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L’analyse linguistique du sonnet

Sommaire

I.      Introduction : Linguistique et poésie


• Pour en savoir plus
II.     Les niveaux d’analyse
A.    Le niveau strophique
1.     Répartition typographique
2.     Fonction organisatrice de la rime
• Pour en savoir plus
B.     Le niveau syntaxique
1.     De la proposition noyau à la phrase
2.     La période
• Pour en savoir plus
C.    Le niveau sémantique
1.     Lexique
2.     Figures
3.     Typologies sémantiques
III.       Interaction des niveaux
A.    « Mariages de la syntaxe et de la strophe »
B.     La combinatoire de Jakobson
C.    Concordances et discordances
• Pour en savoir plus
D.    Les effets de structure
· Références
· Annexe : Pour une révision des notions élémentaires de versification
 

I.                   Introduction : Linguistique et poésie
C’est Roman Jakobson qui, issu du formalisme russe, a propagé la conception de l’œuvre
poétique comme un système structuré, comme un discours dominé par la fonction poétique  du
langage, c’est-à-dire tourné vers le matériau verbal considéré pour lui-même. – La notion de
« fonction poétique » est développée dans
JAKOBSON, Roman. « Linguistique et poétique », dans Essais de linguistique générale.
Minuit,1963.
Jakobson a mis en pratique l’approche structurale en analysant de nombreux poèmes. On
trouvera un choix représentatif (y inclus la célèbre analyse des Chats de Baudelaire) dans
JAKOBSON, Roman. Questions de Poétique. Le Seuil, 1973.

• Pour en savoir plus


GOUVARD, Jean-Michel, L’analyse de la poésie. « Que sais-je ? », P.U.F., 2001.
(Lire surtout le chapitre sur « L’analyse linguistique de la poésie au XXe siècle », p. 89-123,
et consulter les références bibliographiques à la page 126.)
5

II.                 Les niveaux d’analyse


Avec A. Gendre, nous distinguons trois niveaux d’analyse :
1° le niveau strophique, articulé autour des rimes et du rythme ;
2° le niveau syntaxique, c’est-à-dire la disposition des phrases par rapport aux
strophes ;
3° le niveau sémantique, qui traites des unités thématiques en relation avec la
disposition des strophes et des phrases. [1]
REMARQUE. — La plupart des études structurales isolent quatre niveaux d’analyse, à savoir
les niveaux phonique, rythmique, syntaxique et sémantique.
Pour aligner les deux classements, on observera que le niveau strophique réunit en grande
partie les niveaux phonique et rythmique, sans oublier que des éléments phoniques ou
rythmiques interviennent également à d’autres niveaux[2] :
Le niveau phonique comprend les répétitions de sonorités qui sont ou bien codées ou bien
aléatoires. Les répétitions codées de sonorités, qui constituent la rime, appartiennent au niveau
strophique, alors que les répétitions aléatoires de sonorités, c’est-à-dire les échos phoniques,
interviennent au niveau sémantique, puisque « les correspondances des sons à l’intérieur du
vers et à la rime mettent souvent en relief des significations »[3].
Au niveau du rythme, il faut faire une distinction entre les rythmes linguistique et métrique.
Le rythme métrique, résultat surtout de la distribution des mesures des vers, appartient au
niveau strophique ; le rythme linguistique joue son rôle au niveau syntaxique, à l’évidence
dans la construction de la période.

