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Jean-Guillaume THIEBAULT

Stage réalisé au Parc National des Pyrénées


Maître de stage : Tangi LE MOAL Septembre 2005

La conservation des prairies de fauche de montagne


des Hautes Pyrénées :

Élaboration d’une typologie des milieux,


contribution à la hiérarchisation des enjeux

Master 2 Mention Biologie Fondamentale et Appliquée


ECOCAEN “Gestion et valorisation agri-environnementales”

I.B.F.A. - Université de Caen – Basse-Normandie – 2004/2005

1
Remerciements

Je tiens à remercier tous ceux et celles qui m’ont permis de réaliser ce stage dans de
bonnes conditions, en particulier :

• Tangi LE MOAL, pour la confiance témoignée en m’accueillant et pour son humour,

• Christophe COGNET, également pour sa confiance et pour ses remises en cause de


mon travail,

• Sylvain DIQUELOU et Servane LEMAUVIEL, pour leur disponibilité au cours du


stage et leur aide au moment critique,

• Delphine MARTIN et Delphine DURAND, pour leur patience face à mes incessantes
questions,

• La Chambre d’Agriculture des Hautes Pyrénées, en particulier Patrick CAPERAA,


Carine CHATAIN, Jacques PERES et Karen ADDE, pour leur aide bienvenue,

• L’ensemble du personnel du Parc National des Pyrénées, aussi bien à Tarbes que dans
les vallées, pour leur accueil et leur gentillesse,

• Catherine BRAU-NOGUE, pour ses conseils et sa vision transversale de la montagne,

• Pauline ANSQUER, sans qui il n’y aurait sûrement pas de statistiques dans ce rapport,

• Le Conservatoire Botanique Pyrénéen, en particulier François PRUD’HOMME et


Mireille REMAURY pour leur aide et précisions,

• Dominique ORTH, pour ses discussions techniques et théoriques,

• Les stagiaires du Parc National des Pyrénées, en particulier Julie NOGAREDE,


Gautier LACANAL (pour la cabane et son amour des Pyrénées) et Céline ROUX
(pour son humour et sa gentillesse).

Enfin, je souhaite remercier tous les éleveurs qui m’ont consacré du temps, qui m’ont
permis de pénétrer sur leurs prairies, et qui m’ont donné un peu de leur savoir. Ce travail leur
est avant tout destiné, j’espère sincèrement qu’il permettra de les aider autant que j’en aurai
envie.

2
Sommaire

Remerciements 2

Sommaire 3

Avant propos : le Parc National des Pyrénées 6

Introduction 7

1ère partie : Cadre de l’étude, problématique 8

1.1 Problématique 9

1.2 Rôle de l’espace montagnard dans l’agriculture des Hautes-Pyrénées


10

1.2.1 Structures agricoles et pratiques traditionnelles 10

1.2.2 Évolutions 11

1.2.3 Les pratiques sur les prairies de fauche 12

1.3 Le positionnement du Parc des Pyrénées face à ces évolutions 14

1.4 Étude bibliographique préliminaire : les typologies existantes 15

2ème partie : Caractérisation des prairies de fauche de montagne :

typologie, valeur patrimoniale, diagnostic, état de conservation 20

2.1. Matériel et méthodes 21

2.1.1. L’échantillonnage des parcelles 21

2.1.2. Les données recueillies sur le terrain 22

2.1.3. Les traitements statistiques 25

2.2. Résultats 26

2.2.1. Données botaniques 26

2.2.2. Traitements statistiques 27

3
2.3. Les types de prairies définis 31

2.3.1. Les types 31

2.3.2. Répartition des types dans l’espace 32

2.3.3. Dynamique entre les types 33

2.4. Valeur patrimoniale des prairies de fauche de montagne 34

2.4.1. Valeur patrimoniale biologique 34

2.4.2. Valeur patrimoniale liée aux usages 37

2.4.3. Indice de valeur patrimoniale 39

2.4.4. La définition de sous-types de prairies 39

2.5. Diagnostic et état de conservation 41

2.5.1. L’impact des pratiques 41

2.5.2. L’envahissement par le brachypode penné 44

2.5.3. La faune sauvage et ses impacts 44

2.5.4. Les facteurs d’influence observables 45

2.6. Menaces 46

2.6.1. Difficultés d’exploitation 46

2.6.2. Accessibilité restreinte et distance au siège de l’exploitation 46

2.6.3. Fréquentation importante par la faune sauvage 46

2.6.4. Irrégularité de l’exploitation 47

2.6.5. Vulnérabilité des différents types 47

2.7. Limites de la méthode 47

2.7.1. Limites dues à l’échantillonnage 47

2.7.2. Limites dues à la récolte des données 48

2.7.3. Limites intrinsèques au stage 49

4
2.8. Récapitulatif de la 2ème partie 50

3ème partie : De la typologie à un outil d’aide à la décision 51

3.1. La production du stage, les outils mis en place 52

3.1.1. Les connaissances 52

3.1.2. L’outil : la typologie 53

3.2. Les aspects à approfondir 53

3.3. Perspectives d’actions : les contrats de gestion 54

3.3.1. Les priorités de conservation 54

3.3.2. La mise en place d’une politique de gestion contractuelle 55

3.3.3. L’échelle de travail 56

Prospective : vers une valorisation supplémentaire de l’agriculture de


montagne dans les Pyrénées 58

Conclusion 59

Résumé, Summary 60

Bibliographie 61

5
Figure 1 : Localisation du Parc National des Pyrénées
Avant propos : le Parc National des Pyrénées

Le Parc National des Pyrénées a été créé le 23 mars 1967, suite à la loi du 22 juillet
1960 relative à la création des Parcs Nationaux. Il s’agit d’un établissement public à caractère
administratif. Il est dirigé par un Conseil d’Administration composé d’élus locaux, de
représentants des administrations et de représentants des acteurs locaux (agriculteurs,
chasseurs, randonneurs, associations de protection de la nature…). Il est placé sous la tutelle
du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable.

Les missions d’un Parc National sont (i) la préservation et la gestion des patrimoines
naturel et culturel, (ii) l’accueil, l’information et la sensibilisation du public, (iii) le
développement local en zone périphérique (voir plus bas). Afin de mener à bien ces missions,
de nombreuses études sont réalisées par le Parc ou pour lui, afin de connaître au mieux les
richesses de son territoire.

Le Parc National des Pyrénées se situe à cheval sur les départements des Hautes-
Pyrénées et des Pyrénées Atlantiques, depuis la vallée d’Aure jusqu’à la vallée d’Aspe, soit
plus de 100 km d’est en ouest (figure 1). Il est organisé en 6 vallées principales, chacune
correspondant à un secteur du Parc : vallée d’Aure, vallée de Luz-Gavarnie, vallée de
Cauterets, val d’Azun, vallée d’Ossau, vallée d’Aspe (d’est en ouest). Le Parc est de plus
prolongé à l’est par la réserve de Néouvielle, et au sud sur 15 km par le Parc National
espagnol d’Ordesa et du Mont Perdu (« Parque Nacional de Ordesa y Monte Perdido »).

Le territoire du Parc se découpe en deux zones : la zone centrale (457 km2) et la zone
périphérique (2063 km2).

La zone centrale correspond à un espace de protection stricte de la faune et de la flore. Les


aménagements y sont exclus, les activités réglementées et le patrimoine naturel protégé.
L’accès au public est autorisé sous conditions (respect de la faune, de la flore, interdiction de
camper…).

La zone périphérique est un espace de développement durable du territoire et de mise en


valeur des patrimoines culturel et naturel. Il n’est pas géré par le Parc, celui-ci y jouant
seulement un rôle de partenaire financier et technique. Aucune réglementation spécifique ne
s’y applique.

6
Introduction

Terre d’exception, les Pyrénées marquent le visiteur de ses paysages grandioses. Mais
c’est au cours des millénaires d’occupation humaine de cet espace que ce sont forgés ces
paysages, en grande partie grâce au travail des hommes et de leurs bêtes.

En effet, le pastoralisme, s’il n’a pas radicalement transformé les paysages, a tout de
même permis la création et le maintien d’une mosaïque de milieux, les mêmes qui aujourd’hui
attirent les foules jusqu’à Gavarnie. L’histoire de ces populations en équilibre avec leur milieu
rejoint l’histoire de la biodiversité locale. L’action de l’homme a ainsi permit un
enrichissement en terme d’espèces, tant animales que végétales, sur l’ensemble de la chaîne.

Cet équilibre dynamique est aujourd’hui modifié par les évolutions de la société et des
activités humaines. Les exploitations traditionnelles voient leur rentabilité diminuer, et avec
leur disparition, c’est un nombre toujours croissant de prairies laissées à l’abandon,
s’enfrichant, avec pour conséquences une diminution de la biodiversité, floristique et
entomologique en particulier, et une modification profonde des paysages traditionnels.

Ces pertes sont d’autant mieux perçues qu’elles s’accompagnent de la disparition d’un
patrimoine humain tout aussi important dans les Hautes Pyrénées. Ainsi, si la fauche pédestre
ou l’utilisation des granges est encore chose fréquente, ces usages sont aujourd’hui menacés,
remplacés au mieux par des techniques modernes, au pire définitivement délaissés.

De par ses missions, le Parc National des Pyrénées est chargé de la protection de ses
paysages et de la conservation de son patrimoine. C’est pourquoi il veut se doter d’une
politique « biodiversité et agropastoralisme » ambitieuse. Dans ce cadre, il apparaît un besoin
important de connaissances et d’outils sur les prairies de fauche des Hautes Pyrénées. Cela
devrait permettre, à terme, la cartographie et la conservation de ces espaces patrimoniaux.

Cette étude, à l’interface entre protection de la nature et agriculture, était de plus


l’occasion pour le gestionnaire de travailler avec les acteurs du monde agricole, et ce afin de
mutualiser les compétences des différents partenaires du développement territorial.

7
1ère partie : Cadre de l’étude, problématique

1.1. Problématique

1.2. Rôle de l’espace montagnard dans l’agriculture des Hautes Pyrénées

1.3. Le positionnement du Parc des Pyrénées face à ces évolutions

1.4. Étude bibliographique préliminaire : les typologies existantes

8
1.1 Problématique
L’agriculture, tout au long de son histoire, a façonné les territoires ruraux, de façon
particulière en montagne. Ainsi, les pratiques humaines ont modelé les paysages, et contribué
grandement à la biodiversité de ces zones. De plus, les spécificités de l’exploitation agricole
de ces territoires inhospitaliers représentent en soi un héritage de techniques et de savoirs-
faire. La préservation de ces paysages ouverts et des écosystèmes agropastoraux passe donc
nécessairement par le maintien d’une activité agricole raisonnée de ces zones.

L’élevage montagnard présente la spécificité d’une utilisation du territoire étagée


spatialement et temporellement, en fonction des potentialités fourragères de chaque zone.
Mais suite aux évolutions de l’agriculture de ces dernières décennies, certaines pratiques ou
zones ont été progressivement abandonnées par manque de rentabilité, en termes de
production ou de difficultés de travail. Ainsi, la zone des prairies de fauche a été grandement
touchée, avec l’enfrichement de certaines parcelles et l’intensification d’autres… Or, le
maintien d’une agriculture de montagne nécessite la préservation de ces espaces, essentiels
comme ressource fourragère indispensable l’hiver, et comme étape lors des transhumances.

Le Parc National des Pyrénées a pour vocation la conservation des paysages et des
milieux patrimoniaux menacés. Dans ce cadre, il travaille sur le maintien de l’agriculture et de
ses pratiques respectueuses de la biodiversité. Ainsi, un programme de sauvegarde de la
qualité des prairies de fauche de montagne est actuellement mis en place, avec un soutien aux
élevages de montagne présentant des pratiques respectueuses de la biodiversité via une aide
financière à l’investissement ou au fonctionnement. Cette action nécessite une meilleure
connaissance préalable des prairies de fauche de montagne, tant du point de vue
écologique qu’agronomique, afin de pouvoir orienter la politique du Parc de conservation et
d’aide aux exploitations.

A partir de cette problématique, différents objectifs ont été définis pour ce stage :
• élaborer une typologie simple des prairies fondée sur l’analyse de la végétation et de ses
caractéristiques ;
• croiser cette typologie avec les pratiques agricoles et les stratégies des exploitations ;
• mettre en place un système de hiérarchisation des enjeux de conservation et des priorités
de gestion dans un outil final d’aide à la décision.

A terme, les outils finaux doivent être relativement simples, afin de limiter le temps et
la technicité requis de la part de l’utilisateur et ainsi permettre une diffusion plus large.

9
1.2 Rôle de l’espace montagnard dans l’agriculture des Hautes-Pyrénées

L’espace montagnard est exploité par l’homme depuis des siècles. Afin de faire face
aux contraintes particulières de la montagne (topographie, climat…), les exploitations
agricoles se sont très fortement adaptées, de sorte à valoriser au maximum les richesses du
milieu.

Il n’est traité dans ce rapport que de l’agriculture de montagne en Hautes Pyrénées,


c’est-à-dire principalement basée sur des élevages viande. L’agriculture des Pyrénées
Atlantiques ne sera pas abordée, les systèmes d’exploitation béarnais étant très différent
puisque principalement basés sur le lait.

1.2.1 Structures agricoles et pratiques traditionnelles

Les structures et pratiques traditionnelles des exploitations agricoles reposent sur


l’exploitation maximale des ressources. De ce fait, elles sont indissociables l’une de l’autre, et
s’organisent selon un étagement des pratiques accompagnant l’étagement de la pousse des
végétaux (Buisan, 1999).

En fond de vallée se situe le siège de l’exploitation, entouré de quelques bâtiments


d’élevage (granges, étables, bergeries) et de champs. L’ensemble des terrains labourables sert
à la culture de céréales ou de légumes, avec un assolement intégrant des cultures fourragères
et la pratique de la vaine pâture1 après récolte. Les autres terrains sont maintenus en herbe,
pâturés l’hiver et fauchés l’été afin de réaliser les stocks fourragers nécessaire à la mauvaise
saison. En effet, les conditions climatiques particulières à la montagne impliquent un maintien
des troupeaux en bâtiments assez long (cette durée est fonction de la localisation du siège
d’exploitation : plus celui-ci est élevé, plus la période en dure est longue). Il est donc
indispensable pour l’éleveur de prévoir des stocks conséquents de fourrages.

A l’étage alpin et subalpin (et parfois montagnard) se situent les estives,


principalement collectives. Ces zones servent au pâturage des troupeaux en été, et des cabanes
de berger peuvent s’y trouver.

1
Vaine pâture : pratique traditionnelle consistant à pâturer une culture après sa récolte (consommation des
chaumes). Cela permet également une fertilisation par les déjections.

10
Tableau I : calendrier des pratiques agricoles en fonction de l’étage :
Jan. Fev. Mar. Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Dec
Fond de Stock de
Cultures (céréales, légumes, fourrages)
vallée foin
Pâturage +
Zone Pâturage + stock de
stock de Fauches
intermédiaire foin
foin

Estive Pâturage

Consommation
Cultures : Fauches Pâturage :
des stocks de foin :
Entre ces deux espaces se situe la zone intermédiaire, également appelée zone des
granges foraines. Elle est constituée d’un ensemble de prairies, chacune présentant une grange
en haut de la parcelle. Ces prairies sont pâturées en intersaison, pendant la transhumance des
troupeaux entre la vallée et l’estive. L’été, les prairies sont fauchées et le foin stocké dans les
granges, afin de compléter les rations des troupeaux s’arrêtant aux granges. Celles-ci sont
alors également utilisées comme étables.

Le tableau I récapitule les pratiques en fonction de l’étage.

1.2.2 Évolutions

1.2.2.1 L’apparition du tourisme…

Si ce système a perduré en équilibre avec le milieu pendant longtemps, l’espace


montagnard a connu de profondes modifications au cours des deux derniers siècles. En effet,
dès le début du XIXe siècle, avec l’apparition des thermes et l’arrivée des premiers touristes,
dont certains célèbres tel la Reine Hortense ou plus tard Victor Hugo, la montagne a
progressivement évolué vers un espace de loisirs dédié au paysage et à la contemplation. Ceci
s’est nécessairement accompagné de modifications des us et coutumes, modifications
accélérées et amplifiées, et de ce fait perceptibles, à partir de l’avènement du tourisme de
masse au cours du XXe siècle. Une autre source de revenus est ainsi apparue, entraînant dans
son sillage une partie de la population, qui dès lors se détourna de l’agriculture.

1.2.2.2 … et les modifications de l’agriculture

L’évolution générale de l’espace agricole (figure 2) a conduit à de profondes


modifications de son agriculture. Ainsi, la concurrence des produits de la plaine (et de plus
loin) a conduit à une spécialisation de la montagne dans l’élevage, en particulier ovin. La
mécanisation des exploitations agricoles a permis de compenser la baisse de la main d’œuvre,
mais aussi d’agrandir les exploitations. Enfin, nombre de personnes extérieures à la montagne
ont souhaité acquérir des bâtiments agricoles, en particulier des granges foraines, afin de les
transformer en résidences secondaires, ce qui eut, et a toujours, pour conséquences une perte
de certaines surfaces agricoles, une augmentation sans précédent de la valeur marchande de

11
Figure 2 : « Evolution actuelle de l’utilisation de l’espace montagnard ».
Document tiré de : A.M.I.D.E.V. Etude de la déprise agricole dans la vallée du Bastan et des possibilités de valorisation agro-sylvo-
pastorale (Canton de Luz - St Sauveur).
ces granges, et aussi un grand nombre de conflits entre la population autochtone et ces
« touristes » (sic, S. Crampe, éleveur à Gèdre, com. pers.). Cette pression foncière a
également conduit à un déséquilibre entre la valeur d’usage agricole des granges et leur valeur
foncière, ce qui a conduit nombre d’exploitants à vendre, et empêché d’autres d’acheter des
bâtiments beaucoup trop chers pour un élevage.

Ces évolutions de l’espace montagnard se traduisent par l’abandon, encore actuel, d’un
grand nombre de parcelles de fauche, leur exploitation n’étant plus jugée rentable par les
exploitants, souvent du fait de la difficulté d’exploitation (fauche à la faux, transport du
fourrage au « drap ») ou du fait de leur productivité extrêmement faible. Cette diminution de
la quantité de foin récoltée est compensée par les compléments fourragers, parfois par le maïs
ensilage mais surtout par l’achat et le transport de fourrages de la plaine. Les prairies ainsi
abandonnées s’enfrichent, la plupart retournant à la forêt ou à la lande. L’évolution paysagère
qui s’ensuit est par endroit très importante (figure 3).

1.2.3 Les pratiques sur les prairies de fauche

1.2.3.1 Irrigation

Outre la spécificité du stockage sur place du fourrage dans les granges et son
utilisation locale, il faut signaler la pratique répandue de l’irrigation sur les prairies de fauche.
Celle-ci est réalisée à l’aide d’un réseau de rigoles plus ou moins dense en fonction des
besoins du milieu (figure 4). A l’aide de pierres et de barrages de terre, les parcelles peuvent
être inondées ou drainées à volonté. Ce système a également été utilisé pour épandre un
mélange fertilisant composé de fumier et d’eau (fertigravitation). En dehors de ce système, les
prairies sont fertilisées par les restitutions au pâturage, et par l’épandage du fumier de la
grange.

12
Non datée
Période approximative de la carte postale : 1904-1920

Un siècle

Non datée
Période approximative de la carte postale : 1918-1940

Non datée
Période approximative de la carte postale : 1918-1940

Non datée
Période approximative de la carte postale : postérieur à 1960

Figure 3 : Evolution paysagère du village


de Gavarnie et alentours au cours du
XXième siècle. Source : Document
Fin du XXième siècle d’Objectifs « Estaube, Gavarnie,
Troumouse et Barroude » (Parc National
des Pyrénées).
1.2.3.2 Fauche pédestre

Il est important de noter que, malgré les évolutions agricoles, une part importante des
surfaces est encore exploitée par des fauches pédestres, généralement à la motofaucheuse
(figure 5), mais aussi à la faux (figure 6). Ce système n’est pas exclusif aux exploitations
anciennes ; ainsi, l’investissement dans une motofaucheuse est d’emblée prévu dans
l’installation des jeunes agriculteurs. Les Hautes Pyrénées représentent environ les 2/3 de la
surface fauchée manuellement en France.

Les évolutions des pratiques agricoles s’étant surtout opérée au cours des dernières
cinquante années, il est encore possible de rencontrer des personnes racontant les usages
anciens et l’histoire des vallées et de leurs éleveurs. Mais eux-mêmes le disent : nombre de
pratiques sont perdues sans espoir de retour, et nombre de savoirs sont oubliés. La technique
de construction des granges s’est perdue, et même leur entretien ou celui des rigoles et des
abords posent parfois problème. La montagne, autrefois espace exploité au maximum de ses
capacités, est aujourd’hui livrée de plus en plus à sa propre dynamique, et ses paysages,
façonnés durant des siècles par la nature et l’homme, se modifient à très grande vitesse.
« Quand j’étais jeune, il y a 60 ans, c’était pas pareil… En face [Plateau de Coumély], il y
avait 19 granges… Aujourd’hui, il n’en reste qu’une, et encore, c’est même plus pour les
bêtes !!! » (S. Crampe, éleveur à Gèdre, com. pers.) « Avant les gens ils fauchaient tout ce
qu’ils pouvaient ! Il n’y avait pas toutes ces forêts et tout… Avant, ici [Betpouey], il fauchait
jusque là-haut… Et maintenant, la forêt elle a gagné quelques centaines de mètres ! » (S.
Broueilh, éleveur à Betpouey, com. pers.) « Ca fait des générations que ma famille est
installée ici [Ortiac]… Avant tout en face [Uz] c’était exploité, il n’y avait pas de forêts…
Mais avec l’installation de la blanchisserie à Soulom et les thermes, les hommes n’avaient
plus de raisons de travailler au champs, alors forcément… » (P. Lapeyre, éleveur à
Villelongue, com. pers.)

