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LES DECHETS RADIOACTIF S

A HAUTE ACTIVITÉ ET A VIE LONGUE /


RECHERCHES ET RESULTATS
LOI DU 30 DÉCEMBRE 199 1

//

fir,
f`
r
.
Séparatio n
et transmutatio n
des r4dionucLéide s
a vie lhngu e ,ffr

RAPPORT FINAL
DECEMBRE 2005
LES DECHETS RADIOACTIFS
À HAUTE ACTIVITÉ ET À VIE LONGUE /
RECHERCHES ET RÉSULTATS
LOI DU 30 DÉCEMBRE 1991

RAPPORT FINA L
DÉCEMBRE 2005

Sommaire/ ! /
SYNTHÈSE DES RÉSULTATS DES RECHERCHES SUR LES AXES 1 ET 3 4

INTRODUCTION 8
a Al Le contexte historique 11
A .2 Le cycle français du combustible nucléaire 12
* A .3 Les matières radioactives contenues dans les combustibles usés 1 3
• A .4 Les déchets radioactifs relevant de la loi du 30 décembre 1991 1 4
A .4-1 Classification et inventaire des déchets radioactifs 14
A .4-2 Principes actuels de gestion à long terme des déchets radioactifs 15
* A .5 Objectifs et programmes des recherches 1 6
• A .6 Le rôle du CEA, les collaborations, les moyens mis en oeuvre 1 7

LES RECHERCHES DE L'AXE 20

B • B .1 Objectif et stratégie des recherches de l'axe 1 2 2


B .1-1 Inventaire radiotoxique présent dans le combustible usé
B .1-2 Stratégie de séparation-transmutation ,
adaptée à l'inventaire radiotoxique du combustible usé
22

24
B .1-3 Enjeu des recherches de l'axe 1 24
* B .2 Programme des recherches de l'axe 1 2 6
B .2-1 Reprise des déchets existants 26
B .2-2 Séparation des radioéléments contenus dans le combustible usé 26
B .2-3 Transmutation des radioéléments 27
B .2-4 Etudes de scénarios 27
• B .3 Organisation du rapport 2 7

LES RÉSULTATS DES RECHERCHES SUR LA SÉPARATION POUSSÉE 30


• C .1 Introduction : objectifs des programmes Puretex et Actinex 3 2
® C .2 Procédé Purex actuel 3 3
• C .3 Faisabilité de la reprise des verres actuel s
et du conditionnement d'attente des calcinats 35
C .3-1 Reprise des verres 35
C .3-2 Conditionnement et entreposage d'attente des calcinats 36
C .3-3 Conclusion 36
* C .4 Résultats Actinex pour la séparation de l'américium et du curium 3 6
C .4-1 Introduction 36
C .4-2 Faisabilité scientifique de la séparation de l'américium et du curium 37
C .4-3 Faisabilité technique de la séparation de l'américium et du curium 45
C .4-4 Poursuite des études de base 51
C .4-5 Conclusion sur la faisabilité technique de la séparatio n
de l'américium et du curium 51
• C .5 Résultats Actinex pour la séparation du neptunium 5 1
C .5-1 Situation actuelle 51
C .5-2 Evolutions possibles du procédé 52
C .5-3 Conclusion 53
• C .6 Résultats Actinex pour la séparation du technétium 5 3
C .6-1 Situation actuelle 53
C .6-2 Evolutions possibles du procédé 54
C .6-3 Conclusion 55
* C .7 Résultats Actinex pour la séparation de l'iode 5 5
C .7-1 Situation actuelle 55
C .7-2 Evolutions possibles du procédé 56
C .7-3 Conclusion 57
* C .8 Résultats Actinex pour la séparation du césium 5 7
C .8-1 Introduction : l'objectif de la séparation du césium 57
C .8-2 Faisabilité scientifique 57
C .8-3 Conclusion 58
* C .9 Résultats des recherches sur l'entreposage intermédiair e
des actinides mineurs séparés 59
C .9-1 Conversion et élaboration du composé solide 60
C .9-2 Conditionnement 61
C .9-3 Concepts d'entrepôt 62
2

C .10 Procédé avancé de séparation poussée : la pyrochimie 65


C .10-1 Introduction 65
C .10-2 Applications envisagées en France 65
C .10-3 Programme de recherche 66
C .10-4 Collaborations et outils expérimentaux 66
C .10-5 Résultats expérimentaux 66
C .10-6 Conclusion et perspectives 68
C .11 Conclusion : évaluation de la séparation poussée 69
C .12 Futurs développements - Séparation 70

LES RÉSULTATS DES RECHERCHES SUR LA TRANSMUTATION 72


• D .1 Introduction 74
• D .2 Transmutation en réacteur 74
D .2-1 Physique de la transmutation 74
D .2-2 Bilan neutronique en réacteur 75
D .2-3 Transmutation et fonctionnement du réacteur 77
D .2-4 Capacité théorique de transmutation des actinides mineurs 78
D .3 Données et méthodes de calcul 78
D .4 Filières de transmutation 79
D .4-1 Modes de transmutation 80
D .4-2 Incidence de la gestion du plutonium 81
D .4-3 Transmutation des produits de fission à vie longue 81
D .4-4 Transmutation des actinides mineurs
en réacteurs électrogènes (rapide et thermique) 82
D .4-5 Transmutation des actinides mineurs en systèmes dédiés 86
D .4-6 Filière basée sur te cycle thorium-uranium 92
D .5 Fabrication des combustibles et cibles, et expériences de transmutation 94
D .5-1 Introduction 95
D .5-2 Etudes des matériaux de structure 95
D .5-3 Fabrication pour la transmutation en mode homogène 96
D .5-4 Fabrication pour la transmutation en mode hétérogène 99
D .5-5 Fabrication pour la transmutation en mode dédié 11 0
D .5-6 Cibles de transmutation des produits de fission à vie Longue en mode hétérogène 11 2
D .6 Conclusion : évaluation de la transmutation 11 3
D .7 Transmutation : développement durable et perspectives 11 4

LES SCÉNARIOS DE SÉPARATION - TRANSMUTATION 11 6


E .1 Possibilités théoriques : scénarios à l'équilibre 11 8
E .1-1 Scénarios étudiés 11 8
E .1-2 Inventaires de matières nucléaires dans le cycle 11 8
E .1-3 Inventaire radiotoxique des déchets 12 1
E .1-4 Thermique des colis de déchets 12 2
E .2 Scénarios transitoires 12 2
E .2-1 Évolutions des inventaires de matières en parc REP et en parc REP+RNR 12 3
E .2-2 Evaluation de la faisabilité techniqu e
du scénario transitoire avec un parc REP 12 5
E .2-3 Evaluation de la faisabilité technique d'un scénario transitoir e
avec un parc mixte composé de REP et de RNR de génération IV 12 6
E .2-4 Evaluation de la faisabilité technique d'un scénario comportan t
un parc REP complété par des réacteurs dédiés (ADS) 12 9
E .3 Etudes d'impact 13 0
E .3-1 Objectifs et méthodologie 13 0
E .3-2 Résultats des études du Forum environnemental 13 3
E .4 Technico-économie des scénarios (Dereco) 13 3
E .4-1 Introduction : présentation des scénarios 13 3
E .4-2 Hypothèses principales communes à tous les scénarios 13 4
E .4-3 Résultats obtenus 13 5
E .5 Conclusions des études de scénarios 13 6

PERSPECTIVES, CONCLUSIONS GÉNÉRALES 13 8

BIBLIOGRAPHIE 14 0

GLOSSAIRE 144

3
Synthèse des résultat s
des recherche s
sur les axes 1 et 3/

n raison de leur radioactivité très élevée e t matières énergétiques (uranium et plutonium) ,

E durable, la gestion des combustibles usé s


est une question centrale tant pour l ' accep-
tation sociale de l'énergie nucléaire que sur un
et de conditionner de façon sûre et durabl e
(vitrification) les déchets de haute activité (pro -
duits de fission et actinides mineurs) qui repré-
plan technique . la radioactivité du combustible UO X sentent un faible volume . Dans cette option ,
usé est due principalement aux produits de fis- les éléments radioactifs des déchets sont condi-
sion pendant environ trois centaines d ' années , tionnés par intégration dans une matric e
aux actinides mineurs pendant environ ving t vitreuse, elle-même entourée d ' une envelopp e
mille ans et au plutonium produit pendant envi - métallique de protection . Aujourd ' hui, tous le s
ron trois cents milliers d ' années . Tout comm e colis de déchets produits bénéficient de condi-
la radiotoxicité, la puissance thermique rési- tionnements sûrs et durables . Ils sont placé s
duelle des combustibles UOX usés est dominé e dans des entreposages (installations industrielle s
par celle des produits de fission pendant un siècle , permettant d ' isoler les déchets sur des durée s
du plutonium et de l'américium sur les quelque s d'au moins une cinquantaine d'années) . Au -
siècles suivants . delà, leur mode de gestion à très long term e
doit les isoler durablement de l ' homme et d e
Les déchets de l ' énergie nucléaire sont caracté- son environnement de telle sorte que leur retou r
risés par des masses très petites en comparaiso n dans la biosphère n'intervienne qu'en des temp s
des autres moyens de production d ' énergie . E n où leur impact sanitaire et environnementa l
effet, à quantité d'énergie produite identique , sera inoffensif.
les réactions nucléaires provoquent la transfor-
mation de très faibles quantités de matières com - À ce jour, aucun pays n ' a mis en service effec-
parées aux réactions chimiques qui interviennen t tif un stockage géologique de combustibles usé s
lors de la combustion du charbon ou du pétrol e ou de colis de déchets vitrifiés comme mode d e
(un million de fois plus faibles) . gestion à long terme .
Néanmoins, leur toxicité potentielle nécessite de s
méthodes de gestion très spécifiques . La gestio n La France s ' est engagée dans une première étap e
de ces déchets est réalisée avec l'objectif de pro- du cycle fermé en traitant les combustibles UO X
téger durablement l ' homme et l ' environnemen t usés et en recyclant le plutonium extrait dan s
du risque associé . les réacteurs REP sous forme de combustibl e
MOX . Cette option, qui est le socle de la stratégi e
Le cycle fermé, qui consiste à traiter les com- de minimisation des déchets ultimes, présent e
bustibles usés pour séparer matières encor e l ' avantage de consommer une fraction du plu-
valorisables et déchets ultimes, permet actuel - tonium produit initialement, pour produire d e
lement de récupérer, pour les recycler, les l ' énergie, et de concentrer la fraction restant e

4
Acquis des recherches sur les axes 1 et 3

> D'importants résultats scientifiques et techniques ont été obtenu s

de plutonium dans le combustible MOX usé e n solides produits à La Hague . Ces colis son t
attendant son traitement ultérieur . durables . Le développement d'une véritabl e
À partir de cette situation, la loi du 30 décembre 199 1 science du comportement à long terme a permi s
définit trois axes de recherche : séparation-trans - de mettre au point et de qualifier des modèle s
mutation, stockage géologique, conditionnemen t permettant de prévoir le comportement de ces
et entreposage de longue durée . Les études , colis pendant un entreposage de durée séculair e
menées de façon très soutenue depuis 1992, béné - ou à l ' échelle millénaire dans les conditions d ' u n
ficient d'importantes coopérations nationale s stockage géologique .
(EDF, Areva, Andra, CNRS et universités . . .) , Les colis de déchets industriels ainsi fabriqué s
européennes et internationales . sont destinés à être stockés en l ' état, après un e
période d ' entreposage (notamment afin de tire r
Deux ouvrages font la synthèse des résultats de s profit de la décroissance thermique, dans le ca s
travaux coordonnés ou conduits par l e des déchets vitrifiés) .
Commissariat à l'énergie atomique, l'un sur "le s
solutions permettant la séparation et la trans - La possibilité d'entreposer de façon sûre et robust e
mutation des éléments radioactifs à vie longu e dans la durée les matières radioactives (entrepo -
présents dans les déchets", l'autre sur "l'étud e sage de déchets ultimes en attente de stockage ,
des procédés de conditionnement et d'entrepo- entreposage temporaire de matières en attent e
sage de longue durée en surface des déchets " . de recyclage) est acquise grâce à l ' expérience exis -
L' un de ces ouvrages est présenté dans les page s tante de l ' entreposage industriel et aux étude s
suivantes . montrant que la durée de vie des entrepôts récent s
pourrait atteindre cent ans au moins . Ce résul-
D'importants résultat s tat apporte un élément utile de flexibilité dan s
scientifiques et technique s la mise en oeuvre des stratégies de gestion d e
l'aval du cycle .
ont été obtenus Par ailleurs, la possibilité existe de réaliser de s
Pour l ' axe " procédés de conditionnement et entre - entrepôts prévus, dès l ' origine, pour des durée s
posage de longue durée", la gestion industriell e séculaires . Elle s ' appuie notamment sur la réa-
actuelle des déchets à haute et moyenne activit é lisation de démonstrateurs concrets regroupé s
à vie longue ne pose pas de problèmes sanitaires . au Centre d ' expertise sur le conditionnement e t
Les déchets sont bien connus, entreposés de faço n l'entreposage des matières radioactives (Cecer )
sûre, et font l ' objet d ' inventaires complets . à Marcoule .
Une étroite coordination avec l ' Andra a permi s
Pour les déchets produits avant l ' existence de s d ' assurer la compatibilité d ' un mode de gestio n
usines actuelles de traitement du combustibl e par entreposage de longue durée avec le stockage .
usé, ces inventaires sont établis grâce notammen t
au développement de méthodes et de système s Les entrepôts nécessitent une maintenance et un e
très complets de caractérisation et de contrôl e surveillance par la société ainsi que la reprise de s
des colis de déchets . Les acquis obtenus permet - déchets à la fin de la période d'entreposage . L a
tent de disposer, en laboratoire et sur pilotes, d e pérennité de cette solution ne pourrait êtr e
procédés de traitement et de conditionnement . effective qu ' au prix de renouvellements pério-
Par ailleurs, des moyens significatifs ont été consa - diques des entrepôts assurés par les génération s
crés à l ' étude de conditionnements spécifique s futures . Il ne peut donc s'agir d'un mode de ges -
pour chacun des radioéléments séparés . Par rap - tion à très long terme .
port au conditionnement existant dans un coli s
vitrifié et aux possibilités de la transmutation e t En ce qui concerne l ' axe 1 " séparation-transmu -
du stockage géologique, l ' intérêt de cette voie d e tation " , au-delà de la pratique industrielle actuell e
séparation et conditionnement n ' est pas établi . de monorecyclage, le multirecyclage du pluto-
nium permettrait de réduire la radiotoxicité d'u n
Grâce aux recherches menées dans le cadre d e facteur dix (à 500 ans) par rapport à celle d u
la loi, les déchets de haute et moyenne activité à combustible usé non traité . L'objectif de l'axe 1
vie longue produits actuellement et à venir dan s est d'aller plus loin en termes de réduction d e
les deux prochaines décennies auront bénéfici é l ' inventaire radiotoxique .
des technologies industrielles les plus avancée s
(minimisation du volume, confinements très per- Compte tenu des résultats obtenus, il n ' est pa s
formants) . Les traitements et conditionnement s réaliste de récupérer les éléments radioactifs à
industriels ont été optimisés, conduisant notam - vie longue des verres déjà produits ou des autre s
ment à une forte réduction du volume des déchets déchets conditionnés . Les déchets du parc actuel

5
continueront à être vitrifiés et la séparation n e Les scénarios étudiés permettent de juger des possi -
pourra s' appliquer qu ' aux déchets qui seront pro - bilités de transition du parc de réacteurs actuel s
duits dans le futur à l'horizon de la mise en plac e avec monorecyclage du plutonium vers différent s
de nouveaux outils industriels de traitement . parcs capables de pérenniser le recyclage de s
Pour ces déchets du futur, la séparation des élé- matières valorisables et en outre de transmuter le s
ments à vie longue est possible, et ce résulta t actinides mineurs . Ces scénarios indiquent auss i
constitue une avancée considérable . De nouvelle s les gains espérés en termes d ' inventaire radio -
molécules et de nouveaux procédés d'extraction toxique dans les déchets ultimes résultants . Pa r
ont été définis et testés en milieu radioactif . rapport à la situation de multirecyclage du plu-
Les performances de séparation en laboratoir e tonium, la séparation-transmutation des actinide s
sont très satisfaisantes et conformes aux objec- mineurs pourrait permettre de gagner dans l e
tifs initiaux des recherches avec la récupératio n futur un facteur dix supplémentaire à 500 ans su r
des actinides mineurs et des produits de fissio n la radiotoxicité des déchets ultimes .
(iode et césium) .
La transmutation des actinides mineurs dans le s En cas de recours à long terme à l ' énergie nucléaire ,
réacteurs à eau du parc actuel apparaît peu réa - les scénarios montrent que la séparation-trans-
liste . Elle est par contre envisageable dans des réac - mutation des actinides mineurs en sus du pluto-
teurs à spectre de neutrons rapides . La faisabilité nium et de l ' uranium trouve sa perspective de
de la transmutation de l ' américium et du neptu- mise en oeuvre, selon une logique de progrès pa r
nium a été établie à l'échelle d'une aiguille de com- étapes, dans les systèmes de 4' génération à neu-
bustible dans un réacteur à neutrons rapides à trons rapides qui sont prévus pour recycler et gére r
caloporteur sodium . Des matériaux aptes à êtr e dans la durée leurs propres actinides . Le déploie -
introduits dans ce type de réacteur pour réalise r ment envisageable à l ' horizon 2040 des premier s
cette transmutation ont été testés avec succès , systèmes de 4' génération concrétise cet objecti f
notamment dans le réacteur Phénix . de progrès, les déchets ultimes ne contenant plu s
En complément d ' un parc de réacteurs produc- alors que les seuls produits de fission pour lesquel s
teurs d'électricité, des systèmes hybrides (ADS ) les recherches ont montré que la transmutation
dédiés à la transmutation des actinides peuven t n'est pas une option industrielle raisonnable.
être envisagés pour réaliser la transmutation de s
actinides mineurs . La viabilité technique de ce s Une solution de gestion à long terme de ces déchets
systèmes (ADS) reste à démontrer pour la trans - ultimes et des déchets ultimes des réacteurs actuel s
mutation des actinides mineurs . demeure nécessaire . Grace à la barrière géologique ,
le stockage géologique définitif apparaît aujour-
Les études de scénarios consistent à prendre e n d'hui aux yeux des experts comme la solutio n
compte toutes les étapes d ' un cycle de productio n passive et sûre .
électronucléaire (fabrication du combustible, pas - Les importants résultats scientifiques et tech -
sage en réacteur, traitement du combustible usé , niques produits contribuent à la disponibilité d e
nouvelle fabrication . . .) et à en évaluer la faisabi- solutions pour les choix à venir sur les modes d e
lité et les résultats en termes de quantité et d e gestion à long terme des déchets radioactifs à
nature des déchets produits . vie longue .

6
Acquis des recherches sur les axes 1 et 3
> D'importants résultats scientifiques et techniques ont été obtenu s

Centrale nucléaire d e
Nogent-sur-Seine - ED F

La centrale Phéni x
à Marcoule - CEA

L'installatio n
Atalante à
Marcoule - CEA

7
Introduction /

Introductio n

A > Sommair e

Al Le contexte historique 11

A.2 Le cycle français du combustible nucléaire 12

A.3 Les matières radioactives contenues dans les combustibles usés 13

• A.4 Les déchets radioactifs relevant de la loi du 30 décembre 1991 14


A .4-1 Classification et inventaire des déchets radioactifs 14
A .4-2 Principes actuels de gestion à long terme des déchets radioactifs 15

A.5 Objectifs et programmes des recherches 16

A.6 Le rôle du CEA, les collaborations, les moyens mis en oeuvre 17

9
P optimisation de la gestion des déchets radio - et 3 au Commissariat à l'énergie atomique (CEA )

L actifs consistant à séparer et recycler le s


matières énergétiques valorisables, réduire ,
conditionner et stocker les déchets ultimes es t
qui contribue, depuis sa création en 1945, au déve -
loppement de l'énergie nucléaire en France et a
conçu à ce titre de nombreuses solutions en réponse
associée à la production d ' énergie nucléaire e n aux problèmes posés par les déchets radioactifs .
France depuis ses débuts . Le pilotage de l ' axe 2 est confié à l ' Agence natio -
Les opérations de traitement du combustible us é nale pour la gestion des déchets radioactifs
permettent à la fois de réduire la radiotoxicité (Andra), conformément au rôle qui lui a été assi -
des déchets par rapport à celle contenue dan s gné par la loi du 30 décembre 1991 .
le combustible usé, en retirant et en recyclan t Les résultats acquis sur l ' axe 1 et sur l ' axe 3 on t
le plutonium, qui est une matière hautemen t été présentés dans deux rapports préliminaire s
énergétique et aussi le principal contributeur à transmis par le CEA aux ministères de tutelle e n
la radiotoxicité à long terme, et de conditionne r juin 2005 .
les déchets à vie longue de façon sûre et durabl e Les résultats définitifs sont regroupés dans deu x
et dans un volume très faible . rapports de synthèse, un par axe d ' étude .
Néanmoins, la durée de décroissance de ce s
déchets reste longue et la préoccupation du publi c Ces documents de synthèse sont accompagné s
relative à la question de leur gestion à long term e de documents scientifiques et techniques qui fon t
a conduit le gouvernement, en 1990, à différe r le point de façon détaillée sur les objectifs, le s
la mise en oeuvre de leur stockage géologique e t études conduites et les résultats obtenus sur u n
à préparer une loi, votée le 30 décembre 1991 , thème particulier. Les éléments généraux d e
demandant de mener à bien pendant une duré e présentation du contexte figurant dans l'intro-
ne pouvant excéder quinze ans des recherche s duction des deux documents de synthèse son t
sur les déchets de haute activité et à vie longue . identiques .
Ces recherches sont continûment évaluées par l a Ce rapport final présente les résultats scientifique s
Commission nationale d ' évaluation (CNE), créé e et technologiques obtenus jusqu'à fin 2005 de s
par la loi du 30 décembre 1991 . études menées sur la séparation et la transmuta -
En 1995, le gouvernement a précisé les respon- tion des radionucléides à vie longue présents dan s
sabilités respectives dans la conduite des recherche s les déchets radioactifs à haute activité et à vi e
prévues par la loi : il confie le pilotage des axes l longue (axe 1) . A la demande du ministère d e

LA LOI DU 30 DÉCEMBRE 199 1


• La loi du 30 décembre 1991, rapportée parle député Christian Bataille et adoptée à l'unanimité, est aujour-
d'hui incorporée au code de l'Environnement (Chapitre II " Dispositions particulières aux déchets radio -
actifs" : articles L542-1 à L542-14) .
• À l'issue d'une période de recherche ne pouvant excéder quinze ans, les fondements scientifiques e t
technologiques d'une stratégie de gestion à long terme des déchets radioactifs à haute activité et à vi e
longue devront être fournis au gouvernement . A charge ensuite pour le Parlement de choisir la voie qui lu i
semblera la plus pertinente .
• Cette loi prévoit trois axes de recherche :
- «la recherche de solutions permettant la séparation et la transmutation des éléments radioactifs à vie longue
présents dans les déchets», c'est l'axe 1 ;
- «l'étude des possibilités de stockage réversible ou irréversible dans les formations géologiques profondes,
notamment grâce à la réalisation de laboratoires souterrains», c'est l'axe 2 ;
- «l'étude de procédés de conditionnement et d'entreposage de longue durée en surface de ces déchets », c'es t
l'axe 3 .
• En outre, la loi stipule que les modes de gestion des déchets en cours d'étude doivent assurer «le respec t
et la protection de la nature, de l'environnement et de la santé» et prendre en considération «les droits de s
générations futures» .
• La loi du 30 décembre 1991 crée la Commission nationale d'évaluation (CNE) dont la mission est d'éva-
luer les recherches et de préparer un rapport adressé chaque année au gouvernement et au Parlement .
Pour ce faire, elle organise périodiquement des auditions des différents acteurs de la recherche sur le s
sujets de son choix .
Le rendez-vous final est fixé au plus tard fin 2006 . «Un rapport global d'évaluation de ces recherches accompa-
gné d'un projet de loi autorisant, le cas échéant, la création d'un centre de stockage des déchets de haut e
activité et à vie longue» doit être fourni alors au législateur .
• Enfin, «L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, établissement public industriel et commer-
cial, est chargée des opérations de gestion à long terme des déchets radioactifs, et notamment de concevoir ,
d'implanter et de réaliser les nouveaux centres de stockage . . . »

10
Introductio n

A > Le contexte historiqu e

chissement de l'uranium, Eurodif, située au Tricastin .


DÉCHET — DÉCHET ULTIM E En 1973, le CEA et EDF mettent en service à
• La loi française donne les définitions d'un déche t Marcoule le réacteur Phénix à neutrons rapide s
et d'un déchet ultime . Dans son article L541-1, l e (RNR), d ' une capacité de 250 MWe, qui est l e
code de l'Environnement indique : premier réacteur au monde à avoir effectué la sur-
«Est considéré comme un déchet tout résidu d'u n génération . Ce type de réacteur tire de l'uraniu m
processus de production, de transformation ou d'uti- près de deux cent fois plus d 'énergie que ne le per -
lisation, toute substance, matériau, produit ou plus
généralement tout bien meuble abandonné ou qu e mettent les REP. En septembre 1985, Super-Phénix ,
son détenteur destine à l'abandon », et précise qu'es t un RNR de 1 240 MWe, démarre .
ultime «un déchet résultant ou non du traitemen t
d'un déchet, qui n'est plus susceptible d'être trait é Durant la même période, le CEA met au poin t
dans les conditions techniques et économiques d u la technologie de fabrication des combustible s
moment, notamment par extraction de la part valo-
risable ou par réduction de son caractère polluant o u mixtes uranium/plutonium (MOX) qui perme t
dangereux» . de recycler les matières valorisables présente s
• Selon ta définition de l'Agence internationale d e dans le combustible usé tout en réduisant la radio -
l'énergie atomique (AIEA), est considérée comm e toxicité des déchets ultimes .
déchet radioactif «toute matière pour laquelle aucun e Le premier recyclage de plutonium dans un combus-
utilisation n'est prévue et qui contient des radionu-
tible MOX est réalisé dans le réacteur de Saint -
cléides en concentration supérieure aux valeurs qu e
les autorités compétentes considèrent comme admis- Laurent en 1987 . Quinze ans plus tard, 20 réacteur s
sibles dans des matériaux propres à une utilisation de 900 MWe consomment ce combustible contri-
sans contrôle» . buant ainsi à réduire les stocks de plutonium .
Parallèlement, le CEA développe des technologie s
de conditionnement destinées à stabiliser les déchet s
l'Industrie, les résultats de ce rapport sont éva- dans l'attente d'une solution définitive . La vitrifi -
lués par les experts internationaux de l ' OCDE . cation est l ' option retenue pour les déchets de haut e
activité (HA) provenant du traitement des combus-
A .1 Le contexte historiqu e tibles usés . Le premier verre nucléaire est coulé à
Marcoule en 1963 . Le passage du laboratoire à l a
Après la Seconde Guerre mondiale, la Franc e production de masse est ardu . L'atelier de vitrifi-
s ' engage dans un programme nucléaire importan t cation de Marcoule ne commencera les coulées à
clans les domaines militaire et civil . cadence industrielle que quinze ans plus tard .
Les développements industriels suivent rapidemen t Des développements similaires sont réalisés pou r
avec la construction, dans les années 1950-1960, d e les déchets à moyenne activité et à vie longu e
six réacteurs nucléaires de première génération, l a (MA-VL) . Les équipes du CEA conçoivent de s
filière uranium naturel graphite-gaz, ainsi que d e procédés de conditionnement par bitumage et pa r
la première usine de traitement du combustible usé . cimentation, qui sont mis en oeuvre sur les site s
Ces installations, arrêtées de 1973 à 1997, sont aujour - industriels de Marcoule et de La Hague .
d'hui en cours de déconstruction .
Le centre de stockage de la Manche, dédié au x
Quelques mois après le premier choc pétrolie r déchets de faible et moyenne activité à vie court e
de 1973, la France accélère la mise en place d'un e (FMA-VC), ouvre en 1969 .
deuxième génération de réacteurs électronu- L'Agence nationale pour la gestion des déchet s
cléaires, la filière des réacteurs à eau sous pres- radioactifs (Andra) est créée au sein du CE A
sion (REP) . Entre 1977 et 2002, 58 réacteurs d e en 1979 . Elle a pour rôle de définir la stratégie pour
900 MWe à 1 450 MWe sont construits . la gestion à long terme des déchets nucléaires d e
Parallèlement aux développements de réacteurs , haute activité et à vie longue . Le concept initiale -
il est décidé de maîtriser la totalité du cycl e ment retenu par l ' Agence est de les stocker à grand e
du combustible, depuis l ' extraction du minera i profondeur dans des couches géologiques étanches
d ' uranium jusq u ' au recyclage du combustible us é (argile, sel, granite) . Rapidement, elle engage les
et à la gestion des déchets . premières études, mais sur les sites pour lesquels le s
Pour mettre en oeuvre cette industrie du combus- résultats des premiers forages s'annonçaient pro -
tible est créée, en 1976, la Compagnie générale de s metteurs, l ' Agence se heurte, vers la fin des année s
matières nucléaires, Cogema, issue du CEA . L a 1980, à une hostilité croissante des populations locales .
même année, Cogema met en service l'usine d e
traitement des combustibles usés UP2 à La Hague . Le gouvernement décrète alors, en 1989, un mora -
toire sur ces recherches et confie au déput é
Deux ans plus tard, Cogema démarre les première s Christian Bataille une mission parlementaire, qu i
unités de l' usine de séparation isotopique et d ' enri - aboutira au vote de la loi du 30 décembre 1991 .

11
partir d'un mélange d'oxydes d'uranium et d e Un assemblage d ' environ 500 kg de combustibl e
plutonium (combustible MOX) . Ces pastilles son t UOX usé(figure A .1), provenant aujourd ' hui d'u n
placées dans des tubes métalliques maintenus e n réacteur REP, contient en masse :
faisceau pour constituer un assemblage d e • 94 % d' uranium et 1% de plutonium, des élément s
combustible qui est introduit dans le réacteur . au fort potentiel énergétique (équivalant pour le s
L' irradiation en réacteur forme par réaction s réacteurs actuels à environ 10 000 tonnes de pétrole )
nucléaires une grande variété de radionucléide s qui ne sont pas considérés comme des déchets ;
au sein du combustible et dans les éléments métal - • d'autres radionucléides, qui représentent aujour-
liques structurant l'assemblage . On ne dénombr e d'hui les déchets de la production d'énergie .
pas moins de 300 radionucléides répartis selo n
une quarantaine d ' éléments chimiques de la clas- Une partie importante de ces radionucléides son t
sification périodique . des produits de fission à vie courte : la radioacti-
Parmi ces radionucléides, on distingue : vité et le dégagement de chaleur du combustibl e
• le plutonium ; usé pendant quelques dizaines d ' années après sor-
• les " produits de fission " qui proviennent majori- tie du réacteur leur sont essentiellement dus . L a
tairement de la scission en deux noyaux des noyau x période de décroissance radioactive de ces radio -
lourds, comme l ' uranium et le plutonium (c' est l a nucléides étant inférieure à trente ans, leur radio -
fission), mais aussi de l ' irradiation des impureté s activité décroît rapidement (elle est divisée pa r
contenues dans le combustible ; mille au bout de trois cents ans) ainsi que le déga-
• les " actinides mineurs " , notamment neptunium , gement de chaleur en résultant . Ce n ' est pas le ca s
américium et curium, qui se forment consécutive - des actinides mineurs (0,1 %) ou des produits de fis -
ment à la capture de neutrons par les noyaux lourds ; sion à vie longue (0,3 %) qui restent responsable s
• les "produits d'activation de structure" résultan t d'une radioactivité résiduelle, certes plus faible qu e
de l ' irradiation neutronique pendant le passag e celle des produits de fission à vie courte, pendan t
en réacteur des noyaux des atomes constituant le s plusieurs milliers, voire plusieurs millions d'années .
éléments métalliques des assemblages . Deux radionucléides (241 Am et 2O Pu) sont respon-
sables des dégagements thermiques à la suite de s
produits de fission ; ces dégagements thermiques per -
Assemblage de combustible us é
dureront environ un millier d 'années .

A.4 Les déchets radioactif s


relevant de la lo i
'-
Uranium
V
Plutonium
-
Radionucléide s
du 30 décembre 199 1
470 kg 5 kg 25 k g A .4-1 Classification et inventaire
(94%) (1%) (5% )
des déchets radioactifs
v v v
Recyclage Recyclage Déchets Les déchets radioactifs sont classés en différente s
catégories suivant leur niveau de radioactivité e t
Rejets gazeu x la période radioactive des radionucléides qu'il s
Gaz rares IKr, Ar . ..l Iode, tritium, 14 C , contiennent . Ils sont dits à vie longue lorsque leu r
Produits de fission, Produit s
Combustible usé d'activation d'impureté s
période dépasse trente ans, à vie courte dans le ca s
Produits Rejets liquide s contraire. La classification française comporte le s
catégories suivantes :
> Iode, tritium, 14 C ,
Produits de fission , • les déchets de très faible activité (TFA) ; ils contien-
Produits d'activatio n
d'impureté s nent une quantité très faible de radionucléide s
Produits d'activation (10 à 100 Bq/g) qui empêche de les considére r
Produits de fission, Produits de fission, Produits
de structure
Produits d'activatio n d'activation de structure , comme des déchets conventionnels ;
d'impuretés, U, Pu Actinides mineurs, Produits
d'activation d'impuretés, U, P u • les déchets de faible et moyenne activité à vi e
v V
courte (FMA-VC) ; le niveau de radioactivité d e
ces déchets se situe en général entre quelques cen -
taines et un million de Bq/g dont moins de di x
mille Bq/g de radionucléides à vie longue . Leur
radioactivité sera comparable à la radioactivité
Déchet s naturelle en moins de trois cents ans ;
• les déchets de faible activité à vie longue (FA -
Figure A.1 : matières radioactives contenues dans un assemblage de combustible usé . VL) ; cette catégorie est constituée des déchet s

14
Introductio n

A > Les matières radioactives contenues dans les combustibles usés


> Les déchets radioactifs relevant de la loi du 30 décembre 199 1

"radifères" provenant de l'extraction de terre s de la recherche, de la Défense, des autres indus -


rares dans des minerais radioactifs et des déchet s tries, de la médecine, etc .) ;
" graphites " provenant de la première génératio n • la libre déclaration du producteur, c ' est-à-dir e
de réacteurs ; que c'est le producteur ou le détenteur du déche t
• les déchets de moyenne activité à vie longu e qui le déclare à l'Andra, celle-ci faisant des recou-
(MA-VL), très divers, que ce soit par leur origin e pements avec d'autres informations disponibles e t
ou par leur nature . Principalement issus des struc- faisant appel, le cas échéant, à d'autres source s
tures de combustibles usés (coques et embouts) o u (administrations, associations, recoupements entr e
de l'exploitation et de la maintenance des installa - sources . . .), notamment pour des déchets histo-
tions, ils comprennent notamment : riques ou orphelins .
—des déchets conditionnés lors des opérations d e L' Inventaire national des déchets radioactifs et de s
traitement du combustible usé . Depuis 2002, le s matières valorisables [AND-04] présente une visio n
déchets de ce type sont compactés et représen- géographique du stock de déchets présents sur l e
tent environ 200 m3 par an ; territoire, un regroupement de ces déchets pa r
— des déchets technologiques provenant de l'exploi - familles, de manière à présenter des synthèses e t
tation ou de la maintenance courante des usine s des statistiques, ainsi q u ' une vision prospective de s
de production ou de traitement du combustible , déchets français en 2010, en 2020, et une envelopp e
des réacteurs nucléaires ou encore des centres d e des combustibles usés produits au-delà de 2020 pa r
recherche (environ 230 m 3 par an) ; le parc actuel . Il présente également une estima -
—des boues de traitement d ' effluents (moins d e tion du volume des déchets de démantèlement de s
100 m 3 par an) . installations existantes .
La plus grande partie de ces déchets dégage pe u
de chaleur ; certains d'entre eux sont susceptibles Pour les besoins des recherches correspondant au x
de relâcher des gaz ; orientations définies dans la loi du 30 décembr e
• les déchets de haute activité (HA), qui contien- 1991, 1 ' Andra, en collaboration avec les produc-
nent les produits de fission et les actinides mineur s teurs de déchets, a établi un Modèle d'inventair e
séparés lors du traitement des combustibles usé s de dimensionnement (MID) [LAG-021 .
et incorporés à chaud dans une matrice vitreuse .
Environ 120 m 3 de verre nucléaire sont coulé s A.4-2 Principes actuels de gestio n
chaque année . Ces déchets contiennent l'essentie l à long terme des déchets radioactif s
de la radioactivité et sont par conséquent le siège
d'un fort dégagement de chaleur qui demeure L'objectif de la gestion à long terme des déchet s
significatif à l ' échelle de plusieurs siècles . radioactifs est de protéger l'homme et son envi-
ronnement contre les effets des matières les consti -
Globalement, les déchets radioactifs conditionné s tuant et notamment contre les risques radiologiques .
en France représentent moins de 1 kg par an e t Il faut donc éviter toute émission ou dissémina-
par habitant . Ce kilogramme se répartit ainsi : tion de matières radioactives en isolant les déchet s
• plus de 90% de déchets FMA-VC, qui ne contien - de l ' environnement . Sommairement, cette gestio n
nent que 5 % de la radioactivité totale ; obéit aux principes suivants :
• pratiquement pas de déchets FA-VL ; • produire le moins possible de déchets ;
• 9% de déchets MA-VL ; • réduire autant que possible le caractère dange-
• moins de 1% de déchets HA . reux des déchets ;
• prendre en compte les spécificités de chaque caté -
Depuis 1991, l'Andra réalise annuellement un inven - gorie de déchets ;
taire géographique des déchets présents sur le • choisir des dispositions qui minimisent les charge s
territoire . En 2001, les pouvoirs publics ont demandé (de surveillance, de maintenance) pour les géné-
à l ' Andra de compléter cet exercice d ' inventaire rations futures .
géographique en l ' approfondissant dans le tripl e Comme pour l ' ensemble des activités nucléaire s
objectif de caractérisation des stocks existants (éta t soumises au contrôle de l'Autorité de sûret é
de leur conditionnement, traçabilité des traitements) , nucléaire, des règles fondamentales de sûret é
de prospective sur leur production et d'informatio n (RFS) ont été édictées pour la gestion des déchet s
du public . Cet inventaire, baptisé " Inventair e radioactifs : tri, réduction de volume, pouvoir d e
national " , est basé sur les principes suivants : confinement des colis, mode d'élaboration, concen-
• la recherche de l'exhaustivité : il couvre l'inven- tration en radionucléides . Notamment, la RF S
taire le plus large possible de déchets, tant du poin t III-2-f définit les conditions à remplir pour l a
de vue du niveau de radioactivité (des très faible - conception et la démonstration de sûreté d'u n
ment actifs -usccu ' aux déchets de haute activité) stockage souterrain et constitue donc un guid e
que de la provenance (déchets de l'électronucléaire, de base pour les études sur le stockage .

15

miner les modes de gestion à long terme les plu s


GESTION DES DÉCHETS À VIE LONGUE — appropriés pour maîtriser le risque présenté pa r
SITUATION INTERNATIONAL E
les déchets MA-VL et HA .
• Sur le plan international, les experts de l'AIEA e t Le tableau A .1 identifie les différentes catégorie s
de l'Agence de l'énergie nucléaire de l'OCDE , de déchets et indique, pour chacune d'elles, le s
comme ceux de la Commission européenne ,
conditions de leur gestion à long terme, telle qu e
constatent que les déchets à vie longue produit s
dans les pays dotés d'un programme électro - pratiquée aujourd ' hui en France .
nucléaire sont aujourd'hui entreposés de faço n
sûre .
• Toutefois, ils reconnaissent le besoin d'une solu - A.5 Objectifs et programme s
tion définitive de gestion à long terme de ce s
déchets . A leurs yeux NID-03], l'évacuation dan s des recherche s
des formations géologiques profondes sembl e
pour le moment être le moyen le plus sûr de stoc- Les ministères concernés, les organismes d e
ker de manière définitive les déchets nucléaire s recherche et les industriels du secteur ont concl u
à vie longue . en 1993 à la nécessité de préciser la stratégie e t
les programmes de recherche associés à la lo i
du 30 décembre 1991 et de présenter les résul-
Des solutions industrielles existent aujourd'hui pour : tats acquis au fur et à mesure de leur avance -
• les déchets TFA . Depuis 2003, ils sont stocké s ment . Cela est présenté en détail dans les édition s
dans un centre dédié, situé à Morvilliers dans l'Aube ; successives du document "Stratégie e t
• les déchets FMA-VC . Depuis plus de trente ans , Programmes des recherches " [MRN-04(, édit é
ces déchets sont stockés de façon définitive et e n chaque année sous l ' égide du ministère charg é
toute sécurité dans les centres industriels spécia- de la Recherche .
lisés de la Manche et de l'Aube . Pour coordonner les recherches menées dans l e
Une solution pour les déchets FA-VL est en cour s cadre de la loi du 30 décembre 1991, ce ministèr e
d'étude par l'Andra à la demande des producteur s a formé le Comité de suivi des recherches sur l 'ava l
de déchets . du cycle (Cosrac), où se retrouvent les représen-
Les déchets MA-VL et HA, qui contiennent de s tants des ministères de l ' Industrie et d e
radionucléides de période radioactive très longu e l'Environnement, l'Autorité de sûreté nucléaire ,
(parfois supérieure à plusieurs centaines d e l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire ,
milliers d'années), sont aujourd'hui conservé s les producteurs et les gestionnaires de déchets, le s
dans des installations d'entreposage placée s industriels et les organismes de recherche . Les pro -
sous le contrôle de l ' Autorité de sûreté nucléaire . positions d'orientation ou d'inflexion des recherche s
C'est leur devenir à long terme, au-delà de cett e ont été débattues régulièrement au Cosrac .
période d'entreposage, qui est l'objet de la loi d u Les principes généraux de la loi du 30 décembr e
30 décembre 1991 . 1991 ont permis de définir les objectifs de s
recherches :
Tout l'enjeu des recherches initiées par la loi d u • à production d ' électricité constante, diminue r
30 décembre 1991 est de fournir les éléments scien - autant que possible le volume et la radiotoxicité
tifiques et techniques qui permettront de déter - des déchets radioactifs à haute activité et à vi e

Vie court e Vie longu e


Période < 30 an s Période > 30 an s
pour les principaux éléments

Très faible activité Stockage dédié de Morvilliers (ouvert depuis 2003 )


(TFA) Capacité : 650000 m 3

Faible activité Stockage dédié à l'étud e


(FA ) pour les déchets radifère s
(volume : 100000 m 3 )
Centre de l'Aub e et graphite s
(ouvert depuis 1992 ) (volume : 14000 m 3 1
Capacité : 1 million de m 3
Moyenne activit é
Volume estimé MID : 78000 m 3
(MA)
----------------------------------------------------------- -
Haute activité Volume estimé MID : 7400 m3
(HA )
Tableau Al : catégories de déchets radioactifs et modes de gestion envisagés . La zone orangée indique le cham p
des recherches de la loi du 30 décembre 1991 .

16
Introductio n
A > Les déchets radioactifs relevant de la loi du 30 décembre 199 1
> Objectifs et programmes des recherches
> Le rôle du CEA, les collaborations, les moyens mis en oeuvr e

longue . Les processus industriels actuels devron t aussi au CEA d ' entreprendre l ' étude de l ' entre-
donc être optimisés et de nouvelles techniques mise s posage de longue durée en subsurface .
au point ; Ces recherches ont été principalement réalisées par
• proposer des modes de gestion adaptés à chaqu e les équipes du CEA . Un important partenariat a
type de déchets ; été mis en place avec le CNRS notamment su r
• évaluer la flexibilité et le degré de réversibilit é l'axe 1 ICNR-05] . Par ailleurs, le CEA et l'Andr a
des divers modes de gestion envisageables ; ont étroitement coopéré afin d'assurer la cohérenc e
• inventorier et proposer les critères permettan t technique la plus complète possible en matière d e
d ' apprécier et de comparer les modes de gestio n gestion des colis, de l ' entreposage au stockage . E n
préconisés ; outre, Cogema, EDF et Framatome-ANP ont lar-
*contribuer à l ' élaboration de scénarios globau x gement contribué aux travaux réalisés en mettan t
de gestion des déchets radioactifs combinant, d e leur expérience industrielle au service de la recherche .
façon complémentaire et cohérente, les résultat s Le CEA a décliné en questions opérationnelle s
des recherches conduites dans le cadre des troi s les objectifs associés aux axes 1 et 3 de la loi d e
axes prévus par la loi . 1991 et structuré les programmes de recherch e
La stratégie et les programmes des recherches on t selon ces questions :
été déterminés pour répondre à ces objectifs . • Quels éléments radioactifs à vie longue peut-o n
séparer ? A partir de quels déchets ? Et comment ?
• Que peut-on faire de ces éléments une fois séparés ?
A.6 Le rôle du CEA , • Quels éléments séparés sont-ils transmutable s
les collaborations , en éléments stables ou à vie courte ? Et comment ?
• Quelles seraient les caractéristiques des déchet s
les moyens mis en oeuvre à long terme résultant de ces traitements ?
Le pilotage des axes 1, séparation-transmutation , • Existe-t-il un procédé de conditionnemen t
et 3, conditionnement et entreposage de longue permettant de réduire le volume des déchets ?
durée en surface, a été confié au CEA en 1995 . • Quel est le niveau de résistance de ces condition-
Trois ans plus tard, le gouvernement demande nements aux agressions subies au cours du temps ?

PARTENARIATS EN FRANCE ET COLLABORATIONS INTERNATIONALE S


• Sur l'axe 1, un partenariat important a été développé avec le CNRS . Cela s'est traduit par la créatio n
de groupements de recherche coordonnés dans le cadre du programme sur l'aval du cycle électronucléair e
(PACE) du CNRS . Ces groupements, qui rassemblent de nombreux partenaires, dont les industriels d u
secteur nucléaire, sont :
- Practis, puis Paris pour la séparation ;
- Gedeon, puis Gedepeon sur la transmutation et ses scénarios ;
- Nomade pour le conditionnement spécifique des éléments séparés et les cibles pour la transmutation .
• Dans le cadre des recherches sur les axes 2 et 3, l'Andra et le CEA ont travaillé en étroite collaboratio n
afin d'étudier le comportement des colis en situation de stockage et de garantir la compatibilit é
la plus efficace possible entre les stratégies d'entreposage apte à la longue durée et de stockag e
pour les colis de déchets à l'étude .
• Pour assurer la coordination entre les axes et permettre les échanges scientifiques et techniques néces -
saires, des comités techniques thématiques ont été mis en place dans le cadre de l'accord
de partenariat stratégique entre l'Andra et le CEA .
• Pour cette même raison, les industriels, essentiellement Cogema, EDF et Framatome-ANP, partenaire s
traditionnels du CEA dans le cadre des accords de recherche existants, ont également été des acteur s
importants . Ils ont permis d'enrichir les études de leur savoir-faire, notamment en matière de gestio n
de colis primaires de déchets, et de leur retour d'expérience en ce qui concerne les entrepôts existants .
Sur le plan international, une collaboration s'est engagée, d'une part, avec le Japon (JAERI, JNC )
qui poursuit des objectifs proches des nôtres et, d'autre part, avec les instituts russes sur la séparatio n
et les expérimentations de transmutation (dans le réacteur rapide BOR 60 notamment) . Les recherche s
sur la transmutation se sont enrichies de collaborations expérimentales auprès du réacteur HF R
à Petten, aux Pays-Bas . L'Institut des transuraniens (ITU) à Karlsruhe, en Allemagne, a contribu é
aux travaux sur les actinides . Des collaborations plus récentes avec les Etats-Unis (notammen t
avec les laboratoires de recherches dépendant du Département à l'Énergie) portent sur la séparatio n
et les irradiations de combustible, et plus récemment sur les cycles, dans le cadre du développemen t
des systèmes nucléaires du futur .
• D'importantes collaborations, menées dans le cadre des programmes-cadres européens de recherch e
et développement (PCRD) successifs, ont porté sur la séparation par voie aqueuse ou voie sèche, la trans -
mutation et le comportement à long terme des colis de déchets .

17

• Faut-il protéger ces conditionnements en le s pour les aménager afin de mener à bien certaine s
plaçant dans des conteneurs ? Et si oui, dans quel s expérimentations .
types de conteneurs ? Ainsi, cette période de treize ans était nécessaire
• L'entreposage est-il une solution viable ? Su r compte tenu de la diversité et de la difficulté de s
quelle durée ? travaux à entreprendre .
• Quels scénarios de gestion des déchets peut-o n De plus, il a été créé à Marcoule, en 2002, le Centr e
proposer ? Comment les évaluer ? d'expertise sur le conditionnement et l'entre-
Pour instruire ces différentes questions, le CE A posage des matières radioactives (voir encadré)
a mobilisé d'importants moyens humains, tech - qui a pour objectif de :
niques et financiers, et a également mis en plac e • regrouper et mettre à disposition des utilisa-
de nouvelles coopérations avec les acteurs natio- teurs, des régulateurs et des décideurs, les compé -
naux (universités, grandes écoles . . .), européen s tences et les moyens du CEA dans le domain e
et internationaux . Depuis 1992, plusieurs cen- de la recherche et du développement pour l a
taines de personnes ont travaillé dans des domaine s gestion des matières radioactives ;
très variés sur les trois axes de la loi de 1991 . • offrir une plate-forme d'essais et de dévelop-
pements scientifiques et technologiques pou r
Dans les recherches sur l ' axe 1, certains aspect s mettre au point et qualifier des solutions concrète s
présentaient de vrais défis scientifiques . Avan t pour la gestion des matières radioactives ;
de pouvoir séparer des atomes radioactifs au x • contribuer, au travers d'une exposition perma-
propriétés chimiques très voisines, il a fallu créer , nente, à renforcer les connaissances du public, des
fabriquer et expérimenter plus d'une centain e élus et des associations dans ce domaine d'activité .
de molécules d'extraction, un travail qui, à lu i Le Cecer a pour vocation d'aborder la questio n
seul, représente plus de deux années d'efforts . de la gestion des déchets dans son ensemble ,
Pour les expériences de transmutation, telles qu e depuis le déchet brut jusqu'au colis et aux instal-
celles réalisées dans le réacteur Phénix A Marcoule , lations d ' entreposage, et est à même d ' apporte r
il faut plus de cinq ans entre le moment où l'o n une approche intégrée des problèmes de déchet s
conçoit l'expérience et l'obtention des premier s et de leur impact sur l'environnement notam-
résultats expérimentaux . ment grâce aux études sur le comportement à
long terme des colis de déchets en conditions d e
Pour ce qui est des recherches engagées dans l e stockage .
cadre de l'axe 3, il a fallu progresser tout à la foi s
dans la connaissance des différents domaines d u Des moyens financiers significatifs ont été mobi -
conditionnement, du comportement à long term e lisés par tous les acteurs sur la période de recherche
des colis de déchets et de l'entreposage de longu e couverte par la loi du 30 décembre 1991 .
durée . Ces études nécessitent, notamment pour l a Les dépenses réalisées sur les axes 1 et 3 cumu-
connaissance du comportement des colis dans l a lées sur cette période sont reportées dans le tablea u
durée, des essais qui se déroulent sur des période s A .2 : il importe de noter que ces montants cor -
de plusieurs années . Nombre de ces essais n'on t respondent à des budgets d'exécution . Le finan-
pu être commencés qu ' après la mise en oeuvre cement de la recherche par les industriels es t
d'installations conçues à cet effet, à l'intérieu r largement supérieur à ces valeurs, une partie d e
d'Atalante à Marcoule ou de Chicade à Cadarache . ce financement étant incluse dans les budget s
Le réacteur Phénix, les installations Atalante e t d ' exécution du CEA et du CNRS via des accord s
Chicade ont fait l'objet d'investissements lourds de coopération .

Axe 1 Axe 3

Acteurs dépenses (M€) Acteurs dépenses (M€ )

CEA 795,5 CEA 657, 8


CNRS 66,1 CNRS 27,0
Cogema 21,0 Cogema 10, 2
EDF 17,0 EDF 25, 3
Framatome-ANP 7,5 Framatome-ANP 3, 3
Total Axe 1 907,1 Total Axe 3 723,6

Tableau A .2 : dépenses réalisées cumulées de début 1992 à fin 2005 .

18
Introductio n

A > Le rôle du CEA, les collaborations, les moyens mis en oeuvr e

CENTRE D'EXPERTISE SUR LE CONDITIONNEMENT ET L'ENTREPOSAG E


DES MATIÈRES RADIOACTIVE S
Créé à Marcoule en novembre 2002, le Centr e
d'expertise sur le conditionnement et l'entrepo-
sage des matières radioactives ICecer) s'inscrit
dans la continuité des études menées dans le cadr e
de la loi du 30 décembre 1991 .

Sa mission est triple :


• L'expertise : elle s'appuie sur les compétence s
et les moyens de recherche du CEA sur la gestio n
des matières radioactives, les procédés de traite -
ment et de conditionnement des déchets, l'étud e
et la qualification de conteneurs, le comportemen t
à long terme des colis de déchets, la conceptio n
et la sûreté d'installations d'entreposage de longu e
durée .

• La démonstration technologique : elle s'appuie ,


d'un côté, sur les installations de R&D déjà pré -
sentes sur Marcoule (en particulier le laboratoir e Pilote de creuset froid pour l'amélioratio n
chaud d'Atalante pour l'étude des déchets de haut e du procédé de vitrification .
activité et l'installation pour le développement de s
procédés d'incinération, de conditionnement et d e
vitrification) et, de l'autre côté, sur des moyens d e
développement technologique : plate-forme HER A
et galerie de démonstration d'entreposage de sub -
surface .

Galerie .

Démonstrateurs de conteneurs .

• L'information du public : Le Cecer participe au Centre d'information et de culture scientifique qui es t


destiné à répondre aux interrogations légitimes des populations sur les déchets nucléaires et à leu r
faire " toucher du doigt" les grands enjeux de cette question . Il doit aider à l'acceptabilité du nucléair e
et des décisions de 2006 .

Bâtiment d'accuei l
du public .

19
Les recherche s
de l'axe 1 /
Les recherches de t'axe 1

B > Sommair e

• B .1 Objectif et stratégie des recherches de l'axe 1 22


B .1-1 Inventaire radiotoxique présent dans le combustible usé 22
B .1-2 Stratégie de séparation-transmutation ,
adaptée à l'inventaire radiotoxique du combustible usé 24
B .1-3 Enjeu des recherches de l'axe 1 24

• B.2 Programme des recherches de l'axe 1 26


B .2-1 Reprise des déchets existants 26
B .2-2 Séparation des radioéléments contenus dans le combustible usé 26
B .2-3 Transmutation des radioéléments 27
B .2-4 Études de scénarios 27

• B .3 Organisation du rapport 27

21
déchets de haute activité, empêche leur gestio n
BI Objectif et stratégi e commune avec les techniques de l ' axe 1 . Dan s
des recherches de l'axe 1 un premier temps, une approche élément pa r
Cc sont les radionucléides à vie longue conte - élément s ' avère donc nécessaire, ce qui néces-
nus dans les assemblages de combustibles usé s site d'identifier au préalable ceux pour lesquel s
qui sont responsables de la persistance de l a la stratégie de séparation-transmutation doi t
radioactivité pendant plusieurs milliers, voir e s ' appliquer en priorité .
plusieurs millions d ' années . L' axe 1 de la loi d e
1991 demande de mener la recherche de solu- B .1-1 Inventaire radiotoxiqu e
tions permettant la séparation et la transmuta - présent dans le combustible us é
tion de ces éléments radioactifs à vie longu e
présents dans les déchets . Ce chapitre s ' attach e Les radionucléides contenus dans les déchet s
à définir quels sont ces radionucléides et que l radioactifs à haute activité émettent des rayon-
est l ' intérêt d ' une stratégie de séparation-trans - nements de nature variée (alpha, bêta et gamma )
mutation les concernant . qui engendrent différents effets biologiques su r
l'organisme humain . La mesure de la dangero-
Le tableau B .1 fournit la liste et les quantités de s sité des déchets radioactifs fait donc appel à un e
radionucléides à vie longue présents dans u n notion permettant de comptabiliser la contribu-
combustible usé UOX (enrichi à 4,95 % en ura - tion de chaque radionucléide à ces effets sur l'or -
nium 235), déchargé à un taux de combustio n ganisme humain : l ' inventaire radiotoxique .
de 60 GW j/t (la quantité du radionucléide, expri -
mée en grammes par tonne d ' uranium initial , La radioactivité est la propriété que possèden t
et sa teneur isotopique sont données après un e certains éléments d ' émettre spontanément de s
durée de cinq ans (le refroidissement suivant l e rayonnements lors de leur désintégration ; ell e
déchargement du combustible) . Seuls sont men - est mesurée par l ' activité qui décrit la dynamiqu e
tionnés les principaux radionucléides dont l a de désintégration d'un radionucléide et s'ex-
quantité est supérieure ou égale à 2 g par tonn e prime en becquerels, nombre de noyaux se désin -
d'uranium initial . tégrant par seconde . L' évolution de l a
radiotoxicité des actinides mineurs est présen-
Un nombre limité de produits de fission pos- tée sur la figure B .1 . L' américium est le princi-
sède un radionucléide à vie longue . Les actinide s pal contributeur . Le niveau de radiotoxicité ,
mineurs ont, pour leur part, au moins un iso- exprimé en sieverts (Sv), des rayonnements émi s
tope à vie longue . par un radionucléide (inhalé ou ingéré) s ' obtien t
La diversité des propriétés des actinides mineur s en multipliant son activité propre par un fac-
et des produits de fission à vie longue, qui repré - teur de dose . Les facteurs de dose, établis par l a
sentent seulement le dixième de la masse des Commission internationale de protection radio -

Nature Radionucléides Périod e Quantit é Teneu r


(an) (g par tonn e isotopiqu e
d'uranium initial) (% )

Actinides Neptunium 237 ( 237 Np) 2 1 40 000 916 10 0


mineurs Américium 241 ( 241 Am) 432 490 62, 4
Américium 243 ( 243Am) 7 380 294 37, 4
Curium 245 ( 245 Cm) 8 530 11 8

Produits Sélénium 79 ( 79 Se) 1 100 000 8 8


de fission Zirconium 93 ("Zr) 1 500 000 1 250 24
Technétium 99 ( 99Tc) 210 000 1 410 10 0
Iode 129 ( 129 1) 15 000 000 308 82
Césium 135 (' 35 Cs( 2 300 000 769 17

Produit s Chlore 36 ( 36 C1) 301 000 2 8


d'activatio n
des impuretés

Produits Zirconium 93 ( 93 Zr) 1 500 000 81 0,0 4


d'activatio n Niobium 94 ( 94 Nb) 20300 2 0,4
de structure

Tableau B .1 : caractéristiques des radionucléides à vie longue d'un assemblage de combustible usé décharg é
à 60 GWj/t .

22

Les recherches de l'axe 1


> Objectif et stratégie des recherches de l' axe 1

Uranium minier pou r


le combustible initia l

1000 1000 0 10000 0 1 000 00 0

Temps (années)

Figure B .1 : évolution de l'inventaire radiotoxique des actinides mineurs présents dans une tonne de combustible usé U0 X
déchargé à 60 GWj/t .

100000000 0

10000000 0

10 000 00 0

1 000 00 0
Combustible usé

Plutoniu m
100 00 0
Actinides mineurs

10 00 0 4. Uraniu m

. ~ . Produits de fissio n
1 000
▪ Césiu m

Technétium

— Iod e
Produits d'activatio n
t des structures
1 000 1000 0 100000 1 000 000

Temps (années)

Figure B .2 : évolution de l'inventaire radiotoxique, exprimé en sieverts par tonne de métal lourd (uraniuml initial (Sv/tMLi )
d'un combustible usé U0X déchargé à 60 GWj/t .

23
logique (CIPR), dépendent de la nature et d e Une fois le plutonium séparé, les actinide s
l'énergie du rayonnement des radionucléides , mineurs, l ' américium tout d ' abord puis l e
de leur action sur le métabolisme de l ' organism e curium et le neptunium, présentent la contri-
une fois ingérés ou inhalés et de la radiosensi- bution la plus significative à l ' inventaire radio -
bilité des tissus . toxique du combustible usé (figure B .2) . Il s
Le scénario d ' ingestion (ou d ' inhalation) consi - apparaissent donc comme les radioélément s
dère que les éléments radioactifs sont potentiel - q u ' il est indispensable de gérer en priorité pa r
lement libres et disponibles . Il faut souligne r séparation-transmutation pour réduire utile -
qu'un tel scénario a une probabilité très faibl e ment et efficacement l'inventaire radiotoxiqu e
de se produire compte tenu des différentes bar- des déchets à long terme . De ce fait, ils sont a u
rières mises en place dans les filières de gestion : coeur des recherches menées dans le cadre d e
déchet vitrifié, conteneur, barrière géologique . l ' axe 1 .
L'inventaire radiotoxique correspond à l'addi- Les produits de fission et d ' activation à vi e
tion des valeurs de toxicité de l ' ensemble de s longue les plus abondants dans le combustibl e
nucléides contenus dans le combustible usé . usé sont : technétium, zirconium, césium et iode .
L' évolution sur un million d ' années de l ' inven- Le zirconium n ' a pas été pris en compte, car i l
taire radiotoxique d ' une tonne de combustibl e ne se trouve pas dans la solution issue du trai-
usé U0X déchargé à 60 GW j/t est indiquée su r tement du combustible usé ; en effet il se trouv e
la figure B .2 . Les contributions de l ' uranium , majoritairement dans les insolubles de dissolu -
du plutonium, des actinides mineurs, de l ' iode , tion et dans les structures métalliques accom-
(lu césium, du technétium et de l ' ensemble de s pagnant le combustible .
produits de fission ont été reportées sur cett e Le chlore 36, également mentionné comm e
même figure, ainsi que la radiotoxicité des pro - potentiellement mobile, est présent dans le com-
duits d ' activation des structures . bustible usé en quantité plus de mille fois infé -
L'inventaire radiotoxique du combustible décroît rieure à celle des produits de fission, césium e t
au cours du temps puisque son activité diminu e technétium . Il n ' a pas été pris en compte dan s
par décroissance naturelle . La radiotoxicité de s les études de séparation-transmutation .
structures métalliques de l'assemblage (produits Au-delà de la première centaine d'années, le s
d'activation des structures) est, très rapidemen t produits de fission même les plus abondants ,
par comparaison aux autres contributions, cen t ne contribuent plus que marginalement à l a
mille fois plus faible que celle du combustible usé . radiotoxicité du combustible usé .
Le niveau de radiotoxicité du combustible us é Des études de modélisation du stockage géolo -
provient essentiellement : gique ont mis en évidence q u ' avant les actinide s
• du césium 137, du strontium 90 et du pluto- mineurs, les premiers radionucléides à rejoindr e
nium jusqu ' à deux cents ans après décharge - la biosphère après plusieurs centaines de mil-
ment du réacteur ; liers d'années sont les produits de fission, notam -
• du plutonium et des actinides mineurs (prin- ment l ' iode 129, le césium 135 et le technétiu m
cipalement l ' américium) au-delà et jusq u ' à cen t 99 : cela est dû aux propriétés physiques et chi -
mille ans ; miques particulières qu ' ils présentent, telle s
• de l ' uranium, du plutonium et des actinide s q u ' une grande solubilité dans l ' eau [CEA-03I .
mineurs (principalement l ' américium et le nep- Bien que l'impact potentiel calculé de ces élé-
tunium) à très long terme . ments sur la biosphère soit très en dessous d e
la limite réglementaire de dose, ces produits d e
B .1-2 Stratégie de séparation - fission ont néanmoins été considérés dans un e
transmutation, adaptée à [inven- stratégie de séparation-transmutation .
taire radiotoxique du combustibl e Sur la base des remarques précédentes, les si x
usé radionucléides suivants ont donc été retenu s
comme éléments d'intérêt des recherches d e
Le plutonium apparaît comme le contributeu r l ' axe 1 : américium, curium, neptunium, iode ,
principal à l ' inventaire radiotoxique du com- césium et technétium .
bustible usé . La mise en place d ' une stratégi e Une démarche en deux étapes, comparable dan s
de séparation-transmutation des radionucléide s son principe à celle mise en oeuvre actuellemen t
à vie longue implique qu ' une stratégie de ges- pour gérer l ' uranium et le plutonium des com-
tion du plutonium soit mise en oeuvre au préa - bustibles usés, a été proposée et étudiée pou r
lable : le recyclage du plutonium en réacteur es t réduire significativement la toxicité des déchets :
en fait la première étape à franchir pour que l a • extraction, du reste des radionucléides, d e
séparation-transmutation des autres élément s chacun des six éléments précités ; c'est l'étap e
contribuant à la toxicité des déchets ait un sens . de séparation poussée ;

24
Les recherches de l'axe 1

B > Objectif et stratégie des recherches de l' axe 1

Temps (années )

Figure B .3 : évolution de l'inventaire radiotoxique exprimé en sieverts par tonne d'uranium métal initial (Sv/tMLil des déchet s
issus du traitement à cinq ans d'un combustible usé U0X déchargé à 60 GW j/t .

• élimination de ces derniers en transforman t radiotoxique de ces différents déchets est repré -
les noyaux de leurs atomes en noyaux non radio - sentée sur la figure B .3 . Celle de l'inventair e
actifs ou à vie plus courte ; c'est l'étape de trans - radiotoxique d ' un combustible usé, s ' il n ' étai t
mutation . pas traité, est également reportée .
Il ressort de ces courbes trois constats :
B .1-3 Enjeu des recherches • l'extraction de l'uranium et du plutoniu m
de l'axe 1 comme réalisée aujourd'hui réduit la radiotoxi -
cité des déchets de haute activité, d'un facteu r
Depuis plusieurs décennies, les usines d e trois à cent ans, d'un facteur dix à cinq cents
La Hague séparent l ' uranium et le plutoniu m ans ;
du combustible usé . Les déchets de haute acti- • la presque totalité de l'inventaire radiotoxiqu e
vité sont vitrifiés dans les colis CSD-V, eux - du combustible usé se trouve dans le verre, le s
mêmes entreposés dans l'attente d'une destination déchets de moyenne activité contribuant très fai -
finale . Des déchets MA-VL résultent égalemen t blement à cet inventaire ;
des opérations de traitement du combustible usé . • la séparation des actinides mineurs améliore -
Pour mieux évaluer l ' enjeu des recherches d e rait encore davantage le bilan radiotoxique de s
l ' axe 1, examinons l ' inventaire radiotoxique de s verres, ce qui faciliterait la gestion des colis d e
différents déchets provenant du traitement d u ces déchets moins dangereux dans le temps .
combustible usé, en considérant :
• le déchet vitrifié, tel que produit à l ' issue d u Dans cette approche, on fait l ' hypothèse qu e
traitement actuel du combustible usé ; les techniques de séparation des actinides mineur s
• les déchets de moyenne activité générés par c e atteindraient un niveau de performance com-
traitement ; parable à celui atteint aujour d ' hui pour la sépa-
• le déchet vitrifié tel qu ' il pourrait être, san s ration de l'uranium et du plutonium, n e
actinides mineurs . modifiant ainsi en rien la faible contribution de s
L' évolution au cours du temps de l'inventaire déchets MA-VL au bilan radiotoxique .

25
En première approximation, la comparaiso n En outre, la réduction de l'inventaire radio -
entre les courbes du verre actuel et du verr e toxique conduit à une diminution de la puis-
exempt d'actinides mineurs établit donc direc- sance thermique des déchets, qui pourrai t
tement le gain, en terme d'inventaire radio - permettre de réduire le volume du stockage d e
toxique, apporté par une stratégie de gestio n façon plus ou moins importante selon le concep t
conforme aux orientations de l'axe 1 . Pour illus - de stockage retenu .
trer ce gain en radiotoxicité, on a reporté sur l a
même figure B .3 le niveau de radiotoxicité d e Une évaluation plus détaillée est fournie dan s
l'uranium initial (et de ses descendants radioac - ce document au chapitre présentant les résultat s
tifs à l'équilibre) extrait de la mine et nécessair e des études de scénario de séparation-transmu -
pour la production électrique générant le s tation (cf chapitre E) .
déchets . La radiotoxicité de l'uranium minie r
initial est utilisée ici uniquement comme un indi -
cateur permettant de comparer les inventaire s B .2 Programm e
radiotoxiques à long terme ; l ' approche consi- des recherches de l'axe 1
dérée ne porte que sur la dose susceptible d'êtr e
reçue alors qu ' en pratique d ' autres facteurs inter - Les recherches ont été conduites de façon à dis -
viennent (concentration des radionucléides , poser, au terme de la loi du 30 décembre 1991 ,
formes chimiques, modes d'incorporation . . .) . d ' éléments de faisabilité pour les différentes opé -
La radiotoxicité du combustible usé rejoint cell e rations associées à la séparation et à la transmu-
de l'uranium utilisé au bout de deux cent mill e tation des actinides mineurs et des produits d e
ans, celle du verre actuel exempt d'uranium e t fission à vie longue .
de plutonium au bout de dix mille ans et cell e
du verre qui serait exempt d'uranium, de plu- En outre, notamment pour répondre à l a
tonium et d'actinides mineurs en quelques cen - demande de la Commission nationale d ' évalua -
taines d'années seulement . tion, un programme de développement de nou -
L'analyse sommaire présentée ici met donc bie n velles matrices de conditionnement pour de s
en lumière les avantages qui découleraient d'un e éléments séparés qui, ne pouvant être transmu -
stratégie de séparation-transmutation des élé- tés, seraient entreposés, puis envoyés au stoc-
ments à vie longue contenus dans les déchets d e kage géologique, a été mis en place . Le conten u
haute activité . Cette analyse, volontairemen t et les résultats de ce programme sont détaillé s
simplificatrice, omet de tenir compte de la varia - dans le rapport de synthèse sur les études d e
tion de la composition des déchets qu'induirai t l ' axe 3 [CEA-05c], dans le chapitre " Matrices d e
la mise en oeuvre de cette stratégie par multire - conditionnement dédiées aux éléments séparés" .
cyclage et qui dépend des choix technologique s
retenus pour réaliser les étapes de séparation e t B .2-1 Reprise des déchets existant s
de transmutation .
En France, le traitement-recyclage du combus-
tible usé est mis en oeuvre depuis plusieurs décen -
nies : de nombreux colis de déchets, HA o u
MA-VL, résultant de cette opération de traite -
ment ont déjà été fabriqués . Une analyse a don c
été menée afin de déterminer s'il est technique -
ment et économiquement envisageable de mettre
en oeuvre des solutions de traitement spécifique s
permettant d'extraire de ces colis les élément s
les plus radioactifs pour diminuer leur durée d e
vie ou leur radiotoxicité .

Pour les déchets MA-VL, qui résultent princi-


palement du traitement des combustible s
nucléaires usés et, pour une moindre part, d e
l ' activité d ' autres utilisateurs de radionucléides ,
notamment la recherche, cette analyse a conclu
qu ' un tel traitement n ' était pas pertinent . E n
effet, les radionucléides à vie longue étant for -
Télémanipulation d'une aiguille de combustible irradié dans un caisson à l'installatio n tement dilués au sein de ces déchets, leur sépa -
Atalante, à Marcoule . ration ne conduirait qu'à un gain faible quan t

26
Les recherches de l'axe 1

B > Objectif et stratégie des recherches de l 'axe 1


> Programme des recherches de l'axe 1

Montage pour essais Sanex dans Atalante .

