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LA LETTRE D’INFORMATION DE LA FONDATION FRANÇAISE POUR LA RECHERCHE SUR L’ÉPILEPSIE - Mai 2013

Dossier
Pour une
QUELLE SCOLARITé pour LES
ENFANTS AVEC éPILEPSIE ?
prise en charge
• Trouver la scolarisation scolaire sur mesure

S’
la plus adaptée������������������ P.02
il est un sujet qui justi- d’éléments qui, à ce jour, sont loin d’être la
•T
 rop de personnes mal fie bien l’engagement en norme : lutte contre l’isolement, information,
informées sur l’épilepsie����� P.04 faveur d’une cause c’est formation, et surtout, échanges et coordina-
celui de la scolarisation tion entre parents, neuropédiatres, corps ensei-
•T
 roubles cognitifs et parcours perturbée par une patho- gnant et médecine scolaire.
scolaires des enfants avec
logie. Ambitions, espoirs, bonheur de voir
épilepsie : état des lieux����� P.06
son enfant épanoui réaliser ses rêves se fra- Périphérique à celui de l’école, le sport est
• Une fiche « enfant et cassent alors contre une réalité difficile en un sujet qui exclut trop souvent les épilep-
épilepsie  » diffusée ce qui concerne l’épilepsie, toujours péril- tiques. Là aussi, depuis quelques années,
aux enseignants����������������� P.09 leuse à appréhender et à gérer. LFCE, FFRE, CNE ont pris les choses en
main et tenté de montrer que sport et épi-
• Un réseau de coopération D’après les chiffres communiqués en lepsie n’étaient pas contradictoires...
sanitaire et médico-sociale�� P.10 2011 par le Ministère de l’Edu- mais le chemin est long.
cation nationale, l’épilepsie Alors que la FFRE vient de
• Une communication Un enfant
était alors la troisième cause sur deux a clore son appel à projets de
indispensable entre
de demande de PAI*, après les des difficultés recherche pour 2013 et se féli-
parents, enseignants
allergies et l’asthme. De fait, un à l’école. cite d’avoir reçu de nombreux
et rééducateurs������������������ P.12
enfant touché sur deux a des dif- dossiers d’excellence, aucun nu-
• Quelle vie pour les enfants ficultés à l’école, dues soit directe- méro ne serait complet sans faire,
en institutions ment à son épilepsie, soit indirectement aux comme c’est désormais notre habitude, un
spécialisées ?�������������������� P.14 traitements de celle-ci, à l’absentéisme et zoom sur nos chercheurs français.
aux restrictions d’activité qu’on lui impose,
à l’isolement subi du fait des préjugés et de En finissant ce numéro, que nous espérons
la méconnaissance de la pathologie… utile et instructif, n’oubliez pas que la FFRE
NOS CHERCHEURS
ne vit que grâce à votre générosité.
• Zoom sur un chercheur������� P.16 L’enjeu, qui est aussi un enjeu de santé Soutenez la Fondation et son action, pour
publique, est donc de trouver la prise en l’amélioration de la connaissance de la mala-
charge scolaire la plus adaptée au cas de die et de sa prise en charge.
chaque enfant, en privilégiant à chaque fois Et n’oubliez pas que nous avons aussi be-
en pratique
que cela est possible et adapté le parcours soin de vous au Conseil d’administration et
•S
 port et épilepsie : contraires en milieu classique. comme bénévoles.
ou complémentaires ?��������� P.18 Pour y arriver, encore faut-il la conjonction Nous vous en remercions. l

Bernard Emmanuelle
ESAMBERT, ALLONNEAU-ROUBERTIE,
Président Directrice générale *PAI : Projet d’Accueil Individualisé

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.1


Dossier SCOLARITé ET éPILEPSIE

TROUVER LA SCOLARISATION
LA PLUS ADAPTéE

Entretien avec le Dr Stéphane Auvin

L
e Docteur Stéphane Auvin est cette question : quel type de prise en d’emblée, entraînent un risque impor-
neuropédiatre, Praticien Hos- charge scolaire est la plus adaptée ? tant, quand d’autres molécules ont
pitalier en charge de la théma- Est-ce une structure classique avec un moins d’effet. Nous attendons le plus
tique « épilepsie » dans le service de aménagement ou une filière spécialisée tard possible avant de prescrire les mé-
Neurologie Pédiatrique de l’hôpital au sein de l’école, comme les enseigne- dicaments à effet cognitif et, si possible,
Robert Debré à Paris. ments en CLIS* ? Ou faut-il, et la ques- nous n’y avons jamais recours. Après, il
Il nous explique quelles sont les consé- tion est délicate, sortir de l’école clas- faut trouver le bon équilibre. D’un côté,
quences des épilepsies de l’enfant sur sique pour rentrer dans une institution il faut soigner l’épilepsie mais de l’autre
la scolarisation et nous parle des ini- spécialisée ? côté, il ne faut pas adopter un traitement
tiatives prises à l’hôpital R. Debré pour Mais il y a toutes les autres épilepsies, qui aurait trop d’effets secondaires. Il
améliorer la connaissance de la mala- qu’elles soient focales ou généralisées. faut équilibrer la balance « bénéfice-
die au sein de l’Education Nationale. Elles peuvent s’accompagner de troubles risque ».
spécifiques qui vont gêner une compé-
tence particulière : langage, mémoire, at- FFRE. Comment prendre en compte
FFRE. Quelles sont les conséquences tention. A ce sujet, je veux insister sur un l’aspect psychosocial de la maladie ?
de l’épilepsie sur la vie scolaire de point : quel que soit le type d’épilepsie, Dr SA. Le côté psychosocial est très
l’enfant ? il faut être toujours attentif au dérou- important. Il résulte de l’image que vé-
Dr SA. Quand on prend la thématique lement de la scolarité. En effet, même hicule la maladie, dont le corps ensei-
globale : épilepsie et scolarité, un enfant quand les épilepsies sont considérées gnant ou les autres élèves ont peur, du
sur deux a des difficultés à l’école. Ce comme bénignes, par exemple dans sentiment d’isolement que ressentent
ne sont pas seulement des problèmes l’épilepsie absence de l’enfant, on sait les enfants. C’est difficile d’en mesurer
d’apprentissage. Certains patients ont qu’un patient sur deux a des troubles précisément les effets mais nous avons
des difficultés à cause de l’absentéisme, attentionnels. Dans un grand nombre constaté, à l’occasion d’un concours de
de l’image que véhicule la maladie, des de cas, le traitement va faire disparaître dessins où les enfants représentaient
restrictions d’activité qu’on leur impose, les absences. Mais même quand les leur maladie, que le thème de l’école
et qui sont souvent injustifiées. absences ont disparu, le « travail » de est souvent présent. Par exemple, les
prise en charge globale du patient n’est jeunes patients se dessinaient « isolés »
FFRE. Les conséquences sur la scola- pas terminé. Est-ce que l’enfant a des au milieu de la cour de récréation.
risation sont-elles différentes selon le troubles attentionnels ? Est-ce que ces
type d’épilepsie ? troubles gênent ses acquisitions sco- FFRE. Que peut-on recommander pour
Dr SA. Oui. Certains patients ont une laires et l’empêchent d’avoir le « rendu améliorer la vie de l’enfant épileptique
épilepsie génétiquement déterminée ou scolaire » qu’il mérite d’avoir ? à l’école ?
lésionnelle, ou avec des malformations Dr SA. De très nombreuses choses !
cérébrales. Dans ce cas, on se place FFRE. La prise de médicaments a-t- Ce qui est très important c’est que la
d’emblée dans les « épilepsies asso- elle un effet sur les apprentissages ? nature de la prise en charge médicale
ciées à un retard mental ». L’organisa- Dr SA. De façon évidente, oui. Mais soit vraiment relayée auprès de la mé-
tion de la scolarisation va répondre à cela dépend du médicament. Certains, decine scolaire. En effet, les initiatives

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Dossier

au sein de l’école, soit pour deman-


der des adaptations pédagogiques,
soit pour délivrer des informations,
reposent sur l’intervention des per-
sonnes agissant dans les services de
médecine scolaire. Au sein du milieu