13
Figure 4 :
Rigole sur une parcelle (Plateau de Saugué)

Figure 5 :
Fauche à la motofaucheuse
à Ortiac

Figure 6 :
Entretien manuel d’une
prairie à Ortiac
1.3 Le positionnement du Parc des Pyrénées face à ces évolutions

Au vu de cette évolution, il apparaît que l’activité agricole en montagne est génératrice


de patrimoine. En effet, si l’héritage culturel des anciens est indéniable, il ne faut pas oublier
également l’impact du maintien des prairies pour l’écosystème. Ainsi, les prairies de
montagne représentent une richesse floristique des plus élevées (pour des herbages), et
constituent un habitat pour une faune nombreuse, tant en insectes (en particulier des
papillons), en mammifères (micromammifères surtout) ou oiseaux (rapaces par exemple). Le
maintien de ces espaces et de ces pratiques et savoirs répond donc directement à la mission de
conservation du patrimoine dévolue au Parc National des Pyrénées.

De plus, le Parc des Pyrénées est opérateur Natura 2000 pour les sites englobant une
partie de la zone centrale. Dans ce cadre, un travail important est réalisé par le Parc ou pour
lui concernant le pastoralisme, en particulier sur les estives comprises dans des sites Natura
2000. La construction d’aménagements pastoraux, d’abris ou la mise en place d’un
gardiennage y sont des exemples d’actions proposées et/ou réalisées dans le cadre des docobs.
Les études sur les estives ont conduit le Parc et ses partenaires à conclure que, dans un souci
de cohérence, il apparaissait aujourd’hui nécessaire de ne pas seulement envisager l’action du
Parc sur les estives, exploitées seulement l’été, mais également sur le reste des exploitations.
En effet, comment vouloir maintenir des troupeaux en altitude si ceux-ci n’ont pas de
fourrages pour la mauvaise saison ?

Enfin, un autre objectif du Parc est le développement local en zone périphérique.


Celui-ci se concrétise généralement par le développement touristique ou le maintien des
activités traditionnelles. Ces deux aspects ont un lien très fort avec l’activité agricole de
montagne. En effet, cette activité, traditionnelle, permet l’entretien des paysages, et produit
également un certain maintien des coutumes, et une certaine exploitation touristique des
manifestations traditionnelles, bénéfiques à l’attractivité du territoire : produits locaux, fêtes et
réjouissances saisonnières tel que la transhumance, les foins…

Il apparaît donc comme particulièrement important pour le Parc National des Pyrénées
d’engager une politique volontaire en faveur de l’agriculture de montagne. Cette volonté est
de plus partagée par d’autres acteurs du développement local : Chambre d’Agriculture, DDA,

14
collectivités territoriales…Un Comité de Pilotage a donc été réuni avec pour objectif la mise
en place d’outil de sauvegarde des prairies de fauche. Cet outil se présenterait sous la forme
d’un contrat de gestion signé entre le Parc et un exploitant pour une durée de 5 ans. Ce contrat
se traduirait par une aide financière à l’investissement en matériel ou à la main d’œuvre. La
présente étude se place donc dans ce contexte de phase exploratoire, pilotée par le Parc en
coopération avec d’autres structures, en particulier la Chambre d’Agriculture, afin de fournir
des connaissances et des outils pour la sauvegarde des prairies de fauche.

1.4 Étude bibliographique préliminaire : les typologies existantes

La problématique exprimée ici par le Parc National des Pyrénées est assez courante
parmi les gestionnaires d’espaces naturels. De ce fait, de nombreuses études tentent depuis
quelques décennies de mieux comprendre le fonctionnement des herbages, et de les classer
selon différents critères. L’étude menée par le Parc se place donc dans un contexte
scientifique fort, ce qui a permit l’échange avec d’autres équipes (ENITAC, INRA
Toulouse..), ainsi que la présentation de l’étude lors du symposium international « Outils pour
la gestion des prairies naturelles » à Toulouse en juillet 2005. Le poster présenté à cette
occasion et son résumé sont joints en annexe I.

Plusieurs typologies ont été mises en place concernant les prairies permanentes, en
fonction des approches choisies par chaque étude. Différents méthodes sont sommairement
décrites ici, en fonction de l’axe d’observation choisi à la base du système de classification.
Globalement, trois approches peuvent être dégagées. La première approche est basée
sur la diversité et la fonctionnalité de la prairie. Ces méthodes s’appuient généralement sur la
physionomie et sur des relevés floristiques et faunistiques. La deuxième approche privilégie
l’utilisation par des exploitants agricoles de la méthode, et se base donc sur la spécialisation
fourragère de la parcelle. La troisième approche représente une application directe de
recherches. Dans ce cadre, elle correspond surtout à une analyse de la végétation en place, et à
l’identification de ses déterminismes.

15
1.4.1 Les méthodes axées sur la diversité et la fonctionnalité
1.4.1.1 Méthode « Appréciation de la qualité écologique »

Cette méthode a été élaborée par le Service Romand de Vulgarisation Agricole


(SRVA) de Lausanne, entre autres dans le but de suivre la valeur écologique des surfaces de
compensations écologiques mises en place en Suisse dans le cadre de la politique agricole
suisse (Charollais et al., 1998).
Cette méthode se base sur la richesse observée du milieu, de sa faune et de sa flore.
Les relevés de terrain reposent sur 2 volets. Le premier concerne la situation et la structure de
l’habitat (distance au prochain milieu semi-naturel, hétérogénéité de la parcelle, nature des
bordures). Le second volet concerne la diversité biologique. Il est subdivisé en sous-thèmes :
• végétation (couleur générale de la floraison, densité de végétation, richesse
spécifique) ;
• faune (couleur des papillons, présence de criquets, sauterelles, grillons, escargots,
ou fourmilières, présence d’espèces indicatrices).
De plus, il est possible de compléter cette clé par des listes d’espèces indicatrices, animales et
végétales.
Au final, la prairie obtient un avis général sur la parcelle (diversité biologique faible,
moyenne ou grande), ainsi que des propositions d’amélioration de cette diversité.

Cette méthode présente le grand avantage de sa simplicité d’utilisation : les critères


sont simples, illustrés, les espèces indicatrices simples et reconnaissables, et le résultat final
fournit par une grille assez ludique. De plus, destinée à être diffusée, la clé n’émet pas d’avis
sue le milieu, mais seulement une appréciation générale, susceptible d’améliorations.
Néanmoins, étant donné son territoire de validité et son optique de diffusion à grande
échelle, seules 4 classes ont été définies, ce qui peut paraître faible. De plus, le recours aux
espèces indicatrices peut amener à une grande spécificité de la clé pour la Suisse, et empêcher
son extrapolation à d’autres régions. Enfin, cette méthode n’évalue que la valeur écologique
intrinsèque, et n’y associe pas de valeur d’usage, d’état de conservation ou de valeur
paysagère…

16
1.4.1.2 Méthode « Biodiversité dans les prairies d’Auvergne »

Cette méthode est en cours d’élaboration par l’ENITAC (École Nationale d’Ingénieurs
des Travaux Agricoles de Clermont Ferrand). Elle se base initialement sur les pratiques
agricoles, ce qui permet de distinguer 4 classes avant tout relevés de terrain (classe prairie de
fauche, classe pâture de montagne, classe pâture de plaine pauvre, classe pâture de plaine
riche). Cette méthode a été développée par Orth (2002), Le Deun (2003) et Lévêque (2003).
Dans cette méthode, la parcelle est découpée en zones homogènes. Celles-ci ont une
surface minimale d’un tiers de la parcelle agricole. Elles sont définies comme « des zones très
différentes » (sic). Chaque zone bénéficie ensuite d’un relevé complet. Ce relevé est composé
de 3 volets : (i) observation globale de la zone, (ii) faune, (iii) flore.
L’observation globale de la zone renseigne la vocation des parcelles attenantes, les éléments
paysagers présents dans la zone (affleurements rocheux, eaux de surface, haies, murets…).
Les relevés faune se font par transect, et renseignent la couleur et la forme des papillons
rencontrés sur la parcelle.
Les relevés flore informent de la diversité spécifique, du nombre de couleurs de fleurs, de leur
recouvrement (pour les principales couleurs), de la diversité de forme des fleurs, du
recouvrement en graminées, en dicotylédones, en ligneux bas et en ligneux haut, ainsi que de
la structuration de la végétation (tapis/taches/touffes).
A partir de ces relevés, la biodiversité est estimée « faible », « moyenne » ou « forte ».

Le principal avantage de cette méthode est d’être très complète. De plus, elle permet
de caractériser l’ensemble des herbages d’Auvergne, soit une grande gamme d’application.
Enfin, elle ne demande pas de connaissances poussées pour être appliquée.
Par contre, la distinction de 3 classes limite fortement la pertinence des résultats. De
plus, étant donné le grand nombre de points renseignés, le temps de prospection peut s’avérer
long. Certains critères semblent également assez malaisé à relever, tel que certaines couleurs
ou formes de fleurs.

1.4.2 Méthode axée sur la spécialisation fourragère de la parcelle


1.4.2.1 Méthode « Prairies de fauche, Alpes du Nord humides »

Cette méthode a été développée par le Groupement d’Intérêt Scientifique des Alpes du
Nord (GIS Alpes du Nord) (Fleury et al., 1988).

17
Cette méthode discrimine les différents types de prairies selon leur spécialisation
fourragère, en observant la proportion de dicotylédones (autres que légumineuses) dans la
végétation. Ensuite est observée la physionomie des graminées dominantes, afin de classer les
différentes prairies en fonction de leur niveau de fertilité. La présence de dicotylédones
dominantes permet d’affiner les différents types de prairies décrites. Il est intéressant que de
son côté, Vertes (1988) souligne le fait que la réduction des observations à une simple famille,
comme ici avec les dicotylédones non légumineuses, présente un risque très important de
perte d’information conduisant à amalgamer des situations écologiquement différentes.

La clé est donc extrêmement simple, et permet une utilisation rapide et facile par
n’importe qui. De plus, un nombre suffisant de types (9 différents) sont définis, ce qui permet
une discrimination importante. Enfin, à chaque type est associée une description à vocation
agricole (rendements, évolution de la valeur nutritive, difficultés de récolte, stade limite de
fauche, appétence).
Néanmoins, cette clé est entièrement destinée à la profession agricole, et elle ne
présente aucune information sur une valeur biologique de la prairie. De plus, du fait de
l’utilisation d’espèces dominantes, elle peut être strictement inféodée à sa zone d’élaboration.

1.4.3 Méthode axée sur la fertilité de la parcelle


1.4.3.1 Méthode « prairies permanentes des Pyrénées centrales »

Il ne s’agit pas à proprement parler d’une typologie des prairies permanentes des
Pyrénées centrales, mais plutôt d’une classification de ces prairies (Balent et Fily, 1986 ;
Gibon et al., 1999).
Cette classification repose sur plusieurs campagnes de relevés botaniques associés à
une étude de l’historique des parcelles. Cela permet de déterminer les trajectoires d’évolution
des parcelles, depuis la fin de la culture et leur mise en herbe jusqu’à l’obtention de pâturages
pauvres. Ainsi, elle permet de mettre à jour les déterminismes de l’évolution des parcelles. De
plus, elle permet la définition de plusieurs espèces indicatrices de la fertilité des parcelles.

L’avantage de cette méthode est de théoriser de façon précise la dynamique des


prairies des Pyrénées centrales, et de définir une liste d’espèces indicatrices de la fertilité.
Néanmoins, le cadre de cette étude peut être un facteur limitant l’extrapolation des
résultats. En effet, toutes les parcelles pyrénéennes n’ont pas été cultivées. De plus, ce modèle

18
Appréciation de la qualité Biodiversité dans les prairies Prairies de fauche, Alpes du Prairies permanentes des
Méthode
écologique d’Auvergne Nord humides Pyrénées centrales
Structure SRVA ENITAC GIS Alpes du Nord INRA Toulouse
Champ Prairies de fauches de l’étage Prairies permanentes des
Herbages suisses Prairies d’Auvergne
d’application montagnard des Alpes externes Pyrénées centrales
Angle Diversités spécifique et
Diversité et fonctionnalité Spécificité fourragère Fertilité
d’approche physionomique
Intégration paysagère
Structure du milieu Diversité de la végétation Abondance des dicotylédones
Densité de fleurs, Diversité et recouvrement en Physionomie des graminées
Relevés floristiques
Critères utilisés Densité de la végétation, fleurs (couleurs et formes) dominantes
Historique de la parcelle
Diversité de la végétation Structure de la végétation Présence de dicotylédones
Liste d’espèces indicatrices Recouvrement en graminées et dominantes
dicotylédones
Avis général sur la diversité Types prairiaux et leurs Types prairiaux et
Résultats Avis général sur la biodiversité
biologique caractéristiques agronomiques trajectoires d’évolution
Simple d’utilisation Complète Très simple, ne nécessite Très précise
Avantages
Grande souplesse Grande gamme d’usages aucunes compétences Informe sur l’évolution
Nombre limité de classes Objectivité et simplicité des Très axée agronomie Résultats de recherche…
Inconvénients Espèces indicatrices : relevés ? Spécificité locale ? Applicable ???
spécifique à la Suisse ? Nombre limité de classe Pas de valeur écologique Pas de valeur écologique
ignore volontairement les conditions physiques du milieu, partant du postulat que ce ne sont
pas des facteurs limitant. Dans le cas des prairies de fauche de la zone intermédiaire, ce
postulat peut s’avérer assez risqué. Enfin, ce modèle ne renseigne pas sur la valeur écologique
des prairies de fauche.

Le tableau II récapitule les différentes méthodes décrites, avec leurs avantages et leurs
inconvénients. Seuls les critères botaniques y sont développés.

19
2ème partie : Caractérisation des prairies de fauche de montagne :

typologie, valeur patrimoniale, diagnostic, état de conservation

2.1. Matériel et méthodes

2.2. Résultats

2.3. Les types de prairies définis

2.4. Valeur patrimoniale des prairies de fauche de montagne

2.5. Diagnostic et état de conservation

2.6. Menaces

2.7. Limites de la méthode

2.8. Récapitulatif de la 2ème partie

20
Comme précisé précédemment, la zone d’étude se limite au territoire du Parc en
Hautes Pyrénées (c’est à dire en Bigorre), soit, d’est en ouest, les vallées d’Aure, de Luz, de
Cauterets et d’Azun. De plus, du fait du thème de travail (les prairies de fauche), l’essentiel de
l’étude se déroulera en zone périphérique, la zone centrale concernant principalement des
zones d’estives, en altitude.

2.1. Matériel et méthodes

2.1.1. L’échantillonnage des parcelles

L’objectif de ce travail étant de mettre en place une typologie des différentes prairies
de fauche de montagne du Parc, l’échantillon se doit de couvrir l’ensemble des conditions
observées sur le terrain, sans souci de représentativité statistique de la population totale. Afin
de ne pas prendre un simple individu pour un type spécifique, il est prévu un nombre assez
important de parcelles, permettant de « lisser » la typologie finale.

Selon la bibliographie, différents facteurs sont à l’origine de l’hétérogénéité des


prairies de montagne. Il est donc important d’identifier ces facteurs afin d’orienter au mieux
l’échantillonnage.

L’altitude est un facteur important en montagne (Gruber, 1987). Les prairies du secteur
d’étude s’étalent de 400m jusqu’à 1700m d’altitude environ, la majorité se situant au dessus
de 800 mètres. Les prairies de l’échantillon sont comprises entre 440m et 1650m, avec une
très grande majorité au dessus de 750m.

L’exposition présente également une importance, par des différences de luminosité, de


température, d’enneigement… (Rameau et al., 1993). L’échantillon présente le maximum de
diversité, avec différentes expositions (versants, encaissements…).

La géologie et la pédologie n’ont pas été retenues pour orienter la sélection des parcelles. En
effet, la bibliographie précise qu’il ne s’agit pas de critères déterminants pour la végétation
des prairies pyrénéennes (Gruber, 1986 ; Sanchis, 1999 ; Gibon et al., 2004 ; Remaury, com.
pers.). De ce fait, ces données ne seront pas prises en compte dans l’élaboration de
l’échantillon.

21
Tableau III : Echantillon final

Sect Commune Localisation Altitude Exposition


Artalens Souin Entre la Prèse et les Bouigues 1000m Ouest
Adast Au sud, entre le village et la forêt 440m Nulle
Uz Sous la D101, à la sortie du village 750m Est
Cauterets

Concé : entre la D920 et le Gave 800m Nulle


Sous la forêt du Lisey 960m Nord-est
Cauterets Catarrabes 940m Est
Granges de l’Espone 1400m Nord-est
Cambasque 1310m Nord-ouest
Aspin-Aure Entre le village et la forêt 950m Nord-est
Aulon Aux granges de Lurgues 1400m Sud
Vieille-Aure Au nord du village 790m Nulle
Aure

Cadeilhan-Trachère Au nord du village 920m Est


Saint Lary Soulan Granges d’Espiaube 1510m Sud
En dessous de la D118 (granges) 1400m Sud-est
Aragnouet
Au dessus du Pont de Lère 1450m Sud
Sous la D918, au dessus de l’Abillacou 1230m Sud
Au Moura 1100m Nord-est
A l’ouest du village 890m Nulle
Arrens-Marsous
A Bayens 850m Nulle
Au Col des bordères 1160m Est
Azun

Aux Mousques 1010m Est


Marsous Entre l’Aygue et le Gerrit 850m Nulle
Labat d’Aucun 1000m Est
Estaing
A Miaous 1020m Nulle
Gaillagos Aux Artigaus 1070m Sud
Arcizan-Dessus Prades dessus 770m Sud
Arras en Lavedan Sortie du village, direction Arcizan 720m Sud-est
Ortiac Au dessus du hameau 770m Ouest
Vizos Après le village, sous la route 840m Sud-ouest
Sazos Sous le camping 820m Est
Grust Au niveau d’Arraichou 1100m Est
Estere Au dessus de l’Estibe 1550m Nord-est
Betpouey Entre Artigarole et Bolou 1260m Nord-est
Barèges Au Piets Dérat 1450m Sud
Luz

Ayrues En dessous de la route de Pujo 1180m Est


Héas Aux granges 1500m Sud
Gavarnie Au gîte de Nadau 1390m Est
Limite du Saugué de Gavarnie
1650m Est
(Mr Crampe)
Saugué
Au dessus du Pont de Saugué
1630m Nord
(Mr Theil)
En l’absence de facteurs naturels fortement limitants, les pratiques agricoles apparaissent
comme les principales influences subies par les prairies. L’échantillon doit donc balayer
l’ensemble des pratiques réalisées sur les prairies de fauche de la zone d’étude. Pour cela, il a
été demandé l’aide du personnel du Parc présent sur le terrain pour la détermination probable
des pratiques agricoles (fauche, pâturage, nombre de coupes…). De plus, les pratiques
agricoles étant corrélées aux conditions physique de la parcelle (pente, accessibilité…),
l’échantillon représente a priori l’ensemble des pratiques agricoles réalisées sur le secteur.

A partir des critères définis précédemment et des connaissances du personnel du Parc,


une première sélection de parcelles a été réalisée. Ces exploitants ont été contactés par la
Chambre d’Agriculture, puis par le Parc afin d’obtenir leur accord concernant l’étude. Des
réajustements de l’échantillon ont été nécessaires pour faire face aux (rares) refus, aux erreurs
quant à la vocation des prairies ou à la demande trop tardive de participation. Ce contact avec
les exploitants a également permis d’en rencontrer un certain nombre sur les parcelles, et de
discuter avec eux de leurs pratiques, de leurs attentes, de leurs perceptions des prairies.

L’échantillon final est composé de 39 parcelles réparties sur les 4 vallées, de façon
inégale afin de se rapprocher des différentes situations des secteurs. Le tableau III présente cet
échantillon, ainsi que la carte présentée figure 7.

2.1.2. Les données recueillies sur le terrain

Trois types de données sont récoltées à partir du terrain : les données botaniques, les
données de description de la parcelle et les données agronomiques.

2.1.2.1. Les relevés botaniques

Pour ces relevés, la méthode des points quadrats de Daget et Poissonet (1969) est
utilisée, telle que modifiée par Balent et Duru (1984). Ils sont réalisés à l’échelle du faciès de
végétation.

