10 MERCREDI 29 SEPTEMBRE 2021 + DE 20 MINUTES PLANÈTE

Après avoir collecté le CO2 sous une forme

concentrée, Climeworks le mélange à de l’eau
avant de l’injecter à 1 000 m de profondeur
dans des couches de basalte. Climeworks / Sipa

Une roche constituée de CO2 minéralisé est

Orca, l’usine de Climeworks lancée le 8 septembre en Islande, peut retirer 4 000 t de CO2 de l’atmosphère chaque année. Climeworks / Cover Images / Sipa obtenue au bout de deux ans. Climeworks / Sipa

Technologie
autre piste : le captage direct du CO2
dans l’air, là où sa concentration est
seulement de 0,04 %.
Le captage et stockage de carbone a
d’ailleurs plutôt une bonne cote au-
près de l’Agence internationale de
l’énergie. « Dans sa feuille de route

Aspirer le CO2 pour

« Besoin de la capture dans l’air » mondiale pour décarboner l’éner-
Climeworks reste néanmoins sûr de gie, parue en mai, elle estime que le
sa pertinence. « Atteindre la neutra- CSC captera 7,6 milliards de tonnes de
lité carbone nécessitera de réduire CO2 en 2050, dont 5,2 à partir des fu-

mieux respirer ?
drastiquement nos émissions, concède mées d’usines et 2,4 dans l’atmosphère
Julie Gosalvez, directrice marketing et grâce à divers procédés, dont celui dé-
communication de l’entreprise. Mais veloppé par Climeworks, précise Flo-
ça ne suffira pas. Une part – entre 10 % rence Delprat-Jannaud, coordinatrice
et 20 % – est inévitable, du moins au- CO2 à l’IFP Énergies nouvelles. Ça peut
En Islande, une start-up d’eau comparée aux 33 milliards de jourd’hui. On aura alors besoin de la paraître ambitieux et il faudra d’ici là
suisse vient d’ouvrir une tonnes équivalent CO2 que le secteur capture directe dans l’air, pour retirer lever des verrous technologiques, trou-
usine qui capte le dioxyde de l’énergie devrait émettre en 2021, le CO2 que nous avons émis et cette part ver les bons modèles économiques.
de carbone directement selon l’Agence internationale de l’éner- que nous allons continuer d’émettre. » Mais ce n’est pas impossible. »
dans l’air ambiant gie. Le captage et stockage de carbone
(CSC) peut-il alors faire partie des so-
Fabrice Pouliquen
lutions sur lesquelles miser contre le
réchauffement climatique ? Stockage entre 80 °C et 100 °C, pour obtenir
le gaz sous forme ultraconcentrée.

«B
rasser de l’air » : parler
ou agir beaucoup pour
n’obtenir que des résul-
tats insignifiants, dit le
dictionnaire. À Hellisheidi, en Is-
lande, Climeworks travaille à donner
un autre sens à cette expression. Le
8 septembre, la start-up suisse a lancé
Orca, une usine de captage de CO2.
Selon les projections, elle retirera de
l’atmosphère 4 000 t de dioxyde de
carbone par an. Cela reste une goutte
Dans une note parue en juillet,
l’Agence de la transition écologique
décrit le procédé comme une solution
complexe, évoquant ses contraintes
techniques, géologiques, réglemen-
taires et sociales. Sa mise en œuvre
est à envisager « en tant que dernière
étape dans une stratégie de décarbona-
tion (…) et reste un pari risqué », écrit-
elle, en ne parlant, dans son avis, que
du CSC à partir des fumées d’usines.
De son côté, Climeworks explore une
dans le sol
Comment l’usine Orca capte-
t-elle le CO2 ? Ses 12 ventilateurs
aspirent l’air ambiant pour
l’amener dans un collecteur,
où le dioxyde de carbone qu’il
contient est capturé par un filtre.
Une fois ce dernier rempli
de CO2, le collecteur se ferme
et la température est poussée
En association avec Carbfix, projet
islandais de stockage de carbone,
Climeworks récupère le CO2,
le mélange à l’eau avant de
l’injecter à 1 000 m de profondeur,
à quelques pas de là, dans des
couches de basalte, où il se
transformera en roche au bout
de deux ans. La start-up propose à
des entreprises et des particuliers
de financer ces opérations
de captage et stockage du CO2.