© contrastwerkstatt - Fotolia
scolaire, la méconnaissance de l’épi-
lepsie est du même niveau que celle
de la population générale, c’est-à-dire
quasi-totale. Les peurs sont multiples à
commencer par celle de la crise sur-
venant en classe. Mais il y a aussi les
restrictions injustifiées pour le sport. Il de formation sur le même thème en épileptique a besoin d’une pause entre
y a la crainte exagérée de l’écran TV, décembre. les cours. Il vaudrait mieux ne prendre
de l’ordinateur, car si les crises photo A la suite de ces journées, nous avons en considération qu’une partie du travail
déclenchées sont connues, elles sont maintenant un contact privilégié avec pour la note. Mais cela demande un gros
en pratique assez rares. l’Académie de Versailles. Nous souhai- travail de la part des enseignants, pour
Finalement, trois choses pourraient tons mettre en place des formations construire une évaluation qui permette
améliorer la vie des enfants à l’école : professionnelles au sein de l’Education de mesurer réellement le niveau.
les adaptations pédagogiques, une Nationale pour des personnes “clefs”
meilleure connaissance de ce qu’est telles que médecins et infirmières sco- FFRE. Souhaitez-vous évoquer d’autres
la maladie, et l’abandon des restric- laires mais aussi pour les enseignants points liés à la scolarisation ?
tions qui ne sont pas nécessaires au spécialisés référents, pour l’orientation Dr SA. Nous travaillons actuellement
quotidien. scolaire. sur l’orientation scolaire pour faire avan-
cer les choses. De nombreux patients
épileptiques se retrouvent diplômés
Au sein du milieu scolaire, la méconnaissance dans une profession que, par la loi, ils
de l’épilepsie est quasi-totale. ne pourront pas exercer. Ils ressentent
alors une énorme frustration… Com-
ment faire pour proposer une orien-
tation adaptée à chaque patient ? La
FFRE. Il faut donc favoriser les FFRE. Que dire du bilan neuropsycho- réflexion mérite d’être approfondie, on y
échanges entre le neuropédiatre et le logique ? travaille pour 2013.
corps enseignant. Dr SA. Il faut le faire, dès qu’il y a des Enfin, il y a le travail qu’on met en
Dr SA. C’est ce que nous essayons de difficultés. C’est fondamental. Le bilan place dans le cadre de l’éducation
faire. L’an dernier, la première journée neuropsychologique, c’est la base de thérapeutique (voir R et P mai 2012)
« Epilepsie » de Robert Debré avait pour l’investigation pour savoir quelles vont du patient, avec les familles. Cette dé-
thème « Epilepsie et scolarité ». Beau- être les adaptations pédagogiques, où marche vise à approfondir la connais-
coup de médecins scolaires étaient pré- sont les points forts et les points faibles. sance de la maladie par les patients
sents, signe qu’il y a une vraie demande C’est bien de demander, auprès du mé- et leur famille. C’est aussi un moyen
de leur part. J’insiste sur le fait que les decin scolaire, qu’il y ait un tiers temps “clef” pour que la perception globale
médecins et les infirmières scolaires, supplémentaire. Encore faut-il que ce de la maladie évolue.  l
qui peuvent intervenir pour faire de la tiers temps soit appliqué de façon « intel-
formation et de l’information, sont le ligente ». Il ne faut pas allonger le temps
relais naturel pour améliorer les choses. consacré aux devoirs et supprimer la ré- Lexique
Nous avons fait une seconde journée création. Comme un autre élève, l’enfant *CLIS : Classe pour l’Inclusion Scolaire

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Dossier SCOLARITé ET éPILEPSIE

TROP DE PERSONNES MAL


INFORMéES SUR L’éPILEPSIE
Témoignage de Stéphane Ilinski
Les hauts et les bas du parcours scolaire de Clara.

FFRE. Voulez-vous vous présenter à redoublé mais tout s’est bien passé. gnants dans la même classe à tour de
nos lecteurs ? Les problèmes ont recommencé quand rôle. Donc, la situation était plus com-
SI. Je m’appelle Stéphane, j’ai 40 ans. elle est arrivée en CP, toujours dans le pliquée et les progrès ont été moins évi-
J’ai une fille de 12 ans qui s’appelle public. Entre temps, on s’était rappro- dents. Il y a eu alors un conflit avec le
Clara. Son épilepsie s’est déclarée peu ché d’un organisme, l’ESSOR, qui est SESSAD qui a dit, sans nous consulter,
avant l’âge de 1 an. Elle se manifestait un SESSAD*. Une équipe éducative que Clara ne devait pas passer dans la
par des myoclonies avec des absences. s’est constituée autour de Clara, en lien classe supérieure alors que l’école avait
A l’époque, Clara pouvait faire plusieurs avec l’école. Mais les choses ne se sont un point de vue positif sur elle. Nous
centaines de crises par jour. Peu après pas très bien passées avec l’école. Un avons de nouveau changé d’école, tou-
ses 3 ans, Clara a été traitée avec une enseignant nous a dit qu’il fallait envi- jours dans le secteur privé sous contrat.
bithérapie qui a eu pour effet de sup- sager une CLIS parce que Clara « na- Là, nous avons trouvé, en théorie, un
primer les crises. Depuis 2 ans, en l’ab- geait » complètement. accueil positif avec une proposition de
sence de crise, les médicaments ont été Sa maman et moi n’avons pas ac- rentrer en CM1 moyennant un amé-
diminués progressivement et, depuis cepté cette proposition. Nous étions nagement particulier. Les enfants qui
1 mois, Clara ne prend plus aucun trai- conscients que Clara avait des difficul- avaient des difficultés, notamment la
tement. Elle est actuellement en classe tés importantes avec des problèmes dyslexie, revenaient sur les enseigne-
de CM2. d’affect, de psychologie mais il n’y avait ments fondamentaux le matin, en petits
pas de déficit intellectuel. Elle était groupes. L’après-midi, ils regagnaient
FFRE. Comment s’est passée la scola- déjà dans un environnement difficile : leur classe. Par malchance, la personne
risation de Clara ? le SESSAD, l’hôpital… Nous voulions en charge de ces cours n’a pas eu un
SI. Clara est d’abord allée en mater- qu’elle s’accroche pour qu’elle reste bon contact avec Clara – elle ne s’en est
nelle classique. A l’époque, elle ne scolarisée dans un univers “classique”, pour ainsi dire pas occupée – et Clara
parlait pas du tout. La première année persuadés que cela aiderait à sa socia- a régressé sur le plan scolaire. Une
s’est relativement bien passée puis lisation. AVS* a été obtenue, mais elle devait
elle a dû changer d’école pour des rai- s’occuper de plusieurs enfants. Clara
sons administratives. Dans la nouvelle FFRE. Qu’avez-vous décidé ? est passée en CM2 mais l’école nous a
maternelle, les choses se sont mal SI. Nous sommes passés outre l’avis dit d’emblée : il faudra l’orienter l’année
passées. L’enseignante a mis Clara de l’école et avons mis Clara dans une prochaine en CLIS car elle est très loin
au fond de la classe parce qu’elle ne école privée sous contrat où elle a été d’avoir le niveau. L’école ne voulait pas
parlait pas. A la même époque, nous bien accueillie. Il y avait là une ensei- lui faire redoubler le CM2.
avons divorcé, ce qui a compliqué les gnante extraordinaire. Comme il se Donc, on a trouvé une école privée hors
choses. Clara commençait à ne plus doit, dès qu’on tombe sur des gens contrat, qui fonctionne uniquement avec
faire de crises. Nous avons déménagé qui mettent de la bonne volonté, de la des très petits groupes d’élèves. C’est
et Clara a suivi sa maman d’où un compréhension, de l’énergie, les pro- très onéreux mais, en revanche, le cadre
nouveau changement de maternelle. grès suivent. Et c’est ce qui s’est passé est idéal. Clara refait un CM2, cette fois
Là, nous sommes tombés sur un en- pour Clara en CE1. dans un cas de figure favorable. Il n’y a
seignant qui était très bien. Clara a En CE2, changement, avec 2 ensei- que 5 élèves par classe avec un maître

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.4


Dossier

r­encontrées par l’enfant à l’école doit


intéresser les médecins.
Là où il y a de gros progrès à faire, c’est
sur la formation des AVS. Le plus sou-
© Christian Schwier - Fotolia

vent, nous sommes tombés sur des


personnes mal ou pas formées/infor-
mées sur l’épilepsie.

FFRE. Où en est Clara aujourd’hui ?


SI. Elle a soif d’apprendre. Elle est
qui aime ce qu’il fait. Sans connaître les FFRE. Pour vous, qu’est-ce qui est le dans un environnement où elle peut
problèmes particuliers liés à la maladie plus important pour obtenir des pro- reprendre confiance en elle, ce qui lui
de Clara, il l’a fait néanmoins progresser grès ? manquait. Elle aime bien l’école, malgré
de façon très significative. Nous avons SI. Tout est fonction des enseignants. les contraintes. Elle est de plus en plus
pour la première fois depuis longtemps A plusieurs reprises, alors que Cla- posée. Elle va rester dans le même éta-
la certitude que Clara travaille et qu’on ra était dans des périodes difficiles, blissement l’année prochaine. Les sacri-
l’accompagne ! elle a eu des enseignants de qua- fices financiers que cela nous impose
lité et avec des effectifs classiques sont vraiment utiles. Si on avait écouté
FFRE. Est-ce qu’on a proposé un projet (25-30 enfants), elle a fait des progrès les uns et les autres Clara se serait arrê-
d’accueil individualisé (PAI) à Clara ? absolument fabuleux. Simplement tée au niveau du CP et serait allée en
SI. Oui. Un PAI a été proposé par parce que les enseignants savaient CLIS.
l’équipe pédagogique du SESSAD, avec mettre l’accent sur des points qui l’ai- On nous avait dit : il ne faut pas les
le Directeur de l’école, les enseignants, daient à progresser et lui donnaient pousser à tout prix car ils sont dans la
le médecin scolaire, le psychologue sco- confiance en elle. J’insiste sur le fait souffrance, ce qui est vrai. Je crois qu’il
laire et, d’une manière uniquement for- que ces enseignants n’avaient pas une faut sentir son enfant, ses capacités,
jusqu’où il peut aller. On n’a pas pous-
sé Clara dans les extrêmes. L’objectif
Ce qui découle des difficultés rencontrées par n’est pas forcément qu’elle fasse de
l’enfant à l’école doit intéresser les médecins. grandes études supérieures, l’objectif
est qu’elle apprenne les fondamen-
taux qui lui permettent une indépen-
melle, le neurologue. Très sincèrement, formation particulière sur le plan médi- dance dans sa vie d’adulte et surtout
ça n’a jamais rien donné, si ce n’est des cal. Avec eux, par la suite, on a essayé qu’elle trouve une voie qui lui plaise
choses négatives. de mettre à disposition de la documen- plus tard. l
On a l’impression d’un empilement tation et de dialoguer sur l’épilepsie, les
administratif, avec des gens coupés de médicaments. C’est aux parents d’ap-
la réalité. Il y a une coupure, que se porter l’information sur les problèmes Lexique
proposaient de combler des institutions que rencontre leur enfant. Ce n’est *SESSAD : Services d’Education Spécia-
comme le SESSAD, mais selon notre pas le métier des médecins. En re- lisée et de Soins à Domicile
expérience, cela n’a pas marché. vanche, ce qui découle des ­difficultés *AVS : Auxiliaire de Vie Scolaire