22
ETUDE "PRAIRIES DE FAUCHE" 2005
Arthez
Arthez dd Asson
Asson LOCALISATION DES PARCELLES ETUDIEES

Bielle
Bielle Bagnères de
Bagnères de Bigorre
Bigorre 

Lannemezan
Lannemezan

Aydius
Aydius Ferrières
Ferrières Campan
Campan
Argelès-Gazost
Argelès-Gazost
Laruns
Laruns

Ste-Marie de
Ste-Marie de Campan
Campan

Gourette
Gourette
Pierrefitte-Nestalas
Pierrefitte-Nestalas
Arrens-Marsous
Arrens-Marsous
Estaing
Estaing

Villes
Villes

Gabas
Gabas Barèges
Barèges
Routes
Routes principales
principales Arreau
Arreau
Urdos
Urdos Cauterets
Cauterets

Frontière
Frontière nationale
nationale Luz-St-Sauveur
Luz-St-Sauveur

Limite
Limite départementale
départementale

Limite
Limite de
de secteur
secteur
St-Lary-
St-Lary-
Soulan
Soulan

Gèdre
Gèdre
Limite
Limite de
de la
la zone
zone centrale
centrale du
du PNP
PNP Aragnouet
Aragnouet

Limite
Limite de
de la
la zone
zone périphérique
périphérique du
du PNP
PNP
Héas
Héas

Gavarnie
Gavarnie
Réserve
Réserve naturelle
naturelle du
du Néouvielle
Néouvielle
ESPAGNE
Parcelle
Parcelle déclarée
déclarée PAC
PAC

Localisation des
Localisation des parcelles
parcelles étudiées
étudiées 10 kilomètres
Sources : PNP et chambre d'agriculture 65 ; Carte : PNP/SIG
2.1.2.1.1. Les faciès

Un faciès est défini comme une « physionomie particulière d’une communauté


végétale due à la dominance locale d’une espèce » (Cahiers d’Habitat, 2005). En pratique,
deux faciès sont discriminés par une différence significative de composition floristique ou par
une différence physionomique remarquable (structure de la végétation, floraison…). Chaque
faciès doit représenter une certaine surface, ce qui permet de ne pas confondre faciès et
hétérogénéité locale. Cette surface minimale doit être telle que le faciès doit pouvoir être
considéré comme une zone de gestion spécifique. La distinction entre deux faciès étant assez
subjective, les différences observées doivent être particulièrement notées et facilement
perceptibles.

2.1.2.1.2. La méthode des points quadrats

Sur chaque faciès est disposée au sol une ligne de 20 mètres, en veillant à ne pas
déranger la végétation. Le long de cette ligne sont ensuite réalisés régulièrement 50 relevés,
soit tous les 40 cm, à l’aide d’un bâton ou d’une baïonnette (de diamètre maximum 1 cm). Ces
relevés consistent à noter la présence des espèces végétales au contact du fil de la baïonnette
ou au contact avec une ligne matérialisée sur le bâton (chaque espèce ne peut être comptée
qu’une seule fois par point).

Ces relevés sont complétés par les espèces rencontrées pendant la mise en place du
mètre ruban ou pendant le relevé d’habitat. Cela permet de noter au mieux la biodiversité
végétale de la parcelle.

2.1.2.2. La fiche de prospection « Prairies de fauche »

Une fiche de prospection « Prairies de fauche », calquée sur celle mise au point pour
les prospections habitats naturels sur les sites Natura 2000, a été réalisée. Elle renseigne les
points suivants :

• zone de prospection ;

23
• description générale de la parcelle ;

• sol ;

• caractérisation de la structure de la parcelle ;

• rattachement à un code Corine et à un syntaxon phytosociologique ;

• description de la végétation ;

• exploitation de la parcelle ;

• description des bordures de la parcelle ;

• intégration paysagère de la parcelle ;

• état de la prairie, diagnostic.

Cette fiche de prospection, ainsi que sa notice d’utilisation, est jointe en annexe II.

Les critères sont à noter à l’échelle de la parcelle ou du faciès, selon le cas. Certains de
ces critères étant fortement liés à la phénologie (couleurs de fleurs par exemple), la
prospection a été calée sur la floraison du dactyle (Dactylis glomerata), espèce ubiquiste se
rencontrant a priori sur l’ensemble des prairies étudiées (Brau Nogué, com. pers.).

La fiche de prospection recouvre l’ensemble des critères utilisés dans d’autres


typologies (Service Roman de Vulgarisation Agronomique (SRVA), 2002 ; Orth, 2002 ; Le
Deun, 2003 ; Fleury et al., 1988), ainsi que les autres critères permettant la description la plus
précise possible du milieu. Etant donné l’imminence de la fauche suite aux floraisons2, il n’est
pas envisageable de retourner sur le terrain en cas d’oubli d’un critère sans introduire de forts
biais à la méthode. Cette fiche de prospection est donc volontairement importante en terme de
points à renseigner.

Suite à son élaboration, cette fiche de terrain a été testée sur le terrain et discutée avec
la participation du personnel du Parc, du Conservatoire Botanique Pyrénéen et de Mme Brau
Nogué, agronome consultante.

2
En effet, la valeur nutritive du fourrage décroît rapidement après un maximum situé à la floraison. L’optimum
d’exploitation d’une prairie se situe donc lors de la floraison de la majeure partie de sa flore.

24
2.1.2.3. L’enquête agricole

Une grille d’enquête auprès des exploitants agricoles a été réalisée en coopération avec
la Chambre d’Agriculture des Hautes-Pyrénées. Celle-ci vise à renseigner, pour les parcelles
de l’échantillon, les points suivants :

• surface ;

• exploitation : nombre, date et mode de fauche, nature, date et pression de pâturage,


quantité exportée à chaque exploitation ;

• fertilisation : nature, quantité, période ;

• entretien du milieu : phytosanitaires, gestion des abords ;

• stratégie d’exploitation selon la typologie de Pin (2004).

La grille d’enquête est jointe en annexe III. Ces critères ont été sélectionnés afin d’avoir la
vision la plus exhaustive possible des pratiques agricoles réalisées.

Les enquêtes ont été réalisées par la Chambre d’Agriculture des Hautes Pyrénées. Cela
permet une plus grande compréhension des pratiques.

2.1.3. Les traitements statistiques

Une fois récoltées, les données ont été traitées statistiquement à l’aide du programme
ADE 4.

Afin de pouvoir croiser à la fois relevés botaniques et variables environnementales ou


agricoles, la technique des analyses multivariées a été utilisée, en particulier les Analyses
Factorielles des Correspondances (AFC), les Analyses en Composantes Principales (ACP) et
les Analyses Canoniques des Correspondances (ACC).

Le principe, simplifié, des analyses multivariées est de regrouper les individus selon
leurs ressemblances. Ainsi, les AFC ont permis de regrouper les faciès en fonction des
ressemblances, ou au contraire des dissemblances, que présentaient leurs relevés botaniques.
Les ACP ont permis le regroupement des faciès en fonction de leurs variables
environnementales. Quant aux ACC, elles ont permis de réaliser des ACP sous la contrainte

25
Diversité spécifique des faciès et caractérisation de la richesse

60

Flore très
riche

50

Flore riche

40

Flore
Nombre d'espèces

assez riche

30

Flore
moyenne

20

Flore
pauvre

10

Flore très
pauvre

0
Es s
ra 2

Es 2
be
Es s-2

Ba ra

s
n

pi ne

lle re
Es ure

s
Sa s

e
G aing
ue
M yen

go

zo
ra
ar ey-

s-
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z-

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ou
Vi Au

au
As ou
So

be

zo
U

Ar
A

Vi
sq

lla
s

t
M
p

pi
n
Li

ai
ou
n s

ei
le

at
ta

C
Ar

Faciès

Diversité spécifique des parcelles Limite flore pauvre Limite flore moyenne
Limite flore assez riche Limite flore riche Limite flore très riche

Figure 8 : diversité floristique des faciès étudiés


des résultats obtenus sur une précédente AFC, et donc de positionner sur le même graphique
faciès, espèces et variables environnementales et agricoles.

Ces méthodes présentent l’avantage de permettre de traiter un grand nombre de


données, et de dégager les facteurs pertinents pour analyser les systèmes observés. En
revanche, elles nécessitent un codage important des données (transformation en données
numériques), voir un recodage de ces données. En effet, la taille des analyses suppose une
certaine inertie3 des systèmes, certaines variables pouvant alors se « noyer » dans la masse des
effets observés. De ce fait, il a été parfois nécessaire de regrouper des variables proches ou
concomitantes, afin de permettre une meilleure mise en lumière de leur influence sur les
systèmes. Le codage des données agricoles et leur regroupement en critères synthétiques ont
été réalisés avec l’aide de la Chambre d’Agriculture, afin d’éviter les contresens dus à une
connaissance limitée des systèmes d’exploitations en montagne bigourdane.

2.2. Résultats

2.2.1. Données botaniques

Les relevés botaniques ont permis d’identifier 158 espèces différentes, la plupart
rencontrées de façon régulière. Ainsi, la richesse des prairies est en moyenne de 31 espèces,
avec un minimum à 18 espèces et un maximum à 53 espèces. La figure 8 représente la
richesse floristique des faciès étudiés, ainsi qu’un avis sur sa richesse, tel que défini par Daget
et Poissonet (1969).

Lors de la réalisation de ces relevés, un cas extrême de dégradation est apparu de façon
évidente sur les parcelles fortement pâturées, en particulier l’hiver, avec apports extérieurs de
fourrages. Ces faciès sont caractérisés par la dominance, au moins physionomique, d’espèces
telles que Rumex sp., Chenopodium sp., Urtica dioïca, parfois accompagnées de Heracleum
sphondylium (bien que la dominance de cette seule espèce ne permette pas la détermination de

3
L’inertie d’une analyse est fonction de sa taille. Une forte inertie suppose une stabilité importante des résultats
en cas de modifications des données sources.

26
Figure 9 : Faciès eutrophisé ‘‘R’’, Sazos.

Soulor
3.3
-0.26 5.9
-0.55
Bordères

Héas

Arras

Prades dessus Saugué Crampe Saugué Theil


Estibe
Aragnouet Miaous Uz-2
Espoune
Espiaube Vizos Grust Gavarnie Moura
Gaillagos
Sazos-1 et 2 Mousques Ortiac
Barèges
Lisey-1 et 2 Lurgues Ayrues
Catarrabes-1 à 3 Artalens Bayens
Aspin Aure
Cambasque Cadeihlan Marsous
Uz-1 Concé Estaing Adast Arrens

5
Betpouey

Vieille Aure Pont de Lère

Figure 10 : Analyse Factorielles de Correspondances


sur les relevés floristiques des faciès étudiés.
ce type de faciès). La figure 9 montre bien l’aspect physionomique d’un tel faciès. De part sa
ressemblance avec les reposoirs à bétail de l’étage alpin, et son lien important avec les
troupeaux, ce cas de figure est nommé ‘‘R’’ ou ‘‘faciès dégradé’’. Il est repérable par la
physionomie particulière du faciès, où les espèces citées précédemment sont très dominantes
(au point de masquer les autres au premier regard). De plus, il est toujours lié à une
fréquentation importante par les animaux : il se rencontre donc à proximité des étables,
bergeries ou points d’affouragement. Eventuellement, il peut découler du stockage de fumier
sur la parcelle.

Il est possible de déterminer une physionomie de prairies noté ‘‘R’’ ou ‘‘faciès


dégradé’’ à partir de la physionomie du faciès. Il correspond à des prairies eutrophisées
par le pâturage d’hiver avec affouragement.

2.2.2. Traitements statistiques

Au vue du nombre conséquent d’espèces rencontrées, un premier tri des espèces a été
réalisé avant les traitements statistiques. Ce tri ne conserve que les espèces représentant 80%
de la flore des faciès, c’est à dire le fonds prairial. De plus, les espèces présentes sur une seule
parcelle sont supprimées, car n’ajoutant rien au système (elles seraient par définition
confondues avec le faciès où elles se trouvent). Ce tri permet de conserver 54 espèces. La
répartition de ces espèces sur les différents faciès est présentée en annexe IV.

2.2.2.1. Première analyse : la végétation seule

Une première AFC a été réalisée sur l’ensemble des faciès étudiés, afin d’identifier
d’éventuels groupes à partir des relevés floristiques. Cette AFC est présenté sur la figure 10.

Cette analyse indique en premier lieu qu’un grand nombre de faciès (29) sont
totalement confondus sur le graphe. Ensuite, un faciès est fortement isolé (Pont de Lère).
Enfin, deux gradients semblent apparaître : un selon l’axe des abscisses, l’autre selon l’axe
des ordonnées.

27
Le faciès du Pont de Lère présente, au niveau de son relevé, de fortes différences avec
les autres faciès. En effet, la végétation y est beaucoup plus proche d’un Mesobromion
d’estive que d’un Cynosurion de prairie. De plus, cette parcelle est exploitée comme une
estive, avec simplement une mise en défens en fin de printemps afin de réaliser une fauche en
début d’été.

Les faciès regroupés aux origines des axes montrent bien l’extrême similitude des parcelles
entre elles, similitudes dues à la présence d’un fonds prairial commun important.

Ainsi, il apparaît nettement qu’il ne sera pas possible de baser la typologie des faciès prairiaux
seulement sur des relevés botaniques, ceux-là ne présentant pas de différences suffisantes
pour les discriminer.

Les gradients précédemment repérés n’ont pu être expliqués. Ils sont a priori la
résultante de plusieurs facteurs agissant de concert, ce qui rend leurs analyses particulièrement
complexe.

2.2.2.2. Analyse de l’ensemble du système

Une première ACC réalisée sur l’ensemble des variables, environnementales et


agricoles, ne permet pas de distinguer de facteurs déterminants dans le système. Par contre,
plusieurs apparaissent comme de poids faible ou nul. Ainsi, il est possible de simplifier les
analyses au fur et à mesure, en retirant les variables indépendantes au système ou ne
permettant pas une meilleure compréhension de ce système. Ces analyses successives ont
permis de dégager les critères pertinents dans la discrimination des différents faciès.

Par ce travail, les données agricoles concernant la production totale et la fertilisation


totale sont apparues comme permettant de distinguer les différentes prairies.

Pour autant, ces indicateurs n’ont pas été retenus, car n’étant pas les plus pertinents
dans le cadre de cette étude, pour des raisons de poids dans le système. De plus, une étude de
la Chambre d’Agriculture, réalisée sur un échantillon proche, a mis en lumière la variabilité
dans le temps des pratiques agricoles pour une même parcelle (Adde, 2005). Il avait été
souhaité initialement de baser les différents types sur les pratiques agricoles, puis de pouvoir
caractériser ces types en s’en détachant pour des raisons de praticabilité de la typologie, mais

28
Tableau IV : Mode de calcul du critère « caractère montagnard »
Altitude du faciès Pente du faciès

Inférieure à 600m 0 Pente nulle 0


De 601 à 800m 1 Pente comprise entre 1 et 5% 1
De 801 à 1000m 2 Pente comprise entre 6 et 10% 2
De 1001 à 1200m 3 Pente comprise entre 11 et 15% 3
De 1201 à 1400m 4 Pente comprise entre 16 et 25% 4
Supérieure à 1401m 5 Pente supérieure à 26% 5

C : forte densité B : densité moyenne A : densité faible

Figure 11 : Mesure de la densité fauchable (d’après le SRVA, 2002)

FL

FM

FF

Figure 12 : Physionomie des graminées dominantes (d’après Fleury et al., 1988)


à la vue des analyses, il est apparu préférable de se baser exclusivement sur les variables
environnementales.

2.2.2.3. Identification du caractère montagnard

A l’opposé, et comme pressenti grâce à la bibliographie, certains critères du milieu et


de la flore sont apparus comme particulièrement intéressants.

Ainsi, l’altitude et la pente sont des contraintes importantes des herbages de montagne.
Ces deux variables se positionnent systématiquement ensemble dans les analyses, et leur
agrégation sous la forme d’un critère synthétique appelé « caractère montagnard » s’est
révélée pertinente. Ce critère est compris entre 0 (aucun caractère montagnard) et 10
(caractère montagnard très marqué). Son mode de calcul est présenté dans le tableau IV.

2.2.2.4. Identification du caractère de fertilité du milieu

A l’opposé de ce critère, trois variables se positionnent ensemble, toutes trois


renseignant la même information, à savoir la réponse du milieu à sa fertilité. Il s’agit des
variables « hauteur de la végétation » (mesurée à l’aide d’un carton coulissant le long d’une
tige graduée), « densité fauchable » (tel que défini par le SRVA, 2002, figure 11) et
« physionomie des graminées dominantes » (mesuré tel que décrit par Fleury et al., 1988,
figure 12). L’agrégation de ces variables en un critère « fertilité du milieu » permet également
la simplification du système. Ce critère est compris entre 3 (fertilité très faible) et 12 (fertilité
très élevée). Son mode de calcul est présenté dans le tableau V.

2.2.2.5. Identification d’un gradient supplémentaire

Deux autres gradients apparaissent comme pertinents sur ces analyses : des variables
d’homogénéité du milieu (recouvrement du tapis, homogénéité de hauteur), et à l’opposé, des
variables d’hétérogénéité du milieu (en fait, les variables représentant l’impact du pâturage).
En effet, le pâturage, par son exploitation par l’animal, présente un impact moins uniforme

29
Tableau V : Mode de calcul du critère « fertilité du milieu »
Physionomie des graminées
Densité fauchable Hauteur moyenne
dominantes
Inférieure à 15cm 1
Faible 1 Feuilles fines 1
Entre 16 et 30cm 2
Entre 31 et 45cm 3
Moyenne 2 Feuilles moyennes 2
Entre 46 et 60cm 4
Entre 61 et 75cm 5
Forte 3 Feuilles larges 3
Supérieure à 76cm 6

Bordères
Ortiac
Prades Uz-1 et 2 Lisey-1 et 2
Adast Concé Marsous Estaing Sazos-2 Catarrabes-1 Grust Moura Cambasque
Arrens Miaous Artalens Catarrabes-2 et 3
0.73
0.73
Fertilité habitat -2.2
-2.2 1.9
1.9
impacts pâturage -2.9
-2.9
Héas Betpouey
Bayens Arras Soulor
Lère Estibe

Facteur homogénéité
Caractère
Lurgues Espoune
montagnard Espiaube
Saugué Crampe

Cadeihlan Ayrues
Vieille Aure Gavarnie Aragnouet

Barèges

Saugué Theil

Gaillagos
Sazos-1

Figure 13 : Analyse Canonique des Correspondances


des faciès étudiés en fonction des critères les plus pertinents.
que la fauche sur la végétation, ce qui est observable aisément : présence de refus, zones de
sol nu du fait des animaux, présence d’excréments, hétérogénéité de la fertilisation (du fait
des excréments)…

L’ACC avec ces 4 critères est présentée sur la figure 13.

2.2.2.6. Analyse finale

Une dernière analyse a été réalisée, se détachant totalement des pratiques, et donc
excluant des critères concernant l’homogénéité et l’hétérogénéité, mais conservant caractère
montagnard et fertilité du milieu. Cette analyse est réalisée afin de se détacher de la conduite
de l’exploitation, et également du fait de la plus faible influence de ces deux facteurs sur le
positionnement des parcelles comparée à la prédominance de la fertilité ou du caractère
montagnard. Cette analyse est présentée sur la figure 14, et permet d’aboutir à la typologie
finale des prairies.

En effet, ces analyses ont permis de mettre en lumière le fait que les prairies se
positionnent selon deux gradients : le caractère montagnard du faciès, et la fertilité de ce
faciès. Ces deux gradients ne sont pas corrélés, mais évoluent globalement à l’opposé.
Comme le montre la figure 15, ces deux gradients déterminent une zone possible de
positionnement des prairies. Ainsi, les prairies de faible caractère montagnard présentent une
fertilité élevée, tandis que les prairies de fort caractère montagnard présentent une fertilité
faible. Entre ces deux extrêmes, deux scénarii sont possibles : soit un maintien de la fertilité
malgré l’augmentation du caractère montagnard (grâce aux pratiques et/ou au milieu, courbe
rouge de la figure), ou une diminution rapide de la fertilité avec l’augmentation du caractère
montagnard (courbe bleue de la figure).

Pour autant, il ne faut pas comprendre les courbes comme des trajectoires dynamiques.
En effet, par définition, le caractère montagnard d’une parcelle est une donnée fixe. Ainsi, les
courbes bleue et rouge représentent des scénarii hypothétiques quant à la réponse de la
fertilité d’un faciès en cas d’augmentation, théorique, de son caractère montagnard.

30
Catarrabes-3
2.1
-2.2 1.9
-2.2
Vieille Aure
Arrens Uz-2 Catarrabes-1

Adast Marsous Estaing Bordères


Catarrabes-2

Sazos-2
Miaous Soulor
Bayens Sazos-1
Aragnouet
Cadeihlan

Artalens
Concé Uz-1 Ortiac Grust

Fertilité habitat Cara mont


Gaillagos
Lurgues Cambasque
Prades Arras Ayrues Moura Héas Estibe
Lisey-2
Betpouey

Lère Espiaube
Espoune
Saugué Theil

Barèges
Gavarnie Saugué Crampe

Lisey-1

Figure 14 : Analyse Canonique des Correspondances des faciès étudiés


en fonction de leur caractère montagnard et de la fertilité de leur milieu

Positionnement des parcelles en fonction du caractère montagnard et


de la fertilité du milieu

14

12
Fertilité du milieu

10

0
0 2 4 6 8 10
Caractère montagnard

Parcelles Courbe haute Courbe basse

Figure 15 : Graphique des parcelles et de leur aire possible


en fonction de leur caractère montagnard et de la fertilité de leur milieu.
Il n’est pas possible de différencier les prairies selon les relevés botaniques. Les
parcelles peuvent toutefois se distinguer par des gradients de caractère montagnard et
de fertilité du milieu, permettant la définition des types.