A.     Le niveau strophique

1.      Répartition typographique
« Poème à forme fixe, le sonnet comprend quatorze vers répartis en quatre blocs
typographiques : deux quatrains homophones à rimes embrassées (le huitain) et deux tercets
(le sizain)  dont les rimes obéissent à l’ordre du rhythmus tripertitus[4] (c c d / e e d).  Le
dernier tercet peut adopter la disposition polaire (e d e).  Ainsi, les deux schémas réputés
corrects sont les suivants :
a b b a / a b b a // c c d / e e d [sonnet « italien »]
a b b a / a b b a // c c d / e d e [sonnet « français »] »[5]
Nous appellerons structure visuelle ou typographique la répartition des quatorze vers du
sonnet en deux couples de strophes (une paire de quatrains et une paire de tercets), et
nous  noterons[6] cette dichotomie :
Q1 + Q2 vs T1 + T2 ou ((Q1 + Q2) (T1 +T2))

— « La beauté pythagorique du sonnet »


BAUDELAIRE, Charles. Lettre du 18 février 1860 à Armand Fraisse,
dans : Correspondance, t. 1, « Pléiade », Gallimard, 1973, p. 676 ; cf. VALÉRY, Cahiers, t.
VIII, CNRS, 1958, année 1921, p. 357.
Autres arithmétiques spéculatives :
—la « neuvième méditée » : BOÈCE (480-524), Institution arithmétique, Les Belles
Lettres, 1995, p. 173-174.
— le nombre d’or (sectio aurea) : BÄHR, W. Der goldene Schnitt am Sonett, dans : Das
literarische Echo, 22e année, 5e fascicule, 1919, p. 281-283.
— le symbolisme du chiffre sept :  JOST Fr., Le Sonnet, de Pétrarque à Baudelaire. Modes
et modulations, Berne, Frankfurt a. M., New York, Paris, Lang, 1989, p. 32-33.

2.      Fonction organisatrice de la rime


Selon des critères métriques, les tercets ne constituent pas des strophes au sens strict : la
rime d dans les schémas réguliers ne trouvant son répondant que dans l’autre tercet, on aura
une répartition des vers en trois strophes, c’est-à-dire deux quatrains suivis par
un sizain[BS1]. Cette structure rimique ou en strophes stricto sensu sera notée :
Q1 + Q2 vs S ou (Q1 + Q2) S)

— Remarque sur la fonction esthétique de la rime


La fonction organisatrice de la rime trouve sa suite dans la fonction esthétique de la rime,
relevée par B. de CORNULIER :
« Une propriété fondamentale de la rime sur le plan esthétique est que tout premier
vers d’une association rimique donnée apporte un son "à faire rimer" ou rime
d’attente dont on attend l’équivalent, la réponse, rime-echo. » [7]
Ce que met en relief ARAGON lorsqu’il écrit, à propos du sonnet « français » :
« [Le premier tercet] (selon la disposition marotique française [ccd eed]) [laisse] le
troisième [vers d] sur sa rime impaire, demeurée en l’air, sans réponse jusqu’à la fin
du sonnet, comme une musique errante… » [8]

• Pour en savoir plus


« Le niveau strophique », dans GENDRE,  Évolution du sonnet français, p. 14-18.
L’art. « strophe », dans AQUIEN, Dictionnaire de poétique, p. 280/281.
« Groupement des vers. La strophe », dans MAZALEYRAT, Éléments de métrique française,
chap. 3, 74-108.
« Rôle des rimes », dans MOLINO & GARDES-TAMINE, Introduction, t. I, ch. II, § 2.5, p.
77-80.
«  Le livre de l’esclave : superstructures métriques », dans CORNULIER, Benoît de. Art
poëtique, chap. 3, p. 125-182.
5

B.      Le niveau syntaxique


Pour renforcer la structure du vers, les théoriciens du vers classique réclament que les
articulations grammaticales coïncident avec les articulations métriques. Au niveau de la
strophe, il y a concordance si elle coïncide avec une phrase ; au niveau du vers, si la fin du
vers coïncide avec une proposition, et au niveau de l’hémistiche, si l’hémistiche coïncide avec
un syntagme. Les poètes du XIXe vont multiplier les discordances et en tirer des effets
stylistiques, dus aux phénomènes de rejet et de contre-rejet ; mais déjà les anciens ont su tirer,
des déviations de l’ordre naturel qu’impose souvent le respect de la concordance, des effets
stylistiques, dus au phénomène de l’attente[9]. D’autre part, la phrase étant conçu/compris,
bien que naïvement, comme une unité linguistique exprimant un sens complet [10], elle coïncide
régulièrement avec une unité sémantique.
Il est donc indispensable de compléter, et même de commencer, l’analyse métrique par une
analyse syntaxique ; nous allons voir d’autre part que les rapports de la structure syntaxique
avec la structure strophique d’une part, et avec la structure sémantique de l’autre, permettent
de dégager certaines combinaisons récurrentes.

