
grossissement
x10
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008).
..........................
22
Figure
5:
Bacilles
observés
en
position
intracellulaire
de
polynucléaires
neutrophiles
après
coloration
de
Wright-‐Giemsa
du
frottis
sanguin
(Wald,
Martinez
et
al.
2008).
.....................
24
Figure
6:
Site
d’intégration
du
transposon
Tn4351
au
sein
d’un
gène
codant
pour
une
sialidase
(Mally,
Shin
et
al.,
2008).
..........................................................................................
36
Figure
7:
Organisation
des
13
opérons
PUL
chez
C.
canimorsus
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
................................................................................................................................................
39
Figure
8:
Importance
des
protéines
codées
par
les
opérons
PUL
au
sein
du
surfome
de
C.
canimorsus
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
.............................................................................
40
Figure
9:
Organisation
de
l’opéron
PUL5
de
C.
canimorsus
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
...
41
Figure
10:
Modélisation
des
différentes
étapes
permettant
l’approvisionnement
de
C.
canimorsus
en
glycanes
par
l’intermédiaire
du
complexe
d’approvisionnement
Gpd
et
de
la
sialidase
(Renzi,
Manfredi
et
al.,
2011).
..................................................................................
42
Figure
11
:
Organisation
du
complexe
de
reconnaissance
du
LPS
(Park,
Song
et
al.,
2009).
..
45
Figure
12:
Morsure
mineure
à
l’extrémité
de
l’index
d’une
patiente
ayant
conduit
à
un
choc
septique
(Sacks,
Kerr,
2012).
..................................................................................................
55
Figure
13:
Pétéchies
et
hémorragie
conjonctivale
chez
un
patient
atteint
d’une
OPSI
due
à
C.
canimorsus
(Band,
Gaieski
et
al.,
2011).
.................................................................................
63
Figure
14:
Ecchymoses
envahissantes
chez
une
patiente
splénectomisée
atteinte
d’un
sepsis
sévère
à
C.
canimorsus
(Wald,
Martinez
et
al.,
2008).
............................................................
64
Figure
15:
Examen
cytologique
révélant
de
nombreuses
bactéries
fines
en
forme
de
bâtonnet
au
sein
du
liquide
bronchique
et
du
pus
chez
un
chien
souffrant
d'une
bronchite
sévère
à
C.
cynodegmi
(Workman,
Bailiff
et
al.,
2008)
...........................................................
79
Figure
16:
Infection
à
C.
canimorsus
chez
un
lapin
mordu
à
la
tête
par
un
chien
(Gaastra,
Lipman,
2010)
.........................................................................................................................
80
10
TABLE
DES
TABLEAUX
Tableau
1:
Tableau
récapitulatif
des
principales
caractéristiques
biochimiques
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
.......
18
Tableau
2:
Caractéristiques
des
amorces
utilisées
par
Suzuki
et
al.
permettant
l’amplification
spécifique
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
(Suzuki
,
Kimura
et
al.,
2010).
.........................
29
11
TABLE
DES
ABREVIATIONS
ATCC
:
American
type
culture
collection
CDC
:
Centers
for
Disease
Control
and
Prevention,
Centres
pour
le
contrôle
et
la
prévention
des
maladies
CIVD
:
coagulation
intravasculaire
disséminée
CRP
:
Protéine
C-‐réactive
DF
:
Dysgonic
Fermenter
LCR
:
liquide
céphalo-‐rachidien
MAPK
:
Mitogen-‐actived
proteine
kinase
OMS
:
Organisation
mondiale
de
la
santé
OPSI
:
Syndrome
septique
post-‐splénectomie
PCR
:
Polymerase
chain
reaction
PTT
:
Purpura
thrombotique
et
thrombocytopénique
SPS
:
Polyanétholsulfonate
de
sodium
TLR
:
Toll
Like
Receptor
12
INTRODUCTION
D’après
l’Organisation
mondiale
de
la
santé,
les
zoonoses
sont
des
affections
transmises
de
l’animal
à
l’homme
et
inversement.
Les
animaux
peuvent
donc
être
porteurs
de
microorganismes
transmissibles
à
l’homme.
Selon
qu’ils
présentent
ou
non
des
signes
cliniques,
les
animaux
seront
qualifiés
de
porteurs
cliniques
ou
de
porteurs
sains.
Les
microorganismes
responsables
de
zoonoses
peuvent
être
des
virus,
des
champignons,
des
parasites,
ou
encore
des
bactéries.
Les
modes
de
transmission
des
zoonoses
varient
en
fonction
de
la
localisation
des
agents
pathogènes
chez
l’animal.
Les
zoonoses
transmises
par
les
animaux
de
compagnie
sont
rarement
connues.
Néanmoins,
les
chiens
et
les
chats
constituent
de
véritables
dangers
pour
l’homme.
En
effet,
de
nombreuses
personnes
sont
propriétaires
d’un
chien
ou
d’un
chat
qu’ils
considèrent
comme
un
membre
de
leur
famille.
Des
contacts
étroits
sont
entretenus
avec
les
animaux
de
compagnie
qui
exposent
les
hommes
à
des
risques
de
morsures
ou
de
griffures.
Ainsi,
les
chiens
et
les
chats
peuvent
transmettre
des
zoonoses
bactériennes
par
morsure.
Les
principales
bactéries
zoonotiques
transmises
par
morsure
sont
les
pasteurelles.
Certains
pathogènes
plus
rares
peuvent
néanmoins
être
à
l’origine
d’infections
sévères
chez
l’homme
et
sont
d’une
importance
fondamentale
en
Santé
publique.
Parmi
les
bactéries
transmises
par
morsure
responsables
de
zoonoses
peu
communes,
on
distingue
les
espèces
Capnocytophaga
canimorsus
et
Capnocytophaga
cynodegmi.
Les
chiens
et
les
chats
sont
porteurs
sains
de
ces
bactéries
au
sein
de
leur
cavité
buccale
et
la
transmission
de
ces
agents
pathogènes
est
responsable
d’infections
sévères
chez
l’homme.
Ces
agents
sont
rarement
connus
des
différents
acteurs
impliqués
dans
la
prévention
et
la
gestion
des
zoonoses
que
sont
les
vétérinaires,
les
médecins,
et
les
laboratoires
de
microbiologie.
Ce
travail
a
donc
pour
objectif
de
présenter
les
principales
caractéristiques
des
bactéries
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi,
leur
pathogénie
mais
aussi
les
formes
cliniques
rencontrées
chez
l’homme
et
chez
l’animal.
Cet
ouvrage
pourra
servir
de
support
de
formation
aux
professionnels
de
santé
afin
d’approfondir
leurs
connaissances
vis-‐à-‐vis
de
ces
agents
zoonotiques.
Nous
étudierons
dans
une
première
partie
les
caractéristiques
morphologiques,
génétiques
et
culturales
des
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga.
Dans
un
deuxième
temps,
nous
présenterons
les
facteurs
de
virulence
et
de
résistance
aux
antibiotiques
de
C.
canimorsus
et
de
C.
cynodegmi.
Enfin,
nous
verrons
les
caractéristiques
des
infections
provoquées
par
ces
agents
zoonotiques
chez
l’homme
et
l’animal.
13
1ERE
PARTIE
:
PRESENTATION
DE
CAPNOCYTOPHAGA
CANIMORSUS
ET
CAPNOCYTOPHAGA
CYNODEGMI
A. Présentation
du
genre
bactérien
Capnocytophaga
1. Découverte
du
genre
Capnocytophaga
Les
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
ont
tout
d’abord
été
nommées
Dysgonic
fermenter
(DF)
étant
données
leur
croissance
lente
et
difficile
en
milieu
de
culture
et
leur
capacité
à
fermenter
les
glucides
(Lion,
Escande
et
al.,
1996).
Plusieurs
groupes
de
bactéries
Dysgonic
fermenter
sont
répertoriés
aux
Centres
pour
le
contrôle
et
la
prévention
des
maladies
(CDC)
tels
que
les
groupes
DF-‐1,
DF-‐2
et
DF-‐2
like.
En
1979,
le
groupe
DF-‐1
du
CDC
est
devenu
le
genre
Capnocytophaga.
Il
était
alors
composé
des
trois
espèces
suivantes:
C.
ochracea,
C.
sputigena,
et
C.
gingivalis
(Leadbetter,
Holt
et
al.,
1979).
Le
genre
Capnocytophaga
vient
de
«
capno
»
et
«
cytophaga
»
qui
font
référence
respectivement
aux
besoins
en
CO2
de
ces
bactéries
et
à
leur
mobilité
par
glissement.
Le
genre
Capnocytophaga
appartient
à
la
famille
des
Flavobacteriaceae
et
au
phylum
des
Bacteroides.
En
1989,
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi,
appartenant
respectivement
aux
groupes
DF-‐
2
et
DF-‐2
like
du
CDC,
ont
été
ajoutées
au
genre
Capnocytophaga.
En
effet,
ces
bactéries
présentaient
des
caractères
communs
avec
les
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
tels
que
la
morphologie,
la
composition
en
acides
gras,
la
mobilité
par
glissement
ou
encore
le
besoin
en
CO2
(Brenner,
Hollis
et
al.
1989).
2. Classification
actuelle
Dans
la
classification
actuelle,
le
genre
Capnocytophaga
est
composé
de
8
espèces:
-‐ Capnocytophaga
gingivalis
-‐ Capnocytophaga
ochracea
-‐ Capnocytophaga
sputigena
-‐ Capnocytophaga
granulosa
-‐ Capnocytophaga
haemolytica
-‐ Capnocytophaga
leadbetteri
-‐ Capnocytophaga
cynodegmi
-‐ Capnocytophaga
canimorsus
14
Les
six
premières
espèces
appartiennent
à
la
flore
buccale
humaine
contrairement
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
qui
font
partie
de
la
flore
microbienne
de
la
cavité
buccale
des
chiens
et
des
chats.
3. Les
espèces
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
a. Etymologie
Canimorsus
vient
du
latin
«
canis
»
signifiant
chien
et
«
morsus
»
signifiant
morsure
et
cynodegmi
vient
du
grec
«
kyno
»
signifiant
chien
et
«
degmos
»
signifiant
morsure
(Gaastra,
Lipman,
2010;
Workman,
Bailiff
et
al.,
2008).
Ainsi,
le
nom
attribué
à
ces
espèces
fait
référence
à
leur
mode
de
transmission
principal
correspondant
aux
morsures
de
chien
(Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
b. Souches
de
référence
Une
société
privée
américaine
nommée
«
American
Type
Culture
Collection
»
(ATCC)
possède
les
souches
de
référence
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
correspondant
respectivement
aux
souches
ATCC35979
et
ATCC490441.
4. Morphologie
des
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
Les
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
sont
des
bacilles
Gram
négatif.
Ce
sont
des
bactéries
fusiformes,
non
capsulées,
non
flagellées
et
mobiles
par
glissement
(fig
1).
Ces
bactéries
mesurent
de
1
à
4 µ m de
long
(Brenner,
Hollis
et
al.,
1989;
Lion,
Escande,
1996).
Quelques
fois,
ces
bactéries
ont
un
aspect
coccoïde
lors
de
culture
sur
gélose
au
sang
(Lion,
Escande,
1996).
1
Les
caractéristiques
des
souches
de
référence
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
sont
disponibles
sur
le
site
de
l’ATCC
aux
adresses
suivantes
:
URL
:
http://www.lgcstandards-‐atcc.org/Products/All/35979.aspx
URL
:
http://www.lgcstandards-‐atcc.org/Products/All/49044.aspx
15
Figure
1:
Morphologie
après
coloration
de
Gram
de
C.
canimorsus
isolée
chez
un
lapin
mordu
par
un
chien
(Gaastra,
Lipman,
2010).
5. Composition
des
cellules
en
acides
gras
La
composition
en
acides
gras
des
cellules
bactériennes
peut
être
étudiée
grâce
à
la
chromatographie
en
phase
gazeuse.
L’acide
gras
majoritaire
chez
C.
canimorsus
est
l’acide
13-‐méthyltétradécanoique
(i-‐15
:0)
qui
représente
67%
des
acides
gras
bactériens
(fig
2)
(Dees,
Powell
et
al.,
1981).
16
C group 1. Additional fatty acids proximately 50 to 70% of the total fatty acids
ch GLC group were 12:0, 3-hy- (Table 1). Hov ever, the presence of i-2-OH-15:0
cid (3-OH-12:0), 14:1, 14:0, 18:2, and i-17:1 in Ilj readily distinguished the two
groups (Fig. 4). Other characteristic fatty acids
g. 3 is the fatty acid profile of a
strain of group M-5. Relatively
of 16:1 (24%), 16:0 (21%), and 18:
detected in this group (Table 1).
ds characterizing the group were
H-12:0 (4%), 14:1 (2%), 14:0 (11%),
18:0 (3%). Although there were
the fatty acid profiles of M-5 and
he complete absence of 2-OH-16:
, and branched-chain acids in M-
this group from EF-4. Recently,
sing conventional biochemical cri-
that M-5 is a species of Morax-
hough the overall fatty acid com-
axella is similar to that of M-5
ce of 3-OH-14:0, 3-OH-16:0, 17:1,
of unidentified fatty acids in spe-
Figure
2:
Chromatogramme
représentant
la
composition
en
acides
gras
de
C.
canimorsus
obtenu
par
chromatographie
en
phase
gazeuse
(Dees,
Powell
et
al.,
1981).
En
1981,
Dees
et
al.
ont
montré
qu’il
est
possible
de
distinguer
C.
canimorsus
de
quatre
autres
bactéries
transmises
par
morsure
de
chien
(dont
Pasteurella
multocida)
à
partir
de
la
composition
en
acides
gras
bactériens
6 (Dees,
Powell
et
al.,
1981).
En
effet,
ces
bactéries
O
2 4 I 1i 12 14 16 11
I 10 12 14 16 i1 MINUTES
MINUTES présentent
des
chromatogrammes
FIG. 4. Gasspécifiques
chromatogram.s permettant
of esterified de
les
distinguer.
fatty Ainsi,
il
est
hromatogram of esterified fattv acids acids of (top) DF-2 strain A3626 and (bottom) IIj
rain E8139. Analysis oi aS made on a strain B9417. Analvsis iwas made on a .3 SE-30
possible
de
différencier
C.
canimorsus
et
le
groupe
bactérien
IIj
(Weeksella
zoohelcum)
des
. See footnote b of Table I for peak columnn. See footnote b of Table 1 for peak identifi-
cation.
autres
bactéries
de
l’étude
par
la
présence
majoritaire
de
l’acide
13-‐méthyltétradécanoique.
Les
bactéries
du
groupe
IIj
peuvent
ensuite
être
distinguées
de
C.
canimorsus
par
la
présence
des
acides
gras
17
:0
et
i-‐2-‐OH-‐15
:0
qui
ne
sont
pas
retrouvés
chez
C.
canimorsus.
Cette
méthode
d’identification
n’est
pas
utilisée
en
routine
(Dees,
Powell
et
al.,
1981).
6. Caractéristiques
biochimiques
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
Les
principales
caractéristiques
biochimiques
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
sont
présentées
ci-‐dessous
(tab
1).
Ces
bactéries
sont
capables
d’utiliser
des
glucides
variés
comme
substrats.
17
Tableau
1:
Tableau
récapitulatif
des
principales
caractéristiques
biochimiques
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
C.
canimorsus
C.
cynodegmi
Catalase
+
+
Oxydase
+
+
Arginine
dihydrolase
+
+
2-‐nitrophenyl-‐β-‐D-‐galactopyranoside
(bêta-‐galactosidase)
+
+
Uréase
_
_
Nitrate
réductase
_
_
Indole
(tryptophanase)
_
_
Lysine
décarboxylase
_
_
Ornithine
décarboxylase
_
_
Glucose
+
+
Lactose
+
+
Maltose
+
+
Saccharose
_
+
Raffinose
_
+
Inuline
_
+
Mannitol
_
_
Sucrose
_
+
Mélibiose
_
+
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
peuvent
être
distinguées
des
autres
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
par
des
réactions
enzymatiques
catalase,
oxydase
et
arginine
dihydrolase
positives
(Brenner,
Hollis
et
al.,
1989;
Blanchard,
Boulet
et
al.,
1996).
C.
cynodegmi
pourra
ensuite
être
différencié
de
C.
canimorsus
par
sa
capacité
à
fermenter
le
sucrose,
le
raffinose,
le
mélibiose,
l’inuline
et
le
saccharose
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
Brenner,
Hollis
et
al,
1989
;
Mally,
Paroz
et
al.,
2009).
18
B. Caractéristiques
culturales
des
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
1. Des
germes
à
croissance
lente
et
difficile
Le
genre
Capnocytophaga
appartient
au
groupe
des
HACCEK
également
composé
des
genres
Haemophilus,
Actinobacillus,
Cardiobacterium,
Eikenella
et
Kingella.
Ces
bactéries
sont
des
bacilles
Gram
négatif
caractérisés
par
une
croissance
lente
et
difficile
sur
les
milieux
de
culture
classiques.
Une
attention
particulière
devra
être
portée
aux
conditions
de
culture
de
ces
bactéries
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008).
2. Conditions
de
culture
de
C.
canimorsus
a. Caractéristiques
des
milieux
de
culture
i. Nécessité
de
milieux
de
culture
riches
Les
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
présentent
une
faible
croissance
ou
ne
présentent
pas
de
croissance
sur
les
milieux
de
culture
universels
tels
que
le
milieu
de
base
GTS
(Gélose
Trypticase
Soja).
Des
milieux
de
culture
enrichis
adaptés
à
la
croissance
de
germes
exigeants
devront
donc
être
utilisés
(
Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
de
Melo
Oliveira,
Abels
et
al.,
2013;
Stefanopoulos,
Tarantzopoulou,
2005;
Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
Afin
d’obtenir
des
milieux
de
culture
riches,
du
sang
pourra
être
ajouté
aux
milieux
de
base
car
C.
canimorsus
nécessite
beaucoup
de
fer
exogène
pour
sa
croissance
en
culture
(Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
Par
exemple,
du
sang
pourra
être
ajouté
à
la
gélose
Columbia
(milieu
de
base
utilisé
dans
de
nombreux
laboratoires
de
microbiologie):
des
milieux
de
culture
riches
correspondant
à
la
gélose
au
sang
et
à
la
gélose
chocolat
seront
obtenus
(Biokar
diagnostics,
2010).
Une
attention
particulière
devra
toutefois
être
portée
à
la
composition
de
la
gélose
Columbia
lors
de
l’utilisation
de
géloses
au
sang
ou
de
gélose
chocolat
(Blanchard,
Boulet
et
al.,
1996).
En
effet,
dans
une
étude
menée
par
Dusch
et
al.,
3
souches
de
C.
canimorsus
n’ont
pas
présenté
de
croissance
sur
des
géloses
au
sang
et
leur
croissance
était
retardée
sur
des
géloses
chocolat
(Dusch,
Zbinden
et
al.,
1995).
Dusch
et
al.
ont
alors
utilisé
6
nouveaux
milieux
commerciaux
(4
géloses
au
sang
et
2
géloses
chocolat)
dont
la
composition
des
milieux
de
base
différaient
des
milieux
initiaux.
Deux
géloses
au
sang
et
une
gélose
chocolat
ont
permis
une
meilleure
croissance
d’un
point
de
vue
quantitatif
et
qualitatif
(Dusch,
Zbinden
et
al.,
1995).
19
Les
résultats
de
cette
étude
montre
l’importance
de
la
composition
du
milieu
de
base
utilisé.
Les
laboratoires
devraient
donc
s’assurer
que
les
géloses
au
sang
et
les
géloses
chocolat
utilisées
en
routine
permettent
la
croissance
de
C.
canimorsus
(Dusch,
Zbinden
et
al.,
1995).
ii. Nécessité
de
milieux
de
culture
sélectifs
lors
de
prélèvements
polymicrobiens
Des
milieux
de
culture
sélectifs
composés
d’antibiotiques
devront
être
utilisés
pour
l’isolement
de
Capnocytophaga
spp.
à
partir
de
prélèvements
polymicrobiens,
provenant
par
exemple
de
la
cavité
orale
des
animaux
de
compagnie.
Une
étude
menée
par
Ehrmann
et
al.
a
comparé
la
culture
des
espèces
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
sur
11
milieux
de
culture
(Ehrmann,
Jolivet-‐Gougeon
et
al.,
2013).
Le
milieu
le
plus
performant
pour
le
développement
de
Capnocytophaga
spp.
et
pour
l’inhibition
de
la
croissance
des
autres
bactéries
est
le
milieu
VCAT.
Ce
milieu
est
utilisé
pour
l’isolement
d’autres
bactéries
Gram
négatif
très
exigeantes
(Neisseria
pathogènes).
Il
correspond
à
une
gélose
Columbia
additionnée
de
10%
de
sang
cuit
de
cheval,
d’un
supplément
polyvitaminique,
de
3.75
mg/l
de
colistine,
1.5
mg/l
de
triméthoprime,
1
mg/l
de
vancomycine
et
0.5
mg/l
d’amphotéricine
B.
La
vancomycine
et
l’amphotéricine
B
inhibant
respectivement
la
croissance
des
bactéries
Gram
positif
et
les
champignons,
les
bactéries
Gram
négatif
sont
inhibées
par
la
colistine
et
le
triméthoprime
vis-‐à-‐vis
desquels
Capnocytophaga
spp.
présentent
une
résistance
(Sutter,
Pyeatt
et
al.,
1981
;
Jolivet-‐Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007;
Leclerc,
2007).
Le
milieu
VCAT
est
décrit
comme
étant
essentiel
pour
la
détection
de
Capnocytophaga
spp.
à
partir
de
prélèvements
polymicrobiens
(Ehrmann,
Jolivet-‐Gougeon
et
al.,
2013).
b. Conditions
atmosphériques
et
température
du
milieu
d’incubation
Le
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
sont
des
bactéries
aéro-‐anaérobie
facultatives
dont
la
croissance
est
favorisée
par
la
présence
d’une
atmosphère
enrichie
en
CO2
et
composée
de
5
à
7%
de
CO2
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
Leur
température
optimale
de
croissance
est
de
37°C
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008
;
Janda,
Graves
et
al.,
2006).
20
c. Temps
d’incubation
La
croissance
des
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
est
observée
entre
1
et
12
jours
après
l’incubation
des
milieux
de
culture
(Janda,
Graves
et
al.,
2006;
Morgan,
1994b;
Lam,
1999;
Phipps,
Tamblyn
et
al.,
2002b;
Levy,
Mamizuka
et
al.,
1998).
Les
milieux
de
culture
doivent
être
conservés
suffisamment
longtemps
par
les
laboratoires
de
microbiologie
pour
que
la
croissance
de
Capnocytophaga
spp.
soit
observée.
Par
conséquent,
des
cultures
pourront
être
considérées
à
tort
comme
étant
négatives
car
certains
laboratoires
de
microbiologie
éliminent
les
milieux
de
culture
quelques
jours
après
leur
incubation
(Gaastra,
Lipman,
2010).
d. Aspect
des
colonies
en
culture
i. C.
canimorsus
En
culture,
les
colonies
de
C.
canimorsus
peuvent
prendre
deux
aspects
:
plates
ou
convexes.
Les
colonies
plates
présentent
souvent
des
bords
irréguliers
alors
que
les
colonies
convexes
ont
des
bords
étroits
(fig
3)
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
Figure
3:
Aspect
des
colonies
convexes
à
bord
étroits
de
C.
canimorsus
en
culture
sur
une
gélose
chocolat,
grossissement
x10
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008).
Sur
gélose
au
sang,
les
colonies
mesurent
0,5
mm
de
diamètre
après
18
à
24
heures
d’incubation
puis
de
1mm
à
3,5
mm
de
diamètre
après
48
heures
d’incubation
(Brenner,
Hollis
et
al.,1989).
21
En
vieillissant,
les
colonies
prennent
un
aspect
pléomorphe,
ce
qui
serait
dû
à
la
mobilité
par
glissement
de
C.
canimorsus
(fig
4)
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
Figure
4:
Aspect
pléomorphe
des
colonies
de
C.
canimorsus
après
vieillissement
en
culture
sur
une
gélose
chocolat,
grossissement
x10
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008).
Les
colonies
de
C.
canimorsus
ne
sont
pas
hémolytiques
sur
gélose
au
sang
de
lapin
contrairement
aux
colonies
de
C.
cynodegmi
qui
présentent
une
hémolyse
de
type β .
Après
48
heures
d’incubation,
les
colonies
de
C.
canimorsus
prennent
souvent
une
coloration
légèrement
violette
(Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
ii. C.
cynodegmi
Après
18
à
24
heures
d’incubation
sur
gélose
au
sang,
les
colonies
de
C.
cynodegmi
sont
soit
ponctuées
et
convexes
avec
un
diamètre
inférieur
à
0,5mm,
soit
plates
et
irrégulières
avec
un
diamètre
compris
entre
0,5mm
et
1mm.
Après
48
heures
d’incubation,
les
colonies
mesurent
3
à
4
mm
de
diamètre.
C.
cynodegmi
présente
également
une
mobilité
par
glissement
et
certaines
colonies
présentent
des
bords
étroits,
plats,
qui
s’étendent.
Une
légère
coloration
violette
est
fréquemment
observée
après
48
heures
d’incubation
(Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
3. Inhibiteurs
de
la
croissance
de
C.
canimorsus
La
croissance
de
C.
canimorsus
en
culture
est
inhibée
par
le
Polyanétholsulfonate
de
sodium
(SPS),
un
anticoagulant
souvent
présent
au
sein
des
systèmes
de
culture
de
sang
automatisés
(Gaastra,
Boot
et
al.,
2009
;
Sowden,
Allworth
et
al.,
1995).
22
Le
SPS
inhibe
également
la
réaction
PCR
(Polymerase
chain
reaction).
En
effet,
chez
un
patient
souffrant
d’endocardite,
l’amplification
de
l’ADN
de
C.
canimorsus
à
partir
de
la
valve
infectée
a
été
obtenue
alors
que
des
tentatives
d’amplification
de
l’ADN
à
partir
d’une
culture
positive
de
sang
provenant
du
même
patient
a
été
négative.
Cela
est
dû
à
la
présence
d’inhibiteurs
de
la
réaction
PCR
dans
les
milieux
de
culture
au
sang
tel
que
le
SPS
copurifié
avec
l’ADN
lors
de
l’extraction
de
l’ADN
(Wareham,
Michael
et
al.,
2006).