2.3. Les types de prairies définis

2.3.1. Les types

A partir de la figure précédente, il est possible de déterminer quatre types


« théoriques » de prairies. En effet, deux types peuvent aisément être définis, aux extrêmes de
la zone possible de positionnement des faciès. Deux autres types peuvent être définis aux
points d’inflexion des courbes (figure 16).

Le type A regroupe les prairies à caractère montagnard peu ou pas marqué (inférieur à
2). Leur fertilité est élevée, généralement supérieure à 7, bien qu’aucune limite n’apparaisse
nécessaire. Les prairies de l’échantillon comprises dans ce type sont Marsous, Arrens,
Bayens, Concé, Adast et Vielle Aure. Ce sont des parcelles ne présentant aucune particularité
du fait de leur localisation dans l’espace montagnard, leur mode d’exploitation et leur
végétation sont banales. La figure 17 donne un exemple de ce type de prairie.

Le type B correspond à des prairies moyennement montagnardes ( indice de caractère


montagnard entre 4 et 6), mais à fertilité élevée (indice supérieur à 8). Il s’agit souvent de
faciès aisément exploitables, avec des pentes faibles pour des altitudes moyennes, ce qui
permet une exploitation assez intensive de la végétation. Les faciès de l’échantillon compris
dans ce type sont Catarrabes (faciès 1, 2 et 3), Sazos (faciès 2), Cadeihlan, Uz (faciès 2),
Bordères et les Mousques. La figure 18 donne un exemple de ce type de prairie.

Le type C représente les prairies moyennement montagnardes (caractère montagnard


également entre 4 et 6), mais avec une fertilité faible (indice inférieur à 6). Ce sont
globalement des prairies présentant des difficultés d’exploitation (pente, accessibilité,
présence de roches…). Les prairies de l’échantillon comprises dans ce type sont Lisey (faciès
1 et 2), Gavarnie, Gaillagos et Arras. La figure 19 donne un exemple de ce type de prairie.

31
Positionnement des parcelles en fonction du caractère montagnard et de
la fertilité du milieu

14

12
Type B
Type A
10
Fertilité du milieu

Type C Type D
4

0
0 2 4 6 8 10
Caractère montagnard

Parcelles Courbe haute Courbe basse Types de prairies

Figure 16 : Graphique des parcelles et de leur aire possible


en fonction de leur caractère montagnard et de la fertilité de leur milieu.

Figure 17 : exemple d’une prairie de type A,


Parcelle à Adast
Le type D comprend les parcelles les plus montagnardes, avec un caractère
montagnard supérieur à 8. Leur fertilité est faible, avec des indices généralement inférieurs à
6, bien qu’aucune limite n’apparaisse comme nécessaire. Il s’agit des prairies de hautes
altitudes, généralement pentues. Les faciès de l’échantillon compris dans ce type sont Pont de
Lère, Plateau de Saugué Theil, Cambasque, Estibe, Barèges, Héas, Betpouey, Espiaube. La
figure 20 donne un exemple de ce type de prairie.

Ces types peuvent également se retrouver à partir des analyses multivariées réalisées
(figure 21). Il apparaît bien sur cette figure que l’ensemble des faciès étudiés n’est pas attribué
à un type. En effet, ces types restent assez théoriques, et doivent avant tout être compris
comme des indices permettant une meilleure appréhension de la réalité du terrain. Pour autant,
il n’apparaît pas pertinent de définir des types trop rigides et couvrant l’ensemble des
possibilités rencontrées. En effet, cela aurait desservi l’outil et son utilisateur. De ce fait, les
types définis sont des situations extrêmes, archétypales, entre lesquelles des situations
intermédiaires sont possibles. Les prairies n’ayant pas été classées dans un des types
précédents peuvent donc être rangées entre deux types, tel que Miaous (type AB), Grust (type
BC), Vizos (type BD) ou bien Ayrues (type CD), pour ne citer que celles-là.

2.3.2. Répartition des types dans l’espace

Il apparaît possible d’imaginer la répartition des différents types au sein de l’espace


Parc.
En effet, le type A se situera a priori dans les fonds de vallée et à l’entrée de la zone Parc,
généralement sur des surfaces relativement planes et faciles à exploiter (tel que les prairies
autour de Luz-St Sauveur par exemple).
Le type D se trouvera en altitude et sur des versants élevés. Typiquement, il s’agira de
parcelles à proximité immédiate des estives, voir des estives mises en défens pour réaliser une
fauche.
Les types B et C se situeront entre les deux, a priori les types B sur les zones les plus
exploitables, et les types C sur les zones plus difficiles (pente, facteurs limitants tel que
roches, sol superficiel…).
L’étagement de ces types n’est pour autant pas aussi évident. Ainsi, il est fort possible de
rencontrer une mosaïque de types et d’intertypes sur une zone, du fait des conditions

32
Figure 18 : exemple d’une prairie de type B,
Parcelle aux Mousques (Arrens-Marsous)

Figure 19 : exemple d’une prairie de type C,


Parcelle à Gavarnie
spécifiques à chaque parcelle : pente, profondeur du sol, ou encore pratiques agricoles et
passé cultural… Ces trois derniers facteurs peuvent présenter un impact très important sur
l’indice de fertilité du sol.

2.3.3. Dynamique entre les types.

La dynamique possible entre les différents types est assez restreinte. En effet, le
positionnement de chaque faciès selon le caractère montagnard est fixe. Par contre, le
positionnement selon la fertilité du milieu est variable. Ainsi, un faciès peut passer du type B
au type C par appauvrissement du milieu (diminution de la fertilisation, augmentation de la
pression d’exploitation), ou au contraire passer du type C au type B, par enrichissement
(augmentation de la fertilisation, diminution de la pression d’exploitation). Ceci est également
possible pour les faciès entre deux types, par exemple d’un faciès AC vers un faciès AB…
Comme il est vu plus loin, cela peut avoir une influence sur le milieu.

Quatre types de prairies sont définis en fonction du caractère montagnard et de


la fertilité des faciès. Ce sont des types théoriques, avec des intermédiaires possibles. Des
trajectoires dynamiques sont possibles, ainsi qu’une estimation de la répartition des
différents types.

2.4. Valeur patrimoniale des prairies de fauche de montagne

Un des objectifs du travail était de hiérarchiser les priorités de conservation des


prairies de fauche de montagne afin d’orienter la politique de gestion du Parc. Les types
définis précédemment, s’ils sont pertinents, ne permettent pas d’élaborer cette hiérarchisation.
Il apparaît donc nécessaire de pouvoir évaluer la valeur patrimoniale des prairies, et de là,
affiner la typologie.

33
Figure 20 : exemple d’une prairie de type D,
Parcelle au Pont de Lère (Aragnouet)

Catarrabes-3
2.1
2.1
-2.2
-2.2 1.9
1.9
-2.2
-2.2
VA Arrens Uz-2 Catarrabes-1

Type B

Adast Marsous Bordères


Estaing Catarrabes-2

Sazos-2
Type A Miaous
Cadeihlan
Aragnouet
Soulor
Bayens Sazos-1

Uz-1
Concé Ortiac Artalens Grust

Cara mont
Fertilité habitat Lisey-2 Lurgues Estibe
Prades Arras Moura Héas Betpouey
Gaillagos Ayrues
Cambasque

Theil
Espoune Lère Espiaube

Gavarnie Barèges
Crampe
Type D
Type C

Lisey-1

Figure 21 : Analyse Canonique des Correspondances des faciès étudiés


en fonction du caractère montagnard et de la fertilité du milieu ; types de pairies définis.
La valeur patrimoniale des prairies peut se décliner en 2 volets. Le premier correspond
à la dimension biologique des parcelles, tandis que le second correspond à la valeur d’usage
de ces milieux. A partir de critères définis pour chacun de ces volets, il est possible d’attribuer
une « valeur patrimoniale » à chaque faciès.

2.4.1. Valeur patrimoniale biologique

2.4.1.1. Richesse floristique

La richesse spécifique correspond au premier ‘‘niveau’’ d’évaluation de la valeur


patrimoniale. La méthode des points quadrats, si elle renseigne de façon pertinente sur la
composition de la majorité de la biomasse, ne permet pas une bonne estimation de la richesse
spécifique totale. Par contre, un dénombrement du nombre d’espèces à fleurs « vraies » (c’est
à dire autre que graminoïde) permet une bonne approximation du niveau de biodiversité totale
(coefficient de corrélation entre nombre de fleurs et richesse totale de 0.945 en ce qui
concerne l’échantillon ; Parc National de la Vanoise et SUACI Alpes du Nord, 2000).

Ainsi, le nombre de fleurs comptées sur les parcelles de l’échantillon varie entre 10 et
34 espèces. Les classes définies pour ce critère sont donc :

jusqu’à 15 espèces à fleurs : biodiversité faible

de 16 à 27 espèces à fleurs : biodiversité moyenne

plus de 28 espèces à fleurs : biodiversité élevée.

Ces bornes sont fixées en fonction de la répartition du nombre de fleurs vraies (hors
graminoïdes) dans l’échantillon.

Cette estimation ne permet d’estimer seulement la richesse floristique. Il serait


pertinent d’élaborer des indicateurs de la richesse faunistique d’une parcelle, tel que mis en
place par le SRVA (2002) ou la clé des prairies d’Auvergne (2004). Cette étude serait donc à
prévoir à terme par le Parc.

De plus, certaines espèces présentent une valeur patrimoniale supplémentaire qu’il


convient de repérer. Ainsi, les orchidées paraissent importantes à noter, du fait des conditions
du milieu qu’elles supposent, ainsi que d’un point de vue « patrimoine grand public ». De la

34
même manière, l’Iris des Pyrénées (Iris xiphioïdes), espèce endémique des Pyrénées et
emblématique de la flore pyrénéenne, apparaît comme important à noter.

2.4.1.2. Hétérogénéité du milieu

La valeur patrimoniale d’un milieu suppose également une certaine fonctionnalité.


Cette fonctionnalité est plus probable dans le cas de milieu diversifié, tant d’un point de vue
spécifique que d’un point de vue structurel. Ainsi, certains éléments créent une hétérogénéité
favorable à la flore, mais aussi à la faune. De plus, ces éléments correspondent également à
des facteurs limitant l’intensification des pratiques agricoles, et sont parfois la cause de
pratiques patrimoniales (vergers, irrigation…). Ces éléments correspondent à des
modifications locales des conditions du milieu (régime hydrique, profondeur du sol,
éclairement…). Il s’agit généralement de zones d’engorgement d’eau, de zones d’émergence
de roches, de zones ombragées…

Les critères retenus pour quantifier cette hétérogénéité sont les suivants :

présence de ligneux volontaires. Par ligneux volontaires, on entend


différencier les ligneux laissés en place par les pratiques, au contraire des
ligneux colonisant la prairie et ‘‘oubliés’’ des pratiques (généralement, les
ligneux volontaires sont des arbres fruitiers, des frênes, des chênes…) ;

présence de roches affleurantes. En effet, ces roches conduisent à des


modifications des conditions édaphiques (en particulier par l’épaisseur du sol).
De plus, c’est un facteur limitant fortement les pratiques agricoles ;

présence de zone d’engorgement d’eau. Ces zones présentent des cortèges


floristiques et faunistiques souvent radicalement différents comparés au reste
de la prairie. De plus, les pratiques actuelles ont tendance à détruire ces
milieux, notamment par le drainage.

35
Exemple du Plateau de
Saugué :

Pas de séparations entre les


parcelles, ou murets, lignes
de niveau…

Exemple de Sers

Parcelles incluses dans un


réseau de haies et de bois

Exemple d’Arrens-Marsous

Parcelles à proximité
immédiate de
l’agglomération

Figure 22 : exemples de l’insertion paysagère de différentes parcelles


2.4.1.3. Insertion paysagère

Les prairies de fauche de montagne en Bigorre s’inscrivent dans une multitude de


structures de paysage : plateau ouvert sans matérialisation des limites parcellaires, parcelles
entourées de haies, de murets, de forêts, parcelles en agglomération (figure 22). Il apparaît
donc impossible de caractériser la valeur patrimoniale des éléments paysagers, même d’un
point de vue biologique.

Pour autant, le fonctionnement d’une parcelle au sein de son paysage suppose une
certaine connectivité. Ainsi, la présence de corridors de type barrière entourant tout ou partie
de la parcelle correspond à une diminution de la valeur patrimoniale d’une prairie. Par
corridor de type barrière, il est ici fait référence aux milieux fortement anthropisés, c’est-à-
dire les milieux goudronnés (routes, parking), les murs récents et très entretenus (à distinguer
des murets et murs de pierres sèches), et certaines haies décoratives (thuya, palmes…). Les
cours d’eau ne sont pas compris dans ces corridors, du fait de leur naturalité et de leur rôle
dans le fonctionnement du paysage. Lors de cette étude, aucune donnée n’est venue appuyer
cette idée de baisse de la patrimonialité du fait d’un corridor artificiel à proximité d’une
parcelle. Pour autant, la bibliographie (Burel et Baudry, 1999), les observations de terrain et
l’attente paysagère du qualificatif « patrimoine » permettent de définir une augmentation de la
valeur patrimoniale lors de l’absence de tels corridors.

La valeur patrimoniale biologique des prairies peut être estimée à l’aide


d’indicateurs simples et objectifs : richesse de fleurs, présence d’espèces remarquables,
hétérogénéité du milieu, insertion paysagère. La technicité requis par ces indicateurs est
faible.

2.4.2. Valeur patrimoniale liée aux usages

Ce patrimoine est exclusivement lié aux pratiques agricoles. En effet, comme vu


précédemment, donner une valeur patrimoniale au paysage n’est pas envisageable dans le
cadre de ce travail. Une réflexion sur les paysages au sein du Parc et sur les priorités de
conservation des différents éléments paraît toutefois nécessaire à réaliser par le gestionnaire.

36
Le patrimoine « praticole » peut être envisagé à travers plusieurs critères aisément
observables.

2.4.2.1. Patrimoine bâti

La présence de granges sur la parcelle est un élément fondamental du patrimoine


humain des prairies. Néanmoins, il apparaît également nécessaire de noter l’entretien ou non
de ce patrimoine, ce qui permet de juger de la valeur attribuée par l’exploitant à la grange.

De même, et comme abordée précédemment, la nature de l’utilisation d’une grange est


déterminante pour qualifier la valeur patrimoniale d’une parcelle. Ainsi, la transformation
d’une grange en résidence secondaire apparaît comme une diminution de la valeur
patrimoniale apportée par la présence de la grange.

2.4.2.2. Irrigation

La présence de rigoles correspond au maintien de pratiques anciennes à forte valeur


patrimoniale. De plus, ces rigoles présentent un impact positif sur la biodiversité en créant des
zones plus fraîches sur des parcelles qui connaissent souvent des sécheresses importantes.

Tout comme pour les granges, l’entretien de ce patrimoine dénote sa valeur aux yeux
de l’exploitant. Noter cet aspect présente donc un intérêt.

2.4.2.3. Présence de murets

La présence de murets est assez courante même sur les zones dépourvues de limites
claires des parcelles… Ainsi, contrairement aux autres éléments de séparation des parcelles
tels que les haies, il apparaît pertinent de noter la présence de murets sur une parcelle, ainsi
que leur entretien, le cas échéant.

37
Figure 23 : Parcelles en escalier avec murets de soutènement
Barèges, les Piets Dérat
En zone de montagne, les murets peuvent également servir de soutènement lors d’une
organisation en « escalier » des parcelles agricoles (figure 23). Cette pratique traditionnelle
contribue en soi à la valeur patrimoniale de la prairie, et est en soi intéressante à relever.

2.4.2.4. Accessibilité de la parcelle

Les prairies de fauche de montagne ne sont pas forcément aisément accessibles. Ainsi,
certaines demandent, en plus de la piste, une marche plus ou moins longue (jusqu’à une heure
de marche pour certaines). Malgré la possibilité d’utiliser du matériel spécifique (motocross,
quad), de telles parcelles sont logiquement à l’abri d’une trop grande intensification, et leur
exploitation reste assez proche des pratiques anciennes, c’est à dire avec absence de transport
du fourrage et fertilisation avec le fumier produit sur place. De ce fait, une accessibilité
restreinte est un indicateur indirect d’une certaine valeur patrimoniale.

Cela permet également de renseigner sur les préconisations de gestion possibles


concernant la prairie. En effet, les actions envisageables ne sont pas forcément les mêmes
entre deux parcelles, en fonction de leur accessibilité respective.

La valeur patrimoniale des prairies liée aux pratiques peut être estimé de façon
simple, sans le besoin de rencontrer l’exploitant. Les critères sont les granges, les rigoles,
les murets et l’accessibilité.

Il est bien évident que ces critères résultent de choix. En effet, la notion de valeur
patrimoniale est particulièrement difficile à définir, et regroupe de plus des choses très
variables, selon le point de vue. Par exemple, une zone humide ou une faible accessibilité sont
ici des caractères augmentant la valeur patrimoniale d’une parcelle, mais ces critères ne
représenteront pas forcément cette même dimension pour l’exploitant agricole. Ainsi, il a été
nécessaire, au regard des données bibliographiques et des objectifs du Parc, de choisir un
certains nombre de critères, parfois subjectifs, tel que l’accessibilité ou les corridors
artificiels.

38
Tableau VI : Éléments à noter et mode de calcul de l’indice de valeur patrimoniale
Patrimoine biologique Patrimoine lié à la valeur d’usage
Patrimoine bâti :
Biodiversité floristique : • présence de grange(s)
+1
• jusqu’à 15 espèces fleuries +1 • Grange(s) entretenue(s)
+1
• entre 16 et 27 espèces fleuries +2 • Grange(s) agricole(s)
+1
• plus de 28 espèces fleuries +3 • Grange(s) exclusivement
-1
résidentielle(s)
Espèces remarquables : Pratiques de l’irrigation :
• présence d’orchidées +1 • présence de rigoles +1
• présence d’Iris des Pyrénées +1 • rigoles entretenues +1
Hétérogénéité :
Murets :
• présence volontaire de ligneux
+1 • présence de murets +1
• présence de roches affleurantes
+1 • murets entretenus +1
• présence de zones
+2 • muret rattrapant la pente +1
d’engorgement d’eau
Paysage : Accessibilité :
• absence de milieux anthropisés • Accessibilité particulièrement
+1 +2
bordant la parcelle restreinte
2.4.3. Indice de valeur patrimoniale

A partir de l’ensemble de ces critères, il est possible de calculer un indice de valeur


patrimoniale en notant la présence ou l’absence des éléments faisant références aux critères.
Le tableau VI récapitule ces différents éléments et indique le mode de calcul de l’indice. Il est
bâti de telle sorte que la moitié de l’indice fasse référence au patrimoine biologique, et l’autre
moitié au patrimoine lié aux usages. Les poids attribués à chaque indice l’ont été de sorte à
obtenir cet équilibre, et car il n’apparaissait pas pertinent, excepté pour la présence de zones
d’engorgements d’eau (apportant une forte diversité et menacées par les pratiques), de donner
un poids plus important à tel ou tel critère. Cependant, ce mode de calcul peut être amener à
évoluer avec le temps, suite à son utilisation répétée et à l’augmentation des connaissances.

Cet indice est compris entre 1 et 20, bien qu’une telle valeur semble peu probable. En
pratique, les parcelles de l’échantillon présentent une valeur d’indice comprise entre 2 et 15,
pour une moyenne de 7. A partir de l’observation des valeurs de chaque parcelle rapprochée
de la connaissance du terrain, il apparaît possible de dégager des grands groupes de valeurs
proches et ainsi de définir des sous-types complétant les types définis précédemment.

2.4.4. La définition de sous-types de prairies

Trois groupes de valeur patrimoniale peuvent être définis à partir des indices. Les
sous-types ainsi créés sont qualifiés à l’aide d’un chiffre (1, 2 ou 3), qui est accolé aux types
des parcelles.

Le premier groupe, noté ‘‘1’’ et qualifié « de faible valeur patrimoniale », regroupe


les 15 parcelles de l’échantillon dont la valeur patrimoniale est inférieure ou égale à 5. Ce sont
majoritairement des parcelles des types A et B, plus globalement des parcelles présentant une
fertilité du milieu élevée (excepté dans le cas d’une parcelle). Il s’agit de parcelles dont
l’exploitation ne présente pas de particularités d’usages (rigoles, granges…). Leur biodiversité
est globalement faible.

Le deuxième groupe, noté ‘‘2’’ et qualifié « de valeur patrimoniale moyenne »,


réunit les 18 parcelles de l’échantillon dont la valeur patrimoniale est comprise entre 6 et 9.

39
Tableau VII : Tableau des parcelles avec types, sous-types, caractère montagnard, fertilité de
l’habitat et indice d’hétérogénéité.

