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à Georges de Peyrebrune
1884–1888
Édition préfacée et
annotée par Nelly Sanchez
Nelly Sanchez
Introduction
Il ne faut pas se fier au genre des patronymes : les
lettres de Camille à Georges, écrites par une femme, étaient
destinées à une femme. De 1884 à 1888, la chroniqueuse
Camille Delaville, Françoise Adèle Couteau née Chartier
pour l’état civil, en adressa près d’une centaine à la romancière
Mathilde Marie Georgina Élisabeth Judicis de Peyrebrune,
plus connue sous le nom de Georges de Peyrebrune.
Pareille relation a rarement été donnée à lire : bien peu de
correspondances publiées, en effet, témoignent d’échanges
intellectuels entre femmes de lettres. Si ces pseudonymes
masculins traduisent chez elles la volonté de préserver leur
identité ou le désir d’être reconnues pour leur seul talent
par le public, l’utilisation du patronyme littéraire dans leur
correspondance n’est pas anodine. Ce n’est pas la femme
mais l’artiste qui prend la plume pour confier à l’une de
ses consœurs ses activités éditoriales et littéraires. Avec le
temps, Camille Delaville en vient à relater ses problèmes
de santé, ses ennuis financiers, les querelles intestines qui
agitent son cercle d’amis. Mais l’histoire du siècle n’apparaît
pas, sinon la mort de Victor Hugo et l’incendie de l’Opéra
Comique, tous deux brièvement évoqués. Ces lettres sont
surtout exceptionnelles parce qu’elles témoignent de la
condition d’une femme écrivain à la fin des années 1880.
Comment subsister, en effet, sans autre ressource que
l’écriture, à une époque où, à travail égal, une femme
gagne trois fois moins qu’un homme ? Camille Delaville
ne décolérera pas de voir Georges de Peyrebrune toucher
15 000 francs pour la correction d’un feuilleton alors que,
10
32
Lettre 50.
33
Dans sa « Chronique mondaine » de La Presse du 24 décembre 1884, elle
présente sa fille, « la jolie Mme Chaperon, [comme] l’arrière-petite fille de
Van Ostade ». Le musée de Besançon, entre autres, conserve quelques toiles
de ce peintre.
34
Camille Delaville, La Loi qui tue, Paris, Aymot, 1875, p. 188.
35
Ibid., p. 18.
26
59
Rachilde, « Ombres et Figures », L’Écho de la Dordogne, n° 2, 2-3 janvier 1880.
60
Lettre 61.
61
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, février 1887,
p. 74.
62
Rachilde, « Ombres et Figures », L’Écho de la Dordogne, n° 2, 2-3 janvier 1880.
34
63
Lettre 50.
64
Camille Delaville, « Une conférence d’Alexandre Dumas », L’École des
femmes, 30 octobre et 6 novembre 1879.
65
Alfred Vallette, Le Roman d’un homme sérieux, Paris, Mercure de France,
1994, p. 13.
66
Camille Delaville, « La Bohème des lettres », Le Papillon, 14 août 1881.
35
67
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, décembre 1883,
p. 440-441.
68
Camille Delaville, op. cit., p. 9.
69
Camille Delaville, « Chronique mondaine », La Presse, 8 septembre 1884.
36
75
Georges de Peyrebrune, op. cit., p. 181-182.
76
Ibid., p. 185. Sous ces noms d’emprunt se cachent, entre autres, Jules
Laforgue (Raoul de la Farge) et Jean Lorrain (Jacques d’Alsace).
38
92
Adèle de Chambry, « Chronique mondaine », La Presse, 18 février 1885.
93
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, 7 février 1885.
94
Sujets de leurs chroniques du 13 mars, du 8 avril et du 10 mai 1885.
44
103
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, 30 novembre 1884,
p. 338.
104
Camille Delaville, « Les Heures parisiennes. Une matinée chez Georges de
Peyrebrune », La Presse, 16 mai 1885.
47
de Flaubert 105. »
Sa plume acérée est un autre moyen d’attirer
l’attention du public : dans son « Courrier de Paris » des
Matinées espagnoles du 23 février 1885, elle apprend à ses
lecteurs que Le Droit des Femmes, un journal féministe,
l’a violemment attaquée. À l’origine de cette virulente
diatribe, un de ses articles parus dans La Presse, dans
lequel elle prenait position contre le vote des femmes.
Elle y engageait
ces dames à se tenir tranquilles, au moins pour
ne pas couvrir de ridicule toutes les femmes
intelligentes qui se bornent à se servir de leurs
talents et de leur esprit pour composer des
œuvres agréables ou utiles, sans faire retentir
les journaux et les tribunes de leurs clameurs
comiques.
Loin d’argumenter son propos et de se défendre, la
chroniqueuse se contente d’une pirouette rhétorique
empruntée à l’arsenal des antiféministes en concluant :
« Cet article d’un français spécial m’a remplie d’aise, c’est
un brevet de bon sens, qui, je l’espère, me fera pardonner
bien des choses par mes confrères électeurs et éligibles 106. »
L’un des arguments les plus fréquemment avancés par
les détracteurs de la littérature féminine est, en effet,
que les femmes qui écrivent maîtrisent mal la langue.
En octobre 1885, c’est à son tour de s’en prendre à un
journal, Le Zig Zag. Cet hebdomadaire, dont l’existence
fut assez brève (1882-1886), se présente comme littéraire,
artistique, fantaisiste et humoristique. Il est dirigé par
105
Camille Delaville, « Bibliographie », Les Matinées espagnoles, 15 octobre 1885,
p. 303.
106
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, 23 février 1885,
p. 134.
48
123
Aymé Delyon, « Nouvelles littéraires et mondaines », Le Zig Zag, 23
mai 1886.
124
Pérégrine, « Bibliographie », Les Matinées espagnoles, 30 août 1886,
p. 126.
57
131
Camille Delaville, « Nos collaboratrices », Les Matinées espagnoles, 15 avril 1886,
p. 238.
132
Camille Delaville, « Bibliographie », Le Passant, 25 juin 1886, p. 13.
133
Camille Delaville, « Nos Collaboratrices », Les Matinées espagnoles, 15 avril 1886,
p. 237.
60
150
Camille Delaville, « Mes Contemporaines », Le Constitutionnel, 30 avril 1887.
151
Rachilde, « Ombres et Figures », L’Écho de la Dordogne, n° 2, 2-3 janvier 1880.
152
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, 31 décembre
1884. À son décès prématuré, elle lui rendra hommage en relatant leurs
rencontres successives.
66
159
Ibid., respectivement p. 30 et 31.
160
Voir lettre 46.
71
161
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, 7 février 1888,
p. 68. Jacques est son petit-fils.
162
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, 15 janvier 1888,
p. 26.
163
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, 15 mai 1888,
p. 257.
164
Ibid.
72
165
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, 30 mai 1888,
p. 354.
166
Camille Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles, 15 janvier 1888,
p. 27. C’est l’auteur qui souligne.
73
169
Correspondance Anaïs Ségalas-Georges de Peyrebrune, conservée à la
Bibliothèque municipale de Périgueux [Fonds Georges de Peyrebrune].
170
Marie Lætitia de Rute, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles,
31 juillet 1888, p. 197.
Lettres de Camille Delaville à Georges de Peyrebrune
1884 - 1888
Chère madame,
Camille Delaville
6, rue Favart
Le Vendredi toute la journée et toute la soi-
rée, sauf soirées de 1ère dans un grand théâtre.
Dîner mensuel organisé et présidé par Mathilde Stevens, qui réunissait fem-
mes et hommes de lettres.
Restaurant alors à la mode, lieu de rendez-vous des journalistes et de la
Société des Gens de Lettres.
1885
2/
[mercredi 4 mars 1885 ?]
3/
Samedi [7 mars 1885]
4/
Lundi soir [avant le 16 mai]
Madame Bourdon
167 rue St Honoré
Place du théâtre français
De la part de Mme Delaville
5/
Mardi 10 h, [5 mai 1885]
Ma bonne Georges,
Je suis aussi naïve que vous allez... ce matin je
pleure comme une sotte... Je vous disais hier « je
vais être obligée de quitter La Presse, mais en
somme Miss Round n’est coupable que de peu
de choses, c’est le directeur qui aime mieux les
beaux yeux – bleus que la bonne prose 10... ».
