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Présentation Générale de la
procédure contentieuse devant
le Tribunal Administratif
Tunisien
Le Tribunal Administratif tunisien est une institution
Constitutionnelle, prévue dans la première Constitution de la
République Tunisienne de 1959. En effet l’article 57 stipule que
le Conseil d’Etat est composé de deux organismes : la cour des
comptes est une juridiction administrative . Cette juridiction a vu
le jour le 1 juin 1972.
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tribunal administratif s’est trouvée complétée. Le recours pour
excès de pouvoir avant 1996 relevait en premier et dernier
ressort des Chambres contentieuses est désormais
soumis au contrôle des Chambres de premier instance en
premier degré et des Chambres d’appel en deuxième degré. Le
plein contentieux relève des Chambres de première instance en
premier degré, des Chambres d’appel en deuxième degré et du
contrôle de légalité des Chambres de cassation. L’importance et
la complexité du contentieux administratif imposait déjà lors de la
création du tribunal Administratif en 1972 la définition du rôle et
la délimitation de la compétence du juge administratif et la
délimitation de la procédure contentieuse. La loi n°40 du 1 juin
1972 relative au tribunal administratif a tracé l’essentiel du
schéma de la justice administrative en Tunisie. Les règles de
procédure sont de ce fait définies par la loi. Mais ceci n’empêche
pas le juge de puiser des règles complémentaires dans les
codes de la justice de droit commun comme le code de
procédure civile et commerciale et le code des obligations et des
contrats (1). Cet emprunt de règles, était nécessaire lorsque le
juge était obligé d’affronter certaines situations non prévues par
la loi de 1972, à l’instar de l’appel incident. Par son caractère
évolutif et sa mutabilité le contentieux administratif ne peut pas
être totalement cerné par une codification de règles susceptibles
de le régir . Le pouvoir créateur, et le rôle normatif du juge
administratif sont nécessairement utiles pour peaufiner une
procédure contentieuse qui vise essentiellement à protéger les
citoyens des éventuels abus de l’appareil administratif. La
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procédure du contentieux administratif doit être de ce fait souple
et non rigide, permettant un facile accès au juge, et visant à
mieux protéger le justiciable de l’hégémonie de l’administration.
La réforme du contentieux administratif a tenu compte de cet
impératif, une simplification et une souplesse de la procédure ont
été opérées et un renforcement des garanties et des droits de la
défense a été engagé.
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l’assistance juridictionnelle lors de l’introduction de la requête
pour les parties indigentes (3). Le décret n°882 -1972 du 26
septembre 1974 organise l’assistance juridictionnelle devant le
tribunal administratif. Une loi datant du 17 mai 1993 a institué le
régime de la gratuite des requêtes devant le tribunal
administratif.
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de la loi du 1 juin 1972 , le recours préalable est devenu
facultatif. L’accès à la justice administrative est devenu direct
sauf pour les décrets à caractère réglementaire, dont les
requêtes en annulation restent conditionnées par l’obligation du
recours préalable comme le stipule le dernier alinéa de l’article
19 de la loi du 1 juin 1972 telle que modifiée par loi organique
n°2002-11 du 4 février 2002. S’agissant, d’un recours objectif, le
recours pour excès de pouvoir, est un procès fait à un acte . Le
juge administratif n’est pas très regardant quant à l’exigibilité de
l’intérêt pour agir(4), l’intérêt peut être purement moral, l’intérêt
peut être celui d’une personne morale et non d’une personne
physique, l’intérêt d’une association ou d’un syndicat ; l’intérêt
peut être aussi collectif d’où la possibilité de présenter des
requêtes collectives, pour attaquer une décision concernant
plusieurs personnes. Une requête unique dirigée contre
plusieurs décisions est recevable lorsque, ces décisions sont
connexes.
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exercer, d’autant plus , que le contrôle du juge administratif
touche la quasi totalité des actes de l’administration (5) à
l’exception des actes de gouvernement (6) et quelques décisions
disciplinaires exclues de son champs de compétence
expressément par la loi.
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validité du recours préalable adressé à l’autorité hiérarchique de
l’administration auteur de la décision. Un recours préalable
adressé à une administration qui n’a pas de lien direct avec
l’auteur de la décision a été considéré comme valable par le juge
qui a estimé que l’administration publique constitue une unité et
doit de ce fait aider l’administré en dirigeant sa demande vers
l’administration concernée.