Caractère Fertilité du Valeur


N° parcelle Type
montagnard milieu patrimoniale

Adast 0 9 2
Concé 1 7 5
Vieille Aure 1 10 4
A1
Arrens 2 10 2
Bayens 2 8 2
Marsous 2 9 2
Estaing 3 9 8
AB2
Miaous 3 8 7
Prades dessus AC2 3 6 7
Cadeihlan 4 8 4
Sazos-1 4 8 5
Catarrabes-1 B1 5 10 2
Catarrabes-3 6 11 2
Catarrabes-2 6 9 4
Bordères 4 9 6
Sazos-2 B2 4 8 6
Uz-2 4 10 7
Mousques B3 4 8 10
Ortiac BC1 4 7 5
Uz-1 4 7 8
BC2
Grust 6 7 9
Artalens Souin BC3 4 7 15
Soulor 7 8 2
BD1
Vizos 7 8 3
Aragnouet BD3 7 8 10
Gaillagos 5 6 8
Lisey-2 C2 5 6 6
Gavarnie 6 4 6
Arras 4 6 11
C3
Lisey-1 5 3 12
Aspin Aure CD1 7 3 4
Ayrues 7 6 8
CD2
Moura 7 6 8
Lurgues 7 6 11
Espoune CD3 7 5 12
Saugué Crampe 7 4 15
Pont de Lère 8 5 6
Héas 8 6 6
Saugué Theil D2 8 5 9
Betpouey 9 6 7
Cambasque 9 6 8
Estibe 9 6 11
Barèges D3 10 4 10
Espiaube 10 5 10
Ces prairies sont réparties dans l’ensemble des types. De manière générale, ce groupe ne
présente que des vestiges de pratiques traditionnelles, avec une biodiversité moyenne.

Le troisième groupe, noté ‘‘3’’ et qualifié « de haute valeur patrimoniale », réunit


les 11 parcelles de l’échantillon dont la valeur patrimoniale est égale ou supérieure à 10. Ces
prairies sont principalement des types C et D, mais aussi du type B. Il s’agit de parcelles aux
pratiques traditionnelles vivaces, au milieu diversifié et à la biodiversité élevée.

Le tableau VII récapitule les types et sous-types, ainsi que les valeurs du caractère
montagnard, de la fertilité du milieu et de la valeur patrimoniale.

Comme ce tableau l’indique, il n’est pas possible de prévoir avec certitude la valeur
patrimoniale d’une prairie en fonction de son type. Bien qu’aucun faciès ne soit du type A2 ou
A3, cela n’est pas impossible, comme le laisse suggérer l’existence d’un type B3, a priori
improbable… Le calcul de la valeur patrimoniale apporte donc une information
supplémentaire par rapport aux types généraux.
De plus, s’il était possible d’imaginer la répartition des différents types dans la zone
Parc grâce au caractère montagnard, il apparaît que la valeur patrimoniale ne peut être reliée à
ce critère, pas plus qu’à la fertilité du milieu. Ainsi, la définition du sous-type d’une prairie
permet de faire ressortir des intérêts de conservation passés inaperçus précédemment.

Il était souhaité de pouvoir croiser la typologie obtenue avec les pratiques agricoles.
Néanmoins, pour une question de temps, ce travail n’a pas pu encore être réalisé, mais il
devrait l’être dans les plus brefs délais.

Le calcul d’un indice de valeur patrimoniale permet la distinction de sous-types


de prairies en fonction de cette valeur patrimoniale (faible, moyenne, élevée). Comparée
aux types précédents, cette distinction apporte une information supplémentaire pour la
définition de l’intérêt de chaque parcelle.

40
2.5. Diagnostic et état de conservation

Au delà de la description des parcelles via une typologie, l’objectif du stage était
également de déterminer des priorités de gestion. Dans cette optique, la définition de l’état de
conservation des prairies semble nécessaire.

Pour autant, face à la difficulté de définir ce qu’est l’état de conservation, il a été


choisi de définir différents critères indiquant un mauvais état de conservation. L’absence de
ces critères sur une parcelle permet donc de définir par défaut une prairie comme en bon état
de conservation.

Plusieurs phénomènes sont susceptibles d’influencer l’état de conservation des prairies


de fauche. Ces phénomènes, qui constituent des facteurs d’influence, sont alors mesurables au
travers d’indicateurs objectifs et observables sur le terrain.

2.5.1. L’impact des pratiques

A l’inverse de nombreux espaces naturels, les prairies ne correspondent pas à la notion


habituelle de climax4, mais à celui de « climax praticole », c'est-à-dire végétation en équilibre
avec le milieu et dont l’équilibre est maintenu par le maintien des pratiques humaines. En
dehors de ces pratiques, la végétation prairiale évolue plus ou moins rapidement, selon les cas,
généralement vers des groupements forestiers ou préforestiers, mais également vers des
groupements de landes en conditions très limitantes. Le garant du maintien de la prairie en
état est donc la bonne exploitation de ces ressources, c'est-à-dire une exploitation en fonction
de la productivité du milieu. Ainsi, on peut a priori classer les facteurs de dégradation de la
prairie en deux catégories : les indicateurs de sous-exploitation (apports plus faibles que
l’exportation), et les indicateurs de surexploitation (surfertilisation).

4
Climax : état d’équilibre de la végétation avec les conditions du milieu. Stade ultime de la dynamique végétale.

41
Figure 24 : colonisation par le chêne d’une prairie
Exemple à Uz.

Figure 25 : dominance de Gaillet vrai sur une prairie


Exemple à Cadeilhan-Trachère
2.5.1.1. Sous-exploitation et abandon

La sous-exploitation d’une prairie (exportation supérieure aux apports) conduit à un


appauvrissement du milieu jusqu’à l’obtention de prairies maigres, voir de pelouses maigres.
Ces milieux gardent des caractéristiques de prairies, et peuvent acquérir une valeur
patrimoniale très élevée du fait de leur oligotrophie (présence d’espèces végétales spécifiques,
telles que certaines orchidées par exemple). Ces milieux ne seront pas traités ici, du fait de
leurs particularités (faible production, spécificité patrimoniale…). Le suivi de l’indice de
fertilité peut permettre de repérer cette sous-exploitation.

L’abandon de la fauche ou sa pratique irrégulière se traduit par une dynamique


positive de la prairie vers son climax : il y a donc colonisation par des espèces ligneuses. Pour
les Hautes Pyrénées, il s’agit principalement d’une colonisation par le frêne (Fraxinus
excelsior), mais également par le chêne (Quercus sp, figure 24), le bouleau (Betula sp), ainsi
que le saule (Salix sp) sur des milieux plus humides. Des espèces plus buissonnantes, telle la
ronce (Rubus fructicosus) peuvent également se rencontrer dans certains cas. Pour autant, une
présence de ronces sur une parcelle n’est pas forcément synonyme d’enfrichement. En effet,
les ronces peuvent apparaître sur les roches affleurantes de la prairie, sur des zones qui ne sont
donc pas forcément fauchées, ou bien en lisière de la parcelle. Dans ce cas, l’exploitation
annuelle permet généralement le contrôle de ces espèces. L’enfrichement d’une parcelle se
traduit également par des modifications plus fines du cortège floristique, via l’apparition
d’espèces caractéristiques des ourlets et des lisières jusqu’au cœur de la parcelle. Ces espèces
peuvent assez couramment devenir dominantes sur la parcelle (figure 25). Néanmoins, pour
des raisons de facilité, la détermination des espèces sylvatiques ne sera pas retenue pour
caractériser l’enfrichement.

En conclusion, un abandon totale de la parcelle ou une irrégularité dans son


exploitation conduit à une perte de caractère prairial de la parcelle. L’exploitation des
ressources de la prairie sans fertilisation peut présenter une certaine valeur biologique que le
gestionnaire peut chercher à privilégier. Cet état n’est pas assimilable à une diminution de son
état de conservation. Il n’est donc retenu que l’abandon comme facteur d’influence pour le
diagnostic d’une prairie.

42
Fauche

Prairies oligotrophes Prairies de Prairies enrichies Prairies


Sous fauche Surexploitation Surexploitation eutrophes
Valeur patrimoniale En bon état Risque de diminution
potentiellement élevée exploitation faible de la valeur importante Type R
patrimoniale

Abandon total de l’exploitation agricole

Enfrichement
(Forêt, landes…)

Perte totale
du caractère prairial

Figure 26 : Schéma des dynamiques prairiales


en fonction des pratiques agricoles
2.5.1.2. Surexploitation

La surexploitation d’une prairie se traduit par des apports de fertilisants, organiques ou


minéraux, supérieurs à l’exportation de matière sèche, c’est à dire une eutrophisation de la
prairie. Dans ce cas, l’apparition d’espèces nitrophiles est probable, telles que les oseilles en
très grande dominance (Rumex sp) ou les orties (Urtica dioïca). Ce déséquilibre nutritionnel
est souvent provoqué par le stockage de fumier sur la parcelle ou par le stationnement d’un
troupeau sur la parcelle durant l’hiver. Dans ce cas, il y a apports de fourrages, ce qui enrichit
la parcelle via les déjections. De plus, le piétinement peut être important autour des zones
d’affouragement ou de repos. Le chénopode (Chenopodium sp) peut alors être rencontré, en
plus des espèces précédentes. Cette dégradation peut être généralisée sur l’ensemble du faciès,
ce qui correspond alors à la physionomie ‘‘R’’ définie précédemment. Le cas extrême d’une
dégradation par surexploitation conduit donc au cas de figure de ‘‘faciès dégradé’’ tel que
défini précédemment.

A un stade moindre que dans le cas d’apparition de nitrophiles, la fertilisation d’une


parcelle peut conduire à une diminution de sa valeur patrimoniale. Cela n’entraîne pas de
risque de perte du caractère prairial du milieu, mais la chute de biodiversité et la disparition
d’espèces patrimoniales, oligotrophes, sont très probables (Delpech, 1999 in Broyer, 2001).
Une chute de l’indice de valeur patrimoniale associée à une augmentation de l’indice de
fertilité du milieu devrait permettre de repérer ce cas de figure.

Un schéma des différentes trajectoires de l’état de conservation d’une prairie en


fonction des pratiques est présenté figure 26.

La dégradation de l’état de conservation d’une prairie de fauche peut découler


d’un arrêt de la fauche (apparition de ligneux, et/ou dominance de quelques espèces), ou
d’une surexploitation de la parcelle (apparition et dominance de nitrophiles). Ces
critères peuvent être localisés ou généralisés sur la prairie. Il faut pour autant veiller à
ne pas les confondre avec une dynamique des abords contenue par les pratiques
agricoles.

43
Figure 27 : Envahissement d’une parcelle par le Brachypode penné
Aspin Aure

Figure 28 : impact du passage d’un sanglier sur une parcelle,


Betpouey
2.5.2. L’envahissement par le brachypode penné

Le brachypode penné (Brachypodium pinnatum) est une espèce des lieux incultes. Il se
présente généralement sous forme de taches plus ou moins grandes, au-dedans duquel la
diversité spécifique peut être extrêmement faible. De par le bord de ses feuilles très rugueux,
il présente un intérêt fourrager quasiment nul, et est généralement refusé par le bétail. Il lui est
possible d’envahir les prairies, avec dans ce cas un aspect général caractéristique de
« coulées » de brachypode provenant de l’amont de la prairie (figure 27). Son maintien serait
a priori lié à de microconditions édaphiques : forte pente, sol superficiel… Pour autant, le
brachypode ne semble pas lié à des conditions trophiques spécifiques (Liancourt, thèse en
cours), mais plutôt à des conditions hydriques particulières (Liancourt et al., 2005).

Cette espèce peut conduire à une banalisation très importante du milieu et à une perte
tout aussi importante de la valeur d’usage de la parcelle.

2.5.3. La faune sauvage et ses impacts

Les conséquences de la fréquentation d’une prairie par la faune sauvage peuvent être
assez importantes, particulièrement dans le cas de sangliers ou autres mammifères. Ainsi, la
mise à nu de la terre peut s’accompagner de la remontée de cailloux à la surface du sol, avec
des conséquences lors de la fauche : usure et casse du matériel, perte de temps pour repérer et
éviter les zones touchées… De plus, la faune sauvage consomme de la biomasse végétale, et
bien que la quantité ne soit pas mesurée, beaucoup d’éleveurs l’estiment assez élevée.

Le sanglier peut « labourer » des zones plus ou moins grandes sur les parcelles (figure
28). Cette fréquentation se limite toutefois aux parcelles relativement proches de zones
boisées. Son passage pose de sérieux problèmes pour la fauche suivante (mottes de terre,
cailloux…).

La marmotte a été introduite dans les Pyrénées à partir de 1948. Depuis et suite à
d’autres lâchers, cette espèce s’est répandue sur les estives, et commence à gagner les prairies
de fauche contiguës. Son impact est important : consommation de fourrages, creusement de
nombreux terriers de taille non négligeable, traçage de sentiers, mise à nu de terre et de
pierres (figure 29), mais aussi effondrement de certaines granges (les marmottes creusant sous

44
Figure 29 : terrier de marmottes sur une prairie de fauche,
Saint Lary Soulan, aux granges d’Espiaube

Figure 30 : Impact du rat taupier sur une prairie,


exemple à Betpouey.
les fondations). Aucune technique de lutte n’est actuellement mise en place dans les Pyrénées.
La marmotte est très peu appréciée par les éleveurs, du fait de sa ‘‘non-naturalité’’ surtout. De
plus, l’absence de méthodes de lutte et le risque encouru par les granges augmentent la
rancœur du monde agricole à son encontre. La patrimonialité de l’espèce auprès des touristes
n’est qu’une maigre consolation, dont la majorité des éleveurs se moque.

Plusieurs éleveurs se sont plaints de l’impact des rats taupiers (nom local pour le
campagnol terrestre) sur les prairies. Cet impact est surtout dû à la consommation de
fourrages, car cette espèce, si elle met à nu des surfaces parfois conséquentes de sol (figure
30), ne crée pas de monticules, ou ne fait pas émerger des pierres. Ainsi, il y a peu de menaces
d’abandon d’une parcelle du fait du rat taupier. De plus, il apparaîtrait, aux dires d’anciens,
que les populations de rats taupier soient en expansion du fait des modifications des pratiques
(diminution de l’irrigation, présence de zones non-fauchées…).

2.5.4. Les facteurs d’influence observables

A partir des points précédents, il est possible d’établir des facteurs d’influence
aisément observables sur le terrain :

• présence de ligneux non volontaires • présence de brachypode penné

• présence de nitrophiles • impact de sangliers ou de marmottes.

Ainsi, l’observation de ces 4 critères sur le terrain permet d’émettre un avis sur l’état
de conservation de la prairie. Concernant la baisse de la valeur patrimoniale du fait de la
fertilisation, seul un suivi de la parcelle, et particulièrement de sa fertilité et de sa valeur
patrimoniale, permet de tirer des conclusions.

45
2.6. Menaces

La principale menace concernant les prairies de fauche réside dans son abandon. La
diminution de la valeur patrimoniale n’est pas traitée ici, du fait du maintien du caractère
prairial du milieu dans ce cas. L’abandon d’une parcelle est généralement causé par de trop
fortes contraintes d’exploitation en comparaison des bénéfices retirés par la fauche. Ces
contraintes sont de plusieurs types.

2.6.1. Difficultés d’exploitation

Une trop forte pente sur une parcelle limite son exploitation, tant au niveau de la
fauche qu’au niveau de la fertilisation. Cela peut conduire à un abandon de ces parcelles au
profit de parcelles plus aisément exploitable, et donc bien souvent plus productive. Ce risque
est particulièrement marqué lors des changements d’orientation de la parcelle ou du
changement d’exploitant.

2.6.2. Accessibilité restreinte et distance au siège de l’exploitation

Un accès trop restreint à une parcelle peut limiter fortement son exploitation, par la
limitation de sa mécanisation, ce qui augmente le temps et le travail consacrés par l’exploitant
à ces parcelles.

De la même manière, la distance à l’exploitation d’une parcelle augmente le temps


nécessaire à son exploitation, particulièrement pour les parcelles en altitude, ce qui favorise
l’abandon de cette parcelle.

2.6.3. Fréquentation importante par la faune sauvage

Une parcelle visitée chaque année par des sangliers présentera des contraintes élevées
aux yeux d’un exploitant. De la même manière, l’installation d’un groupe de marmottes sur

46
une parcelle va conduire à une baisse de la production et à une augmentation des difficultés
d’exploitation. De ce fait, une parcelle trop fréquentée par la faune sauvage présente un risque
important de ne plus être fauchée mais pâturée, voir totalement abandonnée.

2.6.4. Irrégularité de l’exploitation

La colonisation d’une parcelle par des ligneux, ou la modification de sa flore, peuvent


être particulièrement rapides. Ainsi, l’exploitation irrégulière d’une parcelle peut diminuer
son intérêt agronomique, avec à terme un abandon possible de toute exploitation de la
parcelle.

2.6.5. Vulnérabilité des différents types

Les types C et D sont les plus menacés. En effet, ils présentent les conditions
d’exploitation les plus difficiles, et une fertilité faible. De ce fait, le rapport travail/bénéfices
de l’exploitation est assez faible, et l’abandon de ces surfaces est probable dans la situation
actuelle pour plusieurs parcelles de l’échantillon.

Il est possible d’estimer le risque d’abandon pesant sur une parcelle en fonction
de critères simples liés à l’exploitation des parcelles. Il apparaît que les types C et D sont
les plus menacés d’abandon, parfois à court terme.

2.7. Limites de la méthode

2.7.1. Limites dues à l’échantillonnage

L’échantillon a été réalisé de sorte à observer le maximum de diversité. Pour autant, il


n’est pas possible d’être certain que l’échantillon présente l’ensemble des situations réelles.
Même si la typologie élaborée comprend une certaine théorisation de la réalité, ce qui permet

47
d’atténuer cette limite, il convient pour autant d’être prudent. L’augmentation du nombre de
prairies inventoriées à l’avenir devrait permettre de confirmer ou d’infirmer tout ou partie de
la typologie.

2.7.2. Limites dues à la récolte des données

Concernant la récolte des données, plusieurs limites à l’étude peuvent être soulevées.

En effet, la détermination des espèces végétales, bien que réalisée avec le maximum de
sérieux, peut présenter des erreurs. Ce risque est d’autant plus important concernant les
espèces rencontrées aux stades végétatifs ou de dessèchement, comme cela a souvent été le
cas. De plus, plusieurs variables étaient assez subjectives, comme par exemple le
recouvrement des dicotylédones non légumineuses ou le recouvrement d’hémicryptophytes à
rosette (variables très difficile à quantifier à l’échelle d’un faciès, car ces espèces sont
recouvertes par le reste de la végétation…). Différentes sorties sur le terrain à plusieurs ont
montré une certaine variabilité dans les résultats. Cela peut avoir faussé les informations
fournies par ces variables. De ce fait, et afin de rendre l’outil plus sûr, la typologie finale
n’utilise pas ce type de variables subjectives, excepté pour déterminer l’indice de fertilité du
milieu (variable de physionomie des graminées dominantes et variable de densité fauchable).
L’utilisation de schémas simples tel que présentés page 29 (figures 10 et 11) doit permettre de
limiter la variabilité entre différents observateurs. Une quantification du biais apporté par
l’observateur serait souhaitable, afin de contrôler la méthode.

La méthode des points quadrats de Daget et Poissonet utilisée pour ce travail apparaît
au terme de ce travail comme n’étant pas la plus pertinente. En effet, si elle permet de relever
la composition spécifique de 80% de la biomasse, elle ne relève que le fonds prairial ; Or,
celui-ci est assez constant pour une même région. De ce fait, il était prévisible que l’ensemble
des faciès soient confondus sur les graphes des traitements statistiques. Si le Parc souhaite, à
l’avenir, baser un nouveau travail sur des relevés de végétation, avec comme objectif la mise
en relation d’espèces avec les types, il serait pertinent d’utiliser des méthodes de relevés
exhaustifs, tel que la phytosociologie par exemple. En éliminant le fonds prairial, il serait
alors théoriquement possible de discriminer les différentes parcelles par leurs relevés.

Enfin, la récolte des données agricoles a été réalisée du mieux possible par la Chambre
d’Agriculture. Pour autant, certains exploitants ont répondu de façon parfois assez évasive. De

48
plus, nombre de pratiques ne sont pas forcément quantifiées à chaque fois. Ainsi, la récolte du
fourrage en vrac ou la fertilisation organique se mesure souvent en « épandeur » ou en
« travées de la grange », ce qui ne permet pas la quantification nécessaire à un traitement
statistique. Dans ce cas, la fertilisation a été quantifiée en faible, moyen ou fort pour les
traitements statistiques. Cela peut expliquer le manque de significativité des variables
agricoles. Un travail ciblé sur les exploitations très pointues pourrait être envisagé afin de
palier à ce problème.

2.7.3. Limites intrinsèques

Les conditions météorologiques de l’année 2005 sont assez particulières, bien que
cette particularité puisse être vue comme une norme future au vu des trois dernières années.
Les précipitations particulièrement faibles et la montée rapide des températures au printemps
et leur maintien l’été, après un hiver long et froid, ont entraîné une croissance
particulièrement faible des prairies et cultures fourragères, et des modifications du cortège
(par exemple, la dominance du rhinanthe serait liée à ces conditions climatiques, aux dires des
éleveurs). De ce fait, il se peut que les traitements statistiques aient été biaisés par ces
cortèges particuliers, ainsi que les variables de description de la végétation relevées, tel que la
hauteur de la végétation, le nombre de formes de fleurs ou l’homogénéité du couvert.

De plus, afin de minimiser la variation entre les prairies, les relevés étaient prévus à la
floraison du dactyle (Dactylis glomerata). Face au nombre important de relevés prévus, le
décalage dû à l’altitude devait permettre de respecter cette contrainte. Mais les conditions
climatiques ont très fortement atténué ce décalage, avec pour conséquence une réduction
importante de l’échantillon, les parcelles étant fauchées plus tôt que prévu, et une prospection
parfois plus tardive que souhaitée.