à leur radiotoxicité à long terme tout en étan t des rejets liquides, tout en visant une améliora -
techniquement difficile et économiquemen t tion des propriétés de confinement des colis cor -
irréaliste compte tenu des volumes qu'il faudrai t respondants . Ses résultats sont présentés dans l e
traiter . rapport sur les études de l ' axe 3, au chapitr e
"Réduction de l'activité des rejets liquides e t
Les déchets de haute activité provenant du trai- du volume des déchets MA-VL des usines d e
tement des combustibles usés sont immobilisé s La Hague (programme Puretex) " .
dans une matrice vitreuse stable, formant ains i Dans la continuité du traitement actuel de s
des colis de déchets vitrifiés . Afin de mainteni r combustibles, le programme Actinex de recherch e
confinés sur de longues périodes les déchets HA , en séparation s ' est particulièrement concentré
cette matrice vitreuse possède des caractéris- sur les procédés hydrométallurgiques pour les -
tiques physico-chimiques exceptionnelles de sta - quels on dispose d'un retour d'expérience indus -
bilité sous irradiation et de résistance à l a trielle de plusieurs dizaines d'années avec l e
dissolution . Il en résulte que la reprise des déchets procédé Purex mis en oeuvre à l'usine de L a
vitrifiés nécessiterait la mise en oeuvre d'opéra - Hague . Dans ce contexte, la séparation poussé e
tions complexes . Seule, une évaluation des dif- a été envisagée comme une opération complé-
ficultés techniques posées par ces opérations d e mentaire au traitement actuel des combustible s
reprise a été menée . usés qui serait mise en oeuvre à partir de la solu-
tion, destinée aujour d ' hui à la vitrification, qu i
B .2-2 Séparatio n renferme les éléments de haute activité .
des radioéléments contenu s
dans le combustible us é Le procédé Purex actuel sépare les éléments ura -
nium et plutonium et possède des potentialité s
Les recherches sur la séparation ont été menée s de séparation des radionucléides aux degré s
très activement depuis 1991 dans le cadre de s d 'oxydation pairs . Compte tenu des propriété s
programmes Puretex et Actinex . chimiques très diverses des éléments à séparer,
Le programme Puretex a concerné les applica- les programmes de recherche ont été bâtis pou r
tions réalisables à court terme dans les usine s concevoir des modes de séparation individuell e
existantes en utilisant des technologies et pro - des éléments . La séparation de certains de ce s
cédés déjà maîtrisés pour la réduction du volum e éléments a nécessité la mise au point d'extrac-
des déchets de moyenne activité et de l'activité tants spécifiques .

27
Rapport Axe 2 Rapport Axe 3
Conditionnement et entreposag e
Stockage géologique;
de longue duré e

Déchets d u Déchets vitrifié s Conditionnemen t


traitemen t allégé s spécifiqu e

Combustible s Traitemen t Séparation de s Entreposage de s


usés des combustibles chapitre C
éléments à vie longu e éléments séparé s

chapitre C

Transmutatio n • chapitre D

Scénari o
de séparation - • chapitre E
transmutation

Figure B .4 : synoptique reliant les étapes techniques attachées à l'axe 1 et les différents chapitres du rapport .

Des procédés pyrochimiques, plus prospectifs , nique de la transmutation en précisant les condi-
ont aussi été évalués dans le cadre des recherche s tions technologiques (réacteurs existants ou inno -
de l ' axe 1, en s ' appuyant notamment sur les expé - vants) dans lesquelles elle pourrait êtr e
riences internationales dans le domaine par l e concrètement réalisée et en évaluant le gain net
moyen de collaborations avec les États-Unis, l e obtenu au niveau du bilan radiotoxique .
Japon et la Russie . Pour ces études ont été considérés :
La mise en oeuvre industrielle de la transmuta - • comme réacteurs existants, les réacteurs d u
tion des actinides mineurs ne pourra probable - parc actuel et à venir (type REP) et les réacteur s
ment pas intervenir avant au mieux 2035, alor s à neutrons rapides au sodium (type RNR), don t
que leur séparation poussée à une échelle signi- la technologie est à ce jour maîtrisée ;
ficative est envisageable à l' horizon 2020 . Dan s • comme systèmes innovants, les système s
cette logique, il est apparu nécessaire d'étudier nucléaires à neutrons rapides développés dan s
la conception d'entrepôts destinés A. accueilli r le cadre de l ' initiative international e
les actinides mineurs séparés pendant une périod e " Génération IV " pour la production d ' énergi e
de quelques dizaines d'années . à l ' horizon 2035, les systèmes dédiés à la trans -
mutation (système hybride constitué d'un coeu r
B .2-3 Transmutatio n sous-critique couplé à un accélérateur) qui son t
des radioélément s notamment étudiés dans le cadre des pro-
grammes-cadres financés par la Commissio n
La démonstration scientifique de la faisabilit é européenne .
de la transmutation par irradiation neutroniqu e
(capture neutronique et réaction de fission) d'u n Différents modes de recyclage des éléments sépa -
certain nombre de radioéléments était acquis e rés, qui peuvent être dilués dans le combustibl e
dès avant la loi de 1991 . Elle s ' appuyait su r nucléaire (recyclage homogène) ou concentré s
l'excellent potentiel des spectres de neutron s dans des cibles spécifiques (recyclage hétéro -
rapides à cet égard . gène), ont été également pris en compte .
Les recherches ont porté notamment sur :
L'objectif des recherches a été d'apporter de s • les connaissances fondamentales et la simula -
informations pour éclairer la faisabilité tech - tion : acquisition de données nucléaires de base ,

28
Les recherches de l'axe 1
> Programme des recherches de l'axe 1
> Organisation du rapport

étude neutronique de divers coeurs de réacteurs ; • les chapitres D .1 à D .7 concernent les résul-
• la tenue des matériaux constitutifs des com- tats des études sur la transmutation et aborden t
bustibles et des composants technologiques nou- plus particulièrement :
veaux, en s ' appuyant sur des expérience s —les filières de transmutation (cf chapitre D.4) ;
d'irradiation en réacteur ; —la fabrication des combustibles et cibles e t
• les aspects technologiques relatifs aux système s les expériences de transmutation (cf chapitre
hybrides (ADS) exclusivement dédiés à la trans - D .5) ;
mutation . —dans les chapitres D .6 et D .7, respectivemen t
l'évaluation des résultats des recherches sur l a
Par ailleurs, le développement durable de l'éner - transmutation et les perspectives futures e n
gie nucléaire nécessite d ' examiner non seule - liaison avec le développement durable de l'éner -
ment la situation à court et moyen terme mai s gie nucléaire ;
aussi celle, plus prospective, qui pourrait êtr e • enfin, le chapitre E traite des scénarios de sépa -
envisageable à plus long terme, à l'horizon d'u n ration-transmutation envisageables à des hori-
siècle . Dans cette perspective, l'intérêt du cycl e zons temporels rendant possible le recours à de s
thorium-uranium qui nécessiterait des change- réacteurs de type nouveau, notamment ceu x
ments lourds dans la structure industriell e dotés d'un coeur à neutrons rapides fonction-
nucléaire existante a été évalué . nant en mode critique ou sous-critique .

B .2-4 Études de scénario s

Des études de scénarios de parc nucléaire, inté-


grant les aspects de fabrication et de traitemen t
de combustible, ont également été menées pou r
évaluer la faisabilité de certaines options et déter -
miner leur impact en termes de gain environne -
mental et de conséquences technico- économiques .
Ces études ont permis de préciser les évolution s
technologiques à apporter à l ' outil industriel e n
accord avec le scénario de gestion considéré .

B .3 Organisation du rapport
L' organisation du rapport est représentée schéma -
tiquement sur la figure B .4 . Les résultats de s
recherches sur l'axe 1 sont détaillés successive -
ment de la façon suivante :

• les chapitres C .1 à C .12 concernent les résul-


tats relatifs à la séparation poussée des combus-
tibles usés et décrivent :
—le procédé Purex de traitement actuel de s
combustibles usés (cf chapitre C.2) ;
—la reprise éventuelle des colis de déchets exis-
tants (cf chapitre C .3) ;
—les résultats de la séparation poussée par voi e
aqueuse des actinides mineurs et des produit s
de fission à vie longue (cf chapitres C .4à C .8) ;
—les résultats des évaluations sur l'entreposag e
intermédiaire des actinides mineurs séparé s
(cf chapitre C . 9) ;
—les résultats sur le procédé avancé de sépara -
tion par pyrochimie (cf chapitre C .10) ;
—dans les chapitres C .11 et C .12, respectivemen t
l'évaluation des résultats des recherches sur l a
Sépasadon poussée et les perspectives futures ;

29
Les résultat s
des recherche s
sur la séparatio n
poussée /
Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Sommaire

• C.1 Introduction : objectifs des programmes Puretex et Actine x 32

• C .2 Procédé Purex actuel 33

C .3 Faisabilité de la reprise des verres actuel s


et du conditionnement d'attente des calcinats 35
C .3-1 Reprise des verres 35
C .3-2 Conditionnement et entreposage d'attente des calcinats 36
C .3-3 Conclusion 36

C .4 Résultats Actinex pour la séparation de l'américium et du curium 36


C .4-1 Introduction 36
C .4-2 Faisabilité scientifique de la séparation de l'américium et du curium 37
C .4-3 Faisabilité technique de la séparation de l'américium et du curium 45
C .4-4 Poursuite des études de base 51
C .4-5 Conclusion sur la faisabilité technique de la séparatio n
de l'américium et du curium 51

C .5 Résultats Actinex pour la séparation du neptunium 51


C .5-1 Situation actuelle 51
C .5-2 Évolutions possibles du procédé 52
C .5-3 Conclusion 53

C.6 Résultats Actinex pour la séparation du technétium 53


C .6-1 Situation actuelle 53
C .6-2 Évolutions possibles du procédé 54
C .6-3 Conclusion 55

C.7 Résultats Actinex pour la séparation de l'iode 55


C .7-1 Situation actuelle 55
C .7-2 Évolutions possibles du procédé 56
C .7-3 Conclusion 57

C .8 Résultats Actinex pour la séparation du césium 57


C .8-1 Introduction : l'objectif de la séparation du césium 57
C .8-2 Faisabilité scientifique 57
C .8-3 Conclusion 58
C .9 Résultats des recherche s
sur l'entreposage intermédiaire des actinides mineurs séparés 59
C .9-1 Conversion et élaboration du composé solide 60
C .9-2 Conditionnement 61
C .9-3 Concepts d'entrepôt 62
C .10 Procédé avancé de séparation poussée : la pyrochimie 65
C .10-1 Introduction 65
C .10-2 Applications envisagées en France 65
C .10-3 Programme de recherche 66
C .10-4 Collaborations et outils expérimentaux 66
C .10-5 Résultats expérimentaux 66
C .10-6 Conclusion et perspectives 68
C .11 Conclusion : évaluation de la séparation poussée 69
C.12 Futurs développements - Séparation 70

31
séparation chimique par solvant ont des rendement s
Cl Introduction :
de récupération et de purification très élevés (supé -
objectifs des programme s rieurs à 99 %) et leur mise en œuvre génère peu de
Puretex et Actine x déchets technologiques . La voie extraction en phas e
liquide a été privilégiée du fait de l ' expérience indus-
Les recherches sur la séparation poussée ont été menées trielle existante afin d' obtenir des résultats signifi-
très activement depuis 1991 dans le cadre des pro - catifs à l'échéance de la loi .
grammes Puretex et Actinex pour séparer, au-delà Les séparations du neptunium, de l ' iode et du tech-
du plutonium et de l'uranium, plusieurs radionu- nétium ont été étudiées à partir de modifications du
cléides à vie longue (neptunium, américium, curium, procédé Purex alors que les séparations de l ' améri-
iode, césium et technétium, cf. chapitre B.1-1). cium, du curium et du césium ont nécessit é
Le programme Puretex (terminé en 1998) a concern é la recherche de procédés entièrement nouveaux . Les
essentiellement les applications réalisables à cour t recherches visent alors à déterminer des molécule s
terme dans les usines existantes en utilisant des tech- capables d ' extraire sélectivement de la solution issu e
nologies et procédés déjà maîtrisés . Il a rassembl é du procédé Purex ces radioéléments très radioac-
les études relatives à l'optimisation des déchets résul - tifs et difficiles à séparer du fait de leurs propriété s
tant des opérations de traitement du combustible chimiques voisines (comme c ' est le cas par exempl e
usé, l'objectif visé étant de réduire le volume des pour les actinides et les lanthanides) .
déchets MA-VL et de diminuer l'activité rejetée dans Le niveau de performance assigné à la séparatio n
les effluents liquides. La nouvelle gestion des effluents est de récupérer plus de 99 % du neptunium et d e
de faible et moyenne activité, étudiée en commu n l 'iode, présents dans le combustible usé, et du tech-
avec Cogema, a rationalisé fortement les résidu s nétium présent dans la solution de haute activit é
conditionnés par l' usine de La Hague en suppriman t issue du procédé Purex . Cet objectif est similaire a u
la production de colis de bitumes . La mise en ser - niveau de performance actuel du procédé Pure x
vice de l'atelier de compactage des coques et embout s pour la séparation de l ' uranium et du plutonium .
a permis aussi d'arrêter la cimentation de ces déchets . Pour les extractions de l'américium, du curium e t
Enfin, grâce à la mise en place de la nouvelle ges- du césium qui nécessitent des procédés nouveaux,
tion des effluents, l'activité des rejets liquides du site l ' objectif a été fixé de façon plus ambitieuse à u n
de La Hague a été notablement réduite bien en deç à taux de récupération de 99,9 % . C ' est au prix de telles
des limites autorisées . Le détail de ces résultats posi - performances que l ' on pourra effectivement évite r
tifs et importants est présenté dans le rapport axe 3 . l'introduction en quantités significatives de radionu-
Le programme Actinex a été mis en place pour étu- cléides à vie longue dans les déchets vitrifiés . Ces per-
dier sur le long terme les procédés de séparatio n formances pourront être adaptées aux besoins dégagés
poussée des radionucléides à vie longue par extrac- par les études de scénarios de gestion des déchets .
tion sélective en phase liquide . En effet, utilisée s Les recherches ont été menées sur deux types d e
avec succès depuis des décennies, les techniques de technologie de séparation :

LA SÉPARATION POUSSÉ E
• La séparation poussée permet d'extraire des déchets de haute activité les radionucléides présentant un risque radiotoxiqu e
à long terme dans le but de les transmuter. L'objectif est de récupérer, par des étapes successives, les produits de fission iode ,
technétium et césium et les actinides mineurs neptunium, américium et curium présents dans les combustibles usés .
• Deux voies de séparation poussée ont été explorées : l'hydrométallurgie, basée sur des procédés de séparation par sol-
vants en phase aqueuse, qui s'inscrit dans la continuité du procédé Purex actuel et la pyrochimie qui s'appuie sur des pro -
cédés de séparation en milieu sels fondus .
• Concernant l'hydrométallurgie, le programme de recherche Actinex a été mis en place afin d'étendre et de compléter le s
potentialités du procédé Purex, utilisé actuellement pour récupérer l'uranium et le plutonium des combustibles usés .
• De façon générale, le principe de la séparation par solvant(s) consiste à trouver les réactifs chimiques permettant d e
séparer le radionucléide d'intérêt de la solution de départ : c'est l'opération d'extraction, d'autant plus délicate que les élé-
ments à séparer sont chimiquement voisins (comme l'américium et le curium, par exemple) .
• Le niveau de performance assigné à la séparation poussée est de récupérer :
- 99,9% de l'américium et du curium contenus dans la solution de haute activité issue du traitement du combustible us é
par le procédé Purex ;
- plus de 99% du neptunium et de l'iode présents dans le combustible usé ;
- plus de 99% de la fraction du technétium et 99,9% de celle du césium contenus dans la solution de haute activité issu e
du traitement du combustible usé par le procédé Purex .
• Les procédés pyrochimiques (procédés à haute température entre 250 °C et 1 200 °C en milieu sel fondu) ont été étudié s
comme alternative innovante adaptée au traitement de certains combustibles et cibles de transmutation difficilemen t
solubles dans l'acide nitrique utilisé avec le procédé Purex .

32

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e


C > Introduction : objectifs des programmes Puretex et Actinex
> Procédé Purex actue l

• les procédés de séparation chimique par solvan t


(programme Actinex) ; L'INSTALLATION ATALANT E
• la pyrochimie .
La séparation par solvant met en présence deu x
phases liquides non miscibles (une phase aqueus e
et une phase organique) renfermant des réactif s
appropriés ou " extractants " . Ces extractants on t
pour fonction de maintenir préférentiellemen t
dans l ' une des deux phases un ou plusieurs élé-
ments chimiques . En renouvelant l ' opération d e
nombreuses fois, on parvient à isoler dans l'un e
des deux phases l'élément à séparer . Différents
types d ' appareils, appelés contacteurs, sont employé s
en laboratoire et industriellementpour réaliser des
séparations par solvant . Ils assurent le mélang e
intime des deux phases liquides, favorisant ains i
les transferts de matière entre celles-ci, puis leu r
• Le projet Atalante a été engagé dès le début des années 1980 dans le but d e
séparation par décantation ou centrifugation . regrouper sur le site de Marcoule l'ensemble des moyens nécessaires au x
Technologiquement radicalement différente de l a recherches en chimie de haute activité conduites par le CEA. Ila nécessité u n
précédente, la pyrochimie est une alternative à l a investissement de 250 millions d'euros .
séparation chimique en voie aqueuse, mais ell e • L'installation, de 19000 m 2 de surface utile, comporte un bâtiment de bureaux ,
nécessite encore de nombreuses recherches pou r un bâtiment de services généraux (sans matière nucléaire) et cinq bâtiment s
que son potentiel soit correctement évalué . Basé e en zone active (zone équipée pour accueillir les matières nucléaires) .
sur la séparation des radioéléments en milieu sel s • Ces derniers comprennent :
- 15 laboratoires équipés de boîtes à gants (pour les études de radiochimie met -
fondus à haute température, cette famille de pro - tant en jeu des éléments transuraniens, essentiellement émetteurs de rayon -
cédés a comme intérêt de principe de pouvoir êtr e nement alpha peu pénétrants) ;
mise en oeuvre par des appareillages compacts e t - 7 chaînes blindées équipées de télémanipulateurs (permettant la mise e n
de pouvoir résister à des niveaux élevés de rayon- oeuvre d'échantillons de combustibles irradiés, émetteurs de rayonnements
nements . Encore peu avancées, ces technologie s béta, gamma et de neutrons, en plus des rayonnements alpha) .
pourraient connaître un important développemen t • Atalante est dotée des moyens les plus modernes de recherche et dévelop -
grâce aux recherches menées dans le cadre de l ' ini - pement et prend en compte les critères concernant, d'une part, la protectio n
de l'environnement et du personnel et, d'autre part, la gestion des effluent s
tiative Génération IV. Elles font l ' objet d ' une pre-
liquides et des déchets solides . Plus de 200 chercheurs utilisent cette instal-
mière étape d ' évaluation présentée au chapitre C .10 . lation, dont le fonctionnement est assuré par 70 personnes .
Ces recherches ont été conduites principalemen t
dans l'installation Atalante, à Marcoule .

pairs de ces éléments . Les principales étapes, repro-


C.2 Procédé Purex actue l duites sur la figure C .1, comprennent :
• les opérations dites de tête de procédé : réception ,
Le procédé mis en oeuvre pour traiter les combus- entreposage, cisaillage et dissolution du combus-
tibles nucléaires usés est aujour d ' hui, de façon quas i tible usé ;
exclusive, le procédé Purex (pour Plutonium Uranium • les opérations de séparation et de purificatio n
RefiningEXtraction) . Basé sur l ' extraction sélective de l'uranium du plutonium à l'aide de cycles d'ex -
de l ' uranium et du plutonium par un composé orga - traction ;
nique, le phosphate-tributylique (TBP), ce procéd é • l'élaboration des produits finis qui sont en géné-
est aujourd'hui fort d'un demi-siècle d'études et d e ral les oxydes d'uranium et de plutonium .
développements . Après sa mise au point aux États -
Unis en 1945, la première ligne d ' extraction a été
mise en service en 1954 à l ' usine américaine d e LE PROCÉDÉ PUREX ACTUE L
Savannah River . Plusieurs pays disposent aujour- • Le procédé mis en oeuvre pour traiter les combustibles nucléaires usés es t
d ' hui de telles installations : États-Unis, Japon , aujourd'hui, de façon quasi exclusive, le procédé Purex (Plutonium Uranium
Russie, Inde, Royaume-Uni et France . Refining EXtraction) basé sur des cycles successifs d'extraction et de désextrac -
tion permettant à l'aide du phosphate tributylique (TBP) de récupérer et de puri -
Le procédé hydrométallurgique Purex consiste dan s fier l'uranium et le plutonium .
une première phase à mettre en solution l ' ensembl e
• Ce procédé hydrométallurgique est fort de plusieurs dizaines d'année s
des éléments qui constitue le combustible usé, pui s
d'études et de développements industriels dans plusieurs pays . La Franc e
à extraire sélectivement l ' uranium et le plutonium dispose de deux usines en fonctionnement à La Hague, d'une capacité d e
de cette solution en mettant à profit l'affinité d u 800 tonnes par an chacune .
TBP (C 4H9 O) 3PO envers les degrés d'oxydation

33

Produit s
de fission gazeux ,
dont iode

Pu
Purification P u

T
Combustibl e Cisaillage Dissolution Clarification Extraction 1 er cycle
usé

Purification U

W
Élément s Coques Résidu s Produits de fissio n
de structure de dissolution ,, + actinides mineur s

/ \ /
Coques et embouts Verre s

Figure C .1 : schéma de principe du procédé Purex .

La première opération du traitement consiste à Les espèces métalliques aux degrés d ' oxydatio n
rendre accessible le combustible pour que puiss e (IV) et (VI), dont les nitrates sont fortemen t
s'effectuer son attaque chimique par l'acide nitrique. complexés par le TBP, seront beaucoup plus faci-
Cette opération rompt la gaine étanche qui consti - lement extraites que celles aux degrés d'oxyda-
tue la première barrière de confinement pour l a tion (I), (II), (III) et (V) . On tient ici le principe d e
matière nucléaire contenue . Cette opération es t base du procédé Purex : extraction des actinide s
réalisée par des procédés mécaniques . Les crayon s majeurs (uranium et plutonium respectivemen t
sont tronçonnés en morceaux de quelques centi- hexavalent et tétravalent), non extraction pou r
mètres de longueur au moyen de cisailles . l'essentiel des actinides mineurs et des produit s
La dissolution dans l'acide nitrique à chaud es t de fission trivalents .
l'étape clef du procédé . Elle fait passer en solution Pour l'uranium et le plutonium, l'extraction est réver -
les éléments contenus dans le combustible . Ainsi, sible par modification de certaines conditions chi -
l'uranium et le plutonium sont mis en solution sou s miques (pour l'uranium, diminution de la teneur e n
forme de nitrates . nitrates du milieu en abaissant l'acidité et pour l e
La dissolution des combustibles produit des effluent s plutonium, réduction à l'état trivalent) . Cette désex -
gazeux composés : des oxydes d' azote formés pa r traction permet de ramener en phase aqueuse le s
la réaction de l'acide nitrique sur le combustible , espèces préalablement extraites en phase organique .
des produits de fission gazeux (Kr, Xe, I), des com - L' uranium et le plutonium subissent alors séparé -
posés volatils, des composés de produits de fissio n ment d'autres cycles d'extraction-désextraction, c e
comme l'oxyde de ruthénium RuO 4 , des aérosol s qui permet de les purifier . Le conditionnemen t
radioactifs ainsi que des gaz de balayage ou d e final des produits valorisables consiste à transfor-
bullage de l'ensemble cisaillage-dissolution . Ce s mer le nitrate de plutonium en oxyde Pu0 2 pa r
gaz doivent être traités avant leur rejet par l a précipitation sous forme d ' oxalate qui est ensuit e
cheminée de l ' usine, par lavage pour arrêter les par - décomposé par calcination . Le nitrate d'uranyl e
ticules entraînées, transformer les oxydes d'azote est parallèlement converti en oxyde .
en acide nitrique et piéger l'iode . Dans chaque cycle, après la désextraction, le sol-
Les opérations d'extraction de l'uranium et du plu- vant est traité pour en éliminer les produits d e
tonium par le TBP, molécule très peu miscible dan s dégradation formés sous l'effet de l'irradiation ,
l'eau, constituent le coeur du procédé Purex . L'analys e régénéré puis recyclé .
des espèces mises en solution montre que l'uraniu m Les cycles d' extraction et de décontamination sont
est présent au degré d'oxydation (VI), le plutoniu m assurés dans plusieurs types de contacteurs : batte -
essentiellement au degré d'oxydation (IV) et la plu - ries de mélangeurs décanteurs, extracteurs centri-
part des actinides mineurs ainsi q u'une très large part fuges ou colonnes pulsées .
des produits de fission au degré d'oxydation (III) . Le Évidemment, la forme chimique et les nombreu x
TBP extrait des molécules neutres ; les espèces métal - états de valence des produits de fission compliquen t
liques sont ainsi extraites par l'intermédiaire d e ce schéma simplifié .
complexes neutres organophiles que forment leur s Les connaissances acquises depuis des décennie s
nitrates avec le TBP selon : sur le procédé Purex sont capitalisées sous la form e
M m* aq + m NO3 aq + n TBP org <=>M (NO3lm nTBPor9 d'un modèle numérique (code Parex), développ é

34
Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Procédé Purex actue l


> Faisabilité de la reprise des verres actuel s
et du conditionnement d'attente des calcinats

par le CEA avec le concours de Cogema, pour repro- Il a également pour effet indirect (l'augmenter le p H
duire les différentes fonctions du procédé . de la solution de dissolution et ainsi d 'accroître for -
tement la vitesse de mise en solution du verre .
Les études de faisabilité ont été menées sur un verre
C .3 Faisabilité de la repris e sans matière radioactive simulant le verre réel pro-
duit à La Hague, auquel sont ajoutées des quanti -
des verres actuels et d u
tés croissantes de sodium pour obtenir de s
conditionnement d'attent e formulations contenant entre 30 et 50% de Na,O .
des calcinat s Les analyses par diffraction X, dilatométrie et réso -
nance magnétique nucléaire (RMN) montrent e n
Actuellement, le traitement des combustibles usé s effet que les propriétés du verre sodé évoluen t
permet de recycler les éléments valorisables qu e dès lors que la concentration en Na2O atteint 45 % .
sont l ' uranium et le plutonium . Considérés comme À ce stade, le réseau silicaté se dépolymérise .
des déchets, les autres radionucléides à vie longu e L'augmentation (le la concentration en sodium ten d
(actinides mineurs et produits de fission) son t à établir un ordre local à courte distance qui se tra-
confinés, après leur calcination, dans des verre s duit par la présence d ' une phase cristalline N a2 Si O 3
qui possèdent des propriétés exceptionnelles d e dans le matériau . À une concentration de 50% d e
résistance à la dissolution et de stabilité sou s Na0O, les études RMN du silicium et du bore mon -
irradiation . La reprise de ces déchets vitrifiés déj à trent que les espèces polymérisées dans le verre on t
produits a été envisagée afin d'en extraire les acti- disparu . Ces résultats indiquent donc que le verr e
nides mineurs et les produits de fission à vie longue borosilicaté peut être transformé en un matéria u
pour les traiter par séparation-transmutation . partiellement cristallisé parle seul ajout d ' oxyde d e
L'évaluation de la faisabilité de cette reprise es t sodium . Cette phase cristallisée, soluble dans l 'eau,
l' objet des résultats qui suivent 1BER-001 . favorisera la dégradation du matériau par l ' eau .
Pour les déchets à venir qui seront conditionnés avan t La fusion du verre en présence de soude a lieu à
que la séparation poussée ne puisse être mise e n une température de 900 °C . Les essais de trempe
oeuvre, une modification du matériau de condition- rapide par coulée du verre dans l'eau ont montr é
nement a été étudiée pour que la reprise de ce maté - que l'on obtient un matériau suffisamment frac-
riau soit moins difficile que celle des verres existants . turé pour pouvoir le dissoudre directement san s
étape mécanique de concassage .
C.3-1 Reprise des verres Des tests de dissolution dans l'eau du verre sodé on t
été réalisés pour évaluer les conditions de son altéra -
Différentes voies peuvent être envisagées pou r tion . Ces essais de lixiviation ont été menés à 90 ° C
extraire les éléments radioactifs à vie longue de s pendant 24 heures sur des poudres avec des rapports
verres déjà produits et les transférer dans un e entre la masse de verre et le volume d'eau de 0,01 ;
solution aqueuse compatible avec les procédés d e 0,05 et 0,25 g/ml . Pour le verre contenant 50% de
séparation poussée . Deux familles de procédé s sodium, plus de 90%de la matrice vitreuse est dégra-
ont été examinées sur le plan du principe : dée après une heure . Au bout de quatre heures, l ' alté -
• des procédés à température ambiante, consistan t ration est quasi complète, même dans le milieu l e
à dissoudre le verre en phase aqueuse après concas - plus concentré . À l ' issue de cette opération, les élé -
sage mécanique ; ments constitutifs du verre se retrouvent dans la solu -
• des procédés à haute puis basse température, consis - tion de dissolution et dans les produits d 'altératio n
tant à fondre le verre, à modifier sa composition, à précipités. Le césium se partage entre la solution e t
le fractionner par trempe à l 'eau et permettant in le précipité . Le technétium devrait probablemen t
fine la destruction rapide de sa structure en phas e présenter un comportement similaire . La quasi-tota -
aqueuse . lité des éléments lourds dont 99,9% (les éléments
Les méthodes par dissolution à température ambiant e simulant les actinides mineurs est localisée dans le s
nécessitent l 'emploi de très grands volumes de solu- produits d 'altération précipités .
tions très agressives (acide fluorhydrique, pa r Ces résultats montrent que seul un procédé à haute
exemple) et ont des vitesses de dissolution faibles : température permet la reprise du verre borosilicaté
ces deux raisons rendent ce procédé incompatibl e actuel, selon le mode opératoire suivant :
avec une industrialisation à un coût raisonnable . • extraction du conteneur et fusion du verre à 900 ° C
Particulièrement résistant, le verre actuel ne peut êtr e avec la quantité de soude nécessaire pour atteindr e
détruit q u' en modifiant sa composition chimique . Le une concentration de 50% de Na,O dans le verr e
concept choisi consiste donc à " refondr e" le verre exis - en fusion ;
tant et à ajouter, toujours par fusion, des éléments qu i • coulée du verre dans l'eau ;
vont favoriser sa mise en solution . Le sodium est • destruction du réseau vitreux par l'eau à un e
connu pour modifier la structure du verre en ce sens . température de 90 °C ;

35
• filtration de la solution et récupération dan s demeure complexe et l'emploi d'un conteneur d e
l'extrait solide des actinides mineurs et de la majo- géométrie adaptée reste nécessaire .
rité des produits de fission ; L' opération de reprise du matériau d ' entreposage
• dissolution des produits solides dans une solu- des calcinats nécessite une fusion et un broyage par
tion acide compatible avec les étapes de séparatio n trempe à l'eau du matériau . Ces différentes étape s
poussée ; étant comparables à celles définies pour la reprise
• conditionnement des déchets secondaires . des verres actuels, l'opération s'avère donc auss i
Les différentes étapes de ce procédé paraissent acces - complexe que la reprise des verres actuels .
sibles aux technologies existantes en milieu nucléaire .
Cependant, des essais de ce procédé sur un verr e C .3-3 Conclusio n
réel de type R7/T7 seraient indispensables pou r
valider sa faisabilité technique . D ' autre part, la pré- Si les différentes étapes envisagées pour la repris e
sence d'impuretés, telle que la silice, en quantit é du verre sont aujourd'hui accessibles aux technolo-
significative dans la solution contenant les actinide s gies existantes, la mise en oeuvre, à une échelle indus -
mineurs et l'essentiel des produits de fission, pour - trielle, à la fois de procédés à haute température e t
rait s'avérer rédhibitoire vis-à-vis de la mise e n de procédés en milieu aqueux radioactif demande -
oeuvre des procédés de chimie extractive de la sépa - rait des efforts conséquents, d'abord en matière d e
ration poussée . Ce procédé génère également un e R&D puis en terme d ' exploitation . En outre, l e
quantité significative de déchets secondaires don t nombre de colis de verres, certes allégés, générés pa r
il faut tenir compte dans le bilan global . cette opération de reprise serait, à cause de l'ajou t
Par ailleurs, l'industrialisation de ce procédé com- de sodium, supérieur au nombre de colis initial .
plexe, à plusieurs étapes, nécessiterait d ' importants De fait, les qualités de résistance et de durabilit é
développements pour bien maîtriser certains points des verres actuels rendent l ' opération de leur repris e
délicats, comme la coulée du verre dans l'eau . Elle particulièrement complexe, lourde à réaliser e n
entraînerait la construction de plusieurs ateliers simi- milieu nucléaire et génératrice de déchets secon-
laires aux ateliers existants de La Hague, avec des daires importants .
coûts importants d ' investissement et d ' exploitation . La possibilité de différer la vitrification des déchet s
de haute activité à vie longue et de les entreposer a
C .3-2 Conditionnement et entreposag e été étudiée. Une telle opération serait au moins auss i
d'attente des calcinat s complexe que la récupération des actinides mineur s
dans les déchets vitrifiés déjà produits .
Les solutions de haute activité issues du procéd é Compte tenu de l'ensemble de ces éléments, le s
Purex passent d'abord par une étape de calcinatio n études sur cette voie ne sont pas poursuivies .
à 400 °C (produisant ainsi des " calcinats " ) avan t
d'être vitrifiées en ligne .
La reprise des verres s ' avérant complexe, on peut C .4 Résultats Actinex pou r
se demander si la récupération des actinides mineur s La séparation de L'américiu m
et des produits de fission à vie longue ne serait pa s
et du curiu m
plus aisée à partir des calcinats formés avant l a
vitrification . Dans ce cas, les calcinats ne seraien t C .4-1 Introductio n
plus vitrifiés mais devraient être conditionnés sous
une forme non dispersable et stable permettan t Après cinq ans de refroidissement, une tonne d e
leur entreposage et une reprise aisée, dans l ' attent e combustible usé UOX déchargé à 60 GW j/t contient
de la mise en place des outils industriels de sépa- 785 g d ' américium (dont 62,4 % =41 Am, 37,4 % =4'Am
ration-transmutation et 0,2 % ,4 Am, radionucléides à vie longue) e t
La nature et les propriétés des calcinats (ayant un e 135 g de curium (8 %'4 'Cm,1 % '43Cm et 1 %' 46Cm ,
composition chimique mixte de nitrates et d ' oxydes , radionucléides à vie longue et 90 % 2 4 Cm à vi e
un état physique pulvérulent, une puissance ther- courte) . Pour récupérer ces deux éléments, la voie
mique élevée de 17 kW/ m 3 associée à une conduc - mettant en oeuvre des procédés d ' extraction pa r
tivité thermique faible de l' ordre de 0,1 à 0,15 W/m .K ) solvant a été privilégiée. Elle permet ainsi de conser-
interdisent leur conteneurage et leur entreposag e ver une technologie similaire à celle, maintenan t
sans réaliser un traitement thermique préalable des- bien maîtrisée, du procédé Purex .
tiné à les stabiliser . La solution la plus satisfaisant e La recherche et développement des nouveaux pro -
semble être l'élaboration à haute températur e cédés de séparation poussée a connu deux grande s
(1 000 °C) d ' un matériau composé de calcinats e t étapes . Une première entre 1992 et 2001, dite d e
d'oxyde de bore . Bien que ce matériau présente un e "faisabilité scientifique", a consisté principalemen t
conductivité thermique supérieure à celle des cal- en des études exploratoires destinées à évaluer dif-
cinats, le refroidissement du colis dans l'entrepôt férents concepts dans le but de sélectionner les plu s

36

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e


C > Faisabilité de la reprise des verres actuel s
et du conditionnement d'attente des calcinat s
> Résultats Actinex pour la séparation de l'américium et du curiu m

tement actinides et lanthanides des autres produits


STRATÉGIE DE SÉPARATIO N de fission à l ' aide du procédé Diamex (DIAMide
DES ACTINIDES MINEURS Am ET C m EXtraction) . Par la suite, le procédé Sanex (Selective
ActiNddes EXtraction) réalise la séparation simulta-
• À l'issue du procédé de traitement Purex ,
née de l'américium et du curium des lanthanides .
l'américium et le curium sont les principau x
contributeurs à l'inventaire radiotoxique de s Enfin, on sépare l'américium du curium .
solutions de produits de fission . L'objectif de s
études de séparation poussée est de récupére r C .4-2 Faisabilité scientifique de l a
99,9% de l'américium et du curium, avec un e séparation de l'américium et du curiu m
teneur en impuretés lanthanides inférieure à
5% en masse pour permettre une mise en oeuvr e
ultérieure de la transmutation dans de bonne s • OBJECTI F
conditions . Cette séparation passe par plusieurs
étapes (chapitre C.4-2) : À ce stade, il s'agit de valider le concept de base, c'est -
- étape 1 Diamex : séparation des actinide s à-dire d' identifier le système extractant qui perme t
(Am +Cm) et lanthanides des produits de fission ; d ' atteindre les performances requises, en termes d e
- étape 2 Sanex : séparation des actinide s
(Am + Cm) des lanthanides ; taux de récupération et de pureté des actinides sépa -
- étape 3 : séparation de l'américium du curium . rés . Concrètement, cela revient à mettre en oeuvr e
• Un important volume d'études a tout d'abord ét é le coeur du procédé (extraction-désextraction) à
consacré à la phase de faisabilité scientifique, ave c échelle réduite au laboratoire sur des solutions simu -
la recherche de molécules d'extraction et l'exa- lées ou réelles (issues du traitement de combustibl e
men en laboratoire de différentes voies d'extra- usé) et à mesurer les rendements de récupération.
ction par solvant, puis à la phase de faisabilit é En mettant au point les procédés les plus perfor-
technique menée à partir de quelques kilogramme s
de combustibles usés sur les concepts les plus pro - mants, il faut également s'assurer au laboratoir e
metteurs . qu' aucun point rédhibitoire n ' empêcherait l e
• Les résultats obtenus montrent que la faisabi- passage à l'étape de faisabilité technique en vu e
lité de la séparation des actinides mineurs pré- d'une industrialisation ultérieure .
sents dans les solutions de traitement de s
combustibles usés est acquise avec les rende-
• ÉTAPE 1 : DIAMEX (DIAMide EXtraction )
ments visés .

Le neptunium ayant été extrait au préalable pa r


le procédé Purex modifié (cf chapitre C .5), ce pre-
performants . Une seconde étape, dite de "faisabi- mier procédé Diamex permet d'extraire ensembl e
lité technique " , vise à démontrer d ' ici à 2006 la via- les actinides mineurs américium et curium et le s
bilité des procédés les plus prometteurs en les testan t lanthanides contenus dans la solution résultant
sur quelques kilogrammes de combustible usé . du procédé Purex modifié .
La stratégie retenue repose sur une extraction liquide - La phase organique appelée solvant est constitué e
liquide en trois étapes . A chaque étape est employ é d'un diluant et d'un extractant .
un procédé différent, du fait des propriétés chi- Pour extraire efficacement les actinides et les lan-
miques voisines des actinides et lanthanides triva- thanides présents dans la solution nitrique, les extrac-
lents, de la variété d'éléments présents dans le milie u tants doivent posséder les caractéristiques suivantes :
initial, de leurs concentrations respectives et de l a • être à "donneurs oxygénés", c'est-à-dire ayant un e
forte acidité de la solution [VIA-95] . Au cours d'un e forte affinité pour les cations métalliques ;
première opération (figure C .2), on sépare conjoin - • posséder deux fonctions de ce type, afin de renfor -

U Pu Np Tc I Am Cm
T T T T T
Combustible usé -' Purex Séparation Am/Cm
américium+curiu m

Solution de haute activité


4 Diame x
lanthanide s
4 Sane x

+ actinides mineur s
Produits de fission

W lanthanide s
Calixarene s

Produits de fission W

Figure C .2 : schéma de principe pour la séparation poussée .

37

a été retenu pour le premier test du procédé Diamex .


DIAMEX : SÉPARATION ACTINIDES + LANTHANIDE S Celui-ci a eu lieu en 1993 sur un raffinat de haute
DES AUTRES PRODUITS DE FISSIO N
activité issu du traitement d ' un combustible usé pa r
• Le neptunium a été extrait au préalable par le procédé Pure x le procédé Purex . Cet essai a servi de base à la démons -
modifié (cf. chapitre C.5) . Le procédé Diamex (DlAmide tration de la faisabilité scientifique .
Extraction) permet d'extraire actinides mineurs et lanthanide s
résultant du procédé Purex modifié . Cet essai a aussi permis d ' identifier les directions à
• L'objet des recherches était de déterminer le meilleu r suivre pour améliorer les performances du procédé,
des extractants possibles . Celui-ci devait répondre à deu x directions qui ont été testées entre 1994 et 2001, à
exigences : d'une part, permettre un taux de récupératio n savoir :
de 99,9% des actinides mineurs et des lanthanides ; d'autr e • amélioration des propriétés du solvant en opti-
part, être suffisamment stable sous irradiation pour pouvoi r misant la formulation du diamide ;
être recyclé dans le procédé .
• accroissement de la sélectivité, évitant ains i
• Finalement, les molécules de type diamide ont été retenues .
d ' extraire de la solution acide d ' autres produits d e
Après optimisation, celles-ci permettent d'atteindre le s
objectifs visés . A la sortie du procédé Diamex, la solutio n fission .
destinée à la vitrification ne contient pour l'essentiel qu e Ainsi, la formulation de 1 'extractant a été amélio-
des produits de fission . rée et a conduit à proposer le DMDOHEMA (N,N-
DiMethyl N,N-DiOctyl HexylEthoxyMalonAmide)
(figure C.4) comme molécule de référence du procéd é
cet- l 'extraction des cations métalliques par rappor t Diamex . Cette dernière diffère du DMDBTDM A
à celle de l 'acide nitrique. du fait des caractéristiques suivantes :
Parmi les familles d ' extractants possédant les deu x • augmentation du nombre total des atomes d e
caractéristiques requises, le choix s ' est orient é carbone, ce qui accroît la solubilité des complexe s
vers les diamides et plus particulièrement vers le s extraits et limite le risque de démixtion de la phas e
rnalonamidesgure C .3), où les deux fonction s organique ;
sont séparées par un carbone central . Composé e • répartition plus uniforme des carbones sur le s
uniquement de carbone, d ' hydrogène, d 'oxygèn e chaînes alkyle de substitution de la fonction malo-
et d ' azote (concept (lit "LHON '), cette famille d e namide afin qu'un traitement en phase aqueus e
molécules permet l ' incinération de ces composé s élimine plus facilement les produits formés pa r
organiques sans générer de cendres minérales. dégradation de l'extractant ;
Au sein de cette famille, le DMDBTDMA (N,N ' - • introduction d ' un groupement éthoxy sur la chaîn e
DiMéthyl-N,N'-DiButyl-Tétra Décvl Malon-Amide ) centrale. pour accroître l ' affinité du solvant pour les
actinides et les lanthanides .
Le solvant de référence du procédé Diamex est don c
R2 R R2
' le DMDOHEMA dilué à 0,65 mol/1 dans le TP H
1 (diluant utilisé par le procédé Purex) avec leque l
N N on dispose de marges plus importantes pour l 'élabo -
R1 R
ration de schémas de séparation .
0 0 Le procédé Diamex a évolué par ajout de lavage s
complexants, de façon à améliorer sa sélectivité pa r
Figure C .3 : formule générique de la famille de s rapport à l ' extraction d ' éléments parasites, tels que
malonamides . le zirconium, le molybdène, le fer et le palladium .
Réalisés sur des batteries de mélangeurs-décanteur s
ou d ' extracteurs centrifuges de laboratoire, de nom -
0 0
DMDBTDM A breux essais (sept depuis 1993) sur des solutions d e
„420 DiMéthyl DiButyl TétraDécyl MAlonamid e haute activité ou reconstituées ont prouvé la flexi -
bilité du procédé . Les principaux résultats de ce s
CH
I 3 CH 3 essais, dont celui réalisé en l ' an 2000 (figure C.5),
sont reportés sur le tableau C .1 . Ces tests ont démon -
tré l'efficacité d'un lavage combinant l'acide oxa-
0 0 lique (pour le zirconium, le molybdène, le fer) et
l'acide HEDTA (acide hydroxy-éthylène-diamine-
triacétique) (pour le palladium) et l ' obtention d e
taux de récupération des actinides proches ou supé-
DMDOHEM A rieurs à 99,9% .
DiMéthyl DiOctyl Hexyl Ethoxy MAlonamide
Le solvant se dégrade sous l'effet de l'hydrolyse e t
de l ' irradiation . Cette dégradation a été étudiée e n
vue de mettre au point un traitement de régéné-
Figure C .4 : molécules de diamide utilisées pour les essais . ration permettant de le recycler . Les résultats obte -

38

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Résultats Actinex pour la séparation de l'américium et du curiu m

entré e

flux Pure x
produits de fissio n acides nitriqu e
+oxaliqu e acide nitrique )
+ américium + curiu m (
+ lanthanide s +HEDTA

sorti e
produits de fission
(

entré e sorti e
extraction lavage solvant désextractio n
solvant
13 étage s 6 étage s 8 étage s

production Diame x
américium + curiu m
+ lanthanides
( acide nitrique )
entrée

Figure C .5 : schéma de l'essai Diamex réalisé en 2000 sur un effluent de haute activité et en extracteur s
centrifuges .

nus en conditions simulées puis réelles montren t l'oxygène, mais aussi l'azote et le soufre . Avec ce s
que le solvant présente une stabilité satisfaisante . deux derniers éléments, les actinides et les lantha-
Des lavages basiques sont efficaces pour élimine r nides réagissent de façon légèrement différente, ce
les produits de dégradation à caractère acide for- qui permet leur séparation .
més dans le solvant lors de chaque cycle d'extrac- Après de nombreuses expériences, des donneurs azo-
tion de lavage et de désextraction . Leur mise e n tés ont été préférés car ils permettent une meilleur e
oeuvre s'avérant incompatible avec les contacteur s sélectivité entre actinides et lanthanides . Par ailleurs,
usuels, des appareils spécifiques de type extracteu r comme pour Diamex, l ' emploi de ces donneurs ,
centrifuge, dont le mélangeur a été adapté pou r composés uniquement de carbone, d'hydrogène ,
cette opération, ont été développés et validés . d'oxygène et d'azote rend possible leur destructio n
par incinération sans générer de cendres minérales .
• ÉTAPE 2 : SANEX (Selective ActiNides EXtraction ) Du fait de la difficulté de l'opération à accomplir ,
trois voies ont été explorées en parallèle :
La grande similitude des propriétés chimiques de s • la voie de base, dite "BTP", réalise la séparatio n
actinides et des lanthanides rend leur séparatio n entre actinides et lanthanides en aval du procéd é
particulièrement délicate . Ces éléments ont des affi- Diamex . Cette opération est assurée par un e
nités pour les ligands à atomes donneurs, comme extraction sélective des actinides sans ajustement

1993 1995 1997 1998 1998 1999 200 0

Solution Réelle Simulé e Simulé e Réell e Simulé e Réelle Réell e


Haute activité inactive inactive Haute activité + traces Haute activité Haute activit é

Durée 16h 22 h 18h 4h 11 h 45 h 38 h

Extractant DMDBTDMA DMDBTDMA DMDOHEMA DMDBTDMA DMDBTDMA DMDOHEMA DMDOHEM A

Charge MOX MO X U0X UOX UO X MOX MO X


simulé simulé simulé

Produit > 99,9% A m > 99,8% N d > 99,8% N d > 99,7% A m 98,9 % A m 99,9 % A m > 99,9% A m
- 99,9 % C m > 99,8% C e > 99,8% C e + Cm + Cm > 99,9% C m
99 % E u > 98,5% E u -18% Y 98,2 % E u - 60 %Y
86% Fe 73 % Fe 0,5 % F e
Zr, Mo < Id * <0,2%Z r
97,6 % M o < 0,3% M o
-85%P d -60%P d <0,2 %P d
-33%Ru 3,4% Ru -9%Ru 1 % Ru -10%Ru < 1,2% Ru

*ld : limite de détection de la méthode analytiqu e

Tableau C .1 : principaux résultats des essais réalisés avec le procédé Diamex .

39

SANEX : SÉPARATION ACTINIDES/LANTHANIDE S


• Cette étape de séparation est particulièrement délicate du fait de la grande similitude de comportement chimiqu e
des actinides et des lanthanides au degré d'oxydation (Ill) . Cependant, une différence de réactivité entre les ion s
actinides (III) et lanthanides (111) avec certains ligands tels que l'azote et le soufre a permis d'établir les base s
de la séparation de ces éléments . Plusieurs voies d'études ont été explorées en parallèle au laboratoire :
- la voie " BTP" utilise des molécules de la famille des bis-triazinyl-pyridines (ligands azotés) pour assure r
une extraction sélective des actinides, avec un excellent taux de récupération des actinides (environ 99,9% )
et de bonnes performances de décontamination en lanthanides (facteur de décontamination global de l'ordre de 150) .
Cependant, une dégradation trop importante de la molécule extractante ne permet pas de retenir cette voie san s
le développement d'une molécule plus robuste ;
- la voie " faible activité" repose sur les mêmes bases que la voie BTP, mais avec un ajustement d'acidité par ajout d'u n
réactif tampon . Elle conduit également à de très bonnes performances en termes de récupération des actinides (99,9% )
et de décontamination (facteur de décontamination de 200 à 1 500), mais est délicate à mettre en oeuvre du fait e n
particulier de sa sensibilité aux paramètres opératoires ;
- la voie " un seul cycle" est la plus complexe et nécessite l'enchaînement de cinq étapes successives de coextractio n
et de désextraction des actinides et des lanthanides . Elle conduit à de bonnes performances avec des taux d e
récupération de plus de 99,9% pour l'américium et plus de 99,7% pour le curium, et des facteurs de décontaminatio n
de plus de 800 . Malgré sa complexité et la production de volumes d'effluents aqueux importants, cette voie paraît
présenter de meilleures perspectives de progrès que les deux précédentes .
• La voie "un seul cycle" a été choisie . Elle constitue la base des essais de faisabilité technique .

(l'acidité intermédiaire, soit à une acidité nitriqu e et l 'europium, représentant des lanthanides, est di x
allant de 0,5 à 1 mol/1 . Ces études ont été conduite s fois plus grande que leurs concurrentes .
avec les ligands azotés, et notamment avec les molé - Les études de base effectuées sur les extractant s
cules de la famille des bis-triazinyl-pyridines (BTP) ; BTP (courbes de partage, structures cristallines d e
• la voie "faible acidité" est très proche de la précédente complexes . . .) ont montré que l' extraction de s
et n'en diffère que par l'ajout d'un réactif tampo n nitrates d ' actinide au degré d' oxydation (III) pa r
qui diminue l'acidité de la solution, l'efficacité d e les BTP est décrite par l' équilibre suivant :
séparation des systèmes connus de séparation des An 3' aq + 3 NO3 aq + 3 BTP org <_> [AnBTP 3 1NO 3 1 3 ]org
actinides et des lanthanides étant maximale lorsque La première molécule retenue pour tester ce pro -
le pH est supérieur à 2 ; cédé a été la nPr-BTP 2,6-bis-(5,6-di-n-propyl -
• la voie "un seul cycle" repose sur un concep t 1,2,4-triazine-3-yl)-pyridine (figure C .6) .
différent des deux précédentes . Elle est basée su r Encourageants, les premiers essais réalisés sur solu-
une désextraction sélective des actinides intégrée à tion de haute activité à Atalante et à l'ITU d e
la fin du procédé Diamex . Cette caractéristiqu e Karlsruhe ont mis en évidence un manque de sta-
permet ainsi de réaliser en un cycle unique liquide - bilité de cette molécule, imputable à la positio n
liquide la coextraction et la séparation . de certains atomes de carbone . C ' est la raison pou r
laquelle l'iPr-BTP (2,6-bis- (5,6-di-isopropyl-1,2,4-
Sanex voie " BTP " triazine-3-y))-pyridine), dont les chaînes alkyl e
De nombreuses molécules azotées étant susceptibles sont mieux ramifiées que celles de la nPr-BTP,
d'être utilisées, plus de cent molécules ont été tes- lui a été préférée . Plus stable, la iPr-BTP néces-
tées . Ce sont finalement les bis-triazinyl-pyridine s site, pour être pleinement efficace, l'ajout dans l e
(BTP) qui ont été retenues . Ces molécules sont les solvant d ' un catalyseur pour la réaction de trans-
seules à pouvoir être employées sans le concours fert de la phase aqueuse vers la phase organique .
d'un autre extractant acide, cette caractéristique Le catalyseur retenu est le DMDOHEMA du pro -
unique permettant de traiter des solutions dont l a cédé Diamex . Toutefois, si la iPr-BTP, lors d ' u n
concentration en acide nitrique est supérieure à essai sur solution de haute activité (figure C .7), s ' est
1 mol/l . En outre, leur sélectivité entre l' américium révélée efficace en termes de récupération des acti -

N N N
N N
1
N N N
N N N

Figure C .6 : molécules BTP, nPr-BTP (à gauche) et iPr-BTP (à droite) utilisées lors des essais de haute activité .

40

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Résultats Actinex pour la séparation de l' américium et du curiu m

entré e
-
f
flux Diamex acide nitriqu e
américium + curiu m + hydrazin e
i
+ lanthanides

sortie
(lanthanide s

entrée T sorti e
extractio n lavage solvant désextractio n
14 étages 2 étages 16 étage s Lolvan t

( production Sane x
américium + curium
acide glycolique )
entré e

Figure C .7 : schéma de l'essai Sanex iPr-BTP réalisé en 2001 sur un effluent de haute activité et en extracteur s
centrifuges .

nides (99,9 %) et de purification en lanthanides , succès sur solution reconstituée (lanthanides inac -
elle présente une dégradation non négligeabl e tifs, américium aux concentrations nominales e t
dans le solvant . Pour la voie Sanex BTP, des étude s curium en traces), dans une cellule blindée d'Atalante .
complémentaires sont donc nécessaires pour l e Du fait de marges opératoires restreintes, la mise
développement d'une molécule plus stable . en oeuvre de ce schéma a nécessité un pilotage fin
des paramètres opératoires du procédé, en particulie r
Sanex " voie faible acidit é des débits et de l'acidité, pilotage obtenu par un suiv i
Très proche de la précédente (elle utilise les même s en ligne du pH et des concentrations d 'américiu m
types de molécules), la voie faible acidité en diffère et du néodyme représentant des lanthanides .
par l ' ajout d ' un réactif tampon dans la phase aqueus e
issue de Diamex afin d ' en diminuer l ' acidité . La Sanex voie " un seul cycle "
plupart des extractants azotés étudiés ne sont plei - La troisième voie explorée tire partie des première s
nement efficaces que dans un milieu faiblemen t étapes du procédé Diamex. La coextraction des acti -
acide . Cette fois, le système d ' extraction reten u nides et des lanthanides est réalisée dans un milie u
(figure C.8) comporte un solvant composé d ' un e à forte acidité nitrique, comme pour le procéd é
TMHADPTZ (la 2-(3,5,5-triméthylhexanoyla- Diamex . Ensuite, l'américium et le curium son t
mino)-4,6-di(pyridine-2-yl)-1,3,5 triazine) et l 'acid e désextraits, c ' est-à-dire ramenés vers la phase aqueuse ,
octanoïque . L' acide glycolique est utilisé comm e
réactif tampon . Là encore, le procédé s ' est révél é
très efficace . Les performances mesurées son t
conformes aux objectifs : plus de 99,9 % du curium
et de l'américium sont récupérés . Les lanthanide s
sont très efficacement séparés des actinides (facteu r
de purification global voisin de 200) .
Dans l ' élaboration du schéma de ce procédé, la prin -
N
cipale difficulté est due à la forte sensibilité au p H
de la solution de la répartition des actinides et de s
lanthanides entre les deux phases, ainsi qu ' à de s N N„N /
facteurs de séparation actinides (III) / lanthanides (III ) TMHADPTZ
modestes (facteur de séparation entre l'américiu m 2-(3 , 5 , 5 -triméthylhexanoylaminoi-4,6-di - (pyridine-2 -yl1-1,3,5 triazin e
et l'europium de 7,5 et entre le curium et l'euro-
pium de 5) . L' optimisation du schéma a donc néces- o
sité le développement et l'utilisation d'un code de
OH
simulation, avec une prise en compte fine des prin -
cipaux équilibres chimiques intervenant lors d e Acide octandique
l'extraction des actinides (III) et lanthanides (III) ,
Le schéma ainsi optimisé (figure C.9) a été testé avec Figure C .8 : extractants du solvant Sanex " voie faible acidité" .

41

entré e
/
flux Diame x acide glycoliqu e
américium + curiu m concentration s
+ lanthanide s variable s

sortie
(lanthanides)

T
solva n extraction I lavages solvant désextractio n
12 étages I 12 étages 8 étage s
entrée sorti e
production Sane x
américium + curium l
acide glycolique )
entré e

Figure C .9 : schéma de l'essai Sanex voie " faible acidité" réalisé en 2001 sur une solution reconstituée .

sélectivement à l'aide d'un complexant aqueux de tion aqueuse, dans laquelle doit être réalisée l a
type acide polyaminocarboxylique . Performant à désextraction sélective des actinides est, quan t
faible acidité, ce réactif doit être combiné à un extrac - à elle, composée d ' un mélange de HEDT A
tant de type acide lipophile . Ce dernier réactif main - (n-(2 -hydroxyéthyl)-éthylènediamine-triacétate )
tient en phase organique les produits de fission e t tamponné par de l ' acide citrique .
notamment les lanthanides durant l ' étape de désex - Globalement, la voie en un seul cycle se déroule e n
traction des actinides (III) . Parmi les nombreux cinq points (figure C .10) :
candidats lipophiles possibles, l ' acide di-2éthylexy l • point 1 : coextraction des actinides et des lantha-
phosphorique (HDEHP) a été retenu . La solu - nides (avec quelques autres produits de fission) ;

entré e
raffinat Pure x TMAOH ) ( acide citrique 3
sorti e produits de fissio n
produits + américium + curiu m sorti e
de fission + lanthanides Mo+Pd )
(
T
extractio n désextraction Mo, P d
8 étage s 8 étages
II
entré e entré e T
tolvant solvani

sorti e
(solvant
T~ d ésextraction désextractio n désextraction
Zr, F e ~II lanthanides actinides mineur s
8 étages 8 étage s 16 étage s
lanthanides ) production Sane x
( Zr +F e ( américium + curiu m
sortie sortie

acides nitriqu e acid e acide citriqu e


+ oxalique nitrique + HEDTA
/
entré e

Figure C .10 : schéma de l'essai Sanex voie " un seul cycle" réalisé en 2000 sur un effluent de haute activité .

42
Les résultats des recherches sur la séparation poussé e
C > Résultats Actinex pour la séparation de l'américium et du curiu m

• point 2 : désextraction du molybdène, du palla-


dium et de l'acide nitrique par un tampon acid e DIAMEX 2 : SÉPARATIO N
seulà pH >2 ; AMERICIUM/CURIU M
• point 3 : désextraction des actinides à l'aide d e • Pour séparer l'américium du curium ,
HEDTA en milieu tampon à pH > 2 ; un premier procédé fut mis au point . Baptis é
• point 4 : désextraction des lanthanides en milie u Sesame, il utilisait les potentialité s
de l'électrochimie . Cependant, se s
acide nitrique à 1 mol/l ;
performances restaient inférieures à celle s
• point 5 : désextraction des ions métalliques (zir- imposées par le cahier des charges .
conium et fer) restants dans le solvant en présence • Aussi, les chercheurs ont concentré leurs
d ' acide oxalique . efforts sur une voie alternative, par extractio n
Les performances affichées par la voie "un seu l liquide-liquide. En utilisant, sur un gran d
nombre d'étapes de traitement, les même s
cycle" sont excellentes . Les taux de récupératio n
types d'extractants que dans le procédé Diamex,
sont supérieurs à 99,9% pour l' américium et à 99,7 %
les performances requises ont pu être atteintes .
pour le curium . Les facteurs de purification de s Nommé Diamex 2, ce procédé est celui reten u
actinides en lanthanides sont supérieurs à 800 . pour séparer l'américium du curium .
Efficace, ce procédé manque néanmoins de simpli -
cité . Les cinq étapes, que requiert sa mise en oeuvre ,
en font un procédé complexe qui, de plus, produi t (figure C.17) . Réalisé en conditions réelles, ce test a
plus d'effluents aqueux que les autres procédés . mis en oeuvre les étapes suivantes :
• oxydation préalable du flux entrant pour produir e
• ÉTAPE 3 : SÉPARATION AMÉRICIUM/CURIU M l'américium (VI) avec complexation de la valence (IV) ,
au moyen d'un électrolyseur continu fonctionnan t
Comme lors des précédentes étapes, les perfor- en re-circulation jusqu ' à envoi vers l ' extraction ;
mances attendues pour le procédé de séparation d e • extraction de l ' américium (VI) par le solvant TBP ;
l ' américium et du curium sont très ambitieuses . Le • réoxydation de la fraction d'américium restan t
cahier des charges initial prévoit : dans la solution aqueuse après trois étages d'extra -
• que plus de 99,9% de l'américium et du curiu m ction . Ceci est réalisé par une étape d ' électrolyse e n
soient récupérés dans des flux spécifiques ; ligne, complétée par une extraction complémen-
• et que chacun des deux actinides présente moin s taire de l'américium (VI) .
de 1 % de trace de l ' autre . Les résultats de l' expérience Sesame 5 ne sont pa s
conformes aux prévisions de performances calculée s
Voie Sesam e à l ' aide d ' un modèle mis au point à partir des don -
Durant une première phase (1992-2001), le procéd é nées acquises lors de précédents essais . Ainsi, pou r
Sesame (Séparation par extraction sélective de l ' amé - l ' américium, on a mesuré :
ricium par méthodes électrochimiques) a été étudi é • une récupération de 78 % de l'américium initial ,
en priorité . avec une pureté de 99,5 % ;
Ce choix s ' explique aisément car Sesame apporte un e • une perte de 13 % d'américium dans le catholyt e
flexibilité supplémentaire . Ce procédé permet de trai - au cours de l'électrolyse du flux entrant ; cette frac -
ter les flux issus soit de Sanex, soit de Diamex, le concep t tion serait toutefois potentiellement recyclable ;
étant d'extraire directement l'américium de ce s • une fuite de 7 à 8% d'américium dans l'étap e
effluents, le curium n ' étant pas séparé des produits de d'extraction, due à une oxydation limitée en A m
fission . Sesame repose sur l' oxydation sélective de l' amé- (VI) dans le flux entrant, certainement liée à l a
ricium (III), préalablement oxydé à l 'état d 'oxyda- présence d ' impuretés .
tion (IV) puis (VI) par électrolyse ; un hétéropolyanion Pour le curium, la récupération est de 88 % dans l a
lacunaire est utilisé pour stabiliser, par complexation , solution issue de la deuxième extraction et la pert e
l'état intermédiaire . Laméricium (VI) est alors aisémen t de 14 % dans le catholyte de la première oxydation .
extrait par le TBP, extractant du procédé Purex . Ainsi, au terme de l'année 2001, le procédé Sesam e
Entre 1994 et 2001, les recherches ont permis l a n'a pas démontré son efficacité pour le traitemen t
mise au point du procédé, notamment en : de véritables effluents de haute activité .
• acquérant les données de base relatives aux phéno -
mènes d'oxydation électrochimique de l'améri- Voie alternative par extraction liquide-liquid e
cium, ainsi qu ' à son extraction par solvant ; Les performances insuffisantes révélées par l'expé -
• validant, par quatre essais en haute activité, diffé- rience Sesame 5 ont conduit à lancer, dès la fin 2001 ,
rentes opérations unitaires du procédé ; le développement d'un procédé alternatif par extractio n
• sélectionnant les réactifs . liquide-liquide, basé sur la sélectivité de certains extra-
Autant d ' avancées qui ont permis, à la fin 2001, l a ctants pour l 'américium (III) vis-à-vis du curium (III) .
réalisation d'un essai (Sesame 5) de faisabilité scien - Sélectifs, les extractants doivent, pour être utilisé s
tifique dans des cellules blindées d'Atalante ultérieurement à l' échelle industrielle, pouvoir être

43

entré e

flux Sane x acide nitrique )


américium + curium
i
W
électrolyse Batch
sorti e
solvan t

lavage extraction lavag e désextractio n


'r--
3 étages 3 étages I 3 étages 3 étage s
1
entré e
diluan t entré e
(TPH) production américium acide nitriqu e
eau oxygéné e

entré e

extractio n
complémentair e
électrolys e 3 étages
en ligne C production curiu m

Figure C .11 : schéma de l'essai Sesame 5 .

aisément mis en oeuvre et ne pas générer de trop grandes sur l'extraction liquide-liquide . Du fait de ses simi-
quantités de déchets secondaires . Deux types de sys - litudes avec le procédé Diamex, ce procédé a ét é
tèmes répondent, a priori, à de telles contraintes : nommé Diamex 2 .
• les diamides, à l ' instar du DMDOHEMA déj à
utilisé dans les procédés Diamex et Sanex ; • CONCLUSION SUR LA FAISABILIT É
• les calixarènes, tels que Calix[4]arène-CMPO (CMPO SCIENTIFIQUE DE LA SÉPARATIO N
sigle pour Oxyde de CarbomoylMéthylPhosphine) . DE L'AMÉRICIUM ET DU CURIU M
Ce dernier, bien que le plus sélectif, n'a pas ét é
retenu pour l'essai de démonstration de la faisabi- La faisabilité scientifique de l'extraction conjointe
lité scientifique . Sa mise en oeuvre s'est révélée e n des actinides mineurs et des lanthanides par le pro -
effet plus délicate que prévue pour la récupératio n cédé Diamex est acquise [ROS-01] . Plus de 99,9 %
en phase aqueuse de l ' américium extrait . des actinides mineurs présents dans la solution de
Réalisé dans l'installation Atalante à la fin de l'année dissolution des combustibles usés ont été récupéré s
2002, l'essai sur solution représentative s ' est déroul é lors d'essais à l'échelle du laboratoire .
selon le protocole suivant : Les trois voies Sanex explorées ( " BTP" , " faible aci-
• le solvant est celui utilisé dans le procédé Diamex , dité", "un seul cycle") pour séparer les actinide s
c' est-à-dire DMDOHEMA à la concentration de mineurs des lanthanides ont été expérimentées avec
0,65 mol/1 dilué dans du TPH, la concentration en succès à l'échelle du laboratoire et conduisent su r
acide nitrique du flux entrant étant fixée à 3 mol/1 ; ces essais à un taux de récupération des actinide s
• l ' étape d ' extraction-lavage comprend quarante - supérieurs à 99,7 % . Les facteurs de purification e n
huit étages et celle de la désextraction en compte huit . lanthanides, pour chaque voie, sont respectivement
Sensible aux variations de température, de débit e t supérieurs à 150, 200 et 800 . La moindre stabilité
d'acidité, l'essai a dû être conduit avec une grand e des extractants BTP et la difficulté de mise en oeuvre
rigueur. Un suivi spectrophotométrique en ligne d e de la voie "faible acidité" conduisent à retenir la
l ' américium, en cinq points stratégiques de l ' expé- voie " un seul cycl e " comme base pour une démons-
rience, a permis le pilotage de l'essai et l'obtentio n tration de faisabilité technique .
des performances visées : La faisabilité scientifique de Sanex est acquis e
*99,9% des deux actinides sont récupérés ; [ROS-01] .
• le taux de contamination du curium par l'améri- Pour la séparation de l'américium du curium, l e
cium atteint 0,6% et celui de l' américium par le procédé Sesame a été étudié jusqu ' en 2001 . L a
curium ne dépasse pas 0,7 % . complexité opératoire et le manque de résultat s
Réussi, l'essai de décembre 2002 a démontré la fai- convaincants sur solution de haute activité de Sesam e
sabilité scientifique de cette voie alternative basée ont conduit à lui préférer une méthode plus sûre .

44

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Résultats Actinex pour la séparation de l'américium et du curiu m

Cette voie, Diamex 2, basée sur l'extraction liquide - Cette étude doit être complétée par des étude s
liquide sépare l'américium du curium à leur état technico-économiques, permettant d'obtenir un e
d'oxydation (III), stable en milieu nitrique . première évaluation du coût d'un atelier industrie l
La faisabilité scientifique du procédé Diamex 2 de séparation poussée .
ayant été démontrée en 2002, cette solution a été La démonstration de la faisabilité technique est basé e
choisie comme voie de référence [ROS-04] et doi t sur la séparation de l'américium et du curium parl e
être qualifiée techniquement . procédé Diamex-Sanex (figure C .12) . Ce procéd é
repose sur une extraction conjointe des lanthanide s
C .4-3 Faisabilité technique de l a et de l'américium et du curium par un diamide, suiv i
séparation de l'américium et du curiu m d'une désextraction sélective des deux actinide s
mineurs, puis d ' une étape (Diamex 2) de séparatio n
• OBJECTIF S américium/curium par le même solvant diamide .
Les études de faisabilité technique ont nécessit é
La faisabilité technique consiste à effectuer la vali- l'utilisation de nouvelles installations et équipe-
dation complète des procédés dans l ' optique d ' un e ments, conçus et mis en place à cet effet .
mise en oeuvre industrielle future [ROS-02] . Cett e Mise en service en 2002, la boucle d ' irradiatio n
démonstration, basée sur les procédés de sépara - Marcel permet de tester la résistance des solvant s
tion retenus à l'issue des études de faisabilité scien- aux effets de l'hydrolyse et de la radiolyse en simu-
tifique, implique : lant des conditions d'utilisation industrielles . Elle
• de mettre à l'épreuve simultanément toutes les étapes est conçue pour reproduire l'effet de l'hydrolys e
des procédés, y compris le recyclage des solvants ; seule ou les effets couplés de l'hydrolyse et de la
• d'expérimenter ces étapes à une échelle et sur de s radiolyse, et tester les traitements chimiques d e
durées représentatives des conditions industrielles , régénération des solvants .
en particulier pour les points jugés les plus sensible s La Chaîne blindée procédé (CBP), plate-form e
(endurance du procédé) . complète d ' appareillages dans Atalante, a ét é
construite et mise en service pour tester en milie u
nucléaire de haute activité (cellules blindées, télé -
FAISABILITÉ TECHNIQU E opération) les différents procédés permettant l a
DE LA SEPARATIO N
DE L'AMÉRICIUM ET DU CURIU M séparation des actinides mineurs .
Une plate-forme complète d'appareillages e n
• La faisabilité technique consiste à effectuer l a milieu non nucléaire a été créée pour évaluer, dan s
validation complète des procédés dans l'optiqu e
des équipements représentatifs de ceux de la CBP ,
d'une mise en oeuvre industrielle future . Il s'agi t
notamment : le fonctionnement hydrodynamique des solvant s
- de tester la résistance aux effets de l'irra- utilisés dans les différents procédés .
diation des solvants utilisés dans les différent s
procédés ; • OPTIMISATION DU SCHÉMA D'EXTRACTIO N
- de mettre au point des maquettes d'appa-
DE L'AMÉRICIUM ET DU CURIU M
reillages reproduisant parfaitement les condi-
tions d'exploitation de contacteur de taille réelle ;
- de valider l'ensemble du procédé, à échelle Le procédé Sanex voie " un seul cycle" (figure C.10)
réduite, mais en traitant une solution réell e retenu pour la démonstration de faisabilité techniqu e
sur la durée . comprend cinq opérations dont deux servent à désex -
traire le molybdène et le palladium, d'une part, et l e

U Pu Np Tc i Am Cm

T
Combustible usé — Purex Diamex 2

Am+C m

Diamex-Sanex
Solution de haute activité
Produits de fission Lanthanide s
Cs

Calixarene s

Produits de fission W

Figure C .12 : procédés retenus pour la démonstration de faisabilité technique .