C. Méthodes
d’isolement
et
d’identification
de
Capnocytophaga
spp.
1. Par
analyse
directe
des
prélèvements
L’analyse
des
prélèvements
pour
le
diagnostic
direct
de
l’infection
à
Capnocytophaga
spp.
utilise
différentes
méthodes
de
colorations
qui
ont
pour
principal
avantage
leur
mise
en
œuvre
rapide
mais
qui
cependant
souffrent
d’un
manque
de
spécificité.
a. Apport
de
l’analyse
d’un
frottis
sanguin
Les
tests
de
laboratoire
simples
et
rapides
sont
utiles
pour
l’identification
des
bactéries.
L’analyse
d’un
frottis
sanguin
est
indiquée
chez
des
patients
présentant
un
syndrome
fébrile
après
une
morsure
de
chien.
En
effet,
il
est
possible
de
mettre
en
évidence
des
bacilles
Gram
négatif
au
sein
des
polynucléaires
neutrophiles
lors
de
sepsis
à
C.
canimorsus
:
des
colorations
de
Gram
ou
de
Wright-‐Giemsa
pourront
être
réalisées
(fig
5)
(Morgan,
1994b;
Tay,
Mills
et
al.,
2012;
Ndon,
1992;
Jones,
Hamilton
et
al.,
2011;
Wald,
Martinez
et
al.,
2008
;
Dudley,
Czarnecki
et
al.,
2006).
23
Figure
5:
Bacilles
observés
en
position
intracellulaire
de
polynucléaires
neutrophiles
après
coloration
de
Wright-‐Giemsa
du
frottis
sanguin
(Wald,
Martinez
et
al.
2008).
L’avantage
de
la
réalisation
d’un
frottis
sanguin
est
qu’il
permet
un
diagnostic
précoce
et
la
mise
en
place
rapide
d’une
antibiothérapie
ciblée.
Le
diagnostic
peut
ensuite
être
confirmé
par
mise
en
culture
des
prélèvements
ou
par
identification
moléculaire
(Ndon,
1992).
Toutefois,
des
erreurs
de
diagnostic
peuvent
être
réalisées.
Chez
une
patiente
présentant
un
sepsis
sévère
par
exemple,
l’observation
de
bacilles
Gram
négatif
mobiles
par
glissement
lors
de
l’examen
du
frottis
sanguin
a
conduit
à
suspecter
une
infection
méningococcique.
C.
canimorsus
a
été
isolé
5
jours
après
l’admission
de
la
patiente
et
l’infection
a
été
confirmée
par
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S
(O’Rourke,
Rothwell,
2011).
Enfin,
les
agents
de
coloration
peuvent
être
contaminés
ce
qui
nécessite
d’être
vigilant
lors
de
l’interprétation
des
résultats
(Morgan,
1994a).
b. Coloration
de
Gram
du
Buffy
coat
ou
couche
leuco-‐plaquettaire
La
culture
à
partir
de
prélèvements
sanguins
étant
lente,
un
diagnostic
provisoire
peut
être
établi
rapidement
par
analyse
d’une
coloration
de
Gram
du
Buffy
coat.
Le
Buffy
coat,
encore
appelée
couche
leuco-‐plaquettaire,
correspond
à
un
anneau
mesurant
environ
1
millimètre
composé
de
leucocytes
et
de
plaquettes
obtenu
après
centrifugation
ou
sédimentation
d’un
échantillon
sanguin
(Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997).
24
Des
colorations
de
Gram
de
la
couche
leuco-‐plaquettaire
pourront
être
réalisées
et
permettront
de
suspecter
une
infection
à
C.
canimorsus
par
observation
de
bacilles
Gram
négatif
en
position
intracellulaire
des
polynucléaires
neutrophiles
(Morgan,
1994a).
c. Coloration
de
Gram
des
liquides
biologiques
Une
coloration
de
Gram
des
liquides
biologiques
et
des
tissus
peut
être
utile
pour
la
mise
en
place
d’un
diagnostic
précoce.
Par
exemple,
une
coloration
de
Gram
du
liquide
céphalo-‐rachidien
(LCR)
peut
être
réalisée
lors
de
méningites
(Phipps,
Tamblyn
et
al.,
2002;
de
Boer,
Lambregts
et
al.,
2007).
Une
étude
menée
par
de
Boer
et
al.
a
montré
qu’une
coloration
de
Gram
du
LCR
permet
de
mettre
en
évidence
des
bacilles
Gram
négatif
dans
65%
des
cas
de
méningites
à
C.
canimorsus
(de
Boer,
Lambregts
et
al.,
2007).
Toutefois,
une
coloration
de
Gram
du
liquide
céphalo-‐rachidien
peut
conduire
en
un
diagnostic
erroné.
En
effet,
l’observation
de
bacilles
Gram
négatif
après
coloration
de
Gram
du
LCR
chez
un
patient
a
conduit
à
suspecter
une
méningite
à
Haemophilus.
C.
canimorsus
a
ensuite
été
isolé
par
mise
en
culture
du
LCR
(Risi,
Spangler,
2006).
2. Par
des
méthodes
conventionnelles
a. Présentation
des
méthodes
conventionnelles
Les
méthodes
conventionnelles
consistent
en
l’isolement
de
la
bactérie
par
culture
bactérienne
puis
en
l’identification
par
des
méthodes
phénotypiques.
Les
caractéristiques
culturales
et
phénotypiques
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
ont
été
présentées
précédemment
(cf.
tableau
1).
b. Prélèvements
réalisables
Le
choix
des
prélèvements
dépend
des
formes
cliniques
rencontrées
chez
l’homme
lors
d’infections
à
C.
canimorsus.
Des
prélèvements
de
LCR,
de
sang
total,
de
liquide
synovial,
de
suc
gastrique,
de
liquide
d’épanchement
péritonéal,
et
des
biopsies
de
la
muqueuse
gastro-‐
intestinales
pourront
être
réalisés
(Levy,
Mamizuka
et
al.,
1998;
Risi,
Spangler,
2006;
et
al.,
1998;
Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008
;
Wimmer,
Plamenig
et
al.,
2011
;
Gouin,
Veber
et
al.,
2004).
Dans
une
étude
menée
par
Brenner
et
al.,
88%
des
souches
de
C.
canimorsus
étaient
isolées
à
partir
de
prélèvements
sanguins
contre
5%
à
partir
du
LCR,
2%
à
partir
de
plaies
ou
de
la
cavité
buccale
des
chiens,
et
5%
à
partir
d’autres
sources
(cornée,
pétéchie,
valve
cardiaque,
glande
surrénale)
(Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
25
Toutes
les
souches
isolées
à
partir
de
sang
ou
de
LCR
avaient
été
prélevées
chez
des
patients
septicémiques.
Les
prélèvements
sanguins
sont
donc
à
privilégier
lors
de
sepsis
à
C.
canimorsus
(Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
Au
contraire,
les
prélèvements
réalisés
au
site
d’inoculation
des
bactéries
ne
permettent
pas
toujours
l’identification
de
l’agent
étiologique.
En
effet,
dans
une
étude
menée
par
Janda
et
al.,
des
prélèvements
sanguins
et
des
prélèvements
locaux
ont
été
réalisés
chez
60
patients
parmi
lesquels
6
présentaient
une
cellulite
à
l’admission
:
C.
canimorsus
a
pu
être
isolée
à
partir
des
hémocultures
alors
qu’elle
n’a
pas
été
isolée
à
partir
des
prélèvements
locaux
(Janda,
Graves
et
al.,
2006;
Védy,
Mardelle
et
al.,
2008).
c. Limites
des
méthodes
conventionnelles
i. Pour
l’isolement
et
l’identification
de
Capnocytophaga
spp.
Les
méthodes
conventionnelles
utilisées
en
routine
présentent
des
limites
pour
l’isolement
et
l’identification
de
Capnocytophaga
spp.
(Jensen,
Dargis
et
al.,
2013).
Une
étude
réalisée
par
le
laboratoire
de
référence
de
Californie
met
en
évidence
la
difficulté
d’isolement
et
d’identification
de
Capnocytophaga
spp.
par
les
laboratoires
d’analyse
(Janda,
Graves
et
al.,
2006).
Ce
laboratoire
reçoit
des
prélèvements
envoyés
par
des
laboratoires
de
microbiologie
afin
d’identifier
ou
de
confirmer
l’identification
de
C.
canimorsus.
Seulement
32%
des
isolats
étaient
correctement
identifiés,
alors
que
55%
des
souches
n’avaient
pu
être
identifiées
et
13%
des
souches
étaient
mal
identifiées
(Janda,
Graves
et
al.,
2006).
Plusieurs
causes
sont
avancées
afin
d’expliquer
ce
défaut
d’identification
:
des
conditions
de
cultures
non
appropriées
ainsi
qu’un
défaut
d’utilisation
ou
d’adéquation
des
tests
phénotypiques
(souvent
commerciaux).
Cette
étude
illustre
les
carences
possibles
des
laboratoires
d’analyse
pour
l’isolement
et
l’identification
de
C.
canimorsus
suggérant
que
la
fréquence
des
infections
à
C.
canimorsus
soit
sous-‐estimée
(Janda,
Graves
et
al.,
2006).
De
plus,
la
croissance
de
C.
canimorsus
étant
lente
in
vitro
et
l’évolution
des
septicémies
rapidement
fatales,
l’étiologie
est
parfois
connue
plusieurs
jours
après
le
décès
du
patient
(Gouin,
Veber
et
al.,
2004).
26
ii. Cas
des
prélèvements
polymicrobiens
La
croissance
en
culture
de
C.
canimorsus
peut
être
inhibée
en
présence
de
microorganismes
à
croissance
plus
rapide
(Pasteurella
spp.
par
exemple).
Or,
les
prélèvements
réalisés
suite
à
des
morsures
de
chiens
et
de
chats
sont
souvent
polymicrobiens
avec
en
moyenne
5
bactéries
isolées
par
culture
(aérobies
ou
anaérobies)
(Griego,
Rosen
et
al.,
1995;
Talan,
Citron
et
al.,
1999).
Les
pasteurelles
sont
les
bactéries
les
plus
fréquemment
isolées
suite
à
des
morsures
de
chiens
ou
de
chats
et
elles
sont
associées
à
d’autres
bactéries
plus
rares
telles
que
C.
canimorsus.
Il
existe
donc
un
risque
de
manquer
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
lors
de
prélèvements
polymicrobiens
(plaies
de
morsure
par
exemple)
(Talan,
Citron
et
al.,
1999
;
Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
van
Duijkeren,
van
Mourik
et
al.,
2006).
3. Par
des
méthodes
de
biologie
moléculaire
Comme
vu
précédemment,
l’isolement
et
l’identification
de
Capnocytophaga
spp.
par
des
méthodes
conventionnelles
présente
de
nombreuses
limites.
Ainsi,
des
méthodes
d’identification
par
biologie
moléculaire
ont
été
développées
et
constituent
désormais
les
méthodes
de
référence.
a. Présentation
des
méthodes
de
biologie
moléculaires
L’identification
de
Capnocytophaga
spp.
par
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S
est
considéré
comme
le
«
gold
standard
»
(Tang,
Ellis
et
al.,
1998).
Le
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S
est
permis
par
l’utilisation
d’un
couple
d’amorces
permettant
l’amplification
d’une
séquence
connue
d’ADN,
les
amorces
étant
placées
en
amont
de
la
région
à
séquencer.
La
séquence
obtenue
est
ensuite
comparée
à
une
banque
de
données.
Les
résultats
se
présentent
sous
la
forme
de
pourcentages
d’homologies
entre
la
séquence
obtenue
et
les
séquences
présentes
dans
la
base
de
données
(Boisset,
2008).
b. Performances
des
méthodes
de
biologie
moléculaire
i. Identification
plus
performante
de
C.
canimorsus
Dans
une
étude
menée
par
de
Melo
Oliveira
et
al.,
les
méthodes
conventionnelles
ont
été
comparées
avec
les
méthodes
de
biologie
moléculaires
pour
l’identification
de
158
bacilles
Gram
négatif
à
croissance
lente
et
difficile
(de
Melo
Oliveira
,
Abels
et
al.,
2013).
27
L’identification
moléculaire
a
permis
d’identifier
l’espèce
de
148
isolats
(94%),
le
genre
de
9
isolats
(5%)
et
la
famille
de
1
isolat
(moins
de
1%).
L’identification
phénotypique
a
permis
d’identifier
l’espèce
de
64
isolats
(40%),
le
genre
de
21
isolats
(13%)
mais
73
isolats
n’ont
pas
été
identifiés
ou
ont
été
mal
identifiés
:
l’identification
moléculaire
apparaît
donc
comme
étant
nettement
plus
performante
pour
l’identification
des
bacilles
Gram
négatif
à
croissance
lente
et
difficile
tels
que
Capnocytophaga
spp.
(de
Melo
Oliveira
,
Abels
et
al.,
2013).
Ces
résultats
ont
été
confirmés
dans
plusieurs
cas
cliniques
rapportant
des
infections
à
C.
canimorsus.
Par
exemple,
chez
un
patient
présentant
une
ténosynovite
aigue,
les
cultures
aérobies
et
anaérobies
sont
restées
négatives
mais
Capnocytophaga
spp.
a
été
identifié
par
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008).
Les
différences
de
performance
observées
ont
des
conséquences
pour
la
santé
humaine
sachant
que
les
méthodes
de
recherche
hospitalière
sont
souvent
basées
sur
des
cultures
bactériennes
et
présentent
donc
un
risque
d’erreur
pour
le
diagnostic
d’infections
à
C.
canimorsus
(Dilegge,
Edgcomb
et
al.,
2011).
Par
conséquent,
le
développement
de
méthodes
de
biologie
moléculaire
permettrait
d’améliorer
la
fréquence
avec
laquelle
ces
bactéries
sont
mises
en
évidence
(Jensen,
Dargis
et
al.,
2013;
Clarridge,
2004).
ii. Distinction
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
grâce
à
des
amorces
spécifiques
Il
a
été
rapporté
que
des
souches
de
C.
canimorsus
et
de
C.
cynodegmi
n’ont
pas
pu
être
distinguées
par
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S
(Mally
,
Paroz
et
al.
2009).
Ainsi,
une
méthode
spécifique
permettant
l’identification
et
la
distinction
de
ces
espèces
a
été
développée.
Pour
cela,
des
amorces
nommées
CaL2
et
AS1
créées
spécifiquement
pour
l’étude
par
Suzuki
et
al.,
et
d’autres
amorces
nommées
CaR
et
CyR
définies
dans
une
autre
étude
ont
été
utilisées.
Les
caractéristiques
des
amorces
sont
présentées
dans
le
tableau
ci-‐dessous
(tab
2).
28
Tableau
2:
Caractéristiques
des
amorces
utilisées
par
Suzuki
et
al.
permettant
l’amplification
174 M. Suzuki et al. / Veterinary Microbiology 144 (2010) 172–176
spécifique
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
(Suzuki
,
Kimura
et
al.,
2010).
Table 2
Primers used in this study.
Primer name Sense or antisense Sequence Target length Location at L14637 or L14638a
b
GenBank accession numbers of 16S rRNA gene of C. canimorsus (L14637) and C. cynodegmi (L14638).
Prepared according to Kikuchi et al. (2005).
Le
using
Prefecture couple
sterile d’amorces
cotton-tipped CaL2-‐AS1
applicatorspermet
(BD BBL d’amplifier
Table 3 des
séquences
cibles
retrouvées
The sensitivity of the PCR with three pairs of primers.
Culture Swab Plus; Nippon Becton Dickinson, Tokyo,
chez
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi.
Le
couple
d’amorces
CaL2-‐CaR
permet
d’amplifier
Japan) were suspended in heart infusion broth (BD 100 pg 10 pg 1 pg 100 fg 10 fg l fg
spécifiquement
Bioscience, CA, USA)l’ADN
and cultured de
C.
forcanimorsus
24 h at 35 8C alors
in an que
The
le
amount
couple
d’amorces
of DNA of C. canimorsusCaL2–CyR
permet
aerobic atmosphere of 5% CO2. Bacterial cells were CaL2–AS1 + + + " " "
l’amplification
collected from the spécifique
culture brothde
by l’ADN
de
C.
andcynodegmi.
centrifugation CaL2–caRCette
+ méthode
+ est
+ spécifique
" " et
"
then resuspended
sensible
pour
in 200 ml of distilledet
l’identification
water
la
followed by
différenciation
de
amount
The C.
canimorsus
et
de
C.
cynodegmi
of DNA of C. cynodegmi
heating at 95 8C for 15 min. After centrifuging at 14,000 ! g CaL2–AS1 + + + " " "
(Suzuki
for 5 min,,the
Kimura
et
al.,
containing
supernatants 2010).
bacterial DNA were CaL2–cyR + + + + " "
collected and used for PCR amplification.
29
Ainsi,
des
prélèvements
non
utilisables
pour
la
réalisation
de
cultures
pourront
être
utilisées
pour
une
identification
par
des
méthodes
de
biologie
moléculaire.
Cet
avantage
peut
être
illustré
par
un
cas
clinique
où
les
prélèvements
sanguins
réalisés
en
vue
de
la
recherche
de
l’agent
étiologique
par
hémoculture
ont
été
collectés
avec
une
technique
inappropriée
et
ont
été
rejetés
par
le
laboratoire
de
microbiologie.
Toutefois,
une
PCR
et
un
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S
ont
pu
être
réalisés
à
partir
de
ces
échantillons
sanguins
et
ils
ont
permis
de
confirmer
une
infection
à
C.
canimorsus
(Wald,
Martinez
et
al.,
2008).
c. Limites
des
méthodes
de
biologie
moléculaire
La
difficulté
à
identifier
C.
canimorsus
à
partir
de
prélèvements
polymicrobiens
est
aussi
rencontrée
avec
les
méthodes
de
biologie
moléculaire.
En
effet,
dans
une
étude
menée
par
Jensen
et
al.
portant
sur
l’utilité
de
la
PCR
et
du
séquençage
de
l’ADN
ribosomique
16S
pour
le
diagnostic
de
routine
des
infections
bactériennes,
l’ADN
bactérien
a
été
amplifié
à
partir
de
26%
des
échantillons
et
l’identification
bactérienne
a
été
obtenue
pour
80%
des
échantillons
à
PCR
positive
(Jensen,
Dargis
et
al.,
2013).
Parmi
les
échantillons
pour
lesquels
l’identification
n’a
pas
été
possible,
15%
étaient
polymicrobiens.
Ainsi,
l’identification
bactérienne
pourra
échouée
dans
les
cas
où
les
prélèvements
seront
polymicrobiens
(Jensen,
Dargis
et
al.,
2013).
4. Utilisation
d’automates
Afin
d’identifier
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi,
les
laboratoires
d’analyse
peuvent
également
utiliser
des
automates.
Les
automates
présentent
l’avantage
de
permettre
une
identification
rapide
des
bactéries
par
rapport
aux
méthodes
conventionnelles.
a. Les
automates
BacT/ALERT
et
BACTEC
Les
systèmes
automatisés
BacT/ALERT
et
BACTEC
peuvent
être
utilisés
pour
monitorer
la
croissance
de
bactéries
responsables
de
sepsis
tel
que
C.
canimorsus
(Endimiani,
Tamborini
et
al.,
2002).
Les
automates
BacT/ALERT
et
BACTEC
possèdent
respectivement
des
capteurs
colorimétrique
et
fluorimétrique
repérant
les
changements
de
couleur
ou
de
fluorescence
d’un
senseur
suite
à
l’émission
de
CO2
par
les
bactéries.
Des
milieux
spécifiques
et
des
algorithmes
sont
utilisés
afin
de
diminuer
le
temps
nécessaire
pour
distinguer
les
bactéries
par
les
automates
(BD
BACTEC,
2001
;
bioMérieux,
a).
30
Ainsi,
des
flacons
de
culture
BacT/ALERT
FAN
ont
été
créés
:
ces
flacons
sont
composés
de
charbons
activés
qui
permettent
d’améliorer
la
détection
des
microorganismes
(bioMérieux,
a).
Bourbeau
et
al.
ont
montré
que
98%
des
isolats
sont
détectés
en
moins
de
72
heures
par
l’automate
BacT/ALERT
lors
de
l’utilisation
des
flacons
BacT/ALERT
FAN
(Bourbeau,
Pohlman,
2001).
Dans
un
cas
clinique
publié
dans
la
littérature,
l’utilisation
des
milieux
de
culture
BACTEC
a
permis
d’isoler
C.
canimorsus
entre
3
et
6
jours
après
l’incubation
des
milieux
de
culture
(Pers,
Tvedegaard
et
al.,
2007).
b. Les
automates
VITEK-‐2
et
la
méthode
de
spectrométrie
de
masse
MALDI-‐TOF
La
spectrométrie
de
masse
MALDI-‐TOF
est
une
méthode
d’identification
bactérienne
permettant
d’identifier
les
molécules
bactériennes
par
l’analyse
de
leur
masse
et
de
la
charge
de
leurs
ions.
Cette
méthode
présente
l’avantage
de
fournir
une
identification
rapide
(quelques
minutes)
et
peu
coûteuse.
VITEK-‐2
est
une
plateforme
automatisée
permettant
l’identification
phénotypique
des
bactéries
et
la
réalisation
d’antibiogramme
(bioMérieux,
b).
Zangenah
et
al.
ont
étudié
l’identification
par
l’automate
VITEK2
et
par
la
méthode
de
spectrométrie
de
masse
MALDI-‐TOF
de
6
souches
de
C.
canimorsus
et
14
souches
de
C.
cynodegmi
(Zangenah,
Ozenci
et
al.,
2012).
Ces
20
souches
avaient
préalablement
été
identifiées
par
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S
en
utilisant
les
amorces
spécifiques
pour
l’identification
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
définies
par
Suzuki
et
al.
(Zangenah,
Ozenci
et
al.,
2012
;
Suzuki
,
Kimura
et
al.,
2010).
L’automate
VITEK-‐2
a
permis
d’identifier
10
souches
sur
20
de
Capnocytophaga
spp.,
et
a
duré
en
moyenne
6
heures.
L’analyse
MALDI-‐TOF
a
permis
d’identifier
toutes
les
souches
de
C.
canimorsus
et
13
souches
sur
14
de
C.
cynodegmi
et
a
duré
environ
10
min
par
échantillon
:
l’analyse
MALDI-‐
TOF
est
donc
une
méthode
plus
rapide
et
plus
fiable
que
VITEK-‐2
pour
l’identification
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi.
Ainsi,
l’analyse
MALDI-‐TOF
est
une
méthode
qui
devrait
être
développée
dans
le
futur
(Zangenah,
Ozenci
et
al.,
2012).
31
D. Application
des
méthodes
d’identification
dans
la
détermination
du
portage
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
par
les
animaux
domestiques
a. Par
des
méthodes
conventionnelles
Une
étude
réalisée
en
1978
par
Bailie
et
al.
sur
50
chiens
a
révélé
que
C.
canimorsus
est
présente
dans
la
salive
de
8%
des
animaux
prélevés
(Bailie,
Stowe
et
al.,
1978).
Quelques
années
plus
tard,
en
1989,
Westwell
et
al.
ont
étudié
le
portage
de
C.
canimorsus
chez
180
chiens,
249
chats,
12
moutons,
et
15
bovins.
Le
niveau
de
portage
obtenu
chez
les
chiens
est
plus
élevé
que
dans
l’étude
précédente.
Les
bovins
et
les
moutons
semblent
également
porteurs
de
C.
canimorsus.
En
effet,
les
niveaux
de
portage
obtenus
de
C.
canimorsus
étaient
de
24%
chez
les
chiens,
17%
chez
les
chats,
25%
chez
les
moutons
et
33%
chez
les
bovins
(Westwell,
Kerr
et
al.,
1989).
Puis,
en
1995,
Blanche
et
al.
ont
étudié
le
portage
de
C.
canimorsus
au
camp
militaire
de
Cambrai
(Blanche,
Bloch
et
al.,
1998).
Au
total,
90
chiens,
120
chats,
35
hamsters
et
100
hommes
ont
été
testés.
Les
résultats
ont
montré
que
25.5%
des
chiens
et
15%
des
chats
étaient
porteurs.
Les
niveaux
de
portage
sont
donc
les
mêmes
pour
les
chiens
et
les
chats
que
ceux
obtenus
dans
l’étude
menée
par
Westwell
et
al.
En
revanche,
les
hamsters
et
les
hommes
ne
semblent
pas
être
porteurs
de
la
bactérie
car
C.
canimorsus
n’a
pas
été
isolée
à
partir
de
la
cavité
buccale
des
hamsters
et
des
humains
(Blanche,
Bloch
et
al.,
1998).
Enfin,
deux
études
réalisées
en
2009
et
2011
menées
respectivement
par
Mally
et
al.
et
par
Dilegge
et
al.
ont
évalué
le
portage
de
C.
canimorsus
et
de
C.
cynodegmi
au
sein
de
la
cavité
buccale
des
chiens
et
des
chats.
Les
bactéries
ont
été
isolées
en
culture
puis
l’identification
a
été
réalisée
en
associant
les
caractéristiques
phénotypiques
des
bactéries
et
un
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S.
L’étude
menée
par
Mally
et
al.
portait
sur
l’évaluation
du
portage
de
C.
canimorsus
chez
des
chiens
en
Suisse.
C.
canimorsus
a
été
retrouvé
dans
la
salive
de
61
chiens
sur
106,
ce
qui
représente
un
niveau
de
portage
de
58%
(Mally,
Paroz
et
al.,
2009).
L’étude
réalisée
par
Dilegge
et
al.
s’est
intéressée
à
la
présence
des
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
au
sein
de
la
plaque
dentaire
des
chiens.
C.
canimorsus
a
été
retrouvé
dans
21,7%
des
échantillons
et
C.
cynodegmi
a
été
retrouvé
dans
11,7%
des
échantillons
(Dilegge,
Edgcomb
et
al.,
2011).
32
Les
niveaux
de
portage
obtenus
sont
équivalents
aux
résultats
précédents
pour
l’étude
de
Dilegge
et
al.
mais
ils
sont
plus
élevés
dans
l’étude
de
Mally.