La prospection, l’année prochaine, de nouvelles prairies devrait permettre de vérifier la


pertinence de la typologie mise en place face à des conditions climatiques différentes. Le
retour sur certaines parcelles permettrait également de contrôler la stabilité des types et de la
valeur patrimoniale déterminés cette année.

49
Les types :
Type A Type B
Pas montagnard Moyennement montagnard
Fertile Fertile

Prairies « banales » Prairies assez intensives

Type C Type D
Moyennement montagnard Très montagnard
Peu fertile Peu fertile
Prairies assez extensives Prairies typiques de montagne

Les sous-types :

Sous-type 1 Sous-type 2 Sous-type 3

Faible valeur patrimoniale Valeur patrimoniale moyenne Forte valeur patrimoniale


Pas de pratiques spécifiques Quelques pratiques spécifiques Nombreuses pratiques
spécifiques

Les facteurs de dégradation :

Exploitation Banalisation Destruction


déséquilibrée
Brachypode Fréquentation par
Enfrichement la faune sauvage
Eutrophisation

Les menaces d’abandon :

Exploitation difficile
Surfréquentation Irrégularité
Pente par la faune sauvage de l’exploitation
Temps d’accès

Figure 31 : schéma des types et sous types.


En dehors de ces conditions particulières à l’année, il est également nécessaire de
garder à l’esprit la variabilité inter-annuelle observée sur la végétation des prairies. Associée à
la variabilité inter-annuelle des pratiques agricoles, cela peut amener à ce que la typologie ne
présente pas la stabilité escomptée dans le temps.

Cela amène à la dernière limite à mettre à ce travail. En effet, la plupart des typologies
mises en place ailleurs ont nécessité plusieurs années d’élaboration. Ce temps est nécessaire
pour lisser les résultats et éviter l’écueil de la variabilité inter-annuelle. De plus, il permet
d’augmenter la taille de l’échantillon, ainsi que le temps alloué au traitement des données. Il
faut donc veiller à garder à l’esprit la durée limitée de ce travail, qui nécessitera de futurs
ajustements et compléments. Cette étude se voulant, pour le Parc, une première phase
‘‘fondatrice’’ de la réflexion autour de ces milieux, cette limite était prévisible. La poursuite
de la réflexion entamée ici à l’aide des outils élaborés devrait permettre à la fois de lever cette
limite, mais également de perfectionner outils de gestion et outils d’aide à la décision.

Malgré la rigueur observée durant le travail, cette étude présente un certain


nombre de limites qu’il faut garder à l’esprit. La validation des résultats dans les années
à venir est possible, et devrait pouvoir lever la plupart de ces limites.

2.8. Récapitulatif de la 2ème partie

La figure 31 présente un récapitulatif de l’ensemble des types, sous-types, facteurs


d’influence et menaces d’abandon abordés dans cette partie.

50
3ème partie : De la typologie à un outil d’aide à la décision

3.1. La production du stage, les outils mis en place

3.2. Les aspects à approfondir

3.3. Perspectives d’action : les contrats de gestion

51
La partie précédente a permis l’élaboration d’une typologie, l’estimation de la valeur
patrimoniale des prairies, de leur état de conservation et des menaces pesant dessus. Pour
autant, au regard de l’objectif final du Parc des Pyrénées, qui est la mise en place d’un outil
d’aide à la décision complet concernant la conservation des prairies de fauche, ce travail ne
représente que la première partie. Grâce aux connaissances accumulées sur les prairies de la
zone étudiée, il apparaît important de dresser un bilan des différentes possibilités qui s’offrent
maintenant au gestionnaire pour la mise en place d’une politique de conservation.

3.1. La production du stage, les outils mis en place

3.1.1. Les connaissances

Ce stage a permis l’élaboration d’une synthèse bibliographique sur les différentes


méthodes de caractérisation des prairies, et de ce fait a permis de situer le travail dans un
contexte plus large de recherches actuelles. Cela permet d’augurer à terme des échanges de
connaissances et d’outils entre différents gestionnaires aux problématiques proches.

D’un point de vue connaissances locales, le travail a permis la récolte d’une quantité
de données importantes, tant du point de vue botanique et physionomique que du point de vue
agricoles. Cela apporte des faits appuyant l’idée d’un intérêt environnemental fort sur les
prairies de fauche. De plus, le travail avec la Chambre d’Agriculture des Hautes-Pyrénées et
la rencontre de plusieurs éleveurs ont permis, d’une part de lever certains a priori concernant
la structure Parc, mais également d’entamer discussions et réflexions sur les prairies et leur
gestion, mais aussi sur la dynamique de l’espace montagnard, la place de l’agriculture dans
cet espace, et le rôle des acteurs tels que le Parc, la Chambre, les groupements locaux
(commissions syndicales, coopératives agricoles…).

52
3.1.2. L’outil : la typologie

Au cours du stage, une typologie simplifiée des prairies a été élaborée à l’échelle du
faciès. Par le recours à la valeur patrimoniale, des priorités de gestion sont également
apparues. A partir de ce travail, la cartographie exhaustive des prairies de l’espace Parc est
désormais possible. La production d’une fiche simplifiée de terrain permettant la
caractérisation du type et du sous-type d’une prairie est prévue à court terme, ainsi qu’une
synthèse de cette classification et sa communication au personnel du Parc dans les secteurs.

La réflexion autour de l’état de conservation des prairies et des menaces pesant sur
elles permet également une meilleure détermination des priorités de gestion. L’augmentation
du nombre de parcelles visitées devrait permettre, à moyen terme et aisément, d’affiner ces
critères et peut être d’en noter de nouveau.

3.2. Les aspects à approfondir

Si ce travail a permis d’aborder la problématique de la gestion des prairies, il n’en


reste pas moins un premier travail qu’il convient de poursuivre.

Dans un premier temps d’abord, un essai de caractérisation de pratiques agricoles


spécifiques à chaque type serait intéressant, afin de relier plus encore qu’actuellement état de
la prairie et pratiques agricoles. Dans un second temps, une réflexion sur de nouveaux critères
typologiques serait pertinente. Cela permettrait d’aboutir à une typologie plus dynamique,
présentant des trajectoires possibles de prairies et permettant au gestionnaire d’orienter selon
les cas la gestion des prairies.

De plus, si la caractérisation de la valeur patrimoniale a été possible à l’échelle


parcellaire, il serait intéressant de réfléchir à une caractérisation de cette valeur patrimoniale à
l’échelle de l’exploitation, soit seulement celle associée aux prairies, soit plus globalement à
l’échelle paysagère. Ce travail devrait faciliter le choix des exploitations à aider à terme. Pour

53
ce travail, un partenariat poussé avec la Chambre d’Agriculture serait souhaitable, afin de
respecter au mieux la réalité des exploitations agricoles.

Enfin, les relations et la coopération initiées au cours de ce travail sont fondamentales


à développer, que ce soit pour la gestion des prairies et la cohérence territoriale de l’action,
mais aussi plus globalement pour le Parc. En effet, celui-ci est représenté dans certaines zones
ou par certaines personnes et acteurs comme une administration déconnectée de la réalité. Il
est de ce fait assez mal accepté dans certains coins de la montagne. Un travail quotidien avec
les acteurs locaux et les représentants du monde agricole permettrait à la fois de crédibiliser la
structure, mais aussi de « re-connecter » à la réalité, si cela est nécessaire.

3.3. Perspectives d’actions : les contrats de gestion

3.3.1. Les priorités de conservation

Différents objectifs sont possibles dans une politique de gestion conservatoire.

En effet, si la conservation de la valeur patrimoniale semble l’objectif le plus logique à


attendre, il peut rendre le contrat de gestion moins attractif aux yeux des exploitants agricoles.
Ceux-ci se plaignent déjà du nombre de contraintes qui leur sont imposées, l’ajout d’une
nouvelle ne les motiverait que peu… Mais si l’objectif est simplement le maintien de la
fauche (ce qui sur certaines zones serait déjà beaucoup), sans contraintes du type « maintien
des pratiques à l’identique », il y a un risque de modifications des pratiques conduisant à un
changement de type, voir à une diminution de la valeur patrimoniale… De la même manière,
il est possible de considérer les contrats de gestion comme une aide au maintien de certaines
exploitations, voir à une aide à l’installation de nouvelles exploitations. Dans ces cas-là, les
objectifs visés ne seraient qu’indirectement patrimoniaux, ce qui ne les empêcherait pas de
présenter une très grande cohérence dans leur action.

Enfin, les contrats de gestion peuvent également être envisagés comme des outils de
gestion de l’espace à plus grande échelle. En effet, ces contrats devraient permettre de faciliter

54
la récolte de fourrage pour l’exploitant, et donc de lui libérer du temps. Ce temps pourrait être
consacré à la gestion d’autres zones de la montagne, telles que les estives, avec des impacts
positifs (par un meilleur gardiennage par exemple).

Le maintien d’une valeur patrimoniale élevée peut se traduire par le maintien de


pratiques traditionnelles. Celles-ci se perdent souvent par le manque de temps ou de force à
consacrer à l’entretien de ce patrimoine (rigoles, murets, granges…). Il serait donc pertinent
d’imaginer des solutions d’aide à l’entretien des granges, rigoles, murets, abords… Réalisé
avec l’exploitant ou pas, cet entretien permettrait la conservation du patrimoine, mais aussi la
conservation des savoirs et pratiques anciennes, plusieurs éleveurs anciens n’attendant que
ça…

Ainsi, un grand nombre de possibilités s’offrent aux partenaires engagés sur ce


projet pour définir leurs priorités d’action. La solution la plus pertinente semble un
mélange de l’ensemble des solutions, afin de présenter la plus grande cohérence possible,
tant du point de vue agricole que territorial.

3.3.2. La mise en place d’une politique de gestion contractuelle

Les contrats de gestion initialement imaginés correspondaient en une aide à


l’investissement en matériel (motofaucheuse par exemple). Mais la phase de terrain et la
rencontre avec de nombreux exploitants ont bien montré que la plupart sont déjà équipés, et
de leurs propres mots, « c’est pas forcément ça qu’on attend… » (sic).

Il semble donc important de réfléchir à d’autres moyens d’actions, pertinents à la fois


pour les éleveurs et leurs exploitations, mais également pour le Parc et les autres acteurs du
développement territorial.

Dans les menaces d’abandon abordées précédemment, il apparaissait que le


dénominateur commun entre toutes était les trop grandes difficultés d’exploitation au regard
des bénéfices retirés de la fauche. Il serait donc judicieux que les contrats aient pour but de

55
diminuer ces difficultés. Au regard des menaces définies, il n’y a pas de solutions générales
qui ressortent, excepté l’investissement en matériel facilitant l’accessibilité.

Ainsi, il est également possible d’imaginer l’aide à la fauche en terme de main


d’œuvre. Le recrutement de personnel (grâce aux financements du Parc et/ou d’autres
structures) par des coopératives ou des regroupements d’éleveurs de type groupement
d’employeurs, pourrait avoir lieu, ce personnel se déplaçant ensuite d’exploitation en
exploitation afin de faucher quelques parcelles ou d’entretenir le patrimoine (granges,
rigoles…). De telles actions permettraient de cumuler conservation des prairies de fauche,
conservation du patrimoine agricole traditionnel, mais aussi transfert de connaissances entre
les générations.

3.3.3. L’échelle de travail

Tout d’abord, les priorités de conservation peuvent s’attacher à une échelle parcellaire.
Cette option concernerait surtout des parcelles des types C et D, et de sous-type 3. Pour
autant, il paraît nécessaire de mettre en place des inventaires plus poussés que cette typologie
sur les parcelles sélectionnées, avec des suivis dans le temps. Si cette option présente une
efficacité a priori importante pour la conservation à l’identique, elle présente l’inconvénient
d’être plus lourde à mettre en place. De plus, pour un exploitant ne contractualisant qu’une
faible surface, le système peut présenter plus de contraintes (administratives, de pratiques)
que de bénéfices.

Afin de présenter un plus grand intérêt pour l’exploitant, ainsi qu’une meilleure
efficacité dans la conservation, il est également possible de concevoir les contrats de gestion à
l’échelle de l’exploitation agricole, sur l’ensemble des prairies de l’exploitation. Les
exploitations pourraient alors être sélectionnées en fonction de leur contribution globale au
patrimoine, à la biodiversité, par un système de pondération des différents types et sous-
types… Si cette méthode présente une grande cohérence agronomique, elle présente
néanmoins l’inconvénient de contractualiser des surfaces peut être moins intéressantes, et
donc limiter le nombre total d’exploitations soutenues. De plus, la mise en place du système
de poids afin de hiérarchiser les priorités d’action peut être assez complexe à mettre en place,
mais présenterait l’énorme avantage de calculer la valeur patrimoniale d’une exploitation. De

56
plus, ce calcul d’une « valeur patrimoniale » ou d’une « urgence d’action » à l’échelle de
l’exploitation pourrait également comporter des critères de durabilité, de structure globale,
d’utilisation de certains espaces tels que les estives, etc.…

Les priorités de conservation peuvent également porter sur une zone. Ainsi, l’ensemble
du Parc est concerné par les contrats de gestion. Mais il est également possible de considérer
qu’une zone en particulier doit être conservée, pour des raisons de biodiversité, de
fonctionnement du paysage ou de patrimoine humain… Dans ce cas, l’ensemble des parcelles
de la zone paysagère peut être contractualisé, ou même l’ensemble des élevages exploitant
une parcelle de l’unité paysagère. Cette territorialisation des contrats peut également présenter
un intérêt pour leur mise en œuvre. En effet, si l’option de subventionner de la main d’œuvre
pour l’entretien de rigoles ou de murets est retenue, l’intervention à l’échelle d’une unité
paysagère permet un bien meilleur résultat et une facilité d’action.

Au final, il apparaît indispensable au Parc de réfléchir avec le monde agricole à


la manière la plus pertinente de poursuivre ses objectifs. De plus, ce travail devrait
également permettre de restaurer une confiance parfois émoussée entre le Parc et le
monde agricole.

A plus longue échéance, les contrats de gestion, la territorialisation des actions, la


qualification patrimoniale à l’échelle de l’exploitation, sont autant d’outils qui, regroupés et
adoptés par l’ensemble des acteurs du territoire, peuvent aboutir à une meilleure préservation
de l’agriculture de montagne. Il est cohérent de penser que la zone Parc devienne ainsi un
« laboratoire » dans la recherche de nouvelles dynamiques territoriales en zone de montagne.
Dans ce cas, ces actions pourraient bénéficier de fonds plus important, mais aussi d’une
influence plus importante dans la définition de la place de l’agriculture dans l’espace
montagnard.

57
Prospective : vers une valorisation supplémentaire de
l’agriculture de montagne dans les Pyrénées

Au cours de ce travail, les difficultés rencontrées par l’élevage de montagne en Hautes


Pyrénées sont apparues de façon criante, tant lors de la récolte des données que durant leur
traitement. S’il ne peut être que positif que des acteurs locaux trop souvent séparés par leurs
points de vue, le Parc National des Pyrénées et la Chambre d’agriculture, s’assoient autour
d’une table afin de réfléchir ensemble à l’avenir de cette agriculture, on ne peut que regretter
le temps que cela a mis. En effet, nombre d’éleveurs l’ont dit : « c’est bien, mais c’est
tard… ».

Cette agriculture représente pourtant un héritage fantastique de l’histoire des hommes,


ainsi que le principal gestionnaire de l’espace montagnard. Son maintien est fondamental pour
qui veut préserver et protéger la montagne. Pourtant, les actions envisagées ne sont que des
aides à moyen terme, et ne garantissent en rien la pérennité de l’activité agricole. De plus,
toutes ces exploitations vivent déjà des aides de toute nature qu’elles peuvent recevoir, ce qui
n’est pas pour enchanter les éleveurs.

Ainsi, il serait pertinent d’imaginer non pas une aide au maintien de l’activité, mais
une rentabilisation de l’activité, seule garante de la durabilité du système. Comme cela a été
présenté dans ce travail, l’agriculture de montagne est riche de bénéfices pour la société :
paysages, biodiversité, environnement, produits, patrimoine humain… Il serait donc
intéressant de travailler sur une valorisation par le marché de la plus-value apportée par le
caractère montagnard.

Cela est déjà en cours, avec l’existence de l’AOC ovine ‘‘Barèges-Gavarnie’’. Mais il
est possible d’aller encore plus loin. Ainsi, on peut imaginer, par exemple, un label de qualité
pour les produits de la montagne, garantissant que le produit présente, via les exploitations,
des intérêts environnementaux (biodiversité, énergies…) et sociaux (patrimoine humain,
paysage…). La création de tels outils est possible si tous les acteurs du territoire se mettent
d’accord et s’associent pour diriger leurs efforts dans la même direction…

58
Conclusion

L’objectif principal de ce travail était la mise en place d’une typologie des prairies de
fauche de montagne, et la caractérisation de leur valeur patrimoniale en vue de la
hiérarchisation des priorités de conservation.

La typologie des prairies, tout comme l’estimation de leur valeur patrimoniale, a été
élaborée à partir de données simples. Elle a permis la mise en lumière de la grande variabilité
de prairies rencontrées dans l’espace Parc, ainsi que la qualité patrimoniale de ses milieux et
des pratiques associées. Afin de la rendre la plus praticable, la typologie finale ne demande ni
technicité, ni connaissances spécifiques en botanique, et l’investissement en temps est
relativement faible. Pour autant, cet outil se doit d’être testé et validé dans les années à venir.
De plus, il apparaît possible de croiser cette typologie avec des pratiques, voir avec des types
d’exploitation, chose qu’il serait intéressant de faire au cours des années à venir.

La hiérarchisation des priorités de conservation n’a pu être réalisée, du fait de la


nécessité de la part des gestionnaires de définir une politique de conservation d’où découlerai
ces priorités. Néanmoins, un ensemble de critères et d’options possibles pour orienter cette
politique ont pu être avancés.

Dans ce cadre, une réflexion plus poussée semble nécessaire, afin d’exploiter au
maximum les potentialités offertes par cet outil de gestion. En effet, il apparaît possible de
travailler à terme à l’échelle de l’exploitation, et de là d’orienter la place à venir de
l’agriculture de montagne dans ces territoires.

59
Résumé

Les prairies de fauche de montagne des Hautes-Pyrénées présentent un patrimoine


biologique et humain très important, qu’il apparaît aujourd’hui nécessaire de préserver. Le
Parc National des Pyrénées, en coopération avec les acteurs du monde agricole, souhaite donc
la création d’outils pour leur politique de conservation.
Pour ce faire, une première typologie de ces prairies a été élaborée en se basant sur des
critères d’altitude, de pente et de fertilité du milieu. Cet outil est complété par le calcul de la
valeur patrimoniale, à l’aide d’une méthode élaborée au cours de l’étude. Des indicateurs de
l’état de conservation du milieu et des menaces pesant sur lui ont ensuite été définis.
Ce travail doit permettre, à partir de choix dans la politique de conservation des
espaces agropastoraux, d’élaborer un système final de hiérarchisation des priorités d’action. A
travers cet outil final apparaît une réflexion globale sur l’évolution de la place de l’agriculture
dans l’espace montagnard, et le rôle des politiques publiques et des volontés locales dans ces
évolutions.

Mots-clés : prairies de fauche de montagne, typologie, valeur patrimoniale, état de


conservation, priorités de conservation.

Summary

Mountainous mowed grasslands in the Hautes Pyrénées represent a biological and


human heritage very important, that appears today to be to preserve. Pyrénées National Park,
in association with agricultural actors, would like to create tools for its conservation policy.
A first typlogy has been created, based on altitude, slope, and middle fertility. This
tool is completed by the calculation of patrimonial value, with a method created along the
study. Conservation estate has been evalued with indicators, as the threat weighting on the
grasslands.
This work allows, from choices in the conservation of agro-pastoral spaces policy, the
creation of a final system to hierarchy the action priorities. Thru this final tool appears a
global thought around the evolution of agriculture in mountains, and the role of public policy
and local wills in those evolution.

Key-words: Mountainous mowed grasslands, typology, patrimonial value,


conservation estate, conservation priorities.

60
Bibliographie

Références citées dans le texte

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Références non citées dans le texte

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• Saule, M. (1992), LA grande flore illustrée des Pyrénées, Randonnées Pyrénées Éditions
Milan, Toulouse.

Crédits photographiques

L’ensemble des clichés présentés sont de Jean-Guillaume THIEBAULT, pris au cours


des sorties de terrains nécessaires à l’étude.

63
Table des annexes

Annexe I : Poster
« Les prairies naturelles du Parc National des Pyrénées :
des outils pour leur connaissance et leur gestion patrimoniale »

Annexe II : Fiche de prospection prairies

Annexe III : Questionnaire de l’enquête agricole

Annexe IV : Tableau de relevé du fonds prairial


LES PRAIRIES NATURELLES DE FAUCHE DU PARC
LE MOAL Tangi 1-2
NATIONAL DES PYRENEES : DES OUTILS POUR LEUR COGNET Christophe 1
THIEBAULT Jean-Guillaume 1

CONNAISSANCE ET LEUR GESTION PATRIMONIALE 1 Parc National des Pyrénées


2 Conservatoire Botanique Pyrénéen

CONTEXTE

La richesse floristique, faunistique et paysagère des vallées pyrénéennes est intimement liée
à l’activité agricole qui a créé et qui entretient de nombreux milieux. Parmi ceux-ci, les prairies
naturelles de fauche de montagne présentent un intérêt patrimonial fort, tant sur le plan
agronomique et culturel qu’environnemental
environnemental.
Entretenues par la coupe annuelle, plus ou moins enrichies par la fumure, les prairies de
fauche sont une source de fourrage vitale pour les exploitations agricoles de montagne.
L’évolution de l’activité agricole (agrandissement des structures et diminution de la main
d’œuvre) conduit à l’abandon de la fauche sur les parcelles les plus difficiles à entretenir.

