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URBANISME II

I. LA VILLE MODERNE ET LE CORBUSIER 3 à 18

II. DAS NEUE FRANKFURT DE ERNST MAY 19 à 27

III. L’URBANISME MODERNE DES CIAM 28 à 37

IV. TEAM X 38 à 61

V. TYPO-MORPHOLOGIE 62 à 70

VI. MANIERE DE FAIRE LA VILLE, POST- MODERNE 71 à 72

VII. REM KOOLHAAS 72 à 84

VIII. LEON KRIER 84 à 93

VIX. CHRISTIAN DE PORTZAMPARC 94 à 99

X. SYNTHESE DES TROIS ARCHITECTES 100 à 102


I. La ville moderne et Le Corbusier

Le Corbusier (1887-1965) inspecte une maquette d’un immeuble à redents

A partir du milieu du 19ème, plusieurs essais


et tentative ont été lancé par des
ingénieurs et hygiénisme pour but de
contrôler la ville, son développement et
son évolution (Haussmann).

Par la suite, nous sommes toujours dans


une période d’industrialisation où l’on
retrouve le problème de la
promiscuité (situation qui oblige des
personnes à vivre côte à côte et à se mêler
malgré elles) entre les logements ouvriers
et les implantations industrielles. Une
promiscuité aussi mobile (voiture,
charrette, piéton, etc.).

Pour Le Corbusier, l’opération de Haussmann et la ville Haussmannienne (rénovation de paris lors du


19ème) devient un problème et non plus une solution. Le Corbusier appelle le boulevard
Haussmannien, une rue corridor où il observe le phénomène de congestion et promiscuité mobile.
Le but, pour le Corbusier et la période du mouvement moderne après la WWI, va être de finir avec
les rues corridors et développer des villes ouvertes.

Couverture de la publication Projet et Utopie de Manfredo Tafuri (post-moderniste), 1973

Manfredo Tafuri, penseur italien et néo-


marxiste, est le fondateur de l’université de
l’université de l’architecture de venise en 1968.

Dans cet ouvrage, il développe la thèse que la


crise de l’architecture des années 60’ et 70’ est
dû à l’inefficacité du mouvement moderne de
s’attaquer aux réels problèmes sociétaux. De ce
constat, il explique que ce sont des problèmes qui ne peuvent être
résolu uniquement avec des moyens architecturaux. Dans cet ouvrage, il
fait une distinction entre deux volets de l’avant-garde vis-à-vis de la
question de la ville (Großstadt). Le premier est la pensée utopique et
radicale de Le Corbusier puis le deuxième est la pensée pragmatique,
orientée vers la réalisation de Ernst May (Das neue Frankfurt).
A. Le Corbusier : Première période

A.I – 1922, Une ville contemporaine, une ville pour 3 millions d’habitants
Au sein d’une exposition d’art en 1922 au Salon d’Automne à Paris, il propose une ville
contemporaine. Une proposition d’une ville utopique pour 3 millions d’habitants. On peut voir
deux axes routiers principales qui mène à un aéroport au centre de Paris. Un aéroport qui est
entouré de 24 grattes ciels. Ces derniers, de grandes hauteur mais d’une faible empreinte aux sol,
combinent des commerces, bureaux et appartements. On retrouve deux autres typologies plus à
l’exterieur avec d’une part des immeubles à redents puis d’autres part des immeubles cellulaires.
Contrairement aux immeubles cellulaires, les immeubles à redents se détache de l’utilisation de la
route comme axe de circulation.
Sur ces photos, on peut voir des immeubles cellulaires – des immeubles-villas – qui englobent les
qualités d’habitations que l’on peut trouver dans une villa avec les avantages que l’on peut trouver
dans des logements collectifs. Ils sont composés de cellules individuelles, des terrasses extérieurs, et
autres. La double hauteur que l’on peut voir sur l’axonométrie montre l’intention du Corbusier dans
ce projet à réduire un maximum l’emprise au sol pour chercher la hauteur des structures. Au final,
10% d’occupation au sol et 90 % de libre pour le vert, l’air libre, etc. Le Corbusier s’est intéressé à la
typologie de New York où il affirme que les gratte-ciels de Manhattan ne seraient pas assez haut,
dans le but de libérer l’espace résiduelle de la ville. Un plan plutôt académique qui n’est globalement
pas bien reçu principalement pour son côté fermé, càd à ne pas laisser la place à l’évolution de la
ville. La deuxième grande critique est le manque d’isotopie dans le plan, un plan considéré comme
trop hiérarchisé.
A.II – 1925, Le plan Voisin pour Paris

C’est au Pavillon de l’Esprit Nouveau à l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris en 1925 que Le
Corbusier présente à la fois le Plan Voisin ainsi que l’Esprit Nouveau. Voisin, constructeur automobile
de l’époque, financera le pavillon et bénéficiera du titre du plan du Corbusier. Similairement aux
projets précédents, on retrouve les immeubles-villas. Dans ce pavillon, il montre des meubles, tables,
peintures puis la présentation du Plan Voisin.
Il réutilise le double axe central avec cette fois-ci 18 grattes ciels. Un plan monumental dans
lesquelles il va intégrer des immeubles à redents qui vont remplacer le tissu considéré comme trop
dense. Il coupe la vielle ville et la remplace avec de nouvelle construction. La seule chose que Le
Corbusier garde sont les grands axes et grands monuments historiques.
B. Le Corbusier : Deuxième période

AA

BB

CC

DD

EE

FF

GG

HH

AA Villes satellites, par exemple : siège du gouvernement ou centre des études sociales
BB La cité d’affaires
CC La gare et Faérogure
DD Les hôtels et les ambassades
EE L'habitation
FF Les manufactures
GG Les entrepôts généraux
HH L'industrie lourde
Le Corbusier présente La Ville Radieuse au Palais des Beaux-Arts
de Bruxelles lors du 3ième CIAM en 1930. Ce congrès
international de l’architecture moderne parle du lotissement
rationnel. Ce schéma est beaucoup plus radical que les
précédents car il divise la ville en différentes zones. On peut
voir sur la page précédente que la ville, sous forme linéaire,
peut se développer à l’infini. Une idée de ville linéaire que Le
Corbusier à volé à des urbanistes russes, notamment Leonidov
qui avait imaginé de remplacer la ville industrielle (Großstadt)
par une ville beaucoup plus égalitaire.

En plus d’être beaucoup plus égalitaire, elle serait beaucoup mieux organisée qui pouvait s’étendre à
l’infini. Le but essentiel de ces villes était d’être isotrope (pas de réel centre et périphérie où tout le
monde est à peu près à égale distances des divers services). On peut voir dans les habitations (EE)
qu’il n’y a plus d’immeubles cellulaires, remplacés par des plans à redents. Le but de ce plan est à
nouveau de libérer Paris de cette sur-densification tout en respectant le même nombre d’habitants
par hectares dans des espaces qui occupe moins de prise au sol. Un plan isotrope qui incorpore les
critiques des plans précédents
. II – 1933, Plan pour la Rive Gauche d’Anvers - avec Paul Otlet Huib Hoste et Fo Loauet.

Le Corbusier va utiliser le plan de la Ville Radieuse et le projeter sur le plan pour la Rive Gauche
d’Anvers. On retrouve une division de divers espaces sans prendre en compte l’industrie qui se
développe le long de la rive. Il propose une cité des affaires, du logement et divers services. Il prévoit
un axe en direction de la cathédrale pour permettre aux bateaux de voir la ville d’Anvers depuis
l’eau.
Un deuxième axe de tunnel est installé mais
comme ce dernier ne respecte pas
l’orthogonalité, il va créer des gratte-ciels non pas
en croix mais en Y qui reprenne ce désaxement
en compte. On retrouve également multiples
immeubles à rendent. Afin de libérer la prise au
sol et de favoriser la circulation, il va installer le
système de pilotis notamment sur les immeubles
à rendant. Finalement, le plan est également
isotrope. Au niveau du tissu urbain, il n’y a aucun
rapport entre la ville moyenâgeuse et le nouveau
plan du Corbusier. Néanmoins, il y a tout de
même une certaine adaptation au contexte à
travers les axes et d’autres éléments paysagers.
C. Le Corbusier : Troisième période

C.I – 1931 à 1934, Plan Obus pour Algiers

En 1930, Alger était une ville constituée d’une superposition de trois systèmes urbains avec une ville
ottomane, une urbanisation française (similaire à Haussmann) puis une urbanisation spontanée
post-haussmannienne qui reflète une expansion urbaine. Corbusier prend ainsi pour tache de
répondre à la problématique de cette expansion urbaine. Il va laisser la ville ottomane intacte et va
faire trois interventions. Tout d’abord, il prévoit une cité des affaires aux cap d’Alger qui est reliée,
grâce à une grande parcelle, à une zone dans les hauteurs avec une séries de barres constitué
d’habitations et autres. Il prévoit finalement la jonction entre ces derniers et la ville ottonienne.
Une des sources du Corbusier
pour ce projet était un projet
de ville linéaire en Californie
nommé « Roadtown » réalisé
par Chambless. Une
proposition pour la production
de vins où, dans un même
bâtiment, combinait la
circulation, la production et les
habitations des travailleurs.

La deuxième inspiration du Corbusier


dans ce projet est l’Usine Fiat
à Turin réalisé par Giacomo
Matté-Trucco en 1921. On
peut trouver sur la toiture de
cette usine, un circuit où était
essayée les voitures Fiat.

Manfredo Tafuri – page I

Penseur néo-marxiste italien, historien de l’architecture, qui dans


son ouvrage « Projet et Utopie » avait distinguer deux volets à
l’avant-garde, celle qui était plus utopique, radicale et l’autre
plus dirigé vers la réalisation, plus pragmatique. Pour Manfredo
Tafuri, le Plan Obus du Corbusier (utopique et radicale) était le
premier à avoir formuler une hypothèse qu’il considérait comme
quelque chose de presque valable.

« Le plan Obus est l'hypothèse la plus élevée de la culture


bourgeoise dans le champs de l'architecture et de l'urbanisme. »

Manfredo Tafuri de l’importance au projet du Corbusier pour différentes raisons

1. Niveaux d’échelle : D’après Tafuri, jusqu’à ce moment-là, la ville était considérée comme
quelque chose qui fonctionnait avec des niveaux d’échelles – la maison, l’ilot, le quartier, le
district et la ville. Pour Tafuri, le plan Obus rompt avec cette tradition en proposant un
bâtiment qui est à la fois maison et quartier, district, etc.

2. Plan Obus vs Ville traditionnelle dans sa structure : D’après Tafuri, jusqu’à ce moment-là, la
ville était considérée comme une extension d’un bourg où il fallait d’abord acquérir des
terrains puis urbaniser ces terrains. Une manière d’appréhender la ville comme une
urbanisation des terrains vierges. Une approche traditionnelle dont le plan Obus rompt
complètement. Ici, on créer une nouvelle structure et ville que l’on superpose à la ville
existante.
3. Champs topolique pure : Lorsque l’on parle du cubisme, du futurisme, de l’élémentarisme, il
y a, dans ces courants de la peinture, l’invention d’une nouvelle spatialité, contraire à la
perspective centrale, où l’on retrouve l’interpénétration des éléments via l’introduction de
plusieurs perspectives. Cela mène peu à peu à une spatialité beaucoup moins hiérarchique et
ayant beaucoup plus de rapport entre les différents points du champ pictural. Lorsque l’on
parle du champs topolique pure, c’est l’idée d’une topologie où les rapports hiérarchiques
tendent à disparaitre et où une isotropie est recherchée.

4. Styllistique – jeux de lignes : Si au début des années 20’, Le Corbusier peint de manière
élémentariste, vers la fin des années 20’ et début des années 30’, on voit apparaitre des jeux
de lignes et courbes dans les peintures de Corbusier dont Charles Jencks décrit comme
l’apparition d’une rupture stylistique. L’explication serait que Le Corbusier cherchait une
nouvelle propriété de l’objet qui ne doit pas uniquement être fonctionnel mais qui doit
également plaire – la séduction, le jeu entre rationalité, etc.

Le Corbusier, Nature morte au Violon, 1920. Le Corbusier, Deux femmes nues, 1928.

Illustration de la publication Charles JENCKS, Le Corbusier and the Continul Revolution in Architecture, New York,
200.

5. Echelle de l’intervention – MEG : Le Plan Obus est une préfiguration des mégastructures
avec l’idée d’une mégastructure où l’on va par la suite insérer des éléments qui puissent
varier. Ces mégastructures ont surtout été développer dans les années 60’ et 70’, entre
autres au Japon. Le Plan Obus est en quelque sorte un précurseur de ces plans utopiques des
années 60’. Finalement pour Tafuri, le plan Obus est un hippothèse radicale qui est un point
final pour Le Corbusier. Ne pouvant aller plus loin dans une recherche isotopique, il devrait,
dès lors, devenir plus pragmatique.
D. Le Corbusier : 4ème période

D.I – 1934, Plan de Nemours

On voit apparaitre pour la première fois, dans les plans de Le Corbusier, les unités d’habitations. S’il
n’est pas possible de construire une ville de toute pièce, Le Corbusier se rend compte qu’il est mieux
de couper la ville nouvelle et moderne en plusieurs morceaux, en plusieurs unités d’habitations,
productions et loisirs. Une infrastructure qui permet de réaliser bâtiment par bâtiment et zone par
zone. En conséquent nous sommes moins liées à une vision totale de la chose et on peut procéder de
manière pragmatique.
D.II – 1945, Projet de reconstruction de La Rochelle

Conclusions : Le Corbusier et l’urbanisme moderne

1. Le boulevard Haussmannien est totalement abandonné, la rue devient que fonctionnelle.

2. Décomposition du tissu urbain

3. Métaphore de la ville mécanique > enchainement de connections mécaniques. C’est le passage


de la métaphore du tissu urbain comme organique à la considération de la ville comme
mécanique – horlogerie.

4. La ville zonée – décomposition en zone d’habitation, zones des loisires, zones industrielles, etc.

5. Rapport à la ville existante

- Tabula rasa : on rase la ville et on reconstruit

- Développement suburbain : développement sur des terrains qui sont restés vierge (plan
Nemours ou La Rochelle)

- Super-imposition d’un nouveau système (plan Obus)

6. Décontextualisation comme idéal à poursuivre. Le Corbusier va tenter de décontextualiser et


d’enlever les paramètres contextuels pour arriver à mettre en place une ville dont les qualités
sont maitrisables et maitrisées. Des qualités similaires à chaque endroit, pour toutes et pour
tous. Cette isotropie devient une obsession de l’avant-garde, à la recherche d’une ville plus
égalitaire qui amène à une décontextualisation comme idéal à poursuivre.
Le Corbusier ne va jamais réaliser des villes, ni des bouts de villes mais une série d’unité
d’habitations. A Marseille de 1947 à 1952, à Nantes-Rez é en 1955, à Berlin-Westend en 1957, à Briey
en 1963 puis à Firminy en 1965.

Le Corbusier mettait en place toute une autre série de métaphore, dont la cité jardin verticale.

Il y a aussi la métaphore des portes bouteilles où les appartements sont dans cette superstructure.
Des appartements à double hauteurs, toujours avec ce jeu de compression et dilatation.

A droite, le Cloitre des Chartreux à Ema dont Le Corbusier s’en réfère pour le rapport entre
collectivité et cellules individuelles. A gauche puis en dessous, une structure à Moscow dont le
Corbusier s’en inspire pour mettre en place ces habitations en L. Il y a également la programmation
de ce lieu qui inspire Le Corbusier.
Une autre métaphore, celle du paquebot. Si une société est capable de construire un paquebot où
toute une communauté puisse y vivre plusieurs semaines et plusieurs mois alors l’architecture peut
aussi suivre cette logique de construction.
II. Das Neue Frankfurt de Ernst May

I. Introduction

Si Taffuri était relativement


positif par rapport à le
Corbusier, ce n’est pas le cas
avec Ernst May pour la raison
que Das Neue Frankfurt fait
partie des projets ne
s’attaquant pas réellement
aux questions de la Großstadt.
Cette ville historique qui a été
bouleversée par la révolution
industrielle, posant tout une
question au niveau de la ville –
une ville centralisée contenant
des industries de plus en plus présentes où les conditions des ouvriers est
devient de plus en plus déplorable. Taffuri explique qu’il évite de
répondre à ces questions-là et se place en dehors de la ville. Ernst May va
développer des quartiers sur des terrains vierges à la périphérie de la ville.
Le pragmatisme dirigé par Ernst May est considéré par Taffuri comme un
escapadisme. Ernst May est aujourd’hui toujours considéré comme une
des premières manifestations où l’avant-garde a réussi de créer en très
peu de temps, énormément d’habitations – notamment dans la revue
bruxelloise 7 arts. Cette revue va titrer Frankfort comme ville moderne
avec la réalisation entre 1925 et 1930 de 12 milles habitations qui suivait
les principes de la conception moderne de l’architecture – réalisation
d’un rêve de l’avant-garde. On se trouve dans une période d’instabilité
politique assez importante entre 1918 et 1919 avec une répression
importante de l’extrême gauche, etc. – contexte politique. Malgré ce contexte instable nous sommes
dans une période où la scène artistique se trouve en pleine essor. En 1925, la ville de Francfort, les
socialistes prennent le pouvoir et décident de s’attaquer à la problématique de la pénurie d’habitations
et vont attirer un architecte (Ernst May) devant s’occuper de cette questions – Stadbaurat.

