Vous êtes sur la page 1sur 26

« Anticiper, c’est prévoir pour agir »

Sommaire
15 décembre 2010

1- Perspective
Crise Systémique Globale : Second Semestre 2011 – Contexte européen et catalyseur US -
Explosion de la bulle des dettes publiques occidentales
Le second semestre 2011 marquera le moment où l'ensemble des opérateurs financiers de la planète va finalement
comprendre que l'Occident ne remboursera pas une partie importante des prêts réalisés au cours des deux dernières
décennies… (page 2)
. Le contexte européen : le chemin du laxisme à la rigueur sera en partie payé par les investisseurs (page 5)
. Le catalyseur américain : l'immobilisme décisionnel US associé à la dégradation rapide de tous les paramètres de
l'endettement public du pays a déclenché le compte-à-rebours (page 8)
2- Telescope
Wikileaks ou la révélation des tours diplomatiques du magicien US – Vers le
« désenchantement final »
Contrairement à ce que tentent de faire croire les Etats-Unis et leurs alliés, la divulgation massive des documents du
Département d'Etat américain par Wikileaks constitue un point d'inflexion dans la décomposition de l'ordre
international de ces dernières décennies : un magicien dont le secret des tours est révélé n'a tout simplement plus
les moyens d'« enchanter » son auditoire… (page 10)

Evaluation annuelle des anticipations de LEAP -78% de succès en 2010


Avant de présenter ses anticipations pour l'année 2011 (qui paraîtront dans le GEAB N°51 du mois de Janvier 2011),
et dans le cadre du processus de suivi de ses anticipations, LEAP/E2020 a souhaité, comme chaque année, faire un
bilan de ses anticipations 2010 pour évaluer la fiabilité de ses analyses… (page 14)
3- Focus
Recommandations stratégiques et opérationnelles
. Se protéger face à la grande crise à venir des dettes publiques occidentales
. L'Euroland face à la prochaine étape de la crise des dettes publiques : subir ou anticiper – six mois pour choisir
. L'Euroland et les banques d'affaires : en avant pour une nouvelle réglementation
. Les Etats-Unis dans l'impasse : oser imaginer la seule voie politique de sortie de la crise par le haut
. GEAB $ Index : mesurer la « vraie » évolution du Dollar US (page 20)
4- Le GlobalEurometre
Résultats & Analyses
C'est une très large majorité de sondés (80%) qui considère que les dettes publiques occidentales ne seront pas
remboursées dans leur intégralité... (page 25)

IMPORTANT : Les versions anglaise et allemande du livre de Franck Biancheri


« Crise mondiale : En route pour le monde d'après – Europe et monde dans la
décennie 2010-2020 » sont désormais disponibles. Vous pouvez les commander
directement sur le site des éditions Anticipolis (www.anticipolis.eu).

1
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
1- Perspective

Crise Systémique Globale : Second Semestre


2011 – Contexte européen et catalyseur US -
Explosion de la bulle des dettes publiques
occidentales

Le second semestre 2011 marquera le moment où l'ensemble des opérateurs financiers de la planète va
finalement comprendre que l'Occident ne remboursera pas une partie importante des prêts réalisés au
cours des deux dernières décennies. Pour LEAP/E2020, c'est en effet vers Octobre 2011, du fait du
plongeon d'un grand nombre de villes et d'états américains dans des situations financières inextricables
suite à la fin du financement fédéral de leurs déficits, tandis que l'Europe fera face à un besoin très
important de refinancement de ses dettes1, que cette situation explosive se dévoilera dans toute son
ampleur. L'amplification médiatique de la crise européenne en matière de dettes souveraines des pays
périphériques de l'Euroland aura créé le contexte porteur pour une telle explosion dont le marché
américain des « Munis »2 vient d'ailleurs de donner un avant-goût en Novembre 2010 (comme anticipé par
notre équipe dès Juin dernier dans le GEAB N°46) avec un mini-crash qui a vu s'envoler en fumée tous les
gains de l'année en quelques jours. Cette fois-ci ce krach (y compris la faillite du réassureur monoline
Ambac3) a pu se dérouler en toute discrétion4 puisque la machine médiatique anglo-saxonne5 a réussi à
focaliser l'attention mondiale sur un nouvel épisode de la sitcom fantaisiste « La fin de l'Euro ou le remake
monétaire de la grippe H1N1 »6. Pourtant la simultanéité des chocs aux Etats-Unis et en Europe constitue
une configuration très inquiétante, comparable selon notre équipe au choc « Bear Stearn » qui précéda de
huit mois la faillite de Lehman Brothers et l'effondrement de Wall Street en Septembre 2008. Mais les
lecteurs du GEAB savent bien que les chocs importants font rarement la une des médias plusieurs mois à
l'avance, alors que les fausses alertes en sont coutumières7 !

1
Plus de 1.500 milliards € par an en 2011 et 2012, en incluant bien entendu le Royaume-Uni.
2
C'est le marché des bons municipaux US (les « Munis ») qui sert à financer les infrastructures locales de transport, de santé,
d'éducation, d'assainissement, … Il pèse près de 2.800 milliards USD.
3
Source : Reuters, 08/11/2010
4
Dans un article du 20/11/2010, SafeHaven s'étonne d'ailleurs ouvertement de l' « omerta » des grands médias financiers sur le
sujet.
5
Le Financial Times a par exemple recommencé depuis un mois à consacrer deux ou trois articles par jour en une de son site à la
soi-disant « crise de l'Euro » ainsi qu'à manipuler les informations comme les déclarations des dirigeants allemands, afin de créer
artificiellement des sentiments d'inquiétude. Enfin, même certains médias français commencent à se rendre compte de la formidable
machine d'Agitprop qu'est devenue le Financial Times comme le prouve ce récent article de Jean Quatremer du journal Libération.
6
A titre de comparaison, aucun investisseur n'a perdu d'argent dans les « épisodes grecs et irlandais » de la « crise de l'Euro »,
alors qu'ils sont des dizaines de milliers à avoir perdu des sommes très importantes dans le récent crash des Munis US … pourtant
les médias parlent du premier et pas du second.
7
Comme déjà analysé dans les GEAB précédents, LEAP/E2020 tient à rappeler que le discours sur la « crise de l'Euro » est du même
ordre que celui sur l'épidémie de grippe H1N1 il y a un an, à savoir une vaste opération de manipulation d'opinions publiques
destinée à servir deux objectifs : d'une part, détourner l'attention des opinions publiques de problèmes plus graves (avec H1N1,
c'était la crise elle-même et ses conséquences socio-économiques ; avec l'Euro, c'est tout simplement pour détourner l'attention de
la situation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni) ; d'autre part, servir les buts d'opérateurs très intéressés à créer cette situation de
crainte (pour H1N1 c'était les laboratoires pharmaceutiques et autres prestataires connexes ; pour l'Euro, ce sont les opérateurs
financiers qui gagnent des fortunes en spéculant sur les dettes publiques des pays concernés (Grèce, Irlande, …). Mais tout comme
la crise de la grippe H1N1 s'est terminée en mascarade avec des gouvernements empêtrés dans des stocks monstrueux de vaccins
et de masques sans plus de valeur, la soi-disant crise de l'Euro va se finir avec des opérateurs qui devront convertir à vil prix leurs
bons si « rentables » tandis que ce sont leurs Dollars qui continueront à se dévaluer. L'été 2010 a pourtant déjà montré la direction
des évènements. Source : Bloomberg, 18/11/2010
2
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Evolution des sorties nettes des SICAV (mutual funds) investies dans les « Munis » (2007-11/2010) (en
milliards USD) - Ces sorties ont été supérieures à celles d'Octobre 2008 - Source : New York Times, 11/2010

Dans ce numéro 50 du GEAB, nous anticipons donc l'évolution de ce choc terminal des dettes publiques
occidentales (en particulier des dettes américaines et européennes) ainsi que les moyens pour s'en
prémunir. Par ailleurs, nous analysons les conséquences structurellement très importantes des révélations
de Wikileaks sur l'influence internationale des Etats-Unis ainsi que leur interaction avec les conséquences
globales du Quantitative Easing II programmé par la Réserve fédérale US. Ce numéro de Décembre du
GEAB est bien entendu l'occasion d'évaluer la pertinence de nos anticipations pour 2010, avec cette année
un taux de succès de 78%. Nous développons également des conseils stratégiques pour l'Euroland 8 et les
Etats-Unis. Et nous publions l'index GEAB-$ qui permettra désormais chaque mois de suivre
synthétiquement l'évolution du Dollar US par rapport aux principales devises mondiales9.

8
Conformément à la méthodologie d'anticipation politique, notre équipe a bien entendu examiné depuis plusieurs années la
possibilité que l'Euro disparaisse ou s'effondre. Sa conclusion est sans appel car nous n'avons identifié qu'une seule configuration où
une telle évolution serait réalisable : il faudrait qu'au moins deux Etats importants de la zone Euro soient dirigés par des forces
politiques souhaitant renouer avec les conflits intra-européens. Cette option a, selon notre équipe, une probabilité égale à zéro pour
les deux prochaines décennies (notre durée maximale d'anticipation en matière politique). Donc, exit ce scénario, même si cela rend
triste certains nostalgiques du Deutsche Mark, du Franc … , certains économistes qui croient que la réalité prête la moindre attention
aux théories économiques, et certains Anglo-Saxons qui ne peuvent imaginer sans douleur un continent européen qui trace son
chemin économique et financier sans eux. Même Mervyn King, le patron de la Banque d'Angleterre, croit à une intégration accélérée
de la zone Euro sous l'effet de la crise, d'après Wikileaks qui relate ses conversations avec des diplomates américains (source :
Telegraph, 06/12/2010). Notre travail, pour ce qui est de l'Euro, se concentre donc sur l'anticipation du laborieux parcours
d'adaptation de la zone Euro à son nouveau statut d'Euroland, dans le contexte de la crise systémique globale. Au passage, il est
utile de noter que cette débauche de critiques et analyses que prodiguent pour l'essentiel les médias américains et surtout
britanniques a une utilité indéniable pour les responsables de l'Euroland : elle éclaire tous les recoins du chemin de la zone Euro,
condition sine qua non pour éviter les écueils. C'est paradoxal, mais c'est un avantage dont ne bénéficient ni les dirigeants
britanniques, ni les dirigeants américains … sauf quand ils lisent GEAB.
9
Et non pas par rapport à des devises « sur mesure » comme c'est le cas pour le Dollar Index.
3
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
39641
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Ainsi, la crise de l'endettement public occidental s'accentue très rapidement sous la pression de quatre
contraintes de plus en plus fortes :

. l'absence de reprise économique aux Etats-Unis qui étrangle l'ensemble des collectivités publiques (y
compris l'état fédéral10) habituées ces dernières décennies à un endettement aisé et à des recettes
fiscales importantes11

. l'affaiblissement structurel accéléré des Etats-Unis tant en matière monétaire, financière que
diplomatique12 qui réduit leur aptitude à attirer l'épargne mondiale13

. le tarissement mondial des sources de financement à bon marché qui précipite la crise de
surendettement des pays périphériques européens (de l'Euroland comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal
l'Espagne, … et aussi du Royaume-Uni14) et commence à toucher les pays-clés (USA, Allemagne, Japon)15
dans un contexte de refinancement très important des dettes européennes en 2011

. la transformation de l'Euroland comme nouveau « souverain » qui élabore progressivement de nouvelles


règles du jeu pour les dettes publiques du continent.

