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Une table des matières est 301nte à 'chacun des volumes du- Comp
_°Rendu des travaux de l’Association França15e en 1893. .
- Une table analytique générale par- sordre. alpl1abet1que “termine la
“ Qwe partie ; dans cette table, les nombres-g "»ces aprus la lettrep
se rapportent aux pages de la 1r° partie ap1es ldäster15queæ*_
se rapportent aûx pagé%d'ew.laÿîn‘° pat
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ASSOCIATION
ÏFBANCAISE
POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES
FUSIONNÉE AVEC ;
“ CONFÉRENCES DE PARIS
; PARIS
AU SEGBETARIAT DE LASSOGIATION
28 rue Serpente (Hôtel des Sociétés savantes)
ET curz M. G. MASSON, LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
120 boulevard Samt—Germam
1893
CONFÉRENCES,
Qe
—
M. le D'Paul RICHER
Chef du Laboratoire de la Salpétrière, À Paris.
— 25 février 1893 —
MEsDAMES, MESSIEURS,
Le sujet que je me propose d’aborder ce soir avec vous soulève une quéstion
d’ordre plus général, celle des rapports de l’art et de la science.
Il est des personnes que ce simple rapprochement effraye, et qui protestent
P. RICHER. — LES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN 35
Je n’ai, ce soir, ni la pré ten tio n ni le lois ir de tra ite r à fon d une tell e que s ‘
tion qui tou che au vif les int érê ts de l’ar t et exi ger ait de lon gs dév elo ppe men ts.
Laissez-moi seu lem ent vou s pré sen ter que lqu es obs erv ati ons qui vou s mon tre -
ront bien les lie ns étr oit s et pui ssa nts qui uni sse nt l’ar t et la sci enc e, et son t
x une cau se de pro grè s. ‘
pour les deu
Et, d’abord, je veu x vou s fai re voi r qu’ il n’y à pas opp osi tio n ent re les qua -
lités intellectuelles du savant et celles de l’artiste, et que ces deux hommes, -
en app are nce si dif fér ent s, ne son t pas si élo ign és l’u n de l’a utr e que cer tai nes
idées courantes pourraient le faire supposer.
Si vou s ana lys ez, en effe t, les fac ult és du sav ant (je par le de cel ui qui mér ite
véritablement ce titre), vous serez peut-être surpris d’y découvrir les affinités
les plus étroites avec les dons, avec les aptitudes artistiques.
Chez le sav ant , l’é tud e pat ien te et rég uli ère des fait s n’e xcl ut poi nt l’u sag e
des facultés créatrices de l’esprit. Bien au contraire, cette étude ne saurait
conduire à rien san s une cer tai ne dos e d’i ntu iti on et, pou r ain si dir e, de div i-
-nation qui, dans un fait des plus vulgaires, fait entrevoir de merveilleuses
con séq uen ces . Gal ilé e rem arq ue, un jou r, dan s l’é gli se de Pis e, les oscillations
isochr one s d’u ne lam pe sus pen due à la voû te, et il déc ouv re les lois du pendule.
C’est en voyant une pomme tomber d’un arbre que Newton-conçoit la première
idée de la gravitation universelle et du système du monde. Et cependant,
56 CONFÉBENCES
Avant ces grands hommes, que de gens avaient vu- les fruits tomber des
branches et les lampes.se balancer aux voûtes des églises! Qu’avait-il donc
manqué pour transformer ces faits vulgaires en ‘grandes découvertes ? Il avait
manqué chez les observateurs cette faculté créatrice qui est le propre du génie,
quel que soit le domaine où se manifeste son activité. ‘
“ Mais laissons de côté, si vous le voulez, ces manifestations éclatantes du
génie qui, dans la marche vers le progrès, ne se produisent qu’à de rares
intervalles, et que pensez-vous que deviendraient, dans l’humble labeur de
chaque jour, l'observation et l’expérimentation, — qui sont les deux grands pro-
. cédés scientifiques, — sans l’imagination qui, créant de nouvelles formes, inven-
tant de nouvelles circonstances, variant le déterminisme en un mot, les féconde
et les vivifie? « La science, dit Leibniz, veut un cerlain art de deviner sans
lequel on n’'avance guère. » '
Et, parmi les autres procédés en usage dans la science, que dirons-nous de
l’analogie, qui est pour les sciences naturelles un des meilleurs instruments de
progrès, si ce n’est qu’elle peut être souvent regardée, suivant l’expression de
M. G. Séailles, comme « l’audace heureuse de l’imagination poétique »? Enfin,
cetle sorte de divination des causes qui est l’hypothèse, — ce merveilleux. outil
de progrès scientifique, — n’exige-t-elle pas également ces facultés d’invention
et de création qui semblent l’apanage exclusif des adeptes de l’art ?
