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Nous allons revisiter certains projets lauréats sous l'angle de l'emploi des
matériaux dans une perspective "durable", sachant que le contexte donné (nature
du climat et état de la pollution urbaine) et la qualité d'ambiance recherchée
peuvent déterminer différentes approches dans le choix d'un matériau, à
commencer par :
En ce qui concerne les projets qui sont situés à Caen et Rouen, les équipes
partagent en commun le choix d'une construction en béton qu'elles confieront
toutes deux à l'entreprise Quille. Elles entendent l'une et l'autre travailler de
manière approfondie sur les ruptures de ponts thermiques.
Pour le projet situé à Rouen, L'Atelier des Deux Anges, assisté de Enerpol
Ingenierie comme consultant, propose d'étudier des solutions alternatives
d'isolation extérieure telles que le liège sous bardage brique ou le panneau de
roseaux, ou encore la plaque de liège avec enduit hydraulique.
Dans les projets lauréats situés à Digne et Chateauroux, Christina Conrad, assistée
de Patrick Martin (Betrec) comme consultant HQE, entend construire
principalement avec de la terre cuite et du bois. Elle en justifie le choix par leur
caractère sain. On a vu précédemment que la terre cuite ne rejette aucun
polluant dans l'atmosphère et peut être entièrement revalorisée en fin de vie.
La couverture sera en tuile de terre cuite, l'isolation devant être posée en sous-
face, sur le faux-plafond, pour éviter tout pont thermique.
Le bois sera utilisé pour réaliser la charpente, les balcons, les persiennes et le
plancher intermédiaire entre les 1er et 2ème étages, ce dernier permettant un
réaménagement ultérieur de la construction pour rendre de ce fait le projet
modulable et flexible.
Ce parti terre cuite/bois profitera au travail que l'équipe envisage de mener pour
organiser un "chantier vert".
Le double vitrage 6-16-8 utilisé limitera les risques de surchauffe l'été, faibles à la
latitude de Roubaix, tout en permettant une récupération des apports solaires
d'hiver et de demi-saison.
Brique, béton pour les planchers et les refends, acier galvanisé, verre pour les
façades... : les matériaux et produits de construction utilisés seront pérennes et
généralement recyclables, avec des techniques connues, dans le cas d'une
déconstruction future. Certains matériaux (métal déployé pour les façades en
serrurerie) sont d'ores et déjà recyclés sur les chantiers actuels de déconstruction.
Quimper
Dans le projet lauréat situé à Creil, Alain Pesso, assisté de Michel Raoust comme
consultant HQE, a retenu un parti constructif pour l'ensemble de l'opération
(composée de logements individuels et collectifs) qui fait appel à des produits
industriels à assembler à sec sur le chantier. Il est constitué principalement :
d'une façade légère, également montée à sec et composée dans sa partie opaque
et de l'extérieur vers l'intérieur, de bardages en terre cuite, d'une ossature
verticale en bois de façon à limiter les ponts thermiques au droit des planchers,
d'un écran pare-pluie et d'étanchéité au vent, de laine minérale fixée, d'une part,
entre les éléments d'ossature et, d'autre part, côté face intérieure avec le
système « Optimat » d'Isover, et un parement en plaque de plâtre, des
menuiseries en bois comportant des vitrages innovants à isolation thermique
renforcée (voire à isolation thermique et acoustique renforcées).
A Ivry, Atelier 15, assisté de Tribu comme consultant HQE, développe un travail
sur la ventilation naturelle. Dans ce cadre, l'équipe s'intéresse à la perméabilité
des parois, à l'effet pariéto-dynamique que peut générer une circulation d'air
dans l'épaisseur d'un mur : elle envisage d'utiliser des parois bois de type suédois
et des murs doubles en brique, de type hollandais.
Une des problématiques que se pose l'équipe concerne la constitution d'un DCE
qui puisse répondre aux exigences HQE. A cet effet, le CCTP intègrera par exemple
une grille de description exigentielle des produits listant les caractéristiques
environnementales afin que les entreprises puissent faire leur offre.
Clermont-Ferrand
Après une première phase de travail, deux solutions seulement ont finalement
été retenues pour être construites. Chacune fera l'objet d'observations
comparatives sur la qualité environnementale des différents chantiers et
ultérieurement sur les caractéristiques réelles du bâtiment en vie et sur sa
durabilité.
Loïc Chesne, Betrec, à propos du projet de Clermont-Ferrand
Les bâtiments n'ont pas été conçus à l'origine sur la base d'un mode constructif
en soi. On a fait véritablement une jonction. L'idée étant d'avoir des bâtiments
qui soient quasiment identiques de par leur emprise au sol, leur hauteur et leur
surface de façade. Et puis ensuite, on s'est attaché à établir la cohérence entre la
forme globale du bâtiment présentée au départ et la technique constructive. Il est
vrai que si l'on se pose dès l'origine la question de la construction d'un bâtiment
en bois en fonction du contexte, il est fort probable que l'on arrive presque
systématiquement à la conclusion que, sur des lieux particulièrement contraints
au niveau acoustique, cette option n'est pas adaptée. Effectivement, vous avez
raison de dire que, peut-être, l'optimisation prise plus en amont aurait, d'entrée,
éliminé un certain nombre de modes constructifs.