1.      De la proposition noyau à la phrase


On isolera comme phrase toute séquence qui se termine par une ponctuation forte : point,
point d’interrogation, point d’exclamation. (À remarquer que les points d’interrogation et
d’exclamation n’ont pas toujours valeur de ponctuation forte, et que le point-virgule et le
double-point peuvent occasionnellement en avoir.)

a)     La proposition noyau


La proposition noyau groupe autour d’un verbe à un mode personnel les éléments que ce
verbe appelle (le sujet et les compléments essentiels) ; c’est donc la construction du verbe,
sa valence,  qui définit la proposition noyau.

b)     L’amplification
Formellement, l’amplification consiste à ajouter des éléments à la proposition noyau :
compléments circonstanciels, appositions, parenthèses. En outre, l’amplification s’observe
aux niveaux inférieurs à celui de la proposition, notamment à l’intérieur des syntagmes
nominaux, par l’ajout d’épithètes, de compléments « déterminatifs ».
L’amplification appartient à la tradition rhétorique ; elle y nomme une figure qui consiste à
« développer les idées par le style, de manière à leur donner plus d’ornement, plus d’étendue
ou plus de force » (GRADUS).
En distinguant compléments essentiels et compléments non essentiels (accessoires), on
s’efforcera de reconstituer/d’isoler la phrase noyau ou minimale – ceci en vue du phénomène
de l’attente sémantique (voir plus loin).

c)      L’inversion
Couramment, l’analyse syntaxique fait appel à la notion d’« ordre logique » (ou « naturel »
ou « canonique »), la phrase étant conçue (selon le modèle de la logique classique) comme
réalisant une prédication (énonçant un propos) sur un support (un thème). Normalement, le
thème figure en position initiale ; c’est le cas notamment pour la phrase énonciative minimale
sujet – verbe (Paul rêve).
L’ordre logique est un ordre progressif, allant du « déterminé » au « déterminant » ; il
caractérise non seulement l’ordre des constituants immédiats de la phrase mais également les
unités à l’intérieur des syntagmes verbal et nominal : normalement, les compléments suivent
leur support.
Chaque fois qu’il y a rupture de l’ordre progressif, qu'un des éléments de la séquence
« déterminé ¬ déterminant » a été déplacé, il y a inversion.
Il faut distinguer l’inversion grammaticale de l’inversion stylistique.
L’inversion grammaticale  n’est pas une figure : due à une contrainte syntaxique, elle ne laisse
au locuteur aucun choix. Seule, l’inversion stylistique, s'opposant aux règles générales, retient
et fixe l'attention : c'est un procédé de mise en évidence.
Ajoutons aux inversions stylistiques
— le délestage, qui consiste à « (amorcer) la période par une ou plusieurs subordonnées »[11] ;
— l’hyperbate (n.f.), figure de construction qui consiste à séparer un groupe syntaxique de
son support et à le placer en fin de la phrase, après une proposition qui paraît complète.
D’autre part, l'inversion peut être liée, en poésie, à des nécessités métriques – en effet, les
poètes classiques ont couramment recours à l’inversion pour respecter l’accent fixe de la
césure ou pour éviter un hiatus.

d)     Sens minimal
Sur le plan sémantique, l’amplification et l’inversion ont souvent comme conséquence de
retarder l’achèvement d’un sens minimal complet. C’est un moyen stylistique pour maintenir
l’attente sémantique de l’auditeur ou du lecteur, de créer un effet de suspension (figure de
style qui « consiste à faire attendre, jusqu’à la fin d’une phrase où d’une période […] un trait
par lequel on veut produire une grande surprise ou une forte impression » (FONTANIER, p.
364)[12].