II. Ernst May (1886-1970)

- Stage chez Raymond Unwin


- 1930 départ pour l’ URSS
- 1933 Kenya
- 1953 retour en Allemagne
- Expérience à Francfort 1925-1930, travail d’équipe avec Mart Stam,
Grete Schutte-Lihotzky, Martin Elsaesser, Eugen Kauffman, etc.
III. Projet de l’équipe de Ernst May

Modernisme programmatique

1/ L’acquisition des sols

2/ Urbanisme de détail

3/ Architecture des bâtiments

4/ l’industrie pour la production des habitations

5/ Système de financement

6/ Gestion de la réalisation

7/ Information du public

La cuisine de Francfort

Conçue par Grete Schutte-Lihotzky, est le début de la cuisine moderne.


Cette cuisine est fondée sur le principe de la conception en série et la
minimisation de circulation.
La revue « Das Neue Frankfurt » traite une
multitude de chose - cinéma expérimentale,
mobilier ancien, l’architecture d’avant-garde, la
préfabrication d’éléments sur chantier, la
photographie expérimentale, etc.

IV. Deux points focaux de la politique de Ernst May

1. La Maison Minimum – Die Wohnung für das


Existenzminimum

Le but est de définir le minimum que l’on peut


atteindre en dessinant une maison. Un minimum
digne pour qu’une maison soit encore agréable à
vivre, un minimum acceptable avec un budget donné.
On retrouve l’élaboration de plan type, des plans
simple, millimétrer où chaque espace est bien
réfléchi, petit et efficace. Le 2ème congrès CIAM sera
organiser à Francfort et va traiter la question de cette habitations minimum avec 200 plans types.
2. La rénovation urbaine, l’urbanisme – Trabantenstadt

Ernst May a eu un passage important chez Raymond Unwin et


va subir l’influence de cet urbaniste anglais. Il va mettre un
système et un schéma de l’expansion de la ville–
Trabantenstadt. C’est en gros le schéma des villes satellites
avec au centre historique et moyennage, des boulevards
d’extension de la ville 19ème, de l’industrie lourde autour du
fleuve avec des habitations en plein milieu. May va créer des
colonies organisées et programmées autour, et relativement
loin, de la ville qui constituent de zones, tampons, vierges qui
resterait vierge où la nature est conservée.

V. Analyse de quelques réalisations

1. Bruchfeld Siedlung (1926-1927)

C’est le quartier le plus connu et le plus véhiculer dans les histoires de l’architecture moderne. Un des
premiers plans de May en 1926, il va compléter la ville en créant des ilots urbains, plus ou moins
ouvert, qui vont suivre la morphologie de la ville traditionnelle. On peut y voir des zones intérieur
composé de jardin collectifs et autres. Les maisons sont orientées de manière à individualiser les
appartements ainsi que pour s’orienter de manière idéale à la manière entrante.
2. L'aménagement de la vallée de la Nidda - Siedlung Römerstadt (1926-1929)

L’aménagement probablement le plus clair dans l’implantation est celle de la Römerstadt. Situé dans
la vallée de la Nidda, l’implantation rompt avec la ville tout en générant un grand parc. Un peu plus en
hauteur, un quartier-jardin sera créer avec des axes qui le remette en lien avec la ville historique. Par
rapport au plan précédent, on peut voir que l’îlot, comme élément structurant de la ville, va être
abandonné. Les constructions sont relativement basses, de manière générale sur deux étages. Malgré
la fabrication en série, c’est une architecture fortement variée. Le plan de la ville de Römerstadt à été
réalisé par Ernst May en collaboration avec d’autres architectes. Il y a au total 1200 habitations.
3. Heimatsiedlung – Riedhof West (1927)

Nous sommes toujours dans l’évolution d’une désintégration de la morphologie urbaine


traditionnelle. On retrouve la volonté de suivre les courbes de niveaux mais cette fois-ci avec des
barres. Des constructions en bande, dissociées par l’implantation de rues et des jardins commun, qui
s’insère dans une sorte de méga-îlot. Les structures sont un peu plus hautes qu’au projet précédent
avec généralement 4 étages. Il a cette quête d’isotropie que chaque appartement profite des mêmes
conditions que les autres, il n’y a pas de hiérarchie. Ce quartier a été fortement endommagé lors de la
seconde guerre mondiale mais a été reconstruit par la suite.
4. Siedlung Hellerhof (1929-1932)

Vers 1929, il y a une tendance à appliquer le principe de constructions en bande. Le projet a été conçue
pour une coopérative appelée « Hellerhof » où l’on retrouve également des séries d’habitations. Ce
projet, pensé de manière assez radicale, a été réalisé par Mart Stam. Le plan est beaucoup plus
hiérarchisé et articulé.
5. Siedlung Westhausen (1929-1931)

Le quartier, dernière réalisation de Ernst May avant de partir en Russie, est extrêmement grand avec
1532 habitations. L’architecture est réalisée par Eugen Kauffman et d’autres architectes. C’est
l’application la plus orthodoxe du Siedlung Bauer à Francfort. Presque tous les appartements vont être
placés dans la même orientation. C’est un système hiérarchisé avec des rues piétonnes qui mènent
aux habitations. On regarde à nouveau des jardins collectifs mais également certains privés. Un
quartier certes monotone mais où la qualité de vie n’est pas négligeable.
VI. Conclusion

On pourrait comparer Francfort à l’avant-garde. Une certaine ressemblance est visible ente le dessin
de Theo van Doesburg et Cornelis van Eesteren avec la représentation de Hans Leistikow – faisant
partie du « Das Neue Frankfurt ».

Malgré la ressemble au niveau de l’apparence, couleur et autres, d’autres éléments les diffèrent.
Notamment lorsque l’on regarde l’illustration de Theo van Doesburg et Cornelis van Eesteren, on peut
y voir la recherche à une décomposition de l’objet et d’interpénétration des éléments ayant pour
finalité de franchir les limites entre intérieur et extérieur.

Une illustration comparable au livre de Bauen in Frankreich, prônant, également par l’interpénétration,
la mise en place d’une nouvelle spatialité.

Si on compare à nouveau les couleurs de de Theo van Doesburg & Cornelis van Eesteren et Hans
Leistikow, on peut voir que chez Leistikow utilise les couleurs pour mettre en valeur l’architecture
tandis que chez Theo van Doesburg & Cornelis van Eesteren, les couleurs sont utilisés toujours pour la
déconstruction de cette architecture. ». On peut ainsi comprendre les multiples divergences.

Une autre divergence intéressante serait de comparer l’architecture de Ernst May à celle du Corbusier.
On ne remarque qu’aucun des cinq points du Corbusier sont appliqués chez May et que les principes
et préoccupations de leurs architectures ne sont pas les mêmes.

Finalement en 1930, une série d’architectes de « Das Neue Frankfurt » vont partir en Russie étant
invités, par les autorités, pour la construction de villes nouvelles.

Theo van Doesburg et Cornelis van Eesteren, Contra-Construction, 1923.

Couverture du livre Bauen in Frankreich. Bauen in Eisen. Bauen in Eisenbeton


de Sigfried Giedion. – Concept de ‘Durchdringung’

Hans Leistikow, Etude de couleur pour la Siedlung Praunheim, 1929.


III. L’urbanisme moderne des CIAM

I. Introduction

Le premier Congrès International d’Architecture Moderne à lieu


en juin 1928. Le but étant de traité de manière nouvelle et actuelle
la question de la ville. Ce congrès a lieu dans le château de Mme
Hélène de Mandrot à La Sarraz, VD, Suisse.

Dans l’histoire de l’architecture moderne, on identifie deux


précédents qui donnent lieu à ce congrès, le premier – 1 – est le
concours pour le Palais de la Société des Nations à Genève en
1927. Le Corbusier – deuxième photo – sera disqualifié du
concours pour des raisons formelle mais après avoir instauré des
pétitions allant à l’encontre de sa disqualification, le Corbusier sera
à nouveau accepté. Cependant le concours est gagné par Julien
Flegenheimer, Henri-Paul Nénot, Camille Lefèvre, Joseph Vago et
Carlo Broggi en 1929 – troisième photo.

Le deuxième précédents – 2 – sera le « Weissenhofsiedlung à


Stuttgart en 1927. » - quatrième photo. Le projet est un quartier
modèle où on va à la fois organisée une exposition sur les nouveaux
principes et moyens de construction de manière standardisée et
industrialisée. Parallèlement, ils vont montrer un quartier composé
uniquement d’architecture moderne. Le plan d’urbanisme se
retrouve dans la publication Bau und Wohnung et affiche de
l’exposition ‘Die Wohnung’ – deux photos en dessous.

On voit premièrement le plan de Mies van der Rohe du


projet puis en deuxième l’indication des différents
architectes qui ont participé, notamment Le Corbusier.
La première photo est la réalisation de
Le Corbusier. La deuxième (droite) est la
réalisation de Ludwig Hilberseimer,
architecte allemand. La troisième est la
barre centrale de Mies Van der Rohe. En
bas gauche, le projet « Haus 5 bus 9 »
réalisé par J.J.P. Oud, une série de
maisons ouvrière. La suivante est une
réalisation de Mart Stam. Finalement la
dernière, « Haus 10 » est réalisé par
Victor Bourgeois. Le projet est une
maison individuelle, de type plus
bourgeois.

Avant les CIAM, des tentatives


échouées de lancer un groupement
international ont été faites,
notamment par les architectes
modernistes belges en 1925 à
l’occasion de l’Exposition des Arts
Décoratifs à Paris. Cette exposition
sera fortement critiquée par les
acteurs principaux de l’avant-gardisme
pour plusieurs raisons, notamment
pour le fait que les acteurs du Bauhaus
étant allemand ne y sont pas conviés.
C’est alors que découle la tentative de
créer une « Association Moderniste
Internationale » dans le but de
regrouper architectes, artistes et
autres.

Cela va échouer en partie car le


Corbusier, qui à ce moment à une
influence énorme, n’y voit pas
d’intérêt. C’est uniquement lorsque Le
Corbusier aura besoin de soutien
internationale lors du concours du
Palais de la société des Nations qu’il
verra un intérêt à un regroupement
internationale moderne.
II. Les Dix Congrès International d’Architecture Moderne - CIAM

CIAM 1 – La Sarraz, 1928

Le premier CIAM se déroule à La Sarraz en


1928.Après trois à quatre jours de réunion
entre eux, ils vont écrire une déclaration
possédant 4 points majeurs :

1. L’économie générale

2. L’urbanisme

3. L’architecture et l’opinion publique

4. L’architecture et ses rapports avec l’Etat

Giorgio Ciucci – historien et apprenti de Taffuri – va publier


”The invention of the Modern Movement”, in Oppositions,
24, 1982. Dans cet ouvrage, il énonce – concernant le CIAM
et le mouvement moderne – quarts points majeurs :

1. Rapport entre Weissenhofsiedlung et CIAM1 ?

2. Cellule – quartier – ville ? CIAM 2, 3 et 4 ?

3. Discussion idéologique

4. Opposition entre les ‘extrémistes’ et les ‘apolitiques’

5. Opposition dans le nom même de l’organisation. En


allemand internationale Kongresse für Neues Bauen

Projet de Hannes Meyer et Hans Wittwer pour le Palais de


la Société des Nations à Genève, 1927. Malgré le fait que le
projet ne sera pas gagnant, il sera considéré comme
idéologiquement opposé à celui de Le Corbusier. Le projet a
pour but d’être purement fonctionnelle sans prendre en
compte aucune intention esthétique. Au même moment le
Corbusier créer ses 5 points de l’architecture moderne qui
s’oppose aux cinq points de l’académie.
Lors du premier CIAM, Le Corbusier avait créer de grands
panneaux où il expliquait comment allaient fonctionner
les différents congrès, comment ils allaient se dérouler et
comment ils allaient se référer à l’Etat.

Le Corbusier n’aura aucun problème d’aller voir des états


totalitaires notamment en Italie ou en Russie pour aller
vendre ces idéologies. Au même titre que Mies van der
Rohe et Walter Gropius avec l’état nazi.

Ce n’est pas le cas pour d’autres architectes notamment


Hannes Meyer ou Ernst May – idéologistes marxiste – qui
pense que ce changement ne doit pas se faire en
informant l’Etat mais au sein de la société.

La photo suivante montre qu’à la Sarraz ce n’est pas


uniquement des discussions sur l’architecture mais
également des fêtes et célébrations.

CIAM 2 – Francfort, 1929 – Habitation minimum

Le deuxième congrès
« CIAM » à Francfort se
déroule, sur invitation de
Ernst May, à Francfort en
1929, le lendemain du crash
boursier de Wall Street.

Le Corbusier, non satisfait du premier congrès, ne


participera pas à celui mais enverra son neveu
Pierre Jeanneret à lire son intervention. La
deuxième intervention se réalise par Victor
Bourgeois sur la question de l’organisation
rationnel de la maison minimum. Finalement, Il y
aura une discussion sur la hauteur des bâtiments,
construire en hauteur ou pas.

Malgré le fait que le congrès se déroule sur trois


jours, aucune résolution sera prise à la fin de ce
congrès. Le succès de ce congrès est considéré
comme être la publication « Die Wohnung » qui
reprend des plans d’habitations minimum
proposés par les différents acteurs de ce congrès.
CIAM 3 – Bruxelles, 1930 – Lotissement rationnel

Le congrès a du mal à se mettre


ensemble du fait que multiples acteurs
allemands notamment Ernst May sont
partie en Union Soviétique. Les mêmes
attentes concernant les planches,
orientations et autres était attendues
concernant les divers propositions. De
nouveaux architectes joignent le
congrès, notamment Walter Gropius ou
Mies van der Rohe.

Le fait que des architectes à position politique ne soit pas là, comme Ernst May – marxistes, la question
politique s’estompe du fait que des acteurs comme Mies Van der Rohe ou Le Corbusier sont apolitique.

A la fin de ce congrès, il n’y aura à nouveau aucune résolution finale. Une exposition sera ouverte à de
multiples éléments – qui vont générer des discussions – comme les vitres en bande, la fameuse cuisine
cubex, etc. Finalement, il y aura à nouveau une publication où l’on retrouvera le déroulement et les
éléments de ce congrès.
CIAM 4 – Patris II, de Marseille à Athènes – La ville fonctionnelle

Plutôt que se réunir dans une ville, ce congrès se déroulera sur une
croisière. Le but de ce congrès n’a pas été d’aboutir directement vers une
déclaration ou un manifeste mais plutôt d’étudier le fonctionnement des
villes existantes et de trouver des solutions aux divers problèmes. Ce
congrès n’avait pas réellement de proposition nouvelle mais on avait
demandé d’aborder la question de la ville de manière analytique. Pas
moins de 40 villes seront étudié à travers le monde. Malgré le titre, le
congrès n’a pas traité la ville fonctionnelle mais plutôt des villes existantes.
C’est un des congrès où le Corbusier prend de plus en plus d’ampleur.
Cette méthode de travail mis au point par Cornelis van Eesteren – directeur des services techniques
du plan d’extension d’Amsterdam. Dans l’histoire de l’urbanisme, c’est la première fois qu’un plan
d’extension d’une ville était basée sur une analyse très pousser des problèmes d’Amsterdam. Van
Eesteren avait mis en place un code unique pour la cartographie qui sera imposé pour identifier les
zones d’habitations, trafics, orientation, etc.