45
LA CHAÎNE BLINDÉE PROCÉDÉ (CBP )
• La Chaîne blindée procédé (CBP), construite dans Atalante ,
a été mise en service à la fin de l'année 2003 . C'est l'une de s
plus importantes installations du CEA pour l'expérimentatio n
sur des matières radioactives . Cet outil permet notamment d e
tester des procédés de traitement de combustibles usés su r
des quantités significatives (jusqu'à 80 kg) et sur de longue s
durées . La CBP est équipée d'une protection biologique consti-
tuée par 970 mm de béton à l'hématite et de 30 mm d'acier.
C'est dans cette installation que sera réalisé le test final d e
validation des procédés de séparation des actinides avant 2006 .
• Elle comporte plusieurs postes de travail :
- un double poste de réception des matières nucléaire s
(combustibles) et de réalisation d'éventuels traitements méca-
niques ou thermiques de ces matières (découpe, calcination) ;
- un double poste adapté au traitement des combustibles usés :
dissolution (dissolveur d'un volume de 8 à 16 litres), traite -
ment des gaz, clarification des solutions de dissolution pa r
centrifugation ou filtration spécifique ;
- un double poste comportant des contacteurs (batterie s
de mélangeurs-décanteurs et d'extracteurs centrifuges) et u n
poste de très grande hauteur (8,90 ml comportant trois colonne s
pulsées de quatre mètres de hauteur pour les études de sépa-
ration par voie hydrométallurgique ;
- un poste dédié au traitement et au conditionnement des déchets .
• Les différentes solutions utilisées lors des essais menés dans la CBP peuvent faire l'objet d'un suivi ana -
lytique en ligne par spectrophotométrie . Des équipements spécifiques ont été développés pour répondre à
ce besoin .
• La CBP est également équipée de plusieurs lignes de transfert pneumatique permettant la circulation d'échan-
tillons entre la CBP et les autres installations d'Atalante, en particulier la chaîne blindée d'analyse .

zirconium et le fer, d'autre part . Simplifier ce pro - Moins compacte, cette voie en deux cycles présent e
cédé en réduisant le nombre d'opérations de lavag e l'intérêt de limiter les risques de dysfonctionne-
aurait pour avantage de diminuer du même cou p ment lors de sa mise en oeuvre dans la CBP. Ell e
le volume des effluents destinés à la vitrification . comprend, comme le montre le schéma de prin-
Des travaux ont été entrepris dans ce sens et u n cipegure C.14) :
schéma de principe d ' un procédé, appelé Diamex- • un traitement de la solution de haute activit é
Sanex en un cycle, a été défini (figure C.13) . Il uti- (issue de Purex) par le procédé Diamex qui per -
lise, comme dans le cas du procédé Sanex "un seu l met d'extraire les actinides mineurs et les lantha-
cycl e " , deux extractants (le diamide DMDOHEMA nides sans extraire le zirconium, le molybdène, l e
et un acide phosphorique) . Le diamide DMDO- fer et le palladium ;
HEMA est utilisé à l ' étape d ' extraction des acti- • suivi d ' un traitement de la solution de produc-
nides mineurs et des lanthanides pour reproduir e tion du procédé Diamex par le procédé Sanex " u n
l ' étape d ' extraction du procédé Diamex . L' acid e seul cycle" dans une version simplifiée puisqu'i l
phosphorique est ajouté au diamide à l'étape d e devient inutile de mettre en place les opération s
désextraction des actinides mineurs pour mainte- destinées à éliminer le zirconium, le molybdène ,
nir en phase organique les lanthanides . On repro - le fer et le palladium .
duit ainsi le principe testé pour la désextractio n Modulable, la voie en deux cycles pourra par l a
sélective des actinides mineurs du procédé Sane x suite intégrer des améliorations, comme la sépa-
" un seul cycl e " . Comme le diamide DMDOHEM A ration des extractants et se réduire à un schém a
est employé seul à l'extraction, il est nécessaire d e Diamox-Sanex en un cycle (figure C .13) .
le séparer de l ' acide phosphorique au sein du pro -
cédé . Après une série de tests, le choix s ' est porté • VALIDATION DU TRAITEMENT DU SOLVAN T
sur l'acide bis (1, 3-diméthyl)butyl phosphoriqu e DANS LA BOUCLE D'IRRADIATIO N
(HBDMBP) .
Malgré de nombreux travaux, l'étape de séparation Le solvant employé dans les procédés de séparatio n
des extractants n'est pas encore totalement maîtri - se dégrade sous l'effet de l'hydrolyse et de l'irradia -
sée . Ainsi, pour l ' essai de qualification de 2005, u n tion (radiolyse) . Afin de garantir son recyclage dan s
procédé Diamex-Sanex en deux cycles a été retenu . le procédé, il est nécessaire d ' éliminer les produit s

46

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e


C > Résultats Actinex pour la séparation de l'américium et du curiu m

entré e
/
flux Purex acide s
produits de fission nitrique acid e
+ américium + curium +oxalique nitriqu e 1
+ lanthanides + HEDTA
sorti e
( produits de fissio n
I ~

T W

U traitemen t extraction/lavage Diamex


- solvan t
séparati o n LDMDOHEMA
HBDMBP /DMDOHEM
T
solvan t
- HBDMB P
désextractio n désextractio n
lanthanides actinides mineurs
lanthanide
s J
sortie
production Diamex-Sane x
acide glycoliqu e I américium + curiu m
\( acide nitrique ) + HEDTA

entrée

Figure C .13 : schéma de principe du procédé Diamex-Sanex en un cycle .

1' cycle : Diame x


entré e sorti e
solvant solvant)
sorti e
produits
extraction/lavage Désextractio n
de fission
i

flux Purex acide s acid e acid e


produits de fissio n nitriqu e nitrique nitriqu e
+ américium + curiu m + oxaliqu e entré e
+ lanthanides + HEDTA
production Diame x
\ / f
américium + curiu m
entré e
------------------------------ -------------------------------- --------------- --------------------------- ----------------------- -
+ lanthanides

2e cycle : Sanex " un seul cycle" simplifi é


entré e sorti e
solvant) traiteme n solvant

extraction/lavag e
I solvant
T
sortie'E -
entre e
T solvant
production Diame x acid e
actinides mineurs nitriqu e
+ lanthanides
entrée désextractio n désextractio n
actinides mineurs lanthanides

T T
production Sanex soude ) acide citrique ' C lanthanides ) acid e
américium + curium ( + HEDTA
sortie nitriqu e
entrée / entré e

Figure C .14 : schéma de principe du procédé Diamex-Sanex en deux cycles .

47
de dégradation par un traitement de régénératio n • MISE EN OEUVRE DES PROCÉDÉ S
adapté . Cette étape de traitement du solvant es t ET VALIDATION D'ENSEMBL E
classiquement réalisée au moyen d ' un lavage pa r
une base . Les solutions à traiter, issues du procédé Purex ,
Le diamide DMDOHEMA, employé pour la sépa- peuvent contenir des matières en suspension . Il est
ration des actinides et des lanthanides, se dégrad e donc nécessaire d ' utiliser un contacteur tolérant l a
majoritairement en amide acide, qui se dégrad e présence de tels solides, au moins pour la première
lui-même en monoamide . étape de coextraction des actinides et des lantha-
Pour le procédé Diamex, les propriétés du solvan t nides . La colonne pulsée est le contacteur le mieu x
ont été conservées pendant toute la durée du tes t adapté à une telle opération dans la perspectiv e
de 275 heures réalisé dans la boucle Marcel . C e d ' un usage industriel .
résultat prouve que l'amide acide est correctemen t
éliminé du solvant par le lavage à la soude . La for- Des essais hydrauliques, destinés à vérifier la bonne
mation du monoamide s'en trouve réduite et s a circulation des phases aqueuse et organique, on t
concentration dans le solvant reste suffisammen t été réalisés dans une colonne pulsée d'un diamètre
faible pour être sans effet sur les propriétés du sol- de 15 mm, taille minimale pour conserver un fonc-
vant et sur le fonctionnement du procédé . tionnement représentatif d ' une installation indus-
Pour le procédé Sanex "un seul cycle", les opéra - trielle . Ces tests ont confirmé la possibilité d ' utilise r
tions de traitement du solvant n'éliminent pa s de telles colonnes pour la majorité des opération s
l'amide acide, probablement en raison d'une inter- du procédé Diamex-Sanex en deux cycles (figur e
action entre ce dernier et l ' acide HDEHP. Dès C .15) et pour Diamex 2 .
lors, le monoamide se forme . Un essai d e Les essais réalisés en 2005 sur solutions inactive s
700 heures dans la boucle Marcel a toutefois mon- ont montré que les performances des colonnes pul -
tré que la concentration des produits de dégra- sées ne permettaient pas d'atteindre les objectif s
dation (amide acide et monoamide) rest e visés pour les opérations de désextraction des acti-
suffisamment faible pour ne pas perturber le fonc- nides mineurs et des lanthanides . Par conséquen t
tionnement du procédé . leur mise en œuvre dans l'installation CBP n'a pa s
Les études poursuivies en 2005 ont eu pour obje t été retenue .
de consolider l'ensemble de la démarche visant à Des essais de plus courte durée ont été menés et
anticiper les effets du vieillissement des solvant s ont permis de montrer l'efficacité de cette étap e
dans des unités industrielles . de désextraction dans une batterie de mélangeur s
Elles ont consisté notamment à éprouver l'endu- décanteurs telle que celle installée dans l ' installa -
rance du procédé Diamex incluant le traitemen t tion CBP.
continu du solvant et son recyclage pendant un e Le schéma finalement retenu pour l ' essai d e
période de 760 heures (représentant un à deux an s démonstration Diamex dans la cellule CB P
de fonctionnement industriel selon le combustible comprend :
considéré) . • deux colonnes pulsées en série pour la fonctio n
Les résultats de cette campagne montrent que l a extraction ,
vitesse de dégradation du DMDOHEMA est, à • une colonne pulsée pour la fonction de lavage ,
dose y intégrée équivalente, de l'ordre de quatr e • une batterie de 8 étages de mélangeur-décanteu r
fois supérieure à celle du TBP. Les essais de radio - pour la fonction de désextraction ,
lyse ci ont montré que, pour des conditions simi- • 4 extracteurs centrifuges pour la fonction de trai -
laires, la vitesse apparente de dégradation d u tement du solvant .
DMDOHEMA est environ quatre fois plus faibl e
par radiolyse a que par radiolyse y . Ce choix a été validé lors d'un dernier essai en inac -
En absence de traitement du solvant, la radiolys e tifde longue durée mettant en oeuvre le schéma com -
et l'hydrolyse du solvant conduisent à l'accumu- plet (choix et couplages entre appareils de géni e
lation d'amide-acide et de monoamide . Les vitesses chimique) dans une configuration très proche de cell e
apparentes de formation de ces espèces ne sem- de l 'installation CBP. Le taux de récupération des lan-
blent pas accélérées par la radiolyse . En revanche , thanides atteint est supérieur à 99,9% . De plus, l ' ajout
la mise en oeuvre du traitement du solvant perme t de fer à une concentration élevée telle qu'observé e
d'éviter l'accumulation de ces deux composés mon - dans la solution d'alimentation de la CBP n'a pas e u
trant ainsi son efficacité . d'impact sur les performances du procédé .
Ces résultats permettent de valider les perfor-
mances du traitement du solvant . En 2005, une mise en oeuvre du procédé Diame x
L'endurance du schéma Diamex a ainsi été prou- ainsi validé en inactif a été effectuée avec succès su r
vée pour une période représentant un à deux an s solutions réelles dans la CBP. Le procédé Sanex a
de fonctionnement industriel . été testé dans une autre partie de l'installation Atalant e

48

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Résultats Actinex pour la séparation de l'américium et du curiu m

sorti e
solvan t
DMDOHEMA
entré e
/
flux Pure x
produits de fissio n
+ américium + curiu m acid e acid e
+ lanthanide s nitriqu e nitrique j

acide s
nitriqu e
+ oxaliqu e traitement
+ HEDTA solvant
extractio n désextractio n (extracteur -
lavage (colonn e
(colonn e (colonn e centrifuge )
pulsée)
pulsée ) pulsée )

entré e sortie entré e


solvan t carbonate carbonat e
(
DMDOHEMA de sodiu m

W
sortie production Diame x
produits de fission américium + curiu m
(
+ lanthanides

Figure C .15 : principe de l'essai dans la CBP du procédé Diamex-Sanex en deux cycles (étape Diamex) .

traitement solvant II

flux Diame x i acide nitriqu e


+ acide nitriqu e soud e
+ HEDTA

solvan t
DMDOHEM A
+ HDEH P
+ TPH acid e
extraction/lavag e nitrique
(colonne Couette)

lavag e désextraction lanthanide s


lanthanides désextraction actinides

NI/ r
C actinide s HEDTA
_ + acide citrique lanthanides acid e
nitrique i

Figure C .16 : schéma de l'essai dans Cl 1/C12 du procédé Diamex-Sanex en deux cycles (étape Sanex " un seul cycle" simplifié) .

49

traitement solvan t
DMDOHEMA (extracteur centrifuge )

entrée sortie
soude ) ( soude ) sorti e
( Solvant

désextraction Am T
lavage curium (extracteur centrifuge) (extracteur centrifuge )
extraction américiu m
(colonnes Couette ) nnnnnnnrtnnnnnnnn , nnnnnnn n
flux Diamex-Sane x acide productio n acid e
américium + curium nitrique \ américium nitrique j
entré e
entrée

productio n
curium
J

Figure C .17 : schéma de l'essai du procédé Diamex 2 de séparation Am/Cm .

(cellules appelées C11/C12) . Ces essais de longue • PREMIÈRES ÉTUDES DE CONCEPTIO N


durée permettent de tester l'ensemble des étapes , D'ATELIER ET PERSPECTIVE S
dont le recyclage du solvant, la plus critique .
Pour l ' essai Sanex, le raffinat de l ' opération Diame x Complémentaires aux résultats des études de fai -
est traité selon le schéma de la figure C .16 ave c sabilités scientifique et technique, des évaluation s
des colonnes de laboratoire (de type Couette) e t technico-économiques ont aussi été menées en par -
des extracteurs centrifuges, dont certains adapté s tenariat avec Cogema et SGN . Elles serviron t
au traitement solvant . notamment à évaluer le coût de construction e t
Des essais hydrauliques des fonctions de désex- d'exploitation d'un futur atelier industriel de sépa -
traction des actinides d'une part et des lanthanide s ration poussée, en prenant en compte les résultat s
d'autre part ont été réalisés sur colonnes à effe t des essais définis précédemment ainsi que les aspect s
Couette et ont permis de définir les condition s procédés, gestion de tous les effluents, sûreté de s
opératoires de fonctionnement stable pour l'essa i installations .
en actif. Les points de suivi analytique en lign e En 2001, une analyse de faisabilité et une première
(concentration en actinides et pH) ont aussi ét é évaluation économique d'un atelier industriel situ é
définis . Les mesures ont permis de piloter l'essa i en aval d'une usine de traitement des combustible s
en actif et de connaître ses performances malgr é usés ont ainsi été réalisées, basées sur une défini -
des difficultés de fonctionnement d'une colonn e tion des procédés non encore complètement fina -
Couette . lisée à cette époque .
En 2003 et 2004, l'ébauche d'un atelier de sépara -
Les résultats de séparation obtenus pour américiu m tion poussée a été conçue, sur la base de l'ensembl e
et curium sont satisfaisants par rapport aux objec - des procédés finalement retenus . Ce travail a per -
tifs fixés. Ces résultats confirment sans surprise tou s mis d'établir :
les acquis obtenus précédemment en laboratoire . • les schémas de fonctionnement et les descriptifs
des procédés et des équipements ;
Pour la séparation américium/curium, la valida - • les schémas d'implantation .
tion d ' ensemble dans les cellules C11/C12 consis - À partir de ces données, le CEA a produit une pre-
tera en un essai du procédé Diamex 2 sur la solutio n mière évaluation du coût d'une installation de sépa-
issue de l'essai Diamex-Sanex, selon le schéma d e ration poussée, avec à ce stade une incertitude d e
la figure C .17 . 30 à 40 % . Il en ressort que la gestion des effluent s

50

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e


> Résultats Actinex pour la séparation de l'américium et du curiu m
> Résultats Actinex pour la séparation du neptuniu m

liquides est la partie la plus coûteuse (1/3 du coû t séparation de l'américium et du curium est main -
total), alors que les opérations Diamex-Sanex, celle s tenant acquise [ROS-04, ROS-05a, ROS-05b] .
de séparation de l'américium du curium et celle s Une première image, certes incomplète, de ce qu e
de concentration de flux de matières actives on t pourrait être un atelier industriel de séparation d e
chacune un coût d'un poids sensiblement équiva- l'américium et du curium a été établie sur la bas e
lent (1/5 du coût total), hors coût de conversion e n des données expérimentales disponibles . Cette ana -
produits finis . Au total, le coût d'investissemen t lyse préliminaire n ' a révélé aucun point bloquant ,
de l'atelier de séparation poussée est du même ordr e mais il convient maintenant de la compléter pou r
de grandeur que celui d ' un des ateliers de haut e pouvoir conclure quant à la faisabilité industrielle .
activité des usines UP3 ou UP2-800 .

C .4-4 Poursuite des études de bas e C .5 Résultats Actinex pou r


la séparation du neptuniu m
Accompagnant les développements techniques ,
des études de base se poursuivent, notamment dan s C .5-1 Situation actuelle
le cadre du projet européen Europart. Elles visen t
à simplifier les conditions de mise en oeuvre de s Après cinq ans de refroidissement, une tonne d e
procédés de séparation des actinides . Par exemple , combustible usé UOX déchargé à 60 GW j/t contien t
la coextraction des actinides (III) et des lanthanide s 916 g de neptunium 237, dont la période radioactive
(III) à partir de solutions concentrées est étudié e est de 2140000 ans . Le neptunium est entièremen t
en vue de réduire le volume des solutions à traite r dissous lors de la première étape du traitemen t
et, en conséquence, la taille des installations . des combustibles usés . Son comportement dans le
Des travaux sur des procédés plus innovants son t
également menés . Par exemple, le CNRS réalis e
des études de procédés d'extraction liquide-solide ,
grâce à des polymères "imprimés " ou par nanofil- SÉPARATION DU NEPTUNIU M
tration . • L'objectif est de récupérer au moins 99 %
du neptunium contenu dans le combustible
C .4-5 Conclusion sur la faisabilit é usé . Cet objectif peut être atteint par un e
adaptation du procédé Purex actuel.
technique de la séparatio n
• En effet, le rendement d'extraction d u
de [américium et du curiu m neptunium, qui dépend directement de l a
vitesse de la réaction d'oxydation du neptuniu m
À partir des résultats positifs montrant que la récu - (Vl en phase aqueuse, peut être accru grâc e
pération de 99,9 % de l ' américium et du curiu m à une acidification de la solution d'alimentatio n
est possible en laboratoire, une confirmation d e du premier cycle d'extraction de Purex .
faisabilité, sur quelques litres de solution de haut e • Après la validation sur une solution réell e
de ces résultats acquis en combinan t
activité et avec des appareils d'extraction analogue s
modélisation et expériences de laboratoire ,
à ceux utilisés industriellement, a été obtenue . Les l'extraction quantitative du neptunium es t
solvants ont été éprouvés quant à leur enduranc e envisageable dans les ateliers de traitemen t
et à leur tenue sous irradiation . Les schémas d e industriels moyennant des aménagements
procédés ont été définis et mis en oeuvre dans l'ins - qui resteraient limités .
tallation Atalante . La faisabilité technique de la

entré e
Solvant = extraction U et Pu séparation U / P u =---->
Np (V) =>Np (VI) désextraction U
Np (VI) => Np (V) =>Np (IV)

T 1'
entré e entrée
solutio n ( réducteur
de dissolutio n
100 % Np

raffinat d'extractio n flux plutoniu m flux uraniu m


24 % Np 2 % Np 74% Np J

Figure C .18 : répartition du neptunium au premier cycle d'extraction de l'uranium et du plutonium .

51

premier cycle d'extraction de l'uranium et du pluto- en (VI) est relativement faible, seulement 75 % d u
nium du procédé Purex est résumé sur la figure C .18 . neptunium est extrait par cette opération .
Des campagnes de prélèvements organisées dans Lors de la séparation de l ' uranium du plutoniu m
les usines de La Hague ont permis d 'établir : (partition uranium-plutonium), le milieu réducteu r
• qu ' un quart environ du neptunium n ' est pas mis en oeuvre pour obtenir la désextraction sélectiv e
extrait et reste dans le raffinat d'extraction d u du plutonium réduit le neptunium à l'état d'oxyda -
premier cycle ; tion (V) puis (IV) . Le neptunium majoritairement à
• que le reste, extrait avec l ' uranium et le pluto- l'état (IV) reste dans le flux d'uranium . La faible par t
nium, se retrouve dans les étapes de purificatio n de neptunium à l'état (V) suit le flux de plutonium .
de l'uranium (flux uranium) et de purification d u
plutonium (flux plutonium) . C .5-2 Évolutions possibles du procéd é
Ce comportement s ' explique par la présence dan s
la solution de neptunium sous trois états d'oxyda- Pour accroître le rendement de récupération d u
tion (IV), (V) et (VI) aux propriétés chimique s neptunium [ROS-01], il est nécessaire de favori -
différentes . Ainsi, le neptunium à l ' état (IV) et (VI) ser l'extraction du neptunium au premier cycl e
est extractible par la phase organique alors qu e afin de réduire la part s'échappant dans le flu x
le neptunium (V) ne l ' est pas . Plus précisément, aqueux d'extraction .
dans les conditions de la solution de dissolution, l e Le rendement d ' extraction du neptunium est essen -
neptunium est majoritairement (80 à 90%) à l'éta t tiellement déterminé par la cinétique de la réac -
d'oxydation (V) . Lors de l'extraction, l'équilibre tion d ' oxydation du neptunium (V) dans la phas e
d ' oxydoréduction du système Np(V)/Np(VI) es t aqueuse . Une augmentation de l'acidité de la solu-
déplacé vers la formation du neptunium (VI) ca r tion d ' alimentation du premier cycle a été étudié e
cette forme est extraite par la phase organique . pour accélérer cette réaction et favoriser la forma -
Comme la vitesse d'oxydation du neptunium (V) tion de neptunium (VI) extractible .

solution de dissolutio n
100 % N p acid e
+ acide nitriqu e nitriqu e

E--
( NaNO 2 J J acid e
nitrique
l

lavage technétium /J
acid e
lavag e extraction principale lavag e nitrique
produits i
diluant
TBP 30% de fission
4/
PF1 PF2
-
E
extractio n
complémentaire i
U' V +N H
+ acide nitrique acid e
Na 2 CO3 soude
TBP 30 % i nitriqu e
I \ .A i

E-- -
E II
lavag e lavage uranium traitement solvant
partitio n T réextraction uraniu m
diluant TBP 30 %
W NHA + N H réintrodui t
plutoniu m + acid e acid e
dans le
+ neptuniu m nitriqu e uraniu m nitriqu e
procédé

Figure C .19 : schéma de principe du PUREX -Np .

52
Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Résultats Actinex pour la séparation du neptuniu m


> Résultats Actinex pour la séparation du technétiu m

En 1994, ce principe a été testé lors d ' essais su r Globalement, en termes de performances, les prin -
une solution reconstituée dans le " pilote alpha " cipales conclusions sont :
du centre CEA de Fontenay-aux-Roses . Le ren - • la séparation de l ' uranium et du plutonium pa r
dement d'extraction du neptunium a été nette - le procédé Purex a été satisfaisante ;
ment amélioré par une augmentation de l'acidit é • le rendement d'extraction du neptunium est supé -
de la solution d'alimentation . Ces essais ont éga- rieur à 99,6 % ; il est à noter que ce résultat n'a pa s
lement mis en évidence l'effet positif joué pa r nécessité l'introduction d'acide nitreux dans le ba s
l'acide nitreux sur les rendements d'extractio n des colonnes d ' extraction ;
du neptunium : l' acide nitreux conditionnant for - • la désextraction du neptunium conjointement a u
tement les cinétiques des réactions d'oxydoréduc - plutonium s'est parfaitement déroulée et le neptu-
tion du neptunium et par conséquent so n nium n'est pas détectable dans le flux uranium .
extraction . En effet, au cours d'une des expéri- Tous ces résultats expérimentaux ont pu êtr e
mentations, de l ' acide nitreux a été introduit d e confrontés avec succès avec le code PAREX .
façon à reproduire le phénomène de génératio n
de ce produit qui a lieu dans les solutions réelle s C .5-3 Conclusio n
par radiolyse de l'acide nitrique . Ces expérimen-
tations soulignent l ' intérêt de valider les perfor- Grâce au traitement d ' une solution de dissolutio n
mances d ' extraction du neptunium à partir d ' essai s réelle, lors des essais en 2005 dans la Chaîn e
sur solution réelle pour lesquels de l'acide nitreu x blindée procédé d'Atalante, l'objectif de récupé-
est effectivement produit par radiolyse IROS-021 . ration d ' au moins 99 % du neptunium a été attein t
IROS-05c1 .
La recherche des conditions les plus favorables à Cette opération est envisageable dans les atelier s
l'extraction du neptunium a été réalisée à l'aid e actuels de traitement industriel au moye n
du code de calcul Parex prenant en compte le s d'aménagements relativement limités .
données cinétiques des réactions d'oxydoréduc-
tion du système Np(V)/Np(VI) et notamment l e
rôle joué par l'acide nitreux . Les résultats de cett e C.6 Résultats Actinex pou r
étude ont conduit à proposer d ' augmenter l a la séparation du technétiu m
concentration en acide nitrique de la solutio n
d ' alimentation du premier cycle à 4,5 N, tout e n C .6-1 Situation actuell e
maintenant la concentration en uranium et plu-
tonium à 250 g/1, l ' ajout d ' acide nitreux restan t Après cinq ans de refroidissement, une tonne d e
un moyen complémentaire qu ' il est possible d e combustible usé UOX déchargé à 60 GW j/ t
mettre en oeuvre pour favoriser l'extraction d u contient 1 410 g de technétium 99, émetteur bêt a
neptunium . moins dont la période est de 210 000 ans . La mass e
du technétium formé est pratiquement propor-
Début 2005, un essai a été mené sur une charge d e tionnelle au taux de combustion du combustible .
46 litres de solution issue de la dissolution de s
16 kg de combustibles nucléaires usés dans la Chaîn e Lors de l'étape de la dissolution du combustible ,
blindée procédé d'Atalante dans le but de valide r une partie du technétium reste dans les résidus d e
sur une solution réelle le changement de condi- dissolution, constitués principalement par le s
tions proposé pour une récupération accrue d u "précipités métalliques" formés dans le combus-
neptunium . Les principales caractéristiques de ce t tible, et le reste passe en solution . Sa distribution
essai sont les suivantes : (figure C .20) est la suivante :
• deux colonnes pulsées sont dédiées à la fonctio n • 20 à 50 % restent insolubles dans les résidus d e
extraction, une colonne pulsée est dédiée à la fonc - dissolution ;
tion lavage des produits de fission, les autres fonc - • pour le reste, solubilisé :
tions du schéma sont assurées par des batteries d e —plus de 95 % se retrouvent, sous forme d'io n
mélangeurs décanteurs ; pertechnétate, dans le raffinat de l'extraction secon -
• changement d 'acidité de la solution d ' alimenta- daire du premier cycle d'extraction de l'uraniu m
tion (concentration en acide nitrique portée à 4,5 N et du plutonium ;
en conservant celle de l'uranium à 250 g/1) ; —quelques pour cent accompagnent le raffinat d e
• ajustement de la quantité d'acide nitreux intro - l'extraction principale de l'étape d'extraction d e
duite à l'étape d'extraction de façon à réduire la pert e l'uranium et du plutonium ;
en neptunium dans le flux aqueux d'extraction . —quelques pour cent accompagnent le raffinat d e
Le schéma de fonctionnement proposé pour ce t l'étape de purification plutonium .
essai est représenté sur la figure C .19 et détaillé La fraction de technétium mise en solution dépen d
dans un document technique [ROS-05c] . de la nature du combustible (UOX, MOX), des

53
raffina t
I extraction principal e
actinides mineurs , entré e
produits de fissio n /
dont 1 à 5% Tc solution d e acid e
dissolution nitriqu e
T
entré e extractio n
lavag e
solvant principale

entré e
U, Pu ,
( solvant
extractio n 1à5 %Tc
lavage Tc
secondaire

1\ 1\
entrée s
raffina t acid e
extraction secondaire nitriqu e
95%Tc

Figure C .20 : distribution du technétium dans le procédé Purex .

caractéristiques d ' irradiation (puissance linéiqu e C.6-2 Évolutions possibles du procéd é


et température) et des conditions de dissolution .
Une analyse plus complète des résultats d'exploi- Pour accroître le rendement de récupération d u
tation des usines de La Hague est en cours, e t technétium, il convient :
devrait permettre de corréler les taux de dissolu - • d ' augmenter la solubilisation des résidus d e
tion aux taux de combustion du combustible traité . dissolution ;
• d 'améliorer l ' extraction du technétium au pre-
mier cycle pour limiter sa fuite dans le raffinat d e
SÉPARATION DU TECHNÉTIU M l' extraction principale .
• Au cours du traitement des combustible s Par ailleurs, la purification du technétium sépar é
par le procédé Purex actuel, le technétium s e a été étudiée en vue de sa transformation en matrice
trouve soit sous forme solide dans les résidu s de transmutation ou de conditionnement .
métalliques de dissolution, associé avec le s
éléments de la famille des platinoïdes dan s Différentes études ont été menées dans ce sen s
une structure de type alliage métallique, soi t [ROS-01], [ROS-02] .
en solution dans les raffinats d'extraction o u
de décontamination des divers cycles visant à Amélioration de la dissolutio n
récupérer et purifier l'uranium et le plutonium . L' attaque des résidus par l ' acide nitrique concen-
La répartition du technétium entre ce s
différents flux dépend de nombreux facteurs , tré en présence de complexant ne solubilise qu e
en particulier du taux de combustio n très partiellement le technétium . La matrice d e
du combustible usé traité . constitution des résidus, particulièrement stable ,
• La très grande stabilité chimique des résidu s résiste aux agressions chimiques, ce qui rend dif-
métalliques rend très difficile leur dissolutio n ficile le développement d'une technique de disso-
et donc la séparation poussée du technétiu m lution poussée compatible avec le procédé actuel .
de ces résidus . D'après le retour d'expérienc e
industriel, 50 à 80% du technétium son t La recherche d'un autre mode de dissolution bas é
dissous dans les raffinats d'extraction . notamment sur des techniques électrolytiques n' a
• Plus de 95% du technétium soluble es t pas abouti à ce jour. Ces recherches n'ont pas ét é
récupéré actuellement dans un flux spécifiqu e poursuivies .
à partir du procédé Purex . L'adaptatio n
de schéma proposée devrait permettr e
Amélioration de l'extraction du technétiu m
une meilleure extraction du technétiu m
au premier cycle . au premier cycl e
• La conversion du technétium sous form e Accroître l'acidité lors de l'extraction, à un niveau
de carbure ou de métal est envisageabl e comparable à celui préconisé pour la séparation
par un procédé de précipitation suiv i poussée du neptunium, devrait permettre un e
d'une décomposition thermique . meilleure récupération du technétium . Ce point a
été suivi lors des essais de séparation du neptu -

54
Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Résultats Actinex pour la séparation du technétiu m


> Résultats Actinex pour la séparation de l'iod e

nium réalisés dans la Chaîne blindée procédé (CBP ) réduction de sa fuite dans le raffinat d'extractio n
d'Atalante début 2005 . Cette meilleure récupéra - principale renfermant les actinides mineurs et le s
tion du technétium n'a pu être obtenue probable - autres produits de fission . Ce résultat n'a pu êtr e
ment à cause d'une teneur résiduelle de zirconiu m obtenu probablement à cause d'une teneur rési-
plus élevée qu'attendue dans le solvant perturbant duelle élevée de zirconium dans le solvant pertur-
la désextraction du technétium . Ceci est attribué bant la désextraction du technétium .
à une efficacité insuffisante du lavage du zirco- La conversion du technétium, sous forme de car -
nium dans les conditions de l'essai . bure ou de métal, est envisageable par un procéd é
de précipitation suivi d ' une décomposition ther-
Purification et conversion du technétiu m mique . Une éventuelle purification préalable d e
séparé ce flux par électrodéposition est également pos-
Les flux contenant le technétium séparé contien- sible avec un rendement de 92 % .
nent également des traces d'autres produits de fis-
sion qui doivent être éliminés dans la perspectiv e
de l'élaboration ultérieure de composés de techné- C .7 Résultats Actine x
tium pour sa transmutation ou son conditionne - pour la séparation de l'iod e
ment . Pour ce faire, la purification du technétiu m
par électrodéposition a été étudiée . L' électrolys e C .7-1 Situation actuell e
sur cathode de graphite, suivie d'une redissolutio n
anodique du dépôt dans le milieu de conversion , Après cinq ans de refroidissement, une tonne d e
conduit à récupérer 92 % de l'élément et à produir e combustible usé UOX déchargé à 60 GW j/ t
une solution suffisamment pure pour q u ' elle puisse contient 379 g d'iode, dont 71 g d'iode 127 stabl e
être convertie en composé solide . et 308 g d ' iode 129, isotope à vie longue de périod e
Les formes métal et carbure sont connues pou r voisine de quinze millions d'années . Dans les usine s
être les formes chimiques les plus stables du tech-
nétium solide . Pour les obtenir à partir d'u n
nitrate de technétium en solution, un procéd é SÉPARATION DE L'IOD E
basé sur la précipitation des ions pertechnétat e • L'objectif principal des études de séparatio n
par les cations tétraalkylammonium a été étu- poussée de l'iode est de récupérer 99% de l'iod e
dié . Ces sels forment avec le technétium des com- contenu dans le combustible usé .
plexes peu solubles, ce qui donne de bon s • L'iode contenu dans le combustible usé es t
rendements de précipitation . Un traitement ther- libéré lors de la dissolution du combustible dan s
le procédé Purex et se retrouve, pour enviro n
mique transforme ces complexes en carbure d e
97%, dans les solutions de traitement des ga z
technétium dans une atmosphère d'oxyde de car- de dissolution ; cet iode est aujourd'hui rejeté e n
bone ou en technétium métallique dans une atmo- mer. L'objectif de récupération a été atteint pa r
sphère d ' hydrogène . la mise au point au laboratoire et sur un pilote
Les procédés développés pour la purification (élec - en environnement non nucléaire d'un procéd é
de piégeage sélectif de l'iode en solutio n
trodéposition) et la conversion (précipitation e t
(réduction de l'iode par un nitrat e
décomposition thermique du solide) du techné- d'hydroxylammonium), qui permet de récupére r
tium ont été étudiés en laboratoire non nucléaire . 99,7% de l'iode initialement contenu dans le s
solutions de traitement des gaz de dissolution .
C .6-3 Conclusio n • Le reste du flux d'iode du procédé Purex (3 %
du bilan iode total) est pour les 2/3 immobilis é
sur les filtres à iode .
La stabilité chimique des résidus métalliques inter - On cherche dans ce cas à le récupérer pou r
dit la mise en solution du technétium insolubl e le renvoyer dans le flux principal . Un procéd é
contenu dans ces résidus par des techniques com- de décontamination des filtres a été optimis é
patibles avec le procédé actuel . en laboratoire non nucléaire et permet ,
Plus de 95 % du technétium soluble est récupér é selon les conditions opératoires retenues ,
soit de privilégier une récupération maximal e
actuellement dans un flux spécifique à partir d u
de l'iode, soit de diminuer le nombre d'étapes
procédé Purex . Pour améliorer sa récupération, il du procédé afin de simplifier la mise en oeuvre
convient de réduire les pertes au niveau du raffi- industrielle éventuelle .
nat de l'extraction principale du premier cycle, c e • La combinaison de ces deux procédés
qui aura pour effet d'accroître les quantités d e (piégeage sélectif et décontamination des filtres )
technétium recueillies dans le flux spécifique. pourrait être mise en oeuvre dans les usines
actuelles et permettre la récupératio n
L'adaptation de schéma étudiée [ROS-04], [ROS-05c ]
d'au moins 99 % de l'iode contenu dans l e
pour la séparation poussée du neptunium (cf cha- combustible usé et sa séparation des autre s
pitre C.5) devait permettre une meilleure extrac- radionucléides .
tion du technétium au premier cycle et ainsi une

55
actuelles, la majeure partie de cet élément est sépa - dont il convient de se défaire, avant rejet en mer ,
rée dès les premières étapes du procédé afin d e par réoxydation de la solution en milieu nitriqu e
limiter sa dissémination dans l'ensemble de l'usine . et désorption des seuls composés volatils que son t
L'iode ainsi récupéré est rejeté en mer et se dilu e CO,, I2 et NO S . Ceux-ci sont à nouveau piégé s
dans le milieu marin . dans une solution de soude .

Au cours de la dissolution du combustible usé, un e Un moyen de récupérer exclusivement l ' iode e n


grande part de l'iode passe à l'état gazeux avan t solution est d ' utiliser du nitrate d ' hydroxylammo -
d'être récupéré par le dispositif de traitement des nium (NHA) en milieu acide au lieu de soude .
gaz de dissolution . La majorité est piégée dans un e Avec ce procédé, les vapeurs nitreuses forment pa r
solution liquide avec d'autres éléments (comme l e hydrolyse de l'acide nitreux, puis par réduction d e
carbone 14 et quelques radiocontaminants bêta - ce dernier un gaz inerte (le protoxyde d'azote) qu i
gamma) . Le reste est arrêté sur des filtres solide s s'échappe de la solution . Les conditions d'emplo i
disposés à la base de la cheminée de rejet à l' atmo - du NHA qui piège l'iode sous forme d'iodure mai s
sphère . La part de l'iode restant dans la solutio n ne retient pas le gaz carbonique ont été détermi-
de dissolution suit les différentes étapes du pro - nées par des essais de laboratoire : il a été possible
cédé de traitement du combustible et se retrouv e de piéger plus de 95 % de l ' iode présent et de réduire
majoritairement piégée par des filtres disposés su r plus de 95 % de l'acide nitreux .
les différents flux gazeux de l'usine avant leur rejet . Menées en réacteur fermé, ces études ont ét é
Plus précisément, la répartition de l'iode dan s complétées par des essais à échelle pilote dans un e
l ' usine est la suivante : configuration plus représentative du procédé indus -
• 0,2 à 0,3 % reste occlus dans les gaines à l ' issue de triel reproduisant le lavage en continu d ' un flu x
l ' étape de dissolution des combustibles usés ; gazeux par une solution de NHA . Les résultat s
• 97 % sont récupérés en solution liquide avan t obtenus dans ce cas ont montré que, moyennan t
d ' être rejeté en mer ; le maintien du pH de la solution à une valeur voi -
• 2 % sont immobilisés sur des filtres ; sine de 5, il est possible de piéger 99% de l'iode .
• moins de 1 % est rejeté dans l ' atmosphère . La séparation de l'iode du gaz carbonique est éga -
lement particulièrement efficace ; un facteur d e
C .7-2 Évolutions possibles du procéd é séparation vis-à-vis du carbone de l'ordre d e
500 a été relevé lors de ces expérimentations .
Deux voies de gestion de l' iode sont actuellemen t Pour la purification du flux d ' iode, les expériences
à l'étude : menées à l ' échelle du laboratoire ont établi qu e
• sa transmutation (en xénon stable) par l'intermé- l'ajout d'eau oxygénée dans la solution de piégeag e
diaire d'un composé iodé compatible avec le s réoxyde l'iode qui désorbe, oxyde l'acide nitreu x
contraintes d ' un passage en réacteur ; résiduel en ions nitrate et détruit le NHA excé-
• son conditionnement dans un composé adapté dentaire .
aux conditions d'un stockage géologique . Les conditions opératoires pour le traitement d e
Dans la mesure où les spécifications sur la natur e solutions représentatives ont été précisées par de s
et la teneur en impuretés admissibles pour ces com - expérimentations à l ' échelle pilote sur une solu-
posés ne sont pas encore connues, l'obtention d'u n tion synthétique de piégeage. Ainsi 99,7 % de l ' iod e
flux spécifique renfermant au moins 99 % de l'iod e initialement contenu dans les gaz de dissolutio n
issu du combustible usé et purifié des autres radio - se retrouvent concentrés dans un flux gazeux n e
nucléides est l ' objectif visé (ROS-01], [ROS-021) . contenant que du protoxyde d 'azote .
Atteindre ces performances nécessite, à partir d u Avec de tels résultats, la faisabilité du piégeag e
mode de gestion actuel, de mettre au point : sélectif de l ' iode par une solution de NHA en milie u
• le piégeage sélectif de l'iode en solution et s a acide suivi d'une désorption de l'iode par l'ajou t
purification ; d ' eau oxygénée est acquise .
• la récupération de l'iode piégé sur les filtres .
• DÉCONTAMINATION DES FILTRES À IOD E
• PIÉGEAGE SÉLECTIF DE L'IODE EN SOLUTIO N
ET PURIFICATIO N II s' agit de récupérer l ' iode piégé sur les filtres . Le s
travaux de laboratoire ont permis de mettre a u
Dans le traitement actuel des gaz de dissolution , point un procédé chimique de décontaminatio n
l ' iode est piégé dans une solution de soude qu i de ces filtres . Les résultats de ces études sont détaillé s
arrête aussi une partie du gaz carbonique (absorb é dans le rapport Axe 3 au chapitre " Réduction d e
sous forme de carbonate) et des vapeurs nitreuse s l'activité des rejets liquides et du volume des déchet s
(absorbées sous forme de nitrite) . Cette solutio n MA-NT des usines de La Hague (programm e
renferme également des émetteurs bêta-gamma Puretex) " .

56

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e


C > Résultats Actinex pour la séparation de l'iod e
> Résultats Actinex pour la séparation du césiu m

U Pu Np Tc I Am Cm

T T T T
Combustible usé 4 Purex Diamex 2

1' Am+C m

Solution de haute activité


4 Diamex-Sanex

Produits de fission Lanthanide s


Cs

T Calixarène s

Produits de fission W H
Figure C .21 : schéma de principe de la séparation poussée .

C .7-3 Conclusio n quatre à huit groupements phénoliques cyclisé s


par des groupements méthylène, qui peuvent êtr e
La faisabilité de la récupération de 99% de l'iod e fonctionnalisés sur le bord inférieur ou supérieur .
contenu dans le combustible usé est démontrée . Le greffage d'éthers couronne sur ces structure s
Les procédés développés au laboratoire en milie u exacerbe le pouvoir extractant et surtout la sélec-
non radioactif doivent être transposés à l'échell e tivité des éthers couronnes vis-à-vis du césium .
industrielle .Aprion, les études conduites n'ont mi s Les molécules de calixarène couronne ainsi obte-
en évidence aucun élément rédhibitoire vis-à-vi s nues ont démontré leur efficacité vis-à-vis d ' un e
(le la mise en oeuvre des procédés développés dan s extraction sélective du césium et leur supériorit é
les usines actuelles IROS-041 . vis-à-vis des systèmes classiques d'extraction d'al -
calins, ainsi que leur capacité à opérer dans u n
milieu plus acide .
C .8 Résultats Actinex La synthèse et la caractérisation des molécules d e
calixarène couronne ont été essentiellement réali -
pour la séparation du césiu m sées dans le cadre des projets de recherch e
C.8-1 Introduction : européens . Les premières mises en oeuvre des calixa -
l'objectif de la séparation du césiu m rènes ont été faites en présence d'un diluant (l e
nitrophényl hexyl éther) dont les propriétés hydro -
Après cinq ans (le refroidissement, une tonne d e dynamiques ne permettaient pas une transposi-
combustible usé UOX déchargé à 60 GWj/t contien t tion directe à un procédé d ' extractio n
environ 4,6 kg de césium, dont 1,89 kg de césiu m liquide-liquide . On a donc dû employer le TP H
133 stable, 50 g de césium 134 (période de deux ans) , comme diluant . Mais alors, un modificateur es t
769 g de césium 135 (isotope à vie longue de périod e nécessaire pour solubiliser le calixarène dans l e
de 2 300000 années) et 1,93 kg de césium 137 (périod e diluant . Le solvant est ici constitué du calixarène
de trente ans) . et du modificateur, mélangés dans le diluant . Les
L' objectif de la séparation poussée est la récupé- deux solvants retenus sont présentés sur l a
ration de 99,9% du césium mis en solution pa r figure C .22 .
l ' étape de dissolution des combustibles usés .
Dans le schéma général de la séparation poussé e
figure C.21), l ' étape de séparation du césium es t SÉPARATION DU CÉSIU M
mise en oeuvre sur le raffinat du procédé Diamex,
• La mise au point d'un procédé de séparatio n
c'est-à-dire sur une solution de haute activité n e
du césium a nécessité le développement d e
contenant ni actinides ni lanthanides . molécules spécifiques capables de complexe r
très efficacement le césium, les calixarènes
C .8-2 Faisabilité scientifiqu e couronnes .
• Un procédé de séparation poussée basé su r
Au cours des recherches de nouvelles molécule s ces molécules a été mis au point en laboratoir e
et testé sur des solutions réelles de produit s
susceptibles de séparer sélectivement le césium, le s
de fission, conduisant à une extractio n
calixarènes sont apparus comme une solutio n de 99,9% du césium, conforme à l'objecti f
prometteuse [ROS-011 . visé, démontrant ainsi sa faisabilité .
Les calixarènes sont des macrocycles, formés de

57

Système 1 Système 2

calixarène R1 4

1,3 [di-octyloxy] -2,4-couronne -6-calix [4]arèn e 1,3 [[2 -4 di éthyl -heptyléthoxy)oxy] -2,4- couronne -6-calix [4]arèn e

modificateur TBP 1,5 M H3C


modificateur // 1M
Phosphate de tributyle C
/N—
C 3 H 17 nq
\,
Méthyloctyl -2 diméthylbutanamid e
Dans un diluant aliphatique le TP H

Figure C .22 : solvants retenus pour la séparation du césium .

Le premier utilise un calixarène très facilement dis - trifuges, une extraction et une désextraction d u
ponible, le calixarène octyl (ou calixarène octyloxy) . césium supérieure à 99,9 % ont été obtenues confor-
Le modificateur employé est le phosphate de tri - mément aux prédictions du calcul . Les essais en
butyle (TBP) qui a le désavantage d'extraire le zir- colonnes (pulsées ou de type Couette) ont révél é
conium . Pour éviter cette extraction, il est nécessaire un fonctionnement hydraulique satisfaisant ave c
d' introduire dans la solution aqueuse de l ' acide oxa- les deux solvants . Toutefois, un comportement plu s
lique . Ce réactif forme un complexe avec le zirco- émulsif a été observé avec le calixarène R14 .
nium qu ' il maintient en phase aqueuse . C ' est c e Ces résultats positifs ont conduit, pour chaque sol -
principe qui est appliqué à l ' étape de lavage du pro - vant, à tester un schéma complet de procédé su r
cédé Diamex pour empêcher l'extraction du zirco - un effluent réel (raffinat du procédé Diamex) dan s
nium, du molybdène et du fer (cf chapitre C .4-2) . l'installation Atalante . Un exemple de schéma est
Le second solvant met en oeuvre un calixarène d e donné sur la figure C .23 . Le pourcentage d ' extra-
synthèse plus difficile (calixarène R14) et un modi - ction obtenu pour le césium est très élevé, 99,9 %
ficateur de type monoamide qui ne présente pa s et la sélectivité obtenue par rapport à l ' ensemble
l'inconvénient décrit précédemment . des autres éléments est excellente .
Après acquisition des données de base, des calcul s La faisabilité scientifique d'une extractio n
de schémas de procédé ont été effectués sur ce s sélective du césium par des calixarènes couronne s
deux systèmes . Les tests expérimentaux ont été est ainsi démontrée .
pratiqués à partir de solutions simulées, sur de s
extracteurs centrifuges et des colonnes de labora- C .8-3 Conclusio n
toire de type Couette pour minimiser les volume s
de solution mis en oeuvre, puis sur des colonne s Les études réalisées ont montré que les calixarène s
pulsées de 15 mm de diamètre . En extracteurs cen - couronnes présentent une résistance notable au x

entré e
sorti e /
produit s flux Diame x acid e
de fissio n produits de fissio n nitriqu e
i
sans Cs + acide oxalique

1
extraction et lavage solvan t
9 étage s désextraction
solvan t solvan t
6 étage s
entré e sorti e

productio n acid e
césium nitriqu e
entré e

Figure C .23 : schéma de l'essai haute activité avec le premier solvant .

58

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Résultats Actinex pour la séparation du césiu m


> Résultats des recherches sur l'entreposage intermédiair e
des actinides mineurs séparé s

Combustible 4
Purex
usé

4 Diamex-Sanex –~ Produits de fissio n

4 Diamex 2

Np

conversion

W
conditionnemen t

W W W
entrepô t

Figure C .24 : domaine des études sur le conditionnement et l'entreposage des actinides mineurs séparés .

conditions de radiolyse . Des études sont en cour s vers l'usine de fabrication de combustible MOX d e
pour caractériser la tenue à l'irradiation des sol- Marcoule réutilisant ce plutonium .
vants (calixarène, modificateur et diluant) . Dans cette logique, des études ~gure C.24) ont été
Des études préliminaires montrent que les pro- menées sur le conditionnement et l' entreposag e
priétés d'extraction des solvants ne seraient pa s des actinides mineurs séparés afin de disposer d'un e
modifiées par les phénomènes d'hydrolyse . chaîne complète de traitement poussé du combus-
Aucune différence notable de performance ne dépar - tible depuis les opérations de cisaillage jusqu'à l'en -
tage actuellement les deux solvants étudiés, hormi s treposage dans l'attente de l'utilisation ultérieur e
dans quelques cas, un comportement hydrodyna- des éléments séparés (fabrication de combustible s
mique plus favorable du calixarène octyl qui sembl e ou de cibles pour la transmutation, notamment )
devoir être retenu pour un développement industriel . [POR-051 . Cet entreposage est supposé pouvoi r
Pour choisir le solvant définitif, on tiendra aussi durer quelques années, voire au plus quelque s
compte de critères de nature économique . A ce stade , dizaines d'années . Dans ces études, les voies s'ap-
bien que la synthèse du calixarène octyl soit plu s puyant sur des procédés industriellement éprou-
aisée et pratiquée par différentes sociétés de syn - vés ont été privilégiées, notamment pour les concepts
thèse, les coûts des deux calixarènes different peu . d'entrepôts, car les durées visées sont tout à fai t
En ce qui concerne le modificateur, le phosphate d e compatibles avec les entrepôts industriels exploi-
tributyle, produit déjà industriellement, est moin s tés aujourd'hui pour les déchets HA ou pour le s
cher que le monoamide . La production du mono- combustibles usés .
amide à l'échelle industrielle devrait en réduire l e Le neptunium peut être extrait en même temp s
prix . La faisabilité scientifique du procédé de sépa - que le plutonium, grâce à la mise en oeuvre d e
ration du césium est acquise conformément à l'ob - modifications du procédé Purex actuel (cf. chapitre
jectif de récupération fixé à 99,9 % et la démonstratio n C.5) . Cet élément peut alors être géré sous form e
de la faisabilité technique ne montre pas de diffi- pure ou conjointement avec le plutonium . Dan s
culté rédhibitoire [ROS-04], [ROS-02] . le premier cas, le comportement du neptuniu m
étant très similaire à celui du plutonium, les pro -
cédés aujourd'hui mis en oeuvre pour le condition -
C.9 Résultats des nement et l ' entreposage du plutonium sépar é
recherches sur l'entreposag e peuvent être transposés sans difficulté prévisible :
cela n ' a donc pas donné lieu à un programme d e
intermédiaire des actinide s
R&D particulier . Dans le second cas, gestio n
mineurs séparé s conjointe du plutonium et du neptunium, la fai-
sabilité en a été validée par des études ponctuelle s
Aujour d ' hui, le plutonium extrait du combustibl e visant à compléter et à adapter les procédés d e
usé est conditionné sous forme d'oxyde dans de s conversion utilisés pour le plutonium seul .
conteneurs métalliques et entreposé dans de s Pour l ' américium et le curium, les recherches por-
installations sur le site de l'usine de traitement d e tent sur la démonstration de la faisabilité :
combustible usé à La Hague avant d'être transféré • de la conversion en composés solides des solu -

59
L'ENTREPOSAGE INTERMÉDIAIRE DES ACTINIDES MINEURS SÉPARÉ S
• Les études menées sur le conditionnement et l'entreposage d'attente des actinides mineurs (après séparation et avan t
transmutation) ont porté sur :
- la conversion des solutions liquides de nitrates d'actinides issues des procédés de séparation poussée en composés solides ;
- la transformation éventuelle de ces composés en une forme physique appropriée è leur entreposage ;
- le conditionnement des composés sous forme de colis ;
- la conception d'entrepôts adaptés aux spécificités (thermique, radioactivité) des actinides mineurs séparés et prévus pou r
une durée de quelques dizaines d'années . La faisabilité d'un entrepôt conçu pour plus d'un siècle pour le cas spécifiqu e
du curium a aussi été examinée .
• Dans ces études préliminaires, les voies s'appuyant sur des procédés industriellement éprouvés ont été privilégiées .
• En conclusion générale, l'entreposage des actinides mineurs est faisable :
- l'américium et le neptunium peuvent être gérés comme l'est aujourd'hui le plutonium, sous réserve d'adaptation au x
problèmes spécifiques de criticité et de radioprotection ;
- l'entreposage sous eau, pendant quelques dizaines d'années, du curium, dilué avec de l'uranium, ou d'un mélang e
d'actinides mineurs, est faisable, moyennant quelques études complémentaires d'optimisation, notamment pour la gestio n
de la criticité et des situations dégradées ;
- l'entreposage du curium sur des durées supérieures au siècle pose un problème spécifique, dû à la décroissanc e
de sa puissance thermique . Toutefois, les premières options techniques d'un concept adapté ont pu être déterminées .

tions liquides de nitrates d ' actinides issues des pro- Il peut donc être converti en oxyde NpO2 et condi -
cédés de séparation ; tionné sous cette forme comme l'est actuellemen t
• de la transformation éventuelle de ces composés e n l'oxyde PuO 2 . Toutefois, la possibilité de gére r
une forme physique appropriée à leur entreposage ; simultanément plutonium et neptunium (et éven -
• du conditionnement des composés sous form e tuellement uranium) sous la forme (Np,Pu)O 2
de colis ; (éventuellement (Np, Pu,U) O Z ) a aussi été envisa -
• d'entrepôts adaptés aux spécificités (thermique , gée : dans ce cas, la concentration en neptuniu m
radioactivité) des actinides mineurs, en s ' assuran t dans le composé pourrait être ajustée .
à chaque étape de la possibilité de reprise des acti- Pour l' américium, la forme retenue est la form e
nides entreposés . pure AmO> .
Un point complémentaire a été instruit pour l e La gestion et l ' entreposage de curium sous form e
curium : en effet, il peut s'avérer intéressant d'en- pure ne sont pas envisageables, en raison de l a
treposer le curium sur des durées bien plus longue s forte chaleur résiduelle à évacuer et de l'impor-
car l'isotope à vie courte du curium ('"Cm), qui a tant niveau de radioactivité de cet élément . Il a
une période de dix-huit ans, va très vite se trans - donc été retenu de diluer le curium dans l'oxyd e
former en f4uPu . Le mélange ainsi obtenu aprè s d'uranium sous forme d'oxyde mixte uranium -
une dizaine de périodes (soit environ deux siècles) curium (U,Cm)O7 à une concentration en curiu m
sera moins complexe à gérer lors de la fabricatio n d'environ 10 % . Cette dilution est destinée à faci -
du combustible de transmutation que le compos é liter la mise en oeuvre des procédés de conversio n
initial, riche en '44 Cm . Une étude préliminaire, lar- et de mise en forme du composé ainsi que l ' éva-
gement inspirée des travaux menés sur l ' entrepo- cuation de la chaleur encore produite par cet élé-
sage de longue durée au titre de l'axe 3 de la loi d u ment pendant l'entreposage . L'oxyde d'uraniu m
30 décembre 1991, a donc été menée pour dispo- joue dans ce cas le rôle de matrice stable sous irra-
ser d ' une première image d ' un entrepôt de curiu m diation et permet également d ' envisager des opé-
de durée supérieure au siècle . rations de reprise du curium après entreposage à
l'aide du procédé Purex .
C .9-1 Conversion et élaboratio n La forme oxyde serait aussi adaptée dans le cas d e
du composé solid e la conversion groupée de l ' uranium, du plutoniu m
et des actinides mineurs .
L'objectif est d'obtenir un composé solide à parti r Plusieurs techniques, en voie sèche ou en voi e
des solutions nitriques de neptunium, d'améri- humide, ont été considérées pour la conversion de s
cium et de curium issues des procédés de sépara - solutions nitriques en oxydes .
tion . La forme solide choisie est la forme oxyd e La dénitration thermique qui réalise, en une seul e
qui présente une bonne stabilité et qui peut êtr e étape, l ' évaporation, la dénitration et la calcina -
aisément reprise par l ' acide nitrique ; en outre , tion, paraît aisée . Toutefois, la nécessité de traite r
l ' usage de cette forme est maîtrisé industriellemen t un grand volume de gaz pouvant être chargé d e
pour l'uranium et le plutonium . fines particules d'actinides peut être un handica p
Le neptunium présente un comportement chi- si l'élément traité est sous forme pure : en effet, ce s
mique tout à fait similaire à celui du plutonium . fines particules peuvent se déposer sur les diffé -

60
Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Résultats des recherches sur l'entreposage intermédiair e


des actinides mineurs séparé s

rents constituants de l'installation conduisant ains i Les recherches pour la coconversion du curium e t
à une éventuelle contamination nécessitant d e de l'uranium nécessitent une première phase d'étud e
lourdes interventions de maintenance . sur simulants pour la définition des conditions d'éla-
Parmi les procédés en voie humide, les procédé s boration des composés réels ; elles s'appuient sur le s
sol-gel et par imprégnation (pour le cas de l' oxyd e résultats des études de base et de procédés menée s
mixte d'uranium et de curium) présentent un inté- depuis 1998 dans l ' installation Atalante avec l e
rêt pour fabriquer des particules d'actinide de taille soutien de Cogema dans l'objectif de développe r
spécifiée . Néanmoins, leur niveau de dévelop- des procédés de coconversion oxalique uranium -
pement est insuffisant et il ne sera pas possible d e plutonium . Ces études menées initialement sur l e
démontrer leur faisabilité scientifique avan t couple U(IV)-Pu(III) ont été récemment étendue s
l'échéance de la loi de 1991 . à d'autres couples d'actinides ou d'actinide-lantha -
Autre procédé en voie humide, le procédé d e nide, en particulier Th(IV)-Pu(III), U(IV)-Ce(III) ,
précipitation oxalique présente deux avantages : Np(IV)-Pu(III), Pu(IV)-Ce(III), Pu(IV)-Am(III) .
• être déjà mis en oeuvre industriellement pour l a Pour tous ces couples, hormis les couples Np(IV)-
conversion du plutonium issu du traitement actuel Pu(III) et Pu(IV)-Am(III) pour lesquels la vérifi-
des combustibles usés ; cation reste à faire, les composés obtenus lors de l a
• être largement utilisé dans les laboratoires pou r précipitation correspondent à des oxalates mixte s
la conversion d ' actinides mineurs en oxydes . de structures analogues . La structure de l'oxalate
La comparaison des méthodes envisagées a condui t du couple U(IV)-Cm(III) s ' apparenterait plutôt à
à retenir, dans un premier temps, le procédé d e ceux des couples U(IV)-Nd(III) et U(IV)-Sm(III) .
précipitation oxalique pour les études de faisabi- Les études sur les structures des oxalates U(IV) -
lité scientifique . Des études ont été conduites d e Ln(III) (Ln représentant Ce, Nd, Sm, Gd) sont e n
façon à démontrer avant 2006 la faisabilité d ' ob- cours . L'étude de l'oxalate USmGd (structure e t
tention d'oxydes d'américium, de plutonium - essais de précipitation batch et continu USmGd) a
neptunium et d' uranium-curium par cette voie . donné des premiers résultats satisfaisants ce qu i
devrait conduire à valider (ou non) la possibilit é
En ce qui concerne l ' américium, celui-ci forme pa r d ' obtenir un oxalate mixte U(IV)-Cm(III) pa r
précipitation oxalique des composés de structur e coconversion .
comparable à ceux du plutonium . Cette voie d e Par la suite, les études prévues mettront au poin t
conversion bénéficie donc de l ' expérience indus- des procédés permettant de donner au produi t
trielle acquise sur le plutonium et d ' une pratiqu e pulvérulent issu de la conversion des caractéris-
à l ' échelle du laboratoire pour la fabrication d e tiques (granulométrie, coulabilité, surface spéci-
cibles ou de sources (de quelques dizaines à cen- fique) adaptées aux opérations de mise en form e
taines de grammes au maximum par lot) . finale pour l ' entreposage .
Récemment, cette voie a été utilisée avec succè s En complément à ces travaux expérimentaux, les
dans l' installation Atalante pour la production d ' u n conditions de mise en oeuvre industrielle du pro-
lot de 100 g d ' oxyde d ' américium 241 dans le cadr e cédé de conversion doivent être précisées et un e
du programme d ' irradiation de cibles de transmu- première image d ' un atelier de conversion définie .
tation (cf chapitre D.5) .
La coconversion oxalique du neptunium, du plu- C .9-2 Conditionnemen t
tonium et de l'uranium est possible notammen t
après réduction de ces trois éléments à leur plus ha s Seul, le cas des oxydes contenant du curium, qu i
degré d'oxydation . La réduction du neptuniu m pose les difficultés les plus grandes en terme s
peut être réalisée à l'aide d'agents réducteurs et des - d ' évacuation de la chaleur résiduelle et de radio -
tructeurs de l ' acide nitreux, tels le couple nitrat e protection, a été considéré . En effet, on estime que,
d ' hydroxylammonium (NHA)/nitrate d ' hydrazi- du fait des niveaux de puissance thermique à gérer,
nium (NH), en présence ou non de nitrate d ' ura- l ' oxyde de neptunium (mélangé ou non au pluto-
nium (IV) . La faisabilité scientifique de l a nium) peut être géré comme l ' oxyde de plutoniu m
coconversion à partir d'une solution de nitrates d e l'est actuellement de façon industrielle, c'est-à-dir e
Pu(III), de Np(IV), de U(IV) et de U(VI) a ét é conditionné sous forme de poudre d 'oxyde dan s
démontrée en 2004 dans l ' installation Atalante . L e des boîtes entreposées à sec dans des puits . Il en est
rendement de précipitation du neptunium est supé - de même pour l'oxyde d'américium .
rieur à 90 %, malgré la faible proportion de cet élé - En terme de thermique, le mélange d ' oxydes d ' ura -
ment (vingt fois moins abondant que le plutonium) . nium et de curium est aussi plus contraignant qu e
Il est constaté une répartition de manière homo - le mélange des oxydes d'américium, de curium e t
gène du neptunium dans l ' oxyde issu de la cocon - de neptunium (dilué ou non) : c'est pourquoi l'étud e
version (répartition proche ou équivalente à cell e a été menée sur l'oxyde mixte uranium-curium .
d'une solution solide) . À partir de cet oxyde mixte, deux options sont envi -

61
sageables pour constituer la forme conditionné e • étui : diamètre extérieur 33,7 mm, épaisseu r
au sein du colis : 2,6 mm, hauteur 1 m ;
• directement à partir de la poudre d'oxyde issu e • boîte primaire et étui en acier inoxydable austé -
de l'étape de conversion, éventuellement aprè s nitique du type 316 .
compactage ;
• à partir de pastilles obtenues par pressage et/o u C .9-3 Concepts d'entrepô t
frittage .
L' option " pressé/fritté " permet d ' entreposer u n L'entreposage des colis d'oxyde d'américium et
matériau dense présentant une conductibilité ther- d'oxyde de neptunium (sous forme pure ou dilu é
mique supérieure à celle de la poudre, facteur favo- avec du plutonium et de l'uranium) peut être effec-
rable pour le dimensionnement thermique . tué dans des installations similaires aux entrepôts
Cependant, les caractéristiques du curium rendan t de plutonium existants : en effet, la puissance ther -
indispensable de réaliser les opérations de pressag e mique des oxydes à gérer est inférieure à celle d u
et de frittage des pastilles en enceinte blindée, l a 238Pu . Des contraintes supplémentaires sont certe s
mise en oeuvre de cette solution est complexe . E n à prendre en compte, en particulier en ce qu i
outre, la durabilité dans le temps de ces pastille s concerne la protection biologique : elles relèvent
n'est pas démontrée aujourd'hui (notamment d u de l ' ingénierie classique et ne nécessitent pas d e
fait des dégâts d'irradiation) . R&D spécifique .
La première option, " poudre " , est donc privilé- Il en va différemment de l'oxyde de curium don t
giée . Les difficultés qu'elle présente, du fait du tra- la puissance thermique, même sous forme mixt e
vail sur des produits pulvérulents, lors des opération s uranium-curium, est très largement supérieure à
de conditionnement (dispersion d'aérosols et d e celle de l'oxyde de plutonium : l'entreposage sous
contamination) sont similaires à celles qui ont déj à eau apparaît alors intrinsèquement comme le plu s
été résolues pour le conditionnement de l'oxyde performant pour ce qui concerne l ' évacuation d e
de plutonium à La Hague. Par principe, la faisa- la chaleur. Ceci est aussi vrai pour l ' entreposag e
bilité de cette option est donc considérée comm e des actinides groupés .
acquise . De façon détaillée, la voie de référenc e Pour les entrepôts industriels (d'une durée de vi e
étudiée consiste à : de quelques dizaines d'années), les études se son t
• remplir de poudre par écoulement gravitaire un e limitées à vérifier, par analogie, que le concep t
boîte primaire fermée par un bouchon serti ; d ' entreposage sous eau, tel q u ' actuellement prati -
• disposer quatre boîtes de ce type dans un étui , qué pour les combustibles MOX, est adaptable a u
puis fermer cet étui, rempli à l ' hélium afin d e cas du curium . Un bilan thermique montre que
réduire les risques de corrosion et favoriser le s dans un volume similaire à celui d'un assemblage
échanges thermiques, par un bouchon soudé pou r de combustible, on peut entreposer environ 11 k g
constituer la première barrière de confinement . de curium sous forme d'oxyde mixte (U,Cm) O2 ,
Le dimensionnement doit prendre en compte le s dans les colis décrits au chapitre précédent . Sur la
éléments suivants : base de 1000 tonnes de combustible usé traitée s
• la densité de la poudre entreposée, de l'ordre d e annuellement, la quantité annuelle de curiu m
30% de la densité théorique du matériau ; séparé est de l'ordre de 0,15 tonne . Cet inventair e
• la masse linéique de curium de 150 g/m et la annuel représente alors l'équivalent de 14 assem-
puissance linéique de 3,5 W/cm ; blages, à comparer à la capacité unitaire des pis -
• la température maximale à coeur de la poudr e cines de La Hague, qui est de 8000 assemblages .
conditionnée . La stabilité thermique de CmO 2 Une estimation tout à fait préliminaire du coût d e
n ' est assurée, d ' après la littérature, que jusqu ' à l'entreposage d'attente du curium aboutit à un e
400 °C . Au-delà, l'oxyde se réduit en donnant de s valeur au moins 100 fois supérieure à celle d e
composés sous stoechiométriques et d'autres oxydes l'entreposage du combustible usé .
tels que Cm,O 3 . Il n'existe aucune donnée de la Cette solution apparaît donc comme applicable .
littérature sur le composé (U,Cm)O, . La contraint e Une analyse bibliographique des données d e
de température à coeur dans la poudre condition- base et des principes de dimensionnement d'un e
née a donc été fixée à 400 °C ; piscine a été effectuée . Deux configurations ,
• la tenue de l'étui à la pression interne . L'étui doi t l'une avec pompe de circulation et l'autre sans ,
résister au relâchement total de l'hélium dû à l a sont envisageables de manière à optimiser l e
décroissance alpha du curium 244, conduisant à dimensionnement . Des configurations du typ e
une pression interne maximale de 45 bars . " assemblage " (regroupement d ' étuis sur plu -
Les principales caractéristiques du système reten u sieurs niveaux dans une structure) ont été défi -
en découlent : nies (figure C .25) .
• boîte primaire : diamètre interne 25 mm, hau- Pour valider le dimensionnement du concept d 'en -
teur 250 mm ; trepôt de (U,Cm) O 2 sous eau, il a été procédé à un e

62
C Les résultats des recherches sur la séparation poussé e
> Résultats des recherches sur l'entreposage intermédiair e
des actinides mineurs séparés

constitutio n
"assemblages "
pompe s
et échangeurs

o.00

arrivée étui s

remplissage paniers

Figure C .25 : schéma d'un entreposage type piscine de curium .

évaluation du risque de criticité . Le dénoyage es t 1991 [CEA-04 c] pour la gestion des colis déga-
très pénalisant et doit être traité au niveau de l ' étud e geant de la chaleur a été envisagée . Deux types d e
du concept d'installation . Par ailleurs, comme pou r concepts ont été évalués dans les études prélimi-
le cas de la poudre (U,Cm) O 7 , la présence de gado- naires de l'axe 3 .
linium est indispensable et pose de manière géné- Le premier concept est basé sur le regroupemen t
rale au niveau du procédé la question de l a des colis primaires (colis de déchets vitrifiés o u
caractérisation du milieu, la démonstration de cri - combustibles usés) dans un conteneur dédié à l'en -
ticité reposant sur cette présence et la conservatio n treposage de longue durée lui-même placé dan s
du rapport Cm/Gd après la conversion . un entrepôt . La géométrie (cylindrique) du conte-
Des points techniques resteraient à approfondir, neur d'entreposage est conçue de façon à standar-
notamment sur la gestion du risque de criticité e t diser les colis à manipuler, à la fois en terme s
sur les dispositifs pouvant être requis pour les ca s d'encombrement et en termes de dégagement ther -
incidentels (fuite d'eau, défaillance des système s mique . Ce résultat est obtenu en jouant sur l e
de refroidissement) . nombre de colis primaires par conteneur :un conte -
Dans l'hypothèse où le curium serait entreposé su r neur de hauteur 5,40 m et de diamètre extérieu r
des durées supérieures au siècle, de façon à béné- 1,20 m contient 7 assemblages de combustible us é
ficier de la décroissance radioactive de son isotop e UOX ou 4 assemblages de combustible usé MOX .
à vie court e ''- 44 Cm en 24OPu, l ' entreposage sous ea u Pour les colis de déchets vitrifiés, les dimension s
ne peut être retenu . En effet, un tel mode d'entre- du conteneur sont de 2,70 m de hauteur et 1,20 m
posage ne présente pas une robustesse suffisant e de diamètre extérieur ; sa capacité est de 6 colis d e
vis-à-vis des différents aléas techniques et socié- déchets vitrifiés . Ce concept est adapté à la surface
taux qui peuvent se produire sur de telles durées . et la subsurface .
L'application directe au cas du curium des concept s Le second concept s ' appuie sur les résultats de l'éva-
d ' entrepôts conçus pour de longues durées (jus - luation de l ' aptitude à la longue durée de l ' entre-
qu'à 300 ans), en surface ou subsurface, étudié s pôt E-EV-SE de La Hague conduite par le CE A
dans le cadre de l'axe 3 de la loi du 30 décembre et Cogema dans le cadre des études sur l'axe 3

63

984 ,
>

4
dall e plénum L cheminé e
mécano - supérieur
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A d'entré e moiffaisanave 'A
filtre rn nil
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>
A A
38500
coupe A

Figure C .26 : concept préliminaire pour l'entreposage de longue durée de curium (à gauche, disposition de s
colis dans deux puits ; à droite, vues de l'entrepôt) .