Ces quatre contraintes génèrent des phénomènes et des réactions variables selon les régions/pays.

10
Le New York Times a mis en ligne un jeu très instructif intitulé « Vous réglez le problème budgétaire » qui permet à chaque
internaute de tenter de rétablir l'état des finances publiques fédérales en fonction de ses priorités socio-économiques et politiques.
N'hésitez pas à vous placer dans la peau d'un décideur de Washington et vous constaterez que seule la volonté politique manque
pour régler le problème. Source : New York Times, 11/2010
11
Sources : CNBC, 26/11/2010 ; Le Temps, 10/12/2010 ; USAToday, 30/11/2010 ; New York Times, 04/12/2010
12
Les Etats-Unis finançant leurs déficits par une ponction quotidienne énorme de l'épargne mondiale disponible, la crédibilité et
l'efficacité diplomatique du pays sont donc deux paramètres essentiels pour sa survie financière. Or les récentes révélations de
Wikileaks sont très dommageables à la crédibilité du Département d'Etat, tandis que le récent échec complet des nouvelles
négociations Israël-Palestine illustre une inefficacité croissante de la diplomatie américaine, déjà bien sensible lors du dernier G20 de
Séoul. Voir analyse plus détaillée dans ce GEAB N°50. Sources : Spiegel, 08/12/2010 ; YahooNews, 07/12/2010 ; YahooNews,
08/12/2010
13
Même les responsables chinois estiment que la situation fiscale américaine est nettement pire que celle de l'Euroland. Source :
Reuters, 08/12/2010
14
Islande, Irlande … Royaume-Uni, Etats-Unis, c'était la suite infernale de l'insolvabilité souveraine qu'avait anticipée LEAP/E2020 il
y a plus de deux ans. Le processus suit son cours à une vitesse plus lente que nous l'avions prévue mais l’année 2011 risque de
s'avérer une année de « rattrapage ». Le Royaume-Uni tente actuellement de se sauver au prix d'une formidable amputation socio-
économique dont les violences étudiantes, y compris contre la famille royale (phénomène rarissime), témoignent de l'impopularité.
Mais l'ampleur de son endettement, son isolement financier et le sauvetage par l'Etat de ses bombes bancaires (comme l'a fait
l'Irlande) rendent cette fuite en avant très périlleuse, socialement, économiquement et financièrement. Quant aux Etats-Unis, leurs
dirigeants semblent tout faire (en « ne faisant rien ») pour s'assurer que 2011 soit vraiment l'année de la « Chute du Mur Dollar »
comme l'avait anticipé LEAP/E2020 en Janvier 2006.
15
Comme le souligne Liam Halligan dans le Telegraph du 11/12/2010, cette évolution des taux ne présage rien de bon pour la dette
US et traduit ce que l'équipe de LEAP/E2020 a anticipé il y a plus de deux ans déjà : nous atteignons le moment de vérité où
l'épargne mondiale disponible ne suffit plus à satisfaire les besoins de l'Occident, et en particulier le besoin gargantuesque des Etats-
Unis.
4
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Le contexte européen : le chemin du laxisme à la rigueur sera en partie payé par les
investisseurs

Du coté européen, on assiste ainsi à la transformation laborieuse, mais finalement incroyablement rapide,
de la zone Euro en une sorte d'entité semi-étatique, l'Euroland. Le côté laborieux du processus ne tient
pas uniquement à la faible qualité du personnel politique concerné16 comme le martèlent à longueur
d'interviews les « ancêtres » comme Helmut Schmidt, Valéry Giscard d'Estaing ou Jacques Delors. Eux-
mêmes n'ayant jamais eu à faire face à une crise historique de cette ampleur, un peu de modestie leur
ferait du bien.

Ce côté laborieux vient également du fait que les évolutions en cours dans la zone Euro sont d'une
ampleur politique gigantesque17 et qu'elles sont effectuées sans aucun mandat politique démocratique :
cette situation tétanise les dirigeants européens qui du coup passent leur temps à nier qu'ils sont bien en
train de faire ce qu'ils font, à savoir, bâtir une sorte d'entité politique qui va se doter de composantes
économiques, sociales, fiscales, … 18. Elus avant que la crise n'éclate, ils ne savent pas que leurs électeurs
(et du même coup les acteurs économiques et financiers) se satisferaient dans leur majorité d'une
explication sur le cours des décisions prévues19. Car la plupart des grandes décisions à venir sont déjà
identifiables, comme nous l'analysons dans ce numéro du GEAB.

Enfin, il tient au fait que les actions de ces mêmes dirigeants sont disséquées et manipulées par les
principaux médias spécialisés dans les questions économiques et financières, dont aucun n'appartient à la
zone Euro, et qui tous au contraire sont ancrées dans la zone $/£ où le renforcement de l'Euro est
considéré comme une catastrophe. Ces mêmes médias contribuent très directement à brouiller encore
plus le processus en cours dans l'Euroland20.

16
Elément souligné depuis plus de quatre ans par l'équipe du GEAB.
17
Fonds Européen de Stabilisation Financière, réglementation des hedge funds, limitation drastique des bonus bancaires,
réglementation stricte des agences de notation, surveillance budgétaire, prochain renforcement de l'ensemble de la régulation
financière du marché intérieur européen, première agence de notation de l'Euroland, … Sources : European Voice, 26/10/2010 ;
Deutsche Welle, 05/11/2010 ; Reuters, 13/07/2010 ; ABBL, 08/12/2010 ; BaFin, 16/11/2010
18
Wolfgang Schauble, le ministre des Finances allemand est pour l'instant le seul homme politique à oser clairement annoncer la
couleur dans sa récente interview au magazine populaire Bild, dans laquelle il indique que, d'ici dix ans, les pays de l'Euroland auront
réalisé une véritable intégration politique. Karl Lamers, son collègue en charge des affaires européennes au sein de la CDU identifie
quant à lui la crise à une chance pour l'Europe et pour l'Allemagne, tout comme d'ailleurs la trop rare voix américaine de Rex Nutting
dans le Wall Street Journal du 08/12/2010. Côté technocrate, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, appelle lui à une
« fédération budgétaire » de l'Euroland. Sources : EUObserver, 13/12/2010 ; DeutschlandFunk, 09/12/2010 ; EUObserver,
01/12/2010
19
Depuis plus d'une décennie, les opinions publiques des pays de l'Euroland sont en effet beaucoup plus « intégrationnistes » que
leurs élites. Ainsi, le rejet du projet de Constitution européenne en 2005 en France et aux Pays-Bas n'aurait jamais eu lieu sans la
participation d'une partie des « pro-Européens » au vote « Non ». Ils rejetaient ainsi ce qu'ils estimaient être un projet trop timide
en matière politique, démocratique et sociale.
20
Les dirigeants européens sont un peu comme la tortue de la fable de Jean de La Fontaine « Le lièvre et la tortue » … mais dont la
course serait commentée par des lièvres !
5
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Cependant, on peut constater que cette influence néfaste diminue puisque, entre la « crise grecque » et
la « crise irlandaise », la volatilité induite sur la valeur de l'Euro s'est affaiblie. Pour notre équipe, au
printemps 2011 elle deviendra un phénomène négligeable. Il ne restera donc plus que la question de la
qualité du personnel politique de l'Euroland qui sera profondément renouvelé à partir de 2012 21 ; et, plus
fondamental, le problème considérable de la légitimité démocratique des formidables avancées en matière
d'intégration européenne22. Mais d'une certaine manière, on peut dire que d'ici 2012/2013, l'Euroland aura
bien mis en place les mécanismes qui lui auront permis de résister au choc de la crise, même s'il lui
faudra légitimer a posteriori leur existence23.

Comparaison des rendements sur les obligations d'état à 10 ans dans l'Euroland - Source : Thomson
Reuters Datastream, 16/11/2010

21
A ce propos, ces futurs dirigeants politiques de l'Euroland seraient bien inspirés de s'entraîner à apprendre au plus vite à gérer
l'Euroland grâce aux deux jeux interactifs, Economia et Inflation Island, que la Banque Centrale Européenne vient de mettre à
disposition du public.
22
Comme le répète LEAP/E2020 depuis près de deux ans, l'austérité européenne n'est politiquement viable que si elle s'accompagne
d'une indéniable équité fiscale et sociale et de la mise en place de grands projets démocratiques et sociaux à l'échelle de l'Euroland.
C'est là que se trouve à moyen/long terme la vraie faiblesse de l'Euroland ; pas dans les dettes souveraines des pays périphériques.
En guise d'illustration de cet aspect, il est utile de regarder la très intéressante série de reportages vidéos que le New York Times a
réalisée au cours de l'été 2010, intitulée « The Austerity Zone: Life in the New Europe ».
23
Au vu de l'évidente difficulté des élites américaines à comprendre les processus en cours en Europe, LEAP/E2020 souhaite
apporter sa contribution au débat qui fait actuellement rage sur les campus universitaires US où l'austérité budgétaire entraîne des
coupes sombres dans les enseignements linguistiques. As always, behind budgetary justifications, several 'hidden agendas' can be
identified as well as candid lack of understanding of what's going on in the rest of the world regarding languages. A perfect example
of both trends seems to be Richard N. Haas, former key official of the US State Department in G.W. Bush administration, and now
the president of the influential Council of Foreign Relations, who strongly advocates pushing French, German and Russian languages
out of US campuses. With such 'enlighthened and fair' advisers (qualified as having « an intellectual deficit » to understand 21st
century world at the GlobalEurope seminars of The Hague and Washington in 2004/2005), US students are doomed to be less and
less able to understand tomorrow's world. Therefore, LEAP/E2020 finds timely to circulate again its 2007 anticipation entitled 'Which
languages will the Europeans speak in 2025?'.
6
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
En la matière, ce qui va contribuer à accélérer l'explosion de la bulle des dettes publiques occidentales, et
qui interviendra de manière concomitante pour son catalyseur US, est la compréhension par les
opérateurs financiers de ce qui se cache derrière le débat des « Eurobligations » (ou E-Bonds)24 dont on
commence à parler depuis quelques semaines25. C'est à partir de la fin 2011 (au plus tard) que le fond de
ce débat va commencer à être dévoilé dans le cadre de la préparation de la pérennisation du Fonds
Européen de Stabilisation Financière26. Or, ce qui apparaîtra brusquement pour la majorité des
investisseurs qui spéculent actuellement sur les taux exorbitants des dettes grecques, irlandaises, etc …,
c'est que la solidarité de l'Euroland ne s'étendra pas jusqu'à eux, notamment quand se poseront les cas
de l'Espagne, de l'Italie ou de la Belgique, quoiqu'en disent les dirigeants européens aujourd'hui27.

En bref, selon LEAP/E2020 il faut s'attendre à une immense opération d'échanges de dettes souveraines
(sur fond de crise globale en matière de dettes publiques) qui verra offrir des Eurobligations garanties par
l'Euroland à des taux très bas contre des titres nationaux à taux élevés avec une décote de 30% à 50%
puisque, entre temps, la situation de l'ensemble du marché des dettes publiques occidentales se sera
dégradée. Les dirigeants de l'Euroland nouvellement élus28 (après 2012) seront démocratiquement très
légitimes à réaliser une telle opération dont les grandes banques (y compris européennes 29) seront les
premières victimes. Il est fort probable que quelques créanciers souverains privilégiés comme la Chine, la
Russie, les pays pétroliers, … se verront proposer des traitements préférentiels. Ils ne s'en plaindront pas
puisque l'opération aura notamment pour conséquence de garantir leurs importants avoirs en Euros.