Finalement, les constatations de ce congrès seront publiées sous différents ouvrages.

La Charte d’Athènes sera fractionnée sous les quatre fonctions de la ville – Habiter, travailler, circuler,
se récréer. Il y a également un chapitre sur la ville historique – la ville existante. Finalement dans cette
charte il y a une confusion entre ces quatre catégories où ces catégories d’analyse deviennent des
catégories de projet. Ce qui est également problématique c’est que des éléments principaux de la ville
notamment le marchés et commerces ne figure pas dans ces quatre catégories de la Charte d’Athènes.
CIAM 5 – Paris, 1937 - Les loisirs

La vision simpliste de la ville réalisée – formulé dans la


Charte d’Athènes – sera fortement critiquer lors de
l’après-guerre à l’intérieur du mouvement moderne lui-
même. Cette critique à finalement renforcé la célébrité
de cette chartre. La critique majeure est que l’on pose
beaucoup de problématique mais qu’au final peu de ces
problèmes seront résolus.

Le cinquième congrès se déroule à Paris, Le Corbusier


prend de plus en plus d’ampleur et de pouvoir. Ce
congrès traite l’une des fonctions de la ville, les loisirs.
Un sixième congrès devait avoir lieu à Liège mais la
guerre éclate. Pendant la guerre, une toute nouvelle
condition se met en place pour l’architecture et pour la
ville, c’est une période où une grosse partie de l’Europe
est détruite.

Pendant la guerre, une nouvelle recherche de matériaux


a eu lieu avec le plastique, l’énergie nucléaire et les
télécommunications qui ont été énormément
développés. Il y a aussi après la guerre énormément
d’argent qui est disponible du au plan Marshall des
américains qui va rendre possible une reconstruction
rapide en Europe. De plus, un grand problème se pose dû
à toutes ces déconstructions, c’est la pénurie de
logement un peu partout en Europe qui est renforcé par
le boom démographique dû à la seconde guerre
mondiale. On a l’impression que seule l’architecture avec
les nouvelles technologies mise en place –
standardisation, industrialisation de la construction – est
en mesure d’intervenir est très grande échelle, de la ville
au quartier à la maison.

Finalement la tabula rasa de la guerre est une situation


excellente pour faire une « nouvelle ville », une situation
presque rêvée par l’avant gardisme. Cependant la
reconstruction doit se faire rapidement et se déroulera
pas avec une partie de l’avant-garde, notamment avec
Mies van der Rohe ou Walter Gropius qui sont parties au
Etats-Unis. A ce moment, l’architecture moderne est
acceptée par le grand public.
A Brussel, on observe la facilité de détruire et de
reconstruire un bout de ville moderne. On observe
également que peu à peu, les idées des CIAM tombent
dans les mains des promoteurs immobilier avec le projet
de construction d’un World Trade Center qui devrait
remplacer tout le quartier Nord de la ville. Un quartier qui
a cette époque là était un quartier populaire en mauvais
états. La formule CIAM de la séparation des fonctions
s’avère être un outil formidable pour se faire de l’argent
dans le domaine immobilier. A ce moment, on parle d’une
généralisation et d’une réduction du moderne.

La réduction du moderne c’est ce projet, venant d’une utopie, de repenser la ville qui devient réalité
en tombant dans les mains de la promotion immobilière. C’est ainsi un autre type de moderne qui se
développe, un moderne qui s’oriente uniquement vers le marché de la promotion immobilière qui est
très spéculatif. C’est le moment où le moderne perd sa signification et sa capacité à communiquer ce
moment utopique vers le public.

Entre 1955 et 1965, il y a une montée spectaculaire la richesse en Europe. La ville est vidée où on
remplace des bouts de ville entier par des opérations tel que le quartier Nord. C’est le moment où la
voiture devient rois et tout se centralise autour d’elle. Tout cela se passe sans protestation.

CIAM 6 – Bridgewater, 1947 – Réunion congrès

Après la guerre, la langue change où ce n’est plus le français et l’allemand mais l’anglais qui devient la
langue principale. Une réorganisation du CIAM aura lieu où seront accepter des organisations. Lors de
ce sixième congrès, les américains deviennent en avant-plan où les unités de voisinage seront l’un des
sujets principaux.

CIAM 7 – Bergamo, 1949 – la grille ascoral

Le septième congrès à eu lieu en Italie et est un congrès à plusieurs thèmes. Ce qui est retenu par
l’histoire c’est que le groupe ascoral, groupe français dirigé par Le Corbusier (association des
constructeurs pour une recherche architecturale), va proposer de remplacer les codes graphiques
proposés lors du quatrième CIAM par une grille analytique. Cela va permettre de comparer des villes
selon la même grille de lecture.
CIAM 8 – Hoddesdon, 1951 – The heart of the city

Ce congrès, à nouveau en Angleterre, va traiter la


question du cœur de la ville, déjà sujet de discussion
au paravent. On se réfère à nouveau à un centre, mis
de côté pour des raisons d’isotropie lors des anciens
CIAM.

CIAM 9 – Aix-en-Provence, 1953 – Charte de l’habitat

La Charte de l’habitat se devait de remplacer la Charte d’Athènes où la notion de l’habitat ne traite


pas seulement l’habitation mais également les connections avec son environnement direct.

CIAM 10 – Dubrovnik, 1956 – End of CIAM

C’est la jeune bande, qui va se réunir à ce moment dans Team X, qui va déclarer la mort des CIAM.
IV. TEAM X

I. Première autocritique du moderne

Les CIAM pendant l’après-guerre continuent. A l’intérieur de ces congrès, les architectes vont se
réunir et il y aura une première réaction face au moderne qui perd de sa signification, ils vont faire
comme une autocritique, une autocorrection de leurs travaux. Des nouveaux thèmes sont aussi
amenés au sein du CIAM.

Les critiques s’intensifient à partir de 1953 avec


l’émergence d’un groupe au sein du CIAM, la team 10 qui a
fait l’objet, il y a 15 ans d’une publication de Max Risselada
et Dirk van den Heuvel, TEAM10, 1953-81, « in search of a
Utopia of the présent ».

Cet ouvrage est une tentative de présenter la signification


de « team x ». On peut l’aborder de différentes manières et
c’est assez vague, est-ce que c’est un groupe ? est-ce que
c’est comparable au CIAM ? qui sont ses membres ? etc.
toutes ses questions sont assez difficiles car les réponses fluctuent dans le temps.

On ne pouvait pas devenir membres comme ça on était dedans ou pas, c’était un cercle d’amis,
d’architectes qui se rencontraient pour discuter. Ils organisaient en qq sorte des « summerschools »
ou ils s’échangeant des idées, se questionnaient et publiaient des documents, mais ce n’était pas très
officiel, pas de vote, pas de carte de membre, pas vraiment d’organisation claire.

II. Qu’est-ce que le TEAM X ?

L’origine du chiffre 10 ? En tout cas le 10 ne correspond pas au nombre de membres, il y en a eu


beaucoup plus.

En 1953, 9ème congrès à Aix en


Provence, sur la charte de l’habitat,
c’est la première fois ou une jeune
génération va prendre la parole et
critiquer les travaux des anciens

Ils vont beaucoup critiquer la charte


d’Athènes et suite à ça, « prendre le
pouvoir » et être mandater de
préparer le prochain congrès qui est
le 10ème, ce qui explique le choix du
chiffre 10 (cette 10eme Edition du
CIAM tourne autour de la charte de
l’habitat).

En 1981, il y a la mort de Bakema (et pas la dernière rencontre de team 10). Bakema, architecte
hollandais, moderniste d’une génération plus ancienne et était la figure paternelle pour les jeunes
architectes et les tenait ensemble notamment en apaisant les conflits.
Car contrairement à ce qu’on pouvait croire au sein de team 10, les idées était très souvent
différentes et conflictuelles, on est loin de l’image véhiculée d’un groupe homogène et unis. La mort
de Bakema, qui avait ce rôle paternel, de catalyseur au sein du groupe, marques en quelque sorte la
fin du groupe. La dernière réunion de Team X est en 1977.

Définition de team 10 par


rapport au CIAM.

On peut également le définit


team 10 par rapport au
CIAM comme allant un peu
à son encontre, et qui va
progressivement remplacer
le CIAM.

Vers 1960 il y a une opposition entre ce


que les CIAM était et ce que team 10
fait.

Les CIAM qui sont les « congrès


international d’architecture modern »
ont une structure assez traditionnelle
avec la AG, assemblée générale et un
conseil d’administration qui prépare les
futurs congrès, (comité international
pour la résolution des problèmes
architecturaux contemporains, la
CIRPAC).

Les groupes nationaux, chaque nation avait un groupe national, qui était représenté par un délégué
national qui avait un vote dans les congrès même. En 1947, il y a une réorganisation car pour les
grands pays il était difficile de se mettre d’accord et d’avoir qu’un seul délégué national.

Bottom up = Tout le monde


participe aux débats, tout le
monde sur le même pied d’estale.

Top down = Petite hiérarchie et


plus difficile de donner son avis.
- Liste des membres en fonction du temps
et à quels endroits.

- Les jeunes architectes choisis originellement pour préparer le prochaine CIAM, début de la team 10
(1953). On voit que les jeunes architectes étaient beaucoup plus nombreux au CIAM 9 mais
seulement une fraction a été sélectionné pour préparer la 10eme Edition.

- Alison Smithson enlève


deux architectes et en
rajoute d’autre, cette liste
de team 10 primer va rester
constante pendant 3 ans.
- Dans le team 10 primer de 1968, Alison Smithson enlève encore 2 architectes et
en rajoute 3 nouveaux.

- Si l’on compare toutes les différentes éditions des « primers » de team 10, l’on
peut en conclure qu’il y a des membres constants qui restent à travers les
années.

- Ces membres constants sont ci-contre – core membres – et sont aux nombres
de 11.

CIAM6, Bridgewater, 1947

Quelles était leurs critiques au sein du CIAM 6 (premier congrès après la guerre), le thème était le
rapport entre architecture, peinture et sculpture

Par exemple Van Eyck veut


reconnecter l’architecture
avec ses racines dans l’avant-
garde, il était fascine de van
Doesburg et Mondrian et
disait que les leçons de ces
avant-gardes n’avaient pas
encore été pleinement digéré
par l’architecture et qu’il
faudrait vraiment retourner à
ses sources pour en détruire
les résultats.

Il faut travail sur le rapport entre les choses, intérieur- extérieur le seuil le « in between » etc. C’est
une première critique qui se met en place.

« Community planning » et la « neighbourhoodidea », une idée du quartier qui devait être dessinée,
spécialisée. Les unités de voisinages qui vont apparaitre un peu partout dans l’urbanisme d’après-
guerre.
C’est Clarence Perry et Lewis Mumfort qui vont mettre ça sur l’agenda et c’est une critique face aux
« siedelungen » des CIAM, des constructions en bandes et des quartiers monofonctionnels.

La langue change aussi, les 5 premier congrès était essentiellement en français et en allemand, après
la seconde guerre mondiale, l’anglais va devenir la langue principale employé durant les congrès.

CIAM 7, Bergamo, Italie 1949

Futurs membres de team 10


propose un projet, un quartier sur
un polder – un polder est un terrain
qu’on a gagné sur la mer et qui sont
donc des terrains complètement
vierges.

« Pendrechtproject 1 »

La Première phase =
Nagele. Basé sur l’unité
de voisinage, idée de
communauté
Il y a l’apparition d’une grille d’analyse
de projet va également se faire au
CIAM 7, c’est la grille Ascoral qui va
suivre la charte d’Athènes ou l’on va
analyser selon différentes échelles les
différents aspects.

Exemple, le projet de le Corbusier pour


la rochelle

CIAM 8, Hoddesdon, 1951

Le cœur de la ville, the heart of the city

Giedion va montrer les pleines de jeux basé


sur les travaux de van Eyck et les propose
comme un exemple de cœur de la ville.
Bakman lui va considérer que le cœur c’est
à partir du moment où il y a une relation
entre l’homme et la chose.

Bakerma propose une deuxième version du


projet Pendricht (projet 2). Nagele 2eme
phase, peu à peu on quitte l’isotropie
absolue des modernistes de l’époque
Aldo van Eyck a aussi
participer à l’urbanisation des
polders pour un village qui
sera réalisé en 1953 ou il va
aussi réaliser 3 écoles.

Van Eyck va appliquer sa


méthode configuratrice à une
grande échelle, il chercher à
faire ressembler le plan
général, au plan du quartier et
au plan de la ville.

L’on cherche toujours à créer


du lien entre tous les
éléments. La réalisation finale
diffère légèrement du plan
d’origine.

Plusieurs projets du même


types ont été réalisé en
hollande – Noordoostpolder -
Nagele, est l’un des villages
construit qui vont être
montre lors d’un des CIAM en
tant qu’exemple.
CIAM « intermédiaire » (entre 8 et 9) Sigtuna, intermicongress, 1952

On discute, on s’échange sur


la définition et le sens de
l’habitat

CIAM 9, Aix-en-Provence, 1953

C’est la rencontre et
formation de la team 10.
Les projets des polders
sont montrés et une série
d’autres projets innovants,
« housingcasablanca », les
concepts d’identité, de la
hiérarchie de l’association
humaine, etc.
Autre projet sur les polders de Bakema.

Bakema et son projet des polders dans la grille Ascoral

Les Smithson eux reprennent la grilles Ascoral en modifiant les critères d’analyse du CIAM 4, pour
mettre en place une autre lecture et en réduisant chaque critère moins superficiel et rigide a une
série de 3 photos.

Morceaux de la grille d’analyse des Smithson

Les Smithson

Alison et Peter Smithson, couple


d’architectes londonien

Dans leur projet, « Golden Lane Project »,


les Smithson arrivent particulièrement
bien à transmettre leurs idées grâce à
leurs collage et schémas.
Le concept de « Cluster » leur ait propre et se manifeste pas un long bâtiment articulé, le bâtiment
comporte une propre topographie, avec à certains endroits des partie plus haute, formant presque
des tours et d’autres parties plus basses qui viennent épouser le sol. Le bâtiment se manifeste
comme une ville sur la ville

Les Smithson s’oppose au Corbusier et à son principe de géométrie mesurée et mettent un point
d’honneur sur le mouvement. Mais si l’on comparer les anciens Project de le Corbusier au Golden
Lane Project, l’on voit qu’ils ne sont pas si différents.
Les projets des Smithson évoluent et l’idée le cluster
aussi, il va s’épaissir et se complexifié, comme par
exemple dans leur plan pour le « Hauptstadt Berlin
Project » en 1958, à berlin en Allemagne, qui ne sera
jamais construit.

Ils vont aussi repêcher


dans l’histoire ce schéma
de Patrick Geddes,
architecte Ecossais, qui
réalise une coupe dans la
vallée, il voit la ville
comme un être vivant, où
l’on va retrouver
l’intervention humaine à
différentes échelles, des
habitations toutes petites
et disparates vers le haut
des vallées et des
habitations de plus en plus
dense et grandes vers le
fond de celle-ci.

CIAM Alger

Ils réalisent une grille sur base


des bidonvilles et l’on essaye
de trouver les richesse et
avantages de ce genre de
structure, le fruit d’une auto
construction qui peuvent peut-
être apporter d’autre
principes, ou même des
solutions à des problèmes
auxquelles l’on n’aurait jamais
pensé.
Michel Ecochard, architecte du
GAMA - Groupe d’architecte
moderne marocain, propose
son modèle d’habitation avec
les maisons à patio basées sur
l’habitation traditionnelle
d’Afrique subsaharienne

Série de maison, composée


d’un rez de chaussée, de 9x9m
avec un patio, rdc sur lequel
l’on pouvait ajouter des étages
et évoluer avec le temps
Ces habitations avaient
pour but d’évoluer avec
leurs occupants et ce fut
le cas, certains habitants
ont même décidé
d’emmurer leur patio
avec le temps pour créer
une pièce
supplémentaire

CIAM 10,

Marque la fin du système d’origine des CIAM, on dissout la structure et les membre du comité team
10 vont décider de continuer à se voir mais de manière beaucoup plus informelle pour discuter.

Aldo van Eyck va y présenter son projet pour l’orphelinat pour Amsterdam, qui veut être une
« ville » et est un peu un manifeste, une application du « Nagele village ».