IGRA-00] . Cette étude a conclu qu ' une installa - En revanche, l ' extrapolation du concept basé su r
tion de type E-EV-SE présente les qualités, notam - E-EV-SE conclut à la possibilité d ' entreposer l e
ment en terme de robustesse, qui permetten t flux annuel de curium indiqué précédemment dan s
d'envisager une durabilité à l'échelle d'une cen- 9 puits, ce qui est un bon compromis sur le pla n
taine d ' années au moins. Elle a aussi donné lieu à de la compacité . Ce type d'entrepôt permet en outre
des préconisations pour augmenter cette durée d e une gestion simple de la criticité (contrôle de l a
vie . L' idée directrice est d ' utiliser le concept déj à géométrie et de la masse) ; toutefois, la gestion des
existant en minimisant les changements de géo- cas d ' incidents et des éventuelles pertes de refroi -
métrie et en tirant partie des recommandation s dissement doit être évaluée précisément .
proposées . Afin de confirmer cette première analyse, qui a
été faite par analogie, une étude préliminaire d e
Dans le cas particulier du curium, les contrainte s l ' adaptation du concept E-EV-SE au cas particu-
liées au fort dégagement thermique initial de l'oxyd e lier de l' entreposage de longue durée d ' oxyde mixte
mixte uranium-curium ne permettent pas d e uranium-curium a donné lieu à une première imag e
mettre plus de trente étuis d'un tel oxyde dans u n (figure C .26) d ' une installation d ' entreposage à se c
conteneur d'entreposage de longue durée de 5,4 m d'oxyde mixte d'uranium-curium, conçue pou r
de hauteur . Trente-trois conteneurs d ' entreposage durer plus d ' un siècle . Les étuis constitués lors d e
de longue durée sont alors nécessaires pour entre - la phase de conditionnement sont regroupés pa r
poser la quantité de curium annuellement sépa- dix dans un conteneur, de manière à constituer u n
rée, ce qui conduit à un entrepôt très peu compact. ensemble manipulable pouvant être transporté e t
En effet, sachant qu'un étui contient 150 g d e disposé dans les puits d'entreposage de l'installa -
curium, on entreposerait alors 4,5 kg de curiu m tion . Ce conteneur constitue la deuxième barrièr e
dans un volume d'environ 8 m' . de confinement et assure l'espacement géométriqu e

64
Les résultats des recherches sur la séparation poussée

C > Résultats des recherches sur l'entreposage intermédiair e


des actinides mineurs séparés
> Procédé avancé de séparation poussée : la pyrochimi e

des étuis et leur protection en cas de chute, la par -


tie inférieure du conteneur pouvant constituer u n LA PYROCHIMI E
amortisseur qui se déforme en cas d'impact. C e • Plus compacts et mieux adaptés à de s
concept est préliminaire et incomplet et nécessite niveaux élevés d'irradiation ou à des composé s
en conséquence des études complémentaires pou r insolubles en milieu aqueux que les procédé s
proposer une version optimisée de cet entrepôt . hydrométallurgiques, les procédé s
pyrochimiques (procédés à haute températur e
entre 250 °C et 1200 °C et en milieu fondu )
pourraient offrir une alternative ou u n
C .10 Procédé avanc é complément au procédé hydrométallurgiqu e
pour le traitement des cibles et des combustible s
de séparation poussée : de transmutation .
la pyrochimie • Les études conduites en laboratoire
comparent les techniques pyrochimiques
C .10-1 Introductio n capables de séparer sélectivement dans un se l
fondu d'halogénures les actinides des produit s
La pyrochimie se caractérise par l'utilisation d e de fission . Parmi les trois techniques étudiées ,
solvants non aqueux comme les sels fondus ou le s l'extraction électrolytique sur cathode liquid e
métaux liquides qui requièrent des température s et l'extraction réductrice sel/métal sont plu s
sélectives que les techniques de précipitatio n
comprises entre 250 °C (fusion des nitrates) e t
fractionnée . Une expérimentation en haute
1 200 °C (fusion des molybdates) bien plus élevée s activité a démontré la faisabilité de l a
que celles utilisées généralement en hydrométal- récupération électrolytique de l'américium su r
lurgie. Cette particularité permet d ' envisager de s cathode de cadmium liquide à partir d'un e
opérations impossibles par voie aqueuse, telles qu e solution LiCI-KCl . Une autre expérimentation a
montré que l'extraction réductrice dans le
la production A. l ' état métallique et la purificatio n
milieu biphasique LiF-AIF3 / AlCu était une voi e
d'éléments très réactifs comme les alcalins, le s prometteuse pour la coextraction des actinide s
alcalino-terreux, les terres rares et les actinides . et leur séparation des lanthanides .
La pyrochimie a déjà été utilisée dans le domain e • Toutefois, un grand nombre d'incertitudes ,
nucléaire pour des applications mettant en jeu de s liées aux performances de séparation et au x
actinides . Deux voies ont fait l'objet de dévelop- difficultés technologiques de mise en oeuvre
des procédés à haute température et à la
pements pré-industriels pour le traitement d e
corrosion des milieux, reste à surmonter avan t
combustible métallique (de type EBR-II ou asso- d'envisager un déploiement de ces méthode s
cié au concept Integral Fast Reactor) à AN L à une échelle significative .
(Argonne National Laboratory) et le traitement d u
combustible oxyde des réacteurs rapides de l ' ex-
URSS au RIAR (Research Institute of Atomic et les combustibles usés qui seront produits par l a
Reactors) . Dans les deux cas, les procédés font appe l quatrième génération de réacteurs, actuellemen t
à une étape électrolytique en chlorures fondus (d e en cours de conception .
500 à 700 °C) . La pyrochimie est réputée présenter les avantage s
suivants : la compacité (nombre réduit d'opération s
C .10-2 Applications envisagée s sur des solutions concentrées), l ' utilisation de sol -
en Franc e vants résistant A. l'irradiation (possibilité de traite r
des objets irradiés après des temps courts de refroi -
Il a été proposé en France, au milieu des année s dissement), des contraintes de criticité plus favorable s
1990, d ' évaluer les potentialités de la pyrochimi e q u ' en milieu aqueux, enfin, l'aptitude à dissoudr e
pour extraire les actinides mineurs présents dan s des composés jugés insolubles en milieu aqueux .
un raffinat Purex . Au vu de ces propriétés, la pyrochimie pourrai t
être utilisée pour traiter les combustibles et cible s
L' incapacité des techniques pyrochimiques à sépa - de transmutation, car on est alors amené à mani-
rer les actinides mineurs entre eux (notammen t puler et à traiter des objets très irradiés, fortemen t
l'américium du curium) et les résultats positifs chargés en actinides mineurs et composés de maté -
rapidement acquis en hydrométallurgie ont fai t riaux pouvant s ' avérer difficiles à traiter par le s
choisir cette dernière comme voie de référenc e procédés aqueux .
dans la perspective d'une application industriell e Concernant le traitement des combustibles usé s
à moyen terme . Cependant, l'évaluation de la pyro - des réacteurs de quatrième génération, la pyro-
chimie n'a pas été abandonnée . Un programme d e chimie pourrait compléter (voire à terme rempla-
recherche a été élaboré en 1999 IBRO-991, pui s cer) l'hydrométallurgie pour quatre des six concepts
réorienté en 2003 . Les études ont pour objecti f aujourd'hui retenus . C'est notamment le cas pou r
d'évaluer les performances de ces technictues pou r la filière à sels fondus (cf chapitre D.4-6) où l'uti-
traiter les cibles de transmutation (cf chapitre D .5) lisation du milieu sels fondus pour le traitement

65
est évidente : on évite ainsi un changement d e En parallèle, des appareillages instrumentés on t
milieu, tout en réduisant le nombre de conversion s été conçus en environnement non nucléaire, nucléa-
chimiques . risés en boite à gants, puis en caisson blindé dan s
l'installation Atalante pour permettre la réalisa -
C .10-3 Programme de recherch e tion d'expériences de séparation par électrolys e
dans un sel fondu ou par extraction réductric e
Pour les diverses applications potentielles, il étai t sel/métal . De même, au CNRS, un programme d e
nécessaire d'évaluer les performances en fonction d e recherches sur les sels fondus a été mis en place a u
critères variés (performances en termes de récupé- début de l'année 2004 .
ration et de séparation, conditions opératoires ,
déchets . . .) . C .10-5 Résultats expérimentau x
La période 1999-2005 a été dédiée aux études de bas e
conduites à l'échelle du laboratoire en réduisant le s • GÉNÉRALITÉS
développements technologiques à ce qui semblai t
nécessaire pour l'obtention de résultats représenta - Les résultats des études de séparation des actinides
tifs et pour une juste appréciation des conditions opé - menées en France et à l ' étranger conduisent à pri-
ratoires . Le programme a donc été orienté autour vilégier le milieu halogénure fondu (chlorure et/ou
de quatre grands axes : fluorure d'alcalins et/ou d'alcalino-terreux) dan s
• consolidation des connaissances sur les concepts et une gamme de température allant de 400 à 900 °C .
procédés pyrochimiques décrits et testés à l'étranger ; La chimie de l'uranium, du plutonium et du nep-
• exploration de voies nouvelles par rapport à celle s tunium dans les halogénures fondus est décrite dans
déjà connues ; la littérature ouverte . Celle de l'américium a fai t
• réalisation d'expériences de démonstration sur de s l'objet de nombreuses études ces dernières année s
matériaux représentatifs, comme les cibles Ecri x et est maintenant relativement bien connue dan s
avant et après leur irradiation dans Phénix (cf cha- les chlorures fondus . Difficile à mettre en oeuvr e
pitre D.5-4) ; (coût, protection biologique), celle du curium n' a
• présélection de procédés adaptés aux cibles et combus- pas encore été explorée .
tibles à traiter et études des systèmes associés . En contrôlant le degré d'oxydation du bain sali n
(par ajout d'un métal ou d'ions fluorures), il sembl e
C.10-4 Collaborations possible de stabiliser les actinides mineurs au degr é
et outils expérimentau x (III) et d' envisager leur coextraction (à vérifier pou r
le curium) ; ceci peut être étendu au plutonium e t
Les équipes impliquées ont participé à la créatio n permettre une coextraction de l'ensemble de s
de réseaux nationaux et internationaux regrou- transuraniens . Parmi les techniques séparatives
pant des chercheurs spécialistes des milieux sel s envisageables, la voie électrolytique et la voie pa r
fondus . Sur le plan national, on retiendra le s extraction sel/métal présentent une meilleure sélec -
collaborations CEA-CNRS-Universités via le s tivité que les précipitations fractionnées .
groupements de recherche Practis-Paris et Gedeon -
Gedepeon . • SÉPARATION PAR VOIE ÉLECTROLYTIQU E
Sur le plan international, on notera :
• les collaborations entre les principaux institut s La technique de récupération/séparation d 'actinides
européens initiées par les projets de recherche euro- par électrodéposition sur cathode solide inerte dan s
péens et le réseau d'excellence Actinet ; LiCI-KC1 à 500 °C a été initialement abordée dan s
• les collaborations internationales avec les orga- l'élaboration d'uranium métallique . L'américium ,
nismes étrangers permettant les échanges d'infor- qui peut être présent dans le sel sous les deux degré s
mation et de chercheurs entre des laboratoires ayan t d'oxydation (II) et (III), se partage suivant la réaction :
une longue expérience dans le domaine de la pyro - 2 AmIIII)set+ Amdépôt <=> 3 Am ( II )Se t

chimie nucléaire : ANL (Etats-Unis), RIAR e t De fait, sa récupération sous forme de métal à l a
1 ' Institute of High Temperature Electrochemistry cathode va être limitée . L'ajout d'ions fluorure s
(Russie), JAERI-JNC et CRIEPI (Japon) . déplace l'équilibre vers la formation d'américiu m
Un ensemble d'outils pour des études électrochi- métallique (ce qui a un effet positif sur le taux d e
miques, spectrophotométriques (UV-Visible, Laser récupération), mais a l ' inconvénient de générer u n
Induced Plasma Spectrophotometry), RMN à haut e sel à la fois chloré et fluoré, plus difficilemen t
température et EXAFS a été spécifiquement adapt é gérable en terme de déchet .
aux milieux sels fondus et métaux liquides . Il donn e L'utilisation d'une cathode liquide, active chimi-
des informations thermodynamiques et structu- quement, présente de nombreux avantages par rap -
rales sur les produits de fission et les actinides dan s port à celle d'une cathode solide inerte . Elle permet :
les milieux étudiés . • de stabiliser l'américium dans le dépôt ;

66

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Procédé avancé de séparation poussée : la pyrochimi e

• de rendre possible une extraction groupée du plu-


tonium, du neptunium et de l'américium, le com- AmO 2 (2,93 g )
portement du curium n 'étant pas connu à ce jour ;
• d'éviter l'entraînement de sel dans les dépôts ; si/
• d'éviter les opérations de chargement/décharge- Cl2 + C Carbochloration de AmO 2 (450-500 °C) LiCI-KCl (400 g )
ment liés à l'emploi de cathodes solides permet - AmCl x (2,7 10- 2 mol/kg )
tant d'envisager la conception d'électrolyseur s
fonctionnant en régime semi-continu . Électrodéposition de Am dans
Les chercheurs américains de l'ANL ont reten u Cd (25 g) Cd à potentiel imposé, à 500 ° C AmClx-LiCl -KC l
comme matériau cathodique le cadmium, car facil e et pendant 60 h
à distiller ; les actinides peuvent être récupérés sou s
forme de lingot après distillation sous vide du dépô t
Am-Cd (récupération Am -40%, rendement faradique -56% )
cathodique . La faisabilité de la récupération d u
plutonium sur cadmium liquide a ainsi été démon -
Figure C .27 : schéma de principe de l'expérimentation d'électrodépositio n
trée à ANL .
d'américium métallique dans le cadmium liquide .

Un test similaire sur l'américium a été réalisé débu t


2003 à Atalante (figure C.27) . seulement 79 % du plutonium sont récupérés dan s
Cet essai exploratoire, réalisé avec un électroly- le cadmium qui contient de plus environ un quar t
seur implanté en cellule blindée de haute activité , du néodyme présent initialement dans le sel . Ces
a montré que l'appareil était bien adapté à l'étud e performances de séparation sont insuffisantes . Pour
des mécanismes d'électrodéposition, mais ne conve - la séparation américium/néodyme, les performances
nait pas pour une évaluation des performances d u s'annoncent encore plus faibles d'après les donnée s
procédé du fait, d'un faible courant d'électro- thermodynamiques de la littérature . Le cadmiu m
déposition, d'un renouvellement insuffisant d e n ' est donc pas approprié pour une séparation effi -
l'interface sel/cadmium et d'une dispersion d e cace des actinides et des lanthanides .
l'américium électro-déposé sur les différents maté- La performance de la séparation actinides (III)/ lan-
riaux de la cathode liquide (creuset, pilon, ame- thanides (III), dépend principalement de la nature
née de courant) . La conception de l'électrolyseu r de la cathode métallique . Parmi les métaux à ba s
doit donc être revue avant de lancer de nouvelle s point de fusion, l ' aptitude à la séparation actinides/
expériences de récupération d ' actinides seuls o u lanthanides serait dans l'ordre suivant : aluminium
en mélange . et gallium > bismuth > zinc > cadmium .
Le bismuth peut être écarté pour deux raisons :
Un essai de séparation électrolytique actinides/lan - d'une part, le gain sur la performance de sépara -
thanides (simulé par un mélange de plutonium e t tion par rapport au cadmium est faible et, d'autr e
de néodyme) sur cathode de cadmium liquide a part, sa distillation pour la récupération des élé-
également été réalisé fin 2003 (figure C.28) . Son but ments extraits est difficile . Le zinc, dont l ' apti-
est de récupérer le plutonium dans le cadmium e t tude à la séparation est inférieure à celle du bismuth ,
d ' évaluer la quantité de néodyme entraînée avec a de plus l'inconvénient de dissoudre faiblemen t
le plutonium (le néodyme étant le plus pénalisan t les actinides . L'aluminium semble prometteur,
des lanthanides) . Mené avec une solution LiCI- bien que son point de fusion soit assez élevé (660 °C) .
KC1-PuC 1 3 (1,55 % en masse)-NdC 1 3 (0,98% en L'aptitude du gallium à dissoudre les lanthanide s
masse) et à potentiel contrôlé, cet essai révèle que (cérium) et les actinides (plutonium) a été mesu -

Figure C .28 : phases salines (LiCI-KCl-NdCl l-PuCt3l et métallique (Cd-Nd-Pul après refroidissement et démoulag e
(â gauche : bloc démoulé, à droite : vue de dessous de la phase métallique) .

67
rée en fonction de la température (500-800 °C) . En 2005, un essai en haute activité a été réalisé afi n
Ces données expérimentales, comparées à celle s de confirmer et de compléter les résultats obtenu s
disponibles dans la littérature sur l'aluminium , en 2003 . Pour cette expérience, un contacteu r
permettent de conclure que l'aluminium est u n liquide-liquide télé manipulable, adapté aux tem-
meilleur solvant pour la séparation entre pluto- pératures visées, a été construit et installé à Atalante .
nium et cérium que le gallium . Cette conclusio n Les coefficients de distribution de l ' uranium et d u
devrait être confirmée pour la séparation entr e neptunium ont été mesurés et celui du curiu m
actinides et lanthanides . estimé (en opérant sur des traces) . Ils sont du mêm e
ordre de grandeur que ceux du plutonium et d e
'SEPARATION PAR EXTRACTIO N l'américium . Ces résultats confirment les poten-
RÉDUCTRICE SEL/MÉTA L tialités de ce système biphasique pour opérer de s
coextractions d'actinides mineurs ou de l'ensembl e
Cette technique consiste, après dissolution d u des actinides avec une séparation effective vis-à -
combustible ou de la cible dans un bain salin, à vis des lanthanides .
extraire dans un premier temps les métaux noble s La présence de cuivre peut s ' avérer pénalisante
des produits de fission par un premier contact ave c dans certaines voies de désextraction des actinides .
un métal peu réducteur (par exemple le zinc), pui s La substitution de l'alliage Al-Cu par de l'alumi-
à séparer sélectivement les actinides des produits nium pur a donc été étudiée . L'aluminium per -
de fission restants (principalement les lanthanides ) met l'obtention de performances équivalentes e n
par un second contact avec un alliage réducteu r termes de récupération et de séparation .
(réducteur chimique + solvant métallique) .
Dans son principe, la séparation par extraction réduc - En parallèle, une réflexion a été initiée sur la mis e
trice par pyrochimie est comparable à une opéra- en oeuvre de contacteurs sel/métal à multi-étage s
tion d'extraction liquide-liquide d'un procéd é et à haute température . Les principaux travaux su r
hydrométallurgique . Dans notre cas, on est en pré - les contacteurs sel/métal ont été réalisés par ANL .
sence de deux phases liquides non miscibles (un e On retiendra que :
phase saline et une phase métallique) qui sont mise s • le renouvellement de l'interface métal — sel es t
en contact intime pour permettre le transfert de s fondamental pour atteindre des performance s
actinides de la phase saline vers la phase métallique . d'extractions élevées ;
Une étude comparative a montré que les meilleure s • la cinétique d'extraction semble suffisammen t
performances de séparation actinides/lanthanide s rapide pour ne pas être un critère à prendre e n
sont obtenues en milieu fluorure fondu plutôt qu'e n compte lors de la conception de l'appareillage ;
milieu chlorure . Le système sel/métal a ensuite été • les problèmes de corrosion liés à l'agressivité de s
optimisé dans le but d'accroître la séparatio n phases en présence peuvent être résolus sans dif-
actinides/lanthanides : LiF-AI F 3 (85-15 % molaire) / ficultés incontournables par la mise en oeuvre u n
Al-Cu (78-22 % molaire) semble être le plus pro- bain salin chloruré ;
metteur. L'aluminium joue à la fois le rôle de réduc- • les caractéristiques physico-chimiques des sys-
teur et de solvant métallique. tèmes proposés laissent prévoir des dimension s
Les mesures entreprises avec ce système sel/méta l modestes d'appareillage, compte tenu des débit s
à une température de 830 °C montrent que les acti- de traitement prévisibles .
nides tels que le plutonium et l'américium et le s Les quatre grands types de contacteurs, colonn e
lanthanides se partagent entre les deux phases . O n gravitaire à garnissage, colonne à plateaux centri-
retrouve environ cent fois plus d'actinides dans l a fuges, mélangeur — décanteur et extracteur cen-
phase métallique que dans la phase saline alors qu e trifuge sont possibles . Dans un premier temps, un e
les lanthanides restent de préférence dans la phas e colonne de 25 mm de diamètre et de 1 m de hau-
saline . Ainsi, plus de 99% du plutonium et d e teur a été construite ; elle est actuellement en cour s
l ' américium peuvent être récupérés du bain sali n de caractérisation avec un système froid (galliu m
en un seul contact (pour des masses de sel et d'al- liquide-eau) . À terme, elle sera aménagée pou r
liage mises en oeuvre équivalentes) et séparés de s fonctionner à haute température sur les système s
lanthanides qui, en grande proportion, demeuren t sel/métal testés pour la séparation des actinides e t
dans le sel . des produits de fission .

En fin d'année 2003, un essai de séparatio n C .10-6 Conclusion et perspective s


(Pu+Am)/(Nd+La+Eu+Sm) a été réalisé à
Atalante . Les analyses des prélèvements des deu x Les chercheurs disposent aujourd'hui de moyen s
phases à l'issue de l'essai confirment les résultat s analytiques et d'installations en milieu radioactif .
obtenus antérieurement avec les éléments étudié s Ces outils sont employés à mieux comprendre l a
séparément. chimie des actinides et des produits de fission dan s

68

Les résultats des recherches sur la séparation poussé e


C > Procédé avancé de séparation poussée : la pyrochimi e
> Conclusion : évaluation de la séparation poussé e

les sels fondus et les métaux liquides de façon à • la gestion des déchets secondaires : répercussion s
développer des techniques séparatives de manièr e de la nature du sel (chlorure ou fluorure) sur le s
rationnelle . opérations de traitement et de confinement des sel s
La pyrochimie est évaluée en vue du traitemen t usés, déchets technologiques d'un type nouvea u
des cibles ou combustibles dédiés à la transmuta - provenant des étapes séparatives, mais surtout de s
tion d'une part, et des combustibles de Génératio n étapes amont et aval (par exemple métaux et céra -
IV, d ' autre part . Parmi les techniques pyrochi- miques) . C ' est sur ces points que pourront porte r
miques connues, les plus sélectives sont la sépara - les études à venir.
tion électrolytique en milieu chlorure fondu e t
l'extraction réductrice sel/métal .
Pour la récupération des actinides par voie élec- C .11 Conclusion : évaluatio n
trolytique, l' utilisation d ' une cathode liquide active de la séparation poussé e
à la place d'une cathode solide inerte est sédui-
sante . Elle permettrait la coélectrodéposition d e Les recherches ont évalué la faisabilité de la sépa-
tous les actinides et réduirait l'entraînement de se l ration des actinides mineurs (américium, curiu m
avec les actinides . Le cadmium, proposé comm e et neptunium) et de certains produits de fissio n
cathode liquide par ANL, ne semble pas appro- (technétium, iode et césium) des solutions d e
prié pour une séparation des actinides des lantha- haute activité issues du traitement des combus-
nides . D'autres matériaux (aluminium, gallium ) tibles usés . La démarche suivie a consisté, d'un e
ont fait l'objet d'évaluations et ont confirmé leur s part, à développer des procédés d ' extraction spé-
potentialités. La conception d'électrolyseurs ins- cifique et, d ' autre part, à adapter les opération s
trumentés, utilisables en téléopération, doit êtr e du traitement actuel des combustibles usés .
également améliorée pour poursuivre les expéri- Américium et curiu m
mentations . Ce développement pourrait être men é La faisabilité de la séparation poussée n'apparais-
conjointement avec des organismes internationau x sait pas facilement accessible lors de l'enclenche -
ayant une longue expérience dans ce domaine, te l ment des recherches . En effet, la solution d e
que ANL . dissolution du combustible usé est constituée d'es -
pèces chimiques qui présentent des propriétés trè s
En ce qui concerne la récupération des actinide s voisines . C'est donc une nouvelle chimie de la sépa -
par extraction réductrice sel/métal, il est possibl e ration qu'il a fallu développer, en concevant, syn-
d'utiliser les chlorures ou les fluorures fondus ; thétisant et testant, sur solutions radioactive s
cependant, la séparation des actinides des lantha- représentatives, une centaine de nouvelles molé-
nides est plus sélective dans ces derniers, notam- cules très sélectives .
ment dans le système LiF-Al F3/Al . Cette techniqu e Les résultats acquis à ce jour montrent que la récupé-
semble la plus prometteuse pour récupérer, en u n ration de 99,9% de l'américium et du curium en
nombre d 'étapes réduit, 99,9 % des actinides san s vue d'une gestion différenciée est possible en labo -
extraire les lanthanides . Toutefois, il n'existe pa s ratoire, ce qui en démontre la faisabilité scientifique .
encore aujourd'hui d'exemples industriels, met - Une confirmation expérimentale, sur quelque s
tant en oeuvre des contacteurs sel/métal à haut e dizaines de litres de solution de haute activité e t
température et à multi-étages . avec des appareils d'extraction de taille représen-
Malgré les progrès récents [LAC-05 J, un gran d tative de l'échelle industrielle, a été obtenue e n
nombre d'incertitudes demeure encore quant au x 2005 . Elle conforte la faisabilité technique .
potentialités de la mise en oeuvre de la pyrochimi e Une première image, certes incomplète, de ce que
à grande échelle dans le domaine nucléaire e t pourrait être un atelier industriel de séparatio n
notamment concernant : de l'américium et du curium, a été établie sur l a
• les performances de séparation puisque la démons - base des données expérimentales disponibles . Cett e
tration d ' une récupération de 99,9 % des actinide s analyse préliminaire n'a révélé aucun point blo-
reste à faire ; quant, mais il conviendrait maintenant de la com-
• la réextraction des actinides à partir de l'alumi- pléter pour conclure quant à la faisabilit é
nium et le comportement des produits de fissio n industrielle .
autres que les métaux nobles et lanthanides (Zr , Neptuniu m
Cs . . .) ; Les expérimentations à échelle réduite prouven t
• le développement des contacteurs ; que la récupération de 99% du neptunium conten u
• le coût des contraintes opératoires (installation s dans le combustible usé est envisageable en adap -
en haute activité et sous atmosphère inerte) ; tant le procédé Purex .
• la corrosion des appareils qui ne pourra être réel - En 2005, un essai à plus grande échelle sur plu -
lement abordée que lorsque le milieu salin aur a sieurs dizaines de litres de solution de haute acti-
été cié imttvement sélectionné ; vité l'a confirmé .

69
Technétium Futurs développements -
C .12
Le procédé Purex adapté à la séparation du nep- Séparatio n
tunium devrait être aussi apte à extraire la part d u
technétium solubilisée lors de la première étape d e Des développements conséquents sont encore néces -
traitement du combustible usé avec un taux d e saires en vue d ' une mise en oeuvre industrielle .
récupération supérieur à 95 % . L' expérimentatio n Dans un premier temps, les recherches s 'inscriron t
à plus grande échelle sur le neptunium n ' a pas per - dans la continuité de celles menées ces dernière s
mis de le confirmer, probablement à cause d' une années pour démontrer la faisabilité technique de s
teneur résiduelle élevée de zirconium dans le sol- procédés . Pour la suite, l'objectif industriel devra
vant perturbant la désextraction du technétium . d ' abord être énoncé, puis précisé sous la forme d ' u n
Pour la partie insoluble dont l'abondance est fonc- cahier des charges fixant les performances atten-
tion de la nature du combustible et de son temp s dues, afin de cibler les actions nécessaires à la pour -
de passage en réacteur, la recherche de condition s suite du développement .
de mise en solution compatibles avec le procéd é
Purex reste infructueuse . De premières directions à suivre pour les recherche s
Iod e à venir sont présentées ci-après même si, dans l e
Les résultats des expériences à l'échelle du labora- détail, elles seront fonction des décisions attendue s
toire et d ' un pilote montrent qu 'il est possible de à l'issue de la loi du 30 décembre 1991 et de l'envi-
récupérer sélectivement plus de 99 % de l ' iod e ronnement économique qui prévaudra dans le futur .
contenu dans le combustible usé . La démonstration de la faisabilité technique de l a
Les méthodes proposées sont adaptées aux procé- séparation des actinides mineurs sera suivie de test s
dés mis en oeuvre industriellement pour la gestion conduits de façon à optimiser les procédés en fonc -
de cet élément lors du traitement du combustibl e tion de l'objectif industriel . Pour les procédés nou-
usé . Les techniques mises au point pour piége r veaux, il s'agira d'affiner l'enchaînement de s
l ' iode et décontaminer les filtres à iode sont poten- différentes étapes et de déterminer les réactifs le s
tiellement industrialisables . plus performants . Basé sur des acquisitions expé-
Césiu m rimentales associées à de la modélisation, ce pro -
La récupération de 99,9 % du césium présent dan s gramme permettra d'estimer les performances d u
la solution de produits de fission a été réalisée ave c procédé dans des conditions opératoires variées .
succès en laboratoire . Les résultats des expérimen- Dans ce cadre, la nature de certains réactifs ou l a
tations sont jugés compatibles avec un développe - formulation des molécules d'extraction sera, s i
ment à une échelle plus importante . La récupératio n nécessaire, modifiée pour réduire les coûts d'ap-
du césium serait possible en mettant en oeuvre u n provisionnement ou s'affranchir de difficultés d e
procédé d ' extraction par solvant qui compléterai t gestion des effluents .
le procédé actuel de traitement des combustibles . L'endurance des opérations de recyclage des sol-
Les objectifs fixés aux études de séparation pous- vants est un point essentiel à garantir dans la pers-
sée sont atteints . pective d'une industrialisation du procédé . Teste r
l'endurance des solvants et des opérations de recy-
Pour l'américium, le curium et le césium, le s clage doit se poursuivre et pourrait conduire, le ca s
recherches ont été conduites en veillant constam- échéant, à développer des procédés de régénéra -
ment à détecter les difficultés de mise en oeuvre . tion spécifiques .
Les voies qui semblaient délicates, voire rédhibi- Il semble possible de dimensionner la plupart des
toires dans la perspective d ' une industrialisatio n appareils d'extraction conventionnels des procédé s
future, ont été écartées au cours des études, ce qu i de séparation poussée . Certaines opérations, en par-
permet d'être confiant dans la viabilité des procé- ticulier celles associées au recyclage des solvants, on t
dés développés . nécessité le développement de contacteurs spéci-
fiques de petite taille . Le dimensionnement des appa -
Les techniques étudiées pour la séparation du nep- reils industriels devra s'accompagner d'essais d e
tunium, du technétium et de l'iode proviennen t qualification sur des maquettes de plus grande taille .
du procédé actuel de traitement des combustible s Dans une démarche de progrès par étapes, les sys-
usés . Leur aptitude à franchir les étapes condui- tèmes étudiés dans le cadre de l ' initiativ e
sant à l'industrialisation est confortée par le retou r Génération IV, dont les premiers pourraient êtr e
d ' expérience d ' une pratique industrielle éprouvé e disponibles à l 'horizon 2035, ont notamment comm e
depuis des décennies . objectif de minimiser les déchets . Pour atteindre
cet objectif, une option envisagée pour certains de
Après près de quinze ans de recherches, on dis - ces systèmes serait de réaliser le recyclage intégra l
pose donc de techniques de séparation validées su r des actinides et donc de mettre en oeuvre la sépa-
solutions réelles . ration groupée . Ces études bénéficieront des acqui s

70
Les résultats des recherches sur la séparation poussé e

C > Conclusion : évaluation de la séparation poussé e


> Futurs développements - Séparatio n

des recherches de séparation conduites dans l e rait être mise en service dans le cadre d'une expé -
cadre de l'axe 1 . rimentation internationale de transmutation dan s
Sur la base de l ' expérience acquise lors de la réa - un réacteur à neutrons rapides .
lisation des usines de La Hague (UP2-S00 et UP3 ) Par ailleurs, les travaux relatifs aux procédés pyro -
ou de l'ajout d'ateliers à ces usines, il faut comp - chimiques ont permis d' explorer différentes voie s
ter, a minima, une dizaine d'années de développe - et de retenir l'extraction par métal fondu comm e
ment pour passer de la faisabilité technique à l a la plus prometteuse pour répondre aux objectif s
phase de construction de l'atelier et cinq ans sup - de séparation . Le programme pourra se pour -
plémentaires pour la mise en service industrielle . suivre dans l' objectif de démontrer la faisabilité
Ces durées sont à moduler en fonction des cahier s scientifique de cette voie, avec des expérimenta -
des charges et des choix industriels . À l'horizon tions sur des combustibles ou cibles réels irradiés ,
2015-2020, une installation capable de sépare r issus des expériences de transmutation en cour s
quelques kilogrammes d'actinides mineurs pour - dans Phénix .

71
Les résultat s
des recherche s
sur la
transmutation /

Les résultats des recherches sur la transmutatio n


> Sommaire

D .1 Introduction 74

D .2 Transmutation en réacteur 74
D .2-1 Physique de la transmutation 74
D .2-2 Bilan neutronique en réacteur 75
D .2-3 Transmutation et fonctionnement du réacteur 77
D .2-4 Capacité théorique de transmutation des actinides mineurs 78

D.3 Données et méthodes de calcul 78

D.4 Filières de transmutation 79


D .4-1 Modes de transmutation 80
D .4-2 Incidence de la gestion du plutonium 81
D .4-3 Transmutation des produits de fission à vie longue 81
D .4-4 Transmutation des actinides mineurs
en réacteurs électrogènes (rapide et thermique) 82
D .4-5 Transmutation des actinides mineurs en systèmes dédiés 86
D .4-6 Filière basée sur le cycle thorium-uranium 92

D.5 Fabrication des combustibles et cibles ,


et expériences de transmutation 94
D .5-1 Introduction 95
D .5-2 Études des matériaux de structure 95
D .5-3 Fabrication pour la transmutation en mode homogène 96
D .5-4 Fabrication pour la transmutation en mode hétérogène 99
D .5-5 Fabrication pour la transmutation en mode dédié 11 0
D .5-6 Cibles de transmutation des produits de fissio n
à vie longue en mode hétérogène 11 2
D.6 Conclusion : évaluation de la transmutation 11 3
D.7 Transmutation : développement durable et perspectives 114

73
D .1 Introductio n de neutrons rapides, a été engagé pour tester l e
comportement sous irradiation des combustible s
Après la séparation poussée, la transmutation consist e et cibles spécifiques .
à éliminer les radionucléides à vie longue, en trans -
formant leurs noyaux en noyaux non radioactifs
ou à vie plus courte . D .2 Transmutatio n
Cette transformation est réalisable en bombardant en réacteu r
les noyaux à transmuter par des particules élémen -
taires comme les photons, les protons ou les neutrons. D .2-1 Physique de la transmutatio n
L' utilisation de photons n' est pas retenue, compte
tenu du rendement très faible de l'interaction pho- Lorsq u ' un neutron entre en collision avec un noyau ,
ton-noyau . La transmutation par interaction directe il peut rebondir sur le noyau ou bien pénétrer dan s
de protons n'est pas rentable car elle nécessite de s celui-ci . Dans ce second cas, le noyau, en capturan t
protons de haute énergie pour vaincre la force d e le neutron, acquiert un excès d'énergie qu'il v a
répulsion (entre deux charges électriques de mêm e libérer de différentes manières :
signe) qui s ' oppose à leur rapprochement du noyau . • en éjectant des particules (un neutron par exemple )
Neutre électriquement, le neutron satisfait au mieu x et en émettant un rayonnement ;
les critères recherchés pour la transmutation . Il est • en émettant seulement un rayonnement ; on parl e
présent et disponible en grande quantité dans le s dans ce cas de réaction de capture puisque le neu-
réacteurs nucléaires ; il est à ce titre remarquabl e tron reste captif du noyau ;
de constater que la meilleure voie de recyclage de s • en se scindant en deux noyaux de taille plus o u
radionucléides est de les réinjecter dans une instal- moins égale et en émettant simultanément deux à
lation du même type que celle qui les a créés . trois neutrons ; on parle ici de réaction de fissio n
La possibilité de cette transmutation à l ' aide d e durant laquelle une importante quantité d ' énergi e
neutrons était acquise dès avant la loi d u est délivrée .
30 décembre 1991 . Les études ont été conduites La probabilité q u ' un neutron a de provoquer un e
dans le but d'évaluer de façon approfondie les pos - réaction de capture ou de fission est évaluée à par -
sibilités d'un recyclage en réacteur nucléaire de ces tir respectivement de la section efficace de captur e
éléments et de déterminer les domaines d'énergi e et de la section efficace de fission . Les sections effi -
des neutrons les plus appropriés pour la transmu- caces sont fonction de la nature du noyau et d e
tation des actinides mineurs (américium, curiu m l' énergie du neutron . Les noyaux de petite taille o u
et neptunium) et de certains produits de fissio n noyaux légers (comme les produits de fission) n e
(technétium, iode et césium) . sont sujets qu ' aux réactions de capture, les noyau x
Pour la mise en oeuvre de la transmutation , de grande taille ou noyaux lourds (comme les acti-
correspondant à sa faisabilité technique, les étude s nides) aux réactions de capture et de fission . L'énergie
ont porté sur l'utilisation des filières de réacteur s des neutrons émis par fission est d ' environ 2 MeV,
existants (réacteurs à eau sous pression du par c ce qui correspond à une vitesse de 20000 km/s . À
actuel ou réacteurs à neutrons rapides à caloporteur cette vitesse, ils interagissent peu avec les noyaux .
sodium) et de réacteurs de technologie innovante À plus faible vitesse, la probabilité qu'ils interagis -
comme les réacteurs à neutrons rapides à calo - sent avec un noyau augmente .
porteur gaz . Les systèmes hybrides (réacteur sou s La figure D .1 donne, à titre d ' exemple, les sections
critique couplé à un accélérateur) et les réacteur s efficaces de l ' américium 241 . Pour un neutro n
à sels fondus ont aussi été étudiés . Le mode d e d ' énergie inférieure à 1 eV (domaine des neutron s
recyclage des radionucléides, qui peuvent êtr e lents ou thermiques), la section efficace de captur e
dilués dans le combustible nucléaire (recyclag e est prédominante ; la capture est environ cent foi s
homogène) ou concentrés dans des cibles spéci- plus probable que la fission . C'est également le ca s
fiques (recyclage hétérogène), a constitué l'un de s pour une énergie allant de 1 eV à 1 MeV (domain e
paramètres d'étude . des neutrons épithermiques où les captures o u
La démonstration de la faisabilité technique a éga - fissions se produisent à des niveaux précis d'éner -
lement nécessité de développer de nouveaux type s gies, expliquant les oscillations). Au-delà de 1 Me V
de combustibles adaptés à la transmutation et d e (domaine des neutrons rapides), pour le noya u
mettre au point des cibles contenant des actinide s 241 Am, les fissions deviennent plus probables qu e
mineurs et des produits de fission sous form e les captures .
concentrée. Les propriétés des matériaux consti- La transmutation d ' un radionucléide peut se réa-
tutifs des combustibles et des cibles et les procédé s liser soit par capture d'un neutron, soit par fission .
d'élaboration nécessaires ont été évalués . Un larg e Les noyaux des produits de fission, tels que le tech -
programme d ' irradiations en réacteurs (HFR , nétium, l ' iode et le césium, peuvent uniquement se
BOR 60, Phénix), utilisant notamment des flux transformer par capture . Par exemple, le schéma

Les résultats des recherches sur la transmutatio n


> Introductio n
> Transmutation en réacteu r

section efficace (en barns )


A

10 00 0

1 00 0

10 0

10 MI
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MW p " ms.u
1

0, 1

0,01
i,
>
10- 5 10- 4 10-3 0,01 0,1 1 10 100 1 03 10 4 10 5 10 6 10 '
énergie (en eV )

Figure D .1 : sections efficaces de capture (en noir) et de fission (en rouget sur 241Am en fonction de l'énergie des
neutrons . Les sections efficaces, extraites de la base européenne JEFF-3 .0, sont données en barns (10- 24 cm 2 ) .

de transmutation du technétium 99 est reporté su r Dans le coeur d'un réacteur, les actinides mineurs
la figure D .2 . Il donne, par capture d ' un neutron , subissent un enchaînement complexe de transfor-
du technétium 100 qui, après émission instantané e mations au cours duquel les réactions de fissio n
de rayonnements gamma, se désintègre avec un e entraînent la disparition des radionucléides à vi e
période de 15,8 s en ruthénium 100 qui est stable . longue . Pour transmuter les actinides en noyaux d e
Les actinides mineurs peuvent à la fois subir de s période courte, il faut favoriser leur fission, plutô t
réactions de fission et de capture . Par fission, il s que la capture neutronique qui forme des radio -
sont transformés en radionucléides, majoritaire - nucléides presque toujours à vie longue . Les fis-
ment à vie courte, voire en noyaux stables . En sions produisent des neutrons supplémentaires ,
moyenne, les noyaux provenant d'une fission subis - utilisables pour entretenir les réactions nucléaire s
sent quatre décroissances radioactives, de périod e au coeur d'un réacteur.
n ' excédant pas généralement quelques années, avan t Une représentation simplifiée de la chaîne d'évo-
de devenir stables . lution de l'américium 241 dans un réacteur à neu-
Par capture, ils sont transformés en d'autres radio - trons thermiques est reportée sur la figure D .3 . Pa r
nucléides, souvent à vie longue, qui se transformen t capture, 241 Am se transforme en 242 '''Am qui dispa -
eux-mêmes par désintégration naturelle, mais auss i raît majoritairement par fission, et en 24'_Am qui
par capture et fission . décroît (période de 16 heures) principalement pa r
désintégration bêta en 242Cm . 242 Cm se transform e
par désintégration alpha en "'Pu et par capture e n
100 R u 243 Cm qui, lui-même, disparaît majoritairemen t
par fission . "'Pu se transforme par capture e
stable . nquidsparîtmjoenfis

désintégratio n D .2-2 Bilan neutronique en réacteu r


bêta moin s
Dans le coeur d'un réacteur nucléaire est libéré e
l'énergie de fission des noyaux lourds comme ceu x
de l ' uranium 235 ou du plutonium 239 . L' uranium
99 Tc 1o0T c
capture 235 produit en fissionnant en moyenne 2,5 neu-
2 105 15, 8 trons qui pourront à leur tour provoquer une nou-
ans s velle fission s'ils heurtent un noyau d'uraniu m
235 . 'lest donc concevable qu ' une fois la premièr e
Figure D .2 : schéma de transmutation du technétium 99 . fission amorcée, une réaction en chaîne puisse s e

75
capture -

243C m
fission z / 4% - 32
désintégratio n an s
bêta moin s /1 %

désintégratio n
alph a
241 A m 242 A m 242m
Am

capture 43 2 16 14 1
électronique an s 12% h an s
/2 % 14%""- , /85 %

i 7%
239 P u 240 241
"'F u Pu Pu
87, 8 82% 2,4 10 ` 36% 4 98 % 24 %
6,51 0 3 4 14,4
ans an s an s ans
/64% /2 % /69 %

Figure D .3 : chaîne d'évolution de t'américium 241 dans un réacteur à neutrons thermiques (en bleu, tes radionucléide s
qui disparaissent par fission) .

développer et conduise par une succession de fis- celle qui équipe la France avec près de soixant e
sions à un accroissement de la population de neu- réacteurs à eau sous pression . Dans un réacteur à
trons . Mais parmi les 2,5 neutrons produits par l a neutrons thermiques, les neutrons produits par fis-
première fission, certains sont capturés et ne don- sion sont ralentis (modérés) par des chocs contre de s
nent pas naissance à de nouvelles fissions . noyaux légers constitutifs de matériaux appelé s
Le nombre de fissions générées à partir d ' une fissio n modérateurs . Grâce au modérateur (eau ordinaire
initiale est caractérisé par le facteur de multiplica- pour les réacteurs à eau sous pression), la vitesse de s
tion effectif keff, égal au rapport des neutrons d e neutrons diminue jusqu'à atteindre quelques kilo -
fission produits sur les neutrons disparus. De l a mètres par seconde, valeur pour laquelle les neu-
valeur de ce coefficient dépend le devenir de l a trons se trouvent en équilibre thermique avec l e
population de neutrons : milieu . Les sections efficaces de fission de '- 35U e t
• si kerf est nettement plus grand que 1, la populatio n '"Pu induites par des neutrons thermiques étan t
de neutrons augmente très rapidement ; très élevées, une concentration de quelques pou r
• si k eff est très légèrement supérieur à 1, la multipli- cent de ces noyaux fissiles est suffisante pour entre -
cation des neutrons s'enclenche mais reste sou s tenir la cascade de fissions . Le flux d'un réacteur à
contrôle ; c'est cet état qui est recherché lors du démar - neutrons thermiques est de l'ordre de 10 ' 8 neutrons
rage d'un réacteur ; par mètre carré et par seconde .
• si k effest égal à 1, la population reste stable ; c'est l a Dans un réacteur à neutrons rapides, tel que Phénix ,
situation d'un réacteur en fonctionnement normal ; les neutrons issus des fissions produisent, directe -
• si k eff est plus petit que 1, la population de neutron s ment sans être ralentis, de nouvelles fissions . Il n' y
décline et s'éteint (sauf si, comme dans un systèm e a pas de modérateur dans ce cas . Comme dans c e
hybride, une source extérieure apporte des neutrons) . domaine d'énergie les sections efficaces sont faibles ,
À partir du facteur de multiplication effectif, la il faut utiliser un combustible riche en radionu-
réactivité d'un réacteur est définie par le rappor t cléides fissiles (jusqu'à 20% d'uranium 235 ou d e
(k eff- l ) / k eff• La condition de stabilité s'exprim e plutonium 239) pour que le facteur de multipli-
alors par une réactivité nulle . Pour stabiliser la popu- cation soit égal à 1 . Le flux d ' un réacteur à neu-
lation de neutrons, on joue sur la proportion d e trons rapides est dix fois plus élevé (de l'ordre d e
matériaux à forte section de capture de neutron s 10 1 ') neutrons par mètre carré et par seconde) qu e
(matériaux absorbants) au sein du réacteur. celui d'un réacteur à neutrons thermiques .
Deux filières de réacteur sont possibles selon le domain e La cinétique d ' un réacteur, c ' est-à-dire la rapidit é
d'énergie des neutrons dans lequel la majorité des à laquelle la population de neutrons (ou sa réac-
réactions de fission se produit : les réacteurs à neu- tivité) croît, est liée à la valeur du facteur de mul-
trons thermiques et les réacteurs à neutrons rapides . tiplication effectif et au laps de temps qui sépar e
La filière des réacteurs à neutrons thermiques est deux générations successives de neutrons . Les neu -

76

Les résultats des recherches sur la transmutatio n

D > Transmutation en réacteu r

trons issus d'une fission se classent en deux caté- Les réacteurs sont conçus pour que la baisse de l a
gories : les neutrons prompts qui sont émis a u modération l ' emporte et que la réactivité chute . De s
moment même où le noyau père se scinde en deu x dispositions sont également prises pour couvrir le ca s
noyaux fils et les neutrons retardés qui sont émi s extrême où le combustible ne baignerait plus dans
après quelques secondes par les noyaux fils à l a le caloporteur (effet de la vidange du caloporteur) .
suite d ' une désintégration bêta moins . Sans le s
neutrons retardés, la cinétique d'un réacteur serai t D .2-3 Transmutatio n
très rapide puisque le temps d ' émission des neu- et fonctionnement du réacteu r
trons prompts est de l ' ordre de la microseconde .
Avec les neutrons retardés, une génération de neu- L'introduction des éléments à transmuter dans u n
trons n ' est complète qu ' après plusieurs secondes . réacteur n'est pas sans conséquence sur le bila n
Par exemple, l'uranium 235 produit 0,65 % de neu- neutronique du coeur.
trons retardés qui sont émis en moyenne un e Le tableau D .1 illustre cet impact pour deux type s
dizaine de secondes après la fission . En laissant l e de réacteur (réacteur à neutrons thermiques et réac -
temps aux systèmes de conduite et de sécurité d e teur à neutrons rapides) . Les valeurs de la quantit é
jouer leurs rôles, la proportion de neutrons retar- reportée sont négatives, lorsque la transmutatio n
dés est un élément essentiel pour la conduite de s consomme des neutrons, et positives lorsqu'elle e n
coeurs des réacteurs . fournit .
L'usure du combustible, par disparition de la matière
fissile et apparition de produits de fission capturan t
Réacteur à neutron s Réacteur à neutron s
les neutrons, est à l ' origine d ' une perte lente de l a thermiques REP rapides RNR
réactivité du réacteur. Cette évolution est compen -
"Tc -1 - 1
sée par le retrait progressif, hors du réacteur, d e 1291
-1 - 1
barres de matériaux absorbants . Dans les réacteur s "'Cs -1 - 1
à eau sous pression, un contrôle fin de la réactivité
237 Np - 1,1 + 0, 6
est assuré par un absorbant liquide (du bore sou s 241 Am - 1,1 +0, 5
forme d'acide borique) ajouté au modérateur (l'eau). 243 Am - 0,3 + 0, 7
Les différents éléments de conception d'un réac- 244Cm + 0,7 + 1, 5
245 Cm + 2,3 + 2, 7
teur (pourcentage de matières fissiles et d ' absor-
Ensemble de s
bants, proportion de modérateur pour un réacteu r actinides mineurs - 0,9 + 0,6
à neutrons thermiques) sont fixés de façon à assu-
rer la maîtrise de la réactivité . Tableau D .1 : nombre de neutrons consommés (valeurs négatives) ou produit s
Les évolutions les plus rapides de réactivité ont pou r (valeurs positives) parla transmutation de radionucléides à vie longue .
origine des variations de température au sein d u
réacteur. Lorsque le nombre de réactions de fissio n La transmutation des produits de fission, qui es t
augmente localement dans le combustible, un déga - réalisée par des réactions de capture neutronique ,
gement de chaleur supplémentaire se produit . est consommatrice de neutrons . Il sera nécessair e
La température du combustible augmente alors, ce alors de compenser la perte de neutrons pa r
qui a pour effet d'accroître le nombre de capture s une augmentation du flux neutronique, et don c
(dans le domaine épithermique) et d ' entraîner ins- un enrichissement en matière fissile du coeur d u
tantanément une diminution locale de la réactivité . réacteur .
Cet effet, appelé effet Doppler, est particulièremen t La transmutation des actinides mineurs est à l a
rapide et d ' autant plus puissant que la variatio n fois consommatrice (par des captures) et généra -
de température est importante . C ' est un phéno- trice (par des fissions) de neutrons . Son impac t
mène essentiel d ' autostabilisation de la réactivité dépend du type de réacteur considéré . Dans u n
d'un réacteur. réacteur à neutrons rapides, la transmutation d e
L'excès de chaleur provoque localement une varia - l'ensemble des actinides mineurs apporte un sur -
tion de température du fluide caloporteur qui baigne plus de neutrons alors qu'elle en consomme dan s
les assemblages de combustible . Par exemple, pou r un réacteur à neutrons thermiques . Il est indis-
un réacteur à eau sous pression, le caloporteur (ea u pensable de surenrichir le combustible du réac-
liquide contenant de l'acide borique) est à la fois l e teur à neutrons thermiques en matière fissile pou r
modérateur et un absorbant du fait de la présence transmuter les actinides mineurs .
de bore . La dilatation du caloporteur entraîne un e Ce résultat est directement lié aux valeurs de sec -
baisse locale de la modération, mais aussi une dimi- tions efficaces des actinides mineurs reportées dan s
nution des captures de neutrons . D'une part, le s le tableau D .2 . Le rapport (Œ /Œf ) entre la sectio n
neutrons étant moins ralentis, la probabilité de fis- efficace de capture (crc ) et la section efficace de fis-
sion devient plus faible mais d'autre part, plus nom - sion (Qt) est, hormis pour 245 Cm, environ dix foi s
breux sont les neutrons disponibles pour la fission . plus faible dans un réacteur à neutrons rapide s

77

Réacteur à neutrons Réacteur à neutron s de la gestion des actinides mineurs et des produit s
thermiques REP rapides RN R de fission à vie longue sur la neutronique de s
Flux de neutrons Flux de neutron s réacteurs . C ' est dans cette optique que différentes
3 10 18 neutrons/s .m z 4 10 19 neutrons/s .m z
filières de transmutation ont été étudiées .
Qf o- c Qc / Qf O'f o-c Q c~ 0-f

99 Tc 9
0, 5
D .3 Données et méthode s
Np
237
241 Am
0,52 33 63 0,32 1,7 5, 3 de calcu l
1,1 110 100 0,27 2,0 7, 4
243 Am 0,44 49 111 0,21 1,8 8, 6 Les études de faisabilité, de conception ou de sûret é
244 Cm 1,0 16 16 0,42 0,6 1, 4
245 Cm 116 des systèmes de transmutation s'appuient sur de s
17 0,15 5,1 0,9 0,18
résultats de calculs obtenus à l'aide de logiciel s
Tableau D .2 : sections efficaces du technétium et des actinides mineurs . de simulation numérique . Ces derniers font appe l
à des bibliothèques de données, des modèle s
que dans un réacteur à neutrons thermiques . Le s physiques et numériques, et des expériences d e
actinides mineurs se transforment plus facilemen t qualification dont la qualité conditionne le nivea u
par fission que par capture dans un réacteur à d'incertitude associé aux diverses études .
neutrons rapides . Pour mener à bien l'évaluation des filières de trans-
mutation, il faut pouvoir disposer de donnée s
D .2-4 Capacité théorique d e nucléaires fiables qui permettront de disposer d e
transmutation des actinides mineurs résultats aussi précis et cohérents que possible .
Les données nucléaires sont obtenues par un pro-
La capacité de transmutation des actinides mineur s cessus long et complexe combinant des mesures e t
en réacteur est usuellement ramenée à l'énergi e des calculs de physique nucléaire théorique et de s
produite par le réacteur et exprimée en kg/TWhe . évaluations par des collèges de physiciens spécia-
On considère que tous les noyaux lourd s lisés . Elles sont rassemblées dans des bibliothèque s
fissionnent et que chaque fission libère un e de données nucléaires tels que les fichiers interna -
énergie moyenne de 200 MeV (soit 3,2 10 w J) . tionaux JEFF-3 (Europe) ou ENDF/B-VI (USA) .
Un TWh provient alors de la fission d e Différents logiciels de simulation numérique peu -
1,13 1 026 noyaux . Si toute l ' énergie produite par l e vent être utilisés . Les plus employés au CEA sont :
réacteur provient de la fission des actinides mineurs , Apollo2/Cronos2 pour les réacteurs à eau, Erano s
un TWh est libéré par la fission d'environ 45 k g pour les réacteurs à spectre rapides, Darwin pou r
d 'actinides mineurs . Pour un réacteur électrogèn e les calculs d'inventaires de matière et les codes
dont le rendement est compris entre 33 % et 40 % , Tripoli4, MCNP et MCNPX pour des calculs en
la capacité maximale de transmutation varie entr e géométrie complexe .
113 kg et 136 kg d ' actinides mineurs par TWhe . Les expériences de qualification, réalisées dans des
Cette valeur est la capacité théorique de transmu- installations d'essais de physique nucléaire et dan s
tation des actinides mineurs en réacteur . Elle n e des réacteurs de puissance, ont pour but de produir e
tient évidemment pas compte des conséquences des données expérimentales auxquelles son t

LES DONNÉES ET MÉTHODES DE CALCU L


• Pour évaluer par simulation les capacités de transmutation des réacteurs nucléaires, on utilise de s
logiciels de calcul reproduisant les phénomènes physiques se déroulant dans le coeur . Ces logiciels
de calcul neutronique font appel à trois grands sous-ensembles dont la qualité conditionne le nivea u
d'incertitude des résultats des calculs :
- des " bibliothèques de données", constituées à partir de grands fichiers internationaux de donnée s
nucléaires ,
- des programmes ou codes de calcul intégrant divers modèles physiques et numériques ,
- des expériences de qualification .
• À partir des outils de calcul existants, développés et qualifiés pour les applications aux réacteur s
classiques, des développements et extensions ont été réalisés sur chacun de ces sous-ensemble s
pour couvrir les spécificités des réacteurs transmuteurs de déchets .
• De nombreuses mesures nucléaires intéressant la transmutation ont été réalisées au cour s
de ces dernières années, la plupart dans le cadre de collaborations impliquant le CEA, le CNRS ,
des universitaires, ou dans le cadre de projets internationaux .
• Cet effort a permis de progresser considérablement dans la simulation des coeurs chargé s
en radionucléides à vie longue . Certaines mesures très spécifiques sont encore attendue s
à travers des programmes expérimentaux appropriés .

78
Les résultats des recherches sur la transmutatio n

D > Transmutation en réacteu r


> Données et méthodes de calcu l
> Filières de transmutatio n

comparés les résultats des logiciels de simulation , Pas à pas, les données nucléaires et les logiciels d e
ce qui valide ceux-ci . simulation sont améliorés, ce qui rend de plus e n
Tant que la transmutation des déchets nucléaire s plus fiable l'évaluation des différentes filières d e
à vie longue n'était pas l'un des objectifs de l a transmutation . L'effort entrepris ces dernières année s
conception des coeurs, les codes de calcul neutro - a permis de progresser considérablement dans l a
nique reposaient sur des bibliothèques et de chaîne s simulation des coeurs chargés en radionucléide s
d'évolution ne couvrant qu'un nombre relativemen t à vie longue . Le niveau de fiabilité et de précisio n
limité de noyaux et de réactions . des résultats obtenus est suffisant pour concevoi r
Pour y inclure les noyaux manquants, de nombreuse s les coeurs de réacteur et calculer les inventaire s
mesures nucléaires intéressant la transmutation on t associés après transmutation . Les calculs détaillé s
été réalisées au cours de ces dernières années, l a pour une réalisation effective nécessiteront des don -
plupart dans le cadre de collaborations impliquant nées affinées et certaines mesures très spécifique s
le CEA, le CNRS/IN2P3, des universités, ou dan s sont encore attendues à travers des programme s
le cadre de projets internationaux (HINDAS , expérimentaux appropriés .
n_TOF_ADS, groupes de travail de l'OCDE) . On
peut notamment citer :
• pour les sections efficaces aux énergies de neu- D .4 Filières de transmutatio n
tron inférieures à 20 MeV, les mesures à l'IRM M
Geel, au CERN, à l'ILL et au CENBG Bordeaux ; L'objectif principal est ici d ' évaluer la possibilité d e
• pour les énergies de neutrons supérieures à 20 Me V détruire suffisamment de radionucléides à vie longu e
induites par protons et neutrons, les mesures dan s tout en conservant ou en ne modifiant que d e
les laboratoires de Louvain-la-Neuve, Uppsala , manière acceptable les grandeurs caractéristique s
KVI Groningen, LN Saturne Saclay, CERN et GS I de la neutronique des coeurs . Cette possibilité dépen d
Darmstadt . des radionucléides à transmuter et du type d e
S'agissant des codes de calcul, des extensions des réacteur hôte .
logiciels existants, développés et qualifiés pour les Il s ' agit d ' étudier dans le détail les modifications à
applications aux réacteurs classiques, ont été réa- apporter au dessin et à la gestion des coeurs pou r
lisées afin de couvrir les spécificités des réacteur s
transmuteurs de déchets . Par exemple, en ce qui
concerne Eranos, de nouvelles méthodes de calcu l LES FILIÈRES DE TRANSMUTATIO N
spécifiques aux systèmes sous critiques ont ét é • La transmutation des déchets nucléaires vis e
développées . Pour ces systèmes, de nouveau x à en diminuer la radiotoxicité sur le long term e
modèles théoriques permettant de décrire l e en transformant des isotopes à vie longue e n
processus de cascade intranucléaire dans les cible s isotopes stables ou à défaut à durée de vi e
nettement plus courte .
de spallation ont été également mis au point .
• Les études ont consisté à évaluer les perfor-
Des expériences de qualification en réacteur on t mances des différentes filières de réacteurs
été effectuées ou sont en cours . Des mesures d e (électrogènes à neutrons thermiques ou rapides ,
fission d'actinides ont eu lieu dans les coeurs Mus e ou dédiés à la transmutation) en termes d e
du réacteur expérimental Masurca et d'autres son t capacité de transmutation, afin d'aboutir à u n
prévues dans le réacteur Minerve à Cadarache . bilan favorable (diminution de la radiotoxicité )
tout en respectant les critères de sûreté de s
Les expériences Profil 1, Profil 2 et Trapu, déj à
réacteurs . Ces évaluations sont essentielle -
effectuées dans Phénix, ont été essentielles pou r ment fondées sur des calculs de simulation .
disposer d'une base unique de données sur le s • Deux modes de transmutation ont été explo-
isotopes du plutonium, du neptunium, de l ' amé- rés : transmutation en mode homogène [dilu-
ricium et du curium . Les expériences Profil-R , tion des actinides mineurs dans le combustibl e
actuellement en cours dans Phénix, et Profil-M , des réacteurs) ou hétérogène (concentratio n
des isotopes à transmuter dans un assemblag e
en préparation, consistent à irradier des échan- spécifique) . De plus, deux modes de gestion son t
tillons d'actinides et de produits de fission ave c possibles : mono ou multirecyclage ; on considère
un spectre de neutrons rapides ou avec de s ici le nombre de passages du combustible dan s
neutrons épithermiques . Elles apporteront u n le réacteur pour atteindre un rendement d e
complément important d'informations sur le s transmutation le plus élevé possible .
sections efficaces de capture et les filiations de s • Un effort a été spécialement consacré à l a
mise au point des systèmes sous critique s
noyaux considérés . pilotés par accélérateur (ADS), permettant d e
Par ailleurs, l'interprétation d'analyses de combus- charger fortement les coeurs en actinide s
tibles irradiés à hauts taux de combustion a permi s mineurs à transmuter.
de préciser les incertitudes associées aux calcul s • Enfin, pour le long terme, le cycle thorium a
d'inventaires isotopiques des combustibles RE P été globalement évalué .
U DX et MOX.

79
rendre possible la transmutation, ainsi que d'éva- du combustible (qui peut être insuffisante s i
luer l'impact de ces dispositions sur des scénario s le rendement de transmutation est faible) e t
globaux de transmutation (cf chapitre E) . d'introduire ces radionucléides dans toutes le s
On condense dans ce chapitre les principales conclu- installations du cycle .
sions et recommandations résultant des étude s Dans le cas d ' un recyclage hétérogène, les impact s
neutroniques effectuées depuis 1991 dans le cadr e sont localisés sur les installations associées à l a
de la transmutation des radionucléides à vie longu e gestion des cibles . Plusieurs variantes peuvent êtr e
[VAR-04a] . Les réacteurs étudiés sont les système s considérées : soit tous les assemblages comporten t
présents ou à venir du parc électronucléaire français : quelques crayons contenant les radionucléides à
réacteurs à eau pressurisée (REP) ou réacteurs à transmuter, soit tous les crayons de quelques assem-
neutrons rapides (RNR) . Le cas des système s blages contiennent ces radionucléides, soit enfin il s
hybrides est détaillé dans le chapitre D .4-5 e t peuvent être confinés dans des dispositifs spécifique s
des éléments d'évaluation du cycle thorium son t gérés de façon indépendante des assemblage s
fournis au chapitre D .4-6. standards . Ainsi, les actinides mineurs sont concen -
trés dans des zones spécifiques du coeur avec de s
D .4-1 Modes de transmutatio n teneurs beaucoup plus élevées que celles du recy-
clage homogène . On peut jouer sur le nombre, l a
L'ajout d'actinides mineurs et de produits de fission teneur et la position des cibles pour minimise r
à vie longue dans le coeur d'un réacteur modifie leur impact sur la neutronique du coeur (effe t
son comportement neutronique et peut de ce fai t sur le coefficient de réactivité, la distribution d e
nécessiter de nouveaux dessins d'assemblages . puissance) sans toutefois réduire entièrement le s
Deux modes de transmutations sont distingués : perturbations apportées .
• le mode homogène où les radionucléides A. trans - Une autre possibilité de gestion des actinide s
muter sont mélangés au combustible du réacteur e t mineurs est de les concentrer dans des réacteur s
sont de fait présents dans l'ensemble des installation s spécifiques, dits "réacteurs dédiés" à la transmu-
du cycle ; tation . Les systèmes hybrides (réacteur sous-cri-
• le mode hétérogène pour lequel les radionu- tique couplé à un accélérateur et à une cible d e
cléides A. transmuter sont séparés physiquemen t spallation qui lui fournit des neutrons) renden t
du combustible proprement dit, ce qui permet d e théoriquement possible la gestion de coeurs trè s
les concentrer sur un nombre limité de dispositif s chargés en actinides mineurs, à des teneurs (voisine s
(cibles) . de 50% en masse) bien supérieures aux possibilité s
Le choix entre ces deux modes dépend, d'une part, des coeurs de réacteur classique (cf chapitre D.4-4) .
du comportement de chaque élément dans l e Ces systèmes dédiés à la transmutation sont asso-
réacteur et, d'autre part, de son influence sur l e ciés au parc de réacteurs électrogènes REP ou RN R
cycle du combustible . Ainsi en mode homogène , et constituent ainsi "une seconde strate" .
on limite les teneurs initiales en actinides mineur s De plus, on peut envisager soit le monorecyclag e
pour minimiser les conséquences de leur présenc e (appelé aussi "once-through") soit le multirecyclage
sur la neutronique du coeur . Cette voie a auss i des radionucléides à vie longue (figure D.4) .
l'inconvénient d'aligner la durée d'irradiation de s Le monorecyclage consiste à transmuter en u n
radionucléides à vie longue sur celle de l'irradiation seul passage en réacteur les radionucléides A . vie

fabrication de s fabrication des


4 combustible s
réacteu r 4 combustibles
-4 réacteu r

fabricatio n
des cible s
combustible s cibles
usés actinide s
actinides mineursT mineur s
traitement des traitement de s
combustibles usés combustibles usé s

•1
déchets déchet s

Figure D .4 : principe de la transmutation des actinides en monorecyclage dans des cibles (à gauche) et e n
multirecyclage dans les combustibles (à droite) .