Toutefois,
les
niveaux
de
portage
obtenus
sont
plus
faibles
que
lorsqu’une
identification
par
des
méthodes
de
biologie
moléculaire
seule
est
réalisée
car
elle
n’est
pas
soumise
aux
difficultés
d’isolement
rencontrées
lors
de
la
mise
en
culture
des
bactéries.
b. Par
des
techniques
de
biologie
moléculaire
Les
niveaux
de
portage
de
C.
canimorsus
et
de
C.
cynodegmi
obtenus
par
des
méthodes
de
biologie
moléculaire
sont
plus
élevés
que
ceux
obtenus
par
les
méthodes
conventionnelles.
En
effet,
dans
une
étude
menée
par
van
Dam
et
al.
évaluant
la
présence
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
au
sein
de
la
flore
buccale
de
53
chiens
grâce
à
une
PCR
en
temps
réel
ciblant
le
gène
rpoB
(codant
pour
une
sous-‐unité
de
l’ARN
polymérase
bactérienne),
les
niveaux
de
portage
de
C.
canimorsus
et
de
C.
cynodegmi
étaient
respectivement
de
73%
et
de
96%
(van
Dam,
van
Weert
et
al.,
2009).
Une
autre
étude
réalisée
en
2010
par
Suzuki
et
al.
au
Japon
s’est
intéressée
à
la
présence
de
C.
canimorsus
et
de
C.
cynodegmi
chez
les
chiens
et
les
chats
grâce
à
des
méthodes
de
biologie
moléculaire
(Suzuki,
Kimura
et
al.,
2010).
C.
canimorsus
était
présente
chez
74%
des
chiens
et
57%
des
chats
alors
que
C.
cynodegmi
était
retrouvée
chez
86%
des
chiens
et
84%
des
chats
(Suzuki,
Kimura
et
al.,
2010).
Les
plus
forts
niveaux
de
portage
obtenus
par
les
méthodes
de
biologie
moléculaire
sont
dus
au
fait
que
les
méthodes
de
biologie
moléculaire
sont
plus
sensibles
que
les
méthodes
conventionnelles
pour
lesquelles
l’isolement
en
culture
et
l’identification
grâce
aux
caractéristiques
phénotypiques
des
bactéries
sont
difficiles
(Suzuki,
Kimura
et
al.,
2010).
Les
niveaux
de
portage
de
C.
canimorsus
et
de
C.
cynodegmi
obtenus
par
les
méthodes
de
biologie
moléculaire
confirment
que
les
chiens
et
les
chats
sont
les
sources
d’infection
et
que
la
transmission
de
ces
bactéries
à
l’homme
se
fait
par
la
salive
des
chiens
et
des
chats.
Le
plus
fort
niveau
de
portage
de
C.
cynodegmi
par
rapport
à
C.
canimorsus
est
en
contraste
avec
les
études
précédentes.
Cela
pourrait
être
dû
au
fait
que
l’isolement
et
l’identification
par
les
méthodes
conventionnelles
de
détection
sont
plus
difficiles
pour
C.
cynodegmi
que
pour
C.
canimorsus
(van
Dam,
van
Weert
et
al.,
2009;
Suzuki,
Kimura
et
al.,
2010).
33
c. Caractéristiques
des
animaux
porteurs
Aucune
relation
entre
le
portage
de
C.
canimorsus
et
l’âge,
la
race,
le
sexe,
le
mode
de
vie,
le
mode
d’alimentation,
ou
la
santé
dentaire
des
chiens
n’a
été
établie
(van
Dam,
van
Weert
et
al.,
2009;
Blanche,
Bloch
et
al.,
1998).
Les
animaux
de
compagnie
sont
des
porteurs
sains
et
ils
constituent
le
réservoir
de
C.
canimorsus
et
de
C.
cynodegmi
(Lappin,
2005).
34
2EME
PARTIE
:
ETUDE
MOLECULAIRE
DE
LA
VIRULENCE
ET
DE
LA
RESISTANCE
ANTIBIOTIQUE
CHEZ
C.
CANIMORUSUS
ET
C.
CYNODEGMI
C.
canimorsus
est
une
espèce
pathogène
responsable
d’infections
systémiques
sévères
chez
l’homme
(Janda,
Graves
et
al.,
2006;
Blanche,
Bloch
et
al.,
1998).
C.
cynodegmi
est
moins
pathogène
et
provoque
majoritairement
des
infections
localisées
(Brenner,
Hollis
et
al.,
1989;
Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
2007;
Sarma,
Mohanty,
2001).
Les
facteurs
de
virulence
expliquant
la
pathogénicité
de
C.
canimorsus
sont
présentés
dans
cette
partie.
L’étude
des
facteurs
de
virulence
de
C.
canimorsus
a
notamment
été
permise
par
le
développement
de
nombreux
outils
génétiques
par
l’équipe
de
Guy
Cornelis
tels
que
la
transposition
(insertion
aléatoire
d’un
transposon
dans
le
génome)
ou
encore
la
mutagénèse
dirigée
par
échange
allélique
de
gène
(Mally,
Cornelis,
2008).
A. La
sialidase
et
le
complexe
Gpd
:
des
facteurs
de
virulence
1. Importance
de
la
sialidase
pour
la
nutrition
de
C.
canimorsus
a. Rôle
biologique
des
acides
sialiques
cibles
des
sialidases
Les
sialidases,
aussi
appelées
neuramidases,
sont
des
enzymes
qui
clivent
les
acides
sialiques
ou
acides
N-‐acétylneuraminiques.
Les
acides
sialiques
sont
des
glucides
composés
d’un
squelette
à
neuf
atomes
de
carbone,
chargés
négativement,
retrouvés
en
position
externe
des
membranes
cellulaires
et
dans
les
sécrétions
buccales,
respiratoires,
intestinales
et
vaginales.
Les
acides
sialiques
ont
de
nombreuses
fonctions
physiologiques
et
immunologiques
(protection
des
protéines
par
rapport
aux
protéases).
Ces
acides
sont
fréquemment
la
cible
de
microorganismes
(Lewis,
Lewis,
2012).
b. Mise
en
évidence
in
vitro
de
l’existence
d’une
sialidase
à
la
surface
de
C.
canimorsus
Le
mode
de
nutrition
de
C.
canimorsus
a
été
étudié
grâce
à
la
souche
Cc5,
isolée
chez
un
patient
septicémique
(Shin,
Mally
et
al.,
2007).
Mally
et
al.
ont
montré
que
la
croissance
de
C.
canimorsus
est
dépendante
de
l’activité
d’une
sialidase
(Mally,
Shin
et
al.,
2008).
35
En
effet,
Mally
et
al.
ont
isolé
un
clone
incapable
de
croître
en
présence
de
macrophages
murins.
Ce
clone
est
obtenu
par
intégration
du
transposon
Tn4351
provenant
de
Bacteroides
fragilis
au
sein
d’un
gène
codant
pour
une
sialidase.
Le
gène
muté
obtenu
est
noté
siaC
sur
la
figure
suivante
(fig
6).
Les
souches
sauvages
sont
capables
de
cliver
un
acide
N-‐acétylneuraminique
contrairement
à
la
souche
mutante
Tn
(Mally,
Shin
et
al.,
2008).
Figure
6:
Site
d’intégration
du
transposon
Tn4351
au
sein
d’un
gène
codant
pour
une
sialidase
(Mally,
Shin
et
al.,
2008).
Par
immunofluorescence
indirecte,
la
sialidase
a
été
localisée
à
la
surface
bactérienne
de
C.
canimorsus.
La
sialidase
n’étant
pas
retrouvée
dans
le
surnageant
d’une
culture
de
macrophages
murins
infectés
par
C.
canimorsus
indique
que
la
sialidase
puisse
être
fortement
associée
à
la
membrane
externe.
Ainsi,
C.
canimorsus
est
capable
de
se
Figure 2. Identification of the Tn integration site and analysis of mRNA present in wt C. canimorsus 5. (A) Amino acid sequence
canimorsus sialidase showing the signal peptide (italics) and the BNR/asp repeats (Ser/Thr-X-Asp-X-Gly-X-Thr-Trp/Phe) of bacterial sialidases
développer
en
présence
de
macrophages
grâce
à
une
sialidase
présente
à
la
surface
des
Domain predictions were analyzed by InterProScan [42]. The residues conserved in sialidases at the C-terminus are underlined and the tyrosin
bold [43]. The Tn4351 integration site in SiaC at amino acid 77 is indicated, boxed in grey and bold. (B) Genetic locus of the sialidase gen
bactéries
including its(Mally,
upstream Shin
genes,et
agntR-like
l.,
2008).
gene
(CAPCA_MM1) and putative N-acyl-glucosamine epimerase encoding gene (CAPCA_MM
downstream coding sequence (CAPCA_MM3). (C) Reverse transcription performed on total RNA with specific primers (5129 or 5132) followed
transcripts present in wt Cc5 (cDNA). PCR reactions were also performed using genomic DNA (gDNA) as template instead of cD
to identify
positive control. As a control, reverse transcription was performed without reverse transcriptase in a parallel assay and used as template
subsequent PCR reaction Rôle
de
la
sialidase
de
C.
canimorsus
c. (-RT).
doi:10.1371/journal.ppat.1000164.g002
Mally
et
al.
ont
montré
que
C.
canimorsus
nécessite
un
contact
étroit
avec
des
cellules
mutant (Fig. 3B). Using a sarcosyl extraction method, SiaCFL and (CMP-Neu5Ac, Cytidine-59-monophospho-N-acetylneu
de
mammifères
afin
de
se
développer
(Mally,
Shin
et
al.,
2008).
En
effet,
la
croissance
de
C.
SiaC Y488C were found to be associated with the outer membrane acid) restored growth of siaC in presence of J774.1. In c
(Fig. 3C), whereas SiaCD1–21 was only detected in total cells growth could be restored by the addition of purified recom
canimorsus
(Fig. 3B). Indirect en
culture
est
observée
immunofluorescence using en
présence
polyclonal de
macrophages
anti-SiaC murins
(lignée
J774.1)
SiaC or neuraminidase/sialidase NanH from Clostridium p
serum on paraformaldehyde fixed but unpermeabilized bacteria to the culture medium, but not by the addition of the cata
alors
qu’aucune
croissance
n’est
notée
en
absence
des
macrophages.
De
plus,
la
croissance
confirmed that SiaC is exposed on the bacterial surface unless the inactive SiaCY488C (Fig. 4A). This suggested that rem
signal peptide is removed (Fig. 3D). Although it is surface exposed, terminal sialic acids from glycoconjugates is required t
de
no C.
SiaC canimorsus
en
culture
could be detected avec
des
ofmacrophages
in the supernatant infected J774.1 murins
otherest
inhibée
par
carbohydrates l’ajout
Indeed,
accessible. d’un
N-acetyl gluco
cultures, indicating that it is tightly associated with the outer (GlcNAc) and N-acetyl galactosamine (GalNAc), common
système
membraneTranswell
qui
empêche
(Fig. 3C). Hence, surface-localizedle
contact
sialidase entre
les
macrophages
is required et
les
bactéries.
Ces
hydrate moieties of glycoconjugates, allowed growth of siaC
for growth of Cc5 at the expense of mammalian cells.
résultats
suggèrent
que
C.
canimorsus
nécessite
un
contact
presence étroit
avec
les
(Fig.
of macrophages cellules
de
4B). Notably, addition of
(Glc), galactose (Gal), mannose (Man) or sialyl-lacto
Growth is sustained
mammifères
pour
sa
by N-acetyl aglucosamine
croissance
(GlcNAc)
fin
de
s’approvisionner
en
acetylneuraminosyl-D-lactose)
nutriments
présents
à
la
could
surface
not restore growth
and N-acetyl galactosamine (GalNAc) but not by sialic bacteria (Fig. 4C). As galactose (Gal) is a common sugar pr
des
acids cellules
(Mally,
Shin
et
al.,
2008).
GlcNAc in glycan molecules, we next tested addition of N
Since sialidases cleave terminal sialic acid from glycoconjugates, lactosamine (LacNAc), a disaccharide consisting of b
we first
tested whether the addition of sialic acids could restore b(1R4) GlcNAc. LacNAc also restored the growth defect
growth of siaC. Addition of neither sialic acid (Neu5Ac, N-Acetyl- indicating the presence of an active b-galactosidase r
2,3-dehydro-2-deoxyneuraminic acid) nor its activated form monosaccharides Gal and GlcNAc in wt and siaC Cc5 (Fi
37
Par
conséquent,
Manfredi
et
al.
se
sont
intéressés
à
un
groupe
de
lipoprotéines
présent
au
niveau
de
la
membrane
externe
correspondant
au
système
d’approvisionnement
en
glycanes
des
Bacteroides
(Manfredi,
Pagni
et
al.,
2011).
ii. Système
d’approvisionnement
en
glycanes
des
Bacteroides
Le
génome
des
Bacteroides
comporte
de
nombreux
opérons
PUL
(Polysaccharides
utilisation
loci)
regroupant
des
gènes
codant
pour
des
protéines
permettant
l’approvisionnement
en
polysaccharides.
Les
opérons
PUL
sont
caractérisés
par
la
présence
d’une
paire
de
gènes
homologues
aux
gènes
susC
et
susD
(Reeves,
D'Elia
et
al.,
1996;
Martens,
Chiang
et
al.,
2008).
Ces
gènes
codent
pour
des
protéines
intervenant
dans
la
liaison
au
substrat
(glycoprotéines).
Ce
dernier
est
ensuite
transféré
dans
le
périplasme
via
une
porine
codée
par
le
gène
susC.
Les
gènes
susC
et
susD
sont
habituellement
associés
à
des
gènes
codant
pour
des
enzymes
permettant
d’obtenir
des
monosaccharides
intracellulaires
tels
que
les
gènes
susA,
susB
et
susG
(Sonnenburg,
Zheng
et
al.,
2010).
L’enzyme
SusG
permet
la
libération
d’oligosaccharides
à
partir
du
substrat.
Après
leur
transfert
dans
le
périplasme,
les
oligosaccharides
sont
lysés
en
monosaccharides
par
les
enzymes
codées
par
les
gènes
susA
et
susB.
Les
monosaccharides
sont
ensuite
transportés
dans
le
cytosol
(Cho,
Salyers,
2001).
iii. Système
d’approvisionnement
de
C.
canimorsus
Le
génome
de
C.
canimorsus
est
composé
de
13
opérons
PUL,
ce
qui
représente
un
faible
nombre
par
rapport
à
d’autres
bactéries
appartenant
au
groupe
des
Bacteroides
(88
PUL
chez
B.
thetaiotaomicron).
Le
faible
nombre
d’opérons
PUL
signifie
que
C.
canimorsus
a
peu
de
substrats
différents
:
cela
pourrait
correspondre
à
une
adaptation
à
la
flore
orale
des
animaux
de
compagnie
au
sein
de
laquelle
C.
canimorsus
aurait
peu
de
substrats
différents
(Martens,
Chiang
et
al.,
2008).
C.
canimorsus
est
capable
d’utiliser
des
glucides
comme
source
de
nutriments.
En
effet,
parmi
les
13
opérons
PUL,
6
opérons
codent
pour
des
glycosidases
(PUL
3,
5,
7,
9,
11
et
12)
et
4
opérons
codent
pour
des
protéines
de
liaison
aux
glucides
(gène
homologue
de
susD,
PUL
5,
9
et
12)
(fig
7).
Les
opérons
PUL
pourraient
également
coder
pour
des
enzymes
permettant
l’approvisionnement
d’une
autre
source
de
nutriments
telles
que
les
protéines.
En
effet,
trois
opérons
coderaient
pour
des
protéases
(PUL
2,
4
et
9)
et
deux
opérons
pour
des
protéines
de
liaison
de
protéines
(PUL
2
et
3)
(fig
7)
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
38
Un
opéron
(PUL
9)
pourrait
également
coder
pour
une
enzyme
ayant
une
activité
à
la
fois
glycolytique
et
protéolytique
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
Sus-like systems of C. canimorsus 1051
Fig. 1. The 13 PULs of Cc5. The 13 PULs identified by the presence of susC-like and susD-like genes. The graphics is scaled in Kbp.
Putative functions are colour coded as indicated in the key. The black arrows show the range of the deletion in the various
knockout mutants
engineered. Dots and waves give indications concerning the cellular localization of the protein.
Figure
7:
Organisation
des
13
opérons
PUL
chez
C.
canimorsus
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
2000). A key feature of this starch utilization system (Sus) in the mouse. To our knowledge, this is the first report of a
is the co-ordinated action b. ofImportance
several gene de
products
ce
système
multiprotein
d’approvisionnement
foraging system specialized in glycoprotein
involved in substrate binding and degradation. Interest- deglycosylation and import that could be a virulence factor.
ingly, some of the Sus components i. are Importance
predicted to clé
bepour
la
nutrition
de
C.
canimorsus
lipoproteinsL’ensemble
des
protéines
exprimées
en
surface
correspond
au
surfome
ou
protéome
and have been shown to be surface exposed
(Shipman et al., 1999; Martens et al., 2008). Subsequent Results
de
s urface.
L e
microbial genome sequencing projects revealed thes urfome
d e
C .
c animorsus
est
composé
de
75
protéines.
The genome of Cc5 contains 13 PULs
presence of many polysaccharide utilization loci (PULs)
Les
produits
d’au
moins
douze
opérons
PUL
ont
été
détectés
au
sein
du
protéome
de
encoding ‘Sus-like systems’ in the genome of B. thetaio- We sequenced and annotated the genome of Cc5
surface
taomicron andde
other C.
saccharolytic
canimorsus
parmi
lesquels
Bacteroidetes (Xu et al., huit
opérons
(GenBank: représentent
CP002113) and plus
found de
that
la
moitié
it encodes des
a high
2003; Martens et al., 2008; 2009). Sus-like systems target number of putative lipoproteins (8% of the total coding
protéines.
all major classes ofLes
host and protéines
dietary glycanspermettant
(Bjursell etl’approvisionnement
al., sequences) (P. Manfredi,en
glycanes
M. Pagniont
& G.R.donc
Cornelis,une
manu-
2006). Thus, PUL-mediated glycan catabolism is an script in preparation).
importance
majeure
dans
la
biologie
de
C.
canimorsus
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
Since C. canimorsus can harvest
important component in gut colonization and ecology. glycan moieties from mammalian surface glycoproteins
The genome
Au
of ssome ein
dsaprophytic
u
surfome,
les
protéines
Bacteroidetes, such prédominantes
as (Mally etsal.,ont
codées
2008), we paidpar
particular
les
opérons
attentionPUL
to1,
a 5group
Flavobacterium johnsoniae also contains high numbers of archetypal outer membrane (OM) lipoproteins that are
et
9
tandis
que
les
protéines
minoritaires
sont
codées
par
les
opérons
PUL
2,
3,
6,
10,
11
et
of PULs (McBride et al., 2009), indicating that Sus-like conserved in every Bacteroidetes glycan foraging system
12
(fig
systems are 8a).
hallmark of the Bacteroidetes phylum rather (Reeves et al., 1997). The two most conserved proteins
than of commensal Bacteroides only. The objective of the associated with these systems are SusC and SusD homo-
present work
was to identify the C. canimorsus genes logues. SusC resembles a TonB-dependent transporter
involved in deglycosylation of animal cell glycoproteins. To and is essential for energy-dependent import of starch
this end, we determined the genome sequence and the oligosaccharides into the periplasm (Reeves et al., 1996),
composition of the surface proteome of C. canimorsus 5 while SusD is an a-helical starch-binding lipoprotein. In
(Cc5), a strain that was isolated from a fatal human sep- silico screens, using Hidden Markov Models based on
ticaemia. In the Cc5 genome, we identified 13 putative 39
susD and susC homologues identified 13 hypothetical
surface exposed polysaccharide utilization systems. PULs (see experimental procedures for full method
Through systematic deletion mutagenesis of the 13 PULs, description), which could encode surface feeding machin-
we identified one that was essential for glycoprotein deg- eries (Fig. 1). This number of PULs is significant but
Discussion
The genome of Cc5 was fou
high proportion of predicted
several other members of t
Analysis of the Cc5 surface
contrast to what is seen in P
number of these lipoproteins
abundance of these surface ex
to the fact that C. canimorsus w
mammalian glycoproteins (Ma
Figure
8:
Importance
des
protéines
codées
par
les
opérons
PUL
au
sein
du
surfome
de
C.
canimorsus
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
Une
délétion
indépendante
des
13
opérons
PUL
a
révélé
que
6
opérons
(PUL
1,
2,
5,
6,
9
et
11)
contribuent
à
la
croissance
de
C.
canimorsus
sur
des
cellules
de
mammifères.
En
effet,
la
délétion
de
ces
opérons
entraîne
une
diminution
de
la
croissance
de
C.
canimorsus,
avec
un
effet
plus
marqué
en
cas
de
délétion
de
l’opéron
PUL5
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
Fig. 2. Importance
ii. Genetic and functionalparticulière
distributiondof e
lthe
’opéron
surfomePof UL5
Cc5.
Fifty-nine surface-exposed proteins are encoded by only 34 loci,
Les
protéines
codées
suggesting thatpar
mostl’opéron
PUL5
form
of these proteins représentent
functional complexes. 12%
du
surfome
de
C.
In agreement with this, these loci include eight out of the 13 PULs
canimorsus.
Cet
opéron
identified joue
donc
un
in the genome. rôle
were
Proteins majeur
quantified dans
by la
MS/MS nutrition
de
C.
canimorsus
peptide intensity.
(Manfredi,
Renzi
et
A.al.,
2011;
Rof
Percentage enzi,
Manfredi
the surface et
al.,
proteome 2011).
by
the 37 loci
encoded
(including 3 ribosomal contaminant loci).
L’opéron
PUL5
est
composé
de
cinq
gènes
nommés
gpdC,
gpdD,
gpdG,
gpdE
et
gpdF,
B. Functional distribution of surface protein highlighting the Fig. 3. Contribution of the differen
predominance of PUL-encoded feeding complexes at the bacterial cells and to fetuin deglycosylation.
gpd
signifiant
«
glycoprotein
surface (53.5%). deglycosylation
Ccan_21630, which »
could
(Renzi,
be an Manfredi
endonuclease, et
al.,
2011).
Ces
gènes
A. Growth in the presence of cells:
and the putative cytolysin Ccan_00790 accounted for 11% and strains were inoculated on HEK 293
13% of the totalGpdD,
codent
pour
les
lipoprotéines
surfomeGpdG,
respectively.
GpdE
Other surfacequi
et
GpdF
proteins partie
du
infection
font
have of 0.2,
protéome
with (grey) or witho
de
been pooled in the miscellaneous group. N-acetylglucosamine (GlcNAc) [0.00
grown for 23 h (n = 3). Cell division
surface
(fig
9)
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
forming unit counts at t0h and t23h. T
animal model for C. canimorsus (Mally et al., 2008). We DPUL5 mutant with the pPM4 plasm
also included in this study, the siaC mutant known to Ccan_08700–8730 is included (righ
persist less than wt (Mally et al., 2008). As shown in assessed by t-test of wt versus DPU
deletants versus DPUL deletants su
Fig. 4, in each experiment, only one out of five mice black. Stars indicate error probabilit
cleared wt Cc5 bacteria after 28 days. In contrast, four ***P < 0.001.
mice cleared the siaC mutant and three mice cleared the B. Deglycosylation of fetuin. Top, an
staining with the Sambucus nigra le
DPUL5 mutant. In competition with wt bacteria however, sialic acid a-2,6 linked to galactose
all mice cleared the DPUL5 mutant bacteria. No significant and, to a lesser extent, to sialic acid
variation in PMNs counts from tissue cage fluids (TCFs) residues; bottom, staining with Datu
recognizes terminal galactose b-1,4
was observed among the four set of mice used for single C. SNA and DSA lectins specificity
infections or in the competition assay. We infer from all (right) glycan moieties. The red arro
these data that PUL5 contributes to the survival in mice cleavage site on an archetypal N-gl
N-acetylgalactosamine; Gal, galacto
and hence that PUL5 represents 40
a fitness factor during N-Acetylneuraminic or sialic acid; M
infections. Ser, serine; Thr, threonine.
Figure
9:
Organisation
de
l’opéron
PUL5
de
C.
canimorsus
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
Le
complexe
GpdDEF
permettrait
la
liaison
des
glycoprotéines
à
la
surface
bactérienne
(fig
10A).
La
protéine
GpdG
serait
une
glycosidase
qui
cliverait
les
glycoprotéines
en
oligosaccharides
après
leur
liaison
à
la
surface
bactérienne
(fig
10A).
Enfin,
la
protéine
GpdC,
homologue
de
la
protéine
susC,
est
une
porine
qui
importerait
les
oligosaccharides
dans
le
périplasme
après
son
clivage
(fig
10B).
Les
oligosaccharides
sont
ensuite
lysés
en
monosaccharides
(fig
10D)
puis
sont
transportés
jusqu’au
cytosol
(Renzi,
Manfredi
et
al.,
2011).
La
sialidase
était
considérée
comme
étant
une
lipoprotéine
enchâssée
dans
la
membrane
externe
(Mally,
Paroz
et
al.,
2009).
Toutefois,
l’analyse
du
protéome
de
surface
n’a
pas
permis
de
détecter
cette
enzyme
à
la
surface
bactérienne
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
La
sialidase
pourrait
donc
être
présente
dans
le
périplasme
où
elle
coopérerait
avec
le
complexe
Gpd
:
le
complexe
Gpd
permettrait
le
transfert
des
substrats
au
sein
du
périplasme
et
la
sialidase
retirerait
ensuite
le
résidu
terminal
d’acide
sialique
de
l’oligosaccharide
transféré
(fig
10C)
(Renzi,
Manfredi
et
al.,
2011;
Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
Figure 1. Genetic analysis of the PUL5 locus. (A). Schematic representation of the PUL5 putative operon (top: new gene designation; belo
gene codes derived from the annotation of the genome (Manfredi et 41
al. submitted). (B). Growth of the various individual gpd knockout (black) a
complemented (grey) mutants on HEK293 cells (moi = 0.2; 23 hours growth). (C). Glycosylation state of fetuin samples incubated for 2 hours in t
presence of the different strains, monitored by staining with SNA that recognizes terminal sialic acid (2–6) linked to Gal or to GalNAc. (D). Weste
blot analysis with anti-fetuin antibodies of fetuin samples incubated as in (C).
doi:10.1371/journal.ppat.1002118.g001
To our knowledge, the Gpd system is the first Sus-like system Our data demonstrate that PUL-encoded lipoproteins are
devoted to foraging N-linked glycoproteins. It contributes to surface-exposed. Prolipoproteins are exported through the Sec
Figure 9. Functional model of complex N-linked glycan moieties deglycosylation processing by C. canimorsus. Individual glycan
processing steps are illustrated. (A) The glycan moiety is bound at the bacterial surface by the Gpd complex. (B) The glycan mopiety is endo-cleaved
by GpdG and imported into the periplasm trough the GpdC pore. (C) Terminal sialic acid is cleaved by sialidase (SiaC). (D) The glycan is further
Figure
10:
processed by theModélisation
sequencial activity des
différentes
of several étapes
permettant
l’approvisionnement
de
C.
periplasmic exoglycosidases.
doi:10.1371/journal.ppat.1002118.g009
canimorsus
en
glycanes
par
l’intermédiaire
du
complexe
d’approvisionnement
Gpd
et
de
la
sialidase
(Renzi,
M| anfredi
PLoS Pathogens et
al.,
2011).
www.plospathogens.org 12 June 2011 | Volume 7 | Issue 6 | e1002118
Le
complexe
d’approvisionnement
en
glycanes
de
C.
canimorsus
évoque
fortement
le
complexe
d’approvionnement
des
Bacteroides
(Cho,
Salyers,
2001).