L ’unité de van Eyck, le plan se présente comme une cellule que l’on peut assembler et se répète, et
va créer une structure qui aura la même dynamique que la cellule seule mais aune échelles
différentes – même principe que dans le Nagele village project.
Aldo van Eyck parle d’une
ville ancienne oudestadt ou
les 4 fonctions des villes
étaient connecté et articulé
et avec le chaos du 19ème,
l’arrivée des usines et des
habitations populaire a côté
de celles-ci, les couleurs
d’origine de la ville sont
perdues et elles ont perdus
leur pertinence.

Van Eyck veut retourner une


nouvelle ville qui revient à la
ville médiévale où tout est
connecté et naturelle, le tout
de manière évidente.

Cette idée va être suivie par plusieurs architectes,


l’un d’eux est Herman Hertzberger (élève d’Aldo
van Eyck), qui va fait des recherches dans ce sens et
va faire des modelages avec des boites d’allumette

- Projet d’habitation sur base de développement


cellulaire, forum 1960

- En 1967, Moshe Safdie se base sur ce concept


d’assemblage de boites, pour une construction d’un
bâtiment à Montréal, Canada
Piet Blom, architecte hollandais et également élève de van Eyck, fait des expériences pour appliquer
ce principe à l’échelle du quartier et de la ville, il va tenter de trouver des rapports entre les choses à
différentes échelles.

Piet Blom, va travailler sur des


échelles de plus en plus
importantes jusqu’à aborder la
ville à grande échelle, sous la
supervision de van Eyck.
La méthode configuratrice se
pose sur la ville même, tout
est connecté, avec un centre
plus élevé, qui vers la
périphérie devient plus basse
pour épouser le sol.

Selon van Eyck toutes les


échelles se retrouve réunis.
Son projet de ville se compose
comme la coupe de la vallée
de geddes.
Comparaison avec le projet de Pendricht 2 de Bakema, à droite, et le projet de Blom de la méthode
configuratrice, à gauche, où l’on voit bien la recherche d’un centre chez les deux, mais que chez
Blom (van Eyck) tout est lié de manière beaucoup plus évidente et explicite.

Projet de Hertzberger, où il applique ce structuralisme hollandais, ici c’est des bureaux il traite la
construction comme s’il concevait une ville, en mettant en place les mêmes principes.
Koolhaas, et sa thèse contre van Eyck attaquant la
fragmentation de son architecture.

Le groupe Candilis – Josic –


Woods, vont émerger du CIAM et
l’un de leur projet principal va être
l’extension de la ville de Toulouse
par leur projet « Toulouse le
Mirail »

Film I

- Georges Candilis interview sur son projet du « Mirail de Toulouse ».

- Architecture = structure urbaine.

- Dit que la ville ancienne est écrasée par l’architecture nouvelle et qu’il y a un manque d’unité.

- Veut créer quelque chose qui n’est ni grand-ensemble, ni ville nouvelle car les deux termes sont
devenus très péjoratifs - Grand ensemble= on pense tout de suite à une ségrégation et ville nouvelle=
on pense tout de suite à la science-fiction.

- Toulouse grandis plus forte que les autres villes, de nos jours quand on conçoit un plan de ville on
pense d’abord à la voiture, aux routes, au trafic au lieu de penser à l’homme. La voiture a envahi
notre vie.

- Il faut surtout redonner la place à l’homme.


Film II

- Georges Candilis revient sur son


projet des années plus tard pour
voir comment il a vieilli.

- Le Mirail a très mal vieilli, délabré


et en partie non habitée, car
beaucoup trop grande par rapport à
la demande. Pas vraiment un succès

- Les bons côtés, le prix très bas et


une grande surface habitable par
unité d’appartement

- Mirail de Toulouse, détails du plan

- Le « Stem » est une continuité, un


piétonnier auquel tous les éléments
de l’urbanisme sont branchés ou sont
aussi situé les commerces et autres
équipements.

- Mirail de Toulouse

- Circulation et trafic

- Les voitures circulent en bas


comme à Louvain la neuve au sous-
sol.
- Le web, un système
similaire au stem mais
changeable et qui intègre
l’eau, l’électricité, et
l’évacuation. Le web se
compose d’une structure
de poteaux poutres de
7x7m et qui peut être
approprié et transformée
dans le temps.

- La revue le carré bleu, que


Candilis Woods et
Shadrach animent en ces
années là

- Projet pour Frankfort, le


centre-ville, projet de
Candilis, Josic et Woods. Un
web avec différentes
fonctions intégré dans un
seul bâtiment avec des
patios, des espaces
appropriables et des
espaces inéchangeables.
- Sur le même principe ils ont construit cette université, « the berlin free
university », en 1963. Même principe mais à l’échelle d’un bâtiment
d’enseignement, l’on s’aperçoit que sa flexibilité d’adaptation tant
vantée n’a jamais vraiment été utilisé. Une fois les bases fixées elles
restent souvent comme elles le sont.

- Le Corbusier, Venice Hospital


project en 1964. Le projet se veut
aussi être comme une petite ville, et
qui ressemble un peu au
développement en nappes comme
l’orphelinat de van Eyck. Là aussi on
retrouve un stem et une sorte de
cluster semblable à celui des
Smithson.
- Quelques projets des Smithson réalisés, comme ces tours à Londres qui sont un peu des fragments
de leur plan de « Berlin Hauptstadt » qui lui n’a jamais été réalisé.

- La seule fois où ils vont


réaliser des « Streets in
the air », des rues en l’air
sera dans le projet
« Robin Hood Gardens
housingestate », Londres
en 1966-1972.
- Architecture brutaliste qui a été
détruite récemment.

- Giancarlo De Carlo, architecte italien.

Pour lui la participation des personne concernées est


très importante, impliquer les habitants dans les plans
urbain. Il est très sensible à la ville historique, et travaille
beaucoup avec le principe de restauration et l’extension
de la ville d’Urbino (petite ville sur les collines). Une ville
qu’il va analyser avant de proposer une série de
restructuration du centre ainsi qu’un master plan pour
l’extension de ville car il s’agit d’une ville universitaire.
Le Collegio del Colle à Urbino par exemple, est comme une adaptation moderne de la ville
ancienne, un bâtiment avec des chemins qui se rencontres. Une architecture brutaliste en béton.

Pour conclure, en réponse à la question


première, qui est le Team X ?
V. Typo-morphologie

Aldo Rossi (1931-1997)

Aldo Rossi et couverture de l’édition anglaise de sa publication « L’architettura della città ».

Aldo Rossi était un architecte italien, mais


également auteur, artiste, professeur et
théoricien.

Dans son ouvrage, L’architettura della città


(1966), la ville a été son thème central. On peut
synthétiser son livre à travers 5 thèmes
principaux :

1. Ville = Architecture
2. La Ville et son rapport à la société
3. La Ville et le temps
4. La Ville et ses dimensions individuelles et collectives
5. La Ville en tant qu’espace de médiation

1. Ville = Architecture

Selon Rossi, la Ville est une œuvre d’art construite et réalisée dans le temps. Contrairement au principe
du tabula rasa moderniste, qui voit les villes historiques en tant que formes mal organisées, il faut
préserver la ville, son histoire.

La Ville est une forme construite, un ensemble de faits urbains (= fatti urbani), c'est-à-dire de petites
portions de la ville caractérisées par leur forme et leur structure propres.

2. La Ville et son rapport à la société

La forme donne lieu à la société, il y a donc une étroite relation entre la ville et la société. Ce n’est ni
la fonction, ou l’usage, que l’on fait de la ville, ni les usagers qui créé la ville mais sa forme. La forme
est plus durable par rapport aux sociétés, ces dernières changent sans arrêt et peuvent s’adapter à la
forme. Il n’y a pas de relation directe entre la fonction et la forme, par contre une bonne forme peut r
toute une série d’usages qui changent dans le temps.

L'un des aspects les plus originaux du traité de Rossi est le retour à l'idée du locus après qu'elle ait été
largement oubliée environ quatre siècles auparavant. Il revient à des notions obscures et perdues
d'une relation entre le lieu et le bâtiment qui n'est pas matériellement fondée. Rossi a réinventé le
concept de locus, c’est-à-dire la relation, singulière et universelle, entre une certaine situation locale
et les constructions qui s'y trouvent.
3. La Ville et le temps

La ville est une œuvre d’art construite dans le temps, on peut y trouver des éléments stables et
permanents mais aussi des petits changements dans son récit.

Il y a une sorte de mémoire dans la forme, qui induit à une sélection/oubli : il faut oublier certains
éléments pour pouvoir avancer.

Dans la ville il y a deux types de monument :

− Monuments propulsant : ce sont des monuments qui peuvent accueillir différents programmes
dans le temps et qui structurent la ville ;

− Monument pathologique, qui reste figé et ne s’adapte pas aux différentes fonctions ou usages
dans le temps.

4. La Ville et ses dimensions individuelles et collectives

La ville a deux dimensions : une collective et une individuelle, cette dernière est incluse dans la
première. Le rapport entre les deux dimensions est analogue au rapport entre individu et société.

Pour analyser une ville, Rossi utilise deux notions clefs :

− Le type : résumé des règles selon lesquelles l’architecture de la ville est produite. Cette notion
permet d’analyser des objets afin de les associer à des groupes. Le type, à la fois concret et abstrait,
permet de conceptualiser les changements/permanences de la ville.

− L’analogie : les types se manifestent en variantes, l’analogie est le rapport entre ces différentes
variantes.

5. La Ville en tant qu’espace de médiation

La Ville est un espace de médiation entre des pôles opposés : individuel et collectif, permanent et
changement, public et privé, passé et présent, passé et future, chaos et ordre, fragment et ensemble,
utopie et réalité physique.

Collage de monuments propulsant, Capriccio, Giovanni Antonio Canaletto, 1753-59


Aldo Rossi, 1976
Aldo Rossi et Carlo Aymonino, Quartier Gallaratese, Milan, 1969-73

Aymonino et Rossi ont travaillé ensemble sur ce projet manifeste à Milan, ils y mettent en place leur
vision de la ville. On observe une tentative d’incorporer une urbanité existante milanaise. Ils révisent
des typologies lombardes : logements organisés en traverse régulière, terrasses renfoncées, pilastres
énormes, fenêtre carrée, etc.
Aldo Rossi, Cimitero San Cataldo, Modena, 1971

Le deuxième projet de Rossi se


situe à Modena. Il s’agit d’une
extension d’un cimetière existant,
conçue comme une petite ville
des morts.

Il répète une série d’éléments, par


un jeu d’analogies. Le plan est
extrêmement symbolique.
Aldo Rossi, Teatro del Mondo, Venise, 1979-80
A. Héritage de Aldo Rossi : la typo-morphologie

Toute une série d’architectes vont tenter de rendre scientifique le savoir de Aldo Rossi pour en faire
un appareil utilisable à la conception du projet. C’est ce qu’on appellera la typo-morphologie. Ça se
développe durant les années 60-70, au même moment que la publication de Rossi. Durant ces années
de crise, les architectes ont beaucoup de temps pour fouiller dans les archives.

Parmi les architectes qui ont suivi Rossi : les italiens Saverio Muratori, Giorgio Grassi et Carlo
Aymonino ; en France : Philippe Panerai, Jean Castex et Bernard Huet.

Dans Eléments d’analyse urbaine (1980), Panerai (avec l’aide de J.C


Depaule et M. Demorgon) fait une classification des types selon les
manières de construire/produire des types. Il va en distinguer 4 :

1. Type consacré
2. Type génératif
3. Prototype ou modèle
4. Type contextuel

NB. Type ≠ typologie

1. Type consacré

Le type consacré est plus courant dans l’histoire de l’architecture de la ville. Il est utilisé dans
l’anthropologie pour décrire, à postériori, et classifier des objets architecturaux. Les types consacrés
sont construits avec une force inhérente, une tradition.

L’utilisation du type, selon Panerai, n’est plus liée aux caractéristiques du tissu urbain pris en
considération. Il y a alors, à la fin du XXème siècle, une explosion de types qui est ressentie comme
problématique car il n’y a plus de lien avec le tissu urbain.

Ex. La maison de maitre (XIX) :

− Parcelle de 6 mètres
− Circulation verticale latérale
− 3 pièces en enfilade au RDC
− 2 pièces à l’étage, etc.

Ex. Maison bel étage (années ’50) :

− Garage
− 2 appartements
− Living vitré à l’étage
2. Type génératif

Ce n’est pas un type observé à postériori mais c’est un type imaginé et dessiné par un architecte mis
à disposition pour en faire des projets. Ce n’est pas un résumé d’un savoir traditionnel mais une
méthode explicite offerte à la discipline.

J.N.L Durand étudie et décrit les types sur des


grandes planches, ce qui permet d’instaurer
une architecture étatique partout en France.

Les bâtiments sont complètement


décontextualisés, analysés et classifiés selon
leur grandeur et leur règle de composition.

3. Prototype ou modèle

Au moment de l’industrialisation, on voit le développement du prototype afin d’industrialiser


l’habitat-même pour en faire un modèle qui permet la reproduction comme type de production de la
ville. C’est un processus qui doit être contrôlable et extrêmement maitrisé surtout du point de vue
fonctionnel, une fois mis en place il est impossible de le changer.

NB. Différence entre génératif et prototype : le prototype est de tout de suite reproductible tandis que
le génératif est une série de règle qu’il faut encore interpréter ou adapter.

La Maison CECA, Willy Vandermeeren, années ’50.


4. Type contextuel

Le but du type contextuel est de contextualiser les types consacrés. Saverio Muratori, dans son étude
de la ville de Venise, identifie des types à plusieurs échelles. Selon Panerai, il trois éléments
fondamentaux :

− Une nouvelle approche de la ville, en types et variantes ;

− La correction de la définition du type : le type contextuel n’est pas indépendant de son contexte,
Muratori met donc en évidence l’importance du tissu urbain et sa double réalité, synchrone et
diachronie, superstructure (apparition) vs infrastructure (morphologie) ;

− La différentiation des échelles de recherche (parcelle, ilot, quartier) : à chaque niveau il y une
réalité sociologique qui correspond à une échelle.

Dans l’approche française il y a une différenciation entre typologie (bâti) et morphologie (espaces
ouverts). Sur chaque échelle on peut faire des études typologiques et morphologiques. La morphologie
étudie le rapport plus abstrait entre privé et public, entre la structuration verticale et horizontale de
l’espace.
En Belgique, l’approche contextuelle s’est présentée sur le plan
idéologique grâce à l’ARAU (Atelier de Recherche et d’Action
Urbaines) : une alliance entre architectes (René Schoonbrodt, Jacques
Vander Bist, Philippe De Keyser, Maurice Culot), étudiants et habitants.

Ils ont défendu le droit d’habiter en ville et ils l’ont lié à des modèles
d’urbanisme plus ancrés dans la tradition.

Les objectifs de l’ARAU :

− Aller contre la tertiarisation de la ville au détriment de l’habitation ;


− Mettre un terme au dépeuplement / exode urbain ;
− Revaloriser la ville ancienne (échange, rencontre, culture) ;
− Défendre le droit d’autodétermination des citadins ;
− Reconstruire la ville du XIXème siècle.

Ils ont eu un grand succès dans protection du patrimoine, on leur doit aussi l’installation des
commissions de concertation et les contrats de quartier.
VI. Manière de faire la ville – La saison post-moderne (1970-2010)

L’urbanisme caractéristique de la période moderniste. Le Plan Voisin est un plan typique de cette époque
post-moderne, les logiques se font suivant un retrait par rapport aux rues, les bâtiments sont mis à distance
les uns par rapport aux autres – distanciation sociale dans les immeubles, basé sur la conviction de créer une
ville plus hygiéniste – mise à distance – pour disposer de plus de lumière, d’espaces verts, etc.

L’urbanisme est une sorte de vaccin contre les maladies du 19ème siècle – choléra, peste, etc. Cette manière
de faire disparait dans les années 50’. Le Plan Voisin démolit un secteur entier de la ville et le remplace par un
autre. Il y a une considération pour les tracés anciens – vieux monuments conservés, conception par la tabula
rasa – remplacement d’un tissu ancien par une logique plus moderne.

La découverte des antibiotiques dans les années 40, après la SGM, permet à l’urbanisme de se dessaisir de
cette préoccupation par rapport à l’hygiénisme. Cela modifie la manière de concevoir la lutte contre les
pandémies. A partir des années 50, l’urbanisme n’est plus un outil de lutte mais plutôt une discipline de
formes, d’espaces, d’esthétique, etc.