Æt si vous voulez bien procéder vous-mêmes à une petite enquête, cherchez
dans le cercle de vos relations les vrais, les grands savants, et dites-moi s’ils
ne vous ont pas-étonné souvent par des qualités artistiques vraiment remar-
‘quables. ‘ "
Si, d’autre part, nous analysions les qualités qui font le véritable artiste,
nous y trouverions de nombreux points de contact avec cèlles qui font le savant.
Tous deux également épris des œuvres de la nature, admirateurs passionnés
des spectacles qu’elle déroule incessamment sous leurs yeux, ce dernier ne peut-il
envier cette aptitude à l’observation, cette justesse du coup d’œil, cette faculté
de discernement, cette juste notion des rapports, ce pouvoir de reconstitution
et de synthèse qui- font des artistes les plus habiles et les meilleurs observateurs?
Et d’ailleurs l’expérience ne vient-elle pas justifier cette manière de voir? H
suffit d’ouvrir l’histoire et d’y lire les noms d’Albert Dürer, de Michel-Ange et
surtout de Léonard de Vinci, pour montrer que de grands artistes ont pu être
à la fois de grands savants.
Mais j'ajoute qu’il n’y à pas plus incompatibilité entre l’art et la science qu’il
y à opposition entre l'esprit scientifique et l’esprit artistique, ou autrement dit
que les connaissances que peut acquérir un artiste ne sauraient nuire à l’excel-
lence de ses productions. Les grands noms que je viens ‘de nommer en sont,à
vrai dire, la meilleure preuve. C’est la preuve par le fait, et je pourrais m’en
contenter. Mais je ne veux point m’en tenir là. [
Ne nous laissons pas effrayer par les mots. Qu’est-ce que la science? « Après
tout, dit Jean Collier, science signifie simplement savoir; dire que quelqu’un a
üne connaissance scientifique d’un sujet, signifie qu'il le connaît parfaitemenL.
Et il est difficile d’admettre aujourd’hui qu’un homme s’adonnant à un travail
quelconque le réussisse d’autant moins qu’il a plus’ de matériaux à sa dis-"
position. » U ‘ ' ;
‘Et c’est pourquoi, ainsi qué je vous le disais tout à l’heure, non seulement
la science n’èst pas une entrave pour l'art, mais, au contraire, devient pour lui
le meilleur guide et le plus sûr soutien. ‘
P. RICHER, — DES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN - 57
« Il faut, à dit un grand peintre contemporain, trouver le secret du beau
par le vrai. » Mot pvofond, qui résume toute la théorie de l’art. C’est-à-dire.
que l’étude du' vrai ou la science est le grand moyen pour Part. d’atteindre
sà fin qui est l’expression du beau.
L’histoire est là pour nous montrer que cet amour de la vérité, ce culte de
la naturese retrouvent à toutes les grandes époques de l’art et ont toujours été
une des conditions de sa pleine floraison. C’est ainsi que l’antiquité grecque,
qui a laissé dans l’art une trace si glorieuse, attachait le plus grand prix à
l’imitation exaëte du modèle. L’histoire des raisins de Zeuxis, celle du cheval
d’Apelle que voùs connaissez tous en sont des preuves. Permettez-moi de vous
en citer un. autre exemple moins connu. Je l’emprunte au 11vre d’Éméric
David sur, la statuaire grecque. -
- Le sculpteur Myron, un, des émules de Ph1d1as, avait fait une vache. -Elle
élait si vraie que les troupeaux, disait-on, s’y trompaient. Anacréon dit de-cette
figure : « Berger, mène paître tes vaches plus loin, de crainte que tu n’em-
mènes avec elles celle de Myron. — Non, Myron ne l’a pas modelée; le temps
l’avait changée en métal, et il a fait croire qu’elle était son ouvrage. — Si ses
mamelles ne contiennent point de lait, cest la faute de l’airain ; 0 Myron, ce
n’est pas ta faute ! »
Nous pourrions multiplier les atat10ns analogues : « Pour réunir enfin, dit
Éméric David, dans une même allégorie le précepte-le plus important de l’art
et son plus bel éloge, on inventa la fable de Pygmalion. » ; ç
Plus tard, au seuil de la Renaissance, Cennino Cennini écrit: « La véritable
entrée de l’art est la porte triomphale de la naturé. » Et est-il nécessaire de
rappeler ici que les deux grandes causes de cette résurrection de l’art, de ce ‘
magnifique mouvement que l’on désigne sous le nom symbolique de « renais-
- sance », orit été le retour aux traditions de l'antiquité, et-surtout le culte fer-
_ vent de la nature naguère proscrite, alors réhabilitée jusque dans l’épanouisse-
ment de la forme humaine si-longtemps oubliée et méconnue, enfin ressuscitée
glorieuse, pleine de vie et‘pleine d’attraits? ;
Or, qu'est-ce qué l’étude de la nature? N’est-ce pas l’unique souci, l’unique
préoceupation, l’unique but de la science? Et cette représentation du vrai. qui
s’impose à l’artiste, par quels moyens peut-ily arriver? Il est de toute évidence
que l’artiste parviendra d’autant plus sdrement à ce résultat tant souhaité, qu’il
saura mettre à contribution l’expérience des observateurs qui l’auront précédé
et qu’il utilisera, à son profit, cette sosmme.de connaissances antérieurement
acquises et méthodiquement coordonnées qui s’appelle la science.
