Vous êtes sur la page 1sur 1

- Dans la phrase « Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si

éblouissant, lui parler d’un air doux » , les termes mélioratifs (« éblouissant« , « doux« ) accentués par des
adverbes intensifs (« bien« , « si« ) révèlent la fascination de Julien pour Mme de Rênal.
- Cette fascination est mutuelle comme en témoignent les adverbes intensifs de la phrase suivante, qui dévoile le
point de vue de Mme de Rênal sur Julien Sorel : « joues si pâles » , « si rose« .
- La multiplication de ces adverbes intensifs semble parodier l’incipit de La Princesse de Clèves où Mme de La
Fayette décrit un coup de foudre à l’aide de ces mêmes procédés littéraires.
- Il s’agit bien sûr d’une subtile parodie car chez Stendhal, le cadre n’est pas la fastueuse cour d’Henri II
comme dans La Princesse de Clèves, mais une maison bourgeoise.
- Le décalage entre le style précieux et l’univers décrit peut ainsi prêter à sourire.
B – La transformation des personnages

- Ce coup de foudre initie la transformation des personnages.


- Le rapport maternel initial laisse place au rapport potentiellement amoureux.
- La pâleur du candide Julien laisse place à la couleur rose qui semble annoncer le rouge de la passion
amoureuse (« si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan »).
- Cette métamorphose de Julien est propre au roman d’apprentissage où le lecteur assiste à la perte de la
candeur enfantine et à la naissance du héros.
- Mme de Rênal se transforme elle aussi sous les yeux de Julien et du lecteur.
- Le champ lexical du rire (« rire » « gaieté », « folle », « moquait » « bonheur ») vient casser le sérieux du
monde bourgeois par une légèreté toute adolescente.
- Le complément de nom « gaiété folle d’une jeune fille » remonte le temps et rend Madame de Rênal à sa
jeunesse et à sa disponibilité sociale.
- La multiplication des verbes réflexifs « se mit à rire », « se moquait d’elle-même », « se figurer tout son
bonheur », montre un changement chez Madame de Rênal.
- Mère dévouée et oublieuse d’elle-même, l’apparition de Julien fait renaître le souci de soi et le narcissisme
oublié.
- La dernière phrase de l’extrait au discours indirect libre, avec l’interjection « Quoi » met en évidence le
surgissement de l’émotion chez Madame de Rênal : « Quoi, c’était là ce précepteur qu’elle s’était figuré
comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants ! ».
- Par cette exclamation, Stendhal montre que Madame de Rênal se rend disponible à l’amour en faisant sauter
les barrières qui la séparent de ce nouveau précepteur.

Conclusion
- Stendhal crée une scène de rencontre amoureuse originale où le lecteur assiste à la métamorphose des

Vous aimerez peut-être aussi