Otterlo Congress (1959), marque la fin des CIAM. La Charte d’Athènes va être enterrée.

Émerge un retour dans les années 70, une série d’ouvrages dont les idées s’imposent et constituent une
alternative à la Charte d’Athènes. On reprend en considération l’histoire des villes dans la façon de concevoir
l’architecture. On remet l’histoire au cœur de la question architecturale. Cette critique s’oppose à la tabula
rasa. Les tissus anciens sont valorisés grâce à l’invention des antibiotiques. Le problème n’est plus le tissu
ancien ni les rues étroites, mais un virus qu’il faut combattre avec des médicaments. Cette préoccupation
disparait et on revalorise les tissus anciens.

Une littérature émerge à ce sujet, principalement dans les années 70’ :

− The Architecture of the City, Aldo Rossi

− Déclaration de Bruxelles qui refuse la tabula rasa.

− Rational Architecture (1978) de Léon Krier, publication dans laquelle il répertorie une série de projets
qui essayent de renouveler le vocabulaire de la ville préindustrielle.

− Formes urbaines, de l’ilot à la barre (1977) de Panerai, Castex et Depaule, qui reconstitue la
déconstruction de l’îlot (de l’îlot haussmannien vers l’îlot du Mouvement Moderne). C’est un angle
purement esthétique, c’est un débat sur la forme qu’on donne à ces villes.

− Berlin as a green archipelago (1977) de Koolhaas et Ungers. Au-delà d’un retour à cette ville
constituée d’îlots, de rues, c’est la proposition d’une notion d’archipel vert, ville constituée de
fragments et non d’îlots.
Collage City (1978), de Rowe et Koetter, voit la ville comme une accumulation de couches qui vont constituer
la ville – l’histoire et le temps. On dépasse l’opposition ville ancienne/moderne, la ville qu’on veut détruire pour
des raisons hygiénistes et la ville nouvelle. Cet ouvrage propose un autre modèle, une troisième voie.
Opposition entre urbanisme ancien et moderne, ils militent pour une nouvelle forme d’urbanisme.

Illustration célèbre qui oppose l’urbanisme de la ville ancienne, à gauche, galerie qui est un espace ouvert avec
des alignements parfaitement parallèles et le négatif parfait, à droite, avec une unité d’habitation qu’on
pourrait « rentrer » dans l’espace de la galerie.

Tous ces ouvrages veulent dépasser la Charte d’Athènes – les maladies sont combattues autrement que par
l’urbanisme grâce à l’apparition des antibiotiques – en proposant une nouvelle forme d’urbanisme. Une diversité
d’opinions apparait grâce à des personnes qui poussent des idées à travers des enseignements. Il n’y a plus de
grands mouvements ni de grandes écoles, mais plutôt des personnalités qui incarnent de nouvelles postures pour
penser l’urbanisme.

VII. Rem Koolhaas, 1944 à nos jours

C’est un architecte hollandais très complet qui a énormément écrit, construit


et enseigné. Il a fait des études de scénariste et se lance ensuite dans
l’architecture vers ses 20 ans.

Il se pose la question sur la prolifération de l’urbanisme après la Charte


d’Athènes. La période post-moderne est un moment de crise, un moment de
recherche, notamment pour Rem Koolhaas. Il va dans les années 70’
enseigner aux USA, se détachant de la question du contexte, s’inscrivant dans
une rythmique de ville contemporaine et un certain détachement idéologique
– prolongement de la Modernité ?

Architecte très prolifique en termes de production de livres. Il a écrit plusieurs ouvrages. Delirious New York
(1978) : revisite l’histoire urbaine de New York, théorie sur le gratte- ciel. Berlin as a green archipelago (1977)
: relecture critique. S, M, L, XL (1995) : métaphore d’un projet qui compile différentes échelles. Sorte de
dictionnaire qui ne se lit pas chronologiquement. Il fait le constat que les villes sont devenues très génériques
et se ressemblent toutes. Mutations (2001) est une observation sur l’émergence des villes africaines et
asiatiques qui se sont construites en fonction des capitaux et des personnes. Content (2004) & Éléments of
architecture (2019).
OUDE DOKKEN – Rem Koolhaas

Projet à Gand en bordure de quais. Il intègre donc ces


quais au territoire industriel qui l’entoure – non intégré
dans la ville. Il a une proximité avec la ville historique.
C’est un cas de transformation très courant, territoire en
mutation post-industriel. On intègre ce territoire à la
ville.

Un projet de promoteur immobilier sur la rive droite


propose des immeubles bas, d’architectures différentes
avec une combinaison de typologies différentes. On voit
que les immeubles se développent perpendiculairement
au canal.

Sur la rive gauche, on voit également la combinaison de typologies différentes. Dans les 2 cas, il y a des espaces
non bâtis. Il y a des zones constructibles et non constructibles. Il y a des vis-à-vis entre ces zones, qui annonce le
prolongement de parties vertes. Le projet date de 2004 mais est réalisé en 2019. Le projet est construit par
phases, la première sur un court terme et la deuxième sur un plus long terme.

La typologie proposée alterne 3 notions

- Les strates programmatiques : Koolhaas occupe le


territoire et le compose à partir de bandes
programmatiques et typologiques. Cela crée une continuité
entre les 2 rives. Chaque bande est une typologie
architecturale particulière. Il y a donc pas mal de typologies
différentes.

- La stratégie du vide : espaces bâtis et non bâtis pour ouvrir


les vues sur la ville.

- Les fragments : se décline à sur plusieurs échelles :

° Le projet lui-même qui assume une interruption de


l’histoire de l’urbanisme par une nouvelle forme de ville
(urbanisme de rupture).

° Les bandes qui diversifient les formes urbaines.


1. Émergence des strates programmatiques

Notion qui émerge de l’ouvrage Delirious New York dans la fin des années 70, ouvrage qui essaye de
comprendre comment Manhattan a émergé.

Pour Koolhaas il y a 2 outils

1. La grille : permet de faire apparaître une mixité. La grille a été conçue en 1811 pour guider le
développement de Manhattan. C’est une manière d’organiser les espaces avec des formes qui
accueillent différents programmes. C’est une manière d’accueillir la diversité, le développement de
la ville, etc.

2. La manière dont les gratte-ciels sont organisés : ils assurent la mixité des fonctions (logements,
piscines, salles de sport, de conférences, etc.). Cette diversité ne se lit pas en façade. Chaque étage
reçoit un programme différent, ces étages sont reliés les uns aux autres par un ascenseur.
L’enveloppe est neutre et ne laisse rien transparaître. Il développe ce concept en stratégie.

Il développe le principe du gratte-ciel lors du concours du Parc de la Vilette (1982-1983). Il reprend cette idée
du gratte-ciel et horizontalise ses bandes. Il prend les programmes et les organise en bandes, dans une sorte de
gratte-ciel couché. Il y a une analogie entre ce projet et le projet des docks à Gand, la stratégie y est similaire.
Combinaison d’un programme complexe dans un projet d’architecture.

Le projet du Pavillon d’Hanovre par MVRDV – membres qui ont


travaillé chez Koolhaas – est une sorte de superposition de
paysages hollandais. C’est une réinterprétation de cette stratégie
du parc de la Villette.

Maison Lemoine Bordeaux (1994 - 1998)

Il y a 3 niveaux (le niveau de services, de vie, des chambres), reliés


entre eux par un ascenseur. Les principes qu’il utilise à l’échelle
urbanistique sont également applicables à l’échelle
architecturale.
2. Une ville faite d’archipels

Concept ancien qui a retrouvé une actualité dans le constat que ce concept fait : la ville n’est pas conçue
comme un seul ensemble homogène de bâtiments, mais plutôt comme un ensemble de fragments des
différentes époques qui la constituent.

Koolhaas met en avant cette idée que chaque projet peut disposer de ses formes urbaines propres sans
forcément être dans la continuité des formes existantes. Il développe ces propos dans l’ouvrage Berlin as a
green archipelago, ouvrage d’une très grande actualité aujourd’hui encore.

L’intervention urbanistique se caractérise par sa manière de s’organiser à partir de ces bandes


programmatiques (Oude dokken). Cependant, cet ensemble est une composition en soi, une composition
formelle distincte de ce qu’il y a autour. Le projet à sa propre forme également, une identité qui lui est propre,
et une indépendance morphologique. C’est l’idée qu’il peut y avoir des degrés d’autonomie dans des projets
contemporains. Koolhaas appelle cela des fragments, ou des archipels.

Koolhaas propose de faire de ce concept une qualité pour composer de nouveaux projets. Tous les projets de
Koolhaas sont un peu anti-contextuels par rapport aux bâtiments qui les entourent, notamment de par
l’utilisation de couleurs qui se démarquent du contexte.

En 1972, Koolhaas enseignait à New York avec l’architecte allemand Ungers. L’idée d’archipel émerge en 1977
dans cet ouvrage. C’est une idée très riche qui part d’une utopie, de projection dans l’avenir de la ville de Berlin.
Cela part d’un constat pour en faire une qualité. C’est un manifeste sur la ville contemporaine que Koolhaas et
Ungers ont développé au cours d’un workshop avec des étudiants. Il en résulte cette théorie sur Berlin comme
archipel vert. Berlin était encore divisé en 2 dans les années 70 : l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest.
Une confrontation idéologique et politique divisent ces 2 parties. Berlin est cogérée par les Alliées de l’époque
(les Américains, les Français et les Anglais). Berlin Ouest était une enclave dans un monde communiste, un idéal
de liberté, contrairement à Berlin Est qui était strictement dirigé par les Communistes.

Archipel Vert car la ville est composée de fragments, ces derniers entourés de nature qui unit ces différents
fragments entre eux.

Représentation de Berlin Ouest

On voit la moitié de la ville, isolée de son contexte. Le trait qui


délimite cette zone est le mur de Berlin. C’est un monde enclavé
dans lequel il y a une morphologie, un tissu bâti existant très
présent qui n’est pas homogène.
La particularité de Berlin Ouest est la décroissance de la
population. Rem Koolhaas imagine donc un modèle qui peut
correspondre à ce modèle d ville en décroissance. La population
diminue et une partie du bâti n’est plus nécessaire. Il faut donc
déconstruire le bâti inutilisé.
Représentation de Berlin comme Archipel verte

On y voit des objets flotter sur un maillage, sorte de grille de


lecture. Ces fragments flottent et composent un ensemble par leur
proximité spatiale. Ce modèle est basé sur la décroissance de la
population. Les quartiers conservés forment une collection de
quartiers différents les uns des autres. Chaque quartier est
représenté par la morphologie qui le caractérise. C’est
radicalement opposé à la charte d’Athènes (homogénéité de la
forme urbaine). On s’en écarte complètement, car Berlin est
composé de ces diversités de formes. On s’écarte du propos sur les
fonctions, c’est plutôt une idée de complémentarité, où chaque
fragment est complémentaire à d’autres. Cette représentation est
un outil pour la conception d’un projet.

Représentation en axonométrie du modèle dans lequel on voit


cette qualité de diversité des quartiers ainsi que l’idée du mur
qui isole ce système (forme d’auto-suffisante). Il y a de la
discontinuité, les fragments ne se touchent pas, ou à peine. Idée
d’une forme d’isolement des fragments les uns par rapport aux
autres. Idée d’isolement entre les fragments. Ces quartiers ont
leur propre forme mais se réfèrent à un ailleurs. A une situation
morphologique qu’on peut trouver ailleurs (Exemple : Les cité
jardins, les boulevards Haussmannien). Idée que les villes sont
traversées par des modèles urbanistiques qui traversent les
frontières. Les quartiers qu’on garde se référencent à des
quartiers ailleurs, à d’autres villes.

Collection des formes urbaines isolées dans Berlin. Une collection a pour but de réunir de la diversité (sinon
cela n’a pas d’intérêt). C’est une manière de concevoir le projet d’urbanisme, de créer quelque chose de
complètement différent de ce qui a déjà été construit auparavant. Ce travail sur Berlin date de 1977.
Pourtant, ce n’était pas la première fois que Koolhaas s’intéressait à Berlin car c’était également le sujet de
son travail de fin d’étude. Son travail expliquait que l’ouest isolée était un lieu désirable pour Berlin Est.
Il propose une utopie basée sur cette idée du mur,
d’une ville dans la ville isolée de la ville par des
murs, composée de différents quartiers. L’espace à
l’intérieur du mur est encore plus désirable que
l’extérieur du mur. Ce travail va certainement
influencer Koolhaas dans Berlin comme Archipel
Vert.

Collage City (de Rowe et Kotter) part du constat que la ville n’est pas homogène mais est constituée de
quartiers qui se juxtaposent les uns aux autres.

Les auteurs opposent 2 modèles, 2 façons de concevoir


la ville :

Le palais et les jardins de Versailles (17ème siècle), avec


une sorte de cohérence et une parfaite maîtrise, un plan
unitaire. Versailles est une idée de perfection et d’unité.

La Villa Adriana (2ème siècle), un palais dans lequel


s’additionnent des objets les uns à côté des autres,
presque de manière organique (cohérence interne)
sans la cohérence de Versailles. Le Palais Adriana est
plutôt une idée de collision de formes qui
représentent une unité brisée, une collection
d’architectures des voyages de l’empereur Adrien
(souvenirs de voyages). Berlin comme Archipel Verte
reprend cette idée des souvenirs qu’incarne la Villa
Adriana. On s’affranchit de cette idée d’un ensemble
unitaire pour aller vers une composition hétérogène.

3. Stratégie du vide

Stratégie que Koolhaas va développer en 1987 à l’occasion d’un concours, le concours du centre urbain Melun-
Sénart. En 1987, Koolhaas revient en Europe et fonde OMA à Rotterdam, il participe à différents concours en
France (les années de l’innocence comme il les appelle). Le concours porte sur le centre urbain. Koolhaas fait un
constat sur l’impossibilité de maîtriser les bâtiments, il est plus facile de se baser sur les vides de ces quartiers
pour les aménager.

Il s’intéresse à la formation de la ville nord-américaine. Il fait une comparaison où il


représente la forme de Paris avec à l’intérieur une sorte de calligraphie,
représentant les espaces ouverts et les espaces vides. Koolhaas en conclut qu’il est
impossible d’imaginer le centre de Paris en une seule fois. Ce centre a une taille
tellement grande qu’il en conclut que ce n’est pas possible de donner une solution
avec un dessin unique. Il présente le territoire sous une forme de patchwork. Il
travaille avec des espaces ouverts, essayant de structurer ce vaste territoire à partir
de 7 bandes ouvertes, qui sont thématisées et qui structurent le périmètre du
projet. Chacune de ces bandes est un paysage en soi. L’organisation se fait par ces
bandes, et les blancs (Dans le négatif des bandes) représentent les endroits à bâtir.
Koolhaas propose une organisation de quartiers, ces derniers tous différents les uns
des autres (tissus vernaculaire, arborescence, etc.). C’est une incarnation des
différents archipels prônés par Koolhaas.
Rem Koolhaas se positionne comme un urbaniste qui observe les
mécanismes de fabrications de la ville, principalement d’ordre
capitaliste. Il essaye de faire de l’urbanisme en tenant compte
des contraintes de l’immobilier (ce n’est pas un doux rêveur). Il
se joue du système capitaliste pour faire de l’architecture et de
l’urbanisme. C’est d’ailleurs pour ça que son agence est l’une des
plus grandes au monde. Il remet en cause la conception d’un
urbanisme qui contrôle tout. C’est une critique issue des
différents mouvements et théories.

Le mouvement Non Plan émerge en Angleterre à la fin


des années 60, porté par des ingénieurs dont Banham,
Barker, Hall et Price. C’est à travers des signes et des
symboles qu’on peut planifier l’espace. Il faut mettre en
place des dispositifs qui permettraient à l’urbanisme et à
l’architecture de se développer. Idée d’avoir un
urbanisme très ouvert sur lequel on positionne un
minimum d’éléments.
4. Stratégie de la Bigness – mettre en scène le chaos

Idée d’organiser le territoire à partir de grands objets. L’inverse de la stratégie du vide.