Comparaison des risques de défaut sur dette souveraine et du risque de contagion (en bleu : risque de
défaut ou de renflouement / en rouge : risque de contagion) - Source : MarketOracle, 11/2010

24
Ce seront des obligations qui seront empruntées par l’ensemble des pays de l'Euroland et par d'autres états-membres de l'UE qui
souhaiteront s'y associer comme l'ont fait en Mai 2010 les autres pays, sauf le Royaume-Uni, pour le Fonds Européen de Stabilisation
Financière.
25
Malgré les dénégations des officiels français et allemands, ces Eurobligations sont au menu de toutes les discussions informelles
des dirigeants de l'Euroland. Source : Euroinvestor, 10/12/2010
26
Il est probable d'ailleurs que la montée en puissance des renouvellements politiques prévus en France dès le Printemps 2012, et
peut-être à cette date aussi en Allemagne, feront de ces sujets de vrais thèmes de campagne dès la fin de l'été 2011.
27
Liam Halligan, décidément l'un des meilleurs observateurs britanniques de la crise globale, a ainsi tout-à-fait raison de souligner
dans le Telegraph du 27/11/2010 qu'Angela Merkel (et bien d'autres responsables de l'Euroland) a bien l'intention de faire payer aux
investisseurs une part significative de leurs paris irlandais, grecs, … Mais cela se fera de manière organisée, selon une stratégie
efficace et brutale dont les Etats forts ont l'habitude ; pas dans la panique, à l'occasion d'une mini-crise.
28
Et dont nous répétons que, selon nos anticipations, ils seront probablement les dirigeants politiques les plus indépendants du
lobby bancaire depuis les années 1990.
29
Ce sera aussi un moyen organisé de réduire « manu militari » le bilan dégradé des grandes banques européennes.
7
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Le catalyseur américain : l'immobilisme décisionnel US associé à la dégradation
rapide de tous les paramètres de l'endettement public du pays a déclenché le
compte-à-rebours

Dans le cas des Etats-Unis, on a une situation pratiquement inverse. Les élites et les dirigeants du pays ne
font rien. C'est à dire qu'ils cherchent des solutions de court terme indolores30, passent des compromis au
Congrès31 qui aboutissent à ne déplaire à aucun lobby washingtonien (politique, financier ou économique)
et donnent finalement un sentiment désastreux à leurs concitoyens et au reste du monde. L'Etat fédéral
se prépare pourtant une année 2011 particulièrement difficile :

. la fin du stimulus va pousser les deux-tiers des Etats dans de très graves crises budgétaires (très
clairement des situations de faillites) et, par ricochet, cela va entraîner des centaines de collectivités
locales dans les mêmes difficultés puisque, depuis près de deux ans, c'est la « cascade » de financements
publics du stimulus (près de 200 milliards USD) qui a évité une cessation de paiement généralisée du tissu
des collectivités US32. Cela n'a pourtant pas empêché la multiplication des licenciements de personnels et
la fermeture de services publics. Il n'est donc pas besoin d'être devin pour imaginer les conséquences
socio-économiques que cela va générer dans la seconde moitié de 2011 : montée accrue du chômage,
faillites d'entreprises dépendantes des marchés publics, fermeture d'un nombre accru de services publics,

. avec 20% de chômage effectif dans le pays, les besoins en aides sociales de toute nature sont en pleine
croissance, alors même que la crise des finances publiques réduit leur offre. Tout comme d'ailleurs, elle
réduit les recettes fiscales à tous les niveaux. L'embellie relative de l'année passée était due aux effets
indirects du stimulus fédéral.

. ces phénomènes vont rendre de plus en plus difficile le remboursement par les collectivités américaines
des prêts contractés (ou tout simplement le paiement de leurs intérêts). On assiste déjà à des débats à ce
sujet : vaut-il mieux payer les frais financiers des prêts contractés ou payer les employés des services
publics ? Si l'austérité européenne a fait la une des médias de 2010, c'est bien l'austérité US qui fera celle
des médias de 2011.

. les retraites des employés des collectivités américaines ne sont plus financées puisque non seulement
elles étaient déjà largement sous-financées, mais en plus des collectivités « piochent » maintenant dans la
caisse pour « boucler les fins de mois »33.

30
Le patron de la FED, Ben Bernanke, est en fait celui à qui cette tâche est dévolue : imprimer des Dollars pour acheter des Bons du
Trésor US dont plus personne ne veut comme l'a encore montré la récente hausse brutale des taux d'intérêts sur la dette US,
beaucoup plus significative pour les problèmes mondiaux à venir que la spéculation sur les taux d'intérêts des mini-dettes grecques
et irlandaises.
31
L'exemple de la loi sur l'encadrement des institutions financières est frappant à ce sujet. Avec 1.408 pages de texte (source : US
Senate Committee on Banking), , il est certain que tous les lobbies concernés ont pu y insérer l'article qui leur convenait. Et, de
toute façon, comme le sait fort bien un peuple qui a eu l'intelligence de faire une constitution de huit pages, une loi de plus de 1.000
pages est totalement inapplicable : « too big to read » ! Mais on peut aussi noter plus récemment le compromis sur les réductions
d'impôts léguées par G. W. Bush. Faute de majorité décisive, le président Obama a accepté de reconduire ces réductions d'impôts
pour toutes les catégories y compris les ménages les plus riches. A un moment où les déficits deviennent intenables, comme le
confirment les commissions ad hoc mises en place par Barack Obama lui-même, les dirigeants américains se refusent à augmenter
les impôts de qui que ce soit, même des milliardaires dont beaucoup pourtant le demandent. Cette paralysie washingtonienne prend
désormais une dimension tragique car elle se déroule au bord d'un gouffre qui s'élargit chaque jour un peu plus. A titre d’exemple, la
reconduction des baisses d’impôts va ajouter plus de 850 Milliards USD à la dette fédérale. Source : Bloomberg, 10/12/2010
32
L'état fédéral est devenu la première source de revenu des Etats depuis deux ans.
33
Les grandes entreprises US sont nombreuses à être dans le même cas. Sources : GlobalEconomicAnalysisBlogspot, 29/11/2010 ;
Denver Post, 27/11/2010
8
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Le « Mur de la dette US » - Montant des dettes par catégorie d'actifs et dates de maturation - Sources :
Morgan Stanley / FIRE - 11/2010

C'est donc la conjonction de paralysie décisionnelle fédérale et de l'implosion du système de la dette des
collectivités américaines qui va, selon LEAP/E2020, jouer le rôle de déclencheur de l'explosion des dettes
publiques occidentales côté US. Le crash du marché des « Munis » en Novembre nous a offert une
répétition de ce scénario puisque ce même marché des « Munis » sera probablement au cœur du
processus explosif du second semestre 201134. En quelques jours, le marché s'assèchera. Les opérateurs
refuseront de prêter35. Et avec une Réserve fédérale paralysée, coincée entre l'accueil international 36 très
négatif de son QE II et un Congrès où les anti-Fed, Ron Paul en tête, menacent tous les jours son
indépendance et ses prérogatives37, la « cavalerie »38 se fera attendre, aggravant la panique et une
hausse rapide des taux d'intérêts sur les dettes des collectivités locales US.

Le contexte européen de discussion d'une importante décote des titres publics de l'Euroland39 créera les
conditions d'une explosion généralisée de la bulle des dettes publiques occidentales 40 et marquera l'entrée
dans la phase finale de la disparition, initiée en Septembre 2008, des 30.000 milliards USD d'actifs
fantômes41, dont près de 20.000 milliards USD42 traînent encore dans les bilans des établissements
financiers de la planète43. Dès 2012, environ 10.000 milliards USD de dettes publiques auront
définitivement disparu, contribuant à un nettoyage douloureux et brutal des bilans bancaires44.

Il restera le dernier tiers, celui des actifs immobiliers, à « normaliser »45. Suite à cette explosion des
dettes publiques occidentales, il est probable que la « purge » des actifs immobiliers mondiaux
interviendra rapidement. Mais notre équipe reviendra sur cet aspect de la crise dans un prochain GEAB.

34
Et il faut garder en mémoire que derrière les « Munis » on trouve désormais les bons fédéraux « Buy America Bonds » (« Babs »)
qui ont servi de soutien aux finances des collectivités locales US depuis deux ans. Or l'avenir de ces « Babs » est soumis au bon
vouloir du Congrès et notamment des Républicains qui leur sont hostiles. Or, sans ces bons fédéraux, le marché des Munis est
condamné à s'effondrer brutalement. Sources : Seeking Alpha, 25/11/2010 ; ContraryInvesting, 24/11/2010
35
The Economist du 25/11/2010 fait d'ailleurs un parallèle avec le marché des « subprimes ». Et d'ailleurs, alors même que ce
marché est clairement sur le point de s'effondrer complètement, les grands établissements financiers US continuent à placer
massivement ces titres dans le grand public (y compris à l'étranger bien entendu). Comme quoi, le parallèle avec les « subprimes »
est très pertinent. Sources : MarketOracle, 06/12/2010 ; Bloomberg, 08/12/2010
36
Et très critiqué dans le pays comme on l'a déjà analysé dans le GEAB N°49 et comme le prouve le sondage de Bloomberg publié le
09/12/2010 qui indique qu'une majorité d'Américains estime que la Fed devrait être placée sous contrôle politique ou abolie.
37
Ron Paul vient d'être élu à la tête du sous-comité de la Chambre des Représentants qui s'occupe de la Réserve Fédérale. Son
objectif : auditer la Fed, le pire cauchemar de Ben Bernanke d'après de nombreux médias américains. Source : Examiner,
09/12/2010
38
Aux deux sens du terme, y compris la technique d'escroquerie (cavalerie).
39
Qui notamment poussera le Royaume-Uni, qui garantit ses banques, dans la situation de l'Irlande.
40
On se rapproche ainsi du début du scénario « tragique » de la décennie 2010-2020 décrit dans le livre de Franck Biancheri « Crise
mondiale : en route pour le monde d'après ».
41
Voir GEAB N°32, 15/02/2009
42
Leur valeur est remontée depuis un an du fait de l'injection massive de liquidités qui ont recréé provisoirement des bulles.
43
Et ce n'est pas Thomas Hoenig, l'actuel président de la Réserve fédérale de Kansas City, qui s'en plaindra puisqu'il vient de publier
un vibrant plaidoyer pour réduire drastiquement la taille des grands établissements financiers américains. Si la déconfiture de la Fed
dans sa version actuelle se confirme en 2011 comme nous l'anticipons, il constitue un candidat de choix à la succession de Ben
Bernanke qui pourrait s'avérer plus rapide que prévue par la loi. Source : New York Times, 01/12/2010
44
Les obligations seniors des banques sont désormais dans le collimateur. Source : EasyBourse, 26/11/2010
45
D'après la firme Zillow, en 2010, l'immobilier américain aura perdu 1.700 Milliards USD en valeur (contre « seulement » 1.000
milliards USD en 2009). A ce rythme-là, la FED devrait tripler son Quantitative Easing II pour simplement éviter la spirale
récessionniste. Source : Zillow, 09/12/2010
9
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
2- Telescope