“Mais, Dieu me garde d’exagérer ici le rôle de la science. Ailleurs est Je
domaine où elle règne en -maîtresse, ici sa place est de second plan; elle est
l’humble servante, et si elle prête à l'art ses plus fermes supports, jamais elle ne .
doit l’absorber, ni se substituer à lui. L’art est souverain.
Léonard de Vinci a bien défini les rapports de l’art avec la science dans une
page que je vous citerai : « D’une manière générale, dit-il, la science a pour
office de distinguer ce qui est impossible de ce qui est possible. L’imagination,
livrée à elle-même, s’abandonnerait à des rêves irréalisables. La science Ia con-
tient en nous enseignant ce qui ne peut pas être. [1 ne-suil pas de là que la
science renferme le principe de l’art, mais qu’on doit étudier la science ou avant
l’art ou en même temps, pour apprendre dans quelles limites il est contraint de
se renfermer. » ;
- C’est ainsi, —. pour prendre un exemple qui nous.ramène au sujet de cette
38 CONFÉRENCES
conférence, — que dans la représentation du corps humain, il est des lois que
“ J’artiste ne saurait enfreindre, des limites que sa fantaisie ne saurait dépasser.
L’anatomie, dans ces circonstances, est la science qui vient à son aide et lui
prête un concours nécessaire pour la réalisation de ses plus belles comme de
ses plus hardies conceptions.
Il
Je n’aï pas à entreprendre ici une démonstration en règle pour prouver l’uti-
lité des études anatomiques dans les arts. La question, d’ailleurs, est aujour-
d’hui résolue. Les grands exemples donnés par Michel-Ange, Léonard de Vinci,
bien d’autres artistes — et non des muindres — qui firent de l’anatomie une
étude approfondie, ont porté leurs fruits. Néanmoins, il y 'a encore, de la part
de ceriains esprits, des réserves, des appréhensions qui, à notre av13, ne sau-
raient reposer que sur un malentendu. ;
Ces craintes ont été très nettement formulées par Diderot dans.son Essai sur
"la peinture : « L’étude de l’écorché, dit-il, a sans doute ses avantages, mais
n’est-il pas à craindre que cet écorché ne reste perpétuellement dans l'imagi-
nation ; que l’artiste n’en devienne entêté de se montrer savant… et que je ne
vetrouve ce maudit écorché même dans ses figures de femme ?... »
Ch. Blanc raconte qu’un jour, Ingres, entrant dans son atelier, aperçut
quelques-uns de ses élèves qui dessinaient à l’écart, d’après une réduction en
plâtre de l’écorché de Houdon, et que, s'avançant aussitôt vers eux, il brisa la
figure de plâtre. Ce grand maître entendait-il par là proscrire d’une façon
absolue les études anatomiques? — Non, bien certainement. — Comme Diderot,
il en craignait les abus et voulait simplement en régler la méthode. Il enten-
dait subordonner les études anatomiques à celles de la forme extérieure.
D'’ailleurs, il dit très expressément, dans ses Notes et Pensées, qu’il est néces-
saire de bien connaître le squelette et aussi de se rendre compte de l’ordre
et de la disposition relative des muscles. Mais il ajoute: « Trop de science nuit
à la sincérité du dessin et peut détourner de l’expression caractéristique pour
conduire à une image banale de la forme. » Cette dernière phrase vous montre
bien le rôle que cel artiste assignait à l'anatomie. Pour lui, ce n’était qu’un
moyen d’arriver à une connaissance plus complète et plus précise de son mo-
dèle, c’est-à-dire du nu vivant et agissant.
En effet, il y a loin, plus loin qu’on ne pense généralement, entre l’anatomie
et la morphologie, entre l’étude des parties constitüantes du corps humain et
sa conformation extérieure. Et le jeune artiste se tromperait étrangement qui
croirait, parce qu’il sait par cœur son écorché, connaître à fond la forme
humaine. Je vais peut-être vous surprendre. Et vous devez penser que celui
qui a beaucoup disséqué, qui connaît jusque dans ses plus petits détails la
structure du corps, possède, en outre, tout naturellement et comme par sur-
croit, l’entière connaissance de la forme extérieure.