Euralille (1989-1994)

Grand projet autour de l’Eurostar en


direction de l’Angleterre, avec un point
d’arrêt à Lilles. Lille est caractérisée par
différentes époques. Euralille est une grande
opération que se fait sur la gare tgv, que Rem
Koolhaas va coordonner. Possibilité de
développer des programmes modernes
(immeubles de bureaux, shopping mall,
hôtels, etc.) autour du centre de Lille. Ces
fragments sont reliés entre eux par des
routes, séparés entre eux par des espaces
verts. Koolhaas y développe la stratégie de la
Bigness qui consiste à dire que la ville se constitue principalement à partir de grands objets, qui ont chacun une
fonction bien particulière. Il y a une complémentarité des programmes, incarnés par des morphologies
différentes de bâtiments. Chaque objet est multifonctionnel, apportant de la mixité à la ville. Un parc urbain
fait partie du projet est également un parc présenté comme un de ces objets, c’est une entité en soi. Ces objets
sont réunis par des infrastructures (routes et voiries qui permettent des relations fonctionnelles et physiques
d’un objet à un autre, ces derniers étant assez éloignés les uns des autres).

Gros contraste entre le vieux Lille et Euralille - brancher sur


les réseaux.

Koolhaas contrôle l’ensemble du


projet (à l’opposé de la stratégie
du vide qui dit qu’il ne peut pas
contrôler l’ensemble d’une ville).
Ce n’est pas un urbanisme de
contextualisation par rapport à la
forme des voisins, on est dans une
autre dimension. Koolhaas
cherche une forme pour accueillir des programmes contemporains et en créer donc
des nouvelles. Il y a des éléments d’espace public qui relient ces fragments entre eux.
La ville existante est presque complètement niée par le projet de Koolhaas. Les
réseaux sont exacerbés (branchement à l’autoroute, à la gare TGV, etc.). Projet de
faire de Lille un quartier d’affaire international qui passe par cette exacerbation des
réseaux. Dans les années 90 c’était de l’hypermodernité !

Cet urbanisme est difficile à représenter en plan. Koolhaas est


l’architecte du projet d’urbanisme et du Congrexpo, mais pas
l’architecte du centre commerciale. C’est un grand travail de
coordination. Une fois qu’on a une grande forme (Congrexpo), on
peut absorber différents programmes qui vont cohabiter ensemble
sous forme de strates programmatiques.
Technique de maquette en styrodur.

On passe donc de cette stratégie du vide (Melun-


Sénart) à la stratégie de la Bigness (Euralille). Dans le
premier c’est le vide qui est représenté en noir, le
second c’est les bâtiments qui sont représentés en noir.

Parallèle avec Euralille et Berlin, la ville d’archipels

Dans la ville d’archipels, les éléments sont liés les uns avec
les autres avec des infrastructures, routes et espaces verts.
Chaque fragment constitue un élément de la Bigness
(Congrexpo, le triangle des gares, le parc, la gare, etc.). Tous
les éléments sont liés entre eux. Cette notion permet de lire
la ville et de la comprendre d’un point de vue analytique,
mais c’est également un outil de projection.

Vidéos sur la construction d’Euralille

La rupture avec l’existant contribue à une nouvelle diversité. Le contraste et la rupture ne sont pas forcément
des éléments négatifs mais peuvent au contraire servir le projet. C’est un projet radical par rapport au tissu
urbain. Capacité de la ligne à grande vitesse qui va se positionner grâce au TGV et à la connexion vers Londres,
et donc devient un carrefour européen. Ce projet incarne ce carrefour (rupture avec le contexte urbain de
Lille). Il se comprend par la gare TGV qui connecte Lille aux grandes villes européennes (Londres, Paris,
Bruxelles, …). Des sociétés vont certainement quitter Paris pour s’installer à Lille (finalement cela ne se fera
pas). Être différent tout le temps, mais avec une croyance perpétuelle.

S, M, L, XL (1995)

En 1995, il écrit le fameux ouvrage S, M, L, XL. Il y consacre un texte sur la Bigness et sur la Generic City.
Il y a beaucoup de liens entre l’urbanisme, l’architecture et le graphisme. C’est une grosse brique qui est très
variée au niveau de sa composition. Il est composé de strates mais sa couverture est extrêmement neutre.
On peut faire de gros objets avec une richesse de contenue, tout en ayant une couverture assez neutre
d’apparence. L’extérieur ne dit rien sur la richesse intérieur (analogie avec le Congrexpo). C’est un des
premiers ouvrages qui a été fait avec l’ancêtre de InDesign ! L’ouvrage présente tant des projets que des
parties théoriques. Il ne se lit pas de manière continue mais se lit de façon désorganisée.
Extraits sur la Bigness

1. Au- delà d'une certaine masse critique, un bâtiment devient un Gros Bâtiment. Une telle masse ne peut
plus être contrôlée par un seul geste architectural, ni même par une combinaison de gestes
architecturaux. Cette impossibilité déclenche l'autonomie de ses parties, mais ce n'est pas la même chose
que la fragmentation : les parties restent soumises au tout.

2. L'ascenseur – par sa capacité à établir des connexions mécaniques plutôt qu'architecturales – et la famille
d'inventions qui lui sont liées, ont annulé le répertoire classique de l'architecture. Les problèmes de
composition, d'échelle, de proportion, de détail sont désormais caducs. L’art de l'architecture est inutile
dans la Bigness.

3. Dans la Bigness, la distance entre le noyau et l'enveloppe augmente à un point tel que la façade ne peut
plus révéler ce qui se passe au dedans. L’honnêteté attendue des humanistes est condamnée : les
architectures intérieure et extérieure deviennent des projets séparés, l'une traitant de l'instabilité des
besoins programmatiques et iconographiques, l'autre - l'agent de désinformation - offrant à la ville la
stabilité apparente d'un objet. Alors que l’architecture révèle, la Bigness brouille ; elle transforme le
résumé de certitudes qu'est la ville en une accumulation de mystères. Ce que l'on voit n'est plus ce que
l'on a.

4. Par leur seule taille, ces bâtiments entrent dans un domaine amoral, par-delà le bien et le mal. Leur
impact est indépendant de leur qualité.

5. Conjointement, toutes ces ruptures avec l'échelle, avec la composition architecturale, avec la tradition,
avec la transparence, avec l'éthique- impliquent la rupture finale, la plus radicale, la Bigness n'appartient
plus à aucun tissu urbain. Elle existe ; tout au plus, elle coexiste. Son message implicite est : « fuck
contexte ».

De Rotterdam (1997-2013)

Projet multifonctionnel du point de vue des programmes. La Bigness


permet cette diversité. Cette combinaison de fonctions est rendue
possible grâce à l’ascenseur. Démonstration inverse de la forme qui suit
la fonction (Modernisme). La forme exprime un bâtiment qui se détache
de son contexte (contraste et rupture). La forme ne suit pas du tout la
fonction. Condition de relation avec la périphérie et le noyau de
distribution. L’expression architecturale neutre des façades permet
d’accueillir plusieurs fonctions.

La Défense (1990)

Proposition de Koolhaas pour un concours dans l’Ouest


parisien. Le concours veut repenser le périmètre en noir (avec
le quartier de la Défense et la Seine). Une grande partie de ce
secteur est déjà construite.
La tabula rasa n’est pas possible dans ce cas-ci. Ces éléments
physiques ne peuvent pas être effacés. Koolhaas propose une
stratégie basée sur l’obsolescence programmée des
infrastructures. Ces bâtiments vont être remplacés dans le
temps et donc ce territoire va se vider sur une durée de 25
ans. Les bâtiments vont progressivement être démolis pour
libérer presque l’entièreté du territoire. Incarnation de la ville
archipelaire. Seuls les bâtiments qui ont une valeur
remarquable vont être conservés. Le premier geste est
l’effacement.

Le second geste serait l’application d’une grille


systématique qui devenir la structure de base d’un nouveau
développement territorial.

Le troisième geste est la définition d’une typologie


architecturale. Cela permet de faire émerger un paysage un
peu anarchique pour s’abstraire à une forme contemporaine
de la ville moderniste (celle- ci très homogène). Ce projet
permet de comprendre une application de la ville archipels.
Il part de cette idée d’obsolescence (effacement progressif
dans le temps) pour mettre en place un dispositif d’après la
grille qui fait émerger un paysage un peu chaotique. Cependant, les bâtiments de Koolhaas ne sont pas à
l’abris de devenir obsolètes à leur tour par la suite. Ce qui est permanent et immuable est le choix des
bâtiments et l’application de cette grille (lien avec New York et Manhattan). Malheureusement, cette
proposition ne va pas gagner le concours.

Port de Yokohama – Japon (1992)

Projet d’urbanisme basé sur l’utilisation


différenciée d’un territoire dans le temps.
Proposition de construire au-dessus des
marchés au poisson une grande dalle
(niveau de sol artificiel) pour faire évoluer
différents programmes. Cela incarne
l’utilisation du territoire durant 24h (ici à
gauche).

Une fois que le marché matinal s’arrête, le lieu est


principalement utilisé pour d’autres fonctions. Koolhaas se
pose la question des activités qui pourraient faire de ce lieu
un lieu occupé 24h/24. Les théâtres et cinémas fonctionnent
plutôt le soir, la bibliothèque sur le temps du midi, les
expositions en après-midi, etc. Il propose une
programmation très diversifiée dans un projet très
contemporain (idée de l’urbanisme dans le temps).
Chassé Park à Breda (2000)

Reconversion d’un ancien site militaire relativement vaste à proximité


du centre-ville. Il y a des points de vue visuels, des diagonales qui
restent ouvertes. Ces bâtiments sont dans un espace vert. Idée
d’organiser le site par le vide (stratégie du vide). Il y a des typologies
et des formes urbaines très différentes. Cela permet d’avoir des
architectes différents, des immeubles d’une très grande autonomie et
une possibilité de phasage assez intéressante (construire le projet
dans le temps). Fonctions complémentaires qui font partie d’un
ensemble. Ce projet amène une grande diversité des volumes et de la
perception qu’on en a. Notion de contraste et de rupture d’un espace
de logements par rapport à autre.

CONCLUSION SUR KOOLHAAS

Deux projets (Gand et Lille) sont les prétextes pour passer en revue différentes notions propres au
design chez Koolhaas.

− Archétypes urbains : gratte-ciel et la grille de Manhattan


− Formes urbaines : “Berlin comme archipèle verte” (1977)

Stratégies de conception architecturale et urbanistique (ces stratégies sont cumulatives) :


− Stratégie des strates programmatiques
− Stratégie du vide
− Stratégie de la Bigness

Ces trois stratégies constituent les bases conceptuelles de toute composition urbaine chez Koolhaas,les
appliquant à différentes échelles et suivant le principe d’une mise en abîme de celles-ci.

Koolhaas est encore aujourd’hui très actif. Il a commencé par des projets aux Pays-Bas, puis en France, pour
devenir progressivement un architecte reconnu mondialement. Ça a été un des premiers architectes
européens à parler de la Chine comme une future puissance économique. Ça l’a amené à réaliser des projets
en Chine, aux Émirats arabes. Il s’inscrit dans une perspective d’économie globalisée. Le projet Rotterdam
incarne la concentration des capitaux budgétaires/monétaires. Il donne une forme à un projet qui concentre
un capital financier important. Koolhaas est un architecte de la mondialisation. Il n’a pas du tout développé
de propos sur le développement durable.
Le projet de la Défense (1990) parle de l’obsolescence des bâtiments. Condition particulière qui concerne
une partie de l’architecture produite aujourd’hui. Tendance à démolir les bâtiments dès que le programme
n’est plus pertinent pour les remplacer par d’autres bâtiments. L’obsolescence est caractérisée par le cycle
démolition/reconstruction. On appelle même ça l’obsolescence programmée, car elle est voulue et même
engendrée par le système. Elle est très forte dans les immeubles de bureaux (car ils sont très changeants
dans le temps) et dans les parcs d’activités économiques.

VIII. Leon Krier (1949 – à nos jours)

Ne tire pas des leçons sur la ville contemporaine comme Koolhaas.


Léon Krier développe une critique féroce et résolument
antimoderne, puisant son référentiel à partir d’un regard sur les
villes préindustrielles. Il s’intéresse à la manière dont les villes se
sont organisées avant l’industrialisation. En fonction du
contexte, il s’intéresse aux façons dont la ville a été pensée avant
tout le Mouvement Moderne.

Rem Koolhaas pourrait être vu comme un opportuniste (profiter


du système capitaliste). Krier, au contraire, ne va pas chercher à
construire mais va formuler une architecture de papier
(principalement dessinée mais non réalisée). Il développe un
nouveau corpus d’idées, principalement théorique. Certains de ses projets sont réalisés et incarnent les idées
urbanistiques qu’il a développées.

Léon Krier est contemporain de Rem Koolhaas, et sa production a une certaine actualité par rapport aux
principes de développement durable – et à un retour à une architecture plus traditionnelle. Il y a un regain
d’intérêt pour les idées développées par Léon Krier.

Cité judiciaire à Luxembourg-ville – Léon et Rob Krier (1991-2008)

Architecture mimétique qui s’installe en douceur dans un paysage urbain préexistant. L’intervention
s’intègre parfaitement sans perturber la lecture du paysage urbain (tel un caméléon). Il entre en dialogue
avec le reste et non en confrontation. Le programme est fragmenté en différents volumes et programmes.
Variation des formes pour créer une forme d’hétérogénéité. Valorisation de la fragmentation volumétrique
et pas un seul gros volume.
Hellebrug, Knokke (1998 à aujourd’hui)

Station balnéaire orientée vers la mer. Krier va réaliser un projet d’urbanisme, principalement résidentiel, sur
le front Est. L’ensemble de logements s’ouvre sur l’intérieur des terres (pas commun). Projet qui va avoir pour
référentiel les villages de pêcheurs.

Ensemble homogène quelque peu organique, avec des toitures en pente. Forme un ensemble pittoresque.
Effets des cassures, de variété, à travers des géométries presque organiques (courbes, cassures, pittoresque).
Les voiries ne sont pas orthogonales et rectilignes. On est plutôt dans le vernaculaire.

On peut l’opposer à ce qui entoure cet ensemble de logements (répétition de la série dans une grille
orthogonale). C’est une sorte de dialogue entre un paysage de champs (paysage très verdoyant) et le paysage
plus urbain de logements.

À l’intérieur, cela ressemble à un village datant d’une époque préindustrielle (architecture plus traditionnelle,
artisanat). L’habitat n’est pas conçu de façon collective, toutes les maisons sont différentes les unes des
autres (hétérogénéité). Le pittoresque est atteint par cette hétérogénéité.

C’est une architecture de toitures (de tuile et d’ardoise), la brique est utilisée comme matériau de
revêtement.

Cependant, la production des différents


éléments qui composent cette
architecture sont bien évidemment
industriels. (Briqueterie se trouve ailleurs
en Flandre)

Le projet est porté par la commune de


Knokke, et se construit sur base de la
maison individuelle, avec une construction
plus organique.

Intention d’être en relation avec le paysage


des polders. C’est un projet de logements qui
met en valeur ce paysage. C’est une exaltation
de cette nature non construite.

Les bâtiments sont mis à distance les uns des


autres – on ne reproduit pas la promiscuité du
Moyen- Age.
En jaune, le système de rues (courbes et peu
droites). Il y a plusieurs sous-ensembles, avec des
places locales de quartier. Il y a un ensemble avec un
espace vert central, un autre qui s’articule autour
d’une place avec le bâtiment public. Ces 3 quartiers
ont des limites un peu physiques et sont composées
autour de l’idée d’une place. La ville est une
addition de quartiers, c’est l’idée maîtresse de Krier
: la fédération de quartiers.

Pour Koolhaas, la ville est une addition de fragment


modèle de l’archipel vert), chez Krier la ville est faite
d’une addition de quartiers, semblable au niveau de
l’architecture.

Seaside Florida – Andres Duany, Elizabeth Plater-Zyberk et Krier (1978)

Expression d’une architecture à gabarit uniforme, qui reproduit l’habitat des villes. Architecture balnéaire
reproduite, en bord de mer, avec différents quartiers construits autour d’un centre civique (qui regroupe les
fonctions publiques). Décors de Truman Show.

Importante production livresque

Krier publie beaucoup d’ouvrages sur différents sujets depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui. Koolhaas
écrit sur la ville contemporaine et la manière dont la ville se construit. Chez Krier, les livres sont une forme
de manifeste qui créent une polémique.

Rational Architecture pourrait s’opposer à Berlin comme Archipel Verte, avec sa revalorisation de l’idée du
quartier, de la rue, de la place, du bâtiment public. Il propose un retour à ces éléments de l’époque
préindustrielle.