Wikileaks ou la révélation des tours


diplomatiques du magicien US – Vers le
« désenchantement final »

Contrairement à ce que tentent de faire croire les Etats-Unis et leurs alliés, la divulgation massive des
documents du Département d'Etat américain par Wikileaks constitue un point d'inflexion dans la
décomposition de l'ordre international de ces dernières décennies : un magicien dont le secret des tours
est révélé n'a tout simplement plus les moyens d'« enchanter » son auditoire. Et selon LEAP/E2020, c'est
ce « désenchantement final » que les publications de Wikileaks ont déclenché. Nous avions indiqué dans
le GEAB N°49 qu'un seuil critique allait être franchi en ce qui concerne la dislocation géopolitique
mondiale, qui reflèterait en particulier la prise de conscience collective progressive des mutations en
cours. Notre équipe précisait même : « Cette prise de conscience est en soi un phénomène de
psychologie collective planétaire qui façonne également le développement de la crise et qui induit
notamment de brusques coups d'accélérateurs de son évolution ». Indiscutablement, entre la Réserve
fédérale US qui a essuyé un tir de barrage encore jamais vu contre son plan de Quantitative Easing II et
une diplomatie américaine dont les petits secrets sont exposés au grand jour, ces dernières semaines
marquent une accélération de la perte d'influence internationale des Etats-Unis46. Les conséquences à
moyen terme de ce processus sont très importantes 47. Elles vont notamment contribuer à renforcer de
manière significative les tendances centrifuges au sein même du groupe des pays les plus proches des
Etats-Unis, en particulier en Europe car c'est bien chez les alliés de Washington que l'impact de ces
révélations est le plus grave et le plus durable.

En effet, apprendre, pour un dirigeant iranien, nord-coréen ou vénézuélien, que dans leurs cables
confidentiels les diplomates américains vous traitent de fou, d'idiot ou de malade, cela ne doit pas être
vraiment une surprise, voire même cela peut rassurer. En revanche, découvrir, quand vous êtes un allié
fidèle de Washington que les diplomates US parlent de vous avec mépris, ou soulignent longuement vos
défauts, quand ils ne dévoilent pas votre servilité à l'égard de leur agenda, c'est une autre affaire. Vous
pouvez refuser tout commentaire et jouer la carte de l'indifférence ou vous pouvez minimiser la chose en
arguant du fait que ce sont des contenus normaux dans les cuisines de la diplomatie48 mais, en réalité,
c'est un coup violent porté à votre égo. Or l'égo des dirigeants serviles hors du regard public est très
souvent surdimensionné, donc très sensible. Et surtout, c'est une arme terrible offerte à vos opposants
qui se feront un plaisir de l'utiliser le moment venu49, généralement lors de la prochaine élection dans le
pays concerné. C'est pourquoi une partie importante des conséquences des révélations de Wikileaks se
fera sentir dans les deux ou trois années à venir, au fur et à mesure des processus électoraux dans les
« pays-frères ».

46
Sources : Guardian, 10/12/2010
47
Et négatives pour les Etats-Unis comme l'estiment d'ailleurs 60% des Américains sondés par l'institut Pew. Voir le graphique ci-
dessous.
48
Ce sont en général les deux options retenues dans les pays de l'OTAN ou chez les alliés pétro-monarchiques de Washington.
49
Nul doute que nombre d' « Américanistes » de salon doivent être aujourd'hui très inquiets à l'idée des contenus encore à venir
parmi les 250.000 documents du Département d'Etat. Cela va susciter immédiatement des phénomènes de « distanciation » afin de
tenter de prouver leur « indépendance » d'esprit, qu'ils soient hommes politiques, journalistes, universitaires, ou autres. Les
révélations de Wikileaks sur l'étroitesse des relations entre le pouvoir français actuel et la diplomatie américaine illustrent d'ailleurs
parfaitement le chapitre du livre de Franck Biancheri « Crise mondiale : En route pour le monde d'après » sur la « prise de Paris »
par les Américanistes au milieu de la décennie 2000 ; et sur la fin de cette parenthèse politique.
10
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Comparaison de l'opinion des citoyens américains concernant les fuites Wikileaks sur l'Afghanistan et
sur la diplomatie US (en bleu foncé : les fuites servent l'intérêt public US / en bleu clair : desservent l'intérêt public
US) - Source : Pew Research Center, 12/2010

Car c'est bien dans l'opinion publique que le dommage durable est fait. Ceux qui suivent les affaires
internationales n'ont en effet pas appris grand-chose de vraiment nouveau dans ce grand déballage
médiatique, si ce n'est quelques anecdotes croustillantes ou des confirmations détaillées de certaines
hypothèses. En revanche, le citoyen moyen50, qui dans de nombreux pays alliés des Etats-Unis, est
souvent très critique de la politique conduite par Washington (Afghanistan, Irak, Israël/Palestine, etc…), a
eu la possibilité de découvrir comment une partie importante de la classe politique de son pays allait
régulièrement « à la soupe » dans les ambassades américaines pour y chercher appuis, conseils et
moyens51. Pour nombre d'entre eux52, cela rappelle l'époque de la Guerre Froide quand les dirigeants
communistes et de nombreux partis de gauche de l'époque allaient prendre leurs ordres ou leurs subsides
dans les ambassades soviétiques. Les détails et la sortie étalée dans le temps de toutes ces informations
ont fait de cette opération Wikileaks une formidable « tele novela » diplomatique … un genre dont les
peuples raffolent.

Enfin, les nombreux citoyens qui suivent ce feuilleton ont également pu constater comment les
ambassades US cherchent délibérément à promouvoir leur modèle de société parmi leurs propres alliés.
Les cables détaillant les objectifs de promotion du multiculturalisme dans les pays européens 53 sont
emblématiques de cette tendance54. Nul doute qu'à un moment où le multiculturalisme comme solution à
l'immigration est rejeté partout sur le continent européen, ce genre de détail ne jouera pas un rôle très
positif pour les relations Europe-USA.

50
Et c'est une des spécificités de l'impact des révélations de Wikileaks que de toucher un public très large, généralement peu au fait
des subtilités des relations internationales. La tentative grotesque de poursuite par Interpol de Julian Assange, tête d'affiche de
Wikileaks, et son arrestation au Royaume-Uni n'ont d'ailleurs fait que renforcer l'intérêt du grand public pour les publications du site.
51
Et au passage dénoncer les positions « non américainement correctes » d'autres personnalités. Les cas français et allemand sont
exemplaires en la matière.
52
En particulier dans les anciens pays du bloc communiste.
53
Sur ce thème, le cable N°07Paris306 du 25/01/2007 de l'ambassade des Etats-Unis à Paris est particulièrement éloquent. Source :
Wikileaks / Drzz-Info.
54
Qu'on retrouve sur les OGM, la participation à la guerre d'Afghanistan, le contrôle des transactions bancaires sous couvert de lutte
contre le terrorisme, …
11
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
De la même manière qu'il y a encore trois ans à peine, il était à la mode pour un homme politique de
s'afficher avec un banquier d'affaires (de préférence de chez Goldman Sachs) afin de paraître
« moderne » alors que, aujourd'hui, le même homme politique préfèrerait être pris en photo avec
n'importe qui plutôt qu'avec ce même banquier d'affaires, à partir de l'année prochaine, nous allons
assister en Europe en tout cas à un phénomène du même type en ce qui concerne la proximité des
dirigeants européens avec l'agenda US. Pire même, car ils vont devoir veiller à être insoupçonnables en la
matière : certains ont donc une carrière qui est déjà derrière eux, même s'ils ne l'ont pas encore compris.

En tout cas, cela promet un travail stimulant pour les diplomates américains55 car les années fastes sont
désormais terminées, d’autant plus que, à travers les portraits des uns et des autres, ces cables
diplomatiques ont révélé clairement leur profond mépris pour leurs interlocuteurs européens (Sarkozy56,
Berlusconi57, Brown, Cameron58, Merkel59, …). C'est tout le problème d'une diplomatie qui choisit de
s'appuyer sur des faibles60 : c’est un signe de son évidente faiblesse61.

Car au-delà du cas européen, deux autres aspects de l'action de Wikileaks vont avoir un impact durable :

. le fait que leur révélation dévoile la « pétaudière » qu'est devenue l'administration américaine
(Pentagone et Département d'Etat)62, incapable de protéger ses secrets, les confidences de ses alliés et
partenaires, souvent manipulée par ses alliés israéliens et des monarchies du Golfe 63, et ne trouvant
d'autre « solution » que de transformer en martyr le patron de Wikileaks 64. Franchement, c'est la cerise
sur le gâteau en matière d'incompétence65. Et on peut imaginer la crédibilité des représentants US lors
des prochaines réunions internationales sur le terrorisme ou dans le cadre de l'OTAN quand à
l'accoutumée ils vont exhorter leurs homologues à mieux sécuriser leurs données. Là aussi, la coopération
avec les Etats-Unis va s'en ressentir fortement.

. le soupçon que peut donner la directive d'Hillary Clinton aux diplomates US concernant l'espionnage des
cartes de crédit, numéros de Frequent Flyers, … de leurs interlocuteurs66 sur l'efficacité de
l' « irrésistible » machine à surveiller l'Internet et les circuits informatiques censées fonctionner jour et
nuit. A quoi peuvent bien servir les NSA, CIA, et autres acronymes engloutissant des centaines de
milliards USD par an, si in fine la diplomatie US dépend de la bonne vue et du stylo bille de ses attachés
d'ambassade. Ne servent-ils qu'à alimenter les scénarios d'Hollywood ? Ou bien travaillent-ils sans aucune
coopération avec la diplomatie de leur pays ? Dans l'un ou l'autre cas, ce n'est pas bon signe pour la
politique extérieure des Etats-Unis.