Eh bien, non ; entre l’anatomie et le nu, il y à toute la distance du cadavre
au vivant. Le médecin, l'anatomiste lui-même le plus exercé, a de singulières
surprises si, sons autre préparation que ses connaissances puisées sur le mort,
il est mis en présence de la nature qui vit.
“ C'est que l’anatomie, ainsi que son nom même l’indique, n’arrive à ses fins
qu’à la condition de couper, de séparer les organes, d’en détruire les rapports ;
P. RICHER. — LES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN 39
et ce cadavre qui est sa matière, sur lequel elle concentre ses efforts — avant
de devenir ce quelque chose -qui n’a plus de nom dans aucune langue — com-
mence, dès les premiers moments, à. perdre l’accent individuel de la forme
que seules peuvent donner la souplesse et la fermeté des tissus où circule
. la vie. '
En un mot, l’étude de la forme est la synthèse vivante de lanatom1e du
mort. Elle dépend bien plus de la physiologie que de l’anatomie. Elle repose,
cela va-sans dire, sur la science .anatomique préalablement puisée dans l’étude
du cadavre, mais elle en est jusqu’à un certain point indépendante. Une simple
remarque vous fera bien comprendre la distinction que j'essaye d’établir ici.
Nous sommes tous composés des mêmes parties. Nous avons les mêmes
organes, les mémes tissus, les mêmes os, les mêmes muscles, etc. L’anatomie
est la même poûr nous tous. Combien, au contraire, la forme diffère avec cha-
cun de nous! Et je ne parle pas seulement du visage, mais du corps tout
entier. Le corps, lui aussi, a sa forme et son expression caracténst1ques. Vous
reconnaissez facilement une personne vue de dos, quels que soient ses vête-
ments, et je pourrais dire malgré ses vêtements. L’anatomie est donc une géné-
ralisation, elle s’adresse à l’espèce ; la forme est particulière, elle s’adresse à
l'individu. .. ;
Et voilà 'pourquoi D1derot redoute que ce maudit écorché, toujours pareil à
lui-même, ne se retrouve dans toutes les figures de l’artiste. Voilà pourquoi
Ingres. dit que trop de science anatomique détourne de l’expression caractéris-
tique, individuelle, pour conduire à une image banale de la forme,— pourquoi
il brisait les statues d’écorchés qui ne sont, à tout prendre, que des généra11—
sations, des abstractions scientifiques.
‘L’anatomie n’est pas un but- pour l’artiste, qui n’a point à faire des écorclnés,
mais des hommes vivants. Elle n’est pour lui qu’un moyen d’arriver plus
sûrement et plus rapidement à la connaissance du nu, à la notion exacte et
éclairée de la forme individuelle. C’est conformément à ces principes que, dans
un ouvrage récent sur l’anatomie artistique, j'ai tenu à consacrer une place
très importante à la description et à la figuration de la forme extérieure, du nu
aürepos et dans les différents mouvements (1).
Si je ne craignais d’abuser de votre attention, j'aurais encore bien des choses
-à vous dire sur cefte distinction que je signale ici entre l’anatomie et la forme
extérieure. Je vous montrerais comment les artistes de l’antiquité, qui ne con-
naissaient point l’anatomie, nous ont prouvé par leurs ouvrages toujours admirés
quelle science approfondie ils avaient de la conformation extérieure du corps
humain. Et, de là, je pourrais conclure que l’étude de l’anatomie n’est aujour-
d’hui si néceésaire, si indispensable aux artistes, que parce qu’ils sont privés des
ressources’ que leurs ancêtres de la Grèce, plus heureux, puisaient dans l’ob-
servation permanente du nu au milieu de l’activité des gymnases, et parfois
aussi jusque dans les mille actions incessamment variées de la vie de chaque
J0ur. Mais j’ai hâte de mettre un terme à ces trop longs préambules, et d’arri-
ver À ce qui doit faire plus particulièrement l’objet de. notre étude de ce soir,
et qui est un important chapitre de cette science du nu indépendante de l’ana-
tomie : je veux parler de l’étude des proportions du corps humain.
(1) Anatomie artistique. Descriplion des formes extérieures du corps humain au repos et dans les .
principaux mouvements. — Un vol. in-4°, avec 140 planches ; Paris, Plon, éditeur, 4890. j
60 s, . CONFÉRENCES
.
tants de Samos la slatuc d’Apollon Py-
thien. La moitié de cette statue fut,
disent-ils, faite par ‘Téiéclès,
à Samos
et l’autre moitié fut achevée à Éphèse
par Théodore, et ces deux parties s’a-
.> daptèrent si bien ensemble que la statue
L- entière semblait l'œuvre d’un seul ar-
‘ajoule Diodore,
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détails.