Or ce matin en ouvrant le journal, voilà que j’ai
la preuve (le récit de l’incident est sans intérêt)
que la volonté de ma collaboratrice y est pour
Dans sa « Chronique mondaine » (La Presse, 16 juillet 1884), elle précise
que « le pâtissier de la rue Saint-Honoré […] a imaginé de préparer […]
dans des plats de porcelaine de Bayonne, des entrées pour deux ou trois
personnes […] et prêtes à être mangées après avoir été placées dans leur
plat sur un feu doux quelques minutes ; c’est exquis […]. C’est nouveau,
délicieux et très chic ».
Référence ici non pas tant à la crème patissière qu’à son créateur, comme
l’indique la majuscule.
10
Gilbert Thierry avait succédé à Jules Billault à la tête de La Presse fin jan-
vier 1885.
84
6/
Jeudi soir [7 mai 1885 14]
16
Mina Round.
87
7/
Dimanche
Chère amie,
Galipaux viendra, j’ai invité pour arriver à ce
résultat sa mère qui est une femme charmante
que j’aime beaucoup, je pense du reste que
nous viendrons ensemble.
Mendès n’est pas venu ce matin, il m’a envoyé
une dépêche.
17
La sculpteuse Élisa Bloch réalisa un buste en plâtre de Georges de Peyre-
brune présenté au Salon de la Société des Artistes Français en juin 1885.
Cet « étrange platras », selon Léo d’Orfer (Le Zig-zag, 14 juin 1885), sus-
cita un différend entre l’artiste et le modèle : il a « été l’objet d’une diffi-
culté pénible entre deux femmes intelligentes [...], et qui vont en venir
presque à un procès pour une question d’argent. [...] La romancière qui
vit modestement de sa plume ne pouvait songer à commander son buste
à Mme Bloch, comme le premier millionnaire ou la première belle-petite
venue. Mme Bloch, de son côté, ne devait pas songer à envoyer une facture »
à Peyrebrune (Mme de Rute, Les Matinées espagnoles, « Mes promenades au
salon de 1885 », 10 juin 1885).
88
8/
Mardi soir [12 mai 1885]
9/
mercredi 9 h [13 mai 1885] matin
Ma bonne Georges,
Votre Camille
21
Jules Boissière l’a remplacée en juin 1884.
22
Mademoiselle de Trémor.
91
10/
Jeudi [14 mai 1885] Ascension
25
Eléna Sanz, cantatrice de l’Opéra et du Français. Elle interpréta avec brio
Carmen de Bizet en 1886.
26
Charlotte Mortier est la dame de compagnie, la secrétaire et, selon la ru-
meur, la maîtresse de la Princesse.
95
3 messieurs 27...
Ni Rousseil ni Mme Legault 28 ne prononcent
une parole. La soirée est encore plus froide,
personne ne vient interrompre le silence
– alors la Princesse fait dire à Rousseil La
Carmélite, d’elle-même Rousseil.
Brrr !..... Brrr !... puis Le Musée des souvenirs
hou ! Hou ! Hou ! Les dents claquent et les
épaules bleuissent.
Mendès fait sa cour à M me La Roue et est
cordial comme toujours avec moi, il m’exprime
ses regrets de n’avoir pas été chez vous Lundi et
de n’avoir pas eu le temps de vous écrire pour
vous expliquer le pourquoi, je lui ai dit que je
l’ai fait, il m’en remercie fort.
On convient que demain Vendredi lui et Mme
La Roue viendront à midi chez moi manger
des œufs brouillés aux truffes que je ferai
moi-même... de journal, de votre lettre, point
question.
Je ne vous convie pas aux œufs brouillés, pour
ne pas avoir l’air de jouer la carte forcée, du reste
27
Il semble que la Princesse soit coutumière de ce genre de soirées puisque
Paul Alexis écrit à Zola : « Un bizarre dîner s’il en fut : grand luxe de vaisselle
plate (avec des N sous une couronne), de service de table, de fleurs : mais
dîner très ordinaire et pitoyablement servi : pas même un service de table
d’hôte, tout au plus celui d’un buffet de chemin de fer où le train part
dans 20 minutes. Les hommes en habit noir ; peu de femmes, et vieilles
pour la plupart [...]. Mon voisin de table me fait observer que c’est tout à
fait le monde du demi-monde de Dumas [...] » Bakker, B.H, Naturalisme
pas mort : Lettres inédites de Paul Alexis à Émile Zola, 1871-1900, Toronto,
University of Toronto Press, 1971.
28
Marie-Françoise Legault (1858-1905), actrice du Vaudeville, du Gymnase
et du Théâtre-Français.
96
la même chose.
Mille bonnes tendresses,
Camille
11/
Lundi soir [17 mai 1885 ?]
12/
Mercredi soir, [20 mai 1885]
Chère bonne et belle,
13/
34
Il s’agit de Mina Round.
35
La Femme jaune.
36
« Une matinée chez Georges de Peyrebrune », La Presse, 16 mai 1885.
37
Les Bottes du vicaire.
101
14/
Jeudi 28 mai 85
Ma chère Georges,
15/
Jeudi 28 [mai 1885]
16/
Jeudi minuit [Jeudi 28 mai 1885]
Ma chérie,
[juin 1885]
Et Guiomar 49 ???
Écrivez-moi.
48
Sa petite-fille France, sœur cadette de Marthe.
49
Rien ne permet d’éclaircir cette allusion ; on peut supposer qu’avant le départ
de la romancière portugaise, Peyrebrune l’a persuadée de traduire en portugais
un de ses romans. En 1890 paraît à Lisbonne Uma separação, traduction de
Guiomar Torrezão d’Une séparation (1884).
107
Jeudi [juin 1885]
Ma bonne amie,
Je suis un peu mieux, je peux écrire à peu
près, mais je crains bien de ne pouvoir aller
demain chez Mme Summer, car j’ai la fièvre très
fort, cela me contrarie beaucoup, je désirais
absolument y aller, mais cette nuit a été bien
mauvaise et je ne me vois pas demain en robe
décolletée. Enfin !
Il n’est pas possible que Mendès vous ait
subitement prise en grippe. Il y a un malentendu
ou une jalousie bête d’une maîtresse, je ne sais
quoi d’idiot. Pourquoi vous en voudrait-il ?
Lundi j’ai vu Cartillier et je lui ai longuement
parlé de votre nouvelle 50. Elle est égarée,
mais, Mendès paraît-il, en a la copie. Il m’a
dit : « Cela passera, j’espère, mais le conseil
d’administration ne veut pas de nouvelles, il
ne veut que de grands romans.
– Eh ! Bien commandez à Georges un grand
50
Il s’agit d’une nouvelle intitulée Mater !, destinée au Nouveau Décaméron de Ca-
tulle Mendès. Celui-ci voulut la publier dans Le Gil Blas, mais le manuscrit
s’égara et ne fut jamais retrouvé. Ce n’est qu’en novembre 1885, dans une
lettre datée du 24 (conservée à la Bibliothèque municipale de Périgueux),
que Mendès explique à Georges de Peyrebrune la situation et lui demande
de récrire cette nouvelle. Elle paraîtra dans la sixième journée du Nouveau
Décaméron, Paris, Dentu, 1886.
108
65
Clochette, la chatte de Georges de Peyrebrune.
114
19/
5, rue du Marché
Le Vésinet
Vendredi [juin 1885]
Ma bonne Georges,
Oh cette Guiomar !
NB : Je suis éreintée. Vous savez que je ne
reçois plus le vendredi. Aujourd’hui à travers
les [mot illisible], toute la terre s’est amenée.
Jusqu’à Ségalas 67 !...
20/
Mardi soir, [octobre 1885]
cela.
Je vous embrasse presque respectueusement,
Camille
Samedi [octobre 1885]
72
Domestique de Camille Delaville.
119
Mercredi 18 [novembre 1885]
Ma chère Georges,
Que devenez-vous, quand revenez-vous ?
Je vais un peu mieux, un médecin homéopathe
a je crois trouvé ce que j’avais et je suis en voie
de guérison. Ouff ! Il était temps !
Et ce drame, ce drame horrible 73... où en êtes
vous ?
Il fait froid à Paris et là-bas... Je voudrais tant
vous voir !
Rachilde m’a écrit lundi : « Maman revient à
Paris ce soir, crac, comme cela tout à coup, je
crois que cette fois ce sera pour longtemps ».
Rien de plus. Est-ce que les époux Eymery se sont
encore battus positivement ou figurément 74 ?