3. Des
facteurs
de
virulence
a. Survie
dans
un
modèle
d’infection
tissulaire
murin
Mally
et
al.
ont
réalisé
un
modèle
d’infection
tissulaire
en
plaçant
des
bactéries
de
la
souche
Cc5
et
des
bactéries
mutées
pour
le
gène
siaC
à
l’intérieur
de
cages
implantées
en
sous-‐cutané
chez
cinq
souris
(Mally,
Shin
et
al.,
2008).
Les
bactéries
sauvages
ont
été
capables
de
survivre
pendant
27
jours
chez
3
souris
sur
5.
En
revanche,
les
bactéries
mutées
n’étaient
plus
détectées
dès
le
deuxième
jour
chez
toutes
les
souris:
la
sialidase
permet
donc
la
survie
de
C.
canimorsus
dans
ce
modèle
d’infection
et
pourraient
ainsi
constituer
un
facteur
de
virulence
(Mally,
Shin
et
al.,
2008).
Manfredi
et
al.
ont
également
montré
que
l’opéron
PUL5
participe
à
la
survie
de
C.
canimorsus
dans
ce
modèle
d’infection
tissulaire
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
42
b. Déglycosylation
des
immunoglobulines
IgG
Dans
une
étude
menée
par
Manfredi
et
al.,
il
a
été
montré
que
le
complexe
codé
par
l’opéron
PUL5
permet
la
déglycosylation
des
immunoglobulines
G
humaines
(IgG)
grâce
à
la
protéine
GpdG
(Manfredi,
Renzi
et
al.,
2011).
L’activité
enzymatique
dirigée
contre
les
IgGs
a
aussi
été
observée
chez
Streptococcus
pyogenes
et
été
relevée
comme
étant
un
facteur
de
virulence
participant
au
développement
d’une
infection
généralisée
(Collin,
Olsén,
2001).
De
telles
conclusions
pourraient
être
extrapolées
à
C.
canimorsus.
B.
Mécanismes
d’échappement
et
de
contrôle
des
réponses
immunitaires
de
l’hôte
C.
canimorsus
est
capable
de
contrôler
mais
aussi
d’échapper
aux
réponses
immunitaires
innée
et
adaptative
de
l’hôte.
Les
mécanismes
d’échappement
et
de
contrôle
sont
présentés
ci-‐dessous
(Shin,
Mally
et
al.
2007).
1. Absence
de
réponse
pro-‐inflammatoire
forte
induite
par
C.
canimorsus
et
régulation
de
la
réponse
pro-‐inflammatoire
C.
canimorsus
n’active
pas
les
signaux
cellulaires
conduisant
à
la
production
de
cytokines
pro-‐inflammatoires,
de
chimiokines
et
d’oxyde
nitrique
(NO)
nécessaires
à
la
mise
en
place
d’une
forte
réponse
inflammatoire.
De
plus,
C.
canimorsus
est
capable
de
contrôler
la
réponse
pro-‐inflammatoire
induite
par
elle-‐même
ou
par
d’autres
bactéries
(Shin,
Mally
et
al.,
2007).
a. Faible
production
de
cytokines
Les
bactéries
Gram
négatif
sont
caractérisées
par
une
forte
induction
de
la
production
de
cytokines
pro-‐inflammatoires
(IL-‐1 β ,
IL-‐6)
par
rapport
aux
bactéries
Gram-‐positif,
ce
qui
expliquerait
en
partie
que
les
infections
soient
plus
aigues
et
sévères.
Néanmoins,
C.
canimorsus
se
distingue
des
autres
bactéries
Gram
négatif
par
une
faible
induction
de
la
production
de
cytokines
(Frieling,
Mulder
et
al.,
1997).
La
faible
production
de
cytokines
induite
par
C.
canimorsus
est
observée
en
culture
avec
des
macrophages
murins
et
des
monocytes
humains.
En
effet,
des
macrophages
murins
infectés
avec
10
souches
différentes
de
C.
canimorsus
ont
montré
une
libération
négligeable
du
facteur
de
nécrose
tumorale
TNF-‐α
et
de
l’interleukine
IL–1a
(Shin,
Mally
et
al.,
2007).
43
De
même,
des
macrophages
infectés
avec
des
souches
Cc5
vivantes
et
tuées
par
la
chaleur
(heat-‐killed=HK)
ont
libéré
une
quantité
minime
d’interleukine
pro
inflammatoire
IL-‐
6
et
d’interleukine
anti-‐inflammatoire
IL-‐10.
La
pré-‐induction
des
macrophages
avec
l’interféron
IFN-‐γ
(augmente
la
réceptivité
des
cellules
aux
stimuli
inflammatoires)
ne
conduit
pas
à
une
libération
significative
d’IL-‐1a,
IL-‐6,
ou
de
TNF-‐α
(Nathan,
Murray
et
al.,
1983;
Shin,
Mally
et
al.,
2007).
Les
mêmes
observations
sont
faites
en
culture
avec
des
monocytes
humains
(Shin,
Mally
et
al.,
2007).
b. Absence
de
libération
de
NO
Normalement,
les
macrophages
libèrent
du
NO
(activité
bactéricide)
suite
à
leur
stimulation
par
le
LPS
des
bactéries
Gram
négatif.
Cependant,
l’incubation
de
certaines
souches
de
C.
canimorsus
n’entraine
pas
cette
libération
de
NO
par
les
macrophages
(Shin,
Mally
et
al.,
2007).
De
plus,
une
étude
menée
par
Mally
et
al.
a
montré
que
seulement
6.5%
des
souches
canines
empêchent
la
libération
de
NO
contre
25%
des
souches
issues
d’isolats
cliniques:
cette
propriété
serait
donc
plus
fréquente
chez
les
souches
responsables
d’infections
humaines
(Mally,
Paroz
et
al.,
2009).
Cette
observation
est
renforcée
par
le
fait
que
cette
propriété
n’est
pas
observée
pour
C.
cynodegmi.
Toutefois,
cette
hypothèse
reste
fragile,
le
nombre
de
souches
issues
d’infections
humaines
étant
faible
au
sein
de
l’étude
(8
isolats
cliniques)
(Mally,
Paroz
et
al.,
2009).
c. Régulation
de
la
réponse
pro-‐inflammatoire
C.
canimorsus
est
capable
d’inhiber
la
réponse
pro-‐inflammatoire
induite
par
d’autres
bactéries
en
antagonisant
l’activation
du
TLR4.
En
effet,
les
souches
Cc5
vivantes
peuvent
empêcher
la
libération
de
TNF-‐α
et
de
NO
induite
par
des
bactéries
Yersinia
enterocolitica
tuées
par
la
chaleur.
C.
canimorsus
est
également
capable
de
réguler
le
niveau
d’expression
de
molécules
clés
pour
le
déclenchement
d’une
réponse
pro-‐inflammatoire.
En
effet,
les
souches
Cc5
vivantes
peuvent
diminuer
l’expression
de
TLR4
et
conduire
à
la
déphosphorylation
et
donc
à
l’inhibition
des
MAPK
p38
(Mitogen-‐actived
proteine
kinase).
Les
MAPK
p38
sont
des
molécules
clés
car
elles
jouent
un
rôle
essentiel
pour
la
production
de
cytokines,
la
phagocytose
et
la
régulation
de
l’expression
de
CD14,
TLR2,
et
de
TLR4
(Shin,
Mally
et
al.,
2007).
44
d. Rôle
du
LPS
de
C.
canimorsus
i. Notes
introductives
Les
TLR
(Toll
Like
Receptor)
sont
une
famille
de
13
molécules
présentes
à
la
surface
des
cellules
reconnaissant
des
motifs
moléculaires
associés
aux
pathogènes
(PAMPs).
La
LETTERS
stimulation
des
TLR
active
un
ensemble
de
facteurs
de
transcription
nommé
NF-‐ΚB
(Nuclear
Factor
Kappa
B)
conduisant
ensuite
à
la
production
de
cytokines
pro-‐inflammatoires
(Kawai,
Akira,
2007;
Takeda,
2004;
Oeckinghaus,
Ghosh,
2009).
Les
TLR
2,
4
et
5
sont
respectivement
les
récepteurs
du
peptidoglycane,
du
lipopolysaccharide
(LPS)
et
de
la
flagelline
(flagelles
ve bacteria is formation
a well- d’un
complexe
TLR4/MD-‐2/LPS
(Hailman,
Lichenstein
7,14,15
derivatives of LPS can abolish their endotoxic potency et
.al.,
The1994).
lack Deux
complexes
TLR4/MD-‐2/LPS
response1. Toll-like of a high-resolution s’associent
symétriquement
structure is in part responsible de
façon
à
for
former
incomplete un
dimère
:
le
actor 2 (MD-2) form understanding of the basis of receptor specificity and of the activation
complexe
final
est
composé
de
deux
molécules
de
LPS,
deux
molécules
de
MD-‐2
et
deux
ttern’ in structurally mechanism. We have therefore determined the crystal structure of the
molécules
gand specificity and d e
TLR4,
qui
seront
nommées
TLR4–MD-2–LPS complexTat LR4
3.1et
ÅTLR4*
(fig
11)
(Park,
Song
et
al.,
2009).
resolution.
TLR4–MD-2–LPS
The receptor multimer is composed of two copies of the TLR4–
LPS binding induced MD-2–LPS complex arranged in a symmetrical fashion (Fig. 1a).
mer composed of two
nged symmetrically.
a Dimerization interface
ocket in MD-2 and
MD-2
multimer. Five of the
TLR4*
e the pocket and the Primary
of MD-2, forming a interface
d phenylalanines of
localized structural
interface by making
F E
rison with the struc-
MD-2 indicates that G
D C
hosphorylated gluco- H I B
TLR4 A
nt area2,3. This struc-
MD-2*
PS to contribute to
interactions with a
LR4 and MD-2. The
markable versatility
b TLR4 TLR4*
ployed by the TLR Central
nst diverse microbial
Figure
11
:
Organisation
du
complexe
de
reconnaissance
du
LPS
(Park,
Song
et
al.,
2009).
N-term
ng bacteria are an early 10 7
m to counteract further 45
hock syndrome if the
rolled. LPS is a glyco-
1
negative bacteria. It is 18 1
Le
lipide
A
du
LPS
est
suffisant
pour
la
liaison
et
la
stimulation
du
TLR4
(Park,
Lee,
2013).
Les
éléments
clés
pour
l’activation
du
récepteur
sont
les
phosphates
présents
en
position
1
et
4’
(charges
négatives)
au
sein
du
squelette
du
lipide
A
qui
établissent
des
intéractions
de
charge
avec
des
acides
aminés
chargés
positivement
au
niveau
du
domaine
LRR
(Leucine-‐Rich
Repeat)
du
TLR4
et
du
MD-‐2.
Le
phosphate
1
est
lié
à
trois
protéines
du
complexe
TLR4/TLR4*/MD-‐2
alors
que
le
phosphate
4’
est
lié
à
2
protéines
:
le
phosphate
1
semble
donc
être
plus
important
pour
la
formation
d’un
complexe
hexamèrique
LPS/TLR4/MD-‐2
stable
(Coats,
Berezow
et
al.,
2011).
ii. Défaut
de
stimulation
du
récepteur
TLR4
par
C.
canimorsus
Shin
et
al.
ont
montré
que
les
macrophages
ne
déclenchent
pas
de
réponse
proinflammatoire
car
C.
canimorsus
ne
stimule
pas
le
récepteur
TLR4
(Shin,
Mally
et
al.,
2007).
Afin
de
mettre
cela
en
évidence,
Shin
et
al.
ont
étudié
l’activation
du
NF-‐ΚB
par
C.
canimorsus
dans
des
cellules
transfectées
avec
un
plasmide
d’expression
du
TLR4.
Les
résultats
ont
montré
que
le
TLR4
n’est
pas
capable
d’activer
le
NF-‐ΚB
en
présence
de
bactéries
Cc5
vivantes
ou
tuées
par
la
chaleur.
Etant
donné
que
le
LPS
de
C.
canimorsus
n’interagit
pas
avec
le
TLR4,
le
lipide
A
pourrait
avoir
une
structure
différente
des
autres
bactéries
Gram
négatif
permettant
d’échapper
passivement
à
la
réponse
inflammatoire
(Shin,
Mally
et
al.,
2007).
iii. Faible
endotoxicité
du
LPS
de
C.
canimorsus
Des
expériences
réalisées
par
Ittig
et
al.
ont
montré
que
le
LPS
de
C.
canimorsus
est
100
fois
moins
endotoxique
que
le
LPS
de
Escherichia
coli
0111
en
présence
du
TLR4
humain
(Ittig,
Lindner
et
al,.
2012).
La
faible
endotoxicité
du
LPS
est
due
à
des
particularités
structurales
du
lipide
A
(Ittig,
Lindner
et
al.,
2012).
En
effet,
C.
canimorsus
possède
un
lipide
A
penta-‐acylé
typiquement
associé
à
une
faible
endotoxicité
par
rapport
aux
lipides
A
hexa-‐
acylés.
La
faible
endotoxicité
du
lipide
A
de
C.
canimorsus
serait
également
due
à
l’absence
de
phosphate
4’
et
à
la
neutralisation
de
la
charge
négative
du
phosphate
1
par
un
groupement
éthanolamine
(Rietschel,
Kirikae
et
al.,
1994
;
Ittig,
Lindner
et
al,.
2012).
En
réalité,
Ittig
et
al
ont
montré
que
le
LPS
de
C.
canimorsus
nécessite
un
seuil
de
concentration
élevé
pour
l’expression
de
l’endotoxicité
:
cela
pourrait
correspondre
à
une
adaptation
de
C.
canimorsus
au
commensalisme
de
la
flore
buccale
des
animaux
domestiques
(Ittig,
Lindner
et
al,.
2012).
46
Au
cours
des
infections,
cette
caractéristique
permet
l’échappement
initial
de
C.
canimorsus
à
la
réponse
immunitaire
de
l’hôte.
Puis,
à
de
fortes
concentrations,
le
LPS
de
C.
canimorsus
active
le
TLR4
de
façon
comparable
au
LPS
de
E.
coli,
ce
qui
expliquerait
le
développement
de
sepsis
sévères
lorsque
le
LPS
est
présent
à
des
concentrations
plus
élevées
(Ittig,
Lindner
et
al,.
2012).
2. Résistance
à
la
destruction
médiée
par
le
complément
et
à
la
phagocytose
a. Résistance
à
la
destruction
médiée
par
le
complément
i. Notes
introductives
sur
le
système
du
complément
Le
système
du
complément
est
composé
de
protéines
sériques
parmi
lesquelles
on
distingue
le
facteur
C3b.
Ce
facteur
participe
à
la
formation
d’une
C5
convertase
qui
permet
de
cliver
le
facteur
C5
en
facteurs
C5a
et
C5b.
Le
facteur
C5b
est
ensuite
nécessaire
à
la
formation
du
complexe
d’attaque
membranaire
(C5bC6C7C8C9,
noté
CAM)
conduisant
à
la
lyse
des
bactéries
par
formation
de
pores
membranaires
(Mayer,
2015).
ii. Résistance
au
complément
La
résistance
au
complément
est
une
propriété
commune
aux
souches
de
C.
canimorsus.
En
effet,
les
souches
Cc5,
Cc11
et
Cc12
présentent
une
résistance
à
la
destruction
médiée
par
le
complément.
La
résistance
au
complément
est
probablement
due
à
un
manque
d’insertion
du
CAM.
En
effet,
très
peu
voire
aucun
complexe
C5b-‐C9
n’a
été
détecté
à
la
surface
de
C.
canimorsus
par
cytométrie
de
flux
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
b. Résistance
à
la
phagocytose
Meyer
et
al.
ont
comparé
la
résistance
à
la
phagocytose
de
C.
canimorsus
et
de
Yersinia
enterocolitica
utilisée
comme
souche
de
référence
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
Y.
enterocolitica
présente
une
résistance
permise
par
un
système
de
sécrétion
de
type
III
au
rôle
anti-‐phagocytaire
(Coburn,
Sekirov
et
al.,
2007).
Les
résultats
ont
montré
que
C.
canimorsus
est
autant
voire
plus
résistante
à
la
phagocytose
par
les
phagocytes
mononuclés
humains
que
Y.
enterocolitica
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
La
résistance
à
la
phagocytose
a
été
confirmée
par
une
analyse
par
vidéo-‐microscopie
de
la
culture
de
C.
canimorsus
avec
des
macrophages
murins:
les
résultats
ont
montré
que
les
bactéries
interagissant
avec
les
macrophages
ne
sont
pas
internalisées.
L’ajout
de
cytochalasine
D,
un
inhibiteur
de
la
phagocytose,
a
un
faible
effet
sur
la
croissance
bactérienne
ce
qui
confirme
qu’il
y
a
un
faible
taux
de
phagocytose
(Shin,
Mally
et
al.,
2007).
47
L’inhibition
de
la
phagocytose
augmente
avec
la
multiplicité
d’infection
(ratio
entre
le
nombre
de
bactéries
et
le
nombre
de
macrophages
en
culture).
En
effet,
lorsque
la
multiplicité
d’infection
augmente
(de
1
à
50)
lors
d’infections
de
macrophages
murins
par
C.
canimorsus,
on
observe
une
diminution
dose-‐dépendante
de
la
phagocytose
de
C.
canimorsus
par
les
macrophages
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
c. Probable
implication
du
LPS
de
C.
canimorsus
dans
la
résistance
au
complément
et
à
la
phagocytose
i. Identification
du
gène
impliqué
dans
la
résistance
au
complément
et
à
la
phagocytose
Parmi
les
mutants
obtenus
par
transposition
(Tn4351)
de
la
souche
Cc5
par
l’équipe
de
Guy
Cornelis,
le
clone
Y1C12
présente
un
taux
de
survie
fortement
diminué
en
culture
avec
du
sérum
humain
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
En
revanche,
les
clones
survivent
lors
de
l’inactivation
du
sérum
par
la
chaleur,
ce
qui
signifie
que
la
destruction
est
médiée
par
le
complément
(anticorps
spécifiques
de
C.
canimorsus
présents
dans
le
sérum
humain
activant
la
voie
classique
du
complément).
Meyer
et
al.
ont
montré
que
les
mutants
Y1C12
sont
détruits
par
le
complément
car
ils
autorisent
le
dépôt
de
davantage
de
CAM
par
rapport
aux
souches
sauvages.
Enfin,
les
clones
Y1C12
sont
environ
deux
fois
plus
sensibles
à
la
phagocytose
par
les
granulocytes
humains
que
les
souches
sauvages
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
ii. Altération
d’une
glycosyltransférase
La
sensibilité
à
la
phagocytose
et
à
la
destruction
médiée
par
le
complément
des
clones
Y1C12
résulterait
de
l’altération
d’un
gène
codant
pour
une
glycosyltransférase.
Les
glycosyltransférases
sont
des
enzymes
impliquées
dans
la
formation
de
structures
polysaccharidiques
notamment
retrouvées
dans
le
LPS.
La
structure
manquante
chez
les
clones
Y1C12
peut
être
purifiée
par
les
procédures
classiques
de
purification
du
LPS
ce
qui
indique
qu’elle
correspond
probablement
à
une
structure
lipopolysaccharidique.
Il
existe
donc
une
structure
polysaccharidique,
correspondant
probablement
au
LPS,
qui
protège
C.
canimorsus
du
dépôt
du
CAM
et
de
la
phagocytose
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
48
3. Inhibition
de
la
mort
des
bactéries
phagocytées
Une
étude
réalisée
par
Meyer
et
al.
montre
que
les
bactéries
appartenant
à
la
souche
Cc5
sont
capables
d’inhiber
la
mort
des
bactéries
Escherichia
coli
phagocytées
par
les
macrophages
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
En
effet,
lors
de
pré-‐infection
de
macrophages
murins
avec
des
bactéries
Cc5,
la
phagocytose
de
E.
coli
par
les
macrophages
n’est
pas
modifiée
mais
le
nombre
de
bactéries
tuées
par
les
macrophages
diminue
lorsque
le
temps
de
pré-‐infection
augmente.
Cela
est
dû
à
la
production
d’un
facteur
qui
empêche
les
macrophages
de
tuer
les
bactéries
phagocytées.
Le
facteur
soluble
inhibe
également
la
mort
des
bactéries
C.
canimorsus
phagocytées.
En
effet,
un
prétraitement
des
macrophages
avec
le
facteur
soluble
permet
de
diminuer
le
nombre
de
Cc5
tuées
d’environ
20%
à
moins
de
5%.
Cette
propriété
n’est
pas
observée
pour
toutes
les
souches
de
C.
canimorsus.
Parmi
les
10
souches
testées,
seulement
6
(Cc5,
Cc7,
Cc9,
Cc12,
Cc13
et
Cc14)
sont
capables
d’empêcher
les
macrophages
murins
de
tuer
E.
coli
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
C.
canimorsus
est
donc
adaptée
à
son
biotope
grâce
à
des
mécanismes
lui
permettant
de
réguler
ou
d’échapper
aux
réponses
immunitaires
de
l’hôte
(activité
antibactérienne
de
la
salive,
macrophages
résidents
au
niveau
des
muqueuses)
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
Lors
d’infections
chez
l’homme,
ces
mécanismes
permettraient
à
C.
canimorsus
de
se
multiplier
jusqu’au
développement
d’un
sepsis
sévère.
C.
canimorsus
pourrait
également
exprimer
des
facteurs
de
virulence
telles
que
des
cytotoxines
qui
participeraient
à
sa
pathogénicité
au
cours
des
infections.
En
effet,
Fischer
et
al.
ont
montré
que
C.
canimorsus
présente
une
cytotoxicité
en
culture
avec
des
macrophages
murins
probablement
due
à
la
production
d’une
cytotoxine
(Fischer,
Weyant
et
al.,
1995).
Toutefois,
cette
cytotoxicité
est
controversée
car
elle
n’a
pas
été
observée
dans
une
étude
de
Shin
et
al.
chez
les
dix
souches
de
C.
canimorsus
étudiées
(Shin,
Mally
et
al.,
2007).
C. Production
de
β-‐lactamases
Dans
le
cas
d’infection
à
C.
canimorsus,
une
antibiothérapie
sera
mise
en
place.
La
sensibilité
aux
antibiotiques
de
C.
canimorsus
sera
présentée
dans
la
troisième
partie.
Quelques
résistances
aux
antibiotiques
sont
rapportées
parmi
lesquelles
on
distingue
la
production
de
β-‐lactamases.
49
1. Les
β-‐lactamases
Les
β-‐lactamases
sont
une
famille
d'enzymes
responsables
de
la
résistance
des
bactéries
vis-‐à-‐vis
de
certains
antibiotiques
appartenant
à
la
famille
des
β-‐lactamines.
Chez
les
bactéries
Gram
négatif
pathogènes,
la
production
de
β-‐lactamases
est
le
principal
facteur
de
résistance
aux
β-‐lactamines.
Les
pénicillines,
les
céphalosporines
et
des
antibiotiques
apparentés
(les
monobactames
et
les
carbapénèmes)
possèdent
un
élément
commun
dans
leur
structure
moléculaire,
un
cycle
à
quatre
atomes,
nommé
le
β-‐lactame.
Les
β-‐lactamases
hydrolysent
ce
cycle,
et
désactivent
ainsi
les
propriétés
antibiotiques
de
ces
molécules
(Gupta,
2007;
Philippon,
2005).
2. Mise
en
évidence
de
la
production
de
β-‐lactamases
chez
Capnocytophaga
spp.
a. Etude
de
Roscoe
et
al.
Les
antibiotiques
appartenant
à
la
famille
des
β-‐lactamines
étaient
considérés
comme
étant
efficaces
lors
d’infections
à
Capnocytophaga
spp.
L’efficacité
de
ces
antibiotiques
a
été
remise
en
cause
suite
à
l’isolement
de
souches
productrices
de
β-‐lactamases
chez
deux
patients,
nommées
Van
1
et
Van
2
(Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992).
Roscoe
et
al.
se
sont
alors
intéressés
à
la
sensibilité
aux
β-‐lactamines
de
19
souches
de
Capnocytophaga
spp.
dont
les
souches
Van
1
et
Van
2.
La
production
de
β-‐lactamases
par
ces
souches
a
été
étudiée
grâce
au
test
à
la
nitrocéfine
(Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992).
Le
test
à
la
nitrocéfine
est
le
test
le
plus
sensible
pour
la
mise
en
évidence
de
la
plupart
des
β-‐lactamases.
C’est
un
test
chromogénique
basé
sur
le
changement
de
couleur
de
la
nitrocéfine
lors
de
l’hydrolyse
par
des
β-‐lactamases
(Livermore,
Brown,
2001).
Les
résultats
ont
montré
que
30%
des
souches
étaient
productrices
de
β-‐lactamases
:
il
existe
donc
une
part
importante
de
souches
productrices
de
β-‐lactamases
(Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992).
3. Pluralité
des
β-‐lactamases
a. Van
1
et
Van
2
Même
si
les
β-‐lactamases
produites
par
les
souches
Van
1
et
Van
2
présentent
des
similarités
(point
isoélectrique,
concentration
minimale
inhibitrice),
ces
enzymes
diffèrent
par
leurs
substrats
et
par
les
conditions
nécessaires
pour
extraire
les
enzymes.
Les
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
produisent
donc
au
minimum
deux
types
différents
de
β-‐lactamases
(Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992).