55
Pour être très clair à ce sujet, LEAP/E2020 ne trouve pas du tout anormal que les diplomates américains aient utilisés tous ces
« dirigeants européens » si serviles ; eux au moins faisaient leur travail au service de leur pays.
56
« Imprévisible », « autoritaire », … et « viscéralement pro-américain ». No comment. Source : L'Express, 01/12/2010
57
Avec Berlusconi, les diplomates américains se plaignent visiblement de son manque de fiabilité vis-à-vis des intérêts US. C'est ce
qui arrive quand on choisit de parier sur les affairistes. Il arrive toujours un moment où ils trouvent de meilleures affaires ailleurs.
Source : Le Monde, 02/12/2010
58
Source : DailyMail, 28/11/2010
59
La classe politique allemande se révèle très assidue de l'ambassade américaine. Source : Spiegel, 30/11/2010
60
D'ailleurs, le Spiegel du 10/12/2010 n'y va pas par quatre chemins en titrant « En manipulant les nains politiques européns » pour
décrire l'action diplomatique US en Europe révélées par les câbles secrets.
61
Ce qui neutralise toute tentative de se rassurer, comme l'ont fait nombre de responsables US, par le fait que ces câbles
traduiraient une diplomatie dynamique. Si elle est très lucide sur ses « auxiliaires », elle témoigne en revanche d'un provincialisme
systématique (presque autant que les Français en la matière), persuadés que sont la plupart des diplomates dont les câbles sont
révélés, que les Etats-Unis ont encore valeur de modèle dans le monde. Ce travers n'a pas échappé à Thomas Friedman,
l'éditorialiste percutant du New York Times, qui, le 30/11/2010, imagine la fuite d'un câble écrit par un diplomate chinois regardant
les Etats-Unis tels qu'ils sont aujourd'hui : à lire absolument.
62
C'est d'ailleurs ce qui rend totalement inutile les diverses théories du complot qui attribuent à telle ou telle puissance (ou service
secret) la paternité de l'opération via une manipulation de Wikileaks. Tout comme l'ouragan Katherina n'avait pas besoin d'être
« manipulé » pour faire découvrir à la planète que la première puissance mondiale se révélait dépassée par la destruction d'une de
ses grandes villes. On est ici dans des évènements à l'impact psychologique global de même ampleur.
63
Qui au passage reconnaissent que le temps de leur parole libre avec les Américains est bien terminé. Source : Spiegel, 12/05/2010
64
Source : Spiegel, 07/12/2010
65
Un autre exemple de ridicule achevé est la tentative d'Hillary Clinton d'interdire aux personnels du Département d'Etat de lire les
révélations de Wikileaks sur les câbles confidentiels. Il a fallu attendre plusieurs jours pour que cette interdiction soit levée.
66
Source : DailyMail, 29/11/2010
12
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Pour le reste, les autorités américaines ne font que récolter ce qu'elles ont semé depuis une décennie au
moins. En se targuant, au nom de la lutte anti-terroriste, de pouvoir et vouloir écouter quand bon leur
semble tout le monde, tout le temps, n'importe où sur la planète, tout en assénant des mensonges en
série sur les motivations de leurs actes diplomatiques (l'invasion de l'Irak est bien entendu au coeur de ce
processus), elles ont donné naissance aux forces qui aujourd'hui les prennent à leur propre jeu. Les cris
d'orfraies de ceux qui voudraient voir aujourd'hui les responsables de Wikileaks jugés pour trahison ne
font que rendre encore plus éloquent leur silence quand les libertés et la confidentialité individuelles sont
bafouées par Washington (ou autres Etats). Cette situation est d'ailleurs remarquablement décrite dans
l'excellent article de Glenn Greenwald dans Salon du 01/12/2010 où il fustige leur double standard moral.

En conclusion, les révélations de Wikileaks vont générer une accélération de l'affaiblissement des relations
transatlantiques, la fragilisation de l'ensemble du réseau de « relais » politiques de la diplomatie US, une
méfiance durable au sein des relations entre les Etats-Unis et ses principaux alliés, la conviction d'une
inefficacité administrative et opérationnelle US croissante. A un moment où les besoins du pays pour
attirer l'épargne mondiale sont de plus en plus impératifs alors même que la Réserve fédérale voit sa
crédibilité internationale remise en cause, ce processus va contribuer à rendre l'année 2011 encore plus
périlleuse pour Washington. Et cela sera d'autant plus vrai que l'acharnement visible de Washington et de
ce qui reste du camp occidental sur un réseau informel comme Wikileaks, appuyé sur le bénévolat, n'a
aucune chance d'aboutir à autre chose, à l'époque d'Internet, qu'à un renforcement de ce même réseau 67
et de l'impact de ses actions68. Ne pas comprendre cela est peut-être l'un des signes les plus évidents de
la décomposition stratégique de la diplomatie américaine actuelle.

67
Source : Spiegel, 13/12/2010
68
Wall Street semble être un candidat très probable d'ailleurs. Source : DailyBeast, 06/12/2010
13
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Evaluation annuelle des anticipations de LEAP
-78% de succès en 2010

En Janvier 2010, dans le GEAB N°41, l'équipe de LEAP/E2020 avait présenté ses anticipations concernant « Trente
tendances-clés pour 2010 ». Elles étaient réparties en « Quinze thèmes qui vont monter en puissance d'ici fin 2010 »
et « Quinze thèmes qui s'évanouiront au cours de l'année 2010».

Avant de présenter ses anticipations pour l'année 2011 (qui paraîtront dans le GEAB N°51 du mois de Janvier 2011),
et dans le cadre du processus de suivi de ses anticipations, LEAP/E2020 a souhaité, comme chaque année, faire un
bilan de ses anticipations 2010 pour évaluer la fiabilité de ses analyses.

Cet exercice n'est pas seulement utile pour évaluer la fiabilité des anticipations de LEAP/E2020, il est également un
exercice intellectuel nécessaire pour mettre en perspective les certitudes ou les évidences qui se sont évanouies en
une année. Et donc pour chacun de nous, lecteurs et chercheurs de LEAP/E2020, c'est un exercice salutaire pour se
préparer à anticiper l'année à venir. Nos travaux nous conduisent en effet à constater quotidiennement combien
chacun a tendance à remplacer les certitudes d'hier par celles d'aujourd'hui en oubliant complètement que celles
d'hier pouvaient être à l'opposé de celles d'aujourd'hui. C'est sans aucun doute un élément essentiel du
fonctionnement de l'être humain qui lui permet de s'adapter constamment aux nouvelles situations mais, quand il est
mis en lumière, il éclaire singulièrement la valeur des « évidences » ou des « certitudes » d'une époque ou d'une
collectivité, qui s'avèrent souvent très éphémères. C'est notamment l'un des rôles de LEAP/E2020 que de dévoiler ces
tendances, d'anticiper les incertitudes de demain derrière les certitudes d'aujourd'hui. Parallèlement, le plongeon du
monde dans la phase d'impact de la crise systémique globale depuis l'été 2008 provoque des perturbations
extraordinaires dans le fonctionnement des systèmes politiques, économiques, financiers, monétaires, sociaux et
stratégiques, et rend d'autant plus complexe l'ensemble du processus d'anticipation en cette période de transition
entre un système dominant en plein effondrement et un futur système global encore dans les limbes. Enfin, cet
exercice nous paraît essentiel également à des fins pédagogiques, car l'un des objectifs du GEAB est in fine d'aider
ses lecteurs à être en mesure de s'exercer à l'anticipation politique par eux-mêmes.

A ce propos, notre équipe souhaite rappeler qu'il y a deux raisons fondamentales qui nous conduisent à donner des
dates ou des périodes indicatives pour les évènements et tendances majeurs que nous anticipons :

. d'une part, l'anticipation politique telle que conçue par LEAP/E2020 est en effet un outil d'aide à la décision 69. Or
toute décision est liée à un impératif de temps et la stratégie (d'entreprise, de gouvernement ou d'individus) n'est rien
d'autre in fine qu'une tentative de maîtriser ce facteur « temps » : la réponse à la question « quand doit-on agir ? »
est tout aussi importante que la réponse à « que doit-on faire ? ». Il nous apparaît donc comme essentiel à la
pertinence et à l'utilité de notre travail d'indiquer des dates chaque fois que nous estimons être en mesure de le faire.
Bien entendu, cela constitue à chaque fois un risque supplémentaire, mais chaque GEAB est un exercice périlleux.
C'est ce qui fait, à notre avis, tout son intérêt.

. d'autre part, c'est le seul moyen pour pouvoir ensuite pratiquer une évaluation honnête des anticipations en
question. Sans dates ou périodes indicatives, tout le monde peut avoir raison sur tout. Car il suffit d'attendre assez
longtemps pour que tout et son contraire puisse survenir. Or, nous souhaitons que nos abonnés, nos lecteurs et notre
propre équipe puissent régulièrement porter un jugement critique sur nos anticipations afin d'évaluer la qualité de
notre travail, sa pertinence, ses limites et donc son utilité70. Comme chacun sait, connaître les limitations d'un
instrument est essentiel à sa bonne utilisation. Cela permet de savoir comment s'en servir au mieux et comment ainsi
éviter d'en faire un usage non recommandé. Par exemple, ceux qui tentent d'utiliser nos anticipations pour spéculer,
alors que nous répétons qu'elles ont seulement vocation à éviter de perdre, se reconnaîtront certainement ici.

Le GEAB est un instrument rationnel d'analyse et de compréhension des tendances qui façonnent notre avenir proche.
A la différence des démarches idéologiques ou mystiques, son évaluation est donc une partie intégrante de son utilité.
Voici donc ci-dessous une évaluation très concrète des 30 principales anticipations de LEAP/E2020 sur 2010. Chacune
est accompagnée d'un extrait-clé de sa présentation dans le GEAB N°41 et d'une note 71 permettant d'aboutir à un
score final estimant la fiabilité de l'ensemble des 30 anticipations pour 2010. Chacun peut ainsi juger par soi-même la
notation appliquée par notre équipe.

69
Voir à ce sujet le Manuel d'Anticipation Politique écrit par Marie-Hélène Caillol, Présidente de LEAP, et édité aux éditions Anticipolis.
70
C'est d'ailleurs l'un des enseignements essentiels que notre équipe développe lors des séminaires de l'Académie LEAP.
71
Si l'anticipation s'est révélée juste, 0 si elle était fausse. 0,5 si la tendance s'est avérée juste au moins une grande partie de
l'année.
14
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Quinze thèmes qui vont monter en puissance d’ici fin 2010

1. Les faillites d'Etats : 1


L'Islande, la Californie, Dubaï, la Grèce, l'Irlande, New-York, la Floride, le Michigan, l'Argentine, la
Lettonie, le Royaume-Uni, le Japon … et pour finir les Etats-Unis dans leur ensemble, la liste des Etats
(indépendants ou fédérés) candidats à la banqueroute va continuer à s'allonger tout au long de l'année
2010. Bien entendu, la liste des faillites effectives (qui obligent les créanciers à être payés en monnaie de
singe ou qui dévaluent brutalement la valeur des actifs détenus dans le pays ou libellés dans sa monnaie)
va s'étoffer d'ici le mois de Décembre prochain. … Le premier sous-groupe subit le choc directement
depuis deux ans déjà ; le second va commencer à devoir le reconnaître en 2010... avec, en prime, un
effondrement des revenus fiscaux qui plonge les finances publiques de presque tous les pays du monde,
notamment les pays développés, dans le rouge.

2. La poursuite de la Très Grande Dépression US : 1


L'échec de toutes les actions entreprises par les autorités américaines depuis plus de deux ans pour
enrayer l'entrée en récession des Etats-Unis a désormais conduit le pays à un niveau de contraction
économique sans précédent depuis les années 1930. … Après des centaines de milliards investis dans un
plan de relance censé créer massivement des emplois, après des centaines de milliards offerts aux
banques pour faire repartir l'économie, après des centaines de milliards dépensés par la Réserve fédérale
US pour stabiliser le marché immobilier, après des centaines de milliards investis par Washington dans
l'automobile pour empêcher l'effondrement de cette industrie clé pour l'emploi américain, les pertes
massives d'emploi continuent. … En 2009, le citoyen américain a découvert qu'il ne pouvait plus être un
consommateur faute de solvabilité et d'offre de crédits de la part des banques ; en 2010, il va découvrir
qu'il ne peut plus être un usager faute de services publics et de budget de la part des collectivités.

3. Les crises politique, militaire, économique, financière, monétaire et sociale du Royaume-


Uni : 0,5
Avec une élection législative au premier semestre 2010 sur fond de crises multiples, le Royaume-Uni sera
sans conteste le grand pays européen malade cette année encore.... 2010 va être l'année du grand
rétrécissement britannique.