Il tente de renouer avec la tradition de la représentation du dessin à la main. Il s’intéresse aussi à des questions
d’histoire de l’Architecture. Il écrit une monographie des travaux d’Albert Speer (ministre d’Adolph Hitler), qui a
dessiné pour le troisième Reich. Mise en scène monumentale de l’architecture classique. L’architecture n’a rien
à voir avec une idéologie et peut être déclinée sur différents points de vue. Peut-on parler de l’architecture de
Speer sans parler d’Hitler ?
1. Théoricien et un praticien antimoderne

Caricature de l’architecte moderne (Le Corbusier), qui se fait de l’argent.


Présence d’une grue du milieu industriel. Cette architecture inhumaine amène
à la guerre.

Critique de cette ville archipel dans laquelle les quartiers sont reliés les uns aux
autres.

Le zonage de la ville est représenté comme le zonage d’un corps (ci-dessous),


comme si le corps humain avait été disloqué. Krier est contre la séparation des
fonctions.

La ville est composée à partir de l’addition de monuments et d’un tissu urbain


très rectiligne.

Propose une manière d’étendre la ville. Une ville qui grandit ne doit pas se
verticaliser mais plutôt s’horizontaliser en se dupliquant (ci-dessous).

2. Influences de Léon Krier – influences dans l’architecture du passé.

Camillo Site (1843-1903)

L’ouvrage L’art de bâtir les Villes, présente les villes sous un fait esthétique, avec une réflexion sur la manière
de bâtir la ville au 19ème siècle, avec de grands épisodes sur l’industrialisation. Valorisation de la ville qui a
des qualités d’urbanité via la mise en valeur de bâtiments très diversifiés, construits tout au long de l’histoire.

Otto Wagner (1841-1918)

Membre du mouvement sécessionniste. Il développe un propos sur la ville qui s’organise par quartiers. Krier
s’intéresse à Wagner sur cette manière d’organiser la ville par des quartiers.

James Stirling (1926-1992) – collaborateur de Krier de 1968 à 1971.

Stirling va construire beaucoup de bâtiments qui s’inspirent d’autres architectures (architecte pour qui
l’histoire compte).
3. Principes de Krier

PI. « Les villes dans les villes »

Dès que la ville atteint une taille critique de construction, il faut construire de nouveaux quartiers, qui ont
eux-mêmes une taille limite de croissance. La ville n’est pas un centre et une expansion radioconcentrique,
mais plutôt des quartiers qui s’additionnent les uns aux autres.

Chaque quartier a une limite qui lui est propre, avec un espace central (équipement public, avec des
intensités qui peuvent varier). Chaque quartier a sa propre polarité. Il y a une limite claire entre la ville et la
campagne.

Urbanisme d’ordre fermé avec des bâtiments qui occupent des îlots qui déterminent des structures de rues
et des places sur lesquelles s’implantent les bâtiments publics.

. Luxembourg Ville (1978)

- Contre-projet que Krier dessine comme un manifeste (projet sans


commande). Ce projet traduit cette idée qu’il faut contrecarrer la
tendance naturelle de la ville à s’étendre de manière
radioconcentrique. La ville doit se reproduire horizontalement mais pas
avec ce système radioconcentrique (ville polluée, …).

- Il n’y a aucun langage entre les différents éléments. Bref, ce quartier


fonctionne comme une ville moderne.

- Krier propose une autre vision pour ce quartier dans laquelle


l’urbanisation correspond à 2 quartiers. Ceux-ci sont limités
physiquement, avec des tailles et des formes critiques. Ils sont
structurés par des rues et des places. Les monuments sont intégrés
dans ces réseaux de rues et de places.
Secteur de ville qui correspond au zonage fonctionnaliste.

- Idée que le quartier européen n’est pas fait de bâtiments isolés les uns
des autres, mais plutôt d’un imaginaire de bâtiments intégrés dans des
quartiers densément bâtis et peuplés.

- Ville dense prémoderne.

- Luxembourg-Ville serait donc l’addition de tous ces quartiers (14 au total). Ces quartiers sont délimités et
reliés les uns avec les autres par des avenues. Tous les îlots ont la même hauteur (pas question de densifier
la ville verticalement, opposé aux buildings !). Il s’oppose aux tours de logements, considérées comme une
privatisation des vues et d’un monopole de certains d’avoir une vue plus intéressante).
- Tous les quartiers sont homogènes et reproduits horizontalement. Les quartiers sont marqués par une
topographie, avec une sorte de canyon qui traverse le centre-ville, qui structure et éloigne certains quartiers.
Les éléments d’articulation des quartiers les uns par rapport aux autres sont des espaces urbains, viaducs,
etc. (chez Koolhaas les éléments sont isolés les uns des autres). Très grande proximité géographique d’un
quartier à un autre, favorisant les piétons (chez Koolhaas c’est plutôt une logique d’urbanisme automobile).

. Quartier de 33 hectares pour 10 000 habitants

- Proposition intéressante sur la grandeur maximum d’un quartier (33 hectares, définis par le fait de
traverser un quartier en 15 minutes) et son nombre d’habitants (10 000, +/- 100 logements à l’hectare, et
donc un seuil de densité habité pour un quartier urbain). Aspect de durabilité !

- Dans la vision urbanistique de Léon Krier, les gabarits ont tendance à être homogènes (il est anti- tour). En
1978, Krier dit que le quartier doit se traverser en 10 minutes et donner accès à des services de proximité en
lien avec l’habitabilité et la qualité du logement. Ces propos sont encore d’actualité aujourd’hui (approche
très intéressante et avant-gardiste !).

- Dessins à la main et recherche d’une forme de dessins un peu vernaculaires (hommage à l’irrégularité).
Chez Koolhaas, les dessins sont assez abstraits dans des milieux inventés. Chez Krier, l’irrégularité est une
qualité, les dessins sont dans des environnements très réalistes et proportionnés sur l’homme (bâtiments
pas très élevés, …).

- Idée que la campagne est une nature non urbanisée. La nature est préservée en tant que telle.
Séparation claire entre la nature/campagne et la ville.

4. Notions proches des idées de Krier

A. Unités de voisinage, C. Perry

Limite d’accessibilité à pied relativement courte. Élément


relativement ancien dès le début du 19ème siècle. Définir un
quartier en fonction du temps que l’on prend à le traverser. Le
centre communautaire est situé au centre d’un rayon de ¼ miles
permettant l’accès piéton depuis les logements. Les commerces
sont situés sur le pourtour.

B. Cité-jardin

Le centre civique articule une école à une bande verte


d’équipements sportifs. Le centre communautaire se situe au centre
du nouveau quartier dans une logique de proximité.
C. La ville comme fédération de quartiers (L. Krier)

Propose une organisation du territoire par rapport à son accessibilité


à pied. Valorisation de cette architecture médiévale par rapport au
temps (la mesure du quartier est définie par la distance nécessaire
pour le traverser en 10 minutes de marche).

D. La ville du ¼ d’heure (très contemporain)

Moreno et l’hyper proximité. À partir de chez soi, on devrait


pouvoir avoir accès à une série de service. Krier a déjà ce discours
en 1978 (avant-garde et modernité).

Le quartier fait référence à l’histoire de la ville et renvoie à l’idée


de communauté, à l’organisation dans la ville européenne.
Krier va retirer de ce modèle un bâtiment public au centre du
quartier.

La ville est composée d’une addition de quartiers. La ville


contemporaine est liée à une politique de contrat de quartiers
(très productive en logements). Idée de faire de la rénovation
urbaine à travers cette idée de ville comme fédération de
quartier.

L’impact de Krier est donc encore présent dans beaucoup de


villes européennes (on parle du quartier Flagey, du quartier Université, etc. pour identifier des lieux).

Un quartier est un espace déterminé. Cependant, aujourd’hui il est difficile de distinguer tous les quartiers
les uns des autres. Dans la ville contemporaine c’est difficile de parler de quartier distinct sans parler de
chevauchement. L’idée de quartier a souvent été historiquement liée à une communauté (communauté de
gens qui partagent des valeurs par rapport à un lieu). Aujourd’hui les gens habitent plutôt là où ils peuvent
habiter.

Donc, aujourd’hui, peut-on dire que la ville contemporaine est composée de quartiers ou de fragments ?
C’est difficile d’y répondre, personne n’a tort et personne n’a raison, probablement les 2 ont une part de
vérité. Les quartiers existent toujours mais ne sont pas les quartiers du 18ème siècle et fonctionnent + par
fragments.
L’idée du contexte est plus proche de Krier que de Koolhaas (qui n’en tient pas compte, Fuck the context).

Koolhaas nous dit quelque chose sur l’importance d’innover en permanence, pourquoi ce ne serait pas le cas
de l’architecture également ?
Krier quant à lui voit l’architecture comme quelque chose qui ne doit pas trop évoluer, il faut répéter et
reproduire l’existant.
PII. Architecture Choix ou Fatalité (1996)

Livre publié par Krier dans lequel il va conceptualiser ses idées, ces dernières n’ayant pas du tout changé depuis
1978. Ses schémas sont très pédagogiques, très clairs, on comprend assez vite de quoi il est question. Ils ne font
pas appel à des notions conceptuelles complexes à comprendre. Le livre est divisé en plusieurs parties :

1. La ville comme addition de quartiers

Idée que les bâtiments publics se trouvent entre les quartiers. Il y a des espaces piétons entre les quartiers et les
rues sont principalement piétonnes. Les bâtiments publics sont sur des places et des perspectives urbaines
importantes. Chaque quartier possède une place locale sur laquelle se trouvent tous les équipements locaux. La
ville ne se dessine pas par des architectes et l’idée de reproductibilité n’est pas forcément évidente (la hauteur
du bâtiment dépend de la qualité du sol). Le système économique influence la « commande » architecturale.

2. La ville des 10 minutes à pied

Définie pas une superficie de 33 hectares. Temps que l’on prenne à traverser un quartier d’un bout à l’autre.

3. Trame régulière

Avec intégration des bâtiments publics qui s’additionne à l’aspect très rectiligne du jeu de rues.

4. Fragmentation des bâtiments publics

Idée que les bâtiments ne doivent pas former de grands ensembles (anti-urbain).
Krier milite pour une fragmentation des programmes : avoir des bâtiments publics
et des fonctions civiques à la même échelle que les bâtiments situés autour
(contexte existant). Cela s’oppose à la tendance du marché à faire de grands
équipements. Par exemple, la cité judiciaire à Luxembourg-ville est composée de
plusieurs grands objets dispersés. Cependant cette proposition est réaliste pour
certains objets (par exemple une grande salle de concert telle que dans le
Congrexpo ne pourrait être dispersée dans plusieurs petits bâtiments).

5. Limitation des hauteurs des bâtiments

Propose une homogénéité en limitant le nombre d’étages (mais pas la hauteur de


chaque étage). Cela dépend de l’aération de chaque espace.

6. La hiérarchisation des espaces publics

Au fil du temps, les espaces publics augmentent et deviennent de + en + importants dans la ville.
Krier propose une bonne proportion entre l’emprise au sol et les espaces ouverts. Il propose des
immeubles sur cour qui occupent à chaque fois un niveau.

7. Le rapport à l’îlot

Peu d’évolution dans les idées de Krier car il garde les mêmes outils d’analyse (contrairement à Koolhaas qui
évolue en fonction des commandes). Krier considère que le fait de ne pas construire dans les années 70 figure
comme une opposition au système de construction industrielle, comme un acte de résistante, sans l’empêcher
d’être considéré comme une architecte : “I am an architecte because I don’t build”. L’îlot est un élément
important, qui s’oppose à la barre. L’îlot comme forme urbaine de référence est un acte de résistance par rapport
à l’industrialisation. C’est à partir de l’îlot que la ville se forme.
Royal Mint Square, Londres (1977)

Projet de papier pour la reconstruction du quartier. Reconstruction à partir d’une rue : proposition d’un îlot
fermé qui va constituer une rue continue avec un front bâtit, ponctué d’une place à un endroit particulier.

Idée de reconstruction de l’îlot en tenant compte des bâtiments existants, intégrés dans 2 grands îlots
triangulaires avec une rue qui les traverse.

Idée que la forme renvoie à une rue, vocabulaire plus traditionnel de la ville. Les bâtiments se font face et
sont relativement proches les uns des autres.

Tous les dessins ont été représentés à vue d’homme et représentent des humains d’une époque plus
ancienne. Il y a une forme d’iconographie d’une manière de vivre qui fait référence à une époque
préindustrielle.

PIII. Quartiers, rues, places, monuments

La Villette (1976)

Organise le site avec des quartiers, des rues, des places et des
monuments. Les quartiers sont traversables en 10 minutes. Il y a une
trame régulière et irrégulière qui constitue un tissu maillé avec des
places. Idée de se référer à un contexte monumental. Les immeubles
ont presque tous la même hauteur (sauf certains bâtiments publics).
Un axe monumental Nord-Sud traverse le projet, avec un axe de
bâtiments publics (équipements supra-locaux). Symétrie Est-Ouest de
part et d’autre de l’axe principal. Présence d’un parc urbain à gauche
et à droite de façon identique (symétrie). Densité bâtie assez forte qui
s’oppose à l’ordre ouvert de l’urbanisme moderne. À la différence
d’autres projets, idée d’appropriation locale, de dialogue avec
l’espace public (commerces au rez-de-chaussée).
Projet d’achèvement du centre monumental de Washington DC (1984)

Constat d’un urbanisme sur base d’objets.

Proposition beaucoup + dense avec des


rues, un bâti très proche et une idée
d’organisation par quartiers dans le
contexte Nord- américain.

Densification par le maillage avec des


bâtiments homogènes.

A. L’îlot fragmenté : la villa urbaine

Concept de hiérarchisation des espaces publics. Création de petits immeubles sur cour qui ont une forme
d’autonomie les uns par rapport aux autres. Un immeuble occupe l’entièreté d’une parcelle et forme un
petit îlot en lui-même. L’addition de cette typologie crée une forme de densification.

La notion de villa urbaine émerge au 19ème siècle. Cette notion souligne le rapport de confrontation entre
la ville et les espaces verts. Villa car 4 façades. Manière de faciliter l’appropriation du système capitaliste
(flexibilité).

B. Le rapport aux infrastructures

Chez Koolhaas, le rapport aux infrastructures est exacerbé. Les nœuds sont valorisés dans le projet et sont
même le point de départ du raisonnement (rapport de fascination). Chez Krier, il faut cacher les
infrastructures, les intégrer au paysage urbain et faire disparaître l’effet de barrière. La notion de rupture
n’est pas appréciée. Il faut relier et articuler les quartiers les uns par rapport aux autres, même si elles sont
des éléments de rupture.

Pirée, Athènes (1977)

Contre-projet où Krier propose d’intégrer les infrastructures dans un grand parcs urbain en jouant sur les
niveaux. Présence d’éléments de jonction et de continuité de manière à réduire l’effet de rupture/barrière.
La continuité est un élément important chez Krier. Il propose 2 nouveaux quartiers qui se fondent dans les
infrastructures. C’est une stratégie d’intégration via un parc. Un niveau de sol artificiel permet d’intégrer ces
infrastructures à la vie urbaine. Possibilité de domestiquer ces infrastructures. Ce propos est « anti-
koolhaasien », diamétralement opposée au travail de Koolhaas.
VIX. Christian de Portzamparc (1944 – A nos jours)

Figure intermédiaire entre Koolhaas (innovateur) et Krier (conservateur, ville du passé).


Portzamparc est un architecte français qui affirme une prise de position dans son travail.
Portzamparc est notamment l’architecte de l’immeuble de bureaux d’Euralille.

Rue de la Loi, Bruxelles (2008)

Sa vision urbanistique s’incarne sur l’idée de transformer le bâti à


travers une densification verticale et un travail sur la forme de l’îlot,
l’îlot ouvert.

Fabrication d’une perception de la rue comme un espace continu.

Urbanisme de tracé, de continuité et d’îlot mais aussi d’abstraction


à travers des jeux sur les gabarits et les hauteurs, les retraits, etc.

Ce projet s’inscrit dans une vision de densification, de concentration


des institutions européennes autour de la rue de la Loi.

Transformation de la rue en une rue ouverte.