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l’œuvre. » * '
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pelle ainsi le procédé dont les artistes se servent souvent pour répéter en pelit
une grande figure ou pdur répéter en grand un petit. modèle. — Pour d’autres,
. que ce
au contraire,‘il semble soient bieñ là les subdivisions d’un canon.
Seulement, : voilà le point embarrassant : le nombre de ces-subdivisions est
variable. On en. compte sur certaines figures quinze et seize, puis dix-neuf,
62 e * “ CONFÉRENCES
vingt-deux un quart et jusqu’à vingt-trois. IJ y aurait donc eu un grand
nombre de canons. Aussi nos auteurs admettent-ils les uns déux canons égyp-
tiens, les' autres jusqu’à- trois.… Quant à l’unité de mesure qui aurait été
adoptée dans ces canons, les auteurs: sont loin d’être d’accord. Wilkinson et
Lepsius la cherchent dans la longueur du pied, Prisse et Ch. Blanc dans celle
du médius.
‘Ce qui est vrai, c’est que les figures égypt1»nnes se rattachent à deux types'
qui, sans avoir été exclusivement employés, ont prédominé aux diverses
époques. Dans les'premiers temps, le type préféré est trapu et vigoureux. Plus
turd, on recherche l’élégance, et les figures s’allongent et s'amincissent.
Mais, dans l’état actuel de la science, il est difficile d’aller plus loin et d’in-
d1quer avec quelque précision quelles sont les règles canon1ques qui régissent
ces deux conceptions différentes de la figure humaine.
Les indications que nous possédons sur les canons'employés par les Grecs ne
sont pas beaucoup plus précises. Là aussi il y eut plusieurs canons en faveur.
Le plus célèbre est celui de Polyclète, contemporain de Phidios, et qui vivait
au ve siècle avant Jésus-Christ. Ch. Blanc veut le rattacher au ‘canon égyptien
qu'il croit avoir découvert et s’appuie bour cela sur un texte de Pline dans
lequel le doigt semble cité comme étant la mesure employée par’ Polyclète: Mais
rien n’est moins certain.
Ce que nous savons, c’est que ce canon jouissait d’une réputation univer-.
selle. Polyciète y avait consacré une statue et un écrit qui en était le commen-
taire. Malheureusement, l’écrit n’est pas arrivé jusqu’à nous..Mais nous pouvons
admirer la statue connue sous le nom de Doryphore (porteur de lance). Voici
une photographie de cette statue aujourd’hui au Musée de Naples’ (fig. 2). Elle
représente, comme vous le voyez, un jeune homme aux formes viriles et cor-
respondant à l’idée que se faisaient les Grees. de l'athlète accompli également
apte aux luttes du gymnase et au maniement des armes de güerre.
Les artistes de son temps ne pouvaient se lasser'd’admirer cette belle. figure.
Îls en étudiaient et en imitaient les proportwn5, la consulérant, selon le dire
de Pline, comme ‘une sorte de loi. .
C’est à propos d’elle que les contempora1ns ava1ent Coutume de dire que .
Polyclète avait mis l’art tout entier dans une œuvre d’art.… '
M. Guillaume pense que la. mesure choisie par Polyclète était le palme,
c'est-à-dire la largeur de la main à la racine des doigts.
Dans le type créé par cet artiste, la tête est contenue sept fois et demie dans.
la hauteur totale. ‘lous verrons que cette proportion répond à lä moyenne
scientifique. Sans être trapu, il représente un heureut équilibre entre les me-
sures de hauteur et les largeurs.
Un autre sculpteuür grec, Lysippe, qui prétendait avoir ‘appris son art rien
qu’en étudiant le Doryphore, n’en cr éa pas moins des figures conçues d’après
un principe différent et -pour ainsi dire opposé. Lysippe répétait souvent qu’il
voulait représenter l’homme, non tel qu’il est, mais tel qu’il devrait être. Et il
imagina qu’il devrait'êtré grand. Aussi lui donne-t-il les-proportions élancées qui
se remarquent dans ses ouvrages et dans heaucoup d’autres de son école ; telles
sont les figures bien connues sous le nom' de l’Apoæyomène, du Meéléagre, du
Gladiateur, du Germanicus, etc. ‘ .
La statue représentée ici (fig 3) est 1’Apoa:_jomone, du Musée du Vatican.
C'est un athlète qui passe sur son bras droit un petit instrument appelé stry-
gile et qui servait à recueillir l'huile dont les athlètes avaient coutume de
P. RICHER. — LES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN 63
s'oindre le corps. Vous saisissez de suite les -différences qui existent entre cette
figure et le Doryphore de tout à l’heure. Ici, l’homme est grand, mince, svelte ;
la tête est petite. “
Le système de mesure qui repose sur le palme ne s’adapte plus à cette statue.