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.5


Dossier SCOLARITé ET éPILEPSIE

TROUBLES COGNITIFS ET PARCOURS


SCOLAIRES DES ENFANTS AVEC
éPILEPSIE : éTAT DES LIEUX
Interview du Dr Christine Bulteau

FFRE. Vous avez mené une étude sur cette différence d’orientation ne s’expli-
Le Docteur les troubles cognitifs des enfants épi- quait pas par la fréquence des crises,
leptiques et leur parcours scolaire.
Christine Quels en sont les principaux résultats ?
ni l’âge de début, ni l’âge à l’évaluation,
ni le type d’épilepsie. Le seul critère qui
Bulteau Dr CB. L’étude portait sur 251 enfants apparaissait différent était le nombre
est neuropédiatre (Service de pour lesquels nous avions l’histoire de molécules antiépileptiques (MAE) :
Neurochirurgie Pédiatrique de médicale précise, le niveau intellec- au-delà de 2 antiépileptiques, 81 %
la Fondation A. de Rothschild tuel et le type de scolarisation. On sait des enfants étaient en institution
et Service de Neurologie que l’épilepsie est à risque de retard contre 59 % si les enfants prenaient
Pédiatrique de l’Hôpital intellectuel dans un nombre limité de moins de 2 MAE. Nous n’avons pas
cas estimé à 10 à 15 %. Cette étude pu identifier clairement les raisons de
Robert Debré, Paris). Elle est
a montré que porter le diagnostic de cette différence. Etait-ce parce que la
aussi Docteur en Psychologie
“syndrome épileptique’’ conduisait polythérapie est mieux tolérée quand
et travaille dans le groupe de souvent à mieux prendre en charge les enfants sont en institution ? Etait-
Neuropsychologie du Déve- le devenir de ces enfants, non seule- ce parce qu’à syndrome égal l’épilepsie
loppement du Pr Isabelle ment en termes de traitement médical était plus sévère, ce qui avait orienté le
JAMBAQUE au sein de l’UMR de l’épilepsie mais aussi en termes de choix vers l’institution ?
INSERM 663 (Epilepsies scolarisation.
Ainsi, les enfants atteints d’une épilep- FFRE. Quel a été l’impact de ce résul-
de l’enfant et plasticité
sie non-idiopathique* généralisée, type tat ?
­cérébrale) dirigé par le
syndrome de West ou de Lennox-Gas- Dr CB. Il a fait prendre conscience aux
Dr Catherine CHIRON à taut, avaient dans leur grande majorité médecins épileptologues que porter un
l’Hôpital Necker, Paris. une efficience intellectuelle abaissée. diagnostic du type d’épilepsie a une
Elle nous présente les résul- Plus de 60 % d’entre eux étaient orien- influence sur le devenir scolaire de
tats d’une étude sur les liens tés vers un IME* et 13 % dans des l’enfant. De plus, il attire l’attention sur
entre syndromes épilep- classes adaptées. le retentissement du traitement sur la
A l’inverse, les enfants avec épilepsie scolarité des enfants et renforce l’idée
tiques chez l’enfant, troubles
partielle ou généralisée idiopathique* d’éviter « l’empilement » des MAE quel
cognitifs et scolarité et insiste
ou partielle non-idiopathique pré- que soit le syndrome épileptique.
sur la nécessité d’évaluer sentaient en majorité une capacité
l’impact de la maladie sur la intellectuelle normale. Pour la moitié FFRE. Avez-vous analysé les troubles
qualité de vie des enfants. d’entre eux, le parcours scolaire était cognitifs des enfants inclus dans
classique. Mais pour les autres, à ni- cette étude ?
veau intellectuel identique normal ou Dr CB. C’est la deuxième partie du
proche de la normale, certains étaient travail qui portait sur les enfants ayant
orientés en secteur adapté type CLIS, une épilepsie partielle chez lesquels
d’autres en IME. Dans cette étude, nous avons analysé les résultats de

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.6


Dossier

épilepsie temporale peuvent présen-


ter des troubles de la mémoire à long
terme.

FFRE. D’où l’importance d’un bilan


complet et précoce.
© Christian Schwier - Fotolia

Dr CB. C’est évident. Dans les épilep-


sies idiopathiques, il y a des troubles
attentionnels et une certaine lenteur
quand la maladie est dans sa phase
active, troubles qui peuvent expliquer
un retard d’apprentissage scolaire (par
l’échelle de Wechsler. Celle-ci se com- de troubles cognitifs spécifiques qui exemple des troubles du langage écrit).
pose de différents « subtests » verbaux peuvent expliquer des difficultés Si on fait le diagnostic et que des ac-
(information, similitude, arithmétique, d’apprentissage et conduire à un bilan compagnements pédagogiques et des
vocabulaire, compréhension) ou non- plus poussé sur le plan neuropsycho- rééducations (si nécessaire) sont mis
verbaux (complètement d’images, logique. en place pendant 2 ou 3 ans, l’enfant
arrangement d’images, assemblage va avoir moins de retard scolaire et a
d’objets, etc.) et apporte une analyse FFRE. Ces résultats montrent l’intérêt plus de chance de rester en circuit
qualitative tout aussi riche que les d’une analyse fine des troubles cogni- classique. Par exemple, un enfant qui
chiffres globaux de Quotient Intellec- tifs. a une épilepsie-absence vers 5 ans
tuel... Nous avons constaté que les Dr CB. En effet. Il y a des enfants n’aura plus rien à 10 ans. Si on prend
en charge précocement les problèmes
d’apprentissage, quand l’épilepsie
Le diagnostic à l’école permet à l’enfant d’avoir s’arrêtera, l’enfant aura moins de
moins de retard scolaire et plus de chance de retard scolaire et son parcours sera
rester dans le circuit classique. amélioré et la vie continuera norma-
lement à l’adolescence.

profils cognitifs étaient différents qui savent parfaitement leur table de FFRE. Quel est le rôle du médecin qui
selon la localisation de l’épilepsie multiplication en CE2, CM1. On leur suit régulièrement l’enfant ?
(temporale, frontale ou occipitale...). demande de faire des problèmes mais Dr CB. Le message à faire passer est le
Les enfants avec épilepsie occipitale ils ne savent pas quelles opérations uti- suivant : lors de la consultation médi-
présentaient des résultats faibles aux liser. A l’inverse, certains enfants vont cale, si l’enfant ne fait pas de crises
subtests faisant appel à la perception bien raisonner mais ils n’arrivent pas à sous traitement ce qui est le cas de la
visuelle. Les enfants avec épilepsie apprendre leurs tables. Les deux au- majorité des enfants avec épilepsie, il
frontale avaient une efficience intel- ront des difficultés en mathématiques ne faut pas seulement se contenter de
lectuelle normale, mais de moins bons mais, dans un cas, il faudra laisser à renouveler l’ordonnance ; il faut poser
résultats à l’épreuve d’arithmétique l’enfant ses tables parce qu’il saura la question des apprentissages sco-
mettant en jeu le raisonnement logico- les utiliser alors que dans l’autre cas, laires et suspecter d’éventuels troubles
mathématique. L’échelle de Wechsler, il faudra le guider vers la bonne opé- cognitifs ou psychologiques.
réalisée par un(e) psychologue, per- ration en lui donnant un petit coup de Il faut questionner les parents sur le
met d’attirer l’attention sur l’existence pouce. Par exemple, les enfants avec bulletin scolaire et les appréciations,

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.7


Dossier SCOLARITé ET éPILEPSIE

LA QUALITé DE VIE DE L’ENFANT éPILETIQUE :


UN NOUVEL OUTIL POUR L’ESTIMER
MHB. La façon dont se déroule la scolarité influe largement sur la qua-
lité de vie de l’enfant. Peut-on l’estimer ?