50
La
localisation
du
gène
codant
pour
ces
β-‐lactamases
n’est
pas
déterminée.
L’enzyme
issue
de
la
souche
Van2
semble
être
une
céphalosporinase
de
faible
efficacité
(Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992).
b. β-‐lactamase
membranaire
La
production
d’une
β-‐lactamase
membranaire
a
été
mise
en
évidence
par
Foweraker
et
al.
chez
la
souche
IC
5/21,
prélevée
chez
un
patient
neutropénique.
Cette
enzyme
confère
une
résistance
aux
céphalosporines
large
spectre
et
aux
pénicillines.
Foweraker
et
al.
se
sont
demandés
si
cette
β-‐lactamase
membranaire
correspondait
à
une
variation
d’une
enzyme
connue
chez
une
bactérie
Gram
négatif
ou
si
elle
a
été
acquise
à
partir
d’une
bactérie
Gram
positive.
Des
études
supplémentaires
sont
nécessaires
pour
déterminer
la
localisation
du
gène
(chromosomique
ou
plasmidique)
(Foweraker,
Hawkey
et
al.,
1990).
4. Proportion
de
souches
productrices
de
β-‐lactamases
Dans
l’étude
réalisée
par
Roscoe
et
al.
en
1992,
la
proportion
de
souches
productrices
de
β-‐lactamases
était
de
30%
(Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992).
Dans
certains
cas,
la
proportion
de
souches
productrices
de
β-‐lactamases
peut-‐être
plus
élevée.
Par
exemple,
chez
des
enfants
hospitalisés
au
service
d’oncologie
pédiatrique
de
l’hôpital
Sud
(Rennes,
France),
la
proportions
de
souches
productrices
de
β-‐lactamases
a
été
estimé
à
70%
sur
une
période
de
10
ans
(1993–2002)
(Jolivet-‐Gougeon,
Tamanai-‐Shacoori
et
al.
2005;
Jolivet-‐Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007).
La
forte
proportion
de
souches
productrices
de
β-‐lactamases
pourrait
résulter
de
la
réalisation
de
traitements
antibiotiques
antérieurs
avec
des
β-‐lactamines
conduisant
à
la
sélection
de
souches
productrices
de
β-‐lactamases.
Cependant,
l’émergence
de
souches
résistantes
pourrait
découler
de
transfert
horizontal
des
gènes
de
résistances
(Guiney,
Hasegawa
et
al.,
1984).
51
5.
Inhibiteurs
des
β-‐lactamases
L'acide
clavulanique2,
produit
naturel
par
Streptomyces
clavuligerus,
est
un
inhibiteur
d'un
certain
nombre
de
β-‐lactamases:
il
est
donc
parfois
administré
en
association
avec
des
β-‐lactamines,
pour
bloquer
l'action
des
enzymes
de
résistance.
Le
tazobactam3
est
également
un
inhibiteur
puissant
de
β-‐lactamases.
Il
permet
notamment
d’inhiber
les
enzymes
codées
par
des
plasmides,
responsables
de
la
résistance
à
de
nombreuses
β-‐lactamines.
Cet
inhibiteur
est
utilisé
en
association
avec
la
pipéracilline,
antibiotique
appartenant
à
la
famille
des
β-‐lactamines.
2
Les
caractéristiques
de
l’acide
clavulanique
sont
disponibles
sur
le
site
du
Vidal
(dictionnaire
des
médicaments
humains)
à
l’adresse
suivante
:
URL
:
http://www.vidal.fr/substances/4375/acide_clavulanique/
3
Les
caractéristiques
du
tazobactam
sont
disponibles
sur
le
site
du
Vidal
(dictionnaire
des
médicaments
humains)
à
l’adresse
suivante
:
URL
:
https://www.vidal.fr/substances/7022/tazobactam/
52
3EME
PARTIE
:
CARACTERISTIQUES
DES
INFECTIONS
A
C.
CANIMORSUS
ET
C.
CYNODEGMI
A. Caractéristiques
épidémiologiques
1. Prévalence
des
infections
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
La
prévalence
des
infections
à
C.
canimorsus
est
faible.
Dans
une
étude
recensant
les
cas
d’infections
survenus
au
Danemark
de
1982
à
1995,
la
prévalence
des
infections
était
de
0,5
cas
par
million
d'habitant
et
par
an
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996).
Plus
récemment,
aux
Pays-‐Bas,
la
prévalence
des
infections
a
été
estimée
à
0,67
cas
par
million
d’habitant
et
par
an
(van
Dam,
Jansz,
2011).
La
prévalence
des
infections
à
C.
cynodegmi
n’a
pas
été
chiffrée
mais
ces
infections
sont
rares
par
rapport
à
C.
canimorsus
(van
Dam,
Jansz,
2011).
Du
fait,
notamment,
de
la
difficulté
d’isolement
et
d’identification
de
ces
bactéries,
il
est
probable
que
la
prévalence
des
infections
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
soit
sous-‐
estimée
(Gaastra,
Lipman,
2010).
Toutefois,
bien
que
la
prévalence
des
infections
à
C.
canimorsus
soit
faible,
les
infections
sont
souvent
graves
et
rapidement
fatales
d’où
l’importance
de
la
connaissance
de
cette
zoonose
(Weese,
Fulford,
2011).
Les
infections
rencontrées
chez
l’homme
sont
rares
par
rapport
aux
forts
niveaux
de
portage
de
C.
canimorsus
chez
les
animaux
de
compagnie.
Le
faible
taux
d’infections
à
C.
canimorsus
pourrait
être
expliqué
par
une
population
bactérienne
hétérogène
composée
de
souches
«
communes
»
qui
se
comporteraient
comme
des
agents
opportunistes
et
par
des
agents
plus
agressifs
qui
pourraient
infecter
même
les
patients
non
immunodéprimés
(Mally,
Paroz
et
al.,
2009).
La
plupart
des
souches
de
C.
canimorsus
rencontrées
chez
les
chiens
ne
possèderaient
donc
pas
tous
les
facteurs
de
virulence
présentés
dans
la
partie
précédente
(2ième
partie)
(Meyer,
Shin
et
al.,
2008).
2. Répartition
géographique
et
Historique
Le
premier
cas
clinique
dû
à
un
bacille
Gram
négatif
non
identifié
appartenant
probablement
au
groupe
DF-‐2
a
été
décrit
en
1976
par
Bobo
et
al.
(Bobo,
Newton,
1976).
Depuis
1976,
plus
de
200
cas
d’infections
humaines
ont
été
décrits
à
travers
le
monde
(Gaastra,
Lipman,
2010).
53
Les
infections
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
ont
été
décrites
dans
de
nombreux
pays
tels
que
les
Etats-‐Unis,
la
France,
l’Australie,
le
Danemark,
les
Pays-‐Bas
mais
elles
surviennent
probablement
dans
le
monde
entier
(Blanche,
Bloch
et
al.,
1998;
O’Rourke,
Rothwell,
2011;
Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
van
Dam,
Jansz,
2011;
Weese,
Fulford,
2011).
3. Modes
de
transmission
Etant
données
que
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
appartiennent
à
la
flore
buccale
des
chiens
et
des
chats,
la
transmission
se
fait
par
leur
salive
(Broughton,
Verger
et
al.,
2010).
Toutefois,
le
contact
avec
un
chien
ou
un
chat
n’a
pas
pu
être
déterminé
pour
certains
cas
cliniques
(Nadler,
Larkin
et
al.,
1996).
Il
a
été
estimé
que
la
transmission
se
fait
par
morsure
dans
54%
des
cas,
par
griffure
dans
8.5%
des
cas
et
par
contact
étroit
avec
des
animaux
dans
27%
des
cas.
Dans
10.5%
des
cas,
l’origine
de
l’infection
est
inconnue
(Lion,
Escande
et
al.,
1996).
a. Morsures
i. Animaux
réservoir
Ces
agents
pathogènes
sont
majoritairement
transmis
par
morsures
de
chiens
et
minoritairement
par
morsures
de
chats
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008;
Tuzio,
Edwards
et
al.,
2005;
Lion,
Escande
et
al.,
1996).
Les
morsures
permettent
la
pénétration
tissulaire
de
C.
canimorsus
à
partir
de
la
cavité
buccale
de
l’animal
mordeur
(Leclerc,
2007).
La
transmission
n’est
pas
nécessairement
suivie
d’une
infection
(Gaastra,
Lipman,
2010).
Pour
deux
cas
d’infections
à
C.
canimorsus,
une
morsure
de
chauve-‐souris
et
une
morsure
d’araignée
ont
été
rapportées
dans
l’anamnèse.
Cependant,
des
données
supplémentaires
sont
nécessaires
afin
de
savoir
si
les
chauve-‐souris
et/ou
les
arthropodes,
tels
que
les
araignées
ou
certains
insectes,
sont
porteurs
de
la
bactérie
(van
Dam,
Jansz,
2011).
Ce
mode
de
transmission
constitue
un
véritable
risque
dans
la
mesure
où
des
millions
de
personnes
sont
mordues
chaque
année
à
travers
le
monde.
Il
a
été
évalué
qu’un
américain
sur
2
est
mordu
au
moins
une
fois
dans
sa
vie
et
90%
de
ces
morsures
sont
provoquées
par
des
chiens
et
des
chats
(Angulo,
Glaser
et
al.,
1995).
54
ii. Risque
particulier
des
morsures
mineures
Les
morsures
mineures
peuvent
être
responsables
d’infections
sévères:
aucune
morsure
ne
doit
être
considérée
comme
inoffensive
(Morgan,
1994b;
Verstraete,
1997;
Sacks,
Kerr,
2012;
O’Rourke,
Rothwell,
2011;
Leclerc,
2007).
Par
exemple,
une
patiente
a
développé
un
choc
septique
à
C.
canimorsus
après
une
morsure
mineure
de
chien.
La
morsure
se
traduisait
par
une
simple
ponction
cutanée
au
niveau
de
l’index
(fig
12)
(Sacks,
Kerr,
2012).
Figure
12:
Morsure
mineure
à
l’extrémité
de
l’index
d’une
patiente
ayant
conduit
à
un
choc
septique
à
C.
canimorsus
(Sacks,
Kerr,
2012).
Le
danger
des
morsures
mineures
est
dû
au
fait
que
ces
morsures
paraissent
bénignes.
Par
conséquent,
aucun
soin
n’est
mis
en
place,
ce
qui
peut
conduire
au
développement
d’infections
sévères
(Angulo,
Glaser
et
al.,
1995
;
Shin,
Mally
et
al.,
2009)
De
plus,
les
morsures
mineures
peuvent
conduire
à
un
diagnostic
erroné
ou
tardif.
En
effet,
les
morsures
mineures
sont
rarement
mentionnées
aux
médecins
lors
de
la
prise
des
commémoratifs
et
de
l’anamnèse.
Ceci
est
problématique
car
cela
retarde
la
mise
en
place
d’un
traitement
ciblé
précoce
(Sacks,
Kerr,
2012).
55
b. Griffures
de
chat
Des
cas
d’infections
à
C.
canimorsus
ont
été
décrits
suite
à
des
griffures
de
chats.
Les
griffes
seraient
contaminées
lors
du
toilettage.
Une
autre
hypothèse
serait
que
les
bactéries
coloniseraient
la
peau
des
patients
entretenant
un
contact
étroit
avec
des
animaux
porteurs.
Les
bactéries
seraient
ensuite
introduites
au
sein
de
l’organisme
par
le
biais
des
griffures
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008).
e. Transmission
iatrogène
Deux
cas
d’infections
probablement
iatrogènes
ont
été
décrits.
Le
premier
cas
concerne
un
patient
ayant
développé
une
endophtalmie
à
C.
canimorsus
à
la
suite
d’une
opération
de
la
cataracte.
La
bactérie
n’a
pas
été
isolée
à
partir
de
la
cavité
du
chien
du
patient.
Les
médecins
ont
alors
évoqué
la
possibilité
que
la
bactérie
ait
pu
être
introduite
dans
la
salle
d’opération
par
l’intermédiaire
du
personnel
médical
(Phipps,
Tamblyn
et
al.,
2002a).
56
Le
second
cas
correspond
à
une
méningite
à
C.
canimorsus
transmise
lors
de
la
réalisation
d’un
myélogramme.
La
bactérie
n’ayant
pas
été
isolée
à
partir
du
liquide
de
contraste,
une
contamination
à
partir
du
personnel
médical
ou
de
la
patiente
a
été
envisagée.
En
effet,
la
patiente,
le
radiologue
et
des
membres
du
personnel
médical
étaient
propriétaires
de
chiens.
L’hypothèse
la
plus
probable
est
que
C.
canimorsus
aurait
colonisée
la
peau
de
la
patiente
et
aurait
été
introduite
au
niveau
des
méninges
lors
de
la
ponction
lombaire.
Toutefois,
le
radiologue
et
les
techniciens
étant
eux-‐mêmes
propriétaires
de
chiens,
une
colonisation
cutanée,
oropharyngée
ou
une
infection
du
tractus
respiratoire
d’un
membre
du
personnel
médical
pourrait
être
la
source
de
la
contamination.
Les
méningites
suite
à
la
réalisation
de
myélogrammes
sont
rares
et
sont
principalement
dues
à
des
streptocoques.
Néanmoins,
ce
cas
illustre
la
nécessité
de
suspecter
C.
canimorsus
comme
agent
étiologique
(Risi,
Spangler,
2006).
f. Transmission
professionnelle
Une
infection
oculaire
chronique
à
C.
canimorsus
a
été
rapportée
chez
un
vétérinaire.
Son
oeil
avait
été
touché
par
une
dent
cariée
lors
de
son
extraction
chez
un
chien
présentant
une
gingivite
sévère
(de
Smet,
Chan
et
al.,
1990).
g. Transmission
par
morsure
d’insecte
C.
canimorsus
pourrait
être
transmise
par
morsure
d’insecte.
En
effet,
Tuuminen
et
al.
ont
rapporté
un
cas
d’infection
à
C.
canimorsus
chez
un
homme
après
avoir
été
mordu
par
un
insecte
nommé
grand
charançon
du
Pin
(Hylobius
abietis)
(Tuuminen,
Viiri
et
al.,
2014).
Le
grand
charançon
du
pin
est
un
insecte
qui
ravage
les
plantations
de
conifères:
le
patient
était
exposé
à
cet
insecte
car
il
travaillait
dans
une
scierie.
Le
patient
n’a
pas
présenté
de
contacts
direct
ou
indirect
avec
des
chiens
ou
des
chats,
ce
qui
suggère
que
cette
bactérie
a
été
transmise
lors
de
la
morsure
par
l’insecte
(Tuuminen,
Viiri
et
al.,
2014)
4. Typologie
des
patients
Les
infections
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
touchent
spécifiquement
les
personnes
d’âge
moyen
à
avancé.
L’âge
moyen
des
patients
varie
de
57.5
ans
à
60
ans
(Pers,
Gahrn-‐
Hansen
et
al.,
1996;
Janda,
Graves
et
al.,
2006,
van
Dam,
Jansz,
2011).
57
Les
hommes
sont
majoritairement
touchés
avec
un
ratio
homme/femme
variant
de
1,33
à
2,9
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
Lion,
Escande
et
al.,
1996,
Janda,
Graves
et
al.,
2006;
van
Dam,
Jansz,
2011).
La
prépondérance
des
infections
chez
l’homme
serait
due
à
un
plus
fort
risque
de
morsures
par
des
chiens
des
hommes
par
rapport
aux
femmes
(van
Dam,
Jansz,
2011).
5. Facteurs
de
risque
a. Possession
d’un
animal
de
compagnie
Etant
donné
que
la
transmission
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
se
fait
par
les
animaux,
la
possession
d’un
animal
de
compagnie
est
un
facteur
de
risque
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008;
Gouin,
Veber
et
al.,
2004;
Wald,
Martinez
et
al.,
2008).
L’augmentation
du
nombre
d’animaux
de
compagnie
contribuera
probablement
à
l’augmentation
de
la
prévalence
des
infections
à
C.
canimorsus
et
à
C.
cynodegmi
dans
le
futur
(Janda,
Graves
et
al.,
2006).
b. Activités
professionnelles
Les
personnes
présentant
un
contact
étroit
avec
les
animaux
au
sein
de
leur
profession
présentent
un
risque
accru
d’infections
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi.
C’est
notamment
le
cas
des
animaliers,
des
vétérinaires,
des
maîtres-‐chiens
ou
encore
des
éleveurs
(Gaastra,
Lipman,
2010;
Mani,
Maguire,
2009).
c. Age
Les
infections
à
C.
canimorsus
et
à
C.
cynodegmi
touchent
spécifiquement
les
personnes
d’âge
moyen
à
âgé:
la
baisse
de
l’immunité
associée
au
vieillissement
est
un
facteur
de
risque
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
Janda,
Graves
et
al.,
2006,
van
Dam,
Jansz,
2011;
van
Dam,
Jansz,
2011).
L’augmentation
de
l’espérance
de
vie
participera
probablement
à
une
augmentation
de
ces
infections
zoonotiques
(Mani,
Maguire,
2009).
d. Prédispositions
médicales
Les
infections
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
peuvent
être
rencontrées
chez
des
personnes
saines.
En
effet,
dans
une
étude
recensant
les
cas
de
sepsis
survenus
au
Danemark,
28%
des
patients
étaient
en
bonne
santé
(Brichacek,
Blake
et
al.,
2012;
Wimmer,
Plamenig
et
al.,
2011;
Risi,
Spangler,
2006;
Bryson,
Neilly
et
al.,
2003;
O’Rourke,
Rothwell,
2011;
Verstraete,
1997;
Kok,
Wolfhagen
et
al.,
1999;
Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996).
58
Toutefois,
de
nombreuses
affections
favorisent
une
infection
à
C.
canimorsus
ou
C.
cynodegmi
dont
les
principales
sont
présentées
ci-‐dessous.
i. L’alcoolisme
Des
cas
de
sepsis,
de
méningites
et
d’endocardites
ont
été
décrits
chez
des
patients
alcooliques
(Levy,
Mamizuka
et
al.,
1998
;
Wareham,
Michael
et
al.,
2006).
L’alcoolisme
favorise
les
infections
en
altérant
l’immunité
de
l’hôte
(immunité
cellulaire
notamment)
(Mani,
Maguire,
2009).
L’éthylisme
chronique
conduit
à
une
altération
de
l’immunité
même
lorsque
le
parenchyme
hépatique
est
encore
sain
(Ruscher,
Grandjean
et
al.,
1986).
ii. L’hyposplénisme
et
la
splénectomie
L’hyposplénisme
et
la
splénectomie
sont
des
facteurs
de
risque
d’infection
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
(Christou,
2011;
Mani,
Maguire
2009).
En
effet,
la
rate
est
un
organe
lymphoïde
secondaire
participant
à
la
lutte
contre
les
infections.
Les
bactéries
encapsulées
par
exemple
sont
éliminées
essentiellement
par
la
rate.
L’hyposplénie
et
la
splénectomie
exposent
donc
les
patients
à
un
risque
infectieux
augmenté,
en
particulier
vis-‐
à-‐vis
des
bactéries
encapsulées
telles
que
Streptococcus
pneumoniae,
Haemophilus
influenza
et
Neisseria
meningitidis
(Di
Sabatino,
Carsetti
et
al.,
2011;
Vinuesa,
De
Lucas
et
al.,
2001;
Wald,
Martinez
et
al.,
2008).
La
pathologie
la
plus
redoutée
chez
les
patients
splénectomisés
est
le
syndrome
septique
post-‐splénectomie
(OPSI),
pouvant
survenir
des
dizaines
d’années
après
la
splénectomie
(Dahyot-‐Fizelier,
Debaene
et
al.,
2013;
Band,
Gaieski
et
al.,
2011).
C.
canimorsus
doit
faire
partie
du
diagnostic
différentiel
en
cas
d’OPSI
(Wald,
Martinez,
Moll
2008
;
(Mellor
et
al.
1997).
En
effet,
même
si
C.
canimorsus
n’est
pas
encapsulée,
cette
bactérie
peut
être
extrêmement
pathogène
chez
les
patients
splénectomisés
(Morgan,
1994b;
Sacks,
Kerr,
2012;
Sowden,
Allworth
et
al.,
1995;
Ndon,
1992;
Tay,
Mills
et
al.,
2012).
L’association
fréquente
d’infections
systémiques
à
C.
canimorsus
et
d’une
asplénie
suggère
que
la
rate
joue
un
rôle
important
dans
l’élimination
de
cette
bactérie
(Stefanopoulos,
Tarantzopoulou,
2005).
59
iii. Les
maladies
immunitaires
Les
maladies
auto-‐immunes
sont
associées
à
des
anomalies
immunologiques
qui
favorisent
les
infections
à
C.
canimorsus
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008).
Des
infections
ont
notamment
été
rencontrées
chez
des
patients
souffrant
d’un
lupus
érythémateux
systémique
ou
d’une
affection
oculaire
auto-‐immune
nommée
maladie
de
Grave
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008;
Janda,
Graves
et
al.,
2006).
iv. Les
maladies
endocriniennes
Le
diabète
et
l’hyperadrénocorticisme
sont
des
facteurs
de
risque
d’infections
à
C.
canimorsus
(Nadler,
Larkin
et
al.
1996;
Mani,
Maguire,
2009).
En
effet,
les
affections
endocriniennes
sont
responsables
d’une
altération
de
l’immunité
de
l’hôte
favorisant
le
développement
de
C.
canimorsus
(
Mani,
Maguire,
2009;
Geerlings,
Hoepelman,
1999).
v. L’immunodéficience
acquise
Les
personnes
atteintes
de
l’immunodéficience
acquise
présentent
un
risque
accru
d’infection
à
C.
canimorsus.
Un
cas
a
été
décrit
chez
une
personne
présentant
une
co-‐
infection
HIV/hépatite
C
(Rougemont,
Ratib
et
al.,
2013).
vi. Les
affections
tumorales
Les
tumeurs
malignes
sont
des
facteurs
de
risque
dans
la
mesure
où
elles
altèrent
l’immunité
de
l’hôte
(Mani,
Maguire
2009).
Des
cas
ont
notamment
été
décrits
chez
des
patients
souffrant
d’un
lymphome
de
Hodgkin
et
d’un
cancer
de
l’ovaire
(Janda,
Graves
et
al.,
2006).
vii. Surcharge
en
fer
Une
surcharge
en
fer
sérique
est
un
facteur
de
risque
d’infection
à
C.
canimorsus.
En
effet,
les
systèmes
bactériostatiques
et
bactéricides
plasmatiques
ne
sont
plus
efficaces
en
cas
de
surcharge
en
fer
sérique
(Bullen,
Ward,
Rogers
1991).
De
plus,
C.
canimorsus
nécessite
de
grandes
quantités
de
fer
exogène
pour
sa
croissance.
Ainsi,
une
surcharge
en
fer
sérique
pourrait
contribuer
au
développement
d’infections
sévères
chez
l’homme.
Une
surcharge
en
fer
peut
être
rencontrée
lors
d’hémochromatose
ou
de
transfusions
sanguines
répétées
(Fischer,
Weyant
et
al.,
1995).
60
Un
cas
d’infection
opportuniste
a
notamment
été
décrit
chez
un
patient
atteint
d’un
syndrome
lymphoprolifératif
et
d’un
syndrome
myélodysplasique
à
l’origine
d’une
anémie
réfractaire
ayant
conduit
à
de
nombreuses
transfusions.
Le
patient
était
sous
traitement
immunosuppresseur
mais
il
ne
présentait
pas
d’autre
infection
opportuniste.
L’infection
à
C.
canimorsus
aurait
été
facilitée
par
une
surcharge
en
fer
sérique
à
6000µg/l
(v.u
:
30-‐233µg/l)
secondaire
aux
nombreuses
transfusions
réalisées
(Akiyama,
Nakamura
et
al.,
1992).
B. Caractéristiques
des
infections
à
C.
canimorsus
chez
l’homme
1. Durée
d’incubation
Lors
d’infections
à
C.
canimorsus,
la
durée
d’incubation
varie
de
24
heures
à
8
jours
(O’Rourke,
Rothwell
2011;
Pers,
Gahrn-‐Hansen,
Frederiksen,
1996).
En
général,
les
patients
sont
rapidement
hospitalisés
après
l’apparition
des
symptômes.
Toutefois,
l’hospitalisation
peut
avoir
lieu
plusieurs
mois
après
l’inoculation
des
bactéries
car
l’infection
peut
se
traduire
par
des
symptômes
frustres
évoluant
pendant
plusieurs
mois
(Hayani,
Higginson
et
al.,
2009).
Cette
longue
durée
d’incubation
peut
être
un
facteur
d’orientation
diagnostic.
En
effet,
lors
de
pasteurellose
(principale
infection
développée
suite
à
des
morsures
de
chien),
les
signes
cliniques
apparaissent
quelques
heures
après
l’inoculation
des
bactéries.
Un
temps
d’incubation
de
quelques
jours
sera
donc
en
faveur
d’une
infection
à
C.
canimorsus
(Leclerc,
2007).
Toutefois,
lorsque
les
symptômes
apparaissent
plusieurs
jours
après
une
situation
à
risque
de
transmission
(morsure
de
chien
par
exemple),
les
patients
oublient
souvent
de
la
mentionner
lors
du
recueil
de
l’anamnèse
par
les
médecins.
Cela
peut
donc
conduire
à
une
perte
d’information
et
à
une
suspicion
retardée
d’infection
à
C.
canimorsus
(Gaastra,
Lipman,
2010).
2. Signes
cliniques
lors
d’infection
à
C.
canimorsus
a. Signes
locaux
au
niveau
des
plaies
de
morsure
La
plaie
de
morsure
peut
ne
pas
présenter
d’inflammation
(Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997;
Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996).
Chez
un
patient
ayant
développé
un
choc
septique
par
exemple,
la
plaie
est
restée
propre
sans
suintement,
inflammation
ou
adénopathie
périphérique
régionale
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008).
61
Toutefois,
la
plaie
de
morsure
peut
présenter
une
inflammation,
une
douleur
ou
un
œdème.
Une
lymphangite
et
une
adénopathie
régionale
peuvent
aussi
être
associées
(Lappin,
2005;
Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
Janda,
Graves
et
al.,
2006;
Blanchard,
Boulet
et
al.,
1996;
Hawkins,
Wilson
et
al.,
2011).
b. Symptômes
généraux
Lors
de
leur
admission
à
l’hôpital,
les
patients
présentent
généralement
un
ou
plusieurs
symptômes
parmi
ceux
listés
ci-‐dessous.
i. Hyperthermie
A
l’admission,
les
patients
sont
fréquemment
en
hyperthermie
(75%
à
85%
des
cas).