80

D L es résultats des recherches sur la transmutatio n


> Filières de transmutatio n

Enrichissemen t Bilan en Pu et actinides mineur s


Concept en 2asU (%l (kg/TWhe )

Pu Np Am Cm

MOX UE 3,2 - 59 1,1 17,5 3, 9


APA 3,7 - 69 0,8 11,5 5, 0
CORAIL 5,2 1,3 1,6 6,1 1, 7
MIX 4,5 0 1,7 4,5 2, 2

UOX 4,75 26 1,8 1,11 0,30

Tableau D .3 : performances de différents concepts d'assemblage en REP pour la gestion du plutonium .

longue . Dans ce cas, on cherchera à transforme r nium c ' est-à-dire le pourcentage d ' isotopes impairs
la plus grande partie (au moins 90%) des radio - fissiles ( 20 Pu et '-"'Pu) du plutonium . Cette baiss e
nucléides, puisque la part non transmutée es t de la matière fissile contenue dans le combustibl e
destinée aux déchets . La réduction de la radio - doit être compensée par un apport supplémentair e
toxicité découle alors des performances de trans - en uranium enrichi . Les quantités de plutonium e t
mutation du réacteur indépendamment des perte s d ' actinides mineurs produites (valeurs positives) o u
provenant du traitement des combustibles usés . consommées (valeurs négatives) par ces concepts
Le multirecyclage consiste à transmuter en plusieur s ainsi que par un assemblage UOX sont reportée s
passages en réacteur les radionucléides à vie longue . dans le tableau D .3 . Les valeurs sont données aprè s
Il aboutit évidemment à une réduction plu s quelques recyclages, les performances variant pe u
importante des quantités de radionucléide s d ' un cycle à son suivant .
rejoignant les déchets, qui ne sont alors plu s Le recyclage du plutonium amène un accroissemen t
constitués que des seules pertes provenant d u de la production d'actinides mineurs en relatio n
traitement des combustibles usés . Les quantité s avec une plus grande consommation du plutonium .
de radionucléides présents dans le cycle sont dan s Par exemple, par rapport à un parc de réacteur s
ce cas beaucoup plus importantes. utilisant des assemblages UOX (producteur de 26 kg
de Pu par TWhe), la production d'actinides mineur s
D.4-2 Incidence de la gestio n est multipliée par 2,9 pour le concept Corail (pro -
du plutoniu m ducteur de seulement 1,3 kg de Pu par TWhe) e t
par 7 pour le concept MOX UE (consommateur d e
La prépondérance du plutonium clans l ' inventair e 59 kg de Pu par TWhe) . Dès le premier recyclage ,
radiotoxique des combustibles REP usés ren d le combustible MOX usé contient plus d ' actinide s
inutile d ' envisager la transmutation des actinide s mineurs (de l'ordre de sept fois plus d'américiu m
mineurs et des produits de fission à vie longue , et de curium) que le combustible UOX usé .
tant que l'on n'a pas au préalable décidé d'un e
gestion complète, forcément à moyen ou lon g D.4-3 Transmutation des produit s
terme, de l ' inventaire en plutonium . de fission à vie longu e
La régénération du plutonium dans les RNR perme t
de multiplier les ressources énergétiques, en tiran t Les isotopes des produits de fission à vie longue ,
de l'uranium près de deux cents fois plus d'énergi e dont on a évalué les possibilités de transmutation ,
que ne le permettent les REP actuels, ce qui préserv e sont '9 Tc, 135 Cs et '291 . Comme il a été montré a u
les ressources naturelles. L'inventaire en plutonium chapitre 1) .2-3, ces isotopes sont de purs capturant s
doit être adapté aux besoins associés au déploiement , neutroniques . En REP, leur transmutation s ' avèr e
dans un avenir plus ou moins proche, des réacteur s très difficile et nécessiterait un surenrichissemen t
à neutrons rapides de 4'' génération . du combustible. Les RNR peuvent être utilisés avec
Dans le cas d'un déploiement retardé de ce s des assemblages particuliers dans lesquels on modèr e
réacteurs futurs, des études ont donc porté sur une localement le spectre neutronique (chapitre D .5-4)
stabilisation de l ' inventaire en plutonium à pour bénéficier des grandes sections efficaces de s
travers un multirecyclage de celui-ci . Différent s neutrons thermiques .
concepts d ' assemblages combustibles (assemblage s Le césium est constitué principalement d ' u n
courants MOX UE, MIX et Corail, crayons spéci - mélange des deux isotopes' "Cs (teneur de 16 %) ,
fiques placés dans des assemblages APA de concep- à vie longue, et 13 Cs (non radiotoxique), pou r
tion nouvelle) ont été étudiés pour maîtriser l'inventair e lesquels seule la transmutation du ' 35 Cs radio -
en plutonium, dans un parc de réacteurs à ea u toxique est utile .
pressurisée . Le multirecyclage du plutonium a pou r Mais sous irradiation, le 133Cs est transformé e n
effet de diminuer la "qualité isotopique" du pluto - grande partie en 135 Cs et une séparation isotopique

81
optimisées . Par exemple, pour le cas le plus favorabl e
TRANSMUTATION DES PRODUITS du technétium, il faut de dix-huit à trente-trois an s
DE FISSION A VIE LONGU E d'irradiation pour réduire de moitié la quantité de
• La transmutation des produits de fission à vi e technétium . Pour atteindre des performances inté-
longue a été évaluée pour le technétium 99 , ressantes (réduction d 'un facteur dix), il faudrait recy-
l'iode 129 et le césium 135 . cler les cibles plusieurs fois sur des durées séculaires .
• Comme les produits de fission à vie longu e La transmutation du technétium et de l'iode a donc
sont de purs capturants neutroniques, leu r
un caractère peu réaliste vis-à-vis de l ' objectif recher-
transmutation en réacteur est très coûteuse
en termes de neutrons . ché de la réduction de leur radiotoxicité . Les études
• Les études ont montré que la transmutatio n ont toutefois été menées pour sélectionner de s
en REP et RNR apparaît impossible pou r composés susceptibles d'être irradiés (chapitre D .5-6).
le césium 135 sans une séparation isotopiqu e
préalable, très lourde à mettre en oeuvre . D .4-4 Transmutation des actinide s
• Pour l'iode 129 et le technétium 99, l a mineurs en réacteurs électrogène s
possibilité la plus attractive serait de le s
incorporer dans des cibles en périphérie d'u n (rapide et thermique)
coeur à spectre de neutrons rapides . Toutefois,
même dans ce cas, les taux de transmutatio n L'introduction en réacteur, en plus du plutonium ,
restent faibles et la transmutation de l'iod e d'actinides mineurs consommant et produisan t
et du technétium nécessite un grand nombre des neutrons modifie évidemment les paramètre s
de recyclages sur de longues durées pou r
un résultat modeste sur leur radiotoxicité . neutroniques du coeur et en particulier dégrad e
certaines caractéristiques telles que le nombr e
de neutrons retardés émis, ou les coefficients d e
des deux isotopes, comme préalable à leur transmu- réactivité, influençant la sûreté du réacteur . De c e
tation, est donc indispensable pour éviter de recrée r point de vue, les teneurs admissibles (quelque s
au moins autant de ' Cs qu ' on en détruit . Cett e pour cent en masse) par assemblage sont faible s
séparation doit permettre d'atteindre une teneur en cas de recyclage homogène (déchets mélangé s
d'au moins 70 % de ' Cs . Différentes méthode s au combustible), et notablement plus élevées en
d'enrichissement ont été évaluées, mais aucune n e cas de recyclage hétérogène ; elles sont plus faible s
permet d'aboutir à des résultats satisfaisants à grand e en REP qu ' en RNR (le bilan et le flux neutro -
échelle . La transmutation du césium n ' est donc pa s nique dans ce dernier étant, comme on l'a vu a u
envisageable de façon réaliste et aucun développe - chapitre D .2-3, plus favorables) .
ment pour sélectionner le composé de césium apte Il est donc nécessaire d'optimiser à la fois le dessin
à être irradié en réacteur n'a été mené . de l'assemblage et la quantité d'actinides à intro-
La destruction du technétium et celle de l'iode son t duire pour respecter les critères de sûreté des coeurs
envisageables en RNR en les soumettant dans de s tout en conservant des performances de transmu-
cibles à un spectre de neutrons modérés . Toutefois , tation acceptables .
les calculs conduisent à des rendements de transmu- Les études menées se sont basées sur deux famille s
tation faibles, même dans ces conditions neutroniques de réacteurs : les réacteurs à eau pressurisée du par c

TRANSMUTATION DES ACTINIDES MINEURS EN RÉACTEURS ÉLECTROGÈNE S


• Les études sur la transmutation des actinides mineurs en réacteurs électrogènes ont consisté à évalue r
dans un premier temps les performances intrinsèques des systèmes en respectant les contraintes de sûreté .
Dans un deuxième temps, des concepts d'assemblages de combustible ont été évalués, permettant d'optimise r
les performances de la transmutation .
• Pour les REP, les conclusions sont les suivantes :
- les quantités admissibles d'actinides mineurs en coeur restent faibles (1 % en masse environ) ,
- la présence d'actinides mineurs nécessite un surenrichissement pénalisant en 235U et a un effet sur la gestion du plutonium ,
- parmi les différentes options étudiées, l'option la plus favorable, basée sur le multirecyclage de l'américiu m
dans des combustibles MOX-UE, apparaît cependant peu réaliste ,
- le recyclage du curium est à éviter, car il génère du californium 252, source intense de neutrons .
• Pour les RNR, les conclusions sont les suivantes :
- les quantités admissibles d'actinides mineurs dans les combustibles se situent entre 2,5 et 5% en masse en fonctio n
des concepts ,
- le monorecyclage en cibles modérées et le multirecyclage en mode homogène ou hétérogène sont possibles ,
- l'option de multirecyclage en mode homogène est privilégiée pour les réacteurs futurs ,
- le recyclage du curium génère certes du californium 252 mais qui se stabilise à un niveau beaucoup plus faible
que dans les REP et, de ce fait, n'engendre pas de problèmes spécifiques .
• En conclusion, les réacteurs à neutrons rapides offrent une plus grande souplesse et autorisent des performance s
de transmutation largement supérieures à celles des REP .

82

Les résultats des recherches sur la transmutatio n

D > Filières de transmutatio n

Concept Matrice Rapport Nombre Enrichissemen t Teneur e n Teneur e n


de modération de crayon s en zasU * plutoniu m actinide s
d'actinide s (%) 1%) mineurs* *
mineurs pa r (% )
assemblage

MOX U E UO 2 Accru 264 3,97 8 1,1 3


Homogène

MOX U E UO 2 Accru 16 4,61 8 1,6 2


Hétérogène

APA Inert e Accru 36 4, 1 12 2, 9


CORAI L UO 2 Standard 84 5 10, 3 2, 1
MIX UO 2 Standard 264 4,7 2,8 0,9
_ sis _sois

*Valeur donnée pour les premiers recyclages, la teneur en -''U augmentant rapidement pour les recyclages ultérieurs .
**Valeur donnée pour les premiers recyclages, la teneur en actinides mineurs pouvant ensuite baisser afin de respecter les critère s
de sûreté pour un nombre important de recyclages .
Tableau D .4 : principaux concepts d'assemblage REP pour la transmutation .

Concept Réacteur Taux de combustio n Actinide s Performances (kg/TWhe )


(GWj/tl mineurs recyclés

Pu Np Am Cm

MOX UE EPR 60 Am - 35 1,3 -5,7 5, 3


APA EPR 45 Am, Cm - 53 0,9 0,1 0, 3
CORAIL REP 1300 45 Np, Am, Cm 5 0,1 0,7 0, 6
MIX REP 1300 60 Np, Am, Cm 0,5 0 0,1 0, 6

Tableau D .5 : performances de différents concepts d'assemblage en REP pour la transmutation des actinide s
mineurs .

électrogène français et les réacteurs à neutron s le volume d'eau modératrice), soit en repensant son
rapides . Des études plus prospectives sont aussi e n dessin . Les études les plus récentes ont porté sur le
cours sur les concepts de type High Temperature réacteur EPR qui, par conception, donne des marges
Reactor (HTR) . supplémentaires sur certains paramètres de sûret é
du coeur par rapport aux REP actuels .
• TRANSMUTATION DES ACTINIDES MINEUR S Les concepts d ' assemblage étudiés pour la trans -
EN RÉACTEURS À EAU SOUS PRESSIO N mutation dérivent de ceux définis pour la gestio n
du plutonium et la plupart sont adaptés à la ges-
La principale limitation à l'introduction d'actinide s tion conjointe du plutonium et des actinides mineurs .
mineurs en réacteur de type REP est liée à leu r Ils permettent le multirecyclage en mode homo -
impact direct et à celui de leurs descendants pa r gène dans des assemblages courants (MOX UE,
transmutation sur les coefficients de réactivité e t MIX et Corail) et en mode hétérogène dans de s
cinétiques du coeur. Ceci se traduit par : assemblages courants (MOX UE) ou avec de s
• une dégradation des coefficients de températur e crayons spécifiques placés dans des assemblages d e
(effet Doppler) ; conception nouvelle (APA) . Le tableau D .4 pré-
• une réduction moindre de la réactivité liée à l a sente l'ensemble des concepts étudiés . Le multire-
vidange du caloporteur ; cyclage en mode homogène a été le plus étudié, ca r
• une diminution plus faible de la réactivité au cour s il perturbe moins le réacteur . En effet, dans le ca s
du cycle en réacteur ; des réacteurs REP, toute hétérogénéité important e
• une dégradation de l'efficacité du bore soluble . de la géométrie du coeur génère des perturbation s
Les études ont été menées pour quantifier ces évo - neutroniques qui peuvent engendrer des puissance s
lutions des coefficients de sûreté dans la versio n et des températures locales rédhibitoires .
standard des REP ou dans des versions avec u n Le tableau D .5 récapitule les performances d e
rapport de modération accru (RMA), permettan t transmutation des actinides mineurs pour le s
justement d'adapter le spectre neutronique à de s concepts présentés en regard d ' une gestion opti-
valeurs acceptables des coefficients de sûreté en pré - misée du plutonium .
sence d'actinides dans le coeur. On obtient ce rappor t La transmutation des actinides mineurs nécessite
de modération accru dans un REP soit en enlevan t une augmentation importante de l'enrichissemen t
quelques crayons clans l' assemblage (ce qui augmente en '°U par rapport au recyclage du plutonium

83
seul . Le multirecyclage du plutonium généran t Des études ont été réalisées au CEA, sur des concept s
une quantité croissante d'actinides mineurs, l a de cible hétérogène en monorecyclage (Andiamo ,
transmutation de ces actinides mineurs se fait don c Tigre) . Les résultats indiquent que les temps néces -
au détriment du recyclage du plutonium . Le recy- saires pour atteindre des taux de fission suffisammen t
clage homogène des actinides mineurs apparaî t élevés (90 % environ) sont particulièrement longs ,
tout à fait réalisable au sens neutronique dans le s de l'ordre de vingt-cinq à quarante ans .
concepts présentés, tout du moins pour les premier s
recyclages, car sur des temps plus longs, la " qualit é • TRANSMUTATION DES ACTINIDES MINEUR S
isotopique " du plutonium diminuant, les teneur s EN RÉACTEURS À NEUTRONS RAPIDE S
admissibles en actinides mineurs doivent êtr e Pour les réacteurs à neutrons rapides, les étude s
réduites pour respecter les critères de sûreté . ont principalement utilisé, comme réacteur d e
Les études neutroniques préliminaires d ' impac t principe, le projet européen EFR (European Fast
sur le coeur ne laissent pas présager de problème s Reactor), réacteur refroidi au sodium de 1400 MW e
particuliers pour le contrôle des coeurs : les teneur s permettant une évaluation exhaustive des impacts
admissibles par assemblage sont suffisamment faible s de la transmutation sur l'ensemble des paramètre s
pour ne pas dégrader la sûreté des réacteurs . Parm i du coeur nucléaire . L'ensemble des voies de trans -
les différents concepts étudiés, le concept MOX - mutation et leur mode associé de gestion on t
UE apparaît comme le plus facile à déployer a u été étudiés . De nombreuses études ont montré la
niveau d'un réacteur de troisième génération te l possibilité de transmuter, ensemble ou séparément ,
qu'EPR, car il minimise les impacts sur le coeur e t les actinides . Dans ces réacteurs peuvent être auss i
il n'implique qu'un nombre limité de réacteur s placés des assemblages de cibles modérés : l e
dans le parc . modérateur envisagé est hydrogéné (hydrure d e
Il a également été vérifié que la présence d e calcium ou de zirconium) .
lanthanides, radionucléides susceptibles d'êtr e Les études s'orientent maintenant sur les système s
présents sous forme d'impuretés avec les actinide s de quatrième génération qui doivent autorecycle r
mineurs à l' issue de la séparation poussée, es t leurs propres actinides . Parmi les systèmes étudiés ,
tolérable à des teneurs accessibles par les procédé s figurent les réacteurs à neutrons rapides et à
spécifiques de séparation en cours de développement , caloporteur gaz .
en termes de performance de transmutation .
En mode hétérogène, le multirecyclage des actinide s Limite acceptable d'actinides mineurs
mineurs dans des cibles (au nombre de 16) placée s en RN R
dans des assemblages UOX a été également évalué . Comme nous l'avons vu au chapitre D .2-3, le bilan
Dans le cas de l'américium, les performances d e neutronique de la transmutation des actinides
transmutation sont pratiquement équivalentes a u mineurs est favorable dans le cas des réacteurs à
mode homogène. L' avantage de cette solution es t neutrons rapides . Cependant, leur introduction en
de permettre l'introduction d'américium dans de s mode homogène dégrade les paramètres de sûret é
REP UOX tout en dissociant la gestion d u du réacteur . La limite acceptable se situe aux environ s
plutonium de celle des actinides mineurs . Toutefois , d'une teneur de 2,5 % (figure D.5) en masse d'acti -
la fabrication d'assemblages UOX comportant de s nides mineurs pour des réacteurs de type EFR (ce
cibles américiées est un inconvénient majeur. qui représente par exemple dans ce cas une tonn e
Lors de recyclage en REP impliquant le curium, les d'actinides mineurs dans le coeur) . Dans le cas d'u n
captures neutroniques successives amènent à la for- réacteur à neutrons rapides refroidi au gaz, cett e
mation de radionucléides supérieurs qui s'accumulent , limite pourrait être revue à la hausse ; en effet, dans
s ' ils ne sont pas séparés au cours des recyclages . U n ce cas, la limite associée à la dégradation des critères
des isotopes du californium, le "'Cf est un émetteu r de sûreté neutroniques avoisine les 5 % .
intense de neutrons qui, bien que produit en faibl e
quantité, augmente l ' émission neutronique de s Capacités de transmutation en mod e
matières manipulées d'un facteur cent à l'étape d e homogène et multirecyclag e
traitement et d'un facteur environ huit mille à l'étap e Le mode homogène en réacteur à neutrons rapide s
de refabrication par rapport à un combustible MOX . apparaît comme la solution la plus favorable pou r
Ceci nécessite de renforcer les postes du cycle pa r la transmutation du fait des avantages suivants :
des protections radiologiques supplémentaires e t • la distribution homogène dans le coeur ne per-
d ' évaluer les risques de criticité associés . Ce problèm e turbe pas les distributions de puissance ;
n ' apparaît pas dans le cas des réacteurs à neutron s • le haut niveau de flux et le surplus de neutron s
rapides où les isotopes amenant au californiu m accommodent facilement la présence d'actinide s
fissionnent davantage et où ainsi la quantité de 252 Cf mineurs ;
se stabilise à des niveaux beaucoup plus bas, sans • l'équilibre global du réacteur qui fonctionn e
conséquence sur les installations du cycle . initialement au plutonium se trouve peu perturbé .

Les résultats des recherches sur la transmutatio n


D > Filières de transmutatio n

Pour chaque actinide mineur considéré indivi-


duellement, les capacités de transmutation dan s 20 variation (%)
le cas d'un multirecyclage en mode homogène on t
été évaluées en considérant une teneur massiqu e 10
limite maximale de 2,5 % . Le tableau D .6 récapi-
tule les performances du réacteur EFR et, à titr e
0
d'illustration, indique pour chaque actinide mineu r
la consommation potentielle qu'elle compare a u
nombre n de REP produisant cette quantité .
Ce tableau montre comment, dans le cas où o n
-1 0 mmlu. D

- 2 0 mmmm
chercherait à absorber un stock résiduel d'acti-
nides mineurs provenant de réacteurs REP, on a l
tout intérêt à éviter tout recyclage du plutoniu m
(pour l 'américium, un EFR ne permet " d ' absorbe r"
que la production venant de 0,5 REP MOX-U E
alors qu'il "accommode" la production de
- 30

- 40
domai n
acceptable
MI.=
meur s rs

6 REP UOX) . - 50 g
0 2 4 6 8 10
Le réacteur EFR génère 3,8 kg d'actinides mineurs
par TWhe . En cas de recyclage en mode homogèn e A : vidange B : doppler C : burn-up D : bêt a
des actinides mineurs dans le coeur, la consommatio n sodiu m effecti f
parvient à équilibrer la production avec une teneur
massique de 1,3% d'actinides mineurs dans le combus- Figure D .5 : variation des coefficients de réactivité en fonction de l a
tible (bien inférieure à la teneur massique limite d e teneur en actinides mineurs pour RNR sodium .
2,5% déterminée plus haut) . Du fait d ' une réparti -
tion homogène dans le combustible, leur présence n' a • consommer des actinides mineurs en position-
pas d'impact sur les distributions de puissance dan s nant des cibles dans les zones périphériques d u
le coeur . La teneur massique en plutonium doi t coeur ou en couverture, l'avantage de cette dis -
cependant être augmentée de 19,9 à 21,1%, à caus e position étant de très peu modifier les coefficient s
de la présence des actinides mineurs moins fissile s de sûreté .
que le plutonium . Ceci montre q u ' un réacteur à neu- Le dessin des cibles pour la transmutation de s
trons rapides est tout à fait apte à recycler ses propre s actinides mineurs est similaire à celui des cou-
déchets en mode homogène sans perturbation notoire . vertures utilisées pour l ' uranium appauvri . Ce s
Cependant, on peut vouloir minimiser le nombr e cibles peuvent être sur matrice inerte ou su r
d'assemblages chargés d'actinides mineurs en coeur , support uranium .
des études ont donc été menées pour évaluer le s Leur comportement en cours d'irradiation es t
capacités maximales de transmutation en mod e également assez proche de celui d'une couver-
hétérogène . ture en uranium appauvri . L' augmentation d e
la puissance libérée en cours d'irradiation, liée à
Capacités de transmutation en mod e l'apparition d'isotopes fissiles, est toutefoi s
hétérogène et multirecyclag e plus rapide en présence d ' actinides mineurs ,
Dans un réacteur à neutrons rapides, un flu x ce qui limite leur teneur admissible dans le s
important de neutrons s ' échappe du coeur et peu t aiguilles, la puissance produite dans les zone s
être utilisé pour : périphériques devant rester faible devant cell e
• créer du plutonium en plaçant de l'uraniu m du coeur . Une teneur de l'ordre de 20 à 40 % e n
appauvri dans les zones périphériques appelée s volume dans les cibles satisfait à ce critère . Les
couvertures (c'est la surgénération) ; taux de transmutation massique sont d'enviro n

Élément (teneur 2,5 % ) Np Am* Cm

Consommation (en kg/TWhe ) 10 9 6


nombre n de REP UO X -6 -6 -2 0

nombre n de REP MOX -25 -0,6 -2

nombre n de REP MOX UE (Pu ) -9 -0,5 -1,5

*Sans prise en compte de Is production de 24 'Am par décroissance du id1 Pu .

Tableau D .6 : performances de transmutation d'un EFR en recyclage homogène .

85
de 14 kg/TWhe pour l'américium (à une teneu r et d'aiguilles modératrices formées de pastille s
de 40%), 12 kg/TWhe pour le neptunium (à un e d'hydrure d'yttrium (assemblage-cible) .
teneur de 20 %) . Le recyclage du curium seul n 'a Afin de limiter les pics de puissance dans le coeur ,
pas été évalué, car de par ses propriétés physique s la périphérie de cet assemblage peut être recouverte
(émetteur de neutrons et de particules alpha à de matériaux absorbant les neutrons thermiques ,
haute énergie) et de sa faible proportion par rap - comme l'oxyde de gadolinium. Chaque assemblage-
port aux autres actinides mineurs, son recyclag e cible contient environ 9 kg d ' actinides mineur s
ne se conçoit qu'associé à un autre actinide mineu r (Am + Cm) ; la capacité de transmutation d'un te l
(en l'occurrence l'américium) . Pour les cibles posi- coeur chargé de ces assemblages-cibles est de l'ordr e
tionnées en couverture, les performances de trans - de 7,4 kg/TWhe. L'introduction des assemblages -
mutation ont été calculées pour des teneur s cibles ne remet pas en cause les critères globaux d e
d'actinides mineurs comprises entre 40 et 80 % sûreté du coeur des réacteurs EFR . Un tel assem-
en volume [VAR-051 . blage modéré permet d'atteindre des taux de fis-
Dans tous les cas, les consommations sont large - sion de l'ordre de 90 % (il ne reste donc après neu f
ment supérieures à la production propre des réac- ans d'irradiation de l'assemblage en coeur que 10 %
teurs à neutrons rapides et dépassent légèremen t de la masse initiale des noyaux lourds) . Par rappor t
les performances obtenues avec le multirecyclag e aux cas de multirecyclage, l'avantage très clair d e
en mode homogène . cette solution est de minimiser les flux d'actinide s
mineurs dans le cycle nucléaire .
Capacités de transmutation en mod e
hétérogène et monorecyclag e D .4-5 Transmutation des actinide s
Pour atteindre des performances de transmutatio n mineurs en systèmes dédié s
suffisantes en un seul passage en réacteur, il fau t
soit laisser les cibles en coeur durant des temps trè s Comme on l ' a vu précédemment, une possibilité
longs, souvent incompatibles avec les durées de vi e de gestion des actinides mineurs est de les concen-
des assemblages, soit modifier localement le spectr e trer dans une "strate" spécifique utilisant de s
des neutrons pour augmenter le taux de transmu- systèmes dédiés à la transmutation . Les quantité s
tation afin d'accélérer le processus . Cette dernière importantes d'actinides mineurs à transmuter fon t
option a été prise en compte dans la définition de privilégier les systèmes sous-critiques, appelé s
cibles modérées en réacteur à neutrons rapides (don t systèmes hybrides ou ADS pour Accelerator Driven
les démonstrateurs sont les expériences Ecrix dan s System . Les ADS associent les principaux éléments
le réacteur Phénix) . Cette approche permet, e n suivants (figure D.7) :
modérant localement le spectre d'énergie des neu- • un accélérateur qui fournit un faisceau intense d e
trons, d'augmenter les sections efficaces (cf. chapitre protons de haute énergie (1 Gel') pour obtenir u n
D .2-1), tout en profitant du haut niveau de flux de s rendement de spallation important ;
RNR [VAR-04a1 . • une ligne de faisceau qui conduit les protons ver s
Pour le réacteur EFR, un assemblage particulie r la cible de spallation, soumise à de fortes contraintes
(figure D.6) a été calculé, constitué de cibles d'oxyde s de radioprotection ;
d'actinides (Am + Cm)O, sur une matrice inert e • une fenêtre, positionnée en bout de la ligne de fais -
ceau, qui isole l'accélérateur de la cible et permet d e
maintenir l'accélérateur sous vide . Traversée par l e
faisceau de protons, c'est une pièce sensible d u
système : sa durée de vie dépend de contrainte s
thermiques, mécaniques et de la corrosion . Il existe
toutefois des projets d'ADS sans fenêtre et, dan s
ces conditions, ce sont le confinement et l ' extrac-
tion des produits radioactifs de spallation qu i
doivent être pris en compte ;
• une cible de spallation, constituée d'un métal lour d
(plomb ou plomb-bismuth) : irradiée par le faiscea u
de protons, elle génère des neutrons d'énergie élevé e
(entre 1 MeV et 20 MeV) ;
• un coeur annulaire, fonctionnant en mode sous -
critique et en spectre rapide .
Figure D .6 : section d'un assemblage cible pour l a Le développement des ADS pour la transmuta -
gestion en monorecyclage de l'américium et du curiu m tion des déchets nucléaires a été envisagé à parti r
dans EFR fen bleu, les aiguilles de modérateur, e n du milieu des années 1990 dans un contexte euro-
rouge, les aiguilles cibles) . péen, sous l'impulsion du professeur Carlo Rubbia .

86

Les résultats des recherches sur la transmutatio n


D > Filières de transmutatio n

TRANSMUTATION DES ACTINIDES MINEURS EN SYSTÈMES DÉDIÉ S

• Les systèmes dédiés à la transmutation des actinides mineurs (ADS) sont constitués d'un réacteur sous-critique coupl é
à une source externe de neutrons provenant d'un accélérateur . Le caractère sous-critique du réacteur permet de le charge r
fortement en actinides mineurs, tout en assurant son contrôle et sa sûreté, ce qui est un aspect favorable pour la transmutation .
• La complexité de ces systèmes ne permet pas, d'un point de vue économique, de les considérer comme des réacteur s
électrogènes . Leur mise au point passe par la conception d'éléments spécifiques de haute technicité :
- un accélérateur qui fournit un faisceau intense de protons de haute énergie : le choix du type d'accélérateur (linéaire )
a été fait, mais le problème de sa fiabilité n'est pas encore résolu ,
- une cible de spallation qui génère des neutrons de haute énergie sous l'effet des protons de l'accélérateur (et, selon la conceptio n
de la cible, une fenêtre qui isole la cible de l'accélérateur) : une voie de référence est proposée (cible liquide utilisant l'eutectiqu e
plomb-bismuth avec fenêtre), mais des problèmes de comportement des matériaux (corrosion par le métal liquide, irradiation ,
production de gaz) restent à résoudre ,
- un coeur de réacteur fonctionnant en mode sous-critique et en spectre rapide .
• Pour la première fois dans le monde, les principaux composants (la source externe de neutrons et le coeur sous-critique )
ont été assemblés avec succès, pour des études neutroniques de très faible puissance, dans le réacteur expérimental Masurc a
de Cadarache, au cours de l'expérience Muse conduite par le CEA et le CNRS .
• Les études d'ingénierie menées au niveau européen (projet PDS-XADS) ont confirmé l'absence de points rédhibitoire s
quant à la faisabilité de principe du système ADS pour des puissances de l'ordre de 100 MWth .
• Toutefois, de nombreux verrous technologiques subsistent encore et sont à lever pour juger de la viabilité d'un ADS d e
puissance ; des études seront menées en ce sens de 2005 à 2008 dans le cadre du projet européen intégré Eurotrans du b e PCRD .

En 2001, le CEA et le CNRS ont préparé et pré- fonctionnement, leur rendement (une partie de l 'élec-
senté un dossier de motivation [CEA-01 ] pour u n tricité générée doit alimenter l ' accélérateur) et leu r
démonstrateur hybride . Les conclusions de c e coût . Ces résultats ont été confirmés par des études
rapport confirmaient l ' intérêt des ADS pour l a française [DEL-05] et internationale [AEN-01] .
transmutation des actinides, en plaçant le rôle d e Ces études de motivation ont permis de préciser le s
)'ADS dans le cadre d'une stratégie de la "doubl e objectifs assignés aux ADS et les besoins en R et D
strate" du cycle du combustible . Pour être intéres- nécessaires pour atteindre ces objectifs . Contrairement
sante, cette stratégie doit reposer sur un nombr e aux réacteurs électrogènes pour lesquels on dispos e
aussi limité que possible d ' ADS pour transmute r désormais d'un très large retour d'expérience, aucu n
l'ensemble des déchets générés par le parc électro - ADS de puissance n 'a été construit jusqu ' à présent.
nucléaire, ce qui motive l'objectif de charger forte - Les études ont donc été basées sur une démarche pa s
ment les coeurs d'ADS en actinides mineurs ; l e à pas visant à démontrer la faisabilité de chaqu e
scénario du chapitre E .2-4 précise de façon quanti- composant et de leur couplage [GRA-05] .
tative les résultats de cette stratégie . Le rapport CEA - Les ADS fonctionnent en mode sous-critique, c e
CNRS a également conclu que les ADS ne pouvaien t qui permet :
pas contribuer de façon économique à la produc- • une garde de sûreté vis-à-vis des accidents d e
tion d ' électricité, de par leur complexité de remontées accidentelles de réactivité (garde qu i

cible d e
fenêtre
spallatio n
fournissan t
les neutron s
source accélérateu r externes
de protons

Figure D .7 : schéma de principe d'un ADS .

87
peut être d'autant plus importante que la source de En fonctionnement nominal, l'ADS bénéficie d'u n
neutrons associée au système est plus intense) . I l système fiable d ' arrêt quasi instantané de la produc-
existe néanmoins des difficultés technologiques à tion de puissance thermique par la commande d'ar -
la réalisation de sources de neutrons de grand e rêt du faisceau de protons . Cette commande enlèv e
intensité : fiabilité de l'accélérateur de protons, tenu e tout intérêt à l'insertion d'antiréactivité par de s
de la fenêtre et de la cible de spallation ; barres de sécurité utilisées classiquement dans le s
• d'envisager des charges importantes d'actinide s réacteurs critiques . Les concepts du PDS-XAD S
mineurs dont les contre-réactions thermiques (effe t n'utilisent donc pas de barres de sécurité . Des élé-
Doppler) et la proportion de neutrons retardé s ments absorbants restent toutefois nécessaires : il s
seraient rédhibitoires avec des coeurs critiques ; sont utilisés avec les moyens normaux de manu-
• d ' accepter une plus grande variation de la compo- tention pour abaisser la réactivité lors de situation s
sition isotopique du combustible, résultat de la trans - particulières d'exploitation de l'ADS, telle que l a
mutation au cours du cycle, le système n'étant plu s manutention du combustible .
contraint à la criticité durant le temps de séjour d u Dans le cas du refroidissement parle plomb-bismuth ,
combustible en réacteur, la puissance du systèm e les études des transitoires de sûreté font apparaîtr e
étant maintenue par l'intermédiaire de la sourc e des marges importantes, que le faisceau fonctionn e
de neutrons . ou pas . Dans l ' ADS refroidi au gaz, il a été montr é
que le système d ' évacuation de la puissance résiduell e
• LES CONCEPTS PRÉLIMINAIRES DAD S en cas d'accident de dépressurisation est suffisammen t
DANS LE PROJET PDS-XAD S efficace quand le faisceau est arrêté .

Dans le cadre du 5' PCRD, le projet PDS-XAD S • LES ÉTUDES DE NEUTRONIQU E


mené entre 2001 et 2004 a fourni les concepts pré - AVEC L'EXPÉRIENCE MUS E
liminaires pour des systèmes ADS de 80 MWth ,
l ' un refroidi au plomb-bismuth et l ' autre au ga z Le coeur d'un système hybride esta priori de forme
hélium . Le projet belge MYRRHA de puissanc e annulaire pour permettre la mise en place de l a
plus modeste (de l'ordre de 50 MWth), refroidi a u source de neutrons en son centre . Ce positionnemen t
plomb-bismuth et avec l'option sans fenêtre, fai t permet l ' utilisation optimale par le coeur sous-critique
également partie de ces études . des neutrons produits par la source .
Dans ce projet, les performances assignées à l ' accé - Pour la transmutation, le combustible du coeur n e
lérateur sont de produire un courant de proton s devra pas contenir d ' uranium, afin d ' éviter la créa -
de 6 mA et une énergie des protons de 600 Me V tion d'actinides mineurs par capture de neutron s
Le combustible choisi pour le premier coeur, des- par '"U : les actinides mineurs à incinérer seron t
tiné A. la démonstration de la faisabilité du concep t donc insérés dans des matrices inertes (cf chapitre
d'ADS, est un combustible MOX standard . La D.5-5) . Toutefois, la première charge d ' un futu r
possibilité de charger un grand nombre d'assem- ADS expérimental est aujour d ' hui prévue avec u n
blages à base d'actinides mineurs est égalemen t combustible bien connu et qualifié de type MOX .
considérée, ce qui permet de chiffrer les perfor- Le fonctionnement d ' un coeur neutronique est carac-
mances de transmutation de ces systèmes . Le s térisé par le facteur de multiplication k,.ff, égal a u
nouveaux combustibles fortement chargés en acti- rapport des neutrons de fission produits (P) sur les
nides mineurs nécessitent un effort important d e neutrons disparus (D) . Dans un ADS, les neutrons
R et D qui a été mené dans le cadre des projet s générés par la source (S) s ' ajoutent aux neutrons d e
connexes du 5 c PCRD : Future pour le combus- fission (P) produits par le coeur sous-critique et n e
tible oxyde et Confirm pour le combustible nitrure représentent qu ' un faible pourcentage de l'ensembl e
(cf chapitre D .5-5) . (S + P) . La proportion de neutrons venant de l a
Le projet PDS-XADS a également pris en compt e source est donnée par l ' équilibre des production s
les études de fonctionnement et de sûreté liées a u (S + P) et des disparitions (D) de neutrons : S + P = D ,
couplage de l'accélérateur et du réacteur sous-cri - soit la valeur S/P = D/P -1 . Cela revient à écrir e
tique et à la présence de la cible de spallation . Pou r S/P = (l /keff) - 1 .
cette dernière, il faut notamment démontrer qu e Plus la valeur de keff est inférieure à 1, plus le coeu r
le confinement des produits radioactifs et son refroi - est sous-critique (moins il y a de neutrons de fission
dissement sont assurés en toutes circonstances . D u produits par le coeur), et plus la puissance de l a
fait de la forte charge en actinides, les études on t source externe de neutrons (donc de l ' accélérateur )
pris en compte des coefficients de sûreté qui son t devra être importante .
très différents de ceux utilisés pour les réacteur s La plage de sous-criticité est bornée :
critiques : faible proportion de neutrons retardés , • en valeur basse (k , ff éloigné de 1), par la puissanc e
coefficients réduits de contre-réaction en tempéra - de la source de neutrons nécessaire pour assure r
ture, effet de vidange plus important. une puissance significative au système complet ;

88

Les résultats des recherches sur la transmutatio n


D > Filières de transmutatio n

1,1 0

1,0 0

0,90

0,8 0

0,70

0,60
- 600 - 500 - 400 - 300 - 200 - 100 0 100 200 300 400 500 60 0
distance à partir du centre du coeur (mm )

Figure D .8 : expérience d'ADS Muse avec le réacteur Masurca et l'accélérateur Genepi ; puissance du systèm e
le long d'une ligne traversant le réacteur (en bleu : coeur critique sans source, en rouge : en mode sous-critiqu e
avec source] .

• en valeur haute (keff très proche de 1), par le s Plusieurs méthodes dynamiques ont pu mesurer l e
contraintes de sûreté liées aux combustibles forte - niveau de réactivité des configurations sous -
ment chargés en actinides mineurs : plus leur concen- critiques sans avoir besoin de passer par un e
tration est élevée dans le coeur, plus les coefficient s configuration critique . Les valeurs de réactivit é
de sûreté sont réduits et plus il faut être " éloign é déterminées par ces diverses techniques ont ét é
de la criticité" . ensuite comparées à celles obtenues en passant pa r
Pour les systèmes actuellement étudiés, le facteur de la configuration critique .
multiplication se situe aux environs de 0,97 pour l e Une bonne cohérence est obtenue pour l'ensembl e
fonctionnement normal en puissance . La maîtrise d e des méthodes et des configurations de mesure :
ce paramètre nécessite des techniques de mesure s l ' écart obtenu sur le keff est inférieur à 0,01 . Le s
validées pour lesquelles les incertitudes devront êtr e techniques basées sur l'exploitation de la répons e
connues . Cet aspect a fait l'objet d'études importantes . du coeur à une impulsion externe de neutrons parais -
Dans le cadre du 5` PCRD, l ' expérience Muse, pre - sent les mieux adaptées à une future mesure e n
mière expérience couplant une source de neutron s ligne de la réactivité d'un ADS . De plus, certaines
à un réacteur à neutrons rapides en configuratio n d'entre elles sont exemptes de toute hypothès e
sous-critique, a utilisé le réacteur Masurca du CE A simplificatrice .
Cadarache . Le CNRS a conçu et réalisé l ' accéléra- La cohérence des résultats permet d'affirmer qu e
teur Genepi produisant des neutrons de différente s la mesure de la sous-criticité d ' un ADS à spectr e
énergies (jusqu 'à quelques MeV) . Le fonctionne - de neutrons rapides peut être effectuée sans avoi r
ment de l ' ensemble couplégure D .8) Masurca- recours à la réalisation d'une configuration critique .
Genepi a constitué une première mondiale en terme s
de développement des ADS . • LA CIBL E
Ce programme a porté, pour un même combus-
tible MOX, sur deux types de caloporteurs du coeur : Les neutrons constituant la source externe du coeu r
le sodium et le plomb-bismuth . Ses objectifs étaient : sont les produits des réactions de spallation induite s
• d ' améliorer la connaissance de la neutroniqu e par des protons dont l'énergie est de l'ordre du GeV,
dans un milieu multiplicateur alimenté par un e sur une cible constituée de noyaux lourds (mercure ,
source externe de neutrons (régime dominé ou no n tungstène, plomb . . .) . Ces éléments lourds ont u n
par la source) ; rendement de spallation (nombre de neutrons pro -
• de définir des méthodes expérimentales permettan t duits par proton incident et par énergie de celui-ci )
de mesurer le niveau de sous-criticité, sans avoi r élevé à cette énergie. Pour le plomb, ce rendemen t
besoin de faire référence ni de retourner à un éta t est voisin de 30 neutrons par proton incident pou r
critique ; une énergie des protons d ' environ 1 GeV ; à cett e
• de déterminer des schémas de calculs neutronique s énergie, la longueur du parcours moyen des pro -
adaptés aux ADS, incluant les données nucléaires , tons entraîne un ordre de grandeur du dimension-
les outils de calcul et les incertitudes résiduelles . nement de la cible d'environ un mètre .

89
Par ailleurs, une collaboration CEA-CNRS qu i • CONCLUSION ET PERSPECTIVE S
travaille sur les différents composants d ' un accélé-
rateur linéaire a déjà réalisé des cavités supra - La démarche progressive de qualification est bie n
conductrices accélératrices dans lesquelles le cham p engagée sur les composants élémentaires de s
accélérateur est suffisant pour cette application . Su r ADS : accélérateur, cible, coeur . Les études d u
ce point, il faut noter le retour d'expérience positi f PDS-XADS ont confirmé l ' absence de point s
de l'accélérateur d'électrons de 4 GeV du TJLa b rédhibitoires quant à la faisabilité de principe d u
(USA), où des cavités supraconductrices fonction - système ADS pour des puissances de l ' ordre d e
nent de façon très satisfaisante . On dispose égale - 100 MWth . Les programmes à venir vont s ' at-
ment du retour d ' expérience d ' une vingtain e tacher à démontrer expérimentalement la pos-
d'années sur le Linac du Los Alamos Neutro n sibilité de contrôler le comportement en régime s
Science Center qui produit depuis 1983 un fais- statique et dynamique d ' un ADS de puissance .
ceau de protons de 1,2 mA à une énergie d e Toutefois, de nombreux verrous technologique s
800 MeV, sans toutefois utiliser de cavités supra - subsistent encore et, pour les lever, des étude s
conductrices . seront menées de 2005 à 2009 (WAR-03] dans l e
Le programme de recherche et développement es t cadre du projet européen intégré Eurotrans d u
donc complet pour disposer à terme de tous les équi- 6` PCRD . Les objectifs de ce projet sont doubles :
pements élémentaires nécessaires à la construction mener l ' étude détaillée d ' un ADS d ' une puis-
d'un accélérateur fiable pour alimenter un démons - sance inférieure à 100 MWth afin de démontre r
trateur d ' ADS . la faisabilité technique à court terme de la trans -
mutation en ADS et définir un dessin de réfé-
• LES PROGRAMMES FUTUR S rence pour un transmuteur européen industrie l
D'ESSAIS EN COUPLAG E d ' une puissance de quelques centaines de MWth .
Ce projet s ' attachera à :
Une large coopération internationale dans le cadre d u • démontrer expérimentalement la possibilité d e
projet intégré Eurotrans s'établit autour de : contrôler les comportements statique et dynamique
• l ' amélioration de la connaissance du comporte - d'un ADS de puissance avec le contrôle de l a
ment dynamique en puissance des systèmes ADS ; réactivité et les techniques de mesures associées ;
• la validation des méthodes de simulation numé- • faire la preuve de la faisabilité technique de s
rique des paramètres importants pour la sûret é différents composants de LADS ;
(importance de la source, pic de puissance, mesures • apporter des éléments liés à la sûreté, permettan t
de sous-criticité) ainsi que des paramètres opéra - d'engager le processus d'obtention de l'autorisatio n
tionnels (procédures marche-arrêt, relation puis- d'un ADS par l'autorité de sûreté ;
sance coeur/courant de l'accélérateur, dynamiqu e • effectuer les études technico-économiques .
du système en présence de contre-réactions d e En 2009, à l ' issue du projet, toutes les réponses au x
température) . interrogations techniques et financières devraien t
ainsi être disponibles pour juger de la viabilité d'u n
Pour répondre à ces objectifs, l'Europe s'associe à ADS de puissance et décider ou non du lancemen t
trois programmes expérimentaux : Reactor - de la phase de construction d'un démonstrateu r
Accelerator Coupling Experiments (Race) aux États - ADS européen de transmutation .
Unis, Sub-critical Assembly in Dubna (Sad) e n
Russie et Yalina en Biélorussie . D .4-6 Filière basée sur le cycl e
• Dans le programme Race un accélérateur d ' élec- thorium-uraniu m
trons, une cible de photo-neutrons (environ 30 kW )
et le coeur sous-critique d ' un réacteur TRIGA (envi - Le travail de recherche demandé par la loi a porté
ron 100 kW) seront couplés à un niveau de puis- prioritairement sur les déchets déjà produits ou à
sance suffisant pour étudier les effets thermique s venir dans les installations nucléaires fonction-
de contre-réaction . nant aujourd'hui avec un cycle uranium-pluto-
• Le programme Sad prévoit de coupler un fais- nium . Néanmoins, le développement durable d e
ceau de protons de 660 MeV, une cible de spallatio n cette énergie nécessite d'examiner non seulemen t
et un coeur sous-critique constitué de combustibl e la situation à court et moyen terme, mais auss i
MOX . La première expérience de couplage est pré - celles, plus prospectives, qui pourraient être envi-
vue en fin 2009 . Des expériences préliminaires son t sageables à plus long terme, à l'horizon d'un siècle .
projetées dans le cadre d'Eurotrans sur le réacteu r L'autre cycle du combustible envisageable, évoqu é
BFS à Obninsk . dès les années 1950, est le cycle thorium-uraniu m
• Le programme Yalina sera développé de manièr e associé potentiellement à l'utilisation de réacteur s
à valider la relation entre la puissance du coeur e t à sels fondus IDAV-04] . Le thorium 232 est le noya u
le courant de l' accélérateur . fertile à l'identique de l'uranium 238 et l'uranium 23 3

92
Les résultats des recherches sur la transmutatio n

D > Filières de transmutatio n

le noyau fissile comme l ' est le plutonium 239 . Tou t étape de toute façon incontournable même dan s
changement de cycle entraîne des changement s le cas d'une transition rapide vers des réacteurs à
lourds dans la structure industrielle existante et n e sel fondu thorium/uranium .
peut s ' envisager q u ' à un terme assez lointain d e L'avantage théorique des réacteurs à sel fondu es t
l'ordre du siècle . de pouvoir traiter en ligne le combustible par pro -
Du fait d'une période de décroissance trois foi s cédé pyrochimique et ainsi d'avoir une grand e
plus élevée que celle de l'uranium 238, on adme t souplesse de gestion et une intégration complèt e
que les réserves de thorium sont plus importante s du cycle sur un seul site .
(d'un facteur de l'ordre de quatre) et mieux répar - La difficulté est qu'en spectre de neutrons ther-
ties dans la croûte terrestre . miques, l 'empoisonnement par les produits de fis-
Ce cycle permet de minimiser considérablemen t sion est très importante, et donc pour atteindr e
le besoin de matière fissile en coeur . En spectr e 1'isogénération, il est nécessaire d'extraire rapide -
thermique, la concentration en matière fissile pa r ment les poisons neutroniques du coeur du réac -
rapport à la matière fertile (condition de régéné- teur. Le concept du réacteur à sel fondu offre cett e
ration) n'est que de l'ordre de 1,5 %, alors qu'ell e possibilité, à condition que le traitement en lign e
dépasse 10 % dans le cas des cycles en spectre rapide. du combustible soit faisable .
Cette caractéristique permet de limiter en cycl e Le réacteur à sel fondu à spectre thermique s e
thermique l'inventaire total de matière fissile d'u n compose d ' une matrice de graphite, qui modèr e
facteur dix environ, et fournit une très grand e les neutrons . Le combustible, sous forme de se l
souplesse de déploiement de cette filière . Alor s fluorure, circule dans des canaux percés dans l a
qu ' un réacteur rapide U/Pu de 1 GWe nécessit e matrice graphite et sert de caloporteur . Enviro n
la totalité du plutonium produit par un REP pen- un tiers du sel se situe hors coeur, dans le circui t
dant cinquante ans (environ 12 tonnes), un réac- primaire et les échangeurs de chaleur.
teur à sels fondus thorium à spectre thermique n e Les études menées actuellement sur le concept de
nécessite que 2 tonnes de matière fissile, qui doi t réacteur à sel fondu au thorium s'appuient sur le s
cependant être produite en amont de cette filière . résultats obtenus dans deux études faites aux Etats -
Les réacteurs standards de type REP ne sont pa s Unis, au Oak Ridge National Laboratory .
optimisés pour produire de l'uranium 233, mais char- La première de ces études (1964-1969) est la Molte n
gés en combustible mixte thorium/plutonium, il s Salt Reactor Experiment (MSRE) qui a consisté à
seraient capables de démarrer plus de 5 réacteur s construire un réacteur de faible puissance, et à
thorium thermiques isogénérateurs pendant leur s le faire fonctionner avec différents combustibles .
cinquante ans de fonctionnement . La deuxième étude, Molten Salt Breeder Reacto r
Le dernier avantage potentiel du cycle thorium - (MSBR) était l'extension de la première à une taille
uranium est un inventaire radiotoxique en acti- industrielle . Le MSBR a été optimisé de manière
nides mineurs plus faible que celui d'un cycl e à obtenir le maximum de surgénération . Le trai-
uranium-plutonium sur des périodes inférieure s tement consistait à retirer rapidement les produits
à 10 000 ans . de fission et le protactinium 233 ; la totalité du sel
L' inconvénient majeur du cycle uranium-thoriu m combustible devait être traitée tous les dix jours ,
est q u ' il ne contient pas au départ d ' isotopes fis - soit un volume de 4 m ; par jour. Le temps rapid e
siles, il faut donc nécessairement l ' amorcer avec d'extraction des lanthanides et du protactinium a
un corps fissile . C ' est l ' une des raisons qui a fai t été une très lourde contrainte sur le dimensionne -
privilégier le cycle uranium au démarrage de l'uti - ment de l'unité de retraitement associée au réacteur ,
lisation industrielle de l'énergie nucléaire . Le s et sur les différents procédés de séparation . L e
réacteurs REP seraient capables de produire de projet a été abandonné en 1976, au profit d ' u n
l ' uranium 233 par irradiation d ' un combustibl e projet concurrent de réacteur à neutrons rapide s
MOX Th/Pu . Le bilan favorable des RNR U/P u à cycle uranium-plutonium, pour des raisons d e
permet également d ' envisager une productio n choix d'investissement et à cause de certains obs -
importante d ' uranium 233 dans des couverture s tacles techniques .
thorium, tout en recyclant le plutonium issu de l a Des activités de R et D se poursuivent dans le cadr e
filière actuelle . Cela permet d'envisager u n français du groupement de recherche Gedepeo n
déploiement souple de la filière thorium . et dans le cadre européen (programme Most d u
Une autre difficulté liée au cycle thorium est l a 5 c PCRD) .
formation en réacteur d ' uranium 232 qui pa r Ces réacteurs à sel fondu, qui sont l'un des six concept s
décroissance conduit à deux émetteurs gamma d e retenus dans le cadre du forum internationa l
forte énergie (thallium 208 : 2,6 MeV et bis- Génération IV, nécessitent encore une RetD trè s
muth 212 : 1,8 MeV) qui posent des difficultés d e importante tant sur les problèmes de corrosion li é
radioprotection pour les opérations du cycle, essen - au sel que sur les procédés de traitement de leu r
tiellement lors d'utilisation de combustibles solides, combustible usé .

93
Figure D .11 : position des huit assemblages (en jaune) contenant les expériences de transmutation dans le coeu r
de Phénix en début d'année 2004 .

Des gaines en EM12 ont été irradiées de façon satis - L'expérience Actineau dans le réacteur Osiris d e
faisante jusq u 'à 130 dpa dans le cadre de l ' expérience Saclay prévoyait en 1994 l ' étude du recyclage e n
Memphis 3 . Le projet d ' expérience Andromede, sus- REP du neptunium et de l ' américium en mod e
pendu au stade de la conception pour permettre l a homogène dans du combustible UOX ou MOX .
réalisation des expériences sur les combustibles, devait , La conception des combustibles de cette expérienc e
d ' une part, prolonger l ' irradiation des gaine s a été réalisée de façon satisfaisante, mais cette irra-
Memphis3 et, d ' autre part, apporter des informa - diation n'a pas été effectuée du fait de la complexit é
tions sur le comportement du T91 . du dispositif expérimental . Ce projet a ensuite ét é
repris dans le cadre de l ' expérience Dinamo .
D .5-3 Fabrication pou r L' irradiation Dinamo, également envisagée dan s
La transmutation en mode homogèn e le réacteur Osiris en 2002, prévoyait de mieu x
connaître l ' influence sur le relâchement des gaz d e
En recyclage homogène, les éléments à transmute r fission de l'ajout d'américium dans un combustible
sont "dilués" dans du combustible standard REP REP-MOX de référence . Cette irradiation a été
ou RNR à une concentration de quelques pour cent . différée, car la réflexion s'est orientée depuis sur l a
Cette teneur en actinides mineurs est fixée par de s transmutation réalisée avec les combustibles futurs
paramètres liés au cycle du combustible et à la phy - MOX-UE non encore disponibles .
sique du coeur . Les études expérimentales porten t Parallèlement à ces projets d'irradiation expérimen -
sur les éventuelles conséquences de l'ajout d'acti- tale, une étude réalisée en 2002 a permis d 'évaluer l e
nides mineurs sur le comportement du combustible , comportement sous irradiation d'un crayon combus-
notamment du fait de la migration des espèces tible MIX, contenant en masse 2,8% de plutonium ,
fissiles et d'une production accrue d'hélium . 4,53 % d' uranium enrichi et 0,9 % d 'actinides mineur s
(0,12 % de neptunium, 0,32 % d'américium et 0,44 %
• ÉVALUATION DE LA TRANSMUTATIO N de curium) . Cette analyse a conclu que, pour respec-
HOMOGÈNE EN RE P ter le critère de pression interne du crayon REP en
fonctionnement, les taux de combustion devraien t
La transmutation en mode homogène en REP peu t être limités à 60GWj/t. Dans le cas des EPR, cette
être envisagée avec des combustibles UOX, MOX , limitation n'interviendrait pas grâce à des volume s
MIX (contenant 2,8 % en masse de plutoniu m libres plus importants des crayons de combustible s
multirecyclé sur support uranium enrichi) ou MOX - prévus dès la conception .
UE (analogue au MIX, mais à teneur massique e n Dans le cas des combustibles MOX-UE, les quan-
plutonium multirecyclé plus élevée de 9%) . tités d'hélium produites deviennent incompatible s

96
Les résultats des recherches sur la transmutatio n

D > Fabrication des combustibles et cibles, et expériences de transmutatio n

'.wustible oxyd e
CONCEVOIR DES COMBUSTIBLE S Superfact 1
POUR LA TRANSMUTATIO N Dès les années 1980, la transmutation des actinide s
EN MODE HOMOGÈN E
neptunium, américium et curium en RNR a été pro -
• Le mode homogène de transmutatio n posée . L'ITU (Institut des TransUraniens, Karlsruhe)
consiste à diluer les actinides mineurs, dan s lance alors, en collaboration avec le CEA, l'expé-
les combustibles classiques de réacteurs RE P
ou RNR, à une concentration de quelque s rience Superfact 1 pour démontrer la faisabilité d e
pour cent d'actinides mineurs . Les étude s la transmutation de "'Am et de 2C Np . L; ITU a réa-
portent sur les conséquences de ces ajout s lisé les aiguilles expérimentales et les caractérisation s
sur les comportements, éventuellemen t des combustibles fabriqués et le CEA les études de
modifiés, du combustible et du coeur . dimensionnement, le montage du dispositif expéri-
L'objectif est de limiter au mieux ce s
conséquences afin que le fonctionnemen t mental d'irradiation (capsule) et l'irradiation dan s
des réacteurs demeure inchangé . Phénix . Les examens après irradiation et les inter-
• La transmutation " homogène" en RE P prétations ont été réalisés conjointement par les deu x
de l'américium ou du neptunium est possible partenaires . La préparation de l ' expérience s 'es t
(quoique peu efficace) avec des combustible s déroulée de 1984 à 1986, l ' irradiation de 1986 à 198 8
UOX, MOX, MIX (contenant du plutoniu m
et les examens après irradiation de 1989 à 1992 .
multirecyclé sur support uranium enrichi )
ou MOX-UE [analogue à MIX, mais à teneu r L' irradiation Superfact 1 a établi que les combus-
en plutonium multirecyclé plus élevée), san s tibles de type oxyde homogène contenant en mass e
qu'il en résulte une modification essentiell e soit 2% de 2 Np, soit 2% de 24 'Am se comporten t
du comportement du combustible contenan t de façon quasi identique à un combustible standar d
les actinides mineurs . Ceci est vrai pour un e
à des taux de combustion respectifs de 6,6 at % e t
teneur en américium qui doit rester limité e
(probablement à moins de 1,5%) . Aucun e 6,5 at %, correspondant à des taux de transmutatio n
expérience de démonstration technique n' a des actinides mineurs de 30% . Ainsi, l'expérience
été jugée nécessaire pour valider ce résulta t Superfact 1 fournit une première démonstration d e
obtenu par simulation . faisabilité technique de la transmutation en mod e
• La transmutation " homogène" en RNR a ét é homogène des actinides mineurs en RNR-Na . U n
établie pour des combustibles oxyde ou métal .
Plusieurs expériences d'irradiation réalisée s résultat important à noter est également le relâche -
ou en cours, notamment dans le réacteur Phénix, ment total parle combustible de l'hélium produit e n
montrent que les performances habituelle s cours d'irradiation .
du combustible sans actinides peuvent êtr e Ces résultats permettent d ' affirmer que, grâce à
conservées jusqu'à une teneur massiqu e
l'optimisation du dimensionnement des aiguilles
en actinides dans le combustible de 2,5% .
(jeu combustible-gaine, volume des vases d ' expan-
sion, épaisseur de gaine), les performances habi-
tuelles du combustible sans actinides mineurs peuven t
avec la conception actuelle envisagée pour les crayon s être conservées jusqu ' à une teneur massiqu e
d ' un réacteur EPR. Pour respecter le critère de pres- d'actinides mineurs dans le combustible de 2,5% .
sion interne, il convient de diminuer à la fois l a Par ailleurs, la fabrication pour Super-Phénix d e
teneur en américium, la pression interne initiale d e l ' assemblage Nacre 1, contenant 251 aiguilles d e
l'hélium dans le crayon et la hauteur de la colonn e combustible RNR avec 2 % de neptunium (e n
de combustible . Une solution possible, dont il rest e masse), a démontré la possibilité de fabriquer de
à évaluer les éventuels impacts sur le fonctionne - tels combustibles à l'échelle industrielle dans de s
ment du réacteur, est de limiter la teneur massiqu e installations existantes .
en américium à une valeur de l ' ordre de 1,1 % e t
de diminuer la quantité de combustible dans chaqu e Trabant 1
crayon de 5% environ . L' expérience Trabant 1, réalisée dans le cadre du pro -
Selon l ' intérêt avéré ou pas des résultats de s gramme Capra, est le fruit d' une collaboration entr e
études de scénarios incluant la transmutation de s CEA, ITU et FZK (Forschung Zentrum Karlsruhe) .
actinides mineurs en REP, la poursuite des étude s Le combustible de Trabant 1 a été irradié de juin 1996
de faisabilité technique impliquerait de réaliser un e à mai 1997 dans le réacteur HFR . II contenait en par -
irradiation expérimentale du combustible REP conte - ticulier une aiguille destinée à tester l ' incinération d u
nant la proportion adéquate d'actinides mineurs . neptunium 237 en présence de plutonium . Ce com-
bustible mélange d'oxydes, contenant en masse 40 %
• ÉVALUATION DE LA TRANSMUTATIO N de Pu et 5 % de Np, élaboré à )'ITU par le procéd é
HOMOGÈNE EN RN R sol-gel, a atteint un taux de combustion de 9,3 at % .
Les examens après irradiation ont montré que l e
Dans un réacteur à neutrons rapides, plusieurs type s combustible contenant le neptunium s'est comport é
de combustibles peuvent être envisagés . de façon aussi satisfaisante que le combustible

97
standard RNR (figure D.12) . Cette irradiatio n mineurs AM (3% de neptunium, 1,6% d ' améri-
confirme les conclusions tirées de l'expérienc e cium et 0,4 % de curium) et 5 % de terres rares TR ,
Superfact 1 concernant la teneur en neptunium e t de composition 61U-19Pu-10Zr-5AM-5TR ;
les taux de combustion qu'il est possible d'atteindr e • un alliage contenant en masse 5 % d'actinide s
pour la transmutation en mode homogène en RNR . mineurs AM (3 % de neptunium, 1,6% d ' améri-
cium et 0,4 % de curium) de composition 66U-19Pu -
Combustible métalliqu e IOZr-5AM .
On cherche ici à évaluer les performances d'u n Chaque combustible sera examiné après un taux d e
combustible RNR métallique contenant un faibl e combustion d ' environ 2,4 at % (Metaphix 1) quand
pourcentage d'actinides mineurs . Un tel combus- la restructuration du combustible métallique es t
tible présente un intérêt notamment pour des cycle s intervenue, après un taux de combustion d'enviro n
utilisant la pyrométallurgie . 7 at% (Metaphix 2) et après le taux de combustio n
La démonstration de faisabilité s'appuie sur l'ex- maximum visé de 11 at % (Metaphix 3) . Les taux d e
périence acquise aux Etats-Unis où la conception transmutation attendus avec Metaphix3 sont de 40 %
des combustibles métalliques a été optimisée en pour le neptunium et de 50% pour l ' américium.
support au projet IFR (Integrated Fast Reactor) e t La conception de cette expérience et la réalisatio n
repose sur les alliages 71 U-19Pu-1 OZr (valeurs en % de son dossier de sûreté ont permis d'acquérir de s
massique) et 90U-10Zr qui constituent les combus - compétences dans le domaine du dimensionnemen t
tibles fissiles et fertiles de référence . de combustibles peu étudié en France à ce jour . Cette
irradiation, qui a reçu l'accord de l'Autorité de sûret é
Metaphix 1-2- 3 pour commencer fin 2003 dans le réacteur Phénix ,
L'irradiation Metaphix, réalisée dans le cadre d'u n est actuellement en cours ; Metaphix 1 a été déchar-
contrat avec ITU pour le compte du Central Research gée en août 2004, Metaphix 2 sera déchargée débu t
Institute of Electric Power Industry (CRI EPI ) 2006 et Metaphix 3 courant 2007 .
japonais consiste à irradier un combustible métal - Pour Metaphix 1, les premiers examens après irra-
lique UPuZr, dont certains lingots contiennent, dè s diation ne montrent aucune perte d'étanchéité de s
le début de vie et en faible quantité, des actinide s aiguilles . Les résultats des contrôles dimensionnel s
mineurs (américium, curium et neptunium) e t (déformation de la gaine inférieure à 0,2 %) laissen t
des lanthanides (terres rares TR : néodyme , penser qu'un début d'interaction mécanique entr e
gadolinium, cérium et yttrium) . le combustible et la gaine s ' est produite au nivea u
Quatre alliages ont été fabriqués à l'ITU pour êtr e des lingots contenant des actinides mineurs et a u
irradiés dans Phénix : niveau de certains lingots contenant des terres rares .
• un alliage de référence de composition 71 U - Au-delà, le gonflement du combustible métallique
19Pu-1 OZr ; est accommodé par la gaine . Ceci est cohérent avec
• un alliage contenant en masse 2 % d'actinide s le comportement calculé des combustibles Metaphi x
mineurs AM (1,2 % de neptunium, 0,6 % d ' améri - qui prévoyait une fermeture du jeu entre le com-
cium et 0,2 % de curium) et 2 % de terres rares TR , bustible et la gaine pour un taux de combustion envi -
de composition 67U-19Pu-10Zr-2AM-2TR ; ron égal à 1 at % . Des examens destructifs seron t
• un alliage contenant en masse 5 % d'actinides réalisés ultérieurement à l ' ITU .

Figure D .12 : examen métallographique du combustible sans actinide (à gauche) comparé à celui du combustibl e
de l'expérience Trabant 1 (à droite) .

98
Les résultats des recherches sur la transmutatio n

D > Fabrication des combustibles et cibles, et expériences de transmutatio n

D .5-4 Fabrication pou r


la transmutation en mode hétérogèn e CONCEVOIR DES CIBLE S
POUR LA TRANSMUTATIO N
EN MODE HÉTÉROGÈN E
Dans le mode hétérogène et en monorecyclage, o n
vise à atteindre un taux de fission d'au moins 90 % • Le mode hétérogène de transmutation consiste à
du contenu initial en actinides mineurs . La faisa- concentrer les radionucléides à transmuter (actinide s
mineurs ou produits de fission) dans un combustibl e
bilité scientifique, au plan de la physique du réac-
spécifique, appelé cible.
teur, d ' une telle option est établie : les étude s • Cette cible est constituée d'une matrice suppor t
neutroniques montrent que la solution optimal e (transparente aux neutrons et permettant d'ajuster l a
est de placer les actinides mineurs dans un spectr e puissance volumique du combustible) et d'un compos é
de neutrons localement modérés d ' un RNR (grâc e chimique contenant l'élément à transmuter .
à un niveau de flux élevé propre aux RNR et au x • La transmutation en mode hétérogène est possible en RE P
ou RNR . Elle est optimale en RNR lorsqu'on associe les flu x
plus grandes sections efficaces des neutrons ralentis) .
élevés de neutrons disponibles dans ces réacteurs à un e
Au cas où le taux de fission de 90% ne pourrai t modération de l'énergie des neutrons rapides.
être atteint du fait d'un endommagement exces- • Plusieurs expériences d'irradiation ont été réalisées o u
sif des matériaux, une stratégie de multirecyclag e sont en cours pour :
reste tout à fait envisageable . - sélectionner le composé chimique d'actinides (oxyde ,
Dans le cas du recyclage hétérogène en RNR, le s nitrure ou carbure), le matériau de la matrice (parm i
MgAlz0 4 , MgO, ZrYO 2 ) et le matériau du modérateur (B4 C ,
éléments à transmuter sont concentrés dans de s
CaHx) ;
assemblages dits "transmuteurs" composés d'ai- - étudier le mode de dispersion du composé d'actinides dan s
guilles "cibles" contenant l'américium et le curiu m La matrice sous forme de particules (soit de taille inférieure à
(le neptunium étant recyclé sous forme homogèn e quelques microns, soit de taille supérieure à quelque s
dans le combustible) et d'aiguilles modératrice s dizaines de microns) .
dont le rôle est d'améliorer le rendement de trans- • Les procédés de fabrication des composites ont ét é
développés et permettent de produire des cibles don t
mutation . Dans les cibles, les actinides mineurs
l'ensemble des propriétés respectent les critère s
sont dilués dans une matrice inerte du point d e d'irradiation en réacteur de puissance .
vue neutronique, c'est-à-dire dont l'absorptio n • Les résultats des examens après irradiation, déjà obtenu s
neutronique est faible et ne conduit pas à la for- ou à venir, permettent d'optimiser la conception de ce s
mation de nouveaux éléments radioactifs . Cette cibles et donc l'augmentation des taux de transmutatio n
à chaque passage en réacteur.
dilution offre la possibilité d'améliorer les proprié-
• La faisabilité de la conception d'un assemblage RN R
tés thermiques du matériau et de contrôler la puis-
" transmuteur" (associant des aiguilles contenan t
sance volumique dégagée lors de la transmutation. les actinides et des aiguilles contenant le modérateur )
La transmutation en mode hétérogène en REP es t est démontrée .
également envisageable, les principales différences
par rapport aux RNR sont alors l 'absence de modé-
rateur spécifique à la transmutation et les aspect s • la production et le relâchement d'hélium et de s
compatibilité entre les matrices inertes et l 'eau d u gaz de fission .
caloporteur. La microstructure des cibles a été identifiée comme
Ce mode de transmutation concentre la manipula - un paramètre important conditionnant notammen t
tion de l'américium et du curium dans un nombr e la répartition des dommages d'irradiation et le relâ -
réduit de matières et d'objets . Ceci présente l'avan- chement des gaz produits lors de la transmutation .
tage de ne perturber qu'une faible partie du cycle d u Ainsi, trois concepts de cibles sont à l'étude : concept
combustible . Néanmoins, la méthode nécessite de fabri - à " solution solid e " , concept microdispersé et concep t
quer des objets hautement radioactifs et dégageant macrodispersé .
une puissance thermique relativement pénalisante . • Dans le concept à " solution solide " , l ' actinide est
Comme le montre le tableau D .8, les conditions intégré au réseau cristallin de la matrice, avec l'avan -
auxquelles seront soumises les cibles de transmu- tage de la simplicité de fabrication, mais l'inconvé -
tation diffèrent de celles subies par un combustibl e nient d ' un endommagement généralisé de la cibl e
standard RNR. sous irradiation. De plus, la solution solide conte-
La conception des cibles et notamment le choix d u nant l'actinide doit répondre elle-même à l'ensembl e
matériau inerte doivent prendre en compte : des éléments du cahier des charges .
• la puissance dégagée lors de la transmutation ; • Dans le concept microdispersé, l ' actinide fai t
• le gonflement sous irradiation ; partie d'un composé, qui est dispersé sous forme d e
• l ' évolution des propriétés thermiques ; particules microscopiques dans le matériau de matric e
• l'interaction chimique entre la matrice et le composé inerte . Comme le précédent, le procédé de fabrica-
d'actinides ; tion reste proche de celui des combustibles usuels e t
• l 'interaction chimique et mécanique entre les cible s l'endommagement sous irradiation est généralisé .
et la gaine ; Cependant, dans ce concept, la matrice n ' a pas à

99

Cible de transmutation Combustible standard RN R

Composition 1 à 2 g d'actinides mineurs environ 1 g de P u


par cm 3 de cible par cm 3 de (U, Pu)O 2

Fluence (neutrons / mi 10 à 40 10 26 20 10 2 6

Puissance linéique (W/ cm) de 10 à 400 40 0

Température (°C) 500 à 2000 2 20 0

Taux de fission (%) > 90 17, 5

Production d'héliu m
(cm' / g de phase fissile) 36 0,1 5

Production de gaz de fissio n


(cm' / g de phase fissile) 20,6 3, 6

Dose sur la gaine (dpa) 200 150

Tableau D .8 : caractéristiques de fonctionnement comparées pour les cibles de transmutation et le combustibl e


standard RNR .

remplir la fonctionnalité de support de l'actinide e t ticules sont de taille suffisante (supérieure à 100 pm) .
peut être optimisée vis-à-vis des propriétés recher - Par exemple, comme indiqué sur la figure D .13 ,
chées (conductivité thermique, gonflement . . .) . pour une fraction volumique de 30 % d'inclusion s
• Dans le concept macrodispersé, l 'actinide fait par - contenant les actinides, l'endommagement de l a
tie d'un composé, qui est dispersé sous forme d e matrice sera respectivement de 30 % pour des par-
particules "macroscopiques" d'une taille d'au moin s ticules de taille 100 pm et de seulement 10 % pou r
plusieurs dizaines de microns . Le procédé de fabri- des particules de taille 200 pm .
cation est ici plus difficile à maîtriser, mais ce concep t
permet une réduction des effets d'endommage- • SÉLECTION DES MATÉRIAUX MODÉRATEUR S
ment de la matrice par rapport aux précédents . E n
effet, l'endommagement sous irradiation reste limité Des études de conception d'un assemblage trans-
au seul voisinage des particules d'actinides et don c muteur ont été menées en prenant comme réfé-
à une faible proportion de la cible lorsque ces par- rence un assemblage EFR (European Fast Reactor)

100

80
--4— fraction volumique 40 %
d
.v
—Ii-- fraction volumique 30 %

fractionvolumique 10 %

25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275 30 0

diamètre des inclusions (pm )

Figure D .13 : fraction de matrice endommagée en fonction du diamètre des inclusions et de leur fraction volumique .