2.      La période[BS2]

a)     Articulations syntaxiques et sémantiques


La période associe plusieurs propositions autour d’une idée-pivot, pour former une pensée
complète, avec l’ensemble des circonstances propres à la définir, à l’éclairer, à l’illustrer.

b)     Harmonie prosodique
La période décrit en principe une courbe mélodique, qui, partie d’une note assez basse […],
s’élève par degrés, parvient à son acmé et redescend pour s’achever sur une note profonde.
Donc, tant au point de vue sémantique qu’au point de vue prosodique, la période verticale est
un circuit : elle tourne autour d’un mot-centre, accompagné de circonstances ; elle fait le tour
du registre vocal.
— La période carrée
La période carrée est construite sur quatre membres, qui peuvent être opposés deux à deux
(c’est la période croisée). Elle correspond à la strophe, et singulièrement au quatrain, dont elle
reproduit le rythme montant des deux premiers vers et descendant des deux derniers
du quatrain[BS3].[13]

c)      Équilibre architectural
La période est équilibré selon les besoins de l’expression, tantôt la cime mélodique (acmé)
occupe une position centrale, la protase et l’apodose étant d’une longueur à peu près égale
(période pyramidale ou équilatérale), tantôt les deux parties sont fortement inégales (période
scalène, ascendante ou descendante).

• Pour en savoir plus


— De la proposition noyau à la phrase :
« Mémento d’analyse grammaticale [BS4]», à l’adresse
http://www.home.uni-osnabrueck.de/bschwisc/archives/archives.htm
« La proposition noyau » et « L’amplification », dans GARDES-TAMINE & PELLIZZA, La
construction du texte, p. 12-22.
« Suspensions et parenthèses », dans MORIER, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, art.
« Période », section III, 4.
— L’ordre des mots [BS5]; l’inversion :
« L’ordre des mots », dans GARDES-TAMINE & PELLIZZA, La construction du texte, p. 12-22.
« Inversion », dans MORIER, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, p. 577-583.
— Le sens minimal :
GENDRE, Évolution du sonnet français,  p. 37.
 « Suspension », dans MORIER, Dictionnaire de poétique et de rhétorique.
— La période :
« Style inspiré et style naturel », dans GENDRE, Évolution du sonnet français, p. 36-38 ; voir
aussi p. 26/27, à propos de l’emphasis.
« Période », dans MORIER, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, p. 859-899.
5

C.     Le niveau sémantique


Interviennent au niveau sémantique le choix des mots, l’emploi des figures et aussi les
répétitions aléatoires de sonorités qui, placées à l’intérieur du vers ou à la rime, servent à
mettre en relief des significations.

1.      Lexique

• Pour en savoir plus


« La langue de la poésie », dans MOLINO & GARDES-TAMINE (1982), t. I, ch. III, p. 113-127.

2.      Figures

• Pour en savoir plus


FONTANIER, Pierre. Les figures du discours (1827-1830). « Champs », Flammarion, 1977.
« Écarts et déviations » et « Répétitions et parallélismes », dans MOLINO & GARDES-
TAMINE (1982), t. I, ch. IV et V, p. 128-236.

3.      Correspondances des sons


Souvent, certaines significations sont mis un relief par des échos phoniques à l’intérieur du
vers et à la rime.