4. Le grand retour de l'or dans le système monétaire international : 1


Comme détaillé plus amplement dans ce numéro 41 du GEAB, l'année 2010 va marquer le grand retour
de l'or dans la cour des « Grands », en l'occurrence des banques centrales. Les torrents de liquidités
déversés sur la planète au cours des derniers 18 mois vont commencer à provoquer l'inévitable, à savoir
la fragilisation accrue de toutes les monnaies papiers. ... 2010 marque le début de la revanche de la
« relique barbare » car la valeur réelle des réserves des différents pays va commencer à être un
cauchemar récurrent de banquier central.

5. La réévaluation du Yuan : 0
2010 va voir les pressions sur le système monétaire international s'accroître dans une telle mesure que
Pékin ne pourra pas continuer à faire comme si le reste du monde (et de l'Asie) n'existait pas.

15
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
6. Le chômage et la dislocation sociale : 1
… chômage de longue durée et chômage des jeunes en hausse systématique, accroissement par millions
du nombre de chômeurs en fin de droit aux indemnités, […] , grèves violentes, […] 2010 va hélas voir la
poursuite de ces tendances à la dislocation sociale.

7. La dislocation géopolitique mondiale : 1


Le Sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique a donné un petit aperçu de la décennie dans
laquelle nous entrons en termes de dislocation géopolitique mondiale. […] le système international est
désormais en train de se disloquer sous nos yeux. 2010 va illustrer son impuissance généralisée alors que
les sujets urgents se multiplient.

8. La mise en place d'une solidarité active dans l'Eurozone : 1


Grèce ou pas Grèce, avec l'Espagne ou l'Irlande et demain l'Italie ou la France, cette année, la zone Euro
va continuer à progresser vers une idée simple : sans mécanisme de solidarité active pour compenser les
conséquences mécaniques de l'Euro sur les différents pays membres dans le cadre d'une crise historique
comme celle que nous vivons, l'Eurozone deviendra un cauchemar.

9. L'importance stratégique des systèmes de protection sociale : 1


[…] la reconnaissance de leur importance stratégique pour assurer un filet social stabilisateur dans nos
sociétés et pour limiter l'importance de l'épargne (car parmi les adeptes de la protection sociale minimale
on trouve beaucoup de fans de la consommation à outrance), ne masque pas le formidable défi de leur
financement qui va apparaître clairement à tous en 2010 à cause de la hausse durable et forte du
chômage et de la baisse tout aussi forte et durable des recettes fiscales. Cette année jamais l'importance
des systèmes de protection sociale n'aura été aussi largement reconnue et leur financement aussi
problématique.

10. Le durcissement des conflits entre blocs commerciaux : 1


Les relations commerciales Chine/Etats-Unis vont être marquées par une multiplication des conflits
douaniers tandis que les ressources rares vont commencer à être protégées de manière unilatérales par
les pays, et surtout les blocs commerciaux en émergence. […] D'ailleurs qui pense encore que le cycle de
Doha est autre chose qu'un vélo sans pédales ?

11. L'explosion des bulles spéculatives : 0


Alimentées par les largesses infinies des banques centrales, 2009 aura vu la reconstitution dans
l'allégresse de multiples bulles spéculatives (bourse, matières premières, devises, ... et bien entendu
obligations d'Etats). On peut même considérer aujourd'hui que des Etats comme les Etats-Unis et le
Royaume-Uni sont en fait des bulles, puisque la valeur de leurs actifs, de leur monnaie, de leurs bons du
trésor, … est artificiellement maintenue par un savant mélange de spéculation, de communication
politique, financière et économique et de liquidités virtuelles.

12. Le passage du conflit Israël-USA/Iran dans une phase active : 0


[…] on semble assister à une mise en condition de l'opinion publique mondiale et iranienne qui n'est pas
sans rappeler celle qui avait précédé l'attaque de l'Irak. Mais le statut de monstre du Loch Ness de
l'anticipation qu'a désormais acquis la perspective d'une attaque israélo-américaine sur l'Iran rend
évidemment éminemment circonspect pour déterminer une période probable. Cependant, à la différence
de 2009, le conflit en question passera dans une phase plus active en 2010 : chacun des acteurs tente
désormais de pousser l'autre à la faute, un jeu très dangereux dans cette région du monde.

13. Les décrochages du Dollar, de la Livre sterling et du Yen : 0


La perspective d'une remontée durable du Dollar s'éloigne à la même vitesse que celle d'une reprise aux
Etats-Unis, tandis qu'à l'inverse l'endettement du pays devient un problème évident pour tous. Or les
deux « stabilisateurs » du navire américain, Royaume-Uni et Japon, possèdent des caractéristiques
désormais communes de déficits publics très inquiétants et d'économie sans perspective de croissance
prochaine, qui les entraînent vers le fond […] Est-ce le début d'une satellisation du Yen autour du Yuan ?

16
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
14. L'interventionnisme US en Amérique latine : 0,5
Les prochaines élections présidentielles au Brésil (fin 2010) et en Argentine (en 2011) auront valeur de
tests car les rumeurs se multiplient sur les risques de manipulation des scrutins pour permettre un retour
au pouvoir des alliés de Washington. […] La vraie question n'est donc pas de savoir si Washington va
essayer de reprendre un certain contrôle des affaires en Amérique latine au cours de la décennie à venir,
mais seulement de constater qu'ils vont entreprendre de le faire dès cette année.

15. Les sommets BRIC : 0,5


[…] un événement historique puisque pour la première fois les chefs d'Etats des puissances concurrentes
des Etats-Unis et de l'UE se sont réunis entre eux pour parler des affaires du monde […] et du système
monétaire international. Etant donné l'échec de Copenhague, et la situation monétaire mondiale, le
prochain sommet BRIC qui se tiendra au Brésil cette année suscitera sans aucun doute un plus grand
intérêt en Europe.

17
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Quinze thèmes qui s’évanouiront en cours d’année 2010

1. La reprise mondiale : 1
Les gouvernements, les experts et les banques avait promis la reprise mondiale pour la fin de l'été 2009.
Souvenez-vous des « pousses vertes » […] En 2010, exit donc le terme « reprise mondiale » ! Le marché
automobile, notamment américain et européen, dopé par les primes gouvernementales en 2009 illustrera
parfaitement cette évolution.

2. La globalisation : 1
[…] en 2010 le monde va donc passer à l'étape suivante, à savoir les premiers signes de la mise en place
effective de blocs commerciaux concurrents. Ceux qui rêvent encore de la poursuite du cycle de Doha,
comme l'actuel directeur général du commerce extérieur à la Commission européenne, vivent dans un
monde qui a disparu en 2009 : il est temps que l'UE les envoie à la retraite car ils ne pourront pas
défendre correctement les intérêts des 500 millions d'Européens dans le monde qui émerge dès 2010.

3. Le leadership américain : 1
Quand un Empire en est réduit à diviser pour ne même pas arriver à régner (car il existe bien des
problèmes réels et urgents de pollution au niveau mondial), son leadership n'existe plus car il y a une
notion d'exemplarité et de capacité d'entraînement dans tout leadership.

4. Le Traité de Lisbonne comme solution aux problèmes de gouvernance de l'UE : 1


Le système communautaire le voulait au mépris des choix démocratiques et populaires. Il l'a eu. Et
maintenant tout le monde va se rendre compte que ce Traité ne règle aucun des problèmes de
gouvernance de l'UE mais qu'au contraire il les multiplie. […] Donc, en 2010, l'UE va se découvrir de
nouvelles difficultés de gouvernance.

5. Le miracle économique chinois : 0,5


Selon les estimations, entre 70% et 90% de la croissance chinoise de 2009 est le résultat direct du plan
de relance gouvernemental. Nous avons largement illustré dans les numéros du GEAB de 2009 les
éléments qui permettent de penser que, s'il une partie des investissements publics chinois vont bien servir
le développement du pays à moyen et long terme (en particulier la mise en place d'un système universel
de protection sociale et de santé), à court terme, le reste n'est que manipulation de statistiques ou
création de bulles grâce à l'argent public (immobilier, bourse, infrastructures, …).

6. La possibilité de victoire de l'OTAN en Afghanistan : 1


Dans le GEAB N°31 nous écrivions à ce sujet : « Entre une guerre en train d'être perdue en Afghanistan,
une identité de plus en plus incertaine en Europe où les liens vitaux des Européens et des Russes
occupent l'actualité toujours plus chaque jour (y compris par les crises), un leader (les Etats-Unis) et son
second (le Royaume-Uni) en pleine dépression socio-économique, des budgets militaires qui vont subir le
choc des coupes budgétaires massives d'ici 2010, ... l'OTAN va passer une année 2009 bien sombre. ». Et
dans le GEAB N°41, nous disions : L'année 2010 va illustrer une réalité désormais incontournable : les
Européens vont se retirer d'Afghanistan en 2010/2011 malgré les pressions de Washington et quoiqu'en
disent les dirigeants européens. Et ce pour une raison très simple : une guerre sans objectifs clairs,
conduite avec des alliés corrompus et inefficaces, et qui ne sait plus très bien où commence et où s'arrête
le concept d'ennemi, n'a aucune possibilité d'être gagnée.

18
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
7. Le « processus de paix » au Proche Orient : 1
Franchement, il est même encore étonnant que politiciens, experts et médias utilisent encore ce terme de
« processus de paix ». Entre un camp palestinien divisé et un Etat israélien qui refuse d'écouter qui que
ce soit, il n'y a plus ni processus (faute d'interlocuteurs pouvant/voulant discuter sérieusement), ni paix
possible (il y a juste une violence contenue pour le moment). A cela il faut ajouter la démission complète
des « puissances » censées encadrer le fameux processus de paix : les Etats-Unis ne sont plus écoutés
par personne ...

8. Le G20 : 1
Le carrosse de la gouvernance mondiale 2009 s'est transformé en citrouille globale 2010. Ayant raté les
opportunités réelles de remise à plat du système monétaire et financier mondial de l'année 2009, le G20
ne constituera en 2010 que l'enceinte globale médiatique suprême : celle que tous les médias couvrent,
mais où on ne discute de rien de fondamental. […] Cette situation ne changera pas en 2010. Donc le G20
va sombrer dans l'anecdotique, comme son prédécesseur le G8.

9. La Réserve fédérale US : 1
Elle est depuis des décennies le « Deus ex machina » du pouvoir aux Etats-Unis. Hors du champ
démocratique, car n'ayant de compte à rendre à personne, elle intervient comme bon lui semble pour
modifier (ou tenter de modifier) le cours des évolutions économiques. Jusqu'à la crise actuelle, pour une
majorité d'Américains, c'était une « zone d'ombre » de la gouvernance de leur pays. Or, en quelques
mois, elle s'est trouvée exposée sous les feux de la rampe et les critique radicales la concernant, […] Elle
va certainement continuer à faire parler d'elle en 2010, mais pour la première année depuis sa création
en 1913, cela va être sous la forme de critiques politiques croissantes, de tentatives législatives de remise
en cause de son pouvoir et de propositions sérieuses de suppression.