100
Les résultats des recherches sur la transmutatio n
D > Fabrication des combustibles et cibles, et expériences de transmutation

et en visant à limiter le volume de modérateur néces -


saire par rapport au volume de cible . Ces étude s MATÉRIAUX MODÉRATEUR S
ont permis de définir une conception de référenc e • Des études préliminaires basées sur la pris e
constituée d'aiguilles modératrices dont le diamètr e en compte des contraintes neutroniques on t
est compris entre 6,5 et 8 mm et d' aiguilles cible s conduit à ne retenir qu'un nombre restrein t
d ' un diamètre compris entre 4 et 6 mm . de matériaux modérateurs : soit le carbure d e
bore, soit différents types d'hydrures, parm i
De manière qualitative et schématique, d' un poin t
lesquels seul l'hydrure de calcium a déjà ét é
de vue neutronique, sont retenues deux familles d e testé sous irradiation dans Phénix .
matériaux modérateurs : • Ces études ont démontré la meilleure
• les substances solides ou liquides hydrogénées qu i efficacité de l'hydrure de calcium par rapport
privilégient "l'efficacité" de la modération, tels le s au carbure de bore . Des expériences dans
hydrures de métaux ou les hydroxydes ; Phénix, dans les conditions d'irradiatio n
nécessaires à la transmutation, sont en cour s
• les autres substances, moins absorbantes, permet - pour le confirmer.
tent de favoriser la "disponibilité" en neutron s
modérés, avec comme exemple l ' eau lourde (D,O) .
Elles ont cependant une moindre efficacité d e • CONCEPTION ET FABRICATIO N
modération . D'ASSEMBLAGE PORTEUR MODÉRATEU R
Des études préliminaires, prenant en compte les
nombreuses contraintes spécifiques de fonctionne - Pour les expériences de transmutation dans Phénix,
ment en RNR, ont conduit à ne retenir qu ' u n des assemblages expérimentaux, appelés DMC1 e t
nombre restreint de candidats dans chacune de ce s DMC2, ont été conçus et fabriqués pour permettre
deux familles, couvrant cependant les besoins neu - une modération bien homogène localement, qu i
troniques nécessaires à la transmutation des acti- serait plus complexe à obtenir avec un modérateu r
nides mineurs . Il s ' agit : sous forme d'aiguilles. Dans ces assemblages, u n
• de B 4 C, carbure de bore très fortement enrichi e n flux de neutrons modérés est créé au sein d'un cana l
bore 11 (> 99,65 at%), appartenant à la seconde central à l'intérieur duquel sont positionnées le s
famille et qui présente l 'avantage d ' être immédia - aiguilles cibles .
tement utilisable sur la base des connaissance s Pour le DMC1, la conception s ' appuie sur la tech -
acquises au cours de son utilisation comme maté - nologie des barres de commande en B 4C pour les -
riau absorbant dans les RNR ; quelles on dispose d'un large retour d'expérience .
• de trois hydrures appartenant à la première famille : Afin de tester un modérateur plus performant, l e
— un hydrure ionique, l ' hydrure de calcium (Ca Hx) , DMC 2 utilise l'hydrure de calcium . Ce matériau a
sur lequel on dispose, grâce à Phénix, d ' un retou r été retenu en se référant à l ' expérience acquise depui s
d'expérience quant à sa fabrication et à so n 1988 vis-à-vis de son emploi dans les couverture s
comportement en réacteur ; radiales du coeur de Phénix . Des caractérisation s
—et deux hydrures métalliques de zirconium e t complémentaires ont été menées pour confirmer le s
d ' yttrium (Zr H x et Y Hx), pour lesquels on ne dis - propriétés physiques et thermiques de ce matériau .
pose d'aucune expérience industrielle . La meilleure efficacité de l'hydrure de calciu m
Les hydrures sont des matériaux fragiles méca- par rapport au carbure de bore est clairement mise
niquement, peu stables thermiquement et relâ- en évidence par les calculs . Avec une quantité
chant de l'hydrogène, ce qui est très pénalisan t moindre (figure D .14), l ' hydrure de calcium per-
en réacteur . Dans ce contexte, l'hydrure d'yttriu m met d'atteindre un taux de fission donné en u n
YH x semble être le meilleur candidat grâce à s a temps plus court. Ainsi, pour obtenir un taux d e
plus grande stabilité thermique, même si sa den- fission de 30 at % d ' américium, 340 JEPP (Jou r
sité en atome d'hydrogène est moindre que cell e équivalent pleine puissance) seront nécessaire s
de l'hydrure de zirconium . Pour éviter la perte avec CaH, (assemblage DMC2) lors de l'irradia -
d'hydrogène, dont la diffusivité est très élevé e tion Ecrix H, alors qu'il faudra 670 JEPP ave c
dans les conditions de température de l'irradia - B 4 C (assemblage DMC1) lors de l'expérience Ecri x
tion, il semble inévitable d'avoir recours à u n B . Le taux de transmutation sera supérieur pou r
confinement par revêtement étanche des gaine s Ecrix H (90 % contre 80 %) .
des aiguilles modératrices . Ces dispositifs ont obtenu l'accord de l'Autorité d e
sûreté en mars 2003 et sont actuellement irradié s
En 2001, le projet d 'expérimentation Modix a per - dans Phénix (figure D.11) .
mis de réaliser la phase de conception pour l'étud e
du comportement sous irradiation de ces troi s • SÉLECTION DES MATÉRIAUX DE MATRIC E
composés hydrogénés . Il n'a pas été jugé utile d e
réaliser l ' irradiation dans la mesure où une parti e Les propriétés de la matrice inerte et leurs évolu -
de ces matériaux est testée dans l'expérience Ecrix . tions sous irradiation sont déterminantes pour la

101
ECRIX H ECRIX B

hydrure de calciu m carbure de bore


(Ca H 2 ) (" B 4 C )

sodiu m

Figure D .14 : positionnement du modérateur et de [aiguille cible contenant les actinides mineurs dans un assem-
blage expérimental Phénix .

viabilité de ce concept à matrice et doivent être étu - teur . . .) et de leur comportement sous irradiation .
diées de façon détaillée . Parmi les matrices présentanta priori des proprié-
La température au coeur de la matrice inerte est u n tés intéressantes, l'alumine a tout d'abord été éva-
paramètre à maîtriser lors des études de conceptio n luée . Lors de l'irradiation T2bis, réalisée en 199 6
des cibles . Cette température dépend de la puissanc e et 1997 dans le cadre EFTTRA, un gonflemen t
dégagée par la fission des actinides mineurs, de la relativement élevé de 1,9 % a été mesuré pour un e
conductivité thermique du matériau et des échange s fluence faible en neutrons rapides (4,6 1025 neu-
thermiques entre la matrice et la gaine qui l'entoure . trons/m2) . Pour une fluence (1,7 1022 neutrons/m 2)
Ces échanges sont d 'autant plus importants que l e plus en rapport avec des conditions de transmuta -
jeu entre la matrice et la gaine est petit . Un bon refroi - tion, obtenue au cours de l'expérience Santena y
dissement de la matrice impose donc de réduire ce dans Phénix, l'alumine a subi un gonflement consé -
jeu au minimum . En contrepartie, la matrice inerte quent de 28 % qui est jugé rédhibitoire pour u n
gonfle sous irradiation et il convient de prévoir un matériau de cible de transmutation . Au stade actuel ,
jeu suffisamment important pour limiter les interac- l'alumine est écartée .
tions chimiques et mécaniques qui pourraient inter - Par la suite, en 1998, quatre composés réfractaire s
venir entre la matrice et la gaine et qui pourraien t ayant une structure cubique (structure qui évoluer a
entraîner une rupture de cette dernière . Ainsi, connaître de façon isotrope face au rayonnement) ont été rete -
le comportement sous irradiation de la matrice es t nus comme matériaux de référence : le spinell e
capital pour fixer les dimensions de la cible, en rela- MgAl 2 O4 , la magnésie MgO, la zircone ytriée
tion avec sa teneur en actinides mineurs. (Zr,Y)07 et une structure de type pyrochlor e
La démarche consiste à effectuer d'abord une sélec - An,Zr2 O 2
tion des matrices inertes sur la base de leurs pro- Parmi les quatre matrices retenues, le spinell e
priétés physico-chimiques et thermodynamique s MgAl 2 O 4 et la magnésie MgO sont celles qui on t
(conductivité thermique, température de fusion , été le plus étudiées sous irradiation .
compatibilité chimique avec la gaine et le calopor - L'étude des dommages d'irradiation dans les maté -

102
Les résultats des recherches sur la transmutatio n
> Fabrication des combustibles et cibles, et expériences de transmutatio n

riaux est très complexe et les données de base fon t TiN, W, V, Nb, Cr et de cibles de MgO et d e
souvent défaut . Les matrices inertes subissent simul - MgAl 2 O4 contenant de l'oxyde d'uranium micro -
tanément les flux de neutrons nécessaires à la trans - dispersé . Suite au déchargement en 1996, les exa -
mutation, les effets des noyaux de recul chargés, mens non destructifs, après irradiation, des aiguille s
des produits de fission et des particules alpha . contenant les matrices inertes seules n'ont pas mi s
Les interactions nucléaires à l'échelle atomique peu- en évidence de gonflement excessif des matériaux .
vent être à l'origine d'un gonflement des matériau x La poursuite de l'irradiation de ces aiguilles a donc
causé par la création de cavités issues de l'évolutio n été décidée (voir Matina IA) .
des défauts de Frenckel . Les produits de fission sont Les deux aiguilles cibles (MgO + UO2 e t
à l ' origine d ' interactions électroniques et produisent MgAl 7 O4 + UO2) ont, quant à elles, donné lieu à
des traces de structure très désordonnée et parfoi s des examens destructifs qui ont apporté les princi-
même amorphe. C'est de loin la cause la plus impor- paux résultats suivants :
tante de l'endommagement des matrices . Cet endom- • aucune interaction entre le composite et la gain e
magement reste limité à une zone de moins d'une n'a eu lieu ;
dizaine de microns autour de l'atome fissile . C'est pour • aucune fissure n ' est apparue dans les cibles pen-
cette raison que le concept macrodispersé (présent é dant l ' irradiation ;
dans l ' introduction du chapitre D.5-4) a été développé . • une légère augmentation de diamètre (enviro n
La sélection des matrices s ' appuie également su r 0,5%) est mesurée sur MgO + UO 2 ;
des études de modélisation par calculs ab initio o u • une légère réduction de diamètre (environ 0,1 % )
de dynamique moléculaire, des observations expé- est observée sur MgAl 2O 4 + UO 2 .
rimentales des dommages d'irradiation obtenu s T2 bis et T 3
sous faisceaux de particules (irradiations aux ion s Des informations complémentaires sur la matric e
lourds sur divers accélérateurs comme le Ganil) ou spinelle MgAl 2 O 4 sont issues d'irradiations faite s
des études de migration des produits de fission e t dans le réacteur HFR sous la coordination d u
de l'hélium . Ces tests analytiques (étude des effet s groupe EFTTRA . L' exploitation des résultats d e
découplés) sont utilisés pour la compréhension des l ' expérience T2bis, irradiée en 1996, révèle que l a
phénomènes élémentaires . matrice spinelle (MgAl 2 0 4) présente une bonne
Après cette sélection, des expériences d ' irradiatio n tenue aux neutrons rapides même à très haut e
sont effectuées avec de l'oxyde d'uranium comm e fluence (supérieure à 2,2 102 ' neutrons/m '-) . E n
simulant du composé d 'actinide mineur . L' oxyd e revanche, une amorphisation sous l'effet des pro -
d'uranium a pour fonction de reproduire l'effet d e duits de fission a été observée après l'irradiatio n
la génération de produits de fission et de chaleu r T3 qui s ' est déroulée en 1997 et 1998 à une fluenc e
accompagnant les réactions de fission . de 7,6 10" neutrons/m = .
Cette étape permet, tout en s ' affranchissant de s
difficultés engendrées par la mise en œuvre d ' ac-
MATÉRIAUX DE MATRIC E
tinides mineurs, de contribuer à l'amélioration de s
• La sélection des matrices s'est faite d'abor d
procédés de fabrication et de tester les différent s
sur la base de leurs propriétés physico -
concepts de microstructure (solution solide, micr o chimiques et thermodynamiques, ce qui a
et macrodispersés) . conduit à retenir des composés réfractaire s
Enfin, une dernière étape avec les actinides mineur s de structure cubique, puis en prenant e n
est nécessaire pour évaluer la diffusion d'héliu m compte leur comportement sous irradiation ,
grâce à de nombreuses expérience s
(produit par le composé d ' américium) dans l a
d'irradiation en réacteur (Phénix ou Siloe) .
matrice et les réactions chimiques entre le composé
• Au stade actuel, l'alumine est abandonné e
fissile et la matrice . pour cause de gonflement excessif sou s
irradiation de flux de neutrons rapides .
• RÉSULTATS ACQUIS EN IRRADIATION POU R • Le spinelle est actuellement le matéria u
LA SÉLECTION DES MATÉRIAUX DE MATRIC E qui a fait l'objet des tests en irradiation les plu s
nombreux . L'utilisation d'une structure à
macrodispersion du composé d'actinides et/o u
Le premier retour d' expérience sur le comportemen t
de températures de fonctionnement élevées,
sous irradiation des matrices a été issu entre autre s permettant un recuit in situ des défauts générés ,
des irradiations Matina 1 dans Phénix, T3 dans HFR , n'a pas permis de pallier les phénomène s
Thermet et Tanox dans Siloe ; ces résultats ont ensuit e importants de gonflement de cette matrice .
fait évoluer les critères de sélection des matériaux . • Les résultats préliminaires obtenus su r
Matina 1 d'autres matrices (magnésie, zircone yttrié e
ou à structure type pyrochlore) sont positif s
L' expérience Matina 1, initiée en 1993, concern e
et devraient permettre la sélection du matéria u
l'irradiation, jusqu'à une fluence de neutrons rapide s le mieux adapté à l'issue des tests en irradiatio n
de 1,9510' neutrons/m' (E > 0,1MeV), de diffé- en cours .
rentes matrices seules MgO, MgA1,O4, Y 3 A1 5O,,,

103
Ces expériences montrent la sensibilité du spinell e
au phénomène de gonflement lié à l ' endomma-
gement par les produits de fission . Son utilisatio n
imposerait donc d'avoir recours à la macrodisper-
sion (figure D.16) et/ou à des températures de fonc-
tionnement élevées permettant un recuit in situ de s
défauts générés . Pour mieux comprendre les méca -
nismes conduisant aux gonflements observés, de s
études plus amont des processus de dégradation
des matrices inertes sous irradiation sont réalisée s
1 mm en collaboration dans le groupement de recherch e
Figure D .15 : examens post-irradiation Thermet : microdispers é Nomade . Dans ce cadre, de 1998 à 2003, le spinell e
(à gauche) et macrodispersé (à droite) . a été le matériau le plus étudié et est maintenant l e
mieux connu . Néanmoins, les gonflements impor-
Therme t tants obtenus en réacteurs demeurent non expli-
Un gonflement important, de l ' ordre de 20% volu - qués . Cette matrice présente pourtant un intérê t
mique, de la cible MgAl 2 O 4 + UO2 microdisper- pour une utilisation éventuelle en mode hétérogène
sée de l'expérience Thermet a en revanche été mi s de transmutation en REP grâce à sa compatibilité
en évidence à une fluence de 2,81 0 2' neutrons/ m 2 avec le caloporteur .
(figure D.15), contrairement à ce qui a été observ é La poursuite des expérimentations en réacteur s' es t
sur la cible macrodispersée de la même irradia - ensuite orientée vers :
tion, ce qui semble confirmer l'influence des pro - • la matrice MgO afin de compléter les connais-
duits de fission sur l'endommagement de la matrice . sances sur cette matrice ;
Un phénomène similaire a d 'ailleurs été observé lor s • des températures plutôt élevées de fonctionne -
de l'expérience Otto réalisée dans le cadre d'une col - ment des cibles au moins supérieures à 1200 °C ,
laboration entre Jaeri (Japan Atomic Energy Research afin de favoriser la restauration des défauts induits
Institute), PSI (Paul Scheiner Institute) et NRG (Nuclear sous irradiation et la diffusion de l ' hélium à l' exté-
Research and consultancy Group), et irradiée dans le rieur des pastilles ;
réacteur HFR entre 2000 et 2002 à une fluence d e • l' utilisation de nouveaux composés à base de zir -
3,3 1 0 2s neutrons/m' . En effet, un gonflement axia l cone stabilisée afin d 'élargir les possibilités de choix .
important d ' environ 5 % des cibles MgAl 2 O 4 + Ainsi, afin d'enrichir les informations sur la matric e
(Zr,Y,Pu,U)O2 microdispersées a été observé, contr e MgO, l' irradiation Matina lA est en cours dan s
environ 1,3 % dans le cas des cibles de même compo- Phénix et Matina 2-3 est en préparation .
sition macrodispersées . Là encore, le bo n Matina I A
comportement des cibles macrodispersées est attribu é Matina lA consiste à poursuivre l ' irradiation des
à la localisation de l'endommagement dû au x matrices déjà irradiées dans Matina 1 (61 JEPP) .
produits de fissions au voisinage des noyaux fissiles . Ce nouveau passage a atteint une fluence rapide d e
De plus, sur la cible MgA1,O 4 + UO2 microdisper - 6 1026 neutrons/m- . Les examens post-irradiatio n
sée de l' expérience Matina 1, irradiée à plus haute menés à partir de 2005 complétent les connaissance s
température, aucune dégradation notable de l a du comportement sous irradiation des matrice s
matrice ne s'est produite . potentiellement les plus intéressantes .
Les contrôles d ' aspect et dimensionnels montren t
que la capsule et les 19 aiguilles expérimentales
n ' ont subi aucune évolution géométrique . Aucun e
perte d'étanchéité des aiguilles n'a été détectée tou t
au long de l ' irradiation . Ces résultats confortent l a
validité des calculs de dimensionnement réalisé s
pour les deux capsules Matina 1 et 1A.
Les premières observations faites au terme d e
l' irradiation Matina lA (180 JEPP), à partir des
examens neutronographiques, des spectrométrie s
gamma et des radiographies X montrent :
• l'intérêt de l'utilisation d'un niveau de tempéra-
ture élevé pour contrecarrer l'amorphisation d u
spinelle et limiter le gonflement du matéria u
composite sous flux (tel qu ' observé dans les expé -
riences EFTTRA T4, T4 bis et T4ter menées dan s
Figure D .16 : macromasses d'UO 2 dispersées dans une matrice MgO . le réacteur HFR) ;

104

Les résultats des recherches sur la transmutatio n


D > Fabrication des combustibles et cibles, et expériences de transmutatio n

• la très bonne stabilité dimensionnelle des métau x La zircone yttriée (cible 4) et le composé à struc-
réfractaires Nb, W, Cr et V irradiés sans inclusion s ture de type pyrochlore dispersé dans la matric e
de matière fissile, et donc soumis aux seuls dom - magnésie (cible 5) peuvent avoir des propriétés inté -
mages générés par le flux de neutrons ; ressantes pour accueillir les actinides mineurs .
• l'absence de migration notable des produits d e L'américium peut en effet s'insérer dans la zircon e
fission volatils tels que le césium en extrémité de s et jouer le rôle de stabilisant de la structure cubiqu e
colonnes expérimentales des trois aiguilles fissile s ou dans la structure cristalline de type pyrochlor e
à base d ' UO 7 , malgré un régime thermique élevé ; pour former le composé Am 2 Zr 2 O 7 .
• la bonne intégrité des matrices après irradiation , Les résultats, obtenus fin 2005, des examens post-
à l ' exception des pastilles de spinelle pour lesquelle s irradiation de l ' expérience Bora-Bora, menée dans
des microfissures internes sont détectées . le réacteur BOR-60 jusqu'à fin 2002, sur l e
Les premiers examens menés sur les pastilles indi - composé MgO + PuO, ont permis de compléte r
viduelles extraites de 4 des 9 tronçons (MgO , les informations concernant le comportement sou s
MgAIzO 4 , Al2 0 3 et TiN) montrent essentiellemen t irradiation de la matrice magnésie .
la stabilité du spinelle, un léger gonflement de l a
magnésie et du nitrure de titane et un gonflemen t • SÉLECTION DES COMPOSÉS D'ACTINIDE S
significatif (environ 10% en volume) de l'alumine .
Matina 2- 3 Que ce soit pour choisir le composé d ' actinide d ' un e
Au-delà de Matina 1A, il est proposé, à travers la pré - cible d'incinération ou pour orienter les recherche s
paration de Matina 2-3, de prendre en compte le s de nouveaux combustibles, des études de base son t
principaux acquis des expériences passées . Les cibles particulièrement utiles . Elles permettent de déter-
1,2 et 3 de cette expérience (tableau D.9) permettron t miner les propriétés physico-chimiques des maté-
de comparer, dans des conditions d ' irradiation stric- riaux (propriétés thermiques, thermomécaniques ,
tement identiques et pour des fluences (fluence e n structurales . . .) et de développer les procédés d e
neutrons rapides voisine de 1,3 10" neutrons/m' ) leur fabrication .
supérieures à celles de Matina 1A, le comportemen t Concernant les composés d'actinides, le programme
de la magnésie soumise uniquement au dommag e comprend de nombreuses études en collaboration
des neutrons (cible 3), aux dommages des neutron s avec le Japon et les États Unis (irradiation Futurix /
et des produits de fission sur l'ensemble de la matric e FTA), la Russie (irradiation Bora-Bora) et l' Unio n
(cible 2) et aux dommages des neutrons et des pro - européenne (dans le cadre du groupe EFTTRA) .
duits de fission localisés autour des macromasse s Enfin, ce programme entre dans le cadre de s
(cible 1) . projets européens du 5' PCRD Future (FUel fo r
Le procédé d'élaboration des composites à matric e Transmutation of transURanium Elements) e t
MgO et macromasses fissiles, qui a nécessité un e Confirm (Collaboration On Nitride Fuel Irradiatio n
recherche importante, est maintenant maîtrisé e t and Modelling) .
permet l ' obtention de pastilles qui répondent au x
spécifications requises pour les cibles d'incinération . Les oxyde s
L' influence de la température des cibles sur leu r Pour la transmutation des actinides mineurs, l'oxyd e
comportement sous irradiation sera étudiée e n Am O X (1,5 < x < 2) s' est rapidement imposé comm e
jouant sur la conductivité thermique du gaz emplis - " le" composé à évaluer en priorité en tant que sup-
sant le jeu entre la gaine et les pastilles des aiguille s port de l ' américium . Cet oxyde demeure aujour-
des cibles 1 et 2, qui sera soit l ' hélium, soit un mélange d'hui le composé d'actinide de référence pour les
d ' hélium et d ' argon . cibles . Cependant, son diagramme de phase es t
très complexe et son potentiel d ' oxygène ainsi qu e
son activité chimique peuvent entraîner des inter -
N° Types de Particules Nombre
pastilles fissiles (pm) d'aiguilles actions avec les matrices inertes, les gaines ou encore
le caloporteur sodium .
1 MgO + UO 2 Macromasses 2 Les composés où les actinides sont incorporés dan s
de diamètre 70 urn
une solution solide à base de zircone (Am, Zr, Y)O ,
2 MgO + UO 2 Particules 2 ou dans une structure de type pyrochlore A m 7 Z r 2 O7
micrométrique s ont été sélectionnés à partir d'études bibliographique s
3 MgO - 2
et de mesures de propriétés thermodynamiques réa -
lisées dans le cadre d'une collaboration entre le CE A
4 ( Zro .83, Y 017( 0 1 .92 - 2 et ORNL (Oak Ridge National Laboratory) . Étan t
5 MgO + Ce 2 Zr 2 0r - 1 donné que les structures cristallines de type fluo-
rine et de type pyrochlore peuvent toutes deu x
Tableau D .9 : Descriptif des aiguilles de l'expérienc e " accommoder" l'insertion d'éléments en quantit é
Matina 2-3 . significative, l ' incorporation des produits de fission

10 5
dans la structure d'accueil devrait être facilitée e t L' expérience Nimphe 1, combustible nitrure mixt e
éviter une modification trop importante des pro- (U,Pu)N, en géométrie standard, a été menée à so n
priétés des composés durant l'irradiation . terme (7,5 at %) dans Phénix . Ce programme a
La démarche d'étude est progressive : études de s contribué de façon essentielle à la maîtrise des pro -
voies de synthèse et propriétés physico-chimiques cédés de fabrication des nitrures par voies sèche e t
sur matériaux avec simulant cérium, éventuelle- humide et les examens post-irradiation ont confirm é
ment passage au plutonium, puis à l 'américium . Les le comportement attendu pour ce combustible .
études de synthèse et les mesures de propriétés (tem - Pour la transmutation des actinides mineurs, le s
pérature de fusion, capacité calorifique, expansio n nitrures constituent le matériau de transmutatio n
thermique linéaire, conductivité thermique et poten - de référence au Japon et une solution possible au x
tiel d'oxygène) de ces composés (Zr, Y, Am) O X conte - États-Unis . En Europe, ils sont considérés comm e
nant 6 et 20 at% d'américium ont été réalisées . une solution de repli (fabrication plus difficile, moin s
de savoir-faire, nécessité d'un fort enrichissemen t
Les nitrure s en 1 N pour limiter la production de ' 4 C . . .) .
Le principal intérêt des nitrures réside dans leu r
conductivité thermique plus élevée que celle de s Les carbure s
oxydes . Ils présentent toutefois un risque de disso- Parmi les composés d'actinides, les carbures on t
ciation à haute température et de gonflement rela- aussi été envisagés . Comme pour les nitrures, il s
tivement important sous irradiation . Ces matériaux , présentent de bonnes propriétés thermiques . Il s
qui ne réagissent pas avec le sodium, rendent pos- n'ont toutefois pas été actuellement retenus pou r
sible de concevoir, pour des applications en RN R les études sur la transmutation, car le caractère hau -
à caloporteur sodium, des aiguilles au sein des - tement pyrophorique des poudres de carbure ren d
quelles le jeu entre les pastilles et la gaine est rempl i leur fabrication délicate à mettre en oeuvre . Dan s
de sodium . Par l'introduction du sodium entre le s le cadre des recherches sur les combustibles pou r
pastilles et la gaine, les échanges thermiques son t les réacteurs à caloporteur gaz, ces composés son t
améliorés . T'est alors possible d'accroître l'espacement à nouveau étudiés .
entre les pastilles et la gaine afin d'accommoder u n
gonflement de la matrice qui peut être importan t • PROCÉDÉS DE FABRICATION DES COMPOSÉ S
sous irradiation . D'ACTINIDE S

Quel que soit le type de composé réalisé, une atten-


tion particulière doit être accordée aux procédés de
solutio n solutio n fabrication qui peuvent en partie déterminer les pro -

E Zr+ Y

,
4
américiu m priétés du matériau fabriqué . La métallurgie des
poudres, procédé traditionnellement utilisé pour la
fabrication du combustible nucléaire, est générale -
conversion de s ment mise en oeuvre pour l ' élaboration des compo-
gouttes en particule s sés d'actinides mineurs . Toutefois, des procédé s
1 innovants, mieux adaptés que la métallurgie de s
poudres aux spécificités de la manipulation de s
calcinatio n
actinides mineurs très radioactifs et très contami-
'
1 ,
4 nants, ont aussi été étudiés.
imprégnation de s
particules (40-150 Nm ) particules par la solutio n Ainsi, afin de limiter la manipulation en boîte à
zircone ytriée
,
4 gants de matériaux pulvérulents contenant d e
traitement thermiqu e l ' américium, le procédé d ' imprégnation INRA M
(INfiltration of RAdioactive Materials) a été déve-
4, loppé par l'ITU pour l'élaboration du compos é
(Zr, Y, Am)O X . Ce procédé (figure D.17) consiste à
imprégner des billes (ou des pastilles) de zircon e
,
4
variée poreuse par une solution aqueuse contenan t
frittag e
l'américium, puis à les traiter thermiquement afi n
d ' obtenir le composé souhaité . La teneur en amé-
ricium du produit fini est cependant limitée (d e
pastille s
l ' ordre de 20 at %) .
(Zr, Y, Am10 „
Le procédé par voie humide sol-gel, dont l' intérêt
majeur est de permettre la synthèse de billes d'oxydes
Figure D .17 : description des étapes du procédé INRAM . d'actinides mineurs et d'éviter la manipulatio n

106
Les résultats des recherches sur la transmutatio n

D > Fabrication des combustibles et cibles, et expériences de transmutatio n

sol 1 sol 2

Figure D .18 : dispositif mis au point à Atalante pour l'élaboration par co-précipitation de composés contenan t
des actinides mineurs .

d'une poudre pulvérulente particulièrement conta - • RÉSULTATS ACQUIS EN IRRADIATIO N


minante, est aussi étudié, car son application au x POUR LA SÉLECTIO N
combustibles à base de curium serait possible . DES COMPOSÉS D'ACTINIDES MINEUR S
Le procédé par coprécipitation d ' oxydes de plu-
tonium et d'américium est actuellement en cour s Au-delà de la validation du choix du compos é
de développement : son intérêt est d'élaborer de s d'actinides, les expériences d'irradiations permet -
composés dans lesquels la teneur en actinides mineurs tent aussi d'intégrer et de tester les options issue s
n ' est pas limitée . Des premières fabrications de (Pu , de l'ensemble des études spécifiques (modérateurs,
Am) OX , avec des teneurs en américium jusq u ' à 80 % microstructures, matrices et composés d' actinides) .
ont été réalisées avec succès à Atalante (figure D .18) . La présence d ' américium amène à prendre e n
Avec l'objectif de simplifier le procédé de fabrica- compte les productions élevées de gaz de fissio n
tion, et notamment en vue de l'adapter à la problé - et d ' hélium . Ceux-ci entraînent, d ' une part, l e
matique du curium, l'élaboration de granulé s gonflement des cibles et, d'autre part, la pollutio n
d'AmO7 par un procédé voisin du procédé sol-ge l du joint gazeux selon l'importance du relâche -
est en cours de développement au RIAR (Research ment des gaz de fission . Ces deux phénomène s
Institute of Atomic Reactors) dans le cadre du pro - doivent être connus et maîtrisés, car ils ont tou s
gramme Amboine . Ce procédé produit directe - deux une grande influence sur la température d e
ment des particules sphériques de diamètre contrôlé , fonctionnement des cibles . Les irradiations effec-
adaptées à leur remplissage par écoulement gravi - tuées à ce jour sont déjà riches d 'enseignements .
taire et vibration dans la gaine (procédé Vipac d e Leur apport est brièvement explicité ci-après .
vibro-compaction) . Ce procédé présente l ' avantage Superfact 1
d'éviter la manipulation de produits pulvérulents Une partie de cette expérience, commencée bien avan t
et de supprimer les étapes de pressage et de frittage . la loi de 1991 et qui s'est achevée en 1988, a consist é
Il bénéficie de plus d'un retour d'expérience impor- à irradier des solutions solides à matrice U0 7 et à
tant acquis par les chercheurs russes dans le cadr e fortes teneurs en actinides mineurs : ( U l a s, Npo 45) 0 7
de leur programme sur les RNR à sodium . et ( U() ,Amo z,Npo 2)Oz . Sur les matériaux utilisés lors

COMPOSÉS D'ACTINIDES POUR LA TRANSMUTATIO N


• L'oxyde d'américium est aujourd'hui le composé de référence des cibles de transmutatio n
de ce radionucléide .
• Les nitrures peuvent être considérés comme une solution de repli, intéressante du fai t
de leur conductivité thermique élevée . L'étude des carbures pour les cibles de transmutatio n
a été abandonnée car la fabrication de ces composés est délicate à mettre en oeuvre .
• Une partie des études est dévolue aux procédés de fabrication, avec l'objectif de trouver une alternativ e
au procédé classique de métallurgie des poudres très contaminant dans le cas de la manipulatio n
de l'américium et du curium . Des procédés par voie sol-gel, par coprécipitation ou permettant d e
produire directement des particules sphériques (qui remplissent alors l'aiguille dans le concept vibro-
compacté, évitant ainsi les opérations de pressage et de frittage des pastilles) sont actuellemen t
en cours de développement .
• La faisabilité expérimentale de la transmutation de l'américium a été démontrée par plusieurs expé-
riences d'irradiation, dont l'une a conduit à un taux de transmutation supérieur à 99% et de fission de 72% .

107

de cette irradiation, un fort gonflement accompagn é mutation de l'américium . Une déformation dia-
de la formation d'une porosité très élevée, dès un taux métrale de la gaine et un gonflement des pastille s
de combustion de 4,5 at %,a été observé . Il a condui t (voisin de 24 %) ont cependant été observés, malgr é
à une interaction entre le combustible et la gain e une concentration initiale en américium peu élevé e
entraînant la déformation de celle-ci . de 0,4 g/cm 3 , ce qui a conduit à rechercher de s
T4 optimisations de ces cibles en termes de choix de s
Dans le cadre des études de transmutation de la lo i matériaux, de leur structure (micro et macrodis-
de 1991, il s' agit de la première irradiation (1996 - persion) et des conditions d'irradiation .
1997) d ' une cible contenant 0,68 gramme d ' oxyd e Des examens destructifs ont été lancés sur les cible s
d ' américium (AmO,) . Préparée par le groupe EFT - T4bis afin de vérifier l'impact d'une transmuta -
TRA et réalisée dans le réacteur HFR, elle a mi s tion très poussée de l'américium sur les caracté-
en oeuvre AmO2 microdispersé dans une matrice ristiques physiques de ces cibles .
spinelle, sous une fluence comprenant un e Le relâchement d'hélium à l'origine de la défor-
composante de neutrons rapides égale à 1,7 10'- 6 mation diamétrale de la gaine constatée pour c e
neutrons/m' . Un gonflement important du maté- crayon est aujourd'hui à relier à la quantité impor -
riau (de l'ordre de 18%) et une déformation de l a tante de pores de taille nanométrique détectée .
gaine se sont produits : le gonflement est lié à la foi s Plusieurs fissures sont également perceptibles a u
à l ' effet des dommages sur le spinelle (amorphi- centre des pastilles, mais celles-ci semblent avoi r
sation) et à la forte rétention, dans les porosités, de été comblées du fait de la viscoplasticité accrue d u
l'hélium et des gaz produits par fission (figure D .19) . spinelle à cause de l'irradiation .
En dépit du gonflement important des pastilles , T5
il ne s'est produit ni rupture de gaine, ni fusio n En complément à ces irradiations, l'expérience T 5
du combustible malgré des conditions de fabri- qui débutera dans le réacteur HFR à partir de 200 5
cation et des propriétés du matériau non opti- a pour objectif de mieux comprendre la relatio n
misées (imprégnation directe de pastille s entre le gonflement sous irradiation et le relâche -
conduisant A. une certaine hétérogénéité, micro - ment partiel des gaz de fission et de l'hélium, avec
dispersion du composé fissile conduisant à l'endom - des teneurs en américium égales ou supérieures à
magement total de la matrice) et des condition s 0,7 g/cm3 .
d'utilisation insuffisamment adaptées (tempéra- Deux voies seront testées pour favoriser le relâche -
ture trop faible pour permettre le relâchemen t ment de ces gaz :
des gaz de fission) . • des cibles contenant de l'américium sous forme d e
T4bi s structure pyrochlore, Am:Zr:07 , microdispersé dan s
Lors de cette irradiation avec la même composi- une matrice MgO à porosité ouverte interconnectée ;
tion de cible que celle de T4, une fluence ayan t • des cibles contenant de l'américium sous forme d e
une composante rapide égale à 3,1 10'-6 neutrons/m'- solutions solides (Am,Y, Zr) O2_X et (Am,Pu,Zr,Y) 07
a conduit à un taux de transmutation de l'améri- soumises à des températures voisines de 1500 °C ,
cium supérieur à 99 % et à un taux de fission d e contre 1000 °C pour les précédentes .
72 % . Ainsi, six recyclages seraient suffisants pour De plus, dans cette expérience, le comportement ,
fissionner 99,9 % de l ' américium initial . Cette expé - peu connu à ce jour, du molybdène en tant qu e
rience constitue A. ce jour le record mondial d e matrice sera étudié . La conductivité thermique éle -
taux de transmutation atteint sur une cible et vée du molybdène permet de maintenir une tem-
démontre la faisabilité expérimentale de la trans - pérature de cible voisine de 1 000 °C, même ave c
une concentration élevée en actinide mineur dan s
la cible . L'inconvénient du molybdène est qu'il doit ,
préalablement à l ' irradiation, être appauvri en 9S M o
(absorbant de neutrons) . Les cibles seront donc
constituées des composés (Am,Y,Zr)O Z_X e t
(Pu,Am)O 2_X, dispersés dans une matrice en molyb -
dène appauvri et correspondant à une concentra -
•M
tion d ' américium supérieure à 0,7 g/cm 3 .
Q: • y : .•. . . : •h•;•te;L' . d e •`
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il : DES ACTINIDES MINEUR S
• `t 33~ rte• •••_ • •_ .•• t a •-s
Figure D .19 : céramographie montrant la porosité des pastilles d e
l'expérience EFTTRA T4 . (a) périphérie de la pastille ; (hl zone d e Ecrix B et H
forte porosité voisine de la périphérie ; (c) zone de forte porosit é L' expérience Ecrix (Expériences de cibles sous neu-
voisine du centre ; (d) centre de la pastille . trons ralentis pour l'incinération dans Phénix), enga-

108
® Les résultats des recherches sur la transmutatio n
> Fabrication des combustibles et cibles, et expériences de transmutatio n

gée en 1998, comprend les irradiations Ecrix B et à partir d'un ensemble de données et quel que soi t
Ecrix H, dont les cibles sont identiques et consti- le fonctionnement (normal, en mode incidentel o u
tuées d'oxyde d'américium microdispersé (parti - accidentel), des marges subsistent par rapport a u
cules d'AmO 7 _, d'une taille moyenne de quelques dimensionnement du réacteur. Actuellement, d e
microns) dans une matrice de magnésie . Comm e fortes incertitudes existent, en particulier sur l e
décrit au chapitre D.5 .4, Ecrix B est irradié dans u n comportement de la magnésie . Elles conduisent à
assemblage DMC1, à neutrons modérés par "B 4 C , limiter les teneurs en américium dans cette matrice .
et Ecrix H dans un assemblage DMC2, à neutron s À l'issue de l'étape de démonstration de faisabilit é
modérés par Ca H X . Par rapport à l ' expérience T4bi s technique, les examens post-irradiation fourniron t
précédemment décrite, la teneur en américium a des éléments qui devraient permettre de diminuer
été augmentée à une valeur de 0,7 g/cm 3 . les incertitudes, améliorant ainsi le dimensionne-
Le dimensionnement des cibles a nécessité de mettr e ment et donc in fine les capacités de transmutatio n
au point une méthodologie basée sur l'expérience des cibles .
acquise dans le cadre du développement de la filièr e Les résultats de ces études de dimensionnemen t
RNR intégrant les spécificités de la transmutation . aboutissent à des cibles de diamètre égal à 5,25 m m
Celle-ci s'appuie sur des calculs neutroniques fait s et de hauteur égale à 200 mm (figure D .20) contenan t
majoritairement avec le code Eranos et permettan t au total 2,75 g d ' américium .
de déterminer, pour les cibles : Les cibles ont été obtenues par métallurgie de s
• les puissances dégagées ; poudres puis caractérisées (température de fusion ,
• les taux de fission et de transmutation ; capacité calorifique, expansion thermique linéaire ,
• les fluences ; conductivité thermique, potentiel d ' oxygène) . L e
• les productions de Xe, Kr et He ; taux de fission visé est de 30 at % correspondant à
• les compositions isotopiques en fin d ' irradiation . un taux de transmutation de 80 % pour Ecrix B et
Ces données sont utilisées pour effectuer l ' analyse de 90% dans le cas de Ecrix H .
thermo-hydraulique de la capsule expérimental e
qui permet de calculer la Température nominal e
de gaine (TNG) . Cette température, nécessaire à
la démonstration de la tenue mécanique de la gaine ,
est obtenue en appliquant les règles de dimension-
nement développées dans le cadre de la filière RNR .
Le comportement de la cible est ensuite évalué d e
façon conservative afin, en particulier, de démontre r
l'absence de fusion, même locale, des matériaux et
d'interaction entre la cible et la gaine . Pour cela, de s
procédures de calculs aux éléments finis (figure D .21 )
utilisant le code Castem ont été développées . Elle s
1,7 mm >
prennent en compte la géométrie et les propriété s
thermiques des constituants de la cible, ainsi que cible Ecrix : o - 5,25 mm coupe céramographiqu e
leurs évolutions estimées lors de l'irradiation.
Cette démarche de sûreté consiste à démontrer que, Figure D .20 : pastille de l'irradiation Ecrix et coupe céramographique associée .

VAD - ISG
,,, 4,50E+0,2
<< 1,14E+0,3

s 1 . ist •b :

4,56E+0 2
4,89E+0 2
5,22E+0 2
5,56E+0 2
5.89E+0 2
6.22E+0 2
6,56E+0 2
6,89E+0 2
7.23E+0 2
7,56E+0 2
7,89E+0 2
8,23E+0 2
8,56E+0 2
8,90E+0 2
9,23E+0 2
9,56E+0 2
9,90E+0 2
1,02E+0 3
1,06E+0 3
1,09E+0 3
1,12E+0 3
1,16E+0 3

Figure U21 : Illô1«â(Je d' Un portion de cible Ecrix (à gauche) et iso valeurs de température (à droite) .

109
Ces expériences, qui ont obtenu l'accord de l'Autorit é
de sûreté en avril 2003, sont actuellement en cour s FABRICATION ET TRANSMUTATIO N
d'irradiation dans Phénix . EN MODE DÉDI É
Camix-Cochi x • Le combustible des réacteurs dédiés tels qu e
En 2001, les expériences Camix-Cochix ont été pro- les ADS, dont la fonction première est de brûle r
posées principalement pour ouvrir le champ à des les actinides mineurs, doit être le plus chargé
possible en actinides mineurs . Ce s
choix de composés et de concepts de cibles d'amé -
radionucléides sont dilués avec du plutoniu m
ricium optimisés par rapport à Ecrix . pour assurer le fonctionnement correct du coeu r
Camix 1 (Composés d ' américium dans Phénix ) et avec le moins possible d'uranium afin d'évite r
concerne l ' optimisation du composé d ' actinide . L e une nouvelle production de plutonium en
composé retenu est la solution solide de structur e réacteur. Ces caractéristiques ont pou r
conséquence un relâchement élevé d'héliu m
cubique (Amom,,Zro, -s,Yo,i( ,)O2_ X, qui possède un e
(avec des répercussions importantes sur le
conductivité thermique faible (de l'ordre d e gonflement du combustible) et une dégradation
1,75 W/m/K de 1070 à 2000 °C) amenant poten- des propriétés thermiques par rapport au x
tiellement une température de fonctionnement éle- combustibles standards .
vée mais acceptable du fait d'une température d e • Trois types de composés contenant jusqu' à
fusion élevée (évaluée à 2 700 °C) . 50% d'américium sont envisagés : des oxydes ,
des nitrures et des alliages métalliques . Il s
seront testés lors de l'expérience Futurix/FTA
Camix 2 reprend le concept de microdispersion dan s prévue dans Phénix à partir de 2007 . L'objectif
une matrice de magnésie testé dans Ecrix, mais uti - visé est d'atteindre un taux de combustio n
lise le composé américié (A m0,2,Zr( ,Yo l4)O2 _X plu s de 100 GWj/t environ .
stable que l'oxyde simple . La taille des particule s
fissiles est comprise entre 40 à 60 mm, ce qui cor -
respond à une prévision de fraction volumique d e étudiées dans le concept hétérogène . Leurs spéci-
matrice endommagée comprise entre 60 et 100 % . ficités sont les suivantes :
Cochix (Conception optimisée vis-à-vis des micro - • combustibles sans uranium ou faiblement enri-
structures dans Phénix) vise à tester en condition s chis en uranium, afin de limiter la production d e
représentatives le concept de macrodispersion . Le plutonium ;
composé d 'actinide et la matrice sont les mêmes qu e • teneur en actinides (Pu, Am, Np, Cm) élevée .
dans Camix 2, mais la taille des particules fissiles es t A titre de comparaison, la concentration en acti-
comprise entre 100 et 125 mm, ce qui correspond à nides peut atteindre des valeurs de plus de 6 g/c m 3 ,
une prévision de fraction volumique de matric e alors qu'elle n'est que de 0,7 g/cm 3 dans de s
endommagée comprise entre 25 et 30% . cibles comme Ecrix ou Camix-Cochix . Le rapport
Pour être directement comparables à Ecrix, les cible s Pu/(Pu + Am + Np + Cm) peut varier selon le s
de ces expériences auront la même géométrie et l a concepts entre 20 et 50% ;
même teneur en américium (0,7 g/cm3 ) et seront irra- • vecteur isotopique du plutonium dégradé . Les
diées dans un assemblage DMC2, dont le modéra- incinérateurs sont conçus pour recycler leurs propre s
teur de neutrons est de l'hydrure de calcium . L'objectif actinides ainsi que ceux issus du parc des réacteur s
est identique à celui d'Ecrix, soit un taux de fissio n électrogènes . Ce recyclage se caractérise par un e
de 30 at % . Les composés seront obtenus par impré- dégradation importante du vecteur isotopique ,
gnation (procédé INRAM) et les colonnes expéri- avec des teneurs en isotopes fissiles minoritaires ;
mentales mesureront 100 mm de hauteur. • relâchement élevé d ' hélium . La productio n
d'hélium, liée à la décroissance du curium 242, es t
D .5-5 Fabrication pou r ici particulièrement élevée du fait de la forte teneu r
La transmutation en mode dédi é en américium . Elle est plus de quatre fois supé-
rieure à celle du xénon et du krypton . L'impact su r
Les réacteurs dédiés (cf chapitre D.4-5) s ' insèren t le gonflement du combustible ainsi que sur la tem-
dans un scénario dans lequel le parc est constitué pérature et la mise en pression de l'aiguille ser a
de deux composantes : d'une part, des tranche s donc important ;
électrogènes et, d'autre part, des réacteurs dédié s • propriétés thermiques dégradées . La suppressio n
brûlant les déchets . Ces derniers, dédiés spécifique - de l'uranium et l'enrichissement en américiu m
ment à la transmutation des déchets, pourraien t conduisent à des composés d'actinides dont les pro-
être des ADS . Dans cette option, le combustible n e priétés physiques et thermiques (température d e
contient pas d'uranium et doit être très chargé e n fusion, conductivité thermique, stabilité thermiqu e
plutonium et en actinides mineurs . liée à la volatilité des espèces à base d'américium )
Les combustibles dédiés ont des caractéristique s sont moins bonnes que celles d'un combustible stan-
très particulières qui les distinguent des combus- dard . Cet aspect, combiné avec de fortes contrainte s
tibles standards UOX ou MOX, mais aussi des cibles de conception, comme la nécessité de disposer d'u n

110
Les résultats des recherches sur la transmutatio n

D > Fabrication des combustibles et cibles, et expériences de transmutatio n

large jeu combustible-gaine pour accommoder u n de ces combustibles vis-à-vis du comportement d u


gonflement qui pourrait être relativement élevé, coeur (prise en compte des critères neutroniques d e
rend le comportement thermique de ces combus- sûreté) . Les différents types de combustibles étudié s
tibles tout à fait différent des combustibles précé- sont constitués des composés fissiles cités ci-dessu s
demment décrits . sous forme de solution solide, de composites à matric e
Les études de conception de combustibles pour l a MgO ou ZrO2 , ou encore de composites à matrice
transmutation en mode dédié sont menées essentiel - tungstène, chrome ou vanadium . L'incorporation d e
lement dans le cadre de collaborations internationales . curium dans ces composés est prise en compte dan s
Bora-Bora l'évaluation des performances de ces combustibles .
Le programme Bora-Bora, comprenant la fabrica- En termes de matrices, les études neutroniques condui -
tion, l'irradiation dans le réacteur à neutrons rapide s sent à favoriser la magnésie, la zircone, le chrome et
russe BOR-60 et les examens post-irradiation, a été le molybdène qui permettent de conserver une frac -
lancé dès 1996, en partenariat entre le CEA et Minatom . tion volumique de matrice supérieure à 50 %, valeu r
Les combustibles d'intérêt pour la transmutation e n limite basse nécessaire permettant la fabrication de s
mode dédié sont les solutions solides, (Uii 55,Pup 45) N composites . Les critères de conception, en particulie r
et (Uo,4o,Puo,6o)N, et ceux à matrices inertes, Pu N les marges à la fusion des combustibles, qui prennen t
(40 %) + ZrN et PuO 2 (40 %) + MgO . Les nitrure s en compte leur température limite de fonctionne -
ont été fabriqués par le VNIIM à Moscou et les oxyde s ment mais également leur conductivité thermique ,
par l ' IPPE à Obninsk . Ils ont été chargés en réacteu r mettent clairement en avant l'intérêt de la magnésie ,
en août 2000 . L' irradiation s 'est achevée en octobre 2002 du chrome et du molybdène . La très mauvaise conduc-
et les examens ont débuté en 2003 . Les combustibles tivité thermique de la zircone réduit sérieusemen t
nitrures ont atteint des taux de combustion égaux à ces marges . Les premiers essais de fabrication ayan t
5,4 et 7,0 at %, respectivement pour (U,Pu)N à 45 e t fait apparaître des risques d'interaction entre le chrome
60% de Pu, et environ 11,2 at % pour les combus- et la phase fissile, les études se concentrent mainte -
tibles sans uranium . Cette irradiation apportera donc nant sur la magnésie et le molybdène .
sous peu des informations sur le comportement e n Concernant les phases fissiles, l'objectif est d e
flux de neutrons rapides de combustibles précurseurs fabriquer des composés de composition proch e
des combustibles pour ADS . de (Puo 5 ,Amo ,5)O 7 . Dans ce cadre, le CEA déve-
Confirm loppe à Atalante le procédé de coprécipitatio n
Le projet Confirm du 5° PCRD a pour objectif d e et a réalisé les premiers lots de compositio n
développer des méthodes de fabrication de combus- ( Pu o,8,Am o,2) O2, (Puos,Amo ,,) O2 et ( Pu o,2, Am os) 07 .
tibles nitrures sans uranium et de modéliser et tester Enfin, le programme d'irradiations Metaphix (décri t
leurs performances sous irradiation dans le réacteu r au chapitre D.5-3) concernant la transmutation en
thermique suédois R2 de Studvick . Deux solution s mode homogène en RNR a pour objectif d'étudie r
solides sont étudiées : (Puo 3 ,Zro ,)N et (Puo 2,Zro 8)N. le comportement de combustibles métalliques conte -
Ace jour, des pastilles ayant une bonne tenue méca - nant une faible quantité d'actinides mineurs . Les
nique et une densité apparente égale à 97% de l a combustibles métalliques étant un support envi-
densité théorique ont été fabriquées par métallurgi e sagé, notamment aux États-Unis, pour la transmu-
des poudres au PSI . Ces études confirment toutefoi s tation en mode dédié, cette expérience, actuellemen t
que les conditions thermodynamiques requises pou r dans le coeur de Phénix, constitue un élément d e
former et densifier les solutions solides de nitrure son t connaissance important .
difficiles à maîtriser et conduisent souvent à de s Futurix/FTA
composés ayant des fortes teneurs en impuretés et Dans le cadre d ' une collaboration entre CEA, DOE,
notamment en oxygène . Des échantillons ont ét é ITU et JAERI, l'expérience Futurix/FTA, prévu e
caractérisés au CEA/Cadarache (LEFCA) . Les étude s dans Phénix à partir de l ' année 2007, a pour objec-
de comportement sous irradiation ont été faites et l a tif de vérifier la faisabilité technique de la trans -
mise en réacteur a été réalisée en 2004 . Dans le mêm e mutation des actinides mineurs en réacteur dédié .
temps, des études de synthèse du composé (Am,Zr) N Il est ainsi prévu d'irradier, dans des conditions d e
sont en cours à l'ITU. spectre et de flux neutroniques rapides représen-
Future tatives de celles des ADS, les différents concepts d e
Le projet Future du 5` PCRD a pour objectif de com - combustibles mis en avant ci-dessus :
parer les performances des oxydes (Pu,Am)0 2 , • les oxydes de type (Pu,Am)02 ou (Pu,Am,Zr)O 2
(Th,Pu,Am)0 2 et (Pu,Am,Zr)0 2 comme combus- dilués dans une matrice en magnésie ou e n
tibles pour les ADS. La première phase de ce pro- molybdène ;
gramme consiste, d ' une part, à mettre au poin t • les nitrures de type (Pu,Am,Zr)N ou (U, Pu,Am ,
les méthodes de synthèse et à mesurer les propriété s Np)N ;
thermiques et chimiques à haute température de ce s • les alliages métalliques de type Pu-Am-Zr e t
composés et,d'autle part, àéValuer les caractéristiques U-Pu-Am-Np .

111
Les combustibles destinés aux ADS doivent compor - • RÉSULTATS ACQUIS EN IRRADIATIO N
ter le minimum, voire pas d'uranium . Dans le cas des POUR LA TRANSMUTATION DU TECHNÉTIU M
combustibles nitrure et métallique, l'absence d'ura -
nium est compensée par la présence de zirconiu m Le technétium peut être transmuté sous forme d u
qui permet d'accroître la température de fusion d u métal pur ou de l'un de ses alliages . La transmuta -
composé et de stabiliser la phase cubique de l'alliage . tion du technétium conduit à la formation de ruthé-
Parmi les combustibles testés, certains comporte- nium stable ; les propriétés de ces deux métaux ,
ront une très faible quantité d'uranium, ce qui per - ainsi que leur totale miscibilité, permettent d ' envi -
mettra d ' avoir un premier retour d ' expérience sur sager un bon comportement sous irradiation .
le comportement de combustibles précurseurs des - T2
tinés à des réacteurs incinérateurs de type GEN IV, Une première expérience, T2, a démontré la pos-
simultanément producteurs d'énergie et transmu- sibilité de transmuter le technétium via
teurs d'actinides mineurs . l'irradiation de six barreaux de cet élément sou s
La conception préliminaire de cette irradiation , forme métallique . Le taux de transmutation attein t
comprenant les premiers calculs neutroniques e t a été de 15 % sans gonflement volumique impor-
les évaluations des propriétés physico-chimique s tant (inférieur à 1 %) ni changement micros-
des matériaux, est en cours . L'objectif visé est d'attein - tructural significatif.
dre un taux de combustion de 10 at % environ. Anticorp 1
La démonstration de la faisabilité technique de l a
D .5-6 Cibles de transmutation transmutation du technétium dans un spectre d e
des produits de fission à vie longue neutrons localement modérés repose sur l ' expé-
en mode hétérogèn e rience Anticorp 1 dans Phénix . L' objectif est d ' at -
teindre, dans un assemblage DMC2 comportan t
Comparée à celle des actinides mineurs, la trans - le modérateur CaHx, un taux de transmutatio n
mutation des produits de fission, tels que l'iode, l e au moins égal à 20 % .
césium ou le technétium, est du point de vue neu- La fabrication de trois lingots de technétium métal -
tronique peu favorable, car capturant des neutrons . lique de 12 g chacun a été réalisée par coulée à
Cette transmutation se fait sans réaction de fissio n Veigure D.22) .
et donc sans production d'énergie ou de chaleur, c e Cette expérience, qui a reçu l ' autorisation d e
qui doit être pris en compte pour le fonctionne - l'Autorité de sûreté pour être irradiée duran t
ment du réacteur. 720 JEPP (correspondant à un taux de transmuta -
Suite aux résultats des études de filières de trans - tion voisin de 25 %), est actuellement dans Phénix .
mutation (cf chapitre D.4-3), aucun développemen t Elle sera déchargée du réacteur en 2008 .
de cibles incorporant le césium n'a été réalisé . Les
options étudiées ont visé à transmuter le techné- • RÉSULTATS ACQUIS EN IRRADIATIO N
tium et l ' iode en RNR, dans un spectre de neutron s POUR L'INCINÉRATION DE L'IOD E
localement modérés .
Les études ont visé à démontrer expérimentale -
ment la faisabilité de l'incinération de l'iode ave c
des irradiations effectuées dans le réacteur HFR .
CIBLES DE TRANSMUTATION DES PRODUIT S
DE FISSION A VIE LONGU E Les composés d ' iode synthétisables sont en géné-
ral peu stables en température . Seuls, ceux poten -
• D'un point de vue neutronique (cf chapitre D .4-3) , tiellement compatibles avec les températures d e
le césium n'est pas considéré comme transmutable
fonctionnement d ' un réacteur comme Cela, Nat ,
et seuls l'iode et le technétium ont fait l'objet d'étude s
de faisabilité technique de transmutation . Pbh, CaI_L, CuI, NIgI : et YI3 ont été étudiés .
• En ce qui concerne l'iode, des expériences d'irradiatio n Ti
avec divers composés ont montré que sa mise en oeuvr e Dans le cadre du groupe EFTTRA, l' expérience
en réacteur de puissance est impossible de par l'instabilit é Ti a permis d ' irradier trois composés d ' iode Ce I 3,
thermodynamique des composés iodés . Nat, et Pbt, sous forme de poudre . Le taux de trans-
• En ce qui concerne le technétium, ta cible peut êtr e mutation obtenu pour l ' iode est compris entre 5 e t
constituée simplement de technétium métallique pur . Un e
première expérience d'irradiation a d'ores et déjà permi s 6 % . Lors de cette irradiation, une interaction impor -
d'atteindre un taux de transmutation de 15 at %, san s tante entre le PbI, et le matériau de gainage a e u
gonflement volumique important ni changemen t lieu . Les comportements sous irradiation des com -
microstructural significatif du métal . Une nouvelle posés CeI 3 et NaI se sont révélés similaires mai s
expérience de démonstration de la faisabilité technique de l a
Ce I3 présentant des difficultés particulières de mise
transmutation du technétium est en cours, avec le s
conditions favorables du RNR Phénix, et avec l'objecti f en oeuvre (réactions avec l ' oxygène et l ' eau), Na I
d'atteindre un taux de transmutation d'au moins 20 at % . semble être, au vu des résultats de cette irradiation ,
un composé possible pour la transmutation de l'iode .

112
Les résultats des recherches sur la transmutatio n
> Fabrication des combustibles et cibles, et expériences de transmutatio n
> Conclusion : évaluation de la transmutatio n

teur de puissance pratiquement impossible, notam -


ment en termes de démonstration de sûreté . Cela a
conduit à interrompre définitivement la préparatio n
de l 'expérience d ' irradiation Anticorp 2 dans Phénix ,
dont l'objectif était la démonstration de la faisabilit é
technique de la transmutation de l ' iode .

D .6 Conclusion : évaluatio n
de la transmutatio n
Les études sur la transmutation, qui avaient été ini-
tiées de fait avant la loi de 1991, ont permis de conclure
assez rapidement sur la faisabilité de la transmuta -
tion des actinides mineurs (américium, curium e t
neptunium), notamment en spectre de neutron s
rapides . Ceci est lié à la bonne connaissance des ren -
dements de transmutation (connaissance des sec -
tions efficaces, des périodes radioactives, des flux d e
neutrons . . .), issue des développements de la phy-
sique des réacteurs et de la qualification associée d e
l ' ensemble de ces données . Les meilleures condi-
tions pour la transmutation sont obtenues en spectre
Figure D .22 : lingot de technétium après coulée et coup e de neutrons rapides .
métallurgique . Le programme de R&D qui a été mené apporte des
éléments sur la faisabilité technique de la transmu-
Project I tation, concernant la fabrication et le comporte -
L' expérience d ' irradiations Project I, terminée en ment des combustibles et des cibles en réacteur ,
2002, sur des pastilles de Na!, Cat.? , Cul et MgI 2 suivant les différentes filières de transmutation étu -
a permis d'atteindre des taux de transmutation d e diées : mode homogène ou hétérogène, en REP, e n
l ' iode compris entre 6,6 et 7,3 % . Les examens aprè s RNR ou en réacteurs dédiés .
irradiation ont montré un gonflement volumiqu e Concernant la transmutation des produits de fissio n
des pastilles allant de 14 % pour Cal : à 26,5 % pou r à vie longue, la transmutation (lu technétium 9 9
Cul . Ce gonflement s ' est accompagné, dans le s apparaît faisable et l ' expérience Anticorp 1 actuel -
cas du Cul et du Mg I 2 , et dans une moindre mesure lement dans le coeur de Phénix permettra de l e
dans celui de Na!, de la formation d ' une zon e confirmer, mais le gain en termes de radiotoxicité
centrale poreuse . De plus, dans le cas de CuI, un e serait faible . La transmutation du césium 135 à vi e
forte interaction avec le matériau de gainage s ' es t longue, sans une séparation isotopique préalable ,
produite . n ' apporterait aucun gain radiotoxique du fait d e
Sur la base des études précédentes, les deux compo - l ' abondance de l ' isotope 133 du césium ; cette voi e
sés Na! et CaI, ont été retenus pour une étude d e est abandonnée . Pour l'iode, il n'a pas été possibl e
fabrication et de caractérisation, ainsi que le com- de trouver un composé chimique stable sous irra-
posé YI j dont les propriétés sont potentiellemen t diation qui permettrait l'introduction et le main -
intéressantes (température de fusion, densité , tien de l ' iode 129 en réacteur pendant la duré e
stabilité sous air . . .) . nécessaire à sa transmutation ; les recherches su r
Celle-ci a notamment montré que : cette voie ont été suspendues . Finalement, la trans -
• les trois composés doivent être manipulés en boîte mutation des produits de fission à vie longue, tel s
à gants sous atmosphère d ' argon sec ; toutefois, Na ! que le technétium 99, l'iode 129 et le césium 135 ,
est manipulable sous air pendant de courtes périodes ; n ' apparaît donc que très peu attractive (réductio n
• les trois composés ne réagissent pas avec la gaine ; de radiotoxicité marginale par rapport à cell e
• Na! et CaI, fondent à une température inférieur e qu ' apporte la transmutation des actinides mineur s
à 800 °C ; et rendements de transmutation faibles) et faisabl e
• YI3 présente des difficultés de fabrication lors d e uniquement pour le technétium 99 .
l'étape de pressage (formation d'éclats) . Du point de vue de la transmutation des actinide s
Bien que la transmutation de l ' iode ait été démon- mineurs, le mode homogène en REP n ' a pas donn é
trée expérimentalement, il ressort de ces études que lieu à une expérimentation du fait des meilleure s
les problèmes liés à la stabilité thermodynamique des conditions de transmutation constatées en spectre d e
COI11l)OS61ndéS Tendent leur mase en oeuvre en réac- neutrons rapides . Lors de recyclage en REP impli -

113
quant le curium, les captures neutroniques succes- réacteur HFR, a démontré la faisabilité de la trans -
sives amènent à la formation rédhibitoire de radio - mutation de l ' américium avec l ' obtention d'un tau x
nucléides supérieurs . Le combustible MOX UE (teneu r de fission de 72 % . La faisabilité technique est main -
en plutonium proche de 9% mélangé avec de l ' ura- tenant en voie d ' être acquise, grâce aux expérience s
nium enrichi) est l'option la plus favorable pour l a actuellement dans le coeur de Phénix : Ecrix B e t
transmutation en REP. Toutefois, les quantités d ' hé- H pour l' américium . En effet, obtenir de l ' Autorit é
lium générées conduiraient à limiter les teneurs e n de sûreté l'autorisation de réaliser une expérienc e
américium et les hauteurs de colonnes fissiles, ce qui d ' irradiation dans un réacteur à neutrons rapide s
aurait un impact significatif défavorable sur les bilans couplé au réseau, tel que Phénix, démontre la qua -
matières et sur le fonctionnement du réacteur . C e lité et la maîtrise de la conception et de la fabrica-
mode de transmutation nécessiterait d'augmenter tion des combustibles et cibles irradiés . Même s i
l'enrichissement en uranium et de limiter la teneu r les examens après irradiation des expériences e n
en plutonium . Dans tous les cas, la fabrication de s cours et en préparation (Matina 2-3 et Camix -
combustibles correspondants serait notablemen t Cochix pour l'optimisation des matériaux et des
plus complexe que celle utilisée actuellement e t concepts) ne seront réalisés qu'après 2005, ce résul -
nécessiterait la télé-opération . tat concourt de façon essentielle à la démonstra-
En spectre de neutrons rapides, les réacteurs on t tion de la faisabilité technique de la transmutation
été considérés avec des configurations de coeurs cri - des actinides mineurs .
tique ou sous-critique . Les résultats obtenus montrent que la faisabilit é
Les réacteurs dédiés à la transmutation des acti- technique de la transmutation de l'américium e t
nides mineurs ont été étudiés avec une configura- du neptunium est acquise dans les réacteurs élec -
tion de coeur sous-critique qui permet de charge r trogènes de technologie actuelle . La transmutatio n
fortement ce coeur en actinides mineurs, tout e n du curium nécessiterait de modifier l ' ensemble d u
assurant le contrôle et la sûreté de tels système s cycle du combustible . Les meilleures condition s
ADS pilotés par accélérateur . Contrairement aux pour la transmutation sont obtenues en spectre d e
réacteurs électrogènes, aucun ADS de puissanc e neutrons rapides .
n ' a été construit jusq u ' à présent. La démarche qu i
a été retenue pour leur qualification a bien pro-
gressé durant les dernières années sur les grand s D .7 Transmutation :
composants élémentaires : accélérateur, cible e t développement durabl e
coeur . Toutefois, de nombreux verrous technolo-
giques subsistent encore et sont à lever pour juge r
et perspective s
de la viabilité d'un ADS de puissance, avant d'en- Le combustible nucléaire, à condition de profiter d e
visager d ' ici à quelques années le lancement éven - toute l ' énergie disponible dans l ' uranium en utili -
tuel de la phase de construction d'un démonstrateu r sant le combustible plutonium dans des réacteurs à
européen à un niveau de puissance cohérent ave c neutrons rapides, ne connaît pas les mêmes contrainte s
une capacité de transmutation industrielle . de disponibilité que le pétrole ou le gaz qui sont le s
Pour les configurations de coeur critique, les mode s principaux émetteurs de gaz à effet de serre .
homogènes et hétérogènes ont été considérés . Les cycles futurs du combustible doivent prendre
En mode homogène et en RNR, la faisabilité tech - en compte ces aspects de développement durabl e
nique de la transmutation des actinides mineur s (et les critères de compétitivité par rapport au x
américium et neptunium a été démontrée par le s autres sources d'énergie) et la problématique de s
irradiations Superfact 1 et Metaphix, réalisées dan s déchets nucléaires . Les réacteurs devant répondre
Phénix . Pour l'oxyde, le combustible associé à c e de par leur conception à ces deux aspects sont les
mode de transmutation qui peut contenir jusqu ' à réacteurs de quatrième génération (les REP actuel s
2,5 % en masse d'actinides mineurs diffère peu des sont de deuxième génération, et l'EPR constitu e
combustibles standards industriellement qualifiés . la troisième génération) . Les réacteurs critique s
La transmutation du curium a fait l'objet de la de quatrième génération à spectre de neutron s
seule expérience Metaphix, du fait de la très grand e rapides sont, par conception, régénérateurs et uti-
difficulté de manipulation de ce radionucléide . lisent le plutonium comme combustible . Ces sys-
Ce mode de transmutation impose de revoi r tèmes sont ainsi associés à la poursuite d e
l'ensemble du cycle du combustible du fait de l a l' utilisation de l ' énergie nucléaire . Pour progres-
présence de curium et, dans une moindre mesure , ser dans la gestion des déchets, ces réacteurs pour -
d'américium . raient de plus recycler les actinides mineurs .
Pour le mode hétérogène en RNR, les études neu- L'introduction d'actinides mineurs dans ces réac-
troniques ont conduit à privilégier la transmuta - teurs ne pose en effet pas de problèmes de sûret é
tion en flux de neutrons localement modérés dan s du coeur nucléaire en dessous d'une teneur mas-
le réacteur . L'expérience T4bis, réalisée dans le sique variable avec les concepts de 2,5 à 5 % .