4.      Typologies sémantiques[14]

a)     FRIEDRICH, Epochen der italienischen Lyrik


— le type progessif (« der aufsteigende Typus »
— le type cyclique (« ein Typus zyklischer Art »)
— le type dialectique (« der aus der dialektischen Urgestalt des Sonetts stammt »)

b)     MÖNCH, Das Sonett (1957)/ SIBONA, Le sens qui résonne


— « monistisch »/ mono-logique ;
— « dualistisch »/ dia-logique
— « triassisch »/ tri-logique
• Pour en savoir plus
FRIEDRICH, Hugo. Epochen der italienischen Lyrik, Frankfurt a. M., Klostermann, 1964, p.
161 et suiv.
MÖNCH, Walter, « Das Sonett. Seine sprachlichen Aufbauformen und stilistischen
Eigentümlichkeiten », Syntactica und Stilistica, Festschrift für E. Gamillscheg, Tübingen,
M. Niemeyer Verlag, 1957, p. 400.
SIBONA C. Le Sens qui résonne. Une étude sur le sonnet français à travers l’œuvre de Louise
Labé, Ravenna, Longo, 1984, p. 77-90.
5

III.              Interaction des niveaux


La phrase étant considérée comme un ensemble sémantique cohérent (« unité de pensée »),
nous ne considérons pas à part les interactions entre les niveaux sémantique et strophique.
C’est-à-dire  que nous prenons, par exemple, les types sémantiques mono-logique, dia-logique
et tri-logique pour équivalents aux types syntaxiques 1, 2 et 3, respectivement (cf. ci-dessous,
les « mariages de la syntaxe et de la strophe »).
La poésie classique réclame la coïncidence des articulations métriques avec les articulations
syntaxiques, ce qui, au niveau supérieur (celui de la strophe, de la phrase et de la pensée),
signifie que la strophe est censée embrasser une phrase entière (ainsi qu’un thème unique), et
que la phrase (l’unité thématique) ne doit pas déborder la strophe. Mais, évidemment, il y a
aussi les cas de discordance.

A.     « Mariages de la syntaxe et de la strophe »


Avec GENDRE[15], nous distinguons les types suivants :
Type 1 : une seule phrase enjambe les strophes jusqu’à la fin
Type 2 : le sonnet se développe en deux phrases, dont l’une couvre le huitain et l’autre le
sizain
Type 3 : une seule phrase pour chacun des quatrains et une troisième pour le sizain
Type 4 : quatre phrases occupant chacune un quatrain ou un tercet
Type 5a : multiplication des phrases à l’intérieur des strophes ou même des vers
Type 5b : deux, trois ou quatre phrases, mais disposés sans respect de la strophe
 

B.      La combinatoire de Jakobson


Voir http://www.home.uni-osnabrueck.de/bschwisc/archives/structures.htm
Dans ses études de sonnets, réunies dans Questions de poétique, JAKOBSON distingue
plusieurs types de correspondance entre les strophes du sonnets.
1. La division binaire en quatre strophes donne les correspondances suivantes :
— entre quatrains et tercets :
(1) Q1 + Q2 vs T1 + T2 ou ((Q1 + Q2) (T1 + T2))
 
— entre strophes impaires et paires :
(2) Q1 + T1 = Q2 + T2 ou [Q1 ((Q2) T1] T2))
 
— entre strophes extérieures et intérieurs :
(3) Q1 + T2 = Q2 + T1 ou (Q1 (Q2 + T1) T2)
 
2. Par une division ternaire en trois strophes, on obtient les correspondances suivantes :
— entre quatrains et sizain :
(4) Q1 vs Q2 vs S ou (Q1 Q2 S)
 
— entre quatrains et distique central :
(5) Q1 + Q2 vs D vs Q3 ou ((Q1 + Q2) D (Q3))
 
— entre sizains et distique central :
(6) S1 vs D vs S2 ou (S1 (D) S2)

C.     Concordances et discordances


— Concordance avec la structure strophique visuelle : type 4 de Genre ; correspondance (1)
de Jakobson
— Concordance avec la structure strophique rimique : type3 de Genre ; correspondance (4)
de Jakobson
— Discordance : type 5b de Genre. Exemple :
P1 P2 P3 P4 P5
Q1 Q2 T1 T2
 
— Autres cas.

