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L’ajustement structurel, qui ne devait être que transitoire dure toute la décennie
1990. Il asphyxie les capacités productives de l’économie sans leur donner les
moyens de la reprise :
Austérité budgétaire
Privatisations
Liquidation d’entreprises publiques
Ouverture brutale des frontières
Paupérisation
Chômage de masse
Malnutrition
Réapparition d’endémies
Gabon
Togo
Cameroun
Tchad
Congo
RCA
Les PAS permettent de démanteler l’appareil étatique très présent et pesant. L’État
perd une partie de sa souveraineté et est affaibli par la montée des contre-pouvoirs
(partis, presse, associations) et par les nouveaux acteurs économiques dus à la
privatisation. Cela provoque une perte de souveraineté des États, territoriale (non
maitrise du territoire) mais aussi économique. Les zones de calme et de prospérité
(de la population privilégiée) coexistent avec les régions d’insécurité, de famine et
d’isolement.
La Sierra Leone, le Congo, le Soudan et l’Angola sont disputés par des parties
internes et internationales pour la richesse de leurs sol et sous-sol. Des mercenaires
sont envoyés par les multinationales pour protéger certaines zones, les armées des
Etats ou les combattants des partis internes se battent pour certains espaces qui
garantissent un pouvoir économique et politique.
Instaurer une paix durable est alors difficile.
Pendant les négociations avec les autorités officielles, le continent échappe à tout
contrôle : mafias et réseaux illicites prennent pied dans les territoires périphériques
délaissés par les États affaiblis.
L’État lui-même se criminalise pour subsister et trouver les ressources permettant
d’assurer sa fonction « patrimoniale » (J-F Médard).
Sur les 53 pays d'Afrique, 35 sont en guerre. La guerre est plus rentable que la paix
pour certains groupes politiques comme pour les enfants-soldats qu’ils recrutent.
Entre 1991 et 2001, grand nombre de conflits :
D’avril à juin 1994, 800 000 personnes sont massacrées à la machette (sur 8
millions) en raison de leur origine ethnique.
La Majorité hutue a longtemps été dominée par la minorité Tutsie qui a finit par
prendre le pouvoir à l’indépendance. Les tensions montent dans les années 1990,
quand les extrémistes hutu n’admettent pas les accords de réconciliation et de
partage du pouvoir avec les Tutsis, en effet certains Tutsis ont vécu les pogroms
après l’indépendance et l’exil en Ouganda. D’autres subissent les rancœurs et les
haines des hutus. La radio pousse à exterminer ces « cancrelats » tutsis. Ils veulent
réinstaurer la domination perdue et sont armés et entrainés.
En juillet, une armée tutsie reprend le pouvoir à Kigali et les prisons rwandaises se
remplissent de présumés « génocideurs ». Une grande partie de la population est
exilée (au Zaïre ou en Tanzanie). Le Hutu power se reconstitue, ce qui entretient
l’insécurité en suscitant de fortes actions de représailles.
L’ONU prend en charge les opérations de paix en envoyant des casques bleus,
contre les combattants de la guérilla. Les leaders insurgés reprennent alors les
armes avant que le rapport de force ne soit renversé.
Les processus de paix échouent car ils ne représentent aucun avantage économique
alors qu’une économie de guerre permet :
Les populations veulent mettre fin à ce chaos mais l’amnistie décrétée par les
puissances étrangères ne permet pas une paix durable.
Le gouvernement, pour l’ONU, est légitime quand il est élu (de façon transparente ou
non). Si le chef d’État est un ancien de l’ONU, presque tout lui est permis
(bombardements de village, pose de mine…). L’État reste le seul détenteur du
monopole de la violence au nom du rétablissement de l’ordre.
Il reste l’action humanitaire pour sauver l’Afrique. Elle se couvre d’ONG pendant les
années 1990.
Ces multiples acteurs contribuent à propager l’image d’un continent ou des millions
de victimes anonymes supplient le bon donateur européen de consentir à l’aumône.
Parmi les ONG, il y a :
Les ONG internationales qui veulent capter une part des budgets d’aide, - Les
ONG « faux nez » qui veulent prendre pied sur des territoires convoités,
Les pseudo-ONG (issues de mouvements Politiques) qui veulent s’enraciner
Quelques vrais mouvements associatifs bénévoles.
Dans cette prolifération des « acteurs émergents », les actions hydriques, sanitaires,
alimentaires apportent de réels soulagements aux « bénéficiaires », mais il y a
toujours trop de profiteurs. On ne peut compenser, grâce à ces acteurs privés,
l’absence de véritables politiques de développement.
Les ethnies sont des groupes aux caractéristiques culturelles communes, et qui lient
leurs membres par un sentiment d’appartenance. L’idée d’identité collective est liée
au fait colonial.
En arrivant, les colons constatent une infinie diversité, une multiplicité des langues,
des modes d’occupation… Ils vont alors classer, étiqueter et nommer, et ainsi figer à
un moment précis un processus d’appartenance très mouvant, mobile, évolutif.
Roland Pourtier nomme dans Afriques noires ces ethnies comme des « identités
gigognes ».
Les colonisateurs ont plutôt privilégié les sociétés littorales, qu’ils connaissaient en
raison des liens commerciaux. Les civilisations de l’intérieur n’entendaient pas se
laisser dominer : des affrontements sanglants ont lieu (Tchad, Namibie…).
Les colonisateurs s’appuient sur les peuples qui leur paraissent les plus dociles,
réceptifs : au Rwanda et Burundi, seuls les Tutsis sont scolarisés, dans le but
d’administrer ensuite les territoires, et non d’éduquer tous les africains.
D’autres peuples jugés plus laborieux ont des fonctions subalternes :
Hutus
Bassas du Cameroun
Mossis de la Haute-Volta
Saras du Tchad…
L’Ethnie est pour eux la tradition, l’archaïsme, d’où le parti unique, qui est
l’instrument le plus efficace pour uniformiser. Il exalte l’appartenance à une seule
nation, bien qu’il favorise la région ou l’ethnie dont ils sont originaires.
Les ethnies se maintiennent donc, voire sont réaffirmées. Le « village natal » du
président est doté des équipements les plus couteux, et en dépit de l’urbanisation,
les solidarités anciennes ne sont pas effacées.
La démocratisation et la fin des rentes fait ressurgir l’ethnicité (à travers les multiples
partis politiques notamment).
Leur discours se fondent sur une base ethnique et trouvent un fort écho. La
mondialisation, qui suscite des réflexes identitaires, la montée du communautarisme
qui agit de même en Afrique, où la désillusion face aux espoirs de la modernité y est
plus forte.
Il faut dès lors des boucs émissaires (IFI, anciennes métropoles…), mais elles sont
loin et inatteignables. La cible la plus aisée est en premier lieu les travailleurs
immigrés, puis les ethnies plus récentes qui, étant arrivées après, sont qualifiées
d’allogènes, d’étrangères.
Quelles sont les solutions ? Une recomposition de l’Afrique par zone ethniques
aboutirait à fragmenter les territoires à l’infini, les ethnies étant un phénomène
mouvant, foisonnant.