Musée Hergé, Louvain-La-Neuve (2009)

Îlot ouvert, jeu formel de fragmentation. Métaphore d’une


bande dessinée avec de grandes ouvertures qui laissent
voir à travers les volumes à l’intérieur du bâtiment. Mono-
volume composé de 4 volumes distincts qui vont
s’assembler et accueillir des salles d’exposition.
Incarnation de l’idée de l’îlot ouvert (fragmentation sur le
plan mais unité apparente). Objet unique composé de
fragments assemblés.

Cité de la Musique, La Vilette, Paris (1984-1995)

2 bâtiments de part et d’autre de l’entrée de la Vilette.


1. Publications et ouvrage

- Se souvenir des archétypes

Idée du souvenir. À la manière de Krier, il va regarder vers le passé, vers des formes symboliques qui incarnent
des idées d’architecture intemporelles. Il va s’en souvenir et les réinterpréter (contrairement à Krier qui les
reproduit et les répète). Portzamparc conduit à l’idée de réinterprétation.

Il s’affranchit de la tabula rasa (introduite par le Plan Voisin de Le Corbusier) mais essaye de créer des synergies
possibles entre les éléments d’articulation et de composition entre l’urbanisme de l’âge 1 (la ville se compose
d’îlots fermés) et l’urbanisme en ordre ouvert (les croix du plan Voisin).

Il va essayer de créer une synthèse des acquis de l’urbanisme moderne et prémoderne. Il va tenter de sortir de
cette abstraction entre des formes modernes et des formes + anciennes.
Il se positionne comme un personnage intermédiaire et se réfère à des archétypes qui vont traverser l’histoire
de l’urbanisme.

- Archétypes architecturaux

Un archétype est un élément d’architecture que l’on peut retrouver décliné sous différentes formes mais qui a
des composantes essentielles récurrentes. Production architecturale et urbanistique florissante de Portzamparc
dans les années 70.

2. Principes de CP

- Le repère

Château d’eau (1972) – Marne-la-Vallée. Forme familière car elle rappelle la tour de Babel, archétype de
construction verticale. Dans le cadre de la constitution d’une ville nouvelle, décidée à la fin des années 60 par
l’Etat français pour accueillir une partie de la population parisienne. Infrastructure plutôt technique à laquelle il
adjoint une forme symbolique dans l’idée de se référer à la tour de Babel. Caractéristique monumentale et
symbolique car situé dans l’axe d’une voie routière. Ce bâtiment constitue un repère dans un paysage naturel,
idée qu’il est nécessaire d’avoir des points de repère dans la ville. Ces lieux symboliques constituent des repères
dans le grand paysage et transmettent une idée d’ordre. Éléments de rotonde au centre d’axes visuels routiers.
Idée de donner une forme symbolique à cet élément en l’enrobant d’un treillis métallique qui lui donne de
l’épaisseur, comme une peau épaisse qui camouffle le volume intérieur.
- La clairière / Le vide central

Opération de logement La Roquette à Paris (1975) Reconstruction


d’un îlot à l’endroit d’une ancienne prison. Grande pelouse ouverte
autour de laquelle une série de bâtiments se positionnent.
Réinterprétation du jardin du palais royal à Paris qui est un grand
espace vide qui contraste avec le tissu urbain de la ville qui l’entoure.

Au 18ème siècle, les espaces verts étaient des espaces privatifs, des
lieux de jouissance et des lieux de purification de l’air. Ambivalence
entre une forme unitaire de la façade, et une grande diversité de
bâtiments disposés les uns à côté des autres. Au 20ème siècle,
Portzamparc en retient uniquement les qualités architecturales du
vide qui viennent contraster avec les éléments de pleins des
bâtiments alentours.

Son point de départ est l’espace ouvert, autour


duquel viennent se mettre des logements
orientés vers la cour intérieure.

Il y a une façade continue, une enveloppe qui


cache différents volumes, rattachés par cette
façade qui vient les unifier. Différents bâtiments
s’articulent autour d’un jardin central qui
possède une façade continue. Le jardin public
comprend un repère, un petit kiosque.

Ce projet introduit une ambiguïté entre le statut des espaces (la clairière publique, avec des bâtiments de
logements privés, et un passage entre les deux qui est l’intermédiaire du privé et du public).

La façade n’est pas tout à fait continue, il y a des ouvertures, des retraits, etc. L’espace à l’intérieur est semi-
public car accessible mais l’effet de franchissement et de seuil est important. On n’est pas dans une réflexion
théorique mais dans une production architecturale.

° Les Hautes Malesherbes, Paris (1994)

Immeubles villas autour d’un grand jardin central. Référence au


palais royal. Presque tous les projets de Portzamparc sont en
ville. Clairière centrale autour de laquelle des bâtiments se
positionnent avec leurs ouvertures. Ambiguïté avec l’idée d’un
projet continu et la fragmentation des volumes.
- La rue étroite, la place
Les Hautes Formes, Paris (210 logements) (1975-1979) Idée de la ville par la construction de différents volumes.
Le contexte du projet est incarné par le reste d’un îlot existant. Parcelle traversante, projet qui réintroduit l’idée
de la rue. À la base, cette rue était publique, aujourd’hui cette rue et cette place sont privatisées. Fragmentation
car présence de plusieurs typologies de bâtiments. Travail en différents volumes, fragmentation du programme
à la manière d’un sculpteur. Création d’un rapport avec le contexte, recherche effectuée par rapport à la qualité
d’ensoleillement des volumes (acquis de l’urbanisme moderne). Enduit d’un crépi blanc, référence à la ville
haussmannienne. Construire à partir de la rue et de la place permet d’avoir une typologie de bâtiments très
diversifiés. Il n’est pas question d’avoir une morphologie qui se répète mais plutôt une richesse de la qualité des
logements.

- La grille « hippodaméenne » / L’archipel

° Atlanpole - Nantes (1988)

Hippodamos de Milet était un architecte grec, fondateur de la grille


hippodaméenne.

Projet qui pourrait s’apparenter à un projet de Koolhaas car idée de


l’archipel vert (fragments isolés par un espace vert, et reliés entre eux
par des infrastructures de transports).

Ces ensembles sont homogènes, avec une grande diversité à l’échelle des
îlots (composés comme des îlots ouverts).

Les îlots sont très diversifiés dans leur composition intérieure


(compositions presque artistiques), qui conduit à l’idée de l’îlot ouvert.
Cette grille est structurante.

Chez Koolhaas, la grille est continue, contrairement à Portzamparc


qui utilise une grille discontinue, limitée aux fragments. Ambiguïté
entre fragmentation et unité
- L’ilot ouvert

Idée très importante qu’il développe en 1993 dans l’ouvrage La ville âge III, lors d’une conférence. Manière
intermédiaire de composer qui constitue une synthèse.

Le modèle d’hypothèse de la Ville Age III est le suivant : modèle morphologique de formes urbaines qu’il
développe comme une synthèse de l’îlot fermé.

Propose un modèle de l’îlot ouvert qui permet de faire la synthèse entre le


modèle de l’îlot fermé et de l’îlot ouvert. Ce propos tient compte des acquis et
propose une adaptation, répondant à la critique de l’urbanisme moderne
(répétitif et monofonctionnel). Modèle qui répond à tout ça et qui se décline à
l’échelle de l’îlot.

Ce modèle intègre des éléments du bâti existant, pouvant évoluer dans le temps.
Il comprend les acquis de l’urbanisme fermé et de l’urbanisme moderne (apport
de la lumière). Tension avec des hauteurs, des ouvertures. Qualité
d’ensoleillement au bâtiment et à la rue également. L’ombre portée ne recouvre
que partiellement la rue. On l’éclaire à travers les ouvertures.

L’îlot ouvert reprend de la ville classique le thème de la rue ; il poursuit de l’architecture moderne le thème du
bâtiment autonome.

La rue n’est pas seulement instrument de circulation, elle redevient sensible comme espace architectural.
Ouvrir l’îlot sans perdre en densité c’est accepter de construire plus haut

Il faut garder à l’esprit l’urbanisme et l’architecture de la ville comme un fait plastique aussi…. Nous voulons
introduire ici dans les intérieurs de ces quartiers un jeu de liberté encadrée.

Collage City, Rowe et Koetter


(1978)

Ouvrage théorique qui dit


comment sortir de la
dialectique entre l’urbanisme
ouvert et l’urbanisme fermé.
La formule de la ville Age III est
une réponse à cette
dialectique.

Chez Krier, on retrouve


également cette idée de
travailler avec des immeubles
villas (projet pour la ville de
Berlin). Les gabarits y sont
homogènes, autour d’une
cour.
Opération Rive-gauche, Paris (1994)

Premier projet d’urbanisme (coordinateur) à grande échelle sur lequel a travaillé


Portzamparc, première concrétisation construite de cette idée d’urbanisme par îlots
ouverts.

Urbanisme sur un ancien foncier ferroviaire, lieux de stockage et d’activités


industrielles.

Sorte de paysage urbain très varié qui propose une organisation de rues et de règles
pour l’îlot ouvert (pouvoir construire à l’alignement mais avec des ouvertures vers
l’intérieur, déclinaisons et richesses de cette typologie).

Quartier très diversifié, on a presque l’impression


d’être devant un paysage artificiel. La qualité
chaotique y est recherchée.

Les bâtiments se démarquent les uns des autres. La


façade urbaine est fragmentée (hauteurs
différentes qui apportent un éclairement varié).

Série de règles qui sont édictées par ce paysage


urbain : dynamiques de hauteurs, gabarits,
ouvertures entre les bâtiments vers des intérieurs
d’îlots non publics (toujours privatifs), volumes
sculptés, alignement des volumes, etc.

- L’îlot ouvert : déclinaisons

Le modèle permet différentes déclinaisons.

° Opération Mixte, Metz (1990)

Projet de densification sur une vaste esplanade. Endroit où l’urbanisme de l’âge I (îlots) a été perturbé par des
interventions de l’âge moderne (immeubles à géométrie orthogonale).

Portzamparc densifie cet espace et diversifie cette intervention en travaillant par strates programmatiques
(comme Koolhaas).

Îlots ouverts et grande variété typologique (grande variété d’expression architecturale). Recherche des échelles
de rues et de grande ville (bâtiments de types tours et bâtiments plus bas). Constitution d’un paysage urbain
artificiel.
X. Synthèse des trois architectes étudiés

Monographies de 3 architectes ayant des postures très différentes (caractéristique de la période post-
Modernisme). Les grandes tendances sont incarnées par ces 3 personnages. La crise de la Modernité amène
à un éclatement des manières de considérer le rapport à la ville, au territoire, etc. Il y a bien évidemment
d’autres modes de pensée que celles énoncées lors de ce cours.

Koolhaas

1. Ville-archipel (1977)

Le modèle de la ville-archipel est le modèle dominant sa conception urbanistique et architecturale, basée sur
l’hétérogénéité et la discontinuité.

Points clé

− Archipel d’îles, fragments urbains.


− Chaque fragment a une forme urbaine spécifique.
− Chaque fragment est fonctionnellement complémentaire aux autres.
− La ville est conçue comme union de fragments.
− L’archipel vert, dans lequel se situent les îles urbaines, peut recevoir de grands équipements (sportifs,
de loisirs, commerciaux, etc.).
− Les fragments sont connectés entre eux par des infrastructures de transport.
− Les fragments sont dimensionnés en fonction de leur cohérence morphologique propre.
− Il s’agit d’un modèle d’analyse et d’un modèle de projet ; quand un architecte agit dans la ville
contemporaine, il proposera un nouveau fragment basé sur la lecture des fragments déjà existants.
− Modèle basé sur la valorisation de l’hybridité des formes urbaines, l’hybridité morphologique.

2. Grille manhattanienne

Grille importée des USA dans la pensée de globalisation.

3. Diversité des formes urbaines

Se retrouve dans les bandes programmatiques.

4. Bigness

Point d’attention, idée d’avoir de grands équipements. La ville contemporaine s’exprime à travers un urbanisme
de grands objets qui vont dépasser la question de la fonctionnalité. La forme à grande échelle est assumée.

5. Rapport aux réseaux

Urbanisme qui exacerbe et met en scène les réseaux. Entrelacement entre les réseaux et le bâti. L’urbanisme
intègre pleinement les réseaux et en fait un outil.

6. La tour

La tour comme condensateur d’urbanité. Le bâtiment haut est une urbanité qui se verticalise. La tour est
mixte et incarne l’idée de diversité.
Léon Krier

1. Ville polycentrique par additions de quartiers (1977)

La ville est conçue comme une fédération de quartiers, le modèle spatial est basé sur cette idée de quartiers
et non de fragments, avec l’espace public qui vient relier les quartiers les uns avec les autres. Idée de
complémentarité entre les quartiers.
Homogénéité des quartiers, basé sur un tissu dense d’espace public, de rues, etc.

Points clé

− Ville est conçue comme une fédération de quartiers.


− Chaque quartier possède son autonomie fonctionnelle.
− Les grands équipements sont situés dans les espaces entre les quartiers, dans les espaces publics
(places et boulevards) qui fabriquent des articulations entre les quartiers.
− Les quartiers se caractérisent par la reproduction d’une forme urbaine identique, basée sur le
mimétisme et l’insertion dans un contexte culturel spécifique.
− Les quartiers ont une superficie maximale de 33 hectares et sont traversables en 10 minutes à pied.
− La limite avec la campagne est franche.
− Il s’agit d’un modèle d’analyse et d’un modèle de projet ; quand un architecte agit dans la ville
contemporaine, il proposera un nouveau quartier basé sur la lecture des quartiers déjà existants.
− Modèle basé sur la valorisation de l’homogénéité de formes urbaines, l’homogénéité
morphologique.

2. Grille viennoise

La grille vient de la ville prémoderne. Il s’inspire d’un plan d’extension de Vienne (1911), il cherche une
référence dans le passé en l’exprimant de manière + historiciste et culturelle sans vraiment la réinterpréter.

3. Formes urbaines

Homogénéité et contextualisation recherchées.

4. Architecture, choix ou fatalité

Idée de refuser la grosse forme pour travailler sur un bâti d’équipement disséminé dans des espaces publics.

5. Avec les réseaux

Urbanisme qui fait disparaître les réseaux dans des méga formes. Continuité des espaces piétons valorisés.

6. La tour

La tour et les bâtiments élevés sont à chaque fois des bâtiments publics. Les tours sont refusées pour des
bâtiments de 4 ou 5 niveaux qui vont dépasser les autres bâtiments. Incarne un refus de l’homogénéité dans
le tissu urbain. Refus de cet urbanisme moderne qui s’abstrait de l’échelle humaine (distribution verticale,
ascenseurs, etc.)
Christian de Portzamparc

1. Les îles bâties (1988)

Points clé
− Archipel d’îles, fragments urbains.
− Chaque île est composée d’un ensemble d’îlots ouverts, qui s’inscrivent dans une grille
hippodaméenne, commune à l’ensemble des îles.
− Chaque île possède une limite franche avec la nature.
− Chaque île est fonctionnellement complémentaire aux autres.
− La ville est conçue comme union des îles, un archipel vert.
− L’archipel vert, dans lequel se situent les îles urbaines, peut recevoir de grands équipements (sportifs,
de loisirs, commerciaux, etc.). Ils sont implantés comme des repères dans le grand espace.
− Les fragments sont connectés entre eux par des infrastructures de transport.
− Les fragments sont dimensionnés en fonction de leur cohérence morphologique propre.
− Il s’agit d’un modèle d’analyse et d’un modèle de projet. Quand un architecte agit dans la ville
contemporaine, il proposera un nouveau fragment basé sur la reproduction du système d’île
composée d’îlots ouverts.
− Modèle basé sur la valorisation du modèle d’îlot ouvert, ville Age III.

2. Grille hippodaméenne

Esprit du souvenir, grille réinterprétée et réinventée dans le projet d’Atlanpole. La grille est héritée d’un
contexte passé.

3. Diversité des formes urbaines

Se retrouve à l’échelle des îlots.

4. Unité dans la fragmentation

Recherche de fragmentation, ambiguïté entre cette fragmentation et la grande forme.

5. Rapport aux réseaux

Urbanisme qui se protège et dialogue avec les réseaux. Situation de contraste, où les infrastructures sont
dans les espaces verts. Le bâti dispose de sa propre logique, en opposition aux infrastructures et aux espaces
verts.

6. La tour

La tour comme condensateur d’urbanité et point repère. Idée d’avoir un repère qui se positionne dans un
paysage urbain.

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