114
Les résultats des recherches sur la transmutatio n

D > Conclusion : évaluation de la transmutatio n


> Transmutation : développement durable et perspectives

Pour les prochaines décennies, compte tenu de s favorable à la transmutation) paraît indispensable .
temps caractéristiques associés aux investissement s Cette expérimentation, qui suppose la séparatio n
et à l'exploitation des usines, les cycles restent basé s de quelques kilogrammes d ' actinides mineurs, l a
sur l'uranium-plutonium ; au-delà, les potentia - fabrication d'aiguilles contenant quelques pou r
lités du cycle basé sur le thorium-uranium son t cent d'actinides mineurs et la disponibilité d'u n
explorées . réacteur de puissance appropriée (du type du réac -
Compte tenu du contexte de développemen t teur japonais MONJU) ne pourra être entrepris e
durable et des résultats acquis sur la transmuta- que dans le cadre de collaborations internatio-
tion présentés dans ce rapport, il est possible d e nales . Cette irradiation devrait permettre d ' at-
mentionner les grandes perspectives de recherch e teindre une qualification du combustible envisag é
à court et moyen terme, sans souci d'exhaustivité . et de valider une opération de recyclage intégra l
Les études sur les conditions de fabrication et l e des actinides .
comportement, sous flux de neutrons, des cibles et L'activité de développement d ' un ADS est sou -
combustibles, se poursuivront activement dans le s tenue par la Commission européenne dans l e
prochaines années . projet intégré Eurotrans prévu de 2005 à 2009, e t
Des expériences sont en cours d'irradiation dan s qui permettra l'étude des différentes composante s
le réacteur expérimental Phénix pour compléter de cet ADS (accélérateur, cible de spallation ,
la qualification des données neutroniques (expé- combustible dédié) . L'objectif à cette échéance es t
riences Profil), tester des matrices d'irradiatio n de disposer d'un dossier de faisabilité comprenan t
(expériences Matina) y compris dans des configu- les principales options d'un pilote de démonstra -
rations optimisées (expériences Ecrix et Camix - tion d ' une puissance voisine de 100 MWTh et le s
Cochix), et tester des combustibles (expérience possibilités ultérieures en termes de puissance . Le s
Metaphix) dont certains sont des précurseurs d e conditions associées au cycle du combustibl e
combustibles avancés envisagés pour les réacteur s doivent aussi y figurer.
de 4` génération (expérience Futurix) . Le développement des réacteurs électrogènes d u
Le planning des examens après irradiation pré - futur s ' inscrit dans le cadre d ' une large collabo -
voit l'obtention de résultats sur des combustible s ration internationale (Forum Génération IV, lancé
constitués : en 2000 à l ' initiative des Etats-Unis) . Six filière s
• d'oxyde d ' américium finement dispersé dans un e sont à l ' étude pour répondre à des objectifs d e
matrice de magnésie, à partir de 2006 et de 2008 ; compétitivité, de sûreté accrue, d ' utilisation opti -
• de zircone yttriée dopée en américium et disper - male des ressources, de minimisation des déchet s
sée dans de la magnésie, à partir de 2007 . et de non prolifération . L' utilisation d ' un spectr e
Sur la base de ces résultats, il sera possible d'opti - de neutrons rapides et le recyclage intégral de s
miser la conception de la cible (matrice, aiguille, actinides pour minimiser la radioactivité de s
modérateur et assemblage) pour la transmutatio n déchets sont des caractéristiques de la majorité d e
de l'américium en mode hétérogène . ces systèmes . La France porte un intérêt particu -
L' examen des expériences (Metaphix et Futurix ) lier aux systèmes à neutrons rapides à calopor-
mettant en oeuvre des combustibles de transmu- teurs sodium ou gaz basés sur un cycle fermé . U n
tation sous forme oxyde, nitrure et métallique , démonstrateur est prévu à l ' horizon 2020 ouvran t
débutera à partir de 2009 . Ces résultats, relatifs les perspectives du déploiement industriel des sys -
au comportement de combustibles pour certain s tèmes de quatrième génération au-delà de 2035 .
fortement chargés en actinides, orienteront l e Ainsi, la transmutation, aujourd ' hui mise e n
choix de concepts pour les combustibles des sys - oeuvre industriellement pour l ' uranium et le plu-
tèmes du futur . tonium, offre des possibilités intéressantes d e
Ces études basées sur l ' américium devront s' étendre réduction de la nocivité des déchets . Compte ten u
au curium pour tenir compte des spécificités de des importants résultats acquis, cette perspectiv e
cet actinide mineur, notamment sur les aspect s apparaît tout à fait réaliste, mais ne peut se conce -
fabrication et manutention du combustible, afi n voir qu ' adossée à un nucléaire durable .
de préfigurer une partie des cycles futurs envisa -
gés avec le recyclage intégral des actinides . Toute s
ces études de conception de combustibles et d e
cibles intègrent naturellement dans leur cahie r
des charges les contraintes associées au traitemen t
ultérieur du combustible usé .
Pour poursuivre les recherches concernant la trans -
mutation à une échelle significative, l ' étude d u
comportement d'un assemblage complet dans l e
coeur d'un réacteur à neutrons rapides (spectre

115
Les scénario s
de séparation -
transmutation /

Les scénarios de séparation - transmutatio n


> Sommaire

E.1 Possibilités théoriques : scénarios à l'équilibre 11 8


E .1-1 Scénarios étudiés 11 8
E .1-2 Inventaires de matières nucléaires dans le cycle 11 8
E .1-3 Inventaire radiotoxique des déchets 12 1
E .1-4 Thermique des colis de déchets 12 2

E .2 Scénarios transitoires 12 2
E .2-1 Évolutions des inventaires de matières en parc RE P
et en parc REP + RNR 123
E .2-2 Évaluation de la faisabilité technique du scénario transitoir e
avec un parc REP 125
E .2-3 Évaluation de la faisabilité technique d'un scénario transitoir e
avec un parc mixte composé de REP et de RNR de génération IV 12 6
E .2-4 Évaluation de la faisabilité technique d'un scénario comportan t
un parc REP complété par des réacteurs dédiés ADS 12 9

E.3 Études d'impact 13 0


E .3-1 Objectifs et méthodologie 13 0
E .3-2 Résultats des études du Forum environnemental 13 3
E .4 Technico-économie des scénarios (Dereco) 13 3
E .4-1 Introduction : présentation des scénarios 133
E .4-2 Hypothèses principales communes à tous les scénarios 134
E .4-3 Résultats obtenus 135
E .5 Conclusions des études de scénarios 136

117
évaluation d'une solution de gestion de s • multi recyclage, suivant deux modes de transmu-

L déchets ne peut se faire qu'avec une vue glo-


bale du cycle (combustibles, réacteurs, usine s
du cycle) et non pas à la lumière des performance s
tation du plutonium et des actinides mineurs e n
RNR-Na de type EFR . En mode homogène, tous
les actinides sont mélangés au combustible et e n
d ' un seul de ses maillons . A ce titre, les études d e mode hétérogène, le neptunium est mélangé ave c
scénarios qui intègrent des hypothèses d'évolutio n le plutonium au sein du combustible alors que l'amé -
du cycle dans le temps sont essentielles pour éva- ricium et le curium sont recyclés en un seul pas -
luer l'intérêt et les possibilités de mise en oeuvre d e sage dans des cibles sous flux de neutrons localemen t
la séparation-transmutation . modérés . Pour la transmutation, cette dernièr e
Les études de scénarios fournissent une vue d'en - configuration permet de cumuler les avantages d u
semble du cycle et des déchets produits à diffé- niveau de flux élevé des réacteurs à neutrons rapide s
rents moments, depuis la situation actuelle jusq u ' à et des sections efficaces plus importantes des spectre s
des situations d ' équilibre (décrites au chapitre de neutrons ralentis (cf chapitre D .2-1) .
E.1), qui pourraient être atteintes en cas de fai- Par rapport aux réacteurs et au cycle actuels, ce s
sabilité après plusieurs décennies . Il faut don c scénarios prennent en compte de nouvelles fonc-
notamment évaluer des scénarios de transitio n tionnalités : multirecyclage du plutonium, recy-
(cf chapitre E .2) et leur faisabilité à partir du par c clage des actinides mineurs, mise en service d e
de réacteurs existant . Le CEA utilise le code d e nouveaux types de réacteurs à spectre de neutron s
calcul COSI pour simuler le fonctionnement d u rapides .
cycle du combustible (réacteurs et installation s La situation d ' équilibre est dite atteinte lorsque le s
du cycle), avec pour objectif de fournir, en fonc- quantités d 'actinides et leurs compositions isoto-
tion du temps, l'évolution des flux et des inven- piques restent stationnaires ; elle correspond à un
taires de matières nucléaires présentes dans l e équilibre théorique car il existe toujours de très
cycle et les caractéristiques des déchets produits . légères fluctuations autour de cet état, du fait d e
Toutefois, au-delà des chiffres, un scénario n ' es t la puissance unitaire de chaque type de réacteur s
considéré comme complet et donc porteur d ' in - qui ne permet pas une régulation parfaitemen t
formation sur son intérêt que lorsque sont pri s stable des flux .
en compte les impacts radioactifs potentiels e t Les hypothèses sont :
les éléments environnementaux (cf chapitre E.3) , • la quantité de ces radionucléides mise au déchet
ainsi que les aspects économiques globau x pour le long terme se limite aux pertes dans les dif -
(cf chapitre E.4) . férentes opérations du cycle ;
• le taux de récupération du plutonium et des acti-
nides mineurs lors des opérations de traitement
E.1 Possibilités théoriques : du combustible usé est fixé à 99,9 % ;
scénarios à l'équilibre • le combustible reste sept ans hors réacteur (cinq an s
de refroidissement en sortie de réacteur avant trai -
.À partir des résultats de transmutation obtenu s tement, et deux ans pour la refabrication), ce qu i
avec les différentes filières (cf chapitre D.4), de s correspond à une hypothèse réaliste .
scénarios, appelés scénarios " CN E " , ont été établi s Ces études de scénarios à l'équilibre permettent d e
à partir de l ' année 2000 . Ils reposent sur l ' utilisa - situer les potentialités de chaque scénario du poin t
tion de réacteurs nucléaires de technologie maîtri - de vue de la réduction de l'inventaire radiotoxiqu e
sée, c' est-à-dire les REP et les RNR à caloporteu r des déchets et des besoins théoriques en capacité s
sodium (RNR-Na) . d'installations par rapport à la situation actuelle :
elles ne préjugent en rien de la faisabilité du scé -
E .1-1 Scénarios étudié s nario considéré . De plus, l'atteinte de ces équi-
libres, en cas de faisabilité, nécessiterait plusieur s
Ces scénarios sont tous calculés pour un parc d e cycles complets et la mise en service des usine s
réacteurs de puissance électrique équivalente à cell e nécessaires pour les réaliser, et donc des durées d e
du parc français actuel produisant chaque année plusieurs dizaines d'années .
400 TWhe . Plusieurs modes de gestion du pluto-
nium et des actinides mineurs sont considérés : E.1-2 Inventaires de matière s
• multirecyclage du plutonium seul en parc RE P nucléaires dans le cycl e
de type EPR avec du combustible MIX (teneu r
massique en plutonium proche de 3 % sur suppor t Les résultats [VAR-03] des cycles à l ' équilibre pou r
uranium enrichi) ; les quatre scénarios " CNE " sont présentés de l a
• multirecyclage du plutonium et des actinide s figure E.1 à la figure E .4 . On y trouve les flux annuels
mineurs en parc REP de type EPR, avec du com- de matières qui définissent les besoins en capacit é
bustible de type MIX ; de chaque installation du cycle .

118
Les scénarios de séparation-transmutatio n
E > Possibilités théoriques : scénarios à l 'équilibr e

Ainsi, le scénario de recyclage dans les REP avec l e dans le cycle (réacteurs et usines) et la valeur de l a
combustible MIX conduit à un besoin de fabricatio n production de déchets ; pour comparaison sont éga-
annuelle de 820 tonnes de ce combustible au pluto- lement données celles correspondant à un scénari o
nium, ce qui correspondrait à environ six fois la capa - à cycle ouvert. C'est une référence importante, ca r
cité de l'usine Melox actuelle. De même, le recyclag e c ' est le scénario adopté par plusieurs autres pays e t
du curium dans ce type de combustible conduirai t la comparaison avec ce scénario donne la mesur e
à un flux annuel de curium de l'ordre de 3,6 tonne s des enjeux du traitement-recyclage du combustibl e
dans l ' usine de traitement et de fabrication des com- usé . On y trouve également les résultats qui corres-
bustibles MIX ; aujour d ' hui, le flux annuel de curiu m pondent au traitement de tous les UOX et au recy-
à La Hague n ' est que de l ' ordre de 100 kg . On constate clage, en un seul passage, du plutonium récupéré ;
donc que ce scénario implique des capacités et de s les MOX, non traités, sont entreposés (Mono MOX) .
performances beaucoup plus élevées des usines d u C' est aussi une référence pour évaluer le gain apport é
cycle, par comparaison avec celles des usines actuelles . par les traitements des MOX et le multirecyclag e
Le tableau E .1 donne les valeurs des inventaires du plutonium .

Bilan annuel du scénario de multirecyclage du Pu en REP (MIX )


Puissance électrique du parc : 60 G W
Production électrique annuelle : 400 TW h Déchets (kg )
Taux de combustion REP : 60 GWj/t Pu : 1 7
Pertes au traitement du combustible usé : 0,1 0/0 Np : 66 2
Am : 1 80 0
Cm : 90 0
U appauvr i
6 520 t ENRICHISSEMEN T U nature l
5,5 MUTS U
7320t
760 t

FABRICATION TRAITEMEN T
REP (MIX)
820 t 820 t

Pu
17 t

Figure E .1 : flux des matières avec multirecyclage du plutonium en REP .

Bilan annuel du scénario de multirecyclage du Pu, Np, Am et Cm en REP (MIX)


Puissance électrique du parc : 60 G W
Production électrique annuelle : 400 TW h Déchets (kg )
Taux de combustion REP : 60 GWj/t Pu : 2 3
Pertes au traitement du combustible usé : 0,1 % Np : 1
Am : 2, 6
Cm : 3, 6
U appauvr i
6 790 t ENRICHISSEMEN T U nature l T
5,7 MUTS 7 580 t

FABRICATIO N TRAITEMEN T
REP (MIX)
820 t 820 t

Pu :23t,Np :1 t
Am : 2,6 t, Cm : 3,6 t

Figure E .2 : flux des matières avec multirecyclage du plutonium et des actinides mineurs en REP.

11 9

Bilan annuel du scénario de multirecyclage du Pu, Np, Am et Cm en RNR (MOX )


Puissance électrique du parc : 60 GW
Production électrique annuelle : 400 TWh
Taux de combustion RNR : 140 GWj/ t
Pertes au traitement du combustible usé : 0,1 %
Déchets (kg )
Pu : 5 7
U appauvri Np : 0, 3
25 t Am : 2, 5
Cm : 0, 6

FABRICATIO N
Couverture radiale 25 t
T
FABRICATIO N
Coeur 272 t TRAITEMEN T
RNR (MOX (
Couverture axiale 60 t 357 t

1\1 T
Pu : 57 t, Np : 0,3 t
Am : 2,5 t, Cm : 0,6 t

Figure E .3 : flux des matières avec multirecyclage du plutonium et des actinides mineurs en RNR .

Bilan annuel du scénario de multirecyclage du Pu, Np et de monorecyclage du Am et Cm en RN R


Puissance électrique du parc : 60 G W
Production électrique annuelle : 400 TW h
Taux de combustion REP : 60 GWj/t
Taux de combustion RNR : 140 GWj/ t
Pertes au traitement du combustible usé : 0, 1

Am :1,5t ,
Déchets (kg )
Cm : 0,2 t
Pu : 35, 6
Np : 0, 8
Am : 1, 5
FABRICATIO N Rebuts 0,2 t
Cm : 0, 2
CIBLE S
Déchets cibles (kg ) T
U appauvr i
120 t
Pu : 6 0
Am : 1 5
Cm : 94
0
FABRICATION MO X TRAITEMEN T
RNR 33,4 GW e
157 t 519 t

T
Pu : 35,4 t
Np : 0,8 t

FABRICATION UO X
REP 26,6 GWe
362 t

ENRICHISSEMEN T U nature l
U appauvr i 2,8 MUTS 3 760 t
3 398 t

Figure E .4 : flux des matières avec multirecyclage du plutonium et du neptunium (mode homogène) et d e
l'américium et du curium (mode hétérogène) en RNR .

120

Les scénarios de séparation-transmutatio n

E > Possibilités théoriques : scénarios à l'équilibr e

Réacteur s RE P RE P RE P RE P RN R REP+RN R
Concept Cycle ouvert Mon o Multirecyclag e Multirecyclag e Multirecyclag e Multirecyclag e
MO X du Pu seul Pu et Pu e t Pu et N p
actinide s actinides Monorecyclag e
mineurs mineurs Am et C m

Inventaire permanent dans le cycle (tonnes ]

Pu 35 150 220 300 800 47 0


Np 2,4 6 5,3 13 4 11
Am 4 14 34 32 20
Cm 0,5 2 7,2 47 8 12

Masse d'actinides présents dans [es déchets [kg/an )

Pu 10 500 7 000* 17 23 57 96
Np 740 760 660 1,0 0,3 0, 8
Am 290 740 18 00 2,6 2,5 16
Cm 150 370 900 3,6 0,6 94

Gain en inventaire radiotoxique des déchets par rapport aux déchets du cycle ouvert

1 000 ans 1,2 3 390 210 70


10000 ans 1,5 3 350 150 50

* Pu entreposé en attente de traitement .

Tableau E .1 : inventaire théorique des actinides dans le cycle, production annuelle d'actinides dans les déchets et gain e n
radiotoxicité par rapport au cycle ouvert .

De la lecture du tableau E .1 ressortent les consta- Scénario s Temps (années) au bout Gain par rapport
tations suivantes : duquel la radiotoxicité est au cycle ouver t
équivalente à celle de l'Una t
• le multirecyclage du plutonium seul ne condui t
qu'à une réduction d'un facteur trois sur l'inven- Cycle ouvert 20000 0
taire radiotoxique des déchets, car il implique un e
Recyclage Pu en REP(MIX ) 4000 0 4
augmentation considérable de la masse d ' améri- 10
Recyclage Pu en RN R 20000
cium et de curium devant aller aux déchets ;
• le multirecyclage complet des actinides conduit à Recyclage en RNR ,
Pu+Np en homogène,
des gains importants en inventaire radiotoxique de s 2000 50
Am+Cm en un seu l
déchets (supérieurs à 100), quel que soit le type d e passage
réacteurs utilisés . En revanche, l ' inventaire en acti-
Recyclage homogèn e
nides mineurs circulant dans le cycle devient très (Pu+Np+Am+Cm ) 500 150
important, notamment dans le cas du scénario REP ; en RNR ou REP MX)
• l'utilisation de cibles d'actinides mineur s
(Am +Cm) atteignant de très forts taux de combus- Tableau E .2 : comparaison de l'inventaire radiotoxique des déchets produit s
tion en un seul passage en réacteur permet des gain s chaque année .
substantiels de 50 à 70, tout en se limitant à u n
monorecyclage des actinides mineurs .
d'inventaires radiotoxiques des déchets entre cen t
E .1-3 Inventaire radiotoxique des déchet s et un million d ' années, période au cours de laquelle,
suivant le scénario, la radiotoxicité devient équi-
À partir des calculs précédents, l'évolution, a u valente à celle de l'uranium naturel nécessair e
cours du temps, de l ' inventaire radiotoxique de s pour produire la même énergie que les parcs élec -
déchets (Pu, Np, Am, Cm et produits de fission ) tronucléaires étudiés . Pour chaque scénario, o n
produits, chaque année, par un parc électronu- donne dans le tableau E .2 le temps au bout duque l
cléaire à l'équilibre, est donnée sur les courbes d e les inventaires radiotoxiques des déchets sont équi -
la figure E .5 pour l'ensemble des actinides ; l a valents à celui de l'uranium naturel et, à cet ins -
radiotoxicité de l' uranium naturel nécessaire pou r tant, le gain sur l ' inventaire radiotoxique pa r
produire 400 TWhe par an en cycle ouvert y figur e rapport au cycle ouvert.
aussi . Pour tous les éléments, il s'agit d'une radio - On constate en RNR que le multirecyclage du plu-
toxicité potentielle par ingestion (calculée avec le s tonium seul permet un gain d ' un facteur dix pa r
coefficients de la CIPR 72) . rapport au cycle ouvert et que le multirecyclage d u
Pour luger de l'efficacité d'une politique de trans- plutonium et des actinides mineurs permet un gai n
mutation des actinides, on analyse ces courbes d'un facteur au moins dix supplémentaire .

12 1

E .1-4 Thermique des colis de déchet s


1 000 000 00 0
Les déchets figurant dans les inventaires précé-
100 000 00 0 dents ont une puissance thermique liée à leu r

BIFMMAMMENIIIME contenu en radioéléments . La réduction de l a


1000000 0

1 000 00 0 MIENIMMEMM 111 radiotoxicité du déchet, qui est l'objectif princi-


pal, amène aussi une réduction de leur puissanc e
thermique . L'évolution au cours du temps de cett e

iMI.-VeIANE
100 00 0 puissance thermique des colis de déchets produit s

=RiMihr annuellement par le parc électronucléaire dan s


1000 0

1 000 TOMMak1o. des situations d'équilibre est donnée sur l a


figure E .6 .
Après la décroissance de la contribution des pro -
100 duits de fission au-delà de trois cents ans de refroi -
10 0 1 000 10 000 100 000 1 000 00 0 dissement, la séparation des actinides plutonium ,
année s américium et, à un degré moindre, curium per -
met de gagner un facteur cent sur la puissanc e
Cycle ouvert
Recyclage Pu + Np + Am + Cm en RN R
résiduelle des colis de déchets par rapport au cycl e
_ Recyclage Pu en REP IMIX I
ouvert . Le multirecyclage du plutonium et d e
REP IUOXI + RNR : recyclage Pu en RN R
l ' américium en REP permet à mille ans de gagne r
Recyclage Pu + Np+Am+ Cm en REP (MIX ) REP (UOX) + RNR : recyclage Pu + N p
un facteur dix sur la thermique du colis de déche t
et monorecyclage Am+Cm en cible s
. _ _ Recyclage Pu en RNR
U nature l par rapport au seul recyclage du plutonium .
La diminution de la puissance thermique pour -
rait permettre de réduire le volume du stockag e
Figure E .5 : évolution de l'inventaire radiotoxique des déchets produits chaque anné e de façon plus ou moins importante selon le concep t
par un parc produisant 400 TWhe par an . de stockage retenu . La durée de l'entreposage d e
refroidissement nécessaire avant la mise en stoc-
kage est un élément complémentaire à étudie r
pour l ' optimisation globale de l ' entreposage et d u
stockage .

E.2 Scénarios transitoire s

MI- , 1 1
Les différentes situations d'équilibre décrites ci -
10000 1 SI Ï
I 1
dessus permettent de comparer différents parc s
de réacteurs du point de vue de la réduction de l a
100 0 radiotoxicité des déchets apportée par un recy-
I clage des actinides .
Trois études de scénarios transitoires à partir d u
1oo
parc actuel, qui est un parc REP, ont été menées .

10 11 Elles reposent sur :


• un parc REP prolongeant le parc actuel et fai-
sant du multirecyclage d'actinides ;
• un parc mixte composé de REP et de RNR d e
quatrième génération ; la transmutation des acti-
1%1 1 1 nides mineurs est effectuée uniquement dans ce s

0 .1 11001 derniers ;
• un parc REP complété par des réacteurs AD S
10 100 1 000 10 000 100 000 1 000 00 0
dédiés à la transmutation des actinides .
année s
La méthodologie des études comprend deu x
f Cycle ouvert Recyclage Pu+Am en REP C m
phases :
au CSD V • le calcul de l'évolution des inventaires depuis l a
- -Q- - Mono MOX
Recyclage Pu+Am situation actuelle du parc ;
- - O - - Recyclage Pu en RNR n en REP Cm entrepos é
• l ' évaluation de la faisabilité technique des prin-
Recyclage Pu +Np +Am+C m
- - - - Recyclage Pu en REP
en RNR cipales composantes du scénario (fabrication, réac -
teur, traitement, conditionnement et entreposag e
Figure E .6 : puissance thermique résiduelle . des déchets) lVAR-04bj .

12 2
Les scénarios de séparation - transmutatio n
E > Possibilités théoriques : scénarios à l'équilibr e

> Scénarios transitoire s

E.2-1 Evolutions des inventaire s


de matières en parc RE P
et en parc REP + RN R 1 400

1 20 0
À partir de la situation du parc en 2010, on déploi e
les différentes options sélectionnées pour chacu n 1 00 0
des deux premiers scénarios . À partir de cette date ,
les réacteurs présents utilisent des combustible s 80 0
m
C
MOX pour gérer le stock de plutonium . Puis le s ° 60 0
réacteurs sont remplacés au rythme autorisé pa r
la disponibilité en plutonium . On associe au recy- 400
clage du plutonium celui des actinides mineurs e n
tenant compte des teneurs admissibles dans les réac- 200
teurs que les études de filières ont permis d'évalue r
0
(cf chapitre D .4) . On peut suivre ainsi l ' évolution, 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100 2110 2120 213 0
au cours du temps, des inventaires en plutonium ,
américium et curium (figure E.7, figure E .8 e t année s
tableau E.3) contenus dans le cycle .
Les niveaux d ' inventaire et le temps nécessaire pou r —~-- Cycle ouvert Recyclage Pu+Np+Am+C m
en REPIMIX )
les atteindre dépendent évidemment des types d e f— Recyclage Pu+Np+Am+Cm en RN R
- - 1 - - Recyclage Pu en REPIMIX )
combustibles et de réacteurs utilisés . REPIUOX)+RNR : recyclage Pu + N p
et monorecyclage Am+Cm en cible s
On constate que, pour un parc de REP, on obtient
l ' inventaire en plutonium le plus faible : l ' utilisa -
tion de combustible MIX permet de stabiliser l e
plutonium à un niveau deux à trois fois plus faibl e Figure E .7 : inventaires en plutonium en fonction des scénarios transitoires .
que celui obtenu avec un parc de RNR refroidis a u
sodium à l'horizon 2100 . Ce scénario nécessite u n
parc composé à 100 % de REP chargés avec du com-
bustible MIX pour stabiliser l'inventaire en pluto-
nium et en actinides mineurs . Cela entraîne de s
besoins annuels en fabrication de combustibles a u
plutonium de l ' ordre de 800 tonnes pour un par c
produisant 400 TWhe par an, avec l'hypothèse d e
taux de combustion de 60 GWj/t.
Le concept MIX amène à une stabilisation en amé - 25 0
ricium et curium à un niveau supérieur d'u n
facteur deux à celui obtenu dans le cas du recyclag e 20 0
en RNR . Dans le cas du recyclage du plutonium seul ,
sous forme de MIX dans les REP, l ' inventaire e n
15 0
(américium + curium) en 2130 serait de l ' ordre d e a)C
370 tonnes . En ce qui concerne les isotopes supé - o
+
rieurs produits par capture neutronique des acti- 10 0
nides, la production cumulée d ' isotopes supérieur s
au curium 245 à partir de l'américium est très sen - 50
siblement moindre dans les RNR que dans les RE P
(dans un rapport 5 à 30) . Cela rend très difficile e n
0
terme de faisabilité le scénario de multirecyclag e 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100 2110 2120 213 0
du plutonium et des actinides mineurs en REP sou s
forme de combustible MIX . année s
La figure E .10 et la figure E .1 I illustrent l'évolu-
t Cycle ouvert REPIUOXI+RNR : recyclage Pu+N p
tion des inventaires en californium 252 . L' évolution
et monorecyclage Am+Cm en cible s
Recyclage Pu+Np+Am+C m
de l ' inventaire en curium 248 est analogue . Le s en REPIMIXI ---~— Recyclage Pu+Np+Am+Cm en RN R
inventaires cumulés présentent un écart de plus d e
trois décades entre le recyclage en REP et en RNR
(multiplié par 2 500 après dix recyclages) .
Le recyclage du curium en REP n ' étant donc pa s
une option réaliste, il est plus intéressant de consi - Figure E .8 : inventaires en (américium + curium) en fonction des scénario s
dérer le recyclage de l'américium seul . transitoires .

123

Inventaires (tonnes) Multirecyclage Pu + Am en RE P Mono MOX en REP et multirecyclage globa l


(MOX-UE + Am) (Pu, Np, Am, Cm . . .) en RN R

2035 2050 2070 2100 2035 2050 2070 210 0

Besoin en uranium 8 160 / 8 060 / 8180 / 850 0 7850 / 4200 / 4200 / 0/


naturel (annuels - cumulés) 430 10 3 550 10 3 710 10 3 960 10 3 430 10 3 515 10 3 600 103 660 10 3
UTS (annuel, M UTS/an) 6 6 6,2 6,6 6 3,2 3,2 0
Plutonium (total)* 384 454 466 489 455 576 685 84 8
Neptuniu m 17 31 45 66 22 38 30 22
Américiu m 44 56 58 62 50 61 65 47
Curium 9 .5 14 28 43 4 7 10 17
Actinides mineurs (total) 71 101 131 171 76 96 105 86
Américiu m
+ curium (total ) 54 70 86 10 5 54 68 75 64

TransUraniens (total) 455 555 597 659 531 672 790 93 4


Plutonium (hors réacteur ) 283 323 309 33 1 406 355 478 45 5
Transuranien s
(hors réacteur) 338 405 418 47 9 476 427 559 49 9
Part de combustibl e
avec TRU dans le parc 23 % 39 % 48 % 48 0% 50 % 50 % 100 %

Transuranien s
au stockag e
ou en EL D
65 86 120 177 27 28 29 30
incluant 26,9 t
de déchet s
vitrifiés avant 2020* *

* Total = Entreposages, Réacteurs, Usines, Stockage . Ces valeurs incluent le Pu issu de la décroissance du Cm entreposé .
** Inventaire de TRU en tonnes (Pu, Np, Am et Cm) dans le stockage (déchets vitrifiés), dans les entreposages de longues durées de combustibles irradiés no n
recyclables selon le scénario ou de matières spécifiques . Pour un cycle ouvert, les valeurs en 2035, 2050, 2070 et 2100 sont respectivement : 573, 750, 984 et 1333 .

Tableau E .3 : évolution des inventaires en parcs REP et (REP+RNR) .

Le recyclage de l'américium seul utilisant le concep t Dans le cadre d'un groupe de travail regroupan t
MOX-UE-Am amène également à générer un inven - différents acteurs et associations (Areva, CEA ,
taire pratiquement double en américium + curium, CNRS, DGEMP, EDF, Global Chance, WISE -
comparé à celui obtenu dans le cas du recyclage e n Paris) sous l'égide de la Commission particulièr e
RNR ; l' inventaire en curium est multiplié par u n du débat public sur la gestion des déchets radio -
facteur deux et demi en 2100 . Seul le scénario actifs, une comparaison a été faite par le CEA e t
(REP+RNR) permet d'avoir un inventaire e n le CNRS entre le scénario (REP + RNR) avec trans-
actinides mineurs en baisse en 2100 (tableau E.3) . mutation des actinides mineurs en RNR à parti r

Actinides mineurs dans HA-VL Actinides mineurs dans le cycl e


30 0 30 0

20 0 20 0
u,N u,N
C C
C
0 o
100 10 0

0
sans transmutation avec transmutation
0 =MI
sans transmutation avec transmutatio n

Figure E .9 : effet de la transmutation sur les matières associées à un parc REP + RNR .

124

Les scénarios de séparation - transmutatio n

E > Scénarios transitoires

de 2040 et le même scénario avec un multirecyclag e


252 Cf (REP 1300 MWe )
du plutonium seul et sans transmutation des acti-
12 0
nides mineurs . La transmutation en 2040 perme t
de réduire d'un facteur cinq la masse des actinide s 10 0
mineurs envoyés aux déchets ultimes en 90 ans .
En revanche, la masse d'actinides mineurs dan s
le cycle augmente de 70 % (figure E.9) [GRO-051 . 60
Les caractéristiques physiques des réacteurs à neu-
trons rapides permettent d 'envisager un scénario 40
de transmutation des actinides mineurs avec u n
20
recyclage intégral des actinides sans accumulation
d'isotopes supérieurs, leur concentration tendan t
vers un équilibre . Cela est aussi vrai pour le scé- 0 2 4 6 8 10 12
nario utilisant les systèmes dédiés à la transmuta - nombre de cycle s
tion, tels que les ADS, qui fonctionnent en spectr e
de neutrons rapides . Figure E .10 : inventaire en réacteur du 252 Cf lors du multirecyclage en REP des acti-
La méthodologie des études comprend deu x nides (en mode homogène) .
phases . Après ce premier calcul, portant sur le s
inventaires de deux scénarios, les paragraphes sui -
vants décrivent l'évaluation de la faisabilité tech -
nique des principales composantes des troi s 252Cf (RNR 1500 MWe)

scénarios considérés . 0,0 5

0,0 4
E .2-2 Evaluation de la faisabilit é
technique du scénario transitoir e
0,0 3
avec un parc RE P E
E
0,0 2
Ce chapitre synthétise les résultats d'un scénari o m
transitoire de mise en oeuvre de la séparation de s
0,01
actinides à partir de 2020 avec entreposage du nep-
tunium et du curium et recyclage de l'américiu m
0
sous forme de MOX-UE en EPR dans un parc élec - 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 1 5
tronucléaire produisant 400 TWhe par an . nombre de cycles
Dans les usines de fabrication de combustible MO X
(du type Melox) ou de traitement (du type La Hague Figure E .11 : inventaire en réacteur du 252 Cf lors du multirecyclage en RNR des acti-
UP2 et UP3), les limitations sont liées : nides (en mode homogène) .
• aux puissances thermiques ;
• aux risques de criticité ;
• à la dosimétrie et à la radioprotection ; tée en fonction de l'ajout d'américium . Les calcul s
• à la qualification des procédés . des études de filières (cf chapitre D .4-4) donnen t
Ces contraintes limitent les flux massiques géré s des teneurs massiques, dès le premier recyclage ,
dans les ateliers et les installations du cycle ains i de 8 % en plutonium et de 1,13 % en américium .
que la composition des combustibles et leurs carac - Dans le combustible MOX-UE-Am pour les recy -
téristiques . Bien que ce scénario mette principale - clages ultérieurs, les teneurs massiques varient d e
ment en œuvre des procédés et des technologies la façon suivante :
connus, le passage en cellules blindées est à pré - *plutonium : 8 % à 6,7 % (teneur lors de l'atteint e
voir dans les différentes opérations du cycle . de l ' équilibre),
Concernant la fabrication, la somme des teneur s • uranium 235 : 2,9 % à 5,4 % ,
en plutonium et en américium ne respecte pas l a •américium : 1,13 % .
spécification qui permettrait de manipuler c e En ce qui concerne le comportement des combus-
mélange à l'usine de fabrication Melox . De plus , tibles sous irradiation, les difficultés sont liées à l a
la présence de plutonium 238 présente une péna- production d ' hélium qui peut entraîner, notam-
lité sur les capacités de cette usine . ment en REP, un non-respect du critère de pres-
Pour le traitement du combustible usé, un flux annue l sion interne dans le crayon . Dans ce cas, la conception
de 3,6 tonnes de curium séparé serait à prendre e n du crayon doit faire l ' objet d ' évaluations plu s
compte, à comparer à environ 100 kg manipulé s détaillées (adaptations de la hauteur de la colonn e
aujourd'hui à La Hague . de combustible et de la pression initiale d'héliu m
La conception du combustible MOX doit être adap - dans le crayon) (cf chapitre D .5-3) .

125

D'autre part, des changements de stoechiométrie Les enseignements principaux qui peuvent être tiré s
des composés d'oxyde d'américium peuvent appa - des études de ce scénario sont les suivants :
raître dès 1 200 °C, sous irradiation et lors de la • le gain, évalué en 2100, sur les inventaires en acti-
fabrication . Il peut en résulter le besoin de déve - nides (hors uranium) apporté par le recyclage d e
lopper un procédé de fabrication spécifique pou r l'américium est limité ;
le combustible MOX avec américium . • une usine spécifique pour la fabrication de (MOX -
Durant ce scénario transitoire, les REP actuels son t UE-Am) est nécessaire, dès la mise en oeuvre de s
progressivement remplacés par des EPR . Le parc à combustibles américiés en 2020 en raison des limi-
l'équilibre est atteint en 2055 avec : tations actuelles de l'usine Melox ;
• 52 % du parc constitué d ' EPR chargés de com - • un enrichissement de 3,3 % en 2a U est nécessaire
bustible UOX ; dès le premier recyclage (et 6 % en 2100) ;
• 13 % du parc constitué d ' EPR chargés de com- • la fraction moyenne en '"Pu/Pu dépasse 10 % dans
bustible MOX-UE recyclant du Pu ; le combustible usé à traiter dès le premier recyclage .
• 35 % du parc constitué d'EPR chargés de com- Cette valeur présente une pénalité sur les capacité s
bustible MOX-UE recyclant Pu et Am . d'une usine de type Melox pour la fabrication o u
Par rapport à un scénario de monorecyclage du plu- celle d'UP2 pour le traitement ;
tonium sous forme de MOX dans les REP, le scé - • l'inventaire en curium augmente très fortement :
nario multirecyclage du plutonium et de l 'américiu m 40 t environ en 2100 dont environ 11 t de'45 Cm ,
en MOX-UE permettrait de gagner 40 % sur l ' in - dont la faible masse critique en solution aqueus e
ventaire (Pu+Am+Cm) en 2100 mais en augmen- (42 g) pourrait se révéler rédhibitoire .
tant la quantité de curium d ' un facteur quatre environ . Compte tenu de ces difficultés, la transmutation d e
Dans l'hypothèse de la mise en oeuvre d'un te l l ' américium en REP apparaît peu réaliste .
scénario, les nouveaux ateliers à construire pou r
une mise en service vers 2020-2025 seraient le s E .2-3 Evaluation de la faisabilit é
suivants : technique d'un scénario transitoire
• un atelier, en tête de l'usine de traitement, adapt é avec un parc mixte composé de RE P
au traitement quantitatif du combustible MOX ; et de RNR de génération IV
• un atelier de séparation des actinides mineur s
incluant les fonctions Diamex, Sanex et Diamex 2 ; Ce scénario a été examiné en considérant que l e
il est équipé d' une fonction de traitement pour l e RNR est un réacteur de quatrième génération ,
recyclage des solvants organiques ; qui fait appel soit à l'utilisation de sodium liquid e
• un atelier de co-conversion des actinides géran t comme caloporteur dont la technologie est connu e
des flux uranium, neptunium, curium et un flu x et maîtrisée (RNR-Na), soit à l'utilisation d'u n
plutonium-américium ; caloporteur gaz de technologie innovante (RCG) .
• un atelier de fabrication de combustible MOX o u L'introduction des systèmes de quatrième géné-
combustible MOX-UE avec américium ; ration, tels que les RNR à caloporteur gaz, a u
• un entreposage de neptunium et de curiu m cours du xxi' siècle répond aux objectifs de l'uti-
(figure E.12) . lisation optimale des ressources naturelles et de l a
minimisation de la production de déchets radio-
actifs à vie longue .

60 Pour le RNR-Na, dont les configurations de coeu r


sont déjà bien connues, deux modes de recyclag e
50 des actinides mineurs ont été examinés, le premie r
-me- C m étant un recyclage hétérogène de l'américium et d u
40 curium dans des cibles, le second étant un recyclag e
homogène . Pour le RNR refroidi au gaz, dont le s
30 premières études ont commencé récemment, seu l
o le recyclage intégral des actinides en mode homo -
20 gène a été considéré .

10 • RNR À CALOPORTEUR SODIU M

0 Dans le cas du recyclage homogène, la faisabilité


2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 210 0 technique est démontrée en ce qui concerne le s
année s opérations d ' enrichissement, de fabrication de s
Figure E .12 : scénario de recyclage Pu et Am en REP(MOX-UE) : entreposage N p combustibles MOX et le fonctionnement des réac-
et Cm après séparation . teurs REP et RNR au sodium .

126
Les scénarios de séparation-transmutatio n

E > Scénarios transitoires

À condition d ' être limitée à quelques pour cent , La solution de nitrates d'américium et de curiu m
l'introduction des actinides mineurs en mod e issue de l'étape Sanex est convertie, après deu x
homogène dans le coeur des réacteurs RNR n ' a étapes de concentration, en oxyde mixt e
qu ' un très faible impact sur les paramètres d e (Am + Cm)O 7 par un procédé sol-gel déjà mis e n
sûreté, comme l'ont montré les études de filière s oeuvre (à l'échelle du laboratoire) pour la synthès e
(cf chapitre D .4-4) . de microsphères d'oxydes d'uranium et de pluto-
L'ajout de neptunium dans les combustibles MO X nium . Les caractéristiques radioactives de l'amé-
des RNR-Na a déjà fait l'objet d'un test de fabri- ricium étant proches de celles du plutonium, c e
cation sans difficulté particulière avec la fabrica- procédé pourrait donc être extrapolé technique -
tion Nacre au CFCa . La faisabilité d'une fabricatio n ment à la fabrication d ' AmO2 ; par contre, la pré -
à l'échelle industrielle du combustible MOX a u sence du curium, présentant un fort dégagemen t
neptunium, en s ' appuyant sur les procédés mis e n thermique (80 fois plus élevé que celui du mélang e
oeuvre en boîtes à gants dans les usines Cogem a MOX à 12 % en teneur plutonium), nécessitera u n
(Melox et CFCa) pour la fabrication des combus- saut technologique pour mettre en oeuvre ce pro -
tibles MOX de Super-Phénix, moyennant un e cédé de conversion . Pour la fabrication des pas -
adaptation de la radioprotection, est considéré e tilles cibles (Am+Cm) sur support MgO, le procéd é
comme acquise . L' ajout d 'américium dans les com- par métallurgie des poudres est similaire à celu i
bustibles MOX nécessitera l ' utilisation de chaînes mis en oeuvre à Melox pour fabriquer les combus-
blindées . Le cas spécifique de la fabrication ave c tibles MOX . La présence du curium, fort émet-
ajout de curium reste à étudier . teur neutrons et alpha, impose l'utilisation d'atelier s
de fabrication avec cellules blindées et la faisabi -
Pour le traitement des combustibles usés, on consi - lité technique du procédé dans ces conditions reste
dère une seule usine comportant deux chaînes dis - à démontrer.
tinctes en tête d ' usine : l' une pour les combustible s
UOX, dont les techniques sont issues des procédé s L' assemblage cible est constitué d ' aiguille s
de cisaillage et de dissolution continue de l'usin e d ' (Am+Cm)02+MgO et d ' aiguilles modératrice s
UP3 de La Hague, et l'autre pour les combustible s d ' hydrure d 'yttrium pour thermaliser le flux neu-
MOX-RNR, dont les techniques s 'appuient sur l e tronique en réacteur (cf chapitre D .5-4) .
livre de procédés de l ' usine MAR600 (projet d' usin e Après le passage en réacteur, les cibles irradiée s
de traitement de combustibles RNR-Na élabor é contiennent 90 % de produits de fission et 10 %
dans les années 1980) complété par une adaptatio n d ' actinides (Pu+Am+Cm) ; les assemblages son t
du dissolveur discontinu mis en oeuvre à l'atelie r démantelés avant traitement comme les assem-
pilote de Marcoule . blages standards des RNR . Les deux types d ' ai-
Dans le cas du recyclage hétérogène dans des cibles , guilles (cibles et modératrices) sont séparés e t
le scénario mixte (REP + RNR) intègre certaine s conditionnés dans un conteneur de stockage .
difficultés techniques dues à la gestion de l ' améri - La faisabilité du recyclage de l'américium et d u
cium et du curium sur un minimum de flux de neptunium en combustible homogène dans u n
matières . Ila donc fait l'objet d'études détaillées por - RNR-Na est acquise ; l ' ajout de curium nécessite
tant sur les différents composants du cycle (fabrica- des études complémentaires . Pour les cibles, le recy -
tion des combustibles et cibles, passage en réacteur , clage hétérogène de l ' américium a été expérimenté
traitement des combustibles usés, gestion des cibles) . en réacteur avec succès ; l ' ajout de curium passe pa r
Les travaux ont donc porté sur : un saut technologique à étudier pour la fabrication .
• le traitement des combustibles usés avec sépara -
tion poussée ; • RNR À CALOPORTEUR GAZ
• la fabrication du combustible au neptunium ;
• la fabrication des cibles d'américium et de curium ; L'introduction des RNR à caloporteur gaz dépend
• la conception de l'assemblage cible et ses consé- de la maturité industrielle de ces systèmes, envi-
quences sur la neutronique du coeur du RNR-Na ; sagée pour 2035 dans l ' état actuel des connaissances .
• la gestion des cibles irradiées considérées comm e Cette date correspondant au besoin de renouvel-
déchets à long terme . lement des usines du cycle actuelles, cela devrai t
Sur le premier thème, l'enchaînement des procé- permettre de minimiser les investissements dan s
dés Purex, éprouvé à La Hague, puis Diamex e t de nouvelles usines du cycle en réalisant les évo -
Sanex, développés dans les installations d'Atalant e lutions nécessaires, atelier par atelier ou à traver s
(cf chapitre C) devrait permettre de récupérer le s une jouvence globale des usines .
flux d ' uranium et de (plutonium +neptunium) d 'une Le premier renouvellement des réacteurs du par c
part et le flux d'actinides mineurs (américium + se fait de 2020 à 2050, selon les hypothèses d'ED F
curium) d'autre part, avec une performance de récu- (à partir de 2020 avec des EPR, puis à partir d e
pération de 99,9 9 pour ce dernier. 2035 avec des RNR à caloporteur gaz) .

127

Puissance thermique 2400 MWt h Le plutonium est monorecyclé en REP jusqu ' en
(100 MW/m 3 du coeur ) 2025 (date d 'arrêt des REP 900 MWe recyclant l e
Puissance électrique 1158MWe
plutonium) . Afin de préserver les ressources e n
Gestion 3 x 744 JEP P
plutonium pour démarrer les RNR, celui-ci n ' es t
Taux de combustion 100GWj/t pas recyclé dans les EPR . De 2025 à 2035, les com-
Masse métal lour d bustibles usés UOX et MOX sont entreposés e t
52,86 tonne s traités . À partir de 2035, le plutonium et les acti-
dans le coeur
nides mineurs sont recyclés, sous forme homogène ,
Temps hors réacteu r 1 an (refroidissement )
+ 2 ans (refabrication ) dans les combustibles des RNR à caloporteur gaz ;
la séparation des actinides mineurs est mise e n
Tableau E .4 : caractéristiques du RNR à caloporteu r oeuvre en 2020 avec entreposage de ces derniers e n
gaz, utilisant du combustible à aiguilles, prises e n attente de recyclage .
compte dans les études de scénario .
Les RNR à caloporteur gaz recyclent de manièr e
homogène l'ensemble des actinides et résorbent l e
stock et la production du parc REP actuel .
En 2080 débute la deuxième phase de renouvel-
lement du parc, les EPR ayant atteint une duré e
de vie de soixante ans sont remplacés par des RN R
à caloporteur gaz qui composent l ' intégralité d u
90 0 parc en 2095 .
Plusieurs RNR à caloporteur gaz sont étudiés .
80 0
Celui pour lequel les études de neutronique et d e
70 0 comportement du combustible sous irradiatio n
sont aujour d 'hui les plus abouties a été retenu dan s
60 0
tu ce scénario . Ce RNR utilise une configuration d e
500
C
C Actinides mineurs combustible à aiguilles, appelée " solution solide " ,
o
400 et ses caractéristiques principales sont indiquée s
dans le tableau E .4 .
30 0
Les courbes de la figure E .13 et de la figure E .1 4
20 0 donnent l ' évolution de l ' inventaire en plutoniu m
100 et en actinides mineurs dans le parc électronu-
cléaire, et notamment en entreposage .
0
2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100 211 0
Les inventaires en plutonium et en actinide s
années
mineurs tendent A. se stabiliser vers respectivemen t
820 tonnes et 55 tonnes . La mise en service de s
Figure E .13 : évolution de l'inventaire total des actinides dans le cycle . RNR à caloporteur gaz dès 2035 permet de résor-
ber, en une quinzaine d'années, les actinides mineurs
entreposés à partir de 2020 suite au traitement de s
combustibles UOX et MOX des REP pour ali-
menter en plutonium les RNR .
35
Concernant les besoins en enrichissement, la valeur
30 maximale atteint 7,5 MUTS de 2025 à 2035 pui s
décroît à une valeur de 3 M UTS nécessair e
25 entre 2045 et 2080 . La mise en service des RNR à
entreposage actinides mineur s
caloporteur gaz permet de diminuer fortement ce s
â 20 besoins, jusqu' à les annuler en 2095 .
C
C
o Les graphes de la figure E .15 donnent les besoin s
15
annuels en traitement des combustibles REP (UO X
10 et MOX) et des combustibles RNR, de façon à satis -
faire les besoins en plutonium pour alimenter le s
RNR . Le traitement des MOX du parc actuel a
lieu sur une dizaine d'années entre 2025 et 2035 ;
0 le traitement des combustibles des RNR début e
2020 2040 2060 2080 210 0
vers 2045 .
année s Les usines spécifiques pour le cycle des RNR à
caloporteur gaz de quatrième génération sont à
Figure E .14 : quantité d'actinides mineurs à entreposer. introduire :

128

Les scénarios de séparation -transmutatio n


E > Scénarios transitoire s

• en 2030, pour la fabrication du combustible ;


• en 2040, pour le traitement du combustible e n
1 00 0
chaîne blindée, date de renouvellement prévisibl e
90 0
des usines de La Hague .
80 0
On peut concevoir une usine modulaire de traite - 70 0
ment avec des procédés hydrométallurgiques per -
60 0
mettant de traiter, à partir de 2040, les combustible s
c 50 0
UOX usés et, à partir de 2045, en plus le s o
combustibles usés des systèmes de quatrièm e 40 0

génération, sur la base d'une extraction sans sépa- 30 0


ration de l'ensemble des actinides (moyennant un e 20 0 .,- .. -y .v ♦
extraction préalable d'une partie de l'uranium) .
100
Deux ateliers équivalents à l ' atelier de cisaillage-
0
dissolution de La Hague seraient alors nécessaires , 2000 2020 2040 206 0 2080 210 0
chacun étant dédié à un type de combustible .
année s
L'atelier de traitement serait adapté à un procéd é
de séparation groupée de l'ensemble des actinides , --t— REPIUOXI —i— REPIMOXI ! RN R

après séparation partielle de l ' uranium . Les pro -


duits sortants seraient alors, d'une part, un flu x
Figure E .15 : besoins annuels en traitement .
d'uranium seul et d'autre part, un flux d'uraniu m
et de transuraniens . La fabrication des combus-
tibles des RNR de quatrième génération nécessit e
un mélange ajusté de ces deux flux . 45
Ce scénario permet de répondre à l'objectif d e 40
minimisation des actinides mineurs grâce au recy -
35
clage global des actinides qui est possible dans ce s
RNR . Ceux-ci ont la capacité de traiter leurs propre s 30
déchets ainsi que les actinides mineurs produit s
25
par le parc REP actuel . La faisabilité de princip e
d'un tel scénario associé à l'utilisation d'un spectre cu
3 20

de neutrons rapides est acquise . Toutefois, la mise 15


-------------------------------- -
en oeuvre de tels systèmes nécessite des études consé -
10
quentes pour lever les verrous technologiques asso-
ciés notamment à la sûreté des réacteurs à 5
caloporteur gaz, à la définition et à la fabricatio n 0
du combustible et au recyclage intégral par sépa- 203 5 2045 2055 2065 2075 208 5
ration groupée des actinides .
année s
E .2-4 Evaluation de la faisabilit é EPRIUOXI EPRIMOX-UEI ADS réacteur GEN IV

technique d'un scénari o


comportant un parc REP complét é Figure E .16 : puissance électrique installée du parc .
par des réacteurs dédiés ADS

Dans l ' hypothèse où le parc serait constitué des réac-


teurs actuels remplacés progressivement par de s Avec une durée de vie de soixante ans des réacteur s
réacteurs de troisième génération EPR au cours d u EPR, le remplacement des EPR intervient à parti r
xxrr siècle, un scénario consisterait à déployer un e de 2080 par des réacteurs de quatrième génération .
"strate" d'ADS dédiée au recyclage des actinide s La figure E .16 donne la puissance installée par typ e
mineurs produits par ce parc de RER On présent e de systèmes.
dans ce chapitre les résultats relatifs à un tel scéna - L' ADS est constitué d ' un coeur à neutrons rapide s
rio transitoire avec les hypothèses suivantes : refroidi au gaz ; les principales caractéristique s
• 2045, début de l'introduction des ADS (durée d e sont données dans le tableau E .5 .
vie : quarante ans) ; La limite envisageable aujourd ' hui pour l ' ADS es t
• 2020, mise en oeuvre de la séparation des actinide s une puissance unitaire de 400 MWth .
mineurs ; Pour satisfaire le besoin électrique de 400 TWh e
• recyclage du plutonium sous forme de MOX-U E par an, 375 réacteurs de ce type seraient nécessaires .
dans les EPR . Cela montre bien que les ADS ne peuvent êtr e

129

Puissance thermique 400 MWt h En 2080, date supposée dans cet exercice de déploie -
Puissance électrique 160 MWe ment des systèmes de quatrième génération, l a
" strate " d ' ADS mise en service à partir de 204 5
Gestion 3 x 320 JEP P
permettrait de diminuer l'inventaire en actinide s
Masse métal lour d
9,3 tonne s mineurs d ' un facteur 2,3 par rapport à un scéna-
dans le coeur
rio de recyclage du plutonium seul en EPR et d ' u n
Temps hors réacteur 1 an (refroidissement )
facteur 1,5 par rapport à un scénario de recyclage
+ 2 ans [vieillissement ]
du plutonium et de l ' américium en EPR. Toutefois ,
Consommation moyenn e Np : - 22 kg/TWh e
pour ce scénario ADS, cet inventaire est plus élev é
en actinides mineurs su r Am : - 83 kg/TWh e
que dans le cas d'un recyclage homogène des acti-
la durée de vie de )'ADS Cm : - 4 kg/TWh e
nides mineurs en réacteur critique à neutron s
Tableau E .5 : caractéristiques de l'ADS, utilisant d u rapides .
combustible à aiguilles, prises en compte dans le s Ce scénario permet de répondre à l'objectif de réduc -
études de scénario . tion des actinides mineurs grâce aux ADS dédié s
à leur recyclage . Ces systèmes ne sont pas encor e
disponibles pour en tester la viabilité et les perfor-
considérés qu' en complément d ' un parc de réac- mances . Leur mise en oeuvre nécessite des étude s
teurs consacré à la production d ' électricité . conséquentes pour lever les verrous technologique s
Pour recycler les actinides mineurs produits pa r associés notamment au pilotage et à la sûreté d u
les REP et séparés à partir de 2020, le déploiemen t réacteur sous-critique, à la fiabilité de l ' accéléra-
de 33 ADS (fraction de 7 % du parc) serait néces - teur, à la tenue des matériaux et à la définition, l a
saire entre 2045 et 2060 . Ce nombre pénalise for- fabrication et le recyclage de combustibles conte-
tement cette option, compte tenu du coût estim é nant beaucoup d ' actinides . Quel que soit le résul-
élevé de ) ' ADS par rapport à celui d ' un RNR d e tat de ces études, ces systèmes resteront plu s
même puissance qui est aussi capable de recycle r complexes et plus coûteux que les réacteurs cri -
les actinides mineurs (l'ordre de grandeur de l'in- tiques à neutrons rapides .
vestissement pour une chaudière ADS est supé -
rieur de 50 % à celui d ' un RNR conventionnel) .
La figure E .17 donne l'évolution de l'inventair e E.3 Études d'impac t
en actinides (Am+Np+Cm) dans le parc élec-
tronucléaire dans ce scénario ADS en le com- E .3-1 Objectifs et méthodologi e
parant à ceux calculés dans le cas du recyclage
du plutonium seul dans les EPR sous forme d e L'article premier de la loi de 1991 stipule que u la
MOX-UE et dans le cas du recyclage du pluto- gestion des déchets radioactif à haute activité et à vie
nium et de l ' américium dans les EPR sous form e longue doit être assurée dans le respect de la protec-
de MOX-UE-Am . Les premiers recyclages tion de la nature, de l 'environnement et de la santé,
conduisent à transmuter les actinides vers de s en prenant en considération les droits des génération s
éléments supérieurs comme le Cm, Cf avan t futures , .
d ' atteindre un équilibre entre la production e t Le Forum d ' échange constitué par l ' Andra, le CEA,
la consommation in situ . Cogema, EDF, Framatome-ANP et l ' IRSN a entre-
pris, depuis 1998, de réaliser l ' évaluation environ -
nementale et sanitaire de différents cycle s
30 0
électronucléaires prospectifs, du point de vue d e
recyclage du Pu seul en MOX-U E
la gestion des déchets radioactifs à haute activit é
25 0 recyclage des actinides mineurs en ADS et à vie longue .
recyclage de l'Am en MOX-U E L'objectif est d'apporter des éléments de répons e
20 0
à des questionnements récurrents relatifs pa r
exemple :
15 0
co • aux enjeux écologiques et sanitaires associés à l a
filière électronucléaire ;
10 0
• aux caractéristiques environnementales et sani-
taires pertinentes d'une gestion des déchets radio-
50
actifs ;
• à la comparaison des différentes solutions de ges -
0
tion des déchets ;
2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 208 0
• à la prise en compte, dès la conception d'un cycle ,
année s
de la gestion des déchets radioactifs et de tous le s
Figure E .17 : inventaire total (Am+Np+Cm) dans le cycle . effets environnementaux à l'échelle locale et globale .

130
Les scénarios de séparation-transmutatio n
E > Scénarios transitoire s
> Études d'impact

LE FORUM D'ÉCHANG E
• Le Forum d'échange constitué par l'Andra, le CEA, Cogema, EDF, Framatome -ANP et l'IRSN a entre -
pris, depuis 1998, de réaliser l'évaluation environnementale et sanitaire de différents cycles électro -
nucléaires prospectifs . Il s'agit d'examiner quels pourraient être les impacts de solutions de gestio n
contrastées des déchets radioactifs à haute activité et à vie longue, telles qu'elles pourraient êtr e
développées au cours des prochaines décennies . Cinq scénarios à l'équilibre et un scénario transi-
toire ont été retenus .
• L'originalité de la démarche d'évaluation retenue par le Forum repose sur la mise en cohérence e t
l'articulation inédites de trois composantes reconnues :
- la simulation neutronique du cycle électronucléaire (utilisation du code COSI) pour décrire le scéna-
rio et calculer l'évolution des inventaires de radionucléides et des déchets ;
- l'Analyse de Cycle de Vie (ACV) : pour l'évaluation des impacts environnementaux potentiels associé s
au bilan matière et énergétique de l'ensemble des étapes de la filière ;
- les études d'impact : pour l'évaluation des enjeux sanitaires locaux associés aux rayonnement s
ionisants des installations et des centres de stockage .
• Le Forum a retenu des critères pour chacune des trois composantes mentionnées pour l'évaluation envi-
ronnementale et sanitaire d'un cycle électronucléaire .
• Le résultat est que l'on ne peut pas différencier sur le plan environnemental (c'était le cahie r
des charges initial du Forum d'échange) les six scénarios sélectionnés en fonction de leur illus -
tration d'un type de gestion de déchets . Les principales différences enregistrées portent sur :
- l'économie de ressource en uranium générée par les scénarios utilisant des RNR ; l'utilisation de RN R
permet de réduire d'un ordre de grandeur la consommation d'uranium française ;
- la diminution des émissions de gaz à effet de serre, de par l'utilisation des RNR . Mais ce gain ne repré-
senterait que moins de 0,3 % du total des émissions françaises de gaz à effet de serre .

Ces éléments de réponse doivent constituer un e de cette approche est de représenter correctemen t
base d'information reconnue par la communaut é le potentiel de différentes solutions de gestion ; s a
scientifique sur les enjeux environnementaux afi n limite principale est q u ' à partir d ' un parc réaliste ,
de s ' assurer que les risques sont bien identifiés e t il faut toujours des dizaines d'années (et parfois d e
évalués . l'ordre de cent ans ou plus) pour atteindre de tel s
états d ' équilibre . Il faut donc aussi évaluer des scé -
La gestion des déchets radioactifs concerne la tota - narios de transition à partir du parc existant . Ainsi ,
lité de l ' aval du cycle, indissociable de l ' amont d e cinq scénarios à l ' équilibre et un scénario transi-
la filière : l'arrêt du traitement et recyclage, pa r toire ont été retenus, basés sur les études dévelop -
exemple, entraînerait A. moyen terme —à produc- pées dans le cadre des scénarios "CNE" (cf chapitres
tion d ' électricité constante— un besoin accru e n E.1 . et E.2) .
uranium naturel . La méthodologie des études d'im -
pact doit donc prendre en compte l'ensemble d u La notion d'environnement est particulièremen t
cycle électronucléaire sous forme d ' évaluations d e complexe à appréhender. La norme international e
scénarios, dans lesquels quatre fonctions sont spé - ISO 14001 précise q u ' évaluer l ' impact environne -
cifiquement dédiées aux déchets : conditionne - mental d'une activité humaine consiste à caracté-
ment, stockage, entreposage de longue durée e t riser toute modification de l'environnement ,
couple séparation-transmutation . négative ou bénéfique, résultant totalement ou par -
Un consensus technique semble se faire jour aujour - tiellement de cette activité . Ces modifications d e
d'hui sur le fait que la reprise des déchets MA-V L l'état de l'environnement peuvent être réversible s
et HA existants n ' offre pas d ' intérêt identifié . La ou irréversibles, locales ou globales .
gestion de ces déchets devrait donc logiquemen t L'élargissement du domaine d'investigation au
faire appel aux fonctions entreposage, stockage . cycle de vie clans son intégralité présente un avan-
Les choix apparaissent plus ouverts en ce qu i tage majeur : celui de prendre en compte les éven -
concerne la gestion des déchets futurs . C'est don c tuels déplacements d'impacts induits par l a
dans cette optique que le Forum a placé ses tra- modification d'une caractéristique de la gestion d e
vaux . Il s ' agit d ' examiner quels pourraient être le s l' aval du cycle . Lors de l ' évaluation d ' une gestio n
impacts de solutions de gestion contrastées, telle s de déchets seront pris en compte non seulemen t
qu ' elles pourraient être développées au cours de s l ' impact du stockage mais également les impact s
prochaines décennies . de l'ensemble des installations du cycle associé .
Le Forum a choisi des scénarios décrivant des situa - La volonté de prise en compte des déplacement s
tions d'équilibre où le bilan massique du parc e t éventuels de pollution introduit naturellemen t
les compositions isotopiques sont stables . L'avantage une seconde notion : celle d'approche multicri -

131
COS I
Code de calcul, outil de description Critères d'efficacité
d'un parc électronucléaire des scénarios
modélisation du cycle du combustible vis-à-vis de la réductio n
des déchets
/

Donnée s
technique s

Sélectio n
des scénario s Donnée s Donnée s
de gestion des déchets vironnementale générique s
radioactifs

c
Analyse de cycle de vie (ACV)
Impacts potentiel s
Description des entrant s sur l'environnemen t
et sortants de la filière
(effet de serre, etc .)
(modélisation des impacts /
potentiels sur l'environnement)

Donnée s
radiologique s
et chimique s

Études d'impac t
Caractérisation Analyse site par site
des coli s des impact s Impacts sanitaires direct s
dosimétriques des rejet s (impacts dosimétriques)
T
1 des installation s /
Conception du sit e
e stockage des déchets
radioactifs

Figure E .18 : schéma de la méthodologie pour les études d'impact .

tère des enjeux environnementaux et sanitaire s retenue par le Forum a reposé sur la mise en cohé-
(consommation de matières et d'énergies, émis- rence et l'articulation inédites de trois composante s
sions dans l ' air et dans l ' eau, déchets), prenant e n reconnues selon le schéma de la figure E .18 :
compte une première composante, (l ' ensembl e • la simulation neutronique du cycle électronu-
des milieux — eau, air, sols —et des organisme s cléaire (utilisation du code COSI), pour décrire l e
vivants y compris l'homme) puis une second e scénario et calculer l'évolution des inventaires d e
composante (l ' ensemble des étapes du cycle d e radionucléides et des déchets ;
vie des produits ou procédés) . • l'Analyse de cycle de vie (ACV), pour l'évalua -
C ' est une telle approche multiétape et multicritèr e tion des impacts environnementaux potentiel s
qu'a souhaité développer le Forum en s'orientant, associés au bilan matière et énergie de l'ensembl e
dans un premier temps, vers une démarche de typ e des étapes de la filière ;
Analyse de cycle de vie (ACV) . L' ACV est une • les études d ' impact, pour l' évaluation des enjeux
technique d ' évaluation des impacts potentiels d ' un sanitaires locaux associés aux rayonnements ioni -
système (produit, procédé, filière) sur l'environne - sants des installations et des centres de stockage .
ment mais, après évaluation, il s'est avéré que l'AC V Au stade actuel de développement des travaux, l e
ne répondait qu' imparfaitement aux enjeux spé- Forum n'a considéré que des scénarios d'évolu-
cifiques du secteur nucléaire . tion normale sans prendre en compte des situa -
Finalement, la démarche originale d'évaluation tions accidentelles .

132
Les scénarios de séparation-transmutatio n

E > Études d'impact


> Technico-économie des scénarios (Dereco )

E.3-2 Résultats des étude s E .4 Technico- économi e


du Forum environnementa l des scénarios (Dereco )
Compte tenu de l'état actuel des connaissances scien - E .4-1 Introduction : présentatio n
tifiques, et dans le souci d'aboutir à des résultat s des scénario s
opérationnels facilement exploitables pour la com -
paraison de scénarios de gestion du cycle et de s Depuis septembre 2002, le CEA travaille sur l e
déchets radioactifs, le Forum a retenu des critère s projet Dereco relatif à l ' évaluation économique d e
pour chacune des trois composantes mentionnée s différentes stratégies de gestion des déchets radio -
pour l ' évaluation environnementale et sanitair e actifs afin de fournir un complément aux étude s
d'un cycle électronucléaire . Afin de rendre opéra- scientifiques et techniques .
tionnelle la comparaison de cycles, on a cherché à Les objectifs sont de fournir des moyens de compa -
limiter le nombre d'indicateurs et à équilibrer leu r raison de scénarios du cycle du combustible faisan t
répartition entre les trois composantes de la méthode . intervenir les modes de gestion étudiés dans le cadr e
Chaque scénario est caractérisé par 33 indicateurs : de la loi de 1991, et de mettre en évidence le coû t
10 indicateurs cycle, 12 indicateurs ACV représen- de la gestion des déchets HA et MA-VL dans celu i
tant les impacts environnementaux globaux poten - du cycle .
tiels et 11 indicateurs de dose traduisant les impact s Le projet Dereco vise à caractériser, du point de vue
environnementaux et sanitaires locaux . technico-économique, des scénarios prospectifs
Les principaux résultats, détaillés dans le docu- contrastés et typiques de la situation française, ave c
ment [CEA-05b], sont les suivants :
• les résultats " inventaire cycle " permettent de dif-
LE PROJET DEREC O
férencier les scénarios étudiés . Mais il est a priori
difficile d'attribuer un sens environnemental à ce s • L'objectif du projet Dereco est de fournir de s
moyens de comparaison de scénarios du cycle d u
grandeurs, que l ' on ne peut pas relier à l ' impac t
combustible en mettant en évidence le coût de s
sur l ' homme et l ' environnement ; modes de gestion des déchets étudiés dans l e
• les résultats ACV sont en relation (plus ou moins cadre de la loi de 1991 .
directe) avec un enjeu environnemental et per - • Le projet Dereco s'inscrit dans la perspectiv e
mettent de dégager une hiérarchie claire entre le s d'une énergie nucléaire durable et donc d u
scénarios ; remplacement progressif du parc nucléair e
actuel par un parc plus moderne . Des scéna-
• les résultats des études d'impact ont pour objec-
rios prospectifs contrastés sont étudiés sur l a
tif d'évaluer un impact sanitaire ou environne - période 2000-2080 et vont de l'arrêt du traite -
mental réel . Elles sont par construction inopérante s ment des combustibles usés au traitemen t
pour quantifier la comparaison des cycles . poussé et au recyclage global de tous les acti-
nides dans des réacteurs rapides de nouvell e
génération . Ces scénarios sont considéré s
L' impact radiologique sur le public est très faibl e
comme des outils de travail .
quelles que soient les étapes du cycle et quels qu e
• Pour chaque scénario, les coûts détaillé s
soient les scénarios étudiés ; les principales diffé - (investissement, exploitation, démantèlement )
rences enregistrées portent sur : des usines du cycle ont été établis grâce au x
• l'économie de ressource en uranium générée pa r coûts de fonctions ou services élémentaire s
les scénarios utilisant des réacteurs RNR . (extraction, enrichissement, fabrication . . . ,
entreposage, stockage) . Ces coûts de service
L'utilisation de ces réacteurs permet de réduir e
ont été recherchés dans les données industrielle s
d ' un ordre de grandeur la consommation d 'ura- ou bibliographiques disponibles les plu s
nium française (l'essentiel de l'uranium consomm é récentes . Des hypothèses technico-économique s
en France l'est parla filière électronucléaire) . C ' est complémentaires relatives au dimensionnemen t
environ 50 % de la consommation européenne , des installations, à l'échéancier des opération s
du cycle du combustible, au taux d'actualisatio n
10 % à 15 % de la consommation mondiale ;
et à la chronologie des dépenses, ont permi s
• la diminution des émissions de gaz à effet de serre d'évaluer globalement les scénarios .
associée, également générées par l ' utilisation de • Les ordres de grandeur connus des coûts d u
réacteurs RNR . En valeur brute, cette économi e cycle sont retrouvés . Les incertitudes forte s
n'est pas négligeable : pour la production français e sur certains coûts détaillés ou coûts de ser -
d ' origine 100 % électronucléaire, elle représent e vices élémentaires font que les résultats n e
peuvent être considérés dans l'absolu mai s
environ 1,4 million de tonne d ' équivalent CO 2
uniquement pour des comparaisons : il est ains i
(1,3 million de tonnes de CO,) . Mais ce gain repré - possible de différencier sur certains point s
senterait moins de 0,3 % du total des émissions d e particuliers les scénarios entre eux à conditio n
gaz à effet de serre françaises, dominées par l e que l'horizon temporel à considérer s'étend e
transport routier, le résidentiel/tertiaire et l'indus - au-delà de 2080 .
IT e (72 % des émissions totales) .

133
des éclairages au niveau européen et international . • le centre de stockage géologique prévu sans bar -
Le projet Dereco s ' inscrit dans la perspective d ' un e rière ouvragée est disponible à partir de 2025 : c'es t
énergie nucléaire durable et donc du remplacemen t un centre unique, capable d ' accueillir tous le s
progressif du parc nucléaire actuel par un parc plu s déchets existants et ceux produits par le parc futur ;
moderne . Les scénarios prospectifs considérés son t • les déchets MA-VL et HA peu thermiques son t
des outils de travail et s'inscrivent dans des contexte s mis en stockage géologique dès son ouverture .
énergétiques différents . Les scénarios étudiés son t
les suivants : L' horizon temporel des scénarios a été prolongé
• scénario 1 : scénario transitoire avec parc REP e t jusqu'en 2150 pour pouvoir examiner l'effet d u
RNR à gaz (cf chapitre E.2-3) ; déploiement d'un parc entier de nouveaux réac-
• scénario 2 : scénario transitoire avec parc RE P teurs sur le coût du cycle du combustible . On sup -
et combustible MOX-UE-Am (cf chapitre E. 2-2) , pose donc deux vagues de renouvellement du par c
et déploiement des RNR à gaz en 2080 ; nucléaire actuel, avec une durée de vie de 60 an s
• scénario 3 : scénario de la poursuite de la straté- pour les nouveaux réacteurs .
gie actuelle, avec le monorecyclage du plutoniu m Concernant les volumes de déchets nucléaires à
en REP/EPR ; long terme et de combustibles usés, les scénario s
• scénario 4 : scénario du cycle ouvert, avec arrêt d u s'appuient sur le modèle d'inventaire de dimen-
traitement des combustibles usés en 2015 ; sionnement (MID) développé par l ' Andra .
• scénario 5 : scénario d ' introduction des RNR à
sodium en 2035 avec multirecyclage du plutonium • HYPOTHÈSES ÉCONOMIQUE S
seul .
Concernant les principales hypothèses écono-
E .4-2 Hypothèses principale s miques communes à tous les scénarios, les élé-
communes à tous les scénario s ments de coûts unitaires ont été recherchés selo n
les axes préférentiels suivants :
• HYPOTHÈSES TECHNIQUE S • chiffrages effectués en interne CEA ;
• valeurs issues de sources françaises, soit dan s
En plus des hypothèses techniques similaires à des rapports publics, soit par le biais de commu-
celles mentionnées pour les études de scénario s nications faites dans des groupes de travail (EDF,
transitoires du chapitre E.2, on considère que : Cogema, etc .) ;
• les usines actuelles sont exploitées au mieu x • données publiées dans un contexte d'études inter -
jusqu ' à leur fin de vie : par exemple, on suppos e nationales (AEN/OCDE) ;
que l'exploitation de l'usine d'enrichissemen t • retours d ' expériences industrielles .
Georges-Besse s'achève en 2015, celle de l'usin e Parmi les données de coûts unitaires recueillies, une
de traitement de La Hague en 2040, et celle d e seule valeur a été retenue comme valeur de réfé-
l'usine Melox en 2030 ; rence ("coûts de service") pour les scénarios . Les
• les inventaires et flux de matières dimensionnen t marges d'incertitude sont toutefois précisées lorsqu e
les nouvelles installations à construire : on suppose cela est possible pour laisser la possibilité de réali -
que l'exploitation des nouvelles usines du cycl e ser des études de sensibilité à divers paramètres .
s' étale en moyenne sur quarante ans, l ' investissement Tous les coûts unitaires de référence sont consi-
et le démantèlement sur dix ans ; dérés comme variables sur l'horizon des scénario s
• l'entreposage industriel de curium s'effectue à pour prendre en compte le renouvellement de s
sec dans un entrepôt de type EVSE : avec une ges- installations .
tion thermique identique, la capacité de l 'entrepô t Cependant, faute d ' information suffisante ou pa r
est de 6,5 t de curium ; manque de modèles de prévision, certains coûts
• l ' entreposage d ' américium et de neptunium s e de service sont considérés comme constants d e
hase sur une analogie avec les entrepôts de plu- 2000 à 2080, notamment pour les étapes suivantes :
tonium ; • l'extraction de l'uranium naturel ;
• par rapport à un temps t = 0 à la productio n • le transport de matières : les coûts de transpor t
d'l kWh, on suppose un échéancier de déroulemen t étant marginaux dans le coût global des scénarios ,
des opérations du cycle du combustible : par exemple, il n'a pas été jugé utile d'établir des scénarios d e
moins de trois ans pour l'extraction du minerai , localisation des installations ;
moins d ' un an pour la fabrication des combustibles , • l'entreposage industriel des matières ;
plus de dix ans pour le traitement des combustible s • le stockage géologique .
usés, plus de dix ans pour le stockage géologiqu e
des déchets MA-VL, plus de soixante ans pour celu i Pour l ' étape du stockage géologique, exploité d e
des déchets HA et des combustibles UOX usés, plu s 2020 à 2080, compte tenu du fait que le stockag e
de quatre-vingt-dix ans pour celui des MOX usés ; est dimensionné par rapport aux inventaires figu -

134
Les scénarios de séparation-transmutatio n

E > Technico-économie des scénarios (Derecoi

rant dans le MID, les derniers colis de déchet s • taux variable : 4 % avant trente ans, 2 % au -
produits entre 2035 et 2040 ont une période d e delà (hypothèse du rapport fait pa r
refroidissement d'au plus quarante/quarante- MM . Charpin, Dessus et Pellat sur les coût s
cinq ans avant leur mise en stockage . de la filière nucléaire 2000) .
Une analyse de sensibilité sur la durée d'exploi- Les résultats économiques globaux sont exprimé s
tation du stockage géologique a donc été mené e en dépenses totales et en coût du cycle rapport é
afin d'intégrer d'autres hypothèses de durée d'en- au coût de production du MWhe .
treposage pour refroidissement avant stockag e
(soixante ans pour les déchets HA et les com- E .4-3 Résultats obtenu s
bustibles UOX usés, quatre-vingt-dix ans pou r
les combustibles usés MOX), mais surtout pou r Quelques exemples de résultat préliminaires obte -
pouvoir apprécier les conséquences de la sépa- nus sont indiqués ci-dessous .
ration poussée — avec la production de colis d e Pour les années 2000 à 2005 dans tous les scéna -
déchets HA allégés—sur le coût global du stoc- rios, les ordres de grandeur technico-économique
kage . L'horizon temporel des scénarios a ains i déjà connus sont retrouvés dans les résultats de s
été repoussé de 2080 à 2180 pour prendre e n calculs Dereco, ce qui permet de valider la métho -
compte la mise en stockage des déchets HA allé- dologie employée . Si l'on se réfère à un coû t
gés produits entre 2015 et 2080 . On suppose don c moyen de production nucléaire actuel d'enviro n
que le dimensionnement du stockage s'adapte 30 €/MWh, on retrouve un coût de cycle d'envi-
aux inventaires de 2080 . Pour chaque type d e ron 20 % du coût du MWh .
colis, les estimations se basent sur les coûts moyen s
de service de stockage, sur des flux moyens d e Quand le taux d'actualisation pris en référenc e
mise en stockage et sur une chronologie d e passe de 0 % à 8 %, les résultats en termes de coût
dépenses d ' investissement et d ' exploitation inspi - total du cycle intégré sur 2000-2080 deviennen t
rée de celle utilisée dans le cas du stockage exploité peu contrastés entre les quatre scénarios . Pou r
jusqu'en 2080 . tous les scénarios, le poste dominant est le coû t
des réacteurs . Les postes principaux du coût d u
Pour toutes les étapes du cycle du combustible, le s cycle du combustible sont d'abord le traitemen t
coûts détaillés (R & D, investissement, fonctionne - du combustible usé (excepté, naturellement, pou r
ment, démantèlement) ne sont en général pas acces - le scénario 4 cycle ouvert), puis la fabrication d e
sibles . Ils ont toutefois été établis à partir des coûts combustibles neufs et l'enrichissement . Le coû t
de service grâce à des hypothèses sur la durée d e du stockage géologique est nettement inférieu r
vie des installations et leur capacité de production . à ces coûts de cycle .
Parmi ces coûts détaillés, certaines hypothèse s Sur l ' horizon 2020-2080, le coût total non actualis é
résultant d'estimations très préliminaires ont été du stockage géologique est quasiment identiqu e
retenues : pour les scénarios avec traitement du combustibl e
• le coût d ' exploitation d ' une usine Melox adap- usé du fait de la faible différence au niveau de s
tée à la fabrication de combustibles MOX-UE-A m inventaires et de l'utilisation des mêmes coûts d e
serait de + 15 % par rapport au coût d ' exploita- service pour toutes les catégories de déchets C .
tion supporté pour la fabrication des combustible s Par hypothèse et pour tester la méthodologie, le s
MOX actuels ; différents scénarios ont été calculés jusq u' en 2080 .
• le traitement poussé des combustibles usé s Cette période de temps n'étant pas suffisante pou r
engendre un surcoût d ' environ + 15 % au nivea u tirer des conclusions contrastées vis-à-vis du stockag e
de l'exploitation et + 13,5 % au niveau du coû t géologique, l 'étude a pris en compte l ' horizon 218 0
moyen de service ; pour la mise en stockage mais sur la base des inven -
• le coût de démantèlement des nouvelles usine s taires calculés en 2080 . Le coût du stockage a été
est estimé entre 15 % et 30 % du coût d ' investis - estimé de façon arbitraire . Pour les verres allégés ,
sement ; le coût choisi est deux fois plus faible que celui des
• les usines tournent à plein régime toute l ' année : verres actuels .
on ne prend pas en compte le taux d ' utilisatio n Dans tous les cas, le coût total non actualisé d u
des capacités de production ; stockage pour le scénario 4 cycle ouvert, avec stoc -
• un facteur de progrès est pris en compte pou r kage des combustibles usés, est pratiquement l e
une même technologie dans une nouvelle géné- double de celui du scénario 3 de monorecyclag e
ration d ' usine . du plutonium .
Les coûts ont ensuite été actualisés par rapport à Pour une période d ' entreposage de cent ans avan t
l ' année 2006 pour différents taux afin d ' apprécie r le stockage, on constate que la séparation poussée
la sensibilité des résultats : engendre une économie sur le coût (non actualisé )
taux constant sur 2000-2080 : 0 %, 3 %, 6 %, 8 % ; du stockage entre les scénarios où elle est mise en

135
oeuvre et le scénario de monorecyclage du pluto- important dans les décisions industrielles d u
nium . Ce résultat, obtenu sous certaines hypo - nucléaire, notamment de l'aval du cycle . C'es t
thèses, ne constitue à ce stade qu'un exercic e pourquoi il convient de les préparer au mieu x
donnant des indications qualitatives . avec les outils disponibles à ce jour .