10. Les baisses d'impôts : 1


2010 va incarner un changement radical dans la vulgate économico-politique dont se nourrissent les
convictions économiques des dirigeants occidentaux depuis plus de trente ans et qu'on peut résumer par
cette pensée sophistiquée : « Les hausses d'impôt c'est mal, les baisses d'impôts c'est bien et, en plus, ça
plaît aux électeurs ». […] En 2010, cette évolution va se produire un peu partout, en Europe en tout cas.

11. Les Bons du trésor US comme placement sans risque : 0,5


Après avoir perdu de l'argent avec les Bons du trésor US tout au long de l'année 2009, et au moment où
l'ampleur de la dette publique américaine commence à devenir une préoccupation même pour l'opinion
publique américaine, il serait en effet très surprenant que l'année 2010 se termine en ayant conservé
intacte la réputation des Bons du Trésor US comme placement sans risque, ou placement le plus sûr.

12. La Grèce comme menace pour l'Eurozone : 1


Le grand frisson de la fin 2009, à savoir Athènes comme « Budget Terminator» de l'Eurozone, ne survivra
pas à l'année 2010.

13. Gordon Brown : 1


Que ce soit par ce qu'il aura perdu face à David Cameron, le leader du Parti conservateur, lors de la toute
prochaine élection législative au Royaume-Uni ; ou bien parce que ses propres troupes auront déclenché
une nouvelle tentative (réussie cette fois) de « coup d'état » interne au parti travailliste, il aura quitté la
tête du Royaume-Uni d'ici la fin de l'année.

14. Nicolas Sarkozy comme hyper-président : 1


[…] Nicolas Sarkozy va perdre son image d' « hyper-président » pour se contenter de garder encore deux
ans le statut de président. La possibilité d'une co-habitation « droite-droite », notamment sur la question
de la suppression du bouclier fiscal, est désormais envisageable : l'Assemblée nationale imposant un
premier ministre selon ses vœux.

15. Le réchauffement climatique : 1


Il n'y aura pas de Copenhague bis. Une époque s'est close avec l'échec de ce sommet sur le
réchauffement climatique. En fait, c'est probablement le thème même du réchauffement climatique
comme catalyseur de la conscience verte globale dont l'échec du sommet marque la fin.
19
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
3- Focus

Recommandations stratégiques et
opérationnelles

Nous rappelons que nos recommandations ne sont pas à but spéculatif, donc de court terme, qu'elles ne
visent pas à gagner plus, mais plutôt, à perdre moins (voire pas du tout) car dans le cas d'une crise
systémique globale comme celle que nous connaissons, c'est le seul objectif rationnel.

Se protéger face à la grande crise à venir des dettes publiques occidentales

En la matière notre conseil sera simple :


- Allemagne, Luxembourg, Canada, Australie, Finlande, Suède, … sont parmi les dettes publiques qui
résisteront le mieux
- Etats-Unis, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Japon, … sont parmi celles qui résisteront le moins bien

Par conséquent, gardez les premières et vendez les autres. Le graphique ci-dessous est un bon outil pour
réfléchir aux meilleurs choix.

Et surtout méfiez vous des dettes des collectivités locales US, Washington ne pourra pas venir sauver
l'ensemble de ses états, comtés et villes.

L'or, l'argent, les métaux précieux, les matières premières, l'immobilier pour un placement à long terme
(10/20 ans minimum) constituent les classes d'actifs vers lesquelles se tourner.

Evolution des dettes publiques occidentales (abscisse : dette 2010 en % du PNB / ordonnées : changement
attendu en 2011) - Source : Safehaven, 12/2010
20
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
L'Euroland face à la prochaine étape de la crise des dettes publiques : subir ou anticiper – six
mois pour choisir

Comme analysé dans ce numéro du GEAB, l'année 2011 va générer une tourmente extrême en matière de
dettes publiques européennes et américaines. L'Euroland a de son côté commencé à parcourir le chemin
qui va conduire ce nouvel « émetteur souverain » en émergence à adopter ses propres règles en matière
d'émission de dettes. Ces règles vont modifier considérablement le processus de sauvetage qui a
fonctionné jusqu'ici pour la Grèce et l'Irlande.

Selon les mots qu'EUObserver du 13/12/2010 prête à la chancelière allemande Angela Merkel et qui
devraient figurer dans le traité révisé de Lisbonne (dans le cadre de la pérennisation du Fonds européen
de Stabilisation Financière) à partir de 2013, « l'attribution de l'assistance financière se fera dans le cadre
d'une stricte conditionnalité ». En clair, les dirigeants européens prévoient bien de faire payer lourdement
aux investisseurs privés leur sauvetage, car le sauvetage des pays concernés est tout autant celui de leurs
créanciers (les banques en général) que celui des finances publiques du pays. Dans une logique politique,
soucieuse de soutien populaire et dégagée de toute tutelle bancaire, le 50/50 devrait rencontrer un
certain succès.

Mais le problème du plan des dirigeants de l'Euroland, c'est le calendrier. En période de crise, ce sont les
évènements qui choisissent les dates et non les dirigeants politiques. Les dirigeants européens (politiques
et technocrates) ont beaucoup de mal à comprendre cette situation car le projet européen s'est développé
avec la conviction qu'il pouvait fixer son calendrier. Cette période est bien finie pourtant. Il est donc
urgent pour les responsables de l'Euroland de se rappeler que la stratégie, c'est avant tout la maîtrise du
temps et que le moment de la prochaine crise forte concernant les dettes publiques européennes
interviendra bien avant 2013 … en fait dès le second semestre 2011, selon LEAP/E2020. C'est à cette date
qu'il va leur falloir appliquer la méthode prévue pour 2013, même si elle n’est pas encore adoptée
juridiquement72.

Cela aura un double avantage : d'une part, prendre par surprise les « marchés » (qui sont pour l'essentiel
manipulés par ceux qui veulent spéculer sur ces dettes et par les intérêts de Wall Street et la City qui
veulent affaiblir l'Euroland par tous les moyens) ; d'autre part, redonner une popularité certaine aux
institutions européennes au sein des populations de l'Euroland. Et bien entendu, cela permettra
d'accélérer le nettoyage des bilans des grandes banques.

Comme cette prochaine crise se déroulera suite au déclenchement de la crise terminale du marché des
« Munis » aux Etats-Unis, ces mêmes marchés seront in fine satisfaits de n'importe quelle offre leur
évitant de « perdre leur chemise ». C'est là, pour l'Euroland, que se situe le moment stratégique pour
« frapper » et modifier durablement les règles du jeu.

72
L'Union européenne a une longue tradition en la matière. Une fois que les responsables européens sont d'accord, ils sont
coutumiers du fait de mettre en œuvre des décisions même si légalement les choses sont encore dans les limbes.
21
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
L'Euroland et les banques d'affaires : en avant pour une nouvelle réglementation

Le rôle pervers des grandes banques d'affaires, en particulier des plus puissantes, celles de Wall Street,
dans le déclenchement et le développement de la crise globale n'est plus à démontrer. Pourtant elles
continuent d'être à la manœuvre, contribuant à déstabiliser toujours plus le système mondial et ne
cherchant qu'à maximiser leurs profits au détriment des collectivités publiques de toutes tailles et de tous
pays. Dans le cadre de l'Euroland, la crise grecque a dévoilé que la plus fameuse d'entre elles, Goldman
Sachs, se trouvait impliquée gravement dans le maquillage des comptes publics du pays. Aux Etats-Unis,
la même banque est sous le coup de poursuites judiciaires successives qu'elle règle généralement à
l'amiable via des chèques faramineux : ces chèques n'empêchent pas de constater qu'elle est donc là
aussi constamment en infraction avec les lois.

Il paraîtrait donc judicieux que l'UE, ou au moins l'Euroland, envisage de compléter son récent arsenal de
régulation financière (contrôle des hedge funds, des agences de notation, …) par une réglementation
« musclée » concernant les banques d'affaires et en particulier celles qui ne sont pas basées dans
l'Euroland. Pour l'équipe de LEAP/E2020, deux pistes pourraient être simultanément suivies :
. d'une part, l'obligation de dévoiler à la BCE tout contrat de ces banques avec un Etat ou une collectivité
publique de la zone Euro, avec effet rétroactif sur les contrats déjà signés depuis 2000 (afin d'éviter de
nouvelles mauvaises surprises à la Grecque)

. d'autre part, interdire l'accès à des fonctions dirigeantes au sein des institutions européennes en charge
des questions financières, budgétaires, monétaires ou économiques à tout ancien cadre supérieur de ces
banques d'affaires (et ce pour une période d'au moins 15 années après avoir quitté les fonctions occupées
dans une banque d'affaires).

Ni excessives, ni irréalistes, ces deux recommandations permettraient aux Européens d'éviter de voir leur
intérêt collectif détourné en faveur de puissants intérêts privés et non européens. Avec la tourmente qui
s'annonce, mieux vaut essayer de limiter les incertitudes.

Pour conclure, nous nous permettons de revenir à ce sujet sur un cas très concret : la succession
prochaine de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE (en Novembre 2011). Dans le cadre de l'inévitable
« deal européen »73 qui va concerner plusieurs postes-clés dans les institutions financières de l'UE, notre
équipe réaffirme l'importance absolue que Mario Draghi, actuel président de la Banque d'Italie et surtout
ancien vice-président de Goldman Sachs-Europe, ne soit pas retenu comme futur patron de la BCE ; et
que, d'une manière générale, le Parlement européen veille à empêcher l'accès à des fonctions-clés à tout
ancien cadre de ces grandes banques d'affaires.

Axel Weber, actuel patron de la banque centrale allemande, nous paraît à ce stade le candidat le plus
probable et le plus adapté aux difficiles années à venir, même si les autres partenaires de l'Allemagne
doivent bien entendu négocier avec Berlin l'axe général de sa future présidence.

73
Source : La Tribune, 10/12/2010
22
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
Les Etats-Unis dans l'impasse : oser imaginer la seule voie politique de sortie de la crise par
le haut

Les Etats-Unis s'enfonçant chaque mois un peu plus dans une crise multidimensionnelle (économique,
sociale, financière, politique74, stratégique, …), l'éventail de solutions disponibles se réduit rapidement.
N'oublions en effet pas que, dans un système complexe, une « bonne solution » doit résoudre plusieurs
problèmes à la fois, sinon, elle ne fait qu'entraîner une multitude de nouveaux problèmes dans un
processus interactif incontrôlable.

A ce stade de la crise américaine, LEAP/E2020 considère que la solution optimale, permettant d'aborder le
cœur des problèmes du pays (paralysie décisionnelle, surpuissance des lobbies, représentativité illusoire
du bipartisme, juridicisation à outrance, démesure de l'appareil militaire, effondrement du système
éducatif, …) consiste à lancer un vaste débat public sur une refonte de la Constitution des Etats-Unis.

Nous avons conscience qu'à la lecture de cette phrase, un grand nombre d'abonnés du GEAB vont se dire
immédiatement « mais c'est complètement impossible ! ». Ce en quoi ils ont certainement raison s'ils
pensent au jour d'aujourd'hui. En revanche, s'ils se placent sur la période des cinq années à venir, qui va
voir l'impact de cette crise multidimensionnelle s'aggraver fortement sur tout le territoire américain, nous
estimons que c'est la seule option viable ; l'alternative sera une décomposition du pays et/ou une sorte de
coup d'état militaire. Cette recommandation s'adresse donc aux abonnés américains du GEAB qui savent
que le rôle du politique est justement de rendre possible l'impossible, pour éviter les catastrophes
collectives.