Je finirai par croire que la pauvre Rachilde est
la moins folle de la famille.
Je ne sais rien de neuf que ce que me dit le journal
et je me sens une certaine paresse à reprendre
la vie ordinaire et sortante ; du reste je ne
pourrais pas encore.
73
Le 25 octobre 1885, des carrières s’effondrèrent à Chancelade, en Dordogne.
Native de la région, Peyrebrune s’inspira de ces événements pour écrire Les
Ensevelis, roman paru d’abord en feuilleton en 1886 dans La Revue bleue,
puis publié en 1887 chez Ollendorff.
74
Les parents de Rachilde. Malgré sa santé mentale déclinante, la mère de Ra-
childe effectua plusieurs voyages entre Paris, où elle séjournait, et le domicile
conjugal en Périgord. Les rapports entre les époux se dégradèrent avec le
temps.
120
Mercredi
Chère belle et bonne,
Je viens d’écrire à votre docteur pour le prier
de venir – mais j’ai dû écrire rue Blanche et il
habite Lagny.
Vous seriez bien gentille de lui écrire en ce pays
121
24/
Samedi soir,
78
La Bibliothèque municipale de Périgueux conserve dans le Fonds Georges
de Peyrebrune deux lettres d’Emilia Pardo Bazàn qui font allusion à cette
traduction, peut-être celle de Mademoiselle de Trémor (1885), laquelle paraî-
tra à Madrid en 1887 sous le titre La Seniorita de Tremor. Dans ces lettres,
la romancière espagnole, qui se trouve début février à Paris, proposait égale-
ment à Georges de Peyrebrune de publier son portrait ainsi que la traduction
de l’un de ses écrits dans les pages de L’Ilustración de la Mujer.
124
26/
Jeudi soir,
Chère amie,
J’ai eu une atroce crise hépatique j’ai été très
malade mais je suis mieux depuis aujourd’hui
je me lève et bientôt j’essaierai d’aller respirer
quelques bouffées de printemps. Quelle
horreur ! Je ne connaissais pas cela !
Voilà toute fête à l’eau ! On m’ordonne repos
absolu de corps et d’esprit.
Mille tendresses,
Camille
27/
[avril 1886]
28/
Paris jeudi soir 13 Mai [1886],
Ma bien chère amie,
Vous êtes sans doute enfin au sein des champs
français mettant en gerbes vos souvenirs
d’Espagne 82... J’ai bien compris votre indignation
à Madrid, et je voyais d’ici la blanche Isabelle
et son phlegme 83... La maman était cependant
pitoyable aux bêtes et aux pauvres – mais on
dégénère.
Pauvre Georges, vous souffrez sur cette terre...
que dire ? Que faire à cela ? Le mal est en vous.
Moi, malgré bien des luttes et des chagrins,
j’aime la vie et je la quitterais à regret maintenant
mais c’est elle qui a assez de moi. Je suis toujours
dans le même état, et les changements de climat
ne me disent rien, ayant ici trop d’attaches de
tous genres.
J’essaie le traitement d’un médecin russe
demain : « C’est du nord aujourd’hui que nous
vient la Lumière 84. »
82
Ces souvenirs donneront, entre autres, deux nouvelles : Le Grillon, parue
dans Les Matinées espagnoles du 15 mai 1886, et La Duquesa Rafæla, aventure
espagnole, parue dans La Revue bleue du 10 juillet 1886.
83
Isabelle-Roma de Rattazzi, fille de Mme de Rute ?
84
Voltaire, lettre à Catherine II, 1771.
127
Espérons.
J’ai écrit des sottises à Cartillier vous avez
vu que cette ignarde et laide violette 85 fait
sur l’heure passer au Gil Blas la copie qu’elle
présente alors qu’on n’y prend pas la vôtre.
Cela dépasse le bon sens. Je ne parle pas de la
mienne qui y traîne sous forme d’un roman 86,
qui je vous le jure est intéressant, depuis deux
ans – malgré les plus absolues promesses. Moi
ce n’est rien mais vous.
Je vais faire reparaître ma revue Le Passant
le mois prochain 87, si j’existe. Voudrez-vous
y donner à un prix relativement modeste ce
qui vous plaira absolument en n’importe quel
genre toute l’année.
Je dissimulerai que le journal m’appartient
pour qu’aucun Fabius ne s’y introduise ne fût-
ce qu’avec un quatrain 88, c’est le frère du petit
soldat qui le dirigera sous ma direction 89. Ce
Passant sera peut-être mon dernier (et mon
premier) caprice.
Les Abeilles vont merveilleusement, c’est à
qui apportera ses 10 francs de cotisation
85
Mina Round.
86
Le Passé du docteur.
87
Paru en 1882, Le Passant n’avait vécu que vingt numéros. Voir le prologue.
88
Allusion au « loquacem Fabius » dont parle Horace, chevalier romain parti-
san de Pompée (Satires, I, 1, 14). Sous la plume d’Horace, Fabius désigne un
écrivain toujours prêt à écrire, un bavard impénitent.
89
Gabriel Bertrand. Celui-ci avait déjà fondé, en 1880, La Revue de France,
journal bimensuel du Lot-et-Garonne, qui vécut jusqu’en 1886.
128
annuelle 90.
Même à Mme de Rothschild, je ne demanderai
pas plus. C’est vraiment une bonne œuvre.
Voici le nom des fondatrices :
Delaville
Anaïs Ségalas
Marie Summer
Georges de Peyrebrune
Thilda
Bissieu
C. Patti de Munck
Chaperon/Noblet (mes filles)
J. Portait 91
Bué 92
Ctesse de Mouzay
de Daillens 93
M Round par suite d’un malentendu y figurait 94,
lle
Je vais mieux
29/
Paris mercredi 26 mai [1886]
Ma belle et bonne amie,
Vous avez vu que la pauvre Thilda était morte
– cela m’a fait grand peine 95. C’était l’esprit
incarné que cette aimable femme, et avec cela
elle avait un cœur exquis.
La vie n’avait pas toujours été heureuse, il s’en
était fallu, elle l’était devenue après bien des
larmes et biens des luttes et voilà qu’elle s’en
95
Décédée le 18 mai. Ses obsèques ont eu lieu le 20.
130
Zola et Daudet. »
J’ai senti que ce jeune homme avait été
convaincu par mes dires avec preuves, lesquels
étaient évidemment aussi désintéressés que
possible et je crois que si vous proposiez
un roman cet automne il serait pris sans
explications.
Je tiens à vous narrer cela tout de suite. Le Gil
Blas paie bien, sa publicité est immense et je
voudrais vous y voir comme vous devriez y
être, à côté de Zola et de Maupassant.
Je crois que je retirerai mon roman pour
le donner ailleurs, mais j’espère arriver à y
avoir une chronique par quinzaine. Or ma
fille cadette dont le mari ne gagne presque
plus rien, me dévore tant d’argent que je dois
m’occuper d’en gagner un peu.
Écrivez-moi. Je vous embrasse comme je vous
aime,
C. Delaville
30/
Le Vésinet Dimanche 6 juin [1886]
31/
Le Vésinet [samedi] 31 juillet 1886
Ma belle et bonne Georges,
au sérieux.
Eux arrivent à ne plus prendre rien au sérieux
hormis eux-mêmes. C’est une force immense !
Adieu pour aujourd’hui ma chère Georges...
Pourquoi n’êtes vous pas ici au lieu d’être à
Chancelade 105 !
Mille tendresses de votre Cam
33/
[écrit sur le bord gauche : Je vous écrirai
demain]
Le Vésinet [lundi] 16 août 1886
Chère belle et bonne,
intelligentes.
Le Roman d’une tortue.
Elles vont viennent se dépêtrent, elles ont
peut-être un cœur qui aime, ces malheureuses
condamnées à l’éternelle armure...
Les miennes ont pour nom : Lucrèce, Virginie
et Zoé.
Vous avez vu que mes jeunes amis 109, un
d’eux du moins, a immédiatement suivi votre
conseil, et il a fait gai. On a mis cette piécette
en brochure, ça se vend 110...
Je les incite beaucoup au travail et au travail
pratique, fût-il d’un genre peu élevé, Spada fait
bien et très facilement le vers, je lui ai tant dit
qu’il s’est décidé à aborder le genre monologue
– c’est bon pour le faire connaître – et se faire
connaître est tout hélas ! à notre époque.