• Pour en savoir plus


MAZALEYRAT, J. « Groupement des vers. La strophe », dans Éléments de métrique française.
Paris, Armand Colin, 1965, chap. 3, 74-108.
GENDRE, A. « Types de mariages de la syntaxe et de la strophe », dans Évolution du sonnet,  p.
20.
JAKOBSON, Roman. Questions de poétique. Seuil, 1973.

D.     Les effets de structure


Þ AQUIEN, Dict., s.v. STRUCTURE ; RÉPÉTITION – PARALLÉLISME ; SYMÉTRIE –
CHIASME
 
5

· Références
GARDES-TAMINE, Joëlle. La Stylistique. A. Colin, 1992.
GENDRE, André. Évolution du sonnet français. Presses Universitaires de France, 1996.
MORIER, Henri. Dictionnaire de poétique et de rhétorique.  Presses Universitaires de France,
4e éd. revue et augmentée 1989.
ADAM, Jean-Michel. Pour lire le poème. Bruxelles-Paris, De Boeck-Duculot, 1986.
MOLINO, Jean & Joëlle GARDES-TAMINE. Introduction à l’analyse de la poésie. I. Vers et
figures. P.U.F., 1982.
MAZALEYRAT, Jean Éléments de métrique française. Paris, Armand Colin, 1965.
CORNULIER, Benoît de. Art poëtique. Presses Universitaires de Lyon, 1995.
GARDES-TAMINE, Joëlle & Marie-Antoinette PELLIZZA. La construction du texte. De la
grammaire au style. A. Colin, 1998.

· Annexe : Pour une révision des notions élémentaires de


versification[16]
Voir également : http://www.home.uni-osnabrueck.de/bschwisc/archives/versification.htm
Notions générales
· VERSIFICATION – MÉTRIQUE ; PROSODIE ; SCANSION – DICTION
Le décompte des syllabes dans le vers
· SYLLABE– PIED ; E CADUC – ÉLISION – APOCOPE – SYNCOPE ; –
DIÉRÈSE – SYNÉRÈSE – CHEVILLE ; HIATUS
Les types de vers
· MONOSYLLABE DISSYLLABE TRISYLLABE TETRASYLLABE PENTASYLLABE
HEXASYLLABE
HEPTASYLLABE OCTOSYLLABE ENNÉASYLLABE DÉCASYLLABE HENDÉCASY
LLABE ALEXANDRIN
La structure du vers
· CÉSURE –  HÉMISTICHE ; ACCENT – CONTRE-ACCENT ; COUPE –
MESURE ; TERNAIRE – TRIMÈTRE – SEMI-TERNAIRE ; BINAIRE – TÉTRAMÈTRE
Le rapport entre syntaxe et vers
· RYTHME ; CONCORDANCE – DISCORDANCE ; ENJAMBEMENT – REJET –
CONTRE-REJET
— Les figures de construction
Les figures (« métataxes », dans la terminologie de la Rhétorique générale du groupe μ) qui
jouent sur la construction de la phrase :
ELLIPSE, ASYNDÈTE, ZEUGME, HYPERBATE, INVERSION, HYPALLAGE,
ÉNALLAGE, CHIASME, TMÈSE, etc[BS6].
La rime
· RIME ; ALTERNANCE ; MONORIME 
Les groupements de vers
· STROPHE ® (distique), (tercet), quatrain, quintil, sixain, … ; FORMES
FIXES ® SONNET
5
 