L’hyperthermie
peut
être
majeure
et
atteindre
41°C
(Wimmer,
Plamenig
et
al.,
2011;
Sacks,
Kerr,
2012;
O’Rourke,
Rothwell,
2011
;
Kok,
Wolfhagen
et
al.,
1999;
Verstraete,
1997;
Lappin,
2005
;
Leclerc,
2007;
Blanchard,
Boulet
et
al.,
1996).
Des
frissons
sont
aussi
souvent
présents
(50%
des
cas)
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
Janda,
Graves
et
al.,
2006).
De
la
sudation
et
des
bouffées
de
chaleur
peuvent
également
être
observées
à
l’admission
(Sowden,
Allworth
et
al.,
1995;
Risi,
Spangler,
2006;
Rougemont,
Ratib
et
al.,
2013).
ii. Symptômes
digestifs
Des
symptômes
digestifs
sont
souvent
décrits
dans
la
littérature
(Jones,
Hamilton
et
al.,
2011;
Rougemont,
Ratib
et
al.,
2013;
Brichacek,
Blake
et
al.,
2012;
Verstraete,
1997;
Sacks,
Kerr,
2012).
Une
douleur
abdominale
et
de
la
diarrhée
sont
observées
dans
21
à
25
%
des
cas.
Des
vomissement
sont
présents
dans
18%
des
cas
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
Janda,
Graves
et
al.,
2006).
Un
méléna
et
une
hématémèse
peuvent
également
être
rapportés
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
Kok,
Wolfhagen
et
al.,
1999).
Les
symptômes
digestifs
peuvent
conduire
à
un
diagnostic
retardé
ou
erroné
(Leclerc,
2007).
Par
exemple,
en
cas
de
diarrhée
aqueuse,
les
médecins
s’orienteront
davantage
vers
une
infection
due
à
des
germes
entériques
invasifs
(O’Rourke,
Rothwell,
2011;
Hayani,
Higginson
et
al.,
2009).
62
iii. Manifestations
cutanées
Les
manifestations
cutanées
sont
fréquentes
lors
d’infections
à
C.
canimorsus.
Dans
une
étude
analysant
12
cas
d’infections
à
C.
canimorsus,
des
manifestations
cutanées
étaient
présentes
dans
50%
des
cas
(purpura
dans
37%
des
cas,
gangrène
symétrique
dans
15%
des
cas
et
érythème
maculopapuleux
dans
13%
des
cas).
Des
pétéchies
étaient
également
souvent
observées
(Lion,
Escande,
Burdin
1996).
Dans
la
littérature,
des
manifestations
cutanées
sont
fréquemment
décrites
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
Jones,
Hamilton
et
al.,
2011).
Une
hémorragie
conjonctivale,
un
purpura
pétéchial
au
niveau
du
visage,
du
cuir
chevelu
et
du
front
ont
par
exemple
été
observés
chez
un
patient
(fig
13)
(Band,
Gaieski
et
al.,
2011).
Figure
13:
Pétéchies
et
hémorragie
conjonctivale
chez
un
patient
atteint
d’une
OPSI
due
à
C.
canimorsus
(Band,
Gaieski
et
al.,
2011).
63
Une
patiente
a
quant
à
elle
présenté
des
ecchymoses
envahissantes
(fig
14)
(Wald,
Martinez
et
al.,
2008).
Figure
14:
Ecchymoses
envahissantes
chez
une
patiente
splénectomisée
atteinte
d’un
sepsis
sévère
à
C.
canimorsus
(Wald,
Martinez
et
al.,
2008).
iv. Douleurs
Les
douleurs
peuvent
se
manifester
sous
forme
de
myalgies
(33%
des
cas),
de
maux
de
tête
(18%
des
cas)
ou
encore
de
cervicalgie
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
Janda,
Graves
et
al.,
2006;
O’Rourke,
Rothwell,
2011).
v. Etat
de
confusion,
malaise
et
état
léthargique
Un
état
de
confusion
intermittent
ou
permanent
est
décrit
dans
12%
des
cas
(Janda,
Graves
et
al.,
2006;
Brichacek,
Blake
et
al.,
2012;
Hawkins,
Wilson,
McWilliams
2011;
Risi,
Spangler,
2006).
Les
malaises
sont
peu
fréquents
et
rapportés
chez
moins
de
10%
des
patients
(Janda,
Graves
et
al.,
2006;
Lappin,
2005;
Hayani,
Higginson
et
al.
2009;
Leclerc
2007).
Enfin,
un
état
léthargique
peut
être
présent
à
l’admission
des
patients
(Risi,
Spangler,
2006;
O’Rourke,
Rothwell,
2011;
Hayani,
Higginson
et
al.,
2009).
64
vi. Bilan
Les
symptômes
présents
à
l’admission
des
patients
à
l’hôpital
ne
sont
pas
spécifiques
(Leclerc,
2007).
Par
conséquent,
l’anamnèse
devra
être
prise
de
façon
rigoureuse
afin
d’orienter
le
diagnostic
vers
une
infection
à
C.
canimorsus
(Dudley,
Czarnecki
et
al.,
2006).
3. Modifications
biologiques
lors
d’infections
à
C.
canimorsus
Les
patients
ne
présentent
pas
nécessairement
de
modifications
biologiques.
Toutefois,
la
numération
et
formule
sanguine,
les
temps
de
coagulation
ainsi
que
les
paramètres
biochimiques
peuvent
être
modifiés
(Blanchard,
Boulet
et
al.,
1996).
a. Modifications
de
la
numération
et
formule
sanguine
i. Thrombopénie
La
réalisation
d’une
numération
et
formule
sanguine
chez
les
patients
septicémiques
révèle
souvent
une
thrombopénie
pouvant
être
sévère.
La
thrombopénie
peut
s’aggraver
au
cours
de
l’hospitalisation
(Bryson,
Neilly
et
al.,
2003;
O’Rourke,
Rothwell,
2011;
Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997;
Band,
Gaieski
et
al.,
2011;
Cheng,
Nack
et
al.,
1999;
Hawkins,
Wilson
et
al.,
2011).
ii. Anémie
Une
anémie
peut
être
mise
en
évidence
lors
de
la
réalisation
d’une
numération
et
formule
sanguine
(Bryson,
Neilly
et
al.,
2003;
Kok,
Wolfhagen
et
al.,
1999).
Une
anémie
hémolytique
microangiopathique
pourra
être
observée
dans
les
cas
de
purpura
fulminans
et
se
traduira
par
la
présence
de
schizocytes
(globules
rouges
fragmentés)
à
l’examen
du
frottis
sanguin
(Bryson,
Neilly
et
al.,
2003).
iii. Modifications
de
la
lignée
blanche
Des
cas
de
leucopénies
sont
rapportés
(Bryson,
Neilly
et
al.,
2003).
Toutefois,
les
modifications
de
la
lignée
blanche
ne
permettent
pas
d’orienter
le
diagnostic
sachant
que
des
cas
de
leucocytose
sont
aussi
décrits
(Wimmer,
Plamenig
et
al.,
2011;
Kok,
Wolfhagen
et
al.,
1999;
Band,
Gaieski
et
al.,
2011).
65
b. Modifications
biochimiques
Une
augmentation
de
la
protéine
C-‐réactive
(CRP),
marqueur
précoce
d’une
réponse
inflammatoire,
est
souvent
observée
lors
de
la
réalisation
d’un
bilan
biochimique
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
O’Rourke,
Rothwell
2011;
Hawkins,
Wilson
et
al.,
2011).
Une
augmentation
de
la
CRP
peut
ensuite
être
observée
au
cours
de
l’hospitalisation.
Par
exemple,
chez
une
patiente
ayant
développé
un
sepsis
sévère,
la
CRP
a
augmenté
de
38
mg/l
à
340
mg/l
(v.u.
<
5
mg/l)
entre
l’admission
et
le
lendemain
de
l’admission.
Une
augmentation
de
la
CRP
est
de
mauvais
pronostic
car
elle
témoigne
d’une
aggravation
de
la
réponse
inflammatoire
systémique
(O’Rourke,
Rothwell,
2011).
On
peut
également
observer
une
augmentation
des
paramètres
rénaux
(l’urée
et
la
créatinine)
chez
des
patients
présentant
une
insuffisance
rénale
secondaire
au
choc
septique
(O’Rourke,
Rothwell,
2011).
Enfin,
une
diminution
du
taux
de
fibrinogène
et
une
augmentation
des
produits
de
dégradation
de
la
fibrine
peuvent
être
rapportés
lors
de
coagulation
intravasculaire
disséminée
(Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997).
c. Modifications
des
temps
de
coagulation
Des
coagulopathies
sont
fréquemment
rencontrées
lors
d’infections
systémiques
à
C.
canimorsus.
Celles-‐ci
sont
révélées
par
une
augmentation
des
temps
de
coagulation
tels
que
les
temps
de
prothrombine
et
de
thromboplastine
partielle
activée
(Bryson,
Neilly
et
al.,
2003;
Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997;
Band,
Gaieski
et
al.,
2011;
Clark,
1999).
d. Caractéristiques
du
liquide
céphalo-‐rachidien
lors
de
méningite
Lors
de
méningite,
des
modifications
du
liquide
céphalo-‐rachidien
sont
rapportées.
Une
augmentation
du
nombre
de
leucocytes
majoritairement
constitué
de
polynucléaires
(pourcentage
de
polynucléaires
variant
de
58%
à
99%)
est
fréquemment
notée
lors
de
méningites
à
C.
canimorsus
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
Risi,
Spangler
2006;
Drouet,
Smati
et
al.,
2006;
Gibou,
Kassiotis
et
al.,
2008).
Une
protéinorachie
élevée
et
une
glycorachie
basse
sont
également
décrites
avec
un
nombre
de
protéines
allant
de
0,62
à
5
g/l
(v.u.
0,2g/l)
et
un
taux
de
glucose
pouvant
être
nul
(v.u.
0,45
à
0,8
g/l)
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
Risi,
Spangler
2006;
Drouet,
Smati
et
al.,
2006).
66
4. Formes
cliniques
lors
d’infections
à
C.
canimorsus
Dans
une
étude
analysant
les
infections
à
C.
canimorsus
survenues
chez
l’homme
jusqu’en
1996,
l’infection
était
systémique
dans
94%
des
cas
et
localisée
dans
6%
des
cas.
Les
infections
localisées
étaient
donc
rares
et
elles
correspondaient
à
des
infections
oculaires
(Lion,
Escande,
Burdin
1996).
Depuis
1996,
des
infections
localisées
touchant
d’autres
organes
ont
été
décrits
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008).
a. Sepsis
et
sepsis
sévère
Le
sepsis
est
la
forme
clinique
la
plus
fréquemment
rencontrée
lors
d’infections
systémiques
à
C.
canimorsus.
Lion
et
al.
ont
estimé
que
97%
des
infections
systémiques
correspondent
à
un
sepsis
(Lion,
Escande
et
al.,
1996).
Le
sepsis
est
un
syndrome
de
réponse
inflammatoire
systémique
(SIRS)
associé
à
la
présence
d’agents
infectieux
dans
la
circulation
sanguine.
Le
sepsis
évolue
ensuite
en
sepsis
sévère
suite
à
la
défaillance
de
un
ou
plusieurs
organes
(Levy,
Fink
et
al.,
2003).
Le
sepsis
est
associé
dans
13%
des
cas
à
des
méningites
et
dans
11%
des
cas
à
des
atteintes
cardiaques
(Levy,
Mamizuka
et
al.,
1998;
Lion,
Escande
et
al.,
1996).
Les
cas
de
sepsis
sévères
ont
présenté
des
complications
telles
que
une
coagulation
intravasculaire
disséminée
(CIVD)
dans
34%
des
cas,
un
choc
septique
dans
29%
des
cas,
une
insuffisance
rénale
aigue
dans
27%
des
cas
et
un
syndrome
de
détresse
respiratoire
dans
17%
des
cas
(Lion,
Escande
et
al.,
1996;
Wald,
Martinez,
Moll,
2008).
b. Choc
septique
De
nombreux
cas
de
chocs
septiques
à
C.
canimorsus
ont
été
décrits
dans
la
littérature
(Lion,
Escande
et
al.,
1996;
Sacks,
Kerr
2012;
Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997;
O’Rourke,
Rothwell,
2011).
Le
choc
septique
correspond
à
un
sepsis
sévère
compliqué
d'une
hypotension
persistante
réfractaire
au
remplissage
vasculaire,
nécessitant
l’utilisation
de
substances
vasoactives.
Chez
les
patients
en
état
de
choc
septique,
le
collapsus
cardiovasculaire
se
traduit
par
un
effondrement
de
la
pression
artérielle.
Une
tachycardie,
une
acidose
métabolique
marquée
et
une
tachypnée
sont
associées
à
l’hypotension.
Une
modification
du
statut
mental
peut
également
être
associée
à
l’hypotension
(O’Rourke,
Rothwell,
2011;
Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997;
Védy,
Mardelle
et
al.,
2008
;
Band,
Gaieski
et
al.,
2011).
67
L’hypotension
peut
être
aggravée
par
un
état
de
déshydratation
important
chez
des
patients
présentant
des
signes
digestifs
(O’Rourke,
Rothwell,
2011).
Le
choc
septique
peut
être
associé
à
diverses
complications
également
rencontrées
lors
de
sepsis
sévère
(CIVD,
purpura
fulminans,
insuffisance
rénale
aigue,
défaillance
respiratoire
aigue)
(Band,
Gaieski
et
al.,
2011;
Védy,
Mardelle
et
al.,
2008;
Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997).
Le
taux
de
létalité
est
élevé
et
est
lié
aux
défaillances
organiques,
le
pronostic
dépendant
du
nombre
d'organes
atteints
(Band,
Gaieski
et
al.,
2011).
c. Coagulation
intravasculaire
disséminée
et
ses
formes
cliniques
i. CIVD
Une
CIVD
est
rencontrée
dans
un
tiers
des
cas
de
sepsis
à
C.
canimorsus.
Ainsi,
de
nombreux
cas
de
CIVD
ont
été
rapportés
dans
la
littérature
(Lion,
Escande
et
al.,
1996;
Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996;
Bryson,
Neilly
et
al.,
2003;
Mellor,
bhandari
et
al.,
1997;
O’Rourke,
Rothwell,
2011,
Sowden,
Allworth,
Davis
B
1995).
Une
CIVD
est
un
syndrome
secondaire
à
l’activation
systémique
et
excessive
de
la
coagulation
se
traduisant
par
des
anomalies
biologiques
pouvant
être
associées
à
des
signes
cliniques.
Lors
de
sepsis
et
de
CIVD
dus
à
des
bactéries
Gram
négatif,
le
LPS
et
le
TNF-‐α
ont
un
rôle
prédominant
dans
la
genèse
de
la
CIVD.
En
effet,
il
a
été
montré
expérimentalement
que
l'injection
de
LPS
induit
une
sécrétion
de
TNF-‐α
(van
der
Poll,
Büller
et
al.,
1990).
Celui-‐ci
va
entraîner
l'augmentation
de
l'expression
du
facteur
tissulaire
par
les
monocytes
et
par
l'endothélium
qui
conduit
à
l’activation
de
la
voie
extrinsèque
de
la
coagulation.
Le
LPS
peut
aussi
activer
directement
la
voie
intrinsèque
de
la
coagulation.
Le
TNF-‐α
participe
ensuite
à
l’entretien
de
la
CIVD
par
divers
mécanismes
telle
qu’une
diminution
des
inhibiteurs
de
la
coagulation
(Marret,
Samama,
1998).
Le
TNF-‐α
joue
donc
un
rôle
prédominant
dans
la
pathogénèse
d’une
CIVD.
Or,
il
a
été
montré
que
C.
canimorsus
inhibe
la
libération
de
TNF-‐α
(cf.
Partie
2.
B.
d.).
Des
études
supplémentaires
sont
nécessaires
pour
déterminer
le
mécanisme
responsable
du
développement
d’une
CIVD
lors
d’infections
à
C.
canimorsus.
Le
LPS
pourrait
par
exemple
intervenir
en
activant
le
système
de
la
coagulation
par
une
autre
voie
que
le
TNF-‐α.
68
Concernant
les
anomalies
biologiques,
une
thrombopénie,
une
coagulopathie
et
une
diminution
de
la
concentration
en
fibrinogène
sont
rencontrées
lors
de
CIVD.
Les
signes
cliniques
correspondent
à
des
manifestations
hémorragiques
ou
thrombotiques.
Le
purpura
fulminans
est
une
forme
clinique
spécifique
de
CIVD
pour
laquelle
les
manifestations
thrombotiques
prédominent
(Sofiene,
Hamed,
2003).
La
présence
d’une
CIVD
chez
des
patients
est
de
mauvais
pronostic.
En
effet,
dans
une
étude
de
cas
conduite
par
le
laboratoire
de
référence
de
Californie,
tous
les
patients
ayant
développé
une
CIVD
lors
d’infections
à
C.
canimorsus
sont
décédés
(Janda,
Graves
et
al.,
2006).
ii. Purpura
fulminans
Le
purpura
fulminans
correspond
à
l'association
d'un
sepsis
sévère,
d'une
coagulation
intravasculaire
disséminée
et
de
lésions
purpuriques
(hémorragies
interstitielles
cutanées).
Le
purpura
fulminans
est
souvent
associé
à
un
état
de
choc
septique
(Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997;
Morgan,
1994b;
Bryson,
Neilly
et
al.,
2003).
A
l’admission,
il
sera
possible
de
mettre
en
évidence
des
lésions
hémorragiques
telles
que
de
l’épistaxis
et
des
pétéchies
(O’Rourke,
Rothwell,
2011).
Le
purpura
fulminans
conduit
ensuite
à
des
lésions
ischémiques,
notamment
au
niveau
des
extrémités
tels
que
les
doigts,
les
orteils
et
le
nez
(Bryson,
Neilly
et
al.,
2003;
Tay,
Mills
et
al.,
2012;
Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997;
Morgan,
1994b).
d. Défaillance
multiviscérale
Comme
mentionné
ci-‐dessus,
le
sepsis
sévère
et
le
choc
septique
sont
associés
à
des
défaillances
d’organes
tels
qu’un
dysfonctionnement
cérébral,
une
insuffisance
rénale
aigue
ou
encore
une
défaillance
respiratoire
aigue.
i. Dysfonctionnement
cérébral
Ce
dysfonctionnement
se
traduit
par
une
diminution
des
capacités
cérébrales
et
par
un
état
comateux
des
patients.
Le
dysfonctionnement
cérébral
serait
dû
au
bas
débit
systémique.
La
récupération
d’une
activité
cérébrale
est
possible
(Morgan,
1994b).
69
ii. Insuffisance
rénale
De
nombreux
cas
d’insuffisance
rénale
aigue
sont
rapportés
dans
la
littérature
lors
de
sepsis
sévère
ou
de
choc
septique
à
C.
canimorsus.
L’insuffisance
rénale
aigue
se
manifeste
par
une
oligurie
ou
une
anurie.
Elle
est
objectivée
lors
d’un
examen
biochimique
par
une
augmentation
des
paramètres
rénaux
(Bryson
et
al.
2003;
Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997;
Kok,
Wolfhagen
et
al.,
1999;
Sowden,
Allworth
et
al.,
1995;
Leclerc,
2007).
L’insuffisance
rénale
aigue
peut
être
aggravée
par
une
déshydratation
secondaire
à
des
symptômes
digestifs
(O’Rourke,
Rothwell
201h1).
Enfin,
l’insuffisance
rénale
aigue
peut
faire
partie
d’un
syndrome
hémolytique
et
urémique.
iii. Syndrome
de
détresse
respiratoire
Le
syndrome
de
détresse
respiratoire
aigue
est
une
complication
décrite
lors
de
sepsis
à
C.
canimorsus
(Sowden,
Allworth
et
al.,
1995;
Dudley,
Czarnecki
et
al.,
2006;
Jones,
Hamilton
et
al.,
2011).
Les
patients
peuvent
développer
un
syndrome
de
détresse
respiratoire
aigue
malgré
la
mise
en
place
d’une
oxygénothérapie
(Dudley,
Czarneckis
et
al.,
2006).
e. Microangiopathies
thrombotiques
Les
microangiopathies
thrombotiques
sont
des
affections
dues
à
des
lésions
touchant
l’endothélium
des
petites
artérioles
et
des
capillaires
artériolaires
qui
conduisent
à
la
formation
de
thrombus.
Elles
regroupent
un
ensemble
de
pathologies
distinctes
caractérisées
par
l’association
d’une
anémie
hémolytique
mécanique,
d’une
thrombopénie
périphérique
de
consommation,
d’une
hyperthermie
et
de
défaillances
organiques
(coppo.,
2011;
Tobé,
Franssen
et
al.,
1999).
Deux
formes
de
microangiopathies
thrombotiques
sont
présentées
ci-‐dessous.
i. Purpura
thrombotique
thrombocytopénique
Le
purpura
thrombotique
thrombocytopénique
(PTT)
est
une
forme
grave
de
microangiopathie
thrombotique.
Comme
mentionné
ci-‐dessus,
on
observera
une
thrombopénie
périphérique
de
consommation,
une
anémie
hémolytique
(fragmentation
des
hématies
dans
les
vaisseaux
lésés),
de
l’hyperthermie
et
un
purpura.
70
Des
occlusions
thrombotiques
microvasculaires
pourront
toucher
le
cerveau,
les
reins
et
d’autres
organes
et
seront
ainsi
responsables
de
signes
neurologiques
centraux
ou
d’une
atteinte
rénale
par
exemple
(Droz,
Nochy
et
al.,
2000;
Kok,
Wolfhagen
et
al.,
1999;
Brichacek,
Blake
et
al.,
2012).
Contrairement
à
une
CIVD,
les
tests
de
coagulation
sont
habituellement
normaux
(Kok,
Wolfhagen
et
al.,
1999).
Même
si
beaucoup
de
PTT
sont
idiopathiques,
des
cytotoxines
bactériennes
peuvent
être
responsables
de
PTT.
Le
principal
agent
responsable
de
PTT
est
Escherichia
coli
vérotoxique
qui
produit
une
toxine
Shiga
like.
Les
cytotoxines
produites
par
C.
canimorsus
pourraient
être
des
agents
responsables
de
PTT
(Brichacek,
Blake
et
al.,
2012;
Kok,
Wolfhagen
et
al.,
1999).
Toutefois,
la
production
de
cytotoxines
par
C.
canimorsus
étant
contestée,
des
investigations
supplémentaires
sont
nécessaires
pour
déterminer
la
physiopathologie
du
PTT
lors
d’infections
à
C.
canimorsus.
ii. Syndrome
hémolytique
et
urémique
C.
canimorsus
est
responsable
d’une
autre
forme
de
microangiopathie
thrombotique
qu’est
le
syndrome
hémolytique
et
urémique.
Il
est
caractérisé
par
l’association
d’une
anémie
hémolytique,
d’une
thrombopénie
de
consommation
et
d’une
insuffisance
rénale
(coppo.,
2011;
Tobé,
Franssen
et
al.,
1999).
Un
cas
a
notamment
été
décrit
chez
un
patient
mordu
par
son
chien.
Ainsi,
lorsqu’une
insuffisance
rénale
aigue
est
associée
à
un
sepsis
à
C.
canimorsus,
un
syndrome
hémolytique
et
urémique
sous-‐jacent
doit
être
envisagé
(Tobé,
Franssen
et
al.,
1999).
f. Méningite
C.
canimorsus
peut
être
un
agent
de
méningite.
Les
méningites
à
C.
canimorsus
ne
sont
pas
nécessairement
associées
à
un
sepsis
(Meyer,
Samuelsson
et
al.,
2004;
Risi,
Spangler,
2006;
Drouet
et
al.
2006;
Drouet,
Smati
et
al.,
2006Gibou,
Kassiotis
et
al.,
2008;
Lion,
Escande
et
al.,
1996).
Les
méningites
sans
sepsis
associé
sont
de
bon
pronostic:
une
guérison
sans
séquelle
est
obtenue
la
plupart
du
temps
(Risi,
Spangler,
2006;
Janda,
Graves
et
al.,
2006).
En
revanche,
le
pronostic
est
sombre
lorsque
les
méningites
sont
associées
à
des
facteurs
pronostiques
négatifs
(sepsis
sévère,
CIVD)
(Janda,
Graves
et
al.,
2006).
71
Les
méningites
dues
à
C.
canimorsus
ne
sont
pas
différenciables
cliniquement
des
autres
méningites
bactériennes
(Drouet,
Smati
et
al.,
2006).
Le
tableau
clinique
peut
par
exemple
orienter
vers
une
méningite
à
Listeria
monocytogenes
(Gibou,
Kassiotis
et
al.,
2008).
g. Affections
cardiovasculaires
i. Endocardite
Les
endocardites
à
C.
canimorsus
sont
peu
fréquentes
(Hayani,
Higginson
et
al.,
2009;
Lion,
Escande
et
al.,
1996;
Sandoe,
2004).
Un
souffle
cardiaque
et
une
hyperthermie,
symptômes
habituellement
rencontrés
lors
d’endocardite,
ne
sont
pas
toujours
présents
lors
d’endocardite
à
C.
canimorsus
(Sandoe,
2004;
Hayani,
Higginson
et
al.,
2009;
Wareham,
Michael
et
al.,
2006).
Dans
la
littérature,
les
endocardites
touchaient
notamment
les
valves
aortique
et
tricuspide.
Des
complications
telles
que
des
abcès
valvulaires
para
aortique
ou
un
œdème
pulmonaire
ont
été
rapportées
(Hayani,
Higginson
et
al.,
2009;
Wareham,
Michael
et
al.,
2006;
Coutance,
Labombarda
et
al.,
2009
;
Nelson,
Westfal
,2008).
Dans
une
étude
menée
par
Sandoe
sur
12
cas
d’endocardites
à
C.
canimorsus,
des
facteurs
de
risque
cardiaques
étaient
rapportés
dans
un
tiers
des
cas.
Les
patients
étaient
en
en
bonne
santé
dans
42%
des
cas.
