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MODAL PHY473C

Physique de la matière condensée : Instabilités et


phénomènes non-linéaires en hydrodynamique
Supervisé par : Renaud Ferrand et Binh-Minh Pham

Théo Bazille et Adrien Breuil

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Remerciements
Nous tenons à remercier les enseignants en charge de notre modal, Renaud
Ferrand et Binh-Minh Pham, de nous avoir accompagnés tout au long de notre étude
et d’avoir été aussi disponibles.

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Sommaire
I/ Cadre expérimental

1. Dispositif
2. Théorie

II/ Les différents régimes de fonctionnement

1. Régime contrarotatif
2. Régime corotatif
3. Transition entre les régimes

III/ Diffusion dans les réseaux de tourbillons

1. Diffusion en régime contrarotatif


2. Diffusion en régime corotatif

IV/ Etude bidimensionnelle

1. Le réseau bidimensionnel : matrice de tourbillons


2. Etude de la diffusion

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Motivations
La mécanique des fluides est remplie de phénomènes de tourbillons, de la
vidange de baignoire à l’ensemble des phénomènes météorologiques comme celui du
gulf stream. Les tourbillons traduisent l’existence de conditions aux limites qui
imposent au fluide certaines contraintes. La simulation météorologique par exemple
s’appuie sur la compréhension que nous avons de la manière dont se forment et
évoluent les structures tourbillonnaires. Et la complexité de ces structures en fait des
systèmes chaotiques classiques, la météorologie en est l’incarnation parfaite.

Notre étude porte sur les résultats obtenus sur les différents régimes de
fonctionnement de réseaux de tourbillons générés par force de Laplace, notamment la
transition entre ces régimes et vers le chaos ou la diffusion d’un colorant en leur sein.

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I/ Cadre expérimental
1. Dispositif

Procédons à la description de notre dispositif :


- Cellule, usinée dans du PVC, de 350 mm de long pour 40 mm de large et 50 mm
de haut. Partie centrale peu profonde comparée aux extrémités que nous
mettons au contact d’électrodes plates de cuivre.
- Un générateur délivre une tension continue à l’ensemble via des pinces
crocodiles que nous accrochons aux électrodes.
- Nous nous munissons également d’un ampèremètre afin d’avoir accès à
l’intensité au sein de notre système.
- Nous remplissons la cellule d’une solution d’eau salée parmi celles préparées
en amont de concentrations différentes : 50 g/L et 100 g/L.
- A l’intérieur de la cuve se trouve une barre métallique sur laquelle nous avons
placé 10 aimants (3x8 mm^2).
- Nous avons également à notre disposition un ordinateur avec le logiciel
d’exploitation MatLab et une caméra.
- La visualisation des phénomènes décrits plus loin se fait grâce à une poudre de
nanoparticules permettant d’obtenir des images pour un traitement PIV
(Particle Image Velocimetry).
- Les études de diffusion se feront grâce à de la fluorescéine sous une lampe à
ultraviolet.

Le schéma ci-après résume et complète la description.

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Figure 1 : Schéma et photo du dispositif expérimental

2. Théorie

Dès les premières mises en œuvre de notre expérience nous remarquons


l’apparition de forces. Celles-ci sont des forces de Laplace ; en effet, la combinaison de
la densité de courant j dans l’eau salée et du champ magnétique B dû à l’aimant induit
une force qui, selon la théorie, s’exprime de la manière suivante :

F=jxB

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Figure 2 : Forces de Laplace et tourbillons générés

Nous remarquons très clairement que cette force est orientée selon l’axe Y et
qu’elle change de signe lors du passage d’un aimant à l’autre. Ce cisaillement provoqué
à l'interface entre deux aimants semble induire des tourbillons contrarotatifs mais
nous verrons qu'il ne s’agit pas du seul régime de fonctionnement.
Les paramètres influant le régime du système sont les suivants, listés de celui
sur lequel nous avons le moins de contrôle à celui que nous pouvons précisément
imposer :
- La hauteur de liquide introduite, toujours approximativement de 5 mm mais
difficile à doser en pratique. Elle influence la résistivité de la solution et donc sa
conductivité totale.
- Le champ magnétique des aimants. En effet même si nous les supposons
identiques, leurs irrégularités et leur usure font qu’ils ne génèrent certainement
pas tous le même champ magnétique B
- La concentration en chlorure de sodium de l’eau utilisée, et donc indirectement
la conductivité volumique. Nous avons mesuré assez précisément la masse de
sel et les volumes d’eau en jeu.
- L’espacement entre les aimants, mesuré précisément et facile à fixer identique
d’une expérience à une autre, il suffit de ne pas toucher les aimants.
- L’intensité électrique, réglée par le générateur et mesurée par le multimètre.