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chambre adresse dans un délai maximum de huit jours, le
dossier de l’affaire au premier président qui saisi dans le même
délai le commissaire d’Etat, lorsqu’il estime que la solution
juridique de l’affaire est importante. Dans le cas contraire, il
ordonne son inscription au rôle d’une audience de plaidoirie,
sans saisir le commissaire d’Etat. Le président de chambre est
tenu de fixer la date de l’audience de plaidoirie dans un délai ne
devant pas dépasser les deux mois qui suivent l’ordonnance du
premier président, ou le dépôt des conclusion du commissaire
d’Etat chargé de défendre l’intérêt général.
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de la décision et de nature à entraîner pour le requérant des
conséquences difficilement réversibles.
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L’article 82 dans son alinéa 2 ajoute que ces présidents peuvent
ordonner respectivement de procéder à un constat urgent de tout
fait menacé de disparition et pouvant faire l’objet d’un litige
administratif.
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II – Une procédure respectueuse des droits de la
défense et des garanties pour « une bonne justice
administrative »
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La requête, les mémoires des parties, les conclusions,
les preuves, sont écrites. Les plaidoiries doivent être inspirées
des observations écrites formulées déjà et inscrites au dossier
de l’affaire. Les mesures d’instruction doivent être écrites et
retracées minutieusement au dossier de l’affaire, et même si le
juge instructeur convoque les parties on entend un témoin, un
procés verbal doit être établi et consigné au dossier .
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La procédure écrite, n’empêche pas le juge rapporteur
de procéder à des expertises, des déplacements sur les lieux
afin d’apporter des éléments de fait et de droit pour clarifier
l’affaire. Le rôle qu’ exerce le juge administratif se situe dans le
cadre de sa mission inquisitoriale.
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justifiant cette signification. L’article 62 de la loi de 1972, stipule
que l’instruction de la requête en appel s’effectue conformément
aux règles des recours auprès des chambres de première
instance. C'est-à-dire que les règles de procédure sont
identiques quant aux principes pour les différents degrés de
juridiction. L’instruction du procès reste l’œuvre du juge quelque
soit le degré de juridiction.
C- Le principe de la contradiction
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Le principe de contradiction est érigé en tant que
principe général de droit, lui-même corollaire de la règle
constitutionnelle de respect des droits de la défense énoncée
dans l’article 12 de la Constitution Tunisienne du 1 juin 1959.
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En cas de visites des lieux et d’expertise, d’enquête, les
parties doivent être informées des lieux, jours et heures des
opérations, auxquelles elles pourront assister et se faire aider
par des avocats, avec droit de présenter leurs observations
consignées par écrit et de formuler des critiques aux rapports
d’expertise. En matière d’expertise le droit commun est
applicable tel que prévu dans le code de procédure civile et
commerciale.
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solution juridique à l’affaire. S’ils le demandent, les parties au
procès peuvent répondre par écrit à ces conclusions.
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de la procédure, les textes juridiques ayant servi de fondement
au jugement, les dates de l’audience de plaidoirie et du
prononcé, les noms des membres qui l’ont rendu, du greffier.
Mention est faite du juge rapporteur et le commissaire d’Etat. La
minute est signée par le juge rapporteur et le président de la
formation de jugement.
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ou pour des considérations d’ordre public et de sécurité
nationale. La prochaine réforme tiendra certainement compte de
ces quelques cas isolés L’astreinte prononcée contre
l’administration dans les cas ou il ya « inexécution constatée »
d’une décision juridictionnelle, pourrait très bien être envisageé.
Notes
1 – Affaire n° 48 cassation – 1 mars 1979 Hassine
/Directeur Général des impôts
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n’a pas prévu de dispositions expresses et tant qu’elles ne
contredisent pas les régles de droit administratif
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Le tribunal a dans cette affaire défini l’acte attaquable en
écartant les mesures internes du recours pour excès de
pouvoir. Cette jurisprudence a été confirmée à plusieurs
reprises, Dans l’affaire n°1228 – 15 février 1985 Moufida
Bornaz / Ministre des Finances , le tribunal a considéré que
les travaux préparatoires à la prise d’une décision, ne
constituent pas des actes exécutoires et ne sont pas
susceptibles de ce fait de recours pour excès de pouvoir
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Affaire n°3279 – 11 avril 1995 : l’instruction devant le tribunal
administratif obéit au principe de l’inquisitorialité. Le juge peut
de ce fait désigner l’administration concernée par le recours
pour excès de pouvoir.
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Le tribunal administratif a considéré dans cette affaire que les
traités internationaux dûment ratifiés ont une valeur supérieure
à celle des lois internes.
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