L ’OBJECTIF DU PARC NATIONAL DES PYRENEES Prairie de fauche de montagne dans le Val d’Azun (65)
Photo : T. LE MOAL

La préservation du patrimoine naturel et culturel et la promotion du développement durable sur son territoire constituent les missions
fondamentales du Parc National des Pyrénées. Le constat de vulnérabilité des prairies de fauche et des exploitations de montagne l’a
conduit à engager une politique de conservation de ces milieux et espaces patrimoniaux couplée à un soutien aux agriculteurs.
L’ENJEU : la préservation de la qualité des prairies naturelles de fauche de montagne et des pratiques associées
LES ACTIONS : 3 actions prioritaires du programme d ’aménagement 2004-2008 :
« Inventorier, évaluer et hiérarchiser les prairies de fauche du Parc National, afin de mieux les préserver »
« Mettre en place des contrats de gestion des prairies naturelles de fauche »
« Poursuivre le soutien technique et financier des granges foraines en zone périphérique du PNP »
lancées au cours de l ’année 2005 dans les Hautes-Pyrénées (à mettre en œuvre par la suite en Pyrénées-Atlantiques), les premières étapes de ce
travail viseront principalement à l ’élaboration des méthodes et outils pour la mise en œuvre de cet objectif important du Parc National.
DES CONNAISSANCES A ACQUERIR ET DES OUTILS A ELABORER

1. UNE TYPOLOGIE AGRO-ECOLOGIQUE DES Outils


PRAIRIES DU PARC NATIONAL - Carte du parcellaire (Chambre d’agriculture 65 et PNP)
Fruit d’un partenariat PNP / Chambre d’Agriculture 65 - Fiche standard de prospection terrain (PNP)

Végétation et écologie Méthodologie


™ Phytosociologie
Agronomie et usages - Échantillonnage terrain et caractérisation des types agro-écologiques (PNP)
™ Productivité - Enquête et analyse des pratiques culturales, et lien avec la typologie des
™ Physionomie
™ Pratiques culturales exploitations de montagne (Chambre d ’agriculture 65)
™ Intégration paysagère
2. UN OUTIL DE DIAGNOSTIC ET
D ’EVALUATION DES PARCELLES
Évaluation écologique Évaluation agronomique
Prairies de
™ Valeur patrimoniale ™ Trajectoire culturale fauche à
Gèdre (65)
™ État de conservation ™ Valeur d ’usage Photo :
T. LE MOAL

3. UNE CARTOGRAPHIE ET UN INVENTAIRE


HIERARCHISE DES PRAIRIES DU PARC NATIONAL

Où ? – sur l’ensemble du territoire du PNP, en Hautes-Pyrénées


Prairie de fauche de montagne Comment ? - grâce à une fiche synthétique de caractérisation (typologie
dans le Val d’Azun (65)
Photo : T. LE MOAL agro-écologique élaborée en 2005) et d’évaluation - diagnostic

4. UN APPUI POUR LA MISE EN ŒUVRE DE CONTRATS DE GESTION


« BIODIVERSITE ET AGRICULTURE DE MONTAGNE »
Afin de préserver la qualité des prairies naturelles de fauche de montagne, le Parc National des Pyrénées lance en 2005 dans le département
des Hautes-Pyrénées un dispositif contractuel intitulé “ Biodiversité et Agriculture de montagne ”, au bénéfice des agriculteurs.
Il vise à apporter une aide aux exploitations qui entretiennent les prairies de fauche selon des pratiques respectueuses de la biodiversité.
Sur la base de contrats visant la conservation des prairies de fauche, des aides financières seront apportées pour réaliser un projet comprenant
l’achat de petit matériel, des travaux d’entretien de murets et rigoles, l’embauche de main d’œuvre ou la rénovation de granges foraines.

… DES PERSPECTIVES MULTIPLES


MIEUX CONNAÎTRE ET COMPRENDRE LE TERRITOIRE
PORTER A CONNAISSANCE
™ La connaissance des prairies de fauche du PNP,
une base pour : ™ Élaboration et publication de documents techniques et de
- L’analyse diachronique et le suivi des parcelles vulgarisation à l’échelle du Parc à l’intention de publics
divers : éleveurs, acteurs locaux, randonneurs, collectivités ...
- Les inventaires floristiques et faunistiques
Papilio machao, photo T. LE MOAL
(Insectes, Oiseaux , Reptiles, …) Atlas des prairies de fauche du PNP
- La gestion des habitats de la faune et de Plaquettes d’identification des prairies
la flore du Parc
Guides techniques de gestion des prairies
- L’analyse du paysage et la gestion de ses
Serapias lingua, photo T. LE MOAL
entités fonctionnelles
Symposium « Outils pour la gestion des prairies naturelles » 6-7-8 juillet 2005 -TOULOUSE
Annexe I :

Les prairies naturelles du Parc National des Pyrénées :


des outils pour leur connaissance et leur gestion patrimoniale

Auteurs : Tangi LE MOAL, Delphine DURAND, Delphine MARTIN,


Christophe COGNET, Jean-Guillaume THIEBAULT

La préservation du patrimoine naturel et la promotion du développement durable sur son


territoire sont les missions fondamentales du Parc National des Pyrénées.
Les prairies naturelles de fauche, élément structurant du paysage montagnard pyrénéen et
siège d’une biodiversité particulière, y constituent aujourd’hui des milieux particulièrement
vulnérables, au regard de l’évolution de l’agriculture de montagne.
Dans ce cadre, le Parc National des Pyrénées met en place un programme qui a pour objectif
la préservation de la qualité des prairies naturelles de fauche et le soutien aux exploitations de
montagne.
Ce programme comporte deux volets complémentaires :
- l’élaboration d’une typologie agro-écologique et d’un outil de diagnostic des prairies
naturelles de fauche du territoire du Parc,. Cette étude sera menée au cours de l'anée 2005
dans les Hautes-Pyrénées.
- la mise en place d’un dispositif contractuel intitulé « Biodiversité et Agriculture de
montagne », au bénéfice des agriculteurs, qui vise à maintenir la qualité et la diversité
écologique des prairies naturelles de fauche.
L'ensemble de ce travail, initié en 2004 et lancé en 2005 dans le département des Hautes
Pyrénées, s'inscrit dans une coopération étroite avec la profession agricole du département.
Annexe II :
Notice de la fiche de prospection prairies
Prospection

• L’observateur attribue un n° à la parcelle qu’il a déterminé.


• Des portions de carte au 1/10 000e du site, de format A3, seront emportées sur le terrain. Ces
cartes A3 ont été numérotées de façon arbitraire et ce numéro est à indiquer dans la case : « N°
carte 10000e ».
• Les informations générales concernant la date (jour, mois, année) de la prospection et
l’observateur sont à compléter.
• Localisation de la parcelle : indiquer le lieu-dit le plus proche.
Description de la parcelle

• Formation superficielle : à préciser dans le cas où elle serait repérable par affleurement rocheux.
Le grand type est suffisant (calcaire, schiste, granit…). Sinon, utiliser les cartes géologiques.
• Altitude moyenne : notée directement à partir d’un altimètre, ou par lecture d’une carte IGN.
• Exposition : entourer la plus représentative. En cas de parcelle plate, entourer le centre de la rose
des vents. Plusieurs expositions peuvent être entourées, afin de représenter les différents faciès
(noter alors le numéro du faciès correspondant à chaque exposition).
• Pente : entourer celle correspond à la pente moyenne de la parcelle. Si celle-ci est plate, cocher la
case ‘‘terrain plat’’ de la topographie. Même possibilité de modulation par faciès.
• Topographie : cocher la case correspondant à la topographie la plus approchante du site.
Modulation possible par faciès.
• Remarques : y inscrire tous les éléments particuliers permettant une meilleure compréhension du
contexte stationnel.
Sol
Noter si possible la charge en cailloux et l’épaisseur du sol.
Rattachement de la parcelle à un code
Chaque faciès sera rattaché à un code Corine Biotopes et à un syntaxon phytosociologique,
de façon aussi précise que possible. Préciser si chaque faciès fait l’objet d’un relevé de végétation.
Il est possible de noter les remarques concernant des particularités systémiques de la parcelle
ou du faciès (préciser la surface concernée).
Caractérisation de la structure
Les faciès sont définis comme des zones présentant, de par leur physionomie, une différence
significative entre elles. La distinction peut donc se faire en fonction d’une hauteur de végétation,
d’une couleur, d’une structure, d’une couleur de fleur, d’un cortège floristique… Il sera préférable de
coupler plusieurs de ces critères pour différencier 2 faciès. Dans la mesure du possible, il faut que la
distinction apparaisse comme évidente pour tous. Les critères retenus doivent être explicités. Le
recouvrement du faciès par rapport à la parcelle doit être précisé.
Chaque faciès doit représenter une certaine surface minimale. Un faciès ne doit donc pas être
confondu avec une hétérogénéité de petite échelle. Une surface minimale signifie que chaque faciès
doit pouvoir être considéré comme une unité de gestion à part entière.

• Facteurs d’hétérogénéité

• Zone d’engorgement d’eau : zone présentant un caractère hygrophile à l’intérieur d’un faciès.
• Autres éléments : tas de pierres, de bois, les souches, les troncs, les zones d’infiltration d’eau…
Ces zones ne signifient pas ici un changement de faciès, mais une hétérogénéité des conditions au sein
d’un même faciès.

• % de recouvrement par strate


Les recouvrements des strates basse, rampante et haute ne concernent que la végétation herbacée.
• Strate basse : strate muscinale et hémicryptophytes à rosette.
• Strate rampante : plantes présentant une structure rampante ou prostrée.
• Strate haute : espèces à port dressé.
Lors du renseignement de ces points, il faut veiller à conserver une zone non perturbée de végétation
en vue du relevé floristique par points quadrats (soit une bande d’une vingtaine de mètres et de
quelques mètres de large).
• Fourrés, ligneux bas : type arbustes
• Ligneux hauts : type arbres

• Hétérogénéité
Cette partie doit permettre de renseigner la structure générale de la parcelle.
• Tapis : « fonds » de la structure de la végétation.
• Taches : zones hétérogènes au tapis et de recouvrement conséquent.
• Touffes : zones hétérogènes au tapis et composées d’une seul espèce en densité importante.
Si la parcelle ne présente pas ce type d’hétérogénéité, indiquer 100% en tapis.
Remarques supplémentaires
Réaliser ici un schéma sommaire de la parcelle.
Noter si besoin les données floristiques supplémentaires (station remarquable d’une espèce par
exemple…), faunistiques, ou d’exploitation (rénovation très récente de la grange par exemple…)
Végétation
• Floraison

• Nombre de couleurs : nombre de couleurs franches observées, et exclusivement sur les fleurs
« vraies » (les graminées et graminoïdes ne seront pas prises en comptes). Les couleurs
observables sont blanc, jaune, orange, rose, rouge, bleu et violet. Les nuances ne seront pas
prises en compte.
• Couleur dominante : même gamme de couleur que précédemment.
• Densité de la floraison : par classes. Le schéma suivant doit aider à mieux distinguer les classes.

A : densité faible de fleurs B : densité moyenne de fleurs C : densité forte de fleurs


• Nombre de formes : nombre de formes différentes de fleurs. On se fixera sur les formes tel que
décrit par Fitter et al. (1997), soit les types suivants :
Type trèfle Type pensée Type chardon
Type scabieuse Type lychnis, silène Type orchidée
Type véronique Type primevère Type fraisier, potentille
Type vesce, ajonc, genêt Type campanule Type renoncule
Type jonquille, narcisse Type euphorbe Type sauge, ortie, bugle
Type stellaire, céraiste Type marguerite Type ombellifère
Type myosotis Type pissenlit, crépis Type gaillet
Type crucifère Type plantain Type rumex
Type rhinanthe Type sanguisorbe

• Espèces emblématiques : il s’agit de


Arnica montana Juniperus sabina
Carlina acanthifolia leontopodium alpinum
Fritillaria nigra Merendera montana
Iris latifolia Narcissus poeticus
• Espèces remarquables : espèces non emblématiques mais remarquables (ex : orchidées).
La case remarques permet de citer les espèces emblématiques et/ou remarquables rencontrées.

• Productivité

• densité fauchable : densité au-dessus de 5 cm, notée par les classes A, B, C. Le schéma suivant
permet d’aider à la définition de cette densité.

C : forte densité de végétation B : densité moyenne de A : densité faible de végétation


fauchable végétation fauchable fauchable
Attention ! Ce schéma est placé dans un ordre décroissant !
• Hauteur moyenne de la végétation : noter la hauteur moyenne en centimètres (outil spécifique).
En cas de faciès à touffes nombreuses, noter hauteur tapis et hauteur touffes (case remarques).
• Recouvrement des dicotylédones hors légumineuses : ce recouvrement sera estimé en 3 classes
possibles : 0 à 30%, 20 à 60%, plus de 50%. Dans la mesure du possible, préciser le pourcentage.
• Physionomie des graminées dominantes : grâce au schéma suivant.
FL

FM

FF

• Espèces nitrophiles
3 familles d’espèces nitrophiles ont été retenues : rumex, orties, chénopodes. La présence de
rumex en tache doit être notée, ainsi que la présence des orties et des chénopodes par 0 (absent), D
(disséminées) ou G (groupées). Le recouvrement de l’ensemble des nitrophiles sera ensuite évalué. Les
rumex ne sont comptés dans ce recouvrement que s’ils sont présents en taches.

• Espèces indicatrices de la fertilité


9 espèces indicatrices de la fertilité du sol ont été retenues, chacune renseignant un degré de
fertilité, selon Balent et Fily (1986). Par faciès, il sera noté leur absence (0) ou leur présence (1).

Bordure de la parcelle
Cette partie doit permettre de renseigner la nature des bordures de la parcelle. Le pourcentage
de chaque type sera renseigné. Le milieu anthropisé représente les routes, parking, constructions…
Une accolade signalera la présence conjointe de plusieurs éléments sur une même bordure (par
exemple, haie et muret).
Les gradients de végétation associés sont considérés selon 3 axes : la densité de la
végétation, sa hauteur et son cortège. Les effets sont positifs (majuscules) si la densité ou la hauteur
est plus importante vers la bordure. Dans le cas contraire (densité ou hauteur moindre), les effets sont
notés comme négatifs (minuscules). Les effets sur le cortège sont notés selon leur occurence (noter
‘‘CORT’’) ou non (noter ‘‘0’’). En cas de doute, d’absence d’effets ou de manque de significativité,
noter ‘‘sans effets’’.
Exemple : DENS => effets positifs sur la densité
0 => sans effets
dens => effets négatifs sur la densité
Exploitation de la parcelle
• Animaux domestiques
Les traces visibles de l’utilisation de la parcelle par des herbivores domestiques doivent être
renseignées par faciès, sauf les aménagements (échelle parcellaire). Ces critères seront quantifiés en
absent (0), faible (A), moyen (B) et fort (C).
• Sol nu : par le troupeau domestique exclusivement,
• Traces : traces de sabots au sol,
• Présence de féces : noter la présence ou l’absence de féces,
• Hémicryptophytes à rosette : noter la présence ou l’absence,
• Refus : noter la présence ou l’absence.
• Aménagements : en vue de l’accueil du troupeau (clôtures amovibles, parc de contention, point
d’abreuvement…). Echelle parcellaire.

• Activités humaines
Ces activités seront notées par faciès, sauf pour les granges (échelle parcellaire).
• Rigoles : 0 (absent), NE (non entretenues) et E (entretenues) ;
• Traces de machines : échelle 0, A, B, C ;
• Entretien des abords : marques de coupes, traces de brûlages chimiques… Echelle 0, A, B, C.
• Granges : sur la parcelle ou à proximité immédiate. 0 (absence), NE (non entretenue), E
(entretenue), puis Agr. (vocation agricole) ou Rés. (vocation résidentielle).
• Arbres entretenus dans la parcelle : noter par ‘‘absence’’, ‘‘fruitier’’, ‘‘autre’’ (préciser alors).

• Faune sauvage

• Impact de la faune sauvage : impacts sur la végétation (abroutissement, piétinement, labourage,


terriers…). Noté selon l’échelle 0, A, B, C. Préciser dans la case remarques le type et la nature
de l’impact (positif, négatif, espèce animale soupçonnée…).

• Tourisme
La fréquentation touristique de la parcelle sera caractérisée selon le niveau par ‘‘0’’ (absent),
‘‘paysage’’ (fréquentation à l’échelle paysagère), ‘‘abords’’ (fréquentation des abords de la parcelle)
ou ‘‘parcelle’’ (fréquentation de la parcelle).
Les impacts de cette fréquentation seront notés selon l’échelle 0, A, B, C.
Intégration paysagère de la parcelle

• Global : renseigne sur la mosaïque formée par l’ensemble des éléments du paysage du secteur
étudié. Il sera noté par ‘‘uniforme’’ si la parcelle et les éléments autour sont de même nature,
‘‘mosaïque’’ si l’ensemble des éléments paysagers forme une mosaïque complexe, et ‘‘isolée’’ si
la parcelle étudiée est seule au cœur d’un ensemble paysager d’un autre type (prairie isolée au
sein d’une forêt par exemple).
• Prairie : renseigne sur la proximité de prairies par rapport à la parcelle étudiée, par ‘‘0’’
(absence), ‘‘PNI’’ (proximité non immédiate : une parcelle sépare les deux prairies), ‘‘PI’’
(proximité immédiate : les deux prairies sont en contact). La similarité de ces prairies par rapport
à la parcelle étudiée est notée par ‘‘similaire’’ ou ‘‘différente’’.
• Forêts, friches, zones humides et estives : renseignent sur la proximité de ces structures par
rapport à la parcelle étudiée. Ils seront notés par ‘‘0’’ (absent), ‘‘PNI’’ (proximité non
immédiate : une parcelle sépare l’élément paysager de la prairie de fauche étudiée) et ‘‘PI’’ pour
proximité immédiate (le milieu jouxte la prairie).
• Etat du réseau de bordures : renseigne sur l’état du réseau formé par les bordures séparant les
parcelles. Ce critère est noté par ‘‘0’’ (absent), ‘‘R’’ (réseau dense et complet) et ‘‘r’’ (réseau
lâche et incomplet). Le schéma suivant permet de mieux définir cet indicateur.

‘‘0’’ : Absence de réseau ‘‘r’’ : Réseau lâche et incomplet ‘‘R’’ : Réseau dense et complet
Etat / diagnostic
• Interne
La présence de brachypode doit être renseignée à l’échelle du faciès (par 0, A, B, C), ainsi que
la présence de ligneux non volontaires (ronces, plantations spontanées…). Une case remarques
permet de préciser les espèces remarquées (joncs, grande berce…).

• Dynamique des bordures


La dynamique des bordures sera notée, selon qu’elle soit positive (colonisation de la parcelle à
partir des bordures) ou neutre (pas de colonisation).

• Accessibilité
Ce critère mesure l’accessibilité de la parcelle. Il est mesuré par ‘‘voiture’’ (une voiture
normale peut accéder), ‘‘véhicule spécifique’’ (seul un véhicule spécialisé peut accéder), ‘‘troupeau’’
(un troupeau peut accéder à la parcelle) ou ‘‘homme’’ (un piéton peut accéder). Une seule de ces cases
doit être cochée, celle présentant le niveau le plus discriminant d’accessibilité (les plus grosses
contraintes).

• Appréciation générale
L’avis général de l’observateur sur la parcelle peut être noté ici. 5 classes sont possibles :nul,
mauvais, moyen, bon, excellent. Cet avis est purement subjectif.
FICHE DE PROSPECTION
Niveau de prospection
R Relevé(s), Nombre

Prairies de fauche T
P
Prospection sans relevé
Photographies

Prospection : Caractérisation de la structure de la parcelle :


Nombre de faciès sur la parcelle:
N° de parcelle : N° carte 10 000e :
Détermination?
Date de l'observation : 200 Observateur :
5
Lieu-dit: faciès 1 faciès 2 faciès 3 faciès 4

% d'occupation de l'unité
Description de la parcelle :
Facteurs d'hétérogénéité
Formation superficielle: Altitude moyenne - % roche affleurante, pierres..
Exposition N Pente - % zone d'engorgement d'eau
NO NE 1 à 10 % (1/2° à 6°) - autres

11 à 50 % (6° à 27°) % de recouvrement par strate:


E - sol nu
O 51 à 100 % (27° à 45°) - strate basse
- strate rampante
SE 101 à 275 % (45° à 70°)
SO > 275 % - strate haute
S
- fourrés, ligneux bas
Topographie : Terrain plat Haut de versant Dépression - ligneux hauts
Sommet vif Mi-versant Croupe
Hétérogénéité :
Escarpement Replat Combe
- tapis
Sommet arrondi Bas de versant Falaise
- taches
Remarques: - touffes

Remarques :

Le sol :
Charge en cailloux : Absence Faiblement pierreux
Remarques (croquis, données faunistiques, floristique) :
Moyennement pierreux Très pierreux
Remarques:

Rattachement de la parcelle à un Code CORINE Biotope:


faciès 1 faciès 2 faciès 3 faciès 4
Code :
Syntaxon :
Inventaire : O N O N O N O N
Remarques :
Annexe III :

Questionnaire d’enquête
AU NIVEAU DE LA PARCELLE ETUDIEE
Localisation : Surface : Ha

Fauche
Nombre de coupes :

Dates de fauche :
1ère coupe : 2ème coupe : 3ème coupe :

Mode de récolte :
Ensilage Foin Balle Ronde Foin petites bottes Enrubannée

Mécanisation :
Tracteur Motofaucheuse Récolte manuelle (Rotofil, faux,…)

Quantité récoltée :
1ère coupe : 2ème coupe : 3ème coupe :

Justification du choix de ces pratiques :

Ancienneté de ces pratiques ?