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II/ Les différents régimes de fonctionnement
Nous avons commencé par faire toute une batterie de tests pour générer des
tourbillons. En étudiant des paires d’aimants, nous avons d’abord identifié deux types
de comportements. Une paire générait 2 tourbillons très asymétriques, l’autre un seul
tourbillon. Comme expliqué ci-dessus, cela résulte de forces de Laplace subies par les
ions qui mettent ensuite en mouvement le fluide.
Le premier cas est donc l’effet de deux aimants dont les champs sont orientés
dans le même sens. Il en résulte une force de Laplace unidirectionnelle au niveau des
aimants. De part et d’autre de ce courant, le choc de l’eau avec la paroi crée ce
mouvement de retour de l’eau, plus lent. D’où l’impression d’avoir généré deux
tourbillons asymétriques alors qu’en réalité il n’y en a aucun à proprement parler.
Le second cas résulte de l’action de deux aimants dont les champs magnétiques
sont opposés, ce qui crée un couple de forces (de normes égales, les aimants sont
supposés identiques) sur l’eau et donc un réel tourbillon. Ce sont donc des systèmes
avec des champs alternés qui vont nous intéresser à l’avenir.
Par ailleurs, afin d’avoir des tourbillons plutôt circulaires et non pas étirés
verticalement, nos aimants sont séparés de 5 à 7 mm, ce qui explique les hautes valeurs
de l’intensité électrique que nous utilisons comme nous l’expliquerons plus tard.

1. Le régime contrarotatif

Ce régime est le premier à apparaître naturellement pour une gamme


d’intensité faible. Chaque paire d’aimants génère un tourbillon, en résultent donc n-1
tourbillons pour n aimants. Ces tourbillons tournent dans des sens alternés, comme
des engrenages, à cause des orientations successives des forces de Laplace dans le
fluide. Ainsi, ce mode est nommé « régime contrarotatif ». Il est naturel et apparaît
systématiquement pour des intensités faibles. Il est prédit par l’analyse précédente et
est en effet le mode “par défaut” pour des intensités relativement basses.

Figure 3 : Tourbillons en régime contrarotatif visualisés à l’aide de la poudre PIV à la


caméra avec un long temps d’exposition

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Figure 4 : Champ de vorticité lors du régime contrarotatif réalisé par matlab,
I = 30 mA, c = 100 g/L, 10 aimants espacés de 7 mm

2. Le régime corotatif

Cet autre régime apparaît pour des intensités plus élevées. Il n’est pas prévu par
le modèle de I/. La transition entre lui et le précédent est continue. Lorsque l’on
augmente progressivement l’intensité, en laissant le système atteindre son régime
stationnaire à chaque fois, la moitié des tourbillons s’évase pour laisser place à l’autre
moitié. Les tourbillons dominants sont alors plus gros et plus rapides du fait de
l’intensité supérieure. Ce régime ne peut apparaître que pour un système avec un
nombre pair d’aimants et donc un nombre impair de tourbillons lors du régime
contrarotatif.
Nous avons alors constaté que les tourbillons subsistants étaient ceux des
extrémités et ceux tournant dans le même sens.
Il n’a pas toujours été aisé pour nous d’atteindre ce régime, parfois il n’est
qu’une partie de la période d’un régime différent, dans lequel les tourbillons
fusionnent alternativement et le régime corotatif n’apparaît qu’une partie du temps.