[1]
 Voir GENDRE, Évolution du sonnet français, p. 14.
[2]
 Voir GARDES-TAMINE, « Rythme et sonorités », La stylistique, p. 9 et suiv.
[3]
 GENDRE, p. 21.
[4]
 « Disposition strophique dans laquelle une rime revient de trois vers en trois vers, à la suite de deux rimes
plates… » Voir MORIER, s.v. rhythmus tripertitus caudatus. 
«…le rythme tripartite est fondé sur une suite où une même rime se répète tous les trois vers, après un distique :
aabccb… » Voir AQUIEN, Dictionnaire de poétique, s.v. rime (« la disposition »), p. 242. (Autrement dit :
sizain = distique + quatrain à rimes embrassées.)
[5]
 H. MORIER, « Sonnet », dans Dictionnaire de poétique et de rhétorique, p. 1056.
[6]
 Nous reprenons la notation de J. M. A DAM, Pour lire le poème, p. 48, qui repose sur celle de JAKOBSON. –
A. GENDRE utiles les abréviations S1 et S2 pour les quatrains, et S3A et S3B pour les tercets ; par ailleurs, Rg
emb est mis pour « sonnet français », et Rg cr pour « sonnet italien ».
[7]
 B. de CORNULIER, « La rime n’est pas une marque de fin de vers », Poétique, 46, 1981. – On peut lire dans J.
MOLINO & J. GARDES-TAMINE,qui donnent cette citation  (Introduction à l’analyse de la poésie. I., p. 80) :
« Non moins important […] est le rôle esthésique [c’est moi qui souligne] que jouent […] les rimes dans les
phénomènes d’attente et de résolution […] ». Il s’agit là sans doute d’une coquille, ce que vient corroborer la
définition d’esthésie comme « aptitude à percevoir des sensations » (PR). Il n’empêche que ce terme est repris tel
quel par GENDRE (p. 16).
[8]
 ARAGON, « Du sonnet », étude parue dans l’hebdomadaire Les Lettres françaises, n° 506, semaine du 4 au
11 mars 1954 (cité d’après GENDRE).
[9]
 D’après Aquien, Dict., à l’article « concordance ».
[10]
 « C’est par phrases que nous pensons et que nous parlons ; la phrase est un assemblage logiquement et
grammaticalement organisé en vue d’exprimer un sens complet » (GREVISSE, Le bon usage, § 2, éditions
antérieures à la douzième). – Pour une critique de cette conception, voir p. ex. ARRIVÉ, Michel,
Françoise GADET, Michel GALMICHE. La grammaire d'aujourd'hui: Dictionnaire alphabétique de
linguistique française. Flammarion, 1986, à l’article « phrase ».
[11]
 Voir MORIER, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, à l’art. « Période », section II, 6, p. 880.
[12]
 Le même effet peut être obtenu par la Sustentation (« une sorte de Suspension qui est une figure de pensée, et
non une figure de style », ibid.), qui « consiste à tenir longtemps le lecteur ou l’auditeur en suspens [syspS], et à
le surprendre ensuite par quelque chose qu’il était loin d’attendre » (id., p. 417)
[13]
 Voir H. MORIER, « Période », dans Dictionnaire de poétique et de rhétorique, p. 868, n. 1.
[14]
 D’après GENDRE, Évolution du sonnet, p. 22/23.
[15]
 Évolution du sonnet, p. 18.
[16]
 D’après « Index raisonné des articles », dans AQUIEN Dictionnaire.