Pâturage
Justification de ces
pratiques
Espèce animale :

Ovins Bovins Caprins Equins

Période et durée de pâturage :

Janv. Fèv. Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Dec.

Durée
Nombre de bêtes par type :
Nombre d’animaux
par type
Vache suitée
Vache non suitée
Génisse (6mois-2ans)
Taureau
Brebis
Antenaises
Bélier

Mode de contention :

Pâturage libre Pâturage rationné Pâturage tournant

Fertilisation :
Justification de ces
pratiques
Fertilisation organique :

Type d’effluents utilisés :

Fumier stabu pailleux Fumier Etable entravée Lisier


Fumier de bergerie Compost

Origine de l’effluent :
Bovin Ovin Caprin Porcin

Age de l’effluent :

Fertilisation minérale :

Nom et dosage (unités) de l’engrais utilisé :

Quantité épandue :

Mode d’épandage :
Tonne à lisier Epandeur Manuel

Période d’épandage :

Janv. Fèv. Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Dec.
Phytosanitaires :
Produit utilisé et doses :

Localisation :

But recherché :

Irrigation : Oui Non

Par aspersion Par immersion

Les abords de la parcelle :


Présence de : Type d’entretien Fréquence d’entretien
Haies
Fossés
Murets

CRITERES DE DIVERSITE DES PRATIQUES AGRICOLES (TOPOLOGIE)

Durée d’estivage :

Départ avant le 1er juin et retour après le 25 septembre pour l’ensemble du troupeau
Départ après le 1er juin ou retour avant le 25 septembre pour au moins un lot
Départ après le 1er juin ou retour avant le 25 septembre pour l’ensemble du troupeau
Départ après le 1er juin et retour avant le 25 septembre pour l’ensemble du troupeau

Distribution des fourrages :

Donne du fourrage toute l’année à au moins un lot


Commencer à donner du fourrage tôt et/ou finir tard pour plusieurs lots ou l’ensemble du troupeau.
Commencer à donner du fourrage tôt ou finir tard pour un lot
Commencer à donner du fourrage tard et finir tôt pour l’ensemble du troupeau parfois combiné avec
de la pâture hivernale

Mode de conduite du troupeau en estive :

Pâturage orienté par un berger ou par l’éleveur lui-même


Pâturage surveillé (pas de guidage)- présence quasi quotidienne
Pâturage libre
Structure spatiale de l’exploitation :

L’exploitation utilise seulement les zones intermédiaires et les estives qui sont proches
L’exploitation utilise les 3 zones d’un même vallée en continuité
L’exploitation utilise les 3 zones d’une même vallée mais la zone intermédiaire n’et pas sur le trajet de
la transhumance
Le siège d’exploitation est loin de l’estive mais une zone intermédiaire proche de l’estive est utilise sur
le trajet
Le siège d’exploitation est loin de l’estive
L’exploitation utilise 2 estives au même moment et le siège est éloigné

Allotement du cheptel pendant l’estive :

Tous les animaux vont en estive en même temps


Au moins un lot monte plus tard ou descend plus tôt
Une partie du troupeau ne monte pas en estive (<50%)
Cas des troupeaux mixtes : une espèce ne monte pas en estive
Moins de la moitié du troupeau monte en estive

Constitution des stocks fourragers :

Seule une partie de la surface mécanisable est utilisée pour les stocks et pas d’achat de fourrage
extérieur
Totalité de la surface mécanisable utilisée pour les stock et pas d’achat de fourrage extérieur
Totalité de la surface mécanisable utilisée pour les stock et achat de fourrage
Totalité de la surface mécanisable utilisée pour les stock +une partie de la surface non mécanisable (ou
difficilement accessible en tracteur)
La majorité de la surface fauchée est non mécanisable (et achat de fourrage)
La totalité des stock est acheté à l’extérieur

Présence de l’exploitant en estive

L’éleveur garde lui-même les animaux (tous les jours ou tous les 2 jours)
L’éleveur monte 1 à 2 fois par semaine
L’éleveur monte tous les 15j
L’éleveur monte occasionnellement

Périodes de travail de l’éleveur au cours de l’année :

Pic de travail pendant la fenaison et manque de mains d’œuvre à cette période


Pic de travail pendant la fenaison et pendant une autre période de l’année sans manque de main
d’œuvre
Pic de travail en hiver quand les animaux sont enfermés
Pic de travail à la mise bas en automne ou pour d’autres travaux de printemps (maïs)

Type identifié :
Type A : Favoriser la production tout en économisant les ressources de l’exploitation
Type B : Faire des stocks pour entretenir les animaux chez les éleveurs non-valléens
Types C : Optimiser l’utilisation des surfaces les plus favorables : les prairies de fauche mécanisables
Type D : Utiliser l’ensemble du territoire de montagne tout en valorisant les productions
Type E : Suivre la pousse de l’herbe en utilisant au maximum les ressources de la montagne
Type F : Préserver un patrimoine familial ou avoir des animaux par passion de l’élevage sans chercher
la productivité de l’exploitation.
Annexe IV :

Heracleum sphondyllium
Anthoxanthum odoratum

Cerastium glomeratum

Geranium pyrenaïcum
Arrhenatherum elatius

Convolvulus arvensis

Gentiana campestris
Centaurea pratensis

Cynosorus cristatus

Planatgo lanceolata
Leontodon hispidus
Conopodium majus
Achillea millefolium

Dactylis glomerata

Lathyrus pratensis

Lolium multiflorum

Lotus corniculatus
Avena pubescens

Festuca pratensis

Medicago arabica
Phleum pratense
Knautia bordereii
Crepis pyrenaïca

Knautia sylvatica
Agrostis vulgaris

Gaudinia fragilis
Bromus erectus

Lolium perenne
Galium molugo

Holcus lanatus
Bromus mollis

Galium verum
Festuca ovina

Festuca rubra

Poa pratensis

Poa trivialis
Festuca sp

Poa annua
Adast ¤ ¤ 15,0 4,8 ¤ ¤ 9,7 ¤ 2,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,4 ¤ ¤ ¤ 9,7 ¤ ¤ ¤
Aragnouet ¤ ¤ 8,9 5,0 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,5 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 5,0 4,3 3,9 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 7,8 ¤ ¤ ¤
Arras ¤ 8,6 5,7 ¤ 6,5 15,5 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 2,9 ¤ ¤ 3,3 ¤ ¤ 4,9 ¤ ¤ ¤
Arrens ¤ ¤ 15,8 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 7,5 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 12,5 ¤ ¤ 7,2 10,8 ¤ ¤ 7,2
Artalens ¤ ¤ 16,8 ¤ ¤ ¤ ¤ 4,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 7,0 ¤ 10,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 10,2 ¤ ¤ ¤
Ayrues ¤ ¤ ¤ ¤ 7,4 ¤ 12,4 ¤ ¤ 4,5 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,7 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,7 ¤ ¤ ¤ 6,6 ¤ 3,7 ¤
Barèges ¤ 5,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 14,2 ¤ 6,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 15,2 ¤ ¤ ¤
Bayens ¤ ¤ 11,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 10,9 ¤ ¤ ¤ ¤ 11,6 ¤ ¤ ¤ ¤ 9,8 ¤ ¤ 15,1
Betpouey 4,2 ¤ ¤ ¤ 6,1 ¤ ¤ ¤ 3,8 4,7 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,0 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,8 ¤ ¤ ¤ 8,0 ¤ ¤ ¤
Bordères ¤ 11,5 7,3 ¤ ¤ ¤ ¤ 3,7 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 12,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,6
Cadeihlan ¤ ¤ ¤ ¤ 9,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 18,8 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 11,5 ¤ ¤ 7,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,8 ¤ ¤ 3,8
Cambasque ¤ ¤ 11,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,5 ¤ 11,1 ¤ ¤ ¤ 17,7 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 10,6 ¤ ¤ ¤
Catarrabes-1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 6,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 19,3 ¤ ¤ ¤ 8,5 ¤ ¤ 9,3
Catarrabes-2 ¤ ¤ 4,4 ¤ 5,6 ¤ ¤ ¤ 5,0 ¤ ¤ ¤ ¤ 4,6 ¤ 5,0 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 9,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,3 ¤ ¤ ¤ 6,7 ¤ ¤ ¤
Catarrabes-3 ¤ ¤ ¤ ¤ 4,1 ¤ ¤ ¤ 5,2 ¤ ¤ ¤ ¤ 8,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 12,4 ¤ ¤ ¤ 7,1 ¤ ¤ 11,0
Concé ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 5,3 ¤ 3,9 ¤ ¤ ¤ 10,6 3,2 ¤ ¤ 3,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 2,8 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 14,5 ¤ ¤ ¤ 9,9 3,9 ¤ 3,9
Espiaube 5,1 5,1 6,1 2,0 5,6 ¤ ¤ ¤ ¤ 3,1 ¤ 3,1 ¤ 2,0 ¤ ¤ 16,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 2,0 ¤ ¤ 2,6 ¤ ¤ 5,1 ¤ ¤ ¤
Espoune ¤ 5,8 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,8 ¤ ¤ ¤ 4,8 ¤ ¤ ¤ 8,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 11,1 ¤ ¤ ¤
Estaing ¤ ¤ 11,0 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 9,3 ¤ ¤ ¤ 3,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 10,7 ¤ ¤ 2,8
Estibe ¤ 6,2 ¤ ¤ 2,7 ¤ ¤ 2,2 ¤ ¤ ¤ ¤ 9,7 3,1 ¤ ¤ ¤ 3,5 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,0 ¤ ¤ 2,2 4,4 ¤ ¤ ¤
Gaillagos ¤ 5,6 16,5 ¤ ¤ 3,0 ¤ 10,1 ¤ ¤ ¤ ¤ 5,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,1 ¤ ¤ ¤ 3,7 ¤ ¤ 7,1 ¤ ¤ 4,5 ¤ ¤ ¤
Heracleum sphondyllium
Anthoxanthum odoratum

Cerastium glomeratum

Geranium pyrenaïcum
Arrhenatherum elatius

Convolvulus arvensis

Gentiana campestris
Centaurea pratensis

Cynosorus cristatus

Planatgo lanceolata
Leontodon hispidus
Conopodium majus
Achillea millefolium

Dactylis glomerata

Lathyrus pratensis

Lolium multiflorum

Lotus corniculatus
Avena pubescens

Festuca pratensis

Medicago arabica
Phleum pratense
Knautia bordereii
Crepis pyrenaïca

Knautia sylvatica
Agrostis vulgaris

Gaudinia fragilis
Bromus erectus

Lolium perenne
Galium molugo

Holcus lanatus
Bromus mollis

Galium verum
Festuca ovina

Festuca rubra

Poa pratensis

Poa trivialis
Festuca sp

Poa annua
Gavarnie ¤ ¤ 4,1 ¤ 11,2 ¤ 3,6 ¤ ¤ 6,1 ¤ ¤ ¤ 11,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 6,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 6,1 ¤ ¤ 5,1
Grust ¤ ¤ ¤ ¤ 10,2 3,4 9,3 ¤ 6,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,0 ¤ ¤ ¤ 9,9 ¤ ¤ ¤
Héas ¤ 10,2 10,2 ¤ 4,0 ¤ ¤ ¤ ¤ 7,6 ¤ ¤ ¤ ¤ 3,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 11,1 ¤ ¤ ¤
Lisey-1 ¤ ¤ 6,9 ¤ 3,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 10,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 6,6 ¤ ¤ ¤ 15,9 ¤ ¤ ¤
Lisey-2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 6,9 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 10,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 19,9 ¤ ¤ ¤ 4,9 8,1 ¤ ¤
Lurgues ¤ ¤ 13,3 4,4 4,4 ¤ ¤ ¤ 4,4 ¤ ¤ ¤ ¤ 9,7 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 6,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,4 ¤ ¤ ¤
Marsous ¤ ¤ 7,4 ¤ ¤ ¤ 11,9 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 11,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,2 ¤ ¤ ¤ 8,2 ¤ ¤ 14,1
Miaous ¤ ¤ 16,5 ¤ 4,0 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,6 ¤ 6,0 ¤ 9,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 10,0 ¤ ¤ ¤
Moura ¤ ¤ 13,1 ¤ ¤ ¤ ¤ 5,0 ¤ 5,9 ¤ ¤ ¤ 4,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,2 ¤ ¤ 3,2 3,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 13,1 ¤ ¤ ¤
Mousques ¤ ¤ ¤ ¤ 9,3 ¤ 9,3 ¤ ¤ ¤ 4,7 ¤ ¤ 6,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 9,0 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,3 ¤ ¤ ¤ 9,6 5,6 ¤ 3,7
Ortiac ¤ ¤ 16,0 ¤ 7,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 15,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 16,0 ¤ ¤ ¤
Pont de Lère 16,1 ¤ 7,8 ¤ 4,7 14,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 5,2 ¤ ¤ ¤ 7,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 5,2 ¤ ¤ ¤ 4,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Prades dessus ¤ 6,3 13,0 ¤ ¤ ¤ 4,9 3,9 ¤ ¤ ¤ ¤ 7,0 ¤ ¤ 5,6 ¤ ¤ ¤ ¤ 4,6 ¤ ¤ ¤ 6,7 ¤ ¤ ¤ 13,0 ¤ ¤ 4,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Saugué Crampe ¤ ¤ ¤ ¤ 15,6 ¤ ¤ 2,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 16,8 ¤ ¤ ¤ 10,8 ¤ 2,4 ¤ 2,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 14,4 ¤ ¤ ¤
Saugué Theil ¤ ¤ ¤ ¤ 4,3 ¤ ¤ ¤ 4,3 ¤ ¤ ¤ ¤ 6,5 ¤ ¤ ¤ 25,5 ¤ 7,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 7,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,9 ¤ ¤ ¤
Sazos-1 ¤ ¤ ¤ ¤ 5,6 ¤ 14,1 ¤ 5,0 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 5,6 ¤ ¤ ¤ 8,4 7,8 5,6 ¤ ¤ ¤ ¤ 5,3 5,6 ¤ 7,5 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Sazos-2 ¤ ¤ ¤ ¤ 11,2 ¤ 10,0 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,8 ¤ 4,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,6 ¤ 5,5 ¤ 6,7 ¤ ¤ ¤
Soulor ¤ 13,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 5,8 ¤ 3,7 ¤ ¤ 4,1 5,8 ¤ 7,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 10,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 7,9 ¤ 3,3 ¤
Uz-1 ¤ 3,1 6,8 4,7 4,2 ¤ 7,3 9,9 ¤ ¤ ¤ ¤ 2,6 ¤ ¤ ¤ 7,8 ¤ 14,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 5,7 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Uz-2 ¤ ¤ ¤ 3,3 ¤ ¤ 6,6 9,1 ¤ ¤ ¤ ¤ 3,7 13,2 9,9 ¤ ¤ ¤ 3,7 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 5,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,3 9,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Vieille Aure 4,7 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 12,1 ¤ ¤ ¤ 9,7 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 2,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 17,5 ¤ ¤ ¤ 2,7 ¤ 8,6 ¤
Rhinanthus angustiflora

Veronica chamaedrys
Taraxacum officinalis
Scabiosa columbaria
Polygonum bistortae

Stellaria graminea

Trifolium pratense

Veronica agrestis
Ranunculus acris

Stellaria holostea

Trifolium dubium

Trifolium repens
Rumex acetosa

Sanguisorba sp

Silene latifolia

Vicia sepium
Adast ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 2,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 9,7 ¤ ¤ ¤ ¤
Aragnouet ¤ 9,6 7,8 ¤ 9,9 ¤ ¤ 3,9 ¤ ¤ ¤ ¤ 12,4 ¤ ¤ ¤
Arras ¤ 3,7 ¤ ¤ 5,7 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 2,9 3,3 ¤ 4,5 ¤ ¤
Arrens ¤ 11,8 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 6,1 ¤ ¤ ¤ 6,5 ¤ ¤ ¤ ¤
Artalens ¤ 9,8 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 7,4 ¤ ¤ ¤ ¤
Ayrues ¤ 10,7 ¤ ¤ 6,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,5 ¤ 3,7 9,5 ¤ ¤
Barèges ¤ ¤ 7,6 ¤ 18,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,6 ¤ ¤ ¤
Bayens ¤ 5,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 6,0 ¤ 5,3 ¤ 5,6 6,7 ¤ ¤ ¤
Betpouey ¤ 7,5 ¤ 5,6 8,9 ¤ ¤ 2,3 ¤ ¤ ¤ 4,7 6,1 ¤ ¤ ¤
Bordères 15,1 17,9 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 9,6 ¤ ¤ ¤
Cadeihlan ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 11,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 7,3 ¤
Cambasque ¤ 8,0 ¤ 3,5 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 11,5 8,0 ¤ ¤ ¤
Catarrabes-1 ¤ 18,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,1 5,4 4,2 ¤ ¤
Catarrabes-2 ¤ 3,4 3,8 6,1 6,9 ¤ 3,4 ¤ ¤ ¤ ¤ 4,8 ¤ ¤ ¤ ¤
Catarrabes-3 ¤ 10,7 ¤ 10,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,7 ¤ 10,2 ¤ ¤
Concé ¤ 7,4 5,7 ¤ ¤ ¤ 2,8 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Espiaube ¤ 2,0 ¤ ¤ 5,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 2,6 ¤ ¤ 7,7 ¤
Espoune ¤ 18,8 ¤ 11,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 9,7 ¤ ¤ ¤
Estaing 6,8 11,0 4,3 5,0 ¤ 3,9 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,6 5,0 ¤ ¤ ¤
Estibe ¤ 11,9 3,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 11,5 13,7 ¤ ¤ ¤
Gaillagos ¤ 4,1 ¤ ¤ 8,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,2 ¤ ¤ ¤ ¤
Gavarnie ¤ 10,2 5,6 ¤ 3,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 13,3 ¤ ¤ ¤
Grust ¤ 8,4 4,6 ¤ 3,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,4 ¤ 4,6 9,9 ¤ ¤
Héas ¤ 5,8 4,0 ¤ ¤ ¤ 11,1 ¤ ¤ ¤ ¤ 5,3 10,2 ¤ ¤ ¤
Rhinanthus angustiflora

Veronica chamaedrys
Taraxacum officinalis
Scabiosa columbaria
Polygonum bistortae

Stellaria graminea

Trifolium pratense

Veronica agrestis
Ranunculus acris

Stellaria holostea

Trifolium dubium

Trifolium repens
Rumex acetosa

Sanguisorba sp

Silene latifolia

Vicia sepium
Lisey-1 ¤ 10,3 4,1 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,1 ¤ 12,4 5,5 ¤ ¤ ¤
Lisey-2 ¤ 8,5 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,1 13,4 ¤ ¤ ¤
Lurgues ¤ 6,2 4,9 ¤ ¤ ¤ ¤ 5,3 ¤ ¤ ¤ 9,7 ¤ ¤ ¤ ¤
Marsous ¤ 16,0 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,2 ¤ ¤ ¤ ¤
Miaous ¤ 13,3 4,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 9,2 ¤ ¤ ¤ ¤
Moura ¤ 14,4 ¤ 6,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 8,6 3,6 ¤ ¤ ¤
Mousques ¤ 9,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,3 ¤ ¤ 9,0 3,7 ¤ ¤
Ortiac ¤ 4,6 ¤ ¤ 13,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,8 ¤ ¤ ¤ ¤
Pont de Lère ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 6,8 ¤
Prades dessus ¤ 9,5 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,6 ¤ ¤ ¤ ¤
Saugué Crampe ¤ ¤ 6,0 ¤ 8,4 ¤ ¤ ¤ ¤ 5,4 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Saugué Theil ¤ ¤ 8,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Sazos-1 ¤ ¤ ¤ 7,2 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 4,4
Sazos-2 ¤ 4,0 5,7 3,1 ¤ ¤ 5,0 ¤ 2,9 ¤ ¤ ¤ ¤ 3,3 ¤ 3,8
Soulor ¤ ¤ ¤ ¤ 3,7 ¤ ¤ 5,0 ¤ ¤ ¤ 6,2 3,3 ¤ ¤ ¤
Uz-1 ¤ 7,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 2,1 ¤ 2,1 ¤ 5,2 ¤ ¤ ¤ ¤
Uz-2 ¤ 6,6 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 3,7 ¤ ¤ ¤ 3,7 ¤ ¤ ¤ ¤
Vieille Aure ¤ 2,3 ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ 2,3 ¤ ¤ 4,3 8,6 ¤ ¤

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