Les
présentations
subaiguës
de
la
maladie
étaient
fréquentes
et
25%
des
patients
sont
décédés
(Sandoe,
2004).
ii. Aortite
Un
seul
cas
d’aortite
infectieuse
à
C.
canimorsus
est
survenu
chez
une
patiente
présentant
une
co-‐infection
HIV/hépatite
C,
qui
avait
subi
un
remplacement
de
la
valve
aortique
et
de
l’aorte
ascendante.
L’aortite
infectieuse
a
été
mise
en
évidence
grâce
à
un
scanner
thoraco-‐abdominal.
Le
diagnostic
a
été
confirmé
par
une
hémoculture
positive
à
C.
canimorsus
(Rougemont,
Ratib
et
al.,
2013).
iii. Anévrisme
mycotique
C.
canimorsus
a
été
responsable
d’un
seul
cas
d’anévrisme
mycotique
chez
un
patient
après
une
morsure
de
chien.
La
paroi
aortique
impliquée
a
été
excisée
de
façon
à
avoir
des
parois
artérielles
macroscopiquement
saines.
Une
coloration
de
Gram
et
une
mise
en
culture
des
tissus
réséqués
n’ont
pas
révélé
de
bactéries.
Une
analyse
moléculaire
a
ensuite
permis
de
mettre
en
évidence
C.
canimorsus
(Chu,
Howden
et
al.,
2005).
72
h. Affections
de
l’appareil
locomoteur
i. Arthrite
Des
cas
d’arthrite
ont
été
décrits
comme
complication
de
sepsis
à
C.
canimorsus
(Lion,
Escande
et
al.,
1996).
Les
arthrites
peuvent
aussi
être
secondaires
à
des
arthroplasties.
Celles-‐ci
sont
rares
et
le
plus
souvent
dues
à
Staphylococcus
spp.
(Noelle
Larson,
Razonable
et
al.,
2008).
Un
cas
d’arthrite
à
C.
canimorsus
secondaire
à
une
arthroplastie
bilatérale
des
genoux
a
été
décrit.
Le
patient
a
été
présenté
pour
une
douleur
des
genoux
5
ans
après
l’intervention
d’arthroplastie.
Une
culture
réalisée
à
partir
du
liquide
synovial
et
des
tissus
en
périphérie
de
la
prothèse
a
permis
d’isoler
un
bacille
gram
négatif,
catalase
et
oxydase
positifs.
Un
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S
a
ensuite
permis
d’identifier
C.
canimorsus
(Noelle
Larson,
Razonable,
Hanssen
2008).
ii. Ostéomyélite
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
peuvent
être
responsables
d’ostéomyélite
(Piau,
Arvieux
et
al.,
2013).
Par
exemple,
une
ostéomyélite
et
une
spondylodiscite
ont
été
rapportées
chez
un
homme
après
une
morsure
de
chien.
Le
patient
a
ressenti
une
douleur
en
région
lombaire
le
cinquième
jour
d’hospitalisation.
Une
imagerie
par
résonnance
magnétique
a
permis
de
mettre
en
évidence
une
ostéomyélite
vertébrale
en
L4-‐L5
ainsi
qu’une
discite.
Les
hémocultures
ont
été
positives
pour
C.
canimorsus.
La
récupération
du
patient
a
été
totale
(Nelson,
Westfal,
2008).
i. Infection
pulmonaire
Une
infection
pulmonaire
a
été
décrite
chez
un
patient
ayant
développé
un
sepsis
associé
à
une
méningite.
Cependant,
C.
canimorsus
n’a
pas
été
isolé
à
partir
des
prélèvements
respiratoires
(Levy
et
al.
1998).
j. Lésions
cutanées
ischémiques
Comme
mentionné
précédemment,
les
manifestations
cutanées
sont
souvent
présentes
à
l’admission
des
patients.
L’évolution
de
ces
atteintes
cutanées
peut
conduire
à
l’apparition
de
lésions
ischémiques.
Une
telle
évolution
a
été
observée
chez
une
patiente
ayant
développé
un
purpura
fulminans
associé
à
des
pétéchies
sur
le
visage,
la
poitrine
et
l’abdomen.
Les
lésions
pétéchiales
ont
entre
autre
conduit
à
une
nécrose
des
extrémités
des
doigts
et
des
orteils
(O’Rourke,
Rothwell,
2011).
73
Une
gangrène
au
niveau
du
nez
a
également
été
décrite
chez
un
patient
ayant
développé
un
purpura
fulminans
après
avoir
été
mordu
par
un
chien
au
niveau
de
la
joue
(Morgan,
1994b).
Les
lésions
ischémiques
sont
également
rencontrées
lors
de
PTT
(nécrose
d’une
oreille
et
de
plusieurs
doigts
chez
un
patient)
(Kok,
Wolfhagen
et
al.,
1999).
Les
lésions
ischémiques
conduisent
souvent
à
des
amputations.
Jones
et
al.
précisent
que
C.
canimorsus
doit
être
inclus
dans
le
diagnostic
différentiel
lors
de
nécrose
cutanée
aigue,
en
particulier
chez
des
patients
immunodéprimés
et
lorsqu’une
morsure
est
rapportée
dans
l’anamnèse.
En
effet,
une
patiente
ayant
développé
un
sepsis
sévère
a
présenté
initialement
un
érythème
extensif
non
douloureux
au
niveau
de
l’abdomen,
des
jambes
et
du
visage
puis
une
nécrose
cutanée
aigue.
Les
lésions
ressemblaient
au
pyoderma
gangrinosum
(dermatose
neutrophile
inflammatoire
stérile).
Toutefois,
les
lésions
cutanées
sont
peu
douloureuses
lors
d’infections
à
C.
canimorsus
contrairement
au
pyoderma
gangrinosum
(Jones,
Hamilton
et
al.,
2011).
k. Infections
oculaires
i. Kératite
Plusieurs
cas
de
kératites
à
C.
canimorsus
sont
rapportés
dans
la
littérature.
Un
vétérinaire
a
notamment
présenté
une
kératite
chronique
après
lacération
de
la
cornée
par
une
dent
de
chien.
Les
bactéries
Staphylococcus
spp.
puis
Clostridium
perfringens
ont
été
suspectées.
Une
antibiothérapie
locale
a
été
initiée.
Toutefois,
deux
mois
plus
tard,
le
patient
a
présenté
une
dégradation
de
la
vision
avec
apparition
d’un
hypopion
au
niveau
de
la
chambre
antérieure
de
l’œil.
Le
traitement
a
été
modifié
suite
à
l’isolement
de
C.
canimorsus,
ce
qui
a
permis
une
amélioration
de
l’acuité
visuelle
(de
Smet,
Chan
et
al.,
1990).
Plusieurs
infections
oculaires
ont
été
transmises
par
contact
avec
les
animaux
de
compagnie.
Les
bactéries
sont
déposées
sur
le
pelage
des
chiens
et
des
chats
lors
de
leurs
toilettes.
Le
contact
étroit
des
propriétaires
avec
leurs
animaux
domestiques
permet
ensuite
la
contamination
de
l’oeil
(Paton,
Ormerod
et
al.,
1988).
74
ii. Endophtalmie
Une
endophtalmie
est
une
infection
des
tissus
oculaires
internes.
Un
patient
a
présenté
une
endophtalmie
à
C.
canimorsus
suite
à
une
opération
de
la
cataracte.
Des
prélèvements
intraoculaires
ont
été
réalisés
et
ont
permis
d’identifier
C.
canimorsus.
Le
patient
a
présenté
des
séquelles
(perte
importante
de
vision)
(Phipps,
Tamblyn
et
al.,
2002a).
l. Ténosynovites
Un
cas
de
ténosynovite
aigue
dû
à
C.
canimorsus
ou
C.
cynodegmi
a
été
rapporté.
A
l’admission,
la
patiente
présentait
une
tuméfaction
douloureuse
de
la
cheville
évoluant
depuis
3
semaines.
Un
abcès
sous-‐cutané
est
apparu
face
externe
de
la
cheville
quelques
jours
plus
tard.
Une
bonne
évolution
a
été
observée
suite
à
la
mise
en
place
d’une
antibiothérapie
associée
à
une
intervention
chirurgicale.
Une
guérison
a
été
obtenu
après
6
mois
de
traitement
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008)
.
m. Granulome
intestinal
Wimmer
et
al.
recommandent
d’inclure
Capnocytophaga
spp.
dans
le
diagnostic
différentiel
des
maladies
granulomateuses
du
tractus
gastro-‐intestinal.
En
effet,
un
cas
de
granulome
duodénal
a
été
décrit
chez
une
patiente.
Celle-‐ci
avait
été
admise
à
l’hôpital
pour
des
nausées,
des
vomissements
et
une
douleur
abdominale
évoluant
depuis
5
jours.
Une
endoscopie
digestive
et
un
examen
d’imagerie
par
résonnance
magnétique
ont
révélé
une
inflammation
granulomateuse
sévère
du
duodénum
associée
à
des
ulcérations
de
la
muqueuse
et
des
épaississements
diffus
de
la
paroi
intestinale.
Ces
lésions
évoquaient
fortement
la
maladie
de
Crohn
mais
l’histologie
de
la
muqueuse
duodénale
n’était
pas
en
faveur
de
cette
maladie.
Une
origine
infectieuse
a
alors
été
recherchée.
Des
cultures
réalisées
à
partir
de
biopsies
et
de
suc
gastrique
ont
permis
d’identifier
Capnocytophaga
spp
(Wimmer,
Plamenig
et
al.,
2011).
n. Chorioamnionite,
naissance
prématurée
et
infection
néonatale
Capnocytophaga
spp.
est
une
cause
inhabituelle
de
chorioamnionite,
de
naissance
prématurée
et
d’infection
néonatale.
Lopez
et
al.
ont
rapporté
5
cas
d’infections
à
Capnocytophaga
spp.
chez
des
enfants
prématurés
(Lopez,
Raymond
et
al.,
2010).
75
Parmi
ceux-‐ci,
un
cas
est
dû
à
Capnocytophaga
sputigena,
bactérie
commensale
de
la
cavité
orale
des
humains.
Cette
bactérie
est
responsable
d’infections
chez
l’homme
après
dissémination
à
partir
de
la
cavité
buccale.
Ainsi,
on
peut
légitimement
concevoir
que
C.
canimorsus
puisse
être
responsable
de
chorioamnionite,
de
naissance
prématurée
et
d’infections
néonatales
lors
de
la
transmission
de
C.
canimorsus
à
des
femmes
enceintes
(Lopez,
Raymond
et
al.,
2010).
5. Caractéristiques
nécropsiques
Les
manifestations
cliniques
étant
pléomorphes,
les
lésions
observées
au
cours
d’un
examen
nécropsique
peuvent
être
extrêmement
variées.
Malgré
de
nombreux
cas
d’infections
à
C.
canimorsus
rapportés
dans
la
littérature
et
un
taux
de
létalité
élevé,
peu
de
patients
sont
autopsiés.
Les
lésions
observées
à
l’autopsie
ont
été
décrites
chez
un
patient
décédé
moins
de
quatre
heures
après
avoir
développé
un
choc
septique.
Celui-‐ci
a
présenté
un
état
de
détresse
respiratoire
aigue.
L’autopsie
a
alors
révélé
des
poumons
congestionnés,
des
épanchements
pleuraux
bilatéraux,
des
pétéchies
cutanées
disséminées
au
niveau
des
jambes
et
une
adénopathie
généralisée.
Différents
prélèvements
ont
été
mis
en
culture
(sang,
nœuds
lymphatiques,
poumons,
cerveau,
foie)
et
ont
permis
d’isoler
C.
canimorsus.
Les
infections
à
C.
canimorsus
font
partie
du
diagnostic
différentiel
des
infections
à
Pasteurella
multocida.
En
effet,
cette
bactérie
est
transmise
par
morsure
et
elle
peut
aussi
être
responsable
d’un
sepsis,
d’une
CIVD
et
d’un
syndrome
de
détresse
respiratoire
aigue
(Dudley,
Czarnecki
et
al.,
2006).
6. Taux
de
létalité
Lors
de
sepsis
à
C.
canimorsus,
le
taux
de
létalité
est
de
30%
à
33%.
Le
taux
de
létalité
sera
plus
faible
lors
d’infections
sans
sepsis.
En
effet,
il
varie
de
5
à
25%
selon
le
type
d’infection.
Par
exemple,
les
méningites
sont
de
bon
pronostic,
le
taux
de
létalité
est
de
5%.
En
revanche,
les
endocardites
sont
de
moins
bon
pronostic
et
ont
un
taux
de
létalité
de
25%
(Sandoe,
2004
;
Gibou,
Kassiotis
et
al.,
2008;
Janda,
Graves
et
al.,
2006
;
Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
1996
;
Lion,
Escande
et
al.,
1996
).
76
Dans
une
étude
plus
récente
réalisée
aux
Pays-‐Bas
(2003-‐2005),
le
taux
de
létalité
était
seulement
de
13%.
Ce
faible
taux
de
létalité
est
en
contraste
avec
les
taux
précédents.
Cela
serait
dû
au
fait
que
peu
de
patients
présentaient
de
facteurs
de
risques
médicaux
dans
l’étude.
Une
autre
hypothèse
pourrait
être
que
les
équipements
dans
les
hôpitaux
ont
été
améliorés,
étant
donnée
que
cette
étude
est
relativement
récente
(van
Dam,
Jansz,
2011).
Les
cas
de
létalité
sont
rencontrés
aussi
bien
chez
les
personnes
immunodéprimées
que
chez
les
personnes
en
bonne
santé.
Le
décès
des
malades
peut
survenir
très
rapidement
dans
les
heures
qui
suivent
l’infection,
même
chez
des
personnes
immunocompétentes
(Lappin,
2005).
C. Caractéristiques
cliniques
des
infections
à
C.
cynodegmi
1. Infections
rencontrées
chez
l’homme
a. Infections
localisées
Les
infections
dues
à
C.
cynodegmi
sont
le
plus
souvent
localisées
contrairement
aux
infections
à
C.
canimorsus
qui
sont
le
plus
souvent
systémiques.
Ainsi,
C.
cynodegmi
est
considérée
comme
étant
moins
pathogène
que
C.
canimorsus
(Fischer,
Weyant
et
al.,
1995).
La
rareté
des
cas
rapportés
pourrait
notamment
être
due
à
la
difficulté
à
cultiver
et
à
identifier
cette
bactérie
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
2007
;
Brenner,
Hollis
et
al.,
1989).
b. Infections
systémiques
C.
cynodegmi
est
rarement
responsable
d’infections
systémiques.
Un
cas
de
péritonite
primitive
a
néanmoins
été
décrit
chez
un
patient
atteint
d’une
insuffisance
rénale
terminale
traitée
par
dialyse
péritonéale.
Le
patient
a
été
admis
aux
urgences
pour
une
fièvre
et
une
douleur
abdominale
aigue.
Des
examens
sanguins
ont
révélé
un
profil
inflammatoire
(augmentation
de
la
CRP
et
leucocytose).
Des
bacilles
Gram
négatif
ont
été
isolés
à
partir
du
liquide
péritonéal
et
du
sang
prélevés
respectivement
5
et
7
jours
après
l’admission
du
patient.
La
mise
en
place
d’une
antibiothérapie
par
voie
systémique
(céfuroxime,
gentamicine,
métronidazole)
a
permis
une
guérison
rapide
du
patient.
Celui-‐ci
a
probablement
été
infecté
par
contamination
de
son
cathéter
de
dialyse
par
les
sécrétions
du
chat
de
son
voisin
(Pers,
Gahrn-‐Hansen
et
al.,
2007).
Toutefois,
la
contamination
par
ce
chat
est
remise
en
question
car
le
patient
n’avait
pas
de
contact
proche
avec
le
chat
(Broughton,
Verger
et
al.,
2010).
77
Un
autre
cas
d’infection
systémique
a
été
observé
chez
un
homme
mordu
par
un
chien
errant.
La
plaie
a
été
nettoyée
après
la
morsure.
Le
patient
a
néanmoins
présenté
une
hyperthermie,
des
expectorations
purulentes
et
des
douleurs
au
niveau
des
jambes.
A
l’admission,
le
patient
était
parasthénique,
polypnéique,
hypotendu
avec
des
signes
d’infection
pulmonaire.
Il
présentait
également
une
cellulite
au
niveau
de
la
cheville
et
au
tiers
inférieur
de
la
jambe
gauche
avec
des
sécrétions
purulentes
au
niveau
de
la
plaie
de
morsure
ainsi
qu’une
adénopathie
régionale
(Sarma,
Mohanty,
2001).
D. Caractéristiques
des
infections
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
chez
les
animaux
1. Chez
les
chiens
a. Infection
à
C.
canimorsus
Une
infection
à
C.
canimorsus
s’est
développée
chez
un
chien
après
une
morsure
de
chien
au
niveau
de
la
tête.
Des
prélèvements
ont
été
réalisés
à
partir
de
la
plaie
de
morsure
infectée.
L’infection
était
polymicrobienne,
C.
canimorsus
ayant
été
isolée
avec
d’autres
bactéries
en
milieu
de
culture
(Meyers,
Schoeman
et
al.,
2008).
b. Infection
à
C.
cynodegmi
Une
infection
à
C.
cynodegmi
a
été
décrite
par
Workman
et
al.
chez
un
rottweiler
de
4
ans
(Workman,
Bailiff
et
al.,
2008).
Le
chien
a
initialement
présenté
une
détresse
respiratoire
et
une
bronchite
sévère.
Le
patient
a
été
placé
sous
antibiothérapie
et
corticothérapie.
Il
a
été
admis
6
mois
plus
tard
pour
de
nouveaux
épisodes
de
dyspnée.
Une
lobectomie
des
lobes
droits
moyen
et
caudal
et
du
lobe
accessoire
a
été
réalisée.
Un
corps
étranger
d’origine
végétale
localisé
au
sein
d’un
abcès
était
présent
dans
le
lobe
accessoire.
Une
analyse
cytologique
réalisée
à
partir
du
liquide
bronchique
et
du
pus
a
permis
de
mettre
en
évidence
des
neutrophiles
dégénérés
avec
un
grand
nombre
de
bactéries
en
forme
de
baguette
en
position
intracellulaire
mais
aussi
extracellulaire
(fig
15).
78
Figure
15:
Examen
cytologique
révélant
de
nombreuses
bactéries
fines
en
forme
de
bâtonnet
au
sein
du
liquide
bronchique
et
du
pus
chez
un
chien
souffrant
d’une
bronchite
sévère
à
C.
cynodegmi
(Workman,
Bailiff
et
al.,
2008)
Des
cultures
réalisées
à
partir
de
biopsies
pulmonaires
et
un
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S
ont
permis
d’isoler
et
d’identifier
C.
cynodegmi.
Les
bactéries
provenaient
probablement
de
la
cavité
orale
du
chien.
Elles
auraient
été
transportées
jusqu’aux
poumons
par
l’intermédiaire
du
corps
étranger.
Le
chien
présentait
des
facteurs
de
risque
tels
que
une
immunosuppression
secondaire
à
une
corticothérapie
prolongée
ainsi
qu’une
altération
des
mécanismes
de
défense
respiratoires
(bronchites
et
de
bronchiectasies
chroniques)
(Workman,
Bailiff
et
al.,
2008).
2. Chez
les
chats
Un
chat
a
présenté
une
rhinite
et
une
sinusite
chroniques
à
Capnocytophaga
spp..
La
souche
isolée
était
très
proche
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi.
En
effet,
un
séquençage
du
gène
codant
pour
l’ARN
ribosomique
16S
à
montrer
une
correspondance
de
97%
avec
les
séquences
de
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
(Frey,
Pressler
et
al.,
2003).
79
Un
autre
cas
d’infection
à
C.
cynodegmi
a
été
rapporté
chez
un
chat
de
10
ans
atteint
d’un
carcinome
pulmonaire.
Une
bronchoscopie
a
été
réalisée
et
C.
cynodegmi
a
été
isolée
à
partir
du
liquide
de
lavage.
Le
patient
était
immunosupprimé
à
cause
de
son
carcinome
pulmonaire
donc
l’infection
à
C.
cynodegmi
est
probablement
opportuniste.
La
bactérie
provenait
probablement
de
la
flore
buccale
du
chat
(Forman,
Johnson
et
al.,
2005).
3. Chez
les
lapins
a. Cas
clinique
Une
infection
à
C.
canimorsus
a
été
observée
chez
un
lapin
domestique
de
2
ans
suite
à
une
morsure
de
chien
au
niveau
de
la
tête.
Le
lapin
a
été
emmené
chez
un
vétérinaire
deux
jours
après
la
morsure
car
la
plaie
était
suintante
(fig
16).
Figure
16:
Infection
à
C.
canimorsus
chez
un
lapin
mordu
à
la
tête
par
un
chien
(Gaastra,
Lipman,
2010)
Un
écouvillonnage
réalisé
au
niveau
de
l’abcès
a
permis
d’identifier
Capnocytophaga
spp.
par
identification
biochimique
après
isolement
des
bactéries
en
culture.
Une
analyse
moléculaire
a
ensuite
permis
d’identifier
C.
canimorsus.
Un
curetage
chirurgical
de
l’abcès
et
une
antibiothérapie
par
voie
orale
à
base
de
doxycycline
ont
conduit
à
la
guérison
complète
(van
Duijkeren,
van
Mourik
et
al.,
2006).
80
b. Infection
expérimentale
Une
infection
expérimentale
à
C.
canimorsus
a
été
réalisée
chez
des
lapins.
Lorsque
l’inoculum
bactérien
a
été
administré
par
voie
intraveineuse,
tous
les
lapins
ont
développé
un
sepsis
et
sont
morts
en
24
heures.
En
revanche,
lorsque
l’inoculum
a
été
administré
par
voies
intrapéritonéale,
intramusculaire
ou
sous-‐cutanée,
certains
lapins
ont
survécu
plus
de
24
heures
et
ont
présenté
une
CIVD,
une
thrombopénie,
et
une
augmentation
des
temps
de
prothrombine
et
de
thromboplastine
partielle
activée.
Une
hypotension,
une
diathèse
hémorragique,
une
défaillance
rénale,
des
lésions
purpuriques,
des
pétéchies
et
une
gangrène
cutanée
ont
également
été
rapportées.
Les
caractéristiques
cliniques
et
biologiques
des
infections
à
C.
canimorsus
réalisées
expérimentalement
chez
des
lapins
sont
similaires
à
celles
observées
chez
l’homme
(Piccininno,
Palliola
et
al.,
1984).
4. Rareté
des
infections
chez
les
animaux
Les
infections
sont
rares
chez
les
animaux
par
rapport
aux
infections
humaines.
Une
première
explication
pourrait
être
due
à
un
défaut
d’isolement
de
C.
canimorsus
étant
donnée
sa
croissance
lente
et
fastidieuse
en
culture
(van
Duijkeren,
van
Mourik
et
al.,
2006).
De
plus,
les
infections
suite
aux
morsures
de
chien
sont
souvent
polymicrobiennes.
Elles
associent
des
bactéries
appartenant
à
la
flore
cutanée
de
la
personne
mordue
et
des
bactéries
provenant
de
la
salive
de
l’animal
mordeur.
Ainsi,
C.
canimorsus
pourrait
ne
pas
présenter
de
croissance
et/ou
son
identification
pourrait
être
difficile
lors
d’infections
mixtes
(Murphy,
2008).
Les
causes
présentées
précédemment
permettent
d’expliquer
que
les
infections
sont
sous-‐estimées
aussi
bien
chez
l’homme
que
chez
l’animal.
Les
infections
sont
probablement
encore
plus
sous-‐estimées
chez
l’animal.
En
effet,
lors
d’infections
chez
les
animaux,
ces
derniers
ne
sont
pas
toujours
présentés
à
un
vétérinaire
et
des
prélèvements
sont
rarement
réalisés
pour
identifier
l’agent
étiologique.
De
plus,
l’homme
pourrait
être
un
hôte
plus
sensible
à
l’infection
par
C.
canimorsus
expliquant
que
l’on
ne
décrive
ces
infections
quasi-‐
exclusivement
que
chez
l’homme
(van
Duijkeren,
van
Mourik
et
al.,
2006;
Gaastra,
Lipman
2010).
81
E. Les
moyens
de
prophylaxie
1. Traitement
local
Toute
morsure
doit
être
considérée
comme
potentiellement
dangereuse.
Les
plaies
de
morsure
doivent
donc
être
correctement
nettoyées
et
une
prophylaxie
adaptée
devra
être
mise
en
place
(Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997).
Chez
des
personnes
présentant
des
morsures
ou
des
griffures,
le
traitement
consiste
tout
d’abord
en
la
réalisation
de
soins
locaux.
Les
soins
locaux
devraient
toujours
être
associés
à
une
surveillance
médicale
et
éventuellement
à
une
antibiothérapie
préventive
dans
la
mesure
où
la
réalisation
de
soins
locaux
n’empêche
pas
le
développement
d’une
infection
systémique.
Un
patient
a
notamment
développé
un
syndrome
fébrile
et
une
endocardite
après
avoir
été
mordu
par
son
chien
et
ce
malgré
avoir
nettoyé
et
protégé
la
plaie
de
morsure
par
un
pansement.
Le
patient
n’a
par
ailleurs
pas
consulté
de
médecin
ni
réalisé
une
antibiothérapie
préventive.
La
plaie
était
entièrement
cicatrisée
à
l’admission
à
l’hôpital
(Wareham,
Michael
et
al.,
2006).
Inversement,
dans
le
cas
où
une
antibiothérapie
est
mise
en
place,
des
soins
locaux
doivent
toujours
être
réalisés.
La
mise
en
place
d’une
antibiothérapie
ne
dispense
de
la
réalisation
d’un
nettoyage
et
d’une
désinfection
de
la
plaie
(Gaastra,
Lipman,
2010).
La
désinfection
d’une
plaie
de
morsure
doit
également
être
immédiate
après
la
morsure.
En
effet,
un
cas
de
sepsis
a
été
rapporté
chez
un
patient
après
une
morsure
de
chien
survenue
5
jours
auparavant,
la
plaie
n’ayant
été
désinfectée
que
48
heures
après
la
morsure
(Quilichini,
Zanlucca
et
al.,
1998).
2. Antibiothérapie
Le
traitement
nécessite
la
mise
en
place
d’une
antibiothérapie
par
voie
parentérale
dans
la
majorité
des
cas.
Dans
le
cas
d’infections
systémiques,
la
sévérité
des
infections
et
le
taux
de
létalité
élevé
nécessitent
la
mise
en
place
d’une
antibiothérapie
précoce
(Bryson,
Neilly
et
al.,
2003).