Figure 5 : Champ de vorticité lors du régime corotatif réalisé avec matlab

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Figure 6 : Champ de vitesse lors du régime corotatif réalisé avec matlab
I = 130 mA, c = 100 g/L, 10 aimants espacés de 7 mm

3. Transition entre les régimes

Pour étudier la transition entre les régimes, il a fallu trouver une grandeur à
mesurer révélatrice du régime dans lequel le système se trouve. Nous avons dans un
premier temps choisi les aires des tourbillons tournant dans le sens horaire et
trigonométrique. Comparer les sommes respectives permet de rendre compte du
phénomène de disparition d’un tourbillon sur deux. Pour cela nous avons utilisé le
logiciel ImageJ et réalisé une sélection manuelle des tourbillons pour en mesurer les
aires en pixels. Les images traitées sont les cartes de vorticité moyennée sur des
intervalles de temps à intensité fixée. La sélection du tourbillon se fait en suivant la
ligne de niveau ⍵ = 0 s-1. Il est évident qu’une marge d’erreur s’est glissée dans les
données du fait de l’imprécision du contour des tourbillons. Néanmoins, nous avons
obtenu des résultats très satisfaisants, montrant bien le changement de régime qui
s’opère.

Figure 7 : Évolution de l’aire des tourbillons (en bleu ceux en phase avec les
extrémaux) en fonction de l’intensité électrique

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Pour appuyer ces résultats, nous avons décidé d’étudier une autre grandeur : la
vorticité moyenne sur la région d’intérêt. En effet, en régime contrarotatif les
tourbillons alternent leur sens de rotation et la vorticité globale se moyenne environ à
zéro. Le seul écart à zéro est causé par le tourbillon supplémentaire du bord, nécessaire
pour voir l’apparition du régime corotatif. Ainsi, nous avons réalisé une série de
mesures de la vorticité pour une grande gamme d’intensités électriques sur le système
suivant : 10 aimants alternés espacés de 7 mm, eau salée à 100 g/L. Nous nous
attendons à voir une augmentation progressive de la vorticité moyenne du fait de
l’augmentation de la taille des tourbillons dominants, et même une brutale
augmentation lors de l’instant où la transition se marque le plus.

Figure 8 : Évolution de la moyenne de la vorticité en fonction de l’intensité électrique

L’analyse des données révèle en effet une rupture de pente au niveau de


l’intensité de seuil, à partir de laquelle le régime corotatif apparaît clairement. Nous
constatons également qu'au-delà de 190 mA pour ce système, le régime est
complètement chaotique et les vorticités moyennes oscillent.
Nous avons ainsi mis en évidence 2 critères de caractérisation de régime de
notre système (contrarotatif, corotatif ou chaotique). Bien que les deux études
décrivent assez bien les transitions rencontrées, la seconde paraît meilleure lorsque
l’on souhaite identifier le régime d’un système donné. En effet, les régressions linéaires
de la figure 7 se coupent en un seul point en deçà duquel nous avons un régime
contrarotatif et au-dessus duquel nous avons un régime corotatif. Pourtant le graphe

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de la figure 6 ne permet pas d’opérer une distinction nette entre les zones d’intensité
des régimes différents. Finalement, et c’est surtout en cela que le deuxième critère
est plus efficace, nous sommes capables d’indiquer la valeur de l’intensité à partir de
laquelle le régime devient chaotique dans la figure 7 tandis que cette information nous
échappe figure 6.
Toutefois, il faut garder en tête que ces valeurs d’intensités dépendent de tous
les autres paramètres cités en I/. L’analyse n’est pas quantitative, notamment lorsque
l’on approche du régime chaotique, le moindre écart entre deux expériences sur les
paramètres difficiles à contrôler est susceptible de modifier ces valeurs d’intensité de
transition.

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III/ Diffusion dans les réseaux de tourbillons