Afin de considérer partiellement les économie s


de ressources en uranium réalisées dans ces dif- E .5 Conclusion s
férents scénarios, une analyse de sensibilité a ét é
des études de scénario s
menée sur l ' année 2070 pour observer les effet s
d'une variation du coût de l'uranium naturel su r L'introduction des options de séparation-transmu -
le coût du cycle des différents scénarios . Les esti- tation a été évaluée de façon détaillée depuis l'éta t
mations révèlent que le coût du cycle du scénari o actuel jusqu'à des situations d'équilibre de parcs d e
1 comprenant des réacteurs rapides est plus faibl e réacteurs .
que celui du scénario 4 cycle ouvert lorsque le coû t La séparation et la transmutation des actinides
de l'uranium naturel triple . Pour des valeurs non mineurs conduiraient à produire des verres allégé s
actualisées, le triplement du coût d'extraction d e avec un gain significatif sur l'inventaire radiotoxiqu e
l'uranium naturel engendre une augmentatio n (et sur la thermique) du colis .
du coût du scénario 4 d ' environ 25 % en moyenn e La physique de la transmutation favorise le spectr e
sur la période 2060-2070, alors q u ' elle n ' est que de neutrons rapides .
de + 11,5 % en moyenne pour le scénario 1 . La transmutation du neptunium, associée de faço n
homogène au recyclage du plutonium, ne présente
Les incertitudes sur certaines données technique s pas de difficulté particulière en termes de faisabi -
et économiques sont très fortes, notamment pou r lité, mais cette opération n ' apporte pas de gain signi -
les postes suivants : ficatif sur la gestion des déchets .
• durée de vie des différentes installations ;
• évolution du coût de l'extraction du minera i Pour le recyclage en REP de l ' ensemble des acti-
d'uranium naturel ; nides mineurs, l'apparition du californium (due a u
• fabrication de nouveaux combustibles en télé - recyclage du curium) est rédhibitoire ; associé au
opération ; curium, il entraînerait notamment de grandes dif-
• multirecyclage du plutonium et de l'américiu m ficultés lors du recyclage et de la fabrication d u
en EPR ; combustible, du fait de la présence de curium et d e
• séparation des actinides au-delà du Purex ; californium (dégagement thermique important ,
• entreposage d ' actinides séparés ; émission intense de neutrons) .
• stockage géologique . Le recyclage en REP du seul américium appa-
Par ailleurs, les coûts détaillés calculés (investis - raît peu réaliste . L ' introduction d ' américiu m
sement, exploitation, démantèlement) ne son t dans le combustible des REP nécessite, pour de s
pas tous connus et validés pour chaque fonctio n raisons de sûreté de fonctionnement en réacteur,
élémentaire, ce qui introduit des incertitude s un enrichissement en uranium 235 supplémen-
supplémentaires . taire et ne permettrait alors que la valorisatio n
d ' une partie du pouvoir énergétique du pluto-
Les résultats obtenus sont donc à considérer ave c nium par rapport au seul recyclage de ce dernier.
toute la prudence et le recul nécessaires . L'intérê t De plus, cela ne permettrait pas de stabiliser l ' in -
de cet exercice réside dans la comparaison de diver s ventaire d ' américium à l ' horizon 2100 et néces-
scénarios entre eux en prenant les mêmes hypo - siterait des modifications importantes des usine s
thèses de base sans chercher à établir le coût absol u du cycle existantes .
de chacun d'entre eux, celui-ci étant trop dépen-
dant des hypothèses adoptées . Les réacteurs à neutrons rapides sous-critique s
La poursuite de l ' exercice Dereco passerait pa r et pilotés par accélérateur, dédiés à la transmu-
des études de sensibilité sur les fonctions impor- tation des actinides mineurs, permettraient d e
tantes dominant le coût du cycle et par la prolon- transmuter l ' ensemble des actinides générés pa r
gation de l'horizon temporel des scénario s un parc de réacteur REP dans des combustible s
considérés . De plus, des travaux en collaboratio n spécifiques très chargés en actinides . Ces système s
avec les industriels sont engagés afin d'améliorer dédiés devraient être adossés à un parc électro -
la pertinence des hypothèses prises . générateur, seul capable de satisfaire des besoin s
Les comparaisons technico-économiques entr e énergétiques durables . Leur nombre devrait être
scénarios prospectifs à quelques dizaines d'an - défini en fonction des besoins de transmutatio n
nées resteront toujours un exercice délicat . et de la puissance unitaire que pourraient atteindr e
Cependant, l'économie sera toujours un critère ces machines .

136
Les scénarios de séparation - transmutatio n

E > Technico- économie des scénarios (Dereco )


> Conclusions des études de scénarios

Les études de scénarios montrent que la solutio n est possible dans ces systèmes ; ceux-ci peuvent trai -
optimale pour la mise en oeuvre de la séparation - ter leurs déchets et les actinides mineurs produit s
transmutation est liée au déploiement de système s par le parc REP actuel .
à spectre de neutrons rapides comme ceux des sys - La mise en oeuvre de la séparation et de la trans -
tèmes de quatrième génération . mutation pour la gestion des déchets n'entraî-
nerait pas d ' impact sanitaire et environnementa l
L' introduction des options de séparation-transmu - dans des scénarios d'évolutions normales . De s
tation faisant appel aux technologies des réacteur s études technico-économiques comparatives pré -
à spectre de neutrons rapides, mis en oeuvre au cours liminaires montrent que la mise en oeuvre de l a
du siècle, pour renouveler le parc actuel a fait l ' ob- séparation poussée pourrait induire, toute s
jet d ' une évaluation sur des scénarios transitoires choses égales par ailleurs, des économies sur l e
de parcs depuis la situation actuelle jusqu ' à de s coût du stockage .
situations d'équilibre . Pour progresser dans ces comparaisons de scéna-
Les scénarios faisant appel aux systèmes de réac- rios, les études détaillées sur les différentes opé-
teurs critiques à neutrons rapides permettent d e rations du cycle (fabrication, réacteurs, traitemen t
répondre à l ' objectif de minimisation des actinide s des combustibles usés, entreposages des actinide s
mineurs grâce au recyclage global des actinides qui et des colis de déchets, stockage) sont à poursuivre .

137
Perspectives ,
conclusions générales /

es recherches conduites au titre de l'axe ] d e trielle de la séparation et une démonstration d e

L la loi de 1991 ont porté sur la séparation e t


la transmutation des éléments radioactifs à
vie longue présents dans le combustible usé .
transmutation et de recyclage dans un réacteur à
neutrons rapides . Cela inclurait différentes étapes :
• réalisation d ' une installation capable de sépare r
Très rapidement, les études ont montré que le s quelques kilogrammes d'actinides mineurs ;
déchets existants et engagés ne pourraient êtr e • fabrication de combustibles incorporant les acti-
repris de manière simple et économique pour s e nides mineurs ;
voir appliquer les technologies issues des recherche s • démonstration de transmutation puis de recy-
de l' axe 1 . De plus, cette reprise, compte tenu de s clage dans un réacteur à neutrons rapides, dans l e
déchets supplémentaires en résultant, n ' était pa s cadre d'une collaboration internationale .
susceptible d'entraîner un gain significatif en term e Les études permettant de définir le combustibl e
de réduction de volume ou de toxicité des déchets . et le cycle à mettre en oeuvre pour ce recyclage e n
Au-delà de ces déchets existants et engagés, les liaison avec les études des systèmes de quatrièm e
déchets du futur qui résulteront des évolutions d e génération doivent être poursuivies et représen-
l ' outil nucléaire et leurs possibilités de gestion on t tent un verrou technologique à lever . Ces étude s
été examinés en relation avec les possibilités de l a bénéficieront notamment des irradiations d e
transmutation . combustibles et cibles en cours ou prévues dan s
Phénix et dont les examens se poursuivront aprè s
Les recherches sur les actinides mineurs ont conduit l'arrêt de ce réacteur.
à des résultats significatifs, répondant au x Les études de séparation se poursuivront afi n
objectifs initiaux . La faisabilité de l'opération d e d'aboutir à un ou des schémas de procédés préin -
séparation-transmutation pour les actinides mineur s dustriels cohérents avec le recyclage e nv isagé pa r
est démontrée dans les réacteurs à spectre de neu- transmutation .
trons rapides avec la possibilité de réduire encor e Tous les déchets générés par ce nouveau cycle seron t
la radiotoxicité des déchets par rapport à celle des à définir, étudier, conditionner et spécifier vis-à-vi s
déchets produits actuellement . La voie de réfé- du stockage géologique. Ces travaux nécessiteront ,
rence pour la gestion à long terme de ces déchet s comme aujourd'hui, l'engagement et la collabora -
demeurera cependant celle du stockage géologique . tion de toute une communauté scientifique .
Dans le cadre des opérations de séparation -
transmutation, les recherches qui pourraient êtr e Les études de scénarios de séparation-transmuta -
poursuivies après 2006 découlent de ces résultat s tion intégrant les différents cycles possibles vis-à -
et des perspectives de développement du nucléaire . vis des actinides mineurs en liaison avec les réacteurs
du futur envisagés se poursuivront, afin de préci -
L'industrialisation de la séparation des actinide s ser la nature et les quantités de déchets générés e t
nécessite une démonstration de la faisabilité indus - les inventaires de matières présents dans le cycle .

138
Perspectives, conclusions générale s

Les recherches à poursuivre concerneront égale - d'extraction ont été définis et testés en milieu radio-
ment les interactions entre les voies complémen- actif. Les performances de séparation sont trè s
taires de gestion que constituent une mise en oeuvr e satisfaisantes (environ 99,9 % pour les actinide s
de la séparation-transmutation et le stockage géo - mineurs américium et curium) .
logique précédé d ' une période d ' entreposage pou r
les déchets thermiques . La faisabilité de la transmutation est établi e
dans des réacteurs à spectre de neutrons rapides .
À l ' horizon 2015, tous ces éléments doivent per - Des matériaux aptes à être introduits en réacteu r
mettre d ' établir un bilan coût/bénéfice d ' une opé- à caloporteur sodium pour réaliser la transmuta-
ration de séparation-transmutation des actinide s tion de l'américium et du neptunium ont été tes -
mineurs dans le futur . tés . Dans la perspective d'un recours durable à
l ' énergie nucléaire, les systèmes à neutrons rapide s
Ces perspectives s' appuient sur les résultats obtenus sont aptes à produire de l ' énergie et à réduire l a
à ce jour sur l'axe 1 de la loi du 30 décembre 1991 . radiotoxicité des déchets . Si la production d'éner-
gie nucléaire se poursuit avec des réacteurs à neu-
D'ores et déjà, et ce depuis le début de la produc- trons thermiques, alors la volonté d ' aller plus loi n
tion d ' énergie nucléaire en France, avec l ' utilisa - qu'actuellement dans une réduction de la radio-
tion systématique des meilleures technique s toxicité des déchets pourrait passer par l'utilisa -
disponibles à chaque époque et développées grâc e tion de systèmes hybrides (ADS) dédiés à l a
à un effort continu et important de recherche e t transmutation des actinides . Des études complé-
développement, la gestion des déchets radioactifs , mentaires sont nécessaires pour tester la viabilité
qui consiste à séparer et recycler les matières éner- et les performances de ces systèmes .
gétiques valorisables, réduire, conditionner e t
stocker les déchets à long terme, est optimisée . Le recyclage-transmutation des actinides autre s
que le plutonium et l ' uranium trouve sa perspec-
Le traitement des combustibles usés est le socl e tive de mise en oeuvre, selon une logique de pro -
de toute stratégie de minimisation des déchets à grès par étapes, dans les systèmes de quatrièm e
long terme et d'utilisation durable des matière s génération à neutrons rapides qui sont étudié s
énergétiques . pour recycler et gérer dans la durée leurs propre s
Le recyclage du plutonium dans les réacteurs à actinides . La perspective de déploiement à l'ho-
eau pressurisée actuels bénéficie d ' un retou r rizon 2035-2040 d ' une première série de tels sys-
d'expérience industriel démontré et permet d e tèmes conforte cet objectif de progrès : les déchets
consommer, et de ne pas destiner aux déchets, cett e à long terme seraient alors constitués des seul s
matière, qui est à la fois hautement énergétiqu e produits de fission, dont la radiotoxicité et la puis-
et radiotoxique à long terme . Ce recyclage, mi s sance thermique décroissent considérablement e n
en oeuvre industriellement dans les usines actuelle s quelques centaines d'années .
de La Hague, permet de diminuer le volume de s
déchets produits aujourd'hui et d'en réduire l a Le stockage définitif des déchets à long terme, don t
radiotoxicité par rapport à la radiotoxicité conte - la radiotoxicité est déjà fortement réduite du fai t
nue dans le combustible usé du cycle ouvert . du recyclage du plutonium et pourrait l'être encor e
davantage lors de la mise en oeuvre de la quatrièm e
La séparation-transmutation des actinide s génération, demeure nécessaire notamment du fai t
mineurs dans le cadre d ' une utilisation durabl e de la présence résiduelle d ' éléments à vie longue .
du nucléaire permettrait de diminuer d ' un fac- Le stockage géologique apparaît aujourd ' hui au x
teur dix supplémentaire la radiotoxicité de s yeux des experts comme la solution de référenc e
déchets du futur, et ainsi de progresser dans c e qui offre la meilleure sûreté pour les déchets radio-
domaine par rapport à la situation de l ' époqu e actifs de haute ou moyenne activité à vie longue .
du vote de la loi de 1991 .
Les importants résultats scientifiques et techniques
À partir de cette situation, les recherches incluse s produits contribuent à la disponibilité de solutions
dans la loi de 1991 ont été menées de façon très sou - pour les choix à venir sur les modes de gestion à
tenue depuis 1992 et bénéficient d ' importante s long terme des déchets radioactifs.
coopérations nationales (EDF, Areva, Andra, CNR S
et universités . . .), européennes et internationales .
La séparation des actinides mineurs est possible ,
et ce résultat constitue une avancée considérable .
De IlOUVelles molécules et de nouveaux procédés

139
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143
Glossaire /

Actinides : radioéléments naturels et/ou artificiel s la coopération technique dans l'utilisation paci-
de numéro atomique (nombre de protons du noyau ) fique de technologies nucléaires et qui veille a u
compris entre 89 (actinium) et 103 (lawrencium) . respect des dispositions du traité de non-prolifé-
ration nucléaire par les pays signataires .
Actinides majeurs : noyaux lourds d'uranium et d e
plutonium présents ou formés dans le combustibl e Alara (principe Alara : is Low as Reasonable '
nucléaire . .-Ic/aiecable) : se dit d'une démarche ou d'un prin-
cipe selon lesquels les dispositions de protection
Actinides mineurs : noyaux lourds formés e n contre les rayonnements ionisants sont conçues e t
relativement faibles quantités dans un réacteur pa r mises en pratique de sorte que les expositions à ce s
captures successives de neutrons à partir des noyau x rayonnements soient maintenues au niveau le plu s
du combustible . Ces isotopes principalement à bas que l'on puisse raisonnablement atteindre ,
vie longue sont le neptunium, l'américium et le curium . compte tenu des facteurs économiques et sociaux .

Activation : action tendant à rendre radioactifs Andra (Agence nationale pour la gestion des déchet s
certains nucléides, en particulier au sein des maté - radioactifs) : l'Agence nationale pour la gestion de s
riaux de structure des réacteurs, par bombardemen t déchets radioactifs est un établissement public indus -
par des neutrons ou d'autres particules . triel et commercial créé par la loi du 30 décembr e
1991 . Indépendante des producteurs de déchets e t
Activité : nombre de désintégrations par unit é placée sous la tutelle des ministères en charge d e
de temps au sein d'un radionucléide ou d'u n l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement ,
mélange de radionucléides . Elle est exprimée e n l'Andra est chargée de la gestion à long terme des
becquerels (Bq), qui correspondent à une désinté- déchets radioactifs produits en France . Cet orga-
gration par seconde et qui sont donc une unité nisme répond à trois missions :
quasi-infinitésimale . • la gestion industrielle des déchets radioactifs à
vie courte ;
Activité de l'eau : l'activité de l'eau est un para - • la recherche de solutions de gestion à très lon g
mètre thermodynamique d'équilibre qui corres- terme pour les déchets à vie longue ;
pond au rapport P/Po entre la pression de la vapeur • l ' inventaire de l ' ensemble des déchets se trouvant
d'eau dans la solution (P) et la pression de la vapeur sur le territoire national .
de l ' eau pure à la même température (Po) .
Anion : ion chargé négativement .
ADS (. 1 ccelerator Driven Sestem) : système piloté
par accélérateur . C ' est un réacteur nucléair e ANL (Argonne national laboratory) : laboratoir e
fonctionnant en configuration sous-critique, dan s américain du DOE .
lequel une partie des neutrons nécessaires à l a
réaction en chaîne est fournie par bombardemen t Apollo/Cronos 2 : logiciel de simulation neutro -
d'une source en métal lourd par un faisceau d e nique développé par le CEA pour les réacteurs à
protons accélérés . spectre de neutrons thermiques .

AIEA (Agence internationale de l' énergie ato- Arénisation : désagrégation d'une roche cristalline ,
mique) : c'est une agence spécialisée de l ' ONU qu i comme le granite, en ses éléments minérau x
sert de forum intergouvernemental mondial pour élémentaires formant alors un sable .

144
Glossair e

Areva : créé le 3 septembre 2001, ce group e Becquerel (Bq) : du nom du physicien françai s
industriel international réunit en particulier le s Henri Becquerel . Unité de mesure de l'activit é
activités de Cogema, de Framatome-ANP et d e nucléaire (lBq = 1 désintégration de noya u
Technicatome . atomique par seconde) . Le becquerel est une unit é
très petite ! L' activité nucléaire était précédem-
Assemblage (combustible) : ensemble form é ment mesurée en curies : 1 Ci = 3,7 10 10 Bq .
d'éléments combustibles et chargé d'un seul tenan t
dans un réacteur nucléaire (constitué par exempl e Biosphère : ensemble des écosystèmes de la planète,
de 264 crayons combustibles dans le cas d'u n comprenant tous les êtres vivants et les milieux o ù
réacteur à eau sous pression) . ils vivent .

Atalante (Atelier alpha et laboratoires pour ana - Bq/g : activité nucléaire d 'une matière radioactiv e
lyses, transuraniens et études de retraitement) : rapportée à une masse élémentaire d' un gramme .
ensemble de laboratoires du CEA équipés d e
chaînes de cellules blindées, implanté sur le centre BOR-60 : réacteur expérimental russe à neutron s
de Marcoule et dédié aux études sur le traitemen t rapides .
des combustibles usés et le conditionnement de s
déchets de haute activité . Calcul ab iaitio : calcul dont le but est de résoudr e
les équations de la physique quantique su r
Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : l'Autorité l'ensemble des charges d'un système moléculair e
de sûreté nucléaire assure, au nom de l'Éta t (électrons et noyaux) . Il permet notamment d e
français, le contrôle de la sûreté nucléaire et d e déterminer les différentes fonctions d'onde s
la radioprotection pour la protection du public, électroniques . Le terme générique " ab initio "
des travailleurs et de l'environnement des risque s recouvre un ensemble de techniques, statiques o u
liés aux activités nucléaires civiles . Elle contri- dynamiques, qui font appel à différentes approxi -
bue à l'information des citoyens . L'Autorité d e mations pour résoudre les équations .
sûreté nucléaire est constituée conjointement pa r
le ministre chargé de l'environnement, le ministr e Calixarène : famille de molécules organiques, ayan t
chargé de l'industrie et le ministre chargé de l a une forme de calice, formées par quatre à hui t
santé . Ils peuvent déléguer au directeur généra l groupements aryle ( C 6 H .4) cyclisés par des grou -
de la sûreté nucléaire et de la radioprotectio n pements méthyle (CH 2 ) et sur lesquelles de s
tout ou partie de l'exercice de cette responsa- radicaux fonctionnels peuvent être greffés pour l a
bilité . Sur divers sujets techniques, concernan t complexation de certains éléments .
aussi bien les réacteurs à eau sous pression (REP )
que les autres installations nucléaires de bas e Caloporteur : fluide (gaz ou liquide) utilisé pou r
(INB), l'Autorité de sûreté nucléaire émet de s extraire la chaleur produite par les fissions dan s
règles fondamentales de sûreté (RFS) . Ce son t un réacteur nucléaire .
des recommandations qui définissent des objec-
tifs de sûreté et décrivent des pratiques qu e Capra : programme de recherche pour la Consom -
l'Autorité de sûreté nucléaire juge satisfaisante s mation accrue de plutonium en réacteur rapide .
pour respecter ceux-ci .
Capsule : dispositif permettant l'irradiation d e
Barrières (d ' une installation pour la gestion de déchets combustible expérimental en réacteur .
radioactifs) : dispositifs interposés entre les déchets
et le milieu qui les reçoit et capables d'empêcher o u Capture neutronique : absorption, par un noyau ,
de limiter la dispersion des matières radioactives . I l d'un neutron libre ne conduisant pas à une fission .
peut s'agir successivement de la matrice elle-mêm e
(cas des verres), du colis, des barrières ouvragées d e Carneau : ouverture pratiquée dans la structure e n
remplissage et de scellement, chargées de protége r béton d'une installation pour faire passer l'air chaud .
les colis et d'empêcher ou de ralentir le flux de radio -
nucléides vers la géosphère en cas de dégradation , Castaing (Raymond) : auteur d ' un rapport, sorti
et enfin du milieu géologique d'accueil . en 1996, sur Super-Phénix et la filière des réac-
teurs à neutrons rapides, sur l'énergie nucléaire e t
Bataille (Christian) : député du Nord . Il a été l e la gestion des déchets .
rapporteur du projet de loi sur la gestion des déchet s
nucléaires à haute activité, loi désormais dénom - Cathode : électrode où ont lieu les réaction s
mée loi du 30 décembre 1991 . électrochimiques de réduction des cations .

145
Catholyte : électrolyte en contact avec la cathod e Charpin (Jean-Michel) : auteur d ' un rapport inti-
dans un électrolyseur où ont lieu les réaction s tulé "étude économique prospective de la filièr e
électrochimiques de réduction des cations . électrique nucléaire", réalisé avec Benjamin Dessu s
et René Pellat, et remis au Premier ministre en 2000 .
Cation : ion chargé positivement.
Château de transport : conteneur blindé utilisé pou r
CBP (Chaîne blindée procédé) : ensemble de cel- le transport et éventuellement l'entreposage d e
lules blindées faisant partie de l' installation Atalant e matières radioactives (combustibles usés, déchet s
du CEA à Marcoule dans lesquelles des expéri- vitrifiés . . .), qui résiste à d'éventuels accidents .
mentations sur matières radioactives sont possibles .
Chicade : il s'agit d'une installation nucléaire de bas e
CEA (Commissariat a l ' énergie atomique) : le CE A (INB) du CEA A Cadarache qui permet les inves-
est un établissement public chargé de recherche e t tigations sur des déchets et des colis de déchets radio-
développement, notamment dans le domain e actifs dont l ' activité peut atteindre 15 TBq . Elle es t
nucléaire, impliquant 5 000 personnes . constituée de deux unités, l 'une spécialisée pour la
faible activité, l'autre pour la moyenne activité .
CEC : coques et embouts cimentés .
Ciclad : installation expérimentale du CEA, pou r
Cecer (Centre d ' expertise sur le conditionnemen t l'étude de la technologie associée à l'utilisation d u
et l'entreposage des matières radioactives) : il dépend plomb-bismuth liquide dans un ADS .
du CEA et est situé à Marcoule .
Ciment : composé constitué essentiellement d'u n
Cellule blindée : enceinte destinée au traitement de mélange ternaire de CaO, Al 2 O 3 et Si O 2 . Les deux
matières radioactives et assurant le confinement e t principales catégories de ciments sont les ciment s
la protection contre les rayonnements par des paroi s CPA (ciments CEM I) et les ciments CLC (ciment s
blindées, constituées de matériaux spécifiques . CEM V) . Les ciments CPA sont plus riches e n
Al20 3 qu'en Si O2 , les CLC sont plus riches en Si O2
Centre de l'Aube : il s'agit du centre de stockag e qu ' en Al20 3 .
exploité par l'Andra qui recueille les déchets radio -
actifs de faible et moyenne activité à vie courte . CIPR (Commission internationale de protection
radiologique) : la CIPR a été créée en 1928 à l a
Cercer : matériau céramique intégré dans un e demande de médecins radiologues . Elle publie le s
matrice également céramique . recommandations concernant l'ensemble des situa -
tions auxquelles l 'homme peut être confronté lors -
Cermet : matériau céramique intégré dans un e qu ' il est soumis aux rayonnements ionisant s
matrice métallique . d'origine naturelle ou artificielle . Ces recomman-
dations servent de référence pour l ' élaboration d e
CFB-C2 : type de colis de déchets radioactifs consti - normes en matière de radioprotection dans l e
tué d'un conteneur réalisé en béton fibré (fibre s monde entier et sont pour l ' essentiel reprises e n
métalliques) et contenant des déchets soit FA-VC Europe sous formes de directives . Depuis sa pre-
soit MA-VL . mière recommandation en 1959, la CIPR a affin é
sa politique de protection et élargi son cham p
CFCa (Complexe de fabrication de Cadarache) : d'action afin de prendre en compte l'accroissemen t
installation de COGEMA pour la fabrication d e considérable de l'utilisation des rayonnements e t
combustibles MOX . des produits radioactifs . Par ailleurs, les rapport s
de la CIPR rassemblent les connaissances scien-
Chaîne radioactive (ou de désintégration) d'u n tifiques et exposent les moyens techniques e t
élément : succession des différents éléments appa - pratiques pour appliquer ses recommandations .
raissant par transformation spontanée, au cour s
du temps, d'un noyau instable . Cette chaîne s e Clavage : terme minier . Opération par laquelle un
termine par un élément stable (non radioactif) . remblai est mis en serrage contre les parois de s
cavités ouvertes pour s 'opposer aux mouvement s
Champ proche : partie d'une installation d e de terrain éventuels .
stockage de déchets radioactifs soumise à de s
perturbations thermiques, hydrauliques, méca- CNE (Commission nationale d'évaluation) : la CN E
niques et chimiques notables, par opposition a u a été créée par la loi du 30 décembre 1991 et es t
champ lointain, partie de la géosphère non sou - chargée de l'évaluation scientifique et technique de s
mise à ce type de perturbations . résultats des recherches menées dans le cadre d e

146
Glossaire

cette loi sur la gestion des déchets radioactifs à leur dispersion en quantités inacceptables au -
haute activité et à vie longue . delà de cet espace .

CNRS : Centre national de la recherche scientifique . Confirm : projet européen du cinquième pro-
gramme-cadre de recherche, consacré à l'étud e
Code d'évolution des assemblages : logiciel simu - des combustibles nitrures .
lant l'évolution du combustible (concentration de s
éléments constitutifs de l'assemblage) sous flu x Contacteur : équipement de génie chimique met -
neutronique . tant en contact deux liquides .

Coeur : région d ' un réacteur nucléaire à fissio n Conteneur primaire : il s ' agit de l ' enveloppe ,
comprenant le combustible nucléaire et agencé e métallique ou en béton, dans laquelle les déchets
pour être le siège d'une réaction de fission en chaîne . conditionnés sont placés en fin de conditionne -
ment afin de permettre leur manutention .
Cogema : Compagnie générale des matière s
nucléaires, filiale d'Areva . Corrosion atmosphérique : régime de corrosio n
pour lequel l ' atmosphère terrestre à tempéra-
Colimesta : installation du CEA permettant l'étud e ture ambiante est le milieu corrosif (norm e
de la corrosion dans un ADS par le plomb - NF ISO 8044) .
bismuth en régime statique .
Corrosion sèche : régime de corrosion atmosphé-
Combustible (nucléaire) : matière contenant de s rique pour lequel la température d'une surface d e
nucléides dont la consommation par fission dan s l'élément soumis à la corrosion interdit tout e
un réacteur nucléaire permet d'v entretenir un e condensation sous la forme d'un film d'eau .
réaction en chaîne .
Cosrac : le Comité de suivi des recherches sur l'ava l
Élément combustible : le plus petit constituant d'u n du cycle regroupe, sous l'égide du ministère chargé
coeur de réacteur, avant une structure propre e t de la recherche, les organismes pilotes de s
contenant du combustible . recherches (CEA et Andra), les industriels (EDF,
Cogema et Framatome-ANP), des organismes d e
Combustible usé : se dit d'un combustible qui n e recherche (CNRS, IRSN et universités), les minis -
permet plus d ' entretenir la réaction nucléaire . I l tères chargés de l ' industrie (DGEMP) et de l ' en-
est alors déchargé du coeur du réacteur. vironnement (DPPR), et l'Autorité de sûret é
nucléaire (DGSNR) .
Complexation : formation, à partir des systèmes
extractants et des espèces à extraire, d'un édifice (o u Couverture : zone périphérique d ' un coeur d e
complexe) constitué par des ions et des molécules . réacteur à neutrons rapides constituée de matière
fertile permettant la surgénération .
Comptage neutronique passif : comptage des neu -
trons spontanément émis par l ' objet mesuré . Creuset froid : structure métallique refroidi e
(en général par circulation d'eau) à l'intérieu r
Conditionnement : ensemble des opérations consis - de laquelle des matériaux peuvent être fondu s
tant à mettre les déchets radioactifs sous une form e par circulation de courant électrique . Le creu-
convenant à leur transport, leur entreposage o u set froid est généralement réalisé en plusieur s
leur stockage . secteurs séparés par une couche isolante d e
manière à pouvoir délivrer le courant directe -
Conditionnement des combustibles : traitemen t ment à l'intérieur par induction : on parle alor s
spécial du combustible usé en vue d'un entrepo- de chauffage par induction directe . Le maté-
sage intermédiaire ou d ' un dépôt définitif. riau fondu se fige sur une fine couche au contac t
de la paroi froide formant ainsi un "autocreu-
Conditionnement des déchets radioactifs : ensembl e set" de même composition que le matéria u
des opérations consistant à mettre les déchets radio - fondu .
actifs sous une forme convenant à leur transport ,
leur entreposage ou leur stockage . Criticité : état d'un milieu dans lequel s'entre -
tient à niveau constant une réaction nucléaire e n
Confinement : maintien des matières radioac- chaîne . Il se traduit par un équilibre exact entr e
tives à l'intérieur d'un espace déterminé grâce à les productions de neutrons par fission et les dis -
un ensemble de dispositions visant à empêcher paritions par absorption ou fuite .

147
CSD-V : conteneur standard dans lequel est coul é Diamex (DIAMide EXtraction) : procédé de sépa-
le verre nucléaire produit à l ' usine Cogema d e ration des produits de fission de l'ensemble des
La Hague . lanthanides et des actinides mineurs .

CU : abréviation pour combustible usé . Diatomées : algue unicellulaire possédant u n


squelette siliceux d ' une taille variant de 20 à 100
Cycle d'irradiation (en réacteur) : laps de temp s microns . Les squelettes présentent des perforations
qui sépare deux chargements de combustibl e minuscules de l ' ordre du micron et sont largemen t
(partiels ou non) d'un réacteur nucléaire . utilisés comme filtres ultra-fins .

Cycle (du combustible) : ensemble des opération s Dispersion : mélange de petites particules (miné -
industrielles auxquelles est soumis le combustibl e rales ou organiques) dans un milieu homogène .
nucléaire . Il existe plusieurs étapes dans la vie d ' un
combustible fissile, de l ' extraction du minerai à l a DOE (Department of Energy) : ministère de l ' énergi e
fabrication (amont du cycle) au traitement éven- américain, une administration fédérale .
tuel du combustible usé et au stockage éventuel de s
déchets (aval du cycle) après utilisation en réacteur . Dose absorbée : quotient de l'énergie moyenn e
Le cycle est dit "fermé" lorsque le combustible us é communiquée à un élément de matière exposée à
est traité à des fins de recyclage, " ouvert" dans l e un rayonnement ionisant par la masse de cet élément .
cas contraire . S ' exprime en grays (Gy) : 1 gray correspond à une
énergie absorbée de 1 joule par kilogramme d e
Darwin : ensemble (appelé formulaire : schéma d e matière .
calculs, données et qualification associée) simulan t
l'évolution détaillée des radionucléides pour l e Dose efficace : somme des doses équivalente s
cycle du combustible . délivrées aux différents organes et tissus d'u n
individu, pondérées par un facteur propre à chaque
Débit de dose : quotient de l'accroissement de dose organe ou tissu . S ' exprime en sieverts (Sv) .
(énergie absorbée par la matière par unité de masse)
par la durée de l'intervalle de temps durant lequel i l Dose équivalente : produit de la dose absorbée dan s
se produit . L' unité légale est le gray par seconde (Gy/s) . un tissu ou un organe par un facteur de pondéra -
tion tenant compte de l'effet biologique lié à l a
Débit de dose équivalente (ou débit d ' équivalen t nature et à l ' énergie du rayonnement . S ' exprim e
de dose) : débit de quantité de dose absorbée , en sieverts (Sv) .
pondérée quant aux effets biologiques par des fac -
teurs de qualité différents selon les rayonnements . Dose intégrée (ou simplement dose) : terme employé
S ' exprime en sieverts par seconde (Sv/s) . pour estimer, dans le cas d ' un matériau, le flux d e
neutrons intégré (ou fluence) au cours de so n
Déconstruction : ensemble des opérations admi- irradiation . S'exprime en n/m' .
nistratives et techniques conduisant dans un déla i
donné, par une suite programmée de démantèle- dpa (déplacement par atome) : unité de dommag e
ments successifs, à l'élimination totale d'un e pour les matériaux métalliques de structure de s
installation nucléaire et à la complète réhabilita - réacteurs nucléaires qui signifie que tous les atome s
tion du site . du matériau ont été déplacés n fois en moyenn e
pendant l'irradiation .
Démixtion : séparation des constituants d'u n
mélange . Dynamique moléculaire : technique de simula -
tion permettant de décrire pas à pas la dyna-
Désintégration : transformation d'un noyau instabl e mique de l'ensemble des atomes d'un systèm e
en un noyau stable ou instable au cours de laquell e moléculaire connaissant les forces exercées su r
le nombre et la nature des nucléons (neutron o u chaque atome . Selon la méthode de calcul de s
proton, particules constitutives du noyau atomique) forces, on parle de dynamique moléculaire o u
sont modifiés . ab initio .

DGSNR : Direction générale de la sûreté nucléair e ECC : nom de l ' entrepôt situé à La Hague dan s
et de la radioprotection, direction de l'Admi- lequel sont entreposés les colis standards de déchets
nistration centrale placée sous la tutelle conjoint e compactés .
des ministères de l'Industrie, de la Santé et d e
l'Environnement . EDF : Électricité de France .

148
Glossaire

Effet Doppler : diminution de la réactivité local e Eranos : logiciel de simulation neutronique déve -
d'un réacteur nucléaire par suite d'une augmen- loppé par le CEA pour les réacteurs à spectre d e
tation locale de la température du combustible . Ce t neutrons rapides .
effet immédiat est un facteur de sécurité importan t
pour un réacteur . Eutectique : mélange de deux constituants dont l a
température de fusion est inférieure à celle d e
EFTTRA (European Feasibility of Target fo r chacun des deux constituants .
TRAnsmutation) : groupe européen composé d u
CEA, de EDF, FZK, ITU, HFR et NRG pou r EXAFS (Extended X-ray Absorption Fin e
étudier et développer les cibles de transmutation . Structure) : la spectroscopie d ' absorption X per -
met de mesurer les variations du coefficient d'ab -
EIP : nom de l ' entrepôt situé sur le centre d e sorption des rayons X dans un domaine d'énergi e
Marcoule dans lequel sont entreposés les colis d e de quelques centaines d'électronvolts, au-delà d u
déchets bitumés produits par ce centre . seuil d'ionisation d'un élément chimique .
L' EXAFS est une méthode structurale et spec-
Electronvolt (eV) : unité d'énergie utilisée e n troscopique, sensible à la position, à la nature e t
physique nucléaire . 1 eV = 1,6 10-'`' joule . au nombre d'atomes situés à proximité d'un seu l
élément chimique .
Enrichissement : processus par lequel est accrue l a
teneur d'un élément chimique en l'un d e Exutoire : débouché à l'extérieur d'un milieu assu -
ses isotopes . Dans le cas de l ' uranium, il perme t rant l ' écoulement d ' une substance, en particulie r
d ' augmenter par divers procédés (diffusion gazeuse , l'eau .
ultracentrifugation, excitation sélective par laser )
la concentration de l ' isotope 235 par rapport à l 'iso - Facteur de dose : coefficient permettant de calcu-
tope 238 prédominant dans l ' uranium naturel. ler une dose à l'homme (en sieverts) correspondan t
à l'ingestion ou à l'inhalation d'une activité de 1 bec -
Entreposage : dépôt temporaire de déchets radio - querel d'un radionucléide donné .
actifs . «S 'entend de la détention de combustible us é
ou de déchets radioactifs dans une installation qui e n Facteur de multiplication (noté k) : rapport, pou r
assure le confinement, dans l 'intention de les récupé- un intervalle de temps donné, du nombre d e
rer. » (Convention commune sur la sûreté de la ges - neutrons produits par fission au nombre de neu-
tion du combustible usé et sur la sûreté de la gestio n trons disparus . Dans un milieu infini, et donc san s
des déchets radioactifs signée le 5 septembre 1997) . fuite de neutrons, il est noté kinf ; dans un milie u
fini, et donc avec prise en compte des fuites d e
EPR (European Pressurized water Reactor) :concept neutrons, il est qualifié d'effectif et noté k eff.
de réacteur à eau sous pression (REP) de nouvelle
génération, en cours de développement pa r Faisabilité scientifique : validation en laboratoir e
Framatome-ANP (groupe Areva) et des compa- de l'ensemble des concepts de base .
gnies d ' électricité, incluant de nombreuses
améliorations en matière de sûreté, d'utilisatio n Faisabilité technique : validation à échelle signifi-
des combustibles et d'économie d'exploitation . cative d'un procédé .

Ettringite : produit de cristallisation pouvant s e FA-VC (déchets FA-VC) : déchets radioactifs d e


former dans la pâte de ciment et provoquant u n faible activité et à vie courte .
gonflement .
FA-VL (déchets FA-VL) : déchets radioactifs d e
Eurodif : le nom de l'usine de séparation isotopiqu e faible activité et à vie longue .
par diffusion gazeuse située à Pierrelatte, dans l a
vallée du Rhône . Elle s'appelle désormais usine Fenton : voir Réactif de Fenton .
Georges Besse, du nom du premier PDG nomm é
à la tête de Cogema . Fertile : se dit d ' un nucléide ou d ' une matièr e
susceptible d'être transformé, directement ou indi -
Europart : projet européen du sixième programme- rectement, en un nucléide fissile par capture d e
cadre de recherche, consacré à l'étude de la sépa- neutrons (par exemple, l ' uranium 238, qui condui t
ration des actinides mineurs . au plutonium 239) .

Eurotrans : projet européen du sixième programme - Fines : particules solides d'une dimension infé-
cadre de recherche, consacré à l ' étude des ADS . rieure au micron .

149
Fissile : se dit d'un nucléide ou d'une matière don t Hydrométallurgique (voie) : dans le traitemen t
les noyaux sont susceptibles de subir une fission des combustibles usés, celle-ci implique leur mis e
sous l'effet de neutrons de toutes énergies, auss i en solution en milieu acide et la mise en oeuvre d e
faibles soient-elles (par exemple, l ' uranium 235 ou procédés d'extraction liquide-liquide .
le plutonium 239) .
ICP-AES (Inductively Coupled Plasma-Absoaptio n
Fission : scission d ' un noyau lourd en deux mor- Emission Spectroscopy) : spectrométrie d ' émissio n
ceaux, accompagnée d'émission de neutrons, d e atomique, couplée à une torche à plasma, utili-
rayonnements et d ' un important dégagement d e sée pour la détermination des alcalins, des métau x
chaleur. et des toxiques chimiques inorganiques dans un e
solution ou à partir d'une mise en solution d'u n
Fluage thermique : déformation irréversible d'un solide .
matériau soumis à l'effet conjugué d'une contraint e
mécanique et de la température . ICP-MS (Inductively Coupled Plasma-Mass
Spectroscopy) : spectrométrie de masse quadripo-
Fluence : intégrale d'une densité de flux de parti - laire, couplée à une torche à plasma, utilisée pour
cules sur un intervalle de temps donné . la détermination des métaux et des éléments chi -
miques, lanthanides et actinides présents à l ' état
FMA-VC (déchets FMA-VC) : déchets de faibl e de trace (concentrations faibles de 10-' à 10" g/1)
et moyenne activité et à vie courte . et leur détermination isotopique à partir d ' un e
solution ou d'une mise en solution d'un solide .
Formulation : établissement de la composition .
ICP-SFMS (Inductively Coupled Plasma-Secto r
Framatome-ANP : filiale du groupe Areva e n Field Mass Spectroscopy) : spectrométrie de masse
charge de la conception et de la construction d e à secteur magnétique, couplée à une torche à
réacteurs nucléaires, de réacteurs de recherche, de s plasma, utilisée pour la détermination des métaux ,
services de maintenance associés à leur exploita - lanthanides et actinides présents à l'état d'ultra -
tion, de conception, de la fabrication et de la four - traces (concentrations très faibles de 1 0 =' à 10- ' 2 g/l )
niture de combustibles nucléaires . et détermination isotopique à partir d ' une solu-
tion ou d'une mise en solution d'un solide .
Future : projet européen du cinquième programme -
cadre de recherche, destiné à l'étude des combus- Illitisation : transformation d'un minéral en u n
tibles oxydes pour la transmutation. autre de la famille de l ' illite, argile potassiqu e
commune à structure feuilletée .
Ganil(Grancl accélérateur national d 'ions lourds) :
accélérateur d'ions de masse élevée, utilisé pou r INB (Installation nucléaire de base) : installatio n
irradier des matériaux, simulant ainsi une partie nucléaire qui, en raison de sa nature ou de l'acti -
des effets de l'irradiation en réacteur nucléaire . vité totale des substances radioactives qu'ell e
détient, est soumise à autorisation par décret, fixan t
Génération IV : désignation générique de réac- son périmètre et les prescriptions particulières à
teurs nucléaires susceptibles d'être mis en service respecter .
au-delà de 2035 . D'une conception avancée, ils
pourraient détruire leurs propres déchets radioac - Incinération (d'un déchet radioactif) : procédé par
tifs à vie longue et ainsi minimiser la production lequel les matières combustibles présentes dan s
de déchets ultimes à vie longue . un déchet radioactif sont détruites par combus-
tion, conduisant ainsi à un résidu minéral .
Géosphère : partie de la Terre qui sert de suppor t
à l'ensemble des êtres vivants, comprenant l a INEL : Idaho National Laboratory, laboratoir e
couche externe de la lithosphère, l'hydrosphèr e américain du DOE .
et l'atmosphère .
INRAM : procédé de fabrication de combustible s
HA (déchets HA) : déchets radioactifs de haut e et cibles de transmutation, par imprégnation d ' un e
activité . solution liquide dans un composé solide .

HFR : réacteur expérimental européen à haut flu x Interrogation neutronique active : détection de s
de neutrons, situé à Petten (Pays-Bas) . particules émises suite aux réactions induites pa r
des neutrons issus d'une source extérieure à
Hydrolyse : décomposition chimique par l'eau . l'objet mesuré .

150
Glossaire

IPPE : institut de recherche nucléaire russe, bas é Loi de Fick : équation décrivant la diffusion de s
à Obninsk . espèces chimiques . Le flux de diffusion est pro -
portionnel au gradient de concentration .
IRSN (Institut de radioprotection et de sûret é
nucléaire) : organisme public apportant so n Masurca : réacteur expérimental du CEA à
expertise à l ' Autorité de sûreté nucléaire e n Cadarache, fonctionnant à puissance presque nulle .
France .
MA-VL (déchets MA-VL) : déchets radioactifs d e
Isotopes : formes d'un même élément chimiqu e moyenne activité et à vie longue .
dont les noyaux possèdent un nombre de proton s
identique et un nombre de neutrons différent . MCNP et MCNPX : codes de simulation d u
transport des neutrons et des particules gamma, basé
ISTC : institut pour la promotion des projets d e sur des calculs de probabilité et développé par LANL .
recherche entre l'Europe et la Russie .
MEB : microscope électronique à balayage .
ITU : institut des transuraniens de Karlsruhe : ins -
titut appartenant au centre commun de recherch e Melox : nom de l'usine Cogema de fabrication de s
de l'Union européenne . combustibles nucléaires MOX utilisant un mélang e
d'oxydes d'uranium et de plutonium ; elle es t
JAERI (Japan Atomic Energy Research Institute) : installée sur le centre de Marcoule .
institut japonais de recherche sur l'énergie ato-
mique regroupé avec JNC au sein de JAEA depui s MET : microscope électronique à transmission .
le 1" octobre 2005 .
MID : modèle d'inventaire de dimensionnemen t
JEPP (Jour équivalent pleine puissance) : pour u n retenu par l ' Andra pour ses études d ' avant-proje t
réacteur, durée théorique du fonctionnement à de stockage (2002-2005) .
100 % de disponibilité .
Minatom : ministère russe de l'énergie atomique .
JNC (Japan Nuclear Cycle Development Institute) :
institut japonais de recherche technologique su r Modélisation : représentation simplifiée d'u n
l ' énergie atomique regroupé avec JAERI au sei n système ou d'un processus afin de le simuler, ras -
de JAEA depuis le 1" octobre 2005 . semblée dans un logiciel de calcul (souvent appel é
code), sous forme d'expressions mathématiques .
Joyo : réacteur expérimental japonais à neutron s
rapides . Modérateur : matériau formé de noyaux légers qu i
ralentissent les neutrons par diffusions élastiques .
keff : facteur de multiplication effectif (voir Facteu r Il doit être peu capturant afin de ne pas " gaspille r "
de multiplication) . les neutrons et suffisamment dense pour assure r
un ralentissement efficace.
La Hague : le cap de La Hague est le lieu, en bout
de la presqu'île du Cotentin, où se trouvent les usines MOX (Alixed OXides) : mélange d ' oxydes d ' ura-
de traitement des combustibles usés de Cogema. nium (naturel ou appauvri) et de plutonium .

LANL (Los .1lamos National Laboratory) : labora- Myrrha : projet du Centre de recherche belge d e
toire américain du DOE . Mol, destiné à concevoir un ADS expérimental .

Lanthanides : famille des éléments de numér o Neutrons épithermiques : neutrons situés dans l a
atomique (nombre de protons du noyau) compri s gamme d ' énergie de 10 eV à 20 keV environ et ayan t
entre 57 (lanthane) et 71 (lutécium) . une vitesse supérieure à celle des neutrons thermiques .

Ligand : en hydrométallurgie, molécule ou ion pré - Neutrons rapides : neutrons libérés lors de la fission ,
sent dans une solution aqueuse et susceptible de se se déplaçant à très grande vitesse (20 000 km/s) . Leur
lier à un ion métallique par des liaisons de coordina- énergie est de l'ordre de 2 millions d'électronvolts .
tion .
Neutrons retardés : neutrons émis par les frag-
Linac : accélérateur linéaire de particules . ments de fission avec un retard de quelques seconde s
en moyenne après la fission . Bien que représen-
Lixiviation : dissolution lente par l'eau . tant moins de 1% des neutrons émis, ce sont eux

151
qui, par ce décalage dans le temps, permettent in Oxydant : qui fait perdre des électrons à un atom e
fine le pilotage des réacteurs . ou à un ion . L'oxydation est une réaction dan s
laquelle un atome ou un ion perd des électrons .
Neutrons thermiques : également appelés neutrons
lents (ou thermalisés), neutrons en équilibre ther - Passivité : se dit de systèmes fondés sur de s
mique avec la matière dans laquelle ils se dépla - forces naturelles comme la convection et la gra -
cent à une vitesse de l'ordre de 2 à 3 km/s . Leu r vité, qui rendent la sûreté d ' une installatio n
énergie est inférieure à 1 électronvolt . moins tributaire de systèmes et de composant s
actifs tels que des pompes, des moteurs, de s
Nombre de coordination : nombre de liaisons qu'u n soupapes, etc .
ion est capable d'établir avec des atomes donneur s
d ' électrons . PDS-XADS : projet européen du cinquièm e
programme-cadre de recherche, destiné à l a
Noyau de recul : noyau qui, par suite d ' une réac - conception préliminaire d ' un ADS expérimental .
tion nucléaire ou d'une émission radioactive, es t
doué d'une énergie cinétique due à cette réactio n Période radioactive : temps nécessaire pour l a
ou à cette émission . Dans le cas d ' une désintégra - désintégration de la moitié des atomes d'u n
tion alpha, par exemple, l ' énergie libérée se retrouv e échantillon du nucléide radioactif.
sous forme d ' énergie cinétique partagée entre l a
particule alpha (98 %) et le noyau qui recule (2 %) . Phénix : le nom du seul réacteur à neutron s
rapides, situé sur le centre de Marcoule, qui rest e
Noyaux lourds : dénomination donnée aux iso - en fonctionnement en France .
topes des éléments dont le nombre de proton s
(numéro atomique) est égal ou supérieur à 80 . Tous Plutonium : élément de numéro atomique 94 e t
les actinides et leurs produits de filiation figuren t de symbole Pu . Le plutonium 239, isotope fis-
dans ce groupe . sile, est produit dans les réacteurs nucléaires à
partir d ' uranium 238 .
NRC (Nuclear Regulatory Commission) : il s'agit d e
l'organisme fédéral américain chargé du contrôl e Potentiel d ' oxygène : pression d ' oxygène, à tem -
des activités nucléaires civiles et de la réglementation . pérature donnée, en équilibre avec un compos é
oxyde solide ou liquide et représentant le pou -
NRG : institut de recherche néerlandais pour le s voir oxydant de celui-ci .
matériaux nucléaires .
Procédé TIG : procédé de soudure mettant en
Nucléide : matière constituée d'atomes dont le s jeu une électrode en tungstène et un gaz inert e
noyaux sont identiques, ayant donc le mêm e qui empêche l'oxydation des parties fondues qu i
numéro atomique (nombre de protons Z) et l e se soudent entre elles .
même nombre de masse A (somme du nombre de
neutrons N et du nombre de protons Z) . Produits de fission : nucléides générés soit direc -
tement par la fission nucléaire, soit indirecte -
Nuhoms : il s ' agit d ' un concept particulier d ' en- ment par la désintégration des fragments de l a
treposage à sec de combustibles usés utilis é fission .
principalement aux États-Unis d ' Amérique .
PSI (Paul Scherrer Institute) : institut de recherche
OCDE (Organisation de coopération et de déve- suisse .
loppement économiques) : institution internatio-
nale, située à Paris, qui réunit trente pays membres , Purex (Plutonium Uranium Refining b y
parmi les plus développés . EXtraction) : procédé hydrométallurgique d e
séparation de l'uranium et du plutonium d u
OPECST (Office parlementaire d'évaluation de s combustible usé .
choix scientifiques et technologiques) : il a été cré é
par la loi 83-609 du 8 juillet 1983 . Le législateur a Pyrochlore : le pyrochlore est le chef de file d u
confié à l'Office le soin d'informer le Parlement des groupe de minéraux du même nom qui sont de s
conséquences des choix de caractère scientifique et tech- oxydes complexes cubiques de formule général e
nologique, afin, notamment, d'éclairer ses décisions » . A 1_2 B2O 6 (O,OH,F)•nH 2 O (avec A = Ba, Bi, Ca ,
Ce, Cs, K, Na, Pb, Sb, Sn, Sr, Th, U, Y, Zr et B
Osiris : réacteur piscine à neutrons thermique s = Fe, Nb, Sn, Ta, Ti, W) . Ce type de minéra l
expérimental du CEA A Saclay. présente une très forte résistance à la lixiviation .

152
Glossair e

Race (Reactor-Accelerator Coupling Experiments) : Réacteur nucléaire : appareil permettant à volont é


expériences futures d'ADS qui seraient réalisée s de produire une réaction de fission en chaîne auto -
à INEL (Etats-Unis) . entretenue et d ' en régler l ' intensité . Le dégage -
ment de chaleur qui s ' ensuit est exploité pou r
Radier : revêtement, souvent en béton, couvran t former de la vapeur d'eau . Celle-ci est utilisée pour
le sol d'une installation et servant de fondation . actionner une turbine entraînant un générateu r
électrique . Il existe différents modèles de réac-
Radioactivité : propriété que possèdent certain s teurs, selon la nature du combustible, du modé-
éléments naturels ou artificiels d'émettre sponta- rateur, qui permet de contrôler la réaction nucléaire ,
nément des particules alpha (noyaux d'hélium) , et du caloporteur, qui permet d'évacuer la cha-
bêta (positons [émission bêta plus] ou électron s leur produite . Le modèle actuellement utilisé pa r
[émission bêta moins]) et/ou un rayonnemen t EDF utilise l ' uranium légèrement enrichi en ura-
gamma (photons de haute énergie) . Est plus géné - nium 235 comme combustible, et l'eau ordinair e
ralement désignée sous ce terme l'émission d e sous pression comme modérateur et caloporteu r
rayonnements accompagnant la désintégratio n (REP : Réacteur à eau sous pression) .
d'un élément instable ou la fission .
Réactif de Fenton : le réactif de Fenton est u n
Radioélément : élément dont tous les isotopes son t oxydant puissant constitué de peroxyde d'hydro -
radioactifs . gène (H,0 2 ) et d'ions ferreux (Fe'') .

Radiolyse : décomposition de matière par de s Réaction en chaîne : suite de fissions nucléaires a u


rayonnements ionisants . cours desquelles les neutrons libérés provoquen t
de nouvelles fissions, à leur tour génératrices d e
Radionucléide : isotope radioactif, appelé auss i nouveaux neutrons provoquant de nouvelles fis-
parfois radio-isotope, d'un élément . sions et ainsi de suite .

Radioprotection : terme couramment utilisé pou r Recyclage : valorisation de matières réutilisable s


désigner la branche de la physique nucléaire qu i après un cycle de production . Dans un réacteu r
concerne la protection des personnes contre le s nucléaire, utilisation au sein d'un combustible d e
rayonnements ionisants . Par extension, le term e matières fissiles (plutonium généré, uranium 23 5
"radioprotection" regroupe l'ensemble de s résiduel) issues d'un cycle précédent (monorecy -
méthodes et des moyens utilisés pour réaliser l a clage pour une seule irradiation, multirecyclag e
protection sanitaire de la population et de s dans le cas de plusieurs passages successifs) .
travailleurs contre ces rayonnements et à assure r
le respect des dispositions légales . Réducteur : qui donne des électrons à un atome o u
A. un ion .
Radiotoxicité potentielle ou inventaire radiotoxique :
produit de l'activité d'une certaine quantité de radio- Réduction : réaction dans laquelle un atome ou u n
nucléides par des facteurs de dose . C'est donc l a ion gagne des électrons .
dose que recevrait un ensemble de personnes aprè s
avoir incorporé cette quantité de matière . REP (Réacteur à eau sous pression) : c' est le modèle
utilisé en France par EDF (voir Réacteur) .
Rayonnement, Rayonnement ionisant : flu x
d'ondes électromagnétiques (comme les onde s Résonance : grande valeur de section efficace pou r
radio, les ondes lumineuses, les rayons UV ou X , une valeur précise de l'énergie incidente appor-
les rayons cosmiques . . .), de particules de matièr e tée au noyau par le neutron . Les résonances pro -
(électrons, protons, neutrons . . .) ou de groupe - viennent de la structure des niveaux d'énergie d u
ment de ces particules . Ces flux portent une éner - noyau composé (noyau modifié par l ' absorptio n
gie proportionnelle à la fréquence des ondes o u d'un neutron) .
à la vitesse des particules . Leur effet sur les objet s
irradiés est souvent un arrachement d'électron s RFS : voir Autorité de sûreté nucléaire .
aux atomes de ceux-ci, laissant sur leur trajec-
toire des atomes ionisés (porteurs de charges élec - RIAR : institut russe de recherche nucléaire .
triques), d ' où leur nom générique d e
" rayonnements ionisants " . RMN (Résonance magnétique nucléaire) : tech -
nique pour l'analyse des structures de nombreuse s
R2-Studvick : réacteur expérimental norvégien à molécules chimiques . La méthode repose sur le
neutrons thermiques . magnétisme nucléaire de certains noyaux qui

153
possèdent un moment magnétique nucléaire e t Spectre (neutronique) : distribution en énergie d e
peuvent ainsi être identifiés . la population des neutrons présents dans le coeu r
d'un réacteur .
RNR (Réacteur nucléaire à neutrons rapides) : réac-
teur dans lequel on limite la présence de matière s Spectrométrie gamma : appareil qui permet, d ' un e
pouvant ralentir les neutrons afin que les fissions part, de mesurer exactement l ' énergie des photon s
soient produites principalement par les neutron s gamma émis et, d'autre part, d'en comptabiliser l e
rapides . Phénix est le seul réacteur de ce type en nombre pendant une certaine durée ; on peut alor s
fonctionnement en France depuis la décisio n identifier les radioéléments présents et détermi-
d ' arrêt de Super-Phénix . ner leur activité . Le rayonnement gamma, qui suit
généralement une émission alpha ou bêta, est iss u
RNR-Na : réacteur à neutrons rapides, refroidi a u du noyau de l'atome et correspond à une désexci -
sodium . tation de ce dernier. En effet, après une désinté-
gration alpha ou bêta, le nouveau noyau n 'est pa s
Sad (Subcriticcrl Assembly et Dubna) : expérienc e toujours dans un état d 'équilibre énergétique : i l
future d'ADS qui serait réalisée à Dubna (Russie) . possède encore un " trop-plein d ' énergie " : on di t
qu'il est excité . Pour se débarrasser de cet excé-
Sanex (Séparation des actinides par extraction ou dent, il va émettre un ou plusieurs rayonnement s
Selective lctiNides EXtraction) : procédé de sépa- gamma d 'énergie déterminée et caractéristique du
ration des lanthanides et des actinides . noyau et donc de l'atome en présence . C'est e n
quelque sorte la signature du radionucléide .
Section efficace : mesure de la probabilité d'inter -
action d'une particule avec un noyau-cible, expri- Stockage de déchets radioactifs : dépôt organisé d e
mée en barns (1 barn = 10-" cm : ) . Dans le cas d u colis de déchets radioactifs, conçu pour pouvoi r
neutron, par exemple, elle définit sa probabilité être définitif.
d'interaction avec les noyaux de la matière des
différents constituants du coeur . Stockage en formations géologiques profondes :
système de stockage réalisé au sein de formation s
SIMS (Single Ion Mass Spectroscopy) : spectromé- géologiques.
trie de masse, couplée à un système d'ionisatio n
par bombardement d'ions, utilisée pour la micro - Stoechiométrie : proportions suivant lesquelles, au
analyse d'éléments chimiques et d'isotopes su r cours d ' une réaction chimique, les réactifs s e
solide et l'étude des répartitions spatiales de l a combinent et les produits se forment . Une réac-
composition chimique et isotopique d ' un solide . tion est dite stoechiométrique lorsque les quanti -
tés de réactifs sont dans des proportions molaire s
Smectite : nom d ' un groupe d 'argiles qui résulten t identiques à celles de l'équation chimique .
le plus souvent de la décomposition des feldspaths ,
minéraux constitutifs des roches granitiques . Subsurface : lieu d 'implantation d ' un entreposage o u
d ' un stockage, situé à une profondeur de quelque s
Solution solide : deux ou plusieurs phases miné - dizaines de mètres, protégé par un milieu nature l
rales forment une solution solide lorsqu'on pass e (par exemple, situé à flanc de colline) . Se distingue
progressivement de l ' une à l ' autre par des substi- d'un lieu situé en surface (protégé par un tumulus ,
tutions de leurs éléments chimiques . par exemple) et d'un lieu en profondeur (typique -
ment 500 m) dans lequel le milieu géologique joue
Solvant : substance capable de dissoudre un corps . pleinement un rôle de barrière .

Sorption : phénomène d ' échanges entre une phase Super-Phénix : prototype de réacteur de puissanc e
gazeuse et une phase solide . à neutrons rapides et refroidi au sodium, construi t
par un consortium européen à Creys-Malville e t
Sous-critique : un coeur de réacteur est qualifié d e arrêté définitivement en 1998 .
sous-critique lorsque le nombre de neutrons émi s
par fission est plus faible que le nombre de neu- Taux de combustion : rapport, habituellemen t
trons disparaissant par absorption et par fuite . Dan s exprimé en pourcentage, du nombre de noyau x
ce cas, le facteur de multiplication est inférieur à 1 . atomiques d'un élément ou d'un ensembl e
d'éléments donnés qui disparaissent par combus-
Spéciation : identification des différentes espèce s tion nucléaire au nombre de noyaux initiaux pré-
chimiques présentes d'un élément donné . sents dans le combustible . Il est alors exprimé e n

154
Glossaire

at % . Couramment utilisé pour évaluer la quantité UOX : combustible standard des réacteurs à ea u
d ' énergie thermique par unité de masse d e légère constitué d ' oxyde d ' uranium enrichi e n
combustible obtenue en réacteur entre le char- uranium 235 .
gement et le déchargement du combustibl e
(combustion massique), il s ' exprime en gigawatt . jou r Uranium : élément chimique de numéro atomiqu e
par tonne (GWj/t) . La masse de combustible es t 92 et de symbole U, possédant trois isotopes natu -
généralement exprimée en tonnes de métal lour d rels : '3'U, 235U et =35 U . 235 U est le seul nucléide fis-
(uranium et plutonium) initial (tMli) . La relatio n sile naturel, une qualité qui explique son utilisation
entre taux de combustion et combustion massiqu e comme source d'énergie .
est pratiquement la suivante : 1 at % = 10 GWj/tMli.
Uranium appauvri : uranium dont la teneur e n
TFA (déchets TFA) : déchets radioactifs de trè s isotope 235, le seul fissile, est inférieure à son nivea u
faible activité . naturel (0,72 % en masse) . Il est principalemen t
obtenu, d ' une part en tant que coproduit d ' un e
Thermalisation : ralentissement des neutron s opération d ' enrichissement (autour de 0,3 % d e
rapides afin de les mettre progressivement en équi - 235U), d ' autre part en tant que sous-produit (1 %
libre thermique avec la matière du réacteur dan s de ' 3 'U) d'un traitement de combustible usé aprè s
laquelle ils diffusent . passage en réacteur .

Tomographie : technique radiologique grâce à Uranium enrichi : uranium dont la teneur e n


laquelle chaque cliché représente une "coupe" d e isotope 235, le seul fissile, a été portée de son faibl e
l ' objet étudié . Ainsi, plusieurs " coupe s " réalisées niveau naturel (0,72 % en masse) à, par exemple ,
en différents endroits de l'objet permettent d'e n 3,5% pour un combustible destiné à un réacteu r
faire une description volumique . nucléaire à eau sous pression .

Traitement des combustibles usés : opération de tr i Uranium naturel : élément radioactif naturel, sous
sélectif des matières contenues dans les combus- forme de métal gris et dur, présent dans plusieur s
tibles usés afin d'en extraire celles qui sont recy - minerais, notamment la pechblende . L'uraniu m
clables (uranium et plutonium) ou éventuellement naturel se présente sous la forme d'un mélang e
transmutables et de conditionner les différent s d ' isotopes comportant : '3s U fertile, dans la pro -
déchets ultimes sous une forme apte au stockage . portion de 99,27 %,' °U fissile, dans la proportio n
de 0,72 %, et '"U à l ' état de trace inférieure à 0,01 % .
Transmutation : transformation par une réactio n
nucléaire induite par des neutrons (capture, fis- Valence : nombre de liaisons qu'un atome peu t
sion) d'un isotope en un autre . On fait appel à c e former. L'atome est monovalent s'il peut forme r
type de réactions pour transformer des isotope s une liaison, divalent s'il peut en former deux ,
radioactifs à vie longue en isotopes à vie courte o u trivalent s'il peut en former trois .
en isotopes stables en vue de réduire l ' inventair e
radiotoxique à long terme des déchets radioactifs . Verre AVM : verre de conditionnement des déchet s
de haute activité de la première usine de vitrifi-
Transuraniens : tous les éléments dont le numér o cation en France, du nom de l'atelier de vitrifica-
atomique (nombre de protons du noyau) est supé - tion à Marcoule (AVM) .
rieur à celui de l ' uranium . En réacteur, noyau x
lourds issus de l ' uranium par capture neutroniqu e Verre R7/T7 : verre de conditionnement des déchets
ou désintégrations radioactives autres que la fission . de haute activité produit par l ' usine Cogema à L a
Ils constituent sept familles d'isotopes : uranium , Hague, du nom des deux ateliers de vitrificatio n
neptunium, plutonium, américium, curium, ber- des installations UP2-800 (R7) et UP3 (T7) .
kélium et californium .
Verre UMo (Uranium-Molvbdène) : verre dont l a
Tripoli : logiciel de simulation neutronique déve - mise au point permettra de vitrifier les produit s
loppé par le CEA pour les réacteurs à spectre d e de fission résultant du traitement des combus-
neutrons thermiques . tibles usés des réacteurs graphite gaz .

UNGG (Uranium naturel graphite gaz) : filièr e Vipac : conception d'un combustible sous form e
de réacteurs utilisant de l'uranium naturel comm e de particules sphériques remplissant la gaine, l e
combustible, du graphite comme modérateur e t remplissage compact des sphères étant obtenu par
du gaz carbonique comme caloporteur . vibration de la gaine .

155
Vitrification (de déchets radioactifs) : procédé d ' in -
corporation de déchets radioactifs dans une matric e
de verre .

VNIIM : institut russe de recherche nucléaire .

Xanes (X-ray Absorption Near Edge Structure) : l a


spectroscopie d ' absorption X permet de mesu-
rer les variations du coefficient d'absorption de s
rayons X dans un domaine d ' énergie de quelque s
centaines d'électronvolts, au-delà du seui l
d'ionisation d'un élément chimique . Le Xane s
est une méthode qui renseigne sur les caracté-
ristiques électroniques (état d ' oxydation) de l'élé -
ment analysé .
La loi du 30 décembre '1991 sur la gestion des déchets radioactifs à haut e
activité et à vie longue arrive à son terme .
Ce document final de synthèse, traitant des recherches et de leur s
résultats obtenus sur l'axe 1 de la loi, fait état de l'information déjà pré-
sentée dans la version préliminaire du document publiée en juin 2005 ,
mais en l'actualisant par l'intégration des résultats obtenus jusqu'à l a
fin de l'année 2005 .
Un autre document de synthèse, couvrant quant à lui les recherche s
menées sur l'axe 3 de la loi, est publié parallèlement .
Un grand nombre de femmes et d'hommes appartenant à des organisme s
de recherche, notamment au Commissariat à l'énergie atomique et a u
Centre national de la recherche scientifique, ou à des organismes indus-
triels comme l'Andra, Areva ou l'EDF, se sont impliqués fortement dans l e
but de faire progresser les connaissances permettant ainsi de propose r
des solutions pour la gestion de ces déchets .
Que tous en soient ici remerciés .

Charles Courtois

lb

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