Afin
de
mettre
en
place
une
antibiothérapie
précoce
et
ciblée,
les
commémoratifs
et
l’anamnèse
seront
indispensables
pour
suspecter
une
infection
à
C.
canimorsus
ou
C.
cynodegmi.
En
effet,
les
bactéries
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
possédant
une
croissance
lente
et
difficile,
ces
agents
pathogènes
devront
être
suspectés
avant
que
ces
bactéries
soient
isolées
en
culture
(Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997).
82
L’antibiothérapie
pourrait
également
être
mise
en
place
de
façon
préventive
lors
de
situations
à
risque
de
transmission
de
Capnocytophaga
spp.,
telle
que
des
morsures,
chez
des
patients
présentant
des
facteurs
de
risque
(Sacks,
Kerr,
2012).
Nous
allons
présenter
ci-‐dessous
l’activité
des
différentes
familles
d’antibiotiques
vis-‐
à-‐vis
de
Capnocytophaga
spp.
a. Outils
d’études
de
l’activité
des
antibiotiques
Afin
d’évaluer
la
sensibilité
in
vitro
d’une
bactérie
à
un
antibiotique,
la
concentration
minimale
inhibitrice
(CMI)
pourra
être
évaluée.
La
CMI
correspond
à
la
plus
petite
concentration
d'antibiotique
inhibant
la
croissance
d'une
souche
bactérienne
après
16
à
24
heures
de
culture
à
37°C.
Un
antibiotique
est
considéré
comme
étant
résistant
si
la
CMI
est
supérieure
aux
concentrations
administrées
en
antibiothérapie
(in
vivo).
Au
contraire,
un
antibiotique
est
considéré
comme
étant
sensible
si
la
CMI
est
fortement
inférieure
aux
concentrations
in
vivo.
Enfin,
si
les
valeurs
de
la
CMI
et
de
la
concentration
in
vivo
sont
proches,
la
souche
sera
qualifiée
d’intermédiaire
vis-‐à-‐vis
de
l’antibiotique.
La
CMI
caractérise
l'effet
bactériostatique
d'un
antibiotique.
Un
autre
outil
permettant
d’étudier
la
bactéricidie
des
souches
est
la
concentration
minimale
bactéricide
(CMB).
La
CMB
correspond
à
la
plus
petite
concentration
d'antibiotique
permettant
de
réduire
par
1000
l'inoculum
initial
après
16
à
24
heures
d’incubation
à
37°C.
Pour
qu’un
antibiotique
soit
bactéricide,
il
faut
que
les
valeurs
des
CMB
et
CMI
soient
proches
(Darbas,
2007).
Enfin,
le
ratio
CMB/CMI
permet
de
caractériser
l’activité
d’un
antibiotique
par
rapport
à
une
bactérie
donnée.
Si
le
ratio
CMB/CMI
est
inférieur
ou
égal
à
4,
alors
l’antibiotique
est
bactéricide.
Si
le
ratio
CMB/CMI
est
compris
entre
4
et
32,
alors
l’antibiotique
est
bactériostatique.
Enfin,
si
le
ratio
CMB/CMI
est
strictement
supérieur
à
32,
la
bactérie
est
tolérante
à
l’antibiotique
(Forlenza,
Newman
et
al.,
1981).
b. Famille
des
β-‐lactamines
Capnocytophaga
spp.
est
habituellement
sensible
aux
céphalosporines
à
large
spectre
et
lors
de
l’association
d’une
β-‐lactamine
avec
un
inhibiteur
des
β-‐lactamases
(amoxicilline/acide
clavulanique,
pipéracilline/tazobactam)
(Lappin,
2005;
Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992;
Jolivet-‐Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007;
Pers,
Tvedegaard
et
al.,
2007;
Arlet,
Sanson-‐Le
Pors
et
al.,
1987).
83
Capnocytophaga
spp.
est
également
sensible
aux
antibiotiques
appartenant
à
la
classe
des
carbapénèmes
tels
que
le
méropénème
ou
l’imipénème/cilastine
(inhibiteur
de
l’enzyme
déshydropeptidase-‐I
dégradant
l’imipénème)
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008;
Pers,
Tvedegaard
et
al.,
2007;
O’Rourke,
Rothwell,
2011;
Arlet,
Sanson-‐Le
Pors
et
al.,
1987;
Arlet,
Sanson-‐Le
Pors
et
al.,
1987).
En
revanche,
Capnocytophaga
spp.
présente
une
sensibilité
variable
pour
certaines
β-‐
lactamines.
En
effet,
les
pénicillines
et
les
céphalosporines
de
première
et
deuxième
génération
ne
sont
pas
toujours
efficaces
(Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992;
Jolivet-‐Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007).
Parmi
les
céphalosporines
de
deuxième
génération
par
exemple,
la
céfoxitine
est
efficace
contre
Capnocytophaga
spp.
mais
pas
le
céfamandole
(Sutter,
Pyeatt
et
al.,
1981
;
Arlet,
Sanson-‐Le
Pors
et
al.,
1987
;
Forlenza,
Newman
et
al.,
1981).
L’activité
variable
de
certaines
β-‐lactamines
est
à
relier
à
la
production
de
β-‐lactamases
par
certaines
souches
de
Capnocytophaga
spp.
(cf.
Partie
2.
C.)
Enfin,
Capnocytophaga
spp.
est
résistant
à
l’aztréonam,
antibiotique
appartenant
à
la
classe
des
monobactames
(Leclerc,
2007).
Lorsque
les
souches
sont
sensibles
aux
pénicillines,
il
faudra
privilégier
ces
antibiotiques.
En
effet,
Forlenza
et
al.
ont
étudié
les
CMB
et
CMI
d’antibiotiques
vis-‐à-‐vis
de
13
souches
et
les
résultats
ont
révélé
que
la
pénicilline,
l’ampicilline
et
la
carbénicilline
(pénicilline
à
large
spectre)
sont
les
antibiotiques
les
plus
efficaces
lors
d’infections
à
Capnocytophaga
spp.
:
ces
antibiotiques
sont
bactéricides
pour
90%
des
souches
à
des
concentrations
inférieures
ou
égales
à
1
μg/ml
(Forlenza,
Newman
et
al.,
1981).
Toutefois,
chez
des
patients
présentant
une
allergie
aux
pénicillines,
d’autres
molécules
pourront
être
utilisées.
Chez
une
patiente
ayant
développé
un
choc
septique
à
C.
canimorsus
suite
à
une
morsure
de
chien,
un
traitement
antibiotique
associant
la
pipéracilline
et
la
ciprofloxacine
(famille
des
fluoroquinolones)
a
été
initié.
La
patiente
a
guéri
de
façon
surprenante.
Un
relais
avec
de
la
clindamycine
par
voie
orale
a
été
réalisé
au
domicile
de
la
patiente
(Sacks,
Kerr,
2012).
c. Famille
des
quinolones
La
sensibilité
de
Capnocytophaga
spp.
aux
quinolones
est
variable
(Jolivet-‐Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007).
En
effet,
de
nombreuses
études
ont
montré
que
ces
bactéries
sont
sensibles
aux
quinolones
(Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992).
84
Toutefois,
des
cas
de
résistances
à
certaines
quinolones
ont
été
rapportés
(acide
nalidixique
par
exemple,
quinolone
de
1ère
génération)
(Sutter,
Pyeatt
et
al.,
1981).
En
revanche,
les
fluoroquinolones
sont
habituellement
efficaces
contre
Capnocytophaga
spp.
(Arlet,
Sanson-‐Le
Pors
et
al.,
1987;
Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008).
d. Famille
des
tétracyclines
De
nombreuses
études
ont
révélé
que
Capnocytophaga
spp.
est
sensible
aux
tétracyclines
(Jolivet-‐Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007;
Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008;
Pers,
Tvedegaard
et
al.,
2007;
Sutter,
Pyeatt,
Kwok
1981).
Forlenza
et
al.
ont
montré
que
les
tétracyclines
ont
un
ratio
CMB/CMI
inférieur
à
4:
les
tétracyclines
sont
donc
bactéricides
vis-‐à-‐vis
de
Capnocytophaga
spp.
(Forlenza,
Newman
et
al.,
1981).
e. Famille
des
macrolides
Capnocytophaga
spp.
est
sensible
à
l’érythromycine
(Leclerc,
2007;
Sutter,
Pyeatt
et
al.,
1981).
Une
évaluation
des
CMB
et
CMI
réalisée
par
Forlenza
et
al.
a
permis
de
montrer
que
l’érythromycine
est
bactéricide.
Il
figure
parmi
les
antibiotiques
de
choix
avec
les
pénicillines
lors
d’infections
à
Capnocytophaga
spp.
(Forlenza,
Newman
et
al.,
1981).
Toutefois,
la
sensibilité
à
l’érythromycine
pourrait
être
variable.
En
effet,
une
souche
de
C.
cynodegmi
serait
résistante
à
l’érythromycine
(Pers,
Tvedegaard
et
al.,
2007;
Jolivet-‐
Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007).
f. Famille
des
aminosides
Capnocytophaga
spp.
possède
une
résistante
naturelle
aux
aminosides
(Leclerc,
2007;
Forlenza,
Newman
et
al.,
1981;
Sutter,
Pyeatt
et
al.,
1981).
La
mise
en
place
d’un
traitement
constitué
de
gentamicine
chez
un
patient
septicémique
n’a
pas
montré
d’effet
thérapeutique
(Pers,
Tvedegaard
et
al.,
2007).
g. Famille
des
lincosamides
La
clindamycine
est
classiquement
sensible
à
Capnocytophaga
spp.
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008;
Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992;
Jolivet-‐Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007;
Leclerc,
2007;
Sutter,
Pyeatt
et
al.,
1981).
Forlenza
et
al.
ont
montré
que
la
clindamycine
est
un
antibiotique
de
choix
lors
d’infections
à
Capnocytophaga
spp.
(Forlenza,
Newman
et
al.,
1981).
85
h. Famille
des
phénicolés
Capnocytophaga
spp.
est
sensible
au
chloramphénicol
(Jolivet-‐Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007;
Roscoe,
Zemcov
et
al.,
1992;
Leclerc,
2007;
Sutter,
Pyeatt
et
al.,
1981).
Forlenza
et
al.
ont
montré
que
le
chloramphénicol
est
bactéricide
mais
cet
antibiotique
est
interdit
en
France
depuis
1994
(Forlenza,
Newman
et
al.,
1981).
i. Famille
des
sulfamides
et
triméthoprime
Capnocytophaga
spp.
possède
une
résistance
naturelle
au
triméthoprime
(Jolivet-‐
Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007;
Leclerc,
2007).
j. Famille
des
nitro-‐5-‐imidazolés
La
sensibilité
au
métronidazole
est
variable
(Jolivet-‐Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007).
En
effet,
certains
auteurs
rapportent
que
Capnocytophaga
spp.
possède
une
résistante
naturelle
au
métronidazole
(Leclerc,
2007).
En
revanche,
une
étude
de
la
sensibilité
in
vitro
de
27
souches
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
menée
par
Sutter
et
al.
a
révélé
que
la
plupart
des
souches
sont
sensibles
au
métronidazole
(Sutter,
Pyeatt
et
al.,
1981).
k. Famille
des
glycopeptides
La
sensibilité
de
Capnocytophaga
spp.
varie
en
fonction
des
souches
pour
la
vancomycine
et
la
bacitracine
(Jolivet-‐Gougeon
et
al.
2007;
Sutter,
Pyeatt
et
al.,
1981).
l. Famille
des
polypeptides
La
plupart
des
souches
sont
résistantes
à
la
polymyxine
et
à
la
colistine
(Jolivet-‐
Gougeon,
Sixou
et
al.,
2007).
Une
étude
de
la
sensibilité
in
vitro
de
27
souches
appartenant
au
genre
Capnocytophaga
spp.
réalisée
par
Sutter
et
al.
a
montré
que
toutes
les
souches
étaient
résistantes
à
la
colistine
(Sutter,
Pyeatt
et
al.,
1981).
m. Antibiotiques
locaux
Capnocytophaga
spp.
est
habituellement
sensible
à
la
rifamycine
(famille
des
ansamycines)
:
cet
antibiotique
peut
être
utilisé
pour
le
traitement
des
kératites
à
Capnocytophaga
spp.
(Akhaddar,
Qamouss
et
al.,
2008
;
Pers,
Tvedegaard
et
al.,
2007).
La
plupart
des
souches
sont
résistantes
à
l’acide
fusidique
(Leclerc,
2007).
86
n. Bilan
Capnocytophaga
spp.
est
généralement
sensible
à
des
antibiotiques
facilement
accessibles
(Leclerc,
2007).
La
faible
occurrence
de
ces
infections
pourrait
donc
en
partie
résulter
de
la
sensibilité
de
ces
bactéries
aux
antibiotiques
habituellement
prescrits
en
prophylaxie
lors
de
morsures
(Blanchard,
Boulet
et
al.,
1996).
3. Chirurgie
Des
interventions
chirurgicales
font
parfois
partie
du
traitement.
Des
amputations
seront
notamment
nécessaires
lors
de
nécroses
ischémiques
des
extrémités
secondaires
à
une
CIVD
ou
à
un
purpura
fulminans
(Bryson,
Neilly
et
al.,
2003;
Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997).
Des
cas
de
nécroses
des
doigts,
du
nez,
des
orteils,
ou
des
jambes
ont
été
décrits
(Morgan,
1994b;
Bryson,
Neilly
et
al.,
2003;
O’Rourke,
Rothwell,
2011).
Une
amputation
de
l’extrémité
des
orteils
a
notamment
été
réalisée
chez
une
patiente
ayant
présenté
une
nécrose
des
extrémités
(O’Rourke,
Rothwell,
2011).
Les
amputations
pourront
être
majeures
lorsque
les
lésions
sont
étendues
:
une
amputation
de
six
doigts
et
de
deux
jambes
à
leur
tiers
moyen
a
été
réalisée
chez
un
patient
atteint
d’un
choc
septique
à
C.
canimorsus
associé
à
un
purpura
fulminans
(Védy,
Mardelle
et
al.,
2008).
4. Soins
intensifs
Chez
des
patients
en
état
de
choc
septique,
le
recours
à
des
soins
intensifs
est
nécessaire.
La
prise
en
charge
dépendra
des
formes
cliniques
et
des
modifications
biologiques
présentées
par
le
patient.
Lors
de
détresse
respiratoire
par
exemple,
les
patients
pourront
être
placés
sous
ventilation
assistée
(Mellor,
Bhandari
et
al.,
1997;
Band,
Gaieski
et
al.,
2011).
Une
fluidothérapie
associant
des
cristalloïdes
et
éventuellement
des
colloïdes
pourra
être
mise
en
place
pour
lutter
contre
l’hypotension
(O’Rourke,
Rothwell
2011;
Band,
Gaieski
et
al.,
2011).
5. Prophylaxie
défensive
Le
respect
des
mesures
d’hygiène
basique
est
fondamental
pour
la
prévention
des
infections
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi.
Pers
et
al.
rappellent
par
exemple
la
nécessité
de
se
laver
les
mains
après
avoir
caressé
un
animal.
Ces
mesures
d’hygiène
doivent
être
respectées
encore
plus
rigoureusement
par
les
personnes
immunodéprimées
(Pers,
Gahrn-‐
Hansen
et
al.,
2007).
87
Ainsi,
afin
de
diminuer
les
risques,
des
recommandations
ont
été
établies
par
différents
auteurs
et
par
différentes
organisations
telles
que
l’association
américaine
de
médecine
vétérinaire
(AVMA)
ou
le
CDC
(Elad,
2013;
Steele,
2008).
Une
antibioprophylaxie
pourra
également
être
mise
en
place
dans
le
cas
de
situations
à
risque.
Dans
le
cas
de
morsures
notamment,
l’utilisation
d’une
association
amoxicilline/acide
clavulanique
est
un
choix
judicieux
car
il
permet
une
protection
vis
a
vis
des
germes
transmis
par
morsure
(Morgan,
1994b).
Dans
plusieurs
pays,
un
traitement
antibiotique
systémique
est
recommandé
pour
tous
les
patients
après
une
morsure
de
chien,
y
compris
chez
les
personnes
immunocompétentes
(Gaastra,
Lipman,
2010).
En
France,
l’antibiothérapie
n’est
pas
systématique
et
est
réservée
aux
personnes
immunodéprimées.
Enfin,
un
moyen
de
prophylaxie
pourrait
consister
à
dépister
C.
canimorsus
chez
les
chiens
dans
les
foyers
d’individus
à
haut
risque.
L’objectif
serait
de
traiter
les
animaux
porteurs
de
C.
canimorsus.
Toutefois,
sachant
qu’il
existe
une
forte
proportion
de
chiens
positifs
à
C.
canimorsus
testés
par
PCR,
il
est
fortement
probable
que
les
chiens
dans
les
foyers
à
haut
risque
seront
positifs.
Ainsi,
l’utilité
du
traitement
des
animaux
porteurs
est
incertaine
dans
la
mesure
où
les
chiens
peuvent
être
à
nouveau
colonisés
par
C.
canimorsus
après
un
contact
avec
d’autres
chiens
porteurs
sains
(Gaastra,
Lipman
2010).
Aucun
vaccin
n’est
disponible
pour
la
prévention
des
infections
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi.
La
mise
au
point
d’un
vaccin
pourrait
constituer
un
moyen
de
prévention
efficace.
F. Rôle
des
partenaires
de
santé
dans
la
prévention
et
le
diagnostic
des
infections
à
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi
1. La
possession
d’un
animal
de
compagnie
:
un
facteur
de
risque
?
La
possession
d’un
animal
de
compagnie
procure
de
nombreux
bénéfices
aux
propriétaires
aussi
bien
psychologiques
(réduction
du
stress,
augmentation
des
contacts
entre
humains,
contribution
au
bien-‐être)
que
physiques
(augmentation
de
l’activité
quotidienne)
(O’Haire,
2010;
Serpell,
1991).
La
possession
d’un
animal
de
compagnie
aurait
également
des
effets
bénéfiques
sur
des
troubles
de
santé
mineurs
(maux
de
tète,
fatigue
générale,…)
voire
majeures
(prévention
de
maladies
cardio-‐vasculaires)
(Serpell,
1991).
88
Toutefois,
la
possession
d’un
animal
de
compagnie
constitue
un
véritable
facteur
de
risque
d’infections
à
C.
canimorsus
et
à
C.
cynodegmi.
Le
risque
de
développer
une
infection
est
particulièrement
élevé
chez
les
personnes
immunodéprimées.
Or,
des
milliers
de
personnes
sont
immunodéprimées
en
France
et
il
est
estimé
que
30
à
40%
de
ces
personnes
possèdent
un
animal
de
compagnie
(Angulo,
Glaser
et
al.,
1995).
Ainsi,
la
question
du
rapport
bénéfice/risque
chez
ces
personnes
possédant
des
animaux
est
soulevée
(Elad,
2013).
La
collaboration
entre
le
propriétaire,
le
médecin
et
le
vétérinaire
est
fondamentale
pour
évaluer
le
risque
potentiel
associé
aux
animaux
de
compagnie.
Les
partenaires
de
santé
doivent
jouer
un
véritable
rôle
d’information
dans
la
mesure
où
les
propriétaires
ont
une
image
positive
de
leurs
animaux
et
ont
des
difficultés
à
voir
leur
animal
comme
un
danger
pour
leur
santé
(Steele,
2008).
Un
manque
de
communication
entre
ces
trois
acteurs
résultera
souvent
en
une
mauvaise
information
du
propriétaire
et
à
des
recommandations
injustifiées
d’abandon
de
l’animal
(Angulo,
Glaser
et
al.,
1995).
2. Rôle
insuffisant
dans
la
prévention
des
zoonoses
des
professionnels
de
santé
Actuellement,
les
vétérinaires
et
les
médecins
jouent
un
rôle
insuffisant
dans
la
prévention
des
affections
zoonotiques.
Ceci
a
été
montré
par
une
étude
réalisée
aux
Etats-‐
Unis
par
Grant
et
al.
à
partir
des
résultats
de
questionnaires
envoyés
à
des
vétérinaires
et
à
des
médecins
portant
sur
les
risques
et
la
prévention
des
zoonoses
chez
les
patients
immunodéprimés
(Grant,
Olsen,1999).
Les
résultats
des
questionnaires
ont
montré
que
les
vétérinaires
et
les
médecins
jouent
un
rôle
insuffisant
pour
la
prévention
des
zoonoses
car
ils
ne
maîtrisent
pas
suffisamment
les
modes
de
transmission,
de
prévention
et
les
risques
associés
aux
agents
zoonotiques.
Cela
est
également
dû
à
un
manque
de
communication
des
vétérinaires
et
des
médecins
à
propos
des
zoonoses
avec
leurs
patients.
De
cette
étude,
il
apparaît
que
les
médecins
pensent
que
la
prévention
des
zoonoses
correspond
davantage
au
rôle
des
vétérinaires
(Grant,
Olsen,1999).
89
3. Rôle
fondamental
des
partenaires
de
santé
Les
partenaires
de
santé
impliqués
dans
la
gestion
des
infections
à
C.
canimorsus
et
à
C.
cynodegmi
sont
les
vétérinaires,
les
médecins,
et
les
laboratoires
de
microbiologie
(Grant,
Olsen
,1999;
Angulo,
Glaser
et
al.,
1995).
Ces
différents
acteurs
doivent
agir
de
façon
conjointe
de
façon
à
former
un
réseau
de
santé
efficace.
Pour
cela,
les
vétérinaires
et
les
médecins
doivent
se
familiariser
davantage
avec
les
maladies
zoonotiques
afin
de
maîtriser
les
caractéristiques
épidémiologiques
de
ces
maladies,
les
modalités
de
mise
en
évidence
des
agents
étiologiques
ainsi
que
les
formes
cliniques
rencontrées
chez
l’homme
et
chez
l’animal
(Tuzio,
Edwards
et
al.,
2005).
Le
vétérinaire
et
les
médecins
de
famille
doivent
être
capables
d’informer
les
propriétaires
des
conditions
à
risque
de
transmission
de
la
bactérie
ainsi
que
des
signes
cliniques
qui
doivent
alerter
le
propriétaire.
Ils
devront
également
informer
les
propriétaires
des
facteurs
prédisposant
une
infection
à
Capnocytophaga
spp..
Très
peu
de
vétérinaires
et
de
médecins
interrogent
les
propriétaires
pour
savoir
s’il
y
a
des
personnes
immunodéprimées
au
sein
de
leur
famille
alors
que
cela
devrait
être
une
question
systématique
(Angulo,
Glaser
et
al.,
1995).
Dans
le
cas
où
le
propriétaire
informe
le
vétérinaire
ou
le
médecin
de
facteurs
de
risque
d’infection
à
C.
canimorsus,
les
vétérinaires
et
les
médecins
devront
soulever
les
bénéfices
et
les
risques
de
la
possession
d’un
animal
de
compagnie.
Les
vétérinaires
et
les
médecins
devront
donner
des
conseils
aux
propriétaires
pour
la
gestion
de
leur
animal
lors
de
la
vie
quotidienne
(Tuzio,
Edwards
et
al.,
2005).
Ensuite,
les
vétérinaires
et
les
médecins
doivent
être
capables
de
renseigner
les
laboratoires
de
microbiologie
sur
les
modalités
de
mise
en
évidence
de
ces
bactéries
dans
le
cas
où
leur
implication
est
suspectée
(Morgan,
1994b;
Tuzio,
Edwards
et
al.,
2005).
Enfin,
face
à
des
formes
cliniques
chez
l’homme,
les
médecins
devront
veiller
en
une
prise
consciencieuse
des
commémoratifs
et
de
l’anamnèse
afin
de
suspecter
de
façon
précoce
une
infection
à
C.
canimorsus.
Ensuite,
une
collaboration
entre
les
cliniciens
et
les
microbiologistes
est
nécessaire
afin
que
ces
germes
soient
recherchés
(Cheng,
Nack
et
al.,
1999).
90
CONCLUSION
Ce
manuscrit
fait
une
revue
des
bactéries
du
genre
Capnocytophaga
avec
une
emphase
sur
les
espèces
C.
canimorsus
et
C.
cynodegmi.
Ces
dernières
sont
des
bactéries
commensales
appartenant
à
la
flore
buccale
des
animaux
de
compagnie.
Des
études
expérimentales
ont
permis
de
mettre
en
évidence
que
ces
bactéries
ont
développé
des
mécanismes
d’adaptation
au
commensalisme.
Elles
possèdent
notamment
des
systèmes
d’approvisionnement
en
glycanes
et
une
sialidase
permettant
leur
nutrition
à
partir
de
la
muqueuse
buccale.
Elles
ont
également
mis
en
place
des
mécanismes
d’échappement
aux
réponses
immunitaires
de
l’hôte.
Lors
d’infection,
ces
mécanismes
agissent
tels
des
facteurs
de
virulence
autorisant
la
multiplication
des
bactéries
au
sein
de
l’organisme.
C.
canimorsus
est
l’agent
le
plus
pathogène
responsable
essentiellement
d’infections
systémiques,
contrairement
à
C.
cynodegmi
qui
provoque
surtout
des
infections
localisées.
Ces
agents
zoonotiques
sont
majoritairement
transmis
à
l’homme
par
morsures
de
chien.
L’occurrence
des
infections
chez
l’homme
est
faible
par
rapport
aux
niveaux
de
portage
élevés
(jusqu’à
plus
de
80%)
chez
les
animaux
de
compagnie.
Cette
apparente
contradiction
pourrait
s’expliquer
par
exemple
par
la
variabilité
d’expression
de
facteurs
de
virulence
entre
souche
bactérienne.
Bien
que
l’occurrence
de
ces
infections
soit
faible,
ces
bactéries
ont
une
importance
en
Santé
Publique
car
elles
sont
responsables
d’infections
très
sévères
associées
à
un
taux
de
létalité
élevé.
Une
suspicion
souvent
tardive
de
ces
infections
et
la
difficulté
d’isoler
ces
bactéries
empêchent
l’initiation
précoce
d’un
traitement
ciblé.
Une
meilleure
connaissance
de
ces
infections
est
nécessaire
pour
la
mise
en
place
d’un
réseau
de
santé
efficace
pour
la
prévention
et
la
gestion
de
ces
infections.
91
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Thèse d’Etat de Doctorat Vétérinaire : Lyon, 27 juillet 2015
RESUME :
JURY :
Président : Monsieur le Professeur T. Ferry