Figure 9 : Diffusion de fluorescéine en régime corotatif

Nous nous sommes proposés d’étudier la diffusion d’un colorant dans les
différents réseaux de tourbillons. Ces expériences permettraient de visualiser la
progression de composés dans l’atmosphère ou dans les courants océaniques
(polluant…). Dans toute la suite, à moins que cela ne soit spécifié autrement, nous
entendons le terme de diffusion comme un transport en général, prenant en compte
la convexion notamment et tous les autres phénomènes menant au déplacement du
produit injecté. Il est évident que dans ces réseaux de tourbillons, l’advection joue un
rôle clé dans l’évolution de la répartition de ce dernier.
Le dispositif expérimental est décrit ici. La cuve est placée sous la caméra et
proche de la lampe à UV. Le système est placé dans le régime souhaité, en imposant
l’intensité électrique. Tout le dispositif est plongé dans le noir, en le recouvrant d’un
drap. Le colorant utilisé, la fluorescéine, brille et contraste donc énormément sous la
lampe à UV. La concentration en colorant est donc directement proportionnelle au
niveau de gris de la solution. On analyse cela à l’aide du logiciel ImageJ. La méthode
précise est détaillée plus loin. Nous avons fait face à plusieurs difficultés à ce stade. Il
était ardu de régler la luminosité du logiciel de capture afin d’en voir autant à la caméra
qu’à l'œil nu (temps d’exposition, focus…). Finalement, le rendu filmé est beaucoup
moins net que la réalité. Le colorant très faiblement concentré disparaît dans le fond
noir à la caméra, où il se distingue clairement à l’oeil nu.
Par ailleurs, il a fallu calibrer correctement la concentration de la solution de
fluorescéine. Il faut qualitativement trouver une concentration optimale : assez
concentrée pour apparaître très lumineuse sous la lampe à UV mais assez diluée sinon
les particules restantes en suspension assombrissent la solution qui s’éclaircit en se
diluant. Ce phénomène est à bannir, il est contre nature par rapport à ce que l’on veut
observer car il n’y a plus de relation directe entre luminosité et concentration.
Ces obstacles pris en compte, nous avons réalisé une batterie d’expériences
dans la cuve linéaire et la cuve carrée.

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1. Diffusion en régime contrarotatif

Pour cette première étude, nous avons disposé 10 aimants, espacés de 5 mm le


tout soumis à une intensité de 10 mA dans une solution de sel à 100 g/L. Nous avons
déposé plusieurs gouttes de colorant dans le premier tourbillon et observé sa diffusion
pendant plus d’une heure. A l’aide du logiciel ImageJ, nous avons analysé la moyenne
des niveaux de gris sur chaque tourbillon au cours du temps, à l’exception du premier
et du dernier. La figure 9 regroupe les différents résultats. Les courbes correspondent
aux tourbillons numérotés de 2 à 8.

Figure 10 : Résultats de la diffusion en régime contrarotatif


Nous constatons que tous les tourbillons convergent vers la même
concentration sur des temps longs, comme en atteste l’asymptote horizontale qui se
dessine clairement au-dessus. Au-delà de cette similarité, nous pouvons déjà observer
différents comportements caractéristiques. Les deux premiers tourbillons ont une
concentration en colorant fortement croissante puis décroissante pour atteindre la
concentration d’équilibre. Cela s’explique par la proximité de la source de colorant. Ils
sont un passage obligé pour diffuser dans les tourbillons suivants, et cette
augmentation puis diminution de la concentration en fluorescéine témoigne de son
passage temporaire. Les tourbillons 3,4 et 5 ont très vite atteint leur asymptote. Nous
pouvons supposer que leur position centrale leur permet d’être rapidement
approvisionnés en colorant par l’amont pour atteindre la concentration d’équilibre,

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puis d’être en régime permanent avec l’aval qui récupère l’équivalent de la
fluorescéine entrante. Les deux derniers tourbillons connaissent une lente croissance
de leur concentration en colorant. Les deux courbes sont correctement approximées
dans leur portion croissante (avec des coefficients de corrélation de 0,95 et 0,93) par
une fonction affine de coefficient directeur 0.01 s-1. Nous n’avons pas trouvé
d’approximation analytique pour des portions significatives des autres courbes, en
cherchant dans les lois de puissance et exponentielles. Pour terminer cette étude, nous
avons tenté de déterminer la loi temporelle approximative de progression du front
diffusif. Classiquement, elle est de la forme :

L = √#$
Où L est la distance couverte par le composant qui se diffuse, D le coefficient de
diffusion et t le temps. Nous avons défini que le front diffusif avait atteint un tourbillon
lorsque son niveau de gris moyenné verticalement était supérieur à un certain seuil.
Après avoir enlevé les quelques points aberrants, voici ce que nous avons obtenu, en
traçant les logarithmes.

Figure 11 : Distance parcourue par le front diffusif en fonction du temps pour


différents seuils
Nous obtenons bien des pentes supérieures au 0,5 classique, entre 0,52 et 0,56.
Il est intéressant de constater cette relative similarité malgré des seuils différents. Le
réseau de tourbillon influence donc le phénomène diffusif comme nous pouvions nous
y attendre, en accélérant. Cependant, nous n’obtenons pas une valeur

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significativement différente de la diffusion classique, que ce soit pour les temps longs
ou les temps courts.