À toutes (les époques) d’ailleurs, qui célèbrera
l’orient d’une perle restée dans un coin de la
mer dans une huître ? Qui est-ce qui discutera
le livre que nul n’a lu, s’enivrera d’un parfum
non respiré ? Et si la beauté d’Hélène avait
été enfermée au fond d’un palais derrière des
portes de cèdre, la guerre de Troie n’aurait
point donné à Homère l’occasion de faire un
chef-d’œuvre.
Je vous copierai le 1er monologue du petit
soldat.
109
Les frères Bertrand.
110
La saynète tragi-comique parue dans La Revue verte du 10 août 1886, inti-
tulée Sarah-la-cravache et signée Spada ?
144
34/
[21 août 1886] samedi soir,
Ma bonne et chère amie,
Enfin !
Il est convenu depuis trois mois que je leur
donnerai une nouvelle de 3 feuilletons dont
j’ai le scénario en tête et qui a pour titre : Noir.
Mais pouvoir l’écrire c’est autre chose ; elle est
très originale je crois.
Adieu pour ce soir chère Georges, je vous
embrasse tendrement,
Cam
35/
Vendredi [27 août 1886 ?]
Ma bonne chérie,
36/
Le Vésinet lundi 6 septembre [1886]
37/
[jeudi ?]
38/
Samedi matin,
Chère et belle Georges,
124
Georges de Peyrebrune écrit une préface au Livre de Minuit, recueil de pen-
sées d’Arsène Houssaye, qui paraîtra en 1887 chez Ollendorff. Aucune trace
de cette préface dans La Revue verte.
154
39/
Ma chère Georges,
40/
Arcachon Grand Hôtel [septembre 1886]
41/
Samedi [fin octobre 1886 ?]
42/
dimanche [novembre 1886]
43/
Mercredi soir
44/
45/
Samedi,
Ma belle Georges,
46/
Dimanche,
47/
Vendredi [27 décembre 1886] matin,
145
Son article paraîtra dans La Revue verte du 20 mars 1887, puis dans la « Bi-
bliographie » des Matinées espagnoles du 15 avril, sous la signature de Péré-
grine, un des pseudonymes de Mme de Rute.
146
Allusion à l’article de Jules Lemaître sur Georges de Peyrebrune, paru dans
La Revue bleue du 23 octobre 1886.
1887
48/
[samedi] 1er janvier [1887] onze heures.
147
Portrait de Peyrebrune qu’elle va faire paraître dans La Revue verte du 1er fé-
vrier 1887.
172
49/
Lundi matin, [fin janvier 1887]
152
Allusion à cette anecdote mettant en scène « Mme X… […] retirée du mon-
de », « à la suite de plusieurs deuils » et qui a invité « un petit échantillon
des habituées de l’Éden ou des Folies Bergère », autant dire des gens peu
recommandables… dont fait partie Mme Honorat dite de Prescilly.
153
Dans ce même article, Mme de Rute mentionne, en effet, la présence de
« Mme Delaville, [...] charmante en blanc constellé d’étoiles ».
154
Mme de Rute.
155
L’article se poursuit avec une autre anecdote, l’intrusion d’une « femme plus
qu’équivoque, une roulure quelconque » chez « une fort aimable femme,
excellente mère de famille » à l’occasion d’un arbre de Noël. Mina Round se
sent visée par cet article parce que Mme de Rute fait allusion à l’une des fêtes
données par Camille Delaville.
174
l’entoure 156 !
En tous cas l’incident n’aura jamais de suite
par moi, je lui offrirai ses courriers comme
d’habitude, j’y ai même joint une bibliographie
sur André Cornélis 157.
J’ai d’assez bonnes notes sur moi mais les
trouver dans de vieux journaux impossible...
Merci. Je vais vous griffonner cela et vous
l’envoyer tantôt.
Toulouse m’a offert son cœur il y a 10, 9 ; 8
et 7 ans, même 6, puis il a voulu épouser
Margot – mais ces différentes velléités sont
calmées tout à fait, et je suis sa confidente 158.
Je le tarabuste parce qu’il est élevé comme un
guichetier de maison Centrale, et que si on ne
l’arrêtait pas... Enfin c’est effroyable. D’ailleurs
honnête et intelligent.
Je serais ravie du brelan de dames, mais vu
mon état, ne serait-ce pas bien plus gentil ici
6 rue Favart ? Creusez ça ! Et de ma part faites
votre invitation...
Mille tendresses de votre
156
Ministre plénipotentiaire du Mexique à Paris et organisateur de ce bal
costumé qui a eu lieu le 8 janvier, « Le docteur Ramon Fernandez » a fait
l’objet d’un article anonyme dans Les Matinées espagnoles, 15 janvier 1886,
p. 15-16.
157
Roman de Paul Bourget publié en ce début d’année. Camille Delaville
en rend compte dans la « Bibliographie » des Matinées espagnoles de
février 1887, et dans La Revue verte du 25 février 1887.
158
Isaure Toulouse, avocat méridionnal dont Camille Delaville avait fait la sil-
houette dans Le Passant du 6 juillet 1882. Elle y évoquait déjà ses « habitu-
des un peu emporte-pièces qui étonnent tout d’abord ». Margot est la fille
aînée de Camille Delaville.
175
Cam
50/
[mi-janvier 1887]
51/
Jeudi soir très tard, [fin janvier 1887]
52/
Mercredi soir, [2 février 1887]
168
Le Passé du docteur.
181
53/
Vendredi,
54/
Samedi soir [fin février]
Ma chère amie,
55/
[lundi 28 février ? 1887]
56/
179
Éditeur.
180
Numéro du 28 février.
181
Celui de La Revue verte.
182
Allusion au numéro du Constitutionnel contenant le portrait de Georges de
Peyrebrune.
183
Le dernier numéro de La Revue verte paraîtra le 22 mars.
187
58/
59/
Jeudi soir, [3 mars 1887 ?]
60/
191
Athénaïs Michelet (1826-1899), née Mialaret, épousa le célèbre historien
en 1849, et publia entre autres Les Mémoires d’une enfant (1866), La mort
et les funérailles de Michelet (1876), et Mes Chats (1904). Les Mémoires d’une
enfant ont été réédités par Pierre Enckel au Mercure de France (coll. « Le
Temps retrouvé », 2004). Un portrait et un buste d’elle sont conservés au
Musée Ingres de Montauban. Son portrait par Camille Delaville paraîtra
dans La Revue verte du 20 mars 1887.
192
La comédie qui ouvrit le bal du 5 mars.
193
61/
Dimanche,
62/
Lundi soir [7 mars ? 1887]
Ma bonne chère,
195
Elle paraîtra dans la rubrique « Mes Contemporaines », Le Constitutionnel,
jeudi 10 mars 1887.
196
196
Le Général Boulanger. Selon Georges de Peyrebrune, Camille Delaville
« l’avait connu simple capitaine dans une ville de garnison ; et il ne dédai-
gnait pas, maintenant que la politique des mécontents avait fait de lui un
leader et travaillait à en faire un maître, de venir encore parfois chez son
ancienne amie ; mais, plus fréquemment, il y venait dîner, en un très petit
comité prudemment et galamment choisi et trié sur l’éventail » (Georges de
Peyrebrune, Le Roman d’un bas-bleu, éd. cit., p. 186).
197
Signé Pierre de Chatillon, le compte rendu de ce roman paraîtra le 11 mars
dans Le Constitutionnel et le 20 mars 1887 dans La Revue verte.
197
63/
Mercredi [9 mars 1887 ?],
198
Non identifié.
199
« Courrier de Paris », chronique de Camille Delaville dans Les Matinées es-
pagnoles.
198
64/
Vendredi soir [18 mars 1887 ?],
207
Son titre exact est Au Paradis des enfants. Paru d’abord en feuilleton dans La
Revue des Deux Mondes, entre le 1er février et le 1er mars 1887, il est annoncé
en librairie le 15 avril. Camille Delaville en fait la critique, sous le pseudo-
nyme de Pierre de Chatillon, dans « Les Livres nouveaux », Le Constitution-
nel, 27 mars.
203
65/
Paris [mardi] 22 [mars 1887]
notes de sa main.
Vous êtes tellement au-dessus de ces bonnes
petites gens, que vous avez vous, Grande
Georges, des indulgences de souveraine pour
tout ce jeune peuple. La cathédrale et les
cailloux.