« L'impossible » demande juste un peu plus de temps75, un peu plus d'énergie, un peu plus de
détermination et un peu plus clairvoyance que le « possible ». Mais sans une remise à plat du contrat
fondamental76 qui lie les Américains entre eux, en l'adaptant radicalement aux conditions du XXI° siècle,
notre équipe ne voit pas comment cette multitude problèmes pourra être résolue efficacement,
démocratiquement et pacifiquement.

74
Même la réforme de la politique de santé, qui semblait être le seul dossier où l'administration Obama avait réussi à faire quelque
chose, se retrouve désormais enlisée dans un conflit judiciaire. Source : Bloomberg, 14/12/2010
75
Une décennie nous paraît être un temps raisonnable pour un pays de cette taille, mono/bilingue, et doté d'une société civile active.
76
Il est important de noter que la plupart des forces politiques qui émergent de la crise (des Tea-parties au nouveaux
sécessionnistes voir GEAB précédents) se positionnent par rapport à la Constitution US ; généralement pour « revenir » à son esprit
originel, même si les lectures en sont contradictoires. C'est justement la preuve qu'il serait aisé de faire converger l'activisme de tous
ces mouvements autour du projet général de réécriture de la Constitution du pays. La « Constitution », loin d'être la table de la loi
intouchable qu'elle fut très longtemps, semble être devenue, en deux/trois ans, un thème politique porteur. Mais pour le moment,
les élites US ne s'en sont pas rendu compte.
23
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
GEAB $ Index : mesurer la « vraie » évolution du Dollar US

Comme notre équipe l'a expliqué dans de nombreux numéros du GEAB, le Dollar Index est un indicateur
qui n'est pas fiable pour estimer l'évolution du Dollar US. En effet, il est fondé sur un panier de monnaies
qui n'est plus représentatif ni des grands équilibres monétaires mondiaux, ni des échanges commerciaux
des Etats-Unis. Ce panier de monnaies est en fait un « petit club occidental » encore plus illégitime
aujourd'hui que ne l'est le G8. Sur six devises utilisées, on trouve ainsi la Couronne suédoise, la Livre
Sterling, le Franc suisse et le Dollar canadien qui paraissent non pertinentes à notre équipe puisqu'elles
sont, soit des devises marginales sur le plan international (Dollar canadien), soit les devises de partenaires
commerciaux secondaires des Etats-Unis (Franc suisse, Livre sterling), soit les deux (Couronne suédoise).

Les deux autres devises sont l'Euro et le Yen qui, elles, correspondent au contraire à ces deux critères que
nous avons décidé de retenir pour calculer le GEAB $ Index. Chaque mois, nous publierons cet indicateur
calculé en glissement pour une période de cinq ans77. Les autres monnaies intégrées à ce calcul, outre
l'Euro et le Yen, sont le Yuan et le Real78. Le GEAB $ Index nous paraît ainsi être un indicateur simple et
représentatif de l'évolution de la valeur de la devise américaine au niveau mondial qui intègre la
dimension polycentrique du monde en gestation.

En Décembre 2010, le GEAB $ Index se situe donc à -19 (soit une baisse de 19% de la valeur du
Dollar US en cinq ans par rapport au panier des quatre devises mondiales considérées79).

Cet indice, appliqué aux mesures de PNB effectuées en Dollars US, permet par exemple d'évaluer la
diminution très importante de l'économie US relativement aux principaux acteurs de l'économie mondiale.
Et il donne une indication pertinente de la perte de valeur effective des actifs libellés en Dollars US.

Principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis (2008) - Source : ThinkProgress, DoT / 2009

77
Nous commençons avec l'année 2006, année de lancement du GEAB et de l'alerte sur la crise systémique mondiale.
78
Parmi les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, nous avons choisi de ne pas retenir les pays dont les devises sont
marginales au niveau international (Taiwan, Corée du Sud) ou dont l'économie est trop imbriquée avec les Etats-Unis pour que les
évolutions monétaires soient autonomes (c'est le cas via l'ALENA du Mexique et du Canada).
79
Par comparaison, le Dollar Index ne mesure qu'une perte de 9% de la valeur du Dollar dans le même temps.
24
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
4- Le GlobalEurometre 80

GlobalEurometre de Décembre 2010 - RESULTATS

Oui Non Ne sait


GlobalEurometre 12-2010 % % pas
%
1. Pensez-vous que la gouvernance économique de l’Eurozone sera
16 82 2
mise en place d’ici la fin 2011 ?
2. Trouvez-vous que le gouvernement de votre pays reflète les 84
14 2
attentes de votre peuple en matière de construction européenne ? (78)81
3. Pensez-vous que des forces anti-démocratiques soient en
86 (85) 13 1
augmentation dans l’Union européenne ?
4. Dans les mois à venir, échangeriez-vous vos Euros contre l’une de
6 93 (98) 1
ces monnaies : Dollar US, Yen japonais, Livre britannique ?
5. Dans les mois à venir, échangeriez-vous vos Euros contre de l’or ? 35 49 (56) 16
6. Pensez-vous que la Banque Centrale européenne va commencer à
34 47 (55) 19
relever son taux d’intérêt principal au cours des six prochains mois ?
7. Pensez-vous que l’inflation est de retour dans votre pays ? 65 28 (53) 7
8. Craignez-vous de perdre votre emploi dans les prochains mois à
16 70 (72) 14
cause de la crise globale ?
9. Craignez-vous de perdre de l’argent dans les prochains mois à
72 (76) 26 2
cause de la crise globale ?
10. Pensez-vous que le dollar va s’effondrer par rapport à toutes les
64 (62) 35 1
grandes devises dans les prochains mois ?
11. Pensez-vous que les Etats-Unis soient en mesure d’échapper à la
20 74 (88) 6
mise en place de mesures d’austérité dans les prochains mois ?
12. Pensez-vous que les dettes publiques occidentales seront
13 80 7
remboursées en totalité à leurs créditeurs?
13. Pensez-vous que le Royaume-Uni est plongé dans une crise
81 (80) 5 14
politique, économique, budgétaire et monétaire généralisée ?
14. Constatez-vous des signes tangibles d’embellie économique dans
23 75 (86) 2
votre pays ?
15. Craignez-vous l’apparition de troubles politico-sociaux dans votre
66 (60) 33 1
pays ?

80
Chaque mois, l’équipe de GEAB consulte pour vous 200 leaders d’opinion européens
81
En bleu, résultats du mois dernier.
25
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.
GlobalEuromètre de Décembre 2010 - ANALYSE

Gouvernance UE : Large majorité doutant que la gouvernance économique de la zone Euro


pourra être mise en place d'ici fin 2011 / Légère baisse du fort décalage entre attentes des
peuples et actions des leaders de l'UE / Stabilité de la forte majorité estimant que les
forces anti-démocratiques montent en puissance dans l'UE / Poursuite de la réduction de la
majorité estimant désormais que la BCE n'augmentera pas son principal taux d'intérêt dans
les six prochains mois / Forte majorité estimant que l'inflation est de retour dans leur
pays / Stabilité de la majorité ne craignant pas de perte d'emploi du fait de la crise /
Stabilité de la majorité craignant une perte d'argent à cause de la crise systémique
globale / Baisse de la forte majorité constatant l'absence d'amélioration de la situation
économique dans leur pays / Hausse de la majorité inquiète de troubles sociaux et
politiques dans leur pays
Une forte majorité de sondés (82%) estime qu'il n'y aura pas de mise en place de la gouvernance
économique de la zone Euro d'ici la fin 2011. La très forte majorité traditionnellement mécontente en ce
qui concerne l'action européenne des gouvernements par rapport aux attentes de leurs peuples diminue
avec 84% de mécontents (contre 95% en Novembre). On constate également une stabilité de la très
forte majorité estimant que les forces anti démocratiques montent en puissance dans l'UE (86%). On
note en revanche une poursuite de la forte réduction de la majorité de sondés qui estime que la BCE
n'augmentera pas son principal taux d'intérêt dans les six mois à venir (47% contre 55% en
Novembre). C'est presque une division par deux en trois mois. On constate à nouveau un retournement
des opinions en matière d'inflation ; mais cette fois-ci le mouvement de pendule est très fort puisque ce
sont 65% des sondés qui pensent que l'inflation est de retour (alors qu'ils étaient 53% à penser le
contraire en Novembre).
Ce mois-ci la crainte de perdre son emploi reste stable et ils sont 70% à ne pas être inquiets (contre
70% en Novembre). La peur de perdre de l'argent à cause de la crise diminue légèrement puisque la
proportion de personnes affirmant être inquiètes à ce sujet est désormais de 72% (contre 76% en
Novembre). La reprise persiste à rester invisible pour la très grande majorité des Européens, mais cette
majorité est en baisse : 75% contre 86% en Novembre. Paradoxe, on note une hausse de la majorité
craignant des désordres politiques et sociaux dans leur pays : 66% (contre 60% en Novembre).

Relations UE/Reste du monde : Légère baisse de la très forte majorité préférant conserver
ses Euros face au $, ¥ et £ / Poursuite de la baisse de la majorité d'Européens ne
souhaitant pas convertir ses € en or / Stabilité de la majorité s'attendant à un
effondrement du Dollar US dans les prochains mois / Baisse de la très forte majorité
estimant que les Etats-Unis ne pourront pas éviter l'austérité dans les mois à venir / Très
forte majorité estimant que les dettes publiques occidentales ne seront pas remboursées
dans leur intégralité / Stabilité de la très forte majorité estimant que le Royaume-Uni est
entré dans une crise généralisée
A 93% (contre 98% en Novembre), on constate une légère baisse de la très forte majorité des
Européens continuant à voter pour l'Euro contre le Dollar US, le Yen japonais et la Livre britannique en
refusant l'idée de changer leurs Euros dans ces devises. Cette confiance dans l'Euro se marque en
revanche de moins en moins par rapport à l'or. Ainsi, il y a une poursuite de la baisse de la majorité de
sondés préférant garder leurs Euros plutôt que les changer en or (49% contre 56% en Novembre).
Avec 64% des sondés (contre 62% en Novembre) s'attendant à un effondrement du Dollar US dans les
mois à venir, on note une stabilité des opinions sur le destin du Dollar US. On constate une baisse de la
très forte majorité qui estime que les Etats-Unis ne pourront pas faire l'économie de mesures d'austérité
dans les mois à venir (74% contre 88% en Novembre). Et c'est une très large majorité de sondés
(80%) qui considère que les dettes publiques occidentales ne seront pas remboursées dans leur
intégralité. Enfin, on note la stabilité de la très forte majorité des sondés (81%) estimant que le
Royaume-Uni est entré dans une crise généralisée.

26
Lettre confidentielle ‘GlobalEurope Anticipation Bulletin’ N°50 - 15 décembre 2010
© Copyright Europe 2020 / LEAP – 2010 - ISSN 1951-6177 - Tous droits réservés –
Toute utilisation d'élément(s) du contenu d'un ou plusieurs numéros du Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB), y compris la
reproduction, la modification, la diffusion ou la re-publication sans l'autorisation préalable et écrite de LEAP (Laboratoire Européen
d'Anticipation Politique) est strictement interdite et constitutive d'une contrefaçon sanctionnée pénalement.

Vous aimerez peut-être aussi