Suivant M. Guillaume, le canon de Lysippe est celui'qui nous a été con-
servé par Vitruve, dont nous parlerons dans un instant ; celui que suivaient
les Byzantins et qui fut ensuite adopté par la plupart des artistes de la Renais-
64 CONFÉRENCES
sance. Dans ce canon, c’est la tête avec ses subdivisions qui sert de module.
On peut constater que l’Apoxyomène de Lysippe mesure huit têtes de hauteur.
taille et le pied la sixième. Je n’insiste pas sur les autres mesures. Enfin,
Vitruve signale le nombril comme étant le centre du corps et indique que
l’homme étendu les bras ouverts peut être inscrit dans un cercle.et dans un
-‘carré, Cette dernière proposition a besoin d’une interprétation fort heureuse-
- ment donnée dans la suite par Léonard de Vinci, comme nous le verrons tout
à l’heure. ' ‘ ;
Avec la Renaissance, trois grands noms d'artistes s’attachent à l'histoire des
-proportions el rayonnent au-dessus des autres comme un glorieux triumwvirat : .
-C’est un italien, Léonard-de Vinci ; un allemand, Albert Dürer, et un français,
Jean Cousin. D ; ‘
Léonard de Vinci est depuis longtemps placé au premier rang des artistes de
P. RICHÉR. — LES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN 65
la Henaissance. Son Traité de la peinture, universellement répandu, l’a fait
considérer en.même temps comme un pénseur et un chercheur fort épris des
choses de son art et curieux d’approfondir tout ce qui, de près ou de loin, pou-
vait s'y rattacher. Mais ses ‘noles manuscrites, publiées dans ces derniers
temps, par M.. Richter en Allemagne, et par M.. Ravaisson en France, ont
montré qu’il était quelque chose de plus. Elles ont achevé de faire connaître
- cette grande figure, qui nous apparaiît aujourd'hui entourée d’une double auréole.
Et Léonard, qui fut le plus grand artiste de son époque, doit en être regardé
aussi comme le plus grand'savant. Son effort n’a pas porté sur un seul point.
Il a touché en maître aux sujets les plus divers. Il fut à la fois physicien et
mort. Cet homme, toujours avide de vérité, toujours en quête du mieux, sans
cesse sollicité par l’attrait du phénomène présent, amassait sans se lasser notes
sur not es et les con sig nai t au jou r le jou r sur de peti ts cah ier s qu'il portait
tou jou rs ave c lui. I1 n’a pas cru le mom ent ven u — ou il n’a pas eu le temps-
rev oir ses note s, de les col lat ion ner , de les réu nir en aut ant de trai tés
— de
distin ets qu’ ell es tou che nt de suj ets dif fér ent s. Aus si n’es t-il poi nt sur pre nan t
de trouver, dan s ses obs erv ati ons sur les pro por tio ns, que lqu es inc ert itu des ,
voire mém e que lqu es con tra dic tio ns. Mais . ce qui fra ppe lor squ ’on par cou rt ces
feuillets, c’es t l’a bon dan ce des mat éri aux réu nis et l’es prit sci ent ifi que tout fait
de méthode et de clarté qui y règne.
Je mets ici, sou s vos yeu x, son des sin le plus rem arq uab le (fig . 4). Léo nar d
adopte d’une man ièr e gén éra le les don née s de Vit ruv e, le pri nci pe de l’' hom me
:mesurant huit têtes de hau teu r. Dan s ce des sin se tro uve l’e xpl ica tio n de la
P. RICHER. — LES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN - 67
théorie entrevue pär Vitruve et connue sous le nom de « rarré des anciens ».
Il montre que l’homme, s’il élève les bras en croix, peut être inscrit dans un
carré. S’il élève un peu plus les mains, à la hauteur d’ûne ligne horizontale
tangente au vertex,.il s’inscrit alors dans un cercle dont le centre est au nom-
bril, les extrémités des mains et les pieds touchant à la circonférence.
- Je vous dirai tout de suite que cette proportion de huit têtes, si souvent
adoptée par les artistes, ne se trouve dans la nature qu’exceptionnellement ;
elle n’existe que dans les grandes tailles, les tailles de 4m,80, et au delà.
L’égalité signalée ici entre la taille et l’envergure n'est pas plus exacte. Les
anthropologistes ont montré que si l’on représente la taille par 400, l’enverguré
est égale à 104, c’est-à-dire’la dépasse d’une quantité fort appréciable.