2. Diffusion en régime corotatif

Nous avons mené une étude similaire en régime corotatif, avec exactement le
même dispositif mais à une intensité électrique de 120 mA. Le système présentait donc
comme attendu les 5 tourbillons tournant dans le même sens. Nous avons ensuite
débuté l’expérience en injectant le colorant au niveau du premier tourbillon. Voici les
résultats regroupés dans la figure 10, les premiers et derniers tourbillons ont encore
été éliminés.

Figure 12 : Résultats de la diffusion en régime corotatif


Les résultats sont assez surprenants et différents de ceux obtenus en régime
contrarotatif. Cela provient en partie d’erreurs expérimentales malheureusement.
Pour commencer, l’échelle des niveaux de gris est beaucoup plus faible, nous avons dû
injecter moins de colorant. Cela a eu pour conséquence que les fluctuations des
niveaux de gris dues à la précision de la caméra apparaissent sur le graphique alors
qu’elles étaient absentes sur le précédent. Par ailleurs, nous constatons l’apparition
d’une pseudo période d’environ 300 secondes. Nous soupçonnons alors que le système
n’était pas en régime corotatif pendant l’expérience mais dans un régime périodique

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l’englobant. Cela signifie que nous étions plus proche du chaos que ce que nous
pensions, et cela vient du fait que la proximité entre les aimants (5 mm) était plus
importante que pendant la précédente étude de la transition entre les régimes. Nous
avons déjà observé ce type de comportement, le système semble être en régime
corotatif mais à une très faible fréquence les tourbillons changent de forme lentement
et fusionnent partiellement, ce qui doit avoir pour effet de modifier la mesure locale
du niveau de gris. La fluctuation devrait être moins importante que la tendance
générale avec un grand apport de fluorescéine initial mais l’accumulation de ces petites
erreurs modifie significativement les résultats obtenus.

Figure 13 : Une pseudo-période du régime étudié en réalité

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IV/ Etude bidimensionnelle

Dans cette dernière partie de notre modal, nous nous sommes intéressés à un
réseau bidimensionnel de tourbillons que nous avons créé grâce à une cuve qui se
présente sous la forme d’une plaque carrée de 23 cm de côté. Le principe
d’alimentation est similaire à celui unidimensionnel avec, sur deux côtés opposés, des
bassins permettant de placer des électrodes de cuivre.
Il est à noter que dans ces circonstances, les contraintes géométriques sont
moindres. Pourtant la description physique du système est plus complexe et nous nous
contenterons, en premier lieu, d’une approche descriptive des résultats obtenus avant
de proposer une étude plus fine de la diffusion dans un tel réseau.

1. Le réseau bidimensionnel : matrice de tourbillons

Figures 14 et 15 : à gauche, photo de notre dispositif expérimental


à droite, réseau d’aimants (les couleurs indiquent les polarités des aimants)

Nous créons notre réseau de tourbillons en plaçant les aimants de la manière


suivante : nous regroupons 4 aimants de même polarité que nous plaçons aux
sommets d’un carré de 4 cm de côtés ; Nous inversons la polarité du carré d’aimants
voisin que nous disposons à 1,5 cm.

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Pour un courant de l’ordre de 40 mA nous observons bien un réseau
bidimensionnel de tourbillons contrarotatifs. En poussant l’intensité jusqu’à 500 mA
nous n’observons pas de passage à un régime corotatif mais le système adopte plutôt
un comportement turbulent : des tourbillons plus ou moins étendus se créent et
disparaissent.

Figures 16 et 17 : à gauche image du système à 45 mA (régime contrarotatif)


à droite image du système à 500 mA (régime chaotique)

2. Étude de la diffusion

Avec le logiciel ImageJ,


nous commençons par définir une
zone rectangulaire comme ci-contre.
Ensuite, nous prenons la moyenne
sur la coordonnée y du niveau de gris
et obtenons les images ci-après.
Rappelons que le temps est alors
selon l’axe -y et l’étude se fera aux
centres des tourbillons (zones où
l’intensité lumineuse est la plus
faible) et aux interfaces entre 2
réseaux verticaux de tourbillons
(zone où l’intensité est la plus forte).