Moi qui suis à mi-chemin entre les dits cailloux
et l’édifice, j’ai l’œil plus près d’eux et guère
d’indulgence pour les petits essayeurs – à quoi
bon ? À encombrer la voie où sont arrêtés par
cela même les jeunes de talent – Je ne dis pas
de génie – ceux-là arrivent quand même.
Je ne sais à qui attribuer le mot suivant : « Un
M. Prud’homme quelconque est un parisien
de talent. »
« M. Prud’ : On a beau dire quand on met la
lumière sous le boisseau !
– Ah ! Bah ! Avec du talent on arrive toujours
M. Prud’homme.
– Non, Mossieu, non ! Si vous étiez une lumière
et qu’on vous mît sous le boisseau, eh ! Dites
qu’est-ce que vous feriez ?
Moi ! Eh bien ! M. Prud’homme c’est bien
simple, je brûlerais le boisseau ! »
Delpy ne le brûlera pas.
Je crains d’ailleurs que ce numéro de La Revue
verte soit le dernier 211. Il n’y a plus moyen,
plus moyen, plus moyen ! Les abonnements
viennent en abondance au prix de 6 francs,
mais c’est si bon marché que n’ayant pas
211
Le dernier numéro de La Revue verte date en effet du 22 mars 1887.
206
66/
Mercredi [23 mars ? 1887]
Chère,
212
Quid novi ? serait moins fautif pour dire Quoi de neuf ?
207
67/
Samedi,
68/
Jeudi soir [7 avril 1887] 219
Ma bonne Georges, j’ai été bien malade,
mais je suis en vie et je ne suis pas folle. Ça
viendra peut-être. J’attends le cataclysme, chose
particulièrement atroce et je me tais.
Je vais bavarder un brin avec vous pour me
remettre la tête et le cœur.
L’Ange (Gabriel) vous a sans doute écrit son
entrevue avec l’homme du monde 220 ; lequel
consentirait à un block-note très amusant.
Voyez-vous ce très amusant à propos des
Ensevelis ? C’est de la pure démence – mais s’il
veut un block-note sur vous, je puis le faire à
peu près dans le genre habituel du lieu ; vous
savez moi, je fais ce qu’on veut, quant à Gabriel
Bertrand pour sauver sa tête, je crois qu’il ne
219
Une lettre de Gabriel Bertrand adressée à Georges de Peyrebrune, datée du
mercredi 6 avril 1887 et conservée à la Bibliothèque municipale de Péri-
gueux, fait mention de cette proposition d’article pour Le Gaulois.
220
Meyer, le directeur du Gaulois.
211
le pourrait pas.
J’ai été aujourd’hui chez Abbéma pour sa
silhouette ; elle demeure à ma porte 47, rue
Laffitte 221.
À ma prière elle était venue une fois, mais
illico était apparue la Comtesse de Mouzay et
je n’avais pas osé l’interviewer en sa présence.
J’étais bien malade aujourd’hui et cette visite
physiquement a été un affreux supplice,
moralement elle m’a fort intéressée.
J’avais vu Abbéma passer quelquefois ; je la
trouvais hideuse. Chez moi, je l’ai trouvée pis.
Point hideuse, mais la figure d’un pâle voyou
de Belleville, cynique et pas drôle.
Seulement la voix musicale et des dents
vertigineuses, mais ce qui me paraissait surtout
déplaisant c’était des joues pleines à la hauteur
de la bouche et du rouge sur les lèvres... puis les
cheveux coupés, frisés au petit fer et le chapeau
d’homme comme Rachilde 222... sans oublier la
chemise d’homme et la cravate, cela me donne
le frisson ces choses. Louise Abbéma demeure
au 5e en haut d’un escalier supplémentaire,
drapé à l’entrée et orné de peintures amusantes,
avant d’entrer de grosses fleurs peintes avec
entrain vous souhaitent la bienvenue.
Un domestique correct vient ouvrir. On gagne
221
Le portrait de Louise Abbéma paraîtra dans Le Constitutionnel du 12
avril 1887.
222
Jusqu’en 1889, année de son mariage avec Alfred Vallette, Rachilde s’est
habillée en homme et a porté les cheveux courts.
212
227
La Comtesse de Mouzay.
228
Delphine de Girardin a été emportée par un cancer en 1855.
229
Début de la dernière strophe du « Golfe de Baya » dans Les Méditations.
215
69/
Mardi [12 avril ? 1887]
Ma chère amie, vous avez reçu ma dépêche et
puisque vous n’y répondez pas c’est que vous
voulez attendre. Voici à titre confidentiel ce
que me répond G[abriel] B[ertrand] à ma
demande « est-ce fait ? ». J’avais déchiré je
ramasse dans le feu et je vous expédie.
Jamais, ma pauvre Georges, vous n’avez eu une
plus fâcheuse idée que de demander cela à ce
grand garçon paresseux comme 20 couleuvres
en été, et que je m’efforce de faire quitter
Paris où il n’est en état de rien faire. Il met
des jours et des nuits à pondre une colonne,
ensuite il se la récite tout haut pendant une
quinzaine, c’est un incapable tout à fait
comme producteur. Jamais de la vie il n’écrira
dans un journal quotidien et lorsqu’il a écrit
2 lignes il les regarde comme les colonnes d’un
temple ! C’est en somme pour lui les colonnes
d’Hercule ! – nec plus ultra.
Sa mère l’a décidé à rejoindre le castel de grand-
maman dans le Lot-et-Garonne et j’aspire à ce
départ de tous mes vœux, son frère aussi, car
il n’a fait que des bêtises pécuniaires et autres
qui me cuisent à moi – et à lui. Il n’a su trouver
217
choses... »
Ce sont pour de bon des mots.
Est-ce qu’ils le savent si on est heureux dans
la tombe et autres billevesées ?
Léon Faucher 231 disait en parlant de Lamartine
en 48 alors qu’il faisait de la politique :
« Lamartine, un chef de parti, allons donc ! Un
chef d’orchestre !... ». Et Dumas que le chantre
d’Elvire appelait le roi de la Blague – disait lui :
« Le roi de la blague, oui, M. de Lamartine, et
vous, vous en êtes l’ange !... »
Voilà ce qu’on a dit de plus vrai du plus poète
des poètes.
Je n’apprécie moi que les vers qui disent quelque
chose de précis. Si le langage est autre, je veux
que la pensée reste. Il faut à mon avis que le
vers ne soit que le soleil qui vient transformer
la beauté d’un site ; mais je veux qu’il éclaire
quelque chose qui serait même en prose.
Que de lignes, que de chapitres de vous, Georges,
sont plus poétiques que toutes ces machines
lyriques. Je crois qu’en incitant le petit (?) Bertrand
à faire des vers raisonnables, on lui rendrait un
grand service.
J’ai trouvé ici griffonnés de lui des petits vers
charmants qui commencent ainsi :
Ô mon village, ô ma province,
Petit village où j’étais Prince,
Et Province où j’étais connu...
231
Homme politique, économiste et journaliste (1804-1854).
219
70/
Confidentielle
mercredi [13 avril 1887 ?]
Ma grande Georges,
71/
Jeudi [mi-avril 1887]
236
Edmond de Goncourt ; son frère Jules est décédé le 22 juin 1870.
237
Ces réflexions sont reprises dans la rubrique « Courrier de Paris », Les Mati-
nées espagnoles, 15 avril 1887.
225
72/
samedi, [16 avril 1887]
Ma chère amie,
239
Le siège du Petit Parisien se trouve depuis 1878 au 18, rue d’Enghien.
227
240
Georges de Peyrebrune a signé un contrat avec La Revue bleue, où elle a
fait paraître en feuilleton ses romans Marco (1881), Jean Bernard (1883),
Mademoiselle de Trémor (1884), Les Frères Colombe (1885) et Les Ensevelis,
drame rustique (1886).
241
Camille Delaville semble avoir eu un différend avec la poétesse et roman-
cière Daniel Lesueur.
242
Cette lettre, que le romancier fit paraître dans Le Gil Blas du 16 avril 1887,
répond à l’article de Jean Lorrain publié dans L’Événement du 14 avril, inti-
tulé « Les Pères Saphistes », accusant Catulle Mendès et René Maizeroy de
pervertir les mœurs amoureuses de leurs lectrices.
228
73/
Lundi soir [2 mai 1887],
Ma belle Georges II,
(comme vous nomme Mme de Mouzay d’après
mes dires), quand vous verrai-je ? Je suis
toujours dans le même état ; seulement
fatiguée, fatiguée...