J'arrive maintenant aux travaux d’Albert Dürer, qui demeure une des
gloires artistiques les plus solides de l’Allemagne. Il s’est distingué, en outre,
comme géomètre et comme ingénieur.Il avait vraiment le génie des sciences
Je vou s mon tre ici les deu x ext rêm es, la figu re de sept tête s ct cell e de dix
têtes (fig. 5 et 6). —
Je ne m'’attarderai pas à vous décrire les procédés spéciaux qu’il indique
pour construire la figure bumaine, et je passe à l’exposé du canon de notre
grand artiste, Jean Cousin. ;
Suraommé le Mic hel -An ge fran çais , Jean Cou sin fut à la fois pein tre, scul p-
teur, architecte et graveur. Il a laissé plusieurs ouvrages fort remarquables
sur le dessin et la perspective.
Son livre sur les proportions n’a pas le volume de celui d’Aibert Dürer. Mais
il est d’une grande clarté et d’une grande simplicité, qui ont prolongé jusqu’à
nos jours la faveur dont il a toujours joui parmi les artistes. Il en a été fait un
nombre considérable d’éditions. ;
Comme Léonard de Vinci, Jean Cousin adopte la proportion de huit têtes. Je
n’insisterai pas ici sür la façon dont ces huit têtes se répartissent dans la '
hauteur de la figure, ainsi que le montre cette planche empruntée à son
ouvrage. Cette photographie a été faite, grâce à l’obligeance de M. Muntz,
bibliothécaire- dé l’École des Beaux-Arts, d’après l’édition originale de 1531,
aujourd’hui fort rare (fig. 7). ;
Cousin admet également l’égalité entre l’envergure et la taille.
Le livre de Jean Cousin est un progrès. Il laisse de côté les divisions en
quantièmes de la taille et les chiffres qui encombrent les figures d’Albert
Dürer. Il choisit la téte‘comme unité de mesure, et il donne sur cette base
une théorie complète de la figure humaine, — ce que n’avoit pas fait Léonard
de Vinci, — théorie remarquable par sa simplicité.
P. RICHER. — LES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN 69
Mais il y à une ombre ‘au tableau. I nous faut ajouter que cette clarté du
cano n de Jean Cous in est obte nue un peu aux dépe ns de la préc isio n ; il y
règne un certain vague, et si les figures, destinées à faciliter l’intelligence du
téxte, sont nombreuses et nettement démonstratives, elles ne concordent pas
toujours entre elles et jettent par là même un peu de .confusion là où elles
étaient destinées à faire la lumière.
Com me je l'ai déjà- dit, la prop orti on de huit tétes , adop tée par la majo rité
des artis tes, ne se renc ontr e qu’e xcep tion nell emen t dans la natu re. Auss i
Ch. Blanc, désireux de ramener le canon de Jean Cousin à des proportions plus
humaines, a-t-il eu l’idée de le modifier en le ramenant à sept tétes et demie,
ce qui est d’ailleurs la moyenne scientifique. Dans sa Grammaire des arts du
dessin, Ch. Blanc dônne ce nouveau canon comme étant en usage dans.les
écoles et les ateliers. Il semble donc qu’il n’ait fait que le recueillir. D’ailleurs,
il est incomplet et peu en rapport avec les données scientifiques dont je vous
parlerai dans un instant. Il'n’a donné lieu à aucune formule figurée et nous
n’en connaissons aucune image. 1 ;
Je vous signalerai encore un autre canon artistique portant même proportion
de sept têtes et demie, non pas parce qu’il est plus conforme à la nature, —
_ c’est tout le contraire, — mais parce qu’il a été.remis en honneur dans plu-
sieurs ouvrages récents destinés aux artistes, et qu’à notre avis il ne peut que
les égare r. Je veux parle r du cano n de J. Loma zzo, pein tre itali en, à qui l’on
doit un Trait é de la peiñt ure, en sept volu mes, et qui vivai t au xvi® siècl e.
L’image que j'en donn e ici (fig. 8) suffi t à vous mont rer ses inco rrec tion s.
. 1l n’est guèr e beso in d’avo ir l’œil exer cé pour cons tate r que les prop orti ons
relatives de la jamb e trop long ue et de la cuiss e trop court e dépa ssen t les
limit es des vari atio ns indi vidu elle s et ne peuv ent guèr e se renc ontr er qu’à titre
de difformité. . ; ;
Je pourrais encore vous citer bien d’autres canons artistiques, mais je vous
en fais grâce, et je préfère mettre de suite sous vos yeux une série de repro-
ductions de stalues ou tableaux qui vous montreront comment les artistes ont
reproduit, dans leurs œuvres, les proportions du corps humain. Nous y ver-
rons — comm e dans leurs ouvr ages — les varié tés les plus gran des et les con-
trast es les plus oppo sés. D’ail leurs , j’ai fait plus part icul ière ment un choi x
destiné à mettre en relief ces oppositions.….