Figure 18 : capture d’écran du logiciel ImageJ

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Les principes évoqués sont illustrés sur les figures ci-après. En substance, nous
analyserons la moyenne sur les lignes jaunes tracées du niveau de gris au cours du
temps. Pour mieux se rendre compte des différents phénomènes en jeu, nous ferons
2 expériences de durées différentes : 10 et 30 minutes.

Captures d’écran du logiciel ImageJ des moyennes selon y et en dessous les zones
auxquelles elles correspondent

Les données seront recueillies en différents endroits indiqués ci-contre :

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■ Étude de la diffusion sur 10 minutes

Nous nous sommes tout d’abord intéressés à la diffusion sur 10 minutes avec 1
capture prises toutes les 2 secondes. Cette échelle de temps nous permet d’apprécier
plus nettement le rôle advectif de notre réseau de tourbillons en négligeant la diffusion
de l’eau salée.

De gauche à droite : images du réseau à t =


0 s ; 20 s ; 40 s ; 1 min ; 2 min 20 s ; 6 min 40 s

Nous remarquons sur les images prises que l’effet d’advection est dominant sur
cette échelle de temps et cela nous est confirmé par les données prélevées. En effet,
le graphe du niveau de gris mesuré en fonction du temps montre que la fluorescéine
se concentre au niveau des interfaces.

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Figure 19 : résultats de l’étude de diffusion sur 10 min

Nous avons alors tenté d’établir une relation entre le niveau de gris et le
temps avec toutes sortes de régressions mais en vain. Il semblerait que le
mouvement d’advection soit plus complexe à décrire.

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■ Étude de la diffusion sur 30 minutes

L’observation montre que sur un temps plus long (i.e. de l’ordre de 30 min) la
diffusion joue un rôle notable. La deuxième partie de notre étude s’est déroulée sur 30
minutes avec 1 prise toutes les 10 secondes.

De gauche à droite : images du réseau à t =


0 s ; 6 min 40 s ; 11 min 40 s ; 16 min 40 s ; 23 min 20 s ; 30 min

De gauche à droite : coupes des niveaux de gris (en z) du réseau à t =


1 min 40 s ; 6 min 40 s ; 11 min 40 s ; 16 min 40 s ; 23 min 20 s ; 30 min

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A partir de 13 minutes, après une longue phase de croissance, les niveaux de
gris des interfaces se mettent à décroître à la même vitesse. La concentration en
fluorescéine tend à s’homogénéiser dans tout le bac.

Figure 20 : résultats de l’étude de diffusion sur 30 min

Figure 21 : régression linéaire des résultats de l’étude au milieu 1 à partir de t* = 740 s

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A partir de t* = 740 s, l’évolution de la concentration en fluorescéine se fait
proportionnellement à t ; un comportement intéressant qui est sûrement dû à la
répartition de la fluorescéine en t* ; nous en proposerons un modèle simple plus loin.

■ Analyse pour un tourbillon : compétition entre advection et diffusion

Dans toute l’étude de la diffusion bidimensionnelle, nous nous sommes rendu


compte que la diffusion au sein d’un tourbillon adoptait un comportement particulier.
En effet, la fluorescéine a d’abord tendance à se concentrer sur les bords des vortex
pour ensuite être diluée en son centre. Nous le remarquons très nettement sur la
séquence d’images suivante.

De gauche à droite : coupe des niveaux de gris (en z) d’un tourbillon à t =


1 min 40 s ; 6 min 40 s ; 11 min 40 s ; 16 min 40 s ; 23 min 20 s ; 30 min.

Nous pouvons modéliser la répartition de concentration en un paraboloïde


elliptique, dans ce cas le Laplacien de c (la concentration en fluorescéine) est
constant. En reprenant l’équation de diffusion, nous retrouvons bien le fait que la
concentration est alors proportionnelle au temps.

∂tc = −D∆c

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Conclusion
Ainsi nous nous sommes d’abord intéressés à la transition entre les régimes
contrarotatif, corotatif et chaotique dans le cas unidimensionnel pour ensuite étudier
la diffusion au sein de ces systèmes et finalement nous avons considéré le cas
bidimensionnel.

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