Quelle folie ma grande amie de souhaiter la
mort ! Ce ne sont pas des fleurs mais des vers
affreux qui mangent un squelette hideux.
Brrr !
Machinez assez donc mon ours, c’est-à-dire
faites 3 changements pour satisfaire ce petit
grand financier et touchez la forte somme
puisque comme résultat ce sera mieux que
par un autre et me donnera ce que je désire.
Si plus tard vous êtes riche, vous donnerez un
collier à Mimi ou à petite France 243.
Est-ce que vous croyez que si je n’étais pas
depuis un an serrée à la gorge par mes folies
vertes, je vous laisserais vous inquiéter ? Ah
non, par exemple !
J’ai espéré un instant contracter un fort
emprunt, on devait m’apporter la somme à
telle heure, j’avais déjà écrit l’enveloppe sous
laquelle je devais vous expédier les petits [mot
illisible] nécessaires à votre calme... qu’est-ce
243
Petites-filles de Camille Delaville.
229
74/
Mardi soir 7 mai 87
75/
Jeudi [après le 28 mai 1887]
[En haut de biais à gauche : Il n’y a pas de papier
timbré ici]
Chère amie,
76/
Jeudi soir,
247
Ces herbes avaient la réputation d’écarter les démons et les orages... ici tous
les soucis pécuniers qui accablent Camille Delaville.
235
77/
Jeudi 7 [juillet 1887]
Ma chère amie,
78/
Vendredi 8 juillet 1887
8h du matin
Ma belle et bonne Georges,
Lundi soir
Son ex-époux, l’avocat Émile Couteau, n’est pas mort. Il est même pré-
sent au moment du décès de Camille Delaville selon Mme de Rute. Par ce
mensonge, les proches évitaient de dire que la défunte était divorcée, un
statut encore mal considéré par la Société et par l’Église.
Conservé aux Archives de la Ville de Paris sous la cote V4E5495.
Épilogue
Sans doute O. Pilinska, avec qui Sully Prudhomme entretint une corres-
pondance.
10
Conservée à la Bibliothèque municipale de Périgueux [Fonds Georges
de Peyrebrune], cette lettre est publiée ici avec l’aimable autorisation
de Mme Romana Brunori.
11
Georges de Peyrebrune, op. cit., p. 181.
12
Ibid.
Notices biographiques
concernant les personnalités mentionnées
à plusieurs reprises dans la correspondance,
qui ont pu être identifiées
Abbéma, Louise (1853-1927)
Élève du peintre officiel et mondain Carolus-Durand,
graveuse et sculpteuse réputée pour ses portraits d’artistes.
En 1874, elle eut une liaison avec Sarah Bernhardt, dont
elle devint la portraitiste attitrée. Chevalier de la Légion
d’honneur en 1906, elle exposa au Salon des Artistes
français jusqu’en 1926.
Audouard, Olympe (1830-1890)
Maîtresse d’Alexandre Dumas père, féministe, elle dirigea,
sous le pseudonyme Feo de Jouval, des périodiques – Le
Papillon et La Revue Cosmopolite – qui furent interdits par
le gouvernement en 1868. Elle voyagea en Égypte, Turquie,
Russie, et séjourna un temps en Amérique. Elle publia des
ouvrages de polémique féministe et des romans : Comment
aiment les hommes (1862), Les Nuits russes (1876), Les Roses
sanglantes (1880), etc.
254
Bachelin-Deflorenne, Antoine (1835- ?)
Également connu comme « le bibliophile Julien ». Libraire-
éditeur réputé, il vendit, entre autres, la bibliothèque de
Sainte-Beuve et rédigea des articles pour Le Bibliophile
français, gazette illustrée des amateurs de livres, d’estampes
et de haute curiosité. On lui doit notamment État présent
de la noblesse française (1866) et la description du Livre
d’heures du cardinal Albert de Brandebourg. Il devient,
en 1885, rédacteur en chef de l’éphémère Progrès National.
Rachilde l’évoque dans son pamphlet Pourquoi je ne suis pas
féministe (1928).
Barletta
Un des médecins traitants de Camille Delaville, d’origine
italienne. C’est également un admirable joueur de mandoline
« dont le talent [...] fait cet hiver la joie du high-life »
(C. Delaville, « Courrier de Paris », Les Matinées espagnoles,
février 1887, p. 75).
Bénigne, Ange
Un des nombreux pseudonymes de la comtesse de Molène,
romancière parisianiste, qui publia La Comédie Parisienne.
Scènes mondaines (1878), Tu et Toi (1882) et, en 1885,
Perdi, le couturier de ces Dames, roman qui connut un
certain succès. On lui doit un article sur Baudelaire, « Le
moins connu parmi les célèbres », paru dans Le Gaulois
du 30 septembre 1866. Elle signa des chroniques dans La
Vie parisienne, sous les pseudonymes d’« Ange Bénigne »,
255
Bertrand, Gabriel (1861-1917)
Originaire du Lot-et-Garonne, il y fonda La Revue de
France qui s’interrompit en 1886. Co-directeur, avec son
frère Étienne, de La Revue verte.
Bissieu, Henriette (Mme)
Fille de Louise Colet ; elle tenait salon rue Cambacérès.
Blavet, Émile (1838-1910)
Journaliste, il fut rédacteur en chef du Gaulois et de La
Presse. Ses chroniques du Figaro et de La Vie parisienne,
signées « Parisis », parurent en volume entre 1886 et 1890.
On lui doit la création de journaux comme Le Rural ou
Le Petit Bleu. Il fut également dramaturge avec Le Bravo
(1877) et Richard III (1884), opéras en quatre actes, et
vaudevilliste avec Mon oncle Barbassou (1896). Il publia
également La Princesse rouge (1885) et Au pays malgache.
De Paris à Tananarive et retour (1897).
Bloch, Élisa (1848-1905)
Née Marcus, épouse du rédacteur en chef de L’Écho, élève
de Chapu, elle exposa pour la première fois en 1880
et, jusqu’en 1904, participa presque chaque année aux
Salons de la Société des Artistes français. Elle réalisa entre
autres un buste de Georges de Peyrebrune et un buste en
marbre d’Anaïs Ségalas. En 1894, elle obtint une mention
honorable avec une statue de Moïse. Elle fut également
rédactrice en chef de Paris province.
256
Buffenoir, Hyppolite (1847-1928)
Après avoir un temps enseigné la philosophie en province,
il s’installa à Paris où il se fit remarquer par ses poèmes :
Premiers baisers (1876). Suivirent d’autres recueils : en 1881,
Allures viriles, et, en 1887, Cris d’amour et d’orgueil. Il dirigea
Le Réveil littéraire (1876), Le Père Duchesne de 1878 à 1880
puis Le Cri du Peuple. Il revint à la philosophie et consacra
de nombreuses études à Jean-Jacques Rousseau, aux grandes
dames du XVIIIe siècle, à Robespierre…
Cartillier, Camille
Rédacteur en chef du Gil Blas, qui signait « Lesage ».
Il collabora à d’autres journaux sous le pseudonyme de
« Taverney ».
Charlotte
voir Mortier, Charlotte
Constantin, François-Victor, comte de (1825-1903)
Spécialiste des questions ferroviaires, il est surtout connu
pour avoir été un fervent adepte des sciences occultes.
Fondateur de la Société magnétique de France en 1887 et
président d’honneur en 1892, il fut également président
du Congrès international du magnétisme humain qui se
tint à Paris en 1889.
Daillens, Marie, comtesse de
Auteur, entre autres, de La Pâtée de Toto (1878), La Robe
(1878), et Les Exploits de Dragonnette, opéra comique en
un acte (1892). Elle fut, avec sa mère Mme de Mouzay, une
amie de Marie Bashkirtseff.
Delyon, Aymé
Rédactrice en chef, avec sa sœur Valère, du Zig Zag. Elle signa
en 1884 Mademoiselle Éliane. Elle publia en 1885 « Une
soirée chez Victor Hugo » dans les Matinées espagnoles.
Foucaux, Mme de
voir Mary Summer.
Galipaux, Félix (1860-1931)
Comédien, critique dans L’Art dramatique, il écrivit aussi
une trentaine de pièces. Sous le pseudonyme de Félix
Mayran, il a donné des scènes comiques de la vie de théâtre
dans Le Figaro, L’Écho de Paris, Le Gil Blas... Il publia
dans Le Passant du 30 septembre 1882 un article intitulé
« Souvenir d’un jeune comédien », et dédicaça une saynète,
« Les deux amies », à Camille Delaville dans Galipettes
(1887). Mes Souvenirs parurent en 1937.