Dr CB. A ce propos, j’ai été sollicitée par les associations de patients et la être faits et ce bilan, qui inclut un bilan
FFRE, en 2005, pour répondre à un appel d’offre de la Direction Générale scolaire et souvent des tests psychomé-
de la Santé. triques, va décider de l’orientation. La
Nous avons obtenu un financement qui a permis de mener la première MDPH* est saisie et une orientation est
étude en France sur le retentissement de l’épilepsie sur la scolarité et la proposée à la famille, qui peut l’accep-
qualité de vie incluant 239 enfants avec tout type d’épilepsie. Pour la pre- ter ou non. Il faut comprendre que dans
mière fois a été créé un objectif de Santé Publique dédié aux épilepsies de la grande majorité des cas, l’école va
l’enfant (objectif 63) et de l’adulte. Objectif reconduit dans la loi en 2010. « révéler » les difficultés de l’enfant et
Avec des neuropsychologues, médecins, et des établissements pour non l’inverse. Il est important d’écouter
enfants avec épilepsie, les médecins scolaires du Val de Marne et le les professionnels de l’Education Natio-
médecin conseiller technique à l’Inspection d’Académie, nous avons éla- nale, comprendre pourquoi une telle
boré une échelle de qualité de vie au terme de 2 à 3 ans de travail. Notre orientation est proposée, parfois accom-
étude a montré que même les enfants avec épilepsies idiopathiques pagner les familles pour que ce choix ne
dites « bénignes » présentent des troubles d’apprentissages scolaires se fasse pas par défaut. Le plus souvent,
et qu’il est primordial de les prendre en charge pour en limiter les le neurologue ou le pédiatre ne sont pas
conséquences. Nous avons proposé une Echelle Française d’Impact et de consultés par le médecin scolaire.
Qualité de Vie Chez l’Enfant atteint d’Epilepsie (EFIQUACEE). Il s’agit d’un Avec le Dr AUVIN (voir p.2) nous avons
questionnaire rempli par la famille évaluant la qualité de vie de l’enfant entrepris une action pour faire dialoguer
en général, l’impact de la maladie sur l’enfant, les signes d’anxiété et/ les médecins épileptologues et méde-
ou de dépression, les troubles du comportement, de la sociabilité et cins scolaires. Il faut vraiment faire bou-
le retentissement de la maladie sur la qualité de vie des parents. Des ger les choses. En Ile-de-France, on
études vont démarrer dans le contexte de la chirurgie de l’épilepsie du estime qu’il y a 7 à 10 000 enfants qui
nourrisson et de l’enfant dans notre service de neurochirurgie pédiatrique sont traités par des antiépileptiques.
à la Fondation Rothschild. On pourrait imaginer que ce questionnaire soit Sachant que plus de la moitié ont des
utilisé dans un autre contexte ; par exemple rempli par les familles dans difficultés scolaires, cela constitue un
la salle d’attente du médecin épileptologue. Selon les réponses, il pourrait vrai problème de santé publique.  l
aider le médecin à décider d’orienter l’enfant vers une consultation spé-
cialisée, pour un bilan neuropsychologique, de l’orthophonie, etc.

Lexique
*épilepsie non-idiopathique : épilepsie
provoquée par une cause identifiable
*épilepsie idiopathique : épilepsie qui
l’autonomie de l’enfant dans son FFRE. Qui décide d’envoyer l’enfant n’est pas due à une lésion ou à une
travail scolaire, l’écart entre le tra- vers un IME ? autre maladie mais qui a une cause
vail fourni par l’enfant et son « ren- Dr CB. Normalement, cela se fait quand génétique probable et ne s’accom-
dement » scolaire, des difficultés il y a un réel problème d’apprentissage pagne pas d’autres symptômes que les
spécifiques d’apprentissage que les à l’école. Si l’écart par rapport à la si- crises. Les crises sont généralement
parents ont souvent repérées et qui tuation standard est trop important, bien contrôlées par les antiépileptiques
peuvent être banalisées par le méde- automatiquement, le psychologue et le *IME  : Institut Médico Educatif
cin sous prétexte que l’épilepsie est médecin scolaires vont être saisis du *MDPH  : Maison Départementale des
stabilisée… dossier. Très souvent, des tests vont Personnes Handicapées

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.8


Dossier

UNE FICHE « ENFANT ET


éPILEPSIE  » DIFFUSéE
AUX ENSEIGNANTS
Interview de M. Pierre Lahalle-Gravier

à l’IUFM* ou à l’université, que l’épi- une probabilité de 55 % d’être en pré-

Pierre lepsie est une maladie qui peut se sence d’une crise d’épilepsie en classe
manifester par des rêveries, des arrêts au moins une fois dans sa carrière. Par
Lahalle-Gravier sur image, des chutes, avec les consé- conséquent, il est important qu’il sache
est Président d’Accueil Epilep- quences que je viens d’expliquer. comment réagir. Par exemple, en cas
sie Grand’Est et Secrétaire Gé- de crise, il ne faut rien faire d’autre que
néral de l’EFFAPE (Fédération FFRE. Qu’avez-vous entrepris de faire ? de protéger l’enfant contre les blessures
des Associations en faveur des M. P L-G. Deux éléments ont favorisé qu’il pourrait se faire. Le message est
Personnes Handicapées par notre action en Lorraine : des ensei- qu’il faut tenir compte du retard sco-
gnants qui étaient concernés par l’épi- laire qu’entraînent inévitablement les
des Epilepsies Sévères).
lepsie dans leur famille et la présence troubles de mémoire dus aux crises.
d’un Centre d’Observation et de Cure Donc, qu’il peut être nécessaire d’avoir
pour les Enfants Epileptiques (COCEE) une AVS pour faire du soutien scolaire.
à Flavigny sur Moselle. Le COCEE Il faut aussi travailler avec les parents à
FFRE. Quel est le constat qui a motivé nous a permis d’observer, avec les qui il revient de faire examiner l’enfant
votre action ? soignants et les éducateurs, le déve- afin qu’il soit traité.
M. P L-G. Pour l’enfant épileptique, loppement des enfants épileptiques
que ses crises soient des absences ou et de définir des repères qui puissent FFRE. Quel bilan tirez-vous de votre
des crises avec manifestations visibles, s’appliquer plus largement. De plus, à action ?
l’un des problèmes principaux est que l’intérieur même des établissements de M. P L-G. L’action que nous menons
cette suspension temporaire de l’acti- soins de Flavigny, il existe une école et avec le monde de l’enseignement
vité cérébrale provoque l’effacement de des classes de collèges destinées aux explique aux éducateurs que les épi-
la mémoire vive de l’ordinateur qu’est enfants handicapés, dont des enfants lepsies peuvent toucher les enfants,
le cerveau. Cet effacement supprime épileptiques. Ces 2 établissements dé- qu’elles ont des conséquences sur la
tout ce qui a été appris dans les heures pendent de l’Education Nationale ce qui vitesse d’exécution, la mémoire, l’ap-
précédant cette petite absence. Si les a facilité le dialogue. prentissage, donc sur la vie scolaire de
absences se renouvellent 3 ou 4 fois Après 5 à 6 ans d’échanges, la concer- tous les jours. Cette explication a une
par semaine, l’enfant n’apprend rien et tation a abouti à la rédaction d’une grande importance car les enseignants
perd pied. On le considère comme une fiche pédagogique appelée « Enfant et ont un rôle très précieux de détecteurs
tête en l’air, qui ne travaille pas assez. Epilepsie ». Le Recteur d’Académie a et de relais auprès des familles et du
Souvent, personne ne s’est aperçu de accepté, sous le contrôle des services corps médical.  l
cette brève absence, que ce soit l’infir- médicaux et scolaires, que cette fiche
mière ou le médecin scolaire ou les soit diffusée auprès de tous les ensei-
parents. Ce qui entraîne un retard dans gnants. Elle leur explique ce que sont
la prise en compte du problème et dans les épilepsies de l’enfant dans leurs Lexique
les soins. Alors qu’il suffirait qu’on ait deux formes les plus fréquentes. Elle les *IUFM  : Institut Universitaire de Forma-
expliqué à l’instituteur, quand il était sensibilise au fait qu’un enseignant a tion des Maîtres

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.9


Dossier SCOLARITé ET éPILEPSIE

UN RéSEAU DE COOPéRATION
SANITAIRE ET
MéDICO-SOCIALE
Interview du Pr Louis Vallée

FFRE. Quelle est votre vision générale Le message pourrait être : quand un
Le Professeur des conséquences de l’épilepsie sur enfant est suivi pour épilepsie, on doit