M. Grammont, Petit traité de versification française (Paris, 1965 [11908]), p. 102 :


 [BS1]       Cf.
Il [= le sonnet] se compose de quatorze vers, divisés en deux strophes de quatre vers (…) et une de six
vers (…) Pour la strophe de six vers, on a coutume de la séparer sur le papier en deux tercets, mais
c’est en réalité une strophe unique, et la disposition de ses rimes est régie par les mêmes règles que
dans tout strophe de six vers.
La fin de ce passage (que j’ai souligné) est cité dans JAKOBSON/LÉVI-STRAUSS, « Les Chats »
(Questions de poétique,  p. 402 – avec renvoi à la page 86 du Petit traité de GRAMMONT).
 [BS2]       Définitions :
a) GRADUS, s.v. période
b) ..\Clé des procédés littéraires.doc
c) « La période: on appelle période une "Phrase complexe dont les membres composants sont groupés
de telle façon que, si variés qu'ils soient dans leur structure, leur assemblage donne une impression
d'équilibre et d'unité" (Marouzeau).
Une période est dite ascendante quand la voix reste en suspens presque jusqu'à la fin parce que
l'élément porteur de la signification essentielle de la phrase a été rejeté en fin de phrase.
Une période est dite descendante quand l'élément porteur de la signification essentielle est donné dès
le début.
La période est dite pyramidale quand les temps de montée et de descente sont égaux. »
http://perso.wanadoo.fr/minerva/Figures_de_style/FS_cadre.htm
d) « Lorsque, dans un discours oral ou écrit, la phrase complexe est très développée, selon des règles
de composition strictes, d'ordre logique et rythmique, on parle de période.
Une période est en général composée d'une protase (première partie et élément ascendant de la
phrase), suivie éventuellement d'une antapodose ; puis d'une apodose (deuxième partie et élément
descendant de la phrase), suivie éventuellement d'une clausule (clôture de la phrase).
Voici un exemple de période comprenant ces quatre phases :
Cependant, je ne pense pas que des malheurs prochains éclatent ; peuples et rois sont également
recrus ; des catastrophes imprévues ne fondront pas sur la France ; ce qui me suivra ne sera que l'effet
de la transformation générale. (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-tombe). »
http://www.lettres.net/cours/04-phrase.htm
 [BS3]       Yves
Le Hir suggère que la période en prose a pu subir l’influence de la strophe (on pense
singulièrement au quatrain) et reproduire le rythme montant des deux premiers vers et descendant
des deux derniers. [Page 868, n. 1  : Cf. Rhétorique & stylistique de la Pléiade au Parnasse,  P.U.F., 1960, p.
68, n. 1. Même idée chez Arnould (« La période correspond à la strophe […] ; elle est à la prose ce que
la strophe […] est au vers ; cf. Essai d’une Théorie du Style, p. 306) [in Le Hir, p. 101].
 [BS4]       Contrairementà l’analyse logique de la phrase, il ne faudra mettre sur le même plan les
propositions (conjonctives ou autres) subordonnées au verbe et les propositions (relatives ou autres)
subordonnées au nom, par exemple : les unes appartiennent au niveau (primaire) de la proposition, et
ils peuvent même être des éléments constitutifs de la proposition noyau, les autres au niveau
(secondaire) du groupe nominal, et ce sont généralement des amplifications. – Voir LE QUERLER,
Nicole. Précis de syntaxe française. Presses Universitaires de Caen, 1994, p. 65-69, pour une distinction
entre fonctions primaires (= « les fonctions qui dépendent directement du verbe pivot ») et
fonctions secondaires (= « les fonctions qui dépendent d’un autre mot que le verbe »).
 [BS5]       Voir
aussi :
ARRIVÉ, Michel, Françoise GADET, Michel GALMICHE. La grammaire d'aujourd'hui: Dictionnaire
alphabétique de linguistique française. Flammarion, 1986,
s.v. « ordre des mots ».
..\..\Analyse\SYNTAGMA\Ordre canonique GuideAlphabétique.doc
DELAVEAU, Annie, Françoise KERLEROUX. Problèmes et exercices de syntaxe française. A. Colin, 1985,
« La notion d’ordre canonique » ; « Différents cas de disjonction entre la fonction et la position d’un
élément », p. 11-14.
..\..\Analyse\SYNTAGMA\Ordre canonique Delaveau&Kerleroux.doc
 [BS6]       D’après AQUIEN, Dict., s.v. FIGURE, p. 137
Figures de construction concernant la syntaxe :
— avec suppression : asyndète, ellipse, parataxe,  zeugme
— avec adjonction : hypotaxe, polysyndète, tmèse
— avec déplacement : hypallage, hyperbate, implication, inversion
— avec substitution : énallage
D’après AQUIEN, Dict., « Index raisonné des articles – rhétorique », p. 36-37.

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