Gautier, Judith (1845-1917)
Fille de Théophile Gautier et épouse de Catulle Mendès
de 1866 à 1874. Elle est romancière, poétesse spécialisée
dans la littérature chinoise et moyen-orientale. Le Dragon
impérial (1869) est son roman le plus fameux ; elle écrivit
aussi pour le théâtre La Marchande de sourires (1888). Elle
fut adulée par Victor Hugo et Richard Wagner.
259
Gayda, Joseph (1857-1897)
Critique à L’Événement, il seconda E. Blavet dans sa
chronique « La Vie parisienne » au Figaro. Il publia des
vers, L’Éternel féminin (1881), et un roman Ce brigand
d’Amour (1885). On lui doit également Kallisto, comédie
en un acte (1891).
Ginisty, Paul Eugène Léon (1855-1932)
Il débute au Musée des deux mondes, collabore au Télégraphe,
à L’Audience, La Revue hebdomadaire, La Revue bleue, La
Revue de France, et devient critique au Gil Blas. Il tient un
temps la critique dramatique de La République française,
dirige La Vie populaire et lance L’Année littéraire. Il fonde la
Société d’histoire du théâtre dont il fut le secrétaire général ;
il fut également co-directeur de l’Odéon de 1896 à 1906,
et devint inspecteur des monuments historiques en 1907. Il
écrivit de nombreux romans, dont L’Amour à trois (1884),
préfacé par Maupassant, ainsi qu’une dizaine de pièces de
théâtre.
Girardin, Émile de (1806-1882)
Journaliste, promoteur du journal à prix modique et du
roman-feuilleton, il fonde en 1828 Le Voleur, en 1829 La
Mode, et en 1836 La Presse, quotidien qu’il vend en 1855.
En 1866, il prend la tête du quotidien La Liberté, rachète
La France puis Le Petit Journal.
Guillaumot, Auguste Alexandre (1815-1892)
Élève de Lemaître et de Viollet-le-Duc, il se spécialise
dans les gravures d’architecture en cuivre pour illustrer
Promenades artistiques dans Paris et ses environs (1857), les
Costumes du Directoire de Sardou (1878). On lui doit une
monographie sur le château de Marly-le-Roi (1865) et
L’Art appliqué à l’industrie (1866).
Holmès, Augusta (1847-1903)
Élève de César Franck, elle étudie la composition et
l’orchestration, et présente à vingt ans ses compositions au
public. Admiratrice de Wagner, elle séduisit par son talent
Lizst et Gounod. Dans les années 1880, elle compose des
poèmes symbolistes comme Lutèce, Pologne, Irlande, et
obtient une commande officielle en 1889 pour l’Exposition
Universelle de Paris afin de célébrer le centenaire de la
Révolution Française. Réputée pour sa beauté, elle fut la
maîtresse de Catulle Mendès de 1868 à 1885.
Houssaye, Arsène (1815-1896)
Inspecteur des musées de province, ancien directeur de la
Comédie-Française, il a publié les œuvres de Chamfort et
261
Javel, Firmin Ferréol Octave (1842- ?)
Secrétaire de rédaction et courriériste théâtral à La Liberté,
au Télégraphe, à L’Indépendant, au Figaro ou encore au Gil
Blas sous la signature « El Correo ». Il fut aussi rédacteur
en chef de L’Art français (1887-1901), donna de nombreux
articles à L’Événement, et collabora au Petit Parisien. Il fonda
avec Eugène Leclerc le groupe littéraire et artistique « La
jeunesse ». Il est l’auteur de pièces de théâtre et de romans,
dont Treize à table (1867).
Lesueur, Daniel (1860-1920)
Pseudonyme de Jeanne Lapanze, née Loiseau. Poètesse
(Fleurs d’avril fut couronné par l’Académie française en
1882) et romancière, elle publia Le Mariage de Gabrielle
(1882), L’Amant de Geneviève (1883), L’Honneur d’une
femme (1901). Elle écrivit un livre sur le statut économique
des femmes, L’Évolution de la femme (1905), et traduisit
des œuvres de Lord Byron (1891-1893). Chevalier de la
Légion d’honneur en 1900.
262
Lorrain, Jean (1855-1906)
Pseudonyme de Paul Duval. Monté à Paris pour suivre des
études de droit, il les abandonne au profit des cafés et des
cénacles de la rive gauche. Il débute au Zig Zag sous le
pseudonyme de Jack Stick, au Chat Noir. En 1884, il entre
au Courrier Français qu’il quitte en 1887 pour L’Événement.
De 1895 à 1905, il est le chroniqueur à la mode du Journal.
Il fut également poète et romancier avec Le Sang des Dieux
(1882), Monsieur de Phocas (1901), etc.
Maldague, Georges (1857-1938)
Pseudonyme de Joséphine Maldague. Cette feuilletonniste
prolifique débuta sa carrière au Petit Parisien. Elle publia
entre autres La Parigote (1884), La Magnétisée (1885),
Yvonne la simple (1892) et Monsieur le professeur (1899).
Mary, Jules (1851-1922)
Pseudonyme de Victor Anatole Jules Martinie. Après la
Commune, il débarqua à Paris pour faire fortune. Il devint
secrétaire de commissariat de police en province et rédacteur
en chef de L’Indépendant. Il collabora au Petit Parisien.
Romancier populaire par excellence, il connut jusque dans
les années soixante un immense succès avec notamment
Amour d’enfant (1876), Roger-la-honte, La Pocharde, etc.
263
Mendès, Catulle Abraham (1841-1909)
Gendre de Théophile Gautier – jusqu’à son divorce d’avec
Judith –, il se fait connaître en fondant, en 1860, La
Revue fantaisiste. Il rejoint le groupe des parnassiens et s’en
fera l’historien avec La Légende du Parnasse contemporain
(1884). Il participe à la fondation de La Revue française et
de La République des lettres ainsi que de La Vie populaire
avec L. Piégu, et collabore au Gil Blas. Ses œuvres poétiques
et romanesques sont innombrables : Philoména, poésies
(1862), Poésies nouvelles (1893), L’Homme tout nu (1887),
La Première maîtresse (1894), etc.
Meyer, Arthur (1844-1924)
Directeur du Gaulois, il conçoit avec le dessinateur et
caricaturiste Alfred Grévin le musée du même nom
en 1881.
Molène, comtesse de
voir Bénigne Ange.
Mortier, Charlotte
Camille Delaville la décrit ainsi : « C’est une jeune femme
blonde, point très jolie, extra-spirituelle, pas trop bien
élevée, amusante par destination, même lorsqu’elle pleure.
Elle aime celle qu’elle appelle sa maîtresse d’une amitié
passionnée. » (Mes Contemporaines, éd. cit., p. 47). Elle est
la dame de compagnie, la secrétaire et, selon la rumeur, la
maîtresse de Mme de Rute. Elle épousera en 1886 le baron
Edmond de Lesdains, dont elle se séparera en 1888. Suite
à une altercation entre son mari et son amant, un procès
s’ouvre à Angoulême.
264
Mouzay, Fanny, comtesse de
Auteur de littérature enfantine et chrétienne. On lui doit
La Famille Bellefond, La Leçon de Charité et Lectures
pour l’enfance chrétienne parus en 1857, Le Portrait de la
Jardinière ou la fin justifie les moyens (1863), Monsieur mon
secrétaire (1878). Journaliste, elle a signé dans Le Pays et dans
L’International, périodique catholique publié à Londres.
Pie IX disait d’elle : « Elle a fait plus de bien à notre cause
avec sa plume, qu’un de nos zouaves avec son épée. »
Camille Delaville fit son portrait dans Le Constitutionnel
du 4 avril 1887.
Pardo Bazàn, Emilia de Quiroga, comtesse de (1851-
1921)
Romancière qui fit scandale en publiant La Tribuna (1882),
premier roman espagnol consacré à la classe ouvrière. On
lui doit également un essai sur le naturalisme, La Cuestion
palpitante (La Question palpitante), paru en 1883. Durant
ses nombreux séjours en France, elle fréquenta le grenier
des Goncourt dont elle traduisit Les Frères Zemganno, et
le cercle féministe de La Fronde, dirigé par Marguerite
Durand.