Louis Vallée la scolarité ? être encore plus attentif à la qualité


Pr LV. Il y a les conséquences liées de ses apprentissages car c’est un
est neuropédiatre, chef du
aux crises, celles liées au traitement enfant à risques de troubles d’appren-
Service de Neuropédiatrie du et celles qui ne sont pas liées à ces tissage. S’il existe une déficience intel-
CHU de Lille. Il est respon- deux paramètres mais qui dépendent lectuelle associée, l’épilepsie constitue
sable du Centre Régional de du milieu socioéconomique et de le plus souvent un facteur aggravant de
Diagnostic des Troubles de l’environnement. Chacun de ces trois la déficience.
l’Apprentissage (CRDTA), du éléments joue un rôle. Si on pose la
question de savoir si tout enfant épi- FFRE. La vie à l’école, l’orientation
centre de référence natio-
leptique est potentiellement en diffi- scolaire sont-elles abordées en consul-
nal multipolaire épilepsies
cultés d’apprentissages, la réponse tation à l’hôpital ?
rares-Sclérose Tubéreuse de est oui. Cependant, il me semble Pr LV. Bonne question. Il faut absolu-
Bourneville et du réseau de important de souligner qu’il ne faut ment, dans les consultations de neu-
santé NeurodeV. pas isoler l’épilepsie de l’enfant du ropédiatrie, surtout lors du premier
problème plus général des troubles contact, aborder la question de la
Nous voyons avec lui ce qui a d’apprentissage scolaires. Il faut scolarité et proposer des repères pour
veiller à ne pas attribuer à l’épilep- que soit établi pour chaque enfant un
été réalisé dans le Nord pour
sie des troubles qui de toute façon diagnostic et des modalités de prise en
fédérer les compétences des
auraient existé. En effet, on sait que charge. Mais cela demande du temps
professionnels de santé dans
selon la région de France considérée, et va à l’encontre de consultations
le but d’assurer une prise en 12 à 20 % des enfants présentent à courtes et de la « rentabilité » qu’on
charge globale de l’enfant des degrés divers des difficultés sco- exige des médecins à l’hôpital.
épileptique. laires. Depuis une quinzaine d’années, les
Chez les enfants épileptiques, on médecins ont compris qu’ils ne pou-
estime que des troubles scolaires vaient pas s’occuper seuls de ces
existent dans 20 à 50 % des cas, sui- problèmes. Il y a une réelle demande
vant l’enfant et le type d’épilepsie. Il est d’associer les compétences de psy-
donc essentiel de bien caractériser la chiatres, psychologues, neuropsy-
nature du syndrome épileptique. Les chologues, d’orthophonistes, d’ergo-
troubles d’apprentissage peuvent être thérapeutes, de psychomotriciens. Il
en rapport avec l’épilepsie elle-même, est tout aussi indispensable de col-
mais ce peut être le traitement, ou tout laborer avec les médecins et psy-
autre cause somatique ou psychique, chologues scolaires. Les bilans faits
d’où la nécessité d’évaluer non pas à l’école sont utiles et globalement,
l’épilepsie mais l’enfant épileptique. la collaboration avec les acteurs du

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.10


Dossier

risée mais ses habitants ont appris à


s’entraider.

FFRE. Sur quels messages souhaitez-


vous conclure ?
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Pr LV. J’insisterais sur 3 messages.


Le premier : on ne soigne pas une
maladie, on soigne un malade. J’ex-
plique régulièrement aux parents que
le problème principal pour leur enfant
épileptique, c’est d’apprendre ! Idéale-
ment : zéro crises et pas de troubles
monde de l’école a permis de créer Ce réseau constitue un maillage dans d’apprentissage. Soigner, c’est trouver
peu à peu une synergie dans la prise toute la région Nord. Les 15 zones cor- le juste milieu entre trop traiter et trop
en charge des enfants épileptiques. respondent aux 15 villes de la région. peu traiter. Il est plus difficile de soi-
Le réseau créé des liens entre les 4 sys- gner l’enfant épileptique que de traiter
FFRE. Comment s’est concrétisée tèmes concernés par l’enfant souffrant l’épilepsie, mais cela a du sens pour les
cette démarche à Lille ? de troubles du neurodéveloppement et parents, le médecin et l’enfant.
Pr LV. En neuropédiatrie nous avons particulièrement l’enfant épileptique : Le second message : on ne peut plus
créé un Centre Régional de Diagnos- hospitalier, libéral, médico-social et concevoir épilepsie et apprentissage
tic des Troubles de l’Apprentissage scolaire. Il est au service de toutes les scolaire sans une active collaboration
(CRDTA) au CHU de Lille coordonné familles qui sont en déshérence et qui avec les autres compétences paramé-
par le Dr Lemaitre. Ce centre impor- vont de professionnel en professionnel dicales.
tant, qui expertise environ 600 nou- sans coordination. Cette expérience est Le troisième message : la neuropédia-
veaux enfants par an, reste cependant paradigmatique pour les autres régions trie doit être reconnue comme une
insuffisant par rapport aux besoins de de France. Pourquoi cela a marché ici ? spécialité de la pédiatrie. Ces consul-
la région Nord de France (4M. d’habi- Les 2 départements du Nord sont très tations sont longues et exigeantes. Elles
tants). Il existe aussi une consultation denses en population, avec une histoire doivent être reconnues dans leur spé-
pluridisciplinaire qui s’est créée à qui a tissé des liens forts entre les « gens cificité ce qui permettra leur dévelop-
l’hôpital de la faculté catholique. On du Nord ». La région Nord est défavo- pement. l
estime que, tous types confondus,
120 000 enfants (12 %) présentent Des adresses utiles
des difficultés d’apprentissage dans
la région. 5 % sont des troubles spé-
http://sante-az.aufeminin.com Le site santé de AUFEMININ.COM est
cifiques.
partenaire de la FFRE. Les réponses aux questions concernant l’épilepsie,
sur de nombreux sujets, sont rédigées par des chercheurs et médecins
FFRE. Qu’est-ce que le réseau Neuro-
engagés à la FFRE. Voir en particulier le texte “Mon enfant souffre d’épi-
deV ?
lepsie” du Dr Stéphane AUVIN.
Pr LV. Le réseau NeurodeV est un
réseau de coopération sanitaire et www.integrascol.fr Ce site a été mis en ligne par des médecins spécia-
médico-social. Il est constitué d’une listes, des psychologues et des enseignants. Il est destiné aux enseignants
équipe associant une neuropédiatre, et aux professionnels de l’éducation amenés à accueillir des enfants ma-
une neuropsychologue et une psycho- lades et/ou handicapés mais il est consultable par tous. Le site comporte
logue clinicienne. J’ai pu faire nom- 4 rubriques : aspects médicaux, scolarisation, associations, témoignages.
mer une directrice (Dr Juzeau) et des Il apporte des informations fiables sur l’épilepsie, ses conséquences au
personnes « ressource » à l’écoute des quotidien et à l’école et sur les éléments favorisant le projet scolaire.
familles dans les 15 zones de la région.

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.11


Dossier SCOLARITé ET éPILEPSIE

UNE COMMUNICATION
INDISPENSABLE ENTRE
PARENTS, ENSEIGNANTs
ET RééDUCATEURS
Témoignage de Valérie SOUN, maman d’Enora

D
epuis l’Ille-et-Vilaine, la ma- section de maternelle, les difficultés des aménagements étaient néces-
man d’Enora nous apporte son d’apprentissage se sont révélées, avec saires pour aider à l’acquisition des
témoignage. des résultats très instables. Enora apprentissages.
n’était pas en mesure de travailler tous Nous avons demandé une AVS qui a
FFRE. Pouvez-vous vous présenter et les jours. Ce fut une période très dou- accompagné Enora au cours de son
présenter Enora ? loureuse, marquée par une rechute redoublement du CE1. Des séances
VS. Je m’appelle Valérie, j’ai 41 ans. importante des crises. Cette année-là de rééducation hebdomadaires ont dé-
J’ai 2 filles, Marine qui a 17 ans et Eno- fut difficile car nous étions confrontés marré : orthophonie, orthoptie, psycho-
ra qui a 13 ans. L’épilepsie d’Enora a à une enseignante peu compréhen- motricité et ergothérapie. Avec tous ces
débuté à l’âge de 20 mois. C’est une sive, fermée à toute discussion et ne intervenants, nous nous réunissions
épilepsie partielle, atypique, pharma- cherchant pas à nous aider. Elle inter- environ 3 fois par an, en présence de
corésistante, associée à des difficultés prétait les crises d’épilepsie comme l’équipe enseignante et de la directrice
d’apprentissage, une dyspraxie, des étant des crises de colère ! Malgré tout, de l’école. Nous nous sommes sentis
troubles de l’attention et du contact. Enora est rentrée en CP. A cette date, soutenus. Il y avait une équipe sensi-
Les crises durent 3 à 4 secondes et
peuvent se répéter jusqu’à 10 ou
15 fois par jour, dans les moments les Des aménagements sont nécessaires pour aider à
plus critiques. Ces crises ne sont pas l’acquisition des apprentissages.
toujours visibles par l’entourage. Enora
a un traitement lourd avec 2 médica-
ments. Sa maladie est stabilisée depuis j’ai décidé de travailler à temps partiel bilisée, mobilisée pour accueillir Enora
7 mois. Elle est actuellement en 6e, en pour l’aider au maximum, la stimuler, et pour mettre en œuvre les moyens
Section d’Enseignement Général et m’investir dans ses apprentissages. adaptés pour qu’elle reste dans la
Professionnel Adapté (SEGPA). Enora étant très fatigable, je voulais classe. Nous avancions tous vers le
lui éviter la garderie matin et soir, les même objectif : l’aider à progresser
FFRE. Comment s’est déroulée la sco- centres de loisirs. Son année de CP au maximum, aussi haut et aussi loin
larisation d’Enora ? s’est bien passée et elle a appris à lire qu’elle pouvait aller.
VS. Elle a été scolarisée en milieu clas- en 8 mois. Mais arrivée en CE1, les
sique, dans l’enseignement public, de- difficultés d’autonomie, de raisonne- FFRE. Quels ont été les facteurs de
puis la maternelle jusqu’au CM2, avec ment, d’organisation se sont révélées réussite des progrès d’Enora ?
des adaptations plus ou moins impor- et ont perturbé son année scolaire. Un VS. L’intégration a été favorisée par la
tantes, en fonction de son état de santé bilan neuropsychologique a été fait. Il communication entre parents, équipe
et de son traitement. Entre 3 et 5 ans, la a révélé un profil cognitif extrêmement enseignante et rééducateurs. Il est
maladie était peu active et les crises se hétérogène mais a écarté l’hypothèse très important d’expliquer la mala-
manifestaient exclusivement à la mai- d’un retard intellectuel. Les capacités die, pas seulement les crises mais
son. Par contre, à l’arrivée en grande d’Enora étaient dans la norme mais les conséquences de l’épilepsie et