IV
Vous venez de voir. comment, dans l’œuvre des artistes, la figure humaine
a été dotée des proportions, les plus diverses et comment le problème que sou-
lève le canon humain a reçu, presque à toutes les époques de l’art, les solu-
tions les plus différentes et les plus opposées. Devons-nous nous -en, étonner ?
Pas le moins du monde.
En effet, qu’est-ce qu’un canon artistique ? C’est tout simplement la réalisa-
tion, la mise en formule, si vous le voulez, d’un certain idéal d’art, c’est-à-dire
. de l’idée que se fait son auteur de la beauté plastique. Or, l'idéal varie avec
les artistes, et chacun, suivant son tempérament ou son génie, se crée sa for-
mule. J'ajouterai même qu’il doit en être ainsi, et qu’un canon artistique
.universellement accepté serait la pire des choses, puisqu’il emprisonnerait
10 “ CONFÉRENCES
dans‘un moule unique toutes les formes de l’art et entrave1&1t tout essor
individuel.
Mais alors, en présence de ces variations du canon artistique, de ces repré-
sentations, si diverses de la figure humaine, une idée ne vous vient-elle pas à
l’esprit? Quelles sont, en réalité, dans la nature, les proportions du. corps
humain ? Quelle en est la loi, la règle scientifique ? Et puisqu’un canon artis-
tique ne saurait être une règle à suivre aveuglément, mais plutôt un thème à
interpréter et à modifier, suivant lé sentiment de chacun, n’y aurait-il pas
pour l’artiste grand avantage à connaître les proportions vraies du corps
humain ? Ainsi placé en face de la nature, ne gagnerait-il pas à spéculer
directement sur elle, à pouvoir.entreprendre une interprétation de première
“ main pour aînsi dire, au lieu d’interpréter un canon artistique qux est déjà lui-
même une.interprétation ?
Il nous a semblé que'c’était là un moyen de rendre à l’artiste toute son
indépendance et de le délivrer, tout au moins en ce qui concerne la figure
humaine, des entraves d’une formule toute faite ct d’autant plus obsédante
qu’elle s’autorise d’un nom plus illustre, — et cela en lui fournissant des
bases scientifiques solides et assurées sur lesquelles il puisse, en toute liberté,
asseoir ses propres conceptions.
La science plus directement en cause ici est l’anthropologie, science née
- d’hier, pour ainsi dire, mais dont les progrès ont été si rapides. À proprement
parler, il s’agit plutôt ici de mesures que de proportions, et jusqu’à présent
les savants se sont contentés d'entasser des chiffres, et ils en ont peu cherché
les rapports. En tout cas, leur méthode diffère essentiellement de celle des
artistes, et la recherche d’une unité de mesure, ou module, prise dans une
partie du corps lui-même, est le moindre de leur souci. M. Topinard accentue
les oppositions : « Dans cette question, dit-il, les artistes et les anthropolo-
gistes sont aux antipodes. Les premiers créeñt un canon, celui qui répond le
mieux à leur sentiment ; les seconds le cherchent et ne tiennent compte que
des chiffres brutalement alignés. Les premiers rendent ce qu’ils croient devoir
considérer comme la règle de l’art à adopter, les seconds expriment ce qui
ressort de leurs mensurations sur des nombres considérables de sujets. » En
deux mots, nous dirons que les artistes cherchent à exprimer ce qui doit
être, d’après l’idée qu’ils se font de la beauté, et les savants simplement ce
qui est. ;
Ainsi considérée, la question des proportions du corps humain devient émi-
nemment complexe. Ce n’est plus un type unique qu’il s’agit de rechercher,
mais autant de types qu’il y a de races différentes. Il faut tenir compte éga-
lement des conditions d’âge, de sexe, de milieu, etc.
Vous voyez de suite combien ces recherches s’étendent et de quelles diff-
cultés elles se trouvent entourées, si vous songez, en outre, que chaque Lype
ne peut être établi que sur un nombre considérable de mensurations, qui sont.
elles-mêmes comme autant d’obstacles à surmonter. Il ne faut pas croire, en
effet, que mesurer des individus soit aussi simple que la chose en a l’air. Il
faut suivre une méthode rigoureuse, connaître les points de repère les meil-
leurs et les plus sûrs, se familiariser avec le maniement des instruments, toise,
compas, glissière, etc.; — de plus, il est très clair que les résultats obtenus
par des observateurs différents ne scront rigoureusement comparables entre eux
qu’autant que les procédés de mensuration auront été semblables.
C’est pour parer à ces difficultés de toute sorte que les Sociétés d’anthropo-
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(1) Canon des proportions du corps humain, par Paul Richer; Paris, librairie Delagrave,
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