Parodi, Alexandre (1840-1901)
Inspecteur adjoint des bibliothèques municipales de Paris
et du département de la Seine, il est également poète (Cris
de la chair et de l’âme, 1883). Il s’est fait connaître comme
auteur dramatique en 1870 avec Ulm le parricide. Il écrivit
265
Patti de Munck, Carlotta (1843-1919)
Cantarice qui connut un immense succès à l’Opéra de Paris,
notamment dans Lucia de Lammermoor en 1846. Camille
Delaville fit un portrait d’elle dans Le Constitutionnel du
22 avril 1887.
Piégu, Louis
Directeur du Petit Parisien.
Princesse (la)
voir Rute y Ginez (Mme de).
Rachilde (1860-1953)
Pseudonyme de Marguerite Eymery. Elle épousa en 1889
Alfred Vallette, futur directeur du Mercure de France.
Romancière à la réputation sulfureuse, (Monsieur Vénus,
1884 ; La Marquise de Sade, 1887 ; Les Hors Nature, 1897),
elle débuta sa carrière littéraire comme feuilletonniste
à L’École des femmes et chroniqueuse au Zig Zag. Elle
fréquenta un temps Maurice Barrès, Paul Verlaine. Elle
assura la critique littéraire du Mercure de France jusque
dans les années 1920.
266
Reinach, Joseph (1856-1921)
Après des études de droit, il collabore à La République
française de Gambetta. Il devient son chef de cabinet
aux Affaires étrangères de 1881 à 1882. Copropriétaire
de La République française, il mène dans ce périodique
une campagne contre Boulanger. Il est élu député de
Digne en 1889 et 1893. En 1897, il obtient la révision
du procès d’Alfred Dreyfus, dont il écrira une histoire en
sept volumes.
Richebourg, Émile (1833-1898)
Secrétaire de la Société de l’Union des Poètes, poète et
auteur de romans-feuilletons, il publia notamment Les Contes
enfantins (1857) et Cœurs de femmes (1864). Il fut également
dramaturge avec Les Nuits de la place Royale, drame (1862),
et Un ménage à la mode, comédie-vaudeville (1863).
Round, Mina
Femme de lettres d’origine anglaise arrivée en France
peu après la Commune. Elle fait paraître une imitation
des Black Sheeps (Brebis galeuses) d’E.Yates en 1873. Elle
collabore au Passant, sous les pseudonymes de Carmina et
Maurice Reynold, et à La Presse où elle assure un « Conte
du dimanche » et partage la « Chronique mondaine » avec
Camille Delaville. Elle écrit la nouvelle « La Dompteuse »
pour Les Matinées espagnoles (février 1888).
Rousseil, Marie-Suzanne Rosélia (1841-1911)
Premier prix de tragédie en 1860, elle concurrence un
temps Sarah Bernhardt. Actrice au Vaudeville, au Théâtre
267
Ségalas, Anaïs (1814-1893)
Née Anne-Caroline Ménard, épouse de l’avocat Victor Ségalas,
elle écrivit très tôt des vers, et fut remarquée en 1829 pour sa
Psyché. Elle publia des poèmes (La femme. Poésies en 1848, Les
268
Summer, Mary (1842-1902)
Pseudonyme de Marie Fillon et épouse de Philippe Édouard
Foucaux, professeur au Collège de France. Historienne,
romancière et orientaliste, elle publie entre autres Contes et
légendes de l’Inde ancienne dans Les Contes indiens de Mallarmé,
Les Religieuses bouddhistes depuis Sahya-Mouni jusqu’à nos jours
(1873), Le Roman d’un académicien (1896). Les Aventures
de la princesse Souerdarî. Roman bouddhiste (1893) fut
couronné par l’Académie française, tout comme Quelques
salons de Paris au XVIIIe siècle (1898).
Tannemberg, Boris de (1864- ?)
Homme de lettres qui fit paraître La Poésie castillane
contemporaine. Espagne et Amérique (1889), et Un dramaturge
espagnol, M. Tamayo y Baus (1898).
Theuriet, André (1833-1907)
Sous-chef aux Finances, il fut poète (Le Livre de la Payse,
1882) et romancier (La Fortune d’Angèle, 1876 ; Les
Enchantements de la Forêt, 1881). Il donna également une
comédie en 1885, La Maison des deux barbeaux. Il collabora
au Figaro et à La République française. C’est également lui
qui expurgea Le Journal de Marie Bashkirtseff pour le faire
paraître en 1885.
Thierry, Gilbert Augustin (1843-1915)
Ancien auditeur au Conseil d’État, il collabora à La Revue des
Deux Mondes, tint la rubrique théâtrale au Moniteur universel,
et fit paraître Le Capitaine Sans-Façon (1882), Le Masque.
Conte Milésien (1894) et Les Récits de l’occulte (1892).
Thilda, Jeanne (1833-1886)
Pseudonyme de Mathilde Stevens, épouse d’Arthur Stevens,
frère des peintres Stevens, critique et marchand d’art. Son
divorce fut d’autant plus retentissant que c’était une femme
très en vue. Son salon était l’un des plus courus de Paris.
Elle collabora comme chroniqueuse à La France et au Gil
Blas. Elle donna Impressions d’une femme au salon de 1859,
produisit quelques œuvres romanesques dont Les Froufrous
(1879), Pour se damner, contes gaillards et nouvelles parisiennes
(1883) ou Péchés capiteux (1884). Elle inspira à Maupassant
le personnage de Mme Forestier dans Bel Ami (1885).
Torrezão, Guiomar (1844-1898)
Romancière portugaise – « La George Sand du Portugal »
selon Camille Delaville –, elle écrit en 1886 Idyllio à Ingleza et
tient la rubrique « Courrier de Lisbonne » dans Les Matinées
270
Ulbach, Louis (1822-1889)
Directeur de La Revue de Paris (1853-1858), rédacteur en
chef de La Cloche, qui fut interdit durant la Commune,
critique dramatique au Temps, il collabora aussi au Livre,
revue mensuelle du monde littéraire. Il signa « L’inconnu »
dans de nombreux journaux comme Le Figaro, et fut
critique littéraire dans Le Rappel. Romancier, il donna
entre autres Suzanne Duchemin (1855) et Cyrille, Mémoires
d’un assassin (1876). Il publia La France parlementaire de
Lamartine, et L’Almanach de Victor Hugo (1885).
Vignon, Claude (1828-1888)
Pseudonyme de Noémie Rouvier, née Cadiot. Elle épouse
Alphonse Louis Constant, célèbre auteur du Dogme et
rituel de la haute Magie (1860-1865) sous le nom d’Éliphas
Levi ; et se remarie avec le ministre Rouvier. Elle est
connue dès 1865 sous le pseudonyme de Claude Vignon.
Elle est sculpteur (Bacchus au Salon de 1853), critique
littéraire au Temps, et romancière. Camille Delaville fit son
portrait dans L’École des femmes du 17 juillet 1879, et dans Le
Constitutionnel du 14 mars 1887.
Bibliographie
Audouard, Olympe,
Voyages à travers mes souvenirs, Paris, Dentu, 1884.
Silhouettes parisiennes, Paris, Marpon & Flammarion, 1883.
Delaville Camille,
La Loi qui tue, Paris, Aymot, 1875.
Trois criminelles, Paris, Aymot, 1876.
Les Bottes du vicaire, Paris, C. Marpon & E. Flammarion, 1884.
La Femme jaune, Paris, Librairie des bibliophiles, 1886.
Mes Contemporaines. Première série, Paris, Sévin, 1887.
Peyrebrune, Georges de,
Mater ! dans Le Nouveau Décaméron, dir. Catulle Mendès,
sixième journée, « Les plus tristes », Paris, Dentu, 1886.
Le Roman d’un bas bleu, Paris, Ollendorff, 1892.
Une Sentimentale, Paris, Ollendorff, 1903.
Rachilde,
À Mort, Paris, Monnier, 1886.
Le Mordu, Paris, Brossier, 1889.
Rachilde-Maurice Barrès, Correspondance inédite 1885-1914,
éd. Michael R. Finn, Brest, Centre d’Étude des Correspondances
et des Journaux intimes des XIXe et XXe siècles – CNRS
(UMR 6563), 2002.
Avant-propos..................................................................... p. 7
Introduction...................................................................... p. 9
Épilogue........................................................................ p. 247
Bibliographie................................................................. p. 273