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.12


Dossier

épileptiques ne sont pas paresseux ou


capricieux.
C’est important de ne pas cacher la
maladie. C’est vrai qu’on se pose la
question, surtout quand l’enfant est
stabilisé ou fait des crises qui passent
inaperçues. Même dans ce cas, j’en-
© goodluz - Fotolia

courage les parents à en parler comme


de toute autre maladie chronique. C’est
indispensable pour que l’enseignant
soit préparé à accueillir au mieux ces
moments difficiles et qu’il prépare les
du traitement sur le plan comporte- de sa maladie ? ». Ce sont des mots autres élèves.
mental, sur les apprentissages… Dire très durs à entendre car je sais qu’Eno- Il faut tenir compte aussi de tout ce qui
aussi que la maladie peut passer ina- ra ne joue pas. Il faut expliquer qu’il se passe après l’école. Il y a le temps
perçue en cas de crises brèves. Toutes peut y avoir des temps de crises et passé sur les devoirs : une heure
les semaines, j’allais voir l’enseignant des temps pendant lesquels l’enfant chaque soir pour Enora, qui avait be-
pour faire le point avec lui. On avançait est moins bien. Par exemple, chez soin de plus de temps pour mémoriser.
ensemble. Enora, le changement de traitement Plus toutes les séances de rééduca-
Ensuite, il y a les aménagements pé- a introduit des troubles du comporte- tion. Donc, c’est extrêmement lourd.
dagogiques. Enora a fait des progrès ment, des difficultés à être au contact
spectaculaires quand l’AVS a été mise des autres. La personne responsable FFRE. Et maintenant ?
en place. L’AVS ne venant que le ma- du périscolaire nous a convoqués VS. Enora est en sixième SEGPA. Nous
tin, les enseignants ont mis en place pour nous avertir et elle a obtenu de avons décidé de cette orientation car,
l’après-midi un système de tutorat avec la Mairie une personne supplémentaire à un moment donné, nous avons senti
les autres élèves. Enora était stimulée pour encadrer les enfants pendant les qu’elle s’essoufflait. Elle faisait des
par sa classe. temps de cantine. On sentait vraiment efforts importants mais elle perdait
Les enseignants ont accepté d’adapter que les choses étaient comprises et confiance en elle. Il fallait absolument
leur cours, de modifier la présentation que tout était fait pour aider. lever la pression. Il nous semblait trop
des documents, en choisissant des ca- compliqué qu’elle aille dans un col-
ractères plus grands pour aider à la mé- FFRE. Quels sont les points sur les- lège ordinaire : plusieurs enseignants
morisation, car Enora avait une bonne quels il vous paraît le plus important à sensibiliser, travail personnel à four-
mémoire visuelle. Il est nécessaire d’al- d’insister ? nir, effectifs lourds, difficulté d’obtenir
léger les exercices, de mettre en place VS. L’école doit faire en fonction de la une AVS toute la journée. En SEGPA,
éventuellement un PPRE (Programme disponibilité de l’enfant épileptique, Enora va faire un temps de pause. Le
Personnalisé de Réussite Educative). qui peut être altérée par les crises, les groupe comporte 16 élèves avec des
modifications du traitement. Elle doit enseignants spécialisés qui adaptent
FFRE. Au contraire, où se sont situées savoir baisser les exigences, alléger les cours au niveau des élèves. Au-
les principales difficultés ? les devoirs. jourd’hui, Enora est en situation de
VS. J’ai beaucoup entendu à l’école, Il ne faut pas qu’il y ait de malentendu : réussite, elle travaille sans AVS et re-
venant du personnel périscolaire une leçon non sue n’est pas une leçon prend confiance en elle. Le but, c’est
ou d’enseignants mal informés : non apprise. Il faut insister sur les qu’elle se sente bien, qu’elle progresse
« ne pensez-vous pas qu’Enora joue problèmes de mémoire. Les enfants et que sa maladie se stabilise. l

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.13


Dossier SCOLARITé ET éPILEPSIE

QUELLE VIE POUR LES ENFANTS


EN INSTITUTIONS SPECIALISéES ?

Interview du Dr Delphine Coste-Zeitoun

FFRE. Dans quel contexte est lancée peu concernant les enfants. El Sab-
Le Docteur cette étude ? bagh et coll** ont récemment montré
Dr D CZ. L’épilepsie est la mala-
Delphine die neurologique chronique la plus
que l’épilepsie de début précoce, la
prise de plusieurs anti-épileptiques
Coste-Zeitoun, fréquente chez l’enfant. Dans la et l’existence de troubles du compor-
neuropédiatre, travaille au majorité des cas, l’épilepsie guérit tement étaient des éléments le plus
Sessad l’ESSOR* à Paris et à avec l’âge ou avec un traitement anti- souvent retrouvés chez les enfants en
l’IME « Le Parc de l’Abbaye » épileptique adéquat ; dans environ établissement spécialisé. Ce travail
à Saint-Maur, accueillant 1/3 des cas, les crises persistent mal- a également donné lieu à l’élabora-
des enfants avec épilepsie et gré les traitements et peuvent alors tion d’une échelle de qualité de vie
avoir un retentissement sur le déve- adaptée pour les familles.
troubles associés.
loppement cognitif, le comportement, L’étude que nous lançons maintenant
l’intégration scolaire et les apprentis- a pour objet de décrire la popula-
Elle est co-responsable sages. Dans ce cas, l’orientation vers tion des enfants et adolescents avec
scientifique d’une étude un établissement médico-éducatif épilepsie et troubles associés em-
« Institutions spécialisées spécialisé est envisagée. Il n’existe pêchant la scolarisation en milieu
pour enfants avec épilepsie actuellement en France que 14 éta- ordinaire et qui sont pris en charge
en France » qui vient d’être blissements réservés à des enfants dans 10 des 14 établissements spé-
ou des adolescents présentant une cialisés réservés à cette population,
lancée, sous l’égide de
épilepsie et des troubles associés en France. Trois aspects vont être
l’« Observatoire de
(troubles cognitifs, déficience intel- analysés : le parcours éducatif avant
­l’épilepsie » et avec le réseau lectuelle, troubles du comportement l’entrée en institution, les caractéris-
­GRENAT, soutenu par la ou psychiatriques). Il nous a semblé tiques cliniques de l’épilepsie, son
FFRE.Elle nous en présente important de mieux connaître la po- évolution, le traitement, les troubles
les objectifs, la méthode pulation accueillie dans ces établis- associés et enfin la qualité de vie des
et le calendrier. sements en termes de type d’épilep- enfants et de leur famille.
sie, de ses causes, du retentissement
sur la vie quotidienne de l’enfant et FFRE. Quelle est la méthode em-
de sa famille ; et d’évaluer l’apport ployée pour cette enquête ?
d’une prise en charge en institution Dr D CZ. Après avoir obtenu l’accord
spécialisée en termes de contrôle des signé des parents, la collecte des
crises et de qualité de vie. données sur l’épilepsie se fait grâce à
une fiche informatisée correspondant
FFRE. Existait-il déjà des études sur à la fiche “dossier des patients’’ de la
ces jeunes patients en institution ? base de données GRENAT (voir R et
Dr D CZ. Il existe des études concer- P décembre 2012). La fiche est rem-
nant les patients adultes mais très plie par les médecins responsables

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.14


Dossier

livre de référence

Les épilepsies, parlons-en !


Auteurs : Nathalie Tordjman, Pr Jacques
Motte, Pr Louis Vallée
Illustrations : Aurélien Boudault
Editeur : Gulf Stream Editeur (9,5 €)

Disponible sur
http://www.fondation-epilepsie.fr

des enfants dans chaque centre avec dans le but de décrire l’évolution en Nous voudrions montrer que c’est
l’aide d’un médecin neuropédiatre institution, en termes de contrôle des une population spécifique dont la
qui se déplacera spécialement pour crises et de qualité de vie. prise en charge est complexe, néces-
l’étude. sitant des équipes éducatives et un
Le parcours éducatif de l’enfant avant FFRE. Où en est l’étude à ce jour ? cadre médical et infirmier spéciali-
l’entrée dans l’établissement sera Dr D CZ. L’étude est lancée. Les sés. En effet, à l’heure actuelle, les
évalué grâce à un questionnaire rem- familles ont reçu, par l’intermédiaire ressources sont insuffisantes, le per-
pli par les parents à l’admission. La des médecins de chaque établis- sonnel est parfois en sous effectif.
qualité de vie avant et après un an sement, une lettre les informant du L’autre objectif s’appuie sur l’étude
de séjour en établissement sera éva- démarrage de cette étude avec : un à un an. Nous souhaitons vérifier
luée par le questionnaire EFIQUACEE formulaire de consentement, le ques- l’hypothèse qu’une prise en charge
(Echelle Française d’Impact et de tionnaire sur le parcours de l’enfant globale et spécifique améliore l’au-
Qualité de Vie Chez l’Enfant atteint avant l’entrée dans l’établissement et tonomie de l’enfant et diminue l’im-
d’Epilepsie) (voir interview Dr C. Bul- le questionnaire qualité de vie. pact de la maladie sur l’enfant et sa
teau dans ce numéro). Actuellement, à l’IME de St Maur où famille.  l
je travaille, 60 à 70 % des familles
FFRE. Comment se déroule l’étude participent à l’étude.
dans le temps ?
Dr D CZ. L’étude va comporter FFRE. Combien de familles sont *Sessad l’ESSOR : Service d’Educa-
2 étapes. D’abord, les données concernées ? tion Spécialisée et de Soins à Domi-
concernant l’ensemble des enfants Dr D CZ. Environ 450 familles sur cile (SESSAD) situé à Paris. Il a la
vont être recueillies dans toutes les l’ensemble des institutions. particularité de n’accueillir que des
institutions (ceux nouvellement ad- enfants avec une épilepsie et en diffi-
mis comme ceux présents depuis FFRE. Qu’attendez-vous de cette culté d’apprentissage scolaire
plusieurs années). Cette étape va du- étude ?
rer au maximum 6 mois. Elle donnera Dr D CZ. L’objectif est de décrire la **El Sabbagh S, Soria C, Escolano
lieu à une étude descriptive de cette population des enfants avec épilepsie S, Bulteau C, Dellatolas G. Impact of
population. et troubles associés prise en charge epilepsy characteristics and behavio-
Pour les enfants nouvellement admis, dans les établissements médico-so- ral problems on school placement in
les mêmes données seront recueil- ciaux spécialisés et d’évaluer le bé- children. Epilepsy & Behavior 2006 ;
lies à l’admission et un an plus tard néfice d’une telle prise en charge. 9 : 573–8.

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.15


Article
Nos chercheurs

ZOOM SUR UN CHERCHEUR

Interview de Jérome Epsztein

Les traitements n’apportent pas de solution


Jérôme Epsztein à tous les patients.
est un jeune chercheur de
37 ans, qui a acquis une
belle expérience de près de choisi pour son contenu pédagogique. à la fois la plus répandue d’épilepsie
10 ans de recherche sur l’épi- J’ai enchaîné avec la préparation de ma partielle chez l’adulte mais aussi le plus
lepsie au laboratoire INSERM thèse de Doctorat concernant le rôle des souvent pharmaco-résistante – sur
récepteurs kaïnate dans la transmission une structure cérébrale fréquemment
U901/INMED (Institut de
synaptique excitatrice dans un contexte impliquée dans la genèse des crises :
Neurobiologie de la Méditer-
physiologique et dans l’épilepsie du lobe l’hippocampe. Il est nécessaire d’en
ranée) de Marseille. temporal. Ce travail de thèse avait été comprendre mieux la physiologie de
réalisé in vitro sur des neurones main- façon à pouvoir trouver des anti-épi-
tenus en survie artificielle et isolés de leptiques efficaces. L’équipe s’inté-
leurs principales voies afférentes en resse en particulier à un sous-type de
FFRE. Jérôme Epsztein, pouvez-vous provenance d’autres structures céré- récepteurs au glutamate (le principal
nous dire comment vous avez été brales. J’ai voulu comprendre l’impact neurotransmetteur excitateur du cer-
amené à consacrer votre activité pro- des modifications observées dans le veau) le récepteur kaïnate. Il y a plus
fessionnelle à la recherche et plus cerveau épileptique de façon intégrée. de trente ans, le laboratoire dirigé par
précisément dans le domaine de l’épi- Pour ce faire je suis allé me former dans le Pr Yehezkel Ben-Ari avait déjà mis
lepsie ? le Laboratoire du Pr Michael Brecht à en évidence l’effet convulsivant de l’ac-
JE. J’y ai été conduit à la fois par mon Berlin à l’enregistrement de l’activité tivation de ces récepteurs par injection
intérêt et ma curiosité pour le fonction- électrique des neurones in vivo. Par la de leur agoniste exogène préférentiel :
nement du cerveau. J’ai découvert la suite, j’ai obtenu un poste de chargé de le kaïnate. Pour ma part, lors de ma
recherche sur l’épilepsie lors de mon recherche à l’Inserm. Me trouvant bien, thèse de doctorat, sous la direction du
travail de thèse à l’Institut de Neuro- en confiance dans l’équipe de « Physio- Dr Valérie Crépel, j’ai plus particuliè-
biologie de la Méditerranée à Marseille. logie de l’Epilepsie du Lobe Temporal » rement travaillé à mettre en évidence
Je me suis rapidement passionné pour placée sous la responsabilité de Valérie que les synapses aberrantes moussues
cette pathologie et j’ai décidé de conti- Crépel, j’y suis retourné comme chargé qui se forment dans l’épilepsie du lobe
nuer à l’étudier car les traitements de recherche. temporal (comme l’a montré le Dr Al-
disponibles actuellement n’apportent fonso Represa au laboratoire) opèrent
pas de solution à tous les types d’épi- FFRE. Quels sont les thèmes de re- via des récepteurs kaïnate. Cette dé-
lepsie et tous les patients. cherche de cette équipe et notam- couverte était la première preuve que
Ayant obtenu une licence de biologie à ment les vôtres ? les récepteurs kaïnate étaient modifiés
Paris, je suis venu à Marseille pour un JE. L’équipe travaille dans le domaine dans l’épilepsie du lobe temporal et
Master de Neurosciences que j’avais de l’épilepsie du lobe temporal ­– forme donc pouvaient éventuellement jouer

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.16


Article
Nos chercheurs

de mémoire et d’orientation observés


chez les patients atteints d’épilepsie
du lobe temporal.

FFRE. Vous évoquez la mise au point


d’une nouvelle technique d’enregis-
© ktsdesign - 123rf

trement. Quelle est la part « tech-


nique » de votre travail ?
JE. C’est une part importante de notre
travail. En fait, nos recherches nous
amènent à « bricoler » nos installations.
un rôle dans la survenue des crises FFRE. Quelles sont vos orientations Ne disposant que de peu d’aide en ce
spontanées. L’équipe dirigée par Va- actuelles de recherche ? domaine, nous devons souvent fabri-
lérie Crépel étudie actuellement les JE. Je suis intéressé par certains as- quer nous-mêmes la pièce nécessaire
conséquences de cette transmission pects cognitifs, notamment la mémoire. pour compléter nos installations afin
synaptique kaïnate aberrante sur la En effet l’hippocampe, une des struc- de mesurer le phénomène que nous
genèse des crises épileptiques et sur tures les plus souvent impliquées dans voulons observer. Je peux par exemple
le fonctionnement de l’hippocampe en l’épilepsie du lobe temporal, joue un être amené à souder, limer, ajuster une
dehors des crises. Au sein de l’équipe rôle important pour la mémoire épiso- pièce de métal.
je développe une approche intégrée dique (la mémoire des évènements de
visant à comprendre les altérations notre vie quotidienne qui est référen- FFRE. Cela vous ennuie-t-il d’avoir à
de codage de l’hippocampe dans le cée à la fois dans l’espace et le temps). faire ce travail de bricolage ?
contexte de l’épilepsie du lobe tempo- D’autre part, l’hippocampe est impor- JE. En fait, non ; j’aime bien ce travail
ral en travaillant sur des animaux anes- tant pour le codage de l’information très varié, même si le fait de ne pas pou-
thésiés et éveillés en comportement. spatiale et permet la formation d’une voir faire appel à un spécialiste est une
carte cognitive de notre environnement, perte de temps. A cet égard, mes collè-
FFRE. En quoi ces résultats peuvent- sorte de système GPS interne, qui nous gues étrangers, allemands notamment,
ils être utiles aux patients ? permet de nous orienter dans l’espace sont souvent mieux lotis que nous, cher-
JE. Pour les patients, c’est la chaîne sans avoir besoin d’une carte physique. cheurs français puisque des postes de
de l’ensemble des recherches qui Ces deux fonctions pourraient partager mécaniciens existent dans les universi-
permet d’offrir des solutions. Le fait des mécanismes communs. J’essaie tés pour les aider dans leurs projets.
de mettre en évidence le rôle des ré- de mieux comprendre ces mécanismes Je suis passionné par mes recherches.
cepteurs kaïnate constitue un point au niveau cellulaire chez le rat sain de Je me fais plaisir au quotidien, même
de départ pour d’autres recherches façon à pouvoir ensuite déterminer des si le travail est long et les résultats sou-
qui pourront permettre de découvrir altérations éventuelles dans le contexte vent incertains.
les agents pharmacologiques ciblant de l’épilepsie du lobe temporal. Pour J’aime la variété de mon travail : les as-
ces récepteurs et l’effet de ces agents y parvenir j’ai mis au point une nou- pects intellectuels bien sûr, mais aussi
sur la genèse des crises d’épilepsie. velle technique d’enregistrement intra certains aspects concrets et aussi la
Nous espérons à terme aboutir à des cellulaire in vivo permettant des enre- rédaction d’articles scientifiques.
solutions thérapeutiques permettant gistrements sur l’animal en comporte- Et puis, j’apprécie de faire partie d’une
d’améliorer également les troubles ment d’exploration spatiale. A terme équipe, avec un échange permanent,
cognitifs observés chez les patients ces recherches pourraient permettre et une vraie autonomie dans mes
en dehors des crises. de mieux comprendre les troubles orientations de recherche. l

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.17


en pratique

SPORT ET éPILEPSIE : CONTRAIRES


OU COMPLéMENTAIRES ?

Interview du Pr Alexis Arzimanoglou

Il est souvent difficile pour une


personne épileptique, enfant
les mentalités évoluent lentement,
ou adulte, de pratiquer un très lentement.
sport.
Difficile pour un enfant d’être
admis dans un club de foot : FFRE. Chef du Service « Epilepsie, Cinq ans plus tard, les mentalités ont-
il faut un certificat médical et sommeil et explorations fonction- elles évolué ?
pour l’obtenir, il faut être bien nelles neuro-pédiatriques » des Hos- Pr AA. Le champ des activités phy-
plus motivé que n’importe pices de Lyon, Professeur Associé au siques s’ouvre peu à peu aux patients
quel autre enfant, il faut Collège de Médecine des Hôpitaux de atteints d’affections durables.
persuader le médecin qu’on Paris, grand spécialiste de l’épilepsie, Mais les mentalités évoluent lentement,
en a vraiment envie, qu’on se vous êtes engagé depuis quelques an- très lentement.
connaît bien, qu’on ne dépas- nées dans une lutte contre la discri- Des actions d’information et de sen-
sera pas ses limites, etc.
mination dont sont victimes les per- sibilisation comme celles entreprises
Et puis il y a l’assurance et
sonnes épileptiques, notamment dans avec la Ligue de Football sont utiles
les exclusions de garantie. Un
leurs souhaits de pratiquer un sport. et il faut persévérer, mais il n’est pas
motif imparable pour ne pas
En 2008, Membre de la Commission possible d’en attendre des change-
avoir le droit.
Et le regard de la société : des Affaires Européennes de l’ILAE ments rapides.
si je fais une crise au beau (International League against Epile- Aujourd’hui, certaines personnes épi-
milieu du match ? psy) et Président de la LFCE (Ligue leptiques pratiquent un sport norma-
Guère plus facile pour un Française Contre l’Epilepsie), vous lement. Mais beaucoup d’autres qui
adulte. aviez contribué à un partenariat avec le souhaitent n’y ont encore pas accès
Et pourtant ! la Ligue de Football, 1re étape d’un alors que, sauf pour certains sports ex-
Le sport donne du plaisir, plan ambitieux en France et à l’inter- trêmes ou dans le cas de certains types
renforce la confiance en soi, national, appelé à s’étendre progressi- de crises d’épilepsie ou de pathologies
contribue à l’insertion sociale. vement à d’autres sports. associées, cette discrimination n’a pas
Il peut améliorer la coordi-
La compétition de football UEFA qui lieu d’être.
nation motrice et certaines
s’est tenue en Suède en 2009 a per-
fonctions cognitives.
mis d’intégrer des personnes épilep- FFRE. Comment cette discrimination
Dommage, si on en a envie
tiques dans les équipes et de com- peut-elle s’expliquer ?
d’être interdit de sport sous
prétexte qu’on est épileptique. muniquer largement pour combattre Pr AA. Plusieurs raisons à cela.
Y a-t-il le moindre fondement les idées préconçues qui empêchent Théoriquement, c’est pour protéger la
scientifique à cette discrimi- nombre de personnes épileptiques de personne épileptique de risques éven-
nation ? pratiquer un sport, tout particulière- tuels qu’il est souvent, trop souvent,
Non nous disent les cher- ment le football. fait obstacle à sa demande de prati-
cheurs et les médecins. Dans quelle mesure ces actions ont- quer le sport qu’elle souhaite.
elles permis d’améliorer la situation ? Mais quels sont réellement ces risques ?

Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.18


en pratique

FFRE. Alors pourquoi rencontrent-


elles souvent des difficultés à jouer
au football ou à s’inscrire dans une
équipe de tennis ?
Pr AA. Je pense que la difficulté vient
de ce qu’aucune règle générale ne peut
s’appliquer et qu’il persiste un grand
© Dusan Kostic - Fotolia

nombre de malentendus et une mau-


vaise connaissance des risques réels.
D’une part l’épilepsie est multiforme :
absences, crises convulsives focales ou
généralisées, épilepsie sous contrôle
ou pharmaco-résistante, associée ou
Ils sont de 2 types : d’une part le risque De même, le risque d’accident en pas à d’autres pathologies ou à des
d’accident (chute, noyade, etc.) dû au cas de crise n’apparaît pas plus élevé troubles cognitifs, etc.
déclenchement d’une crise pendant dans la plupart des activités sportives D’autre part, les activités sportives sont
la pratique du sport ; d’autre part le que dans les autres activités de la très diverses et chacune peut être prati-
risque d’accroissement du nombre de vie. Il est même moins risqué pour un quée avec des intensités très différentes.
crises du fait même de la pratique de enfant épileptique d’avoir une crise Tout conseil ou précaution d’ordre
cette activité sportive. sur un terrain de foot qui se pratique général n’a aucun fondement scienti-
Or, dans la plupart des cas, ces dans un espace clos et plat, bien fique et n’aide pas réellement le patient
2 craintes sont infondées. entouré par les membres de l’équipe dans ses choix. Tout conseil doit donc
Le risque d’accroître la survenance et les encadrants sportifs, qu’en se être le résultat d’un échange avec la
de crises épileptiques par la pratique rendant seul à l’école, dans l’escalier personne, après une réflexion sur sa
d’un sport ne semble pas validé par du métro ou dans une cuisine pleine propre forme d’épilepsie et sur l’acti-
les données des différentes études. de meubles. vité sportive souhaitée.

!
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cas échéant, j’accepte d’être contacté afin d’apporter mon
témoignage sur la maladie.
E-mail

Soutien régulier : voir au dos SVP Date de naissance (facultatif)Perspectives• •mars


Recherche & Perspective
Recherches mai 2013 • p.19
C’est du cas par cas, avec une écoute
attentive de la personne, une évalua-
tion de ses capacités et nécessite une
bonne connaissance des différentes
formes d’épilepsie et des risques habi-
tuels de chacun des sports selon son
niveau de pratique.
Devant cette complication, il peut ap-
paraître plus prudent à certains d’in-

© Sonya Etchison - 123rf


terdire ou de déconseiller une activité
sportive afin d’éviter tout risque supplé-
mentaire par rapport aux risques habi-
tuels de la vie courante, encourus du
fait de l’épilepsie ou pas.
C’est une erreur bien sûr.
Je crois que, en général, il n’est pas FFRE. Quel conseil donnez-vous aux et les risques inhérents à ce sport. Il faut
fait assez appel à la connaissance personnes épileptiques qui souhaitent que, après un échange approfondi avec
qu’a la personne des manifestations pratiquer un sport ? son médecin et le cas échéant un spécia-
de son épilepsie. Pr AA. Le préalable est que la personne liste en épileptologie, elle sache jusqu’où
Il faut respecter la personne, sa capa- épileptique soit motivée pour pratiquer elle peut aller, où se situent les limites à
cité globale et son souhait de pratiquer un sport, qu’elle l’ait choisi et qu’elle ne pas dépasser et sache dans quelles
un sport. connaisse bien à la fois son propre cas circonstances elle doit être vigilante. l

Recherches et Perspectives • Lettre d’information publiée par la Fondation Française pour la Recherche sur l’Epilepsie - 28 rue Tronchet, 75009 PARIS - Tél : 01 47 83 65 36
ffre@fondation-epilepsie.fr • www.fondation-epilepsie.fr • Directeur de publication : Bernard Esambert • Rédactrice en chef : Emmanuelle Allonneau-Roubertie • Prépara-
tion, rédaction et interviews : Marie-Hélène Bassant (pages 2 à 15) , Florence Picard (pages 16 à 20) • Remerciements à : tous les contributeurs, Antoine Depaulis, Franck
Semah, Gracia Bejjani, Odile Mathieu, Antoine Orry, Antoine Lolivier • Conception et impression : EXPRESSION GROUPE.

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Bon de soutien régulier
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Recherches & Perspectives • mai 2013 • p.20

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